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Université Lumière Lyon II (École doctorale ED483)
École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon
Discipline : Architecture
Présentée et soutenue par : DEMILLY Estelle
Thèse de Doctorat
AUTISME ET ARCHITECTURE
Relations entre les formes architecturales et l’état
clinique des patients
Date de soutenance envisagée : Le 24 juin 2014
Jury :
Jean-Louis VIOLEAU, rapporteur, Professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Paris Malaquais (SHS)
Karine WEISS, rapporteuse, Professeur à l’Université de Nîmes
François FLEURY, Directeur de thèse, Professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon (STA)
Stephan COURTEIX, Architecte et docteur en psychopathologie clinique
Catherine LAVANDIER, Maître de conférences à l’Université de Cergy Pontoise
Mathieu LAVANDIER, Chargé de recherche, École Nationale des Travaux Publics de l’État
Valérie LEBOIS, Maitre-assistant à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg (SHS)
François TRAN, Maitre-assistant à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon (TPCAU)
Laboratoire : Lyon Architecture Urbanisme Recherche (anciennement Laboratoire d’Analyse des Formes)
1
RÉSUMÉ
Les relations entre l’espace architectural et la qualité de vie sont étudiées ici à travers une
recherche transdisciplinaire (réunissant architectes et psychologues) centrée sur les liens entre
les caractéristiques spatiales et l’état clinique des personnes atteintes de troubles du spectre
autistique (TSA). Les travaux antérieurs dédiés à ces aspects sont rares, épars, et peu sont de
nature véritablement scientifique. La recherche présentée dans cette thèse a pour but de mettre
au jour des caractéristiques spatiales susceptibles, au sein des structures de prise en charge, de
favoriser le bien-être de ces personnes. La méthodologie retenue consiste en un recueil de
données architecturales et cliniques dans 20 établissements accueillant des personnes adultes
présentant un TSA. L’architecture de ces 20 établissements a été caractérisée et les
comportements de 148 résidents à partir de questionnaires cliniques ont été évalués. Ce travail
a débouché sur la création d’une base de données constituée de variables architecturales
(explicatives) et de variables cliniques (à expliquer et à contrôler). Des analyses statistiques
permettent aujourd’hui de consolider certaines hypothèses sur l’impact de paramètres du
cadre bâti sur l’état clinique des personnes atteintes de TSA. Au-delà des connaissances liées
à l’autisme, il s’agit bien d’inscrire nos préoccupations dans un questionnement plus vaste sur
la relation entre l’architecture et le bien-être de l’individu. Les architectes se projettent en tant
qu’usager et utilisent leur propre représentation de la « qualité de vie » comme référence
lorsqu’ils conçoivent. Cela peut conduire à certains décalages entre l’espace conçu, et
l’espace tel qu’il est vécu par des usagers méconnus du concepteur.
ABSTRACT
The relationship between architectural space and quality of life is studied here through a
transdisciplinary research (involving architects and psychologists) centered on the links
between the spatial characteristics and clinical state of people with autism spectrum disorders
(ASD). Investigations on these aspects are scarce and scattered, and few are scientifically
conducted. The present thesis aims to reveal spatial features to promote the well -being of
these people. The methodology consist in collecting architectural and clinical data in 20
institutions hosting adults with ASD. The architecture of these 20 institutions was
characterized and behaviors of 148 residents from clinical questionnaires were evaluated. This
work led to the creation of a database of architectural variables (explanatory) and clinical
variables (to be explained and control). Statistical analysis of this database allowed to back up
assumptions on the impacts of certain parameters of the built environment on the clinical
condition of individuals with ASD. Beyond knowledge related to autism, the object is to
situate our problematic in a broader questioning on the relationship between architecture and
well- being of the individual. Architects design living spaces by projecting themselves as
occupants, and use their own representation of the "quality of life" as a reference. This can
lead to some discrepancies between the designed space, and space as experienced by users
unknown to the designer.
2
3
MOTS CLEFS
Architecture
Autisme
Environnement
Comportement
Qualité de vie
Conception
KEYWORDS
Architecture
Autism
Environment
Behavior
Comfort
Design
4
5
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier François Fleury pour m’avoir encadré durant cette thèse. Je
te remercie pour ta disponibilité, pour ta gentillesse et pour la confiance que tu m’as accordée
durant ces trois années.
Je souhaite également remercier Stéphan Courteix, architecte et docteur en psychopathologie
clinique et Brigitte Assouline pédopsychiatre, tous deux chefs du projet de recherche dans
lequel s’inscrit ce travail de thèse ainsi que toute l’équipe de ce projet. Je tiens à adresser un
grand merci à Lucie Longuépée, psychologue clinicienne pour cette collaboration et pour tous
les bons moments que nous avons passés ensemble. J’adresse également mes remerciements à
Mathieu Lavandier, ingénieur acousticien, pour m’avoir apporté son soutien et son assistance
dans la définition des critères de caractérisation des ambiances sonores, l’élaboration de la
méthodologie et du protocole de mesures, dans la formation à l’utilisation du matériel de
mesures et à l’exploitation et l’interprétation des résultats acoustiques. Je souhaite remercier
Gabriela Ciuperca et Anne Perrut, toutes deux statisticiennes pour leur précieuse aide.
Ce travail n’aurait pu être réalisé sans le soutien du Centre de Ressources Autisme Rhône
Alpes et de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie, à ce titre je souhaite leur
adresser mes remerciements. Évidemment, je remercie grandement les personnes atteintes de
Troubles du Spectres Autistiques que nous avons évaluées, leurs familles, les directeurs et les
équipes des établissements qui ont accepté de nous accueillir et de participer à cette étude et
sans qui cette recherche n’aurait pu aboutir.
Je tiens à adresser un grand merci à tous les membres de mon laboratoire actuel le LAURE
pour leur joie et leur bonne humeur quotidienne et adresse une pensée spéciale aux anciens
membres du LAF, merci à vous pour tous ces bons moments que nous avons passés ensemble.
Enfin, je souhaite remercier mes parents, Sérgio, Chantal et Tine
6
7
GLOSSAIRE
ACC : Analyse de Corrélation Canonique,
ANCOVA : Analyse de Covariance,
BF : Bruit de Fond,
D01 : la recherche d’isolement,
D02 : les interactions sociales,
D03 : le contact visuel,
D04 : les troubles thymiques/l’expression de l’angoisse,
D05 : les conduites d’auto-agressives et la réactivité corporelle,
D06 : les conduites agressives envers autrui (hétéro agressivité),
D07 : la manifestation de l’affectivité et contacts corporels,
D08 : les activités et la réactivité sensori-motrice, les stéréotypies et les autostimulations
D09 : les réactions aux changements et à la frustration,
D10 : l’utilisation des objets,
D11 : la réactivité aux stimuli sensoriels,
D12 : les conduites inappropriées/inadaptées en vie collective,
D13 : l’autonomie personnelle,
EPOCAA : Échelle Pour l’Observation des Comportements d’Adultes avec Autisme,
E-T : Écart-type,
FAM : Foyer d’Accueil Médicalisés,
GLM : Modèle Linéaire Généralisé,
MAS : Maison d’Accueil Spécialisées,
RDA : Analyse de Redondance,
R2 : Coefficient de détermination,
SDB : Salle de bain,
TED : Troubles envahissants du développement,
TSA : Troubles du Spectre Autistique,
TR : Temps de réverbération.
8
9
SOMMAIRE
Remerciements .......................................................................................................................... 5
Glossaire .................................................................................................................................... 7
Sommaire ................................................................................................................................... 9
Introduction ............................................................................................................................ 11
Chapitre I. État de l’art ......................................................................................................... 19
I.1 Architecture et santé mentale .......................................................................................... 19
I.2 Handicap, Autisme et réglementation ............................................................................. 30
I.3 Autisme et rapport à l’espace .......................................................................................... 35
I.4 État de l’art de la problématique environnementale et autistique ................................... 40
I.5 Hypothèses de travail et consensus actuel....................................................................... 51
Chapitre II. Construction de la méthodologie ..................................................................... 57
II. 1 Le corpus ....................................................................................................................... 57
II.2 Réseau de partenariat de recherche ................................................................................ 59
II.3 Le fonctionnement des MAS et des FAM/ déterminer les lieux à évaluer .................... 60
II.4 Les protocoles d’observations ....................................................................................... 62
Chapitre III. Le protocole de caractérisation architecturale ............................................. 67
III.1 Décrire les lieux de vies différentes ............................................................................. 67
III.2 Construire les descripteurs de l’espace architectural .................................................... 71
Chapitre IV. Base de données et traitement statistique intra-domaine ............................ 91
IV.1 Aspects méthodologiques ............................................................................................. 91
IV. 2 Statistiques descriptives sur les données architecturales ............................................. 97
IV.3 Étude des dépendances et sélection des variables architecturales .............................. 139
Chapitre V. Relations entre les variables architecturales et cliniques ............................ 159
V.1 Présentation des variables cliniques et architecturales retenues pour l’analyse .......... 159
V.2 Méthodologie statistique .............................................................................................. 163
V.3 Résultats de l’analyse canonique de corrélation et de l’analyse de redondance.......... 173
V.4 Résultats des modèles de covariance et de régression ................................................. 197
V.5 Résultats et perspectives .............................................................................................. 220
Chapitre VI. Le handicap cognitif comme défi et aubaine pour repenser la conception architecturale ........................................................................................................................ 231
Conclusion ............................................................................................................................. 241
Table des illustrations .......................................................................................................... 245
10
Les figures : ........................................................................................................................ 245
Les tableaux : ..................................................................................................................... 247
Bibliographie ........................................................................................................................ 249
Annexes ................................................................................................................................. 263
Annexe 1 : Liste des variables architecturales ................................................................... 263
Annexe 2 : Les différents troubles de l’EPOCAA en fonction des pièces ........................ 274
Annexe 3 Graphique des corrélations de Pearson .............................................................. 279
Annexe 4 Graphiques éboulis des corrélations .................................................................. 283
Annexe 5 Analyse des Corrélations Canoniques et analyse de redondance ...................... 288
Annexe 6 Normalité des variables à modéliser .................................................................. 299
Annexe 7 Tableaux d’analyse de la variance et des coefficients d’ajustement ................. 302
11
Introduction
Face au constat alarmant du nombre de personnes atteintes de troubles autistiques, au manque
d’information du grand public, à la pénurie de structures d’accueil, et pour répondre aux
besoins exprimés par les professionnels de santé et portés par l’engagement des associations,
le troisième plan autisme 2013-2017 a été présenté le 2 mai 2013 par la ministre déléguée
chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion. Ce troisième plan autisme
s’inscrit dans la continuité du label de « grande cause nationale 2012 »1
et du plan autisme
2008-20102. Ce contexte favorable a été l’occasion d’initiatives centrées sur les questions de
la qualité du cadre de vie des personnes présentant des troubles envahissants du
développement qui soulignent à quel point la question de la qualité du cadre de vie pour les
personnes ayant un trouble du spectre autistique est d’actualité (comme l’étude réalisée pour
la Direction Générale de la Cohésion Sociale par l’Association Nationale des Centres
Régionaux pour l'Enfance et l'Adolescence Inadaptée sur les questions d’habitat des
personnes autistes3). L’autisme, et plus largement les Troubles Envahissants du
Développement (TED) sont donc bien au cœur des préoccupations actuelles. Les objectifs de
notre recherche s’inscrivent largement dans deux des axes prioritaires du second plan
autisme :
Dans l’axe 2 : « mieux repérer pour mieux accompagner », mesure 21 : « permettre
aux personnes autistes de disposer d’un chez soi », qui insiste sur la nécessité d’une
réflexion au sujet d’un habitat adapté aux particularités comportementales, sensorielles
et cognitives des personnes adultes avec autisme.
Dans l’axe 3 : « diversifier les approches, dans le respect des droits fondamentaux de
la personne. », objectif 7 : « Promouvoir une offre d’accueil, de services et de soins
cohérente et diversifiée », mesure 25 : « renforcer l’offre d’accueil en établissements
et services », mesure 26 : « adapter la prise en charge en établissements médico-
sociaux aux aspirations nouvelles des personnes TED et de leur famille ».
C’est dans cette perspective et ce contexte social porteur que notre étude se propose d’étudier
et caractériser la nature des relations entre les composantes environnementales/architecturales
des structures d’accueil pour personnes adultes présentant des troubles autistiques et leur
comportement/état clinique. L’objectif opérationnel étant la mise en place d’un référentiel
pouvant aider à la conception et à la programmation des établissements spécialisés en vue
d’améliorer la qualité de vie et de prise en charge des patients. L’OMS en 1993, propose une
définition de la « qualité de vie » qui correspondrait à : « la perception qu’a un individu de sa
1 Le label « grande cause nationale 2012 », visant à faire de l’autisme une priorité nationale, a été attribué par le
premier ministre (F. Fillon) à l’autisme en décembre 2011 lors d’un discours à l’Assemblée Nationale. 2 Plan Autisme 2008-2010, « Construire une nouvelle étape de la politique des troubles envahissants », présenté
par la Ministre de la santé le16 mai 2008. 3 ANCREAI (2011).
12
place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il
vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un
large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne,
son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances
personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement ».4
Plus largement ce
travail conduit à se questionner sur l’impact de l’environnement sur les personnes atteintes de
handicaps psychiques et sur la place de l’habitat dans le développement et l’existence d’un
individu.
Les mutations urbaines contemporaines ont modifié les modes de vie, le rapport à l’espace et
ont favorisé des formes d’exclusion, l’émergence de nouvelles formes d’habiter et de
pratiquer l’espace. En réponse à l’architecture fonctionnaliste et à l’urbanisation de masse
d’après guerre qui se basaient sur une universalité des besoins humains, les professionnels de
la conception et de la construction se sont tournés vers les sciences humaines et sociales dans
les années 1960 afin de réintégrer l’homme et ses besoins spécifiques au centre du processus
de conception de l’environnement bâti. M. Ségaud souligne d’ailleurs que : « les sciences
sociales pensées dans leur rapport avec l’architecture apparaissent comme un recours
critique. Pourquoi ? Parce qu’elles vont remettre en scène l’usager, l’habitant, le citoyen, le
citadin, et faire de sa confrontation à l’espace construit un objet de réflexion ; mais cette
confrontation est aussi bien celle de l’habitant face à l’architecture (Raymond 1984) que
celle de l’architecture face à l’habitant. »5 L’architecture bascule du monumental au
quotidien, et elle n’est plus envisagée et définie comme le seul résultat de l’acte de construire,
ni comme un objet ou une œuvre d’art échappant à tout contexte. L’espace architectural
devient un espace vécu support de pratiques sociales comme l’illustre G. Bachelard : «
L’espace saisi par l’imagination ne peut rester l’espace indifférent livré à la mesure et à la
réflexion du géomètre. Il est vécu. Et il est vécu, non pas dans sa positivité, mais avec toutes
les partialités de l’imagination.»6 C’est à cette époque (dans les années 1960) que la
psychologie environnementale – s’intéressant aux relations entre les comportements des
individus et leur environnement urbain ou bâti– s’est imposée comme discipline7. Ces
relations sont alors envisagées sous l’angle d’influences dynamiques et réciproques, comme
l’indique G-N Fischer : « La nature des rapports ainsi établis met en lumière deux aspects :
l’environnement agit sur l’être humain qui, à son tour, agit sur les facteurs spatiaux qui le
déterminent ; c’est donc la nature de la relation en œuvre qui permet d’expliquer et la valeur
de l’espace et l’orientation de la conduite. »8
En 2003, G. Moser et K. Weiss soulignent
également l’impact de l’espace construit sur les comportements et les pratiques sociales : « De
l’habitat à la planète, en passant par la ville, notre relation à l’environnement conditionne
nos perceptions, nos évaluations et nos comportements, et surtout, détermine notre bien-être
4 CHARRAS K. (2008).
5 SEGAUD M. (2010).
6 BACHELARD G. (1957).
7 FISCHER N-G., et DODELER V. (2009).
8 FISCHER N-G. (2009).
13
quotidien.»9 Depuis, différentes recherches ont étudié l’influence de certains lieux et de leurs
caractéristiques architecturales sur le bien-être et la santé mentale et plusieurs manifestations
récentes témoignent de l’actualité scientifique de ces interrogations10
. Ces avancées
concernant l’impact de l’environnement sur la qualité de vie devraient pouvoir nourrir la
conception d’espaces architecturaux adaptés aux spécificités et besoins des divers usagers. En
effet, les professionnels de la conception ont assurément une responsabilité sociale dans leurs
actes créateurs et il semble primordial de penser l’architecture en fonction de ses usagers et de
leurs spécificités :« Architecture, as a profession, is responsible for creating environments
that accommodate the needs of all types of users. »11
L’environnement devient facteur de gêne
et de handicap dès lors qu’il est en inadéquation avec les attentes et les compétences de ses
usagers. Malgré l’enjeu que peut représenter l’évolution de ces connaissances pour des
architectes désireux d’éviter les décalages entre l’espace conçu et l’espace vécu et,
réciproquement, en dépit du fait que ceux-ci pourraient apporter à la recherche en architecture
une véritable connaissance de l’environnement bâti, ces questions restent essentiellement
portées par les psychologues et trouvent peu d’écho dans la discipline architecturale où elles
demeurent peu transmises et ce notamment dans les écoles d’architecture française. Pourtant,
les architectes pourraient certainement s’approprier ces questions et devenir force de
proposition.
Les relations entre l’espace architectural et la qualité de vie sont étudiées ici à travers la
présentation d’une recherche transdisciplinaire centrée sur les liens entre les caractéristiques
spatiales et l’état clinique des personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA). Ce
travail de thèse s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche qui réunit, autour du Centre
Ressources Autisme Rhône-Alpes (CRA RA)12
, différents partenaires scientifiques et
associatifs (Figure 1) :
Le CRA RA a pour objectif d’améliorer l’accueil et l’accompagnement des personnes
atteintes de troubles autistiques et de leur famille. Il assure le pilotage et la
coordination du projet pluridisciplinaire de recherche dans lequel s’insère notre projet
de thèse ;
L’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon (ENSAL) – et son laboratoire
d’Analyse des Formes (LAF)13
qui coordonne le projet de recherche en architecture
(objet de ce document);
Le département de psychologie de l’Université de Savoie – et son laboratoire de
Psychologie et Neuro Cognition (LPNC), qui coordonne à cet effet un projet de
recherche en psychologie (thèse de doctorat de L. Longuépée).
9 MOSER G., et WEISS K. (2003).
10 Notamment le Congrès international de psychologie de l’environnement, Barcelone, 22-25 octobre 2013, et la
10th Biennal Conference on Environmental Psychology, Magdeburg, 22-25 septembre 2013. 11
MOSTAFA M. (2008). 12
Centre Ressource Autismes Rhône-Alpes (CRA RA), URL : http://www.cra-rhone-alpes.org. 13
Un changement de dénomination est en cours le LAF deviendra le LAURE : Lyon Architecture Urbanisme
Recherche.
14
Figure 1 : Les partenaires du projet
Source : schéma personnel
EXPERTISE STATISTIQUE
Gabriela CIUPERCA
Anne PERRUT
Promotion et suivi du projet
Chef de projet - coordinateur
Doctorantes
Directeurs de thèses
VOLET ARCHITECTURAL
François FLEURY
LAURE (LAF) / ENSAL
Martine BOUVARD
LPNC
Estelle DEMILLY
LAURE (LAF)/ ENSAL
Lucie LONGUEPEE
LPNC / CHAI
Stephan COURTEIX
LAURE (LAF) / ENSAL
Dr Brigitte ASSOULINE
CRA - CHAI / CADIPA
VOLET CLINIQUE
AMBIANCE ACOUSTIQUE
Mathieu LAVANDIER
APPROCHE NON
NEUROTYPIQUE
Jérôme ECOCHARD
EXPERTS PARTENAIRES
REPRESENTANT DES USAGERS
Mireille LEMAHIEU
Ghislaine LUBART
15
Interviennent également des experts dans quatre domaines distincts :
Pour l’expertise « ambiance acoustique» : l’Ecole Nationale des Travaux Publics de
l’Etat (ENTPE) – et son laboratoire Génie Civil et Bâtiment (LGCB), pour l’analyse et
la mesure des facteurs d’ambiances sonores. Cette expertise dont un des axes
principaux de recherche porte sur la "Physique du Bâtiment", nous fournit une
assistance dans la définition des critères de caractérisation des ambiances sonores,
l’élaboration de la méthodologie et du protocole de mesures et d’exploitation des
résultats.
Pour l’expertise « statistique » : l’université Lyon 1 et l’institut Camille Jordan qui
nous assiste dans le choix et la manipulation des outils statistiques.
Pour l’expertise « représentant des usagers » l’association Envol Isère Autisme14
et
l’Union Régionale Autisme France Rhône-Alpes (URAFRA) interviennent. Il s’agit
d’avoir à nos côtés des représentants des familles des personnes autistes afin
d’appréhender des éléments qui semblent essentiels dans le quotidien de leurs proches
et pour nous permettre de disposer d’un retour d’expérience.
Pour l’expertise «non neurotypique » : l’Association SATEDI15
.Cette expertise « non
neurotypique » est justifiée par le fait que les troubles autistiques semblent encore
difficilement explicables et appréhendables dans leur totalité et leur spécificité,
notamment par des personnes neurotypiques (ne présentant pas les altérations
perceptives et psychiques du rapport à la réalité, caractéristiques du syndrome
autistique). C’est dans cette logique que la mise en place d’un « collège d’experts »
composé de personnes atteintes du syndrome d’Asperger (autisme dit de « haut
niveau »), membres de l’association SATEDI regroupant des personnes francophones
atteintes de Troubles Envahissants du Développement (TED), prend tout son sens. Les
objectifs de leur participation à ce projet sont entre autres l’information, la
sensibilisation, l’éducation et la connaissance des TED. Nous avons pour cela réaliser
des visites synchrones d’établissements du corpus en vue d’identifier des facteurs
environnementaux générant – ou l’inverse – des troubles chez les personnes atteintes
de TED, et qui seraient non perceptibles par une personne neurotypique.
Ces deux dernières formes d’expertises ont été intégrées au projet dans le souci de renforcer
notamment l’articulation entre les dimensions de la recherche fondamentale et les applications
opérationnelles. Il s’agit d’inclure « l’usager » dans notre processus de recherche pour
discuter des hypothèses de travail, des paramètres étudiés et des résultats obtenus, ainsi que
pour contribuer à la rédaction du référentiel dont ils seront les premiers bénéficiaires. Cette
collaboration doit permettre de répondre par une approche globale à une problématique
commune en confrontant des analyses et en visant une complémentarité de ces disciplines. Il
s’agit d’une méthodologie croisée, qui se centre tant sur l’analyse environnementale que sur
14
Association Envol Isère Autisme, URL : http://www.envolisereautisme.org/. 15
Association SATEDI (Spectre Autistique Troubles Envahissants du Développement International), URL :
http://www.satedi.net/.
16
l’analyse comportementale. G-N. Fischer et al.16
soulignent l’importance des approches
transdisciplinaires lorsque l’on traite des relations comportement/environnement : «L’analyse
et la compréhension des relations homme-environnement porte généralement soit sur
l’environnement, soit sur les individus (Uzzell et Romice, 2003). Mais aucune de ces
approches ne permet à elle seule d’appréhender toute la complexité des interactions entre un
individu et son environnement. Il est ainsi nécessaire d’envisager ces évaluations davantage
dans une perspective transactionnelle. À cet effet, les procédures d’évaluation
environnementale doivent non seulement intégrer la conception et les considérations
esthétiques, mais aussi tenir compte des différents critères relatifs à l’expérience du lieu. »
Afin de mesurer cet effet, le terrain d’étude choisi porte sur des établissements d’hébergement
pour adultes avec autisme, MAS (maisons d’accueil spécialisées) et FAM (foyers d’accueil
médicalisés), qui sont eux aussi parties prenantes de ce projet. Ces dernières années ont vu la
création croissante de FAM et MAS spécialisés dans la prise en charge d’adultes autistes. La
conception architecturale et les aménagements de ces structures sont réalisés à partir de la
connaissance théorique actuelle de la symptomatologie autistique et les conséquences de ces
aménagements sur cette dernière ne sont pas réellement connues.
Les spécialistes17,18,19,20
de l’autisme considèrent que la personne atteinte de troubles
autistiques pourrait entretenir un rapport particulier à l’espace. L’environnement pourrait se
présenter tantôt comme facteur aggravant, tantôt comme étayage thérapeutique. Or, malgré la
prévalence des troubles de type autistique, leur dépistage de plus en plus précoce,
l’importance des besoins de prise en charge qui en découlent et la priorité donnée à cette
cause, la recherche concerne encore peu ces aspects. Les travaux actuels sont rares, épars et
pour l’essentiel basés sur des connaissances métiers. Un de nos premiers apports consiste en
la réalisation d’un état de l’art de la question. Dans la lignée des travaux antérieurs, l’étude
que nous proposons d’effectuer a pour but de mettre à jour des caractéristiques spatiales
susceptibles, au sein des structures de prise en charge, de favoriser le bien-être des personnes
atteintes d’autisme. La méthodologie adoptée pour ce projet repose sur trois phases.
Un volet Recherche « observatoire et exploratoire ». Cette première phase d’étude
consiste dans un premier temps en un recueil de données architecturales et cliniques,
réalisé au sein de 20 établissements/21 unités d’hébergement21
accueillant des
personnes adultes présentant un TSA (148 résidents sont évalués par les cliniciens de
l’équipe). Ce premier temps débouche sur la création d’une base de données constituée
de variables architecturales (explicatives) et de variables cliniques (à expliquer ou
contrôlées). Il s’agit d’identifier les variables architecturales les plus susceptibles
16
FISCHER N-G., et DODELER V. (2009). 17
CHARRAS K. (2008). 18
MOSTAFA M. (2010). 19
LEOTHAUD I. (2006). 20
COURTEIX S. (2009). 21
Deux unités d’hébergement différentes font partie d’un même établissement.
17
d’impacter les comportements des résidents. Pour cela différents traitements
statistiques sont mobilisés (analyse canonique des corrélations, analyses de
covariances…). L’objectif final de cette première phase étant d’établir des hypothèses
concernant l’impact des paramètres de l’environnement bâti (acoustique, couleurs,
dimensions…) sur l’état clinique des personnes atteintes de TSA. C’est sur cette
première phase que porte le travail de thèse objet de ce document.
un volet Recherche « expérimentale et confirmatoire » sur lequel débouche ce travail
de thèse permettra de vérifier les hypothèses posées durant la phase précédente par la
mise en œuvre de modifications du cadre bâti permettant de vérifier et mesurer
l’impact réel de paramètres environnementaux sur l’amélioration de la qualité de vie
des personnes autistes. Cette phase « expérimentale » portera sur plusieurs
établissements disposant d’un minimum de 2 unités d’hébergement homomorphes
(une unité servant de terrain d’expérimentation et une de terrain placébo) pour nous
permettre de faire émerger des corrélations significatives.
un volet « Référentiel » consistant à tirer les enseignements des volets Recherche, et
permettant de produire un guide de recommandations. En effet, au-delà de la nécessité
de valoriser les résultats scientifiques obtenus, l’objectif essentiel est de créer un
référentiel à destination des professionnels et organismes œuvrant dans le secteur
sanitaire et médico-social de l’autisme.
Pour présenter notre travail et ses résultats ce document est structuré de la façon suivante :
1) L’étude bibliographique avec pour objectif :
D’analyser les travaux existants concernant globalement les relations entre
l’environnement et le comportement (partie I.1 Architecture et santé mentale), ce qui
devrait nous permettre d’inscrire notre questionnement dans un champ disciplinaire
plus vaste.
D’étudier les réglementations et la prise de conscience de la nécessité d’une démarche
conduisant à l’adaptation de l’environnement aux personnes en situation de handicap
(partie I.2 Handicap, Autisme et réglementation).
De réaliser un état des savoirs actuels concernant la nature, les causes, les données
cliniques et cognitives propres à l’autisme et le fonctionnement atypique des
personnes atteintes de ces troubles (partie I.3 Autisme et rapport à l’espace).
D’effectuer une revue complète de l’état de l’art liant la pathologie autistique et les
questions environnementales (partie I.4 État de l’art de la problématique
environnementale et autistique).
De faire émerger des travaux existants un consensus sur les relations supposées entre
environnement/architecture et troubles autistiques (partie I.5 Hypothèses de travail et
consensus actuel).
18
2) Une deuxième partie est consacrée à définir le corpus d’étude (partie II. 1 Le corpus) et à
présenter les partenariats de recherche (partie II.2 Réseau de partenariat de recherche) et les
protocoles d’observation (inventaire des descripteurs, modalités de leur mesure). Si le corpus
est commun aux deux volets de cette étude (architecturale et clinique), en revanche chaque
protocole a fait l’objet d’approches spécifiques aux disciplines respectivement de
l’architecture et de la psychologie.
3) Le chapitre III est donc consacré à la présentation du protocole de caractérisation
architecturale. Notre contribution consiste en partie en la caractérisation architecturale de ces
établissements (analyse morphologique, analyse d’ambiance, organisation spatiale…).
4) Une quatrième partie permet de décrire le corpus et les données recueillies dans les 20
établissements/21 unités retenus (à travers la mobilisation d’outils de statistiques descriptives)
et de sélectionner les variables architecturales et cliniques pertinentes pour l’analyse croisée
de ces données.
5) Le cinquième chapitre (Chapitre V. Relations entre les variables architecturales et
cliniques) présente les résultats de l’analyse statistique croisant les données architecturales et
les données cliniques. Sont évoqués en conclusion de ce chapitre les perspectives futures, les
hypothèses de corrélations à tester pendant la phase expérimentale et les premières pistes de
recommandations dégagées à partir des résultats de l’analyse statistique.
6) Enfin une dernière partie (Chapitre VI. Le handicap cognitif comme défi et aubaine pour
repenser la conception architecturale) engage une réflexion sur l’intérêt de traiter des relations
environnement/comportement pour la discipline architecturale et sur la manière dont les
architectes pourraient s’en saisir et contribuer à une réflexion sur ces questions. Nous nous
interrogeons également sur les possibilités d’ « habiter » et de « s’approprier » un espace
institutionnel.
19
Chapitre I. État de l’art
I.1 Architecture et santé mentale
I.1.1 Architecture et santé mentale – rapide historique
Même si nous ne rentrerons pas en détail dans l’histoire de l’architecture psychiatrique qui ne
constitue pas véritablement l’objet de notre travail de recherche et qui a déjà largement été
abordée dans des travaux précédents22
; il semble tout de même indispensable d’en rappeler les
grands repères. Il convient néanmoins de garder aussi à l’esprit que les évolutions des
conceptions médicales et sociales de la maladie mentale et des opinions suscitée par cette
dernière, se sont traduites par des changements concomitants dans les prises en charge et
l’architecture. Sans vouloir faire l’apologie de prises en charge ou de caractéristiques
architecturales largement contestables et contestées dans le cadre physique et social qu’elles
ont imposées aux personnes atteintes de troubles psychiques, cognitifs et mentaux à une
certaine époque il faut tout de même reconnaitre qu’elles ont participé à l’émergence des tous
premiers questionnements autour de l’espace de soin, comme le souligne d’ailleurs
I. Léothaud : « Même si de nombreuses étapes de la genèse de la psychiatrie et de son
architecture sont à critiquer, notamment en ce qui concerne le manque de liberté agissant sur
la personnalité des malades et conditionnant leur mode de vie aux allures carcérales, il n'en
demeure pas moins qu'elles constituent un premier pas vers une prise de conscience évidente
de l’importance de la qualité des lieux de vie des malades. »23
Jusqu’à la révolution et le mouvement des aliénistes (dont notamment Pinel, Tenon et
Esquirol qui sont des figures clefs de l’école française) les « malades mentaux » étaient laissés
pour compte (par manque de place dans les hôpitaux) ou «enfermés » dans une situation
quasi-carcérale. La révolution voit émerger des idées plus philanthropiques et des théories
scientifiques qui viennent remplacer la conception religieuse qui prévalait jusque-là : « Mais à
la veille de la révolution française la philanthropie prend le pas dans ce domaine (à propos
des soins et des traitements des insensés) et énonce de nouveaux principes sur la manière de
gouverner les insensés, et de travailler à leur guérison dans des asiles qui leur sont destinés
(Colombier et Doublet 1785)… La mode psychiatrique est à l’humanisme ainsi qu’à la
classification et s’en fait ressentir d’un point de vue de l’idéologie architecturale qui, en
concomitance avec les soins, acquiert au fur et à mesure des préoccupations hygiéniques un
aspect thérapeutique. »24 Tenon25
, à cette époque va d’ailleurs distinguer des autres
22
Il est possible de se référer aux travaux d’I. LEOTHAUD et K. CHARRAS qui ont réalisé un historique
détaillé. 23
LEOTHAUD I. (2006). 24
COLOMBIER J., et DOUBLET F. (1785). 25
TENON J-R. (1788).
20
établissements de soins, l’hôpital psychiatrique (ou asile pour employer le terme de l’époque)
qui sera dédié spécifiquement à l’accueil des « fous » et auquel il attribuera un véritable rôle
de guérison faisant partie intégrante du traitement de « l’aliéné ». Pinel aura également une
part historique dans le développement du « traitement moral » qui accorde et reconnait le rôle
et l’importance de l’architecture dans le traitement des aliénés. Esquirol26
(élève de Pinel), à
son tour, voit dans « l’asile » un moyen de guérison et introduira une dimension relative à
l’isolement en séparant les « aliénés » de leur milieu d’origine (l’environnement social
pouvant avoir un rôle sur leurs troubles). Comme le rappelle I. Léothaud, il s’est opposé à
l’uniformité architecturale si caractéristique de l’architecture des « asiles » et s’est intéressé
au vécu des malades notamment à travers leur condition d’enferment et leur privation de
liberté : « C’est la première fois, que le vécu des malades fait partie des préoccupations. Les
propos d’Esquirol sont tout à fait novateurs pour son époque, ils seront repris ultérieurement
et particulièrement au XXème siècle. »27
Les aliénistes proposeront des « modèles de plans »
d’asile qui aboutiront à la création de quelques-uns de ces établissements. Les conditions
d’accueil à cette époque resteront médiocres et ce malgré l’intérêt des aliénistes pour
l’architecture qui considéraient selon les propos de Archambault28
que : « pour mettre de
l’ordre dans les idées des aliénés, il faut en mettre autour d’eux. » À la fin du 19ième
siècle,
les asiles d’aliénés sont des lieux exigus, généralement surpeuplés où la surveillance et le
travail sont de mises. En 1896 d’ailleurs, le docteur Mavandon de Montyel a dénoncé les
conditions des asiles français et vanté les mérites d’un système de : « l’open door »29
qui
conduira progressivement à l’ouverture de l’asile sur l’extérieur. La seconde moitié du 20ième
siècle verra naître en France ce que l’on appelle l’asile-village (vie en communauté)
délocalisé à l’extérieur des villes et qui permettra une ouverture vers l’extérieur afin de
confronter les patients à la nature dont on envisage à l’époque les bienfaits thérapeutiques. Ce
système sera malgré tout rapidement critiqué. Le début des années 50 va voir apparaître les
neuroleptiques puis dans les années 60 la politique de sectorisation de la psychiatrie qui vont
tout deux impacter l’organisation architecturale. En 1960, en Grande Bretagne et aux USA,
naît un mouvement prônant la désinstitutionalisation ayant pour vocation de supprimer
« l'asile ». Progressivement on assiste à une humanisation des structures spécialisées ; dans les
années 90 l’hôpital psychiatrique s’implante en milieu urbain et propose des prises en charge
qui se diversifient : « L’hôpital est désormais implanté dans un paysage urbain et se
caractérise par une faible capacité, des aménagements intérieurs répondant à une
normalisation plus souple, moins systématique, une architecture de « communication et de
contact». Les structures extrahospitalières (centres de consultations, hôpitaux de jour, etc.) se
diversifient avec la naissance du secteur et sont intégrées dans le tissu urbain. Désormais, le
but n’est plus de mettre à l’écart cette population mais bien de ne pas la couper de son milieu
de vie et favoriser sa réinsertion sociale. Aujourd'hui, même si les hôpitaux psychiatriques
26
ESQUIROL J-E-D. (1817). 27
LEOTHAUD I. (2006). 28
ARCHAMBAULT (1843) cité par CRAPLET. 29
In LEOTHAUD I. (2006).
21
subsistent, on note une nette évolution de la qualité des lieux et des conditions de séjour des
malades. »30
Ces quelques repères historiques permettent de saisir les évolutions considérables tant au
niveau des prises en charge, de l’architecture destinée à accueillir les malades mentaux (terme
d’ailleurs remis en question de nos jours) qu’au niveau des mentalités. Ce sont ces évolutions
qui progressivement ont conduit aux réflexions actuelles sur la volonté de diversifier,
d’améliorer les prises en charge et le souci de développer une architecture « adaptée » qui
prend en considération les spécificités des usagers. Ce cheminement a abouti à la prise en
compte et la reconnaissance du rôle de l’architecture dans son étayage thérapeutique.
I.1.2 L’étude des relations entre l’environnement et les
comportements
Les liens qui peuvent exister entre l’environnement et l’état de santé d’un individu ont depuis
longtemps été des sujets de questionnement comme le souligne G-N Fischer et V. Dodeler en
introduction de leur ouvrage : «La relation entre santé et environnement a été prise en compte
depuis de nombreuses années par des disciplines très diverses (biologie, médecine,
toxicologie, épidémiologie…) pour identifier et évaluer l’impact d’un certain nombre de
composants biochimiques présents dans l’environnement sur l’organisme humain. »31
En ce
qui concerne les liens spécifiques entre l’environnement et la santé mentale leur étude au
niveau scientifique est plus récente, même si ces liens comme nous avons pu l’évoquer étaient
déjà pressentis de manière empirique. « Dans le champ de la santé mentale, la psychologie
environnementale se distingue des courants psychiatriques de “thérapie par le milieu” – qui
considère l’environnement comme un outil de guérison -, par l’étude des relations à
l’environnement des personnes présentant un handicap, et en utilisant l’architecture et le
design comme supports thérapeutiques préservant ou encourageant l’autonomie et la qualité
de vie. »32
Le courant de la psychologie environnementale qui s’intéresse spécifiquement aux
relations qui s’établissent entre les individus et leur environnement s’est imposé relativement
récemment comme discipline :« Dans le champ de la psychologie, cette discipline est apparue
au cours des années 1960 comme une nouvelle spécialité de la psychologie qui étudie
l’environnement comme objet spécifique à travers les relations que les individus et les
groupes entretiennent avec les différents espaces dans lesquels ils vivent et travaillent. »33
Cette discipline naît en réponse aux problèmes sociaux et environnementaux qui ont été
générés par le développement et la construction massive et uniforme d’après-guerre. Les
architectes et les urbanistes, pour évaluer l’impact de certaines constructions et pour
introduire la dimension usagère au processus de conception se sont à cette époque tournés
30
Ibid. 31
FISCHER N-G., et DODELER V. (2009). 32
CHARRAS K. (2008). 33
FISCHER N-G., et DODELER V. (2009).
22
vers les sciences sociales34
. La psychologie de l’environnement s’est particulièrement
développée notamment outre-Atlantique, dans les années 70, où l’un des ouvrages fondateurs
de cette discipline verra le jour35
: « Environmental Psychology: Man and His Physical
Settings » par H-M. Proshansky et al. C’est dans les années 80, que les premiers travaux
apparaissent en Europe, et notamment en France. Les travaux relevant de cette discipline
récente sont restés faiblement structurés, épars et peu nombreux pendant plusieurs années.
« Plusieurs rayons de librairies sont submergés d’ouvrages qui relatent les différentes
facettes du comportement individuel et social, mais en dépit de l’importance littéraire dans le
domaine, il n’en demeure pas moins que les ouvrages de psychologie environnementale se
comptent sur les doigts d’une seule main, du moins en langue française. »36
Aujourd’hui, des
manifestions scientifiques et des publications internationales (comme par exemple une
publication réalisée en 2008 qui tente de faire un bilan actuel de la psychologie
environnementale dans le monde37) semblent confirmer l‘actualité de ces questionnements et
de leur structuration progressive. Constat qu’évoque J. Morval également : « Aujourd’hui, le
champ interdisciplinaire des transactions personnes environnement bénéficie d’une plus
grande audience et, tandis qu’il connaît une relative stabilisation aux États-Unis, on assiste à
une véritable émergence de la psychologie environnementale en Europe. C’est le cas de la
France, du Royaume-Uni, de l’Espagne, de la Suède et plus récemment de l’Allemagne. »38
L’environnement selon cette approche pourrait avoir un impact sur le comportement des
individus dont il constitue le cadre physique et social : « Ils façonnent – rappellent
GN Fischer et V. Dodeler à propos des environnements humains – d’une manière ou d’une
autre nos comportements et nos actes, car ils forment non seulement le cadre physique, mais
aussi le cadre social dans lequel évoluent les individus et les groupes. Cet éclairage met
l’accent sur le fait que les comportements humains et les interactions sociales sont largement
médiatisés par l’environnement dans lequel ils s’expriment.»39
C’est donc sous un nouvel
angle, bien que complémentaire des autres qu’est envisagée une partie des relations entre
environnement et comportement. L’environnement - et son impact - ne sont plus seulement
décrits et étudiés comme une donnée physique et perturbatrice. « L’environnement n’est pas
un simple décor. La plupart des recherches en psychologie traitent pourtant l’environnement
comme un décor avec lequel il faut composer, et le considère au mieux comme une variable
perturbatrice (parasite) des phénomènes étudiés »40 souligne G. Moser. L’environnement
lorsqu’il est envisagé dans un cadre psychosocial renvoie aussi bien au milieu naturel en tant
que tel qu’à des espaces façonnés au sein desquels s’exercent des activités humaines : «En ce
sens, on ne dissocie pas fondamentalement caractéristiques physiques et dimensions sociales
34
MORVAL J. (1981). 35
PROSHANSKY H-M., et al. (1970). 36 MORVAL J. (2007). 37
Spécial Issue IAPS. (2008). Environmental Psychology in different parts of the world. Bulletin of People -
Environment Studies, ISSN 1301 3998 (34). 38
MORVAL J. (2007). 39
FISCHER N-G., et DODELER V. (2009). 40
MOSER G. (2009).
23
de l’environnement. »41
Les influences mutuelles et réciproques de l’environnement et des
comportements sont également soulignées. En effet la psychologie environnementale
s’intéresse aussi bien à la manière dont l’environnement peut influencer les comportements,
l’humeur, la santé mentale et les attitudes qu’à la manière dont les comportements peuvent
influencer et impacter l’environnement (on comprend dès lors que cette discipline prend tous
son sens à l’heure des questions environnementales). Alors que les autres branches de la
psychologie se centrent plutôt sur l’individu en tant qu’entité la psychologie
environnementale introduit le contexte et considère « l’individu » dans son milieu et les
interactions qu’il entretient avec ce dernier. Les interactions entre un individu et son
environnement se font donc à travers la perception que l’individu a de son milieu, les
représentations qu’il se fait d’un lieu, et à travers les attitudes, comportements et émotions
qu’il a dans un environnement donné. Elle introduit la notion de milieu et par la même de
cadre bâti en référence à quatre niveaux (le micro environnement : logement, espace
privé… ; le méso environnement : quartiers, espaces collectifs… ; le macro environnement :
villes, villages…et l’environnement global : population, société…) qui interagissent entre
eux.
Elle a vu naître ses premières applications dans une perspective institutionnelle comme le
rappel K. Charras ; ce sont les troubles qui ont servi comme révélateur de crise : « Comme
pour beaucoup de disciplines psychologiques et neurologiques, la psychologie
environnementale s’est inspirée des troubles pathologiques pour déterminer des
comportements « normaux ». Ce sont effectivement des considérations portant sur l’impact de
l’environnement architectural d’unités de soins psychiatriques, et la fonction de ce paramètre
sur la modulation comportementale de ses usagers, qui ont permis de lancer la réflexion des
relations à l’environnement, dans un domaine d’abord connu sous le nom de psychologie
architecturale durant les années 50-60».42
P. Sivadon et H. Osmond43
d’ailleurs ont abordé le
rôle thérapeutique de l’environnement physique sur les malades mentaux 44
.
Depuis, différentes recherches ont mis en avant l’impact de certains lieux (logement, milieu
hospitalier) et de certaines caractéristiques du cadre bâti sur le bien-être et la santé mentale de
ses occupants. C’est le cas par exemple des travaux présentés par G-W. Evans et al. (2000)45
qui ont montré que la qualité d’un logement et la détresse psychologique variaient en sens
inverse. L’état de santé mentale serait donc directement lié à la qualité du lieu évalué. Nous
allons ci-dessous évoquer, de manière non exhaustive quelques paramètres du cadre bâti dont
les recherches ont montré qu’ils ont un impact sur le comportement, les attitudes ou l’état de
santé des personnes.
41
FISCHER N-G., et DODELER V. (2009). 42
CHARRAS K. (2008). 43
OSMOND H. (1959). 44
SIVADON P. (1965). 45
EVANS G-W., et al. (2000).
24
Le nombre d’occupants
Des recherches ont mis en évidence l’impact de la densité sur le comportement. P-
H Chombart de Lawne46
à travers l’étude des logements de familles ouvrières a montré que si
l’espace disponible par personne était inférieur à une certaine surface cela se traduisait par
une augmentation de cas pathologiques. D’autres recherches se sont intéressées aux
« surcharges environnementales » que pouvaient créer des espaces urbains denses47
.
Cependant G-N Fischer souligne que ces relations ne sont pas nécessairement directes et
univoques et que les réponses comportementales ne sont pas systématiques : «On peut retenir
que les relations entre densité urbaine et phénomènes pathologiques ne sont pas simples ; la
densité n’agit pas comme facteur déterminant, mais interagit avec un ensemble de variables
socioculturelles complexes qui vont donner à des effets des réponses circonstanciées »48.
Il
évoque dans son ouvrage une recherche menée par Prohansky, Ittelson et Rivlin49
au travers
de laquelle ils ont étudiés l’influence de la taille, du nombre de personnes accueillies dans une
chambre et le comportement des patients qui s’y trouvaient. Les résultats de la recherche ont
établi que les patients accueillis seuls dans des petites chambres développaient plus leur
socialisation.
Le bruit
Plusieurs travaux ont étudié l’influence du bruit sur le bien-être : son intensité et son caractère
répétitif apparaissent notamment comme des facteurs aggravant la gêne50.
En 200251
l’INSEE
caractérise les nuisances sonores comme faisant partie des nuisances principales ressenties par
les habitants des grandes villes. L’exposition à des bruits trop intenses provoque évidemment
des réactions physiologiques (comme de la surdité passagère) mais il ressort de plusieurs
études que le bruit peut également influer d’une manière plus générale le comportement, l’état
de stress et les capacités des individus. A. Moch52
, par exemple, à travers l’étude de l’impact
du bruit sur des enfants, a trouvé que plus les enfants étaient exposés aux nuisances sonores
plus ils présentaient des difficultés dans des épreuves demandant de se concentrer et des
problèmes dans le développement intellectuel. D’autres études ont permis de faire ressortir
l’influence du bruit par rapport à la perception de la douleur53
et les troubles du sommeil54
ou
encore l’influence du bruit sur l’entraide55
.
46
CHOMBART DE LAUWE P-H. (1975). 47
MILGRAM S. (1970). 48
FISCHER N-G. (1997). 49
PROSHANSKY H-M., et al. (1970). 50
FISCHER N-G. (1997). 51
MARTIN-HOUSSART G., et RIZK C. (2002). 52
MOCH A. (1985). 53
Comme par exemple l’étude de SCHWEITZER M., et al. (2004). 54
C’est le cas notamment des travaux présentés par GARBOR J-Y., et al. (2003). 55
Voir notamment les travaux de SHERROD D-R., et DOWNS R. (1974).
25
L’aménagement
L’impact de l’aménagement et du mobilier sur les échanges a été étudié à plusieurs reprises.
L’aménagement d’une salle de classe et le lieu où se situent les étudiants favorisent ou au
contraire diminuent leur participation, leur concentration et leur réussite. A. Baum et
S. Valins56
ont quant à eux étudié l’impact des couloirs de résidence universitaire sur les
capacités de socialisation. Il en ressort que les étudiants accueillis dans les résidences avec des
longs couloirs présentent des comportements moins enclins à favoriser les interactions que les
étudiants qui évoluent dans un espace comprenant des couloirs plus courts et un espace
central.
Volume et hauteur
J. Meyers-Levy et al.57
ont mis en avant l’influence des hauteurs de plafond sur le
comportement à travers une série de trois expériences. Ils sont partis de l’hypothèse de départ
que notre manière de traiter les informations et de consommer pourrait être influencée par la
hauteur des plafonds. Les résultats de ces expérimentations ont montré que les personnes qui
se situaient dans les pièces où les plafonds étaient les plus bas s’étaient concentrées
majoritairement sur des notions plus concrètes. Les résultats de cette expérience mettent en
avant que la hauteur de plafond peut être liée avec la pensée par rapport à des concepts
particuliers. « When salient, relatively high ceilings appear to activate concepts related to
freedom, while low ceilings prime confinement-related concepts”58
Éclairage artificiel
L’éclairage artificiel et son impact sur le comportement ont également été l’objet d’études. On
peut par exemple citer les travaux de R. Riemersma-Van Der Lek et al.59
Il s’agit d’une
recherche menée avec 189 résidents de 12 maisons de retraites différentes en Hollande. Les
résultats ont montré que la lumière atténuait la détérioration cognitive et améliorait les
symptômes de dépression.
Éclairage naturel
Des travaux montrent également le lien entre quantité de lumière naturelle présente dans une
chambre d’hôpital et la perception de la douleur et le niveau de stress qui diminuent lorsque la
chambre est plus lumineuse60
. Par ailleurs, l’orientation de la lumière naturelle aurait elle
aussi son importance. Il ressort des travaux de F. Benedetti61
(comme le rappelle G-
N. Fischer) que les patients dépressifs fréquentant des chambres orientées à l’est auraient
globalement des séjours plus courts à l’hôpital que ceux fréquentant des chambres orientées à
l’ouest.
56
BAUM A. et VALINS S. (1977). 57
MEYERS-LEVY J., et ZHU R. (2007). 58
Ibid. 59
RIEMERSMA-VAN DER LEK R. et al. (2008). 60
WALCH J-M. et al. (2005). 61
BENEDETTI F. et al. (2001).
26
Les vues, les distracteurs, l’art, les couleurs
La théorie du « supportive design » (R-S. Ulrich62
) se base sur la capacité d’un établissement
de soins à favoriser la réduction du stress et améliorer la santé des patients qui y sont pris en
charge : « by focusing on the concept of stress, a theory of supportive design can be developed
that conceptualizes human impacts of design in ways that are related directly to scientifically
credible indicators or interpretation of wellness”63
. R-S Ulrich propose donc trois axes de
conception fondamentaux pour réduire le stress dans ce type d’établissement.
Fournir des distractions positives (décorations, musiques) et permettre des vues sur la
nature. Certains éléments présents dans l’environnement proche pourraient être des
sources de stress et de surcharge sensorielle. “If stimulation levels are high due to
sounds, intense lighting bright color and other environmental elements, the cumulative
impact on patients will likely be stressful. At the other extreme, prolonged exposure to
low levels of environmental stimulation produces boredom and often negative feelings
such as depression”64
. Différentes recherches (dans l’environnement professionnel et
de santé) ont montré que le manque de fenêtres pouvait favoriser l’anxiété : “For
instance, research on intensive care units has shown that sensory deprivation
stemming from, for instance, lack of windows is associated with high levels of anxiety
and depression and with high rates of delirium and even psychosis (e.g., Wilson,
1972; Parker and Hodge. 1967: Kecp et al., 1980) »65
. Les vues sur la nature
pourraient diminuer le stress et favoriser le bien-être. R-S Ulrich et al. à travers une
étude comparative - concernant des étudiants - sur leur vision quotidienne de la
nature/ou l’inverse ont noté un lien avec le stress. Ces résultats ont été confirmés par
d’autres études en milieu hospitalier. On peut notamment citer l’expérience réalisée
par J-H. Heerwagen et G. Orians66
qui ont disposé une fresque murale représentant la
nature dans une salle d’attente. Il ressort de cette expérience que les patients seraient
moins stressés lorsqu’ils voient le mur avec la fresque. Ulrich et R. Simons (1986) ont
réalisé une expérience dans une banque de dons de sang concernant les distractions
environnementales. L’objectif était d’étudier l’influence de la télévision dans la salle
d’attente. La télévision était donc arrêtée certains jours et fonctionnait en continu les
autres jours. Les donneurs présentaient des niveaux de stress plus importants lorsque
que la télévision était en marche. R-S. Ulrich souligne également l’impact que l’art
pourrait avoir sur le stress. Il a étudié cela lors d’une recherche menée en 1986 dans un
hôpital à partir du recueil des réactions que des patients avaient au contact de
différentes peintures. D’après cette étude préliminaire les tableaux abstraits, auraient
un effet plus négatif que l’art figuratif (nature notamment) qui serait bénéfique. R-
S. Ulrich rappelle cependant que les résultats de cette recherche doivent être jugés
avec précaution. Les travaux de N-M. Wells67
soulignent à leur tour les liens possibles
62
ULRICH R-S. (1991). 63
Ibid. 64
Ibid. 65
Ibid. 66
HEERWAGEN J-H., et ORIANS G. (1986). 67
WELLS N-M. (2000).
27
entre la vision de la nature depuis un lieu et l’amélioration des capacités de
concentration.C. Kenneth Tanner68
à partir de l’évaluation d’élèves a étudié l’impact
des fenêtres de classe donnant sur des espaces naturels. Les élèves qui pouvaient voir
la nature avaient des meilleurs résultats dans les exercices de calcul, de langage que
les élèves qui avaient une vision sur les parkings ou les rues.
Concevoir un bâtiment favorisant la possibilité de contrôle et de choix. R-S. Ulrich
rappelle que la possibilité de moduler et choisir certains paramètres de son
environnement influence le niveau de stress : « a consistent finding in stress research
has been that if an individual has a sense of control with respect to a potential
stressor, the negative effects of the stressor are markedly reduced or even eliminated
(e.g. Evans and Cohen).”69
Concevoir des établissements de soins permettant aux patients de bénéficier au
maximum d’un soutien (espace de rencontre…). Les recherches sur l’aménagement et
la disposition de mobilier mettent en avant une influence de ces derniers sur les
interactions. « For example, studies of day rooms or lounges have found that social
interaction is reduced considerably when chairs are arranged side-by-side especially
along the walls of the room.”70
Même si plusieurs recherches mettent en avant le lien
entre le soutien des proches et la diminution du stress, R-S. Ulrich rappelle que peu
ont proposé une manière de transposer ces éléments au niveau de la
conception « However, only a small number of studies have examined how health
facility design can facilitate or hinder access to social support »71
.
La théorie du « restorative environment » quant à elle fait référence au processus de
récupération de l’attention. Certaines caractéristiques environnementales pourraient favoriser
la récupération de l’attention. Ces environnements sont dit « reconstituants » et permettraient
d’aider à faire face à un trop plein de stimuli. Comme le souligne, G-N. Fischer pour favoriser
cette récupération mentale il est possible de travailler sur plusieurs aspects de
l’environnement. “Différentes caractéristiques de l’environnement physique sont directement
liées à la récupération de la fatigue cognitive (Evans, 2003.) »72
I.1.3 Inscription de notre recherche dans ces questionnements
Ce rapide état de l’art non exhaustif de la problématique liant la question environnementale et
comportementale confirme l’intérêt et l’actualité de nos recherches. Les relations entre
l’environnement et les comportements peuvent prendre des formes diverses et être envisagées
sous différents angles et ainsi porter sur l’influence de certains comportements sur
l’environnement ou encore sur l’influence de l’environnement sur les comportements, les
68
KENNETH TANNER C. (2009). 69
ULRICH R-S. (1991). 70
Ibid. 71
Ibid. 72
FISCHER N-G., et DODELER V. (2009).
28
attitudes et l’état de santé des individus. Notre étude s’inscrit largement dans ces
questionnements et particulièrement sur le second axe qui étudie l’influence de
l’environnement sur le comportement et la santé mentale. Nous nous inscrivons en effet dans
une démarche intégrative avec pour hypothèse que le cadre bâti des établissements pour
personnes autistes pourrait être un facteur supplémentaire d’accompagnement lors de leur
prise en charge et de leurs soins.
Les études précédentes ont permis de voir que certaines caractéristiques spatiales pourraient
avoir un effet négatif sur le comportement notamment dans des milieux accueillant des
personnes présentant des troubles psychiques, cognitifs ou mentaux et que l’environnement
pourrait avoir un rôle dans les soins et traitements. La conception de ces espaces pourrait donc
représenter un enjeu important pour ces populations. D’ailleurs, S. Pornin73
et C. Peeters
(psychologues environnementalistes) à propos des environnements de soins, rappellent
que : « trop souvent, dans les établissements de soins, les caractéristiques environnementales
sont négligées alors qu’elles sont un support important pour le bien-être psychique. » Elles
évoquent ainsi cinq caractéristiques qui pourraient être intégrées lors de la conception
d’établissements de soins pour améliorer le bien-être et la santé des personnes accueillies : la
stimulation (la quantité d’information sensorielle), la cohérence (qui renvoie à la lisibilité et à
la clarté de l’environnement), l’affordance (capacité des objets ou des espaces à induire ou à
suggérer des actions), le sentiment de contrôle et l’effet restauratif.
L’environnement physique pourrait devenir facteur de gêne et de handicap dès lors qu’il serait
en inadéquation avec les attentes et les compétences de ses usagers. On comprend
l’importance pour des personnes déjà en situation de handicap d’éviter que leur
environnement soit un facteur aggravant. Comme le rappelait le philosophe B. Quentin lors
des journées Nationale à Metz en 2011 sur l’habitat comme enjeu de la participation sociale
des personnes en situation de handicap : « Plus nos déficiences sont grandes plus la qualité et
le rôle des structures spatiales et architecturales peuvent être déterminants dans la
prévention, la réduction ou l’aggravation des déficiences. »74 Cette déclaration fait largement
écho aux théories d’adaptation de l’individu à son environnement et en particulier au modèle
de pression environnementale qui a été développé par P. Lawton et L. Nahemow75
pour
décrire l’environnement des personnes âgées. Ce modèle se base sur un rapport entre les
compétences des individus (représentées notamment par leurs capacités physiques,
psychologiques et cognitives) et les exigences de l’environnement qui les entourent. Selon ce
modèle chaque personne aurait un niveau d’adaptation optimal à son environnement qui se
dégraderait lorsque les compétences des individus à faire face à la pression environnementale
diminueraient. S. Pornin, rappelle cela en se référant aux hypothèses de docilité et pro -
activité environnementale : « En psychologie environnementale, la théorie des niveaux
d’adaptation, qui aborde ces relations homme environnement, postule que chaque personne à
73
PORNIN S., et PEETERS C. (2009). 74
QUENTIN B. (2011). 75
LAWTON P., et NAHEMOW L. (1973).
29
un niveau optimal de stimulation à travers plusieurs dimensions[…]D’une part, l’hypothèse
de pro activité suggère que plus la compétence d’une personne est élevée, mieux celle-ci sera
capable d’utiliser les ressources d’un quelconque environnement au service de ses besoins
personnels ; D’autre part, l’hypothèse de docilité environnementale suggère que moins la
personne est compétente (santé biologique, habiletés sensorielles et motrices, et fonctions
cognitives), plus elle sera sensible et vulnérable aux déficiences de son environnement parce
que moins adaptable. »76 Il est permis d’imaginer que ce modèle développé pour les
personnes âgées peut s’appliquer aux personnes présentant des troubles de types autistiques ;
et ainsi penser que la conception peut compenser, atténuer ou supprimer certaines incapacités.
Les études que nous avons mentionnées ci-dessus nous orientent également sur la prise en
compte de certains paramètres environnementaux et comportementaux qui ont déjà été
étudiés. Nous pouvons en effet imaginer l’utilité et l’importance de considérer des notions
telles que le bruit, la lumière naturelle et artificielle, le volume des pièces… À travers les
études concernant la densité et l’entassement nous pouvons constater qu’il est
particulièrement judicieux de tenir compte de ces dimensions et ce, notamment lorsque l’on se
propose de travailler sur un espace institutionnel. C’est pour cela que nous pouvons d’ores et
déjà pressentir l’importance de certaines variables comme : le nombre d’usagers par pièce, la
surface disponible individuellement, et le nombre de personnes accueillies qu’il semble en
effet nécessaire d’étudier; la densité n’est en outre pas ressentie de la même manière par les
personnes qui la subisse. « Tout d’abord, il semble, selon certaines recherches que la densité
exerce une influence plus grande sur certains types de populations que sur d’autres ; par
exemple , celles qui vivent en institutions fermées, comme les prisonniers, développent un
sentiment d’entassement d’autant plus fort qu’elle ne peuvent exercer aucun contrôle sur
l’environnement immédiat, ce qui confirme le fait que tout a été conçu pour les empêcher
d’avoir quelque maîtrise sur elles-mêmes. On assiste ainsi à des réactions diverses, en
fonction du sentiment d’entassement : comportements agressifs, défensifs, distanciation,
retrait, etc. »77
Par ailleurs, ces variables semblent particulièrement importantes à considérer
pour un public qui présente dans son tableau clinique des troubles des interactions.
La mise en place d’une méthodologie adaptée constitue un réel enjeu pour les études portant
sur l’analyse du comportement et du cadre bâti. G-N Ficher et V. Dodeler évoquent les
difficultés pour trouver des outils d’évaluation de l’environnement : «…c’est surtout
l’évaluation de la qualité d’un espace qui ne trouve aucun consensus méthodologique.
Certaines études se réfèrent à des critères d’évaluation objectifs (surface habitable,
salubrité…) pouvant être évalués tant par les habitants que par une personne externe.
D’autres au contraire ont ciblé la façon dont les individus perçoivent leur logement, par le
biais de questions portant sur le sentiment de bien-être, ou d’appartenance. »78
Par ailleurs,
l’environnement en lui-même ne suffit pas toujours à expliquer les variations du
76
PORNIN S. (2005). 77
FISCHER N-G. (1997). 78
FISCHER N-G., et DODELER V. (2009).
30
comportement. « Les caractéristiques environnementales sont donc le plus souvent
multifactorielles au regard des éléments à prendre en compte. En conséquence, la santé est
une réalité globale et multi déterminée. »79
C’est pour cela qu’il est important d’avoir des
analyses croisées mêlant un nombre suffisant de variables, incluant ce que l’on appelle des
« variables contrôles ». C'est-à-dire des variables que l’on mesure afin de ne pas conclure trop
vite à un lien entre architecture et comportement. C’est le cas en ce qui nous concerne des
variables de types chimiques et biochimiques : traitement médicamenteux, prises en charge…
Il s’agit d’éviter au maximum de biaiser les résultats. Certains facteurs sont parfois
difficilement identifiables comme résultant de l’environnement car d’autres éléments
pourraient provoquer les mêmes variations.
Ce premier tour d’horizon, des travaux et expériences abordant les questions de
l’environnement et du comportement met en avant l’importance de démarches
transdisciplinaires pour traiter de leur rapport. Comme nous l’avions souligné en introduction,
ces aspects demeurent encore aujourd’hui peu enseignés et appliqués concrètement dans le
champ architectural. K. Charras en 2008, en faisant référence aux travaux de Phillip (1996),
semblait évoquer également cela : « Malgré ces avancées, Phillip (1996) constate un échec
des psychologues environnementalistes à transmettre et communiquer ces données de façon
compréhensibles aux architectes, ce qui a eu pour tendance de ralentir l’application des
préceptes de la psychologie environnementale, bien que ces domaines étaient au départ
intimement liés. »80
I. Léothaud en 2006 évoque à son tour des difficultés de communication
mais qui ont tendance néanmoins à diminuer. « Des difficultés de compréhension subsistent
entre les professionnels de la santé mentale et les professionnels de la conception […]
Cependant depuis les années 90, le dialogue entre professionnels de la santé mentale et
professionnels de la conception se développe. Aujourd’hui, les congrès ou colloques sur le
thème de la psychiatrie et de l’architecture ou plus largement sur le thème de l’architecture
hospitalière favorisent la communication entre ces deux mondes et soulignent l’existence
d’échanges, la volonté de partager des expériences, des points de vue. »81
I.2 Handicap, Autisme et réglementation
I.2.1 La nécessité d’une réflexion pour adapter l’environnement
aux personnes en situation de handicap
Il semble difficile de traiter du handicap et de sa relation à l’environnement bâti sans aborder
la prise de conscience collective qui a conduit progressivement à sa prise en compte dans les
normes et recommandations d’accessibilité actuelles. La Déclaration universelle des droits de
l’homme adoptée en 1948, pose les jalons de ce que devrait être la non-discrimination comme
79
Ibid. 80
CHARRAS K. (2008). 81
LEOTHAUD I. (2006).
31
vient le souligner M. Maudinet directeur du centre technique national d’études et de
recherches sur les handicaps et les inadaptations : « Au niveau international, c'est la
Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH) de 1948 qui inaugure l'ensemble des
processus, de droit et d'action, dans lesquels se trouve inscrite aujourd'hui la question de la
non-discrimination et de l’autonomie des personnes en situation de handicap sur le plan
international. Cette Déclaration, quoiqu'il puisse en être pensé, est un texte légal et
contraignant pour les états et donc pour chacun d'entre nous quelle que soit notre situation et
ou position sociale. Elle nous dit clairement que les droits de l'homme sont applicables à
quiconque dans son article 2.»82
B. Lindqvist83
(rapporteur spécial pour les Nations Unies) va
plus en loin en déclarant que : «le domaine du handicap fait partie intégrante des droits de
l’homme. Tant que les personnes handicapées seront privées de l’égalité des opportunités
pour une pleine participation sociale, personne ne pourra dire que les objectifs de la
déclaration des droits de l’homme seront atteints.» Pourtant il faut attendre 1975 pour que
soit prononcée la Déclaration de l’Organisation des Nations Unies84 sur les droits des
personnes handicapées et pour que le premier grand dispositif législatif en faveur des
personnes en situation de handicap voie le jour en France. L’année 1975 marque donc un
tournant et une prise de conscience importante. Avant c’était la personne handicapée qui
devait s’adapter à son environnement. À travers cette prise de conscience émerge l’idée que
c’est à l’environnement de se transformer pour être accessible à tous, accueillir la différence
et devenir inclusif. « Le type même d’intervention mis en œuvre apparaît radicalement
nouveau au sein d’une politique d’intégration puisqu’il s’agit, ici, à l’évidence, non pas de
réadapter les personnes handicapées, ni de leur prévoir des univers spécialisés ou des statuts
protégés, mais de supprimer les obstacles que leur oppose l’environnement ordinaire. Ainsi
se trouve reconnue, dans la détermination du handicap, la participation des facteurs
environnementaux. »85 Toutefois, les changements annoncés par cette loi n’ont pas été
tellement suivis dans le milieu de l’architecture où très peu de contrôles concernant la mise en
accessibilité ont été instaurés à cette époque.
C’est trente ans plus tard (en 2005), que le handicap apparaît comme un chantier national
prioritaire qui va aboutir à la promulgation de la loi 2005-102 du 11 février 2005 dite loi :
«pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes
handicapées.» La loi de 2005 stipule l’égalité des chances, ce qui constitue une avancée
historique en la matière (c’est bien l’égalité qui est visée et non plus uniquement la non-
discrimination). Cette loi doit permettre d’assurer aux personnes handicapées le libre choix de
leur projet de vie, de favoriser leur participation à la vie sociale et de les placer au cœur des
dispositifs qui les concernent. Les décrets et arrêtés d’application de cette loi, promulgués
entre 2006 et 2007, précisent les ouvrages concernés (Établissements Recevant du Public,
immeubles d’habitation collectifs, les aménagements urbains, les transports et les maisons
individuelles lorsqu’elles sont louées) et les travaux concernés (toutes les constructions
82
MAUDINET M. (2003). 83
LINDQVIST B. in FOUGEYROLLAS P., et ROBIN J-P. (2011). 84
Déclaration prononcée le 9 décembre 1975. 85
SANCHEZ J. (1989).
32
neuves correspondant aux catégories évoquées ci-dessus à partir du premier janvier 2007).
Les réhabilitations quant à elles seront concernées par la loi à partir du premier janvier 2015.
Le rôle de l’environnement comme facteur de handicap est de nouveau souligné dans la
définition même du handicap qui est proposée par cette loi : « Constitue un handicap, au sens
de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société
subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle,
durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales,
cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. » 86
P. Fougeyrollas et J-P Robin87 lors de la conférence à Metz sur l’habitat des personnes en
situation de handicap, ont rappelé que les modes de prise en charge à l’échelle internationale
se sont diversifiés, modifiés et qu’un mouvement de désinstitutionalisation est en marche.
Selon eux, la notion de « normalisation » et une volonté de gommer les différences, émergent
mais sans améliorer forcément la participation réelle des personnes en situation de handicap.
Depuis 40 ans s’est ouverte une période de changement, la personne handicapée est reconnue
comme ayant des droits au même titre que les autres. La Convention relative aux droits des
personnes handicapées88
a été adoptée le 13 décembre 2006 au Siège de l’Organisation des
Nations Unies à New York, signée par la France en 2007 et ratifiée en 2010. Cette convention
ne crée pas de nouveaux droits mais elle définit des principes et des obligations pour les états,
les acteurs sociaux, les collectivités pour accroître la qualité d’accès au logis, au transport, à la
santé, à l’école, au travail et aux loisirs.
I.2.2 L’accessibilité du cadre de vie et la « pratique »
architecturale
L’accessibilité pour « tous », y compris pour les publics les plus isolés, devrait nourrir la
pratique architecturale. Il s’agit aussi d’une logique de respect de la loi du 11 février 2005
pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes
handicapées, qui stipule que les dispositions architecturales doivent être accessibles quel que
soit le handicap : « les dispositions architecturales, les aménagements et équipements
intérieurs et extérieurs des locaux d'habitation, qu'ils soient la propriété de personnes privées
ou publiques, des établissements recevant du public, des installations ouvertes au public et
des lieux de travail doivent être tels que ces locaux et installations soient accessibles à tous,
et notamment aux personnes handicapées, quel que soit le type de handicap, notamment
physique, sensoriel, cognitif, mental ou psychique…»89 F. Aimé90
rappelle que l’amélioration
des dispositifs consacrés aux personnes handicapées font partie des dispositions du projet de
86
Code de la construction et de l'habitation, loi n° 2005-102 du 11 février 2005. 87
FOUGEYROLLAS P., et ROBIN J-P. (2011). 88
Convention relative aux droits des personnes handicapées, adoptée le 13 décembre 2006 et entrée en vigueur
le 3 mai 2008. 89
Code de la construction et de l'habitation, loi n° 2005-102 du 11 février 2005. 90
AIME F. (2012).
33
loi, et que l’article 44bis précise que les personnes atteintes de syndromes autistiques
devraient aussi être bénéficiaires d’une prise en charge adaptée à leur besoins spécifiques. La
loi du 11 Décembre 1996, dite loi Chossy91
a reconnu officiellement l’autisme comme un
handicap à part entière, constituant ainsi une avancée importante. En effet, la reconnaissance
du statut de « handicap » implique que c’est l’environnement qui doit être adapté aux
particularités et différences de ces personnes et non ces dernières qui doivent changer pour
s’adapter à l’environnement.
Le handicap est très présent dans le quotidien des architectes maître d’œuvre qui se doivent
d’intégrer la réglementation et la spécificité du public pour lequel ils conçoivent tout au long
de leur mission. Toutefois en réalité, rares sont les architectes qui ont une réelle connaissance
de ce milieu et ce surtout lorsque l’on traite du handicap cognitif, psychique et mental. Par
ailleurs, les recommandations et réglementations sont souvent vécues comme des contraintes.
Constat que souligne également F. Jacomet 92
: « Les constructeurs sont de plus en plus
astreints à des normes exigeantes et je sais, pour l’avoir vécu, que certains d'entre eux vivent
comme une contrainte onéreuse et pleine de risques cette obligation de tenir compte de la
réglementation particulière sur les normes permettant l ‘accès aux personnes handicapées,
des ouvrages à usage d'habitation. »
Les réglementations et recommandations actuelles prennent en considération pour l’essentiel
le handicap moteur et sensoriel. Même si l’article 44bis de la loi 2005 (comme évoqué ci-
dessus) et la charte européenne des droits des personnes autistes93 évoque : « le droit pour les
personnes autistes à un logement accessible et approprié ». A. Digravio, référente autisme de
« handicap et grand âge » à l’Agence Régionale de Santé, durant un entretien qu’elle a eu
avec F. Aimé94
a souligné la : « très grande pauvreté quant aux textes, outils, guides relatifs
au handicap, mais encore plus lorsque l’on traite des handicaps cognitif, mental ou
psychique.» Le handicap moteur semble être la seule référence pour les concepteurs :
« Aujourd’hui, on sait qu’il y a 12% de la population européenne qui est en situation de
handicap, le corollaire de cette situation, c’est que, dans le domaine de la construction, par
convention il n’y a qu’un handicapé, un handicapé type, c’est le handicapé circulant en
fauteuil roulant.» 95
On constate dès lors un fort décalage entre les chartes et textes législatifs
qui dans leur contenu font référence à « tout type de handicap » et qui dans la réalité de leur
application concerne pour l’essentiel un seul type de public.
Les manifestations récentes96
, traitant précisément de l’accessibilité et de l’adaptation du
cadre bâti pour les personnes présentant un handicap mental, psychique et cognitif témoignent
91
LOI CHOSSY. (1996), Loi n° 96-1076 du 11 décembre 1996 modifiant la loi n° 75-535 du 30 juin 1975
relative aux institutions sociales et médico-sociales et tendant à assurer une prise en charge adaptée de l'autisme. 92
JACOMET F. (2003). 93
Charte présentée lors du 4e Congrès Autisme-Europe, à La Haye, le 10 mai 1992 et qui a été adoptée sous
forme de Déclaration écrite par le Parlement Européen le 9 mai 1996. 94
AIME F. (2012). 95
BOURGUOIN M. (2003).
96 CERTU (2013).
34
des attentes qu’il y a dans ce milieu et du vide concernant les études axées sur ces
thématiques. Les besoins des personnes souffrant de handicaps psychiques, cognitifs et
mentaux étaient au cœur des débats de la 11ème
journée nationale du réseau « ville accessible à
tous » organisée par le CERTU97
et CNFPT98
le 28 novembre 2013 à Lyon. Il est ressorti de
cette journée que si l’on veut réellement rendre la ville et le « cadre bâti » accessibles à tous il
est nécessaire de s’interroger en particulier sur ces handicaps « méconnus et invisibles » car
ils demeurent aujourd’hui peu ou pas appréhendés en matière d’aménagement. L’initiative de
la Direction Générale de la Cohésion Sociale99
sur l’habitat des personnes autistes traduit bien
également un besoin d’apport pour et par l’architecture sur ces questions (besoins d’éléments
intelligibles et également compatibles avec d’autres normes). À travers notre travail sur le
cadre bâti des personnes autistes, il s’agit bien de contribuer à faire évoluer la réflexion sur
ces handicaps dit « invisibles » et sur la manière d’adapter l’espace pour ce public spécifique.
97
Centre d'Études sur les Réseaux, les Transports, l'Urbanisme et les constructions publiques. 98
Centre National de la Fonction Publique Territoriale. 99
ANCREAI (2011).
35
I.3 Autisme et rapport à l’espace
I.3.1 Historique et étiologie de l’autisme
L’autisme est présenté au sein des classifications internationales comme la forme la plus
typique et représentative d’une catégorie de troubles affectant le développement. Depuis 1980
cette famille est désignée sous l’appellation suivante : les troubles envahissant du
développement - TED. Sont regroupés dans cette catégorie des troubles hétérogènes (autisme
typique, autisme atypique, syndrome précoce, troubles envahissants non spécifiés, Asperger,
troubles désintégratifs).
Les causes de ces troubles neuro-développementaux100
(anomalies dans le développement du
système nerveux dès l’enfance) restent à ce jour inconnues et incurables. « Cet état de fait
suscite des attentes immenses, à la mesure des possibles déceptions, autant qu’il permet des
effets d’annonce, de promotion et de mode et l’émergence régulière de méthodes supposées
miraculeuses se réclamant d’arguments prétendument scientifiques…On ne doit pourtant
faire dire ici à la science plus qu’elle ne le peut. »101
Les conditions d’apparitions des troubles
autistiques peuvent être variables (autisme primaire, autisme secondaire). Durant de
nombreuses années les troubles autistiques étaient considérés comme résultant d’un désordre
émotionnel (théorie psychoanalytique) et d’un trouble de la relation mère - enfant. Il sera
d’ailleurs utilisé le terme de « mère frigidaire »pour évoquer la froideur de la mère envers son
enfant. Il s’agissait pour le courant psychoanalytique de restaurer et réparer ce désordre
émotionnel. Il faudra attendre les années 80, pour que ces théories culpabilisatrices laissent
leur place aux théories génétiques102
. « Pendant longtemps les parents ont été malmenés de la
sorte jusqu’à ce que l’hypothèse génétique fasse son apparition dès le début des années
80.»103
Les études actuelles ont prouvé que l’on ne peut pas parler de maladie génétique mais
plutôt de « prédispositions génétiques. » K. Charras en s’appuyant sur les travaux de F Happé
et al.104
rappelle à ce propos que : « les connaissances actuelles dans ce domaine ne nous
permettent pas de conclure de façon plus approfondie quant aux origines de la maladie, et
tendent à nous faire adopter une explication multifactorielle de celle-ci, à l’instar d’une
conception unifactorielle cognitive ou génétique. »105
100
BARTHELEMY C., et al. (2002). 101
GEORGIEFF N. (2008). 102
BOURGERON T. (2009). 103
CHARRAS K. (2008). 104
HAPPE F., et al. (2006). 105
Ibid.
36
I.3.2 Les troubles autistiques
Le terme apparaît en 1911 dans la clinique psychiatrique pour décrire des troubles psychiques
et comportementaux précoces de la schizophrénie nouvellement repérée alors, néologisme
dont l’étymologie provient du grec « autos » signifiant « soi-même »106
. Il faut attendre 1943
et L. Kanner107
pour que le terme « autisme » soit utilisé dans son acceptation actuelle. Il
utilise le terme « autisme infantile précoce » pour décrire des troubles qu’il observe chez onze
enfants. Il note déjà à cette époque des difficultés dans deux domaines majeurs : « sameness »
(l’intolérance au changement) et « aloneness » (l’isolement)108
. Un an plus tard c’est au tour
de H. Asperger109
de décrire des troubles similaires. Malgré une différence liée aux degrés de
déficiences intellectuelles des enfants décrits, (H. Asperger étudie des personnes au
développement intellectuel normal d’où l’utilisation du terme syndrome d’Asperger pour
qualifier les autistes de haut niveau), tous deux font une description très proche sans pour
autant s’être concertés.
Les recherches actuelles sur ce thème mettent en avant un panel de troubles qui sont qualifiés
de « spectre autistique » et qui établissent une description qualitative des troubles. « La notion
de TED fait référence au caractère extensif, précoce et durable des anomalies dans plusieurs
domaines du développement qui ont amené à définir la notion de «spectre des troubles
autistiques.»110
Pour certains spécialistes une triade de troubles formerait le tableau clinique
complet111
.
Cette triade symptomatologique regrouperait :
Les troubles des interactions sociales et de la réciprocité, avec notamment le besoin et
la préférence pour l’isolement et un repli sur soi (les personnes autistes peuvent
donner l’impression de s’être coupées du reste du monde), avec des réactions
inadaptées au contexte dans lequel se trouve le sujet, avec une détérioration des
interactions sociales, avec des difficultés pour comprendre les autres (absence
d’empathie112
) et avec des difficultés pour supporter le regard des autres et leurs
« dimensions intrusives ».
Les troubles du langage et de la communication (écholalie, vocabulaire restreint,
mauvaise utilisation pronominale, mutisme).
Des intérêts restreints et répétitifs avec des activités et des comportements
obsessionnels, stéréotypés et limités dans leur nature.
D’autres troubles sont fréquemment associés, dont :
106
TORJMAN S., et CHARRAS K. (2007). 107
KANNER L. (1943). 108
HOCHMANN J. (2008). 109
ASPERGER H. (1944). 110
Association Nationale des Centres Ressources Autisme (ANCRA), URL : http://www.autismes.fr/. 111
WING L., et BURGOINE E. (1983). 112
BUTEN H. (2003).
37
Des particularités et anomalies sensorielles113
et une altération de la perception,
pouvant se caractériser par une hypersensibilité ou au contraire une hyposensibilité à
différentes stimulations (anomalies dans la perception des différents sens : sonore,
visuel, tactile, proprioceptif, olfactif…). « Unusual responses to sensory stimuli were
noticed from the very beginning of the ‘official history’ of autism. Both Kanner (1943)
and Asperger (1944) described bizarre reactions of their patients to sound, touch,
sights, taste and smell. » 114 Les personnes autistes pourraient présenter une mauvaise
appréciation du danger et une réaction anormale à la douleur.
Le besoin d’un environnement stable et « familier » avec une mauvaise résistance au
changement.
Un retard mental, dont le pourcentage est variable « La proportion de personnes
autistes avec retard mental varie entre 25% et 60% selon les études
épidémiologiques »115
rappelle L. Bouvet en s’appuyant sur les travaux de
G. Baird et al.116
; S. Chakrabarti et E Fombonne117
,118
.
Des comportements problèmes qui peuvent se traduire par des destructions, des
conduites auto ou hétéro agressives.
De l’épilepsie,
…,
Les troubles autistiques sont variables en intensité et dans leur nature et évoluent en fonction
de l’âge119
. Ces troubles affectent au quotidien la vie des personnes atteintes, et envahissent et
altèrent de manière plus ou moins intense les différents temps de la vie du sujet. Les
personnes diagnostiquées comme autistes peuvent présenter des différences entre elles très
importantes et leur fonctionnement intellectuel et cognitif peut être très hétérogène. Par
conséquent l’efficacité des traitements n’est pas la même en fonction des sujets. « Il est
probable en effet que l’on regroupe sous le terme d’autisme aujourd’hui des pathologies du
développement hétérogènes, mais qui partagent une expression comportementale finale
commune. »120
I.3.3 Un rapport à l’espace particulier
Cette description des troubles envahissants du développement établie à partir des données de
la recherche clinique révèle bien que des éléments pourraient potentiellement être liés à une
113
LEEKAM S-R., et al. (2007). 114 BOGDASHINA O. (2013). 115
BOUVET L. (2012). 116
BAIRD G., et al. (2000). 117
CHAKRABARTI S., et FOMBONNE E. (2001). 118
FOMBONNE E. (2001), (2009). 119
HAUTE AUTORITE DE LA SANTE (2010) ; 120
GEORGIEFF N. (2008).
38
problématique spatiale. «De façon générale, les troubles envahissants du développement se
caractérisent par une incapacité à constituer une relation affective et à répondre aux stimuli
provenant de l’environnement. Ainsi, certaines situations environnementales et stimuli
sensoriels peuvent déclencher [chez les personnes autistes] des réponses au stress inattendues
ou anormalement élevées, tant sur un plan biologique, que comportemental, avec une
difficulté voire une impossibilité à mettre en place des stratégies ou des mécanismes de
régulation adaptés pour faire face à des situations perçues comme stressantes.»121
Les témoignages des personnes autistes mettent eux aussi en avant un rapport à l’espace
particulier. T. Grandin122
, autiste de haut niveau et professeur à l’université du Colorado
montre en effet sa perception accrue de certains stimuli sonores et tactiles. « J’ai un système
auditif qui fonctionne comme un amplificateur au maximum de sa puissance. Mes oreilles se
comportent comme un microphone qui ramasse et amplifie le son. J’ai deux choix : je
poursuis l’écoute et me laisse envahir par un déluge de sons, je me coupe de la source des
sons.»123
En réponse à ces éléments perturbateurs et violents elle se coupe du bruit et donc du
monde extérieur : comportement autistique « rythmique et stéréotypé ». Elle souligne que les
réactions, les sentiments de gêne ou de plaisir varient d’un enfant autiste à l’autre : « Un
stimulus sensoriel qui provoque la peur chez un enfant autiste peut devenir une fixation très
agréable chez un autre enfant. »124
Pour répondre à ses troubles elle a imaginé une machine
qui atténue ses angoisses et l’apaise. « L’utilisation régulière de la machine à serrer aide à
modifier une partie des anomalies biochimiques provoquées par le manque de stimulations
calmantes de la petite enfance.»125
Au-delà de l’utilisation de sa propre « machine à serrer »,
elle évoque l’utilisation de thérapies sensorielles (applications en douceur de stimulations
tactiles ayant pour effet la désensibilisation du système tactile) en vigueur au États Unis qui
permettent d’améliorer le comportement social, de diminuer les comportements stéréotypés et
autodestructeurs, d’améliorer la communication et des interactions.
I.3.4 Les hypothèses cognitives
Les modèles cognitifs de l’autisme mettent eux aussi en avant un lien possible avec la
problématique spatiale comme le souligne F. Samson126
en s’appuyant sur les travaux de
S. Dakin et U. Frith127
: « parallèlement aux difficultés observées au niveau des habilités
sociales et de communication, on associe maintenant fréquemment la présence d’un
traitement perceptif atypique au phénotype autistique. » Certains travaux notent un déficit de
la sphère sensorielle chez les personnes autistes. S. Courteix note les difficultés que les
121
TORJMAN S., et CHARRAS K. (2007). 122
GRANDIN T. (1994). 123
GRANDIN T. (1996). 124
Ibid. 125
Ibid. 126
SAMSON F. (2010). 127
DAKIN S., et FRITH U. (2005).
39
personnes atteintes d’autisme éprouvent pour donner du sens aux informations sensorielles
qu’elles reçoivent. « D’où la sensation d’être submergé par un trop-plein de stimuli
perceptifs, dont l’intensité perçue semble bien souvent supérieure à ce qu’elle serait chez un
sujet ne présentant pas ce type de déficit. »128
Un trop grand flux d’informations peut
augmenter le sentiment d’angoisse.
Les personnes autistes pourraient avoir une faible cohérence centrale129
, et traiteraient les
informations bribes par bribes. Elles se focaliseraient essentiellement sur certains détails et
peu sur le contexte d’ensemble ce que l’on pourrait qualifier d’« hypersélectivité ». Ils
négligent la valeur d’ensemble et tiennent compte que des unités élémentaires130
. La théorie
de la cohérence centrale a été développée par U. Frith 131
, qui postule que les personnes
autistes auraient une détérioration cérébrale qui ne leur permettrait pas de trier les stimuli
reçus. « According to Frith, people with autism would present an impairment of the cerebral
mechanism that confers coherence to the wide range of stimuli we receive. »132
C’est cette
absence de cohérence centrale qui empêcherait de donner du sens aux stimuli reçus et des
difficultés pour appliquer les enseignements tirés d’une expérience à un autre contexte, la
focalisation sur certains détails et la mauvaise contextualisation.
Des études récentes mettent en avant des troubles des fonctions exécutives chez certaines
personnes autistes notamment par des difficultés d’inhibitions et de contrôle des actes ou des
pensées. Les troubles des fonctions exécutives pourraient avoir un impact sur les processus
mentaux et cognitifs comme l’attention, la concentration et la planification des actions. « Ces
fonctions, très différentes les unes des autres, sont impliquées dans la planification et la
régulation d’actions (motrices et ou mentales) dirigées vers un but finalisé, ce qui permet une
grande adaptabilité face aux contingences environnementales, autrement dit à la nouveauté,
la complexité et la conflictualité.»133
Ceci pourrait également entraîner des problèmes
d’adaptation aux situations nouvelles et de flexibilité (immuabilité) ce qui peut avoir un
impact sur les stéréotypies, les intérêts restreints, répétitifs et la persévération. «Plus
précisément, un manque de flexibilité mentale expliquerait l’immuabilité, la résistance aux
changements ; un défaut d’inhibition rendrait compte des comportements répétitifs et
stéréotypés et des persévérations un déficit d’initiation et de planification participerait aux
difficultés d’apprentissage, de gestion des activités de la vie quotidienne et
d’autonomisation.»134
128
COURTEIX S. (2009). 129
HOUZEL D. (2006). 130
MAZET P., et al. (2000). 131 FRITH U. (1992). 132
SANCHEZ P., et al. (2011). 133
MARCAGGI G., et al. (2010). 134
Ibid.
40
Les personnes autistes pourraient avoir un traitement perceptif atypique comme l’évoque le
modèle d’un surfonctionnement perceptif135
. F. Samsonexplique à propos de ce modèle qu’il :
« décrit les particularités du traitement perceptif dans l’autisme. Principalement, ce modèle
multimodal met l’emphase sur la présence d’une capacité supérieure de traitement de
l’information perceptive dans l’autisme. » 136
I.4 État de l’art de la problématique
environnementale et autistique
L’état de l’art concernant les travaux liant la problématique architecturale et les troubles
autistiques reste limité, épars et souvent basé sur des connaissances métiers, des témoignages
(T. Grandin137
, D. Tammet138
) et des retours d’expériences139,140
et ce malgré des
préoccupations de plus en plus partagées tant au niveau national141,142,143,144 international,
qu’au sein de la communauté scientifique. Constat que semblent confirmer S. Courteix 145 et
P. Sanchez et al.146 qui ont tenté de dresser une revue de la littérature existante sur les critères
de conception à prendre en compte lors de la conception d’établissement accueillant des
personnes autistes. P. Sanchez et al. soulignent d’ailleurs à ce propos : « we have shown that
the literature on built environments and their relation to people with ASD and their needs is
scarce, in spite of the enormous amount of research on autism that has been carried out in
recent years.»147
Les rares travaux méritent donc d’être complétés et continués et ce
notamment dans le cadre de l’architecture. « It is mandatory to advance in research on this
matter, with further analyses and assessments of architectural realisations that have been
designed and built for people with autism, and of the adaptation to these users’ needs.»148
En 2003, P. Myler et al.149
s’intéressent aux critères de conception des écoles accueillant des
enfants autistes qui pourraient favoriser la prise en charge de ces derniers. Pour aborder cette
question, ils se basent sur le retour d’expérience de directeurs et éducateurs, sur leurs propres
135
MOTTRON L., et al. (2006). 136
SAMSON F. (2010). 137
GRANDIN T. (1994), (1992), (1996). 138
TAMMET D. (2007). 139
SADOUN P. (2006). 140 AIME F. (2012).
141 ANCREAI. (2011). 142
PEROCHEAU N. (2007). 143
GOYEAU F. (2008). 144
MASSIAS-ZEDER. (2014). 145
COURTEIX S. (2009). 146
SANCHEZ P., et al. (2011). 147
Ibid. 148
Ibid. 149
MYLER P., et al. (2003).
41
connaissances et sur des témoignages d’autistes de haut niveau (tel que T. Grandin150
). Une
des hypothèses de ce travail serait que l’environnement pourrait servir d’étayage
thérapeutique mais qu’il ne serait pas suffisant à lui seul (il devrait être combiné avec un
personnel formé à l’autisme). Selon ces auteurs, certaines caractéristiques spatiales bénéfiques
pour les enfants autistes seraient en contradiction avec certaines idées que pourraient avoir les
personnes neurotypiques. Il est communément admis par exemple que l’environnement
scolaire devrait stimuler les jeunes enfants, or les enfants autistes sont très sensibles aux
stimulations sensorielles. Certains aspects normalement bénéfiques seraient donc contre-
productifs pour des enfants autistes. Les informations qui ressortent de ce travail sont avant
tout basées sur des connaissances métiers fournies par les retours d’expériences et des
témoignages.
I. Léothaud151
, (architecte et chercheur associée au laboratoire CRESSON) en 2006 a abordé
la question des troubles psychiques graves présentés par des enfants à travers l’étude et
l’analyse des facteurs d’ambiance de trois structures d’accueil de jour pour des enfants
présentant des troubles cognitifs, mentaux et ou psychiques. Son travail est basé sur des
observations dites « ethnographiques » des individus dans leur environnement tout en
s’appuyant sur une participation active des professionnels (entretiens). Elle a également eu
recours à des relevés de mesure d’ambiance, des relevés de matières et matériaux, des métrés
et des relevés de mobilier. Elle a réalisé des temps d’observation longs dans chaque structure,
ce qui lui a permis une forte immersion dans son terrain d’étude. Elle a pris de nombreuses
mesures en utilisant une méthodologie riche et variée comprenant observations directes,
observations participantes et observations passives, relevés, entretiens, enregistrements. Il n’y
a pas eu par contre de phase expérimentale venant compléter cette phase de mesures. Les liens
qui sont établis entre les mesures architecturales et les comportements des enfants ont été
essentiellement observés à partir des présupposés du chercheur et en se référant à ses propres
modes de pratiquer l’espace. Alors qu’il apparaît difficile de transposer la sensibilité des
personnes atteintes de TSA à celles des personnes neurotypiques et d’interpréter leurs
comportements qui peuvent s’avérer particulièrement atypiques. Elle souligne les
interrelations complexes qui existent entre un sujet et son environnement. Sont évoquées tour
à tour, l’importance de matérialiser et de formaliser des temps de transition, la sensibilité des
enfants aux bruits qui pourraient être des facteurs de gêne et d’angoisse ou l’ambiance
lumineuse qui pourrait favoriser des zones d’ombre ou de cachette. Il semblerait également
que les enfants recherchent fréquemment des repères dans leur environnement et qu’ils
convoquent leurs différents sens (la vue, l’ouïe, le toucher…) pour appréhender leur espace et
se rassurer. L’exploration des paramètres d’ambiances comme éléments du cadre bâti qui
pourraient favoriser ou défavoriser le bien-être de personnes présentant des troubles
psychiques graves témoigne bien de l’intérêt pour des architectes de s’interroger sur le confort
perceptif de ces personnes.
150
GRANDIN T. (1994), (1992), (1996). 151
LEOTHAUD I. (2006).
42
T. Whitehurst (psychologue clinicienne) et C. Beaver (architecte du GA-architects 152
) ont
participé au réaménagement d’un établissement recevant des enfants autistes en intégrant
leurs spécificités à partir des principes de S. Humphreys153
un architecte anglais, concepteur
de plusieurs établissements pour personnes autistes qui a établi une liste de principes de
conception qui pourraient répondre aux besoins des personnes autistes (espaces ordonnés et
contenants, peu de détails et matériaux…). Il s’est basé sur sa propre pratique et sur
l’expérience familiale qu’il a de l’autisme pour établir cette liste de huit principes. Le travail
de T. Whitehurst et C. Beaver à partir de ces principes était piloté par la Sunfield Research
Institute, une association de charité nationale britannique spécialisée dans la prise en charge
des enfants autistes et avait pour objectif de comparer une structure ancienne (conçu sans
considérer les spécificités de la pathologie autistique) et une nouvelle afin de mesurer l’impact
d’un aménagement supposé adapté sur le comportement, le bien-être et la qualité de vie des
enfants et de l’équipe. C. Beaver est l’architecte retenu pour concevoir ce projet et
T. Whitehurst la psychologue en charge de l’évaluation des enfants et du personnel. Ce travail
se base sur une approche intégrative de la pathologie autistique et ce nouvel établissement
« modèle » veut proposer un environnement et une spécialisation des professionnels adaptés.
La stratégie adoptée repose sur une évaluation par entretiens (entretiens avant, pendant et
après le projet avec les chefs d’équipe de chaque unité) ainsi que le recours aux réactions des
enfants via des photographies. Il s’agissait de trouver une méthode d’évaluation participative
pour recueillir l’avis de ceux qui fréquentent les enfants au quotidien et qui ont vécu la
transition entre les deux établissements. Certains paramètres architecturaux (espaces privatifs,
murs courbes, couleurs neutres, etc.) pourraient impacter le quotidien des enfants autistes
(amélioration de la communication, des interactions, de l’orientation…). Cette recherche est
menée sur une seule structure et est basée sur la modification de plusieurs paramètres
architecturaux simultanément, il est donc difficile de relier et d’isoler les paramètres
réellement influents. Il serait intéressant d’intégrer un groupe contrôle. Ce travail a été suivi
par la publication de plusieurs articles et communications des différents partenaires de
l’équipe154
C. Beaver, a également publié différents articles155
notamment dans la revue
« Good Autism Practice » sur les fondements et les caractéristiques de la conception « autism-
friendly ».
Une étude menée de 2003 à 2006156
présente le travail de recherche mené pour la réalisation
d’une : « Sensory Classroom for children on the autistic spectrum. » L’approche retenue est
centrée sur l’individu autiste et ses besoins. Dans un premier temps les chercheurs ont essayé
de comprendre les besoins des enfants autistes à partir d’observations de 8 enfants (tous situés
à des niveaux différents du spectre autistique), d’entretiens semi structurés avec les parents et
152
Le GA architects est un groupement d’architectes spécialisé dans la conception et la réalisation
d’établissements « autism-friendly » qui assiste ses clients tout au long de l’opération (de l’expertise à la
livraison et durant le fonctionnement). URL : www.ga-architects.com; http://www.autism-architects.com. 153
HUMPHREYS S. (2008). 154
WHITEHURST T. (2006), (2007). 155
BEAVER C. (2004), (2006), (2010), (2011). 156
WOODCOCK A., et al. (2006).
43
avec les enfants lorsque cela était possible et à partir d’un questionnaire diffusé sur Internet.
Ce travail a permis aux auteurs d’établir une base de données des sensibilités aux couleurs,
aux textures des matériaux par exemple, des enfants autistes en fonction de leur position sur le
spectre et ainsi de souligner la complexité pour réaliser des environnements adaptés à cette
population. « Observations made in traditional, multi sensory environments showed that
although some children derived benefit from these, displaying both enjoyment and relaxation,
there were noticeable differential effects caused for example by lighting, on those with
Asperger’s Syndrome and those with “classic” autism. These observations highlighted the
complexity of designing for this group. » Cette recherche est particulièrement intéressante car
elle établit une liste de paramètres en fonction du spectre autistique et souligne la différence
de sensibilité des personnes autistes en fonction de leur position sur le spectre autistique (par
exemple pour la lumière).
K. Charras157
(docteur en psychologie environnementale) en 2008, a effectué un
rapprochement méthodologique entre les démences de type Alzheimer et les troubles
autistiques auxquels il applique une démarche d’étude analogue. Son objectif est de mettre en
place un modèle comportement/environnement (à partir du modèle écologique de
U. Bronfenbrenner158
et du modèle environnement/comportement de J. Zeisel159
) spécifique à
la pathologie autistique pouvant déboucher sur une prise en charge environnementale. Pour
U. Bronfenbrenner le développement de chaque individu se fait dans un système
environnemental complexe (allant du micro-système au macro-système). Leur prise en
compte permet de comprendre les comportements d’un individu dans son milieu. La
méthodologie retenue pour cette recherche s’articule en deux phases distinctes mais
complémentaires. Une première, basée sur des observations de terrain et des entretiens semi -
guidés de professionnels ayant tous une expérience significative dans la prise en charge de
personnes autistes, doit permettre la réalisation du modèle comportement / environnement. La
seconde phase de ce travail a pour objectif de tester un des paramètres architecturaux
déterminé par le modèle comportement / environnement à partir d’un dispositif expérimental
consistant à modifier l’aménagement d’un espace collectif par des cloisonnements. Les effets
de ces changements ont été mesurés en amont de l’expérience, durant l’expérience et en aval
et évidemment analysés. Il ressort de ce travail que la modification de la « contenance » de
l’espace collectif s’accompagne de changements sur le plan comportemental et
neurobiologique. S’appuyant sur les travaux de T. Schneider160
et al., l’auteur ajoute que :
« l’effet de l’enrichissement de l’environnement par la modulation de ses aménagements
aurait tendance à diminuer certains des symptômes inhérents à l’autisme relatifs à la sphère
sociale.»161
L’expérimentation proposée par K. Charras porte sur le test d’un seul paramètre
architectural et mériterait sans doute d’être complétée par d’autres dans le futur. Pour réaliser
son étude K. Charras avait prévu de comparer trois structures entre elles : un établissement
157
CHARRAS K. (2008). 158 BROFENBRENNER U. (1979). 159
ZEISEL J., et al. (1994). 160
SCHNEIDER T., et al.(2006). 161
CHARRAS K. (2008).
44
pour jeunes autistes qui servirait de « groupe expérimental », un établissement pour jeunes
autistes mais qui ne ferait pas l’objet de travaux - « groupe témoin » - et un établissement
hébergeant des jeunes présentant d’autres troubles psychopathologiques - « groupe
pathologique » - et qui ferait l’objet d’interventions similaires au « groupe expérimental ».
L’établissement accueillant le « groupe témoin » s’est désisté durant l’étude, ne laissant que
deux établissements pour la phase expérimentale. K. Charras rappelle d’ailleurs à ce sujet
qu’il aurait été sans doute intéressant de « randomiser » la sélection des établissements pour
cette phase mais cela n’a pas été possible, car peu de structures se sont portées volontaires.
Les résultats sont donc très prometteurs mais il serait intéressant de réaliser des études
introduisant de nouveaux paramètres architecturaux, un nombre plus important de participants
et de terrains d’observations.
M. Mostafa162,
(Architectural Engineering Ph.D) s’intéresse à la conception architecturale
d’établissements accueillant des enfants atteints de troubles autistiques. Une de ces recherches
aborde précisément les établissements scolaires accueillant des enfants autistes. Elle a établi
un référentiel dans la perspective de dégager quelques recommandations. Elle explique dans
son article la méthodologie en deux temps qu’elle a utilisée pour son travail de recherche.
Durant la première phase elle a utilisé une enquête par questionnaire afin de déterminer les
paramètres architecturaux les plus influents sur le comportement des enfants autistes. Elle a
distribué ce questionnaire à un échantillon de soignants et d’enseignants. Les familles
pouvaient également répondre à ce questionnaire en ligne sur internet. Il s’agissait de classer
par ordre d’importance des critères architecturaux divisés en 5 catégories. Les deux
paramètres les plus représentés (l’acoustique et l’organisation spatiale) ont été retenus pour la
seconde phase de ce travail, la phase expérimentale. Pour tester ces deux critères, de l’isolant
acoustique a été mis dans une salle d’orthophonie et des cloisonnements ont été installés dans
une salle de classe. Les deux interventions comparent un groupe contrôle (inchangé) et un
groupe test. Ce sont les relations de l’acoustique et de l’organisation spatiale avec la
concentration, les stéréotypies et le temps de réponse qui ont été étudiées. Une amélioration
dans ces domaines a été notée suite aux interventions. Elle évoque d’autres paramètres
architecturaux, dans son « guideline » qui pourrait potentiellement améliorer la qualité de vie
des personnes autistes, ces paramètres demandent à être validés par des expérimentations du
même type. Son approche reste très centrée sur les enfants et le milieu scolaire. Elle propose
cinq critères au départ de l’analyse, il serait peut être intéressant d’intégrer d’autres
paramètres. Elle n’a appuyé son expérimentation que sur un seul établissement. Des études
ultérieures prenant en compte plusieurs établissements, une population variée et d’autres
facteurs architecturaux (plus détaillés et nombreux permettant une caractérisation plus
complète de l’espace bâti et ce notamment pour l’acoustique) pourraient compléter ce travail,
constat qu’elle souligne également.
162
MOSTAFA M. (2008), (2010).
45
R. Khare et A. Mullick163,
ont tenté d’identifier les paramètres de l’environnement scolaire
adaptés aux besoins des enfants autistes et d’en mesurer leurs effets sur les performances
scolaires. Les questions auxquelles les chercheurs souhaitaient répondre étaient les suivantes :
à quels types de problèmes les enfants autistes doivent faire face dans leur environnement,
quelles sont les stratégies développées pour soutenir les enfants autistes, quels sont les
paramètres de l’environnement qui pourraient améliorer les performances des enfants et ces
paramètres pourraient-ils être bénéfiques à d’autres personnes. La première phase de leur
recherche, à partir de l’étude de plusieurs écoles (enquête de terrain et observation), d’une
revue de la littérature existante et d’entretiens, a permis d’établir une liste de dix-huit
paramètres architecturaux (repères, espaces de retraits, sécurité…) qui pourraient influencer
les performances scolaires. Les paramètres architecturaux concernaient à la fois le contexte
d’implantation (site, localisation…) et le cadre bâti dans ses détails (matériaux,
équipements…). Les chercheurs, dans un second temps, ont élaboré trois échelles
d’évaluation. La première « the environmental audit », a permis de mesurer la présence des
dix-huit paramètres évoqués ci-dessus selon une échelle à cinq niveaux (exceptionally high
level ; high level ; moderate level ; low level ; unusually level). La seconde « performance
measurement scale », utilisée par les enseignants, avait pour objectif à partir de vingt-trois
questions, de tester l’impact des paramètres environnementaux sur les performances scolaires
selon une échelle à trois niveaux (oui ; parfois ; non) dans les différents établissements de
leur corpus. Ils n’ont donc pas fait varié un paramètre indépendamment des autres. Enfin la
dernière évaluation (« design parameter rating scale ») a permis aux enseignants de reprendre
les dix-huit paramètres de l’audit et de les évaluer selon leur importance pour des salles de
classes situées en milieu « ordinaire » ou pour des salle de classe qui n’étaient pas destinées à
accueillir des enfants autistes à partir d’une échelles à cinq niveaux (Highly recommended ;
recommended ; recommended with reservation ; not sure ; not recommended). Les données
collectées ont fait ressortir une corrélation entre les dix-huit paramètres et les performances
scolaires (variables en fonction de la section et du milieu). Les paramètres environnementaux
ont été jugés importants en milieu ordinaire et spécialisé, ce qui pourrait confirmer que des
éléments pourraient être bénéfiques pour l’ensemble de la population. « All education experts
rated the environmental design parameters very high, this confirms that the eighteen design
parameters formulated for children with autism are not only favorable for kids with autism
but also beneficial for able-bodied kids. » Les dix-huit paramètres identifiés pourraient servir
de base pour des travaux ultérieurs dans lesquels il serait intéressant de rentrer en détail dans
la description, la formalisation de ces paramètres en termes d’architecture et sur l’impact que
chaque paramètre peut jouer isolément comme l’évoque d’ailleurs les auteurs : « the research
has studied the overall impact of eighteen parameters in improving performance, future
studies could further elaborate by studying effect on every individual parameter, on behavior
of children with autism »164
.
163
KHARE R., et MULLICK A. (2008), (2009). 164
Ibid.
46
S. Ahrentzen et K. Steele165
ont participé à un travail collaboratif porté par
l’Urban Land Institute of Arizona, qui concerne la mise en place d’un « guideline » pour la
conception d’établissements pour adultes autistes aux États-Unis. Ce travail répondait aux
constats de l’augmentation du nombre des personnes diagnostiquées autistes, du manque de
places et de structures et des inévitables questions de prise en charge que cela implique. Ce
projet se donnait comme objectif la mise en place de « modèles » de prises en charge adaptées
aux personnes atteintes de troubles autistiques et reproductibles. À cet effet, ils se basaient sur
l’évaluation du parc existant pour la prise en charge des personnes autistes à travers l’analyse
de réalisations jugées exemplaires par les équipes de ces établissements. (101 réalisations
exemplaires ont été identifiées et dix-sept on fait l’objet d’une étude de cas précise à partir
d’une grille d’analyse identique pour chaque site d’observation afin d’avoir des données
comparables et cohérentes entre les divers sites). C’est à partir de l’analyse de l’offre existante
et d’une revue de la littérature spécialisée que le guide de conception a été établi. Ils se sont
uniquement basés sur des études de cas et ils n’ont pas réellement cherché à relier des
paramètres architecturaux à des paramètres cliniques.
A. Brand166,
dans une publication réalisée en 2010 présente un projet de recherche, dont
l’objectif est de comprendre comment l’environnement construit affecte la santé et le bien-
être des adultes autistes et de vérifier dans quelle mesure la conception influe sur la qualité
des soins. Il s’agit au final de développer des recommandations et de publier ces principaux
résultats comme référence pour les concepteurs, les architectes et les autres décideurs. Cette
publication résume le travail effectué durant une année de recherche et en présente les
principaux résultats. La méthode retenue pour ce travail est la suivante:
Revue de la littérature existante spécialisée et des ouvrages autobiographiques avec
pour objectif la compréhension de la complexité des processus sensoriels et du rapport
particulier à l’espace.
Réalisation d’entretiens avec des adultes autistes et avec des personnes travaillant
directement avec eux. Un groupe d’experts a été constitué.
Réalisation de visites in situ de sept établissements ayant pour objectif d’observer les
comportements, les réponses et les interactions des individus dans leur environnement.
Réalisation d’atelier d’échanges et de retours.
Ce travail qui aborde l’autisme chez les adultes alors que la plupart des autres travaux
présentés concernaient majoritairement les TSA présentés par les enfants a débouché sur la
mise en place d’un référentiel autour des quatre thématiques suivantes :
Améliorer la motivation, la confiance, l’estime de soi des résidents en les
encourageant à explorer leur environnement et utiliser l’espace pour développer leurs
compétences et leurs intérêts.
165
ULI (Urban Land Institute Arizona), SARRC (Southwest Autism Research), et al. (2009), ASU (Stardust
Center for Affordable Homes and the Family), et al. (2009). 166
BRAND A. (2010).
47
Diminuer les déclencheurs d’agitation et d’anxiété et offrir un espace répondant aux
besoins sensoriels individuels.
Fournir un environnement dans lequel les résidents sont en sécurité et dont les
matériaux présentent une facilité de maintenance, de résistance.
Donner aux personnels les outils appropriés pour offrir un soutien et des soins centrés
sur les personnes (système de communication, surveillance discrète…)
Ce guide aborde notamment la localisation de l’établissement, son organisation interne, le
mobilier... Plusieurs de ces recommandations sont tirées d’expériences, d’observations in situ
plutôt que de véritables tests : «As with most of the literature on autism and the built
environment, this study has attributed observed patterns of behaviour to certain design
decisions. In many cases, links between design elements and improvements in behaviour such
as enhanced levels of confidence or social interaction, have been interpreted rather than
measured. ». Dès lors, il serait intéressant de compléter ce travail par des études ultérieures.
Après avoir publié un premier article en 2009167,
sur la conception des salles de classes pour
les enfants atteints de troubles autistiques, I. Scott (architecte) présente dans un article publié
en 2011 un projet réalisé, à la Kaimes Schools à Edimbourg168
durant une semaine avec des
étudiants en architecture et des enfants autistes. Il s’agissait d’associer aux processus de
conception d’une salle de classe idéale les enfants autistes pour faire ressortir leur besoins et
désirs. Pour explorer les besoins des enfants une base de données photographique largement
inspirée des méthodes de communication non verbale comme la méthode PECS (Picture
Exchange Communication System)169
a été employée. Les enfants devaient sélectionner parmi
des photographies représentant des paramètres architecturaux leurs favorites. Dans un second
temps, les enfants aidés des étudiants en architecture ont modélisé leur classe idéale (les
résultats ressortis à partir de l’analyse des photographies ont servi de base de discussion
durant cette phase). Des paramètres environnementaux ont été largement mis en avant dans
les travaux et choix des enfants comme le besoin de fournir une structure spatiale ordonnée,
claire et compréhensible ; le besoin de pouvoir accéder à des espaces de tailles différentes
(grands et petits) ; le besoin de pouvoir parfois s’isoler, la nécéssité d’avoir des espaces
sensoriels différents…Ce travail vérifie que des éléments de l’environnement pourraient
correspondre aux besoins des personnes autistes. L’utilisation de photographies permet de
pallier le problème de communication fréquent dans l’autisme ; toutefois, ce type de
médiation ne permet pas de représenter tous les paramètres architecturaux et les résultats
peuvent dépendre des choix photographiques fait en amont.
167
SCOTT I. (2009). 168
SCOTT I. (2011). 169
Le système PECS est un système de communication par échange d’image qui permet de pallier aux troubles
du langage et de la communication des personnes présentant des difficultés dans ces domaines.
48
K. Henriksen170 se donne pour objectif d’identifier les possibilités d’améliorer
l’environnement scolaire des enfants atteints de TSA, en faisant émerger des solutions qui ont
été appliquées et/ou observées par les éducateurs comme étant efficaces ou contre productifs.
Un premier temps de son travail de recherche a été consacré à une revue de la littérature
existante (que l’auteur souhaite rendre plus accessible aux concepteurs à travers la création
d’une grille d’analyse croisée de sept travaux : P. Myler et al.171
; M. Mostafa172
;
M Hanbury173
; H. MacKenzie174
; K. Wall175
; T. Flowers176
; B. Siegel177
). Cette grille
d’analyse devait permettre de faire émerger à partir d’une analyse de récurrence certains effets
positifs et négatifs de l’environnement sur le comportement. Par la suite les résultats de deux
enquêtes (permettant à des éducateurs de révéler des réactions négatives et positives des
enfants par rapport à leur environnement) ont été confrontés et comparés aux résultats de cette
grille. Sept éducateurs ont répondus à la première enquête (préliminaire) qui comprenait trois
questions ouvertes. La seconde enquête (basée sur l’enquête préliminaire) devait permettre
d’élargir le nombre de participant à l’étude (treize personnes supplémentaires ont été
interrogées). La majorité des personnes interrogées (92%) déclarent avoir déjà assisté à une
situation durant laquelle les enfants étaient affectés par leur environnement bâti.
L’organisation spatiale et l’acoustique ont été les paramètres considérés comme les plus
problématiques (par 77% des participants). Les personnes interrogées ont également du
classer sur une échelle allant de un à sept les éléments du cadre bâti les plus distrayants pour
les enfants. La totalité des répondants se sont accordé pour donner une note d’au moins 5/7
pour l’acoustique et environ la moitié ont jugé ce critère comme étant le plus important. La
plupart (84%) des enquêtés ont accordé au moins un 4/7 à l’environnement visuel. Ce sont les
stimulations olfactives qui ont été jugé les moins problématiques.
G. Shaba et K. Gaines178
, en 2011, ont présenté une recherche qui comparait l’impact des
stimulations visuelles et auditives dans l’environnement scolaire sur le comportement
d’enfants atteints de TSA aux États-Unis et au Royaume Uni. Pour appréhender cet impact,
les auteurs ont utilisé un questionnaire à destination des enseignants et du personnel soignant
de plusieurs écoles. Une première phase de leur recherche a été consacrée à la mise en place
de ce questionnaire notamment en ayant recours à des « focus groups » pour identifier et
évaluer l’étendue des problèmes sensoriels que les enfants autistes pourraient rencontrer dans
leur environnement. À partir des réponses des soignants et des enseignants à leur
questionnaire les chercheurs ont constitué une base de données au sein de laquelle ils ont
étudié les fréquences des réponses. Les deux études ont montré que les stimuli visuels et
170
HENRIKSEN K. (2010). 171
MYLER P-A., et al. (2005). 172
MOSTAFA M. (2008). 173
HANBURY M. (2005). 174
MACKENZIE H. (2008). 175
WALL K. (2004). 176
FLOWERS T. (2002). 177
SIEGEL B. (2003). 178
SHABHA G., et GAINES K. (2011).
49
auditifs avaient un effet négatif sur le comportement des élèves atteints de TSA, toutefois les
résultats divergent sur les déclencheurs précis qui sont perçus par les équipes comme pouvant
être les plus problématiques. Au Royaume Uni, les sources de lumière, la luminance et
l’intensité de la lumière sont considérés comme les plus problématiques par l’équipe alors
qu’aux États Unis ce sont les distractions visuelles. Concernant l’acoustique, au Royaume Uni
ce sont les échos, le bruit des équipements et de la route qui ont été les plus retenus alors
qu’aux USA il s’agit du bruit provenant des pièces adjacentes et des couloirs. Selon les
auteurs ces différences pourraient notamment provenir des modes de construction (solidité,
techniques constructives, finitions…) et des caractéristiques de sites (climat, implantation…)
différentes entre ces deux pays.
K. Mc Allister et B. Maguire179,180
ont tenté d’identifier les facteurs environnementaux à
considérer lors de la réalisation d’une salle de classe « autism friendly » à travers une
recherche menée en Irlande. Afin d’appréhender ces facteurs, neuf classes réhabilitées selon
les principes « autism friendly » ont été analysées et l’équipe enseignante a dû classer des
critères par ordre d’importance sur une échelle allant de 1 (faible importance) à 5 (importance
élevée). Pour composer les critères d’évaluation les chercheurs se sont appuyés sur les critères
établis par S. Humphreys181
et sur les 8 critères définis par C. Vogel182
en 2008 à partir
d’entretiens avec des personnes directement confrontées à l’autisme. Ainsi, 16 critères
regroupés en quatre grands thèmes ont été retenus. Les résultats de cette première phase ont
débouché sur une seconde phase durant laquelle l’équipe enseignante a dû modéliser (à partir
de maquette au 1/20ème) une salle de classe idéale en manipulant certains paramètres
(mobiliers, divisions spatiales…). Une séance de retour, d’échanges et d’analyse avec
l’équipe a permis d’identifier et d’aboutir à 16 pistes pour la conception Autism-Friendly de
salles de classes accueillant des enfants de 5 à 8 ans. Cette recherche souligne la triade de
défis s’imposant aux concepteurs lors de la réalisation d’un environnement
« autism friendly » (composer avec la variété d’intensités des troubles, composer avec les
différentes difficultés sensorielles : hyper / hypo-sensorialité et faire face au paradoxe entre
espace adapté et surprotection.) Les facteurs environnementaux identifiés dans cette recherche
pourront servir de base pour mettre en place nos propres descripteurs. Cette recherche est plus
orientée sur l’analyse et la caractérisation architecturale que sur la corrélation de ces
paramètres avec des modifications comportementales. Il serait intéressant, comme le souligne
les auteurs, dans des études ultérieures d’intégrer d’autres paramètres architecturaux qui n’ont
pas été considérés dans cette étude (comme la couleur, les matériaux…) et de considérer une
population d’un autre âge et portant sur d’autres environnements que le milieu scolaire.
179
MCALLISTER K. (2010). 180
MCALLISTER K., et MAGUIRE B. (2012). 181 HUMPHREYS S. (2008). 182
VOGEL C. (2008).
50
Enfin nous évoquerons les travaux récemment publiés par A-J. Paron–Wildes183
, architecte
d’intérieur et mère d’un enfant autiste qui a proposé un référentiel conçu à partir de sa propre
expérience de l’autisme et à partir de retours et de rencontres avec des familles et des
professionnelles de l’autisme. Au-delà de la description des éléments du cadre bâti qui
pourraient potentiellement aggraver certains troubles (ou l’inverse) elle propose des conseils à
destination des concepteurs à travers trois principes : observer (il est nécessaire d’avoir une
connaissance des spécificité du public pour qui l’on conçoit) ; tester (étant donné le spectre
important et varié de l’autisme il est difficile de connaitre a priori les besoin de la personne
concerné) et associer au processus de conception les professionnels de terrain et les familles.
Ces recherches et initiatives ont toutes en commun un objectif : accroître la connaissance sur
le lien existant entre un individu atteint de troubles autistiques et son environnement. Il s’agit
parallèlement de définir une aide au dialogue, un consensus, entre les professionnels de la
santé d’une part et ceux de l’aménagement du cadre bâti d’autre part. Toutefois, ces travaux
restent limités, épars, axés sur les enfants et souvent basés sur des connaissances métiers,
alors que les résultats des rares travaux (portés par des architectes, des cliniciens ou par la
psychologie environnementale) basés sur des expérimentations semblent prometteurs. Face au
constat de l’augmentation du nombre des personnes diagnostiquées autistes et des inévitables
questions de prise en charge que cela implique de plus en plus de travaux tentent de proposer
des pistes pour l’élaboration de recommandations et de modèles reproductibles. Certains se
basant sur la relecture des publications antérieures, sur des témoignages, sur des recueils
d’expérience et sur des visites et évaluations de structures existantes comme nous avons pu le
montrer. Beaucoup de ces idées sont des solutions potentielles, demandant à être validées par
des études ultérieures. La plupart de ces travaux sont très récents (témoignant de l’actualité de
ces questions) et soulignent le besoin de continuer la recherche sur ces thématiques. Les
travaux de G. Shaba et K. Gaines184
ont montré la différence de résultats entre le Royaume
Unis et les États Unis permettant de pointer l’importance de certaines particularités et
spécificités propres à chaque contexte. Par ailleurs, nous pouvons voir qu’il y a peu de
recherche sur ces thématiques en France (la plupart des travaux présentés étant nord-
américain ou anglais) ; il semble donc nécessaire de faire progresser la recherche scientifique
sur cette problématique précise en France. Notre recherche prend appui sur ces travaux
qu’elle entend compléter et valider. La connaissance exhaustive de ces travaux dont nous
avons extrait un consensus formalisé (présenté ci-après) permet dorénavant de mettre en place
nos descripteurs. Ce temps consacré à la connaissance fine des travaux existant était
nécessaire pour recueillir et synthétiser une information encore éparse et servir
éventuellement de base à des études ultérieures.
183 PARON-WILDES A-J. (2014), volume 1,2 et 3. 184
SHABHA G., et GAINES K. (2011).
51
I.5 Hypothèses de travail et consensus actuel
Comme nous l’avons évoqué précédemment, quelques travaux seulement sont basés sur des
expérimentations, et les autres sont essentiellement réalisés à partir des connaissances
empiriques, des retours d’expériences et des témoignages. Toutefois un fort consensus sur
l’existence d’influences mutuelles entre l’environnement des personnes atteintes de TSA et
leurs comportements se dégage de l’ensemble des travaux. Les troubles inhérents à l’autisme
pourraient favoriser un rapport particulier à l’espace. Espace qui pourrait améliorer ou
détériorer ces troubles. Nous allons ci-dessous dresser un inventaire exhaustif des paramètres
environnementaux envisagés comme pouvant avoir un impact sur l’amélioration ou la
détérioration des troubles.
Implantation du bâtiment
Le choix du site d’implantation ressort comme un des éléments important à considérer. Un
site approprié devrait favoriser l’accès aux aménagements, la participation sociale, l’inclusion,
l’intégration et offrir des possibilités d’interactions. Le choix du site d’implantation pourrait
favoriser ou au contraire diminuer le retrait autistique, l’autonomie et l’indépendance.
Espaces extérieurs
Différents travaux font ressortir l’importance de fournir des espaces extérieurs variés et
sécurisés. Il faudrait proposer un équilibre entre des espaces permettant de développer les
capacités des personnes autistes (fournir des stimulations, favoriser le comportement
exploratoire) et des espaces les assistant dans leur quotidien.
Taille des unités
Un consensus semble exister en faveur de petites unités accueillant un faible nombre de
résidents (de 4 à 6 huit résidents maximum). Les grands groupes pourraient être anxiogènes et
des facteurs de surexcitation pour des personnes présentant dans leur symptomatologie des
troubles des interactions.
Volume et surface
En ce qui concerne le volume et les surfaces des pièces, il ressort l’importance que pourrait
avoir un espace contenant sur les troubles présentés par les personnes autistes. Le niveau de
« contenance », de « perméabilité » et de fermeture de l’espace pourrait avoir un impact
différent en fonction de l’hyper sensibilité et de l’hypo sensibilité à certaines stimulations. La
« contenance » est une notion mal définie dans ces travaux : il est difficile de savoir s’il s’agit
d’un terme qui s’applique à une pièce ou qui décrit un sentiment. Dans ces deux cas, elle reste
une notion compliquée à caractériser tout comme la perméabilité qui, elle, fait référence à la
possibilité de pouvoir surveiller son environnement. Un environnement contenant offrirait un
cadre sécurisé qui pourrait favoriser les comportements exploratoires. La manière dont est
conçu une pièce pourrait ainsi favoriser la concentration, les interactions et diminuer les
52
stéréotypies. Par ailleurs l’organisation spatiale devrait au maximum éviter les possibilités
d’être surpris et permettre une vue sur les espaces adjacents (demi-mur, percements).
Séquence spatiale & modularité
La compartimentalisation spatiale pourrait permettre une meilleure orientation spatiale et
aider à organiser les stimulations visuelles. M. Mostafa envisage que des activités
visuellement et spatialement définies pourraient réduire la confusion sensorielle, augmenter
l’attention et réduire les distractions. Une organisation symétrique pourrait augmenter la
prévisibilité et créer un équilibre sonore par exemple, au contraire une organisation
dissymétrique pourrait créer des stimulations visuelles, sonores et proprioceptives. Un
équilibre serait à trouver entre une structure clairement définie et la possibilité de faire
évoluer l’environnement. L’environnement devrait à la fois soutenir les personnes autistes
durant les changements sans pour autant les maintenir dans leur immuabilité et les empêcher
de développer leurs capacités d’adaptation. Les évolutions, la flexibilité pourraient donc être
étudiées (par exemple par la mise en place de systèmes permettant la séparation temporaire
des espaces tels que paravents, cloisons mobiles).
Repérage et transitions
L’utilisation de système de repérage, comme une signalisation graphique ou un code de
couleur pourraient soutenir les personnes autistes dans leurs tâches quotidiennes. Les
établissements pourraient proposer des systèmes de communication non verbale par
l’utilisation de symboles visuels ou par la mise en place de système d’apprentissage. Plusieurs
travaux mettent également en avant l’importance d’avoir une structure spatiale ordonnée,
claire et compréhensible. Les espaces temps de transitions sont difficiles à vivre pour les
personnes autistes. Une attention particulière devrait être apportée dans le traitement de ces
espaces qui pourraient devenir des repères symboliques et spatiaux temporels pour ces
personnes pouvant ainsi favoriser l’orientation spatiale.
Équilibre privé – public
Il ressort des différents travaux le besoin de fournir des espaces privés et des espaces publics
en nombre suffisant, clairement identifiés et délimités qui pourraient contribuer à l’orientation
spatiale et à favoriser des comportements « adaptés au contexte ». Les activités de déroulant
dans les espaces collectifs devraient être facilement identifiables ; l’architecture et le cadre
bâti devrait participer de cette identification. Il y aurait donc un équilibre à trouver entre le
besoin d’avoir accès à sa sphère privée « son intimité » et le besoin d’être au contact d’autrui
notamment pour favoriser les interactions. Les espaces privés doivent permettre une
appropriation et également servir d’espace de retrait « espace refuge », pour fuir la situation
groupale lorsque cela s’avère nécessaire. Les chambres de préférence individuelles pourraient
avoir en effet « restauratif » et rassurant.
53
Sécurité et solidité
La sécurité et la solidité ressortent des différents travaux et retours d’expérience comme des
éléments fondamentaux. En effet, la résistance, la dureté des matériaux, la solidité des
équipements peuvent jouer sur la sécurité des personnes. Et ce surtout que les personnes
autistes pourraient avoir une mauvaise appréciation du danger, se traduisant par exemple par
une sensibilité à la douleur, aux brûlures sous développée. Un environnement sécuritaire
(tuyauterie dissimulée système de surveillance, matériaux et finitions résistantes…) pourrait
minimiser les risques de blessures, de démolitions et assurer la sécurité des résidents.
Cependant l’environnement bâti ne doit pas devenir trop sécuritaire et intrusif. Certains
travaux soulignent en effet l’équilibre à trouver entre sécurité et indépendance.
Paramètres thermiques
Selon les idées exposées dans les travaux existants, il faudrait prévoir un système de
chauffage par le sol afin de fournir moins de stimulations visuelles et de minimiser les risques
de blessures. Il serait également important que le système de chauffage mis en place puisse
être contrôlé de manière autonome pour chaque pièce afin de s’adapter à la sensibilité de
chacun, et ainsi d’augmenter le sentiment d’autonomie
des personnes accueillies qui
pourraient alors éventuellement régler elles-mêmes leur environnement thermique.
Paramètres lumineux
Certains aspects de l’éclairage naturel et artificiel ressortent particulièrement. En ce qui
concerne l’éclairage artificiel, il faudrait permettre un ajustement et une variation de
l’éclairage tout en s’assurant que les dispositifs de contrôle ne soient pas bruyants afin
d’éviter de créer une nouvelle cause de distraction. Il faudrait également éviter les lumières
fluorescentes, les dispositifs stroboscopiques instables, scintillants et favoriser la lumière
indirecte afin de diminuer l’excitation visuelle et favoriser l’apaisement et les capacités de
concentration. Certaines personnes autistes pourraient en effet présenter une hyper sensibilité
visuelle. L’utilisation de lumière naturelle indirecte pourrait minimiser l’éblouissement et les
distractions visuelles alors que la lumière naturelle directe pourrait créer des stimulations
visuelles. Ainsi la direction, l’orientation et la quantité de lumière naturelle disponible
pourraient influencer le bien être de la personne autiste.
Couleurs
Il y a un consensus en faveur de l’utilisation de couleurs douces et neutres qui pourraient
favoriser l’apaisement sensoriel et émotionnel. Toutefois, il n’existe pas réellement de
correspondance pour les termes « neutres » et « douces ». On peut imaginer que ce sont les
teintes, l’intensité et la clarté/obscurité des couleurs utilisées qui pourraient avoir un impact
sur l’état des personnes autistes. L’utilisation de couleurs brillantes pourrait créer des
stimulations visuelles alors que les couleurs neutres pourraient favoriser la sérénité.
54
Matière
L’utilisation de textures lisses ou rugueuses aurait un impact différent en fonction de l’hyper
sensibilité et de l’hypo sensibilité des personnes atteintes de TSA. Des travaux soulignent le
fait que les matières brillantes et réfléchissantes pourraient avoir un effet négatif. Les
stimulations tactiles et l’apaisement sensoriel seraient influencés par le type de matériaux
utilisés, la différence de températures ressentie au toucher et leur dureté. Plusieurs travaux
s’accordent pour dire que les matériaux utilisés ne devraient pas refléter le caractère
institutionnel du lieu (c’est-à-dire qu’il faudrait favoriser l’utilisation de matériaux qui
pourraient renvoyer l’image du « milieu ordinaire » et non celle des établissements « médico-
sociaux »; par exemple par la mise en œuvre d’autres matériaux que les sols souples ou les
revêtements plastifiés sur les murs).
Désordre visuel
Le besoin de contrôler les déclencheurs d’agitation pour baisser la surcharge sensorielle et
s’adapter aux hypo et hyper sensibles fait aussi consensus. Il faudrait par exemple éviter les
motifs et les détails, favoriser l’homogénéité des matériaux et couleurs, éviter les matériaux
avec beaucoup de finitions qui pourraient entraîner la fixation, la focalisation et augmenter
l’excitation visuelle. Certains travaux proposent de fournir des espaces ou les stimulations
sensorielles peuvent être contrôlées par les résidents tels que des espaces Snoezelen. D’autres
soulignent l’importance d’avoir différentes « atmosphères sensorielles » permettant de
graduer les stimulations (en regroupement les fonctions à hautes stimulations et celles à
faibles stimulations).
Paramètres acoustiques
Les problèmes liés à l’acoustique ressortent comme faisant partie des plus importants pour les
personnes autistes qui présentent régulièrement une hyper ou hypo sensibilité auditive (par
exemple de l’hyperacousie185
). Certains bruits en particulier peuvent se montrer
particulièrement dérangeants et intrusifs. Des caractéristiques de l’environnement bâti
pourraient être travaillées pour améliorer ces aspects (isolation, matériaux utilisés, localisation
des pièces dans le bâtiment). Le niveau de réverbération des espaces et l’apparition de bruits
soudains pourraient être des sources de troubles.
Espaces de circulation
Les différents travaux soulignent l’importance des espaces de circulations et de l’attention à
accorder à leur conception. Ces espaces devraient favoriser les rencontres, la socialisation et
éviter les déambulations sans but (typique de l’autisme). Certains auteurs évoquent
l’utilisation de murs courbes qui pourrait faciliter les mouvements, permettre une meilleure
orientation et éviter un caractère trop institutionnel.
185
L’hyperacousie correspond à une perception exacerbée des sons (dictionnaire Larousse).
55
Le Tableau 1 résume les principaux paramètres envisagés comme pouvant avoir un impact sur
la qualité de vie des personnes atteintes de troubles autistiques et présente l’effet envisagé sur
le comportement (dans la continuité des travaux de M. Mostafa186
et R. Khare and al187
).
Tableau 1 : Relations envisagées entre les paramètres architecturaux et les troubles
autistiques
PARAMÈTRES ARCHITECTURAUX EFFETS SUR LE COMPORTEMENT
Implantation du
bâtiment
Permettre l’accès aux aménagements,
inclusion, participation sociale
Interactions sociales, autonomie,
participation à la vie sociale, diminuer
le retrait autistique.
Espaces extérieurs Fournir des espaces extérieurs variés Dimension exploratoire, stimulations
Taille des unités 4 à 6 personnes Limitation des situations de co-
excitation
Volume - surface Perméabilité, « contenance » Concentration, interactions,
surexcitations
Séquence spatiale &
modularité
Séparation et cloisonnement permettant de
créer des espaces de moindres tailles
Durée d’attention, capacité
d’adaptation, optimiser l’orientation
spatiale et le repérage
Repérage et transitions Repères spatio-temporels, formalisation des
transitions, structure spatiale claire -
repérage et signaux - permanence de
l’affectation des locaux
Capacité d’adaptation et de repérage,
réponse au besoin d’immuabilité,
assistance à l’autonomie, soutien durant
les changements. Concentration et
interactions, frustrations, agitation.
Équilibre privés –
publics
Espaces personnalisables, de retrait Intimité, interactions, proxémie,
sentiment de propriété
Sécurité et solidité Finitions et matériaux résistants Diminution des risques dus aux
comportements problèmes, mauvaise
appréciation du danger
Paramètres thermiques Chauffage au sol, contrôle autonome
accessible permettant un ajustement de
l’ambiance thermique indépendant pour
chaque pièce.
Adaptation à l’hyper ou hypo
sensibilité
Paramètres lumineux Lumière naturelle (direction, orientation),
lumière artificielle non fluorescente et non
scintillante, Contrôle et modulation de
l’éclairage
Diminuer l’excitation visuelle,
favoriser l’apaisement et les capacités
de concentration, hyper sensibilité
visuelle
Couleurs Couleurs douces (intensité et teinte) Apaisement sensoriel et émotionnel
Matière Éviter des matériaux rappelant le caractère
« médical », résistance, brillance
Impacter les stimulations tactiles et
apaisement sensoriel et émotionnel
Désordre visuel Peu de détails et peu de motifs Diminuer les distractions, les
focalisations et l’excitation visuelle
Paramètres acoustiques Isolation, matériaux, disposition et
localisation des pièces dans le bâtiment,
implantation du bâtiment, niveau de bruit et
temps de réverbération
Hyper ou hypo sensibilité auditive,
diminuer les distractions, améliorer le
langage
Espaces de circulation Curviligne, espaces de rencontre et de
socialisation
Éviter les déambulations sans but,
renforcer les espaces de socialisation
186
MOSTAFA M. (2010). 187
KHARE R., et MULLICK A. (2009).
56
57
Chapitre II. Construction de la
méthodologie
II. 1 Le corpus
La première phase a pour objet de définir et de constituer le corpus d’établissements à étudier,
et pour cela de déterminer des critères de sélection objective des établissements ; de mettre en
place un protocole d’observation et d’analyse des édifices adapté. Au terme de la phase
préparatoire, une vingtaine d’établissements présentant des caractéristiques jugées recevables
au regard de ces critères par l’ensemble des spécialistes intéressés au projet est conservée et a
fait l’objet d’une étude approfondie.
Les établissements du corpus doivent constituer un ensemble cohérent au regard de la
problématique, tout en présentant suffisamment de différences pour effectuer des
comparaisons stables et faire ressortir des corrélations entre environnement bâti et
comportement. La délimitation du corpus constitue donc un des enjeux majeurs des méthodes
basées sur la comparaison et l’extraction, selon les démarches généralement adoptées dans les
recherches sur la typologie architecturale188
. Le corpus retenu comprend des édifices
présentant a priori certaines caractéristiques communes –il s’agit d’établissements accueillant
exclusivement des adultes autistes– et est délimité selon plusieurs critères. Nous pensons en
effet que l’accueil d’autres types de handicaps pourrait constituer un biais pouvant influencer
le comportement. Il s’agit de limiter le nombre de variables « contrôle » (c’est-à-dire les
variables dont on veut neutraliser l’effet sur la variable que l’on souhaite expliquer).
Délimitation typologique
Il existe plusieurs types établissements accueillant des adultes présentant des troubles
autistiques (FAM189
, MAS190
, Foyer d’Hébergement, Foyer de Vie, SAJ191
, ESAT192,
EATAH193
…). Ces structures sont variées dans leur fonctionnement, leur prise en charge et la
sévérité des troubles des personnes accueillies. Ainsi, le premier critère permet une
délimitation en fonction de la typologie et du fonctionnement des établissements qui sont soit
des FAM (85% du corpus) soit des MAS (15% du corpus) et qui accueillent des personnes
gravement handicapés dont la dépendance impose un suivi et une prise en charge permanent.
Comme nous l’avons préalablement évoqué, les troubles autistiques sont caractérisés par leur
hétérogénéité et par le degré de dépendance qui leur est associé. Notre choix s’est porté sur
188
DUPRAT B. (1991). 189
Foyer d’Accueil Médicalisé. 190
Maison d’Accueil Spécialisée. 191
Service d’Accompagnement de Jour. 192
Établissement et Service d’Aide par le Travail. 193
Établissement d’Accueil Temporaire pour Adultes Handicapés.
58
ces deux types de structure qui présentent des formes de prises en charge assez proches et qui
accueillent toutes deux des publics assez similaires. Ce sont des établissements d’accueil
permanents. Ces lieux constituent bien le lieu de vie principal et souvent unique des
personnes qui y sont prises en charge. La différence vient essentiellement de leur mode de
financement. Par ailleurs, la construction de Foyers d’Accueil Médicalisés et des Maisons
d’Accueil Spécialisées pour la prise en charge de personnes autistes augmentent ces dernières
années justifiant ainsi que l’on s’intéresse en particulier à ces types d’établissements. Certains
de ces établissements reçoivent un agrément parce qu’ils offrent une prise en charge adaptée,
des soins, des aménagements et des professionnels formés spécifiquement à l’autisme : « La
prise en charge de personnes autistes demande le développement de moyens spécifiques. Pour
offrir la réponse institutionnelle la plus adaptée possible, les établissements reçoivent, après
avis du comité régional d’organisation sociale et médico-sociale (CROSMS), un agrément de
la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS). Cette autorisation
administrative d’accueil d’un public particulier leur octroie des moyens qui leur permettent
d’établir une organisation (matérielle, humaine...) ad hoc. »194
Ces structures ont été
cependant pensées sur la base d’une réflexion intuitive et l’on ne sait pas réellement ce qui
peut les distinguer des autres structures et si elles apportent une amélioration réelle de la
qualité de vie. Il s’agit de sélectionner vingt établissements agréés « autistes » (dont on peut
faire l’hypothèse qu’une réflexion globale a été menée afin de proposer un cadre adapté à
l’accueil de personnes autistes).
Délimitation géographique
Le deuxième critère, géographique, assure que le corpus est réparti sur l’ensemble du
territoire français. Le cadre de la France métropolitaine « entière » a été choisi afin d’éviter
des éventuelles spécificités locales et pour avoir une certaine stabilité du cadre social. Par
ailleurs, cela nous a permis de disposer d’un corpus de départ relativement conséquent dans
lequel nous avons pu isoler vingt structures. Il serait - dans des travaux ultérieurs - sans doute
intéressant d’intégrer des structures situées dans d’autres pays, où la prise en charge de
l’autisme et du handicap est différente (Canada, États-Unis, Belgique…).
Délimitation temporelle
Le dernier critère de délimitation s’appuie sur une délimitation temporelle, avec des structures
ouvertes depuis au moins un an et sans modification notable de l’environnement, pour
permettre l’adaptation des résidents à leur lieu de vie. Une délimitation temporelle nous est
apparue nécessaire afin d’éviter les éventuels problèmes liés à la mise en route de la structure.
En effet, les personnes autistes supportent difficilement les changements et les résultats
pourraient être faussés par l’impact que pourrait avoir un déménagement (temps
d’adaptation). Par ailleurs nous avons volontairement inclus des structures neuves (créées
spécifiquement pour la prise en charge de personnes autistes et qui ont pu pour certaines tirer
194 MARMONT T., et DESWAENE B. (2009).
59
parti du consensus actuel) et des structures réhabilitées (n’ayant pas été conçues pour leur
usage actuel).
II.2 Réseau de partenariat de recherche
La première phase de l’étude a permis de développer un réseau partenarial d’établissements -
dédiés à l’accueil et la prise en charge de personnes adultes avec autisme - susceptibles d’être
intéressés par notre thématique de recherche et d’y participer. Pour constituer le corpus et
notre réseau de partenaires, nous avons dû déterminer les structures « agréées » autistes en
France et les établissements qui accueillent uniquement des personnes présentant un trouble
du spectre autistique. Nous avons pour cela contacté plusieurs établissements MAS et FAM
spécialisés dans l’accueil de personnes adultes autistes situés sur l’ensemble du territoire
français à partir d’une liste fournie par le Centre de Ressource Autisme Rhône Alpes qui
comprenait 125 établissements dont 44 MAS et 81 FAM. Cette liste a été complétée et
étendue durant l’étude par nos rencontres de terrain qui nous ont permis de prendre
connaissance de structures qui n’étaient pas répertoriées dans la liste initiale. Une des
premières difficultés à laquelle nous avons été confrontée a concerné l’obtention d’une liste
des établissements qui possèdent un « agrément autisme » (en effet cette liste ne faisait pas
état de la possession d’un agrément spécifique). Aucun document officiel ne semble exister et
les conditions de son attribution ne sont pas clairement établies. Nous avons donc dû
contacter les directeurs de ces 125 établissements séparément. La première prise de contact
s’est donc faite par téléphone pour vérifier si les établissements identifiés remplissaient les
conditions fixées par notre étude (cf. ci-dessus les critères d’inclusion) et si le directeur
d’établissement était intéressé pour participer à notre recherche et nous rencontrer. Sur les 125
établissements nous avons pu établir que vraisemblablement 79 ont un agrément, accueillent
spécifiquement et uniquement des adultes autistes et correspondent à l’ensemble de nos
critères (évoqués ci-dessus), 11 n’ont pas répondu et 35 ne correspondent pas aux critères
fixés par l’équipe (absence d’agrément, date d’ouverture trop récente, accueil d’un public
mixte…).
Suite à cette première prise de contact nous avons rencontré 24 directeurs d’établissements
qui ont tous accepté de participer à l’étude. Par la suite, quatre d’entre eux se sont désistés lors
de la mise en œuvre des protocoles d’observation (phase méthodologique/pratique) de la
recherche. Ces désistements ont été motivés par les difficultés rencontrées par les structures
au moment où nous devions intervenir (troubles sévères d’un résident au moment de
l’intervention, sous effectifs du personnel encadrant ne permettant pas d’assurer notre venue
dans l’établissement, changement de direction de l’établissement, mise en place de travaux
rendant notre intervention incompatible dans le temps…). Au final 20 établissements (21
unités d’hébergement ; nous avons inclus deux unités dans un même établissement) et 148
résidents ont participé à l’étude. Le nombre de résidents inclus au sein de chacun des
établissements varie selon le nombre total de résidents accueillis dans l’unité de vie ciblée et
selon le nombre de formulaires de consentement obtenu auprès des tuteurs légaux des
résidents (N = 8 à 5 résidents par établissement). Lors de cette première rencontre qui s’est
60
faite, avec le directeur et les deux doctorantes, nous avons exposé en détail les enjeux, les
objectifs et le protocole de notre recherche (le protocole d’évaluation clinique et le protocole
de caractérisation architecturale) ainsi que les questions concrètes de mise en place de notre
intervention in situ. Nous avons également réalisé une visite conjointe de l’établissement afin
de nous permettre de définir les espaces à évaluer.
II.3 Le fonctionnement des MAS et des FAM/
déterminer les lieux à évaluer
Chaque établissement a son propre fonctionnement et un « projet d’établissement » (fixé par
la loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002) qui lui est associé et qui détermine différents aspects de
son organisation dont : « l’histoire et le projet de l’organisme gestionnaire; les missions; le
public; la relation avec les parents, la famille et l’entourage; la nature de l’offre de service et
son organisation; les principes d’intervention, les professionnels et les compétences
mobilisées et les objectifs d’évolution, de progression et de développement. »195
Il est pour
nous donc essentiel de contrôler certaines de ces variables qui peuvent sans aucun doute
influencer le comportement d’un individu.
D’une manière générale, les journées au sein des MAS et FAM sont structurées en fonction de
chaque résident selon des périodes d’activité, de sorties encadrées, de temps de repos et de
retrait, de repas et de soins. L’établissement fonctionne de manière « très encadrée », les
sorties et les activités sont contrôlées. Il existe plusieurs types d’espaces qui ont leurs
fonctionnements propres (Figure 2). Certains sont accessibles plus ou moins librement : salle
d’activité, jardin et espace de circulation, d’autres sont accessibles ponctuellement : salle
d’apaisement, salle de bain, d’autres sont privatifs (chambres notamment). Les activités
proposées au sein des établissements sont variées et variables mais l’on peut retrouver malgré
tout des récurrences autour d’activités : de socialisation, manuelles, favorisant le
développement et/ou les capacités motrices des personnes. Certains espaces/temps sont
organisés de manière collective et d’autres de manière individuelle.
Le nombre total de résidents accueillis dans les MAS et les FAM est variable, mais la
majorité des structures sont redécoupées en plus petites unités (de 1 à 5 en moyenne par
établissement) accueillant quelques résidents. Ces espaces d’hébergement séparés (nommés
« unités de vie », « unités d’hébergement », « maisonnées » selon les établissements)
constituent le véritable cadre de vie des résidents qui y sont accueillis. Ces unités
comprennent en général les espaces privatifs (la chambre, les sanitaires et salle de bain) et des
espaces collectifs (salle à manger, salon détente). Les résidents ont également la possibilité
d’accéder à des salles d’activités (situées ou non dans leur unité d’hébergement). Ces
dernières peuvent être fréquentées par des résidents de plusieurs unités d’hébergement. Nos
évaluations porteront sur les résidents d’une unité de vie par établissement et sur certains
espaces d’activités. Le schéma ci-dessous permet de voir le fonctionnement d’un
établissement pour personne autistes. Il résume la répartition des pièces.
195
ANESM (2009).
61
Figure 2 : Le fonctionnement des MAS et FAM
Source : Charpentier Architectes – Foyer d’Accueil Médicalisé pour adultes autistes (St Sever 14380).
62
II.4 Les protocoles d’observations
Le corpus étant défini, la collecte des données in situ pour le volet architectural et les
évaluations par les psychologues se sont appuyées sur les protocoles décrits ci-après. Cette
collecte de données a débouché sur la mise en place d’une base de données (constituée de
données architecturales et de données cliniques) qui doit nous permettre d’établir des
hypothèses de causes à effet entre comportement / environnement.
II.4.1 Visites tests avec les collèges d’experts
Nous avons intégré parmi l’équipe de recherche plusieurs «collèges d’experts » (voir
introduction). Intervient ainsi un collège composé de personnes atteintes du syndrome
d’Asperger (autisme dit de « haut niveau »), membres de l’association SATEDI (Spectre
Autistique Troubles Envahissants du Développement International) L’intervention de cette
forme d’expertise nous a aidé à appréhender la totalité et la spécificité des troubles
autistiques. Nous avons pour cela réalisé une visite d’un établissement du corpus afin
d’identifier des facteurs environnementaux susceptibles de générer – ou à l’inverse d’atténuer
- des troubles chez les personnes atteintes de TSA selon les experts Asperger. Cette visite test
a permis de mettre en exergue l’influence probable de deux catégories d’éléments
architecturaux qui ressortaient également dans le consensus. Le premier concerne
l’acoustique, et le second la perméabilité de l’espace et la capacité d’une « architecture » à
diminuer la possibilité d’être surpris, à favoriser le contrôle et la surveillance (par exemple
voir qui arrive dans la pièce).
II.4.2 Les autorisations et le comité éthique
Pour pouvoir réaliser cette recherche (et en particulier pour les évaluations cliniques) nous
avons dû déposer notre projet auprès d’un comité d’éthique de recherche. Cette recherche
implique en effet « l’observation indirecte » de sujets humains par la soumission de
questionnaires auprès d’une tierce personne (hétéro évaluation) et par la consultation des
dossiers médicaux. Nous devons donc garantir la protection des personnes et le secret
professionnel qui l’accompagne. Nous avons obtenu un avis favorable du Comité d’Éthique
Recherche de l’Université de Savoie suite à sa délibération le 29 janvier 2012. Cet avis
garanti que notre projet respecte l’éthique, le droit des personnes et que ces dernières ont été
informées correctement du projet et de ses finalités. Il garantit également l’anonymat des
résultats. Toutes les informations recueillies pendant la recherche, concernant les
établissements et les résidents, sont traitées de manière à rester confidentielles. Seules les
personnes responsables de l’étude ont accès à ces informations. C’est pour ces raisons que les
publications des résultats sous quelque forme que ce soit (thèse y compris) ne présentent
aucun éléments permettant d’identifier une personne ou un établissement ayant accepté de
participer à la recherche (par conséquent ce document ne présente pas de plans ni de
photographies susceptibles de permettre de reconnaitre les établissements du corpus). Toutes
63
les données sont codifiées dès le démarrage de leur traitement. Dans la suite du document les
établissements seront évoqués selon un code : par exemple E1U1 pour l’unité d’hébergement
1 (U1) de l’établissement 1 (E1). Tous les participants à la recherche ont été informés de la
recherche et de ses enjeux par la remise d’une notice d’information et d’un formulaire de
consentement qui stipule que les personnes ayant donné leur autorisation peuvent se retirer à
n’importe quel moment de l’étude s’il le souhaite sans avoir à justifier leur choix. Ce
formulaire de consentement doit être impérativement signé par l’ensemble des personnes
participant à l’étude (personnes évaluées196
ou leurs représentants légaux et directeurs
d’établissements). Nous avons pu intervenir in situ une fois l’ensemble des signatures
obtenues. Une difficulté de ce travail de recherche a donc été liée au temps nécessaire à
l’obtention des autorisations et également aux désistements de quatre établissements comme
nous l’avons évoqué précédemment. Par contre aucun résident (ou son tuteur) ayant signé le
protocole ne s’est retiré.
II.4. 3 Le protocole d’évaluation clinique
Le protocole d’évaluation clinique (élaboré par L. Longuépée qui réalise la thèse en
psychologie) repose sur des tests menés en hétéro-évaluation (entretien mené avec une tierce
personne). Du fait des troubles des personnes évaluées et de leurs difficultés, voire incapacité
pour maitriser le langage verbal, les cliniciens ont mis en place un protocole basé sur des
entretiens réalisés avec les personnes qui accompagnent le plus régulièrement l’adulte autiste
(personnel soignant et/ou éducatif de la structure). Le choix s’est porté sur des entretiens
plutôt que sur des observations afin d’avoir des données objectivables et comparables d’un
établissement à l’autre. Ce protocole permet d’évaluer le profil psychologique des résidents et
les comportements (témoins d’une qualité de vie ou d’un mal être) à partir de questionnaires
cliniques standardisés semi structurés. Le fonctionnement sensoriel et comportemental
atypique des personnes atteintes de TSA questionne la manière d’évaluer le bien être chez ces
personne expliquant le recours à des questionnaires permettant d’objectiver au maximum
l’analyse. Certaines évaluations font référence aux espaces évalués dans le protocole de
caractérisation architecturale. Sont également recueillies des données concernant le
fonctionnement institutionnel de la structure et l’avis des professionnels sur leur cadre de
travail. Les évaluations cliniques ont permis d’élaborer deux types de variable :
Celles que l’on va chercher à expliquer par les variables architecturales (autrement dit
les comportements et symptômes pour lesquelles on souhaite évaluer l’impact du
cadre bâti sur leur amélioration ou détérioration).
Celles dont l’on souhaite identifier leur impact sur les comportements et la
symptomatologie autistique (variables contrôlées).
196
Les personnes accueillies dans ces structures ne sont généralement pas en mesure de signer elle-même ces
documents du fait de la sévérité de leurs troubles.
64
II.4.3.1 Les variables que l’on cherche à expliquer
Afin, d’observer les comportements et la symptomatologie autistique, l’outil que les cliniciens
de l’équipe ont retenu est l’Échelle Pour l’Observation des Comportements d’Adultes avec
Autisme197
. Il s’agit à travers cette évaluation de caractériser les comportements et apprécier
la gravité et la fréquence d’apparition des symptômes dans treize domaines différents typiques
de la pathologie autistique. Les cliniciens ont ciblé cette évaluation en fonction de chaque
espace évalué dans le protocole de caractérisation architecturale. Il s’agit de déterminer si ces
comportements apparaissent plutôt dans un lieu ou dans un autre.
Ces treize domaines recouvrent :
Domaine 1 (D01) : la recherche d’isolement,
Domaine 2 (D02) : les interactions sociales,
Domaine 3 (D03) : le contact visuel,
Domaine 4 (D04) : les troubles thymiques/l’expression de l’angoisse,
Domaine 5 (D05) : les conduites auto-agressives et la réactivité corporelle,
Domaine 6 (D06) : les conduites agressives envers autrui (hétéro-agressivité),
Domaine 7 (D07) : la manifestation de l’affectivité et les contacts corporels,
Domaine 8 (D08) : les activités et la réactivité sensori-motrices, les stéréotypies et les
autostimulations
Domaine 9 (D09) : les réactions aux changements et à la frustration,
Domaine 10 (D10) : l’utilisation des objets,
Domaine 11 (D11) : la réactivité aux stimuli sensoriels,
Domaine 12 (D12) les conduites inappropriées/inadaptées en vie collective,
Domaine 13 (D13) : l’autonomie personnelle qui recouvre notamment les conduites
alimentaires et sphinctériennes.
L’intensité et le déficit des fonctions exécutives198
sont observés chez les patients avec TSA, à
l’aide de l'Inventaire du Syndrome Dysexécutif199
. Les fonctions exécutives renvoient
notamment aux capacités de flexibilité, d’adaptation, de planification, d’anticipation et
d’organisation.
II.4.3.2 Les variables contrôlées
Certaines variables intrinsèques aux personnes ou liées à leurs troubles, leur histoire et leur
milieu culturel et social ont été recueillies en tant que variables contrôlées. C’est le cas des
variables suivantes :
L’âge,
197
RECORDON-GABORIAUD S., et GRANIER-DEFERRE C. (2011). Échelle Pour l’Observation des
Comportements d’Adultes avec Autisme. ECPA (Édition du centre de psychologie appliquée). 198
VALERI G., et SPERANZA M. (2009). 199
ROUSSEL M., et GODEFROY O. (2008), Inventaire du Syndrome Dysexécutif Comportemental. GREFEX,
Données normatives In : Fonctions exécutives et pathologies neurologiques et psychiatriques, Marseille, Solal.
65
Le sexe,
Le diagnostic (la forme d’autisme, la présence d’autres troubles associés),
La date d’entrée dans l’établissement,
Le parcours institutionnel antérieur (la personne a-t-elle toujours vécu en institution, a-
t-elle été en milieu psychiatrique, en milieu ordinaire…)
La médication actuelle,
Les activités pratiquées dans une semaine type,
Le niveau verbal de la personne.
Afin de prendre en compte les variables de fonctionnement institutionnel, les cliniciens
utilisent la Grille d’Évaluation de la Qualité des Services pour les Personnes Autistes200
. Les
variables mesurées avec ce test sont des variables contrôlées car on peut supposer que la
qualité de vie des personnes autistes dépend des prises en charge, de la qualification du
personnel, et de l’adéquation du service par rapport aux spécificités liées à la pathologie
autistique. Cet outil permet de récolter des informations institutionnelles dans 19 domaines :
le projet de l'établissement ou du service,
l’organisation,
le cadre de vie,
le personnel (formation du personnel à l’autisme, effectif…),
l’évaluation individuelle (identifier si des évaluations pour connaître les besoins et les
compétences des usagers sont réalisées),
l’élaboration du projet individualisé,
les méthodes de travail (nature des méthodes, offre variée),
les repères,
les activités,
les apprentissages (l’établissement propose- t-il des activités d’apprentissage),
l’indépendance et les choix (est-ce que des moyens sont mise en œuvre pour favoriser
l’indépendance des résidents et est ce qu’il y a des supports pour les aider dans leurs
choix).
la santé,
la condition physique (l’établissement offre la possibilité de réaliser des activités
physiques),
l’intimité - sexualité,
les comportements problématiques,
l’insertion sociale (l’insertion sociale est favorisée par le service),
la participation et le soutien de la famille,
le suivi de l'évolution et des résultats,
200
Association Autisme-France (2006). Grille d’Évaluation de la Qualité des Services pour les Personnes
Autistes, adulte en internat, version 3.
66
la préparation des transitions d’un milieu à un autre.
L’observation des profils sensoriels201
est réalisée par entretien semi-structuré avec le
personnel soignant grâce à l’outil : Profil Sensoriel Adolescent/Adulte. L’objectif est
d’appréhender la spécificité de traitement perceptif de l’information au sein de six modalités
sensorielles (goût/odorat, mouvement, vision, tactile, activité et audition). L’utilisation de ce
test se justifie par une sensibilité atypique chez les personnes autistes qui peut être soit une
hyper soit une hypo sensibilité en fonction du type de stimulation et de la modalité sensorielle
impliquée.
Les cliniciens recueillent également l’avis des professionnels de l’établissement par rapport à
leur cadre de travail. Il s’agit de connaître leur opinion par rapport aux conditions de travail
(qualité de l’architecture, aménagement des lieux, ergonomie des équipements…). Ce test est
centré sur le personnel et non plus sur l’adaptation des locaux par rapport aux personnes
accueillies. Il apparait important de contrôler cette variable car le « bien-être » de l’équipe
soignante et éducative peut avoir un impact sur la qualité de vie des personnes autistes.
II.4.3.3 Résumé des variables cliniques
Tableau 2 : Résumé du protocole d’évaluation clinique
Caractérisation de la qualité de vie et des troubles du comportement des personnes avec TSA
VARIABLES A
EXPLIQUER
Indicateurs Méthode de recueil des données
Symptomatologie
Autistique
Entretien par questionnaire standardisé auprès du
personnel soignant et éducatif
Fonctions Exécutives Entretien par questionnaire standardisé auprès du
personnel soignant et éducatif
VARIABLES
CONTROLEES
Données intrinsèques et milieu sociaux,
culturel et histoire du résident
Dossier médicaux et entretien
Profil Sensoriel Entretien par questionnaire standardisé auprès du
personnel soignant et éducatif
Fonctionnement du service
Entretien par questionnaire standardisé avec le
directeur de l’établissement ou le responsable de
l’unité
L’avis des professionnels par rapport à
leur cadre de travail
Test établi par les cliniciens
201
BROWN C., et DUNN W. (2002). Profil Sensoriel Adolescent/Adulte, traduction française par NCS Pearson,
2006.
67
Chapitre III. Le protocole de
caractérisation architecturale
III.1 Décrire les lieux de vies différentes
Pour caractériser les établissements, nous avons conçu différents descripteurs architecturaux
en tenant compte des éléments du consensus et des hypothèses des cliniciens et des collèges
d’experts (se référer à la partie sur le consensus pour plus de détails sur ces apports). Les
spécificités liées au fonctionnement sensoriel atypique des personnes autistes ont également
guidé le choix des outils et des descripteurs. « As Baumers and Heylighten […] state, these
people perceive space in a unique, different way, with the mind’s eye. »202
Il est très difficile
de transposer la sensibilité des personnes neurotypiques à celle des personnes autistes et
d’interpréter leurs comportements en se référant à notre propre vécu. « We designers design to
the experience of our senses : what we see, what we hear, what we taste, what we feel, and
what we smell. Obsiouvly, our design will not satisfy the needs of individuals with altered
sensory issues. If their designed world and their environmental experiences are totally
different from ours, then their environmental design requirements are completely different as
well. » 203
L’effort a ainsi porté sur une objectivation de la description, par des descripteurs
mesurables, sans pour autant rejeter tout recours au ressenti (bruit de fond extérieur par
exemple) ou au jugement d’expert (qualité de l’éclairage naturel par exemple). Pour
caractériser l’ambiance sonore de l’environnement proche de l’établissement ces deux types
d’évaluation ont été retenus (mesure et jugement expert). L’analyse de corrélation de ces
données montre qu’il existe un écart important entre l’expertise et les mesures physiques. Il
semble donc nécessaire de retenir ces deux types de mesures qui ne donnent pas les mêmes
résultats. Certains paramètres, tels qu’ils sont formulés dans le consensus, sont difficilement
mesurables comme « la perméabilité » d’une pièce (capacité d’une pièce à favoriser la
possibilité de ne pas être surpris et de pouvoir surveiller son environnement). Une réflexion a
été menée sur la manière de traduire en paramètres mesurables et intelligibles ces grandeurs
difficilement interprétables. Par ailleurs, les éléments du cadre bâti qui ont été ainsi
caractérisés doivent renvoyer à des paramètres sur lesquels un architecte peut intervenir.
III.1.1 La mise en place du recueil de données
Le mode de recueil de données devait être reproductible dans toutes les structures et adapté au
terrain d’étude, particulièrement sensible, afin d’être le moins invasif possible pour les
résidents. Notre présence est un élément très « perturbateur » pour ces derniers. Nous avons
pu en mesurer les limites lors de visites tests effectué dans l’unité « autiste » du Centre
202
SANCHEZ P. et al. (2011). 203
PARON- WILDES A-J. (2014), volume 1,2 et 3.
68
Hospitalier Alpes Isère. Ce constat permet d’évoquer deux difficultés qui nous imposent
d’adapter notre méthodologie au terrain par égard pour les résidents :
Une première due à notre présence qui risque de peser sur le comportement des
individus et par conséquent d’altérer les résultats escomptés. Étant donné que nous
travaillons sur plusieurs structures nous ne pouvons pas envisager de consacrer des
temps suffisamment longs qui permettraient aux résidents de s’habituer à notre
présence. Cet aspect sera pris en compte au moment de l’analyse de nos résultats.
Une seconde difficulté concerne les relevés métrologiques (acoustique,
dimensions…) ; une intervention en présence des résidents est en effet très délicate.
Même si les troubles inhérents à l’autisme rendent complexes les interventions in situ,
une partie des données architecturales a été recueillie sur place lors de campagnes de
relevés et les autres données ont été recueillies par entretien ou via les plans de la
structure. C’est pour ces raisons notamment que nous avons fait en sorte d’obtenir des
documents graphiques préalablement aux visites d’établissement, un certain nombre
de variables pouvant être mesurées à partir de ces documents (surfaces, dimensions,
distributions internes, morphologie générale...) dont la validité est vérifiée in situ.
Les phases de mesures in situ sont faites dans des périodes « creuses » lorsque les locaux ne
sont pas utilisés. Les établissements étudiés ont tous un fonctionnement interne propre, nous
avons donc été obligés pour chaque établissement de mettre en place une intervention
compatible avec l’organisation de la structure concernée (plage horaire et période
d’intervention, ordre des pièces à mesurer, disponibilité des personnes...) afin d’adapter notre
relevé de mesures à l’emploi du temps spécifique de chaque établissement.
Cette difficulté pour intervenir in situ pose inévitablement la question de la méthodologie
qu’il faudra adopter en phase expérimentale. Effectuer des travaux dans des établissements
occupés est toujours problématique et ce d’autant plus quand le public en présence supporte
mal le changement de son environnement. À l’angoisse que peut provoquer les modifications
des paramètres environnementaux, il faudra ajouter la gêne occasionnée par la présence
humaine des ouvriers, les bruits et les désordres liés aux travaux.
III.1.2 Les espaces temps évalués : Quels lieux retenir et comment
les décrire
En amont du recueil de données, il est nécessaire de déterminer les lieux pertinents et la
manière de les décrire. Il semble que les troubles des personnes autistes se manifestent
différemment selon les espaces dans lesquels ils s’actualisent. Sont donc sélectionnés des
lieux représentatifs d’une journée type, comparables d’un établissement à l’autre et
représentant une diversité de forme d’utilisation (libre, réglementée, encadrée), d’usagers
(espaces collectifs, individuels), d’activités (repas, temps libre, repos, activités encadrées…),
et des lieux problématiques facteurs de troubles potentiels (transition204, circulation). Ces
espaces sont tous différents (de part les usages et activités qui y sont réalisés) et ils
204
Les transitions pourraient générer des moments difficiles pour les personnes autistes.
69
représentent tous des moments clefs d’une journée dans l’établissement. Comme évoqué
précédemment, les cliniciens relient directement via leurs questionnaires aussi bien
l’apparition que l’intensité de certains troubles aux espaces qui sont caractérisés d’un point de
vue architectural.
L’espace/temps de repas en salle à manger
Il s’agit d’un temps important, structurant dans le déroulement d’une « journée type» qui
permet de mettre en valeur les caractéristiques de périodes de la vie quotidienne, se répétant à
plusieurs reprises de la journée. Les temps de repas sont des temps collectifs qui ont
vraisemblablement des conséquences sur le comportement de personnes souffrant de troubles
des interactions sociales.
L’espace/temps libre
Il s’agit d’espaces dont l’accès est libre et sans contrôle. Des espaces où chaque résident
choisit de se rendre et où il peut effectuer diverses tâches (télévision, détente…).
Les espaces d’activités
Nous avons retenu deux types d’espaces / temps d’activités. Les personnes atteintes de
troubles autistiques semblent présenter des incapacités à répondre et trier les stimuli
provenant de leur environnement et semblent avoir une perception accrue de certains d’entre
eux. L’espace/temps d’activités est un moment où différentes stimulations peuvent être en jeu
et où la capacité d’attention l’est également. Nous avons choisi pour chaque établissement
d’évaluer un temps d’activités manuelles et un temps d’activités motrices car il s’agit de deux
types d’activités qui ne font pas appel aux mêmes capacités.
L’espace/temps de retrait (la chambre)
La chambre représente le lieu de l’intimité et est un espace de retrait où les résidents peuvent
se mettre temporairement à l’abri de la situation groupale et à l’abri d’un trop plein de
stimulations. Il s’agit en général d’un espace individuel.
L’espace sanitaire principal et l’espace de toilette principal
Les retours d’expériences des professionnels ont placé ces espaces comme étant des lieux
fondamentaux dans le quotidien d’une personne autiste. Ce sont à la fois de lieux où beaucoup
de troubles se manifestent et également des lieux qui peuvent constituer de véritable espace /
temps de retrait pour certains résidents qui peuvent d’ailleurs rester des heures prostrés dans
ces lieux. Les sanitaires sont également le lieu de la disparition qui peut parfois être difficile à
supporter pour certains autistes. Par ailleurs la potomanie est également un trouble
fréquemment associée à l’autisme.
70
Les circulations et parcours
Les circulations sont d’une part des espaces où différents comportements peuvent avoir lieu :
comportement exploratoire, déambulation. D’autre part ce sont les véritables espaces de
parcours et de changements. Nous mesurons ces circulations et changements sous l’angle de
quatre parcours types.
de la chambre à la salle à manger
de la chambre à l’espace-temps libre
de la salle à manger à la salle d’activités manuelles
de la salle à manger à la salle d’activités motrices
Comme nous l’avons souligné précédemment, les moments de transition, de changement
semblent être des temps particulièrement difficiles à vivre pour les personnes autistes. Nous
avons pu constater que dans tous les établissements visités des espaces spécifiquement dédiés
à l’entrée dans l’unité sont aménagés. Ce sont dans ces lieux que les résidents peuvent laisser
leurs effets personnels dont ils n’ont pas besoin à l’intérieur (manteaux, chaussures…). Ces
espaces peuvent être assez variables dans leur composition, il nous est donc apparu pertinent
de les intégrer à notre protocole par le biais des parcours. La circulation de l’hébergement est
également mesurée.
Le schéma (Figure 3) ci-dessous donne un aperçu de la répartition de ces espaces/temps dans
l’espace.
Figure 3 : Une unité d’hébergement
Source : Charpentier Architectes – Foyer d’Accueil Médicalisé pour adultes autistes (St Sever 14380).
71
III.2 Construire les descripteurs de l’espace
architectural
III.2.1 Différents degrés de variables
Les descripteurs mis en place pour le volet architectural sont de plusieurs ordres et concernent
à la fois l’analyse morphologique, surfacique et d’ambiance de l’établissement. Ces
différentes catégories de descripteurs sont divisées en variables qui sont-elles même divisées
en modalités. Pour caractériser le cadre bâti d’une personne autiste nous avons pris en
considération différents degrés de variables qui représentent différentes échelles de leur cadre
quotidien. Les variables « globales» permettent d’apprécier le contexte fonctionnel, spatial et
historique de l’établissement et de l’hébergement. Les variables « locales» permettent quant à
elles de décrire l’espace en considérant les enjeux de fonctionnement d’un établissement selon
une journée « type » (activités réalisées quotidiennement et espaces qui leur sont dédiés).
Elles sont centrées sur les espaces/temps types identifiés précédemment.
III.2.1.1 Les variables « globale »
Les variables informatives
Les variables dites « informatives » pourront être mobilisées lors de l’interprétation des
résultats ; ce sont des variables contrôlées. Ces variables sont déterminées soit via le « projet
d’établissement » soit lors de l’entretien préparatoire avec le directeur de l’établissement.
Elles renseignent sur :
Le lieu d’implantation : la commune, le département et la région,
Le gestionnaire du projet – maitre d’ouvrage (l’association qui a en charge et qui a été
à l’origine de la création du bâtiment),
L’architecte maitre d’œuvre,
Le type de gestion : Foyer d’Accueil Médicalisé ou Maison d’Accueil Spécialisée.
Les variables contexte
Ces variables permettent d’apprécier l’établissement dans son contexte :
Fonctionnel : le contexte fonctionnel est caractérisé à partir de variables qui
permettent d’appréhender la capacité d’accueil de l’établissement, le nombre d’unité
d’hébergement différentes, le nombre de lieux d’activités…),
Spatial : Pour caractériser l’environnement sonore proche de l’établissement nous
nous sommes basé sur des mesures « physiques » et sur une évaluation experte. Les
mesures « physiques » ont été réalisées avec un sonomètre en différents points (quatre
à cinq points représentatif de l’environnement sonore) à partir desquels des moyennes
spatiales et des valeurs maximum et minimum ont été calculées. Les mesures ont été
72
effectuées durant 1 minute. Ces mesures « physiques » ont donc un caractère ponctuel
présentant une faible représentativité et justifiant le recours à une évaluation experte
en complément. L’évaluation experte quant à elle est basée sur l’identification des
sources potentielles et sur le ressenti du chercheur par rapport aux bruits présents dans
l’environnement proche et permet d’apprécier « l’ambiance sonore » sur une échelle à
quatre valeurs : 4. environnement proche bruyant, 3. plutôt bruyant, 2. relativement
calme, 1. très calme. Le site d’implantation a également été apprécié à travers la prise
en compte du relief et de la mitoyenneté de l’établissement et à partir d’une
description de l’environnement visible depuis l’établissement (résidentiel,
paysager…).
Historique : quelle est la période de création de l’établissement ? Y a-t-il eu des
réhabilitations depuis sa création ? L’établissement a-t-il été conçu et pensé
spécifiquement pour l’accueil de personnes autistes ?
Les variables d’organisation, de structuration de l’unité d’hébergement et
de l’établissement
Ces variables doivent nous permettre d’appréhender notamment le fonctionnement de la partie
d’hébergement, avec des données propres à la densité de personnes accueillies dans l’unité
d’hébergement évaluée. Des variables caractérisant la structuration de l’unité sont également
retenues comme : le nombre de niveaux accessibles, le nombre de chambres accessibles par le
même accès, la présence d’espace ou les résidents peuvent contrôler les stimulations comme
dans les salles Snoezelen205
(Figure 4) ou des espaces de retrait (salle d’apaisement) au sein
de l’unité.
Figure 4 : Salle Snoezelen
Source : photographie personnelle.
205
Une salle Snoezelen correspond à un espace multi sensoriel au sein duquel il est possible de contrôler les
différents stimuli séparément et qui peut être associée à la prise en charge des personnes autistes.
73
Les variables surfaciques globales
La mesure des surfaces permet de déterminer les espaces réellement accessibles aux résidents
(surface intérieure accessible librement de l’unité, surface de circulation dans la partie
hébergement, surface totale hors unité dédiée aux activités encadrées, surface totale dans
l’unité dédiée aux activités encadrées). Sont également retenues des variables concernant les
surfaces de jardin et espace vert qui sont offertes et accessibles aux résidents (surface de
jardin accessible librement, surface de jardin totale). Ces variables peuvent renseigner sur la
liberté de circulation, sur les espaces qui pourraient favoriser les déambulations. Toutes ces
données ont été mesurées à l’aide des plans de l’établissement et de relevés métrologiques.
Les variables repères
L’importance du repérage, de la lisibilité et la de la prévisibilité ressort des travaux existants
(prévoir les activités se déroulant dans un espace donné). Il en va ainsi pour les personnes
autistes des séquences et de la structuration du temps et des activités. Nous proposons de
mesurer ces aspects en prenant en compte les variables suivantes :
La structuration spatiale en fonction des usages selon trois modalités : la présence
d’un seul espace avec différents usages sans sous division, la présence d’un seul
espace avec différents usages et des sous divisions, ou bien un espace associé à chaque
usage.
La présence de repères temporels comme des emplois du temps et/ou des repères
spatiaux tels que des pictogrammes (Figure 5).
Figure 5 : Exemples de pictogrammes fixés au mur
Source : photographie personnelle.
74
La présence de codes de couleur (Figure 6) en fonction des différentes unités ou
encore la présence de codes de couleur sur les portes de l’hébergement et/ou de lieux
d’activités pour permettre d’anticiper les fonctions qui vont se dérouler dans un lieu.
Figure 6 : Exemple de code de couleurs sur les portes
Nota : les portes des chambres sont rouge, en jaune les salles de bain, en bleu les locaux
techniques)
Source : photographie issue du site internet de l’établissement l’Arboretum en Belgique206
III.2.1.2 Les variables locales
Il s’agit de variables qui ne sont plus centrées sur le contexte, l’environnement et
l’organisation de la structure (globale) mais sur l’espace architectural en tant que tel. Il s’agit
de regarder le fonctionnement d’un établissement dans le cadre d’une journée « type » d’une
personne autiste (activités réalisées quotidiennement et les espaces qui leurs sont dédiés).
Les variables transitions et limites – parcours types
Les parcours types présentés précédemment (cf. partie III.1.2 p.68) ont été analysés sous
l’angle des changements effectués durant le cheminement. Les changements sont caractérisés
par leur nature, leur nombre et par l’importance des changements effectués car les données
cliniques font ressortir les difficultés à supporter des flux d’informations trop nombreux. Les
paramètres retenus et mesurés portent sur les matériaux (texture, température ressentie), les
hauteurs, les teintes (tonalité, obscurité et saturation) et les motifs. Nous avons également
considéré la distance parcourue par chaque résident à l’intérieur et à l’extérieur de
l’établissement, si les résidents doivent changer d’étage, quitter leur unité et/ou passer par
l’extérieur. L’étude des parcours nous permet à la fois d’aborder les concepts de changement
mais également de transition entre pièces à partir d’une analyse précise des homogénéités
entre les espaces d’arrivées et de départs.
Pour cela nous avons caractérisé les différences de matériaux, hauteur, teintes entre :
la chambre : et la circulation ou la pièce directement en contact,
206
URL : http://www.arboretum.be/index.php?option=com_content&task=view&id=17&Itemid=70.
75
la salle à manger : et la circulation ou la pièce directement en contact,
l’espace détente : et la circulation ou la pièce directement en contact,
la salle d’activité motrice : et la circulation ou la pièce directement en contact,
la salle d’activité manuelle : et la circulation ou la pièce directement en contact,
La nature des transitions entre les pièces (pièces : séparées, en communication directe ou bien
confondues) et l’extérieur (balcon couvert/découvert, terrasse couverte/découverte, absence
d’accès sur l’extérieur…) est également appréhendée.
Les variables d’utilisation
Pour chacun des espaces considérés (se référer à ce propos au paragraphe présentant les
pièces caractérisées p.68) nous avons retenu comme variable la forme d’utilisation (libre ou
réglementée), la fréquence d’utilisation (nombre d’heure moyen par semaine et par résident –
questionnaires rempli par le personnel), le nombre maximum d’utilisateurs simultanés et le
nombre d’activités réalisées dans la pièce (une ou plusieurs). Nous avons intégré ces variables
car le nombre de personnes en présence et la possibilité d’utiliser un espace librement
pourraient sans doute influencer le sentiment de contrôle sur l’environnement et la possibilité
d’en faire un espace appropriable. Nous avons également introduit des variables relatives à la
délimitation de la pièce : s’agit-il d’un espace clairement délimité ? Est-ce que la pièce à un
rôle distributif (c’est-à-dire est ce qu’elle permet l’accès à d’autre pièce) ? Ces variables sont
déterminées via le « projet » d’établissement, par questionnaire ou par observations du
fonctionnement lors de nos prises de mesures.
Les variables dimensionnelles et morphologiques
Il s’agit de caractériser la dimension de la pièce dans les trois dimensions de l’espace et ce en
tenant compte également du nombre d’utilisateurs (surface de la pièce, surface de la pièce par
résident, hauteur sous plafond maximum et minimum, différence entre hauteur maximum et
minimum, volume de la pièce, étalement, compacité…). Ces dimensions ont été mesurées
grâce aux plans et par des mesures complémentaires sur place à partir d’un relevé
métrologique. Certaines de ces mesures ont fait l’objet d’une réflexion sur la manière de les
appréhender (notamment l’étalement et la compacité de la pièce). Ainsi des variables ont été
construites spécifiquement pour mesurer ces deux aspects.
L’étalement (Figure 7) a été appréhendé à partir de la formule suivante :
√
Avec :
E : Étalement, nombre sans dimension
P = Périmètre, en mètre
S = Surface au sol, en m2
76
Il est possible de voir (Figure 7) que lorsque le rapport est égal à 4 alors il s’agit d’un carré.
Plus on s’éloigne de 4 plus la pièce est différente d’un carré et plus elle peut être considérée
comme étalée.
Figure 7 : L’étalement
Source : illustration personnelle.
Pour déterminer la compacité d’une pièce nous nous sommes basé sur la formule suivante :
√
Avec :
C : Compacité, nombre sans dimension
S : Surface au sol, en m2
V : Volume, en m3
La Figure 8 illustre la compacité d’une pièce et le calcul qui lui est associé. Le cas de figure
n° 1 présente le cas où la compacité est égale à 1 : la hauteur est égale à la racine carrée de la
surface. Une pièce cubique entre dans cette catégorie. Le cas de figure n°2 correspond au cas
où la hauteur est importante par rapport à la surface, le rapport est alors inférieur à 1 et enfin
le dernier correspond aux situations ou la hauteur est faible par rapport à la surface, le rapport
est alors supérieur à 1. Autrement dit, plus on est proche de 1 et moins la pièce est tassée en
termes perceptifs, la compacité représente le sentiment d’écrasement vertical. Une pièce
classique se situe aux alentours d’une compacité de 1,1 pour une chambre, de 1.4 pour un
salon d’un logement « standard » par exemple.
Sont ajoutées à toutes ces variables des mesures permettant de caractériser la présence de
murs courbes, de cloisons amovibles et des mesures relatives au traitement du plafond
(présence de poutres apparentes, de plafonds en pente, de voutes...).
77
Figure 8 : La compacité
Source : illustration personnelle.
78
Les variables de la perméabilité
La perméabilité de l’espace, la capacité d’une « architecture » à réduire la possibilité d’être
surpris, ou de surveiller son environnement semblent être des éléments importants pour une
personne autiste comme nous avons pu le constater par l’extraction du consensus et durant les
visites tests avec le collège d’experts « approche non neurotypique ». Différentes variables
sont construites spécifiquement pour caractériser la perméabilité d’une pièce (Figure 10) :
le pourcentage de pièce toujours visible,
le nombre d’angles d’où la pièce est entièrement visible,
la « surface imperméable totale » d’une pièce qui correspond au total des surfaces non
visibles depuis chaque angle,
le nombre et la surface de cachettes depuis l’entrée,
Nous mesurons également :
La quantité d’angles rentrant et sortant par pièce afin d’avoir des données concernant
la forme de la pièce et la possibilité de se cacher. Initialement les angles permettant la
cachette et les angles plus petits mais permettant de se blesser ont été distinguées
(Figure 9).
Figure 9 : les angles
Source : illustration personnelle.
Le nombre d’accès dans la pièce (source d’où une personne peut jaillir). Nous avons
distingués trois type d’accès : les accès de la pièce sur l’extérieur, ceux auquel les
personnes autistes peuvent avoir accès à l’intérieur de la pièce et ceux qui sont
exclusivement accessible pour le personnel encadrant et éducatif à l’intérieur de la
pièce.
- Nombre d’angles rentrants permettant la cachette d’une personne : 5
- Nombre d’angles sortants liés aux cachettes: 1
- Nombre d’angles rentrants total : 6
- Nombre d’angles sortants total : 3
79
Figure 10 : La perméabilité d’une pièce et les zones de cachette
Source : illustration personnelle.
80
Différentes variables ont été élaborées pour caractériser la perméabilité de plusieurs pièces
en contact les unes avec les autres (Figure 11) :
la perméabilité physique renvoie aux zones de contacts sonore, visuel et olfactif avec
une autre pièce (demi-cloison, mezzanine délimitant une autre pièce),
la perméabilité visuelle correspond aux zones de contact visuel permanent avec une
autre pièce (éléments permettant le contact visuel mais pas olfactif et sonore : fenêtre
intérieur par exemple, les portes ne sont pas considérées).
La perméabilité visuelle avec l’extérieur correspond aux zones de contact avec
l’extérieur de la pièce, par exemple les parties de jardin qui permettent une vision sur
la pièce ou les espaces de la pièce qui pourraient permettre de surveiller des personnes
situées à l’extérieur.
Figure 11 : Perméabilité de plusieurs pièces en contact
Source : illustration personnelle.
81
Les facteurs d’ambiances
Une dernière catégorie de variables constituées de cinq domaines permet de décrire
l’ambiance des espaces/temps types (la lumière, la thermique, la couleur, les matériaux et
l’acoustique).
Les variables liées à l’éclairage – confort visuel
En ce qui concerne l’éclairage, il ressort des travaux existants l’importance et l’impact à la
fois de l’éclairage naturel et de l’éclairage artificiel.
Pour l’éclairage naturel nous avons retenu une approche de type « experte »207,208
, nos temps
d’observation sur place n’étant pas suffisamment longs pour obtenir des mesures
représentatives et comparables entre elles : conditions climatiques, saisons et horaires
d’observations différents. Trois critères sont retenus pour effectuer des évaluations du confort
lié à l’éclairage naturel : la quantité de lumière du jour, l’homogénéité et la distribution de la
lumière, et la luminance (des rapports de luminance trop faibles donnent une sensation de
monotonie et trop forts ils peuvent provoquer un sentiment d’éblouissement). Ces trois
critères sont influencés notamment par :
la présence de masques (proches ou lointains), de contrôle fixe ou mobile (permettant
de moduler l’apport de lumière naturelle).
la position (zénithale, latérale, hauteur de l’allège…) la dimension (à partir de la
surface vitrée totale dans la pièce, du pourcentage de vitrage, de la surface vitrée par
rapport au volume de la pièce et par rapport à sa surface), l’orientation (surface de
vitrage au nord, sud, est et à l’ouest) et la forme des ouvertures.
les décrochés de façade,
les dimensions du local concerné,
l’aménagement intérieur (mobilier, cloisons intérieures),
les matériaux et couleurs des parois et sols (les parois claires favorisent la
transmission et la répartition homogène de la lumière).
Nous avons également évalué si la pièce est faiblement lumineuse, moyennement lumineuse
ou très lumineuse et s’il y a des différences de lumière entre les différentes zones de cette
pièce.
La quantité de vitrage dans la pièce au-delà, de permettre d’appréhender si la pièce est
lumineuse, permet également de caractériser les zones de distractions visuelles potentielles.
Nous avons donc noté également ce qui était visible depuis chacune des pièces évaluées.
Concernant l’éclairage artificiel il nous semble important de prendre en compte des variables
permettant de caractériser la possibilité de contrôler son environnement lumineux avec par
exemple la présence de système permettant un ajustement de l’éclairage artificiel (variateur de
207
BODART M., et DENEYER A. 208
URL : http://www-energie.arch.ucl.ac.be/eclairage/accueil.htm.
82
lumière ou présence de circuits autonomes sur appliques et/ou plafonnier). Les personnes
autistes pourraient être sensibles à certains types d’éclairage instable209
, c’est pour cela qu’il
nous semble important de caractériser les types de luminaires utilisés et également leurs
emplacements et leur quantité.
Les variables relatives aux matériaux
Les matériaux seront décrits pour les sols, portes et murs selon plusieurs grandeurs : leur
dureté, la température ressentie au touché, la texture (lisse / rugueuse). Ces aspects renvoient
aux sensations tactiles. Ces grandeurs semblent importantes à considérer du fait de l’hyper ou
hypo sensibilité tactile de certaines personnes autistes. Par ailleurs, la résistance et la dureté
des matériaux peuvent jouer sur la sécurité des personnes et sur leur solidité. Ces mesures
sont réalisées in situ par observation et en tenant compte des critères de conductivité des
matériaux. Nous notons également la typologie des matériaux (par exemple du carrelage,
parquet pour les sols ou du crépi, de la peinture avec de la toile de verre, de la tapisserie pour
les murs). Nous mesurons l’utilisation de plusieurs matériaux et la différence de matériaux
d’une zone à l’autre avec les mêmes considérations de variabilité que pour les couleurs
(différence de matériaux dans la pièce).
Les variables colorimétriques
On peut émettre l’hypothèse que « l’ambiance colorimétrique » d’une pièce pourrait avoir une
influence sur les stimulations et sur l’apaisement émotionnel et sensoriel. Une couleur peut
être caractérisée par trois critères210
et c’est selon ces trois paramètres que nous avons décrit
les couleurs utilisées pour les sols, murs, plafonds et portes. Ces critères sont :
La tonalité chromatique (gamme chromatique de la couleur) : jaune, orange, rouge…
L’aspect obscur ou clair (capacité de l’échantillon coloré à renvoyer plus ou moins de
lumière).
La saturation qui correspond à la teneur en couleur.
Pour mesurer objectivement ces grandeurs nous avons créé un nuancier de référence, à l’aide
d’un logiciel211
- le chromograf - selon les trois critères évoqués précédemment. Les couleurs
sont mesurées in situ dans chaque établissement à l’aide de ce nuancier. La saturation et
l’obscurité sont mesurés sur échelle allant de 0 à 100% (100% correspond à des couleurs
fortement saturées ou foncées/obscures). Le nuancier contient 36 palettes différentes (dont la
Figure 12 donne un aperçu) qui illustrent toutes une tonalité différente. Chaque palette
contient dix valeurs d’obscurité possibles (sur l’axe vertical) et 11 valeurs de saturations
possibles (sur l’axe horizontal).
209
COLMAN R-S. et al. (1976). 210
L’espace de couleur de MUNSELL A., peintre américain à l’origine d’un atlas de la couleur, est constitué de
trois axes : un axe pour la valeur qui correspond à l’échelle des gris, un pour la teinte et un ou l’on trouve la
saturation ou chroma. 211
URL : http://pourpre.com/chromograf/index.html.
83
Figure 12 : Les trente-six palettes de couleurs
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel « Chromograf »
Chaque couleur est donc représenté par une combinaison : une lettre pour la tonalité, une
valeur pour la saturation et une valeur pour l’obscurité. Dans l’exemple présenté ci-dessous
(Figure 13) la couleur A-2-3 correspond à une tonalité chromatique rouge, une saturation de
13,5% (ce qui est faiblement saturé) et une valeur de 25% pour l’obscurité (ce qui est
relativement clair). Il y a dans le nuancier 3960 combinaisons possibles.
Figure 13 : Une planche de couleurs
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel « Chromograf ».
Très Saturée
Très Claire
Tonalité Chromatique = rouge
100
0
10
20
30
100
Très Obscure
Faiblement Saturée
0
A-2-3
84
Pour la saturation et l’obscurité nous avons mesuré dans chaque pièce pour les sols, murs,
plafond et portes :
L’obscurité maximum, l’obscurité minimum et la différence entre l’obscurité
maximum et minimum
La saturation maximum, la saturation minimum et la différence entre la saturation
maximum et minimum.
A ces variables nous avons ajouté des variables permettant d’apprécier :
L’utilisation de motifs (Figure 14) : Pour décrire les motifs nous avons dans un
premier temps retenu deux grandes familles de variables. Une première relative à la
nature des motifs (figuratifs, abstraits répétitifs ou non), une deuxième relative à la
fréquence de motifs (isolés / fréquent).
Figure 14 : Les motifs
De gauche à droite : Motifs figuratifs non répétitifs, Motifs figuratifs répétitifs, Motifs
abstraits répétitifs, Motifs abstraits non répétitifs)
Source : photographies personnelles et photographies issues de sites internet212
.
La différence de traitement d’une zone à l’autre (Figure 15) : Il s’agit de zone de
couleurs différentes dans la pièce. Par exemple une pièce présentant un mur vert et les
autres murs blancs présente une différence de traitement entre ces deux zones.
L’utilisation de plusieurs couleurs (Figure 16) : il peut y avoir plusieurs couleurs et
aucune différence de traitement d’une zone à l’autre. C’est le cas quand la pièce est
traitée intégralement de la même manière mais avec plusieurs couleurs (par exemple
l’utilisation de plusieurs couleurs sur le même mur).
212
URL : http://www.monuniverspapier.fr/papier-japonais-chiyogami-yuzen/79-papier-japonais-chiyogami-
yuzen-fond-vert-anis-impression-de-motifs-floraux-violets-et-oranges.html et URL :
http://us.cdn4.123rf.com/168nwm/pushinka/pushinka1309/pushinka130900050/22577398-illustration-de-motif-
abstrait-en-noir-et-blanc-g-om-trique-transparente.jpg.
85
Figure 15 : Exemples de différences de traitements d’une zone à l’autre
Source : photographies personnelles.
Figure 16 : Utilisation de plusieurs couleurs dans la même zone
Source : photographies personnelles.
Les variables liées à la thermique – confort thermique
L’évaluation de l’ambiance thermique du bâtiment a été incluse au protocole de
caractérisation architecturale suite aux retours du collège d’expert représentant les usagers.
Nous avons étudié les paramètres pouvant influencer le confort
thermique213,214,215,216,217
(certains de ces paramètres sont également des facteurs qui
influencent d’autres critères comme l’éclairage, ces variables sont donc considérées une seule
fois dans la base de données) :
L’implantation du bâtiment comme son orientation, le relief proche et la déclivité du
terrain, la mitoyenneté, le lieu où se situe l’établissement.
La construction du bâtiment à travers les matériaux utilisés (qui peuvent influencer
l’inertie thermique), la taille, la quantité et l’organisation des ouvertures (ex caractère
213
ROULET C-A. (2008). 214
CSST (2004). 215
CERTU, et CETE de Lyon (2003). 216
MINISTERE DU LOGEMENT. (2009). 217
MINISTERE DE L’EMPLOI DE LA COHESION SOCIALE ET DU LOGEMENT. (2007).
Photographie non communicable
Photographie non communicable
86
traversant), la présence d’occultations fixes ou mobiles, la présence d’espaces tampons
tel que des vérandas, caves, combles…
Les équipements techniques comme le système de production et de distribution de
chaleur (énergie de chauffage, système d’ajustement, chauffage au sol, mural…), la
présence ou non d’un système de production et de distribution de froid (climatisation)
et le système de ventilation (naturelle ou mécanique : simple, double flux).
Comme pour l’éclairage, l’ambiance thermique a été évaluée à partir d’une approche
« experte », une campagne de relevés métrologiques ne pouvait être mise en œuvre
efficacement. En effet on comprend aisément que les mesures thermiques sont très
dépendantes de l’époque de l’année où elles sont réalisées et que nous ne pouvions
malheureusement pas contrôler cette distorsion. En plus d’une approche experte nous nous
sommes appuyés pour compléter nos observations sur :
Les connaissances de la personne qui gère les travaux courants de la structure. Cette
personne nous a renseignée sur les équipements en place (chauffage central,
thermostatique…).
L’avis de professionnels sur le confort thermique l’été et l’hiver dans les différentes
pièces à travers un questionnaire pour recueillir leur ressenti.
Les connaissances du personnel encadrant pour savoir s’il était possible d’accéder à la
régulation des radiateurs dans la pièce et si tel était le cas si les résidents utilisaient ou
non cette régulation (leur permettant de moduler librement l’ambiance thermique).
Ainsi, nous avons - par pièce - sept variables permettent d’évaluer l’ambiance thermique :
La présence ou l’absence d’un système de climatisation,
La possibilité ou non de réguler la température de la pièce indépendamment des
autres pièces.
La possibilité d’accéder librement à la régulation des radiateurs depuis la pièce?
L’utilisation ou non par les résidents de ce système de régulation ?
La typologie et l’emplacement du système de chauffage à travers plusieurs modalités
(chauffage au sol, chauffage par convecteur mural, parois rayonnantes…)
La notion de confort thermique l’hiver - pièce froide ou légèrement froide ?
La notion de confort thermique l’été - pièce chaude ou légèrement chaude ?
Les variables acoustiques,
Comme le mettent en avant les théories récentes et les divers témoignages, les personnes
autistes pourraient avoir un fonctionnement sensoriel atypique. Les retours du collège
d’experts « Asperger » et les éléments du consensus font ressortir les paramètres de
l’ambiance sonore parmi les critères les plus susceptibles d’influencer les troubles autistiques.
C’est pour cette raison que nous avons associé un acousticien à l’équipe et que nous
consacrons une partie importante de notre travail à ces aspects. Pour caractériser le cadre
sonore, nous sommes allés au-delà d’une évaluation experte (approche retenue pour évaluer
les paramètres d’ambiance relatifs à la thermique et l’éclairage) en ayant recours à un relevé
métrologique. Lorsque l’on souhaite caractériser la thermique ou encore l’éclairage il est
87
possible de mobiliser une approche experte en appréhendant l’ambiance à partir des fenêtres
et des équipements notamment, alors que pour caractériser l’ambiance acoustique il est plus
délicat de recourir à des connaissances expertes sans utiliser d’instruments de mesures. Au
niveau sonore, nous allons nous centrer sur les dimensions dépendantes de l’architecture. Un
architecte ne peut pas intervenir sur la source d’un bruit (quelqu’un qui crie, une moto). En
revanche certaines caractéristiques architecturales peuvent améliorer ou au contraire accentuer
la gêne liée à ces manifestations sonores. Des solutions peuvent être employées pour rendre
une pièce moins réverbérante à certaines fréquences ou pour diminuer le niveau sonore entre
la source d’émission et le local de réception.
Un son pur peut être caractérisé par son niveau de pression exprimé en dB ou dB(A) et par sa
fréquence. Il existe différents types de bruits, qui sont liés à différentes manifestions comme
le bruit des occupants (cris, paroles…), le bruit des équipements (ventilation, chauffage,
ascenseurs, sanitaire….), le bruit des appareils spécifiques et le bruit extérieurs aux bâtiments.
Un bruit est un mélange de sons ayant des fréquences et des niveaux différents. La fréquence
est exprimée en Hertz. Les sons paraissent plus aigus quand ils ont une fréquence élevée et
plus grave quand leur fréquence est basse. Les fréquences audibles sont situées entre 20Hz
(infrasons fréquences inférieures) et 20.000Hz (ultrasons fréquences supérieures). L’oreille
humaine n’a pas la même sensibilité à toutes les fréquences audibles : elle est en effet peu
sensible aux fréquences graves (20-400Hz) alors qu’elle est plus sensible aux fréquences
médium (400-1600Hz) et aigues (1600Hz – 20.000Hz)218
. Le dB(A)219
est une pondération
fréquentielle qui tient compte du fait que la plupart des individus perçoivent les sons à haute
fréquence (aigues) plus fort que ceux à basse fréquence (grave). Il s’agit d’un indice basé sur
la physiologie qui pondère la mesure physique en fonction de ce qui est ressenti par l’oreille
humaine.
Nous retenons trois types de mesures définies ci-dessous (pour les situations types) pour
lesquels nous avons établi un protocole de caractérisation, qui se réfère aux normes
acoustiques en vigueur220,221,222
et qui tient compte des exigences imposées par notre terrain
d’étude. L’ensemble de ces mesures est réalisé sur place avec un sonomètre. Une source de
bruit (bruit blanc contenant la même énergie à toutes les fréquences) est également utilisée
pour certaines mesures. Les trois types de mesures acoustiques retenues sont :
Le bruit de fond des pièces en situation proche du «fonctionnement normal » (qui est
exprimé en dB(A)) : l’objectif de cette mesure est de caractériser le bruit de fond de la
pièce sans les utilisateurs lorsque que l’établissement est en fonctionnement, ces
mesures ne doivent pas être effectuées la nuit (ex : bruit de chariot dans les couloirs,
bruit d’équipements en fonctionnement qui pourraient être éteints la nuit mais qui
218
CERTU; et CETE de l'Ouest (2003). 219
MOURET J-R., et VALLET M. (1992). 220
AFNOR, (1998) Norme NF EN ISO 140-5. 221
AFNOR, (2010) Norme NF EN ISO 3382-2. 222
AFNOR, (1998) Norme NF NF EN ISO 140-4.
88
caractérisent le bruit de fond d’une pièce durant son fonctionnement diurne).
L. Hamayon223
a défini des niveaux de bruits type de certaines pièces : un restaurant
très bruyant se situe à 70dB(A), un grand magasin autour de 60 dB(A), une
conversation normale perçue à 3 mètre à 50 dB(A) et un appartement tranquille à 30
dB(A).
Le temps de réverbération224
: La mesure des temps de réverbération permet de
déterminer le temps que le son met pour décroitre de 60 dB suite à l’arrêt d’une
source225.
L’unité de mesure du temps de réverbération est la seconde. Le temps de
réverbération dépend notamment de la taille du local considéré, de la surface et la
nature des matériaux utilisés et de la hauteur sous plafond. Les temps de réverbération
peuvent renvoyer aux notions de « résonnant » ou de pièce « feutrée ». Le temps de
réverbération recommandé aux fréquences médium pour une salle de concert de
musique orchestrale d’un volume de 50000 m3 est de 2,8 secondes et pour une salle de
réunion de 100 m3 de 0,5 secondes
226 par exemple.
L’isolement acoustique227, 228
: les mesures d’isolement ont pour objectif de
caractériser la différence de niveau acoustique entre le lieu d’émission d’une source et
le lieu de réception du bruit (différence de niveau sonore de part et d’autre d’une paroi
séparant un lieu d’émission contenant une source sonore et le lieu d’étude, dit lieu de
réception, où s’est propagé le bruit). Les bruits sont enregistrés durant 10 secondes en
différents points de la pièce d’émission et de réception. Il s’agit de localiser les locaux
d’émission stratégiques et représentatifs (sources de bruit potentiel, changement de
nature de parois…). Les isolements des pièces retenues seront mesurés par rapport aux
pièces voisines et par rapport à l’extérieur.
Pour une meilleure fiabilité des résultats, les mesures sont réalisées en différents points à
partir desquels des moyennes spatiales sont calculées. Pour les trois catégories de mesures, les
mêmes positions de microphones sont retenues : 5 positions situées à 1m des surfaces
réfléchissantes, à plus de 2m de la source et distantes entre elles (au moins 0,7m entre chaque
position). Pour les temps de réverbération deux positions de sources sont utilisées. Les
mesures acoustiques sont réalisées pour chaque établissement dans la salle à manger, dans le
salon, dans la salle d’activités manuelles et dans la salle d’activités motrices. La Figure 17
illustre, à partir d’un cas théorique le protocole de caractérisation acoustique qui a été mis en
place dans les 20 structures partenaires. Pour toutes les mesures effectuées in situ nous avons
retenu des valeurs globales (large bande : une seule valeur pour tout le spectre) et le détail des
valeurs en fonction de la fréquence (spectre de bruit de fond par exemple). Le spectre d’un
bruit est : « la représentation graphique de l’évolution de l’amplitude des composantes d’un
223
HAMAYON L. (2010). 224
AFNOR, (2010) Norme NF EN ISO 3382-2. 225
ROULET C-A. (2008). 226
HAMAYON L. (2010). 227
AFNOR, (1998) Norme NF NF EN ISO 140-44. 228
AFNOR, (1998) Norme NF EN ISO 140-5.
89
son, en général complexe, en fonction de la fréquence.»229
Nous retenons, pour les valeurs
large bande les valeurs moyennes, leur écart type et les valeurs maximum et minimum.
Figure 17 : Schéma des mesures acoustiques in situ
Source : illustration personnelle.
La réalisation du recueil de données s’est déroulée du 26 avril 2012 au 25 mai 2013. Une à
deux journées complètes ont été nécessaires pour chaque établissement. Suite à ce travail de
terrain et au croisement avec les données issues des plans et des entretiens, les différents
indicateurs sont calculés (par exemple le calcul de perméabilité des pièces à partir des plans
ou bien des bruits de fond moyen à partir des mesures brutes issues de la campagne de
relevés). Ces variables sont toutes structurées dans une base de données brutes comprenant
2450 variables architecturales230
et qui a été partagée avec les psychologues cliniciens. Tous
ces éléments devaient donc être intelligibles et mobilisables par ces derniers.
229
HAMAYON L. (2010). 230
Nous invitons le lecteur à voir la liste des variables architecturale en annexe (Annexe 1).
90
III.2.1.4 Résumé des variables architecturales
Tableau 3 : Résumé du protocole de caractérisation architecturale
Indicateurs Méthode de recueil des données
Variables informatives Consultation du projet d’établissement, entretiens.
Variables contexte Observation sur le terrain, entretiens, relevés métrologiques
Organisation et structuration de
l’unité d’hébergement et de
l’établissement
Observation sur le terrain et entretiens
Surfaces et espaces accessibles Observations in situ, entretiens via questionnaire.
Repérage, lisibilité, prévisibilité Observations in situ
Forme, fréquence d’utilisation et
nombre d’utilisateurs
Observations in situ et entretiens
Dimensions
Accès aux plans de l’établissement et mesures complémentaires si
nécessaire (Salle à manger, salon détente, salle d’activités manuelles et
motrices, circulations, chambre type, salle de bain et WC).
Morphologie, contenance et
perméabilité
Accès aux plans de l’établissement et observations in situ (Salle à manger,
salon détente, salles d’activités manuelles et motrices, circulations, chambre
type, salle de bain et WC).
Ambiance lumineuse
Expertise par observation et descriptions in situ (Salle à manger, salon
détente, salles d’activités manuelles et motrices, circulations, chambre type,
salle de bain et WC).
Matériaux
Observation et description in situ, critères de conductivité des matériaux
(Salle à manger, salon détente, salles d’activités manuelles et motrices,
circulations, chambre type, salle de bain et WC principaux).
Colorimétrie Observations in situ et utilisation de nuanciers
Ambiance thermique Expertise par observation et mesures in situ et entretien (Salle à manger,
salon détente, salles d’activités manuelles et motrices, circulations, chambre
type, salle de bain et WC principaux).
Ambiance acoustique Relevés métrologiques avec sonomètre : relevés à vide - (Salle à manger,
salon détente, salles d’activités manuelles et motrices)
Variables
Globales
Variables
Locales
Variables informatives
Variables contexte
Variables situations types
- Espace/temps libre,
- Espace/temps de repas,
- Espace/temps d’activités,
- Chambres,
- Salle de bain et WC
- Circulations et parcours,
Organisation et structuration de l’unité
d’hébergement et de l’établissement
Surfaces et espaces accessibles
Repérage, lisibilité, prévisibilité Forme, fréquence d’utilisation
et nombre d’utilisateurs
Dimensions
Facteurs d’ambiances
• Éclairage
• Matériaux
• Colorimétrie
• Thermique
• Acoustique
Perméabilité et possibilité de
surveiller son environnement.
Contexte historique
Contexte fonctionnement
Contexte spatial
91
Chapitre IV. Base de données et
traitement statistique intra-domaine
IV.1 Aspects méthodologiques
La première phase « d’extraction des données » a débouché sur la constitution (à partir des
évaluations cliniques et architecturales) d’une base de données au sein de laquelle sont
déterminées des variables «explicatives», «cibles à expliquer» et «contrôlées » ; l’objectif
final étant d’étudier les dépendances entre les variables architecturales (explicatives) et les
variables cliniques (à expliquer). Pour cela, des méthodes statistiques permettant de traiter un
grand nombre de variables hétérogènes sont utilisées. Dans ces conditions, le choix d’outils
appropriés doit faire l’objet d’une attention particulière. La complexité provient :
D’un grand nombre de variables par rapport à un faible nombre d’individus (148
individus répartis en 20 établissements et plus de 1000 variables primaires constituent
la base initiale).
Des variables de natures différentes. En effet, les variables extraites peuvent être :
Qualitatives ordinales (comme l’évaluation sensible de l’environnement sonore
selon une échelle ordonnée à quatre modalités).
Qualitatives modales (comme la forme d’utilisation de la pièce),
Binaires (comme la présence/absence de murs courbes),
Quantitatives continues (comme la surface de la pièce),
Quantitatives discrètes (comme le nombre de luminaires).
Un premier traitement a été consacré à la description, à la synthèse et à la sélection des
variables architecturales, avec pour objectif d’en réduire la quantité pour pallier au nombre
limité d’individus. Cette réduction est effectuée en regroupant certaines variables pour en
maximiser la variation, en écartant les variables constantes et celles où il y a trop de données
manquantes. Enfin, sont écartées les variables totalement (ou presque) dépendantes les unes
des autres qui mesurent un même phénomène et qui ne semblent pas pertinentes à intégrer
dans un même modèle. L’étude des variables architecturales permet également de décrire le
corpus et la variation des données. Cette phase de statistique descriptive doit permettre de
connaître et comprendre la variation et la répartition de nos données (maximum, minimum,
écart type…) afin d’interpréter et donner du sens aux résultats futurs. Cette étape sera suivie
par la recherche de dépendances entre variables explicatives et variables à expliquer.
92
IV.1.1 Représentation des résultats
Pour décrire et connaître la répartition de nos données, différents outils propres aux
statistiques descriptives sont mobilisés. Nous nous sommes basés sur des représentations
graphiques telles que des histogrammes, des box plot (voir la Figure 18 pour une description
de l’interprétation d’un box plot), des camemberts et sur des calculs : écart type, valeur
maximum, minimum, moyennes, médianes, effectifs par modalités pour les variables modales
ou binaires. Nous avons également étudié l’existence de tendance par pièces : par exemple
certaines pièces sont-elles plus perméables, plus grandes que d’autres?
Figure 18 : Lecture et interprétation d’un « diagramme à moustache » ou « box plot »
Source : illustration personnelle.
Valeur du premier quartile (Q1) = 25% des effectifs qui correspond au trait horizontal inférieur de
la boite,
Valeur du deuxième quartile (Q2) (50% des effectifs qui correspond au trait horizontal à
l’intérieur de la boîte),
Valeur du troisième quartile (Q3) (75% des effectifs) qui correspond au trait supérieur de la boîte.
Les points représentent les individus atypiques ou outliers.
Interprétation : plus le corps de la boîte est petit (intervalles interquartiles) et plus les valeurs
« centrales » sont homogènes. Plus cette partie est grande et plus les valeurs sont hétérogènes ou
dispersées.
Plus les « moustaches » sont étendues et plus les valeurs sont dispersées.
Symétrie de la boîte : Lorsque la boîte est symétrique cela signifie que les valeurs sont bien
réparties. A l’inverse une boîte dissymétrique indique que les valeurs sont mal réparties.
* Nota : la boîte contient 50% des observations. 25% sont situées en haut de la médiane et 25%
en bas de la médiane.
93
IV.1.2 Méthode de sélection des variables
Pour sélectionner, transformer et réduire les variables architecturales nous basons sur des tests
statistiques et également sur les connaissances métiers de certains phénomènes architecturaux.
Cette étape a abouti à la création de deux bases de données architecturales dérivées. Une
première au sein de laquelle sont écartées toutes les variables dépendantes entre elles et
également toutes les variables présentant très peu de variation. Dans la seconde base (moins
réduite) des variables architecturales dépendantes entre elles peuvent être conservées car les
cliniciens et les collèges d’experts pressentent que ces variables pourraient influencer certains
troubles des personnes atteintes de TSA (c’est le cas par exemple des surfaces, des hauteurs et
du volume d’une pièce). Les variables « A » et « B » sont dites indépendantes si le
phénomène associé à A n’a aucune incidence sur le phénomène associé à B. Les outils
statistiques qui sont utilisés permettent d’étudier les liens des variables deux à deux et
également de plusieurs variables simultanément. Nous décrirons ci-dessous, en nous appuyant
sur des exemples concrets les tests statistiques mobilisés pour cette phase de travail. Dans la
base de données la plus réduite, nous conservons automatiquement une seule variable sur les
deux lorsque les coefficients de corrélation sont supérieurs à 0,8 (des coefficients inférieurs à
0,8 peuvent entrainer également la suppression d’une variable sur les deux en s’appuyant sur
les connaissances métiers de certains phénomènes). En revanche, dans la base de données
élargie, nous n’avons pas appliqué de seuil systématique et certaines variables dont le
coefficient est supérieur à 0,8 sont maintenues car on peut faire l’hypothèse que ces variables
pourraient influencer certains troubles comme nous l’avons évoqué précédemment.
Les coefficients de corrélation de Pearson et de Spearman
Les relations existantes entre des variables peuvent prendre différentes formes : linéaire,
monotone231 (Figure 19). Lorsqu’une relation est linéaire elle peut se traduire par une relation
affine (une droite). Lorsque la relation n’est pas linéaire ; la représentation graphique peut
prendre une forme complexe de type sinusoïdale, hyperbolique…Une relation non linéaire
peut être monotone (cas de figure d’une relation exclusivement croissante ou décroissante) ou
non monotone.
Figure 19 : Les relations entre variables
Source : illustration personnelle. 231
RAKOTOMALALA R. (2012).
94
Le coefficient de corrélation de Pearson permet de mesurer l’existence d’une relation linéaire
entre deux variables quantitatives continues. Sa valeur est comprise entre -1 et 1 ; si le
coefficient de corrélation est égal à zéro alors les variables n’entretiennent pas de relations
linéaires entre elles. Ce n’est pas parce que le coefficient est égal à zéro que les variables
concernées sont forcément indépendantes : il peut exister une relation non linéaire, une
relation non directe entre deux variables qui fait par exemple intervenir une troisième
variable. Le coefficient de Spearman, quant à lui, est adapté pour tester les relations non
linéaires monotones. Ce coefficient utilise les rangs des observations et non leur valeur en tant
que telle. Si les valeurs du coefficient de corrélation de Pearson sont supérieures à celles du
coefficient de Spearman, cela peut souvent être lié à des individus atypiques prenant des
valeurs exceptionnelles232
. Si les valeurs prisent par le coefficient de Spearman sont
supérieures à celles prisent par le coefficient de Pearson cela peut provenir de l’existence
d’une relation non linéaire entre les variables233
. L’exemple présenté dans le Tableau 4, à
travers l’analyse des corrélations (coefficient de Pearson) entre les huit variables relatives au
temps de réverbération montre que les valeurs mesurées sur deux largeurs de bande de
fréquence sont très corrélées et que les valeurs du temps de réverbération maximum,
minimum et moyen le sont aussi. Celles de l’écart type sont plus faiblement corrélées avec les
autres. Deux variables permettent donc de résumer l’ensemble et pourront donc être
conservées : le temps de réverbération moyen et l’écart type mesurés sur la gamme de
fréquence 250Hz-10khz.
Tableau 4 : Corrélations entre les huit variables relatives au temps de réverbération
TR
moyen
250Hz-
10kHz
TR E-T
250Hz-
10kHz
TR maxi
250Hz-
10kHz
TR mini
250Hz-
10kHz
TR
moyen
400 Hz -
2,5 kHz
TR E-T
400 Hz -
2,5 kHz
TR maxi
400 Hz -
2,5 kHz
TR E-T 250Hz-10kHz -0,096 - - - - - -
TR maxi 250Hz-10kHz 0,760 0,534 - - - - -
TR mini 250Hz-10kHz 0,959 -0,322 0,607 - - - -
TR moyen 400 Hz -2,5 kHz 0,978 -0,148 0,700 0,946 - - -
TR E-T 400 Hz -2,5 kHz -0,025 0,858 0,485 -0,245 0,005 - -
TR maxi 400 Hz -2,5 kHz 0,730 0,389 0,861 0,593 0,765 0,607 -
TR mini 400 Hz -2,5 kHz 0,960 -0,286 0,628 0,987 0,970 -0,167 0,665
Corrélation entre temps de réverbération moyen, maximum et minimum.
Corrélation entre les mesures sur les bandes de fréquence 400 Hz -2,5 kHz et
250Hz-10kHz.
Corrélation entre écart type, valeurs maximum, minimum et moyenne.
232
URL : http://grasland.script.univ-paris-diderot.fr/STAT98/stat98_6/stat98_6.htm.
233 Ibid.
95
Test de corrélation Bi-sérielle
Les tests de corrélation bi-sérielle permettent d’étudier le degré d’association entre une
variable binaire et une variable quantitative continue. La valeur du coefficient est comprise
entre -1 et 1 (0 correspond au cas de figure où aucune association n’est détectée). L’exemple
que nous présentons (Tableau 5), montre les résultats de la relation entre la variable
quantitative relative à la période de construction de la partie hébergement et la variable
binaire relative à la fonction initiale de l’établissement (l’établissement a-t-il été conçu pour
accueillir des personnes atteintes de TSA ?). Le coefficient de corrélation est très élevé et
négatif (r= -0,890) ce qui indique une relation très forte entre ces deux variables qui varient en
sens inverse. Autrement dit, quand les établissements sont anciens, ils ont été plus rarement
conçus pour accueillir des personnes autistes.
Tableau 5 : Exemple de corrélation bi-sérielle
Période de création de l’établissement/fonction initiale de la structure
r -0,890
p-value (bilatérale) 0,0002
alpha 0,05
Matrice de similarité/dis-similarité : Indice de Jaccard
Pour les relations des variables binaires entre elles, des indices de similarité ou dis-similarité
de Jaccard ont été utilisés. La similarité de Jaccard permet de mesurer pour des données
binaires si deux spécimens ont tous leurs attributs en commun (dans ce cas-là le coefficient est
égal à 1) ou s’ils n’en n’ont aucun (dans ce cas l’indice est égal à zéro.) Si deux variables A et
B caractérisent 8 spécimens : au cas où sept valeurs sur les huit sont communes alors l’indice
de Jaccard est de 7/8 (nombre de données communes/nombre de données totales). Ainsi plus
l’indice est élevé et plus les variables sont similaires, autrement dit plus les variables A et B
ont des valeurs en commun. Le Tableau 6 présente le degré de similarité entre la variable
binaire relative à la forme d’utilisation de la salle à manger (libre ou réglementée) et la
variable binaire relative aux activités réalisées dans la salle à manger (repas seulement ou
repas accompagné d’autres activités). Il est possible de voir que l’indice entre ces deux
variables est élevé (r=0,929), autrement dit quand la forme d’utilisation est libre d’autres
activités sont généralement réalisées dans la pièce.
Tableau 6 : Exemple d’une matrice de proximité (Indice de Jaccard)
Forme d'utilisation Activités réalisées dans la pièce
Forme d'utilisation 1 0,929
Activités réalisées dans la pièce 0,929 1
96
Statistique de Multi-colinéarité
La multi-colinéarité évalue l’existence d’une relation d’interdépendance entre les variables
explicatives. Dans cette situation, il n’est pas possible de mesurer l’impact séparé de ces
variables sur une autre variable à expliquer. La multi-colinéarité parfaite est une combinaison
linéaire parfaite de plusieurs variables explicatives. Il est intéressant de détecter cette multi-
colinéarité pour arrêter de mesurer une variable si elle est suffisamment expliquée par deux
autres qui sont déjà mesurées et présentes dans la base de donnée. Si R2=1 alors il y a une
relation de colinéarité parfaite entre les variables. Dans le Tableau 7 on peut par exemple voir
qu’il existe une relation de multi-colinéarité non parfaite entre les variables. Lorsque la multi-
colinéarité n’est pas parfaite nous conserverons éventuellement les trois variables pour
essayer de détecter laquelle serait la plus influente sur les variables cliniques.
Tableau 7 : Exemple de relations de multi-colinéarité (exemple salle à manger)
Statistique Surface Hauteur maximum Hauteur minimum Volume de la pièce
R² 0,955 0,868 0,164 0,975
Tolérance 0,045 0,132 0,836 0,025
VIF 22,301 7,594 1,197 40,681
97
IV. 2 Statistiques descriptives sur les données
architecturales
La connaissance de la répartition et de la variation des données est importante pour
l’interprétation des corrélations entre les variables architecturales et les variables cliniques,
c’est pour cette raison que les résultats de l’analyse descriptive de notre corpus seront
présentés ci-après en détail. En effet, si une caractéristique architecturale est plus présente
dans une pièce que dans les autres alors son impact pourrait être plus fort sur le
comportement. De la même manière, si dans un certain type d’espace (par exemple les salles
de bain) il y a peu de variations au sein du corpus, il sera plus difficile de pouvoir observer
des effets sur le comportement.
IV.2.1 Contexte
Sur les vingt établissements, 25% (soit cinq) sont gérés par une même association. Trois
autres associations gèrent deux établissements chacune. Les neuf autres sont gérés par des
associations différentes. Deux établissements gérés par une même association ont été
construits par le même architecte. Au sein de notre corpus, 85 % des établissements sont des
Foyers d’Accueil Médicalisés et 15 % sont des Maisons d’Accueil Spécialisés.
Un peu plus de la moitié des structures d’accueil sont situées en région Rhône Alpes, trois en
Ile de France, deux en Bourgogne, une en Auvergne, une en région Provence Alpes Côte
d’Azur, une en Languedoc Roussillon et une en Champagne Ardenne (Figure 20).
Figure 20 : Répartition géographique des établissements du corpus
Source : illustration personnelle.
98
Neuf établissements ont été construits entre 2008 et 2011 (date de construction du plus
récent), deux autres plus anciens ont été réhabilités durant cette période (les établissements du
corpus sont donc globalement plutôt récents). Cette importante construction d’établissements
durant cette période est certainement liée au plan autisme. 76% des unités d’hébergement ont
été construites et conçues spécifiquement pour accueillir des personnes autistes. Parmi celles
qui ont été conçues pour d’autres usages, 19% avaient pour fonction initiale d’être de l’habitat
individuel (maisons bourgeoises) ou des structures d’hébergement collectif et 5% était
initialement des anciens équipements tertiaires.
70% des établissements sont implantés sur un terrain plat et 25% sont dans un site accidenté
mais implantés sur du terrain plat et 5% sont adossés à la pente. Aucun n’est mitoyen avec un
autre bâtiment.
Parmi les établissements du corpus, 24% ont un environnement très calme, 33% un
environnement relativement calme, 14% un environnement plutôt bruyant et 29% un
environnement bruyant. La Figure 21 donne un aperçu des valeurs mesurées du bruit de fond
extérieur, et montre l’ampleur des variations d’un établissement à l’autre.
Figure 21 : Mesure du bruit de fond (effectuée en 5 points différents par établissements)
Source : illustration personnelle.
Ainsi, le corpus est majoritairement composé de FAM, les spécimens sont pour plus de la
moitié en région Rhône Alpes et sont relativement récents. La plupart des établissements
ont été conçus spécifiquement pour accueillir des personnes atteintes de troubles
autistiques. Concernant l’implantation de ces établissements, il s’agit d’une implantation qui
peut rappeler l’implantation « traditionnelle » des établissements médico-sociaux souvent
isolée et éclatée sur un terrain où se répartissent plusieurs bâtiments (accueillant
généralement les différents unités de vies, une partie destinée aux fonctions administratives et
régulièrement des parties dédiées aux activités) recréant un sous ensemble dans la cité.
99
IV.2.2 Organisation des unités d’hébergement
Au sein de notre corpus, le nombre d’unités d’hébergement dédiées à l’accueil de personnes
ayant un TSA, varie d’une seule unité à cinq unités (Figure 22).
Figure 22 : Nombre d’unités d’hébergement par établissement
Source : illustration personnelle.
Parmi les dix-huit établissements qui ont plusieurs unités d’hébergement, treize ont des unités
clairement définies, neuf ont au moins une ou plusieurs de leurs unités qui sont homomorphes
et douze ont des unités d’hébergement qui sont accessibles librement aux résidents des autres
unités. La capacité d’accueil des unités évaluées varie de cinq résidents à un maximum de
vingt-huit résidents (avec une valeur moyenne de 9,6 résidents et une valeur médiane de 9
résidents - Figure 23). L’écart est donc très important, toutefois, seulement deux unités du
corpus accueillent 15 résidents ou plus. Le nombre de chambres desservies par le même accès
quant à lui varie de 3 à 15 chambres (en moyenne un même accès dessert 6,4 chambres ;
médiane : 5,6). Ces unités sont dans la plupart des cas reparties sur un seul étage.
Figure 23 : Nombre de personnes maximum accueillies dans l’unité d’hébergement
Source : illustration personnelle.
100
Dans le protocole de caractérisation architecturale nous avions introduit des variables relatives
au système de chauffage (centralisé/divisé), au système de ventilation (simple flux, double
flux, naturelle), à l’énergie de chauffage, ces données devaient être recueillies auprès des
personnes s’occupant des travaux courants de l’établissement. Ces renseignements n’ont pas
toujours été obtenus entraînant de nombreuses données manquantes au sein de ces variables.
Pour les quelques spécimens du corpus pour lesquels nous avons réussi à obtenir ces données,
on note peu de variations (système de chauffage divisé, gaz de ville) ; par conséquent nous ne
conservons pas ces variables.
Il existe donc une diversité importante dans les établissements du corpus, tant au niveau de
l’organisation de leurs unités d’hébergement qu’au niveau du nombre de ces unités par
établissements et du nombre de résidents accueillis.234
IV.2.3 Lieux d’activités, espaces extérieurs et surfaces réellement
accessibles
Un seul établissement du corpus possède un jardin thérapeutique et 9 ont un jardin potager.
Les lieux d’activités se situent presque toujours à l’intérieur de l’établissement, mais pas
forcément au sein de l’unité d’hébergement elle-même. La majorité des surfaces consacrées
aux activités se situe hors hébergement, et elle varie de 0m2
à 410 m2 (valeur moyenne :
167m2, médiane : 138m
2, écart type : 96m
2) ce qui montre une dispersion relativement
importante autour de la moyenne. Le nombre de lieux d’activités (Figure 24) situés hors unité
d’hébergement varie de 0 (pour deux établissements) à 10 et celui présents sur l’unité
d’hébergement et servant exclusivement pour des activités encadrées varie de 0 à 4 (seuls
quatre établissements ont des lieux dédiés exclusivement aux activités encadrées dans la
partie d’hébergement). La moitié des établissements du corpus ont une salle Snoezelen, pour
deux d’entre eux cette salle se situe dans la partie hébergement. Des lieux de retrait,
également appelés salles d’apaisement, peuvent être utilisés pour permettre aux résidents de
s’isoler et ainsi fuir la situation groupale momentanément. Seulement 30% des établissements
du corpus possèdent ce type de salle, et pour l’un d’entre eux seulement cette salle se situe
dans l’unité d’hébergement.
La possibilité d’accéder librement ou non à des espaces extérieurs et la dimension de ces
espaces nous ont également semblé être des éléments importants. 75% des établissements
possèdent des espaces extérieurs accessibles librement. La surface totale extérieure accessible
librement varie de 0m2 à 19985m
2 avec une valeur moyenne de 3610m
2 et une valeur médiane
de 860m2. Il y a donc d’importantes variations d’un établissement à l’autre (dans 43% des
établissements, les résidents ont accès librement à la totalité du jardin). La surface accessible
234
Pour mémoire : Nous évaluons une unité d’hébergement dans chaque établissement à l’exception d’un
établissement pour lequel nous mesurons deux unités d’hébergement. Le corpus comprend donc 21 unités
réparties dans 20 établissements différents.
101
librement par les résidents à l’intérieur de l’établissement varie de 69m2 à 614m
2. En
moyenne, les résidents ont accès à environ 223m2 librement, la valeur médiane quant à elle est
de 166m2 (écart type 153m
2). Les espaces réellement accessibles librement aux résidents
présentent à nouveau de grandes disparités au niveau de leur surface.
Figure 24 : Lieux spécifiquement dédiés aux activités
Source : illustration personnelle.
La plupart des lieux d’activités, dédiés spécifiquement à cette fonction se situent en dehors
de la partie hébergement. Il y a d’importantes variations entre les différents
établissements du corpus concernant le nombre et la surface des lieux d’activités. Dans la
majorité des établissements du corpus, les résidents ont accès librement à un espace
extérieur, la surface de cet espace est très variable. Il y a également beaucoup de variations
d’un établissement à l’autre concernant la surface accessible librement aux résidents à
l’intérieur de l’établissement.
IV.2.4 Taux de fréquentation des différents espaces
Comme on peut le voir sur la Figure 25, le taux de fréquentation moyen est très différent en
fonction des pièces. Les chambres sont les espaces fréquentés le plus par l’ensemble des
résidents. Concernant les espaces collectifs, ce sont les salles à manger (taux moyen de
fréquentation de 27h30 par semaine environ) et les salons (taux moyen de fréquentation 26h
par semaine environ) qui sont les plus fréquentés par l’ensemble des résidents alors que le
taux de fréquentation des salles d’activités encadrées est plus faible (taux moyen de 6h par
semaine pour les salles d’activités manuelles et de 3h par semaine pour les salles d’activités
motrices). 35 résidents sur 148 ne fréquentent jamais les salles d’activités manuelles et 51
résidents sur 140 (un des établissements n’a pas de salle motrice) ne fréquentent pas les salles
d’activités motrices. Alors que seulement un résident sur 148 ne fréquente pas la salle à
manger et 4 ne fréquentent pas le salon (dont 3 sont dans le même établissement).
102
Figure 25 : Taux de fréquentation des différentes pièces par résident
Source : illustration personnelle.
103
Par ailleurs, on peut noter sur les histogrammes (Figure 26) que les taux de fréquentation de
ces espaces sont différents d’un établissement à l’autre. Pour les salles à manger le taux de
fréquentation peut varier de moins de 5h dans la semaine pour un établissement à plus de 45h
pour un autre. Pour les salons, l’écart est légèrement moins important et varie d’environ 8h à
plus de 45h. Il y a également des différences importantes de temps de fréquentation d’un
résident à l’autre. Pour les salles d’activités manuelles on voit clairement que seuls deux
établissements ont un taux de fréquentation moyen supérieur à 10h (établissement E19 U20 et
E11 U12) avec un maximum de 46 heures. Il se trouve que dans ces deux établissements les
résidents réalisent les activités manuelles respectivement dans la salle à manger et dans la
salle à manger/salon pour l’autre. Ce qui signifie que le temps de fréquentation de l’espace où
se déroulent les activités manuelles ne représente pas le temps consacré aux activités
manuelles. Pour les activités motrices, trois établissements se distinguent (E3 U3 au sein
duquel la salle d’activité motrice est utilisée comme salon, E11 U12 et E15 U16 où ce n’est
pas une activité motrice effectuée dans la pièce mais une activité cuisine.)
Figure 26 : Taux de fréquentation moyen
Source : illustration personnelle.
Ainsi ce sont les chambres qui sont les pièces les plus fréquentées et les salles d’activités
qui sont les moins fréquentées. Il y a d’importantes de variations au niveau du temps de
fréquentation des différentes pièces (temps moyen passé dans une pièce par semaine et par
résident) d’un établissement à l’autre et d’un résident à l’autre.
104
IV.2.5 Transitions et repères
Concernant les transitions et repères, nous retenons des variables relatives au repérage spatial
(présence de code de couleur pour distinguer les unités, présence de code de couleur pour les
portes de l’hébergement et pour celles de la partie activité). Il ressort des données mesurées
que 71% des établissements n’ont pas de code de couleur pour distinguer les unités, 57% des
établissements utilisent un code de couleur pour les portes de la partie hébergement et 48%
utilisent un code de couleur pour les portes de la partie activités.
La permanence de l’affectation des locaux semble être importante pour les personnes autistes.
Au sein de notre corpus, 70% des établissements ont dans leur unité d’hébergement des lieux
utilisés à la fois pour des activités encadrées et d’autres usages (salle à manger, salle de
réunion…). Le salon détente est plus souvent confondu avec la salle à manger (dans 38% des
cas) qu’avec les espaces dédiés aux activités encadrées (motrice et manuelle). Concernant les
espaces dédiés aux repas, 67% sont utilisés pour d’autres usages (la moitié possède des sous
divisions fixes ou mobiles) et 33% sont utilisés exclusivement durant la période des repas.
Contrairement aux éléments du consensus qui mettent en avant l’importance d’avoir des
espaces dédiés à des fonctions spécifiques et du repérage spatial pour favoriser l’orientation et
l’autonomie, notre corpus comprend une part importante de lieux dans la partie hébergement
où plusieurs fonctions se déroulent et les éléments de repérage spatial sont moyennement
utilisés.
IV.2.6 Parcours
Les distances parcourues
La distance parcourue par les résidents pour se rendre de leur chambre à la salle à manger
varie de 0m à 52m (moyenne 15m et médiane 14m) et celle parcourue pour se rendre de leur
chambre au salon varie de à 0m à 62m (moyenne 16m et médiane 13m). 8 résidents ont leur
chambre en communication directe avec la salle à manger et 14 avec le salon. La distance
parcourue par les résidents pour se rendre de la salle à manger aux salles d’activités est
globalement plus importante que celle parcourue pour effectuer le trajet du salon à la chambre
ou de la salle à manger à la chambre et il y a plus de variations d’un établissement à l’autre.
En effet la distance parcourue pour se rendre de la salle à manger à la salle d’activités
manuelles varie de 0m à136m (la moyenne est de 56m, la médiane de 40m, l’écart type est de
43m ce qui montre qu’il y a beaucoup de variation d’un établissement à l’autre). Elle est de
zéro pour deux établissements car la salle où sont réalisées les activités manuelles est
confondue avec la salle à manger. La distance parcourue par les résidents pour se rendre de la
salle à manger à la salle d’activité motrice varie de 32m à 12km (cas de figure où les résidents
doivent se rendre en voiture dans cette salle).
105
Changement d’unité, d’étage et passage par l’extérieur durant le parcours
Aucun résident (parmi les 148 évalués) ne doit passer par l’extérieur ou quitter son unité
d’hébergement pour se rendre à la salle à manger depuis sa chambre et seulement 30 résidents
(soit 20% des personnes évaluées) doivent changer d’étage. Pour effectuer le parcours de la
chambre au salon, 5% des résidents doivent obligatoirement passer par l’extérieur et quitter
leur unité et 33% doivent changer d’étage. Dans 27% des cas, les résidents ne passent pas par
l’extérieur pour réaliser le parcours de la salle à manger à la salle motrice (la distance
parcourue à l’extérieur varie de 0 m à 12km ; dans un établissement l’intégralité de ce trajet se
fait par l’extérieur). Les résidents doivent changer d’étage pour se rendre à la salle motrice
depuis la salle à manger dans 42% des cas et ils doivent quitter obligatoirement leurs unités
pour 89% d’entre eux. Dans un peu plus de la moitié des cas (56%), les résidents ne passent
pas par l’extérieur pour effectuer le parcours de la salle à manger à la salle d’activités
manuelles (lorsqu’ils passent par l’extérieur, la distance parcourue varie de 0 m à 109 m ;
pour deux établissements du corpus le parcours s’effectue intégralement à l’extérieur). Pour
effectuer ce parcours, 45% des résidents changent d’étage et 64% quittent obligatoirement
leur unité
Ainsi, les résidents pour se rendre dans les salles d’activités effectuent globalement un
parcours plus long que pour se rendre dans la salle à manger ou le salon. Ils quittent
généralement leurs unités et passent le plus souvent par l’extérieur. Pour les parcours
pour se rendre aux salles d’activités nous conservons uniquement les variables :
- Passage par l’extérieur,
- Changement de niveau
- Devoir quitter son unité,
- Distance parcourue totale,
- Distance parcourue à l’intérieur,
- Homogénéité de matériaux (typologie et texture),
- Homogénéité de couleurs (teinte, saturation, clarté),
- Hauteur pour les pièces de départ et arrivée.
En effet, il semble difficile de comparer et caractériser l’importance de changements entre un
parcours effectué intégralement à l’intérieur et un parcours réalisé en partie ou en totalité à
l’extérieur.
Traitement des transitions entre les pièces et les circulations en contact
Afin de caractériser les transitions effectuées durant les quatre parcours, nous avons mesuré
« les différences et homogénéités » (voir paragraphe III.2.1.2 p. 74 pour une description de
ces mesures) de hauteur, de teinte, de saturation, d’obscurité et de matériaux entre les pièces
de départs et d’arrivée et la circulation. Le Tableau 8 permet de voir le pourcentage de cas
pour lesquels la pièce que nous avons mesurée (chambre, salle d’activités manuelles, salles
d’activités motrices, salon et salle à manger) et la pièce qui lui est directement en contact
présentent une homogénéité de hauteur, teintes et matériaux. Il se lit de la manière suivante :
106
par exemple dans 25% des cas la hauteur est identique entre la chambre et la pièce ou la
circulation qui lui est directement adjacente.
Tableau 8 : Le traitement des transitions
Chambre Salle
manuelle
Salle
motrice
Salon Salle à
manger -
chambre
Salle à
manger
–salle
manuelle
Salle à
manger
salle
motrice
Homogénéité de niveau de sol 100% 90% 85% 100% 97% 100% 91%
Homogénéité de hauteur 25% 50% 25% 36% 26.% 25% 15%
Sol Homogénéité de teinte 38% 45% 25% 63% 86% 90% 85%
Homogénéité d’obscurité 51% 55% 30% 68% 92% 100% 90%
Homogénéité de saturation 47% 55% 40% 63% 86% 90% 80%
Mur Homogénéité de teinte 38% 60% 35% 71% 68% 75% 65%
Homogénéité d’obscurité 48% 60% 35% 82% 68% 75% 55%
Homogénéité de saturation 38% 60% 35% 71% 57% 65% 55%
Plafond Homogénéité de teinte 100% 90% 80% 95% 97% 100% 95%
Homogénéité d’obscurité 100% 90% 80% 95% 97% 100% 95%
Homogénéité de saturation 100% 90% 80% 95% 97% 100% 95%
Sol Homogénéité de matériaux 67% 65% 60% 74% 92% 95% 90%
Homogénéité de textures 67% 65% 60% 79% 92% 95% 90%
Mur Homogénéité de matériaux 80% 70% 70% 97% 82% 85% 80%
Homogénéité de textures 84% 70% 70% 91% 82% 85% 80%
Plafond Homogénéité de matériaux 67% 80% 65% 86% 86% 85% 75%
On trouve rarement des différences de niveau de sol (dans les rares cas où elles sont présentes
cela provient du fait que la pièce est en contact avec l’extérieur ou bien qu’un escalier
débouche directement dans la pièce.) Les pièces étudiées et les pièces avec lesquelles elles
sont en contact présentent le plus souvent des différences de hauteur de plafond.
Généralement, les plafonds présentent peu de différences d’obscurité, de saturation et de
teinte entre les différentes pièces qui ont été caractérisées et les espaces qui les jouxtent. Ce
sont dans les salles motrices et les chambres que l’on rencontre le plus rarement des
homogénéités de teinte, de saturation et d’obscurité pour les sols et les murs avec les pièces en
contact. Dans la plupart des cas les matériaux et les textures des murs et des plafonds sont
homogènes entre les pièces que nous avons mesurées et celles qui leur sont directement
mitoyennes. Enfin, pour les matériaux des sols il est possible de voir qu’ils sont très souvent
homogènes entre les salles à manger et les pièces qui bordent ces espaces de repas.
Les changements de hauteurs
Pour les variables relatives aux hauteurs durant les parcours, nous mesurons le nombre de
changement de hauteur de plafond et de variation au niveau du sol (escaliers, marches) ainsi
que la hauteur maximum, minimum et la différence entre les deux. Dans environ 75% des cas
le niveau du sol reste homogène. Lorsqu’il y a des changements ils sont au maximum de
deux. Dans plus de la moitié des parcours il y a des changements de hauteur (le nombre de
changement maximum étant de 4). La hauteur maximum pour ces deux parcours varie de
2,3m à 5,4m et la hauteur minimum de 2,2m à 3,2m. La hauteur minimum durant le parcours
varie très peu d’un établissement à l’autre.
107
Les changements de couleurs et motifs
Dans les parcours étudiés l’utilisation de motif est rare (les motifs ne sont jamais répétitifs).
Concernant les teintes nous avons mesuré :
La quantité de teintes, de saturations et d’obscurités différentes utilisées durant le
parcours,
Le nombre de zones de changement de teintes.
L’obscurité maximum, minimum et la différence entre l’obscurité maximum et
minimum.
La saturation maximum, minimum et la différence entre elles.
Le nature des couleurs utilisées (teinte : rouge, vert…).
Le Tableau 9 ci-dessous résume les principaux résultats concernant ces variables.
Tableau 9 : les couleurs dans les parcours
teinte Obscurité Saturation Variation de couleurs durant
les parcours
Sols Une seule obscurité est utilisée
dans plus de la moitié des cas
(la quantité maximum étant de
5)
Une seule saturation est utilisée
dans plus de la moitié des cas
(la quantité maximum étant de
4)
Une seule teinte est utilisée dans
plus de la moitié des cas (la
quantité maximum étant de 5)
Le plus souvent il n’y a pas de
différence de traitement d’une
zone à l’autre
Plafonds Généralement très clairs
Le blanc est très présent
Généralement les plafonds sont
faiblement saturés
Rarement des changements de
teintes
Murs Toujours des teintes claires dans
au moins une zone des parcours.
Il peut y avoir beaucoup de
variations au sein d’un même
parcours.
Il peut y avoir beaucoup de
variations au sein d’un même
parcours.
Beaucoup de variations d’un
établissement à l’autre.
Une seule teinte dans moins de
la moitié des cas.
Portes Beaucoup de variations d’un
établissement à l’autre et au sein
d’un même établissement.
Beaucoup de variations d’un
établissement à l’autre et au sein
d’un même établissement.
Beaucoup de variations d’un
établissement à l’autre et au sein
d’un même établissement.
Les changements de matériaux
Les changements de matériaux durant les parcours ont été caractérisés en tenant compte de la
nature des matériaux utilisés, de la quantité de matériaux différents et de la quantité de zones
de traitements différentes (des matériaux différents pouvant être utilisés dans une même
zone). L’étude de ces parcours a permis de dégager les conclusions suivantes :
Les matériaux des portes sont toujours identiques (bois peint).
La plupart des plafonds de ces parcours sont homogènes et on note peu de
changement.
Les matériaux les plus présents pour les sols sont dans l’ordre : le sol souple (environ
67%), le carrelage (environ 50%) et le parquet (environ 6%). Un seul type de
matériaux est utilisé au sol dans environ 78% des parcours. Trois types de matériaux
différents sont utilisés au maximum.
Les matériaux les plus présents pour les murs sont dans l’ordre : la peinture avec de la
toile de verre (environ 72,5%), la peinture sans toile de verre (environ 22%), le crépi
108
(environ 17,4%) et la tapisserie (environ 4,8%). Un seul type de matériaux est utilisé
dans 69% des cas environ et on peut trouver au maximum quatre types de matériaux
différents dans un même parcours.
On peut donc noter une grande similarité concernant les variables relatives aux matériaux
pour ces deux parcours. Par ailleurs, il est également possible de souligner que la plupart des
parcours ont peu de changement de matériaux. Il y a le plus souvent des murs peints avec
de la toile de verre, du sol souple ou du carrelage.
IV.2.7 Circulations intra-hébergement
Les variables relatives aux circulations ne portent que sur la circulation de l’unité
d’hébergement des résidents concernés.
Surface et typologie
Les circulations de la partie hébergement sont réparties sur deux niveaux dans 29% des cas.
38% peuvent être qualifiées de « linéaires », 52% de « ramifiées » (c’est-à-dire à plusieurs
branches) et 10% « en boucle » (ininterrompues comme un anneau). Dans la plupart des
unités d’hébergement, on ne trouve pas de murs de courbes.
Un peu moins de la moitié des circulations, sont confondues avec des pièces. Lorsque l’on
rencontre ce type de superposition entre la circulation et une pièce, la surface commune est en
moyenne 37m2 (médiane : 26m
2et écart type : 40,5m
2) et peut aller jusqu’à 116m
2. Le corpus
présente des variations très importantes d’un établissement à l’autre concernant la surface
totale de circulation dans l’hébergement (elle varie de 28,5 m2 à 335 m
2 écart type de 66 m
2).
À cette surface de circulation de l’hébergement peut s’adjoindre une surface de hall commun
à toutes les unités où les résidents ont librement accès, cette surface varie de 0m2 (pour 86%
des établissements) à 169 m2.
La hauteur maximum de la circulation varie de 2,3m à 5,45m et la hauteur minimum quant à
elle ne varie presque pas (maximum : 2,57m, minimum : 2,2m, et écart type : 0,11m). La
plupart des établissements ont des différences de hauteur dans les circulations.
Éclairage artificiel et naturel
Les données concernant la typologie de l’éclairage artificiel présentent de nombreuses valeurs
manquantes ou peu fiables. Nous avons conservé uniquement celles relatives à la présence de
tubes fluorescents : 48% des circulations possèdent ce type d’éclairage. Un peu moins de la
moitié des circulations ont de la lumière sur détection. Dans 38% des circulations on trouve
de l’éclairage en applique et dans 90% des luminaires au plafond. À peu près la moitié des
circulations ont du vitrage zénithal, la surface de ce type de vitrage est en moyenne de 1,8m2.
La majorité des circulations présentent de grandes différences d’éclairage d’une zone à
l’autre.
109
Colorimétrie
La plupart des circulations n’ont pas de motifs. Toutes les circulations possèdent du blanc.
Les plafonds des circulations de l’hébergement sont généralement clairs, faiblement saturés et
présentent peu de différences de traitement d’une zone à l’autre. Les sols quant à eux
possèdent des différences de teinte dans un peu moins de la moitié des circulations (43%) et
utilisent très rarement plusieurs couleurs dans la même zone (5%). Le Tableau 10 illustre le
traitement des couleurs des murs dans les circulations.
Tableau 10 : Couleurs des murs des circulations
teinte Obscurité Saturation Variation de couleurs dans la
même circulation
Murs Toujours présence d’une couleur
claire
Variation relativement importante
d’un établissement à l’autre et au
sein d’une même circulation
Variation importante d’un
établissement à l’autre et
au sein d’une même
circulation
Différence de traitement d’une
zone à l’autre dans 43% des cas et
utilisation de plusieurs couleurs sur
un même mur dans 28% des cas
Matériaux
Le plus souvent les murs sont peints avec de la toile de verre (67%). Le deuxième matériau le
plus fréquent est la peinture sans toile de verre (29%) et en troisième position les murs crépis
(19%). On trouve plus rarement de la tapisserie (4,8%), du carrelage mural (9,5%), des parties
boisées (9,5%), du béton apparent (5%) et du revêtement plastifié (5%). Le nombre de
matériaux utilisés pour les murs dans la circulation de l’hébergement varie de 1 (pour 67%
des établissements) à 4. Les matériaux les plus utilisés pour les revêtements de sol sont le sol
souple (71%) et le carrelage (52%). Il y a exceptionnellement du parquet (9,5%) et du sol en
béton brut (5%). Le nombre de matériaux différents utilisés varie de 1 (pour 76% des
circulations) à 4.
Les circulations des parties hébergement sont le plus souvent réparties sur un seul niveau.
On note régulièrement des différences de hauteur sous plafond dans les circulations. Dans la
plupart des circulations du corpus on trouve des différences d’éclairage d’une zone à l’autre.
Comme dans la plupart des pièces les plafonds présentent peu de variations de teintes, de
saturations et d’obscurité et ils sont souvent clairs et faiblement saturés. Un peu moins de la
moitié des circulations possèdent des différences de traitement au niveau des sols. L’obscurité
et la saturation des murs présentent des variations dans une même circulation mais également
au sein des différentes circulations entre elles. Les murs sont le plus souvent peints (avec ou
sans toile de verre) et les sols sont en carrelage ou avec un revêtement de type sol souple.
Contrairement au WC et salles de bains (que nous décrirons par la suite), les circulations
présentent beaucoup de variations au sein du corpus mais également des variations au
sein d’une même circulation. Il semblerait donc qu’un soin plus important soit apporté dans
la conception de ces lieux.
110
IV .2.8 Chambres
Dimensions et morphologie
Presque toutes les chambres (96%) du corpus sont individuelles et peuvent être fermées soit
par un système de clefs ou de badges (93%). La surface totale des chambres (qui comprend la
surface des placards et des salles de bain lorsqu’il y en a) varie de 29m2 à 6 m
2 (Figure 27). Il
est possible de voir que 50% des chambres ont leur surface comprise dans un intervalle réduit
allant de 18,4m2 à 20,5m
2. La surface de la partie chambre proprement dite (c’est-à-dire sans
la salle de bain et les placards) varie de 22m2 à 6,2m
2 ; avec la moitié des chambres dont la
surface est comprise entre 14,2m2et 15,6m
2 (Figure 27).
Figure 27 : Surface des chambres
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
La hauteur maximum varie de 3,2m à 2,2m et l’on peut voir (sur la Figure 28) que 50% des
chambres ont leur hauteur maximum comprise entre 2,7m et 2,5m ce qui représente une
variation très faible. La hauteur minimum quant à elle varie de 1,05m à 3,2m. Dans 69% des
chambres il n’y a pas de différences de hauteurs et dans 10% le plafond a une partie ou est
totalement en pente.
Aucune chambre du corpus n’a de murs courbes. L’étalement des chambres varie de 4 à 5,7
(valeur moyenne = 4,5, médiane =4,5, E-T = 0,38). Le nombre d’angles rentrant dans la
chambre varie de 4 à 9 et le nombre d’angles sortant varie de 0 à 5.
111
Figure 28 : Hauteur des chambres
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
Éclairage naturel
Un peu plus de la moitié des chambres (Figure 29), bénéficient d’un l’éclairage naturel
moyennement lumineux. Dans la moitié des chambres du corpus il y a des grandes différences
de lumière, d’un point à un autre de la pièce, 13% ont un peu de différence et 38% n’en ont
pas du tout (Figure 30).
Figure 29 : Évaluation sensible de l’éclairage naturel des chambres
Source : illustration personnelle.
112
Figure 30 : La présence de différence de lumières entre les différents points.
Source : illustration personnelle.
La plupart des chambres sont mono – orientées (95%) ; c’est-à-dire qu’elles ont du vitrage
dans une seule orientation (par exemple elles ont une ouverture seulement au sud ou au nord).
Aucune de ces orientations ne semblent être plus fréquemment présentes. Concernant
l’occultation de la lumière naturelle, la plupart des chambres n’ont pas de masques lointains
(93%), et de contrôle fixe comme des avancés de toiture par exemple (70%) alors que la
totalité ont un système de contrôle mobile (store électrique ou manuel). Concernant la
position du vitrage, à peu près la moitié des chambres ont des vitrages jusqu’au sol. La
quantité de vitrage (Figure 31) dans les chambres du corpus (surface vitrée totale,
pourcentage d’ouverture, surface vitrée par m3, surface vitrée par m
2) est très variable. Ainsi,
la surface vitrée totale varie de 0,4m2 à 5m
2 (Écart-Type de 0,9) et le
pourcentage d’ouverture quant à lui varie 1,3% à 10,7%.
Figure 31 : La quantité d’éclairage naturel dans les chambres
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
113
Éclairage artificiel
L’éclairage artificiel, n’est jamais considéré comme étant très lumineux. Dans la moitié des
chambres il est considéré comme moyennement lumineux et dans une autre moitié comme
faiblement lumineux. Aucune des chambres n’a de système permettant un ajustement de
l’éclairage de type variateur (alors que cet élément ressortait dans les pistes de réflexion du
consensus), par contre la moitié des chambres ont des circuits autonomes permettant de
n’éclairer que certains luminaires. Les résultats concernant la typologie d’éclairage sont
difficilement interprétables car ils présentent de nombreuses données manquantes ou peu
fiables. La grande majorité des chambres du corpus ont de l’éclairage artificiel au plafond
(seulement 10,8% n’en ont pas) et la moitié environ possède de l’éclairage en applique (48%).
37% des chambres ont simultanément de l’éclairage en applique et au plafond.
Colorimétrie
Les chambres ont toutes un sol monochrome. La variable relative à l’obscurité des sols
indique que les sols sont plutôt clairs (moyenne 37,6%). La saturation des sols varie de 4,5%
à 95% (moyenne 47%). Les plafonds qui sont soit gris, soit blancs, sont très clairs et
faiblement saturés et présentent rarement des différences de teintes. Les chambres ont plutôt
des murs clairs. La plupart des chambres (82%) ont une seule couleur dans la même zone sur
les murs et 62,2% n’ont pas de différences de teintes d’une zone à l’autre. Une seule couleur
est généralement utilisée sur la même porte. Dans 88% des chambres on trouve des de teintes
entre la porte d’entrée et le mur adjacent. On ne relève jamais de motifs au sol, au plafond et
très rarement sur les murs et les portes.
Matériaux
10% des chambres seulement présentent des différences de matériaux et de textures d’une
zone à l’autre. La Figure 32 illustre la texture, la température ressentie et la dureté des murs.
Figure 32 : Les matériaux des murs des chambres.
Source : illustration personnelle.
114
Les matériaux utilisés pour les murs sont :
des murs peints avec de la toile de verre (dans 49% des chambres);
des murs peints sans toile de verre (dans 27% des chambres);
de la tapisserie (dans 15,5% des chambres);
des murs crépis ou en pierre (dans 12% des chambres);
des revêtements plastifiés (dans 5% des chambres);
On retrouve trois types de matériaux possibles pour les sols : du sol souple (93%), du
carrelage (4%) ou du parquet (3%). Sur les 148 chambres, une seule présente au niveau des
sols et des portes des différences de matériaux et de textures au sein de la chambre. Les sols
des chambres sont la plupart du temps lisses, moyennement durs et présentent peu ou aucune
différence de température (Figure 33). Dans 17% des chambres on note des différences de
matériaux d’une zone à l’autre pour les plafonds.
Figure 33 : Les matériaux des sols des chambres.
Source : illustration personnelle.
Thermique
À peu près la moitié des chambres du corpus possède un système de chauffage par convecteur
mural, les autres ont toutes du chauffage au sol. La plupart des chambres n’ont pas de système
de climatisation (92%). Dans 59,5% des chambres il est possible d’accéder à la régulation des
radiateurs. Quand les résidents ont accès à cette régulation ils ne semblent généralement pas
l’utiliser (seulement 13% semblent s’en servir réellement). 12% des chambres (pour
lesquelles nous avons eu la réponse) n’ont pas de système autonome permettant une
régulation thermique indépendamment des autres pièces.
115
Ainsi, la plupart des chambres sont individuelles. Même si 50% des chambres ont leur
surface comprise dans un intervalle réduit, le corpus présente tout de même de la variation.
On note peu de différences de hauteurs entre les chambres du corpus entre elles et
également au sein d’une même chambre.
Les chambres présentent relativement de grandes variations en ce qui concerne la quantité
de vitrage dans la pièce (surface vitrée, pourcentage…). Par contre on trouve rarement
plusieurs orientations au sein de la même chambre.
Au sein d’une même chambre, la teinte, l’obscurité et la saturation des sols et des plafonds
sont généralement homogènes. D’autre part les teintes des plafonds ne varient pratiquement
pas d’un établissement à l’autre. Les murs des chambres sont plutôt clairs. La présence de
motif est rare.
On ne rencontre pratiquement jamais de différence de matériaux, de textures, de
température ressentie et de reliefs pour les sols et les portes au sein d’une même chambre.
Les matériaux des sols sont assez homogènes au sein du corpus (presque toutes les
chambres ont du sol souple). Les matériaux des murs quant à eux présentent peu de
variations au sein d’une même pièce mais beaucoup entre les différents spécimens du
corpus.
Les chambres ont soit du chauffage au sol, soit des convecteurs muraux et les résidents, même
quand ils en ont la possibilité, n’accèdent globalement pas à la régulation thermique des
radiateurs. Toutes les chambres pratiquement possèdent des systèmes autonomes.
Les chambres, sont parmi les pièces que nous avons caractérisées certainement celles où il y a
le moins de variations d’un établissement à l’autre et au sein d’un même établissement.
L’architecture de ces dernières pourrait rappeler « une architecture et un aménagement »
proche du modèle hospitalier ou des établissements d’hébergement pour personnes âgées
dépendantes et ce en particulier dans les établissements les plus récents du corpus et dans
ceux qui ont été conçus spécifiquement pour accueillir des personnes atteints de troubles
autistiques où il semble y avoir « une typologie » « une chambre type » qui est répétée.
IV.2.9 WC
Nous avons retenu le sanitaire le plus fréquenté par chaque résident (il peut donc s’agir du
même sanitaire pour plusieurs résidents). 70% des sanitaires étudiés sont des sanitaires
individuels, 68% sont intégrés dans la salle de bain de la chambre du ou des résidents
concernés et 5% sont intégrés dans la chambre mais séparés de la salle de bain. La surface du
WC le plus utilisé par chaque résident varie de 0,9m2 à 7,1m
2 (la valeur moyenne étant de
3,5m2). La hauteur maximum des WC varie de 2 à 3,2m et la hauteur minimum varie de
1,65m à 3,15m. Il y a peu de variations de hauteur entre les différents WC du corpus et au
sein d’un même WC.
116
Variables relatives à l’éclairage
Seulement 13% des sanitaires ont de l’éclairage naturel. Concernant l’éclairage artificiel 11%
ont de l’éclairage sur cellule. La quantité d’éclairage au plafond varie de 0 (pour 29% des
WC) à 4 (pour 1% des WC) et celle au mur de 0 (pour 45% des WC) à 1 (pour 56% des WC).
19% des WC sont très lumineux, 60% le sont moyennement et 20% le sont faiblement.
Colorimétrie
On ne trouve jamais de différence de saturation, de teinte et d’obscurité pour le sol au sein
d’un même WC. Les sols des WC ne sont jamais très foncés. La saturation des sols varie de
4,5% (cette valeur correspond à la moins saturée possible : du gris) à 95% (la plus saturée).
Les portes et les plafonds sont unicolores. 79% des WC ont une différence de traitement entre
la porte et le mur qui lui est directement adjacent. Les variables relatives à la saturation et à
obscurité des portes des sanitaires présentent beaucoup de variations entre les différents
spécimens du corpus. Seulement 12% des sanitaires du corpus ont des différences de
traitement d’une zone à l’autre pour les murs et 23% ont plusieurs couleurs dans le même
mur. La variable « obscurité maximum» des murs varie de 5% (pour 22 WC qui n’ont donc
que du blanc sur les murs) à 65% ; la variable « obscurité minimum» varie de 5% (pour 69
WC on relève la présence du blanc au moins dans un endroit de la pièce) à 35%. Les
saturations maximum et minimum varient de 0% à 95%. On ne trouve jamais de motifs sur les
portes ni au sol. Quand il y a des motifs ils sont sur les murs et cela reste assez rare.
Matériaux
Le matériau de sol le plus souvent utilisé dans les WC du corpus est du sol souple (dans 79%
des cas) les autres sanitaires ont tous du carrelage. La majorité des sols des sanitaires sont
rugueux ou un peu rugueux, les sols sont rarement lisses. Il n’y a jamais de tapisserie dans les
sanitaires et le plus souvent les revêtements muraux sont plastifiés (71,6% des cas). On trouve
également du carrelage mural, des murs peints avec de la toile de verre et des murs peints sans
toile de verre. La plupart des sanitaires ont des murs lisses et seulement 4% présentent des
différences de textures. Un peu plus de la moitié des sanitaires du corpus n’a pas de tuyauterie
apparente et a des chasses d’eau encastrées.
On trouve des sanitaires intégrés dans les chambres dans les trois quarts des cas. Il y a
globalement peu de variations de hauteur entre les différents WC du corpus mais également
au sein d’un même sanitaire. Généralement il y a peu d’éclairage naturel et peu d’éclairage
artificiel sur cellule. La teinte, l’obscurité, la saturation et les matériaux des sols et des
plafonds sont homogènes dans l’ensemble de la pièce. Les sols et plafonds sont généralement
plutôt clairs. Les murs le plus souvent n’ont pas de différences de teintes, et nous trouvons
rarement des motifs. Les matériaux les plus utilisés sont le sol souple et les revêtements
plastifiés pour les murs.
Comme nous avions pu le constater pour les chambres, les WC présentent très peu de
variations d’un établissement à l’autre. Les matériaux utilisés notamment rappellent
nettement l’architecture « typique » des établissements médico-sociaux.
117
IV.2.10 Salles de Bain
Nous mesurons pour chaque résident la salle de bain qu’il fréquente le plus (il peut donc
s’agir de la même salle de bain pour plusieurs résidents). Sur les 148 résidents évalués, 45
(30%) utilisent le plus fréquemment une salle de bain collective. Le nombre de personnes par
salle de bain varie donc de 1 à 5. 83% des résidents ont une salle de bain constituée d’une
douche et d’un lavabo dans leur chambre ; 11,5% ont seulement un point d’eau dans leur
chambre et 5% n’ont ni point d’eau ni salle de bain dans leur chambre.
Variables dimension
La surface des salles de bain varie de 1,6m2 à 8,5m
2 (la surface moyenne est de 4,3m
2). La
hauteur maximum varie de 2m à 3,2m et la hauteur minimum de 1,26m à 3,18m. On note peu
de variation d’une salle de bain à l’autre et également peu de différence de hauteur dans une
même salle de bain.
Éclairage naturel et artificiel
70% des salles de bain n’ont pas d’éclairage naturel. Concernant l’éclairage artificiel, 24%
sont très lumineuses, 55% le sont moyennement et 21% le sont faiblement. La plupart ne
possèdent pas d’éclairage sur cellule. On trouve plus d’éclairage au plafond que sur les murs,
41% ayant à la fois de l’éclairage au mur et au plafond.
Colorimétrie
On note rarement la présence de différence de teinte, saturation et d’obscurité au niveau des
sols. La teinte, la saturation et l’obscurité du plafond sont toujours homogènes et 94% des
salles de bain ont un plafond blanc.
La quasi-totalité des salles de bains (98%) ont sur les portes une seule couleur et n’ont pas de
différences de traitement d’une zone à l’autre. 81% des portes sont traitées avec une autre
couleur que le mur qui leur est adjacent. L’obscurité et la saturation des portes présentent
beaucoup de variations au sein des différents spécimens du corpus.
Les murs sont plutôt clairs (l’obscurité maximum varie de 5% à 45% et l’obscurité minimum
de 0% à 35%). La saturation des murs maximum et minimum varie de 0% à 95%. 88,5% des
salles de bain n’ont pas de différence de traitement d’une zone à l’autre sur les murs et 81,1%
comportent une seule couleur sur le même mur. Il y a très peu de motifs dans les salles de
bains.
Matériaux
Il n’y a jamais de tapisserie dans les salles de bain. Presque toutes (92%) ont des revêtements
plastifiés sur les murs. Il peut y avoir également des murs peints avec (11%) ou sans toile de
verre (10%) ainsi que du carrelage mural (8%). Les murs sont presque toujours lisses (96%);
les 4% restants étant un peu rugueux mais jamais totalement rugueux. La grande majorité des
sols sont souples (91%) ; les autres sont carrelés. Les sols sont généralement rugueux, ou un
118
peu rugueux, rarement lisses. Il est rare de trouver plusieurs textures différentes sur un même
sol. Parmi les salles de bain 63% n’ont pas de tuyauterie apparente.
Un faible nombre de résidents n’ont pas accès dans leur chambre à une salle de bain ou au
moins à un point d’eau. Comme c’est le cas dans les WC, les salles de bains présentent peu
de variation de hauteur d’une salle de bain à l’autre et au sein d’une même pièce. Plus de la
moitié des salles de bains ne possèdent pas d’éclairage naturel. Il n’y a presque jamais
d’éclairage artificiel sur cellule. Les sols et les murs ont rarement des différences de
traitement d’une zone à l’autre ni l’utilisation de plusieurs couleurs. Les plafonds sont
toujours identiques dans une même pièce et ils présentent très peu de variations au sein du
corpus. On ne trouve généralement pas de motifs dans les salles de bain. Comme dans les
sanitaires, les revêtements de sols sont pratiquement tous le temps du sol souple et les
revêtements muraux des revêtements plastifiés.
Les salles de bains de notre corpus présentent très peu de variations d’un établissement
à l’autre. Les matériaux utilisés rappellent nettement l’architecture « typique » des
établissements médico-sociaux.
IV.2.11 Salons, salles à manger, salles d’activités motrices et salles
d’activités manuelles
Nous avons choisi de regrouper les salons, les salles à manger et les salles d’activités motrices
et manuelles dans un même ensemble pour plusieurs raisons :
D’une part, pour analyser si des ressemblances et des dissemblances architecturales
émergent entre ces différents espaces afin de pouvoir, lors de l’analyse croisée avec
les variables cliniques, éventuellement rattacher les caractéristiques architecturales de
ces espaces à la présence accentuée de certains troubles dans ces lieux. Si une quantité
de vitrages importante est un facteur aggravant les troubles des interactions sociales
par exemple, et que les salles à manger s’avèrent être les pièces les plus vitrées, alors
il serait cohérent d’observer plus de troubles dans ces pièces.
D’autre part, ces quatre pièces font l’objet d’un recueil de données identiques entre
elles et plus détaillées que dans les autres pièces (avec l’ajout des mesures acoustiques
notamment). Nous avons en effet plus de variables architecturales car ces lieux sont
plus complexes, ils présentent plus de variations et sont de fait plus difficile à
caractériser. On peut également émettre l’hypothèse que ces quatre pièces toutes
fréquentées durant le « temps éveillé des résidents» pourraient avoir un impact plus
important sur l’état clinique que les espaces destinés à dormir par exemple.
119
Le nombre d’utilisateurs et la forme d’utilisation des pièces
La Figure 34 décrit les variations d’un établissement à l’autre du nombre d’utilisateurs
simultanés pour chaque pièce. On note une présence moins importante d’utilisateurs
simultanés dans les salles d’activités que dans les salons et les salles à manger.
Figure 34 : Nombre maximum d’utilisateurs
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
Parmi les 21 salles à manger, 12 ont un lieu de préparation de repas accessible aux résidents
sous contrôle d’une tierce personne (pièce séparée et fermée), 8 en ont un accessible librement
aux résidents (zone inclue dans la pièce sans séparation) et dans une salle à manger la
préparation du repas n’est pas faite sur place. 33% des salles à manger et des salons ont un
« rôle distributif » (c’est-à-dire que la pièce dessert d’autres espaces) et ne sont pas des pièces
clairement définies alors que 20% des salles d’activités manuelles et 10% des salles
d’activités motrices ont un « rôle distributif ».
38% des salles à manger du corpus ne sont pas utilisées librement par les résidents et 33,3%
sont utilisées uniquement pour les repas ou pour des activités de type cuisine pédagogique.
D’une manière générale les salons sont utilisés librement par les résidents (un seul salon du
corpus ne l’est pas). Les salles d’activités manuelles, à l’inverse des salons, sont généralement
(dans 85% des cas) utilisées de manière réglementée. Dans 70% des cas ces salles sont
dédiées à une seule activité encadrée (activité manuelle ou apprentissage) et dans les autres
cas elles servent également à d’autres fonctions (bureau du personnel, repas, salon…). Toutes
les salles motrices sont utilisées de manière réglementée. Dans 45% des cas ces pièces sont
utilisées pour des activités motrices et d’autres activités et dans 55% des cas ces pièces sont
dédiées exclusivement aux activités encadrées de type motrice (motrice, balnéothérapie,
cirque adapté…).
120
On peut donc constater que les salles d’activités sont plus souvent utilisées de manière
réglementée que les salons et les salles à manger et on trouve généralement moins
d’utilisateurs simultanés dans les salles d’activités que dans le salon ou la salle à manger.
Les salles d’activités sont plus souvent dédiées à des activités spécifiques.
Dimensions
Pour ce qui concerne les variables relatives aux dimensions des salles à manger, salons et
salles d’activités manuelles et motrices nous avons mesuré : la surface, le volume, le
périmètre de la pièce, la compacité de la pièce, l’étalement de la pièce, la surface de la pièce
par résident, les hauteurs maximum, minimum et la différence entre la hauteur maximum et
minimum de la pièce. Nous ne détaillerons pas l’intégralité des résultats de ces mesures ; mais
nous présenterons les principaux résultats et des graphiques pour ces quatre pièces. Nous
tâcherons également de faire émerger les différences et ressemblances entre ces pièces.
Les surfaces des salons présentent plus de variations que dans les trois autres pièces (ce que
l’on peut voir sur la Figure 35 et qui est confirmé par la valeur de l’écart-type qui est plus
élevé que dans les trois autres pièces). Globalement les surfaces des salles d’activités motrices
sont plus homogènes (la valeur de l’écart type est plus faible pour cette pièce). On peut noter
que les salles à manger sont les pièces qui sont globalement les plus grandes.
Figure 35 : Surface des pièces
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
121
Les salles d’activités, présentent plus de surface par résidents (en particulier dans la salle
d’activité motrice - Figure 36). On note également moins de variations de surface par
résidents entre les différents salons ou salles à manger entre eux qu’entre les salles d’activités
motrices ou manuelles entre elles (écart type de 7,3 pour les salles d’activités manuelles, de 8
pour les salles d’activités motrices, de 2,7 pour les salons et de 2,3 pour les salles à manger).
Figure 36 : Surface de la pièce par résident
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
La Figure 37 montre que les volumes des pièces varient beaucoup. C’est respectivement dans
le salon et la salle d’activité motrice que l’écart type est le plus et le moins important. On peut
également voir que dans la salle « manuelle » le volume minimum est très faible (12,49m3) et
qu’à l’inverse le volume maximum dans les salons est très élevé (734m3).
Figure 37 : Volume
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
122
C’est dans les salles à manger qu’il y a le plus de variations au niveau de l’étalement (Figure
38). Les salles « motrices » sont les pièces les moins étalées (pour mémoire: si le rapport est
égal à 4 il s’agit d’un carré et plus il augmente et plus la pièce peut être considérée comme
étalée.235
) A l’inverse, les salles à manger sont les pièces les plus étalées. Dans un salon
l’étalement est inférieur à 4 car la pièce présente des angles coupés.
Figure 38 : Étalement des pièces
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
Plus la compacité est élevée, et plus la pièce est tassée (un cube présente une valeur de 1236
).
Il semblerait que l’on trouve moins de variation de compacité (Figure 39) dans les salles à
manger et dans les salles d’activités motrices que dans les salons et les salles d’activités
manuelles (la variation étant très importante dans cette pièce). Lorsque le rapport est supérieur
à 1, cela signifie que globalement la surface de la pièce est importante par rapport à sa
hauteur. Il semble donc, si l’on regarde ces valeurs que ces pièces sont de dimensions plutôt
classiques, avec une hauteur relativement faible comparativement à la surface.
Figure 39 : Compacité
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
235
Pour la définition de la variable relative à l’étalement nous invitons le lecteur à se référer à la Figure 7, p. 75. 236
Le lecteur peut se référer à la définition de la compacité, Figure 8, p.74.
123
La Figure 40 montre que les hauteurs minimales présentent globalement peu de variations
(surtout dans la salle à manger où elles varient de 2,23m à 3,25m). Il semblerait que ce sont
dans les salles d’activités motrices que les différences entre les hauteurs maximum et les
hauteurs minimum sont les plus faibles. C’est également dans cette salle que les hauteurs sont
globalement les plus basses.
Figure 40 : Les hauteurs des pièces
Source : illustration personnelle.
124
Perméabilité
On ne trouve jamais de cloisons amovibles dans les salons et les salles à manger, et très
rarement dans les salles d’activités. Dans ces quatre pièces, on note rarement la présence de
murs courbes. Globalement les salles à manger sont les pièces les moins perméables237
c’est-
à-dire les pièces où le sentiment de contrôle sur son environnement est le moins important
(Figure 41). On peut également voir que les salles d’activités manuelles présentent plus de
variations au niveau de la surface restant toujours visible depuis chaque angle. La Figure 42,
montre que ce sont dans les salles à manger et dans les salles d’activités manuelles que la
présence d’angles d’où la pièce reste intégralement visible est la moins fréquente venant
confirmer que les salles à manger sont des pièces plutôt imperméables (dans lesquelles le
sentiment de contrôle sur son environnement est faible).
La perméabilité des pièces a également été appréciée au regard de la quantité et la dimension
des zones qui ne sont pas visibles depuis l’entrée ou les entrées dans la pièce (quantité et
surface de cachette). Ce sont les salles à manger qui présentent le plus de zones et de surfaces
de cachette. On trouve beaucoup de variations dans les salles d’activités manuelles. Par contre
on note peu de cachettes depuis l’entrée dans les salons et surtout dans les salles d’activités
motrices. Les salles d’activités motrices présentent (Figure 43), moins d’angles rentrants et
sortants que les autres pièces. Il existe beaucoup de variations au sein du corpus pour les
salles d’activités manuelles.
Figure 41 : Pourcentage de surface toujours visible
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
237
Pour la définition des variables relatives à la perméabilité de la pièce et à la perméabilité avec les pièces en
contact, nous invitons le lecteur à se référer aux Figure 10 et Figure 11, pp. 80-79Figure 7.
125
Figure 42 : Nombre d’angles d’où la pièce reste intégralement visible
Source : illustration personnelle.
Figure 43 : Nombre d’angles dans la pièce
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
126
Concernant la perméabilité avec les pièces en contact (Figure 44), il ressort que les salles
d’activités sont globalement moins perméables physiquement et visuellement (c’est-à-dire
qu’elles ont moins de zones de contact avec d’autres pièces) que les salons ou les salles à
manger. Pour la perméabilité visuelle avec l’extérieur (c’est-à-dire les zones de vitrage
permettant de surveiller et d’être surveillé depuis l’extérieur de la pièce) les salles d’activités
présentent plus de variation que dans les salons ou les salles à manger. Par ailleurs, on note
plus d’accès sur l’extérieur dans les salles à manger que dans les autres pièces. Le nombre
d’accès intérieurs utilisables par le personnel et par les résidents est plus important dans les
salles à manger et les salons que dans les salles d’activités.
Figure 44 : Perméabilité avec les pièces en contact
Source : illustration personnelle.
127
Quantité d’éclairage naturel
La surface vitrée totale et le pourcentage de surface vitrée (Figure 45 - Figure 46) dans la
pièce sont globalement moins importants dans les salles d’activités motrices. Les deux pièces
où il semble y avoir le plus de variation au niveau de la quantité d’éclairage naturel sont le
salon et les salles d’activités manuelles (c’est dans ces deux pièces d’ailleurs que l’on trouve
les surfaces vitrées maximum). Il apparaît également que les salles à manger et les salons sont
les pièces dans lesquelles la quantité d’éclairage naturel est la plus importante (les valeurs de
la moyenne et de la médiane sont plus élevées dans ces pièces).
Figure 45 : Surface vitrée totale
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
Figure 46 : Pourcentage d'ouverture
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
128
Les salles d’activités manuelles, les salles à manger et les salons ont été jugés très lumineux
dans 38% des cas (Figure 47). Les salles manuelles sont jugées le plus fréquemment très
lumineuses et les salles motrices faiblement lumineuses. Les salles à manger, les salons et
salles « manuelles » présentent de grandes différences de lumière dans la pièce (Figure 48).
Figure 47 : Évaluation experte éclairage naturel
3 =très lumineux, 2 =moyennement lumineux, 1 =faiblement lumineux, 0=absence d'éclairage naturel
Figure 48 : Présence de différences de lumières entre zones
(2 = Grandes différences ; 1 = Un peu de différences ; 0 = Absence)
Source : illustration personnelle.
Surface et nombre d’orientations
Les salles à manger et les salons ont plus de façades différentes vitrées que les salles
d’activités (Figure 49). Les salles d’activités manuelles et motrices ne possèdent parfois pas
d’éclairage naturel (dans 5% des cas pour les salles manuelles et dans 10% des cas pour les
salles motrices). Les salles à manger ont le plus souvent deux orientations. On note, le plus
fréquemment dans les salons la présence d’une ou deux orientations. Il est possible de voir
que 86% des salles à manger ont plusieurs orientations (trois ou deux) et que 58% des salons
en ont également plusieurs (deux, trois ou six). Par contre dans les salles d’activités,
possèdent généralement une seule orientation.
129
Figure 49 : Nombre d'orientations
Source : illustration personnelle.
Les salles manuelles et les salles à manger ont globalement moins de vitrage au nord qu’au
sud, à l’est et à l’ouest. En ce qui concerne les salons ils ont généralement plus de vitrage au
sud et à l’est et moins au nord et à l’ouest. Les salles motrices ont quant à elles moins de
vitrage à l’ouest et plus à l’est.
La position du vitrage
Dans ces quatre pièces, le vitrage zénithal est pas ou peu présent (81% des salles à manger,
86% des salons et 90% des salles manuelles et toutes les salles motrices n’en ont pas) et
lorsqu’il existe sa surface est faible. Dans plus de la moitié des cas le vitrage se prolonge
jusqu’au sol même si cela est un peu plus fréquent dans les salles à manger et salons (présence
dans 71% des cas pour la salle à manger, dans 77% des cas pour le salon et dans 65% des cas
dans les salles d’activités). Pour ces quatre pièces dans environ un quart des cas on trouve du
vitrage à plus de deux mètres. Du vitrage est placé à hauteur d’homme (allège à environ un
mètre) dans 62% des salles à manger, dans 48% des salons, dans 50% des salles d’activités
manuelles et dans 20% des salles d’activités motrices.
Les systèmes d’occultation
Rares sont les masques lointains dans ces quatre pièces (bâtiments et/ou éléments naturels
venant faire un masque). Pour caractériser les systèmes de contrôles fixes (avancée de toiture,
vitrage filmé…), nous avions au démarrage une variable à trois modalités (absence, présence
pour certaines ouvertures et présence pour toutes les ouvertures) ce qui isolait fortement
130
certains spécimens. Afin de maximiser la variation, nous avons transformé cette variable en
une variable binaire considérant la présence ou absence de contrôles fixes et nous notons la
présence de contrôles fixes dans : 71% des salles à manger, 48% des salons, dans 40% des
salles d’activités manuelles et dans 30% des salles d’activités motrices. La majorité des salles
à manger (76%), des salons (67%) et des salles d’activités motrices (65%) ont un système de
contrôle mobile (store électrique ou manuel, rideau, banne…) alors qu’un peu moins de la
moitié des salles d’activités manuelles en ont (40%).
Éclairage artificiel
Pour caractériser l’éclairage artificiel de ces salles 13 variables ont été retenues initialement :
La possibilité de contrôler et moduler l’ambiance lumineuse a été appréhendée à
travers deux variables : la présence de système d’ajustement de l’éclairage (variateur)
et la présence de circuit autonome (possibilité de pouvoir allumer une partie de la
pièce sans allumer l’autre ou de pouvoir allumer les appliques sans allumer les
plafonnier). Les modalités de cette variable isolent des spécimens et sont liées à la
position de l’éclairage dans la pièce. Cette variable a donc été transformée afin de se
concentrer sur la possibilité de « moduler son environnement lumineux ».
Des variables relatives à la quantité d’éclairage au mur, au plafond et la quantité
totale d’éclairage. Ces données, sans tenir compte des dimensions des pièces, ne
signifient évidemment pas grand-chose. Pour pallier ce problème il a été introduit une
variable permettant d’apprécier le nombre d’éclairages en fonction du volume de la
pièce.
Des variables concernant la ou les typologie(s) d’éclairages utilisés dans la pièce
(suspension, spots encastrés, incandescent, halogène, fluocompact…),
Une mesure du ressenti que l’on a dans la pièce par rapport à l’éclairage artificiel.
Des variables relatives à la position de l’éclairage.
Les résultats concernant la typologie d’éclairage sont difficilement interprétables compte tenu
des nombreuses données manquantes (liées en partie aux difficultés de mesurer et distinguer
le type de lumière utilisé ainsi que pour obtenir ces informations d’une tierce personne).
Seules les données relatives à la présence ou à l’absence de tubes fluorescents semblent
fiables. Ce type d’éclairage est beaucoup plus présent dans les salles d’activités que dans les
salons et salles à manger (puisque l’on en trouve dans 43% des salles à manger, dans 38% des
salons, dans 80% des salles d’activités manuelles et dans 70% des salles d’activités motrices).
Il existe rarement ou jamais de système d’ajustement de l’éclairage artificiel de type variateur
(un seul salon en possède et les autres pièces n’en ont pas). Dans les salles d’activités, on
rencontre généralement un seul circuit sur plafonnier ou sur applique ne permettant pas une
modulation de l’éclairage (dans 75% des cas pour les salles « manuelles » et dans 65% pour
les salles « motrices »). Pour les salles à manger un peu plus de la moitié des spécimens
(57%) ont un seul circuit dans la pièce et dans les salons un peu moins de la moitié (43%).
Ces quatre pièces ont presque toujours de l’éclairage au plafond. Un peu moins de la moitié
(48%) des salles à manger et des salons n’ont pas d’éclairage en applique alors que la plupart
131
des salles d’activités n’en ont pas (70% pour la salle « manuelle » et 75% pour la salle
« motrice »).
La Figure 50 montre que les salles d’activités manuelles sont les pièces les plus faiblement
lumineuses et que ce sont a priori les salons qui sont les pièces les plus lumineuses.
Figure 50 : Évaluation sensible éclairage artificiel, 3 = Très lumineux 2 = moyennement
lumineux 1 = faiblement lumineux
Source : illustration personnelle.
Colorimétrie
Les variables relatives à la tonalité chromatique présentaient trop peu de variations. Elles ont
donc été modifiées pour permettre de déterminer si la couleur est présente dans la pièce
indépendamment de l’endroit où la teinte se trouve. Après cette transformation, on note
rarement la présence du rouge et de rose et la prégnance du blanc dans toutes les pièces. Le
Tableau 11 résume les couleurs utilisées dans les différentes pièces. Le Tableau 12 et la
Figure 51 quant à eux résument les principaux résultats des variables relatives à la
colorimétrie des sols, des plafonds et des portes. Les principales caractéristiques relatives à la
colorimétrie des murs sont présentées dans Tableau 13 et dans les figures Figure 52 et Figure
53. Enfin, la Figure 54 indique la quantité totale de teintes (sol, porte, mur et plafond
confondus) utilisées dans chaque pièce qui s’élève le plus fréquemment à trois teintes
différentes dans la même pièce.
Tableau 11 : Les couleurs
teinte Total salles à
manger
Total salon Total salle manuelle Total salle motrice
Rouge 4,8% 0% 5% 5%
Orange 52,4% 47,6% 40% 25%
Marron 14,3% 14,3% 25% 25%
Beige 52,4% 52,4% 55% 55%
Jaune 23,8% 19% 15% 10%
Vert 33,3% 42,8% 50% 35%
Bleu 28,6% 14,3% 25% 30%
Violet 28,6% 33,3% 10% 0%
Rose 14,3% 4,8% 20% 5%
Gris noir 38% 47,6% 45% 40%
Blanc 95,2% 100% 95% 95%
132
Tableau 12 : L’obscurité, saturation et les variations de couleurs des sols, plafonds et
portes
teinte Obscurité Saturation Variété de couleurs dans la même
pièce
Sols Plutôt Clairs Variation importante d’un
établissement à l’autre
Généralement présence d’une couleur
unique dans la même pièce
Plafonds Le blanc domine
Clairs
Peu de variations de
saturation au sein du
corpus et au sein d’une
même pièce
Plafonds peu saturés
Généralement présence d’une couleur
unique dans la même pièce
Portes Variations importantes
d’un établissement à
l’autre Peu de variations au
sein d’une même pièce
(salon et salles d’activités)
et variations dans la moitié
des cas pour les salles à
manger
Variations importantes
d’un établissement à
l’autre
Peu de variations au sein
d’une même pièce (salon
et salles d’activités) et
variations dans la moitié
des cas pour les salles à
manger
Les salles d’activités ont
majoritairement une différence de
traitement entre la porte d’entrée et le
mur adjacent alors que la moitié environ
des salles à manger et des salons en ont.
Tableau 13 : L’obscurité, la saturation et les variations de teintes des murs
Murs
teinte Obscurité Saturation Variations dans une même pièce
Salle à
manger
Toujours présence d’une
couleur claire
Murs généralement
plutôt clairs mais
variations importantes
au sein d’une même
pièce
Variations assez importantes
d’un établissement à l’autre
Pièce où les couleurs sont les
plus saturées
Pièce présentant le plus de variation de
teinte d’une zone à l’autre
Salon Toujours présence d’une
couleur claire
Murs généralement
plutôt clairs mais
variations importantes
au sein d’une même
pièce
Variations assez importantes
d’un établissement à l’autre
Pièce où les couleurs sont les
plus saturées
Salle
d’activités
manuelles
Toujours présence d’une
couleur claire
Murs généralement
plutôt clairs mais
variations importantes
au sein d’une même
pièce
Variations très importantes
d’un établissement à l’autre
Salle
d’activités
motrices
Toujours présence d’une
couleur claire
Murs généralement
plutôt clairs mais
variations importantes
au sein d’une même
pièce
Variations très importantes
d’un établissement à l’autre
Pièce présentant le moins de variations
de teintes d’une zone à l’autre
Jamais plusieurs couleurs sur un même
mur
133
Figure 51 : Saturation et obscurité des sols
Figure 52 : Obscurité des murs
Figure 53 : Saturation des murs
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
134
Figure 54 : Quantité de teintes
Source : illustration personnelle.
Motifs
On ne trouve jamais de motifs sur les sols et les plafonds et rarement sur les murs (seulement
dans 10% des cas pour ces quatre pièces). Ces motifs toujours figuratifs et non répétitifs. La
présence de motifs sur les portes est également rare. Nous conserverons une seule variable
générale relative à la présence ou non de motifs dans la pièce (indépendamment de la
localisation des motifs). Il s’agit avant tout d’augmenter la variation et par conséquent de
rendre les données exploitables. Par ailleurs, on peut noter l’absence de bordure au niveau du
sol dans toutes ces pièces. Un peu plus de la moitié des pièces présentent du sol tacheté.
Matériaux
Les sols des quatre pièces principales ne sont jamais totalement rugueux (ils sont soit lisses,
soit moyennement rugueux) ni mous (ils sont moyennement durs ou moyennement mous).
Aucune pièce ne présente de différences de matériaux et de textures au niveau des sols. D’une
manière générale, les sols ont une différence de température qui est grandement ou faiblement
ressentie.
On trouve rarement des différences de matériaux au sein d’un plafond d’une même pièce. La
moitié du corpus environ (pour chacune de ces pièces) possède du faux plafond démontable.
135
Pour les quatre pièces, on peut constater que les variables relatives aux portes sont
relativement constantes. Globalement, elles sont lisses, moyennement dures, avec peu de
différences de température ressentie et aucune différence de matériaux.
Les différences de matériaux et de textures sur les murs d’une même pièce sont relativement
rares dans ces quatre pièces (75% des salles motrices, 81% des salles à manger, 65% des
salles manuelles et 71% des salons n’ont pas de différences). Le matériau le plus présent dans
ces quatre pièces est la peinture avec de la toile de verre (Tableau 14). Dans les salon et salles
à manger la différence de température des murs est le plus souvent faiblement ressentie. C’est
moins le cas pour les salles d’activités. Dans les quatre pièces les murs sont le plus
fréquemment un peu rugueux. Dans les salles à manger, salons et salles d’activités manuelles,
les murs sont soit moyennement durs soit durs. Dans les salles motrices les murs peuvent être
moyennement durs (55%), moyennement mous (5%) ou durs (40%). Un seul matériau est le
plus souvent employé sur les murs (Figure 55). Les salles d’activités manuelles sont les pièces
où l’utilisation de plusieurs matériaux sur les murs est la plus fréquente.
Tableau 14 : Les matériaux des salles à manger, salons et salles d'activités
Salle Revêtement du sol Matériaux sur les murs
Salle à manger Sol souple 57%
Carrelage 43%
Peinture avec de la toile de verre 62%
Peinture sans toile de verre 24%
Crépi, pierre ou béton 9,5%
Salon Sol souple 76%
Carrelage 24%
Peinture avec de la toile de verre 62%
Peinture sans toile de verre 24%
Crépi, pierre ou béton 14%
Salle d’activités
manuelles
Sol souple 65%
Carrelage 25%
Béton 10%
Peinture avec de la toile de verre 50%
Peinture sans toile de verre 35%
Crépi, pierre ou béton 25%
Salle d’activités motrices Sol souple 70%
Carrelage 25%
parquet 5%
Peinture avec de la toile de verre 50%
Peinture sans toile de verre 30%
Crépi, pierre ou béton 20%
Nota : Certains matériaux sont présents sur les murs de certaines de ces pièces mais ils restent très minoritaires
(c’est le cas des revêtements plastifiés, des murs en briques, de la tapisserie, de la tôle)
Figure 55 : Quantité de matériaux sur les murs
Source : illustration personnelle.
136
Thermique
On constate (Tableau 15) que les systèmes de chauffage sont généralement soit au sol soit par
convecteurs muraux. La climatisation est rarement présente dans les salles d’activités. Les
résidents globalement même quand ils pourraient accéder à la régulation thermique, ne
l’utilisent pas. La plupart des pièces semblent avoir un système autonome. Il semble possible
d’accéder à la régulation dans un peu plus de la moitié des pièces. Globalement, ces quatre
pièces sont jugées plus confortables l’hiver que l’été par les équipes (Tableau 16).
Tableau 15 : quantité et typologie des systèmes de régulation thermique
Salle Présence
de
chauffage
par le sol
Présence de
convecteur
mural
Nombre
de
convecteur
mural
Présence de
système de
climatisation
Possibilité
d’accéder
à la
régulation
Régulation
utilisée par
les
résidents
Régulation
indépendant
e
Salle à
manger
48% 52% de 0 à 4 38% 57% 12% La majorité
Salon 48% 52% de 0 à 6 38% 62% 12% La majorité
Salle
d’activités
manuelles
35% 55%
de 0 à 6 15% 55% 12% La majorité
Salle
d’activités
motrices
45% 55% de 0 à 3 10% 60% 12% La majorité
Tableau 16 : Confort thermique l'été et l'hiver
Salle Chauffage Confort thermique l’été Chauffage Confort thermique l’hiver
Salle à manger 56% jugées chaudes ou légèrement chaudes
44% jugées confortables
11% jugées froides ou légèrement froides
89% jugées confortables
Salon 39% jugés chauds ou légèrement chauds
61% jugés confortables
Tous les salons sont jugés confortables
l’hiver
Salle
d’activités
manuelles
41% jugées chaudes ou légèrement chaudes
59% jugées confortables
35% jugées froides ou légèrement froides
65% jugées confortables
Salle
d’activités
motrices
44% jugées chaudes ou légèrement chaudes
56 % jugées confortables
18% jugées froides ou légèrement froides
82% jugées confortables
Solidité et résistance
La majorité des pièces n’ont pas de protection d’angles (62% pour les salles à manger ; 76%
pour les salons ; 90% pour les salles d’activités manuelles et motrices). La présence de
protections d’angle est plus rare dans les salles d’activités que dans les autres pièces. Quelles
que soient les pièces considérées (salles à manger, salons, salles d’activités) on retrouve peu
ou pas de tuyauterie apparente.
137
Acoustique
Les bruits de fond moyens (Figure 56) sont plus élevés dans les salles à manger que dans les
salles d’activités ou dans les salons. Les différents spécimens du corpus présentent beaucoup
de variation entre eux et ce en particulier dans les salles à manger et dans les salons.
Figure 56 : Bruit de fond moyen
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
Les temps de réverbération moyen (Figure 57) sont plus élevés dans les salles à manger et
dans les salles « manuelles ». Ce sont également dans ces deux pièces que l’on trouve le plus
de variations entre les différents établissements du corpus. Dans les salles motrices, le son met
légèrement moins de temps globalement pour décroître que dans les autres pièces.
Figure 57 : Temps de réverbération moyen 250hz-10khz
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
138
Nous avons donc pu constater que :
- Les salles à manger sont les pièces les plus grandes et les plus étalées. Les salles d’activités
motrices sont les pièces les moins étalées.
- La compacité varie plus dans les salles d’activités manuelles et dans les salons.
- Globalement dans les pièces du corpus, la surface est importante par rapport à la hauteur de
la pièce (à l’image de pièces classiques).
- La surface de pièce disponible par résidents est plus importante dans les salles d’activités
que dans les salons et salles à manger.
- Les hauteurs minimales varient peu dans ces quatre pièces
- Les salles à manger sont les pièces dans lesquelles on peut le moins surveiller son
environnement et les salles d’activités manuelles présentent beaucoup de variation concernant
ces variables.
- Les salles d’activités sont moins perméables avec les pièces qui leur sont directement en
contact que les salons et les salles à manger.
- Les salons et les salles à manger possèdent globalement plus d’éclairage naturel que les
salles d’activités. On trouve beaucoup de variations dans la quantité d’éclairage naturel entre
les différents spécimens du corpus pour les salons et pour les salles d’activités manuelles.
- Les salons et les salles à manger ont plus d’orientations que les salles d’activités.
- On note plus souvent des dispositifs d’éclairage artificiel de type fluorescent dans les salles
d’activités que dans les salons et dans les salles à manger.
- Dans ces quatre pièces la présence de motif est rare.
- Les sols de ces quatre pièces sont plutôt clairs et moyennement saturés. Les plafonds sont
généralement clairs, peu saturés et avec peu de variations au sein d’une même pièce. Les
murs, des salles d’activités motrices présentent moins de variations de teintes que dans les
autres pièces. Les murs sont plutôt clairs mais des différences importantes peuvent être
présentes au sein d’une même pièce. Les murs de ces quatre pièces présentent beaucoup de
variations de saturation au sein du corpus (ce sont les salles à manger et les salons qui ont les
teintes les plus saturées).
- Les revêtements de sol dans ces 4 salles sont généralement soit du sol souple soit du
carrelage. Les murs sont le plus souvent peints (avec ou sans toile de verre).
- Les bruits de fond sont plus élevés dans les salles à manger et les temps de réverbération
semblent plus élevés dans les salles à manger et dans les salles manuelles.
Le salons, les salles à manger et les salles d’activités présentent plus de variations et de
différences dans leur fonctionnement, leur traitement, leurs dimensions, leur
morphologie, leur perméabilité etc. que les chambres, les WC ou les salles de bains.
139
Ce temps consacré aux statistiques descriptives permet de connaitre le corpus devant faciliter
l’analyse et l’interprétation des corrélations avec les variables cliniques. Il est possible de dire
a priori que certains paramètres architecturaux évoqués dans le consensus sont peu respectés
par les établissements conçu spécifiquement pour accueillir des personnes autistes ; c’est le
cas des pièces utilisées pour plusieurs activités ou de la présence importante de tube
fluorescent dans les salles d’activités. Les établissements les plus récents présentent une
conception, une organisation et des aménagements proches d’autres types d’établissements
médico-sociaux. Par ailleurs, quelques tendances semblent caractériser les établissements
issus de rénovation qui n’ont pas été conçu spécifiquement pour accueillir des personnes
présentant des TSA. Ces établissements semblent présenter plus souvent des étages, plus de
couleurs, de motifs et des chambres qui ne sont pas toutes identiques.
IV.3 Étude des dépendances et sélection des
variables architecturales
Avant de regarder les corrélations avec les variables cliniques, il est nécessaire :
D’une part, de réduire le nombre important de variables architecturales par rapport au
nombre d’individus limité qui ont été évalué. En effet, de nombreux tests statistiques
imposent, que le nombre de variables soit inférieur au nombre d’individus. Certaines
variables qui ne varient pas ont donc été éliminées.
D’autre part, de rendre les variables indépendantes pour des raisons d’efficacité de
l’exploitation de l’analyse (lorsque cela semble pertinent).
Cette analyse des relations des variables architecturales entre elles doit également compléter
notre connaissance du corpus. À l’issue de cette analyse, nous avons créé deux bases de
données dérivées de la première comme nous l’avons déjà évoqué. Une base réduite au sein
de laquelle les variables sont toutes indépendantes et une base élargie au sein de laquelle
certaines variables corrélées sont conservées car les cliniciens et les collèges d’experts
(Asperger et représentant des usagers) envisagent que toutes ces variables pourraient impacter
le bien-être des personnes atteintes de TSA. Nous présenterons, les corrélations analogues qui
ont été trouvées dans les différentes pièces ainsi que les relations les plus marquantes238
.
238
Nous invitons le lecteur à se référer au paragraphe IV.1 Aspects méthodologiques (p.91.), pour une
description complète des outils et de la méthode utilisée.
140
IV.3.1 Étude des dépendances et sélection des variables relatives
aux contextes social, spatial et historique
Date de construction et réhabilitation
L’analyse de la Figure 58 et des coefficients de corrélation de Pearson (r= 0,67) permet de
voir que l’époque de construction de la partie hébergement semble liée à celle de la partie
activité (ces deux zones de l’établissement ayant souvent été construites à la même époque).
Nous avons donc conservé uniquement la date de construction de l’hébergement car il s’agit
de la zone de l’établissement la plus fréquentée par les résidents (cf. description des taux de
fréquentation page 101) et qui constitue le lieu de vie principale de ces derniers. La date de
création de l’hébergement et la fonction initiale de l’établissement semblent également varier
ensemble (coefficient de corrélation bi-sérielle r= -0,89). Ainsi, il apparaît que plus les
établissements sont anciens et moins ils ont été conçus pour accueillir spécifiquement des
personnes autistes.
Figure 58 : Date de création de l’établissement
Source : illustration personnelle.
Caractéristiques générales de l’établissement
Le nombre de niveaux total dans le bâtiment semble plus important dans les établissements
les plus anciens (r= -0,65). Le nombre d’étages de la partie hébergement semble également
plus important dans les unités les plus anciennes (r= -0,51). Il semblerait donc que des
éléments du consensus aient pu être intégrés lors de la définition et création des
établissements les plus récents. En revanche, l’époque de construction ne semble pas
particulièrement corrélée avec le nombre de personnes maximum accueillies dans l’unité (r=
0,06) ni avec le nombre d’unités d’hébergement différentes (r= -0,03).
On ne trouve pas de corrélation significative entre la ressemblance des unités entre elles, la
présence d’unités clairement définies, la liaison entre ces unités ou la liberté de circulation
141
entre unités. En revanche, la présence d’unités clairement définies semble varier assez
similairement avec la variable « liaison des unités entre elles » (indice de Jaccard : 0,74).
Quand il y a des unités clairement définies, il y a souvent des unités séparées.
Contexte acoustique de l’environnement de l’établissement
L’analyse de corrélation (Tableau 17) montre qu’il existe un écart important entre
l’évaluation experte de l’environnement sonore et les mesures physiques. En effet, les
coefficients de corrélation sont moyennement élevés. Il semble donc nécessaire de retenir ces
deux types de mesures qui ne donnent pas les mêmes résultats.
Tableau 17 : Relations entre les mesures physiques et l’évaluation experte
Ce tableau présente les coefficients de corrélations entre les mesures physiques* (BF moyen, maximum et
minimum) et l’évaluation experte** de l’environnement sonore proche de l’établissement Variables Coefficient de corrélation de Pearson
BF moyen (environnement extérieur) 0,48
BF maximum (environnement extérieur) 0,53
BF minimum (environnement extérieur) 0,49
*Pour une fiabilité des résultats, les mesures « physiques » (effectuées avec un sonomètre) sont réalisées en
différents points à partir desquels des moyennes spatiales et des valeurs maximum et minimum sont calculées.
** L’évaluation experte se base sur l’évaluation du niveau sonore des bruits présents dans l’environnement
proche des 20 établissements du corpus. Cette variable varie sur une échelle à quatre valeurs : 4.
environnement proche bruyant, 3. plutôt bruyant, 2. relativement calme, 1. très calme.
L’analyse des mesures physiques entre elles, (Tableau 18) nous conduit à ne conserver
comme variables que le bruit de fond moyen et le bruit de fond écart type.
Tableau 18 : Relations entre les mesures physiques de l’environnement sonore proche de
l’établissement
Coefficient de corrélation de Pearson – Environnement extérieur
BF moyen BF maximum BF minimum
BF maximum 0,93 1
BF minimum 0,87 0,70 1
BF écart type 0,13 0,44 -0,30
Les espaces extérieurs, les surfaces accessibles librement, les lieux
d’activités et le repérage
La surface totale de jardin sur le site de l’établissement et celle réellement accessible aux
résidents ne sont que peu corrélées entre elles (r= 0,36). La présence d’espaces extérieurs
accessibles librement est liée à la surface extérieure accessible librement. Bien que l’on
puisse déduire la présence ou l’absence d’un espace extérieur accessible à partir de la donnée
de sa surface, nous conserverons les deux variables, qui n’ont pas la même signification. La
première permet de donner un poids plus important à la surface nulle.
La surface d’activité en dehors de l’hébergement varie en sens inverse de la variable relative à
la surface d’activité dans l’hébergement (r= -0,44), ce qui signifie que plus il y a de surface
dédiée aux activités en dehors de l’hébergement et moins il y en a à l’intérieur de
l’hébergement. La présence d’un code couleur pour les portes de la partie activités, pour les
portes de l’hébergement, et la présence d’un code de couleur pour distinguer les unités, ne
sont pas assez corrélées entre elles pour ne pas les conserver.
142
IV.3.2 Étude des dépendances et sélection des variables relatives
aux situations-types
Fonction et utilisation de la pièce (forme, fréquence, activité, délimitation
de la pièce…)
Quand l’utilisation de la pièce est libre, il s’y déroule généralement plusieurs types
d’activités, et le taux de fréquentation est plus élevé. Il est plus surprenant que l’utilisation
réglementée ne détermine pas (statistiquement) le fait qu’elle soit spatialement bien définie,
délimitée et identifiée, ni la possibilité qu’elle ait un rôle distributif. En revanche, on
comprend mieux que lorsque la pièce est clairement délimitée et définie, elle ne distribue
généralement pas d’autres espaces.
Dimensions
Dans les quatre pièces dans lesquelles la compacité et l’étalement ont été mesurés il
n’apparaît pas de lien réellement important entre ces deux variables (r= 0,39 pour la salle à
manger, r= 0,59 pour le salon, r= 0,46 pour la salle d’activité manuelle et r = 0,33 pour la salle
motrice).
Surface de la pièce, surface de la pièce par résident et nombre d’utilisateurs simultanés
Dans les salons et les salles à manger, on peut noter l’existence d’une relation de multi-
colinéarité non parfaite entre ces trois variables. Cette relation apparaît de manière moins
forte dans la salle d’activités motrices et est absente dans la salle d’activités manuelles. Les
variables surface de la pièce par résident et surface sont plus corrélées entre elles dans les
salons et les salles à manger que dans les salles d’activités (r= 0,74 pour la salle à manger,
r= 0,68 pour le salon, r= 0,22 pour la salle d’activités manuelles et r=0,35 pour la salle
d’activités motrices). La surface de la pièce par résident et le nombre d’utilisateurs ne sont
pas liés entre eux sauf dans la salle d’activités motrices (r= -0,09 pour la salle à manger, r= -
0,14 pour le salon, r= -0,33 pour la salle « manuelle » et r=0,78 dans la salle d’activité
motrice). Les variables surface et nombre d’utilisateurs simultanés sont moyennement ou très
peu corrélées entre elles (r= 0,58 pour la salle à manger, r= 0,68 pour le salon, r= 0,27 pour la
salle d’activités manuelles et r= -0,01 pour la salle d’activités motrices). Ce qui signifie que,
si la capacité d’accueil a bien été spécifiée et respectée, les architectes ont adapté les surfaces
de la salle à manger et du salon à cet effectif, mais pas celles des salles d’activités. Or, on
constate que pour ces dernières, la régulation du nombre d’utilisateurs simultanés ne se fait
pas en fonction des surfaces. Étant donné que pour les collèges d’experts ces trois variables
apparaissent comme essentielles par rapport au tableau clinique de l’autisme (troubles des
interactions et besoin d’isolement en particulier) nous avons conservé ces trois variables mais
lors de l’interprétation des résultats nous retiendrons qu’elles varient ensemble.
143
Hauteur
Pour l’ensemble des pièces, une relation de multi-colinéarité parfaite (R2= 1) existe de
manière évidente entre la hauteur maximum, la hauteur minimum et la différence de hauteurs.
Lorsque l’on connaît deux de ces variables il est possible de connaître la troisième. Par
ailleurs, on peut voir en analysant les représentations graphiques (Figure 59) et les taux de
corrélations que :
La hauteur maximum et la différence de hauteurs sont très corrélées (r= 0,99 pour la
salle à manger, r=0,97 pour le salon, r= 0,87 pour la salle d’activités manuelles et r=
0,71 pour la salle d’activités motrices).
La hauteur maximum et la hauteur minimum sont plus faiblement corrélées entre elles
(r= 0,10 pour la salle à manger, r= 0,39 pour le salon, r= 0,46 pour la salle manuelle et
r= 0,515 pour la salle motrice).
La différence de hauteurs est faiblement corrélée à la hauteur minimum (r= -0,05 pour
la salle à manger, r= 0,15 pour le salon, r= -0,04 pour la salle manuelle et r= -0,24
pour la salle motrice.
On note, pratiquement toujours des parties basses dans les pièces. Ces relations
proviennent du fait que la hauteur minimum varie peu, par conséquent les différences de
hauteur sont essentiellement à rattacher aux variations de la hauteur maximum. Dans la
base élargie, nous avons conservé uniquement la hauteur maximum et la hauteur
minimum. Étant donné que dans certaines pièces la hauteur minimum était presque
constante nous avons, pour certaines pièces, gardé seulement la hauteur maximum.
Figure 59 : Relation entre les variables relatives à la hauteur des pièces
Source : illustration personnelle.
144
Étalement, périmètre et surface
La multi-colinéarité est très importante mais non parfaite entre l’étalement de la pièce, sa
surface et son périmètre. On peut voir par ailleurs lorsque l’on analyse les coefficients de
corrélation et la Figure 60 que la corrélation entre :
le périmètre et la surface est très importante (r >0,9) pour les quatre pièces,
le périmètre et l’étalement est élevée (r > 0,8), sauf pour la salle d’activités motrices,
où le coefficient tombe à 0,5.
l’étalement et la surface est beaucoup plus faible hormis dans la salle d’activités
manuelles (r= 0,56 pour le salon, r= 0,45 pour la salle à manger, r= 0,27 pour la salle
d’activités motrices et r= 0,81 pour la salle d’activités manuelles).
La variable périmètre a donc été supprimé car elle entretient une relation de multi-colinéarité
avec les deux autres variables et elle est généralement très corrélée avec la surface et
l’étalement. Par ailleurs, la notion de périmètre est plus difficilement transposable,
manipulable et interprétable par un architecte. Bien qu’indirectement, cette variable renvoie à
la forme géométrique de la pièce en plan, il est beaucoup plus difficile aux experts de la relier
en tant que telle aux catégories des phénomènes qui semblent influencer la qualité de vie ou le
comportement des personnes atteintes de TSA.
Figure 60 : Relation entre la surface, le périmètre et l’étalement de la pièce
Source : illustration personnelle.
Nota : Les variables ont été transformées sur une échelle allant de 0 à 1 pour pouvoir être comparées
facilement.
145
Surface de la pièce, volume et compacité
Dans l’ensemble des pièces concernées par ces variables, il existe une relation de multi-
colinéarité non parfaite entre ces trois variables. On note une corrélation est très importante
(Figure 61) entre le volume d’une pièce et sa surface. La surface et la compacité semblent
liées entre elles, mais dans une moindre mesure. Le volume et la compacité, quant à eux, ne
sont pas particulièrement corrélés entre eux. Même si le volume et la surface sont très corrélés
nous conserverons ces deux variables dans la base élargie car les experts de l’équipe
(expertise représentant des usagers et non neurotypique) ont jugé que ces deux variables
pouvaient être des facteurs de troubles potentiels pour des personnes atteintes de TSA, selon
des mécanismes éventuellement différents. Bien que les effets de l’un ou de l’autre seront
difficilement isolables pour les établissements de notre corpus, l’architecte peut, par le choix
de la hauteur les faire varier indépendamment.
Figure 61 : Relation entre la surface, la compacité et le volume des pièces
Source : illustration personnelle.
Nota : Les variables ont été transformées sur une échelle allant de 0 à 1 pour pouvoir être comparées
facilement.
146
Perméabilité
Perméabilité de plusieurs pièces en contact
Il existe une relation de multi-colinéarité non parfaite entre la perméabilité physique et
visuelle239
. La perméabilité physique est très corrélée à la perméabilité visuelle avec une autre
pièce (r= 0,95 pour la salle à manger, r= 0,98 pour le salon, r= 0,81 pour les salles
« manuelles », il n’y a jamais de perméabilité physique dans les salles « motrices »). C’est
donc dans les salles d’activités manuelles que ces deux variables sont le moins liées. Nous
conserverons toutefois ces deux variables dans la base de données élargie car il est difficile a
priori de savoir laquelle serait la plus influente pour des personnes autistes. Cette forte
corrélation s’explique par le faible nombre de surface vitrée entre deux pièces. En effet la
perméabilité physique incluant la perméabilité visuelle, l’écart ne provient que de la présence
de tel vitrage. Dans les salles d’activités, les salons et les salles à manger il est possible de
voir que la surface de vitrage intérieur et le nombre de vitrage intérieur sont liés. Ces deux
variables ont toutefois été conservées dans la base élargie dans un premier temps car il est
difficile de savoir laquelle des deux pourrait être la plus problématique.
Perméabilité au sein de la pièce
Trois variables permettent de caractériser la perméabilité d’une pièce : la surface
imperméable totale, le pourcentage de pièce toujours visible et le nombre d’angles d’où la
pièce est entièrement visible240
. Le pourcentage de la pièce qui reste toujours visible quel que
soit l’angle où l’on se situe est très corrélé aux nombres d’angles d’où il est possible de voir
toute la pièce et plus faiblement à la surface imperméable (Tableau 19). La surface
imperméable est moyennement corrélée (à l’exception de la salle « motrice ») aux nombres
d’angles d’où toute la pièce reste visible. Par ailleurs, la surface imperméable est très corrélée
à l’étalement de la pièce, à son périmètre et dans une moindre mesure à sa surface. Nous
avons supprimé le nombre d’angles d’où la pièce est intégralement visible.
Tableau 19 : Relations des variables relatives à la perméabilité de la pièce
Surface
imperméable
Pourcentage de pièce
toujours visible
SALLE À
MANGER Pourcentage de pièce toujours visible r = -0,57 -
Nombre d’angles d’où la pièce est entièrement visible r = -0,43 r= 0,82
SALON Pourcentage de pièce toujours visible r = 0,66 -
Nombre d’angles d’où la pièce est entièrement visible r = -0,62 r= 0,92
SALLE
MANUELLE Pourcentage de pièce toujours visible r = -0,49 -
Nombre d’angles d’où la pièce est entièrement visible r = -0,46 r= 0,95
SALLE
MOTRICE Pourcentage de pièce toujours visible r = -0,72 -
Nombre d’angles d’où la pièce est entièrement visible r = -0,78 r= 0,84
239
Pour la définition de ces variables, nous invitons le lecteur à se reporter au paragraphe III.2.1.2 Les variables
locales (p. 93). 240
Pour la définition de ces variables, nous invitons le lecteur à se reporter au paragraphe III.2.1.2 Les variables
locales. (p. 92).
147
Zones de cachette (surface et nombre)
Dans la base brute, il y avait quatre variables (le nombre de cachettes maximum, minimum et
les surfaces de cachette maximum et minimum correspondantes)241
. On peut noter une forte
corrélation (Figure 62) entre le nombre de cachettes maximum et minimum (r est compris
entre 0,8 et 1 pour les quatre pièces) et entre la surface maximum et minimum de cachette (r
entre 0,68 et 0,94). Il existe un lien moins important entre le nombre de cachettes maximum et
la surface de cachette maximum et entre les valeurs minimales de ces variables.Nous avons
donc retenu une variable relative à surface moyenne des zones de cachette et une relative au
nombre moyen de zones de cachette.
Figure 62 : Relation entre les variables relatives aux zones et nombre de cachettes
Source : illustration personnelle.
Nombre d’accès
Dans la base brute, nous avions trois variables relatives aux nombre d’accès dans la pièce : le
nombre d’accès depuis l’intérieur pour les personnes autistes, le nombre d’accès pour le
personnel et le nombre d’accès sur l’extérieur. Ces trois variables ont été réduites à deux (le
nombre d’accès sur l’extérieur et le nombre d’accès pour le personnel) dans toutes les pièces
après analyse des corrélations de ces variables entre elles. En effet, le nombre d’accès
accessibles pour les résidents et celui accessibles pour le personnel sont liés puisque l’un
inclut l’autre. Nous conserverons celui accessible pour le personnel qui se réfère plus à la
perméabilité (entrée d’où une personne peut surgir dans la pièce) et qui englobe l’autre.
241
Pour la définition de ces variables, nous invitons le lecteur à se reporter au paragraphe III.2.1.2 Les variables
locales (p. 92).
148
Relation entre les variables relatives au nombre d’angles
Concernant les angles dans les pièces nous avions mesurés d’une part la quantité d’angles
rentrants et sortants et d’autre part parmi ces angles la quantité permettant qu’une personne
puisse se cacher et la quantité totale242
. L’étude des relations entre les variables relatives aux
angles avait donc pour objectif notamment de :
Détecter si les deux types d’angles étaient corrélés (cachette/totale) afin d’en
conserver un seul sur les deux.
Détecter si les quantités d’angles rentrant et sortant sont corrélées pour
éventuellement avoir une seule variable relative à la quantité d’angles dans la pièce.
La quantité d’angles « totale » rentrant et celle d’angles « cachette » rentrant sont très
corrélées quelles que soient les pièces concernées. Il en est de même pour la quantité d’angles
« totale » sortant et celles d’angles « cachette» sortant. Nous conserverons les valeurs
d’angles « totale » car elles englobent les angles cachette. Les variables relatives aux « angles
sortant» et celles relatives aux « angles rentrant» sont très corrélées dans les salles d’activités
(r est supérieur à 0,9) et moyennement dans le salon et la salle à manger.
Acoustique
Temps de réverbération
Pour caractériser le temps de réverbération (Tr), les mesures sont prises en cinq points, pour
deux positions de source, soit dix mesures par pièce243
. Les temps de réverbération dépendent
de la fréquence, et le résultat brut d’une mesure prend alors la forme d’un vecteur, dont le
nombre de composantes (de valeurs) dépend de l’étendue de la bande de fréquence
considérée. Un premier traitement consiste à faire la moyenne et l’écart type des dix valeurs
obtenues pour chaque fréquence, ce qui constitue des vecteurs Tr moyen et Tr écart-type. Les
valeurs (scalaires) maximale, minimale, moyenne et écart-type (vis-à-vis de la position)
peuvent aussi être calculées pour différentes gammes de fréquences, large [250Hz-1000Hz],
ou dans un intervalle plus réduit, fréquemment utilisé dans la réglementation244
[400Hz-
2500Hz].
Nous avons donc dans la base de données « originelle » ou « brute » 8 valeurs scalaires et 2
vecteurs. Pour les premières analyses statistiques, nous avons retenu uniquement les valeurs
larges bande afin de détecter si déjà à ce niveau des dépendances significatives émergent avec
les données cliniques. Nous testerons dans un second temps, si nécessaire, les valeurs par
bande de fréquence (les vecteurs). L’analyse des relations entre les huit variables relatives au
temps de réverbération avait notamment pour objectif de :
242
Nous invitons le lecteur à se reporter au paragraphe III.2.1.2 Les variables locales (p.78) pour la définition de
ces variables. 243
Il est possible de se référer au paragraphe III.2.1.2 p. 86 pour une description précise du protocole de
caractérisation acoustique. 244
La gamme réduite de 400Hz-2500Hz correspond aux octaves centrées sur 500, 1000 et 2000 Hz qui sont
fréquemment utilisés dans la réglementation MINISTERE DE L’ECOLOGIE ET DU DEVELOPPEMENT
DURABLE, DES FINANCES ET DE L’INDUSTRIE. (2003).
149
Détecter si les deux gammes de fréquence étaient corrélées entre elles et s’il était alors
possible de n’en conserver qu’une sur les deux.
Détecter si les temps de réverbération moyen, maximum, minimum et si l’écart type
sont corrélés entre eux, pour ne conserver que certaines de ces grandeurs.
Les résultats du test de corrélation de Pearson et l’analyse des graphiques (Figure 63)
montrent qu’il existe une corrélation importante des valeurs minimales, maximales et écart-
type entre les deux intervalles considérés [250Hz-1000Hz] et [400Hz-2500Hz] (valeurs en
bleu Tableau 20). Il est donc possible de garder une seule des deux gammes de fréquence.
Nous conserverons donc la gamme plus large. Les résultats du test de corrélation montrent
également une corrélation importante (pour les deux gammes de fréquence) entre le Tr moyen
et les Tr maximum et minimum (valeurs en vert Tableau 20). Les variables relatives à l’écart
type sont plus faiblement corrélées avec les autres sauf pour les valeurs de Tr maximum. Deux
variables seules permettent de résumer l’ensemble et pourront donc être conservées : le temps
de réverbération moyen et l’écart type de la gamme de 250Hz-10khz.
Figure 63 : Relation entre les variables relatives aux temps de réverbération
Source : illustration personnelle.
150
Tableau 20 : Relations entre les variables relatives aux temps de réverbération
Tr moyen
[250Hz-
10kHz]
Tr E-T
[250Hz-
10kHz]
Tr max
[250Hz-
10kHz]
Tr min
[250Hz-
10kHz]
Tr moyen
[400Hz-
2,5kHz]
Tr E-T
[400Hz-
2,5kHz]
Tr max
[400Hz-
2,5kHz]
SALLE À
MANGER
Tr E-T [250Hz-10kHz] 0,44 - - - - - -
Tr max [250Hz-10kHz] 0,90 0,77 - - - - -
Tr min [250Hz-10kHz] 0,92 0,08 0,69 - - - -
Tr moyen [400Hz-2,5kHz] 0,99 0,41 0,88 0,92 - - -
Tr E-T [400Hz-2,5kHz] 0,46 0,89 0,78 0,17 0,47 - -
Tr max [400Hz-2,5kHz] 0,83 0,74 0,96 0,64 0,84 0,86 -
Tr min [400Hz-2,5kHz] 0,94 0,14 0,73 0,99 0,95 0,21 0,68
SALON Tr E-T [250Hz-10kHz] 0,60 - - - - - -
Tr max [250Hz-10kHz] 0,93 0,83 - - - - -
Tr min [250Hz-10kHz] 0,97 0,43 0,85 - - - -
Tr moyen [400Hz-2,5kHz] 0,99 0,62 0,94 0,96 - - -
Tr E-T [400Hz-2,5kHz] 0,64 0,92 0,83 0,50 0,68 - -
Tr max [400Hz-2,5kHz] 0,90 0,78 0,96 0,82 0,92 0,88 -
Tr min [400Hz-2,5kHz] 0,96 0,44 0,85 0,98 0,97 0,51 0,84
SALLE
MANUELLE
Tr E-T [250Hz-10kHz] 0,34 - - - - - -
Tr max [250Hz-10kHz] 0,57 0,96 - - - - -
Tr min [250Hz-10kHz] 0,82 -0,19 0,10 - - - -
Tr moyen [400Hz-2,5kHz] 0,96 0,50 0,72 0,74 - - -
Tr E-T [400Hz-2,5kHz] 0,31 0,99 0,95 -0,16 0,51 - -
Tr max [400Hz-2,5kHz] 0,48 0,96 0,99 0,02 0,66 0,98 -
Tr min [400Hz-2,5kHz] 0,83 -0,19 0,09 0,99 0,74 -0,16 0,02
SALLE
MOTRICE
Tr E-T [250Hz-10kHz] -0,10 - - - - - -
Tr max [250Hz-10kHz] 0,76 0,53 - - - - -
Tr min [250Hz-10kHz] 0,96 -0,32 0,61 - - - -
Tr moyen [400Hz-2,5kHz] 0,98 -0,15 0,70 0,95 - - -
Tr E-T [400Hz-2,5kHz] -0,02 0,86 0,48 -0,24 0,005 - -
Tr max [400Hz-2,5kHz] 0,73 0,39 0,86 0,59 0,76 0,61 -
Tr min [400Hz-2,5kHz] 0,96 -0,29 0,63 0,99 0,97 -0,17 0,66
Isolement
Pour le traitement statistique nous n’avons pas considéré les mesures d’isolement. D’une part,
parce que le bruit de fond est une résultante de l’isolement. D’autre part, il est difficile d’avoir
une seule valeur d’isolement par pièce permettant une comparaison entre les différentes
pièces du corpus. L’isolement peut en effet être mesuré pour chaque paroi d’une pièce. Il
faudrait donc créer une variable relative à l’isolement moyen de toutes les parois de la pièce.
Ces mesures d’isolement pourront être mobilisées par la suite, pour interpréter les résultats
des bruits de fond.
Bruit de fond
Pour caractériser le bruit de fond des pièces en fonctionnement « proche de la normale » nous
avons retenu quatre valeurs du niveau de pression sonore large bande (le LAeq245
moyen vis-à-
vis des différentes positions de mesure, l’écart type du LAeq, le LAeq maximum et le LAeq
minimum) et deux vecteurs contenant ce niveau de pression en fonction de la fréquence
245
Le LAeq désigne une pression acoustique d’un bruit constant dont l’énergie est équivalente à celle du bruit
réel, lequel varie dans le temps.
151
(le Leq moyen vis-à-vis des positions de mesure et son écart type). Nous avons donc dans la
base de données « brute » 4 valeurs scalaires et 2 vecteurs.
Les résultats du test de corrélation de Pearson (Tableau 21) et l’analyse graphique (Figure 64)
des 4 variables large bande montrent une corrélation importante entre les bruits de fond
moyen, maximum et minimum. En revanche l’écart type est faiblement corrélé avec ces
variables. Nous conserverons donc seulement deux valeurs scalaires pour les bruits de fond :le
bruit de fond moyen et l’écart type du bruit de fond.
Tableau 21 : Relations des variables relatives aux bruits de fond
Bruit de fond moyen
Bruit de fond écart-
type
Bruit de fond
Maximum
SALLE À
MANGER
Bruit de fond écart-type r = 0,08 - -
Bruit de fond Maximum r = 0,97 r= 0,32 -
Bruit de fond Minimum r = 0,97 r= -0,13 r = 0,89
SALON Bruit de fond écart-type r = 0,17 - -
Bruit de fond Maximum r = 0,96 r = 0,41 -
Bruit de fond Minimum r = 0,96 r = -0,10 r = 0,86
SALLE
MANUELLE
Bruit de fond écart-type r = -0,41 - -
Bruit de fond Maximum r = 0,97 r= -0,19 -
Bruit de fond Minimum r = 0,99 r = -0,54 r= 0,92
SALLE
MOTRICE
Bruit de fond écart-type r = 0,12 - -
Bruit de fond Maximum r = 0,86 r = 0,60 -
Bruit de fond Minimum r = 0,96 r = -0,13 r = 0,71
Figure 64 : Relation entre les variables relatives aux bruits de fond
Source : illustration personnelle.
152
Éclairage naturel
Dans la base initiale, nous avions, concernant l’éclairage naturel, les variables suivantes :
la quantité de lumière (surface vitrée à l’est, à l’ouest, au nord, au sud, surface totale,
pourcentage de surface vitrée, surface vitrée par m2, surface vitrée par m
3),
la position des ouvertures (vitrage jusqu’au sol, zénithal…),
l’évaluation experte de la qualité de l’éclairage,
la différence de lumière dans la pièce d’un point à l’autre (évaluation experte),
le vitrage intérieur (surface et quantité),
les systèmes d’occultation (masques lointains, fixes et mobiles).
Les variables « nombre d’orientation » et la présence de « pièce poly orientée ou mono
orientée » sont corrélées. Il est donc possible de n’en retenir qu’une sur les deux. Nous avons
retenu le nombre d’orientation car cette variable quantitative apporte plus d’informations. La
présence de vitrage zénithal et la surface de vitrage zénithal sont associées, nous avons donc
conservé uniquement la variable relative à la surface.
Relation entre le nombre d’orientation, l’évaluation experte et les différences de lumière
dans la pièce.
Le nombre d’orientations présentes dans la pièce n’est pas très lié au ressenti que l’on peut
avoir dans la pièce (r= 0,30 pour la salle à manger, r= 0,41 pour le salon, r= 0,46 pour la salle
« manuelle » et r= 0,40 pour la salle « motrice »). Dans le salon et dans la salle « motrice » on
ne peut pas rejeter l’hypothèse selon laquelle le nombre d’orientations présent et la présence
de différence de lumière seraient liés mais une des variables ne permet pas de déterminer
l’autre (les coefficients de corrélation ne sont pas très élevés). La présence de différences de
lumière dans la pièce et l’évaluation qualitative de l’éclairage naturel que l’on peut avoir
dans cette pièce ne semblent pas particulièrement liés.
Relation entre la quantité d’éclairage, l’évaluation experte et la différence de lumière dans
la pièce.
Dans les salles d’activités, le pourcentage d’éclairage naturel et le fait que la pièce soit jugée
lumineuse sont très liés (r= 0,78 pour la salle d’activités manuelles et r= 0,83 dans la salle
d’activités motrices). Dans le salon et les salles à manger, ces deux variables sont plus
faiblement liées (r= 0,46 pour la salle à manger, r= 0,57 pour le salon). Le même constat peut
être fait entre la variable relative à la surface de vitrage totale et l’évaluation experte que (r=
0,36 dans la salle à manger ; r= 0,45 dans le salon ; r= 0,61 dans la salle « manuelle » et r=
0,75 dans la salle « motrice »). Il est ainsi possible de constater que les mesures « physiques »
de la quantité réelle de vitrage dans la pièce et « l’évaluation experte » sont liées ; malgré tout
il semble exister un écart entre ces deux types de mesures (particulièrement dans le salon et
les salles à manger). Cet écart peut provenir du fait que d’autres facteurs que la quantité de
vitrage influencent le ressenti lumineux comme l’orientation de la pièce, le moment de la
journée, le niveau d’ensoleillement…). Il est donc intéressant de conserver ces variables qui
mesurent bien des choses différentes et qui se complètent. La quantité d’éclairage naturel
153
(surface vitrée totale et pourcentage d’ouverture) n’est pas particulièrement liée à la présence
de différences de lumière dans la pièce.
Relations entre les variables : surface vitrée totale, pourcentage d’ouverture, surface
vitrée/surface de la pièce et surface vitrée/volume de la pièce.
Nous avons détecté dans l’ensemble des pièces, l’existence d’une relation de multi-colinéarité
non parfaite entre la surface vitrée totale, la surface de la pièce et la surface vitrée par m2. De
la même manière, il semble exister une relation de multi-colinéarité non parfaite entre la
surface vitrée totale, le volume de la pièce et la surface vitrée par m3. À l’évidence, pour une
grande pièce, on s’attend à trouver une plus grande surface vitrée. C’est bien généralement le
cas, mais on observe que cette variation n’est pas proportionnelle : la surface vitrée augmente
généralement un peu moins vite que la surface de la pièce (hormis dans les salles d’activités
motrices dans lesquelles la surface de la pièce à tendance à augmenter un peu moins vite que
la surface vitrée).
Nous avons également pu noter que les variables suivantes sont associées entre elles (Tableau
22) :
La variable surface vitrée par m2
et la variable pourcentage d’ouverture,
La variable surface vitrée par m3 et la variable pourcentage d’ouverture,
La variable surface vitrée par m3 et la variable surface vitrée par m
2,
La variable surface vitrée totale (et ce surtout dans les salles d’activités) et la
variable pourcentage d’ouverture,
La variable surface vitrée totale (et ce surtout dans les salles d’activités) et la variable
surface vitrée par m3,
La variable surface vitrée totale (et ce surtout dans les salles d’activités) et la variable
surface vitrée par m2,
Pour la base de données réduite, nous avons conservé la surface de la pièce et uniquement le
pourcentage d’ouverture qui ne sont pas très corrélés ensemble et qui n’entretiennent pas de
relations de multi-colinéarité. Pour la base élargie, nous avons également conservé la surface
totale de vitrage.
Tableau 22 : Relations des variables relatives à la quantité de vitrage
Surface vitrée totale Pourcentage d’ouverture Surface vitrée par m2
SALLE À
MANGER
Pourcentage d’ouverture r = 0,54 -
Surface vitrée par m2 r =0,61 r= 0,8
Surface vitrée par m3 r = 0,65 r = 0,78 r = 0,90
SALON Pourcentage d’ouverture r = 0,72 -
Surface vitrée par m2 r = 0,66 r= 0,87
Surface vitrée par m3 r = 0,67 r = 0,85 r = 0,88
SALLE
MANUELLE
Pourcentage d’ouverture r = 0,81 -
Surface vitrée par m2 r = 0,90 r= 0,94
Surface vitrée par m3 r = 0,90 r = 0,77 r = 0,90
SALLE
MOTRICE
Pourcentage d’ouverture r = 0,98 -
Surface vitrée par m2 r = 0,92 r= 0,93
Surface vitrée par m3 r = 0,92 r = 0,91 r = 0,80
154
Relations entre les variables : nombre d’orientations et quantité de vitrage (surface vitrée
totale, pourcentage d’ouverture).
Les relations entre le nombre d’orientation dans la pièce et les variables relatives à la quantité
de vitrage sont assez variables d’une pièce à l’autre. C’est dans le salon que la quantité
d’éclairage naturelle semble être la plus liée au nombre d’orientations (r= 0,74 pour le
pourcentage d’ouverture, r= 0,93 avec la surface vitrée totale) et c’est dans la salle d’activités
manuelles que ces deux variables sont le moins liées (r=0,24 pour le pourcentage d’ouverture
et r= 0,47 pour la surface vitrée totale).
La surface vitrée totale étant la somme des surfaces vitrées par orientation, nous pourrons
donc utiliser soit une seule variable : la surface vitrée totale, soit les 5 autres (Nord, Sud, Est,
Ouest, Zénithale). Dans un premier temps nous conserverons la surface vitrée totale. Au cas,
où nous détecterions un lien avec les variables cliniques nous pourrions alors regarder en
détail si certains troubles se manifestent plus quand le vitrage est plus important en fonction
d’une orientation.
Éclairage artificiel
Les variables quantité d’éclairage par m3, quantité d’éclairage totale, présence de circuits
autonomes, présence d’éclairages simultanément au mur et au plafond et de l’éclairage
artificiel n’étant que peu corrélées entre elles, elles sont toutes conservées dans la base
réduite.
Colorimétrie
Pour les variables relatives aux couleurs, il y avait dans la base brute 83 variables par pièce
qui ont été réduite à 29 ou 27 variables selon les pièces à partir de la démarche expliquée ci-
dessous. Dans toutes les pièces du corpus, y compris dans les circulations et parcours (pour
les sols, murs, plafonds et portes), une multi colinéarité parfaite entre la saturation maximum,
la saturation minimum, et la différence entre la saturation maximum et minimum. De la même
manière, il y a une multi colinéarité parfaite entre l’obscurité maximum, l’obscurité minimum
et la différence entre les deux.
Pour les sols comme pour les plafonds, deux cas de figures émergent de l’analyse des
données. Le premier concerne des pièces dans lesquelles le sol et le plafond sont toujours
homogènes dans la pièce (c’est le cas des salles à manger, des chambres, des WC et des salles
d’activités manuelles pour les sols et des WC et des salles de bains pour les plafonds). Dans
ce cas nous avons conservé uniquement une valeur pour l’obscurité du sol et une valeur pour
la saturation et la variable relative à la présence de sol tacheté. Le second cas concerne des
pièces où il y a des différences de traitement au niveau du sol dans la pièce (c’est le cas pour
les salons, les salles d’activités motrices et les salles de bain). Dans ce cas-là, l’analyse des
relations entre les variables a permis de détecter pour l’ensemble de ces pièces une
corrélation :
Très importante entre l’obscurité maximum et l’obscurité minimum (r= 0,94 pour la
SDB ; r= 0,85 pour le salon, r= 0,98 pour la salle « motrice »)
155
Très importante entre la saturation maximum et la saturation minimum (r= 0,99 pour
la SDB, r= 0,99 pour le salon, r= 0,92 pour les salles « motrices »).
Parfaite entre la différence de saturation et la différence d’obscurité.
Importante voir parfaite entre l’utilisation de plusieurs couleurs et/ou la
différence de traitement d’une zone à l’autre et les différences d’obscurité et
de saturation.
Lorsque l’on note des différences au sein de la même pièce pour les sols, ces dernières
demeurent rares, par conséquent les valeurs « maximales » et « minimales » sont
fréquemment identiques pouvant expliquer les corrélations très fortes.
Par conséquent, pour les sols des pièces présentant des différences nous conserverons
uniquement une valeur pour l’obscurité et une pour la saturation et la présence de sol
tacheté. Nous avons retenu la saturation et l’obscurité la plus présente dans la pièce. S’il
n’est pas possible de déterminer une variable plus présente nous choisissons la valeur
maximum qui semble être la plus problématique pour la pathologie autistique. Dans la
base élargie la présence de différences d’une zone à l’autre a été conservée. Dans les
pièces où le plafond est homogène ou dans celles où il y a des différences, les variables
relatives aux plafonds sont toutes très corrélées entre elles. Ainsi, les 19 variables initiales
des plafonds ont été réduites et transformées en une ou deux variables en fonction des
pièces : présence de différence de teintes et utilisation d’autres couleurs que du blanc ou
du gris.
Pour les murs, on trouve généralement une corrélation :
Importante entre l’obscurité maximum et la différence entre l’obscurité maximum et
minimum (Tableau 23).
Assez importante entre la différence d’obscurité et la différence de saturation (r entre
0,6 et 0,85).
Moyennement élevée entre la saturation maximum et la différence entre la saturation
maximum et la saturation minimum (Tableau 24).
Importante entre les différences de traitement et l’utilisation de plusieurs couleurs et
la différence d’obscurité et de saturation.
Une corrélation faible entre l’obscurité maximum et l’obscurité minimum » (Tableau
23).
Des « différences d’obscurité» importantes sont essentiellement à rattacher aux valeurs
maximum d’obscurité. Les murs ont plus fréquemment que les portes ou les sols plusieurs
couleurs ce qui peut expliquer la corrélation faible entre les valeurs minimum et maximum
d’obscurité. Nous avons donc conservé par pièce l’obscurité maximum et l’obscurité
minimum, la saturation maximum et la saturation minimum, la présence de différences de
traitement d’une zone à l’autre et/ou l’utilisation de plusieurs couleurs (hormis dans les
chambres pour lesquelles nous avons conservé la saturation maximum et la différence
entre saturation maximum et minimum).
156
Pour les portes, certaines pièces présentent (notamment pour les WC et les SDB) pas ou peu
de différences de teintes (les variables relatives aux différences sont donc quasiment
constantes et ont été supprimées). Dans les salles à manger, salon et salle d’activités motrices,
la corrélation entre l’obscurité maximum et minimum et celle entre la saturation maximum et
minimum sont importantes. Car il y a souvent une seule couleur sur les portes et les valeurs
minimales et maximales sont alors identiques. Dans ces trois pièces, les variables « obscurité
maximum » et « saturation maximum », qui pourraient être plus problématiques pour les
personnes autistes ont été conservées, tout comme la différence entre le maximum et
minimum. Enfin, il est possible de noter une corrélation élevée entre l’utilisation de plusieurs
couleurs et/ou la différence de traitement et la différence d’obscurité et de saturation dans la
pièce. Ainsi, pour les salles à manger, salon et salle motrice nous avons conservé : les valeurs
maximales pour la l’obscurité et la saturation et les différences entre la saturation/obscurité
maximum et minimum et la différence entre la couleur de la porte et le mur qui lui est
directement adjacent. Le même type d’analyse pour les salles manuelles nous conduit à ne
conserver pour ces pièces uniquement l’obscurité maximum et minimum et la saturation
maximum, minimum, la différence de traitement d’une zone à l’autre, et la différence entre la
couleur de la porte et le mur qui lui est directement adjacent.
Par ailleurs, dans les parcours l’homogénéité de teintes entre la pièce mesurée et celle
directement en contact est très corrélée avec l’homogénéité de saturation et l’homogénéité de
clarté que ce soit pour les murs, les sols ou les plafonds.
Tableau 23 : Relations entre les variables relatives à la clarté des murs
Obscurité maximum
SALLE À MANGER Obscurité minimum r= -0,08
Différence entre obscurité maximum et minimum 0,97
SALON Obscurité minimum r= 0,2
Différence entre obscurité maximum et minimum 0,94
SALLE MANUELLE Obscurité minimum r=0,40
Différence entre obscurité maximum et minimum 0,94
SALLE MOTRICE Obscurité minimum r =0,13
Différence entre obscurité maximum et minimum r=0,97
SALLE DE BAIN Obscurité minimum r= 0,22
Différence entre obscurité maximum et minimum r= 0,68
Tableau 24 : Relations entre les variables relatives à la saturation des murs
Saturation
maximum
SALLE À MANGER Saturation minimum r= 0,31
Différence entre saturation maximum et minimum r= 0,68
SALON Saturation minimum r= 0,35
Différence entre saturation maximum et minimum r= 0,63
SALLE MANUELLE Saturation minimum r= 0,57
Différence entre saturation maximum et minimum r= 0,54
SALLE MOTRICE Saturation minimum r= 0,52
Différence entre saturation maximum et minimum r= 0,62
SALLE DE BAIN Saturation minimum r= 0,66
Différence entre saturation maximum et minimum r= 0,37
157
Les matériaux
Pour les sols, nous avions dans la base brute entre 7 à 8 variables en fonction des pièces, ces
variables ont été réduites à 2 une fois les variables constantes et trop dépendantes entre elles
écartées. Nous avions pour les murs 12 variables qui ont été réduites à 6 ou 7 en fonction des
pièces. Quand il y a plusieurs matériaux dans la pièce il y a généralement plusieurs textures
différentes. La connaissance des matériaux utilisés renseigne sur la température ressentie, la
dureté et parfois la texture (l’inverse n’est pas forcément vrai). Ainsi nous retiendrons pour
l’analyse des résultats que :
Quand il y a du carrelage, le sol est généralement dur, un peu rugueux et il y a une
grande différence de température ressentie
Quand le sol est en béton, il est dur, lisse et présente une grande différence de
température ressentie
Quand il y a un revêtement de type « sol souple », le sol est généralement
moyennement mou ou moyennement dur, il présente peu de différences au ressenti. La
texture est généralement lisse sauf dans les salles de bain et les salles manuelles.
Les murs peints avec de la toile de verre sont un peu rugueux, moyennement durs et
que la différence de température est peu ressentie.
Les murs peints sans toile de verre sont lisse, dur et que la différence de température
est moyennement ou grandement ressentie.
Les murs crépis sont rugueux, durs et la différence de température est moyennement
ressentie.
Les revêtements plastifiés sont lisses et jamais durs.
Les murs avec de la tapisserie sont un peu rugueux ou lisses (ils ne sont jamais
totalement rugueux), jamais durs et ils présentent aucune ou peu de différence de
température.
Le carrelage mural est un peu rugueux, dur et une grande différence de température est
ressentie.
Ont donc été retenues comme variables la présence de différences de matériaux et la typologie
de ceux-ci (et pour les sols leur texture). De plus, dans les parcours, l’homogénéité de
matériaux s’accompagne souvent d’une homogénéité de relief que ce soit pour les murs, les
sols ou les plafonds.
Thermique
Dans la base brute initiale, il y avait par pièce 9 variables permettant de décrire l’ambiance
thermique. Ces variables qui permettaient d’apprécier la typologie du chauffage, le confort
thermique l’été et l’hiver, la présence de climatisation, la régulation (régulation possible,
régulation utilisée par les résidents et autonomie du système) et le nombre d’appareils de
chauffage ont été réduites à 4 variables par pièce.
Le nombre d’appareils de chauffage présent dans la pièce est corrélé avec leur typologie. En
effet, comme nous avons pu le voir, les différentes pièces du corpus ont généralement soit un
système de convecteurs muraux, soit du chauffage au sol qui pour ce dernier se traduit par une
158
quantité nulle d’appareils de chauffage. La possibilité de pouvoir réguler l’ambiance
thermique est liée à la typologie du chauffage. Les pièces ayant du chauffage au sol ont moins
souvent un système de régulation accessible que les pièces possédant des convecteurs muraux.
Par conséquent, le fait de connaître le type de chauffage renseigne sur la possibilité de réguler
ou non la température. Nous pourrons donc retenir seulement le type de chauffage qu’il y a
dans la pièce. De plus, lorsque les résidents ont accès à la régulation, ils ne l’utilisent pas ou
peu comme nous l’avons décelé durant l’analyse descriptive. Nous avons donc conservé
uniquement la variable relative à la typologie de chauffage. La typologie de chauffage et le
confort thermique ne semblent pas varier ensemble. La présence de chauffage au sol ou au
mur n’influencerait donc pas de manière significative le ressenti que l’on aurait dans les
pièces de notre corpus. À partir de nos données nous ne pouvons pas conclure que le confort
thermique en hiver et en été seraient liés. Autrement dit ce n’est pas parce que la pièce est
considérée comme confortable l’hiver qu’elle est considérée systématiquement confortable
l’été. Il est donc intéressant de les conserver. Ainsi nous avons retenu quatre variables qui ne
sont pas particulièrement liées entre elles et qui permettent de connaître la typologie du
chauffage, de savoir si la pièce possède un système de climatisation et enfin de caractériser le
confort thermique l’été et l’hiver.
159
Chapitre V. Relations entre les variables
architecturales et cliniques
V.1 Présentation des variables cliniques et
architecturales retenues pour l’analyse
Cette partie est consacrée à l’étude des relations entre les variables architecturales et les
variables cliniques témoins d’un bien-être ou d’un mal-être qui ont été appréhendées par les
cliniciens à partir d’un questionnaire standardisé : l’EPOCAA246
(l’Échelle Pour
l’Observation des Comportements d’Adultes avec Autisme). Pour cela des analyses
statistiques (analyse canonique de corrélation, analyse de redondance, régression linéaire,
analyse de covariance) sont destinées à consolider des hypothèses sur l’impact des paramètres
du cadre bâti (présentés dans les parties précédentes) sur l’état clinique des personnes atteintes
de TSA. Pour pouvoir réaliser ces traitements statistiques, nous avons identifié les variables
cliniques qui émergent comme explicables par l’environnement architectural, les variables
architecturales susceptibles d’expliquer ces indicateurs de troubles et enfin les variables
contrôlées. Un premier temps est donc consacré à la présentation des variables retenues et de
leur statut dans l’analyse. Ensuite, nous exposerons en détail la méthodologie, puis les
résultats de l’analyse de corrélation canonique et de redondance, puis ceux des modèles de
covariance et de régression linéaire. Enfin, des premières pistes de recommandations seront
dégagées à partir de ces résultats et les perspectives futures seront exposées.
V.1.1 Les variables architecturales : le groupe de variables
explicatives
Nous avons retenu les variables architecturales de la base de données élargie. En effet, même
si certaines variables peuvent être dépendantes les unes des autres nous ne savons pas a priori
lesquelles pourraient être les plus impactantes sur l’état clinique des personnes autistes. Notre
démarche de recherche se veut exploratoire et non confirmatoire. De plus ces variables sont
toutes relatives à une même pièce et participent donc d’un même cadre bâti au sein duquel ces
variables interragissent entre elles. Si l’on prend l’exemple de la surface, du volume et de la
hauteur d’une pièce ; ces trois variables sont liées mais l’on ne peut pas déterminer a priori
laquelle de ces trois variables pourrait influencer « plus » les domaines de l’EPOCAA. Ces
trois variables fonctionnent simutalnément; et ce n’est peut être pas l’impact de la hauteur qui
a une influence ou encore l’impact de la surface mais peut être l’impact de la hauteur, de la
surface et du volume conjointement. De la même manière, Par exemple, la présence d’un
246
Pour la définition précise des données cliniques, nous invitons le lecteur à se reporter au paragraphe II.4.3.1
Les variables que l’on cherche à expliquer (page 73).
160
vitrage sur l’exterieur apporte en même temps la vision sur un univers non contrôlé, qui varie,
rendant l’espace moins « confiné », mais il apporte aussi de la lumière naturelle, et réduit
l’isolation acoustique. Ces trois conséquences, corrélées par une même cause, sont
susceptibles d’avoir des impacts différents sur les personnes autistes. Par ailleurs, les
corrélations observées correspondent au corpus analysé, mais ne constituent pas des relations
toujours nécéssaires : certains dispositifs architecturaux éventuellement peu mis en œuvre au
sein du corpus peuvent contredire les corrélations (vitrage zénithal, protections solaires,triple
vitrage : la vue peut être amenée sans la lumière, la lumière sans la vue ou sans le bruit. La
connaissance des relations des variables architecturales entre elles sera mobilisée pour
interpréter les résultats et en vérifier leur pertinence.
V.1.2 Les variables cliniques : le groupe de variables à expliquer
Le recueil des données cliniques par les psychologues (données issues du travail de L.
Longuépée) à partir de l’Échelle Pour l’Observation des Comportements d’Adultes avec
Autisme fournit trois groupes de variables : les variables de l’EPOCAA sévérité des troubles,
celles de l’EPOCAA diversité des troubles et celles de l’EPOCAA contexte. L’EPOCAA
sévérité des troubles renvoie à la fréquence d’apparitions des comportements sur une échelle à
trois valeurs (parfois, souvent, très souvent). l’EPOCAA diversité des troubles quant à elle
permet d’apprécier le nombre de manifestations différentes observées pour un même domaine
de trouble (cette mesure ne tient pas compte du contexte spatial dans lequel apparait le
comportement). l’EPOCAA contexte a été mis en place par les cliniciens pour permettre de
cibler leur évaluation en fonction des pièces mesurées dans le protocole de caractérisation
architecturale. Cette dernière catégorie permet donc d’apprécier la présence du comportement
dans une pièce précise (par exemple la présence ou l’absence de comportement d’auto-
agressivité dans la salle à manger). Pour le traitement statistique conjoint des variables
architecturales et cliniques nous avons conservé les variables de l’EPOCAA contexte. En
effet, L’EPOCAA sévérité des troubles et l’EPOCAA diversité des troubles sont très corrélées
entre elles (tous les coefficients sont supérieur à 0,8) dans toutes les pièces et l’EPOCAA
contexte est également assez corrélé avec L’EPOCAA sévérité et diversité des troubles (sauf
pour les domaines de l’autonomie personnelle et de la réactivité au changement et à la
frustration dans certaines pièces). De plus, les variables de l’EPOCAA contexte nous ont
semblé plus pertinentes à retenir du fait qu’elles apportent des informations supplémentaires
sur le contexte dans lequel se manifestent les comportements247
.
Dans les traitements statistiques qui suivront, ces variables auront le « statut » de variables « à
expliquer » (qui pourront être nommées également variables « à modéliser » ou
247
Pour mémoire, L’EPOCAA contexte, comprend les treize domaines suivants : Domaine D01 : la recherche
d’isolement, Domaine D02 : les interactions sociales, Domaine D03 : le contact visuel, Domaine D04 : les
troubles thymiques/l’expression de l’angoisse, Domaine D05 : les conduites d’auto-agressive et la réactivité
corporelle, Domaine D06 : les conduites agressives envers autrui (hétéro-agressivité), Domaine D07 : la
manifestation de l’affectivité et contacts corporels, Domaine D08 : les activités et la réactivité sensori-motrices,
les stéréotypies et les autostimulations, Domaine D09 : les réactions aux changements et à la frustration,
Domaine D10 : l’utilisation des objets, Domaine D11 : la réactivité aux stimuli sensoriels, Domaine D12 : les
conduites inappropriées/inadaptées en vie collective, Domaine D13 : l’autonomie personnelle qui recouvre
notamment les conduites alimentaires et sphinctériennes.
161
« dépendantes». Pour les variables cliniques que nous imaginons être dépendantes des
variables architecturales et que nous cherchons à « expliquer » en partie par ces dernières
nous avons un groupe constitué de 12 ou 13 variables quantitatives, le nombre diffère
légèrement en fonction des pièces. En effet, des domaines de l’EPOCAA n’ont pas été
considérés dans certaines pièces car l’analyse des troubles en fonction des pièces (cf
graphiques en annexe 2) nous a permis de voir que certains troubles se manifestent rarement
voire jamais dans ces lieux.
Le domaine de «la recherche d’isolement » n’est pas pertinent, quand on cherche à
l’observer dans les salles de bain, les sanitaires et les chambres. Le salon est la pièce
dans laquelle il y a le plus de recherche d’isolement.
Même si l’on part de l’hypothèse que les troubles liés aux interactions sociales
apparaissent plus souvent dans des lieux fréquentés collectivement, il est possible de
voir que ces derniers semblent se manifester dans toutes les pièces, justifiant que nous
conservions les salles de bain, les sanitaires et les chambres malgré tout.
Concernant les troubles thymiques et l’expression de l’angoisse248
, il semblerait que
ces comportements se manifestent plus dans les pièces collectives (en particulier dans
le salon).
C’est dans les circulations et salons qu’il y a le plus de conduites auto agressives et
qu’il y a le plus de variations. Il y a moins de troubles dans les WC et les salles de
bain.
Les conduites hétéro-agressives sont plus rares dans les chambres et les WC. Elles
sont plus fréquentes dans les pièces utilisées collectivement ou bien dans les
circulations. Ces résultats semblent assez logique (il y a moins de conduite agressive
envers autrui dans les pièces utilisées de manière quasi individuelle).
Les troubles liés à la manifestation de l’affectivité et aux contacts corporels sont plus
rare dans les WC et plus fréquents dans le salon et les circulations.
Les conduites liées à la réactivité sensori motrice, aux stéréotypies et à
l’autostimulation semblent moins fréquentes dans les WC et les salles de bain. Ce
domaine clinique contient les items relatifs aux déambulations et nous pouvons voir
que ces conduites sont assez fréquentes dans les circulations.
Il y a globalement plus de réactivité au changement et à la frustration dans les espaces
utilisés collectivement que dans les chambres, WC et les salles de bain.
Les conduites relatives à l’utilisations des objets ne se manifestent pratiquement pas
dans les salles de bains et dans les WC.
Les conduites relatives à la réactivité aux stimuli sensoriels se manifestent rarement
dans les WC. Elles apparaissent plus fréquemment dans les salles à manger, les salons
et les circulations.
Les conduites liées à l’autonomie personnelle semblent se manifester rarement dans
les salles d’activités (manuelles et motrices) et dans les circulations. Ces conduites
sont plus fréquentes dans les salles à manger, et les chambres.
248
Troubles thymiques : troubles de l’humeur.
162
Il semble donc y avoir plus de troubles dans les pièces qui sont utilisées collectivement
que dans les pièces individuelles. Les WC et les SDB sont les deux pièces dans lesquelles
les résidents paraissent présenter le moins de troubles dans les domaines de l’EPOCAA.
V.1.3 Les variables cliniques : le groupe de variables contrôlées
Nous avons considéré des variables contrôlées dans notre protocole de recherche Ce sont des
variables dont on veut neutraliser l’effet sur les variables « à expliquer ». Il s’agit de variables
que l’on doit contrôler du fait de leur impact potentiel sur les domaines de l’EPOCAA. Les
cliniciens ont consacré un premier temps de travail à vérifier l’impact des variables contrôlées
sur les différents domaines de l’EPOCAA (comme par exemple l’impact du sexe du résident,
de son âge, de son parcours institutionnel antérieur, de sa médicamentation, de son niveau
verbal, des activités qu’il pratique, du mode de fonctionnement de l’établissement etc…).
Nous ne présenterons pas le résultat de ces tests qui ne constitue pas l’objet de notre travail et
de nos apports (ces données et résultats sont issus du travail de L. Longuépée). Nous
retiendrons seulement que trois variables doivent être maintenues comme variables contrôlées
lors des tests statistiques :
le niveau verbal qui correspond à une variable modale présentant quatre valeurs
possibles (0=non verbal, 1=quelques mots/phrase en écholalie, 2=quelques mots,
3=mots et élaboration de phrases simples),
la médicamentation qui est une variable catégorielle non ordonnée comprenant quatre
modalités (1=aucune médicamentation psychotrope et/ou antiépileptique,
2=médicamentation antiépileptique isolée, 3=médicamentation psychotrope isolée,
4=médicamentation combinée psychotrope + antiépileptique),
le sexe des résidents qui est une variable binaire.
Le Tableau 25 résume les variables contrôlées à appliquer en fonction des domaines de
l’EPOCAA. Tableau 25 : Les variables contrôlées et les domaines de l’EPOCAA249
Variables à expliquer Variables contrôlées à appliquer
D01 Recherche d'isolement Ø
D02 Interactions sociales Niveau Verbal
D03 Contact visuel Ø
D04 Troubles thymiques et manifestations de
l'angoisse
Sexe et Médicamentation
D05 Conduites auto-agressives Ø
D06 Conduites hétéro-agressives Médicamentation
D07 Manifestation de l'affectivité Ø
D08 Réactivités sensori-motrices / Stéréotypies /
Autostimulations
Niveau verbal
D09 Réactivité au changement et à la frustration Médicamentation
D10 Utilisation des objets Ø
D11 Réactivité aux stimuli sensoriels Ø
D12 Conduites inadaptées en collectivité Niveau verbal
D13 Autonomie personnelle Ø
249
Tableau récapitulatif réalisé à partir des résultats du travail de LONGUEPEE L.
163
V.2 Méthodologie statistique
Pour faire émerger les dépendances entre les variables « explicatives » (variables
architecturales) et les variables « cibles » (variables cliniques), des méthodes d’analyses
supervisées introduisant des variables cibles ont été utilisées. L’objectif de cette étape est de
construire des hypothèses de travail à tester expérimentalement par la suite, il s’agit bien
d’une démarche à vocation exploratoire et non confirmatoire.
V.2.1 Analyse bivariée
L’analyse bi-variée consiste ici à étudier les relations monotones entre deux variables à partir
des coefficients de corrélation de Pearson et de Spearman. Le coefficient de corrélation de
Pearson mesure l’existence d’une relation linéaire entre deux variables quantitatives continues
alors que le coefficient de Spearman, teste les relations non linéaires monotones. Ce dernier
utilise les rangs des observations et non leur valeur en tant que telle250
. Cette étape nous a
permis d’effectuer un premier tri des variables les plus corrélées entre elles. Etant donné la
quantité de variables dont nous disposons ces premiers résultats se sont avérés difficilement
exploitables en tant que tels. Cette première phase d’étude statistique s’est également appuyée
sur l’utilisation d’un outil d’analyse graphique251
(Figure 65) une représentation des
corrélations de Pearson) qui permet de détecter rapidement l’existence d’une relation linéaire
entre le groupe de variables architecturales et le groupe de variables cliniques. L’objectif est
d’évaluer l’intérêt de poursuivre le traitement statistique avec d’autres méthodes linéaires plus
facilement manipulables et exploitables pour des grands jeux de données (dans notre cas de
poursuivre avec de l’analyse canonique des corrélations). L’exemple ci-dessous qui représente
les coefficients de corrélations entre les deux groupes de variables cliniques et architecturales
dans les salons donne un aperçu de la manière de lire ce type de graphique.
Figure 65 : Exemple d’un graphique de corrélation
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel R, Package CCA.
250
Nous invitons le lecteur à se reporter à la description des coefficients de corrélation de Pearson et Spearman
p. 93. 251
Cet outil d’analyse graphique qui permet de détecter rapidement l’existence d’une relation entre deux groupes
de variables a été développé par GONZALEZ I., et DEJEAN S. (août 2013). Ce module est disponible dans le
logiciel de programmation R ; dans le Package CCA destiné à l’analyse canonique régularisée.
164
Si le graphique est intégralement vert clair alors il n’y a pas de relations linéaires entre les
deux groupes de variables et il n’est alors pas utile de poursuivre. Dans l’exemple ci-dessus
on voit qu’il y a des zones jaune et orange (ce qui correspond à des coefficients de
corrélations compris entre 0,25 et 0,5) et des zones bleu clair ce qui correspond à des
coefficients situés entre et -0,25 et -0,5). Il semble donc légitime de continuer l’analyse car il
semblerait qu’il existe un lien entre le groupe de variables architecturales et le groupe de
variables cliniques dans cette pièce. À l’issue de cette étape préalable, nous avons pu détecter
l’existence probable d’un lien entre le groupe de variables architecturales et le groupe de
variables cliniques dans l’ensemble des pièces que nous avons mesurées. Par conséquent,
nous avons poursuivi l’analyse statistique pour toutes ces pièces. Les détails de cette première
phase d’analyse se trouvent en annexe de ce document (annexe 3).
V.2.2 Analyse des corrélations canoniques régularisées
Dans un deuxième temps nous nous sommes appuyés sur l’analyse canonique des corrélations
L’objectif de l’analyse canonique est d’explorer les relations pouvant exister entre deux
groupes de variables quantitatives observées sur le même ensemble d’individus252,253
. Il s’agit
d’une méthode permettant d'étudier les relations entre deux tableaux de données (un premier
tableau contenant les variables architecturales et un deuxième qui contient les variables
cliniques de « l’EPOCAA contexte » dans notre cas). Notre choix s’est porté plus précisément
sur une analyse canonique des corrélations régularisées254 que nous avons réalisée à partir du
package CCA du logiciel de statistique R. Ce package permet de traiter les données
manquantes, d’inclure plus de variables explicatives que d’individus en appliquant une
régularisation et il permet d’obtenir facilement des sorties graphiques255. L’analyse canonique
des corrélations ne détecte que les relations linéaires entre les variables, par contre elle n’a pas
besoin d’hypothèse sur la distribution des données de l’échantillon (elle ne se base pas sur
l’hypothèse de normalité des variables). L’analyse canonique des corrélations devrait donc
nous permettre de :
1 Détecter les variables quantitatives architecturales les plus corrélées avec les variables
cliniques.
2 Écarter les variables cliniques qui ne semblent pas liées aux variables architecturales.
3 Détecter les liens et le sens de variation des variables entre elles.
4 Sélectionner les variables cliniques à modéliser par la suite avec des modèles d’analyse
de covariance ou de régréssion linéaire et de sélectionner les variables architecturales
« explicatives » à intégrer au modèle (voir partie suivante p.170, pour plus d’explications
sur cette étape).
5 Produire une représentation graphique (un biplot) où sont à la fois affichées les variables
cliniques et les variables architecturales. Cette représentation permet de visualiser
rapidement les relations existantes entre les deux groupes de variables. Si l’on regarde
252
http://www.math.univ-toulouse.fr/~biostat/tp-souris-2008.pdf. 253
TOMASSONE R., et al. (1993). 254
Logiciel de programmation R ; Package CCA développé par GONZALEZ I. 255
GONZALEZ I. (2008).
165
l’exemple théorique (Figure 66) on peut voir les variables appartenant au groupe
architectural représentées par des cercles noirs et les variables appartenant au groupe
clinique représentées par des carrés rouges. Les variables proches de l’origine du cercle
ont des corrélations faibles avec les autres variables situées à proximité de l’origine du
cercle mais également avec les autres variables situées à l’extérieur du petit cercle.
Ignacio Gonzalez décrit la manière d’interpréter ces graphiques : « Sur le graphique des
corrélations, nous avons ajouté deux cercles correspondant aux rayons 0.5 et 1 (ce
dernier étant appelé « cercle de corrélations »). Cela facilite la lecture en mettant en
évidence les phénomènes les plus marquants dans la couronne ainsi définie. Les
variables avec une forte relation sont projetées dans la même direction par rapport à
l'origine. Plus la distance à l'origine est grande, plus la relation entre les variables
correspondantes est forte. Les variables qui sont localisées près du cercle unitaire
peuvent être interprétées directement, puisque les proximités dans le plan correspondent
alors aux proximités dans l'espace « d » dimensionnel.»256 Dans la Figure 66, si l’on
considère que les axes sont significatifs, on peut voir que la variable clinique 1 et les
variables Archi 1, Archi 2 et Archi 4 contribuent fortement au premier axe. Les variables
Archi 1, Archi 2 et Clinique 1 varient dans le même sens et s’opposent à la variable Archi
4. Cet axe ne permet par contre pas de détecter de relation avec les variables Archi 3,
Clinique2, Clinique 4, Clinique 3, Archi 5 et Archi 6. Si l’on regarde maintenant le
second axe on peut voir qu’il lie la variable Archi 3 et Clinique 2. Les variables Clinique
4, Clinique 3, Archi 6 et Archi 5 qui sont situées au centre du cercle ont des relations
faibles entre elles et avec les autres variables situées à l’extérieur du cercle.
Figure 66 : Lecture des graphiques de l’analyse des corrélations canoniques
Source : illustration personnelle.
256
GONZALEZ I. (2007).
166
Afin de tester la significativité des corrélations canoniques et ainsi déterminer le nombre
d’axes à retenir, nous avons dans un second temps réalisé des tests d’hypothèses257 (les tests
d’hypothèses permettent de détecter la significativité de nos corrélations). Les corrélations
canoniques sont testées les unes après les autres, en débutant par la corrélation la plus
importante. Au final, seules les composantes statistiquement significatives sont retenues pour
l’interprétation des résultats. C’est à cette étape que l’on décide s’il est pertinent de retenir un
ou plusieurs axes pour l’analyse. Deux types de test de significativité des axes258
ont été
réalisés: un test asymptotique qui se base sur le fait que les variables suivent une loi normale
et un test de permutation qui ne fait pas d’hypothèse sur la distribution des variables. Le choix
du nombre d’axes est une étape décisive mais assez difficile : « Le choix du nombre d'axes à
retenir est un problème qui n'a pas vraiment de solution rigoureuse.»259
I. Gonzalez suggère
comme critère de choix également la possibilité de se baser sur une analyse du graphique de
l’ « éboulis » des corrélations canoniques en observant les sauts clairs entre variables (Figure
67). L’axe des abscisses du graphique correspond au différents facteurs et l’axe des ordonnées
aux coefficients canoniques de corrélations (l’échelle va de 0 à 1 et se lit comme un
coefficient de corrélation de Pearson ou de Spearman : plus le coefficient est proche de 1 et
meilleure est la corrélation). Dans le graphique « d’éboulis des corrélations » ci-dessous, on
voit qu’il existe un saut clair entre le deuxième et la troisième dimension et l’on pourrait
retenir deux axes.
Figure 67 : Exemple d’un graphique « d’éboulis des corrélations »
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel R, Package CCA.
257
Les tests d’hypothèse sont des tests couramment utilisés en statistique pour rejeter ou l’inverse (rarement
accepter) une hypothèse (l’hypothèse nulle). Ils permettent de tester la significativité d’un résultat (c’est-à-dire la
probabilité pour que l’obtention d’un résultat ne soit pas liée au hasard). Il s’agit d’une démarche de statistique
inférentielle, qui permet d’émettre des conclusions sur la population en leur rattachant des risques de se tromper.
Le seuil de signification couramment utilisé en statistique (alpha) et que nous retiendrons pour cette recherche
est 0.05. Ce qui signifie que si le résultat qui lui est associé est inférieur à 0.05, on a moins de 5% de chance
d’avoir obtenu ce résultat par hasard. 258
Logiciel de programmation R ; Package CCP. 259
GONZALEZ I. (2007).
167
V.2.3 Analyse de redondance
L’analyse de redondance260
comme l’analyse des corrélations canoniques permet d’étudier la
relation entre deux groupes de variables; un groupe de variables Y que l’on cherche à
expliquer (dans notre cas les 13 variables cliniques de « l’EPOCAA contexte » comprenant
« n » observations) et un un groupe de variables X dont on fait l’hypothèse qu’elles sont des
variables contribuant à expliquer le groupe Y (dans notre cas les variables architecturales
mesurées pour les « n » même observations que les variables cliniques). A la différence de
l’analyse canonique, l’analyse de redondance permet de voir le pourcentage de variabilité du
groupe de variables Y expliqué par le groupe de variables X (autrement dit l’influence du
groupe X sur le groupe Y ). A l’issue de l’analyse de redondance, des tests de significativité
sont réalisés afin de de voir si l’on rejette ou non l’hypothèse nulle selon laquelle Y et X ne
seraient pas linéairement liées.
V.2.4 Test de la normalité des variables cliniques à modéliser
Un dernier temps de l’analyse statistique a été consacré à la construction de modèles
d’analyse de covariance ou de régression linéaire pour détecter parmi les variables
architecturales sélectionnées durant l’analyse canonique les plus influentes sur les variables
cliniques. Cette étape de travail doit également nous permettre d’intégrer les variables
cliniques contrôlées lorsque cela est nécessaire (voir paragraphe V.1.3 p.162 pour avoir la
liste de ces variables). Toutefois avant de construire ce type de modèle qui appartient à la
famille des « modèles linéaires généralisés » (GLM), il est préalablement nécessaire de tester
la normalité des variables que l’on cherche à expliquer (autrement dit des variables de
« l’EPOCAA contexte »), car ces méthodes statistiques se basent sur l’hypothèse que la
variable à modéliser est issue d’une population normalement261
distribuée. Pour tester si nos
variables quantitatives suivent une loi normale, nous utilisons différents tests statistiques (test
de Shapiro Wilk262
, test d’Anderson Darling, test de Lillierfors, test de Jarque-Bera) et
différentes représentations graphiques (P-P plot, Q-Q plot, histogrammes, box plot). Lorsque
que la p-value est inférieur au niveau alpha (comme c’est le cas dans le Tableau 26) alors on
doit considérer que les données ne sont vraisemblablement pas normalement distribuées.
Tableau 26 : Exemple d’un test de normalité
Test de Shapiro-Wilk
W 0,518
p-value < 0,0001
alpha 0,05
Interprétation du test : Hypothèse nulle(H0) = La variable dont provient l'échantillon suit une loi Normale.
Hypothèse alternative (Ha)= La variable dont provient l'échantillon ne suit pas une loi Normale. Étant donné
que la p-value est inférieure au niveau de signification alpha=0,05, on doit rejeter l'hypothèse nulle, et retenir
l'hypothèse alternative. Le risque de rejeter l'hypothèse nulle H0 alors qu'elle est vraie est inférieur à 0,01%.
260
Logiciel Xlstat module complémentaire ADA développé par Addinsoft. 261
La loi normale, appelé également loi de Gauss, est la loi théorique de distribution statistique la plus connue.
Elle représente une distribution symétrique en forme de cloche. 262
Ce test est particulièrement adapté aux échantillons constitués de moins de 5000 observations.
168
Même si les tests statistiques ne permettent pas de conserver l’hypothèse nulle, il est possible
de conserver les variables pour lesquelles la représentation graphique est proche d’une loi
normale. En effet, même si les modèles GLM supposent la normalité des variables, ces tests
demeurent tout de même assez robustes263
. Les exemples ci-dessous montrent comment
détecter visuellement des distributions qui sont proches d’une distribution normale ou
l’inverse. Nous conserverons donc les variables qui ont une distribution proche d’une « forme
en cloche » (Figure 68, cas 2) et ne retiendrons pas les variables qui semblent s’éloigner de ce
type de distribution (forme exponentielle par exemple, Figure 68, cas 1 ). Si les valeurs sont
distribuées symétriquement autour de la moyenne sur les box plot, cela indique que
l’échantillon est certainement normalement distribué (Figure 69). Les graphiques QQ plot
permettent de comparer la distribution d’un échantillon avec une distribution normale, si les
points sont alignés alors la distribution est vraisemblablement normale (Figure 70). Lorsque
l’on ne peut pas conclure à la normalité de nos données après l’analyse graphique on peut
appliquer une transformation logarithmique (diminuer l’effet des individus atypiques).264
Après avoir appliqué la transformation, il convient de tester de nouveau la normalité afin de
voir s’il est possible de conserver ou non la variable pour la construction du modèle.
L’ensemble de nos variables cliniques ont subi une transformation logarithmique car aucune
d’entre elles n’étaient normalement distribuées (voir p’197 dans le paragraphe V.4.1 les
variables qui ont finalement été retenues).
263
DEGUEN S. (1998). 264
Logiciel de programmation R ; fonction (log).
169
Figure 68 : Détecter à partir des histogrammes les variables qui suivent une loi normale
Source : illustration personnelle.
Figure 69 : Détecter à partir des box-plot les variables qui suivent une loi normale
Source : image issue de wikipédia
Figure 70 : Détecter à partir des QQ Plot si les variables sont normalement distribuées.
Source : illustration personnelle.
Cas 1 : Distribution exponentielle Cas 2 : Distribution normale (forme en cloche)
Distribution non normale Distribution normale
170
V.2.5 Construction des modèles d’analyse de covariance et de
régression linéaire
Comme expliqué précédemment, à partir des résultats de l’analyse canonique nous avons
construit des modèles de régression linéaire (dans le cas où il n’y a pas de variables cliniques
contrôlées à appliquer) et des modèles d’analyse de covariance (ANCOVA) dans le cas où
nous appliquons des variables contrôlées. Les variables dites « à expliquer » sont des
variables quantitatives pour la régression linéaire et pour l’ANCOVA. La différence entre
l’ANCOVA et la régression tient à la nature différente des variables explicatives. Pour la
régression, les variables explicatives sont uniquement continues alors que l’ANCOVA permet
de traiter des variables explicatives de nature quantitatives et/ou qualitatives ce qui nous
permet d’intégrer les variables contrôlées qui sont modales. Ces modèles265 permettront
d’identifier parmi les variables architecturales et cliniques contrôlées celles qui influencent le
plus la variables clinique de « l’EPOCAA contexte » que l’on souhaite expliquer et également
de déterminer les variables qui contribuent de manière significative à l’explication de cette
variable. Nous pourrons également voir si les variables architecturales restent significatives
une fois que l’on considère les variables cliniques contrôlées (par exemple : la hauteur d’une
pièce continue-t-elle à impacter le comportement d’une personne une fois que l’on considère
le nombre de médicaments pris par cette personne). Nous retiendrons comme variable à
expliquer uniquement les domaines cliniques identifiés durant l’analyse canonique et pour
lesquels les hypothèses de normalité sont vérifiées. Un modèle sera construit pour chaque
variable clinique séparément (par exemple un modèle pour la recherche d’isolement, un
modèle pour les interactions sociales…) et aura la forme ci-dessous :
Modèle de covariance = régression (variables quantitatives sélectionnées durant l’Analyse
Canonique des Corrélations) + analyse de variance (pour les variables cliniques contrôlées
qualitatives).
Les résultats des modèles de régression et covariance permettent :
1 D’appréhender, par la valeur du coefficient de détermination (R2), le pourcentage de
variations expliqué par les variables explicatives et de déterminer la partie du modèle non
expliquée par ces variables. Plus ce coefficient est proche de 1, meilleur est le modèle.
Dans l’exemple présenté ici (Tableau 27), 17,9% de la variabilité du modèle est
expliquée par les variables explicatives.
265
Nous avons appliqué une procédure descendante de sélection des variables pour sélectionner notre modèle.
Procédure qui vise à retirer les variables au fur et à mesure (on retire les variables non significatives). Sélection
descendante, probabilité pour l’entrée : 0,1 et probabilité pour le retrait : 0,2.
171
Tableau 27 : Exemple du coefficient d’ajustement du modèle
Observations 148,000
Somme des poids 148,000
DDL 136,000
R² 0,241
R² ajusté 0,179
MCE 0,230
RMCE 0,480
MAPE 20,651
DW 1,877
Cp 10,471
AIC -206,067
SBC -170,100
PC 0,893
2 De calculer le risque que l’on prend en concluant que les variables explicatives apportent
une quantité significative d'informations au modèle (à travers le tableau d’analyse de la
variance). Ce tableau permet d’appréhender « la fiabilité » de nos variables explicatives
par rapport à notre modèle. Dans l’exemple présenté dans le Tableau 28, on prend un
risque de 0,01% (< 0,0001) de se tromper en concluant que les variables explicatives
apportent une quantité significative d’informations au modèle).
Tableau 28 : Exemple d’un tableau d’analyse de la variance
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Modèle 6 5,801 0,967 6,400 < 0,0001
Erreur 141 21,301 0,151
Total corrigé 147 27,102
3 De déterminer les variables qui contribuent le plus au modèle. Plus la p-value associée à
chaque variable est faible et plus la variable contribue au modèle, les variables restent
significatives si la p-value est inférieure au niveau alpha 0,05. Le tableau type III Sum of
Squares (appellation utilisée notamment par le logiciel Xlstat) permet de mesurer
l’impact des variables isolément, les résultats étant indépendant de l’ordre de sélection
des variables. Plus la probabilité associée au F de Fisher (colonne Pr>F) est faible, plus
fort est l'impact de la variable sur la qualité du modèle266
. Dans le Tableau 29, on voit que
la variable la plus significative est la surface et que quatre variables sont significatives
car inférieures au niveau alpha.
Tableau 29 : Exemple d’un tableau Type III Sum of Squares
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
nombre maximum utilisateurs 1 0,655 0,655 2,850 0,094
surface 1 1,896 1,896 8,246 0,005
volume 1 1,655 1,655 7,197 0,008
Hauteur maximum 1 1,011 1,011 4,396 0,038
nombre orientations dans la pièce 1 1,616 1,616 7,030 0,009
surface vitrée 1 0,650 0,650 2,827 0,095
pourcentage d’ouverture 0 0,000
Luminosité de l’éclairage artificiel 1 0,514 0,514 2,233 0,137
Quantité d’éclairages par m3 1 0,826 0,826 3,592 0,060
Bruit de fond écart type 1 0,475 0,475 2,064 0,153
Médicamentation 3 1,109 0,370 1,608 0,190
266
Tutoriel Xlstat.
172
4 De tester la normalité des résidus et regarder leur répartition. Cette dernière informe sur
les données suspectes (ou individus atypiques). Selon le principe sur lequel se base
l’ANCOVA et la régression, les résidus doivent être distribués selon une loi normale.
Pour cela nous utiliserons les mêmes tests que pour tester la normalité des variables à
modéliser (cf. précédemment). Pour étudier la répartition des résidus nous regarderons le
graphique des résidus normalisés et les valeurs des résidus centrés – réduits. Si les résidus
suivent une loi normale, cela signifie que 95% des résidus doivent se trouver dans
l'intervalle [-1,96 ; 1,96]. Nous regarderons également les graphiques box plot qui
permettent de vérifier aisément la symétrie et la distribution des données.
Un des problèmes lorsque l’on construit ce type de modèle est d’intégrer trop de variables
explicatives qui risquent de créer un « surparamétrage du modèle » pouvant biaiser les
résultats. Lors de l’analyse des données, plusieurs modèles de régression sont testés, en
incluant certaines variables et pas d’autres. L’objectif est de trouver le meilleur modèle, qui
permet une bonne prédiction sans sur-paramétrage. Un modèle sur-paramétré rendra compte
parfaitement de l’échantillon, mais ne sera pas généralisable à une population. Généralement
il est considéré qu’il faut au moins dix sujets par variable explicative pour éviter le sur-
paramétrage267. Pour éviter le surparamétrage du modèle, nous utiliserons donc un ratio de 10
individus minimum par variables incluses au modèle ci-dessus :
soit 14 variables maximum pour le salon, la salle à manger, les chambres, les WC, les
salles de bain les circulations et les parcours (148 observations),
soit 11 variables maximum pour la salle « manuelle » (113 observations),
soit 8 variables maximum pour la salle « motrice » (89 observations).
267
HASSAN M., et QIAN S. (2010).
173
V.3 Résultats de l’analyse canonique de
corrélation et de l’analyse de redondance
Les résultats sont présentés pièce par pièce, selon la progression systématique suivante :
Analyse de redondance,
Calcul des coefficients de corrélation canoniques et choix des axes,
Choix des variables à intégrer aux modèles.
V.3.1 Le salon
V.3.1.1 L’analyse de redondance
Le Tableau 30 permet de voir que le groupe de variables architecturales explique une part non
négligeable (22,4%) du groupe de variables cliniques (la partie contrainte correspond au
groupe faisant intervenir les variables explicatives architecturales et la partie non contrainte le
groupe qui fait intervenir seulement les variables cliniques). La p-value calculée durant le test
de significativité est inférieure à 0,0001 (comme on peut le voir dans le second tableau), ce
qui signifie que l’on prend un risque de se tromper 0,01% en rejetant l’hypothèse selon
laquelle les groupes de variables cliniques et architecturales ne seraient pas linéairement liées.
Tableau 30 : Analyse de redondance – le salon
Inertie :
Valeur %
Totale 64,241 100,000
Contrainte 14,424 22,454
Non-contrainte 49,817 77,546
Résultats du test de permutation :
Permutations 500
Pseudo F 0,290
p-value < 0,0001
alpha 0,050
V .3.1.2 Les coefficients de corrélations canoniques et le choix des axes
Afin de tester la significativité des coefficients canoniques de corrélation, nous avons, utilisé
des tests de significativité et analysé les graphiques des éboulis des corrélations268
pour
déterminer le nombre d’axes à retenir pour l’analyse. Les résultats des tests asymptotiques et
des tests de permutations permettent d’observer la valeur du « Lambda de Wilks » : plus la
valeur de ce dernier est faible, plus le modèle est bon. Les résultats du test Asymptotique
indique que le Lambda pour le premier axe est de 0,053 ce qui est très proche de la valeur
critique. Par contre, sur le deuxième axe le Lambda est de 0,119. Il n’est donc pas pertinent de
conserver ce second axe. Les résultats du test de permutation viennent confirmer les résultats
268
Le lecteur peut se référer aux annexes pour voir les graphiques des éboulis des corrélations (annexe 4).
174
des tests asymptotiques. En effet, le Lambda reste proche de 0,05 pour le premier axe (lambda
=0,053) et il s’en écarte pour le second axe (Lambda = 0,118). Pour les salons, nous
conserverons un seul axe pour l’interprétation des résultats de l’analyse canonique de
corrélation.
V.3.1.3 Les résultats de l’analyse canoniques et le choix des variables à intégrer
aux modèles
Figure 71 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – le salon
A01 Nombre maximum d'utilisateurs simultanés A25 Surface vitrée totale
A02 Surface A26 Pourcentage de vitrage
A03 Volume A27 Luminosité de l’éclairage artificiel
A05 Hauteur maximum A28 Quantité d’éclairage artificiel par m3
A23 Nombre d'orientations A41 Variation des bruits de fond
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel R, Package CCA.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique salon
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02A03
A04
A05 A06
A07A08
A09
A10
A11
A12
A13
A14 A15
A16
A17A18
A19
A20
A21A22
A23
A24
A25A26
A27
A28
A29
A30
A31
A32
A33
A34 A35
A36
A37
A38
A39
A40
A41d01sal
d02sal
d03sal
d04sal
d05sal
d06sal
d07sal
d08sal
d09sal
d10sal
d11sal
d12sald13sal
175
Les variables cliniques qui contribuent au premier axe sont la réactivité au changement et à la
frustration – D09 et l’autonomie personnelle –D13 (ce sont ces variables qui sont projetées le
plus loin de l’origine du cercle par rapport au premier axe - Figure 71). L’importance des
troubles relatifs à ces deux domaines varient dans le même sens que :
Le nombre d’orientations des surfaces vitrées,
Le pourcentage de vitrage,
La surface vitrée totale,
Le volume de la pièce,
Le nombre maximum d’utilisateurs,
La surface de la pièce,
La hauteur maximum,
Les variations de bruit de fond.
Le graphique permet également de voir que les troubles associés aux deux domaines identifiés
varient en sens inverse (c’est-à-dire que quand la variable architecturale augmente alors la
variable clinique diminue) des variables suivantes :
Luminosité de l’éclairage artificiel (évaluation experte),
La quantité d’éclairage artificiel par m3.
L’analyse de corrélation canonique et l’analyse de redondance indiquent toutes les deux qu’il
existe un lien entre ces deux groupes et que les variables cliniques qui contribuent le plus
sont l’autonomie personnelle et la réactivité au changement et à la frustration. Il apparaît
ainsi, dans les salons, que les variables relatives aux dimensions, à la quantité d’éclairage
artificiel, à l’éclairage naturel ou les vues sont les plus problématiques par rapport aux
domaines de l’EPOCAA. En ce qui concerne les variables relatives à l’éclairage naturel, il
est difficile de savoir si c’est l’apport de lumière naturelle dans la pièce qui est important ou si
ce sont les vues sur l’extérieur qui pourraient favoriser les distractions. On peut voir que la
perméabilité visuelle extérieure ne semble pas contribuer beaucoup au modèle. Les surfaces
vitrées qui ne permettent pas un contact visuel avec d’autres personnes sont exclues de la
perméabilité visuelle extérieure (vitrage zénithal, en hauteur, à l’étage), ce qui peut amener à
penser qu’il s’agirait plutôt de la qualité d’éclairage qui influe sur les troubles, mais peut-être
moins la possibilité de surveiller son environnement ou bien d’être observé depuis l’extérieur.
176
V.3.2 La salle à manger
V.3.2.1 L’analyse de redondance
Les résultats des tests de l’analyse de redondance (Tableau 31) montrent que le groupe de
variables architecturales explique 22,13% du groupe de variables cliniques, avec un
risque de se tromper de 0,01%, si l’on rejette l’hypothèse selon laquelle le groupe de variables
cliniques et architecturales ne seraient pas linéairement liées. On peut donc retenir l’hypothèse
selon laquelle ces deux groupes de variables sont liés.
Tableau 31 : Analyse de redondance – la salle à manger
Inertie :
Valeur %
Totale 57,325 100,000
Contrainte 12,686 22,130
Non-contrainte 44,639 77,870
Résultats du test de permutation :
Permutations 500
Pseudo F 0,284
p-value < 0,0001
alpha 0,050
V.3.2.2 L’analyse canonique et le choix des axes
Les résultats des tests de significativité (asymptotique et de permutation) indiquent tous deux
des résultats similaires, qui conduisent à ne retenir qu’un seul axe pour l’interprétation des
résultats de l’analyse canonique269
. La valeur du « Lambda de Wilks » pour le premier axe est
très proche de la valeur critique et n’est plus significative à partir du deuxième axe (Lambda =
0,052 pour le premier axe et pour le deuxième axe Lambda = 0,121). Les résultats du test de
permutation viennent confirmer ces résultats puisque la valeur pour le premier axe est de :
0,052 et de : 0,120 pour le second axe. Dans les salles à manger nous conserverons un seul
axe pour l’interprétation des résultats.
V.3.2.3 Les résultats de l’analyse canonique et le choix des variables à intégrer
aux modèles
Figure 72 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – la salle à manger
A23 Nombre de vitrages intérieurs A29 Obscurité maximum de la teinte des murs
A24 Nombre d'orientations A31 Saturation maximum des murs
A27 Quantité d’éclairage artificiel par m3 A34 Saturation du sol
A28 Quantité de teintes différentes utilisées A38 Bruit de fond moyen
269
Le lecteur peut se référer aux annexes pour voir les graphiques des éboulis des corrélations (annexe 4).
177
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel R, Package CCA.
Dans la salle à manger, les variables cliniques qui contribuent au premier axe sont
les conduites d’hétéro-agressivité (D06), la recherche d’isolement (D01), les activités et la
réactivité sensori-motrice, les stéréotypies et les autostimulations (D08) qui varient toutes les
trois dans le même sens et les interactions sociales (D02) qui varient en sens inverse des trois
précédentes (Figure 72).
Les variables architecturales qui sont le plus liées et qui varient dans le même sens que les
variables D01, D06, D08 et en sens inverse que la variable D02 sont (Figure 72) :
La saturation maximum des murs,
L’obscurité maximum de la teinte des murs,
La quantité de teintes utilisée dans la pièce,
La saturation des sols,
La quantité d’éclairage artificiel par m3,
Le nombre d’orientations,
Le nombre de vitrages intérieurs dans la pièce,
En revanche, et cela est surprenant car contraire à nos hypothèses, le bruit de fond moyen
varie en sens inverse de la réactivité sensori-motrice, des stéréotypies et de l’autostimulation
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique salle à manger
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02
A03
A04
A05A06
A07
A08
A09
A10A11
A12
A13A14
A15
A16
A17
A18
A19
A21A22
A20
A23
A24
A25
A26
A27
A28
A29
A30
A31
A32
A33
A34
A35
A36
A37
A38
A39
d01sam
d02samd03sam
d04sam
d05sam
d06sam
d07sam
d08sam
d09sam
d10sam
d11sam
d12sam
d13sam
178
(D08), de l’hétéro agressivité (D06) et de la recherche d’isolement (D01). Toutefois cette
variable ne contribue pas beaucoup à l’axe 1 et donc ce résultat est à considérer avec
vigilance. Par ailleurs, ce résultat pourrait provenir du fait que les bruits de fond en l’absence
des résidents sont plus élevés dans les salles à manger que dans les autres pièces ; et il est
possible que le bruit de fond ait tendance à relativiser le bruit des résidents. La variable
interactions sociales (D02), quant à elle varie dans le même sens que le bruit de fond moyen.
L’analyse de corrélation canonique et l’analyse de redondance indiquent l’existence d’un lien
entre le groupe de variables cliniques et le groupe de variables architecturales. Les variables
cliniques qui contribuent le plus sont la recherche d’isolement, les interactions sociales,
l’hétéro-agressivité et l’autostimulation. Dans les salles à manger ce sont les variables
architecturales relatives à la « quantité de couleurs », leur saturation et leur obscurité qui
sont le plus liées aux variables de l’EPOCAA. Comme pour le salon il ressort également des
variables architecturales liées au vitrage (intérieur et extérieur) même si ces variables ne
semblent pas liées aux mêmes domaines cliniques.
179
V.3.3 La salle d’activités manuelles
V.3.3.1 L’analyse de redondance
L’analyse de redondance montre (Tableau 32) que le groupe de variables architecturales
explique 33,4% du groupe de variables cliniques, avec toujours un risque de se tromper
0,01% si l’on rejette l’hypothèse selon laquelle le groupe de variables cliniques et
architecturales ne seraient pas linéairement liées.
Tableau 32 : Analyse de redondance – la salle manuelle
Inertie :
Valeur %
Totale 55,960 100,000
Contrainte 18,667 33,357
Non-contrainte 37,293 66,643
Résultats du test de permutation :
Permutations 500
Pseudo F 0,501
p-value < 0,0001
V.3.3.2 L’analyse canonique et le choix des axes
Les tests de significativité asymptotique et de permutation indiquent tous les deux qu’il serait
pertinent de retenir deux axes pour la suite de l’analyse ; c’est à partir du troisième axe que les
valeurs ne sont plus significatives (pour le test asymptotique lambda = 0,019 pour l’axe 1,
lambda = 0,057 pour l’axe 2, lambda = 0,12 pour l’axe 3 et pour le test de permutation
lambda = 0,016 pour l’axe 1, lambda = 0,049 pour l’axe 2, lambda = 0,105 pour l’axe 3)270
.
Pour les salles d’activités manuelles nous conserverons deux axes pour l’interprétation des
résultats de l’analyse canonique de corrélation.
270
Le lecteur peut également se référer aux annexes pour voir les graphiques des éboulis des corrélations
(annexe 4).
180
V.3.3.3 Les résultats de l’analyse canonique et le choix des variables à intégrer
aux modèles
Figure 73 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – la salle manuelle
A01 Surface A19 Surface intérieure de vitrage
A02 Volume A25 Pourcentage de vitrage
A03 Hauteur maximum A26 Luminosité de l'éclairage artificiel
A06 Étalement A28 Quantité de teintes différentes utilisées
A08 Quantité d'angles sortants A34 Saturation du sol
A09 Pourcentage de la pièce visible quel que soit l'angle A35 Obscurité maximum de la teinte des portes
A11 Nombre de zones de cachette A37 Saturation maximum des portes
A14 Nombre d'accès extérieurs A39 Quantité de matériaux utilisés sur les murs
A15 Perméabilité physique A40 Temps de réverbération moyen
A16 Perméabilité visuelle intérieure A43 Variation des bruits de fond
A17 Perméabilité visuelle extérieure A18 Nombre de vitrages intérieurs
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel R, Package CCA.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique salle d'activités manuelles
Premiere composante
De
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A01A02
A03
A04
A05
A06
A07
A08
A09
A10
A11
A12
A13
A14A15
A16
A17
A18
A19
A20
A21
A22
A23
A24
A25
A26
A27A28
A29
A30
A31
A32
A33
A34
A35
A36
A37
A38
A39
A40 A41
A42
A43
d01man
d02mand03man
d04man
d05mand06an
d07mand08man
d09man
d10mand11man
d12man
d13man
181
Les variables cliniques qui contribuent fortement au premier axe sont la recherche
d’isolement (D01), le contact visuel (D03), les conduites auto-agressives (D05), les activités
et la réactivité sensori-motrice, les stéréotypies et les autostimulations (D08) et la réactivité
au changement et à la frustration (D09) qui contribue aux deux axes et l’autonomie
personnelle (D13) qui contribue également aux deux axes (Figure 73). Les variables cliniques
qui semblent être les plus significatives pour le second axe sont l’autonomie personnelle et
la réactivité au changement et à la frustration comme évoqué ci-dessus. Ce sont donc les
relations de ces six variables avec les variables architecturales que nous allons analyser. Les
variables architecturales qui semblent être le plus liées à la recherche d’isolement, aux
conduites auto-agressives, au contact visuel et aux activités et la réactivité sensori-motrice,
les stéréotypies et les autostimulations et qui varient dans le même sens que ces dernières
sont (Figure 73) :
La surface de la pièce,
Le volume de la pièce,
La hauteur maximum dans la pièce,
Le nombre de zones de cachettes,
Les variations spatiales et temporelles de bruit de fond,
Le temps de réverbération moyen,
La surface intérieure de vitrage,
Le nombre de vitrages intérieurs,
La perméabilité visuelle intérieure,
La perméabilité physique,
La quantité de teintes,
La saturation maximum des portes,
L’obscurité maximum de la teinte des portes,
La quantité des matériaux sur les murs,
L’étalement,
Le nombre d’accès extérieurs,
La quantité d’angles sortants,
Les variables architecturales qui sont le plus liées aux domaines D01, D05, D08 et D03 sont :
La saturation du sol,
Le pourcentage de surface toujours visible,
Les variables architecturales qui varient dans le même sens que la réactivité au changement et
à la frustration et qui sont liées à cette dernière sont :
La saturation maximum des portes,
La perméabilité visuelle intérieure,
La surface intérieure de vitrage,
La perméabilité physique,
182
La quantité de teintes,
L’obscurité maximum de la teinte des portes,
Le temps de réverbération moyen,
La quantité de matériaux sur les murs,
Le pourcentage de vitrage,
La perméabilité visuelle extérieure,
Les variables architecturales qui varient en sens inverse de ce domaine sont :
La luminosité de l’éclairage artificiel (évaluation experte),
Les variables qui semblent être le plus liées aux difficultés dans le domaine de
l’autonomie personnelle, et qui varient dans le même sens que cette dernière sont :
La saturation du sol,
Le pourcentage de surface toujours visible,
Le pourcentage de vitrage,
La perméabilité visuelle extérieure,
Les variables architecturales qui varient en sens inverse de l’autonomie personnelle sont :
La hauteur maximum,
Le volume
La surface
L’étalement,
Les variations de bruit de fond dans le temps et dans la pièce,
Le nombre de zones de cachettes,
L’analyse de corrélation canonique et l’analyse de redondance indiquent l’existence d’un lien
entre le groupe de variables cliniques et le groupe de variables architecturales dans les
salles d’activités manuelles. Les deux variables cliniques qui contribuent le plus sont :
l’autonomie personnelle et la réactivité au changement et à la frustration (car elles
contribuent aux deux axes) comme dans le salon. Toutefois, dans les salles d’activités
manuelles d’autres variables cliniques semblent également contribuer fortement : la
recherche d’isolement (D01), les conduites auto-agressives (D05), le contact visuel (D03) et
les activités, la réactivité sensori-motrice, les stéréotypies et les autostimulations (D08). Les
domaines D08 et D01 ressortaient également dans les salles à manger.
Dans les salles d’activités manuelles, les variables architecturales qui sont importantes
concernent la perméabilité de la pièce (zones de cachette, nombre d’angles…) et la
perméabilité avec les pièces directement en contact. On peut émettre l’hypothèse que ces
variables pourraient être plus importantes dans les salles d’activités manuelles que dans
d’autres pièces car il s’y déroule des activités qui demandent plus de concentration.
Comme nous avions pu le voir dans les salons les quantités de lumière naturelle ou de vues
semblent importantes.
183
Tableau 33 : Le sens de variation des variables sélectionnées durant l'analyse canonique
D01 D03 D05 D08 D09 D13
Surface de la pièce + + + + -
Volume de la pièce + + + + -
Hauteur maximum + + + + -
Nombre de zones de cachettes + + + + -
Variations de bruit de fond + + + + -
Temps de réverbération moyen + + + + +
Quantité de vitrage intérieur + + + + +
Surface intérieure de vitrage + + + + +
Perméabilité visuelle intérieure + + + + +
Perméabilité physique, + + + + +
Quantité de teintes + + + + +
Saturation maximum des portes + + + + +
Obscurité maximum des portes + + + + +
Quantité de matériaux sur les murs + + + + +
Étalement + + + + -
Nombre d’accès extérieurs + + + +
Quantité d’angles sortants + + + +
Saturation du sol - - - - +
Pourcentage de surface toujours visible - - - - +
Pourcentage de vitrage + +
Luminosité de l’éclairage artificiel
(évaluation experte) -
Perméabilité visuelle extérieure + +
184
V.3.4 La salle d’activités motrices
V.3.4.1 L’analyse de redondance
L’analyse de redondance montre que le groupe de variables architecturales explique 31,2%
du groupe de variables cliniques, avec encore un risque de se tromper 0,01% en rejetant
l’hypothèse selon laquelle le groupe de variables cliniques et architecturales ne seraient pas
linéairement liés dans la salle d’activités motrices (Tableau 34).
Tableau 34 : Analyse de redondance – la salle motrice
Inertie :
Valeur %
Totale 46,984 100,000
Contrainte 14,678 31,240
Non-contrainte 32,307 68,760
Résultats du test de permutation :
Permutations 500
Pseudo F 0,454
p-value < 0,0001
alpha 0,050
V.3.4.2 L’analyse canonique et le choix des axes
Comme pour les pièces précédentes, nous avons, pour choisir les axes à retenir, effectué des
tests de significativité et analysé le graphique de l’éboulis des corrélations271
. Si l’on regarde
les valeurs du test asymptotique, il semble nécéssaire de ne conserver aucun axe car le
Lambda est déjà supérieur au seuil critique pour le premier axe (Lambda = 0,102).
Contrairement au résultat du test asymptotique, le test de permutation semble indiquer que le
seuil critique est atteint à partir du troisième axe (axe 1 : 0,013 ; axe 2 : 0,036 ; axe 3 : 0,086) ;
on peut en effet voir sur le graphique de l’éboulis des corrélations qu’il y a un saut clair entre
la deuxième (coefficient de corrélation canonique r=0,635) et la troisième dimension
(coefficient de corrélation canonique r=0,525). Pour les salles d’activités motrices nous
conserverons malgré tout deux axes pour l’interprétation des résultats de l’analyse canonique
de corrélation.
271
Le lecteur peut se référer aux annexes pour voir les graphiques des éboulis des corrélations (annexe 4).
185
V.3.4.3 Les résultats de l’analyse canoniques et le choix des variables à intégrer
aux modèles
Figure 74 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – la salle motrice
A01 Surface A18 Surface vitrée totale
A02 Volume A19 Pourcentage d'ouverture
A03 Hauteur maximum A20 Luminosité de l'éclairage artificiel
A05 Compacité A24 Obscurité minimum de la teinte des murs
A07 Nombre d'angles rentrants A29 Obscurité maximum de la teinte des portes
A12 Nombre d'accès intérieurs A31 Quantité de matériaux utilisés sur les murs
A14 Perméabilité visuelle extérieure A33 Variation des temps de réverbération
A16 Évaluation des différences de lumière dans la pièce A35 Variation des bruits de fond
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel R, Package CCA.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique salle motrice
Premiere composante
De
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A01A02
A03A04
A05
A06
A07
A08
A09
A10
A11
A12
A13
A14
A15
A16
A17A18
A19
A20
A21
A22
A23
A24
A25
A26A27
A28
A29
A30
A31
A32
A33
A34
A35
d01mot
d02mot
d03mot
d04mot
d05mot
d06mot
d07mot
d08mot
d09mot
d10mot
d11motd12mot
d13mot
186
Les variables cliniques qui seront retenues car contribuant fortement au premier axe sont :
les interactions sociales (D02); et la réactivité au changement et à la frustration (D09). Les
variables cliniques qui seront retenues car contribuant au second axe sont l’auto agressivité
(D05), la recherche d’isolement (D01) et les troubles liés à la réactivité sensori-motrice, aux
stéréotypies et aux autostimulations (D08). Les variables architecturales qui semblent être le
plus liées aux difficultés dans les domaines de la recherche d’isolement, de l’auto-agressivité
et de la réactivité sensori-motrice, aux stéréotypies et aux autostimulations et qui varient dans
le même sens sont (Figure 74) :
La surface de la pièce,
Le volume de la pièce,
Les angles rentrants dans la pièce,
Le nombre d’accès intérieurs,
La luminosité de l’éclairage artificiel (évaluation experte),
L’obscurité minimum de la teinte des murs,
L’obscurité maximum de la teinte des portes,
D’autre part, les troubles liés au domaine D08 varient également dans le même que la
compacité. Les variables architecturales qui semblent être le plus liées à ces domaines et qui
varient en sens inverse sont : Les différences de lumière dans la pièce,
Les variables architecturales qui sont le plus liées aux interactions sociales (D02) et à la
réactivité au changement et à la frustration (D09) et qui varient dans le même sens sont :
La surface vitrée,
Le pourcentage de vitrage,
La perméabilité visuelle extérieure,
La quantité de matériaux utilisée pour les murs,
Les variations de bruit de fond,
Les variations de temps de réverbération,
La compacité,
Les variables architecturales qui semblent varier en sens inverse de ces domaines sont :
La hauteur maximum,
L’obscurité maximum de la teinte des portes,
L’analyse de corrélation canonique et l’analyse de redondance indiquent l’existence d’un lien
entre le groupe de variables cliniques et le groupe de variables architecturales dans les
salles d’activités motrices. Les variables cliniques qui contribuent le plus sont
les interactions sociales, la réactivité au changement et à la frustration, l’auto-agressivité, la
recherche d’isolement et l’autostimulation. Dans les salles d’activités motrices les variables
architecturales qui semblent être le plus liées aux variables cliniques sont les variables
relatives aux teintes (quantité, obscurité et saturation), à la quantité d’éclairage naturel/vues, à
la quantité d’éclairage artificiel, aux dimensions de la pièce (hauteur, compacité) et aux
variations de temps de réverbération et au bruit de fond.
187
V.3.5 La circulation
V.3.5.1 L’analyse de redondance
Les résultats des tests de l’analyse de redondance montrent que le groupe de variables
architecturales explique 21,9% du groupe de variables cliniques avec un risque de se
tromper de 0,01% si l’on rejette l’hypothèse selon laquelle le groupe de variables cliniques et
architecturales ne seraient pas linéairement liés dans les circulations (Tableau 35).
Tableau 35 : Analyse de redondance – la circulation
Inertie :
Valeur %
Totale 57,571 100,000
Contrainte 12,600 21,885
Non-contrainte 44,972 78,115
Résultats du test de permutation :
Permutations 500
Pseudo F 0,280
p-value < 0,0001
alpha 0,050
V.3.5.2 L’analyse canonique et le choix des axes
Les valeurs du test asymptotique indiquent qu’il ne faudrait conserver aucun axe car le
Lambda est déjà supérieur au seuil critique pour le premier axe (Lambda = 0,109).
Contrairement au résultat du test asymptotique le test de permutation montre que le seuil
critique est atteint à partir du deuxième axe (axe 1 : 0,053). Les différences entre ces deux
tests, peuvent provenir de la normalité des variables. En effet, le test asymptotique se base sur
l’hypothèse de normalité alors que les tests de permutation ne font pas d’hypothèse sur la
distribution des données. Il est donc cohérent d’avoir des différences entre ces deux tests272
.
Dans les circulations nous conserverons qu’un seul axe pour l’interprétation des résultats de
l’analyse canonique de corrélation.
272
Le lecteur peut également se référer aux annexes pour voir les graphiques des éboulis des corrélations
(annexe 4).
188
V.3.5.3 Les résultats de l’analyse canoniques et le choix des variables à intégrer
aux modèles
Figure 75 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – la circulation
A06 Surface de vitrage zénithal A18 Saturation minimum du sol
A08 Quantité de luminaires au plafond A19 Quantité de couleurs différentes sur les sols
A10 L’obscurité maximum de la teinte des murs. A25 Quantité de couleurs différentes sur les plafonds
A14 Quantité de couleurs différentes sur les murs A26 Quantité de matériaux différents sur les murs
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel R, Package CCA.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique circulation
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02
A03
A04
A05A06
A07
A08
A09
A10
A11
A12
A13
A14
A15
A16
A17
A18
A19
A20
A21
A22
A23
A24
A25
A26
A27
d01circ
d02circ
d03circd04circ
d05circ
d06circ
d07circd08circ
d09circ
d10circd11circ
d12circd13circ
189
La variable clinique qui a été retenue car elle contribue fortement au premier axe est
la réactivité au changement et à la frustration (D09). Cette variable varie dans le même sens
que (Figure 75):
La quantité de matériaux sur les murs,
La quantité de matériaux sur les sols,
La quantité de couleurs utilisée pour les sols,
la quantité de couleurs utilisée pour les murs,
La surface totale de circulation dans l’hébergement,
La surface de vitrage zénithal,
L’obscurité maximum de la teinte des murs.
En revanche cette variable est opposée à la saturation minimum du sol.
Ainsi dans les circulations les variables qui pourraient être les plus problématiques semblent
être liées aux changements et en particulier aux teintes et matériaux.
V.3.6 La chambre, les WC, les salles de bains, les parcours et les
variables relatives au contexte
Étant donné que la méthodologie utilisée est identique pour l’ensemble des pièces mesurées,
nous avons présenté ci-dessus en détail les tests des pièces les plus significatifs. Pour les
autres pièces, nous nous attacherons à faire ressortir ci-dessous les principaux résultats (il est
possible de voir le détail des tests en annexe 5). Les résultats de l’analyse de redondance, et le
test de significativité qui lui est associé pour les variables relatives « au contexte », aux WC,
aux salles de bains, aux chambres, « aux parcours du salon aux chambres » indique
l’existence d’une relation linéaire entre le groupe de variables architecturale et le groupe de
variables cliniques dans ces pièces. En revanche, les tests de significativité ne permettent pas
de retenir l’hypothèse de la présence d’un lien entre les variables cliniques et les variables
architecturales dans les parcours des chambres aux salles à manger et dans les deux parcours
de la salle à manger aux salles d’activités.
Les chambres
Pour les chambres, les tests de significativité des axes indiquent qu’il faut rejeter les deux
axes. Toutefois, la valeur du lambda pour le premier axe est presque significative, nous avons
donc poursuivi l’analyse canonique. La variable clinique qui contribue le plus est la réactivité
au changement et à la frustration (comme dans plusieurs autres pièces). Les résultats de
l’analyse canonique dans cette pièce permettent de voir qu’une quantité de vitrage importante
dans la pièce (surface vitrée totale et pourcentage d’ouverture) serait un facteur aggravant de
ces troubles. Ces résultats sont cohérents avec ce que nous avions détecté précédemment.
D’autre part, il semblerait que les murs saturés, foncés et présentant des différences de
saturations importantes favoriseraient la réactivité au changement et à la frustration. De la
190
même manière, plus les chambres auraient des matériaux différents et plus les troubles dans
ce domaine augmenteraient. Il semble donc que les variables architecturales les plus
influentes dans la chambre sur les variables cliniques seraient les variables relatives à
l’obscurité des teintes, la saturation, à la quantité de matériaux, d’éclairage naturel et de
vues sur l’extérieur.
Les WC et salles de bains et les variables relatives au contexte de
l’établissement
Les tests de significativité des axes de l’analyse de corrélation canonique indiquent qu’il faut
rejeter les deux axes pour les WC, les salles de bains et les variables relatives au contexte de
l’établissement. Par ailleurs, lorsque l’on analyse le graphique du cercle des corrélations
canonique on peut voir que seules les variables architecturales se situent loin du centre du
cercle. Les variables cliniques quant à elles sont toutes situées relativement près du centre du
cercle (ce sont uniquement les co-variables architecturales qui contribuent aux coefficients de
corrélation canonique). Il ne semble pas exister de lien entre les deux groupes variables. Nous
n’avons donc pas poursuivi l’analyse pour ces pièces.
Les parcours
Pour les parcours des salles à manger aux salles d’activités manuelles et motrices (parcours 2
et 3) l’analyse de redondance comme l’analyse de corrélations canonique semble indiquer que
l’on ne peut pas conserver l’hypothèse selon laquelle ces deux groupes seraient liés. Par
conséquent nous n’avons pas continué l’analyse.
Concernant le parcours qui va des chambres aux salons (parcours 4), les résultats de l’analyse
de redondance montrent que le groupe de variables architecturales explique 23,1% du groupe
de variables cliniques. La p-value calculée durant le test de significativité vient confirmer que
ces deux groupes seraient liés. L’analyse des résultats des tests de significativité des axes
canoniques indique qu’il est pertinent de ne retenir que le premier axe pour la suite de
l’analyse. Les variables cliniques qui ont été retenues car elles contribuent fortement au
premier axe sont la réactivité au changement, à la frustration(D09) et l’autonomie
personnelle (D13). Plus les hauteurs sont importantes et plus les troubles liés à la réactivité
au changement et à la frustration et à l’autonomie personnelle augmentent. Plus il y aurait de
teintes et des matériaux différents (pour le sol) et plus on note des troubles dans ces deux
domaines. Par ailleurs, les murs foncés aggravent les troubles dans ces domaines. Les sols
plus clairs et moins saturés varient en sens inverse des troubles de l’autonomie personnelle et
de la réactivité au changement et à la frustration.
Pour le parcours allant de la chambre à la salle à manger (parcours 1), même si les résultats du
test de significativité de l’analyse de redondance ne permettent pas de retenir l’hypothèse de
l’existence d’une relation entre le groupe de variables architecturales et le groupe de variables
cliniques, un des tests de significativité du choix des axes de l’analyse canonique semble
indiquer qu’il serait possible de retenir un axe. Nous analyserons donc les résultats de
l’analyse canonique uniquement sur le premier axe et en conservant une vigilance sur les
191
conclusions à tirer de ces résultats. Il s’agit avant tout de vérifier si ces résultats vont dans la
même direction que les résultats des autres pièces et parcours. Les variables cliniques qui
contribuent au premier axe sont la manifestation de l’affectivité(D07) et l’autonomie
personnelle (D13). Plus la quantité de teintes et la quantité de matériaux différents sont
élevées et plus il semble y avoir de troubles de l’autonomie personnelle et de manifestation de
l’affectivité et des contacts corporels. Des murs foncés favoriseraient des troubles dans ces
deux domaines. La saturation et l’obscurité minimum des sols varient en sens des troubles liés
à l’affectivité et à l’autonomie personnelle. Ces résultats semblent cohérents par rapport aux
résultats trouvés pour le parcours 4.
V.3.7 Les résultats globaux de l’analyse de canonique et de la
RDA
Il est possible de constater à l’issue de l’analyse de corrélation canonique que certaines
variables cliniques ne contribuent jamais ou rarement et qu’au contraire certaines ressortent
dans la plupart des situations types évaluées (Tableau 36). Le domaine de l’EPOCAA qui
semble le plus souvent lié aux variables architecturales est la réactivité au changement et à la
frustration (D09) ; ce domaine est suivi des domaines de la recherche d’isolement (D01), de
la réactivité sensori-motrice, aux stéréotypies et aux autostimulations (D08) et de l’autonomie
personnelle (D13). Au contraire, certains domaines de l’EPOCAA n’ont jamais été projetés à
l’extérieur du cercle et/ou à proximité des variables architecturales. C’est le cas des trois
domaines suivants : les troubles thymiques (D04), la réactivité aux stimuli sensoriels (D11) et
les conduites inadaptées en collectivité (D12). Le domaine relatif à la manifestation de
l’affectivité (D07) quant à lui est lié aux variables architecturales uniquement dans le parcours
de la chambre à la salle à manger (parcours n°1) pour lequel les résultats du test de
significativité (de l’analyse de redondance et du test asymptotique du choix des axes de
l’ACC) étaient supérieurs au seuil critique. Ainsi, certaines variables cliniques au vu des
résultats de l’ACC ne sont jamais liées linéairement aux variables architecturales.
Tableau 36 : Liste des variables cliniques qui contribuent le plus aux axes de l’ACC
D01 D02 D03 D04 D05 D06 D07 D08 D09 D10 D11 D12 D13
Salon
Salle à manger
Salle manuelle
Salle motrice
Circulation
Chambre
WC
Salle de bain
Parcours 1
Parcours 2
Parcours 3
Parcours 4
192
Il est possible de voir que ce sont dans les pièces fréquentées collectivement et donc qui
peuvent engendrer des surcharges sociales et sensorielles que les variables architecturales et
cliniques semblent le plus liées. Ces résultats peuvent certainement provenir des
caractéristiques même de la symptomatologie autistique (caractérisé par l’isolement, des
problèmes d’interactions etc…). On peut également émettre l’hypothèse que les troubles dans
les pièces comme les chambres, les WC et les salles de bains sont peut-être moins ressorties
car ces pièces présentent au sein de notre corpus relativement peu de variations dans leurs
caractéristiques architecturales. Par ailleurs, les cliniciens ont eu recours à de l’hétéro-
évaluation (évaluation des comportements des résidents par une tierce personne), on peut ainsi
imaginer que les éducateurs ont peut-être moins de visibilité sur les troubles qui se déroulent
dans les WC, les salles de bains et dans les chambres que dans les pièces à usage collectif.
Dans la plupart des « lieux » (hormis dans trois des parcours sur les quatre), il semble y avoir
un lien entre le groupe de variables architecturales et le groupe de variables cliniques
(Tableau 37). Les résultats de l’analyse de redondance montrent que c’est dans les deux salles
d’activités que ce lien est le plus important.
Tableau 37 : Récapitulatif des résultats de l’analyse de redondance
Pourcentage de variabilité du groupe
clinique expliqué par le groupe
architectural
Test de l’hypothèse nulle (H0) =
Y et X ne seraient pas
linéairement liées
Salon 22,4% pvalue < 0,0001
Salle à manger 22,13% pvalue < 0,0001
Salle « manuelles » 33,36% pvalue < 0,0001
Salle « motrices » 31,24% pvalue < 0,0001
Variables générales 12,9% pvalue = 0,042
Circulations 21,9% pvalue < 0,0001
Chambre 21,6% pvalue = 0,010
WC 15,43% pvalue< 0,0001
SDB 12,39% pvalue = 0,014
Parcours 1 19,62% pvalue =0,112
Parcours 2 1,82% pvalue =0,820
Parcours 3 1,13% pvalue =0,928
Parcours 4 23,12% pvalue =0,014
Tableau récapitulatif du sens de variation des troubles et conclusion
Étant donné que l’analyse canonique ne se base pas sur l’hypothèse d’une distribution
normale des variables. Nous accordons une bonne confiance aux résultats obtenus. Nous les
avons donc exploités en priorité, en relevant en particulier le sens de variation des relations
entre les domaines de l’EPOCAA et les variables architecturales. Pour les variables à
modéliser, pour lesquelles nous ne pouvons retenir l’hypothèse de normalité, nous nous
baserons uniquement sur les résultats de l’analyse canonique pour dégager des premières
pistes de recommandations et pour construire nos hypothèses pour la phase expérimentale.
Pour les autres variables cliniques, même si nous construisons des modèles de covariance et
de régression pour tenter d’identifier les variables architecturales les plus influentes sur les
domaines de l’EPOCAA, nous nous baserons également sur les résultats de l’ACC qui
permettent de détecter des tendances et des rapprochements. Le Tableau 38 donne un aperçu
des principaux résultats de l’analyse canonique. Dans ce tableau, on trouve les variables des
193
deux groupes (architectural et clinique) qui se révèlent liées entre elles ainsi que leurs sens de
variation. Ces tableaux se lisent de la manière suivante : un « + » indique que les deux
variables varient dans le même sens et un « - » qu’elles varient en sens inverse.
Si l’on prend par exemple, pour illustrer la lecture de ces tableaux, le domaine de la réactivité
au changement et à la frustration (D09) (qui est le domaine clinique le plus lié à
l’architecture), on retrouve des récurrences entre les différentes pièces du corpus. Ainsi, il
semblerait que ce domaine clinique soit particulièrement lié :
Aux quantités d’éclairage et de vues/distracteurs dans la pièce (salon ; salles motrices,
salles d’activités manuelles, circulations, chambres) et à la perméabilité avec les
pièces en contact et avec l’extérieur (salle d’activités manuelles)
Aux dimensions des pièces
À la variation d’un point à un autre du bruit de fond (salons, salles motrices), du temps
de réverbération (salle d’activités motrices) et au temps de réverbération moyen (salles
d’activités manuelles).
Aux quantités de matériaux utilisés (salles d’activités motrices, salles d’activités
manuelles, circulations, chambres et parcours)
Aux quantités de teintes utilisées, aux saturations et à l’obscurité (salles d’activités
manuelles, circulations, chambres et parcours),
Tableau 38 : Tableau récapitulatif des résultats de l’analyse canonique par pièce
Salon (1 axe)
D09 D13
Le nombre d’orientations + +
La surface vitrée totale + +
Le volume + +
Le nombre maximum d’utilisateurs simultanés + +
La surface + +
Le pourcentage de vitrage + +
La hauteur maximum + +
Les variations de bruit de fond + +
Luminosité de l’éclairage artificiel (évaluation experte) - -
La quantité d’éclairage par m3 - -
Salle à manger (1 axe)
D01 D02 D06 D08
La quantité de teintes + - + +
La quantité d’éclairage par m3 + - + +
La saturation du sol + - + +
L’obscurité maximum de la teinte des murs + - + +
Le nombre d’orientations + - + +
La saturation maximum des murs + - + +
Le nombre de vitrages intérieurs + - + +
Le bruit de fond moyen - + - -
194
Salle d’activités manuelles (2 axes)
D01 D03 D05 D08 D09 D13
La surface + + + + -
Le volume + + + + -
La hauteur maximum + + + + -
Le nombre de zones de cachettes + + + + -
Les variations de bruit de fond + + + + -
Le temps de réverbération moyen + + + + +
La quantité de vitrage intérieur + + + + +
La surface de vitrage intérieur + + + + +
La perméabilité visuelle intérieure + + + + +
La perméabilité physique, + + + + +
La quantité de teintes + + + + +
La saturation maximum des portes + + + + +
L’obscurité maximum de la teinte des portes + + + + +
La quantité des matériaux sur les murs + + + + +
L’étalement + + + + -
Le nombre d’accès extérieurs + + + +
La quantité d’angles sortants + + + +
La saturation du sol - - - - +
Le pourcentage de surface toujours visible - - - - +
Le pourcentage de vitrage + +
La luminosité de l’éclairage artificiel (évaluation experte) -
La perméabilité visuelle extérieure + +
Salle d’activités motrices (2 axes)
D01 D02 D05 D08 D09
La surface + + +
Le volume + + +
Les angles rentrants dans la pièce + + +
Le nombre d’accès intérieurs + + +
La luminosité de l’éclairage artificiel (évaluation experte) + + +
L’obscurité minimum de la teinte des murs + + +
L’obscurité maximum de la teinte des portes + - + + -
Les différences de lumière - -
La surface vitrée totale + +
Le pourcentage d’ouverture ; + +
La perméabilité visuelle extérieure + +
La quantité de matériaux utilisée pour les murs ; + +
Les variations de bruit de fond + +
Les variations de temps de réverbération + +
La compacité ; + - +
La hauteur maximum - -
Circulation (1 axe)
D09
La quantité de matériaux sur les murs +
La quantité de matériaux sur les sols +
La quantité de couleurs utilisée pour les sols +
La quantité de couleurs utilisée pour les murs +
La surface totale de la circulation +
La surface de vitrage zénithal +
L’obscurité maximum de la teinte des murs +
La saturation minimum du sol -
195
Chambre (1 axe)
D09
Le pourcentage de vitrage +
La surface vitrée totale +
La saturation maximum des murs +
La différence entre la saturation maximum et minimum des murs +
L’obscurité maximum de la teinte des murs, +
L’obscurité minimum de la teinte des murs. +
La quantité de matériaux différents utilisés +
Parcours 4 (1 axe)
D09 D13
La hauteur maximum durant le parcours + +
L’obscurité maximum de la teinte des murs durant le parcours + +
La quantité de teintes utilisée pour le sol + +
La quantité de matériaux utilisée au niveau du sol + +
L’obscurité minimum de la teinte des sols - -
La saturation minimum des sols - -
Parcours 1 (1 axe) à analyser avec vigilance
D07 D13
La quantité de teintes présentes au niveau des sols + +
L’obscurité maximum de la teinte des murs + +
Le nombre de changements de matériaux au niveau des sols + +
L’obscurité minimum de la teinte des sols - -
La saturation minimum des sols - -
Le Tableau 39 montre les relations récurrentes entre une variable architecturale et une
variable clinique. Il se lit de la manière suivante : +2/0 par exemple signifie que le domaine
clinique varie dans le même sens que la variable architecturale dans deux pièces et qu’ils ne
varient dans aucune pièce en sens inverse. +1/-4 signifie que la variation est inverse dans
quatre pièces, et dans le même sens dans une seule pièce.
Ce tableau permet donc de détecter rapidement : les résultats les plus partagés entre les
différentes pièces, les variables architecturales qui sont le plus souvent liées aux variables
cliniques, et l’existence de corrélations inverses d’une pièce à une autre (on note rarement ce
type de cas de figure). Les variables architecturales qui sont les plus récurrentes sont : le
pourcentage de vitrage dans la pièce (dans quatre pièces différentes avec toujours une relation
positive), la surface vitrée totale, la quantité de teintes, l’obscurité maximum des murs, la
quantité de matériaux sur les murs et sur les sols, et. Comme nous l’avons déjà évoqué ces
variables ressortent essentiellement avec les troubles de la réactivité au changement et à la
frustration. Si l’on cumule l’ensemble des troubles de l’EPOCAA on peut noter que le
volume, la surface et la hauteur maximum ressortent également
196
Tableau 39 : Récapitulatifs des résultats de l'Analyse des Corrélations Canoniques
toutes pièces confondues
Domaines
cliniques
Variables architecturales
D01 D02 D03 D05 D06 D07 D08 D09 D13 Total
Dim
ensi
on
s
Nombre d’utilisateurs 0 0 0 0 0 0 0 +1/0 +1/0 +2/0
Volume +2/0 0 +1/0 +2/0 0 0 +2/0 +1/0 +1/-1 +9/-1
Surface +2/0 0 +1/0 +2/0 0 0 +2/0 +2/0 +1/-1 +10/-1
Hauteur maximum +1/0 0/-1 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 +2/-1 +2/-1 +8/-3
Compacité 0 +1/0 0 0 0 0 0/-1 +1/0 0 +2/-1
Étalement +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 0 0/-1 +4/-1
Per
méa
bil
ité
de
la p
ièce
Angles rentrants +1/0 0 0 +1/0 0 0 +1/0 0 0 +3/0
Angles sortants +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 0 0 +4/0
Pourcentage de surface toujours
visible
0/-1 0 0/-1 0/-1 0 0 0/-1 0 +1/0 +1/-4
Nombre de cachettes +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 0 0/-1 +4/-1
Per
méa
bil
ité
avec
la
es p
ièce
en
co
nta
ct Perméabilité physique +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 +1/0 0 +5/0
Perméabilité visuelle intérieure +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 +1/0 0 +5/0
Surface de vitrage intérieur +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 +1/0 0 +5/0
Nombre de vitrages intérieurs +1/0 0/-1 +1/0 0 +1/0 0 +2/0 +1/0 0 +6/-1
Nombre d’accès intérieurs +1/0 0 0 +1/0 0 0 +1/0 0 0 +3/0
Nombre d’accès extérieurs +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 0 0 +3/-1
Perméabilité visuelle extérieure 0 +1/0 0 0 0 0 0 +2/0 +1/0 +4/0
Écl
aira
ge
nat
ure
l et
arti
fici
el
Nombre d’orientations +1/0 0/-1 0 0 +1/0 0 +1/0 +1/0 +1/0 +5/-1
Surface vitrée 0 +1/0 0 0 0 0 0 +3/0 +1/0 +5/0
Pourcentage de vitrage 0 +1/0 0 0 0 0 0 +4/0 +2/0 +7/0
Surface de vitrage zénithal 0 0 0 0 0 0 0 +1/0 0 +1/0
Différences de lumière 0/-1 0 0 0/-1 0 0 0 0 0 0/-2
Quantité d’éclairage par m3 +1/0 0/-1 0 0 +1/0 0 +1/0 0/-1 0/-1 +3/-3
Luminosité éclairage artificiel +1/0 0 0 +1/0 0 0 +1/0 0/-2 0/-1 +3/-3
Aco
ust
iqu
e
Temps de réverbération moyen +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 +1/0 0 +5/0
Variation de bruit de fond +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 +2/0 +1/-1 +7/-1
Bruit de fond moyen 0/-1 +1/0 0 0 0/-1 0 0/-1 0 0 +1/-3
Variation de TR 0 +1/0 0 0 0 0 0 +1/0 0 +2/0
Co
lori
mét
rie
Quantité de teintes (mur) +1/0 +1/0
Quantité de teintes (sol) +1/0 +3/0 +1/0 +5/0
Quantité de teintes +2/0 0/-1 +1/0 +1/0 +1/0 0 +2/0 +1/0 +2/0 +9/-1
Saturation (sol) +1/-1 0/-1 0/-1 0/-1 +1/0 0 +1/0 0 +1/0 +4/-4
Obscurité maximum (mur) +2/0 0/-1 0 0 +1/0 +1/0 +1/0 + 3/0 +2/0 +10/-1
Obscurité minimum (sol) 0 0 0 0 0 0/-1 0 0/-2 0/-2 0/-5
Obscurité minimum (mur) +1/0 0 0 +1/0 0 0 +1/0 +1/0 0 +4/0
Saturation maximum (mur) +1/0 0/-1 0 0 +1/0 +1/0 0 0 +3/-1
Saturation maximum (porte) +1/0 0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 +1/0 0 +5/0
Saturation minimum (sol) 0 0 0 0 0 0/-1 0 0/-2 0/-2 0/-5
Obscurité maximum (porte) +2/0 0 +1/0 +2/0 0 0 +2/0 +1/-1 0 +8/-1
Mat
éria
ux Quantité matériaux (mur) +1/0 +1/0 +1/0 +1/0 0 0 +1/0 +4/0 0 +9/0
Quantité matériaux (sol) 0 0 0 0 0 0 0 +2/0 +1/0 +3/0
Nombre de changements
matériaux (sol)
+1/0 +1/0 +1/0 +3/0
Total +31/
-4
+7/
-8
+17/
-2
+23/
-3
+7/
-1
+3/
-2
+31/
-3
+44/
-9
+20/
-12
197
Les résultats fournis par l’analyse canonique de corrélation permettent dorénavant
d’identifier :
Parmi le groupe de variables architecturales et cliniques celles qui sont le plus liées
entre elles deux à deux,
Parmi les troubles cliniques ceux qui sont le plus liés à l’architecture.
Le sens de variation des variables entre elles.
Toutefois ce type d’analyse ne mesure pas l’influence d’autres facteurs « parasites » tels que
les médicaments. Elle ne permet pas non plus de tester l’influence d’un paramètre
architectural connaissant les autres, il s’agit uniquement de l’étude des relations d’une
variable avec une autre indépendamment des autres. Les modèles de covariance et régression
construits ci-après montrent l’impact d’une combinaison de variables sur les différents
troubles et peuvent servir à compléter les résultats de l’ACC. Une première étape consiste à
sélectionner les variables cliniques « à expliquer » qui remplissent les conditions de normalité
nécessaire pour l’utilisation de ces tests (se référer au paragraphe p.167 pour plus
d’explications).
V.4 Résultats des modèles de covariance et de
régression
V.4.1 Test de la normalité des variables à modéliser et
transformation logarithmique
Les tests de normalité effectués sur les variables cliniques que nous souhaitions
modéliser/expliquer (variables cliniques qui sont dans le tableau récapitulatif des résultats de
l’analyse canonique) et les analyses graphiques de ces variables n’ont pas permis de conserver
l’hypothèse selon laquelle ces variables seraient normalement distribuées. Nous avons donc
appliqué une transformation logarithmique à l’ensemble de ces variables. Cette transformation
a pour objectif de rendre la distribution de ces dernières plus proches d’une loi normale. Dans
un second temps, nous avons testé de nouveau la normalité de l’ensemble de ces variables et
retenu pour la construction des modèles linéaires généralisés (GLM) uniquement les variables
cliniques qui se rapprochent d’une loi normale. Même si les résultats des tests statistiques
numériques ne permettent pas tous de conserver les hypothèses de normalité, les analyses
graphiques (dont le tableau en annexe 6 récapitule les étapes) nous ont permis de conserver
ces hypothèses pour certains domaines cliniques : D09 dans les salons; D02 et D08 dans les
salles à manger; D02, D08 et D09 dans les salles « motrices »; D03, D05, D08 et D09 dans
les salles « manuelles « ; et D09.pour la circulation. Nous construirons donc11 modèles
différents. Pour les variables que nous avons écarté (D13 pour les salons ; D01 et D06 pour
les salles à manger ; D01 et D05 pour les salles « motrices »; D01 et D13 pour les salles
« manuelles »), nous nous baserons uniquement sur les résultats de l’analyse canonique, pour
proposer des premières recommandations de conception architecturale.
198
V.4.2 Le salon
V.4.2.1 D09 réactivité au changement et à la frustration.
À l’issue de l’analyse canonique, nous avons retenu 10 variables architecturales quantitatives
qui semblent être liées à la réactivité au changement et à la frustration et que nous allons
intégrer au modèle de covariance. Par ailleurs, nous avions vu précédemment pour ce
domaine clinique, qu’il est nécessaire d’appliquer la variable contrôlée : Médicamentation (cf.
tableau récapitulatif des variables contrôlées à appliquer p. 162) car on suppose que la prise
de médicaments par les résidents pourrait avoir un impact plus significatif que les variables
architecturales. Le modèle final comprend donc 11 variables (10 variables architecturales
quantitatives et une variable clinique contrôlée modale) et correspond à l’encadré ci-dessous :
Modèle de covariance (D09 Salon) = régression (nombre d’orientations ; surface vitrée totale;
volume ; nombre maximum d’utilisateurs ; surface ; pourcentage de vitrage ; luminosité de
l’éclairage artificiel (évaluation experte) ; quantité d’éclairage par m3 ; hauteur maximum ;
variations de bruit de fond) + analyse de variance (Médicamentation).
Les résultats du modèle de covariance indiquent que 17,9% (voir annexe 7) de la variabilité
de la réactivité au changement et à la frustration dans le salon est expliquée par les variables
architecturales et par la variable clinique qui ont été incluses dans le modèle. Le reste de la
variabilité est dû à une combinaison d’autres variables explicatives qui n'ont soit pas été
mesurées soit pas été introduites au modèle. Une part de la variabilité de
la réactivité au changement et à la frustration reste donc bien entendu inexpliquée. Étant
donné que la probabilité associée au F (test du F de Fischer), est inférieure à 0,0001, on prend
un risque de se tromper de moins de 0,01% en concluant que les variables architecturales et la
variable contrôlée apportent une quantité significative d'informations au modèle (voir tableau
d’analyse de la variance en annexe 7).
La procédure descendante que nous avons appliquée pour choisir le meilleur modèle indique
qu’il faut retenir 10 variables sur les 11 (le pourcentage de vitrage a été écarté - Tableau 40).
Si l’on analyse l’impact de chaque variable séparément sur le modèle, on note que seulement
quatre parmi celles retenues ont un impact significatif (p-value inférieure à 0,05). Ce sont
dans l’ordre : la surface, le volume, le nombre d’orientations dans la pièce et la
hauteur maximum. On peut également noter que la variable clinique médicamentation n’est
pas significative pour le modèle et qu’elle contribue moins que les variables architecturales.
Comme nous l’avions évoqué dans la partie méthodologique, il est nécessaire de vérifier la
normalité des résidus et leur répartition qui est une hypothèse sur laquelle se basent les
modèles de covariance. Les résultats de trois tests de normalité (Shapiro Wilks p = 0,052,
Anderson-Darling p = 0,190, Test de Lilliefors p= 0,295, test de Jarque-Bera = 0,009) et
l’analyse des graphiques QQ Plot, PP plot et du box plot montrent que l’on peut conserver
l’hypothèse de résidus normalement distribués (Figure 76). Le graphique des résidus
199
normalisés et l’analyse des résidus centrés réduits (Figure 76) semblent indiquer que
seulement 4 individus suspects se situent hors de l’intervalle [-1,96 ; 1,96] sur 148
observations (soit 2,7%). Cette analyse des résidus ne vient donc pas non plus invalider
l'hypothèse de normalité.
Tableau 40 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D09 - Salon
Analyse Type III Sum of Squares : Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Nombre maximum utilisateurs 1 0,655 0,655 2,850 0,094
Surface 1 1,896 1,896 8,246 0,005
Volume 1 1,655 1,655 7,197 0,008
Hauteur maximum 1 1,011 1,011 4,396 0,038
Nombre orientations dans la pièce 1 1,616 1,616 7,030 0,009
surface vitrée 1 0,650 0,650 2,827 0,095
pourcentage d’ouverture 0 0,000
Luminosité de l’éclairage artificiel 1 0,514 0,514 2,233 0,137
Quantité d’éclairage par m3 1 0,826 0,826 3,592 0,060
Variations de bruit de fond 1 0,475 0,475 2,064 0,153
Médicamentation 3 1,109 0,370 1,608 0,190
Figure 76 : La normalité des résidus D09 – salon
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
200
V.4.3 La salle à manger
V.4.3.1 D08 Réactivité sensori-motrice, stéréotypie et autostimulation
À l’issue de l’analyse canonique, pour construire notre modèle de covariance, nous avons
retenu les 8 variables architecturales quantitatives qui étaient les plus corrélées à
la réactivité sensori-motrice, aux stéréotypies et aux autostimulations dans la salle à manger.
Comme avaient pu le montrer les résultats des psychologues cliniciens, on ne peut pas rejeter
l’hypothèse selon laquelle le niveau verbal impacte les troubles de ce domaine clinique. Cette
variable contrôlée sera donc également intégrée au modèle. Le modèle final comprend donc 9
variables et a la forme suivante :
Modèle de covariance (D08 Salle à manger) = régression (saturation maximum des murs ;
quantité d’éclairage par m3, bruit de fond moyen, quantité de teintes, saturation du sol,
nombre d’orientations, obscurité maximum du mur, nombre de vitrages intérieurs) + analyse
de variance (Niveau verbal).
Le coefficient de détermination (R² ajusté) permet de voir que 23,5% de la variabilité de
la réactivité sensori-motrice, aux stéréotypies et aux autostimulations dans la salle à manger
pourrait être expliquée par les 9 variables explicatives sélectionnées. Étant donné que la
probabilité associée au F (test du F de Fischer), est inférieure à 0,0001, on prend un risque de
se tromper de moins de 0,01% en concluant que les variables architecturales et la variable
niveau verbal apportent une quantité significative d'informations au modèle (voir tableau
d’analyse de la variance joint en annexe 7).
Le meilleur modèle est obtenu en retenant 6 variables sur les 9 (la saturation maximum des
murs, le bruit de fond moyen et le nombre de vitrages intérieurs ont été écartés). Si l’on
analyse maintenant l’impact de chaque variable séparément sur le modèle, on voit Tableau
41) que seulement six variables sont significatives pour le modèle (p-value inférieure à 0,05).
Ce sont dans l’ordre d’importance la quantité de teintes, la quantité d’éclairage par m3, la
saturation du sol, l’obscurité maximum de la teinte des murs, le nombre d’orientations et la
variable clinique relative au niveau verbal des résidents. Parmi ces six variables, c’est le
niveau verbal qui contribue le moins.
L’analyse des résultats de deux des tests de normalité sur les quatre montre que l’on ne peut
pas rejeter l’hypothèse selon laquelle les résidus seraient normalement distribués (Shapiro
Wilks p = 0,007, Anderson-Darling p = 0,145, Test de Lilliefors p= 0,495, test de Jarque-Bera
= 0,001). Par ailleurs, l’analyse des graphiques ci-dessous semble confirmer cette hypothèse
(Figure 77). Le graphique des résidus normalisés et l’analyse des résidus centrés réduits
semblent indiquer que seulement 6 individus suspects se situent hors de l’intervalle [-1,96 ;
1,96] sur 148 observations (soit 4,05%). Cette analyse ne vient donc pas invalider l'hypothèse
de normalité des résidus.
201
Tableau 41 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D08 – Salle à
manger
Analyse Type III Sum of Squares
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Quantité d’éclairage par m3 1 3,106 3,106 12,061 0,001
Quantité de teintes 1 5,908 5,908 22,940 < 0,0001
Saturation maximum mur 0 0,000
Bruit de fond moyen 0 0,000
Saturation sol 1 2,291 2,291 8,896 0,003
Nombre d’orientation 1 1,161 1,161 4,509 0,035
Nombre de vitrage intérieur 0 0,000
Obscurité maximum du mur 1 2,007 2,007 7,792 0,006
Niveau verbal 3 2,073 0,691 2,683 0,049
Figure 77 : La normalité des résidus D08 – salle à manger
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
202
V.4.3.2 D02 Interactions sociales
Huit variables architecturales sélectionnées durant l’analyse canonique comme ayant le plus
fort impact sur les interactions sociales ont été intégrées au modèle. Le domaine clinique des
interactions sociales semble également dépendant du niveau verbal des résidents (en effet si
les personnes n’ont pas accès au langage verbal elles ont généralement moins d’interactions
avec les autres personnes) comme en atteste l’étude menée par les cliniciens sur les liens
entres les variables contrôlées et les domaines de l’EPOCAA. Le modèle final comprend donc
9 variables architecturales et une variable clinique contrôlée.
Modèle de covariance (D02 Salle à manger) = régression (saturation maximum des murs ;
quantité d’éclairage par m3, bruit de fond moyen, quantité de teintes, saturation du sol,
nombre d’orientations, obscurité maximum des murs, nombre de vitrages intérieur) + analyse
de variance (Niveau verbal).
Seulement, 12,2% (valeur du R2 ajusté) de la variabilité est expliquée par les variables
architecturales et la variable clinique contrôlée incluses dans le modèle. Une part importante
de la variabilité des interactions sociales reste donc inexpliquée par le modèle que nous avons
construit. La probabilité associée au F (test du F de Fischer) que l’on peut voir dans le tableau
d’analyse de la variance (annexe 7) est égale à 0,00026. On prend donc un risque de se
tromper de moins de 0,026% en concluant que les variables explicatives apportent une
quantité significative d'informations au modèle.
La procédure descendante que nous avons appliquée pour choisir le meilleur modèle indique
qu’il faut retenir 4 variables seulement sur les 9 (la saturation maximum des murs, la
quantité d’éclairage artificiel par m3, le bruit de fond moyen, la quantité de teintes,
l’obscurité maximum de la teinte des murs, ont été écartés) et seulement deux variables
apportent une contribution significative, dont le niveau verbal (Tableau 42). La
saturation du sol demeure significative mais contribue dans une moindre mesure au modèle
que le niveau verbal. Il semblerait donc que les troubles des interactions sociales dans les
salles à manger sont avant tout liés à l’accès ou non des résidents au langage verbal.
Les résultats de quatre tests de normalité indiquent qu’il faut rejeter l’hypothèse selon laquelle
les résidus sont normalement distribués (Shapiro Wilks p = 0,0003, Anderson-Darling p
=0,0001, Test de Lilliefors p= 0,001, test de Jarque-Bera = 0,003). Par ailleurs, l’analyse du
graphique box-plot semble confirmer cette hypothèse (Figure 78). En revanche, le graphique
des résidus normalisés et l’analyse des résidus centrés réduits montrent que seulement 6
individus suspects se situent hors de l’intervalle [-1,96 ; 1,96] sur 148 observations (soit
4,05%) ce qui ne viendrait pas invalider l'hypothèse de normalité des résidus. On doit donc
accorder moins de confiance au modèle obtenu pour les interactions sociales dans la salle à
manger.
203
Tableau 42 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D02 – Salle à
manger
Analyse Type III Sum of Squares
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Quantité d’éclairage artificiel
par m3 0 0,000
Quantité de teintes 0 0,000
Saturation maximum mur 0 0,000
Bruit de fond moyen 0 0,000
Saturation sol 1 1,246 1,246 7,023 0,009
Nombre d’orientations 1 0,536 0,536 3,023 0,084
Nombre vitrages intérieurs 1 0,553 0,553 3,119 0,080
Obscurité maximum des murs 0 0,000
Niveau verbal 3 3,195 1,065 6,004 0,001
Figure 78 : La normalité des résidus D02 – salle à manger
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
204
V.4.4 La salle d’activités motrices
V.4.4.1. D02 Interactions sociales
Durant l’analyse canonique nous avons identifié neuf variables architecturales dans les salles
d’activités motrices qui seraient le plus liées aux interactions sociales. Il est également
nécessaire avec ce domaine clinique de tenir compte du niveau verbal des résidents. Or, pour
les salles d’activités motrices nous avons seulement 89 observations car sur les 148 résidents
évalués 59 ne fréquentaient jamais cette salle d’activités, et nous ne pouvons donc pas inclure
plus de huit variables explicatives dans le modèle si l’on souhaite éviter le sur-paramétrage de
ce dernier. Pour cette raison, nous avons divisé le groupe de variables architecturales selon
des thématiques (acoustique, dimensions, ouverture, matériaux).
Par la suite, nous avons sélectionné les variables les plus significatives de chacun de ces sous
modèles pour les introduire dans un modèle final. Seul le sous modèle relatif « aux
ouvertures » dans la pièce a des variables qui semblent contribuer au modèle. Nous avons
donc continué l’analyse uniquement à partir de ce sous modèle. Les résultats de ce modèle de
covariance indiquent que 12% de la variabilité du domaine clinique interactions sociales est
expliquée par les variables architecturales relatives aux ouvertures dans la pièce et la variable
contrôlée niveau verbal. Étant donné que la probabilité associée au F (test du F de Fischer) est
égale à 0,011, on prend un risque de se tromper de moins de 1,1% en concluant que les
variables explicatives apportent une quantité significative d'informations au modèle (voir
annexe 7).
Si l’on regarde la contribution de chaque variable individuellement au modèle (Tableau 43), il
est possible de voir que les quatre variables prises en compte dans le modèle restent
significatives et semblent donc contribuer à expliquer une partie des troubles des
interactions sociales. La variable qui contribue le plus est le
pourcentage de vitrage dans la pièce. Globalement, le niveau verbal contribue un peu moins
au modèle que les autres variables.
Seul le test de normalité de Lilliefors indique qu’il ne faudrait pas rejeter l’hypothèse selon
laquelle les résidus seraient normalement distribués (Shapiro Wilks p =0,019, Anderson-
Darling p =0,028, test de Lilliefors p=0,238, test de Jarque-Bera =0,040). Par ailleurs
l’analyse du box plot et du graphique des résidus normalisés (Figure 79) montrent la présence
de cinq individus suspects qui se situent hors de l’intervalle [-1,96 ; 1,96] sur 89 observations
(soit 5,6%). Cette analyse de normalité et distribution des résidus pourrait donc venir
invalider l'hypothèse de normalité. Il semble donc préférable pour ces variables de se baser
prioritairement sur les résultats de l’analyse canonique.
205
Tableau 43 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D02 – Salle
motrice
Analyse Type III Sum of Squares
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Perméabilité visuelle extérieure 1 0,987 0,987 4,259 0,042
Surface vitrée totale 1 1,039 1,039 4,485 0,037
Pourcentage de vitrage 1 1,898 1,898 8,191 0,005
Niveau verbal 3 1,881 0,627 2,706 0,051
Figure 79 : La normalité des résidus D02 – salle motrice
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
206
V.4.4.2 D09 Réactivité au changement et à la frustration
Durant l’analyse canonique de corrélation nous avions identifié neuf variables architecturales
qui semblaient être liées (ou en tout cas les plus influentes) sur la réactivité au changement et
à la frustration dans les salles d’activités motrices. Il s’agit de la hauteur maximum dans la
pièce, de la compacité de la pièce, de la perméabilité visuelle extérieure, de la surface vitrée
totale, du pourcentage de vitrage, de la quantité de matériaux différents sur les murs, de
l’obscurité maximum des portes, des variations de temps de réverbération et des variations de
bruit de fond. La réactivité au changement et à la frustration pourrait également être impactée
par la prise de médicaments (antiépileptique et psychotropes) par les résidents ; par
conséquent cette variable clinique modale sera également intégrée au modèle. Afin d’éviter le
sur-paramétrage de ce dernier (pour mémoire dans les salles d’activités motrices nous ne
pouvons pas intégrer plus de huit variables maximum par modèle) nous commencerons
l’analyse par la réalisation de sous modèles en fonction de cinq grandes thématiques : « les
dimensions », « les ouvertures/éclairage naturel », « la colorimétrie », « les matériaux » et
« l’acoustique ». Suite à l’analyse de ces sous modèles il semble pertinent de retenir :
pour la modèle « dimension » : la compacité de la pièce ;
pour le modèle « ouverture » : la surface vitrée,
pour la « colorimétrie » : l’obscurité maximum des portes,
pour « l’acoustique » : les variations de bruit de fond entre les différents points de la
pièce,
pour les matériaux aucune variable ne semble contribuer au modèle.
Le modèle final sera donc constitué de quatre variables architecturales et de la variable
clinique contrôlée.
Modèle de covariance (D09 Salle d’activités motrices) = régression (variation de bruit de
fond ; compacité, surface vitrée, obscurité maximum des portes) + analyse de variance
(Médicamentation).
18,1 % de la variabilité de la réactivité au changement et à la frustration dans les salles
d’activités motrices pourrait être expliqué par les variables explicatives du modèle. On
prendrait alors 0,04% de risques de se tromper en concluant que les variables explicatives
apportent une quantité significative d'informations au modèle. Le meilleur modèle retient
quatre variables sur les cinq (la surface vitrée a été retirée - Tableau 44). Parmi celles-ci,
seulement deux contribuent significativement à expliquer la réactivité au changement et à la
frustration. Il s’agit en premier des variations de bruit de fond et en deuxième de la
compacité.
Seul le test de normalité de Jarque-Bera infirme la normalité des résidus. On peut voir
également sur les graphiques QQ Plot et PP Plot que les résidus sont relativement alignés sur
la droite ce qui viendrait confirmer cette première analyse des tests de normalité (Figure 80).
De plus, seulement quatre résidus se situent en dehors de l’intervalle [-1,96 ; 1,96] sur 89 soit
207
(4,5%) ce qui est en dessous du seuil de 5%. Nous concluons qu’il est raisonnable de
considérer que les résidus sont normalement distribués.
Tableau 44 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D09 – Salle
motrice
Analyse Type III Sum of Squares :
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Bruit fond écart type 1 1,523 1,523 6,618 0,012
Surface vitrée 0 0,000
Compacité 1 1,094 1,094 4,754 0,032
Obscurité maximum porte 1 0,698 0,698 3,035 0,085
Médicamentation 3 0,684 0,228 0,991 0,401
Figure 80 : La normalité des résidus D09 – salle motrice
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
208
V.4.4.3 D08 Réactivité sensori-motrice, stéréotypies et autostimulations
Huit variables architecturales ont été identifiées durant l’analyse canonique de corrélation.
Nous avons également introduit une variable contrôlée : le niveau verbal. Comme pour le
domaine précédent nous avons constitué des sous modèles pour éviter le sur paramétrage de
ce dernier (ont donc été retenus des sous modèles dimensions, couleurs, nombre d’accès et
éclairage artificiel) Aucune variable ne semble contribuer de manière significative aux
troubles liés à la réactivité sensori-motrice, aux stéréotypies et à l’autostimulation si l’on
regarde les différents résultats des sous modèles. Par conséquent nous n’avons pas continué
l’analyse plus loin et nous nous baserons sur les résultats de l’analyse canonique.
V.4.5 La salle d’activités manuelles
V.4.5.1 D03 Contact visuel
Durant l’analyse canonique nous avons identifié dix-huit variables architecturales dans les
salles d’activités manuelles qui seraient le plus liées au domaine clinique contact visuel. Pour
cette salle, nous avons seulement 113 observations puisque sur les 148 résidents évalués 35 ne
fréquentent jamais cet espace, et nous ne pouvons donc pas inclure plus de onze variables
explicatives dans le modèle si l’on souhaite éviter le sur paramétrage de ce dernier. L’analyse
par sous-modèle nous conduit finalement à conserver huit variables qui semblent le plus
contribuer au domaine clinique contact visuel et qui seront donc intégrées dans le modèle
final.
Modèle de régression linéaire (D03 Salle d’activités manuelles) = la hauteur maximum,
le nombre de zones de cachettes, la perméabilité physique, la perméabilité visuelle intérieure,
le nombre de vitrages intérieurs, la surface de vitrage intérieur, la quantité de teintes et
le temps de réverbération moyen.
13,9% de la variabilité est expliqué par les huit variables architecturales avec un risque de se
tromper de moins de 0,1% en concluant que les variables explicatives apportent une quantité
significative d'informations au modèle (annexe 7).
La procédure de sélection descendante des variables à inclure dans le meilleur modèle indique
qu’il faudrait retenir six variables explicatives (Tableau 45). Ces six variables sont dans leur
ordre de contribution : la perméabilité visuelle intérieure, la perméabilité physique, la surface
de vitrage intérieure, le nombre de vitrages intérieurs, la quantité de teintes et enfin le temps
de réverbération moyen, ces deux dernières n’étant pas significatives.
Les différents tests de normalité des résidus indiquent une distribution faiblement normale
(Figure 81).
209
Tableau 45 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D03 – Salle
manuelle
Analyse Type III Sum of Squares :
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Hauteur maximum 0 0,000
Nombre zones cachettes 0 0,000
Perméabilité physique 1 1,521 1,521 7,236 0,008
Perméabilité visuelle intérieure 1 1,884 1,884 8,960 0,003
Nombre de vitrages intérieurs 1 1,201 1,201 5,715 0,019
Surface vitrage intérieur 1 1,331 1,331 6,329 0,013
Quantité de teintes 1 0,466 0,466 2,218 0,139
Temps réverbération moyen 1 0,421 0,421 2,005 0,160
Figure 81 : La normalité des résidus D03 – salle manuelle
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
210
V.4.5.2 D05 Auto-agressivité
L’analyse des corrélations canoniques avait permis d’identifier 18 variables architecturales
dans les salles d’activités manuelless qui semblaient être liées à l’auto-agressivité. Aucune
variable contrôlée n’est nécéssaire ici.
Dans les sous modèles « dimensions » et « matériaux », aucune variable parmi celles
introduites dans les modèles ne semblent contribuer de manière significative à l’auto-
agressivité. Les variables qui restent significatives et contribuent le plus à l’auto-agressivité
dans le sous modèle « perméabilité » sont le pourcentage de surface toujours visible dans la
pièce, le nombre d’accès sur l’extérieur, la perméabilité physique et la surface de vitrage
intérieur. Parmi les variables relatives à la colorimétrie de la pièce seulement la l’obscurité
maximum de la porte demeure significative et semble contribuer au modèle et parmi celles
relatives à l’acoustique c’est uniquement la variable relative aux variations de bruit de fond
qui semble contribuer à l’auto-agressivité. De l’analyse par sous-modèles « dimensions »,
« matériaux », « matériaux », « perméabilité », « acoustique » et « colorimétrie », nous
extrayons le modèle suivant :
Modèle de régression (D05 Salle d’activités manuelles) = régression (variations de bruit de
fond ; obscurité maximum des portes ; pourcentage de surface toujours visible dans la pièce ;
le nombre d’accès sur l’extérieur; la perméabilité physique et la surface de vitrage intérieur).
Ce modèle indique que 13,4% de la variabilité de l’auto-agressivité dans les salles d’activités
manuelles pourrait être expliquée par les variables architecturales incluses. Le meilleur
modèle retient trois variables avec moins de 0,03% de risques de se tromper en concluant
qu’elles apportent une quantité significative d'informations au modèle.
Lorsque l’on regarde les détails du modèle (Tableau 46) et la contribution de chacune de ces
trois variables il est possible de voir que ce sont les variations de bruit de fond et la
surface de vitrage intérieur qui semblent contribuer le plus significativement au modèle.
Le test de Jarque-Bera est le seul des tests de normalité des résidus qui semble indiquer que
l’on pourrait conserver l’hypothèse selon laquelle les résidus seraient normalement distribués
(Shapiro Wilks p = 0,002 Anderson-Darling p = 0,0003, test de Lilliefors p< 0,0001 test de
Jarque-Bera =0,0933). L’analyse des QQ Plot et PP Plot montre que les résidus sont
moyennement proches de la ligne, on ne peut donc pas retenir avec certitude l’hypothèse de
normalité de ces derniers (Figure 82). Sur le graphique des résidus normalisés et à partir de
l’analyse des résidus centrés réduits on détecte 4 outliers situés hors intervalle [-1,96 ; 1,96]
sur 113 observations (soit 2,54%) ce qui ne viendrait pas cette fois invalider l'hypothèse de
normalité des résidus. Ici encore, la normalité de la distribution des résidus est moyenne.
211
Tableau 46 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D05 – Salle
manuelle
Analyse Type III Sum of Squares :
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Bruit de fond écart type 1 2,301 2,301 8,979 0,003
Obscurité maximum des portes 0 0,000
Pourcentage surface toujours visible 0 0,000
Nombre d’accès sur l’extérieur 0 0,000
Perméabilité physique 1 0,554 0,554 2,162 0,144
Surface de vitrage intérieur 1 0,948 0,948 3,698 0,057
Figure 82 : La normalité des résidus D05 – salle manuelle
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
212
V.4.5.3 D08 Réactivité sensori-motrice, stéréotypies et autostimulations
Concernant le domaine clinique de la réactivité sensori-motrice, des stéréotypies et de
l’autostimulation, dix-huit variables explicatives ressortent de l’analyse canonique. Les
résultats des sous modèles nous ont conduits à retenir les variables qui contribuaient le plus à
chacun d’entre eux et qui par conséquent étaient significatives pour expliquer ce domaine de
l’EPOCAA. Ainsi, nous avons retenu le volume de la pièce (modèle dimensions), le nombre
de zones de cachettes et la perméabilité visuelle intérieure (pour le modèle perméabilité), la
quantité de teintes et l’obscurité maximum des portes (pour le modèle colorimétrie), la
quantité de matériaux pour les murs (modèle matériaux) et le temps de réverbération moyen
(pour l’acoustique).
Modèle de covariance (D08 Salle d’activités manuelles) = régression (volume de la pièce,
nombre de zones de cachettes, perméabilité visuelle intérieure, quantité de teintes, obscurité
maximum des portes, quantité de matériaux, temps de réverbération moyen) + analyse de
variance (Niveau verbal).
D’après ce modèle, 22% de la variabilité de la réactivité sensori-motrice, des stéréotypies et
de l’autostimulation est expliquée par les variables architecturales et par la variable clinique
contrôlée. Le test du F de Fischer indique une probabilité inférieure à 0,01%, de se tromper en
concluant que ces variables explicatives apportent une quantité significative d'informations
pour expliquer en partie les troubles de ce domaine clinique (annexe 7).
Seulement quatre variables (dont la variable clinique contrôlée et trois variables
architecturales : le volume, la quantité de matériaux sur les murs et l’obscurité maximum des
portes) ont été intégrées au modèle lors de la procédure descendante (Tableau 47). Si l’on
regarde la contribution de ces quatre variables individuellement au modèle, il est possible de
voir que ce sont les trois variables architecturales qui restent significatives et qui
contribueraient donc le plus à expliquer la réactivité sensori-motrice, des stéréotypies et de
l’autostimulation.
L’ensemble des tests de normalité et de distribution des résidus convergent vers l’hypothèse
selon laquelle ces résidus seraient normalement distribués. Les p-value des tests numériques
sont toutes supérieures au seuil alpha et l’analyse graphique confirme l’hypothèse (Figure 83).
213
Tableau 47 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D08 – Salle
manuelle
Analyse Type III Sum of Squares :
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Temps de réverbération moyen 0 0,000
Quantité matériaux mur 1 1,101 1,101 3,763 0,055
Obscurité maximum des portes 1 2,724 2,724 9,306 0,003
Quantité de teintes 0 0,000
Perméabilité visuelle intérieure 0 0,000
Nombre de zones cachettes 0 0,000
Volume 1 2,363 2,363 8,073 0,005
Niveau verbal 3 1,596 0,532 1,818 0,148
Figure 83 : La normalité des résidus D08 – salle manuelle
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
214
V.4.5.4 D09 Réactivité au changement et à la frustration
L’étude des corrélations a fait ressortir, 11 variables qui semblent influencer
la réactivité au changement et à la frustration dans les salles d’activités manuelles, et
l’analyse par sous-modèles permet de retenir les sept variables les plus pertinentes à
considérer pour éviter le sur-paramétrage.
Modèle de covariance (D09 Salle d’activités manuelles) = régression (perméabilité visuelle
intérieure, la perméabilité physique, la perméabilité visuelle extérieure, luminosité de
l’éclairage artificiel, temps réverbération moyen, obscurité maximum des portes) + analyse
de variance (Médicamentation).
Parmi les différents modèles testés, le meilleur comprend quatre variables. 19,2 % de la
variabilité de la réactivité au changement et à la frustration est alors expliquée par les 4
variables suivantes : la perméabilité visuelle intérieure, la perméabilité physique, la
perméabilité visuelle extérieure et le temps de réverbération moyen.
Le risque de se tromper en concluant que les variables explicatives apportent une quantité
significative d'informations au modèle est de moins de 0,01%. Le Tableau 48 permet de voir
que les quatre variables retenues par la procédure descendante contribuent toutes
significativement au modèle. Les variables architecturales qui contribuent le plus sont dans
l’ordre :
La perméabilité visuelle intérieure
Le temps de réverbération moyen
La perméabilité visuelle extérieure
La perméabilité physique
Les quatre tests de normalité, combinés aux analyses graphiques et numériques ne permettent
pas de rejeter l’hypothèse selon laquelle les résidus seraient normalement distribués. On peut
donc avoir confiance d’être bien dans le domaine d’application de la méthode.
215
Tableau 48 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D09 – Salle
manuelle
Analyse Type III Sum of Squares :
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Perméabilité physique 1 1,478 1,478 4,454 0,037
Perméabilité visuelle intérieure 1 5,571 5,571 16,784 < 0,0001
Perméabilité visuelle extérieure 1 1,948 1,948 5,868 0,017
Luminosité éclairage artificiel 0 0,000
Obscurité maximum porte 0 0,000
Temps de réverbération moyen 1 2,869 2,869 8,644 0,004
Médicamentation 0 0,000
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
216
V.4.6 La circulation
V.4.6.1 D09 Réactivité au changement et à la frustration
Nous avions identifié durant l’analyse des corrélations canoniques les huit variables
architecturales qui semblaient le plus influencer la réactivité au changement et à la frustration
dans les circulations. Ce sont donc ces huit variables qui seront intégrées au modèle de
covariance avec la variable clinique relative à la médicamentation des résidents (puisque cette
dernière semble avoir également une influence sur la réactivité au changement et à la
frustration). L’encadré ci-dessous donne un aperçu de la forme du modèle et des variables
qu’il contient
Modèle de covariance (D09 Circulation) = régression (surface totale de circulation, surface
de vitrage zénithale, obscurité maximum des murs, quantité de couleurs sur les murs,
saturation minimum des sols, quantité de couleurs au sol, quantité de matériaux sur les murs,
quantité de matériaux au sol) + analyse de variance (Variable contrôlée : Médicamentation).
Les résultats du modèle indiquent que 16,5 % de la variabilité de la réactivité au changement
et à la frustration dans les circulations serait expliquée par les variables architecturales et la
variable clinique incluse dans le modèle, toujours avec un risque de se tromper de moins de
0,01% en concluant que les variables explicatives apportent une quantité significative
d'informations à la réactivité au changement et à la frustration.
Si l’on regarde la contribution de chaque variable individuellement au modèle, il ressort que
trois variables restent significatives et expliqueraient cette variable clinique (Tableau 49). Ces
trois variables sont des variables architecturales, avec dans l’ordre des contributions
croissantes : la quantité de matériaux sur les murs et la saturation minimum des sols.
Le test de Lilliefors est le seul des tests de normalité des résidus qui semble indiquer que l’on
pourrait conserver l’hypothèse selon laquelle les résidus seraient normalement distribués
(Shapiro Wilks p =0,0004 Anderson-Darling p =0,003, test de Lilliefors p=0,060 test de
Jarque-Bera =0,001). Par ailleurs il est possible de voir que les résidus sont plutôt alignés sur
la ligne dans les graphiques QQ Plot et PP Plot et que le box plot non plus ne semble pas
invalider l’hypothèse de normalité (Figure 84). On peut noter sur le graphique des résidus
normalisés, et dans les valeurs des résidus centrés réduits 8 valeurs suspectes situées en
dehors de l’intervalle [-1,96 ; 1,96], ce qui correspond à 5,4% et est donc supérieur au seuil
critique fixé à 5%. Il semble donc plus prudent dans les circulations de se baser
prioritairement sur les résultats de l’analyse canonique de corrélation.
217
Tableau 49 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D09 –
Circulation
Analyse Type III Sum of Squares :
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Surface totale circulation 0 0,000
Surface vitrage zénithal 1 1,037 1,037 3,791 0,054
Obscurité maximum mur 0 0,000
Quantité couleurs mur 0 0,000
Saturation minimum sol 1 2,756 2,756 10,077 0,002
Quantité couleurs sol 0 0,000
Mur quantité de matériaux 1 4,328 4,328 15,825 0,0001
Sol quantité de matériaux 0 0,000
Médicamentations 3 1,684 0,561 2,052 0,109
Figure 84 : La normalité des résidus D09 – circulations
Source : illustration personnelle obtenue par le logiciel Xlstat.
218
V.4.7 Tableau récapitulatif des résultats des modèles d’ANCOVA
et régression sur les variables quantitatives
Le Tableau 50, ci-dessous présente les principaux résultats issus de la construction des
modèles. Les deux premières colonnes indiquent les variables cliniques « à expliquer »
retenues par pièce à partir des résultats de l’analyse des corrélations canoniques. La troisième
colonne montre si la variable clinique « à expliquer » vérifie les conditions de normalité
nécessaire pour la construction des modèles de covariance et de régression. Les deux
dernières colonnes quant à elles présentent les variables architecturales qui sont restées
significatives (dans leur ordre d’importance) et les résultats des différents tests et analyses
réalisés pour vérifier si résidus des modèles sont normalement distribués. Nous pouvons
retenir que les conditions de normalité des résidus sont remplies pour les modèles suivants :
D09 salon, D08 salle à manger, D09 salle motrice, D08 salle manuelle et D09 salle manuelle.
Pour les autres modèles il faut observer les résultats avec une certaine vigilance.
219
Tableau 50 : Les résultats de l’ANCOVA et de la régression linéaire
Variables
cliniques
sélectionné
es dans
l’ACC
Variables
« à
expliquer »
et normalité
Résultats des modèles Résidus et normalité
SA
LO
N
D09 OK Surface, Volume, Nombre
d’orientations, Hauteur maximum
Test de normalité = Shapiro Wilk : OK, Anderson-
Darling : OK, Lilliefors : OK, Jarque-Bera : non
QQ Plot et PP Plot = assez proche de la ligne
Résidus et box plot : OK
D13 Non normale - -
SA
LL
E A
MA
NG
ER
D01 Non normale - -
D02 OK Niveau verbal, Saturation sol Normalité non vérifiée
D06 Non normale - -
D08 OK Quantité de teintes, Quantité
d’éclairages / Volume, Saturation du
sol, Clarté maximum mur, Nombre
d’orientations, Niveau verbal
Test de normalité = Shapiro Wilk : non, Anderson-
Darling : OK, Lilliefors : OK, Jarque-Bera : non
QQ Plot et PP Plot = assez proche de la ligne
Résidus et box plot : OK
SA
LL
E M
OT
RIC
E
D01 Non normale - -
D02 OK Pourcentage d’ouverture, Surface
vitrée, Perméabilité visuelle extérieure,
Niveau verbal
Test de normalité = Shapiro Wilk : non, Anderson-
Darling : non, Lilliefors : OK, Jarque-Bera : non
QQ Plot et PP Plot = assez proche de la ligne, Résidus et
box plot : 5,6% au lieu de 5%
D08 OK Aucune variable ne reste significative -
D09 OK BF ET, Compacité Test de normalité = Shapiro Wilk : OK, Anderson-
Darling : OK, Lilliefors : OK, Jarque-Bera : non
QQ Plot et PP Plot = très proche de la ligne, Résidus et box
plot : OK
SA
LL
E M
AN
UE
LL
E
D01 Non normale - -
D03 OK Perméabilité visuelle intérieure,
Perméabilité physique, La surface de
vitrage intérieur, Nombre de vitrages
intérieurs
Test de normalité = Shapiro Wilk : non, Anderson-
Darling : non, Lilliefors : non, Jarque-Bera : OK
QQ Plot et PP Plot = moyennement proche de la ligne,
Résidus et box plot : Ok
D05 OK BF ET, Surface de vitrage intérieur Test de normalité = Shapiro Wilk : non, Anderson-
Darling : non, Lilliefors : non, Jarque-Bera : OK
QQ Plot et PP Plot = moyennement proche de la ligne,
Résidus et box plot : OK
D08 OK Clarté maximum porte, Volume,
Quantité de matériaux mur
Test de normalité= Shapiro Wilk : Ok, Anderson-Darling :
OK, Lilliefors : OK, Jarque-Bera : Ok
QQ Plot et PP Plot = très proche de la ligne, Résidus et
box plot : OK
D09 OK Perméabilité visuelle intérieure,
Perméabilité visuelle extérieure,
Perméabilité physique, Temps
réverbération moyen
Test de normalité = Shapiro Wilk : OK, Anderson-
Darling : Ok, Lilliefors : OK, Jarque-Bera : OK, QQ Plot
et PP Plot = très proche de la ligne, Résidus et box plot :
OK
D13 Non normale -
CIR
CU
L
AT
ION
D09 OK Quantité de matériaux mur, Saturation
minimum sol, Surface de vitrage
zénithal
Test de normalité = Shapiro Wilk : non, Anderson-
Darling : non, Lilliefors : oui, Jarque-Bera : non
QQ Plot et PP Plot = assez proche de la ligne, Résidus et
box plot : non
220
V.5 Résultats et perspectives
V.5.1 Des premières pistes de recommandations sur la base des
résultats de la phase exploratoire
Nous présenterons ici une exploitation des résultats statistiques obtenus dans les paragraphes
précédents. Les résultats sont comparés entre eux et regardés à la lumière des éléments
identifiés durant les statistiques descriptives. Cette analyse a pour objectif de faire émerger
des premières pistes de recommandations pouvant être mobilisées lors de la conception. Il
s’agit donc ici de faire une synthèse à vocation opérationnelle des observations systématiques
des chapitres précédents. Ainsi, après avoir fait ressortir certaines spécificités associées aux
différentes pièces nous présenterons les premières recommandations par famille de
paramètres de conception architecturale.
Ces résultats confirment l’existence d’un lien entre les troubles des personnes atteintes de
TSA et leur environnement bâti mais ces résultats ne sont pas identiques d’une pièce à
l’autre :
Selon les résultats de l’analyse canonique, les salons devraient être plutôt « clos» avec
des dimensions réduites (surface faible, volume réduit, hauteur basse), peu
d’orientations et faiblement vitrés.
Les salles à manger devraient être faiblement lumineuses naturellement et
artificiellement et présenter une ambiance peu contrastée (utilisation de peu de
couleurs différentes…).
La configuration spatiale des salles d’activités manuelles devrait notamment favoriser
des temps de réverbération faibles, présenter des volumes réduits et peu de zone de
contact avec les autres pièces et avec l’extérieur (vitrage intérieur, perméabilité
visuelle intérieure et extérieure, perméabilité physique).
Pour les chambres selon nos résultats, il faudrait avoir peu de vitrage (en tout cas
moins qu’actuellement), des teintes plutôt claires et faiblement saturées sur les murs et
avec des matériaux homogènes dans la pièce.
Les résultats de l’analyse canonique sont assez similaires pour les parcours et les
circulations. Selon ces derniers, il serait préférable d’éviter « des ambiances trop
contrastées » avec de nombreux matériaux et teintes différentes. Les murs foncés
ressortent également comme des éléments problématiques alors que l’obscurité
minimum et la saturation minimum des sols varient en sens inverse des troubles. Ce
qui pourrait venir appuyer le fait que les ambiances contrastées seraient
problématiques, en effet c’est peut-être la différence entre les murs et les sols qui
pourrait favoriser l’apparition de troubles.
Il semble donc qu’en fonction du contexte, des activités déroulées dans une pièce et de
l’utilisation de cette dernière (individuelle/collective, activités encadrées/temps libres…)
l’impact de l’architecture ne soit pas le même sur les troubles autistiques. Ceci est un
premier résultat par rapport au consensus dégagé des études précédentes, qui n’identifiaient
221
pas ces enjeux. Toutefois, lorsque que l’on détecte des corrélations dans certaines pièces et
pas dans d’autres, cela provient peut être d’une faible variation des caractéristiques
architecturales au sein des pièces où la corrélation n’a pas été observée ce qui impliquerait de
nuancer ce constat. Lors de l’analyse descriptive nous avions vu que les pièces ne sont pas
conçues de la même manière en fonction des activités qui s’y déroulent et certaines d’entre
elles d’ailleurs présentent très peu de variation d’un établissement à l’autre. Il semble donc
pertinent d’observer :
Un lien plus important dans les salons et les salles à manger entre la quantité de
vitrage (nombre d’orientation, surface de vitrage) et certains troubles de l’EPOCAA
car ces deux pièces possèdent plus de vitrage et d’orientation que les salles d’activités.
Un lien important entre la surface de la pièce, son volume et certains domaines de
l’EPOCAA dans les salons qui présentent plus de variation que les autres pièces.
Un lien entre les variables relatives à la perméabilité dans les salles d’activités
manuelles qui sont les pièces qui présentent le plus de variation.
Malgré ces différences observées entre les différents types de lieux caractérisés, les résultats
de l’analyse canonique de corrélation montrent que le sens de variation est fréquemment le
même d’une pièce à l’autre en fonction des grandes familles de variable. Quelques rares cas
de figure seulement indiquent une influence inverse entre les différentes pièces (voir tableau
récapitulatif p.196). On peut se demander si ces différences ne proviennent pas d’une
combinaison de la variable architecturale étudiée avec une ou plusieurs autres variables :
Par exemple, l’obscurité maximum des portes a une influence inverse entre la salle
d’activités manuelles et la salle d’activités motrices. Cela pourrait provenir du fait que
ce n’est pas l’obscurité de la porte qui aggrave les troubles mais peut être sa
différence avec l’obscurité du mur.
La hauteur de la pièce est corrélée négativement aux troubles dans la salle d’activité
motrice et positivement aux troubles dans les salons et les parcours. Cette variation
entre pièces pourrait s’expliquer par des différences de hauteur moins importantes
dans les salles motrices que dans les salons. Elle pourrait également provenir de la
combinaison de la hauteur avec d’autres variables dont la surface (cette combinaison
peut s’exprimer dans la compacité ou bien le volume de la pièce). Lorsque l’on
regarde le modèle construit pour la salle d’activité motrice il est possible de voir que
seule la compacité reste significative ce qui amène à émettre l’hypothèse suivante : la
hauteur pourrait impacter les troubles mais dans une moindre mesure que la surface.
Son influence est ainsi mieux mesurée à travers le concept de compacité, qui combine
hauteur et surface.
Le modèle construit pour le salon montre que le volume, la surface et la hauteur sont
significatives mais c’est la hauteur qui contribue le moins au modèle ce qui pourrait
venir corroborer cette hypothèse.
L’analyse des résultats nous a donc conduit à dégager des premières pistes de
recommandations et des premières hypothèses de relations deux à deux entre les variables
222
cliniques et les paramètres du cadre bâti. Nous présenterons ces pistes ci-dessous par grandes
thématiques architecturales (perméabilité, éclairage, acoustique…). Si des particularités
émergent nous tâcheront de les faire ressortir.
La perméabilité avec les pièces en contact
Les variables relatives à la perméabilité avec les pièces en contact ou avec l’extérieur
ressortent dans trois pièces : dans la salle d’activités manuelles (c’est d’ailleurs dans cette
pièce que ces variables semblent le plus liées aux troubles cliniques des personnes autistes),
dans la salle à manger et dans la salle d’activités motrices. Ces variables sont liées à plusieurs
domaines de troubles (recherche d’isolement, interactions sociales, contact visuel, auto et
hétéro-agressivité, l’autonomie personnelle, activité et réactivité sensori-motrice, stéréotypies
et autostimulations, réactivité au changement et à la frustration). Les trois pièces dans
lesquelles ces variables ressortent sont toutes des pièces au sein desquelles il est demandé une
activité ou tâche précise aux résidents : activités manuelles, activités physiques/motrices et
repas. On peut émettre l’hypothèse que la perméabilité avec les pièces en contact jouerait
un rôle plus important dans les pièces où les résidents doivent se concentrer.
Lorsque le nombre d’accès (accès intérieurs et extérieurs) dans la pièce est important alors les
troubles augmentent. Les accès pourraient représenter autant d’endroits à partir desquels une
personne peut jaillir. Il faudrait donc éviter les pièces avec de nombreux accès. La même
tendance existe avec les zones de contacts physiques (olfactif, visuel et sonore) avec les autres
pièces et avec l’extérieur. La seule exception concerne les relations avec les troubles des
interactions sociales qui varient en sens inverse du nombre de vitrage intérieur dans la salle à
manger. Ainsi, il faudrait de préférence concevoir des salles d’activités et des salles à
manger non perméables avec les pièces adjacentes et avec l’extérieur. Il faudrait éviter de
créer des zones de contacts visuels, olfactifs et sonores. Les pièces ne devraient pas être
ouvertes les unes sur les autres et devraient être clairement définies et délimitées.
La perméabilité interne de la pièce
Les variables relatives à la perméabilité interne de la pièce (nombre de zones de cachette,
pourcentage de la pièce toujours visible, nombre d’angles rentrants et sortant) ressortent
dans les salles d’activités encadrées (et particulièrement dans les salles d’activités manuelles).
On peut émettre l’hypothèse que le fait de ne pas pouvoir surveiller son environnement
pourrait se traduire par une plus grande recherche d’isolement, par des troubles liés au
contact visuel, par des conduites auto-agressives et par des troubles liés à la
réactivité sensori-motrice, aux stéréotypies et à l’autostimulation notamment dans les
pièces où les résidents doivent se concentrer. Plus le nombre d’angles dans la pièce est
important (autrement dit plus la pièce présente une forme « complexe ») et plus ces troubles
dans les salles d’activités augmentent. Plus le pourcentage de pièce qui reste toujours visible
est élevé (autrement dit plus la pièce est perméable) et moins les résidents présentent de
troubles. Ceci est confirmé par le nombre de zones de cachette qui, lorsqu’il est élevé, a un
effet négatif. Il faudrait donc pour réduire les difficultés dans les domaines de la
recherche d’isolement, du contact visuel, des conduites auto-agressives, et de la
réactivité sensori-motrice, aux stéréotypies et à l’autostimulation concevoir des pièces avec
223
peu de recoins, de zones de cachette, à partir desquelles les personnes peuvent
facilement observer la totalité de cette pièce (par exemple des formes rectangulaires,
carrées). Il semble par contre y avoir moins de problèmes liés à l’autonomie personnelle
dans les pièces imperméables dans lesquelles il y a plus de zones de cachette.
La lumière naturelle
Dans plusieurs pièces, nos résultats mettent en avant un lien entre les variables relatives à
l’éclairage naturel (la quantité de vitrages, le pourcentage de vitrage, la surface vitrée,
le nombre d’orientations) et l’augmentation de certains troubles, en particulier la
réactivité aux changements et à la frustration273, et le domaine des interactions sociales. Les
troubles augmentent avec la quantité de vitrage et le nombre d’orientations274
différentes dans
les pièces. Par conséquent, il faudrait de préférence concevoir des pièces avec peu de vitrage
et mono-orientées. Si l’on regarde les résultats des modèles de covariance, on constate que
ces variables ressortent parmi les plus importantes dans plusieurs pièces. Ces résultats sont
cohérents avec certaines observations que nous avions pu faire lors de nos relevés in situ :
dans des pièces entièrement vitrées, des planches en bois avaient été installées pour occulter la
lumière et / ou les vues.
L’éclairage artificiel
Pour l’éclairage artificiel ; il semble difficile de faire des recommandations car il apparaît au
regard de nos résultats qu’une pièce lumineuse (luminosité de l’éclairage artificiel-
évaluation experte et quantité d’éclairage par m3) favoriserait les troubles liés à la
recherche d’isolement (D01), à l’auto et à l’hétéro-agressivité (D05 et D06) et à la
réactivité sensori-motrice, aux stéréotypies et à l’autostimulation (D08). A l’inverse, les
pièces peu lumineuses se traduiraient par plus de réactivité au changement et à la frustration
(D09), plus de difficultés dans le domaine de l’autonomie personnelle (D13) et de troubles
des interactions sociales (D02).
Colorimétrie
Une quantité de teintes ou des changements de couleurs importants (sur les sols et sur les
murs) dans une même pièce semble être un facteur aggravant de plusieurs catégories de
troubles275 (D01, D06, D08, D03, D05, D09, D13) et ce dans plusieurs pièces (salle à manger,
salles d’activités manuelles, circulations, parcours). Il est possible de voir également que des
murs et des portes foncés et saturés seraient des facteurs de troubles (hormis pour les
interactions sociales dans les salles à manger et pour la réactivité au changement et à la
frustration dans les salles d’activités motrices pour les portes). L’obscurité minimum des sols
et la saturation minimum des sols quant à elles varient toujours en sens inverse des troubles.
Ce constat pourrait conduire à penser qu’il s’agit plus de la différence entre l’obscurité et/ou
273
C’est le cas dans les salons, les chambres, les salles d’activités manuelles, les salles d’activités motrices 274
Hormis pour les troubles des interactions sociales qui varient en sens inverse du nombre d’orientation dans les
salles à manger. 275
Hormis pour les troubles des interactions sociales qui varient en sens inverse.
224
la saturation des sols et celles des murs qui pourraient être problématique (donc le contraste
entre les deux). En ce qui concerne la saturation des sols, il semble difficile de conclure car
elle varie tour à tour dans un sens puis dans l’autre. Il faudrait éviter les couleurs trop foncées
et saturées (en particulier sur les murs et les portes) et les ambiances trop contrastées.
L’acoustique
Dans les salles d’activités manuelles, nous avons pu voir durant l’analyse des corrélations
canoniques que plus le temps de réverbération moyen est élevé (c’est-à-dire plus le son met
du temps pour décroître) et plus l’on note des troubles dans les domaines suivants : la
recherche d’isolement, le contact visuel, l’auto-agressivité, la réactivité sensori-motrice, les
stéréotypies, les autostimulations et la réactivité au changement et à la frustration. D’ailleurs
les résultats du modèle de covariance dans la salle manuelle avec la
réactivité au changement et à la frustration montrent que le temps de réverbération moyen est
un des paramètres architecturaux les plus importants. Dans les salles d’activités il faudrait
donc utiliser des configurations spatiales et des matériaux favorisant des temps de
réverbération courts. Il semble important de rappeler que les salles manuelles du corpus
étaient parmi les pièces dans lesquelles les temps de réverbération moyens présentaient le plus
de variation, cela pourrait expliquer que ce paramètre du cadre bâti ne ressort que dans cette
pièce. Les variations de « l’ambiance acoustique » dans une même pièce (hétérogénéité des
niveaux de bruit ou des temps de réverbération d’un point à un autre d’une même pièce)
pourraient augmenter les troubles dans plusieurs domaines276
. Il faudrait donc éviter de
réaliser des pièces qui par leur configuration, leurs matériaux pourraient favoriser une
« ambiance acoustique hétérogène » et des sources de bruits soudains dans les pièces.
Contrairement à ce que nous aurions pu envisager, le bruit de fond moyen dans les salles à
manger varie en sens inverse de certains troubles.
Les matériaux
La quantité de matériaux utilisés et le nombre de changements de matériaux (sur les
murs/sols) sont ressortis dans plusieurs pièces (salles d’activités motrices, salles d’activité
manuelles, chambres) et dans les circulations et parcours comme des éléments négatifs. Cette
catégorie de variables architecturales est particulièrement liée à la réactivité au changement
et à la frustration. Il semblerait donc préférable d’utiliser peu de revêtements de sols et de
matériaux sur les murs différents. Il faudrait utiliser des matériaux homogènes avec peu
de différences de textures, de dureté et de changements de température (l’étude des
relations des variables architecturales avait permis de voir que la texture, le type de matériaux
la différence de température et la dureté sont généralement liés).
Les dimensions
Dans plusieurs pièces, les variables relatives aux dimensions (surface, hauteur, volume,
étalement, compacité) ressortent parmi celles qui influencent certains troubles. On note que la
276
Hormis dans les salles d’activités manuelles dans lesquelles les variations des bruits de fond varient en sens
inverse des troubles de l’autonomie personnelle.
225
surface et le volume varient généralement dans le même sens que les troubles (à l’exception
des salles d’activités manuelles où ces variables varient en sens inverse de l’autonomie
personnelle). Les surfaces et les volumes importants s’accompagnent donc globalement
de plus de troubles dans la pièce. D’ailleurs ces deux variables, si l’on analyse les résultats
des modèles d’ANCOVA, sont ressorties comme étant les deux plus influentes sur la
réactivité au changement et la frustration dans les salons. Le volume quant à lui est ressorti
également parmi les causes influençant le plus la réactivité sensori-motrice, les
stéréotypies et les autostimulations dans les salles d’activités manuelles. Les retours du
personnel soignant et éducatif rencontré pour cette recherche et nos observations in situ ont
fait apparaître que certains espaces collectifs très vastes (par exemple des salles à manger ou
des espaces de rencontre très grands et très hauts) ont dû être abandonnés car les résidents
n’étaient pas en mesure de les utiliser. Ces observations semblent bien aller dans les sens de
nos résultats statistiques.
La hauteur maximum apparaît également comme une variable importante dans plusieurs
pièces. Toutefois, lorsque l’on regarde la compacité il semblerait que ce sont plus les valeurs
importantes de surfaces qui seraient problématiques que les valeurs de hauteur. En effet dans
les salles d’activités motrices, la compacité qui varie en sens inverse de la hauteur varie dans
le même sens que les troubles. Ce qui signifie que quand la compacité augmente (c’est-à-dire
quand la surface de la pièce est importante par rapport à sa hauteur277
) il y a globalement plus
de troubles dans les pièces. Ainsi même si la hauteur ressort dans plusieurs pièces et qu’il
faudrait éviter des hauteurs trop élevées il semblerait que des surfaces importantes
seraient encore plus problématiques.
L’étalement de la pièce, hormis pour l’autonomie personnelle semble varier dans le même
sens que les troubles. Ce constat semble cohérent avec les résultats trouvés pour la
perméabilité intrinsèque de la pièce.
Le nombre d’utilisateurs dans la pièce
Le nombre d’utilisateurs dans la pièce s’est avéré important uniquement dans les salons. Les
troubles liés à la réactivité au changement et à la frustration et les difficultés dans le domaine
de l’autonomie personnelle auraient tendance à augmenter parallèlement à l’augmentation du
nombre d’utilisateurs simultanés dans la pièce On peut émettre l’hypothèse que ce lien est
ressorti uniquement dans les salons car il s’agit des seules pièces utilisées librement sans
contrôle du nombre personnes présentes. Durant l’analyse descriptive, nous avions noté que
les salons sont les pièces qui ont la quantité d’utilisateurs simultanés la plus élevée. Même si
le contrôle du nombre d’utilisateurs dans une pièce ne relève pas à proprement parler de la
compétence d’un architecte, certaines caractéristiques spatiales pourraient favoriser un
nombre plus faible d’occupants. Par exemple, en proposant plusieurs lieux de détente
différents et séparés mais de moindre taille ou en concevant de petites unités d’hébergement
afin d’avoir peu de résidents fréquentant un même salon.
277
Le lecteur peut se référer au paragraphe p. 77 pour une explication de la compacité.
226
Cette entrée par les critères architecturaux se base essentiellement sur les résultats de
l’analyse canonique des corrélations. Les résultats des modèles de covariance et de régression
eux aussi ont montré que plusieurs variables architecturales restent significatives une fois les
variables cliniques contrôlées appliquées. De plus, ces modèles ont permis de détecter les
variables architecturales les plus importantes. Les résultats de ces modèles proposent des
combinaisons entre caractéristiques architecturales qui peuvent faire émerger des phénomènes
qui ne sont pas identifiables en regardant seulement les relations deux à deux proposées par
l’analyse canonique. Nous présenterons ci-dessous les résultats des combinaisons des cinq
modèles pour lesquels la distribution des résidus s’approchent le plus d’une distribution
normale (D09 salon, D08 salle à manger, D09 salle motrice, D08 salle manuelle et D09 salle
manuelle) :
Le modèle D09 pour la salle motrice indique une combinaison entre une pièce avec
une faible valeur de compacité et une configuration spatiale évitant les variations de
bruit de fond.
Le modèle D08 pour la salle à manger, montre qu’il faudrait avoir une configuration
spatiale présentant simultanément peu d’orientations, peu de teintes différentes, des
sols faiblement saturés, avec un éclairage artificiel faiblement lumineux et des murs
plutôt foncés. Ce dernier résultat concernant l’aspect relatif à l’obscurité des murs est
à relativiser puisque nous avions pu voir lors de l’analyse descriptive que les salles à
manger du corpus ont globalement actuellement des murs clairs.
Le modèle D08 de la salle d’activités manuelles, met en avant une configuration
constituée d’un faible volume avec simultanément peu de matériaux différents sur les
murs, et des portes claires.
Le modèle D09 pour la salle d’activités manuelle indique une configuration spatiale
qui permettrait d’éviter : des temps de réverbération long, le contact visuel avec les
autres pièces. Même si les résultats de l’ACC indiquent que les zones de contact
physique et visuel avec l’intérieur et l’extérieur seraient des facteurs de troubles, les
résultats du modèle montrent qu’il vaudrait mieux avoir des zones de perméabilité
physiques ou visuelle avec l’extérieur plutôt que des zones de perméabilité visuelle
intérieure.
Le modèle D09 pour le salon indique quant à lui que lorsque l’on a la surface, le
volume et la hauteur qui ressortent simultanément il faudrait mieux avoir une petite
surface.
Les résultats de l’analyse des corrélations canoniques restent tout de même plus fiables que
ceux des modèles de covariance et de régression qui doivent être considérés avec une certaine
vigilance. D’une part car nous avons appliqué une procédure descendante de sélection des
variables afin d’éviter le sur paramétrage des modèles et d’autre part car les modèles de
régression et covariance nécessitent que les variables cliniques soient normalement
distribuées. Or comme nous avons pu le montrer (voir le chapitre V.2.4 p.167) les variables
cliniques à expliquer ne remplissent pas totalement ces conditions de normalité.
227
Les résultats extraits des observations faites durant ce travail restent valables pour une
architecture relativement « habituelle », présentant un certain niveau de conformation à des
schémas utilisés dans le domaine de l’hébergement médicalisé. On ne peut, sans étude plus
approfondie, généraliser à une architecture qui serait radicalement différente : entièrement
voutée, en pierre, ou aux formes très organiques par exemple. Ces pistes sont des premiers
éléments de réflexion à analyser avec précaution. En effet, il est possible que ces éléments ne
soient pas transposables directement à d’autres types d’architecture ou de milieux socio-
culturels. L’application stricte de ces premières recommandations proposées ici ne garantit
pas, par elle seule, l’amélioration de la qualité de vie pour les personnes autistes. On pourrait
penser, par exemple, que l’architecture carcérale ou monastique traditionnelle, dont on aurait
rendu les pièces anéchoïques, serait particulièrement bien adaptée. Elle répond en effet à la
plupart des recommandations énoncées ici. Cependant, du fait que ces typologies s’écartent
trop des caractéristiques spatio-ambiantales des spécimens de notre corpus, la transposition ne
peut être garantie. En revanche, il peut être utile à l’architecte de se défaire d’un certain
nombre de connotations négatives associées à ces recommandations. Bien entendu ce travail
demande à être prolongé dans le cadre d’un programme de recherche au long cours. Les
prochaines étapes proposées sont décrites ci-après, qui en fonction des ressources affectées,
peuvent se dérouler sur plusieurs années. D’autres tests statistiques proposant des
combinaisons entre ces variables et des expérimentations in situ sont nécessaires pour appuyer
et valider les éléments dégagés de ce travail. Les recommandations opérationnelles proposées
ici, consolidées et/ou complétées des résultats de la thèse de L. Longuépée278
, peuvent
cependant être mises en œuvre immédiatement, à condition de ne pas adapter une posture de
conception exagérément positiviste, qui se permettrait de faire table rase des modèles actuels,
sur la stricte application des critères énoncés dans ce document.
V.5.2 D’autres tests statistiques
Les analyses de L. Longuépée, basées sur la construction de modèles multi-
variées/multiniveaux seront confrontés à nos propres résultats. Au-delà, il serait utile de
poursuivre les analyses statistiques à partir des données cliniques et architecturales que nous
avons recueillies. Par exemple, il serait intéressant de construire des modèles non
paramétriques. C’est-à-dire avec des tests qui ne font pas d’hypothèses sur la distribution des
données au sein de l’échantillon et donc qui n’impliquent pas nécessairement que les données
soient normalement distribuées. De la même manière il pourrait être pertinent d’utiliser
d’autres tests statistiques qui permettraient de détecter des relations non linéaires et non
monotones entre les variables. Il conviendrait aussi de questionner la méthodologie
descendante adoptée pour opérer la réduction du nombre de variables explicatives par modèle
de régression, aujourd’hui basée sur des critères experts de catégorisation en domaine.
Pour les premières analyses statistiques, nous avions retenu uniquement les variables
quantitatives car les variables qualitatives présentaient un problème d’équilibrage (c’est-à-dire
278
La date de soutenance de la thèse en psychologie clinique de L. Longuépée est envisagée en décembre 2014.
228
que la répartition entre modalités n’était pas homogène). Il serait donc intéressant dans des
prochains tests d’intégrer ces variables.
D’autres traitements statistiques pourraient se baser sur la comparaison d’échantillons
construits en fonction du profil sensoriel des résidents (à partir de la construction de sous-
groupes parmi les 148 résidents évalués en fonction par exemple de leur hyper/hypo
sensibilité acoustique, thermique…). En effet, on peut émettre l’hypothèse que le rapport à
l’espace et à certains paramètres architecturaux en particulier pourrait être dépendant du fait
que la personne ait ou n’ait pas une hypersensibilité à ce domaine. À cet effet, nous pourrions
utiliser des outils de partitionnement.
Compte tenu des résultats mis en avant par l’analyse canonique et par les modèles
d’ANCOVA et de régression, il semblerait intéressant d’approfondir l’étude de relations par
rapport à certains domaines. Par exemple, pour le domaine de l’éclairage naturel, nous avions
dans un premier temps écarté les variables architecturales relatives à la quantité de vitrages en
fonction des orientations (vitrage au nord, au sud, à l’est et à l’ouest) car ces variables étaient
totalement multi-colinéaires avec la surface vitrée totale. Toutefois, nous avons pu voir que la
quantité de vitrages ou encore le nombre d’orientations dans la pièce semble liés à certains
troubles cliniques. Il pourrait donc être intéressant de regarder si le fait que la pièce soit
orientée au nord ou à sud par exemple influence aussi les troubles cliniques.
Concernant les variables acoustiques, (bruit de fond et temps de réverbération) nous avions
dans un premier temps retenu uniquement les valeurs par bande de fréquence (c’est-à-dire une
valeur pour tout le spectre). Les résultats semblent indiquer que les variables acoustiques
(temps de réverbération moyen, variations de bruit de fond, variations de temps de
réverbération) pourraient être liées à certains troubles de l’EPOCAA, par conséquent nous
pourrions analyser les valeurs par bandes de fréquence afin de voir si certains troubles
seraient plus présents à certaines fréquences. Par exemple est ce que les sons aigus/graves
seraient plus problématiques pour la pathologie autistique ?
Les variables cliniques mesurées à partir de l’EPOCAA sont divisées comme nous avons pu
l’évoquer en treize grands domaines (recherche d’isolement, interactions sociales…) qui sont
eux même divisés en plusieurs items279
(allant de 5 items à 38 items par domaines). Nous nous
sommes, pour les analyses présentées dans ce document, centrés sur les grands domaines mais
il pourrait être pertinent dans des études ultérieures de rentrer en détail dans les items de
l’EPOCAA (en particulier les domaines cliniques qui sont le plus ressortis : réactivité au
changement et à la frustration, la réactivité sensori-motrice, les stéréotypies et les
autostimulations …) et d’analyser précisément les liens des différents items composant un
domaine avec les variables architecturales.
Enfin, nous pourrions compléter notre base de données en intégrant de nouveaux
établissements et individus afin de rendre nos résultats plus fiables.
279
Par exemple le domaine, recherche d’isolement comprend les cinq items suivants : s’isole tout en restant au
milieu du groupe, quitte le groupe, reste en périphérie du groupe, absence d’approche spontanée du groupe avec
intérêt à distance, absence d’approche du groupe : aucun intérêt manifeste.
229
V.5.3 Mise en place de la phase expérimentale
La première phase d’étude «exploratoire /statistique », objet de cette thèse, va déboucher sur
la mise en place d’une seconde phase, dite « expérimentale et confirmatoire ». Cette phase
permettra de vérifier la validité et la fiabilité des résultats dégagés ici, ainsi que dans la thèse
en psychologie clinique de L. Longuépée. Il s’agira d’intervenir au sein de plusieurs
établissements et de modifier l’environnement de façon à adapter certains paramètres
architecturaux afin de vérifier en les mesurant des changements au niveau de l’expression
clinique des troubles autistiques. Pour ce faire, cette étude portera sur des établissements du
corpus disposant d’au moins deux unités d’hébergement homomorphes :
Une unité servant de terrain d’expérimentation avec modifications effectives des
paramètres environnementaux, par le biais de travaux d’aménagements.
Une unité servant de terrain « placebo », avec des modifications de paramètres
environnementaux non significatifs, et des travaux d’aménagements factices, afin de
vérifier si les variations comportementales (dans le cas où elles apparaîtraient) ne sont
pas liées uniquement à l’introduction d’un changement dans l’environnement,
indépendamment de la nature du changement effectué.
Si l’on souhaite mesurer et isoler l’impact d’un paramètre du cadre bâti sur les troubles, une
des difficultés auxquelles nous allons devoir faire face est la nécessité de maintenir les autres
paramètres architecturaux le plus constant possible. Par exemple, en ajoutant des cloisons ou
en changeant les matériaux, comment varie le temps de réverbération? Nous proposons ci-
dessous des premières pistes de paramètres à tester, ces pistes sont hiérarchisées selon leur
pertinence au regard de nos résultats statistiques (paramètres récurrents dans plusieurs pièces
et/ou avec différentes troubles de l’EPOCAA). La possibilité d’isoler leur effet
indépendamment d’autres et de les mettre en œuvre dans deux unités distinctes est également
un critère participant de la hiérarchie exposée ci-après :
L’obscurité/clarté des couleurs : nous proposons d’évaluer l’impact séparément de
l'obscurité/clarté en maintenant constantes la saturation et la tonalité chromatique.
Seront retenues deux pièces identiques de chaque unité (morphologie, quantité de
lumière naturelle, dimension…). Dans l’une d’entre elles nous modifierons le degré
d’obscurité sur les murs et les sols mais en maintenant stable la tonalité chromatique
et la saturation.
La quantité de teintes utilisées : Pour tester l’impact de la quantité de teintes utilisées,
une pièce ou une circulation présentant des changements de teintes importantes sera
modifiée (par de la peinture) afin de rendre les murs, les sols, les plafonds et les portes
homogènes. Ceci permettrait de tester l’impact d’une ambiance chromatique plus ou
moins contrastée. Il faudra donc veiller à ce que les matériaux restent identiques entre
les deux zones pour faire varier uniquement les paramètres relatifs à la couleur.
Le nombre de changements de matériaux dans les circulations : Deux circulations de
deux unités similaires comportant plusieurs matériaux différents (avec des
changements de texture, de dureté et de température) seront retenues. Dans l’unité
« d’expérimentation », des matériaux homogènes seront mis en œuvre. Afin d’isoler
les paramètres, il faudrait veiller à choisir des matériaux qui ont la même tonalité
230
chromatique, la même saturation et la même obscurité et de préférence les mêmes
propriétés acoustiques afin de ne modifier que les matériaux.
Les paramètres relatifs à la lumière et aux vues (le pourcentage d’ouverture, le
nombre d’orientation) : Un des enjeux que nous avons révélé est de détecter si c’est la
lumière ou bien les vues ou une combinaison des deux qui serait problématique. Afin
de tester la présence de distractions potentielles on pourrait masquer uniquement les
vitrages bas à hauteur des yeux (par le biais de films opaques) pour permettre un
apport de lumière naturel indirect. A l’inverse pour vérifier l’impact de la lumière en
diminuant celui de la vue le dispositif expérimental retenu devra barrer la lumière mais
sans être opaque (recours à des films non opaques mais atténuant la lumière). Pour
évaluer l’impact du nombre d’orientation, des travaux permettronnt de masquer une
partie des vitrages pour avoir une pièce mono-orientée.
D’autres paramètres émergent des résultats de la phase exploratoire dont par exemple le
volume, la surface et la hauteur qui étaient d’ailleurs parmi les plus récurrents si l’on cumule
l’ensemble des troubles de l’EPOCAA. Ces éléments du cadre bâti seraient intéressants à
tester mais ils sont plus difficilement isolables (comment faire varier les dimensions de la
pièce sans modifier sa lumière, son acoustique, son étalement ?) et demandent des travaux
plus conséquents et plus difficilement adaptables à notre protocole de recherche basé sur la
comparaison d’une unité témoin et d’une unité placébo. Ils apparaissent donc plus délicats à
tester que ceux évoqués précédemment. Nous avions émis l’hypothèse que la surface pourrait
être plus importante que la hauteur. La surface sera donc diminuée par l’ajout de
cloisonnement tout en maintenant constante la hauteur. Les idées présentées ci-dessus sont
des premières pistes qui devront être confrontées aux résultats des cliniciens, discutées avec
les collèges d’experts, affinées et complétées au regard de la méthodologie scientifique, des
exigences du terrain d’étude (intervention courte en site occupé auprès de populations
fragiles), de la faisabilité et des coûts des travaux. La possibilité de tester expérimentalement
sans engager des modifications considérables sera évidemment un critère de choix (on
comprend aisément qu’il sera difficile d’augmenter la hauteur d’un plafond, ou de percer une
dalle). Un des enjeux sera d’effectuer des travaux dans des établissements occupés par des
personnes résistant mal aux changements, les travaux se devront donc d’être simples et
rapides à mettre en œuvre pour engendrer le moins possible de gêne. Un premier temps de
« la phase expérimentale » sera consacré à la mise en place du réseau partenarial de terrain
(établissements qui accepteront de participer) et à l’élaboration d’un cahier des charges tenant
compte de ces différents aspects. Les propositions expérimentales seront déposées auprès
d’un comité éthique de recherche et nous pouvons prévoir d’ores et déjà de choisir des
modifications dont on estime qu’elles auraient un impact positif sur le comportement si l’on
souhaite obtenir une validation du projet par ce comité. Le choix définitif des paramètres à
tester et des aménagements qui en découleront se fera donc sur la base des résultats
scientifiques et par des compromis liés au terrain d’étude et aux établissements partenaires.
231
Chapitre VI. Le handicap cognitif
comme défi et aubaine pour repenser la
conception architecturale
Les premiers résultats qui se dégagent confirment que le rapport à l’espace de ces personnes
questionne plusieurs paramètres du cadre bâti dont les facteurs d’ambiances (acoustique,
couleurs, éclairage…) aussi bien que la morphologie de l’espace (volume, surface…)
imposant de reconsidérer le cadre bâti dans sa globalité et sa complexité alors qu’en matière
de handicap moteur ou sensoriel, l’adaptation de l’environnement et sa mise en
« accessibilité » peuvent se faire par l’ajout de dispositifs techniques (rampes,
signalétiques…) plus simples. Cela interroge alors les possibilités offertes par le cadre spatial
(tenant compte des déficiences et compétences des usagers) pour favoriser la possibilité de
vivre dans un espace adapté dans l’esprit de la définition suivante : « L’accessibilité permet
l’autonomie et la participation des personnes ayant un handicap, en réduisant, voire
supprimant, les discordances entre les capacités, les besoins et les souhaits d’une part, et les
différentes composantes physiques, organisationnelles et culturelles de leur environnement
d’autre part. L’accessibilité requiert la mise en œuvre des éléments complémentaires,
nécessaires à toute personne en incapacité permanente ou temporaire pour se déplacer et
accéder librement et en sécurité au cadre de vie ainsi qu’à tous les lieux, services, produits et
activités. La société, en s’inscrivant dans cette démarche d’accessibilité, fait progresser
également la qualité de vie de tous ses membres. »280
. Cette recherche a permis d’accroître la
connaissance scientifique liée aux rapports particuliers des personnes autistes avec leur
environnement et de relier cette connaissance aux problématiques propres à la conception
architecturale. Le détour par la pathologie amène ainsi à réinterroger la pratique architecturale
courante et présente une valeur heuristique pour appréhender l’architecture: « If, in general,
the constant reflection upon the relationship between the person and space, between the
individual and their environment (built), is important for the discipline of architecture, we
believe that the particularisation of this reflection for the dweller with autism may be an
interesting contribution for the discipline itself. In fact, researching about this adjustment and
this link, between the architectural object and its aim - the person, is to reflect upon
architecture itself, which, like other arts and other disciplines such as Philosophy, grows
upon rethinking.»281
Lorsque l’on questionne le cadre bâti en tenant compte de troubles tels que l’autisme on
réinterroge les caractéristiques spatiales que l’on a plus l’habitude d’examiner en tant que
neuro-typique. Une personne neuro-typique n’aimerait-elle pas pouvoir bénéficier d’un
espace de retrait clos pour pouvoir s’isoler, n’est-il en effet pas plus propice à la concentration
280
Ministère de la Santé et des Solidarités, Ministère délégué à la Sécurité sociale, aux Personnes âgées, aux
Personnes handicapées et à la Famille, (2006). 281
SANCHEZ P., et al. (2011).
232
d’être dans un espace contenant avec une surface de vitrage mono-orientée? Pourrait-on par
exemple concevoir des pièces sans vitrage, sans angles? De manière plus large, peut-on
espérer un retour, pour repenser l’architecture au bénéfice des neuro-typiques ? Les actes du
colloque282
de la journée d’échanges autour de la ville accessible aux personnes handicapées
mentales, cognitives et psychiques viennent à travers les interventions de V. Lochman et M-A
Corbillé, confirmer que ce qui est bénéfique pour des personnes présentant des troubles
cognitifs pourrait l’être pour d’autres personnes: « Si l’on définit la situation de handicap
comme une inadéquation entre l’environnement et les capacités d’une personne, nombreuses
sont les difficultés communes rencontrées et les besoins similaires engendrés en matière
d’accessibilité, à la fois pour des personnes handicapées, du fait d’une limitation
intellectuelle ou de difficultés à mobiliser leurs capacités intellectuelles, mais aussi pour les
personnes dites «valides» […]ce qui est indispensable pour certains est souvent pratique pour
tous». M-A Corbillé en rappelant « que les personnes handicapées peuvent être des
révélateurs pour diagnostiquer des espaces existants et des coproducteurs pour en concevoir
de nouveaux, plus sûrs pour elles mais aussi pour tout un chacun», souligne que ces
personnes questionnent le cadre bâti de manière plus large et par la même, on peut supposer,
la pratique architecturale. Les connaissances produites lors de cette recherche ont
certainement du potentiel pour ouvrir sur de nouvelles formes bâties qui viendraient bousculer
les codes et les idées reçues. Nous espérons que d’autres pourront ainsi exploiter les résultats
de ce travail et s’engager dans une telle transposition, qui sort du cadre de cette thèse.
Il apparaît difficile d’aborder aujourd’hui la question du handicap et de l’architecture sans
évoquer la place et le rôle des normes et des recommandations par rapport à la conception.
Ces éléments qui conditionnent la pratique architecturale sont fréquemment élaborés par des
personnes distantes du processus de conception et deviennent ainsi souvent contraignantes,
basées sur une approche systématique voire simplificatrice d’une universalité des besoins et
de l’acte de concevoir. Or, le développement d’un projet d’architecture n’est pas un processus
linéaire et systématique, il s’agit bien d’une production construite à partir d’aller-retour
successifs et de choix. Il n’y a pas « une manière » de voir et/ou de pratiquer l’architecture
mais « des manières ». Il semble difficile de systématiser le travail de conception qui se base
sur des choix : « le travail de l’architecte ne relève donc pas d’automatismes qui
ressortiraient à un déterminisme de contraintes. La conception d’un édifice est portée par des
choix, des intentions, des décisions que permet, ou auxquelles renvoie l’idée. »283
Ce travail
de recherche qui constitue une première étape vers la production d’un guide de
recommandations est une opportunité pour repenser ces éléments et intégrer la dimension
individuelle. Il s’agira de favoriser des pistes de recommandations qui n’imposent pas des
réponses uniques, stéréotypées et qui ne brident pas la conception. L’un des intérêts de ce
travail est bien de produire un savoir et de le mettre à portée des concepteurs. Décrire, pour
mieux comprendre, la relation spécifique entre la personne autiste et son environnement, est
un complément indispensable à la prescription de solutions réglementaires quantifiées.
282
CERTU. (2013). 283
BOUDON P., et al. (2001).
233
L’intervention de l’architecte sur ces questions au-delà d’intégrer aux prescriptions les enjeux
propres au processus de conception (cohérence constructive, intégration au site notamment)
devrait éviter la formulation de recommandations incompatibles entre elles. Les
professionnels de terrain rencontrés durant cette recherche ont pointé des décalages, voire des
incompatibilités entre certaines normes et la réalité des troubles autistiques. Dans les
établissements visités, les mêmes retours nous ont souvent été faits alors qu’il ne s’agissait
évidemment pas de l’objet de notre recherche; il semble donc intéressant d’évoquer ces
éléments spontanément décrits. Par exemple la réglementation incendie impose que les issues
de secours soient asservies à la détection incendie avec un déverrouillage automatique de ces
dernières en cas de déclenchement des alarmes. Or celles-ci sont constamment déclenchées
(plusieurs fois par jour) par certains résidents, occasionnant des problèmes de fugues qui
s’avèrent très problématiques et dangereuses pour la sécurité du résident. Encore plus
étonnant, ce sont des décalages entre la norme handicapée et les troubles autistiques qui ont
pu être mentionnés (comme par exemple les barres d’appuis qui doivent être disposées dans
les sanitaires et salles de bain des établissements recevant du public (arrêté R. 111-19-2 article
12) et qui présenteraient des possibilités de blessures accrues ou bien encore la présence de
lumière sur les détections qui pourrait surprendre les résidents). Le handicap cognitif comme
révélateur de ces décalages s’impose donc comme un défi pour repenser les
recommandations.
Les rares pistes de recommandations actuelles pour la conception des lieux de vie pour les
personnes autistes sont difficilement transposables et interprétables lors de la conception.
Comment traduire, par exemple, le besoin de salle à manger confortable d’un point de vue
sonore, visuel et olfactif ?284
Ces recommandations peuvent parfois être sujettes à diverses
interprétations et dans leur formulation même favoriser des décalages. Comment réussir à
fournir des : « espaces de vie et d’activité sécurisants, mais sans excès. »285
?
Ces
recommandations se basent souvent plus sur l’organisation de l’établissement en tant que telle
que réellement sur l’architecture. Ce sont des paramètres du cadre bâti sur lesquels un
architecte n’a pas nécessairement de prise comme par exemple : « l’aménagement à sa
convenance par le résident de sa chambre ». Pour pallier ces difficultés, il apparaît nécessaire
de mener une réflexion pour que les recommandations issues de ce travail soient
appropriables par les architectes et qu’elles puissent stimuler la conception. Ce travail a été
l’occasion d’élaborer une méthodologie reproductible, applicable à d’autres terrains,
exploitable à la fois par le concepteur et pour la mise en place de futures recommandations.
Par ailleurs, les éléments du cadre bâti qui ont été évalués renvoient à des paramètres sur
lesquels un architecte peut intervenir, ce qui devrait favoriser la mise en place de normes
appropriables. Par exemple, les dimensions sonores retenues sont dépendantes de
l’architecture plutôt que des sources sonores potentielles. Un architecte ne peut pas toujours
intervenir sur la source d’un bruit (une personne en train de crier, un véhicule qui passe dans
284
ANESM. (2009). Recommandations de bonnes pratiques professionnelles. 285
Voir guide de bonnes pratiques 2005 – Centre régional pour l’enfance et l’adolescence inadaptée.
234
la rue…), en revanche certaines caractéristiques architecturales peuvent diminuer ou au
contraire accentuer la gêne liée aux manifestations sonores. Le rapport à l’espace des
personnes atteintes de handicaps cognitifs relativement méconnus des concepteurs questionne
la forme à donner aux recommandations qui seront développées. Est-il possible par exemple
de mettre en place des outils alternatifs illustrant le rapport particulier de ces personnes à leur
environnement (tels que des schémas, des supports vidéo, des témoignages, des exemples
imagés…) ? Comme par exemple des mises en situation pour permettre aux concepteurs
d’expérimenter le handicap (par des simulations de handicap, par des visites de terrain).
Si l’on sort du cadre des recommandations, le travail sur une pathologie telle que l’autisme
constitue une opportunité pour construire des méthodes et des outils mobilisables dans des
travaux de recherche ultérieurs traitant des relations entre environnement et bien-être et/ou
nécessitant une caractérisation architecturale précise. Une réflexion a été menée sur la
manière de traduire en paramètres mesurables et intelligibles des grandeurs difficilement
interprétables. En effet, certains paramètres du consensus existant sur les relations
vraisemblables entre l’environnement et le comportement des personnes atteintes de TSA, tels
qu’ils sont formulés, sont difficilement mesurables (comme « la perméabilité », le caractère
« contenant » d’une pièce ou la neutralité des couleurs …). La traduction de savoirs métiers
en paramètres objectivables et mesurables pourra être transposée à d’autres domaines.
Nous avons durant ce travail souligné la difficulté de transposer la sensibilité des personnes
neurotypiques à celle des personnes autistes et d’interpréter leurs comportements en se
référant à notre propre vécu. Or, les architectes se projettent en tant qu’usager et utilisent leur
propre mode d’appropriation et de pratique de l’espace comme références lorsqu’ils
conçoivent. Cela peut conduire à certains décalages entre l’espace conçu, à partir de leurs
présupposés, et l’espace tel qu’il est vécu et pratiqué par des usagers différents et méconnus
du concepteur. Celui-ci ne peut se représenter finement des besoins et des modes
d’appropriation des usagers, en particulier lorsqu’il s’agit de personnes en situation de
handicap et plus largement de personnes issues de milieu social et/ou culturel distant du sien.
Boudon, à travers l’étude du devenir d’une des réalisations de Le Corbusier à Pessac a
remarqué les nombreuses modifications que les usagers ont apporté à cette réalisation dans le
temps et il évoquera à ce sujet un « conflit entre les intentions de l’architecte traduites dans
ses réalisations et les réactions de l’utilisateur ». 286
Il attribue ces modifications à un conflit
d’appropriation provoqué notamment par un décalage culturel entre l’espace proposé par
l’architecte et la « culture » des habitants. En effet, le confort est difficile à définir et est
dépendant des sentiments et des perceptions propres à chacun : « Il s’agit en effet d’une
notion complexe à cerner, d’une part parce qu’il est difficile d’exprimer ce qui rend une
situation confortable ou inconfortable, et d’autre part parce que le confort n’est pas un
concept unidimensionnel directement mesurable […]. En effet, le confort est lié aux
sentiments, à la perception, à l’humeur et à la situation.»287
D’autre part le confort, la
286
BOUDON P. (1985). 287
MARCHAND D., et WEISS K. (2009).
235
satisfaction par rapport à son environnement et les pratiques de l’habiter, au-delà de varier
d’un individu ou d’un groupe d’individus à l’autre, peuvent évoluer dans le temps. Le rapport
à l’espace n’est pas figé et univoque il s’agit bien d’un processus dynamique pouvant faire
rentrer différents éléments en ligne de compte (état d’une personne à un moment donné,
culture et histoire individuelle…). La difficulté et la complexité dans la compréhension des
relations des êtres humains à l’espace pourraient résulter, comme le rappelle P. Dosda : « de
cette capacité d’être insatisfait d’un espace « objectivement » satisfaisant, ou satisfait d’un
espace concret nettement insatisfaisant. De n’être plus satisfait aujourd’hui d’un espace hier
satisfaisant.»288
Des situations de handicap ou de gêne apparaissent lorsqu’il y a une
inadéquation entre les caractéristiques d’un lieu et les capacités et besoins des usagers.
Toutefois en fonction des personnes et de leur capacité à faire face à leur environnement ces
décalages peuvent être plus ou moins bien vécus. À propos des rapports d’interdépendance
entre l’habitat et les aspects de la vie sociale P. Serfaty disait d’ailleurs : « La gravité de cet
enjeu a fréquemment conduit à considérer comme générateurs de dysfonctionnements les
contradictions et les écarts constatés entre des pratiques d’habitation qui tirent leur sens de
la tradition et celles qui sont appelées par des organisations spatiales étrangères à la culture
des habitants. Il faut cependant nuancer les choses, car ces écarts soulèvent des enjeux
d’importance très inégale, qui varient selon les contextes sociologiques et historiques des
groupes humains. »289
En référence aux théories d’adaptation et en particulier au modèle de
pression environnementale, il semblerait que le rapport à l’espace soit en effet influencé par
les capacités des personnes à faire face à leur environnement. Les retours des professionnels
rencontrés pour cette recherche et nos observations sur place ont fait ressortir certains de ces
décalages et les difficultés, voire l’impossibilité, à faire face à leur environnement de certaines
personnes autistes se traduisant par des solutions provisoires mises en œuvre pour tenter
d’adapter l’espace aux usages. Par exemple, des pièces conçues entièrement vitrées dans
lesquelles des planches en bois clouées sur les murs ont dû être placées par les usagers ou leur
représentant de sorte à les occulter, et encore des pièces dans lesquelles des cloisonnements
provisoires (de type paravents) ont dû être rajoutés (notamment dans les salles à manger où
certains résidents ne peuvent manger que seuls face au mur). Des accès sur l’extérieur ou à
certaines pièces ont été bloqués, ou bien des dalles acoustiques en tissus ajoutées sur les murs
et plafonds. Ces exemples soulignent tous des différences entre l’espace tel qu’il est conçu et
l’espace tel qu’il évolue dès lors que les usagers l’investissent. Pour reprendre la formulation
proposé par P. Boudon290
, il s’agit de différences entre l’espace mental (celui qui naît de
l’imaginaire de l’architecte – toujours en référence avec ses propres expériences - et qui
aboutit à la traduction en plan), l’espace concret (qui correspond à la traduction de l’espace
mental dans l’espace physique) et l’espace vécu (correspondant à l’espace investi et habité par
les usagers). Les troubles du comportement comme l’autisme et les particularités sensorielles
de ces personnes (difficilement transposables et interprétables par un neurotypique)
accentuent ce risque de décalage.
288
DOSDA P. (2000). 289
SERFATY-GARZON P. (2003). URL : http://www.perlaserfaty.net/texte7.htm. 290
BOUDON P. (1971).
236
Pour les éviter, les architectes se tournent habituellement vers les usagers mais le détour par
des pathologies telles que l’autisme révèle les difficultés à obtenir des retours de la part de ce
public qu’il semble difficile d’associer directement à la conception. Ce travail montre que l’on
doit repenser la manière de faire du participatif en fonction des usagers concernés. Lorsque le
concepteur rencontre des difficultés pour comprendre l’univers cognitif des personnes pour
qui il conçoit ou bien lorsqu’il ne partage pas de systèmes de communication ou de valeurs
communs il faut trouver des solutions pour pallier à ces difficultés (observations de terrain,
mobilisation de tierces personnes, apports des sciences sociales pour appréhender le mode de
pratiquer l’espace de ces personnes…). Pour contourner cette difficulté, nous avons eu
recours ici à un croisement de données cliniques et de données architecturales qui pourrait
s’appliquer à d’autres populations (notamment celles pour lesquelles il est difficile d’avoir
recours à des entretiens, à de l’observation directe et de transposer nos propres codes et
valeurs, ou bien encore dans des terrains où il est difficile d’intervenir).
Il est donc utile de pouvoir mobiliser des connaissances expertes objectives et solides sur le
rapport à leur environnement de publics très spécifiques lors du processus de conception pour
mieux répondre aux besoins et attentes de ces derniers. Un des enjeux et une des difficultés
des recherches portant sur les liens entre l’environnement et le comportement est de trouver
des outils d’évaluation adaptés et d’avoir des connaissances expertes tant pour évaluer le
comportement que l’environnement comme l’indique C. Levy-Leboyer291
. C’est en ce sens
que les protocoles de caractérisations cliniques et architecturales ont été élaborés à partir
d’aller-retour et d’échanges successifs (certaines évaluations cliniques, comme nous l’avons
expliqué, ont d’ailleurs été ciblées en fonction des lieux évalués dans le protocole
architectural). Une réflexion a été menée sur la manière d’aborder une même question à partir
de regards complémentaires portés par deux disciplines différentes (mise en place d’outils et
d’un langage communs). Ce travail collaboratif interpelle sur la manière de « faire
ensemble », sur la nature des échanges entre l’architecture et les sciences humaines et sociales
et plus largement sur les croisements entre l’architecture et les autres disciplines ainsi que sur
les conditions de fonctionnement et de réalisation de ces échanges. La profession d’architecte
se distingue par la diversité des domaines de compétences qu’elle recouvre. L’architecte doit
être un créateur, mais un créateur qui ne peut se détacher de la réalité dans laquelle il évolue.
Il doit sans cesse confronter son travail aux exigences techniques, réglementaires,
environnementales, socio-historiques. Il doit pour construire « une partie » du monde
comprendre le monde qui l’entoure et pour cela il devrait pouvoir éventuellement mobiliser
des connaissances concernant d’autres disciplines. Ce travail conduit à réfléchir à la manière
dont les sciences humaines et sociales peuvent enrichir le point de vue de l’architecte et à la
nature des apports concrets et/ou théoriques que ce type de collaboration permet de générer.
Ces questions sont d’ailleurs au cœur des préoccupations actuelles292
. Ces collaborations avec
les psychologues devraient permettre d’analyser et comprendre le bâti, qui est conçu, produit,
291
LEVY-LEBOYER C. (1980). 292
Comme en témoigne le colloque international : Rencontres à la croisée de l’architecture et des sciences
humaines : émergences et déplacements, qui aura lieu à l’Université Libre de Bruxelles, campus du Solbosh, les
26 et 27 mai 2014.
237
habité, approprié et parfois transformé et ainsi enrichir le socle théorique de la pratique : « car
force est de constater l’attitude fréquente chez les architectes consistant à nier ou à éviter
toute référence à leurs sources – au nom du mythe de la « création » architecturale – ne
favorise pas l’établissement d’une théorie, quelle qu’elle soit. Or, comme le rappelle Alberto
Pérez-Gomez, l’architecture n’est pas seulement une question esthétique ou technologique
mais fondamentalement éthique, étant donné la dimension politique qu’implique sa
conceptualisation en tant que bien commun, quand on la définit comme productrice d’espaces
destinés à la stabilité et à l’équilibre des hommes.»293
Comme le souligne M. Segaud294
dans
une réflexion qu’elle porte sur l’enseignement des sciences sociales dans les écoles
d’architecture : « Chez Vitruve connaître l’anthropologie physique est indispensable au
bagage de l’architecte. » Les architectes pourraient se rapprocher des connaissances issues de
la psychologie environnementale à cette fin.
De manière réciproque, l’étude des liens entre l’environnement et le comportement pourrait
sans doute à son tour se nourrir des apports des architectes en mobilisant leur compétence à
décrire et à caractériser l’architecture. L’environnement bâti est complexe et résulte d’une
combinaison de différents facteurs. Les architectes peuvent mobiliser leurs connaissances
pour décrire et appréhender l’environnement dans sa globalité et sa complexité, puisque son
rapport avec les comportements n’est pas direct et univoque. Caractériser précisément une
couleur, repérer les descripteurs morphologiques essentiels, identifier les ingrédients de
l’ambiance lumineuse, etc. : c’est un ensemble de critères qu’il est nécessaire de considérer si
l’on souhaite pouvoir mesurer l’ampleur de l’impact de tel élément. Ainsi, l’environnement a
été mesuré en appréciant les différents aspects du cadre bâti tout en considérant, lors des tests
statistiques, la possibilité que ces facteurs varient conjointement. Par son regard
complémentaire, l’intervention d’architectes sur ces questions pourrait alors aider les
psychologues à interpréter certains troubles et à en comprendre les causes en décryptant
l’environnement et sa composition. Les apports des architectes sur ces questions pourraient
aussi permettre aux résultats cliniques de trouver une traduction plus opérationnelle.
Nous avons fait de la démarche de caractérisation et description adopté pour cette recherche
une condition de validité du savoir produit. Les résultats de notre travail, à travers l’analyse
des relations entre les variables liées au jugement d’expert et les mesures physiques (à partir
de la mobilisation d’outils de relevés métrologiques : sonomètre, distancemètre…) ont fait
ressortir un écart entre ces deux types de mesures et confirment ainsi la nécessité de les retenir
toutes les deux. L’effort a ainsi porté sur une objectivation de la description, par la mise en
place de descripteurs mesurables, sans pour autant rejeter tout recours au ressenti ou au
jugement d’expert. La manière dont les édifices du corpus ont été décrits est basée sur une
décomposition et comparaison rigoureuse qui impose un effort de connaissance et de
distanciation par rapport à l’objet décrit. « Tout l’effort de l’objectivation initiale consistera
293
MARTIN-HERNANDEZ M-J.(2009). Vers une théorie et une critique de l’architecture, in La critique en
temps et lieux,Cahier de la recherche architecturale Urbaine et paysagère, 24/25,pp.99-111. 294
SEGAUD M. (2010).
238
donc à contrôler des configurations et à éliminer autant que possible le flot des significations
que chacun y associe spontanément, pour définir des conformations et elles seules, c’est-à-
dire la part restreinte des contenus de signification que, à l’encontre de tous ceux que nos
activités perceptives permettent de multiplier, nous pouvons tenir pour des propriétés
plastiques intrinsèques des entités considérées […] Et cet effort devra sans cesse être réitéré
à chaque observation non seulement pour nous en tenir à ce premier niveau de signification,
toujours déjà recouvert de contenus plus riches et, à notre point de vue, intempestifs, mais
aussi pour qu’il s’applique de la même façon à de multiples entités distinctes […] » 295
L’établissement du corpus point de départ de l’analyse, fait intervenir différentes étapes dont :
le choix d’un groupe d’édifices présentant a priori des caractéristiques communes ; la
délimitation qualitative du corpus ; et la détermination des hypothèses de départ qui
thématisent l’analyse. La posture employée pour décrire et connaître notre corpus se distingue
de la critique architecturale. Dans son acception scientifique, la critique architecturale situe
son apport plus ou moins explicitement comme une contribution à un débat : « Il ne peut y
avoir une critique de haut niveau sans l’existence d’un débat théorique qui la nourrisse, et
inversement, une critique ne peut pas se passer d’alimenter un débat sur la théorie de
l’architecture ».296
À ce titre, si la critique vise bien à connaître, comprendre, faire reconnaître
et évaluer une œuvre en problématisant et contextualisant, elle autorise, voire requiert,
l’intervention de la sensibilité propre du chercheur dans la thématisation de la critique et dans
l’interprétation des observations. La posture retenue pour cette recherche est elle aussi
thématisée et problématisée mais elle demande justement de laisser de côté ses convictions et
la dimension culturelle de l’architecture. En effet, les éléments méthodologiques de ce type
d’analyse sont toujours à repenser en fonction des points de vue qui les mobilisent. Ceux-ci
font peser leurs propres déterminations sur la thématisation de l’analyse elle-même, et une
part importante de ce travail de thèse a donc été consacrée à la mise au point de ces
ingrédients adaptés à notre problématique spécifique (pour pouvoir la confronter à un autre
champ disciplinaire) : délimitation du corpus, identification de descripteurs pertinents, choix
des outils d’analyse appropriés. Les choix des descripteurs et des outils spécifiques de
traitement de l’information ont quant à eux été très liés aux hypothèses posées par les
cliniciens en termes de facteurs d’influence sur la qualité de vie des patients. C’est donc en
étroite collaboration avec les spécialistes que ces éléments ont été précisément définis.
L’intervention auprès de ce public qui présente des comportements et des moyens
d’expressions atypiques, difficilement transposables et interprétables impose une réflexion
méthodologique sur la manière d’aborder et d’évaluer le bien-être chez ces personnes
participant ainsi à l’élaboration et à la détermination de la manière de décrire. C’est pour ces
raisons et dans l’optique d’exploiter et croiser les résultats que la méthodologie retenue tant
par les cliniciens (à partir des questionnaires standardisés pour évaluer/ mesurer la qualité de
vie et le bien-être) que par les architectes pour décomposer et décrire le cadre bâti s’est
détaché des théories et doctrines. Pour pouvoir faire émerger des variations comportementales
et permettre de construire un savoir solide et objectif sur le rapport d’un public à son
environnement, il était nécessaire de retenir une méthode comparable d’un lieu à l’autre et
295
DUPRAT B. (1999). 296
HUET B. (2008).
239
dans le temps, dont on garantit que les résultats sont indépendants de l’individu qui la met en
œuvre.
Les prises en charge des personnes présentant des troubles autistiques ont évolué dans leurs
formes et dans leur nature. Progressivement « l’asile » puis « l’hôpital psychiatrique » se sont
vus remplacés par des « Maisons d’Accueil Spécialisée », des « Foyers de vie », des « Foyers
d’Accueil Médicalisé » ou encore par des « Foyers d’hébergement » ; autant de formes
d’accueil qui dans leur dénomination « Maison » et « Foyer » témoignent d’une volonté de
donner aujourd’hui un caractère moins institutionnel et plus « proche » de l’habiter en milieu
ordinaire. La manière de désigner l’espace n’est pas neutre comme le souligne M. Segaud :
« Les mots qualifient l’espace. »297
Malgré ces évolutions sémantiques, on peut s’interroger
sur la possibilité de construire un véritable « chez soi » support et symbole de l’identité dans
ces espaces institutionnels (est-il possible de bénéficier d’un espace personnel et
personnalisable ?) Car, au-delà de considérer les spécificités d’un public particulier dans une
logique d’accessibilité pour tous en accord avec la loi298
pour l'égalité des droits et des
chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, qui stipule que les
dispositions architecturales doivent être accessibles quel que soit le handicap, il s’agit bien de
fournir un espace favorisant « l’habiter », la construction d’un « chez soi » et des repères
structurants. « La présence du terme « soi » dans l’expression «chez-soi » indique que la
maison est le lieu de la conscience d’habiter en intimité avec soi-même. »299
. L’habiter est une
notion qui dépasse le simple fait de s’abriter ou de se protéger, à tel point que pour
Heidegger300
, l’habiter renvoie au trait le plus fondamental de l’être301
. F. Herouard, en
s’interrogeant sur l’intérêt d’appréhender les modes d’habiter dans certains lieux
« extrêmes », rappelle que cela questionne de manière plus large la possibilité d’habiter dans
certains lieux. « À quoi cela sert-il de comprendre les modes d’habiter ? Cela permet déjà
d’évaluer certaines situations qui posent problème du point de vue éthique quant à leur
habitabilité. Les foyers d’immigrés, de travailleurs, les hôtels meublés, les maisons de
retraites, les hôpitaux pour les très longs séjours, notamment des enfants, sont des exemples
d’endroits qui peuvent poser questions quant à la qualité d’espace qu’ils offrent et à la
possibilité d’y trouver le bien-être matériel, moral et social. » 302
Le détour par la pathologie
et le vécu en milieu institutionnel permet donc d’une part d’explorer la place de l’habitat dans
le développement et l’existence d’un individu et ainsi aux conséquences d’une inadaptation de
l’habitat sur ces derniers, et d’autre part de redéfinir le mode d’habiter et la possibilité
d’investir symboliquement son cadre de vie. La conception de ces lieux pour personnes
présentant des troubles sévères impose une réflexion sur la manière et la capacité de ces
usagers à s’approprier et investir physiquement, psychologiquement de tels espaces. Lorsque
297
SEGAUD M. (2010). 298
Code de la construction et de l'habitation, loi n° 2005-102 du 11 février 2005. Articles L. 111-7-1 à L. 111-7-
3. 299
SERFATY-GARZON P. (2003). 300
HEIDEGGER M. (1958). 301
PEZEU-MASSABUAU J. (2002). 302
HEROUARD F. (2004).
240
l’on aborde des univers cognitifs trop éloignés des nôtres, comment peut-on mettre en œuvre
les concepts d’identité et d’habiter?
Les Troubles du Spectre Autistique seraient liés à une difficulté de marquer la différence entre
soi et les autres et entre soi et son environnement. L’environnement de l’intimité pourrait
donc revêtir une importance capitale pour ces personnes. Or, le milieu institutionnel impose
des limites floues, qui se superposent entre la sphère semi-publique et la sphère privée-
intime ; entre le dedans et le dehors, entre le choisi et l’imposé, entre le collectif et
l’individuel et entre lieu de vie et le lieu de travail. Comme nous avons pu le souligner, la
chambre représente le seul espace privatif et le seul lieu d’intimité (et ce si on néglige le fait
que le personnel soignant et éducatif peut y accéder à tout moment). De plus nous avons pu
voir à travers l’analyse descriptive que les espaces intimes aujourd’hui dans ces types
d’institutions demeurent ceux qui sont le moins traités sur le plan architectural et qui sont les
plus similaires.
Plus largement, lorsque l’on aborde « l’habiter » dans des espaces de prise en charge
institutionnelle partagée où le cadre de vie est le plus souvent imposé aux personnes qui y
sont accueillies (elles ne choisissent en général pas le lieu, ni ses caractéristiques, ni les
personnes avec qui elles le partagent), se pose la question de la transposition du bien-être
individuel au bien-être collectif. Le bien-être qui renvoie à l’harmonie avec son
environnement et cette conscience d’être bien se distingue du confort. Il fait intervenir des
dimensions plus psychologiques et sociologiques que le confort. Si l’on part de l’hypothèse
que le rôle des architectes serait d’aller au-delà du confort et du respect du cadre
réglementaire en cherchant à ce que les usagers se sentent bien dans un lieu et qu’ils aient
conscience de ce bien-être, alors se pose la question de la manière de procéder avec ce public
dont la sensibilité à l’architecture reste méconnue et a priori différente. Soufflot à propos de
l’Hôtel Dieu à Lyon déclarait : « la beauté est la première marche vers la guérison. »303
Est-il
possible, comme le défendait ce dernier, de produire de la beauté pour que le malade se sente
mieux et ainsi toucher la sensibilité de ces derniers ? Nous faisons l’hypothèse que l’habitat
peut toucher la sensibilité esthétique ou artistique de celui qui y vit d’autant mieux que les
conditions d’inconfort aient été maitrisées. Des artistes jugés « différents» à une certaine
époque, ont su toucher un public considéré comme « normal ». Les figures de l’art brut tels
que H-A. Muller, A. Wölfli, A. Corbaz ou encore C. Zinelli tous internés en hôpital
psychiatrique ont en effet marqué l’art du 20èime
siècle. On peut émettre l’hypothèse qu’un
architecte « normal » pourrait à son tour toucher la sensibilité de personnes « différentes».
303
http://www.tribunedelyon.fr/?agenda/culture//34625-patrimoine-les-1001-vies-de-l-hotel-dieu-lyon-
241
CONCLUSION
Le travail transdisciplinaire dans lequel s’inscrivait ce travail de doctorat se basait sur
l’hypothèse que l’environnement physique pouvait avoir un impact sur le comportement et sur
l’état clinique des usagers. Cette question a été présentée ici à travers l’étude du rapport à leur
espace de personnes adultes atteintes de troubles du spectre autistique. Nous avons souligné à
quel point l’autisme est aujourd’hui au cœur des préoccupations actuelles nationales et
internationales. De la même manière, l’accessibilité du cadre de vie pour tous, et en particulier
pour les publics les plus démunis, est également une question d’actualité et ce surtout à l’aube
de l’échéance fixée par la loi du 11 février 2005304
pour l'égalité des droits et des chances, la
participation et la citoyenneté des personnes handicapées qui s’était donnée jusqu’au premier
janvier 2015305 pour rendre les locaux publics (y compris ceux réhabilités) accessibles à tous.
Si le handicap moteur est largement considéré, les travaux concernant les personnes
présentant des troubles psychiques, cognitifs et mentaux demeurent plus rares comme nous
avons pu le montrer (paragraphe I.2). C’est le cas pour les travaux qui traitent spécifiquement
du cadre bâti des personnes atteintes de TSA. En effet, malgré la priorité donnée à cette cause,
la prévalence des troubles de type autistique, leur dépistage de plus en plus précoce et les
besoins de prise en charge en découlant, les besoins et attentes des personnes présentant des
TSA sont méconnus et peu considérés par les concepteurs qui ignorent généralement
l’étendue de ces troubles et la manière atypique qu’ont ces personnes de pratiquer leur
environnement. Les professionnels de l’environnement bâti lorsqu’ils conçoivent pour ce
public particulier, n’ont pas réellement à ce jour d’éléments sur lesquels s’appuyer. Pourtant,
les retours d’expériences (témoignages d’autistes de haut niveau, témoignages des familles de
personnes atteintes de TSA, professionnels de terrain) soulignent tous l’importance que
pourrait avoir l’environnement physique pour les personnes autistes. Cet environnement
pourrait être facteur de trouble ou bien à l’inverse participer à l’amélioration de leur bien-être.
La recherche elle aussi concerne encore assez peu ces questions, les informations dans la
littérature actuelle sont rares, éparses et il semble y avoir un manque de structuration et de
diffusion de l’information dans ce champ de recherche. Les quelques travaux existants sont
basés pour l’essentiel sur l’autisme chez les enfants (et en particulier dans le milieu scolaire)
et concernent rarement le contexte socio-culturel de la France, alors que des spécificités
locales, si l’on se fie aux résultats des travaux de G. Shabha et K. Gaines306
semblent exister.
C’est donc bien dans une logique de continuité que notre recherche s’est inscrite en tentant de
venir valider et compléter les travaux existants. Un premier temps de notre recherche a donc
été consacré à réaliser un état de l’art afin de synthétiser et faire ressortir à partir des travaux
existants, les principaux résultats devant nous permettre de construire notre propre
méthodologie et de thématiser notre caractérisation architecturale (Chapitre I). Afin d’étudier
304
Code de la construction et de l'habitation, loi n° 2005-102 du 11 février 2005. Articles L. 111-7-1 à L. 111-7-
3. 305
Des délais supplémentaires seront toutefois accordés. 306
SHABHAG., et GAINES K. (2011).
242
les liens entre l’état clinique d’adultes autistes et leur environnement, nous avons caractérisé
et analysé 20 établissements médico-sociaux (maisons d’accueil spécialisées et foyers
d’accueil médicalisés) spécialisés dans la prise en charge d’adultes atteints de TSA situés sur
l’ensemble du territoire français. 148 personnes adultes atteintes de TSA réparties dans ces 20
établissements ont fait l’objet d’une évaluation clinique par les psychologues de notre équipe
de recherche. Le recueil des données architecturales et cliniques ont fait chacun l’objet d’un
travail de définition de deux protocoles de caractérisations propres à chaque discipline
(Chapitre II et III) mais élaborés à partir d’aller-retour et d’échanges. Le protocole de
caractérisation architecturale basé sur les hypothèses des cliniciens en terme d’influence de
l’environnement sur la pathologie se devait d’être reproductible, adapté à un terrain
particulièrement sensible et axé sur des espaces/lieux pertinents au regard de la pathologie
autistique. Cette première phase « d’extraction des données » a débouché sur la mise en place
(à partir des évaluations cliniques et architecturales) d’une base de données constituée de
variables cliniques et architecturales au sein de laquelle ont été déterminées des variables
«explicatives» et des variables cibles «à expliquer» ; l’objectif final était d’étudier les
dépendances entre ces variables (Chapitre V). Pour atteindre cet objectif, différentes étapes se
sont succédées: la sélection, la description et la synthèse des variables architecturales devant
permettre une connaissance de notre corpus, puis la détection des variables explicatives
présentant une dépendance trop forte entre elles. Pour l’étude des liens entre les variables
architecturales et cliniques, nous avons utilisé plusieurs outils de statistiques multi variées
(dont l’analyse canonique de corrélation, l’analyse de redondance et la construction de
modèles de covariance et de régression linéaire – Chapitre V). Ces outils nous ont permis de :
Détecter l’existence d’un lien entre le groupe de variables architecturales et le groupe
de variables cliniques.
Caractériser les variables cliniques et architecturales qui sont le plus liées entre elles et
regarder leur sens de variation (il y a- t-il une augmentation des troubles ou une
amélioration des troubles lorsque tel paramètre architectural est présent ?)
Identifier parmi plusieurs variables architecturales qui semblent impacter fortement
certains troubles, celles qui sont le plus influentes.
Vérifier si les variables architecturales ont un effet plus important que certaines
variables contrôlées cliniques sur l’apparition de troubles.
Certaines de nos analyses comme nous avons pu le voir viennent confirmer et vont dans le
sens des connaissances actuelles (l’impact des temps de réverbération, la saturation et la clarté
des teintes…) d’autres précisent et affinent certaines relations qui pouvaient être envisagées
(les variables relatives à la perméabilité de la pièce, l’éclairage naturel..) et d’autres
constituent un apport nouveau sur la question (par exemple les variations de l’ambiance
sonore, les dimensions des pièces). Nos travaux ont permis d’affiner certains paramètres par
une description précise du cadre bâti et par une réflexion menée en amont portant sur la
manière de décrire certains de ces éléments. Nos résultats semblent confirmer notre hypothèse
de départ qui considérait que l’état clinique et l’état de santé mentale des personnes autistes
pouvait être influencés par le cadre bâti.
243
Au-delà, il s’agit bien pour nous de replacer cette démarche au cœur de la pratique
architecturale et du savoir théorique dont pourrait bénéficier cette discipline (Chapitre VI).
Qu’est-ce que le handicap implique dans le rapport à l’espace ? Qu’est-ce qu’il déplace du
point de vue de la conception ? Plus généralement, s’interroger sur l’autisme et sur le rapport
particulier des autistes à leur environnement bâti souligne l’importance pour les architectes de
comprendre le lien à l’environnement bâti pour chacun de ses usagers.
244
245
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Les figures :
Figure 1 : Les partenaires du projet ........................................................................................................14
Figure 2 : Le fonctionnement des MAS et FAM....................................................................................61
Figure 3 : Une unité d’hébergement .......................................................................................................70
Figure 4 : Salle Snoezelen ......................................................................................................................72
Figure 5 : Exemples de pictogrammes fixés au mur ..............................................................................73
Figure 6 : Exemple de code de couleurs sur les portes ..........................................................................74
Figure 7 : L’étalement ............................................................................................................................76
Figure 8 : La compacité ..........................................................................................................................77
Figure 9 : les angles ................................................................................................................................78
Figure 10 : La perméabilité d’une pièce et les zones de cachette ..........................................................79
Figure 11 : Perméabilité de plusieurs pièces en contact .........................................................................80
Figure 12 : Les trente-six palettes de couleurs .......................................................................................83
Figure 13 : Une planche de couleurs ......................................................................................................83
Figure 14 : Les motifs ............................................................................................................................84
Figure 15 : Exemples de différences de traitements d’une zone à l’autre ..............................................85
Figure 16 : Utilisation de plusieurs couleurs dans la même zone ..........................................................85
Figure 17 : Schéma des mesures acoustiques in situ ..............................................................................89
Figure 18 : Lecture et interprétation d’un « diagramme à moustache » ou « box plot » ......................92
Figure 19 : Les relations entre variables ................................................................................................93
Figure 20 : Répartition géographique des établissements du corpus .....................................................97
Figure 21 : Mesure du bruit de fond (effectuée en 5 points différents par établissements) ...................98
Figure 22 : Nombre d’unités d’hébergement par établissement .............................................................99
Figure 23 : Nombre de personnes maximum accueillies dans l’unité d’hébergement ...........................99
Figure 24 : Lieux spécifiquement dédiés aux activités ........................................................................101
Figure 25 : Taux de fréquentation des différentes pièces par résident .................................................102
Figure 26 : Taux de fréquentation moyen ............................................................................................103
Figure 27 : Surface des chambres ........................................................................................................110
Figure 28 : Hauteur des chambres ........................................................................................................111
Figure 29 : Évaluation sensible de l’éclairage naturel des chambres ...................................................111
Figure 30 : La présence de différence de lumières entre les différents points. ....................................112
Figure 31 : La quantité d’éclairage naturel dans les chambres ............................................................112
246
Figure 32 : Les matériaux des murs des chambres. ............................................................................. 113
Figure 33 : Les matériaux des sols des chambres. ............................................................................... 114
Figure 34 : Nombre maximum d’utilisateurs ...................................................................................... 119
Figure 35 : Surface des pièces ............................................................................................................. 120
Figure 36 : Surface de la pièce par résident ......................................................................................... 121
Figure 37 : Volume .............................................................................................................................. 121
Figure 38 : Étalement des pièces ......................................................................................................... 122
Figure 39 : Compacité ......................................................................................................................... 122
Figure 40 : Les hauteurs des pièces ..................................................................................................... 123
Figure 41 : Pourcentage de surface toujours visible ............................................................................ 124
Figure 42 : Nombre d’angles d’où la pièce reste intégralement visible .............................................. 125
Figure 43 : Nombre d’angles dans la pièce ......................................................................................... 125
Figure 44 : Perméabilité avec les pièces en contact ............................................................................ 126
Figure 45 : Surface vitrée totale .......................................................................................................... 127
Figure 46 : Pourcentage d'ouverture .................................................................................................... 127
Figure 47 : Évaluation experte éclairage naturel ................................................................................. 128
Figure 48 : Présence de différences de lumières entre zones .............................................................. 128
Figure 49 : Nombre d'orientations ....................................................................................................... 129
Figure 50 : Évaluation sensible éclairage artificiel, 3 = Très lumineux 2 = moyennement lumineux 1 =
faiblement lumineux ............................................................................................................................ 131
Figure 51 : Saturation et obscurité des sols ......................................................................................... 133
Figure 52 : Obscurité des murs ............................................................................................................ 133
Figure 53 : Saturation des murs ........................................................................................................... 133
Figure 54 : Quantité de teintes ............................................................................................................. 134
Figure 55 : Quantité de matériaux sur les murs ................................................................................... 135
Figure 56 : Bruit de fond moyen ......................................................................................................... 137
Figure 57 : Temps de réverbération moyen 250hz-10khz ................................................................... 137
Figure 58 : Date de création de l’établissement................................................................................... 140
Figure 59 : Relation entre les variables relatives à la hauteur des pièces ............................................ 143
Figure 60 : Relation entre la surface, le périmètre et l’étalement de la pièce ...................................... 144
Figure 61 : Relation entre la surface, la compacité et le volume des pièces ....................................... 145
Figure 62 : Relation entre les variables relatives aux zones et nombre de cachettes........................... 147
Figure 63 : Relation entre les variables relatives aux temps de réverbération .................................... 149
Figure 64 : Relation entre les variables relatives aux bruits de fond ................................................... 151
Figure 65 : Exemple d’un graphique de corrélation ............................................................................ 163
Figure 66 : Lecture des graphiques de l’analyse des corrélations canoniques .................................... 165
Figure 67 : Exemple d’un graphique « d’éboulis des corrélations » ................................................... 166
Figure 68 : Détecter à partir des histogrammes les variables qui suivent une loi normale.................. 169
247
Figure 69 : Détecter à partir des box-plot les variables qui suivent une loi normale ...........................169
Figure 70 : Détecter à partir des QQ Plot si les variables sont normalement distribuées. ...................169
Figure 71 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – le salon .........................................174
Figure 72 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – la salle à manger ..........................176
Figure 73 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – la salle manuelle ..........................180
Figure 74 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – la salle motrice .............................185
Figure 75 : Graphique de l’analyse des corrélations canoniques – la circulation ................................188
Figure 76 : La normalité des résidus D09 – salon ................................................................................199
Figure 77 : La normalité des résidus D08 – salle à manger .................................................................201
Figure 78 : La normalité des résidus D02 – salle à manger .................................................................203
Figure 79 : La normalité des résidus D02 – salle motrice ....................................................................205
Figure 80 : La normalité des résidus D09 – salle motrice ....................................................................207
Figure 81 : La normalité des résidus D03 – salle manuelle .................................................................209
Figure 82 : La normalité des résidus D05 – salle manuelle .................................................................211
Figure 83 : La normalité des résidus D08 – salle manuelle .................................................................213
Figure 84 : La normalité des résidus D09 – circulations ......................................................................217
Les tableaux :
Tableau 1 : Relations envisagées entre les paramètres architecturaux et les troubles autistiques ..........55
Tableau 2 : Résumé du protocole d’évaluation clinique ........................................................................66
Tableau 3 : Résumé du protocole de caractérisation architecturale ......................................................90
Tableau 4 : Corrélations entre les huit variables relatives au temps de réverbération ...........................94
Tableau 5 : Exemple de corrélation bi-sérielle .......................................................................................95
Tableau 6 : Exemple d’une matrice de proximité (Indice de Jaccard) ...................................................95
Tableau 7 : Exemple de relations de multi-colinéarité (exemple salle à manger) ..................................96
Tableau 8 : Le traitement des transitions..............................................................................................106
Tableau 9 : les couleurs dans les parcours ...........................................................................................107
Tableau 10 : Couleurs des murs des circulations .................................................................................109
Tableau 11 : Les couleurs.....................................................................................................................131
Tableau 12 : L’obscurité, saturation et les variations de couleurs des sols, plafonds et portes ............132
Tableau 13 : L’obscurité, la saturation et les variations de teintes des murs .......................................132
Tableau 14 : Les matériaux des salles à manger, salons et salles d'activités ........................................135
Tableau 15 : quantité et typologie des systèmes de régulation thermique ...........................................136
Tableau 16 : Confort thermique l'été et l'hiver .....................................................................................136
Tableau 17 : Relations entre les mesures physiques et l’évaluation experte ........................................141
Tableau 18 : Relations entre les mesures physiques de l’environnement sonore proche de
l’établissement ......................................................................................................................................141
248
Tableau 19 : Relations des variables relatives à la perméabilité de la pièce ....................................... 146
Tableau 20 : Relations entre les variables relatives aux temps de réverbération ................................ 150
Tableau 21 : Relations des variables relatives aux bruits de fond ....................................................... 151
Tableau 22 : Relations des variables relatives à la quantité de vitrage ................................................ 153
Tableau 23 : Relations entre les variables relatives à la clarté des murs ............................................. 156
Tableau 24 : Relations entre les variables relatives à la saturation des murs ...................................... 156
Le Tableau 25 résume les variables contrôlées à appliquer en fonction des domaines de l’EPOCAA.
Tableau 25 : Les variables contrôlées et les domaines de l’EPOCAA ................................................ 162
Tableau 26 : Exemple d’un test de normalité ...................................................................................... 167
Tableau 27 : Exemple du coefficient d’ajustement du modèle ............................................................ 171
Tableau 28 : Exemple d’un tableau d’analyse de la variance .............................................................. 171
Tableau 29 : Exemple d’un tableau Type III Sum of Squares ............................................................. 171
Tableau 30 : Analyse de redondance – le salon ................................................................................... 173
Tableau 31 : Analyse de redondance – la salle à manger .................................................................... 176
Tableau 32 : Analyse de redondance – la salle manuelle .................................................................... 179
Tableau 33 : Le sens de variation des variables sélectionnées durant l'analyse canonique ................. 183
Tableau 34 : Analyse de redondance – la salle motrice ....................................................................... 184
Tableau 35 : Analyse de redondance – la circulation .......................................................................... 187
Tableau 36 : Liste des variables cliniques qui contribuent le plus aux axes de l’ACC ....................... 191
Tableau 37 : Récapitulatif des résultats de l’analyse de redondance ................................................... 192
Tableau 38 : Tableau récapitulatif des résultats de l’analyse canonique par pièce ............................. 193
Tableau 39 : Récapitulatifs des résultats de l'Analyse des Corrélations Canoniques toutes pièces
confondues ........................................................................................................................................... 196
Tableau 40 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D09 - Salon .................... 199
Tableau 41 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D08 – Salle à manger .... 201
Tableau 42 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D02 – Salle à manger .... 203
Tableau 43 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D02 – Salle motrice ....... 205
Tableau 44 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D09 – Salle motrice ....... 207
Tableau 45 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D03 – Salle manuelle ..... 209
Tableau 46 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D05 – Salle manuelle ..... 211
Tableau 47 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D08 – Salle manuelle ..... 213
Tableau 48 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D09 – Salle manuelle ..... 215
Tableau 49 : Résultats du modèle de covariance pour le domaine clinique D09 – Circulation .......... 217
Tableau 50 : Les résultats de l’ANCOVA et de la régression linéaire ................................................ 219
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Logiciels et matériel de relevé
ADDINSOFT, "XLSTAT," 2009. Module ADA
Langage R package CCA et package CCP
Sonomètre Bruel & Kjaer type 2250
262
263
ANNEXES
Annexe 1 : Liste des variables architecturales
Variables globales
VARIABLES GLOBALES
Va
ria
ble
s
info
rma
tiv
es
Nom de l'architecte
Lieu d'implantation
Gestionnaire
Type de gestion 1= Foyer d'Accueil Médicalisé, 0 = Maison d'Accueil Spécialisée
Va
ria
ble
s co
nte
xte
Fonction de
l'établissement
avant réhabilitation
2 = Établissement qui a toujours accueilli des personnes autistes
1 = Habitat ou structure d’hébergement collectif
0= Structure tertiaire ou secondaire - équipement
Période de création de la partie hébergement
Période de création de la partie activité
Date de la dernière réhabilitation de la partie activité
Date de la dernière réhabilitation de la partie hébergement
Établissement neuf ou
réhabilité
2 = Établissement entièrement neuf / 1 = Établissement réhabilité avec des
extensions neuves / 0 = Établissement entièrement réhabilité
Relief proche 2 = terrain accidenté, implantation adossée pente / 1 = terrain accidenté –
implantation sur du plat /0 = terrain plat
Environnement construit
et mitoyenneté
2 = Construction indépendante / 1 = Construction mitoyenne sur 1 côté / 0 =
Construction mitoyenne sur 2 côtés
Environnement visible 4 = tissu résidentiel (bâti) / 3 = tissu paysager (parc, montagnes…) / 2 = tissu
mixte paysager – résidentiel / 1= tissu mixte tertiaire secondaire - résidentiel
Environnement sonore
(expert)
3 = Environnement bruyant / 2 = Environnement plutôt bruyant / 1
=Environnement relativement calme / 0 = Environnement très calme
Bruit de fond moyen environnement extérieur
Bruit de fond maximum environnement extérieur
Bruit de fond minimum environnement extérieur
Bruit de fond écart type environnement extérieur
Bruit de fond [fréquences de 12.5Hz à k20Hz ](moyenne des différentes positions)
Bruit de fond [fréquences de 12.5Hz à k20Hz] (écart type des différentes positions)
Variables modales (non ordonnées)
Variables modales (ordonnées)
Variables binaires
Variables quantitatives
264
VARIABLES GLOBALES O
rga
nis
ati
on
et
stru
ctu
rati
on
de
l’u
nit
é d
’héb
erg
em
ent
et d
e
l’ét
ab
liss
emen
t
Nombre de partie d'hébergement
Ressemblance des unités entre
elles
2 = Unités homomorphes / 1 = Unités proches / 0 = Unités
différentes
Présence d'unité clairement définie
Liaison des unités entre elles
Est-ce que les résidents ont accès librement à d'autres unités
Présence d’un jardin potager accessible aux résidents
Présence d’un jardin thérapeutique accessible aux résidents
Nombre de lieux d’activités hors unité
Nombre de lieux d’activités dans l'unité qui sont utilisés exclusivement pour des activités
Présence de lieux d’activités dans l'unité qui sont utilisés pour d'autres usages (salle à manger,
réunion...)
Présence d’espace Snoezelen 2 = au sein de l’unité/ 1 = en dehors unité/ 0 = absence
Présence de salle d’apaisement 2 = au sein de l’unité/ 1 = en dehors unité/ 0 = absence
Présence d'espaces extérieurs accessibles librement
Nombre de chambres desservies par le même accès
Nombre de personnes accueillies dans l’unité
Nombre de niveaux dans le bâtiment
Nombre de niveaux accessibles aux résidents dans la partie hébergement
Système de ventilation
3 = Ventilation naturelle/2 = simple flux/ 1 = double
flux
Système de chauffage 2 = Centralisé/ 1 = divisé
Énergie de chauffage 2 = Électricité/1 = Autre.
Su
rfa
ces
et
esp
ace
s
acc
essi
ble
s
Surface intérieure accessible librement de l’unité
Surface totale hors unité dédiée aux activités encadrées
Surface totale de l'unité exclusivement dédiée aux activités encadrées
Surface de jardin accessible librement
Surface totale de jardin
Rep
éra
ge,
lis
ibil
ité,
pré
vis
ibil
ité
Structuration des temps de
repas
Un seul lieu avec différents usages sans sous division/Un seul lieu
avec différents usages et des sous divisions/Un lieu associé à chaque
usage
Présence de code de couleur pour distinguer les unités
Présence de code de couleur pour les portes de la partie hébergement
Présence de code de couleur pour les portes de la partie activité
Transition entre le salon et la salle à manger 2 = Séparées / 1 = Séparées en communication
directe (accolé) /3 = confondues
Transition entre le salon et la salle d'activités
manuelles
2 = Séparées / 1 = Séparées en communication
directe (accolé) /3 = confondues
Transition entre le salon et la salle d'activités
motrices
2 = Séparées / 1 = Séparées en communication
directe (accolé) /3 = confondues
Transition entre le salon, la salle à manger, les salles
d'activités et l'extérieur
2= balcon couvert/découvert, 1= terrasse
couverte/découverte, 0= absence d’accès sur
l’extérieur
265
Variables locales
SANITAIRES F
orm
e,
fréq
uen
ce
d’u
tili
sa
tio
n
Sanitaire collectif ou individuel 2 = Collectif /1 = Individuel
Nombre d'utilisateurs potentiels
Présence de WC dans les chambres 2 = Présence de sanitaires intégrés dans la SDB / 1 = Présence
séparés / 0 = Absence
Dim
ensi
on
Surface du WC (m2)
Hauteur minimum (m)
Hauteur maximum (m)
Écl
air
ag
e
Présence d'éclairage naturel
Luminosité de l'éclairage artificiel (évaluation experte) 3 = Très lumineux / 2 = moyennement
lumineux / 1 = faiblement lumineux
Présence d'éclairage sur cellule
Présence de fluocompact
Présence de tube fluo
Quantité de luminaire au plafond
Quantité de luminaire au mur
Type d'éclairage
Co
lori
mét
rie
et m
oti
fs
Utilisation plusieurs couleurs (mur, sol, plafond, porte), 3 = fréquente /2 = ponctuelle / 1 = une couleur
Différence de traitement d’une zone à l’autre (mur, sol,
plafond, porte), 1 = présence / 0 = absence
Différence entre la porte et le mur directement adjacent
Présence de rouge (mur, sol, plafond, porte),
Présence de beige (mur, sol, plafond, porte),
Présence de jaune (mur, sol, plafond, porte),
Présence de vert (mur, sol, plafond, porte),
présence de bleu (mur, sol, plafond, porte),
Présence de violet (mur, sol, plafond, porte),
Présence de rose (mur, sol, plafond, porte),
Présence d’orange (mur, sol, plafond, porte),
Présence de marron (mur, sol, plafond, porte),
Présence de gris (mur, sol, plafond, porte),
Présence de blanc (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité maximum (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre l’obscurité maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
saturation maximum (mur, sol, plafond, porte),
saturation minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre la saturation maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
Utilisation de motifs (mur, sol, porte),
4 = abstraits répétitifs / 3 = abstraits non répétitifs / 2 =
figuratifs répétitifs / 1 = figuratifs non répétitifs / 0 =
Absence
Ma
téria
ux
So
lid
ité
et r
ési
sta
nce
Présence de tapisserie
Présence de revêtement plastifié pour les murs
Présence de murs peints avec de la toile de verre
Présence de murs peints sans toile de verre
Présence de carrelage au mur
Présence de carrelage au sol
Présence de sol souple
Présence de faux plafond démontable
Relief (mur, sol, porte), 3 =Lisse/2 =Un peu rugueux/1 = Rugueux
Présence de tuyauterie apparente
Présence de chasse d'eau encastrée
266
VARIABLES RELATIVES AUX SALLES DE BAINS F
orm
e,
fréq
uen
ce
d’u
tili
sati
on
SDB collective ou individuelle 2 = Collective/1 = Individuelle
Présence de salle de bain dans les chambres
2 = Présence de SDB comprenant douche
et lavabo /1 = Présence seulement d’un
point d’eau / 0 = Absence
Présence de WC dans la SDB 1 = présence / 0 = absence
Nombre d'utilisateurs pouvant fréquenter une même SDB
Dim
ensi
on
s
Surface
Hauteur minimum
Hauteur maximum
Écl
air
ag
e
Présence d'éclairage naturel 1 = présence / 0 = absence
Luminosité de l'éclairage artificiel (évaluation experte) 3 = Très lumineux / 2 = moyennement
lumineux / 1 = faiblement lumineux
Présence d'éclairage sur cellule 1 = présence / 0 = absence
Présence d'éclairage fluocompact 1 = présence / 0 = absence
Présence de tubes fluorescents 1 = présence / 0 = absence
Quantité de luminaire au plafond
Quantité de luminaire au mur
Type d'éclairage
Co
lori
mét
rie
et m
oti
fs
Utilisation de plusieurs couleurs (mur, sol, plafond, porte), 3=fréquente/2= ponctuelle/1 =une couleur
Différence de traitement d’une zone à l’autre (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre la porte et le mur qui lui est adjacent
Présence de rouge (mur, sol, plafond, porte),
Présence de beige (mur, sol, plafond, porte),
Présence de jaune (mur, sol, plafond, porte),
Présence de vert (mur, sol, plafond, porte),
Présence de bleu (mur, sol, plafond, porte),
Présence de violet (mur, sol, plafond, porte),
Présence de rose (mur, sol, plafond, porte),
Présence d’orange (mur, sol, plafond, porte),
Présence de gris (mur, sol, plafond, porte),
Présence de blanc (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité maximum (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre obscurité maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
saturation maximum (mur, sol, plafond, porte),
saturation minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre saturation maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
Utilisation de motifs (mur, sol, porte),
4 = motifs abstraits répétitifs / 3 = motifs
abstraits non répétitifs / 2 = motifs
figuratifs répétitifs / 1 = motifs figuratifs
non répétitifs / 0 = Absence de motifs
Ma
téria
ux
S
oli
dit
é et
rési
sta
nce
Présence de tapisserie
Présence de revêtement plastifié pour les murs
Présence de murs peints avec toile de verre
Présence de murs peints sans toile de verre
Présence de carrelage au mur
Présence de carrelage au sol
Présence de sol souple
Présence de faux plafond démontable
Relief (mur, sol, porte), 3 =Lisse/2 =Un peu rugueux/1 = Rugueux
Tuyauterie apparente 2 = Présence
267
VARIABLES RELATIVES À LA CIRCULATION DE L'HEBERGEMENT
Fré
qu
ence
d’u
tili
sati
on
,
dim
ensi
on
s m
orp
ho
log
ie Nombre d'heures de fréquentation par semaine par résidents
Surface de circulation confondue avec une pièce (m2)
Surface totale de la circulation (m2)
Présence d'une circulation répartie sur deux ou plusieurs niveaux
Surface de circulation /hall commun à toutes les unités
Typologie de circulation 1 = linéaire / =boucle/3 = ramifié
Hauteur minimum sous plafond (m)
Hauteur maximum sous plafond (m)
Différence entre hauteur maximum et la hauteur minimum (m)
Présence de murs courbes 2 = Très présent / 1 = Moyennement présent / 0 = Absent
Écl
air
ag
e n
atu
rel
et
art
ific
iel
Différence de lumière entre zone 2 = Grande différence /1 = Un peu de différence/ 0 = Absence
Surface de percement zénithal (m2)
Surface de percement latéral (m2)
Surface vitrée par m2
Présence de lumière sur détection
Présence d'halogène
Présence d'éclairage fluo compact
Présence de lumière incandescente
Présence de tubes fluorescents
Présence d'éclairage en applique - Présence de suspensions
Quantité de luminaire au plafond et Quantité de luminaire au mur
Co
lori
mét
rie
et m
oti
fs
Présence de rouge (mur, sol, plafond, porte),
Présence d’orange (mur, sol, plafond, porte),
Présence de marron (mur, sol, plafond, porte),
Présence de beige (mur, sol, plafond, porte),
Présence de jaune (mur, sol, plafond, porte),
Présence de vert (mur, sol, plafond, porte),
Présence de bleu (mur, sol, plafond, porte),
Présence de violet (mur, sol, plafond, porte),
Présence de rose (mur, sol, plafond, porte),
Présence de gris ou noir (mur, sol, plafond, porte),
Présence de blanc (mur, sol, plafond, porte),
Différence de teinte d’une zone à l’autre (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité maximum (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre l’obscurité maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
saturation maximum (mur, sol, plafond, porte),
saturation minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre la saturation maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
Présence de motifs isolés ou non (mur, sol, porte),
Utilisation de motifs (mur,
sol, plafond, porte),
4=abstraits répétitifs/3=abstraits non répétitifs /2=figuratifs
répétitifs/1=figuratifs non répétitifs /0= Absence
Quantité de teintes utilisées (mur, sol, plafond, porte)
Utilisation de plusieurs couleurs (mur, sol, plafond, porte), 3 =fréquente/2=ponctuell /1 = une couleur
Ma
téria
ux
Présence de tapisserie
Présence de carrelage (murs, sol)
Présence de boiserie
Présence de mur en béton apparent
Présence de murs crépis
Présence de murs peints avec de la toile de verre - Présence de murs peints sans toile de verre
Présence de parquet
Présence de sol en pierre ou en béton
Présence de sol souple
Présence de revêtement plastifié pour les murs
Présence de plafond démontable - Présence de plafond non démontable
Utilisation de plusieurs matériaux (mur, sol, plafond, porte),
Quantité de matériaux utilisés (mur, sol, plafond, porte),
268
VARIABLES RELATIVES AUX CHAMBRES
Fo
rme,
fréq
uen
ce
d’u
tili
sati
on
Nombre d'heures de fréquentation dans une semaine
Présence de badge ou clef pour les portes des chambres
Chambre individuelle
Dim
ensi
on
s et
mo
rph
olo
gie
Surface totale de la pièce (m2)
Surface de la partie chambre (sans les placards et les SDB) (m2)
Surface de la partie salle de bain (m2)
Hauteur minimum sous plafond (m)
Hauteur maximum sous plafond (m)
Périmètre (m)
Volume de la pièce (m3)
Mesure de l'étalement
Quantité d'angles rentrants
Quantité d'angles sortants
Présence de murs courbes 2 = Très présent / 1 = Moyennement
présent /0 = Absent
Traitement du plafond 4 = surface horizontale / 3 = surface
horizontale + pente / 2 = voute / 1 = pente
linéarité du plafond 1 = lisse / 2= accidenté décroché (poutre,
caisson…)
Écl
air
ag
e n
atu
rel,
art
ific
iel
et v
ues
Évaluation experte éclairage naturel 3 = Très lumineux / 2 = moyennement
lumineux / 1 = faiblement lumineux
Présence de différence de lumière entre zone (naturelle) 2 = Grande différence / 1 = Un peu de
différence/ 0 = Absence de différence
Orientation des ouvertures 2 = Poly orientées/= Mono orientées
Surface de percement au nord (m2)
Surface de percement au sud (m2)
Surface de percement à l’est (m2)
Surface de percement à l’ouest (m2)
Surface vitrée totale (m2)
Surface vitrée par m3
Surface vitrée par m2
Pourcentage d'ouverture (%)
Présence de masques lointains
Présence de contrôles fixes
Présence de contrôles mobiles
Nombre d’accès dans la pièce sur l’extérieur
Allège 3 = présence d'allège pleines et vitrées / 2 = Présence d’allèges pleines uniquement
/ 1 = Présence allèges vitrées uniquement / 0 = Absence d’allège
Présence de vitrage jusqu'au sol
Luminosité éclairage artificiel (évaluation experte) 3 = Très lumineux / 2 = moyennement
lumineux / 1 = faiblement lumineux
Présence de système ajustement de l’éclairage artificiel
Présence d'halogène
Présence d'éclairage fluocompact
Présence de lumière incandescente
Présence de tubes fluorescents
Présence d'éclairage en applique
Présence de suspensions
Présence de spots encastrés
Présence de circuit autonome
Quantité de luminaire au plafond
Quantité de luminaire au mur
269
Type d'éclairage
Vue depuis la pièce
Co
lori
mét
rie
et m
oti
fs
Différence entre la porte d'entrée et le mur adjacent
Présence de rouge (mur, sol, plafond, porte),
Présence d’orange (mur, sol, plafond, porte),
Présence de marron (mur, sol, plafond, porte),
Présence de beige (mur, sol, plafond, porte),
Présence de jaune (mur, sol, plafond, porte),
Présence de vert (mur, sol, plafond, porte),
Présence de bleu (mur, sol, plafond, porte),
Présence de violet (mur, sol, plafond, porte),
Présence de rose (mur, sol, plafond, porte),
Présence de gris ou noir (mur, sol, plafond, porte),
Présence de blanc (mur, sol, plafond, porte),
Utilisation de plusieurs couleurs (mur, sol, plafond, porte),
3 = Utilisation fréquente /2 =
Utilisation ponctuelle / 1 = une
seule couleur
Différence de traitement d’une zone à l’autre (mur, sol, plafond,
porte),
Obscurité maximum (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre l’obscurité maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
saturation maximum (mur, sol, plafond, porte),
saturation minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre la saturation maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
Utilisation de motifs (mur, sol, plafond, porte),
4 =abstraits répétitifs / 3 = abstraits
non répétitifs / 2 = figuratifs répétitifs
/ 1 = figuratifs non répétitifs / 0 =
Absence
Présence de motifs isolés ou non (mur, sol, plafond, porte), 0 = pas de motifs/1 = isolés/2=
fréquents
Ma
téria
ux
Présence de tapisserie
Présence de murs crépis
Présence de murs peints avec de la toile de verre
Présence de murs peints sans toile de verre
Présence de parquet
Présence de carrelage au sol
Présence de sol souple
Présence de revêtement plastifié pour les murs
Présence de plafond démontable
Présence de plafond non démontable
Différence de matériaux d’une zone à l’autre (mur), (sol), (plafond), (porte),
Température ressentie des matériaux (mur, sol, porte),
3 = grande différence ressentie/2 =
différence moyennement ressentie /1 =
peu de différence ressentie /0 = Aucune
différence ressentie
Relief (mur, sol, porte), 3 =Lisse/2 =Un peu rugueux/1 =
Rugueux
Différence de texture d’une zone à l’autre (mur, sol, porte),
Dureté des matériaux (mur, sol, porte), 1 = Mou / 2 = Moyennement mou / 3 =
Moyennement dur / 4 = dur
Th
erm
iqu
e
Emplacement Système d’émission de chaleur 1 = Chauffage au sol par rayonnement /2 =
Chauffage par convecteur mural
Nombre d'appareils de chauffage
Présence d’un système de production et distribution de froid
Est-ce que les résidents utilisent la régulation des radiateurs?
Est-ce que les résidents pourraient avoir accès à la régulation? (n'importe qui peut y accéder)
Autonomie du système
270
VARIABLES RELATIVES AUX QUATRE PARCOURS D
imen
sio
ns,
ty
po
log
ie e
t m
orp
ho
log
ie
Est-ce que les résidents doivent passer par l’extérieur 2 = Obligatoirement/1 = Occasionnellement/0= Jamais
Est-ce que les résidents doivent changer d’étage 1 = Oui / 0 =Non
Est-ce que les résidents doivent quitter leur unité 2 = Obligatoirement/1 = Occasionnellement/0= Jamais
Distance parcourue à l'intérieur (m)
Distance parcourue à l'extérieur (m)
Distance parcourue totale (m)
Hauteur maximum durant le parcours (m)
Hauteur minimum durant le parcours
Différence entre la hauteur minimum et maximum (m)
Nombre de changements de niveau de sol pendant le parcours
Nombre de changements de hauteur durant le parcours
Homogénéité de hauteur entre la pièce de départ / d’arrivée et la circulation (sol)
Homogénéité de hauteur entre la pièce de départ / d’arrivée et la circulation (plafond)
Variation de hauteur avec pièce départ
Variation de hauteur avec pièce d'arrivée
Présence de murs courbes durant le parcours 2=Très présent/1=Moyennement présent/0= Absent
Mo
tifs
et
colo
rim
étri
e
Utilisation de motifs (mur, sol, plafond, porte), 4=abstraits répétitifs/3=abstraits non répétitifs/2=figuratifs
répétitifs/1= figuratifs non répétitifs/0=Absence
Quantité de teintes pendant le parcours (mur, sol, plafond, porte),
Nombre de changements de teintes (mur, sol, plafond, porte),
Présence de rouge (mur, sol, plafond, porte),
Présence d’orange (mur, sol, plafond, porte),
Présence de marron (mur, sol, plafond, porte),
Présence de beige (mur, sol, plafond, porte),
Présence de jaune (mur, sol, plafond, porte),
Présence de vert (mur, sol, plafond, porte),
Présence de bleu (mur, sol, plafond, porte),
Présence de violet (mur, sol, plafond, porte),
Présence de rose (mur, sol, plafond, porte),
Présence de gris ou noir (mur, sol, plafond, porte),
Présence de blanc (mur, sol, plafond, porte),
homogénéité teinte entre la pièce de départ /d’arrivée et la circulation (mur, sol, plafond),
saturation maximum (mur, sol, plafond, porte),
saturation minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre la saturation maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
quantité de saturations utilisées durant le parcours (mur, sol, plafond, porte),
homogénéité saturation entre la pièce de départ / d’arrivée et la circulation (mur, sol, plafond),
Obscurité maximum (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre l’obscurité maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
Quantité d’obscurités différentes utilisées (mur, sol, plafond, porte),
homogénéité d’obscurité entre la pièce de départ / d’arrivée et la circulation (mur, sol, plafond),
Ma
téria
ux
changements de matériaux (mur, sol, plafond), 2 =importants/ 1 =rares/0 = Aucun changement
Quantité de matériaux différents utilisés (mur, sol, plafond, porte),
Nombre de changements de matériaux pendant le parcours (mur, sol, plafond, porte),
Présence de tapisserie
Présence de murs crépis
Présence de murs peints avec de la toile de verre - Présence de murs peints sans toile de verre
Présence de carrelage
Présence de parquet
Présence de sol souple
homogénéité matériaux entre la pièce de départ / d’arrivée et la circulation (mur, sol, plafond),
Changement de relief durant le parcours mur (mur, sol), 2 =importants/ 1 =rares/0 = Aucun changement
homogénéité relief entre la pièce de départ / d’arrivée et la circulation (mur, sol),
Présence de plafond démontable - Présence de plafond non démontable
271
VARIABLES RELATIVES AUX SALLES À MANGER, SALONS, ET SALLES D'ACTIVITES
MANUELLES ET MOTRICE
Fo
rme,
fré
qu
ence
d’u
tili
sati
on
et
no
mb
re
d’u
tili
sate
urs
Forme d'utilisation 2 = Libre / 1 = réglementée avec badge/clef
Nombre d'heures de fréquentation par résidents dans une semaine
Nombre maximum d’utilisateurs simultanés
Fréquence utilisation (uniquement pour la salle à
manger)
1 = pièce utilisée hors repas librement/ 2 = pièce non
utilisée en dehors des temps de repas
Activités réalisées dans la pièce (uniquement
pour la salle à manger)
1 = repas seulement/ 2 = repas et temps libre /
activités
Présence d’un office (uniquement pour la salle à
manger)
0 = Absence / 1 = Présence accessible sous control / 2
= Présence accessible
Est-ce que espace-temps de repas est répartie sur deux niveaux
Dim
ensi
on
s, m
orp
ho
log
ie
Surface (m2)
Surface de la pièce par résident (m2)
Pièce clairement définie
Hauteur maximum sous plafond (m)
Hauteur minimum sous plafond (m)
Différence entre hauteur maximum et minimum (m)
Compacité
Volume de la pièce (m3)
Périmètre (m)
Étalement
Présence de murs courbes 2 = Très présent / 1 = Moyennement présent /0 = Absent
Présence de cloison amovible 2 = Présence utilisée/ 1 = Présence non utilisée /0 = Absence
Traitement du plafond 4 =surface horizontale/3 =surface horizontale + pente / 2 =voute / 1=pente
Présence de poutres, caissons, charpente
linéarité du plafond 1 = lisse / 2= accidenté (décroché)
Per
méa
bil
ité
Mesure des angles blessants Quantité d'angles rentrants
Quantité d'angles sortants
Mesure des angles permettant la cachette Quantité d'angles rentrants
Quantité d'angles sortants
Pourcentage surface de la pièce toujours visible (%)
Surface imperméable (m2)
Nombre de points d’où je vois toute la pièce
Nombre de zones de cachettes maximum depuis l’entrée
Nombre de zones de cachettes minimum depuis l’entrée
Surface de zone de cachette maximum depuis une entrée (m2)
Surface de zone de cachette minimum depuis une entrée (m2)
Nombre d'accès depuis intérieurs accessibles pour les autistes
Nombre d'accès depuis intérieurs accessibles pour le personnel
Nombre d’accès dans la pièce sur l’extérieur
Rôle distributif de la pièce
Perméabilité physique : pourcentage de la pièce perméable physiquement (%)
Perméabilité visuelle : pourcentage de la pièce perméable visuellement(%)
Perméabilité visuelle extérieure (%)
Écl
air
ag
e n
atu
rel,
art
ific
iel
et
vu
es
Évaluation experte éclairage naturel 3 = Très lumineux / 2 = moyennement lumineux / 1 =
faiblement lumineux
Présence de différence de lumière entre
zone (lumière naturelle)
2 = Grande différence / 1 = Un peu de différence /0 =
Absence de différence
Orientation des ouvertures 2 = Poly orientées / 1= Mono orientées
Nombre de vitrages intérieurs
Surface de vitrage intérieur (m2)
Nombre d'orientation
Surface de vitrage zénithale (m2)
Surface de percement au nord (m2)
Surface de percement au sud (m2)
Surface de percement à l’est (m2)
272
VARIABLES RELATIVES AUX SALLES À MANGER, SALONS, ET SALLES D'ACTIVITES
MANUELLES ET MOTRICE
Surface de percement à l’ouest (m2)
Surface vitrée totale (m2)
Surface vitrée par m3
Surface vitrée par m2
Pourcentage de vitrage (%)
Présence de masques lointains
Présence de contrôles fixes
Présence de vitrage zénithal
Présence de vitrage latéral à hauteur d’homme
Présence de vitrage latérale jusqu’au sol
Présence de vitrage latéral à plus de 2 mètre
Présence d'’ouverture jusqu'au sol
Luminosité éclairage artificiel (évaluation experte) 3 = Très lumineux / 2 = moyennement lumineux /
1 = faiblement lumineux
Système ajustement de l’éclairage artificiel (variateur)
Présence d'halogène
Présence d'éclairage fluocompact
Présence de lumière incandescente
Présence de tubes fluorescents
Présence d'éclairage en applique
Présence de suspensions
Présence de spots encastrés
Présence de circuit autonome
Quantité de luminaire au plafond
Quantité de luminaire au mur
Vue depuis la pièce
Co
lori
mét
rie
et m
oti
fs
Différence de traitement entre la porte d'entrée et le mur
Présence de rouge (mur, sol, plafond, porte),
Présence d’orange (mur, sol, plafond, porte),
Présence de marron (mur, sol, plafond, porte),
Présence de beige (mur, sol, plafond, porte),
Présence de jaune (mur, sol, plafond, porte),
Présence de vert (mur, sol, plafond, porte),
Présence de bleu (mur, sol, plafond, porte),
Présence de violet (mur, sol, plafond, porte),
Présence de rose (mur, sol, plafond, porte),
Présence de gris ou noir (mur, sol, plafond, porte),
Présence de blanc (mur, sol, plafond, porte),
Utilisation de plusieurs couleurs dans la même zone (mur, sol,
plafond, porte),
3 = fréquente /2 =ponctuelle / 1 = une
seule couleur
Différence de teinte d’une zone à l’autre (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité maximum (mur, sol, plafond, porte),
Obscurité minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre l’obscurité maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
saturation maximum (mur, sol, plafond, porte),
saturation minimum (mur, sol, plafond, porte),
Différence entre la saturation maximum et minimum (mur, sol, plafond, porte),
Présence de bordures
Présence de sol tacheté
Motifs isolés ou non (mur, sol, plafond, porte), 0 = pas de motifs/1 = isolés/2= fréquents
Utilisation de motifs (mur, sol, plafond, porte),
4 =abstraits répétitifs / 3 = abstraits non répétitifs / 2 =
figuratifs répétitifs / 1 = figuratifs non répétitifs / 0 =
Absence de motifs
273
VARIABLES RELATIVES AUX SALLES À MANGER, SALONS, ET SALLES D'ACTIVITES
MANUELLES ET MOTRICE M
até
ria
ux
Présence de tapisserie
Présence de murs peints avec de la toile de verre
Présence de murs peints sans toile de verre
Présence de revêtement plastifié pour les murs
Présence de murs crépis
Présence de boiseries
Présence de carrelage au sol
Présence de sol souple
Différence de matériaux d’une zone à l’autre (mur, sol, plafond)
Température ressentie des matériaux (mur, sol, porte),
3 = grande différence ressentie/2 = différence
moyennement ressentie /1 = peu de différence
ressentie /0 = Aucune différence ressentie
Présence de relief accidenté (moulure - soubassement) (mur, porte)
Relief (mur, sol, porte), 3 = Lisse / 2 = Un peu rugueux/1 =rugueux
Différence de texture d’une zone à l’autre (mur, sol, plafond, porte),
Dureté des matériaux (mur, sol, porte), 1 = Mou / 2 = Moyennement mou / 3 = Moyennement dur
/4 = dur
Présence de protection d’angle 2 = Présence / 1 = Moyennement présent / 0 = Absent
Plafond démontable
Th
erm
iqu
e
Emplacement Système d’émission de chaleur
4 = Chauffage au sol / 3 = Convecteur mural /2 =
Chauffage au plafond par rayonnement / 1 = Paroi
rayonnante
Nombre d'appareils de chauffage
Confort thermique l'été 1 = confortable / 0= légèrement chaud ou chaud l'été
Confort thermique l'hiver 1 = confortable / 0= légèrement froid ou froid l'hiver
Présence d’un système de production et distribution de froid
Est-ce que les résidents utilisent la régulation des radiateurs?
Est-ce que les résidents pourraient avoir accès à la régulation? (n'importe qui peut y accéder)
Autonomie du système
Aco
ust
iqu
e
Tr moyen large bande 250Hz-10kHz
Tr écart type large bande 250Hz-10kHz
Tr maximum large bande 250Hz-10kHz
Tr minimum large bande 250Hz-10kHz
Tr moyen large bande 400 Hz -2,5 kHz
Tr écart type bande 400 Hz -2,5 kHz
Tr maximum bande 400 Hz -2,5 kHz
Tr minimum bande 400 Hz -2,5 kHz
Tr 250Hz à Tr 10kHz (moyenne des différentes positions)
Tr 250Hz à Tr 10kHz (écart type des différentes positions)
Bruit de fond moyen
Bruit de fond écart type
Bruit de fond maximum
Bruit de fond minimum
Bruit de fond aux différentes fréquences [12,5Hz à 20kHz] (moyenne des différentes positions)
Bruit de fond aux différentes fréquences [12,5Hz à 20kHz] (écart type des différentes positions)
274
Annexe 2 : Les différents troubles de l’EPOCAA en
fonction des pièces
275
276
277
278
279
Annexe 3 Graphique des corrélations de Pearson
Variables contexte (historique, spatial…)
Les salons
Les salles à manger
280
Les salles d’activités manuelles
Les salles d’activités motrices
Les chambres
281
Les circulations
Les salles de bain
Les WC
282
Parcours 1
Parcours 2
Parcours 3
Parcours 4
283
Annexe 4 Graphiques éboulis des corrélations
Variables contexte (historique, spatial…)
Les salons
Les salles à manger
Dimension
Can
onic
al c
orre
latio
ns
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
Dimension
Ca
no
nic
al c
orre
latio
ns
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
Dimension
Can
onic
al c
orre
latio
ns
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
284
Les salles d’activités manuelles
Les salles d’activités motrices
Les chambres
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
285
Les salles d’activités motrices
Les chambres
Les circulations
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
286
Les salles de bain
Les WC
Parcours 1
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
Dimension
Ca
no
nic
al c
orr
ela
tion
s
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
287
Parcours 2
Parcours 3
Parcours 4
Dimension
Ca
no
nic
al co
rre
latio
ns
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
Dimension
Ca
no
nic
al co
rre
latio
ns
0.0
00
.05
0.1
00
.15
0.2
00
.25
0.3
00
.35
288
Annexe 5 Analyse des Corrélations Canoniques et
analyse de redondance
Les chambres
L’analyse de redondance
Le tableau ci-dessous permet de voir que le groupe de variables architecturales explique
22,6% du groupe de variables cliniques dans la chambre avec un risque de se tromper de 1%
en rejetant l’hypothèse selon laquelle les groupes de variables cliniques et architecturales ne
seraient pas linéairement liées.
Inertie : Valeur % Totale 47,114 100,000 Contrainte 10,166 21,578 Non-contrainte 36,948 78,422
Résultats du test de permutation : Permutations 500 Pseudo F 0,275 p-value 0,010 alpha 0,050
L’analyse canonique et le choix des axes
Même si l’analyse de redondance et le test de significativité qui lui est associé semblent
détecter l’existence d’une relation entre le groupe de variables architecturales et le groupe de
variables cliniques dans les chambres, les tests de significativité des axes de l’analyse de
corrélation canonique quant à eux semblent indiquer qu’il faudrait rejeter les deux axes (test
asymptotique sur le premier axe : Lambda de Wilks = 0,299 ; et test de permutation Lambda =
0,067 sur le premier axe). Étant donné qu’un des axes est presque significatif (valeur du test
de permutation pour l’axe 1 est de 0,067 au lieu de 0,05) nous analyserons tout de même les
résultats de l’ACC sur le première axe avec un point de vigilance sur les résultats. De plus, il
est possible de voir sur le graphique « d’éboulis des corrélations » qu’il existe un saut très net
entre le coefficient 1 et le coefficient 2. Nous ne construirons par contre pas de modèle de
covariance par la suite pour cette pièce.
289
A12 Surface vitrée totale A18 Saturation maximum des murs
A13 Pourcentage de vitrage A19 Différence entre la saturation maximum et minimum (murs)
A16 L’obscurité maximum de la teinte des murs A25 Quantité de matériaux différents utilisés
A17 L’obscurité minimum de la teinte des murs
On peut voir que la variable clinique la plus proche du cercle et donc qui contribue le plus est
la réactivité aux changements et à la frustration - D09 (comme dans plusieurs autres pièces).
Les variables architecturales qui sont proches de cette variable et qui varient dans le même
sens sont : le pourcentage de vitrage, la surface vitrée, la saturation maximum des murs, la
différence entre la saturation maximum et minimum (murs), l’obscurité maximum murs,
l’obscurité minimum des murs, la quantité de matériaux utilisés.
Il semble donc que, dans la chambre, les variables architecturales les plus influentes sur les
variables cliniques seraient les variables relatives à l’obscurité/clarté, à la saturation et à la
quantité d’éclairage naturel et de vues sur l’extérieur.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique chambre
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02
A03
A04A05 A06
A07
A08A09
A10
A11
A12
A13
A14
A15
A16
A17
A18
A19
A20
A21
A22
A23
A24A25
d02chd03ch
d04ch
d05ch
d06ch
d07chd08ch
d09ch
d10ch
d11ch
d12ch
d13ch
290
Le WC
L’analyse de redondance
Le groupe de variables architecturales explique 15,46% du groupe de variables cliniques dans
les WC avec un risque de nous tromper de 0,01% en rejetant l’hypothèse selon laquelle les
groupes de variables cliniques et architecturales ne seraient pas linéairement liées.
Valeur % Totale 34,126 100,000 Contrainte 5,277 15,463 Non-contrainte 28,849 84,537
Résultats du test de permutation : Permutations 500 Pseudo F 0,183 p-value < 0,0001 alpha 0,050
Les résultats de l’analyse canonique et le choix des axes
Les résultats des tests de significativité montrent que l’on ne peut retenir aucun des axes
(Lambda = 0,295 pour le test Asymptotique et Lambda = 0,232 pour le test de permutation).
De plus, on peut voir que ce sont uniquement les co-variables architecturales qui contribuent
aux axes de l’analyse canonique (toutes les variables cliniques sont situées proches du centre).
Nous ne poursuivrons pas l’analyse plus loin. Toutefois, on peut noter que les deux variables
cliniques qui ont été projetées le plus près du cercle sont les variables D09
(la réactivité au changement et à la frustration) et D08 (les activités et la réactivité sensori-
motrice, les stéréotypies et les autostimulations).
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique WC
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02
A03
A04 A05
A06
A07
A08
A09
A10
A11
A12
A13
d02wcd03wc
d04wc
d05wc
d06wc
d07wc
d08wc
d09wc
d10wc
d11wcd12wc
d13wc
291
La salle de bain
L’analyse de redondance
Dans la salle de bain le groupe de variables architecturales explique 12,4% du groupe de
variables cliniques avec un risque de 1,4% de se tromper en rejetant l’hypothèse selon
laquelle les groupes de variables cliniques et architecturales ne seraient pas linéairement liées.
Valeur % Totale 36,673 100,000 Contrainte 4,544 12,391 Non-contrainte 32,129 87,609 Résultats du test de permutation : Permutations 500 Pseudo F 0,141 p-value 0,014 alpha 0,050
Les résultats de l’analyse canonique et le choix des axes
L’analyse des résultats des tests de significativité des axes canoniques indique qu’aucun des
axes ne doit être conservé. La valeur du Lambda de Wilks calculée durant le test
Asymptotique pour le premier axe est déjà de 0,476 ; et elle est pour le test de permutation de
0,271. De plus, le graphique du cercle des corrélations canoniques permet de voir que seules
les variables architecturales se situent loin du centre du cercle. Ce sont donc comme cela était
le cas dans les WC uniquement les co-variables architecturales qui contribuent aux coefficient
de corrélation canonique. Nous ne poursuivrons pas l’analyse plus loin pour cette pièce.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique salle de bain
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02
A03
A04
A05A06
A07
A08A09
A10
A11
A12
A13
d02sdbd03sdb
d04sdb
d05sdb
d06sdb
d07sdb
d08sdbd09sdb
d10sdb
d11sdb
d12sdb
d13sdb
292
Le contexte
L’analyse de redondance
Les résultats de l’analyse de redondance permettent de voir que les variables architecturales
qui concernent le contexte « général » expliquent 12,9% du groupe de variables cliniques avec
un risque de se tromper de 4,2% en concluant que ces deux groupes de variables sont liés .
Valeur % Totale 357,689 100,000 Contrainte 46,195 12,915 Non-contrainte 311,494 87,085 Résultats du test de permutation :
Permutations 500 Pseudo F 0,148 p-value 0,042 alpha 0,050
Les résultats de l’analyse canonique et le choix des axes
Malgré les résultats de l’analyse de redondance et du test de significativité (associé à cette
dernière) qui semblent indiquer un lien entre les deux groupes de variables ; nous ne
continuerons pas l’analyse portant sur les « variables relatives au contexte de
l’établissement » pour deux raisons. D’une part, par ce que les tests d’hypothèses concernant
le choix des axes à retenir indiquent de ne retenir aucun des axes (résultats du test
asymptotique : Lambda = 0,292 ; résultats du test de permutation: Lambda = 0,171). D’autre
part, l’analyse du graphique permet de voir que toutes les variables cliniques sont proches de
l’origine du cercle alors que les variables architecturales sont projetées plutôt vers l’extérieur.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique contexte
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02
A03
A04
A05
A06
A07
A08
A09
A10A11A12
A13
A14
A15d01sev
d02sev
d03sev d04sev
d05sev
d06sevd07sev
d08sev
d09sev
d10sev
d11sev
d12sev
d13sev
293
Parcours 1
L’analyse de redondance
Les résultats de l’analyse de redondance permettent de voir que dans le parcours qui va de la
chambre des résidents à la salle à manger, le groupe de variables architecturales expliquent
19,6% du groupe de variables cliniques. La p-value calculée durant le test de significativité ne
vient pas confirmer que ces deux groupes seraient liés. Elle est égale à 0,112 ce qui est un peu
supérieur au seuil de significativité alpha fixé à 0,05. Nous ne pouvons donc pas rejeter
l'hypothèse selon laquelle ces deux groupes de variables ne seraient pas linéairement liés.
Valeur %
Totale 353,954 100,000
Contrainte 69,431 19,616
Non-contrainte 284,524 80,384
Résultats du test de permutation :
Permutations 500
Pseudo F 0,244
p-value 0,112
alpha 0,050
L’analyse canonique et le choix des axes
Même si les résultats du test de significativité de l’analyse de redondance ne permettent pas
de retenir l’hypothèse de l’existence d’une relation entre le groupe de variables architecturales
et le groupe de variables cliniques, on peut voir qu’un des tests de significativité du choix des
axes de l’analyse canonique semble indiquer qu’il serait possible de retenir un axe. En effet la
valeur associée au test de permutation pour le premier axe est de 0,05 ; par contre les résultats
du test asymptotique pour le premier axe indiquent une valeur pour le Lambda de Wilks de
0,123 ce qui n’est pas significatif par rapport au seuil alpha de 0,05. Nous analyserons donc
les résultats de l’analyse canonique uniquement sur le premier axe et en conservant une
vigilance sur les conclusions à tirer de ces résultats. Il s’agira avant tout de vérifier si ces
résultats semblent aller dans la même direction que les résultats des autres pièces et parcours
plutôt que de formuler de véritables hypothèses à partir de ces résultats.
294
A10
L’obscurité maximum de la teinte des murs durant le
parcours, A17 L’obscurité minimum de la teinte des sols
A12 Quantités de teintes utilisées sur les sols A23 Nombre de changements de matériaux (sols)
A15 Saturation minimum des sols
Les variables cliniques qui ont été retenues car elles sont celles qui contribuent le plus au
premier axe sont la manifestation de l’affectivité et les contacts corporels et
l’autonomie personnelle. Ces variables cliniques varient dans le même sens que les variables
architecturales suivantes : La quantité de teintes présentes au niveau des sols, l’obscurité
maximum des murs, le nombre de changements de matériaux au niveau des sols.
Les variables architecturales qui varient en sens inverse de ces variables cliniques sont :
l’obscurité minimum des sols et la saturation minimum des sols.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique parcours 1
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte A01
A02
A03
A04
A05A06
A07
A08
A09
A10
A11
A12
A13
A14
A15
A16
A17
A18
A19 A20
A21
A22
A23
A24
d01sev
d02sev
d03sev
d04sevd05sev
d06sevd07sev
d08sev
d09sev
d10sev
d11sev
d12sev
d13sev
295
Parcours 2
L’analyse de redondance
Dans le parcours qui va de la salle à manger à la salle manuelle le groupe de variables
architecturales explique seulement 1,8% du groupe de variables cliniques. Une part très faible
est expliquée par les variables architecturales avec un risque de rejeter l'hypothèse selon
laquelle les deux groupes ne seraient pas linéairement liés de 86,40%. Toutefois, il y avait
seulement trois variables dans le groupe architectural (la distance totale parcourue, la distance
parcourue à l’intérieur et la variation de hauteur entre la salle à manger et la circulation).
Inertie : Valeur % Totale 358,561 100,000 Contrainte 6,529 1,821 Non-contrainte 352,032 98,179 Résultats du test de permutation : Permutations 500 Pseudo F 0,080 p-value 0,820 alpha 0,050
L’analyse canonique et le choix des axes
Les résultats des tests de significativité montrent que l’on ne peut retenir aucun des axes. De
plus, quand on regarde le graphique on constate que ce sont uniquement les co-variables
architecturales qui contribuent. Au regard des résultats de l’analyse de redondance et de
l’analyse canonique, il est préférable de ne pas continuer l’analyse.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique parcours 2
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02
A03
d01sevd02sev
d03sevd04sev
d05sevd06sev
d07sev
d08sev
d09sev
d10sev
d11sev
d12sev
d13sev
296
Analyse canonique - parcours 3
L’analyse de redondance
Dans le parcours qui va de la salle à manger à la salle motrice le groupe de variables
architecturales explique seulement 1,1% du groupe de variables cliniques avec un risque de
92,80% de se tromper en rejetant l'hypothèse selon laquelle les deux groupes ne seraient pas
linéairement liés. Une part très faible est donc expliquée par les variables architecturales.
Toutefois, il y avait seulement deux variables dans le groupe architectural (la distance totale
parcourue et la distance parcourue à l’intérieur).
Inertie : Valeur % Totale 363,107 100,000 Contrainte 4,100 1,129 Non-contrainte 359,007 98,871
Résultats du test de permutation : Permutations 500 Pseudo F 0,074 p-value 0,928 alpha 0,050
L’analyse canonique et le choix des axes
Les résultats des tests de significativité montrent que l’on ne peut retenir aucun des axes. De
plus, quand on regarde le graphique on s’aperçoit que ce sont uniquement les co-variables
architecturales qui contribuent. Au regard des résultats de l’analyse de redondance et de
l’analyse canonique, il est préférable de ne pas continuer l’analyse.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique parcours 3
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01
A02
d01sev
d02sevd03sev
d04sevd05sev
d06sev
d07sev
d08sev
d09sevd10sev
d11sev
d12sev
d13sev
297
Analyse canonique - parcours 4
L’analyse de redondance
Les résultats de l’analyse de redondance permettent de voir que dans le parcours qui va de la
chambre des résidents au salon le groupe de variables architecturales explique 23,12% du
groupe de variables cliniques. La p-value calculée durant le test de significativité vient
confirmer que ces deux groupes seraient liés. Elle est égale à 0,014, et est par conséquent
inférieure au seuil de significativité alpha fixé à 0,05. Nous rejetterons donc l'hypothèse selon
laquelle ces deux groupes de variables ne seraient pas linéairement liés. En retenant
l’hypothèse alternative, le risque de se tromper est de 1,4%.
Inertie :
Valeur %
Totale 357,625 100,000
Contrainte 82,693 23,123
Non-contrainte 274,933 76,877
Résultats du test de permutation :
Permutations 500
Pseudo F 0,301
p-value 0,014
alpha 0,050
L’analyse canonique et le choix des axes
L’analyse des résultats des tests de significativité des axes canoniques indique qu’il est
pertinent de ne retenir que le premier axe pour la suite de l’analyse (valeur du Lambda =
0,053 pour le premier axe avec le test asymptotique et valeur du Lambda = 0,051 avec le test
de permutation ; ces valeurs sont très légèrement au-dessus du seuil fixée à 0,05). En effet, les
deux tests (permutation et asymptotique) indiquent que la valeur Lambda de Wilks n’est plus
significative dès le deuxième axe (elle est de 0,102 pour le test asymptotique et de 0,099 pour
le test de permutation). Nous conserverons donc seulement le premier axe.
298
Hauteur maximum durant le parcours A03
L’obscurité maximum de la teinte des murs A09
Quantités de teintes utilisées sur les sols A11
Saturation minimum des sols A14
L’obscurité minimum de la teinte des sols A16
Quantité de matériaux sur les sols A22
Les variables cliniques qui ont été retenues car elles contribuent fortement au premier axe
sont la réactivité au changement et à la frustration et l’autonomie personnelle. Elles varient
dans le même sens que les variables architecturales suivantes :
La hauteur maximum durant le parcours,
L’obscurité maximum de la teinte des murs durant le parcours,
La quantité de teintes utilisées pour le sol durant le parcours,
La quantité de matériaux utilisés au niveau du sol.
Les variables cliniques varient dans le sens inverse que les variables architecturales suivantes:
L’obscurité minimum de la teinte des sols,
La saturation minimum des sols.
-1.00 -0.75 -0.50 -0.25 0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
-1.0
0-0
.75
-0.5
0-0
.25
0.0
00
.25
0.5
00
.75
1.0
0
analyse canonique parcours 4
Premiere composante
De
uxie
me
co
mp
osa
nte
A01A02
A03
A04A05
A06
A07
A08A09
A10
A11
A12
A13 A14
A15
A16
A17
A18
A19
A20
A21A22A23
A24
d01sev
d02sev
d03sev
d04sev
d05sev
d06sev
d07sev
d08sev
d09sev
d10sev
d11sevd12sevd13sev
299
Annexe 6 Normalité des variables à modéliser
Après transformation logarithmique
300
301
302
Annexe 7 Tableaux d’analyse de la variance et des
coefficients d’ajustement
Les salons : D09
Coefficients d'ajustement : Observations 148,000
Somme des poids 148,000
DDL 136,000
R² 0,241
R² ajusté 0,179
MCE 0,230
RMCE 0,480
MAPE 20,651
DW 1,877
Cp 10,471
AIC -206,067
SBC -170,100
PC 0,893
Analyse de la variance :
Source DDL
Somme des
carrés
Moyenne
des carrés F Pr > F
Modèle 11 9,908 0,901 3,917 < 0,0001
Erreur 136 31,272 0,230
Total corrigé 147 41,180
Les salles à manger : D08
Coefficients d'ajustement :
Observations 148,000
Somme des poids 148,000
DDL 139,000
R² 0,277
R² ajusté 0,235
MCE 0,258
RMCE 0,507
MAPE 23,222
DW 2,357
Cp 6,832
AIC -192,057
SBC -165,082
PC 0,817
Analyse de la variance :
Source DDL
Somme des
carrés
Moyenne des
carrés F Pr > F
Modèle 8 13,709 1,714 6,654 < 0,0001
Erreur 139 35,799 0,258
Total corrigé 147 49,508
303
Les salles à manger : D02
Coefficients d'ajustement :
Observations 148,000
Somme des poids 148,000
DDL 142,000
R² 0,151
R² ajusté 0,122
MCE 0,177
RMCE 0,421
MAPE 21,858
DW 1,971
Cp 5,222
AIC -250,056
SBC -232,073
PC 0,920
Analyse de la variance
Source DDL
Somme des
carrés
Moyenne des
carrés F Pr > F
Modèle 5 4,495 0,899 5,067 0,0003
Erreur 142 25,193 0,177
Total corrigé 147 29,688
Les salles à manger : D06
Coefficients d'ajustement
Observations 148,000
Somme des poids 148,000
DDL 143,000
R² 0,109
R² ajusté 0,084
MCE 0,429
RMCE 0,655
MAPE 35,868
DW 1,763
Cp 1,678
AIC -120,173
SBC -105,187
PC 0,954
Analyse de la variance
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Modèle 4 7,490 1,873 4,360 0,002
Erreur 143 61,416 0,429
Total corrigé 147 68,906
304
Salles d’activités motrices : D02
Coefficients d'ajustement
Observations 89,000
Somme des poids 89,000
DDL 82,000
R² 0,180
R² ajusté 0,120
MCE 0,232
RMCE 0,481
MAPE 26,312
DW 1,545
Cp 7,000
AIC -123,440
SBC -106,019
PC 0,960
Analyse de la variance
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Modèle 6 4,164 0,694 2,995 0,011
Erreur 82 18,999 0,232
Total corrigé 88 23,163
Salles d’activités motrices : D09
Coefficients d'ajustement
Observations 89,000
Somme des poids 89,000
DDL 84,000
R² 0,218
R² ajusté 0,181
MCE 0,230
RMCE 0,480
MAPE 23,283
DW 2,323
Cp 2,226
AIC -125,901
SBC -113,457
PC 0,875
Analyse de la variance
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Modèle 4 5,395 1,349 5,861 0,0003
Erreur 84 19,330 0,230
Total corrigé 88 24,725
305
Les salles d’activités manuelles : D03
Coefficients d'ajustement
Observations 113,000
Somme des poids 113,000
DDL 106,000
R² 0,185
R² ajusté 0,139
MCE 0,210
RMCE 0,459
MAPE 24,759
DW 2,329
Cp 5,625
AIC -169,453
SBC -150,361
PC 0,922
Analyse de la variance
Source DDL
Somme des
carrés
Moyenne des
carrés F Pr > F
Modèle 6 5,075 0,846 4,023 0,001
Erreur 106 22,285 0,210
Total corrigé 112 27,360
Les salles d’activités manuelles : D05
Coefficients d'ajustement :
Observations 113,000
Somme des poids 113,000
DDL 109,000
R² 0,158
R² ajusté 0,134
MCE 0,256
RMCE 0,506
MAPE 25,329
DW 2,151
Cp 3,467
AIC -149,933
SBC -139,024
PC 0,904
Analyse de la variance
Source DDL
Somme des
carrés
Moyenne des
carrés F Pr > F
Modèle 3 5,224 1,741 6,795 0,0003
Erreur 109 27,931 0,256
Total corrigé 112 33,155
306
Les salles d’activités manuelles : D08
Coefficients d'ajustement
Observations 113,000
Somme des poids 113,000
DDL 106,000
R² 0,262
R² ajusté 0,220
MCE 0,293
RMCE 0,541
MAPE 27,036
DW 2,154
Cp 5,370
AIC -132,079
SBC -112,987
PC 0,835
Analyse de la variance
Source DDL
Somme des
carrés
Moyenne des
carrés F Pr > F
Modèle 6 11,016 1,836 6,274 < 0,0001
Erreur 106 31,021 0,293
Total corrigé 112 42,036
Les salles d’activités manuelles : D09
Coefficients d'ajustement
Observations 113,000
Somme des poids 113,000
DDL 108,000
R² 0,221
R² ajusté 0,192
MCE 0,332
RMCE 0,576
MAPE 27,136
DW 1,663
Cp 3,095
AIC -119,730
SBC -106,093
PC 0,851
Analyse de la variance
Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Modèle 4 10,154 2,539 7,648
<
0,0001
Erreur 108 35,850 0,332
Total corrigé 112 46,004
307
Les circulations : D09
Coefficients d'ajustement Observations 148,000
Somme des poids 148,000
DDL 142,000
R² 0,193
R² ajusté 0,165
MCE 0,273
RMCE 0,523
MAPE 24,383
DW 1,689
Cp 2,645
AIC -186,013
SBC -168,030
PC 0,875
Analyse de la variance Source DDL Somme des carrés Moyenne des carrés F Pr > F
Modèle 5 9,291 1,858 6,795 < 0,0001
Erreur 142 38,834 0,273
308
309