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État des lieux du livre et des bibliothèques...AVANT-PROPOS État des lieux du livre et des bibliothèques paraît à un moment bien particulier de la vie culturelle québécoise

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Pour tout renseignement concernant l’ISQet les données statistiques qui y sont disponibles,s’adresser à :

Institut de la statistique du Québec200, chemin Sainte-FoyQuébec (Québec)G1R 5T4Téléphone : (418) 691-2401

ou

Téléphone : 1 800 463-4090(sans frais d’appel au Canada et aux États-Unis)

Site Web : www.stat.gouv.qc.ca

Dépôt légalBibliothèque nationale du CanadaBibliothèque nationale du Québec3e trimestre 2004ISBN 2-551-22549-3

© Gouvernement du Québec

Toute reproduction est interditesans l’autorisation expresse del’Institut de la statistique du Québec.

Septembre 2004

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AVANT-PROPOS

État des lieux du livre et des bibliothèques paraît à un moment bien particulier de la vie culturellequébécoise. En effet, il semble bien que cet automne puisse être le dernier d’une période où lesfaçons de faire avaient acquis une certaine stabilité dans le monde du livre. Plusieurs éléments

sont susceptibles de modifier, dans un proche avenir, les stratégies de tous les acteurs des domaines dulivre et des bibliothèques : l’ouverture au printemps 2005 de l’édifice de diffusion de la Bibliothèquenationale du Québec, la mise en application du Plan d’action pour l’amélioration des conditionssocioéconomiques des artistes, l’évaluation de plusieurs organismes gouvernementaux dans le secteurculturel annoncée par le gouvernement québécois l’été dernier, un certain constat de stagnation dans lachaîne commerciale du livre et, enfin, la reprise des négociations sur le commerce mondial et leurs effetsprobables sur la diversité culturelle. Dans ce contexte, l’État des lieux du livre et des bibliothèques seprésente donc comme un bilan.

L’objectif du présent ouvrage est de dresser le portrait le plus complet et le plus cohérent possible de cesecteur essentiel de la vie culturelle québécoise. De l’acte de création des textes et des images jusqu’àcelui de leur lecture, qu’elle soit informative, ludique ou même contemplative, l’État des lieux du livre etdes bibliothèques passe en revue tous les maillons de la grande chaîne du livre. Chacun de ses chapitresest consacré à l’un de ces maillons et il est constitué d’une analyse statistique accompagnée de tableauxet de graphiques. De plus, lorsque les données le permettaient, une analyse de l’évolution du secteur aucours de la dernière décennie a été effectuée.

L’Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ) a pu dresser l’État des lieux dulivre et des bibliothèques grâce à la contribution financière de la Bibliothèque nationale du Québec.L’OCCQ a bénéficié également de l’appui constant et des conseils essentiels des membres de soncomité consultatif des domaines du livre et des bibliothèques, de même que de ses partenaires : l’Institutde la statistique du Québec, le ministère de la Culture et des Communications du Québec, le Conseildes arts et des lettres du Québec et la Société de développement des entreprises culturelles.

Nous souhaitons que cet ouvrage de référence réponde aux besoins d’information des différents acteursdes domaines du livre et des bibliothèques mais, surtout, qu’il puisse alimenter leur réflexion quant auxdéfis qu’ils auront à relever dans les prochaines années.

Lise Bissonnette Yvon FortinPrésidente-directrice générale Directeur généralBibliothèque nationale du Québec Institut de la statistique du Québec

L’

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Cette publication a été réalisée par : Benoit Allaire, responsable de projetObservatoire de la culture et des communications du QuébecInstitut de la statistique du Québec

Sous la direction de : Serge Bernier, directeurObservatoire de la culture et des communications du QuébecInstitut de la statistique du Québec

Ont apporté leur précieuse collaboration : Manon Beauchemin et Danielle LégerBibliothèque nationale du Québec

Anne Bernard, Christiane Gagnon et Gaétan HardyConseil des arts et des lettres du Québec

Dominique Jutras et Marc MénardSociété de développement des entreprises culturelles

Suzanne Dumas, Hélène Vachon, Céline Baillargeon etRosaire GaronMinistère de la Culture et des Communications du Québec

Réjean Savard et Marcel LajeunesseÉcole de bibliothéconomie et des sciences de l’informationUniversité de Montréal

Daniel MorinBibliothèque de Mercier

Christian Guay, Denis Chalifour et Marielle BédardObservatoire de la culture et des communications du QuébecInstitut de la statistique du Québec

Geneviève Laplante, pour la révision linguistiqueClaudette D’Anjou, pour la page de couvertureJocelyne Tanguay, pour la coordination de l’éditionDirection de l’édition et des communicationsInstitut de la statistique du Québec

Mono-Lino, pour la mise en page

Remerciements :

Nous tenons à remercier chaleureusement l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) pour leurcollaboration à l’enquête auprès des écrivains, ainsi que l’Association des distributeurs et diffuseurs exclusifs delivres en langue française (ADELF) pour leur soutien essentiel à l’enquête auprès des distributeurs.

Photo de la couverture : Bibliothèque nationale du Québec

Abréviations et symboles

% Pour cent ou pourcentage x Donnée confidentiellen Nombre e Donnée estimée.. Donnée non disponible r Donnée révisée... N’ayant pas lieu de figurer k Millier– Néant ou zéro M Million— Donnée infime

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Introduction .................................................................... 15

PARTIE 1. LES ÉCRIVAINS

CHAPITRE 1 Écrire ne fait pas vivre. Les revenus des écrivains et desécrivaines du Québec ...................................................... 21

CHAPITRE 2 Portrait sociodémographique et production des écrivains .. 27

CHAPITRE 3 Motivation, soutien et notoriété des écrivains .................... 51

CHAPITRE 4 Une décennie d’aide financière versée aux écrivainsquébécois par le CALQ ................................................... 79

PARTIE 2. LES ÉDITEURS

CHAPITRE 5 Les éditeurs de livres au Québec ...................................... 95

CHAPITRE 6 L’évolution de l’offre de livres québécois, 1971-2002........ 119

TABLE DES MATIÈRES

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6 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

PARTIE 3. LA COMMERCIALISATION

Chapitre 7 La distribution de livres au Québec .................................. 133

Chapitre 8 Les librairies agréées au Québec ..................................... 147

Chapitre 9 Le marché du livre au Québec : un bilan .......................... 159

Chapitre 10 Évaluation du marché du livre québécois .......................... 173

Chapitre 11 Salons du livre au Québec de 1997 à 2002 .................... 179

Partie 4. LES BIBLIOTHÈQUES

Chapitre 12 La Bibliothèque nationale du Québec ............................... 191

Chapitre 13 Les bibliothèques publiques de 1995 à 2001 ................... 211

Chapitre 14 Les bibliothèques des collèges publics québécoisen 2003 ......................................................................... 225

Chapitre 15 Les bibliothèques des universités québécoisesde 1983 à 2002 ............................................................. 235

Partie 5. LES LECTEURS

Chapitre 16 20 ans de lecture de livres au Québec ............................. 247

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TABLE DES MATIÈRES • 7

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Liste des tableauxTableau 1.1Proportion des écrivains ayantgagné des revenus relatifs àcertains types de droits,Québec, 2001 22

Tableau 1.2Proportion des écrivains ayantréalisé des gains pour certainesactivités liées à l’écriture,Québec, 2001 23

Tableau 1.3Répartition des écrivains selon lacatégorie socioprofessionnelle,Québec, 2001 23

Tableau 2.1Répartition des écrivains selonle sexe par groupe d’âge, Québec, 2002 31

Tableau 2.2Répartition des écrivains selonl’âge par sexe, Québec, 2002 31

Tableau 2.3Répartition des écrivains selon larégion de résidence par grouped’âge, Québec, 2002 31

Tableau 2.4Répartition des écrivains selon lerevenu personnel par grouped’âge, Québec, 2002 32

Tableau 2.5Répartition des écrivains selonle niveau du revenu familialpar groupe d’âge, Québec,2002 32

Tableau 2.6Répartition des écrivains etdes écrivaines selon le niveaudu revenu personnel,Québec, 2002 33

Tableau 2.7Répartition des écrivains etdes écrivaines selon le niveaudu revenu familial, Québec,2002 33

Tableau 2.8Répartition des écrivains et desécrivaines selon le niveau departicipation de leur revenupersonnel au revenu familial,Québec, 2002 33

Tableau 2.9Sexe et région de résidence,Québec, 2002 34

Tableau 2.10Région de résidence et revenupersonnel, Québec, 2002 34

Tableau 2.11Région de résidence et revenufamilial, Québec, 2002 35

Tableau 2.12Répartition des écrivains selonla région de résidence etle sexe, Québec, 2002 35

Tableau 2.13Répartition des écrivains selonle niveau d’études en lettres,Québec, 2002 36

Tableau 2.14Répartition des écrivains qui ontun diplôme universitaire autrequ’en lettres selon la discipline,Québec, 2002 36

Tableau 2.15Répartition des écrivains selonle niveau de diplomation pargroupe d’âge, Québec,2002 37

Tableau 2.16Répartition des écrivains selonleur participation à un colloqueou à un atelier au Canadaou à l’étranger par grouped’âge, Québec, 2002 38

Tableau 2.17Nombre moyen de livres lusdurant les douze derniers moisen excluant les manuelsde cours, Québec, 2002 38

Tableau 2.18Répartition des écrivains selonle temps de travail consacréà la création visant une publi-cation selon l’âge, le sexeet la région de résidence, Québec, 2002 40

Tableau 2.19Répartition des écrivains selonla durée de leur carrière, l’âge,le sexe et la région de résidence,Québec, 2002 40

Tableau 2.20Répartition des écrivains selonle nombre de livres publiés parannée de carrière selon l’âge,le sexe et la région de résidence,Québec, 2002 41

Tableau 2.21Répartition des écrivains selonla catégorie éditoriale quicaractérise le mieux, selon eux,leur création au cours des troisdernières années, Québec,2002 42

Tableau 2.22Répartition des écrivains selonle nombre de catégories édito-riales, Québec, 2002 43

Tableau 2.23Répartition des écrivains selonla catégorie éditoriale qui carac-térise le mieux leur création aucours des trois dernières annéeset taux d’écrivains qui se classentdans une catégorie ou une autre,Québec, 2002 43

Tableau 2.24Taux de pratique en carrièredes écrivains par catégorieéditoriale selon le sexe, l’âgeet la région de résidence, Québec, 2002 44

Tableau 2.25Répartition des écrivains selonle nombre de livres édités encarrière (depuis 1992) parcatégorie éditoriale,Québec, 2002 45

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8 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 2.26Pourcentage des écrivains quiont publié des textes de créationlittéraire selon le support, Québec, 2002 46

Tableau 2.27Répartition des écrivains selonle nombre de médias dediffusion, Québec, 2002 46

Tableau 3.1Répartition des écrivains selonqu’ils ont considéré plus oumoins sérieusement d’arrêterdéfinitivement d’écrire, par âge,sexe et région de résidence,Québec, 2002 53

Tableau 3.2Répartition des écrivains selonla raison qui les incite à songerà arrêter d’écrire, par âge,sexe et région de résidence,Québec, 2002 54

Tableau 3.3Répartition des écrivains selonles événements qui favorisentl’envol d’une carrière,Québec, 2002 54

Tableau 3.4Pourcentage des demandes debourse chez les écrivains, ratiodes demandes acceptées etpourcentage des écrivains quireçoivent une bourse par sexe,âge et région de résidence,Québec, 2002 55

Tableau 3.5Pourcentage des demandes debourse chez les écrivains, ratiodes demandes acceptées etpourcentage des récipiendairesselon le temps de travailconsacré à l’écriture, lenombre de sources de revenu,le niveau de participation aurevenu familial et l’indicateurde revenu familial, Québec,2002 56

Tableau 3.6Pourcentage des écrivains selonqu’ils ont demandé une boursedu Conseil des arts et des lettresdu Québec, du Conseil des artsdu Canada, selon les ratiosd’acceptation et selon le pour-centage des récipiendairespar sexe, âge et région derésidence, Québec, 2002 58

Tableau 3.7Pourcentage des écrivains selonqu’ils ont demandé une boursedu Conseil des arts et des lettresdu Québec, du Conseil des artsdu Canada, selon les ratiosd’acceptation et selon le pour-centage des récipiendaires, letemps de travail consacré àl’écriture, le nombre de sourcesde revenu, la principale sourcede revenu, le revenu personnel,l’indicateur de revenu familialet le niveau de participation aurevenu familial, Québec,2002 60

Tableau 3.8Pourcentage des écrivains selonqu’ils ont demandé une boursedu Conseil des arts et des lettresdu Québec, du Conseil des artsdu Canada, selon les ratiosd’acceptation et le pourcentagedes récipiendaires, par catégorieéditoriale, Québec, 2002 60

Tableau 3.9Pourcentage des bourses accor-dées et nombre moyen debourses accordées par leConseil des arts et des lettresdu Québec et le Conseildes arts du Canada, par sexe,âge et région de résidence, etselon les caractéristiques socialeset professionnelles des écrivains,Québec, 2002 61

Tableau 3.10Pourcentage des écrivains selonqu’ils ont demandé une boursedu Conseil des arts et des lettresdu Québec, du Conseil des artsdu Canada, selon les ratiosd’acceptation et selon le pour-centage de récipiendaires, parévénement, Québec, 2002 62

Tableau 3.11Répartition des écrivains selonle type de bibliothèque etl’inscription au programmede droit de prêt, Québec,2002 63

Tableau 3.12Indice de notoriété de baseselon le sexe, l’âge et la régionde résidence de l’écrivain,Québec, 2002 64

Tableau 3.13Répartition des écrivains selonqu’ils reçoivent ou non unecouverture ou que leurs œuvressont adaptées par les médiasde masse, Québec, 2002 64

Tableau 3.14Indice de notoriété publiqueselon le sexe, l’âge et la régionde résidence de l’écrivain,Québec, 2002 65

Tableau 3.15Répartition des écrivains selonla notoriété liée à un magazinespécialisé, à un prix ou unebourse, Québec, 2002 65

Tableau 3.16Indice de notoriété auprès despairs selon le sexe, l’âge et larégion de résidence de l’écrivain,Québec, 2002 66

Tableau 3.17Reconnaissance professionnelleà l’étranger, Québec, 2002 66

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TABLE DES MATIÈRES • 9

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 3.18Indice de notoriété internationaleselon le sexe, l’âge et la régionde résidence de l’écrivain,Québec, 2002 67

Tableau 3.19Indices de notoriété selon le sexe,l’âge et la région de résidencede l’écrivain, Québec, 2002 67

Tableau 3.20Pourcentage des écrivains etindices de notoriété selon letemps de travail consacré àl’écriture, la principale sourcede revenu, le nombre de livrespubliés par année de carrière,les types de droits et les activitésliées à l’écriture, Québec,2002 68

Tableau 3.21Répartition des écrivains selonleur revenu personnel paractivité, Québec, 2002 69

Tableau 3.22Pourcentage des écrivains etindices de notoriété selon lescatégories éditoriales,Québec, 2002 70

Tableau 3.23Répartition des écrivains selonleur revenu personnel parcatégorie éditoriale,Québec, 2002 70

Tableau 3.24Pourcentage des écrivains etindices de notoriété selon lenombre de sources de revenu,de livres édités, de textes surmédias de diffusion, la variétédes catégories éditoriales etdes médias de diffusion,Québec, 2002 71

Tableau 3.25Pourcentage des écrivains etindices de notoriété selon leniveau de revenu personnelet familial, Québec, 2002 72

Tableau 3.26Répartition des écrivains selonchacun des indices d’utilisationde la bureautique et del’Internet, Québec, 2002 73

Tableau 3.27Indice moyen d’utilisation desnouvelles technologies,Québec, 2002 73

Tableau 3.28Répartition des écrivains selonchacun des éléments traitantde la diffusion des œuvreslittéraires sous forme demultimédia et par Internet,Québec, 2002 74

Tableau 3.29Indice moyen d’ouverture auxnouvelles technologies selonl’âge, le sexe et la région derésidence, Québec, 2002 74

Tableau 3.30Taux des écrivains selon qu’ilsont demandé une bourse duConseil des arts et des lettresdu Québec, du Conseil des artsdu Canada, selon les ratiosd’acceptation et selon le pour-centage des récipiendairespar âge, l’utilisation desnouvelles technologies etl’ouverture aux nouveauxmédias, Québec, 2002 75

Tableau 4.1Nombre de bourses et aidefinancière octroyée aux écrivainsprofessionnels, de 1994-1995à 2003-2004 81

Tableau 4.2Nombre de bourses et aidefinancière octroyée aux écrivainsprofessionnels selon le type debourses, de 1994-1995à 2003-2004 83

Tableau 4.3Nombre de bourses et aidefinancière octroyée aux écrivainsprofessionnels selon les voletsdu programme, de 1994-1995à 2003-2004 84

Tableau 4.4Nombre de bourses et aidefinancière octroyée aux écrivainsprofessionnels selon lescatégories éditoriales, de1994-1995 à 2003-2004 85

Tableau 4.5Nombre de bourses et aidefinancière octroyée aux écrivainsprofessionnels selon unregroupement des régions, de1994-1995 à 2003-2004 86

Tableau 4.6Répartition des écrivainsboursiers du Conseil selonle sexe, de 1994-1995à 2003-2004 87

Tableau 4.7Répartition des écrivainsboursiers du Conseil selon legroupe d’âge, de 1994-1995à 2003-2004 87

Tableau 4.8Répartition des écrivainsboursiers du Conseil selon lesexe et le groupe d’âge, de1994-1995 à 2003-2004 88

Tableau 4.9Répartition des écrivainsboursiers du Conseil selonla langue maternelle, de1994-1995 à 2003-2004 88

Tableau 4.10Répartition des écrivainsboursiers du Conseil selonle lieu de naissance, de1994-1995 à 2003-2004 89

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10 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 4.11Répartition des écrivainsboursiers du Conseil selon unregroupement des régions etle sexe, de 1994-1995à 2003-2004 89

Tableau 4.12Répartition des écrivainsboursiers du Conseil selon legenre littéraire et le sexe, de1994-1995 à 2003-2004 90

Tableau 4.13Âge moyen des écrivainsboursiers du Conseil selonles catégories éditoriales, de1994-1995 à 2003-2004 91

Tableau 4.14Répartition des écrivainsboursiers du Conseil selonles catégories éditoriales et legroupe d’âge, de 1994-1995à 2003-2004 91

Tableau 5.1Production des éditeurs selonla catégorie de livres,Québec, 2000-2001 96

Tableau 5.2Production des éditeurs selonla catégorie de livres,Québec, 1998-1999 97

Tableau 5.3État des revenus et dépensesdes éditeurs selon la catégoriede livres, Québec,2000-2001 100

Tableau 5.4État des revenus et dépensesdes éditeurs selon la catégoriede livres, Québec,1998-1999 101

Tableau 5.5Niveaux de concentration chezles éditeurs de livres selonle marché, Québec, de1993-1994 à 2000-2001 103

Tableau 5.6État des revenus et dépensesdes éditeurs agréés selon lacatégorie de livres, Québec,2000-2001 104

Tableau 5.7État des revenus et dépensesdes éditeurs agréés selon lacatégorie de livres, Québec,1998-1999 105

Tableau 5.8État des revenus et dépensesdes éditeurs non agréés selonla catégorie de livres, Québec,2000-2001 109

Tableau 5.9État des revenus et dépensesdes éditeurs non agréés selonla catégorie de livres, Québec,1998-1999 110

Tableau 5.10Exportations des éditeurs selonla catégorie de livres, Québec,2000-2001 116

Tableau 5.11Exportations des éditeurs selonla catégorie de livres, Québec,1998-1999 117

Tableau 6.1Statistiques principales del’édition de livres, Québec,1972-2002 120

Tableau 6.2Statistiques principales del’édition commerciale de livres,Québec, 1972-2002 124

Tableau 6.3Répartition du nombre de titrespar catégorie de sujets,Québec, 2002 125

Tableau 6.4Répartition des titres de livresselon les grandes catégorieséditoriales, Québec, 1986et 2002 126

Tableau 6.5Taux de croissance annuelsmoyens du nombre de titresde livres selon les grandescatégories éditoriales,Québec, 1986-2002 128

Tableau 6.6Part de l’édition commercialeselon les grandes catégorieséditoriales, Québec, 1986et 2002 129

Tableau 6.7Taux de croissance annuelsmoyens de l’édition commercialeselon les grandes catégorieséditoriales, Québec,1986-2002 129

Tableau 6.8Taux de croissance annuelsmoyens du nombre de titresdes catégories littéraires,édition commerciale,Québec, 1986-2002 130

Tableau 7.1Nombre d’éditeurs distribuéspar les distributeurs du Québec,Québec, 2002-2003 134

Tableau 7.2Nombre de titres distribués parles distributeurs du Québecselon la langue et l’originedes livres, 2002-2003 135

Tableau 7.3Nombre de titres distribués parles distributeurs du Québecselon la langue et la catégoriede livre, 2002-2003 136

Tableau 7.4Nombre d’exemplaires distribuéspar les distributeurs du Québecselon la langue et l’origine deslivres, 2002-2003 137

Tableau 7.5Nombre d’exemplaires distribuéspar les distributeurs du Québecselon la langue et la catégoriede livre, 2002-2003 137

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TABLE DES MATIÈRES • 11

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 7.6Répartition des ventes nettesdes distributeurs, 2001-2003 138

Tableau 7.7Taux de retour des distributeursselon les différents secteursclients, 2001-2003 139

Tableau 7.8Coût unitaire, distribution denouveautés d’éditeurs québécois(hors du secteur scolaire),1998-1999 141

Tableau 7.9Concentration dans le secteurde la distribution de livres, partdes ventes des principauxdistributeurs sur l’ensembledes ventes au réseau de détail,2002 142

Tableau 7.10Concentration dans le secteurde la distribution de livres, partdes ventes des principauxdistributeurs sur leurs ventesau réseau de détail, Québec,2002 142

Tableau 7.11État des revenus et dépensesdes établissements actifs dansla diffusion et la distribution delivres, Québec, 2002-2003 143

Tableau 7.12État des revenus et dépensesdes distributeurs et diffuseursde livres, Québec,2002-2003 144

Tableau 8.1Répartition des ventes finalespar canal de distribution,2001-2003 148

Tableau 8.2Évolution des revenus deslibrairies agréées au Québec,1983-2000 149

Tableau 8.3État des revenus et dépensesdes librairies agréées en fonctionde leur forme de regroupement,Québec, 2000-2001 152

Tableau 8.4Coût et revenu unitaires deslibrairies agréées, livres delittérature générale d’éditeursquébécois, 1998-1999 154

Tableau 8.5Évolution des revenus deslibrairies agréées au Québec,de 1998-1999à 2000-2001 155

Tableau 8.6État des revenus et dépensesdes librairies agréées indépen-dantes, Québec, de1998-1999 à 2000-2001 156

Tableau 8.7État des revenus et dépensesdes librairies agréées indépen-dantes, Québec, de1998-1999 à 2000-2001 157

Tableau 9.1Ventes finales de livres au Québec, 2001-2003 160

Tableau 9.2Comparaisons internationales :ventes de livres par habitant,2002 161

Tableau 9.3Répartition des ventes finalespar canal de distribution,2001-2003 163

Tableau 9.4Répartition des ventes brutesdes distributeurs et taux deretour, 2001-2003 164

Tableau 9.5Évolution de l’offre de livres auQuébec : principales tendances,1989-2002 167

Tableau 9.6Revenus et dépenses desménages 1998-2001 168

Tableau 10.1Calcul du coût de revientdes ventes finales (librairies,coopératives et grandessurfaces) 176

Tableau 10.2Estimations de la valeur des fluxdes ventes de livres québécois,Québec, 2002 176

Tableau 10.3Parts de marché des livresquébécois selon le marché,Québec, 2002 177

Tableau 11.1Regroupement des salons selonla densité de populationdesservie 181

Tableau 11.2Revenus des salons 184

Tableau 11.3Revenus autonomes 184

Tableau 11.4Ratio d’autofinancement 185

Tableau 11.5Dépenses globales par principalposte budgétaire 185

Tableau 11.6Évolution des revenus etdépenses entre 1997et 2002 185

Tableau 11.7Évolution des revenus etdépenses entre 2001et 2002 186

Tableau 11.8Excédent (déficit) d’exploitationet ratio 186

Tableau 11.9Compilation des salonsdu livre 187

Tableau 12.1État des collections de la BNQ(nombre de titres) 192

Tableau 12.2État des collections de la BNQ(nombre d’unités matérielles) 194

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12 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 12.3Nombre d’acquisitions (titres),de 1998-1999 à 2002-2003196

Tableau 12.4Abonnements courants 197

Tableau 12.5Nombre de titres traités(Direction du traitement docu-mentaire de la collectionpatrimoniale) 198

Tableau 12.6Préservation des documents 199

Tableau 12.7Restauration des documents 200

Tableau 12.8Nombre d’opérations de micro-photographie consacrées à lareproduction de documents 200

Tableau 12.9Nombre d’opérations de photo-graphie consacrées à la repro-duction de documents 201

Tableau 12.10Effectif de la Bibliothèque enéquivalents temps complet(ETC), au 31 mars 2003 201

Tableau 12.11Effectif de la Bibliothèque(nombre de personnes) 202

Tableau 12.12Nombre d’employés selonle statut d’emploi 202

Tableau 12.13Rémunération du personnel enpourcentage, selon le corpsd’emploi (juillet 2003) 203

Tableau 12.14Revenus et dépenses 204

Tableau 12.15Demandes de renseignementet de référence 206

Tableau 12.16Prêts internes (nombrede titres) 207

Tableau 12.17Prêts internes (nombre d’unitésmatérielles) 208

Tableau 12.18Demandes de prêt et d’empruntentre bibliothèques 208

Tableau 12.19Prêts et emprunts satisfaits 209

Tableau 12.20Publications, promotionet relations publiques 210

Tableau 13.1Bibliothèques publiques duQuébec, évolution de 1995à 2001 212

Tableau 13.2Principales municipalités tarifantl’abonnement aux résidantsadultes (15 $ et plus)en 2001 214

Tableau 13.3Municipalités (de 5 000 habitantset plus) comptant plus de unbibliothécaire par 10 000 habi-tants, 2001 214

Tableau 13.4Bibliothèques publiques del’Ontario, évolution de 1995à 2001 216

Tableau 13.5Bibliothèques publiques de laColombie-Britannique, évolutionde 1995 à 2001 217

Tableau 13.6Contributions municipales parhabitant (municipalités de5 000 habitants et plus),2001 218

Tableau 13.7Livres par habitant (municipalitésde 5 000 habitants et plus),2001 219

Tableau 13.8Espace disponible des bibliothè-ques municipales, en mètrescarrés par 1 000 habitants(municipalités de 10 000 habi-tants et plus), 2001 220

Tableau 13.9Bibliothèques publiques duQuébec en regard des autresprovinces canadiennes, 2000221

Tableau 13.10Évolution de la positioncomparée du Québec auCanada quant à son réseaude lecture publique (analysepar habitant) 222

Tableau 13.11Investissements par habitantpour certaines dépensespubliques 222

Tableau 13.12Statistiques principales desbibliothèques publiques,Québec, 1997-2001 223

Tableau 13.13Indicateurs des bibliothèquespubliques, Québec,1997-2001 224

Tableau 14.1Monographies 226

Tableau 14.2Périodiques 227

Tableau 14.3Acquisition de documentationaudiovisuelle et de logiciels 228

Tableau 14.4Budget de l’ensemble desacquisitions 228

Tableau 14.5Données sur la fréquentationde la bibliothèque 228

Tableau 14.6Données sur la capacitéd’accueil 229

Tableau 14.7Évolution du nombredes prêts 230

Tableau 14.8Bibliothécaires dansles cégeps 231

Tableau 14.9Évolution comparée du budgetdu collège et du budget dela bibliothèque 232

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TABLE DES MATIÈRES • 13

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 14.10Évolution des composantesbudgétaires et de leursproportions 233

Tableau 15.1Répartition des dépenses defonctionnement 237

Tableau 15.2Effectifs, 1985-2003 238

Tableau 16.1Proportion de lecteurs selon lenombre de livres lus annuelle-ment, de 1979 à 1999 247

Tableau 16.2Lecture régulière de livres dansles régions, de 1979 à 1999 248

Tableau 16.3Lecture des livres selon lesmilieux sociaux, de 1979à 1999 250

Tableau 16.4Langue de lecture des livresselon les régions, 1989,1994 et 1999 251

Tableau 16.5Langue de lecture des livresselon la langue parlée à lamaison, 1989, 1994 et1999 251

Tableau 16.6Genre de livres lus de temps àautre, 1989, 1994 et 1999 252

Tableau 16.7Genre de livres lus le plussouvent (deux mentionspossibles), 1989, 1994et 1999 253

Tableau 16.8Rang du genre de livres selonqu’ils sont lus de temps à autreou le plus souvent, 1999 253

Tableau 16.9Ordre d’importance desprédicteurs de la lecture 254

Tableau 16.10Genre de livres lus de temps àautre par les lecteurs selon lesgroupes d’âge, 1999 258

Tableau 16.11Genre de livres lus le plussouvent par les lecteurs selonles groupes d’âge (deuxmentions possibles), 1999 259

Tableau 16.12Lecture de livres, occasionnelleet principale, typique descatégories socioprofession-nelles, 1999 262

Liste des figuresFigure 1.1Répartition des revenus annuelsdes écrivaines et des écrivains,Québec, 2001 24

Figure 2.1Espace des catégorieséditoriales 44

Figure 2.2Espace des activités desécrivains 48

Figure 4.1Évolution de l’aide financièredu Conseil des arts et des lettresdu Québec versée aux écrivainsprofessionnels, de 1994-1995à 2003-2004 82

Figure 5.1aStructure des revenus totauxdes éditeurs, Québec,2000-2001 107

Figure 5.1bStructure des revenus totauxdes éditeurs, Québec,1998-1999 108

Figure 5.2Évolution de la marge bénéfi-ciaire des éditeurs de livresselon le type d’activité, Québec,1993-1994 à 2000-2001 113

Figure 5.3Évolution des marges bénéfi-ciaires des éditeurs de littératuregénérale selon le type d’activité,Québec, 1993-1994 à2000-2001 113

Figure 5.4Évolution des marges bénéfi-ciaires des éditeurs scolairesselon le type d’activité,Québec, de 1993-1994à 2000-2001 114

Figure 5.5Évolution de la marge bénéfi-ciaire des éditeurs de livrespour toutes les activités,Québec, de 1993-1994à 2000-2001 114

Figure 5.6Évolution de la marge bénéfi-ciaire des éditeurs de livrespour les activités reliées àl’édition, de Québec,1993-1994 à 2000-2001 115

Figure 6.1Indices d’évolution des titres,des exemplaires et des tiragesmoyens, Québec,1972-2002 121

Figure 6.2Comparaison entre l’évolutiondu nombre de titres de livresproduits par les éditeurs commer-ciaux et celle des autres éditeurs,Québec, 1972-2002 123

Figure 6.3Indices d’évolution des titres,des exemplaires et des tiragesmoyens de l’édition commer-ciale, Québec, 1972-2002 126

Figure 6.4Évolution du nombre de titresde livres selon les catégorieséditoriales, Québec,1986-2002 127

Figure 6.5Évolution des indices du nombrede titres de livres selon lescatégories éditoriales,Québec, 1986-2002 128

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14 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Figure 7.1Taux de retour mensuel desdistributeurs 140

Figure 8.1Évolution réelle des revenusdes librairies agréées auQuébec, 1983-2000 151

Figure 9.1Évolution des ventes finalesde livres au Québec,1987-2003 160

Figure 9.2Évolution des ventes mensuellesde livres, ensemble des ventesau détail, 2001-2003 166

Figure 9.3Évolution du prix relatif du livrequébécois, 1992-2002 169

Figure 9.4Taux de croissance annuel durevenu personnel disponible auQuébec, 1983-2002 170

Figure 10.1Schéma des flux monétairesdans l’industrie du livre,Québec, 2001 174

Figure 11.1Assistance totale par regrou-pement de salons 181

Figure 11.2Évolution du prix d’entréemoyen 182

Figure 11.3Nombre de stands loués parregroupement de salons 182

Figure 11.4Revenus de location destands 183

Figure 12.1Composition des collections quiseront offertes à la GrandeBibliothèque 198

Figure 12.2Rémunération du personnel(données globales) 203

Figure 12.3Statistiques du site Internet dela BNQ : fréquentation moyennepar jour du premier semestre2003-2004 206

Figure 12.4Provenance des demandesde prêt et d’emprunt entrebibliothèques en 2002-2003 209

Figure 15.1Évolution des dépenses defonctionnement, 1983-2003 236

Figure 15.2Répartition des dépenses defonctionnement, 1983-1984et 2002-2003 238

Figure 15.3Évolution de l’effectif,1985-2003 238

Figure 15.4Évolution du nombre d’étudiants(EETC) par employé, de 1983-1984 à 2001-2002 239

Figure 15.5Répartition de l’effectif enpersonnel, 1985-1986et 2002-2003 240

Figure 15.6Évolution du nombre de docu-ments, 1983-2003 240

Figure 15.7Répartition de la documentation,1988-1989 et 2000-2001 241

Figure 15.8Évolution de la fréquentation,des prêts et des consultationssur place, 1987-2003 242

Figure 15.9Évolution de la superficie netteet du nombre de places detravail, 1983-2003 242

Figure 15.10Évolution du nombre de postesinformatiques, 1988-2002 243

Figure 15.11Évolution du nombre d’étudiantspar poste informatique,1988-2002 243

Figure 16.1Indice de masculinité et deféminité concernant les livreslus de temps à autre,en 1999 255

Figure 16.2Indice de masculinité et deféminité concernant les livreslus le plus souvent, en 1999 256

Figure 16.3Indice de l’âge des lecteursde livres lus de temps à autre,1999 260

Figure 16.4Indice de l’âge des lecteursde livres lus le plus souvent,1999 260

Figure 16.5Indice de scolarité des lecteursde livres lus de temps à autre,1999 265

Figure 16.6Indice de la scolarité deslecteurs de livres lus le plussouvent, 1999 266

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INTRODUCTION

Dès le début de ses activités en 2001, l’Observatoire de la culture et des communications duQuébec (OCCQ) a manifesté son intention d’établir l’état des lieux de chaque domaine de laculture et des communications, c’est-à-dire une publication qui dresserait le portrait statistique de

tous les aspects essentiels d’un secteur en particulier. La production d’un état des lieux est une entreprised’envergure qui exige que certaines conditions soient réunies. Tout d’abord, le domaine visé doit être déjà,au moins partiellement, documenté sur le plan statistique. Cette exigence présuppose que les établissementsde ce domaine sont clairement définis et que les caractéristiques à mesurer font l’objet d’un certainconsensus. Il s’ensuit que l’appui des acteurs de ce domaine au projet d’état des lieux est capital. Sans cettecollaboration, non seulement l’élaboration de l’état des lieux s’avèrerait extrêmement difficile, mais lapertinence même de l’ouvrage serait contestable. Enfin, la réalisation d’un état des lieux nécessite un soutienfinancier important, l’OCCQ ne pouvant assumer à lui seul tous les coûts d’une telle opération, surtoutlorsque de nouvelles enquêtes doivent être menées.

Pour produire l’État des lieux du livre et des bibliothèques, nous avons pu réunir ces conditions. En effet, lesdomaines du livre et des bibliothèques sont parmi les mieux couverts du point de vue statistique, malgré leslacunes importantes qui existaient quant aux écrivains et aux distributeurs de livres, et qui perdurent en cequi concerne les bibliothèques scolaires. De plus, dès ses premières rencontres, le comité consultatif sur lelivre, la littérature et les bibliothèques de l’OCCQ – comité qui réunit les représentants de toutes lesassociations nationales actives dans les domaines du livre et des bibliothèques – a manifesté son intérêtpour le projet d’état des lieux, tandis que la Bibliothèque nationale du Québec s’est déclarée prête àaccorder un soutien financier important au projet et à y participer activement. La collaboration généreuse denos collègues du ministère de la Culture et des Communications du Québec, du Conseil des arts et deslettres du Québec et de la Société de développement des entreprises culturelles, acteurs importants dans ledomaine du livre, représente également une contribution essentielle.

Malgré son caractère exhaustif, l’État des lieux du livre et des bibliothèques n’a pas la prétention, ni mêmela volonté, de poser un diagnostic sur l’industrie du livre. On n’y trouvera pas non plus de liste derecommandations en vue d’améliorer la condition de ce secteur culturel. Tel n’est pas son but. Si l’on mepermet une métaphore médicale, je dirais que l’État des lieux du livre et des bibliothèques est une collectionde radiographies qui devraient permettre aux « médecins culturels » d’établir un diagnostic et de déterminerun traitement, s’il y a lieu.

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16 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Structuré en cinq parties et 16 chapitres, l’État des lieux du livre et des bibliothèques obéit au cadreconceptuel qui soutient le Système de classification des activités de la culture et des communications duQuébec de l’OCCQ. La première partie de l’ouvrage est donc consacrée à la création et, en particulier,aux écrivains et aux écrivaines du Québec. Le premier chapitre présente une synthèse de leur situationfinancière, qui montre que, si la condition socioéconomique de ces créateurs n’est pas aussi désespéréequ’on pourrait l’imaginer, ce n’est surtout pas à cause de leur production littéraire. En fait, plus un écrivainconsacre de temps à des activités de création, plus les revenus qu’il en tire sont modestes. Et cette assertionest encore plus vraie en ce qui concerne les écrivaines.

Écrits par Marcel Fournier et Guy Gauthier, les chapitres 2 et 3 explorent d’autres dimensions de la situationdes gens d’écriture. On y découvre que les écrivains sont majoritairement des hommes, qu’ils habitent pourla plupart dans la grande région de Montréal et qu’on peut les caractériser par la grande polyvalence dontils font preuve quant au genre d’ouvrages qu’ils écrivent, que ce soit sur le plan des supports privilégiés oucelui des catégories littéraires. L’analyse s’étend aussi à la notoriété des écrivains et des écrivaines, à leurmotivation d’exercer cette profession ainsi qu’aux rôles complémentaires que jouent le Conseil des arts etdes lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada pour soutenir les tâcherons de la plume.

Au chapitre 4, Gaëtan Hardy trace le bilan de l’aide financière versée aux écrivains québécois depuis1994 par le Conseil des arts et des lettres du Québec. On y constate le rôle important qu’a joué le Conseilen soutenant de jeunes écrivains, surtout de jeunes écrivaines, et en appuyant des projets de romans et derécits.

La deuxième partie de l’État des lieux du livre et des bibliothèques est consacrée à la production des livres,donc à l’édition et à l’évolution de l’offre de livres québécois. Le chapitre 5 dresse le portrait de la situationfinancière des éditeurs québécois selon le marché dans lequel ils sont actifs – littérature générale ou manuelscolaire – et selon qu’ils sont ou non agréés. On y constate que leur position s’est notablement dégradéeentre 1994 et 2001, surtout en ce qui concerne les éditeurs de littérature générale non agréés.

L’évolution de l’édition québécoise depuis 1972 est scrutée au chapitre 6. Il s’agit avant tout d’une analysequantitative du nombre de titres édités et d’exemplaires produits au cours de cette période, mais quicomprend aussi une étude de l’évolution de cette production selon quelques grandes catégories éditoriales :sciences humaines et sociales, sciences et technologies, langue et littérature, etc. Il ressort de cette analyseque l’édition québécoise se caractérise par une évolution très rapide entre 1972 et 1994, suivie d’unepériode de stagnation qui s’étend de 1994 à 2002. Cette inertie serait surtout attribuable à la diminutionde l’activité éditoriale des gouvernements et des établissements d’enseignement.

La troisième partie concerne la diffusion des livres, plus précisément leur commercialisation. Marc Ménarddresse le portrait de la distribution de livres au Québec (chapitre 7), de même que celui des librairiesagréées (chapitre 8), et il dresse le bilan du marché du livre au Québec (chapitre 9). Il appert que, malgrél’efficacité avec laquelle les distributeurs québécois mènent leurs opérations, leur niveau de rentabilitédemeure faible. Ainsi, les entreprises sont incitées à une plus grande concentration, ce qui peut entraînerune pression accrue sur les éditeurs.

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INTRODUCTION • 17

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Malgré un certain redressement des ventes de livres par les librairies depuis 2000, il semble que leursituation financière demeure précaire, surtout en ce qui a trait aux librairies indépendantes. Celles-ci sont eneffet fragilisées par la diminution de leur part des ventes aux particuliers, ce qui entraîne une plus grandedépendance envers les choix financiers des organismes gouvernementaux et des institutions, et par descoûts unitaires élevés et croissants.

Le bilan du marché du livre au Québec est établi à partir des données de l’Enquête mensuelle sur la ventede livres neufs de l’OCCQ. On y découvre que ce marché qui, en 2003, a à peine rejoint le niveau desventes de 1994, est toujours stagnant malgré la hausse constatée depuis 2001. En fait, il semble bien quela situation se soit même détériorée lorsqu’on compare celle-ci avec celle de la France ou des États-Unis.Toutefois, le bilan souligne, de façon encourageante, que l’entreprise se prend elle-même en main, dansune certaine mesure.

Le chapitre 10 propose une évaluation des parts de marché du livre québécois, tant les manuels scolairesque les ouvrages de littérature générale. Réalisée à partir de l’analyse des flux dans l’industrie du livre, cetteévaluation permet de constater que la part québécoise est supérieure à ce que d’aucuns croyaient. Bien quecette part soit évidemment inférieure à celle que le livre français ou américain occupe dans son propremarché, elle est considérablement plus élevée que la portion québécoise de l’industrie du film ou celle dudisque.

Au chapitre 11, Dominique Jutras établit le bilan des salons du livre au cours de la période qui s’étend de1997 à 2002. Menée à partir des rapports d’activité et des états financiers de tous les salons du livre duQuébec, l’analyse révèle que ces événements culturels ont connu une hausse intéressante quant à leurfréquentation et au nombre d’éditeurs qui y louent des stands. Les dépenses ont toutefois crû plus rapidementque les revenus. Néanmoins, les salons du livre sont de moins en moins dépendants du soutien public.

La quatrième partie est également consacrée à des activités de diffusion, soit celles des bibliothèques, maison y aborde aussi le rôle de la conservation joué par la Bibliothèque nationale du Québec. Au chapitre 12,Manon Beauchemin brosse le portrait des collections et des activités de diffusion et de conservation denotre bibliothèque nationale, en mettant en relief le caractère central de cette institution dans ledéveloppement de la filière du livre au Québec.

Au chapitre 13, Réjean Savard fait le bilan de la situation des bibliothèques publiques de 1995 à 2001,en comparant celles du Québec et d’autres provinces canadiennes. Il appert que, malgré les effortslouables entrepris au cours de cette période, le Québec accuse toujours un retard important à ce chapitre.Ce constat expliquerait en partie pourquoi les habitudes de lecture des Québécois sont en baisse.

L’analyse des bibliothèques collégiales, présentée au chapitre 14 par Marcel Lajeunesse et Daniel Morin,révèle une dégradation importante de ce service entre 1992 et 2003. En effet, la plupart des indicateursqui s’y rapportent sont négatifs. Comparativement à ce que connaissent aux États-Unis des collègessimilaires, les auteurs démontrent que les collèges québécois consacrent la moitié moins de ressources àleurs bibliothèques.

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18 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Le chapitre 15 est consacré à une analyse, réalisée par Christian Guay, de l’évolution des bibliothèquesuniversitaires de 1983 à 2002. Se basant sur les données diffusées par la Conférence des recteurs et desprincipaux des universités du Québec, l’auteur décrit les phases de cette évolution tout en soulignant l’effetdes modifications de l’environnement, tant social que technologique, sur les services offerts par lesbibliothèques universitaires.

Enfin, la cinquième et dernière partie, constituée du chapitre 16, dresse le bilan de la lecture de livres parles Québécois et les Québécoises depuis 1979. Cette analyse, menée par Rosaire Garon et basée sur lesdonnées de l’Enquête sur les habitudes culturelles des Québécois et des Québécoises, révèle que lesdistinctions relatives à la lecture de livres selon les groupes sociaux tendent à s’atténuer. Pourtant, descaractéristiques telles que le degré de scolarité ou le sexe marquent toujours la lecture de livres. Il n’endemeure pas moins que, dans l’ensemble, la lecture de livres est en régression au Québec, du moinsjusqu’en 1999. Souhaitons que les résultats de l’enquête de 2004 indiquent la fin de ce déclin.

Comme tout travail intellectuel d’une certaine envergure, la réalisation de l’État des lieux du livre et desbibliothèques a été de longue haleine, comme les autres tâches qui apportent leur lot de difficultés, demauvaises surprises, de frustrations et de découragements. Heureusement, ces moments sombres ont étélargement compensés par les instants d’étonnement, de plaisir, d’heureuses nouvelles et de trouvaillesstimulantes, sans compter le soutien de tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont contribué avecenthousiasme à ce projet.

Je souhaite donc que les lecteurs et les lectrices de cet ouvrage, s’ils y trouvent parfois de mauvaisessurprises ou des raisons de se décourager, y puisent plutôt les outils nécessaires à une meilleurecompréhension de leur environnement, ce qui transformera les frustrations en découvertes prometteuses.

Benoit Allaire

Responsable de projet

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PARTIE 1LES ÉCRIVAINS

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CHAPITRE 1

ÉCRIRE NE FAIT PAS VIVRE

Benoit Allaire

1. Statistiques en bref, no 1, avril 2003.

Observatoire de la cultureet des communicationsdu Québec a précédem-

ment publié1 les premiers résultatsde l’Enquête auprès des écri-vaines et des écrivains du Qué-bec. Cette enquête, demandéepar la Bibliothèque nationale duQuébec, fait partie du projetintitulé État des lieux des domai-nes du livre et des bibliothè-ques. Soulignons que le succèsde cette enquête est avant toutattribuable à la collaboration en-thousiaste de tous les écrivainsqui y ont participé. Mentionnonségalement la contribution essen-tielle de la Bibliothèque natio-nale du Québec, de l’Union desécrivaines et écrivains québécois(UNEQ), de la Quebec Writer’sFederation, de Copibec et duConseil des arts et des lettres duQuébec.

L’enquête téléphonique, précé-dée de l’envoi postal du ques-tionnaire, s’est déroulée du 15octobre au 29 novembre 2002.L’échantillon est formé de 768écrivaines et écrivains, et le taux

de réponse est de 72,5 %. Pourêtre admissible à l’univers del’enquête, un auteur devaitrépondre aux critères de l’UNEQpour être membre titulaire etavoir publié au moins un livredepuis 1992. Les résultats denotre enquête s’appliquent doncaux écrivains dits « profession-nels » ou dont le processus deprofessionnalisation est bienenclenché. Le questionnaire de93 questions abordait trois thè-mes généraux : la productiondes écrivains, leur reconnais-sance professionnelle et socialede même que leurs conditions depratique.

À peine 9 % desécrivains comptentsur leurs droitsd’auteur commeprincipale sourcede revenu

Nous avons demandé aux écri-vains quelle était leur principalesource de revenu au cours des

trois dernières années. Pour60 % des écrivains et écrivainesdu Québec, le travail rémunéréreprésente la principale sourcede revenu. Les bourses d’aide àla création sont la principalesource de revenu de 10 % desécrivains, tout comme les pres-tations gouvernementales, tellesl’assurance emploi ou l’aide so-ciale. Les droits d’auteur cons-tituent la principale source derevenu de seulement 9 % desécrivains.

Les écrivaines sont plus nombreu-ses que les écrivains à tirer deleur création l’essentiel de leurrevenu. En effet, les droitsd’auteur représentent la princi-pale source de revenu de 13 %des écrivaines contre 7 % pourles écrivains. Il y a peu dedifférence entre les hommes etles femmes quant à la placeoccupée par les bourses d’aideà la création en tant que princi-pale source de revenu. Ces bour-ses sont la principale source derevenu de 10 % des écrivaines etde 9 % des écrivains. Par

L’

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22 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

ailleurs, 9 % des écrivains sontdépendants de prestations gou-vernementales, tandis que, chezles écrivaines, cette proportionest beaucoup moins élevée, soit6 % seulement.

Soulignons également que, sil’on fait abstraction des revenusliés aux droits d’auteur, 16 % desécrivains et des écrivaines n’onteu aucun revenu de travail aucours des trois dernières années.Parmi ces écrivains, 13 % ontdéclaré que les droits d’auteurreprésentent leur principale sourcede revenu. Ceux-ci constituent2 % de tous les écrivains, c’est-à-dire environ 20 personnes.

Des écarts importantsquant à la distributiondes revenus liésaux droits d’auteur

Les écrivains pour qui les rede-vances découlant des différentsdroits représentent la principalesource de revenu offrent une dis-tribution des revenus particulière,les groupes les plus importants sesituant aux extrémités de l’échelledes revenus. En effet, 28 % deces écrivains ont gagné moinsde 15 000 $ annuellement aucours des trois dernières années,tandis que 26 % d’entre eux ontgagné 60 000 $ et plus annuel-lement au cours de la mêmepériode.

Nous avons également demandéaux écrivains quels types dedroits leur apportaient certainsgains. Comme on pouvait s’yattendre, presque tous les écri-

vains (91 %) ont reçu des rede-vances de leurs éditeurs au coursdes trois dernières années. Leprogramme de droit de prêtpublic est bien connu des écri-vains, puisque 91 % d’entre euxégalement ont déclaré avoirgagné des revenus en vertu dece programme. Les écrivains sontégalement nombreux à percevoirdes droits de reprographie etune portion étonnante réalise desgains relatifs aux droits de tra-duction et d’adaptation cinéma-tographique (tableau 1.1).

Les revenus de travaildes écrivains : dessources diversifiées

À part les revenus relatifs aux droitsd’auteur, nous avons demandéaux écrivains d’où ils avaient tiréleurs revenus de travail au coursdes trois dernières années. Ilsdevaient préciser s’ils avaientenregistré des gains pour certai-nes activités, liées ou non àl’écriture. Dans ce dernier cas,nous voulions savoir dans quellecatégorie socioprofessionnelleces gains avaient été réalisés.

Tableau 1.1Proportion des écrivains ayant gagné des revenus relatifs à certainstypes de droits, Québec, 2001

%

Droits d’auteur provenant d’un ou de plusieurs éditeurs 90,5Droits de prêt public 91,4Droits de reprographie 82,3Droits de traduction 19,3Droits d’adaptation cinématographique 8,6Autres droits 9,3

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec.

Parmi ces écrivains ayant reçud’autres revenus de travail, 87 %des répondants ont gagné desrevenus provenant d’au moinsune activité associée à l’écriture.L’activité rémunérée liée à l’écri-ture à laquelle ont participé leplus d’écrivains est – et de loin –la lecture publique, les conféren-ces et autres prestations, soit70 % des répondants. La prati-que du journalisme et la tenued’ateliers de création littéraireviennent ensuite avec respective-ment 28 % et 27 % des répon-dants (tableau 1.2).

Toujours chez les écrivains ayantd’autres revenus de travail queceux qui se rapportent aux droitsd’auteur, 65 % ont déclaré avoirenregistré des gains provenantd’une activité professionnelle quin’est pas directement associée àl’écriture. La plus grande partiede ces écrivains – 32 % d’entreeux ou 18 % de tous les écrivains– se trouve dans l’enseignement,ainsi que parmi le personnelprofessionnel des arts et de laculture – 33 % d’entre eux ou18 % de tous les écrivains (ta-bleau 1.3).

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ÉCRIRE NE FAIT PAS VIVRE CHAPITRE 1 • 23

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Combien les écrivainsgagnent-ils ?Nous avons demandé aux écri-vains quels ont été, en moyenne,leurs revenus bruts au cours destrois dernières années. Les répon-dants devaient indiquer laquelle,parmi cinq tranches de revenu,correspondait le mieux à leursituation : moins de 15 000 $,de 15 000 $ à 29 999 $, de30 000 $ à 44 999 $, de45 000 $ à 59 999 $, 60 000 $et plus. Afin de mieux saisir lasignification des résultats del’enquête, nous avons comparéles revenus des écrivains à ceuxde l’ensemble de la populationde 15 ans et plus ayant gagnéun revenu2, que nous appelons« population de référence ». Tou-tefois, il est important de noterque cette comparaison ne tientpas compte des multiples autresfacteurs, tels l’âge ou la scola-rité, qui distinguent les écrivainsde l’ensemble de la populationactive et que, par conséquent,les résultats doivent être interpré-tés en tenant compte de ces limites(figure 1.1).

L’enquête révèle que les écri-vains, pris dans leur ensemble,ont des revenus supérieurs àceux de la population de réfé-rence. Cependant, la distributionde ces revenus ne correspondpas à celle de la population deréférence, puisque la proportiondes écrivains qui se situent dansla tranche de revenu la plus éle-vée est beaucoup plus grande quedans la population de référence.

Tableau 1.2Proportion des écrivains ayant réalisé des gains pour certaines activitésliées à l’écriture1, Québec, 2001

Activité %

Enseignement de la littérature 23,3Atelier de création littéraire 26,9Traduction littéraire 10,9Révision d’épreuves 13,4Activité de journalisme 27,7Rédaction technique, scientifique, publicitaire ou de discours 17,3Rédaction de textes pour le cinéma, la radio ou la télévision 20,5Lecture publique, conférence et autre prestation publique 69,7Au moins une activité liée à l’écriture 87,4

1. Les droits d’auteur sont exclus.

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec.

Tableau 1.3Répartition des écrivains1 selon la catégorie socioprofessionnelle,Québec, 2001

%

Cadre supérieur ou professionnel 15,6Enseignant 32,3Personnel professionnel des arts et de la culture 32,5Personnel d’administration et de bureau 6,7Personnel technique et paraprofessionnel 2,4Personnel de la vente et des services 3,3Gens de métier et personnel de soutien 4,0Autre 3,4

Total 100,0

1. Comprend les écrivains qui ont reçu un revenu de travail, en plus des droits d’auteur,provenant d’une activité non associée à l’écriture.

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec.

2. Revenu total reçu au cours de l’année civile 2000 par les personnes âgées de 15 ans et plus.

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24 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Ainsi, la proportion des écrivainsdont le revenu est inférieur à30 000 $ n’est que de 40 %,tandis qu’elle est de 59 % pourl’ensemble des individus de15 ans et plus gagnant unrevenu3. Toutefois, la répartitiondes écrivains selon les classes derevenu révèle l’existence de deuxgroupes distincts. D’une part, il ya celui des écrivains dont le revenuannuel est inférieur à 60 000 $où la distribution décroît à me-sure que la classe de revenuaugmente, ce qui est égalementle cas pour la population deréférence. D’autre part, il y a celuides écrivains dont le revenu estsupérieur ou égal à 60 000 $où on trouve plus du quart desécrivains. Dans la population deréférence, 10 % seulement desindividus ont gagné 60 000 $ etplus en 20004.

Cette particularité de la distri-bution des écrivains selon le re-venu est encore plus troublantequand on compare les revenusdes écrivaines avec ceux desécrivains. En fait, c’est seulementpour les hommes que le groupeayant les revenus les plus élevésconstitue le groupe le plus impor-tant avec 32 % des écrivains.Cette proportion n’est que de15 % chez les femmes. À l’in-verse, plus du quart des écri-vaines, 26 %, ont des revenusannuels inférieurs à 15 000 $,tandis que seulement 11 % desécrivains se placent dans cettecatégorie.

Cette différence entre les revenusdes écrivains et des écrivainesest-elle la même que celle quel’on peut observer entre les hom-mes et les femmes dans la popu-lation de référence ? Non. Toutesproportions gardées, cette popu-lation comporte 1,4 fois plus defemmes que d’hommes ayant ga-gné moins de 30 000 $, tandisque ce rapport est de 1,7 chezles écrivaines.

Par ailleurs, soulignons que 40 %des « écrivains » sont des femmes,tandis que la population de réfé-rence en compte 47 %.

Le temps n’est pastoujours de l’argent

Il existe une association assezforte entre le temps consacré àl’écriture et le revenu des écri-vains. En effet, parmi les écri-vains qui consacrent moins de25 % de leur temps de travail àdes activités liées à l’écriture,32 % ont un revenu de 60 000 $et plus et 8 % produisent unrevenu inférieur à 15 000 $. Parcontre, parmi les écrivains quiconsacrent entre 75 % et 99 %de leur temps de travail à desactivités relatives à l’écriture,

3. Source : Statistique Canada, Recensement de 2001 (97F0019XCB01001).4. Ibid.

Figure 1.1Répartition des revenus annuels des écrivaines et des écrivains,Québec, 2001

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines.

0

5

10

15

20

25

30

%

35

Écrivaines Écrivains

Moins de 15 000 $ De 15 000 à 29 999 $ De 30 000 à 44 999 $ De 45 000 à 59 999 $ 60 000 $ et plus

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ÉCRIRE NE FAIT PAS VIVRE CHAPITRE 1 • 25

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

28 % des répondants tirent unrevenu inférieur à 15 000 $ etseulement 12 %, un revenu de60 000 $ et plus.

Pour ce qui est des écrivains quiconsacrent 100 % de leur tempsde travail à la création, la situa-tion est différente. Encore unefois, on peut observer une cer-taine polarisation quant à la dis-tribution des revenus, puisque26 % de ces écrivains ont unrevenu inférieur à 15 000 $ etque 20 % perçoivent 60 000 $et plus. D’une manière plusglobale, parmi les écrivains quiconsacrent 75 % et plus de leurtemps de travail à des activitésassociées à l’écriture, plus de55 % gagnent moins de 30 000 $par année.

En résumé…

Bien que la plupart des écrivainspuissent compter sur certainsrevenus liés à leurs activités de

création, ceux-ci sont insuffisantspour constituer leur principalesource de revenu. La grandemajorité des écrivains peutquand même compter sur desgains provenant d’activités liéesà l’écriture, telles que les lecturespubliques, les ateliers d’écritureou l’enseignement de la littéra-ture. Toutefois, près des deuxtiers des écrivains doivent tirerdes revenus d’un domaine quin’est pas directement associé àla création. De façon générale,les écrivains touchent des reve-nus supérieurs à ceux de la po-pulation de 15 ans et plus ayantgagné un revenu, mais les écartsde revenu sont plus importantschez les écrivains que dans lapopulation de référence. Enfin, ilest si vrai que les écrivains par-viennent difficilement à subvenirà leurs besoins uniquementgrâce à leurs activités de créa-tion qu’on en arrive au constatsuivant : plus les écrivains consa-crent de temps à celles-ci, moinsleurs revenus sont élevés.

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CHAPITRE 2

PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUEET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS

Introduction

Qui sont les écrivainsquébécois ? Que font-ils ? L’enquête menée

par l’Observatoire de la cultureet des communications du Qué-bec auprès des écrivaines et desécrivains québécois permet, chif-fres à l’appui, de mieux connaî-tre les caractéristiques socio-démographiques de ce groupeprofessionnel et de mieux com-prendre la nature de la profes-sion – du métier, aime-t-on dire –qu’ils exercent.

Un groupe professionnelqui n’a apparemment riende professionnel

Le mot « écrivain » est habituelle-ment associé à des auteurs quis’imposent dans le monde deslettres par la qualité de leur écri-ture et leur imagination, ou en-

core il désigne de préférence lesromanciers, les poètes, les dra-maturges et les essayistes. Cesont des « travailleurs de la lan-gue », spécialistes des mots, del’orthographe, de la grammaireet de la syntaxe. C’est une véritéde La Palice que de dire que lesécrivains écrivent, mais il y aparmi eux ceux qu’on appelle les« professionnels de l’écriture litté-raire » et qui font l’objet de laprésente étude : ce sont ceux etcelles qui ont publié au moins unlivre au cours des dix dernièresannées (depuis 1992) et aumoins deux livres depuis le débutde leur carrière. Ils sont au Qué-bec, selon diverses estimations,un peu plus de un millier (1 040)1,et ils ont publié en carrière plusde 13 000 ouvrages originaux,ce qui représente plus d’une dou-zaine (12,7) de livres par auteur.

Les conditions d’accès au « métierd’écrivain » ne sont pas, comme

pour d’autres professions, formel-lement définies. Il suffit, dirontcertains, d’avoir du talent. L’ac-ceptation d’un manuscrit par unemaison d’édition transforme celuiou celle qui écrit en un écrivain.L’obtention d’un diplôme universi-taire ou l’appartenance à uneassociation professionnelle n’estd’ailleurs pas obligatoire. Toutcela donne l’image d’une profes-sion facilement accessible, indé-pendamment du sexe, de l’âgeou de la scolarité, et qui s’exercedans une grande liberté. On aimebien y croire mais, dans les faits,qu’en est-il ? Quelle est la placedes jeunes ou des femmes parmiles écrivains ? Faut-il ou non êtretitulaire d’un diplôme collégialou universitaire en lettres ? Y a-t-ilen région des écrivains nom-breux et actifs ? Le monde desécrivains est, peut-on penser, forthétérogène. Et on y trouve sûre-ment, comme ailleurs, des formesde discrimination en fonction du

Marcel Fournier et Guy Gauthier

1. Au départ, il faut savoir que la liste des répondants a été constituée par la fusion de cinq listes provenant de cinq sourcesdifférentes pour un grand total d’environ 1 240 écrivains. Une première opération d’élimination des doublons et des casinadmissibles a réduit la population à 1 158 écrivains. Au cours du prétest et de la collecte, 62 autres cas se sont avérésinadmissibles, ce qui a réduit la population à 1 096. Au moment de la pondération, nous avons donc tenu compte de laprobabilité qu’il y ait des cas inadmissibles parmi les répondants que nous n’avons pu joindre, ce qui réduit le nombred’écrivains à 1 040.

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28 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

sexe ou de l’origine ethnolinguis-tique. L’écrivain, en tant quecréateur, n’a apparemment riend’un professionnel, mais on peutdéceler, dans les conditions d’ac-cès et d’exercice du travaild’écrivain, plusieurs signes de ceque l’on appelle la « profession-nalisation », qu’il s’agisse del’obtention de diplômes, del’accès à des postes ou à diver-ses sources de revenu (droitsd’auteur, bourses, etc.), ou mêmede l’appartenance à une asso-ciation professionnelle.

Une vie de projets,un portefeuille d’activités,de grandes inégalités

Le travail de création est loind’être homogène : certains écri-vains ont un emploi à temps plein(souvent dans l’enseignement oudans des entreprises « culturel-les » : télévision, radio et journa-lisme), d’autres ont un travailintermittent avec engagementtemporaire, d’autres enfin cèdentleurs œuvres par contrat (droitsd’auteur)2. Il y a de tout : auto-emploi,travail à la pige (free lancing),diverses formes atypiques de tra-vail (intermittence, temps partiel,multisalariat). Le déroulementd’une carrière littéraire ou artisti-que est marqué par une succes-sion de périodes de travail et depériodes plus ou moins longuesde non-emploi ou de chômage,et l’écrivain, tout comme l’artiste,

doit souvent, pour réaliser sontravail « de vocation », avoir d’autresactivités rémunérées dites « decomplément ». L’écrivain organisesouvent sa carrière par projet et ilgère à son compte ce qu’on peutappeler, à la suite de LucBoltanski et Ève Chiapello, un« portefeuille d’activités3 ».

En ce qui concerne la rémunéra-tion, le monde de la création secaractérise par des inégalitéstout simplement spectaculaireset, chose encore plus extraordi-naire, ces inégalités apparais-sent légitimes. Menger parled’une « loterie du succès cultu-rel », mais où tout n’est pas dûqu’à la chance; il y a aussi letalent et le travail. C’est, sur leplan national comme sur le planinternational, un « marché à vain-queur accapareur » : les plus « ta-lentueux » et les plus « réputés »raflent la mise. Les écarts deréussite symbolique et matériellesont vertigineux, et il n’y a aucunecommune mesure entre la distri-bution des gains et les différen-ces de capacité. Pour quelquestrès riches vedettes, il y a unnombre effarant d’artistes sous leseuil de la pauvreté. C’est doncun marché où les risques sontgrands. Comment expliquer qu’ons’y aventure en aussi grand nom-bre ? Il y a l’espérance de gainsélevés et aussi la recherche degratifications non monétaires (sta-tut, liberté, etc.).

Hiérarchie et structuredu champ littéraire

Des livres, des maisons d’édi-tion, des bibliothèques et deslibrairies, des auteurs : voilà lesconditions d’existence d’une litté-rature. Sans oublier évidemmentla politique culturelle et les pro-grammes gouvernementaux desubvention. Relativement auto-nome (par rapport aux pouvoirspolitique et religieux), le mondedes lettres est un univers forte-ment structuré et différencié, éga-lement traversé par de nombreu-ses oppositions. On peut enparler comme d’un champ – lechamp littéraire – avec ses multi-ples positions et ses différentssous-univers. Dans Les règles del’art, Pierre Bourdieu décrit lemarché des biens symboliques(art, littérature, etc.) comme « lelieu de coexistence antagonistede deux modes de production etde circulation obéissant à deslogiques inverses4 » : d’un côté,le pôle de l’économie non éco-nomique fondée sur la reconnais-sance obligée des valeurs dedésintéressement et sur la déné-gation du « commercial »; del’autre, le pôle du commerce etdes industries culturelles. Cetteopposition caractérise le mondede l’édition.

Au pôle de l’économie non éco-nomique, on préfère l’accumu-lation du capital symbolique (à

2. Pierre-Michel MENGER, Portrait de l’artiste en travailleur. Métamorphoses du capitalisme, Paris, Le Seuil, coll. « La républiquedes idées », 2002.

3. Luc BOLTANSKI et Ève CHIAPELLO, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 1999.4. Pierre BOURDIEU, Les règles de l’art, Paris, Seuil, 1992, p. 235.

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 29

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

long terme) au profit économique(à court terme). C’est la sphèrede la reconnaissance, de la légi-timité. Les auteurs et les entrepri-ses s’inscrivent dans un cycle deproduction long, fondé sur l’ac-ceptation du risque inhérent auxinvestissements culturels et, surtout,sur la soumission aux lois propresau commerce de l’art et de laculture. À l’autre pôle, c’est lalogique économique des indus-tries culturelles et artistiques : lecommerce des biens culturels estun commerce comme d’autres.Priorité est donnée à la diffusion,au succès immédiat, mesuré autirage (livres), à la fréquentation(cinéma) et aux recettes. Ons’ajuste à la demande préexis-tante de la clientèle ou du pu-blic. Ce sont des entreprises àcycle de production court quicherchent à assurer la rentréeaccélérée des profits grâce àune circulation rapide des pro-duits voués à une obsolescencerapide. Selon le degré de struc-turation et de différenciation d’unchamp littéraire, l’opposition en-tre ces deux pôles est plus oumoins grande.

L’enquête de l’Observatoire de laculture et des communications duQuébec ne fournissant aucuneinformation sur le rattachementdes écrivains aux diverses mai-sons d’édition, on ne peut vérifiersi, dans le cas d’un champ litté-raire relativement petit comme lechamp littéraire québécois, l’op-

position entre les pôles culturel etéconomique est moins forte iciqu’ailleurs. Il est cependant pos-sible, sur la base des donnéesrelatives aux caractéristiques so-ciales et professionnelles desécrivains, de cerner certainesgrandes oppositions qui divisentles écrivains québécois, que cesoit le temps consacré à l’écri-ture, le type d’activités ou d’em-plois occupés, ou la catégorie àlaquelle se rattachent les écri-vains. On peut déjà y décelercertaines caractéristiques structu-relles du champ littéraire québé-cois qui, comme tout champ litté-raire, est hiérarchisé, en fonctionà la fois du pouvoir (définitiondes règles du jeu, sélection desmanuscrits dans le cas des mai-sons d’édition et des revues, con-sécration), de la richesse et de lanotoriété. Fort diverses, les formesde consécration vont de la con-sécration charismatique à la con-sécration institutionnelle, ou à laconsécration par les pairs (petiterevue littéraire ou prix littéraire),en passant par les succès delibrairie ou les succès mondains(entrevue à la télévision)5.

L’enquête de l’Observatoire dela culture et des communicationsdu Québec fournit de nombreu-ses données sur les conditionsd’exercice du « métier » d’écri-vain : types d’activités, emplois,sources de revenu, productivité,notoriété, etc. Même si nous som-mes conscients que les aspects

économiques ou matériels et sym-boliques du métier d’écrivain nedoivent pas être analysés indé-pendamment les uns des autres,nous nous limiterons, dans cettepartie de notre étude, aux pre-miers aspects. Toute la questionest de savoir si l’âge, le sexeet la région de résidence ontune quelconque influence sur lamanière d’exercer le métierd’écrivain. Tout porte à le croire :la vie littéraire québécoise esttraversée – et elle y trouve sarichesse – par les oppositionsjeunes/vieux, hommes/femmeset Montréal/autres régions si-tuées en dehors des deux grandscentres urbains (Montréal et Qué-bec).

Profilsociodémographiquedes écrivains

Qui sont les écrivains ? C’est àcette question que nous répon-dons dans cette première partiequi regroupe des données deportée générale sur les caracté-ristiques sociodémographiquesque sont le sexe, l’âge, la régionde résidence et la formation desécrivains. Lorsque c’est possible,ces données sont comparéesavec celles d’une autre étudemenée par le ministère des Affai-res culturelles du Québec et dontles résultats ont été publiés en19866. Toutefois, le lecteur de-vra faire preuve de prudence en

5. Gisèle SAPIRO, La guerre des écrivains, 1940-1953, Paris, Fayard, 1999.6. Sylvie PROVOST et Rosaire GARON, « Auteur : pleinement ou à demi ? », Chiffres à l’appui. Bulletin du Service de la

planification, des politiques et de la recherche, Ministère des Affaires culturelles du Québec, vol. 3, numéro spécial, mai1986, p. 2.

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30 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

interprétant ces comparaisons,puisque les univers d’enquêtesont différents, de même que lesinstruments de mesure.

Âge

Chaque saison littéraire voitarriver sa cohorte de nouveauxauteurs et aussi de jeunesauteurs. La relève, quoi ! Maisles plus âgés ne quittent pasnécessairement la scène : il n’y asouvent pas de retraite à 65 anschez les écrivains et lesécrivaines. L’âge7 des écrivainsest une variable très importante sil’on veut comprendre à la fois lamorphologie actuelle du groupedes écrivains et anticiper deschangements qui pourraient enmodifier les caractéristiques.Comme tout groupe social ouprofessionnel, celui des écrivainscomprend diverses cohortesd’âge qui correspondent à diffé-rents cycles de vie profession-nelle. L’âge est aussi marqueursocial et il permet de circonscriredifférentes générations. Les géné-rations d’écrivains se suivent,peut-on dire, mais elles ne seressemblent pas.

Il n’y a, dans la population étu-diée, aucun écrivain de moinsde 25 ans. Nous avons diviséles écrivains en quatre groupesd’âge. Le premier groupe estcelui qu’on peut appeler la géné-ration des « jeunes » écrivains et

qui ont entre 25 et 44 ans : ilsreprésentent le quart (24,0 %)des écrivains interrogés. Ils sontnés au milieu des années 1960et, au moment où ils ont eu 20ans, ils ont connu le deuxièmeréférendum sur la « questionnationale ». Le deuxième groupeest celui des écrivains qui ontentre 45 et 54 ans. Née aprèsla dernière guerre, cette généra-tion est celle des baby boomersqui, dans la vingtaine, ont vécuune période de grande efferves-cence politique avec l’électiondu Parti québécois en 1976. Cegroupe représente un peu moinsdu tiers (30,5 %) des écrivains.Le troisième groupe (27,9 %) estaussi nombreux que le précé-dent. C’est la cohorte desécrivains dont l’âge varie entre55 et 64 ans. Ils sont nés dans lapériode de l’entre-deux-guerreset, à l’âge de 20 ans, ils ontvécu la grande période de réfor-me de la Révolution tranquille.Enfin, la dernière cohorte com-prend les écrivains les plus âgés,qui ont 65 ans et plus. Ils ontsouvent entrepris leur carrièred’écrivain dans les années suivantla Seconde Guerre mondiale ouau milieu des années 1950, àun moment où la société québé-coise sortait de la « grande noir-ceur » pour se moderniser. Ils repré-sentent 17,6 % des écrivains.

La structure d’âge des écrivainsse distingue de celle de l’ensem-

ble de la population active duQuébec, en ce sens que lesmoins de 45 ans y sont sous-représentés (24 %) en compa-raison d’un peu moins de 40 %dans l’ensemble de la popula-tion. Les écrivains constituent ungroupe professionnel où la pro-portion des plus âgés est relative-ment plus grande. Cette ten-dance au vieillissement desécrivains risque d’autant plus des’accentuer que les « très jeunes »écrivains – c’est-à-dire ceux quiont entre 25 et 34 ans – sonttrois fois moins nombreux que dansla population active. En 1986, lamoyenne d’âge des auteurs étaitd’environ 41 ans. Nous l’estimonsaujourd’hui à 53 ans.

Âge et sexe

Jusqu’aux années 1970, uneminorité des écrivains était desfemmes : environ 20 % des écri-vains nés après 1920 et qui fontl’objet d’une notice biographi-que dans le Dictionnaire pratiquedes auteurs québécois en 1976sont de sexe féminin8. Dix ansplus tard, en 19869, la situationa déjà changé : 37,2 % desauteurs sont des femmes. Depuis,la proportion de femmes est de-meurée sensiblement la même.Les hommes sont majoritaires,mais la présence des femmesapparaît un peu plus marquée :elles représentent un peu moinsde 40 % (tableau 2.1). Il s’agit

7. Q41 Dans quel groupe d’âge vous situez-vous ? 15-24 ans, 25-34 ans, 35-44 ans, 45-54 ans, 55-64 ans, 65 ans et plus ?8. Marcel FOURNIER, « Portrait d’un groupe : les écrivains québécois », Possibles, vol. 10, no 2, hiver 1986, p. 129-144, dans

Réginald HAMEL, John HARE et Paul WYCZYNSKI, Dictionnaire pratique des auteurs québécois, Montréal, Fides, 1976.9. Sylvie PROVOST et Rosaire GARON, op. cit., p. 2.

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 31

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

d’une tendance qui ne peut ques’accentuer au cours des pro-chaines années, puisque, chezles 25-44 ans et les 45-54 ans,cette proportion est plus élevée,respectivement de 41,0 % et de44,2 %. Ce n’était pas le cas il ya 16 ans. À cette époque, laproportion d’hommes et de fem-mes ne variait pas en fonctiondes différents groupes d’âge.

En conséquence, la moyenned’âge des écrivaines est nette-ment plus faible que celle desécrivains, comme le laisse devi-ner le tableau 2.2.

Âge et région de résidence

Plus de la moitié (50,5 %) desécrivains vivent dans l’île deMontréal et cette tendance estencore plus forte chez les « jeu-nes » écrivains de 25-44 ans.Ce qui peut étonner, c’est laproportion relativement plus faibled’écrivains de ce groupe d’âgequi habitent dans la région de

Québec. On y trouve par ailleursprès de 20 % des écrivains âgésde plus de 65 ans. La région dela périphérie de Montréal con-naît une situation tout à fait oppo-sée : on y trouve seulement 6,5 %

des écrivains âgés et 18,9 %des écrivains jeunes. Pour ce quiest de l’ensemble des autres ré-gions du Québec, elles ont lamême importance dans chacunedes strates d’âge (tableau 2.3)10.

Tableau 2.1Répartition des écrivains selon le sexe par groupe d’âge, Québec,2002

Féminin Masculin Total

%

25-44 ans 41,0 59,0 100,045-54 ans 44,2 55,8 100,055-64 ans 32,4 67,6 100,065 ans et plus 27,9 72,1 100,0

Tous 37,2 62,8 100,0

Tableau 2.2Répartition des écrivains selon l’âge par sexe, Québec, 2002

25-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 ans et plus Total

%

Féminin 26,4 36,2 24,3 13,2 100,0Masculin 22,5 27,1 30,1 20,2 100,0

Tous 24,0 30,5 27,9 17,6 100,0

10. Q46 Dans quelle région se situe votre résidence principale au Québec ? Québec (GR) : Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches; Montréal : île de Montréal; périphérie de Montréal : Laval, Lanaudière, Laurentides, Montérégie; autres régions :Bas-Saint-Laurent, Côte-Nord, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Mauricie, Centre-du-Québec, Estrie,Outaouais, Abitibi-Témiscamingue, Nord-du-Québec. Le regroupement des diverses parties du Québec en quatre régions tientà la taille de l’échantillon et aux contraintes liées au respect de la confidentialité des résultats.

Tableau 2.3Répartition des écrivains selon la région de résidence par groupe d’âge, Québec, 2002

Québec (GR) Montréal (île) Périphérie de Montréal Autres régions Total

%

25-44 ans 7,6 54,6 18,9 18,9 100,045-54 ans 13,2 48,6 16,7 21,5 100,055-64 ans 10,7 48,6 21,4 19,3 100,065 ans et plus 19,6 51,1 6,5 22,8 100,0Tous 12,3 50,5 16,7 20,5 100,0

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32 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Âge et revenu personnelet familial

Le revenu personnel des écrivainscroît avec l’âge. La moitié desjeunes écrivains gagnent moinsde 29 000 $, alors que c’estle cas d’un peu moins du tiersdes écrivains âgés. Par contre,33 % de ces derniers gagnent60 000 $ et plus, tandis qu’envi-ron 15 % des jeunes écrivainsfont de même (tableau 2.4).

Tout comme le revenu personnel,le revenu familial11 augmente enfonction de l’âge, mais jusqu’à65 ans. Le pourcentage des écri-vains âgés qui ont un revenufamilial élevé n’est en effet que de25 % (tableau 2.5). Cependant,

plus de 46 % d’entre eux ont unrevenu familial « moyen », ce quiest un pourcentage plus élevé quedans les autres groupes d’âge.Cette situation s’explique proba-blement par ce qu’on peut appe-ler l’« effet de la retraite » (quiprésuppose une baisse des reve-nus tirés d’un emploi, que ce soitle sien ou celui du conjoint ou dela conjointe).

Sexe

Malgré les efforts consentis et lesprogrès réalisés, les inégalités derevenu entre les sexes persistent,non seulement au sein de l’en-semble de la population active,mais aussi dans la plupart des

groupes professionnels. L’écrituren’est pas un métier typiquementféminin, et les femmes qui l’exer-cent ne gagnent pas plus que leshommes, au contraire.

Sexe et revenu personnel,revenu familial etparticipation au revenufamilial

Les écrivaines ont en effet unrevenu personnel nettement plusfaible que celui de leurs collè-gues : plus de 52 % ont un revenupersonnel inférieur à 30 000 $(tableau 2.6). Cependant, il fautgarder à l’esprit que l’écrituren’est pas la seule source derevenu personnel.

Tableau 2.4Répartition des écrivains selon le revenu personnel par groupe d’âge, Québec, 2002

Moins de 30 000 $ 30 000 $ – 59 999 $ 60 000 $ et plus Total

%

25-44 ans 49,4 36,8 13,8 100,045-54 ans 41,0 31,1 27,9 100,055-64 ans 34,7 38,2 27,0 100,065 ans et plus 27,5 39,3 33,1 100,0Tous 38,9 35,9 25,2 100,0

Tableau 2.5Répartition des écrivains selon le niveau du revenu familial par groupe d’âge, Québec, 2002

Faible Moyen Élevé Total

%

25-44 ans 38,1 34,7 27,2 100,045-54 ans 35,3 27,7 37,0 100,055-64 ans 30,7 30,3 39,1 100,065 ans et plus 27,8 46,2 25,9 100,0Tous 33,5 33,2 33,3 100,0

11. Le revenu familial est une estimation. La valeur médiane des catégories de revenu personnel est utilisée pour calculer cetteestimation. Ensuite, les individus sont classés en rang et la liste est divisée en trois groupes égaux.

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 33

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

La situation n’est plus tout à fait lamême lorsque l’on considère lerevenu familial12 : il y a en effetautant de femmes que d’hommesqui vivent dans des ménages àrevenu familial élevé. On pour-rait être tenté de conclure que lafemme écrivaine peut comptersur le revenu du conjoint. Ceserait oublier que les femmessont relativement plus nombreu-ses dans les ménages à faible

revenu et moins nombreusesdans les ménages à revenumoyen. C’est donc dire que lesfemmes, qu’il s’agisse de revenupersonnel ou de revenu familial,se trouvent dans une situationnettement moins favorable quecelle de leurs collègues mascu-lins (tableau 2.7).

Le revenu d’une personne prendune signification différente selon

son importance dans le revenufamilial. Dans le cas de la majo-rité des écrivains, le revenu per-sonnel compte pour plus des troisquarts du revenu familial. Parcontre, 44 % des écrivaines sontdans cette situation, tandis que,pour environ 30 % d’entre elles,le revenu personnel compte pourmoins de 50 % (tableau 2.8).

Tableau 2.6Répartition des écrivains et des écrivaines selon le niveau du revenu personnel, Québec, 2002

Moins de 30 000 $ 30 000 $ – 59 999 $ 60 000 $ et plus Total

%

Féminin 52,1 33,3 14,6 100,0Masculin 31,2 37,4 31,5 100,0

Tous 39,0 35,9 25,1 100,0

Tableau 2.7Répartition des écrivains et des écrivaines selon le niveau du revenu familial, Québec, 2002

Faible Moyen Élevé Total

%

Féminin 39,8 26,3 33,9 100,0Masculin 29,8 37,2 32,9 100,0

Tous 33,5 33,2 33,3 100,0

12. Le revenu familial est estimé à partir du revenu personnel de l’écrivain : Q25b Quel pourcentage votre revenu personnel brutreprésente-t-il par rapport au revenu total brut de votre ménage pour l’année 2001 ?

Tableau 2.8Répartition des écrivains et des écrivaines selon le niveau de participation de leur revenu personnel au revenufamilial, Québec, 2002

Moins de 50 % 50 % – 75 % Plus de 75 % Total

%

Féminin 30,5 25,5 44,0 100,0Masculin 13,3 34,7 52,0 100,0

Tous 19,7 31,3 49,0 100,0

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34 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Sexe et région de résidence

Dans la grande région de Qué-bec, on trouve non seulementmoins de jeunes écrivains, maisaussi moins d’écrivaines. L’âge etle sexe se conjuguent pour don-ner à la population des écrivainsde l’île de Montréal, en compa-raison de celle de la granderégion de Québec, une allureplus jeune et un peu plus féminine.

Région de résidence

L’île de Montréal représente lecœur de la vie intellectuelle etlittéraire québécoise : on y trouveplus de 50 % des écrivains. Sil’on ajoute à ce pourcentagecelui des écrivains qui habitentdans la périphérie de Montréal(16,7 %), on trouve dans lagrande région métropolitaine et

dans sa périphérie plus des deuxtiers des écrivains. Viennent en-suite les autres régions (20 %) etla grande région de Québec(12 %). En 1986, c’est 74 % desécrivains qui résidaient dans lagrande région de Montréal.C’est donc dire que la popula-tion des écrivains est aujourd’huiun peu plus « dispersée » dansl’ensemble du territoire québé-cois (tableau 2.9).

Région de résidenceet revenu personnel,revenu familial

Les revenus des écrivains varienten fonction de la région où ilshabitent : ils ont en effet plus dechances d’avoir un revenu per-sonnel plus élevé s’ils habitentdans les deux principaux centresurbains du Québec, encore plus

s’ils habitent dans la granderégion de Québec que dans l’îlede Montréal. Plus de 40 % desécrivains de la région de Québecont un revenu personnel supé-rieur à 60 000 $. Ce pourcen-tage est inférieur à 20 % dans larégion périphérique de Montréalou dans les « autres » régions.On observe donc trois cas defigure. Il y a la grande région deQuébec où les revenus des écri-vains tendent à être soit élevés,soit faibles, ce qui accentuel’écart entre ces deux pôles; il ya l’île de Montréal où la réparti-tion des écrivains en fonction deleurs revenus est semblable àcelle des écrivains en général et,enfin, il y a les régions en péri-phérie de Montréal et les autresrégions du Québec où la propor-tion des revenus moyens est plusforte qu’ailleurs (tableau 2.10).

Tableau 2.9Sexe et région de résidence, Québec, 2002

Québec (GR) Montréal (île) Périphérie de Montréal Autres régions Total

%

Féminin 9,0 53,0 16,5 21,4 100,0Masculin 14,4 49,0 16,8 19,8 100,0

Tous 12,4 50,5 16,7 20,4 100,0

Tableau 2.10Région de résidence et revenu personnel, Québec, 2002

Moins de 30 000 $ 30 000 $ – 59 999 $ 60 000 $ et plus Total

%

Québec (GR) 36,2 22,0 41,7 100,0Montréal (île) 38,9 34,8 26,3 100,0Périphérie de Montréal 39,7 42,5 17,8 100,0Autres régions 40,7 41,1 18,2 100,0

Tous 39,1 35,8 25,1 100,0

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 35

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

En ce qui a trait au revenufamilial, les écrivains de la régionde Québec se trouvent aussidans une meilleure situation queles autres écrivains. Et, en com-paraison, ce sont les écrivains del’île de Montréal qui vivent dansles moins bonnes conditions. Surce plan, les écrivains montréalaisvivent dans des conditions sem-blables à celles des écrivainsdes « autres » régions du Québec(tableau 2.11).

Les différences de revenu variantselon l’âge et le sexe, on peutcomprendre certaines des diffé-rences entre les régions : la régionde Québec regroupe en effet unpourcentage relativement plusélevé d’écrivains âgés et de sexemasculin. Les écrivains de larégion de Québec sont de sexemasculin dans une proportion de72 %, alors que ce pourcentagen’est que de 61 % dans l’île deMontréal.

Région de résidence et sexe

L’une de ces raisons pourrait tenirà la disparité des revenus entreles hommes et les femmes, puis-qu’il y a nettement plus d’hom-mes écrivains dans la granderégion de Québec que dans lesautres régions (tableau 2.12).

Diplôme et formationselon l’âge, le sexe etla région de résidence

Métier de culture par excellence,l’écriture exige habituellementune formation scolaire avancée,qui correspond de plus en plus,dans nos sociétés contempo-raines, à une formation universi-taire. Cette nouvelle exigencetraduit, surtout si la formationexigée appartient au domainedes lettres, un mouvement deprofessionnalisation de l’activitélittéraire. La professionnalisationne signifie pas seulement l’exis-

tence d’une association ou d’ungroupe professionnel, mais aussila formulation de conditionsd’accès et d’exercice de la pro-fession. L’une des conditions estaujourd’hui la formation universi-taire, idéalement en lettres.

Pour avoir une représentation assezexacte de la formation des écri-vains, nous avons combiné lesrésultats de deux questions. Lapremière13 demandait d’indiquerle diplôme obtenu en lettres et laseconde14, l’obtention d’un diplômeuniversitaire dans un domaineautre que celui des lettres (ta-bleaux 2.13 et 2.14).

Tableau 2.11Région de résidence et revenu familial, Québec, 2002

Faible Moyen Élevé Total

%

Québec (GR) 21,4 40,2 38,5 100,0Montréal (île) 37,1 31,4 31,6 100,0Périphérie de Montréal 29,0 33,1 37,9 100,0Autres régions 35,8 33,3 30,8 100,0Tous 33,5 33,2 33,4 100,0

Tableau 2.12Répartition des écrivains selon la région de résidence et le sexe,Québec, 2002

Féminin Masculin Total

%

Québec (GR) 27,1 72,9 100,0Montréal (île) 39,0 61,0 100,0Périphérie de Montréal 36,8 63,2 100,0Autres régions 39,2 60,8 100,0Tous 37,2 62,8 100,0

13. Q7 Quel est le plus haut niveau d’études dans le domaine des lettres que vous avez complété et pour lequel vous avez obtenuun diplôme ?

14. Q10a Avez-vous obtenu un diplôme universitaire dans un domaine autre que celui des lettres ? Q10b Dans quel autredomaine avez-vous obtenu ce diplôme universitaire ?

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36 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

La grande majorité des écrivains(70,2 %) ont une formation enlettres et, chez la plupart d’entreeux, il s’agit d’un diplôme univer-sitaire, et presque tous (81,0 %)ont obtenu ce diplôme au Qué-bec15. Les diplômés en droit, enscience, en médecine ou mêmeen sciences sociales sont peunombreux parmi les écrivains :moins du quart des écrivains(19,1 %) ont un diplôme universi-taire qui n’appartient pas audomaine des lettres.

En combinant ces deux ques-tions, la proportion des écrivainsqui n’ont pas une formation enlettres ou un diplôme universitaireest très faible (11 %). Bien quela comparaison ne soit pasparfaite, 10 % des auteurs, en1986, avaient une formation pri-maire ou secondaire16. Près de25 % ont une formation en lettresde premier niveau (collégial oucertificat universitaire), un autrequart a un diplôme universitaireen lettres, un troisième quart com-bine un diplôme universitaire enlettres et dans une autre matière.

D’un groupe d’âge à l’autre, ceprofil ne varie guère, à uneexception près : parmi les écri-vains plus âgés, il y a relative-ment moins d’écrivains formés enlettres (tableau 2.15).

Il n’y a pas non plus de grandevariation en fonction du sexe, sice n’est que les écrivaines ont,comparativement à leurs collè-

gues masculins, une formationplus exclusivement centrée sur leslettres. Par ailleurs, il existe desdifférences quant au niveau dediplomation selon les diverses ré-gions du Québec. Les écrivainsnon urbains, c’est-à-dire qui n’ha-bitent ni le grand Québec ni legrand Montréal, sont plus nom-breux à ne pas avoir de formationen lettres ou de formation universi-taire. C’est l’opposé chez les écri-vains de l’île de Montréal qui sontun peu plus nombreux à avoir

suivi une formation centrée sur leslettres. Enfin, les écrivains de larégion de la Capitale-Nationalese démarquent par un pourcen-tage plus élevé d’auteurs qui sontdiplômés à la fois en lettres etdans une autre discipline universi-taire.

Comme dans d’autres domainesprofessionnels, les écrivains con-tinuent leur formation en partici-pant entre autres à des ateliersou à des colloques portant sur la

Tableau 2.13Répartition des écrivains selon le niveau d’études en lettres,Québec, 2002

Écrivains

%

Aucun diplôme en lettres 29,8Diplôme collégial 10,2Certificat universitaire 12,9Autres diplômes universitaires en lettres 46,9Ne répond pas 0,2

Tableau 2.14Répartition des écrivains qui ont un diplôme universitaire autre qu’enlettres selon la discipline, Québec, 2002

Écrivains

%

Aucun autre diplôme 49,1Beaux-arts 8,5Droit 2,3Enseignement (primaire, secondaire) 9,0Génie, médecine, sciences naturelles 4,0Sciences humaines 19,2Sciences sociales 5,4Autres 2,0Ne répond pas 0,5

15. Q8 Avez-vous obtenu ce diplôme : au Québec, ailleurs au Canada ou à l’étranger ?16. Sylvie PROVOST et Rosaire GARON, op. cit., p. 3.

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 37

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

littérature et des sujets directe-ment liés à la création17. Cesateliers et ces colloques sontaussi des formes de rayonnementnational et international. Lesdeux tiers des écrivains (62 %) sesont inscrits à l’une ou l’autre deces activités, le plus souvent auCanada18. Parmi les écrivainsqui participent à de telles activi-tés, la moitié a assisté à desateliers ou à des colloques quiont eu lieu au Canada, environ40 % au Canada et à l’étranger,tandis qu’un très petit nombre aassisté à des ateliers ou à descolloques uniquement à l’étranger(tableau 2.16).

Le taux de participation aug-mente avec l’âge, sauf chez les65 ans et plus, qui ont un tauxde participation aux ateliers etcolloques semblable à celui desplus jeunes. Par ailleurs, ce sontles écrivains en périphérie de

Montréal qui ont le taux de parti-cipation le plus faible, alors quele plus élevé est celui des rési-dants de la grande région deQuébec. Il n’y a pas de diffé-rence selon le sexe.

Tableau 2.15Répartition des écrivains selon le niveau de diplomation par groupe d’âge, Québec, 2002

Aucun Collégial Certificat univ. Autre diplôme Diplôme univ. Diplôme univ. Totallettres lettres univ. lettres lettres et autre autres

disciplines

%

Âge25-44 ans 12,0 12,4 13,3 30,5 14,1 17,7 100,045-54 ans 6,0 10,4 11,0 26,2 23,7 22,7 100,055-64 ans 12,1 8,6 13,8 25,9 26,2 13,4 100,065 ans et plus 15,8 9,8 14,1 20,1 16,3 23,9 100,0

SexeFéminin 11,1 14,4 8,5 29,4 18,0 18,6 100,0Masculin 10,6 7,8 15,6 24,2 22,4 19,4 100,0

Région de résidenceQuébec (GR) 7,0 7,8 8,6 25,8 28,1 22,7 100,0Montréal (île) 9,1 11,6 13,0 29,7 17,7 18,9 100,0Périphérie deMontréal 9,8 9,2 16,7 23,6 20,7 20,1 100,0Autres régions 18,0 9,0 12,3 19,4 24,2 17,1 100,0

Tous 10,9 10,3 12,9 26,1 20,8 19,1 100,0

17. Q11 Au cours des trois dernières années, avez-vous participé à des ateliers ou à des colloques portant sur la littérature sur dessujets directement liés à votre création ?

18. Q11b Avez-vous participé à des ateliers ou à des colloques à l’étranger ?

Megapress/Pharand

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38 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Cependant, si nous tenons comptedu lieu de participation, les écri-vaines, les jeunes écrivains et ceuxqui résident ailleurs qu’à Québecou Montréal participent à des col-loques ou à des ateliers de forma-tion au Canada plutôt qu’à l’étran-ger. Ce sont les écrivains quirésident à Montréal qui se rendentle plus souvent à l’étranger.

Activité de loisir, la lecture est siétroitement liée au métier d’écri-vain qu’elle peut constituer, pourl’écrivain, une activité néces-saire, voire obligatoire, qui devientun moyen de ressourcement etde développement de diverseshabiletés. En d’autres mots, lalecture relève en quelque sortede la formation continue19. Pres-que tous les écrivains ont lu aumoins un livre durant les douzemois précédant l’enquête, et ilsont lu en moyenne 54 livres, soitenviron un livre par semaine. Un

peu plus du tiers a lu 25 livres oumoins, 30 % entre 26 et 50, et untiers, plus de 50 (tableau 2.17).

Les jeunes écrivains lisent moinsque les plus âgés (49 livres

comparativement à 60). Il n’y apas de différence statistiquementsignificative entre les sexes, alorsque les écrivains de Québec etde Montréal lisent plus de livresque ceux des autres régions.

Tableau 2.16Répartition des écrivains selon leur participation à un colloque ou à un atelier au Canada ou à l’étrangerpar groupe d’âge, Québec, 2002

Au Canada ou à l’étranger Au Canada seulement Aucun colloque Total

%

Âge25-44 ans 20,8 32,4 46,8 100,045-54 ans 29,6 29,2 41,2 100,055-64 ans 31,7 33,8 34,5 100,065 ans et plus 25,1 30,6 44,3 100,0

SexeFéminin 22,2 35,8 42,0 100,0Masculin 30,2 29,0 40,8 100,0

Région de résidenceQuébec (GR) 23,1 40,0 36,9 100,0Montréal (île) 33,5 26,7 39,8 100,0Périphérie de Montréal 20,1 31,0 48,9 100,0Autres régions 19,8 39,2 41,0 100,0

Tous 27,3 31,5 41,2 100,0

Tableau 2.17Nombre moyen de livres lus durant les douze derniers moisen excluant les manuels de cours, Québec, 2002

Moyenne

n

Âge1

25-44 ans 49,245-54 ans 56,755-64 ans 52,465 ans et plus 60,3

Sexe2

Féminin 52,9Masculin 55,2

Région de résidence3

Québec (GR) 56,9Montréal (île) 57,6Périphérie de Montréal 49,1Autres régions 49,2

Total 54,4

1. Df : 3; F 2,19 : 0,09.2. Df : 1; F 0,53 : 0,47.3. Df : 3; F 2,30 : 0,08.

19. Q12 Combien de livres avez-vous lus durant les douze derniers mois en excluant les manuels de cours ?

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 39

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Que font lesécrivains ?

Bien qu’ils aient tous publié unlivre au cours des dix dernièresannées, les écrivains ne sont pasactifs de la même manière, etcertains d’entre eux ont mêmearrêté d’écrire; en effet, 2 % desécrivains interrogés se considè-rent actuellement comme inac-tifs20. Par ailleurs, 27 % d’entreeux n’ont pas publié de livre aucours des trois dernières années21

(2000, 2001 et 2002).

Un autre indicateur du niveaud’activité ou du degré d’enga-gement des écrivains dans leurdomaine est le temps qu’ils con-sacrent à l’écriture, qu’il s’agissedu temps de travail consacré àl’écriture22 ou de la durée de vieconsacrée à l’écriture23.

Pour rendre compte du temps detravail consacré à l’écriture, nousavons distingué trois groupes,chacun correspondant au cumulde trois tranches égales du tempstotal consacré au travail : un tiersdu temps et moins, entre un tierset deux tiers du temps, plus desdeux tiers du temps de travailconsacré à l’écriture. Les moinsactifs ou les moins engagés, quiconsacrent moins du tiers de leurtemps de travail à l’écriture etparmi lesquels il faut compter les

« inactifs » (2 %), représentent44 % de la population étudiée.Plus du quart des écrivains (26 %)sont « moyennement actifs », con-sacrant entre le tiers et les deuxtiers de leur temps de travail à lacréation littéraire. Enfin, 30 %peuvent être considérés comme« très actifs », car ils consacrentplus des deux tiers de leur tempsà l’écriture. Parmi ceux-ci, lamoitié se donne totalement àl’écriture; 14 % des écrivains fontde leur métier un travail à tempscomplet. En 1986, 16 % desauteurs disaient, en réponse àune question similaire, qu’ilss’adonnaient à l’écriture à pleintemps sans avoir d’emploi rému-néré, et une autre portion de 12 %faisait de même, mais tout enoccupant un emploi rémunéré24.

Le temps consacré à l’écriturevarie selon l’âge et le sexe. Lesécrivains « très actifs » sont lesplus âgés : plus du tiers (35 %)des écrivains de 65 ans et plusconsacrent plus des deux tiers deleur temps de travail à la créa-tion littéraire, alors que plus de lamoitié des jeunes écrivains yconsacre moins du tiers. C’estprobablement un « effet de laretraite » : ceux ou celles quioccupaient un emploi peuventenfin consacrer plus de temps àl’écriture. Ce sont par ailleurs lesécrivaines qui y consacrent leplus de leur temps, bien que

l’écart entre les hommes et lesfemmes soit moins marquéqu’entre les groupes d’âge. D’oùle paradoxe : qu’il s’agisse del’âge ou du sexe, la productivitéest fonction inverse du tempsconsacré à l’écriture. Enfin, c’estdans l’île de Montréal que seconcentre une proportion plusélevée d’écrivains très actifs con-sacrant beaucoup plus de tempsà l’écriture, alors que c’est lecontraire dans la région de laCapitale-Nationale (tableau 2.18).

Par ailleurs, pour ce qui est de ladurée de la carrière, les écrivainsont été répartis en trois groupes :le premier groupe (17 %) réunitles écrivains dont la carrièrecompte 5 années ou moins : cesont les « nouveaux » ou les « dé-butants ». Le second groupe(33 %) est composé des écrivainsdont la durée de carrière varieentre 6 et 15 années. Enfin, lamoitié des écrivains ont plus de15 années de carrière littéraire.

Évidemment, la durée de lacarrière d’un écrivain est fonctionde son âge. Néanmoins, onremarque qu’il y a des carrièresd’écrivain qui débutent chez lesplus âgés et que, par ailleurs, il ya des écrivains aguerris chez lesplus jeunes écrivains. Pour ce quiest du sexe des écrivains, lesfemmes ont une durée de car-rière plus courte. C’est le cas

20. Q4 Quelle catégorie caractérise le mieux votre création au cours des trois dernières années ? Poésie, récit, roman… inactif aucours des trois dernières années.

21. Q1 En quelle année a été publié votre plus récent ouvrage par un éditeur ?22. Q5 Au cours des trois dernières années, quelle proportion de votre temps de travail avez-vous consacrée à vos activités de

création visant une publication ?23. Cet indice est l’écart entre l’année de la première et de la dernière publication. Q1 En quelle année a été publié votre plus

récent ouvrage par un éditeur ? Q2 En quelle année a été publié votre premier ouvrage par un éditeur ?24. Sylvie PROVOST et Rosaire GARON, op. cit., p. 5.

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40 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

également des écrivains qui rési-dent dans l’îIe de Montréal ou enpériphérie, tandis qu’en dehorsdes deux principaux centres ur-bains, les carrières des écrivainssont plus longues (tableau 2.19).

Mais qu’un écrivain ait une lon-gue carrière ne signifie pas né-

cessairement qu’il a écrit beau-coup de livres. C’est pourquoinous avons calculé, pour chaqueécrivain, le ratio du nombre delivres publiés par année de car-rière. Nous avons distingué troisgroupes : les écrivains qui ontpublié un livre ou moins tous lestrois ans, ceux qui ont publié un

livre tous les deux ans et ceux quiont publié au moins un livre parannée. Chacun de ces groupesreprésente le tiers des écrivains.

La productivité des écrivains esten fonction inverse de leur âge :les plus jeunes sont les plus pro-ductifs, alors que les plus âgés se

Tableau 2.18Répartition des écrivains selon le temps de travail consacré à la création visant une publication selon l’âge,le sexe et la région de résidence, Québec, 2002

Moins du tiers Du tiers aux deux tiers Plus des deux tiers Total

%

Âge25-44 ans 55,0 23,3 21,7 100,045-54 ans 47,1 23,2 29,7 100,055-64 ans 33,5 32,4 34,2 100,065 ans et plus 39,8 24,9 35,4 100,0SexeFéminin 40,1 23,9 36,1 100,0Masculin 46,3 27,4 26,3 100,0Région de résidenceQuébec (GR) 53,2 28,6 18,3 100,0Montréal (île) 40,0 26,7 33,3 100,0Périphérie de Montréal 49,1 22,0 28,9 100,0Autres régions 43,9 26,4 29,7 100,0Tous 43,9 26,1 30,0 100,0

Tableau 2.19Répartition des écrivains selon la durée de leur carrière, l’âge, le sexe et la région de résidence, Québec, 2002

Moins de 6 ans De 6 à 15 ans Plus de 15 ans Total

%

Âge25-44 ans 43,0 45,8 11,2 100,045-54 ans 12,3 46,1 41,6 100,055-64 ans 8,3 20,7 71,0 100,065 ans et plus 4,9 13,0 82,1 100,0SexeFéminin 18,9 41,6 39,5 100,0Masculin 16,1 28,1 55,8 100,0Région de résidenceQuébec (GR) 10,9 39,5 49,6 100,0Montréal (île) 19,5 30,7 49,8 100,0Périphérie de Montréal 18,9 38,9 42,3 100,0Autres régions 14,2 30,2 55,7 100,0Tous 17,1 33,1 49,8 100,0

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 41

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

révèlent les moins productifs.Nous observons également queles hommes sont plus productifsque les femmes. Enfin, fort éton-namment, c’est en périphériede l’île de Montréal que noustrouvons le plus d’écrivains quipublient plus d’un livre par an-née, alors que, dans les autresrégions, à l’exception de Mont-réal et de Québec, une propor-tion notable d’écrivains publie untitre ou moins par année (tableau2.20).

Écrire des livres

Le livre est le mode privilégiéd’expression de l’écrivain, et celui-ci se définit souvent par les formesd’expression littéraire ou les genresqu’il pratique : il se dit romancier,poète, dramaturge ou essayiste.Dans la première partie de cechapitre nous analyserons les di-verses formes d’expression litté-raire (ou genres littéraires) qu’em-pruntent les écrivains, ce quidonnera une idée de la structuredu champ littéraire québécois.

Le livre et les formesd’expression littéraire

La littérature se divise en différen-tes catégories éditoriales25 ouformes d’expression littéraire quisont habituellement les suivantes :la poésie, le théâtre, le roman, lerécit, les contes, les nouvelles,l’essai, la littérature jeunesse26.C’est grosso modo les catégoriesqu’utilise l’UNEQ pour qualifierses membres titulaires, sauf en cequi concerne la littérature jeunesse.

Tableau 2.20Répartition des écrivains selon le nombre de livres publiés par année de carrière selon l’âge, le sexe etla région de résidence, Québec, 2002

Un livre ou moins Un livre tous Au moins un Totaltous les trois ans les deux ans livre par année

%

Âge25-44 ans 27,3 30,9 41,8 100,045-54 ans 30,8 34,3 34,9 100,055-64 ans 32,1 33,8 34,1 100,065 ans et plus 47,3 35,3 17,4 100,0

SexeFéminin 37,7 32,3 30,0 100,0Masculin 30,7 34,2 35,1 100,0

Région de résidenceQuébec (GR) 34,9 37,2 27,9 100,0Montréal (île) 32,0 34,7 33,3 100,0Périphérie de Montréal 26,4 36,2 37,4 100,0Autres régions 41,0 25,9 33,0 100,0

Tous 33,3 33,5 33,2 100,0

25. Cette classification prend en considération le « contenu » de la production littéraire, mais du point de vue des écrivainseux-mêmes. Il serait aussi possible d’établir une autre classification qui prenne en compte le point de vue des lecteurs et quidistingue des gens ou des sous-catégories : roman d’amour, d’aventure, historique, biographie, livre sur la science, ledéveloppement personnel, l’ésotérisme, la spiritualité ou la religion, les bandes dessinées, les livres d’art, les livres pratiques,etc. Idéalement, si on voulait comprendre la production elle-même dans ce qu’elle a de plus particulier, il faudrait, comme lesuggère Pierre Bourdieu, être en mesure de prendre en compte simultanément l’espace des producteurs et l’espace desconsommateurs. Pierre BOURDIEU, Questions de sociologie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1984, p. 207.

26. Ce sont les catégories qui ont été retenues pour la question : Q3a à h. Au cours de votre carrière, combien de vos livresont été édités dans les catégories poésie, théâtre, roman, récit, contes, nouvelles, littérature jeunesse, essai ? Une autrequestion demeure ouverte et porte sur les livres édités dans une autre catégorie : Q3i et ii Avez-vous des livres qui ont été éditésdans des catégories éditoriales autres que celles mentionnées ? Au total combien de livres ont été édités dans cette autre ouces autres(s) catégorie(s) ? Une dernière question, plus générale, demande à l’écrivain de se définir lui-même par l’une oul’autre des catégories éditoriales.

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42 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Les définitions usuelles de cescatégories éditoriales sont, tellesqu’on les trouve dans Le PetitLarousse ou dans Le Petit Robert,les suivantes :

1. Roman : Œuvre littéraire, réciten prose généralement assezlong, dont l’intérêt est dansla narration d’aventures,l’étude de mœurs ou de ca-ractères, l’analyse de senti-ments ou de passions, lareprésentation, objective ousubjective, du réel. Ou :Œuvre d’imagination enprose, assez longue, qui pré-sente et fait vivre dans unmilieu des personnages don-nés comme réels, nous faitconnaître leur psychologie,leur destin, leurs aventures.

2. Nouvelle : Composition ap-partenant au genre du roman,mais qui s’en distingue parun texte plus court, par lasimplicité du sujet et par lasobriété du style et de l’ana-lyse psychologique. Ou : Récitgénéralement bref, de cons-truction dramatique, et pré-sentant des personnages peunombreux.

3. Récit : Relation écrite ouorale de faits réels ou imagi-naires. Ou : Relation oraleou écrite (de faits vrais ouimaginaires).

4. Conte : Récit, souvent assezcourt, de faits, d’aventuresimaginaires. Ou : Récit defaits réels (histoire), récit defaits, d’aventures imaginai-res, destiné à distraire.

5. Essai : Ouvrage en proseregroupant des réflexionsdiverses, ou traitant un sujetsans l’épuiser. Ou : Ouvragelittéraire en prose, de facturetrès libre, traitant d’un sujetqu’il n’épuise pas ou réunis-sant des articles divers.

6. Poésie : Art de combiner lessonorités, les rythmes, lesmots d’une langue pour évo-quer des images, suggérerdes sensations, des émo-tions. Ou : Art du langage,visant à exprimer ou à sug-gérer quelque chose, par lerythme (surtout le vers), l’har-monie et l’image.

7. Pièce de théâtre : Genre litté-raire. Ou : Texte littéraire quiexpose une action dramati-que, généralement sous formede dialogue entre des person-nages (comédie, drame,farce, livret, mélodrame,

opéra, revue, saynète, sketch,tragédie, tragi-comédie, vau-deville).

8. Littérature jeunesse : Textelittéraire destiné à un publicparticulier, la jeunesse.

Chez les écrivains actifs depuisles trois dernières années, lesquatre catégories éditoriales ougenres les plus importants et quicaractérisent le mieux selon euxleur production sont : d’abord leroman (33,1 %), suivi de la poé-sie (21,0 %), puis de l’essai(12,5 %) et de la littérature jeu-nesse (12,2 %). Chacune desautres catégories concerne moinsde 5 % de l’effectif (tableau2.21).

L‘écrivain ne se laisse cependantpas facilement enfermer dans uneseule catégorie éditoriale : tantôtc’est le roman, tantôt ce sontles nouvelles, etc. Durant leur

Tableau 2.21Répartition des écrivains selon la catégorie éditoriale qui caractérisele mieux, selon eux, leur création au cours des trois dernières années,Québec, 2002

Genre littéraire Écrivains

%

Roman 33,1Poésie 21,0Essai 12,5Littérature jeunesse 12,2Nouvelles 4,8Théâtre 3,5Récit 3,2Contes 2,0Autre (préciser) 5,5N.S.P./p.r. 0,7Inactif au cours des trois dernières années 1,5Total 100,0

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 43

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carrière, la plupart des écrivainsinterrogés, qu’ils soient actifs ounon depuis les trois dernières an-nées, ne se limitent pas à un seulgenre littéraire. Environ 79 % desécrivains ont eu au moins un livreédité dans plus d’une catégorie.Pour ce qui est de la majoritéd’entre eux (52 %), il s’agit dedeux ou trois catégories éditoria-les différentes. La polyvalence ca-ractérise donc le métier d’écrivainsur le plan même des produc-tions, puisque plus du quart desécrivains (27 %) s’exprime dansplus de trois catégories éditoriales(tableau 2.22).

Lorsque nous prenons en compteles différentes catégories édito-riales une à une, et que nouscalculons, pour chacune, le nom-bre d’écrivains qui la pratiquent,nous obtenons un palmarès quin’est pas très différent du pre-mier : le roman demeure la caté-gorie la plus importante avecplus de la moitié (55 %) desécrivains. Viennent ensuite lapoésie (42 %) et l’essai (41 %).Par contre, les nouvelles, quis’apparentent au roman et quisemblent attirer peu d’écrivains,tout comme le récit, sont, enpratique, presque aussi impor-tants que la poésie ou l’essai. Lesdeux genres littéraires auxquelsles écrivains se rattachent lemoins sont le théâtre (14 %) et lescontes (10 %) (tableau 2.23).

Tableau 2.22Répartition des écrivains selon le nombre de catégories éditoriales(maximum : 9), Québec, 2002

Nombre de catégories Répartition Pourcentage cumulé

%

Une 21,1 21,1Deux 27,4 48,5Trois 24,6 73,0Quatre et plus 27,0 100,0

Total 100,0 …

Tableau 2.23Répartition des écrivains selon la catégorie éditoriale qui caractérise lemieux leur création au cours des trois dernières années et taux d’écrivainsqui se classent dans une catégorie ou une autre, Québec, 2002

Catégorie éditoriale Le mieux Pratique en carrière Ratio

%

Roman 33,1 54,7 1,65Poésie 21,0 41,8 1,99Essai 12,5 41,2 3,30Littérature jeunesse 12,2 27,8 2,29Nouvelles 4,8 35,6 7,42Théâtre 3,5 14,1 4,02Récit 3,2 23,9 7,47Contes 2,0 10,4 5,20Autres 5,5 29,3 5,33N.S.P./p.r. 0,7 … …Inactif au cours destrois dernières années 1,5 … …Total 100,0 … …

Puisque les écrivains empruntentplusieurs catégories éditorialespour s’exprimer, il est intéressant,comme le permet un algorithmemathématique27, d’analyser leurproximité ou leur distance (figure2.1). Dans l’espace des catégo-ries éditoriales, on peut perce-voir deux grandes oppositions.La première oppose la littératurejeunesse (à droite, en bas) àtoutes les autres catégories édito-

riales et, en particulier, au récit(qui est à l’extrême gauche). Ladeuxième oppose les trois formesd’expression romanesque (le ro-man, les nouvelles, les contes) àla poésie, souvent considéréecomme la forme d’expression su-prême en littérature. C’est doncdire que ces catégories éditoria-les ne réunissent pas les mêmespersonnes.

27. Procédure Homals de SPSS. Cette procédure permet d’examiner graphiquement les relations entre plusieurs variablesnominales en les affichant dans un diagramme de dispersion multidimensionnel.

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44 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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Pour mieux comprendre ces op-positions, nous allons examinerles variations du taux de pratiquedes différentes catégories édito-riales en fonction du sexe, del’âge et de la région de rési-dence (tableau 2.24). La littéra-ture jeunesse apparaît nettementcomme un genre féminin, et l’es-sai et la poésie, comme desgenres masculins. Une opposi-tion semblable apparaît entreces catégories éditoriales enfonction de l’âge : la littératurejeunesse est aux jeunes auteursce que la poésie et particulière-ment l’essai sont aux écrivainsplus âgés. Mais, en fait, la caté-gorie éditoriale littérature jeu-nesse est la seule dont le taux depratique diminue avec l’âge :l’auteur jeunesse est, par défini-tion pourrait-on dire, un auteurjeune. Enfin, cette catégorie a

Tableau 2.24Taux de pratique en carrière des écrivains par catégorie éditoriale selon le sexe, l’âge etla région de résidence, Québec, 2002

Roman Poésie Essai Nouvelles Littérature jeunesse Récit Théâtre Contes

%

SexeFéminin 55,6 37,1 29,2 39,3 35,5 23,4 13,1 11,2Masculin 54,2 44,6 48,2 33,5 23,3 24,3 14,7 9,8

ÂgeMoins de 45 ans 40,6 39,4 20,9 33,2 36,9 10,8 7,6 6,445-54 ans 56,3 40,7 38,8 34,9 29,9 21,7 16,4 8,555-64 ans 62,8 43,4 49,1 39,3 28,6 34,4 13,4 15,565 ans et plus 58,5 44,6 60,1 34,4 10,4 29,0 20,1 10,9

Région de résidenceQuébec (GR) 53,1 35,7 49,2 35,7 23,3 26,4 10,9 12,3Montréal (île) 52,6 40,2 45,1 35,4 25,0 25,4 15,0 9,3Périphérie de Montréal 45,7 44,0 33,1 37,4 44,3 17,2 13,1 13,8Autres régions 38,9 48,1 33,0 34,6 23,6 24,1 14,7 9,0

Tous 54,7 41,8 41,2 35,6 27,8 23,9 14,1 10,4

Figure 2.1Espace des catégories éditoriales

Poésie

Essai

Récit

Théâtre

Roman

NouvellesJeunesse

Contes

✩✩

comme particularité d’avoir untaux de pratique plus élevé chezles écrivains qui demeurent enpériphérie de Montréal, alorsque ce taux est nettement plusbas pour les auteurs de récit.

La taille ou l’ampleur de la pro-duction est une autre dimensionimportante de l’activité en car-rière d’un écrivain. Surtout lors-qu’il avance en âge, on lui pose

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 45

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régulièrement la question : Com-bien d’ouvrages avez-vous écrits ?La production des écrivains varieen fonction des genres ou desdiverses catégories éditoriales(tableau 2.25). Les auteurs jeu-nesse se démarquent nettementdes autres, avec en moyenne huitlivres chacun. Viennent ensuiteles poètes avec cinq livres enmoyenne et les auteurs de ro-man, d’essai, de nouvelles et dethéâtre, avec quatre livres enmoyenne. La moyenne la plusfaible est celle des auteurs de récitet de contes, avec deux livres.

La production en carrière del’ensemble des écrivains québé-cois interrogés s’élève à plusde 13 000 titres; elle se répartit,selon l’importance relative dechaque catégorie, de la façonsuivante : d’abord la poésie(18 %), la littérature jeunesse(18 %), le roman (17 %) et l’essai

(15 %). Viennent ensuite les nou-velles avec 10 % des ouvragesédités. Les genres qui sont relati-vement « mineurs » par l’impor-tance relative de leur volume deproduction sont le théâtre (4 %),le récit (4 %) et les contes (2 %).

Les autres activitésdes écrivains

Être écrivain, ce n’est pas seule-ment écrire des livres. C’est éga-lement écrire un texte littérairediffusé sur un autre support que lelivre, écrire un texte autre quelittéraire, propager le savoir, exer-cer une autre discipline artistiqueou tout simplement occuper unemploi autre qu’artistique : les ac-tivités qui mobilisent les écrivainssont donc nombreuses et multi-ples, et il est rare (11 %) queceux-ci n’exercent qu’un typed’activité. Il existe en fait de multi-

ples combinaisons : le plus grandnombre (32 %) combine trois deces activités et un autre tiers(36 %) en combine plus de trois.

Première interrogation : les écri-vains produisent-ils davantagepour certains supports que pourd’autres (tableau 2.26, colonnes1 et 2) ?. Ceux-ci écrivent surtoutpour les revues littéraires ou spé-cialisées (80 %) et les journauxou périodiques destinés augrand public (78 %). Prolonge-ment familier de leur activité, larevue, le journal ou le périodi-que, bref l’imprimé demeure lemode privilégié de diffusion.

Intérêt et accessibilité se rejoi-gnent, car c’est dans ces mêmesmédias que les écrivains réussis-sent à publier le plus facilementleurs textes. En ce qui concernela radio, la télévision et le cinéma,

Tableau 2.25Répartition des écrivains selon le nombre de livres édités en carrière (depuis 1992) par catégorie éditoriale1,Québec, 2002

Catégorie éditoriale Aucun Au moins un Moyenne2 Volume3 Volume

% n %

Poésie 58,2 41,8 5,5 2 383 18,1Littérature jeunesse 72,2 27,8 8,2 2 379 18,1Roman 45,3 54,7 4,0 2 248 17,0Essai 58,8 41,2 4,6 1 977 15,0Nouvelles 64,4 35,6 3,6 1 325 10,2Théâtre 85,9 14,1 3,8 551 4,2Récit 76,1 23,9 2,1 515 3,9Contes 89,6 10,4 2,2 242 1,8Autres 70,7 29,3 5,1 1 565 11,9

Toutes … 100,0 12,7 13 184 100,00

1. Q3 Pour chacune des catégories éditoriales suivantes […], combien de vos livres ont-ils été édités au cours de votre carrière ?2. Pour ceux qui ont publié au moins un livre.3. Une estimation : 1 % = 10,4 écrivains.

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46 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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la production destinée à cesmédias est un peu plus faibleque pour l’imprimé, et ce sont lesmédias, surtout le cinéma, qui secaractérisent par des conditionsapparemment plus difficiles dediffusion : une majorité d’écri-vains (56 %) écrivent pour le ci-néma, mais ceux et celles dontles textes ne parviennent pas àêtre diffusés sont relativementnombreux (43,5 %). Les écrivains

rencontrent aussi des difficultésde diffusion dans le domainede la chanson, et dans les deuxnouveaux médias que sontl’Internet et le multimédia. Mal-gré ces difficultés, près de 20 %des écrivains parviennent à diffu-ser leurs textes sur quatre sup-ports et plus. Mais la majorité seconcentre, pour la diffusion deleurs textes de création littéraire,sur un ou deux médias (tableau2.27).

Les questions de l’étude qui por-tent sur les sources de revenudonnent des indices supplémen-taires sur les activités auxquelless’adonnent les écrivains. Mis àpart l’écriture de textes littérairesque nous venons de traiter, lesactivités des écrivains pourraientêtre regroupées en quatre caté-gories : les activités d’écriturenon littéraire, les activités de dif-fusion du savoir, les autres disci-plines artistiques et les autresoccupations.

Tableau 2.26Pourcentage des écrivains qui ont publié des textes de création littéraire selon le support, Québec, 2002

Pas d’intérêt Intérêt Aucun diffusé Au moins un Indice dunombre de textes

%

Texte pour magazinelittéraire1 20,5 79,5 15,8 63,7 2,3Texte pour journal oumagazine populaire2 22,1 77,9 23,7 54,2 2,0Texte pour la radio/télé3 32,5 67,5 26,0 41,5 1,8Texte pour le cinéma4 44,4 55,6 43,5 12,1 1,1Texte de chanson5 55,0 44,3 29,8 14,5 1,8Texte dans Internet6 … … 87,3 12,3 …Texte pour multimédia7 … … 78,0 6,9 …

1. Q6e Combien de vos textes de fiction ou de critique ont été diffusés par une revue littéraire ou une revue spécialisée ?2. Q6a Combien de vos textes de création littéraire ont été diffusés dans des journaux ou dans des périodiques destinés au grand public ?3. Q6b Combien de vos textes de création littéraire écrits pour la radio ou la télévision ont été diffusés ?4. Q6c Combien de vos textes pour le cinéma ont été portés au grand écran ?5. Q6d Combien de vos textes de chanson ont été endisqués et diffusés ?6. Q38d Publiez-vous vous-même certains de vos textes sur Internet ?7. Q39a Certains de vos textes ont-ils été adaptés pour faire une œuvre multimédia ?

Tableau 2.27Répartition des écrivains selon le nombre de médias de diffusion (maximum : 7), Québec, 2002

Nombre de médias Répartition Pourcentage cumulé

%

Zéro 14,5 14,5Un 21,7 36,2Deux 26,3 62,5Trois 19,5 82,0Quatre et plus 18,0 100,0Total 100,0 …

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 47

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tout n’est pas que littérature :plus de 55 % des écrivains, ycompris ceux qui ont reçu desredevances de différents droitsau cours des trois dernières an-nées, écrivent des textes autresque littéraires et en tirent unrevenu. Ces activités d’écritureexigent des compétences linguis-tiques et elles sont fort diversi-fiées, allant de la traduction àl’adaptation cinématographiqueen passant par la correctiond’épreuves, la rédaction techni-que, scientifique, publicitaire oude discours, et le journalisme.Ce sont des droits (19 %) ou desrevenus (9 %) de la traduction28,des droits d’adaptation ciné-matographique (9 %), ou de larédaction de texte pour le ciné-ma, la radio ou la télévision(17 %), des revenus de la correc-tion d’épreuves (11 %) ou de larédaction technique, scientifique,publicitaire ou de discours (14 %)ou d’activités journalistiques (23 %).

Les écrivains sont aussi souventsollicités pour diverses activités« pédagogiques », que ce soitl’animation d’ateliers de créationlittéraire (23 %), l’enseignementde la littérature (20 %) ou les

lectures publiques, les conféren-ces et les prestations (59 %). Lesdeux tiers (66 %) acceptent detels engagements.

De plus, certains écrivains sontégalement actifs dans d’autresdisciplines artistiques. C’est le casde 28 % des écrivains29.

Enfin, un nombre important d’écri-vains (56 %) exercent d’autresoccupations30. Pour un tiers (32 %)de ces écrivains, c’est l’enseigne-ment, pour un autre tiers (32 %),c’est une activité professionnelleliée à l’art et à la culture; 15 %sont cadres et les autres (21 %)pratiquent des activités plus mo-destes comme des emplois debureau, de technicien, de venteou de soutien31.

Chaque écrivain gère donc pourson compte ce que l’on pourraitappeler son « portefeuille d’acti-vités32 », et la diversité de cesactivités est souvent très grande.La polyvalence caractérise lemétier d’écrivain, et l’écrivain setrouve, comme tout artiste, face àun univers professionnel très mou-vant et très incertain. Dans unetelle situation, la stratégie opti-

male consiste, comme le notentLuc Boltanski et Ève Chiapello, àcumuler des emplois relativementstables (qui assurent notammentun droit à l’assurance emploi) etdes contrats très courts et trèsdiversifiés qui permettent d’entreren contact avec de nouveauxmilieux de travail, d’acquérir descompétences nouvelles et debénéficier de l’effet de « réputa-tion33 ».

La figure 2.2 représente l’ensem-ble des résultats que nous venonsde décrire34. On y voit l’espacedes activités des écrivains et lepositionnement de chacune deces activités les unes par rapportaux autres, certaines étant plusprès et quelques-unes, moins prèsdes autres. Au centre, un peu versle haut, on voit les activités pro-pres à l’écrivain (activités liéesaux droits d’auteur, de prêt publicet de reprographie). Autour de cecentre se répartissent les autresactivités, formant un triangle dontles trois pointes sont 1. les acti-vités de révision (à gauche),2. l’enseignement (en haut au cen-tre) et 3. la rédaction de scéna-rios pour le cinéma (à l’extrêmedroite). Ce sont les exemples de

28. Q18a Au cours des trois dernières années, avez-vous réalisé des revenus de droits de traduction d’auteur provenant d’unou de plusieurs éditeurs ?

29. Q17 Au cours des trois dernières années, avez-vous été actif professionnellement dans une autre discipline artistique ?30. Q22 Outre les sources de revenu déjà mentionnées, avez-vous réalisé des revenus de travail provenant d’autres activités

professionnelles au cours des trois dernières années ?31. Q23 Dans quelles catégories socioprofessionnelles avez-vous réalisé la plupart de ces revenus de travail ?32. Charles HANDY, dans son ouvrage The Age of Unreason […], « propose de remplacer la notion traditionnelle d’emploi

par le concept d’un portefeuille d’activités que chacun gère pour son compte », cité dans Luc BOLTANSKI et Ève CHIAPELLO,op. cit., p. 165.

33. Luc BOLTANSKI et Ève CHIAPELLO, op. cit., p. 398.34. Procédure Homals de SPSS. Cette procédure permet d’examiner graphiquement les relations entre plusieurs variables

nominales en les affichant dans un diagramme de dispersion multidimensionnel.

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48 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

trois grands portefeuilles d’acti-vités (et de types d’écrivains) quise dégagent de l’examen de cetespace : (1) l’écriture et le livre(en haut), l’ensemble d’activités leplus valorisé opposé d’abord à(2), l’expertise dans le maniementdes mots, rôle que jouait naguèrel’écrivain public (en bas à gauche)et (3) la médiation des écrits desauteurs autrement que par l’écri-ture, soit la radio, le cinéma ou latélévision (en bas à droite).

Conclusion

Les écrivains québécois consti-tuent un groupe professionnelâgé, composé toujours majori-tairement d’hommes et, pour plus

des deux tiers d’entre eux, rési-dant dans la grande régionmétropolitaine de Montréal et sapériphérie. Les femmes sont prèsde 40 % et elles sont plus jeunes,hautement scolarisées, surtout enlettres. Grands lecteurs, les écri-vains apparaissent très actifs : ilsparticipent à des colloques et àdes ateliers de création, donnentdes conférences publiques, tra-duisent des textes, écrivent dansles journaux, etc. Ils tirent, pourplus de la moitié (56 %) d’entreeux, des revenus d’un emploi et,pour plusieurs d’entre eux, dansle secteur de l’enseignement. Lesrevenus personnels qu’ils tirent deleur emploi ou de leur travaild’écrivain s’accroissent en géné-

Figure 2.2Espace des activités des écrivains

Enseignant

Animateur d’atelierTraducteur

Conférencier

Texte dans Internet

Journaliste

Réviseur RédacteurAutre disciplineartistique

Professionnon artistique

Textemultimédia

D: écrivain

D: traduction

Texte journaux et magazine popTexte magazine littéraire

Texte radioou télé

D: adaptationcinéma

Texte cinéma

Texte chanson

✩ ✩

✩✩✩

✩✩✩

ral avec l’âge; ils sont, pour prèsde 40 %, inférieurs à 30 000 $et, pour plus de 25 %, supérieursà 60 000 $. Les jeunes et lesfemmes se trouvent plus nom-breux dans la catégorie desmoins bien rémunérés. La régionde Québec regroupe une pro-portion plus élevée d’écrivainsplus âgés et plus riches.

Les écrivains sont productifs(12,7 livres par auteur), et cer-tains sont même prolifiques, maispeu d’entre eux se consacrentà l’écriture à temps plein. Il n’ya cependant pas de relationdirecte entre le temps consacré àl’écriture et la productivité : lesauteurs les plus productifs sont

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PORTRAIT SOCIODÉMOGRAPHIQUE ET PRODUCTION DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 2 • 49

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

souvent des jeunes, qui sont,comparativement aux plus âgés,moins nombreux à se consacrerà temps plein à l’écriture. Laprofession d’écrivain, loin d’êtreuniforme, se caractérise par unegrande polyvalence : même si larédaction d’ouvrages demeurel’activité centrale des écrivains,ceux-ci sont occupés par tout unensemble d’autres activités con-nexes (traduction, correctiond’épreuves, etc.). Notre étude apermis de distinguer, à partir destypes d’activités et des sourcesde revenu, les six sous-universsuivants : 1. l’activité d’écrivain(droits d’auteur, etc.), 2. les acti-vités connexes (journalisme, révi-sion de textes), 3. les médias(cinéma, radio, télévision),4. l’enseignement, 5. la traduc-tion, et 6. autres activités profes-sionnelles et artistiques. On pour-rait être tenté de dire : il y a d’uncôté les « vrais » écrivains et les« autres ». Notre conclusion esttout à fait différente : il n’y a pasune et une seule façon d’exercerle « métier d’écrivain », toutcomme il n’y a pas qu’un seulsupport qui soit privilégié. Etcette diversité explique, pour unelarge part, le mode de structura-tion actuel du champ littérairequébécois, avec les principalesoppositions qui le caractérisentet qui, renvoyant aux principauxmédias de diffusion (l’imprimé,l’audiovisuel ainsi que la radio,le cinéma et l’Internet), sont aussigénérationnelles.

Cette polyvalence se manifesteenfin dans les genres littérairesou les catégories éditoriales queprivilégient les écrivains. Le roman(33,1 %), la poésie (21,0 %),l’essai (12,5 %) et la littératurejeunesse (12,2 %) sont certes lesquatre principales catégorieséditoriales auxquelles se ratta-chent les écrivains, mais ce nesont pas des univers littérairesfermés, puisque plus de la moitiédes écrivains pratiquent deux outrois genres littéraires. Sur le planstructurel, notre étude a permis,en ce qui concerne les catégo-ries éditoriales, de déterminerquatre sous-univers : 1. le romanet les nouvelles, 2. les contes, lerécit et le théâtre, 3. la poésie etl’essai, et 4. la littérature jeu-nesse. Ces sous-univers se distin-guent les uns des autres par lastructure d’âge, le sexe, les sour-ces de revenu, les types d’activi-tés. Il y a d’ailleurs une certainedivision sexuelle du travail d’écri-ture : les femmes se trouventplutôt du côté de la littératurejeunesse, et les hommes, du côtéde l’essai et de la poésie.

Notre étude devrait, dans uneétape ultérieure, pouvoir fournirune réponse aux questions quiviennent spontanément à l’esprit :les diverses façons d’exercer le« métier d’écrivain » se traduisent-elles par des différences derémunération (revenus) et dereconnaissance ou de notoriété ?Y a-t-il une relation entre les typesd’activités ou les catégories édi-toriales et les revenus ? Le« temps plein » et la productivitésont-ils des conditions d’obten-tion de la notoriété ?

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CHAPITRE 3

MOTIVATION, SOUTIEN ETNOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS

Marcel Fournier et Guy Gauthier

Introduction

étude portant sur les écri-vains et les écrivainesquébécois comporte trois

volets. Le premier volet concerneleur situation économique (parexemple, les sources de revenu).Principale constatation : 9 % seu-lement des écrivains comptent surleurs droits d’auteur comme prin-cipale source de revenu. La ma-jorité (60 %) doit exercer d’autresactivités et occuper des emploisdivers pour s’assurer un revenupersonnel et familial. Les activitéssont le plus souvent (87 %) liées àl’écriture, mais pas les emplois :pour plus de la moitié (65 %) desécrivains, les emplois occupésne sont pas directement associésà la culture. Deuxième constata-tion : les écrivains ne se trouventpas, si on les compare à l’ensem-ble de la population, dans unesituation économique désas-treuse. Ils déclarent en effet desrevenus supérieurs à ceux quegagne la population active dansson ensemble, et on trouve desécrivains dans toutes les tranchesde revenu. Le paradoxe vient dece qu’il n’y a pas de relation

positive entre le temps de travailconsacré à l’écriture et les reve-nus : les écrivains qui consacrentmoins de 25 % de leur temps detravail à des activités liées àl’écriture se trouvent dans lestranches de revenu plus élevéeset, à l’inverse, les écrivains qui yconsacrent 75 % et plus de leurtemps de travail se cantonnentdans les tranches de revenu plusbasses. En d’autres mots, plusl’écrivain consacre de temps àson travail d’écriture, moins ilest à l’aise économiquement.L’artiste maudit, quoi!

Le deuxième volet fournit unedescription des caractéristiquesdes écrivains et écrivaines duQuébec et de leurs activités pro-fessionnelles. Qui sont-ils ? deshommes (63 %), dont l’âgemoyen est de 53 ans (environ lamoitié), habitant dans l’île deMontréal (une forte majorité, soit70 %), ayant une formation enlettres et, dans le cas de 80 %d’entre eux, titulaires d’un diplômeuniversitaire. Et que font-ils ?D’entrée de jeu, 2 % des écri-vains se considèrent commeinactifs et 27 % n’ont pas publié

de livre au cours des trois annéesprécédant l’enquête. À l’opposé,30 % d’entre eux sont considéréscomme très actifs, puisqu’ils con-sacrent plus des deux tiers deleur temps à l’écriture et 14 %font de leur métier un travail àtemps complet. La durée de viedédiée à l’écriture est undeuxième indicateur du degréd’engagement : 50 % des écri-vains ont une carrière de plus de15 ans. Enfin, la productivité estune autre mesure, peut-être lameilleure quant au degré d’enga-gement de l’écrivain : environ untiers a publié au moins un livrepar année, en carrière.

L’identité professionnelle de l’écri-vain dont le mode privilégiéd’expression est le livre est sou-vent étroitement liée aux formesd’expression littéraire ou aux gen-res qu’il pratique : il est roman-cier, poète, etc. Huit catégorieséditoriales ont été retenues pourdécrire ces œuvres littéraires. Lesquatre plus importantes quicaractérisent le mieux leur pro-duction, selon les auteurs, sont leroman (33 %), la poésie (21 %),l’essai (12,5 %) et la littérature

L’

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52 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

jeunesse (12 %). Le pourcentagedes mentions des quatre autrescatégories éditoriales (nouvelles,théâtre, récit et contes) varie de5 % à 2 %.

Cependant, 79 % des écrivainsont eu au moins, en carrière, unlivre édité dans plus d’une caté-gorie. La polyvalence caractérisedonc le métier d’écrivain. Nousen avons fait l’analyse et cons-taté sur le plan structurel quatresous-univers : 1. le roman et lesnouvelles, 2. les contes, le récitet le théâtre, 3. la poésie etl’essai, 4. la littérature jeunesse.Les écrivains sont productifs(12,7 livres par auteur), ce quireprésente plus de 13 000 titres(dont environ 20 % chacun enpoésie, littérature jeunesse etroman, 15 % en essai et 10 % ennouvelles).

Polyvalence également par lapratique de tout un ensembled’autres activités, même si larédaction d’ouvrages demeurel’activité principale des écrivains.Notre étude a permis de distin-guer, à partir des types d’activi-tés et des sources de revenu,trois univers qui gravitent autourd’un noyau central. Ce noyauest évidemment la rédaction delivres, mais également de textespour les magazines littéraires,les journaux et les magazinespopulaires, à quoi s’ajoutent lesprestations comme les lecturespubliques et les conférences. Àpartir de ce noyau central seconstruisent trois types d’activités :

1. l’enseignement de la littérature,l’animation d’ateliers littéraires etla traduction, 2. la rédaction detextes pour la radio, la télé ou lecinéma, 3. un portefeuille d’activi-tés liées au savoir-faire dans lemaniement des mots et des idéescomme les activités de journa-lisme, la rédaction technique,scientifique, publicitaire ou de dis-cours, la correction d’épreuves etles autres activités professionnel-les non artistiques.

Dans ce troisième volet, nousallons traiter des trois aspectssuivants de la vie des écrivains :1. la motivation et les soutiens àl’écriture, 2. la reconnaissanceprofessionnelle et sociale, 3.l’ouverture aux nouvelles techno-logies.

Le métier d’écrivain n’est pas uneactivité facile à pratiquer. L’écri-vain est parfois tenté de toutabandonner mais, heureuse-ment, des événements viennentl’encourager à continuer, parexemple l’obtention d’un prix oud’une bourse. Qui demande desbourses ? Qui en reçoit ? Nousallons, dans un premier temps,analyser les caractéristiques descandidats et des boursiers à l’unou l’autre principal organismesubventionnaire (le Conseil desarts et des lettres du Québec et leConseil des arts du Canada).

La reconnaissance professionnelleet sociale est également très im-portante pour un écrivain. C’estune rétribution de son travail qui

l’incite à continuer, qui reconnaîtson talent et qui permet d’obtenirdes ressources qui, autrement, neseraient pas disponibles. Dans undeuxième temps, nous construi-sons et calculons quatre indicesde notoriété particuliers et un in-dice global de notoriété. Nousexaminons par la suite si certainescaractéristiques (sexe, âge, etc.)des écrivains sont rattachées auxdifférents niveaux de notoriété etsi, par exemple, il existe unerelation entre la notoriété et lerevenu personnel des auteurs.

Dans un troisième temps, nousnous penchons sur la capacitédes écrivains à s’adapter auxchangements qu’amènent avec el-les les nouvelles technologies dansle domaine du savoir. Commentles écrivains se servent-ils de cesnouveaux instruments dans leur tra-vail, comme moyen d’expressionde leur créativité et pour la diffu-sion de leurs œuvres ?

La motivationet les soutiensà l’écriture

Comme toute activité de créa-tion, qui exige un long apprentis-sage et de nombreuses heuresde travail, souvent solitaire, etdans des conditions financièresdifficiles, l’écriture exige unesolide détermination. Il n’est pasétonnant que le tiers des écri-vains ait pensé, et plus d’une fois(plus de la moitié d’entre eux),arrêter définitivement d’écrire1.

1. Q36 Au cours de votre carrière, avez-vous déjà envisagé d’arrêter définitivement le métier d’écrivain (y compris les arrêtseffectifs) ? Q36b Combien de fois avez-vous envisagé d’arrêter le métier d’écrivain ?

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 53

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

La propension à vouloir abandon-ner définitivement le métier d’écri-vain est plus forte chez les plusjeunes écrivains, les écrivaines etceux qui résident à l’extérieur desgrands centres urbains. Pour cequi est de l’intensité, il n’y acependant pas de tendancenette : l’idée de tout laisser tom-ber vient en effet plus souvent àl’esprit des plus jeunes écrivains,mais on l’observe égalementchez les écrivains de 55 à64 ans. À Québec et à Montréal,cette idée serait moins fréquente,mais ceux qui l’auraient y songe-raient plus souvent qu’en région(tableau 3.1).

Les raisons2, toutes bonnes, quiincitent les écrivains à vouloir ces-ser la pratique de leur métier sontnombreuses et diverses. Parmi lesprincipales raisons, les deux plusimportantes sont le décourage-ment (38,2 %) et la question del’insécurité financière (26,1 %).Viennent ensuite la poursuite d’uneautre carrière (8,9 %), des raisonsde santé (4,4 %) et des raisonsfamiliales (2,5 %). Sans oubliertoutes les autres bonnes raisons,fort nombreuses (18,4 %), qu’évo-quent les écrivains sans donner deprécision (tableau 3.2).

Selon l’âge, le sexe ou la régionde résidence, certaines raisonssont plus importantes que d’autres.Le découragement est à l’écri-

vain d’âge mûr (45-54 ans) ceque les problèmes d’ordre finan-cier sont aux écrivains les plusjeunes. Par ailleurs, la questionde l’insécurité financière préoc-cupe un peu plus les femmes queles hommes. Enfin, les écrivainsqui résident en périphérie deMontréal (et qui sont les plusnombreux à avoir envisagé d’ar-rêter d’écrire) évoquent eux aussices deux raisons.

Découragement, difficulté finan-cière : les obstacles à la carrièred’écrivain sont nombreux. Cepen-dant, il suffit parfois d’un événe-

ment heureux pour maintenir laflamme vivante et inciter à pour-suivre dans la voie de l’écriture3 :c’est le cas de plus de la moitié(53,2 %) des écrivains. Dans lecas de 46 % d’entre eux, l’évé-nement heureux, c’est l’éditiond’un livre et, pour 21 % desécrivains, c’est l’obtention d’unprix ou d’une bourse4. Il y aenfin plusieurs autres événementsqui ont pu favoriser l’envold’une carrière d’écrivain : 30 %des écrivains reconnaissent qu’ilest survenu de tels événements,mais sans donner de précision(tableau 3.3).

2. Q37 Pour quelle raison principale aviez-vous envisagé d’arrêter la dernière fois ? (Cochez un seul choix.)3. Q34 Y a-t-il un événement majeur qui a favorisé l’envol de votre carrière d’écriture ? Q35 Quel était cet événement ? (Cochez

un seul choix.)4. En 1983, « un auteur sur cinq a affirmé que sa carrière a été de beaucoup facilitée par l’aide à la création ». Voir R. GARON,

Chiffres à l’appui, vol. IV, nos 2-3, 1986-1987, p. 9.

Tableau 3.1Répartition des écrivains selon qu’ils ont considéré plus ou moinssérieusement d’arrêter définitivement d’écrire, par âge, sexe etrégion de résidence, Québec, 2002

Non 1-2 fois Plus de 2 fois Total

%

Âge25-44 ans 60,6 16,5 22,9 100,045-54 ans 64,6 18,4 17,1 100,055-64 ans 64,1 13,8 22,1 100,065 ans et plus 79,6 12,2 8,3 100,0SexeFéminin 63,3 19,8 16,9 100,0Masculin 68,0 12,9 19,1 100,0

Région de résidenceQuébec (GR) 72,3 11,5 16,2 100,0Montréal (île) 69,5 11,9 18,6 100,0Périphérie de Montréal 53,7 25,1 21,1 100,0Autres régions 64,3 19,0 16,7 100,0

Tous 66,1 15,5 18,3 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

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54 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

L’obtention d’un prix ou d’unebourse est de toute évidence,pour plusieurs écrivains, une moti-vation à poursuivre leur carrière.

Les soutiens à l’écriture :les prix et les bourses

Qui demande des bourses ? Quiles obtient ? Y a-t-il entre ceuxqui demandent et ceux qui reçoi-vent une ou des bourses desdifférences notables de profil ?La situation est-elle la même, qu’ils’agisse du Conseil des arts duCanada ou du Conseil des artset des lettres du Québec ? Surune période de trois années, lesécrivains ne font pas des deman-des à un seul organisme, maissouvent aux deux organismessubventionnaires (tableau 3.4).

Tableau 3.2Répartition des écrivains selon la raison qui les incite à songer à arrêter d’écrire, par âge, sexe etrégion de résidence, Québec, 2002

Découragement Insécurité Autres N’a pas Totalfinancière raisons envisagé d’arrêt

%

Âge25-44 ans 12,0 16,9 10,4 60,6 100,045-54 ans 18,3 8,5 8,8 64,4 100,055-64 ans 13,1 7,9 14,8 64,1 100,065 ans et plus 5,5 - 15,8 78,7 100,0SexeFéminin 14,4 11,9 11,1 62,6 100,0Masculin 12,3 7,2 12,9 67,7 100,0Tous 13,1 8,9 12,1 65,9 100,0Région de résidenceQuébec (GR) 11,6 3,9 11,6 72,9 100,0Montréal (île) 12,2 9,3 9,5 69,0 100,0Périphérie de Montréal 18,9 12,0 15,4 53,7 100,0Autres régions 11,4 8,1 16,6 64,0 100,0

Tous 13,1 8,9 12,1 65,9 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

Qui demandeet qui reçoit ?

Au cours des trois dernières an-nées, un peu moins de la moitiédes écrivains (46 %) a demandé

une bourse et 30 % de tous lesécrivains en ont obtenu une, c’est-à-dire plus des deux tiers de ceuxqui en ont demandé5. Plus de lamoitié des écrivains n’ont pas faitde demande depuis trois ans.

Tableau 3.3Répartition des écrivains selon les événements qui favorisent l’envold’une carrière, Québec, 2002

Total partiel Total

%

Un événement 100,0 53,2 Édition d’un livre 45,6 24,3 Un prix ou une bourse 20,8 11,1 Sécurité financière 3,6 1,9 Autres raisons 30,0 16,0Aucun événement … 45,2Ne sait pas … 1,6

Total … 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

5. En 1983, la majorité des écrivains (63 %) avait présenté une demande en carrière. Voir R. GARON, op. cit., p. 8.

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 55

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les femmes (52 %), les plus jeu-nes écrivains (60 % et 54 %) etceux qui demeurent en région(52 %) ont une plus grande pro-pension à demander une bourseque leurs confrères ou consœurs.Mais les résultats de la sélectionsont quelque peu différents,comme si le processus étaitmoins « avantageux » pour lesfemmes et les écrivains en régionde même que pour les écrivainsplus âgés. C’est ainsi que lestaux de récipiendaires fémininset masculins et de chacune desrégions tendent vers l’égalité,alors que l’écart est très fort, etamplifié, selon les cohortes d’âge,les plus jeunes ayant un taux derécipiendaires très au-dessus dela moyenne, alors que c’est toutà fait le contraire chez les plusâgés.

Pour mieux comprendre le pro-cessus de sélection des deman-des de bourse, nous avons, enplus du sexe, de l’âge et de larégion de résidence, examinéune vingtaine d’autres caractéris-tiques sociales et économiquesdes écrivains comme le diplôme,le temps de travail consacré àl’écriture, l’année de publicationla plus récente, le nombre desources de revenu, la principalesource de revenu, le revenu per-sonnel, la participation au re-venu familial et le niveau durevenu familial, le nombre delivres ou de textes écrits et pu-bliés. Nous avons retenu les sixcaractéristiques les plus significa-tives (tableau 3.5). Ce sont cinqindicateurs liés au revenu desécrivains et un au temps detravail consacré à l’écriture.

Tableau 3.4Pourcentage des demandes de bourse chez les écrivains, ratio desdemandes acceptées et pourcentage des écrivains qui reçoivent unebourse par sexe, âge et région de résidence, Québec, 2002

Pourcentage Ratio des demandes Pourcentage desdes demandes acceptées récipiendaires

% %

SexeFéminin 52,2 0,61 31,8Masculin 42,6 0,66 28,2

Âge25-44 ans 60,3 0,67 40,245-54 ans 54,1 0,69 37,455-64 ans 45,5 0,60 27,265 ans et plus 14,2 0,35 4,9

Région de résidenceQuébec (GR) 23,2 0,87 21,1Montréal (île) 48,6 0,68 33,0Périphériede Montréal 48,3 0,56 27,1Autres régions 52,4 0,53 27,8

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

Première constatation : les écri-vains qui ont une plus grandepropension à demander desbourses sont ceux dont la princi-pale source de revenu provientdes bourses et des droits (75 %).Cependant, parmi ceux qui ob-tiennent des bourses, la moitiétirent leur principale source derevenu des bourses et des droits.Ce sont ceux qu’on peut appelerles écrivains-boursiers. À côtéd’eux, on observe des écrivainsqui privilégient une « stratégietous azimuts », qui vise à multi-plier les sources de revenu : ilssont aussi plus disposés à entre-prendre toutes les démarchesnécessaires pour obtenir unebourse.

Deuxième constatation : les écri-vains qui ont une plus grandepropension à demander des bour-ses consacrent plus de temps àl’écriture (deux tiers de temps :60 %), et ils ont un revenu person-nel inférieur à 30 000 $ (60 %)ou familial faible auquel ils parti-cipent relativement peu.

Toutes les demandes de boursene sont pas accordées automati-quement. Un processus de sélec-tion fort complexe est géré parles organismes subventionnaires :élaboration de programme,explicitation des critères, moded’évaluation qui réclame habi-tuellement la participation despairs. Le pourcentage d’accepta-tion des demandes est relative-ment élevé : 64 %.

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56 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Le portrait-type de l’écrivain-boursier est le suivant : revenupersonnel (moins de 30 000 $)ou familial faible, sources diversi-fiées de revenu, mais, commeprincipale source de revenu, lesdroits d’auteur et les bourses (de70 % à 75 %). Sans oublier lajeunesse relative : 40 % desboursiers ont entre 24 et 45 ans.

Jeunesse et revenus faibles : telssont donc les deux facteurs quientrent implicitement en jeu dansl’attribution des bourses. Unesorte d’action positive, quoi !Mais, dans le même mouvement,le processus de sélection, aussitransparent soit-il, comporte cer-tains biais, par exemple en fonc-tion du sexe. Il y a certes autantde bourses octroyées aux hom-mes qu’aux femmes (32 % c.28 %), mais la propension àdemander des bourses est plusgrande chez les femmes quechez les hommes (52 % c.43 %), et le ratio d’acceptationdes demandes, plus élevé pourles hommes que pour les femmes(0,61 c. 0,66).

Le Conseil des artset des lettres du Québecet le Conseil des artsdu Canada

Les deux principaux organismessubventionnaires sont le Conseildes arts et des lettres du Québec(CALQ) et le Conseil des arts duCanada (CAC). Au cours des

Tableau 3.5Pourcentage des demandes de bourse chez les écrivains, ratiodes demandes acceptées et pourcentage des récipiendaires selon letemps de travail consacré à l’écriture, le nombre de sources de revenu,le niveau de participation au revenu familial et l’indicateur de revenufamilial, Québec, 2002

Pourcentage Ratio des demandes Pourcentage desdes demandes acceptées récipiendaires

% %

Temps de travailconsacré à l’écriturePlus des deux tiers 60,1 0,67 40,5Du tiers aux deux tiers 52,1 0,68 35,2Moins du tiers 34,2 0,57 19,3

Nombre de sourcesde revenuFort 62,7 0,75 47,2Moyen 39,9 0,73 29,2Faible 31,9 0,38 12,3

Principale sourcede revenu1

Droits ou bourses2 74,9 0,72 53,7Travail 44,9 0,66 29,5Rente gouv, ou privée 25,4 0,32 8,1

Revenu personnelMoins de 29 999 $ 59,7 0,70 41,8De 30 000 $ à 59 999 $ 46,3 0,57 26,460 000 $ et plus 26,1 0,63 16,3

Participation aurevenu familialMoins de 50 % 54,7 0,54 29,5Entre 50 % et 75 % 49,0 0,74 36,4Plus de 75 % 44,1 0,61 27,0

Indicateur durevenu familialFaible 61,5 0,72 44,1Moyen 46,1 0,57 20,7Élevé 44,5 0,59 30,6

1. Q24 Au cours des trois dernières années, quelle a été votre plus importante source derevenu ? Ensemble des droits d’auteur et de prêts publics/Bourse d’aide à la création/Revenus de travail/Prestations gouvernementales/Régime de retraite/REER/Revenu deplacement/Héritage/Autres revenus.

2. Il y a autant d’écrivains (9 %) qui déclarent comme principale source de revenu les bourses oules droits d’auteur.

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 57

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Bibliothèque nationale du Québec

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58 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

trois années précédant notre en-quête, les deux principaux orga-nismes subventionnaires auraient,selon nos estimations, accordérespectivement environ 300 bour-ses et prix à des écrivaines ouécrivains québécois. Au CALQ,le pourcentage des écrivains quiont soumis leur candidature aucours de cette période et qui ontobtenu une bourse est de 66 %.Ce pourcentage est de 58 % auCAC6.

La répartition des écrivains quifont des demandes de bourseest, selon le ou les organismessubventionnaires auxquels ilss’adressent, la suivante : 9 % au

CALQ uniquement, 8 % au CACuniquement, et plus de 28 % desécrivains à l’un et l’autre organis-mes. Globalement, on trouvedonc à peu près le même pour-centage d’écrivains qui font desdemandes de bourse à chacundes deux organismes : 37 % c.36 %. Par contre, le ratio d’ac-ceptation des demandes n’estpas le même dans les deux cas :le CAC est plus « sélectif » que leCALQ (0,58 c. 0,67). Au coursdes trois dernières années, 21 %des écrivains ont obtenu aumoins une bourse ou un prix duCAC alors que, pour le CALQ,ce pourcentage est de 25 %. En

moyenne, 1,3 bourse a été ac-cordée aux récipiendaires parl’un ou l’autre Conseil.

Candidats et récipiendairesdu CALQ et du CAC

Puisque plusieurs écrivains pré-sentent leur candidature auxdeux organismes, le profil desdemandeurs se ressemble et ilcorrespond à celui que nousvenons de décrire en ce quiconcerne l’ensemble des bour-ses. Ce qui diffère de façon plusmarquée, c’est le profil des réci-piendaires, puisque le CAC sem-ble plus « sélectif » (tableau 3.6).

6. Q32 Au cours des trois dernières années, avez-vous déjà soumis votre candidature, afin d’obtenir une bourse, ou un prix enargent de la part du Conseil des arts et des lettres du Québec ? Q32b … du Conseil des arts du Canada ? Q32c …d’unautre organisme ?

Tableau 3.6Pourcentage des écrivains selon qu’ils ont demandé une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec,du Conseil des arts du Canada, selon les ratios d’acceptation et selon le pourcentage des récipiendairespar sexe, âge et région de résidence, Québec, 2002

Demande Demande Ratio Ratio Acceptée AcceptéeCALQ CAC CALQ CAC CALQ CAC

% %

SexeFéminin 39,0 40,3 0,64 0,55 24,8 22,0Masculin 36,3 33,1 0,68 0,60 24,5 19,9

Âge25-44 ans 50,2 46,2 0,73 0,55 36,5 25,645-54 ans 45,7 42,9 0,72 0,63 32,7 27,055-64 ans 34,8 35,5 0,51 0,49 17,9 17,565 ans et plus 9,2 10,3 0,53 0,85 4,9 8,7

Région de résidenceQuébec (GR) 22,3 16,3 0,87 0,71 19,4 11,5Montréal (île) 39,6 41,1 0,70 0,63 27,8 25,9Périphérie de Montréal 40,8 32,2 0,49 0,35 20,1 11,4Autres régions 37,9 37,3 0,62 0,57 23,6 21,2

Tous 37,3 35,9 0,66 0,58 24,6 20,7

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 59

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Cependant, notons une diffé-rence chez les demandeurs selonla région de résidence : les écri-vains qui habitent en périphériede Montréal (41 % c. 32 %) etceux de la grande région deQuébec (22 % c. 16 %) se tour-nent un peu plus vers le CALQque vers l’organisme canadien.Ils n’ont pas tort, puisque le ratiod’acceptation des demandes duCAC est relativement plus faibleque celui auquel nous pouvionsnous attendre dans ces deuxrégions (0,35 c. 0,49 et 0,71c. 0,87). Il l’est également forte-ment pour les jeunes écrivains(0,55 c. 0,73).

On veut bien que les critères desélection des demandes debourse soient la qualité du dos-sier (par exemple, le curriculumvitæ) et la qualité du projet, maisqu’en est-il de la situation éco-nomique de l’écrivain ? Certainspensent qu’il faudrait accorder lapriorité à l’écrivain dans le besoin.Mais qu’en est-il dans les faits ?

Les écrivains dont la principalesource de revenu sont les droitsd’auteur ou les bourses, et ceuxdont le revenu personnel est infé-rieur à 30 000 $ agissent diffé-remment à l’égard du CALQ etdu CAC. Ils préfèrent s’adresseren plus grand nombre au Con-seil des arts et des lettres duQuébec qu’au Conseil des artsdu Canada (70 % c. 60 %;52 % c. 45 %). Dans le premiercas, il n’y a pas d’avantage à lefaire, puisque le ratio est pourainsi dire le même auprès desdeux instances, tandis que, si le

revenu personnel est faible, leschances d’être accepté par leCALQ plutôt que par le CACsont un peu plus élevées (mais lesmêmes que dans le cas de lademande moyenne).

En fait, ce sont les écrivains dontle niveau de revenu familial estfaible et, surtout, ceux dont lepourcentage de participation aurevenu familial est élevé (0,69 c.0,58) qui gagnent à poser leurcandidature au CAC, parce queleurs chances d’être acceptéssont plus élevées qu’au CALQ(tableau 3.7).

Enfin, si nous tenons compte dugenre de littérature, nous consta-tons que les auteurs de poésiesont relativement plus nombreuxà demander des bourses (plus de46 % au CALQ), tandis que lesauteurs d’essai et de littératurejeunesse le font en moins grandnombre (entre 32 % et 34 %).

Ce sont les dramaturges qui affi-chent le ratio d’acceptation leplus élevé, que ce soit au CALQ(0,90 c. 0,66) ou au CAC(0,72 c. 0,58). Les auteurs denouvelles ont aussi un ratio d’ac-ceptation élevé au CAC (0,73).Viennent en queue de peloton, etauprès des deux organismes, lespoètes (0,55 c. 0,51), qui fontbeaucoup de demandes maisreçoivent relativement moins debourses, surtout du CAC. Parmiles écrivains boursiers des deuxorganismes, les dramaturges oc-cupent le premier rang (36,1 %et 29,9 %), et les auteurs de livre

jeunesse (21,4 % et 18,3 %) etd’essai (22,2 % et 19,9 %) auxderniers rangs (tableau 3.8).

Le nombre de bourseset leur répartition

Pour comparer les deux organis-mes subventionnaires, il auraitété utile d’avoir des renseigne-ments quant à l’importance dessommes allouées. Or, la seuledonnée dont nous disposons estle nombre de bourses, selonl’information fournie par les écri-vains eux-mêmes. Le tableau 3.9montre le nombre de boursesoctroyées en moyenne aux diffé-rents groupes d’écrivains et larépartition du nombre de boursesselon les caractéristiques socialeset professionnelles des écrivains.

Au Conseil des arts et des lettresdu Québec, le groupe qui reçoitle plus de bourses par personneest constitué d’écrivains qui parti-cipent pour plus de 75 % aurevenu familial (1,3) et dont lerevenu familial est moyen (1,4).Par contre, si l’écrivain habitedans la grande région de Qué-bec (1,1), ou s’il reçoit une rentegouvernementale ou privée (1,0),il obtiendra rarement une boursedu CALQ. Au Conseil des artsdu Canada, la situation est quel-que peu différente : la « chance »(si l’on peut utiliser ce terme) vaaux écrivains les plus âgés (1,7),qui ont entre 20 et 29 ans decarrière (1,4), qui reçoivent desrentes gouvernementales ou pri-vées (1,6). Par ailleurs, plus réduitest le nombre de bourses attri-buées aux écrivains dont le revenufamilial est élevé.

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60 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 3.7Pourcentage des écrivains selon qu’ils ont demandé une bourse du Conseil des ar ts et des lettres du Québec,du Conseil des arts du Canada, selon les ratios d’acceptation et selon le pourcentage des récipiendaires, le tempsde travail consacré à l’écriture, le nombre de sources de revenu, la principale source de revenu, le revenupersonnel, l’indicateur de revenu familial et le niveau de participation au revenu familial, Québec, 2002

Demande Demande Ratio Ratio Acceptée AcceptéeCALQ CAC CALQ CAC CALQ CAC

% %

Temps de travail consacréà l’écriturePlus des deux tiers 50,5 48,2 0,69 0,65 34,9 31,3Du tiers aux deux tiers 40,1 39,0 0,64 0,60 25,5 23,2Moins du tiers 27,3 26,2 0,62 0,47 17,1 12,4Nombre de sources de revenuFort 54,5 51,0 0,69 0,58 37,5 29,3Moyen 32,4 32,2 0,65 0,57 20,9 18,4Faible 24,1 23,1 0,64 0,58 15,3 13,5Principale source de revenuDroits ou bourses 70,1 59,9 0,77 0,74 53,7 44,1Travail 34,2 34,2 0,65 0,53 22,2 18,1Rente gouv, ou privée 16,8 17,8 0,51 0,43 8,6 7,6Revenu personnelMoins de 29 999 $ 52,0 45,0 0,69 0,59 35,8 26,5De 30 000 $ à 59 999 $ 35,3 37,2 0,61 0,57 21,5 21,260 000 $ et plus 18,7 20,2 0,71 0,59 13,2 12,0Indicateur du revenu familialFaible 53,7 49,1 0,70 0,69 37,3 33,7Moyen 29,8 29,2 0,64 0,62 19,1 18,2Élevé 32,4 35,3 0,61 0,39 19,6 13,8Participation au revenu familialMoins de 50 % 41,1 42,1 0,63 0,39 25,8 16,3Entre 50 % et 75 % 36,8 38,4 0,71 0,54 26,2 20,9Plus de 75 % 38,8 36,1 0,63 0,69 24,5 24,9

Tous 37,3 35,9 0,66 0,58 24,6 20,7

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

Tableau 3.8Pourcentage des écrivains selon qu’ils ont demandé une bourse du Conseil des ar ts et des lettres du Québec,du Conseil des arts du Canada, selon les ratios d’acceptation et le pourcentage des récipiendaires, par catégorieéditoriale, Québec, 2002

Demande Demande Ratio Ratio Acceptée AcceptéeCALQ CAC CALQ CAC CALQ CAC

% %

Poésie 46,9 41,5 0,55 0,51 25,7 21,3Récit 40,8 39,0 0,64 0,56 26,1 21,7Théâtre 40,2 41,8 0,90 0,72 36,1 29,9Roman 37,2 35,5 0,65 0,59 24,1 20,9Nouvelles 37,1 37,3 0,67 0,73 24,9 27,3Jeunesse 34,1 32,9 0,63 0,55 21,4 18,3Essai 32,0 32,9 0,70 0,60 22,2 19,9

Tous 37,3 35,9 0,66 0,58 24,6 20,7

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 61

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Une autre façon d’aborder laquestion est de tenir compte nonpas du nombre d’écrivains, maisdu pourcentage des écrivainsrécipiendaires d’une bourse etde prendre en considération lenombre de bourses reçues enmoyenne et non pas le nombreabsolu. Les différences entre lesdeux organismes subvention-

naires s’estompent quelque peu :le CALQ et le CAC accordent eneffet entre 40 % et 50 % de leuraide aux écrivains dont le revenupersonnel est de moins de30 000 $ (49 % c. 42 %), à ceuxdont l’indicateur de niveau durevenu familial est faible (48 % c.52 %) et à ceux qui consacrentplus des deux tiers de leur temps

à l’écriture (32 % c. 33 %). Ce-pendant, le processus de sélec-tion des deux organismes donnedes résultats différents en ce quiconcerne l’âge : le CALQ est auCAC ce que les écrivains lesplus jeunes (41 % c. 32 %) sontaux écrivains les plus âgés (5 %c. 14 %).

Tableau 3.9Pourcentage des bourses accordées et nombre moyen de bourses accordées par le Conseil des arts et deslettres du Québec et le Conseil des arts du Canada, par sexe, âge et région de résidence, et selon lescaractéristiques sociales et professionnelles des écrivains, Québec, 2002

Bourses CALQ Répartition Bourses CAC Répartitionacceptées Bourses des bourses acceptées Bourses des bourses

% n % % n %

SexeFéminin 24,8 1,26 51,0 22,0 1,22 51,0Masculin 24,5 1,23 49,0 19,9 1,31 49,0Âge25-44 ans 36,5 1,28 41,0 25,6 1,26 32,045-54 ans 32,7 1,28 37,0 27,0 1,29 35,055-64 ans 17,9 1,11 17,0 17,5 1,14 20,065 ans et plus 4,9 1,20 5,0 8,7 1,70 14,0Région de résidenceQuébec (GR) 19,4 1,09 19,0 11,5 1,39 18,0Montréal (île) 27,8 1,30 33,0 25,9 1,28 37,0Périphérie de Montréal 20,1 1,15 21,0 11,4 1,28 17,0Autres régions 23,6 1,23 27,0 21,2 1,21 29,0Temps de travail consacré à l’écritureMoins du tiers 17,1 1,30 23,0 12,2 1,27 19,0Du tiers aux deux tiers 25,5 1,20 32,0 23,2 1,19 33,0Plus des deux tiers 34,9 1,22 45,0 31,3 1,31 48,0Principale source de revenuDroits ou bourses 53,7 1,30 66,0 44,1 1,29 63,0Travail 22,2 1,23 25,0 18,1 1,22 24,0Rente gouv, ou privée 8,6 1,00 8,0 7,6 1,62 13,0Revenu personnelMoins de 29 999 $ 35,8 1,21 49,0 26,5 1,21 42,0De 30 000 $ à 59 999 $ 21,5 1,27 31,0 21,2 1,38 38,060 000 $ et plus 13,2 1,33 20,0 12,0 1,25 20,0Participation au revenu familialMoins de 50 % 25,8 1,22 33,0 16,3 1,25 27,0Entre 50 % et 75 % 26,2 1,14 32,0 20,9 1,16 31,0Plus de 75 % 24,5 1,35 35,0 24,9 1,33 42,0Indicateur du revenu familialFaible 37,3 1,25 48,0 33,7 1,29 52,0Moyen 19,1 1,38 27,0 18,2 1,36 30,0Élevé 19,6 1,15 24,0 13,8 1,11 18,0

Tous 24,6 1,24 100,0 20,7 1,27 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

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62 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tout porte à croire que le proces-sus d’attribution des bourses duConseil des arts du Canada estplus « sélectif » que celui du Con-seil des arts et des lettres duQuébec : non seulement le tauxd’acceptation est-il un peu plusfaible au CAC, mais aussi les« chances » d’obtenir du CACune bourse sont plus directementliées à l’âge (plus avancé) et àl’expérience (plus longue). Toutse passe donc comme s’il y avaitcomplémentarité entre les deuxorganismes, le CALQ donnantune « chance » aux plus jeunesécrivains, qui sont en début decarrière et qui disposent de reve-nus faibles ou dont la principalesource de revenu est celle desbourses elles-mêmes.

Les bourses,une incitation à écrireet une aide à l’envold’une carrière ?

L’enquête a permis de constaterdeux choses : 1. parmi les princi-pales raisons qui ont mis en péril

la carrière des écrivains, il y a,avec le découragement (38,2 %),la question de l’insécurité finan-cière (26,1 %); 2. la publicationd’un livre et le fait de recevoir unprix ou une bourse a, pour plu-sieurs écrivains, facilité l’envol dela carrière. Voilà, peut-on penser,de bonnes raisons de demanderdes bourses.

La propension à déposer unedemande ou une candidature àun organisme subventionnaire vaen effet de pair avec l’impor-tance que l’obtention d’unebourse a eue dans sa vie. Lesécrivains qui reconnaissent quela réception d’une bourse oud’un prix a favorisé leur carrièresont plus nombreux à déposerleur candidature, en particulierau Conseil des arts du Québec(50 % c. 37 %) mais égalementau Conseil des arts du Canada(42 %). Le ratio d’acceptation estparticulièrement élevé (0,70 c.0,58) au CAC, tout se passantcomme si l’« effet de croyance »jouait : on a d’autant plus dechance d’obtenir une bourse

qu’on est convaincu de l’impor-tance de l’obtention d’une tellegratification dans sa vie d’écri-vain. En d’autres mots, le miraclearrive à celui qui y croit (tableau3.10) !

Reconnaissanceprofessionnelleet sociale

Dès qu’il publie un livre, l’écrivainse positionne dans un champlittéraire dont l’un des enjeux cen-traux est, comme le rappellePierre Bourdieu, l’obtention de lareconnaissance (ou du capitalsymbolique)7. Comme en art ouen science, l’obtention de la re-connaissance est souvent indis-pensable pour réunir les ressour-ces (accès à des postes, à deséditeurs, etc.) nécessaires à lapoursuite d’une carrière. Cette re-connaissance prend diverses for-mes (prix, bourses, citations, etc.)et provient de différentes instan-ces : les pairs (autres écrivains),les institutions (les universités parexemple), le public.

7. Pierre BOURDIEU, Les règles de l’art, Paris, Le Seuil, 1992/98.

Tableau 3.10Pourcentage des écrivains selon qu’ils ont demandé une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec,du Conseil des arts du Canada, selon les ratios d’acceptation et selon le pourcentage de récipiendaires,par événement, Québec, 2002

Demande Demande Ratio Ratio Acceptée AcceptéeCALQ CAC CALQ CAC CALQ CAC

% %

Édition d’un livre 43,1 42,3 0,67 0,57 29,0 24,2Réception d’une bourse 50,0 42,2 0,64 0,70 32,2 29,6Autres raisons 29,0 29,0 0,67 0,63 19,4 18,3Aucun 34,5 33,7 0,65 0,52 22,4 17,7

Tous 37,3 35,9 0,66 0,58 24,6 20,7

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 63

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les formes de notoriété

Nous avons pour notre part dis-tingué quatre types de reconnais-sance ou de notoriété : la noto-riété de base, la notoriétépublique, la reconnaissance parles pairs et la notoriété interna-tionale. La première forme denotoriété est dite de base parcequ’elle repose sur la reconnais-sance première qu’offre à unécrivain l’accessibilité de seslivres8 dans les bibliothèques pu-bliques et scolaires, et son ins-cription à titre d’écrivain au pro-gramme de droit de prêtpublic. Le deuxième type dereconnaissance est la notoriétépublique qu’offre la couverturemédiatique (journaux, magazi-nes, radio et télévision)9. Le troi-sième type est la reconnaissancepar les pairs qui se matérialisesoit par une couverture dans unerevue littéraire ou dans une publi-cation spécialisée, soit parl’obtention de bourses ou deprix10. Le dernier type de recon-naissance est le plus prestigieux :il s’agit de la notoriété internatio-nale, qu’un écrivain obtient parla traduction ou la publication deson livre à l’étranger, par lacouverture médiatique étrangèreou par l’obtention d’un prix litté-raire à l’étranger11.

Notoriété de base

Un premier indicateur de recon-naissance est la présence deslivres des écrivains dans les col-lections de diverses bibliothè-ques publiques et scolaires. Ceslivres sont connus des bibliothé-caires et des responsables desbibliothèques, et ils sont accessi-bles aux élèves et au public engénéral. Il s’agit cependantd’une information que les écri-vains connaissent mal, surtout ence qui concerne les bibliothè-ques scolaires, car le taux denon-réponse est relativementélevé : près de 40 % pour ce quiest des bibliothèques des écolesprimaires ou secondaires.

Presque tous les écrivains (96 %)ont leurs œuvres parmi les collec-tions des bibliothèques publi-ques. Presque autant (91 %) sontinscrits également au programmede droit de prêt public (tableau3.11).

Nous avons calculé un score denotoriété de base en accordant unpoint aux écrivains dont les livresfont partie des collections des bi-bliothèques publiques et un autrepoint lorsqu’ils sont inscrits au pro-gramme de droit de prêt public. Lagrande majorité obtient deuxpoints. La note est ramenée sur labase dix, ce score étant le maxi-mum que peut atteindre un écrivain.

8. Il s’agit des questions 13a à 13d et de la question 14.9. La question 15 traite de cet aspect et nous avons retenu les questions 15b et 15c qui concernent la couverture par les

journaux, les magazines non spécialisés, la radio et la télévision locales et nationales. Les questions 15a et 15e vont servirplutôt à la construction de deux autres indicateurs de notoriété. Nous avons également inclus la question 16e qui demande siune œuvre de l’écrivain a fait l’objet d’une adaptation pour la radio, la télévision ou le cinéma. Avec ces quatre indices, nousconstruisons un indicateur de notoriété publique.

10. Quatre questions permettent de créer cet indicateur : la question 15a considère la couverture dans des revues littéraires, et lesquestions 16a, 33a à 33c ont pour thème les bourses ou les prix.

11. Voir les questions l5e, 16b, 16c et 16d.

Tableau 3.11Répartition des écrivains selon le type de bibliothèque1 et l’inscriptionau programme de droit de prêt2, Québec, 2002

Oui Non Ne sait pas Total

%

Bibliothèques publiques 96,4 0,7 2,9 100,0Bibliothèques des écoles primairesou secondaires 47,5 13,6 39,0 100,0Bibliothèques collégialesou universitaires 73,1 5,1 21,8 100,0Bibliothèques d’autres établissements 18,2 53,7 28,1 100,0Inscription au programme de droitde prêt public 91,1 7,0 1,9 100,0

1. Q13 Vos livres font-ils partie des collections des bibliothèques publiques ? des bibliothèquesdes écoles primaires ou secondaires ? des bibliothèques collégiales ou universitaires ?d’autres établissements ?

2. Q14 Êtes-vous inscrit au programme de droit de prêt public ?Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du

Québec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

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64 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Élevé, l’indice de notoriété debase varie de 9,1 à 9,7 selonles modalités associées au sexe,à l’âge et à la région de rési-dence, mais il n’y a pas dedifférence statistiquement signifi-cative. Il existe donc, pourrait-ondire, une « égalité de base » oude départ (tableau 3.12).

Notoriété publique

Un deuxième indicateur de recon-naissance professionnelle et socialeest la couverture médiatique12 etl’adaptation des œuvres des écri-vains pour les médias de massecomme la radio, la télévision ou lecinéma13 (tableau 3.13).

La couverture que les écrivainsreçoivent pour leurs livres dansles médias, que ce soit les jour-naux, les magazines populaires,la radio, la télévision locale etnationale, est en général bonne(de 93 % à 77 %). Ce qui estcependant nettement plus rarepour un auteur, c’est l’adaptationd’une de ses œuvres pour laradio, la télévision ou le cinéma(21 %). Presque tous les écrivainsreçoivent une couverture sous uneforme ou sous une autre (96 %).

Nous avons établi un score denotoriété publique en accordantun point pour chacun des élé-ments. Le score total est ramenéà la base dix comme dans le casdu score de la notoriété de base.

Tableau 3.12Indice de notoriété de base selon le sexe, l’âge et la région derésidence de l’écrivain, Québec, 2002

Nombre Notoriété de base

n

SexeFéminin 387 9,5Masculin 653 9,3Âge1

25-44 ans 249 9,145-54 ans 318 9,555-64 ans 290 9,665 ans et plus 183 9,2Région de résidenceQuébec (GR) 129 9,7Montréal (île) 525 9,3Périphérie de Montréal 174 9,5Autres régions 212 9,3

Tous 1 040 9,4

1. Anova : dl : 3; F : 5,125; sg : 0,002.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du

Québec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

Tableau 3.13Répartition des écrivains selon qu’ils reçoivent ou non une couvertureou que leurs œuvres sont adaptées par les médias de masse,Québec, 2002

Oui Non Ne sait pas

%

Couverture par les journaux et les périodiquesnon spécialisés 92,5 2,9 4,6Couverture par la radio ou la télévision locale 82,8 9,4 7,8Couverture par la radio ou la télévision nationale 77,1 15,6 7,3Adaptation de livres pour la radio, la télévisionou le cinéma 20,7 78,8 0,1

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

12. Q15b Combien de fois votre travail d’écrivain a-t-il été couvert par les journaux et les périodiques non spécialisés ?Q15c… par la radio ou la télévision locale ? Q15d… par la radio ou la télévision nationale ?

13. Q16e Un de vos livres a-t-il déjà été adapté pour la radio, la télévision ou le cinéma ?

Le score de notoriété publiqueest plus faible que celui de noto-riété de base (6,8 c. 9,4).

Cet indice varie de façon signifi-cative en fonction de l’âge : ilaugmente de la cohorte la plus

jeune à la plus élevée, maisfaiblit de façon notable chez lesécrivains de 65 ans et plus. Ilvarie très peu en fonction du sexeet n’est pas significativement diffé-rent d’une région de résidence àl’autre (tableau 3.14).

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 65

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

La notoriétéauprès des pairs

L’une des caractéristiques de toutmilieu intellectuel et littéraire bienorganisé et relativement auto-nome est que le processus d’éva-luation et, partant, d’attributionde la reconnaissance repose –comme on le voit dans le cas desprix ou des bourses – largementsur la participation des pairs.Pour la construction de cet indi-cateur, nous avons retenu deuxrenseignements fournis par lesécrivains : l’obtention de prix etde bourses et la couverture dansles magazines spécialisés, sou-vent des magazines littéraires quis’assurent la collaboration d’écri-vains (tableau 3.15).

Presque tous les écrivains (94 %)ont fait parler d’eux par un ma-gazine littéraire ou ont reçu unebourse ou un prix. L’élément leplus discriminant relativement auscore de notoriété auprès despairs est l’obtention de bourses oude prix de l’un ou l’autre Conseil.

Un point est accordé à chacundes éléments pour le calcul duscore. Le résultat est ramené à labase dix comme dans le casdes scores précédents. Le scoreglobal de la notoriété auprès despairs est plus faible (4,6) quecelui de la notoriété publique (6,8)et la notoriété de base (9,4).

Il varie de façon significativeselon l’âge. Il est à son niveau leplus faible chez les écrivains lesplus âgés (3,6), ensuite chez lesplus jeunes (4,6). Ce sont les

Tableau 3.14Indice de notoriété publique selon le sexe, l’âge et la région derésidence de l’écrivain, Québec, 2002

Nombre Notoriété publique

n

Sexe1

Féminin 387 6,6Masculin 653 6,9

Âge2

25-44 ans 249 6,645-54 ans 318 7,055-64 ans 290 7,365 ans et plus 183 6,2

Région de résidenceQuébec (GR) 129 7,1Montréal (île) 525 6,8Périphérie de Montréal 174 6,9Autres régions 212 6,7

Tous 1 040 6,8

1. Anova : dl : 1; F : 3,81; sg : 0,051.2. Anova : dl : 3; F : 7,41; sg : 0,000.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du

Québec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

Tableau 3.15Répartition des écrivains selon la notoriété liée à un magazinespécialisé1, à un prix ou une bourse2, Québec, 2002

Oui Non Ne sait pas

%

Être l’objet d’un article dans une revueou une publication spécialisée 90,3 3,7 6,0Avoir reçu un prix littéraire décerné par un juryou une corporation professionnelle au Canada 49,0 50,4 0,6Avoir reçu une bourse ou un prix en argentdu conseil des arts et des lettres du Québec 24,6 75,4 -Avoir reçu une bourse ou un prix du Conseildes arts du Canada 20,7 79,3 -Avoir reçu une bourse d’un autre organisme 8,0 86,2 5,8

1. Q15a Combien de fois votre travail d’écrivain a-t-il été l’objet d’un article dans une revuelittéraire ou une autre publication spécialisée ?

2. Q16a Avez-vous déjà obtenu un prix littéraire décerné par un jury ou une autre corporationprofessionnelle au Canada ? Q33a Au cours des trois dernières années, combien de foisavez-vous reçu une bourse ou un prix en argent du Conseil des arts et des lettres du Québec ?Q33b… du Conseil des arts du Canada ?

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

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66 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

écrivains au mitan de leur car-rière qui obtiennent l’indice denotoriété le plus élevé (4,9) (ta-bleau 3.16).

La notoriété internationale

La notoriété internationale se me-sure par l’obtention de prix inter-nationaux14, la publication àl’étranger15 ou en langue étran-gère16 et la couverture par lesmédias étrangers17.

Les écrivains québécois obtien-nent une visibilité relativementbonne sur la scène internatio-nale, avec de fréquentes couver-tures par les médias étrangers(54 %) et la publication (41 %)ou la traduction à l’étranger(37 %) de leurs livres. Seule lareconnaissance qu’apportent lesprix à l’étranger apparaît plusdifficilement accessible (18 %)(tableau 3.17).

Pour le calcul de l’indice de noto-riété internationale, nous délais-sons le premier élément. En effet,il y a un pourcentage trop élevé(21,5 %) des écrivains qui igno-rent s’ils ont obtenu une couver-ture par les médias à l’étranger.Nous retenons les trois dernierséléments. Pour chacun d’eux, lesécrivains reçoivent un point et lescore total est établi sur la basedix. Le score de notoriété interna-tionale est plus faible (3,2) queles autres scores de notoriété(9,4; 6,8; 4,6).

Tableau 3.16Indice de notoriété auprès des pairs selon le sexe, l’âge et la région derésidence de l’écrivain, Québec, 2002

Nombre Notoriété auprèsdes pairs

n

SexeFéminin 387 4,5Masculin 653 4,6Âge1

25-44 ans 249 4,645-54 ans 318 4,955-64 ans 290 4,965 ans et plus 183 3,6Région de résidenceQuébec (GR) 129 4,1Montréal (île) 525 4,7Périphérie de Montréal 174 4,6Autres régions 212 4,5

Tous 1 040 4,6

1. Anova : dl : 3; F : 13,427; sg : 0,000.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du

Québec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

Tableau 3.17Reconnaissance professionnelle à l’étranger, Québec, 2002

Oui Non Ne sait pas

%

Couverture par les médias à l’étranger 54,2 24,3 21,5Publication d’un livre par un éditeur étranger 40,8 59,2 -Publication en langue étrangère 37,1 61,5 -Prix littéraire décerné par un jury ou unecorporation professionnelle à l’étranger 17,9 81,6 0,5

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

14. Q16b Avez-vous déjà obtenu un prix littéraire décerné par un jury ou une autre corporation professionnelle à l’étranger ?15. Q16c Un de vos livres a-t-il déjà été publié par un éditeur étranger ?16. Q16d Un de vos livres a-t-il déjà été traduit ?17. Q15e Combien de fois votre travail d’écrivain a-t-il été couvert par les médias à l’étranger ?

Cet indice varie selon le sexe,l’âge et la région de résidence.La notoriété internationale la plusforte va aux hommes et elleprogresse avec l’âge, mais jus-qu’à l’âge dit de la retraite : cesont les écrivains « matures » (quiont entre 55 et 64 ans) qui

obtiennent la plus grande visibi-lité sur la scène internationale.Enfin, ce sont les écrivains quihabitent dans les grands centresurbains (Montréal et Québec) quirayonnent le plus à l’étranger(tableau 3.18).

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 67

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

L’indice globalde notoriétéUn aperçuNotoriété de base, notoriété pu-blique, notoriété auprès despairs et notoriété internationale :ce sont là diverses facettes de lanotoriété d’un écrivain et quipeuvent « s’additionner » pourdonner une mesure de la recon-naissance globale qu’il obtient.

Les écrivains qui se voient échoirla notoriété globale la plus éle-vée sont les écrivains « matures »dont l’âge varie entre 45 et 64ans. Ce n’est pas étonnant, puis-que c’est ce que nous avionsobservé relativement à chacundes quatre indices de notoriété.Les écrivains les plus jeunes et lesécrivains les plus vieux se diffé-rencient des deux autres groupesd’âge : ils ont des indices denotoriété inférieurs à ceux desdeux autres groupes d’âge, quelque soit le type de notoriété.

Tableau 3.18Indice de notoriété internationale selon le sexe, l’âge et la région derésidence de l’écrivain, Québec, 2002

Nombre Notoriétéinternationale

n

Sexe1

Féminin 387 2,7Masculin 653 3,5Âge2

25-44 ans 249 2,045-54 ans 318 3,055-64 ans 290 4,165 ans et plus 183 3,7Région de résidence3

Québec (GR) 129 3,5Montréal (île) 525 3,6Périphérie de Montréal 174 2,8Autres régions 212 2,5

Tous 1 040 3,2

1. Anova : dl : 1; F : 13,069; sg : 0,000.2. Anova : dl : 3; F : 17,419; sg : 0,000.3. Anova : dl : 3; F : 5,9330; sg : 0,001.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du

Québec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

Cependant, les écrivains les plusâgés se démarquent des écri-vains les plus jeunes par un in-dice de notoriété internationaleplus élevé; par contre, les écri-

vains plus jeunes obtiennent unindice de notoriété auprès despairs plus élevé que leurs aînés(tableau 3.19).

Tableau 3.19Indices de notoriété selon le sexe, l’âge et la région de résidence de l’écrivain, Québec, 2002

Notoriété Notoriété Notoriété auprès Notoriété Notoriétéde base publique des pairs internationale globale

SexeFéminin 9,5 6,6 4,5 2,7 23,2Masculin 9,3 6,9 4,6 3,5 24,4Âge1

25-44 ans 9,1 6,6 4,6 2,0 22,345-54 ans 9,5 7,0 4,9 3,0 24,455-64 ans 9,6 7,3 4,9 4,1 25,865 ans et plus 9,2 6,2 3,6 3,7 22,7Région de résidenceQuébec (GR) 9,7 7,1 4,1 3,5 24,2Montréal (île) 9,3 6,8 4,7 3,6 24,4Périphérie de Montréal 9,5 6,9 4,6 2,8 23,7Autres régions 9,3 6,7 4,5 2,5 23,1

Tous 9,4 6,8 4,6 3,2 24,0

1. Anova : dl : 3; F : 13,427; sg : 0,000.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et des

écrivaines du Québec.

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68 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Exercice du métier, notoriétéet revenu personnel

On peut penser que l’obtentionde la reconnaissance ou de lanotoriété n’est pas indépendantede la manière d’exercer le« métier » d’écrivain. En d’autrestermes, il y a des conditionsd’obtention de la notoriété, quisont le temps que l’écrivain con-

Tableau 3.20Pourcentage des écrivains et indices de notoriété selon le temps de travail consacré à l’écriture,la principale source de revenu, le nombre de livres publiés par année de carrière, les types de droitset les activités liées à l’écriture, Québec, 2002

Écrivains Notoriété Notoriété Notoriété auprès Notoriété Notoriétéde base publique des pairs internationale globale

%

Temps de travail : écriturePlus des deux tiers 30,0 9,5 7,1 5,3 4,2 26,1Du tiers aux deux tiers 26,0 9,3 7,0 4,9 3,1 24,4Moins du tiers 44,0 9,3 6,5 4,0 2,6 22,4Principale source de revenuDroits ou bourses 18,0 9,4 7,8 6,1 4,5 27,8Travail 60,0 9,4 6,8 4,4 2,7 23,3Rente gouv, ou privée 22,0 9,4 6,2 3,7 3,5 22Livres par année de carrière Plus de un livre par année 33,0 9,6 7,2 5,2 3,6 25,6 Un livre tous les deux ans 34,0 9,5 6,9 4,7 3,5 24,6 Un livre ou – tous les trois ans 33,0 9,0 6,4 3,9 2,5 21,8Types de droits1

Droits provenant d’éditeurs 91,0 9,4 7,0 4,7 3,4 24,5Droits de prêt public 91,0 9,8 7,0 4,6 3,4 24,8Droits de reprographie 82,0 9,6 7,1 4,7 3,6 25,0Droits de traduction 19,0 9,8 8,0 5,6 7,0 30,4Droits d’adaptation cinématographique 9,0 9,8 9,3 5,4 5,9 30,4Activités liées à l’écriture2

Enseignant de la littérature 20,0 9,6 7,2 5,0 3,6 25,4Atelier de création littéraire 22,6 9,8 7,7 5,4 4,0 26,9Traduction littéraire 9,1 9,8 7,4 5,1 5,1 27,4Correcteur d’épreuves 11,3 9,6 7,0 5,5 3,5 25,6Activités de journaliste 23,4 9,3 7,7 4,8 3,4 25,2Rédacteur (rédaction technique,scientifique, publicitaire ou de discours) 14,4 9,6 7,3 5,1 3,2 25,2Scénariste (rédaction de textes pour lecinéma, la radio ou la télévision) 17,2 9,6 8,1 5,0 4,4 27,1Conférencier (lectures publiques,conférences, prestations) 58,8 9,5 7,4 5,1 3,8 25,8Autres disciplines artistiques 28,4 9,3 7,2 4,7 3,1 24,3Autres travaux 55,9 9,3 6,7 4,4 2,8 23,2

1. Notez bien que ces pourcentages sont calculés sur l’ensemble des écrivains.2. Ibid.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et des

écrivaines du Québec.

sacre à l’écriture, l’importancedes droits d’auteur ou de boursesdans ses revenus, et sa producti-vité (tableau 3.20).

Les écrivains relativement plusproductifs, c’est-à-dire qui pu-blient plus de un livre par année(25,6 c. 21,8 pour les moinsproductifs) et aussi ceux qui con-sacrent beaucoup de temps à

l’écriture (26,1 pour plus desdeux tiers c. 22,4 pour moins dutiers ) obtiennent une plus grandenotoriété globale. Cela vautaussi pour le nombre de livrespubliés en carrière : 27,5 pourceux qui ont publié plus de12 livres comparativement à21,5 pour ceux qui ont publiémoins de 12 livres par année.Bref, il n’y a pas de miracle : la

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 69

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

reconnaissance va avec le tra-vail; elle va aussi avec l’engage-ment de l’écrivain pour son œu-vre et cet engagement doit êtreaussi « entier » que possible. Lesécrivains dont les principalessources de revenu sont les droitsou les bourses (27,8) sont ceuxqui obtiennent le plus fort indiceglobal de notoriété18.

Pour connaître la « gloire », il vautdonc mieux ne pas faire autrechose que d’écrire. Certainesautres activités professionnellessont certes compatibles, mais pastoutes. L’enseignement, le journa-lisme, la correction des épreuveset la rédaction de textes divers

ou de discours ne sont pas trop« recommandés », car à ces activi-tés correspondent des indices glo-baux de notoriété un peu plusfaibles. Il est plutôt « préférable »de faire de la traduction littéraire(27,4) ou de la rédaction detextes pour le cinéma, la radio oula télévision (27,1). La notoriétéglobale la plus élevée va d’ailleursaux écrivains dont les sources derevenu proviennent de la traduc-tion (30,4) ou de l’adaptationcinématographique (30,4), lespremiers se distinguant par uneforte notoriété internationale, et lesseconds, par une forte notoriétépublique.

Mais la richesse vient-elle avec lanotoriété ? Jusqu’à un certainpoint, il y a une relation entretypes d’activités, revenus et noto-riété, sauf en ce qui concernel’enseignement de la littérature :les écrivains enseignants obtien-nent en effet le revenu personnelle plus élevé, mais ils ont unindice de notoriété moyen. Parcontre, les écrivains qui reçoiventdes droits d’adaptation cinémato-graphique, des droits de traduc-tion, et qui font de la traductionlittéraire obtiennent à la fois lesrevenus personnels les plus élevéset les plus hauts indices de noto-riété globale. Ce sont, peut-ondire, les écrivains « médiatiques »(tableau 3.21).

Tableau 3.21Répartition des écrivains selon leur revenu personnel par activité, Québec, 2002

Moins de 29 999 $ De 30 000 $ à 60 000 $ Total Notoriété59 999 $ et plus globale

%

Enseignant de la littérature 19,4 42,2 38,3 100,0 25,4Droits d’adaptation cinématographique 26,8 31,7 41,5 100,0 30,4Droits de traduction 31,6 39,3 29,1 100,0 30,4Traduction littéraire 33,7 36,8 29,5 100,0 27,4Scénariste (rédaction de textes pourle cinéma, la radio ou la télévision) 38,1 29,0 33,0 100,0 25,2Activités de journalisme 38,9 28,9 32,2 100,0 25,2Droits de reprographie 36,2 37,0 26,8 100,0 25,0Droits provenant d’éditeurs 37,9 35,5 26,6 100,0 24,5Droits de prêt public 38,5 36,5 25,0 100,0 24,8Conférencier (lectures publiques,conférences, prestations) 39,6 34,5 25,9 100,0 25,8Atelier de création littéraire 38,7 38,3 23,0 100,0 26,9Rédacteur (rédaction technique, scientifique,publicitaire ou de discours) 46,7 33,3 20,0 100,0 25,2Correcteur d’épreuves 44,9 41,5 13,6 100,0 25,6

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

18. Cette dernière constatation relève en partie de l’évidence, puisqu’un indicateur de la notoriété auprès des pairs est l’obtentionde prix ou de bourses. L’indice de notoriété auprès des pairs est en effet très élevé (6,1) pour ceux qui vivent principalementde droits d’auteur et de bourses. Toutefois, ces mêmes écrivains obtiennent un indice élevé relativement à la notoriétéinternationale.

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70 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

La catégorie éditoriale,la notoriété et le revenupersonnel

Le choix d’une catégorie édito-riale n’a qu’un faible effet sur lanotoriété : les variations d’unecatégorie ou d’un genre à unautre sont faibles. Et lorsque dif-férence il y a, ce sont en particu-lier les scores associés à la noto-riété publique et à la notoriétéinternationale qui l’expliquent.Les dramaturges viennent au pre-mier rang, tant sur le plan de lanotoriété globale (27,5) que surcelui de la notoriété internatio-nale (5,1). Viennent ensuite les

auteurs de récit et de nouvelles.Et, en queue de peloton, ontrouve les auteurs de littératurejeunesse et les poètes (24,4 et24,3) (tableau 3.22).

Le niveau de revenu personnelvarie en fonction des genreslittéraires. La proportion desécrivains qui obtiennent les reve-nus personnels les plus élevés(60 000 $ et plus) est plus fortechez les essayistes, les drama-turges et les auteurs de récit.D’ailleurs, ce sont ces mêmesgroupes d’écrivains qui obtien-nent le score de notoriété glo-bale le plus élevé. Par contre,

chez les écrivains conteurs, lamoitié gagne moins de 30 000 $par année. Notons enfin que lesproportions les plus élevéesd’écrivains à revenu faible (moinsde 30 000 $) se trouvent chezles auteurs de poésie et de littéra-ture jeunesse et que ce sontégalement eux qui obtiennentune notoriété globale plus faible.Voilà les deux genres littérairesqui semblent offrir le moins degratifications. Tout porte donc àcroire que la littérature est tou-jours, surtout pour les plus jeunesécrivains, une question non passeulement de stratégie mais ausside vocation (tableau 3.23).

Tableau 3.22Pourcentage des écrivains et indices de notoriété selon les catégories éditoriales, Québec, 2002

Écrivains Notoriété Notoriété Notoriété auprès Notoriété Notoriétéde base publique des pairs internationale globale

%

Théâtre 14,1 9,4 7,9 5,2 5,1 27,5Récit 24,0 9,5 7,7 4,9 4,4 26,5Nouvelles 35,6 9,6 7,3 5,0 3,8 25,8Essai 41,2 9,4 7,2 4,8 3,9 25,3Roman 54,7 9,6 7,3 4,7 3,7 25,2Contes 10,4 9,1 7,5 4,6 3,8 25,1Jeunesse 27,8 9,7 6,8 4,5 3,4 24,4Poésie 41,8 9,5 6,8 4,7 3,3 24,3

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

Tableau 3.23Répartition des écrivains selon leur revenu personnel par catégorie éditoriale, Québec, 2002

Moins de 29 999 $ De 30 000 $ à 60 000 $ Total Notoriété59 999 $ et plus globale

%

Essai 33,3 31,0 35,7 100,0 25,3Théâtre 36,6 32,4 31,0 100,0 27,5Récit 36,0 33,6 30,4 100,0 26,5Roman 37,9 35,3 26,8 100,0 25,2Nouvelles 38,5 40,2 21,3 100,0 25,8Poésie 41,5 38,2 20,3 100,0 24,3Jeunesse 42,9 34,1 23,0 100,0 24,4Contes 50,5 25,2 24,3 100,0 25,1

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 71

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

La quantité et la diversitéde production

Certes, du temps et une producti-vité régulière, mais aussi unecertaine diversité d’activités liéesà l’écriture : voilà les conditionsgagnantes pour obtenir de lanotoriété. Il semble que celavaille aussi pour la variété de laproduction et la diversité desmodes de diffusion. Les indicesde variété ou de diversité sont lavariété des supports de diffusion(c’est-à-dire le nombre de textes

publiés sur d’autres supports quele livre), l’intensité de la diversifi-cation (nombre de textes sur desmédias de diffusion), la variétédes sources de revenu (types dedroits et des activités liées àl’écriture) et la diversité des gen-res littéraires (soit le nombre decatégories éditoriales différentespratiquées par l’écrivain) (ta-bleau 3.24).

Première constatation : nous obte-nons, pour chacun de ces indica-teurs, les indices les plus faibles

observés jusqu’à maintenant,aussi bien pour ce qui est de lanotoriété de base qu’en ce quiconcerne la notoriété internatio-nale. Tous les indices de noto-riété globale les plus faibles sontinférieurs à 21,8, en particulierpour le groupe des écrivainsdont le nombre de sources derevenu est moins de 4; l’indiceest de 19,6.

Deuxième constatation : pour cha-cun de ces indicateurs, nousobtenons les amplitudes les plus

Tableau 3.24Pourcentage des écrivains et indices de notoriété selon le nombre de sources de revenu, de livres édités,de textes sur médias de diffusion, la variété des catégories éditoriales et des médias de diffusion,Québec, 2002

Écrivains Notoriété Notoriété Notoriété auprès Notoriété Notoriétéde base publique des pairs internationale globale

%

Nombre de sources de revenuMoins de 4 21,0 8,6 5,7 3,6 1,7 19,6Entre 4 et 6 50,0 9,4 6,6 4,5 2,9 23,4Plus de 6 29,0 9,9 8,0 5,4 4,8 28,1Nombre de livres éditésMoins de 6 livres 34,0 9,0 6,0 4,1 1,5 20,5De 6 à 12 livres 34,0 9,5 7,0 4,5 3,1 24,0Plus de 12 livres 32,0 9,7 7,4 5,1 4,8 27,1Nombre de textes sur médiasde diffusionMoins de 3 38,0 9,3 6,1 3,9 2,2 21,5De 3 à 5 37,0 9,5 7,0 4,8 3,3 24,6Plus de 5 25,0 9,4 7,7 5,3 4,6 27,0Nombre de catégories éditorialesUne … 8,9 5,6 4,1 1,5 20,1Deux … 9,1 6,8 4,3 2,8 23,0Trois … 9,8 6,9 4,7 3,6 25,0Quatre … 9,8 7,6 5,2 4,0 26,6Cinq et plus … 9,5 8,0 5,0 5,1 27,6Nombre de médias de diffusionAucun 14,0 9,2 5,4 3,5 2,1 20,1Un 22,0 9,4 6,4 4,1 2,2 22,0Deux 26,0 9,4 6,6 4,5 3,3 23,8Trois 20,0 9,4 7,1 5,0 3,4 24,9Quatre et plus 18,0 9,5 8,5 5,7 5,0 28,7

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

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72 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

grandes entre les valeurs mini-male et maximale de l’indice :par exemple, de 20,1 à 28,7quant à la variété des médias dediffusion et de 19,6 à 28,1 ence qui regarde la diversité dessources de revenu.

C’est donc dire que les stratégiesde diversification sont très« payantes » sur le plan de larenommée. On le voit à chacundes indices : l’indice de notoriétéde base s’accroît avec la diver-sité des sources de revenu (de8,6 à 9,9), la notoriété publiqueet celle auprès des pairs, avec lavariété des médias de diffusion(de 5,4 à 8,5 et de 3,5 à 5,7);enfin, la notoriété internationales’aligne sur la diversité des caté-gories éditoriales. On le voitaussi avec l’indice global denotoriété : la notoriété globale laplus élevée va en effet aux écri-vains qui jouent sur plusieurs regis-tres, publiant dans plus d’unecatégorie éditoriale et utilisantune multiplicité de médias, ycompris les médias de masse;ces écrivains sont aussi ceux qui

ont les sources de revenu les plusdiversifiées. Mais sont-ils les plusriches ?

Notoriété et revenu

On croit souvent que les revenusd’un écrivain croissent avec sanotoriété : aux plus renommés lesrevenus les plus élevés. Tel n’estcependant pas le cas : l’indiceglobal de notoriété ne varieguère en fonction des revenus(personnels ou familiaux) del’écrivain.

Mais qu’en est-il des différentstypes de notoriété ? La structurede tout champ littéraire se carac-térisant par l’opposition entre lechamp de production restreinteet le champ de production large,on devrait trouver d’un côté lesécrivains qui publient principale-ment pour le public cultivé etspécialisé et, de l’autre, ceux quipublient pour le grand public.Les uns chercheraient la recon-naissance de leurs pairs et lesautres, la reconnaissance publi-que et le succès commercial. Les

résultats de l’enquête ne nouspermettent pas de vérifier cettehypothèse : il y a en effet peu oupas de variation significative, sice n’est que la reconnaissancepar les pairs est associée à unrevenu (personnel ou familial) unpeu plus faible. Par contre, lanotoriété internationale s’accroît,quoique légèrement, avec lerevenu personnel (tableau 3.25).

L’ouverture auxnouvelles technologies

La révolution informatique, avecla mise sur le marché, dans lesannées 1980, de logiciels detraitement de texte, a transforméles conditions de travail de tousceux et celles qui se rattachent ausecteur des services (par exemplele secrétariat) et qui, dans leurtravail, manipulent des mots, destextes et des images. Les nouvel-les technologies de l’informationpermettent également d’augmen-ter la visibilité et l’accessibilité desœuvres des écrivains aussi biensur la scène locale ou nationale

Tableau 3.25Pourcentage des écrivains et indices de notoriété selon le niveau de revenu personnel et familial,Québec, 2002

Écrivains Notoriété Notoriété Notoriété auprès Notoriété Notoriétéde base publique des pairs internationale globale

%

Revenu personnelMoins de 29 999 $ 39,0 9,5 6,9 4,9 3,0 24,1De 30 000 $ à 59 999 $ 35,9 9,4 6,6 4,5 3,2 23,760 000 $ et plus 25,1 9,4 7,0 4,2 3,5 24,2Revenu familialFaible 33,5 9,3 6,8 5,1 2,7 23,9Moyen 33,2 9,3 6,8 4,3 3,3 23,6Élevé 33,3 9,6 6,9 4,5 3,3 24,3

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 73

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

que sur la scène internationale,que ce soit par la publicité ou lamise en ligne des textes. Enfin,des textes d’écrivain sont utiliséspour faire des œuvres multi-médias. Nous traitons de cesaspects dans cette dernière partiedu présent chapitre. Nous consi-dérons d’abord l’usage que font,par eux-mêmes, les écrivains dela bureautique et d’Internet pourla création de leur œuvre et leurdiffusion. Puis, nous examinonss’ils utilisent Internet pour faireconnaître leur œuvre et la rendreaccessible.

L’utilisation desnouvelles technologiesde l’information

Presque tous les écrivains (87 %)utilisent la bureautique pour leurtravail de création19. En moinsde 20 ans, la situation a complè-tement changé : en 1985, seule-ment 16 % des écrivains se ser-vaient d’un ordinateur personnelou d’un système de traitement detexte20. Internet est aujourd’huiutilisé par les deux tiers desauteurs, soit pour faire de larecherche documentaire, soitpour échanger des idées avecdes pairs, mais, comme moyende diffusion des textes, il restemarginal : seulement 12 % desécrivains utilisent ce moyen depublication (tableau 3.26).

Nous avons construit un indiced’utilisation personnelle des nou-

Tableau 3.26Répartition des écrivains selon chacun des indices d’utilisationde la bureautique et de l’Internet, Québec, 2002

Oui Non Pas de Totalréponse

%

La bureautique pour le travail de création 86,6 11,9 0,5 100,0L’Internet pour la recherche documentaire 68,7 31,1 0,2 100,0L’Internet pour échanger avec des pairs 63,9 35,8 0,3 100,0La publication par soi-même de ses textessur l’Internet 12,3 87,3 0,4 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

velles technologies de l’informa-tion. En accordant un point àchacun des éléments, nous avonscalculé un score qui varie entrezéro et un pour chacun des indivi-dus. L’indice global moyen est de0,58; cet indice ne varie guèreen fonction du sexe, mais il dimi-nue en fonction de l’âge : il passe

en effet de 0,66 chez les plusjeunes écrivains à 0,42 chez lesplus vieux. Il est également relati-vement plus faible dans la granderégion de Québec (0,52), régionde résidence où l’âge des écri-vains est légèrement plus élevéqu’ailleurs (tableau 3.27).

Tableau 3.27Indice moyen d’utilisation des nouvelles technologies, Québec, 2002

Moyenne

Sexe1

Féminin 0,60Masculin 0,57Âge2

25-44 ans 0,6645-54 ans 0,6455-64 ans 0,5565 ans et plus 0,42Région de résidence3

Québec (GR) 0,52Montréal (île) 0,59Périphérie de Montréal 0,59Autres régions 0,60

Total 0,58

1. df : 1; F 0; sg : 1,000.2. df : 3; F 19,16; sg : 0,000.3. df : 3; F : 2,15; sg : 0,092.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du

Québec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

19. Q38 À propos de l’utilisation des nouvelles technologies : Q38a Utilisez-vous la bureautique pour votre travail de création ?Q38b Utilisez-vous Internet pour la recherche documentaire ? Q38c Utilisez-vous Internet pour échanger avec des pairs ?Q38d Publiez-vous vous-même certains de vos textes sur l’Internet ?

20. R. GARON, op. cit., p. 4. Il s’agit des résultats d’une étude menée par le Centre de recherche sur l’opinion publique.

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74 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

La diffusion des œuvreslittéraires et lesnouveaux médias

L’Internet est assez largement utilisécomme support publicitaire : leslivres de plus de la moitié (56,5 %)des auteurs font l’objet de publicitésur Internet. Cependant, l’accessi-bilité de leurs textes sur un siteInternet est plus faible : tel est lecas d’un peu plus du tiers (36,8 %)des écrivains. Il en va de même del’adaptation des textes pour enfaire une œuvre multimédia : seule-ment 15 % des écrivains se sont vuoffrir l’accès à ces nouvelles tech-nologies (tableau 3.28).

Les indicateursd’ouverture auxnouvelles technologies21

À partir de l’ensemble des élé-ments précédents, nous avonsconstruit un indicateur d’ouvertureaux nouvelles technologies del’information en accordant un pointpour chacun. Nous avons calculéun score pour chacun des écri-vains qui varie de zéro à un. Lerésultat global de l’indice d’ouver-ture aux nouvelles technologies estplus faible (0,49 c. 0,58), puis-qu’il est plus difficile d’obtenir despoints grâce aux trois élémentsajoutés à l’indice précédent.

Il n’y a pas de différence dansl’ouverture aux nouvelles techno-logies selon le sexe ou la régionde résidence (si ce n’est qu’elle

est légèrement plus faible dans larégion de Québec). Seuls lesécarts entre les groupes d’âgesont significatifs : les nouvellestechnologies, comme dans la so-

ciété en général, ce n’est pasune affaire pour les plus âgés, enparticulier pour ceux qui ont plusde 65 ans (tableau 3.29).

Tableau 3.28Répartition des écrivains selon chacun des éléments traitantde la diffusion des œuvres littéraires sous forme de multimédia etpar Internet1, Québec, 2002

Oui Non Ne sait pas Total

%

Livres publicisés sur Internet 56,5 27,7 15,9 100,0Accès aux textes sur un site Internetquébécois, canadien ou étranger 36,8 43,7 19,5 100,0Textes adaptés pour en faire uneoeuvre multimédia 15,2 78,0 6,9 100,0

1. Q39 À propos de la diffusion de vos œuvres : Q39a Certains de vos textes ont ils étéadaptés pour en faire une œuvre multimédia ? Q39b Vos livres ont-ils fait l‘objet de publicitésur Internet ? Q39c Le public peut-il avoir accès à vos textes sur un site Internet québécois,canadien ou étranger ?

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

Tableau 3.29Indice moyen d’ouverture aux nouvelles technologies selon l’âge,le sexe et la région de résidence, Québec, 2002

Moyenne

Sexe1

Féminin 0,49Masculin 0,49Âge2

25-44 ans 0,5345-54 ans 0,5255-64 ans 0,4965 ans et plus 0,38Région de résidence3

Québec (GR) 0,44Montréal (île) 0,50Périphérie de Montréal 0,49Autres régions 0,50

Total 0,49

1. df : 1; F 0; sg : 1,000.2. df : 3; F 19,16; sg : 0,000.3. df : 3; F : 2,15; sg : 0,092.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du

Québec, Enquête auprès des écrivains et des écrivaines du Québec.

21. La construction de cet indice pourrait être resserrée par des tests de fidélité et par l’attribution d’un pointage raisonnéqui tiendrait compte des particularités des éléments retenus.

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 75

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les bourses et lesnouvelles technologies

L’avenir est aux jeunes, l’avenirest aux nouvelles technologies.On sait que les écrivains qui fontune forte utilisation des nouvellestechnologies et qui montrent unegrande ouverture aux nouveauxmédias sont plus jeunes. Cesont aussi ces mêmes écrivains,jeunes et ouverts aux nouvellestechnologies, qui font en grandnombre des demandes de bourseaux deux organismes subvention-naires. Leurs chances d’obtenirune bourse sont cependantmoins grandes au Conseil desarts du Canada qu’au Conseildes arts et des lettres du Qué-bec. Ni l’un ni l’autre organismen’est opposé aux nouvelles

technologies, mais les résultatsmontrent que le processus desélection des boursiers favorise,dans un cas, les écrivains quisont entrés dans l’ère de l’Internetet, dans l’autre, ceux qui sontrestés à l’ère de Gutemberg (oudes médias écrits) (tableau 3.30).

Conclusion

La carrière d’écrivain débuteavec la publication des premierstextes ou articles et, surtout, dupremier livre. Elle se poursuitavec la publication d’autres tex-tes et d’autres livres, et elle con-duit à l’obtention de bourses etde différentes formes de recon-naissance (prix, traduction, publi-cation à l’étranger, etc.) qui per-mettent de réunir les ressources

pour continuer. La vie d’écrivain,comme celle d’artiste, n’estcependant pas facile : les obsta-cles sont légion, l’insécurité finan-cière est grande, les gratifica-tions pas si fréquentes et lesraisons pour se décourager etcesser d’écrire sont nombreuseset diverses. Le tiers des écrivainsont pensé, et plus d’une fois (plusde la moitié d’entre eux), arrêterdéfinitivement d’écrire22. Il faut,pour continuer, avoir une solidedétermination et un peu dechance.

Qui sont les écrivains ? Que font-ils ? Comment vivent-ils ? Notreétude permet de mieux connaîtrela situation des écrivains auQuébec, en mettant en lumière à lafois leurs caractéristiques sociales,

22. Q36 Au cours de votre carrière, avez-vous déjà envisagé d’arrêter définitivement le métier d’écrivain (y compris les arrêtseffectifs) ? Q36b Combien de fois avez-vous envisagé d’arrêter le métier d’écrivain ?

Tableau 3.30Taux des écrivains selon qu’ils ont demandé une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec,du Conseil des arts du Canada, selon les ratios d’acceptation et selon le pourcentage des récipiendairespar âge, l’utilisation des nouvelles technologies et l’ouverture aux nouveaux médias, Québec, 2002

Demande Demande Ratio Ratio Acceptée AcceptéeCALQ CAC CALQ CAC CALQ CAC

% %

Âge25-44 ans 50,2 46,2 0,73 0,55 36,5 25,645-54 ans 45,7 42,9 0,72 0,63 32,7 27,055-64 ans 34,8 35,5 0,51 0,49 17,9 17,565 ans et plus 9,2 10,3 0,53 0,85 4,9 8,7

Utilisation des nouvelles technologiesFaible 25,2 23,9 0,64 0,64 16,2 15,3Forte 47,1 45,5 0,67 0,56 31,6 25,3

Ouverture aux nouveaux médiasFaible 21,7 20,2 0,58 0,66 12,5 13,4Moyenne 42,0 37,7 0,69 0,50 28,9 18,7Forte 47,2 50,0 0,67 0,65 31,6 32,3

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des écrivains et desécrivaines du Québec.

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76 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

scolaires et professionnelles, etles conditions d’exercice dumétier d’écrivain.

Les écrivains québécois consti-tuent un groupe professionnelâgé, composé toujours majoritai-rement d’hommes et, pour plusdes deux tiers d’entre eux, rési-dant dans la grande régionmétropolitaine de Montréal et sapériphérie. Les femmes sont prèsde 40 % et elles sont plus jeunes,hautement scolarisées, surtout enlettres. Grands lecteurs, les écri-vains paraissent très actifs : ilsparticipent à des colloques et àdes ateliers de création, donnentdes conférences publiques, tra-duisent des textes, écrivent dansles journaux, etc. Ils tirent, pourplus de moitié (56 %) d’entreeux, des revenus d’un emploi et,pour plusieurs d’entre eux, dansle secteur de l’enseignement. Lesrevenus personnels qu’ils tirent deleur emploi ou de leur travaild’écrivain s’accroissent en géné-ral avec l’âge; ils sont, pour prèsde 40 %, inférieurs à 30 000 $et, pour plus de 25 %, supérieursà 60 000 $. Les jeunes et lesfemmes se trouvent plus nom-breux dans la catégorie desmoins bien rémunérés.

Les écrivains sont productifs(12,7 livres en moyenne parauteur), et certains même sontprolifiques, mais peu d’entre euxse consacrent à l’écriture à tempsplein. Il n’y a cependant pas derelation directe entre le tempsconsacré à l’écriture et la produc-tivité : les auteurs les plus produc-

tifs sont souvent des jeunes, quisont, comparativement aux plusâgés, moins nombreux à se con-sacrer à temps plein à l’écriture.La profession d’écrivain, loind’être uniforme, se caractérisepar une grande polyvalence :même si la rédaction d’ouvragesdemeure, pour les écrivains, l’ac-tivité centrale, ceux-ci sont occu-pés par tout un ensemble d’autresactivités connexes (traduction,correction d’épreuves, etc.).

Notre étude a permis de distin-guer, à partir des types d’acti-vités et des sources de revenu,trois univers qui gravitent autourd’un noyau central. Le noyaucentral, c’est évidemment larédaction de livres, mais s’y ajou-tent la rédaction de textes pourles magazines littéraires ou pourles journaux et les magazinespopulaires, ainsi que les presta-tions comme les lectures publi-ques et les conférences. Autourde ce noyau central se consti-tuent trois types de portefeuilled’activités : il y a 1. les activitésliées au déploiement de la litté-rature (l’enseignement de la lit-térature, l’animation d’atelierslittéraires et la traduction), 2. lesactivités liées aux médias demasse comme la rédaction detextes pour la radio, la télé ou lecinéma, et 3. les activités spécia-lisées dans le maniement desmots et des idées (journalisme,rédaction technique scientifique,publicitaire ou de discours, correc-tion d’épreuves et autres activitésprofessionnelles non artistiques).

On pourrait être tenté de dire : ily a d’un côté les « vrais » écri-vains et les « autres ». Notre con-clusion est tout à fait différente : iln’y a pas une seule façon d’exer-cer le « métier d’écrivain », toutcomme il n’y a pas qu’un seulsupport qui soit privilégié. Etcette diversité explique, pour unelarge part, le mode de structu-ration actuel du champ littérairequébécois, avec les principalesoppositions qui le caractérisentet qui, renvoyant aux principauxmédias de diffusion (l’imprimé,l’audiovisuel avec la radio et lecinéma et Internet), sont aussigénérationnelles. Tous les écri-vains, à l’exception des plusâgés, se sont mis aux nouvellestechnologies, et ils s’en serventprincipalement pour la rédactionde leurs textes et pour la commu-nication (courriel et Internet),mais peu encore pour la diffu-sion de leurs œuvres.

La polyvalence des écrivains semanifeste enfin dans les genreslittéraires ou les catégories édito-riales qu’ils privilégient. Le roman(33,1 %), la poésie (21,0 %),l’essai (12,5 %) et la littératurejeunesse (12,2 %) sont certes lesquatre principales catégorieséditoriales auxquelles se ratta-chent les écrivains, mais ce nesont pas des univers littérairesfermés, puisque plus de la moitiédes écrivains pratiquent deux outrois genres littéraires. Sur le planstructurel, notre étude a permis,en ce qui concerne les catégo-ries éditoriales, de déterminer

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MOTIVATION, SOUTIEN ET NOTORIÉTÉ DES ÉCRIVAINS CHAPITRE 3 • 77

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

quatre sous-univers : 1. le romanet les nouvelles, 2. les contes, lerécit et le théâtre, 3. la poésieet l’essai et 4. la littérature jeu-nesse. Ces sous-univers se distin-guent les uns des autres par lastructure d’âge, le sexe, les sour-ces de revenu, les types d’activi-tés. Il y a d’ailleurs une certainedivision sexuelle du travail d’écri-ture : les femmes se trouventplutôt du côté de la littératurejeunesse, et les hommes, du côtéde l’essai et de la poésie.

L’un des éléments centraux dumonde de la littérature estaujourd’hui le système des prix etdes bourses, qui fournit aux écri-vains à la fois ressources finan-cières et reconnaissance : desbourses pour les plus jeunes, etdes prix pour les plus âgés,pourrait-on penser. Les donnéesde l’enquête ne nous permettentpas de distinguer les boursesdes prix (qui sont souvent donnéspar les mêmes organismessubventionnaires). Mais il estpossible de mesurer l’importancequ’ont les organismes subven-tionnaires dans la vie littéraire, etd’analyser le processus d’attribu-tion des bourses et des prix. Laqualité des candidatures, l’origi-nalité des projets : voilà sansaucun doute les critères d’évalua-tion. Mais, comme on peut levoir grâce aux résultats de l’en-quête, on cherche aussi, plus oumoins explicitement, à tenircompte du sexe, de l’âge, de larégion de résidence, voire de la

situation financière de l’écrivain.À cet égard, la comparaisonentre le CALQ et le CAC estinstructive et elle permet dedégager, au-delà des différen-ces, la complémentarité entre lesdeux principaux organismessubventionnaires : le CALQ pourles plus jeunes et les écrivains endébut de carrière, et le CAC,pour les écrivains plus âgés etayant à leur crédit une plus lon-gue carrière. On peut penserque c’est la même chose dans ledomaine des sciences humaineset sociales ainsi que dans celuides sciences et du génie, tout sepassant comme si l’obtention d’unappui du provincial servait detremplin pour obtenir un appui dufédéral.

Le taux d’acceptation des deman-des de bourse, tout commed’ailleurs la notoriété ou la re-connaissance, est relativementélevé. Les écrivains québécois nesont donc, pourrait-on conclure,négligés ni par les gouverne-ments, ni par le public, ni parleurs pairs. Ils obtiennent aussiune assez bonne visibilité sur lascène internationale, avec defréquentes couvertures par lesmédias étrangers et la publica-tion ou la traduction de leurslivres. Sauf que cette visibilitéinternationale ne se traduit pastoujours par l’obtention de prix àl’étranger.

La question que se pose toutécrivain à un moment ou l’autre

de sa carrière est la suivante :quelle est, pour celui qui vise lanotoriété ou le succès, la meil-leure façon d’exercer son métierd’écrivain ? On pourrait aussiparler de « stratégie », même sil’expression ne semble guèreconvenir à une « vie d’artiste ».Paradoxalement, il semble quela meilleure façon d’obtenir de lareconnaissance soit de consacrerbeaucoup de temps à l’écriture,tout en diversifiant ses activitésprofessionnelles, en multipliantles sources de revenu et en utili-sant les différents médias, y com-pris les médias de masse. D’uncôté, la concentration (sur sontravail d’écrivain), et de l’autre,la diversification (médias, caté-gories éditoriales, etc.). Mais ladiversification a ses limites : il fautsurtout éviter l’enseignement, lejournalisme et diverses activitésapparemment moins « nobles »,telles la correction d’épreuves etla rédaction de textes divers.

La gloire arrive un jour, tout aumoins avec la maturité : il fautdurer. Mais avec la gloire nevient pas nécessairement la for-tune : les écrivains les plus recon-nus ne sont pas nécessairementceux qui obtiennent les revenus(personnels ou familiaux) les plusélevés. Une chose est certaine :il faut savoir utiliser les médias(télévision, cinéma, etc.) soitpour diffuser ses œuvres, soitpour se faire connaître. Et l’èrede l’Internet ? On y est déjà oupresque…

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CHAPITRE 4

UNE DÉCENNIE D’AIDEFINANCIÈRE VERSÉEAUX ÉCRIVAINS QUÉBÉCOISPAR LE CALQ

1. Selon la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature et sur les contratsavec les diffuseurs (L.R.Q., c. S-32.02) et la Loi sur le statut professionnel et les conditions d’engagement des artistes de lascène, du disque et du cinéma (L.R.Q., c. S-32.1), un artiste professionnel est « tout artiste qui, ayant acquis sa formationde base par lui-même ou grâce à un enseignement ou les deux, crée ou interprète des œuvres pour son propre compte,possède une compétence reconnue par ses pairs dans sa discipline et signe des œuvres qui sont diffusées dans un contexteprofessionnel ».

Gaétan Hardy

La création artistique estvitale pour l’industrieculturelle québécoise; sans

elle, la production culturelle etl’industrie qui la soutient n’existe-raient pas. Un manuscrit, untexte, un conte est essentiel à laproduction d’un livre destiné auxadultes ou à la jeunesse, ainsiqu’à un recueil de poésie; unscénario est indispensable à laproduction d’un film, d’un courtou d’un long métrage; un textedramatique est nécessaire à lamise en scène d’une pièce dethéâtre; des tableaux, des photo-graphies ou des sculptures sontobligatoires pour présenter uneexposition dans un musée, uncentre d’exposition, un centre

d’artistes ou une galerie d’art.Tous ces produits et services exis-tent grâce au travail des créa-teurs, des artistes et des écrivainsquébécois.

Depuis sa première année defonctionnement, en 1994-1995,le Conseil des arts et des lettresdu Québec a apporté une aidefinancière importante à la créa-tion artistique québécoise parl’entremise de son programmede bourses. Ce programme estun important outil de recherche etde développement de la prati-que artistique au Québec, car ilpermet aux créateurs, aux artisteset aux écrivains québécois dedisposer des ressources nécessai-

res à la création d’œuvres et à laréalisation de différentes activi-tés, et ce, tout au long de leurcarrière. Il facilite également leressourcement, en permettant departiciper à des activités de per-fectionnement et d’avoir accès àdes studios ou ateliers-résidencessitués dans des milieux reconnuspour leur vie culturelle intense.

Un grand nombre de créateurs,d’artistes et d’écrivains profes-sionnels1 ont bénéficié d’un sou-tien financier du Conseil pourleurs projets de recherche, decréation ou de perfectionnement.Pour plusieurs, cette aide a étéun tremplin qui leur a permis deprogresser et de se tailler une

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80 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

place sur la scène culturelle qué-bécoise. D’autres, dont les réali-sations ont fait l’objet d’unereconnaissance internationale,ont pu notamment poursuivre ledéveloppement de leur carrière,grâce à cet appui. Ainsi, obtenirune bourse du Conseil constitueun atout majeur pour l’essor dela carrière d’un créateur, d’unartiste ou d’un écrivain.

Ce chapitre s’intéresse à l’évolu-tion de l’aide financière octroyéeaux écrivains professionnels aucours des 10 dernières années.Soulignons que, pour être admis-sible à l’obtention d’une bourse,l’écrivain doit avoir publié aumoins un livre ou diffusé aumoins quatre textes différentsdans des organismes ou desentreprises de diffusion reconnus.Les bourses sont attribuées aprèsl’évaluation des demandes for-mulées. Elles sont appréciées aumérite par des jurys formés depersonnes reconnues pour leurcompétence dans la disciplineen question. Nous dégageronségalement, dans une deuxièmepartie, le profil démographiquedes écrivains qui ont bénéficiéd’un soutien financier du Conseilpour réaliser leur projet de re-cherche, d’écriture ou de perfec-tionnement au cours de ces an-nées.

L’évolution de l’aidefinancière versée auxécrivains professionnels

Le programme de bourses duConseil a permis à plusieurs écri-vains québécois de bénéficierd’un appui financier importantpour réaliser leurs projets d’écri-ture ou pour soutenir l’évolutionde leur carrière. Cette aide aégalement contribué à l’essor dela littérature québécoise. « Si lalittérature n’est pas à elle seuletout l’imaginaire d’une société,elle en demeure le cœur obscur,le noyau à rayonnement différéet à projection intermittente surdivers écrans, murs, scènes. Pas-sant par de nombreux médias,elle peut s’en nourrir au passageet, surtout, les filtrer, les irrigueren retour2. »

Nous verrons, dans cette pre-mière partie, l’aide accordée auxécrivains professionnels et sonévolution selon certaines des par-ticularités du programme de bour-ses. Soulignons d’emblée quel’aide financière octroyée auxécrivains professionnels totalisaitplus de 1,5 M $ en 2003-2004et représentait 17 % de toutes lessommes versées aux créateurs,aux artistes et aux écrivains envertu du programme de bourses.

L’évolution de l’ensemblede l’aide financière

Au cours des 10 dernières an-nées, près de 10 M $ ont étéaccordés à 962 écrivains profes-sionnels, boursiers du Conseil. Lacroissance du nombre de bour-siers et des sommes octroyées aété particulièrement importantedepuis la création du Conseil.Ces sommes sont en effet pas-sées de moins de 500 000 $ àplus de 1,5 M $, ce qui repré-sente une croissance annuellemoyenne3 de 15,5 % et procureune aide additionnelle de plusde 1,1 M $ aux écrivains. Lenombre de boursiers est, quant àlui, passé de 48 à 139 au coursde ces années. Cette hausseéquivaut à une croissance an-nuelle moyenne de 12,5 %, cequi permet à 91 écrivains deplus de bénéficier d’un soutienfinancier de la part du Conseilen 2003-2004. Il est intéressantde mentionner que plus de 60 %des boursiers a obtenu une seulebourse au cours de ces années,que près de 22 % a obtenu deuxbourses et 18 %, trois bourses etplus, pour réaliser des projetsindividuels ou participer à desprojets collectifs.

2. L. MAILHOT, La littérature québécoise, Québec, Éditions Typo, 1997, p. 15.3. Nous utilisons le taux de croissance annuel moyen. Ce taux est calculé selon la formule de l’intérêt composé :

T= ((n-1√Y/X)-1)*100, où Y est la dernière année,X est l’année de début,n le nombre d’années.

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UNE DÉCENNIE D’AIDE FINANCIÈRE VERSÉE AUX ÉCRIVAINS QUÉBÉCOIS PAR LE CALQ CHAPITRE 4 • 81

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Nous avons déjà signalé, dansun numéro du bulletin statistiqueConstats du CALQ4, que troispériodes ont caractérisé l’évolu-tion du financement du secteurdes arts et des lettres par leConseil, depuis sa création. Lapremière correspond aux annéesde démarrage et comprend lesannées 1994-1995 et 1995-1996. Ces années ont été mar-quées par un transfert de res-ponsabilités, du ministère de laCulture et des Communications,concernant la gestion de diversprogrammes d’aide financièrepour le soutien des arts et deslettres. L’aide financière auxécrivains est passée, au coursde cette première période, de421 900 $ à près de 640 000 $.

La seconde période est celle de1996-1997 à 1998-1999 etelle est ponctuée par l’adoptiond’énoncés de politique secto-riels, entre autres la Politique dela lecture et du livre5 qui compor-tait des mesures particulièrespour soutenir la création etl’écriture. Toutes ces décisionsont entraîné le transfert de nou-velles responsabilités au Conseilet l’augmentation de l’aidefinancière. L’aide accordée auxécrivains professionnels a crû,au cours de ces années, et elleatteint plus de 0,9 M $ en1998-1999.

La troisième période, de 1999-2000 à 2003-2004, est mar-quée par une croissance impor-tante des sommes octroyées auConseil pour améliorer les condi-tions de création, de productionet de diffusion. L’octroi de créditsadditionnels non récurrents de12 M $ en 1999-2000 et2000-2001, ainsi que descrédits récurrents de 7 M $par année, en 2001-2002 et2002-2003, et de 6,5 M $ en2003-2004, ont contribué àaccroître l’aide financière defaçon notable. Au cours de cettepériode, l’aide consentie auxécrivains professionnels a aug-menté de 632 700 $, et ellereprésente plus de 1,5 M $ en2003-2004. La bourse moyenne,qui s’élevait à 8 970 $ en

1994-1995, est maintenant de11 116 $, ce qui équivaut àune hausse annuelle moyennede 2,6 % de l’aide allouée àchacun des boursiers (2 146 $de plus).

Le tableau 4.1 présente, au re-gard de chacune des années, lenombre de boursiers ainsi queles sommes qui leur ont été ac-cordées. La figure 4.1 complètecette information et illustre l’évo-lution de l’aide financière duConseil aux écrivains profes-sionnels au cours des années1994-1995 à 2003-2004, etcelle qui a été accordée enfonction des types de bourses,aspect qui sera abordé à laprochaine section.

4. G. HARDY, « Le secteur des arts et des lettres au Québec. L’évolution de son financement par le Conseil des arts et des lettresdu Québec », Constats du CALQ, no 2, mai 2002, p. 2-3.

5. GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS, Le temps de lire, un art de vivre. Politique de lalecture et du livre, Québec, 1998, 116 p.

Tableau 4.1Nombre de bourses et aide financière octroyée aux écrivainsprofessionnels, de 1994-1995 à 2003-2004

Année financière Nombre Aide Aidede bourses octroyée moyenne

n k$ $

1994-1995 48 421,9 8 7901995-1996 59 639,9 10 8451996-1997 50 668,7 13 3741997-1998 56 679,1 12 1261998-1999 94 912,4 9 7071999-2000 89 914,9 10 2802000-2001 124 1 213,6 9 7872001-2002 166 1 422,9 8 5712002-2003 137 1 366,1 9 9712003-2004 139 1 545,2 11 116

Total 962 9 784,6 $ 1 0171 $

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82 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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L’évolution de l’aidefinancière et les typesde bourses

Deux types de bourses caractéri-sent le programme d’aide finan-cière du Conseil. Elles sont attri-buées selon le parcours artistiquedes écrivains dont des œuvresont été diffusées. Les boursesde Type A sont destinées auxécrivains qui comptent plus de10 ans de pratique au Québecou à l’étranger. Les bourses de

Figure 4.1Évolution de l’aide financière du Conseil des arts et des lettres du Québec versée aux écrivains professionnels,de 1994-1995 à 2003-2004

Type B servent à soutenir lesécrivains qui comptent de 2 à10 années d’une telle pratique(tableau 4.2).

Plus de 57 % des sommes accor-dées au cours des 10 dernièresannées ont été versées à desécrivains qui comptaient 10 anset moins de pratique profession-nelle. C’est 5,6 M $ qui ont étéoctroyés à 561 écrivains sousforme de bourses de Type Bdepuis la création du Conseil.

Les écrivains qui comptent plusde 10 ans de pratique profes-sionnelle ont, pour leur part, reçuun soutien financier représentantprès de 43 % des sommes attri-buées depuis 1994-1995. Au fildes ans, les sommes annuellesaccordées en vertu des boursesde Type A ont été moins impor-tantes que celles qui ont étéconsenties relativement aux bour-ses de Type B, sauf en 1994-1995 et en 2003-2004, quandelles sont quasi équivalentes.

Type B

Type A

Total

100 000

400 000

700 000

1 000 000

1 300 000

$

1 600 000

1994-1995

1995-1996

1996-1997

1997-1998

1998-1999

1999-2000

2000-2001

2001-2002

2002-2003

2003-2004

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UNE DÉCENNIE D’AIDE FINANCIÈRE VERSÉE AUX ÉCRIVAINS QUÉBÉCOIS PAR LE CALQ CHAPITRE 4 • 83

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La croissance annuelle moyennede l’aide accordée pour lesbourses de Type A s’élève à15,7 %, soit une somme addi-tionnelle de 569 700 $. Cettecroissance atteint 15,4 % pour cequi est des bourses de Type B;une somme supplémentaire de533 600 $ a ainsi été accordéeau cours de cette période.

La bourse moyenne est toutefoisplus importante pour les écrivainscomptant plus de 10 ans depratique professionnelle compa-rativement à ceux dont l’expé-rience est plus brève. L’aideconsentie est de 11 821 $ en2003-2004 pour les boursiers deType A par rapport à 10 479 $pour ceux de Type B. Ces bour-ses ont également connu unecroissance différente au coursdes années. La bourse moyennede Type A a augmenté de 2,4 %annuellement, tandis que cellede Type B a connu une crois-sance annuelle moyenne de2,9 % au cours des 10 dernièresannées.

L’évolution de l’aidefinancière et les voletsdu programme

Le programme de bourses comptetrois volets distincts pour permettreaux artistes et aux écrivains pro-fessionnels de réaliser leurs pro-jets et soutenir leur démarcheartistique : le soutien à la recher-che et à la création, le soutienaux projets menant à des activitésde diffusion et le soutien à lacarrière (tableau 4.3).

L’aide à la recherche et à lacréation vise à soutenir les écri-vains dans leur travail de recher-che et d’écriture relativement àdes projets de littérature de fiction(roman, poésie, nouvelle, litté-rature jeunesse, etc.) et de lit-térature de non-fiction qui explorela vie artistique et littéraire (antho-logie, biographie, essai, etc.).Ce volet est le plus important duprogramme de bourses. Au coursdes 10 dernières années, 89 %de toute l’aide a été versée auxécrivains professionnels en vertudu volet recherche et création.C’est 8,7 M $ qui ont servi à laréalisation des différents projetsdes 626 boursiers ayant bénéfi-cié d’un tel soutien. Les sommesoctroyées ont augmenté de 14,7 %annuellement, passant de prèsde 0,4 M $ à plus de 1,3 M $.La bourse moyenne s’élevait à8 709 $ en 1994-1995 com-

parativement à 16 440 $ en2003-2004, soit une croissanceannuelle moyenne de 7,3 %depuis la naissance du Conseil.

Le soutien aux projets menant àdes activités de diffusion con-cerne plus précisément les spec-tacles littéraires et il vise à favo-riser le contact entre les écrivainset le public. Ces spectacles litté-raires mettent en scène un ouplusieurs écrivains, conteurs ouinterprètes professionnels. Ce voletest issu de la Politique de lalecture et du livre, et il existedepuis 1998-1999. Il a permisà 88 boursiers de réaliser desspectacles littéraires et de bénéfi-cier d’un appui financier de prèsde 235 000 $ au cours des sixdernières années. La nature desprojets influence grandement lenombre de personnes aidées etles sommes allouées pour leur

Tableau 4.2Nombre de bourses et aide financière octroyée aux écrivainsprofessionnels selon le type de bourses, de 1994-1995 à 2003-2004

Année financière Type A Type B

Nombre Aide Nombre Aidede bourses octroyée de bourses octroyée

n k$ n k$

1994-1995 22 210,5 26 211,41995-1996 26 300,8 33 339,11996-1997 21 304,8 29 363,91997-1998 20 267,7 36 411,41998-1999 37 403,7 57 508,81999-2000 47 392,8 42 522,12000-2001 43 423,1 81 790,52001-2002 62 523,3 104 899,52002-2003 57 571,0 80 795,12003-2004 66 780,2 73 765,0

Total 401 4 177,8 561 5 606,8 $

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84 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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réalisation, comme en témoignel’évolution des sommes accor-dées et du nombre de boursiers.

Le troisième volet, axé sur lesoutien à la carrière, offre auxécrivains la possibilité de réaliserdes activités de perfectionnementen vue d’acquérir une plusgrande maîtrise de l’écriture,d’occuper des studios ou ateliersau Québec et à l’étranger pourprofiter du dynamisme et desressources de milieux artistiquesimportants6 et d’obtenir un prix,conjugué à une bourse, quireconnaît leur contribution à lavitalité culturelle du Québec dansleur secteur ou dans leur région.Ce volet leur permet égalementd’obtenir une aide financièrerelative aux déplacements. L’aideaccordée représente 8,6 % del’ensemble des sommes consen-

ties au cours des années et elletotalise 845 500 $. Les sommesversées, de même que le nombrede boursiers, ont enregistré unecroissance importante au fil desans. Cette aide est passée de30 000 $ en 1994-1995 à145 800 $ en 2003-2004, soitune croissance annuelle moyennede 19,2 %.

L’évolution del’aide financière etles catégories éditoriales

Bien qu’il n’existe pas de genrelittéraire absolu ou pur, la littéra-ture québécoise regroupe diffé-rentes catégories éditoriales ouformes d’expression littéraire.Nous retenons, dans cette ana-lyse, les catégories éditorialessuivantes : le roman et récit, la

poésie, l’essai, la littérature jeu-nesse, les contes et nouvelles,ainsi qu’une catégorie autre quiregroupe la biographie, l’antho-logie, etc. (tableau 4.4)

Près de la moitié de l’aide oc-troyée, au cours des 10 derniè-res années, l’a été pour le romanet récit. Les sommes accordéesà cette catégorie éditoriale s’élè-vent à 4,8 M $ et elles ont per-mis de soutenir les projets de 402boursiers depuis 1994-1995. Lessommes versées ont augmentéannuellement de 18,6 %, passantde 165 300 $ à 766 100 $,soit une aide additionnelle deplus de 600 000 $. Le nombrede boursiers est, quant à lui,passé de 17 à 55 au cours deces années, ce qui a permis à38 écrivains boursiers de plusd’obtenir un soutien financier.

6. Studios du Québec à New York, Paris et Rome, les ateliers-résidences de Montréal, Mexico, Lyon et Amsterdam.

Tableau 4.3Nombre de bourses et aide financière octroyée aux écrivains professionnels selon les voletsdu programme, de 1994-1995 à 2003-2004Année financière Soutien à la recherche Soutien à la diffusion Soutien à la carrière

et à la création (spectacles littéraires)

Nombre Aide Nombre Aide Nombre Aidede bourses octroyée de bourses octroyée de bourses octroyée

n k$ n k$ n k$

1994-1995 45 391,9 … … 3 30,01995-1996 48 605,3 … … 11 34,61996-1997 44 638,3 … … 6 30,41997-1998 46 634,2 … … 10 44,81998-1999 64 779,8 8 32,5 22 100,11999-2000 52 787,4 1 15,0 36 112,52000-2001 75 1 088,4 17 14,6 32 110,62001-2002 85 1 246,0 37 70,0 44 106,92002-2003 85 1 184,9 11 51,3 41 129,92003-2004 82 1 348,1 14 51,3 43 145,8

Total 626 8 704,3 88 234,7 248 845,5

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UNE DÉCENNIE D’AIDE FINANCIÈRE VERSÉE AUX ÉCRIVAINS QUÉBÉCOIS PAR LE CALQ CHAPITRE 4 • 85

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

La seconde catégorie importanteest la poésie; 25,7 % des som-mes allouées depuis 1994-1995ont été versées à des boursiersqui adhèrent à ce genre litté-raire. C’est une somme de2,5 M $ qui a permis à 275écrivains boursiers du Conseilde réaliser leurs projets. L’aideaccordée a augmenté de 12,0 %par année et elle a atteint350 600 $ en 2003-2004, soitune somme additionnelle de prèsde 225 000 $.

Les autres catégories éditorialesregroupent respectivement 10 %et moins de toutes les sommesaccordées au cours des années :d’abord l’essai (10,0 %), suivides contes et nouvelles (8,3 %),de la littérature jeunesse (4,1 %)et de la catégorie autre (2,7 %).Certaines de ces catégories ontconnu des augmentations impor-tantes des sommes octroyéeschaque année; deux d’entre ellesont par ailleurs enregistré deshausses plus importantes. Il s’agit

de l’essai, qui a connu une crois-sance annuelle moyenne de42,6 % des sommes attribuées(162 300 $ de plus en 2003-2004 qu’en 1994-1995) et dela littérature jeunesse, dont lahausse annuelle moyenne atteint34,7 % au cours de ces années(100 400 $ de plus).

L’évolution de l’aidefinancière parregroupement des régions

Les sommes accordées aux bour-siers qui résident dans la régionde Montréal ont représenté plusde 61 % de toute l’aide accor-dée depuis la création du Con-seil. Les sommes versées attei-gnent plus de 6 M $ et 568boursiers de cette région en ontbénéficié. Cette aide a aug-menté de 15,1 % annuellement,passant de 284 400 $ à plus de1 M $ au cours des années, cequi a procuré aux écrivains bour-siers de cette région 733 600 $

de plus. La bourse moyenneatteint 11 568 $ en 2003-2004(tableau 4.5).

Dans la région de la Capitale-Nationale, c’est une somme de656 600 $ qui a été octroyéedepuis 1994-1995 à 68 bour-siers. Cette aide s’est accrue de19,4 % annuellement, et elle aatteint 82 300 $ en 2003-2004.La bourse moyenne s’élevait à10 288 $ en 2003-2004.

Pour ce qui est des régions autresque Montréal et la Capitale-Natio-nale, une somme de 3,1 M $ aété attribuée à 326 boursiers aucours des 10 dernières années. Lacroissance annuelle moyenne del’aide accordée aux écrivainsde ces régions est de 15,6 %;elle est passée de 120 900 $ à445 900 $. La bourse moyennequi leur a été versée atteignait10 347 $ en 2003-2004.

Tableau 4.4Nombre de bourses et aide financière octroyée aux écrivains professionnels selon les catégories éditoriales,de 1994-1995 à 2003-2004

Année Roman Poésie Essai Littérature Contes et Autreet récit jeunesse nouvelles

n $ n $ n $ n $ n $ n $

1994-1995 17 165,3 16 126,5 1 6,9 2 7,4 6 48,0 6 67,81995-1996 29 363,5 15 130,8 1 18,0 4 25,7 5 47,9 5 54,01996-1997 25 340,2 17 223,9 .. .. 1 5,0 7 99,6 .. ..1997-1998 28 385,9 18 206,5 2 26,5 4 23,0 2 28,5 2 8,71998-1999 42 412,2 32 251,2 8 101,0 1 2,5 8 109,0 3 36,51999-2000 46 496,5 27 220,4 10 156,1 3 16,9 2 23,5 1 1,52000-2001 50 604,9 36 360,4 10 143,7 5 18,9 22 77,7 1 8,02001-2002 55 658,4 49 310,0 15 198,2 10 79,6 32 150,8 5 25,92002-2003 55 610,4 30 338,0 14 161,1 14 113,6 20 114,6 4 28,52003-2004 55 766,1 35 350,6 11 169,3 9 107,8 23 116,6 6 34,9

Total 402 4 803,3 275 2 518,3 72 980,7 53 400,3 127 816,2 33 265,7

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86 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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Le profildémographique desécrivains boursiersdu Conseil

Cette seconde partie présente leprofil démographique des bour-siers du Conseil au cours des10 dernières années, en consi-dérant des variables comme lesexe, l’âge, le lieu de naissance,la langue maternelle, de mêmeque la région de résidence. Rap-pelons que, depuis sa création,962 écrivains professionnels ontobtenu une bourse, pour réaliserleurs projets d’écriture ou pourappuyer l’essor de leur carrière.

Le sexe et l’âge

L’aide financière accordée parle Conseil au cours des 10 der-nières années a été attribuéemajoritairement à des hommes;52 % de tous les boursiers sontde sexe masculin7. Cette propor-tion a toutefois varié au fil desans, puisque, en 1994-1995et en 1995-1996, les femmesétaient plus nombreuses à obte-nir une bourse du Conseil, soitprès de 60 % de l’ensemble desboursiers. Depuis lors, le pour-centage de boursiers masculins aété équivalent, au cours des an-nées 1997-1998 et 1998-1999,et supérieur depuis 2000-2001.

En 2003-2004, 56,8 % desboursiers sont de sexe masculinet 43,2 %, de sexe féminin.

Le milieu des écrivains se révèlemajoritairement masculin. En effet,selon une enquête réalisée en2002 par l’Observatoire de laculture et des communications duQuébec8, 6 écrivains sur 10 sontdes hommes (tableau 4.6).

Les écrivains boursiers du Con-seil vieillissent. L’âge moyen desboursiers est passé de 43 ansà près de 46 ans au cours des10 dernières années. L’âge rela-tivement élevé des boursiers peuts’expliquer par les exigences du

Tableau 4.5Nombre de bourses et aide financière octroyée aux écrivains professionnels selon un regroupement desrégions, de 1994-1995 à 2003-2004

Année Capitale-Nationale Montréal Autres régions

Nombre Aide Nombre Aide Nombre Aidede boursiers octroyée de boursiers octroyée de boursiers octroyée

n k$ n k$ n k$

1994-1995 2 16,7 31 284,4 15 120,91995-1996 4 32,4 28 346,6 27 260,91996-1997 3 32,0 30 440,4 17 196,21997-1998 6 63,7 28 329,0 22 286,31998-1999 5 52,0 59 533,4 30 327,11999-2000 8 91,4 51 571,6 30 251,92000-2001 10 83,7 78 762,7 36 367,22001-2002 12 108,5 98 865,5 56 448,92002-2003 10 93,8 77 867,1 50 405,12003-2004 8 82,3 88 1 018,0 43 444,9

Total 68,0 656,5 568,0 6 018,6 326,0 3 109,5

7. Cette répartition respecte assez bien celle des écrivains qui ont présenté une demande afin d’obtenir une bourse, puisque51,9 % d’entre eux étaient de sexe masculin.

8. M. FOURNIER et G. GAUTHIER, « Qui sont les écrivains et les écrivaines du Québec ? », chapitres 2 et 3 du présent ouvrage.

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UNE DÉCENNIE D’AIDE FINANCIÈRE VERSÉE AUX ÉCRIVAINS QUÉBÉCOIS PAR LE CALQ CHAPITRE 4 • 87

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

programme, en ce qui a trait aunombre d’années de pratiqueprofessionnelle exigé et à ladurée de formation généralementacquise. Un phénomène qui n’atoutefois pas empêché le Conseild’accueillir plus de jeunes et defaire une place plus importante àla relève. La proportion des bour-siers âgés de moins de 35 ans9

s’est accrue au fil des ans, pas-sant de 10,9 % en 1994-1995à près de 22 % en 2003-2004,tout en permettant à un nombreplus important de jeunes écri-vains d’obtenir aide et reconnais-sance pour appuyer l’évolutionde leur carrière (tableau 4.7).

L’âge moyen des écrivains bour-siers de sexe masculin et de sexeféminin est quasi identique annéeaprès année. Il se situe à près de46 ans, en 2003-2004, chezles deux groupes. L’importancedes moins de 35 ans a parailleurs varié chaque année selonle sexe des boursiers. Pour l’en-semble de la période, la propor-tion de boursiers de sexe mascu-lin ayant moins de 35 ans estplus importante que celle desboursiers de sexe féminin (16,4 %comparativement à 14,0 %). Tou-tefois, en 2003-2004, plus de26 % des boursiers de sexe fémi-nin ont moins de 35 ans compa-rativement à 18 % pour ceux desexe masculin (tableau 4.8).

Tableau 4.6Répartition des écrivains boursiers du Conseil selon le sexe,de 1994-1995 à 2003-2004

Année Femmes Hommes

%

1994-1995 52,1 47,91995-1996 59,3 40,71996-1997 48,0 52,01997-1998 50,0 50,01998-1999 50,0 50,01999-2000 51,7 48,32000-2001 42,7 57,32001-2002 45,8 54,22002-2003 48,2 51,82003-2004 43,2 56,8

Total 47,8 52,2

Tableau 4.7Répartition des écrivains boursiers du Conseil selon le groupe d’âge,de 1994-1995 à 2003-2004

Année Moins de 35 ans 35 ans et plus Âge moyen

%

1994-1995 10,9 89,1 43,01995-1996 6,9 93,1 44,91996-1997 – 100,0 43,91997-1998 14,3 85,7 45,21998-1999 17,6 82,4 44,61999-2000 11,2 88,8 45,02000-2001 11,3 88,7 45,62001-2002 21,2 78,8 43,72002-2003 17,6 82,4 45,72003-2004 21,9 78,1 45,8

Total 15,2 84,8 45,0

9. Les personnes âgées de moins de 35 ans sont considérées comme faisant partie de la jeunesse par divers organismes(Secrétariat à la jeunesse, Office franco-québécois pour la jeunesse, etc.).

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88 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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La langue maternelle etle lieu de naissance

Les écrivains boursiers sont majo-ritairement de langue maternellefrançaise. En 2003-2004, plusde 84 % d’entre eux mentionnentle français comme langue mater-nelle, pourcentage approchantcelui de l’ensemble de la popula-tion québécoise (81,2 %)10. Lesécrivains boursiers de languematernelle anglaise ont, pourleur part, un poids relatif un peuplus important (12,5 %) compa-rativement à celui de l’ensemblede la population (8,0 %). Dans lecas des écrivains dont la languematernelle est autre que le fran-çais ou l’anglais, leur poids rela-tif est inférieur (3 %) à celui despersonnes répondant à la mêmecaractéristique dans l’ensemblede la population (10 %).

Tableau 4.8Répartition des écrivains boursiers du Conseil selon le sexe et le groupe d’âge, de 1994-1995 à 2003-2004

Année Femmes Hommes

Moins de 35 ans Âge Moins de 35 ans Âge35 ans et plus moyen 35 ans et plus moyen

% %

1994-1995 4,0 96,0 43,2 19,0 81,0 42,81995-1996 8,8 91,2 45,0 4,2 95,8 44,81996-1997 – 100,0 43,7 – 100,0 44,11997-1998 3,6 96,4 45,9 25,0 75,0 44,51998-1999 13,6 86,4 45,9 21,3 78,7 43,51999-2000 15,2 84,8 43,7 7,0 93,0 48,32000-2001 12,2 87,8 45,2 10,6 89,4 45,92001-2002 14,1 85,9 45,3 27,1 72,9 42,32002-2003 19,7 80,3 45,1 15,7 84,3 46,22003-2004 26,3 73,7 45,9 18,3 81,7 45,8

Total 14,0 86,0 45,0 16,4 83,6 45,9

Tableau 4.9Répartition des écrivains boursiers du Conseil selon la languematernelle, de 1994-1995 à 2003-2004

Année Anglais Français Autre

%

1994-1995 4,3 93,5 2,21995-1996 10,3 84,5 5,21996-1997 14,0 84,0 2,01997-1998 7,1 91,1 1,81998-1999 12,1 79,1 8,81999-2000 11,2 85,4 3,42000-2001 11,3 83,5 5,22001-2002 8,3 88,5 3,22002-2003 9,6 83,1 7,42003-2004 12,5 84,4 3,1

Total 10,3 85,2 4,5

10. STATISTIQUE CANADA, Recensement de 2001.

La proportion de boursiers delangue maternelle anglaise s’estaccrue de façon importante au fildes ans; elle représentait moinsde 5 % des boursiers en 1994-1995 et elle atteint plus de 12 %en 2003-2004. Celle des bour-

siers d’une langue maternelleautre que le français ou l’anglaisest de plus en plus importante etelle a connu des variations nota-bles au cours des années (ta-bleau 4.9).

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UNE DÉCENNIE D’AIDE FINANCIÈRE VERSÉE AUX ÉCRIVAINS QUÉBÉCOIS PAR LE CALQ CHAPITRE 4 • 89

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Plus de 80 % des écrivains bour-siers sont nés au Québec, au coursdes 10 dernières années. Ceuxqui sont nés ailleurs au Canadareprésentent près de 6 % de tousles boursiers du Conseil, et leurimportance s’est accrue au fil desans. Les écrivains boursiers nésdans un autre pays ont maintenuleur importance relative parmitous les boursiers aux alentoursde 13 %, depuis 1994-1995(tableau 4.10).

La région de résidence

Nous avons signalé précédem-ment l’importance de Montréalcomme lieu de résidence desboursiers, de même qu’au regarddes sommes attribuées dans cetterégion pour soutenir le travail decréation de ces écrivains profes-sionnels. Cette région est égale-ment celle qui compte la propor-

Tableau 4.11Répartition des écrivains boursiers du Conseil selon un regroupement des régions et le sexe,de 1994-1995 à 2003-2004

Année Capitale-Nationale Montréal Autres régions

Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes

%

1994-1995 50,0 50,0 54,8 45,2 46,7 53,31995-1996 50,0 50,0 64,3 35,7 55,6 44,41996-1997 33,3 66,7 60,0 40,0 29,4 70,61997-1998 50,0 50,0 64,3 35,7 31,8 68,21998-1999 0,0 100,0 52,5 47,5 53,3 46,71999-2000 25,0 75,0 58,8 41,2 46,7 53,32000-2001 30,0 70,0 43,6 56,4 44,4 55,62001-2002 41,7 58,3 50,0 50,0 39,3 60,72002-2003 60,0 40,0 55,8 44,2 34,0 66,02003-2004 37,5 62,5 45,5 54,5 39,5 60,5

Total 38,2 61,8 52,5 47,5 41,7 58,3

Tableau 4.10Répartition des écrivains boursiers du Conseil selon le lieu de naissance,de 1994-1995 à 2003-2004

Année Autre province Autre pays Québec

%

1994-1995 2,2 13,0 84,81995-1996 6,9 8,6 84,51996-1997 12,0 12,0 76,01997-1998 1,8 10,7 87,51998-1999 9,9 18,7 71,41999-2000 3,4 12,4 84,32000-2001 6,1 15,7 78,32001-2002 3,8 12,2 84,02002-2003 7,4 15,4 77,22003-2004 3,9 13,3 82,8

Total 5,6 13,6 80,8

tion la plus grande de boursiersde sexe féminin. La plupart desannées, le pourcentage de bour-siers de sexe féminin a été supé-rieur à celui des boursiers desexe masculin11. Pour l’ensemblede la période, les boursiers desexe féminin ont représenté

52,5 % de tous les boursiers dela région. Cette proportions’élève à 38,2 % des boursiersdans la région de la Capitale-Nationale, tandis qu’elle repré-sente près de 42 % dans lesautres régions (tableau 4.11).

11. Les écrivains professionnels de sexe féminin sont également plus nombreux à présenter une demande de bourse au Conseilpour obtenir une aide financière, soit 51 % de toutes les demandes formulées au cours des 10 dernières années.

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90 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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La proportion de boursiers desexe féminin, dans chacune desrégions, est supérieure au poidsrelatif que les écrivains de sexeféminin occupent au sein de lapopulation des écrivains des dif-férentes régions. En 2002, 39 %des écrivains de la région deMontréal étaient de sexe fémi-nin, tandis que, dans la régionde la Capitale-Nationale, cetteproportion s’élevait à 27 % et,dans les autres régions, elle sesituait aux alentours de 40 %(tableau 4.12)12.

Le sexe, l’âge etles catégories éditoriales

La répartition des boursiers selonle sexe et les genres littérairesmet en évidence une pratiqueéditoriale associée plus particu-lièrement au sexe masculin et au

sexe féminin. Au cours des 10dernières années, les écrivainsboursiers de sexe féminin ontdavantage été présents dans lalittérature jeunesse (66 %). Pourleur part, les écrivains boursiersde sexe masculin occupent uneplus grande place du côté de lapoésie (60 %), de l’essai (64 %)et de la catégorie autre13 (67 %).Deux catégories éditoriales, leroman et récit, de même que lescontes et nouvelles comptent unnombre presque équivalent deboursiers masculins et fémininsau fil des ans. Des constats simi-laires sont formulés dans l’ensem-ble de la population des écri-vains québécois en 200214.

Les écrivains boursiers vieillissent,réalité observable dans toutes lescatégories éditoriales, sauf celledes contes et nouvelles. Non

seulement l’âge moyen des écri-vains boursiers de cette catégo-rie est-il le plus bas de toutes lescatégories éditoriales en 2003-2004, mais il est aussi moinsélevé qu’en 1994-1995. Il estactuellement d’un peu plus de39 ans comparativement à 46ans en 1994-1995.

Les écrivains boursiers les plusâgés sont associés aux catégo-ries éditoriales de l’essai (54,3ans), de la littérature jeunesse(51,3 ans) et autre (51,3 ans).Dans chacune d’elles, la moyenned’âge des boursiers est plusgrande qu’en 1994-1995. Il enest de même pour la poésie ainsique le roman et récit; l’âge moyenest plus grand qu’en 1994-1995, mais il avoisine 45 ansen ce qui concerne les boursiersde cette catégorie.

12. M. FOURNIER et G. GAUTHIER, op. cit. p. 8.13. Cette catégorie regroupe la biographie, l’anthologie, etc.14. M. FOURNIER et G. GAUTHIER, op. cit. p. 17.

Tableau 4.12Répartition des écrivains boursiers du Conseil selon le genre littéraire et le sexe, de 1994-1995 à 2003-2004

Année Roman Poésie Essai Littérature Contes et Autreet récit jeunesse nouvelles

Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes

%

1994-1995 64,7 35,3 37,5 62,5 100,0 – 50,0 50,0 83,3 16,7 16,7 83,31995-1996 62,1 37,9 46,7 53,3 – 100,0 75,0 25,0 80,0 20,0 60,0 40,01996-1997 60,0 40,0 29,4 70,6 – – 100,0 – 42,9 57,1 – –1997-1998 46,4 53,6 55,6 44,4 – 100,0 100,0 – 50,0 50,0 – 100,01998-1999 59,5 40,5 40,6 59,4 37,5 62,5 – 100,0 62,5 37,5 33,3 66,71999-2000 58,7 41,3 40,7 59,3 30,0 70,0 100,0 – 100,0 – – 100,02000-2001 46,0 54,0 33,3 66,7 20,0 80,0 60,0 40,0 54,5 45,5 100,0 –2001-2002 49,1 50,9 38,8 61,2 46,7 53,3 70,0 30,0 40,6 59,4 60,0 40,02002-2003 56,4 43,6 36,7 63,3 42,9 57,1 57,1 42,9 40,0 60,0 50,0 50,02003-2004 49,1 50,9 45,7 54,3 36,4 63,6 55,6 44,4 34,8 65,2 – 100,0

Total 54,0 46,0 40,0 60,0 36,1 63,9 66,0 34,0 48,0 52,0 33,3 66,7

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UNE DÉCENNIE D’AIDE FINANCIÈRE VERSÉE AUX ÉCRIVAINS QUÉBÉCOIS PAR LE CALQ CHAPITRE 4 • 91

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les écrivains boursiers âgés demoins de 35 ans représententmoins de 20 % des boursiers dechacune des catégories éditoria-les au cours des 10 dernièresannées. De plus, ils n’ont pas

obtenu d’aide financière danscertaines catégories éditoriales :avant 1998-1999 pour ce quiest des contes et nouvelles, avant1999-2000 quant à la littérature

jeunesse et à l’essai (tableau4.13). En 2003-2004, ils sonttoutefois présents dans la majo-rité des catégories et dans desproportions appréciables (ta-bleau 4.14).

Tableau 4.13Âge moyen des écrivains boursiers du Conseil selon les catégories éditoriales, de 1994-1995 à 2003-2004

Année financière Roman Poésie Essai Littérature Contes et Autreet récit jeunesse nouvelles

1994-1995 42,6 41,4 38,0 51,0 46,3 43,81995-1996 43,9 46,3 54,0 43,3 45,0 46,41996-1997 43,8 44,8 … 36,0 43,0 …1997-1998 45,4 43,2 49,5 46,3 48,5 51,51998-1999 45,6 42,2 46,8 61,0 41,4 53,01999-2000 45,6 46,8 46,2 40,3 45,0 53,02000-2001 45,5 46,6 42,2 46,0 44,9 58,02001-2002 44,6 43,0 46,6 47,2 40,2 43,62002-2003 45,7 44,0 49,9 45,6 43,6 53,02003-2004 44,9 46,5 54,3 51,3 39,2 51,3

Total 45,0 44,5 47,9 46,7 42,3 48,7

Tableau 4.14Répartition des écrivains boursiers du Conseil selon les catégories éditoriales et le groupe d’âge,de 1994-1995 à 2003-2004

Année Roman Poésie Essai Littérature Contes et Autreet récit jeunesse nouvelles

Moins de 35 ans Moins de 35 ans Moins de 35 ans Moins de 35 ans Moins de 35 ans Moins de 35 ans35 ans et plus 35 ans et plus 35 ans et plus 35 ans et plus 35 ans et plus 35 ans et plus

%

1994-1995 17,6 82,4 12,5 87,5 – 100,0 – 100,0 – 100,0 – 100,01995-1996 7,1 92,9 6,7 93,3 – 100,0 – 100,0 – 100,0 20,0 80,01996-1997 – 100,0 – 100,0 – – – 100,0 – 100,0 – –1997-1998 10,7 89,3 27,8 72,2 – 100,0 – 100,0 – 100,0 – 100,01998-1999 9,8 90,2 32,3 67,7 – 100,0 – 100,0 28,6 71,4 – 100,01999-2000 10,9 89,1 7,4 92,6 20,0 80,0 33,3 66,7 – 100,0 – 100,02000-2001 6,0 94,0 12,1 87,9 33,3 66,7 – 100,0 17,6 82,4 – 100,02001-2002 20,8 79,2 26,7 73,3 6,7 93,3 10,0 90,0 25,0 75,0 20,0 80,02002-2003 20,0 80,0 20,0 80,0 7,1 92,9 14,3 85,7 21,1 78,9 – 100,02003-2004 23,1 76,9 22,9 77,1 – 100,0 12,5 87,5 36,8 63,2 – 100,0

Total 13,7 86,3 18,7 81,3 9,9 90,1 9,6 90,4 20,0 79,5 7,1 92,9

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92 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Conclusion

Le programme de bourses duConseil des arts et des lettres duQuébec a permis à plusieursécrivains québécois d’obtenir unsoutien financier pour réaliserleurs projets d’écriture ou de per-fectionnement. Les sommes quileur ont été consenties, au coursdes 10 dernières années, sontimportantes, et elles ont connudes augmentations appréciablesau fil des ans, particulièrement àla suite de l’adoption de la Politi-que de la lecture et du livre et del’octroi de crédits additionnelspour améliorer les conditions desartistes et des travailleurs culturels.

Une portion importante des som-mes a été octroyée à des écri-vains qui comptaient 10 ans et

moins de pratique profession-nelle au Québec ou à l’étranger.L’aide financière attribuée auxécrivains a été principalementversée pour mener à bien desprojets de recherche et de créa-tion. Cet appui financier a tou-ché différents genres littéraires,plus particulièrement le roman etrécit au cours des 10 dernièresannées.

Les boursiers du Conseil sontsurtout de sexe masculin, maisune place importante est occu-pée par ceux de sexe féminin,plus forte que leur poids relatif ausein de la population des écri-vains québécois. Les écrivainsboursiers vieillissent. Ils sont plusâgés, mais les jeunes sont deplus en plus présents parmi eux.

Références

CONSEIL DES ARTS ET DES LETTRES DU

QUÉBEC, « Programme de bour-ses en littérature, 2003-2004 »,Québec, 2003, 20 p.

GOUVERNEMENT DU QUÉBEC,MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES

COMMUNICATIONS, Le temps delire, un art de vivre. Politique dela lecture et du livre, Québec,1998, 116 p.

HARDY, G., « Le secteur des artset des lettres au Québec. L’évolu-tion de son financement par leConseil des arts et des lettres duQuébec », Constats du CALQ,no 2, mai 2002, 11 p.

MAILHOT, L., La littérature québé-coise, Québec, Éditions Typo,1997, 472 p.

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PARTIE 2LES ÉDITEURS

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CHAPITRE 5

LES ÉDITEURS DE LIVRESAU QUÉBEC

Introduction

Ceux qui nous ont précé-dés dans l’analyse dusecteur de l’édition de

livres au Québec ont traditionnel-lement utilisé trois principalessources de données : celles dudépôt légal de la Bibliothèquenationale du Québec (BNQ),celles du ministère de la Cultureet des Communications du Qué-bec (MCCQ) pour ce qui est deséditeurs agréés et, enfin, cellesde l’Enquête auprès des éditeurset des diffuseurs exclusifs de livresde Statistique Canada.

Ces trois sources de donnéesrépondent à des objectifs diffé-rents. Les données de la BNQpermettent de dresser le portraitde la production de livres auQuébec : nombre de titres, tira-ges et prix de détail suggéré parcatégorie de livres et d’éditeurs.Les données du MCCQ sonttirées des rapports d’agrémentque les éditeurs agréés doivent

fournir annuellement. On y trouvedes données sur la propriété dela maison d’édition, le nombrede titres publiés et le tirage selonle genre, les ventes sur les marchésétrangers et québécois et sur lessubventions reçues selon le niveaude gouvernement. Enfin, l’en-quête de Statistique Canadafournit des données tant sur laproduction des éditeurs et desdiffuseurs que sur leurs revenus etleurs dépenses.

L’analyse que comporte ce cha-pitre a pour objectif de présenterun portrait des éditeurs du Qué-bec. C’est dans ce but que nousavons choisi de centrer notreanalyse sur les données de l’en-quête de Statistique Canada,tout en étant conscients des limi-tes de cette enquête en ce qui atrait à sa couverture. Ces limitesne sont toutefois pas insurmonta-bles, puisque les répondants nefaisant pas partie de l’enquêtede Statistique Canada sont entrès grande partie des éditeurs

agréés. Nous avons donc pucompléter les données de Statisti-que Canada avec celles duMCCQ en ce qui concerne lesannées 1998-1999 et 2000-20011. Par ailleurs, les donnéesde la BNQ ont été utilisées pourune autre analyse que les lec-teurs trouveront au chapitre 6 duprésent ouvrage.

L’analyse se divise en trois parties.Une première partie dégage lesgrandes lignes de la productiondes éditeurs du Québec, ladeuxième vise à caractériser leursituation financière, tandis que ladernière partie aborde briève-ment l’état des exportations delivres par les éditeurs québécois.

La productiondes maisons d’édition

Dans l’enquête de StatistiqueCanada, le terme « ouvrages »désigne principalement les livres,mais aussi les publications sur

1. Note méthodologique : Les données des éditeurs agréés absents de l’enquête de Statistique Canada sont estimées selon unrapport basé sur la somme des ventes de livres déclarées par les éditeurs dans les rapports d’agrément du ministère de laCulture et des Communications du Québec, qui tient compte également du marché dans lequel ces éditeurs sont actifs.Ces données ont ensuite été validées à l’aide des données de l’Enquête sur la vente mensuelle de livres neufs de l’OCCQ.

Benoit Allaire

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96 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

d’autres supports, tels les cédéromsou les livres sur cassettes audio.Toutefois, le poids de ces autrestypes d’ouvrages demeure margi-nal, puisque la vente de livresreprésentait 99 % des ventesd’ouvrages par les éditeurs en2000-2001. Donc, dans cechapitre, et à moins d’indicationcontraire, les termes « livres » et« ouvrages » sont synonymes.

Les données que nous analysonsici sont tirées de l’enquête deStatistique Canada auprès deséditeurs et ne sont pas compara-bles à celles de la Bibliothèquenationale du Québec sur l’édi-tion2. Leur intérêt réside dans lesliens qu’il est possible d’établirentre ces données de productionet les données financières recueil-lies lors de la même enquête. Parexemple, on verra qu’au coursde la période de 1993-1994 à2000-2001, le taux de crois-sance annuel moyen du nombrede titres édités ou réédités a étéde 6,4 %, tandis que celui desrevenus provenant de la vente delivres a été notablement plus fai-ble, soit 0,1 %. Ces faits tendentà indiquer que, dans le secteurde l’édition de livres, la diversifi-cation de l’offre n’entraîne pas lahausse des revenus.

La production des éditeurs estrépartie selon l’agrément ou nonde l’éditeur et selon quatre caté-gories de livres : les manuelsscolaires, les livres pour la jeu-

nesse, les ouvrages de littératuregénérale et les autres ouvrages.Les manuels scolaires regroupenttous les livres principalement des-tinés à l’enseignement primaire,secondaire, collégial ou universi-taire. Les ouvrages pour la jeu-nesse désignent les ouvragesdestinés à des jeunes de 14 anset moins, et qui ne sont pasconçus comme des manuels sco-

laires. Les ouvrages de littératuregénérale sont les livres destinésau grand public. Les autresouvrages comprennent les ouvra-ges de référence (dictionnaires,encyclopédies, etc.), les ouvra-ges professionnels et techniquesainsi que les ouvrages savants(ouvrages produits par les pressesuniversitaires, instituts de recher-che, etc.) (tableau 5.1).

2. Entre autres divergences, mentionnons que les années de couverture sont différentes (années civiles et années financières), quela définition de « livres » de Statistique Canada est moins restrictive que celle de la BNQ, car elle peut inclure desbrochures de même que des ouvrages édités sur support électronique et, enfin, que les titres sont catégorisés par lerépondant dans l’enquête auprès des éditeurs. Les titres ne répondent donc pas nécessairement aux critères de classificationutilisés par la BNQ.

Tableau 5.1Production des éditeurs1 selon la catégorie de livres,Québec, 2000-2001

Ensemble Éditeurs Éditeursdes éditeurs agréés non agréés

n % n % n %

Nombre d’éditeurs 237 … 143 … 94 …Ouvrages édités 5 002 100,0 3 466 100,0 1 536 100,0Livres scolaires 1 197 23,9 862 24,9 335 21,8Livres pour la jeunesse 1 180 23,6 686 19,8 494 32,2Littérature générale 1 999 40,0 1 570 45,3 429 27,9Autres2 627 12,5 349 10,1 278 18,1Ouvrages réimprimés 4 222 100,0 2 910 100,0 1 312 100,0Livres scolaires 2 365 56,0 1 564 53,8 801 61,1Livres pour la jeunesse 888 21,0 535 18,4 353 26,9Littérature générale 811 19,2 702 24,1 109 8,3Autres2 158 3,7 109 3,7 49 3,7Ouvrages au catalogue 50 365 100,0 36 531 100,0 13 834 100,0Livres scolaires 16 072 31,9 10 278 28,1 5 794 41,9Livres pour la jeunesse 5 050 10,0 3 804 10,4 1 246 9,0Littérature générale 23 374 46,4 19 199 52,6 4 175 30,2Autres2 5 869 11,7 3 250 8,9 2 619 18,9

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires,15205 Éditeurs de littérature générale et 15206 Éditeurs scientifiques et techniques. Sontexclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Comprend les ouvrages savants, les ouvrages de référence et les ouvrages professionnels ettechniques.

Sources : Statistique Canada, Enquête annuelle auprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs delivres, 2000, et ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapportsd’agrément des éditeurs.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communica-tions du Québec.

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 97

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les nouveautés

En 2000-2001, les éditeurs duQuébec ont publié 5 002 nou-veautés3. Parmi ces ouvrages, leslivres de littérature généralecomptent pour la plus grandepart, soit 40,0 % des éditions.Suivent, dans l’ordre décroissant,les livres pour la jeunesse (23,6 %),les livres scolaires (23,6 %) et lesautres ouvrages (12,5 %). Cetterépartition des nouveautés selonla catégorie de livres marque unecertaine tendance à la baisse

3. Ce terme désigne les ouvrages édités ou réédités au cours de l’année financière de l’éditeur.

dans le domaine de l’édition sco-laire, amorcée en 1998-1999(tableau 5.2). En effet, la baissede la production de livres scolai-res en 2000-2001 suit la diminu-tion remarquée en 1998-1999quand l‘édition scolaire comptaitpour 26,9 % de toute la produc-tion. Selon l’enquête de Statisti-que Canada, de 1989-1990 à1996-1997, l’évolution de lastructure de la production deséditeurs montre une remarquablestabilité dans le temps, la part del’édition scolaire oscillant toujours

autour de 29 % des nouveautésau cours de cette période. Cetassement de la part de l’éditionscolaire est entièrementattribuable au déclin du nombrede manuels scolaires, c’est-à-diredes livres destinés à l’ensei-gnement primaire et secondaire.Depuis 1993-1994, le taux decroissance annuel moyen du nom-bre de manuels scolaires a été de– 0,9 %, tandis que celui deslivres destinés à l’enseignementcollégial et secondaire a connuun taux de croissance de 7,2 %.

Tableau 5.2Production des éditeurs1 selon la catégorie de livres, Québec, 1998-1999

Ensemble Éditeurs Éditeurs Ensemble Éditeurs Éditeursdes éditeurs agréés non agréés des éditeurs agréés non agréés

n % n % n % %

Nombre d’éditeurs 239 … 116 … 123 … 100,0 48,5 51,5

Ouvrages édités 4 280 100,0 2 758 100,0 1 522 100,0 100,0 64,4 35,6Livres scolaires 1 152 26,9 732 26,5 420 27,6 100,0 63,5 36,5Livres pour la jeunesse 811 19,0 486 17,6 325 21,4 100,0 60,0 40,0Littérature générale 1 582 37,0 1 248 45,2 334 21,9 100,0 78,9 21,1Autres2 735 17,2 292 10,6 443 29,1 100,0 39,7 60,3

Ouvrages réimprimés 4 019 100,0 2 613 100,0 1 406 100,0 100,0 65,0 35,0Livres scolaires 2 103 52,3 1 266 48,4 837 59,5 100,0 60,2 39,8Livres pour la jeunesse 657 16,4 380 14,6 277 19,7 100,0 57,9 42,1Littérature générale 956 23,8 750 28,7 206 14,7 100,0 78,4 21,6Autres2 303 7,5 217 8,3 86 6,1 100,0 71,6 28,4

Ouvrages au catalogue 44 135 100,0 31 433 100,0 12 702 100,0 100,0 71,2 28,8Livres scolaires 14 130 32,0 8 582 27,3 5 548 43,7 100,0 60,7 39,3Livres pour la jeunesse 4 660 10,6 3 386 10,8 1 274 10,0 100,0 72,7 27,3Littérature générale 18 498 41,9 16 026 51,0 2 472 19,5 100,0 86,6 13,4Autres2 6 848 15,5 3 440 10,9 3 408 26,8 100,0 50,2 49,8

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Comprend les ouvrages savants, les ouvrages de référence et les ouvrages professionnels et techniques.Sources : Statistique Canada, Enquête annuelle auprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres, 2000, et ministère de la Culture et des

Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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Cependant, même si la dimi-nution de la part de l’éditionscolaire dans l’ensemble de laproduction semble indiquer unralentissement de ce secteurd’activité en 2000-2001, ils’agit au contraire de l’année laplus productive depuis 1989,soit 1 197 nouveaux titres. C’estdonc par une augmentation plusimportante de la production delivres d’autres catégories quel’on peut expliquer la baisse rela-tive de l’édition scolaire.

Malgré toutes les limites inhéren-tes aux modifications apportées àla couverture de l’enquête deStatistique Canada auprès deséditeurs, nous pouvons quandmême comparer les taux de crois-sance annuels moyens de chaquecatégorie éditoriale avec celui del’ensemble de la production.Ainsi, le taux de croissance an-nuel moyen de l’ensemble del’édition de 1993-1994 à 2000-2001 est de 6,4 %, tandis qu’iln’est que de 4,3 % pour ce quiest de l’édition scolaire. En com-paraison, durant la même pé-riode, le taux de croissance an-nuel moyen de l’édition delittérature générale et de livrespour la jeunesse est de 7,9 %, etcelui de l’édition d’autres ouvra-ges est de 4,0 %. En examinantséparément l’édition de livres delittérature générale et celle deslivres pour la jeunesse – ce qu’ilest possible de faire en ce quiconcerne la période 1996-1997à 2000-2001 –, il est intéressantde noter que le taux de crois-

sance de la littérature jeunesse estde loin supérieur à celui de lalittérature générale, le premierétant de 16,2 % comparative-ment à 10,8 % pour le second.

La répartition des types de livresselon l’agrément ou non des édi-teurs présente un portrait con-trasté. Ainsi, en 2000-2001, leslivres de littérature généralecomptaient pour 45,3 % de leurproduction, tandis que cette pro-portion était de 27,9 % chez leséditeurs non agréés. À l’inverse,la proportion de titres pour lajeunesse édités par les éditeursagréés était de 19,8 % et de32,2 % en ce qui concerne leséditeurs non agréés. Quant auxlivres scolaires, leur part dans laproduction est similaire tant chezles éditeurs agréés (24,9 %) quechez les éditeurs non agréés(21,8 %). L’année 1998-1999présente un portrait semblablequant à la répartition des typesde livres selon l’agrément.

Les réimpressions

De façon générale, le nombrede réimpressions augmentemoins rapidement que la paru-tion de nouveaux titres depuis1993-1994. Le taux de crois-sance annuel moyen de l’ensem-ble des réimpressions a été de5,0 %, c’est-à-dire 1,4 point depourcentage de moins que letaux relatif aux éditions et auxrééditions. En fait, seuls les livresscolaires et les livres pour lajeunesse ont connu une croissance

des réimpressions supérieure àcelle des nouveautés, soit respec-tivement 2,8 et 0,5 points depourcentage de plus. C’est auchapitre des livres de littératuregénérale que cet écart est le plusgrand, soit une différence de9,7 points de pourcentage.

Il semble donc que la diminutionannuelle moyenne de 12,3 %du tirage moyen des premièreséditions au cours de la mêmepériode4 ne se transforme pas enune augmentation du nombre deréimpressions.

En 2000-2001, la structure desréimpressions selon l’agrément ounon des éditeurs est semblable àcelle des éditions et des réédi-tions, en affichant toutefois unenette prédominance des réimpres-sions de livres scolaires chez leséditeurs non agréés, soit 61,1 %des réimpressions de ceux-ci, tan-dis que cette proportion est de53,8 % en ce qui concerne leséditeurs agréés. Cette situation estconforme à celle qui avait coursen 1998-1999.

Les revenus etles dépensesdes maisons d’édition

Dans cette section, nous décri-vons tout d’abord la structure desrevenus des éditeurs selon leurmarché et l’agrément, ensuite larépartition de leurs dépenses, etnous terminons avec une brèveanalyse de l’évolution des mar-ges bénéficiaires.

4. Source : Bibliothèque nationale du Québec, Statistiques de l’édition. Compilation : Institut de la statistique du Québec,Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 99

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les revenus del’ensemble des éditeurs

L’évolution des revenusdes éditeurs

Dans notre analyse, nous nousattardons davantage aux revenusprovenant des activités liées àl’édition de livres qu’aux autressources de revenu des éditeurs.Selon le type d’éditeurs, cesrevenus provenant d’activités nonliées à l’édition de livres, tellel’édition de périodiques, repré-sentent cependant une portiondes revenus globaux des éditeursqui est loin d’être négligeable etqui fait souvent la différenceentre le profit et le déficit. Néan-moins, dans cet ouvrage, il nousest apparu plus important demettre l’accent sur les donnéesrelatives aux activités liées àl’édition de livres (tableaux 5.3et 5.4).

En 2000-2001, les revenustotaux5 des éditeurs se sont éle-vés à 389,7 millions de dollars,somme à peu près identique àcelle de 1998-1999, soit389,5 millions. Il s’agit d’uneaugmentation annuelle moyennede 0,02 %. Afin de mettre enperspective cette stagnation,nous allons tenter de décrirel’évolution des revenus totauxdes éditeurs depuis 1993-1994.Rigoureusement parlant, il est im-

possible de dresser le portrait decette évolution avec les donnéesde Statistique Canada, puisquela couverture de l’enquête s’estélargie en 1996 et qu’elle inclutdésormais les entreprises dont lesrevenus annuels sont inférieurs à50 000 dollars. Toutefois, l’inci-dence de ce changement demeureminime, l’ajout de ces entreprisesne représentant qu’une augmen-tation de 1,4 % des revenusglobaux dans l’ensemble du Ca-nada. Au Québec, les revenustotaux de ces petits éditeursreprésentaient 0,2 % des revenusde l’ensemble des éditeurs en2000-2001. Cependant, en cequi concerne les années 1998-1999 et 2000-2001, nous avonsajouté à l’univers de l’enquête deStatistique Canada les éditeursagréés qui en étaient absents.Les revenus de ces derniersreprésentaient 2,0 % des revenusde tous les éditeurs en 1998-1999 et 5,8 % en 2000-2001.Le lecteur gardera donc à l’espritque les revenus et les dépensesdes éditeurs de 1993-1994 à1996-1997 sont probablementlégèrement sous-estimés.

Depuis 1993-1994, les revenustotaux des éditeurs sont passésde 372 millions de dollars à390 millions en 2000-2001,c’est-à-dire une croissance annuellemoyenne de 0,7 % en dollarscourants. En tenant compte de

l’inflation, cette faible croissancesignifie plutôt une diminutionannuelle moyenne de 2,6 %, endollars constants de 1997, pourla même période6. Cette situa-tion, guère reluisante, est à mettreen perspective avec le marchédans lequel les éditeurs sontactifs. Ainsi, les éditeurs scolaires7,malgré la baisse de leurs revenusen 1996-1997, ont connu unecroissance annuelle moyenne de3,5 % (1,1 % en dollars de1997), tandis que les éditeursde littérature générale, c’est-à-dire tous les autres éditeurs, ontplutôt connu de mauvaises an-nées, soit une variation annuellemoyenne de 0,8 %, ou de– 4,0 % en dollars de 1997. Lesrevenus totaux des éditeursscolaires étaient de 134 millionsde dollars en 1998-1999 etde 146 millions en 2000-2001,soit respectivement 34,5 % et37,5 % des revenus totaux del’ensemble des maisons d’édition.

La part des ventesde livres dans les revenusdes éditeurs

Malgré une légère diminution deson importance entre 1998-1999 et 2000-2001, la ventede livres demeure, et de loin, laprincipale source de revenu deséditeurs. Ainsi, les ventes de livresreprésentaient 91,8 % des reve-nus totaux des éditeurs en 1998-

5. Revenus totaux provenant des activités d’édition. Sont exclus les revenus provenant d’activités telles que l’édition depériodiques, la vente de livres en gros non exclusive, les services d’impression pour autrui ou autres activités.

6. Taux calculé à l’aide de l’indice des prix industriels de l’édition, en dollars constants de 1997. Statistique Canada, Cansim,tableau 329-0042.

7. Les éditeurs scolaires sont les éditeurs dont au moins 50 % des ventes de livres sont constituées de ventes de livres destinés àl’enseignement primaire, secondaire, collégial ou universitaire.

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INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 5.3État des revenus et dépenses des éditeurs1 selon la catégorie de livres, Québec, 2000-2001

Ensemble Éditeurs de Éditeurs dedes éditeurs livres scolaires2 littérature générale

% % %

Nombre n 237 … 55 … 182 …Activités liées à l’édition de livresVentes k$ 356 819 91,6 134 012 91,8 222 807 89,9 Ventes d’ouvrages k$ 351 200 90,1 131 615 90,2 219 585 88,6 Ventes de livres k$ 348 245 89,4 130 885 89,7 217 359 87,4 Ventes d’autres ouvrages3 k$ 2 955 0,8 730 0,5 2 226 1,2 Ventes de droits k$ 2 963 0,8 651 0,4 2 313 0,9 Autres ventes k$ 2 656 0,7 1 746 1,2 910 0,4Autres recettes d’exploitation k$ 7 185 1,8 3 948 2,7 3 237 2,9Subventions k$ 23 453 6,0 7 062 4,8 16 391 6,7Autres revenus k$ 2 284 0,6 1 032 0,7 1 252 0,5Revenus totaux k$ 389 741 100,0 146 053 100,0 243 687 100,0Coût des ventes k$ 196 287 50,4 73 206 50,1 123 082 50,5 Coût des ouvrages vendus k$ 163 142 41,9 61 371 42,0 101 771 41,8 Dépenses en droits d’auteur à la suite de ventes k$ 29 727 7,6 11 364 7,8 18 363 7,5 Coûts des droits achetés k$ 423 0,1 59 0,0 364 0,1 Coût des autres biens et tous autres coûts liés aux ventes k$ 2 995 0,8 411 0,3 2 584 1,1Frais d’exploitation k$ 186 774 47,9 64 883 44,4 121 892 50,0 Frais d’édition k$ 9 442 2,4 3 121 2,1 6 321 2,6 Frais de conception et de production k$ 6 229 1,6 3 569 2,4 2 660 1,1 Exécution des commandes entreposage et expédition k$ 29 045 7,5 6 500 4,5 22 546 9,3 Marketing ventes promotion et publicité k$ 59 150 15,2 22 026 15,1 37 124 15,2 Frais d’occupation k$ 5 605 1,4 2 325 1,6 3 281 1,3 Frais d’administration k$ 42 265 10,8 16 918 11,6 25 348 10,4 Amortissement (sans les stocks) k$ 4 159 1,1 2 593 1,8 1 566 0,6 Frais de gestion payés à une société affiliée k$ 3 241 0,8 2 064 1,4 1 177 0,5 Intérêts et frais bancaires (avant les subventions) k$ 5 308 1,4 3 330 2,3 1 978 0,8 Autres frais d’exploitation k$ 22 329 5,7 2 437 1,7 20 487 8,4Dépenses totales k$ 383 062 98,3 138 088 94,5 244 974 100,5Marge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres k$ 6 679 1,7 7 965 5,5 -1 286 -0,5Activités non liées à l’éditionde livres4

Revenus k$ 30 675 7,3 7 891 5,1 22 784 8,6Dépenses k$ 24 322 5,8 4 889 3,2 19 432 7,3Marge bénéficiaire des activitésnon liées à l’édition k$ 6 354 1,5 3 002 1,9 3 352 1,3Bénéfice avant impôt etpostes extraordinaires k$ 13 032 3,1 10 967 7,1 2 065 0,8

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

3. Comprend les ventes de matériel audiovisuel, de cédéroms, de livres électroniques, de services en ligne et d’autres ouvrages.4. Désigne les activités telles que l’édition de périodiques, les services d’impression pour compte d’autrui, la vente de livres en gros (non exclusive)

et de périodiques en gros, la vente de livres au détail (excluant les ventes des propres ouvrages sur le site Web de l’éditeur) et autres. Dans cettesection, les pourcentages sont calculés sur la base du revenu global des éditeurs (revenu total des activités liées à l’édition de livres plus lesrevenus des activités non liées à l’édition de livres).

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 101

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 5.4État des revenus et dépenses des éditeurs1 selon la catégorie de livres, Québec, 1998-1999

Ensemble Éditeurs de Éditeurs dedes éditeurs livres scolaires2 littérature générale

% % %

Nombre n 239 … 54 … 185 …Activités liées à l’édition de livresVentes k$ 363 785 93,4 126 372 94,1 237 413 93,0 Ventes d’ouvrages k$ 359 027 92,2 126 067 93,9 232 960 91,3 Ventes de livres k$ 357 535 91,8 125 744 93,6 231 791 90,8 Ventes d’autres ouvrages3 k$ 1 492 0,4 323 0,2 1 169 0,5 Ventes de droits k$ 4 758 1,2 306 0,2 4 452 1,7Autres recettes d’exploitation k$ 6 227 1,6 2 692 2,0 3 535 1,4Subventions k$ 19 536 5,0 5 233 3,9 14 303 5,6Revenus totaux k$ 389 548 100,0 134 298 100,0 255 251 100,0Coût des ventes k$ 194 913 50,0 61 939 46,1 132 974 52,1 Coût des ouvrages vendus k$ 164 986 42,4 49 672 37,0 115 314 45,2 Dépenses en droits d’auteur à la suite de ventes k$ 26 952 6,9 12 190 9,1 14 762 5,8 Coûts des droits achetés k$ 2 975 0,8 77 0,1 2 898 1,1Frais d’exploitation k$ 181 800 46,7 57 915 43,1 123 886 48,5 Frais d’édition k$ 6 543 1,7 2 742 2,0 3 801 1,5 Frais de conception et de production k$ 6 306 1,6 3 128 2,3 3 178 1,2 Exécution des commandes, entreposage et expédition k$ 30 196 7,8 5 579 4,2 24 618 9,6 Marketing ventes promotion et publicité k$ 63 376 16,3 14 740 11,0 48 636 19,1 Frais d’occupation k$ 6 478 1,7 2 223 1,7 4 254 1,7 Frais d’administration k$ 45 726 11,7 21 037 15,7 24 689 9,7 Amortissement (sans les stocks) k$ 4 469 1,1 2 900 2,2 1 568 0,6 Intérêts et frais bancaires (avant les subventions) k$ 4 375 1,1 1 674 1,2 2 702 1,1 Autres frais d’exploitation k$ 14 330 3,7 3 891 2,9 10 439 4,1Dépenses totales k$ 376 713 96,7 119 854 89,2 256 859 100,6Marge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres k$ 12 835 3,3 14 444 10,8 -1 609 -0,6Activités non liées à l’édition de livres4

Revenus k$ 165 257 29,8 8 771 6,1 156 486 38,0Dépenses k$ 147 226 26,5 6 500 4,5 140 726 34,Marge bénéficiaire des activitésnon liées à l’édition k$ 18 031 3,2 2 271 1,6 15 760 3,8Bénéfice avant impôt et postesextraordinaires k$ 30 866 5,6 16 775 11,7 14 091 3,4

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

3. Comprend les ventes de matériel audiovisuel, de cédéroms, de livres électroniques, de services en ligne et d’autres ouvrages.4. Désigne les activités telles que l’édition de périodiques, les services d’impression pour compte d’autrui, la vente de livres en gros (non exclusive)

et de périodiques en gros, la vente de livres au détail (excluant les ventes des propres ouvrages sur le site Web de l’éditeur) et autres. Dans cettesection, les pourcentages sont calculés sur la base du revenu global des éditeurs (revenu total des activités liées à l’édition de livres plus lesrevenus des activités non liées à l’édition de livres).

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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102 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

1999 et 89,4 % en 2000-2001. Le mouvement à la baissede la part des ventes de livres estobservable au moins depuis1994-1995. En effet, de 1993-1994 à 1996-1997, la part desrevenus provenant de la ventede livres a été successivement de94,7 %, de 93,3 % et de 92,5 %.

Les ventes de livres représententune part légèrement plus grandechez les éditeurs scolaires quechez les éditeurs de littératuregénérale : 89,7 % chez les pre-miers et 87,4 % chez les autresen 2000-2001. Il est intéressantde constater que la répartition dela part des ventes de livres sur lesrevenus totaux selon le marchés’est inversée depuis 1993-1994.En effet, en 1993-1994 et en1994-1995, les éditeurs de litté-rature générale présentaient unepart plus grande de la vente delivres dans leurs revenus totaux.La situation s’est inversée en1996-1997 et se maintient depuis.

Les subventions reçuespar les éditeurs

Comme l’a déjà observé MarcMénard pour ce qui concerne leséditeurs agréés, les subventionscomptent pour une part de plusen plus grande dans les revenusdes éditeurs de 1993-1994 à2000-2001. Il en est de mêmede l’ensemble des éditeurs, pourqui cette source de revenu repré-sentait 3,6 % des revenus totauxen 1993-1994 et comptait pour

6,0 % en 2000-2001. Cettecroissance de la part des reve-nus de subvention est cependantmoins importante chez les édi-teurs scolaires, où elle passe de3,9 % à 4,8 %, que chez leséditeurs de littérature générale oùelle a doublé, passant de 3,4 %à 6,7 % des revenus totaux.

L’augmentation de la part dessubventions dans les revenustotaux des éditeurs n’expliquetoutefois pas entièrement la dimi-nution de la part de la vented’ouvrages. En effet, il sembleque les éditeurs tendent à diversi-fier leurs activités, puisque lesrevenus autres que la vented’ouvrages ou les subventionsont connu une croissance supé-rieure à celle des activités tradi-tionnelles des éditeurs, même sices activités ne représentaientque 3,9 % des revenus en 2000-2001. En effet, le taux de crois-sance annuel moyen des autresrevenus des éditeurs, de 1993-1994 à 2000-2001, a été de17,6 %, de 16,4 % chez leséditeurs scolaires et de 18,9 %pour ce qui est des éditeurs delittérature générale. Ces autresrevenus proviennent de la ventede droits, mais surtout d’autresactivités liées à l’édition et à ladiffusion exclusive de livres.

La concentrationchez les éditeurs de livres

Les difficultés des éditeurs ne sem-blent pas avoir favorisé une plus

grande concentration horizontaledans ce secteur culturel. En effet,de 1993-1994 à 1998-1999,les niveaux de concentration ontdiminué régulièrement tant chezles éditeurs scolaires que chez leséditeurs de littérature générale. En1993-1994, les ventes de livresdes 3 principaux éditeurs repré-sentaient 42,1 % des ventes detous les éditeurs et 66,3 % des 10principaux. En 1998-1999, cesniveaux ont chuté à 27,1 % et à59,2 % respectivement. L’année2000-2001 marque une pre-mière hausse des niveaux de con-centration dans l’édition de livres;la part de marché des 3 princi-paux éditeurs monte à 35,9 %, etcelle des 10 principaux, à 59,2 %(tableau 5.5).

Ces niveaux de concentration,fort modestes si on les compareà ceux que l’on observe enregard d’autres médias tels quela presse écrite ou la télévision,grimpent notablement quand ontient compte du marché danslequel les éditeurs de livres réali-sent la plus grande partie deleurs ventes. En 2000-2001,chez les éditeurs scolaires, prèsde la moitié des ventes (49,3 %)étaient faites par les 3 principauxéditeurs et 82,5 % par les 10principaux. Chez les éditeurs delittérature générale, ces niveauxsont de 48,3 % et de 69,6 %, etils sont comparables à ceux del’édition française de livres en1998 : 47 % et 65 %8. Toutefois,

8. Livres hebdo, no 353, 15 octobre 1999, dans Marc MÉNARD, Les chiffres des mots. Portrait économique du livre auQuébec, Montréal, SODEC, 2001.

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 103

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

la situation française a pu évo-luer passablement depuis l’achat,en 2002, de Vivendi UniversalPublishing (Plon, Larousse, Le Livrede poche, etc.) par Lagardère,qui possédait déjà plusieurs mai-sons d’édition importantes, tellesHachette, Fayard, Grasset, etc.

Les revenusdes éditeurs agréés

L’évolution des revenusdes éditeurs agréés

En 2001-2002, les revenus totauxdes éditeurs agréés se sont éle-vés à 180 millions de dollarscomparativement à 157 millionsen 1998-1999, ce qui signifieune augmentation annuellemoyenne remarquable de 7,2 %durant cette période. En se

basant sur les ventes de livresdes éditeurs agréés selon lesrapports d’agrément relatifs àl’année 1994-1995, nous pou-vons estimer les revenus totaux9

de ces éditeurs à 138 millionsde dollars, soit une croissanceannuelle moyenne de 4,6 % en-tre 1994-1995 et 2000-2001.Ce taux de croissance est biensupérieur à celui de l’ensembledes éditeurs, lequel est à peuprès nul (0,01 %) durant la mêmepériode. En tenant compte del’inflation toutefois, le taux decroissance annuel moyen des re-venus des éditeurs agréés est de1,3 %, tandis que ce taux estde – 3,2 % chez l’ensemble deséditeurs.

Pour des raisons méthodologi-ques, il est impossible de tracer

l’évolution des revenus des édi-teurs scolaires agréés commenous l’avons fait pour l’ensembledes éditeurs agréés. Néanmoins,la comparaison des revenus desannées 1998-1999 et 2000-2001 des éditeurs scolairesagréés et des éditeurs de littéra-ture générale agréés donne desrésultats intéressants (tableaux5.6 et 5.7).

Tout d’abord, notons que la partde marché des éditeurs scolairesa quelque peu diminué au coursde ces deux années. En effet,parmi les éditeurs agréés, leséditeurs scolaires accaparaient42,3 % en 1998-1999 et 40,2 %des revenus totaux en 2000-2001, soit 66 et 73 millions dedollars respectivement, c’est-à-dire une augmentation de 9,1 %

Tableau 5.5Niveaux de concentration chez les éditeurs de livres selon le marché, Québec, de 1993-1994 à 2000-2001

Ensemble des éditeurs1 Éditeurs scolaires2 Éditeurs de littérature générale

3 principaux 10 principaux 3 principaux 10 principaux 3 principaux 10 principaux

%

1993-1994 42,1 66,3 51,5 81,4 57,6 79,01994-1995 39,6 63,6 53,5 83,3 51,9 75,21996-1997 38,5 60,9 50,0 86,4 51,1 72,11998-1999 27,1 56,8 44,6 81,4 41,8 67,92000-2001 35,9 59,2 49,3 82,5 48,3 69,6

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

9. Revenus estimés à partir des ventes de livres selon le rapport entre les ventes de livres et le revenu total de 1998-1999.

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104 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 5.6État des revenus et dépenses des éditeurs agréés1 selon la catégorie de livres, Québec, 2000-2001

Ensemble Éditeurs de Éditeurs dedes éditeurs livres scolaires2 littérature générale

% % %

Nombre n 143 … 34 … 109 …Activités liées à l’édition de livresVentes k$ 154 183 85,4 62 521 86,2 91 662 84,8 Ventes d’ouvrages k$ 150 342 83,2 61 046 84,2 89 296 82,6 Ventes de livres k$ 149 444 82,7 60 390 83,3 89 054 82,4 Ventes d’autres ouvrages3 k$ 898 0,5 656 0,9 242 0,2 Ventes de droits k$ 2 282 1,3 429 0,6 1 853 1,7 Autres ventes k$ 1 559 0,9 1 046 1,4 513 0,5Autres recettes d’exploitation k$ 6 608 3,7 3 466 4,8 3 142 2,9Subventions k$ 19 036 10,5 6 187 8,5 12 848 11,9Autres revenus k$ 788 0,4 352 0,5 436 0,4Revenus totaux k$ 180 614 100,0 72 526 100,0 108 088 100,0Coût des ventes k$ 91 221 50,5 38 173 52,6 53 048 49,1 Coût des ouvrages vendus k$ 73 110 40,5 32 032 44,2 41 078 38,0 Dépenses en droits d’auteur à la suite de ventes k$ 16 003 8,9 5 896 8,1 10 107 9,4 Coûts des droits achetés k$ 245 0,1 59 0,1 186 0,2 Coût des autres biens et tous autres coûts liés aux ventes k$ 1 863 1,0 185 0,3 1 678 1,6Frais d’exploitation k$ 91 589 50,7 35 492 48,9 56 097 51,9 Frais d’édition k$ 4 021 2,2 698 1,0 3 323 3,1 Frais de conception et de production k$ 4 397 2,4 3 094 4,3 1 303 1,2 Exécution des commandes entreposage et expédition k$ 14 141 7,8 3 775 5,2 10 366 9,6 Marketing ventes promotion et publicité k$ 28 669 15,9 13 192 18,2 15 476 14,3 Frais d’occupation k$ 3 704 2,1 1 500 2,1 2 205 2,0 Frais d’administration k$ 23 947 13,3 8 434 11,6 15 513 14,4 Amortissement (sans les stocks) k$ 1 867 1,0 830 1,1 1 037 1,0 Frais de gestion payés à une société affiliée k$ 1 403 0,8 1 053 1,5 349 0,3 Intérêts et frais bancaires (avant les subventions) k$ 1 995 1,1 930 1,3 1 065 1,0 Autres frais d’exploitation k$ 7 447 4,1 1 987 2,7 6 055 5,6Dépenses totales k$ 182 810 101,2 73 665 101,6 109 145 101,0Marge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres k$ -2 196 -1,2 -1 139 -1,6 -1 058 -1,0Activités non liées à l’éditionde livres4

Revenus k$ 14 642 7,5 7 829 9,7 6 813 5,9Dépenses k$ 9 875 5,1 4 852 6,0 5 023 4,4Marge bénéficiaire des activitésnon liées à l’édition k$ 4 767 2,4 2 977 3,7 1 790 1,6Bénéfice avant impôt etpostes extraordinaires k$ 2 571 1,3 1 838 2,3 732 0,6

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

3. Comprend les ventes de matériel audiovisuel, de cédéroms, de livres électroniques, de services en ligne et d’autres ouvrages.4. Désigne les activités telles que l’édition de périodiques, les services d’impression pour compte d’autrui, la vente de livres en gros (non exclusive)

et de périodiques en gros, la vente de livres au détail (excluant les ventes des propres ouvrages sur le site Web de l’éditeur) et autres. Dans cettesection, les pourcentages sont calculés sur la base du revenu global des éditeurs (revenu total des activités liées à l’édition de livres plus lesrevenus des activités non liées à l’édition de livres).

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 105

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 5.7État des revenus et dépenses des éditeurs agréés1 selon la catégorie de livres, Québec, 1998-1999

Ensemble Éditeurs de Éditeurs dedes éditeurs livres scolaires2 littérature générale

% % %

Nombre n 116 … 30 … 86 …Activités liées à l’édition de livresVentes k$ 137 648 87,5 59 337 89,3 78 311 86,2 Ventes d’ouvrages k$ 136 117 86,6 59 154 89,0 76 963 84,8 Ventes de livres k$ 135 589 86,2 58 908 88,7 76 681 84,4 Ventes d’autres ouvrages3 k$ 528 0,3 246 0,4 281 0,3 Ventes de droits k$ 1 531 1,0 183 0,3 1 349 1,5Autres recettes d’exploitation k$ 4 556 2,9 2 394 3,6 2 162 2,4Subventions k$ 15 047 9,6 4 716 7,1 10 331 11,4Revenus totaux k$ 157 250 100,0 66 447 100,0 90 804 100,0Coût des ventes k$ 82 198 52,3 31 837 47,9 50 362 55,5 Coût des ouvrages vendus k$ 67 650 43,0 25 927 39,0 41 723 45,9 Dépenses en droits d’auteur à la suite de ventes k$ 14 040 8,9 5 850 8,8 8 191 9,0 Coûts des droits achetés k$ 508 0,3 60 0,1 448 0,5Frais d’exploitation k$ 68 389 43,5 29 334 44,1 39 055 43,0 Frais d’édition k$ 3 175 2,0 1 274 1,9 1 900 2,1 Frais de conception et de production k$ 2 843 1,8 2 047 3,1 795 0,9 Exécution des commandes, entreposage et expédition k$ 10 473 6,7 3 366 5,1 7 107 7,8 Marketing ventes promotion et publicité k$ 19 385 12,3 6 734 10,1 12 651 13,9 Frais d’occupation k$ 3 729 2,4 1 707 2,6 2 022 2,2 Frais d’administration k$ 22 735 14,5 11 864 17,9 10 871 12,0 Amortissement (sans les stocks) k$ 1 380 0,9 557 0,8 823 0,9 Intérêts et frais bancaires (avant les subventions) k$ 1 291 0,8 557 0,8 733 0,8 Autres frais d’exploitation k$ 3 380 2,1 1 228 1,8 2 152 2,4Dépenses totales k$ 150 588 95,8 61 171 92,1 89 417 98,5Marge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres k$ 6 663 4,2 5 276 7,9 1 387 1,5Activités non liées à l’édition de livres4

Revenus k$ 17 956 10,2 x x x xDépenses k$ 15 013 8,6 x x x xMarge bénéficiaire des activitésnon liées à l’édition k$ 2 944 1,7 x x x xBénéfice avant impôt et postesextraordinaires k$ 9 607 5,5 x x x x

1. Comprend tous les établissements agréés par le ministère de la Culture et des Communications du Québec et qui font partie des groupes duSCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206 Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus lesétablissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeur gouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

3. Comprend les ventes de matériel audiovisuel, de cédéroms, de livres électroniques, de services en ligne et d’autres ouvrages.4. Désigne les activités telles l’édition de périodiques, les services d’impression pour compte d’autrui, la vente de livres en gros (non exclusive) et de

périodiques en gros, la vente de livres au détail (excluant les ventes des propres ouvrages sur le site Web de l’éditeur) et autres. Dans cettesection, les pourcentages sont calculés sur la base du revenu global des éditeurs (revenu total des activités liées à l’édition de livres plus lesrevenus des activités non liées à l’édition de livres).

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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106 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

en deux ans. Cette hausse estsemblable à celle que l’on observechez l’ensemble des éditeurs sco-laires (8,8 %). Chez les éditeursagréés de littérature générale, leportrait est fort différent. Tandisque, chez l’ensemble des édi-teurs de littérature générale, lesrevenus totaux ont diminué de4,5 % de 1998-1999 à 2000-2001, les éditeurs de littératuregénérale agréés ont connu unehausse notable de 19,0 %.Donc, il semble bien que l’agré-ment ait été plus profitable auxéditeurs de littérature généralequ’aux éditeurs scolaires.

La part des ventesde livres dans les revenusdes éditeurs agréés

Bien qu’elle constitue, et de loin,l’apport principal de revenu, lavente de livres représente unesource de revenu un peu moinsimportante chez les éditeursagréés que chez l’ensembledes éditeurs. Les ventes de livresdes éditeurs agréés s’élevaientà 136 millions de dollars en1998-1999, soit 86,2 % durevenu total, et à 149 millions(82,7 %) en 2000-2001. Rap-pelons que, chez l’ensemble deséditeurs, ces proportions étaientrespectivement de 91,8 % et de89,4 %.

L’apport de la vente de livres estlégèrement plus important chezles éditeurs scolaires agréés quechez les éditeurs de littératuregénérale agréés, soit 89,0 %chez les premiers et 84,4 % chezles seconds en 1998-1999. En2000-2001, ces pourcentages

ont baissé à 83,3 % et à 82,4 %,situation fort semblable à celleque l’on observait chez l’ensem-ble des éditeurs scolaires et deséditeurs de littérature générale.

De 1998-1999 à 2000-2001,les ventes de livres ont augmentéde 10,2 % pour ce qui est del’ensemble des éditeurs agréés,de 2,5 % en ce qui concerne leséditeurs scolaires agréés et de16,1 % chez les éditeurs delittérature générale agréés. Cesaugmentations sont évidemmentmoins fortes que celles des reve-nus totaux qui sont respective-ment de 14,9 %, de 9,1 % et de19,0 %, ce qui est cohérent avecla diminution de la part de lavente de livres que nous avonsobservée chez tous les typesd’éditeurs.

Les subventions reçuespar les éditeurs agréés

La somme des subventions reçuespar les éditeurs agréés en 2000-2001, toutes provenances con-fondues, s’élevait à 19 millionsde dollars, soit 10,5 % de leursrevenus totaux. Cette proportionest de 8,5 % chez les éditeursscolaires et de 11,9 % chez leséditeurs de littérature générale.En 1998-1999, les éditeursagréés ont reçu 15 millions dedollars en subvention, soit 9,6 %de leur revenu total. Les éditeursscolaires agréés ont reçu 5 mil-lions de dollars, soit 7,1 % deleur revenu total, et les éditeursde littérature générale, 10 mil-lions (11,4 %). Évidemment, lapart des subventions dans lesrevenus des éditeurs agréés est

plus importante que chez leséditeurs non agréés, car seuls lespremiers ont droit aux subven-tions du gouvernement québécois.

Afin de mieux comprendre l’effetdes subventions sur les revenusdes éditeurs agréés, nous avonstenté de comparer les variationsde la somme des subventionsreçues avec les variations desventes d’ouvrages, selon le typed’éditeurs. Cette démarche esttout à fait exploratoire et il seraitabusif d’en tirer des conclusionsdéfinitives, mais elle permet peut-être d’apporter un nouvel éclai-rage au rôle des subventionsdans le monde de l’édition.

Une simple comparaison des pour-centages de variation des ventesd’ouvrages et des subventions de1998-1999 à 2000-2001 révèlequ’il existe une relation positiveentre la variation des revenus pro-venant de la vente de livres et celledes revenus de subvention. Chezles éditeurs de littérature généraleagréés, l’augmentation de 24,4 %des subventions s’accompagned’une augmentation de 16,2 %des ventes d’ouvrages, pendantque, chez les éditeurs de littératuregénérale non agréés, la baisse de10,8 % de la somme des subven-tions reçues suit la diminution de16,5 % des ventes de livres. L’effetest toutefois moins évident chez leséditeurs scolaires. Les subventionsaux éditeurs scolaires agréés ontcrû de 31,2 %, tandis que lesventes de livres n’ont augmentéque de 3,2 %. La situation estsemblable chez les éditeurs scolai-res non agréés pour qui la haussede 69,1 % des subventions

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 107

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

s’accompagne d’une augmenta-tion de 5,5 % des ventes d’ouvra-ges. Cette différence entre les édi-teurs scolaires et les éditeurs delittérature générale peut s’expli-quer en partie par les objectifsparticuliers des divers organismessubventionnaires (figures 5.1a et5.1b).

Cette relation positive entre lacroissance des subventions etcelle des ventes de livres signifieque les fonds publics injectésdans l’édition de livres permet-tent effectivement aux éditeursquébécois de faire connaître lesauteurs du Québec et que cesécrits sont appréciés du public.Toutefois, le taux de croissancedes ventes de livres étant plus

faible que celui des subventions– outre le fait que le rapport estinverse entre le taux de crois-sance de la part des ventes delivres et celui de la part dessubventions dans le revenu to-tal –, il semble que ce modèlede développement ait atteint leslimites de ses possibilités.

Les revenus deséditeurs non agréés

L’évolution des revenusdes éditeurs non agréés

Les revenus totaux des éditeursnon agréés s’élevaient à 232 mil-lions de dollars en 1998-1999 età 209 millions en 2000-2001,

soit une baisse de 10,0 % en deuxans. Il s’agit donc d’une situationsingulièrement différente de celledes éditeurs agréés qui, rappe-lons-le, ont connu une hausse de14,9 % de leur revenu total aucours de la même période. Ils’ensuit évidemment que la partdes éditeurs non agréés dans lerevenu total de tous les éditeurs asensiblement diminué, passant de59,6 % à 53,7 %.

La situation est aussi fort différenteselon le marché dans lequel leséditeurs sont actifs. Ainsi, les édi-teurs scolaires non agréés ontconnu une augmentation de8,4 % de leur revenu total, ce qui

Figure 5.1aStructure des revenus totaux des éditeurs, Québec, 2000-2001

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Ventes d'ouvrages Subventions Autres recettes

0 20 40 60 80 100

Éditeurs de littérature générale

Éditeurs scolaires

Ensemble des éditeurs

Éditeurs de littérature générale non-agréés

Éditeurs scolaires non agréés

Éditeurs non agréés

Éditeurs de littérature générale agréés

Éditeurs scolaires agréés

Éditeurs agréés

%

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108 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Figure 5.1bStructure des revenus totaux des éditeurs, Québec, 1998-1999

est semblable à la part des édi-teurs scolaires agréés, soit 9,1 %.Par contre, chez les éditeurs delittérature générale non agréés,les revenus liés à l’édition de livresont chuté brutalement de 17,5 %au cours de cette période, tandisque les revenus des éditeurs delittérature générale agréés aug-mentaient de 19,0 %.

La part des ventesde livres dans les revenusdes éditeurs non agréés

Les ventes de livres représentaient95,5 % des revenus totaux deséditeurs non agréés en 1998-1999 et 95,1 % en 2000-2001,soit respectivement 222 et 198millions de dollars. Il s’agit d’uneréduction de 12,1 %, ce qui est

sensiblement inférieur à celle quitouche les revenus totaux de ceséditeurs. Il est remarquable aussique la part des ventes de livresdans les revenus totaux des édi-teurs non agréés soit plus impor-tante que chez les éditeurs agréés.En effet, les différences de pour-centage étaient respectivement de9,3 % et de 12,3 % en 1998-1999 et en 2000-2001 en faveurdes éditeurs non agréés. En fait,ces différences dans la répartitiondes sources de revenu s’expliquenten très grande partie par les diffé-rences concernant l’apport dessubventions qui sont respective-ment de 7,6 % et de 8,4 %.

C’est chez les éditeurs scolairesnon agréés que l’apport des ven-tes de livres est le plus important,

car il représente 98,5 % desrevenus totaux en 1998-1999 et95,9 % en 2000-2001. Chezles éditeurs de littérature géné-rale non agréés, cette source derevenu comptait pour 94,9 %des revenus totaux et 94,6 %relativement aux mêmes années(tableaux 5.8 et 5.9).

Bibliothèque nationale du Québec

0% 20% 40% 60% 80% 100%Ventes d'ouvrages Subventions Autres recettes

Éditeurs de littérature générale

Éditeurs scolaires

Ensemble des éditeurs

Éditeurs de littérature générale non-agréés

Éditeurs scolaires non agréés

Éditeurs non agréés

Éditeurs de littérature générale agréés

Éditeurs scolaires agréés

Éditeurs agréés

% 0 20 40 60 80 100

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 109

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 5.8État des revenus et dépenses des éditeurs non agréés1 selon la catégorie de livres, Québec, 2000-2001

Ensemble Éditeurs de Éditeurs dedes éditeurs livres scolaires2 littérature générale

% % %

Nombre n 94 … 21 … 73 …Activités liées à l’édition de livresVentes k$ 202 637 96,9 71 491 97,2 131 145 96,7 Ventes d’ouvrages k$ 200 858 96,0 70 569 96,0 130 289 96,1 Ventes de livres k$ 198 801 95,1 70 495 95,9 128 306 94,6 Ventes d’autres ouvrages3 k$ 2 057 1,3 74 0,1 1 983 2,0 Ventes de droits k$ 681 0,3 221 0,3 459 0,3 Autres ventes k$ 1 097 0,5 701 1,0 397 0,3Autres recettes d’exploitation k$ 577 0,3 481 0,7 95 0,1Subventions k$ 4 417 2,1 874 1,2 3 543 2,6Autres revenus k$ 1 496 0,7 680 0,9 816 0,6Revenus totaux k$ 209 127 100,0 73 527 100,0 135 600 100,0Coût des ventes k$ 105 066 50,2 35 033 47,6 70 034 51,6 Coût des ouvrages vendus k$ 90 032 43,1 29 339 39,9 60 693 44,8 Dépenses en droits d’auteur à la suite de ventes k$ 13 724 6,6 5 468 7,4 8 256 6,1 Coûts des droits achetés k$ 178 0,1 – 0,0 178 0,1 Coût des autres biens et tous autres coûts liés aux ventes k$ 1 132 0,5 226 0,3 906 0,7Frais d’exploitation k$ 95 185 45,5 29 390 40,0 65 795 48,5 Frais d’édition k$ 5 422 2,6 2 423 3,3 2 998 2,2 Frais de conception et de production k$ 1 832 0,9 476 0,6 1 356 1,0 Exécution des commandes, entreposage et expédition k$ 14 905 7,1 2 725 3,7 12 180 9,0 Marketing ventes promotion et publicité k$ 30 481 14,6 8 834 12,0 21 647 16,0 Frais d’occupation k$ 1 901 0,9 825 1,1 1 076 0,8 Frais d’administration k$ 18 318 8,8 8 484 11,5 9 835 7,3 Amortissement (sans les stocks) k$ 2 292 1,1 1 763 2,4 529 0,4 Frais de gestion payés à une société affiliée k$ 1 838 0,9 1 010 1,4 828 0,6 Intérêts et frais bancaires (avant les subventions) k$ 3 314 1,6 2 401 3,3 913 0,7 Autres frais d’exploitation k$ 14 882 7,1 450 0,6 14 432 10,6Dépenses totales k$ 200 251 95,8 64 423 87,6 135 828 100,2Marge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres k$ 8 875 4,2 9 104 12,4 -229 -0,2Activités non liées à l’édition de livres4

Revenus k$ 16 033 7,1 62 0,1 15 972 10,5Dépenses k$ 14 447 6,4 37 0,1 14 410 9,5Marge bénéficiaire des activitésnon liées à l’édition k$ 1 587 0,7 25 0,0 1 562 1,0Bénéfice avant impôt et postesextraordinaires k$ 10 462 4,6 9 129 12,4 1 333 0,9

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

3. Comprend les ventes de matériel audiovisuel, de cédéroms, de livres électroniques, de services en ligne et d’autres ouvrages.4. Désigne les activités telles que l’édition de périodiques, les services d’impression pour compte d’autrui, la vente de livres en gros (non exclusive)

et de périodiques en gros, la vente de livres au détail (excluant les ventes des propres ouvrages sur le site Web de l’éditeur) et autres. Dans cettesection, les pourcentages sont calculés sur la base du revenu global des éditeurs (revenu total des activités liées à l’édition de livres plus lesrevenus des activités non liées à l’édition de livres).

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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110 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 5.9État des revenus et dépenses des éditeurs non agréés1 selon la catégorie de livres, Québec, 1998-1999

Ensemble Éditeurs de Éditeurs dedes éditeurs livres scolaires2 littérature générale

% % %

Nombre n 123 … 24 … 99 …Activités liées à l’édition de livresVentes k$ 226 137 97,3 67 036 98,8 159 101 96,7 Ventes d’ouvrages k$ 222 910 96,0 66 913 98,6 155 998 94,9 Ventes de livres k$ 221 946 95,5 66 836 98,5 155 110 94,3 Ventes d’autres ouvrages3 k$ 965 0,4 77 0,1 887 0,5 Ventes de droits k$ 3 227 1,4 123 0,2 3 104 1,9Autres recettes d’exploitation k$ 1 671 0,7 298 0,4 1 373 0,8Subventions k$ 4 489 1,9 517 0,8 3 972 2,4Revenus totaux k$ 232 298 100,0 67 851 100,0 164 447 100,0Coût des ventes k$ 112 715 48,5 30 103 44,4 82 612 50,2 Coût des ouvrages vendus k$ 97 336 41,9 23 746 35,0 73 590 44,8 Dépenses en droits d’auteur à la suite de ventes k$ 12 912 5,6 6 341 9,3 6 571 4,0 Coûts des droits achetés k$ 2 467 1,1 16 0,0 2 451 1,5Frais d’exploitation k$ 113 411 48,8 28 581 42,1 84 830 51,6 Frais d’édition k$ 3 368 1,5 1 468 2,2 1 901 1,2 Frais de conception et de production k$ 3 463 1,5 1 080 1,6 2 383 1,4 Exécution des commandes, entreposage et expédition k$ 19 723 8,5 2 213 3,3 17 510 10,6 Marketing ventes promotion et publicité k$ 43 992 18,9 8 007 11,8 35 985 21,9 Frais d’occupation k$ 2 749 1,2 517 0,8 2 232 1,4 Frais d’administration k$ 22 991 9,9 9 173 13,5 13 818 8,4 Amortissement (sans les stocks) k$ 3 089 1,3 2 343 3,5 746 0,5 Intérêts et frais bancaires (avant les subventions) k$ 3 085 1,3 1 116 1,6 1 968 1,2 Autres frais d’exploitation k$ 10 951 4,7 2 663 3,9 8 287 5,0Dépenses totales k$ 226 126 97,3 58 683 86,5 167 442 101,8Marge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres k$ 6 172 2,7 9 168 13,5 -2 996 -1,8Activités non liées à l’édition de livres4

Revenus k$ 147 300 38,8 x x x xDépenses k$ 132 213 34,8 x x x xMarge bénéficiaire des activitésnon liées à l’édition k$ 15 087 4,0 x x x xBénéfice avant impôt et postesextraordinaires k$ 21 259 5,6 x x x x

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

3. Comprend les ventes de matériel audiovisuel, de cédéroms, de livres électroniques, de services en ligne et d’autres ouvrages.4. Désigne les activités telles que l’édition de périodiques, les services d’impression pour compte d’autrui, la vente de livres en gros (non exclusive)

et de périodiques en gros, la vente de livres au détail (excluant les ventes des propres ouvrages sur le site Web de l’éditeur) et autres. Dans cettesection, les pourcentages sont calculés sur la base du revenu global des éditeurs (revenu total des activités liées à l’édition de livres plus lesrevenus des activités non liées à l’édition de livres).

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 111

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les subventionsreçues par les éditeursnon agréés

Par définition, les éditeurs nonagréés ne reçoivent pas de sub-vention du gouvernement duQuébec. Par contre, certainsd’entre eux peuvent être admissi-bles à des subventions du gou-vernement canadien. Il n’endemeure pas moins que le rôle dessubventions reste marginal pourles éditeurs non agréés, en parti-culier les éditeurs scolaires. En1998-1999, la somme des sub-ventions reçues par les éditeursnon agréés s’élevait à4,5 millions de dollars, dont0,5 million aux éditeurs scolairesnon agréés et 4,0 millions auxéditeurs de littérature généralenon agréés. Cette source derevenu comptait pour 1,9 % durevenu total de l’ensemble deséditeurs non agréés, 0,8 % pourles éditeurs scolaires et 2,4 %pour les éditeurs de littératuregénérale. En 2000-2001, lasituation n’a guère évolué, lessubventions représentant 2,1 %du revenu total de l’ensembledes éditeurs non agréés, 1,2 %en ce qui concerne les éditeursscolaires et 2,6 % quant aux édi-teurs de littérature générale.

Les dépenses del’ensemble des éditeurs

L’évolution des dépensesdes éditeurs

Même si la structure des dépen-ses des éditeurs a peu changédepuis 1993-1994, son évolu-

tion présente une tendance qu’ilnous semble important de souli-gner. Il ressort en effet que lesdépenses augmentent dans l’en-semble plus rapidement que lesrevenus, et que cette croissanceest surtout attribuable à l’aug-mentation des frais d’exploitationliés à la manipulation des livreset à l’administration. Ce phéno-mène est plus prononcé chez leséditeurs de littérature généraleque chez les éditeurs scolaires.

Les dépenses des éditeurs sontdivisées en deux grandes catégo-ries : le coût des ventes et les fraisd’exploitation. Le coût des ventesest composé du coût des ouvra-ges vendus, des dépenses endroits d’auteur ainsi que des coûtsdes droits achetés. Ce dernierposte est négligeable et comptaitpour à peine 0,1 % des dépensestotales en 2000-2001. Le coûtdes ouvrages vendus (42,6 % desdépenses totales) comprend lavariation des stocks, les achats etles coûts de production, c’est-à-dire les coûts directs de main-d’œuvre et de sous-traitants rela-tifs à la fabrication des livres, demême que les coûts deprépublication amortis (concep-tion et édition). Les frais d’exploi-tation incluent toutes les autresdépenses, tels les frais de com-mercialisation et d’administration.

L’évolution de la répartition desdépenses montre que la part ducoût des ventes décroît régulière-ment entre 1993-1994 et 2000-2001. Cette part des dépenses,qui était de 58,4 % en 1993-1994, n’était plus que de 51,2 %

en 2000-2001. Comme la partdes dépenses en droits d’auteurest restée à peu près constante(7,8 % des dépenses en 2000-2001 et 8,2 % en 1993-1994),c’est la part des coûts de produc-tion qui a sensiblement diminuéau cours de cette période.

Parmi les frais d’exploitation, lespostes les plus importants sont lesfrais de marketing, ventes, pro-motion et publicité, les fraisd’administration, ainsi que lesfrais relatifs à l’exécution descommandes, à l’entreposage età l’expédition. Ces postes dedépense comptaient respective-ment pour 15,4 %, 11,9 % et7,6 % des dépenses totales en2000-2001. Les taux de crois-sance annuels moyens de cestrois postes de dépense de1993-1994 à 2000-2001, endollars courants, ont été de1,5 %, de 4,3 % et de 5,5 %,tandis que le même taux étaitde 1,7 % pour l’ensemble desdépenses. À titre de comparai-son, le taux de croissance annuelmoyen des dépenses en droitsd’auteur a été de 1,0 % durantcette période. Ce sont donc lesdépenses liées aux frais d’admi-nistration et, en gros, à la mani-pulation des livres qui prennentune part de plus en plus grandedans les dépenses des éditeurs.

Cette modeste croissance desdépenses demeure néanmoinssupérieure à celle des revenustotaux qui était, rappelons-le, de0,7 % par année, en moyenne,de 1993-1994 à 2000-2001.

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112 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Il s’ensuit que les bénéfices pro-venant des activités relatives àl’édition de livres diminuent encoreplus rapidement que les revenus,en tenant compte de l’inflation.

L’évolution des dépensesselon le marché

L’évolution de la structure desdépenses des éditeurs se com-porte différemment selon lesmarchés. Tandis que, chez leséditeurs scolaires, la part du coûtdes ventes dans les dépensestotales comptait pour 55,0 % en1993-1994 et 53,0 % en 2000-2001, elle représentait 59,9 %et 50,2 % des dépenses totales,les mêmes années, chez les édi-teurs de littérature générale. Lacomparaison des taux de crois-sance annuels moyens de cesdépenses illustre autrement cetteinversion de la part du coût desventes chez ces deux types d’édi-teurs. En effet, chez les éditeursscolaires, ce taux de croissancea été de 3,3 %, tandis qu’il étaitde – 1,8 % chez les éditeurs delittérature générale. Si l’on tientcompte du taux de croissance del’ensemble des dépenses (3,8 %),on peut dire que la part descoûts de production reste stablechez les éditeurs scolaires, puis-que les dépenses en droitsd’auteur sont toujours d’environ10 % des dépenses, quelle quesoit l’année d’enquête.

Il en va autrement des éditeursde littérature générale. Chez cesderniers, la part des dépenses endroits d’auteur est aussi stableque chez les éditeurs scolaires,soit toujours autour de 7 % des

dépenses totales; cependant, lapart du coût des ouvrages venduspasse de 52,3 % en 1993-1994à 41,5 % en 2000-2001. Letaux de croissance annuel moyende ce poste de dépense est de– 2,6 %, ce qui indique que leséditeurs de littérature généraleont non seulement réduit la partdes coûts de production dansleurs dépenses durant cettepériode, mais qu’ils ont aussidiminué ces dépenses.

Cependant, cette bonne nouvelles’accompagne d’une moins bonnerelativement aux frais d’exploi-tation. Si les éditeurs scolairesont eux aussi connu une augmen-tation des frais d’exploitationsupérieure à celle de l’ensemblede leurs dépenses, ce phéno-mène est beaucoup plus impor-tant chez les éditeurs de litté-rature générale, où le taux decroissance annuel moyen des fraisd’exploitation était de 3,8 %, tandisque celui des dépenses totalesétait de 0,7 %. Chez les éditeursscolaires, ces taux de croissancesont de 4,5 % et de 3,8 %.

Il existe également des différen-ces notables dans la répartitiondes frais d’exploitation selon letype d’éditeurs. Les dépensesd’exécution de commandes, d’entre-posage et d’expédition sont aumoins deux fois plus importanteschez les éditeurs de littératuregénérale que chez les éditeursscolaires, soit 8,5 % des dépen-ses totales (moyenne au cours dela période de 1993-1994 à2000-2001) chez les éditeursde littérature générale et 3,9 %chez les éditeurs scolaires. Les

frais d’administration sont toute-fois plus importants chez les édi-teurs scolaires et comptent pour14,3 % de leurs dépenses enmoyenne, tandis que cette partest de 9,5 % chez les éditeurs delittérature générale. Quant auxfrais de marketing, de ventes, depromotion et de publicité, leurpart dans les dépenses est plussubstantielle chez les éditeurs delittérature générale (moyenne de17,2 %) que chez les éditeursscolaires (12,7 %).

Par ailleurs, la comparaison desstructures de dépenses entre leséditeurs agréés et non agréésmontre peu de différence entreles deux groupes, si ce n’est quela part du coût des ventes étaitun peu plus grande en 1998-1999, soit 52,3 % chez les édi-teurs agréés et 48,5 % chez leséditeurs non agréés. Cette diffé-rence s’est complètement résor-bée en 2000-2001.

Les marges bénéficiairesdes éditeurs

Globalement, depuis 1993-1994,les marges bénéficiaires dimi-nuent constamment. En fait, celles-ci ont légèrement augmenté de1993-1994 à 1994-1995, pas-sant de 8,6 % à 11,3 %; ellesdiminuent toutefois régulièrementjusqu’à 1,7 % en 2000-2001.C’est surtout la marge bénéfi-ciaire des activités relatives àl’édition de livres qui a subi lesplus fortes baisses, tandis que lamarge bénéficiaire des activitésnon liées à l’édition de livresévoluait de 12,3 % en 1993-1994 à 20,7 % en 2000-2001(figure 5.2).

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 113

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Par définition, les activités nonliées à l’édition de livres repré-sentent une part plus ou moinsimportante des revenus, selon leséditeurs. Chez l’ensemble deséditeurs, ces revenus comptaientpour 7,3 % de tous les revenusen 2000-2001. Chez les édi-teurs scolaires, ce pourcentageétait de 5,1 %, tandis qu’il étaitde 8,6 % chez les éditeurs delittérature générale. L’effet de cesrevenus sur la marge bénéficiaireglobale, ou bénéfice avant im-pôt, demeure donc minime, maisfait la différence entre le profit oule déficit selon le type d’éditeurs.En effet, chez les éditeurs delittérature générale, les bénéficesde ces activités hors édition, quireprésentaient 3,8 % de tousleurs revenus en 1998-1999 et1,3 % en 2000-2001, leur onttout juste permis de présenter unbénéfice avant impôt positif de14,1 millions de dollars et de2,1 millions pour ces deux an-nées, soit des marges bénéficiai-res respectives de 3,4 % et de0,8 %. En ce qui concerne leséditeurs scolaires, l’apport desbénéfices relatifs à ces activitésn’est pas aussi important etdemeure inférieur à la margedégagée par les activités liées àl’édition de livres (figures 5.3 et5.4).

L’évolution des marges béné-ficiaires des éditeurs est fortdifférente selon le marché danslequel ils sont actifs. Même si lamarge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres va endiminuant tant chez les éditeursscolaires que chez les éditeurs de

1. Depuis 1995, l’Enquête auprès des éditeurs et diffuseurs exclusifs de livres a lieu tous lesdeux ans.

Figure 5.2Évolution de la marge bénéficiaire des éditeurs de livresselon le type d’activité, Québec, 1993-1994 à 2000-20011

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Activités liées à l'édition de livresActivités non liées à l'édition de livresToutes les activités

Figure 5.3Évolution des marges bénéficiaires des éditeurs de littérature généraleselon le type d’activité, Québec, 1993-1994 à 2000-20011

1. Depuis 1995, l’Enquête auprès des éditeurs et diffuseurs exclusifs de livres a lieu tous lesdeux ans.

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Activités liées à l'édition de livresActivités non liées à l'édition de livresToutes les activités

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114 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

littérature générale, cette réduc-tion est notablement moins fortechez les éditeurs scolaires. De1993-1994 à 2000-2001, cettemarge bénéficiaire a chuté de105,5 %, soit environ 15 % an-nuellement, chez les éditeurs delittérature générale, tandis qu’ellene diminuait que de 10,6 % chezles éditeurs scolaires au cours dela même période. En 1993-1994, le bénéfice avant impôtétait semblable chez les deuxtypes d’éditeurs, soit de 10,3 %en ce qui concerne les éditeursscolaires et de 9,4 % quant auxéditeurs de littérature générale. En2000-2001, l’écart entre les mar-ges bénéficiaires des deux typesd’éditeurs s’est considérablementcreusé, celles-ci s’élevant à 7,1 %et à 0,8 % respectivement (figures5.5 et 5.6).

Évidemment, comme dans d’autresindustries, la fluctuation des mar-ges bénéficiaires est importantedans l’édition de livres, et il fautsouligner que ce sont les années1998-1999 et 2000-2001 quiont été particulièrement difficilespour les éditeurs de littératuregénérale, tandis que, chez leséditeurs scolaires, seule l’année2000-2001 est marquée parune importante diminution de lamarge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres.

À titre de comparaison, l’évolu-tion de la marge bénéficiairedes cinémas suit une tendancesemblable à celle des éditeursde livres. De 7,6 % qu’elle étaiten 1997-1998, elle tombe à– 5,4 % en 2000-2001 (– 5,0 %en 2002-2003), la hausse des

Figure 5.4Évolution des marges bénéficiaires des éditeurs scolairesselon le type d’activité, Québec, de 1993-1994 à 2000-20011

1. Depuis 1995, l’Enquête auprès des éditeurs et diffuseurs exclusifs de livres a lieu tous lesdeux ans.

Figure 5.5Évolution de la marge bénéficiaire des éditeurs de livrespour toutes les activités, Québec, de 1993-1994 à 2000-20011

1. Depuis 1995, l’Enquête auprès des éditeurs et diffuseurs exclusifs de livres a lieu tous lesdeux ans.

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 115

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

recettes au guichet et au comp-toir de friandises ne parvenantpas à compenser la croissancedes dépenses10.

Les marges bénéficiairesdes éditeurs selon l’agrément

En ce qui concerne les éditeursagréés, tant les éditeurs scolairesque les éditeurs de littératuregénérale ne sont pas parvenus àdégager un bénéfice de leursactivités liées à l’édition de livresen 2000-2001. En effet, l’en-semble des éditeurs agréés pré-sente une perte de 2,2 millionsde dollars, soit 1,2 % des reve-nus totaux liés à l’édition delivres. Cette perte s’établit à1,2 million de dollars chez leséditeurs scolaires et à 1,0 millionchez les éditeurs de littératuregénérale, soit respectivement1,6 % et 1,0 % des revenustotaux liés à l’édition de livres.

Même si les éditeurs agréés par-viennent à présenter une margebénéficiaire positive pour toutesleurs activités – soit 1,3 % dansl’ensemble, 2,3 % en ce quiconcerne les éditeurs scolaires et1,6 % quant aux éditeurs de litté-rature générale –, leur situationsemblait plus précaire que celledes éditeurs non agréés. Parmices derniers, seuls les éditeurs delittérature générale présentaientun déficit au chapitre des activi-tés liées à l’édition de livres, soitune perte de 0,2 % des revenusprovenant de ces activités. Glo-balement, les éditeurs non agréés

Figure 5.6Évolution de la marge bénéficiaire des éditeurs de livres pourles activités liées à l’édition, de Québec, 1993-1994 à 2000-20011

1. Depuis 1995, l’Enquête auprès des éditeurs et diffuseurs exclusifs de livres a lieu tous lesdeux ans.

ont dégagé un bénéfice avantimpôt de 4,6 %, les éditeurs sco-laires, de 12,4 %, et les éditeursde littérature générale, de 0,9 %.

En ce qui regarde l’année 1998-1999, il ne nous est pas possi-ble de fournir des renseigne-ments aussi détaillés à cause ducaractère confidentiel des don-nées sur les activités non liées àl’édition de livres des éditeursscolaires. En ce qui concernel’ensemble des éditeurs agrééstoutefois, l’année 1998-1999 aété bien meilleure que 2000-2001, puisque la marge bénéfi-ciaire des activités liées à l’édi-tion de livres a été de 4,2 %,tandis que le bénéfice avantimpôt s’est établi à 9,6 millionsde dollars, soit 5,5 % de tous les

revenus. Enfin, signalons que lamarge bénéficiaire des activitésliées à l’édition de livres deséditeurs scolaires agréés était de7,9 % et de 1,5 % quant auxéditeurs de littérature généraleagréés.

Si, dans l’ensemble, les éditeursnon agréés ont retiré une margebénéficiaire moins importante en1998-1999 que les éditeursagréés, le contraste est plus pro-noncé entre les deux typesd’éditeurs. Ainsi, la marge béné-ficiaire des activités liées àl’édition de livres des éditeursscolaires non agréés était de13,5 %, tandis qu’elle s’établis-sait à – 1,8 % chez les éditeursde littérature générale. Pour ce

10. Source : Statistique Canada, Enquête sur les cinémas, 2002 (87F0009XIF).

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116 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

qui est de l’ensemble des édi-teurs agréés, le bénéfice avantimpôt, pour cette même année,était de 9,6 millions de dollars,soit 5,5 % de tous les revenus,tandis que ce bénéfice était de21,3 millions, soit 5,6 % de tousles revenus.

Les exportationsdes maisons d’édition

En 2000-2001, la somme desexportations de livres par leséditeurs du Québec s‘élevait à53 millions de dollars (tableaux5.10 et 5.11). Ces exportationscomptaient pour 15,0 % de tou-

tes les ventes d’ouvrages. Depuis1993-1994 toutefois, les ventesà l’extérieur du Canada, demême que la part de ces ventesdans les revenus totaux, sont endécroissance. Ainsi, au débutde cette période, la somme desexportations de livres s’élevait à69 millions de dollars et repré-sentait 19,4 % des ventes delivres. Le taux de croissanceannuel moyen des exportationsest donc négatif durant cettepériode, soit de – 3,8 %. Lasituation est cependant meilleurepour ce qui concerne l’expor-tation de livres scolaires, qui aconnu un taux de croissance de5,5 % annuellement en moyenne.

Quant aux éditeurs scolairestoutefois, les exportations repré-sentent une portion minime deleurs ventes, soit 1,1 % en 2000-2001.

La ventilation des exportations delivres, selon l’agrément ou nondes éditeurs, révèle des différen-ces notables à ce chapitre entreces deux types d’éditeurs. Eneffet, en 1998-1999, les expor-tations des éditeurs agréés repré-sentaient 28,1 % de toutes lesexportations de livres et cetteactivité comptait pour 9,8 % deleurs ventes de livres. Chez leséditeurs non agréés, les exporta-tions représentaient 18,8 % de

Tableau 5.10Exportations des éditeurs1 selon la catégorie de livres, Québec, 2000-2001

Unité Ensemble Éditeurs de Éditeurs dedes éditeurs livres scolaires2 littérature générale

% % %

Tous les éditeurs k$ 52 612 100,0 3 758 100,0 48 854 100,0Nombre d’éditeurs n 237 … 55 … 182 …Propres ouvrages de l’éditeur k$ 51 973 98,7 3 713 98,8 48 259 98,7 Ouvrages scolaires k$ 3 974 7,7 3 465 92,1 509 1,2 Ouvrages de littérature générale k$ 47 999 91,0 249 6,7 47 750 97,5Ventes de droits à l’étranger k$ 640 1,3 45 1,2 595 1,3

Éditeurs agréés k$ 14 761 100,0 2 092 100,0 12 669 100,0Nombre d’éditeurs n 143 … 34 … 109 …Propres ouvrages de l’éditeur k$ 14 274 96,7 x x x xVentes de droits à l’étranger k$ 487 3,3 x x x x

Éditeurs non agréés k$ 37 851 100,0 1 666 100,0 36 185 100,0Nombre d’éditeurs n 94 … 21 … 73 …Propres ouvrages de l’éditeur k$ 37 699 99,6 x x x xVentes de droits à l’étranger k$ 152 0,4 x x x x

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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LES ÉDITEURS DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 5 • 117

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 5.11Exportations des éditeurs1 selon la catégorie de livres, Québec, 1998-1999

Unité Ensemble Éditeurs de Éditeurs dedes éditeurs livres scolaires2 littérature générale

% % %

Tous les éditeurs k$ 64 346 100,0 6 074 100,0 58 271 100,0Nombre d’éditeurs n 239 … 54 … 185 …Propres ouvrages de l’éditeur k$ 59 898 93,1 5 984 98,5 53 914 92,5 Ouvrages scolaires k$ 6 833 10,6 5 716 94,1 1 117 1,9 Ouvrages de littérature générale k$ 53 065 82,5 267 4,4 52 797 90,6Ventes de droits à l’étranger k$ 4 448 6,9 91 1,5 4 357 7,5

Éditeurs agréés k$ 16 817 100,0 4 392 100,0 12 425 100,0Nombre d’éditeurs n 116 … 30 … 86 …

Éditeurs non agréés k$ 47 529 100,0 1 682 100,0 45 847 100,0Nombre d’éditeurs n 123 … 24 … 99 …

1. Comprend tous les établissements des groupes du SCACCQ 15204 Éditeurs scolaires, 15205 Éditeurs de littérature générale et 15206Éditeurs scientifiques et techniques. Sont exclus les établissements des groupes 15202 Éditeurs de musique en feuille et 15203 Éditeurgouvernemental.

2. Désigne les éditeurs dont plus de 50 % des recettes proviennent de la vente de livres destinés à l’enseignement primaire, secondaire, collégialou universitaire.

Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, rapports d’agrément des éditeurs. Statistique Canada, Enquête annuelleauprès des éditeurs et des diffuseurs exclusifs de livres.

Compilation : Institut de la statistique, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

leurs ventes d’ouvrages. Si leniveau des exportations était plusélevé en 1998-1999, la réparti-tion de celles-ci entre éditeursagréés et non agréés demeuraitsemblable, les éditeurs agréésayant effectué 26,1 % des expor-tations. Ces dernières représen-taient 12,4 % de leurs ventesd’ouvrages, tandis que cette acti-vité comptait pour 21,3 % desventes d’ouvrages des éditeursnon agréés.

Conclusion

En résumé, nous pouvons direque la situation des éditeurs,dans l’ensemble, s’est détérioréedepuis le milieu des années1990. Les problèmes apparais-sent particulièrement aigus chezles éditeurs de littérature géné-rale et, surtout, chez ceux qui nesont pas agréés. Les éditeursscolaires, de leur côté, parais-sent avoir élaboré des stratégies

efficaces afin de pallier la baissede revenu qui les a atteints,quoique à un moindre degré queles éditeurs de littérature générale.

Dans ce contexte de baisse cons-tante des ventes au cours decette période, l’apport des pou-voirs publics demeure nécessaireau maintien de l’industrie québé-coise de l’édition de livres.

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CHAPITRE 6

L’ÉVOLUTION DE L’OFFREDE LIVRES QUÉBÉCOIS,1971-2002

Le présent chapitre a pourobjectif de dresser un por-trait synthétique de l’évo-

lution de l’offre de livres québé-cois au cours des trois dernièresdécennies. Nous définissons iciles livres québécois comme ceuxqui sont déposés conformémentà la Loi sur le dépôt légal. Ils’agit d’une description de l’édi-tion québécoise plutôt que d’unportrait de l’ensemble de l’offrede livres au Québec. En effet, cedernier objet nous apparaissaitpeu intéressant, car il est aujour-d’hui possible de se procureraisément à peu près n’importequel titre publié de par lemonde. Cette description tentedonc de cerner les tendancescaractéristiques de l’édition qué-bécoise de livres, d’abord quantau nombre de titres et aux tira-ges, mais aussi sur le plan plusqualitatif où est abordée l’évolu-tion de l’édition selon les genresde livres.

Bien que les données présentéesici ne soient pas strictement com-parables avec les données sur la

production des éditeurs exposéesau chapitre précédent, elles per-mettent d’approfondir notre con-naissance de l’évolution de cetteproduction sur une longue duréeet à propos du contenu symboli-que de ces objets culturels.

Considérées comme des don-nées de production de l’éditionquébécoise de livres, celles de laBibliothèque nationale du Qué-bec (BNQ) que nous avons utili-sées pour ce chapitre sont plusfiables que les données de Statis-tique Canada quant au nombrede titres édités. Le nombre d’édi-tions et de rééditions compilé parStatistique Canada sous-estimesensiblement la production desannées antérieures à 1996-1997,puisque les maisons d’éditionayant un chiffre d’affaires infé-rieur à 50 000 $ étaient excluesde l’enquête. De même, en ce quia trait à l’année 1996-1997,l’enquête de Statistique Canadaauprès des éditeurs de livres n’apas inclus plusieurs éditeurs quiétaient pourtant actifs et qui fontpartie de l’enquête à partir de

1998-1999. Comme nous l’avonsexpliqué précédemment, ces mo-difications de l’univers d’enquêteont peu d’incidence sur les statis-tiques financières, puisque lechiffre d’affaires des établisse-ments absents était minime. Ilpeut en être autrement quant aunombre de titres, car un petitéditeur est fort capable de pu-blier plusieurs titres à faible ti-rage et vendus en très petit nom-bre. Cette sous-estimation se faitsentir principalement lorsque l’ontente de comparer les taux decroissance calculés à partir desdeux sources de données. Le tauxde croissance du nombre de titresselon Statistique Canada est plusélevé que celui que l’on calcule àpartir des données de la BNQ àcause de la sous-estimation despremières années de l’enquête deStatistique Canada.

Le lecteur prendra note égale-ment que les statistiques annuel-les de la BNQ se réfèrent àl’année civile, tandis que les don-nées de l’enquête de StatistiqueCanada portent sur l’année

Benoit Allaire

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120 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

financière des entreprises. Deplus, la définition de « livre » utili-sée par Statistique Canada estplus floue que celle de la BNQ.En effet, Statistique Canada con-sidère comme un livre un im-primé non périodique d’au moins49 pages – mais dont le nombre

Tableau 6.1Statistiques principales de l’édition de livres, Québec, 1972-2002

Tirages Titres par 100 k ExemplairesTitres Exemplaires moyens habitants par habitant

n k n

1972 1 889 7 377 3 905 31 1,21973 2 058 7 177 3 487 33 1,21974 2 174 7 410 3 408 35 1,21975 1 779 5 321 2 991 28 0,81976 2 446 8 986 3 674 38 1,41977 2 473 6 912 2 795 38 1,11978 2 829 8 586 3 035 44 1,31979 3 128 9 761 3 121 48 1,51980 3 464 12 288 3 547 53 1,91981 4 232 12 598 2 977 65 1,91982 4 336 12 777 2 947 66 1,91983 3 852 9 768 2 536 58 1,51984 4 332 10 933 2 524 65 1,61985 3 913 9 629 2 461 59 1,41986 4 390 8 490 1 934 65 1,31987 4 219 9 479 2 247 62 1,41988 4 532 10 468 2 310 66 1,51989 5 207 10 320 1 982 75 1,51990 4 876 10 151 2 082 70 1,41991 4 900 10 842 2 213 69 1,51992 5 456 15 402 2 823 77 2,21993 5 614 18 670 3 326 78 2,61994 6 049 20 698 3 422 84 2,91995 5 726 13 871 2 422 79 1,91996 6 008 13 625 2 268 83 1,91997 5 842 11 574 1 981 80 1,61998 5 968 10 191 1 708 81 1,41999 5 755 9 536 1 657 78 1,32000 6 041 9 999 1 655 82 1,42001 6 127 10 670 1 741 83 1,42002 6 000 10 294 1 716 81 1,4

%

TCAM1 1972-2002 3,9 1,1 -2,7 3,3 0,5TCAM 1972-1994 5,4 4,8 -0,6 4,7 4,1TCAM 1994-2002 -0,1 -8,4 -8,3 -0,5 -8,7

1. Taux de croissance annuel moyen.Source : Bibliothèque nationale du Québec. Statistiques de l’édition pour les années 1972 à 2000. Les données de 2001 et 2002 proviennent

d’une compilation spéciale et présentent des données révisées par rapport à celles qui ont été publiées antérieurement par la BNQ pources deux années.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

de pages peut être inférieur s’ils’agit d’un recueil de poésie oud’un livre pour la jeunesse – et,selon la question de l’enquête,s’il « constitue un livre selonvous ». Les bandes audio, lescédéroms et les livres électroni-ques sont également considéréscomme des livres.

Hausse rapide dunombre de titres etstagnation

En 1972, le nombre de titres delivres déposés était de 1 889,tandis qu’on atteignait 6 000titres en 2002. Comme l’illustrele tableau 6.1, il s’agit là d’une

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L’ÉVOLUTION DE L’OFFRE DE LIVRES QUÉBÉCOIS, 1971-2002 CHAPITRE 6 • 121

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

croissance notable, dont le tauxannuel moyen est de 3,9 %.Cette progression n’est toutefoispas constante et, outre les varia-tions annuelles normales, lespériodes 1972-1994 et 1994-2002 montrent des rythmes dedéveloppement fort différents(figure 6.1). Ainsi, le taux decroissance annuel moyen de lapremière période est de 5,4 %,tandis qu’il est de – 0,1 % pource qui est de la seconde. Lescauses de ce ralentissement mar-qué ne peuvent être déterminées

à partir des seules données deproduction, mais nous savonsdéjà que la stagnation des reve-nus des éditeurs, que nous avonsconstatée au chapitre précédent,peut expliquer en bonne partieles hésitations de ceux-ci à lancerdavantage de nouveaux pro-duits. Par ailleurs, il est possibleque le marché ait atteint un cer-tain seuil de maturité et quel’ensemble de la filière du livrene puisse être en mesure d’absor-ber plus de nouveautés.

Bien que les statistiques de laBNQ à propos du nombred’exemplaires ne tiennent pascompte des réimpressions, il estintéressant d’en suivre l’évolution,d’autant plus que, selon les don-nées de Statistique Canada, lerapport entre le nombre de réim-pressions et le nombre d’éditionset de rééditions est assez cons-tant depuis 1988-1989. Ce rap-port est en moyenne de 90,4 %1,c’est-à-dire que l’on compte envi-ron 90 réimpressions pour 100éditions ou rééditions.

1. Coefficient de variation = 6,2 %.

Figure 6.1Indices d’évolution des titres1, des exemplaires et des tirages moyens, Québec, 1972-2002

0

50

100

150

200

250

300

350

1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

1972 = 100

Titres Exemplaires Tirages moyens

1. Publications non périodiques d’au moins 49 pages reçues en dépôt légal. Comprend les éditions originales et les rééditions. Les réimpressionssont exclues.

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122 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

L’évolution du nombre d’exem-plaires produits au cours de lapériode 1972-2002 suit une ten-dance fort différente de celle dunombre de titres2. Pour toute lapériode, son taux de croissanceannuel moyen est de 1,1 %,tandis qu’il est de 4,8 % pourla période 1972-1994 et de– 8,4 % pour la période 1995-2002. Ce taux est toutefois forte-ment influencé par le tirage ex-ceptionnel de certains titres de lacatégorie « cuisine et hôtellerie ».Le même taux calculé pour lapériode 1995-2002 est de– 4,2 %. Donc, en ce qui a traitau nombre d’exemplaires pro-duits, nous pouvons plutôt parlerde décroissance depuis 1994,année où les éditeurs québécoisont produit un record de 20,7millions de livres.

Logiquement, il s’ensuit que lestirages moyens ont continuelle-ment diminué au cours de lapériode, le taux de croissanceannuel moyen étant de – 2,7 %.Ce taux était toutefois égalementnégatif entre 1972 et 1994, soit– 0,6 %, tandis qu’il était de– 4,8 % pour la période 1995-2002. La baisse des tiragesmoyens devient donc tangible àpartir du milieu des années1990.

En tenant compte de la taille dumarché auquel s’adresse cette

production, autrement dit l’en-semble de la population québé-coise, on constate que le nombrede titres édités par 100 000habitants, qui était de 31 en1972, a grimpé à 81 en 2002.Cette croissance présente un pro-fil similaire à celui de la produc-tion, tout en affichant un tauxde croissance annuel moyen trèslégèrement inférieur, soit 3,3 %.Le même constat s’impose en cequi concerne la comparaison en-tre l’évolution du nombre d’exem-plaires par 100 000 habitants etcelle du nombre total d’exem-plaires. En 2002, le nombred’exemplaires (1,4) par 100 000habitants est fort semblable àcelui de 1972, soit 1,2. Rappe-lons que l’apparente frénésie deséditeurs qui semble caractériserla période qui s’étend de 1992à 1994 est entièrement due àl’explosion du nombre d’exem-plaires dans la catégorie deslivres de cuisine et d’hôtellerie.

Édition commercialeet éditiongouvernementale :une évolutioncontrastée

La prise en compte du secteur oùœuvrent les éditeurs permet demieux comprendre la stagnationobservée à partir du milieu desannées 1990. Comme l’illustre

la figure 6.2, cette stagnation estprincipalement attribuable à ladécroissance du nombre de pu-blications des gouvernements,des maisons d’enseignement etautres, tandis que le nombre depublications des éditeurs com-merciaux continue d’augmenterrégulièrement.

C’est également ce que révèle lacomparaison des taux de crois-sance annuels moyens des deuxtypes d’éditeurs (tableau 6.2).Pour ce qui regarde toute lapériode 1972-2002, ces tauxsont semblables. En effet, le tauxde croissance du nombre detitres publiés par les éditeurscommerciaux est de 4,0 %, tan-dis qu’il est de 3,5 % quant auxpublications des autres éditeurs.Cependant, les taux de crois-sance selon les périodes sont fortdifférents. Ainsi, pour la période1972-1994, ce taux est de4,8 % chez les éditeurs commer-ciaux et de 6,6 % chez lesautres. Le taux de croissanceannuel moyen est donc plusélevé pour ce qui est des publi-cations des éditeurs gouverne-mentaux. Au cours de la périodesubséquente, soit 1994-2002,la situation s’inverse : le taux decroissance diminue à 1,7 % chezles éditeurs commerciaux et ilchute fortement à – 4,7 % chezles autres éditeurs.

2. Il faut prendre note que les données relatives au nombre d’exemplaires sont sous-estimées, puisque certains éditeurs omettent cetteinformation dans le formulaire de dépôt légal. Il est impossible de savoir si cette sous-estimation est constante durant toute lapériode mais, selon la BNQ, il semblerait que cette coutume se soit quelque peu accentuée ces dernières années, car certainséditeurs estiment dorénavant que cette information fait partie du secret commercial. Il en va donc de même des donnéesconcernant les tirages moyens. Par exemple, en 2002, le tirage moyen est de 2 149 exemplaires lorsque calculé en fonction desseuls titres dont le nombre d’exemplaires est connu, au lieu de 1 716 exemplaires comme le mentionne le tableau 6.1.

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L’ÉVOLUTION DE L’OFFRE DE LIVRES QUÉBÉCOIS, 1971-2002 CHAPITRE 6 • 123

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Conséquemment, la part des édi-teurs commerciaux dans la pro-duction de livres en 2002, soit69,4 %, a atteint et dépassé cellede 1972 qui était de 68,7 %,après avoir connu des reculs im-portants, surtout dans la deuxièmemoitié des années 1980. Parexemple, en 1986, les titres delivres édités par les éditeurs com-merciaux ne représentaient que47,8 % de tous les titres produitsau cours de l’année.

À titre de comparaison, il estintéressant de noter que le nom-bre de titres de l’édition commer-ciale par 100 000 habitants auQuébec est supérieur à celui dela France. En effet, ce nombreest passé, de 1983 à 2000, de35 à 56 titres au Québec, tandisqu’il a grimpé de 25 à 47 titresen France au cours de la même

période. En revanche, le nombred’exemplaires par habitant estbeaucoup plus élevé en France,soit de 3,8 en 1998 et de 4,1en 2000, tandis qu’il était, auQuébec, de 1,0 et de 1,2 aucours des mêmes années3. Ceschiffres illustrent bien à quel pointles économies d’échelle sont ré-duites pour les éditeurs québé-cois comparativement à ce queconnaissent les éditeurs français.

Figure 6.2Comparaison entre l’évolution du nombre de titres de livres produits par les éditeurs commerciaux etcelle des autres éditeurs, Québec, 1972-2002

3. Données françaises : Syndicat national de l’édition, Statistiques de la culture. Chiffres clés, ministère de la Culture et de laCommunication, 1994 et 2002/2003 pour les données sur l’édition et INSEE pour les chiffres sur la population.

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

4 500

4 500

n

1972

1973

1974

1975

1976

1977

1978

1979

1980

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Édition commerciale Publications gouvernementales et autres

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124 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 6.2Statistiques principales de l’édition commerciale de livres,Québec, 1972-2002

Tirages Titres par 100 k ExemplairesTitres Exemplaires moyens habitants par habitant

n k n

1972 1 297 4 626 3 567 21 0,71973 1 206 3 976 3 297 19 0,61974 1 307 4 961 3 796 21 0,81975 1 018 3 084 3 029 16 0,51976 1 473 5 032 3 416 23 0,81977 1 594 4 899 3 073 25 0,81978 1 732 5 548 3 203 27 0,91979 1 816 6 065 3 340 28 0,91980 2 168 7 950 3 667 33 1,21981 2 617 9 483 3 624 40 1,41982 2 638 9 233 3 500 40 1,41983 2 278 6 540 2 871 35 1,01984 2 405 6 617 2 751 36 1,01985 2 547 6 163 2 420 38 0,91986 2 100 6 439 3 067 31 1,01987 2 178 7 563 3 473 32 1,11988 2 484 8 843 3 560 36 1,31989 2 757 8 404 3 049 40 1,21990 2 790 8 242 2 954 40 1,21991 2 755 8 985 3 261 39 1,31992 3 014 12 563 4 168 42 1,81993 3 028 17 209 5 683 42 2,41994 3 649 18 621 5 103 51 2,61995 3 546 12 098 3 412 49 1,71996 3 708 10 061 2 713 51 1,41997 3 796 10 548 2 779 52 1,41998 3 825 8 889 2 324 52 1,21999 3 775 8 317 2 203 51 1,12000 4 157 8 871 2 134 56 1,22001 4 063 8 884 2 187 55 1,22002 4 166 9 581 2 300 56 1,3

%

TCAM1 1972-2002 4,0 2,5 -1,5 3,3 1,8TCAM 1972-1994 4,8 6,5 1,6 4,1 5,8TCAM 1994-2002 1,7 -8,0 -9,5 1,3 -8,3

1. Taux de croissance annuel moyen.Source : Bibliothèque nationale du Québec. Statistiques de l’édition pour les années 1972 à 2000. Les données de 2001 et 2002 proviennent

d’une compilation spéciale et présentent des données révisées par rapport à celles qui ont été publiées antérieurement par la BNQ pources deux années.

Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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L’ÉVOLUTION DE L’OFFRE DE LIVRES QUÉBÉCOIS, 1971-2002 CHAPITRE 6 • 125

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Évolution selon legenre des livres

Les statistiques de la BNQ per-mettent aussi de tracer l’évolutionde l’édition québécoise selon lecontenu, c’est-à-dire selon legenre des livres. Cependant, ilest impossible de dresser le por-trait de cette évolution depuis1972 comme nous l’avons faitpour l’ensemble de l’édition dansla partie précédente, puisque laBNQ a changé la classificationutilisée pour compiler les statisti-ques de l’édition. En effet, de-puis les premières statistiquesde 1968 jusqu’en 1985, laBNQ utilisait une classificationcorrespondant aux normes del’Unesco. À partir de 1986,cette classification a été rempla-cée par celle de la Library ofCongress. Nous avons donc li-mité notre analyse aux donnéesde la période 1986-2002.

La classification utilisée par laBNQ pour ses statistiques surl’édition comporte 20 catégorieséclatées en 66 sous-catégories.L’extrême variation du nombre detitres publiés chaque année danschaque sous-catégorie et catégo-rie nous a conduits à réunir cescatégories en cinq grands grou-pes. Cette agrégation permetde limiter l’effet des variationsextrêmes tout en facilitant l’inter-prétation des données. Commele montre le tableau 6.3, cesgrands groupes sont Philosophie,psychologie et religion; Sciences

Tableau 6.3Répartition du nombre de titres par catégorie de sujets, Québec, 2002

n %

Philosophie, psychologie, religion 589 9,8Sciences sociales et humaines 2 283 38,1 Histoire, sciences auxiliaires 268 4,5 Histoire, sauf Amérique 50 0,8 Histoire de l’Amérique 41 0,7 Histoire Canada Québec 217 3,6 Géographie Anthropologie 166 2,8 Sciences sociales 890 14,8 Science politique 66 1,1 Droit 243 4,1 Éducation 302 5,0 Ouvrages généraux 9 0,2 Bibliographie 31 0,5Musique et beaux-arts 167 2,8 Musique 48 0,8 Beaux-arts 119 2,0Langue et littérature 1 674 27,9Sciences et technologies 1 287 21,5 Sciences 406 6,8 Médecine 405 6,8 Agriculture 104 1,7 Technologies 367 6,1 Science militaire et navale 5 0,1

Total 6 000 100,0

Source : Bibliothèque nationale du Québec.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communica-

tions du Québec.

sociales et humaines; Musique etbeaux-arts; Langue et littérature;Sciences et technologies. Le ta-bleau 6.3 décline la compositiondes groupes. Il s’agit de regrou-

pements arbitraires qui n’ontd’autre but que de permettre unevision plus synthétique de l’évolu-tion de l’édition de livres.

BNQ Pierre Perreault

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126 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

1972 = 100

Titres Exemplaires Tirages moyens

Figure 6.3Indices d’évolution des titres1, des exemplaires et des tirages moyens de l’édition commerciale, Québec, 1972-2002

1. Publications non périodiques d’au moins 49 pages reçues en dépôt légal. Comprend les éditions originales et les rééditions. Les réimpressionssont exclues.

La figure 6.4 illustre l’évolutiondes grandes catégories éditoria-les ainsi que leur part dans l’en-semble de la production. Bienque toutes les grandes catégo-ries aient connu une croissancede leur nombre de titres, il estévident que certaines ont fini parêtre plus favorisées que d’autres.Ainsi en 1986, les livres desciences humaines et socialesreprésentaient près de la moitiéde toute la production éditoriale,soit 48,5 %, tandis que la caté-gorie Langue et littérature necomprenait que 18,8 % de cetteproduction (tableau 6.4). Lasituation était radicalementdifférente en 2002, quand la

Tableau 6.4Répartition des titres de livres selon les grandes catégories éditoriales,Québec, 1986 et 2002

1986 2002

n % n %

Philosophie, psychologie, religion 339 7,7 589 9,8Sciences sociales et humaines 2 128 48,5 2 283 38,1Musique et beaux-arts 112 2,6 167 2,8Langue et littérature 824 18,8 1 674 27,9Sciences et technologies 987 22,5 1 287 21,5

Total 4 390 100,0 6 000 100,0

Source : Bibliothèque nationale du Québec.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communica-

tions du Québec.

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L’ÉVOLUTION DE L’OFFRE DE LIVRES QUÉBÉCOIS, 1971-2002 CHAPITRE 6 • 127

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Figure 6.4Évolution du nombre de titres de livres selon les catégories éditoriales, Québec, 1986-2002

catégorie Sciences sociales ethumaines comptait pour plus de38,1 % et la catégorie Langue etlittérature, 27,9 %. La part desautres grandes catégories n’apour ainsi dire pas changé du-rant cette période. Le pourcen-tage de titres de Philosophie,psychologie et religion est passéde 8 % à 9 %, celui des titresMusique et beaux-arts est restéstable à 3 %, tandis que la partdes titres de Sciences et techno-logies a légèrement baissé de23 % à 22 %.

Afin de mieux caractériser etcomparer la croissance de cha-

cune de ces catégories, nousavons ramené le nombre de titressur la base d’un indice : 1986 =100, ce qui permet d’analyser lacroissance sans tenir compte desvaleurs particulières de chaquecatégorie. La figure 6.5 illustreainsi la croissance supérieure dunombre de titres de la catégorieLangue et littérature, de mêmeque l’évolution très lente de laproduction de livres de Sciencessociales et humaines depuis1986, mis à part le boum dumilieu des années 1990.

La comparaison des taux de crois-sance annuels moyens permet de

quantifier cet écart entre les ryth-mes de croissance. Comme lemontre le tableau 6.5, le taux decroissance annuel moyen du nom-bre de titres dans l’ensemble del’édition de 1986 à 2002 est de2,0 %. Les grandes catégoriesayant un taux de croissance supé-rieur à celui-ci sont Philosophie,psychologie et religion (3,5 %),Musique et beaux-arts (2,5 %) etLangue et littérature (4,5 %). Àl’opposé, les catégories Sciencessociales et humaines et Scienceset technologies présentent destaux de croissance inférieurs àl’ensemble, soit 0,4 % et 1,7 %respectivement.

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

n

3 000

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

Philosophie, psychologie, religion Sciences sociales et humaines Musique et beaux-arts Langue et littérature Sciences et technnologies

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128 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Figure 6.5Évolution des indices du nombre de titres de livres selon les catégories éditoriales, Québec, 1986-2002

Tableau 6.5Taux de croissance annuels moyens du nombre de titres de livres selon les grandes catégories éditoriales,Québec, 1986-2002

1986-1994 1994-2002 1986-2002

%

Philosophie, psychologie, religion 5,5 1,6 3,5Sciences sociales et humaines 2,6 -1,7 0,4Musique et beaux-arts 5,2 -0,1 2,5Langue et littérature 6,4 2,7 4,5Sciences et technologies 4,4 -1,0 1,7

Ensemble 4,1 -0,1 2,0

Source : Bibliothèque nationale du Québec.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

0

50

100

150

200

250

1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

1986 = 100

Philosophie, psychologie, religion Sciences sociales et humaines Musique et beaux-arts

Langue et littérature Sciences et technnologies TOTAL

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L’ÉVOLUTION DE L’OFFRE DE LIVRES QUÉBÉCOIS, 1971-2002 CHAPITRE 6 • 129

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Cette faible croissance du nom-bre de titres dans les catégoriesd’ouvrages scientifiques (toutessciences confondues), techniquesou artistiques est surtout attri-buable à la diminution de l’acti-vité éditoriale des gouvernementset des maisons d’enseignement.En effet, bien que la part deséditeurs commerciaux ait aug-menté d’environ 12 points depourcentage en ce qui a trait àl’ensemble de l’édition, leur partdans la catégorie Sciencessociales et humaines a grimpéde 22 points de pourcentage etde 14 points dans la catégorieSciences et technologies. Larépartition des titres de musiqueet de beaux-arts selon le typed’éditeurs s’est complètementinversée entre 1986 et 2002,l’édition commerciale accaparant60,6 % des titres en 2002, contre42,9 % en 1986 (tableau 6.6).

Comme on pouvait s’y attendre,les taux de croissance des gran-des catégories éditoriales sontnotablement plus élevés dansl’édition commerciale que chez

les autres éditeurs. Ce sont leslivres de la catégorie Langue etlittérature qui présentent le tauxde croissance le plus élevé aucours de la période 1986-2002(5,4 %) et de la période 1994-2002 (3,2 %). À l’inverse, la caté-gorie Sciences et technologiesrévèle la croissance la plus faibledurant la période 1986-2002(3,6 %) et même un taux négatifen 1994-2002 (– 1,5 %). C’est

pourtant cette dernière catégoriequi présente le taux de crois-sance annuel moyen le plusélevé de 1986 à 1994, soit8,9 % (tableau 6.7).

La croissance supérieure du nom-bre de titres de Langue et littéra-ture édités de 1994 à 2002nous incite à y regarder de plusprès, c’est-à-dire à examinerquelles sont les sous-catégories

Tableau 6.6Part de l’édition commerciale selon les grandes catégories éditoriales,Québec, 1986 et 2002

1986 20021

n % n %

Philosophie, psychologie, religion 277 81,7 538 91,3Sciences sociales et humaines 692 32,5 1 240 54,3Musique et beaux-arts 48 42,9 101 60,6Langue et littérature 689 83,6 1 592 95,1Sciences et technologies 394 39,9 694 53,9

Total 2 100 47,8 4 166 69,4

1. Données estimées.Source : Bibliothèque nationale du Québec.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communica-

tions du Québec.

Tableau 6.7Taux de croissance annuels moyens de l’édition commerciale selon les grandes catégories éditoriales,Québec, 1986-2002

1986-1994 1994-2002 1986-2002

%

Philosophie, psychologie, religion 5,8 2,7 4,2Sciences sociales et humaines 6,0 1,5 3,7Musique et beaux-arts 8,2 1,5 4,8Langue et littérature 7,6 3,2 5,4Sciences et technologies 8,9 -1,5 3,6

Total 7,2 1,7 4,4

Source : Bibliothèque nationale du Québec.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

Page 130: État des lieux du livre et des bibliothèques...AVANT-PROPOS État des lieux du livre et des bibliothèques paraît à un moment bien particulier de la vie culturelle québécoise

130 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 6.8Taux de croissance annuels moyens du nombre de titres des catégories littéraires, édition commerciale,Québec, 1986-2002

1986-1994 1994-2002 1986-2002

%

Poésie 6,2 3,5 4,8Théâtre 3,0 2,4 2,7Roman 6,6 7,3 6,9Contes, nouvelles 2,6 1,7 2,1Littérature jeunesse 22,3 0,9 11,1Langue et littérature, autres 5,4 1,6 3,5

Total 7,6 3,2 5,4

Source : Bibliothèque nationale du Québec.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

qui expliquent le mieux cettecroissance. Le tableau 6.8 indi-que les taux de croissance descatégories littéraires par excel-lence que sont la poésie, lethéâtre, le roman, les contes etles nouvelles, ainsi que la littéra-ture jeunesse. Nous avons re-groupé les autres sous-catégories(essais, langues et linguistique,littérature générale, spectacles etcinéma, autres).

Bien que le nombre de titres delittérature jeunesse présente letaux de croissance le plus élevérelativement à l’ensemble de lapériode (11,1 %), cette crois-sance se fait essentiellement en-tre les années 1986 et 2004.Depuis 1994, le rythme de dé-veloppement est beaucoup plusfaible, soit un taux de croissancede 0,9 %, tandis que, de 1986à 1994, le taux de croissanceannuel moyen était de 22,3 %.En fait, de 1994 à 2002, cesont les romans qui ont connu letaux de croissance le plus élevé,soit 7,3 %. Mais ce qu’il y a deplus remarquable, c’est qu’il

s’agit de la seule sous-catégorieà afficher un taux de croissancesupérieur durant cette périodepar rapport à la période 1986-1994. De plus, les taux de crois-sance des deux périodes sont trèscomparables, soit 6,6 % et 7,3 %.

Conclusion

L’édition québécoise de livres aconnu une évolution rapide entre1972 et 2002. Cette évolutionse caractérise cependant pardeux périodes bien distinctes :celle qui s’étend de 1986 à1994, pendant laquelle la crois-sance est rapide, et la période1994-2002, où l’ensemble del’édition semble en stagnation.Ce sur-place est cependant attri-buable en grande partie à ladiminution de l’activité éditorialedes gouvernements et des mai-sons d’enseignement. De son côté,l’édition commerciale a repris laplace qu’elle occupait au débutdes années 1970 en misant da-vantage sur les titres littéraires.

Ce retrait partiel des éditeurs noncommerciaux s’est accompagnéd’une baisse importante du nom-bre de titres édités dans les gran-des catégories d’ouvrages à ca-ractère scientifique ou techniqueà partir de 1994. Les grandescatégories Langue et littérature etPhilosophie, psychologie et religionont continué de montrer des tauxde croissance intéressants, mêmedurant la période 1994-2002.

L’édition québécoise de livres secompare tout à fait à l’éditionfrançaise en ce qui a trait aunombre et à la diversité des titresquand on tient compte de lapopulation. Toutefois, le nombred’exemplaires par habitant pro-duits par les éditeurs québécoisest beaucoup plus bas que celuide leurs homologues français.Par conséquent, les économiesd’échelle dans l’édition québé-coise de livres sont peut-être tropfaibles pour soutenir une offreaussi diversifiée, ce qui con-corde avec les difficultés finan-cières des éditeurs de littératuregénérale que nous avons décri-tes au chapitre 5.

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PARTIE 3LA COMMERCIALISATION

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CHAPITRE 7

LA DISTRIBUTION DE LIVRESAU QUÉBEC

Introduction

La diffusion et la distribu-tion occupent une placecentrale dans la filière du

livre. Ces deux activités complé-mentaires permettent d’assurerl’acheminement de l’informationsur les livres et les livres eux-mêmes vers de nombreux pointsde vente éparpillés dans un vasteterritoire. Les diffuseurs obtien-nent des éditeurs l’autorisationd’agir comme leurs représentantsexclusifs pour la commercialisa-tion de leurs ouvrages. Quantaux distributeurs, ils sont respon-sables de la logistique des opé-rations, c’est-à-dire le traitementet l’expédition des livres, la factu-ration et la remontée des recettesvers l’amont. Dans la plupart descas, au Québec, les distributeursagissent également à titre dediffuseurs.

Le bon fonctionnement du secteurest évidemment essentiel à laperformance de l’ensemble dela filière. Cependant, la lourdeurrelative des investissements néces-saires à la distribution (entrepôts

Marc Ménard et Benoit Allaire

et systèmes informatiques, princi-palement) et l’envergure des res-sources humaines liées à l’acti-vité de diffusion (équipe dereprésentants) exigent la pré-sence de barrières à l’entrée ou,si l’on préfère, la nécessité d’at-teindre une taille minimale pourque les opérations soient renta-bles. Ces barrières à l’entrée,l’existence d’économies d’échelleet l’étroitesse du marché québé-cois expliquent que peu d’édi-teurs diffusent ou distribuent eux-mêmes leurs propres ouvrages.Ces facteurs expliquent aussiqu’il y ait, comme dans plusieursautres secteurs économiques,peu de joueurs dans le secteurde la diffusion-distribution encomparaison de l’amont (édition)et de l’aval (commerce de dé-tail), et que la tendance à laconcentration soit marquée.

En dépit de son importance éco-nomique tout autant qu’opéra-tionnelle, ce secteur est souventocculté et mal connu, voireignoré. Ainsi, il n’y a jamais eud’enquête complète effectuéesur la distribution de livres auQuébec avant celle qu’a lancée

l’Observatoire de la culture etdes communications du Québecà la fin de 2003. Par ailleurs,l’enquête mensuelle menée parle même organisme sur la ventede livres au Québec depuis2001 permet de compléter notreanalyse par un certain nombrede renseignements sur les fluxfinanciers associés à la distri-bution de livres, de même quesur cette variable stratégiqueessentielle que constitue le tauxde retour. Ce sont ces deuxsources de données que nousutiliserons dans cette analysepour caractériser le plus finementpossible la distribution et la diffu-sion de livres au Québec.

La première section présentebrièvement la méthodologie del’enquête menée auprès des dis-tributeurs et des diffuseurs delivres du Québec par l’Observa-toire de la culture et des commu-nications du Québec. Dans ladeuxième section, nous expo-sons les principales caractéristi-ques de la distribution de livresau Québec. Enfin, la troisièmesection comporte une brève ana-lyse financière du secteur.

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134 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

La méthodologie del’enquête menéeauprès des distributeurs

La collecte des données del’enquête auprès des distributeurset des diffuseurs exclusifs delivres, par questionnaire postal,s’est déroulée du 5 avril au10 novembre 2003. La périodede collecte a dû être allongée enraison d’une certaine confusionentre cette enquête et l’Enquêtemensuelle sur la vente de livresneufs. L’univers de l’enquête estcomposé des 36 distributeurs etdiffuseurs exclusifs de livres fai-sant partie de l’Enquête men-suelle sur la vente de livres neufs.Sur ces 36 répondants, 31 ontretourné le questionnaire, partiel-lement ou complètement rempli.Le taux de réponse global estdonc de 86,1 %. D’après lesdonnées de l’Enquête mensuellesur la vente de livres neufs, lesventes de livres des répondantsn’ayant pas retourné le question-naire représentent 0,2 % de tou-tes les ventes de livres faites parles distributeurs en 2002. Lesquestions ayant le plus faibletaux de réponse sont des ques-tions à propos de certains postesde dépense. Leur taux de réponseest de 80,6 %.

Des valeurs ont donc été impu-tées pour les non-répondants àces questions selon des ratiostenant compte du volume desventes, en fonction des types delivres pour des groupes d’établis-sements présentant des caracté-ristiques similaires.

Le questionnaire était composé de12 questions et de 82 sous-questions réparties en deux par-ties distinctes. La première partieconcernait les revenus et lesdépenses des répondants, tandisque la deuxième concernait lesactivités de distribution seloncertaines caractéristiques tellesque la langue des ouvrages dis-tribués ou leur provenance.

La distributionde livres au Québec

L’enquête de l’Observatoire per-met de qualifier de manière rela-tivement précise la façon dontles distributeurs de livres mènentleurs activités au Québec1.Comme on peut le voir autableau 7.1, les 36 distributeursqui ont répondu à l’enquêtedistribuaient les livres de 2 553éditeurs. Parmi ceux-ci, 724étaient des éditeurs québécois(28,4 % du total), 42 étaient deséditeurs canadiens hors Québec(1,6 % du total) et 1 787 étaientdes éditeurs étrangers (70,0 %du total).

1. Il est important de noter que l’expression « diffuseurs et distributeurs québécois » signifie, dans le présent chapitre, que ceux-ciont des établissements au Québec, sans égard à la propriété des entreprises.

Tableau 7.1Nombre d’éditeurs distribués par les distributeurs du Québec,Québec, 2002-2003

n %

Nombre d’éditeurs distribués 2 553 100,0Nombre d’éditeurs québécois distribués 724 28,4Nombre d’éditeurs canadiens distribués 42 1,6Nombre d’éditeurs étrangers distribués 1 787 70,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des distributeurs et des diffuseurs de livres du Québec, 2003.

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LA DISTRIBUTION DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 7 • 135

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Ce nombre de 724 éditeurs qué-bécois pourra évidemment sem-bler excessif2, mais cela ne signi-fie pas qu’il existe 724 éditeursactifs au Québec, mais bien quedes livres (comprenant des titresanciens) édités par 724 éditeursquébécois (encore actifs ou non,y compris des productions àcompte d’auteur) sont actuelle-ment disponibles chez les distri-buteurs.

En 2002-2003, le nombre totalde titres distribués (c’est-à-diredisponibles en inventaire), selonles déclarations des distributeurs,était de 325 070 (tableau 7.2).Un chiffre pour le moins impres-sionnant, et qui indique bien àquel point le renouvellementconstant de l’offre se traduit parun univers de titres disponiblesen expansion continue. Sur ces325 070 titres, 290 787 étaient

en français (89,5 % du total) et34 283 en anglais (10,5 % dutotal)3. Par ailleurs, pas moins de56 668 titres étaient d’originequébécoise, soit 17,4 % du total(dont 55 611 titres québécois enlangue française), contre seule-ment 4 372 titres d’origine cana-dienne (hors Québec), mais264 030 titres d’origine étran-gère (dont 234 205 en languefrançaise).

On constatera, par conséquent,que le réseau de distribution qué-bécois du livre semble très bienfaire son travail en ce qui con-cerne la mise à disposition del’ensemble du patrimoine livres-que en langue française. Électre4,en juin 2004, recensait un peuplus de 530 000 titres franco-phones disponibles, tandis quel’enquête de Statistique Canadasur les éditeurs et les diffuseurs de

livres au Québec (voir note 1)recensait tout près de 50 000titres inscrits au catalogue parles 201 éditeurs québécois en2000-2001. C’est donc vraisem-blablement la quasi-totalité descatalogues québécois et environ55 % de l’ensemble des cata-logues francophones qui sonteffectivement disponibles parl’entremise des distributeurs et desdiffuseurs québécois. Commenous l’avons déjà mentionné, lastructure canadienne de distribu-tion du livre anglophone ne nouspermet pas de porter un jugementsur l’accessibilité réelle des livresen anglais au Québec, puisqu’unepartie de ceux-ci sont distribuésdirectement à partir des entrepôtsontariens. Tout porte à croire,cependant, considérant la faibledistance de ces entrepôts, quecette accessibilité est égalementassez bonne.

2. Dans son enquête sur les éditeurs et les diffuseurs de livres, Statistique Canada recensait 201 éditeurs actifs au Québec en2000-2001. Statistique Canada, Éditeurs et diffuseurs exclusifs de livres. Tableaux de données, novembre 2003(87F004XIF).

3. Signalons que de nombreux livres en anglais vendus au Québec sont distribués par des entreprises situées à l’extérieur duQuébec. Le nombre de titres anglais disponibles au Québec est donc nettement supérieur à 34 000.

4. Électre est une bibliothèque électronique française de recherche bibliographique qui recense les ouvrages publiés en françaisdans 76 pays (voir www.electre.com).

Tableau 7.2Nombre de titres distribués par les distributeurs du Québec selon la langue et l’origine des livres, 2002-2003

Français Anglais Total

Nombre Pourcentage selon Pourcentage selon Nombre Pourcentage selon Pourcentage selon Nombre Pourcentage selonla langue l’origine la langue l’origine l’origine

n % n % n %

Titres québécois 55 611 98,1 19,1 1 057 1,9 3,1 56 668 17,4Titres canadiens 971 22,2 0,3 3 401 77,8 9,9 4 372 1,3Titres étrangers 234 205 88,7 80,5 29 825 11,3 87,0 264 030 81,2

Total 290 787 89,5 100,0 34 283 10,5 100,0 325 070 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des distributeurs et desdiffuseurs de livres du Québec, 2003.

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136 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

On remarquera par ailleurs, autableau 7.3, que les livres delittérature générale représentent latrès grande majorité des livresdisponibles (89,6 % du total), con-tre 8,6 % pour ce qui est des livresdidactiques (catégorie compre-nant les livres universitaires et collé-giaux) et 1,8 % pour ce qui con-cerne les manuels scolaires. Onnotera également que c’est dansla catégorie des livres didactiquesque la part des livres en anglaisest la plus importante, soit 22,7 %du total, contre seulement 7,3 %dans la catégorie des livres scolai-res et 9,4 % dans celle des livresde littérature générale.

Avec plus de 4 300 nouveautésau Québec en 2002 (selon laBibliothèque nationale du Québec,

éditeurs commerciaux5 seulement)et plus de 45 000 nouveautés etrééditions en France au cours dela même année (selon Électre),l’accroissement des cataloguesdevient forcément un problème deplus en plus difficile à gérer, lenombre de nouveautés excédantlargement le nombre de titresépuisés et non réédités. Si lagestion de l’information sur cestitres est complexe, elle n’est pasinsoluble, grâce à l’évolution dessystèmes informatiques. En revan-che, en l’absence d’une réelleimpression sur demande de qua-lité et peu coûteuse, la possibilitéque tous les titres en cataloguedemeurent effectivement dispo-nibles se heurte à des limitesobjectives, d’ordre logistique toutautant que monétaire.

Bien que la production de nou-veautés québécoises et le nom-bre total de titres disponiblessoient en hausse constantedepuis de nombreuses années, ilfaut tout de même noter que lapart de marché des éditeurs qué-bécois est assez faible lorsqu’onla mesure en fonction du nombrede titres distribués : elle n’est alorsque de 17,4 %. Il n’est donc pasexagéré de dire, sur cette base,que chaque année le marchéquébécois est littéralement inondépar les titres étrangers.

En revanche, lorsqu’on mesureleur part de marché en fonctiondu nombre d’exemplaires distri-bués, le portrait s’améliore nette-ment. Comme on peut le voir au

Tableau 7.3Nombre de titres distribués par les distributeurs du Québec selon la langue et la catégorie de livres,2002-2003

Français Anglais Total

Nombre Pourcentage selon Pourcentage selon Nombre Pourcentage selon Pourcentage selon Nombre Pourcentage selonla langue la catégorie la langue la catégorie la catégorie

n % n % n %

Manuels scolaires 5 291 92,7 1,8 418 7,3 1,2 5 709 1,8Livres didactiques 21 684 77,3 7,5 6 377 22,7 18,6 28 061 8,6Littérature générale 263 812 90,6 90,7 27 488 9,4 80,2 291 300 89,6

Total 290 787 89,5 100,0 34 283 10,5 100,0 325 070 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des distributeurs et desdiffuseurs de livres du Québec, 2003.

5. C’est-à-dire à l’exclusion des éditeurs gouvernementaux, des maisons d’enseignement, des compagnies et institutionsfinancières, des associations, etc.

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LA DISTRIBUTION DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 7 • 137

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

tableau 7.4, c’est plus de 26,8millions d’exemplaires que lesdistributeurs du Québec ont distri-bués en 2002-20036. De cettequantité, près de 11 millionsd’exemplaires de livres étaientd’origine québécoise (40,8 %du total)7, 1,9 million d’origine

canadienne hors Québec (7,1 %)et tout près de 14 millions d’ori-gine étrangère (52,1 %). Lesexemplaires en langue françaiseétaient au nombre de 24,1 mil-lions (soit 89,7 % du total), con-tre 2,8 millions en langue an-glaise (10,3 %).

Encore une fois, comme on peutle voir au tableau 7.5, ce sontles livres de littérature généralequi représentent la très grandemajorité des exemplaires distri-bués (23 millions d’exemplairesou 85,9 % du total), contre 2,1millions pour ce qui est des livres

6. Ce qui ne représente pas le nombre total de livres vendus au Québec, puisqu’il y a également des ventes directes auxconsommateurs de la part des éditeurs, et qu’une part des ventes des détaillants provient de distributeurs-diffuseurs situés horsQuébec.

7. Cette estimation ne tient pas compte des ventes finales des éditeurs aux consommateurs, individus ou établissements (ventes quisont importantes, en particulier dans le domaine scolaire, où la part de marché des éditeurs québécois est plusimportante). La part de marché réelle des éditeurs québécois se situe donc vraisemblablement entre 40 % et 45 %, soitune valeur assez semblable à celle qui avait été estimée pour 1998, soit 43 %. Voir M. MÉNARD, Les chiffres des mots.Portrait économique du livre au Québec, Montréal, SODEC, 2001, p. 165.

Tableau 7.4Nombre d’exemplaires distribués par les distributeurs du Québec selon la langue et l’origine des livres,2002-2003

Français Anglais Total

Nombre Pourcentage selon Pourcentage selon Nombre Pourcentage selon Pourcentage selon Nombre Pourcentage selonla langue l’origine la langue l’origine l’origine

n % n % n %

Exemplaires québécois 10 482 402 95,7 43,6 470 449 4,3 17,1 10 952 851 40,8Exemplaires canadiens 778 244 40,9 3,2 1 123 657 59,1 40,9 1 901 901 7,1Exemplaires étrangers 12 807 862 91,7 53,2 1 156 132 8,3 42,0 13 963 994 52,1

Total 24 068 507 89,7 100,0 2 750 238 10,3 100,0 26 818 745 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des distributeurs et desdiffuseurs de livres du Québec, 2003.

Tableau 7.5Nombre d’exemplaires distribués par les distributeurs du Québec selon la langue et la catégorie de livres,2002-2003

Français Anglais Total

Nombre Pourcentage selon Pourcentage selon Nombre Pourcentage selon Pourcentage selon Nombre Pourcentage selonla langue la catégorie la langue la catégorie la catégorie

n % n % n %

Exemplaires de manuels scolaires 1 528 810 91,9 6,4 134 675 8,1 4,9 1 663 486 6,2Exemplaires de livres didactiques 1 507 648 71,4 6,3 603 015 28,6 21,9 2 110 663 7,9Exemplaires de livres delittérature générale 21 032 050 91,3 87,4 2 012 547 8,7 73,2 23 044 597 85,9

Total 24 068 507 89,7 100,0 2 750 238 10,3 100,0 26 818 745 100,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des distributeurs et desdiffuseurs de livres du Québec, 2003.

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138 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

didactiques (7,9 %) et 1,7 mil-lion en ce qui concerne les livresscolaires (6,2 %).

Enfin, on notera que le nombred’exemplaires distribués par titreest nettement supérieur en ma-tière de livres québécois (193exemplaires distribués par titreen moyenne) que de livres étran-gers (83 exemplaires distribuéspar titre en moyenne). Ainsi, endépit du fait que le marché qué-bécois est inondé par les titresétrangers, les ventes moyennesdes éditeurs québécois sont prèsde deux fois et demie supérieu-res à celles des titres étrangers. Ilsemble donc exister une bonneadéquation entre l’offre et la de-mande québécoises. De mêmepeut-on conclure que les distribu-teurs diffusent et distribuent avecune efficacité certaine les livresquébécois sur le marché local.

Les résultats de l’enquête men-suelle de l’Observatoire sur lesventes de livres neufs au Québecnous permettent également d’éta-blir la répartition des ventes net-tes des distributeurs (les ventesbrutes moins les retours) selon lesprincipaux canaux de distribution(tableau 7.6). Comme on peut levoir, les ventes finales en 2003(37,0 millions de dollars) nereprésentaient que 13,4 % desrevenus totaux, le reste étantdestiné à des détaillants pour larevente aux particuliers et auxétablissements. Dans le secteurde la revente, le réseau deslibrairies était nettement domi-nant, avec des ventes de 161,4millions de dollars en 2003, soit58,3 % de l’ensemble des ventesnettes des distributeurs. Suivaientles grandes surfaces (60,8 mil-lions ou 22,0 % du total) et lesautres points de vente (17,5 mil-lions ou 6,3 % du total).

Pour la mise en marché desnouveautés, rappelons que leQuébec, depuis les années1970, a adopté le système fran-çais de l’office, en l’adaptant àses besoins8. Ce système estbasé sur des envois automati-ques et réguliers de la part deséditeurs et des diffuseurs auxlibrairies, par l’entremise des dis-tributeurs, envois assortis d’undroit de retour. Cette pratiquefavorise la diffusion rapide etautomatique des nouveaux ouvra-ges, de même que la diversité dechoix pour les consommateurs.Un deuxième outil d’importanceest le prénoté, introduit quantà lui à la fin des années 1970.À l’origine une commande ferme(c’est-à-dire sans droit de retour),cet outil s’ajoutait à l’office, qu’ilcomplétait et raffinait, mais étaitlivré avant ce dernier. Cepen-dant, avec les années, le prénotéest devenu une commande livrée

8. Voir Rapport du Comité sur les pratiques commerciales dans le domaine du livre (comité Larose), Montréal, SODEC, 2000.

Tableau 7.6Répartition des ventes nettes1 des distributeurs, 2001-2003

2001 2002 2003

Ventes Pourcentage Ventes Pourcentage Ventes Pourcentagedu total du total du total

M$ % M$ % M$ %

Ventes totales des distributeurs 260,0 100,0 271,6 100,0 276,6 100,0 Reventes 231,6 89,1 239,5 88,2 239,7 86,6 Librairies et coopératives 146,8 56,5 160,4 59,1 161,4 58,3 Grande diffusion 84,7 32,6 79,1 29,1 78,3 28,3 Grandes surfaces 71,2 27,4 64,3 23,7 60,8 22,0 Autres points de vente 13,5 5,2 14,8 5,5 17,5 6,3 Ventes finales 28,4 10,9 32,0 11,8 37,0 13,4

1. Ventes brutes moins retours.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, Enquête auprès des distributeurs et des

diffuseurs de livres du Québec, 2003.

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LA DISTRIBUTION DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 7 • 139

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

aux mêmes conditions et enmême temps que l’office. Il aégalement pris de plus en plusd’importance, puisqu’il repré-sente, de nos jours, plus de 50 %des envois de nouveautés.

Pour les distributeurs – mais aussipour l’ensemble des maillons dela chaîne du livre –, l’ampleur etl’évolution du taux de retour9 desnouveautés nuisent grandementà l’efficacité et à la rentabilitédes opérations. Compte tenu d’untaux de retour global de 24,7 %en 2003 (tableau 7.7), il semblequ’on puisse conclure à une rela-tive stabilité depuis la fin desannées 199010. Les taux sem-blent en revanche supérieurs àceux qu’on observe en France,où il existe un système de diffu-sion des nouveautés relativementsemblable. En 2003, le taux deretour des librairies était d’un peuplus de 21 % en France11, com-parativement à 27,8 % au Qué-bec la même année. Toutefois,cet écart n’est pas forcément lesigne d’une moindre efficacitéde la distribution québécoise,puisqu’il faut tenir compte de ladensité moins forte de la popu-lation québécoise et de sonéparpillement dans un territoirebeaucoup plus vaste, ce quiengendre des coûts supplémen-taires. En revanche, il semble queles taux de retour en France aientbaissé depuis 1998, ce qui

s’explique peut-être par la con-centration accrue des entreprisesde distribution dans ce pays.

Les taux de retour varient defaçon importante d’un mois àl’autre, ceux-ci étant particulière-ment élevés de janvier à mars,période où les ventes baissentet où les librairies retournent lesinvendus de la période desFêtes. L’examen par mois destaux de retour peut ainsi êtretrompeur. C’est pourquoi il estnécessaire de désaisonnaliserces données pour obtenir unportrait plus juste de la situation.L’utilisation d’une moyenne mo-bile sur 12 mois12 est une mé-thode simple et efficace quipermet d’atteindre cet objectif.Comme on peut le voir à lafigure 7.1, l’emploi de cette mé-thode pour la période allant de

décembre 2001 à février 2004donne des résultats éclairants. Letaux de retour global apparaîtcomme parfaitement stable surl’ensemble de la période, soit unpeu plus de 25 %. Les taux deretour des librairies et des coopé-ratives ainsi que des autrespoints de vente sont égalementstables, mais ils affichent uneplus grande variabilité dans cedernier cas. Par contre, le tauxde retour des magasins à grandesurface montre une hausse régu-lière de décembre 2001 àfévrier 2003 (passant de 15,0 %à 21,1 %), puis une chute jus-qu’en février 2004 (où il atteint17,1 %). Cette évolution contras-tée du taux de retour est cohé-rente avec la baisse des ventesaffichée par ce segment de venteau détail13, la réaction des gran-des surfaces à cette diminution

Tableau 7.7Taux de retour des distributeurs selon les différents secteurs clients,2001-2003

2001 2002 2003

%

Ventes totales des distributeurs1 25,0 25,5 24,7 Librairies et coopératives 28,0 27,4 27,8 Grande diffusion 19,2 24,9 21,9 Grandes surfaces 15,0 21,5 17,6 Autres points de vente 35,9 36,7 34,0

1. Pour revente, c’est-à-dire sans les ventes finales et les exportations; les ventes brutesreprésentent, dans la terminologie des distributeurs, la quantité « mouvementée ».

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec.

9. Lequel est mesuré par le rapport entre les retours et le nombre total de livres expédiés.10. Voir le chapitre 9 du présent ouvrage.11. « Le marché du livre 2004 », supplément à Livres hebdo, no 549, 19 mars 2004, p. 59.12. Il s’agit tout simplement d’établir, chaque mois, une moyenne pondérée du taux de retour des 12 mois précédents.13. Voir le chapitre 9 du présent ouvrage.

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140 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

ayant probablement été de re-tourner les titres dont le roulementétait plus faible, de façon àconserver un assortiment plusréduit, mais composé de titres àfort taux de roulement.

La répartition des coûts unitairesde distribution des livres en fonc-tion des différentes opérationsque cette activité nécessite –comme nous avons pu les déter-miner lors de l’étude sur les fluxde trésorerie en 1998-199914 –indique bien l’ampleur des coûtsassociés à la manipulation d’ungrand nombre de livres. On trou-

vera, au tableau 7.8, la présen-tation du coût unitaire, d’une parten fonction du nombre d’unitésappropriées à l’opération15 et,d’autre part, en fonction dunombre d’unités vendues (ce quireprésente le coût réel final del’opération, en tenant comptedes invendus).

Le coût d’achat des livres à l’édi-teur représente évidemment leposte le plus important, soit 9,63 $l’exemplaire en moyenne. Lecoût de traitement des livresreçus (réception, saisie desdonnées dans le système infor-

matique, gestion des stocks etentreposage) est de 0,27 $ parexemplaire reçu. Le coût deconditionnement – pose d’unbandeau pour un auteur à succèsou gagnant d’un prix littéraire,pelliculage et étiquetage pour lagrande diffusion – est enmoyenne de 0,21 $ et les fraisd’envoi (emballage et transport),de 0,09 $. Enfin, le coût detraitement des retours (réceptiondes marchandises, saisie infor-matique des données, entrepo-sage) s’élève à 0,16 $ parexemplaire reçu16.

14. M. MÉNARD, op. cit., p. 176.15. Le coût unitaire du traitement des livres étant mesuré en fonction du nombre de livres traités, le coût unitaire du traitement des

retours en fonction du nombre de livres retournés, etc.16. Le coût de transport des expéditions est aux frais du distributeur et celui des retours, aux frais du détaillant.

Figure 7.1Taux de retour mensuel des distributeurs (moyennes mobiles de 12 mois)

0

5

10

15

20

25

30

35

%

40

déc.2001

févr.2002

avril2002

juin2002

août2002

oct.2002

déc.2002

févr.2003

avril2003

juin2003

août2003

oct.2003

déc.2003

févr.2004

Librairies et coopératives Grandes surfaces Autres points de vente Total revente

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LA DISTRIBUTION DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 7 • 141

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Considérant ces différents typesde coûts et l’importance du nom-bre d’exemplaires manipulés (untaux de retour de 24,7 % signifiequ’il faut manipuler 133 livrespour en vendre 100), on com-prendra aisément que le profitdes distributeurs et des diffuseurspuisse être grandement modifiépar l’évolution du taux de retour.Ainsi, un livre retourné par unlibraire, reçu par le distributeur,conditionné de nouveau etréexpédié à un autre libraire,porte un coût supplémentaire de0,41 $, ce qui diminue d’autantla marge, assez faible commenous le verrons plus loin, du distri-buteur. Comme nous avons pul’estimer en 1998-199917, unehausse (une baisse) de 1 % dutaux de retour global se traduit,pour les distributeurs, par unehausse (une baisse) de leur margebrute de 0,12 %, ce qui corres-pond, toutes choses étant égalespar ailleurs, à une variation de0,1 % de leur profit net avantimpôt. Les taux de retour pouvantvarier de plusieurs points de pour-centage en quelques mois, l’effetsur la rentabilité peut être considé-rable et immédiat. Dans un con-texte où le nombre de titres àdistribuer est en hausse, les ventesmoyennes en baisse et le nombrede points de vente en croissance,la pression sur les coûts unitairesexige que la performance logisti-que des distributeurs soit constam-ment améliorée.

Tableau 7.8Coût unitaire, distribution de nouveautés d’éditeurs québécois(hors du secteur scolaire), 1998-1999

Par unité appropriée Par unitéà l’opération vendue

$

Coût unitaireCoût d’achat des livres aux éditeurs 9,63 9,63Coût de traitement des livres 0,27 0,42Coût de conditionnement 0,21 0,34 Pour les librairies 0,18 0,29 Pour la grande diffusion 0,29 0,48Frais des envois 0,09 0,14 Pour les librairies 0,08 0,12 Pour la grande diffusion 0,11 0,18Coût de traitement des retours 0,16 0,09 Pour les librairies 0,15 0,07 Pour la grande diffusion 0,19 0,12

Total … 10,62

Source : M. MÉNARD, op. cit., p. 176.

Le caractère industriel, ou quasiindustriel, du secteur de la distri-bution rend possible le calculprécis de nombreux indicateursqui permettent à ces entreprisesde gérer au plus serré, c’est-à-dire de calculer le coût et doncde facturer chaque service ouprestation, et d’établir des critè-res de rentabilité. C’est le seulsecteur de la filière où l’on peutvéritablement quantifier et prévoirl’ensemble des opérations, préa-lable obligatoire de tout effortde rationalisation. Or, toute ratio-nalisation, considérant les éco-nomies d’échelle inhérentes à cetype d’activité, favorise la con-centration des entreprises.

C’est donc sans grande surprisequ’on constatera que le niveaude concentration dans le secteurde la distribution est relativementélevé. Le tableau 7.9 présenteles parts appartenant aux princi-paux distributeurs dans le totaldes ventes au réseau de détail (ycompris les ventes qui ne transi-tent pas par ces distributeurs). Les3 principaux distributeurs regrou-pent ainsi 44,4 % des ventestotales, les 5 principaux 54,3 %,et les 10 principaux 64,6 %. Laconcentration est légèrement plusélevée en matière de ventes auxmagasins à grande surfacequ’aux librairies, et elle est en-core plus élevée pour ce qui est

17. M. MÉNARD, op. cit., p. 114.

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142 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

des ventes aux autres points devente (part de marché de 86 %pour les trois principaux distribu-teurs et de 99,7 % pour les cinqprincipaux). Dans ce dernier cas,la distribution dans ces points devente divers exigeant un impor-tant travail de conditionnementdes livres et de mise en placepar les représentants, on cons-tate sans surprise que les écono-mies d’échelle favorisent la con-centration.

Toutefois, considérant que, pourl’essentiel, nos distributeurs nesont présents que sur le marchédu livre francophone, un indica-teur plus pertinent de la concen-tration est celui qui mesure lapart des ventes des principauxdistributeurs dans leurs ventes auréseau de détail (à l’exclusiondes ventes qui ne transitent paspar eux). Sur cette base, les tauxde concentration des 3, 5 et 10principaux distributeurs sont alorsrespectivement de 62,2 %, de76,2 % et de 90,6 % (tableau7.10). Il s’agit d’un niveau deconcentration qu’on peut quali-fier d’assez élevé. Mais surtout,le niveau de concentration est àla hausse depuis 1998, si l’oncompare les taux avec ceux quiavaient été estimés en 1998,soit respectivement 49 %, 63 %et 73 % pour les 3, 5 et 10principaux distributeurs sur lemarché francophone. On se rap-proche donc progressivement,selon toute vraisemblance, destaux de concentration fort élevésqu’on observe depuis longtempsdans la distribution en France, auCanada anglais et aux États-Unis.

Tableau 7.9Concentration1 dans le secteur de la distribution de livres,part des ventes des principaux distributeurs sur l’ensemble des ventesau réseau de détail, 2002

3 principaux 5 principaux 10 principauxdistributeurs distributeurs distributeurs

%

Librairies et coopératives 38,4 48,5 57,6Grandes surfaces 66,6 79,3 93,8Autres points de vente 86,0 99,7 100,0Ensemble du réseau de détail 44,4 54,3 64,6

1. Calculée sur la base de l’estimation des coûts de revient des librairies, coopératives, grandessurfaces et autres points de vente.

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête mensuelle sur la vente de livres neufs.

Tableau 7.10Concentration dans le secteur de la distribution de livres,part des ventes des principaux distributeurs sur leurs ventesau réseau de détail, Québec, 2002

3 principaux 5 principaux 10 principauxdistributeurs distributeurs distributeurs

%

Librairies et coopératives 60,9 76,8 91,2Grandes surfaces 69,6 82,9 98,1Autres points de vente 85,2 98,8 100,0Ensemble du réseau de détail 62,2 76,2 90,6

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communicationsdu Québec, Enquête mensuelle sur la vente de livres neufs.

La situation financièredes distributeurs etdes diffuseurs de livresau Québec

Pour cerner la situation financièred’un secteur, ses forces et sesfaiblesses, sa solidité et sa renta-bilité, la compilation des revenuset dépenses des entreprises com-posant ce secteur s’avère unedémarche obligée. On trouvera,au tableau 7.11, la compilationde l’information financière con-

cernant l’état des revenus etdépenses des 36 entreprises ac-tives dans la diffusion et la distri-bution de livres au Québec pourl’année 2002-2003. Comme onpeut le voir, les recettes de distri-bution représentent 73,4 % des434,5 millions de dollars derevenus totaux de ces entrepri-ses, et les recettes de diffusion,8,0 %. Les revenus tirés de l’édi-tion de livres sont égalementimportants (13,3 % du total), maisles autres activités, de mêmeque les subventions (attribuées

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LA DISTRIBUTION DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 7 • 143

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

d’ailleurs pour les activités autresque la distribution et la diffusion)sont des activités marginales. Onparle donc, en ce qui concerneces entreprises, d’un haut degréde spécialisation dans la distri-bution et la diffusion.

Du côté des dépenses, le coûttotal des ventes représente 70,5 %des revenus, où le coût desouvrages vendus (44,6 % desrevenus) prédomine largement.Parmi les frais d’exploitation, cesont les frais d’entreposage,d’exécution des commandes etd’expédition (7,7 % des revenus),de marketing, vente et promotion(6,9 %) et, enfin, les frais d’admi-nistration (5,2 %) qui priment, lesautres postes étant négligeables.

La marge bénéficiaire brute (reve-nus totaux moins coût des ventes)est ainsi de 29,5 %, et la margebénéficiaire nette (avant impôt),de 5,6 %. Sur les 36 entreprises,29 affichent un profit positif, tan-dis que 7 essuient une perte. Ces36 entreprises emploient 1 205personnes à temps complet et95 à temps partiel, ce qui corres-pond à une rémunération totalede 40,8 millions de dollars ou9,4 % des revenus totaux.

En dépit du fait que la majoritédes revenus de ces 36 entreprisessont tirés des activités de distribu-tion et de diffusion, il n’en de-meure pas moins que l’inclusiond’importants revenus d’édition(près de 58 millions de dollars)tend à créer des distorsions dansles différents postes de dépense(importance plus grande desautres coûts de vente et de la

Tableau 7.11État des revenus et dépenses des établissements actifs dans la diffusionet la distribution de livres1, Québec, 2002-2003

k$ %

Nombre d’entreprises (n) 36 …

Revenus totaux 434 502 100,0Revenus de distribution 319 051 73,4Revenus de diffusion 34 740 8,0Revenus d’édition 57 704 13,3Revenus de librairie 896 0,2Revenus de subventions 5 450 1,3Autres revenus 16 660 3,8

Dépenses totales 409 954 94,4Coût total des ventes 306 421 70,5 Coût des ouvrages vendus 193 616 44,6 Autres coûts de vente 112 805 26,0Frais d’exploitation 103 541 23,8 Frais d’occupation 6 281 1,4 Amortissement (sans les stocks) 3 026 0,7 Frais et intérêts bancaires 1 714 0,4 Entreposage, exécution des commandes et expédition 33 459 7,7 Marketing, vente et promotion 29 854 6,9 Frais d’administration 22 620 5,2 Mauvaises créances 372 0,1 Autres frais d’exploitation 6 215 1,4Marge bénéficiaire brute 128 081 29,5Marge bénéficiaire nette 24 540 5,6Nombre d’entreprises affichant un profit (n) 29 …Nombre d’entreprises affichant une perte (n) 7 …Nombre d’employés à temps plein (n) 1 205 …Nombre d’employés à temps partiel (n) 95 …Rémunération totale 40 793 9,4

1. Comprend tous les établissements actifs dans la distribution et la diffusion de livres, y comprisceux dont ce n’est pas l’activité principale tels certains éditeurs qui font leur propredistribution.

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des distributeurs et des diffuseurs de livres du Québec, 2003.

rémunération de la main-d’œuvre,notamment) et, surtout, à hausserle taux de profit. Pour toute acti-vité de distribution, en effet, qu’ils’agisse de livres, de pièces auto-mobiles ou d’équipement deplomberie, les marges sont tou-jours extrêmement réduites, la ren-tabilité étant fonction du volumedes produits distribués. L’édition,au contraire, nécessite des mar-ges plus élevées pour soutenir lesinvestissements (les coûts de pro-

duction de chaque titre) et gérerle risque élevé de la production(8 titres et plus sur 10 étantgénéralement déficitaires, la ren-tabilité repose sur quelquesgrands succès de vente).

Il est donc utile, pour tracer unportrait financier plus « pur » desactivités de distribution et dediffusion du livre au Québec, decompiler les données financièrespour les établissements dont la

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144 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

distribution et la diffusion delivres est l’activité principale(tableau 7.12). Nous sommesalors placés devant 23 entrepri-ses ayant des revenus totaux de216,1 millions de dollars. Pources 23 entreprises, les revenus dedistribution représentent 171,3millions de dollars (79,3 % desrevenus totaux) et les revenus dediffusion, 31,5 millions de dol-lars (14,6 % des revenus totaux).La spécialisation devient alorsévidemment massive (ces deuxactivités représentant 94 % desrevenus), ce qui se traduit parune accentuation de certainstraits du côté des dépenses.

D’abord, si le coût total des ventesest légèrement plus élevé (75,4 %des revenus), c’est surtout l’am-pleur du poste « coût des ouvra-ges vendus » qui devient prédomi-nant, car il représente maintenant70,7 % des revenus, ce qui esttypique d’une activité caracté-risée principalement par la mani-pulation d’un produit qui ne faitque transiter vers le réseau devente au détail. De plus, la margebénéficiaire brute décline, à24,6 %, et la marge bénéficiairenette décline encore davantage,à 1,5 %. À ce niveau, on peutmême la qualifier de déficiente18.Par contre, seules 3 entreprisessur 23 déclarent une perte. Ainsi,la distribution semble se caractéri-ser par de très faibles marges,mais une quasi-assurance de ren-tabilité. Enfin, les 23 entreprisesemploient 575 personnes à

Tableau 7.12État des revenus et dépenses des distributeurs et diffuseurs de livres1,Québec, 2002-2003

k$ %

Nombre d’entreprises (n) 23 …

Revenus totaux 216 134 100,0Revenus de distribution 171 300 79,3Revenus de diffusion 31 454 14,6Revenus d’édition 923 0,4Revenus de librairie 782 0,4Revenus de subventions 288 0,1Autres revenus 11 387 5,3

Dépenses totales 212 860 98,5Coût total des ventes 162 927 75,4 Coût des ouvrages vendus 152 751 70,7 Autres coûts de vente 10 176 4,7Frais d’exploitation 49 933 23,1 Frais d’occupation 4 225 2,0 Amortissement (sans les stocks) 2 216 1,0 Frais et intérêts bancaires 900 0,4 Entreposage, exécution des commandes et expédition 15 820 7.3 Marketing, vente et promotion 11 810 5,5 Frais d’administration 9 093 4,2 Mauvaises créances 168 0,1 Autres frais d’exploitation 5 700 2,6Marge bénéficiaire brute 53 207 24,6Marge bénéficiaire nette 3 274 1,5Nombre d’entreprises affichant un profit (n) 20 …Nombre d’entreprises affichant une perte (n) 3 …Nombre d’employés à temps plein (n) 575 …Nombre d’employés à temps partiel (n) 69 …Rémunération totale 18 465 8,5

1. Comprend seulement les établissements dont la distribution et la diffusion de livres est l’activitéprincipale.

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec, Enquête auprès des distributeurs et des diffuseurs de livres du Québec, 2003.

temps complet et 69 à tempspartiel, c’est-à-dire une rému-nération totale de 18,5 millionsde dollars, soit une part légère-ment inférieure – 8,5 % des reve-nus totaux – à celle de l’ensembledes entreprises ayant une activitéde distribution et de diffusion.

Au total, les particularités du sys-tème de distribution québécois –

faible densité de la population,vaste territoire et système del’office pour l’envoi des nouveau-tés – se traduisent, dans la réa-lité, par des taux de retour sensi-blement élevés bien que stablesau cours des dernières annéeset, surtout, par une faible rentabi-lité pour les distributeurs.

18. À tout le moins nettement inférieure à celle des petits distributeurs américains indépendants, dont le taux de profit était de 3,6 %en 1999. Voir M. MÉNARD, op. cit., p. 183.

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LA DISTRIBUTION DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 7 • 145

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Conclusion

Le secteur de la diffusion et de ladistribution comporte des joueurséconomiquement importants, maisqui sont peu nombreux et forment,de ce fait, un groupe relativementconcentré d’entreprises.

Chaque année, ces entreprisesdiffusent et distribuent un nombreimpressionnant de titres au Qué-bec : plus de 325 000, dont290 000 francophones et prèsde 57 000 québécois. Ce sontainsi près de 27 millions d’exem-plaires qui ont été distribués en2002-2003, dont 40,8 % d’ori-gine québécoise. Environ 86 %de ces exemplaires étaient deslivres de littérature générale, 8 %des livres didactiques et 6 % desmanuels scolaires. Un tel volumed’opération nécessite évidem-ment un appareillage logistiqueet informationnel puissant et com-plexe, d’autant plus qu’il fauttenir compte de l’importance dunombre de fournisseurs (près de2 600 éditeurs distribués en tout)et du nombre de points de ventedesservis (de 3 000 à 4 500pour les plus gros distributeurs).

Les diffuseurs et les distributeursquébécois affichent une effica-cité certaine quant à leurs opéra-tions. Le marché est bien desserviet le taux de retour des livrestourne autour de 25 % depuisquelques années. En ce quiconcerne les librairies et lescoopératives, le taux de retour

est d’environ 28 %, ce qui estsupérieur de quelques points depourcentage au taux de retour enFrance, où existe un systèmecomparable de mise en marchédes nouveautés. Malgré l’effica-cité avec laquelle elles mènentleurs opérations, ces entreprisesconnaissent une faible rentabi-lité, nettement inférieure à toutle moins à celle de leurs équiva-lentes américaines. Des coûtsunitaires plus élevés, résultatd’un mode de mise en marché(l’office) qui favorise une plusgrande diversité et une meilleuredisponibilité des produits, maisqui impose aussi des contraintesplus élevées, la taille réduite dumarché québécois et sa faibledensité de population, de mêmequ’un nombre de nouveautés parhabitant plus élevé qu’aux États-Unis19, permettent dans unelarge mesure d’expliquer cettemoindre performance.

Il faut également noter que lamaîtrise du marché, dans le sec-teur, exige un savoir-faire qui sefonde largement sur des com-pétences techniques et sur lacapacité de compiler, d’analyseret d’interpréter les données surles flux logistique et monétaire,caractéristiques qui permettentune rationalisation croissante desopérations.

Cette rationalisation s’imposelorsque le système de commer-cialisation (l’office) se dérègle etque le taux de retour s’élève.

Néanmoins, même hors de tellespériodes (comme c’est apparem-ment le cas depuis 2001), cer-tains éléments poussent vers cetterationalisation. D’abord, l’aug-mentation continue du nombrede titres, laquelle résulte de ladynamique propre au secteur del’édition. À cela s’ajoutent lesdemandes des librairies, qui exi-gent un raffinement croissant desmises en place (accroissementdu nombre de prénotés, évolu-tion des grilles d’office, plusgrande précision des envois,etc.) en même temps que leurgestion se caractérise de plus enplus par le maintien de stocksminimaux et par des opérationsen flux tendus. Ces tendancesfavorisent l’émiettement des com-mandes et la réduction de lataille des colis expédiés, d’oùune complexification croissantede l’activité logistique, couplée àune forte pression sur les coûtsunitaires. Les distributeurs doiventainsi, chaque année, être plusperformants que l’année précé-dente.

Les économies d’échelle étantimportantes dans ce domaine, lanécessité de la rationalisationdes activités et de l’améliorationde la performance constitue unepuissante incitation à la concen-tration des entreprises, laquelle,justement, semble s’être accruedepuis 1998. Nous avons déjàsouligné les dangers potentielsd’une concentration excessive20.Un bref rappel s’impose.

19. Voir M. MÉNARD, op. cit., p. 129.20. Ibid., p. 186-187.

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146 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Une concentration excessive peutd’abord peser lourdement sur lesecteur de l’édition. En effet, unouvrage disposant d’une fortemise en place est toujours plusfacile et plus rentable à distribuerqu’un ensemble de plusieurs titresaux ventes plus réduites et plusaléatoires. Dans une situation deconcentration excessive, les con-traintes de rationalisation et derentabilité rendent fort tentant,pour un distributeur, de concen-trer ses activités sur les titres àfortes mises en place et à refuserde distribuer les titres dont lesventes sont inférieures à un certainseuil. Ainsi, la diffusion et ladistribution des plus petits édi-teurs peuvent devenir plus aléa-toires ou celles des ouvrages plusdifficiles, et donc constituer unpuissant frein à la diversité et àl’innovation dans le secteur del’édition.

Mais cette concentration peutégalement peser sur les librairies,en particulier les librairies indé-pendantes ou à vocation litté-raire, ou encore qui sont situéesen région éloignée. Les librairiesqui ne peuvent commander quede petites quantités pourraient setrouver isolées et mal desserviespar des distributeurs dont lesseuils de rentabilité et les exi-gences en matière de quantitéminimale à expédier s’élève-raient. Cela constituerait, unefois encore, un frein à la diversitéet à l’accessibilité des livres dansl’ensemble du territoire.

Le diffuseur-distributeur constitueun intermédiaire dont on ne peutse passer et vis-à-vis duquel lesattentes sont fortes, tant de lapart des éditeurs que des librai-ries. Les bons résultats de cesecteur sont ainsi essentiels auxbons résultats de l’ensemble dela filière. Mais ces bons résultatssont aussi conditionnels à laprise en compte, par les distribu-teurs – comme ils l’ont toujoursfait d’ailleurs jusqu’ici – de lanécessaire diversité des titresofferts et distribués, de mêmeque de leur accessibilité dansl’ensemble du territoire.

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CHAPITRE 8

LES LIBRAIRIES AGRÉÉESAU QUÉBEC

Introduction

De nombreux commer-ces sont actifs dans lavente de livres, qu’il

s’agisse de librairies, de maga-sins à grande surface (grandsmagasins traditionnels, clubs-entrepôts ou magasins à rabais),de petits points de vente (taba-gies, kiosques à journaux, phar-macies, etc.) ou de commercesspécialisés ayant un rayon delivres adapté à leur spécialisa-tion (jardinage, quincaillerie, ali-mentation naturelle, jouets, etc.).À cela il faut ajouter la ventedirecte de livres aux consomma-teurs par les clubs de livres, lesventes directes par correspon-dance ou par courtage, ou pardes éditeurs et distributeurs dontce n’est pas, à l’exception deséditeurs scolaires, la vocationpremière.

Cette multiplicité des points devente permet de rejoindre un trèslarge public. Les librairies occu-pent néanmoins une place privi-légiée dans cet univers, parcequ’il s’agit des seuls commercesspécialisés dans la vente de livres

et, de ce fait, les seuls à êtrepleinement intégrés à la filière dulivre.

C’est pourquoi la librairie est leseul commerce qui offre un vasteassortiment d’ouvrages et un véri-table service à la clientèle, c’est-à-dire une fonction de conseil,de recherche bibliographique etde commande des titres recher-chés. Il reste qu’il existe desdisparités importantes entre librai-ries, selon leur taille, leur apparte-nance ou non à un réseau, leurcaractère généraliste ou spécia-lisé, leur emplacement ou leursituation géographique.

Dans le présent chapitre, nous ana-lysons la situation des librairiesagréées au Québec. Il y a prèsde 450 librairies au Québec,dont 211, en 2000, étaientagréées. L’agrément, du fait desnormes à respecter, authentifieen quelque sorte le « profession-nalisme » de son titulaire. Deplus, les librairies agréées étanttenues par la loi de déposerannuellement au ministère de laCulture et des Communicationsun certain nombre de renseigne-

ments factuels et financiers, nousdisposons à leur égard de don-nées précieuses qu’il est possibled’exploiter.

Dans la première section, nousprésentons quelques éléments quipermettent de situer la place deslibrairies dans l’ensemble dumarché du livre, et de préciserles principales caractéristiquesde l’agrément. Dans la seconde,nous analysons l’évolution deslibrairies agréées depuis 1983.Enfin, la dernière section estconsacrée à l’analyse des carac-téristiques économiques et finan-cières des librairies agréées, enparticulier des librairies indépen-dantes.

Les librairiesdans l’ensembledu marché du livre

La librairie constitue un canalde distribution clé du livre.Comme on peut le voir autableau 8.1, les ventes finalesde l’ensemble des librairies auQuébec atteignaient 378 millionsde dollars en 2001, soit 61,3 %

Marc Ménard et Benoit Allaire

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148 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

de l’ensemble des ventes finalesde livres, et 418 millions en2003, soit 63,4 % du total. Uneplace importante, donc, et mêmeen croissance au cours des der-nières années.

Bien que les périodes ne coïnci-dent pas parfaitement, il est pos-sible d’estimer la part des librai-ries agréées dans ce panorama.Comme nous le verrons plus loin,les 211 librairies agréées décla-raient des ventes de livres de270 millions de dollars en2000-2001. Rapportées àl’ensemble du marché en 2001,ces ventes représentent 43,8 %du total et 71,5 % des ventesde l’ensemble des librairies. Leslibrairies agréées constituentdonc bel et bien le noyau dur dela vente au détail au Québec.

Mais pourquoi les librairies cher-chent-elles à être agréées ? Il fautd’abord comprendre que le mar-ché du livre, au Québec, estréglementé par la Loi sur le déve-loppement des entreprises qué-bécoises dans le domaine dulivre (loi 51). Cette loi avait pourobjectif, au moment de son im-plantation en 1981, d’assurerla diffusion de la littérature qué-bécoise et d’augmenter l’acces-sibilité du livre, notamment enfavorisant l’implantation d’unréseau de librairies professionnel-les dans toutes les régions duQuébec.

L’un des dispositifs essentiels decette loi est l’agrément des librai-ries. Pour être agréé, un librairedoit répondre à certaines exigen-ces liées à la nature des stocks et

Tableau 8.1Répartition des ventes finales par canal de distribution, 2001-2003

2001 2002 2003

M$ % M$ % M$ %

Ventes totales 616,2 100,0 647,2 100,0 660,3 100,0 Éditeurs 108,2 17,6 111,7 17,3 110,8 16,8 Distributeurs 28,4 4,6 32,0 4,9 37,0 5,6 Commerces de détail 479,6 77,8 503,5 77,8 513,1 77,7 Librairies 377,7 61,3 409,8 63,3 418,4 63,4 Grande diffusion 101,9 16,5 93,7 14,5 94,7 14,3 Grandes surfaces 86,3 14,0 76,7 11,8 74,0 11,2 Autres points de vente 15,5 2,5 17,0 2,6 20,1 3,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec.

à la qualité du service offert,ainsi qu’à des critères de vente.Il doit en effet avoir en main aumoins 2 000 titres différentspubliés au Québec et 4 000publiés ailleurs. De plus, la ventede livres doit représenter aumoins 50 % de son chiffre d’af-faires total ou s’élever à au moins300 000 $ si cette librairie estsituée dans une municipalité deplus de 10 000 habitants, et à150 000 $ si la municipalitéabrite 10 000 habitants et moins.

En contrepartie de ces exigen-ces, la loi demande aux distribu-teurs et aux éditeurs d’accorderaux librairies agréées des remi-ses minimales (40 % pour ce quiest des ouvrages de littératuregénérale et 30 % quant auxouvrages techniques et scientifi-ques) et aux acheteurs des éta-blissements de se procurer leurslivres sans remise dans les librai-ries agréées de leur région. Deplus, l’aide publique du gouver-nement québécois ne peut êtreoctroyée qu’aux seuls détenteursde l’agrément.

L’agrément, par sa conjugaisond’obligations et d’avantages, estdonc une mesure qui reposesur un équilibre délicat entre lescritères de professionnalisme etd’assortiment, les remises mini-males, les achats des établisse-ments, les niveaux de vente delivres exigés et l’étendue du réseau.

Les titulaires de l’agrément sonttenus de présenter annuellementau ministère de la Culture et desCommunications un rapport d’agré-ment comprenant de l’informa-tion de base sur leurs activitésainsi que leurs états financiers.Ce sont donc les données tiréesdes rapports d’agrément et desétats financiers des entreprisesqui sont principalement utiliséesdans le présent chapitre. Lesrenseignements économiques etfinanciers contenus dans cesdocuments ont été saisis, traitéset compilés pour les années1998-1999, 1999-2000 et2000-2001. En dépit des exi-gences de la loi 51, les donnéesn’étaient pas toujours complètes.

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LES LIBRAIRIES AGRÉÉES AU QUÉBEC CHAPITRE 8 • 149

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Un certain nombre d’imputationsont donc dû être effectuées pourobtenir des résultats globaux1.

Les librairies agrééesdepuis 1983

Le ministère de la Culture et desCommunications compile pério-diquement, depuis 1983, certainsrenseignements financiers sur leslibrairies agréées à partir desdocuments que celles-ci lui fontparvenir. En complétant cesdonnées par nos propres com-pilations relatives à l’année2000-2001, on obtient un por-trait assez révélateur de l’évolu-tion historique du secteur.

Comme on peut le voir autableau 8.2, le nombre delibrairies agréées est passé de168 en 1983, à 218 en 1998,puis à 211 en 2000. Dansl’ensemble, donc, on repère uneaugmentation appréciable dunombre de librairies agréées.Toutefois, la plus grande partiede cette augmentation s’est pro-duite entre 1986 et 1992.

En ce qui concerne les revenustotaux des librairies agréées, ilsont affiché une solide croissancedurant toute la période, passantde 123 millions de dollars en1983 à 484,3 millions en2000, ce qui correspond à une

croissance annuelle moyenne de8,4 %. Une progression remar-quable, surtout lorsqu’on consi-dère la stagnation et le repli dumarché du livre au cours desannées 1990 (voir le chapitre 9du présent ouvrage). Comme onpourra le constater, cependant,la croissance des revenus autresque la vente de livres, de 9,8 %par année en moyenne, estsupérieure à celle des ventesde livres, qui est de 7,4 % parannée. Ainsi, tandis que lesventes de livres représentaient,jusqu’en 1996, environ les deuxtiers des revenus totaux des librai-ries agréées, cette proportionglisse à 55,7 % en 2000.

Tableau 8.2Évolution des revenus des librairies agréées au Québec, 1983-2000

Unité 1983 1986 1989 1992 1996 1998 2000 TCAM1

1983-2000

%

Nombre n 168 172 189 211 210 218 211 … Ventes de livres k$ 79 684 99 422 147 214 177 286 213 147 246 886 269 957 7,4 Ventes aux particuliers k$ 52 895 67 621 95 985 118 585 155 112 184 539 202 218 8,2 Ventes aux établissements k$ 26 790 31 800 51 229 58 701 58 035 62 347 67 740 5,6 Autres ventes et revenus k$ 43 441 51 667 72 647 85 353 129 392 202 476 214 358 9,8

Revenus totaux k$ 123 125 151 089 219 861 262 639 342 539 449 362 484 315 8,4 Ventes de livres % 64,7 65,8 67,0 67,5 62,2 54,9 55,7 … Ventes aux particuliers % 43,0 44,8 43,7 45,2 45,3 41,1 41,8 … Ventes aux établissements % 21,8 21,0 23,3 22,4 16,9 13,9 14,0 … Autres ventes et revenus % 35,3 34,2 33,0 32,5 37,8 45,1 44,3 …

1. Taux de croissance annuel moyen.Sources : 1983-1996 : M. MÉNARD, op. cit., p. 192; 1998 et 2000 : rapports d’agrément et états financiers des entreprises.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

1. Les écarts que l’on pourra relever entre les données présentées dans M. MÉNARD, op. cit., et les données qui suivents’expliquent par des imputations différentes (les données disponibles et manquantes n’étant pas les mêmes), et par la difficultéde traiter les données des librairies en réseau dans un contexte où ces réseaux ont subi des transformations importantes aucours des dernières années (fusions, ouverture et fermeture de succursales).

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150 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Il est également intéressant d’exa-miner la répartition des ventesde livres selon leur destination,particuliers ou établissements.On constate alors que la crois-sance des ventes de livres auxparticuliers, de 8,2 % par annéeen moyenne sur l’ensemble dela période, est sensiblementsupérieure à celle des ventes auxétablissements, dont la progres-sion moyenne est de 5,6 %. Dece fait, les ventes aux particuliersreprésentaient 41,8 % des reve-nus totaux des librairies agrééesen 2000, pourcentage à peuprès stable sur l’ensemble de lapériode, tandis que la part desventes aux établissements est enbaisse, celle-ci étant passée d’unsommet de 23,3 % en 1989 àun creux de 14,0 % en 2000.

Plusieurs facteurs permettentd’expliquer les tendances quenous venons de dégager. Onassiste d’abord à l’ouverture d’ungrand nombre de librairiesdepuis la mise en place de laloi 51. Quoique les données àcet égard soient assez impréci-ses, on peut estimer que le nom-bre de librairies au Québec estpassé d’environ 250 en 1977 à450 en 2000. Entre ces deuxmêmes années, le nombre delibrairies agréées passait de137 à 2112. Cette augmenta-tion du nombre de librairies s’estainsi traduite par une meilleuredesserte de l’ensemble du terri-toire québécois.

Dans un deuxième temps, tandisque le nombre de librairiesagréées ne progresse plus dansles années 1990 (leur nombrevarie de 210 à 218 entre 1992et 2000), leur part dans lesventes de livres de l’ensembledes librairies s’est sensiblementaccrue, en passant d’environ59 % en 1992 à 72 % en20003. L’effet de la loi 51 sem-ble ainsi très net : elle a favorisé,dans les années 1980, l’ouver-ture d’un grand nombre de librai-ries puis, dans les années 1990,un transfert massif des ventes deslibrairies non agréées vers leslibrairies agréées, sans nul doutegrâce aux avantages octroyéspar la possession d’un agrément,soit la garantie de remises mini-males et la possibilité de vendreaux collectivités.

Enfin, dernier élément important,il faut noter le développementdes librairies à succursales multi-ples et, surtout, à partir de la findes années 1990, le développe-ment des réseaux de librairies (unréseau étant défini, par conven-tion, comme ayant quatre succur-sales et plus). La part des librai-ries à succursales multiples dansles ventes de livres de l’ensembledes librairies est en effet passée,entre 1992 et 1998, de 13,5 %à 30,5 %4. Quant à la part desréseaux de librairies dans lesventes de livres de l’ensembledes librairies, elle atteint 24,4 %en 2000, comme nous le verronsplus loin. Or, l’une des particula-

rités de ces librairies à succursa-les multiples et en réseau estd’offrir un ensemble de produitsbeaucoup plus large que lesseuls livres, ce qui comprend, enparticulier, des disques compactset des DVD. À cet égard, l’entréeen scène et l’expansion rapidedu réseau de librairies Archam-bault, lequel était jusqu’alors unréseau de disquaires, sembleavoir, sinon imprimé une impul-sion notable au domaine, dumoins accompagné parfaitementcette tendance à la diversifica-tion des activités des librairies.

Un dernier élément, enfin, doitêtre considéré pour mieux éva-luer la croissance des ventes deslibrairies agréées, soit l’inflation.On trouvera, à la figure 8.1, ungraphique qui présente l’évolu-tion des revenus de ces librairiesdepuis 1983, une fois l’inflationretranchée. Comme on peut levoir, la plus grande part de lahausse des revenus totaux appa-raît entre 1992 et 1998. Lesventes de livres sont égalementen hausse, mais beaucoup moinsque les ventes d’autres produits.Même une fois l’inflation retran-chée, les tendances demeurentdonc assez nettes. En termesréels, les ventes de livres par leslibrairies agréées augmententtout de même de 4,4 % parannée en moyenne entre 1983 et2000, comparativement à uneprogression de 6,8 % par annéeen ce qui a trait aux revenusautres que les ventes de livres.

2. M. MÉNARD, op. cit., p. 192.3. Valeurs obtenues en croisant les données de M. MÉNARD, op. cit., p. 76, et celles du tableau 8.1.4. Valeurs obtenues en croisant les données de M. MÉNARD, op. cit., p. 194 et 76.

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LES LIBRAIRIES AGRÉÉES AU QUÉBEC CHAPITRE 8 • 151

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

L’analyse économiqueet financièredes entreprises

Il existe donc un élément primor-dial qui structure le secteur deslibrairies agréées : l’apparte-nance, ou non, à un réseau.Une librairie membre d’un réseaudevrait, en théorie, posséderdes avantages par rapport à unelibrairie indépendante, notam-ment en ce qui concerne sonpouvoir d’achat et de négocia-tion auprès de ses fournisseurs,des économies d’échelle dans lagestion et le traitement des com-mandes, une certaine flexibilitédans la gestion des stocks entresuccursales, etc. Il est évidem-ment difficile de déterminer àpartir de quel seuil – c’est-à-direà partir de quel nombre de suc-cursales – ces effets entrent enjeu de façon marquée. Comme ilest d’usage, dans le milieu dulivre au Québec, de considérerun réseau comme étant composéde quatre succursales et plus,nous retiendrons ce critère dedistinction.

Il faut également tenir compte dela présence des librairies scolai-res et universitaires. Pas totale-ment assimilables à des librairiesindépendantes, ni vraiment mem-bres d’un réseau au sens strict,elles sont souvent de grandetaille, professionnelles et agréées,et elles forment pour la plupartdes coopératives. Leur marchéest toutefois très particulier, leurclientèle étant largement compo-sée d’étudiants, si bien que lademande qui leur est adressée

est fortement déterminée par lesbesoins pédagogiques des éta-blissements auprès desquelselles sont situées. Ces conditionsparticulières se traduisent, notam-ment, par des ventes concentréesau début des sessions et un trèsfort roulement se rapportant à unnombre relativement réduit detitres.

La compilation des rapportsd’agrément et des états finan-ciers des entreprises permet detracer un portrait économique etfinancier assez précis des librai-ries agréées en fonction de leurforme de regroupement, commeon peut le voir au tableau 8.3.

Sur les 211 librairies agrééesrepérées en 2000-2001, 147(69,7 % du total) pouvaient êtrequalifiées de librairies indépen-dantes, 46 (21,8 %) faisaientpartie d’un réseau et 18 (8,5 %)étaient des librairies scolaires ouuniversitaires.

Les librairies en réseau accapa-raient 36,5 % des revenus totauxdu secteur, comparativement à42,3 % pour ce qui est des librai-ries indépendantes et à 21,1 %quant aux librairies scolaires etuniversitaires. La taille moyennedes succursales de chaque typede regroupement, en fonctiondes revenus totaux par succur-sale, était de 3,8 millions dedollars en ce qui concerne leslibrairies en réseau (dont 2 millions

Figure 8.1Évolution réelle des revenus des librairies agréées au Québec,1983-2000 (en milliers de dollars de 1992)

Source : Tableau 8.1 et Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et descommunications du Québec.

0

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

300 000

350 000

400 000

450 000

k$

500 000

1983 1986 1989 1992 1996 1998 2000

Revenus totaux Ventes de livres Autres revenus

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152 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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au chapitre des seules ventes delivres), de 1,4 million quant auxlibrairies indépendantes (dont0,9 million en ventes de livres) etde 5,7 millions pour ce qui estdes librairies scolaires et univer-sitaires (dont 2,8 millions enventes de livres). Une librairieindépendante était donc, enmoyenne, 2,8 fois plus petitequ’une succursale de librairie enréseau et 4,1 fois plus petitequ’une succursale de librairiescolaire et universitaire.

La répartition des ventes permetde souligner quelques traits dis-tinctifs. La part des ventes delivres, de 62,3 % des revenustotaux, est nettement plus grandedans les librairies indépendantesque dans les librairies en réseau(52,0 %) et les librairies scolaireset universitaires (49,2 %). Les li-brairies de ces deux dernierstypes sont donc beaucoup plusdiversifiées que les librairiesindépendantes. La part des ven-tes aux établissements est égale-

ment beaucoup plus grandedans les librairies indépendantes(23,8 % du total) que dans lesautres (à peine 8 % pour ce quiest des librairies en réseau et4,6 % en ce qui concerne leslibrairies scolaires et universitai-res). Dans tous les cas, les sub-ventions sont minimes5.

Du côté des dépenses, le coûtdes ventes, mesuré en pourcen-tage des revenus, est évidem-ment le principal poste, soit

Tableau 8.3État des revenus et dépenses des librairies agréées en fonction de leur forme de regroupement, Québec,2000-2001

Unité Ensemble des librairies En réseau1 Indépendantes2 Scolaires etagréées universitaires

% % % %

Nombre n 211 … 46 … 147 … 18 …Ventes k$ 477 519 98,6 176 238 99,6 199 741 97,4 101 541 99,1 Ventes de livres k$ 269 957 55,7 91 955 52,0 127 647 62,3 50 356 49,2 Ventes aux particuliers k$ 202 218 41,8 77 768 44,0 78 789 38,4 45 661 44,6 Ventes aux établissements k$ 67 740 14,0 14 187 8,0 48 858 23,8 4 695 4,6 Autres ventes k$ 207 562 42,9 84 283 47,7 72 094 35,2 51 185 50,0Subventions k$ 696 0,1 431 0,2 263 0,1 1 0,0Autres revenus k$ 6 100 1,3 204 0,1 4 993 2,4 902 0,9

Revenus totaux k$ 484 315 100,0 176 874 100,0 204 997 100,0 102 444 100,0Coût des ventes k$ 335 306 69,2 116 593 65,9 139 324 68,0 79 389 77,5 Stocks (début) k$ 87 348 18,0 34 460 19,5 44 322 21,6 8 566 8,4 Achats k$ 335 649 69,3 115 029 65,0 140 597 68,6 80 023 78,1 Stocks (fin) k$ 87 774 18,1 32 896 18,6 45 678 22,3 9 201 9,0Frais de vente k$ .. .. .. .. 32 422 15,8 14 332 14,0Frais d’administration k$ .. .. .. .. 26 681 13,0 6 462 6,3Frais financiers k$ .. .. .. .. 2 573 1,3 604 0,6

Dépenses totales k$ .. .. .. .. 201 000 98,1 100 786 98,4

Marge bénéficiaire nette k$ .. .. .. .. 5 624 2,7 1 658 1,6

1. Ayant quatre succursales ou plus.2. Ayant moins de quatre succursales.Source : Rapports d’agrément et états financiers des entreprises.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

5. Seule la SODEC offrait, jusqu’à tout récemment, un programme d’aide aux librairies agréées, visant la promotion, lamodernisation, l’informatisation, la consolidation et l’aide au transport de livres.

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LES LIBRAIRIES AGRÉÉES AU QUÉBEC CHAPITRE 8 • 153

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

69,2 % dans l’ensemble deslibrairies. Il est encore plus impor-tant dans les librairies scolaireset universitaires, soit 77,5 %, cequi s’explique par les remisesplus réduites sur les manuels etles livres scientifiques et techni-ques (30 %, parfois à peine 20 %).

Les frais de vente, les frais d’ad-ministration et les frais financiersne peuvent malheureusement pasêtre précisés pour ce qui est deslibrairies en réseau6, et donc pasdavantage dans l’ensemble deslibrairies agréées.

Les frais de vente représentent15,8 % des revenus des librairiesindépendantes, et ils sont un peumoins élevés pour les librairiesscolaires et universitaires, soit de14,0 %. Quant aux frais d’admi-nistration, ils s’établissent à 13,0 %des revenus pour les librairiesindépendantes, mais à seule-ment 6,3 % pour les librairiesscolaires et universitaires. Lesfrais financiers représentent 1,3 %des revenus des librairies indé-pendantes, et à peine 0,6 % desrevenus des librairies scolaires etuniversitaires.

Enfin, le taux de profit avantimpôt, mesuré en pourcentagedes revenus, s’établit à 2,7 %pour ce qui est des librairiesindépendantes et à 1,6 % ence qui concerne les librairiesscolaires et universitaires. Ce

taux de profit peut sembler plutôtfaible, mais les marges sont rare-ment élevées dans le commercede détail. Aux États-Unis, letaux de profit d’un échantillon de85 petites librairies est de 2,3 %,tandis qu’en France, une enquêteportant sur 47 librairies « de pre-mier niveau » estime à seulement0,5 % le taux de profit en19927. Des données partiellesconcernant les librairies en ré-seau, disponibles à la SODEC,laissent croire que le taux deprofit de celles-ci est du mêmeordre de grandeur que celui deslibrairies indépendantes.

La lourdeur des coûts d’exploi-tation des librairies, considérantl’importance des entrées et sortiesde livres résultant du système del’office, est le principal élément quipermet d’expliquer la faible renta-bilité des librairies. Nous avons puétablir, en 2001, à l’aide d’unmodèle de flux de trésorerie, lavaleur des principaux coûts et reve-nus unitaires liés à la vente, par leslibrairies, des nouveautés d’édi-teurs québécois de littérature géné-rale (c’est-à-dire hors du secteurscolaire)8. La première colonne dutableau 8.4 présente ces donnéesen fonction des opérations appro-priées (le coût d’achat étant divisépar le nombre de livres achetés, lecoût des retours par le nombre delivres retournés, etc.). La secondecolonne évalue ces différents coûtsunitaires en fonction du nombre

d’unités vendues, ce qui repré-sente le coût réel final des opéra-tions, en tenant compte des inven-dus retournés aux distributeurs.

Le coût d’achat des livres audistributeur est évidemment leposte le plus important, soit de12,47 $ en moyenne. Le coûtde traitement des livres reçus(réception, saisie des donnéesdans le système informatique etdisposition des livres sur lesrayons) est de 0,60 $ par livrereçu. En ce qui concerne lescollectivités, le coût de promo-tion (ce qui comprend, dans cer-tains cas, les coûts liés à unesalle de montre) peut être évaluéà 0,16 $ par exemplaire expé-dié aux collectivités, et les fraisd’envoi, à 0,25 $. Le coût detraitement des retours (analysedes titres à retourner, manipula-tion des livres et saisie des don-nées) est de 0,76 $ par livreretourné, et l’emballage etl’expédition des exemplairesretournés représentent 0,23 $par livre. Ainsi, un livre reçu,mais retourné au distributeur parcequ’invendu, coûte en moyenne1,59 $ à la librairie, sans aucunrevenu en contrepartie. Un livrereçu, expédié en office à unebibliothèque mais retourné parcelle-ci puis retourné ensuite parla librairie au distributeur, coûtequant à lui 2,00 $, sans qu’aucunrevenu n’ait été perçu par lalibrairie.

6. À la suite de la consolidation des activités de certaines librairies en réseau avec des ensembles financiers plus vastes, une partsubstantielle des frais de vente, des frais d’administration et des frais financiers des librairies sont assumés par la maison mère,ce qui crée d’importantes distorsions relativement aux données des librairies, notamment en ce qui concerne les taux de profit.Nous avons donc décidé de les exclure de notre analyse.

7. M. MÉNARD, op. cit., p. 199.8. M. MÉNARD, op. cit., p. 204.

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154 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Au total, en fonction des unitésvendues, la marge brute deslibrairies est donc de 6,29 $(soit le revenu unitaire total de20,37 $ moins le coût unitairetotal de 14,08 $), ce qui repré-sente 30,9 % de leurs revenus.

En dépit d’une marge unitaireapparemment élevée, la conju-gaison de taux de retour impor-tants – ils étaient de 27,7 %dans les librairies et les coopéra-tives en 2003 (voir le chapitre 9du présent ouvrage) – et de coûtsunitaires de traitement et deretour des livres substantiels aainsi une incidence marquée surla rentabilité des librairies. Nousavions estimé, en 2001, toujoursconcernant les livres des éditeursquébécois, qu’une baisse dutaux de retour de 1 % se tradui-sait par une hausse de 0,16 %

de la marge brute des librairessoit, toutes choses étant égalespar ailleurs, une hausse d’envi-ron 0,08 % du taux de profit net.Autrement dit, pour reprendre lesdonnées globales, une baisse dutaux de retour de 5 points depourcentage (de 27,7 % à 22,7 %)pourrait se traduire (encore unefois toutes choses étant égalespar ailleurs) par une hausse dutaux de profit net moyen de0,4 %. Et vice-versa dans le casd’une hausse du taux de retour,ce qui est loin d’être négligea-ble, compte tenu du taux deprofit net des librairies indépen-dantes, soit 2,7 %. Par consé-quent, pour les librairies commepour tous les autres acteurs de lafilière du livre, si le système del’office s’avère essentiel à la dif-fusion la plus large possible deslivres au Québec, le maintien de

taux de retour à des valeursacceptables constitue un élémentclé de l’efficacité et de la renta-bilité.

Pour préciser la situation réellede chaque forme de regroupe-ment, il est utile de comparerl’évolution des revenus de 1998-1999 à 2000-2001 (tableau8.5). Comme on peut le voir, laprogression des revenus totauxdes librairies en réseau est de27,1 %, tandis que celle deslibrairies scolaires et universitai-res est de 10,4 %. En revanche,les revenus totaux des librairiesindépendantes chute de 5,7 %.Ces dernières sont les seules, parailleurs, à voir leur nombres’abaisser, soit de 158 à 147.

L’examen des différents postes derevenu permet de faire ressortir

Tableau 8.4Coût et revenu unitaires des librairies agréées, livres de littérature générale d’éditeurs québécois, 1998-1999

Unité Par unité appropriée à Par unité venduel’opération

Coût unitaireCoût d’achat des livres aux distributeurs $ 12,47 12,47Coût de traitement des livres reçus $ 0,60 0,89Collectivités $ Promotion $ 0,16 0,05 Frais des envois $ 0,25 0,07Coût des retours $ Traitement $ 0,76 0,37 Frais d’envoi aux distributeurs $ 0,23 0,12Coût de promotion des livres reçus $ 0,07 0,11

Coût unitaire total $ … 14,08

Revenu unitaireVentes au détail $ 21,37 21,37Ventes aux collectivités $ 14,34 14,34

Revenu unitaire total $ 20,37 20,37

Source : M. MÉNARD, op. cit., p. 204.

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LES LIBRAIRIES AGRÉÉES AU QUÉBEC CHAPITRE 8 • 155

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

des tendances assez marquéesselon les différentes formes deregroupement des librairies. Onremarque d’abord une augmen-tation importante, du côté deslibrairies en réseau, des ventesaux particuliers (+ 23,2 %) et desautres ventes (+ 37,4 %), maisune baisse des ventes aux éta-blissements (– 2,4 %). Du côtédes librairies scolaires et universi-taires, les ventes aux particulierssont en baisse (– 7,7 %), mais

les ventes aux établissements(+ 13,6 %) et les autres ventes,surtout, sont en hausse (+ 32,3 %).Enfin, du côté des librairies indé-pendantes, les ventes aux parti-culiers sont en hausse (+ 9,5 %),mais de façon nettement moinsimportante que pour les librairiesen réseau, tandis que les ventesaux établissements sont en pro-gression solide (+ 11,9 %). Lesautres ventes, en revanche, con-naissent une chute dramatique,

soit de 26,1 %, ce qui marqueun revirement important parrapport à la tendance que nousavons notée de 1996-1997 à1998-1999. On observait alorsune baisse des ventes de livresaux particuliers et une hausseimportante des autres ventes9.Tout semble donc se passercomme si, après une premièrevague de diversification, leslibrairies indépendantes s’étaientrecentrées sur leur premier métier,soit la vente de livres.

Tableau 8.5Évolution des revenus des librairies agréées au Québec, de 1998-1999 à 2000-2001

Unité 1998-1999 1999-2000 2000-2001 Croissancede 1998-1999à 2000-2001

%

Librairies en réseauNombre n 43 46 46 …Ventes k$ 138 989 180 005 176 238 26,8 Ventes de livres k$ 77 668 81 686 91 955 18,4 Ventes aux particuliers k$ 63 128 67 165 77 768 23,2 Ventes aux établissements k$ 14 539 14 521 14 187 -2,4 Autres ventes k$ 61 322 98 319 84 283 37,4Revenus totaux k$ 139 146 180 524 176 874 27,1

Librairies indépendantes1

Nombre n 158 147 141 …Ventes k$ 213 118 201 094 199 741 -6,3 Ventes de livres k$ 115 613 137 085 127 647 10,4 Ventes aux particuliers k$ 71 938 80 952 78 789 9,5 Ventes aux établissements k$ 43 675 56 133 48 858 11,9 Autres ventes k$ 97 505 64 009 72 094 -26,1Revenus totaux k$ 217 432 205 857 204 997 -5,7

Librairies scolaires et universitairesNombre n 17 18 18 …Ventes k$ 92 299 98 474 101 541 10,0 Ventes de livres k$ 53 606 52 237 50 356 -6,1 Ventes aux particuliers k$ 49 473 47 321 45 661 -7,7 Ventes aux établissements k$ 4 133 4 916 4 695 13,6 Autres ventes k$ 38 693 46 237 51 185 32,3Revenus totaux k$ 92 783 99 119 102 444 10,4

1. Ayant moins de quatre succursales.Source : Rapports d’agrément et états financiers des entreprises.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

9. M. MÉNARD, op. cit., p. 209-210.

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156 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Au bilan, si les ventes aux collec-tivités semblent demeurer lachasse gardée des librairiesindépendantes (celles-ci accapa-rent 72,1 % des 67,7 millions dedollars de ventes de livres auxcollectivités en 2000-2001), leslibrairies en réseau, de leur côté,s’emparent d’une part croissantedes ventes aux particuliers. Cesventes sont en effet passées de184,5 millions de dollars en1998-1999 à 202,2 millions en2000-2001, tandis que la partdes librairies en réseau dans cesventes augmentait de 34,2 % à38,5 %.

On trouvera, aux tableaux 8.6 et8.7, une description plus dé-taillée de la situation financièredes librairies indépendantes de1998-1999 à 2000-2001.Comme on peut le voir, la margebénéficiaire nette avant impôt deces librairies chute de 23,9 %entre ces deux années, passantde 3,4 % à 2,7 %. Ainsi, tandisque ces librairies, après un creuxatteint en 1996-1997, affichaientun solide redressement de leurrentabilité au cours des deuxannées suivantes10, elles connais-sent de nouveau une baisse.

Le redressement affiché entre1996-1997 et 1998-1999semblait principalement dû à labaisse des frais de vente, ce quicréait une tendance dangereuseà long terme concernant la qua-lité du service à la clientèle,principal élément de compéti-tivité de ces librairies face auxlibrairies en réseau et aux maga-sins à grande surface. Mais toutautre est la situation récente : lachute de la rentabilité découled’une augmentation légère, maisconjointe, du coût des ventes (quipasse de 67,0 % de revenu à

Tableau 8.6État des revenus et dépenses des librairies agréées indépendantes1, Québec, de 1998-1999 à 2000-2001

Unité 1998-1999 1999-2000 2000-2001 Croissancede 1998-1999à 2000-2001

%

Nombre n 158 147 147 ...Ventes k$ 213 118 201 094 199 741 -6,3 Ventes de livres k$ 115 613 137 085 127 647 10,4 Ventes aux particuliers k$ 71 938 80 952 78 789 9,5 Ventes aux établissements k$ 43 675 56 133 48 858 11,9 Autres ventes k$ 97 505 64 009 72 094 -26,1Subventions k$ 677 253 263 -61,2Autres revenus k$ 3 637 4 510 4 993 37,3

Revenus totaux k$ 217 432 205 857 204 997 -5,7Coût des ventes k$ 145 733 140 030 139 324 -4,4 Stocks (début) k$ 44 486 41 902 44 322 -0,4 Achats k$ 149 876 142 997 140 597 -6,2 Stocks (fin) k$ 48 629 44 840 45 678 -6,1Frais de vente k$ 34 016 31 734 32 422 -4,7Frais d’administration k$ 27 869 26 180 26 681 -4,3Frais financiers k$ 2 423 2 244 2 573 6,2

Dépenses totales k$ 210 040 200 188 201 000 -4,3

Marge bénéficiaire nette k$ 7 393 5 901 5 624 -23,9

1. Ayant moins de quatre succursales.Source : Rapports d’agrément et états financiers des entreprises.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

10. M. MÉNARD, op. cit., p. 210.

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LES LIBRAIRIES AGRÉÉES AU QUÉBEC CHAPITRE 8 • 157

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

68,0 %), des frais de vente (de15,6 % à 15,8 %), des fraisd’administration (de 12,8 % à13,0 %) et des frais financiers(de 1,1 % à 1,3 %). Autrementdit, c’est la baisse des revenustotaux (– 5,7 %) qui est à lasource des charges relatives pluslourdes, donc d’une baisse derentabilité. Si la rentabilité glo-bale des librairies indépendantes,à 2,7 %, demeure nettement plussatisfaisante qu’elle ne l’était aucours de la première moitié desannées 1990, le principal pro-blème de ces librairies reste celuide maintenir la progression deleurs revenus totaux. Autrementdit, c’est leur compétitivité géné-rale, surtout par rapport aux li-brairies en réseau, qui est en jeu.

Tableau 8.7État des revenus et dépenses des librairies agréées indépendantes1, Québec, de 1998-1999 à 2000-2001(en pourcentage des revenus totaux)

Unité 1998-1999 1999-2000 2000-2001

Nombre n 158 147 147Ventes % 98,0 97,7 97,4 Ventes de livres % 53,2 66,6 62,3 Ventes aux particuliers % 33,1 39,3 38,4 Ventes aux établissements % 20,1 27,3 23,8 Autres ventes % 44,8 31,1 35,2Subventions % 0,3 0,1 0,1Autres revenus % 1,7 2,2 2,4

Revenus totaux % 100,0 100,0 100,0Coût des ventes % 67,0 68,0 68,0 Stocks (début) % 20,5 20,4 21,6 Achats % 68,9 69,5 68,6 Stocks (fin) % 22,4 21,8 22,3Frais de vente % 15,6 15,4 15,8Frais d’administration % 12,8 12,7 13,0Frais financiers % 1,1 1,1 1,3

Dépenses totales % 96,6 97,2 98,1

Marge bénéficiaire nette % 3,4 2,9 2,7

1. Ayant moins de quatre succursales.Source : Rapports d’agrément et états financiers des entreprises.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

Conclusion

Un solide réseau de librairies,offrant un vaste assortiment detitres et présent dans l’ensembledu territoire, est assurément unecondition essentielle à la bonnesanté du commerce du livre et àcelle de toute la filière, y comprisles éditeurs et ceux qu’ils repré-sentent, les écrivains. Il est doncrassurant de constater la progres-sion remarquable, depuis 1983,des librairies agréées au Qué-bec. Cette progression a été lereflet, dans les années 1980,de la stimulation suscitée par laloi 51 dans un contexte de fortecroissance de la demande delivres. Les ventes de livres ontstagné au cours des années

1990 tant aux particuliers qu’auxétablissements. La progressiondes librairies agréées s’est pour-tant poursuivie.

La progression des ventes delivres est plus marquée depuis ledébut des années 2000, mêmesi cette augmentation demeureinférieure à celle de nombreuxautres biens culturels (voir le cha-pitre 9 du présent ouvrage).Mais ce sont surtout les librairiesen réseau qui ont tiré profit dudynamisme récent des ventes auxparticuliers. Les librairies indépen-dantes sont un peu demeurées àla traîne sur ce plan. Même sielles conservent leur mainmisesur les ventes aux collectivités, ilfaut bien comprendre que ces

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158 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

ventes demeurent davantage dé-terminées par les contraintes bud-gétaires des bibliothèques, desadministrations municipales et dugouvernement provincial que parla demande des consommateurs.La capacité à tirer profit du dyna-misme récent de la demande desconsommateurs pour les biensculturels est donc l’élément clé del’avenir des librairies.

Dans ce contexte, la situationéconomique et financière deslibrairies indépendantes – les-quelles demeurent les principalesgarantes de l’accessibilité d’unvaste assortiment de livres dansl’ensemble du territoire québé-cois – demeure fragile. Quoiquerehaussée depuis quelques an-nées, leur rentabilité est toujoursmenacée par des coûts unitairesélevés et croissants, sans comp-ter qu’elle est très sensible àl’efficacité du système de l’officeet à la variation des taux deretour. D’où l’importance, pources librairies, de bien s’adapterà la demande et de gérer auplus près, de façon efficace etrationnelle. Il existe toutefois fortpeu de marge de manœuvre ducôté de l’autofinancement, consi-dérant la relative rigidité despratiques commerciales en cours.Ce facteur est aggravé par descapacités d’endettement limitéespar l’état des bilans des libraireset la tiédeur des banquiers àl’égard de ce type d’entreprise,surtout pour les investissementsles plus lourds (modernisation etinformatisation, ainsi qu’intégra-tion des nouvelles technologies).

À cet égard, si les objectifs pre-

miers de la loi 51 sont toujoursd’actualité, en particulier l’im-plantation d’un réseau de librai-ries professionnelles dans toutesles régions du Québec et ladiffusion de la littérature québé-coise, il semble que le soutien del’État aux librairies indépendan-tes demeure une prémisse incon-tournable.

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CHAPITRE 9

LE MARCHÉ DU LIVREAU QUÉBEC : UN BILAN

Introduction

analyse de l’industrie dulivre s’est longtemps heur-tée à l’absence de don-

nées publiques fiables et cohé-rentes. Même en ce qui regardeune donnée aussi fondamentaleque les ventes finales de livres1,le commentateur ou le chercheurétait réduit à fonder ses analysessur des estimations plus ou moinsfiables du marché. Fort heureuse-ment, l’Observatoire de la cul-ture et des communications duQuébec a mis en place, depuisjanvier 2001, une enquête pri-maire sur les ventes de livres auQuébec, dont les résultats sontpubliés mensuellement2.

Le présent chapitre a pour objec-tif de présenter les principauxrésultats des trois premières an-nées de cette enquête. Dans lamesure du possible, nous compa-rerons ces données avec celles

qui avaient été produites anté-rieurement3, de façon à tracer unportrait global de l’évolution dumarché du livre au Québec.

Nous présenterons, dans la pre-mière section, la valeur du mar-ché des ventes finales de livres,son évolution récente ainsi quequelques comparaisons interna-tionales. Dans la seconde, nousdécrirons la répartition de cesventes selon les principaux ca-naux de diffusion. Enfin, dans latroisième, nous discuterons desprincipaux déterminants de lademande de livres.

Ampleur et évolutionrécente du marché

La valeur des ventes finales delivres au Québec, tous canaux dedistribution confondus, a atteint660 millions de dollars en2003. Comme on peut le voirau tableau 9.1, les ventes de

Marc Ménard

livres au Québec sont en pro-gression depuis le début del’enquête de l’Observatoire, puis-qu’elles étaient de 616 millionsde dollars en 2001 et de 647millions en 2002. Le marché aainsi progressé de 5,0 % en2002 et de 2,0 % en 2003, soitdes taux de croissance respecta-bles.

Ce marché peut paraître assezrestreint lorsqu’on le mesure àl’aune du PIB québécois, quiétait de 245,8 milliards de dol-lars en 2002, selon l’Institut dela statistique du Québec. Maisl’industrie du livre figure tout demême parmi les poids lourds desindustries culturelles. À titre decomparaison, signalons que lemarché du disque était évalué àenviron 288 millions de dollarsen 2001 et celui du spectaclede variétés, à 52 millions en1997-1998. Du côté de l’audio-visuel, les recettes cinématogra-

1. Par vente finale, on entend la dernière transaction commerciale concernant un produit, c’est-à-dire sans revente ultérieure, cequi comprend les ventes au détail, les ventes aux établissements et les ventes directes aux consommateurs de la part deséditeurs et des diffuseurs et distributeurs.

2. Voir www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/culture_comnc/livre_biblt/livre/index.htm. Les données utilisées dans ce textesont les données révisées par l’Observatoire, disponibles en juillet 2004.

3. Sur la base des estimations produites dans Marc MÉNARD, op. cit.

L’

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160 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

phiques en salle étaient de183,5 millions de dollars en2002, et la location de vidéo-cassettes et de DVD pouvait êtreestimée (d’après les dépensesmoyennes des ménages) à prèsde 280 millions de dollars en2001. Quant aux recettes de latélédiffusion privée traditionnelle,elles atteignaient 450 millions dedollars en 2002, comparative-ment à 271 millions pour leschaînes spécialisées et payantesen 20014.

Si l’on tente de replacer l’évolu-tion du marché du livre dans un

Tableau 9.1Ventes finales de livres au Québec, 2001-2003

Ventes finales Croissance

k$ %

2001 616 228,5 …2002 647 169,6 5,02003 660 282,4 2,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications duQuébec.

contexte historique plus long encouplant les récentes donnéesavec des estimations plus ancien-nes, on obtient, comme on peutle voir à la figure 9.1, un portraitintéressant. L’évolution du mar-ché, depuis la fin des années

1980, se caractérise par troispériodes bien distinctes : unepremière période de forte crois-sance, de 1987 à 1994, unepériode de chute marquée entre1994 et 1998 et, enfin, unereprise de 1998 à 2003.

4. Sources : SODEC, Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, etministère de la Culture et des Communications du Québec.

Sources : M. MÉNARD, op. cit., pour 1987-1988; Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec,pour 2001-2003.

Figure 9.1Évolution des ventes finales de livres au Québec, 1987-2003

300,0

350,0

400,0

450,0

500,0

550,0

600,0

650,0

M$

700,0

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

Dollars courants Dollars de 1992

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LE MARCHÉ DU LIVRE AU QUÉBEC : UN BILAN CHAPITRE 9 • 161

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Comme on peut le voir à lafigure 9.1, la chute des ventes futsi prononcée, entre 1994 et1998, qu’il a fallu attendre2002 pour se retrouver au som-met atteint en 1994. En dollarsconstants de 1992 (c’est-à-direune fois retranchée l’inflation), lesventes de 2003 sont à peineéquivalentes à celles de 1998,et nettement inférieures aux ven-tes de 1994. Malgré la fortereprise des trois dernières an-nées, on est donc forcé de cons-tater que le marché a été plutôtstagnant au cours de la dernièredécennie.

Le constat se renforce lorsquel’on compare l’évolution du mar-ché du livre à celle du PIB québé-cois (en dollars courants). Le mar-ché du livre progresse nettementplus rapidement que l’ensemblede l’économie durant la période1987-1994 (8,1 % par annéepour ce qui est du livre, contre4,1 % quant au PIB). Mais sachute, durant la période 1994-1998 (– 2,5 % par année), con-traste fortement avec l’évolutiondu PIB, dont la croissance sepoursuit, quoiqu’à un moindrerythme (3,6 % par année). Enfin,s’il y a bel et bien reprise dumarché du livre entre 1998 et2003 (2,3 % par année), laprogression demeure inférieure,durant cette période, à celle duPIB (5,5 % par année)5.

Le livre au Québec constituedonc un marché imposant, maisqui a affiché d’importantes varia-tions au cours de la dernièredécennie. À quel point ce marchépeut-il soutenir la comparaisonavec ceux des principaux paysdéveloppés ? Notons d’abordque les ventes de livres par habi-tant, en 2002 (tableau 9.2),pouvaient être estimées (aux tauxde change courants) à 87 dollarscanadiens au Québec, soit unevaleur identique à celles del’ensemble du Canada, maisnettement inférieure à celles desÉtats-Unis (202 dollars), de laBelgique (159 dollars), de l’Alle-

magne (153 dollars) ou de laFrance (134 dollars). Des écartsimportants, comme on peut leconstater.

Comme c’est toujours le cas enla matière, toutefois, les distor-sions dans les taux de changerésultant de la surévaluation oude la sous-évaluation des mon-naies tendent à retirer toutesignification réelle aux donnéesinternationales illustrées par unedevise en particulier. À cetégard, l’utilisation de la parité depouvoir d’achat (PPA) fournit unebase d’ajustement précieuse6.

Tableau 9.2Comparaisons internationales : ventes de livres par habitant, 2002(en dollars canadiens)

Au taux de change Valeurs ajustéescourant par la PPA1

$

États-Unis 202 153Belgique 159 140Allemagne 153 124France 134 119Espagne 96 101Pays-Bas 105 91Québec 87 87Canada 87 87Suisse 139 85Royaume-Uni 100 80

1. Parité de pouvoir d’achat.Sources : Observatoire de la culture et des communications du Québec, Statistique Canada,

Institut de la statistique du Québec, Survey of Current Business, Centre national dulivre, Euromonitor et OCDE.

5. Source : Institut de la statistique du Québec.6. Sommairement, il s’agit de comparer le prix d’un même panier de biens d’un pays à l’autre. Les différents prix, transformés en

indices, rendent compte des disparités respectives du pouvoir d’achat des monnaies. Il est alors possible, à partir de cesindices, d’évaluer des taux de change qui correspondent, théoriquement, à la parité de pouvoir d’achat d’un pays à l’autre.Autrement dit, on peut transformer les taux de change de façon à ce qu’un achat de 15 dollars américains dans un pays, parexemple, corresponde à la même ponction sur le pouvoir d’achat dans tous les pays.

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162 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Comme on peut le voir à ladeuxième colonne du tableau9.2, la parité de pouvoir d’achatpermet de réduire considérable-ment les écarts. La consomma-tion québécoise par habitantdevient alors à peu près équiva-lente à celle des Pays-Bas, de laSuisse ou du Royaume-Uni, maiselle demeure encore largementinférieure à celle des États-Unis(153 dollars, soit 74 % de plusque la consommation québé-coise) ou à celle de la France(119 dollars, soit 35 % de plus).

Une partie de cet écart, bien sûr,peut s’expliquer par un effet derichesse. Le livre étant, commetous les autres produits culturels,un bien dit « de luxe » (c’est-à-dire non essentiel à la subsis-tance), sa consommation est for-cément supérieure dans les sociétésplus riches. Or, ainsi que mesurépar le PIB par habitant et ajustéen fonction de la PPA, les États-Uniens sont environ 33 % plusriches que les Québécois; Fran-çais et Québécois, en revanche,ont à peu près le même niveaude richesse7. Dans un cascomme dans l’autre, par consé-quent, les écarts de consomma-tion par habitant ne peuvent êtretotalement expliqués par les dis-torsions dans les taux de changeou par les seuls facteurs éco-nomiques de base. Ces écartsrelèvent principalement, en fin decompte, de différences sociocul-

turelles fondamentales liées auxhabitudes de lecture et de con-sommation des uns et des autres.

Qui plus est, la situation s’estaggravée au cours des dernièresannées. L’évolution du marché,mesurée en monnaie locale,montre en effet une croissancede 2,4 % par année en moyenneau Québec entre 1998 et 2002,comparativement à une progres-sion de 3,3 % en France et de3,9 % aux États-Unis8. Seul élé-ment positif : compte tenu d’unecroissance de 5 % en 2002 etde 2 % en 2003, la situationquébécoise est peut-être en voiede redressement. Mais encorefaudra-t-il que ce récent dyna-misme se poursuive pour qu’unréel rattrapage puisse se faire.

En dépit de sa maturité et de sonimportance, et malgré une solidereprise au cours des dernièresannées, le marché du livre qué-bécois demeure donc sensible-ment sous-développé par rapportà plusieurs marchés du livre desprincipaux pays développés,notamment les marchés états-unien et français.

Répartition des ventesselon les principauxcanaux de distribution

Historiquement, l’élargissement etla ramification des canaux de

distribution du livre furent un pro-cessus non seulement continu,mais également essentiel au dé-veloppement et à la croissancedu marché, au Québec commeailleurs. La répartition des ventesfinales, présentée au tableau9.3, le montre bien.

Comme on peut le voir, le com-merce de détail est le segment leplus important du marché, avecdes ventes de 513 millions dedollars en 2003, soit 77,7 %du marché total de 660 millions.De cette somme, les ventes delivres par les librairies représen-taient 418 millions de dollars(soit 63,4 % du marché total) etles ventes en grande diffusion,95 millions (14,3 % du total).Les ventes en grande diffusion serépartissaient à leur tour entremagasins à grande surface(Costco, Maxi, Wal-Mart, etc.),qui affichent des ventes de 74millions de dollars (11,2 % dumarché), et divers autres pointsde vente non spécialisés quirécoltent 20 millions (3,0 % dutotal). Les ventes directes deséditeurs (comprenant principale-ment, mais non exclusivement,des manuels scolaires et didacti-ques) représentaient quant à elles111 millions de dollars (soit16,8 % du marché), tandis queles ventes directes des distribu-teurs étaient beaucoup plus mar-ginales, à 37 millions (5,6 % dumarché total).

7. Source : Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).8. Sources : Centre national du livre en ce qui concerne la France, et Association of American Publishers pour ce qui est des États-

Unis.

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LE MARCHÉ DU LIVRE AU QUÉBEC : UN BILAN CHAPITRE 9 • 163

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

L’évolution des ventes, de 2001à 2003, peut être caractériséepar des tendances assez nettesen ce qui concerne les parts demarché des différents canaux dedistribution. Premier trait mar-quant : la hausse de la part deslibrairies, qui passe de 61,3 %du total à 63,4 %. Deuxième traitmarquant : la baisse de la partdes magasins à grande surface,qui glisse de 14,0 % à 11,2 %.Les ventes en librairies se sontainsi accrues de 10,8 % entre2001 et 2003. À l’inverse, lesventes dans les grandes surfaceschutaient de 14,3 %.

Cette évolution est pour le moinsétonnante quand on considèreles tendances à l’œuvre dans ledomaine du livre dans le mondeet, plus généralement, dans l’en-semble du commerce de détail,au Québec comme ailleurs. L’unedes transformations principalesdans ce domaine, en effet, estla montée en puissance, depuisles années 1990, des grandes

surfaces de type clubs-entrepôtset magasins de rabais, au détri-ment des commerces tradition-nels. Or, le mode de fonctionne-ment de ces clubs-entrepôts etmagasins de rabais repose surune petite sélection de titres (évi-demment des succès de librairieou best-sellers) pour lesquels ilsoffrent des rabais sur le prixcourant, pouvant atteindre jus-qu’à 25 %. Leur incidence surl’ensemble du marché dépasseainsi largement leur seul poidsdans les ventes, notamment parcequ’ils concurrencent les librairiessur le segment de marché étroit,mais fort rentable, des livres àsuccès.

Il est difficile d’avancer une expli-cation complète et satisfaisanteau renforcement de la positiondes librairies. Toutefois, toute per-sonne fréquentant régulièrementles librairies aura remarqué ledynamisme récent affiché parplusieurs d’entre elles. Qu’ils’agisse de la rénovation, de la

modernisation ou du réaména-gement des locaux, de l’implan-tation de nouveaux systèmesinformatiques plus performantsou de l’organisation d’activitésd’animation ou de rencontres avecdes auteurs, les gestes posés sontsusceptibles de rendre les librai-ries plus conviviales et accueil-lantes tout en améliorant la qua-lité du service à la clientèle9.

Il est également possible que lesréseaux de librairies, dont ledéploiement fut important au coursdes dernières années, soient lesprincipaux responsables de lacroissance des ventes des librai-ries, grâce à une présence activeet répétée dans des lieux com-merciaux à grande fréquentation(centres commerciaux, entre autres)qui leur aurait permis de concur-rencer efficacement les magasinsà grande surface. À cet égard,les données compilées sur leslibrairies agréées et portant surles années 1998-1999 à 2000-2001 (voir le chapitre 8 du

Tableau 9.3Répartition des ventes finales par canal de distribution, 2001-2003

2001 2002 2003

M$ % M$ % M$ %

Ventes totales 616,2 100 647,2 100,0 660,3 100,0 Éditeurs 108,2 17,6 111,7 17,3 110,8 16,8 Distributeurs 28,4 4,6 32,0 4,9 37,0 5,6 Commerce de détail 479,6 77,8 503,5 77,8 513,1 77,7 Librairies 377,7 61,3 409,8 63,3 418,4 63,4 Grande diffusion 101,9 16,5 93,7 14,5 94,7 14,3 Grandes surfaces 86,3 14,0 76,7 11,8 74,0 11,2 Autres points de vente 15,5 2,5 17,0 2,6 20,1 3,0

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

9. À cet égard, le programme d’aide aux librairies agréées de la SODEC, en particulier les volets d’aide à la modernisation età l’informatisation, a certainement joué un rôle marquant.

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164 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

présent ouvrage) fournissent unindice. La progression des ventesde livres entre ces deux années aété de 18,4 % en ce qui con-cerne les librairies en réseau etde 10,4 % pour ce qui est deslibrairies indépendantes, tandisque les ventes étaient en baisse,de – 6,1 %, dans les librairiesuniversitaires et scolaires. Doublephénomène, par conséquent :certes, les librairies indépendan-tes ont amélioré leur sort; maisles librairies en réseau, encoredavantage.

À l’inverse, il semble que certainsmagasins à grande surface,ayant constaté que le livre consti-tuait un produit d’appel moinsefficace que d’autres produitsculturels (CD et DVD, en particu-lier) tout en dégageant des mar-ges de profit réduites, ont sensi-blement restreint leur assortiment,ce qui a pu avoir un effet dépres-sif sur leurs ventes de livres.

Il est malheureusement impossi-ble, dans l’état actuel des don-nées disponibles, de tenter de

préciser l’importance relative deces différents facteurs dans l’évo-lution des parts des principauxcanaux de distribution du livrejusqu’en 2003. D’autant plus qued’autres facteurs économiquesfondamentaux (prix des livres etévolution du revenu des consom-mateurs, en particulier) ont égale-ment pu jouer un rôle, commenous le verrons à la prochainesection.

L’examen des ventes brutes desdistributeurs et de la répartitionde ces ventes selon les princi-paux segments de leur clientèle,au tableau 9.4, permet de ren-forcer le constat d’une consolida-tion de la position des librairies.Comme on peut le voir, les ven-tes brutes totales des distributeurssont passées de 308,7 millionsde dollars à 324,2 millions entre2001 et 2003, soit une crois-sance de 5,1 %. L’évolution dutaux de retour est un élément clédu système de commercialisationdu livre, puisqu’il constitue unindicateur de l’efficacité de lamise à disposition des nouveau-

tés, et en particulier de l’office. Iln’existe aucune donnée fiablequi permettrait de quantifier pré-cisément l’évolution à long termedes taux de retour. Cependant,les spécialistes du milieu s’enten-dent généralement pour affirmerque les taux ont tendance àcroître à long terme. On signaleégalement des poussées périodi-ques indiquant des moments dedéréglage du système de l’office.

Comme on peut le voir, toujoursau tableau 9.4, le taux de retourglobal des distributeurs afficheune relative stabilité entre 2001et 2003, variant entre 25 % et26 %. Pour ce qui est du segmentdes librairies et des coopéra-tives, le taux de retour est légè-rement plus élevé, mais stable,autour de 27 % ou de 28 %. Enrevanche, le taux est plus faibleen grande diffusion, particulière-ment en ce qui concerne lesgrandes surfaces. Mais, dans cedernier cas, le taux de retour esten hausse, de 15,0 % en 2001à 17,6 % en 2003, ayant mêmepoussé une pointe à 21,5 % en

Tableau 9.4Répartition des ventes brutes1 des distributeurs et taux de retour, 2001-2003

2001 2002 2003

Ventes Taux de Ventes Taux de Ventes Taux debrutes retour brutes retour brutes retour

M$ % M$ % M$ %

Ventes totales des distributeurs 308,7 25,0 326,3 25,5 324,2 24,7 Librairies et coopératives 203,8 28,0 221,0 27,4 223,5 27,8 Grande diffusion 104,8 19,2 105,3 24,9 100,7 21,8 Grandes surfaces 83,8 15,0 81,9 21,5 73,8 17,6 Autres points de vente 21,1 35,9 23,4 36,7 26,4 34,0

1. Pour revente, c’est-à-dire hors ventes finales et exportations; les ventes brutes représentent, dans la terminologie des distributeurs, la quantité« mouvementée ».

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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LE MARCHÉ DU LIVRE AU QUÉBEC : UN BILAN CHAPITRE 9 • 165

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

2002. Ventes en hausse et tauxde retour stable du côté deslibrairies, ventes en pleine chuteet taux de retour à la hausse ducôté des magasins à grandesurface : on ne saurait trouvertendances plus opposées.

Il faut bien noter que des varia-tions en apparence infimes dansles taux de retour peuvent avoirdes incidences importantes sur larentabilité de tous les acteurs dela filière du livre, compte tenu del’importance des frais de manipu-lation, de transport et de gestionqu’entraînent les allers et retoursdes livres10. Nous avions ainsiestimé, à l’aide d’un modèle deflux de trésorerie11, qu’en 1998-1999, une baisse du taux deretour global de 1 % pouvait setraduire par des hausses du tauxde profit avant impôt de 0,07 %pour les librairies, de 0,1 % pourles distributeurs et de 0,55 %pour les éditeurs. Une variationbrusque de plusieurs points depourcentage dans les taux deretour peut donc se traduire pardes effets importants et immé-diats sur la rentabilité des entre-prises de toute la chaîne du livre.

Les estimations que nous avionseffectuées sur les taux de retouren 1998-1999 concluaient à untaux de retour global de 30,8 %,lequel se partageait en un tauxde 29,6 % quant aux librairies etde 34,4 % relativement à la

grande diffusion12. L’enquêteayant permis de faire ces estima-tions ne portait toutefois que sur15 distributeurs représentant unpeu plus de 40 % des ventestotales du secteur. Ces résultatssont donc beaucoup moins fia-bles que ceux qui proviennentde l’enquête exhaustive del’Observatoire de la culture etdes communications du Québec.On peut ainsi conclure que nousavions probablement surestiméles taux de retour de 1998-1999, surtout en ce qui con-cerne la grande diffusion. Onpeut également affirmer sans tropde risque, à l’examen de cesdonnées, que les taux de retourn’ont sans doute pas augmentéentre 1998 et 2003, et qu’ilsont même, selon toute évidence,légèrement baissé. Ce serait lesigne d’un marché en meilleuresanté, d’un recours plus extensifaux moyens informatiques enmatière de gestion des offices etdes stocks de la part des librai-ries, et peut-être même d’unerentabilité supérieure des princi-paux acteurs en cause.

Qu’en est-il, par ailleurs, des ven-tes par Internet ou des ventes delivres électroniques, dont certainscommentateurs enthousiastes pré-disaient, il y a peu, qu’ils allaientbalayer le marché et transformerle livre de papier en artefactobsolète ? Force est d’admettreque, si les ventes par Internet ont

gonflé au point de devenir uncanal de distribution réel (maismarginal) du livre, le livre électro-nique relève encore, quant à lui,de l’épiphénomène. Selon lafirme Forester Research, en effet,les ventes de livres par Internet auxÉtats-Unis (c’est-à-dire commandéspar Internet et expédiés par laposte, selon le modèle désormaisclassique de Amazon.com) s’éle-vaient à 2,8 milliards de dollarsaméricains en 2003, ce quireprésente un peu plus de 7 % dumarché total13. Quant aux livresélectroniques, Euromonitor esti-mait leurs ventes à 13 millions dedollars américains aux États-Uniset à environ 1 million de dollarscanadiens au Canada, c’est-à-dire une somme dérisoire dansun cas comme dans l’autre.

L’enquête de l’Observatoire de laculture et des communicationsdu Québec ne nous permet mal-heureusement pas de traduireen chiffres précis la situation auQuébec, notamment pour res-pecter la confidentialité des don-nées. Il est néanmoins possibled’estimer, à partir des donnéesdisponibles, à un peu moins de5 % du marché total les ventespar correspondance des librairiesen 2002. Comme cette caté-gorie comprend tout à la fois lesventes postales traditionnelles etles ventes effectuées par Internet,la part de ces dernières se limitedonc encore, pour l’instant, à

10. De manière plus concrète, un taux de retour de 25,9 % (soit le taux global de 2003) signifie qu’il faut manipuler 135 livrespour en vendre 100.

11. Voir M. MÉNARD, op. cit., p. 113-115.12. Ibid., p. 172.13. Source : American Booksellers Association.

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166 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

quelques points de pourcentage,soit une part sensiblement infé-rieure à celle que l’on observeaux États-Unis.

Dernier élément approprié àl’analyse : l’évolution mensuelledes ventes. Le marché du livre secaractérise, en effet, par despointes de vente circonscrites àdes périodes précises de l’an-née, comme on peut le voir à lafigure 9.2, où sont présentées lesventes mensuelles, sur trois ans,dans l’ensemble du commerceau détail. Les mois les plus actifssont décembre, janvier, août etseptembre. Ces pointes de ventesont évidemment associées auxrentrées scolaires d’automne etd’hiver, ainsi qu’à la période des

Fêtes. En 2003, les ventes conju-guées de ces quatre mois ne repré-sentaient pas moins de 46,8 %du total des ventes de l’année.

On remarquera que la répartitiondes ventes par mois affiche unegrande constance au cours destrois années recensées, à deuxexceptions près. Le mois dejanvier prend plus d’importance,les ventes étant passées de46,4 millions de dollars en2001 à 63,5 millions en 2003,de même que septembre, où lesventes passent de 43,9 millionsde dollars à 62,3 millions. Lacroissance des ventes fut à cepoint marquée que janvier estmaintenant devenu un mois plusactif que décembre.

Les déterminantsde la vente de livresau Québec

Plusieurs facteurs influent sur lademande de livres : le sexe (lesfemmes lisent davantage que leshommes), la scolarité (plus elleest élevée, plus élevé est le tauxde lecture), l’âge (on lit davan-tage quand on est jeune et quandon est vieux, un peu moins àl’âge où l’on est en début decarrière et où l’on fonde unefamille) et, par conséquent, lapyramide des âges d’une société.Il s’agit toutefois de facteurs quiévoluent fort lentement et dontl’influence n’est perceptible qu’àlong terme.

Figure 9.2Évolution des ventes mensuelles de livres, ensemble des ventes au détail, 2001-2003

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

0,0

10,0

20,0

30,0

40,0

50,0

60,0

M$

70,0

Janv. Févr. Mars Avril Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

2001 2002 2003

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LE MARCHÉ DU LIVRE AU QUÉBEC : UN BILAN CHAPITRE 9 • 167

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

D’autres facteurs, en revanche,ont des répercussions beaucoupplus immédiates. En premier lieu,l’évolution de l’offre de livres etson insertion dans l’univers del’ensemble des loisirs culturels,lesquels constituent les concur-rents directs du livre. Mais lesfacteurs économiques de baseque sont le prix relatif des livreset l’évolution des revenus desménages jouent également unrôle clé dans la formation de lademande. Voyons chacun de cesfacteurs plus en détail.

Examinons d’abord quelques in-dicateurs de l’offre de livres auQuébec depuis 1989 (tableau9.5). Comme on peut le voir, lenombre d’éditeurs agréés auQuébec augmente régulièrement,selon un taux de croissance an-nuel moyen de 4,9 %. La progres-sion est particulièrement marquéeentre 1998 et 2002 (croissanceannuelle moyenne de 8,7 %).C’est donc sans surprise que l’onconstate que le nombre de nou-veaux titres publiés par l’ensem-

ble des éditeurs commerciaux14

augmente lui aussi de façonrégulière – taux de croissanceannuel moyen de 3,6 % depuis1989 –, ce qui représente uneforte progression. En revanche,le tirage total de ces nouveautésa faiblement augmenté (1,0 %par année en moyenne), ce quisignifie, évidemment, que le tiragemoyen est en chute (– 2,5 % parannée). L’évolution des ventestotales de livres, en dollars de1992 (croissance nulle entre1989 et 2002), confirme cettetendance très nette de l’industriequébécoise à lancer, sur un mar-ché relativement stagnant, unequantité toujours croissante denouveaux titres dont les ventesmoyennes sont de plus en plusréduites.

La concurrence est donc féroceentre éditeurs et entre chacun deces nouveaux titres qui doiventnon seulement trouver des lec-teurs, mais d’abord et avant toutsimplement faire savoir qu’ilsexistent. Cette rivalité exerce une

pression énorme sur la rentabilitédes éditeurs, dont les coûts uni-taires de production subissentdes pressions à la hausse, à lasuite de la baisse des tirages etdes ventes moyennes par titre. Àl’autre extrémité de la chaîne, leslibrairies sont inondées par uneoffre croissante, d’où des ten-sions continuelles sur le systèmede l’office, qui doit faire transiterlivres et renseignements sur leslivres aux bons endroits et auxbons moments, rapidement etefficacement.

La situation est d’autant plus criti-que que l’offre d’ensemble desproduits culturels et du divertisse-ment est également croissante.Chaque jour, de nouveaux pro-duits, de nouveaux moyens dediffusion, de nouvelles activités etde nouveaux attraits, sinon mêmede nouveaux gadgets électro-niques, sont offerts aux consom-mateurs. Le marché de la cultureet du divertissement s’avère, glo-balement, extrêmement dynami-que. Comme on peut le voir au

Tableau 9.5Évolution de l’offre de livres au Québec : principales tendances, 1989-2002

Unité 1989 1998 2002 TCAM1

1989-2002

%

Nombre d’éditeurs agréés n 85 113 158 4,9Nombre de nouveaux titres2 n 2 757 3 825 4 362 3,6Tirage total des nouveautés2 M 8 404 731 8 889 166 9 581 421 1,0Tirage moyen des nouveautés n 3 049 2 324 2 197 -2,5Ventes de livres (en M$ de 1992) M$ 560,0 553,0 560,3 —

1. Taux de croissance annuel moyen.2. Ensemble des éditeurs commerciaux.Sources : Ministère de la Culture et des Communications du Québec et Bibliothèque nationale du Québec.

14. Publications des éditeurs agréés et non agréés, mais à l’exclusion des publications gouvernementales, celles des maisonsd’enseignement, des compagnies et institutions financières, des associations, etc.

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168 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

tableau 9.6, entre 1998 et2001, les dépenses totales desménages québécois en loisirsprogressent plus rapidement(5,6 % par année en moyenne)que l’ensemble des dépenses deconsommation (3,5 % par an-née). Quant aux dépenses enloisirs culturels, quoiqu’elles pro-gressent un peu moins vite quel’ensemble des dépenses en loi-sirs (4,5 % par année), leur crois-sance demeure néanmoins sensi-blement supérieure à celle del’ensemble des dépenses de con-sommation des ménages.

Parmi les dépenses en loisirs cul-turels, certains postes affichent destaux de croissance des dépenseslargement supérieurs à la moyenneentre 1998 et 2001 : c’est lecas notamment de l’équipementtélévisuel (17,8 % par année), ducinéma (6,3 %), du spectacle ensalle (5,5 %), de l’équipementaudio (5,2 %) ainsi que de lacâblodistribution et de la diffu-sion par satellite (5,2 %). Mais,comme on peut le constater, lesdépenses en matériel de lecture,qui affichent un taux de crois-sance négatif de – 0,9 % parannée entre 1998 et 2001, fontfigure de parents pauvres danscet univers en expansion. Quantaux dépenses propres aux livreset aux brochures (hors du secteurscolaire), elles obtiennent desrésultats légèrement supérieurs àceux de l’ensemble du matérielde lecture, soit une croissancemoyenne de 4,1 % par année,mais cette augmentation demeuretout de même inférieure à celledes dépenses en loisirs culturels.

Autrement dit, en dépit d’une offreextrêmement dynamique – vitalitéqui génère d’ailleurs ses propreseffets pervers, en particulier despressions à la hausse sur les coûtsunitaires des éditeurs et des ten-sions sur le système de l’office –,le livre parvient difficilement àconserver sa place dans l’universdes loisirs et de la culture.

Pourtant, d’autres facteurs écono-miques fondamentaux se répercu-tent sur la demande, notammentle prix du livre. Or, une augmenta-tion du prix du livre qui serait plus

rapide que l’ensemble des prix –ce qui ne serait guère surprenantdans un contexte de pressions àla hausse sur les coûts unitairesdes éditeurs – rendrait d’autantplus néfaste la concurrence desautres produits culturels.

Statistique Canada ne compilemalheureusement plus d’indicede prix propre au livre. À l’heureactuelle, la seule source dispo-nible en matière de prix du livredemeure les compilations annuel-les de la Bibliothèque nationaledu Québec (BNQ). En pondérant

Tableau 9.6Revenus et dépenses des ménages (en dollars courants par ménage),1998-2001

1998 2001 TCAM1

1998-2001

$ %

Revenu personnel disponible 44 668 49 790 3,7

Dépenses totales de consommation 42 098 46 679 3,5

Dépenses en loisirs 2 332 2 749 5,6

Dépenses en loisirs culturels 1 049 1 196 4,5

Radio, système de son et télévision 665 799 6,3Équipement audio 67 78 5,2Équipement télévisuel 115 188 17,8Disques compacts, cassettes audio,vidéocassettes et DVD 101 103 0,7Cassettes et vidéocassettes vierges 14 13 -2,4Location de vidéocassettes et de DVD 92 95 1,1Câblodistribution et diffusion par satellite 276 321 5,2

Sorties 148 167 4,1Cinéma 74 89 6,3Spectacles en salle 52 61 5,5Musées et autres expositions 22 18 -6,5

Matériel de lecture 235 229 -0,9Journaux 108 102 -1,9Revues et périodiques 57 49 -4,9Livres et brochures2 62 70 4,1

1. Taux de croissance annuel moyen.2. À l’exclusion du manuel scolaire.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communciations du

Québec.

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LE MARCHÉ DU LIVRE AU QUÉBEC : UN BILAN CHAPITRE 9 • 169

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

le prix moyen de chaque catégo-rie de livres de la BNQ par letirage de cette catégorie, il estpossible de construire un indica-teur de prix, lequel connaît toute-fois des limites importantes.D’abord, il ne représente que leprix des livres québécois. Or, enoccupant une part de marché deprès de 60 %, c’est tout demême le livre étranger qui prédo-mine au Québec. Et, comptetenu, notamment, des fluctuationsdes taux de change, le prix deslivres étrangers est susceptible devarier différemment du prix deslivres québécois. Ensuite, cet in-dice représente le prix de ventesuggéré des nouveautés, pon-déré par les tirages de nouveau-tés; il ne tient donc pas compte

de la quantité réelle vendue, duprix des livres imprimés les an-nées précédentes, ni des rabaisofferts par les commerçants oudes taxes de vente.

Malgré ces limites, l’examen decet indice de prix est éclairant.On trouvera, à la figure 9.3,l’évolution de l’indice de prix relatifdu livre québécois entre 1992 et2002, et un indice de prix du livrede littérature générale, c’est-à-direà l’exclusion du manuel scolaire.La notion de prix relatif est impor-tante. C’est en effet le prix relatifqui, pour le consommateur, comptele plus. Celui-ci réagira en effetdavantage (au moins intuitivement)à des variations de prix relativesqu’à des variations absolues.

Autrement dit, si le prix du livreaugmente de 4 % au cours d’uneannée, tandis que l’indice généraldes prix s’élève de 2 %, les con-sommateurs jugeront que le prix dulivre s’est accru. En revanche, sil’indice général des prix s’est luiaussi élevé de 4 %, les consomma-teurs jugeront probablement que leprix du livre est stable.

Lorsqu’on examine l’indice deprix général du livre québécois,on constate une évolution pour lemoins contrastée entre 1992 et2002. On remarque d’abordune diminution importante de l’in-dice entre 1992 et 1994, puis,par la suite, une remontée régu-lière. La baisse constatée entre1992 et 1994 correspond pro-

Figure 9.3Évolution du prix relatif1 du livre québécois, 1992-2002 (indice de base 1992 = 100)

1. Rapport entre l’indice de prix du livre (moyenne des prix par catégorie de livres, pondérée par les tirages) et l’indice général des prix à laconsommation.

Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

0

20

40

60

80

100

120

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

Indice de prix général du livre Indice de prix, littérature générale

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170 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

bablement à un ajustement desprix après la hausse importanteinduite par l’introduction de lataxe sur les produits et services(TPS) fédérale, en 1991. Entre1994 et 2002, par contre, lacroissance de l’indice des prixrelatifs est constante, au point quele niveau des prix dépasse de5 %, en 2002, celui de 1992. Ils’agit d’un faible écart, bien sûr,pour une période de dix ans;néanmoins, on pourrait considérerla tendance comme inquiétante.

Il faut toutefois tenir compte dufait que le prix du manuel sco-laire n’est pas déterminé par lesmêmes facteurs que le prix dulivre de littérature générale. Eneffet, le prix du manuel scolaireest grandement influencé par lecoût de développement des livres,les normes et les règles établies

par le ministère de l’Éducation,le cycle de remplacement, lesbudgets des commissions scolai-res, etc. Il est donc parfaitementlogique d’examiner de façon iso-lée l’évolution du prix du livre delittérature générale (c’est-à-direen excluant le manuel scolaire,lequel compte pour environ 25 %du marché total). Or, comme onpeut le voir, toujours à la figure9.3, ce deuxième indice afficheune évolution très différente dupremier après 1995 : il chute en1996, puis montre par la suiteune remarquable stabilité. Autre-ment dit, le prix des livres québé-cois de littérature générale, aprèsune forte baisse entre 1992 et1996, a évolué au même rythmeque l’indice général des prix à laconsommation. On peut doncconclure à la neutralité du prixsur la consommation de livres

québécois de littérature généraleentre 1996 et 2002. En dépitdes pressions à la hausse surleurs coûts unitaires, les éditeursquébécois ont ainsi, selon touteapparence, réussi à contenir lahausse des prix.

L’autre facteur fondamental quimodifie la demande de livres estévidemment la conjoncture éco-nomique. Notons immédiatementque le revenu personnel disponi-ble (lequel mesure le revenuaprès taxes et impôts) constitueune mesure plus juste du pouvoird’achat réel de la populationque le produit intérieur brut (PIB),surtout lorsqu’on considère lapart croissante, au cours desdernières décennies, des taxes etimpôts dans le PIB. Or, commeon peut le voir à la figure 9.4, lerevenu personnel disponible

Figure 9.4Taux de croissance annuel du revenu personnel disponible au Québec, 1983-2002 (en dollars de 1997)

Note : Cumulatif au mois d’octobre pour 2003.Source : Institut de la statistique du Québec.

-4,0

-3,0

-2,0

-1,0

0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

%

6,0

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

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LE MARCHÉ DU LIVRE AU QUÉBEC : UN BILAN CHAPITRE 9 • 171

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

(mesuré en dollars de 1997),après une croissance relative-ment soutenue jusqu’en 1990,chute brutalement en 1991 etaffiche, au cours des annéesqui suivent, un comportement plu-tôt erratique. Ainsi, entre 1990et 1998, le revenu personneldisponible ne progresse que de0,6 % par année en moyenne.Cette stagnation prolongée dupouvoir d’achat, aggravée parle haut taux d’endettement desménages, a très certainementlimité les possibilités d’expansiondu marché du livre durant lesannées 1990.

On assiste toutefois à une repriseplus solide, et relativement cons-tante, depuis 1998. Entre 1998et 2003, en effet, le revenupersonnel disponible s’accroît de3,0 % par année en moyenne.Cette croissance du revenu per-sonnel disponible a sans nuldoute joué un grand rôle dans lacroissance récente du marché dulivre au Québec.

En ce sens, la bonne santé dumarché du livre dépend engrande partie d’une conjonctionrelativement favorable de l’évo-lution du prix relatif du livre qué-bécois et du revenu personneldisponible des ménages québé-cois. Autrement dit, au cours desdernières années, la stabilité duprix du livre et la hausse desrevenus des ménages semblentavoir plus que contrecarré laconcurrence des autres biens cul-turels et de loisirs; rien ne nousassure, toutefois, qu’il en sera demême au cours des prochainesannées.

Conclusion

Le marché du livre, au Québec,peut être estimé à 660 millionsde dollars en 2003, ce quicorrespond à environ 87 $ parhabitant. Si elles étaient en crois-sance notable jusqu’en 1994,les ventes se sont nettementessoufflées depuis. Ce n’est qu’aucours des deux ou trois dernièresannées que l’on peut constaterune reprise solide des ventesde livres. Pourtant, les ventesen 2003 dépassent à peine leniveau atteint en 1994. Dansl’ensemble, le marché du livre auQuébec a donc été stagnant aucours de la dernière décennie.

Ainsi qu’il est mesuré par lesventes par habitant ajustéesselon la parité de pouvoird’achat, le marché québécoispeut se comparer à celui depays comme les Pays-Bas, laSuisse ou le Royaume-Uni, mais ildemeure sous-développé parrapport au marché des États-Unisou de la France. Qui plus est, aucours des dernières années, loind’avoir effectué un rattrapage, leQuébec semble avoir accru sonretard sur ces deux pays.

Contrairement à la situation quel’on observe aux États-Unis et enFrance, toutefois, non seulementla part occupée par les librairiesdemeure importante, soit plus de63 % des ventes finales totales,mais elle est même en haussedepuis 2001. À l’inverse, la partoccupée par les magasins àgrande surface est en régression.

Cette consolidation de la positiondes librairies peut s’expliquer parla conjonction de trois facteurs :l’effort de modernisation, d’infor-matisation et d’organisationd’activités d’animation entreprispar plusieurs librairies indépen-dantes au cours des dernièresannées, l’extension des réseauxde librairies et une relative réduc-tion de l’offre de livres de la partdes grandes surfaces.

Les changements survenus dansles facteurs économiques fonda-mentaux ont également jouéun rôle décisif dans l’évolutionrécente du marché. En effet, endépit d’une offre croissante, laconsommation de livres tend àaugmenter moins rapidementque la consommation de loisirsculturels, particulièrement celledes biens et services liés àl’audiovisuel et à l’informatique.Pourtant, tout semble montrer quela stabilité relative du prix dulivre québécois de littératuregénérale et la hausse du revenudes consommateurs se sont con-juguées pour soutenir une crois-sance marquée du marché depuis2001. La capacité des éditeursd’absorber les pressions à lahausse sur les coûts unitaires(inhérentes à la multiplication destitres et à la baisse des ventesmoyennes), la performance accruedes distributeurs en matière logis-tique et le dynamisme récentaffiché par les librairies ont jouéun rôle crucial dans la capacitéde l’industrie du livre de profiterdu pouvoir d’achat accru desménages.

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172 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Un dernier élément d’analysepeut aider à mieux comprendrele rôle joué par les librairies dansl’évolution récente du marché dulivre québécois. Comme nousl’avions mentionné dans Les chif-fres des mots15, des analyseséconométriques portant sur lesexpéditions des éditeurs améri-cains permettent de conclure enune segmentation marquée dumarché selon les types de com-merces, en fonction de la sensibi-lité des consommateurs aux prix,aux revenus, à l’assortiment et auservice, de même qu’à la valeurqu’ils accordent à leur temps et àleur degré d’aversion pour lerisque. La demande des consom-mateurs qui fréquentent les librai-ries serait, en particulier, moinssensible au prix et plus sensibleau revenu, mais aussi à la « qua-lité » du service (vaste assorti-ment, étalage facilitant la recher-che et le furetage, service decommande, convivialité deslieux, etc.). À l’inverse, la de-mande des consommateurs desgrandes surfaces et des autrespoints de vente non spécialisésserait plus sensible au prix etmoins sensible au revenu ainsiqu’à la qualité du service.

Dans un tel cadre de relationsstructurelles, il est parfaitementcompréhensible que les impor-tants efforts de modernisation,d’informatisation et de revitalisa-tion entrepris par les librairies,dans un contexte où les prix deslivres de littérature générale sont

stables et où les revenus desménages se sont accrus, aientpu se traduire par la croissancerapide de leurs ventes, au pointde constituer la principale sourcedu dynamisme récent du marchédu livre.

Autrement dit, bien que les ac-teurs de l’industrie n’aient aucuncontrôle sur l’un des plus impor-tants facteurs de la demande,soit l’évolution du revenu desconsommateurs, il leur est possi-ble de tirer avantage d’une évo-lution favorable de ces revenuss’ils portent leurs efforts sur leséléments les plus susceptiblesde constituer des avantages con-currentiels, et donc de dynamiserleur propre marché. C’est préci-sément ce qui semble s’êtrepassé au cours des dernièresannées. En ce sens, le bilan estencourageant, car il souligne unecertaine prise en main de l’indus-trie par elle-même. Il demeuretoutefois provisoire, puisque lapoursuite du redressement néces-site que les efforts entrepris puis-sent être poursuivis. Ce qui, d’unstrict point de vue financier, neva pas forcément de soi.

15. Voir M. MÉNARD, op. cit., p. 87-88.

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CHAPITRE 10

ÉVALUATION DU MARCHÉDU LIVRE QUÉBÉCOIS

Depuis le printemps2001, l’Observatoirede la culture et des com-

munications du Québec (OCCQ)publie mensuellement des don-nées sur les ventes finales delivres au Québec. C’est la pre-mière fois que de telles donnéessont disponibles en ce qui con-cerne tous les acteurs du do-maine du livre et des bibliothè-ques. Comme l’appétit vient enmangeant, le comité consultatifdes domaines du livre et desbibliothèques de l’OCCQ nousa demandé s’il était possible deconnaître la part de marché dulivre québécois, c’est-à-dire lemontant des ventes finales delivres québécois.

Pour satisfaire cette demande, lapremière étape consistait à définirl’objet à mesurer, et la deuxième,à déterminer la stratégie appro-priée pour mesurer cet objet. Lecomité consultatif a convenu dedire que, dans le contexte del’enquête mensuelle sur les ventesde livres, un livre québécois estun livre publié par un éditeurquébécois. Il ne s’agit donc pasd’une mesure de la littérature

québécoise, mais plutôt de l’édi-tion québécoise. Voilà pour lapremière étape.

Maintenant, comment mesurerles ventes finales de livres québé-cois ? Dans la chaîne du livre,les ventes finales sont réaliséespar trois types d’acteurs : leséditeurs, les distributeurs et lespoints de vente au détail tels queles librairies et les coopératives,les grandes surfaces et les autrespoints de vente. La somme desventes finales de livres québécoispar ces trois types d’acteurs révèlela valeur des ventes finales delivres québécois.

Ces acteurs sont-ils actuellementen mesure de fournir des rensei-gnements relatifs à leurs ventesfinales de livres québécois ? Pre-nons-les dans l’ordre. Par défini-tion, les ventes finales des édi-teurs québécois (ceux dont lesiège social est situé au Québec)sont des ventes finales de livresquébécois. Les distributeurs qué-bécois pourraient également êtreen mesure de fournir des rensei-gnements quantitatifs sur leursventes finales de livres québécois

à l’aide des redevances qu’ilsversent aux éditeurs québécois,mais cette information ne leur estpas demandée dans l’enquêtesur les ventes de livres. Uneenquête spéciale auprès desdistributeurs pourrait fournir cetteinformation. Par contre, leslibrairies et les coopératives, demême que les grandes surfaceset les autres points de vente, nesont pas en mesure de fournir cesdonnées. Actuellement, les ven-tes finales des grandes surfaceset des autres points de vente sontestimées à partir des ventes desdistributeurs à ceux-ci. Si l’on nepeut mesurer, au sens fort duterme, les ventes de livres québé-cois par les librairies et les coo-pératives, il faut alors tenter deles évaluer indirectement à partirdes données mesurées des autresmaillons de la chaîne du livre. Etla valeur du modèle globaldépend en très grande partie dela justesse de la méthode d’esti-mation et de la confiance quetous les acteurs de l’industrie dulivre et des bibliothèques peuventavoir dans cette méthode.

Benoit Allaire

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174 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Le schéma1 ci-après illustre lesflux monétaires entre les diffé-rents acteurs à partir des éditeursjusqu’aux points de vente. Pourfaciliter la compréhension du mo-dèle, nous avons omis la valeurdes retours; les montants indi-qués expriment donc les ventesnettes (les ventes moins les retours).

Reprenons les ventes de l’année2001. On connaît la valeur desventes finales des éditeurs québé-cois (bulle A de la figure 10.1),

soit 108 M $. On connaît égale-ment la valeur des ventes finalesdes distributeurs québécois (bulleB du schéma), soit 28 M $. Cequ’on veut savoir, c’est la partquébécoise de ces ventes finales.Cette information nous a étéfournie par l’Enquête auprès desdistributeurs et des diffuseurs delivres que nous avons menée en2003. On connaît aussi la valeurdes ventes finales des librairies,des coopératives, des grandessurfaces et des autres points de

vente (bulle C du schéma). Pour-tant, ce qu’on ignore toujours,c’est la portion relative aux ven-tes finales de livres québécois dansce vaste ensemble de 480 M $.

Comme les librairies, les coopé-ratives, etc. sont incapables defournir cette information, il fautestimer les ventes finales de livresquébécois dans ce réseau grâceà une approche indirecte, à sa-voir l’approche par le coût desmarchandises vendues.

1. Nous remercions notre collègue Richard Cloutier, de l’Institut de la statistique du Québec, qui a réalisé la première version dece schéma et, surtout, qui a mis sur pied l’Enquête mensuelle sur la vente de livres neufs.

Valeur des ventes finales616 M$ (année 2001)

Éditeurs québécois Éditeurs non québécois

Distributeurs québécoisdistribuent livres d’éditeurs québécois

et d’éditeurs étrangers

A)Ventesfinales

d’éditeursquébécois108 M$

Librairies/coopératives, grandediffusion et autres points de vente

B)Ventes

finales desdistributeurs

28 M$

C)Ventes finales du

réseauLibrairies/coopé-

diffusion480 M$

ratives et grande

Distributeurs nonquébécois

(éditeurs étrangers)

28 M$

232 M$

Figure 10.1Schéma des flux monétaires dans l’industrie du livre, Québec, 2001

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ÉVALUATION DU MARCHÉ DU LIVRE QUÉBÉCOIS CHAPITRE 10 • 175

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

L’approche par le coûtdes marchandises vendues

Dorénavant, pour simplifier, nousappellerons « réseau de détail »l’ensemble des librairies, descoopératives, des grandes surfa-ces et des autres points de vente.L’idée générale de l’approcheconsiste d’abord à estimer lapart du livre québécois dans lemarché de la vente au réseau dedétail (la flèche de 232 M $dans le schéma) et de reportercette proportion sur le marché dela vente finale du même réseau.Le résultat est ensuite ajouté auxventes finales de livres québécoispar les éditeurs et les distribu-teurs. Cette approche comportedonc trois étapes :

1. La première consiste à éva-luer le coût des livres vendus(coût de revient) par le réseaude détail.

2. La deuxième est de calculerle pourcentage des ventes delivres québécois à partir desventes des éditeurs et desdistributeurs québécois sur lemarché de la revente.

3. La troisième revient à reporterce pourcentage sur les ventesfinales du réseau de détail.On ajoute ensuite les ventesfinales des éditeurs et les ven-tes finales de livres québécoispar les distributeurs.

1re étape : Le calcul du coûtde revient

On obtient une approximationdu coût de revient de la façonsuivante :

A. On enlève les 40 % de remiseaux ventes finales des librai-ries et des coopératives.Rappelons-nous qu’il s’agitd’une approximation. Cetteremise de 40 % est la normeprévue par la Loi sur le livre.Dans les faits, il existe dessituations où cette norme estplus ou moins appliquée,comme dans le domaine dulivre scolaire où les remisessont souvent inférieures, ouencore dans le réseau deslibrairies anglophones où lesremises peuvent être supé-rieures. Néanmoins, il s’agitd’un standard suffisammentrépandu pour servir de baseà notre estimation.

B. On enlève 15 % aux ventesdes grandes surfaces et desautres points de vente. Atten-tion ! Il ne s’agit pas d’un tauxde remise de 15 %. Il s’agit dutaux qui est appliqué aux ven-tes nettes des distributeurs auxgrandes surfaces et aux autrespoints de vente dans l’estima-tion des ventes finales de cesderniers.Quelques explications. Enpratique, la remise consentieaux grandes surfaces est de30 % du prix de détail sug-géré (PDS). Ce taux de 30 %est réparti entre le bénéficedu commerçant et le rabaisconsenti au consommateur.Dans certaines grandes surfa-ces (Zellers, Wal-Mart, etc.),le rabais consenti au consom-mateur est toujours de 25 %du PDS et le bénéfice ducommerçant est alors de 5 %du PDS. Pour ce qui est

d’autres grandes surfaces, cetterépartition dépend du volumede vente attendu, et le béné-fice peut varier entre 5 % et12 % du PDS. Les distri-buteurs de l’Association desdistributeurs et diffuseursexclusifs de livres en languefrançaise (ADELF) s’entendenttoutefois pour estimer le béné-fice du commerçant à 15 %du prix coûtant, en moyenne.Par exemple, un livre dont lePDS est de 30 $ sera vendu30 $ en librairie. Le librairegarde donc 12 $ (40 %) etle coût de revient du livre estde 18 $. Le même titre pourraêtre vendu 24,15 $ en grandesurface, puisque la « remise »de 30 % sera répartie entre lerabais consenti au consom-mateur (5,85 $ ou 19,50 %du PDS) et le bénéfice du com-merçant (3,15 $ ou 10,50 %du PDS ou 15 % du prixcoûtant).

On peut dès maintenant modé-liser cette étape à l’aide desdonnées de l’Enquête mensuellesur la vente de livres neufs del’Institut de la statistique duQuébec relatives à l’année2002. Le tableau 10.1 illustrecette étape.

2e étape : Le calcul dela part des livres québécoissur le marché de la revente

À partir des mêmes données,nous calculons la part de l’appro-visionnement direct auprès deséditeurs québécois par le réseaude détail, soit 69 M $ sur 326 M $,

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176 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

ce qui donne 21 %. Ces 69 M $proviennent de la soustraction desventes finales des éditeurs deleurs ventes totales, soit 181 M $moins 112 M $.

Ensuite, nous calculons la partde l’approvisionnement auprèsdes distributeurs québécois parle même réseau, soit 240 M $sur 326 M $, ce qui donne74 %. Il restera à déterminer lapartie québécoise de ces 74 %.L’enquête auprès des distributeursrévèle que leurs ventes de livresquébécois au réseau de détails’élevaient à environ 91 M $ en2002, ce qui représente 38 %des ventes des distributeurs à ceréseau. Les livres québécoisvendus par les distributeurs qué-bécois comptent donc pour 38 %des 74 %, c’est-à-dire 28 % del’approvisionnement du réseaude détail.

Enfin, il reste 17 M $, soit 5 %,qui proviennent de fournisseursétrangers. Selon nos sourcesd’information dans l’industrie dulivre, il s’agit d’une estimation unpeu faible de la portion desventes attribuables aux fournis-seurs étrangers, comparative-ment aux données de 2001.Cette diminution est principale-ment attribuable à la forte aug-mentation de la part des ventesdes éditeurs dans les ventes auréseau de détail.

3e étape : L’estimation de lapart québécoise des ventesfinales au réseau de détail(librairies, coopérativeset grandes surfaces)

On applique maintenant lespourcentages calculés à ladeuxième étape aux ventes fina-les du réseau de détail, et onajoute la portion québécoise desventes finales des distributeurs,soit 60 % de ces dernières selonl’enquête auprès des distributeurset des diffuseurs de livres.

Toujours à partir des données del’Enquête mensuelle sur la ventede livres neufs de l’OCCQ rela-tives à l’année 2002, la structurede calcul des ventes de livres

québécois se présente alorscomme le montre le tableau10.2.

Ces 378 M $ représentent 58 %des ventes de livres au Québecen 2002. Cette proportion peutsembler assez élevée, mais il fautse rappeler que celle-ci s’appli-que à l’ensemble du marchédu livre. Or, dans ce marché, onsait que les ventes de livresscolaires, c’est-à-dire de livresdestinés à tous les ordres d’ensei-gnement, occupent une placeimportante et que la plus grandepartie de ces ventes est le faitd’éditeurs québécois. Le calculde la part québécoise du marchédu livre de littérature généralemontrerait assurément une diffé-rence notable avec celle qui serapporte à l’ensemble du marché.

Tableau 10.1Calcul du coût de revient des ventes finales (librairies, coopératives etgrandes surfaces)

Ventes Coût definales revient

Ventes finales des librairies etdes coopératives 410 M $ – 40 % = 246 M $Ventes finales des grandes surfaces 77 M $ – 15 % = 65 M $Ventes finales des autres points de vente 17 M $ – 15 % = 15 M $

TOTAL 504 M $ 326 M $

Tableau 10.2Estimations de la valeur des flux des ventes de livres québécois,Québec, 2002

Estimation des ventes des éditeurs aux détaillants au prix de détail(21 % de 504 M $) 107 M $

Estimation au prix de détail de la part québécoise des ventes desdistributeurs au marché de la revente (28 % de 504 M $) 140 M $

Ventes finales des éditeurs québécois 112M $

Portion québécoise des ventes finales des distributeurs (60 % de32 M $ de ventes finales) 19 M $

TOTAL – Ventes finales de livres québécois 378 M $

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ÉVALUATION DU MARCHÉ DU LIVRE QUÉBÉCOIS CHAPITRE 10 • 177

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les parts de marchéselon le genre de livre

Afin de déterminer quelle est lapart qui revient à l’édition québé-coise selon les marchés – livresde littérature générale et livresscolaires –, nous avons employéune approche semblable à celleque l’on a utilisée pour le calculde la part québécoise dans l’en-semble du marché. Le lecteurgardera à l’esprit qu’il s’agit biende données approximatives,puisque l’enquête sur la vente delivres ne permet pas de mesurerdirectement les ventes par mar-ché dans l’ensemble des établis-sements de la chaîne du livre. Ilfaut donc procéder avec desratios élaborés à partir d’autresenquêtes, tout en étant cons-cients que les imperfections del’approche indirecte employéedans le calcul de la part québé-coise du marché du livre serépercutent d’autant lorsqu’ils’agit de calculer des parts de

marché. Nous ne déclineronspas ici le détail des calculscomme nous avons pu le faireplus haut, d’une part, parce qu’ils’agit d’un exercice assez fasti-dieux et, d’autre part, parce quecertaines données confidentiellesseraient ainsi dévoilées.

Avant de calculer la part québé-coise dans le marché de la litté-rature générale, il est nécessaired’estimer la hauteur de ce mar-ché et, par soustraction, celui dumarché scolaire. Nos estimationsévaluent le marché de la litté-rature générale à 394 M $ en2002, soit 61 %. Les ventes delivres scolaires s’élevaient donc à253 M $. Cette donnée con-corde avec la répartition des ven-tes de livres des éditeurs selonleur spécialité éditoriale dansl’enquête de Statistique Canadaauprès des éditeurs de livres en2000-2001. Les ventes deséditeurs de littérature générale ycomptent pour 62 % des ventesde livres de tous les éditeurs.

Quelques « coups de sonde »auprès d’acteurs importants del’industrie du livre ont fourni deschiffres parfois inférieurs, d’autresfois supérieurs, ce qui tend à nousconforter dans notre estimation.

L’évaluation de la part québé-coise de ces marchés est unexercice un peu plus périlleux oùil n’y a pas vraiment de compa-raison possible. Dans le marchédu livre de littérature générale, lapart québécoise était de 49 %en 2002, tandis qu’elle était de72 % dans le marché du livrescolaire. Il s’agit là d’une pro-gression notable par rapport auxestimations produites par MarcMénard2 à partir des donnéesdisponibles relativement à 1998,quand ces parts de marchéétaient respectivement de 35 %et de 60 %.

Bien que ces parts de marchésoient très inférieures à cellesque l’on peut observer en Franceou aux États-Unis, elles sont

Tableau 10.3Parts de marché des livres québécois selon le marché, Québec, 2002

Ventes finales totales Ventes finales totales Part québécoise selonde livres québécois le marché

M$ %

Marché du livre scolaire 253 183 72Marché du livre de littérature générale 394 194 49

Total 647 378 58

Note: Les totaux peuvent être différents de la somme des parties à cause de l’arrondissement.Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

2. M. MÉNARD, op. cit., p. 165.

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178 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

meilleures que les parts québé-coises dans les industries du film(13 % en 2003)3 et du disque(25 % en 1997)4.

Les limites du modèle

Il est important de noter que lemodèle présenté comporte plu-sieurs limites. Par exemple, danssa forme actuelle, il ne tient pascompte des variations des tauxde remise selon les types delivres. Éventuellement, il serapossible d’intégrer au modèledes taux de remise qui tiennentcompte des remises effectivesaccordées dans le domaine dulivre didactique, du manuel sco-laire ou du livre de littératuregénérale afin d’en parfaire laprécision et la fiabilité. De plus, iln’est applicable qu‘en ce quiconcerne l’année 2002, puisqueles calculs relatifs à la part qué-bécoise dépendent en bonnepartie de l’Enquête auprès desdistributeurs et des diffuseursexclusifs de livres que l’OCCQ aréalisée en 2003 et qui n’est pasrécurrente. Il y aurait bien sûrd’autres moyens plus « simples »

2. M. MÉNARD, op. cit., p. 165.3. Source : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec :

www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/culture_comnc/film/trimestres/2003trimestre4.htm.4. M. MÉNARD, L’industrie du disque et du spectacle de variétés au Québec, Montréal, SODEC, 2002, p. 10.5. Lire le chapitre 5 du présent ouvrage à propos de l’édition au Québec.

d’obtenir cette information, maisils demandent tous d’apporterdes modifications à l’enquête surla vente de livres, modificationsqui auraient l’inconvénient d’aug-menter le fardeau des répon-dants.

Enfin, il convient de noter que cemodèle d’estimation est basé surles pratiques commerciales géné-ralement acceptées dans l’indus-trie du livre. Il ne peut tenir comptedes ristournes cachées et autrestraitements de faveur susceptiblesd’être accordés par certains ac-teurs de l’industrie.

Conclusion

Nous croyons qu’avec ce mo-dèle, il est possible d’obtenir uneestimation assez fiable de lavente de livres québécois. Natu-rellement, la mesure directe desventes de livres québécois don-nerait une image plus précise etencore plus fiable. Il semble bienque la part de marché de l’édi-tion québécoise ait augmenté aucours des dernières années,quoique, d’une manière géné-rale, les parts de marché puis-sent varier sensiblement d’uneannée à l’autre. De là à conclureque tout va bien pour les éditeursquébécois, il y a un pas quenous refusons de faire5. Augmen-ter sa part dans un marché sta-gnant ne peut être qu’une solu-tion temporaire.

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CHAPITRE 11

SALONS DU LIVRE AU QUÉBECDE 1997 À 2002

Faits saillants

– L’analyse porte sur des don-nées recueillies dans les rap-ports d’activité et les étatsfinanciers des salons de 1997à 2002.

– Une croissance de 6 % del’assistance, de 13 % des re-venus de billetterie, de 16 %des stands loués et de 28 %des revenus de location destands, voilà une progressionintéressante qui prend sasource dans un effort promo-tionnel important de la partdes organisateurs des salonset d’une sensibilisation accruedu public, marquée par laprésence appréciée des auteursqui viennent de plus en plusprésenter leurs livres dans lessalons. Tout cela est lié à unesolide confiance des éditeursdans cette activité promotion-nelle.

– Donc, le nombre de standsloués dans l’ensemble dessalons a augmenté de 16 %,

tandis que les revenus delocation de ces stands ontprogressé de 28 %. Il y a plusd’exposants et ceux-ci paientplus cher leur espace d’expo-sition. Cette plus forte pré-sence des exposants contri-bue à l’augmentation notablede la présence des auteursdans les salons.

– Le budget des événements aaugmenté de 41 %, entre1997 et 2002, et il était,pour cette dernière année, de4,3 M $. En 2002, le tiersdu financement provenait dusoutien public; ce dernier avaitconnu une progression sensi-ble, passant de 860 000 $à 1,6 M $. Par ailleurs, prèsdes deux tiers du financementvenaient des revenus autono-mes des salons, passant de2,2 M $ à 2,7 M $, crois-sance moins nette que celle dusoutien public. On remarque,notamment, une baisse desrevenus provenant des com-mandites et de la publicité, cequi étonne dans un contextede fréquentation accrue.

Dominique Jutras

– Les dépenses ont augmentéde 53 %, passant de 2,9 M $à 4,5 M $. La hausse la plusmarquée est attribuable auxfrais d’animation qui ont pro-gressé de 131 %. On observeégalement que, malgré uneprogression de 33 % des fraisd’administration, ceux-ci ontété contenus. En effet, cesfrais représentent, en 2002,22 % des dépenses totales(964 000 $), alors qu’ils at-teignaient 25 % (727 000 $)au début de la période étudiée.

– Enfin, le ratio d’autofinance-ment permet d’illustrer l’auto-nomie des salons. Il établit lerapport entre les revenus auto-nomes et les dépenses tota-les. Ainsi, en 1997, lessalons du livre disposaientd’une plus grande indépen-dance face au soutien publicavec un ratio d’autofinance-ment de 75 %, tandis qu’ilétait de 61 % en 2002.

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180 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Le contexte

Parmi les différents mandats dontest responsable la Direction gé-nérale des politiques, commu-nications et relations internatio-nales de la SODEC, il y a celuiqui vise à participer à la connais-sance des industries culturelles.L’objectif principal est de favo-riser la compréhension des dif-férentes facettes des industriesculturelles par une analyse conti-nue de leurs composantes et ladiffusion de l’information.

Cet état de situation sur les salonsdu livre au Québec doit d’abordêtre reçu comme une contributionà une meilleure connaissance decette activité importante pour ladiffusion et la promotion du livre.Il est aussi l’occasion de faire lepoint sur l’incidence des contribu-tions publiques à ces activités.Enfin, il s’inscrit comme une con-tribution à l’analyse de la filièredu livre produite par l’Observa-toire de la culture et des commu-nications du Québec.

L’état de situation porte sur troisprincipaux paramètres d’analyse.D’abord, il expose l’évolutiondes salons à l’aide d’indicateursgénéraux que sont notamment lafréquentation, la participationdes professionnels et la présencedes auteurs. Puis, il propose uneanalyse du financement des sa-lons, soit les revenus autonomeset le soutien public. Troisième-ment, il offre une analyse desprincipaux résultats financiers.

La méthodologie

Pour produire cet état de situa-tion, des choix et des compromisont été effectués afin de concilierles renseignements disponiblesd’un salon à l’autre et de créerdes séries de données compa-rables.

Les sources des données

L’analyse est effectuée à partirdes rapports d’activité et desétats financiers des neuf salonsdu livre soutenus par la SODEC.Elle couvre une période de sixans, soit de 1997 à 2002.Cette période s’est imposéepuisque l’intervalle de cinq ans,habituellement utilisé, auraitcompliqué l’analyse comparativeet l’évolution globale, puisque leSalon du livre de Québec n’apas eu lieu en 1998.

Pour protéger la confidentialitédes données, les salons ont étéregroupés, selon les besoins dela démonstration, en trois sous-groupes.

Le regroupementdes salons

Afin de constituer des groupeshomogènes, nous avons convenud’établir les regroupements enfonction de la densité de popula-tion desservie par les salons.Une fois cet exercice réalisé(tableau 11.1), on observe qu’ily a trois salons desservant unefaible densité de population(30 000 personnes en moyenne)

et ceux-ci sont situés dans lesrégions éloignées, alors qu’il y atrois autres salons installés dansune zone intermédiaire desser-vant une population d’environ150 000 personnes. Enfin, letroisième groupe est davantagehétérogène puisqu’il est com-posé des salons actifs dans lestrois principaux centres urbainsdu Québec, lesquels connaissentun important écart de population.

Les principauxindicateurs

La disponibilité des données adéterminé en grande partie lanature des principaux indicateursretenus. C’est ainsi que les don-nées portant sur la fréquentation,la location des stands et la par-ticipation des auteurs ont étéretenues, car elles font partie desrapports d’activité remis par lesorganisateurs des salons.

La fréquentation

D’emblée, on remarque que laparticipation du public s’est ac-crue, marquée par une crois-sance de 6 % de la fréquentationentre 1997 et 2002, et qu’elle aatteint cette année-là 273 800entrées (figure 11.1). Le phéno-mène est particulièrement remar-quable à l’extérieur des centresurbains. Car, en 2002, les troissalons tenus dans des villes derégions à faible densité de popu-lation accueillent une assistancetotale qui correspond à près de40 % de la population totale deces municipalités. Cela indique

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SALONS DU LIVRE AU QUÉBEC DE 1997 À 2002 CHAPITRE 11 • 181

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

que ces événements ont unrayonnement dans toute larégion. Néanmoins, en régionà densité intermédiaire de popu-lation, l’assistance équivaut à11 % et, en centres urbains, à 4 %de la population totale desmunicipalités dans lesquelles sedéroulent les salons. Cette com-paraison démontre tout de mêmela force d’attraction de ces évé-nements en région.

La billetterie

Tous les salons ont un revenu debilletterie. Ce revenu a augmentéde 13 % durant la période et iltotalise 332 000 $ en 2002. Laplus forte croissance, 23 %, aété enregistrée dans les régionsà faible densité de population,suivie par celle des centres urbains(16,6 %). Par contre, ces revenusen région à densité intermédiaireont connu un recul de 8,7 %.

Il est difficile d’établir un prix

moyen d’entrée qui illustre laréalité, car la plupart des salonsoffrent des réductions, forfaits ou

autres gratuités difficiles à pren-dre en compte pour établir unprix moyen.

Tableau 11.1Regroupement des salons selon la densité de population desservie

Densité Nom du salon Population (2001)

n

Faible Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue1 20 196Salon du livre de la Côte-Nord 26 952

Salon du livre de Rimouski 47 688

Population moyenne 31 612

Intermédiaire Salon du livre de l’Estrie 153 811Salon du livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean 158 800

Salon du livre de Trois-Rivières 141 200

Population moyenne 151 270

Centres urbains Salon du livre de Montréal 3 426 350Salon du livre de l’Outaouais 1 063 664

Salon du livre de Québec 694 000

Population moyenne 1 728 005

1. Population moyenne des villes de Amos, LaSarre, Rouyn, Val-d’Or et Ville-Marie.

Figure 11.1Assistance totale par regroupement de salons1

1. En 1998, le Salon du livre de Québec n’a pas eu lieu.Source : SODEC.

0

50 000

100 000

150 000

200 000

250 000

n

300 000

1997 1998 1999 2000 2001 2002

Faible Intermédiaire Centres urbains

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182 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Toutefois, il est possible de mettreen perspective l’évolution du prixd’entrée moyen en présentant lesrésultats sur la base d’un indicecommun en 1997 et d’en suivrel’évolution (figure 11.2). Dèslors, il apparaît qu’après unsommet atteint en 1999, le prixd’entrée moyen s’est installédans une courbe décroissante.D’ailleurs, dans le cas des salonsimplantés dans des zones à den-sité intermédiaire, le prix n’acessé de décroître. À l’opposé,dans les centres urbains, ce n’estqu’en 2002 que le prix d’entréemoyen a connu une véritablediminution.

Globalement, les prix d’entréemoyens ont augmenté de 6,5 %,mais cette hausse est uniquementattribuable aux salons des centresurbains. Sauf en ce qui concernedeux salons, le prix d’entréemoyen était inférieur en 2002 àcelui de 1997.

La location de stands

Parmi les facteurs qui influent surla fréquentation des salons, onnote le volume de l’offre qui sedécline par la participation deséditeurs et des autres entreprisesde la filière du livre ainsi que parla présence très recherchée desauteurs.

Durant la période, on observeune confiance accrue des profes-sionnels de l’industrie dans lacontribution à la sensibilisationdu public et à la promotion dulivre offerte par les salons dulivre. Cette confiance s’exprimepar le nombre de stands loués

(figure 11.3) qui a progresséde 15,6 %, passant de 1 575 à1 820 stands loués dans l’ensem-

ble des neuf salons; les revenusqui en découlent ont aussi subs-tantiellement augmenté.

Figure 11.3Nombre de stands loués par regroupement de salons1

1. En 1998, le Salon du livre de Québec n’a pas eu lieu.Source : SODEC.

Figure 11.2Évolution du prix d’entrée moyen

Source : SODEC.

60

70

80

90

100

110

120

130

140

%

150

1997 1998 1999 2000 2001 2002

Faible Intermédiaire Centres urbains Global

0

200

400

600

800

1 000

1 200

1 400

1 600

1 800

n

2 000

1997 1998 1999 2000 2001 2002

Faible Intermédiaire Centres urbains

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SALONS DU LIVRE AU QUÉBEC DE 1997 À 2002 CHAPITRE 11 • 183

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les salons, à l’exception de deuxd’entre eux, ont pu augmenter lenombre de stands loués. Il y amême une croissance dans lestrois catégories de salons. Cesont les salons des centres urbainsqui ont connu la plus forte crois-sance, soit près de 20 % de plusde stands loués.

Les revenus de location de standsconstituent la principale sourcede financement des salons. Cesrevenus ont augmenté de 28 %(figure 11.4). Ils sont passésde 1,5 M $ en 1997 à 2,0 M $en 2002. La plus forte augmen-tation a été constatée dans legroupe de régions à faible den-sité de population où ces revenusont augmenté de 50 %, passantde 80 000 $ à 120 000 $.

L’essentiel de cette croissance estattribuable à l’augmentation duprix de location des stands. Leprix moyen de location a aug-menté de 37 % dans les régionsà faible densité, de 29 % dansles régions à densité intermé-diaire et de 5 % dans les centresurbains où, par contre, le prixmoyen de location atteint prèsde 1 300 $ par stand, alors qu’ilest respectivement de 490 $ etde 580 $ dans les autres regrou-pements.

La présence des auteurs

Une croissance de 6 % de l’assis-tance, de 13 % des revenus debilletterie, de 16 % des standsloués et de 28 % des revenus delocation de stands, voilà une

progression intéressante, qui prendsa source dans un effort promo-tionnel important de la part desorganisateurs des salons, maiségalement dans la confiance deséditeurs qui invitent les auteurs àvenir présenter leurs livres.

En effet, il y a une forte présencedes auteurs dans les salons. Ilssont passés de 670 auteurs pré-sents en moyenne dans l’ensem-ble de salons à plus de 1 000,soit une augmentation de 52 %.

Dans les régions à faible densitéde population, la présencemoyenne des auteurs est passéede 48 à 72, entre 1997 et2002; en région à densité

intermédiaire, leur croissance aconnu un bond de 125 à 211,et les salons en centres urbains,de 495 à 734.

Le financement

La première répartition des reve-nus des salons du livre s’effectueentre les revenus autonomes etles revenus de subventions.

En 2002, ces revenus étaientrespectivement de 2,7 M $ et de1,6 M $, soit des revenus globauxatteignant 4,3 M $, comparati-vement à 3,1 M $ en 1997, cequi représente une croissance de41 % (tableau 11.2).

Figure 11.4Revenus de location de stands1

1. En 1998, le Salon du livre de Québec n’a pas eu lieu.Source : SODEC.

0

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 400 000

1 600 000

1 800 000

$

2 000 000

1997 1998 1999 2000 2001 2002

Faible Intermédiaire Centres urbains

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184 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Les revenusautonomes

Les revenus autonomes des salonssont principalement constituésdes droits d’entrée, de la loca-tion de stands et des revenus decommandites et de publicité. Il ya aussi un poste budgétaire quiregroupe diverses sources de reve-nus (ateliers, forums, banquets,produits dérivés, etc.). Globale-ment, les revenus autonomes ontconnu une hausse de 24 % durantla période, et ils ont atteint2,7 M $ en 2002 (tableau 11.3).

C’est la location de stands quiconstitue la principale sourcede financement des salons. Cesrevenus totalisent presque 2 M $,en 2002, soit une hausse de28 %. Ils représentent 71 % desrevenus autonomes et plus de45 % des revenus totaux.

L’écart le plus marquant est sansdoute la baisse des revenus decommandites et de publicité(surtout attribuable à la chutedes revenus de publicité). Dansun contexte où les indicateursgénéraux sont tous positifs, onse serait plutôt attendu à unecroissance de ce poste. Nousn’avons pas l’intention de fairel’analyse de ces revenus particu-liers; toutefois, on peut se deman-der si l’ensemble des entreprisesde la filière du livre (imprimeurs,distributeurs, libraires, entreprisesde services spécialisés, graphis-tes, etc.) contribuent activementau succès des salons. De plus,les gens des autres domainesd’activité sont-ils suffisamment

Tableau 11.2Revenus des salons

1997 2002 Écart

$ % $ % %

Subventions 860 922 28,1 1 568 979 36,5 82,0 Subventions du Québec 523 590 17,1 1 006 233 23,4 92,0 Subventions fédérales 265 770 8,7 437 546 10,2 65,0 Subventions municipales et autres subventions 71 562 2,3 125 200 2,9 75,0Revenus autonomes 2 200 918 71,9 2 731 298 63,5 24,0

Total 3 061 840 100,0 4 300 277 100,0 41,0

Source : SODEC.

Tableau 11.3Revenus autonomes

1997 2002 Écart1997-2002

$ % $ % %

Droits d’entrée 294 246 13,4 332 126 12,2 12,9Location de stands 1 530 152 69,5 1 955 095 71,6 27,8Commandites et publicité 326 170 14,8 255 222 9,3 -21,8Autres 50 350 2,3 188 855 6,9 275,1

Total 2 200 918 100,0 2 731 298 100,0 24,1

Source : SODEC.

renseignés quant à la clientèlede choix qu’ils pourraient décou-vrir en s’associant aux salons ?

Le soutien public

Les revenus autonomes sont com-plétés par le soutien public quiconstitue 36 % du financementdes salons. Celui-ci est passéde 861 000 $ à 1,6 M $,c’est-à-dire une hausse de 82 %en six ans.

Le financement provenant desorganismes publics du Québecreprésente 23 % de l’ensembledes revenus, comparativement à

10 % pour ce qui est du soutienpublic fédéral et 3 % pour celuides instances municipales. Lesoutien du Québec a presquedoublé durant la période, attei-gnant plus de 1 M $ en 2002.Cette même année, le soutien dela SODEC représentait 52 % dessubventions et 19 % des revenusglobaux.

Cette augmentation a été soute-nue en partie par la Politique dulivre et de la lecture pour laréalisation d’activités hors lesmurs. La SODEC octroyait annuel-lement 200 000 $ à la réalisa-tion de ces activités particulières.

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SALONS DU LIVRE AU QUÉBEC DE 1997 À 2002 CHAPITRE 11 • 185

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

L’autofinancement

Il peut être difficile de prendreconscience de la dynamiqueexistant entre les besoins finan-ciers et l’apport du soutien public.Pour illustrer cette relation, leratio d’autofinancement permet,en général, de déceler une ten-dance dans la relation entre lesrevenus autonomes et les dépen-ses. Le résultat (tableau 11.4)indique clairement une diminu-tion rapide du ratio d’autofinan-cement, ce qui démontre uneplus grande dépendance enversle soutien public, seule source derevenu susceptible de combler ladifférence. En somme, on note unécart grandissant entre les reve-nus autonomes et les dépenses.

Tableau 11.4Ratio d’autofinancement

Année Ratio

%

1997 75,01998 75,01999 71,02000 70,02001 66,02002 61,0

Source : SODEC.

L’exploitation

Les dépenses globales des salonsse sont accrues de 53 % et elless’établissent à 4 462 000 $ en2002 (tableau 11.5), compa-rativement à des revenus de4 327 000 $. Il y a donc, cetteannée-là, un dépassement de135 000 $ des dépenses parrapport aux revenus, soit 3 %.

Les dépenses

Les principaux postes de dépenseont connu une croissance mar-quée. La plus forte hausse estattribuée aux frais d’animationqui ont augmenté de 131 %. Lesfrais d’exploitation se sonthaussés de 54 % tout en semaintenant au-dessus de 36 %des dépenses totales. Quant auxfrais d’administration, ils ontgonflé de 237 000 $, mais lapart relative qu’ils occupent parrapport aux dépenses totales adiminué. Ainsi, tandis qu’ilss’approchaient de 25 % desdépenses totales en 1997, ils

ont représenté 21,6 % de l’en-semble des dépenses en 2002(tableau 11.6).

Les excédentset les déficits

L’évolution des revenus et desdépenses durant la période desix ans confirme une tendance àla croissance plus rapide desdépenses par rapport aux reve-nus. De plus, l’augmentation an-nuelle des dépenses est enmoyenne de 8,8 %, alors quel’augmentation des revenus, ycompris les subventions, est de7,2 % annuellement.

Tableau 11.5Dépenses globales par principal poste budgétaire

Poste 1997 2002 Écart

$ % $ % %

Frais d’exploitation 1 064 904 36,4 1 637 285 36,7 54,0Frais d’administration 726 756 24,8 963 652 21,6 33,0Frais d’animation 372 175 12,7 859 298 19,3 131,0Frais de promotion 653 716 22,3 914 028 20,5 40,0Autres dépenses 108 032 3,7 87 373 2,0 -19,0

Total 2 925 583 100,0 4 461 636 100,0 53,0

Source : SODEC.

Tableau 11.6Évolution des revenus et dépenses entre 1997 et 2002

Salons Revenus Dépenses

%

Régions à faible densité 113,4 143,0Régions intermédiaires 62,5 74,9Centres urbains 27,3 37,0

Ensemble des salons 41,3 52,5

Source : SODEC.

budgétaire

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186 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

En 2002, la situation financièredes salons s’est détériorée àcause, notamment, de la crois-sance de 10 % des dépenses etde la stabilisation des revenus(tableau 11.7). Par conséquent,en 2001, un seul salon étaitdéficitaire, alors qu’en 2002, cesont six salons sur neuf qui affi-chaient un exercice déficitaire(tableau 11.8).

Les résultats indiquent que les sa-lons des régions ont pu augmen-ter leurs revenus, mais de façonsensiblement moins importanteque leurs dépenses, tandis queles salons des centres urbains ontconnu une baisse de leurs reve-nus accompagnée d’une aug-mentation, tout de même limitée,de leurs dépenses.

La situation des salons déficitai-res pourrait être critique si lesdéficits se succédaient, annéeaprès année, et que les surplusaccumulés, lorsqu’il y en a, nesuffisaient plus à les combler.Toutefois, parmi les neuf salonsdu livre, deux n’ont pas déclaréde déficit durant la période etdeux autres ont déclaré un pre-

Tableau 11.7Évolution des revenus et dépenses entre 2001 et 2002

Salons Revenus Dépenses

%

Régions à faible densité 23,0 35,0Régions intermédaires 6,0 22,0Centres urbains -5,0 3,0

Ensemble des salons – 10,0

Source : SODEC.

Tableau 11.8Excédent (déficit) d’exploitation et ratio1

1997 2002

$ % $ %

Salons à faible densité de population 50 531 16,0 31 041 5,0Salons à densité intermédiaire (13 933) -3,0 (81 314) -11,0Salons centres urbains 99 659 4,0 (84 364) -3,0

Total 136 257 4,0 (134 637) -3,0

1. Rapport de l’excédent (déficit) sur le total des revenus.Source : SODEC.

mier déficit. Par ailleurs, aucunn’a un historique constitué dedéficits récurrents. En général,ces déficits d’exercice sont assezfaibles : ils se situent en deçà de3 % des revenus (tableau 11.9).

Enfin, certains disposent d’un sur-plus accumulé leur permettant defaire face à cette situation ponc-tuelle et d’appliquer rapidementles correctifs qui s’imposent.

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SALONS DU LIVRE AU QUÉBEC DE 1997 À 2002 CHAPITRE 11 • 187

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 11.9Compilation des salons du livre1,2

Unité 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Écart1997-2002

% % % % % % %

Assistance n 258 371 … 214 190 … 243 706 … 257 950 … 269 305 … 273 797 … 6,0 Stands loués n 1 574 … 1 301 … 1 644 … 1 720 … 1 752 … 1 819 … 15,6 Contrats d’exposants n 665 … 586 … 696 … 724 … 774 … 708 … 6,4 Présence d’auteurs n 2 005 … 1 715 … 2 291 … 2 669 … 2 757 … 3 053 … 52,3

Revenus $ 3 061 840 100,0 2 738 294 100,0 3 561 845 100,0 3 873 612 100,0 4 316 008 100,0 4 326 499 100,0 41,3

Subventions $ 860 922 28,1 767 501 28,0 1 215 986 34,1 1 344 066 34,7 1 655 228 38,4 1 595 201 36,9 85,3 Subventions du Québec $ 523 590 17,1 490 556 17,9 805 475 22,6 852 398 22,0 985 640 22,8 1 005 733 23,2 92,1 Subventions du fédéral $ 265 770 8,7 216 700 7,9 291 530 8,2 384 138 9,9 508 812 11,8 437 546 10,1 64,6 Municipalités $ 68 334 2,2 52 440 1,9 81 900 2,3 73 850 1,9 123 950 2,9 125 200 2,9 83,2 Autres subventions $ 3 228 0,1 7 805 0,3 37 081 1,0 33 680 0,9 36 826 0,9 26 722 0,6 727,8

Revenus autonomes $ 2 200 918 71,9 1 970 793 72,0 2 345 859 65,9 2 529 546 65,3 2 660 780 61,6 2 731 298 63,1 24,1 Droits d’entrée $ 294 246 9,6 293 695 10,7 366 428 10,3 371 549 9,6 370 297 8,6 332 126 7,7 12,9 Location de stands $ 1 530 152 50,0 1 257 718 45,9 1 626 802 45,7 1 739 972 44,9 1 874 531 43,4 1 955 095 45,2 27,8 Commandites et publicité $ 326 170 10,7 366 121 13,4 287 706 8,1 244 166 6,3 240 499 5,6 255 222 5,9 -21,8 Autres $ 50 350 1,6 53 259 1,9 64 923 1,8 173 859 4,5 175 453 4,1 188 855 4,4 275,1

Dépenses $ 2 925 583 100,0 2 613 522 100,0 3 318 696 100,0 3 632 276 100,0 4 047 668 100,0 4 461 636 100,0 52,5 Frais d’exploitation $ 1 064 904 36,4 1 001 258 38,3 1 257 568 37,9 1 339 857 36,9 1 397 852 34,5 1 637 285 36,7 53,7 Frais d’administration $ 726 756 24,8 627 710 24,0 765 380 23,1 799 072 22,0 934 677 23,1 963 652 21,6 32,6 Frais d’animation $ 372 175 12,7 346 664 13,3 475 951 14,3 574 748 15,8 749 368 18,5 859 298 19,3 130,9 Frais de promotion $ 653 716 22,3 552 890 21,2 744 738 22,4 833 599 22,9 880 771 21,8 914 028 20,5 39,8 Autres dépenses $ 108 032 3,7 85 000 3,3 75 059 2,3 85 000 2,3 85 000 2,1 87 373 2,0 -19,1

Excédent (déficit) $ 136 257 … 124 772 … 243 149 … 241 336 … 268 340 … (135 137) … -199,2

1. En 1998-1999, le Salon de Québec fut annulé, ce qui explique les chiffres inférieurs pour cette année-là.2. Liste des salons du livre dont les états financiers sont inclus dans la compilation : Abitibi, Côte-Nord, Estrie, Montréal, Outaouais, Québec,

Rimouski, Saguenay, Trois-Rivières.

Conclusion

Les activités de sensibilisation dupublic et de promotion du livreque pratiquent les salons du livredepuis quelques années sontclairement appuyées par les pro-fessionnels. Ces activités ont cer-tainement un effet d’entraîne-ment, puisque la fréquentationconnaît une croissance notable,surtout en région. Ce succès tientassurément à la qualité de l’offrequi repose sur la présence desexposants, essentiellement des

éditeurs accompagnés d’auteursqui contribuent à animer ces sa-lons.

Bien que la plupart des indica-teurs soient positifs, l’équilibre fi-nancier des salons est difficile àmaintenir. Le financement ne peutreposer davantage sur les éditeurspuisqu’ils investissent déjà massi-vement dans cette activité et que,par ailleurs, on ne dispose pas dedonnées précises sur le rende-ment de cette participation. Enoutre, le maintien au minimum du

prix d’entrée semble nécessairepour assurer la fréquentation deslieux. En effet, on observe unehausse de fréquentation consécu-tive à un abaissement du prixd’entrée moyen. Par conséquent,les salons, qui doivent élaborerchaque année des stratégies pourrenouveler leur clientèle, sont éga-lement tenus d’explorer de nouvel-les avenues de financement sansquoi ils seront dans l’obligationde réduire ou tout au moins destabiliser leurs dépenses pourmaintenir l’équilibre budgétaire.

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PARTIE 4LES BIBLIOTHÈQUES

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CHAPITRE 12

LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALEDU QUÉBEC

Population desservie

La Bibliothèque nationale duQuébec (BNQ) offre des servi-ces à l’ensemble de la popula-tion du Québec. Elle procure àtous les citoyens un accès à denombreuses ressources bibliogra-phiques et documentaires. Legrand public, les chercheurs et lepersonnel des bibliothèques qué-bécoises font appel aux servicesde la BNQ pour consulter lesressources du patrimoine docu-mentaire québécois et utiliser lesservices d’aide à la recherche.De plus, grâce au cataloguecomplet disponible sur le siteInternet de la Bibliothèque et auprêt entre bibliothèques, les insti-tutions documentaires situées àl’extérieur de la province peuventaussi recevoir des documentsauxquels leurs usagers souhaitentavoir accès et qui ne sont pasdisponibles localement.

La BNQ collabore égalementavec les éditeurs. Elle reçoit endépôt gratuit, généralement en

deux exemplaires, tout nouveaudocument publié au Québec.Par ailleurs, elle offre aux édi-teurs un outil de diffusion intéres-sant, la Bibliographie du Qué-bec, qui répertorie mensuellementtous les documents publiés. De-puis juin 2003, ce document estconsultable en version électro-nique (www.bnquebec.ca/fr/biblio/bib_bibliographie.htm).

Dès l’ouverture de la GrandeBibliothèque, le nouvel édificede diffusion de la BNQ, denouveaux services seront offertsà des clients particuliers (nou-veaux arrivants, personnes attein-tes d’un handicap visuel, etc.)ainsi qu’à des institutions et orga-nismes québécois, notammentaux milieux documentaires et,plus spécialement, aux bibliothè-ques publiques. À cet égard, onpense notamment à la créationd’un centre de documentation etd’expertise destiné principale-ment aux bibliothèques publi-ques québécoises, ainsi qu’aucatalogue collectif et à la réfé-rence virtuelle.

Ressources (collections,abonnements etpoints de service)

Les collections de la BNQ sontactuellement réparties entre troisédifices situés à Montréal :

Les livres et ouvrages de référencese trouvent à l’édifice Saint-Sulpice, situé au 1700, rue Saint-Denis. Cet immeuble abrite laproduction des éditeurs québé-cois, celle des éditeurs de l’exté-rieur de la province mais ayantle Québec pour sujet, une collec-tion d’ouvrages publiés à l’étran-ger (provenant essentiellement dela collection Saint-Sulpice), desouvrages permettant d’effectuerdes recherches généalogiques etune collection de plus de 5 000ouvrages de référence (encyclo-pédies, dictionnaires, almanachs,annuaires, répertoires et autres).La salle de lecture de cet édificeet la salle Saint-Sulpice permet-tent d’accueillir de nombreusesactivités culturelles. La surfacebrute1 de l’édifice Saint-Sulpiceest de 4 227 mètres carrés.

Manon Beauchemin

1. La surface brute désigne la surface construite des planchers, ce qui exclut les murs extérieurs et les percements pratiqués dansles planchers.

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192 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Les collections de revues, jour-naux et publications gouverne-mentales sont logées à l’édificeÆgidius-Fauteux, situé au 4499,avenue de l’Esplanade. En plusdes documents québécois, despublications gouvernementalescanadiennes y sont disponibles,notamment des publications deStatistique Canada, des recense-ments du Canada, des rapportsannuels de ministères et organis-mes et des codifications adminis-tratives de lois. S’y trouve aussiune collection de publicationspréconfédératives composée deplus de 1 400 titres de livres,périodiques, brochures et publi-cations gouvernementales de lapériode 1764-1867. La surfacebrute de l’édifice Ægidius-Fauteuxest de 1 712 mètres carrés.

Enfin, la salle de lecture du siègesocial et centre de conservation,

située au 2275, rue Holt, permetde consulter les archives privées(archives littéraires, des beaux-arts et de la musique, collectionde photographies de la période1860-1990) et les collectionsspéciales : documents cartogra-phiques, livres anciens, livresd’artistes et de bibliophilie, estam-pes, cartes postales, affiches,musique imprimée, enregistre-ments sonores, programmes despectacles. L’édifice, dont la sur-face brute est de 19 239 mètrescarrés, abrite également unexemplaire de chacun des docu-ments publiés au Québec, dansdes conditions permettant d’assu-rer leur conservation.

Dès le printemps 2005, lescollections actuelles de livres,ouvrages de référence, revues,journaux et publications gouver-nementales seront disponibles

à la Grande Bibliothèque. S’yajouteront de nombreux livres etautres documents provenant denouvelles acquisitions, de la col-lection de la Bibliothèque cen-trale de Montréal, de l’InstitutNazareth et Louis-Braille et de LaMagnétothèque. On y trouveraquatre millions de documents :1 140 000 livres, 1 660 000microfiches et 1 200 000 autresdocuments (revues et journaux,disques compacts musicaux,enregistrements sonores, vidéos,documents électroniques, cartesgéographiques et autres). Lasuperficie totale de l’édifice serade 33 000 mètres carrés.

Les tableaux 12.1 et 12.2 illus-trent l’état des collections de laBNQ, en nombre de titres et ennombre d’exemplaires.

Tableau 12.1État des collections de la BNQ (nombre de titres)

Ressources documentaires Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars1999 2000 2001 2002 2003

n

Livres et brochures 300 846 307 770 338 130 352 267 363 859Éditions québécoises et relativesau Québec 181 738 187 933 217 562 231 428 242 230Éditions étrangères 50 984 51 713 52 444 52 715 53 505Fonds Saint-Sulpice 68 124 68 124 68 124 68 124 68 124

Livres d’artistes et ouvragesde bibliophilie 1 742 1 864 1 979 2 117 2 465

Livres anciens illustrés, in-plano,iconographies documentaires 7 862 7 955 7 977 7 979 7 980

Publications gouvernementalesquébécoises 54 296 56 466 58 713 61 523 64 4

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 193

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 12.1 (suite)État des collections de la BNQ (nombre de titres)

Ressources documentaires Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars1999 2000 2001 2002 2003

n

Publications gouvernementalescanadiennes 19 006 19 257 19 467 19 679 19 932

Publications préconfédératives 239 741 768 771 783

Publications en série 33 181 34 220 35 152 36 176 36 868Imprimés Revues 15 464 15 911 16 297 16 695 17 040 Journaux 4 601 4 702 4 809 4 931 5 033 Annuels 12 994 13 485 13 924 14 428 14 795Fonds Saint-Sulpice 122 122 122 122 ..

Microfiches 64 273 64 479 64 683 65 131 65 474

Microfilms 2 628 2 667 2 708 2 746 2 818

Publications électroniques 933 1 239 1 557 2 556 3 531Sur support matériel 933 1 239 1 455 1 785 2 275Diffusées sur Internet .. .. 102 771 1 2561

Partitions musicales .. 96 142 96 336 96 569 97 281

Enregistrements sonores .. 14 030 15 716 17 586 19 401Cassettes audio .. 2 103 2 304 2 454 2 576Disques compacts .. 3 182 3 917 4 916 5 998Disques en vinyle .. 8 745 9 495 10 216 10 827

Documents cartographiques 12 737 12 906 13 035 13 531 13 826Atlas 948 1 056 1 079 1 387 1 502Cartes2 4 984 5 042 5 148 5 340 5 520Microfiches 6 805 6 808 6 808 6 804 6 804

Documents iconographiques .. .. .. .. ..Affiches 6 052 7 094 7 955 9 305 10 375Cartes postales .. .. .. .. ..Estampes 13 213 14 817 16 525 17 917 18 442Reproductions d’œuvres d’art 411 600 661 679 769Fonds d’archives privées 468 468 475 473 4693

Photographies4 .. .. .. .. ..

Total 517 887 642 715 681 837 707 005 728 702

1. Au 31 mars 2003, 1 727 publications diffusées sur Internet avaient été recueillies en dépôt légal et stockées sur les serveurs de la Bibliothèque.De ce nombre, 1 256 titres avaient fait l’objet d’un enregistrement dans la base de données Iris. Il s’agit exclusivement de monographies et depublications en série publiées par le gouvernement du Québec.

2. Le nombre de cartes correspond au nombre de monographies et de cartes en série.3. Certains fonds ont été fusionnés, d’où la baisse de quatre titres par rapport à l’année précédente.4. La base de données Iris ne contient pas l’information relative au nombre de titres.

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194 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 12.2État des collections de la BNQ (nombre d’unités matérielles1)

Ressources documentaires Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars1999 2000 2001 2002 2003

n

Livres et brochures 509 447 524 226 537 767 637 967 660 239Éditions québécoises et relativesau Québec 353 550 367 558 387 339 478 984 500 425Éditions étrangères 64 780 65 551 59 311 67 866 68 697Fonds Saint-Sulpice 91 117 91 117 91 117 91 117 91 117Livres d’artistes et ouvragesde bibliophilie 2 485 2 553 3 093 3 354 3 776Livres anciens illustrés, in-plano,iconographies documentaires 13 831 13 929 13 951 13 953 13 954Publications gouvernementalesquébécoises 302 789 314 021 317 793 336 475 349 275Publications gouvernementalescanadiennes 84 181 86 991 88 922 91 001 93 197Publications préconfédératives 259 900 917 874 920Publications en série 2 180 532 2 238 929 2 330 029 2 353 893 2 430 460Imprimés Revues 1 011 611 1 044 333 1 079 364 1 112 666 1 142 310 Journaux 1 084 349 1 104 675 1 156 671 1 142 943 1 177 954 Annuels 74 126 79 475 83 548 87 836 91 404Fonds Saint-Sulpice 10 446 10 446 10 446 10 448 18 792Microfiches 344 317 347 002 347 947 350 549 351 474Microfilms 36 100 36 550 37 020 55 822 56 194Publications électroniquesSur support matériel 2 949 3 454 4 013 4 942 6 699Diffusées sur Internet … … … … …Partitions musicales 101 092 96 145 96 487 103 430 104 337Enregistrements sonores 41 813 22 2722 25 9032 29 6042 32 7662

Cassettes audio … 3 932 4 315 4 628 4 899Disques compacts … 6 044 7 453 9 472 11 492Disques en vinyle … 12 296 14 135 15 504 16 375Documents cartographiques 64 588 63 338 56 857 94 052 95 185Atlas 1 039 1 482 1 531 2 308 2 918Cartes 51 901 50 208 43 678 80 060 80 583Microfiches 11 648 11 648 11 648 11 684 11 684Documents iconographiques 58 333 82 812 90 894 98 702 103 667Affiches 8 549 10 201 11 634 14 383 15 649Cartes postales 28 481 48 368 52 416 55 275 57 973Estampes 20 892 23 101 25 581 27 744 28 564Reproductions d’œuvres d’art 411 1 142 1 263 1 300 1 481Fonds d’archives privées(en mètres linéaires) 917 941 960 981 992Photographies 33 797 33 797 33 797 33 797 33 797

Total3 3 776 513 3 866 919 3 985 490 4 208 415 4 335 940

1. Une unité matérielle représente la plus petite unité documentaire distincte, par exemple chaque volume d’une publication en trois volumes ouchaque numéro d’une revue.

2. Cette collection comprend également des documents supplémentaires en instance de traitement. En 2002, par exemple, il restait environ15 000 exemplaires de disques 45 tours et 11 000 exemplaires de disques 78 tours à traiter.

3. Le nombre d’unités matérielles des fonds d’archives n’est pas inclus dans ce total.

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 195

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les types de ressources docu-mentaires dont la BNQ possèdele plus grand nombre de titressont les livres et brochures, lespartitions musicales, les microfi-ches, les publications gouver-nementales québécoises et lespublications en série. Un nou-veau type de ressources s’estajouté en 2000-2001 : les publi-cations électroniques diffuséessur Internet. C’est en effet aucours de cette période que ledépôt légal des publicationsgouvernementales diffusées surInternet a été amorcé.

Les collections de la Bibliothèquenationale s’enrichissent grâce àdifférents modes d’acquisition dedocuments : le dépôt légal, lesachats, les dons et les échanges.

Les documents suivants sont sou-mis au dépôt légal, et ce, depuisl’année mentionnée entre paren-thèses :

• Affiches (1992)• Brochures (1968)• Cartes et plans (1980)• Cartes postales (1992)• Publications électroniques (1992)2• Enregistrements sonores (1992)• Estampes (1992)• Journaux (1968)• Livres (1968)• Livres d’artistes (1968)• Logiciels (1992)• Microformes (1992)• Partitions musicales (1968)• Publications annuelles (1968)• Reproductions d’œuvres d’art

(1992)• Revues et magazines (1968)

Le Règlement sur le dépôt desdocuments publiés (c. B-2.1, r. 0.1)précise que les documents demoins de 249,99 $ sont dépo-sés à la Bibliothèque en deuxexemplaires, ceux de 249,99 $à 5 000,01 $, en un exem-plaire. Pour ce qui est des docu-ments dont le prix est supérieur,le dépôt est facultatif. Les fondsd’archives privées, tout commeles reliures d’art et les livres an-ciens, ne sont pas soumis audépôt légal. La Bibliothèquecomplète ses collections par desachats, elle reçoit des dons etprocède également à des échan-ges avec d’autres institutions do-cumentaires.

Le tableau 12.3 présente endétail les acquisitions faites en2002-2003 et une synthèse desacquisitions des quatre annéesantérieures. Nous remarquonsune augmentation quasi cons-tante du nombre de titres delivres et de brochures reçus ouachetés par la Bibliothèquedepuis la période 1998-1999.

Le nombre de microdocuments afortement augmenté en 1999-2000en raison d’une acquisition mas-sive de publications en série qué-bécoises provenant de l’Institutcanadien de microreproductionshistoriques (ICMH).

Mentionnons que la Bibliothèquea reçu un grand nombre decartes géographiques des Archi-ves nationales du Québec en1999-2000 et, pendant la

période 2000-2001, de l’Institutnational de la recherche scientifi-que (INRS). Ces dons expliquentla grande variation du nombrede cartes géographiques quel’on observe au tableau 12.3.On remarque aussi une impor-tante acquisition de cartes posta-les en 1999-2000, période aucours de laquelle la Bibliothèquea acheté, auprès d’un collection-neur, près de 18 000 cartespostales éditées entre 1950 et2000. Ce type de documentsn’est soumis au dépôt légal quedepuis 1992, et les acquisitionsdes cartes postales parues avantcette date peuvent varier sensi-blement d’une année à l’autre.En 2000-2001, une participationplus soutenue des producteursde cartes postales publicitaires apermis un ajout substantiel de cesdocuments représentant diversesmunicipalités du Québec.

Les données des trois dernièresannées permettent également deconstater une augmentation desacquisitions d’affiches par rapportaux années antérieures. L’accrois-sement de la quantité et de ladiversité des affiches résulte enbonne partie des interventionssoutenues du personnel de laBibliothèque, au moyen principa-lement de contacts par courrierélectronique auprès des person-nes concernées par la produc-tion de ce type de documents.Signalons aussi le nombre impor-tant d’affiches reçues de la Placedes Arts pendant la période2000-2001.

2. L’implantation du dépôt légal des publications diffusées sur Internet par le gouvernement du Québec a débuté en février 2001.

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196 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 12.3Nombre d’acquisitions (titres), de 1998-1999 à 2002-2003

Ressources 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003 Dépôt légal Achats Dons etdocumentaires 2002-2003 2002-2003 échanges

2002-2003

n

Livres et brochures 12 895 14 265 18 172 17 454 20 676 10 486 6 230 3 960Imprimés 12 600 13 927 16 790 16 726 15 083 9 844 1 280 3 959Microdocuments 78 74 1 051 56 4 970 23 4 947 ...Publications électroniquessur support matériel 217 264 271 245 269 265 3 1Publications diffuséessur Internet ... ... 60 427 354 354 ... ...

Publications en série1

(titres) 1 138 1 800 1 201 1 406 1 404 1 3782 26 ...

Publications en série1

(unités matérielles) 20 642 5 519 11 075 11 265 12 738 ... 681 12 057Imprimés (titres) 1 085 1 148 1 084 1 128 1 223 1 223 ... ...Imprimés(unités matérielles) 20 642 5 519 11 075 11 265 12 738 ... 681 12 057 Revues 455 434 380 379 407 407 ... ... Journaux 103 93 93 90 91 91 ... ... Annuels 527 621 611 659 725 725 ... ...Autres documents Microdocuments 14 643 64 25 42 16 26 ... Publications électroniques sur support matériel 39 9 11 11 8 8 ... ... Publications diffusées sur Internet ... ... 423 242 131 131 ... ...

Livres d’artistes etouvrages de bibliophilie 246 134 103 181 134 76 45 13

Albums d’estampes 14 10 11 2 4 1 3 0Reliures d’art4 .. 4 3 – .. ... ... ...

Livres anciens4 10 2 2 4 3 ... ... 3

Cartes géographiques 80 .. .. .. .. .. .. .. Imprimés 58 ... ... 87 261 184 60 17 Microdocuments 22 .. .. .. .. .. .. ..

Partitions musicales 210 260 180 274 212 178 33 1Enregistrementssonores 1 794 5 388 2 212 1 304 1 557 1 001 92 464Documentsiconographiques 3 850 23 121 7 546 5 569 5 255 2 298 813 2 144 Affiches 466 635 3 663 939 1 383 1 016 – 367 Cartes postales 640 19 887 1 305 2 622 1 841 857 320 664 Estampes 2 704 2 462 2 517 1 997 1 950 344 493 1 113 Reproductions d’œuvres d’art 40 137 61 11 81 81 – –

Fonds d’archivesprivées4 (en mètres linéaires) 19,68 23,68 19,00 21,63 10,49 ... 1,76 8,73

1. Les unités matérielles (u. m.) représentant le nombre de revues et de journaux acquis par achat ou par don.2. Comprenant les nouveaux titres de publications en série (imprimés, microdocuments, documents électroniques et publications diffusées sur

Internet).3. Le dépôt légal des publications du gouvernement du Québec diffusées sur Internet a débuté en février 2001.4. Non soumis au dépôt légal.

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 197

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Au 31 mars 2003, la BNQcomptait 11 974 abonnementscourants reçus par dépôt légal,achat, don ou échange. Cenombre est en légère diminutionde 1999 à 2003 (de l’ordre de10,5 %), mis à part une légèreaugmentation en 2001-2002.Cette variation reflète principale-ment celle du nombre de titresreçus en dépôt légal. Mention-nons que les publications annuel-les représentent une part impor-tante des abonnements (tableau12.4).

À la Direction générale de laconservation, les activités de trai-tement documentaire, dont certai-nes statistiques apparaissent autableau 12.5, regroupent la des-cription bibliographique, l’indexa-tion et la classification des docu-

ments reçus en dépôt légal ouacquis par don, achat ouéchange.

Les monographies de l’éditionquébécoise courante, rétrospec-tive, et de l’édition étrangèrerelative au Québec représententplus de 50 % des titres traités. Lenombre de titres traités dans lescollections spéciales est moinsélevé, en raison d’un plus faiblevolume de publication ou d’unetradition de dépôt légal moinssolidement implantée auprès deséditeurs. En effet, les affiches, lesestampes, les reproductionsd’œuvres d’art, les cartes posta-les, les enregistrements sonores,les microformes, les logiciels etles publications électroniques sontsoumis au dépôt légal depuis

1992 seulement, tandis que ledépôt légal des publicationsgouvernementales diffusées surInternet a été amorcé en 2001.

Par ailleurs, le Programme cana-dien de catalogage avant publi-cation (CIP), administré au Qué-bec par la BNQ, permet decataloguer les monographiesavant leur publication et de rendredisponibles les données biblio-graphiques dans le livre ainsi quedans les bases de données Iris(Bibliothèque nationale du Qué-bec) et Amicus (Bibliothèquenationale du Canada). Un totalde 2 233 demandes ont étéreçues à la Bibliothèque pendantla période 2002-2003 de lapart des 269 éditeurs québécoisparticipants.

Tableau 12.4Abonnements courants

Ressources Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Au 31 mars Dépôt Achats Dons etdocumentaires 1999 2000 2001 20021 2003 légal échanges

n

Publications en sérieImprimés2 363 369 377 385 408 – 91 317 Revues 4 100 4 208 4 458 4 715 4 726 4 726 – – Journaux 803 827 907 959 935 935 – – Annuels 7 811 6 859 6 379 6 425 5 624 5 624 – –Microdocuments 193 190 187 193 195 192 3 –Publications électroniquessur support matériel 107 84 90 81 86 72 10 4Publications diffusées sur Internet3 ... .. .. .. .. .. ... ...

Nombre total d’abonnementscourants selon l’année de référenceet le mode d’acquisition 13 377 12 537 12 398 12 758 11 974 11 549 104 321

1. Unités matérielles représentant le nombre de revues et de journaux acquis par achat ou par don.2. Nombre d’abonnements par achat, don et échange des journaux et revues qui ne sont pas distingués par type de documents. Ce nombre ne

comprend pas les publications annuelles (celles-ci seront incluses lorsque l’informatisation du catalogue des périodiques sera achevée).3. Le nombre d’abonnements à des publications en série diffusées sur Internet au 31 mars 2003 est de 138. Ces publications du gouvernement du

Québec sont déposées sur nos serveurs, mais ne sont pas complètement traitées.

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198 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 12.5Nombre de titres traités (Direction du traitement documentaire de la collection patrimoniale)

Catégorie de documents 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Monographies courantes 7 184 7 020 8 505 8 118 7 012Monographies rétrospectives 746 494 642 950 1 142Monographies étrangères 891 587 677 733 669Publications gouvernementalesquébécoises 1 977 1 968 1 925 1 715 1 813Publications gouvernementalesfédérales 342 260 394 498 275Microformes 216 184 164 284 340Publications en série 1 424 1 438 1 404 1 298 1 612Documents cartographiques 98 103 166 225 191Musique imprimée 532 567 300 355 726Enregistrements sonores 1 539 1 591 1 713 2 015 1 881Estampes 2 777 1 484 1 820 1 229 404Reproductions d’œuvres d’art .. 595 1 49 3Affiches 1 105 1 125 712 1 323 176Publications électroniquessur support matériel 262 283 289 292 101Publications diffuséessur Internet ... ... 36 346 128

Total 19 093 17 699 18 748 19 430 16 473

En plus des collections actuellesde la Bibliothèque dont nousavons fait état précédemment,plus de 110 000 livres avaientdéjà été acquis au 31 mars2003 en vue de constituer lacollection de prêt et de référencequi sera offerte à la GrandeBibliothèque. À la même date,près de 90 000 titres avaient ététraités par la BNQ et ses parte-naires, les Services documentai-res multimédia et les Servicestechniques coopératifs du Centrerégional de services aux biblio-thèques publiques (CRSBP) duCentre-du-Québec/Lanaudière/Mauricie.

La figure 12.1 présente la com-position des collections qui se-ront offertes à la Grande Biblio-thèque.

Figure 12.1Composition des collections qui seront offertes à la Grande Bibliothèque

INLB et La Magnétothèque2 %

Nouvelles acquisitions21 %

Bibliothèque centralede Montréal

33 %

Bibliothèquenationale

44 %

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 199

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

La sauvegardedes collections

La Bibliothèque a égalementpour mission de sauvegarder lepatrimoine documentaire québé-cois, et elle le fait de différentesmanières :

• par la préservation, qui con-siste en un traitement préventifdes documents;

• par la restauration, soit un trai-tement curatif qui vise à recons-tituer les documents abîmés;

• par la reproduction (micropho-tographie ou photographie);

• par l’entreposage des docu-ments dans des conditions fa-vorables, dans les réserves.

La préservation

Le tableau 12.6 présente les acti-vités de préservation. On remar-que une importante augmenta-tion du nombre de reliureseffectuées à l’extérieur afin depréparer les collections qui se-ront disponibles en libre accèsdans la Grande Bibliothèque.Mentionnons qu’une évaluationsystématique de l’état physiquedes collections de conservationet de diffusion a été effectuée aucours des périodes 2000-2001et 2001-2002. Par ailleurs, ladiminution des opérations dedésacidification s’explique par laréduction du budget alloué àcette activité.

Les écarts positifs importants en-tre les activités de restaurationeffectuées au cours des périodes1999-2000 et 2000-2001 sontattribuables au fait que la Sectionde la restauration a fonctionnétoute l’année en 2000-2001,comparativement à quatre moisen 1999-2000 (tableau 12.7).

La participation du secteur de larestauration à la préparation desexpositions, notamment en ce quiconcerne les rapports d’étatavant et après les expositions, laconception des supports appro-priés et l’établissement de recom-mandations quant aux conditionsd’exposition des collections expli-quent l’augmentation du nombred’heures consacrées à la mise enboîte et à la mylarisation, de mêmequ’à l’expertise et à l’évaluation.

Tableau 12.6Préservation des documents

Opération 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Préparation matérielle1 14 551 14 274 14 014 16 049 12 226Préservation2 4 947 4 499 4 303 3 161 2 470Réparation mineure 5 881 8 360 1 311 1 470 966Réparation majeure 326 270 271 250 584Reliure à l’interne 10 – 2 1 15Reliure à l’extérieur 1 249 832 940 917 2 317Évaluation .. .. 50 408 184 536 –Emballage3 .. .. 721 1 241 794Désacidification4 14 986 14 884 14 911 9 730 5 865

1. Préparation matérielle : Série d’opérations (apposition d’une cote, d’un ex-libris ou d’un sceau, d’une pochette pour la fiche de prêt et autres)réalisées pour les besoins de circulation des documents de diffusion.

2. Préservation : Ensemble de mesures préventives qui visent à protéger les documents et leur contenu, sans leur faire subir de traitement physiqueni chimique. Ces mesures préventives empêchent ou interrompent le processus de détérioration.

3. Emballage : Processus qui permet d’ensacher les documents fragiles afin de les protéger lors de manipulations ou de renforcer des feuillets nonreliés.

4. Désacidification : Processus qui permet de neutraliser les acides présents dans le papier et de fournir une réserve alcaline suffisante pour prévenirles attaques ultérieures d’acidité.

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200 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

La reproduction –microphotographie

La microphotographie consiste enla création de microfiches et demicrofilms qui sont utilisés pour laconsultation des documents, cequi permet de protéger les origi-naux. Le tableau 12.8 donne unaperçu de l’évolution des activitésde microphotographie au coursdes cinq dernières années.

Tableau 12.7Restauration des documents

Opération 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

heures

Nettoyage 22,00 59,50 197,00 137,50Adhésif 30,00 90,00 91,00 293,00Dos acide 26,00 62,50 59,00 105,00Lavage 38,00 73,75 42,00 9,00Préparation de solution 12,00 13,00 15,50 14,50Marouflage1 31,00 64,75 20,00 16,00Réparation 29,00 280,50 237,00 262,50Aplatissage2 29,00 62,25 94,00 69,50Boîtes et mylarisation3 ... ... 76,00 148,50Expertise et évaluation 48,00 62,50 14,50 245,50

1. Marouflage : Procédé de renforcement du document à l’aide de papier japon.2. Aplatissage : Procédé permettant d’aplatir les documents ondulés.3. Mylarisation : Procédé permettant d’insérer un document à plat fragile entre deux feuilles de plastique Mylar afin d’en faciliter la manipulation.

Tableau 12.8Nombre d’opérations de microphotographie consacrées àla reproduction de documents

Opération 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Préparation matérielle1 (pages) 187 662 231 450 259 344 203 116 219 020Prise de vue (clichés) 159 929 154 934 133 194 149 339 147 951Développement (bobines) 173 151 137 159 119Duplication (bobines) 932 888 742 1 001 1 115Duplication (microfiches) 1 644 2 124 1 120 996 1 119

1. Préparation matérielle : Inventaire des documents page par page.

La reproduction –photographie

La photographie est une autretechnique de reproduction desdocuments. L’examen du tableau12.9 permet de constater l’impor-tance de la numérisation : le nom-bre d’images numérisées a fait unbond de 42,76 % au cours de ladernière année. On note aussi

une progression intéressante de lademande, de la part des usagers,de photographies reproduites surdes disques compacts.

La vente de produits micro-photographiques et photographi-ques a généré des recettes de22 644,11 $ en 2002-2003.

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 201

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 12.9Nombre d’opérations de photographie consacrées à la reproduction de documents

Opération 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Prises de vues 3 689 9 204 5 389 4 236 3 845Films sensibilisés1 161 282 178 28 70Films développés en noir et blanc1 173 266 22 8 –Épreuves2 826 3 011 1 931 676 777Images numérisées .. .. 1 798 6 003 8 570Produits finis Photographies et fac-similés noir et blanc 809 224 185 69 123 Photographies couleur 1 523 4 117 2 639 3 107 Copies laser couleur 5 886 7 483 4 452 1 170 1 504 Diapositives 460 2 411 374 108 247 Images numériques 155 432 1 443 1 436 7 729 Disques compacts 5 16 57 79 185

1. Comprend des films en feuilles et en rouleaux, noir et blanc et en couleur.2. Comprend des photos noir et blanc, fac-similés noir et blanc et copies laser couleur et diapositives.

L’entreposage des documentsdans les réserves

Notons enfin que 70 082 unitésmatérielles de documents se sontajoutées dans les réserves en2002-2003, ce qui constitue untotal de 3 072 586 documentset de 991,77 mètres linéaires defonds d’archives privées.

Le personnel

Nombre d’employéset caractéristiques

Les tableaux 12.10 et 12.11illustrent bien l’augmentation dupersonnel de 2001 à 2003 enraison, d’une part, de la fusionde la Bibliothèque nationale duQuébec et de la Grande Biblio-thèque du Québec le 4 mars2002 et, d’autre part, de l’essorimportant que connaît la Biblio-

Tableau 12.10Effectif de la Bibliothèque en équivalents temps complet (ETC),au 31 mars 2003

Corps d’emploi Nombre d’employés Pourcentage(ETC)

n %

Cadres 23 9,4Professionnels 55 22,5 Bibliothécaires 32 … Autres professionnels 23 …

Techniciens 53 21,6 Bibliotechniciens 35 … Autres techniciens 18 …

Personnel de soutien 42 17,1

Surnuméraires et occasionnels 72 29,4

Total 245 100,0

thèque. En effet, l’enrichissementet le traitement massifs des col-lections ainsi que la planificationdes nouveaux services qui serontofferts à la clientèle lors del’ouverture de la Grande Biblio-thèque s’ajoutent aux activités

habituelles de l’institution et néces-sitent un accroissement importantdes ressources humaines. Cettecroissance se poursuivra aucours des périodes 2003-2004et 2004-2005.

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202 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 12.11Effectif de la Bibliothèque (nombre de personnes)

Corps d’emploi Nombre d’employés Nombre d’employés Nombre d’employésSeptembre 2001 Juin 2002 Juillet 2003

n

Cadres 7 18 26

Professionnels 43 72 83 Bibliothécaires 28 43 52 Autres professionnels 15 29 31

Techniciens 50 77 90 Bibliotechniciens 39 62 74 Autres techniciens 11 15 16

Personnel de soutien 41 54 58

Total 141 221 257

Statut d’emploi, formationet rémunération

Le tableau 12.12 indique larépartition du personnel selon lestatut d’emploi, à trois dates pré-cises. La formation requise pouroccuper un poste de bibliothé-caire consiste en une maîtrise enbibliothéconomie et sciences del’information. En ce qui concerneles autres postes de profession-

nels, des études de premier cycleuniversitaire sont demandées. Lestechniciens doivent être titulairesd’un diplôme d’études collégia-les, par exemple en techniquesde la documentation pour occu-per un poste de bibliotechnicien.

Le tableau 12.13 présente lepourcentage d’employés qui re-çoivent un salaire donné, selonleur corps d’emploi. On remar-

que que plus du tiers (34,62 %)des bibliothécaires gagnent en-tre 60 000 $ et 69 999,99 $,et que ce pourcentage est de54,84 % pour ce qui est desautres professionnels. La majeurepartie des techniciens reçoivententre 50 000 $ et 59 999,99 $,tandis que 55,17 % des employésde soutien perçoivent entre30 000 $ et 39 999,99 $ parannée.

Tableau 12.12Nombre d’employés selon le statut d’emploi

Statut Septembre 2001 Juin 2002 Juillet 2003

n

Permanents 122 155 179Occasionnels 19 66 78

Total 141 221 257

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 203

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 12.13Rémunération du personnel en pourcentage, selon le corps d’emploi (juillet 2003)

Salaire Cadres Professionnels Techniciens Employésde soutien

Bibliothécaires Autres Bibliotechniciens Autresprofessionnels techniciens

%

Moins de 30 000 $ – – – 35,1 – 43,130 000 $ - 39 999,99 $ – 26,9 – 20,3 31,3 55,240 000 $ - 49 999,99 $ – 21,2 19,4 44,6 68,8 1,750 000 $ - 59 999,99 $ – 17,3 19,4 – – –60 000 $ - 69 999,99 $ – 34,6 54,8 – – –70 000 $ et plus 100,0 – 6,5 – – –

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Bibliothèque nationale du Québec.

Figure 12.2Rémunération du personnel (données globales)

Globalement, c’est dans les tran-ches de salaire qui se situententre 30 000 $ et 49 999,99 $que l’on trouve près de la moitiédes employés, soit 49,8 % des257 employés que comptaitla Bibliothèque en juillet 2003(figure 12.2).

Revenus et dépenses(fonctionnement etcapital)

Au tableau12.14, nous remar-quons une augmentation impor-tante des revenus en 2002-2003 en raison principalementdu fonds de démarrage. Cefonds sert à compiler les transac-tions touchant les décrets desacquisitions de document, dutraitement de document, du déve-loppement informatique et de laconstruction de l’édifice de diffu-sion, décrets octroyés pour lamise en place de la nouvellemission de la Bibliothèque natio-nale du Québec.

La plus grande source de revenuest constituée des subventionsdu gouvernement du Québec(22 110 625 $ en 2002-2003),tandis que les principales dépen-ses sont les traitements et lesavantages sociaux (11 946 074 $),les services professionnels, admi-nistratifs et autres (2 916 774 $)et les acquisitions de publications

(1 417 464 $ en dons et en achatspour la collection patrimoniale).Les revenus et les dépenses sontplus importants en 2002-2003en raison des décrets touchant laconstruction du nouvel édifice etde la fusion de la Bibliothèquenationale du Québec et de laGrande Bibliothèque du Québec.

70 000 $ et plus10,9 %

De 60 000 à 69 999,99 $13,6 %

De 50 000 à 59 999,99 $5,8 %

De 40 000 à 49 999,99 $24,1 % De 30 000 à 39 999,99 $

25,7 %

Moins de 30 000 $19,8 %

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204 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 12.14Revenus et dépenses1

1998-19992 1999-2000 2000-2001 2001-20023 2002-2003

$

Revenus 11 850 786 12 188 563 12 858 950 11 647 723 22 110 625 Fonctionnement .. 10 392 010 11 156 773 10 131 690 17 870 314 Immobilisation .. 1 796 553 1 702 177 1 516 033 1 513 045 Fonds de démarrage .. – – – 2 727 266

Subventions du gouvernement du Québec Fonctionnement 9 079 189 8 943 566 8 891 556 8 996 100 16 369 397 Fonctionnement .. 8 826 356 8 879 061 8 972 283 16 369 397 Immobilisation .. 117 210 12 495 23 817 – Équité salariale .. .. .. .. 17 057 Fonctionnement .. .. .. .. 17 057 Intérêts sur la dette à long terme 1 072 063 1 029 447 996 126 891 529 910 064 Immobilisation .. 1 029 447 996 126 891 529 910 064 Amortissement des subventions reportées 638 504 649 896 693 556 600 687 3 363 736 Fonctionnement .. – – – 33 489 Immobilisation .. 649 896 693 556 600 687 602 981 Fonds de démarrage .. – – – 2 727 266

Dons relatifs à la collection patrimoniale 613 679 1 255 201 1 775 411 762 649 905 469 Fonctionnement .. 1 255 201 1 775 411 762 649 905 469

Ventes de biens et services 357 510 214 949 413 168 335 813 440 151 Fonctionnement .. 214 949 413 168 335 813 440 151 Intérêts sur dépôts bancaires 89 841 95 504 89 133 60 945 104 751 Fonctionnement .. 95 504 89 133 60 945 104 751

Dépenses 11 956 699 12 219 255 12 969 077 10 906 219 21 537 930 Fonctionnement .. 10 390 558 11 164 617 9 323 005 16 488 573 Immobilisation .. 1 828 697 1 804 460 1 583 214 2 322 091 Fonds de démarrage .. – – – 2 727 266

Traitements et avantages sociaux 5 837 544 5 947 972 6 106 425 6 049 769 11 946 074 Fonctionnement .. 5 947 972 6 106 425 6 049 769 10 422 863 Fonds de démarrage .. – – – 1 523 211

Services professionnels, administratifs et autres 1 063 297 817 297 686 598 447 587 2 916 774 Fonctionnement .. 817 297 686 598 447 587 1 932 576 Fonds de démarrage .. – – – 984 198

Loyer 761 666 650 282 669 285 616 961 1 202 585 Fonctionnement .. 650 282 669 285 616 961 1 202 585

Transport et communications 328 674 332 739 468 515 367 695 772 894 Fonctionnement .. 332 739 468 515 367 695 772 894 Fonds de démarrage .. – – – –

Fournitures et approvisionnements 432 181 436 426 457 290 365 154 898 163 Fonctionnement .. 436 426 457 290 365 154 733 247 Fonds de démarrage .. – – – 164 916

Perte sur disposition d’actif .. .. .. .. 1 553 Immobilisation .. .. .. .. 1 553

Frais financiers 1 110 846 1 068 942 1 034 510 927 234 1 008 355 Fonctionnement .. – – – 7 039 Immobilisation .. 1 068 942 1 034 510 927 234 948 834 Fonds de démarrage .. – – – 52 482

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 205

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 12.14 (suite)Revenus et dépenses1

1998-19992 1999-2000 2000-2001 2001-20023 2002-2003

$

Amortissement des immobilisations 684 063 759 755 769 746 655 980 1 374 068 Immobilisation .. 759 755 769 746 655 980 1 371 704 Fonds de démarrage .. – – – 2 364 Entretien et réparation4 368 629 361 536 374 252 361 189 ... Fonctionnement .. 361 536 374 252 361 189 ... Animation et promotion5 138 532 105 462 110 309 73 024 ... Fonctionnement .. 105 462 110 309 73 024 ... Autres 46 695 638 3 603 4 770 ... Fonctionnement .. 638 3 399 4 770 ... Immobilisation .. – 204 – ... Collection patrimoniale Dons 613 679 1 255 201 1 775 411 762 649 905 469 Fonctionnement .. 1 255 201 1 775 411 762 649 905 469 Achats 570 893 483 005 513 133 274 207 511 995 Fonctionnement .. 483 005 513 133 274 207 511 995

Excédent des revenus sur les dépenses -105 913 -30 692 -110 127 741 504 572 695 Fonctionnement .. 1 452 -7 844 808 685 1 381 741 Immobilisation .. -32 144 -102 283 -67 181 -809 046

1. Les données tiennent compte des ajustements ou corrections qui ont pu être effectués et publiés dans le rapport annuel de l’année subséquente,ce qui explique pourquoi le lecteur pourra parfois remarquer une différence entre les montants mentionnés dans le rapport annuel d’une annéedonnée et le tableau 12.14.

2. Avant l’exercice financier 1999-2000, les dépenses d’immobilisation n’étaient pas distinguées des dépenses de fonctionnement.3. L’information relative à l’année financière 2001-2002 est donnée jusqu’au 3 mars 2002, veille de la fusion de la Grande Bibliothèque du

Québec et de la Bibliothèque nationale du Québec, afin de ne pas inclure le budget de la Grande Bibliothèque du Québec durant toute lapériode 2001-2002, car elle a été une institution distincte pendant plus de 11 mois au cours de cette période.

4. Ces dépenses sont incluses dans le poste Services professionnels, administratifs et autres pour 2002-2003.5. Ces dépenses sont incluses dans le poste Transport et communications pour 2002-2003.

Transactions

Transactions informationnelles(demandes d’information,références, etc.)

Les demandes de renseignementet de référence parviennent aupersonnel de la Bibliothèque na-tionale du Québec par téléphone,par écrit (courriel ou télécopieur)et sont, bien sûr, formulées par laclientèle lors des visites à l’uneou l’autre des salles de lecture dela Bibliothèque. En 2002-2003,10 809 demandes ont été faitessur place, 10 281 par téléphone

et 7 411 par correspondance.On remarque une certaine dimi-nution du nombre de demandesdepuis les cinq dernières années,celles-ci passant de 38 852 en1998-1999 à 28 501 en 2002-2003. La majorité des deman-des concerne la collection deslivres et ouvrages de référence;viennent ensuite les demandesrelatives à la collection des re-vues, journaux et publicationsgouvernementales, celles qui onttrait aux collections spéciales etles demandes portant sur les ar-chives privées (tableau 12.15).

Consultation des ressourcesdisponibles sur le siteInternet de la BNQ

La diminution du nombre dedemandes de renseignement etde référence peut s’expliquernotamment par la présence debon nombre de ressources et derenseignements sur le site Webde la Bibliothèque et sur l’Interneten général. En effet, il est possi-ble d’accéder, à distance ou àpartir des postes informatiquesplacés dans les salles de lecture,au catalogue multimédia Irisainsi qu’aux collections numéri-ques de la BNQ. Celles-ci re-

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206 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 12.15Demandes de renseignement et de référence

Lieu 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Édifice Saint-Sulpice :livres et ouvrages de référence 20 774 21 400 18 828 17 448 14 194Édifice Ægidius-Fauteux : revues, journauxet publications gouvernementales 14 820 13 514 11 933 11 608 10 896Édifice de la rue Holt 3 258 2 836 3 270 3 546 3 411Collections spéciales 2 490 2 223 2 632 2 974 2 933Archives privées 768 613 638 572 478

Total 38 852 37 750 34 031 32 602 28 501

groupent les affiches, cartes etplans, cartes postales, enregistre-ments sonores, estampes, livres etpartitions musicales, albums derues Édouard-Zotique-Massicotte(portant sur Montréal) et illustra-tions provenant de revues publiéespendant la période 1870-1907.Deux répertoires donnent égale-ment accès à des sites et à desressources de référence surInternet : le Répertoire des sitesWeb de référence du Québec,d’une part, et BREF, bibliothèquede référence électronique pourles ressources sur Internet, d’autrepart. BREF est un outil documen-

taire réalisé en partenariat avecles bibliothèques publiques qué-bécoises.

Au premier semestre de la pé-riode 2003-2004, les internautes

ont effectué au total 868 232sessions de consultation du sitede la BNQ. La figure 12.3 illus-tre la fréquentation moyenne parjour au cours des mois d’avril àseptembre 2003.

Figure 12.3Statistiques du site Internet de la BNQ : fréquentation moyenne par jourdu premier semestre 2003-2004

Illustrations : Patkau/Coft-Pelletier/Menkës Shooner Dagenais,architectes associés

24 56126 433

20 05622 295 22 763

31 082

5 434 5 195 4 270 4 279 3 8485 470

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

n

35 000

Mai Juin Juillet

Pages vues Sessions

Avril Août Septembre

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 207

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les pages les plus consultées audeuxième trimestre 2003 sont cellesqui portent sur les collectionsnumériques de la Bibliothèque,plus particulièrement les cartesgéographiques, les illustrationsde revues publiées de 1870 à1907, les enregistrements sono-res et les livres.

Transactions relativesà la circulationdes documents (prêts)

De manière générale, les deman-des de prêt interne ont légère-ment diminué au cours des der-nières années. On peut penser

que la disponibilité de plus enplus grande de publications surInternet constitue un facteur decette diminution, notamment ence qui concerne les revues, jour-naux et publications gouverne-mentales. Le plus grand nombrede demandes de titres différentsporte sur les cartes postales, leslivres, les microformes et lesdocuments cartographiques. Cesont habituellement les revues quigénèrent le plus de demandes ennombre d’unités matérielles, puis-que chaque nouvelle parution d’unerevue (chaque numéro) constitueune unité matérielle distincte,même s’il s’agit d’un même titre.

On remarque, aux tableaux 12.16et 12.17, un important nombrede prêts de programmes despectacles en 2001-2002. Cetype de documents, non soumisau dépôt légal, comporte notam-ment de nombreux programmesde théâtre parmi lesquels 200ont été sélectionnés et présentéslors de l’exposition « Théâtres auprogramme », qui a eu lieu àl’édifice Saint-Sulpice de la Biblio-thèque nationale du Québec du23 novembre 2001 au 2 février2002. Cent quarante program-mes ont aussi été proposés dansle catalogue de cette exposition.

Tableau 12.16Prêts internes (nombre de titres)

Type de documents 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Livres 28 696 21 733 16 055 14 887 15 892Ouvrages de référence .. .. .. .. ..Revues 5 029 4 758 3 978 3 690 3 377Journaux 3 909 3 333 2 750 2 427 2 093Publications gouvernementales québécoises 2 834 2 524 2 164 1 804 1 964Publications gouvernementales canadiennes 590 492 431 306 261Microformes 13 824 14 918 15 162 15 124 15 030Livres anciens et feuilles volantes 225 201 324 571 305Livres d’artistes, ouvrages de bibliophilie et estampes 600 627 1 523 1 140 1 259Documents cartographiques (cartes et plans) 7 180 7 510 10 192 6 024 5 380Photographies 166 202 156 133 188Archives privées 490 425 462 400 265Musique imprimée et enregistrements sonores 1 033 409 572 1 479 1 035Affiches et iconographies 155 1 215 700 818 588Cartes postales 21 956 22 503 18 303 5 523 29 168Programmes de spectacles – – – 4 518 518Documents électroniques – – – 306 326

Total 86 687 80 850 72 772 59 150 77 649

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208 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Prêts entre bibliothèques

Après une légère diminution en2000-2001, on observe, cesdernières années, une augmen-tation du nombre de demandesde prêt et d’emprunt entre biblio-thèques, soit un total de 2 831demandes en 2002-2003. Lesdemandes proviennent principa-

lement du Québec et de l’Onta-rio. Mentionnons que le nombrede demandes reçues est large-ment supérieur au nombre dedemandes d’emprunt formuléespar la Bibliothèque à d’autresinstitutions. En 2002-2003, parexemple, nous avons reçu 2 711demandes de prêt alors que laBibliothèque a emprunté 120

documents. Ces chiffres reflètentbien le rôle de la Bibliothèquenationale du Québec, qui agitcomme bibliothèque-ressourceauprès des institutions documen-taires dont la clientèle et le per-sonnel désirent consulter le patri-moine documentaire québécois(tableau 12.18).

Tableau 12.17Prêts internes (nombre d’unités matérielles)

Type de documents 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Livres 30 639 22 875 16 886 16 014 16 659Ouvrages de référence 16 880 10 571 8 243 8 993 7 592Revues 56 904 70 448 52 269 57 201 36 699Journaux 53 956 53 863 35 716 24 725 25 466Publications gouvernementales québécoises 44 073 34 908 20 785 13 047 9 236Publications gouvernementales canadiennes 3 517 3 233 3 259 2 721 3 232Microformes 37 315 41 753 40 736 39 979 39 930Livres anciens et feuilles volantes 410 308 455 934 375Livres d’artistes, ouvrages de bibliophilie et estampes 613 630 1 319 1 097 1 257Documents cartographiques (cartes et plans) 9 170 7 510 10 192 11 045 10 880Photographies1 1 298 1 982 2 256 1 811 2 389Archives privées1 3 462 2 101 2 082 1 829 1 820Musique imprimée et enregistrements sonores 1 138 409 572 463 1 061Affiches et iconographies 155 1 145 700 817 588Cartes postales 25 837 24 293 19 198 5 523 29 558Programmes de spectacles – – – 4 527 964Documents électroniques – – – 519 697

Total 285 367 276 029 214 668 191 245 188 403

1. Les unités matérielles (ou unités physiques) pour les archives et les photographies peuvent comprendre des boîtes, des dossiers ou des documents.

Tableau 12.18Demandes de prêt et d’emprunt entre bibliothèques

Territoire 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003 Prêt Emprunt2002-2003 2002-2003

n

Région de Montréal 373 458 346 506 526 490 36Le Québec (à l’exceptionde Montréal) 931 889 929 1263 1636 1608 28Ontario 199 213 115 295 269 235 34Autres provincescanadiennes 46 45 30 197 170 164 6États-Unis 32 26 28 54 66 61 5Autres pays 55 59 41 70 164 153 11

Total 1636 1690 1489 2385 2831 2711 120

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC CHAPITRE 12 • 209

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

L’augmentation notable du nom-bre de prêts entre bibliothèquesà partir de 2001-2002 peuts’expliquer par plusieurs fac-teurs : des efforts particuliers depromotion et d’information sur leservice ont été déployés par lepersonnel, de nouveaux modesde fonctionnement ont été mis enplace, des projets de rechercheont favorisé la collaboration entrela BNQ et d’autres institutionsdocumentaires (notamment laBibliothèque de l’Assembléenationale), et on a pu constaterune augmentation du nombrede bibliothèques québécoises etétrangères qui utilisent le servicede prêt entre bibliothèques (figure12.4).

Plus de 75 % des demandes deprêt et d’emprunt ont pu êtresatisfaites, que ce soit par l’envoide documents originaux ou en-core de photocopies ou de docu-ments microfilmés. Des donnéessont compilées sur les demandessatisfaites selon les principauxtypes de documents (tableau12.19); elles sont représentativesde la demande reçue.

Figure 12.4Provenance des demandes de prêt et d’emprunt entre bibliothèquesen 2002-2003

Région de Montréal18,6 %

Province de Québec(à l’exceptionde Montréal)

57,8 %

Ontario9,5 %

Autres provinces canadiennes6,0 %

États-Unis2,3 %

Autres pays6,8 %

Tableau 12.19Prêts et emprunts satisfaits

1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Prêts 1 148 1 201 1 051 1 691 2 012Monographies 794 767 645 964 954Publications en série 354 434 406 727 1 058Emprunts 75 71 63 85 121

Total des prêts et des emprunts 1 223 1 272 1 114 1 776 2 133

Activités de promotionet de relations publiques

La Bibliothèque nationale orga-nise chaque année de nombreu-ses activités d’animation et depromotion. Elle présente réguliè-rement les ressources et les servi-ces offerts à la Bibliothèque lorsde différents salons du livre, col-loques ou congrès, dont celui del’Association pour l’avancement

des sciences et des techniquesde la documentation (ASTED).Elle participe également à desactivités ponctuelles, telles que lecongrès conjoint de la CanadianLibrary Association (CLA) et del’American Library Association(ALA), qui s’est déroulé à Torontoen juin 2003, et la Foire interna-tionale du livre de Guadalajara,au Mexique, du 29 novembreau 7 décembre 2003.

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210 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

La Bibliothèque organise ou reçoitde nombreuses activités culturel-les dans la salle de lecture del’édifice Saint-Sulpice et dans lasalle Saint-Sulpice, cette dernièrepouvant accueillir jusqu’à 400personnes. Près de 15 000 per-sonnes ont ainsi participé à l’uneou l’autre des activités organi-sées ou accueillies par la Biblio-thèque en 2002-2003.

Des expositions, une dizaine parannée environ, mettent en valeurtantôt des éléments des collec-tions de la Bibliothèque, tantôtdes œuvres reçues pour l’occa-sion et que la BNQ contribueainsi à faire connaître au public.Les vitrines de la salle de lecturede l’édifice Saint-Sulpice permet-

tent par ailleurs de monter depetites expositions et celles-cisont de plus en plus fréquentes.

La BNQ conçoit également despublications, dont certaines sontrécurrentes, notamment le bulletintrimestriel À rayons ouverts et laBibliographie du Québec. Pro-duite mensuellement depuis 1968,cette dernière paraît désormaisen version électronique. Le nom-bre de publications avoisine ladizaine chaque année. En 2002-2003, la Bibliothèque a venduou distribué gratuitement 5 865publications, sans compter lesabonnements à la Bibliographiedu Québec.

De plus, la Direction des commu-nications et des relations publi-ques produit divers dépliants etbrochures d’information. Elle ena distribué 23 930 exemplairesau cours de la période 2002-2003.

Mentionnons enfin que, chaqueannée, entre 300 et 400 person-nes visitent les différents édificesde la Bibliothèque. Il s’agit prin-cipalement d’étudiants en biblio-théconomie et en sciences del’information ou en histoire del’art. Des membres du personnelles guident lors de ces visites, cequi permet la découverte descollections, des services, del’équipement et du travail effec-tué par les employés (tableau12.20).

Tableau 12.20Publications, promotion et relations publiques

Activité 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003

n

Expositions organisées1 ou accueillies parla Bibliothèque 112 9 11 8 8Participation à un salon/animation de stand lorsd’un colloque ou congrès 3 5 5 4 8Publications3 12 12 11 9 7Activités culturelles dans la salle de lecture de l’édificeSaint-Sulpice 47 51 63 47 51Activités dans la salle Saint-Sulpice 52 72 83 54 70

1. Les expositions peuvent avoir été présentées dans les locaux de la Bibliothèque ou à l’extérieur (lors de festivals, salons du livre, congrès etautres). Celles qui ont été présentées à plus d’un endroit ne sont comptées qu’une fois. Les petites expositions de documents ou autres objets dansles vitrines de la salle de lecture de l’édifice Saint-Sulpice ne sont pas prises en compte dans le tableau 12.20.

2. Y compris une exposition virtuelle de cartes postales.3. Y compris les coéditions.

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CHAPITRE 13

LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUESDE 1995 À 2001

Les bibliothèques publi-ques font face actuelle-ment à des bouleverse-

ments sans précédent. Anne-MarieBertrand a défini trois grandescatégories de tensions qui nui-sent présentement aux bibliothè-ques publiques et qui menacentleur existence :

– une tension conjoncturelle deleurs moyens, à cause de diffi-cultés financières;

– une tension fonctionnelle quitouche les collections et lesservices, compte tenu del’hétérogénéité croissante dupublic et de ses attentes;

– une tension identitaire qui forcela bibliothèque publique à serepositionner face au change-ment1.

À ces tensions s’ajoute la pré-sence massive de nouvelles tech-nologies dont la gestion devientde plus en plus complexe pourles professionnels des bibliothè-ques et qui nécessitent un savoir-faire varié et approfondi. Lesbibliothèques publiques du Qué-bec ne font certes pas exceptionet subissent actuellement toutesces tensions. De plus, les biblio-thèques municipales québécoi-ses doivent actuellement compo-ser avec le problème des fusionsmunicipales (et, dans certainscas, des « défusions »), ce quiajoute une dose de stress supplé-mentaire à un processus dechangement déjà particulière-ment lourd.

Certains auteurs ont affirmé quedes changements d’une telleenvergure pouvaient avoir des

répercussions importantes sur lesmissions et les valeurs véhiculéesdepuis toujours par des organis-mes de service public comme lesbibliothèques. Audunson2, parexemple, a observé ce phéno-mène dans une recherche surle processus de changement enbibliothèque publique. D’autresauteurs ont même mis en ques-tion l’avenir de la bibliothèquedans un tel contexte de change-ment3.

Il semble donc évident que lesbibliothèques vivent une crisemajeure qui aura nécessairementune incidence sur leur avenir.Dans ce contexte, il importe plusque jamais d’instaurer des méca-nismes de veille concernant lesprincipaux indicateurs statistiquesde bibliothèques publiques.C’est dans cet esprit qu’a étéécrit le présent chapitre.

Réjean Savard

1. Anne-Marie BERTRAND, Bibliothèques territoriales. Identité et environnement, Paris, Les Éditions du CNFPT, 1995.2. Ragnar AUDUNSON, « Between professional field norms and environnemental change impetus. A comparative study of change

processes in public libraries », Library and Information Science Research, vol. 21, no 4, 1999, p. 523-552.3. Betsy BAKER, « Can library service survive in a sea of change ? », American Libraries, avril 2000, p. 47-49.

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212 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Évolutiondes ressources

Examinons dans un premiertemps l’évolution des ressourceset de certains indicateurs deperformance des bibliothèquespubliques québécoises entre19954 et 2001. Il s’agit de ladernière année pour laquellenous disposions des statistiques

des bibliothèques publiques duQuébec au moment d’écrire leprésent chapitre5.

Les chiffres démontrent à premièrevue une progression intéressante(tableau 13.1). En ce qui con-cerne d’abord les ressources ap-portées au système (intrants), onremarque que les subventions duQuébec aux bibliothèques publi-ques sont de 17,6 M $ à un peu

plus de 37 M $, ce qui corres-pond à une remarquable aug-mentation de 110,9 % (et à106,1 % par habitant)6. Il fautcependant préciser que cettesomme inclut toutes les subven-tions du Québec, notamment lessubventions spéciales accordéesconformément à la Politique dela lecture. Si l’on ne considèreque les subventions régulières duMinistère, cette somme doit être

Tableau 13.1Bibliothèques publiques du Québec, évolution de 1995 à 2001

Unité 1995 2001 Variation

%

Ressources (intrants)Subventions provinciales $ 17 587 307 37 086 7001 110,9 Par habitant $ 2,44 5,03 106,1Contributions municipales $ 128 038 421 141 677 621 10,7 Par habitant2 $ 19,50 20,96 7,5Dépenses totales $ 155 022 654 184 912 070 19,3 Par habitant $ 21,50 25,10 16,7Livres $ 13 800 878 17 409 566 26,2 Par habitant $ 1,91 2,36 23,6Bibliothécaires $ 300 312 — Par 10 000 habitants $ 0,42 0,42 –Personnel total n 2 205 2 360 7,0Tarification (% des municipalités) % 44,97 55,15 22,6

PerformancePrêts n 36 454 944 39 813 016 9,2 Par habitant n 5,06 5,40 6,7Visites3 n 16 939 783 19 907 216 17,5 Par habitant n 2,35 2,70 14,9Pourcentage d’abonnés % 30,1 30,6 1,7

1. Y compris les subventions pour appuyer les projets dans les domaines de l’informatisation, de l’animation et de l’équipement culturel. Lessubventions attribuées conformément à des programmes réguliers s’élèvent à 24 021 700 $ en 2001-2002.

2. En ce qui concerne les contributions municipales, le taux par habitant a été calculé en fonction de la population desservie.3. Pour ce qui est des villes qui ne comptabilisent pas cette statistique, une extrapolation a été calculée d’après les moyennes observées.

4. Pour faire suite à Réjean SAVARD, « L’évolution des bibliothèques publiques au Québec de 1960 à 1995 », Les bibliothèquesquébécoises d’hier à aujourd’hui, Montréal, Asted, 1998, p. 141-157.

5. Merci à Jacques Morrier, du ministère de la Culture et des Communications, de nous avoir fourni les chiffres de l’année 2001à paraître sous peu dans Bibliothèques publiques. Statistiques (annuel).

6. Pour les calculs par habitant, nous avons considéré l’ensemble de la population du Québec et non pas la population ayantaccès à une des bibliothèques du réseau.

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LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES DE 1995 À 2001 CHAPITRE 13 • 213

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

ramenée à 24 021 700 $, cequi donne une augmentation plusmodeste de 36,6 %. L’augmenta-tion par habitant, elle, est rame-née à 33,6 % (soit de 2,44 $ à3,26 $). On peut donc affirmerque les subventions émanantde la Politique de la lecture dugouvernement ont permis auxbibliothèques publiques du Qué-bec d’enregistrer une très bonneperformance en ce qui a traità l’augmentation des ressourcesfinancières.

En ce qui concerne la contributiondes municipalités, qui couvrait unpeu plus de 72 % des dépensestotales des bibliothèques en2001, notons une faible aug-mentation qui correspond à peude chose près au taux d’inflation,soit de 11,1 % de 1995 à20017. Quant aux dépenses to-tales, elles ont progressé de19,3 % en six ans, ce qui estplutôt bien.

Toujours en ce qui concerne lesressources, ces augmentations derevenu ont permis d’accroître lenombre de livres dans les biblio-thèques de 26,2 % (23,6 % parhabitant). Le nombre de livrespar habitant dans les bibliothè-ques publiques québécoises s’éta-blissait donc à 2,36 en 2001 :ce ratio est le meilleur jamaisatteint, mais il est encore très loin

de l’objectif fixé par la Politiquede la lecture de 1998, qui s’éta-blissait à trois livres par habitant.

En ce qui concerne les perfor-mances observées dans les biblio-thèques publiques du Québec(extrants), le nombre de prêts,considéré par plusieurs commeun indicateur important de laperformance, n’a pas suivi lemême rythme d’augmentationque celui des ressources (9,2 %globalement et seulement 6,7 %par habitant). Notons par contreque les Québécois semblentfréquenter de plus en plus leurbibliothèque publique (17,5 %d’augmentation), et ce, malgréun maigre 1,7 % d’augmentationen ce qui a trait au pourcentaged’abonnés, autre indicateurreconnu de la performance.

On constate donc un certainhiatus entre les mesures gouver-nementales destinées à améliorerles performances du réseau, etles résultats obtenus : un apportde ressources supplémentairesn’entraîne pas nécessairementune augmentation proportionnel-lement équivalente des perfor-mances. On peut se demanderpourquoi, et l’une des réponsesréside peut-être dans la tarifica-tion de l’abonnement de base(le prêt de livres). Plusieurs étudesdémontrent en effet qu’une tarifi-cation, même symbolique, a uneincidence négative directe sur

l’abonnement et le prêt. Le ta-bleau 13.2 confirme cette corré-lation : la moyenne des abon-nés, dans les 17 villes quiréclamaient plus de 15 $ en2001 pour l’abonnement adulte,s’établissait à 20,8, alors quecette même moyenne, dans lesvilles qui ne tarifaient pas, étaitde plus du double. Notons que,depuis cette date, certaines deces villes ont aboli la tarificationde l’abonnement.

Il est déplorable de constater cephénomène qui va à l’encontredu Manifeste de l’Unesco àl’intention des bibliothèques8 etmalgré la Politique de la lecturevisant à faire avorter cette ten-dance néfaste. Il faut cependantpréciser que, en dépit de cepourcentage de 55,2 % de bi-bliothèques qui imposent à leursrésidents un tarif pour l’abonne-ment, la majorité des Québécoisont encore accès gratuitement àleur bibliothèque publique, lesvilles plus populeuses commeMontréal et Québec ayant main-tenu la politique de gratuité. Eneffet, la tarification touche surtoutles municipalités plus petites,souvent en région, et on doitmalheureusement affirmer que pluson s’éloigne des grands centres,plus on risque d’avoir difficile-ment accès au livre, à la lectureet à l’information. On peut pen-ser que ce phénomène a égale-ment contribué à réduire les effetsde la Politique de la lecture.

7. http://www.stat.gouv.qc.ca/princ_indic/default.htm#tab, page consultée le 15 mars 2004.8. http://www.ifla.org/VII/s8/unesco/fren.htm, page consultée le 15 novembre 2003.

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214 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Pour avoir une autre explicationde cette non-concordance entreles intrants et les extrants, on peutse demander si la très faibleaugmentation du nombre de bi-bliothécaires – qui, dans les faits,correspond à une diminution,compte tenu de l’accroissementdes responsabilités générées parles changements invoqués plustôt – n’explique pas aussi enpartie cet écart entre l’apportde ressources et les résultatsobtenus. On sait, en effet, quele nombre de bibliothécaires estgénéralement lié à la bonne per-formance des bibliothèques. Letableau 13.3 confirme aussicette relation. On y donne la listedes villes les mieux dotées en cequi a trait au nombre de biblio-thécaires professionnels. L’ana-lyse de ce groupe par rapportaux municipalités comptant moinsde bibliothécaires (ou aucun bi-bliothécaire) nous permet deconstater le rôle important dubibliothécaire professionnel : lesmunicipalités apparaissant au ta-bleau 13.3 ont une moyenne de37,7 % d’abonnés, alors que,dans les municipalités sansaucun bibliothécaire, ce pour-centage chute à 28,6 % (sous lamoyenne québécoise). Mêmeobservation en ce qui a trait aunombre de prêts : tandis que lesvilles ayant plus de un bibliothé-caire par 10 000 habitants prê-tent 9,8 documents en moyenne,celles qui n’ont pas de bibliothé-caire professionnel ne prêtentque 6,6 documents en moyenne.

Tableau 13.2Principales municipalités tarifant l’abonnement aux résidants adultes(15 $ et plus) en 2001

Population Coût Pourcentageabonnement d’abonnés

n $ %

Sainte-Foy 73 150 27,00 12,2Grand-Mère 14 223 25,00 7,1Waterloo 4 040 25,00 8,8Farnham 6 044 25,00 31,3Mont-Laurier 8 007 22,00 13,2Drummondville 44 882 20,00 10,4Pincourt 10 023 20,00 19,4Terrebonne 42 214 18,00 57,7L’Île-Perrot 9 178 17,00 13,2Charny 10 661 15,00 25,9La Malbaie–Pointe-au-Pic 4 918 15,00 15,1Candiac 11 805 15,00 22,8Beauport 74 113 15,00 18,3Rouyn-Noranda 29 797 15,00 19,5Cap-Rouge 14 163 15,00 35,2Lévis 40 407 15,00 23,1Mont-Saint-Hilaire 13 064 15,00 20,8

Pourcentage moyen d’abonnés de ces 17 villes 20,8Pourcentage moyen d’abonnés des villes sans tarification (BPA) 41,5

Tableau 13.3Municipalités (de 5 000 habitants et plus) comptant plus de unbibliothécaire par 10 000 habitants, 2001

Municipalité Unité Bibliothécaires par10 000 habitants

Côte-Saint-Luc n 4,709Roxboro n 3,900Westmount n 3,764Mont-Royal n 2,862Pointe-Claire n 2,425Dorval n 2,147Marieville n 1,815Lac-Mégantic n 1,705Kirkland n 1,621Asbestos n 1,595Beaconsfield n 1,472Bois-des-Filion n 1,404Saint-Timothée n 1,177Mercier n 1,104Brossard n 1,101L’Île-Perrot n 1,090Saint-Laurent n 1,064

Pourcentage moyen d’abonnés de ces 17 villes % 37,6Pourcentage moyen d’abonnés dans les autres villes (BPA) % 28,6Nombre moyen de prêts par habitant dans ces 17 villes n 9,8Nombre moyen de prêts par habitant dans les autresvilles (BPA) n 6,6

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LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES DE 1995 À 2001 CHAPITRE 13 • 215

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Notons, dans ce tableau, la pré-sence massive des villes del’ouest de l’île de Montréal.À l’opposé, 68 bibliothèquespubliques autonomes au Québecn’ont pas accès aux servicesd’un bibliothécaire professionnel.Ce sont en général les plus peti-tes municipalités9.

Ces deux facteurs combinés – latarification et le manque de bi-bliothécaires – expliquent proba-blement l’écart entre les ressour-ces apportées au système et lesperformances observées.

Comparaison avecd’autres provinces

Afin de mieux jauger la progres-sion du Québec en matière delecture publique, comparons lesperformances québécoises à cel-les d’autres provinces canadien-nes. Commençons par l’Ontarioqui, durant la même période, a dûsubir une diminution importantedes subventions gouvernementa-les aux bibliothèques publiquesdécrétée par le gouvernementconservateur de Mike Harris(tableau 13.4). Élu en 1995, cegouvernement a sabré dans lesbudgets de nombreux servicespublics, notamment en environ-nement où ces restrictions budgé-taires ont entraîné une crise tragi-que d’empoisonnement de l’eaudans la ville de Walkerton.

En conséquence, malgré une si-tuation alarmante, il faut noter icique les dépenses totales consa-crées aux bibliothèques publi-ques ont quand même augmentéen Ontario de 1995 à 2001 etqu’elles ont atteint 398,7 mil-lions, soit plus du double desdépenses québécoises en ma-tière de bibliothèques publiques.Il faut souligner ici l’apport desmunicipalités ontariennes qui ontaccru leur financement de prèsde 28 M $ pour compenser lesréductions provinciales. Cetteréaction des élus illustre bien, ànotre avis, l’enracinement pro-fond de la lecture publique enOntario qui s’appuie sur unelongue tradition (on y a voté lapremière loi sur les bibliothèquespubliques en 1887), sur un finan-cement depuis longtemps reconnuparmi les meilleurs en Amériquedu Nord et, bien entendu, surdes habitudes bien établies defréquentation des bibliothèques.Ainsi, les citoyens ontariens dis-posent de 33,58 $ par habitantpour leurs bibliothèques et lesQuébécois, de 25,10 $, soitenviron 34 % de moins. Et ce,malgré des réductions draconien-nes imposées en Ontario cesdernières années.

On constate aussi que l’Ontario– déjà très en avance sur leQuébec – a continué de progres-ser en ce qui concerne certains

indicateurs, notamment le nom-bre absolu de livres disponiblesen bibliothèque (malgré une di-minution par habitant). Avec2,62 livres par habitant contre2,36, la performance de l’Onta-rio demeure nettement au-dessusde celle du Québec, et ce, mal-gré la Politique de la lectureadoptée en 1998 au Québec.

Par contre, la performance desbibliothèques ontariennes quantau nombre de prêts et de visitesà la bibliothèque a visiblementsouffert. Notons malgré tout queles bibliothèques publiques onta-riennes prêtent toujours près de65 % plus de documents parhabitant et qu’elles accueillent113 % plus de visiteurs qu’auQuébec. Une explication proba-ble de cette différence marquéetient certainement à la présenceen Ontario d’un nombre impor-tant de bibliothécaires profes-sionnels capables d’agir en mé-diateurs efficaces et d’animer leréseau des bibliothèques. En ef-fet, le nombre de bibliothécairesprofessionnels par 10 000 habi-tants en Ontario est plus élevéqu’au Québec de 150 %, tandisque le personnel total est troisfois plus élevé en chiffres abso-lus. Il va sans dire que les indica-teurs de performance ontarienssont aussi stimulés directement parl’absence totale de tarificationdes bibliothèques publiques, cequi n’est pas le cas au Québec.

9. Il est surprenant d’y trouver quand même quelques villes assez importantes, dont trois de plus de 40 000 habitants :Drummondville, Granby et Châteauguay.

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216 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Pour avoir un autre son de clo-che, nous avons aussi comparél’évolution des bibliothèquesquébécoises à celles de laColombie-Britannique, provincequi n’a pas été touchée pardes compressions budgétairesconservatrices (tableau 13.5).Ici, la différence ressort nettementà l’avantage de cette dernièrequi semble d’ailleurs avoirdépassé l’Ontario. Des augmen-tations quasi constantes de sesressources ont en effet permis àla Colombie-Britannique d’attein-dre des sommets en matière delecture publique. On y dépensemaintenant plus de 35 $ parhabitant contre à peine 25 $ auQuébec.

Si les collections semblent à peuprès au même niveau (2,6 com-parativement à 2,4), on constateune utilisation beaucoup plusimportante dans la provincede l’Ouest. On y prête en effet11,8 documents par habitant(5,4 au Québec). Comment ex-pliquer cette différence ? Ellenous semble attribuable encoreune fois à la forte présence desintermédiaires que sont les biblio-thécaires professionnels : 1,1 par10 000 habitants, tandis que leQuébec se contente de 0,42. Àcet égard, notons que les « nor-mes » québécoises recomman-dent un bibliothécaire par tran-che de 6 000 habitants10.

Disparitésquébécoises

Les bibliothèques publiques qué-bécoises se caractérisent égale-ment par leur hétérogénéité ausein du réseau. Il est reconnu,par exemple, que les bibliothè-ques de l’ouest de l’île de Mont-réal sont parmi les meilleures, etque leurs performances se com-parent avantageusement aveccelles des meilleures bibliothè-ques publiques ontariennes oude Colombie-Britannique. Laconséquence logique de toutcela nous amène à penser quecertaines bibliothèques sontbeaucoup moins performantes,parce que moins bien dotées en

Tableau 13.4Bibliothèques publiques de l’Ontario, évolution de 1995 à 2001

Unité 1995 2001 Variation

%

Population totale n 10 078 326 11 250 000 …Population desservie n 9 996 257 10 473 151 …

(99 2 %) (93 1 %)Subventions provinciales $ 35 909 477 22 206 467 -38,2 Par habitant $ 3,56 1,97 -44,7Contributions municipales $ 306 212 730 334 181 893 8,4 Par habitant desservi $ 30,63 29,71 -3,0Dépenses totales $ 361 629 944 398 738 805 10,3 Par habitant $ 35,88 33,58 -6,4Livres n 28 775 703 31 148 566 9,9 Par habitant n 2,86 2,62 -5,3Prêts n 98 417 271 99 984 750 -3,2 Par habitant n 9,85 8,89 -9,8Visites n 71 929 270 64 787 650 -9,9 Par habitant n 7,13 5,75 -19,4Bibliothécaires n 1207,19 1 187,71 -1,6 Par 10 000 habitants n 1,2 1,06 -11,6Personnel total n 6 350,76 5 664,20 -10,8

10. Pour des bibliothèques québécoises de qualité. Guide à l’usage des bibliothèques publiques, Montréal, Asted, 1996,p. 61.

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LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES DE 1995 À 2001 CHAPITRE 13 • 217

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

personnel et en collections.Qu’en est-il ? Pour répondre àcette question, nous avons consti-tué un classement des meilleureset des pires bibliothèques seloncertains critères11.

Prenons d’abord les ressourcesdisponibles, à commencer par lescontributions municipales. Cettestatistique illustre bien l’hétéro-généité dont nous parlions plustôt, puisqu’elle varie de 3,22 $à 103,00 $ par habitant en2001, la moyenne étant de24,13 $. Le tableau 13.6donne le classement des munici-palités des deux extrêmes, selonla contribution par habitant qu’el-les accordent à leur bibliothèquepublique. Cela confirme l’hypo-

thèse déjà émise, puisque plusde la moitié des meilleures contri-butions se cantonne dans desmunicipalités de l’ouest de Mont-réal. Notons, dans la liste dedroite, plusieurs municipalités(certaines sont maintenant fusion-nées) de plus de 70 000 habi-tants qui auraient certainement puconsentir un plus grand effort :Charlesbourg, Sherbrooke, Saint-Hubert, Sainte-Foy et Beauport.

En ce qui concerne les ressour-ces documentaires, le tableau13.7 donne la liste des munici-palités des deux extrêmes quantau nombre de livres par habitant.Encore une fois, les municipalitésde l’ouest de l’île de Montréal sedistinguent, tandis que d’autres

s’illustrent par leur indigence enmatière d’accès au livre pourtous.

Enfin, parmi les indicateurs consi-dérés par plusieurs bibliothécai-res comme déterminants dans laperformance des bibliothèques,l’espace disponible en est un quisoulève de nombreux débats : onpeut se demander en effet si, àl’ère d’Internet et des réseauxd’information virtuels, une biblio-thèque a encore besoin d’unespace physique important. Se-lon le tableau 13.8, il faut à toutle moins que l’espace d’accueilsoit assez grand pour faire lire lepublic : on note que les villes quidisposent de plus de 75 mètrescarrés par 1 000 habitants (à

Tableau 13.5Bibliothèques publiques de la Colombie-Britannique, évolution de 1995 à 2001

Unité 1995 2001 Variation

%

Population totale n 3 667 900 4 058 833 …Population desservie n 3 586 614 3 979 692 …

(98 0 %) (98 1 %)Subventions provinciales $ 8 262 479 8 944 175 8,3 Par habitant $ 2,26 2,20 -2,7Contributions municipales $ 97 119 526 120 191 073 23,8 Par habitant desservi $ 27,08 30,20 11,5Dépenses totales $ 115 883 632 142 442 136 22,9 Par habitant $ 31,59 35,09 11,1Livres n 9 346 609 10 372 058 11,0 Par habitant n 2,55 2,56 0,4Prêts n 40 678 250 47 798 176 17,5 Par habitant n 11,09 11,78 6,2Bibliothécaires n 412 443 7,5 Par 10 000 habitants n 1,12 1,09 -2,7Personnel total n 1 784 2 023 13,4

11. Les bibliothèques autonomes seulement, ce qui exclut les bibliothèques affiliées aux CRSBP.

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218 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 13.6Contributions municipales par habitant (municipalités de 5 000 habitants et plus), 2001

Municipalités contribuant le plus (>35 $) Municipalités contribuant le moins (<35 $)

Municipalité Contribution Municipalité Contribution

$ $

Côte-Saint-Luc 103,03 Shawinigan 14,84Westmount 82,53 Lac-Brome 14,69Pointe-Claire 80,26 Charlesbourg 14,31Mont-Royal 61,68 Notre-Dame-du-Mont-Carmel 14,23Beaconsfield 60,18 Sainte-Marie 13,99Dorval 54,61 Saint-Nicolas 13,92Roxboro 49,00 Charny 13,85Kirkland 44,04 Saint-Constant 13,82Saint-Antoine 40,54 Saint-Amable 13,65Vaudreuil-Dorion 39,22 Pincourt 13,49Saint-Jean-sur-Richelieu 39,09 Thetford Mines 13,40Brossard 38,19 Notre-Dame-de-l’Île-Perrot 13,38Port-Cartier 37,43 Bellefeuille 13,37Rosemère 36,71 Repentigny 13,34Saint-Lambert 35,64 Sherbrooke 13,32… … Saint-Hyacinthe 13,06… … Chambly 12,74… … Saint-Hubert 11,80… … Buckingham 11,72… … Beauharnois 11,39… … Grand-Mère 11,35… … Sainte-Foy 11,26… … Rock-Forest 10,91… … Beauport 10,89… … Bromont 10,70… … Amqui 10,44… … La Malbaie–Pointe-au-Pic 10,17… … Roberval 9,95… … Sainte-Adèle 8,46… … Louiseville 7,91… … Shawinigan-Sud 7,35… … Farnham 6,62

gauche dans le tableau 13.8)prêtent plus de volumes (8,05)que celles qui ont 35 mètrescarrés par 1 000 habitants etmoins (6,4). Elles accueillentaussi plus de visiteurs : 4,36contre 3,15. Enfin, elles affichentun pourcentage d’abonnés plusélevé : 34,2 contre 26,2.

Une vision d’ensemble

Pour permettre de relativiser da-vantage ces premières analyses,

jetons maintenant un coup d’œilsur l’ensemble du réseau cana-dien en prenant l’année 2000pour référence (tableau 13.9).Où se situaient les bibliothèquespubliques du Québec ? Sur huitindicateurs comparables, elles seclassent généralement dans laqueue du peloton. En ce quiconcerne les dépenses totalesen matière de bibliothèques pu-bliques, par exemple, le Québecarrive au sixième rang sur neuf,avec 25,42 $ par habitant, endessous de la moyenne de

27,10 $. En septième position,on trouve le Manitoba (23,95 $par habitant), en huitième placele Nouveau-Brunswick (20,06 $par habitant) et, enfin, Terre-Neuve-et-Labrador (16,87 $ parhabitant) qui, depuis des années,arrive toujours en dernier ou pres-que dans ce genre d’étude com-parative.

De plus, on constate que, malgréles efforts consentis depuis plu-sieurs années, la position duQuébec par rapport aux autres

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LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES DE 1995 À 2001 CHAPITRE 13 • 219

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

provinces canadiennes ne s’est pasaméliorée : en 1987, la commis-sion Sauvageau, chargée d’étu-dier la piètre situation des biblio-thèques publiques québécoises,y allait du même exercice declassement des provinces12. Quelleétait la position du Québec parrapport à maintenant ? Le ta-bleau 13.10 démontre qu’ellene s’est pas vraiment améliorée.Quant aux dépenses totales parhabitant, le Québec est passé ducinquième au sixième rang, surles neuf provinces pour lesquellesnous avons accès à ces statisti-ques. En ce qui concerne lenombre de bibliothécaires, leQuébec est passé du sixième auhuitième rang sur dix.

Il est décevant aussi de constaterque le Québec n’a pas améliorésa position en ce qui a trait aunombre de livres par habitant,indicateur pour lequel il se classeneuvième sur dix, et ce, malgré

la Politique de la lecture. Notonsque, en ce qui a trait à cetindicateur important, même Terre-Neuve-et-Labrador dépasse leQuébec, le Nouveau-Brunswickétant ici le retardataire.

12. Les bibliothèques publiques. Une responsabilité à partager, rapport de la Commission d’étude sur les bibliothèques publiquesdu Québec, Québec, 1987, p. 55.

Tableau 13.7Livres par habitant (municipalités de 5 000 habitants et plus), 2001

Bibliothèques municipales ayant Bibliothèques municipales ayantle plus de livres par habitant (>4,5) le moins de livres par habitant (<2)

Municipalité Nombre Municipalité Nombre

n n

Roxboro 8,99 Repentigny 1,98Mont-Royal 8,17 Granby 1,95Farnham 7,80 LaSalle 1,93Westmount 7,29 Laval 1,93Pointe-Claire 6,89 Saint-Jérôme 1,91Saint-Rémi 6,19 Chicoutimi 1,83Marieville 5,62 Sainte-Foy 1,82Candiac 5,45 Drummondville 1,74Sillery 5,03 Saint-Hubert 1,67Saint-Lambert 4,92 Sherbrooke 1,61Mont-Laurier 4,82 Gatineau 1,58Bécancour 4,58 Mascouche 1,56Saint-Jean-sur-Richelieu 4,55 Longueuil 1,56… … Charlesbourg 1,49… … Sainte-Adèle 1,41… … Sainte-Marie 1,41… … Beauport 1,09… … Rock Forest 1,03… … Shawinigan-Sud 0,92

Meg

apre

ss/

Mau

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s

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220 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 13.8Espace disponible des bibliothèques municipales, en mètres carrés par 1 000 habitants(municipalités de 10 000 habitants et plus), 2001

Bibliothèques municipales ayant Bibliothèques municipales ayantle plus d’espace physique (>75) le moins d’espace physique (<36)

Municipalité Espace Municipalité Espace

m2 m2

Saint-Basile-le-Grand 6 251,47 Joliette 35,69Rock Forest 180,68 Deux-Montagnes 35,42Amos 120,16 Rosemère 35,34Thetford Mines 111,82 Varennes 34,50Saint-Romuald 104,02 Saint-Eustache 33,95Outremont 100,74 Vanier 33,65Dorval 99,02 Magog 33,10Sorel 98,25 Sherbrooke 32,78Mont-Royal 96,48 Laval 32,32Côte-Saint-Luc 96,30 Aylmer 31,95Saint-Lambert 93,94 Candiac 31,34Westmount 93,78 Sept-Îes 31,04Pointe-Claire 89,19 Verdun 30,89Val-d’Or 85,20 Gatineau 30,80Bécancour 83,99 Loretteville 30,21Matane 83,14 Charny 29,83Québec 81,18 Pincourt 29,53Anjou 79,81 Montréal-Nord 29,36Saint-Léonard 77,05 Jonquière 28,38… … Sainte-Catherine 27,83… … Beauport 27,46… … Saint-Laurent 26,64… … Le Gardeur 24,92… … Sainte-Foy 20,85… … Charlesbourg 20,37… … Saint-Lazare 20,37… … Sainte-Julie 20,10… … Shawinigan-Sud 17,96… … Saint-Constant 16,87… … Longueuil 16,10… … Saint-Hubert 15,71… … Châteauguay 13,18

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LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES DE 1995 À 2001 CHAPITRE 13 • 221

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 13.9Bibliothèques publiques du Québec en regard des autres provinces canadiennes, 2000

Unité Terre-Neuve- Nouveau- Nouvelle- Île-du-Prince- Manitobaet-Labrador Brunswick Écosse Édouard

Population totale n 512 930 738 133 939 222 138 514 1 091 942

Population desservie n 512 930 527 188 908 007 138 514 924 675% 100 0 71 4 96 7 100 0 84 7

Subventions provinciales $ 7 062 700 9 637 304 9 963 000 2 112 800 4 359 628% 81 6 65 1 39 8 .. 16 7

Par habitant $ 13,77 13,06 10,61 15,25 3,99

Contributions municipales $ 150 000 4 323 368 13 084 831 .. 19 886 888 Par habitant desservi $ 0,29 8,20 14,41 .. 21,51

Dépenses totales $ 8 654 746 14 807 218 25 005 882 .. 26 156 507 Par habitant $ 16,87 20,06 26,62 .. 23,95

Livres n 1 300 000 1 520 970 2 740 099 399 272 2 726 328 Par habitant n 2,53 2,06 3,02 2,88 2,50

Prêts n 1 607 338 3 095 407 6 332 114 815 575 8 011 830 Par habitant n 3,13 4,19 6,74 5,89 7,34

Bibliothécaires par 10 000 habitants n 14,0 39,0 80,9 7,0 42,0(0 27) (0 53) (0 86) (0 51) (0 39)

Personnel total par 10 000 habitants n 85,0 229,8 431,6 72 0 626,0(1 66) (3 11) (4 60) (5 20) (5 73)

Unité Saskat- Alberta Colombie- Ontario Québec Moyennechewan Britannique

Population totale n 990 237 2 879 743 4 058 833 11 669 344 7 363 111 ...

Population desservie n 988 737 2 773 867 3 979 692 10 824 494 6 743 958 ...% 99 9 96 3 98 1 92 8 91 6 92 4 (7/9)

Subventions provinciales $ 5 966 356 13 001 910 10 902 234 22 143 604 32 710 800 ...% 18 0 15 6 7 5 5 7 17 5 29,7

Par habitant $ 6,03 4,52 2,69 1,89 4,44 7 62 (7/10)

Contributions municipales $ .. 56 132 618 120 191 073 321 897 398 134 821 411 ... Par habitant desservi $ .. 20,24 30,20 28,61 19,99 17 93 (5/8)

Dépenses totales $ 33 093 738 83 224 169 142 442 136 391 305 298 187 152 206 ... Par habitant $ 33,42 28,90 35,09 33,53 25,42 27 1 (6/9)

Livres n 3 284 365 8 073 187 10 372 058 31 629 656 16 767 998 ... Par habitant n 3,32 2,80 2,56 2,71 2,28 2 67 (9/10)

Prêts n 11 198 780 28 851 158 47 798 176 95 249 619 40 241 920 ... Par habitant n 11,31 10,02 11,78 8,16 5,47 7 40 (8/10)

Bibliothécaires par 10 000 habitants n 92,0 176,1 443,0 1205,1 304,0 ...(0 93) (0 61) (1 09) (1 03) (0 43) 0 67 (8/10)

Personnel total par 10 000 habitants n 638,5 1318,0 2023,0 6018,8 2350,0 ...(6 45) (4 58) (4 98) (5 16) (3 19) 4 47 (8/10)

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222 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 13.10Évolution de la position comparée du Québec au Canada quant à son réseau de lecture publique(analyse par habitant)

Indicateur Rang en 1987 Rang en 2001

Population desservie 7/9 7/9Subventions provinciales 7/9 7/10Contributions municipales 5/9 5/8Dépenses totales 5/9 6/9Livres 9/9 9/10Prêts 8/9 8/10Bibliothécaires 6/6 8/10

Tableau 13.11Investissements par habitant pour certaines dépenses publiques

Québec Ontario Colombie-Britannique

$

Santé1 (2002-2003) 2 145 2 297 2 684Éducation2 (2003) 2 231 2 071 2 219Services de police3 (2003) 217 215 ..Culture4 (2000) 229 177 ..Bibliothèques publiques (2001) 25 34 35

1. « Le mauvais état de santé de Montréal », Chambre de commerce du Montréal métropolitain,[En ligne :] www.ccmm.qc.ca (page consultée le 25 mars 2004).

2. Conseil des statistiques canadiennes sur l’éducation, Indicateurs de l’éducation au Canada.rapport du programme d’indicateurs pancanadiens de l’éducation, 2003, [En ligne :]http ://www.cesc.ca/pceipF.html.

3. Bryan MYLES, « Le Québec est la province qui dépense le plus pour sa police », Le Devoir,21 décembre 2003, p. A-7.

4. « Les dépenses publiques en culture depuis 10 ans », Survol. Bulletin de la recherche et de lastatistique, no 9, octobre 2003.

Conclusion

Étant donné que le Québec setargue d’être la province cana-dienne la plus ouverte à la culture,avouons que les chiffres concer-nant les bibliothèques sont quelquepeu troublants. Même si les statis-tiques des dernières années déno-tent une amélioration des intrants,la comparaison avec l’Ontario etla Colombie-Britannique illustreque cette avancée est tout à faitrelative. Le tableau 13.10 démon-tre aussi que, par rapport auxautres provinces, le Québec n’apas réellement progressé depuisle rapport de la commissionSauvageau, en 1987.

Il n’est donc pas étonnant de voirque les habitudes de lecture desQuébécois sont à la baisse,selon une récente étude : 38 %de femmes et 58 % d’hommesavouent maintenant ne jamaislire de livres13.

Le Québec ne semble toujourspas avoir compris l’importanced’un bon réseau de lecture publi-que dans la société du savoir. Le

coût des bibliothèques est sou-vent perçu comme une dépense,alors qu’il s’agit en fait d’un inves-tissement. Par rapport à d’autresservices publics, le Québec inves-tit toujours beaucoup moins dansles bibliothèques publiques (ta-bleau 13.11).

Il est évident que le Québec n’apas pu rattraper le retard accu-mulé sur le plan de la lecturepublique : on sait que, pendant

longtemps, le développement dece secteur de la culture a fait l’objetd’une obstruction systématiquede la part du clergé d’abord, puisd’une classe politique conserva-trice (le « duplessisme »), selon la-quelle la lecture était réservée àl’élite et n’était pas essentielle audéveloppement social. On sedemande parfois s’il ne subsistepas quelque relent de cet anti-intellectualisme au Québec.

13. Stéphane BAILLARGEON, « Vous êtes pas tannés de ne pas lire, bande de caves ! », Le Devoir, samedi 7 mars 2004, p. F-1 et F-2.

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LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES DE 1995 À 2001 CHAPITRE 13 • 223

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Nos gouvernements font pourtantl’éloge de la société du savoirdans laquelle nous entrons, etpour laquelle il faut « être prêt ».Comment peut-on penser que lesQuébécois seront prêts à concur-rencer les autres sociétés dans cemonde du savoir si leurs compé-tences à l’écrit et à la lecture sontsi pauvres ? On sait que, danscertains quartiers de Montréal, letaux d’analphabétisme atteintpresque 25 % de la population.

Le réseau de lecture publiquepeut constituer une stratégie fon-damentale pour permettre à unesociété de tirer son épingle dujeu dans la société de l’informa-tion. Le récent sommet mondialsur la société de l’information l’abien démontré. Certains payscomme la Finlande, dont la tailleet la population peuvent se com-parer à celles du Québec, fontdes bibliothèques publiques lepilier de leur stratégie d’accès à

la société de l’information.L’Unesco appuie depuis plusieursannées un manifeste sur la biblio-thèque publique qui en fait la« principale clé d’accès au sa-voir14 ». Ce manifeste est publiéen 24 langues et appuyé parles gouvernements de plusieurspays. Dans d’autres pays, lesmunicipalités se mobilisent pourdévelopper la lecture de leurscitoyens et créent, comme enFrance, une association desVilles-Lecture15.

14. www.ifla.org/VII/s8/unesco/fren.htm.15. http://www.lecture.org/chartevl.html.

Tableau 13.12Statistiques principales des bibliothèques publiques, Québec, 1997-2001

Unité 1997 1998 1999 2000 2001 Variation annuellemoyenne

%

Bibliothèques n 974 971 960 964 971 -0,1Bibliothèques publiques autonomes n 162 162 162 165 165 0,5CRSBP1 n 11 11 11 11 11 —Bibliothèques publiques affiliées n 799 796 785 786 793 -0,2Bibliothèques spécialisées2 n 2 2 2 2 2 —

Usagers k 2 036,8 1 980,6 2 031,6 2 057,2 2 071,3 0,4

Livres3 k 14 586,1 14 868,4 16 031,1 16 805,1 17 409,6 4,5

Prêts k 39 893,3 36 611,4 39 489,5 40 280,1 39 813,0 -0,1

Employés (ETC) n 2 256 2 250 2 285 2 350 2 360 1,1

Bibliothécaires n 318 303 304 304 312 -0,5

Revenus k$ 165 772,5 157 754,2 166 920,1 179 306,1 184 884,1 2,8Contributions municipales k$ 129 995,5 124 736,2 129 076,8 134 821,4 141 677,6 2,2Subventions du MCCQ4 k$ 21 195,5 17 657,8 21 810,3 24 864,7 24 021,7 3,2Autres revenus k$ 14 581,5 15 360,2 16 033,1 19 620,0 19 184,8 7,1

Dépenses k$ 165 350,6 157 446,1 166 302,1 179 206,6 184 912,1 2,8Ressources humaines k$ 90 324,2 89 187,5 91 207,9 95 166,7 99 151,5 2,4Ressources documentaires k$ 29 059,7 24 058,2 27 576,0 30 616,7 31 417,0 2,0Autres k$ 45 966,7 44 200,3 47 518,2 53 423,2 54 343,6 4,3

1. Centres régionaux de services aux bibliothèques publiques.2. Comprend La Magnétothèque et la bibliothèque de l’Institut Nazareth et Louis-Braille.3. Les collections locales développées par les bibliothèques affiliées au CRSBP sont incluses à compter de 1999.4. Sont exclues les subventions destinées aux projets dans les domaines de l’informatisation, de l’animation, de la formation de l’équipement

culturel.Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, Statistiques des bibliothèques publiques, de 1997 à 2001.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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224 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Le virtuel et les nouvelles technolo-gies à eux seuls ne permettront pasà une société de faire faceadéquatement aux défis de lasociété de l’information. La pré-misse consiste à amener le publicà lire davantage et à s’informermieux, ce que des bibliothèquespubliques bien dotées et bien or-ganisées peuvent faire à merveille.

Références

BERNIER, Gaston, « Les ressourcesdocumentaires des bibliothèquespubliques de demain », Docu-mentation et bibliothèques, vol. 46,no 4, octobre-décembre 2000,p. 173-178.

Les bibliothèques publiques. Uneresponsabilité à partager, rap-port de la Commission d’étudesur les bibliothèques publiquesdu Québec, Québec, 1987.

BOISVERT, Denis, « La spécificitédes bibliothèques publiques duQuébec », Documentation et bi-bliothèques, vol. 39, no 4, octobre-décembre 1993, p. 191-196.

BROPHY, Peter, The library in thetwenty-first century. New servicesfor the information age, Londres,Library Association, 2001.

FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES

ASSOCIATIONS DE BIBLIOTHÉCAIRES ET

DE BIBLIOTHÈQUES, Les services dela bibliothèque publique. Princi-pes directeurs de l’IFLA-Unesco,Paris, Association des bibliothé-caires français, 2002.

Libraries @ the heart of theinformation society. Proceedingsof the IFLA Pre-World summitconference, Genève, 3-4 novem-bre 2003.

SÉGUIN, François, « Les bibliothè-ques publiques nord-américainesinterpellées par la nouvelle donneinformationnelle », Argus, vol. 23,no 1, janvier-avril 1994, p. 6-10.

Toward equality of access. Therole of public libraries inaddressing the digital divide, Billand Melinda Gates Foundation,2003, [En ligne :]

TYCKOSON, David A., « Of thepeople, for the people. Publiclibraries serve democracy »,American Libraries, vol. 31, no 4,2000, p. 40-41.

Tableau 13.13Indicateurs des bibliothèques publiques, Québec, 1997-2001

Unité 1997 1998 1999 2000 2001 Variation annuellemoyenne

%

Bibliothèques par 100 000 habitants1 n 13,4r 13,3 13,1 13,1 13,1 -0,5Proportion de la population desservie1 % 90,0r 89,5r 89,3r 91,7 91,4 0,4Livres par 100 000 habitants1 n 200 507r 203 789r 218 905r 228 423 235 360 4,1Usagers par 100 000 habitants1 n 27 999r 27 147r 27 741r 27 963 28 002 —Prêts par 100 000 habitants1 n 548 389r 501 804r 539 230r 547 505 538 233 -0,5Employés par bibliothèque n 2,3 2,3 2,4 2,4 2,4 1,2Revenus par habitant2 $ 25,32 24,15 25,54 26,59 27,35 1,9Dépenses par habitant2 $ 25,26 24,11 25,44 26,57 27,36 2,0

1. Les données sur la population du Québec proviennent du tableau Mouvement de la population (population totale, décès, migration nette),Québec, 1971-2003, consultable sur le site Internet de l’Institut de la statistique du Québec.

2. Calculé sur la base de la population desservie.Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, Statistiques des bibliothèques publiques, de 1997 à 2001.Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.

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La situation en 2003

Nous observons l’évolu-tion des bibliothèquesdes collèges d’ensei-

gnement général et professionnel(cégeps) du Québec depuis lamise en place de cet ordre d’en-seignement à la fin des années1960, et nous avons publié lerésultat de nos études sur ce sujeten plusieurs articles dans des revuesspécialisées en bibliothéconomie(Documentation et bibliothèqueset Argus) en 1986, 1994 et2000, de même que dans larevue Pédagogie collégiale en2001.

Il s’agit, dans la présente étude,de mesurer – grâce à un certainnombre d’indicateurs concernantles collections – les services offertset les budgets en 2003, de mêmeque les changements intervenusau cours des dernières années,en mettant en exergue les don-nées de la dernière décennie(1992 – 1999 – 2003).

CHAPITRE 14

LES BIBLIOTHÈQUESDES COLLÈGES PUBLICSQUÉBÉCOIS EN 2003

La méthodologie

Les données retenuespour l’étude

Concernant l’année scolaire 2002-2003, nos données proviennentde trois sources : l’Annuaire dela Fédération des cégeps, leministère de l’Éducation et lequestionnaire qui a été envoyé àchaque établissement. Les bud-gets des cégeps ont été obtenusdu ministère de l’Éducation et lesdonnées sur la clientèle (cégépienset enseignants) ont été tirées desannuaires de la Fédération. Nosdonnées recouvrent cinq secteurs :

1. Fonds documentaires : mono-graphies, périodiques, logi-ciels, documents audiovisuels;

2. Services offerts : fréquentation,prêts, heures d’ouverture, pla-ces assises;

3. Personnel : bibliothécaires,autres professionnels, techni-ciens et personnel de soutien;

4. Utilisateurs : cégépiens etprofesseurs;

5. Données financières.

Le taux de réponse

Nous avons procédé par ques-tionnaire, avec les mêmes ques-tions utilisées lors des collectesprécédentes dans les décennies1980 et 1990. Le taux deréponse relatif à la présenteétude a été de 91 %, soit 41 surles 45 bibliothèques retenuesdans notre population. Ont étéexclus les quelques cégeps quiont un contrat d’association avecune université, tels Champlain(Bishop’s) et Rouyn-Noranda(Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue).

Le traitement des données

Les données ont été traitées àl’aide du programme SPSS. Lelecteur attentif notera que laprocédure de traitement desdonnées manquantes fait ensorte que les données obtenuespar division (proportion, par per-sonne, pourcentage, etc.) sontcalculées uniquement à partirdes cas où les deux chiffresattendus sont disponibles. Ainsi,

Marcel Lajeunesse et Daniel Morin

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226 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

la proportion des budgets d’ac-quisition de logiciels par rapportau budget total d’acquisitionn’est calculée que si le question-naire porte la mention d’un mon-tant d’argent alloué aux logiciels.L’absence de réponse entraînedonc l’exclusion du calcul decette donnée pour l’établissementconcerné. Le fait que les acquisi-tions ne soient pas différenciéesdans certains établissements adonc pu entraîner des distorsions.Ces petites zones grises sont lelot du chercheur.

Différentes analyses ont été effec-tuées sur les données afin d’enprésenter une vue sous des anglesvariés. Elles sont de trois types :les moyennes sur les données debase, les moyennes sur des don-nées regroupées, les proportionsentre les données. Nous avonsaussi pondéré certaines donnéesfinancières selon les variationsde l’indice des prix à la consom-mation en utilisant les chiffres deStatistique Canada.

Les collections

Les monographies

Une bibliothèque de collège metà la disposition de ses utilisa-

teurs, cégépiens et professeurs,la documentation la plus récenteet la plus pertinente dont ils ontbesoin pour atteindre leurs objec-tifs d’apprentissage et d’ensei-gnement. Il est normal que l’onse penche au premier chef sur lescollections qui doivent être enadéquation avec les program-mes d’études du collège (tableau14.1).

En 2003, la moyenne des volu-mes par bibliothèque s’établissaità 71 983, tandis qu’elle était de70 406 en 1999. Nous obser-vons une grande variation dansles collections de l’ensemble descégeps québécois : en 2003, laplus petite bibliothèque possé-dait 23 000 volumes, alors quela plus importante en contenait134 000. On peut dire qu’entre1999 et 2003, la collectiond’une bibliothèque de collèges’est accrue en moyenne de seu-lement 364 volumes par année,alors que l’augmentation an-nuelle de 1992 à 1999 étaitde 491 volumes. Compte tenude la production éditoriale desmaisons d’édition d’ici et del’étranger, ce chiffre est très fai-ble. N’oublions pas qu’au tour-nant des années 1980, la biblio-thèque de collège ajoutait en

moyenne 1 187 volumes par anet plus de 800 dans la secondemoitié de la décennie 1980.Depuis une génération, la baissed’acquisition de nouveaux volu-mes est continue, et elle constitueune tendance lourde.

Une donnée en particulier a at-tiré notre attention comme facteursusceptible d’entraîner des erreursdans la perception des tendan-ces établies au moyen de nosindicateurs de performance. Ils’agit de la clientèle étudiante.Jusqu’à notre dernière étude,réalisée en 1999, la clientèleétudiante a toujours été ascen-dante. En 1992, nous comptionsen moyenne 3 126 cégépienspar collège, 3 196 en 1999,tandis que la hausse s’essoufflait.En 2003, nous en trouvons2 814, soit une baisse considé-rable de 12,8 % dans notreéchantillonnage par rapport à1999. Cette baisse du nombrede cégépiens oblige à une ana-lyse plus poussée de toutes nosprésentations de données parpersonne. Ainsi, malgré unehausse d’à peine 2,24 % dunombre de monographies, le nom-bre de monographies par cégé-pien passe de 27 en 1999 à35 en 2003. Quant au montant

Tableau 14.1Monographies

Nombre de Accroissement Monographies Budget d’acquisition monographies annuel par cégépien de monographies

par cégépien

n $

1992 66 968 … 28,0 15,771999 70 406 491 27,0 12,952003 71 983 364 35,1 20,70

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LES BIBLIOTHÈQUES DES COLLÈGES PUBLICS QUÉBÉCOIS EN 2003 CHAPITRE 14 • 227

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

par personne consacré auxmonographies, qui passe de12,95 $ en 1999 à 20,70 $en 2003, il n’est que le refletamplifié d’une augmentation,par ailleurs assez remarquable,de près de 22 % de ce budgetqui passe de 36 764 $ en1999 à 44 801 $ en 2003.

Le lecteur attentif notera que ceteffort financier, en hausse de22 %, ne se concrétise pas dansune hausse du nombre de mono-graphies en collection. Dans lecadre de bibliothèques géréesselon les règles établies, un éla-gage sérieux de ces collectionsvieillissantes aurait été la seuleexplication acceptable de cetteréalité. En l’absence d’une infor-mation plus approfondie, toutesles questions relatives à l’éla-gage doivent rester ouvertes.

Les périodiques

Les périodiques représentent uneautre portion fort importante descollections des bibliothèques. Ilsconstituent les pourvoyeurs del’information la plus récente surdes questions ou des domainesdonnés. Ils complètent et ils ac-tualisent l’information contenuedans les monographies. Contrai-

rement aux bibliothèques univer-sitaires où les périodiques consti-tuent le cœur des collections, soitenviron 80 % de toutes les acqui-sitions, la collection de périodi-ques dans la bibliothèque collé-giale doit avant tout étayer lemieux possible les collections demonographies (tableau 14.2).

De 300 périodiques en moyennepar bibliothèque en 1992, onest passé à 236 en 1999, puisà 217 en 2003. On observeque le budget d’acquisition despériodiques a été maintenu aucours des quatre dernières années,ce qui illustre bien la hausse

intervenue dans les coûts d’abon-nement des périodiques scienti-fiques.

Les périodiques numériques qu’onne trouvait pas dans les biblio-thèques de collège en 1992 yont fait leur entrée en 1999avec une moyenne de 12,7 parbibliothèque. En 2003, leurnombre a atteint une moyennede 152 par établissement. C’estun ajout à la documentationpériodique qu’on doit prendreen compte et qui gagnera enimportance au cours des pro-chaines années.

Tableau 14.2Périodiques

Nombre Cégépiens Budget Budget d’acquisition d’abonnements par abonnement d’acquisition par cégépien

n $

1992 300 12,6 17 630 6,751999 236 9,0 19 168 6,342003 217 9,5 19 850 8,56

Bibliothèque nationale du Québec

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228 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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La documentationaudiovisuelle et les logiciels

Quant à l’acquisition de docu-mentation audiovisuelle et de logi-ciels documentaires, nous devonsconclure que les données demeu-rent constantes au cours des an-nées (tableau 14.3).

En 2003, une bibliothèque decollège dépensait en moyenne76 794 $ pour ses acquisitions dedocumentation de toute nature,avec des variations allant de17 000 $ à 166 000 $. Faisantsuite à des baisses pendantquelques décennies, le montantaffecté aux acquisitions en 2003(76 794 $) reflète une augmen-tation de 15,4 % par rapport àcelui de 1999 qui s’établissaità 66 552 $, soit une augmen-tation de 15,4 %, alors que l’in-dice d’inflation de StatistiqueCanada (IPC – Loisirs, formationet culture) était de 6,5 % relative-ment aux quatre années allantde 1999 à 2003. Notons iciencore que la baisse de 12,8 %de la clientèle étudiante fait arti-ficiellement gonfler le montantpar personne qui grimpe à34,26 $ (tableau 14.4).

Les services offerts

La fréquentation

Nous avions observé pour lapremière fois en 1999 unebaisse de la fréquentation dela bibliothèque et nous nousdemandions alors si cette ten-dance allait se maintenir, voires’amplifier avec les années. Lafréquentation moyenne annuelle

d’une bibliothèque de collège,qui était de 248 830 en 1992,passe à 239 418 en 1999 età 199 463 en 2003 (tableau14.5).

Pour pouvoir estimer la valeur decette fréquentation, il faut la met-tre en relation avec la clientèleétudiante qui fréquente ces bi-bliothèques. De 1992 à 1999,en dépit d’une hausse de 2,2 %de la clientèle étudiante, nousobservons une baisse de 3,78 %

de la fréquentation, tandis que,de 1999 à 2003, la diminutionatteint 20 %.

La donnée par personne nousoffre un tout autre éclairage de lasituation : à une baisse inquié-tante de 9,8 % en ce qui con-cerne les entrées à la biblio-thèque par cégépien, de 1992à 1999, succède une faiblebaisse de 1 % de 1999 à 2003,en raison du recul du nombrede cégépiens en 2003. Nous

Tableau 14.3Acquisition de documentation audiovisuelle et de logiciels

Documentation Logiciels audiovisuelle

$

1992 6 299 10 2131999 6 278 4 7562003 6 700 5 443

Tableau 14.4Budget de l’ensemble des acquisitions

Budget total Budget d’acquisition d’acquisition par cégépien

$

1992 67 307 26,161999 66 552 23,192003 76 794 34,26

Tableau 14.5Données sur la fréquentation de la bibliothèque

Fréquentation Entrées par cégépien

Nombre Variation Nombre Variation

n % n %

1992 248 830 … 84,3 …1999 239 418 -3,8 75,6 -9,82003 199 463 -20,0 75,0 -1,0

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LES BIBLIOTHÈQUES DES COLLÈGES PUBLICS QUÉBÉCOIS EN 2003 CHAPITRE 14 • 229

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

devons quand même prendre encompte que cette faible réduc-tion d’entrées par cégépien de1 %, constatée entre 1999 et2003, fait suite à deux baissesimportantes constatées sur cepoint depuis 20 ans, soit 10,5 %entre 1983 et 1992, et 9,8 %entre 1992 et 1999.

Il serait imprudent, à la lumièredes données colligées en 2003,de conclure à une baisse defréquentation des bibliothèquesdans l’avenir. Force nous est deconstater que les méthodes detravail des cégépiens se modi-fient et que l’Internet, par exem-ple, contribue à leur fournir unebonne partie de la documenta-tion nécessaire à leurs travaux enparticulier et à leurs études d’unemanière plus générale. Maisquelle est la qualité de cetteinformation ? Est-il possible depenser que la bibliothèque – parl’intégration des technologies del’information et des communica-tions, par de véritables program-mes de formation à l’informationqui en sont le corollaire et, sur-tout, par l’action du personnel

professionnel qui devrait dispen-ser ces programmes en relationavec les professeurs – soit vue denouveau par les cégépienscomme l’instrument de confianceen matière d’accès à l’informa-tion et à la documentation ?

Le nombre de placesassises

Outre qu’elle est un service à laformation, la bibliothèque estaussi un lieu physique à la disposi-tion de ses utilisateurs. En 1992,un collège dispose en moyennede 362 places pour accommo-der 3 126 cégépiens. En 1999,on trouve 380 places pour3 196 cégépiens et, enfin, en2003, 337 places pour unepopulation de 2 814 cégépiens(tableau 14.6).

S’il est un point sur lequel lescégeps se classent bien, c’estcelui du nombre de places offer-tes à leurs cégépiens. Les der-nières normes américaines (1994)pour les community collegesrecommandent un minimum de10 % de la clientèle étudiante, et

on peut avancer que les collègesquébécois répondent à ces nor-mes minimales américaines.

En ce qui a trait au rapport entrele nombre d’entrées annuelles etle nombre de places assises,nous constatons une baissegraduelle entre 1992 et 2003.En effet, de 697 en 1992, cesentrées passent à 657 en 1999et à 617 en 2003, ce quiamène à conclure qu’une moinsgrande pression existe relative-ment à l’occupation de l’espaceen bibliothèque au cours desdernières années.

Le prêt de documents

Si la fréquentation est un élémentde premier plan pour évaluerl’utilisation de la bibliothèque, leprêt des documents en est unautre, et ce, depuis longtemps,pour approfondir la connais-sance de cette utilisation. À l’ins-tar d’autres types de bibliothè-ques, la bibliothèque de collègeprête des documents et elle col-lige des statistiques concernantces prêts.

Tableau 14.6Données sur la capacité d’accueil

Places Ratio places/ Cégépiens/ Entrées par assises cégépien place assise place assise

n % n

1992 362 13,4 8,7 6971999 380 12,9 9,1 6572003 337 12,3 10,6 617

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230 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 14.7Évolution du nombre des prêts

Prêt au comptoir Prêt par cégépien

Nombre Variation Nombre Variation

n % n %

1992 50 038 … 16,3 …1999 34 784 -30,5 11,4 -30 1 %2003 24 348 -42,8 9,7 -17 4 %

Si l’on jette un regard sur unepériode plus longue du fonctionne-ment des bibliothèques de col-lège, nous remarquons que lenombre de prêts est demeuré rela-tivement stable de 1976 à 1992(47 401 en 1976, 48 428 en1983 et 50 038 en 1992). C’estvraiment entre 1992 et 2003que nous observons une véritablerupture. De 1992, où l’on notaitun total de 50 038 prêts, nouspassons à 34 784 en 1999, soitune baisse de 30,5 % et, enfin, de34 784 à 24 348 en 2003, soitune nouvelle réduction de 42,8 %.

Il en est de même de la donnée« prêts par cégépien » : cette don-née a l’avantage de mettre encontexte et de relativiser l’évolu-tion de la baisse observée encette matière. Le lecteur attentifnotera qu’ici la baisse de laclientèle étudiante n’entre pas enligne de compte. Nous obser-vions 22,0 prêts par cégépienen 1983, 16,3 en 1992, 11,4 en1999 et 9,7 en 2003 (tableau14.7).

La forte variation apparente dunombre absolu de prêts au comp-toir entre 1999 et 2003 doit évi-demment être relativisée en fonctionde la diminution de la clientèleétudiante entre ces années.

Comment expliquer le change-ment draconien des 10 dernièresannées (1992-2003) ? Les cau-ses sont sans doute multiples.À l’instar des données sur lafréquentation (il faut fréquenterpour emprunter), les données surle prêt posent sans doute toute laquestion des mutations dans les

méthodes de travail des cégé-piens. Il est possible qu’il failleproposer l’examen d’un pro-blème plus fondamental pourexpliquer ces comportementsdocumentaires différents depuisune décennie : la bibliothèquen’est peut-être plus perçue commeun facteur déterminant dansl’apprentissage des cégépiens.Seule une étude précise etcomplexe pourrait départagerl’influence de facteurs comme laphotocopie, l’appauvrissementdes collections, l’existence d’autressources d’information commeInternet, la quasi-disparitiondu personnel professionnel, l’in-fluence des enseignants, etc.

Une certitude demeure : le rôlepédagogique de la bibliothèque,perceptible au début de l’exis-tence des cégeps, a disparu ou,à tout le moins, s’est fortementaffadi. La bibliothèque est pas-sée, dans une première phase,d’un service pédagogique à uncomptoir de prêt et, dans unedeuxième étape, d’un comptoirde prêt à un lieu de conservationde documentation.

À quand l’introduction des « car-refours de l’information » dansles bibliothèques et la mise en

place de véritables programmesde formation documentaire (unecompétence devant être acquisepar le cégépien pendant sesétudes collégiales) ?

Le personnel

Une bibliothèque n’est pasqu’une collection, si importanteet si pertinente soit-elle. Elle n’estpas non plus qu’un espace, siconsidérable et si bien aménagésoit-il. Le personnel est au centrede la vie et du fonctionnement dela bibliothèque. Le personnel estaussi un point névralgique dansl’évaluation de la bibliothèque.C’est lui qui met la collectionen valeur, qui offre des servicesspécialisés de qualité aux utili-sateurs, professeurs et cégépiens,c’est lui qui dynamise le rôle etles fonctions de la bibliothèquedans la formation dispensée.

Un service spécialisé et de qua-lité ne peut être offert sans l’ap-port de bibliothécaires formésdans la discipline. Après avoirconnu en moyenne 2,5 bibliothé-caires professionnels par collègeen 1976, nous sommes passés à1,5 en 1992, à 1,2 en 1999 età 1,1 en 2003 (tableau 14.8).

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LES BIBLIOTHÈQUES DES COLLÈGES PUBLICS QUÉBÉCOIS EN 2003 CHAPITRE 14 • 231

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

L’érosion du nombre de biblio-thécaires professionnels dans lescollèges s’est faite pendant quela clientèle étudiante était ascen-dante. Si les données sur lenombre de bibliothécaires sontstables entre 1999 et 2003, onpeut en conclure qu’il n’y a plusde postes de bibliothécaire àcouper, que le fonds du barilest atteint. Après avoir recensé96 bibliothécaires professionnelsdans le réseau en 1976 (dansun réseau qui comptait moinsde cégeps que les 48 actuels) et61 en 1992 (malgré une aug-mentation de la clientèle de 29,3 %entre 1976 et 1992), nous enrecensons une cinquantaine en2003. Faut-il également se sur-prendre que près d’une dizainede bibliothèques de cégep necomptent aucun bibliothécaireparmi leur personnel ?

Une autre donnée éloquente atrait au rapport concernant lenombre de cégépiens par biblio-thécaire professionnel. En d’autrestermes, à combien de cégépiensen moyenne un bibliothécairedoit-il offrir des services relevantde sa compétence ? En 1976, ily avait 1 025 cégépiens parbibliothécaire, 2 188 en 1992,2 787 en 1999 et, enfin, 2 541en 2003, les données de 2003étant explicables essentiellementpar la diminution de la clientèleétudiante survenue récemment.

Il faut noter que, dans l’analysedu nombre de bibliothécairesprofessionnels, nous prenons encompte tous ceux qui travaillentdans une bibliothèque de cégep,

y compris les directeurs ou lescoordonnateurs, les chefs deservice, les gestionnaires oules simples professionnels. C’estsans doute cet aspect qui paraîtle plus sombre dans le portraitd’ensemble des bibliothèques decégep. Il est difficile d’imaginer,compte tenu du faible nombre deprofessionnels dont elle dispose,que la bibliothèque de collègepuisse dispenser une large gammede services, allant du développe-ment des collections (y comprisl’élagage) et de la référence, àl’initiation aux nouveaux supportsd’information et au nouveau défi,déjà mentionné, de la formationdocumentaire.

Comme nous l’avons déjà dit,plusieurs collèges ne sentent pasle besoin de profiter des servicesd’un professionnel de l’informa-tion documentaire et on notesurtout un nombre toujours gran-dissant de cégeps où il n’y aqu’un bibliothécaire, celui-cidevant exercer un nombre consi-dérable de fonctions en tant quepersonne-orchestre.

Les donnéesfinancières

Le budgetde la bibliothèque

En l’absence de normes québé-coises relatives à l’agrément descollèges et à l’évaluation de leursbibliothèques, il est difficile defixer d’une manière précise lapart du budget du collège quidoit normalement être allouée àla bibliothèque. On ne peut quese rabattre sur la consultationd’autres normes de collèges oud’établissements similaires. AuxÉtats-Unis, les normes d’agrémentdes community colleges fixaient,dans leur version de 1980, laportion minimale du budget ducollège attribuée à la bibliothè-que à 5 %, et les dernières normesrevues en 1994, à 6 % commenorme minimale et à 9 % commenorme d’excellence. Les organis-mes d’évaluation des universitésnord-américaines (y compris lesuniversités québécoises) ont éta-bli un pourcentage de 6 % à 9 %du budget de l’établissement quidoit être attribué au Service de labibliothèque.

Tableau 14.8Bibliothécaires dans les cégeps

Bibliothécaires Cégépiens par par cégep bibliothécaire

n

1992 1,5 2 1881999 1,2 2 7872003 1,1 2 541

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232 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Nous accordons une attentiontoute particulière à cette propor-tion entre le budget de la biblio-thèque et le budget du collège,car cette donnée globale reflèteen dernière analyse l’importancede la bibliothèque dans le col-lège, de même que l’évolutionde sa place dans l’établissement.Évidemment, les hausses obser-vées dans les divers postes bud-gétaires doivent prendre en comptel’inflation, réalité qui érode lesbudgets et touche donc lesachats de livres et de périodi-ques, de même que les salairesdu personnel. Si l’on prendcomme mesure d’inflation l’indicedes prix à la consommation deStatistique Canada (Loisirs, for-mation et culture), on constateque l’inflation entre 1992 et 2003a été de 26,1 %, bien que lapériode des quatre années entre1999 et 2003 ait connu uncertain apaisement, soit seule-ment 6,5 %.

Notre observation des bibliothè-ques de cégep montre une baissecontinue de la proportion dubudget du collège attribué à labibliothèque à partir du milieudes années 1970. De 4,0 % en1971, cette proportion passe à3,1 % en 1976, à 2,4 % en1983, à 2,1 % en 1992, à1,8 % en 1999, pour en arriverà un maigre 1,7 % en 2003.

Regardons plus attentivement lesdonnées de la dernière décennie(1992-2003). On constate quele budget moyen de la bibliothè-que est passé de 483 883 $ en1992 à 446 955 $ en 2003,soit une baisse de 7,6 %, tandis

que le budget du collège aug-mentait, de son côté, d’environ24 M$ à un peu moins de30 M$, c’est-à-dire une augmen-tation de 24,6 %. Au cours desquatre dernières années (1999-2003), le budget de la biblio-thèque a augmenté de 3,9 %,tandis que celui du collège pro-gressait de 13,0 % (tableau14.9). Il est clair que les sommesallouées à la bibliothèque nesuivent pas, et de loin, l’augmen-tation des budgets du collège,tant au cours du dernier quartde siècle que durant les toutesdernières années.

La proportion de 1,68 % accor-dée à la bibliothèque est valabledans l’ensemble du réseau descégeps. Nous observons, à l’in-térieur de ce réseau, des varia-tions considérables entre les col-lèges qui consacrent un budgetplus élevé et ceux qui allouent àleur bibliothèque un faible bud-get. Pour illustrer cette assertion,il est pertinent de fournir quelquesexemples des deux extrémités duspectre. Les collèges qui accor-dent le pourcentage le plus élevésont le cégep de Granby Haute-Yamaska (3,58 %), le cégepGérald-Godin (2,98 %), le col-

lège de la région de L’Amiante(2,85 %), le cégep de Drum-mondville (2,39 %), le cégep deSept-Îles (2,23 %) et le cégepde Baie-Comeau (2,17 %). Lescollèges qui accordent la propor-tion la plus faible de leur budgetà la bibliothèque sont le cégepde la Gaspésie et des Îles(0,39 %), le cégep de Victoria-ville (0,85 %), le collège Mont-morency (1,09 %), le cégep duVieux Montréal (1,11 %), le cégepde Saint-Hyacinthe (1,12 %) et lecollège de Bois-de-Boulogne(1,16 %).

La répartition des dépensesdans le budgetde la bibliothèque

Dans une bibliothèque de collège,quand on fait référence auxprincipales répartitions budgé-taires, on pense tout d’abordaux salaires du personnel, auxsommes allouées à l’achat de ladocumentation (livres, pério-diques imprimés et numériques,documentation audiovisuelle etnumérique) et à une troisièmeportion dite « dépenses diver-ses » (frais de bureau, reliure,abonnement à des réseaux telsRESDOC, etc.). Les normes amé-ricaines des bibliothèques de

Tableau 14.9Évolution comparée du budget du collège et du budgetde la bibliothèque

Collège Bibliothèque Proportionbibliothèque/collège

$ %

1992 23 793 720 483 883 2,11999 26 242 406 430 335 1,82003 29 646 778 446 955 1,7

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LES BIBLIOTHÈQUES DES COLLÈGES PUBLICS QUÉBÉCOIS EN 2003 CHAPITRE 14 • 233

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

collège font traditionnellementmention d’un partage 65 % –25 % – 10 % respectivementpour les salaires, la documenta-tion et les dépenses diverses.Au Québec, depuis le débutdes années 1980, à caused’une hausse notable des salai-res survenue alors, cet équilibrerecherché a été bousculé et laportion des salaires avait atteint,en 1983, 83 % du budget totalde la bibliothèque.

Quelques remarques s’imposentà la lecture du tableau 14.10.Les coûts salariaux représententmaintenant une proportion moins

grande, et plus normale, du bud-get de la bibliothèque, mais cetéquilibre a été réalisé à la suitede réductions draconiennes etdu non-remplacement de profes-sionnels et d’employés partisà la retraite au cours des années1980 et 1990, au point oùplusieurs bibliothèques de collègetravaillent avec un personnelinsuffisant. Un début de correc-tion a été effectué entre 1999et 2003 en ce qui concerne lesacquisitions. Cette correctionintervient après une baisse surune longue période. Cette légèrehausse de budget d’achat ne

compense même pas l’augmen-tation des coûts de la documen-tation : avec cette petite haussede budget en 2003 par rapportà 1999, une bibliothèque decollège n’a pu acheteren moyenne que 364 volumes en2003, au lieu de 491 en 1999,et s’abonner à 217 périodiquesau lieu de 236. Enfin, l’augmen-tation des dépenses diverses de-puis 10 ans reflète l’importanceque prennent les coûts liés àl’introduction de la technologiedans le domaine documentaire :entretien de l’équipement, appar-tenance à un réseau, etc.

Tableau 14.10Évolution des composantes budgétaires et de leurs proportions

Rémunération Acquisitions Autres dépenses

$ % $ % $ %

1992 388 896 81,0 67 306 14,5 27 681 4,51999 322 791 77,0 65 701 15,8 41 843 7,22003 328 189 73,4 76 794 17,2 41 972 9,4

Conclusion

La première remarque qui vient àl’esprit à la suite de cet examende la situation des bibliothèquesde cégep a trait au rôle et à lafonction de la bibliothèque dansla formation dispensée dans lescollèges. La place et le rôle dela bibliothèque apparaissent, àl’heure actuelle, très mal définisdans le collège. À quoi sert-ellevraiment ? Quel est son rôle dansl’apprentissage des cégépiens ?Y a-t-il une corrélation entre unebonne bibliothèque, c’est-à-direune bibliothèque qui dispense desservices de qualité, et la réussite

des cégépiens ? La bibliothèqueest-elle partie prenante dans lesactions relatives à la réussite mi-ses de l’avant dans les collèges ?La bibliothèque est-elle un servicepédagogique bien intégré à laformation ou un à-côté dispen-dieux qu’on est forcé de main-tenir ? Les professeurs voient-ilsla bibliothèque comme une aideet un appui pour leur ensei-gnement ? En d’autres mots, unemeilleure bibliothèque peut-ellecontribuer à améliorer la forma-tion et l’enseignement dispensésdans les collèges ? Ce sont desquestions que devraient se poser

tant les dirigeants des collègesque les gestionnaires des biblio-thèques.

Les community colleges améri-cains, qui accordent une propor-tion légèrement supérieure à 4 %en moyenne, trouvent eux-mêmesce montant trop faible, et lesdernières normes ont été rehaus-sées à 6 % comme normes mini-males à l’intention de leurs orga-nismes d’agrément. Au Québec,la proportion a encore légèrementfléchi en 2003 pour en arriver àun maigre 1,68 %. Nous n’épilo-guerons même pas sur le cas descollèges qui consacrent 1 % ou

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234 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

moins à leur service de biblio-thèque. En réalité, prenant encompte l’expérience des autresbibliothèques similaires et à lasuite de nos observations depuisla création des cégeps, nouscroyons qu’avec un budget endeçà de 3 %, la bibliothèque decégep n’est pas en mesure dejouer son rôle de service péda-gogique, d’offrir des servicesspécialisés à ses usagers, derenouveler régulièrement ses col-lections et de suivre convenable-ment l’évolution des technologiesde l’information et des communi-cations.

Il y a en moyenne 1,1 bibliothé-caire par bibliothèque en 2003,alors qu’il y en avait 2,5 en 1976,1,9 en 1983, 1,5 en 1992 et1,2 en 1999. Ces chiffres par-lent d’eux-mêmes. Ils prennent,par ailleurs, un nouvel éclairagequand on observe le rapportdu nombre de cégépiens parbibliothécaire : 1 025 en 1976,1 805 en 1983, 2 188 en1992, 2 750 en 1999, avecune embellie de 2 541 en 2003,due uniquement à une baisserécente de la clientèle étudiante.Dans le plus grand nombre debibliothèques de collège, on netrouve qu’un seul bibliothécaireprofessionnel aux prises avec lestâches les plus variées, exclusouvent de l’orientation et de lagestion de la bibliothèque.

Il faut réaffirmer qu’à l’instard’autres genres de bibliothèques– publiques, universitaires ou derecherche –, une bibliothèque decollège ne peut se développer

sans un personnel professionnelcompétent, dynamique et ennombre suffisant. La dynamisa-tion de la bibliothèque, son inté-gration à l’enseignement dis-pensé dans l’établissement, lamise en place de programmesde formation documentaire pas-sent de toute nécessité par l’arri-vée de nouveaux spécialistes del’information dans la bibliothè-que de collège.

Dans toute bibliothèque, une col-lection est une réalité dynami-que. Elle doit s’enrichir continuel-lement de nouvelles acquisitions;dans le cas contraire, elle devientune collection muséale. Cetteréalité d’acquisition continue estd’autant plus vraie au collège,car, contrairement à l’université,le cégep ne peut inclure dans samission la constitution de collec-tions rétrospectives en fonctionde la recherche. Une bibliothè-que d’enseignement collégial n’ajamais la conservation pour mis-sion première.

À une époque où la publicationde livres explose dans le mondeet où la documentation devientrapidement périmée, on doitexaminer avec attention le tauxde renouvellement de la collec-tion. Entre 1999 et 2003, labibliothèque n’a augmenté sacollection que de 364 volumespar année en moyenne, alorsqu’elle l’avait majoré de 1 186entre 1976 et 1983, de 825entre 1983 et 1992 et de 491entre 1992 et 1999. Le ralentis-sement du renouvellement deslivres est continu et inquiétant et,

à ce rythme d’acquisition suividepuis 15 ans, les collectionsdes bibliothèques de collègesont en train de perdre leur va-leur de pertinence, et donc leurvaleur pédagogique.

Deux données qui avaient attirénotre attention de manière parti-culière en 1999 prennent encorede l’importance en 2003. Il s’agitde la diminution de fréquentationet de la réduction des prêts.Évidemment, ces deux pointssont liés puisqu’il faut fréquenterpour emprunter. La baisse de cesdeux variables ne devrait paslaisser indifférents tant les diri-geants des collèges que ceuxdes bibliothèques. Une étudeapprofondie s’impose pour endéterminer les causes.

L’ordre collégial se prête particu-lièrement bien à l’acquisition denouvelles méthodes de travail etla bibliothèque peut y contribuerpuissamment. Nous entendonsici une bibliothèque qui déve-loppe ses collections sur tous lessupports et qui dispense uneformation critique de l’informa-tion et de la documentation.

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Introduction

Au cours de la deuxièmemoitié des années 1990,les bibliothèques univer-

sitaires ont connu des difficultésliées aux compressions budgé-taires imposées à l’ensemble desuniversités québécoises. En mêmetemps, les changements techno-logiques sont venus transformerles façons de faire. Qu’en est-ilde la situation financière desbibliothèques universitaires aujour-d’hui ? Quelle a été l’ampleur deces transformations ? Ont-elles euune incidence sur l’accessibilitédes services offerts aux étudiants ?sur la répartition des postes dedépense ? Par conséquent, lesétudiants disposent-ils de meil-leures collections, de plus deressources matérielles, de plusde personnel pour répondre àleurs besoins ? À l’aide de quel-ques éléments statistiques, nousdevrions observer ces change-ments dans les ressources finan-cières, les catégories d’emploi etles collections.

CHAPITRE 15

LES BIBLIOTHÈQUESDES UNIVERSITÉS QUÉBÉCOISESDE 1983 À 2002

Aux fins de cette étude, les don-nées proviennent des Statistiquesgénérales des bibliothèques uni-versitaires, publiées annuellementpar la Conférence des recteurset principaux des universités duQuébec (CREPUQ) depuis 1983.À partir de 2001-2002, les ca-tégories de certaines variablesont été changées, ce qui nousempêche parfois d’obtenir desdonnées à leur sujet. Les varia-bles retenues pour la présenteétude sont réparties en cinq grou-pes :

• Financement : évolution des dé-penses (fonctionnement, inves-tissement, ressources documen-taires, répartition par étudiant)

• Ressources humaines : évolutionde l’effectif (total, par étudiant,répartition)

• Documentation : évolution descollections (nombre, répartitionpar étudiant)

• Ressources matérielles : évolu-tion de la superficie et desplaces de travail

• Fréquentation et utilisation :fréquentation, prêts, consulta-tion sur place

Limites

Dans cette analyse, nous dispo-sons de données exclusivementquantitatives qui ne refléterontqu’une certaine partie d’une réa-lité fort complexe. Des conceptscomme la qualité des servicesaux étudiants ou celle des collec-tions ne sont pas mesurés, maisnous estimons toutefois être enmesure d’effectuer un survol vala-ble et de faire ressortir les gran-des lignes du développementdes bibliothèques universitairesquébécoises de 1983 à 2003.

BNQ Pierre Perreault

Christian Guay

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236 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Dépensesde fonctionnement

La figure 15.1 montre qu’après unepériode de croissance jusqu’en1993-1994, soit un accroisse-ment annuel moyen de 5 %, asuivi une période plus difficile quis’est arrêtée en 1998-1999 etqui correspond aux compres-sions importantes dans l’appareilgouvernemental. Notons quel’évolution des dépenses desbibliothèques par rapport auxuniversités a suivi la même ten-dance au cours de la période,variant entre 5,48 % et 6,01 %.Donc, à partir de 1998-1999,le rythme de croissance desdépenses de fonctionnementdes bibliothèques universitairesquébécoises reprend une courbeascendante jusqu’en 2003.

De 1994-1995 à 1997-1998,on assiste à une décroissancedes dépenses de fonctionnementdes bibliothèques universitairesde 2 % par année en moyenne.Par contre, en 1998-1999, onconstate une inversion positivede la tendance, c’est-à-dire unecroissance de 5 %. Même chosel’année suivante. En 2001-2002,le rythme d’augmentation desdépenses de fonctionnement prendencore plus de vigueur (11 %)par rapport à l’année précé-dente. Il ralentit cependant en2002-2003 (6 %), mais demeuresupérieur à la croissance moyenneenregistrée de 1983 à 1993. En1983, on dépensait 60 404 047 $pour le fonctionnement des bi-bliothèques universitaires, tandisqu’en 2002-2003, on atteint unsommet de 128 557 024 $. Cesdépenses ont plus que doublé au

cours de la période, affichant untaux de variation annuel moyende 4,1 % en 19 ans.

Les acquisitions (qui comprennentles dépenses effectuées pourl’acquisition ou la mise à jourdes collections ainsi que pourl’interrogation des banques dedonnées) ont été les moins tou-chées par la baisse observéeparmi les autres dépenses. Seulecette catégorie a constammentaugmenté pendant toute lapériode (augmentation annuellemoyenne de 7,2 %), en dollarscourants, ce qui est bien supé-rieur au taux de variation annuelmoyen des dépenses de fonc-tionnement. Au cours des troisdernières années, les dépensesde cette catégorie ont amorcéune importante ascension. L’aug-mentation des dépenses ayant

Figure 15.1Évolution des dépenses de fonctionnement, 1983-2003

0

20

40

60

80

100

120

M$

140

1983-1984

1985-1986

1987-1988

1989-1990

1991-1992

1993-1994

1995-1996

1997-1998

1999-2000

2001-2002

Dépenses totales Acquisitions Salaires et avantages Autres dépenses

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LES BIBLIOTHÈQUES DES UNIVERSITÉS QUÉBÉCOISES DE 1983 À 2002 CHAPITRE 15 • 237

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

été de 10 % en 2000-2001, lacroissance prend encore plus devigueur en 2001-2002 (17 %) etelle ralentit en 2002-2003 (11 %).Cette hausse pourrait être attri-buable à l’augmentation des prixdes livres mais, comme nous leverrons plus loin, le nombre dedocuments a crû également. Onpeut donc en conclure que lesdépenses d’acquisition connais-sent un accroissement réel.

Les dépenses de salaires et avan-tages comprennent deux dimen-sions. Les salaires représentent letotal des prestations versées auxemployés réguliers, occasionnels,temporaires, les heures supplé-mentaires et les primes, tandisque les avantages constituent lapart de la rémunération des em-ployés en sus du salaire versé,comme les assurances collectives,les fonds de pension, etc. Cesdépenses ont donc suivi à peude chose près la même tendanceque les dépenses totales. En1993-1994, elles ont commencéà diminuer, puis à remonter àpartir de 1998-1999 jusqu’àaujourd’hui. En dollars courants,cela représente une augmen-tation de plus de 60 % duranttoute la période. La croissanceobservée ces deux dernières an-nées est de 4 %, ce qui demeuresupérieur au taux moyen annuelde variation de cette catégoriequi est de 3 %, mais qui est infé-rieur au taux global des dépen-ses de fonctionnement, soit 5 %.

La catégorie autres dépensescomprend toutes les autres dé-penses de fonctionnement impu-tées au budget des bibliothèques,comme les dépenses de fourni-tures, d’informatique, les frais deperfectionnement, de déplace-ment, etc. Cette catégorie a elleaussi été épargnée par les com-pressions budgétaires. Au coursde la période à l’étude, onobserve une croissance annuellemoyenne de 2,4 %, qui est pas-sée de 3 584 713 $ en 1983à 5 605 561 $ en 2002-2003.Toutefois, au cours de la dernièreannée, on remarque une diminu-tion de 18 % par rapport à l’an-née précédente.

Lorsqu’on regarde la répartitiondes dépenses de fonctionnement(tableau 15.1), on constate quela proportion des dépenses desalaires a diminué de 16 %. En1983, elles représentaient 71 %,tandis qu’elles n’atteignent plusque 56 %. Cela pourrait s’expli-quer par l’évolution des métho-des de travail liées à l’intro-duction des technologies del’information, qui nécessitent moinsde ressources humaines et se

traduisent par une baisse de l’ef-fectif en personnel, comme nousl’avons constaté (– 16 % pour cequi est de l’ensemble du personnel)(figure 15.2).

La proportion des dépenses d’ac-quisition a connu une fortehausse durant toute la périodeétudiée. On constate en effetqu’en 1983-1984, elles repré-sentaient 23 % des dépensestotales, tandis qu’en 2002-2003, elles constituent 40 % del’ensemble des dépenses defonctionnement. La proportionde cette catégorie de dépensesa donc crû de 17 points depourcentage au cours de la pé-riode. On peut en conclure queles collections des bibliothèquesuniversitaires ont été moins tou-chées par les restrictions budgé-taires.

Pour ce qui est des autres dépenses,on constate que leur proportiondes dépenses de fonctionnementa chuté de 2 points de pourcen-tage durant toute la période,passant de 6 % en 1983-1984à 4 % en 2002-2003.

Tableau 15.1Répartition des dépenses de fonctionnement

Salaires Acquisitions Autres

%

1983-1984 71,0 23,0 6,02002-2003 56,0 40,0 4,0

Variation -16,0 17,0 -2,0

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238 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Ressources humaines

L’effectif en personnel correspondau nombre de postes effective-ment dotés et estimés en équi-valents temps complet (ETC).Depuis 1983-1984, l’effectif desbibliothèques universitaires a subiune perte de 14 % en ce quiconcerne l’ensemble du person-nel, passant de 1 630 employésen 1985-1986, à 1 394 en2002-2003, comme l’illustrent letableau 15.2 et la figure 15.3.Ce dernier chiffre constituecependant une remontée car,de 1993-1994 à 2001-2002,l’effectif total a connu une baisseconstante. En 2001-2002, oncomptait 1 352 ETC, ce qui enfait le seuil le plus bas jamaisenregistré. Enfin, en 2002-2003,on observe une remontée de 3 %de l’effectif en personnel.

Tableau 15.2Effectif, 1985-2003

Unité Ensemble du Professionnel Technique Personnel depersonnel bureau

1985-1986 n 1630 403 579 6482002-2003 n 1394 391 454 549

Variation % -14,0 -3,0 -22,0 -15,0

Figure 15.3Évolution de l’effectif, 1985-2003

Figure 15.2Répartition des dépenses de fonctionnement, 1983-1984 et 2002-2003

Autres6 %

Salaires71 %

Acquisitions23 %

Salaires56 %

Autres4 %

Acquisitions40 %

0200400600800

1 0001 2001 4001 600

n

1 800

1985-1986

1987-1988

1989-1990

1991-1992

1993-1994

1995-1996

1997-1998

1999-2000

2001-2002

Ensemble du personnel Professionnel Technique Personnel de bureau

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LES BIBLIOTHÈQUES DES UNIVERSITÉS QUÉBÉCOISES DE 1983 À 2002 CHAPITRE 15 • 239

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

De 1985-1986 à 1991-1992,on constate une croissance an-nuelle moyenne d’à peine 0,3 %.De 1992-1993 à 2001-2002,on observe un taux de variationannuel moyen négatif dans toutesles catégories. La dernière annéerenoue avec la croissance, mais ilfaudra attendre les prochainesannées pour confirmer qu’il s’agitd’une tendance.

L’effectif en personnel professionnelaccuse une baisse de 3 %, c’est-à-dire qu’on est passé de 403 à391 ETC au cours de la période àl’étude. En enregistrant 12 emploisperdus, cette catégorie sembleavoir été la moins touchée par lescompressions budgétaires.

L’effectif en personnel de bureaua subi une baisse plus importante(15 %), passant de 848 ETC en1985-1986 à 549 en 2002-2003, ce qui correspond à99 emplois de moins dans cettecatégorie.

L’effectif en personnel techniqueest sans aucun doute celui qui asubi davantage l’effet des com-pressions budgétaires, soit unebaisse de son effectif de 22 %au cours de la période à l’étude.Ce sont 125 emplois qui ont étéperdus dans cette catégorie,passant de 579 ETC en 1985-1986 à 454 en 2002-2003.Notons que les plans de départvolontaire à la retraite ont priseffet en 1995-1996.

Le nombre d’étudiants par em-ployé permet d’évaluer très som-mairement la qualité des servicesofferts aux étudiants dans lesbibliothèques universitaires. Eneffet, alors que le nombre d’em-ployés diminuait, le nombred’étudiants augmentait. Le ratioétudiants/employés s’est donctrouvé en hausse. Comme lemontre la figure 15.4, le nombred’étudiants desservis par em-ployé (toutes catégories d’emploiconfondues) a augmenté de 38 %,

passant de 86 étudiants par em-ployé en 1983-1984 à 118 en2002-2003, tandis que la popu-lation étudiante n’a crû que de26 %. L’écart entre les deux tauxpourrait s’expliquer en partie parla baisse de 14 % de l’effectifdes bibliothèques universitaires.

En ce qui concerne les profes-sionnels, on est passé de 335 à458 étudiants par professionnel,ce qui représente une augmen-tation de 37 % durant toute lapériode. Les bibliothécairesdesservaient 359 étudiants en1983-1984, alors qu’ils en ont,chacun, 490 à desservir en2002-2003, soit une augmen-tation de 36 %. À la lumière deces données, on pourrait affirmerque la charge de travail desemployés des bibliothèques uni-versitaires a augmenté. Cepen-dant, les statistiques de fréquen-tation, présentées plus loin, nouspermettent de relativiser l’inci-dence de cette charge.

Figure 15.4Évolution du nombre d’étudiants (EETC) par employé, de 1983-1984 à 2001-2002

0

100

200

300

400

500

n

600

1983-1984

1985-1986

1987-1988

1989-1990

1991-1992

1993-1994

1995-1996

1997-1998

1999-2000

2001-2002

Étudiants par employé Étudiants par professionnel Étudiants par bibliothécaire

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240 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

La répartition du personnel pro-fessionnel, technique et de bureaua quelque peu évolué durant lapériode à l’étude1. La proportiond’employés professionnels repré-sentait 25 % de l’effectif total en1985-1986, tandis qu’en 2002-2003, elle était de 28 %. Parcontre, les plus grandes varia-tions apparaissent dans les autrescatégories.

La proportion du personnel tech-nique a connu un gain de 10 %dans la répartition des catégo-ries de l’effectif total, passant de23 % en 1985-1986 à 33 %en 2002-2003. Le personnel debureau, qui représentait 52 % del’ensemble du personnel en 1985-1986, n’est plus que de 39 % en2002-2003 (figure 15.5).

Documentation

La figure 15.6 montre que lescollections des bibliothèques uni-versitaires ont été en croissancecontinue au cours de la période.La documentation des bibliothè-ques universitaires québécoisesa plus que doublé en 19 ans,affichant un taux d’augmentationannuel moyen de 4,0 %. Le nom-bre des unités documentairesest passé de 14 689 798 en1983-1984 à 30 994 695 en2002-2003. Toutefois, au coursde la dernière année, la crois-sance s’affaiblit, compte tenu

d’une variation de 0,06 %, cequi est nettement inférieur au tauxd’augmentation annuel moyen.

La figure 15.7 révèle que larépartition de la documentationa quelque peu évolué au cours

de la période2. En 1988-1989,les monographies (ouvrages enun ou plusieurs volumes qui pa-raissent une seule fois ou dont lapublication s’étale sur une duréelimitée), en format imprimé oumicroforme, comptaient pour

1. Pour ce qui concerne l’année 2001-2002, une autre catégorie d’emploi a été ajoutée, soit celle des « surnuméraires ». Pourobtenir des données comparables, il nous a fallu éliminer la catégorie en l’agrégeant aux autres, au prorata des résultats.

2. Pour obtenir des données comparables, il a fallu nous rabattre sur l’année précédente. Les données les plus récentes sontregroupées sous une autre catégorisation qui nous empêche de les utiliser à des fins de comparaison.

Figure 15.5Répartition de l’effectif en personnel, 1985-1986 et 2002-2003

Professionnel28 %

Technique33 %

Bureau39 %

Professionnel25 %

Technique36 %

Bureau39 %

Figure 15.6Évolution du nombre de documents, 1983-2003

05

101520253035

M

1983-1984

1985-1986

1987-1988

1989-1990

1991-1992

1993-1994

1995-1996

1997-1998

1999-2000

2001-2002

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LES BIBLIOTHÈQUES DES UNIVERSITÉS QUÉBÉCOISES DE 1983 À 2002 CHAPITRE 15 • 241

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

63 % de toute la documentation.En 2001-2002, cette proportionest de 66 %.

Les publications en série, c’est-à-dire les publications paraissanten fascicules ou en volumes suc-cessifs pendant une période nondéterminée à l’avance, en formatimprimé ou microforme, repré-sentaient 31 % de la documenta-tion alors qu’elle n’est plus quede 24 % en 2001-2002.

La proportion des documentsmixtes (audiovisuels et autres) estpassée de 6 % à 10 % au coursde la période. La documentationordinolingue3, incluse dans cettedernière catégorie, représente37 022 unités en 2001-2002.Compte tenu d’une aussi faiblepart dans la documentation to-tale (0,13 %), on ne peut tirer deconclusion mais, en 1999-2000,il n’y en avait que 24 998. Ils’agit d’une augmentation subs-tantielle de plus de 48 % en troisans seulement.

En 1988-1989, on comptait 118documents par étudiant (étudiantséquivalents temps complet, EETC)et, à la fin, en 2001-2002, onen dénombrait 173, ce qui re-présente une hausse de plus de30 % durant toute la période àl’étude, soit un taux d’accroisse-ment annuel moyen de 3 %. Cesdonnées ne permettent pasd’évaluer l’aspect qualitatif descollections, mais elles permettentdu moins d’en apprécier l’acces-sibilité.

Pub. en série31 %

Figure 15.7Répartition de la documentation, 1988-1989 et 2000-2001

Monographies66 %

Pub. en série24 %

Doc. mixtes10 %

Monographies63 %

Doc. mixtes6 %

Fréquentationet utilisation

Le nombre d’entrées à la biblio-thèque n’a pour ainsi dire pasbougé en 14 ans comme le mon-tre la figure 15.8, et ce, malgréune hausse moyenne de la popu-lation étudiante de 8 % pendantla même période. En 1987, lesportes des bibliothèques univer-sitaires ont été franchies à13 024 656 reprises, alors qu’en2003, on compte 12 917 638entrées, soit 107 018 de moins.Bien sûr, il y a d’autres personnesque les étudiants qui fréquententles bibliothèques universitairesmais, lorsqu’on compare la fi-gure 15.4 (évolution du nombred’étudiants) et la figure 15.8, onvoit que les courbes, sans évo-luer dans les mêmes proportions,suivent toutefois la même ten-dance.

Parallèlement, la consultation dedocuments sur place a accuséune baisse de 35 %, passant de8 595 879 documents en 1987à 5 558 721 en 2003. Pour-tant, la circulation des docu-ments, c’est-à-dire le nombre deprêts ainsi que les prêts entrebibliothèques ont respectivementcrû de 25 % et de 10 %.

La fréquentation physique desbibliothèques universitaires abaissé, mais l’utilisation des ser-vices des bibliothèques universi-taires se maintient. La consulta-tion de documents de référencesur place a accusé la plus fortebaisse. L’accès à distance parInternet pourrait être un facteurqui influe sur cette utilisation,sachant qu’on a ainsi accès àplusieurs sources de documenta-tion, y compris les cataloguesdes bibliothèques.

3. Les documents ordinolingues incluent les disques, rubans, cédéroms comprenant des données ou des programmes (données derecensement, banques de données installées localement, ouvrages de référence, etc.).

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242 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Ressources matérielles

La superficie nette occupée parles bibliothèques universitaires (ex-cluant l’espace réservé à la méca-nique, aux installations sanitaires,aux escaliers, aux ascenseurs etaux corridors de circulation) aconnu une croissance de 36 % aucours de la période, passant de140 217 mètres carrés en 1983-1984 à 190 176 mètres carrésen 2002-2003. On observe untaux de croissance moyen annuelde moins de 2 % (figure 15.9).Dans la première moitié de lapériode, un étudiant disposaiten moyenne de un mètre carréd’espace dans les bibliothèquesuniversitaires. À partir de 1996-1997, et ce, jusqu’en 2000-2001,le ratio est monté à 1,2 mètrecarré, tandis qu’en 2001-2002et en 2002-2003, il recom-mence à descendre, soit 1,1 et0,94 mètre carré respectivement.

Le nombre de places de travailest passé de 18 941 en 1983-1984 à 22 209 places en 2002-2003. Il s’agit d’une augmen-tation de 17 % durant toute lapériode, tandis qu’on observeune croissance annuelle moyennede moins de 1 %. Compte tenude quelques variations au coursde la période, on dénombraitsept étudiants par place de tra-vail en 1983-1984, tandis qu’ily en a huit en 2002-2003.

Notons que les normes en lamatière, généralement admisesen Amérique du Nord, propo-sent un ratio de quatre étudiantspar place de travail et 1,25mètre carré par étudiant4. Jus-qu’en 2000-2001, on semblaitêtre sur la bonne voie pour attein-dre la norme en ce qui concernel’espace par étudiant (le ratio semaintenait à 1,2 mètre carré),mais les deux dernières années

Figure 15.8Évolution de la fréquentation, des prêts et des consultations sur place, 1987-2003

Figure 15.9Évolution de la superficie nette et du nombre de places de travail,1983-2003

4. Clément TREMBLAY, Statistiques générales des bibliothèques universitaires du Québec, CREPUQ, 1992-1993, p. 20.

0 2468

101214

M

16

1987-1988

1988-1989

1989-1990

1990-1991

1991-1992

1992-1993

1993-1994

1994-1995

1995-1996

1996-1997

1997-1998

1998-1999

1999-2000

2000-2001

2001-2002

2002-2003

Fréquentation (nombre d'entrées) Circulation des documents (prêts) Consultation sur place

120 000140 000160 000180 000

m2 k200 000

1983-1984

1985-1986

1987-1988

1989-1990

1991-1992

1993-1994

1995-1996

1997-1998

1999-2000

2001-2002

181920212223

Superficie nette (en mètres carrés) Places de travail

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LES BIBLIOTHÈQUES DES UNIVERSITÉS QUÉBÉCOISES DE 1983 À 2002 CHAPITRE 15 • 243

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

ont vu le ratio diminuer et attein-dre 0,94 mètre carré en 2002-2003. Le nombre d’étudiantspar place de travail a connu unediminution substantielle de 1992-1993 à 1998-1999, mais ilremontera ensuite pour atteindrehuit étudiants par place en2002-2003. Il devient doncévident que les bibliothèques uni-versitaires ne pourront que trèsdifficilement atteindre les normesen ce qui a trait à ces deuxindicateurs.

Par ailleurs, la progression dunombre de postes informatiques,constante jusqu’en 1998-1999(11 % par année en moyenne),connaît maintenant une diminu-tion (figure 15.10)5. Après avoiratteint le sommet historique de5 302 postes informatiques ladernière année au cours de la-quelle on a enregistré une crois-sance, on constate une diminu-tion moyenne de 1 % par annéedepuis 1998-1999, et l’on atteint4 622 postes en 2001-2002.

Par contre, lorsqu’on répartit lenombre d’étudiants par poste,c’est l’accessibilité qui augmente.En effet, la croissance constanteobservée à la figure 15.10 setraduit par une diminution du nom-bre d’étudiants par poste informa-tique (figure 15.11). En 1988-1989, 107 étudiants devaientpartager un poste informatiquedans les bibliothèques universitai-res, tandis qu’ils étaient 37 en

2001-2002, ce qui prouve quele virage technologique entreprisà la fin des années 1980 estachevé. La phase de développe-ment semble terminée car, depuis1999-2000, le nombre de pos-tes disponibles diminue.

Comme nous l’avons vu précé-demment, la fréquentation desbibliothèques stagne malgré lahausse de la population étu-

diante. Même sans donnéespour mesurer ce fait, on peutsupposer que les étudiants ontplus facilement accès à des pos-tes informatiques à la maison,mais aussi à l’université. Les labo-ratoires informatiques se sont dé-veloppés à l’extérieur des mursdes bibliothèques, libérant celles-ci de la responsabilité de rendreces postes accessibles.

5. La catégorie équipement informatique inclut les micro-ordinateurs de type PC servant à des fonctions particulières au sein desdivers services de la bibliothèque ou au traitement de texte. On y trouve aussi les appareils servant à la consultation des basesde données, au prêt de documents ou à l’entrée de données.

Figure 15.11Évolution du nombre d’étudiants par poste informatique, 1988-2002

Figure 15.10Évolution du nombre de postes informatiques, 1988-2002

01 0002 0003 0004 0005 000

n

6 000

1988-1989

1990-1991

1992-1993

1994-1995

1996-1997

1998-1999

2000-2001

0

20

40

60

80

100

n

120

1988-

1989

1989-

1990

1990-

1991

1991-

1992

1992-

1993

1993-

1994

1994-

1995

1995-

1996

1996-

1997

1997-

1998

1998-

1999

1999-

2000

2000-

2001

2001-

2002

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244 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Conclusion

À la lumière des variables analy-sées, on peut affirmer que lesbibliothèques universitaires qué-bécoises ont dû s’adapter auxnouvelles réalités budgétaires, àla baisse de fréquentation ainsiqu’aux nouvelles technologies.

Les compressions des années1990 se sont traduites par unebaisse substantielle de l’effectif.Les étudiants ont moins de per-sonnel pour répondre à leursbesoins, mais ils sont aussi moinsnombreux à fréquenter la biblio-thèque. De plus, l’espace dispo-nible par étudiant est en baisseainsi que le nombre d’étudiantspar place de travail. Le dévelop-pement d’Internet semble avoirtransformé la manière de con-sommer les services des biblio-thèques, car le nombre de prêtsn’a cessé d’augmenter, tout commeles collections. Les catalogues desbibliothèques sont maintenantdisponibles sur Internet, ce quifavorise une plus grande accessi-bilité.

De nouvelles tendances se dessi-nent, particulièrement en ce quiconcerne les dépenses, mais ilfaudra observer le comportementdes variables au cours des pro-chaines années par rapport auxfluctuations des dépenses publi-ques.

Par ailleurs, le développementdes activités des bibliothèquesuniversitaires sur le réseau Internet,ainsi que la plus grande accessi-bilité aux ressources documentai-res qui en découle, exigerait denouvelles méthodes de mesurepour produire des statistiques àpropos de ces nouveaux servicesaux étudiants. Actuellement, lesvariables relatives à la fréquenta-tion et à la consultation sur placene décrivent que partiellementl’utilisation des ressources desbibliothèques universitaires.

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PARTIE 5LES LECTEURS

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CHAPITRE 16

20 ANS DE LECTUREDE LIVRES AU QUÉBEC

La lecture de livres

Rappelons qu’un peu plus de lamoitié de la population québé-coise lit régulièrement des livres.Cette proportion s’est maintenueau cours de la période de 1979à 1999, à l’exception de l’épi-sode de 1994 où elle était plusélevée. Somme toute, la positionrelative des lecteurs de livres nes’est pas améliorée dans la po-pulation au cours des vingt

dernières années et, même, elleaurait régressé de 2 points parrapport à 1979. Une partie deslecteurs occasionnels d’autrefoisauraient même basculé dans leclan des non-lecteurs, commenous l’avons signalé antérieure-ment. Ceux que nous qualifionsde lecteurs fidèles ont égalementmodifié l’intensité de leur lectureen diminuant la quantité de livreslus. Les gros lecteurs, ceux quilisent 50 livres et plus par année,

sont de moins en moins nom-breux, alors que grossissent lesrangs des petits lecteurs. Cechangement de comportementapparaît en 1989 et il persistedepuis lors. Le tableau 16.1, quiprésente la proportion de lec-teurs selon le nombre de livreslus au cours de la période de1979 à 1999, montre bienl’inversion qui s’est produite dansle domaine de la lecture.

Rosaire Garon

Tableau 16.1Proportion de lecteurs selon le nombre de livres lus annuellement, de 1979 à 1999

Nombre de livres lus 1979 1983 1989 1994 1999

%

Moins de 10 livres 23,6 22,6 33,3 29,8 29,2De 10 à 19 livres 29,6 26,0 25,6 27,8 29,4De 10 à 49 livres 24,2 23,1 23,9 24,9 24,350 livres et plus 22,6 28,3 17,2 17,5 17,1

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 1979, 1983, 1989, 1994, 1999.

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248 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Dans le territoire

La lecture de livres prend desformes contrastées dans le terri-toire. En gros, la lecture de livresse présente comme une activitéplus urbaine que rurale. Elle estplus fréquente dans les grandscentres et décroît au fur et àmesure qu’on s’en éloigne. Ainsi,elle est à son plus haut niveaudans la région de Montréal etdans la région de Québec. Ellediminue légèrement dans lesrégions en périphérie de Mont-réal, puis devient moins fré-quente que la moyenne dansles autres régions. L’Abitibi-Témiscamingue déroge à ceschéma en ce qu’elle se com-porte plutôt comme les régionspériphériques de Montréal. Cephénomène se maintient tout aulong de la période considérée. Ilne faut toutefois pas accorder

aux variations régionales une im-portance capitale puisque,comme nous le verrons, d’autresvariables ont un effet plus déter-minant encore sur la lecture delivres. Les caractéristiques socio-démographiques des populationsrégionales pourraient en partieexpliquer ces différences. Signa-lons que deux régions seulementenregistrent des gains au coursde la période – l’Estrie et laMontérégie –, tandis que labaisse la plus significative de lalecture de livres est survenuedans la région de la Gaspésie–Bas-Saint-Laurent (tableau 16.2).

Dans les milieux sociaux

Le lectorat du livre présente destraits encore plus contrastés quecelui des revues et des magazi-nes, et son évolution est plusmouvementée. Trois variables

discriminent fortement les lecteursdes non-lecteurs en 1999 : lascolarité, le sexe et la situationprofessionnelle. Par ailleurs, lalecture de livres variait fortementavec l’âge en 1979 et en1983. Elle fluctuait égalementselon la situation maritale quireflète en quelque sorte les cliva-ges selon l’âge. Le décalagedes niveaux de lecture entre lacommunauté francophone et lesautres communautés linguistiques,fortement marqué jusqu’en 1994,semble s’être atténué en 1999.

Le rapport au livre devient deplus en plus étroit au fur et àmesure que s’accroît la scolarité.La fin du primaire et le début dusecondaire marquent un tempsstratégique où augmente de fa-çon importante la probabilité dedevenir lecteur. Les données descinq enquêtes concordent sur ce

Tableau 16.2Lecture régulière de livres dans les régions, de 1979 à 1999

Région 1979 1983 1989 1994 1999 Rapport1999/1979

%

Gaspésie–Bas-Saint-Laurent 60,0 42,3 48,6 48,0 47,8 79,7Saguenay–Lac-Saint-Jean 46,1 41,9 40,6 46,8 42,1 91,3Capitale-Nationale 60,5 49,0 53,8 59,4 54,5 90,1Chaudière-Appalaches 41,7 43,4 39,6 50,3 38,6 92,6Mauricie–Bois-Francs 49,6 49,4 47,4 47,8 44,2 89,1Estrie 46,2 46,0 49,0 48,6 51,9 112,3Montréal 60,5 61,6 58,7 62,6 58,6 96,9Laval, Laurentides, Lanaudière 59,2 44,6 55,2 59,3 50,4 85,1Montérégie 44,8 50,7 57,2 54,9 54,6 121,9Outaouais 58,1 42,0 47,8 59,4 49,0 84,3Abitibi-Témiscamingue 52,3 44,3 50,2 54,5 51,2 97,9Côte-Nord 43,9 46,7 39,3 52,9 43,6 99,3

Total 54,4 51,0 53,2 56,9 52,0 95,6

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 1979, 1983, 1989, 1994, 1999.

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 249

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

point. Les personnes qui ont ter-miné moins de huit années descolarité lisent rarement des livres– une sur quatre seulement en1999 – et ce sont le plus souventdes femmes. La proportion delecteurs a augmenté de façongraduelle, de 1979 à 1994,parmi la population comptantmoins de huit années de scolarité(tableau 16.3). En 1999, elleest revenue au niveau de 1983.L’évolution est différente parmila population qui compte huitannées et plus de scolarité. Onobserve deux périodes où seproduit une baisse de la lecture.La première survient après 1979et la seconde, après 1994. Lerésultat final est, en 1999, quela proportion de lecteurs a aug-menté légèrement parmi la popu-lation la moins scolarisée, maisqu’elle a diminué ailleurs dansles groupes plus scolarisés. Ensomme, les écarts entre les per-sonnes moins scolarisées et lesautres se sont réduits au coursdes vingt dernières années, maisc’est moins, en définitive, enraison d’une plus grande péné-tration de la lecture parmi lapopulation moins scolariséequ’à cause d’un délaissement del’habitude de la lecture de livresparmi les personnes scolarisées.

La lecture de livres ne présenteplus d’écart criant entre les géné-rations. Les contrastes entre géné-rations sont frappants en 1979.Les jeunes générations comptentune bonne proportion de lec-teurs, au-delà de 60 %, mais les

générations plus âgées, beaucoupmoins. Ces différences entregénérations ne persistent plus en1999, alors que la populationâgée compte autant de lecteursque la plus jeune. Les jeuneslecteurs de 1979 ont conservéen bonne partie leurs habitudesde lecture en vieillissant, mais ilsn’ont pas été remplacés pard’autres jeunes ayant les mêmeshabitudes. Le fait que les person-nes âgées d’aujourd’hui comp-tent un plus grand nombre delecteurs de livres qu’autrefois estlargement attribuable à la réformescolaire et à la gratuité de l’édu-cation. Aujourd’hui, il y a moinsde lecteurs de livres chez lesjeunes qu’en 1979. C’est mêmedans le groupe des 25 à 34 ansque la proportion est la plusfaible. Rapprochons de ce faitles taux de lecture selon la situa-tion de travail et d’étude. Envingt ans, la proportion de lec-teurs a peu varié parmi la popu-lation active et la populationinactive. Il en va tout autrementde la population étudiante. L’ha-bitude de lire des livres se perdchez les étudiants, comme si lalecture de livres était devenue demoins en moins nécessaire pourréussir ses études. Chez les étu-diants, les lecteurs de livres sontbeaucoup moins nombreux main-tenant qu’en 1979, un écart de20 points s’étant creusé depuis.Si l’école demeure la voie privilé-giée d’accès à la connaissance,on peut maintenant s’interrogersur sa capacité à former unlectorat pour le livre.

Un phénomène nouveau appa-raît en 1989. Avant cette année-là, la fin des études et l’entréesur le marché du travail n’entraî-naient pas le délaissement dulivre, au contraire. Mais depuis1989, c’est l’inverse qui se pro-duit, et la tendance s’est mêmelégèrement amplifiée en 1999.On le voit par l’évolution destaux de lecteurs de livres chez les15 à 24 ans et les 25 à 34 ans.Avant 1989, la proportion delecteurs de livres est plus élevéeparmi les 25 à 34 ans, trèsmajoritairement sur le marché dutravail, que parmi les 15 à24 ans, pour la plupart auxétudes. Cependant, à partir de1989, et surtout en 1999, la findes études marque pour plusieursla cessation de la lecture delivres. Cette pratique s’évanouitsans doute en raison des nouvel-les charges professionnelles etfamiliales qui leur échoient, maisaussi parce que la lecture delivres n’est pas suffisammentdéveloppée pour persister aprèsla disparition du cadre scolaire.

L’examen de la lecture selon lesexe nous dévoile d’autres aspectsde la lecture et nous renseigne,comme le feront les genres litté-raires, sur les différences entre laculture masculine et la cultureféminine. Déjà, en 1984, nousnous étions demandé si la lectureétait du genre féminin1. Les en-quêtes subséquentes sont venuesconfirmer cette hypothèse. Lesécarts demeurent constants depuisvingt ans, les femmes étant 1,5 fois

1. R. GARON, « La lecture serait-elle du genre féminin ? », Chiffres à l’appui, vol. II, no 1, Québec, Ministère des Affairesculturelles, avril 1984.

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250 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

plus nombreuses que les hommesà lire des livres. Nous verronsplus loin que les usages différen-ciés du livre selon le sexe – lesgenres de lecture et les raisonsde lire – expliquent en partie cetécart.

Un autre fait sur lequel il fautattirer l’attention est celui de lavariation des taux de lecteurs delivres parmi les communautés lin-guistiques au cours des dernièresannées. Depuis le début des

enquêtes sur les pratiques cultu-relles, les francophones accusentun taux de lecteurs de livresinférieur à celui des autres com-munautés linguistiques, en raisonnotamment des anglophones quicomptent une plus grande pro-portion de lecteurs que les fran-cophones et les allophones. Lesécarts se sont réduits de 1994à 1999, non parce que leslecteurs ont augmenté chez lesfrancophones, mais parce qu’ils

ont diminué dans les autres com-munautés linguistiques. Un phé-nomène un peu similaire s’estproduit en matière de lecture derevues et de magazines, mais ils’est manifesté plus tôt que dansle cas présent. Au total, la pro-portion de lecteurs de livres chezles francophones est maintenantsensiblement la même qu’en1979, tandis que, du côté desanglophones, elle a connu unechute de plus de 10 points.

Tableau 16.3Lecture des livres selon les milieux sociaux, de 1979 à 1999

Population de 15 ans et plus 1979 1983 1989 1994 1999 Rapport1999/1979

%

SexeHomme 44,5 38,2 41,9 45,7 41,7 93,7Femme 63,7 63,0 63,8 67,5 61,9 97,2Âge1

De 15 à 24 ans 60,0 54,8 56,9 64,4 53,0 88,3De 25 à 34 ans 65,0 56,8 53,6 59,8 48,5 74,6De 35 à 44 ans 60,8 55,5 52,2 56,1 51,1 84,0De 45 à 54 ans 46,6 47,5 50,5 61,3 56,1 120,455 ans et plus 38,8 39,5 52,2 47,5 52,1 134,3ScolaritéDe une à 7 années 21,3 26,9 33,8 34,5 25,2 118,3De 8 à 11 années 50,7 47,2 47,5 50,6 43,4 85,6De 12 à 15 années 67,5 58,7 57,2 58,7 51,7 76,616 années et plus 78,3 71,7 69,0 71,3 65,1 83,1Situation maritaleMarié ou mariée 53,9 47,4 51,0 54,1 51,6 95,7Célibataire 60,2 59,3 56,8 63,5 52,2 86,7Veuf ou veuve, divorcé oudivorcée, séparé ou séparée 45,1 48,9 52,0 54,0 52,5 116,4Langue parlée à la maisonFrançais 52,5 48,8 52,5 55,2 51,4 97,9Autre langue 64,5 62,5 59,0 65,7 54,8 85,0SituationPersonne active 53,9 48,2 52,1 54,9 49,9 92,6Personne inactive 51,3 47,4 53,1 53,2 53,3 103,9Étudiant ou étudiante 79,0 71,0 59,9 72,8 59,1 74,8

Total 54,3 51,0 53,2 56,9 52,0 95,8

1. Population de référence en 1979 : 18 ans et plus.Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 1999.

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 251

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

La langue de lecturedes livres

Le français est, pour la majorité,la langue principale de lecture.Un peu plus de 70 % des lec-teurs, en 1999, ont déclaré liredes livres le plus souvent enfrançais, comparativement à 15,5 %qui ont déclaré en lire surtout enanglais et 13,2 %, dans les deuxlangues. La lecture unilingue enfrançais a régressé de 5 pointsde 1989 à 1999, lesquels ontété déplacés vers la lecture bilin-gue (tableau 16.4). Nous assis-tons ici, à toutes fins utiles, à lareproduction du changement sur-venu dans la langue de lecturedes revues et des magazines.

Le français a préséance danstoutes les régions lorsqu’il s’agitde lecture de livres, tant en 1989qu’en 1999. La proportion atteintet dépasse même 90 % dans lesrégions à très forte concentrationde francophones. Elle est toutefoismoins élevée dans les régions oùse rassemblent les anglophones etles allophones, en particulier àMontréal et en Outaouais. Lalecture unilingue en français a faitun gain dans la région del’Outaouais mais, ailleurs, c’estplutôt la lecture bilingue qui amarqué des points.

Les changements survenus aucours de la décennie dans lalangue de lecture de livres ausein des communautés linguisti-ques rappellent ceux qu’a con-nus la langue de lecture desrevues et des périodiques (ta-bleau 16.5). Les observations

sont convergentes dans les deuxcas : les francophones et les an-glophones s’ouvrent de plus enplus à la langue de l’autre com-munauté, alors que l’on assiste à

une francisation de la langue delecture des allophones. La lectureunilingue a légèrement régresséparmi les communautés franco-phone et anglophone par un

Tableau 16.4Langue de lecture des livres selon les régions, 1989, 1994 et 1999

Langue de lecture Région Total

Montréal Outaouais Autres régions

%

Surtout en français1989 60,4 59,1 84,6 76,11994 55,3 62,7 80,7 71,81999 53,4 64,4 79,1 71,2

Surtout en anglais1989 27,5 24,2 8,4 15,01994 29,3 22,8 7,8 15,41999 29,2 20,4 9,6 15,5

Les deux langues1989 12,1 16,7 7,0 8,91994 15,4 14,5 11,5 12,81999 17,4 15,2 11,3 13,3

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles auQuébec, 1989, 1994, 1999.

Tableau 16.5Langue de lecture des livres selon la langue parlée à la maison,1989, 1994 et 1999

Langue de lecture Langue parlée à la maison Total

Français Anglais Autres langues

%

Surtout en français1989 86,0 3,0 45,2 77,61994 83,3 4,6 48,2 71,81999 82,7 4,0 44,2 71,3

Surtout en anglais1989 5,4 87,9 54,8 13,81994 4,5 87,4 25,5 15,41999 4,5 83,7 35,4 15,5

Les deux langues1989 8,6 9,1 .. 8,61994 12,2 8,0 26,3 12,81999 12,8 12,3 20,4 13,2

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles auQuébec, 1989, 1994, 1999.

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252 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

transfert vers le bilinguisme, alorsque, du côté des allophones, lalecture en français supplante, en1999, la lecture en anglais. Lesfrancophones et les anglopho-nes, huit fois sur dix en 1999,lisent les livres dans leur langue,et la lecture unilingue dansl’autre langue demeure margi-nale. Il y aurait eu dans ces deuxcommunautés un déplacement,même s’il est peu important il estvrai, de la lecture unilingue versla lecture bilingue2. Le paysages’est transformé plus profondémentchez les allophones. En 1989,ils lisaient des livres surtout enanglais, dans une proportiond’environ 60 %, et la lecture prin-cipalement en français atteignaitenviron 20 %. La lecture unilin-gue en anglais n’est plus obser-vable que chez 35 % en 1999,tandis que la lecture unilingue enfrançais a grimpé à près de 45 %.

Le genre de lecturede livres

Les genres de lecture sont trèsdiversifiés. Les lecteurs ne se con-finent pas à un seul genre, maisdéclarent en lire plusieurs, dumoins de temps à autre. Lors dela dernière enquête, ils ont men-tionné lire, en moyenne, 6 gen-res différents de livres sur les15 que comportait la liste, soitpresque autant qu’en 1994 etqu’en 1989. Le tableau 16.6présente la liste des genres lusde temps à autre, tandis que letableau 16.7 donne les genres

lus le plus souvent. Les lecturesn’ont pas toutes le même statut.Certaines catégories demeurentdans le programme de lecturemême si elles sont d’intérêt se-condaire. Le recours à un livren’est pas toujours l’indice de laferveur qu’on ressent à sonégard. Il peut être commandépar un intérêt momentané, unbesoin d’information ou un tra-vail particulier. Ainsi, certainescatégories sont mentionnées parbon nombre de lecteurs, maiselles deviennent rarement des

catégories dominantes. On levoit à la comparaison des genresde lecture de temps à autre avecles genres déclarés principaux.Cela donne deux échelles depopularité, l’une basée sur lalecture qui peut n’être qu’occa-sionnelle, l’autre sur la lectureprincipale (tableau 16.8). Uneforte distorsion existe entre lesdeux échelles. L’ordre des genresn’est plus du tout le même dansl’une et l’autre, à l’exception duroman et de la biographie quiconservent les premières places,

Tableau 16.6Genre de livres lus de temps à autre, 1989, 1994 et 1999

Genre de livres 1989 1994 1999

%

Romans 74,0 74,7 72,9 Romans policiers .. 43,8 48,8 Romans d’amour .. 28,2 35,5 Romans historiques ou à caractère social .. 30,4 36,7 Romans des grands auteurs .. .. 56,1 Romans best-sellers .. .. 52,7Biographies, autobiographies 68,3 66,7 60,8Santé, médecines douces, forme physique 66,0 58,2 51,5Livres pratiques (bricolage, cuisine,artisanat, horticulture) 55,5 55,3 49,2Actualité et ouvrages documentaires 54,1 50,6 46,1Histoire, généalogie, patrimoine 49,2 44,6 46,0Psychologie, développement personnel 54,8 52,2 43,9Livres scientifiques et techniques 55,0 47,5 39,5Livres d’art ou sur l’art .. 31,5 31,7Essais 28,3 24,7 28,0Poésie 30,7 29,9 27,9Bandes dessinées 37,3 32,1 27,8Ordinateur, micro-informatique .. .. 25,8Livres religieux 27,2 24,1 23,5Ésotérisme, parapsychologie 33,0 29,1 22,4

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles auQuébec, 1989, 1994, 1999.

2. Ce changement est significatif dans la communauté francophone, mais il ne se vérifie pas statistiquement dans la communautéanglophone.

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 253

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

ce qui indique bien la placeexceptionnelle qu’occupent lafiction et, dans une moindre me-sure, les histoires de vie, dansl’univers de la lecture.

Le roman obtient la faveur deslecteurs : plus de 70 % d’entreeux en lisent de temps à autre etenviron 55 % en font leur lectureprivilégiée. Ces pourcentages onttrès peu changé depuis 1989. Ilne fait donc aucun doute que lalecture privilégiée des Québé-cois est le plus souvent de typeromanesque. On lit différentsgenres de romans, des romansdes grands auteurs et des best-sellers, mais aussi des romansplus légers comme les romanspoliciers et les romans d’amour.Certains se confinent à un genrede roman, par exemple le poli-cier, que lisent principalement15 % des lecteurs en 1999.D’autres, moins nombreux, vontse plonger dans le romand’amour, le roman historique oules best-sellers. Mais, sommetoute, la majorité des lecteurs deromans mélangent les genres.

Les biographies et les autobiogra-phies sont aussi appréciées parplusieurs, même si elles ont perdude leur popularité. Elles viennentimmédiatement après les romansdans les mentions. Toutes lesautres catégories de livres sontcitées comme genre principal parmoins de 10 % des lecteurs en1999. Un bon nombre de lec-teurs, même s’ils deviennent demoins en moins nombreux, vontconsulter des ouvrages sur la santé,les médecines douces et la bonneforme physique. Les ouvrages à

Tableau 16.7Genre de livres lus le plus souvent (deux mentions possibles),1989, 1994 et 1999

Genre de livres 1989 1994 1999

%

Romans 57,9 55,5 55,2 Romans policiers .. 22,4 15,0 Romans d’amour .. 11,2 5,7 Romans historiques ou à caractère social .. 10,2 5,2 Romans des grands auteurs .. .. 3,5 Romans best-sellers .. .. 5,5Biographies, autobiographies 31,3 19,8 18,1Histoire, généalogie, patrimoine 10,4 7,8 7,1Psychologie, développement personnel 13,0 11,1 5,9Livres scientifiques et techniques 14,1 9,1 5,3Livres religieux 5,3 6,5 4,2Ordinateur, micro-informatique .. .. 4,2Livres pratiques (bricolage, cuisine,artisanat, horticulture) 11,3 6,5 4.1Santé, médecines douces, forme physique 9,3 4,8 3,3Ésotérisme, parapsychologie 6,7 6,4 2,7Actualité et ouvrages documentaires 9,8 5,1 2,5Bandes dessinées 6,9 3,5 2,0Essais 1,8 1,4 1,6Livres d’art ou sur l’art .. 2,9 1,6Poésie 2,0 0,0 1,5

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles auQuébec, 1989, 1994, 1999.

Tableau 16.8Rang du genre de livres selon qu’ils sont lus de temps à autreou le plus souvent, 1999

Genre de livres Rang

Lus de Lus le temps à autre plus souvent

Romans 1 1Biographies, autobiographies 2 2Histoire, généalogie, patrimoine 6 3Développement personnel, psychologie 7 4Livres scientifiques et techniques 8 5Ordinateur, micro-informatique 13 6Livres religieux 14 7Livres pratiques (bricolage, cuisine,artisanat, horticulture) 4 8Santé, médecines douces, forme physique 3 9Ésotérisme, parapsychologie 15 10Actualité et ouvrages documentaires 5 11Bandes dessinées 12 12Essais 9 13Livres d’art ou sur l’art 10 14Poésie 11 15

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles auQuébec, 1999.

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254 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

caractère pratique comme ceuxqui portent sur le bricolage,la cuisine, l’artisanat ou l’horticul-ture sont consultés par la moitiédes lecteurs. Les autres ouvragesles plus populaires sont les livresqui traitent d’histoire, de généalo-gie ou du patrimoine, les docu-mentaires et les ouvrages quiabordent les questions d’actualité.Les genres les moins populaires,mentionnés comme lecture occa-sionnelle par moins de 30 % deslecteurs en 1999, sont les ouvra-ges sur l’ésotérisme et la para-psychologie, les livres religieux,les essais, la poésie, les albumsde bandes dessinées et les livressur l’ordinateur et la micro-informatique.

Certains genres de lecture, enplus de ceux qui ont été mention-nés précédemment, ont baissédans la faveur populaire depuisdix ans, que ce soit commelecture occasionnelle ou commelecture fréquente. C’est le casdes livres scientifiques et tech-niques, des albums de bandesdessinées, des livres sur l’éso-térisme, la parapsychologie, lapsychologie et le développementpersonnel.

Le genre de lecturede livres etl’appartenance sociale

Nous avons vu que le nombre delecteurs d’un genre donné variait

de façon notable tant en matièrede lecture occasionnelle que delecture principale. Cela nous apermis de dresser des échellesde popularité des genres littérai-res. Mais les attitudes à l’égardd’un genre littéraire varient àl’intérieur des catégories sociales(tableau 16.9). Nous utiliseronsles données de l’enquête de1999 pour illustrer ce propos.Les rapports au livre et, surtout, àson contenu, obéissent à la dy-namique des goûts, des besoinset des aspirations que dictentl’appartenance sociale et le cy-cle de vie. Nous verrons que lespublics du livre sont multiples etque le profil d’un genre de lec-ture peut être aux antipodes decelui d’un autre.

Les quatre variables les plusdéterminantes, au total, dans leschoix de lecture sont les mêmespour les lectures occasionnelleset les lectures principales, maisleur ordonnancement n’est pas lemême3. Nous nous limiterons,dans la mesure du possible, à

ces quatre variables dans la des-cription des profils de lecture,sauf lorsque d’autres variablesplus déterminantes viennent lesdéclasser. Nous établirons unparallèle entre la lecture detemps à autre et la lecture laplus fréquente pour dégager lescaractéristiques du noyau durdes lecteurs d’un genre littéraire.

Il est intéressant d’observer quel’âge influence le plus la lectureoccasionnelle des genres littérai-res, tandis que le statut sociopro-fessionnel, lui, s’impose dans lechoix des lectures privilégiées.C’est que la lecture épisodiqued’un genre est souvent condition-née par une situation, un besoinparticulier, alors que la lectureassidue l’est par une attitude plusfondamentale, soit la passion delire. Le sexe conditionne fortementces choix. Le contenu de lecturedes hommes et des femmes nousrévèle à nouveau la différenced’univers culturel. La scolarité,dont nous avons vu l’importancedans le fait de lire, se classe ici

Tableau 16.9Ordre d’importance des prédicteurs de la lecture

Prédicteur Ordre d’importance

Lecture de Lecture le temps à autre plus souvent

Statut socioprofessionnel 4 1Sexe 2 2Âge 1 3Scolarité 3 4

3. Nous avons eu recours à la technique de la détection automatique des interactions (CHAID), basée sur l’algorithme duChi-2, pour détecter les meilleurs prédicteurs de chacun des genres de lecture. Les variables retenues dans le modèleexplicatif sont le sexe, l’âge, la scolarité, la situation maritale, le statut socioprofessionnel, la situation de travail, la langueparlée à la maison, les revenus du ménage, les revenus personnels et la taille de l’agglomération de résidence.

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 255

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

au troisième ou quatrième rang,selon le cas. Nous aurions pucroire que les goûts en matièrede lecture seraient davantageconditionnés par le niveaud’instruction. Mais il faut signalerque l’influence de la scolarités’est déjà manifestée en amonten discriminant les lecteurs desnon-lecteurs, et qu’elle laisse icipréséance à d’autres variables.Précisons par ailleurs que lespersonnes plus scolarisées fontpreuve d’une plus grande diver-sité dans leur lecture.

Les lectures selon le sexe

La pratique de la lecture delivres, nous l’avons vu, est uneactivité plus féminine que mascu-line. La différenciation sexuellene se manifeste pas seulement

dans l’intensité de la lecture, maiselle apparaît aussi dans les gen-res littéraires, certains semblantréservés plutôt à un sexe qu’àl’autre. Comme nous l’avons vu àpropos de la lecture des périodi-ques, ces différences typiques nepeuvent que rappeler la différen-ciation des rôles sociaux et lapersistance des stéréotypes sexuelsdans notre société. Le rôle desfemmes se devine facilementgrâce à leurs lectures, la femmeépouse et amante, la femmegardienne des valeurs familialeset responsable du foyer, la femmeattachée aux valeurs personnel-les, à l’épanouissement psycho-logique et physique et à la santé.Il en est de même chez leshommes dont les valeurs trans-paraissent dans la lecture : pré-dominance de la rationalité et

de la technicité, attirance pour lascience, l’histoire et l’actualité.Mais les valeurs masculines ontaussi une dimension ludiquecomme le prouve la lecture desbandes dessinées. Les choix delecture montrent la place impor-tante que joue le livre dans l’ac-complissement des rôles domesti-ques et professionnels des femmeset des hommes.

Pour illustrer la polarisation deslectures selon le sexe, nousavons construit un indice de fémi-nité et de masculinité de la lec-ture pour les lectures déclaréesprincipales et pour celles quipeuvent se faire occasionnelle-ment (figure 16.1). Cet indicemarque une orientation mascu-line de la lecture lorsqu’il prend

Figure 16.1Indice de masculinité et de féminité concernant les livres lus de temps à autre, en 1999

-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

Romans d’amourBest-sellers

Santé, médecines douces, forme physiqueRomans des grands auteurs

Psychologie, développement personnelBiographies, autobiographiesÉsotérisme, parapsychologie

Romans en généralLivres pratiques (bricolage, cuisine, artisanat, horticulture)

Romans historiques ou à caractère socialPoésie

Romans policiersLivres religieux

Livres d’art ou sur l’artEssais

Actualité et ouvrages documentairesHistoire, généalogie, patrimoine

Bandes dessinéesLivres scientifiques et techniquesOrdinateur, micro-informatique

Masculinité Féminité

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256 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

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une valeur négative, et une orien-tation féminine lorsqu’il prendune valeur positive4. La compa-raison de l’indice appliqué auxlectures dites « principales » et« occasionnelles » est intéressanteà plus d’un chef. Tout d’abord,l’indice des livres lus de temps àautre montre un plus grand nom-bre de catégories à orientationféminine, tandis que l’indice deslivres lus le plus souvent (figure16.2) contient au contraire unplus grand nombre de catégoriesà orientation masculine. Le pre-

mier indice – livres lus occasion-nellement – est sensible auxoccurrences et il manifeste laplus grande diversité de la lec-ture des femmes. Le deuxièmeindice – livres lus le plus souvent– cristallise davantage les choixque le premier, puisqu’il contraintle répondant à déterminer une oudeux catégories qui correspon-dent à ses lectures habituelles.

L’ordre de classement des caté-gories, en ce qui regarde lesdeux indices, coïncide dans la

majorité des cas, et les inversionsse produisent plutôt vers le centredes échelles. Les deux extrêmescorrespondent donc aux genreslittéraires plus typiquement fémi-nins et plus typiquement mascu-lins. Les univers culturels de l’unet de l’autre sexe apparaissentclairement, tout comme leur op-position. Ainsi, appartiennent àl’identité féminine les romansd’amour, les best-sellers, les livressur la santé et les médecines dou-ces, les livres de psychologie etsur le développement personnel,

4. Cet indice est construit à partir de la formule suivante : i = 10 (Log10 (PF/PH)), où PF est égal au pourcentage féminin delecteurs dans une catégorie donnée et PH le pourcentage masculin de lecteurs dans cette même catégorie. En d’autres termes,l’indice est égal au logarithme dans la base 10 du rapport entre le pourcentage de lecteurs féminins dans une catégorie sur lepourcentage de lecteurs masculins de cette même catégorie, multiplié par 10.

Figure 16.2Indice de masculinité et de féminité concernant les livres lus le plus souvent, en 1999

-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

Romans d’amour

Best-sellers

Santé, médecines douces, forme physiquePsychologie, développement personnel

Biographies, autobiographies

Romans en général

Ésotérisme, parapsychologieLivres pratiques (bricolage, cuisine, artisanat, horticulture)

Romans policiersRomans historiques ou à caractère social

Romans des grands auteursLivres religieux

Livres d’art ou sur l’artEssais

Actualité et ouvrages documentairesHistoire, généalogie, patrimoine

Poésie

Livres scientifiques et techniques

Ordinateur, micro-informatique

Bandes dessinées

Masculinité Féminité

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 257

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

les biographies et les auto-biographies, le roman en généralet les livres sur l’ésotérisme et laparapsychologie. Les hommes, àl’opposé, peuvent revendiquerla lecture de bandes dessinées,de livres traitant d’ordinateur etde micro-informatique, d’ouvra-ges scientifiques et techniques,de livres sur l’histoire, la généalo-gie et le patrimoine, de docu-mentaires et de livres portant surl’actualité. Les lectures utilitairesdes femmes sont motivées par lasituation humaine, celles deshommes par la matérialité et latechnicité. La lecture de livres surla santé et les médecines dou-ces, la psychologie et le déve-loppement personnel est aux fem-mes ce qu’est aux hommes lalecture de livres sur l’ordinateur etla micro-informatique, sur lascience et la technique. Ces indi-ces mettent également en évi-dence les valeurs récréatives dif-férentes selon le sexe. Leslectures fictives des femmes vontà la sentimentalité, celles deshommes à la science-fiction. Lalecture du roman d’amour est auxfemmes ce que sont les bandesdessinées aux hommes. Il ne fau-drait pas croire que la différencede comportement en lecture entreles hommes et les femmes, révé-latrice des rôles et des stéréo-types sexuels, soit disparue chezles jeunes générations. Au con-traire, elle persiste. La lecture,comme bien d’autres champsd’activité, est grevée des pesan-teurs sociales.

Les lectures selon l’âge

Les rapports au livre se transfor-ment selon le cycle de vie desrépondants. Au fur et à mesurequ’ils prennent de l’âge, les lec-teurs voient leurs besoins semodifier et leur profil de lecturese transformer. Le programmede lecture s’ajuste aux nouveauxrôles sociaux et professionnels,aux différentes étapes de la vie,soit les études, l’entrée sur lemarché du travail et la retraite.Nous nous reportons aux mentionsdes répondants ayant déclarélire certains genres de livres, dumoins de temps à autre, pourillustrer ce fait.

La lecture plus ou moins régulièred’un certain nombre de genreslittéraires croît avec l’âge. Cesgenres expriment les valeurs aux-quelles les personnes âgées sontplus sensibles : la santé, l’actua-lité, la tradition et la religion. Lalecture de livres sur la santé et lesmédecines douces, de documen-taires, de livres portant sur l’ac-tualité, l’histoire, la généalogie,le patrimoine, de même que delivres de spiritualité ou à carac-tère religieux, reflète bien cettesituation. La retraite est aussi unepériode qui se prête aux bilansde vie comme en témoigne lalecture de biographies et d’auto-biographies. Quoique la tendancesoit moins forte, les romans àcaractère historique ou social,les essais et les livres d’art ou surl’art sont également à rangerdans les lectures des personnesplus âgées. C’est vers l’âge de45 ans que ces derniers ouvra-ges prennent plus d’importance.

D’autres lectures, à l’inverse, sontplus typiquement jeunes. Cellesde la littérature romanesque et,surtout, des bandes dessinées ensont de bons exemples. Troislecteurs sur quatre, nous l’avonsvu, lisent des romans à l’occa-sion. Cependant, cette propor-tion est plus élevée dans lesgroupes d’âge plus jeunes, etelle dépasse 85 % chez les 15à 24 ans. La lecture de romanspoliciers présente un autre casqui illustre la perte graduelled’intérêt pour un genre littéraireau fur et à mesure qu’on avanceen âge. Mais tous les genresromanesques ne se comportentpas à la manière du policier.Ainsi, on lit plus de romansd’amour à un âge avancé qu’àl’âge de 25 à 34 ans. La lecturedes romans à caractère histori-que et social, comme on l’amentionné précédemment, ressortdavantage comme une lectured’âge mûr. Il en est de même dela lecture des best-sellers, saufque le public cible est un peuplus jeune, se situant de 35 à54 ans. Pour sa part, la lecturedes romans des grands auteursfluctue, et l’attention qu’on leurprête est moins grande de 25 à34 ans et chez les lecteurs lesplus âgés. Les bandes dessinéessont essentiellement une lecturede jeunesse caractéristique des15 à 17 ans. La majorité d’entreeux, 60 % environ, en lisent et, àpartir de 18 ans déjà, le charmedes bandes dessinées s’atténueet la proportion de lecteursbaisse rapidement.

L’intérêt pour d’autres genres litté-raires augmente lorsqu’on arrive

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INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

au milieu de la vie et il est suscitépar des questions existentielles.Les lecteurs cherchent à compren-dre leurs problèmes et à leurtrouver des solutions, que ce soitles problèmes au foyer, dans lavie de couple et la vie familiale,au travail ou dans la vie profes-sionnelle. Ainsi, vers 35 à 54 ans,on est plus nombreux à consulterles ouvrages pratiques utiles aufoyer comme les manuels de bri-colage, d’artisanat, d’horticulture

et les livres de cuisine, à lire pourcomprendre la personnalité etson développement, en cher-chant même dans la littératureésotérique et parapsychologique,et à s’intéresser aux ouvragesscientifiques et techniques. Lalecture de la poésie progressedifféremment. Jeune, on s’y inté-resse, mais on la met entre paren-thèses un certain temps de 25 à44 ans. Le tableau 16.10 indi-

que les taux de lecture de tempsà autre des différents genres litté-raires selon l’âge.

Les constats qui viennent d’êtreétablis pour la lecture plus oumoins régulière des différentsgenres littéraires s’appliquent,mutatis mutandis, aux genres queles répondants ont déclaré lire leplus souvent. Les oppositionsentre les livres des jeunes etdes moins jeunes ressortent à

Tableau 16.10Genre de livres lus de temps à autre par les lecteurs selon les groupes d’âge, 1999

Genre de livres Groupe d’âge Total

15-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 anset plus

%

Romans en général 86,3 71,6 71,4 73,1 70,1 65,2 73,2Romans policiers 64,5 50,5 52,6 48,0 40,2 33,4 49,1Romans d’amour 36,2 26,2 38,2 38,3 36,7 38,5 35,7Romans historiquesou à caractère social 31,0 30,5 33,6 43,4 46,2 39,4 36,7Romans des grands auteurs 62,5 52,7 56,7 60,4 57,7 47,9 56,4Romans best-sellers 49,1 50,6 56,6 57,4 54,0 48,4 52,9Biographies, autobiographies 38,4 51,1 64,3 67,0 75,4 71,9 60,6Santé, médecines douces,forme physique 36,1 48,3 56,7 56,2 53,6 55,1 51,1Livres pratiques (bricolage, cuisine,artisanat, horticulture) 29,0 51,1 56,6 59,3 52,6 44,6 49,2Actualité, ouvrages documentaires 34,5 39,3 44,7 52,7 50,7 56,1 45,9Histoire, généalogie, patrimoine 31,5 39,4 41,1 48,9 55,3 65,4 45,9Psychologie, développementpersonnel 32,7 46,9 50,7 51,8 41,7 34,2 43,7Livres scientifiques et techniques 35,7 40,6 45,4 44,6 36,1 29,9 39,4Livres d’art ou sur l’art 27,5 24,3 30,3 39,2 31,7 36,4 31,5Bandes dessinées 51,4 38,2 29,3 21,0 13,8 8,0 28,1Essais 27,3 23,8 22,0 31,5 36,4 30,1 27,8Poésie 38,8 22,4 20,2 26,7 32,8 29,5 27,7Ordinateur, micro-informatique 28,7 26,7 33,3 28,3 22,3 10,5 25,8Livres religieux 13,3 16,0 20,8 25,6 29,6 38,6 23,3Ésotérisme, parapsychologie 21,8 23,4 27,3 25,3 22,0 12,0 22,4

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 1999.

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 259

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

nouveau, tout comme le besoinde consulter certains ouvragesaux moments plus critiques de lavie familiale et professionnelle.Le nombre réduit de répondantsdans les genres mentionnésmoins souvent ne nous permetpas de pousser très loin l’ana-lyse. Le tableau 16.11 présente

la proportion des lecteurs qui ontdéclaré lire le plus souvent diffé-rents genres littéraires selon lesgroupes d’âge.

Nous illustrons la variation despréférences en matière de lectureavec l’âge par les figures 16.3et 16.4, selon que la lecture

d’un genre littéraire peut être plusou moins régulière ou qu’elle estprincipale. Ces graphiques, for-més à partir d’un indice de l’âgedes lecteurs d’un genre littéraire5,fournissent rapidement une indi-cation de la jeunesse ou de lavieillesse des lecteurs de cegenre.

5. Cet indice s’applique aux lecteurs réguliers. Il est construit à partir du score standardisé de l’âge des lecteurs. L’indice d’unecatégorie littéraire est égal au score standardisé moyen de l’âge des lecteurs de cette catégorie, multiplié par 10.

Tableau 16.11Genre de livres lus le plus souvent par les lecteurs selon les groupes d’âge (deux mentions possibles), 1999

Genre de livres Groupe d’âge Total

15-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65 anset plus

%

Romans en général 69,9 55,8 54,2 54,8 51,3 45,0 55,5Romans policiers 25,5 16,8 16,4 14,0 8,7 7,1 15,3Romans d’amour 8,7 4,9 4,3 4,2 4,6 8,5 5,8Romans historiques ou à caractère social 4,0 2,8 4,5 4,3 8,8 9,0 5,3Romans des grands auteurs 5,4 4,3 2,4 3,7 2,6 2,5 3,5Romans best-sellers 4,1 4,8 6,2 7,1 6,8 4,4 5,6Biographies, autobiographies 7,1 10,5 19,0 18,1 26,5 29,6 17,8Psychologie, développement personnel 2,3 8,8 7,2 7,5 5,6 3,0 5,9Histoire, généalogie, patrimoine 2,9 5,8 5,7 4,7 11,4 14,3 7,0Livres scientifiques et techniques 4,6 7,3 5,6 7,2 3,0 2,9 5,3Livres pratiques (bricolage, cuisine,artisanat, horticulture) 1,6 4,8 6,8 4,4 2,4 3,2 4,1Livres religieux 1,9 2,5 5,0 5,2 6,0 4,9 4,2Santé, médecines douces, forme physique 2,0 3,5 3,5 3,5 3,7 3,5 3,3Ordinateur, micro-informatique 5,8 4,1 5,6 3,6 3,8 1,1 4,1Ésotérisme, parapsychologie 1,7 3,3 3,6 3,9 1,6 1,1 2,7Actualité, ouvrages documentaires 0,9 1,6 2,6 3,8 3,0 3,0 2,5Bandes dessinées 6,1 2,4 1,8 0,3 0,6 0,1 2,0Livres d’art ou sur l’art 1,3 1,9 1,2 1,5 1,3 2,2 1,6Essais 1,0 1,8 1,1 2,4 2,7 0,9 1,6Poésie 2,7 1,3 1,7 0,5 1,8 1,5 1,5

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 1999.

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260 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Figure 16.4Indice de l’âge des lecteurs de livres lus le plus souvent, 1999

Figure 16.3Indice de l’âge des lecteurs de livres lus de temps à autre, 1999

-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

Livres religieuxHistoire, généalogie, patrimoine

Biographies, autobiographiesActualité et ouvrages documentaires

Romans historiques ou à caractère socialLivres d’art ou sur l’art

EssaisSanté, médecines douces, forme physique

Livres pratiques (bricolage, cuisine, artisanat, horticulture)Romans d’amour

Best-sellersPsychologie, développement personnel

PoésieLivres scientifiques et techniques

Romans des grands auteursRomans en général

Ésotérisme, parapsychologieRomans policiers

Ordinateur, micro-informatiqueBandes dessinées

Jeunes Âgés

-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

Histoire, généalogie, patrimoineBiographies, autobiographies

Romans historiques ou à caractère socialActualité et ouvrages documentaires

Livres religieuxEssais

Santé, médecines douces, forme physiqueLivres d’art ou sur l’art

Best-sellersRomans d’amour

Livres pratiques (bricolage, cuisine, artisanat, horticulture)Psychologie, développement personnel

Ésotérisme, parapsychologieRomans en général

Livres scientifiques et techniquesPoésie

Romans des grands auteursOrdinateur, micro-informatique

Romans policiersBandes dessinées

Jeunes Âgés

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 261

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Les lectures selonla catégoriesocioprofessionnelle

Le tableau 16.12 présente leslectures typiques des catégoriessocioprofessionnelles. Il montre,relativement à chacune de celles-ci, les genres littéraires les pluslus et les moins lus, autant pource qui est des lectures occasion-nelles que des lectures principa-les. Ces traits caractéristiquessont dégagés par rapport àl’écart observé à la moyennegénérale d’un genre littéraire. Enoutre, la lecture d’un genrepourra caractériser davantageune catégorie socioprofession-nelle parce qu’elle y est plusfréquente que la moyenne, sansque cette lecture soit pour autanttrès élevée.

La lecture des cadres et desprofessionnels n’a rien de biencaractéristique en ce que sonprofil suit souvent la moyenne. Lalecture de la littérature scientifi-que et technique et d’ouvragesqui traitent d’ordinateur et d’infor-matique les distingue pourtant.Ce sont les plus grands lecteursde ces genres et, souvent, ils’agit de leur lecture principale.Par ailleurs, ils ne sont pas senti-mentaux et sont peu attirés parles romans d’amour et la poésie.

Les enseignants et les profession-nels des arts et de la culture ontpour leur part des préférencesbien nettes qui s’écartent du pro-fil du lecteur moyen. On trouvechez eux un plus grand nombrede lecteurs de romans, des ro-

mans des grands auteurs et desromans à caractère historique ousocial, mais pas des romansd’amour et des best-sellers. Ilslisent aussi des essais, des livresd’art ou sur l’art et de la poésiedont ils sont les plus grandslecteurs.

Le personnel d’administration etde bureau compte une plusgrande proportion de passion-nés de romans policiers. D’autreslecteurs de cette même catégorievont privilégier la lecture d’ouvra-ges sur la psychologie et le déve-loppement personnel. Par ailleurs,ils sont moins portés vers la litté-rature scientifique et technique,la littérature religieuse, les essais,la poésie, l’histoire, la généa-logie et le patrimoine. La fortereprésentation féminine au seinde cette catégorie de travailleursexplique pourquoi le profil deces personnes épouse certainstraits de la lecture féminine.

La lecture d’ouvrages scientifi-ques et techniques de même quecelle de livres sur l’ordinateur etla micro-informatique sont popu-laires parmi le personnel tech-nique et paraprofessionnel. Ceslecteurs disputent en cela la pre-mière place aux cadres et auxprofessionnels. La forte propor-tion de femmes au sein de cettecatégorie professionnelle laissaitprésager de tels résultats àl’égard de ces lectures typique-ment masculines. Pourtant, lesfemmes du personnel techniqueet paraprofessionnel sont pres-que aussi nombreuses que leshommes à consulter la littérature

scientifique et technique. Cepen-dant, leur comportement est diffé-rent à l’égard de la lectured’ouvrages sur l’ordinateur etla micro-informatique, et elles sefont alors largement devancerpar les hommes. Les lecteurs decette catégorie lisent aussi à l’oc-casion des best-sellers et consul-tent les ouvrages pratiques.

Les lecteurs du domaine de lavente et des services n’ont pas unprofil de lecture bien découpé.Ils se distinguent par ce qu’ils nelisent pas, à savoir les romans àcaractère historique ou social,les essais, la poésie et les livresqui traitent de l’art.

Les ouvriers spécialisés ou demétiers ont, eux aussi, peu delectures caractéristiques. La forteproportion d’hommes dans cettecatégorie donne une colorationmasculine à ses lectures. Ils sontun peu plus nombreux que lamoyenne à lire des romans poli-ciers à l’occasion et des ouvra-ges à caractère scientifique outechnique. Un certain nombre valire surtout des ouvrages prati-ques. Mais la littérature romanes-que, les essais, les livres d’art ousur l’art et la poésie ne les inté-ressent guère.

Le personnel de soutien est com-posé d’une grande proportionde femmes, ce qui explique enbonne partie le profil particulierdes lectures de cette catégorie.Celles-ci ont souvent une fonctionutilitaire. On consulte davantagedes livres qui traitent de psycho-logie et de développement

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262 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Tableau 16.12Lecture de livres, occasionnelle et principale, typique des catégories socioprofessionnelles, 1999

CatégoriesLecture de temps à autre Lecture le plus souvent

socioprofessionnelles Plus fréquemment Moins fréquemment Plus fréquemment Moins fréquemmentque la moyenne que la moyenne que la moyenne que la moyenne

Cadres, professionnels - Livres scientifiques et - Romans d’amour - Livres scientifiques et techniques - Poésie techniques- Ordinateur, - Ordinateur, micro-informatique micro-informatique

Enseignants, professionnelsdes arts et de la culture - Romans en général - Romans d’amour - Romans en général - Ordinateur,

- Romans des grands auteurs - Best-sellers - Romans historiques ou à micro-informatique- Romans historiques ou caractère social à caractère social- Essais- Livres d’art ou sur l’art- Poésie

Administrateurs et personnelde bureau - Livres scientifiques et - Romans policiers - Histoire, généalogie,

techniques - Psychologie, développement patrimoine- Livres religieux personnel - Poésie- Essais- Poésie

Personnel technique etparaprofessionnel - Best-sellers - Histoire, généalogie,

- Livres scientifiques et patrimoine techniques - Poésie- Ordinateur, micro- informatique- Livres pratiques (bricolage, cuisine, artisanat, horticulture)

Personnel de la vente etdes services - Romans historiques ou à - Romans historiques ou à

caractère social caractère social- Essais- Livres d’art ou sur l’art- Poésie

Corps de métiers - Livres scientifiques - Romans en général - Livres pratiques (bricolage, - Best-sellers et techniques - Romans d’amour cuisine, artisanat, - Romans des grands auteurs- Romans policiers - Best-sellers horticulture) - Romans historiques ou à

- Romans historiques ou à caractère social caractère social - Actualité et ouvrages- Essais documentaires- Poésie - Essais

- Livres d’art ou sur l’art

Personnel de soutien - Romans policiers - Ordinateur, micro-- Romans d’amour informatique- Livres pratiques (bricolage, - Actualité et ouvrages cuisine, artisanat, documentaires horticulture) - Romans historiques ou à- Santé, médecines douces, caractère social forme physique - Livres d’art ou sur l’art

- Bandes dessinées

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 263

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Tableau 16.12 (suite)Lecture de livres, occasionnelle et principale, typique des catégories socioprofessionnelles, 1999

CatégoriesLecture de temps à autre Lecture le plus souvent

socioprofessionnelles Plus fréquemment Moins fréquemment Plus fréquemment Moins fréquemmentque la moyenne que la moyenne que la moyenne que la moyenne

Manœuvres - Aucune caractéristique - Aucune caractéristique - Biographies, autobiographies particulière particulière - Essais

- Livres d’art ou sur l’art

Étudiants - Romans en général - Best-sellers - Romans en général - Biographies et- Bandes dessinées - Romans d’amour - Romans policiers autobiographies- Poésie - Romans historiques ou à - Bandes dessinées - Histoire, généalogie,

caractère social patrimoine- Biographies, autobiographies - Psychologie,- Histoire, généalogie, développement personnel patrimoine - Livres religieux- Psychologie, développement - Livres pratiques (bricolage, personnel cuisine, artisanat,- Livres religieux horticulture)- Livres pratiques (bricolage, - Actualité et ouvrages cuisine, artisanat, horticulture) documentaires- Santé, médecines douces, forme physique- Actualité et ouvrages documentaires

Retraités - Romans d’amour - Romans en général - Biographies, - Romans en général- Romans historiques ou à - Romans policiers autobiographies - Romans policiers caractère social - Psychologie, développement - Histoire, généalogie, - Livres scientifiques et- Biographies, personnel patrimoine techniques autobiographies - Livres scientifiques et - Bandes dessinées- Histoire, généalogie, techniques patrimoine - Ordinateur,- Livres religieux micro-informatique- Actualité et ouvrages - Ésotérisme, documentaires parapsychologie- Essais - Bandes dessinées- Livres d’art ou sur l’art

Autres actifs - Livres scientifiques - Livres religieux et techniques

Autres inactifs - Romans d’amour - Actualité et ouvrages - Biographies, - Romans policiers- Best-sellers documentaires autobiographies - Livres scientifiques et- Biographies, - Livres scientifiques et techniques autobiographies techniques - Bandes dessinées- Psychologie, - Ordinateur, micro- développement personnel informatique- Livres pratiques (bricolage, cuisine, artisanat, horticulture)- Santé, médecines douces

Source : Ministère de la Culture et des Communications, Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, 1999.

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264 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

personnel, de santé et de méde-cines douces ainsi que desouvrages à caractère pratique.Lorsqu’on veut s’évader, on lit unroman d’amour ou un policier.Par ailleurs, on est peu porté versles albums de bandes dessinées,l’informatique, l’actualité et l’art.

Le profil de lecture des étudiantsest typique. Ils sont plus nom-breux que la moyenne à déclarerlire régulièrement des albums debandes dessinées et des romans.Ils sélectionnent toutefois leurs ro-mans. Férus de policiers, ils ap-précient peu les romans d’amour,les romans à caractère historiqueet social et le best-seller. C’estaussi parmi la population étu-diante que la poésie trouve lemeilleur accueil. La jeunesse dela population étudiante expliquel’attrait de la littérature romanes-que mais aussi le rejet de lalittérature plus typique des per-sonnes âgées. Largement com-posée de célibataires, la popu-lation étudiante consulte peu leslivres à caractère pratique. Cebesoin survient plutôt avec la viede couple. La population étu-diante lit également moins delivres sur la psychologie et ledéveloppement personnel toutcomme sur la santé et les méde-cines douces.

Les retraités, eux aussi, font deschoix qui reflètent l’étape où ilssont rendus dans leur cycle devie. Ces choix sont en bonnepartie à l’opposé de ceux des

étudiants. À la retraite, le besoinde lire pour le travail et la profes-sion n’existe plus. On est peuporté vers la fiction mais davan-tage vers les faits et les bilans devie, comme le traduit la lecturede romans à caractère historiqueou social, de biographies, delivres sur l’histoire, la généalogieet le patrimoine, d’ouvragesdocumentaires et sur l’actualité.Toutefois, on se permet encored’être sentimental et de lire àl’occasion des romans d’amour.La littérature religieuse prendégalement plus d’importance àcet âge.

Les personnes inactives ont deslectures typiquement féminines.Ce sont souvent des femmes aufoyer. Elles lisent des biographieset des autobiographies ainsi quedes romans d’amour. Elles s’inté-ressent également à la psycholo-gie et au développement person-nel, à la santé et aux médecinesdouces. Elles vont consulter, aubesoin, les ouvrages à caractèrepratique. En revanche, tout cequi touche à l’actualité, à lascience et à la technologie lespassionne peu.

Les lectures des ouvriers non spé-cialisés et des autres personnesactives présentent peu de con-trastes. Le petit nombre de répon-dants dans la catégorie desouvriers non spécialisés – la ca-tégorie des « manœuvres » – nepermet pas de définir leurs habi-tudes de lecture.

Les lectures selonla scolarité

Les lecteurs réguliers de livresont, en moyenne, 14 années descolarité, soit une année environde plus que l’ensemble de lapopulation. La scolarité a uneinfluence certaine sur les choixde lecture. On sait combienvarient les représentations sym-boliques, les trajectoires et lespratiques intellectuelles selon letemps passé à l’école. Il en estde même des fonctions et desusages de la lecture. Certainsthèmes sont fortement valorisésselon qu’on est plus ou moinsscolarisé, et d’autres sont discré-dités. Les fonctions ludique etpratique de la lecture dominentchez les personnes moins scola-risées et les fonctions cognitiveet littéraire chez les plus scola-risées. Les personnes moins sco-larisées lisent davantage pours’évader et acquérir un savoir-faire, celles qui sont plus scolari-sées le font par amour de lalittérature et pour savoir.

Les contrastes dans le profil delecture selon la scolarité sont plusmarqués lorsqu’il s’agit des livreslus le plus souvent que des livreslus de temps à autre. En effet, lenombre moyen d’années de sco-larité des lecteurs varie davan-tage selon les genres littérairesdans le premier cas que dans lesecond. Les genres littéraires lesplus typiques sont, d’un côté, lalittérature sentimentale qui attire

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 265

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

les lecteurs moins scolarisés, etles essais qui sont la lecture desplus scolarisés. Le nombre moyend’années de scolarité est de13,3 pour ceux qui lisent detemps à autre des romans et de15,6 pour ceux qui lisent desessais. Cet écart se creuse entreles lecteurs lorsqu’on examineceux qui font de ces genres leurlecture principale. Les lecteursqui lisent le plus souvent desromans d’amour ont 11,7 an-nées de scolarité en moyenne,comparativement à 16,8 pource qui est des lecteurs réguliersd’essais.

La figure 16.5 présente un indicede la variation de la scolaritéchez les lecteurs qui lisent detemps à autre l’un ou l’autre desdifférents genres littéraires, tandisque la figure 16.6 fait de mêmechez les lecteurs qui lisent le plussouvent les mêmes genres littérai-res6. Plusieurs genres conserventun ordre à peu près identiqueselon les deux indices. Les dépla-cements les plus importants sont,d’une part, la lecture de romansdes grands auteurs qui gagneavec la scolarité, en passant del’indice de la lecture de temps àautre à celui de la lecture le plus

souvent et, d’autre part, la lecturede livres pratiques, de bandesdessinées, de livres d’art ou surl’art tout comme celle de livressur les ordinateurs ou la micro-informatique, qui y perd. Outreles essais, les autres genres litté-raires qui caractérisent le mieuxles lecteurs plus scolarisés sont lapoésie, les livres sur l’ordinateuret la micro-informatique, les livresde psychologie et sur le dévelop-pement personnel, les romans àcaractère historique ou social,les romans des grands auteurs etles livres à caractère scientifiqueet technique.

6. Cet indice s’applique aux lecteurs réguliers. Il est construit à partir du score standardisé du nombre d’années de scolarité deslecteurs. L’indice d’une catégorie littéraire est égal au score standardisé moyen de la scolarité des lecteurs de cettecatégorie, multiplié par 10.

-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

Romans d’amourSanté et médecines douces

Best-sellersBiographies, autobiographies

Livres pratiquesRomans policiers

Romans en généralÉsotérisme, parapsychologie

Livres religieuxPsychologie, développement personnel

Romans des grands auteursBandes dessinées

Histoire, généalogie, patrimoineActualité, ouvrages documentaires

PoésieRomans historiques ou à caractère social

Livres scientifiques et techniquesLivres d’art ou sur l’art

Ordinateur, micro-informatiqueEssais

Moins scolarisés Plus scolarisés

Figure 16.5Indice de scolarité des lecteurs de livres lus de temps à autre, 1999

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266 • ÉTAT DES LIEUX DU LIVRE ET DES BIBLIOTHÈQUES

INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC

Figure 16.6Indice de la scolarité des lecteurs de livres lus le plus souvent, 1999

-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

Romans d’amourLivres pratiques

Biographies, autobiographiesBest-sellers

Santé et médecines doucesBandes dessinées

Romans en généralRomans policiers

Histoire, généalogie, patrimoineActualité, ouvrages documentaires

Livres religieuxLivres d’art ou sur l’art

Ésotérisme, parapsychologiePsychologie, développement personnel

Ordinateur, micro-informatiqueLivres scientifiques et techniques

Romans des grands auteursRomans historiques ou à caractère social

PoésieEssais

Moins scolarisés Plus scolarisés

Megapress/Reporters

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20 ANS DE LECTURE DE LIVRES AU QUÉBEC CHAPITRE 16 • 267

OBSERVATOIRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Conclusion

Certaines tendances se déga-geant de la période à l’étudeméritent d’être signalées. Notonsune réduction des écarts entredifférentes caractéristiques socia-les. La lecture de livres demeureune activité plutôt féminine. Lesdifférences entre les générationsont presque disparu. On assiste,en conséquence, à un vieillisse-ment du lectorat, et les personnesplus âgées en forment désormaisles assises. La scolarité reste unevariable aussi déterminante dansle fait de lire. Toutefois, il y a euune baisse de la lecture chez lespersonnes scolarisées, alors quecelles qui le sont moins ont pro-gressé en matière de lecture delivres.

Un autre phénomène à retenir estcelui de la transformation deshabitudes de lecture parmi lapopulation étudiante : la lecturen’a plus chez elle l’importancequ’elle avait autrefois. En outre,l’appartenance sociale condi-tionne les choix de lecture. Unegrande diversité est apparuedans ces choix, ce qui illustre lesusages différents que l’on fait dela lecture selon sa position dansla société, mais aussi les valeursdifférentes que déclinent les caté-gories sociales. Cela se traduiten une certaine opposition entreles groupes, soit entre les jeuneset les personnes âgées, de mêmequ’entre les professions, c’est-à-dire entre les personnes scolari-sées et celles qui le sont moins.L’une des oppositions les plusflagrantes demeure toutefois celle

qui se dessine entre hommes etfemmes, laquelle traduit certes ladivision des rôles sexuels, maisaussi la persistance des stéréo-types sexuels et leur reproductionchez les jeunes générations. Leprogramme de lecture propre àchacun des deux sexes le montrebien.

Les habitudes de lecture se sontmodifiées durant la période 1979-1999, tant dans le territoire qu’àl’intérieur des groupes sociaux.La situation de la lecture auQuébec était déjà préoccupanteavant que les plus récentes don-nées sur les pratiques culturellesviennent en confirmer la baisseappréciable. Cependant, faut-ilpour autant en conclure que lalecture elle-même est en déclin ?Notre instrument de mesure, lesenquêtes sur les pratiques cultu-relles, ne permet pas de répon-dre à cette question. Nous savonsque la lecture prend diversesformes que les enquêtes sur lespratiques culturelles mesurentmal. Les groupes où la baisse dela lecture avait été la plus fortependant la période à l’étude,soit les jeunes, les étudiants et lespersonnes scolarisées, demeu-rent ceux où elle se révèle la plusrépandue et la plus diversifiée.L’usage d’Internet est aussi plusfréquent et plus intense dans cesmêmes groupes. On peut croireque la lecture n’a pas diminuéchez eux et qu’elle a été détour-née en partie de ses supportstraditionnels vers d’autres, quifont appel aux nouvelles techno-logies de l’information. On assis-

terait alors à une diversificationde la lecture plutôt qu’à sa dimi-nution.

Il demeure que la lecture est enrégression dans l’ensemble de lapopulation sous la double mon-tée de la programmation desmédias électroniques et de l’offredans les autres formes de diver-tissement. Ces produits viennentconcurrencer la lecture dans sesfonctions informative et ludique.Cela pourrait expliquer pourquoirégresse la lecture régulière – lalecture de divertissement en parti-culier – et pourquoi se gonfledepuis quelques années la caté-gorie des non-lecteurs. Enfin, lalecture répond à des besoins dedivertissement et d’information etelle est rarement une activitéesthétique. Si la majorité deslecteurs lisent de temps à autreles grands auteurs, des essais etde la poésie, rares sont les pas-sionnés de la grande littérature.

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