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Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 1
PARCOURS 1
PROMOUVOIR ET VALORISER LA SOLIDARITE INTERNATIONALE
INTRODUCTION
Le parcours 1 des assises, intitulé « Promouvoir et valoriser la solidarité internationale », était animé
par Odile Ambry, directrice de l’agence Tocsin et rédactrice en chef de la lettre « sociétés de
l’information ». Il proposait de réfléchir à la communication sur les actions de solidarité et de
coopération internationale en direction des acteurs organisés et de la population.
La communication est un domaine de travail essentiel car les acteurs de la solidarité internationale
(SI) connaissent parfois des difficultés pour rendre visibles leurs actions, alors que le soutien à la
solidarité internationale reste généralement à la marge des politiques locales. Il existe donc un
véritable enjeu à valoriser les actions menées et à sensibiliser un public plus large. Comment alors
mieux communiquer, valoriser et s’ouvrir au grand public et/ou l’impliquer ?
Trois objectifs spécifiques ont été définis pour ce parcours :
- Exposer les enjeux et difficultés auxquels sont confrontés les acteurs de la SI,
- Identifier les besoins et les attentes de ces acteurs,
- Proposer des méthodes et des outils pour mieux promouvoir, donner plus de visibilité,
sensibiliser et mobiliser le grand public,
Pour introduire la première après-midi de travail, Odile Ambry a présenté un rapide cadrage
théorique. La première étape de toute action de communication est de formuler les objectifs à
atteindre. Il faut identifier clairement à quoi la communication va servir (par exemple : recruter 50
bénévoles, réunir 10 000 euros, faire venir 80 personnes à une conférence…). Une fois les objectifs
définis, il convient de s’interroger à partir du schéma de base de la communication. Celui-ci est
constitué des trois entités : l’émetteur, le récepteur et le message. Contrairement à une idée courante,
c’est le récepteur, en retenant tel ou tel élément du message qui « fait le message », et non l’émetteur.
« Communiquer, c’est aller vers l’autre » dit-on souvent dans la communication. Pris dans leurs
projets, leurs valeurs, leur éthique, les acteurs de la solidarité internationale ont souvent tendance à
oublier à qui ils s’adressent et que leur message ne sera pas entendu de la même manière qu’il est
envoyé. Vouloir communiquer demande donc d’abord de s’interroger sur la ou les cibles, c'est-à-dire
les gens que l’on veut atteindre, avant de travailler sur le message que l’on veut transmettre, puis sur
les canaux ou vecteurs qui vont être utilisés pour le diffuser.
Tout travail de communication commence donc par ces quatre questions de base : les objectifs, la
cible, le message, les outils ; sans oublier beaucoup de bon sens ! Mobiliser des gens, convaincre,
récolter de l’argent demandent de donner envie, il faut que « ce soit joli, agréable ».
Afin de répondre aux objectifs définis précédemment, le parcours s’est déroulé en deux temps. L’après-
midi du vendredi s’est structurée autour de trois témoignages portant sur « les mots de la
communication », « les objectifs de la communication » et « les outils de la
communication ». Les discussions du samedi matin ont ensuite permis de faire émerger des
propositions concrètes pour améliorer la communication et la promotion des actions de SI.
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 1
1. TEMOIGNAGES
Le premier témoignage était axé sur les mots de la communication. Thierry Burlot, vice-président
du Conseil régional de Bretagne, président de la Communauté de communes de Lanvollon-Plouha, a
présenté la coopération décentralisée engagée depuis plus de dix ans avec la commune malgache
d’Ankadinondry Sakay.
Au moment de la mise en place de cette coopération, les élus ont pris conscience qu’il n’est pas simple
d’expliquer la coopération comme un acte politique : comment expliquer aux citoyens que, dans un
moment de crise, la collectivité va contribuer au financement de projets au Sud ? Comment faire
comprendre que la coopération internationale a un intérêt pour appréhender des problèmes qui
touchent les territoires du Nord ?
Pour dépasser ces difficultés, il a été choisi de travailler avec la commune malgache sur une
problématique qui touche les deux collectivités partenaires : la gestion de l’eau. En France, on ne sait
plus d’où provient notre eau courante. A partir du travail sur l’accès à l’eau à Madagascar, l’idée était
de redonner du sens à des gestes qui nous paraissent normaux, comme ouvrir le robinet. Même si les
difficultés rencontrées au Nord et au Sud sont de natures diverses (plutôt d’ordre qualitatif dans les
pays du Nord et quantitatif dans les pays du Sud), l’objectif, en travaillant sur ce sujet partagé, était de
faire prendre conscience aux Bretons que l’eau est un patrimoine commun et qu’une mauvaise gestion
de cette dernière peut créer des problèmes et des tensions qui peuvent desservir notre propre
développement. Concernant le financement, les élus ont décidé qu’il ne fallait pas que la coopération
soit un coût supplémentaire assumé par les citoyens : c’est donc en faisant des économies dans la
gestion de l’eau que sont financés les projets dans le cadre de la coopération (dans le cadre de la loi
Oudin Santini).
Pour expliquer la coopération décentralisée aux citoyens, il est donc important de montrer qu’ils sont
directement concernés par les sujets abordés. Pour une collectivité comme la communauté de
communes de Lanvollon Plouha, la coopération avec Madagascar présente des intérêts directs en
terme de prévention (sur le thème de l’eau par exemple) mais aussi d’éducation (sensibilisation aux
valeurs de partage, de solidarité). L’entrée par l’international est un bon moyen d’amener les
interrogations sur nos propres modes de fonctionnement et de faire évoluer nos comportements. Par
ailleurs, il ne faut pas oublier que la solidarité internationale et la coopération contribuent à faire vivre
nos territoires, elles sont des vecteurs d’animation de nos territoires. Ainsi, la coopération
décentralisée à Lanvollon Plouha est une bonne illustration de ce que peut être la démocratie
participative : elle mobilise un conseil de citoyens, des associations, un budget participatif…
Ces explications restent malgré tout assez techniques et nécessitent beaucoup de conviction et
d’enthousiasme. Le terme même de « solidarité » est à utiliser avec prudence : il a tendance à être
associé à l’idée d’aide, alors qu’il s’agit réellement d’une démarche réciproque, d’un échange, d’un
enrichissement mutuel. Au-delà de ce que nous apportons, il faut voir ce que l’on reçoit !
Le second témoignage a permis d’introduire une réflexion sur les objectifs de la
communication. Yaïguere Tembely, directrice de l’ONG Ya-G-Tu Mali a présenté les actions menées
au sein de son association. Cette dernière est née en 1997 d’une initiative locale et s’est construite en
deux temps. Dans un premier temps, l’association a mené un travail de sensibilisation auprès des
groupes de femmes et d’enfants pour faire ressortir leurs besoins et élaborer conjointement un
document de projet. Dans un second temps, elle a recherché des partenariats. Par l’intermédiaire de la
Maison de la Coopération, les ONG Ya-G-Tu et « Agronomes Sans Frontières » ont été mises en
contact et ont initié un partenariat qui perdure aujourd’hui. La communication de Ya-G-Tu a donc
poursuivi deux objectifs bien distincts :
- Mobiliser la population (notamment féminine) pour construire un projet commun ;
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 1
- Identifier des partenaires techniques et financiers.
Les outils de communication utilisés par l’association sont divers et diffèrent selon « les cibles ». La
communication ne se fait pas de la même façon avec les différents acteurs. Avec les populations
locales, des stratégies participatives sont mises en place : assemblées, réunions, sketches et
représentations théâtrales, utilisation d’illustrations, d’images, transmission par la musique… Vis-à-
vis des partenaires, l’association a choisi d’utiliser des supports écrits, notamment des rapports
d’activités réalisés selon les canevas transmis.
Ce témoignage a mis en évidence la nécessité de bien identifier les objectifs en amont des
actions de communication afin d’adapter les outils utilisés à la cible.
Le troisième et dernier témoignage avait pour thème les outils de la communication.
Antoine Matthieu, co-président de l’association ESPoIR (association créée en 2008) a présenté les
outils utilisés par leur association pour la promotion de leurs activités organisées « ici » ( forum
« jeunesse et solidarité internationale », concerts, conférences…).
A chaque type d’évènement correspond des outils spécifiques. Pour les évènements très ouverts
(festival de musique et d’arts du spectacle par exemple), l’association choisit une communication de
masse avec campagne d’affichage et distribution de flyers pour promouvoir l’évènement, dans le
simple esprit de donner envie de venir. Le message n’est ni précis, ni technique : il doit juste être
attractif et donner les informations logistiques (nature, lieu, date et heure de l’évènement).
Pour des évènements plus spécialisés, le message doit également rester très simple. En revanche, il
faut utiliser des canaux de diffusion différents en ciblant davantage le public. L’association utilise alors
ses réseaux pour diffuser des annonces : réseau d’associations étudiantes, réseau des associations de
solidarité internationale, mais aussi réseaux sociaux. L’intérêt de ces derniers, c’est que l’émetteur est
également récepteur et vice-versa.
Le site Internet est également un bon outil, à condition d’être capable de le mettre à jour soi-même. Si
les compétences ne sont pas présentes au sein de l’association pour mettre à jour des sites internet, il
existe d’autres formats plus accessibles comme les blogs.
Ce témoignage a permis de montrer qu’il existe différents vecteurs ou outils de communication,
répondant chacun à des objectifs différents. Le choix d’un ou plusieurs canaux de diffusion n’est pas
neutre et doit être réfléchi en adéquation avec la nature de l’évènement.
2. LES ECHANGES
Ces trois interventions ont été suivies par un temps d’échanges entre les participants,
apportant différents éléments complémentaires sur le messages et les outils.
L’une des difficultés de la communication pour les acteurs de la solidarité internationale est que les
concepts maniés sont complexes. Or, aujourd’hui, la communication doit être immédiate : il faut que
les éléments soient percutants et parlent tout de suite. Un gros effort est donc nécessaire pour accepter
dans un premier temps de simplifier au maximum le message. Donner envie pour intéresser et
mobiliser les gens, et ensuite commencer à discuter de la complexité. La « conscientisation » peut
venir après, dans des productions plus élaborées, mais ce n’est plus du ressort de la communication.
A ce titre, l’animatrice a rappelé les grandes règles de la communications : trois idées au maximum,
1500 signes maximum dans un communiqué. Pour être lu, il faut faire court.
Suite au témoignage d’Antoine Matthieu, différents outils de communication ont été présentés :
• Les relations-presse ou relations publiques : c’est le moment privilégié pour tisser son
réseau, pour convaincre (les assises de la SI ont été citées à titre d’exemple).
Une préconisation a été émise sur l’organisation d’événements par les associations : il faut qu’ils
soient envisagés à la mesure de la structure organisatrice : faire simple et ne pas hésiter à s’associer.
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 1
Dès lors que des personnes se sont déplacées, il faut veiller à la bonne qualité de l’accueil et écouter
ceux qui sont venus.
• Le print : ce sont les affiches, les flyers, les plaquettes. La difficulté de faire un document
consensuel et communiquant a été relevée.
• Les sites internet. Il faut qu’ils soient mis à jour très régulièrement, sans quoi l’image
transmise sera négative. L’impact des courriers électronique et news letters est difficile à
mesurer, faute de retour.
• Les réseaux sociaux. Le monde associatif est assez en retrait par rapport aux entreprises
dans ce domaine. Ces réseaux restent des outils peu utilisés alors qu’ils semblent adaptés au
monde associatif. C’est un nouveau mode de communication qu’il serait très intéressant
d’explorer.
• Le bouche à oreille. En ciblant quelques personnes, une information peut être ensuite
largement diffusée.
• La vidéo…
La création de ces différents outils demande souvent des compétences spécifiques ; il peut être très
utile de se faire accompagner par des personnes compétentes lors de leur conception. Celle-ci a un coût
souvent trop élevé pour les acteurs de la solidarité internationale, mais d’autres pistes peuvent
également être envisagées : recrutement de bénévoles compétents dans le domaine de la
communication, partenariats avec des lycées ou des écoles spécialisées, partenariat avec des
associations qui font de l’audiovisuel...
De nouveaux outils de communication performants et malins émergent actuellement, portées par
différents mouvements comme « les enfants de Don Quichotte », « Jeudi noir1 » ou encore « les
indignés ». Dans la mouvance du street-marketing (pratiques héritées de la publicité), ces jeunes
associations parviennent régulièrement à faire la une des médias, et à jouer un vrai rôle de lobby.
3. QUELQUES PISTES CONCRETES
Dans le prolongement des témoignages et discussions du vendredi après-midi, les participants
se sont retrouvés le samedi matin pour élaborer des propositions concrètes. Cinq idées fortes sont
ressorties à l’issue de cette matinée :
� Mettre en place des formations et des partenariats Une proposition clé est ressortie tout au long du parcours, celle de la formation des bénévoles aux
outils de communication. Comment aider les bénévoles à être de meilleurs porte-parole de leurs
projets, de leurs valeurs ? Une alternative est le recrutement de bénévoles en formation dans la
communication ou le partenariat avec des associations étudiantes en communication ou audiovisuel.
La mutualisation des moyens de communication a également été évoquée : il est possible de
s’organiser à plusieurs de façon à répartir les coûts.
� Savoir se remettre en question tout en gardant sa spontanéité La posture du communiquant doit être la suivante : qu’est-ce que j’ai fait qui n’a pas fonctionné,
qu’est-ce que j’aurais dû faire ? Les associations et collectivités doivent pouvoir se poser ces
questions. Néanmoins, dans les actions de communication, les associations ne sont pas des
professionnels, il faut garder cette fraîcheur et cette envie de convaincre.
� Des temps forts pour communiquer et mobiliser, et après ?
1 « Jeudi noir » : association dénonçant le mal logement et s’appliquant à le mettre en lumière.
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 1
L’importance des rencontres avec les partenaires a été soulignée par une participante. Ces moments
forts, à l’occasion de l’invitation d’un partenaire du Sud par exemple, sont indispensables pour
redonner envie, motiver et mobiliser. La semaine de la solidarité internationale chaque année, ou
les Assises, tous les deux ans, sont également des temps forts de mobilisation. Mais comment
continuer de travailler entre ces temps-là ?
� Des idées encore controversées : utiliser les medias et développer des partenariats avec les entreprises ?
Certains mouvements ont su saisir des moyens de communication utilisés dans la publicité pour être
visibles (exemple des militants pour le droit au logement). Ils parviennent ainsi à braquer pendant un
temps les projecteurs sur une question particulière de société. De même, les partenariats avec les
entreprises ont été abordés comme un moyen efficace pour les associations d’obtenir des soutiens
financiers permettant ainsi de dédier une ligne budgétaire à la communication. Ces pratiques
soulèvent cependant des débats idéologiques.
Ce parcours a permis d’aborder différentes façons de promouvoir et de valoriser la solidarité
internationale. Des recommandations concrètes ont été formulées pour l’avenir. Des pistes
intéressantes ont été évoquées pour mieux communiquer, mais le débat est parfois allé au-delà des
questions de communication. Certains participants auraient en effet souhaité davantage aborder les
questions de sensibilisation à la solidarité internationale et de conscientisation des populations.
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 2
PARCOURS 2
FAIRE DE L’EDUCATION AU DEVELOPPEMENT ET A LA SOLIDARITE INTERNATIONALE
UN ATOUT POUR LES ACTIONS DE SOLIDARITE INTERNATIONALE
INTRODUCTION
Le parcours 2 des Assises, intitulé « Faire de l’Education Au Développement et à la Solidarité
Internationale un atout pour les actions de solidarité internationale » se centre sur l’EAD-SI
(Education au développement et à la solidarité internationale) et se propose de réfléchir sur ses
enjeux. A cet effet, le parcours est animé par une spécialiste de la question, Adélie Miguel Sierra,
consultante auprès des acteurs de la coopération et de l’éducation permanente dans les domaines de
l’accompagnement pédagogique, l’évaluation, la formation et la recherche-action participative et en
charge d’un séminaire « Education au développement » au sein de l’Université de Liège.
Le parcours a trois objectifs différents. Il vise en effet à :
- mieux appréhender ce que recouvre le concept de l’EAD-SI : enjeux, objectifs, valeurs, etc. ;
- renforcer la prise de conscience des acteurs bretons sur le rôle fondamental de l’EAD-SI dans la
construction d’une société plus juste et plus solidaire, et ce en complémentarité aux projets de
coopération ;
- faire émerger des propositions de travail répondant aux attentes et besoins des acteurs.
Afin de répondre à ces différents objectifs, il s’est déroulé autour de quatre temps :
- réflexion et échanges entre participants sur la définition de l’EAD-SI
- quelques éléments de cadrage pédagogique
- témoignage de quatre acteurs représentant des structures qui pratiquent l’EAD-SI
- travail sur des pistes et recommandations
L’éducation au développement et à la solidarité internationale privilégie une pédagogie active dans ses
ateliers ; c’est la pédagogie qui a été choisie par Adélie Miguel Sierra pour animer ce parcours, centré
sur les échanges et la participation.
PARTIE 1 : ECHANGES SUR LES REPRESENTATIONS DES PARTICIPANTS SUR L’EAD-SI
Selon Adélie Miguel Sierra, l’EAD-SI vise à réfléchir à la manière d’appuyer la solidarité dans le Sud.
Certes, changer les structures d’injustice passe par le soutien aux partenaires du Sud, mais ce n’est pas
l’unique voie envisageable. En effet, depuis une dizaine d’années, d’autres modalités, tournées
principalement vers le Nord, se sont mises en place : information, sensibilisation, éducation
informelle… C’est l’EAD-SI. Le développement passe donc par des actions au Sud, mais aussi par une
mobilisation et de la formation sociale au Nord.
L’EAD-SI a plusieurs objectifs :
- aider le public à comprendre la complexité du monde, les mécanismes d’interdépendance et
d’exclusion ;
- favoriser la prise de conscience de l’importance de la solidarité internationale comme facteur de
changement social ;
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 2
- amener ensuite à agir, en tenant compte de cette complexité, pour la construction d’un monde
solidaire, en proposant des actions individuelles et collectives concrètes.
Pour autant, il n’y a pas de définition précise de l’EAD-SI. Il est donc revenu aux participants du
parcours de choisir parmi huit définitions celle à laquelle ils adhéraient le plus :
1 - Valoriser et faire connaître en Europe les projets soutenus dans les pays du Sud.
2 - Renforcer les activités de pression sur les décideurs politiques pour combattre la pauvreté et les
disparités du développement mondial.
3 - Sensibiliser le public aux réalités économiques, sociales et culturelles des pays en développement.
4 - Amener les citoyens européens à soutenir financièrement les ONG de coopération au
développement.
5 - Expérimenter d’autres modèles de développement que celui qui nous est imposé actuellement par
l’acquisition de nouveaux comportements dans son quotidien à travers des achats et une
consommation équitable et biologique, des modes de déplacements plus écologiques, une participation
à la vie associative locale.
6 - Renforcer les missions et la vie associative des ASI par l’intégration de nouveaux bénévoles et
stagiaires qui appuient les différentes activités de solidarité.
7 - C’est un acte politique qui constitue une composante essentielle de l’éducation à la citoyenneté. Il se
décline, notamment, en favorisant un travail de synergies et d’alliances avec des groupes, associations,
collectifs, réseaux diversifiés tant au Nord qu’au Sud.
8 - Un processus qui vise le renforcement de la société civile à travers l’apprentissage de la
participation, du dialogue interculturel et de la coresponsabilité dans la gestion de la cité, tant au
niveau local qu’au niveau international.
Ce premier exercice, suivi de l’explication du choix de la proposition par un rapporteur par
groupe, a permis de faire émerger différents débats, et de conduire à certaines remarques.
Tout d’abord, ces définitions ne sont pas contradictoires, mais elles sont focalisées sur des
dimensions différentes de l’EAD-SI. En effet, certaines (comme les définitions 1 et 3) sont établies
selon la logique classique Nord-Sud, tandis que d’autres suivent une logique plus globale. C’est le cas,
par exemple, des définitions 2 et 8. Or, ces deux façons de percevoir la solidarité internationale ne sont
pas opposées ; elles se côtoient au sein de l’EAD-SI.
D’autre part, chaque définition recoupe un aspect différent de l’EAD-SI : une dimension de
mobilisation, de lobbying et d’influence des décideurs (c’est le cas de la définition 7), une dimension
plus individuelle, liée aux comportements personnels (définition 5), et une dimension pédagogique,
liée à l’éducation, l’apprentissage, et visant à comprendre le monde (définition 3).
Enfin, la réflexion autour de ces propositions a permis de mettre en évidence l’importance des
alliances et des synergies entre les différents acteurs de la solidarité internationale. La nécessité des
réseaux a été soulevée : plusieurs participants ont relevé le problème du recrutement de jeunes au sein
des associations de solidarité internationale. En effet, l’EAD-SI est un processus qui doit créer du
changement, et c’est le public, notamment jeune, qui est le plus apte à le réaliser. Toutefois, les
potentiels acteurs de changement ne sont pas uniquement les jeunes, mais les différents acteurs :
partenaires, syndicats, pouvoirs publics… Il faut donc non seulement penser à la façon d’intégrer des
jeunes au sein des associations, mais aussi, et surtout, à la manière de travailler en réseau, avec
d’autres partenaires. Ces différents réseaux, tant physiques que virtuels, sont des lieux d’échange et de
formation essentiels. L’articulation entre groupes d’acteurs est primordiale, mais une question reste en
suspens : comment les concrétiser ?
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 2
PARTIE 2 : L’EAD-SI : SES OBJECTIFS, SES ENJEUX, SES VALEURS
Le parcours s’est poursuivi par un cadrage conceptuel autour de la définition de l’EAD-SI, par
Adélie Miguel Sierra.
Il n’y a pas de définition précise de l’éducation au développement et à la solidarité internationale, le
concept de développement étant lui-même ambigu et difficile à définir, de même qu’il existe plusieurs
visions différentes de l’éducation. Par conséquent, le grand public a des difficultés à comprendre ce
qu’est l’EAD-SI.
L’EAD-SI centre son action autour de différents axes majeurs, dont voici quelques exemples :
- déconstruire les stéréotypes et oppositions traditionnelles Nord/Sud, riches/pauvres
- défendre les droits de l’homme et les droits économiques, sociaux et culturels
- impulser un développement humain et durable
- lutter contre la xénophobie et le racisme
- lutter contre la violence et la guerre
- promouvoir l’approche genre
L’EAD-SI n’est pas un cours ou une matière ; ce n’est pas non plus une manipulation vis-à-vis des pays
du Sud, qui serait liée à une vision classique, occidentaliste, du développement. Il s’agit plutôt d’un
processus visant à accompagner les personnes dans leur réflexion sur le fonctionnement du monde.
Sans ethnocentrisme, sans eurocentrisme, l’EAD-SI vise à sensibiliser le public afin de provoquer
des changements d’attitudes et de comportements. Il s’agit d’éduquer le public à la citoyenneté
et à la coresponsabilité, tout en incluant une dimension internationale. L’EAD-SI est fondée sur
une utopie, recréer un monde plus juste, où chacun serait plus heureux : réapprendre le monde de
manière positive.
Aujourd’hui, les injonctions liées au développement durable sont largement individuelles et
culpabilisantes (Adélie Miguel Sierra donne l’exemple du tri des déchets, action individuelle, rendue
obligatoire, et non valorisée). Ce n’est pas la meilleure manière de responsabiliser le public. L’EAD-SI
se propose alors de réfléchir à l’articulation entre l’individuel et le collectif. A cet effet, l’EAD-SI se
démarque de l’éducation traditionnelle :
- proposition de pédagogies alternatives, de méthodes dynamiques, créatives, ouvertes à la
participation, afin de créer de nouveaux chemins d’apprentissage, agréables et didactiques.
- réflexion globale et non cloisonnée selon les matières disciplinaires, afin de penser de manière plus
générale à la problématique du développement et d’établir des interdépendances.
Si l’EAD-SI est essentiellement liée à un processus d’apprentissage, un deuxième volet, moins visible,
est tout aussi important : le plaidoyer et les lobbies politiques. L’EAD-SI comporte donc deux aspects :
des actions de formation, par des ateliers, des conférences, et un engagement plus politique, visant à
impulser le changement et l’action.
Pour conclure, l’EAD-SI peut se résumer à l’éducation sur le développement, l’éducation pour le
développement, et l’éducation comme développement :
- éducation sur le développement : partager, informer, en passant par le cognitif, d’où un rôle
important des enseignants, des acteurs de la solidarité internationale, etc. ;
- éducation pour le développement : souhaiter un autre type de société suppose une autre manière de
voir le monde, il est donc nécessaire d’accepter une solidarité collective ;
- éducation comme développement : le développement doit permettre de s’épanouir, il faut
apprendre le plaisir de la participation collective et de la solidarité internationale.
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 2
PARTIE 3 : L’EAD EN ACTION : TEMOIGNAGES
Gaëlle LEVEILLE NIZEROLLE – présidente de l’association Arradon Terre du Monde
Arradon Terre du Monde est née en 1976 en s’appuyant sur le mouvement « 1% Tiers-monde ». Son
but est de sensibiliser le public sur différents sujets, par le biais d’actions variées (campagnes
nationales, plaidoyers, etc.). En 1988 et 1989, l’association a été sollicitée par un village du Sénégal
pour travailler sur la problématique de l’apiculture. En 1993, elle est intervenue dans les
établissements scolaires via des actions de sensibilisation (collecte de livres par exemple).
L’association rencontre progressivement des limites à son intervention, et fait le choix, en 2000, de
formaliser l’EAD-SI au sein de leurs activités (par la mise en place de repas solidaires par exemple).
Plus tard, l’association se met en relation avec la Fédération Peuples Solidaires pour mener des actions
de plaidoirie. Ainsi, en 2001 et 2004, un travail sur diverses problématiques est réalisé en lien avec des
écoles au Sénégal ; et des expositions et actions de sensibilisation sont mises en place en France.
Aujourd’hui, Arradon Terre du Monde fait de l’EAD-SI auprès des jeunes dans les établissements
scolaires en abordant des thèmes tels que le développement durable ou la souveraineté alimentaire.
Auprès des adultes, l’association profite de son travail en lien avec Peuples Solidaires pour accueillir
des intervenants afin d’échanger sur les projets qu’ils portent, mais aussi pour mieux comprendre les
thèmes d’actualité.
Ainsi, l’association a su comprendre les enjeux d’une mise en réseau et travaille à présent sur un
mouvement local et coordinateur des acteurs de la solidarité internationale de Bretagne.
Michèle CERISIER - présidente de l’association Pour Niantjila (Mali)
L’association Pour Niantjila a été créée en 1991. A l’origine, c’était une association de solidarité
internationale classique d’accompagnement du développement d’une commune du Mali (eau, santé,
agriculture, femmes). L’activité de l’association en France reposait essentiellement sur de la recherche
de financement pour mettre en place des projets au Mali (par exemple, restauration du centre de
santé, formations, etc.). Cependant, des questions se sont progressivement posées : comment mieux
appréhender le fonctionnement au niveau local ? Comment s’éloigner des projets et des décisions
prises sur le terrain ? Comment intervenir autrement que par le financement ?
L’association ne s’est jamais placée comme une solution unique, mais plutôt comme l’un des moyens
possibles pour le développement de la commune de Niantjila. La question du financement est
primordiale, et permet de finaliser les projets, mais l’association a toujours insisté sur le fait qu’elle
n’avait pas la prétention de changer le monde et que sans elle, la commune vivrait quand même.
L’association s’est alors tournée vers l’EAD-SI, avec la mise en place d’actions de sensibilisation et de
témoignage auprès des écoles et de la municipalité de Pléneuf-Val-André (par exemple, repas malien,
expositions, etc.). Les activités menées par l’association sont largement soutenues financièrement par
la municipalité. La sensibilisation est importante, elle doit permettre d’appréhender la situation, les
réalités du monde et l’engagement des citoyens. Cependant, l’association arrive à un seuil dans ses
compétences. L’équipe est formée de bénévoles, et l’EAD-SI est un métier. Ainsi, Pour Niantjila
commence à se tourner vers des structures telles que le RESIA afin d’aller plus loin dans leur approche
de l’éducation au développement et à la solidarité internationale.
Ce témoignage amène à une nouvelle question : au delà du financement, comment les collectivités
peuvent-elles s’impliquer dans la solidarité internationale et la démocratie participative ? En effet, si
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 2
Pour Niantjila est soutenue financièrement par sa municipalité, ses membres souhaiteraient un
engagement plus important de sa part.
Claire RAULT – présidente de l’association Rencontre pays Andins-Europe (Pérou)
Rencontre pays Andins – Europe est née en 2001, à la suite d’une rencontre organisée par un réseau
de personnes ayant travaillé au Pérou et en Bolivie. Son objectif n’est pas de soutenir financièrement
des projets, mais plutôt de créer un réseau et un espace d’échange entre acteurs de développement en
France, au Pérou et en Bolivie, autour de problématiques telles que l’agriculture, la santé et la
démocratie locale. Cet espace d’échange doit permettre de faire connaître les initiatives locales, et de
modifier les regards en amenant une connaissance des problématiques similaires dans les deux
régions, et enfin de croiser les questionnements et les réflexions.
Le travail de l’association est basé sur l’égalité des connaissances et des compétences professionnelles,
malgré les inégalités de ressources. Ainsi, c’est un réel partenariat et une combinaison des
compétences professionnelles qui se crée entre la France et les pays andins. Le choix des thématiques
(agriculture, santé, éducation) est lié aux ancrages professionnels aussi bien en France qu’au Pérou et
en Bolivie. Les problématiques sur ces thèmes sont les mêmes ici que là bas. (Par exemple,
l’agriculture regroupe les thématiques de l’autosuffisance alimentaire, de la technicisation,
l’intégration dans le marché, la valorisation des produits, etc.). Ainsi, le but de l’association est de
produire de l’information dont l’ensemble du contenu provient des acteurs et de mettre en place des
actions de plaidoyer afin de relayer les luttes des peuples dans ces pays.
La question du soutien financier de la part de Rencontre Pays Andins-Europe s’est posée à maintes
reprises. L’association doit-elle répondre aux demandes de soutien financier de la part de ses
partenaires ? Cette interrogation principale entraîne d’autre questions au sujet de l’EAD et de la
professionnalisation : il est nécessaire que les apports de l’association soient réellement un plus pour
les acteurs locaux.
Toussaint BASSANE – Commissaire national Fédération Burkinabé Association et Club
Unesco (FBACU)
La FBACU est née en 1985. C’est un réseau de clubs UNESCO répartis sur l’ensemble du Burkina Faso,
dont le but est de promouvoir les droits de l’homme, la citoyenneté, la lutte contre les changements
climatiques et la compréhension entre les peuples au niveau national et international. De manière plus
générale, ses actions s’inscrivent dans une démarche de changement social. Les activités de la FBACU
s’organisent autour de 3 grandes axes : l’information – la formation – l’action. Ses activités se
déroulent à un niveau local et national.
Au niveau local, des camps internationaux d’échanges et de reboisement communautaires sont
organisés pour permettre à la population locale, aux militants et partenaires nationaux de se
regrouper. Une première difficulté est rencontrée quant à l’organisation de ces camps car la population
est majoritairement analphabète et il existe un réel problème d’accès à l’information.
En plus de l’organisation de ces camps, la FBACU agit dans le milieu scolaire et estudiantin afin de
conscientiser les jeunes sur les enjeux mondiaux (par exemple, organisation, en 2009, d’une
vidéoconférence avec Copenhague sur le sujet du réchauffement climatique – Projet « En résonance »
qui permet aux jeunes burkinabés d’échanger avec d’autres jeunes de France, du Brésil ou du Pérou,
sur la représentation qu’ils ont de la jeunesse ailleurs, afin de permettre une meilleure prise en compte
du cadre de référence de l’autre, pour plus de respect).
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 2
Les actions menées nationalement visent à renforcer les capacités des militants locaux, à sensibiliser
les populations dès le plus jeune âge aux problèmes centraux de la société tels que la sexualité, la
démocratie, etc., mais vise également à toucher les décideurs (dans le cadre de la politique de
décentralisation par exemple).
Arrivée à un certain niveau d’action, la FBACU se pose des questions quant au financement de ses
actions. Les financements de la structure ne proviennent pas exclusivement de l’extérieur. Certes,
l’aspect financier est essentiel, mais la FBACU éprouve également un réel besoin de moyens afin de
comprendre les problèmes et d’y remédier, par le biais d’une réflexion commune. Ainsi, la FBACU se
remet en question au sujet de la sensibilisation, de la formation et de l’EAD-SI, afin d’en optimiser
l’impact. C’est par le partage d’expériences, la compréhension de l’autre et de ses manières d’agir que
l’EAD-SI trouvera toute son efficacité.
PARTIE 4 : QUEL AVENIR POUR L’EAD ?
Suite aux discussions du vendredi après-midi, quatre thèmes ont été choisis, et ont permis de
mettre en place les ateliers de réflexion pour le samedi matin. Les participants devaient donc réfléchir
à des pistes, des recommandations et des propositions concrètes.
Thème 1 : EAD et milieu scolaire. Que faire en milieu scolaire pour faire avancer l’EAD
– SI ?
- Permettre un accès gratuit à des formations de l’EAD pour les jeunes ;
- Faciliter la diffusion de l’information ;
- Mettre en place un dispositif équivalent à celui des Animateurs Europe.
Thème 2 : Relation avec les collectivités territoriales / Collaboration, synergie, mise en
réseau, travail collaboratif
Au sein de ce thème, les participants ont précisé l’intérêt de bien faire la distinction entre les acteurs de
la SI et les acteurs de l’éducation.
- Acteurs de la SI :
o Renforcement de leurs compétences par la mise en place d’une meilleure
communication ;
o Mise en place de nouveaux espaces de formations, d’échanges et de communication.
- Acteurs de l’éducation :
o Mise en place d’un réseau à un niveau territorial pour organiser des formations et des
journées d’échanges.
Thème 3 : Partenariat Nord-Sud : partenaires traditionnels ? Comment construire
d’autres types de partenariat ?
- Appuyer les demandes de visas des acteurs de la solidarité internationale du Sud. Il est
nécessaire qu’il y ait une compréhension mutuelle entre les acteurs, pas seulement au sein des
projets, mais aussi entre les personnes. Ainsi, il est important de pouvoir se déplacer du Nord
vers le Sud, du Sud vers le Nord, pour se rencontrer mutuellement de façon simple ;
- Développer des partenariats entre pouvoirs politiques et acteurs de terrain aussi bien au Nord
qu’au Sud ;
- Réaliser un plaidoyer au sujet des difficultés rencontrées par les associations de solidarité
internationale auprès des élus responsables des problématiques dénoncées ;
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 2
- Renforcer les acteurs du Sud dans leurs actions de plaidoyer pour leur permettre une meilleure
visibilité.
-
Thème 4 : Renforcement des acteurs des acteurs de SI (vers une EAD- SI)
- Renforcer la reconnaissance institutionnelle ASI et renforcer leurs compétences par la
formation ;
- Renforcer les capacités des membres des ASI, mais aussi des élus ;
- Sensibiliser le public et changer les comportements de tous ;
- Organiser des rencontres via les réseaux ;
- Organiser des formations après identification des échecs et réussites des associations à l’aide
d’une analyse pratique et dégager des besoins (méthodologie des porteurs de projets,
comment mener un plaidoyer efficace, etc.) ;
- Dépasser l’associatif pour aller vers le politique ;
- Faire des propositions concrètes aux collectivités locales et territoriales.
CONCLUSION A l’issue de ces deux journées d’échanges, il a été possible de définir de manière un peu plus précise
l’EAD-SI. C’est un processus, une démarche, individuelle et collective, locale et globale, avec un enjeu
politique fort qui entraîne des changements sociaux.
Une distinction entre les deux termes éducation et développement doit être faite. En effet, ce sont deux
familles différentes, avec des besoins différents. Mais il est important d’allier ces deux familles et de
travailler ensemble. L’une ne va pas sans l’autre, il existe un réel besoin de formation au sein des ASI,
et les problématiques au sujet de la SI doivent être apportées au sein de l’éducation.
Six grandes recommandations ont pu être retirées de ces deux journées d’échanges et de débats.
- Faciliter la mise en réseau et impulser des espaces de rencontres entre les différents acteurs de
la SI, entre les acteurs de la SI et d’autres acteurs sociaux (par exemple de l’Education
nationale), et entre acteurs de la SI et les élus ;
- Former les acteurs et renforcer les compétences en permettant un accès gratuit à la formation
à l’EAD-SI ;
- Favoriser les échanges d’expériences, de pratiques et de questionnement ;
- Développer les expertises au sein de l’EAD-SI et renforcer le plaidoyer ;
- Démocratiser l’EAD-SI en la définissant comme une éducation à la citoyenneté internationale ;
- Renforcer les partenariats entre acteurs du Nord et du Sud, et articuler les actions de solidarité
au Sud et au Nord.
Cependant, quatre grandes questions persistent :
- Qui sont les acteurs de l’EAD-SI ? Qui peut faire de l’EAD-SI ? Les associations, l’Education
nationale, les collectivités, les médias ?
- Quel public toucher ? Qui former ? Faut-il privilégier les jeunes ?
- Quel partenariat avec les acteurs du Sud ? Quelle place prendre au sein des projets ? Et
comment articuler partenariat et projets ?
- Y a t-il une éducation à la citoyenneté internationale derrière l’EAD-SI ? Comment ne plus se
définir comme acteurs du Sud ou acteurs du Nord, mais plutôt comme acteurs sociaux ?
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 3
PARCOURS 3 :
FAIRE DE LA SOLIDARITE INTERNATIONALE UNE VALEUR PARTAGEE : DECLOISONNER
LES PRATIQUES ENTRE LES ACTEURS DU DEVELOPPEMENT DURABLE
INTRODUCTION
Le parcours 3, « faire de la Solidarité Internationale une valeur partagée : décloisonner les pratiques
entre les acteurs du Développement Durable », a rassemblé une cinquantaine de participants.
L’ensemble des familles du Développement Durable était globalement représenté : organisations de
Solidarité internationale, Associations de l’Economie sociale et solidaire, collectivités territoriales,
Associations d’éducation à l’environnement, d’éducation populaire, ainsi que des représentants de
l’éducation nationale et chercheurs …
Ces familles d’acteurs partagent des valeurs communes ; la solidarité dans le temps et dans l’espace,
l’équité, la participation et la réciprocité, la liberté de choix pour les générations futures et l’ancrage
sur un territoire sont autant de points de convergence entre le développement durable et les actions
internationales. Toutefois, on constate que ces acteurs, malgré des valeurs et principes d’action
partagés et une volonté de plus en plus affirmée de travailler ensemble, rencontrent des difficultés à
partager leurs expériences et leurs pratiques. Comment permettre alors un décloisonnement des
pratiques entre les différentes familles d’acteurs du développement durable ?
Le parcours avait trois objectifs :
- Faire prendre conscience des valeurs communes à la solidarité internationale et aux autres
champs du développement durable ;
- Identifier les besoins des acteurs, les difficultés rencontrées et les méthodes/outils facilitant la
collaboration et le décloisonnement des pratiques ;
- Construire des ressources facilitant la mise en synergie des actions de ces différents acteurs.
Pour cela, ce parcours s’est déroulé en plusieurs temps : témoignages, débats, travaux en ateliers et
perspectives.
Le parcours a tout d’abord été introduit par l’animatrice Yveline Nicolas, coordinatrice de l’association
Adéquations1. Cette dernière s’est appuyée sur son expérience personnelle pour ouvrir ce forum. En
effet, de 2001 à 2002, Yveline Nicolas a assuré la responsabilité politique de la participation des ONG
françaises au Sommet mondial du développement durable de Johannesburg. A cette époque, le
décloisonnement entre les organisations de solidarité internationale et les acteurs de l’environnement
avait déjà commencé, et il s’est poursuivi au-delà de cette conférence internationale (exemple de
campagnes et plaidoyers communs entre le CRID2 et le Réseau Action Climat). En revanche, les
acteurs de l’économie sociale et solidaire étaient peu présents, et semblent encore peu présents dans
ces dynamiques communes aujourd’hui.
L’organisation de la prochaine conférence des Nations unies sur le développement durable qui doit se
dérouler à Rio du 20 au 22 juin 2012, vingt après le Sommet de la terre à Rio (d’où l’appellation de Rio
+20), et la tenue d’un sommet des peuples en parallèle de ce sommet officiel, pourraient être l’occasion
d’une possible action fédératrice à l’échelle régionale. A l’échelle nationale, un collectif d’organisations
1 Adéquation est une association basée à Paris qui intervient sur les thèmes « développement durable, solidarité internationale,
droits humains et approche de genre », en croisant ces différentes approches. Elle anime un centre de ressources en ligne
http://www.adequations.org/ 2 CRID : Centre de recherche et d’information sur le développement
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 3
de la société civile prépare en effet des positions sur l’ensemble des enjeux de la conférence et
notamment les deux thèmes majeurs de l’ordre du jour : l’économie verte et la gouvernance du
développement durable. Comment articuler les acteurs pour passer à une véritable stratégie de
développement durable ? Un processus de participation de la société civile est mis en œuvre, au niveau
national, sous-régional, international..
Yveline Nicolas a également rappelé que si le présent parcours a choisi de cibler les familles de la
solidarité internationale, de l’éducation à l’environnement et de l’économie sociale et solidaire, les
Nations unies ont de leur côté défini neuf groupes d’acteurs comme faisant partie de la société civile :
� Associations
� Syndicats
� Milieu économique, entreprises
� Collectivités territoriales
� Milieu scientifique, technique et recherche
� Milieu rural, paysans
� Populations autochtones
� Femmes
� Jeunes
Quand on parle de décloisonnement, il est important de penser à toute cette diversité d’acteurs.
Comment alors développer et pérenniser les synergies entre ces acteurs aux différents échelons
territoriaux? Différents témoignages ont permis de montrer la nécessité du décloisonnement, d’une
part pour être visible aux yeux de la société, et d’autre part pour mettre en place des actions cohérentes
au regard du développement durable.
1. TEMOIGNAGES
Témoignage de Sandra Maria da Silva Andrade de l’association La CONAQ (coordination des communautés Quilombolas rurale du Brésil) et Pascal Aubree,
secrétaire de l’association AMAR (Acteurs dans le Monde Agricole et Rural)
Ce premier témoignage a présenté l’émergence d’un mouvement social, né autour des communautés
descendantes d’esclaves au Brésil : les Quilombolas. Le Quilombo était un territoire libre, établi au
fond de forêts inaccessibles, où se réfugiaient les esclaves en fuite. Avec la fin de l’esclavage, les
Quilombos ont disparu, mais certains des descendants des Quilombolas ont continué à occuper ces
terrains. Leur nombre est aujourd’hui estimé à plus de 4 millions de personnes. Menacés
d’expropriation par les grands propriétaires fonciers, les spéculateurs fonciers et les grandes
entreprises internationales (compagnies foncières, minières, gazières), les communautés Quilombolas
luttent aujourd’hui pour conserver leurs terres.
Ce nouveau mouvement social commence à prendre conscience de son existence et cherche à être
visible aux yeux de la société brésilienne. Pour ce, il a d’abord noué des relations avec d’autres
mouvements sociaux brésiliens :
- Les indigènes, avec qui les Quilombolas partagent une vision commune de ce que représente le
territoire ;
- Les « Sans-terre », qui se battent pour trouver un morceau de terre à cultiver. Ces derniers ont
une expérience de la lutte que les communautés Quilombolas n’ont pas encore ;
- Le mouvement noir, qui partage des revendications similaires en matière d’égalité raciale,
d’accès aux services publics et plus particulièrement d’accès à l’université.
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 3
Travailler avec d’autres mouvements sociaux a permis aux sociétés Quilombolas d’être mieux connues
par la société brésilienne. Mais afin que leurs revendications soient entendues, il était également
fondamental de faire connaître leur cause à l’international, ce qu’a permis le partenariat avec
l’association AMAR3, basée en Bretagne. Le décloisonnement international s’est révélé un enjeu fort
pour la survie et la reconnaissance de ce mouvement.
AMAR est une association qui travaille à la mise en réseau d’acteurs du Nord et du Sud afin de
défendre l’agriculture paysanne et les droits des agriculteurs. Pascal Aubree, membre du conseil
d’administration de l’association AMAR, a présenté les trois axes d’intervention de l’association ainsi
que les partenaires avec lesquels elle travaille pour plus de cohérence et d’efficacité :
- L’éducation au développement, en partenariat avec l’éducation populaire et l’enseignement ;
- Le relais et le soutien de luttes portées par leurs partenaires du Sud à travers des campagnes,
plaidoyers… L’association Peuples Solidaire a par exemple été le partenaire d’AMAR pour la
diffusion d’une pétition sur la situation des Quilombolas ;
- La promotion des capacités de compréhension et d’action sur le monde de tous les citoyens,
par la mise en réseau de partenaires brésiliens, d’associations de solidarité internationale et
d’organisations locales soutenant une agriculture locale et paysanne (CIVAM, AMAP…).
Pour chacun de ces axes d’intervention, l’association AMAR s’appuie sur des partenaires appartenant à
d’autres familles d’acteurs que la solidarité internationale, contribuant ainsi à la fois à la diffusion des
valeurs de la solidarité internationale et aux liens entre solidarité ici et là-bas.
Cette recherche de cohérence entre solidarité locale et internationale a été relevée à plusieurs reprises
dans les débats qui ont suivi, notamment sur ce thème des agricultures paysannes. Le réseau
Cohérence 4 a par ailleurs été présenté, et la faible participation des associations de solidarité
internationale à ce réseau a été regrettée.
Les liens à créer avec le milieu de l’éducation populaire ont aussi été évoqués à plusieurs reprises,
notamment à partir de l’exemple du projet « En résonance »5.
Ludovic Juignet de l’association Familles Actives de Fougères, responsable du secteur éducation à l’environnement et référent « solidarité internationale » pour le REEB
(Réseau d’Education à l’Environnement en Bretagne)
L’intervenant, représentant de la famille de l’éducation à l’environnement, a d’abord tenu à préciser la
signification de ce terme dans le cadre de son travail. En effet, l’éducation à l’environnement, pour le
REEB, ne signifie pas uniquement une éducation sur les milieux naturels, mais englobe un spectre
beaucoup plus large : il s’agit de l’environnement dans lequel évoluent les gens. L’environnement est
alors fait de relations avec le milieu naturel, de relations sociales, de relations à l’économie,
d’approches culturelles…
Sur le pays de Fougères, un grand nombre d’expériences très diverses étaient menées dans ce cadre,
mais elles manquaient de lien entre elles. Afin de mettre en place un projet commun et cohérent sur le
3 AMAR : Acteurs dans le monde agricole et rural 4 Cohérence : Réseau du grand Ouest qui tend à rassembler des associations de défense de l’environnement, de l’agriculture, de la santé…, Le réseau travaille sur un baromètre du développement durable local pour les communes, ainsi que sur des agendas21 à l’échelle des familles. 5 « En résonance » est un projet porté par la Région Bretagne et soutenu par la Commission Européenne qui a permis à des jeunes bretons et internationaux de travailler ensemble pendant un an sur la question suivante : « mon quotidien est-il cohérent avec un développement durable et équitable ? Comment agir dans ce sens ? »
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 3
territoire, un réseau a été créé : le réseau « Education à l’environnement sur le pays de Fougères »,
pour coordonner les acteurs, les aider à définir des valeurs communes, créer des projets ensemble, et
porter un projet politique pour le territoire. Dix-huit associations sont adhérentes à ce réseau, qui
comprend des acteurs du patrimoine, du tourisme, de l’animation nature, du sport, des centres
sociaux, de l’économie sociale et solidaire et de la solidarité internationale. Ce réseau a d’abord permis
de partager des valeurs et des thématiques. Il a par ailleurs été souhaité que les différents projets
développés, notamment auprès des scolaires, (sur la réduction des déchets, les productions et les
économies d’énergie, les productions locales alimentaires) puissent à chaque fois avoir un écho au
niveau de l’international, ce qui a été d’une grande richesse pour les projets (exemple d’un échange
avec une délégation burkinabée sur le compostage). Il a ainsi été montré que l’international peut servir
de pédagogie dans le domaine de l’éducation à l’environnement pour enrichir l’approche.
Ces valeurs de transversalité ont ensuite été défendues auprès du REEB, le réseau à l’échelle régionale.
En 2010, le REEB a organisé avec le CRIDEV6 une formation intitulée « Regards croisés : éducation à
l’environnement vers un développement durable et éducation à la citoyenneté internationale » qui a
rassemblé des acteurs des deux réseaux, ainsi que des acteurs de l’économie sociale et solidaire, soit
une vingtaine de personnes. Cette rencontre a été l’occasion de croiser les valeurs des différents
réseaux et les méthodes pédagogiques, et de prendre conscience qu’un certain nombre de points
communs rassemblaient ces familles : beaucoup de méthodes actives en pédagogie sont communes,
des valeurs semblables (dignité, solidarité) sont inscrites dans les différents projets politiques... Afin
de poursuivre cette démarche, les deux réseaux envisagent d’organiser des formations communes pour
permettre à des professionnels ou des bénévoles de conjuguer ces deux regards, voire ces deux
compétences.
David Derrien, administrateur de l’ADESS Pays de Brest (association de développement de l’économie sociale et solidaire) et responsable du Comité Local
d’Ingalan Bro Brest
L’ADESS a été créée en 2009 avec le soutien de la Région Bretagne et de Brest Métropole Océane. Elle
regroupe une trentaine d’adhérents (associations, coopératives, mutuelles…) et poursuit plusieurs
objectifs :
- Structurer le réseau de l’économie sociale et solidaire et le promouvoir sur le territoire de
Brest ;
- Accompagner la montée en compétence des acteurs de l’ESS ;
- Décloisonner les réseaux en travaillant sur une approche transversale.
L’ADESS contribue au décloisonnement des familles d’acteurs en proposant des thèmes d’échanges
transversaux. Ainsi, une conférence a été organisée le 17 novembre 2010 sur le micro-crédit, avec pour
thème : « micro-crédit, micro-finance, un outil pour le développement local ». Acteurs du
développement local breton et de la solidarité internationale ont pu identifier des problématiques
communes et des outils similaires pour y répondre (d’ailleurs souvent créés dans les pays du Sud).
Si cette journée a montré la pertinence d’un travail en commun (en termes de contenu, de réseau, de
moyens), elle a aussi présenté des difficultés, notamment pour mélanger les publics et faire prendre
conscience de la plus value du décloisonnement.
Ces deux dernières interventions ont donné lieu à de nombreuses réactions. L’association des Petits
débrouillards, notamment, a apporté un témoignage complémentaire. Depuis 2007, l’association
6 CRIDEV : Centre Rennais d’Information sur le Développement
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 3
s’intéresse aux forums mondiaux et rencontre donc à ces occasions les acteurs de la solidarité
internationale et de l’environnement. En 2009, elle a organisé le premier forum mondial « Sciences et
démocratie », en parallèle du Forum social mondial, avant de travailler autour des sommets de
Copenhague et de Dakar. Dans le cadre de la préparation de Rio+20, les Petits débrouillards se sont
interrogés sur les notions de développement, de solidarité internationale et de solidarité de proximité,
et ont choisi le terme « d’éducation à la transition pour un nouveau monde » qui, à leur sens,
rassemble les valeurs précédentes.
Les termes utilisés sont en effet essentiels pour bien se comprendre. S’il commence à être possible de
croiser les démarches, comme le montrent les exemples précédents, les différents réseaux devront,
pour aller plus loin, se poser la question des mots et de leur définition (« environnement » et
« développement » par exemple). Au-delà des mots, il sera également nécessaire de s’interroger sur les
valeurs et les objectifs communs. Chaque famille perçoit qu’elle partage avec les autres des
engagements similaires, mais il faudrait faire l’exercice de les formaliser. Pour ce, il serait possible de
partir des différentes chartes existantes.
Vouloir décloisonner, c’est aussi accepter d’interroger la cohérence de ses actes. Le fait de croiser les
compétences et centres d’intérêts à l’échelle locale avec une vision à l’échelle internationale amène,
pour trouver cette double cohérence, à s’ouvrir sur les autres familles du développement durable.
Cette recherche de la cohérence à l’échelle d’une structure comme un centre social a amené à la
création d’un outil pédagogique tout simple : « la vie quotidienne » qui a permis de croiser les
différents réseaux présents sur le territoire.
Au-delà des valeurs, les différentes familles se retrouvent aussi dans la volonté de contribuer à
l’éducation, il peut donc s’agir d’une porte d’entrée pertinente pour agir ensemble. Le CRIDEV et le
REEB ont déjà commencé à y travailler ; le CRIDEV a également été sollicité par Réseau solidaire, le
pôle de l’ESS7 du pays de Rennes, pour réfléchir sur des outils d’éducation à l’ESS. En filigrane, c’est
également un rapprochement avec l’éducation populaire qui se profile, celle-ci étant le fil rouge entre
toutes ces formes d’éducation.
Enfin, il a été rappelé que le décloisonnement peut se faire par l’art : le chant, la musique, le théâtre…
Ce sont de formidables moyens de communication et d’échanges, donc de décloisonnement, qui
permettraient de toucher un public large.
A la fin de cette première journée, trois propositions d’ateliers ont été adoptées en fonction des débats
menés :
- La formation : monter une formation ESS / SI / Education populaire / quels apports réciproques
sur les pratiques pédagogiques ?
- Rio + 20 : quels acteurs et quelle synergie pour l’écriture d’un texte de plaidoyer au niveau
régional sur RIO + 20 ?
- La circulation de l’information : comment mieux s’organiser pour la circulation de l’information
de chaque famille d’acteurs au niveau régional ? Quelle planification possible des évènements
2011-2012 ?
Une préconisation essentielle et transversale a été rappelée pour ces trois ateliers : le décloisonnement
n’est pas un objectif en soi, il faut réunir autour de projets concrets !
7 ESS : Economie Sociale et Solidaire
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 3
2. ATELIERS :
Bilan de l’atelier « Education et Formation »
Deux pistes majeures semblent à développer :
� Former les acteurs de terrain des différentes familles sur les enjeux et les pratiques
des autres familles, de façon à s’enrichir des expériences et pratiques, et à être plus pertinents sur
les territoires d’intervention. Des portes d’entrées thématiques pourraient être choisies, l’agriculture
par exemple.
���� Former les acteurs de l’éducation, formelle et non formelle, aux pratiques
pédagogiques et aux outils d’animation des uns et des autres.
Il faudra s’interroger sur la façon de rendre ce décloisonnement accessible au plus grand nombre. Il ne
s’agira en effet pas uniquement de former les réseaux régionaux d’acteurs, mais aussi les personnes qui
s’investissent dans les territoires, à l’échelle locale : il faut que la transversalité se voie sur le terrain.
Réussir à donner à cette démarche un aspect festif ou artistique permettrait d’atteindre plus de
personnes. A l’échelle des Pays, les pôles de l’ESS sont peut-être aujourd’hui une bonne
opportunité pour appliquer concrètement le croisement des acteurs sur le terrain.
Bilan de l’atelier « Rio + 20 »
L’idée principale de ce groupe de travail est de relayer le sommet des peuples au niveau
régional et de le décliner localement. Un appel à mobilisation va être diffusé parmi les
différentes familles d’acteurs, avec deux objectifs à l’occasion de ce sommet :
1. Donner à voir les alternatives (ESS, SEL8, AMAP9, commerce équitable, micro-finance…) qui
existent en terme d’initiatives locales citoyennes où se retrouvent les différentes familles
d’acteurs.
2. Faire le bilan de ce qui a été fait ces vingt dernières années en termes de développement
durable : le bilan des agendas 21 par exemple.
Ces travaux pour l’organisation du relais de Rio+20 en Bretagne pourraient être le point de départ
pour favoriser l’interconnaissance et commencer à travailler ensemble entre les différentes familles
d’acteurs.
Bilan de L’atelier « Organisation Concertation »
Un certain nombre de moyens d’échange entre les familles existent déjà : le réseau Cohérence, le
REEB, la CASI et les centres Ritimo, ABCIS, la CRES, la liste éducation au développement durable de
l’Académie et la revue « Bretagne durable ». Souvent, cet échange d’information n’est pas diffusé
jusqu’aux petites associations. Il faut trouver le moyen d’aller au plus près des territoires, d’où
différentes pistes :
- les conseils de développement,
- les agendas 21 locaux, qui normalement doivent rassembler les différents acteurs de la société
civile
8 SEL : Système d’Echange Local 9 AMAP : Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 3
Le site d’ABCIS10, avec son agenda, pourrait également être une piste pour rassembler l’ensemble
des informations et mieux faire connaître auprès des autres familles les activités de la solidarité
internationale. Cela nécessiterait cependant une forte contribution des différents acteurs de la
solidarité internationale pour contribuer à l’alimentation du site.
De très grosses inégalités de ressources humaines entre les différentes familles ont par ailleurs été
relevées : le milieu de la solidarité internationale souffre d’un nombre très faible de postes salariés
pour mettre en place cette concertation et cette coordination entre les familles d’acteurs, à l’échelle
régionale comme locale.
Enfin, la notion d’art, de culture, d’occasion festive comme méthode et comme lieu d’information est
revenue de façon transversale. Au niveau local, il pourrait être pertinent de mobiliser les artistes et
d’être présent lors des festivals pour informer le grand public sur la solidarité internationale en
Bretagne.
10 site d’ABCIS : www.bretagne-solidarite-internationale.org
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 4
PARCOURS 4
QUELS PARTENARIATS POUR QUEL DEVELOPPEMENT :
AGIR AVEC, POUR OU CONTRE LES ACTEURS LOCAUX ?
INTRODUCTION
Le parcours 4 a occupé une place spécifique dans les Assises ; il a en effet été le seul parcours à traiter des
questions de développement dans les pays où l’on agit, alors que les trois autres parcours se sont davantage
intéressés à la façon dont on travaille ici. Quatre objectifs ont été définis pour ce parcours :
� Eclairer sur la multiplicité des dynamiques et structures existantes dans les pays
d’intervention ;
� Interroger les projets de solidarité et de coopération internationale afin que ceux-ci s'inscrivent en cohérence avec les dynamiques locales et soient conçus dans une démarche
partenariale ;
� Partager / réaffirmer ensemble différents principes à respecter par les acteurs de la solidarité et
de la coopération internationale dans et avec les territoires extérieurs et élaborer de façon
concertée des recommandations pour l'action.
Le parcours a été introduit puis animé par Serge Allou, ancien directeur général du GRET1 (Groupe de
recherche et d’échanges technologiques). Ce dernier a d’abord rappelé en introduction l’indispensable prise
en compte des territoires dans lesquels les acteurs de la solidarité internationale agissent. En effet, ils
n’interviennent pas dans des espaces vierges, mais bien dans des sociétés organisées, dans des milieux qui
fonctionnent. Il faut garder en tête qu’être solidaire ne rend pas légitime pour aller travailler où l’on veut,
comme on veut. Il faut s’entendre, travailler, composer avec un certain nombre d’acteurs locaux. Par crainte
de la corruption, de l'instrumentalisation ou du fait de désaccords idéologiques, les acteurs de la Solidarité
Internationale peuvent parfois ne pas tenir compte des dynamiques existantes sur les territoires
d'intervention. La question se pose alors de la pertinence des interventions, de leur efficacité, voire même
de leurs possibles nuisances si elles déstabilisent ou s'inscrivent à contre-courant des stratégies développées
par les acteurs locaux. Dans cette perspective, seront discutées les conditions pour construire des
partenariats pertinents et efficaces.
Afin de remplir les objectifs du parcours, il a d’abord été proposé aux participants de travailler en atelier
avant de poursuivre les échanges autour de différents témoignages. Ces différents temps doivent permettre
aux participants de confronter les approches et de s’accorder sur des recommandations afin de créer et
d’entretenir de bons partenariats. Le compte rendu reprend donc d’une part les différents échanges
(ateliers, témoignages, remarques et points de discussion), et restitue d’autre part les principales
recommandations qui ont émané du parcours.
1 Le GRET est une association française de professionnels du développement solidaire qui intervient dans plus d'une quinzaine de
pays du Sud.
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 4
1. ATELIERS
Les participants ont d’abord travaillé en deux petits groupes. L’objectif de ces ateliers était d’alimenter le
débat à partir d’échanges et de témoignages sur trois questions :
• Que cherche-t-on à faire quand on agit dans la Solidarité Internationale ? Quelles sont les
intentions ?
• Avec qui travaille-t-on ? Avec quel type d’acteur ?
• Comment travaille-t-on? Selon quelles modalités ? (financement, évaluation, présence…)
De nombreux éléments sont ressortis de ces premiers brainstormings, dont les principaux sont repris ci-
dessous :
Que cherche-t-on a faire quand on agit dans la solidarité internationale ?
- Améliorer les conditions de vie des populations sur place. Il s’agit autant de contribuer à l’atteinte
d’un degré de sécurité alimentaire suffisant (renforcement production familiale, construction de
puits maraîchers, sécurisation des réserves, banque de semence..) que de favoriser leur autonomie.
- Participer au développement économique du pays, par la mise en place d’un élément et/ou le
renforcement des systèmes existants. L’action ne peut être isolée et doit s’inscrire dans un
système : toutes les étapes doivent être prises en compte.
- Transférer des compétences et des technologies. Il s’agit d’apporter ce qui n’existe pas sur place. Il
est cependant essentiel de chercher à comprendre pourquoi telle pratique ou telle technique
n’existe pas. Cela peut être lié à des questions culturelles, éthiques, idéologiques, religieuses…
(exemple de l’insémination artificielle).
- Renforcer les politiques publiques (politiques agricoles ou de santé par exemple). Les ONG du Nord
ont deux rôles principaux, d’une part l’aide à l’orientation des politiques publiques à l’échelle
nationale dans le pays d’intervention, d’autre part la diffusion de l’information et la promotion des
droits à l’échelle internationale.
- Contribuer à l’organisation de la société. Les associations du Nord peuvent accompagner la
population pour qu’elle s’organise en groupement, en association, en syndicat…
- Agir de façon pérenne. Afin que les effets des projets soient durables, de nombreuses activités sont
menées, surtout d’ordre éducationnel et institutionnel. Elles peuvent porter par exemple sur la
formation de salariés ou d’élus, ou encore sur l’appui à la décentralisation.
- Favoriser l’ouverture au monde des populations. L’éducation au développement comme les
échanges interculturels (voyage-découverte, chantiers…) sont importants pour une prise de
conscience au Nord comme au Sud.
Avec qui travaille-t-on? Avec quel type d’acteur ?
- Avec un partenaire physique. Il s’agit de coopérations débutant généralement entre deux
personnes physiques ayant des affinités : une personne du Nord et une autre du Sud, désirant
monter un projet ensemble. Ce projet se transforme peu à peu en coopération entre deux entités,
une association du Nord et une entité du Sud.
- Avec le secteur public. Le soutien financier provient souvent d’autorités locales, ici et là-bas. Il
s’agit pour cette raison, mais également parce que tout projet s’inscrit dans des dynamiques et des
politiques locales existantes, de travailler avec les communes, les régions, l’Etat. Il s’agit de prendre
ses précautions sur deux aspects :
Compte-rendu des Assises de la solidarité internationale – Parcours 4
� faire attention à son positionnement pour ne pas se substituer à l’Etat (concernant
l’éducation par exemple) ou être un palliatif à ce dernier ;
� faire attention à la qualité des politiques publiques. Dans certains cas, la corruption et
l’inégalité sont alimentées par des politiques publiques inadéquates et des hommes
politiques peu scrupuleux.
Les associations du Nord peuvent avoir des opportunités de consultations (lobbying) dans la prise de
décision ainsi que dans les orientations stratégiques si elles obtiennent la reconnaissance de l’Etat et/ou en
signant des accords et des conventions. Si elles ont le soutien et la confiance de la population, elles peuvent
aider le gouvernement à trouver des solutions à certains besoins.
Au-delà du travail avec le partenaire, il est indispensable d’envisager les actions dans un cadre plus global
en travaillant de façon coordonnée avec les autres acteurs de terrain. Il s’agit de créer des liens, de travailler
en réseau, de capitaliser et d’échanger sur les bonnes et mauvaises pratiques...
Comment travaille-t-on? Selon quelles modalités (financement, évaluation, présence…) ?
- Deux approches intéressantes pour initier des projets ont été présentées :
• Le partenaire du Nord apporte son soutien à un projet ou une dynamique locale
préexistante (par exemple, les autorités locales ou les organisations du Sud font appel à
une organisation du Nord selon leur propre identification d’un besoin)
• Le partenaire du Nord suscite une dynamique, ou propose une alternative suivant
un besoin identifié par la population. Après enquêtes et études, elle fait une
proposition aux populations locales (1- évaluation terrain ; 2- réunion avec la population
locale bénéficiaire pour identification d’un problème commun ; 3- constitution de groupes
de réflexion pour trouver ensemble des solutions locales communes. La population désigne
des personnes ressources)
- Après avoir déterminé le public cible (une région ou une tranche précise de la population), il est
nécessaire d’effectuer une étude préalable afin d’identifier les initiatives locales, les dynamiques
et acteurs présents et les difficultés spécifiques.
- Il est important de créer des cadres de concertation avec les populations locales. Une bonne
connaissance des pratiques locales et la valorisation des compétences existantes rendront le projet
d’autant plus cohérent. Coller aux pratiques locales ne doit pas pour autant marginaliser les
populations (par exemple une pédagogie peut être élaborée au regard des spécificités d’un peuple,
en langue locale, mais les examens nationaux doivent être maintenus).
- L’approche partenariale doit s’inscrire dans la réciprocité ; il s’agit de créer des échanges où
chacun des partenaires trouve son compte, et où chacun s’enrichit au contact de l’autre. Il faut
ainsi songer à équilibrer les forces entre les différentes entités du partenariat tout en
attribuant la responsabilité du suivi des actions à un employé ou à une structure sur place.
- Il faut faire entrer le projet dans des dynamiques régionales (Afrique de l’ouest, pour l’échange
de bonnes pratiques concernant l’éducation), et internationales (en coordonnant son action avec
celles des organismes internationaux comme l’UNICEF ou le PAM).
- L’apport financier doit être partagé, entre organisations du Nord et organisations partenaires du
Sud, pour une meilleure prise en charge lors du désengagement des organisations du Nord.
- La formation permet aux populations locales de mieux s’approprier les projets et de devenir
autonomes. Il est important que ce soit la communauté elle-même qui désigne ceux qui vont
bénéficier de la formation (formation de vétérinaires par exemple).
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2. TEMOIGNAGES
Afin d’approfondir le contenu des ateliers, certains intervenants ont été invités à témoigner sur leurs
pratiques.
Yvon LOGEAT, membre du bureau de l’association Tarbiyya Tatali, membre du Collectif Bretagne Niger.
Ce premier témoignage s’est articulé autour de deux idées clefs. Yvon Logéat a d’abord noté que la réflexion
des acteurs de la solidarité internationale semble avoir évolué ces dernières années et être passée à un stade
intéressant. La « Solidarité-générosité » a laissé la place à des actions plus construites, envisagées en
partenariat et en tenant compte des réalités locales. Dans un second temps, le témoin s’est interrogé sur les
possibilités de coordination des actions. S’il existe aujourd’hui des structures permettant de favoriser la
coordination ici (le collectif Niger en est un exemple), la coordination là-bas reste extrêmement complexe.
Comment agir de façon concertée entre les différentes ONG, et notamment avec les grosses ONG
internationales ? Comment coordonner les actions avec les plans de développement locaux ? avec les
stratégies nationales ? avec les services déconcentrés de l’Etat ?
Lydie Emma RANOROSOA, Vice-présidente du comité de pilotage de la coopération Bretagne-Anosy à
Madagascar.
Dans le cadre de la Coopération Décentralisée entre la Région Anosy et la Région Bretagne, consacrée
principalement au renforcement des activités marines, Emma Ranorosoa participe à la coordination des
programmes mis en œuvre et assure l'interface entre les Régions. En travaillant sur le terrain, elle a pu
constater une certaine concurrence entre acteurs du développement, qui se caractérise par de la méfiance et
de la rétention d’information. Ces attitudes sont de réels freins au développement, d’autant plus que les
actions sont rarement pérennes. Pour avoir un impact vraiment positif, il faut que les acteurs agissent
ensemble, construisent des synergies, des complémentarités.
Alain LE SANN, Président de CRISLA et membre du collectif Pêche et Développement.
Alain Le Sann a insisté sur différents points, peu ou pas traités lors des débats en atelier. La dimension
culturelle notamment a été peu abordée alors qu’il faut être bien conscient des décalages de mentalités et de
perception existants. A titre d’exemple, le poids de la religion et des structures religieuses dans de
nombreux pays a été évoqué.
La place des ONG a ensuite été interrogée : il ne faut pas survaloriser leur rôle et surtout rester modeste.
Elles doivent vraiment se situer dans une logique d’accompagnement, d’appui aux dynamiques de
développement local. Intervenir sans comprendre la réalité du fonctionnement des sociétés locales revient à
nier leur existence. Il faut également bien mesurer que les partenariats avec les ONG se font souvent au
détriment des structures publiques, et la disparition de la puissance publique pose de vraies questions !
Enfin, le constat a été dressé que, si nous faisons partie d’un monde certes inégal, les problèmes auxquels
nous sommes confrontés sont aujourd’hui mondialisés ; pour y répondre, nous avons besoin du regard du
Sud comme eux ont besoin du regard des partenaires du Nord. Il nous faut être dans l’échange permanent
et être prêt à remettre en question ce qui ne va pas chez nous, et qui plus est, a souvent des impacts négatifs
au Sud également. Les ONG de solidarité internationale doivent investir ce terrain là pour être crédibles
auprès de leurs partenaires du Sud qui s’interrogent sur ce qu’elles font chez elles pour leur propre
développement.
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3. REMARQUES ET POINTS DE DISCUSSION
- Le suivi et l’appropriation des projets. La question de « comment » travailler pour assurer une
certaine pérennisation des projets, favorisant leur appropriation par la population locale, a souvent
été posées. Certaines actions peuvent effectivement dénaturer l’ordre social local (dons de
moustiquaires, ensuite revendues sur le marché et concurrençant les artisans tisseurs locaux). Le
terme « population » est également discuté et nuancé. Un certains nombre de questions a ainsi été
soulevé, sans pour autant trouver de réponses : que veut dire « besoin » des « populations » ? Est-
elle organisée ? L’avis seul du chef de village est-il suffisant ? Les esprits s’accordent cependant sur
le fait que les besoins connaissent un changement perpétuel et doivent être considérés dans leur
évolution. La capitalisation des bonnes et mauvaises pratiques est donc importante.
- Les financements. Certaines organisations ont fait part de leurs difficultés à mesurer l’efficacité et
l’efficience des fonds investis. D’autres ont interrogé la provenance plus ou moins morale de
certains financements.
- La multiplication des ONG et leur mise en réseau. Les organisations de solidarité internationale et
de coopération sont souvent critiquées pour leur non homogénéité, il faut donc faire une ressource
de cette diversité. S’il n’y a pas d’opposition à faire entre grandes et petites organisations (leurs
atouts sont différents et complémentaires : alors que les unes possèdent des financements et
savoirs techniques importants, les autres sont au plus proche de la population), il s’agit cependant
de favoriser une vision commune par la création de collectifs d’association par exemple. Pour éviter
concurrence et duplication des projets, il faut centraliser l’information, tisser des liens avec les
autorités locales, avec l’Etat, avec les fonds internationaux, avec les bailleurs de fonds, créer une
meilleure coordination entre les ONG et développer les réseaux de communication.
- Les pressions des institutions internationales. Il est important de souligner le rôle des
organisations internationales qui imposent un schéma économique et politique, rendant
impuissantes les actions des gouvernements du Sud et celle des organisations du Nord. Le micro-
développement ne semble plus possible dans un contexte globalisé. Le positionnement des ONG de
solidarité internationale dans ce contexte global sous pression est donc en perpétuelle évolution.
- La corruption. Comprendre la détermination des comportements permet de procéder à un choix
d’articulation ou de non articulation avec la sphère publique/politique en fonction de la légitimité
perçue des Etats. Il a été noté que la corruption n’est pas l’apanage des Etats, elle existe également
au sein des ONG.
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4. RECOMMANDATIONS
Pour entrer dans une logique de partenariat, il faut d’abord refuser cette idée que l’on va « aider »,
« combler des manques ». Tout partenariat s’inscrit dans une dynamique locale complexe, faite de
contradictions, rencontrant des acteurs divers ; il s’agit donc d’être prêt à faire des choix, à prendre des
risques, des engagements et à les assumer. 8 recommandations ont été formulées afin d’accompagner les
acteurs de la solidarité internationale dans la construction de leurs partenariats et de leurs projets.
1) Il faut prendre le temps de la connaissance, de la rencontre, de l’analyse des sociétés
locales, de leurs dynamiques, et aussi de leurs contradictions, de leurs richesses et de l’extrême
diversité des acteurs. Pour ce faire, la démarche partenariale doit s’inscrire dans la durée. Il
existe en effet une richesse sociale, collective, culturelle très souvent difficile à saisir.
2) Il est nécessaire d’inscrire les actions dans les dynamiques locales. Cela signifie s’insérer,
ou contribuer à faire évoluer une dynamique locale en s’appuyant sur des partenaires qui estiment
que la dynamique locale ne correspond par à leurs objectifs. Cette co-construction est
indispensable à la pérennisation.
3) Il ne s’agit pas de se substituer aux acteurs locaux mais de les accompagner, de venir en appui.
4) Le partenariat doit accepter les interpellations et les remises en question de soi ; induisant
par là même une démarche de négociation permanente, afin de trouver des solutions et de
construire l’action ensemble. Il faut pour cela, interroger nos modèles (systèmes) de pays dits
développés.
5) Les partenariats doivent être équilibrés entre les parties prenantes. Au-delà de la relation
Nord-Sud, il faut aussi faire de la place aux apports des partenaires du Sud en retour sur nos
pratiques, nos choix, nos modèles de développement : être dans une logique de réciprocité
6) Il s’agit de travailler en synergie avec l’ensemble des acteurs agissant sur un territoire,
et d’insérer les actions dans un cadre de cohérence global (au Nord comme au Sud).
7) Pour une appropriation du projet, toute action doit mobiliser des financements diversifiés,
comptant autant sur des fonds privés, publics, que sur un apport par les acteurs du projet. La
solidarité est une action qui doit provoquer un débat politique et mobiliser des fonds publics. Les
financements sont à voir comme un moyen et non comme une fin en soi.
8) Il faut se donner les moyens de capitaliser et d’analyser l’information afin d’apprendre des
bonnes et des mauvaises pratiques pour réorienter l’action. Il faut donner accès à cette information
en créant et valorisant des outils de diffusion (mise en réseau, formation…) ainsi que des espaces
de partage.