Upload
dinhduong
View
216
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
1
THEME 3
LE SIECLE DES TOTALITARISMES
QUESTION 1
GENESE ET AFFIRMATION DES REGIMES TOTALITAIRES
(SOVIETIQUE, FASCISTE ET NAZI)
CHAPITRE 1
LES REGIMES TOTALITAIRES DANS L’ENTRE-DEUX-GUERRES :
GENESE, POINTS COMMUNS ET SPECIFICITES
INTRODUCTION
Définition du sujet
Mise au point historiographique et histoire des vocables « totalitaire » et
« totalitarisme »: pendant longtemps, le concept de totalitarisme a été
controversé car il était perçu comme une volonté de mettre sur le même
plan les régimes fasciste, stalinien et nazi, ce qui selon certains historiens
conduisait à banaliser le nazisme en lui retirant sa spécificité. Au moment de
la Guerre Froide, les communistes le voyaient comme une arme
antisoviétique.
L’adjectif « Totalitaire » fut utilisé pour la 1ere fois par le libéral italien
Giovanni Amendola pour dénoncer l’emprise du fascisme puis repris par
Giovanni Gentile, théoricien du régime et par Mussolini lui-même. Les nazis,
parlaient, quant à eux, d’«Etat Total».
Puis, ce concept est développé par la philosophe Hannah Arendt dans « Les
origines du totalitarisme » en 1951. Des politologues nord-américains en
dégagent ensuite les critères précis : idéologie globalisante, parti unique,
police secrète faisant régner la terreur, monopole et contrôle de
l’information et des armes, utilisation de la propagande pour manipuler les
esprits, économie dirigée. En France, Raymond Aron précise le concept de
totalitarisme.
2
Au-delà de ces critères qui définissent le totalitarisme, la tâche de l’historien
consiste à montrer les spécificités de chaque régime car il n’y a pas un
modèle unique d’Etat totalitaire.
Il faut signaler également pour comprendre l’apparition des régimes
totalitaires au cours du XXème siècle, qui se caractérisent notamment par le
contrôle de la pensée des peuples, les progrès qui ont été faits depuis la fin
du XIXème siècle en termes de techniques de manipulation des masses. En
effet, de nombreuses études ont été réalisées afin de mieux comprendre le
fonctionnement des individus lorsqu’ils sont en groupe pour finalement
mieux les encadrer et les manipuler. Ainsi, dans Psychologie des foules,
publié en 1895, Gustave Le Bon, psychologue social, analyse les modifications
qui s’opèrent sur les individus lorsqu’ils se trouvent au sein d’un groupe. Les
méthodes de manipulation des foules sont ensuite affinées par Edward
Bernays, considéré comme le père de la propagande politique et
commerciale. Le responsable de la propagande nazie, Joseph Goebbels, s’est
d’ailleurs inspiré des travaux de Bernays, notamment de son livre
Propaganda, Comment manipuler l’opinion en démocratie. publié en 1928.
Au début du XXème siècle, dans le monde occidental, la victoire des valeurs
(attachement au régime constitutionnel et à la démocratie parlementaire,
respect des droits et libertés civiques, raison, débat public, éducation et
science comme instruments du progrès humain) et des institutions
(Parlements démocratiquement élus) de la civilisation libérale semble
acquise définitivement et personne ne doutait que ces valeurs étaient
destinées à progresser.
Toutefois, au cours des années qui suivent la Première Guerre mondiale, le
libéralisme politique connut un net recul dans de nombreux Etats européens.
Problématiques
Comment expliquer la naissance des régimes totalitaires en Europe au
XXème siècle ?
Quels sont les points communs et les spécificités de ces trois régimes ?
3
Plan de la leçon
1. Des circonstances historiques particulières expliquent la naissance des
régimes totalitaires.
2. Des idéologies érigées comme des vérités absolues portent ces trois
régimes.
3. Le rôle des masses dans les régimes totalitaires.
______________________________________________________________
1. Des circonstances historiques particulières expliquent
la naissance des régimes totalitaires.
A- Le manque de tradition politique libérale dans des
sociétés mal intégrées.
L’Allemagne et l’Italie sont des Etats-Nations très jeunes (L’Empire allemand
est fondé en janvier 1871) et par conséquent, leur cohésion nationale est
encore inachevée et fragile. Dans ce contexte, les valeurs nationales sont
exaltées, ce qui favorise des dynamiques nationaliste et expansionnistes :
NATIONALISME ET PANGERMANISME AUX RACINES DE L’IDEOLOGIE NAZIE :
Dès la fondation de l’Empire allemand en 1871, le nationalisme allemand est
expansionniste (incarné par exemple par la musique de Richard Wagner dont
les opéras exaltent l’héroïsme de l’âme germanique). Les nationalistes
allemands (Mommsen par exemple) développent l’idée que les Allemands
constituent un peuple élu qui trouve ses racines dans un lointain passé
germanique. Ce sentiment de fierté d’être allemand est en outre entretenu
par un essor économique de l’Empire allemand. En effet, sous l’impulsion du
chancelier Bismarck (1871-1890), l’Allemagne est devenue la première
puissance industrielle et la 2nde puissance commerciale d’Europe. Par ailleurs,
la population et l’industrie étant alors en pleine croissance, l’Allemagne a
besoin de développer son expansion coloniale. Le nationalisme qui se
4
développe alors est désormais l’expression d’un peuple qui affirme sa
supériorité et ses droits à l’expansion et à la domination. Ce nationalisme est
relayé idéologiquement par un courant de pensée racialiste qui se développe
dans la 2nde moitie du XIXème siècle. Ainsi, le français Joseph A. Gobineau
établit dans son Essai sur l’inégalité des races humaines (1853-1855) une
hiérarchie des races humaines, place les « Germains » au sommet des
peuples civilisés et dénonce le judaïsme comme le principal corrupteur de
l’humanité. Il invente le mythe de la race aryenne.
NATIONALISME ITALIEN :
En Italie, l’exaltation du nationalisme remonte à la défaite de la bataille
éthiopienne d’Adoua en 1896 qui met fin aux espoirs de la participation
italienne aux conquêtes coloniales, tandis que le pays est soumis à un
problème d’émigration et de croissance démographique excessive.
Le nationalisme italien est un nationalisme impérialiste (vers l’Afrique) et
entend restaurer la grandeur passée de Rome et de l’Empire lointain.
En Russie, Etat gigantesque et multinational, l’isolement du monde rural ainsi
que la multitude de nationalités ne favorisent pas la cohésion nationale.
A ce manque d’unité nationale, s’ajoute dans ces pays, une absence de
tradition démocratique. Les bases sociales nécessaires (bourgeoisie
entreprenante, rapports sociaux égalitaires) à la naissance d’une vie
démocratique sont aussi insuffisantes.
En effet, tandis que la Russie sort d’un régime monarchique oppressif
(Tsarisme), l’Italie n’a pas connu encore la démocratie. La monarchie y freine
la démocratisation du pays. L’Etat n’a pas réussi à réaliser une unité politique
solide, ni à réduire l’inégalité de développement entre le Nord industriel et le
Sud agricole. L’exacerbation du sentiment nationaliste devient un instrument
pour détourner le mécontentement de la population, ce qui finalement
profite aux fascistes. Quant à l’Allemagne, elle ne connaît qu’un bref épisode
de démocratie naissante mais fragile (la République de Weimar) au
5
lendemain de la Première Guerre mondiale. Née de la défaite, la République
de Weimar doit assumer le Diktat (terme allemand désignant le Traité de
Versailles en insistant sur le fait qu’il a été imposé au peuple allemand sans
son consentement). En outre, tandis que la République de Weimar réprime la
révolution spartakiste, elle n’est cependant pas capable de convaincre les
élites. La vie politique repose alors sur 3 partis politiques (SPD, Zentrum
catholique, droite libérale) n’ayant que peu d’audience parmi la population,
ce qui favorise l’émergence de partis politiques extrêmes à partir de 1929 :
KPD (Parti Communiste) et NSDAP (Parti « Nazi » de l’extrême droite) fondé
par Hitler en 1919.
B- Le contrecoup de la Première Guerre mondiale.
La Première Guerre mondiale a fait naître une culture de la violence en
Europe. L’expérience collective de la violence remet en question les valeurs
bourgeoises et les régimes libéraux qui semblaient pourtant s’être consolidés
entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle.
Lorsque les frustrations nationales sont fortes, notamment à cause de la
défaite ou de traités de paix jugés injustes, cette violence ne tarde pas à se
transférer dans la vie politique. Ce fut notamment le cas en Allemagne et en
Italie.
6
ITALIE
DOCUMENT : Une expédition punitive en Italie a la fin des années 1920
Ainsi, l’Italie connaît au lendemain de la Première Guerre mondiale une triple
crise qui va y exacerber le nationalisme et favoriser la violence politique:
Crise morale : Bien que l’Italie appartienne au camp des vainqueurs, les
accords de paix y provoquent des frustrations car elle n’a pas obtenu
tous les territoires revendiqués (CARTE 5, PAGE 177, terres irrédentes).
Crise sociale : L’Italie n’ayant pas réussi la reconversion de son
économie de guerre en une économie de paix, le chômage y est élevé
au lendemain de la guerre. Les agitations sociales y sont nombreuses.
Dans les campagnes les paysans pauvres occupent les terres et en ville
les ouvriers occupent les usines.
QUESTIONS
Q1: Contre qui sont dirigées ces
expéditions punitives?
Q2: Dans quel but idéologique?
Q3: Quelles sont les méthodes
utilisées?
Q4: Montrer que le pouvoir en
place soutient ces opérations.
7
Crise politique : On assiste en Italie à une polarisation de la vie
politique (Communistes contre Fascistes). Dans ce contexte, les
communistes sont davantage entendus. La peur d’une révolution
communiste, suivant l’exemple de la Russie bolchevique, est bien
réelle.
De manière ostentatoire, les fascistes emploient la violence comme une arme
politique contre les communistes. Concrètement, la violence est exercée par
des groupes fascistes appelés « chemises noires » ou « Squadres » qui
agissent toujours en groupe : ils saccagent les locaux des syndicats et des
journaux de gauche. Dans la rue, ils attaquent violemment les démocrates et
socialistes qu’ils frappent à coups de gourdins et obligent à avaler de l’huile
de ricin.
Face à cette violence, l’Etat est quasiment inexistant et laisse faire, tandis
que les industriels et grands propriétaires apportent leur soutien financier
aux fascistes afin qu’ils brisent les grèves.
8
ALLEMAGNE
DOCUMENT : La violence en Allemagne dans les années 1920.
(FILM A VOIR : Le Ruban blanc, de Mickael Hanneke)
En Allemagne, le Traité de Versailles imposé après la Première Guerre
mondiale est vécu par l’ensemble de la population allemande comme une
véritable humiliation. En effet, ce traité, outre qu’il rejette sur l’Allemagne
toute la responsabilité de la guerre, il ampute son territoire, prévoit son
occupation, interdit toute remilitarisation et impose le paiement de
lourdes réparations aux vainqueurs et surtout à la France. Dans ces
conditions, tout redressement économique de l’Allemagne devient
impossible. Le sentiment de frustration et d’humiliation que cela
provoque, exacerbe le nationalisme.
Face à la faiblesse de l’Etat, la vie politique est dominée par la violence :
assassinats d’opposants, violences contre les journaux et syndicats et
tentatives de coups d’Etat comme celle d’Hitler en 1923.
QUESTIONS
Q1: Quels sont les groupes qui
s’affrontent?
Q2: Comment se manifeste cette
violence?
9
Tant en Allemagne qu’en Italie, la montée des partis d’extrême droite doit
beaucoup au soutien des milieux conservateurs, à la peur du
communisme, à la faiblesse de l’Etat. Ainsi, en Allemagne, le soutien au
parti nazi est large : il comprend notamment une grande partie des
universitaires, des officiers, des hiérarchies ecclésiastiques et des
industriels. En Italie, ils sont financés par de grands industriels et soutenus
par le Vatican.
A cela s’ajoute une longue crise économique (inflation, chômage, crise de
reconversion des économies de guerre) qui alimente les projets politiques
nationalistes.
C- La conquête du pouvoir.
En Russie
Les défaites militaires et les tensions sociales et politiques liées à la
Première Guerre mondiale provoquent deux révolutions :
- Une première révolution contre le pouvoir absolu du tsar Nicolas
II : la révolution de février (23-28 février 1917). Elle amène au pouvoir
des démocrates (mencheviks, issus de la bourgeoisie) désireux
d’adopter le régime politique et économique des démocraties
occidentales.
- La révolution d’octobre porte le parti bolchevique de Lénine au
pouvoir en octobre 1917 (25 octobre 1917). Le communisme
(disparition de la propriété privée et des classes sociales) est adopté et
les soviets (Assemblées populaires composées de paysans, d’ouvriers
et de soldats) sont mis en place. Les terres agricoles et les usines sont
nationalisées.
10
DOCUMENT 1: Les « Thèses d’avril » de Lénine (17 avril 1917)
QUESTIONS
1. Pourquoi Lénine pense t-il que la révolution de février 1917 ne doit
être qu’une étape ?
Lénine pense que la révolution de février n’est que la 1ere étape de
lutte des classes car le tsar a été remplacé par la bourgeoisie. C’est
désormais au tour des « couches pauvres » (ouvriers et paysans) de
prendre le pouvoir dans une 2nde étape de la révolution.
2. Quelle politique veut-il mener ? En faveur de qui ?
Lénine veut installer un « gouvernement révolutionnaire » sous la
forme de « soviets des députés ouvriers». Il veut aussi nationaliser les
terres pour les mettre « à disposition des soviets locaux ».
Il veut aussi agir en faveur du « prolétariat », c’est-à-dire les pauvres,
ouvriers et paysans, vivant avec difficulté de leur travail.
DOCUMENT 2 : La nécessité de la dictature.
1. D’après ce texte, comment définiriez-vous la « dictature du
prolétariat » ?
Cette doctrine préconise l’emploi de la violence pour instaurer le
communisme en « brisant » les exploiteurs capitalistes. Pendant la
Révolution en Russie, le pays est plongé dans une guerre civile et les
opposants à la Révolution sont traqués. La police politique (Tcheka) est
créée le 20 décembre 1917. La « Terreur rouge » frappe les opposants
et la population (3000 prêtres et moines sont tués en 1918). Un Etat
policier est installé qui se renforce avec le successeur de Lénine :
Staline.
2. Pourquoi, selon Lénine, est-ce un passage nécessaire ?
Pour Lénine, la Dictature du prolétariat est une étape nécessaire pour
instaurer le communisme, c’est-à-dire un régime dans lequel les classes
sociales et toute forme de propriété privée aurait disparu. La Dictature
du prolétariat, doit faire disparaître par la violence la résistance des
« capitalistes exploiteurs », ce qui ne va pas toucher seulement la
bourgeoisie. Cette conception de la révolution ouvre la voie à la
11
Terreur contre les nobles, les marchands, les propriétaires, mais aussi
les paysans, notamment aux koulaks qui résistent à la nationalisation
des terres. La Terreur est donc inhérente au régime soviétique dès ses
débuts ; elle n’est pas apparue avec le stalinisme. Cependant, elle s’est
aggravée après l’arrivée au pouvoir de Staline a la fin des années 1920.
De fait, la révolution bolchevique suscite beaucoup de déception parmi une
partie des intellectuels occidentaux pourtant sympathisants de cette
révolution dont ils attendaient beaucoup. Ce fut le cas de l’anarchiste
étasunienne, d’origine russe, Emma Goldman, qui se rend en Russie dès les
débuts de la révolution. Voici ce qu’elle en dit :
DOCUMENT : L’anarchiste Emma Goldman déçue par la révolution
bolchevique. « Desde entonces me enteré, por observaciones personales y por experiencia,
que los verdaderos saboteadores contrarrevolucionarios y bandidos que estaban en las cárceles de la Rusia soviética no eran más que una minoría
insignificante. La gran masa de la población penitenciaria se componía de heréticos sociales que eran culpables de pecado fundamental contra la iglesia comunista, pues ninguna ofensa era considerada con tanto
odio como la de tener opiniones políticas diferentes a las del partido, y de protestar contra las maldades y crímenes del bolchevismo. Me di cuenta
que la mayoría estaba compuesta por prisioneros políticos -tanto campesinos como obreros-, culpables de haber pedido un buen trato y mejores condiciones de vida. Estos hechos, rigurosamente ocultados al público,
eran sin embargo conocidos por todo el mundo, como también casi todas las cosas que ocurrían en secreto bajo la superficie soviética.[…]
Comenzó con la huelga de los obreros de los molinos de Trubetskoy. Sus reivindicaciones eran muy modestas: un aumento de las raciones alimenticias, tal como se los habían prometido desde hacía mucho tiempo, y la distribución
de los zapatos disponibles. El Soviet rehusó discutir con los huelguistas, hasta que no hubieran regresado a su trabajo. Compañías de kursanty armados,
compuestas por jóvenes comunistas cumpliendo su servicio militar, eran enviadas para dispersar a los obreros reunidos alrededor de los molinos. Los cadetes intentaban provocar a la masa disparando al aire, pero
afortunadamente los obreros habían acudido desarmados y no hubo sangre derramada. Los huelguistas recurrieron a una arma mucho más potente: la
solidaridad de sus camaradas obreros. El resultado fue que los obreros de cinco fábricas pararon el trabajo y se juntaron al movimiento huelguístico. Su manifestación fue en seguida dispersada por los soldados.
De todas las informaciones recibidas, concluí que el trato reservado a los huelguistas no era de ninguna manera fraternal. […]
12
La ley marcial fue declarada y se dio la orden a los obreros de reingresar a sus
fábricas, con la amenaza que de no hacerlo serían privados de sus raciones. Esto, sin embargo, no dio resultado: pero, a raíz de este hecho un cierto
número de sindicatos fueron liquidados, sus dirigentes y los más recalcitrantes huelguistas, encarcelados.[…] El establecimiento de la Tcheka [policía política] transformó a Rusia en un
matadero humano. La recaudación violenta de los impuestos y las expediciones punitivas asociadas a ella aniquilaron millares de vidas y destruyeron aldeas
enteras
Sur Lenine, elle ecrit: “Los incensadores de Lenin lo llaman grande. Pero él no poseía seguramente la grandeza del espíritu y del corazón que constituyen las condiciones previas esenciales de toda grandeza verdadera y general. Lenin mismo habría llenado
de vejaciones y de burlas a los que le atribuyen hoy tales cualidades burguesas.
Grandeza de espíritu, magnanimidad de corazón, comprensión y simpatía para un adversario eran rasgos que escapaban totalmente a este hombre, que sin embargo, fue tan extraordinariamente humano en sus
defectos y criminal en sus errores. Más de una vez se ofreció a Lenin la ocasión de revelar la verdadera grandeza, pero su conformación espiritual entera no le
permitió percibir la ocasión magnífica y ni siquiera comprender su importancia. Desde este punto de vista, Lenin ha quedado siempre fiel a sí mismo.
Extrait de,
Emma Goldman, La hipocresía del puritanismo y otros ensayos, Berlin,
1924
QUESTIONS
1. Contre qui est dirigée la violence du régime soviétique ?
2. Pour quelles raisons ces personnes sont-elles si violemment
réprimées ?
3. Comment se manifeste cette violence ?
4. Selon Emma Goldman, qui est le responsable de ces violences ?
Ce texte émane d’une anarchiste qui se rend en Russie en 1917 afin de
témoigner de la révolution bolchevique dont elle attend beaucoup. Sa
déception est immense car elle constate que les ouvriers et paysans sont les
principales victimes de la violence du régime.
13
Ce témoignage nous montre donc que la brutalité du régime soviétique ne
commence pas avec Staline mais qu’elle le précède.
En Allemagne
QUESTIONS
1. Comment le parti Nazi utilise t-il
le contexte politique et économique dans
sa campagne ?
2. Quelles populations sont-elles
stigmatisées ?
3. Quelles mesures sociales,
politiques et économiques préconise ce
programme ? En quoi ces mesures
annoncent-elles déjà un régime
totalitaire ?
_____________________________________
UN CONTEXTE QUI FAVORISE L’ARRIVEE AU
POUVOIR DES NAZIS.
Dès la signature du Traité de
Versailles, les Allemands imputent
aux politiciens la responsabilité de
la défaite et considère l’armée
comme invaincue. C’est pourquoi,
celle-ci jouit, dans l’Allemagne des
années 1920, d’n grand prestige et
de la confiance des Allemands. Les
campagnes électorales des nazis
exploitent ce contexte de
frustration face au « Diktat de
Versailles ».
Le parti nazi cultive en outre,
l’antisémitisme latent existant
dans la société allemande. [Sur
l’antisémitisme à l’origine du
14
totalitarisme, lire l’œuvre de la philosophe allemande naturalisée
étasunienne, Hannah ARENDT, Les origines du totalitarisme, 1951]. Les juifs
sont considérés comme responsables du fait de leur influence négative sur
l’Allemagne, ils seraient des traîtres.
Tout ce contexte fait de la République de Weimar une démocratie très
fragile. Cette vulnérabilité de la démocratie a d’ailleurs permis la tentative
de coup d’Etat d’A. Hitler en novembre 1923. Il est arrêté et emprisonné, ce
qui lui permet de rédiger son libre-programme Mein Kampf.
Le NSDAP exploite aussi la crise économique profonde qui appauvrit
l’Allemagne. Le chômage de masse (31% de chômeurs en 1932) favorise le
succès électoral du parti nazi. Celui-ci passe de 2,6% aux législatives de 1928,
à 18,3% en 1930 et 37,4% en juillet 1932. On peut donc dire que la crise
économique a fait du parti nazi une force politique majeure, recrutant ses
nouveaux adhérents et électeurs parmi les catégories les plus touchées par
cette crise.
Au lendemain des élections législatives de 1932, le président Hindenburg
nomme Hitler, chef du parti nazi, chancelier le 30 janvier 1933.
HITLER CHANCELIER MET FIN A LA DEMOCRATIE.
Hitler met en place un Etat policier qui se compose des trois organes
suivants :
SA : (Sturmabteilung) Sections d’Assaut. Organisation paramilitaire
appartenant au NSDAP créée en 1921 par Röhm et chargée de semer la
terreur politique. Elle regroupait en 1933, 700.000 membres.
La violence et la terreur de rue, exercée par la SA ont été importantes lors de
la conquête du pouvoir, notamment entre 1926 et 1933, au prix de
nombreux assassinats. Toutefois, a partir de 1934, Hitler veut stabiliser son
régime et a besoin du soutien des milieux conservateurs qui n’acceptent pas
les exactions menées par les SA. C’est pourquoi, prétextant une tentative de
coup d’Etat de Röhm, montée de toute pièce par Himmler, Heydrich et
Goering, Hitler organise la purge des SA : dans la nuit du 29 au 30 juin 1934
15
sont assassinés dans toute l’Allemagne plus de 200 SA dont Röhm. C’est la
« Nuit des longs couteaux ».
Hitler apparaît alors comme l’instaurateur de l’ordre public et désormais un
climat de terreur vis-à-vis de tous les opposants au régime est installé.
SS : (Shutzstaffel) sections de Défense. Garde personnelle du Führer depuis
1925, les SS sont les cadres du Parti. Dirigées par Himmler depuis 1929, ils
sont 200.000 en 1932, ils assument les tâches policières et la politique
raciale. A partir de 1933, ils gèrent les camps de concentrations, puis les
camps d’extermination à partir de 1942.
Gestapo : (Abréviation de Geheime Staatspolizei) Police secrète d’Etat créée
par Goering en 1933. C’est une pièce maîtresse de l’appareil de répression,
non seulement en Allemagne, mais aussi dans tous les territoires occupés par
les Allemands. La Gestapo était composée au départ, non de nazis, mais de
policiers qui avaient servi la République de Weimar. A la différence des SA,
renommés pour leur brutalité gratuite, les employés de la Gestapo sont alors
choisis pour leur instruction et leur compétence méthodique.
La Gestapo surveille, elle écoute les conversations téléphoniques. Elle arrête
ensuite les personnes envoyées dans des camps, qui se trouvent alors sous la
responsabilité des SS.
Elle fait la chasse aux juifs, aux homosexuels, aux auditeurs de radios
étrangères, aux amateurs de musique américaine (jazz, swing). Elle possède
des informateurs dans toutes les couches sociales de la population.
Les libertés sont supprimées.
DOCUMENTS : L’orchestration de l’incendie du Reichstag et son exploitation
politique par le pouvoir nazi.
Bien qu’Hitler parvienne légalement au pouvoir, en quelques semaines, il
élimine la démocratie et met en place un pouvoir totalitaire.
Les élections législatives de septembre 1930 donnent 6,5 millions de voix et
107 sièges au NSDAP. Celles de juillet 1932, 14 millions de voix et 230 sièges
sur 607. La dissolution de l’Assemblée provoque de nouvelles élections en
16
novembre 1932. Aucun parti n’obtient la majorité absolue et aucune
coalition n’est capable de se former pour gouverner car les deux partis
extrêmes se sont renforcés. Le président Hindenburg, chargé de nomme le
chancelier est confronté a une double menace : communiste et nazie. Hitler
s’étant rapproché du patronat, a obtenu un financement pour sa campagne
électorale ainsi qu’un appui pour demander au président de le nommer
chancelier. Finalement, le 30 janvier 1933, Hindenburg nomme Hitler
chancelier.
Dès son arrivée au pouvoir, Hitler élimine les garanties démocratiques. Tout
d’abord, le 27 février 1933, le Reichstag est incendié par les nazis qui
accusent un communiste. Le lendemain, Hitler interdit le PC et fait arrêter
4.000 militants de gauche. Puis, il fait suspendre les libertés publiques.
Le 23 mars 2933, il obtient les pleins pouvoirs, puis le 14 juillet le NSDAP
devient Parti Unique. La police politique (Gestapo) chasse les opposants et
les envoient dans le 1er camp de concentration (Dachau) ouvert en mars
1933.
Au lendemain de la mort du président Hindenburg le 2 août 1934, les
fonctions de président et de chancelier sont fusionnées et reviennent à
Hitler. Ce coup d’Etat constitutionnel est ratifié, lors du plébiscite du 19 août
1934, par 90% des électeurs.
En Italie.
En fondant le Parti National Fasciste en 1921, Mussolini se rapproche des
milieux conservateurs et brise au moyen d’une extrême violence les grèves
d’août 1922. Les fascistes apparaissent alors, avant même la police, comme
les garants de l’ordre face aux menaces révolutionnaires. C’est pourquoi, tant
la police que le patronat, les regardent avec bienveillance.
Toutefois, les élections ne permettent pas à Mussolini d’accéder au pouvoir,
c’est pourquoi, il décide de prendre le pouvoir par la force. Ainsi, il organise
un déploiement de force, la Marche sur Rome de 30.000 « Chemises
Noires » parties de différentes villes d’Italie le 27 octobre 1922. C’est alors
que le roi (Victor-Emmanuel III) renonce à faire intervenir l’armée pour le
stopper et l’appelle au pouvoir le 29 octobre 1922.
17
EN QUELQUES MOIS, MUSSOLINI TRANSFORME L’ITALIE EN DICTATURE.
En novembre 1922, Mussolini se fait attribuer les pleins pouvoirs par vote des
députés (306 voix contre 116). Mussolini réalise ensuite par étapes la
« fascisation » des institutions italiennes.
Après la victoire des fascistes aux élections de 1924 (44% des voix aux
élections législatives qui lui permettent d’obtenir 2/3 des sièges à
l’Assemblée), Mussolini élimine les opposants (Par exemple, il fait assassiner
le socialiste Giacomo Matteotti le 10 juin 1924) et en 1925 se fait octroyer
des pouvoirs dictatoriaux. Mussolini bâtit alors un régime autoritaire en 2 ans
et qui durera près de 20 ans. La dictature est organisée par des lois spéciales
qui établissent la censure, suppriment les partis politiques et les syndicats
non fascistes. Une police secrète est établie afin de traquer les opposants.
Les administrations sont épurées et les conseils municipaux sont éliminés.
Mussolini se fait octroyer le titre de Duce (le « chef »).
CONCLUSION
Dans les trois pays, le glissement vers le totalitarisme s’est réalisé très vite.
Dans les trois cas, cela s’explique largement par la faiblesse des traditions
démocratiques (et même leur absence, dans le cas de la Russie devenue
URSS). Ce manque d’enracinement démocratique a été aggravé par la
brutalisation lors de la Première Guerre mondiale et en Italie et en
Allemagne, par la réaction brutale que suscite la menace communiste.
18
2. Des idéologies érigées comme des vérités absolues.
A- Un dogme qui s’impose à l’ensemble de la société.
LE RATTACHEMENT A UN PASSE GLORIEUX POUR LEGITIMER LE POUVOIR
Proches par leurs pratiques politiques, ces trois régimes défendent des
idéologies différentes (même si le nazisme et le fascisme se caractérisent
tous les deux par leur exaltation du nationalisme). Ils se rejoignent également
dans leur exaltation du passé, proche ou lointain (Staline se présente comme
l’héritier du marxisme et de Lénine, Mussolini exalte le passé impérial de la
Rome antique et Hitler prétend reconstruire l’Empire allemand tel qu’il
existait avant la première Guerre mondiale) qu’ils utilisent pour justifier et
légitimer leur pouvoir, celui-ci n’étant pas légitimé par des élections.
Ce photomontage a été réalisé par l’artiste letton engagé dans la révolution
soviétique : Gustave Klucis (1895-1928). Il représente, de gauche à droite,
Marx, Engels, Lénine et Staline séparés par des lignes diagonales et sur fond
rouge. Marx et Engels, théoriciens du socialisme et du marxisme, Lénine,
dirigeant du Parti bolchevique fut le principal artisan de la Révolution
d’Octobre 1917 et Staline, qui succéda à Lénine est représenté ici comme
l’héritier légitime de ces trois personnages.
19
Sur cette image anonyme, Hitler est montré
succédant à Hindenburg (président de la
République de Weimar de 1925 à 1934, qui a
nomme Hitler chancelier et qu’Hitler ne remplaça
pas au lendemain de sa mort) et à Fréderic II dit
Fréderic Le Grand (Roi de Prusse de 1740 à 1786).
Sur cette image, Hitler semble être parvenu au
pouvoir grâce à la bienveillance de Fréderic II,
d’Hindenburg, de l’Eglise et du peuple allemand.
20
Mussolini cherche aussi à légitimer son pouvoir aux yeux des Italiens,
notamment en se faisant représenter aux cotés de personnages bibliques
(Fresque d’Eglise). En 1930, le peintre futurisme Ambrosi, représente
Mussolini devant Rome. Ici, la glorification de la Rome antique se mêle à la
glorification du Duce. On y reconnaît la capitale italienne aux vestiges de son
architecture antique, à ses remparts et a son amphithéâtre. Il prétend
reconstruire la puissance impériale. La transparence de son visage veut
montrer que Rome et Mussolini ne font qu’un.
URSS
DOCUMENT : L’idéologie fondant le régime soviétique.
L’abolition de la propriété privée.
« L’accroissement de richesse provenant du travail en commun d’une masse
d’ouvriers profite à la classe des capitalistes, et les ouvriers restent des
prolétaires dépourvus de tout. Aussi, n’existe-t-il qu’un moyen de mettre fin
à l’exploitation du travail par le capital : abolir la propriété privée des
instruments de travail, remettre aux mains de la société toutes les fabriques,
les usines et les mines, ainsi que tous les grands domaines. »
Lénine, Projet de programme du Parti social-démocrate, 1896.
La dictature du prolétariat.
« La dictature du prolétariat apporte une série de restrictions à la liberté
pour les oppresseurs, les exploiteurs, les capitalistes. Ceux-là nous devons les
mater afin de libérer l’humanité de l’esclavage salarié ; il faut briser leur
résistance par la force ; et il est évident que, là où il y a répressions, il y a
violence, il n’y a pas de liberté, il n’y a pas de démocratie. »
Lénine, L’Etat et la révolution, août 1917.
La Russie d’après la Révolution d’Octobre 1917 (devenue URSS en 1921) s’est
construite sur les bases idéologiques du communisme, c’est-à-dire un mode
d’organisation sociale basé sur l’abolition de la propriété privée des moyens
de production et d’échange, au profit de la propriété collective. La transition
21
vers la société communiste, sans classe sociale et sans Etat, nécessite selon
l’idéologie marxiste-léniniste, une phase transitoire de dictature du
prolétariat (travailleurs). Cette étape est destinée à renverser la classe
dominante qui détient les pouvoirs économiques et politiques. Pour cela, le
prolétariat doit s’emparer de tous les pouvoirs, ce qui est justifié par le fait le
prolétariat est considéré comme le moteur de l’histoire car c’est sur son
travail que repose toute l’économie.
Italie
DOCUMENT 1: Programme du Parti National Fasciste en 1921 (Doc. 7, p. 180)
DOCUMENT 2 : La conception de l’Etat fasciste.
« Le libéralisme niait l’Etat au profit de l’individu ; le fascisme réaffirme l’Etat
comme la vraie réalité de l’individu […] car pour le fasciste tout est dans l’Etat
et rien d’humain, rien de spirituel n’existe et n’a tant soit peu de valeur en
dehors de l’Etat. En ce sens, le fascisme est totalitaire et l’Etat fasciste,
synthèse et unité de toute valeur, interprète, développe et dynamise toute
l’existence du peuple. En dehors de l’Etat, pas d’individu, pas de groupes
(partis politiques, associations syndicats, classes). C’est pourquoi le fascisme
s’oppose au socialisme qui durcit le mouvement historique de la lutte des
classes et ignore l’unité de l’Etat qui fond les classes sociales dans une seule
réalité économique et morale. Les individus sont d’abord et avant tout l’Etat.
L’Etat n’est pas nombre, comme une somme d’individus formant la majorité
du peuple. C’est pourquoi, le fascisme est contre la démocratie car celle-ci
rabaisse le peuple au niveau du plus grand nombre.
Benito Mussolini, article « fascisme » de l’Encyclopédie italienne, 1934.
Le fascisme, né en Italie en 1919, est avant tout nationaliste et impérialiste.
Lorsqu’il naît, au lendemain de la Première Guerre mondiale, il conteste les
traités jugés peu favorables à l’Italie et affirme le droit de l’Italie à l’expansion
coloniale.
Concernant le rôle de l’Etat, le PNF est hostile à toute intervention dans
l’économie. Ce désengagement de l’Etat de la sphère économique se traduit
par une reforme fiscale en faveur des revenus élevés et des détenteurs de
22
patrimoine. En revanche, le rôle de l’Etat est renforcé dans les domaines dits
régaliens, comme l’éducation ou l’armée par exemple. Le programme du PNF
prévoit aussi la limitation du droit de grève et la mise en place de syndicats
exclusivement liés au fascisme.
Allemagne
DOCUMENT : Le programme du Parti Nazi en 1920 (Doc. 8, page 180)
L’idéologie nazie se singularise surtout par sa politique raciale. En effet, le
nazisme propose sa propre lecture de l’Histoire, fondée sur la lutte des races.
Cependant, à l’ origine, le nazisme comporte deux volets : le nationalisme et
le socialisme, mais ce-dernier est vite abandonné à cause du coût trop élevé
de son application et parce que de nombreux supporters du Parti, industriels,
y sont hostiles.
C’est pourquoi, très vite, l’aspect ultra nationaliste et racial de l’idéologie
devient dominant. Les Allemands sont considérés comme un « race »
supérieure devant dominer le monde, ce qui implique l’élimination ou la mise
en esclavage des autres « races ».
B- Le culte du chef
Les régimes totalitaires encouragent et entretiennent le culte du chef afin
d’obtenir le consentement des masses.
URSS.
En URSS, le culte de la personnalité est surtout développé avec Staline. Le
culte du chef (le Vojd) sert principalement à tisser des liens entre le chef et le
peuple. En outre, pour la population soviétique dont l’identité nationale est
encore incomplète et fragile, ce culte de la personnalité sert de ciment. Il
permet aussi de masquer les différents problèmes, surtout politiques et
économiques que rencontre la population (pénuries, voire famine, absence
de libertés par exemple).
Staline est communément appelé « Grand Guide des Peuples » ou « Petit
père des peuples ».
23
En URSS, ce culte prend plusieurs formes : omniprésence des portraits de
Staline dans les rues et les lieux publics, chansons et poèmes chantés et
récités lors d’événements publics et dans les écoles.
Dans des affiches omniprésentes, il se fait en général représenté comme une
figure paternelle, autoritaire, mais rassurante. La propagande fait de lui un
homme proche de son peuple. Ne disposant pas d’autant de charisme que
Mussolini ou Hitler, il ne se fait pas représenter comme un surhomme, mais
plutôt comme un leader accessible et proche de son peuple.
DOCUMENT : Poème à la gloire de Staline écrit par Rakhimov en 1936 et mis
en musique par Prokofiev.
« Ô grand Staline, Ô chef des peuples,
Toi qui fais naître l’homme
Toi qui fécondes la terre
Toi qui rajeunis les siècles
Toi qui fais fleurir le printemps
Toi qui fais vibrer les cordes musicales
Toi splendeur de mon printemps,
Soleil reflété par des milliers de cœurs. »
Rakhimov, Pravda, 28 aout 1936, mis en musique par Serguei Prokofiev.
Allemagne
En Allemagne, Hitler opère une centralisation du pouvoir immédiatement
après son accession au pouvoir. En effet, après la mort du président
Hindenburg en 1934 il fait voter des pouvoirs spéciaux en sa faveur par le
Reichstag et se désigne Führer. Il fait également disparaître toute l’opposition
et le justifie (Voir document « Le Fuhrerstaat »).
Sa figure est même sacralisée. A la manière des prophètes, il devient un
guide qui ouvre la marche et montre le chemin à suivre. Le salut hitlérien lui
permet en outre de maintenir un lien avec le peuple allemand.
24
Italie.
Contrairement à Hitler et Staline qui gouvernent seuls, Mussolini continue de
partager le pouvoir avec le roi qui demeure chef de l’Etat italien. Toutefois,
comme Hitler c’est un chef charismatique qui cultive amplement le culte de
la personnalité.
Les affiches à la gloire de Mussolini développent le caractère sacré du Duce,
ainsi que la continuité impériale.
C- La création d’un Homme nouveau justifie les moyens
employés.
Tandis que la démocratie encourage le respect de la diversité, les régimes
totalitaires cherchent au contraire à imposer une idée unique de ce que
l’Homme doit être : « L’Homme nouveau ». Cet « Homme nouveau » doit
incarner l’idéologie dominante.
Dans le cas de l’Allemagne, il est lié directement à l’idéologie raciale : c’est
une sorte de surhomme grand, musclé (Voir le film de propagande de la
cinéaste du régime nazi, Leni Riefenstahl, Les Dieux du Stade, réalisé à
l’occasion des Jeux olympiques de Munich de 1938, dans lequel la cinéaste
glorifie les corps musclés des sportifs dans des vues en contre-plongée
fascinantes).
L’Italie fasciste magnifie l’homme viril, guerrier qui restaurera la grandeur
impériale italienne.
En URSS, l’ « Homme nouveau » est l’ouvrier ou le paysan kolkhozien, c’est
pourquoi dans les œuvres de propagande, il est représenté avec ses outils de
travail.
25
3. Le rôle des masses dans les régimes totalitaires
UN EXCELLENT LIVRE A LIRE SUR L’ANEANTISSEMENT DE L’INDIVIDU FACE
AU GROUPE DANS LES REGIMES TOTALITAIRES (Ici il s’agit d’une critique du
stalinisme) : Dans ce roman A. Koestler montre comment dans les regimes
totalitaires, les hommes (le zéro) disparaissent en tant qu’individus pour
n’exister que comme une partie du groupe (l’infini).
Arthur KOESTLER, Le zéro et l’infini, 1941, RU
UN FILM A VOIR SUR LE STALINISME : UNE EXECUTION
ORDINAIRE, DE MARC DUGAIN.
A- L’utilisation de la propagande pour encadrer les masses.
Dans les régimes totalitaires la sphère privée disparaît peu à peu car les
individus sont surveillés et encadrés étroitement par l’Etat. Des grandes
organisations sont créées, chargées d’encadrer et d’ « éduquer » les masses.
Un exemple de cet encadrement : le sport devient à la fois un instrument de
propagande et d’encadrement de la population. Ainsi, le sportif ne doit plus
chercher son épanouissement personnel mais il obéit à une discipline très
stricte et revêt un rôle de représentation. Ainsi, les Jeux Olympiques peuvent
devenir un instrument de propagande. En 1936, les JO ont lieu à Berlin.
Plusieurs pays demandèrent le boycott de ces jeux pour protester contre le
régime nazi. Ces jeux se déroulèrent dans un climat de xénophobie et
d’antisémitisme. Hitler utilisa cet événement pour faire la propagande du
nazisme et des théories sur la supériorité de la « race aryenne ». Le sport
(toujours pratiqué en groupe) ne se pratique plus que dans le cadre
d’organisations étatiques, pour mieux encadrer la population (et NON
comme un moyen d’épanouissement personnel) et imposer une stricte
discipline : le Dopolavoro en Italie est une association qui encadre 4,6
millions D’Italiens en 1939 dans des activités de loisirs. La Force par la joie
26
est une association nazie encadrant les loisirs de 50% des Allemands en 1939.
En URSS, cet encadrement est assuré par les syndicats qui proposent des
activités sportives à des millions de travailleurs.
Les jeunes font l’objet d’un encadrement spécial :
Les Jeunesses Hitlériennes (Hitlerjugend) sont créées en 1926.
L’entraînement physique et militaire y est dominant. L’apprentissage y
comprenait le maniement des armes et l’endoctrinement antisémite. Les
membres y avaient entre 14 et 18 ans. A partir de 1936, les Jeunesses
Hitlériennes deviennent obligatoires pour tous les jeunes allemands. Ils
servaient de base pour recruter les futurs SS.
En Italie, l’organisation de jeunesse (Opera Nazionale Balilla) est mise en
place en 1926. Comme en Allemagne, les jeunes y reçoivent un entraînement
militaire et un endoctrinement idéologique. On y entrait à l’âge de 8 ans.
En URSS, une organisation similaire existe : les Jeunes Pionniers.
27
Deux autres moyens de propagandes privilégiés par ces trois régimes sont
les affiches et le cinéma.
ANALYSES DE DOCUMENTS : AFFICHES DE PROPAGANDE
Consigne : Apres avoir présenté cette affiche, montrer comment elle rend
compte de la manière dont Staline justifie son action.
Il s’agit d’une affiche de
propagande réalisée par le
PCUS à l’occasion de son
17eme Congres en 1934. Ce
document officiel, destiné
avant tout aux membres du
Parti, mais aussi par
extension à tout le peuple
soviétique témoigne de la
volonté de Staline de
justifier son action politique
et économique.
L’affiche est construite en
trois parties :
En haut à gauche : On
y reconnaît Lénine au
moment de la Révolution
d’Octobre (prise du palais
impérial de St Petersburg
par les marins de Kronstadt).
Cette partie rappelle es origines de l’URSS. Au-dessus de la bannière
rouge, la phrase qui fut le slogan de la Révolution d’Octobre (« Tout le
pouvoir aux Soviets »). Dominant la scène, on reconnaît Lénine, chef
du parti bolchevik, qui montre la direction à suivre.
28
Au centre : Le titre de l’affiche (« 1917-1934, derrière Lénine, il nous
conduit a la victoire »). On y reconnaît Staline dans son uniforme de
l’Armée Rouge, qui regarde dans la même direction que Lénine.
Derrière lui, on distingue des usines, des grues qui symbolisent
l’industrie soviétique développée par Staline avec les Plans
quinquennaux a partir de 1928.
En bas : Le peuple ouvrier, à savoir la population sur laquelle Staline
s’appuie. Ils convergent vers la droite, dans la direction montrée par
Lénine. Leurs drapeaux célèbrent le PCUS et leur chef : « Vive le parti
invincible de Lénine ! » e « Vive le camarade Saline, guide suprême de
la révolution prolétarienne mondiale ! »)
L’affiche glorifie et légitime l’œuvre se Staline, à savoir, son grand Tournant
lancé en 1928 consistant à faire de l’URSS une puissance industrielle et de la
placer dans la continuité de l’œuvre de Lénine.
Ce message est à contraster avec la réalité des faits historiques : Lénine
n’appréciait pas Staline et de nombreux ex-compagnons de Lénine ont été
éliminés par Staline. En outre, l’industrialisation du pays s’st faite au prix du
sacrifice de l’agriculture et de la population agricole. En 1934, l’URSS est en
pleine dékoulakisation (2 millions de paysans ayant profité de la NEP sont
éliminés) et une terrible famine fait alors 6 millions de morts en URSS. Il s’agit
donc de camoufler les effets de cette politique sur la population paysanne et
la production agricole.
29
Consigne : Montrer comment ces deux documents rendent compte de la
manière dont Hitler et Mussolini se mettent en scène.
30
B- L’Art comme instrument de propagande
EXPOSES
Italie : Futurisme
Allemagne : Leni Riefenstahl, Albert Speer.
URSS : Eisenstein, Le cuirasse Potemkine.
C- L’emploi de la violence de masse.
a- Les Etats totalitaires se dotent d’instruments de répression.
Les régimes totalitaires prétendant être des Etats de droit, ils se dotent d’une
législation destinée à designer et sanctionner les adversaires du régime :
En URSS, une série de lois datant de 1932 permet de sanctionner
durement les koulaks qui s’opposent à la fin de la NEP et freinent la
collectivisation des terres. En décembre 1935, un texte officiel jette les
bases d’une justice expéditive, ce qui prépare les Grands Procès de
Moscou.
En Allemagne, les Nazis organisent l’incendie du Reichstag en février
1933 afin de justifier la suspension des libertés politiques. La première
mesure en ce sens est l’interdiction du Parti Communiste suivi de la
déclaration du Parti Nazi comme parti unique (juillet 1933). En mars
1933, le Reichstag vote les pleins pouvoirs en faveur d’Hitler. Le 2 mai,
les syndicats sont supprimés.
31
DOCUMENT : Décrets des 28 février et du 24 mars 1933.
En vertu de l’article 48 de la Constitution, est pris le décret suivant
destiné à la répression des actes commis par les communistes et
constituant un danger pour l’Etat:
Les articles 114,115, 117, 118, 124 et 153 de la Constitution sont
abolis. Sont autorisés, par conséquent: les restrictions à la liberté
d’expression y compris la liberté de presse, le droit de coalition et de
réunion; les atteintes au secret des communications postales,
télégraphiques et téléphoniques; les perquisitions, les confiscations,
les restrictions de la propriété.
Journal Officiel du Reich, 28 février et 24 mars 1933.
Ces décrets prévoient une répression spécifique à l’encontre des
communistes et limitent les libertés fondamentales de l’ensemble de la
population allemande.
En Italie, les lois « fascistissimes » de 1926 suppriment les dernières
libertés démocratiques et instaurent la dictature.
DOCUMENT : Lois « fascistissimes » de 1925-1926.
- Tous les fonctionnaires publics qui refusent de prêter serment de fidélité au
régime sont éloignés de leur service.
- Le chef du gouvernement n’est pas responsable devant le Parlement.
- A l’échelle des communes, le conseil municipal est supprimé de même que
le maire. Le podesta (représentant local du pouvoir fasciste) le remplace,
nommé par décret royal.
- La diffusion à l’étranger de fausses informations, exagérées ou
tendancieuses, qui peuvent nuire au prestige de l’Etat ou aux intérêts
nationaux, entraîne la réclusion de 5 a 15 ans, l’interdiction permanente
d’intégrer la fonction publique la perte immédiate de la citoyenneté italienne
et la confiscation des biens.
- Pour appliquer « les mesures pour la défense de l’Etat », un Tribunal
spécial est institué, dont les sentences sont immédiatement applicables
sans possibilité d’appel.
32
Cette législation est accompagnée de structures de répression :
En URSS, la police politique (appelée successivement Tcheka, GPU,
NKVD, MVD, KGB) agit avec une grande brutalité. Des camps de
travaux forcés (Goulags) sont ouverts en Sibérie et dans le Nord pour
recevoir les opposants aux régimes.
En Allemagne, pour faire appliquer ces lois, est institué un appareil
policier (Gestapo) et un appareil concentrationnaire : les premiers
camps sont ouverts en 1933 et leur administration est confiée aux SS.
L’Italie se dote aussi d’une police politique (OVRA : Organisation de
Vigilance et de Répression de l’Antifascisme) secrète qui traque les
opposants au régime. Des camps d’internement y sont aussi mis en
place sur les îles Lipari.
b- L’Etat désigne les ennemis à éliminer.
Les régimes totalitaires s’appuient sur leur idéologie pour définir les ennemis.
En URSS ; l’ennemi est un ennemi de classe, à savoir le bourgeois, les
koulaks. Au lendemain de la collectivisation au début des années 1930, 2
millions de koulaks sont déportés dans des goulags. La famine de 1932-33,
qui fait 6 millions de morts dans les campagnes permet au régime de briser la
résistance paysanne, surtout en Ukraine. A partir de 1936 se développe la
Grande Terreur (750.000 victimes) contre les cadres du Parti, de
l’administration et de l’armée et les minorités nationales. Ces ennemis sont
éliminés au cours de simulacres de procès : les Grands Procès de Moscou
(1936-1938).
En Allemagne, les « races » considérés comme inferieures ou les individus
considérés comme indésirables car difficilement insérables dans la
communauté (handicapés, minorités sexuelles) sont éliminés physiquement.
VOIR LE FILM DE COSTA-GAVRAS, AMEN. A partir de 1933, en vertu de lois
eugénistes, un programme d’euthanasie est mis en œuvre qui se manifeste
33
par des stérilisations, par le gazage de 90.000 malades mentaux en 1939-
1940. En outre, des lois spécifiques visent la population juive. Il s’agit des Lois
de Nuremberg de 1935 qui prévoient l’exclusion des juifs de la nationalité
allemande, de nombreuses professions et de toute vie sociale.
En Italie, on ne trouve pas cette répression de masse. On en reste a une
répression politique.