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Textes de Jean et Catherine Bernard (ordre chronologique) Table des matières ECHOS DE LA FETE DES JARDINS 3 C’est la fin de l’été déjà ! 4 Des échos de la fête de l’AnaAJ 2004 5 TRIBUNE LIBRE 7 Editorial 9 Connaître l’ajisme 10 Les valeurs de l’ajisme 11 Défense du Plein Air Un seul cri… 50% 12 TRIBUNE LIBRE 13 Les valeurs de l’Ajisme 14 Connaître l’Ajisme 15 Une longue marche pour la laïcité 17 Le mot de la Présidente 20 La maladie DADA (Suite) 21 Edito 22 Souvenirs… pour aujourd’hui 23 Vacances idylliques à Ravensbrück 26 En 1943, l’Ajisme était vivant… 27 Est-ce offenser un dieu que d’en discuter la légitimité ? 28 « Au secours, la maison brûle » 29 Du sang dans le métro… 30 Le prix du sang et des larmes 32 La forêt de Fontainebleau 34 Identité citoyenne 35 Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 1/66 Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Textes de Jean et Catherine Bernard

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Un recueil des textes publiés dans "Notre Amitié" par Jean ou Catherine… Notre amitié c'est le Journal trimestriel des anciens des auberges de jeunesse de la Région parisienne

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Textes  de  Jean  et  Catherine  Bernard(ordre  chronologique)

Table des matièresECHOS DE LA FETE DES JARDINS! 3

C’est la fin de l’été déjà !! 4

Des échos de la fête de l’AnaAJ 2004! 5

TRIBUNE LIBRE! 7

Editorial! 9

Connaître l’ajisme ! 10

Les valeurs de l’ajisme! 11

Défense du Plein Air Un seul cri… 50%! 12

TRIBUNE LIBRE! 13

Les valeurs de l’Ajisme! 14

Connaître l’Ajisme! 15

Une longue marche pour la laïcité! 17

Le mot de la Présidente! 20

La maladie DADA (Suite)! 21

Edito! 22

Souvenirs… pour aujourd’hui! 23

Vacances idylliques à Ravensbrück! 26

En 1943, l’Ajisme était vivant…! 27

Est-ce offenser un dieu que d’en discuter la légitimité ?! 28

« Au secours, la maison brûle »! 29

Du sang dans le métro…! 30

Le prix du sang et des larmes! 32

La forêt de Fontainebleau! 34

Identité citoyenne! 35

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Editorial! 37

Le parler européen! 38

A PROPOS DU DRAPEAU EUROPÉEN ! 39

Instruction civique! 40

Plus belle la vie…! 41

Des Ajistes à la Foire !! 42

Une enfance martyrisée! 43

Editorial! 44

Leur credo! 45

Les bombes ou une colombe! 46

Quel ajisme pour demain ?! 47

Copains disparus! 48

Robert Mérigaud! 48

Roland Beauramier! 48

Balade! 49

Le syndrome de la grenouille! 50

Quel avenir pour les enfants ?! 51

L’insupportable infamie! 52

Un parcours ajiste exemplaire : Dominique Magnant! 53

Ceux qui marchent contre le vent! 54

Edito! 55

9e Rassemblement national 2011! 56

Chanson souvenir du Rassemblement! 57

« Ce petit chemin, qui sent la noisette »! 58

TAUTOGRAMMES! 59

Prière d’un incroyant ! 61

Résistance… au bourrage de crânes.! 63

Une ignominie intolérable! 64

Echos de la Pentecôte 2012 en Anjou! 65

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ECHOS DE LA FETE DES JARDINS

Faire à nouveau une fête alors que nos forces s’amenuisent pouvait passer pour une gageure. Le thème des jardins entraînait vers une nouvelle ambition. Eh bien le résultat fut probant. Comme à l’habitude, ces dames ont rivalisé d’imagination pour confectionner robes et corsages avec beaucoup de fraîcheur. Fleurs des champs multicolores (en crépon) ici et là, une récolte de potager à faire pâlir d’envie un cours des halles, des sapins en ligne d’horizon et surtout – le bouquet d’imagination – des arbres de bonne facture (réalisés par Catherine) délimitaient un espace nature qui n’était pas sans mérite.

Un discours bidon de Monsieur le Maire, passablement chahuté, ouvre le spectacle. Puis tout s’enchaîne par un jardin extraordinaire (Trenet/Cuesta). L’ami Brassens est chez nous avec Une jolie fleur (Debève-Sevelle) et les bancs publics (Seytor-Ridard). Suzon s’est livrée à une frénétique chasse aux papillons menée par Griffette. Pouvait-on oublier J.-B. Clément ? Non, bien sûr. Janine Cuesta s’exerça au difficile Temps des cerises, Denise Seytor évoqua le nostalgique Temps du muguet, Paulette Aixala et Janine Cuesta ont chanté les difficiles amours du marin et de la rose avec beaucoup de délicatesse.

André Souche, en paysan beauceron, nous parla des Gourgandines de Gaston Couté. Quant à Bébé Mercier, une fois de plus, il a captivé l’auditoire par ses merveilleux poèmes. Des sketches, des intermèdes, des poésies, des bluettes reprises en chœur ont émaillé le spectacle dans une ambiance sympa.

Le clou de la fête fut bien entendu la spirituelle parodie de Jeannette Skapowski dont nous vous engageons à fredonner les quatrains entraînants.

Le rapporteur de service, Jean Bernard.

2003-1

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C’est la fin de l’été déjà ! Ramatuelle est encore présent dans nos mémoires et le restera certes longtemps ; ce fut un grand rassemblement : le lieu, le nombre de parti-cipants, la très bonne organisation que l’on doit aux « Marseillais », la joie de se retrouver, le final teinté d’émotion de la dernière soirée ajiste en chansons et farandole, tout fut pour le mieux. Et maintenant, continuons à espérer, dans trois ou quatre ans, un autre rassemblement à l’image de celui-ci.

Nous avons profité de cette rencontre pour distribuer à chaque participant le n° 100 de « Notre Amitié », numéro spécial avec bien sûr ses qualités, mais aussi ses défauts et oublis que nous tenterons de corriger ou de réparer dans les prochaines publications.

Et voici qu’arrivent la fin de l’été et les retrouvailles d’après vacances en de nombreuses occasions : la journée sur l’eau, un concert à l’Opéra Bastille et une rencontre avec les anciens de la Hacquinière, les randos, les projos et le cinéma. Que d’activités ! Et le programme 2005 est en route… Ouf ! Que d’occasions de nous voir et d’échanger souvenirs et photos.

Mais si ces souvenirs existent, c’est qu’ils résultent de beaucoup d’énergie et d’imagination des copains, trop peu nombreux à notre avis, pour rendre attractives nos activités. Espérons que les forces accumulées pendant les vacances aideront à révéler de nouvelles initiatives très vivement souhaitées.

Catherine. 2003-­‐3

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Des échos de la fête de l’AnaAJ 2004

Encore une fois, l’AnaAJ est en fête. Et quelle Fête ! Celle du 40e anniversaire de l’association. 64 participants. On tient la route !

Sur un air de Lakmé, Jeanine C. et Griffette rivalisent de trémolos. On se serait vraiment cru à l’Opéra… comique.

Ce garçon timide qui veut déclarer sa flamme à une belle, c’est Coco S. Mais, hélas, quand il se démasque, l’aimable Dulcinée prend peur : la brève rencontre se termine en pugilat, la plantureuse Liliane F. ferraillant ardemment de son parapluie pour se débarrasser du dégingandé disgracieux. Qu’il est difficile d’aimer !

Quand Paulette A. et Eliane D., en sauvageons de banlieue plus vrais que nature déblatèrent en verlan, ça déménage grave.

Quels étaient ces trois lions rugissants qui firent irruption sur la scène ? Le dompteur, débordé, eut bien du mal à contrôler de tels fauves. Quel cirque !

Sœur Annette en tête à tête courtois avec notre curé Gil, c’est ça l’œcuménisme… L’Eglise bouge ! Qui s’en plaindrait ?

Georges B., notre vaillant ancêtre gaulois, évoque spirituellement sa bonne ville de Lutèce. Fluctuat nec mergitur.

Guy M. et Jeannette M. s’illustrent dans une chanson très drôle, Une place pour Tartempion, sur un air entraînant.

Ces dames aux chapeaux verts n’ont pas tort de se poser des questions, leur papotage suspicieux dévoile une énigme mystérieuse.

L’amour, toujours l’amour ! L’âge ne fait rien à l’affaire, même si l’on est octogénaire. Jeanine C. et Bernard T. ont revêtu leurs plus beaux atours pour convoler en justes noces. Suzon et Marylène, les demoiselles d’honneur, rosissaient d’émotion. Alors, André S., en maire binoclard et bedonnant, déclama un discours malicieux tandis qu’Eliane D., en prêtresse égyptienne énigmatique, prédisait au jeune couple une longue vie pleine de promesses.

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Les pensionnaires de la Maison Tellier ont encore de beaux restes et bien des souvenirs à évoquer. Nul doute, Maupassant aurait aimé retrouver une aussi charmante compagnie.

La vieillesse est un naufrage. Un jeune coq sémillant sème l’émoi dans un poulailler, au grand dam d’un Chantecler vieillissant. Les poulettes font assaut de civilités pour attirer le nouvel élu en puissance. Changement de grain réjouit l’oiseau, tel est le dicton populaire.

Enfin, Gisèle B., en comptable avisée, jongle avec les chiffres. Pas simple de faire payer une note de restaurant à une tablée disparate lorsque chacun ne veut payer que son écot. Désopilant.

Un anniversaire, ça s’arrose. Et comment ! Jamais de mémoire d’Ajiste on ne vit de gâteau si superbement décoré avec ses quarante bougies. Il fallut bien se résoudre à le dévorer. Le moëlleux nous en reste encore dans la bouche.

Comme d’habitude, tout se termina en musique.

Un grand merci à l’ami Bébé qui fit l’introduction et les enchaînements des sketches avec beaucoup de poésie et d’humour. On l’écoute toujours avec grand plaisir.

Le soir venu, une veillée nous a réunis. Bébé a tenu l’assemblée en haleine avec ses contes et ses poèmes. Marcel A. a dirigé les chœurs avec maestria. Il y a longtemps que nous n’avions pas chanté d’aussi belle façon.

Ne manquons pas de signaler que nos amis Marseillais Rémy et Gisèle Nace, Marcel et Irène Andujar, étaient venus se joindre à nous pour cette fête mémorable ainsi qu’Eugène et Marie-Thé Kuntz.

Oui, ce fut une belle fête.

Le petit reporter rapporteur.

2003-3

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TRIBUNE LIBRELes propos de cette rubrique n’engagent que leur auteur.

En 2004, on a célébré le 60e anniversaire du Débarquement. On a reparlé des pendus de Tulle, du massacre d’Oradour-sur-Glane. On a revu à la télévision de sombres images de guerre, d’une guerre qui fut victorieuse. Libération, oui, mais aussi destructions. La guerre sème la mort et laisse des ruines sur son passage. 22.000 civils tués par le fait des bombardements alliés en 1944 !

Toute commémoration est utile, nécessaire, pour que le tragique de l’Histoire soit connu des générations suivantes, pour que le souvenir soit toujours présent, non pas glorifié, mais pour qu’il serve d’exemple à l’avenir.

Certains diront : « C’était hier ». Voire. Faiblesse de raison-nement, abandon coupable de réflexion. L’oubli vient vite. Si vite que des forces occultes se réveillent sournoisement et mettent en avant des idées pernicieuses qui, petit à petit, font leur chemin. Le racisme, la xénophobie trouvent là un terrain propice à des « déviations » que l’humanisme doit combattre.

Plaie honteuse, le racisme existe encore de nos jours et malheureusement se développe. Racisme, antisémitisme, islamo-phobie, xénophobie, la vérification s’en fait presque quotidien-nement : un cimetière juif alsacien profané, un monument aux morts souillé près de Verdun, une mosquée à Valenciennes, des stèles du carré musulman à Strasbourg barbouillées de slogans raciaux, une bombe factice couverte de croix gammées placée dans un jardin du Val-d’Oise, une fresque mémoriale exécutée par des enfants juifs avant leur déportation irrémédiablement saccagée au burin pour qu’il n’en reste plus trace, dans l’ancien camp d’inter-nement de Rivesaltes, des jeunes filles beurs malmenées dans certaines cités, des contrôles d’identité suspicieux, la discrimination au logement et à l’emploi sur des critères ethniques, la multipli-cation sur Internet de sites néo-nazis, la tenue ici et là de rassemblements de « crânes rasés » d’extrême-droite célébrant un « ordre nouveau » à l’emblème de la croix celtique, la falsification quand ce n’est pas la diffamation ou l’occultation de l’histoire de la Résistance, la négation pour certains des camps d’extermination, une certaine façon de banaliser le fait social pour mieux temporiser le mouvement ouvrier, le rejet de l’« étranger » qui viendrait manger le pain des Français,

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la peur de l’« autre » qui dérange parce qu’il est différent, autant de faits irréfutables, parmi bien d’autres, qui nous imposent d’être sans cesse vigilants.

Lorsqu’une synagogue brûle, c’est inadmissible. Quand une mosquée est incendiée, cela l’est tout autant. Quand un enfant est molesté parce qu’il est juif, cela n’a aucune excuse. Quand un jeune, basané ou noir, est défoncé de coups ou suriné, cela n’a aucune justification. Ce qui par ailleurs est vraiment dramatique, c’est la confusion qui règne dans beaucoup d’esprits ; on mélange tout : Israël et Juif, Palestine et Arabe, religion et nationalisme. Intoxication est source d’incompréhension.

Persécutions ethniques. Extrémisme. Terrorisme. Escalade de la violence. Décidément le monde va mal. Le Bien ? Le Mal ? Le Juste ? L’Infidèle ? C’est de l’intolérance que naissent les conflits.

Tout cela nous commande de ne pas baisser les bras, d’être à l’écoute pour dénoncer la moindre déviance, d’être en perpétuelle vigilance et réflexion, d’être lucide et résolu face aux manipulations de l’opinion, d’être présent auprès des jeunes qui peuvent facilement se laisser circonvenir en toute ignorance. Ne les laissons pas connaître un jour « la bête immonde ». Sachons leur insuffler la foi que nous avons eue autrefois dans l’avenir pour qu’ils participent, à leur façon, à la construction d’un monde où ils iront, à leur tour, « au-devant de la vie ».

Rien n’est jamais acquis. L’Histoire nous le prouve tous les jours. Nous, anciens Ajistes, avons encore des combats à mener. Ne nous laissons pas gagner par la résignation. Sachons témoigner quand il le faut. Les valeurs de l’Ajisme doivent perdurer.

Jean Bernard. 2003-3

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Editorial

Avez-vous lu le chiffre sur la couverture du présent numéro ?… 99 !

Si je sais compter, le prochain sera le n° 100. Un numéro que nous souhaitons hors norme de façon à marquer notre trace dans la continuité du mouvement ajiste.

2004 est une année particulièrement bien remplie pour notre association : après la Fête de l’AnaAJ où nous avons célébré les quarante années de vie de notre groupe, voici, en mai, le Rassemblement national de Ramatuelle qui va permettre de nous rencontrer, d’échanger nos idées ou points de vues sur l’actualité, sur les élections et leurs conséquences, les projets de loi et aussi et surtout les restrictions dans le social, tous sujets qui nous tiennent à cœur, mais toujours avec « l’esprit ajiste » qui se doit de respecter les idées de tous.

Amitié, un grand et beau nom que nous tâcherons de développer dans nos rencontres futures, en pensant aussi à ceux qui ne peuvent plus y participer : lettres, coups de fil, visites les aideront à supporter leurs activités réduites.

Ne les oublions pas.

Catherine.

2004-1

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Connaître l’ajisme

Pour tout savoir sur ce que fut l’ajisme, il faut lire le livre de Lucette Heller-Goldenberg Histoire des Auberges de jeunesse en France. On peut encore se procurer cet ouvrage essentiel (en deux volumes) auprès de Daniel Bret (04 79 88 21 32).

L’ajisme a été pluriel. Plusieurs courants philoso-phiques, politiques, techniques l’ont animé, chacun ayant sa conception d’une jeunesse à organiser. Le mouvement a connu beaucoup de dissensions, de déchirements, de querelles de personnes au gré des rapports de forces. Il n’en reste pas moins qu’il a marqué de son empreinte toute une époque et que peut-être il vit encore.

Depuis sa naissance en France, en 1930, les appel-lations du mouvement ajiste ont été multiples. C’est ce que recouvre la multitude de sigles dont il est amusant de dresser la liste :

LFAJ CLAJ Cam’ Route MLAJMTAJ OCCAJ AIAJ UFAJ

CLAJ-PA MUAJ IFAJ UCCAJ UMAJ FFAJ AFJ MIAJ UCAJ FNAJet enfin… FUAJ

Pas toujours facile de s’y reconnaître.

Ajoutons qu’il y a eu un projet de FLAJ et même d’ALUMAJ !

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Les valeurs de l’ajismeL’ajisme, né en France dans les années 30 sous l’impulsion de Marc Sangnier, a

trouvé son plein essor dans le raz de marée social de 1936.

1936 : Conquête des loisirs, des vacances chèrement acquises, quinze jours de congés payés, de meilleures conditions de vie et de travail… tels sont les acquis dont nous restons redevables au démocrate militant éclairé qu’était Léo Lagrange, initiateur d’un comité de la jeunesse s’écartant des vieilles notions paternalistes (tels le scoutisme) pour aboutir aux bases des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire négligés par les pouvoirs en place. Il fallait jusqu’alors encadrer la jeunesse, la guider, il la libère, l’invite et lui fournit des moyens de s’émanciper. Pour éviter la médiocre facilité offerte par le débit de boissons, il fallait organiser les loisirs, trouver une orientation saine. La jeunesse était avide d’air pur, de liberté, elle voulait briser ses chaînes, développer des valeurs porteuses d’espoir. D’où l’essor des activités de plein air, du sport, des trains de vacances et de neige, le développement élargi d’un réseau d’Auberges de Jeunesse.

Mais, si le camping a ses vertus, l’évasion son charme, la randonnée son plaisir, l’Auberge de Jeunesse ne doit pas être seulement un lieu de passage où l’on couche une nuit, où l’on rigole entre copains, elle doit être un lieu d’échanges, d’ouverture, de rencontres, de discussions, où l’esprit démocratique prévaut ainsi que la tolérance. Si l’ajisme doit être découverte, il est aussi une prise de conscience, il est ouvert sur les réalités de la vie sociale, il milite pour la mixité, l’égalité des sexes, il s’intéresse à l’environnement, il est hostile à toute forme de racisme.

S’il s’est parfois teinté d’antimilitarisme, il est opposé au colonialisme et défend l’internationalisme. Il le prouve en favorisant les rencontres avec de jeunes Allemands déjà sur le chemin de l’embrigadement nazi. Le social le motive quand il constate l’injustice et connaît la précarité, le chômage et le mal de vivre.

L’ajisme lutte à fond pour la laïcité et récuse les querelles religieuses et l’obscurantisme. L’ajisme participe activement à l’élaboration de nouvelles méthodes d’éducation populaire, il agit et milite pour développer une véritable culture émancipatrice et libératrice, il aide à former des consciences capables de se déterminer en toute circonstance et en toute indépendance selon le fruit de l’analyse et de l’expérience personnelles, faisant fi des bourrages de crânes.

Les efforts des foyers ajistes portent sur l’orga-nisation des loisirs par les usagers eux-mêmes et prêtent un intérêt certain au développement culturel en organisant des sorties mais aussi en participant, en animant des activités dans divers domaines, tant dans le cadre du foyer qu’en entreprise ou dans le milieu social : théâtre, musique, ciné-club, expositions en plus des groupes de danse et les chorales...

L’ajisme nous a appris le sens de la collectivité. Un des aspects essentiels de l’ajisme a été de favoriser la gestion des AJ par les usagers eux-mêmes, la participation de chacun étant la pierre angulaire de la vie de chaque foyer militant. S’il y a eu, certes, des échecs, il y a eu malgré tout des réussites probantes qui ont fait honneur aux objectifs fondateurs.

L’ajisme a été vivant, symbole de liberté, de fraternité, d’humanisme.

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Défense du Plein Air Un seul cri… 50%

Octobre 1948. Le gouvernement de l’époque, à court d’argent (ça, c’est bizarre), décide une série d’augmentations qui tape au portefeuille de la classe ouvrière. La SNCF, notamment, augmente brutalement ses tarifs de 33 % (une paille !) Elle remet en cause un acquis social : le billet Bon Dimanche et le billet collectif (réduction de 50 % pour un groupe de dix voyageurs).

Les pratiquants du plein air (ajistes, campeurs, scouts…) sont contraints de restreindre leurs activités. Le coup est dur. La direction de la SNCF expose des arguments d’ordre commercial. Notre revendication est d’ordre social : la pratique du plein air est une nécessité vitale pour la jeunesse. La SNCF a maintenu la réduction qu’elle accordait avant la guerre aux mutilés et aux familles nombreuses. Elle maintient la réduction de 50 % aux seuls groupes sportifs déclarés (quelle absurdité !) Pourquoi les pratiquants du plein air seraient-ils seuls désavantagés ?

C’est pour lutter contre cette injustice qu’à l’appel du CLAJ, quarante-huit organisations, regroupant la totalité des mouvements de plein air se sont regroupés dans un Comité d’Action pour le Collectif à 50 %.

La bataille pour les 50 % s’amplifie (la province aussi est concernée et solidaire). Pendant plusieurs semaines, les jeunes se retrouvent dans les gares et font entendre bien fort leur volonté d’obtenir satisfaction à cette revendication. Si la SNCF était moins bornée, elle accepterait de discuter car elle pourrait compter sur un apport accru de clientèle. Nous sommes dans la période de « guerre froide ». De guerre chaude en Indochine. La situation sociale est tendue. Les va-t-en guerre exercent une forte pression sur le gouvernement qui prêche l’austérité en tout. La lutte est donc aussi « politique ». Des milliards pour la jeunesse, pas pour la guerre ! C’est un slogan rassembleur. Les jeunes l’ont compris. Le 22 avril 1950, plusieurs milliers de jeunes ont manifesté pacifiquement à la gare Saint-Lazare. Avec férocité (comme à l’habitude) la police a chargé. Il y a 17 arrestations, des amendes, de la prison. De nombreux copains ont eu à soigner des blessures graves (un cogne, ça cogne sans états d’âme). Heureusement, la population, nombreuse à cette heure-là, apporte une aide spontanée aux blessés. Le ministre de la Jeunesse et des Sports refuse l’audience demandée par une délégation (un ministre ne discute jamais en tête-à-tête). Tous les manifestants sont indignés de voir comment ils sont traités. Cela ne fait que renforcer leur détermination pour imposer leurs revendications.

En fin de compte, le gouvernement louvoie, lanterne quelque peu puis, devant l’ampleur de l’action menée qui ne faiblit pas (et qui risque d’avoir des prolongements sociaux importants), accorde une réduction de 30 %.

Certes, nous n’avons pas eu totalement satisfaction, mais nous sommes fiers d’avoir mené cette lutte. Un acquis social est toujours le fruit d’une action. L’ajisme nous a appris cette leçon.

2004-2 -------------------------------------------------

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TRIBUNE LIBRELes  propos  de  ce7e  rubrique  n’engagent  que  leurs  auteurs.  

Qu’est-ce qui se cache derrière le voile ?

  La  ques=on  du  port  du  voile  est  un  sujet  d’actualité  qui,  alimenté  par  les  médias,  partage  l’opinion  au  risque  de  devenir  source  de  division.  Que  faut-­‐il  en  penser  ?   Depuis  peu  de  temps,  on  assiste  à  l’émergence  d’un  mouvement  intégriste  qui  agit  dans  l’ombre  et  en   fait   son   cheval   de  bataille,   ce   qui   est  curieusement   nouveau  car  bien  des  musulmanes,   depuis   leur  arrivée  en  France,  ne  portaient  plus  le  voile.  Leur  intégra=on  dans  la  société  française  leur  perme7ait  de  se  débarrasser  de  ce  carcan.     Le  pouvoir  de  religieux  extrémistes  essaie  d’imposer,  par  des  mo=fs  discutables,  de  nouvelles  règles  de  vie  qui  ressemblent  fort  à  des  brimades  pour  les  femmes.  Les  vieux   démons  du  patriarcat  resurgissent  pour   faire   barrage  à  l’émancipa=on   des  femmes.   Peut-­‐on   jus=fier  de  nos   jours   le  port  de  la  burka   ?   la  lapida=on  ?  l’excision  ?  Que  la  honte  soit  sur  ces  nouveaux   sorciers,  ins=gateurs  d’une  morale  rigoriste  d’un  autre  âge.     Une  manipula=on  habile  et  soutenue  déstabilise  notamment  la  vie  scolaire  et  professionnelle.  Des  exemples  de  la  nocivité  de  concepts  religieux   incompréhensibles  sont  nombreux.  Par  exemple,  le  refus  de  faire  examiner  une  femme  musulmane  par  un  gynécologue  homme,  de  faire  pra=quer  une  ausculta=on  ou  un   accouchement   par   un   docteur   masculin.   En   France,   les   grenouilles   et   les   crapauds  de   béni=er   de  l’associa=on   SOS   Tout-­‐Pe+ts   cherchent   à   regagner   du   terrain   en   réac=vant   des   réseaux   an=-­‐IVG.   Les  extrêmes  se  rejoignent  pour  me7re  à  mal  nos  ins=tu=ons.  La  vigilance  est  plus  que  jamais  nécessaire.     L’insistance  mise  par   des  «  barbus  »  à  faire  porter   le  voile  à  des  étudiantes  est  une  contrainte  à  respecter   un   «   ordre   moral   »   qui   a   surtout   pour   raison   de   maintenir   la   femme   dans   un   statut   de  dépendance  qui   l’assujeYt  à  l’homme.  Celui-­‐ci  étant  toujours  le  décideur,   il  est  donc   le  maître  absolu  de  leur  devenir.  

  L’école  laïque  –  base  de  notre  République  –  aura  fort  à  faire  pour  endiguer  l’assaut.  Pourtant,  il  faut  qu’elle   fasse   respecter   la   loi.   On  peut   invoquer   toutes   sortes   de  mo=va=ons   propres   à   chaque   fille   ou  femme  qui   se   voile  un   jour   (iden=té,  mode,   respect   du  Coran,   foi  absolue…)   le  fait   est  que   ce  symbole  apparaît   comme  celui  d’une   soumission  de   la   femme  à  la  religion  et  à  la   société.   Il   faut  faire  preuve  de  persuasion,   de   partage,   de   dialogue,   de   sou=en   éduca=f   plutôt   que   le   rejet,   pour   que   ces   femmes  échappent  à  la  domina=on  masculine.  Des  femmes  musulmanes  d’ailleurs  ne  sont  pas  les  dernières  à  ruer  dans  les  brancards  et  à  s’affirmer  par  la  lu7e.  C’est  le  cas  notamment  de  l’associa=on  Ni  putes  ni  soumises.  Elles  ont  bien  du  courage.  

  Il  est  du  devoir  de  chaque  citoyen  de  s’informer,  de  comprendre,  d’être  aux   côtés  des  femmes  qui  veulent  échapper  à  l’emprise  d’une  religion  rétrograde.  Il  n’est  de  liberté  que  si  l’on  peut  briser  les  chaînes  de  l’asservissement  patriarcal.  Le  combat  des  femmes  –  de  toutes  les  femmes  –  pour  leur  émancipa=on  doit  être  soutenu  pour  que  soient  détruits  les  tabous,  pour  que  l’ignorance,  l’obscuran=sme  n’aient  plus  force  de  loi,   pour   que   le  droit   des  femmes  à  être   des   citoyennes   libres  et   non   dépendantes  soit   défini=vement  reconnu.  

  Le  combat  féministe  est  toujours  à  mener.  Jean  et  Catherine  Bernard.  

2004-­‐4

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Les valeurs de l’AjismeL’Ajisme, né en France dans les années 30 sous l’impulsion de Marc Sangnier, a trouvé son plein essor dans le raz de marée social de 1936.

1936 : conquête des loisirs, des vacances chèrement acquises, quinze jours de congés payés, de meilleures conditions de vie et de travail… tels sont les acquis dont nous restons redevables au démocrate militant qu’était Léo Lagrange, initiateur d’un comité de la jeunesse s’écartant des vieilles notions paternalistes (tel le scoutisme) pour aboutir aux bases des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire négligés par les pouvoirs en place. Jusqu’alors, la jeunesse était guidée, encadrée, soumise. L’archevêché, le patronat la préparent à devenir de bons sujets. Léo Lagrange la libère, l’invite à participer, lui fournit les moyens de s’émanciper. Pour éviter la médiocre facilité offerte par le débit de boisson, il fallait créer et organiser des loisirs, trouver une orientation saine. La jeunesse est avide d’air pur, de liberté, elle veut briser ses chaînes, développer des valeurs porteuses d’espoir. D’où l’essor des activités de plein air, du sport, des trains de neige, des trains de vacances, le développement élargi d’un réseau d’Auberges de Jeunesse. Mais, si le camping a ses vertus, l’évasion son charme, la randonnée son plaisir, l’Auberge de Jeunesse ne doit pas être seulement un lieu de passage où l’on couche une nuit et où on rigole entre copains, elle doit être un lieu d’échanges, d’ouverture, un lieu de rencontres, de discussion, où l’esprit démocratique prévaut ainsi que la tolérance. Si l’ajisme doit être découverte, il est aussi une prise de conscience, il est ouvert sur les réalités de la vie sociale. Il milite pour la mixité, pour l’égalité des sexes, il est hostile à toute forme de racisme, il s’intéresse à l’environnement. S’il est parfois teinté d’antimilitarisme, il est opposé au colonialisme et défend l’internationalisme. Il le prouve, en favorisant des rencontres avec de jeunes Allemands déjà sur le chemin de l’embrigadement nazi. Le social le motive quand il constate l’injustice et connaît la précarité, le chômage, le mal de vivre. L’ajisme lutte pour la laïcité et récuse les querelles religieuses et l’obscurantisme. L’ajisme participe activement à l’élaboration de nouvelles méthodes d’éducation populaire, il agit et milite pour développer une véritable culture émancipatrice et libératrice, il aide à former des consciences capables de se déterminer en toute circonstance et en toute indépendance selon le fruit de l’analyse et de l’expérience personnelles, faisant fi des bourrages de crâne. Les efforts des foyers ajistes portent sur l’organisation des loisirs par les usagers eux-mêmes et prêtent un intérêt certain au développement culturel en organisant des sorties mais aussi en participant, en animant des activités dans divers domaines, tant dans le cadre du foyer qu’en entreprise ou dans le milieu social : théâtre, concert, ciné-club, expositions en plus des groupes de danse et des chorales. L’ajisme nous a appris le sens de la collectivité. Un des aspects essentiels de l’ajisme a été de favoriser la gestion des AJ par les usagers eux-mêmes, la participation de chacun étant la pierre angulaire de la vie de chaque foyer militant. S’i y eut, certes, des échecs, il y a eu malgré tout des réussites probantes qui ont fait honneur aux objectifs fondateurs.

L’ajisme a été vivant, symbole de liberté, de fraternité, d’humanisme. J. Bernard.

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Connaître l’Ajisme Pour tout savoir sur ce que fut l’ajisme, il faut lire le livre de Lucette Heller-Godenberg Histoire des Auberges de jeunesse en France. On peut encore se procurer cet ouvrage essentiel (en deux volumes) auprès de Daniel Bret (04 79 88 21 32). L’ajisme a été pluriel. Cette pluralité a été en fait un des facteurs de son évolution, de son adaptation. De nombreux courants de pensée, philosophiques, politiques, techniques l’ont approché, chacun ayant sa conception d’une jeunesse à organiser. Le mouvement a connu beaucoup de dissensions, de déchirements, de querelles de personnes au gré des rapports de forces. Il n’en reste pas moins qu’il a marqué de son empreinte toute une époque et que peut-être il vit encore. Depuis la naissance, en France, en 1930, du mouvement ajiste les appellations ont été nombreuses. C’est ce que recouvre la multitude de sigles dont nous tentons ci-dessous de dresser la liste :

LFAJ CLAJ MLAJ MTAJ MUAJ

OCCAJ Cam’ Route AIAJ OCCAJ

CLAJPA MIAJ UCCAJ UMAJ IFAJ FFAJ UCAJ FNAJ

et enfin… FUAJ.

Pour tenter de nous y retrouver… la page suivante nous donne la traduction de ces sigles qui, à l’époque, avaient leur signification très particulière.

AFJ Auberges Françaises de la JeunesseAJMN Auberges de Jeunesse du Monde NouveauCAM’ROUTE Les Camarades de la RouteCLAJ Centre Laïque des Auberges de Jeunesse

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CLAJPA Centre Laïque des Auberges de Jeunesse et de Plein AirFFAJ Fédération Française des Auberges de JeunesseFFAJ Fondation Française des Auberges de JeunesseFIAJ Fédération Internationale des Auberges de JeunesseFUAJ Fédération Unie des Auberges de JeunesseLFAJ Ligue Française des Auberges de JeunesseLFAJ GE Ligue Française des Auberges de Jeunesse Gîtes d’EtapeMIAJ Mouvement Indépendant des Auberges de JeunesseMUAJ Mouvement Uni des Auberges de JeunesseMTAJ Mouvement Trotskiste des Auberges de JeunesseOCCAJ Organisation Centrale des Camps et Auberges de JeunesseUCAG Union des Clubs Ajistes de GuyenneUCCLAJ Union des Clubs du Centre Laïque des Auberges de JeunesseUFAJ Union Française des Auberges de Jeunesse

Notons encore :ACF Ajistes et Campeurs de FranceCIAO Comité d’Initiative pour un Ajisme OuvrierUn groupe de la région parisienne a très sérieusement créé l’ALUMAJ Association Laïque d’Usagers et Militants des Auberges de JeunesseADAJ Association Départementale des Auberges de JeunesseARAJ Association Régionale des Auberges de JeunesseDes associations d’Anciens et amis des Auberges de Jeunesse existent dans plusieurs régions : Paris - Ile-de-France, Poitou, Rhône-Alpes, Marseille-Provence, Sud-Ouest, Nord-Picardie, Loire-Atlantique…

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Une longue marche pour la laïcité

Une loi votée en 1905 dite « de séparation des Eglises et de l’Etat » oblige à un rappel à l’Histoire.

!   Cette loi s’inscrit dans le courant de la pensée humaine. Déjà, dans l’Antiquité, les philosophes grecs Aristote et Socrate prônaient l’affirmation de l’autonomie de l’individu. Le musulman Avicenne et l’Andalou Ibn Ruchd ont développé cette pensée aux Xe et XIIe siècles. Pendant plusieurs siècles la société française a obéi à des hiérarchies et des règles définies par la religion. Le roi est de droit divin, l’Eglise est la puissance spirituelle sans partage. C’est le temps de l’Inquisition (1250-1770). Toute pensée qui s’écarte de la règle établie est considérée comme hérétique. Tout opposant doit se soumettre, renier sa foi ou connaître la torture et le supplice du bûcher comme Michel Servet (1553), le chevalier de La Barre (1766) ou encore l’astronome et physicien Galilée qui, condamné à l’abjuration en 1616 par le Conseil du Saint-Office, déclara : « Et pourtant, elle tourne » et écrivit : « de toutes les haines il n’en est pas de plus grandes que celle de l’ignorance contre le savoir ».

!  « Hors de l’Eglise, point de salut » était le credo clérical. La Réforme naît au XVIe siècle d’une nouvelle interprétation des Evangiles et de la critique des pratiques de l’Eglise romaine. Cette opposition théologique fut violemment réprimée par un bain de sang. La Saint-Barthélemy (1572) fut l’apogée de cette volonté d’anéantir le protestantisme. « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Drôle de morale. Les exactions commises par les dragonnades (1680) ne parvinrent pas à endiguer les idées nouvelles.

!   L’Edit de Nantes (1598) fut la première idée de tolérance en France. Le combat fut long et difficile. Le négociant toulousain Calas fut injustement supplicié en 1762 et Voltaire n’obtint sa réhabilitation que trois ans plus tard.

!   Depuis toujours, l’Eglise catholique d’alors est dominante et revendique toute autorité spirituelle. Elle exerce un pouvoir civil et religieux sur la société. Elle est oppressive. Elle a soutenu l’Ancien Régime, elle s’est opposée à la Révolution de 1789, elle a été un adversaire résolu contre la République de 1848, elle était aux côtés de Thiers et des Versaillais et elle vilipenda la

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Commune. Plus tard, en 1940, elle soutiendra Pétain lorsqu’il dissoudra les organisations laïques et rouvrira l’instruction publique aux congrégations.

!  Les encyclopédistes et la philosophie des Lumières (1700) préparent 1789. La Déclaration des Droits de l’Homme met fin à l’alliance du trône et de l’autel. Le pouvoir civil devient l’émanation du peuple qui secoue le joug ancestral. Science et connaissance brisent quelques barrières. Danton affirme : « Après le pain, l’instruction est le premier besoin du peuple ». La liberté de conscience est reconnue, les actes de la vie civile sont soustraits à l’emprise religieuse.

!  La IIIe République (1870) assure la primauté de l’enseignement public, la formation des maîtres, la neutralité confessionnelle de l’enseignement. L’instruction devient obligatoire, l’école est déclarée laïque et gratuite. On enlève les croix dans les écoles et les établissements publics. Ce bouleversement culturel et social est impulsé par Jules Ferry, Jean Macé, Ferdinand Buisson, Jules Guesde, et Jules Grévy.

!   L’Eglise reste franchement antirépublicaine, elle accepte mal de se voir déposséder du pouvoir qu’elle détenait de toujours. Dans l’affaire Dreyfus elle est à fond du côté de l’état-major et des antisémites groupés autour de la Ligue pour la Patrie française et de l’Action française tandis que les Républicains prennent la défense du capitaine juif, innocenté en 1899 après le magnifique « J’accuse » d’Emile Zola. Les passions politiques et religieuses divisèrent la France en deux camps irréductibles.

!  L’Eglise refuse la laïcisation progressive. Les protestants et les juifs furent d’ardents défenseurs de la laïcité qui les protégeait contre la domination et la persécution. En 1905, le gouvernement du Bloc des gauches exigea l’inventaire des biens de l’Eglise et fit voter la loi « de séparation des Eglises et de l’Etat ». Les républicains veulent réduire l’influence exorbitante des congrégations et des ordres religieux. Le clergé et les évêques provoquent des incidents violents. Finalement, c’est sur le terrain idéologique et social que les évolutions eurent lieu. La notion de laïcité est affirmée dans notre Constitution

!   La question scolaire continue néanmoins de diviser républicains et catholiques. Une loi Falloux autorise à subventionner les établissements d’enseignement privé à hauteur de 10 %. Voyant qu’il y a là du grain à

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moudre, l’Eglise va habilement soutirer des subventions de plus en plus exigeantes de l’Etat pour son enseignement privé. En 1954, Michel Debré autorise des contrats avec l’enseignement privé (belle aubaine pour les cathos qui en représentent 96 %). En 1984, le gouvernement de gauche mitterrandien recule devant l’ampleur des manifestations en faveur de « l’école libre » (manipulation politique sous-jacente qui rassemble toute la droite intégriste). En 1994, le gouvernement Chirac élargit encore la brèche. Aujourd’hui, la loi Fillon s’attire les foudres des élèves, des enseignants, des chercheurs, de l’université tant sa réforme est contestée.

!  L’école est mise à mal. Incapacité ou calcul politique ? A vous de juger. C’est dire combien la lutte pour la laïcité est une chose difficile, toujours remise en question. La défense de l’école laïque et républicaine ne souffre aucun répit. Les crédits de l’Etat doivent d’abord aller à l’enseignement public, une véritable volonté de gérer le système éducatif pour le bien de tous doit prévaloir. Supprimer des classes, fermer des écoles ce n’est pas favoriser l’enseignement de base, ne pas créer de centres d’apprentissage, restreindre la recherche c’est obérer l’avenir et appauvrir le pays.

!  Si une partie très marginale de l’Eglise, proche du peuple, s’est coulée dans le courant social – Résistance, prêtres-ouvriers, actions humanitaires, Emmaüs, droit au logement, aide au tiers-monde… - il n’en reste pas moins que la hiérarchie catholique dans son ensemble – pape en tête – est en décalage constant avec une réalité sociale cruciale. Cela est dû sans doute à son attachement viscéral à des dogmes dont l’infaillibilité supposée rend perplexe l’esprit d’un penseur libre.

!  Dialogue et concertation plutôt qu’invectives et querelles stériles. La laïcité est avant tout un principe de vie dans le respect de l’autre. Aussi peut-on être anticlérical et pas antireligieux. Etre laïque c’est sauvegarder l’acquis social que représente l’enseignement pour tous en toute égalité. La laïcité n’est pas une religion de plus. Elle est un pilier fondamental d’une société de droits et de devoirs dont les valeurs sont : Liberté, Justice, Solidarité.

Jean Bernard.

2005-1

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Le mot de la Présidente

Encore une année de passée qui fut riche pour notre Anaaj. Mouvementée aussi sur la scène européenne, avec des oui et des non qui ont partagé les Français et fait couler beaucoup d’encre. Chacun défendant son point de vue, en bons anaajistes nous avons librement partagé nos différences d’opinion.

Dans la région parisienne, des jeunes banlieusards vivent mal leur avenir incertain, le chômage, la difficulté de leur intégration, un certain mal de vivre leur jeunesse. L’explosion de leur colère mériterait d’être mieux canalisée. Brûler des voitures, caillasser des pompiers, cela fera-t-il comprendre leurs difficultés ? Certes, il faudrait qu’ils soient entendus mais aussi que leur action aille dans le sens d’une revendication sociale affirmée et maîtrisée.

Une répression mal dirigée ne peut qu’inciter des provocateurs de tout poil à se présenter comme leaders et à dévoyer le malaise des banlieues. Oui, il faut à ces jeunes du travail, des écoles, des stades, des maisons de jeunes, des animateurs et surtout une écoute plus attentive. Cette jeune génération se doit d’aller elle aussi « au-devant de la vie » pour conquérir à son tour « des lendemains qui chantent ».

L’optimisme nous anime. Que cette nouvelle année qui s’en vient vous soit douce et légère, avec beaucoup d’occasions de nous rencontrer pour échanger nos idées et, bien sûr, le plaisir de partager l’amitié.

Alors, joyeux Noël et Bonne Année à tous. Catherine.

2005-­‐4

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La maladie DADA (Suite) La maladie DADA (voir Notre Amitié n° 106), si elle cause de sérieux désagréments quotidiens à ceux qui en sont atteints, ne doit pas être considérée comme une maladie inexorable. Ça se soigne très bien, croyez-moi, à partir de quelques remèdes pratiques, à savoir :

l Ne jamais laver sa voiture, attendre qu’il pleuve (c’est gratuit et c’est écologique).l Prendre une corbeille à papier beaucoup plus grande (au besoin, rentrer la poubelle directement dans la maison, on gagne ainsi du temps).l Garder les lunettes sur son nez toute la journée et toute la nuit (vous les aurez ainsi sous la main).l Ne pas régler ses factures dans l’immédiat (attendre trois ou quatre relances, voir même le dernier papier bleu valant injonction de régler).l Ne jamais boire de Coca-Cola (privilégier les nombreux crus français).l Fleurissez-vous de préférence avec des fleurs en plastique (il en existe de fort belles, vous éviterez ainsi l’arrosage donc vous réalisez des économies d’eau). l Pour ne pas égarer votre télécommande, laissez allumée la télé 24/24 ou ne l’allumez jamais (rien ne vaut un bon livre !).

Si vous utilisez ces quelques mesures d’une simplicité confondante, vous verrez que vous retrouverez facilement votre calme, votre sérénité, vous ferez moins d’efforts, vous gagnerez du temps, vous serez plus détendus, vous aurez l’esprit plus libre, vous serez plus disponibles pour les activités ludiques qui vous tentent. Vous serez plus zen et votre entourage n’en reviendra pas. Une vie en rose s’offre à vous alors, n’hésitez pas !

Signé : le Docteur Machin-Chose, Psychologue confirmé, es sciences insolites.

2006-1----------------------------------------------

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Edito

Non, nous ne sommes pas une agence de voyages, nous n’avons pas de GO rétribués. Non, nous ne sommes pas un club de retraités mais des anciens, oui, des 3e et 4e âge, des vieux, quoi, des papys et des mamies, oui, mais des anciens des Auberges de Jeunesse. Nous avons fréquenté ces auberges et adopté leurs principes : l’amitié, la fraternité, la tolérance, le respect de l’autre quelles que soient ses opinions. Puis, normal, nous avons vieilli. Avons-nous perdu toutes ces bonnes dispositions ? Non, elles sont seulement un peu atténuées. L’âge, n’est-ce pas ?...

Oui, nous faisons des voyages, des rencontres, des sorties, oui, nous avons des organisateurs (faut-il rappeler qu’ils sont bénévoles ?) qui sont comme nous tous, apprécient de vous faire partager ces activités, aussi ne les ennuyons pas avec des problèmes qui n’en sont pas. Facilitons leur travail d’organisation, acceptons de bon gré les décisions qu’ils ont prises dans l’intérêt de tous.

Un petit effort et nos sorties seront un vrai paradis.

Catherine.

2006-­‐2

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Souvenirs… pour aujourd’hui

  C’était  il  y  a  soixante-­‐dix  ans  :  juin  1936.  

Juin   36   est   tout   un   symbole   dans   l’histoire   de   la   classe   ouvrière.   Hormis   la  Commune,  jamais  un  mouvement  social  n’a  porté  si  haut  les   aspira=ons  du  monde  du   travail.   Ce   fut  un   coup   de   tonnerre   qui   ébranla   la   société   française.  Depuis   le  début  des   années   30,   le   chômage   sévissait,  de  plus   en   plus   de   gens   ne  pouvaient  survivre   que   grâce   à   la   soupe   populaire,   aucune   aide   ne   venait   de   l’Etat,   les  condi=ons  de  vie  et  de  travail  étaient  par=culièrement  pénibles,  les  salaires  au  plus  bas.  La  Bourse,  par  contre,  accumulait  des   profits   substan=els  qui   engraissaient  ces  messieurs   des   «  200  Familles   ».  Un   patronat   intransigeant  et  arrogant,   représenté  par   le   très   puissant   Comité   des   Forges,   imposait  une   loi   de   domina=on   sur   la   vie  économique.

Un grand besoin de dignité.

  La   pression   monte.   Au   printemps   de   1936,   des   élec=ons   législa=ves  propulsent   en   avant   le   premier  gouvernement  de   gauche   de   la   IIIe   République,   le  gouvernement  de  Front  Populaire.  L’Histoire  va  changer  son  cours.  Sous   les  regards  effrayés  d’une  bourgeoisie  corrompue  par  des  scandales  financiers  et  gangrenée  par  la  montée  de  ligues  d’extrême-­‐droite,  le  monde  du  travail  relève  la  tête,  exige  d’être  reconnu  comme  principale  source  de  la  créa=on  des  richesses  et  réclame  sa  part  du  gâteau.  

Au-­‐delà   d’une   revendica=on   de   salaire   va   se   développer   une   prise   en   main   de  l’appareil  économique.  Des  grèves  sur  le  tas  dans  les  usines  vont  montrer  la  volonté  de  tenir,  dans  un  grand  esprit  de  responsabilité,  en  gardant  matériel  et  machines  en  bon   état   de   fonc=onnement.   Le   souvenir   de   ces   occupa=ons   d’usines   reste   dans  l’esprit  de  ceux  qui  y  par=cipèrent    comme  un  grand  moment  de  fête,  de  solidarité,  de  confiance  en  soi,  de  dignité  affirmée  aussi.  

La naissance de la civilisation des loisirs.

  Devant  l’ampleur  du  mouvement  de  grève  qui  gagne  tout  le  pays,  le  patronat,  qui   redoute  une  explosion   révolu=onnaire,  se  résout   à  négocier  avec   les   syndicats  ouvriers   unis.  Des   augmenta=ons   de  salaires   confortables   –  10,  15,  parfois   20  %  –  cons=tuent  pour  beaucoup  une  manne  bienfaisante.  Des  acquis  sociaux  découleront  

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de   ces   accords   qui   seront   des   droits   nouveaux,   inscrits   dans   les   textes,   pour   les  travailleurs   :   reconnaissance   des   délégués   du   personnel,   créa=on   des   premières  conven=ons   collec=ves  ;  dorénavant  ils   régiront  le  droit  du   travail  et  –  cerise  sur   le  gâteau  –  l’obten=on  de  deux  semaines  de  congés  payés  !  C’est  surtout  ça  le  symbole  de  1936  :  les  congés  payés.  On  allait  enfin  profiter  du  temps  bien  à  soi  pour  s’éclater,  pour  savourer  un  peu  de  liberté  jusque-­‐là  aliénée.  Ce  sera  la  ruée  sur  les  routes  de  la  découverte  du  pays  tous  azimuts  vers  la  mer,  la  campagne,  la  montagne.  Une  ivresse  de  vivre  qui  libère  les  corps  et  les  esprits  et  dont  on  profite  à  plein  temps.  

  Cet   accès   inespéré   aux   loisirs   va   marquer   les   esprits   et   donner   une   force  supplémentaire   aux   convic=ons   sociales.   Profiter   des   loisirs,   certes,  mais   aussi   les  créer.  Ce  sera  le  point  de  départ  de  l’organisa=on  du  sport,  de  l’éduca=on  physique  pour  tous,  de  l’éduca=on  culturelle  populaire.  Léo  Lagrange,  nommé  sous-­‐secrétaire  d’Etat  aux  sports,  apporte  alors  toute  son  aide,  sa  convic=on,  sa  compétence  et  son  efficacité  à  la  créa=on  de  stades,  de  centres   de  loisirs,  de  maisons   pour   les   jeunes,  de  bibliothèques,  de  lieux  pour  le   théâtre,  la  musique…  Il  va  mul=plier  les   contacts  entre  hôteliers,   professionnels,  SNCF,  compagnies  mari=mes   et  d’avia=on   afin   que  s’établisse  un  tourisme  social  à  la  portée  des  bourses  modestes.  

Le rôle et l’essor des Auberges de Jeunesse

  Pour   répondre   au   besoin   de   vitalité   des   jeunes,   le   modeste   réseau   des  Auberges  de  Jeunesse  qui  existait  alors  va  connaître  un  développement  fantas=que  grâce  à  l’impulsion  de  Léo  Lagrange.  La  LFAJ  et  le  CLAJ  s’appliqueront  à  le  structurer  pour  faire  face  à  la  demande.  Dans  un  élan  d’enthousiasme  inhabituel,  des  jeunes  de  tous  milieux   se  rassemblent  en  foyers  ajistes,  décident  de  se  prendre  en   charge   et  élaborent   en   commun   une   concep=on   nouvelle   d’organisa=on   des   loisirs   :  randonnée,  ski,  vélo,  montagne,  escalade,  canoë,  voile,  spéléo,  avia=on  légère,  vol  à  voile…  

Aucune  entrave  à   leur  désir  de  découvrir   le  monde  à  leur  manière.  Unissant   leurs  forces,  ils  rénovent  de  vieilles  bâ=sses,  construisent  même  parfois  en  dur  des  locaux  qui  seront  mis  à  la  disposi=on  de  tous   les   jeunes  venus  de  tous  pays   car   l’ajisme  se  veut  interna=onal.  Ils  en  assument  eux-­‐mêmes   la  ges=on.  De  ces  ac=vités  partagées  en   commun   se   formera   un   «   esprit   ajiste   »   basé   sur   la   tolérance,   l’ami=é,   la  fraternité.  La  mixité,   impensable  avant   1936,  sera   le   prélude   à   l’émancipa=on   des  filles,  le  point  de  départ  des  idées  féministes  qui  seront  défendues  plus  tard.  

Le  mouvement   ajiste,   qui   s’est  développé   ensuite,   doit   beaucoup   à   ce7e   époque  favorable  où   chacun   pouvait  rêver  de  changer  le  monde   en   apportant   sa  modeste  contribu=on.   L’accueil   fraternel   ressen=   en   entrant   dans   une   AJ,   la   chaleur  communica=ve  du  groupe  chantant  à   la  veillée,  laissaient  une  marque  profonde  de  

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fraternité.  On  était  fier  d’être  ajiste,  de  faire  par=e  d’un  monde  qui  allait  au-­‐devant  de  la  vie.  S’en  souvenir  n’est  pas  nostalgie  puérile  mais  reconnaissance  d’une  éthique  qui  a  tenu  sa  place  de  façon  originale  dans  la  vie  sociale  de  notre  pays.  Hélas   !  l’embellie  du   Front  Populaire  sera  de  courte  durée.  Le  gouvernement  Blum  s’essouffle,   l’Europe   s’enflamme,   nos   voisins   bo7és   et   casqués   lancent   des   défis,  l’Espagne  républicaine  livre  un  combat  qui  ne  =ent  pas  ses  promesses.  En  France,  la  droite   reprend   peu   à  peu   les   rênes.  Elle  combat   le   spectre   rouge   en   s’acoquinant  idéologiquement  avec  le  mouvement  na=onal-­‐socialiste  nazi  :  «  Plutôt  Hitler  que  le  Front  Populaire  !  »  entend-­‐on  tandis  qu’une  5e  colonne  mine  les  rouages  de  l’Etat.  La  guerre  vient  annihiler  une  belle  espérance.  Le  combat  est  à  refaire.  

Echec ? Non, renaissance

  Soixante-­‐dix   ans   ont   passé.  Depuis,   le   monde  a  changé,   il   a   connu   bien   des  vicissitudes,   des   échecs   même.   De   nouveau   des   condi=ons   de   vie   difficiles   pour  beaucoup  de  gens.  Le  chômage  sévit,  n’épargnant  personne,  le  travail  est  précarisé,  lycéens   et   étudiants   sont   soucieux   de   leur   avenir   incertain.   Par   contre,   la   Bourse  con=nue  d’enrichir  des  ac=onnaires  plus  a7achés  à  leur  fric  qu’à  l’humain.  L’ouvrier,  l’employé,   sont   devenus   pour   eux   un   produit   marchand   que   l’on   presse   sans  vergogne  et  que  l’on  reje7e  ensuite  sans  ménagement.  Les  écarts  se  creusent  entre  les   riches   et   les   pauvres,   les   acquis   sociaux   sont   ba7us   en   brèche   et   le  gouvernement,  assujeY   aux   ordres   du  Medef,  fait   la   sourde   oreille  à  la   colère  qui  monte.  Il  est  des  similitudes  qui  rappellent  aux  jours  anciens.  Vivrons-­‐nous  des   jours  meilleurs  ?  Nous  voulons  plus  de  jus=ce  sociale.  

  L’Histoire   ne   se   récrit  pas.  Un   juin   36   sera-­‐t-­‐il   possible  un   jour  prochain   ?   A  chacun   de   l’espérer  et  de   le  préparer.  Notre  vie   ne   doit  pas   se  résigner.   Il   y   va  de  notre  avenir.  La  jeunesse  y  aura  sa  place,  toute  sa  place,  à  sa  manière.     Si  le  loup  veut  nous  mordre,  nous  lui  casserons  les  dents.  

Car on entend déjà la révolte qui gronde…

Jean Bernard.

2006-2

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 25/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Vacances idylliques à Ravensbrück

Les   auberges   de   jeunesse   du   land   de   Berlin-­‐Brandebourg   font   la   promo=on   du  dernier  établissement  qu’elles  ont  ouvert  dans  un  dépliant  vantant  l’a7rait  du  site  et  son   poten=el   touris=que.   Le   problème,  c’est   que   ce7e   auberge   se   trouve   juste   à  l’entrée   du   camp   de   concentra=on   de   Ravensbrück   et   occupe   une   par=e   des  bâ=ments  jadis  habités  par  les  SS.  Certes,  celui-­‐ci  indique  le  voisinage  du  Mémorial  qui  confère  à  l’auberge  un  caractère  par=culier,  les  possibilités  de  visite  du  camp  et  de  séminaires  consacrés   au  nazisme  et  au  sort  des  déportés.  Mais  l’essen=el  du  texte  et  des  photographies  insiste,  outre  sur   les   excellentes   condi=ons   d’accueil   des   bâ=ments   historiques,   sur   le   charme  idyllique  de  la  région  de  Fürstenberg  avec  ses   nombreux   lacs   propices  à   la  pra=que  des   sports   aqua=ques,  ses   beaux  paysages   et  ses   cités  historiques   à  découvrir   lors  d’excursions  à  pied  ou  en  vélo.  D’anciennes   déportées   à   Ravensbrück   avaient   déjà   émis   des   réserves   quant   à  l’ouverture   de   ce7e   auberge   et   d’un   centre   interna=onal   de   rencontres   pour   la  jeunesse  sur  le   territoire   du  camp.  Ils   existent  aujourd’hui   et,  peut-­‐être,  espérons-­‐nous,  les   jeunes   qui   y   séjourneront  auront-­‐ils   à  cœur   de   visiter   le  mémorial  et  de  prendre   toute   la  mesure  de   ce  que   fut  le   nazisme.  La  manière   dont  est  présentée  ce7e  auberge   dans   le   dépliant   suscite  néanmoins   un  malaise  tant  elle  banalise  ce  lieu  de  mémoire.  Les  paysages  enchanteurs  qui  l’entourent  ne  sauraient  faire  oublier  les  crimes  commis.  Transmis  par  Jean  Bernard.  

Source : Le Patriote résistant, journal de la fédération des déportés.

Buchenwald,  connais  pas  !

Savez-vous qu’en Allemagne les cartes routières n’indiquent pas le nom de Buchenwald. Seul le mot Gedenkstatt est mentionné, qui veut dire Mémorial. Peut-on à ce point ignorer ce lieu qui fit partie de l’univers concentrationnaire nazi ? Il est honteux de faire l’impasse sur ce nom tragique. Dénoncer une telle « anomalie » - sûrement pas innocente – c’est faire un rappel au devoir de mémoire et se souvenir que des copains ajistes ont laissé leur vie dans ce camp sinistre.

J.B. 2006-3

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 26/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

En 1943, l’Ajisme était vivant…

1943. Rue Réaumur. C’était l’entrepôt inhabitable d’un chapelier en faillite, avec une concierge qui n’avait d’aises que pour son mironton. Heureux temps où l’on se nourrissait de mironton et où l’on vous empêchait de travailler du chapeau.

Là-dedans, un beau jour, arrivèrent des ajistes venant de clubs de la région parisienne. Avec des chansons, des truelles, des pots de colle, des gros souliers à clous – ô concierge ! – ils transformèrent la maison à l’aide d’une fée kidnappée à Bleau.

Ils aménagèrent alors une grande salle de réunion avec les tableaux muraux de tous les clubs, réalisèrent une cuisine, des bureaux, un réfectoire, une bibliothèque, un amour de scène dans un coin. Dans les plis du rideau s’élaboraient des déclamations enflammées. L’ajisme d’alors se cherchait mais jetait le feu de ses quatre fers.

Il y eut des scènes bruyantes, des chutes dans l’escalier, de grandes flammes de joie montaient de la cour pisseuse les soirées du dimanche, au retour de partout. Les réunions étaient journalières, les cercles d’étude dressaient les assises de l’ajisme.

Dans le coin le plus sombre, l’équipe des copains conduite par Jean Wertheimer préparait les spectacles resplendissants d’un art dramatique nouveau.

De là sortaient les nouvelles auberges de groupes, les rassemblements avec ces trains spéciaux. Les spectacles ajistes essaimaient ici et là un peu partout même pour des soirées réservées en des théâtres subventionnés.

Cette maison-là, telle quelle, était le foyer du Centre d’information et de coordination des ajistes de la région parisienne.

Depuis, bien sûr, on a fait des maisons de jeunes…

Transmis  par  Jean  Bernard.

Source  :  Bulle=n  des  Cam’  Route,  janvier  1943.  

2006-3

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 27/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Est-ce offenser un dieu que d’en discuter la légitimité ?

Quelle vanité que de prétendre posséder LA vérité et de l’imposer aux autres. L’intégrisme est la pire des idéologies. Il doit être combattu. Il n’y a pas de tolérance à avoir pour l’intolérance. Quand le sang coule au nom de dieu, c’est intolérable. Car « il n’est pas de sauveur suprême ». Le rire est le propre de l’homme, a dit Rabelais. Dans la période médiévale, les bouffons du Xe siècle moquaient le roi. Plus tard, Daumier, par ses dessins grotesques, amplifiait les travers de la bourgeoisie du XVIIIe siècle. Dans L’assiette au beurre du début du XIXe siècle des caricaturistes réputés malmenaient par des dessins vengeurs l’armée sanguinaire, l’Eglise opulente, les rois au pouvoir absolu, les richards parvenus et les hommes politiques dévoyés. Oui, au pays de Molière, de Voltaire et d’Hugo, on a le droit de critiquer la religion par la confrontation des idées. Ce ne sont pas les dessins parfois dérangeants ni les mots qui tuent, mais les bombes et les assassinats d’incroyants. Ceux qui font usage de cette violence pour imposer une loi divine devant laquelle chacun devrait s’incliner sont bien mal placés pour donner au monde des leçons de morale. Ils tuent la liberté. La critique d’une idéologie ou d’un état sociétal n’implique pas pour autant une déclaration de guerre ouverte. La confrontation des idées dans le respect mutuel devrait être la règle. Une critique n’est pas un désaveu, elle permet à chacun de se faire une libre opinion et de déterminer son choix en conséquence. C’est le principe même de la laïcité. En France, nous sommes attachés à ce concept. Y déroger serait fatal à la démocratie. Notre credo, c’est les valeurs républicaines. Oui, nous devons être attentifs à la montée de l’intolérance. Menaces de mort à l’encontre d’écrivains (Salman Rushdie, en Iran), bannissement d’intellectuels (Soljenitsyne en URSS), d’artistes (Rostropovitch), assassinats d’opposants politiques ou de journalistes ici et là, femmes lapidées au Moyen-Orient pour avoir enfreint la loi des hommes, martyrisées en Afrique pour s’être élevées contre l’excision, coups de force de militants anti-IVG contre des cliniques américaines (et même en France), crimes d’honneur en Turquie pour refus de mariage libre, exécutions sommaires en Chine, femmes vitriolées pour avoir refusé des avances, cri de colère de femmes maghrébines dans certaines cités pour revendiquer une saine émancipation : depuis Giordano Bruno, la liste est longue des atteintes à la liberté d’être et de s’exprimer. L’insoumission est l’honneur de ceux qui luttent. Oui, quand au nom de Dieu on voile, on viole, on tue, on emprisonne, la conscience doit s’insurger face au fanatisme.Oui, quand au nom de Dieu on dicte un mode de vie astreignant, on doit se rebeller. A chacun sa vie privée. Oui, quand des diktats religieux, sous couvert de pureté morale, imposent des préceptes régressifs, c’est de l’obscurantisme. La liberté de penser ne peut être muselée. Oui, c’est pour cela que nous, Anaajistes, serons toujours du côté des défenseurs de la liberté d’expression.

Jean Bernard. 2007-1

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 28/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

« Au secours, la maison brûle »

L’écologie, tout le monde en parle. C’est le sujet bateau. Pour les journaux, les magazines, les médias, la télé, c’est l’antienne à la mode. Pierre, Paul, untel et untel se croient obligés de donner un avis sur la question. Même les politiques – mais oui, mais oui – ont saisi la balle au bond et, toutes couleurs confondues, inscrit la chose à leur programme (période électorale oblige !). C’est un excellent sujet de dissertation, on peut en parler à tort et à travers, cela n’engage à rien, on peut en blablater à longueur de pages ou de fenestron. Sujet en or, surtout depuis que, récemment, Nicolas Hulot a mis les pieds dans le plat, secouant vaillamment le cocotier pour bousculer l’inertie des décideurs en alertant l’opinion avec son « plan écologique ». Déjà, il y a plusieurs décennies, des hommes de renom, pleins de raison (le sociologue René Dumont, le volcanologue Haroun Tazieff, le commandant Cousteau, le scientifique Théodore Monod, le philosophe Edgar Morin, le photographe Arthus-Bertrand, d’autres aussi) avaient fait savoir par leurs écrits et leurs actions combien la Terre était en danger et que, pour préserver l’avenir, il fallait avoir conscience de l’urgence des remèdes à y apporter. Hélas, ils n’ont été que peu entendus, quand ils ne passaient pas pour de doux rêveurs dérangeants. Pourtant, la réalité est là. Durant des siècles, l’homme s’est érigé en maître absolu de la nature. Au fil du temps, les besoins accrus de la société ont abouti à un développement technico-économico-scientifique dont on n’a pas su maîtriser l’usage. Une industrialisation à outrance épuise peu à peu les richesses naturelles ; le non-contrôle sérieux des nuisances accélère encore les défaillances gestionnaires. On a beau faire des déclarations oratoires (Stockholm, 1972), des séminaires brésiliens (M. Chirac dixit : « Au secours, la maison brûle… »), réunir des sommités politiques ici ou là en Amérique ou au Japon, il ne semble pas que la prise de conscience soit partagée et que les décisions à prendre soient efficaces. La Chine argue de la nécessité pour elle de se développer industriellement, les Etats-Unis s’assoient sur les accords de Kyoto ; l’ex-URSS a littéralement détruit la mer d’Aral et la région de Bakou se meurt sous les pluies acides ; la forêt amazonienne est décimée par une déforestation intensive ; en Afrique le désert avance inexorablement ; aux pôles, la banquise recule et pourrait un jour disparaître. Les pays du Tiers Monde sont systématiquement pillés de leurs richesses naturelles par des groupes surpuissants qui de plus régissent les marchés mondiaux. Périodiquement, nombre de tankers pétroliers s’échouent sur les côtes océanes, causant une pollution maritime gravement domma-geable. Mais, de cela, Total et autres compagnies pétrolières n’en ont cure. Le constat général de l’état de la Terre est affligeant, alarmant. De plus en plus de scientifiques se mobilisent pour dire leur angoisse du devenir du monde. Le monde va mal. Ecoutons-les. Quant à nous, pauvres Anaajistes sans parole et sans pouvoir, que pouvons-nous faire ? Peu de choses à vrai dire, sinon être chacun à sa façon respectueux de son propre environnement, participer au tri sélectif des déchets, éviter le gaspillage coûteux de l’eau et de l’électricité, privilégier un mode de vie responsable en ne sacrifiant pas aux exigences d’une société de consom-mation mercantile avide de profits. C’est peu mais pas inutile. L’écologie est sociale, économique, culturelle. Elle se doit d’être défendue. Nous ne devons pas en ignorer l’importance. C’est un devoir moral, civique, citoyen. S’informer, réfléchir, s’indigner et agir autant que faire se peut. Nous sommes responsables de l’avenir de nos enfants et petits-enfants. Leur laissera-t-on un monde invivable ? Aidons, modestement, à sauver la Terre. Ce faisant, nous poursuivons notre rôle d’Ajistes, défenseurs de la Nature. Je ne doute pas que vous tous, mes copains, en soyez conscients.

Jean Bernard. 2007-1

Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 29/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Du sang dans le métro…Charonne, un crime d’Etat

Souvenons-nous de ce mois de février 1962. A partir de novembre 1954, en plusieurs régions d’Algérie commence une révolte contre le joug colonial. Au fil des années, le pays entier s’embrase. De maintien de l’ordre en « pacification », le gouvernement français ne connaît qu’une chose : la répression. « L’Algérie, c’est la France ! » clame-t-il à longueur d’antenne. « De Dunkerque à Tamanrasset » a même dit François Mitterrand, ministre de l’Intérieur de l’époque.

Vient la Ve République. De Gaulle est élu Président. Calculateur, manipulateur, il fut contraint par les faits à la négociation. Les colonialistes enragent. Une partie de l’armée galonnée veut « sa » guerre, la sécession est dans l’air. En 1961-62, l’OAS regroupant les jusqu’au-boutistes multiplie les attentats et cherche l’épreuve de force.

En France, les yeux se sont dessillés. Le contingent est contre la guerre. La lutte pour la paix en Algérie prend de l’ampleur. En février 1962, les attentats de l’OAS se font de plus en plus nombreux et sanglants. L’un d’eux visa André Malraux, ministre de la Culture, un autre blessa grièvement l’écrivain Vladimir Pozner. Une petite fille de quatre ans, Delphine Renard, perdit la vue à la suite d’une explosion.

Il fallait en finir. Comme souvent, depuis plusieurs mois, le peuple de Paris descendit dans la rue pour crier son indignation et affirmer sa lassitude de la guerre. Le 8 février 1962, plusieurs cortèges convergent vers la Bastille, pacifi-quement mais résolument. Sur le boulevard Voltaire police, CRS et groupes de choc interviennent avec une rare violence. La station de métro Charonne fut le théâtre d’un massacre organisé. On vit des policiers s’acharner sur des blessés à terre, d’autres lancer de lourds projectiles sur une masse de gens bloqués dans la bouche du métro que le chef de station avait reçu l’ordre de fermer.

L’histoire est terrible : on comptera neuf morts dont un gamin de 15 ans et demi. Notre ami Edouard Lemarchand, très connu et apprécié dans

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le milieu du plein air (Amis de la nature FSGT) fut au nombre des victimes ainsi que Maurice Pochord, également AN.FSGT.

Toutes les victimes étaient des gens du peuple, de ce peuple qui se lève en conscience chaque fois qu’il est devenu nécessaire de crier : « Halte au fascisme ! » et « Justice et Liberté ». En face d’eux, Roger Frey, ministre de l’Intérieur, Maurice Papon, préfet de police – qui avait couvert l’odieuse ratonnade du 17 octobre 1961 – avaient la bénédiction de Michel Debré, Premier ministre, couvert par le général de Gaulle, Président de la République. Il n’est pas inutile de rappeler ces noms, c’est l’Histoire, de l’Histoire écrite avec du sang.

Tout a été fait pour masquer la vérité. Le cynisme, le mensonge, l’impunité sont de règle, la honte est tenace sans doute car, quarante ans après, les responsables politiques se voilent la face et les archives restent obstinément bloquées.

Le jour des obsèques des neuf victimes, un million de Parisiens leur rendit hommage. Ce 8 février 2004, quelques dizaines de personnes seulement se sont retrouvées pour fleurir la plaque commémorative au métro Charonne. Le sang séché, les morts s’oublient vite.

On ne peut ignorer le passé. L’oubli serait une injure aux victimes. Le rappel au souvenir est nécessaire. Il est le garde-fou du présent. Rien n’est jamais vraiment terminé : le racisme, la xénophobie s’étalent insidieusement sous nos yeux tous les jours ici et là. Soyons donc attentifs et responsables si l’on ne veut pas que des jours sombres reviennent. Se souvenir, 40 ans après, que des hommes, des femmes, un enfant sont morts – assassinés – parce qu’ils manifestaient contre la guerre, qu’ils luttaient pour la paix, ce n’est pas faire preuve de sensiblerie. Faire entendre la voix de l’Histoire, c’est chercher la vérité, dénoncer l’injustice, défendre la liberté, réaffirmer les valeurs de la République.

Souvenons-nous de Charonne.

Jean Bernard.

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Le prix du sang et des larmes

1940-1945. Une période tragique de notre histoire. L’esprit d’expansion de l’Allemagne hitlérienne avait enflammé toute l’Europe. Durant quatre ans la France a subi l’Occupation. Notre génération a eu à connaître ce qu’il en fut, chacun a encore en mémoire ces années ô combien difficiles (restrictions, privations, persécutions...).

Le gouvernement de Vichy ayant honteusement capitulé livra le pays aux appétits exorbitants de l’Allemagne. Devançant les désirs des nazis, il institua la chasse aux juifs, n’épargnant ni les femmes ni les vieillards, ni les enfants. Par milliers, ils disparurent dans les camps d’extermination. La milice, auxiliaire de la Gestapo, traquait impitoyablement : syndicalistes, militants ouvriers, universitaires, républicains, étrangers antifascistes, simples quidams pris au hasard des rafles. Fusillés, torturés, déportés, assassinés lâchement eux aussi.

Un peu partout en France, une résistance s’organisait, d’abord isolément, puis structurée. Au fil des mois elle devint une force qui mena la vie dure aux nazis. A partir de la fin de 1943, la donne changea. Stalingrad avait sonné le glas de l’armée allemande, notre armée d’Afrique progressait, les maquis harcelaient l’occupant qui recula peu à peu sur tous les fronts. La radio gaulliste de Londres entretenait l’espoir.

Enfin, juin 1944, le débarquement des armées alliées, après bien des atermoiements militaro-diplomatiques, jeta des milliers d’hommes dans l’ultime bataille. Vint alors le moment tant attendu de la Libération. Celle-ci ne fut acquise qu’au prix de lourdes pertes en hommes. Les destructions de villes firent beaucoup de morts. La guerre est toujours terrible même quand la victoire paraît certaine.

Harcelée sans répit, l’armée allemande recula partout, elle jalonna sa retraite de crimes de sans inqualifiables : assassinats au jugé, cent pendus à Tulle, le massacre d’Oradour-sur-Glane, village incendié (600 victimes), la division Das Reich sema la mort sur sa route.

Ville après ville, l’insurrection nationale prenait corps. Le Conseil national de la Résistance ayant enfin fédéré les différents courants qui avaient pris part à la lutte eut fort à faire pour imposer un objectif politique de reprise en main du pays face aux pressions des forces militaires extérieures dont les buts étaient disons autoritaires et antidémocratiques

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(AMGOT). Les archives montrent que l’avance des armées alliées fut freinée par certains militaires de l’état-major tant ils redoutaient, par exemple, une insurrection parisienne qu’ils désiraient contrôler (toujours cette méfiance viscérale envers le peuple). Le 17 août 1944, une affiche signée du chef FTP Rol-Tanguy proclame la mobilisation générale. Des barricades se dressent aux points stratégiques, les combats de rue s’intensifient, les drapeaux tricolores fleurissent les balcons. L’armée allemande est aux abois. Hitler donne l’ordre au colonel Von Choltitz de détruire tout Paris au canon. M. Nordling, consul de Suède, entame des négociations pour que le bain de sang soit évité. Du 15 au 25 août, Paris combattra pour la victoire.

La 2e DB est aux portes de Paris, à Arpajon, à Rambouillet, elle contourne Paris, établit un front entre Aulnay et Montmorency. Dans Paris, l’hôtel de ville est pris, la préfecture de police se « républicanise », la grève des cheminots désorganise et bloque la retraite allemande. Le 20 août, le général de Gaulle débarque à Cherbourg. Lorsque les chars de la 2e DB entreront dans Paris, ce sera une explosion de joie. La liberté tant attendue était enfin reconquise, la République nous revenait. Restait un pays à reconstruire.

En ce 60e anniversaire, ayons une pensée pour ceux qui ont laissé leur vie sur le dur chemin de la conquête de notre liberté : fusillés de Chateaubriand et du Mont-Valérien (4.500), torturés des prisons de Lyon, internés de Romainville et de Drancy, maquisards du Vercors tombés les armes à la main, déportés assassinés dans les camps, soldats avec ou sans uniformes dont les stèles mémorisent le sacrifice, tous les combattants de la liberté qui ont donné leur vie pour qu’un jour le soleil se lève sur un monde nouveau.

Le souvenir est un devoir d’avenir. Jean Bernard.

2007-1

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 33/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

La forêt de Fontainebleauun  atelier  grandeur  nature

Jean-­‐Baptiste  Oudry   fut  un  des   premiers   peintres,  en  1738,  avec  Chasse  aux  cerfs,   peint  à  Franchard,   à  s’intéresser  à   la   forêt  de  Fontainebleau  comme  sujet   d’étude.  D’autres   suivirent   (Lantara,   Bruandet)   qui,   sur   le   chemin   de   la  Suisse  ou  de  l’Italie,  venaient  observer  la  nature  dans  ses  «  détails  ».  Dès  1830,  tout  le  gotha  du  romantisme,  peintres,  graveurs,  photographes   s’y  déplace.  La  forêt  devient  un  vaste  atelier,  Corot  campe  un  artiste  passant  dans  un  chaos  de  rochers,   Charles   Jacque   une   bergère   dans   un   creux   de   rocher,   les   Scieurs   de  long,   de   Jean-­‐François   Millet   n’en   font   qu’un   avec   l’énorme   tronc   ;   quant   à  Théodore  Rousseau,  il  met  une  ombre  dans  un  coin  de  ses  prodigieux  paysages.  

La   variété   de   ses   paysages   fut   l’atout  maître   de   la   forêt.   Plus   tard,   les  peintres  d’histoires  continueront  d’emprunter  à   la   forêt  ses  paysages,  non  par  routine  mais  parce  qu’elle  aura  été  pour  eux   le  «  pays  natal  »,   le   lieu  de  leurs  premiers  apprentissages.  

S’enfouir  dans  la  forêt,  saisir  le  fourmillement  de  la  végétation,  en  percer  le  désordre  apparent,  le  mystère,  dans  la  solitude  et  le  silence  indispensables  à  tout  travail  d’observation,   Théodore  Rousseau  en   rêvait  tout  comme  Michelet  lorsqu’il  écrit  L’insecte,  en  1857.  

Des   centaines   d’artistes,   français   et   étrangers,   ont   travaillé   à  Fontainebleau,   quelques-­‐uns   d’entre   eux  se  contentaient   d’y   passer   quelques  jours   :   «   La   forêt   de   Fontainebleau,   c’est   la   véritable   école   du   paysage  contemporain  »  a  écrit  Frédéric  Henriet.  

La   réputation   de   Barbizon,   ce   petit   village   presque   une   succursale   de  l’école  de  Rome  dont  l’auberge  Ganne  peut  passer  pour  la  Villa  Médicis  était  faite.  Barbizon  a  séduit  les  peintres  par  son  authenticité.  

La  forêt  développa  sa  propre  mémoire  et  devint  un  «  musée  de  plein  air  »  grâce   aux   artistes   qui   obtinrent   pour   elle,   en   1861,   un   statut   qui   en   ait   le  premier  site  naturel  protégé  au  monde.  

Catherine  Bernard.  

Extrait des commentaires de l’exposition Forêt de Fontainebleau au musée d’Orsay.

2007-2

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 34/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Identité citoyenneL’un  des  termes  abordés  par  les  candidats  à  l’élection  présidentielle  portait  

sur  l’identité   citoyenne.  Qu’en  est-­il   exactement  ?  Que  faut-­il  en  penser  ?  Je   vous  livre  ma  modeste  réHlexion.  

L’histoire   de   la   France   témoigne  que   la   formation  de  cette   nation  a   été  façonnée,  de  toute  éternité,  par  les  apports  et  les  mélanges,  les  rencontres  et  les  croisements  migratoires.  Des  liens  se  sont  créés  sur  notre  territoire  entre  gens  du  Nord,  de  l’Est  et  du  Sud,  entre  terres  et  mers,  entre  Orient  et  Occident.  Il  n’y  a  pas  de  nation  historiquement  basée  sur  une  «  essence  »  ethnique  ni  sur  une  préséance   du   sol.   Ne   serait-­‐il   pas   risible   et   dérisoire   de   se   revendiquer  Néandertalien  ou  partisan  indéfectible  de  notre  ancêtre  Cro-­‐Magnon  ?  

«  La  France  aux  Français  !  »,  slogan  qui  est  le  fonds  de  commerce  favori  de  l’extrême-­‐droite   est   un   thème   discutable.   Un   repli   nationaliste   et  outrageusement  protectionniste  concernant  la  notion  d’identité  va  à  l’encontre  de  l’évolution  du  monde  et  des   idées  de  rapprochement  entre  les  peuples.  En  outre,   désigner   les   immigrés   comme   boucs   émissaires   responsables   du  chômage  et  de  notre  mal-­‐vivre,  c’est  cultiver  le  racisme  et  la  xénophobie.  Il  est  illusoire  de  penser  que  leur  éviction  remettra  la  France  sur  pied  et  que  sans  eux  tout  ira  mieux  chez  nous.  

La  nation  américaine  s’est  créée  par  l’apport  de  nombreuses  nationalités  extrêmement   diverses,   poussées   à   l’exil   pour   des   raisons   économiques.   Au  siècle   dernier,   des   populations   sont   venues   d’au-­‐delà   de   nos   frontières   pour  vivre  et  travailler  en  France  et   se  sont  parfaitement  intégrées  à   la  nation.  Les  disciples  de  Charles  Maurras  et  de   l’Action  Française  qui  se  drapaient  alors  de  nationalisme  claironnant  et  de  chrétienté  vertueuse  brandissaient  des  slogans  :  «   Pas   de   Ritals,   pas   de   Polacs,   pas   de   Bougnoules,   pas   de   Chinetoques   chez  nous   !   »  et   aussi   :   «  Pas  de  Métèques   !   »  ont  alors   empoisonné   la   vie  sociale.  Dans   un   passé   récent,   les   mêmes   ultranationalistes   lançaient   une   odieuse  campagne  antisémite.  Rappelez-­‐vous  :  «  A  bas  les  Juifs  !  »  qui  a   jeté  le  trouble  dans  les  esprits  et  conduit  aux  pires  excès.  Que  l’on  s’en  souvienne.  

Un  peu  d’histoire

Nombre  de  Français  d’aujourd’hui  ont  des  origines  italiennes,  espagnoles,  portugaises,  maghrébines,  orientales,  juives  d’Europe  Centrale  ou  d’Afrique  du  Nord.  Des  gens  sont  venus  d’ailleurs  et  ont  fait  souche  chez  nous.  Le  devenir  de  la  France  n’a  pas  été  mis  à  feu  et  à  sang  pour  autant.  Pourrait-­‐on  imaginer  qu’il  n’est  de  pur  Parisien  digne  de  vivre  dans  la  cité  que  celui  qui  a  des  ancêtres  100  %  montmartrois  ou  faubouriens  ?   Bretons,  Marseillais,   Auvergnats,  Picards   et  

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Bourguignons,  Savoyards  et  Pictons,   gens  du  Nord  et  gens  de  l’Est  ont  émigré  un  jour  de  leur  province,  trouvé  leur  place  en  Ile-­‐de-­‐France  et  formé  ensemble  une   population   homogène.   Pourquoi   n’en   serait-­‐il   pas   de  même   aujourd’hui  alors   que,   statistiquement,   l’immigration   est   à   peine   plus   forte   qu’au   siècle  dernier.   J’ai   peine   à   croire   que   nos   gènes   tricolores   soient   menacés   et  corrompus   par   des   globules   gloutons   étrangers.   Ceux   qui   souhaiteraient   en  venir  un  jour  à  une  «  pureté  ethnique  »  sont  de  diaboliques  maîtres  à  penser.  Le  passé  doit  nous  donner  à  réaléchir.  Est-­‐ce  une  tare  que  de  naître  «  bronzé  »  ?  Il  est   inconcevable   de   rejeter   l’Autre   au   prétexte   qu’il   est   différent   et   qu’il  «  pourrait  »  représenter  un  danger.  

L’esprit   de   la   nation   est   une   construction   politique,   pas   une   déainition  ethnique.  C’est  une  idée  «  utopique  »  qui  s’est  réalisée  en  acte,  une  conception  qui   est   issue  de   la  Révolution   française.  Elle   implique  une   reconnaissance  de  droits   humains,   une  pratique   de  devoirs   citoyens,   une   afairmation  de  valeurs  laïques,   une   exemplarité   de   principes   républicains.   Ainsi   se   réalise   une  communauté  soudée  qui  se  reconnaît  et  se  rassemble  quand  il  le  faut.  Le  critère  d’une  assimilation  acceptée  et  d’une  intégration  véritable  implique  un  droit  au  travail,  au  logement,  à  la  santé,  à  l’instruction,  au  respect  de  l’individu,  l’égalité  des  chances,  l’acceptation,  aussi,  sans  ambiguïté,  de  valeurs  républicaines,  hors  de  tout  ghetto  ou  commu-­‐nautarisme.  

Un   nationalisme   outrancier   et   exacerbé,   d’inspiration   lepéniste   ou  villiériste,   relayé   par   une   droite   musclée   ne   peut   être   une   perspective  satisfaisante   en   regard   des   difaicultés   de   la   société   française.   Ce   n’est   pas   le  grand-­‐père   chinois   qui   met   en   péril   l’ordre   établi.   Par   contre,   groupes  ainanciers  occultes,  fonds  de  pensions  étrangers  et  une  économie  décapitée  par  les  délocalisations  affaiblissent  notre  capacité  sociale.  

Jean  Bernard.  2007-3

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Editorial

Un grand moment se prépare pour notre association : l’occasion

d’une rencontre avec des amis de toute la France, des quatre coins de l’hexagone : avec les Marseillais, les Lyonnais, les Bretons et les Vendéens, les Nancéens, les Toulousains et autres membres de la gent ajiste éparse en

France.

C’est notre Rassemblement national, le VIIIe, qui se tiendra à La

Rochelle, du 20 au 23 mai. Nous pourrons confronter nos idées, réaffirmer les valeurs qui sont les nôtres : la laïcité, la citoyenneté républicaine, la fraternité, la solidarité. De bien grands mots, penseront certains, mais qui

doivent toujours être réaffirmés, surtout quand les acquis sociaux, notamment, sont quelque peu malmenés.

Nous sommes heureux, cette année encore, de participer très nombreux à cette rencontre. A cette occasion, l’AnaAJ vous offre, ainsi qu’aux amis de province, l’autocollant souvenir.

Je souhaite que ce Rassemblement nous apporte de joyeuses discussions et laisse dans toutes les têtes de très bons souvenirs.

A bientôt à La Rochelle, bien sûr.

Catherine.

2008-1

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Le parler européen Depuis 1947 l’Europe se construit petit à petit. L’idée européenne est en marche bien que des considérations politiques, économiques, parfois culturelles en retardent l’établis-sement. Ne soyons pas naïfs, il faudra encore bien du temps pour qu’une entente générale en assure un fonctionnement profitable à tous. Même si l’idée a pu paraître utopique à certains, il est louable de penser que c’est un progrès. Que la discussion l’emporte sur les querelles, que la notion de paix prévale sur les dissensions nationalistes et guerrières, c’est cela qui ouvre la porte à un peu plus de fraternité. Au fait, savez-vous comment s’écrit ce mot dans chacun des pays membres ? En voici l’énumération. Il est temps de se familiariser avec ce vocable qui peut être une clé pour la compréhension entre les peuples. Aux Auberges, nous avions déjà le sens de la formule avec notre slogan :

Jeunes du monde entier, salut !Continuons sur la même voie en approfondissant le concept.

PAYS MEMBRES

Allemagne BRUDERLICHKEITAutriche BRUDERLICHKEITBelgique BROEDERSCAPBulgarie   BRATSTVOChypre   ADELPHOTITADanemark BRODERSKABEspagne   FRATERNIDADEstonie VENDLUS VENNASKONDFinlande          VELJEISFrance              FRATERNITÉGrèce                ADELPHOTITAHongrie          TESTVERISEGIrlande                          BRAITHREACHAS

Italie                                  FRATELLANZALettonie                        BRALIBALituanie                          BROLYBELuxembourg            BRIDDERLECHREETMalte                                  FRATERNITAPays-­Bas                      BROEDERSCHAPPologne                          BRATERSTWOPortugal                        FRATERNIDADERoumanie                    INFRATIRERoyaume-­Uni          FRATERNITYSuède     BRODERSKAP

PAYS NON MEMBRES

Albanie                    VELLAZERIMBosnie                      BRAATSVOCroatie                    BRATSTVOIslande                    BRODERNIMacédoine          BRATSTVONorvège                BRORSKAPTchéquie              BRATSTVOSlovaquie            BRATSTVOSlovénie                BRATSTVOSuisse  fr.            FRATERNITÉSuisse  al.            BRUDERLICHKEITSuisse  it.              FRATELLANZASuisse  ro.          FRATERNIDADTurquie                  KAVDECHLIKYougoslavie BRATSTVO

Esperanto          FRATECO

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A PROPOS DU DRAPEAU EUROPÉEN

Tout le monde l’a vu flotter en haut d’un mât lors d’une manifestation. Sa création mérite d’être relatée. Rien de plus simple apparemment qu’une couleur et des étoiles pour élaborer une signalétique. Pourtant, d’après l’abbé Pierre Caillon, ces symboles ne seraient pas dus au hasard : la religion catholique n’est pas absente de sa création. Le fond bleu n’est pas innocent : c’est sur fond bleu qu’en général la Vierge est représentée et les étoiles représenteraient l’auréole au-dessus de sa tête.

Tout esprit éclairé peut s’étonner – voire s’indigner – de cette implication religieuse dans la conception de l’emblème. Si les Etats ont retenu ce graphisme, c’est tout simplement que, lorsqu’il fut créé, la majorité du Conseil de l’Europe était de tendance démocrate chrétienne. Leur conviction religieuse a pesé d’un poids décisif, la laïcité a été bernée. Aviez-vous remarqué que celle-ci n’était pas mentionnée dans la Constitution qui nous a été proposée ?

Décidément, ils sont bien malins les promoteurs de certains concepts. Ni vu ni connu, je t’embrouille. Méditons sur ce joli tour de passe-passe.

Le service de presse du Conseil de l’Europe désigne M. Arsène Heitz (agent dudit conseil et fervent catholique de surcroît) comme étant l’auteur du projet du drapeau européen établi en 1955 et adopté en décembre par les institutions européennes réunies à Paris. Si le Conseil est prudemment muet sur l’utilisation de l’idée religieuse ayant prévalu pour la réalisation du logo, il signale néanmoins que le cercle d’étoiles est symbole de perfection et de plénitude (sic), qu’il évoque aussi bien les apôtres que les fils de Jacob (re-sic) que les mois de l’année ou les douze signes du Zodiaque (ah bon !). Curieux concept, non ?

Jean Bernard. 2008-1

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Instruction civiquePetit Pierre rentre de l’école et demande à son père : « Papa, je dois faire

un devoir sur la politique et expliquer le fonctionnement de notre gouvernement, peux-tu m’expliquer ?

« Rien de plus facile, répond le père. Il suffit de comparer le gouvernement et notre société à notre famille. Tu vois, moi je ramène de l’argent, je suis le capitaliste. Ta mère gère notre famille et les dépenses, elle est le gouvernement. La femme de ménage, qui travaille pour nous, est la classe ouvrière. Toi, tu es le peuple. Ton petit frère Hector représente la génération future. As-tu compris ?

« Oui, je pense, répond petit Pierre.

Dans la nuit, petit Pierre est réveillé par Hector qui pleure. Il se lève et va voir son petit frère qui a besoin que l’on change sa couche. Il se rend dans la chambre de ses parents et tente de réveiller sa maman qui dort profondément. Voulant réveiller son papa, il constate qu’il n’est pas dans le lit avec sa maman. Il le cherche et le trouve faisant de la gymnastique tout nu dans le lit de la bonne. Entre-temps, Hector fatigué s’est rendormi. Petit Pierre se recouche.

Le lendemain, au petit déj’, petit Pierre dit à son père :

« Tu sais, papa, j’ai tout compris de la politique.

« Ah oui, et qu’as-tu compris ?

« C’est simple, le capitalisme baise la classe ouvrière pendant que le gouvernement roupille, restant sourd aux appels du peuple et laissant la future génération dans la merde ».

raconté par Jean Bernard à la fête de l’AnaAJ.

2008-1

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Plus belle la vie…   Pas   facile   de   faire   un  édito.   J’aurais  aimé   que   celui-­ci   fût   serein,   voire  rigolo.  Hélas,   je   n’ai  pas   le   cœur  à   l’ouvrage.   Signe   des   temps   ou…  coup   de  vieux  ?  

  Il   fut   un  moment   de   notre   vie   ajiste   où  notre   insouciante   et   pétulante  jeunesse   nous   poussait   sur   les   routes   en   chantant.   Quel   plaisir   c’était   que  d’«  aller   au-­devant  de   la   vie  ».  Ce   temps  heureux  est  derrière   nous.  Et  je  me  pose  la  question  :  que  sont  nos  espérances  devenues  ?  

  Mon  trois  quarts  de  siècle  passé,  je  regarde  la  vie  en  face.  Il  me  faut  être  réaliste   :  envolées  mes  illusions  de  voir  changer   le  monde.  Au  Qil  des   jours   je  me  sens  marginalisé.  Pas  encore  dans   le  monde  des  exclus  mais  sur  la   route  qui  mène   à   la   pauvreté.   Je   n’ai   pas   faim   de   caviar  mais,   quand   je   fais  mon  marché,   je   suis   horriQié   d’avoir   à   hésiter  pour   acheter   telle   ou   telle   denrée  pourtant  essentielle.  

  En  outre,  j’ai  le  sentiment  profond  que  le  social  dont  je  rêvais  a  du  plomb  dans  l’aile.  Le   recul  est  partout   ;   les  soi-­disant  réformes  laminent  notre  vie   :  retraite  minimale,  santé   coûteuse,   emplois  préca-­risés,   éducation  incertaine,  loyers  prohibitifs,   hausses   continuelles,   etc.  Toujours   plus  d’argent  à   sortir,  toujours  moins  de  besoins  à  satisfaire.  

  Et   puis,   comment   rester   serein   quand   le   monde   est   embrasé   ici   et   là,  quand  des  gens  sont  pris  en  otage,  emprisonnés,   torturés  en  raison  de   leurs  opinions,  quand  la   faim  risque  de  décimer  des  populations  déjà  défavorisées.  Oui,  le  monde  va  mal  et  nul  ne  peut  l’ignorer.  

  Je  ne  sais  pas  ce  qu’il  en  est  pour  vous,  les  copains.  Peut-­être  passez-­vous  au  travers  des  difQicultés.  Tant  mieux  pour  vous.  

  Comme   je   suis   d’un   naturel   optimiste,   je   vais   surmonter   mon  désappointement.  Car  c’est  en  pensant  à  la  jeune  génération  qui  nous  suit  que  je  veux  que   les  choses  changent  vraiment.  Pour  eux   et  en  souvenir  de   ce  que  nos  espoirs  avaient  de  fraternel.  

  Ça  y  est…  Le  moral  me  revient.  Salut  la  vie  !   Et  que  les  prochaines  vacances  vous  soient  salutaires.  

 Jean  Bernard.  

2008-2

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 41/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Des Ajistes à la Foire ! En ce mois de septembre 1952 s’ouvrait à Arpajon le 21e Foire aux Haricots. Foire réputée s’il en fût qui porte haut le renom respectable du phaseolus vulgaris. On vient de loin pour honorer cette légumineuse aux vertus reconnues qui fait honneur à notre gastronomie.

En ce temps-là à Arpajon il y avait une AJ, très modeste, située au milieu du village et installée dans l’ancien local des pompiers. Le foyer parisien Résurrection en assurait la gestion, c’était une AJ très fréquentée à l’époque.

La veille de la Foire, le badaud arpajonnais fut intrigué par les allées et venues devant l’auberge d’une bande d’individus des deux sexes, mollets nus, braillant, chantant, courant sous la pluie, portant des panneaux, clouant, vissant, rafistolant de bric et de broc, se démenant comme de beaux diables en affichant une activité fébrile, suffisante pour perturber le sommeil d’une bonne partie des habitants d’alentour.

Le lendemain, au passage du cortège officiel, les ajistes étaient fiers de présenter un stand de taille respectable avec exposition de photos de nature, de matériel de plein air et, surprise… des modèles réduits de trains ! La sonorisation était parfaite, l’ambiance était à la fête et Dieu sait qu’en la matière les ajistes savent donner le meilleur d’eux-mêmes.

Hélas ! le Comité de la Foire avait interdit toute vente, loterie ou jeu payant. Cruel dilemme quand on sait que les finances ajistes ont besoin de fonds pour exister. C’est alors qu’ignorant les directives municipales, on vit quelques cama-rades proposer discrètement aux passants contre de la menue monnaie des briques récupérées sur un chantier (pas volées), destinées, disaient-ils, à monter une cloison en dur dans leur local ; d’autres colportaient timidement quelques journaux ajistes récupérés à la Fédé. D’abord intriguée, la population fit néan-moins bon accueil aux solliciteurs. L’ambiance aidant, on vit même se vendre des dépliants… et des tracts ; des insignes du sigle AJ furent modestement monnayés et accrochés aux revers du veston de messieurs qui ne pouvaient refuser l’offre joliment accompagnée d’un sourire féminin obligeant ; des écussons symboles de provinces françaises, des fanions multicolores ramenés de quelques pays étrangers trouvèrent facilement preneur auprès de personnes surprises de voir de si jeunes gens ayant voyagé aussi loin à travers le monde et se montrant prolixes en anecdotes dignes de grands explorateurs.

Si financièrement la recette ne fut pas un pactole mirobolant (tout de même mieux que des… haricots), ce fut un joli travail de propagande.

A partir de ce jour, quand un ajiste traversait Arpajon, l’habitant ne disait plus : « Tiens, voilà un scout ! » mais : « Salut, p’tit gars ! » L’auberge en retira un prestige accru. Débrouillards, les copains militants de Résurrection.

Donner une belle image d’une jeunesse parfois turbulente, souvent en marge des idées établies mais qui savait se rendre sympathique par une allégresse de bon aloi, c’était ça l’esprit ajiste.

Souvenirs transmis par Jean Bernard. 2008-2

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Une enfance martyrisée     En   Iran,  lapidation   de   femmes,  pendaisons  en  public,  torture,  exécutions  sommaires,  c’est   la  règle   appliquée  au  nom  de   la   loi  divine.  Qui  dira  la  malfaisance  de  chefs  religieux  qui  se  livrent  aux  pires  turpitudes  tout  en  brandissant  le  drapeau  d’une  foi  rédemptrice.  

  L’horreur  n’en  ainit  pas  de  vous  prendre  à  la  gorge.  Sur  Internet,  je  viens  de  voir  des   images   insoutenables.   Un   gamin   de   six   ans   a   volé   un   pain,   la   punition   est  immédiate   :   on   lui   écrasera   le   bras.   L’enfant   est   maintenu   allongé   sur   le   sol,   le   bras  gauche   tendu,   posé   sur   un   coussin   (délicatesse   suprême   !)   devant   la   roue   d’une  voiture.  Le  véhicule  se  met   en  marche,  lentement,  il  avance  inexorablement  et  broie  le  membre   de   l’enfant.   Celui-­‐ci   sera   irrémédiablement   mutilé,   donc   invalide   à   vie.  Insoutenable.  Ecœurant.  On  a  envie  de  crier.  

Comment   des   hommes  peuvent-­‐ils  être   aussi   inhumains   tout   en   prêchant   par  ailleurs  les  vertus  d’une  religion  qu’ils  voudraient  voir   admise  par   tous.  Pour   cet   acte  odieux  on  voudrait  qu’ils  soient  foudroyés  à  leur  tour.  Il  ne  peut  y  avoir  de  pardon  pour  de   tels   criminels.   Il   faut   que   le   monde   entier   connaisse   les   turpitudes   insensées   de  quelques  chefs  de  guerre  qui  exercent   un  pouvoir  sanguinaire  en   toute   impunité  sous  le  masque  de  la  religion.  Halte  aux  barbus  et  à  leur  charia.  Qu’ils  soient  dénoncés  pour  leurs   crimes.  Quand   les   instances   internationales  mettront-­‐elles  un   terme   à   tant   de  cruautés  ?       Je   ne   sache   pas  que   les  médias   se   soient   fait   l’écho  de   cet   incident.   La   presse  pipole   est   plus   prompte   à   magniaier   les   amours   de   Nic’   et   Carla   ou   quelques  croustillants  ébats  salaces  de  starlettes  que  de  traiter  de  sujets  se  rapportant  à  la  vraie  vie.  Silences,  informations  déguisées  ou  proprement  escamotées,  un  nouveau  mode  de  pensée   s’installe   en   douce   qui   fait   l’impasse   sur   l’essentiel.   Est-­‐ce   cela   que   nous  souhaitons  ?  

  Camarades  qui  me   lisez,  vous  devez  penser  :  que  peut-­‐on  faire,  nous,  Anaajistes  vieillissants  ?  bien  sûr,  je   n’ai  pas  de  réponse,  je  ne  vais  pas  vous  demander   de  partir  sac  au  dos  pour   aller   prêcher   ailleurs  des  idées  de   liberté.  Simplement   je   pense   que  malgré  notre  âge  et  nos  misères  quotidiennes  il  ne  faut  pas  fermer  les  yeux.  Continuer  de  s’informer,  de  réaléchir,  de  s’indigner,  de  protester  autant  que  faire  se  peut,  c’est  être  en   règle   avec  notre   conscience   qui  a   choisi  de   revendiquer   la   fraternité  et  non  à   une  guerre  absurde  qui  engendre  la  peste  brune.  Notre  conscience  révoltée  exige  la  justice.  Pour  ma  part   je   n’aurai  de   cesse  de   raconter  partout   où  je   le  pourrai  cette   ignominie.  Faites-­‐en  autant  si  vous  le  souhaitez.  

Jean  Bernard.  2008-3

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 43/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Editorial L’année  2009  a  commencé  sous  le  signe  de  la  crise.  Laissons  aux  élus  le  soin  

de   la   résoudre.   Quant   à   nous   qui   n’avons   aucun   poids   sur   l’événement,   que  pouvons-­nous  faire  ?  Déjà  réHléchir.  

En  effet,   comment   est-­il  possible   d’accepter   avec   indifférence   la   situation  scandaleuse   d’hommes,   de   femmes   et   d’enfants   se   pressant,   de   plus   en   plus  nombreux,  aux  portes  d’associations  caritatives  nées  du  refus  de  la  misère  (Restos  du   Cœur,  Mie   de   Pain   et   autres…)   pour   recevoir   juste   un  peu  de   quoi   subsister  quelques   jours   encore.   Et   comment   supporter   que   beaucoup   d’entre   eux,   même  quand   ils   travaillent,   soient   obligés   de   coucher   dehors   quel   que   soit   le   temps.  Sommes-­nous   revenus  au  XVIIIe  siècle  où  la  misère  noire  s’étalait  au  grand   jour  ?  Auguste   Blanqui,   Jules   Vallès,   Victor   Hugo   stigmatisaient   déjà   l’ordre   des   riches  écrasant  le  peuple.  

Anaajistes  vieillissants  que  pouvons-­nous  faire  ?  Prendre  conscience  qu’il  ne  faut  pas   se   fermer   les   yeux   ni   se   replier   sur   soi.   Aidons   les   initiatives   locales   qui  organisent   le   soutien  aux  pauvres   (soupes   populaires,  collecte  de   vêtements,  aide  au  logement,  etc.).

Certes   la   tâche   est   ardue   et   nos  moyens   faibles.  Mais   n’est-­ce   pas   à   nous  aussi,   les   Anciens,   de   continuer   par   notre   action,   d’exister   et   d’afHirmer   notre  fraternité  et  notre  solidarité  d’ajistes.  

J’aurais  aimé   faire  un  édito  rigolo.  Nous  aurons  d’autres  occasions  de  nous  réjouir  ensemble.  Amitiés,

Jean Bernard.

2009-1

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 44/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Leur credoL’année 2008 a été remarquable par l’accumulation de désordres financiers. Alors qu’ici-

bas les gens vivent au milieu de difficultés toujours croissantes, en haut lieu on patauge dans les scandales découlant de manipulations éhontées. Journaux et médias n’en finissent pas de dévoiler les inconséquences des jeux d’argent en Bourse. Des sommes astronomiques sont dilapidées en un clin d’œil. On reste pantois devant l’habileté de banquiers de haute volée consciemment indélicats à berner même des spécialistes de la finance.

Certes, on sait que la raison d’être du capitalisme est de faire fructifier l’argent. Depuis que monsieur Thiers avait, en 1870, lancé son slogan : « Enrichissez-vous ! », les gens de la finance s’en sont donné à cœur joie. Aujourd’hui, c’est sans vergogne que des escrocs de haut vol ont franchi la ligne blanche. Faire un maximum de fric dans un minimum de temps – fut-ce en contournant la loi – aiguise leur appétit insatiable.

Que le monde s’écroule un jour autour d’eux leur importe peu. Après nous le déluge ! semble être leur credo. Comment ne pas être outré par tant de cupidité et de volonté d’être la puissance majeure. Privilégier le dogme du fric plutôt que l’organisation sociale, spéculer pour obtenir toujours plus en faisant des montages sophistiqués et périlleux, piquer le pognon du quidam abusé par le gain, c’est aller à l’encontre de toute morale. Que nous sommes loin de la morale vertueuse que l’on nous a enseignée à l’école de la République. Que certains ont été naïfs de croire en des promesses mirifiques de mieux-être par l’argent. Ceux qui ont eu la faiblesse de boursicoter s’en mordent les doigts aujourd’hui. Des milliards d’euro, de dollars, dilapidés en pure perte, auraient pu satisfaire aux besoins de gens qui peinent à vivre. Le hic c’est que, la débâcle venue, la crise s’abat sur le monde du travail, désorganise la société et que c’est nous, le bas peuple, qui payons les pots cassés au prix fort. Chômage accru, vie chère, disparition quasi-totale des acquis sociaux, marginalisation des gens sans ressources et sans logement, perspectives incertaines pour les jeunes, disparition progressive du tissu industriel qui est délocalisé, chacun d’entre nous est à même de constater la dégradation réelle de nos conditions de vie. Oui, le Veau d’or est toujours debout et le coupable c’est lui.

L’avenir est incertain. Est-ce cela dont nous rêvions aux beaux jours de notre jeunesse ? Qu’il est loin le temps où nous chantions Allons au-devant de la vie… Il y a de quoi être amer, désabusé, décontenancé. Pourtant, l’heure n’est pas au découragement, il n’est jamais trop tard pour se reprendre en mains. L’espoir d’une amélioration radicale doit être notre objectif de citoyens. Nos anciens ont eu eux aussi en leur temps des moments difficiles. Rappelons-nous que leurs luttes ont éclairé notre chemin. Aurons-nous la force de reprendre le flambeau et de faire en sorte d’assurer un avenir sinon radieux, du moins décent à la jeune génération qui vient ?

Etre réfractaire à un système qui malmène nos conditions de vie c’est résister au chant des sirènes et engager notre avenir pour d’autres valeurs. Mieux qu’un souhait pieux, c’est à cela que nous devons nous attacher. L’ajisme tel que nous le voulions nous assigne ce devoir.

Jean Bernard.

2009-1-----------------------------------------------------

Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 45/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Les bombes ou une colombeJeunes du monde entier, salut ! Tel a été de tout temps le slogan des Auberges de Jeunesse. L’ajisme nous a appris l’internationalisme. S’ouvrir aux autres, ne pas se couper du monde, s’intéresser à ce qui se passe ailleurs que dans notre sphère douillette, être attentifs aux événements. Nos anciens n’ont pas ignoré l’Espagne républicaine de 1936 ; pendant la dernière guerre bien des copains ont laissé le sac à dos et pris le maquis pour lutter contre Vichy et le nazisme. On ne peut pas vivre retranché du monde, fermer les yeux sur ce qui se passe. L’ailleurs est près de nous.

Nous qui rêvions d’un monde fraternel, quelle déception. Les hommes n’ont pas su tirer les enseignements de l’Histoire. Les poilus de 14-18 avaient pourtant dit : « C’est la der des der ! », les déportés avaient clamé : « Plus jamais ça ! »

Le sang n’arrête pas de couler ici et là : Afghanistan, Irak, Liban, Somalie, ailleurs aussi en Afrique. Torture, lapidations, meurtres gratuits, violences sexuelles, disparitions, etc. Quelle abomination ! Au Moyen-Orient l’affrontement Israël-Palestine est l’exemple du déchirement entre deux communautés. Lorsque des roquettes s’égarent sur une palmeraie israélienne, c’est domma-geable, mais quand une semaine de représailles menée par Tel-Aviv sur Gaza en faisant 1.300 morts – en majorité civils – comment rester indifférents ? Chacun peut avoir son avis sur les causes du différend et choisir son camp. Pour moi une chose est claire, il faut que cesse la guerre où qu’elle soit, proclamer notre volonté de Paix doit être notre objectif, c’est notre devoir de citoyen. Ne laissons pas se propager une gangrène anti-juive, islamophobe ou xénophobe. Evitons qu’elle gagne notre pays. Se sentir concerné, être vigilant, s’opposer chacun à sa façon – au moins moralement – aux toujours va-t-en-guerre, c’est continuer d’avoir l’esprit ajiste. La colombe symbole de la paix aura bien un jour le dernier mot. Peut-être pensez-vous que puisque les guerres se déroulent au-delà de nos frontières il n’y a pas lieu de s’en faire et que de toute façon nous n’y pouvons rien. Oui, sans doute, la solution ne viendra pas de nous. Pourtant n’oublions pas, camarades et amis, que par le jeu des alliances notre pays est engagé en divers conflits et que des bidasses français restent parfois sur le carreau au cours de missions armées. En tant qu’anciens ajistes notre contribution à la cons-truction d’un monde où chacun pourra vivre sans peur, dans la continuité de l’internationalisme de notre jeunesse c’est d’aider ou de soutenir au moins moralement les associations qui se sont donné pour mission de faire respecter et progresser les droits humains. Celles-ci sont nombreuses et bien connues sur le plan national par leur action contre la violation des droits fonda-mentaux. C’est grâce à elles que 127 pays ont aboli la peine de mort pour « délits » politiques. Mais il reste 150 pays où ces droits sont inexistants et bafoués en toute impunité. Je me souviens d’un poème qui se disait autrefois au cours de nos veillées ajistes où l’on ne dédaignait pas d’aborder des sujets brûlants :

Tant  qu’il  y  aura  sur  terreUn  homme  battu,  enchaîné,  Je  remuerai  le  ciel  et  la  terrePour  qu’il  retrouve  sa  vie,  sa  liberté.  

Le temps a passé, le poète a montré le chemin. Puissent un jour les hommes enchaînés trouver leur état de liberté.

Jean Bernard. 2009-2

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 46/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Quel ajisme pour demain ? Les journées de La Rochelle, en mai 2008, furent une belle rencontre qui mit du baume au cœur à tous. Notre passé laisse un témoignage d’amitié qui est une référence dans un monde où l’égoïsme prend le pas sur la solidarité.

Pourtant, un petit malaise fut ressenti par quelques copains, ce qui pose une question qui reste dans l’ombre et que nous n’avons pas eu le courage d’aborder sur le fond. Quelques copains soutiennent que les Anaaj ne doivent avoir pour adhérents que des gens issus du mouvement ajiste, la porte étant tenue fermée à ceux qui viennent de l’extérieur, fussent-ils adeptes du plein air. D’autres copains sont disposés à accueillir ceux-ci que nous appelons « les amis des Auberges » en raison de leur acceptation de nos valeurs et de notre action. Chaque Anaaj a son avis et procède comme bon lui semble, c’est notre démocratie.

La question n’est pas franchement abordée, on en parle peu et toujours en apartés plus ou moins secrets. On se garde bien de trancher et on laisse la réponse en suspens. C’est pourquoi, dans cet édito de rentrée, je vous pose ouvertement la question : pensez-vous que le fait d’avoir été membre des Auberges de Jeunesse ouvre automatiquement la porte à l’Anaaj ? Pensez-vous que nous ayons raison d’accueillir en notre sein des personnes qui n’ont pas été ajistes mais qui nous sont sympathiques ?

Ma position est que le fait d’avoir été ajiste n’est pas forcément un brevet de vertu (j’ai connu des ajistes qui étaient d’incurables ramiers ou d’affreux pique-assiette, des profiteurs à tout crin). Par contre, il y a des copains qui, venant du plein air (Amis de la nature, voire Eclaireurs ou adeptes du plein air) ont toute leur place à nos côtés, surtout lorsqu’ils apportent leurs compétences dans l’organisation de nos activités et participent à la vie de l’association. Il serait dommageable de se priver de leur présence, ils sont « de la famille ». Irait-on jusqu’à refuser un frère, une sœur, un conjoint ? Un ajiste 100 % pure laine est-il d’une essence supérieure à un quidam sans étiquette ?

Voulons-nous assurer la pérennité de l’Anaaj et ne pas devenir une coquille vide ? Si oui, anciens et nouveaux adhérents doivent se retrouver amicalement afin de transmettre ce qui est notre spécificité : l’amitié, l’entraide, le désir d’être encore actif, la volonté d’être attentif au présent social, l’ambition d’être dans le courant de l’histoire pour un devenir meilleur.

Je pense qu’il ne faut pas être trop rigoriste. Sachons nous montrer ouverts à qui peut apporter son esprit humaniste, quitte à trancher quand un mauvais larron se montre infréquentable. Il nous reste peu d’années à vivre, faisons en sorte que cela se passe dans la bonne entente. Les querelles intestines ont été néfastes au mouvement ajiste, évitons le retour des querelles anciennes.

Je souhaite que chacun réfléchisse à cette question et que l’on en parle sérieusement à la rentrée, à l’AG par exemple. Il n’est pas bon de laisser un abcès en suspens, si petit soit-il, il ne faut pas qu’il finisse par empoisonner l’atmosphère.

Jean Bernard.

2009-3

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 47/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Copains disparusRobert Mérigaud

Nous avons appris le décès de notre ami Robert Mérigaud en juin dernier. On l’appelait le Cousin. Bien que Champenois, on le voyait souvent à nos fêtes, séjours et parfois randonnées. Ces dernières années, il s’était rapproché de sa famille, Guy et Jeannette qui l’ont beaucoup soutenu. Qu’ils en soient remerciés et reçoivent nos amitiés.

Jean et Catherine.

Roland Beauramier

Ajiste « historique », Roland Beauramier est décédé en avril. Lorsque le CLAJ fut interdit, fin 1941, il anima autour de Mme Grunenbaum-Ballin un comité clandestin afin de regrouper des ajistes hostiles à la collaboration germano-vichyste et organisa la solidarité pour encourager les jeunes à refuser le STO. En 1943, il créa le « timbre de la solidarité » pour l’aide aux ajistes prisonniers. 100.000 furent vendus. Entré dans la Résistance, il participa à la mise en œuvre d’un réseau de protection de jeunes israélites en les cachant dans certaines AJ. Au travers des « Jeunes Laïcs Résistants », il anima des stages de formation de cadres ajistes. Il créa le « Centre de Culture Populaire » qui permit, en la période troublée de la guerre, d’exprimer une éducation artistique clandestine et il poursuivit un travail acharné pour améliorer le sort des ajistes emprisonnés (aidé en cela par un autre ajiste, notre camarade Raymond Dedonder, décédé en 2007).Avec Roland, l’ajisme a favorisé la fraternité universelle et la camaraderie, même au travers de luttes idéologiques parfois intenses. Il fut un homme d’honneur, membre un certain temps de l’AnaAJ.

Jean Bernard.

Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 48/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Balade Une  Auberge  de  Jeunesse      

  Lors   de   notre   séjour   tourisme   avec   Griffette   en   Périgord,   Jacques,   notre  guide,  nous  apprend,  lors  de  la  visiteà  Beaulieu-­‐sur-­‐Dordogne  qu’il  y  a  en  cette  ville  une  Auberge  de  Jeunesse.            «  Ah  ?  Oh  !  Où  ?...          «  Eh  bien,  nous  passerons  tout  près.  

Quelle  ne  fut  pas  notre  surprise  de  la  découvrir  sur  une  petite  place,  face  à  la  chapelle  des  Pénitents,  cette  belle  maison  classée  en  1949,  de  style  quercynois  du   XVe   siècle,   avec   une   galerie,   un   balcon   garni   de   vigne   et   un   pigeonnier-­‐tourelle  qui  abrite  depuis  1938  les  jeunes  de  passage  dans  cette  ville  touristique.  

  La   responsable   de   l’Auberge   nous   ouvre   et   nous   reçoit   très   gentiment   (ce  n’était  pas  ouvert).  

Tous  très  heureux  de  nous  retrouver  dans  des  lieux  amis,  nous  chantons  Amitié  sur  les  marches  du  perron  et  posons  pour  la  photo.  

         Encore  une  bonne  journée  passée  ensemble.            Les  séjours  de   l’Anaaj   sont   toujours  une   source  d’intérêt  et  de  découvertes.  

Catherine  Bernard.  

2009-3

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 49/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Le syndrome de la grenouille

Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Un feu est allumé sous la marmite. L’eau commence alors à chauffer doucement, elle est bientôt tiède. La grenouille ne trouve pas cela très agréable mais elle continue néanmoins à nager. La température continue à grimper. L’eau est maintenant assez chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, ça la fatigue bien un peu mais elle ne s’affole pas pour autant. L’eau est cette fois vraiment très chaude. La grenouille commence à trouver cela assez désagréable, mais comme elle s’est affaiblie alors elle supporte et n’a plus de réaction. La température continue à monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais avoir fait quelque chose pour s’extraire de la marmite. Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50°C, elle aurait immédiatement donné un coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite.

Quelle est la morale de cette horrifique histoire ? Cette expérience montre que lorsqu’une dégradation de conditions de vie s’effectue d’une manière suffisamment lente, elle échappe à la conscience et prépare une perte inéluctable. Si nous regardons ce qui se passe dans notre société depuis quelques décades, nous assistons à une lente dérive que nous subissons insidieusement en douceur. Des choses qui nous auraient horrifiés il y a vingt, trente ou quarante ans ont été peu à peu banalisées, édulcorées, cadenassées même sans que l’on en ait été informés et consultés. Au nom de la « nécessité de réformer » les pires atteintes aux libertés individuelles, à la dignité de l’homme, à l’intégrité de la nature, au bonheur de vivre s’effectuent lentement mais inexorablement sans que nous ayons les moyens de réagir. Participent à une subtile désinformation journaux, radios, télévision et autres médias qui anesthésient notre libre arbitre. Les noirs tableaux qui sont annoncés pour l’avenir ne font que préparer psychologiquement le populo à accepter les conditions de vie décadentes.

Y aura-t-il un jour prochain une réaction salutaire à l’embrigadement moral qui nous est imposé en souplesse mais de main ferme ? Déjà des signes de ras-le-bol se manifestent un peu partout tant la situation devient invivable pour qui connaît le chômage, les licenciements, l’absence de logements décents, les restrictions à l’éducation, à la santé. La précarité prépare à la misère pour beaucoup. Trop c’est trop : oui, il y a beaucoup de choses qui deviennent inacceptables. Alors le ressentiment s’organise, la colère monte quand le désespoir n’a plus d’issue, les manifs se multiplient… On ne peut plus continuer ainsi à se laisser bouffer la laine sur le dos.

Méditons sur le sort affreux de la grenouille.

Le temps de la réaction, de l’opposition, de la révolte a sonné. Amis et camarades, en serez-vous ?

Jean Bernard. 2009-3

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 50/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Quel avenir pour les enfants ?

  Le   20   novembre   1959   l’Assemblée   générale   des   Nations   Unies   adoptait   la   Déclaration  des   droits   de  l’enfant,   qui  prenait   acte   de   toutes   les  atteintes   à   ces   droits   perpétrés   pendant   la   Seconde  Guerre  mondiale   –  enfants   discriminés  et   persécutés  par   les  nazis   –  séparés  de  leur  famille,   traqués,  maltraités,  déportés,  affamés,  assassinés.   Cette   déclaration   déainissait   dix   grands   principes   qui   n’avaient   toutefois   pas   de   valeur   juridique  contraignante  pour  les  Etats.  Une  fois  de  plus  vœux  pieux  mais  néanmoins  une  avancée  appréciable.  

  Il   a   fallu   attendre   le   20   novembre   1989   pour   que   les   Etats   membres   de   l’ONU   s’accordent   pour   la  Convention  internationale  relative  aux  droits  de  l’enfant,  un  texte  contraignant  pour  les  Etats  qui  le  ratiaiaient.  Il  énonce  des  droits  fondamentaux  qui  sont   ceux  de  tous   les  enfants  du  monde  :  la  non-­‐discrimination,  le  droit  de  vivre,  de  survivre  et  de  se  développer,  le  respect  absolu  de  l’enfant.  

  Peut-­‐être  certains  de  nos  amis  Ajistes  auront-­‐ils  le  réalexe  de  se  poser  la  question  :  qu’est-­‐ce  que  cela  a  à  voir  avec  notre  activité  ?  Nous  dont  l’enfance  est  issue  de  la  guerre,  avons  dès  1945,  en  entrant   aux  Auberges  de  Jeunesse,   eu  conscience  de  préparer  un  monde  meilleur  pour  permettre  à  chacun  de   se  développer   librement,  d’avoir  les  moyens  de  trouver  sa  vraie  place  dans  la  société.  

  Tels   étaient   nos   objectifs.   Ainsi   la   génération  qui   allait   nous   suivre   aurait-­‐elle   une   bonne   possibilité  d’accéder  à  un  meilleur  bonheur  de  vivre.  

  Etions-­‐nous  utopistes  ?  Certes  il  est  bien  vrai  que  le  monde  dont  nous  rêvions  n’a  pas  réalisé  les  progrès  souhaités.  Il  reste  encore  un  avenir  à  construire  pour  l’enfance.  De  par  le  monde  des  millions  d’enfants   ne  sont  pas   scolarisés,  dans   certains  pays  des  milliers  d’enfants   soldats  sont   utilisés  dans  des   conalits   armés  sanglants,  dans   d’autres   ils   sont   honteusement   exploités   comme  main-­‐d’œuvre   à   bon  marché,   maintenus   dans   un   réel  esclavage,  ailleurs  ils  subissent  la  violence,  souvent  sexuelle,  avilissante.  Leur  avenir  est  à  jamais  obscurci.  

  C’est   notre   rôle  d’ajistes   d’avoir   toujours   présente  à   l’esprit   la  nécessité  de   faire  en  sorte   que  cela   ne  puisse  pas  durer.  Oui,  mais  que  peut-­‐on  faire  ?  On  se  sent  bien  désarmé,  on  ne  peut  plus  guère,   compte  tenu  de  notre  âge,   courir   de  meetings   en  meetings   ou  arpenter   les   rues  pour  clamer   notre  désir   que  cela  change.  Mais  quand,  en  France,  par  exemple,  des  enfants  de  sans-­‐papiers  sont  enlevés  dans  leur  école  par  la  police  nationale  et  sont  arrêtés  avec   leurs  parents,  placés  dans  des  centres  de  rétention  indignes,  expulsés  vers  des  pays  où  ils  n’ont  jamais  mis  les  pieds  et  dont  ils   ignorent   la  langue  et  les  usages,  notre  conscience  de  citoyens  doit  être  alertée  et  l’on  doit  s’indigner  car  cela  se  fait  en  notre  nom.  

  Avoir  conscience  de  l’injustice  c’est  nécessaire,  faire  connaître  les  abus  c’est  un  devoir,  dire  qu’on  ne  peut  rien   faire   c’est   laisser   les   choses   aller   (dans   le  mauvais   sens).   Les   enfants   attendent   des   adultes   qu’ils   leurs  préparent  un  avenir  serein.  

Nous  sommes  comptables  de  l’avenir  des  enfants,  il  faut  rester  aidèles  à  nos  principes  humanistes,  ce  doit  être  notre  honneur  d’ajistes.  

  Il  y  a  du  pain  sur  la  planche.  Jean  Bernard.  

2010-­‐1

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 51/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

L’insupportable infamie

  Inqualiaiables  autant  qu’inacceptables   sont   les  propos   tenus   à   l’automne  dernier  par  le  PDG  de  France  Télécom,  déclarant  :  «  Il  faut  en  ainir  avec  la  mode  des  suicides  ».  Rappelons  que  dans  ladite  société  il  y  a  eu  vingt-­‐huit  suicides  en  deux  ans.  

  Qu’un  président-­‐directeur   général  ose,   sans  vergogne  et  toute  honte  bue,  déclarer  de  tels  propos  est  chose  infamante  et  mérite  le  bâton.  Cela  montre  –  ô  combien  –   on  méprise  en  haut   lieu  celui  et   celle   qui   n’ont  que  leurs   bras  pour  vivre.   Après   avoir   entendu   :  Tu   gagneras   ton   pain  à   la   sueur   de   ton   front,   on  ajoute   aujourd’hui   l’odieuse   objurgation   :   «   Bosse,   boucle-­‐la   et   je   te   presse  comme  un  citron  ».  

             Quelqu’un  –  le  chef   suprême  de  l’Etat  –   a  même  dit   à   l’un  de  nos  conci-­‐toyens  :  «  Casse-­toi,  pauv’  con  !  »  Faut-­‐il  que  les  conditions  de  travail  soient  à  ce  point   insupportables   pour   qu’un   ouvrier,   poussé   à   bout   par   la   pression   du  rendement  à  tout  prix  en  arrive  à  se  donner  la  mort.  

            Considéré   comme   un   objet   dépersonnalisé,     rabaissé   dans   son  professionnalisme,   humilié   dans   sa   condition   de   citoyen   responsable,   ballotté  d’un  point   à   un   autre,   déclassé,   autant   d’éléments   qui   ont   poussé   certains   au  découragement.  

  Que   d’aussi   dramatiques   événements   se   produisent   doit   nous   faire  réaléchir  nous  qui  avons  connu  des  jours  meilleurs.  C’est  pourquoi  nous  devons  être  solidaires  moralement  de  ceux  qui  sont  –  pour  combien  de  temps  encore  ?  –  broyés  par  le  système  impitoyable  du  capitalisme.  

Jean  Bernard.  

2010-1

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 52/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Un parcours ajiste exemplaire : Dominique

Magnant

Qui d’entre nous a connu Dominique Magnant, décédé à l’âge de 96 ans en décembre

dernier ? C’était un ajiste « historique » dont le parcours mérite d’être mentionné.

Engagé socialement dès avant guerre auprès de Marc Sangnier, il s’est consacré totalement à

l’élaboration d’un certain ajisme dans un esprit d’ouverture et de tolérance malgré les

antagonismes de divers courants d’après guerre.

Fait prisonnier en juin 1940, il s’évade dès juillet et rejoint la zone sud où il prend la direction

des Auberges de Jeunesse interdites par Vichy. Ingénieur chimiste de qualité, il a, en outre,

joué un rôle majeur dans la Résistance en Cévennes. Il a consacré toute sa vie au combat

pour la paix, la liberté et la fraternité des hommes et des peuples, en militant européen

convaincu. En cela, il a été un ajiste exemplaire, fidèle à ses conceptions humanistes.

Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 53/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Ceux qui marchent contre le vent

Indignez-vous !

C’est le titre d’une petite brochure de 25 pages, écrite par Stéphane Hessel, 93 ans. il témoigne de ce que fut son engagement, dès 1940, ses années de résistance, son perpétuel combat pour un réel statut des droits de l’homme. Son credo : « La responsabilité de l’homme ne peut s’en remettre à un pouvoir ni à un dieu. Au contraire, il faut s’engager au nom de la responsabilité humaine. »

S’adressant aux jeunes, il écrit : « La pire des attitudes est l’indifférence. Ayez la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence ».

Ex diplomate, toujours sur la brèche, ce grand monsieur, à la fin de sa vie nous montre le chemin. Dix minutes de lecture salutaire, un encouragement à continuer son combat.

Indignez-vous !, de Stéphane Hessel, Ed. Indigènes, 3 €.

J. Bernard.

2010-3

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 54/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Edito Ouf ! ça y est, c’est terminé. Respirons enfin !

Le Rassemblement national nous a tenus en haleine durant plusieurs mois. S’il ne fut pas le rassemblement champagne-paillettes que nous aurions souhaité c’est qu’il a bien fallu tenir compte des possibilités finan-cières pour ne pas alourdir le coût du séjour. Néanmoins, le « staff » a fait ce qu’il a pu pour que tout se passe dans de bonnes conditions.

Il n’est pas dans nos habitudes de nous auto-féliciter quand nous organisons quelque chose mais pour une fois nous devons dire un grand merci aux quelques copains et copines – Lucette, Jeannette, Denise, Catherine, Janine, René, Roger, Gut – qui n’ont pas ménagé leur peine et donné beaucoup de leur temps avec dévouement. Remerciements aussi à André Souche, Claude Bertrand et Marcel Andujar pour leur contribution graphique.

Notre récompense est d’avoir satisfait les copains.

Jean Bernard. 2011-2

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 55/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

9e Rassemblement national 2011

Nous étions 95 copains et demi (la demie est Griffette qui, après avoir raté les marches devant le FIAP, nous a faussé compagnie avec de charmants pompiers), 19 Marseillais, 9 Bretagne Vendée, 12 Rhône-Alpes, 6 Sud-Ouest, 1 de Nancy et 48 ½ de Paris, tous très heureux de se congratuler.

La sortie en bateau sur la Seine et le canal Saint-Martin, suivie du restaurant à la Cité des Sciences a réuni 46 copains de plus qui se sont joints à nous pour cette journée ensoleillée, soit 142 copains sur un beau bateau.

Le vendredi, après une erreur d’aiguillage, un de nos deux cars a emmené ses passagers vers Versailles, qui n’ont même pas pu apercevoir le château, retrouvailles de tous sur les marches de l’Arche de La Défense, chants, photos sous la banderole, déjeuner et visites.

De retour au FIAP règlement du solde : 85 € (nous avions déjà versé 100 et 150 € d’acompte) ce qui amène le séjour à 335 €, un peu plus pour ceux qui avaient une chambre seule et un peu moins pour les Parisiens qui rentraient coucher chez eux. Bonne surprise car dans nos prévisions nous l’avions estimé autour de 390 €. Nous avons pu rembourser les acomptes versés aux copains qui ne sont pas venus.

Les comptes du rassemblement ont fait l’objet d’un compte spécial « Anaaj rassemblement » qui sera soldé puis présenté à l’assemblée générale.

Après des adieux temporaires (25 copains ont prolongé leur séjour au FIAP), 43 amateurs de spectacles sont allés à la Comédie Française voir « Le fil à la patte ».

Le dimanche re-retrouvailles de 42 copains en car pour Fontainebleau, petite randonnée, visite du château, promenade, restaurant 52 convives (certains nous avaient rejoints en voiture), retour en chansons vers Paris dans les embouteillages.

Ce furent cinq jours bien remplis, dans la joie et l’amitié.Catherine

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 56/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Chanson souvenir du Rassemblement

Sur l’air de La complainte de Mandrin

Ils furent d’abord cinquante et puis encore cinquanteTous des Ajistes anciens et même… pré… vous m’entendezTous des Ajistes anciens et même préhistoriens

Des quatre coins de France de Lyon et de ProvenceDe Toulouse et de Nantes d’un peu partout… vous m’entendezEt de Paris itou plus un qui v’nait d’on n’ sait d’où

Dans Paris capitale la chose est bien normaleOn s’est donc rassemblés ah ! quel plaisir vous m’entendezOn s’est donc rassemblés ah ! quel plaisir c’était

Après quelques visites découvertes sympathiquesFallut se restaurer on ne s’est pas fait vous m’entendezFallut se restaurer on ne s’est pas fait prier

Pour nos veillées ajistes gloire aux copains artistes Nos chants en chœur repris tout l’ répertoire vous m’entendezNos chants en chœur repris tout l’ répertoire fut dit

Durant cette rencontre il faut bien rendre compteOn peut s’ l’imaginer qu’elle fut marquée vous m’entendezOn peut s’ l’imaginer d’une jeunesse passionnée

Car pour ces retrouvailles il n’y a qu’une chose qui vailleC’est la fraternité la joie de vivre vous m’entendezC’est la fraternité et surtout l’amitié

Tous membres des Anaaj on ne fait pas notre âgeOn reste jeunes d’esprit comme aux AJ… vous m’entendezCar même si on vieillit pour nous c’est ça la vie

J.B., le petit Rimailleur2011-2

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 57/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

« Ce petit chemin, qui sent la noisette »

L’Ile-­‐de-­‐France   était   autrefois   une   «   terre   de   loisirs   ».   Qu’en   est-­‐il  aujourd’hui   ?   Une   urbanisation   débordante   a   repoussé   les   limites   de   la   vraie  nature,  les  prairies  herbeuses   sont  presque  toutes  disparues  dans  un  rayon  de  50  km  autour  de  Paris,   les  surfaces  agraires  sont  accaparées  par  des  grossiums  céréaliers   qui   détruisent   haies,   boqueteaux   et   petits   bois   pour   s’agrandir.   La  construction  d’une  autoroute  a  vite  fait  de  massacrer  déainitivement  un  paysage.  Si   certaines   forêts   ont   favorisé   des   aires   de   pique-­‐nique,   on   a   supprimé   par  contre  les  emplacements  de  camping  près  des  maisons  forestières,  elles-­‐mêmes  vendues   parfois   par   l’Etat.   Des   domaines   privés   se   sont   agrandis   et   sont  impénétrables   (par   exemple   la   Sologne).   Une   spéculation   immobilière  outrancière   a   favorisé   l’explosion   ainancière   du   prix   de   la   terre,   rendant  quasiment   impossible   l’acquisition   d’un   carré   de   verdure   pour   un   modeste  salarié.  

Le  réseau  des  AJ  a  complètement  disparu  et  peu  de  structures  populaires  d’accueil   existent   qui   favoriseraient   les   rencontres   de   groupes.   Heureusement,  grâce  à  la  persévérance  des  bénévoles  de  la  Fédération  des  sentiers  de  grandes  randonnées   il   est   quand   même   possible   d’arpenter   notre   belle   région   et   de  passer  d’un  site  à  l’autre  pour  le  plus  grand  plaisir  de  la  découverte  de  la  nature.  Marcher  conserve  la  santé.  

Si  les  conditions  de  se  promener  à  sa  guise  dans   la  nature  sont  devenues  plus   difaiciles   que   par   le   passé,   faut-­‐il   pour   autant   désespérer   ?   Non,  heureusement,   car   les   copains   anaajistes   organisateurs   de   randonnées   ont  beaucoup  de  ressources  et  savent,  pour  notre  plus  grand  plaisir,  nous  emmener  sur  des  petits  chemins  qui  sentent  bon  la  noisette  et  où  l’on  peut  encore  garder  le  contact  salutaire  avec  la  nature  que  nous  aimons  tant.  

«  Marchons,  marchons,  qu’un  air  bien  pur  emplisse  nos  poumons  ».  

Jean  Bernard.  

2011-2

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 58/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

TAUTOGRAMMES Suite à l’article de présentation paru dans « Notre Amitié » n° 128 de juin, je me suis livré à l’exercice suivant :

DIVERSITÉS DÉMOGRAPHIQUES

Daisy Danica, divette dramatique de Dunkerque, déclamait : « Dame Didon, dîna dit-on, du dos d’un dodu dindon ». Dany Deutschland, dite « Doubles Doudounes », disgracieuse dondon de Düsseldorf, demanda : « Dindon d’où ? » Douchka Davaï, douce donzelle délurée de Dniepropetrovsk, daigne dire : « Da, da, dindon doux ! » Doňa Diaz, divine dulcinée de Don Diegue, décoratrice dadaïste du Douro, débita : « Din don, din don, din don ». Demoiselle Dorothée Duplessis, dite « Dodo Doberman », drôlement dégourdie, décomposa : « Disons doux dindons, don d’un doux dingue d’Inde ». Dagobert Delacroix, délégué départemental des dentistes du Doubs, déclara : « Dindons d’Inde ?... Des dindonneaux d’Auneau d’abord ! » Damien Durocher de Dampierre, dernier duc destitué d’une dynastie de Deauville, darwiniste déterminé, disciple du dalaï-lama, dit : « Dieu ! dix dindons, dix ducats ? Dites donc, dotation dérisoire ! » Docteur Désiré Duchose, diététicien dynamique, diplômé de Dublin, décréta dédaigneusement : « Diable ! Dîner du dos demi-deuil d’un daim ? Dégoûtant, défendu. Damnation du déplaisant discours doctoral… dur, dur… Décourageant. D’où désespérance : dégustation d’une daube de daguet délaissée ? Difficile ! Drugstore dorénavant ? Diantre ! » David Davidovitch, distingué diabétologue de Dubrovnik, docteur du dispensaire Dupuytren, déporté du district de Drancy, disparut discrètement (dix décembre dix-neuf cent quarante-deux). Dimitri Dianelopoulos, discobole décevant, déclaré dernier du décathlon Discobole d’Or de Delphes, distribue dorénavant des disquettes dématérialisées dans Disneyland. Démosthène Damoiseau-Delaroze, débonnaire directeur du domaine Dumoulin-Delalande de Domrémy, détient des diptyques de Dada dans divers dictionnaires dactylographiés dédicacés.

Doriane Delarombière, duchesse déchue d’Anjou, douairière décatie dépourvue d’un dentier d’or, donne des douillettes déchirées datant du Déluge.

Donatien Donadieu, diacre débutant, dépêché d’un diocèse dauphinois, déclame dignement Dominus deo dolorem, dodécaphonie délicatement délicieuse du dominicain Domenico Darago descendu du Dodécanèse dans du drap de Dalmatie décoré d’un dragon.

Delphinien Dombrowski, dissident décabriste, diplomate disgracié, descendant direct de Droujba Dimitriovna, discutailleur disert, distingua deux drôles de documents divergents, Dualisme/Dualité, discours délirants, discordants, du doyen Dietrich Dankejhonson, député démocrate du Danemark (décédé dernièrement d’une diphtérie).

Dédé D’Hoop, de Domps, dévoué délégué des AJ, dormant dehors, diseur de dictons drolatiques, dénonce : « Dope, dope, dope… dopage devient dommages. Dites donc, dégustez d’abord dorénavant des doucettes, délicates douceurs délicieuses du débitant Duduche de Dijon ».

Daniel Dupontel, dur à cuire du Xe détachement divisionnaire de Djibouti, débarrassé d’un dolman damassé, déguerpit dare-dare devant de dangereux dragons.

Doudou Driss Dasmane, douanier dévoyé de Djerba, débarquant du Dahomey, dévalisait des douars dogons, distribuant, désinvolte, des défenses d’ivoire dépareillées d’animaux divers.

Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 59/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Dancing de Draguignan : deux danseuses drôlement dessalées dandinent du derrière. Divertissement désuet. Duo démodé. Décevant.

Dyck Dieffensberg, distingué diamantaire, débonnaire, débrouillard, dissimule des diamants dérobés dans des darboukas damasquinés d’un déplorable délinquant débraillé, dévergondé, dissolu, devenu dingue des drogues dures d’un dealer délirant.

Doutant du destin, déplorant des défaites, des désordres, des déroutes, des déculottées dégradantes, Déroulède, député désorienté, désespérément découragé, dépressif, débagoulait, du dôme de Douaumont, des discours déclamatoires devant des déserteurs défaitistes, durant des défilés dantesques.

Dumas Durandeau, député du département des Deux-Sèvres, défendant des droits démocratiques, déclame depuis des décennies des discours dithyrambiques dans des débats démystificateurs, divulguant dans des défenses désabusées des défaillances d’aujourd’hui, déontologiquement dommageables, destructrices de déclarations décisionnaires.

Denis Dumont, démonstrateur, démonta des Diesel dans des dépôts désaffectés de Douai durant des décades.

Dimanche dernier, Dodin, délicat dégustateur douarnézien, déjeuna d’une demi-douzaine d’oursins ; dînera demain de darnes de daurades de Dinard, dorées doucement dans des daubières Delux (Duxelle de disciatis, déposée dedans).

Didier-Dominique Dianélou, diocésain de Dieppe déclaré dogmatique, discours : dorénavant déboursez directement des devises. Dieu donnera des dédommagements durables. Darcos, Debré, Delanoé, David Douillet, Devedjian, Delebarre, Dumas, Dupont-Aignan débattent durant des décades dans des décors dorés, déclament dans de désolants déserts, décrètent des dispositions désormais désuètes, déposent diverses directives dépourvues de date d’application, délimitent des dépenses dérangeantes des déficits du développement durable. Désolant !

Damien Denecourt. Diplomate directif, dilettante discipliné, découvreur des douze dioramas diablement détaillés des diverticules déclarés désormais durablement d’usage direct d’une forêt domaniale divine et diverse dite de Fontainebleau. Dessinateur doué d’une délicatesse du détail descriptif, décidant des directives données du débroussaillage dans diverses directions douteuses dictées d’ailleurs d’un doyenné doublement dantesque, déclara derechef dîner avec douze descendants de druides du domaine. Damien, devenu définitivement diabétique, douloureusement dévoré de dettes, décéda durant décembre. Dérisoire dépouille déposée dans des demeures délabrées, déclassées, dangereuses, dramatiquement détruites d’outrages de détracteurs décadents.

Denis Diderot, d’Alembert, Dumont d’Urville, démocrates décidés dignes de Démosthène, dressèrent des doutes durement déclamés devant des dogmes désuets, dogmes déclarés désormais définitifs durant des décennies. Découragés, des détracteurs décontenancés durent défourailler dans des discussions désinvoltes, désordonnées, dépourvues de direction. Dorénavant, Dieu dogmatique, devenu dérisoire, déguerpit derechef devant des déclarations dialectiques déchirantes d’une définitive droiture.

Délassement dilatoire d’un débateur dubitatif. Diatribe désordonnée. D’une discussion décousue davantage de débats dérisoires, de délibérations débiles défiant des définitions démentes d’un destin démoniaque.

Dédé Duchnoque. Ce texte est de Jean Bernard.

2011-3

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Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 60/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Prière d’un incroyantÔ  toi,  Dieu  créateur  de  toutes  choses

 –  du  moins  à  ce  que  disent  tes  laudateurs  –  maître  du  monde,  ordonnateur  de  l’Univers,  

je  te  lance  un  appel  :  Où  es-­‐tu  ?  que  fais-­‐tu  ?  

montre-­‐toi,  ne  serait-­‐ce  qu’une  fois,  juste  un  geste,  un  seul  petit  geste,  

le  monde  a  besoin  de  toi,  il  n’a  que  trop  attendu.  

Des  hommes  crient  dans  les  prisons,  que  l’on  réduit  au  silence,  que  l’on  torture,  dont  on  brise  à  la  fois  le  corps  et  l’esprit…  

Des  bébés  meurent  par  milliers,  exsangues,  accrochés  au  sein  desséché  de  leur  mère,  d’autres  s’épuisent,  hors  de  l’enfance,  à  des  travaux  exténuants  d’adultes…  

Des  adolescents  sans  espérance  sont  livrés  aux  turpitudes  de  la  luxure,  

des  jeunes  succombent  aux  paradis  artiaiciels,  des  hommes  et  des  femmes,  toujours  plus  nombreux,  

descendent  peu  à  peu  dans  l’ordre  socialet  se  clochardisent,  sans  toit,  sans  travail,  

sans  perspective  de  remonter  un  jour  la  pente…  

Textes publiés par Jean ou Catherine Bernard dans «Notre Amitié» page 61/66Notre Amitié : Bulletin de liaison des anciens et amis des auberges de jeunesse de la région parisienne

Solitude  de  personnes  âgées  et  de  malades  dont  la  souffrance  et  la  douleur  sont  muettes…  

Guerres,  violences,  génocides,  exodes,  famines,  la  mort  est  partout,  dans  le  bruit  des  armes…  

Ô  toi  qui  vois  tout  (sacré  veinard  !)  toi  qui  te  tiens  peinard,  dit-­‐on,  

sur  un  petit  nuage  au  plus  haut  des  cieux,  entouré  de  tes  anges  adorateurs,  

seras-­‐tu  insensible  à  tant  de  misère  ?  

Moi,  sur  terre,  je  fais  ce  que  je  peux  pour  qu’un  peu  de  douceur  entre  dans  nos  vies,  

c’est  peu  car  il  y  a  beaucoup  à  faire,  c’est  pourquoi  j’implore  ton  aide  :  

il  faut  une  force  dynamique,  fût-­‐elle  céleste,  pour  remettre  les  choses  en  bon  état  de  marche.  

Toi  qui  es  Dieu  le  Père  tout  puissant,  descends  de  ton  piédestal  :  Interviens.  S’il  te  plaît.  Vite  !  

Alors,  je  dirai  :  «  Merci  mon  Dieu  ».  Pari  tenu  ?  Chiche  !...  

Jean  Bernard.  

2011-4

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Résistance… au bourrage de crânes.

Le   résistant   Raymond   Aubrac,   qui   vient   de   nous   quitter   à   97   ans,  déainissait  ainsi   l’acte  de  résistance   :  «  Essayer  de  comprendre   ce  qui  se  passe  dans   la   société  qui  nous  entoure   et,  quand  on  a  le   sentiment  qu’on  est   devant  une  injustice,  réagir  à  l’injustice  ».  

Certes,   ce   n’est   pas   toujours   simple   de   réaléchir,   d’analyser,   de   faire   un  choix.   Mais   cela   s’impose   comme   un   devoir   pour   tout   citoyen.   Refuser   que   la  seule   perspective  de  l’humanité   soit   celle   de  la  haine  prônée  par   certains  et   le  chaos   organisé   pour   d’autres.   Le   monde   dérape,   les   valeurs   de   l’argent,   les  tribulations   économiques   hasardeuses,   la   cupidité   spéculative,   les   coups   de  Bourse  ont  pris  le  pas  sur  le  sens  du  bien  commun.    

Les  hautes  sphères  qui  détiennent  le  pouvoir  n’ont  aucun  scrupule  à  nous  passer  à  la  moulinette.  Elles  organisent  la  crise  et  la  conséquence  en  est  le  recul  de  toutes   les  conquêtes  sociales  obtenues  de  haute   lutte  par  nos  anciens  et  qui  mettaient  du  beurre  dans  les  épinards.  

Doit-­‐on  subir  sans  réagir  ?  Non,  bien  sûr.  Laisser  faire,  c’est  accepter,  c’est  reculer.  Cela  implique  un  esprit  de  résistance  –  du  moins  moralement.  Bien  sûr,  nous,   anciens  des  Auberges  qui  croyons  toujours  à   la   possibilité  de   changer   le  monde,  ne  sommes  pas  en  mesure  d’être  très  actifs  dans  les  luttes  sociales,  mais  l’important  c’est  d’être  aux  côtés  de  ceux  qui  œuvrent  obstinément  pour  ne  pas  se  laisser  tondre  la  laine  sur  le  dos.  

 En  cela  nous  continuons  d’être  présents  sur  le  chemin  de  ceux  qui  ont  tout  donné  –   jusqu’à   leur  vie  –   pour   insufaler  un   esprit   de  résistance   libérateur.  Du  fond   des   ténèbres,   ils   sont   parvenus   en   des   temps   difaiciles   à   allumer   une  lumière.  Ne  laissons  pas  la  alamme  s’éteindre.  

Jean  Bernard.  

2012-2

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Une ignominie intolérable                    En  guise  d’édito,  je  voudrais  pousser  un  cri  de  colère.  

  A   Bollène   (Vaucluse),   comme   il   est   de   tradition   tous   les   ans,   les   anciens  combattants  commémorent   le  18  juin  en   souvenir  de   l’Appel  du  général  de  Gaulle.  En  ain   de   cérémonie,   ils   entonnent   le   Chant   des   partisans.   Cette   année,   la   municipalité  d’extrême  droite  dirigée  par  Marie-­‐Claude  Bompart  (mariée  au  député  Front  National,  maire  d’Orange,  dont  elle  épouse  forcément  les  idées)  l’a  fait   interdire  au  prétexte  qu’il  n’était   pas   programmé.  La   police   pour   arrêter   un   chant   patriotique.   Il   fallait   oser   le  faire.  Elle  l’a  fait.  

  Je   ne   sache   pas  que   madame  Marine   Le   Pen,   si  prompte   à   brandir   le   drapeau  tricolore,   ait   élevé   une   protestation.   Qui   ne   dit   mot   consent.   Nul   journal   national  (hormis  Le  Patriote  résistant)  n’a  signalé   le  fait.  La  télévision  non  plus.  Il  est  plus  facile  de  broder  sur   les  amours  de  telle  vedette,  de   traiter  des  émoluments  prohibitifs  de  tel  footballeur  ou  d’en  rester  aux  chiens  écrasés.  C’est  une   façon  de  désinformer.  Est-­‐ce  le  rôle  de  la  presse  ?  

    Peut-­‐être   pensez-­‐vous  qu’il  s’agit   là   d’un   fait   divers   isolé,   limité   au   plan   local.  Détrompez-­‐vous.  Il  montre   le  vrai  visage  de  ceux  qui  n’hésitent  plus  à  s’attaquer  sans  vergogne  à  la  liberté  républicaine  en  ce  qu’elle  a  de  plus  profond,  en  foulant  aux  pieds  le   symbole   le   plus  évident   de   la   Résistance.   Cette   dérive   –   osons   le  mot   fascisante   –  nourrie  du  racisme  et  de  l’intolérance.  

  Un   grand   résistant,  Charles  Parlant,  a   écrit   :   «   Il  faut   dénoncer   et   combattre   le  racisme,  tous  les  racismes,  le   racisme  obtus  des  imbéciles,  celui  coriace  des  méchants,  le  racisme  intéressé  de  ceux  qui  en  font  leur  fonds  de  commerce  politique  ».  

  Le  Chant  des  partisans  était  le  chant  de  la  Résistance,  de  toute  la  Résistance,  unie  dans  sa  lutte   implacable  contre   l’hydre  hitlérienne.  Il  reste  actuel  car   il  est   le  symbole  de   ces   hommes   et   de   ces   femmes,   héros   malgré   eux,   qui,   au   péril   de   leur   vie,   ont  contribué   à   la   libération   du   sol   français   de   l’occupant   nazi.   Leur   sacriaice   mérite   le  respect.  

  N’en   déplaise   à   certains   nostalgiques,   ce   chant   ne   disparaitra   pas   de   notre  répertoire.  Notre  vigilance  républicaine  ne  doit  pas  aléchir.  Veillons-­‐y.  

« Ami, entends-tu le cri sourd du pays qu’on enchaîne ? »

Jean  Bernard.  2012-3

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Echos de la Pentecôte 2012 en Anjou

C’est au pays de la douceur angevine que s’est déroulé le Rassemblement de Pentecôte 2012 qui a regroupé 34 participants.

Sitôt pris possession des chambres, on se retrouve au salon-bar. Et alors

là, ce sont les effusions, les embrassades, les étreintes cordiales, la joie des retrouvailles, une cacophonie s’élève, s’amplifie, qui augure bien de la santé vocale de ceux qu’on dit Anciens.

34 participants : deux Parisiens, deux Rhône-Alpins, quatre Vendéens, un Marseillais, un de son Maine-et-Loire, une escouade du Sud-Ouest et de nombreux territoriaux nantais pure laine. C’est dire combien le brassage des terroirs favorise la convivialité.

Le dimanche, à pied d’œuvre dès neuf heures. Un car nous conduit à Saint-Saturnin en passant par Les Pont-de-Cé (abréviation de César, nous dit l’historienne locale Mimi Chalon). Là, embarquement dans trois calèches (répliques à l’identique de ce moyen de transport en usage à Angers en 1880-1900). Le confort est spartiate. C’est une longue promenade à travers le vignoble angevin et les champs de lin bleus. Bucolique à souhait. Bien sûr, la chanson de circonstance : « Une petite diligence, sur les beaux chemins de France, s’en allait en cahotant… » Ça, oui, il y en eut des cahots, que le guide nous a fait oublier en nous contant, chemin faisant, des histoires drolatiques dans son parler local, notamment celle du gendarme verbalisant un « ouvrier caléchier sans papiers ». Il y a du Rabelais là-dessous.

Arrêt au château de Bois-Brinçon, maison de maître, pour une dégustation de vins de Loire. Une larmichette de rouge, puis de rosé, puis enfin de coteau du Layon (savoureux) humecte nos glottes. Nos papilles apprécient cette « spécialité » locale dont le jeune maître-vigneron s’oblige à observer strictement la culture biologique raisonnée. Pas d’insecticides, pas de pesticides, retour à des techniques naturelles qui s’avèrent bénéfiques. Un dur métier.

Le loisir, c’est bien, le savoir c’est intéressant, maintenant la gastronomie nous attend à Port-de-Loire. Un repas fin nous est servi dans une guinguette au bord de l’eau. Imaginez un repas pris en terrasse, face à la

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Loire large de 800 m qui coule dolente, sous un ciel parfaitement bleu. C’est un décor de rêve qui donne des envies de peindre ce site enchanteur. Il n’y a pas de guinguette sans musique, un air d’accordéon accompagnait nos agapes.

Par une jolie route serpentine, à travers le bocage, le car nous conduit à Saint-Mathurin où nous embarquons pour une croisière d’une heure sur la Loire, cette Loire fantasque et imprévisible qui, parfois, n’a que 50 cm d’eau en son lit alors que les hautes eaux peuvent atteindre 5 à 7 mètres.

Cette promenade fluviale donnait une impression de plénitude, de sérénité mais aussi d’une puissance irrésistible. Sur le chemin du retour, un coucher de soleil irradiait le flot impétueux de paillettes d’or, ce qui ne pouvait que réjouir nos yeux d’amoureux de la nature. Quel spectacle !

Le dimanche soir nous a réunis pour une veillée. Fifi passa un montage de son cru avec des chansons nostalgiques des années cinquante. Puis s’ensuivit une veillée dans la tradition ajiste avec le répertoire que l’on aime. La mémoire ne nous fait pas défaut.

Le lundi matin étant quartier libre, une promenade sur les bords du lac de Maine – magnifique plan d’eau – ou dans le parc boisé ne pouvait qu’aiguiser les appétits.

Photos de famille faites, il fallut bien se séparer. Chacun est reparti vers son chez soi, avec dans la tête plein de belles images et, dans le cœur, la chaleur de l’amitié qui est notre raison de vivre.

Nous nous reverrons, ça c’est sûr.

Félicitations aux Fitamant et aux Picard, toujours sur la brèche pour le plus grand plaisir des copains.

Jean Bernard, Paris. 2012-3

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