9
Le Journal De Bord De Le Delta de l’Orénoque. Raconté par Océanie Du 5 au 12 février 2010 N° 25 Une fois n’est pas coutume… un AVANT-PROPOS du skipper : Le changement de programme qui nous a conduit directement aux Caraïbes sans passer par le Brésil, ne nous avait pas permis de remonter un petit bout d’Amazone. J’aime naviguer sur les fleuves (souvenir des bords de Loire…) et je connaissais l’Orénoque par les lectures d’autres navigateurs. Le delta de l’Orénoque est le plus grand du monde, entre le rio Manamo qui coule vers le nord et le rio Grande qui coule vers l’est. Grâce à nos recherches sur internet et aux sites d’autres voiliers, nous avons choisi de remonter le rio Mana- mo. Comble du bonheur, 2 bateaux- copains ont décidé de venir avec nous ! Rendez-vous à Pedernales ! Au bord du rio Manamo, habitent les indiens Waraos. Ils vivent dans des huttes sur pilotis, sans mur et au toit de feuilles de palmiers, isolées ou regroupées en village. La simplicité de leur vie est extra- ordinaire et nous pose beaucoup de questions, à nous, riches et stressés occidentaux… Ici pas d’argent; le troc avec les gens de passage complète la pêche, la chasse et la cueillette. Ici on ne vit pas pour manger, on mange pour vivre... Leur sourire et leur accueil n’ont d’égale que leur curiosité. Et si nous étions surpris que des enfants montent à bord et restent sur la jupe simplement pour nous regarder manger ou vivre, nous étions encore plus surpris lorsque, longeant de très près un village, un warao nous filmait avec son téléphone portable. Même si l’accumulation du superflu moderne ne les a pas encore atteints il faut savoir que le pétrole ne vaut pas cher (pour les groupes électrogènes et les moteurs hors-bord) et que le prési- dent Chavez, dans sa toute bonté, a offert une télévision à chaque foyer sachant qu’au Venezuela, l’électricité est gratuite… Si vous voyez là-dedans une quelconque manœuvre propagandiste, c’est que vous avez les idées mal placées... Ollivier

taoz n°25

Embed Size (px)

DESCRIPTION

journal de bord d taoz

Citation preview

Page 1: taoz n°25

Le Journal De Bord De

Le Delta de l’Orénoque. Raconté par Océanie Du 5 au 12 février 2010

N° 25

Une fois n’est pas coutume… un AVANT-PROPOS du skipper :

Le changement de programme qui nous a conduit directement aux Caraïbes sans passer par le Brésil, ne nous avait pas permis de remonter un petit bout d’Amazone. J’aime naviguer sur les fleuves (souvenir des bords de Loire…) et je connaissais l’Orénoque par les lectures d’autres navigateurs. Le delta de l’Orénoque est le plus grand du monde, entre le rio Manamo qui coule vers le nord et le rio Grande qui coule vers l’est. Grâce à nos recherches sur internet et aux sites d’autres voiliers, nous avons choisi de remonter le rio Mana-mo. Comble du bonheur, 2 bateaux-copains ont décidé de venir avec nous ! Rendez-vous à Pedernales !

Au bord du rio Manamo, habitent les indiens Waraos. Ils vivent dans des huttes sur pilotis, sans mur et au toit de feuilles de palmiers, isolées ou regroupées en village. La simplicité de leur vie est extra-ordinaire et nous pose beaucoup de questions, à nous, riches et stressés occidentaux… Ici pas d’argent; le troc avec les gens de passage complète la pêche, la chasse et la cueillette. Ici on ne vit pas pour manger, on mange pour vivre...

Leur sourire et leur accueil n’ont d’égale que leur curiosité. Et si nous étions surpris que des enfants montent à bord et restent sur la jupe simplement pour nous regarder manger ou vivre, nous étions encore plus surpris lorsque, longeant de très près un village, un warao nous filmait avec son téléphone portable.

Même si l’accumulation du superflu moderne ne les a pas encore atteints il faut savoir que le pétrole ne vaut pas cher (pour les groupes électrogènes et les moteurs hors-bord) et que le prési-dent Chavez, dans sa toute bonté, a offert une télévision à chaque foyer sachant qu’au Venezuela, l’électricité est gratuite… Si vous voyez là-dedans une quelconque manœuvre propagandiste, c’est que vous avez les idées mal placées...

Ollivier

Page 2: taoz n°25

Alors voilà… : Avec Téoula, on est arrivé à Trinidad par "les bouches du dragon". On s’est arrêté à Chaguaramas une journée pour attendre Kangaroo qui arrivait de Guyane. On avait rendez-vous à l’entrée de l’Orénoque.

Il y avait des millions de méduses à Trinidad !

Dans le golfe de Paria, il y a beaucoup de plateformes pétrolières.

Le rendez-vous est parfait ! Les 3 bateaux sont réunis ! On avait parlé de naviguer ensemble quand on était à Dakar, il y a 3 mois !

6 enfants et 6 adultes qui débarquent à Pedernales pour faire les formalités, des courses et goûter la bière locale : la Polar ! (enfin… surtout pour les parents…!)

La traversée du golfe était bien tranquille… Sous spi asymétrique et soleil ! Ya pire, non ?

Page 3: taoz n°25

Dès le lendemain on a commencé la remontée du Rio Mana-mo. Parfois on rasait la forêt sur la rive, parfois des piro-gues à rame venaient nous voir, souvent des enfants.

Puis on a mouillé devant un village : Morocoto. Des gens sont venus nous voir à bord, nous ont observés, et en échange nous ont invités à visiter leur village l’après-midi.

Il y a un grand quai en bois tout au long du village et de chaque côté des maisons sur pilotis, sans mur et avec un sol en rondins. Des hamacs et des habits suspendus partout ! Et dans beaucoup de maison, il y a une machine à laver le linge et… la télé !

Il faut faire attention de ne pas tomber, c’est dangereux !

C’est le président Chavez qui a offert une télé a chaque famille au Venezuela.

Le papa et la machine à laver

Les télés et le lecteur DVD

Page 4: taoz n°25

En remon-tant le fleuve, avec la marée, des fois on mettait le génois pour nous aider.

Quand on passait devant un village, beaucoup de gens venaient nous voir pour faire du troc, ou simplement nous regarder, nous dire bonjour.

On a visité un 2ième village, un peu plus grand. Souvent il n’y avait qu’1 ou 2 per-sonnes qui parlaient espagnol. Tout le monde parle Warao et moi le Warao je ne le maîtrise pas très bien…( je ne suis qu’en CM1…:-)

On échangeait des habits, du sham-pooing, de la vaisselle, des bouts contre de l’artisanat tissé ou sculpté !

Page 5: taoz n°25

TAOZ remontant le fleuve :

Zéphir joue dans l’annexe et moi je fais l’école, assise sur le pont, à l’ombre...

Un guide Warao nous a emmené dans la forêt, à fond les manettes dans sa pirogue à moteur :-)

On a bu de l’eau d’un arbre spécial...

On a vu un arbre pleu-rer comme du sang...

On a mangé du cœur de palmier frais : délicieux !

On a vu des perroquets de toutes les couleurs, des aras je crois... Et des singes qui grognent très fort

et sautent très vite...

Et des toucans à la cime des arbres... Des envolées d’ibis rouges, flamboyants !

Notre guide nous a attrapé un crocodile à la main ! Après, Papa l’a tenu lui aussi !

Page 6: taoz n°25

Les enfants du village à l’heure de la cantine. (il paraît qu’ils ne vont à l’école QUE pour la cantine…)

Zéphir sur le dock du village.

Pour reconnaitre le vrai, je vous donne un indice : couleurs :-) On a troqué des habits contre du pain que

cette vieille femme a fait devant nous.

Là-bas, on voit le nom du président écrit partout : CHAVEZ ! Comme dit Papa : « heureusement que ce n’est pas comme ça en France ! »...

La technique quand on n’a pas de pinces à linge : des fils barbelés !

Papa avait repéré les pagaies sur les pirogues : un warao lui en a fait une qu’il avait noircie et durcie au feu de bois.

« Mais c’est le tee-shirt de Zéphir que l’on a troqué ce matin ! » :-)

Page 7: taoz n°25

On a eu la chance de voir des dauphins d’eau douce qui sont gris clair sur le dos mais rose sur le ventre. Ils ont un long bec et un aileron très allongé. Je crois que c’est assez rare dans le monde...

On a navigué dans les jacinthes qui dérivent avec le courant : c’est magique, ma-gnifique et très impressionnant ! Au mouillage, elles s’accrochaient aux étraves !

Cré

dit p

hoto

s: G

wen

de

Téou

la

Page 8: taoz n°25

On remontait le fleuve en rasant les rives si on était contre le courant. On était dans les jacinthes et des enfants indiens warao venaient nous voir.

A l’extérieur des courbes c’est très profond : par exemple, là, on avait 12 m !

A un moment il y avait tellement de jacinthes qu’avec les bateaux on ne pouvait pas aller plus loin… Alors on a conti-nué avec les 3 Ca-ribes jaunes jus-qu’au lodge de "Mis Palafito".

Un lodge c’est comme un hôtel dans la nature. Cons-truit tout en bois. C’est pour faire de "l’écotourisme".

Les 3 copains, heureux d’être là !

On était dans un endroit de rêve et avec des supers copains alors c’est là que mes parents ont ouvert la bouteille offerte par Adjovie !

On s’est quand même échoué plusieurs fois… Heureusement, dans la vase…! (le record c’est 0.8 ça veut dire qu’il y a 1.10m d’eau… mais TAOZ il fait 1.80m de tirant d’eau…)

On s’est fait un "dinghy-trip" extraordinaire en rentrant de nuit en annexe à fond-les-ballons et en slalomant entre les iles flottantes de jacinthes !

Page 9: taoz n°25

Un souvenir de l’Orénoque ? : Les couleurs ! Le BRUN de l’eau du fleuve Le VERT EMERAUDE, des arbres de la forêt tropicale, Le ROUGE fluorescent des ibis, Le JAUNE, VERT, BLEU des perroquets Le NOIR des toucans, Le VERT des jacinthes, Le ROSE-GRIS des dauphins, Le BLEU brillant des papillons morpho, Le NOIR des yeux des enfants waraos.

Et nous redescendons le fleuve à la voile (une quaran-taine de milles). Ce sont les derniers échanges avec les Waraos, un dernier mouillage dans les arbres pour attendre la renverse et nous quittons l’Orénoque la tête et le cœur remplis d’images et de souvenirs, mais un nœud dans le ventre car nous sommes tristes de quitter cet endroit merveilleux et surtout hors du temps... Voici la seule carte que

nous avions à bord, trouvée sur internet.

Régate sur l’Orénoque...

A suivre... bv°tÇ|x