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Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique Pascal PUECH 17 mars 2015

Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

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Page 1: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Thermodynamiquefondements avec ouvertures en biophysique

Pascal PUECH

17 mars 2015

Page 2: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Préambule

Ces notes de cours comportent 10 chapitres couvrant les bases de la thermodynamique. Le coursintĂ©ressera les Ă©tudiants en licence premiĂšre et seconde annĂ©e. Le cours ne prĂ©sente pas de difficultĂ©smathĂ©matiques importantes et un autoapprentissage est possible. Bien que proche des programmes,cet ouvrage comporte une ouverture vers la biophysique comme la pression dans les liquides et auxinterfaces, l’effet du solutĂ© ou la diffusion. Tous les aspects fondamentaux sont prĂ©sents, le premier prin-cipe sur la conservation de l’énergie, le second principe sur l’entropie, les fonctions thermodynamiqueset les transitions de phases. Cet ouvrage se veut ĂȘtre une source d’informations, de mise en place d’unsavoir et ainsi servir de tremplin pour aborder des ouvrages plus spĂ©cialisĂ©s. Il n’est pas exhaustif, prĂ©-fĂ©rant insister sur les applications afin de donner un socle de connaissances et une vue gĂ©nĂ©rale. Lathermodynamique n’est pas une science Ă  part car elle dĂ©rive de la physique statistique, qui pourra ĂȘtrevue aprĂšs avoir abordĂ© la description macroscopique du prĂ©sent ouvrage.

Ce cours a été donné en partie dans une filiÚre pluridisciplinaire de chimie, biologie, santé et phy-sique et en partie dans une filiÚre physique. Certains aspects proviennent directement de travaux de

1

Page 3: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

recherche et d’ouvrages trĂšs spĂ©cialisĂ©s car aussi surprenant que cela puisse paraĂźtre, actuellement,l’étude de l’eau sous tension, les tensions interfaciales ou l’effet de dĂ©placement d’une particule dans unliquide sous l’action d’un gradient thermique sont mal connus. Nous avons d’ailleurs choisi d’illustrer lacouverture du livre par la thermodiffusion : les petites particules se concentrent ici vers la face chaudesymbolisĂ©e par du rouge et les grosses particules vers la face froide symbolisĂ©e par du bleu.

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Table des matiĂšres

Constantes et symboles utilisés i

A Fondements 1

I Concepts généraux 2

II Etude microscopique des gaz 24

III Pression dans les liquides et aux interfaces 46

IV Premier principe 70

V Second principe et flĂšche du temps 92

3

Page 5: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

B Approfondissements 118

VI Fonctions thermodynamiques 119

VII Changements d’état 136

VIIIBioénergétique 160

IX Rayonnement thermique 175

X Diffusion de particules et conduction thermique 193

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Page 6: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Constantes et symboles utilisés

Nous nous sommes attachés à suivre le plus possible les normes internationales.

.1 Constantes

Convention d’écriture Valeur NomNA 6, 02214× 1023 mol−1 Nombre d’AvogadroR 8, 31447 J.K−1.mol−1 Constante des gaz parfaitskB 1, 38065× 10−23 J.K−1 Constante de Boltzmannσ 5, 67040× 10−8 W.m−2.K−4 Constante de Stephan (ou de Stephan-Boltzmann)

i

Page 7: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

.2 Principaux symboles utilisĂ©sConvention d’écriture Nom UnitĂ©

A Surface ou aire m2

S Entropie J.K−1

p Pression Pa (N.m−2)π Pression osmotique Pa (N.m−2)Q Chaleur JC CapacitĂ© thermique J.K−1

Cm CapacitĂ© thermique molaire J.K−1.mol−1

c CapacitĂ© thermique massique J.K−1.kg−1

ck Concentration mol.m−3

W Travail JT Température absolue K

Îł = Cp/Cv Rapport des capacitĂ©s thermiques sans unitĂ©m Masse kgM Masse molaire kg.mol−1

nv Nombre de particules par unitĂ© de volume m−3

ϕ Flux surfacique ou Eclairement W.m−2 (J.s−1.m−2)φ Flux W” Potentiel chimique J.mol−1

n Nombre de moles molN Nombre de particules sans unité

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Page 8: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

.3 Conversion1 calorie (cal) vaut 4,184 joule (J) exactement en chimie. Il existe aussi une grande calorie (symbole

Cal) Ă©gale Ă  la kilocalorie (symbole kcal) utilisĂ©e par les nutritionnistes. Le kWh est l’énergie fournie parune puissance de un kilowatt pendant une heure soit 3,6 MJ.

La tempĂ©rature du point triple de l’eau est 273,16 K par dĂ©finition. La tempĂ©rature en degrĂ© Celcius sedĂ©duit de la tempĂ©rature absolue par : Ξ(◩C) = T (K)−273, 15. Le point glace et le point vapeur de l’eauont des tempĂ©ratures Celcius de 0,00◩C et trĂšs voisines de 100◩C alors que le point triple de l’eau a unetempĂ©rature Celcius Ă©gale exactement Ă  0,01◩C. En effet, par dĂ©finition, le kelvin, l’unitĂ© de tempĂ©raturethermodynamique, est la fraction 1/273,16 de la tempĂ©rature thermodynamique du point triple.

.4 Références de cours1. Thermodynamique, des moteurs thermiques aux structures dissipatives , Editions Odile Ja-

cob, Ilya Prigogine et Dilip Kondepudi, 1999Ouvrage de 350 pages constituĂ© d’une introduction de la thermodynamique qui se poursuit rapi-dement vers le hors Ă©quilibre en traitant de maniĂšre exhaustive la physique et la chimie. C’est unouvrage de rĂ©fĂ©rence, trĂšs agrĂ©able Ă  lire, niveaux L1-L2-L3-M1. Il est trĂšs bien documentĂ©. Plu-sieurs parties nĂ©cessitent un certain recul.

2. Thermodynamique, 1er et 2e annĂ©e , Editions Tec et Doc, StĂ©phane Olivier et Hubert GiĂ©, 1996Ouvrage de 500 pages pour les classes prĂ©paratoires, l’ensemble de la thermodynamique y esttraitĂ©. Progressif, il est une excellente base de travail. Les explications sont pĂ©dagogiques, claires

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Page 9: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

mais parfois limitées pour ne pas égarer le lecteur. Les exercices corrigés conduisent à un appren-tissage efficace de la thermodynamique.

3. Fundamentals of thermodynamics , Wiley Editor, 7th edition, Claus Borgnakke and Richard E.Sonntag, 2009Ouvrage en anglais de 700 pages d’un niveau licence portant sur l’ensemble de la thermodyna-mique avec un effort important sur les machines rĂ©elles de tous types (turborĂ©acteur, liquĂ©facteur,...). TrĂšs bien illustrĂ©, agrĂ©able Ă  lire, avec de trĂšs nombreux exemples numĂ©riques.

4. Thermodynamique, fondements et applications , Editions Masson, JosĂ©-Philippe Perez, 2001Ouvrage complet de 600 pages pour la licence. Sous forme de leçons structurĂ©es, il permet Ă l’enseignant et Ă  l’étudiant d’aborder un thĂšme de maniĂšre approfondie. Bien que manquant detexte pour cause d’étendue des sujets traitĂ©s et donc un peu difficile pour une lecture rapide, il estimpĂ©rativement Ă  consulter pour vĂ©rifier qu’on n’est pas passĂ© Ă  cĂŽtĂ© d’une partie du sujet.

5. Thermodynamique, optique gĂ©omĂ©trique , Editions Masson, Jean Le Hir, 1995Ouvrage standard sans surprise de 300 pages, il permet d’acquĂ©rir les bases de premiĂšre annĂ©ede licence. Il est progressif, avec des graphiques rĂ©alistes et des exercices variĂ©s.

6. Dictionnaire de physique expérimentale, tome III, thermodynamique et applications , EditionsPierron, Jean-Marie Donnini et Lucien Quaranta, 1997Ouvrage de 500 pages tout niveau. Le dictionnaire comporte pour chaque item des rappels de courset des expériences avec quelques valeurs typiques et la maniÚre de les interpréter. Il est largementdisponible dans les bibliothÚques universitaires.

7. Thermodynamique , Editions Masson, G. Bruhat remaniĂ© A. Kastler, 1968Ouvrage de 900 pages portant sur l’ensemble de la thermodynamique. Les cours de G. Bruhat sont

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Page 10: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

des rĂ©fĂ©rences et avoir cet Ă©lĂ©ment de la collection est apprĂ©ciable. TrĂšs dĂ©taillĂ© avec de nombreuxexemples, il est encore de nos jours une source considĂ©rable d’informations pertinentes.

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Page 11: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

PremiĂšre partie

Fondements

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Page 12: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

IConcepts généraux

La thermodynamique a Ă©tĂ© la thĂ©orie de la chaleur puis des machines thermiques. Elle s’est gĂ©nĂ©-ralisĂ©e Ă  tous les domaines de la physique. Elle est encore l’objet de nombreux travaux. Souvent, onl’aborde aprĂšs avoir acquis d’autres connaissances car elle est considĂ©rĂ©e comme complexe, non paspar les calculs mais par les concepts. La thermodynamique permet de faire la synthĂšse des sciences.C’est aussi une science transversale car l’étude de cette discipline est prĂ©sente dans les cursus de phy-sique, de chimie, de biologie et de gĂ©ologie. Certains effets, bien que simples, sont encore mal dĂ©crits,comme l’eau sous tension ou la thermodiffusion.

La thermodynamique repose sur deux grands principes, l’un portant sur l’énergie, grandeur conser-vative, l’autre sur une quantitĂ© appelĂ©e entropie qui apparaĂźt naturellement lors de l’étude des cycles.C’est une grandeur non conservative car des phĂ©nomĂšnes irrĂ©versibles peuvent la produire.

Avant d’étudier ces principes, il convient de prĂ©ciser le vocabulaire et les conventions car malheureu-sement, tous les auteurs n’ont pas harmonisĂ© les notations ni les conventions de signe ! Ouvrir un livre

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Page 13: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rsne suffit pas, il faut comprendre les notations, les conventions, qui parfois mĂȘme, changent d’un chapitreĂ  l’autre. Un esprit affutĂ© et critique est indispensable.

Il faut aussi souvent se raccrocher Ă  ce qu’on connaĂźt, comme Ă  l’eau sous toutes ses formes pourcomprendre la signification de paramĂštres comme la pression ou la tempĂ©rature.

Ce premier chapitre est là pour prendre pied dans la thermodynamique et rassembler des notionsprobablement déjà vues dans différentes matiÚres.

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Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rsI.1 Notions de baseI.1.a Historique

DĂšs l’antiquitĂ©, la vapeur Ă©tait utilisĂ©e pour provoquer un mouvement. Le dĂ©veloppement de la ther-modynamique s’accĂ©lĂšre dans les annĂ©es 1700-1800 avec les machines Ă  vapeur. En 1824, Carnotmontre que les machines Ă  vapeur ont une efficacitĂ© limitĂ©e par les tempĂ©ratures des sources chaudeet froide dans un ouvrage sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres Ă  dĂ©veloppercette puissance. A la fin du XIXe siĂšcle, Boltzmann donne Ă  la thermodynamique macroscopique uneorigine microscopique. La thermodynamique est une science complexe et subtile, Watt ne comprit pas leprincipe du moteur de Stirling que celui-ci lui prĂ©sentait. Elle s’applique pour les climatisations, la transpi-ration ou des phĂ©nomĂšnes complexes comme la thermoĂ©lectricitĂ© utilisĂ©e dans certains thermomĂštres.

Elle est basĂ©e sur des principes :– le principe zĂ©ro : la tempĂ©rature d’un corps est la mĂȘme partout dans celui-ci Ă  l’équilibre thermique,– le premier principe sur la conservation de l’énergie,– le second principe sur une fonction d’état non conservative, l’entropie qui ne peut que croĂźtre,– le troisiĂšme principe ou principe de Nernst (1904) : l’entropie d’un corps pur est nulle Ă  tempĂ©rature

nulle, tempĂ©rature inaccessible,– le quatriĂšme principe ou thĂ©orie d’Onsager : il existe une relation linĂ©aire entre les courants volu-

miques et les forces thermodynamiques.Nous développerons ces concepts dans les chapitres à venir. Le premier principe et le second principesont des dénominations universelles.

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Page 15: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rsI.1.b SystĂšmes thermodynamiquesUn systĂšme thermodynamique est dĂ©fini par le contenu matĂ©riel d’une surface fermĂ©e. Le reste de

l’univers est le milieu extĂ©rieur. Il existe 3 grandes catĂ©gories de systĂšmes :– le systĂšme isolĂ© qui n’a aucun Ă©change d’énergie ni de matiĂšre avec le milieu extĂ©rieur (caillou

dans l’espace loin d’une Ă©toile).– le systĂšme fermĂ© qui Ă©change de l’énergie mais pas de matiĂšre (moteur Ă  air chaud).– le systĂšme ouvert qui Ă©change de l’énergie et de la matiĂšre (moteur Ă  rĂ©action).

Le systĂšme est contraint par son environnement. Un thermostat impose une tempĂ©rature en Ă©changeantde la chaleur, un piston impose une pression. Les variables thermodynamiques sont donc contraintes.Les grandeurs sont des grandeurs algĂ©briques. On compte positif (+) ce qui est reçu et nĂ©gatif (-) ce quiest perdu. Par exemple, le travail (W pour work en anglais) dans le cas d’un moteur est nĂ©gatif, le moteurperd du travail qu’il fournit Ă  l’extĂ©rieur.

I.1.c Variables thermodynamiquesLes variables thermodynamiques ou grandeurs d’état sont des grandeurs macroscopiques mesu-

rables (et qui peuvent avoir une origine microscopique comme la pression). On distingue les paramĂštresextensifs, in extenso, additifs associĂ©s Ă  la taille d’un systĂšme et les paramĂštres intensifs, i.e., propriĂ©tĂ©sdĂ©finies localement, indĂ©pendantes de la taille du systĂšme.

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Page 16: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rssymbole nomV volumem masseU Ă©nergie internen nombre de moles

symbole nomp pression

ρ = m/V masse volumiqueT tempĂ©raturenv densitĂ© de particules par unitĂ© de volume

TABLE I.1: Exemple de paramĂštres extensifs (Ă  gauche) et intensifs (Ă  droite)

I.1.d Utilisation de la pressionLa pression provient du choc des particules sur les parois dans le cas des gaz. La pression est une

force par unité de surface :

p =F

A

et s’exprime en N.m−2.La pression atmosphĂ©rique est due au poids de l’atmosphĂšre sur les objets : 1 atm =1, 01325 105 Pa.

Il existe encore d’anciennes unitĂ©s, le Torr et les mm de mercure (Hg) : 1 atm = 760 Torr = 760 mm de HgLa pression hydrostatique est la pression exercĂ©e par le liquide au repos au lieu du gaz.

La loi fondamentale de l’hydrostatique vient de l’équilibre de forces Ă©crit sur un Ă©lĂ©ment de volumeplongĂ© dans un champ de gravitation. Pour un ensemble de force ~Fi s’exerçant en Mi, Ă  l’équilibre, ona :

∑

~Fi = ~0 et∑

~OM i × ~Fi

La premiĂšre condition correspond Ă  l’absence de dĂ©placement. La seconde condition correspond Ă  l’ab-sence de rotation, qui se traduit soit Ă  des forces parallĂšles entre elles, soit Ă  des forces concourantes,

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Page 17: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rs

z

z+dz

mg= Adzg

Ap(z)ez

ez

-Ap(z+dz)ez

FIGURE I.1: Bilan sur un élément de volume.

c’est-Ă -dire qu’elles se coupent toutes en un mĂȘme lieu de l’espace. × est le produit vectoriel et O unpoint quelconque ici (en fait, l’expression correspond au moment de l’ensemble des forces par rapportau point O).

Les forces de pression sont : p(z)A~ez sur la base et −p(z + dz)A~ez sur le sommet de l’élĂ©ment devolume. Le poids du volume Ă©lĂ©mentaire, appliquĂ© au centre de masse, est : −ρAdzg~ez. A l’équilibre, enappliquant le principe fondamental de la dynamique, on a :

p(z)A~ez − p(z + dz)A~ez − ρAdzg~ez = ~0

En projetant sur l’axe (Oz), on obtient :

p(z)A− p(z + dz)A− ρAdzg = 0

Il vient :p(z + dz)− p(z) = −ρdzg

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Page 18: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rsOn fait un développement limité de p autour de z :

p(z + dz) = p(z) + dzdp

dz(z) + ...

D’oĂč :dp

dz= −ρg

Cette Ă©quation est vraie quel que soit le modĂšle atmosphĂ©rique ou dans un liquide. Pour l’intĂ©grer, on abesoin de faire des hypothĂšses sur ρ. Par exemple, pour une atmosphĂšre isotherme composĂ©e d’un gazparfait : pV/n = p/ρ = Cte, ce qui est facilement intĂ©grable.

La poussĂ©e d’ArchimĂšde :

Tout corps plongĂ© dans un fluide subit des forces de pression de la part du fluide qui se traduisent parune force verticale Ă©gale Ă  l’opposĂ© du poids du volume de fluide dĂ©placĂ© qui est appliquĂ©e au centre demasse du volume dĂ©placĂ©. GĂ©nĂ©ralement, le point d’application de la poussĂ©e d’ArchimĂšde et du poidspour un objet flottant ne sont pas les mĂȘmes mais sont sur une mĂȘme verticale. Il est alors classiquede ramener l’ensemble des forces en un seul point avant de le projeter sur les axes. Si les deux pointsd’application ne sont pas alignĂ©s sur une mĂȘme verticale, il y a rotation car les deux forces ne sont pasconcourantes.

I.1.e EquilibreSi la tempĂ©rature n’est pas uniforme, un flux de chaleur prend naissance pour faire Ă©voluer le systĂšme

et obtenir une tempĂ©rature uniforme. Le systĂšme Ă  tempĂ©rature uniforme est Ă  l’équilibre thermique. Si

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Page 19: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rsdeux rĂ©cipients isolĂ©s, dans lesquels sont prĂ©sents deux gaz Ă  des pressions diffĂ©rentes, sont sĂ©parĂ©spar une paroi mobile athermique, la paroi se dĂ©place jusqu’à obtenir une pression uniforme. Le systĂšmea alors atteint l’équilibre mĂ©canique.

L’expĂ©rience montre que si un systĂšme est isolĂ©, son Ă©tat suit une Ă©volution irrĂ©versible qui le conduit Ă devenir invariant au cours du temps. On parle alors d’état d’équilibre. On associe au systĂšme si possibleune fonction d’état qui relie les variables thermodynamiques nĂ©cessaires Ă  la description du systĂšme (loides gaz parfaits ou Ă©quation de van der Waals).

Deux systĂšmes (ou plusieurs) qui Ă©changent de l’énergie et/ou de la matiĂšre atteindront Ă  terme l’étatd’équilibre thermique dans lequel leurs tempĂ©ratures seront Ă©gales. On donne parfois Ă  cette transitivitĂ©de l’état d’équilibre thermique le nom de principe zĂ©ro de la thermodynamique.

I.1.f Non Ă©quilibreIl n’est pas nĂ©cessaire que la tempĂ©rature d’un systĂšme soit uniforme pour dĂ©finir son Ă©nergie par

exemple. C’est le cas des systĂšmes de non-Ă©quilibre dans lequel on introduit des grandeurs locales.Cela est particuliĂšrement utile dans l’application de la thermodynamique au vivant. Il est possible d’ĂȘtreen non-Ă©quilibre sans Ă©volution quand le systĂšme n’est pas isolĂ©. Par exemple, une barre entre deuxthermostats prĂ©sente un gradient de tempĂ©rature.

I.2 Etat de la matiĂšreLe terme de phase est aussi utilisĂ©. Il est courant, dans nos conditions de vie, d’ĂȘtre en contact avec

des phases solides, liquides et gazeuses. Ces états existent sous certaines conditions thermodyna-miques, notamment de pression et de température. A pression fixée, il existe pour chaque corps pur une

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Page 20: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rstempĂ©rature de fusion bien dĂ©finie, Tfusion, et une tempĂ©rature d’ébullition ou vaporisation bien dĂ©finie,Tvaporisation. Le thermomĂštre permet aux chercheurs d’observer que le changement de phase a lieu Ă Tconstante.

Par exemple, Ă  p donnĂ©e, mesurons la tempĂ©rature avec un apport de chaleur continu et en particulier,mesurons la tempĂ©rature lors des changements de phases. Les changements d’état de l’eau servent Ă dĂ©finir le degrĂ© Celsius. GrĂące aux thermomĂštres, appareils de mesure de la tempĂ©rature, utilisant unevariation d’une propriĂ©tĂ© physique (dilatation du mercure, changement de rĂ©sistance, ...), on a observĂ©que la tempĂ©rature reste constante lors d’une transition de phase. La rĂ©alisation de l’expĂ©rience estdĂ©licate.

40 kJ

6 kJfusion

vaporisation

TempĂ©rature (˚C)

1 mole d’eau

kJ

0

100

FIGURE I.2: Changement d’état d’une mole d’eau Ă  pression constante (atmosphĂ©rique).

Lors des changements d’état d’un corps pur, le volume varie brutalement et la capacitĂ© thermique Ă pression constante est discontinue.

La tempĂ©rature doit ĂȘtre exprimĂ©e dans les relations en Kelvin (K) et non pas en degrĂ© Celsius (◩C).

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Page 21: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rsIl convient de faire trùs attention à ce point, T = ξ + 273, 15, si T est en K et ξ en ◩C.

I.2.a Lois des gazLoi des gaz parfaits

En 1660, Boyle et Mariotte montrĂšrent que :

pV = f(T )

Cette loi est utilisée en plongée sous-marine. Charles, en 1787, compléta cette loi avec :

V

T= g(p)

En 1811, Avogadro montra que :pV = nf(T )

c’est-Ă -dire que n’importe quel gaz parfait contient le mĂȘme nombre de molĂ©cules.L’association de ces lois donne l’équation d’état des gaz parfaits :

pV = nRT

R est la constante des gaz parfaits et vaut 8,3145 J.K−1.mol−1. Le mĂ©lange de gaz parfaits donne laloi de Dalton, pour laquelle on dĂ©finit la pression partielle d’un gaz : pk. Comme pkV = nkRT , on aptotale =

∑

pk car n =∑

nk. La loi des gaz parfaits s’applique bien pour des milieux trĂšs diluĂ©s.

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Page 22: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rsEquation d’état de van der Waals (prix Nobel de physique en 1910), loi des gaz rĂ©els

Si la densitĂ© particulaire nv augmente, les particules vont ĂȘtre de plus en plus proches les unes desautres, on ne pourra plus nĂ©gliger leurs interactions ni leur extension spatiale.

– Influence des interactions : il y aura moins de chocs avec les parois, donc pGP = preelle + ÎŽpavec ÎŽp > 0 due aux attractions entre molĂ©cules. D’aprĂšs la loi des gaz parfaits, la pression p estproportionnelle Ă  n/V donc il est naturel de prendre ÎŽp fonction de n/V . Pour le gaz de van derWaals, on prend ÎŽp = a(n/V )2 oĂč a dĂ©pend de la nature des molĂ©cules.

– Influence de l’extension spatiale des molĂ©cules : le volume Ă  exclure est proportionnel Ă  n, on Ă©critce volume nb oĂč b dĂ©pend du type de molĂ©cule (VGP = Vreel − nb)

L’équation d’état s’écrit alors :(

p+ a( n

V

)2)

(V − nb) = nRT

La pression p et le volume V sont ceux imposĂ©s par l’extĂ©rieur, donc du rĂ©cipient. Cette Ă©quation est pluscompliquĂ©e mais permet de dĂ©crire le changement d’état liquide-vapeur. ConsidĂ©rons le tracĂ© de p(V )Ă  tempĂ©rature constante (isotherme). Sur cette courbe, l’état critique correspond au point oĂč le passagede l’état liquide Ă  l’état gazeux s’effectue sans chaleur latente. La courbe de vaporisation ou d’ébullitioncorrespond Ă  l’apparition de la premiĂšre bulle de vapeur alors que la courbe de rosĂ©e ou liquĂ©factioncorrespond Ă  la premiĂšre goutte d’eau.

La rĂ©union de la courbe de rosĂ©e et de d’ébullition forme la courbe de saturation.

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Page 23: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rs

Vrpr

0 2 4 6 8 100

1

2

I

II

FIGURE I.3: Isothermes pour l’équation de van der Waals. Il y a un plateau lorsque les phases liquideset gazeuses coexistent. La courbe en pointillĂ©s correspond Ă  l’équation de van der Waals et n’est pasphysiquement acceptable. pr = p/pC , Tr = T/TC et Vr = V/VC avec C associĂ© au point critique.

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Page 24: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rs

2 4 6 80

1

2

Vr

pr

Courbe

de

rosée

Point critique

Isotherme avecplateau

Co

urb

ed

’éb

ulli

tion

C

FIGURE I.4: Courbes de rosĂ©e et d’ébullition. pr = p/pC , Tr = T/TC et Vr = V/VC avec C associĂ© aupoint critique.

Comment calculer TC ?

La tempĂ©rature est constante, la dĂ©rivĂ©e de la courbe p(V ) par rapport Ă  V se fait Ă  T constante, cequi s’écrit :

(

∂p

∂V

)

T

= 0

On trouve 2 extrema solutions : A et B. Ces deux extrema sont confondus au point d’inflexion pour :(

∂p

∂V

)

T

=

(

∂2p

∂V 2

)

T

= 0

On obtient alors :

TC =8a

27RbpC =

a

27b2VmC = 3b

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Page 25: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cou

rsCes grandeurs ne dĂ©pendent que de a et b. On peut montrer que l’aire I est Ă©gale Ă  l’aire II sur lafigure I.3. Pour une tempĂ©rature infĂ©rieure Ă  TC , Ă  p donnĂ©e, on a 3 volumes possibles dont l’un n’estpas physique (au centre, la solution est instable). Il y a sur les extrĂ©mitĂ©s le volume associĂ© Ă  la phaseliquide et Ă  la phase gazeuse. Entre les deux, il y a coexistence de deux phases, la phase liquide et laphase gazeuse. La courbe de saturation, rĂ©union de la courbe de rosĂ©e (premiĂšre goutte de liquide) etde la courbe de vaporisation peut aussi se reprĂ©senter sur le mĂȘme schĂ©ma.

ConclusionLes variables se répartissent en 2 catégories, les variables intensives et les variables extensives. Nous

rĂ©alisons dans la vie courante des expĂ©riences Ă  pression constante. Nous connaissons bien l’eau soustoutes ses formes, solide, liquide, vapeur mais aussi les caractĂ©ristiques des transformations isobares.La pression augmente au fond d’une piscine, en relation avec la loi de l’hydrostatique. Chauffer le fondd’une casserole remplie d’eau conduit Ă  une dilation de l’eau en contact avec le fond, d’oĂč l’apparition dela poussĂ©e d’ArchimĂšde et la naissance d’un mouvement de convection, c’est-Ă -dire de dĂ©placement dematiĂšre. Une Ă©quation d’état permet de lier les variables intensives et extensives et de dĂ©crire l’état dela matiĂšre. L’équation d’état du gaz parfait suppose l’absence d’interaction et une taille nĂ©gligeable desmolĂ©cules. Cette Ă©quation doit ĂȘtre modifiĂ©e lorsque la densitĂ© particulaire augmente.

15

Page 26: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Exe

rcic

esExercice 1: Partie Ă©mergĂ©eUn glaçon de section cylindrique flotte dans de l’eau pure. La partie Ă©mergĂ©e a une hauteur he. La

partie immergĂ©e une hauteur hi. On prendra comme masse volumique pour l’eau ρeau = 1 kg.L−1 et pourla glace ρglace = 0, 9 kg.L−1.

1) Faire un dessin.

2) DĂ©tailler les forces s’exerçant sur le glaçon.

3) En déduire la valeur du rapport he/hi.

Exercice 2: PoussĂ©e d’ArchimĂšdeUn ballon de 1 m3 rempli de dihydrogĂšne est Ă  l’altitude z = 0 m. L’enveloppe du ballon, de masse

m = 100 g, est rigide. La pression interne est de 105 Pa.DonnĂ©es : masse molaire de l’air : Mair = 29 g.mol−1, tempĂ©rature : T0 = 300 K, constante des gazparfaits : R = 8, 3145 J.K−1.mol−1. AccĂ©lĂ©ration de la pesanteur : g = 9, 81 m.s−2. On prendra commeĂ©quation d’état pour les gaz celle du gaz parfait.

1) Que vaut la poussĂ©e d’ArchimĂšde Ă  l’altitude z = 0 m ? Le ballon s’envole-t-il ?

La pression dĂ©croĂźt avec l’altitude. Dans le cas d’une atmosphĂšre isotherme Ă  la tempĂ©rature T0 dansun champ de pesanteur uniforme g = 10 m.s−2, la pression et la concentration molaire sont seulementfonction de la hauteur z, avec la relation :

p(z) = c(z)RT0

16

Page 27: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Exe

rcic

esLa variation de la pression avec l’altitude z est dĂ©terminĂ©e par le principe hydrostatique :

dp = −ρ(z)gdz

2) Trouver la relation entre c(z) et ρ(z) et indiquer les unitĂ©s de ces grandeurs.

3) En effectuant un bilan des forces sur un cylindre Ă©lĂ©mentaire de hauteur dz et de surface A dont lanormale est alignĂ©e selon la verticale, retrouver l’expression de variation Ă©lĂ©mentaire de la pressionavec l’altitude.

4) Par intĂ©gration, Ă©valuer la pression Ă  l’altitude z.

5) Calculer Ă  quelle hauteur le ballon va s’élever.

6) Le ballon est maintenant parfaitement Ă©lastique, que dire de la masse de fluide dĂ©placĂ©e ? Quellerelation lie la pression intĂ©rieure et extĂ©rieure ? Le ballon va-t-il arrĂȘter son ascension ?

17

Page 28: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cor

rigésCorrection 1: Partie émergée

1) Dessin correspondant Ă  un glaçon de volume V = Vi+Ve (Vi Ă©tant le volume immergĂ© et Ve le volumeĂ©mergĂ©) dans un verre d’eau

Glaçon

Eau

h i

he

FIGURE I.5: Glaçon dans un verre d’eau

2) Il y a deux forces s’exerçant sur le glaçon, le poids et la poussĂ©e d’ArchimĂšde.Le poids m~g :– vertical– vers le bas– s’appliquant au centre de masse– d’intensitĂ© mg = gρglaceV

La poussĂ©e d’ArchimĂšde ~FA :– verticale– vers le haut

18

Page 29: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cor

rigĂ©s– s’appliquant sur la surface du solide et qui se ramĂšne au centre de masse du liquide dĂ©placĂ©. Les

forces poids et poussĂ©e d’ArchimĂšde sont concourantes.– d’intensitĂ© g fois la masse d’eau liquide dĂ©placĂ©e, soit gρeauVi

3) A l’équilibre, le principe fondamental de la dynamique conduit Ă  :

~FA +m~g = ~0

En projection sur l’axe ~Oz, on obtient :

ρeauVig − ρgVglace = 0

Comme Vi = Ahi et V = A(hi + he), on en déduit :

ρeauhig − ρglace(hi + he)g = 0

d’oĂč :he

hi=

ρeau − ρglaceρglace

Application numérique :he

hi=

0, 1

0, 9= 0, 11

Correction 2: PoussĂ©e d’ArchimĂšde

19

Page 30: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cor

rigĂ©s1) Pour dĂ©terminer la poussĂ©e d’ArchimĂšde et conclure sur l’envol, il faut faire un bilan des forces.

Commençons par la poussĂ©e d’ArchimĂšde. Le nombre de moles d’air dĂ©placĂ© vaut :

n =pV

RT=

105

8, 314× 300= 40mol

La poussĂ©e d’ArchimĂšde est verticale, dirigĂ©e vers le haut, s’applique au centre de masse et a pourmodule :

FA = mairg = nMairg = 40× 28 10−3 × 9, 81 = 11, 4N

Les autres forces sont le poids de l’enveloppe et le poids du dihydrogĂšne, tous deux dirigĂ©s vers lebas.

mH2= nMH2

= 40× 2 10−3 = 80 10−3 kg

D’oĂč un poids total de :(mH2

+menveloppe) g = 0, 180× 9, 81 = 1, 8N

En sommant les forces, nous avons :

~FA + (mH2+menveloppe)~g = FA~ez + (mH2

+menveloppe) (−g)~ez

= 11, 4~ez − 1, 8~ez = 9, 6~ez en N

La rĂ©sultante est une force dirigĂ©e vers le haut, le ballon s’envole.

2) A partir de l’équation des gaz parfaits :pV = nRT

nous avons :p =

n

VRT = cRT

20

Page 31: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cor

rigĂ©sLa dĂ©finition de la masse volumique ρ est :

ρ =m

V=

nM

V= cM

m est la masse, V le volume et n le nombre de moles. A partir des définitions, on a directement :

[c] =[n]

[V ]= mol.m−3 et ρ =

[m]

[V ]= kg.m−3

3) Appliquons le principe fondamental de la dynamique.

z

z+dz

mg= Adzg

Ap(z)ez

ez

-Ap(z+dz)ez

FIGURE I.6: Forces s’exerçant sur un Ă©lĂ©ment cylindrique fin d’épaisseur dz

Il y a 3 forces Ă  considĂ©rer, le poids ayant un module de gρAdz, la force de pression exercĂ©e sous lecylindre Ă©lĂ©mentaire ayant un module de p(z)A et la force de pression exercĂ©e au-dessus ayant unmodule de p(z + dz)A. Nous avons donc :

−gρAdz~ez + p(z)A~ez − p(z + dz)A~ez = ~0

21

Page 32: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cor

rigĂ©sProjetons sur l’axe des z et simplifions par A dans un premier temps :

−gρdz + p(z)− p(z + dz) = 0

Nous développons p(z + dz) comme p(z) + dz dpdz ou comme p(z) + dp, conduisant à :

−dp = gρdz oudp

dz= −ρg

4) A partir des deux relations p = cRT0 et dp = −ρgdz, leurs divisions donnent :

dp

p= − ρg

cRT0dz

Comme ρ = cM , on a :dp

p= −Mairg

RT0dz

L’intĂ©gration par sĂ©paration des variables (forme actuelle de l’égalitĂ©) conduit Ă  :

[ln(pâ€Č)]pp0= −Mairg

RT0[zâ€Č]

zz0=0

soit encore :

ln

(

p

p0

)

= −Mairg

RT0z

Pour se débarrasser du logarithme, on applique la fonction réciproque exp :

exp

(

ln

(

p

p0

))

=p

p0= exp

(

−Mairg

RT0z

)

ou p = p0 exp

(

−Mairg

RT0z

)

22

Page 33: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre I: Concepts généraux

Cor

rigésApplication numérique :

Mairg

RT0=

29 10−3 × 9, 81

8, 3145× 300= 1, 14 10−4 m−1 ou zref =

1MairgRT0

= 8, 8 km

5) Le ballon arrĂȘte son ascension quand la somme des forces est nulle. La masse d’air dĂ©placĂ©e vaut :

mair = ρ(z)V = c(z)MV =p

RT0MV = p0 exp

(

− z

zref

)

1

RT0MV

La poussĂ©e d’ArchimĂšde s’exprime en fonction de l’altitude z selon :

FA(z) = FA(z = 0) exp

(

− z

zref

)

En reprenant la somme des forces, nous avons :

FA(z = 0) exp

(

− z

zref

)

− (mH2+menveloppe) g = 0

Ce qui numériquement donne :

11, 4 exp

(

z

8, 8

)

− 1, 77 = 0

d’oĂč :

z = 8, 8×(

− ln

(

1, 77

11, 4

))

= 16, 4 km

6) Le ballon est parfaitement Ă©lastique, la pression Ă  l’intĂ©rieur est Ă©gale Ă  la pression Ă  l’extĂ©rieur.Comme pV = nRT est constant, la masse d’air dĂ©placĂ©e est constante (m(z) = ρ(z)V (z) =c(z)MV (z) = p(z)V (z) M

RT0

). La force d’Archimùde est constante. Le ballon poursuit donc son as-cension jusqu’à explosion.

23

Page 34: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

IIEtude microscopique des gaz

TrĂšs tĂŽt est apparue l’idĂ©e de comprendre l’origine physique des grandeurs manipulĂ©es. La tempĂ©ra-ture, la pression sont des concepts qui peuvent ĂȘtre facilement spĂ©cifiĂ©s. La tempĂ©rature est liĂ©e Ă  l’éner-gie emmagasinĂ©e par un systĂšme et donc Ă  sa vitesse. La pression nĂ©cessite un contact. En utilisantle principe fondamental de la dynamique, il est possible de relier la pression, grandeur macroscopique,Ă  la vitesse d’une particule, grandeur microscopique et en utilisant l’équation d’état d’un gaz parfait, derelier la vitesse Ă  la tempĂ©rature. Dans le domaine de la recherche, la dynamique molĂ©culaire s’appuiesur cette approche microscopique et pour ceux qui souhaitent en apprendre plus, les documentations decodes acadĂ©miques comme NAMD ou GROMACS sont des sources passionnantes d’informations.

Nous allons nous contenter d’aborder de façon trĂšs simplifiĂ©e une description du chaos molĂ©culairedans les gaz. Cette Ă©tude se limitera ici Ă  une interprĂ©tation cinĂ©tique permettant principalement dedonner un sens Ă  la pression. NĂ©anmoins, afin de bien comprendre la portĂ©e de nos modĂšles et leurslimitations, nous aborderons certains aspects de la thĂ©orie de Maxwell qui pourra ĂȘtre explorĂ©e dans unouvrage spĂ©cialisĂ© en seconde lecture.

24

Page 35: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsNotons que cette approche trĂšs simple permet d’avoir des ordres de grandeurs fort intĂ©ressants,comme la vitesse des molĂ©cules composant l’air qui nous entoure (500 m.s−1), d’aborder des problĂšmesde cinĂ©tique et ainsi de comprendre pourquoi un trĂšs bon vide nĂ©cessite des pompages trĂšs long, Ă l’échelle du jour pour des expĂ©riences de laboratoire ou de la semaine pour les lignes du LHC au CERN.

Nous finirons avec un objet ancien prĂ©sent dans les musĂ©es des sciences et que l’on trouve encoredans les magasins spĂ©cialisĂ©s : le radiomĂštre de Crookes. Cet objet est amusant lorsqu’il tourne Ă  grandevitesse au soleil et reste une belle illustration de la thĂ©orie cinĂ©tique des gaz.

25

Page 36: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsII.1 Description microscopique des gazII.1.a Historique

Les premiĂšres descriptions quantitatives du chaos molĂ©culaire sont dues aux physiciens Rudolf Clau-sius et James Clerk Maxwell vers 1860. Ludwig Boltzmann apporta des complĂ©ments importants. Leursapproches sont basĂ©es sur la constatation qu’il est impossible de suivre toutes les particules composantun gaz. Le nombre d’Avogadro (NA = 6.022 1023 mol−1) donne l’ordre de grandeur typique de parti-cules composant un volume macroscopique. L’objectif est donc de trouver des relations entre les valeursmoyennes qui sont invariantes pour un systĂšme Ă  l’équilibre et les paramĂštres macroscopiques commela pression.

II.1.b ErgodicitĂ©La mĂ©canique statistique, Ă  la base d’une analyse dĂ©taillĂ©e, est fondĂ©e sur le principe ergodique qui

consiste Ă  postuler l’équivalence entre moyennes d’ensemble et moyennes temporelles. Ce qui signifieque pour un systĂšme isolĂ©, au bout d’une durĂ©e suffisante, les particules sont passĂ©es par tous lespoints et toutes les vitesses accessibles. MathĂ©matiquement, nous Ă©crivons :

< v >N= v

avec :

< v >N=1

N

N∑

i=1

vi et v =1

2τ

∫ τ

−τ

v(t) dt

26

Page 37: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsII.1.c ModÚle du gaz parfaitDans une approche simplifiée, considérons un gaz parfait monoatomique ayant les propriétés sui-

vantes :– atomes identiques, ponctuels, sans interaction entre eux,– la rĂ©partition statistique des vitesses est la mĂȘme Ă  tout instant (stationnaritĂ©), la distribution des

vitesses est homogĂšne et isotrope.Maxwell a Ă©tudiĂ© la rĂ©partition des vitesses molĂ©culaires dans les gaz et montrĂ© que celle-ci obĂ©it Ă  laloi de Gauss : Ă  l’équilibre thermique, la densitĂ© de points reprĂ©sentatifs des molĂ©cules dans l’espacedes vitesses est proportionnelle Ă  un facteur exponentiel fonction gaussienne de la vitesse de la formeexp(−α v2). Plus tard, Bolzmann spĂ©cifiera la valeur de α qui correspond Ă  :

α =m

2 kB T

kB est une constante universelle appelĂ©e constante de Boltzmann. Sa valeur est reliĂ©e au nombre d’Avo-gadro NA et Ă  la constante de gaz parfait R par :

kB =R

NA

II.1.d RĂ©partition des vitessesLa distribution des vitesses a d’abord Ă©tĂ© calculĂ©e puis mesurĂ©e expĂ©rimentalement. La probabilitĂ©

dP (v) que la vitesse ~v ait son module v Ă  dv prĂšs, vaut :

dP (v) = 4πv2(

m

2πkBT

)3/2

exp

(

− mv2

2kBT

)

dv

27

Page 38: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsUsuellement, on représente la densité de probabilité :

dP (v)

dv= 4πv2

(

m

2πkBT

)3/2

exp

(

− mv2

2kBT

)

qui est tracée ci-dessous :

0 500 1000 15000

0.5

1

1.5

2

2.5

dP(v

)/dv

en1

0-3v(m.s-1)

FIGURE II.1: Distribution statistique des vitesses pour le dioxygÚne (O2) à température ambiante.

II.2 Théorie cinétiqueII.2.a Interpétation cinétique de la pression

La pression est dĂ©finie, en physique macroscopique, par le quotient de la force exercĂ©e normalementsur une paroi par la surface de la paroi. Etant donnĂ© que nous envisageons une description Ă  l’échellemolĂ©culaire, il est impossible de considĂ©rer la paroi comme lisse. Une particule, de masse m et devitesse ~v initialement dirigĂ©e vers la paroi, passe de la valeur ~v avant le choc Ă  la valeur ~vâ€Č aprĂšs le choc.

28

Page 39: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rs

F=pA

A axe des z

FIGURE II.2: DĂ©finition macroscopique de lapression.

Surface nanométrique

n

v

v’

Surface macroscopique

FIGURE II.3: Choc particulaire.

Le rĂ©fĂ©rentiel de la paroi Ă©tant supposĂ© fixe (rĂ©fĂ©rentiel d’inertie), Ă  partir de la loi fondamentale de ladynamique appliquĂ©e Ă  une particule, nous pouvons Ă©crire :

∫ t+∆t

t

~F (t) dt = m~v −m~vâ€Č

∆t reprĂ©sente la durĂ©e du choc. La rĂ©sultante normale selon la direction z vaut :∫ t+∆t

t

Fz(t) dt = m(vz − vâ€Čz)

Il faut maintenant tenir compte de l’ensemble des particules constituant le gaz pour relier cette grandeurà la pression.

p =< Fz >N

Aavec vz ∈ [0;∞]

29

Page 40: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsPour calculer la moyenne d’ensemble, il est plus simple de sommer sĂ©parĂ©ment les vitesse vz et vâ€Čz quisont de signe opposĂ©. La distribution des vitesses Ă©tant stationnaires, < vz >N= − < vâ€Čz >N .

Le cylindre contenant les molécules ayant un vecteur vitesse v et susceptibles de frapper A entre lesinstants t et t+ dt est représenté ci-dessous :

En notant nv =N

Vla densité particulaire, le nombre de particules dans le volume Avzdt du cylindre

oblique est Ă©gal Ă  :N = nv Avzdt

vdt

v

A

vzdt

FIGURE II.4: Molécules heurtant la surface.

Seule la moitiĂ© de ces particules ont un sens correct. Il faut donc tenir compte uniquement des parti-cules se propageant dans la bonne direction (vz > 0). Lors de la moyenne d’ensemble sur les vitesses,nous avons :

< v2z >N=1

N

∑

i

v2i,z avec vz ∈ [−∞;∞]

30

Page 41: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsSi l’on se contraint à vz > 0, alors :

2 < v2z >N (vz > 0) =< v2z >N (vz quelconque)

En reprenant à partir de la définition de la pression, et en prenant soin de prendre la valeur moyennenon pas de la vitesse mais de la force, finalement, nous avons :

p =F

A=

m < N(vz − vâ€Čz) >N

dtA=

2m < nvAvzdt× vz >N

dtA(avec vz > 0)

Soit :

p =m < nvAdt× v2z >N

dtA(avec vz quelconque)

D’oĂč :p = nvm < v2z >N

Toujours en invoquant l’isotropie, nous pouvons Ă©crire :

< v2x >N=< v2z >N=< v2z >N=< v2x >N + < v2y >N + < v2z >N

3=

< v2 >N

3

Conduisant Ă  :

p =1

3

N

Vm < v2 >N

L’équation d’état des gaz parfait s’écrit en fonction du nombre n de moles et N de molĂ©cules :

pV = nRT = NkBT

31

Page 42: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsA partir de l’équation prĂ©cĂ©dente, en introduisant la pression, nous pouvons isoler la vitesse quadratiquemoyenne en fonction de la tempĂ©rature :

√

< v2 >N =

√

3kBT

m=

√

3RT

M

oĂč M est la masse molaire. Pour les molĂ©cules polyatomiques, la relation est la mĂȘme.– Pour les molĂ©cules constituant l’air, en prenant M ≈ 29 10−3 kg.mol−1, nous obtenons une vitesse

quadratique moyenne de 0, 5 km.s−1. MĂȘme en cas d’ouragan, les vents trĂšs violents Ă  300 km.h−1

reprĂ©sentent seulement 1/5 de la vitesse quadratique moyenne.– Dans le cas de la propagation des sons, la cĂ©lĂ©ritĂ© est obtenue en effectuant un bilan des forces sur

une tranche de fluide. Il est possible d’adopter 2 descriptions, une description Eulerienne avec unvolume de contrĂŽle (mĂ©thode retenue actuellement dans les ouvrages) et une description Lagran-gienne oĂč l’on effectue un bilan sur une tranche d’air. On en dĂ©duit dans le cadre d’une hypothĂšsed’adiabaticitĂ© :

c =

√

ÎłRT

Mavec Îł =

5

3pour un GP monoatomique et

7

5pour un GP diatomique

A tempĂ©rature ambiante, dans l’air c = 343 m.s−1. On a le choix entre un phĂ©nomĂšne adiabatiqueet isotherme. L’expĂ©rience prouve que l’hypothĂšse isotherme n’est pas acceptable, choix validĂ© parles ordres de grandeur de la vitesse quadratique moyenne et de la cĂ©lĂ©ritĂ©. Le gaz n’a pas le tempsde se thermaliser.

– Pour des gaz polyatomiques, il faut considĂ©rer les degrĂ©s de libertĂ©. Les tempĂ©ratures caractĂ©ris-tiques d’activation pour les degrĂ©s de libertĂ© de rotation et vibration sont respectivement de 10 K et2000 K. A tempĂ©rature ambiante, Îł, qui est une fonction des degrĂ©s de libertĂ©, est donc modifiĂ©e

32

Page 43: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rspour un gaz polyatomique du fait des rotations. La célérité est donc modifiée mais pas la relationentre la pression et la vitesse quadratique moyenne.

II.2.b ThĂ©orie cinĂ©tique simplifiĂ©eLe modĂšle le plus simple du gaz parfait est le suivant :– la norme v de toutes les molĂ©cules est identique, Ă©gale Ă  la vitesse quadratique moyenne.– dans tous les Ă©lĂ©ments de volume, les vecteurs vitesses des molĂ©cules sont parallĂšles Ă  l’une des

6 directions, avec un sixiĂšme des molĂ©cules dans chacune de ces 6 directions.Si l’on reprend le raisonnement prĂ©cĂ©dent. La pression devient :

p =F

A=

2mv

dt

1

Anv Avdt

1

6=

1

3

N

Vmv2

Remarque : dans le cadre de la théorie de Maxwell, sur la courbe tracée dans le premier paragraphe,appelée maxwellienne, le maximum est atteint pour :

vM =

√

2kBT

m

La valeur moyenne que nous noterons < v >N , vaut quant-Ă -elle :

< v >N=

∫ ∞

0

vdP (v) = 2

√

2kBT

πm=

2√πvM

et pour la valeur quadratique moyenne, nous avons :

< v2 >N=

∫ ∞

0

v2dP (v) =3kBT

m6=< v >2

N

33

Page 44: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsII.2.c EffusionConsidérons un récipient, de volume V , contenant N0 particules à la température T qui se vide

(effusion = action de répandre) dans un récipient trÚs grand ne contenant aucune particule par un tuyaude section a.

V,N,T

section a

VIDE

FIGURE II.5: Schéma de principe.

A l’instant t = 0 s, le rĂ©cipient commence Ă  se vider. La variation du nombre de particules dN est :

dN = −nvavdt1

6= −avN

6Vdt

Ce qui donne en intégrant :

N(t) = N0 exp

(

− t

τ

)

avec τ =6V

av

Ou encore si l’on considùre la pression (p = NkBT/V = p0N(t)/N0) :

p(t) = p0 exp

(

− t

τ

)

34

Page 45: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsCalculons un ordre de grandeur de la durĂ©e caractĂ©ristique τ pour un rĂ©cipient V = 1 L rempli de gaz Ă la tempĂ©rature ambiante T = 300 K se vidant par un tuyau de section a = 1mm2 : τ = 6× 10−3/(10−6×5 102) = 11 s.

Remarque : dans le cadre de la théorie de Maxwell :

< vz >N,sortant=< v >N

4

Il intervient un facteur 1/4 dans le cadre d’une thĂ©orie rigoureuse Ă  comparer avec un facteur 1/6 dansle cadre d’une thĂ©orie simplifiĂ©e.

II.2.d RadiomĂštre de Crookes

Noir

Quantité de mouvement desparticules du gaz

Forces

Photons

FIGURE II.6: Forces radiométriques.

Noir

Quantité de mouvement du photon

Forces de radiation

FIGURE II.7: Forces de radiation.

Pression de radiation

Pour le photon, Ç« = hÎœ = pc. Comme dans le cadre de la thĂ©orie cinĂ©tique des gaz, chaque photoncĂšde Ă  la surface une quantitĂ© de mouvement 2hÎœ

c cos(Ξ) pour une incidence Ξ. Le raisonnement est le

35

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Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsmĂȘme et conduit Ă  la pression de radiation exercĂ©e par le rayonnement isotrope dans une enceinte. Lapetitesse de la pression de radiation, prĂ©vue par Maxwell en 1874, n’a Ă©tĂ© mise en Ă©vidence qu’en 1900par Lebedev car les forces de radiation sont en compĂ©tition avec les forces radiomĂ©triques.

ConsidĂ©rons le radiomĂštre de Crookes, constituĂ© par une ampoule en verre, Ă  gaz trĂšs rarĂ©fiĂ©, conte-nant un moulinet trĂšs mobile Ă  4 ailettes noircies sur une des faces. Si l’on Ă©claire l’appareil, on voit lemoulinet tourner, comme si les faces noircies Ă©taient repoussĂ©es par le gaz environnant. Les faces noir-cies ont une tempĂ©rature supĂ©rieure aux faces non recouvertes. Si la pression est suffisamment faible, lelibre parcours moyen est de l’ordre de grandeur des dimensions de l’appareil. Les molĂ©cules qui viennentfrapper les surfaces sont Ă  la tempĂ©rature des parois et repartent avec une tempĂ©rature correspondantde la face. D’aprĂšs le principe de la conservation de la quantitĂ© de mouvement, l’augmentation de laquantitĂ© de mouvement sur la face noircie n’est pas compensĂ©e sur l’autre face : il y a rotation.

Dans le vide parfait, ces forces radiomĂ©triques n’existent pas. Avec une source de photon visible,on observe expĂ©rimentalement une rotation du dispositif en sens inverse qui s’explique en considĂ©rantque la face noircie absorbe les photons et la pression de radiation est donc moindre que sur la facerĂ©flĂ©chissante (les photons rebondissent et cĂšdent une quantitĂ© de mouvement double par rapport Ă l’absorption).

ConclusionLa thĂ©orie cinĂ©tique des gaz parfaits permet de relier une grandeur microscopique, la vitesse d’une

particule, Ă  une grandeur macroscopique, la pression. Avec la loi des gaz parfaits, on en dĂ©duit le lienentre vitesse et tempĂ©rature. Une particule se dĂ©place Ă  une vitesse similaire Ă  la vitesse du son. Le mo-dĂšle retenu est extrĂȘmement simplifiĂ©, en particulier au niveau mathĂ©matique mais prĂ©sente l’avantaged’obtenir des ordres de grandeurs tout-Ă -fait satisfaisants. Le radiomĂštre de Crookes est une application

36

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Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cou

rsamusante montrant un transfert de quantitĂ© de mouvement qui dĂ©pend de la tempĂ©rature. La loi de Max-well dĂ©crit trĂšs bien l’atmosphĂšre mais pas les flux de particules provenant du soleil. Il faut donc dansces cas-lĂ  utiliser les bases de donnĂ©es pour calculer les grandeurs macroscopiques.

37

Page 48: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Exe

rcic

esExercice 1: Fuite dans une cabine spatialeUne capsule spatiale rĂ©gulĂ©e en tempĂ©rature Ă  T = 293K contient 10 m3 d’air assimilable Ă  un gaz

parfait (R = 8,315 J.mol−1.K−1 de masse molaire M = 29 g.mol−1). Une fuite provoque une chute depression Ă  l’intĂ©rieur de la capsule de pi = 105 Pa Ă  p = 0,8 105 Pa en 10 minutes.On adopte le modĂšle du gaz parfait simplifiĂ© suivant :

– la norme v de la vitesse de toutes les molecules est identique, Ă©gale Ă  la vitesse quadratiquemoyenne v =

√

3RT/M .– dans tous les Ă©lĂ©ments de volume, les vecteurs vitesses des atomes sont parallĂšles Ă  l’une des 3

directions (avec 2 sens possibles), avec un sixiÚme des molécules pour une direction et un sens.

1. Soit N(t) le nombre de molĂ©cules dans la capsule. Evaluer le nombre dN de molĂ©cules de gaz quis’échappent entre les instants t et t+ dt.

2. En dĂ©duire la loi d’évolution de la pression en fonction du temps.

3. Quelle est le diamĂštre d du trou par oĂč s’échappe l’air ?

Exercice 2: Effusion gazeuseUn rĂ©cipient est constituĂ© de 2 compartiments de mĂȘme volume V = 20 L maintenus Ă  la tempĂ©rature

T = 293 K. Une mole de gaz parfait (M = 28 g.mol−1) remplit le compartiment (1) ; le compartiment (2)est vide. A l’instant t = 0 s, on ouvre une ouverture de section a = 1mm2 entre les 2 rĂ©cipients. OnĂ©tudie le passage du gaz entre le compartiment (1) et le compartiment (2), phĂ©nomĂšne que l’on appelleeffusion gazeuse. On note N1(t) et N2(T ) les nombres de molĂ©cules dans les compartiments (1) et (2).On adopte le modĂšle du gaz parfait simplifiĂ© suivant :

38

Page 49: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Exe

rcic

es

vx

trou desection

a

Compartiment(1)

Compartiment(2)

initialementvide

FIGURE II.8: Configuration de l’expĂ©rience.

– la norme v de la vitesse de toutes les molĂ©cules est identique, Ă©gale Ă  la vitesse quadratiquemoyenne.

– dans tous les Ă©lĂ©ments de volume, les vecteurs vitesses des molĂ©cules sont parallĂšles Ă  l’une des3 directions (2 sens), avec un sixiĂšme des molĂ©cules dans chaque orientation.

1. Pour l’azote, comparer la vitesse quadratique moyenne v =√

3RT/M Ă  la cĂ©lĂ©ritĂ© du son c =√

ÎłRT/M . Applications numĂ©riques pour l’azote (M = 28 g.mol−1) Ă  tempĂ©rature ambiante avecÎł = 1, 4.

2. Etablir l’expression du nombre dN1→2 de molĂ©cules contenues dans le compartiment (1) Ă  l’instantt et traversant la surface a vers le compartiment (2) entre les instants t et t + dt. MĂȘme questionpour le nombre dN2→1 de molĂ©cules.

3. En déduire les expressionsdN1

dtet

dN2

dten fonction de N1, N2, a, v et V .

4. Etablir les expressions de N1(t) et N2(t). Commenter les valeurs limites de N1 et N2. Faire appa-

39

Page 50: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Exe

rcic

esraĂźtre une constante de temps τ caractĂ©ristique du phĂ©nomĂšne observĂ© et proposer une applicationnumĂ©rique. R = 8, 3145 J.K−1.mol−1.

40

Page 51: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cor

rigésCorrection 1: Fuite dans une cabine spatiale

1. On considĂšre un Ă©lĂ©ment de volume de section a, de longueur vdt. Il a donc un volume avdt. Lenombre de molĂ©cules prĂ©sentes Ă  l’intĂ©rieur est fonction de la densitĂ© N/V , V Ă©tant le volumedu grand rĂ©servoir et donc considĂ©rĂ© comme constant. A l’intĂ©rieur de ce petit volume, il y a doncavdtN/V molĂ©cules. Sur toutes ces molĂ©cules, seul 1/6 des molĂ©cules vont dans la bonne directionet le bon sens. Ces molĂ©cules quittent la capsule V et sont donc comptĂ©es nĂ©gativement :

dN = − (avdt)N

V

1

6

2. Cette Ă©quation diffĂ©rentielle se rĂ©sout de deux façons possibles, soit en cherchant des solutionsd’un type prĂ©dĂ©fini, soit en utilisant la mĂ©thode de sĂ©paration des variables. Elle prend donc unedes deux formes suivantes :

dN

N= − (avdt)

1

V

1

6= − av

6Vdt ou

dN

dt= − (av)

N

V

1

6= − av

6VN

– ConsidĂ©rons des solutions en N = Aexp(−t/τ), on utilise l’équation dNdt = − av

6V N qui nousconduit Ă  :

dN

dt= −N

τ⇒ τ =

6V

av

Pour t = 0 s, N = N0 d’oĂč N(t) = N0 exp(−t/τ).– En utilisant l’équation Ă  variables sĂ©parĂ©es dN

N = − av6V dt = −dt

τ , il faut intĂ©grer

[ln(N â€Č)]NN0

= −1

τ[tâ€Č]

tt=0 ⇔ ln

(

N

N0

)

= − t

τ

41

Page 52: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cor

rigĂ©savec τ = 6V

av . Pour éliminer le logarithme népérien, on utilise la fonction réciproque exp :

exp

(

ln

(

N

N0

))

=N

N0= exp

(

− t

τ

)

d’oĂč le mĂȘme rĂ©sultat que prĂ©cĂ©demment : N(t) = N0 exp(−t/τ).Application numĂ©rique : v =

√

3× 8, 3145× 293/29 10−3 = 502 m.s−1

Comme pV = nRT = NkbT , on en déduit :

p(t) = p0 exp

(

− t

τ

)

3. On extrait la durée caractéristique de la variation de pression :

τ = − t

ln(

ppi

) = − 10× 60

−0.2231= 2, 7 103 s

Comme v=502 m.s−1, on en dĂ©duit l’aire a du trou :

a =6V

τv=

6× 10

2700× 502= 4, 43× 10−5 m2 = 44mm2

et finalement le diamĂštre d :

d =

√

4a

π= 7, 5mm

42

Page 53: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cor

rigésCorrection 2: Effusion gazeuse

1. La vitesse quadratique est dĂ©finie Ă  partir de la translation, que la molĂ©cule soit monoatomique oudiatomique, l’expression est la mĂȘme. Par contre, pour la vitesse de propagation du son, il n’en estpas de mĂȘme. Pour le diazote, la vitesse quadratique moyenne v vaut :

v =

√

3× 8, 3145× 293

28 10−3= 511m.s−1

et la vitesse du son c vaut :

c =

√

1, 4× 8, 3145× 293

29 10−3= 349m.s−1

2. La question ne se référant à aucun des deux récipients, nous exprimons le nombre de moléculesconcernées donc un nombre positif :

dN1→2 =1

6(avdt)

N1

V

et

dN2→1 =1

6(avdt)

N2

V

3. Il faut faire des bilans, nous avons :

dN1 = −dN1→2 + dN2→1 =avdt

6

N2 −N1

V

et du fait de la conservation de la matiĂšre :

dN2 = −dN1

43

Page 54: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cor

rigĂ©sd’oĂč :

dN1

dt= −dN2

dt=

av

6V(N2 −N1)

4. Nous avons deux conditions, la condition initiale avec N1 = NA, nombre d’Avogadro et N2 = 0et la condition finale avec N1 = N2 = NA/2. A tout instant, la conservation de la matiĂšre nousindique que N1 +N2 = NA. Pour rĂ©soudre ce systĂšme d’équations diffĂ©rentielles, nous avons deuxpossibilitĂ©s, soit remplacer N2 par NA −N1 dans la premiĂšre Ă©quation, conduisant Ă  :

dN1

dt=

av

6V(NA − 2N1)

soit travailler sur N1−N2 et effectuer un changement de variable N = N1−N2. Nous allons utiliserla premiĂšre mĂ©thode, rĂ©soudre dN1

dt = av6V (NA − 2N1). L’équation sans second membre vaut :

dN1

dt=

av

6V(−2N1)

donc la solution est :N1(t) = A exp(−t/τ) avec τ = av3V . Il convient de remarquer le 3 dans l’expres-

sion de τ , ce qui le diffĂ©rencie de l’exercice prĂ©cĂ©dent.L’équation particuliĂšre :

0 =av

6V(NA − 2N1)

nous donne :

N1 =NA

2La solution générale, somme de la solution particuliÚre et de la solution sans second membre,donne :

N1(t) = A exp

(

− t

τ

)

+NA

2

44

Page 55: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre II: Etude microscopique des gaz

Cor

rigésA t = 0 s, N1(0) = NA = A+ NA

2 d’oĂč A = NA

2 . A t=∞, N1(∞) = NA

2 est sans intĂ©rĂȘt. On en dĂ©duit :

N1(t) =NA

2

(

1 + exp

(

− t

τ

))

Et :

N2(t) = NA −N1(t) =NA

2

(

1− exp

(

− t

τ

))

Application numĂ©rique : v a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© calculĂ©e prĂ©cĂ©demment et vaut v =√

3× 8, 3145× 293/28 10−3 =

511 m.s−1. Pour τ , il faut faire attention au facteur 3 : τ = 3×20 10−3

10−6×511 = 117 s ≈ 2 min.

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Page 56: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

IIIPression dans les liquides et aux interfaces

AprĂšs avoir dĂ©crit la pression dans un gaz, il est naturel de s’interroger sur ce concept dans un liquide.Historiquement, la transmission de la pression dans un liquide (science de l’hydrolique) Ă©tait utilisĂ©e

au moyen-Ăąge. La pression en fonction de la profondeur dans les ocĂ©ans par exemple. Pour une fossede 10 km, la pression vaut ... 1001 bar, 1001 fois la pression atmosphĂ©rique, ce qui est considĂ©rable.Pourtant, il existe encore des Ă©tudes sur la pression, en particulier sur la tension nĂ©gative. En effet,autant une pression nĂ©gative n’a aucun sens pour un gaz, autant cette notion s’est imposĂ©e au chercheurpour le liquide. Une colonne d’eau trĂšs Ă©levĂ©e peut exister si l’on est capable d’assurer la cohĂ©sion del’ensemble et en particulier du sommet de la colonne. La moindre crĂ©ation de bulle de vapeur d’eaufera irrĂ©mĂ©diablement descendre la colonne Ă  une hauteur de 10 m, c’est-Ă -dire Ă  une pression nulleau-dessus de la colonne d’eau.

L’eau pure n’est pas la seule intĂ©ressante pour le vivant. En effet, souvent dans les cellules, un pour-centage de solutĂ© est prĂ©sent, ce qui en modifie les propriĂ©tĂ©s. Nous traiterons le phĂ©nomĂšne d’osmosed’un point de vue empirique pour finalement en donner une explication correcte dans le chapitre sur les

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Page 57: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rspotentiels et fonctions d’état.L’eau posĂ©e sur une surface ne s’étale pas complĂštement (sauf en cas de mouillage total), ce qui est

dĂ» Ă  la tension superficielle. A la courbure, est associĂ©e une discontinuitĂ© de pression. Nous dĂ©crirons cephĂ©nomĂšne gouvernant tout Ă  petite Ă©chelle (quand les effets de la gravitĂ© ne sont pas dominants) et irontloin dans la description car il est fondamental en biologie. C’est d’ailleurs les analyses des biologistesqui sont Ă  l’origine de bien des progrĂšs dans ce domaine.

Le domaine des solides fait l’objet de nombreuses recherches. Pour un solide isotrope, il faut consi-dĂ©rer la forme de la contrainte et se servir du module d’Young et du coefficient de Poisson (domaine dela mĂ©canique) ; pour un solide anisotrope, il est nĂ©cessaire de considĂ©rer les tenseurs, c’est-Ă -dire detenir compte des propriĂ©tĂ©s du matĂ©riau en fonction des directions de l’espace (domaine de la physiquedes solides) et pour les pressions Ă©levĂ©es, on fait appel Ă  l’équation d’état de Murnaghan (domaine dela gĂ©ologie). Nous n’en dirons pas plus.

La pression est un paramùtre trùs important car il est facile de le faire varier, d’en mesurer les effets,et d’en tenir compte dans un modùle.

47

Page 58: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsIII.1 Unités de pressionIII.1.a Référence au mercure

Le torr (symbole Torr) ou millimĂštre de mercure (symbole mmHg) est une unitĂ© de mesure de lapression initialement dĂ©finie comme la pression exercĂ©e Ă  0 ◩C par une colonne de 1 millimĂštre demercure. Elle est depuis dĂ©finie par le bureau international des poids et mesures comme 1 mmHg =133, 322 Pa.

Dans le cadre de la mĂ©decine, le cm de mercure permet d’exprimer la tension ou pression artĂ©rielle.Cette pression artĂ©rielle est exprimĂ©e par 2 mesures, la pression maximale dite systolique au momentde la contraction du coeur et la pression minimale dite diastolique au moment du relĂąchement du coeur.

III.1.b Autres unitĂ©s usitĂ©esATA : atmosphĂšre absolue. L’atmosphĂšre est une ancienne unitĂ© de pression. On a : 1 atm= 98066, 5

Pa (valeur exacte) = 0, 980665 barp.s.i. : pound per square inch (livre par pouce carré, lb/in2), est une unité de mesure de pression anglo-

saxonne. On a : 1 p.s.i. = 6894 Pa = 0, 06894 bar. Cette indication est présente sur les pneumatiques.

III.2 Pression dans une colonne de liquideIII.2.a Evolution de la pression en fonction de l’altitude

La pression diminue lorsque l’altitude augmente. Nous avons vu :

dp

dz= −ρg

48

Page 59: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsSi la pression vaut p0, quelle hauteur est associĂ©e Ă  une surpression Ă©quivalente Ă  p0 ? Il faut descendreĂ  une profondeur de : h=p0/(gρ), soit approximativement 10 m pour l’eau. Dans le cas d’une colonne demercure, la masse volumique vaut 13, 54 kg.L−1, la hauteur vaut alors 763 mm de Hg.

III.2.b Tube retournéConsidérons un tube retourné, si celui-ci est suffisamment long, la pression est imposée uniquement

par la zone de contact avec l’air, elle vaut donc p0 Ă  la base du tube. La pression diminue au fur et Ă mesure que l’on monte dans le tube. Si le tube est assez long, Ă  la hauteur correspondant Ă  p0 ≈ 0 Pa,une sĂ©paration apparaĂźt avec au-dessus le vide (en rĂ©alitĂ©, c’est la pression de vapeur saturante qu’ilfaut considĂ©rer, ce qu’on verra dans la partie transition de phases). Cette observation expĂ©rimentale apermis de construire dans le passĂ© des manomĂštres au mercure.

III.2.c Sciences du vivant, observation expĂ©rimentaleUn arbre est constituĂ© de racines, siĂšges d’une poussĂ©e liĂ©e Ă  la pression osmotique, de feuilles oĂč

l’évaporation est trĂšs importante et assure la circulation d’eau. L’eau monte Ă  plus de 60 m. L’utilisationde traceurs radioactifs a montrĂ© la continuitĂ© de la colonne d’eau. L’idĂ©e que l’on ne peut pas dĂ©passer10 m est donc invalidĂ©e par l’expĂ©rience.

III.2.d Eau sous tension : expĂ©rience de BöhmEn fait, l’essentiel de la sĂšve s’évapore dans l’atmosphĂšre au niveau des feuilles. Un analogue de

ce mode de transport de la sĂšve est donnĂ© par l’expĂ©rience de J. Böhm (1893). Un rĂ©cipient, en argileporeuse, est plongĂ© dans un bain d’eau bouillante. Lorsque l’on retire le bain bouillant, on constate

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Page 60: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsque l’eau tire une colonne de mercure pouvant atteindre 1 m de hauteur. La pression est nĂ©gative au

Mercure

EaummHg

1000760

0Argileporeuse

FIGURE III.1: Expérience de Böhm.

niveau de l’interface eau/mercure. Cet Ă©tat est un Ă©tat mĂ©tastable car si une bulle apparaissait dansl’eau, la continuitĂ© de la colonne serait rompue. L’expĂ©rience de Böhm montre que l’eau liquide peut ĂȘtrestable sous traction. Pour Ă©valuer quelle tension (force de traction par unitĂ© de surface) l’eau liquide peutsupporter sans se rompre, les expĂ©riences, avec des ultra-sons, ont montrĂ© une limite de : −26 MPa Ă 0 ◩C et −16 MPa Ă  80 ◩C . L’apparition de bulles est appelĂ©e cavitation et fait toujours l’objet d’études. Lanotion de pression nĂ©gative dans le cas d’un gaz n’a aucun sens !

III.3 DiffĂ©rence de pression liĂ©e Ă  la diffusion : pression o smotiqueLa diffusion de l’eau se fait de l’endroit oĂč l’eau est la plus concentrĂ©e vers les endroits oĂč l’eau est

la moins concentrĂ©e. En prĂ©sence d’une membrane semi-permĂ©able que seul le solvant peut traverser,

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Page 61: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsapparaĂźt une surpression, notĂ©e π et appellĂ©e pression osmotique, qui s’exerce dans la zone contenantle solutĂ©.

Soit xk la fraction molaire de solutĂ© (nombre de molĂ©cules de solutĂ© sur nombre total de molĂ©culess’identifiant au nombre de molĂ©cules du solvant) et ck la concentration en solutĂ© en unitĂ© SI (mol.m−3),on montre que la pression osmotique s’exprime selon :

π =RT

Vmxk = RT

nk

Vmn=

RTnk

V= RTck

Solvant purp0

p0+

Solvant+soluté

FIGURE III.2: Pression osmotique Ă  l’interface semi-permĂ©able.

Exemple : ck = 0, 03mol.L−1 donne π = 8, 31× 273× 0, 03× 1000 = 67 kPa = 0, 67 bar

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Page 62: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsConcentration (mol.L−1) Pression osmotique (bar) expĂ©rimentale π Ă  T = 273 K πth(bar)0, 03 0, 67 0, 670, 1 2, 72 2, 680, 37 10, 82 10, 11

TABLE III.1: Pression osmotique pour une solution aqueuse de sucrose.

III.4 Tension superficielleLa tension superficielle est un phĂ©nomĂšne peu abordĂ© qui revĂȘt une importance capitale aussi bien

en physique qu’en biologie et en chimie. L’observation du contact d’une goutte avec une surface donnedes informations quant-Ă  la surface et est une technique de mesure simple trĂšs utilisĂ©e. L’ascension d’unliquide comme l’eau dans un capillaire de verre, connue sous le nom de loi de Jurin, a Ă©tĂ© rapportĂ© dĂšsle XVIe siĂšcle par LĂ©onard de Vinci.

III.4.a Travail de surfaceLe travail de surface reçu pour augmenter la surface A de dA, en conservant le mĂȘme volume V

contenant le mĂȘme nombre de moles n du constituant du liquide est :

ÎŽW = ÎłdA

Il y a au niveau de la surface un dĂ©sĂ©quilibre des forces exercĂ©es par l’environnement pour les mo-lĂ©cules. En effet, la phase liquide provient d’interaction attractive entre les molĂ©cules. Il manque desinteractions en surface.

Îł est une Ă©nergie de cohĂ©sion par unitĂ© de surface et s’exprime en J.m−2. Dans l’air, on devraitnoter ÎłLV , Ă©quilibre du liquide avec sa vapeur saturante mais pour ne pas alourdir les formules, LV , est

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Page 63: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rs

FIGURE III.3: Forces ressenties par les molécules dans un liquide et en surface.

toujours omis. S’il n’y a pas de vapeur d’eau dans l’air au voisinage de la surface, la vaporisation conduitĂ  un gradient de vapeur d’eau et la valeur dĂ©terminĂ©e reste la mĂȘme. De la mĂȘme façon, dans l’huile ouun fluide non miscible, on indicerait par LO. L’analyse plus dĂ©taillĂ©e conduit aux rĂšgles combinatoires,du paragraphe suivant qui permettent de comprendre et traiter tous les cas. Les ordres de grandeursusuels sont en 10−3 J.m−2. On exprime donc le paramĂštre de la tension superficielle Îł en mJ.m−2.

III.4.b Forces de tension superficielle ou capillairesSi l’on plonge dans un liquide le dispositif constituĂ© d’un cadre rigide et d’une tige mobile, en le

retirant, on constate une contraction du film, c’est-Ă -dire que la tige mobile se dĂ©place spontanĂ©mentdans le sens de la flĂšche pour diminuer sa surface.

Si l’on dĂ©place la tige de dx, l’opĂ©rateur fournit le travail ÎŽW , qui est le travail reçu par le liquide :

ÎŽW = ~Fext.d~xext = ÎłdA = 2Îłldx

Le 2 provient des 2 interfaces avec la tige. dA est ici la variation de l’aire totale de l’interface, il y a une

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Page 64: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rs

dx l

FIGURE III.4: Force exercée par le film de liquide.

aire au-dessus et une aire en dessous.Remarque : Îł est une force par unitĂ© de longueur et pourrait s’exprimer en N.m−1 comme la constantede raideur K d’un ressort. Cette approche peut conduire Ă  des erreurs car l’énergie associĂ©e n’est pasproportionnelle Ă  l’élongation au carrĂ© mais Ă  la surface, ce qui renvoie Ă  l’origine microscopique de ceparamĂštre.

III.4.c Discontinuité de la pression : loi de Laplace (1804)Cas simple :

Une sphĂšre de liquide, de rayon r, de pression interne pi et de pression externe pe, subit une aumen-tation de rayon dr Ă  nombre de moles constant. On suppose pour simplifier le problĂšme que l’extĂ©rieurest l’air. Le systĂšme est en Ă©quilibre et le travail s’exprime selon ÎŽW = −pdV (voir chapitre suivant).Pour la partie interne : ÎŽW = −pidVi et pour la partie externe ÎŽW = −pedVe. Il faut faire attention car ladĂ©finition gĂ©nĂ©rale du travail fait intervenir une pression extĂ©rieure au systĂšme, ce qui n’est pas le cas ici.

54

Page 65: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsLe systĂšme est constituĂ© de l’intĂ©rieur et de l’extĂ©rieur et nous sommes en Ă©quilibre. Une autre notationĂ©viterait une possible confusion mais serait moins explicite.

ήW = − (pi − pe) dVi + γdA

A l’équilibre mĂ©canique, ÎŽW = 0 :

0 = − (pi − pe) 4πr2dr + Îł8πrdr

Soit :

∆p = pi − pe =2γ

r

Généralisation :

La gĂ©nĂ©ralisation Ă  une surface quelconque (qui est dĂ©finie par 2 rayons de courbure qui peuvent nepas ĂȘtre Ă©gaux) conduit Ă  la loi de Laplace :

∆p = pi − pe = γ

(

1

R+

1

Râ€Č

)

R est un rayon algĂ©brique qui peut ĂȘtre positif ou nĂ©gatif en fonction de la courbure. r est un rayon positifdans les notations retenues. Pour dĂ©terminer le signe du rayon de courbure, il vaut mieux mĂ©moriser uncas concret et s’y rĂ©fĂ©rer. Sinon, nous pouvons utiliser la dĂ©finition classique valable aussi en optique.Soit S un point sur la surface et C le centre de courbure, le rayon de courbure vaut : ~R = ~SC. Il fautmaintenant tenir compte du milieu, ce qui change par rapport Ă  l’optique (on prend le sens de la lumiĂšreet on projette). Soit la normale Ă  l’interface ~N allant du liquide considĂ©rĂ© vers l’extĂ©rieur, si les deux

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Page 66: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsvecteurs sont de mĂȘme orientation, R est nĂ©gatif sinon R est positif. Si maintenant, le rayon de courbureest dĂ©fini par le vecteur ~R = ~CS, cela devient l’inverse ...

Applications :

– Appliquons la loi de Laplace au cas d’une bulle de savon : aux 2 interfaces, nous avons :

pâ€Či − pi =−2Îł

ret pâ€Či − pe =

2Îł

rConduisant Ă  :

∆p = pi − pe =4γ

r

pe

R>0Np i

p’i

NR<0

FIGURE III.5: Bulle.

– Pour une surface libre entre 2 anneaux par exemple, la loi de Laplace conduit à la condition :

1

R+

1

Râ€Č = 0

La courbure moyenne est alors nulle. La surface localisée entre 2 anneaux correspond à un caté-noïde (du latin Catena, chaßne), de surface minimale.

56

Page 67: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rs– La loi de Jurin relie la montĂ©e h d’un liquide dans un capillaire au rayon de courbure de l’interfaceliquide-air au sommet ou au rayon du tube r et Ă  l’angle de contact Ξe.

rz

0

h

FIGURE III.6: Loi de Jurin.

Dans le cas d’un mouillage parfait, Ξe = 0 et la valeur absolue du rayon de courbure se confondavec le rayon du tube. La disparition des paramĂštres de la surface ne doit pas faire oublier que c’estcette surface qui assure la montĂ©e du liquide.HypothĂšse : on ignore la forme du mĂ©nisque, c’est-Ă -dire que la hauteur atteinte h est trĂšs grandedevant r.Il est possible de dĂ©montrer la loi de Jurin Ă  partir de considĂ©ration Ă©nergĂ©tique (dĂ©licat) ou Ă partir d’un raisonnement sur la pression (simple). A partir de la loi de Laplace et de la relation del’hydrostatique, nous avons :

pi − pe =2γ

R= −2γ cos ξe

ret pi − pe = −ρgh

conduisant Ă  :

h =2γ cos Ξe

ρgr

57

Page 68: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsDans le cas de l’eau, pour r = 1 m, h ≈ 14”m, ce qui est nĂ©gligeable. Par contre, pour r = 1 ”m,h ≈ 14 m !

III.4.d Origine physique et ordre de grandeurForces Lifshift-van der Waals

A l’aide de l’approche de Lifschitz pour les interactions de van der Waals en milieu aqueux, les com-posantes d’induction (Debye=dipĂŽle induit), dipolaire (Keesom) et de dispersion (London, interactionĂ©lectronique comme dans les gaz rares se condensant) sont additives et l’on Ă©crit :

ÎłLW = ÎłL + ÎłD + ÎłK

En effet, comme elles ont une mĂȘme dĂ©croissance en fonction de la distance (en r−6 pour l ≀ 10 nm),elles peuvent ĂȘtre traitĂ©es ensemble comme le total des interactions apolaires. Pour les interactions pu-rement Lifshift-van der Waals entre 2 composĂ©s (apolaires) 1 et 2, la rĂšgle combinatoire permet d’écrire :

ÎłLW12 =

(

√

γLW1 −

√

ÎłLW2

)2

= ÎłLW1 + ÎłLW

2 − 2√

ÎłLW1 ÎłLW

2

La tension interfaciale entre deux phases condensĂ©es est donc toujours positive. Pour avoir un meilleuraccord avec l’expĂ©rience, on introduit, si nĂ©cessaire, un paramĂštre d’interaction variant entre 0, 98 et 1devant le dernier terme en racine.

Interactions polaires

En milieu aqueux, les interactions sont principalement polaires. Le paramÚtre de la tension superfi-cielle se décompose alors en une partie apolaire (LW) et une partie polaire. Le concept acide-base de

58

Page 69: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsLewis (accepteur et donneur d’électrons) remplace le terme flou de courte portĂ©e introduit Ă  l’origine.

Îł1 = ÎłLW1 + ÎłAB

1

Le paramĂštre acide-base provient donc de 2 donnĂ©es, le paramĂštre accepteur d’électrons γ− et le para-mĂštre donneur d’électrons Îł+. La partie de la tension superficielle acide-base s’écrit :

ÎłAB1 = 2

√

γ−γ+

Pour les interactions purement acide-base entre 2 composĂ©s 1 et 2, la rĂšgle combinatoire permetd’écrire :

ÎłAB12 = 2

(

√

γ+1 −

√

γ−2

)(

√

γ−1 −

√

Îł+2

)

Interaction entre 2 milieux polaires

En combinant les deux origines :

Îł12 =

(

√

γLW1 −

√

ÎłLW2

)2

+ 2

(

√

γ+1 −

√

γ−2

)(

√

γ−1 −

√

Îł+2

)

Dans ce cas, la tension interfaciale entre 1 et 2 peut ĂȘtre nĂ©gative. Si elle est positive, elle indique lastabilitĂ© de 1 immergĂ© dans 2. Si elle est nĂ©gative, elle indique la solubilitĂ© de 1 dans 2.

Valeurs numériques des tensions superficielles

Dans le tableau suivant sont reportĂ©es les valeurs des paramĂštres des tensions superficielles pourquelques liquides Ă  20 ◩C.

59

Page 70: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cou

rsnom γ (mJ.m−2) γLW (mJ.m−2) γAB (mJ.m−2) γ+ (mJ.m−2) γ− (mJ.m−2)

eau 72, 8 21, 8 51, 0 25, 5 25, 5glycerol ou glycérine 64, 0 34, 0 30, 0 3, 92 57, 4

hexane 18, 4 18, 4 0 0 0

Pour l’eau (Îł2 = 72, 8mJ.m−2), en prenant des liquides organiques avec Îł1 ∈ [20 − 30]mJ.m−2, latension interfaciale Îł12 mesurĂ©e est comprise entre [1, 7− 51]mJ.m−2 prouvant l’importance de la priseen compte de la rĂšgle combinatoire pour les parties apolaires et polaires.

ConclusionLa pression dans un liquide est un paramĂštre fondamental mais comme les particules sont en forte

interaction, plusieurs nouveaux phĂ©nomĂšnes apparaissent. L’eau peut exister sous tension, c’est-Ă -diresous pression nĂ©gative, concept nouveau n’ayant pas de sens avec les gaz. En prĂ©sence d’une dif-fĂ©rence de concentration en solutĂ©, la pression des deux cĂŽtĂ©s d’une interface est diffĂ©rente. Elle estgouvernĂ©e par la diffusion du solutĂ© dans le liquide. Une courbure de l’interface est associĂ©e Ă  un sautde pression, suivant la loi de Laplace. La tension superficielle est une manifestation macroscopique dephĂ©nomĂšnes Ă  l’échelle atomique, forces de van der Waals et interaction type acide-base de Lewis. Ilfaut les prendre en compte lorsque l’on a 2 liquides et une interface courbe. Dans le cas des cellules, lamembrane ne se comporte pas comme un liquide simple et une analyse plus dĂ©taillĂ©e est nĂ©cessaire.

60

Page 71: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Exe

rcic

esExercice 1: MontĂ©e de la sĂšve dans les arbres (d’aprĂšs concou rspolytechnique 2001)

La transpiration foliaire est le principal facteur de la montĂ©e de la sĂšve chez les grands arbres. Afinde s’assurer que c’est la facteur principal, on Ă©value tous les autres mĂ©canismes.

On admettra que la sĂšve brute est une solution si diluĂ©e que ses propriĂ©tĂ©s physiques sont celles del’eau pure. La tempĂ©rature T sera prise Ă©gale Ă  20 ◩C.DonnĂ©es numĂ©riques :

– AccĂ©lĂ©ration de la pesanteur g = 9, 81m.s−2

– Constante des gaz parfaits R = 8, 3145 J.K−1.mol−1

– Pression atmosphĂ©rique normale 1, 01325 bar = 0, 101325MPa = 760 mm Hg– Masse volumique de l’eau Ă  20◩C = 0, 99821 g.cm−3

– Tension superficielle de l’eau à 20◩C = 72, 75× 10−3N.m−1

– DiamĂštre des canaux de xylĂšne (bois) d = 50”m (conifĂšres) Ă  400”m(chĂȘne)– Masses molaires en g pour C, H et O : 12, 1 et 16.

1. La poussée atmosphérique

(a) En supposant que l’eau est incompressible, quelle est la pression p(h) au sommet d’une co-lonne d’eau de hauteur h et dont la base est Ă  la pression atmosphĂ©rique p0 ?

(b) Application numĂ©rique : Quelle hauteur maximale hA peut atteindre l’eau soumise Ă  une aspi-ration sous vide ?

2. La capillarité

(a) On considĂšre une goutte de liquide, sphĂ©rique, de rayon r, Ă  l’équilibre avec l’air environnantde pression uniforme p0 ; soit pi la pression au sein de la goutte.

61

Page 72: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Exe

rcic

esi. Donner l’expression de pi en fonction de p0, γ et r.

ii. Application numĂ©rique : Ă  partir de quel rayon la pression au sein d’une goutte d’eau est-ellesupĂ©rieure de 1% Ă  la pression atmosphĂ©rique ?

(b) Lorsque l’on plonge un tube de verre trĂšs propre, cylindrique et de faible diamĂštre d, dans unliquide, on constate que le liquide s’élĂšve dans le tube d’une hauteur h. Le mĂ©nisque a la formed’une calotte sphĂ©rique qui se raccorde aux parois avec un angle Ξe.

eh d

FIGURE III.7: Capillarité.

i. En calculant la pression du liquide sous le ménisque de deux façons différentes, relier h àd2 cos Ξe et à la grandeur λC =

√

Îł

ρgdont on donnera la dimension et que l’on interprĂ©tera.

ii. Que se passe-t-il si Ξe >π

2?

iii. Application numĂ©rique : calculer λC pour l’eau. De quelle hauteur hC la sĂšve brute peut-elles’élever par capillaritĂ© dans les canaux de xylĂšne qui la transportent (Ξe = 0) ?

62

Page 73: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Exe

rcic

es3. L’osmoseLa sĂšve brute contient en gĂ©nĂ©ral moins d’un gramme par litre de minĂ©raux divers (ions Na+, Cl−,K+, HCO−

3 , ...) et parfois des substances organiques.

(a) Estimer la pression osmotique de la sĂšve brute par rapport Ă  l’eau pure en considĂ©rant uneconcentration de 1 g.L−1 et < M >= 30 g.mol−1.

(b) Certains arbres, comme l’érable, ont au dĂ©but du printemps, une sĂšve riche en sucres : laconcentration de disaccharides (formule brute : C12(H2O)11) peut alors atteindre 20 Ă  30 g.L−1.Quelle est alors la pression osmotique de la sĂšve brute par rapport Ă  l’eau pure ?

(c) ExpĂ©rimentalement, on constate qu’à la base des vĂ©gĂ©taux, la sĂšve brute est bien Ă©mise souspression : on trouve des pressions de l’ordre de 1 bar et plus, en excĂšs par rapport Ă  la pressionatmosphĂ©rique. Est-il raisonnable de considĂ©rer cette poussĂ©e radiculaire comme Ă©tant pourune large part de nature osmotique ?

(d) Application numĂ©rique : De quelle hauteur h0 la sĂšve brute peut-elle s’élever sous l’effet de lapoussĂ©e radiculaire ?

4. Expérience de Böhm

En fait, l’essentiel de la sĂšve s’évapore dans l’atmosphĂšre au niveau des feuilles. Par ailleurs, onsait par traçage radioactif qu’il y a continuitĂ© de la colonne d’eau depuis les racines jusqu’auxfeuilles. Un exemple analogue de ce mode de transport de la sĂšve est donnĂ© par l’expĂ©rience deJ. Böhm (1893). Un rĂ©cipient, en argile poreuse, est plongĂ© dans un bain d’eau bouillante. L’eau durĂ©cipient est siphonnĂ©e, par l’intermĂ©diaire d’un tube capillaire, au travers d’une bouteille contenantdu mercure. Lorsque l’on retire le bain bouillant, on constate que l’eau reflue dans le tube en tirantĂ  elle une colonne de mercure qui peut atteindre 1m de hauteur.

63

Page 74: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Exe

rcic

es

Mercure

EaummHg

1000760

0Argileporeuse

FIGURE III.8: Expérience de Böhm.

(a) Quelle est la pression dans le tube au niveau de l’interface eau/mercure (voir figure) ? En quoiest-ce remarquable ?

(b) Expliquer en quelques lignes en quoi cette expérience éclaire le mécanisme de la montée dela sÚve par transpiration.

(c) L’argile poreuse est un entrelacs de pores de tailles et de formes variĂ©es dans lequels existentdes mĂ©nisques entre l’air et l’eau liquide. Quelle doit-ĂȘtre la largeur approximative de ces porespour provoquer une telle dĂ©pression ?

64

Page 75: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cor

rigésCorrection 1: Montée de la sÚve dans les arbres

1. La poussée atmosphérique

(a) La loi de l’hydrostatique donne :dp

dz= −ρg

En intégrant :

[pâ€Č]p(z)p0

= −ρg [zâ€Č]zz0⇒ p(z) = p0 − ρg(z − z0) ⇒ p(h) = p0 − ρgh

(b) Sous vide, on a : p(h) = 0, soit :

h =p0ρg

=105

998× 9, 81= 10, 2m

2. La capillarité

(a) Pression dans la goutte d’eau

i. D’aprùs la loi de Laplace :

pi − p0 =2γ

r⇒ pi = p0 +

2Îł

rLe rayon de courbure est orientĂ© selon le mĂȘme sens que la normale Ă  la surface, d’oĂč lesigne positif.

ii. On a :

pi − p0 = ∆p = 1, 013 105 × 0, 01 =2× 72, 75 10−3

r⇒ r = 1, 44 10−4 = 0, 144mm

65

Page 76: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cor

rigés(b) Loi de Jurin

i. Il faut dans un premier temps déterminer la courbure :

cos(Ξe) =d2

r

e

e

e

2-

e2-

O

r

d/2

FIGURE III.9: Relation entre le diamĂštre et le rayon de courbure.

En appliquant la loi de Laplace, on a :

pi − p0 =2γ

R= −2γ

r= − 2γ

d2

cos(Ξe)

= −2γ cos(ξe)d2

Le rayon de courbure est nĂ©gatif. La pression sous le mĂ©nisque peut aussi ĂȘtre obtenue Ă partir de la loi de l’hydrostatique :

pi − p0 = −ρg(h− 0)

66

Page 77: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cor

rigĂ©sD’oĂč :

ρgh =2Îł cos(Ξe)

d2

⇒ h = 2 cos(ξe)γ

ρg

1d2

= 2 cos(Ξe)λ2Cd2

avec λC =√

ÎłÏg longueur critique, permettant de comparer les effets de tension superficielle

et les effets de gravité. Pour la dimension :[

λ2C

]

= [hd] = L2

donc λC a pour dimension une longueur et s’exprime en m.

ii. Si Ξe >π

2, cos(Ξe) < 0, h est donc nĂ©gatif et le liquide descend. C’est le cas du mercure

avec un capillaire en verre.

iii. Pour l’eau :

λC =

√

Îł

ρg=

√

72, 75 10−3

998× 9, 81= 2, 72mm

La sĂšve brute peut s’élever par capillaritĂ© dans les canaux de xylĂšne qui la transportentavec Ξe = 0 pour les conifĂšres de 59,3 cm (d=50 ”m) et pour le chĂšne de 7,4 cm (d=400”m).

3. L’osmose

(a) Calculons la concentration :

c =1(kg.m−3)

30 10−3(kg.mol−1)= 33, 3mol.m−3

D’oĂč :π = cRT = 33, 3× 8, 3145× 293 = 8, 11 104 Pa = 0, 811 bar

67

Page 78: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cor

rigĂ©s(b) M = 12× 12 + 11× 18 = 342 g.mol−1 d’oĂč c = 30/0.342 = 87, 7mol.m−3 et π = 2, 14 bar

(c) Il est raisonnable de considérer cette poussée radiculaire comme étant pour une large part denature osmotique car on a le bon ordre de grandeur.

(d) Sous poussĂ©e radicalaire, l’eau s’élĂšve dans le cas prĂ©cĂ©dent Ă  :

h0 =π

ρg= 21, 4m

4. Expérience de Böhm

(a) La pression au niveau de l’interface eau/mercure vaut :

p(h) = p0 − ρHggh

On sait que pour la pression atmosphérique :

p0 = ρHggH = 1 bar avec H = 76 cm

D’oĂč :

p(h) = p0

(

1− h

H

)

= −0, 31 bar

L’eau est sous pression nĂ©gative, c’est-Ă -dire sous tension.

(b) Dans un arbre, la transpiration au niveau des feuilles crĂ©e une dĂ©pression qui agit comme unepompe. L’eau est aspirĂ©e et monte dans l’arbre.

(c) D’aprùs la loi de Laplace :

∆p = pi − p0 = −2γ

r

68

Page 79: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre III: Pression dans les liquides et aux interfaces

Cor

rigĂ©sD’oĂč :

r = − 2γ

pi − p0= − 2× 72, 75 10−3

(−0., 31− 1)× 105= 1, 11 10−6 = 1, 11”m

69

Page 80: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

IVPremier principe

La thermodynamique n’introduit pas de nouveau concept d’énergie. Au contraire, elle gĂ©nĂ©ralise etunifie les diffĂ©rentes formes d’énergie introduites dans les diffĂ©rentes disciplines de la physique et de lachimie.

AprĂšs avoir constatĂ© que la chaleur n’était pas constituĂ©e d’un fluide que l’on avait nommĂ© le phlogis-tique, les chercheurs ont finalement Ă©mis l’idĂ©e que la chaleur Ă©tait une forme dĂ©gradĂ©e d’énergie, l’autreforme d’énergie Ă©tant le travail. C’est la somme des deux qui se conserve. Cette observation constituele premier principe.

Pour la nouvelle fonction d’état Ă©nergie interne, U , ce qui est primordial, c’est l’état initial et final.Pour comprendre Ă  quoi correspond cette Ă©nergie, il suffit d’imaginer une boite qui contient un ressortet une masse : l’énergie peut ĂȘtre sous forme d’énergie potentielle (ressort contractĂ©, vitesse de lamasse nulle) ou sous forme d’énergie cinĂ©tique (ressort non compressĂ©, vitesse de la masse maximale).Si maintenant, il y a beaucoup de ressorts, les deux formes sont indissociables. L’énergie interne est

70

Page 81: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rsdonc une forme d’énergie cinĂ©tique et potentielle microscopique. Avec l’énergie interne, il est classiqued’introduire l’enthalpie qui est une autre fonction d’état. Elle permet de considĂ©rer les transformations Ă pression constante, puis de dĂ©finir la capacitĂ© thermique Ă  pression constante et Ă  volume constant. LacalorimĂ©trie, basĂ©e sur les seuls Ă©changes de chaleur, n’avait pas permis de parvenir Ă  l’énergie interne.

Les calculs sont assez simples pour un gaz parfait car l’énergie interne ne dĂ©pend que de la tempĂ©-rature. Nous l’admettrons dans ce chapitre pour le dĂ©montrer dans le chapitre sur les potentiels et lesfonctions d’état.

Connaissant une fonction d’état, il est intĂ©ressant de former un cycle. Le mouvement cyclique corres-pond Ă  un moteur ou un rĂ©cepteur. La rĂ©volution industrielle permit de fabriquer des machines et d’enoptimiser le fonctionnement. Les transformations subies par le gaz au cours du cycle ont Ă©tĂ© reportĂ©essur un diagramme p(V ). Les efficacitĂ©s pour chaque cycle (Diesel, Carnot, Beau de Rochas, ...) ont Ă©tĂ©calculĂ©es et des rĂ©alisations pratiques ont vu le jour. C’est la compacitĂ© des moteurs Ă  explosion qui lesdĂ©veloppa Ă  ce point.

71

Page 82: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rsIV.1 Travail reçuUn systĂšme thermodynamique peut ne pas ĂȘtre en Ă©quilibre du fait de dĂ©sĂ©quilibres internes le

conduisant Ă  une Ă©volution vers un Ă©tat d’équilibre. Un systĂšme en Ă©quilibre interne peut ĂȘtre dĂ©sĂ©quili-brĂ© par des forces externes de deux types et Ă©voluer. Les forces surfaciques s’exercent au niveau de laparoi tandis que les forces volumiques s’exercent sur l’ensemble du systĂšme.

Le travail reçu, notĂ© W pour Work, est dĂ©fini comme le produit d’une force gĂ©nĂ©ralisĂ©e avec la variationdu paramĂštre associĂ©, ce qui s’écrit mathĂ©matiquement :

ÎŽW = Xext.d(xext)

Nous ne nous intĂ©resserons dans le cadre de ce cours qu’aux forces de pression :

ÎŽW = pext.d(Vext)

La variation du volume extĂ©rieur est l’opposĂ© de la variation du volume intĂ©rieur (dVext = −dV ), condui-sant Ă  :

ήW = −pext.dV

Pour aller plus loin et remplacer la pression extérieure pext par la pression p régnant dans le volume, deshypothÚses sur les transformations envisagées seront nécessaires.

IV.2 Chaleur reçueUn systĂšme peut varier sans qu’il ne reçoive d’énergie du milieu extĂ©rieur sous forme de travail.

Tout Ă©change d’énergie ne correspondant pas Ă  un dĂ©placement macroscopique doit donc ĂȘtre qualifiĂ©d’échange d’énergie sous forme de chaleur ou transfert thermique. En pratique, pour avoir un transfert

72

Page 83: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rsthermique, il faut une paroi non adiabatique et un déséquilibre thermique. Le transfert peut se faire parconvection (déplacement de matiÚre), par conduction thermique et par rayonnement (corps noir).

Historique

Dans un premier temps, l’idĂ©e du fluide associĂ© Ă  la chaleur est apparue. Cela devint une simpleforme d’énergie avec l’expĂ©rience de Thompson qui montra que le frottement mĂ©canique pouvait fairebouillir l’eau. Il conclut que le transfert d’une calorie Ă  l’eau demandait 5,5 joules. Joule reprit l’expĂ©rienceet la publia en 1847. La chaleur n’était plus une substance indestructible. La chaleur et le travail peuventĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des manifestations diffĂ©rentes de la mĂȘme quantitĂ© physique : l’énergie.

La version classique de la chaleur est une forme dĂ©sordonnĂ©e d’énergie cinĂ©tique dans le cas dumouvement de particules indĂ©pendantes. Si elles interagissent, il faut tenir compte aussi de l’énergiepotentielle. L’image d’une boite contenant une masse et un ressort permet d’avoir une image correctemais encore simpliste. En physique statistique, dont dĂ©coule la thermodynamique, l’énergie interne estla valeur moyenne (moyenne qui dĂ©pend de la tempĂ©rature) des Ă©nergies microscopiques (translation,rotation, vibration, ...).

IV.3 Premier principe et conservation de l’énergieIl est parfois possible de dĂ©crire une transformation thermodynamique rĂ©elle comme une succession

de transformations Ă©lĂ©mentaires d’amplitude infinitĂ©simale. La somme algĂ©brique des diverses variationsd’énergie est indĂ©pendante du mĂ©canisme de cette transformation. Elle n’est fonction que de l’état initialet de l’état final du systĂšme. Dans le cas simple d’un systĂšme fermĂ©, nous avons :

dU = ÎŽW + ÎŽQ

73

Page 84: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rsRemarques :– dU traduit la variation Ă©lĂ©mentaire de la fonction d’état Ă©nergie interne U entre deux Ă©tats voisins.

D’un point de vue mathĂ©matique, il s’agit d’une diffĂ©rentielle totale exacte.– ÎŽW et ÎŽQ sont simplement des formes diffĂ©rentielles. Les fonctions d’état W et Q n’existent pas,

ce qui justifie des notations diffĂ©rentes.– U est bien Ă©videmment extensif.– Comme U est indĂ©pendant du chemin suivi. Sur un cycle, la variation de U est nulle :

∫

cycle dU = 0– Pour un systĂšme ouvert, il apparaĂźt une contribution additionnelle liĂ©e au flux de matiĂšre

dU = ÎŽW + ÎŽQ+ dUmatiere

IV.4 Coefficients calorimétriquesIV.4.a Capacités thermiques

Lorsqu’un systĂšme thermodynamique quelconque subit une transformation {Tr} non adiabatique leconduisant d’un Ă©tat initial de tempĂ©rature Ti Ă  un Ă©tat final de tempĂ©rature Tf , on appelle capacitĂ©thermique de ce systĂšme pour cette transformation particuliĂšre le rapport de la chaleur reçue par lesystĂšme sur la variation de tempĂ©rature Tf − Ti.

C{Tr} =Q

Tf − Ti

Souvent, on préfÚre avoir des grandeurs molaires ou massiques que nous noterons avec un indice m eten minuscule respectivement :

C{Tr} = nCm{Tr} et C{Tr} = mc{Tr}

74

Page 85: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rsIV.4.b Transformations isochoresLorsque le volume reste invariant, W = 0 et ∆U = Q.

CV =Uf − Ui

Tf − Ti=

∆U

∆T

Cette capacitĂ© ne dĂ©pend pas de la façon dont est rĂ©alisĂ©e la transformation. Il est possible de dĂ©finirCV Ă  partir d’une transformation d’amplitude infinitĂ©simale partant d’un Ă©tat d’équilibre :

CV =

(

∂U

∂T

)

V

IV.4.c Transformations isobaresLorsque la pression est constante, W = −p(Vf − Vi) = −p∆V et Q = ∆U − W = ∆U + p∆V =

∆(U + pV ). On pose :H = U + pV

Comme U , p et V sont dĂ©terminĂ©s par l’état du systĂšme et indĂ©pendants du chemin suivi, la quantitĂ©H = U + pV est une fonction d’état. H est appelĂ©e enthalpie du systĂšme. Cette fonction joue un rĂŽleparticuliĂšrement important en chimie oĂč l’on a souvent affaire Ă  des transformations sous atmosphĂšrelibre, donc Ă  pression constante.

Cp =Hf −Hi

Tf − Ti=

∆H

∆T

75

Page 86: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rsComme prĂ©cĂ©demment, il est possible de dĂ©finir Cp Ă  partir d’une transformation d’amplitude infinitĂ©si-male partant d’un Ă©tat d’équilibre :

Cp =

(

∂H

∂T

)

p

IV.4.d Chaleurs latentes de changement d’état physiqueUn changement d’état est un changement de la structure interne d’un corps pur sans changement de

la constitution chimique. Si la pression est constante, la variation d’enthalpie rend compte des Ă©changesĂ©nergĂ©tiques. Pour la transition liquide-vapeur (vaporisation) :

∆vapHm = Hm,V −Hm,L

On se sert souvent de la chaleur latente par unité de masse :

lvap =∆vapHm

M

IV.5 Application au gaz parfaitIV.5.a Travail

ConsidĂ©rons les transformations suivantes et calculons le travail– isochore :

W = 0 car dV = 0

76

Page 87: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rs– isobare

W = −∫ V f

V i

pextdV = −pext

∫ V f

V i

dV = −pext(Vf − Vi)

– isotherme (on suppose pext = p)

W = −∫ V f

V i

pextdV = −∫ V f

V i

pdV = −nRT

∫ V f

V i

1

VdV = −nRT ln

(

Vf

Vi

)

= nRT ln

(

pfpi

)

– adiabatique : pour cette transformation sans Ă©change de chaleur, il faut considĂ©rer le premier prin-cipe. Pour une transformation rĂ©versible (concept que nous dĂ©finirons plus tard), pV Îł = Cte avec

Îł =Cp

CV.

IV.5.b Détermination de la température pour une transformat ion adiabatiqueProcessus adiabatique réversible

Pour un processus adiabatique réversible (p = pext), nous avons :

ÎŽQ = dU + pdV = 0

Pour un gaz parfait, CV est indĂ©pendant de la tempĂ©rature et du volume , d’oĂč :

dU = nCm,V dT

Ce qui permet d’écrire la diffĂ©rentielle de dU et de reporter dans ÎŽQ :

nCm,V dT + pdV = 0

77

Page 88: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rsLa relation de Mayer pour les gaz parfaits est :

Cm,p − Cm,V = R

Sachant que :

Îł =Cm,p

Cm,V

On en déduit que :

Cm,V =R

γ − 1

En reportant dans l’expression de ήQ = 0, on obtient :

dT

T+ (γ − 1)

dV

V= 0

AprĂšs intĂ©gration, nous trouvons la relation : TV γ−1 = Cte plus souvent mise sous la forme pV Îł = Cte

et parfois sous la forme T γp1−γ = Cte.

Processus adiabatique irréversible

On se place dans le cas d’une transformation Ă  pression extĂ©rieure constante. Nous avons pour le gazparfait U = CV T +U0, soit ∆U = CV (Tf − Ti). Il faut une autre relation pour dĂ©terminer la tempĂ©rature.Le travail vaut :

W = −∫ Vf

Vi

pextdV = −pext(Vf − Vi)

78

Page 89: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rs

p i

pext pext

Goupillebloquantle piston

p f= p ext

FIGURE IV.1: RĂ©alisation d’une transformation non rĂ©versible (irrĂ©versible).

A la fin de la transformation, nous avons pext = pf , d’oĂč :

W = −nR

(

Tf − Tipfpi

)

comme ∆U = W , nous avons une seconde relation qui permet de dĂ©terminer la tempĂ©rature finale, enintroduisant comme prĂ©cĂ©demment Îł = Cp/CV :

Tf =Ti

Îł

[

1 + (γ − 1)pfpi

]

Comparaison des Ă©tats finaux

Pour pi = 105 Pa, Ti = 300K, Îł = 1, 4 et pf = 106 Pa

– adiabatique rĂ©versible : Tf = Ti

(

pipf

)1−γγ

= 579, 2K

79

Page 90: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rs

– adiabatique irrĂ©versible : Tf = Ti

Îł

[

1 + (γ − 1)pfpi

]

= 1071, 4K

IV.6 EnoncĂ© gĂ©nĂ©ralLe premier principe se gĂ©nĂ©ralise en considĂ©rant l’énergie cinĂ©tique Ek = 1

2mv2, l’énergie interne etl’énergie potentielle macroscopique interne Ep,int sous la forme :

∆(U + Ek + Ep,int) = W +Q

IV.7 Méthodes calorimétriquesIV.7.a Méthode des mélanges

Cette mĂ©thode a Ă©tĂ© mise au point par Joseph Black en 1760. Les mesures s’effectuent dans uncalorimĂštre qui possĂšde une capacitĂ© thermique Ă  pression constante : Ccal. On introduit une massed’eau. L’ensemble a donc une capacitĂ© thermique :

C1 = meauceau + Ccal = ”ceau

La masse ” est la valeur Ă©quivalente en eau du calorimĂštre. L’ensemble est Ă  la tempĂ©rature T1. In-troduisons maintenant un matĂ©riau de capacitĂ© thermique Cmat, Ă  la tempĂ©rature T2. La transformationadiabatique (le calorimĂštre est isolĂ©) s’effectue Ă  pression constante jusqu’à homogĂ©nĂ©isation de la tem-pĂ©rature Ă  la valeur finale Tf . La grandeur thermodynamique Ă  considĂ©rer ici est l’enthalpie (p = Cte).

∆Hcal+eau +∆Hmat = 0

∆Hcal+eau = −∆Hmat

80

Page 91: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rsEn remplaçant :”ceau(Tf − T1) = −C2(Tf − T2)

D’oĂč :

C2 = ”ceauTf − T1

T2 − Tf

IV.7.b Mesure directe d’un travail Ă©quivalentJoule, en 1843, a montrĂ© expĂ©rimentalement avec exactitude l’équivalence travail-chaleur. Une masse

m est suspendue et descend de h en actionnant des pales dans un rĂ©cipient rempli d’eau. Le travail reçupar l’eau, W = mgh est transformĂ© en chaleur Q qui conduit Ă  une Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature ∆T avecQ = ”ceau∆T . Pour l’eau, on retiendra que ceau = 4, 18 kJ.kg−1.K−1.

IV.7.c MĂ©thode dynamique d’écoulement stationnairePour la mesure des capacitĂ©s thermiques Ă  pression constante de fluide homogĂšne, une mĂ©thode

trĂšs utilisĂ©e consiste Ă  fournir, aprĂšs l’entrĂ©e du fluide dans un conduit, une quantitĂ© de chaleur parunitĂ© de temps. La mesure de la diffĂ©rence de tempĂ©rature du fluide entre l’entrĂ©e et la sortie permet deremonter Ă  la chaleur massique du fluide.

IV.8 CyclesLes transformations sont représentées sur un diagramme dit de Clapeyron (pression p en fonction du

volume V de l’ensemble) ou de Watt (pression p en fonction du volume du systĂšme). Ces deux graphessont identiques pour des systĂšmes fermĂ©s.

81

Page 92: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rs

Moteurp p

V V

Recepteur

FIGURE IV.2: Diagramme de Clapeyron - Cycle moteur et récepteur : il faut absolument orienter lescycles.

Un gaz dĂ©crit un cycle lorsqu’aprĂšs avoir subi des Ă©changes Ă©nergĂ©tiques de toutes sortes avecle milieu extĂ©rieur, il se retrouve finalement dans son Ă©tat initial. A l’issue d’un cycle, l’état du gaz estinchangĂ©. Tous les paramĂštres d’état, p, V , T , U , etc, ... sont inchangĂ©s. En particulier ∆U = W+Q = 0.Selon que le signe du travail est positif ou nĂ©gatif, nous pouvons considĂ©rer 2 types de cycles :

– les cycles rĂ©cepteurs correspondent au cas oĂč le gaz reçoit effectivement une Ă©nergie positive sousforme de travail et la restitue au milieu extĂ©rieur sous forme de chaleur (W>0 d’oĂč Q<0)

– les cycles moteurs ont le fonctionnement inverse, ils reçoivent une Ă©nergie positive sous forme dechaleur et la restitue au milieu extĂ©rieur sous forme de travail (W<0 d’oĂč Q>0).

Dans les exemples de cycles, plusieurs jouent un rĂŽle trĂšs important :– le moteur de Carnot constituĂ© successivement d’une compression isotherme en contact avec un

thermostat froid, une compression adiabatique (sans échange de chaleur), une détente isotherme

82

Page 93: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rs

p p

V V

TFro id TFro id

Tc h a u d Tc h a u d

Moteur deCarnot

Moteur deStirling

Qc o m pr e s s i o nQdé t en te

FIGURE IV.3: Diagramme de Clapeyron - Exemples de moteur.

en contact avec un thermostat chaud et une dĂ©tente adiabatique.– le moteur de Stirling, basĂ© sur un cycle avec deux isothermes et deux isochores, isochores pour

lesquelles une astuce technologique consiste Ă  utiliser une zone d’échange (car Qcompression +Q

dĂ©tente= 0) pour que l’énergie Qcompression de l’isochore ne soit pas coĂ»teuse.

IV.9 Moteurs moléculairesLes mécanismes biochimiques fondamentaux qui provoquent la contraction de nos muscles sont les

mĂȘmes que ceux qui conduisent Ă  la propulsion des micro-organismes. Les protĂ©ines P-loop NTPasesconvertissent l’énergie chimique d’une forme de l’ATP (adĂ©nosine triphosphate) en Ă©nergie cinĂ©tique.

La structure mobile des muscles est composĂ©e d’un complexe de myosine et d’actine. L’actine sepolymĂ©rise pour former un long filament. La contraction musculaire consiste en un glissement rapidede filament de myosine sur un filament d’actine. Le fonctionnement est cyclique : (1) la myosine est

83

Page 94: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cou

rscomplexĂ©e avec l’ADP et le phosphore Pi interagit avec l’actine, (2) Pi est relĂąchĂ©, (3) un changementde conformation conduit Ă  un grand dĂ©placement d’un bras de levier de la myosine par rapport Ă  l’actine,(4) l’ATP remplace l’ADP, rĂ©initialisant la position du bras de levier et relĂąchant l’actine, (5) l’hydrolyse del’ATP ramĂšne la fonction moteur dans son Ă©tat initial.

Un autre type de moteur molĂ©culaire est composĂ© de kinĂ©sine et dynĂ©ine qui se dĂ©placent le long demicrotubules. Les kinĂ©sines se dĂ©placent le long des microtubules selon un mĂ©canisme similaire Ă  celuide la myosine se dĂ©plaçant le long de l’actine sauf que (1) l’interaction de l’ATP avec la kinĂ©sine favorisel’interaction plutĂŽt que la dissociation, (2) le mouvement est dĂ©clenchĂ© par l’interaction de l’ATP plutĂŽtque par le dĂ©part du Pi et que (3) le mouvement de la kinĂ©sine est graduel, les 2 tĂȘtes du dimĂšre dekinĂ©sine travaillant ensemble.

Le rotor molĂ©culaire permet le dĂ©placement des bactĂ©ries. Le gradient de proton (H+) Ă  travers unemembrane, plutĂŽt que l’hydrolyse de l’ATP, alimente le moteur.

ConclusionLe premier principe montre que le travail et la chaleur sont des formes d’énergie et que l’énergie in-

terne pour un systĂšme isolĂ© se conserve. L’énergie interne est une fonction d’état, c’est-Ă -dire qu’il existeune valeur de cette fonction pour un Ă©tat considĂ©rĂ© (par exemple un Ă©tat dĂ©fini par une pression, unetempĂ©rature et un volume). Sa variation sur un cycle est donc nulle. Le travail et la chaleur ne sont pasdes fonctions d’état, leurs variations sur un cycle sont gĂ©nĂ©ralement diffĂ©rentes de zĂ©ro. Les Ă©changesde chaleur sont caractĂ©risĂ©s par les capacitĂ©s calorimĂ©triques associĂ©es Ă  des variations de tempĂ©-rature ou Ă  des chaleurs latentes, associĂ©es Ă  des changements d’état. Dans le monde du vivant, lesmoteurs fonctionnent pas Ă  pas, avec des mouvements commandĂ©s par des molĂ©cules qui fournissentde l’énergie chimique. Ils sont plus proches des moteurs Ă©lectriques que des moteurs thermiques.

84

Page 95: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Exe

rcic

esExercice 1: Transvasement d’air comprimĂ©Une grande bouteille d’air comprimĂ© sert Ă  mettre sous pression une petite bouteille. La grande bou-

teille a un volume V1 = 20 L et est sous la pression p1 = 200 bars. Elle sert Ă  remplir la petite bouteille devolume V0 = 0, 5 L Ă  la pression initiale atmosphĂ©rique, Ă  savoir p0 = 1 bar. La tempĂ©rature extĂ©rieurevaut T0 = 300K. L’air sera traitĂ© comme un gaz parfait.

1. En procĂ©dant trĂšs lentement, on effectue un transvasement isotherme de n1 moles d’air. Que vautla pression finale ? On pourra se servir du nombre total de moles n0 + n1.

2. Effectuer l’application numĂ©rique en exprimant la pression en bars et en MPa.

3. La pression et la tempĂ©rature de l’air diminuent dans la grande bouteille du fait de la dĂ©tente. Onsuppose que le gaz dans la grande bouteille subit une dĂ©tente isentropique (adiabatique rĂ©versibleobĂ©issant Ă  la loi de Laplace pV Îł = Cte). La transformation est suffisamment rapide pour nĂ©gligertout Ă©change de chaleur avec les parois. Les bouteilles ne se dĂ©forment Ă©videmment pas.

(a) Ecrire l’équation d’état du gaz dans les bouteilles 0 et 1. On notera n la variation du nombre demoles de la grande bouteille. n0 et n1 correspondent respectivement au nombre de moles avantla dĂ©tente dans les rĂ©cipients 0 et 1. On supposera que la tempĂ©rature dans les 2 rĂ©cipients,identique avant ouverture, peut ĂȘtre diffĂ©rente Ă  la fin de la transformation et que l’équilibremĂ©canique est atteint (la pression finale sera notĂ©e pf ).

(b) Ecrire la variation d’énergie interne qui portera sur n1 − n et n0 + n moles de gaz dans unpremier temps et sur les Ă©changes (travail, chaleur) avec l’extĂ©rieur.

(c) En déduire la pression finale pF .

4. Est-il normal de trouver des pressions identiques pour les 2 transferts ? RĂ©pondre en considĂ©rantl’énergie interne totale.

85

Page 96: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Exe

rcic

esExercice 2: Moteurs molĂ©culaires– A vitesse maximale, une molĂ©cule de kinĂ©sine se dĂ©place de 600 nm par seconde. La dimension

de la fonction moteur pour le dimĂšre de kinĂ©sine est d’environ 8 nm. Calculer la vitesse ramenĂ©e Ă la dimension d’un corps humain.

– Un domaine moteur composĂ© d’une seule molĂ©cule de myosine peut gĂ©nĂ©rer une force de 4 pico-newtons (4 pN). Combien de fois cette molĂ©cule peut dĂ©placer son propre poids ? (DonnĂ©e : massemolĂ©culaire 460000 g.mol−1). Na=6,022×1023 mol−1

Exercice 3: Moteur de Stirling dit aussi moteur à air chaudDans un moteur de Stirling, un gaz décrit de maniÚre quasi-statique un cycle 1234 tel que : p1 = 1

bar, V1 = 2, 50 L, V2 = 0, 5 L, les Ă©volutions 12 et 34 sont isothermes aux tempĂ©ratures respectivesTF = 301 K et TC = 903 K, les Ă©volutions 23 et 41 sont isochores. Le gaz est assimilĂ© Ă  un gaz parfaitde coefficient Îł = 1, 40 avec R = 8, 3145 J.K−1.mol−1.

1. Calculer le nombre de moles de gaz et les pressions p2, p3 et p4.

2. Tracer le cycle sur un diagramme de Clapeyron (p,V)

3. Calculer le travail et le transfert thermique reçus par le gaz au cours de chacune des évolutions 12,23, et 34 et 41.

4. Vérifier que les transferts thermiques Q23 et Q41 sont opposés.

Nous verrons dans le chapitre suivant que par une astuce technologique, les transferts thermiques Q23

et Q41, qui s’effectuent dans un rĂ©cupĂ©rateur siĂšge d’un gradient de tempĂ©rature ne comptent pas dansle bilan.

86

Page 97: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cor

rigĂ©sCorrection 1: Transvasement d’air comprimĂ©

1. On utilise l’équation d’état dans chaque rĂ©cipient :

p1V1 = n1RT et p0V0 = n0RT

d’oĂč

pf = nRT

Vf= (n1 + n2)

RT

V0 + V1=

p1V1 + p0V0

V0 + V1

2. On a :

pf =1× 0, 5 + 20× 200

20 + 0, 5= 195, 15 bar = 19, 515MPa

3. Transfert rapide

(a) Par l’esprit, on isole le nombre n de moles qui passent de la grande bouteille (1) à la petite (0).Aprùs ouverture, on a :

p0,fV0 = (n0 + n)RT0,f et p1,fV1 = (n1 − n)RT1,f

Comme l’équilibre mĂ©canique est atteint : p1,f = p0,f = pf .Soit :

pfV0 = (n0 + n)RT0,f et pfV1 = (n1 − n)RT1,f

Et toujours la relation avant :

p1V1 = n1RT et p0V0 = n0RT

87

Page 98: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cor

rigĂ©s(b) La tempĂ©rature initiale est la mĂȘme, d’oĂč :

∆U1 = (n1 − n)Cm,V (T1,f − T ) et ∆U0 = (n0 + n)Cm,V (T0,f − T )

La variation d’énergie interne n’est pas fonction de la pression, on a donc pu associer les nmoles Ă©changĂ©es Ă  son rĂ©cipient final.

∆U = ∆U1 +∆U0 = W +Q = 0 = (n1 − n)Cm,V (T1,f − T ) + (n0 + n)Cm,V (T0,f − T )

(c) En divisant par Cm,V et en multipliant par R, on a :

(n1 − n)R(T1,f − T ) + (n0 + n)R(T0,f − T ) = 0

En dĂ©veloppant :pfV1 + pfV0 − n1RT − n0RT = 0

Soit encorepf (V0 + V1) = p0V0 + p1V1

d’oĂč :

pf =p1V1 + p0V0

V0 + V1

4. Oui, car il n’y a pas d’échange de chaleur avec l’extĂ©rieur (les variations dans chaque rĂ©cipient secompensent). Dans le premier cas, la variation d’énergie interne est nulle tout comme le travail reçudonc il n’y a pas d’échange de chaleur. Dans le second cas, les parois Ă©tant indĂ©formables, la travailreçu est toujours nul et comme la variation d’énergie interne est nulle, le transfert thermique est nulaussi. AprĂšs un temps trĂšs long, on atteint le mĂȘme Ă©tat d’équilibre : T0,f = T1,f = T .

88

Page 99: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cor

rigésCorrection 2: Moteurs moléculaires

– v = 600 nm.s−1 et l = 8 nm. Comme v = l/t, la quantitĂ© v/l = 1/t est un temps indĂ©pendant dusystĂšme et donc Ă  considĂ©rer ici. Pour l’ĂȘtre humain, l = 2 m d’ou :

600 10−9

8 10−9=

v

2⇒ v = 150m.s−1

– La force vaut 4 10−12 N. Le poids de la molĂ©cule vaut :

P = mg =460 000 10−3

NA× 9, 81 =

460 000 10−3

6, 022 1023× 9, 81 = 7, 49 10−21 N

La molĂ©cule peut dĂ©placer 4,10−12

7,49 10−21 = 5, 38 108 fois son propre poids.

Correction 3: Moteur de Stirling dit aussi moteur Ă  air chaud1. On a :

n =p1V1

RTC=

105 × 2, 5 10−3

8, 314× 301= 0, 1mol

p2 =p1V1

V2= 5 105 Pa = 5 bars

p3 =nRTC

V3=

nRTC

V2=

0, 1× 8, 314× 903

0, 5 10−3= 15 105 Pa = 15 bars

p4 =p3V3

V4=

p3V2

V1= 15 105

0, 5

2, 5= 3 105 Pa = 3 bars

89

Page 100: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cor

rigés

2. Volume (L)

Pre

ssio

n(b

ar)

2.5 7.5 12.5 17.50

5

10

15IsothermeTC

IsothermeTF

Isoch

ore

Iso

cho

re

12

3

4

FIGURE IV.4: Cycle de Stirling

3. Pour la transformation isotherme 1 → 2 :

W12 = −∫ 2

1

pdV = −∫ 2

1

nRT

VdV = −nRTF ln

(

V2

V1

)

= −0, 1× 8, 314× 301× ln

(

0, 5

2, 5

)

= 403 J

∆U12 = CV (TF − TF ) = 0 J

etQ12 = ∆U12 −W12 = −W12 = −403 J

Pour la transformation isochore 2 → 3 :W23 = 0 J

∆U23 = CV (TC − TF ) =nR

γ − 1(TC − TF ) =

0, 1× 8, 314

1, 4− 1(903− 301) = 1251 J

Q23 = ∆U23 −W23 = ∆U23 = 1251 J

Pour la transformation isotherme 3 → 4 :

W34 = −nRTC ln

(

V4

V3

)

= −0, 1× 8, 314× 903 ln

(

2, 5

0, 5

)

= −1208 J

90

Page 101: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IV: Premier principe

Cor

rigĂ©s∆U34 = CV (TC − TC) = 0 J

etQ34 = ∆U34 −W34 = −W34 = 1208 J

Pour la transformation isochore 4 → 1 :Q41 = 0 J

∆U41 = W = CV (TF − TC) =nR

γ − 1(TF − TC) =

0, 1× 8, 314

1, 4− 1(301− 903) = −1251 J

W41 = ∆U41 −Q41 = ∆U41 = −1251 J

4. Q23 +Q41 = 0 ce qui correspond bien Ă  la question.

91

Page 102: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

VSecond principe et flĂšche du temps

Le second principe a d’abord Ă©tĂ© associĂ© Ă  la rĂ©volution industrielle : il fallait fabriquer des machinesperformantes et donc comprendre la physique. Watt prit en 1769 un brevet pour ses modifications de lamachine Ă  vapeur de Newcomen participant ainsi Ă  l’émergence de l’ùre industrielle. Carnot analysa lamachine Ă  vapeur dont il prĂ©cisa les principes de fonctionnement. La production de travail est bornĂ©epar une limite supĂ©rieure qui ne dĂ©pend que des tempĂ©ratures dont l’écart est responsable du flux dechaleur. Les rĂ©flexions sur la puissance motrice du feu seront l’unique publication scientifique de SadiCarnot. Il en publia 600 exemplaires en 1824 Ă  ses frais. AprĂšs avoir constatĂ© que le fluide phlogis-tique (le calorique) n’existait pas car la chaleur ne se conservait pas, les scientifiques ont cherchĂ© unegrandeur qui Ă©tait une fonction d’état. Ils ont trouvĂ© une nouvelle fonction d’état fabriquĂ©e en effectuantle rapport de la quantitĂ© de chaleur Ă©changĂ©e sur la tempĂ©rature. Ensuite, c’est de la chimie que sontvenues les Ă©volutions, avec les phĂ©nomĂšnes irrĂ©versibles et la production d’entropie.

Nous allons suivre le cheminement historique pour comprendre comment une nouvelle fonction d’état,

92

Page 103: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsl’entropie, du grec transformation, est apparue. Le mot entropie a Ă©tĂ© inventĂ© par Clausius en 1854 car ilsouhaitait que le nom reste le mĂȘme dans toutes les langues vivantes.

Au niveau de la thĂ©orie microscopique de Boltzmann, l’entropie est reliĂ©e au nombre d’états d’énergieĂ©quiprobables possibles. L’entropie s’interprĂšte au niveau quantique comme une mesure du manqued’information (liĂ©e Ă  la quantitĂ© d’information qu’il renferme). Un Ă©tat pur est Ă  entropie nulle. La thĂ©oriede l’information fait intervenir une fonction similaire, l’entropie de Shannon, qui peut s’appliquer Ă  tout(texte, ensemble, ...). L’entropie a aussi passionnĂ© les astrophysiciens avec l’entropie de l’univers quicroĂźt ou encore l’entropie des trous noirs.

L’étude de l’entropie de nos jours a permis de prĂ©ciser le sens du temps, d’oĂč le vocabulaire de flĂšche.L’entropie ne peut que croĂźtre avec le temps. Nous finirons ce chapitre par la production d’entropie, leflux d’entropie, la limite des machines thermiques et des astuces pour atteindre l’efficacitĂ© maximale.

93

Page 104: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsV.1 EntropieV.1.a Cycle de Carnot

A

B

p

V

CD

TF

TC

isothermepV=Cte

adiabatiquepV =Cte

FIGURE V.1: Cycle de Carnot pour un moteur

Le cycle de Carnot est constitué de 2 isothermes et de 2 adiabatiques. Considérons le cycle de Carnotdu moteur pour un gaz parfait.

– DĂ©tente isotherme : le gaz au contact du thermostat Tchaud (rĂ©servoir chaud) subit une expansionrĂ©versible.

WAB = −∫ VB

VA

pdV = −nRTchaud ln

(

VB

VA

)

Comme U = U(T ) pour le gaz parfait, UB − UA = 0 = WAB +QAB d’oĂč :

QAB = nRTchaud ln

(

VB

VA

)

94

Page 105: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsCette quantitĂ© sera notĂ©e Qchaud. Elle est positive car VB > VA.– DĂ©tente adiabatique : le gaz se dĂ©tend avec baisse de tempĂ©rature. Pour un processus adiabatique

réversible, nous avons vu que pV γ = Cte.

WBC = −∫ VC

VB

pdV =pCVC − pBVB

γ − 1= nR

Tfroid − Tchaud

γ − 1

Comme la transformation est adiabatique :

QBC = 0

– Compression isotherme au contact d’un thermostat Tfroid.

WCD = −∫ VD

VC

pdV = −nRTfroid ln

(

VD

VC

)

Comme U = U(T ) pour le gaz parfait, UD − UC = 0 = WCD +QCD d’oĂč :

QCD = nRTfroid ln

(

VD

VC

)

Cette quantitĂ© sera notĂ©e Qfroid. Elle est nĂ©gative car VD < VC .– Compression adiabatique : le gaz se densifie avec augmentation de la tempĂ©rature.

WDA = −∫ VA

VD

pdV =pAVA − pDVD

γ − 1= nR

Tchaud − Tfroid

γ − 1

Comme la transformation est adiabatique :

QDA = 0

95

Page 106: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsSur le cycle, nous avons :

W = WAB +WBC +WCD +WDA =

= −Qchaud +nR(Tfroid − Tchaud)

γ − 1−Qfroid −

nR(Tfroid − Tchaud)

γ − 1= −Qchaud −Qfroid

et nous retrouvons le premier principe. Cherchons à calculer les quantités Qchaud/Tchaud et Qfroid/Tfroid :

Qchaud

Tchaud= nR ln

(

VB

VA

)

etQfroid

Tfroid= nR ln

(

VD

VC

)

Il faut maintenant trouver une relation entre VA, VB, VC et VD.

pAVA = V 1−γA (pAV

ÎłA ) adiabatique

= V 1−γA (pDV

ÎłD) =

(

VA

VD

)1−γ

(pDVD) isotherme

=

(

VA

VD

)1−γ

(pCVC) =

(

VAVC

VD

)1−γ

(pCVÎłC ) adiabatique

=

(

VAVC

VD

)1−γ

(pBVÎłB ) =

(

VAVC

VDVB

)1−γ

(pBVB) isotherme

=

(

VAVC

VDVB

)1−γ

(pAVA)

96

Page 107: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsD’oĂč la relation :VD

VC=

VA

VB

Qui injectée dans la relation précédente conduit à :

Qfroid

Tfroid= nR ln

(

VD

VC

)

= nR ln

(

VA

VB

)

= −nR ln

(

VB

VA

)

= −Qchaud

Tchaud

V.1.b Second principeClausius introduit le concept d’entropie en gĂ©nĂ©ralisant Ă  une succession de cycles. Pour le moteur

de Carnot, on a :Qchaud

Tchaud+

Qfroid

Tfroid= 0

p

V

QcQ’c

QfQ’f

FIGURE V.2: Principe d’utilisation du cycle pour introduire le concept d’entropie.

97

Page 108: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsEn considérant deux cycles (les déplacements à différentes températures sont font suivant des adia-batiques, voir figure V.2), nous avons :

Qchaud

Tchaud+

Qâ€Čchaud

Tchaud +∆Tchaud+

Qfroid

Tfroid+

Qâ€Čfroid

Tfroid +∆Tfroid= 0

La généralisation à un cycle fermé quelconque donne :∫

cycle

ÎŽQ

T= 0

Cette Ă©quation est indĂ©pendante du chemin parcouru. En 1865, Clausius introduisit l’entropie

dS =ÎŽQrev

T

Lorsque des processus irrĂ©versibles sont prĂ©sents, le travail produit est moindre. Nous avons donc :– pour un cycle rĂ©versible, dS = ÎŽQ

T ,∫

cycle dS = 0 et∫

cycleÎŽQT = 0

– pour un cycle irrĂ©versible, dS > ÎŽQT ,∫

cycle dS = 0 et∫

cycleÎŽQT < 0

On dĂ©compose l’entropie naturellement en deux termes :

dS = ÎŽeS + ÎŽiS

e pour échangé et i pour irréversible. On trouve aussi la notation c pour créée. Sur un cycle :∫

cycle

dS =

∫

cycle

ÎŽeS +

∫

cycle

ÎŽiS = 0

98

Page 109: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsComme ÎŽiS ≄ 0, on a :∫

cycle

ÎŽeS =

∫

cycle

ÎŽQ

T≀ 0

Pour que le systĂšme revienne Ă  son Ă©tat initial, l’entropie produite par les processus irrĂ©versibles internesdoit ĂȘtre compensĂ©e par un Ă©change de chaleur avec l’extĂ©rieur.

Enoncés historiques

– EnoncĂ© de Clausius : la chaleur ne passe pas spontanĂ©ment d’un corps froid Ă  un corps chaud.– EnoncĂ© de Thomson : un systĂšme en contact avec une seule source de chaleur ne peut, au cours

d’un cycle, que recevoir du travail et fournir de la chaleur.

V.2 Application du second principeV.2.a Cas des gaz parfaits

dU = TdS − pdV = CV dT

Cette expression est vraie dans les cas réversible et irréversible. Elle permet aussi une définition plusgénérale de CV :

CV = T

(

∂S

∂T

)

V

A partir du premier principe, on a :

dS = CVdT

T+

pdV

T= CV

dT

T+

nRdV

V

99

Page 110: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsEn intégrant :

S = S0 +

∫ T

T0

CVdT â€Č

T â€Č +

∫ V

V0

dV â€Č

V â€Č = S0 + CV ln

(

T

T0

)

+ nR ln

(

V

V0

)

Il est facile de transformer ces relations en fonction d’autres couples de variables S(T, p) et S(V, p).

Transformation réversible

ConsidĂ©rons un gaz qui reçoit du travail d’un piston adiabatique par modification quasi-statique de lapression extĂ©rieure. Q = 0. Nous avons vu dans le chapitre prĂ©cĂ©dent la relation de Mayer Cp−CV = nR.Nous pouvons remplacer nR dans l’expression de S :

S = S0 + CV ln

(

T

T0

)

+ nR ln

(

V

V0

)

= S0 + CV ln

(

T

T0

)

+ (Cp − CV ) ln

(

V

V0

)

= S0 + CV ln

(

T

T0

V0

V

)

+CV

CVCp ln

(

V

V0

)

= S0 + CV ln

(

T

T0

V0

V

(

V

V0

)Îł)

= S0 + CV ln

(

TV γ−1

T0Vγ−10

)

= S0 + CV ln

(

pV Îł

p0VÎł0

)

100

Page 111: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsDe plus, nous avons dĂ©montrer que dans le cas d’une transformation adiabatique rĂ©versible, pV Îł = Cte,nous avons en consĂ©quence : ∆S = 0, ∆eS ou mieux comme ce n’est pas une fonction d’état Se =∫

adiabatiqueÎŽQText

= 0 et Si = 0

Transformation irréversible

ConsidĂ©rons un gaz qui reçoit du travail d’un piston par modification brutale de la pression appliquĂ©e.On se place dans le cas oĂč la pression appliquĂ©e est constante. Nous avons :

∆U = CV (T1 − T0)

De plus :

W = −∫ 1

0

pextdV = −p1V1 + p1V0

Nous pouvons ainsi dĂ©duire la tempĂ©rature car Q = 0. Il est intĂ©ressant de se placer directement surun exemple car le calcul gĂ©nĂ©ral n’apporte rien. ConsidĂ©rons un gaz parfait monoatomique, on a alorsCV = 3

2nR et Cp =52nR. Cela conduit Ă  :

3

2nR(T1 − T0) = −nR

(

T1 −p1p0T0

)

soit T1 =

(

3

5+

2

5

p1p0

)

T0

Cette expression n’est pas facile Ă  manier et nous lui prefĂ©rons :

T1 =

(

1 +2

5

p1 − p0p0

)

T0

101

Page 112: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsEn effet, pour p1 = p0, nous voyons immédiatement que les températures sont égales. De plus, il estpossible de faire un développement limité au voisinage de 1 :

(1 + h)α = 1 + αh+α(α− 1)

2h2 +

α(α− 1)(α− 2)

2× 3h3 +

α(α− 1)(α− 2)(α− 3)

2× 3× 4h4 + ...

Comme Q = 0, nous avons Se = 0, ∆S = Si. Nous avons la pression et la tempĂ©rature, nous pouvonsutiliser l’expression de S associĂ©e :

∆S = CV ln

(

p1VÎł1

p0VÎł0

)

= CV ln

(

T Îł1 p

1−γ1

T Îł0 p

1−γ0

)

= CV ln

(

(

1 +2

5

p1 − p0p0

)Îł (

1 +p1 − p0

p0

)1−γ)

≈ 3

10nR

(

p1 − p0p0

)2

> 0

Remarque : La comparaison directe des deux transformations est impossible car l’état final n’est pasle mĂȘme. Il faut donc ajouter une transformation et chercher Ă  construire un cycle.

V.2.b Conduction thermique : Ă©volution temporelle d’un syst Ăšme isolĂ©ConsidĂ©rons un systĂšme isolĂ© composĂ© de 2 parties prĂ©sentant chacune une tempĂ©rature bien dĂ©finie

et Ă©tant en Ă©quilibre local. On permet le contact thermique des deux parties. Le systĂšme est composĂ©de 2 sous-systĂšmes, un sous-systĂšme froid et un sous-systĂšme chaud. Pour une grandeur extensive,comme l’énergie interne U ou l’entropie S, l’entropie du systĂšme est la somme de l’entropie des 2 sous-systĂšmes. A partir du premier principe appliquĂ© au systĂšme, on a ÎŽW = 0. Dans les sous-systĂšmes, sil’on considĂšre que ÎŽQ est la chaleur allant de la source chaude Ă  la source froide ÎŽQ = −ήQc = ÎŽQf .

102

Page 113: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rs

Chaud Froid

Q

FIGURE V.3: Contact de deux solides à température différente.

Le systĂšme Ă©tant isolĂ©, ÎŽQreçue par le systĂšme est nulle donc il n’y a pas d’échange d’entropie avecl’extĂ©rieur. L’entropie du systĂšme est :

dS = ÎŽeS + ÎŽiS = ÎŽiS

Il faut maintenant calculer l’entropie d’une façon diffĂ©rente. On va donc considĂ©rer que les 2 systĂšmessont indĂ©pendants et en contacts avec des thermostats conduisant Ă  une lĂ©gĂšre variation de tempĂ©ra-ture. On suppose donc un thermostat de tempĂ©rature trĂšs proche de TC qui prĂ©lĂšverait ÎŽQ de la sourcechaude et un thermostat de tempĂ©rature trĂšs proche de TF qui fournirait ÎŽQ Ă  la source froide. Dans cecas, l’état final serait lĂ©gĂšrement diffĂ©rent de l’état initial avec uniquement de l’entropie Ă©changĂ©e dansles 2 sous-systĂšmes et les 2 thermostats. Dans cet Ă©change de chaleur, l’entropie irrĂ©versible est nulledans chaque sous-systĂšme. L’énergie du systĂšme est inchangĂ©e. Il vient pour un Ă©change Ă©lĂ©mentaire

103

Page 114: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsde chaleur ÎŽQ entre les 2 sous-systĂšmes :

dS = −ήQ

Tc+

ÎŽQ

Tf= ÎŽQ

(

1

Tf− 1

Tc

)

> 0

Et en combinant les 2 expressions :ÎŽiS > 0

L’étude temporelle du systĂšme isolĂ© montre que les tempĂ©ratures s’égalisent et la production d’entropies’annule.

V.2.c Conduction thermique : Ă©volution temporelle d’un syst Ăšme connectĂ© Ă  2thermostats

Loi de Fourier

La loi de Fourier indique que le transfert thermique conducto-diffusif (sans mouvement macrosco-pique de matiÚre) est relié en chaque point à la variation spatiale locale du champ de température. Leflux thermique surfacique conducto-diffusif jcdQ , est proportionnel au gradient de température, soit à unedimension :

jcd = −λ∂T (x, t)

∂x

Le coefficient λ, appelĂ© conductivitĂ© thermique du milieu, est positif. Il s’exprime en W.m−1.K−1. Lesvaleurs des coefficients de conductivitĂ© thermique Ă  300 K sont :

– 200 W.m−1.K−1 pour un mĂ©tal bon conducteur– 15 W.m−1.K−1 pour un acier inoxydable– 1 W.m−1.K−1 pour le verre

104

Page 115: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rs– 0,6 W.m−1.K−1 pour l’eau– trùs faible pour les gaz

Barre calorifugée entre 2 thermostats

En rĂ©gime Ă©tabli, c’est-Ă -dire qui n’évolue pas au cours du temps, on a :

∂T

∂t= 0 ⇒ dT

dx= Cte ⇒ T (x) = TC +

x

l(TF − TC)

La conductivitĂ© thermique du milieu λ joue un rĂŽle dans l’établissement du rĂ©gime comme nous le verronspar la suite. Elle n’intervient pas en rĂ©gime stationnaire dans ce cas particulier. Remarque : calorifugĂ©e

l

TC TF

T(x)

x

FIGURE V.4: Profil de température avec x=0 au contact de la barre avec le thermostat chaud.

= protégée contre la déperdition de chaleur.

105

Page 116: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsBilan entropique : barre entre 2 thermostats

Remarquez que la notation de la surface A (recommandation internationale) permet de faire unedistinction avec l’entropie S. Nous considĂ©rons la barre en rĂ©gime stationnaire reportĂ©e figure V.4. Leflux d’entropie entrant vaut ÎŽQ/(dtTC) et le flux sortant vaut ÎŽQ/(dtTF ).

ÎŽeS

dt=

ÎŽQ

dtTC− ήQ

dtTF= jcdQA

(

1

TC− 1

TF

)

La chaleur par unitĂ© de temps s’exprime en W. Le produit du flux thermique surfacique avec une surfaces’exprime en W. L’analogie avec l’électricitĂ© est parfaite. On a donc ÎŽQ/dt = jcdQA. En rĂ©gime stationnaire,dS/dt = 0, conduisant Ă  :

ÎŽiS

dt=

dS

dt− ήeS

dt= 0− jcdQA

(

1

TC− 1

TF

)

=λA

lTCTF(TC − TF )

2 > 0

car Ă  partir de la loi de Fourier, on a :

jcdQ = −λTF − TC

l − 0= (TC − TF )

λ

l

On Ă©vacue l’entropie produite par les phĂ©nomĂšnes irrĂ©versibles vers l’extĂ©rieur. Le thĂ©orĂšme de produc-tion d’entropie minimum indique que dans le rĂ©gime linĂ©aire, la production d’entropie ÎŽiS/dt atteint unevaleur minimale Ă  l’état stationnaire de non Ă©quilibre.

106

Page 117: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsV.2.d Moteur thermique dithermeOn prĂ©lĂšve de la chaleur Ă  la source chaude pour fournir du travail. L’efficacitĂ©, rapport de la grandeur

utile sur la grandeur dépensée ou coûteuse, est définie ici par :

e = −W

QC

Le signe − provient du signe algĂ©brique du travail.Remarque : le terme d’efficacitĂ© tend Ă  s’imposer. Historiquement, les termes de rendement, puis de

rendement énergétique ont été utilisés. Le rendement évoluant généralement entre 0 et 100%, il a étéintroduit un terme différent pour éviter les confusions.

QC

ThermostatSource chaudeTC

ThermostatSource froideTF

QF

W

FIGURE V.5: Principe du moteur. En valeur algébrique, W et QF sont négatifs.

A partir du premier principe, nous avons : ∆U = QC +QF +W qui est nul pour un cycle. L’efficacitĂ©

107

Page 118: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rss’écrit alors :

QC +QF +W = 0 ⇒ e = 1 +QF

QC

Dans le cas d’une machine de Carnot, les Ă©changes ont lieu uniquement sur des transformations iso-thermes, ce qui conduit Ă  :

QC

TC+

QF

TF= 0 ⇒ QF

QC= −TF

TC

L’efficicitĂ© maximale prend donc la valeur :

erev = 1− TF

TC

L’efficacitĂ© est d’autant plus grande que l’écart entre la source chaude et la source froide est important.L’efficacitĂ© rĂ©elle est infĂ©rieure ou Ă©gale Ă  l’efficacitĂ© de Carnot d’aprĂšs le second principe. En effet, dansun cas irrĂ©versible (avec QC > 0) :

QC

TC+

QF

TF+ Si = 0 ⇒ QF

QC+

TF

QCSi = −TF

TC

⇒ eirr = 1 +QF

QC= 1− TF

TC− TF

QCSi = erev −

TF

QCSi < erev

Machine frigorifique ditherme

La machine frigorifique consiste à prélever de la chaleur de la source froide pour la transférer à lasource chaude. En pratique, il suffit de décrire un cycle. La température du fluide en contact avec lasource froide est légÚrement inférieure à la température de la source froide pour avoir un transfert QF .

108

Page 119: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsLa tempĂ©rature du fluide en contact avec la source chaude lĂ©gĂšrement supĂ©rieure entraĂźnant un transfertQC correspondant Ă  une perte de chaleur. L’efficacitĂ© est maintenant dĂ©finie par :

e =QF

W

A partir du premier et second principe, dans le cas d’une machine de Carnot :

erev =1

−1 + TC

TF

La reprĂ©sentation de l’efficacitĂ© en fonction des diffĂ©rences de tempĂ©rature fait apparaĂźtre deux rĂ©gions.L’efficacitĂ© augmente Ă©normĂ©ment lorsque l’écart de tempĂ©rature est faible et l’efficacitĂ© diminue quandla tempĂ©rature TF est trĂšs petite, c’est-Ă -dire lors de la recherche de trĂšs basses tempĂ©ratures.

Pompe Ă  chaleur

Le schĂ©ma de principe de la pompe Ă  chaleur est le mĂȘme que celui de la machine frigorifiqueditherme sauf que la grandeur utile est la chaleur donnĂ©e Ă  la source chaude. L’efficacitĂ© est dĂ©finie par :

e = −QC

W

Le signe moins provient de l’utilisation de la grandeur algĂ©brique pour la chaleur reçue par la sourcechaude QC . Dans le cas d’une machine de Carnot, nous avons :

erev =1

1− TF

TC

Il est Ă  noter que l’efficacitĂ© est toujours supĂ©rieure Ă  1 ! Chauffer une maison Ă  l’aide d’une pompe Ă chaleur sera toujours plus avantageux qu’utiliser la puissance Ă©lectrique directement.

109

Page 120: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsV.2.e Cas du moteur de StirlingDans le moteur de Stirling, il existe un régénérateur entre les deux cylindres. Afin de ne pas avoir

d’entropie crĂ©Ă©e, il faut que le thermostat que rencontre le gaz soit sensiblement Ă  la mĂȘme tempĂ©rature.

FROID1

2

3

4CHAUD

Piston chaudRégénérateurPiston froid

0 L x

FIGURE V.6: DĂ©placement des pistons pour lemoteur de Stirling.

Volume (L)

Pre

ssio

n(b

ar)

2.5 7.5 12.5 17.50

5

10

15IsothermeTC

IsothermeTF

Isoch

ore

Iso

cho

re

12

3

4

FIGURE V.7: Cycle de Stirling.

Il existe donc un gradient de tempĂ©rature qui s’entretient par le passage du gaz. Cela est rendupossible avec par exemple une succession de plaques thermiquement dĂ©couplĂ©es. Quand le gaz chaudentre dans le rĂ©gĂ©nĂ©rateur, il rencontre un premier Ă©lĂ©ment Ă  une tempĂ©rature lĂ©gĂšrement diffĂ©rente, ilse refroidit lĂ©gĂšrement, puis rencontre un second Ă©lĂ©ment et se refroidit encore un peu. On peut imaginerque la tempĂ©rature dans l’échangeur diminue linĂ©airement. Ainsi, le second principe n’est pas violĂ© etl’efficacitĂ© est Ă©gale Ă  celle de Carnot. Historiquement, quand Stirling prĂ©senta son moteur Ă  Watt, celui-ci ne compris pas pleinement son efficacitĂ© (le concept d’entropie Ă©tant postĂ©rieur).

110

Page 121: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cou

rsConclusionL’entropie est trĂšs intĂ©ressante car c’est une nouvelle fonction d’état qui provient de l’étude des cycles,

et qui va nous permettre de trouver de trĂšs nombreuses relations. L’entropie est une fonction d’état maisn’est pas une grandeur qui se conserve. Sa crĂ©ation est associĂ©e aux phĂ©nomĂšnes irrĂ©versibles. Encomprendre l’origine (diffĂ©rence de tempĂ©rature, diffĂ©rence de pression) permet d’optimiser les effica-citĂ©s, afin d’atteindre l’efficacitĂ© d’une machine de Carnot. L’entropie montre la flĂšche du temps et sacrĂ©ation est associĂ©e Ă  l’irrĂ©versibilitĂ©. La conduction thermique en est le parfait exemple. L’entropiereprĂ©sente dans une premiĂšre vision simpliste une mesure du dĂ©sordre. L’interprĂ©tation statistique del’entropie permet de donner une nouvelle signification : l’entropie est alors une mesure de l’informationmanquante en accord avec la mĂ©canique quantique.

111

Page 122: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Exe

rcic

esExercice 1: Pompe Ă  chaleurUne pompe Ă  chaleur maintient la tempĂ©rature interne d’une maison Ă  20◩C alors que la tempĂ©rature

extĂ©rieure est de 3◩C. La pompe Ă  chaleur idĂ©ale est une machine de Carnot rĂ©cepteur. Elle utilise letravail pour pomper de la chaleur d’un thermostat basse tempĂ©rature et la transfĂ©rer Ă  un thermostathaute tempĂ©rature. Calculer la quantitĂ© de travail minimum requise pour transfĂ©rer 100 J de chaleur versl’intĂ©rieur. On prendra soin de prĂ©ciser les signes des quantitĂ©s de chaleur reçues par le fluide qui circuledans l’installation.

Exercice 2: Evolution irrĂ©versible et retour Ă  l’état initi alUne mole de gaz parfait de capacitĂ© thermique Ă  volume constant Cm,V =

5R

2est enfermée dans un

cylindre vertical calorifugĂ© comportant un piston mobile calorifugĂ© de section A = 0, 01m2 en contactavec une atmosphĂšre extĂ©rieure Ă  pression constante p0 = 105 Pa. A l’origine, le piston est libre et lamole de gaz est en Ă©quilibre dans l’état E0. On notera sa tempĂ©rature T0 = 300K et son volume V0.On donne R = 8, 3145 J.K−1.mol−1 et g = 9, 81m.s−2. On pose une masse m = 102 kg et on laisse lesystĂšme Ă©voluer.

1. DĂ©terminer la pression p1, le volume V1 et la tempĂ©rature T1 du nouvel Ă©tat d’équilibre E1.

2. Calculer la variation d’entropie du gaz ∆S0→1 et commenter.

Pour ramener le systĂšme dans son Ă©tat initial, on supprime la masse m et un opĂ©rateur dĂ©place lente-ment le piston pour faire subir au gaz une dĂ©tente 1 → 2 rĂ©versible dans le cylindre calorifugĂ© jusqu’auvolume V2 = V0. Comme la tempĂ©rature n’est pas Ă©gale Ă  T0, on bloque le piston, on supprime l’isolationthermique du cylindre et le systĂšme est mis en contact avec un thermostat de tempĂ©rature T0 : il Ă©volue

112

Page 123: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Exe

rcic

esde maniĂšre isochore jusqu’à un Ă©tat d’équilibre E3.

3. Déterminer la pression et la température dans les états E2 et E3.

4. Calculer les variations d’entropie ∆S1→2, ∆S2→3 du gaz et l’entropie crĂ©Ă©e Si2→3. Commenter.

113

Page 124: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cor

rigésCorrection 1: Pompe à chaleur

Il faut dans un premier temps analyser le fonctionnement de l’installation. Le cycle est rĂ©cepteur, West positif. Le fluide transfĂšre de la chaleur Ă  la source chaude, QC est nĂ©gatif et pour finir, on prĂ©lĂšvede la chaleur Ă  la source froide, donc QF est positif. QC = −100 J. La quantitĂ© minimale de travail estobtenue quand l’efficitĂ© est maximale, donc en l’absence de perte. Elle correspond au cycle de CarnotrĂ©cepteur. Il faut maintenant Ă©crire les deux premiers principes de la thermodynamique. Le premierprincipe donne :

∆Ucycle = 0 = W +QC +QF

Le second principe donne :

∆Scycle = 0 = Se + Si = Se =QC

TC+

QF

TF

car il n’y a que de l’entropie Ă©changĂ©e. La seconde relation permet d’écrire :

QF = −TFQC

TC= −276

−100

293= 94, 2 J

D’aprùs la premiùre relation :

W = −(QC +QF ) = −(−100 + 94, 2) = 5, 8 J

La pompe à chaleur reçoit du travail.

Correction 2: Evolution irrĂ©versible et retour Ă  l’état ini tial

114

Page 125: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cor

rigés1. Pour la pression :

p1 = pext = p0 +Mg

A= 105 +

102× 9, 81

0, 01= 2 105 Pa = 2 bar

Pour déterminer la température, il faut utiliser plusieurs relations. Nous avons une transformationadiabatique irréversible. Le travail reçu vaut :

W = −pextdV = −p1(V1 − V0)

Pour un gaz parfait :

∆U01 = CV (T1 − T0) =5R

2(T1 − T0)

D’aprùs le premier principe :

∆U01 = W +Q = W ⇒ 5R

2(T1 − T0) = −RT1 +

p1p0RT0

Comme p1p0

= 2,

5

2(T1 − T0) = −T1 + 2T0 ⇒

7

2T1 =

9

2T0 ⇒ T1 =

9

7T0 =

9

7300 = 386K

On en déduit les volumes :

V1 =RT1

p1=

8, 314× 386

2 105= 1, 60 10−2m3

et

V0 =RT0

p0=

8, 314× 30

105= 2, 49 10−2m3

115

Page 126: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cor

rigĂ©s2. On utilise une des expressions de la variation d’entropie entre 2 Ă©tats :

∆S01 = Cp ln

(

T1

T0

)

− nR ln

(

p1p0

)

ou ∆S01 = CV ln

(

T1

T0

)

+ nR ln

(

V1

V0

)

D’oĂč :

∆S01 =5× 8, 314

2ln

(

386

300

)

+ 8, 314 ln

(

1, 6

2, 49

)

= 1, 562 J.K−1

Comme la transformation est adiabatique, Se01 = Q/Te = 0, d’oĂč Si

01 = ∆S01 > 0. Il y a crĂ©ationd’entropie et le processus est irrĂ©versible.

3. La transformation 12 est une isentropique (adiabatique rĂ©versible). Nous avons donc la relationpV Îł = Cte. D’aprĂšs la relation de Mayer, Cp−CV = nR d’oĂč Îł = Cp/CV = 7/5 = 1, 4. On a donc :

p2 = p1

(

V1

V0

)Îł

= 2 105(

1, 6

2, 49

)1,4

= 1, 078 105 Pa = 1, 077 bar

avec T2 = p2V2/R = 1, 077 105 × 2, 49 10−2/8, 314 = 323K.La transformation 23 est isochore. L’état 3 est Ă©quivalent Ă  l’état 0. T3 = T0 = 300K et p3 = p0 =1 105 Pa = 1 bar.

4. La transformation 12 est isentropique :∆S12 = 0

L’entropie est une fonction d’état, on a donc :

∆S23 = ∆S13 −∆S12 = ∆S10 −∆S12 = −∆S01 −∆S12 = −1, 562 + 0 = −1, 562 J.K−1

116

Page 127: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre V: Second principe et flĂšche du temps

Cor

rigĂ©sIl faut calculer l’entropie Ă©changĂ©e pour la transformation 23. Pour une transformation isochore,

W = 0 et Q = ∆U = CV∆T :

Se23 =

Q23

T0=

5R

2

T0 − T2

T0=

5× 8, 314

2

300− 323

300= −1, 594 J.K−1

d’oĂčSi23 = ∆S23 − Se

23 = −1, 562 + 1, 594 = 0, 032 J.K−1

Il y a crĂ©ation d’entropie au cours de la transformation isochore. Au dĂ©but de la transformation, legaz n’est pas Ă  la tempĂ©rature du thermostat ce qui est une cause d’irrĂ©versibilitĂ©.

117

Page 128: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

DeuxiĂšme partie

Approfondissements

118

Page 129: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

VIFonctions thermodynamiques

Un potentiel thermodynamique est associĂ© Ă  des conditions expĂ©rimentales donnĂ©es et est en gĂ©nĂ©ralfonction des paramĂštres du systĂšme et de ceux du milieu extĂ©rieur contrairement aux fonctions d’état.En cas d’égalitĂ© entre les paramĂštres extĂ©rieurs et intĂ©rieurs, cela revient Ă  travailler sur une fonctiond’état.

Si une grandeur est une fonction d’état, sa variation ne dĂ©pend que de l’état final et de l’état initiald’équilibre. A partir d’une fonction d’état, il est possible avec une transformation dite de Legendre (ajoutd’un produit de 2 variables conjuguĂ©es, l’une intensive, l’autre extensive, produit de mĂȘme dimensionna-litĂ© que la fonction d’état) de construire une nouvelle fonction d’état. Cette astuce permet d’exprimer unediffĂ©rentielle en fonction des paramĂštres du problĂšme.

Nous allons construire les potentiels et fonctions d’état avec les variables associĂ©es Ă  un gaz parfaitdans un premier temps. Ensuite, en utilisant les propriĂ©tĂ©s des diffĂ©rentielles (totales exactes), nouspourrons dĂ©montrer certaines relations que nous avons admis dans la premiĂšre partie du cours, comme

119

Page 130: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rspour un gaz parfait avec l’énergie interne fonction uniquement de la tempĂ©rature. Nous reviendrons aussisur des relations qui nous semblent importantes, Ă  savoir la capacitĂ© thermique d’un liquide indĂ©formable(valable Ă©videmment pour un solide) ou encore l’expression de la pression osmotique. C’est un point unpeu dĂ©licat mais d’une telle importance que nous l’avons inclus.

Les fonctions thermodynamiques sont indispensables pour poursuivre sur les transitions de phase.

120

Page 131: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rsVI.1 Les potentiels et fonctions thermodynamiquesVI.1.a Potentiel F ∗

= U − T0SUn systĂšme fermĂ© ÎŁ Ă©volue au contact d’un thermostat de tempĂ©rature T0 entre un Ă©tat initial I et un

Ă©tat final F .

UF − UI = W +Q et SF − SI ≄Q

T0

En introduisant le potentiel F ∗ = U − T0S :

F ∗F − F ∗

I ≀ W

Si le systĂšme Ă©volue sans travail (rĂ©cipient indĂ©formable), F ∗F < F ∗

I , la fonction F ∗ Ă©volue vers unminimum.

VI.1.b Energie libre F = U − TSSi dans l’état initial et final, le systĂšme est en Ă©quilibre avec le thermostat de tempĂ©rature T0, sa

tempĂ©rature s’identifie Ă  T0 dans ces 2 Ă©tats. On dĂ©finit alors une nouvelle fonction d’état du systĂšme,appelĂ©e Ă©nergie libre F = U − TS.

VI.1.c Potentiel G∗= U + p0V − T0S

Un systĂšme fermĂ© ÎŁ Ă©volue au contact d’un thermostat de tempĂ©rature T0 et d’une atmosphĂšreexerçant sur lui une pression extĂ©rieure p0 constante entre un Ă©tat initial I et un Ă©tat final F.

W = −∫ VF

VI

p0dV = −p0(VF − VI) ⇒ UF − UI = Wautres − p0(VF − VI) +Q et SF − SI ≄Q

T0

121

Page 132: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rsWautre sont les autres forces que les forces de pression. On en déduit :

(UF + p0UF − T0SF )− (UI + p0UI − T0SI) ≀ Wautre

En introduisant le potentiel G∗ :G∗

F −G∗I ≀ Wautre

Si le systĂšme Ă©volue de maniĂšre monobare, G∗F < G∗

I , la fonction G∗ Ă©volue vers un minimum.

VI.1.d Energie de Gibbs ou enthalpie libre G = U + pV − TSSi dans l’état initial et final, le systĂšme est en Ă©quilibre avec le thermostat de tempĂ©rature T0 et

l’atmosphĂšre extĂ©rieure oĂč la pression est p0, alors la tempĂ©rature s’identifie Ă  T0 et la pression Ă  p0 : G =U + pV − TS. En l’absence de travail autre que les forces de pression, l’évolution est Ă©nergĂ©tiquementfavorable quand ∆G < 0 et Ă  l’équilibre, on a : ∆G = 0.

Exemple :

T ∆Um ∆Hm ∆Sm −T∆Sm ∆Gm Evolution◩C J.mol−1 J.mol−1 J.K−1.mol−1 J.mol−1 J.mol−1

−10 −5619 −5619 −21 5406 −213 Favorable0 −6008 −6008 −22 6008 0 Equilibre10 −6397 −6397 −23 6623 226 DĂ©favorable

TABLE VI.1: Transition liquide-solide pour l’eau Ă  pression atmosphĂ©rique.

Il faut donc retenir que la phase la plus stable est celle de plus basse Ă©nergie libre.

122

Page 133: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rsVI.2 UtilisationVI.2.a Formes différentielles

Comme :F = U − TS H = U + pV G = U − TS + pV

En différentiant, on obtient :

dU = TdS − pdV dF = −SdT − pdV dH = TdS + V dp dG = −SdT + V dp

Il est alors possible en utilisant le fait que ces fonctions sont des différentielles totales exactes de trouverdes relations entre les dérivées partielles.

VI.2.b Application au calcul de l’énergie interne d’un gaz pa rfaitNous avons postulĂ© que l’énergie interne d’un gaz parfait ne dĂ©pendait que de la tempĂ©rature. Nous

allons maintenant le démontrer. Par définition des coefficients calorimétriques :

TdS = CV dT + ldV

L’expression du coefficient l est :

l = T

(

∂S

∂V

)

T

La dĂ©rivĂ©e de l’entropie n’est pas facile Ă  manier Ă  partir de l’équation d’état d’un gaz parfait. En prenantla diffĂ©rentielle de l’énergie libre, on a :

dF =

(

∂F

∂T

)

V

dT +

(

∂F

∂V

)

T

dV et dF = −SdT − pdV

123

Page 134: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rsd’oĂč :(

∂

∂V

(

∂F

∂T

)

V

)

T

=

(

∂

∂T

(

∂F

∂V

)

T

)

V

⇒(

∂ − S

∂V

)

T

=

(

∂ − p

∂T

)

V

Permettant de réécrire l :

l = T

(

∂p

∂T

)

V

Dans le cas d’un gaz parfait (pV = nRT ) :

l = T

(

∂ nRTV

∂T

)

V

= TnR

V= p

On en déduit alors la relation :TdS = CV dT + pdV

En reportant dans l’expression de l’énergie interne :

dU = TdS − pdV = CV dT + pdV − pdV = CV dT

De mĂȘme, on dĂ©montre que :TdS = CpdT + kdp = CpdT − V dp

en considĂ©rant que dG = −SdT + V dp est une diffĂ©rentielle totale exacte d’oĂč :

dH = CpdT

124

Page 135: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rsVI.2.c Cas des fluides incompressiblesDans le cas particulier oĂč le fluide peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme incompressible :

dV = 0 et

(

∂V

∂T

)

p

= 0

Sur une transformation réversible, on a donc TdS = ΎQrev et :

TdS = CV dT + ldV = CV dT et TdS = CpdT + kdp = CpdT − T

(

∂V

∂T

)

p

dp = CpdT

Soit :TdS = CV dT = CpdT

et finalement :Cp = CV = C

VI.2.d Potentiel chimique et pression osmotiquePour un systĂšme Ă  un constituant, le potentiel chimique s’identifie en physique Ă  l’énergie de Gibbs

ou enthalpie libre.G = ”N

En chimie, on préfÚre introduire le nombre de moles, à savoir :

G = ”n

125

Page 136: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rsNous utiliserons cette seconde dĂ©finition mais il faut faire attention Ă  l’homogĂ©nĂ©itĂ© des formules entreles diffĂ©rents ouvrages. Pour un systĂšme Ă  plusieurs constituants, l’énergie molaire de Gibbs devient :

Gm =G

n=∑

k

”kxk avec xk =nk

n

n Ă©tant le nombre de moles. Le potentiel chimique peut ainsi se mettre sous la forme :

dGm =∑

k

”kdxk

Le potentiel chimique correspond donc Ă  l’enthalpie libre molaire partielle. Revenons au cas Ă  un consti-tuant, la valeur de ”(p, T ) s’obtient Ă  partir de :

d” = −SmdT + Vmdp

soit :

”(p, T ) = ”0(p0, T ) +

∫ p

p0

Vm(pâ€Č, T )dpâ€Č

Pour un gaz parfait,

”(p, T ) = ”0(p0, T ) +RT ln

(

p

p0

)

En introduisant le concept d’activitĂ© de Lewis, a :

”k(p, T ) = ”0k(p0, T ) +RT ln(ak)

De nombreuses propriĂ©tĂ©s de solutions diluĂ©es peuvent ĂȘtre dĂ©crites par un potentiel chimique de laforme : ”(p, T ) = ”0(p0, T ) +RT ln(a), ce qui nous conduit Ă  adopter la dĂ©finition suivante :

”k(p, T, xk) = ”0k(p0, T ) +RT ln(xk)

126

Page 137: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rspour une solution parfaite.Considérons le potentiel chimique à une interface semi-perméable entre un liquide pur et un liquide

contenant du solutĂ© soumis Ă  une pression supĂ©rieure de π. Pour le liquide pur :

”(p, T ) = ”0(p, T )

Pour le liquide contenant du soluté :

”(p+ π, T, xsolvant) = ”0(p, T ) +RT ln (xsolvant) +

∫ π

0

V 0mdp

= ”0(p, T ) +RT ln (1− xsolute) + V 0mπ

= ”0(p, T )−RTxsolute + V 0mπ

A l’équilibre :

π = RTxsoluteV 0m

= cRT

La pression osmotique π est fonction de la concentration en solutĂ© c.

ConclusionLes potentiels ont été introduits pour tenir compte de la différence entre les paramÚtres imposés et

les paramĂštres du systĂšme Ă©tudiĂ©. En cas d’équilibre de la tempĂ©rature et de la pression, il convientd’introduire les fonctions thermodynamiques. Les paramĂštres contrĂŽlĂ©s permettent de choisir la fonctionthermodynamique la plus appropriĂ©e. Le passage d’une fonction Ă  une autre se fait en ajoutant ou re-tranchant un couple de variables conjuguĂ©es. En utilisant les propriĂ©tĂ©s des diffĂ©rentielles pour l’énergie,l’enthalpie, l’énergie libre et l’enthalpie libre, il est facile d’exprimer des dĂ©rivĂ©es partielles en changeant

127

Page 138: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cou

rsle couple de variables. L’introduction de l’entropie dans le premier principe permet d’exprimer toutes lesgrandeurs simplement. On retrouve, avec l’équation d’état du gaz parfait, la variation de l’énergie in-terne que nous avions admise mais aussi la variation de l’enthalpie qui sera trĂšs utile pour les systĂšmesouverts. L’introduction du potentiel chimique permet de traiter des systĂšmes non purs et d’établir l’ex-pression de la pression osmotique par exemple. Ces outils trouveront une suite logique dans le chapitresur le changement d’état.

128

Page 139: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Exe

rcic

esExercice 1: Différentielle totale exacte (DTE)Soit une différentielle de la pression exprimée en fonction des variations de volume et de température.

1. Donner un exemple d’une forme diffĂ©rentielle ÎŽf ne dĂ©rivant pas d’une fonction d’état et une diffĂ©-rentielle df dĂ©rivant d’une fonction d’état.

2. Partant d’une Ă©quation d’état f(p, T, V ) = 0, est-il toujours possible d’écrire une DTE ?

3. Partant de dp, et en exprimant dans l’expression la diffĂ©rentielle de dT , montrer que :(

∂T

∂p

)

V

=1

(

∂p

∂T

)

V

et

(

∂p

∂T

)

V

(

∂T

∂V

)

p

(

∂V

∂p

)

T

= −1

Exercice 2: Gaz parfaitUn gaz est dĂ©crit par l’équation d’état : pVm = RT oĂč Vm est le volume molaire.

1. On rappelle que dU = TdS − pdV et TdS = CV dT + ldV = CpdT + kdp. En dĂ©duire l et k.

2. Montrer, en se servant de la diffĂ©rentielle de l’énergie libre dF (F = U − TS) et de l’enthalpie libredG (G = U − TS + pV ) pour Ă©liminer la variable S dans l’expression, que :

l = T

(

∂p

∂T

)

V

et k = −T

(

∂V

∂T

)

p

3. Exprimer la diffĂ©rentielle totale exacte dU et montrer que pour l’équation d’état retenue, dU nedĂ©pend que de dT .

129

Page 140: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Exe

rcic

es4. Exprimer la diffĂ©rentielle totale exacte dH et montrer que pour l’équation d’état retenue, dH nedĂ©pend que de dT .

5. En dĂ©duire l’énergie interne molaire Um(T ) en fonction de Cm,V , T et l’état de rĂ©fĂ©rence indicĂ© 0.Cm,V est la capacitĂ© thermique molaire isochore .

6. DĂ©terminer la fonction d’état entropie molaire Sm(T, p).

7. Peut-on utiliser cette fonction Sm pour une transformation irréversible ? Justifier.

130

Page 141: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cor

rigésCorrection 1: Différentielle totale exacte (DTE)

1. Prenons une forme quelconque :ÎŽf(x, y) = xdx+ xdy

Les dĂ©rivĂ©es croisĂ©es s’écrivent :(

∂x

∂y

)

x

= 0 et

(

∂x

∂x

)

y

= 1

Elles ne sont pas Ă©gales, on ne peut donc pas Ă©crire : df =(

∂f∂x

)

ydx+

(

∂f∂y

)

xdy

Prenons une forme (inspirée de dz = ... avec z = x/y) :

df(x, y) =dx

y− xdy

y2

Les dĂ©rivĂ©es croisĂ©es s’écrivent :(

∂ 1y

∂y

)

x

= − 1

y2et

(

∂−xy2

∂x

)

y

= − 1

y2

Comme elles sont Ă©gales. On peut donc Ă©crire : df =(

∂f∂x

)

ydx+

(

∂f∂y

)

xdy

2. Partant d’une Ă©quation d’état f(p, T, V ) = 0, il est toujours possible d’exprimer p en fonction de Tet V et donc d’écrire une diffĂ©rentielle totale exacte.

3. Pour dp, on a :

dp =

(

∂p

∂V

)

T

dV +

(

∂p

∂T

)

V

dT

131

Page 142: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cor

rigésPour dT , on a :

dT =

(

∂T

∂V

)

p

dV +

(

∂T

∂p

)

V

dp

En introduisant dT dans dp :

dp =

(

∂p

∂V

)

T

dV +

(

∂p

∂T

)

V

(

∂T

∂V

)

p

dV +

(

∂p

∂T

)

V

(

∂T

∂p

)

V

dp

En regroupant :

dp

[

1−(

∂p

∂T

)

V

(

∂T

∂p

)

V

]

=

[

(

∂p

∂V

)

T

+

(

∂p

∂T

)

V

(

∂T

∂V

)

p

]

dV

Cette relation est toujours vraie, donc chaque facteur est nul, d’oĂč :(

∂p

∂T

)

V

(

∂T

∂p

)

V

= 1

soit encore :(

∂T

∂p

)

V

=1

(

∂p

∂T

)

V

En injectant cette relation dans le second facteur :(

∂p

∂T

)

V

(

∂T

∂V

)

p

(

∂V

∂p

)

T

= −1

132

Page 143: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cor

rigésCorrection 2: Gaz parfait

1. Soit l et k des coefficients calorimétriques, à partir de TdS ou de ΎQrev, on a :

TdS = CV dT + ldV ⇒ l = T

(

∂S

∂V

)

T

Il est toujours possible de choisir ses variables et d’écrire :

l = −CV

(

∂T

∂V

)

S

Simplement, cette expression n’est pas simple Ă  utiliser dans le cas gĂ©nĂ©ral donc on lui prĂ©fĂšre laprĂ©cĂ©dente. NĂ©anmoins, il est possible de vĂ©rifier que l’on trouve le bon rĂ©sultat dans le cas du gazparfait. Sachant que pour une transformation rĂ©versible pV Îł = Cte, on a alors :

l = − nR

γ − 1

(

∂ pVnR

∂V

)

S

=1

1− γ

(

∂(

pV γ × V 1−γ)

∂V

)

S

=pV Îł

1− γ

(

∂V 1−γ

∂V

)

S

=pV Îł

1− γ(1− γ)V −γ = p

Pour un gaz parfait, en admettant (nous allons le dĂ©montrer) que dU = CV dT , alors dU = ÎŽQ +ÎŽW = TdS − pdV = CV dT + (l − p)dV d’oĂč l = p.

Pour le coefficient k, on a :

TdS = CpdT + kdp ⇒ k = T

(

∂S

∂p

)

T

qui est l’expression la plus simple à manipuler.

133

Page 144: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cor

rigĂ©s2. Comme F = U − TS, on a :

dF = dU − TdS − SdT = −pdV − SdT =

(

∂F

∂V

)

T

dV +

(

∂F

∂T

)

V

dT

La dérivée seconde vaut :(

∂

∂V

(

∂F

∂T

)

V

)

T

=

(

∂

∂T

(

∂F

∂V

)

T

)

V

⇔(

∂(−S)

∂V

)

T

=

(

∂ − p

∂T

)

V

d’oĂč :

l = T

(

∂S

∂V

)

T

= T

(

∂p

∂T

)

V

Comme G = U − TS + pV , on a :

dG = V dp− SdT =

(

∂G

∂p

)

T

dp+

(

∂G

∂T

)

p

dT

La dérivée seconde vaut :(

∂

∂p

(

∂G

∂T

)

p

)

T

=

(

∂

∂T

(

∂G

∂p

)

T

)

p

⇔(

∂ − S

∂p

)

T

=

(

∂V

∂T

)

p

d’oĂč :

k = T

(

∂S

∂p

)

T

= −T

(

∂V

∂T

)

p

134

Page 145: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VI: Fonctions thermodynamiques

Cor

rigés3. Pour un gaz parfait :

l = T

(

∂ nRTV

∂T

)

V

= TnR

V= p

On en dĂ©duit :dUm = ÎŽWm + ÎŽQm = −pdVm + Cm,V dT + pdVm = Cm,V dT

4. Pour un gaz parfait :

k = −T

(

∂ nRTp

∂T

)

p

= −TnR

p= −V

On en dĂ©duit :dHm = ÎŽQm + Vmdp = Cm,pdT − Vmdp+ Vmdp = Cm,pdT

5. Um = Cm,V (T − T0) + Um,0

6. Comme TdSm = Cm,V dT + pdVm, on a :

dSm = Cm,VdT

T+

p

TdVm = CV,m

dT

T+R

dVm

V

En intégrant :

Sm = Cm,V ln

(

T

T0

)

+R ln

(

Vm

Vm,0

)

+ Sm,0

7. Oui, cette fonction est utilisable pour toutes les transformations car S est une fonction d’état et savariation ne dĂ©pend que de l’état initial et de l’état final.

135

Page 146: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

VIIChangements d’état

La matiĂšre qui nous entoure est sous forme liquide (eau), solide (glace) ou gazeuse (oxygĂšne del’air). Cette matiĂšre peut ĂȘtre sous forme pure ou alors mĂ©langĂ©e ce qui complique un peu la description.Nous allons dĂ©crire principalement l’eau. En effet, nous savons tous ce qu’est la glace, la vapeur d’eauet l’eau liquide et connaissons ce qu’implique le changement d’état en terme de chaleur apportĂ©e toutdu moins pour l’isobare correspondant Ă  la pression atmosphĂ©rique. Nous ne dĂ©crirons pas des cas pluscompliquĂ©s comme des liquides trĂšs visqueux (qui ont des retards importants au changement d’état) oudes cristaux liquides qu’autrefois on jetait, les croyant impurs, du fait d’une transition d’un Ă©tat Ă  l’autres’étendant sur une plage de tempĂ©rature de plusieurs degrĂ©s (Ă©tats intermĂ©diaires). Pour l’eau, lors d’unchangement d’état, la tempĂ©rature reste constante. L’apport de chaleur permet d’augmenter l’entropie etd’aller vers un Ă©tat plus dĂ©sordonnĂ©. La condition d’équilibre fait donc naturellement intervenir la fonctiond’état qui implique la pression et la tempĂ©rature, soit l’enthalpie libre. Pour les Ă©changes d’énergie, il fautconsidĂ©rer l’enthalpie. La pression de vapeur saturante nous permettra de comprendre pourquoi l’eau

136

Page 147: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rss’évapore quand le temps est sec et ne s’évapore pas quand le temps est humide. Pour finir, commeen biologie et dans la vie courante, il y a souvent des impuretĂ©s dans l’eau, nous traiterons cet effet enutilisant Ă  nouveau la notion de potentiel chimique.

137

Page 148: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsVII.1 Phases et équilibreVII.1.a Les différents états de la matiÚre

– L’état fluide : aptitude Ă  l’écoulement. Aux pressions et tempĂ©ratures usuelles, il est souvent possiblede distinguer nettement 2 comportements fluides extrĂȘmes :– les liquides, denses et trĂšs peu compressibles,– les gaz, moins denses et facilement compressibles.Il est possible de passer continĂ»ment d’un Ă©tat liquide Ă  un Ă©tat gazeux : il y a continuitĂ© de l’étatfluide.

– L’état solide : Ă©tat condensĂ© dont les positions relatives sont invariantes. On distingue deux typesde solides en fonction de l’arrangement atomique :– l’état amorphe avec l’absence d’ordre Ă  longue distance,– l’état cristallin avec un agencement ordonnĂ© d’atomes.

VII.1.b Transition de phaseLe vocabulaire associĂ© aux transitions de phase est indiquĂ© sur la figure VII.1. L’évaporation est

une vaporisation progressive d’un liquide dans une atmosphĂšre contenant au moins un autre gaz. Sil’atmosphĂšre est limitĂ©e, l’évaporation dans l’air de dĂ©part cesse quand la pression de vapeur a la mĂȘmevaleur de saturation que dans le vide de dĂ©part.

VII.1.c Diagramme d’équilibre ou diagramme de phaseLe diagramme est reportĂ© sur la figure VII.2. A pression atmosphĂ©rique, l’augmentation de tempĂ©ra-

ture fait passer de l’état solide Ă  l’état liquide puis Ă  l’état gazeux. L’énergie nĂ©cessaire Ă  fournir pour

138

Page 149: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsaugmenter la tempĂ©rature au cours de ces changements d’état est trĂšs largement utilisĂ©e dans les ma-chines thermiques.

Entropiecroissante

Solide

Liquide

Gaz

Fusion

Solidification

Vaporisatio

n

Liquéfaction

Su

blim

atio

n

Co

nde

nsa

ti on

FIGURE VII.1: Vocabulaire associé aux transi-tions de phase.

1

10-3

p(bar) Ă©chelle logarithmique

T(˚C)

Point critique221,2 bar374,1˚C

Point vapeur1,013 bar100˚C

Point triple0,0061 bar0,01˚C

Point glace1,013 bar0˚C

SOLIDE

LIQUIDE

GAZ

FLUIDE

FIGURE VII.2: Diagramme d’équilibre de l’eau.

VII.2 Enthalpie et entropie lors d’un changement d’étatL’étude des transitions de phase est devenue un domaine de recherche majeur. Les changements de

comportement comme la discontinuité de grandeurs sont systématiquement recherchés sans se limiteraux états simples de la matiÚre.

VII.2.a Chaleur latente de changement d’étatConsidĂ©rons 2 phases, 1 et 2, d’un corps pur P . La transition de 1 → 2 qui s’effectue Ă  tempĂ©rature

et pression constante s’accompagne d’une chaleur latente molaire de changement d’état ∆12Hm =

139

Page 150: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsHm,2 − Hm,1. La quantitĂ© de chaleur Ă  fournir s’écrit alors Q = n∆12Hm. Usuellement, on dĂ©finit lachaleur latente massique, dĂ©signĂ©e par la lettre l, par :

l12 =∆12Hm

M

oĂč M est la masse molaire du corps pur considĂ©rĂ©. Actuellement, certains auteurs prĂ©fĂšrent le termed’enthalpie massique de changement d’état.

Cette chaleur latente, dans le cas d’une transition liquide-gaz reprĂ©sentĂ© ci-dessous, est fonction dela tempĂ©rature et s’annule au point critique.

v apHm (kJ.mol-1)

40

0 100˚C 374,1˚C T

pression normale(1,013 bar)

Point critique221,2 bar

FIGURE VII.3: Enthalpie de vaporisation pourl’eau.

p(bar)

Vm

C

courbe derosée

courbed’ébullition(vaporisatio

Vm , VVm , LVm

FIGURE VII.4: Volume au cours d’une vaporisa-tion.

Au cours d’un changement d’état, de l’état 1 vers l’état 2, la tempĂ©rature est constante, et l’entropiede changement d’état s’écrit :

∆12S =

∫ 2

1

ÎŽQ

T12=

Q

T12=

∆12H

T12

140

Page 151: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsVII.2.b SystĂšme diphasĂ© liquide-vapeurPour un systĂšme diphasĂ©, il est possible d’exprimer les grandeurs extensives en fonction d’un titre en

vapeur. Le titre en vapeur est défini par :

xV =nV

nV + nL=

nV

n

Considérons le volume qui est une grandeur extensive :

V = VL+VV = nLVm,L+nV Vm,V = (n−nV )Vm,L+nV Vm,V division par n ⇒ Vm = Vm,L+xV (Vm,V−Vm,L)

De la mĂȘme maniĂšre, on montre que :

Hm = Hm,L + xV∆vapHm , Um = Um,L + xV∆vapUm et Sm = Sm,L + xV∆vapSm

Les fonctions d’état molaires Hm, Um et Sm d’un systĂšme diphasĂ© ne dĂ©pendent que du titre en vapeurxv et de la tempĂ©rature T .

VII.2.c Classification générale des transitions de phaseLa théorie moderne des transitions de phase est mathématiquement trÚs difficile. Les transitions sont

classĂ©es en fonction des discontinuitĂ©s.– Transition du premier ordre : les grandeurs extensives sont discontinues et la capacitĂ© thermique Ă 

pression constante diverge.– Transition du second ordre : les grandeurs extensives sont continues et la capacitĂ© thermique Ă 

pression constante est discontinue.

141

Page 152: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rs

V

V

TT1 2

TT1 2 TT12

TT12

phase 1

phase 2 Cp

Cp

Infini

Ordre 1

Ordre 2

FIGURE VII.5: Transitions de phase.

VII.2.d Cas de l’eauIl est intĂ©ressant de reprĂ©senter pour l’eau, Ă  la pression de 1 bar, la variation de Cp,m et de l’entropie

Sm à la pression considérée que nous définirons comme :

Sm =

∫ T

0

Cp,m

T â€Č dT â€Č +∑

T12<T

∆12Hm

T12

VII.3 Conditions d’équilibre entre 2 phases d’un corps purVII.3.a Formule de Clapeyron

Soit un corps pur sous 2 phases 1 et 2 dans un rĂ©cipient Ă  la tempĂ©rature T par contact avec unthermostat et Ă  la pression p par contact avec une atmosphĂšre extĂ©rieure. Pour l’enthalpie libre, nous

142

Page 153: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rs

0

Cp m (J.K-1.mol-1)

40

80

T(K)200 400 600

FIGURE VII.6: Evolution schĂ©matisĂ©e de la ca-pacitĂ© thermique de l’eau sous 1 bar.

0

Sm (J.K-1.mol-1)

T(K)200 400 600

250

FIGURE VII.7: Evolution schĂ©matisĂ©e de l’en-tropie de l’eau sous 1 bar.

avons :G = G1 +G2 = n1G1,m + n2G2,m

Comme n = n1 + n2, au cours de la transition de phase :

G(p, T, n1) = n1 [G1,m(p, T )−G2,m(p, T )] + nG2,m(p, T )

Le systĂšme Ă©volue dans le sens d’une diminution de G. Pour que le systĂšme diphasĂ© soit en Ă©quilibre, ilfaut que G passe par un minimum pour n1 6= 0 et n2 6= 0. Ceci ne se produit que si :

G1,m(p, T ) = G2,m(p, T )

DĂ©plaçons-nous lĂ©gĂšrement sur la courbe d’équilibre p12(T ).

G1,m(p+ dp, T + dT ) = G2,m(p+ dp, T + dT )

CommeG1,m(p+ dp, T + dT ) = G1,m(p, T ) + dG1,m(p, T )

143

Page 154: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsNous obtenons :dG1,m(p, T ) = dG2,m(p, T )

en remplaçant par la diffĂ©rentielle de G (dG = −TdS + V dp) et en se plaçant sur la courbe d’équilibre(pression indicĂ©e) :

−S1,mdT + V1,mdp12 = −S2,mdT + V2,mdp12 ⇒ dp12dT

=S2,m − S1,m

V2,m − V1,m=

s2 − s1v2 − v1

D’oĂč la formule de Clapeyron :

l12 = T (s2 − s1) = T (v2 − v1)dp12dT

Les lettres minuscules indiquent les grandeurs massiques.

VII.3.b Application aux transitions solide-liquide et liqu ide-vapeur de l’eauSolide-Liquide

Pour l’eau, le volume massique de la glace est supĂ©rieur Ă  celui du volume massique de l’eau, lapente dpfus/dT est nĂ©gative. ExpĂ©rimentalement, on a : :

vL = 10−3 m3.kg−1 vS = 1, 09 10−3 m3.kg−1 lfus = 334 kJ.kg−1 Tfus = 273, 15K

⇒ dpfusdT

= −1, 36 107 Pa.K−1

qui est Ă©gale Ă  la valeur expĂ©rimentale.Il est possible aussi d’interprĂ©ter l’expĂ©rience du regel de l’eau : un fil traverse la glace, avec fusion Ă 

l’endroit du contact (pression plus Ă©levĂ©e rendant l’eau liquide Ă©nergĂ©tiquement favorable Ă  cet endroit),puis solidification lorsque l’eau est passĂ©e au-dessus.

144

Page 155: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rs

Glace Glace

DĂ©but Vers la fin

Sous le fil, l’eau soumiseà forte pression devientliquide

FIGURE VII.8: Expérience du regel.

Liquide-Vapeur

Expérimentalement, on a :

vL = 10−3 m3.kg−1 vG = 1, 672m3.kg−1 lvap = 2256 kJ.kg−1 Tvap = 373, 15K

⇒ dpvapdT

= 3620Pa.K−1

qui est égale à la valeur expérimentale.Dans le cas de cette transition, le volume de la phase gaz est trÚs supérieur au volume du liquide. De

plus, la chaleur latente de vaporisation peut ĂȘtre raisonnablement considĂ©rĂ©e comme constante sur unepetite gamme de tempĂ©rature loin du point critique. En considĂ©rant que la phase gaz obĂ©it Ă  l’équationdes gaz parfaits, nous avons :

dpvapdT

=lvapTvG

=lvap

T VnM

=pvapMlvap

RT 2⇒ dpvap

pvap=

MlvapR

dT

T 2

145

Page 156: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsD’oĂč :

ln (pvap) =MlvapR

(−1

T

)

+ Cte

Les lois expérimentales sont de cette forme.

VII.4 ExpĂ©rience du GeyserVII.4.a Principe de fonctionnement d’un autocuiseur

Une soupape, de masse m reposant sur une section de 2, 5 mm2 permet de contrĂŽler la pression.Elle induit une surpression de mg/S ≈ m × 2, 5 106 Pa ≈ 25mpatm. La pression de 1, 7 bar correspondaux conditions d’utilisation courante, soit une surpression de 0, 7 bar, soit m = 0, 7/25 = 0, 028 kg ou28 g. En augmentant la pression, on se dĂ©place sur la courbe de changement de phase liquide-vapeurpvap(T ).

Vapeur1,7 bar

Liquide 120˚C

p

T

pa t m

Solide

Vapeur

Liquide

Schéma deprincipe

FIGURE VII.9: Autocuiseur en fonctionnement.

Colonnepleine

Colonnepleine

Colonnevide

p=1,1b p=1b p=1,1bT=103˚C T=100˚CT diminue

Juste avant Juste aprĂšs

FIGURE VII.10: Principe de fonctionnementd’un geyser.

146

Page 157: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsVII.4.b Appareil dĂ©rivĂ©Un autocuiseur surmontĂ© d’un tuyau permet d’observer un phĂ©nomĂšne pĂ©riodique analogue au gey-

ser. Cherchons la durĂ©e pour arriver Ă  Ă©bullition. Pour une plaque Ă©lectrique fournissant une puissancede 1000 W, augmenter la tempĂ©rature de 5 kg l’eau de 80 K requiĂšre une quantitĂ© de chaleur :

Q = mceau∆T = 5× 4, 18 103 × 80 = 1, 67 106 J

avec ceau = 4, 18 kJ.kg−1.K−1. correspondant Ă  une durĂ©e de Q/P ≈ 1/2 h sans tenir compte des pertes.Cherchons maintenant un ordre de grandeur de la pĂ©riode. La pression lorsque la colonne est pleine

(1 m), vaut p = p0 + ρgh = 105 + 104 = 1, 1p0. La tempĂ©rature de vaporisation augmente typiquementde 3 K. Lorsque la pression se rĂ©duit du fait de l’apparition de bulles de vapeur, un phĂ©nomĂšne d’em-ballement se produit, la vaporisation refroidi l’eau et les bulles de vapeur arrĂȘtent de se former Ă  unetempĂ©rature de 100 ◩C. La durĂ©e d’emballement est faible par rapport au temps de chauffe. Si l’on consi-dĂšre que l’eau s’est refroidit dans l’air, la durĂ©e Ă  calculer revient Ă  la durĂ©e pour Ă©lever la tempĂ©rature del’eau de 3K soit 1 minute. Si l’on considĂšre que toute la chaleur est perdue par vaporisation, sachant que∆vapHm = 40, 58 kJ.mol−1, la chaleur Ă  perdre pour abaisser la tempĂ©rature est de 62, 7 kJ correspondĂ  1, 54 mol ou encore 28 g d’eau. Construire cet appareil est simple mais il faut un certain espace pourĂ©viter les projections brĂ»lantes et avoir prĂ©vu une liaison autocuiseur-tuyau rĂ©sistant Ă  la tempĂ©rature(les colles ordinaires ne conviennent pas) et un tuyau en mĂ©tal ou en plastique rĂ©sistant Ă  la chaleur.

VII.5 Variation des points d’ébullition et de solidificatio n en prĂ©-sence de solutĂ©

A partir de la définition du potentiel chimique ”, nous avons écrit dans le chapitre précédent :

”k(p, T, xsolvant) = ”0k(p0, T ) +RT ln(xsolvant)

147

Page 158: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rssi x est la fraction molaire du solvant.

VII.5.a VaporisationConsidérons le changement de phase liquide-vapeur :

”l = ”0l (p0, T ) +RT ln(xsolvant) = ”0

v(p0, T )

La variation d’enthalpie libre vaut donc :

”0v − ”0

l = ∆Gm = ∆Hm − T∆Sm = RT ln(xsolvant)

Si T0 est la tempĂ©rature de transition pour le solvant pur et T pour le solvant avec solutĂ©, comme ∆Hm

varie trÚs peu en fonction de la concentration en soluté, on a :

∆Hm(T ) = ∆Hm(T0)

Si xsolvant = 1, on a : ∆Sm = ∆Hm

T0

. Si x 6= 0, on a :

∆Gm = ∆Hm − T∆Sm = ∆Hm

(

1− T

T0

)

= RT ln(xsolvant)

En remplaçant xsolvant par 1− xsolute, on en dĂ©duit :

T − T0 =RTT0

∆Hm(vaporisation)xsolute

soit une Ă©lĂ©vation de la tempĂ©rature de vaporisation. Ajouter du sel dans l’eau augmente sa tempĂ©raturede vaporisation.

148

Page 159: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsVII.5.b SolidificationConsidérons le changement de phase liquide solide :

”l = ”0l (p0, T ) +RT ln(xsolvant) = ”0

s(p0, T )

La variation d’enthalpie libre vaut donc :

”0l − ”0

s = ∆Gm = ∆Hm − T∆Sm = −RT ln(xsolvant)

Si T0 est la tempĂ©rature de transition pour le solvant pur et T pour le solvant avec solutĂ©, comme ∆Hm

varie trÚs peu en fonction de la concentration en soluté, on a :

∆Hm(T ) = ∆Hm(T0)

Si xsolvant = 1, on a : ∆Sm = ∆Hm

T0

. Si x 6= 0, on a :

∆Gm = ∆Hm − T∆Sm = ∆Hm

(

1− T

T0

)

= −RT ln(xsolvant)

En remplaçant xsolvant par 1− xsolute, on en dĂ©duit :

T − T0 =−RTT0

∆Hm(fusion)xsolute

Ajouter du sel Ă  l’eau rĂ©duit la tempĂ©rature de solidification.

149

Page 160: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cou

rsConclusionAu cours d’un changement d’état, la tempĂ©rature reste constante et le corps pur peut coexister sous

deux phases. A pression constante, la fonction thermodynamique Ă  considĂ©rer est l’enthalpie libre. Laformule de Clapeyron permet d’estimer facilement la pression de vapeur saturante en fonction de latempĂ©rature et ainsi de connaĂźtre la teneur maximale en vapeur d’eau de l’air qui nous environne. Eneffet, l’eau liquide en contact avec l’air s’évapore jusqu’à que la teneur en vapeur d’eau corresponde Ă la pression de vapeur saturante. L’ébullition est un phĂ©nomĂšne de volume alors que l’évaporation est unphĂ©nomĂšne de surface. L’ajout de solutĂ© dans de l’eau liquide augmente la tempĂ©rature d’ébullition etrĂ©duit la tempĂ©rature de solidification. A partir de la pression et de la teneur en impuretĂ©s, l’analyse dupoint d’ébullition dans une expĂ©rience de la vie courante est possible. La connaissance du diagrammepression-tempĂ©rature permet d’interprĂ©ter un grand nombre d’expĂ©riences. Dans le cas particulier dupoint triple, le corps pur peut coexister sous 3 phases. Au-delĂ  du point critique, la distinction liquide -gaz n’est plus possible. Sur le diagramme est reprĂ©sentĂ© la partie intĂ©ressante. Par exemple, Ă  trĂšs hautepression et basse tempĂ©rature, il y a souvent un retour Ă  l’état solide, partie absente du diagramme saufen planĂ©tologie. Il existe aussi plusieurs phases solides mais l’analyse fine n’apporte pas d’idĂ©e nouvelleet on l’omet. Usuellement, le changement de phase qui correspond Ă  une transition solide-liquide ouliquide-vapeur, prĂ©sente une discontinuitĂ© du volume et est classĂ© en transition d’ordre 1. D’aprĂšs ladĂ©finition de la capacitĂ© thermique Ă  pression constante, sachant qu’il y a apport de chaleur et que latempĂ©rature reste constante, la capacitĂ© thermique diverge (est infinie).

150

Page 161: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Exe

rcic

esExercice 1: Gaz de van der Waals : diagramme p(V)L’équation d’état d’un gaz de van der Waals est :

(

p+ a( n

V

)2)

(V − nb) = nRT

1. CaractĂ©riser les points sur la figure ci-dessous et indiquer les Ă©tats de la matiĂšre. Certaines partiesde la courbe correspondent Ă  des Ă©tats instables : modifier le tracĂ© pour correspondre Ă  l’expĂ©-rience : expliquer.

2. Indiquer la portion correspondant à la courbe de vaporisation et à la courbe de rosée.

3. Qu’appelle-t-on courbe d’ébullition ?

4. Et de saturation ?

Vr

pr

0 2 4 6 8 100

1

2

FIGURE VII.11: Tracés pour Tr = 0, 9 ; 1 et 1, 1. pr = p/pC , Tr = T/TC et Vr = V/VC avec C associé aupoint critique.

151

Page 162: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Exe

rcic

esExercice 2: Utilisation du diagramme p(T) de l’eauLe point triple de l’eau est caractĂ©risĂ© par T = 0, 01 ◩C et p = 0, 0061 bar.

1. Dans un rĂ©cipient Ă  −10 ◩C, un morceau de glace est posĂ©. Une pompe rĂ©duit la pression jusqu’àune valeur trĂšs faible : que constate-t-on ?

2. MĂȘme question avec un verre d’eau liquide Ă  20 ◩C.

3. A l’altitude de 3000m, la tempĂ©rature de vaporisation de l’eau est abaissĂ©e de 10 ◩C par rapport Ă sa valeur normale. La tempĂ©rature de fusion de la glace est-elle supĂ©rieure ou infĂ©rieure Ă  0 ◩C ?

4. L’eau se vaporise Ă  pression atmosphĂ©rique Ă  100◩C. Sachant que la pente dpvap/dT = 3, 6 kPa.K−1,et Meau = 18 g.mol−1 estimer la chaleur latente de vaporisation et comparer Ă  la valeur donnĂ©e dansl’exercice suivant.

Exercice 3: DĂ©tente d’un liquide dans le videUn rĂ©cipient fermĂ© contenant 0,01 kg d’eau liquide est placĂ© dans une enceinte indĂ©formable de

volume V maintenue au contact d’un thermostat Ă  la tempĂ©rature T0 = 373 K. Initialement, l’enceinte estvide et l’eau dans le rĂ©cipient est Ă  la tempĂ©rature T0. On assimile la vapeur d’eau Ă  un gaz parfait demasse molaire M = 18 g.mol−1. On donne l’enthalpie de vaporisation de l’eau lv = 2, 3 103 kJ.kg−1 Ă  latempĂ©rature T0. On nĂ©glige le volume massique de l’eau liquide devant le volume massique de la vapeurd’eau. On donne R = 8, 314 J.K−1.mol−1. Le rĂ©cipient est ouvert et l’eau se vaporise pour occuper levolume V .

1. Calculer la valeur V du volume pour que dans l’état final, l’eau soit Ă  la tempĂ©rature T0 et Ă  lapression ps(T0) = 1 bar avec un titre en vapeur xv = 1.

152

Page 163: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Exe

rcic

es2. Pour mesurer l’enthalpie de vaporisation (ou chaleur latente de vaporisation), indiquer quelles va-riables intensives sont constantes.

3. Calculer le transfert thermique reçu. On rappelle que la transformation s’opĂšre avec un rĂ©cipientindĂ©formable initialement vide. Il faut (1) faire un bilan d’énergie interne puis (2) considĂ©rer lesconditions qui conduisent Ă  la dĂ©finition de la chaleur latente de vaporisation.

4. En dĂ©duire l’entropie Ă©changĂ©e.

5. Que vaut la variation d’entropie ? Y a-t-il crĂ©ation d’entropie ?

Exercice 4: Changement de phase : équilibre graphite-diama ntLe carbone est présent dans la nature sous différentes formes, la forme ordonnée graphite la plus

courante, la forme ordonnĂ©e diamant bien connue des joaillers et sous bien d’autres arrangements (ful-lerĂšnes, nanotubes, pyrocarbone, ...). Nous nous intĂ©ressons aux deux formes courantes que sont legraphite et le diamant.

Ho

m(kJ.mol−1) So

m(J.K−1.mol−1) Vm (m3.mol−1)

Diamant 720, 6 2, 51 3.42 10−6

Graphite 718, 7 5, 69 5.31 10−6

TABLE VII.1: Données pour le carbone sous 2 formes à 298 K et sous 1 bar.

1. Quel est l’état stable du carbone Ă  pression et tempĂ©rature ambiante, pourquoi ?

2. L’équilibre thermodynamique des 2 phases, lorsqu’il est atteint, pour une pression fixĂ©e et unetempĂ©rature fixĂ©e, se traduit comment ?

153

Page 164: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Exe

rcic

es3. A température ambiante, à quelle pression faut-il monter pour que le diamant soit la forme stable ?Commentez la valeur obtenue.

154

Page 165: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cor

rigésCorrection 1: Gaz de van der Waals : diagramme p(V)

1. Dans le tracĂ©, la partie oĂč la pression augmente quand le volume augmente est physiquementimpossible. De plus, pour une pression donnĂ©e, il ne peut pas y avoir 3 volumes associĂ©s. Il y adonc apparition d’un plateau.

2 4 6 80

1

2

Vr

pr

Courbe

de

rosée

Point critique

Isotherme avecplateau

Co

urb

ed

’éb

ulli

tion

C

FIGURE VII.12: Plateau associĂ© au changement d’état.

2. Voir graphique

3. La courbe d’ébullition est un autre nom pour la courbe de vaporisation

4. La courbe de saturation est la rĂ©union de la courbe d’ébullition et de rosĂ©e.

Correction 2: Utilisation du diagramme p(T) de l’eau1. L’eau se sublime, c’est-Ă -dire passe de l’état solide Ă  l’état gazeux (voir figure VII.13 ci-aprĂšs).

155

Page 166: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cor

rigés

10-3

p(bar) Ă©chelle logarithmique

T(˚C)

Point critique

Point tripleSOLIDE

LIQUIDE

GAZ

FLUIDE

FIGURE VII.13: RĂ©duction de la pression.

2. L’eau bout ou se vaporise, c’est-Ă -dire passe de l’état liquide Ă  l’état gazeux (voir figure VII.14 ci-aprĂšs).

10-3

p(bar) Ă©chelle logarithmique

T(˚C)

Point critique

Pointtriple

SOLIDE

LIQUIDE

GAZ

FLUIDE

FIGURE VII.14: RĂ©duction de la pression.

156

Page 167: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cor

rigĂ©s3. D’aprĂšs le graphique associĂ© Ă  l’eau, la tempĂ©rature de fusion est lĂ©gĂšrement supĂ©rieure Ă  0◩C et

infĂ©rieure Ă  la tempĂ©rature du point triple, soit infĂ©rieure Ă  0, 01◩C (voir figure VII.15 ci-aprĂšs).

1

10-3

p(bar) Ă©chelle logarithmique

T(˚C)

Pointcritique

Pointtriple

SOLIDE

LIQUIDE

GAZ

FLUIDE

FIGURE VII.15: RĂ©duction de la pression.

4. Pour estimer la chaleur latente de vaporisation, on nĂ©glige le volume molaire de l’eau liquide parrapport au volume molaire de l’eau vapeur. On traite la vapeur d’eau comme un gaz parfait.

lv = (vg − vl)TdpvapdT

= vgTdpvapdT

=Vm

mTdpvapdT

=Vm

nMTdpvapdT

=RT 2

pM

dpvapdT

AN :

lv =8, 314× 373, 152

1, 013 105 × 18 10−33, 6 103 = 2, 29 106 J.kg−1

157

Page 168: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cor

rigĂ©sCorrection 3: DĂ©tente d’un liquide dans le vide

1. Pour le volume final, on a :

V =m

M

RT

p=

0, 01

18 10−3

8, 314× 373

105= 17, 2 L

2. Les deux variables constantes pour l’enthalpie lors d’un changement d’état sont la pression p et latempĂ©rature T . En effet, la chaleur latente est dĂ©finie Ă  partir du produit de la tempĂ©rature multipliĂ©epar la variation de l’entropie entre les 2 Ă©tats. La tempĂ©rature est constante et la mesure s’effectueĂ  pression constante.

3. On a ∆U = W + Q = Q car les parois sont indĂ©formables (dV = 0 donc W = 0). La variationd’enthalpie ∆H = ml peut ĂȘtre reliĂ©e Ă  la variation ∆H = ∆(U + pV ). Comme U et H sont desfonctions d’état, on peut faire la diffĂ©rence entre l’état initial et l’état final de pV . L’état initial est levolume du liquide et sa pression est de l’ordre de la pression atmosphĂ©rique. Le volume final estle volume V occupĂ© par la vapeur qui est Ă  la pression de vapeur saturante ps = 105 L. Le volumedu liquide Ă©tant bien infĂ©rieur Ă  celui de sa vapeur, on le nĂ©glige. On a alors ∆H = ∆U + psV =Q+psV , on en dĂ©duit : Q = ml−psV = 0, 01×2, 3 106−105×17.2×10−3 = (23−1, 72)103 = 21, 3 kJ

4. Se = QT = 21,3 103

373 = 57, 1 J.K−1

5. ∆S = mlvT = 23 103

373 = 61, 7 J.K−1 d’oĂč : Si = ∆S − Se = 4, 5 J.K−1

Correction 4: Changement de phase : Ă©quilibre graphite-dia mant

158

Page 169: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VII: Changements d’état

Cor

rigĂ©s1. Comme G = H − TS, on a :

G0d,m = 720, 6 103 − 293× 2, 51 = 719, 86 kJ.mol−1

et :G0

g,m = 718, 7 103 − 293× 5, 69 = 717, 03 kJ.mol−1

2. Gd,m = Gg,m

3. dGm = G0m + dp Vm d’oĂč :

G0d,m +∆p Vd,m = G0

g,m +∆p Vg,m

et :

∆p =G0

d,m −G0g,m

Vg,m − Vd,=

2, 83 103

25 10−6= 1, 50 109 Pa = 1, 5GPa

159

Page 170: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

VIIIBioénergétique

La bioĂ©nergĂ©tique est l’étude des flux d’énergie dans les systĂšmes vivants et englobe une multitudede processus cellulaires. C’est un domaine trĂšs vaste. Certaines molĂ©cules suivent des cycles complexeset une Ă©tude exhaustive de tout ce qui ce passe dans un ĂȘtre humain par exemple, est trop complexepour un simple chapitre. Nous nous contenterons de donner les bases et qui plus est, avec des systĂšmessimples, donc non biologiques. Nous donnerons un exemple Ă  la fin de ce chapitre d’échange d’énergiepour l’humain.

Les Ă©changes d’énergie obĂ©issent aux lois de la thermodynamique et l’étude des systĂšmes ouvertspermet d’en apprĂ©hender les principes.

Dans le cas des moteurs, nous avons vu que le piston se dĂ©place et conduit Ă  du travail. Dans un sys-tĂšme ouvert, le fluide circule dans l’installation, oĂč des turbines placĂ©es Ă  diffĂ©rents endroits permettentde rĂ©cupĂ©rer du travail. Le volume est maintenant constant. Il faut fournir du travail pour compresserou dĂ©tendre, mais le travail de transvasement dans l’installation n’est pas Ă©changĂ© avec l’extĂ©rieur. Il

160

Page 171: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cou

rsn’apparait plus dans le bilan. Seul le travail dit utile et qui provient des compresseurs et des turbines estĂ©changĂ© avec l’extĂ©rieur. D’un point de vue pratique la fonction d’état pour mener les calculs n’est plusl’énergie interne mais l’enthalpie. En effet, comme nous le montrerons, le travail de transvasement estinclus dans l’enthalpie. Ce chapitre est important pour les applications en biologie avec les Ă©changesgazeux et alimentaire mais aussi en mĂ©canique avec par exemple le rĂ©acteur d’avion. Il constitue justeune introduction avec les exemples les plus simples possibles. Il faut noter que comme chaque disciplinea Ă©voluĂ© indĂ©pendamment des autres, l’inhomogĂ©nĂ©itĂ© dans les notations et conventions des diffĂ©rentsouvrages est forte.

161

Page 172: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cou

rsVIII.1 SystĂšmes ouverts en physiqueCertains systĂšmes Ă©changent avec l’extĂ©rieur de l’énergie et de la matiĂšre. Pour ces systĂšmes ou-

verts, le bilan Ă©nergĂ©tique doit ĂȘtre Ă©largi Ă  la matiĂšre entrante et sortante.

VIII.1.a RĂ©gime stationnaireLorsque le rĂ©gime est stationnaire, il n’y a pas d’accumulation de matiĂšre ni d’énergie.

Paroi

dmE dmSVolume decontrĂŽle

W

FIGURE VIII.1: DĂ©finition du systĂšme ouvert.

En notant S pour sortant et E pour entrant, par unité de masse, on peut écrire le premier principe dela thermodynamique :

(ecin,S − ecin,E) + (epot,S − epot,E) + (uS − uE) = w + q

Ce bilan est obtenu sachant que la masse entrante est l’opposĂ© de la masse sortante en mesure al-gĂ©brique (pas d’accumulation) et qu’il n’y a pas d’accumulation d’énergie dans le temps. Une partie

162

Page 173: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cou

rsdu travail ÎŽw est liĂ© au transfert de masse et est par consĂ©quent, donnĂ© au fluide. Il est d’usage dediffĂ©rencier ce travail de transfert ou transvasement du reste du travail dit travail utile.

w = wt + wu

Si le fluide entre dans le systĂšme sous la pression pE, la masse dmE reçoit le travail pEdVE. Il faut faireattention au signe. Ici, le systĂšme a un volume de rĂ©fĂ©rence, dit volume de contrĂŽle. Une partie peutvarier et ainsi permettre d’avoir du travail utile. La zone oĂč la masse mE est introduite a une frontiĂšre fixefictive. En sortie, la masse dmS reçoit le travail −pSdVS. La partie entrante est gagnĂ©e, la partie sortanteest perdue Ă©tant donnĂ© que dmE = −dmS. Le travail de transfert vaut donc :

wt = pEdvE − pSdvS

Le premier principe s’énonce alors :

(ecin,S − ecin,E) + (epot,S − epot,E) + (uS − uE) + (pSdvS − pEdvE) = wu + q

Il est naturel d’introduire l’enthalpie massique h = u+ pv, conduisant à :

(ecin,S − ecin,E) + (epot,S − epot,E) + (hS − hE) = wu + q

Cette expression traduit le premier principe de la thermodynamique pour un systĂšme ouvert. Souvent, ontrouve ce premier principe exprimĂ© en fonction du dĂ©bit massique qm (unitĂ© masse/temps) ce qui permetd’introduire les puissances utiles et thermiques (Pu = wuqm et Pth = qqm).

VIII.1.b ExemplesPlaçons-nous dans le cas oĂč l’énergie mĂ©canique est constante (mĂȘme Ă©nergie potentielle et Ă©nergie

cinĂ©tique nĂ©gligeable) ou quasi-constante correspondant au cas oĂč les variations d’énergie mĂ©caniquesont nĂ©gligeables devant les variations d’enthalpie.

163

Page 174: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cou

rsDĂ©tente de Joule-Thomson

La dĂ©tente de Joule-Thomson correspond au cas d’un Ă©coulement Ă  travers un milieu poreux sansĂ©nergie mĂ©canique significative avec p1 > p2.

Milieuporeux

p1 p2

FIGURE VIII.2: DĂ©tente de Joule-Thomson.

Il n’y a pas d’échange de chaleur (paroi adiabatique) ni de dĂ©formation des parois (ÎŽwu = 0). Lepremier principe s’exprime simplement comme :

h2 − h1 = 0

SystĂšme n’échangeant que du travail

C’est le cas d’un cylindre moteur (sens ABCD) ou d’un compresseur (sens DCBA). Le cycle pourun cylindre moteur est constituĂ© de la phase entrĂ©e de matiĂšre AB, de la phase dĂ©tente BC, de la phasesortie de matiĂšre CD, si bien que le travail est :

Wu = −p1V1 −∫ C

B

pdV + p2V2 =

∫ C

B

V dp

164

Page 175: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cou

rs

p1

p2

p1

p2

p

V1 V2 V

adiabatique

FIGURE VIII.3: Compression.

En remarquant que dH = V dp le long d’une adiabatique, on peut Ă©crire :

H2 −H1 = Wu

qui constitue l’expression du travail avec transvasement.

SystĂšme n’échangeant que de la chaleur

Dans le cas des Ă©changeurs de chaleur comme un radiateur, on a :

ήQ = (hS − hE)dm = dm cp (TS − TE)

pour un Ă©coulement Ă  pression constante en considĂ©rant cp constant dans l’intervalle de tempĂ©ratureconsidĂ©rĂ©.

165

Page 176: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cou

rsTE

TS

dm

FIGURE VIII.4: Radiateur.

VIII.2 BioĂ©nergĂ©tique du vivantLa bioĂ©nergĂ©tique est une branche de la biochimie et nous n’en donnerons par consĂ©quent que

quelques bribes. En effet, nous avons exclu les réactions chimiques de ce cours ce qui nous contraintde rester qualitatif.

VIII.2.a MĂ©tabolismeLe mĂ©tabolisme est l’ensemble des rĂ©actions chimiques qui se produisent dans une cellule qui peut

s’articuler suivant :– le catabolisme (extraction de l’énergie de la matiĂšre organique, mĂ©tabolisme de dĂ©gradation)– l’anabolisme (mĂ©tabolisme de synthĂšse comme la photosynthĂšse).L’adĂ©nosine triphosphate (ATP) est une molĂ©cule utilisĂ©e chez tous les organismes vivants pour four-

nir de l’énergie aux rĂ©actions chimiques. La rĂ©action d’hydrolyse de l’ATP en adĂ©nosine diphosphate

166

Page 177: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cou

rs(ADP) et phosphate est une rĂ©action exergonique : la variation d’enthalpie libre standard est Ă©gale∆G = −30.5 kJ.mol−1.

ATP +H2O → ADP + Pi

Il existe cependant un palier d’enthalpie Ă  franchir avant de libĂ©rer cette Ă©nergie. Ceci explique quel’hydrolyse des liaisons pyrophosphate ne se produise pas en permanence. Les enzymes sont capablesd’abaisser ce seuil afin d’utiliser l’énergie libĂ©rĂ©e. RĂ©gĂ©nĂ©rer l’ATP est possible Ă  partir de l’oxydation duglucose par exemple (glycolyse ou voie d’Embden-Meyerhol)

La photosynthĂšse permet de constituer un pouvoir rĂ©ducteur fort Ă  partir des Ă©lectrons de l’eau etgrĂące Ă  l’énergie lumineuse puis de l’utiliser pour la rĂ©duction du carbone organique en carbone inorga-nique. L’équation bilan est :

6CO2 + 6H2O → C6H12O6

avec ∆G = 2870 kJ.mol−1 Les pigments biologiques photosensibles prĂ©sents dans la membrane desthylakoĂŻdes chloroplastiques sont nombreux. Le pigment majoritairement reprĂ©sentĂ© est la chlorophyllea.

VIII.2.b EntrĂ©e/sortie chez l’hommePour ses besoins journaliers, l’homme a besoin d’environ 10 kJ de nourriture (2400 kcal), dont 55 %

servent au mĂ©tabolisme basal et 45 % au mĂ©tabolisme extra-basal (25 % au travail musculaire, 10 % Ă la thermorĂ©gulation et 10 % Ă  l’activitĂ© dynamique spĂ©cifique). Au repos, l’homme consomme 14 L dedioxygĂšne par heure. Cette consommation monte Ă  300 L par heure en cas d’activitĂ© sportive.

167

Page 178: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cou

rsConclusionLa bioĂ©nergĂ©tique Ă©tudie les Ă©changes d’énergie. Elle couvre la physique, la chimie, la physiologie.

D’un point de vue physique, la modĂ©lisation la plus simple est de considĂ©rer un fluide qui entre et sortd’un systĂšme en continu comme par exemple dans le cas d’un rĂ©acteur d’avion. Dans un tel cas, lafonction thermodynamique Ă  considĂ©rer est l’enthalpie. En effet, le travail se dĂ©compose en un travailrĂ©cupĂ©rable et en un travail de transvasement entre l’entrĂ©e et la sortie. Le travail de transvasementest comptĂ© avec l’énergie interne et forme l’enthalpie qui est la bonne variable thermodynamique. Il estalors naturel d’étudier des moteurs mais dont les parois sont maintenant fixes. Ces installations avec descompresseurs et des turbines sont de plus grandes dimensions que les moteurs Ă  piston. L’apprentissageavec des systĂšmes physiques permet d’asseoir les bases de la bioĂ©nergĂ©tique. Reste Ă  faire un sautconceptuel avec des cycles pour les molĂ©cules les plus importantes. Comme dans le vivant beaucoupde paramĂštres influent, il faut considĂ©rer les entrĂ©es/sorties de nourriture et de gaz, et effectuer le bilan.Dans la cellule, la consommation ou la production d’énergie est basĂ©e sur le cycle de la molĂ©cule d’ATP(adĂ©nosine tri-phosphate). La consommation journaliĂšre normale d’un ĂȘtre humain doit ĂȘtre de 2400 kcalou 2400 grandes calories (Cal). Un rĂ©gime sĂ©vĂšre Ă  800 kcal permet de perdre 2,5 kg par semaine. Aurepos, l’humain consomme 336 L de dioxygĂšne (O2) par jour et rejette donc 336/22,4×0,044=0,7 kg dedioxyde de carbone (CO2). Dans les alvĂ©oles des poumons, le sang Ă©change par diffusion du dioxygĂšneet du dioxyde de carbone.

168

Page 179: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Exe

rcic

esExercice 1: DĂ©tente de Joule-ThomsonL’expĂ©rience de Joule-Thomson ou Joule-Kelvin (Thomson ou Lord Kelvin, c’est la mĂȘme personne !)

de 1852, reprĂ©sentĂ©e ci-dessous, s’effectue Ă  enthalpie constante, ce que nous allons dĂ©montrer.

1. ConsidĂ©rer le systĂšme fermĂ© et faites un bilan sur une tranche de masse m qui occupe le volumeV1 Ă  l’instant t et V2 Ă  l’instant t+ dt.

Paroi adiabatique

V’1 V0 V’2V1

V2

p1 p2

Bourre decoton

T1 T2

FIGURE VIII.5: Expérience de Joule-Thomson.

2. Reprendre l’exercice en considĂ©rant une frontiĂšre fixe. Traiter le systĂšme ouvert.

Exercice 2: Cycle de BraytonJ. Barber (1791) fut le premier à proposer ce cycle, J. Joule détailla la théorie et G. Brayton (1872)

fit les développements pratiques. On retrouve soit le nom de Joule, soit les 2 noms, Joule-Brayton soit

169

Page 180: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Exe

rcic

esencore le nom de Brayton que nous avons retenu. Il existe deux types de cycles de Brayton selon qu’il soitouvert (utilisant une combustion interne) ou refermĂ© (utilisant un Ă©changeur de chaleur). Notre traitementenglobe les deux cas.

Le cycle de Brayton pour un gaz parfait diatomique (γ = 1, 4) est constitué de deux isobares et deuxisentropiques :

– compression adiabatique de 1 vers 2 avec une tempĂ©rature de dĂ©part T1 = 300K et une pressionde dĂ©part p1=1 bar,

– dĂ©tente isobare de 2 vers 3 Ă  la pression p2=10 bars, avec T3 = 1000K,– dĂ©tente adiabatique de 3 vers 4,– compression isobare 4 vers 1 ,

1. Pour une transformation adiabatique à partir de pV γ = Cte, trouver la forme Tpα = Cte. Exprimerα en fonction de γ.

2. Déterminer les températures T2 et T4.

3. Tracer le cycle de Brayton moteur sur un diagramme Clapeyron p(V ) puis sur un diagramme T (S).

4. Le travail utile est rĂ©cupĂ©rĂ© par une compresseur et une turbine durant les transformations 12 et 34.Durant les transformations isobares, il y a juste le dĂ©placement du fluide, les parois de l’installationsont indĂ©formables. Quelle est la fonction d’état Ă  utiliser pour calculer la chaleur reçue durant unetransformation isobare ?

5. Calculer algébriquement le travail utile au niveau de chaque turbine ainsi que la chaleur échangéeentre 2 et 3.

170

Page 181: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Exe

rcic

es6. Montrer que l’efficacitĂ© s’exprime selon :

e = 1− 1(

p2p1

)γ−1

Îł

Calculer cette efficicacitĂ© et comparer Ă  l’efficacitĂ© de Carnot obtenue en utilisant les deux tempĂ©-ratures extrĂȘmes du cycle.

171

Page 182: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cor

rigésCorrection 1: Détente de Joule-Thomson

1. Il n’y a pas d’échange de chaleur.

dU12 = p1dV1 + p2dV2 = p1Vâ€Č1 − p2V

â€Č2 = U2 − U1

En regroupant :U1 + p1V

â€Č1 = U2 + p2V

â€Č2

soitH1 = H2

2. On Ă©crit directement H2 = H1

Correction 2: Cycle de Brayton

1. Comme pV Îł = Cte, en utilisant l’équation d’état du gaz parfait pV = nRT , on obtient :

p

(

T

p

)Îł

⇒ p(1−γ)T γ = Cte ⇒ Tp1−γγ = Cte

soit α = 1−γγ

2. Comme 12 est une adiabatique réversible :

T2 = T1

(

p1p2

)1−γγ

= 300

(

1

10

)1−1,41,4

= 579K

172

Page 183: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cor

rigĂ©sDe mĂȘme :

T4 = T3

(

p2p1

)1−γγ

= 1000

(

10

1

)1−1,41,4

= 518K

p

V

12

3 4

FIGURE VIII.6: Cycle de Brayton moteur.

T

S

1

2

3

4

FIGURE VIII.7: Cycle de Brayton moteur.

3.

4. Pour le calcul d’un systĂšme ouvert, il faut considĂ©rer l’enthalpie.

5.W12 = H2 −H1 = Cp(T2 − T1)

etW34 = H4 −H3 = Cp(T4 − T3)

d’ou :W = W12 +W34 = Cp(T2 − T1 + T4 − T3)

173

Page 184: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre VIII: Bioénergétique

Cor

rigéset :

Q23 = QC = H3 −H2 = Cp(T3 − T2)

Il est aussi possible de faire les calculs Ă  partir de ÎŽWu = V dp. Comme pV Îł = Cteâ€Č, on a p1/ÎłV =Cte. On obtient pour W12 par exemple :

W12 =

∫ 2

1

Cte

p1

Îł

dp = Cte

∫ 2

1

p−1

Îłdp =

[

Cte× p1−1

Îł

1− 1γ

]2

1

=Îł

γ − 1[pV ]21 =

Cp

nR[nRT ]21 = Cp(T2 − T1)

6. L’efficacitĂ© vaut :

e = −W

QC= −T2 − T1 + T4 − T3

T3 − T2= 1− T4 − T1

T3 − T2= 1− T1(T4/T1 − 1)

T2(T3/T2 − 1)

D’aprùs : p3p4

= p2p1

, p2p1

=(

T2

T1

)γ/(γ−1)

et p3p4

=(

T3

T4

)γ/(γ−1)

, on en déduit que :

T2

T1=

T3

T4⇒ T4

T1=

T3

T2⇒ e = 1− T1

T2

En introduisant les pressions :

e = 1− 1(

p2p1

)γ−1

Îł

= 1− 1

100,4/1,4= 0, 482 = 48, 2%

soit une valeur infĂ©rieure Ă  l’efficacitĂ© de Carnot eC :

eC = 1− 300

1000= 0, 7 = 70%

Remarque : Pour Ă©viter de calculer le travail, on peut utiliser :e = − W

QC=

QC+Qf

QC= 1 +

Qf

QC= 1 + Q41

Q23

= 1− T4−T1

T3−T2

174

Page 185: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

IXRayonnement thermique

La braise d’un feu est visible la nuit. Il y a donc une Ă©mission de lumiĂšre liĂ©e Ă  la tempĂ©rature. C’estd’ailleurs l’analyse de la lumiĂšre Ă©mise qui permet de mesurer la tempĂ©rature Ă  distance. Les appareilsde vision infra-rouge permettent aussi de voir ces changements de tempĂ©rature mais pour des corpspeu chauffĂ©s.

Il est possible de dĂ©terminer la tempĂ©rature sans contact ce qui est particuliĂšrement intĂ©ressant dansle cas de la mĂ©tallurgie. La dĂ©perdition de chaleur par rayonnement pour l’ĂȘtre humain est aussi impor-tante et l’existence de couverture de survie avec une fine couche mĂ©tallique permet par exemple de nepas perdre trop d’énergie dans un milieu froid mais aussi de ne pas trop chauffer !

Dans une voiture en plein soleil, la tempĂ©rature du tableau de bord l’étĂ© atteint facilement 100 ◩C. C’estun effet de serre Ă  petite Ă©chelle. En observant l’espace, les radiophysiciens ont dĂ©couvert un rayonne-ment correspondant Ă  une tempĂ©rature de 2, 7 K. Ce rayonnement primordial provient du refroidissementde l’univers.

175

Page 186: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsLorsqu’un corps est chauffĂ©, il Ă©met de la lumiĂšre. Ce phĂ©nomĂšne est appelĂ©e rayonnement ther-mique. Il est intĂ©ressant de l’étudier pour appliquer la notion de bilan et vĂ©rifier l’application des prin-cipes de la thermodynamique. L’interprĂ©tation du rayonnement a conduit Planck Ă  introduire des quantad’énergie dĂšs 1898, confirmĂ©s par l’interprĂ©tation de l’effet photoĂ©lectrique par Einstein en terme dephotons.

Nous ne chercherons pas Ă  Ă©tablir, par un bilan du nombre de modes, la loi du rayonnement maisnous admettrons la forme de l’énergie totale rayonnĂ©e. Le gaz quantique de photons est trĂšs particuliercar le nombre de photons n’est pas constant. Il est pourtant intĂ©ressant de calculer les fonctions d’état.

Cette premiĂšre approche permet d’expliquer beaucoup de phĂ©nomĂšnes. Elle peut ĂȘtre complĂ©tĂ©e pardes lectures d’électromagnĂ©tisme et sur les lasers car l’émission d’un photon est soit spontanĂ©e (le casprĂ©sent), soit stimulĂ©e (composante privilĂ©giĂ©e dans les lasers). La notion de pression de radiation estaussi trĂšs importante car un photon est une particule avec une quantitĂ© de mouvement en plus de sonĂ©nergie et de son spin. A cause de l’effet Doppler (changement de frĂ©quence en fonction de la vitesse,dÎœ/Îœ = v/c) , il est possible de transfĂ©rer de la quantitĂ© de mouvement dans une seule direction et ainside refroidir des atomes jusqu’à des tempĂ©ratures du micro Kelvin servant dans les nouvelles horlogesatomiques. Le spin, c’est-Ă -dire l’état de polarisation, est une caractĂ©ristique nouvelle Ă  notre Ă©chelle.Le photon a deux Ă©tats de base, circulaire droit et circulaire gauche : il transporte donc du momentcinĂ©tique.

Dans le domaine que nous considĂ©rons, l’émission est spontanĂ©e, avec une polarisation isotrope,et le gaz de photons est en Ă©quilibre avec le corps noir, c’est-Ă -dire que tous les photons atteignant lasurface sont absorbĂ©s et l’énergie absorbĂ©e est intĂ©gralement rĂ©Ă©mise sous forme d’autres photons.

176

Page 187: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsIX.1 CaractĂ©ristiques des milieux1. Emission : il s’agit du rayonnement Ă©lectromagnĂ©tique Ă©mis par un corps portĂ© Ă  une certaine

tempĂ©rature. Cette Ă©mission est spontanĂ©e et a pour cause le mouvement des porteurs de chargesde la matiĂšre. Nous noterons ϕe le flux surfacique correspondant Ă  l’émission.

2. Absorption : le rayonnement absorbĂ© par les Ă©lectrons est converti en Ă©nergie interne. Nous note-rons ϕa le flux surfacique absorbĂ©.

3. RĂ©flexion et diffusion : le rayonnement incident est renvoyĂ© :– par la surface en obĂ©issant aux lois de Descartes, conduisant Ă  une rĂ©flexion,– par une surface rugueuse (non plane Ă  l’échelle micromĂ©trique) qui peut soit transmettre le fais-

ceau et ne sera pas comptabilisĂ©, soit rĂ©flĂ©chir le faisceau dans une autre direction que la directiond’incidence. La rĂ©flexion par une surface rugueuse est une diffusion.

Nous noterons ϕr le flux surfacique retournĂ© dans le milieu d’incidence.

4. Milieu transparent ou absorbant total : il est impossible d’avoir un milieu transparent ou absorbanttotal sur toute la gamme des longueurs d’onde.

5. Exemples de milieu– le verre est un milieu transparent (parfois diffusant en fonction du traitement de la surface) dans

le visible et absorbant dans l’infra-rouge.– le silicium est un milieu absorbant dans le visible et transparent dans l’infrarouge. Il sert par

exemple pour fabriquer des lentilles devant des capteurs infrarouges.– les mĂ©taux comme l’aluminium, l’argent ou l’or sont quasi-totalement rĂ©flĂ©chissants dans l’infra-

rouge.– le noir de carbone est un bon absorbant de la lumiùre visible et infrarouge. Il sert dans les ther-

mopiles pour analyser la puissance Ă©mise.

177

Page 188: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsIX.2 Lois expérimentales1. Caractéristiques de la lumiÚre : un photon est une particule sans masse qui se déplace dans le

vide Ă  la vitesse c = 2, 99792458 × 108 m.s−1 caractĂ©risĂ©e par une Ă©nergie (quantum d’énergie duphoton) et une polarisation (spin du photon). Dans une enceinte, il est possible d’imaginer un gaztrĂšs particulier, le gaz de photons, permettant de dĂ©finir toutes les grandeurs thermodynamiques.

2. Corps noir : on appelle corps noir un corps capable d’absorber intĂ©gralement tout rayonnementincident quelle que soit sa frĂ©quence.

3. Loi de dĂ©placement de Wien : la longueur d’onde λm associĂ©e au maximum d’émission du corpsnoir est reliĂ©e Ă  sa tempĂ©rature par :

λm T = 2898”m.K

4. Loi de Stephan-Boltzman : le flux surfacique ou Ă©clairement (unitĂ© : W.m−2) Ă©mis par un corps noirvaut :

ϕ = σT 4 avec σ = 5, 67 10−8 W.m−2.K−4

5. Loi de Kirchhoff : pour une tempĂ©rature et une longueur d’onde fixĂ©e, le rapport de l’émissivitĂ© Ă l’absorption est indĂ©pendant de la nature de la matiĂšre. Cette propriĂ©tĂ© sert pour les corps non noirset ne sera pas utilisĂ©e dans la suite.

6. Emission en fonction de la longueur d’onde :

Cette Ă©mission a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par Lord Rayleigh et Jeans. Pour un corps chauffĂ© Ă  une tempĂ©ratureayant un maximum d’émission dans le visible, la partie infrarouge peut ĂȘtre obtenue par un modĂšlesimple qui dĂ©crit convenablement la courbe mais pour la partie ultraviolet, l’émission continue nepermet pas de rendre compte de la rĂ©alitĂ© : c’est la catastrophe ultraviolette.

178

Page 189: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rs

Longueur d’onde (”m)

Flu

xé

ner

gétiq

ue

0 2 4 6 8 10

2000K

1750K

1500K

FIGURE IX.1: RĂ©partition de l’émission en fonction de la longueur d’onde. La loi de Wien est reprĂ©sentĂ©e.Les tempĂ©ratures varient de 1000 K Ă  2000 K par paliers de 250 K.

Pour la partie ultraviolette, il faut ajouter un facteur qui provient de la physique statistique : le facteurde Bose-Einsein. Cette Ă©tude est en dehors du cadre de ce cours et nous admettrons le rĂ©sultatportant sur l’énergie interne totale dans le cas d’une enceinte fermĂ©e, Ă  savoir :

U = σBT4V

oĂč

σB =4σ

cest appelĂ© constante de Stephan-Boltzmann relative Ă  l’énergie interne volumique et vaut : 0, 756×10−15 J.m−3.K−4

Pratiquement, la bande de longueur d’onde [0, 5λm, 8λm] concentre 95% du rayonnement.

179

Page 190: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsIX.3 Bilan Ă©nergĂ©tiqueLorsqu’un rayonnement atteint une surface, la puissance du rayonnement incident reçu par le corps

se rĂ©partit en trois contributions :– une partie rĂ©flĂ©chie,– une partie transmise,– une partie absorbĂ©e qui provoque une augmentation de l’énergie interne du corps.

Nous nous plaçons dans le cadre des flux surfaciques. Comme un corps absorbe et transmet une partiedu flux qu’il reçoit, le flux net qu’il Ă©met s’écrit :

ϕradiatif = ϕpartant − ϕincident

Dans l’écriture du bilan, le flux transmis apparaĂźt dans l’incident et le partant et ne joue pas de rĂŽle. Pre-nons par convention les flux (incident, partant, Ă©mis, absorbĂ©, rĂ©flĂ©chi) positifs. On dit qu’il y a Ă©quilibreradiatif quand :

ϕradiatif = 0

Il vient alors pour un corps opaque :

ϕpartant = ϕincident ou ϕabsorbe = ϕemis

Pour un corps noir en Ă©quilibre radiatif (dans ce cas ϕr = 0), tous les flux sont Ă©gaux :

ϕpartant = ϕincident = ϕabsorbe = ϕemis

IX.4 Thermodynamique du gaz de photonsLe rayonnement en Ă©quilibre s’étudie dans une enceinte isotherme fermĂ©e.

180

Page 191: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rs

Température T

FIGURE IX.2: Enceinte isotherme.

IX.4.a Pression de radiationPour le photon, Ç« = hÎœ. Comme dans le cadre de la thĂ©orie cinĂ©tique des gaz, chaque photon cĂšde

Ă  la surface une quantitĂ© de mouvement 2hÎœc en incidence normale. Le raisonnement est le mĂȘme et

conduit à la pression de radiation exercée par le rayonnement isotrope dans une enceinte :

p =U

3V

Remarque : Dans la théorie cinétique des gaz parfaits, la relation obtenue était : p = 2U3V . Le facteur 2

provient du lien entre l’énergie et la quantitĂ© de mouvement diffĂ©rent entre une particule sans masse etavec masse.

181

Page 192: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsIX.4.b Equation d’état du rayonnementEn remplaçant U par l’expression admise σBT

4V , nous obtenons :

p =σB3T 4

IX.4.c Entropie et enthalpie libreUtilisons la relation :

dU = ήQ+ ήW = TdS − pdV

On en tire :

dS =dU

T+

p

TdV

=1

T

(

σU

σT

)

V

dT +1

T

[(

σU

σV

)

T

+ p

]

dV

= 4σBV T 2dT +4

3σBT

3dV

=

(

∂S

∂T

)

V

dT +

(

∂S

∂V

)

T

dV

En prenant l’entropie nulle Ă  T = 0 K, on a aprĂšs intĂ©gration :

S =4

3σBV T 3

L’enthalpie libre vaut alors :

G = U + pV − TS = σBT4V +

σBT4

3V − 4σB

3T 4 = 0

182

Page 193: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsCette relation indique simplement que le potentiel chimique du gaz de photons est nul car le nombre dephotons n’est pas conservĂ©.

Remarque : Le rayonnement du corps noir qui emplit l’univers a aujourd’hui une tempĂ©rature d’envi-ron 2, 726 K mais ce rayonnement correspond Ă  un gaz de photons dĂ©couplĂ©s de la matiĂšre. L’expansionadiabatique (pas d’interaction) Ă  conduit Ă  un refroidissement de 3000 K (tempĂ©rature du dĂ©couplage)Ă  2, 726 K (tempĂ©rature actuelle). Le nombre de photons dĂ©couplĂ©s de la matiĂšre se conserve. On dĂ©-montre alors que T 3V = Cte. Cette relation identique Ă  la relation trouvĂ©e pour un processus adiabatiqueavec des photons couplĂ©s mais correspond Ă  des hypothĂšses diffĂ©rentes.

IX.5 ApplicationsIX.5.a PyromĂštre Ă  disparition de filament

La premiĂšre application du rayonnement du corps noir a Ă©tĂ© de dĂ©terminer la tempĂ©rature Ă  distancedans les fours par exemple. En comparant Ă  l’oeil la couleur d’un filament Ă©talonnĂ© avec la couleurdu corps chauffĂ©, il est possible de remonter Ă  la tempĂ©rature sans aucun contact. Actuellement, onse sert de capteur avec plusieurs fenĂȘtres de mesure (diffĂ©rentes gammes de longueurs d’onde) pourdĂ©terminer la tempĂ©rature. La principale correction provient de la nature de la matiĂšre qui ne se comportepas comme un corps noir.

IX.5.b Effet de serrePour comprendre l’effet de serre, considĂ©rons un corps noir au fond d’un rĂ©cipient surmontĂ© d’une

vitre. La vitre est transparente dans le visible (le spectre solaire est concentrĂ© dans cette gamme d’éner-gie) et est assimilĂ©e Ă  un corps noir dans l’infrarouge. Sa tempĂ©rature sera fixĂ©e uniquement par les

183

Page 194: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsĂ©changes radiatifs. Le flux solaire traverse donc la vitre et est absorbĂ© par le corps noir. Celui-ci Ă©metl’intĂ©gralitĂ© de la puissance absorbĂ©e dans l’infrarouge. La vitre va alors absorber ce rayonnement ther-mique et rĂ©Ă©mettre cette Ă©nergie de la totalitĂ© de sa surface, c’est-Ă -dire par les deux faces. Une partiede ce rayonnement par en direction du corps noir qui l’absorbe Ă  nouveau et le rĂ©Ă©met.

Corpsnoir

Vitre

S

V

V

CN

FIGURE IX.3: Principe de l’effet de serre.

Le bilan radiatif appliquĂ© au corps noir s’écrit :

ϕCN = ϕS + ϕV

Pour la vitre, nous avons :ϕCN = 2ϕV

D’oĂč :ϕCN

2= ϕS ⇒ TCN =

(

2ϕS

σ

)1/4

A nos lattitudes, ϕS = 1 kW.m−2, ce qui donne sans la vitre T = 364 K et avec la vitre T = 433 K. La

184

Page 195: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsprĂ©sence de la vitre a Ă©levĂ© la tempĂ©rature de 70 K. Ceci explique pourquoi dans les voitures l’étĂ©, latempĂ©rature peut rapidement augmenter.

IX.5.c Bilan Ă©nergĂ©tique de la terreLa terre absorbe le rayonnement solaire sur une demi-sphĂšre de section efficace Aeff = πR2

T . ElleĂ©met par l’ensemble de sa surface AT = 4πR2

T . Connaissant l’éclairement solaire Ă  l’équateur ϕS =1, 35 kW.m−2, nous pouvons effectuer un bilan radiatif :

σATT4T = AeffϕS

d’oĂč :

TT =(ϕS

4σ

)1/4

Avec RT = 6400 km, nous avons : TT = 278K. En rĂ©alitĂ©, 34% du rayonnement n’est pas absorbĂ©,conduisant Ă  :

TT =

(

(1− 0, 34)ϕS

4σ

)1/4

= 250K

Il faut aussi tenir compte :- du rĂŽle de l’atmosphĂšre qui absorbe une partie du rayonnement thermique du sol (effet de serre) ce quia pour effet d’élever la tempĂ©rature du sol.- de l’eau qui s’évapore Ă  la surface du sol (refroidissement de la terre) et se condense dans l’atmo-sphĂšre. Il est intĂ©ressant de comparer ces chiffres au refroidissement de la terre. La terre en moyennegĂ©nĂšre 44 TW (tĂ©ra=1012) principalement 25 TW due Ă  la radioactivitĂ© et 13 TW provenant de la chaleurprimordiale (refroidissement depuis sa crĂ©ation). Le soleil quant-Ă  lui fournit πR2

TϕS ≈ 174000 TW Ă comparer Ă  la consommation humaine en 2012 qui Ă©tait de 17 TW.

185

Page 196: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cou

rsConclusionLe rayonnement thermique est gouverné par les lois de la thermodynamique : les bilans énergétiques

(premier principe) permettent de dĂ©terminer les pertes ou gains par rayonnement. De plus, il obĂ©it ausecond principe : le corps le plus chaud transfert de la chaleur au corps le plus froid ; il est impossible dechauffer avec le soleil un corps Ă  une tempĂ©rature supĂ©rieure Ă  celle du soleil. Le photon est une nou-velle catĂ©gorie de particules. Un rĂ©cipient n’est pas rempli d’un nombre constant de particules commedans le cas de la thĂ©orie cinĂ©tique, il faut travailler sur une autre grandeur que le nombre. Le plus simpleest de considĂ©rer l’énergie totale et d’admettre le rĂ©sultat de l’intĂ©gration de la loi d’émission. L’émissionde lumiĂšre dans le cas du corps noir est spontanĂ©e. En effet, un autre processus est possible avec del’émission stimulĂ©e qui permet d’avoir un photon clone au photon initial. La thĂ©orie du rayonnement, in-cluant toutes les subtilitĂ©s, va Ă  un niveau trĂšs Ă©levĂ©. Notre objectif est seulement de pouvoir effectuerun bilan Ă©nergĂ©tique et notre approche Ă©purĂ©e y parvient. Il faut aussi avoir des notions d’électroma-gnĂ©tisme pour analyser l’absorption et la transparence d’un corps. Encore une fois, nous avons simplifiĂ©en traitant les corps de maniĂšre binaire, transparent donc sans effet comme le verre pour une longueurd’onde visible ou totalement absorbant donc corps noir comme pour le verre dans l’infra-rouge. L’effet deserre est l’application Ă  connaĂźtre, Ă  petite Ă©chelle comme dans une voiture ou Ă  grande Ă©chelle commepour la terre. Ajouter une vitre augmente la tempĂ©rature du corps noir sans modifier l’énergie Ă©mise parle systĂšme (sans vitre par le corps noir et avec la vitre par la vitre). En astrophysique, la dĂ©couverte d’unrayonnement de corps noir de tempĂ©rature ≈2,7 K qui remplit l’univers conforte la thĂ©orie du big-bang.Comme le rayonnement est isotrope dans l’espace ; Ă  un moment, tout a Ă©tĂ© en Ă©quilibre. Ensuite, l’ex-tension de l’univers a conduit Ă  un dĂ©couplage de la matiĂšre et du rayonnement et Ă  son refroidissement.Sur terre, cette situation ne se produit pas et la matiĂšre est en Ă©quilibre avec le rayonnement.

186

Page 197: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Exe

rcic

esExercice 1: Effet de serreOn Ă©tudie l’effet de serre produit par l’interposition d’une vitre de 1 m2 au-dessus d’une plaque noircie

et assimilĂ©e Ă  un corps noir qui reçoit le rayonnement solaire visible ϕs = 1 kW.m−2, supposĂ© arrivernormalement Ă  la plaque. On prendra pour la constante de Stefan : σ = 5, 67 10−8 W.m−2.K−4. Il n’y apas d’autre perte que celles indiquĂ©es dans l’énoncĂ©. La gĂ©omĂ©trie est unidimensionnelle. Le verre esttotalement absorbant dans l’infrarouge et totalement transparent dans le visible. L’air est transparent Ă tout rayonnement.

Vitre

Corpsnoir

soleil

FIGURE IX.4: Configuration de l’expĂ©rience.

1. Calculer la longueur d’onde maximum pour la densitĂ© spectrale d’énergie u(λ) Ă©mise par le soleilen prenant Tsoleil = 6000K. Dans quelle gamme spectrale se trouve-t-on ?

2. Idem pour un corps chauffĂ© Ă  300◩C.

3. Calculer la température Tp de la plaque sans la vitre.

187

Page 198: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Exe

rcic

es4. On tient compte maintenant de l’échange thermique avec l’air :

jcc = −h (Tair − Tp)

qui est caractĂ©risĂ© par un coefficient d’échange conducto-convectif h = 20 W.m−2.K−1 et une tem-pĂ©rature loin de la paroi de Tair = 300 K. Quelle est la tempĂ©rature du corps noir ? On pourra sinĂ©cessaire effectuer un dĂ©veloppement limitĂ© de T au voisinage de Tp Ă  l’ordre 1 :

T α =

(

Tp

(

1 +T − Tp

Tp

))α

= T αp + αT α−1

p (T − Tp)

5. On interpose la vitre mince entre le corps noir et le soleil. On suppose l’équilibre radiatif atteint entrela plaque noircie et la vitre. Les tempĂ©ratures de la plaque noircie et de la vitre sont homogĂšnes. EndĂ©duire algĂ©briquement puis numĂ©riquement la tempĂ©rature de la plaque sans considĂ©rer l’air.

6. On tient compte maintenant de l’échange thermique avec l’air toujours caractĂ©risĂ© par un coefficientd’échange conducto-convectif h = 20 W.m−2.K−1 avec une tempĂ©rature loin de la paroi de Tair =300 K. On ne considĂšre que l’échange convectif entre la surface extĂ©rieure de la plaque de verre etl’air extĂ©rieur. Quelle est la tempĂ©rature atteinte par la vitre ? Vous pourrez vous servir si nĂ©cessairedu rĂ©sultat de la question 2. Quelle est la tempĂ©rature atteinte par le corps noir (plaque noircie) ?(pas d’échange entre la vitre et la plaque noircie autre que radiatif).

Exercice 2: Moteur solaireOn Ă©tudie l’effet de serre produit par l’interposition d’une vitre de 1 m2 au-dessus d’une plaque noircie

et assimilĂ©e Ă  un corps noir qui reçoit le rayonnement solaire visible ϕs = 1 kW.m−2, supposĂ© arriver

188

Page 199: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Exe

rcic

esnormalement Ă  la plaque. On se sert ensuite de ce corps noir comme de la source chaude d’un moteur.On prendra pour la constante de Stefan : σ = 5, 67 10−8 W.m−2.K−4. La gĂ©omĂ©trie est unidimensionnelle.Le verre est totalement absorbant dans l’infrarouge et totalement transparent dans le visible. On ne tientpas compte de l’air qui est transparent Ă  tout rayonnement.

1. Effectuer un bilan radiatif et calculer la température Tp de la plaque sans la vitre.

On interpose la vitre mince entre le corps noir et le soleil. On suppose l’équilibre radiatif atteint entre laplaque noircie et la vitre. Les tempĂ©ratures de la plaque noircie et de la vitre sont homogĂšnes.

2. Effectuer un bilan radiatif

3. En déduire algébriquement puis numériquement la température de la plaque.

Le corps noir, dans la configuration des questions 2 et 3, est maintenant couplé à un moteur de Carnotet lui sert de source chaude. La température du corps noir dans ces conditions atteint seulement 320 K.La température ambiante, égale à la température de la source froide du moteur, vaut 293K. On prendraune plaque de surface A = 1m2.

4. Effectuer un bilan énergétique.

5. Calculer ϕp connaissant sa tempĂ©rature et en dĂ©duire la puissance QC transfĂ©rĂ©e au moteur.

6. A partir des deux tempĂ©ratures extrĂȘmes, en dĂ©duire l’efficacitĂ© puis la puissance moteur W dispo-nible.

189

Page 200: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cor

rigésCorrection 1: Effet de serre

1. λ = 2898/6000 ≈ 0, 48”m soit une longueur d’onde dans le visible (couleur bleue).

2. λ = 2898/573 ≈ 5, 0”m soit une longueur d’onde infrarouge.

3. Partant de l’équilibre radiatif :ϕ = σT 4

p

On en tire la température de la plaque Tp :

Tp =(ϕ

σ

)1/4

= 364K

4. Le bilan Ă©nergĂ©tique s’écrit :0 = −σT 4 − h(T − Tair) + ϕ

comme ϕ = σT 4p :

4σT 3p (Tp − T )− h(T − Tair) = 0 ⇒ T =

4σT 4p + hTair

4σT 3p + h

= 323K

T est la température de la plaque avec échange conducto-convectif.

5. En interposant une vitre, partant de l’équilibre radiatif pour le corps noir :

ϕ+ ϕv = ϕp

et pour la vitre :2ϕv = ϕp

190

Page 201: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cor

rigésOn en déduit :

Tp =

(

2ϕ

σ

)1/4

= 433K

6. Le bilan Ă©nergĂ©tique s’écrit :2ϕv + h(Tv − Tair) = ϕCN

etϕ+ ϕv = ϕCN

On retrouve l’équation du 4), c’est-Ă -dire :

ϕv + h(Tv − Tair) = ϕ

d’oĂč Tv = 323K comme il n’y a pas d’échange aprĂšs la vitre :

ϕCN = ϕ+ ϕv

d’oĂč :

TCN =

(

ϕ+ σT 4v

σ

)1/4

=(

3644 + 3234)1/4

= 411K

Correction 2: Moteur solaire1. Partant de l’équilibre radiatif : ϕ = σT 4

p , on en tire la température de la plaque Tp :

Tp =(ϕ

σ

)1/4

= 364K

191

Page 202: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre IX: Rayonnement thermique

Cor

rigés2. Pour le corps noir :

ϕ+ ϕv = ϕp

et pour la vitre :2ϕv = ϕp

3. On en déduit :

Tp =

(

2ϕ

σ

)1/4

= 433K

4. Le bilan Ă©nergĂ©tique est :QC = A (ϕ+ ϕV − ϕCN)

avec :ϕCN = σT 4

CN et ϕCN = 2ϕv

5. NumĂ©riquement, on a : ϕCN = 595W.m−2, ϕv = 298W.m−2 d’oĂč Tv = 270K et finalement QC =1000 + 298− 595 = 703W

6. L’efficacitĂ© de Carnot vaut : eC = 1− Tf

Tc= 1− 293

320 = 0, 0844 d’oĂč :

W = −eCQc = −59W

192

Page 203: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

XDiffusion de particules et conduction thermique

La diffusion de particules (loi de Fick, 1855) joue un rĂŽle important dans les phĂ©nomĂšnes biologiques.La conduction thermique (loi de Fourier, 1822) est aussi fondamentale. Ces deux lois sont trĂšs similairespar leur forme et nous les traiterons ensemble. Elles se prolongent par un bilan de matiĂšre ou d’énergie.Ces effets peuvent se coupler. C’est dans le cadre de la thermodynamique des phĂ©nomĂšnes biologiquesque cet effet est trĂšs important avec des mouvements de molĂ©cules dictĂ©s par des gradients thermiques.Nous aborderons la thermodiffusion de maniĂšre simplifiĂ©e comme une ouverture vers des ouvrages plusavancĂ©s. Les phĂ©nomĂšnes couplĂ©s ont aussi Ă©tĂ© dĂ©couvert au XIXie siĂšcle mais ont compris plus tardavec Lars Onsager (1931). La loi de Adolph Fick fut expliquĂ©e par Albert Einstein Ă  partir du mouvementBrownien en 1905. En 1908, Jean Perrin mesura la trajectoire de particules soumises au mouvementbrownien et confirma l’analyse thĂ©orique d’Einstein.

La diffusion dĂ©signe la tendance naturelle d’un systĂšme Ă  rendre homogĂšnes les concentrations desespĂšces chimiques en son sein. C’est un phĂ©nomĂšne de transport irrĂ©versible qui se traduit par la mi-

193

Page 204: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsgration d’espĂšces chimiques dans un milieu. Sous l’effet de l’agitation thermique, on observe un dĂ©pla-cement des constituants des zones de forte concentration vers celles de faible concentration. D’un pointde vue phĂ©nomĂ©nologique, et au premier ordre, ce phĂ©nomĂšne est rĂ©gi par une des lois de Fick.

La conduction thermique est induite par une diffĂ©rence de tempĂ©ratures, c’est un flux d’énergie. Nousl’avons notĂ© jcd , ce qui ne souffre d’aucune ambigĂŒitĂ©. On le voit noter aussi sous la forme d’un flux dechaleur jQ ou d’un flux d’énergie interne jU . Comme les notations et ce qu’elle reprĂ©sente Ă©volue entreles diffĂ©rents ouvrages, en particulier dans les phĂ©nomĂšnes couplĂ©s oĂč l’on cherche Ă  faire apparaĂźtredes formes Ă©lĂ©gantes, il faut s’assurer de la dĂ©finition de chaque terme mĂȘme si la lettre utilisĂ©e sembleĂ©vidente avant d’utiliser une formule.

Bien que la diffusion soit un processus irrĂ©versible et tende Ă  homogĂ©nĂ©iser les concentrations, celane doit pas ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©. En effet, l’irrĂ©versibilitĂ© peut conduire Ă  de la structuration, comme avec l’effetSoret oĂč l’application d’un gradient thermique peut sĂ©parer les composants d’un mĂ©lange, les espĂšceslĂ©gĂšres allant gĂ©nĂ©ralement vers la zone chaude. Cet effet a servi au tri isotopique du projet Manhattandans les annĂ©es 1940. Il est utilisĂ© pour durcir la surface d’un acier en augmentant la concentration enatome de carbone en surface ou permet de comprendre le transport de matiĂšre Ă  travers des membranesbiologiques.

194

Page 205: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsX.1 Diffusion de particulesX.1.a PremiĂšre loi de Fick

La densitĂ© de courant molĂ©culaire jk (qui s’exprime en nombre de particules par unitĂ© de surface etunitĂ© de temps, soit en m−2.s−1) est proportionnelle et opposĂ©e au gradient de la densitĂ© particulaire.

jk = −D∂nv

∂x

∂ indique que toutes les autres variables sont considĂ©rĂ©es comme constantes. En effet, d signifie qu’oncalcule la diffĂ©rentielle ce qui dans le cas d’une dĂ©pendance en x et t conduit Ă  : df = dt∂f∂t + dx∂f

∂x . On adonc df

dt =∂f∂t +

dxdt

∂f∂x = ∂f

∂t + v ∂f∂x . La dĂ©rivĂ©e partielle est dans certain cas Ă©quivalent Ă  la dĂ©rivĂ©e totale

mais pas toujours.La premiĂšre loi de Fick, par proportionnalitĂ©, s’exprime aussi sous la forme :

jk = −D∂c

∂x

avec une unitĂ© diffĂ©rente pour jk. Le coefficient de proportionnalitĂ© D s’appelle coefficient de diffusion.Il s’exprime en m2.s−1 dans tous les cas. Pour vĂ©rifier l’homogĂ©nĂ©itĂ© de la relation pour la premiĂšreexpression, utilisons une Ă©quation aux dimensions (L reprĂ©sente une longueur et T un temps ou unedurĂ©e suivant les conventions sur les symboles de la dimension) :

dim(jk) =1

L2Tet dim(D)× dim

(

∂nv

∂x

)

=L2

T× 1

L3L=

1

L2T

C’est homogùne.Les valeurs des coefficients de diffusion typiques sont :

195

Page 206: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rs– Gaz 1 dans gaz 2 : typiquement 10−5m2.s−1

– Liquide 1 dans liquide 2 : 10−9m2.s−1

– Solide 1 dans solide 2 : 10−30m2.s−1

– Enzyme sur un brin d’ADN : 10−7m2.s−1

A. Einstein montra à partir du mouvement Brownien que le coefficient de diffusion est reliée à latempérature par :

D = kBTVitesse de dérive

Forcequi se rĂ©duit Ă  : D = kBT/(6πηr) pour une particule sphĂ©rique de rayon r dans un fluide de viscositĂ© η.

X.1.b Conservation de la matiĂšrePrenons un volume de contrĂŽle V en forme de cylindre. Pour simplifier le problĂšme, nous ne consi-

dĂ©rerons qu’un dĂ©placement de la matiĂšre selon la direction x. Au cours d’un temps dt, la variation du

A(x+dx)A(x)

jk

FIGURE X.1: Bilan sur une section cylindrique.

196

Page 207: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsnombre de particules dN dans le volume de contrÎle V fixe (ne dépendant pas du temps) est :

dN

dt=

d

dt

∫

volume

nvdV

La densitĂ© particulaire nv peut ĂȘtre fonction de la position. Pour tenir compte de cette dĂ©pendance, ladĂ©rivation par rapport au temps lorsqu’elle entre dans l’intĂ©grale devient une dĂ©rivĂ©e partielle :

dN

dt=

∫

volume

∂nv

∂tdV

Ce qui se réduit ici à :dN

dt=

∂nv

∂tAdx

Au cours de la durée dt, le courant particulaire fait varier le nombre de particules dN/dt de :

dN

dt flux= −

∫

surface

~jk. ~dA

Dans le cas présent, cela revient à compter positivement le flux entrant en x et négativement celui sortanten x+ dx :

dN

dt flux= jk(x)A− jk(x+ dx)A

En effectuant un dĂ©veloppement limitĂ© de jk Ă  l’instant t, nous obtenons pour :

dN

dt flux= −∂jk(x)

∂xAdx

197

Page 208: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsLa conservation de la matiÚre, obtenue en égalant les deux variations temporelles, conduit à une équa-tion trÚs générale de la physique, à savoir :

∂jk∂x

+∂nv

∂t= 0

X.1.c Equation de diffusionEn combinant la loi de Fick Ă  l’équation de conservation de la matiĂšre, on aboutit Ă  l’équation de

diffusion ou seconde loi de Fick :∂nv

∂t= D

∂2nv

∂x2

Position (m)

n(x,

t)

0 5 100-5-10

FIGURE X.2: Evolution de la densitĂ© de particules en fonction de la durĂ©e (D=1 m.s−2 et t=0,1 ; 0,3 ; 1 ;3,2 et 10)

Les solutions sont de la forme :

nv(x, t) =N0

A(4πDt)1/2exp

(

− x2

4Dt

)

198

Page 209: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsOĂč N0 est le nombre total de particules. L’élargissement d’un pic Ă  mi-hauteur vaut : L =√

4Dt ln(2).Cette Ă©quation n’est pas invariante par renversement par rapport au temps. La diffusion est un phĂ©-

nomĂšne irrĂ©versible. Si l’on prend une distance caractĂ©ristique L, la durĂ©e pour laquelle la diffusion estimportante vaut :

τ =L2

D

X.2 Conduction thermiqueX.2.a Loi de Fourier

Bien que dĂ©jĂ  vu, nous redonnons la loi de Fourier nĂ©cessaire pour l’établissement de l’équation de lachaleur. La loi de Fourier indique que le transfert thermique conducto-diffusif (sans mouvement macro-scopique de la matiĂšre) est reliĂ© en chaque point Ă  la variation spatiale locale du champ de tempĂ©rature.La flux thermique surfacique conducto-diffusif jcd, est proportionnel au gradient de tempĂ©rature, soit Ă une dimension :

jcd = −λ∂T (x, t)

∂x

Le coefficient λ, appelĂ© conductivitĂ© thermique du milieu, est positif. Il s’exprime en W.m−1.K−1.

199

Page 210: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsX.2.b Equation de la chaleur (diffusion thermique)Equation bilan

ConsidĂ©rons un systĂšme unidimensionnel. En effectuant un bilan d’énergie interne sur le matĂ©riauhomogĂšne, de section A, de masse volumique ρ et de capacitĂ© thermique massique c :

du dm = A(

jcd(x)− jcd(x+ dx))

dt

cdT ρAdx = A

(

jcd(x)− jcd(x)− dx∂jcd

∂x

)

dt

cdT ρ =

(

−∂jcd

∂x

)

dt

∂T

∂t= − 1

ρc

∂jcd

∂x

En injectant la loi de Fourier :

∂T

∂t= − 1

ρc

∂

∂x

(

−λ∂T

∂x

)

= −−λ

ρc

∂2T

∂x2

= a∂2T

∂x2

Le coefficient a, qui s’exprime en m2.s−1, s’appelle la diffusivitĂ©. Il vaut 114 106 m2.s−1 pour le cuivre,0, 45 106 m2.s−1 pour le bois et 0, 1 106 m2.s−1 pour le corps humain. En rĂ©gime stationnaire (qui n’évoluepas avec le temps), la variation de tempĂ©rature d’une barre entre 2 thermostats est linĂ©aire.

200

Page 211: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsExemples

Barre calorifugée entre 2 thermostats

En rĂ©gime Ă©tabli, c’est-Ă -dire qui n’évolue pas au cours du temps, nous avons :

∂T

∂t= 0 ⇒ dT

dx= Cte ⇒ T (x) = TC +

x

l(TF − TC)

2 barres calorifugées entre 2 thermostats

Comme nous nous intĂ©ressons Ă  des matĂ©riaux solides, la notation sur le transfert thermique, jcd, jcdQou jcdU est acceptable. Notons la tempĂ©rature de l’interface Ti. La continuitĂ© du flux de chaleur permetd’écrire :

jcdQ = λ1TC − Ti

l1= λ2

Ti − TF

l2On en déduit :

(

λ1

l1+

λ2

l2

)

Ti =λ2

l2TF +

λ1

l1TC

Soit :

Ti =

λ2

l2TF + λ1

l1TC

λ1

l1+ λ2

l2

Maintenant, la température intermédiaire est fonction des conductivités thermiques des matériaux 1et 2.

201

Page 212: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rs

TC TF

T(x)

x

l1 l2

Ti

FIGURE X.3: Profil de température avec x=0 au contact de la barre avec le thermostat chaud.

RĂ©sistance thermique

Nous voyons apparaĂźtre une analogie forte avec l’électricitĂ©. La diffĂ©rence de tempĂ©rature conduit Ă un flux thermique. La diffĂ©rence de tension conduit Ă  un courant Ă©lectrique.

Considérons le flux thermique :Ί = jcdA

Comme I = GU = ∆VR , nous Ă©crirons Ί = ∆T

Rth. En régime stationnaire, nous avons :

Ί =λ

lA∆T =

∆Tl

λA

ce qui conduit Ă  :

Rth =l

λA

202

Page 213: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsNous pouvons reprendre l’exemple prĂ©cĂ©dent avec les 2 barres calorifugĂ©es. Nous trouvons la tem-pĂ©rature intermĂ©diaire Ă  partir des lois de Kirchhoff :

Ti =

TC

Rth,1+ TF

Rth,2

1Rth,1

+ 1Rth,2

X.2.c Transfert thermique par convectionFormalisme

La convection est associĂ©e Ă  un dĂ©placement de matiĂšre. ConsidĂ©rons l’échange de flux thermiqued’un fluide de tempĂ©rature Tflu avec une paroi Ă  la tempĂ©rature Tp, de surface A. Le flux thermiquesurfacique conducto-convectif (cc) se met sous la forme :

jcc = −h (Tflu − Tp)

Avec une orientation de la paroi vers le fluide. h est appelĂ© le coefficient surfacique de transfert conducto-convectif Ă  la paroi. Son unitĂ© est le W.m−2.K−1. Parfois, la notation ambigĂŒe cd abrĂ©viation de convecto-diffusif est utilisĂ©e.

Donnons quelques ordres de grandeur pour l’eau :– en convection naturelle, h varie de 400 Ă  1000W.m−2.K−1. La convection naturelle est un dĂ©place-

ment du fluide qui, dilatĂ© par une Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature sous l’effet de la poussĂ©e d’ArchimĂšde,se dĂ©place verticalement.

– jusqu’à 10000W.m−2.K−1 en convection forcĂ©e due Ă  une pompe, par exemple.L’unitĂ© n’est pas la mĂȘme entre le coefficient surfacique de transfert conducto-convectif Ă  la paroi et le

coefficient de conductivité thermique donc pas de comparaison directe possible. La convection est bienplus efficace pour évacuer la chaleur que la diffusion.

203

Page 214: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsApplication au double vitrage

lv lvla

Te ,2 Te,1

Ti ,2

Ti ,1Te Ti

FIGURE X.4: Double vitrage.

Deux vitres, d’épaisseur lv, de conductivitĂ© thermique λv, sont sĂ©parĂ©s par une lame d’air d’épais-seur la, de conductivitĂ© Ă©quivalente λeq

a . Nous supposerons des conditions nocturnes (pas de soleil). EnconsidĂ©rant l’égalitĂ© des flux thermiques, nous avons :

Ω = hiA(Ti − Ti,1) avec convection+rayonnement

Ί =λv

lvA(Ti,1 − Ti,2) avec diffusion

Ί =λeqa

laA(Ti,2 − Te,1) + ∆ΩR avec diffusion+rayonnement

204

Page 215: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rs

Ί =λv

lvA(Te,1 − Te,2) avec diffusion

Ω = heA(Te,2 − Te) avec convection+rayonnement

et ∆ΩR = Aσ(T 4i,2 − T 4

e,1) ≈ hâ€ČRA(Ti,2 − Te,1)

En extrayant les températures et en les ajoutant, on obtient :

Ί

A=

Ti − Te

1hi+ lv

λv+ 1

λeqala

+hâ€ČR+ lv

λv+ 1

he

La rĂ©solution s’effectue par itĂ©rations.

Exemple

Partant de Te = −10 ◩C et Ti = 20 ◩C , on obtient ϕ = 100W.m−2. La comparaison avec un simple vi-trage (enlever dans l’expression prĂ©cĂ©dente ce qui correspond Ă  une vitre et Ă  la lame d’air intermĂ©diaire)pour lequel on obtient : ϕ = 150W.m−2, montre l’intĂ©rĂȘt d’augmenter le nombre de vitres.

X.3 Couplage entre phĂ©nomĂšnes irrĂ©versiblesL’interaction entre le flux de chaleur et de matiĂšre donne lieu Ă  deux effets : l’effet Soret et l’effet

Dufour. Pour l’effet Soret, un flux de chaleur induit un flux de matiĂšre. Cet effet est essentiel dans lesphĂ©nomĂšnes biologiques comme le dĂ©placement des molĂ©cules d’ADN dans les organismes.

205

Page 216: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsX.3.a Production d’entropieLe processus de diffusion de particules est un processus irrĂ©versible tout comme la conduction ther-

mique. On se place dans le cadre d’une solution diluĂ©e sans convection et sans rĂ©action chimique. Uneanalyse complĂšte serait trop complexe Ă  ce niveau. De l’énergie interne :

dU = TdS − pdV +∑

k

”kdnk

On introduit les grandeurs locales en remplaçant U par V u, S par V s et nk par V nvk :

du = Tds+∑

k

”kdnvk

D’oĂč on extrait l’entropie :

ds =1

Tdu−

∑

k ”kdnvk

TLes deux forces thermodynamiques sont établies en régime stationnaire à partir de :

∂s

∂t=

1

T

∂u

∂t−∑

k

”k

T

∂nvk

∂t

Qui s’écrit aussi :∂s

∂t= − 1

T

∂jU∂x

+∑

k

”k

T

∂jk∂x

Et qui se met sous la forme :

∂s

∂t+

∂

∂x

(

jUT

−∑

k

”kjkT

)

= jU∂

∂x

(

1

T

)

−∑

k

jk∂

∂x

(”k

T

)

206

Page 217: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsLe bilan entropique vaut :∂s

∂t+

∂jS∂x

= σS

Il y a donc production d’entropie. Par identification du taux de production σS, on a le courant de diffusionjk et de la force thermodynamique associĂ©e − ∂

∂x

(

”k

T

)

. Le processus de conduction thermique est aussiun processus irrĂ©versible. Il faut alors considĂ©rer le flux d’énergie interne jU et la force thermodynamiqueassociĂ©e ∂

∂x1T .

X.3.b Lois phĂ©nomĂ©nologiquesL’expression de la crĂ©ation d’entropie conduit Ă  Ă©crire des relations entre les flux et les forces. Ces

lois phĂ©nomĂ©nologiques sont d’une grande importance. Il est possible d’avoir de la diffusion induite parun gradient de tempĂ©rature tout comme un transport de chaleur induit par de la diffusion d’espĂšces n’in-teragissant pas. Ces deux coefficients sont couplĂ©s par la relation de rĂ©ciprocitĂ© d’Onsager (quatriĂšmeprincipe de la thermodynamique). Leurs exploitations sont un peu dĂ©licates car pour un mĂ©lange de deuxespĂšces, il faut Ă©liminer une variable via l’enthalpie libre de l’ensemble, pour finalement obtenir une rela-tion exploitable et dĂ©finir un coefficient caractĂ©ristique. L’autre option consiste Ă  considĂ©rer directementle phĂ©nomĂšne croisĂ©. Le lecteur interessĂ© par ces aspects qui dĂ©passent le cadre fixĂ© de ce cours lestrouvera traiter en dĂ©tail dans la rĂ©fĂ©rence Thermodynamique de Prigogine et Kondepudi. Le coefficientde thermodiffusion est la vitesse de dĂ©rive induite par le gradient thermique :

v = −DT∂T

∂x

207

Page 218: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsLe coefficient Soret est Ă©gal au rapport :

ST =DT

D

Il s’exprime en K−1. Il est gĂ©nĂ©ralement petit, de l’ordre de 10−2 Ă  10−3 K−1. Pour l’observer, il fauts’affranchir des effets de convection et donc choisir une gĂ©omĂ©trie adaptĂ©e (par exemple, partie chaudeen haut et partie froide en bas pour Ă©viter la convection due Ă  la poussĂ©e d’ArchimĂšde). Dans le casd’un brin d’ADN de surface A, il est possible d’expliquer les rĂ©sultats expĂ©rimentaux Ă  partir de l’entropied’hydratation (shydratation) et des effets d’écrantage de charges Ă©lectriques (Sionique

T ) dont l’expressionest un peu plus complexe conduisant à Ssol

T = AkBT

(−shydratation) + SioniqueT . L’autre stratĂ©gie consiste Ă 

coupler la gravitation Ă  la thermodiffusion, permettant alors d’avoir des sĂ©parations trĂšs efficaces. Onpositionne le gradient de tempĂ©rature suivant l’horizontale et la gravitation agit orthogonalement. Les 2parois thermostatĂ©es sont espacĂ©es d’une faible distance Ă  calculer typiquement de l’ordre du mm. Onobtient alors une sĂ©paration des espĂšces entre le bas et le haut en quelques jours.

ConclusionLes phénomÚnes de diffusion et de conduction thermique sont des processus irréversibles. Pris sé-

parĂ©ment, la flĂšche du temps conduit Ă  une homogĂ©nĂ©isation. AssociĂ©s, il y a un couplage avec unepossible structuration. La vitesse de dĂ©placement sous gradient thermique conduit Ă  l’effet Soret dont lathĂ©orie exacte pour les liquides n’est pas complĂštement Ă©tablie. Nous n’avons pas inclus la conductionĂ©lectrique qu’on retrouvera dans tous les ouvrages d’électricitĂ©, les effets couplĂ©s ayant conduit aux cel-lules Peltier (transport d’électricitĂ© associĂ© au transport de chaleur) et aux thermocouples (diffĂ©rence depotentiel liĂ© Ă  une diffĂ©rence de matĂ©riaux et de tempĂ©ratures). Comme pour l’énergie, nous pouvons ef-fectuer des bilans d’entropie. La diffĂ©rence tient Ă  la non conservation de l’entropie : il existe un terme de

208

Page 219: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cou

rsproduction. C’est l’analyse de ce terme qui est Ă  la base de la branche actuelle de la thermodynamiquesur les effets couplĂ©s irrĂ©versibles.

L’analyse du transfert thermique permet d’expliquer le double vitrage ou le rĂŽle des couvertures desurvie. Pour le double vitrage, l’association de vitres conduit Ă  une augmentation de la rĂ©sistance ther-mique. La chaleur s’échappe moins vite et rentre moins vite. Pour isoler une enceinte et la rendre ather-mique, il faut Ă©viter les pertes par rayonnement et par conduction thermique. Pour Ă©viter les pertes parrayonnement, on utilise un mĂ©tal qui rĂ©flĂ©chit la lumiĂšre infrarouge. Comme l’absorption est trĂšs faible,son Ă©missivitĂ©, d’aprĂšs la loi de Kirchhoff est aussi trĂšs faible. La perte par rayonnement devient ainsitrĂšs faible. Pour les pertes par transfert thermique, il faut considĂ©rer la surface du matĂ©riau en contactavec l’environnement. Il faut donc employer un matĂ©riau qui a une trĂšs faible conductivitĂ© thermique.Ce principe d’isolation est utilisĂ© pour les calorimĂštres ou pour fabriquer des couvertures de survie eninsĂ©rant une feuille de mĂ©tal trĂšs fine entre deux isolants thermiques.

209

Page 220: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Exe

rcic

esExercice 1: Température de contactAfin de déterminer la température de contact entre 2 corps à des températures différentes, nous

adoptons un modĂšle simplifiĂ© : nous supposons qu’au moment du contact, seul l’élĂ©ment constituĂ© dela matiĂšre 1 de la partie 1 Ă  la tempĂ©rature T1, de longueur l1 est affectĂ© et est immĂ©diatement enĂ©quilibre thermique avec un Ă©lĂ©ment similaire de la partie 2. Une Ă©tude plus approfondie conduit Ă  lamĂȘme relation.

Materiau 1Materiau 2

l2 l1

T T2TC

T1

FIGURE X.5: Principe du calcul au moment du contact.

1. Comme l’énergie perdue par la partie chaude (T2) est Ă©gale Ă  l’énergie gagnĂ©e par la partie froide(T1), Ă©crire une relation liant l1 et l2.

2. Le flux thermique est-il continu Ă  l’interface ? Exprimer une condition associĂ©e au flux liant l1 et l2.

3. En déduire la relation :(

T2 − TC

TC − T1

)2

=λ2c2ρ2λ1c1ρ1

= α2

210

Page 221: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Exe

rcic

espuis exprimer TC en fonction de T1, T2, et α

4. Supposons que le corps humain est assimilable à de l’eau à 37◩C, il entre en contact avec unmorceau de verre à T = 100◩C, ressent-il une sensation de forte "chaleur" ? Idem pour le cuivre.

Nom λ ρ c M Formule chimiqueunitĂ© W.m−1.K−1 kg.m−3 J.kg−1.K−1 g.mol−1 -cuivre 390 8900 385 63, 5 Cuverre 1, 2 2270 350 60 SiO2

eau 0, 6 1000 4190 18 H2O

AprĂšs l’étude de la tempĂ©rature entre les 2 matĂ©riaux quelques instants aprĂšs le contact, on considĂšrele rĂ©gime stationnaire Ă©tabli. Le matĂ©riau 1 sur une longueur L1 est en contact avec le thermostat parfaitĂ  la tempĂ©rature T1 et avec le matĂ©riau 2. De mĂȘme, le matĂ©riau 2 de longueur L2 est en contact avecun thermostat parfait Ă  la tempĂ©rature T2 et avec le matĂ©riau 1.

5. L’énergie est-elle encore un paramĂštre pertinent ? Pourquoi ?

6. Le flux thermique est-il toujours continu Ă  l’interface ? En dĂ©duire TC en fonction de T1, T2, λ1, λ2,L1 et L2 et mettre Ă  nouveau sous la forme :

TC =T1 + αT2

1 + α

7. En considérant L1 = L2, calculer α pour eau-verre et eau-cuivre. Conclusion.

211

Page 222: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Exe

rcic

es

Mat

eria

u1

Mat

eria

u2

L2 L1

T T2 TC

T1

Thermo-stat 1

Thermo-stat 2

FIGURE X.6: Principe du calcul entre 2 thermostats en régime stationnaire.

Exercice 2: TempĂ©rature d’équilibre d’un corps noir sphĂ©ri queUn petit corps noir sphĂ©rique de rayon r est placĂ©e entre deux plaques P1 et P2 assimilĂ©es Ă  des

corps noirs Ă  la tempĂ©rature T1. La sphĂšre a une chaleur massique c et une masse volumique ρ. Seul lerayonnement est considĂ©rĂ©. La tempĂ©rature initiale de la sphĂšre est T0, voisine de T1. On dĂ©signera parT sa tempĂ©rature Ă  l’instant t. On prendra pour la constante de Stefan : σ = 5, 67 10−8 W.m−2.K−4.

1. Ecrire le flux surfacique radiatif à la surface de la sphÚre et introduire la température moyenne

Tm ≈ T0 + T1

2. Rappel : a4 − b4 = (a− b)(a3 + a2b+ ab2 + b3).

2. Ecrire l’équation diffĂ©rentielle gouvernant l’évolution temporelle de la tempĂ©rature T de la sphĂšre.Introduire et calculer une constante de temps τ et dĂ©crire l’évolution de la tempĂ©rature T . Calculerτ avec ρ = 3 103 kg.m−3, c = 1000 J.kg−1.K−1 pour la sphĂšre de rayon r = 3 cm, T0 = 300K etT1 = 270K.

Entre les deux plaques circule maintenant un gaz transparent au rayonnement et de température moyenne

212

Page 223: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Exe

rcic

es

T

T1

T1

P1

P2

FIGURE X.7: Configuration de l’expĂ©rience.

Tf au niveau de la sphÚre, température voisine de T1.

3. Calculer la tempĂ©rature T de la sphĂšre en rĂ©gime stationnaire. Calculer numĂ©riquement T pourT1 = 270K, Tf = 290K, h = 100W.m−2.K−1. La partie radiative joue-t-elle un rĂŽle ?

213

Page 224: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cor

rigésCorrection 1: Température de contact

1. L’égalitĂ© des Ă©changes d’énergie conduit Ă  :

∆T1c1ρ1l1A = −∆T2c2ρ2l2A avec ∆T1 = T1 − TC et ∆T2 = T2 − TC

2. En considĂ©rant l’égalitĂ© des flux Ă©nergĂ©tiques :

J2 = −λ2∆T2

l2= −J1 = λ1

∆T1

l1

3. En combinant les deux relations afin d’éliminer les l, on obtient :(

∆T2

∆T1

)2

=λ2c2ρ2λ1c1ρ1

= α2

d’oĂč :T2 − TC

TC − T1= α ⇒ T2 − TC = αTC − αT1 ⇒ TC =

T2 + αT1

1 + α

4. Avec le verre, α =√

1,2×2270×3500,6×1000×4190 = 0, 616, d’oĂč TC = 310+0,616×373

1+0,616 = 334K = 61◩C. Le contact est

chaud.Avec le cuivre, α =

√

390×8900×3850,6×1000×4190 = 23, d’oĂč TC = 310+23×373

1+23 = 370K = 97◩C. Le contact est

brûlant.

5. L’énergie n’est plus un paramĂštre pertinent car le systĂšme n’est pas isolĂ©.

6. Le flux est continu :

λ1TC − T1

L1= λ2

T2 − TC

L2⇒ TC =

T1 +λ2L1

λ1L2

T2

1 + λ2L1

λ1L2

214

Page 225: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cor

rigéssoit α = λ2L1

λ1L2

7. Pour eau-verre, α = 1, 2/0, 6 = 2 et pour eau-cuivre, α = 390/0, 6 = 650. Ici, seul le transport dela chaleur joue un rĂŽle. La capacitĂ© de stocker l’énergie, essentielle pour l’établissement du rĂ©gime(et donc pour la tempĂ©rature de contact) n’intervient plus.

Correction 2: TempĂ©rature d’équilibre d’un corps noir sphĂ© rique1.

Ί = A(

ϕreçu − Ï•Ă©mis

)

= 4πr2σ(

T 41 − T 4

)

= 4πr2σ[

4T 3m(T1 − T )

]

2.

mcdT

dt= Ί = 4πr2σ

[

4T 3m(T1 − T )

]

d’oĂčdT

T1 − T=

4πr2σ4T 3m

43πr

3ρcdt =

dt

τavec τ =

rcρ

12σT 3m

donnant : τ = 5700s ≈ 1 h35 s

3. En rĂ©gime stationnaire, on a :∑

ϕ = 0. Il faut ĂȘtre sĂ»r du signe de ϕcc. Si T>Tf , la sphĂšre perd dela chaleur, ce qui correspond Ă  un flux reçu nĂ©gatif.

−h (T − Tf) + σ4T 3m (T1 − T ) = 0

d’oĂč :

T =Tf +

4σT 3

m

h T1

1 + 4σT 3m

h

215

Page 226: Thermodynamique fondements avec ouvertures en biophysique

Chapitre X: Diffusion de particules et conduction thermique

Cor

rigĂ©sOn trouve T = (290 + 0, 052 × 270)/1, 052 = 289, 0K. Le rayonnement joue un rĂŽle mineur. La

tempĂ©rature d’équilibre de la sphĂšre est proche de la tempĂ©rature du fluide.

216