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LE CONSERVATOIRE MUNICIPAL AU XXIEME SIECLE Thèse professionnelle MBA Management des activités culturelles et artistiques Léa Bouyssou & Catherine Ribierre Sous la direction de M. Martinon et de M. Baude Année 2013-2014

Thèse Professionnelle MBA Spécialisé MBA Management des activités culturelles et artistiques

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Problématique :LE CONSERVATOIRE MUNICIPAL AU XXIEME SIECLEAuteurs : Léa Bouyssou, Catherine RibierreResponsable de thèse entreprise : Nicolas Baude, Conservatoire Maurice-Ravel de Levallois-PerretResponsable de thèse école : Barthelemy MartinonFormation : http://www.mba-esg.com/master-culturelles-artistiques.html

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LE CONSERVATOIRE

MUNICIPAL AU XXIEME

SIECLE

Thèse professionnelle

MBA Management des activités culturelles et artistiques

Léa Bouyssou & Catherine Ribierre

Sous la direction de M. Martinon et de M. Baude

Année 2013-2014

1

REMERCIEMENTS

La réalisation de cette thèse professionnelle a été possible grâce au concours de plusieurs

personnes à qui nous voudrions témoigner toute notre reconnaissance.

Nous tenons tout d’abord à remercier Nicolas Baude et l’ensemble de l’équipe administrative

duConservatoire Maurice-Ravel de Levallois-Perret.

Nous souhaitons ensuite adresser nos remerciements à notre directeur de recherche,

Barthelemy Martinon pour sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui ont contribué

à alimenter notre réflexion,

Nous souhaitons associer à ce travail les membres des équipes administratives et

pédagogiques de l’ESG MBA pour leur support.

Nous désirons également remercier Hervé Dunis, professeur de guitare classique

aux conservatoires de Plaisir et du Bourget.

Et enfin, nous exprimons notre gratitude à toutes les personnes interrogées et à notre entourage

pour leur soutien.

2

LE CONSERVATOIRE

MUNICIPAL AU XXIEME

SIECLE

Les conservatoires municipaux de musique sont des lieux d’apprentissage, de diffusion, de

partage et d’échange.

Les propositions en matière de musique, danse et théâtre répondent-elles aux attentes des

élèves et des citoyens ?

Un sondage SOFFRES 2005, « Votre vie en musique », interrogeait les français :

« Parmi les arts ci-dessous, quels sont ceux dont vous pourriez le moins vous passer ? ».

La musique recueillait 74% des réponses positives, loin devant la littérature 56% et le cinéma

48%. Un sondage BVA rapporte que 31% des français regrettent de ne pas avoir appris à jouer

d’un instrument.

Pourtant, seulement 3% des jeunes entre 6 et 15 ans profitent des enseignements dispensés

par les conservatoires en France (71% des inscrits au conservatoire).

La ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti rappelle, dans son discours

d’installation d’un comité de pilotage d’une consultation nationale sur l’éducation artistique

et culturelle :

« Le rôle essentiel des conservatoires dans la politique de démocratisation de l’accès aux

pratiques culturelles portée par le gouvernement… »,

La mission de l’Etat d’apporter à chacun la possibilité de pratiquer une activité culturelle a-t-

elle échoué ?

Au carrefour des volontés du ministère de la culture, des décisions du ministère de l’éducation

nationale, sous la tutelle des conseils municipaux et face à des citoyens aux envies bien

définies, les conservatoires municipaux doivent se remettre en question afin de remplir leur

mission d’éducation artistique et culturelle pour tous, dans un cadre économique de plus en

plus contraint.

Nous nous appliquerons au cours de cette étude à rechercher les freins et les opportunités sur

lesquels s’appuyer pour redéfinir des objectifs en phase avec l’idée d’intérêt général, et surtout

pour insuffler une dynamique de partage du plaisir de faire de la musique, de la danse ou du

théâtre.

3

REVUE DE LITTERATURE

I. POLITIQUES CULTURELLES

1. Historique et développement de l’éducation artistique et culturelle

2. Histoire des conservatoires municipaux, la doctrine -

3. La volonté de l’Etat, la déconcentration et la décentralisation

L’intervention de l’Etat, les moyens, la tutelle, les objectifs

L’impact des différents ministères sur l’enseignement artistique et culturel

Etat des lieux et mesure des objectifs

4. Actions culturelles des municipalités :

Les enjeux

Les contraintes

Les opportunités

Les coûts

II. L’APPRENTISSAGE DE LA MUSIQUE, ETAT DES LIEUX

1. Etude des pratiques des conservatoires municipaux

Les conservatoires à rayonnement communal

La pédagogie

Les pratiques collectives

Le personnel

Les pratiques amateurs

La diffusion

2. D’autres propositions d’apprentissage

En France

Hors France

III. CONCLUSION DE L’ETUDE

4

REDYNAMISER LE

CONSERVATOIRE MUNICIPAL

Afin d’illustrer nos propos, nous nous appuierons sur les pratiques du conservatoire municipal

de Levallois Perret situé en région parisienne et sur son environnement. Ce conservatoire est

dans la moyenne haute de ce qui est proposé généralement en France par les conservatoires

municipaux.

I. OBJET D’ETUDE

1. Le Conservatoire à Rayonnement Communal Maurice -Ravel

L’organisation

La diffusion

Le financement

Les associations hébergées

Le personnel

2. Sociologie de la ville de Levallois-Perret

3. Définitions des publics cibles -

II. UNE NOUVELLE STRATEGIE, DES OFFRES DIFFERENTES, DES OBJECTIFS

NOUVEAUX :

1. Des offres par public

Les Adolescents

Les Adultes amateurs

Les Adultes novices

La Diffusion, l’école du spectateur

2. La communication, les moyens

Communication interne pour les usagers du conservatoire

Communication externe

3. Le financement des projets

Les amis du conservatoire

Les clubs mécènes

Appel à financement de projet

4. Le projet d’établissement

III. CONCLUSION GENERALE

5

REVUE DE LITTERATURE

I. POLITIQUES CULTURELLES

1. HISTORIQUE ET DEVELOPPEMENT DE L’EDUCATION

ARTISTIQUE ET CULTURELLE

Bien que l’enseignement de la musique, du théâtre et de la danse soit sous tutelle de l’Etat

depuis l’époque de la monarchie et réorganisé après la révolution française, la volonté de l’Etat

en termes de politiques culturelles s’affirme comme telle en 1959 avec la création du ministère

de la Culture sous l’égide d’André Malraux.

La doctrine alors déployée est de donner à tous et sur tout le territoire, l’accès aux œuvres. Il

n’est d’ailleurs absolument pas question de pédagogie ou de pratiques amateurs, la création

artistique devant rester élitiste et de très grande qualité.

Pour comprendre la démocratisation culturelle pensée à cette époque, il faut faire le lien avec

la sociologie. Ainsi, Bourdieu, dans différentes études, démontre une théorie sociale des

pratiques culturelles.

Cette hiérarchie, selon sa théorie, a deux origines : l’une basée sur les habitudes de vie, soit la

classe sociale de l’individu, qui conditionne ses habitudes culturelles, et l’autre serait une

légitimité culturelle déterminée par les goûts des différentes classes sociales. Ce qui instaure

une hiérarchie entre « les classes dominantes » qui aimeraient « la culture savante » et « les

classes dominées » qui préfèreraient « la culture populaire ». C’est ainsi que la

démocratisation culturelle s’attache à rendre accessible la « haute culture » à tous.

Dès 1968, cette vision de la démocratisation culturelle est remise en cause, ainsi que

l’opposition entre « la culture savante » et « la culture populaire », on commence à parler de

démocratie culturelle ce qui ouvre le champ des pratiques.

En 1981, l’arrivée de la gauche au pouvoir, et de Jack Lang au ministère de la Culture va

réorienter la doctrine par le décret du 10 mai 1982 :

« […] permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d’inventer et de créer, d’exprimer

librement leurs talents, et de recevoir la formation artistique de leur choix ». Cette idée sera

concrétisée par la journée de la musique qui invite chacun à venir pratiquer ou écouter de la

musique dans les rues des villes de France.

Créée en 1982, cette mobilisation de professionnels et d’amateurs est une réussite populaire

dès la première année. Ainsi, la volonté du ministère d’accorder une place aux amateurs et

aux musiques nouvelles, le rock, le jazz, les musiques du monde et les musiques traditionnelles

au côté des musiques savantes, acquiert sa légitimité. Qui sera renforcée les années suivantes

par l’adoption de cette manifestation par plus de cent pays sur les cinq continents. Depuis, les

gouvernements successifs ont navigué entre démocratisation et démocratie en fonction des

hausses et des baisses de budget.

6

2. HISTOIRE DES CONSERVATOIRES MUNICIPAUX, LA

DOCTRINE

Le mot conservatoire apparaît en Italie au 16ème siècle. Des enfants dont on a remarqué des

dispositions évidentes pour la musique étaient recueillis dans les « Conservatorii » se trouvant

être des asiles ou orphelinats. C’est ainsi que fut créé le Conservatorio, Santa-Maria di Loreto

de Naples en 1537 ; l’enseignement donné était celui de la grammaire, de la philosophie, de

la religion, de la science et bien sûr de la musique.

L’histoire des conservatoires de musique en France commence dès 1669 avec l’Académie

royale de musique rattachée à la Maison du roi, créée par Louis XIV. Et c’est en 1713 que

Louis XIV créa une école de musique afin de fournir de bons chanteurs et instrumentistes à

l’Académie royale de musique instaurée quelques années plus tôt.

A la fin de l’ancien régime, au mois d’avril 1784, Louis XVI ordonne l’ouverture de l’Ecole

royale de Chant. Cette institution a les mêmes objectifs que l’école de musique de l’Académie

royale. C’est un lieu « où l’on put former tout à la fois des sujets utiles à l’Académie royale

de musique et des élèves propres au service de la chapelle de sa majesté »1. Le conservatoire

tire ses origines d’un besoin militaire ; en réalité, il fallait recruter et former des musiciens

pour les fêtes nationales et les défilés militaires.

Lors de la Révolution, l’enseignement de la musique qui était au service du roi et des fastes

de la liturgie doit revenir au peuple et servir ses intérêts. La République de Platon sert

fréquemment de référence. Les projets musicaux évoluent et il faut des musiciens pour la

Nation, la formation musicale ne peut plus être réservée aux militaires. C’est ainsi qu’en 1792

est créé l’Institut National de musique de la garde nationale parisienne qui deviendra peu de

temps après l’Institut National de Musique. L’aboutissement de ces instituts réunissant

l’ensemble des branches des activités musicales sera la fondation du Conservatoire National

de Musique en 1795.

Ce conservatoire naît de la fusion de l’Institut National de Musique et de l’école royale de

chant créé par Gossec en 1785.

Les formations proposées dans ce conservatoire sont relativement sommaires dans le sens où

l’apprentissage est axé sur la lecture et la technique instrumentale. L’éducation musicale

approfondie en termes de compréhension musicale et de créativité n’est plus la priorité alors

que c’était encore le cas dans l’enseignement de la première moitié du 18ème siècle.

Des tentatives ont été menées à l’échelle nationale pour systématiser cette évolution. Il est

ainsi proposé l’institution d’un réseau hiérarchisé « d’écoles spéciales » chargées de diffuser

la musique révolutionnaire et dont le Conservatoire de Paris serait le sommet ; mais ce projet

ne reçoit aucun appui du pouvoir législatif révolutionnaire.

1 Cité par Claude-Henry JOUBERT dans Enseigner la musique - l’état, l’écho, l’éternité, Paris, Van de Veld,

1996, 352 pages

7

L’arrivée de l’Empire entérine, en fait, une autre vision de l’organisation musicale : celle de

faire du Conservatoire de Paris l’unique centre de formation national et le point de

convergence de tous les musiciens français. Pour les villes françaises, la naissance d’une école

de musique ne peut donc pas venir d’une décision d’Etat, elle doit être justifiée par les besoins

d’un orchestre.2

Des cours collectifs de musique naissent donc dans certaines villes. Nous pouvons prendre

l’exemple de Roubaix. Une société musicale privée fut fondée en 1820 ; elle rassemblait dans

un même orchestre l’ensemble des musiciens de la ville, qu’ils soient amateurs (les notables

de la ville) ou musiciens d’église. Après plusieurs années de fonctionnement, ces cours

informels ont obtenu une subvention municipale. Cette aide fut un moyen d’attacher ce service

à la ville de Roubaix.

- Les gouvernements qui se succédèrent au cours du XIXe siècle ne suscitèrent

aucun changement notable de la politique musicale définie par la République. On

note toutefois une certaine évolution sous le Second Empire. D’une vingtaine

d’écoles (y compris les cinq succursales de Lille, Marseille, Metz, Nantes et

Toulouse) en 1850, on passe douze ans plus tard à 75 écoles municipales, mais «

fondées par des initiatives privées ou par des assemblées communales, elles

fonctionnent sans méthode et sans unité. Mal logées, faiblement subventionnées,

dépourvues d’instruments et d’ouvrages d’enseignement, ce sont de médiocres

établissements d’instruction primaire [implorant] en vain l’assistance de l’Etat3.

En 1833, des cours de musique sont instaurés dans les écoles primaires sous l’impulsion de

Guillaume Bocquillon dit Wilhem. Ce dernier met en place tout un matériel pédagogique pour

instruire les enfants et même les adultes par le biais de l’Orphéon, chorale d’ouvriers.

C’est ainsi que naît l’idée d’une pratique amateur.

En ce qui concerne le Conservatoire de Paris, il fait partie des premières institutions officielles

laïques dépendant de la République, à prodiguer un enseignement musical qui s’étend à

d’autres disciplines que le chant. On observe une politique d’éducation, de diffusion ainsi que

de création. Le but principal de cette organisation est de renforcer le patriotisme des citoyens

grâce à la musique.

Pour Bernard Sarrette, les ambitions pédagogiques du Conservatoire sont :

[ …] le centre de l’étude de l’art, il renferme les moyens assez étendus et assez

complets pour former les artistes nécessaires à la solennité des fêtes républicaines,

au service de nombreuses légions de la patrie et surtout au théâtre dont l’influence

est si importante au progrès et à la direction du goût 4.

Dans ces trois objectifs, le Conservatoire se situe alors comme un objet d’utilité

publique. […] Sa création marque la reconnaissance officielle du rôle civique de la

musique et de la place des musiciens au sein de la société régénérée. Le

Conservatoire se situe alors comme un élément au service de l’éducation nationale,

qui doit former et animer les passions des citoyens et les porter vers la célébration

et l’entretien de la République5.

2 JARDIN, Etienne, Concerts et conservatoire en France au XIXème siècle, p. 2. 3 MAURAT Edmond, L’enseignement de la musique en France et les conservatoires de province, notice de

l’Encyclopédie de la musique et dictionnaire du conservatoire de province d’Albert Lavignac de la Laurencie,

1931. 4 THIEBAUD Jean, sous la direction d’Emmanuel Hondré, Le Conservatoire de Paris, regards sur une

institution et son histoire, Association du bureau des étudiants du CNSNDP, 1995, p. 43. 5 THIEBAUD Jean, Ibid., p.43.

8

Au départ le Conservatoire de Paris avait pour but de former des artistes musiciens

professionnels afin de pouvoir répondre aux besoins des fanfares ou orchestres lors des fêtes

nationales. Une sélection est naturellement faite pour ne garder que les meilleurs éléments

mais cette tendance s’amplifie avec l’arrivée de Luigi Cherubini au directorat du

Conservatoire. Sa volonté est de former une élite musicale et les élèves les moins prometteurs

sont écartés de l’institution.

Ce désir de rayonner grâce à une élite implique forcément un « tri » pour éloigner les élèves

aux compétences moins élevées qui pourraient ralentir et donc amoindrir le niveau de

l’ensemble de l’établissement. Cette détermination engage également une réduction des

effectifs afin de ne garder que les meilleurs, les amateurs n’ont donc plus leur place dans cet

établissement.

Ce Conservatoire situé à Paris pose la question de l’étendue de l’enseignement musical à

l’ensemble des autres villes de France. « Pour la première fois, la Convention décide

d’admettre qu’une école centrale sans relais de province perd sa raison d’être dès qu’elle veut

s’affirmer comme école nationale »6. Ce projet n’aura pas d’issue car l’importance donnée au

Conservatoire de Paris viendra escamoter les projets des écoles de province.

« Pour pallier ce centralisme, le recrutement des élèves s’ouvre aux autres départements, tout

d’abord avec des quotas (élèves choisis proportionnellement par départements), qui

disparaîtront progressivement. »7

C’est dans les années 1800-1820 que commencent à vraiment apparaître les écoles de musique

dans toute la France. Et ce n’est que fin 1826 que sont promues « succursales du

Conservatoire », les écoles de musique de Toulouse et de Lille. Ces succursales étaient en lien

direct avec le Conservatoire de Paris, et les villes devaient s’engager à verser une somme au

moins égale à ce qu’elles versaient auparavant à leur école. L’enseignement devait être

conforme à celui prodigué par le Conservatoire de Paris, le corps enseignant étant nommé par

le Préfet ou même le ministre.

Le Conservatoire de Paris était donc le point central régissant tous les faits et gestes des

succursales de région. Un point important qui différencie les succursales et le

Conservatoire de Paris: le financement. Le Conservatoire est financé directement par l’Etat

tandis que ce sont les villes qui financent les succursales. Cette différence de régime financier

accentue la disparité de statut des établissements.

En 1870, la carte de l’enseignement moderne commence à prendre forme. Les succursales du

Conservatoire se retrouvent financées par l’Etat et deviennent Ecoles Nationales vers 1920.

L’enseignement musical se voit dispensé dans des académies ou instituts municipaux et dans

des écoles plutôt populaires issues des orphéons.

6 Sous la direction de A.Bongrain et A.Poirier, Le Conservatoire de Paris, 1795-1995, Des menus-Plaisirs à la

cité de la Musique, édition Buchet/Chastel, Paris, 1996, p. 174. 7 CHEVRIOT, Cécile, Y a-t-il une place pour les amateurs dans les écoles de musique aujourd’hui ? ,

CEFEDEM Rhônes-Alpes, 2011, p. 9.

9

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Claude Delvincourt, directeur du

Conservatoire national supérieur de musique de Paris dénonce l’inégalité des écoles de

musique nationales ou municipales de province et met en place un projet d’organisation

décentralisée de l’enseignement musical.

La création du ministère des Affaires culturelles en 1959 laisse de côté, dans un premier temps,

les musiciens ainsi que l’enseignement de la musique, tandis que les artistes se réjouissent de

ce nouveau ministère. Ce n’est qu’en 1966 que Marcel Landowski est nommé responsable des

Service de la musique au sein du ministère des Affaires Culturelles. C’est alors un nouveau

départ pour le monde de la musique et surtout de son apprentissage, grâce à la mise en place

d’un plan de structuration :

Le plan Landowski a un effet majeur pour l’organisation des structures musicales

en France. Son objectif principal est d’homogénéiser la proposition musicale autant

en province que dans la capitale. Les deux axes essentiels de ce plan reposent sur

l’aménagement de structures d’enseignement musical spécialisées ainsi que sur le

développement d’orchestres permanents.

Landowski explique ainsi que cette politique a pour but de « diffuser beaucoup

mieux et s’assurer de la qualité », et de « construire, région par région, des entités

musicales complètes ayant un conservatoire de qualité, un orchestre symphonique

de qualité, un théâtre lyrique de qualité, ainsi qu’un certain nombre d’éléments de

plus ou moins grande importance »8

Ce plan reposait sur deux idées principales : l’infrastructure jusque-là inexistante

de la musique en France devait reposer sur un maillage étroit du territoire et sur une

hiérarchisation des institutions. Landowski (1996) rappelle ainsi : « J’ai expliqué

(c’est une vérité toujours d’actualité) que si l’on veut aller très haut, s’il faut qu’une

pyramide tienne avec une pointe élevée, il faut une base large et solide. Donc, pour

avoir un très bel orchestre international à Paris, il fallait en avoir un grand nombre

en France »9

L’organisation de l’offre de formation reposait sur des principes homologues : pour

que le CNSM de Paris tienne son rang au sein des grandes structures de formation

internationales, il fallait qu’il prenne place au sommet d’une pyramide d’institutions

de formation. Ainsi, le plan Landowski a mis en place une structure pyramidale, au

sommet de laquelle trône le CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique)

de Paris, rejoint au début des années 1980 par celui de Lyon. Viennent ensuite les

Conservatoires Nationaux de Région (CNR), une trentaine au total, installés soit

dans les grandes métropoles de province (Marseille, Toulouse, Bordeaux,

Strasbourg, Lille), soit dans des capitales régionales (Orléans, Tours, Reims,

Poitiers, etc.), soit dans des villes de régions parisiennes (Boulogne, Saint Maur,

etc.). Sous les CNR se trouvent les Ecoles Nationales de Musique, au nombre d’une

centaine, qui sont en général installées dans des villes moyennes (Aulnay sous-bois

en région parisienne, Villeurbanne en région lyonnaise, etc.). A la base de la

pyramide se trouvent les Ecoles de Musique Agréées (EMA), au nombre d’environ

8 Cf. Landowski (Marcel), « La création d'une politique musicale en France », in Gentil (Geneviève) et Girard

(Augustin), Les affaires culturelles au temps d'André Malraux, 1959-1969, Paris, La documentation française,

1996, p. 118. 9 Ibid., p. 117. 3

10

250, qui proposent une offre de formation musicale dans des villes plus petites et

qui ne dispensent pas un enseignement aussi poussé que les ENM ou que les CNR.

Lors de la rédaction du plan et des aménagements auxquels sa mise en œuvre a

donné lieu (avec par exemple la transformation du cursus des CNR avec l’abandon

des « médailles d’or » et la mise en place des DEM (diplôme d’études musicales)),

le partage des tâches entre les différentes institutions est relativement clair : aux

CNSM et à eux seuls revient la formation des professionnels ; les étages inférieurs

de la pyramide ont pour mission exclusive de former des amateurs, plus ou moins

accomplis, mais ne se voient pas reconnaître la mission de former des

professionnels. Sans aucun doute, les étudiants des CNSM sont le plus souvent

passés par une ENM et/ou un CNR – mais la formation qu’ils s’y sont vus dispenser

est une formation initiale, commune avec celle des musiciens amateurs qui ne feront

jamais de la musique leur métier. Dans l’architecture formelle de l’offre de

formation, l’apprentissage professionnel commence une fois passé le seuil des

CNSM. Au début des années 2000, les quatre étages définis par le Plan Landowski

proposaient des formations musicales à 285 000 apprentis musiciens.10

Le plan Landowski est donc un plan de décentralisation et d’aménagement musical du

territoire. Ce programme, même si tous les objectifs n’ont pu être atteints, a donné une

impulsion au niveau politique pour les actions futures.

Les années 80 apportent des bouleversements dans le domaine de l’éducation musicale surtout

dans le cadre des musiques actuelles ou plutôt « variétés » pour la Société des Auteurs,

Compositeurs et Editeurs de Musique (SACEM) qui classifiait d’un côté la « musique

sérieuse » comprenant le classique et les « musiques sérieuses nouvelles », et d’autre part la

« variété » qui englobait l’ensemble des musiques ne correspondant pas aux critères des

musiques dîtes « sérieuses ».

C’est l’émergence d’une génération de musiciens de jazz qui tend à faire évoluer les pratiques

de création, de diffusion et surtout d’enseignement de cette musique quelque peu délaissée

par les institutions classiques.

En matière de politique, la Direction de la musique est confiée à Maurice Fleuret. Ses objectifs

sont11 :

· Donner à tous la possibilité d’accéder à un enseignement musical de qualité

· Intégrer la pratique collective à tous les niveaux de l’enseignement

· Faire une large place à la pédagogie musicale

· Ouvrir l’enseignement à toutes les pratiques musicales présentes dans le corps social

· Mieux adapter l’enseignement aux besoins professionnels du pays.

Le musicien amateur revient petit à petit au centre des réflexions étatiques en ce qui concerne

l’enseignement. Le jazz et les musiques traditionnelles sont alors pris en compte dans les

disciplines enseignées au Conservatoire. Viennent s’ajouter dans les années 80-90 les

musiques amplifiées.

10 FRANÇOIS, Pierre, La musique. Une industrie, des pratiques, Paris, La documentation française, 2008, p. 35-

47. 11 Cité de la Musique, De 800 à nos jours, Brève histoire de l’enseignement musical, p. 80.

11

Ces pratiques s’inscrivent largement « au sein des conservatoires publics à rayonnement

communal, départemental et régional - ces deux types d'institutions travaillant très souvent

main dans la main, localement. »12

A noter dans les actions de Maurice Fleuret, l’institution de la Fête de la Musique qui depuis

1982 a pris une ampleur considérable.

La politique d’enseignement du ministère de la Culture actuel est de laisser une place à la

création et à la diffusion au centre même de l’enseignement.

Une charte de l’enseignement artistique spécialisé a été publiée en 2001. Cette charte définit

trois objectifs principaux qui sont la diversification des disciplines, l’articulation des lieux

d’enseignement autour de la vie locale et enfin un partenariat avec l’éducation nationale dans

le but de « favoriser l’accès au plus grand nombre d’élèves aux pratiques artistiques ».

Aujourd’hui, les Conservatoires sont répartis de façon suivante : tout d’abord les

Conservatoire Nationaux Supérieurs de Musique et de Danse (CNSMD) qui relèvent de l’Etat,

après les Conservatoires à Rayonnement Régional (CRR) contrôlés par l’Etat, viennent

ensuite les Conservatoires à Rayonnement Départemental et enfin les Conservatoires a

Rayonnement Communal ou Intercommunal (CRC/CRI). Ces derniers sont des services

municipaux organisés en régie directe ; ils sont financés majoritairement par les collectivités

territoriales.

12 Cité de la musique, Médiathèque, Musique Rock et Amplifiés, consulté le 22/07/2014,

http://mediatheque.citemusique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediacomposite/cim/30_meti

ers_de_la_musique/20_faf/10_mus/50_musicien_rock.htm

12

3. LA VOLONTE DE L’ETAT, LA DECONCENTRATION ET LA

DECENTRALISATION

L’INTERVENTION DE L’ETAT, LES MOYENS, LA TUTELLE,

LES OBJECTIFS

Depuis la création d’un ministère de la culture, les politiques culturelles tentent d’organiser

les activités artistiques et culturelles sur le territoire. Mais le ministère n’est pas le seul à

impacter l’organisation des conservatoires municipaux : l’Education Nationale, l’organisation

des collectivités territoriales, ainsi que les politiques de la ville vont aussi apporter des

contraintes et des opportunités.

Les dates importantes dans l’organisation des conservatoires :

1959 - Création du ministère de la culture, qui s’étoffe rapidement de plusieurs directions par

grands domaines, dont la direction :

- de la musique,

- de la danse,

- du spectacle vivant.

1966- Le « Plan de dix ans en faveur de l'enseignement musical », dit « Plan Landowski », a

accompagné le mouvement de décentralisation culturelle et de démocratisation de l'accès à la

culture alors insufflé par ce ministère, supposant notamment la multiplication des orchestres

en province et le développement de la formation des amateurs.

Cette forte volonté politique de l'État en faveur d'une politique nationale d'enseignement s'est

appuyée, sur les structures municipales existantes, essentiellement financées par les villes.

Toutefois, l'Etat disposait alors « des moyens de ses ambitions », avec des subventions

incitatives d'un niveau important : tout au long du plan décennal, puis jusqu'au milieu des

années 1980, la participation financière de l'État progresse, passant ainsi de 12 à 20 % du

budget des établissements.

1972 - Création par la loi du 5 juillet d’une nouvelle collectivité territoriale : la Région.

1973 - Déconcentration du ministère. Afin d’organiser et de s’assurer que chaque territoire

reçoit la même qualité d’offres culturelles, le ministère déconcentre ses bureaux sur le

territoire par la création des Directions régionales de l’action culturelle (DRAC).

13

1977 - Chaque région est pourvue d’une DRAC avec pour mission :

[… ] de conduire la politique culturelle de l'État dans la région et les départements

qui la composent. Notamment dans les domaines de la connaissance, de la

conservation et valorisation du patrimoine, de la promotion de l'architecture, du

soutien à la création et à la diffusion artistique dans toutes leurs composantes, du

développement du livre et de la lecture, de l'éducation artistique et culturelle et de

la transmission des savoirs, de la promotion de la diversité culturelle et de

l'élargissement des publics, du développement de l'économie de la culture et des

industries culturelles, de la promotion de la langue française et des langues de

France. Leur rôle principal est d’organiser, de conseiller, de réguler et de

promouvoir les initiatives qui s’inscrivent dans les objectifs du ministère.

Cependant elles ont aussi la possibilité de subventionner certaines initiatives13.

ACTE I de la décentralisation

1983 - Loi du 7 janvier et du 22 Juillet qui établit la répartition des compétences entre les

communes, les départements, les régions et l’Etat, et crée le terme de « la clause générale de

compétences ». Cette formule devient le fondement de l’intervention des collectivités

territoriales, car elle leur permet d’intervenir dans tous les domaines qui ne sont pas attribués,

dès lors qu’un intérêt public le justifie. Seules les compétences sont normalisées et reprennent

dans le cadre de l’enseignement des activités artistiques ce qui est quasiment installé partout.

Ainsi les communes restent le principal financeur soutenu par des subventions venant

directement de l’Etat.

1999 - Loi du 12 juillet, pour le renforcement et la simplification de la coopération

intercommunale qui crée de statut d’EPCI (Etablissement Public de Coordination

Intercommunale) à fiscalité propre, établissement public de coopération intercommunale. Par

le fait ce sont les EPCI qui deviennent les financeurs des conservatoires et donc le

rayonnement de ces derniers s’étend ou se trouve en conflit si les communes regroupées dans

une EPCI n’étaient pas celles qui faisaient partie du réseau du conservatoire.

13 Ministère de la Culture et de la communication, consulté le 27/07/14.

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Disciplines-secteurs/Musique

14

ACTE II de la décentralisation

2004 - loi du 13 aout relative aux libertés et responsabilités locales.

Cette loi est très riche et très lourde de conséquences pour les collectivités. Pas moins de 200

articles engageant des transferts de compétences majeures, le volet « enseignement

artistique » n’a pas focalisé l’intérêt des élus.

Cependant cette loi précise le rôle respectif de l’État et des collectivités territoriales

responsables de l’enseignement artistique : aux communes, l’enseignement initial et

l'éducation artistique, aux départements, l’aménagement équilibré du territoire par la

réalisation de schémas de développement de l'enseignement artistique, et enfin aux régions,

l'organisation et le financement du cycle d’enseignement professionnel et du diplôme national

qui le conclut.

L’État, quant à lui, reste prescripteur en définissant les missions des établissements

d'enseignement public de la musique, de la danse et de l'art dramatique, en prenant en compte,

à côté des traditionnelles missions d'enseignement initial organisées ou non en cursus, la

pratique amateur et la réalisation d'un projet d'établissement ainsi que l'inscription du

conservatoire dans un réseau d'établissements. Il intervient aussi pour inciter le

développement des liens avec l’Éducation nationale en matière d'éducation artistique et

culturelle. La loi ouvre de nouvelles perspectives, mais les transferts de financement tardent

à venir et les collectivités, elles aussi, en recherche d’économies, assurent au minima les

charges qui leur sont imposées.

2006 – le décret du 15 décembre, fixe les critères de classement des écoles de musique et des

conservatoires par le ministère. (Annexe I)

Ce décret apporte une réelle définition des missions des conservatoires, mais il architecture

toute la formation sur une règle de cycle et de contrôle toujours orientée vers une

préprofessionnalisation. Les pratiques amateurs sont totalement ignorées ainsi que la diffusion

qui forme les spectateurs.

Publication d’une charte de l’enseignement artistique. (Annexe II)

2010 - Loi du 16 décembre : réforme des collectivités territoriales, rationalisation de

l’intercommunalité.

Cette loi oblige les communes à se regrouper et à quitter la forme syndicale pour une

intercommunalité ou la création d’une « commune nouvelle ». L’objectif fixé est que

l’ensemble du territoire soit couvert par des structures intercommunales avant le mois de juin

2013.

Cette loi prévoit aussi la suppression des élus régionaux et départementaux au profit d’une

seule institution constituée d’élus territoriaux, mais sans préciser les compétences et les

moyens de cette nouvelle structure.

15

C’est en 2006 que les anciennes directions du ministère sont regroupées en quatre grandes

directions, dont la DGCA, Direction Générale de la Création Artistique, ses missions sont :

L’élaboration de la règlementation de l’enseignement initial et supérieur ; soutien à la

création et développement des réseaux de diffusion, notamment par un maillage fort

du territoire et l’implantation de structures permanentes (opéras, orchestres,

ensembles, centres de création, scènes de musiques actuelles...).

La DGCA s'attache à l'accompagnement et à la structuration des professions et de

l'emploi, et traite à ce titre des questions sociales, juridiques et fiscales afférentes. Elle

est attentive au développement de l’éducation artistique et culturelle et des pratiques

amateurs, aux enjeux liés au numérique ainsi qu’aux questions d’accessibilité pour

tous les publics. Elle est par ailleurs l’initiateur et l’opérateur de la Fête de la

Musique.14

Les moyens sont depuis toujours largement supportés par les communes ou groupements de

communes. Cependant les subventions allouées par l’Etat, soit près de 20% du budget de

fonctionnement des conservatoires au milieu des années 80, ont considérablement diminué.

La loi de décentralisation de 2004 transférait en effet les compétences sur les régions et les

départements, sans que les modalités de ce transfert ne soient établies à ce jour. Et l’incertitude

qui règne sur la réorganisation des collectivités territoriales, ne permet pas aux communes

d’engager des projets à long terme.

14 Ministère de la Culture et de la communication, consulté le 3/08/14

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Disciplines-secteurs/Musique .

16

L’IMPACT DES DIFFERENTS MINISTERES SUR

L’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE ET CULTUREL

Le ministère de la Culture n’est pas le seul à intervenir dans l’organisation des conservatoires

municipaux.

Le ministère de l’éducation nationale étant à la base de l’organisation du temps hors scolaire,

il impacte les conservatoires lors des modifications des rythmes scolaires.

Les lois de décentralisation n’ont pas affecté que les conservatoires, mais l’éducation

nationale a suivi le même chemin. Ainsi les communes ou groupements de communes sont en

charge des écoles primaires pour les budgets de fonctionnement hors enseignants ainsi que les

intervenants. Les collèges quant à eux sont à la charge des départements et les lycées

dépendent des régions.

Suite à un partenariat entre l’éducation nationale et le ministère de la Culture en 1984, les

communes utilisent les enseignants des structures sportives ou culturelles, qu’elles financent

lors d’interventions dans les classes primaires. Les départements et les régions, au travers de

conventions de partenariat, font aussi appel aux structures communales. Un rapport du Sénat15

souligne l’intérêt de ce partenariat entre les écoles de musique et les écoles maternelles et

primaires, car il y aurait deux millions d’enfants par an qui bénéficieraient de cet

enseignement.

Ainsi, des enseignants titulaires du Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant (DUMI),

souvent attachés au conservatoire, sont intégrés dans les programmes scolaires des écoles

primaires. Ils organisent des orchestres dans le cadre de projet d’établissement périscolaire.

Ils sont aussi appelés à exercer dans les sections à horaires aménagés pour les collèges.

Plusieurs dispositifs ont été installés entre les deux ministères rendant l’offre culturelle certes

étonnamment riche, mais complexe et illisible. Aussi en octobre 2012, les deux ministères ont

délégué à leur inspection générale, la réalisation d’une étude conjointe des différents

dispositifs, de leurs résultats, ainsi que des coûts y afférents.

Cette étude fait apparaitre l’inégalité territoriale de l’offre et la difficulté de pérenniser les

actions qui sont très liées à la personnalité des intervenants. De plus, le manque d’indicateur

ne permet pas d’évaluer l’efficacité de chaque projet et la diversité des acteurs ne permet pas

la valorisation du coût de ces dispositifs.

Le 3 mai 2013, une directive conjointe des deux ministères redéfinit les priorités et les

objectifs concernant l’éducation artistique et culturelle au sein des établissements scolaires.

Les enseignements obligatoires sont désignés, et donc inclus dans les programmes scolaires

et les différents projets périscolaires ou transversaux. Un dispositif de parcours d’éducation

artistique et culturelle est mis en place afin d’assurer une complémentarité entre le temps

scolaire, périscolaire et extra-scolaire, à travers les projets éducatifs territoriaux.

15 Rapport d'information n° 458 (2007-2008) de Mme Catherine MORIN-DESAILLY, fait au nom de la

commission des affaires culturelles, déposé le 9 juillet 2008

17

ETATS DES LIEUX ET MESURE DES OBJECTIFS

L'éducation artistique et culturelle à l'école répond à trois objectifs :

- permettre à tous les élèves de se constituer une culture personnelle riche et

cohérente tout au long de leur parcours scolaire.

- développer et renforcer leur pratique artistique.

- permettre la rencontre des artistes et des œuvres, la fréquentation de lieux

culturels.

Seulement, la réalité est là. Selon le rapport « Etat des lieux des dispositifs d’éducation

artistique et culturelle » produit par les deux ministères en octobre 2012, le ministère de la

Cultureannonce que seulement 22,6% des enfants scolarisés ont bénéficié de ces dispositifs

en 2011 alors que le ministère de l’éducation nationale en déclare 30%. La disparité des

chiffres reste inexpliquée.

Bien qu’une grande partie des actions menées remplissent parfaitement leurs objectifs, la

disparité des actions et des objectifs, ainsi que le saupoudrage sur le territoire peuvent toutefois

nous amener à nous demander si l’investissement est en rapport avec l’idée de service public

(qui s’adresse à tous et sans condition).

Si l’on généralise à l’ensemble des enfants scolarisés en France -12 126 27816- deux actions

menées sur le territoire :

L’investissement de 18,6 € comme le fait le département de la Somme auquel on y associe

les fonds nécessaire pour généraliser les projets de classes artistiques comme le font d’autres

régions (environ 500 000 classes à 760€ par an).

Il faudrait investir plus de 605 millions d’euros, il semble quasiment impossible de généraliser

les différents dispositifs à tout le territoire. Toutefois, l’action des collectivités reste très

inégale voire inexistante comme le département de Haute Vienne qui ne participe à aucun

projet (au motif que rien ne l’y oblige et qu’il n’en a pas les moyens face aux dépenses sociales

qu’il doit assurer).

D’autres font le choix d’investir dans ces projets, certainement avec une idée du social plus

étendue, comme dans le département de la Somme, qui a créé pour tous les collégiens de son

territoire le PAC (Parcours Artistique et Culturel). Il propose une découverte artistique au

travers de trois spectacles par an, projections ou visites d’exposition. Et offre douze heures

d’initiation, ainsi que, sur la base du volontariat, la possibilité de participer à des ateliers

artistiques pour un investissement de 18,60 € et 4 € pour les ateliers.

16 Rapport des inspections générales de l’Education nationale et du ministère de la Culture et de la

communication, octobre 2012, Etat des lieux des dispositifs d’éducation artistique et culturelle.

18

4. ACTIONS CULTURELLES DES MUNICIPALITES

Comme nous l’avons constaté précédemment, les communes sont très sollicitées dans l’action

artistique et culturelle sur leur territoire, mais leur implication au sein des conservatoires de

musique est plus étendue. Elles sont parties prenantes dans la gestion et les orientations de

celles-ci. Les personnels des conservatoires sont des employés communaux, donc

subordonnés au conseil municipal.

Cet investissement est révélateur du besoin exprimé par les citoyens d’avoir une offre

culturelle de proximité et de qualité. Ainsi, une enquête du CREDOC17 (Centre de Recherche

pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie) « Les collectivités face aux demandes

divergentes des parents et des enfants » révèle que 70% des familles inscrivent leurs enfants

de moins de 13 ans auprès de structures sportives ou artistiques, mais le coût et la proximité

sont des barrières très fortes à leur engagement.

Les communes comme les groupements de communes ne peuvent donc pas faire l’impasse

sur ces investissements, ils doivent proposer une offre diversifiée.

LES ENJEUX

Bien que les restrictions budgétaires aient un peu réduit les ambitions des élus, la politique

culturelle d’une commune reste un marqueur majeur de l’action des élus. D’ailleurs, lors de

la création d’une intercommunalité, la mise en commun des établissements culturels est

âprement discutée, les communes ne voulant pas perdre leur gouvernance sur les questions

culturelles.

Comme le souligne Véronique Balbo-Bonneval, présidente de la Fédération Nationale des

Associations de Directeurs des Affaires Culturelles (FNADAC), dans une analyse pour La

Gazette18 :

Les deux grandes questions politiques pour les communes sont le développement

économique et le développement du territoire. Or, il est démontré qu’un des leviers

pour maintenir ou atteindre une pyramide socioprofessionnelle équilibrée consiste

à offrir une dynamique culturelle suffisante pour maintenir sur place ou attirer les

classes moyennes. La qualité de vie d’un territoire est appréciée quand les habitants

trouvent près de chez eux, une médiathèque, un conservatoire de musique pour les

enfants, un cinéma, du patrimoine à visiter, ainsi que des activités sportives et un

accès à la nature.

Cela demande donc aux communes ou communautés de communes de définir des stratégies

dans leurs politiques culturelles pour répondre à une demande forte et maintenir un équilibre

financier acceptable.

17 MARESCA Bruno, L’offre de loisir pour les jeunes, CREDOC, n°159, septembre 2002. 18 BALBO-BONNEVAL Véronique, Il y a une dimension culturelle dans la plupart des politiques publiques,

http://www.lagazettedescommunes.com/, publié le 15/07/2014

19

LES CONTRAINTES

Avec plus de 36 000 communes en France, il semble évident que chacune d’entre elle ne

pourra apporter les mêmes propositions en terme d’activités culturelles et artistiques. C’est

d’ailleurs ce qui motive toutes les nouvelles lois concernant les associations de communes,

EPCI (Etablissement Public de Coordination Intercommunale) et autres dispositifs.

L’introduction de schémas départementaux ou de plans avec l’Etat ou la région ne suffisent

pas à réduire les inégalités de l’offre culturelle et artistique sur le territoire.

Ces inégalités portent sur différentes configurations, ainsi, la ruralité pose le problème d’un

territoire très vaste et l’intercommunalité n’apporte pas réellement la solution.

Une enquête réalisée par l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes

Economiques) en 2010, sur le zonage des bassins de vie, nous indique qu’en moyenne les

personnes vivant dans les zones rurales sont à près de ¾ d’heure aller-retour des équipements

de loisirs et que pour la moitié de ces personnes, il leur faudra 1h20 aller-retour pour atteindre

les équipements du domaine de l’éducation.

Graphique - temps d'accès médian aux équipements (aller -retour) dans les bassins de vie ruraux

Note : lorsqu'une commune dispose d'un équipement, le temps d'accès à cet équipement est par convention de 0

car le distancier utilisé ne permet pas de calculer des distances infra-communales.

Lecture : en milieu rural, la moitié de la population met plus de 78 minutes pour un aller-retour aux équipements

scolaires.

Champ : métropole et DOM Source : Insee, base permanente des équipements 2010, recensement de la

population 2009 ; distancier Odomatrix, Inra.

20

A l’inverse, les agglomérations ou pôles métropoles, ont à gérer l’efficacité du développement

de leur politique culturelle. Ainsi, le redéploiement sur toute l’agglomération d’une partie des

offres, conservatoires de musique, bibliothèques, centre artistique voire même les salles de

spectacles reste une problématique.

En effet, le fait de se regrouper pose la question sur la gestion de l’espace. L’organisation doit

effacer le rapport centre-ville et communes périphériques, l’enjeu de la cohésion sociale et de

la mixité doit primer. Ici l’offre artistique et culturelle accompagne le développement urbain

tant dans sa géographie que dans sa sociologie.

LES OPPORTUNITES

Quelles que soient les communes, l’intercommunalité devient une organisation

incontournable. Conjuguées au sein de l’intercommunalité, les politiques culturelles et

artistiques sont des indicateurs, de la qualité de vie proposée sur le territoire et de la cohésion

sociale.

Ce n’est d’ailleurs pas forcément dans la démultiplication des structures, mais surtout dans la

recherche d’une utilisation plus en adéquation avec les demandes des populations, que les

communes pourront innover ensemble sans pour autant affecter leur budget. La nécessité de

la professionnalisation des intervenants peut être aussi plus légitime pour une communauté

que pour une commune.

Pour les plus grandes agglomérations, la possibilité offerte depuis 2002 de créer un EPCC

(Etablissement Public de Coopération Culturelle) pour piloter, organiser et financer les

différentes activités proposées par l’intercommunalité, permet de mutualiser les coûts et de

diversifier les offres. Ainsi, tout ce qui existait avant la mise en commun crée un réseau qui,

s’il est inscrit dans une stratégie globale, peut être particulièrement efficace.

La coopération avec les départements ou la région permet de mutualiser des moyens, de

partager l’expérience et les compétences au profit de projets plus ambitieux. Cette coopération

peut également s’élargir à l’Europe qui propose des financements pour soutenir ces projets.

LES COUTS

Incontournable pour les communes ou groupements de communes, la question des coûts reste

une barrière parfois infranchissable. Cependant, comme énoncé ci-dessus, des solutions

existent, et à ce jour le cofinancement entre collectivités territoriales est la solution la plus

souvent utilisée.

La difficulté pour beaucoup de communes et groupement de communes est l’incertitude qui

existe quant au nouveau paysage territorial ainsi que les missions et moyens qui vont y être

rattachés.

De plus, la situation de crise économique que nous vivons depuis cinq ans, impose des choix

aux communes dont les budgets sont contraints.

21

Récapitulons les coûts pour les activités culturelles et artistiques des collectivités territoriales :

Tout d’abord, il faut noter qu’il n’existe aucune homogénéité des nomenclatures financières

entre chaque collectivité. Ainsi, les communes séparent l’expression artistique et l’action

culturelle alors que les départements utilisent une seule rubrique et les régions aucune. De fait,

il est quasiment impossible de neutraliser les transferts entre collectivités, alors qu’une partie

significative des dépenses des départements et des régions sont des subventions aux

communes.

En 2010 : les dépenses culturelles cumulées des collectivités territoriales s’élèvent à 7,6

milliards €19

Répartitions des dépenses pour l’enseignement musical, lyrique et chorégraphique par

collectivités:

Communes 834 977 000 € Dont :

535 205 000 charges de personnel

54 805 000 frais de fonctionnement

133 290 000 subventions

52 245 000 investissements

19 Ces chiffres sont données dans « Document dépenses des collectivités territoriales année

2010 – DEPS Chiffres 2014. (Régions, départements, communes de + de 10 000 habitants et

les groupements de communes)

Communes 4,6 milliards €

73% soit 8% de leur budget total

Groupement de communes 1 milliard € soit 7% de leur budget total

Départements 1,4 milliards €

18% Soit 2,1% de leur budget total

Régions 0,7 milliards € 9% soit 2,7% de leur budget total

22

Groupement

de

communes

308 777 000 € Dont :

208 881 000 charges de personnel

27 751 000 frais de fonctionnement

18 188 000 subventions

48 256 000 investissements

+ 29% des autres activités culturelles soit 38 744 290 €

Départements 529 063 000€ Dont :

(Activités

artistiques et

action

culturelle)

50 805 000 charges de personnel

347 026 000 subventions

48 916 000 investissements

Régions, enseignements des activités artistiques : 11 millions € en frais de personnel.

Elles reversent 347 026 000 € en subventions vers les communes et associations, ainsi que 48

916 000 € en investissement (financements croisés).

Ces chiffres montrent combien l’investissement des communes est important et que

l’utilisation de ces sommes, bien qu’elle soit dans l’intérêt des usagers, doit être repensée

régulièrement afin de correspondre aux modes de vie de la société.

Un autre débat anime les communes, c’est le tarif pour ces activités. En effet, le principe de

la gratuité des services publics n’existe pas en France, aussi dans la plupart des services

l’usage est conditionné par le paiement.

Dans le cas des conservatoires municipaux, c’est le conseil municipal qui a la compétence

pour fixer les tarifs. Il est évident que dans un souci d’accès pour tous, ces tarifs sont

dégressifs, mais les règles de dégressivité posent deux problèmes :

- La différenciation selon les ressources de l’usager nécessite des tâches

administratives supplémentaires.

- La différenciation en fonction de l’origine géographique de l’usager, pose des

problèmes dans le cadre des intercommunalités, qui deviennent la règle dans le cas

où la structure n’est pas incluse dans l’intercommunalité.

23

Pourtant, cette recette n’est pas négligeable dans la gestion d’une structure, et les habitants

d’une commune pourraient ne pas comprendre que le prix soit le même pour tout le monde.

Le maire de CHINON, expliquait ce problème lors d’un colloque20 :

Notre école de musique compte 250 élèves. Nombre d’entre eux viennent des alentours

et c’est la ville qui finance. Quelques subventions sont attribuées pour l’achat des

instruments, mais encore faut ’il payer les 18 professeurs que compte l’école. Or, nous

ne pouvons pas nous en passer si nous souhaitons développer la politique artistique et

culturelle, surtout vis-à-vis des jeunes.

Pour certaines collectivités, l’ouverture vers le mécénat commence à se développer, ainsi,

certaines agglomérations ont créé des fondations territoriales, d’autres s’appuient sur des

fonds de dotation.

Par exemple, la petite ville d’Ambronay (2 247 habitants) a créé en 2011 un fond de dotation

dont l’objet est « de soutenir et promouvoir sur le territoire de la commune d’Ambronay, les

actions et les initiatives d’intérêt général en faveur de la défense de l’environnement naturel ;

la culture notamment dans ses acceptions artistiques et de conservation ; valorisation du

patrimoine et la famille dans sa dimension éducative et sociale ».

Un quartier de Marseille a créé son fond de dotation, ainsi la réunion de plusieurs associations

et la participation des différents acteurs du territoire se donnent les moyens de financer les

projets sociaux, environnementaux et culturels de leur quartier.

Evidemment des plus grandes villes comme Marseille et Angers ont aussi eu recours à cette

nouvelle forme de structure pour mobiliser des entreprises locales et les habitants.

Enfin les projets menés par des structures municipales peuvent aussi faire appel à du mécénat

financier ou de compétence. Le recours à ce type de financement permet en plus de dégager

des fonds, de relier les individus autour d’un projet pour leur territoire et génère une

dynamique positive qui s’étend à toute l’économie du dit territoire.

20 Les collectivités locales et la culture en France et au Japon, colloques du SENAT, 31-01-

2008

24

II. APPRENTISSAGE DE LA MUSIQUE, ETAT DES

LIEUX

1. ETUDE DES PRATIQUES DES CONSERVATOIRES

MUNICIPAUX

LES CONSERVATOIRES A RAYONNEMENT COMMUNAL

Les conservatoires municipaux appelés CRC ou CRI, (Conservatoire à Rayonnement

Communal ou Intercommunal) sont majoritairement organisés et financés par les communes

sur lesquelles ils sont installés.

Ces établissements sont « tenus de dispenser ou garantir l'enseignement d'au moins une

spécialité (musique, danse, théâtre) et, dans cette spécialité, au moins les deux premiers cycles

du cursus. En outre, ils peuvent assurer le 3e cycle de formation des amateurs »

Pour être classés « établissement d’enseignement public de la musique, de la danse et de l’art

dramatique », les établissements doivent répondre à différents critères et s’acquitter de

plusieurs missions. En regard de ces points, ils sont alors classés dans les catégories de

conservatoires qui sont Conservatoire à Rayonnement Régional, Conservatoire à

Rayonnement Départemental et enfin Conservatoire à Rayonnement Communal ou

Intercommunal.

L’article 2 de l’arrêté du 15 décembre 2006 fixant les critères du classement des

établissements d'enseignement public de la musique, de la danse et de l'art dramatique.

Les établissements ont pour devoir :

- D’établir un projet d’établissement qui sera approuvé par la collectivité territoriale

concernée. Ce projet doit exposer les choix pédagogiques, artistiques et culturels

.de l’entité.

- D’adopter un fonctionnement en réseau avec d’autres établissements ayant une

mission d'enseignement, de création ou de diffusion.

- De « s'inscrire dans une organisation territoriale de l'enseignement artistique, qui

favorise notamment l'égalité d'accès des usagers, la concertation pédagogique et

la mise en œuvre de projets pédagogiques et artistiques concertés ».

25

L’article 3 de l’arrêté du 15 décembre 2006 fixant les critères du classement des

établissements d'enseignement public de la musique, de la danse et de l'art dramatique comme

suit :

- Des missions d'éducation fondées sur un enseignement artistique spécialisé, organisé

en cursus. A cette fin, les établissements favorisent l'orientation des élèves tout au long

de leur formation. Ils accompagnent leur projet et développent des collaborations entre

spécialités artistiques, notamment lors des phases d'éveil et d'initiation.

- Des missions d'éducation artistique et culturelle privilégiant la collaboration avec les

établissements d'enseignement scolaire, notamment dans le cadre d'activités liées aux

programmes d'enseignement, de classes à horaires aménagés, d'ateliers, de jumelages,

de chartes départementales de développement de la pratique chorale et vocale ou de

dispositifs similaires en danse et en art dramatique.

- Des missions de développement des pratiques artistiques des amateurs, notamment en

leur offrant un environnement adapté.

La sensibilisation, la diversification ainsi que le développement des publics rentrent en compte

dans les actions requises des conservatoires.

Les établissements ont aussi pour mission de diffuser les productions en lien avec les activités

pédagogiques ou autre collaboration artistique.

Pour être classés conservatoires à rayonnement communal ou intercommunal, les

établissements sont dans l’obligation de répondre aux critères suivants :

- assurer, dans l'aire de rayonnement communal ou intercommunal, les missions prévues

aux articles 2 et 3 ;

- dispenser ou garantir l'enseignement d'au moins une spécialité (musique, danse ou art

dramatique) et, dans cette spécialité, au moins les deux premiers cycles du cursus.

En outre, les conservatoires à rayonnement communal ou intercommunal peuvent assurer le

troisième cycle de formation des amateurs et dispenser, par convention avec des

conservatoires à rayonnement départemental ou régional, tout ou partie du cycle

d'enseignement professionnel initial.

Les enseignements obligatoirement assurés par le CRC/CRI sont « les disciplines musicales,

en cohérence avec le développement des pratiques collectives prévu dans le projet

d’établissement, les pratiques vocales collectives, la formation et culture musicale incluant les

démarches de création. Des classes à horaire aménagés peuvent également être mises en

place.» 21

21 Site web Cité de la musique, consulté le 01/08/14 http://mediatheque.cite-

musique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediacomposite/cim/10_Enseignement_de_la_musi

que/10_ens/10_conservatoires_musique_2.htm

26

La différence majeure entre les CRC et les CRD ou CRR se trouve dans la professionnalisation

des élèves, les Conservatoires à Rayonnement Communal ayant pour mission principale de

former des amateurs à la musique, art dramatique ou danse. Cette tâche n’empêche en aucun

cas la professionnalisation de certains éléments qui le désirent mais qui devront se tourner en

parallèle vers les établissements délivrant les diplômes nécessaires.

Les Conservatoires tout statuts confondus sont au nombre de 449. Dont 43 pour les

Conservatoires à Rayonnement Régional et 108 pour ceux à Rayonnement Départemental.

Les Conservatoires à Rayonnement Communal ou Intercommunal, quant à eux, étaient au

nombre de 298 pour l’année scolaire 2012-2013. Ces établissements ont accueilli environ 180

000 élèves, ce chiffre est en constante augmentation.

LA PEDAGOGIE

Les conservatoires à rayonnement communal ont pour mission principale d’assurer la

formation des amateurs et le développement de leurs pratiques.

Dans ce schéma, les élèves sont amenés à suivre un cursus pédagogique qui les mènera s’ils

le désirent et s’ils en ont les capacités, à valider plusieurs diplômes comme le CEM (Certificat

d’Etudes Musicales) pour les Conservatoires à Rayonnement Communal.

Ce cursus comporte plusieurs cycles au cours desquels les élèves sont amenés à passer devant

un jury pour valider leurs acquis et ainsi accéder au cycle supérieur. Les études musicales sont

effectuées sur trois cycles, ce qui représente environ 8 à 14 ans d’études initiales en

Conservatoire.

Le premier et le second cycle sont considérés comme des périodes d’initiation et de

développement commun à tous les élèves. C’est une sorte de tronc commun des études

musicales et artistiques.

Le premier cycle s’attache à amener l’enfant au cœur du monde artistique, à développer sa

motivation et surtout à lui donner les bases de la pratique instrumentale ou artistique. Le

second cycle est orienté vers l’autonomie et l’approfondissement des acquis. La spécialisation

intervient dès le troisième cycle. Ce dernier peut être professionnalisant, c’est-à-dire qu’il

prépare les étudiants aux diplômes d’orientation professionnelle (DNOP) et ce, uniquement

au sein d’un Conservatoire à Rayonnement Départemental (CRD) ou Régional (CRR). Au

niveau des Conservatoires à Rayonnement Communal (CRC), le dernier cycle peut être soit

diplômant dans le sens où il délivre le CEM, ou bien au contraire non-diplômant.

Ce parcours est une trame suivie par chaque établissement, mais au sein même de cette voie,

interviennent les enseignants pour qui les questions d’objectifs pédagogiques sont au centre

des réflexions. Claude-Henri Joubert définit le pédagogue comme : « celui qui conduit les

enfants là où ils vont apprendre, son chemin est la « méthode ». Le choix du chemin (de la

méthode) est de sa responsabilité. Il faut que le chemin soit adapté au point de départ, au point

d’arrivée et aux capacités de ceux qui l’empruntent. »

Chaque professeur s’approprie une méthode, ce qui apporte au final une grande diversité dans

le type d’enseignement proposé.

27

Toutefois, l’enseignement dans les conservatoires respecte la plupart du temps une trame

traditionnelle, notamment pour les pratiques musicales. L’apprentissage d’un instrument se

fait en plusieurs étapes. D’une part, l’apprenant est convié à un « face à face » avec le

professeur pour une durée qui varie de 20 minutes à 1h30 selon le cycle et l’instrument

travaillé. Ce temps est donné pour la formation que l’on pourra considérer de « technique

instrumentale ». Viennent s’ajouter dans un second temps les cours communément appelés de

« FM », Formation Musicale. Ces modules obligatoires pour tout apprenant du conservatoire

visent à inculquer la lecture des notes, le rythme, le chant. Ces cours sont parfois considérés

comme trop lourds pour les enfants et ce, à cause du volume horaire qui peut aller jusqu’à

trois fois celui de l’apprentissage de l’instrument (source même de la motivation de l’enfant).

Mais, ceci reste un débat dont les conservatoires ont conscience, certains s’adaptent et font

de leur mieux pour corriger cette faille. A ces deux cours, vient se joindre une pratique

d’ensemble soutenue et diversifiée, permettant à l’apprenant de se retrouver confronté à

d’autres musiciens. Il doit donc s’adapter et tenir compte des contraintes extérieures pour

améliorer son jeu.

Ce cursus permet donc l’acquisition d’une technique instrumentale, d’une culture musicale

(lire, écrire, mémoriser, entendre, comprendre, composer…), d’une pratique collective, ainsi

que la participation à des projets artistiques en lien avec l’établissement et les acteurs culturels

du territoire.

Le mode de fonctionnement des conservatoires prévoit une évaluation continue et un examen

pour valider le passage dans le cycle suivant.

L’examen de passage est réalisé devant un jury composé du directeur ou de son représentant

ainsi que de personnalités musicales, chorégraphiques ou théâtrales extérieures à

l’établissement. A l’issue de cette épreuve les candidats peuvent être acceptés ou bien « recalés

» et donc invités à redoubler ou à quitter la formation. Cette sanction peut paraître sévère pour

certain cas de figure.

LES PRATIQUES COLLECTIVES

Les pratiques collectives ou d’ensemble font partie intégrante de la pédagogie des

conservatoires. Elles sont obligatoires dans les cursus suivis par les élèves et doivent être en

adéquation avec l’activité pratiquée initialement.

Le règlement du Conservatoire de Rouen22 cite :

Placées au cœur du projet pédagogique développé au sein du Conservatoire, les

pratiques collectives de la musique sont à considérer comme de véritables

dénominateurs communs de l’ensemble des disciplines instrumentales. Elles

représentent autant d’occasions privilégiées pour l’élève de s’épanouir et

d’enrichir son parcours, contribuant au développement de sa curiosité et à la

construction de sa motivation. Sur le plan de la formation du musicien, jouer à

plusieurs implique des règles communes relatives à une vie de groupe, prenant en

compte la notion de respect et d’écoute de l’autre, tout en permettant à chacun de

partager sa passion à travers de multiples expériences. L’évolution des textes

22 Site du conservatoire de Rouen, consulté le 27/07/14, www.conservatoirederouen.fr/

28

préconisés par le Ministère de la Culture, donne aux disciplines de pratiques

collectives une place centrale dans le parcours de formation de l’élève. Si, à

l’évidence, l’exigence d’une formation individualisée demeure, c’est bien, pour la

grande majorité des élèves, la musique d’ensemble qui sera le cadre privilégié de

leur pratique future. En effet, par les réalisations qu’elles génèrent, les pratiques

collectives donnent tout son sens à l’apprentissage.

Leur prise en compte dans l’évaluation se traduit par un suivi régulier sous forme

de contrôle continu, et la validation d’une unité de valeur spécifique dans le cadre

du Brevet de fin de second cycle, du Certificat d’Etudes Musicales (CEM) et du

Diplôme d’Etudes Musicales (DEM). La présence de pratiques collectives

dynamiques au sein du conservatoire doit inciter les élèves à investir le champ de

la pratique musicale amateur, et permettre de sensibiliser ceux qui souhaiteraient

donner à leur projet une dimension préprofessionnelle voire professionnalisante,

au métier de musicien.

Ces travaux d’ensemble permettent la réalisation de l’élève au sein d’un groupe. Toutefois,

ne confondons pas ces pratiques d’ensemble et la pédagogie de groupe qui est un cours

d’instrument dispensé à plusieurs élèves en même temps, environ 3 ou 4.

Arlette BIGET cite : « Faire travailler la musique d’ensemble, c’est rechercher à former un

groupe homogène à partir d’individualités différentes. On y apprend à maîtriser sa

personnalité pour se fondre dans le groupe. Dans la musique d’ensemble, l’individu se doit

d’être au service du groupe. La pédagogie de groupe, c’est au contraire utiliser le groupe pour

faire éclore la personnalité de chacun. »

Pour être plus précis, ces pratiques comprennent :

- les orchestres : à cordes, symphoniques, d’harmonie, de chambre…

- Les ensembles vocaux : chorales, ensemble de solistes, ensemble vocal, maîtrise…

- Les formations de musique de chambre : de la forme sonate au dixtuor…

- Les ensembles divers : cuivres, jazz, musiques actuelles, musiques traditionnelles…

LE PERSONNEL

Le Corps enseignant dans un Conservatoire à Rayonnement Communal est composé :

- de professeurs titulaires du Certificat d'Aptitude (C.A.) de leur discipline, ou du grade

de Professeur d'Enseignement Artistique (P.E.A)

- d'assistants spécialisés titulaires du Diplôme d'Etat (D.E.) de leur spécialité ou du

Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant (D.U.M.I.) ou du grade d'Assistant

Spécialisé d'Enseignement Artistique (A.S.E.A)

- de personnels contractuels ou non titulaires possédant d'autres diplômes reconnus.

29

Le CA est, avec le diplôme d'État (DE), l'un des diplômes nationaux requis pour enseigner

dans les conservatoires à rayonnement régional (CRR), départemental (CRD), communal ou

intercommunal (CRC).

Ce diplôme peut être obtenu à l'issue d'une formation diplômante, d'un examen sur épreuves

ou par la voie de la validation des acquis de l'expérience (VAE). La formation est

principalement dispensée dans les Centres de formation des enseignants de la danse et de la

musique. Elle comporte plusieurs axes d’apprentissage dont la pédagogie, l’histoire de la

musique, la conduite de projet, l’instrument choisi par l’étudiant, différents registres musicaux

et la conduite d’ensemble. Par contre il n’est pas obligatoire de maitriser plusieurs

instruments.

Les titulaires du CA peuvent devenir fonctionnaires territoriaux parmi les établissements

publics d'enseignement spécialisé après avoir passé le concours de professeur territorial

d'enseignement artistique organisé par le Centre National de la Fonction Publique Territoriale

(CNFPT)

Le cadre d'emploi des professeurs d'enseignement artistique (PEA) concerne, dans la

spécialité musique, les disciplines suivantes23 :

accompagnateur, accordéon, alto, basson, chant, clarinette, contrebasse, cor,

culture musicale, direction d’ensembles instrumentaux, direction d’ensembles

vocaux, écriture, flûte traversière, formation musicale, guitare, harpe, hautbois,

jazz (tous instruments), musique ancienne (tous instruments) , musique

traditionnelle (tous instruments), orgue, percussions, piano, professeur

d'accompagnement, professeur chargé de direction d'établissement (musique,

danse, théâtre), professeur coordonnateur des musiques actuelles amplifiées (tous

instruments), saxophone, trombone, trompette, tuba, violon, violoncelle.

Les professeurs de musique assurent leurs fonctions dans les conservatoires à rayonnement

régional, départemental, communal ou intercommunal classés.

L'accès à ce cadre d'emploi s'effectue par voie de concours. Ces derniers sont organisés tous

les quatre ans au niveau national par les centres de gestion départementaux ou

interdépartementaux de la fonction publique territoriale.

Il en est de même pour les disciplines telles que la danse ou l’art dramatique, les professeurs

sont titulaires d’un Certificat d’Aptitude.

Ces qualifications, qui peuvent aller au-delà des diplômes comme par exemple un prix lors

d’un prestigieux concours, attestent d’un excellent niveau des professeurs et assurent à priori

une formation prometteuse pour les élèves.

Les enseignants appartiennent aux cadres d’emploi de la filière culturelle et possèdent un

statut de titulaire ou de non titulaire à temps incomplet :

- les professeurs d’enseignement artistique garantissent une prestation hebdomadaire

d’un minimum de 16 heures.

23 Site de la Cité de la musique, La fonction publique territoriale et le cadre d'emploi des professeurs

d'enseignement artistique, consulté le 03/08/2014.

30

- les assistants spécialisés et assistants d’enseignement artistique assurent une

prestation hebdomadaire de 20 heures.

- les enseignants non titulaires sont recrutés pour remplir une mission pédagogique

précise limitée dans le temps.

Les conditions d’exercice du métier de professeur de musique comprennent un travail en salle

de cours en tête à tête avec le ou les élèves, mais aussi une activité de diffusion suivant les

différents projets que peut avoir le conservatoire : accompagnement des élèves pour un

concert dans une maison de retraite, spectacle de fin d’année, fête de la musique …

Fiche métier descriptive de la mission de l’enseignement artistique (Annexe III)

Un directeur compétent qui sait manager son équipe assure le bon fonctionnement du

conservatoire. Gravitent autour de lui le conseil d’établissement, le conseil pédagogique qui

rassemble les professeurs responsables des nombreux départements (par département on

entend l’ensemble des professeurs de piano ou bien d’instruments à cordes…) et enfin,

l’équipe pédagogique qui est constituée par la totalité des enseignants.

LES PRATIQUES AMATEURS

Les pratiques amateurs sont réellement liées aux CRC car ils ont pour but principal d’assurer

la formation des amateurs et le développement de leurs pratiques. Le développement de ces

pratiques est primordial car c’est une sorte d’appropriation du patrimoine musical et artistique.

Cela constitue pour de nombreux élèves la première étape de la rencontre avec le monde de

l’art.

Au regard des différentes lois telles que la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et aux

responsabilités locales ainsi que de l’arrêté du 15 novembre 2006 fixant les critères du

classement des établissements d'enseignement public de la musique, de la danse et de l'art

dramatique, la mission du conservatoire est d’accompagner l’élève dans une optique de

pratique amateur autonome et ce en offrant tout d’abord un environnement de travail adapté à

ce but. La mise à disposition de locaux adaptés, l’ouverture des lieux sur une plage horaire à

grande amplitude, le développement des pratiques d’ensemble qui permet un meilleur

épanouissement du musicien, l’établissement de différents partenariats avec des structures

locales qui permettront une pratique hors-des-murs et des échanges enrichissants.

Le conservatoire a pour but de former des amateurs, mais cela ne signifie en aucun cas que le

niveau doit être bas comme le sens péjoratif du terme pourrait laisser entendre (Personne qui

manque de compétence, de qualification dans ce qu'elle fait,). Le mot « amateur » est plutôt

entendu comme la définition qu’en donne le dictionnaire Larousse : « Personne qui s'adonne

à une activité artistique, sportive, etc., pour son plaisir et sans en faire profession, par

opposition au professionnel ».

Près de la moitié des français ont, au cours de leur vie, pratiqué une activité artistique.

L’évolution des modes de vie fait que les gens ont plus facilement accès aux loisirs que leurs

aînés. Cependant, dans tous les domaines que ce soit la musique, la danse, le théâtre, au

moment du passage à l’âge adulte ou juste avant dans le cas de longues études, ces pratiques

sont souvent laissées en arrière-plan ou totalement abandonnées dans certains cas.

31

Toutefois, les pratiques amateurs sont « l’école du spectateur », ces pratiquants sont des

personnes averties et seront plus facilement amenées à aller à un concert, voir un ballet ou une

pièce de théâtre. Il faut écouter et regarder pour apprendre à entendre et à voir.

Une pédagogie réussie se traduit par le fait que l’élève utilise des connaissances qu’il a

acquises à l’école ou à l’extérieur de l’école, dans un environnement culturel. Cela positionne

la pédagogie, pas seulement en tant qu’acquisition de techniques instrumentales et musicales,

mais aussi en tant qu’approche de la musique comme élément faisant référence à la culture

pour les amateurs.

Les pratiques amateurs sont importantes dans le sens où elles sont économiquement

primordiales au bon développement des pratiques professionnelles.

Ces dernières, sont une source d’emploi pour :

- Les professeurs, qui sont les premiers impliqués quant à l’apprentissage de l’activité

artistique,

- Les fabricants d’instruments de musique et accessoires (pupitres, métronomes…)

- Luthiers, facteurs d’instruments divers…, l’artisanat est valorisé

- Les fabricants d’accessoires pour la danse : tutu, justaucorps, chaussons, pointes…

- Les maisons d’édition

- Livres spécialisés

- Partitions

- Méthodes

- Presse spécialisée

- Les artistes

Cette « école du spectateur » va permettre à l’amateur de développer sa curiosité et d’affiner

son sens critique. Ces derniers seront plus enclins à consommer les biens culturels.

L’activité artistique la plus répandue, d’après plusieurs études, est la pratique musicale avec

le piano comme grand favori. Celle du Ministère de la Culture et de la Communication cite

que parmi les instruments les plus pratiqués, tous modes d’apprentissage confondus, la guitare

(39 %) dépasse la pratique du piano (31%). Mais dans les conservatoires le trio de tête reste

le piano, le violon et la flûte. Au regard de ces résultats datant de 2008 et de l’évolution de

l’enseignement du jazz et des musiques actuelles au sein des conservatoires, il est très probable

que la guitare d’accompagnement soit à la hauteur du piano dans ces établissements.

Les pratiques amateurs au conservatoire répondent donc à des enjeux artistiques, sociaux et

économiques.

Un enjeu artistique et culturel : la pratique en amateur est la première étape de la rencontre

avec l'art ; c'est une activité permettant de faciliter l'appropriation des patrimoines musicaux,

et par ailleurs, il est à l'origine de la pratique professionnelle.

Un enjeu social : par leur convivialité, ces pratiques contribuent fortement à créer ou à

restaurer le lien social. Elles sont à la fois vecteur d'identité d'un groupe, lieux de rencontre et

de reconnaissance des diversités et des métissages, terrains d'intégration.

Un enjeu économique : les musiciens amateurs sont un moteur pour la facture instrumentale,

l'édition musicale, le disque et une source d'emplois considérable (encadrement, actions de

formation, collaborations avec les professionnels).

32

LA DIFFUSION

Les Conservatoires à Rayonnement Communal ont également comme mission la diffusion de

spectacles et de création au sein du territoire sur lequel il est installé.

On nomme cette mission « l’action culturelle du Conservatoire ». Actuellement, une majeure

partie des établissements proposent un programme de spectacle et d’auditions dédiés au public

local. Ces derniers ont ainsi accueilli des « responsables chargés de l’action culturelle » dans

leurs locaux pour gérer l’organisation de ces évènements.

Cette « action culturelle » a pour but d’insérer l’établissement, et plus globalement, les élèves

et les artistes/professeurs dans le tissu social de la collectivité.

Marie-Thérèse Berthelin, responsable de l’action culturelle au CNR de Nantes la définit

comme suit en la résumant par le mot « rencontre »24 :

L'action culturelle met en œuvre ce qui permet la rencontre avec d'autres élèves,

avec le public, avec des publics, avec d'autres arts et d'autres pratiques, avec la

création ; c'est encore la rencontre amateurs-professionnels-artistes, la rencontre

avec d'autres lieux, d'autres structures... Toutes ces rencontres qui dynamisent

l'école de musique, l'ancrent dans son environnement et la préservent d'une

marginalisation qui pourrait rapidement la paralyser.

Mais cet état d'esprit n'est pas évident :

Il procède d'une volonté de politique culturelle de la Ville, encourageant la

démocratisation de la pratique artistique;

Il procède du projet d'établissement de l'école de musique;

Il procède aussi d'une éducation de l'apprenti musicien ou danseur au sein même

de sa formation «technique».

L’esprit de rencontre donne du sens à la formation, certainement parce qu'il ne

s'agit plus de former des techniciens de l'instrument mais plutôt de former à la

pratique, à la scène et au spectacle - que ce soit en professionnel ou en amateur.

Delà, action culturelle et formation se nourrissent et s'enrichissent mutuellement.

L’action culturelle permet donc l’épanouissement de l’élève artiste, et ce dans un souci

d’excellence de sa formation.

24 Conservatoires de France, L’ (in)adaptation des lieux, des statuts, des enseignements, des moyens humains,

des budgets aux missions d'action culturelle ; Colloque de Besançon, 1er&2 décembre 2000, p. 12.

33

Ces actions prennent différentes formes, elles peuvent aller de la simple petite audition de

classe ouverte au public jusqu’à la prestation en plein centre-ville devant plusieurs centaines

de personnes. Nous pouvons scinder les projets en deux catégories, ceux intégrés au cursus

d’étude et ceux venant se greffer provenant de demandes extérieures :

-D’une part, les auditions, spectacles programmés par l’établissement qui peuvent

regrouper plusieurs départements artistiques, projets en lien direct avec la commune

comme la Fête de la Musique…

-d’autre part, l’intervention auprès de public empêché (hôpitaux, maisons de retraites,

centres de détention…), sollicitation diverses pour enrichir une conférence, gala…

En fonction des locaux disponibles, chaque établissement et municipalité essaie de multiplier

les actions pour rendre visible et audible le travail de chaque élève et/ou professeurs.

Toutefois, de nombreuses questions se posent avec cette action qui vient s’intégrer au cursus

d’apprentissage :

- Le conflit possible entre le temps de l’enseignement, le temps réservé à l’action

culturelle et son organisation et enfin le temps disponible de la part de l’élève.

- La qualification des enseignants qui n’est pas forcément en adéquation avec la mise

en place d’un spectacle.

-Et enfin, le budget nécessaire à ces évènements, qui sont très coûteux.

34

2. D’AUTRES PROPOSITIONS D’APPRENTISSAGE

EN FRANCE

Les conservatoires municipaux ne sont pas les seuls à dispenser un enseignement de la

musique, du théâtre et de la danse. Il existe des écoles de musiques municipales qui n’ont pas

encore demandé leur classement, ainsi que des écoles sous forme associative ou privée. La

Fédération Française des écoles de musique en répertorie 3700, dont 1200 sont affiliées à la

fédération (dont une partie des conservatoires de musique municipaux).

Source : Fédération Française des écoles de musique http://www.ffemnet.com/

Etonnement, le département du Gers qui ne possède aucun conservatoire, regroupe un

ensemble d’écoles de musique (27 écoles pour 2000 élèves) ainsi que des harmonies dans

beaucoup de villages, comme dans tous les départements de la région du Sud-Ouest.

35

Pour la grande majorité, les écoles de musique municipales suivent le même schéma de

formation et de propositions aux pratiques amateurs que les conservatoires. En revanche,

elles ne proposent pas toutes la même diversité instrumentale, ce qui ne leur permet pas de

demander le classement au titre de conservatoire municipal. Ces dernières sont financées par

les communes.

Pour les associations par contre, bien que subventionnées par les collectivités territoriales, les

enseignements proposés et les activités ne sont pas dictés par les règles des conservatoires.

Elles proposent le plus souvent une pédagogie différente très orientée vers les pratiques

amateurs, et surtout, proposent des registres de musique moderne ou traditionnelle.

Certaines de ces associations côtoient des conservatoires de musique. Ainsi, sur

l’agglomération de Marseille, il existe un conservatoire régional et une école de musique

associative « la Cité de la Musique » qui justifie sa différence avec le conservatoire par ces

points25 :

Pratique en amateur, écoute, découverte et créations musicales rythment la vie de

la Cité de la Musique de Marseille tout au long de l'année.

La Cité bruisse et bouillonne sans cesse avec plus de 2200 élèves, 8 lieux

d'enseignement, près de 200 concerts et manifestations par an, une médiathèque,

des associations hébergées, des artistes en résidence.

De la diversité des univers qui s'expriment sur ses trois scènes, naissent des

moments intimes, uniques où les artistes en herbe ou confirmés excellent.

-Quelle est la différence entre la Cité de la Musique et le Conservatoire ?

La Cité de la Musique de Marseille propose des cursus d’apprentissage sans limite

d’âge, sans nombre d’années maximum dans le cycle et non-diplômant.

- Peut-on s’inscrire si l’on n’a jamais fait de musique ?

Oui, quel que soit l’âge et le niveau musical, tout le monde peut s’inscrire à la Cité

de la Musique de Marseille.

- N’y a-t-il que des cours collectifs ?

Oui, il n'y a que des cours collectifs à la Cité de la Musique de Marseille. Jouer de

la musique ensemble, en amateur, compte parmi les principaux objectifs de

l’établissement. Cela passe par de la pédagogie de groupe, les pratiques collectives

et d’ensembles.

L’accent est mis sur la pratique collective des amateurs quels que soient leur niveau et leur

âges. Cette association participe aussi à l’action culturelle au niveau des écoles et collèges par

l’animation d’orchestres dans les établissements.

Cet exemple marque l’importance des associations qui, contrairement aux conservatoires, se

consacrent aux pratiques amateurs, à la diffusion pour tous les publics et deviennent des lieux

de rencontre pour les habitants. Cependant, malgré les subventions allouées par la région, le

département et la ville, les frais d’inscriptions sont plus élevés que ceux du conservatoire

(entre 85 et 350 € l’année pour l’association et entre 75 et 200 € l’année le conservatoire pour

les marseillais).

25 Site de la Cité de la Musique de Marseille, http://www.citemusique-marseille.com/, consulté le 01/08/2014

36

D’autres associations sont plus particulièrement orientées sur des pratiques traditionnelles.

Ainsi, certaines régions qui pourraient laisser croire qu’elles sont des « déserts culturels » sont

le plus souvent très ancrées dans des pratiques dites « Folkloriques » : le Sud-ouest avec ses

harmonies ou bandas, la Bretagne avec les bagads, l’Auvergne avec la cabrette, etc.

L’enseignement et la pratique de ces écoles sont le plus souvent basés sur des pratiques

collectives et s’ouvrent à tous. De ce fait, l’Ecole de musiques traditionnelles des Menhirs26,

s’appuie sur un apprentissage ancestral puisqu’il repose sur l’oralité.

En plus de former des musiciens de musique traditionnelle, l’école s’ouvre aux musiques du

monde et organise des rencontres entre les musiques actuelles et la musique traditionnelle sous

forme de stage d’improvisation, afin de faire le lien entre tradition et modernité.

26 -Ecole de musique traditionnelle des Menhirs consulté le 28 /07/2014 http://www.musiktrad-lesmenhirs.org/

37

HORS DE FRANCE

La lecture du rapport de novembre 2010 de l’European Music School Union (EMU)27, nous

permet de faire un tour d’horizon des pratiques européennes. Aussi, pour de nombreux pays

de l’Union européenne, l’éducation musicale est un thème politique. Certains légifèrent,

d’autres se contentent de donner des objectifs.

Cependant, même si tous s’accordent à vouloir promouvoir l’accès à l’éducation culturelle et

artistique, l’organisation des enseignements des écoles de musique ou centre d’art (théâtre

danse art plastique) révèle des intentions différentes. Dans les pays de l’est l’excellence, la

recherche de talent est clairement évoquée. Le public des écoles de musique est

principalement la jeunesse, et des facilités matérielles sont proposées aux meilleurs élèves.

Par contre certains ont une approche plus ouverte vers la connaissance et l’apprentissage tout

au long de la vie par exemple, aux Pays Bas28 :

Avec 180 centres éducatifs dans le pays, les Pays-Bas reçoivent 475 000 élèves

par an. De 6 à 80 ans dont 250 000 qui se consacrent uniquement à la musique.

De plus, l’action au niveau des écoles en éducation musicale pour plus de la moitié

des écoles touche 900 000 élèves tous les ans. Les différentes études statistiques

indiquent que 5 millions de personnes dans le pays sont concernées par la pratique

artistique amateur. Dont 52% par la pratique musicale. Il est important de noter

que tout ceci se fait sans aucune action de l’Etat, ce sont les villes et les familles

qui supportent les coûts. Elles sont aussi très ouvertes sur les répertoires dits

populaires 35% des enseignements sont exclusivement dans les champs du rock

et de la musique pop.

C’est pourquoi les écoles recherchent des solutions pédagogiques cohérentes pour un

enseignement de qualité et un coût maitrisé. Elles s’orientent sur les cours collectifs qui offrent

l’avantage de renforcer l’aspect social. Elles proposent également l’utilisation des nouveaux

médias, comme dans les écoles de Belgique afin de proposer des classes virtuelles, des

échanges d’informations et de contenus via internet.

Cependant, au regard des questionnaires envoyés par l’EMU29 aux différentes organisations

européennes afin d’établir des statistiques, il est évident que la formation classique avec

évaluation et menant si possible vers la professionnalisation, reste une norme pour les pays

d’Europe, même si certains indiquent ne pas le faire car ce n’est pas conforme à leurs objectifs.

De plus, l’accent est particulièrement porté sur la formation des enseignants et leurs statuts

ainsi que sur la définition d’objectifs par l’Etat, donc de moyens pour assurer une formation

pour le plus grand nombre.

En outre, au regard des réponses apportées par chaque pays, le terme éducation ou

enseignement renvoie en règle générale aux moins de 20 ans. En effet, la plupart des

dispositifs nationaux ou des écoles de musique s’adressent aux enfants et aux jeunes, seuls

27 European Music School Union (EMU) Les écoles de musique en Europe, Novembre 2011 28 European Music School Union (EMU) Les écoles de musique en Europe, Novembre 2011 29 European Music School Union (EMU, Statistical information about the European Music school Union, 2010

38

quelques pays offrent une formation tout au long de la vie et affichent clairement que leur

objectif est de former des amateurs et des spectateurs.

La formation des enseignants est aussi très révélatrice dans la mesure où tous sont des experts

de la pratique d’un instrument. Leur formation est en fait une formation purement artistiques

et non une formation pédagogique, ce qui induit que l’enseignement n’est pas forcément

l’objectif premier de leur formation.

Cependant, dans le document fondateur de cette organisation30, il est clairement revendiqué

que :

1. L’éducation culturelle est un droit de l’homme réalisé par les écoles de

musique.

2. La musique contribue au libre épanouissement de la personnalité. La sensibilité

musicale et l’expression musicale élargissent la faculté de l’individu à mieux

se connaitre soi-même et à mieux comprendre le monde qui l’entoure. Faire de

la musique encourage l’individu à se pencher, dans un élan créatif et avec

sensibilité, sur la création d’un autre individu. Faire de la musique cultive

l’aptitude à communiquer avec les autres.

Est-ce que nous avons espoir seulement pour les générations futures ?

L’Europe n’est pas la seule à s’intéresser aux enseignements artistiques et culturels, l’Unesco

aborde très régulièrement ce sujet.

En 2007, les 193 Etats membres de l’Unesco ont ratifié une feuille de route pour l’éducation

artistique et culturelle. Ce document est un ensemble d’objectifs et de références qui

permettent à chaque Etat de construire sa stratégie politique et d’en mesurer les impacts. Ce

document permet aussi à l’Unesco de suivre différents indicateurs par l’envoi d’un

questionnaire à tous les Etats membres.

Les différents travaux des Etats et de l’Unesco ont abouti à la création d’une feuille de route.

Cette dernière est un support aux conférences internationales sur l’éducation artistique et

culturelle appelée Agenda, la dernière en date ayant eu lieu à Séoul en septembre 2010.

30 European Music School Union (EMU) Les écoles de musique en Europe, Novembre 2011

39

Ce questionnaire comporte différents chapitres qui permettent de mesurer l’évolution et les

orientations dans chaque pays. La lecture du sommaire de ce questionnaire est révélatrice des

points cruciaux mesurés:

Feuille de route pour l’éducation artistique31

I. Introduction

II. Objectifs de l’éducation artistique

1. Défendre le droit de l’homme à l’éducation et à la participation culturelle

2. Développer les capacités individuelles

3. Améliorer la qualité de l’éducation

4. Promouvoir l’expression de la diversité culturelle

III. Concepts liés à l’éducation artistique

1. Domaines artistiques

2. Approches de l’éducation artistique

3. Dimensions de l’éducation artistique

IV. Stratégies essentielles pour une éducation artistique efficace

1. Formation des enseignants et des artistes

2. Partenariats

V. Recherche sur l’éducation artistique et partage des connaissances

VI. Recommandations

1. Recommandations à l’intention des enseignants, des parents, des artistes et

des directeurs d’écoles et d’établissement éducatifs

2. Recommandations à l’intention des ministères publics et des responsables

politiques

3. Recommandations à l’intention de l’UNESCO et autres organisations

intergouvernementales et non gouvernementales.

Avec ce questionnaire, l’UNESCO veut faire prendre conscience à toutes les parties prenantes

de l’importance de développer une politique culturelle pour tous les citoyens.

31 Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, Feuille de route pour l’éducation

artistique, Conférence mondiale sur l’éducation artistique : Développer les capacités créatrices pour le 21ème

siècle Lisbonne, 6-9 mars 2006.

40

L’analyse des réponses à ce questionnaire pour la préparation de la conférence de Séoul en

2010, fait ressortir plusieurs problématiques par territoire32 :

· Asie Pacifique : les différentes stratégies mises en place ont une orientation très

élitiste, calquées sur le système éducatif en général. C’est un vecteur d’intégration

et de promotion dans la société, mais aussi de compétition.

· Afrique : les gouvernements recherchent plus une préservation des cultures

traditionnelles et utilisent l’éducation artistique pour améliorer la cohésion

nationale (Afrique du Sud).

· Amérique Latine et Caraïbes : les pratiques sont très largement favorisées en

complément de l’éducation, mais aussi afin d’intégrer les populations isolées de

la société.

· Amérique du Nord et Europe : l’accent est mis sur le développement du capital

individuel et l’excellence.

En résumé, pour tous les Etats consultés, le développement des activités artistiques est un

élément clef du développement individuel mais aussi un moteur pour le développement

économique, et tous y voient un outil socioculturel.

Bien que les objectifs affirmés de chaque Etat ainsi que les méthodes soient très différents, le

manque de financement est un des points majeurs souligné par chacun, pour lequel aucun n’a

encore trouvé une solution pérenne. La réussite de chaque projet est conditionnée par sa

pérennité dans la mesure où il faut du temps pour convaincre les gens et pour les former. Les

financements doivent donc être assurés d’une façon ou d’une autre. De plus, la formation des

enseignants est, pour de nombreux pays, un enjeu important, tout autant que la sensibilisation

auprès de l’ensemble des parties prenantes, à l’éducation artistique.

Nous avons retenu quelques initiatives ou habitudes qui nous ont semblé intéressantes pour

notre recherche de proposition.

Au Québec33, après avoir analysé le public accueilli par les music schools, des chercheurs se

sont intéressés à l’absence d’adolescents et de retraités au sein de ces organismes. En effet,

même si les enfants commencent tôt l’apprentissage de la musique, ils abandonnent en grande

majorité vers l’âge de treize ans. Suite à ce constat les chercheurs ont travaillé sur la pédagogie

et sur les pièces d’étude proposées.

C’est ainsi qu’ils ont remis en cause les méthodes d’enseignements très marquées par la

tradition des conservatoires européens. Ils se sont dégagés de l’expertise technique au profit

du questionnement de l’élève. Alors que les méthodes académiques consistent à corriger les

erreurs de l’élève, auquel cas c’est l’enseignant qui définit le résultat à sa place, la nouvelle

pédagogie proposée conduit l’enseignant à interroger l’élève sur sa prestation, lui demandant

32 UNESCO, Rapport relatif à l’enquête sur la mise en œuvre de la feuille de route pour l’éducation artistique,

septembre 2010 33 En avant la musique! Université de Laval Quebec Par Pascale Guéricolas

http://archives.contact.ulaval.ca/articles/avant-musique-2447.html consulté le 28/07/2014

41

de s’autoévaluer, et de définir ce qu’il attend de cet apprentissage ainsi que le niveau auquel

il souhaite arriver à terme. Pour les adolescents, le changement de méthode permet de moduler

dans le temps leurs envies, et donc de choisir, en fonction de leurs objectifs, le temps de l’effort

et le temps du plaisir de jouer sans jugement extérieur.

De plus, le choix des répertoires proposé pour l’apprentissage à ce jour, n’est bien souvent pas

en adéquation avec les registres reconnus par les adolescents. Certains d’entre eux ne se

retrouvent pas en phase avec leurs aspirations musicales et se détournent de l’apprentissage

d’un instrument. En revanche, en leur proposant des morceaux connus par leur génération, ils

redoublent d’attention.

Ce problème de répertoire, Ariane Nantel, chercheuse à l’université de Laval Québec, l’a aussi

rencontré lors de son étude sur l’apprentissage de la musique des personnes âgées. En effet,

beaucoup de gens arrivés à la retraite souhaitent reprendre ou apprendre à jouer d’un

instrument, elles ont le temps et donc se tournent vers les écoles de musique. Or les méthodes

d’apprentissage et le répertoire ne leur correspondent pas. Cette chercheuse a donc mis au

point des méthodes d’apprentissage qui prennent en compte les possibles problèmes physiques

et surtout, elle utilise un répertoire populaire connu de ces générations. Le succès est au

rendez-vous dans plusieurs écoles qui ont adopté cette méthode.

Cette expérimentation démontre que chaque type d’usagers s’épanouit plus facilement en

fonction de l’enseignement qui lui est proposé.

Les méthodes d’apprentissage aux Etats-Unis 34 sont très éloignées des académiques

conservatoires européens. La musique y est en effet enseignée au sein des écoles dans le temps

périscolaire, l’apprentissage de l’instrument étant succinct et rapide. Ensuite c’est en jouant

avec le groupe, par imitation, que l’élève se perfectionne.

De plus, il est très important pour un élève musicien de faire partie du groupe qui représente

l’école en toutes occasions, cela tient d’ailleurs de la compétition au même titre que le sport.

Ensuite, au lycée les élèves les plus intéressés peuvent intégrer des ensembles avec des

répertoires variés et attachés à la culture commune de leur territoire. La musique classique

arrive certes en tête, mais certains font du Jazz, d’autres, au Texas par exemple, intègrent des

orchestres Mariachis. Les élèves qui désirent devenir des musiciens professionnels doivent

suivre un cursus différent et souvent très cher, mais l’enseignement collectif reçu durant la

scolarité produit de très bons musiciens amateurs.

La grande particularité de cet enseignement tient à la formation des enseignants qui ne sont

en fait pas forcément de grands musiciens. Leurs études s’articulent autour de la pédagogie,

du maniement de plusieurs instruments et de la connaissance de répertoire. Ce ne sont pas des

musiciens professionnels reconvertis dans l’enseignement, mais de véritables enseignants en

musique.

Ici, ce sont les objectifs de l’enseignement de la musique qui sont différemment posés, dans

la mesure où les Américains prônent l’accès à l’amateurisme pour tous.

34CHEVALIER Marc, L’apprentissage musical à travers les pratiques collectives : une étude sur l’enseignement

musical dans les écoles publiques aux Etats Unis. CEFEDEM Rhone-Alpes 2005

42

Culturellement éloignée de nous, l’Inde s’est aussi posée des questions sur la formation des

musiciens amateurs ou professionnels.

Afin de démocratiser l’enseignement de la musique, des milliers d’écoles de musique ont vu

le jour pendant le 20éme siècle, la pédagogie était calquée sur les écoles de musique

occidentales. Mais après plusieurs années de fonctionnement, et bien que des centaines de

jeunes gens aient reçu cet enseignement, la qualité de leur prestation dans les domaines

traditionnels semblait superficielle. La technique est là, mais l’âme n’y est pas. Depuis

quelques années maintenant, des « Gourous », maîtres de musique traditionnelle, vivent en

résidence dans des écoles de musique. Ils sélectionnent certains élèves afin de leur enseigner

selon leur méthode, décrite dans un article d’Andréine et Bernard Bel35 :

La première phase de l'apprentissage traditionnel est une remise en question

de tout l'acquis antérieur. Il ne s'agit pas d'un rejet, mais d'une prise de

conscience des limites de ce savoir en vue de les dépasser. Pour provoquer

cette prise de conscience, le maître se contente souvent de demander au

postulant de lui présenter ce qu'il a connaît déjà. Il ne fait aucun commentaire,

ou bien il se contente d'en souligner les points positifs, laissant à son élève le

soin de mesurer le chemin qui lui reste à parcourir. C'est aussi l'occasion pour

le maître d'évaluer la capacité d'un postulant à poursuivre sa formation sous

sa direction. Un élève très brillant peut être refusé ou dirigé vers un autre

gourou simplement parce que l'impression qui se dégage de sa présentation

met en évidence une incompatibilité profonde avec l'esprit dans lequel le

maître conçoit son enseignement. Par contre, un étudiant qui paraît peu doué

a des chances d'être accepté si le maître a senti en lui un potentiel à révéler.

Apprendre un art révèle les déséquilibres et les imperfections physiques,

mentales et émotionnelles, le but même de l'apprentissage étant de les

résoudre.

Il ne faut pas perdre de vue que la musique et le chant ont lié les hommes de tout temps et

sans apprentissage particulier. On chantait en travaillant dans les champs et le soir à la veillée,

pour partir au combat, pour revendiquer ou pour se rebeller. Le Jazz et le Blues sont nés des

musiques des esclaves. De même, en Afrique du Sud, le combat contre l’apartheid s’est fait

connaitre par la musique et le chant.

La musique doit rester un lien puissant qui rassemble, même si ce n’est que pour partager le

plaisir d’être ensemble.

35 Andréine et Bernard Bel Guru-Shishya Parampara , college education et enseignement par imitation: la

pédagogie en Inde Article publié dans Viniyoga 27, septembre 1990

43

III. CONCLUSION

ANALYSE SWOT DES CONSERVATOIRES

• Incertitude concernant l'organisation territoriale

•Budgets contraints

•Grande diversité de l'offre

•Outil internet

•Forte demande

•Aides multiples pour la mise en place de projets

•Elus en demande d'action culturelle

•Politique nationale favorable

•Outil internet

•Image austère et élitiste

•Manque d'ouverture vers le public

•Coûts de fonctionnement très élevés

•Faibles résultats (perte de plus de 70 % des élèves en cours de formation)

• Diffusion et communication peu développées

•Structures et installation de bonne qualité

•Des enseignants de haut niveau

•Image d'enseignement de qualité

•Un cursus diplomant

•Des sépcificités fortes (musiques anciennes, musiques actuelles...)

•Offre culturelle dense

Forces Faiblesses

MenacesOpportunités

44

Au travers de cette étude littéraire, nous nous sommes appuyés sur une pratique du marketing,

la recherche des atouts positifs et des points négatifs autour des conservatoires de musique

municipaux, augmentée par la recherche des pratiques différentes de l’enseignement de la

musique.

Ce tour d’horizon nous laisse entrevoir bien des possibilités pour redynamiser l’attractivité

des conservatoires municipaux.

Ainsi, les différentes politiques nous ont confirmé l’idée selon laquelle les conservatoires

municipaux doivent être le centre de la vie musicale d’une commune ou d’un territoire,

s’adresser à tous au travers de la formation de musiciens amateurs et de spectateurs, et

contribuer à l’animation de la commune. C’est d’ailleurs une des volontés des élus locaux et

une demande des électeurs.

Il est donc important de mettre en place des offres nouvelles de pratiques musicales et de

diffusion pour les spectateurs, et surtout de développer la communication pour effacer cette

image austère et élitiste qui s’est installée au cours du temps sur les conservatoires. La

présence de personnels qualifiés assure la disponibilité de compétences afin de mettre en

œuvre ces nouvelles offres, et bien que cela demande souvent de remettre en cause les

pratiques, la perspective d’être reconnu et d’œuvrer pour le public devrait être source de

motivation.

Les financements quant à eux sont évidemment sources d’incertitudes, le mikado des plans à

tous les niveaux -collectivités territoriales et Etat- constituant des sources de financement peu

fiables mais non négligeables. De plus, suivant les projets, il est dorénavant commun de faire

appel à la générosité des foules, ce qui donne aux conservatoires une possibilité d’accroitre

ses moyens, tout en créant un lien fort avec les usagers.

Le tour d’horizon des autres propositions d’enseignement et de pratiques amateurs de la

musique, révèle une multitude de propositions et de solutions à nos questionnements. Il est

d’ailleurs intéressant de voir que le monde entier se pose à peu près les mêmes questions sur

les moyens à mettre en œuvre pour permettre au plus grand nombre d’apprendre et de pratiquer

la musique et toutes autres formes d’expressions artistiques.

45

REDYNAMISER LE

CONSERVATOIRE MUNICIPAL

Suite à la revue littéraire et à ses conclusions, nous allons développer maintenant différentes

propositions qu’un conservatoire de musique municipal qui a le désir de s’ouvrir au plus grand

nombre pourrait mettre en place en tenant compte de la diversité des usagers potentiels. De

façon à rester au plus près des réalités d’un conservatoire municipal, nous nous appuierons

sur l’étude du Conservatoire Maurice-Ravel de Levallois-Perret, dont le directeur M.Baude

nous a fait l’honneur d’être notre tuteur pour ce mémoire.

Les différentes propositions que nous nous proposons de détailler, sont pour certaines déjà

initiées par le conservatoire, d’autres sont peut-être moins simple à mettre en œuvre vu la

répartition des activités au sein de l’établissement, mais elles nous semblent pertinentes et

applicables par beaucoup d’écoles de musique municipales.

I. OBJET D’ETUDE : LE CONSERVATOIRE MAURICE-

RAVEL

46

1. L’ORGANISATION DU CONSERVATOIRE

Le Conservatoire Maurice-Ravel de Levallois-Perret est un conservatoire à rayonnement

communal. Ses principales missions sont celles des établissements de cette catégorie.

C’est-à-dire :

- L’enseignement des disciplines musicales en cohérence avec le développement des

pratiques collectives prévu dans le projet d’établissement,

- Les pratiques vocales collectives

- La formation et culture musicales incluant les démarches de création.

-

Le CRC Maurice-Ravel enseigne la Musique, la Danse et l’Art Dramatique de l’éveil au 3ème

cycle. L’établissement propose également des formations professionnalisantes (musique de

film, Pôle Variété). L’institution contribue également à l’éducation musicale et artistique en

coordonnant sur le territoire municipal l’action des musiciens intervenants en partenariat avec

l’éducation nationale. De plus, des classes à horaires aménagés sont mises en place.

Les enseignements dispensés sont regroupés en différents départements que voici :

Accompagnement, Art dramatique, Bois, Chant, Claviers, Cordes, Cuivres,

Danse, Ecriture, Formation musicale, Initiation, Instruments polyphoniques, Jazz,

Maîtrise, Musique de chambre, Musique ancienne, Orchestres, Percussions

Et parmi ces départements, nous retrouvons les disciplines présentes au conservatoire :

Eveil musical, Accordéon, Alto, Basson, Clarinette, Clavecin, Contrebasse, Cor,

Flûte à bec, Flûte Traversière, Guitare, Harpe, Hautbois, Orgue, Percussion,

Piano, Saxophone, Trombone, Trompette, Tuba, Violon, Violoncelle, Clavecin,

Flûte à Bec, Flûte traversière baroque, Hautbois baroque, Guitare ancienne,

Orgue, Viole de Gambe, Violoncelle baroque, Chant baroque, Batterie, Guitare

Jazz, Piano Jazz, Trompette jazz, Saxophone Jazz, Pré-Maîtrise, Maîtrise, Chant

Lyrique, Chant Baroque, Art lyrique, Danse classique, Danse contemporaine,

Danse jazz, Claquettes, Musique assistée par ordinateur (M.A.O.), Histoire de la

musique, Composition et écriture musicale, Option Musique du bac, Classe

d'accompagnement, Composition de Musique de film, Composition de chansons.

Nous pouvons noter que plusieurs disciplines assez rares ou spécifiques sont dispensées : le

chant baroque, la viole de gambe, l’accordéon, la musique de film, la musique assistée par

ordinateur, ce qui est résolument moderne pour un conservatoire, et enfin un pôle variété qui

suit la ligne directrice de la modernité.

47

Le Conservatoire en quelques chiffres36 37,38:

- 40 disciplines enseignées représentant 63 cours différents

- 1867 élèves en 2008, 2037 en 2011 et 2095 en 2013 dont 1469 en musique, 597 en

danse et 98 en art dramatique,

- 82 enseignants

- 1016 heures d’enseignements en 2011

- 18 permanents hors enseignants

- 148 élèves en Classes à Horaires Aménagés Musicales en 2011

36 Chiffres de 2011 : Levallois au microscope, Culture Levallois, n°10, octobre 2012, p.5. 37 Chiffres de 2011 : Levallois au microscope, Culture Levallois, n°10, octobre 2012, p.5. 38 Chiffres de 2013 : Open data Hauts de Seine, Conservatoires des Hauts de Seine

48

Grâce à ce graphique nous pouvons aisément constater que le nombre d’élèves chute avec

l’âge. Nous en observons 754 entre 6 et 10 ans, ce qui correspond au premier cycle puis 507

en second cycle au moment du collège et enfin plus que 164 élèves entre 15et 17ans. Cette

baisse de 33 % entre le Primaire et le Collège, de 80 % entre le Primaire et le Lycée n’est pas

exclusive au Conservatoire Maurice-Ravel, c’est plutôt un constat national.

Mais d’où vient cette chute de la fréquentation du conservatoire en fonction de l’âge ?

L’échec aux examens de fin de cycle est-il le seul responsable de cette pyramide ?

Nous pouvons d’ores et déjà émettre quelques hypothèses :

- Les examens de fin de cycle sont parfois fatals pour certains élèves qui ne sont pas au

niveau exigé. Mais l’exclusion n’est pas immédiate : d’une part le redoublement est

une option, d’autre part, l’élève suit un contrôle continu, et si son dossier est plutôt

encourageant, l’établissement peut être conciliant en observant les différentes

possibilités qui s’offrent à l’apprenant pour continuer un parcours artistique.

- L’abandon du parcours peut être dû au manque de temps nécessaire pour travailler les

matières scolaires et la musique. Sachant que le parcours au conservatoire est assez

lourd, il faut compter la pratique instrumentale, la formation musicale et enfin la

pratique d’ensemble qui est obligatoire. Cela impose un minimum de trois heures par

semaine dans l’établissement sans oublier le travail personnel, qui, pour un bon

apprentissage doit être au minima de trente minutes par jour.

- La charge de travail est bien sûr un élément à prendre à compte, mais la multiplication

d’activités disponibles apporte d’autres difficultés. Un élève qui en plus de son

parcours scolaire pratique un sport, une activité artistique et peut être même un autre

loisir, ne peut se concentrer pleinement sur un objectif et doit faire un choix à un

moment donné. Une minorité arrive à conjuguer avec brio les différentes disciplines

mais pour la majorité, un abandon d’une pratique est souvent inévitable. Et dans bien

des cas c’est la pratique artistique qui est « sacrifiée », d’où cette pyramide inquiétante

au conservatoire.

49

Le Conservatoire Maurice-Ravel est un service extérieur de la Mairie de Levallois-Perret, il

est régi au niveau de son fonctionnement, par un règlement intérieur qui doit être approuvé

par le conseil municipal. La volonté émanant de la mairie et du conservatoire, est de rester un

établissement d’enseignement et de pratique qui s’adresse à tous ceux qui, quel que soit l’âge

ou l’origine sociale culturelle, ont envie de rencontrer, connaître, de s’éveiller ou de pratiquer

la musique.

En ce qui concerne le tarif d’inscription au conservatoire, nous retrouvons la détermination

politique de faire du conservatoire de musique un établissement accessible à tous. Les frais

d’inscription s’inscrivent dans la fourchette basse de la moyenne nationale, soit 240 € pour le

premier enfant inscrit et 120 € pour le second. La pratique d’ensemble, lorsqu’elle est séparée

de l’instrument, s’élève à 23 € par an. Le tarif appliqué aux non-levalloisiens, bien que

supérieur, reste néanmoins très abordable. Cela permet un petit apport extérieur pour conforter

certaine disciplines plus rares ou spécifiques. Contrairement à de nombreux établissements,

le quotient familial n’est pas appliqué, et ce pour éviter toute discrimination. Le tarif unique

met tous les élèves sur un pied d’égalité. Mais pour la commune, chaque élève coûte entre

6000 et 8000€, ce qui représente une charge considérable lorsque nous le multiplions par les

2000 élèves présents au conservatoire.

Toujours dans l’idée d’être ouvert à tous, le conservatoire met à disposition à titre gracieux

des salles de répétitions ainsi que des instruments qui solliciteraient des familles une charge

financière trop importante dans les premières années d’étude.

Le Conservatoire Maurice-Ravel s’est ouvert progressivement aux différents styles musicaux.

Les classes de guitare jazz et de basse électrique ont rapidement trouvé leur place dans la

structure. En les associant aux classes de trompette, trombone et saxophone, la création

d’ensembles de jazz et d’un big-band important ont pu être possible.

Un pôle variété est également présent, ce pôle a pour vocation d’enseigner les matières

nécessaires à la formation d’un(e) artiste de variétés. Cette formation est spécifique à

Levallois-Perret ; rares sont les conservatoires qui disposent d’un enseignement de la variété

à ce niveau.

La composition de musique de film et la Musique Assistée par Ordinateur font aussi partie

des enseignements dispensés au Conservatoire Maurice-Ravel. Ces disciplines sont encore

peu développées au sein des conservatoires du territoire français, mais sont très prisées par les

jeunes qui retrouvent en ces matières le moyen de développer leur sens artistique avec les

moyens technologiques actuels.

L’accueil des adultes est possible au Conservatoire Maurice-Ravel, toutefois, la priorité est

donnée à l’accueil des enfants. Les adultes profitent donc des places disponibles lesquelles,

dans certains domaines, sont inexistantes comme pour le piano par exemple qui est

l’instrument le plus prisé. Lorsque ces derniers sont inscrits, ils intègrent automatiquement le

cursus commun à tous les élèves, il n’y a pas de cursus particulier pour eux. Certaines

disciplines sont majoritairement pratiquées par eux comme l’art lyrique, l’art dramatique, le

basson, les ateliers jazz… Il est envisagé dans le futur d’ouvrir l’établissement et la formation

aux adultes en dehors des heures réservées aux élèves suivant un cursus classique. Cela

permettrait aux adultes ou adolescents le désirant, de s’initier ou de se perfectionner sans

contrainte d’évaluation. Mais ceci est une volonté de l’établissement, elle ne sera peut-être

pas concrétisée, malgré tout cela permettrait d’utiliser les locaux à tout moment de la journée

et plus seulement en dehors des horaires scolaires.

50

En parallèle du conservatoire, un Pôle Musiques Actuelles géré séparément du conservatoire

est installé (dans le même bâtiment). En voici la présentation39 :

Le Rock, le Rap, le Funk, l’Électro, le Reggae, la Techno, la New wave, le

Garage, le R&B, le Hard rock, … Toutes les tribus des musiques amplifiées

ont leur place au Conservatoire Maurice-Ravel. Des mini-stages organisés le

samedi s’adressent aux musiciens souhaitant améliorer leur technique, mieux

utiliser leurs instruments et leur matériel. C’est un temps de partage et

d’échange de pratiques. Stages proposés : guitare ampli, enregistrer « sa »

répétition, la batterie pour non batteur, initiation au scratch…

Ce Pôle met également une dizaine de studios de répétition et d’enregistrement à disposition

des groupes de musiciens, et ce à un tarif très abordable (deux ou trois euros l’heure). Le Pôle

Musiques Actuelles se produit plusieurs fois par an, lors du « Week end des talents » de

Levallois par exemple.

LA DIFFUSION

Comme tous les Conservatoires à Rayonnement Communal, le Conservatoire de Levallois

n’échappe pas à la règle : sa mission, en plus de l’enseignement, est la diffusion de spectacles

et de créations sur son territoire. C’est l’action culturelle.

Cette diffusion est gérée financièrement par un budget différent de celui du conservatoire.

C’est l’association Levallois Culture qui a la charge de l’activité de diffusion du conservatoire.

Cette association fonctionne avec une subvention de la mairie qui pour 2012 s’élevait à

642 750 €. Cette somme comprend, les locaux (dont salle de cinéma), matériel et installations

diverses, les fluides, entretien des locaux et frais de fonctionnement divers et le matériel

informatique.

Sont pris en compte par Levallois Culture :

- les frais liés à la rémunération des artistes et aux charges divers (transport,

hébergement…)

- les droits SACEM

- les achats de partition, costumes, ou autre matériel nécessaire à la bonne exécution du

projet

- …

Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive.

39 Site de la ville de Levallois-Perret, http://www.ville-levallois.fr/culture/conservatoire/pole-musiques-

actuelles/, consulté le 02/08/2014.

51

Les actions de diffusion du Conservatoire sont diverses et variées, en voici quelques

exemples :

· Les Musicales

Concert donnée Salle Ravel par les professeurs du conservatoire afin qu’ils puissent exprimer

leur art en dehors des heures de cours. (La Salle Ravel est une salle de concert disposant de

440 places, elle est intégrée au cœur du bâtiment abritant le conservatoire. Cette salle peut être

mise à disposition des activités du conservatoire, mais se trouve être en premier lieu, une salle

de concert à disposition de la mairie de Levallois-Perret.)

· Les Concerts d’Elèves

Chaque année, sont organisés une trentaine de concerts d’élèves. Cela consiste à donner aux

élèves, un moyen privilégié de jouer en public sans être noté ni jugé comme ils pourraient

l’être lors d’une audition. Cela permet une rencontre enrichissante avec le public pour gérer

le stress, la scène … Ces concerts sont assez libres, chaque professeur inscrit ses élèves

désirant participer en fonction de la plage horaire qui lui est attribué. Ces moments peuvent

être l’occasion de mêler plusieurs disciplines comme les musiciens de Jazz et les danseurs de

Claquettes ou encore la variété avec les musiques anciennes. Tout est possible, cela laisse libre

cours à l’imagination, à la création et donne aux élèves un objectif qui exacerbe leur

motivation.

· Les sorties hors les murs

Les élèves du conservatoire sont amenés en fonction des demandes, à se produire dans divers

lieux. Nous pouvons noter les concerts à la Maison de retraite Greffulhe environ deux fois par

an à destination du public empêché. Plusieurs prestations à la médiathèque ou à l’Escale

(Autres lieux culturels de Levallois-Perret) en fonction de la programmation présente sur les

lieux. En voici quelques exemples :

- Le samedi 23 novembre 2013 les élèves du conservatoire ont proposé

un concert avec mélodies et chansons du début du XXème siècle de

Francis Poulenc, Darius Milhaud, Erik Satie, Joseph Kosma…

évoquant le Paris de l’époque et la Tour Eiffel. Ce spectacle était en

lien avec l’exposition « Merci Gustave » présente à la mairie de

Levallois, à l’occasion du 90ème anniversaire de la mort de Gustave

Eiffel.

- Les 23 et 30 janvier 2014, les élèves des classes de chant, piano et

danse classique se sont produits dans le cadre du vernissage et de

l’exposition « Poulenc et Paris » à la médiathèque Gustave Eiffel.

- La classe d’art lyrique se produira de son coté à l’automne 2014 afin

d’illustrer l’exposition « Levallois 1914 ».

52

· La Fête de la musique

A cette occasion, les élèves se produisent en petits groupes dans plusieurs endroits de la ville.

Place de la mairie, Jardin de la Planchette, Quai de Seine…Ils sont au plus près du public et

participent à l’animation de la ville.

· Les spectacles de fin d’année

Tout comme les concerts d’élèves, mais en plus conventionnel, chaque classe ou presque met

en exergue devant de nombreux parents, les acquis de l’année.

· Projets interdisciplinaires

Plusieurs projets en partenariat avec d’autres écoles ou associations ont lieu. En 2014, c’était

l’opéra pour enfants, « La Fée » de Domique Spagnolo, mis en scène par Sophie Fontaine

sous la direction de Constantin Rouits. Ce projet a accueilli la participation des élèves de

CNSMDP (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris) et de l’ENM

(Ecole Nationale de Musique) (chant lyrique).

Pour 2015, ce sera l’Opéra Carmen de Bizet en coopération entre le conservatoire Maurice-

Ravel, le Jeune Orchestre Symphonique Maurice Ravel et les Jeunes Chœurs de Francis

Bardot (Deux associations logées au Conservatoire Maurice-Ravel).

· Conférences

Les élèves ne sont pas toujours acteurs, ils peuvent également être spectateurs lors des

différentes conférences données au conservatoire. Les thèmes sont divers et variés, allant de

la musique de film et séries par Christophe Julien à l’explication de l’essence même de la

musique par Claude-Henry Joubert, célèbre pédagogue.

· Master Class

Différentes master class sont organisées afin de donner le maximum d’éléments possible pour

un bon développement artistique de l’élève. (Une master class, ou en français « Classe de

Maître » est un cours d’interprétation donné à un étudiant par un expert de la discipline. En

règle générale ces masters class se déroulent en groupe et chacun apprend en observant les

autres.)

Ainsi, le Conservatoire Maurice-Ravel a accueilli entre autres, la célèbre pianiste concertiste

Hsing-ay HSU et Claude-Henry Joubert, Pédagogue, Compositeur, Ecrivain, Altiste et enfin

Chef d’Orchestre.

53

· Sorties pédagogiques

Les étudiants ont l’opportunité, notamment en classe d’art dramatique d’aller voir des pièces

de théâtre et de discuter par la suite avec les comédiens. Ce fut le cas pour la pièce « Une

Femme » de Philippe Minyana, mis en scène par Martial Di Fonzo Bo, jouée au théâtre de la

Colline.

· Les Méridiennes

Les Méridiennes du conservatoire ont été initiées au cours de l’année 2014. Ces dernières sont

actuellement en plein développement.

Il s’agit en fait de deux offres très différentes, pour un public qui veut occuper de temps en

temps sa pause déjeuner par une activité culturelle.

Ainsi, le conservatoire propose un concert exécuté par les professeurs et dans un avenir

proche, la possibilité de participer à une chorale sera proposée dans ce créneau horaire.

- La Méridienne « Concert », est un concert format court donnée dans un premier

temps par les professeurs du conservatoire, se déroulant lors de la pause déjeuner. Le

public visé est celui des entreprises présentes sur le territoire de Levallois.

L’expérience a été tentée à deux reprises, toutes deux très concluantes. La formule

proposait pour le premier, destiné aux employés de la municipalité, un concert suivi

d’un plateau repas pris en commun au petit bar du conservatoire. Lors de la seconde

Méridienne, plusieurs Comités d’Entreprises de Levallois ont été contactés et les

places ont été réparties entre les différentes entités intéressées par le concept. Pour

cette version que nous qualifierons « d’évaluation », les auditeurs étaient conviés à

titre gratuit à la prestation musicale ainsi qu’au verre de l’amitié suivant le concert.

- Les Méridiennes « Chorale », sur le même principe que les concerts, pendant la pause

déjeuner est en cour de développement, nous la détaillons dans nos propositions.

Toutes ces activités de diffusion sont essentielles au développement du Conservatoire et

surtout à son rayonnement au sein du territoire. Il est nécessaire pour les élèves de pouvoir

mettre en application leur connaissances devant un public et d’être reconnu. Cette intégration

dans la vie levalloisienne fait partie des missions du conservatoire. Malgré tout, les spectateurs

ne sont pas toujours au rendez-vous lors des évènements organisés par le conservatoire,

concerts d’élèves, spectacles de fin d’année… La communication effectuée autour de cette

activité de diffusion n’est peut-être pas assez large ou surtout pas assez ciblée.

54

LE FINANCEMENT

Le Conservatoire Maurice-Ravel, étant un conservatoire à rayonnement communal, est géré

financièrement par la mairie. Chaque année, la direction des affaires culturelles de Levallois-

Perret attribue un budget au conservatoire qui a préalablement été voté par le conseil

municipal. Ce budget se situe dans une fourchette de 6 à 8 millions d’euros. A savoir que le

budget de fonctionnement du conservatoire avoisine les 3,8 millions d’euros et la masse

salariale mobilise environ 3,4 millions d’euros.

Viennent s’ajouter quelques subventions accordées par le département ou la région, mais

celles-ci, tout comme la dotation globale de fonctionnement de l’Etat, sont en baisse. En ce

qui concerne la dotation globale de fonctionnement allouée par l’Etat, elle a été divisée par

cinq en vingt ans et l’année 2014 enregistre une baisse de trois millions d’euros.

Levallois-Perret doit donc supporter financièrement la disparition de ces subventions, mais au

niveau de la commune, les budgets doivent également être revus à la baisse. Le fond de

péréquation de la ville disparaît au profit des communes avoisinantes, c’est environ 3,5

millions d’euros qui viennent se soustraire au montant global. Soit l’équivalent de la masse

salariale du conservatoire. Ainsi, pour garder un service public le plus performant et agréable

possible, de nouvelles ressources doivent être exploitées.

Voici un petit aperçu de la répartition du budget de la ville de Levallois-Perret. Nous pouvons

remarquer que le budget sport, culture et loisir dispose d’un intérêt conséquent au regard de

l’ensemble des finances de la ville. Bien que dans les 23% le sport garde l’avantage, la culture

gagne du terrain petit à petit jusqu’à obtenir un budget similaire à celui du sport.

40

40 Chiffres de 2011, Levallois au microscope, Culture Levallois, n°10, octobre 2012, p. 14.

55

LES ASSOCIATIONS HEBERGEES

Le Conservatoire Maurice-Ravel regroupe en son sein plusieurs associations :

- Le Chœur Polyphonique Maurice-Ravel :

Cet ensemble accueille sur audition les personnes qui aiment chanter. Le répertoire

est essentiellement classique.

« Les membres du Chœur sont en majorité autodidactes. L’apprentissage du chant et

de l’écriture musicale deviennent accessibles grâce aux compétences pédagogiques de

l’encadrement (chefs de chœur, répétiteur, accompagnateur). Cette centaine d'adultes,

avec implication, sérieux et enthousiasme, relèvent le défi de faire évoluer leur

répertoire en proposant des concerts dont le programme, composé de grandes œuvres

classiques, est de plus en plus ambitieux. »41

- La Chorale des Enfants de Levallois : Chorale associative qui constitue une école

de chant au répertoire très varié.

- L’Académie Chorale d’Île de France comporte deux entités :

- Le Chœur d’Enfants d’Île de France : Association des parents d’enfants inscrits

à la Maîtrise du Conservatoire. Elle participe à l’organisation des concerts,

tournées et camps musicaux.

- Le Jeune Chœur d’Île de France : Cet ensemble vocal est la suite de la Maîtrise

« Chœur d’Enfants d’Île de France ». elle accueille des chanteurs âgés de 15 à

25 ans déjà expérimentés. Cet ensemble est appelé à participer à de nombreux

concerts, festivals, enregistrements et même tournées.

- L’Orchestre d’Harmonie de Levallois sous la présidence de Pascale Moity et la

direction de Vincent Renaud.

- Le Jeune Orchestre symphonique Maurice-Ravel sous la présidence de Christian

Cohen et la direction de Vincent Renaud.

41 Site du Chœur Polyphonique Maurice-Ravel, http://choeurmauriceravel.free.fr/, consulté le 04/08/2014

56

LE PERSONNEL

Le Conservatoire Maurice-Ravel dispose de 82 enseignants et de 18 permanents hors-

enseignants.

Voici l’organigramme du conservatoire :

Le Directeur

Conseillère aux études danseDirectrice adjointe à la

pédagogie

Coordinatuer du Pôle Musiques Actuelles

Directeur Pôle Variété

Responsables des départements

d'enseignements

Responsable Action Culturelle et Développement des Publics

Directrice adjointe pour l'Administration et les

finances

Equipe Administrative

Administration

Hôtesses d'accueil

Equipes techniques

Régisseurs

Agents de sécurité

Assistante de direction

57

2. SOCIOLOGIE DE LA VILLE DE LEVALLOIS PERRET

Levallois Perret est une commune de la petite ceinture de Paris, bordée à l’est par le boulevard

périphérique et à l’ouest par les berges de Seine. Elle s’étend sur une superficie de 2,5 Km2.

La population de la ville, d’après l’INSEE au recensement de 2010, est de 64 253 personnes

dont 29 915 Hommes et 34 340 Femmes. Quelques chiffres qui résument les caractéristiques

sociodémographiques de la ville de Levallois :

La pyramide des âges

La répartition socioprofessionnelle

-

Ensemble Hommes % Femmes %

Ensemble 64 253 29 922 100.0 34 331 100.0

0 à 14 ans 11 729 5 898 19.7 5 831 17.0

15 à 29 ans 13 354 6 328 21.1 7 026 20.5

30 à 44 ans 16 708 7 980 26.7 8 728 25.4

45 à 59 ans 11 114 5 071 16.9 6 043 17.6

60 à 74 ans 7 115 3 178 10.6 3 937 11.5

75 à 89 ans 3 810 1 352 4.5 2 458 7.2

90 ans ou + 422 115 0.4 307 0.9

2010 %

Ensemble 52519 100.0

Agriculteurs exploitants 22 0.0

Artisans. commerçants. chefs entreprise 1780 3.4

Cadres et professions intellectuelles

supérieures

16165 30.8

Professions intermédiaires 8947 17.0

Employés 6820 13.0

Ouvriers 2139 4.1

Retraités 9477 18.0

Autres personnes sans activité

professionnelle

7169 13.7

58

-

Le diplôme le plus élevé de la population non scolarisée de 15 ans ou plus selon le

sexe en 2010

Ensemble Hommes Femmes

Population non scolarisée de 15 ans ou plus 46179 21072 25107

Part des titulaires en %

d'aucun diplôme 10.2 10.3 10.2

du certificat d'études primaires 5.7 4.6 6.6

du BEPC. brevet des collèges 5.3 4.1 6.2

d'un CAP ou d'un BEP 9.8 10.9 8.9

d'un baccalauréat ou d'un brevet professionnel 14.8 14.1 15.4

d'un diplôme de l’enseignement supérieur court 13.0 10.1 15.4

d'un diplôme de l’enseignement supérieur long 41.2 45.9 37.3

Il faut noter une autre particularité de cette ville. Elle accueille 7 256 entreprises sur son

territoire, soit près de 65 000 emplois occupés par 23% de la population levalloisienne42.

Il y a donc tous les jours plus de 48 000 personnes qui viennent travailler dans cette ville,

principalement sur des emplois qualifiés.

42 Levallois au microscope, La vie économique, Mai 2014, p.13.

59

Nous avons délibérément choisi ces indicateurs, car plusieurs analyses non étendues

établissent que globalement, la population des conservatoires de musique se situe

majoritairement dans des classes d’âges entre 5 ans et 13 ans (71%), dont les familles

appartiennent aux catégories sociales supérieures (cadre, commerçant, enseignant).

D’où, un fort questionnement sur l’idée de la musique pour tous, de l’évaporation des élèves

dans le temps et d’une très faible présence d’adultes.

Le conservatoire de Levallois ne déroge pas à ces règles. Pourtant, si l’on se réfère aux

données sociologiques de la ville il y a, potentiellement 11 729 enfants de moins de quinze

ans dont 50% à peu près sont issus de familles classées « supérieures » soit un potentiel de

5 864 enfants, alors qu’il y avait 2 095 inscrits en 2013 toutes catégories confondues.

En élargissant à toute la France cette analyse sur la classe d’âge des moins de 15 ans sans

distinction d’origine sociale il y a un potentiel de 11 751 373 élèves. Bien entendu, ils n’ont

pas tous l’envie d’apprendre la musique. Cependant, les écoles de musique ne sont

certainement pas ouvertes à tous, puisque les statistiques du ministère nous indiquent qu’ils y

a en France 900 000 élèves répartis entre les conservatoires et les écoles de musique

municipales soit 4,65% des moins de 25 ans, cela reste bien peu.

Le potentiel d’usagers s’élève d’autant plus si l’on ouvre les conservatoires aux adultes

amateurs et aux adultes nouveaux apprenants.

Population par sexe et groupes d'âges quinquennaux au 1er janvier 2014, France

métropolitaine

Femmes Hommes Ensemble

6 15 ans 5 739 756 6 011 617 11 751 373

15-19 ans 1 880 980 1 974 054 3 855 034

20-24 ans 1 874 888 1 909 144 3 784 032

25-29 ans 1 940 399 1 896 824 3 837 223

30-34 ans 2 026 418 1 973 623 4 000 041

35-39 ans 1 981 851 1 963 145 3 944 996

40-44 ans 2 230 477 2 208 765 4 439 242

45-49 ans 2 212 864 2 161 092 4 373 956

50-54 ans 2 177 328 2 096 407 4 273 735

55-59 ans 2 100 338 1 975 028 4 075 366

60-64 ans 2 066 488 1 908 161 3 974 649

65-69 ans 1 775 042 1 612 047 3 387 089

70-74 ans 1 262 854 1 077 680 2 340 534

75 ans + 3 667 643 2 223 695 5 891 338

Ensemble 32 937 326 30 991 282 63 928 608

Champ : France métropolitaine

Source : Insee, estimations de population (données provisoires arrêtées à fin 2013)

60

Un sondage BVA « Les français et la musique » réalisé en 2006, rappelait que parmi les

musiciens qui n’ont pas abandonné la pratique de leurs instruments, c’est plutôt l’auto-

apprentissage qui a primé (28%) ou les cours particuliers (22%) loin devant l’enseignement

scolaire (13%) ou même la fréquentation d’une école de musique (13%).

Pourtant les élus de la commune ne ménagent pas leurs efforts pour ouvrir le conservatoire à

tous. Ainsi, dans le magazine de la ville de Levallois43, nous avons relevé ceci :

Le Conservatoire, Maurice-Ravel à Levallois, est un équipement élitiste…

➜➜Désintox

La réduction des inégalités sociales par un large accès aux pratiques artistiques est l’un

des objectifs inscrits dans la définition des missions de tous les conservatoires.

Créée en 1965, l’école municipale de musique, devenue Conservatoire Maurice-Ravel,

a suivi la mutation dynamique de Levallois.

De 500 élèves en 1985, le Conservatoire compte à l’heure actuelle près de 2 000 élèves

qui se répartissent sur plus de cinquante disciplines différentes en pratiques

individuelles et collectives.

Les tarifs d’inscriptions du Conservatoire Maurice-Ravel se situent dans la moyenne

basse de ceux pratiqués en région parisienne, avec des tarifs dégressifs pour les fratries.

Particularité de Levallois, les prêts d’instruments aux familles levalloisiennes le sont

à titre gracieux ce qui favorise l’accès à la pratique d’instruments onéreux à l’achat.

La priorité est donnée aux enfants levalloisiens. Pour ouvrir le plus largement l’accès

à tous, les enfants ne doivent pratiquer qu’une seule activité jusqu’à l’âge de sept ans.

Aucune sélection n’est effectuée à l’entrée du Conservatoire, hormis des auditions

d’évaluation du niveau pour certaines disciplines spécifiques comme la Maîtrise (pour

les enfants) ou le chant, l’Art dramatique et l’Art lyrique (pour les grands adolescents

et les adultes).

La réduction d’une éventuelle fracture culturelle et l’incitation à aborder la musique

passent aussi par la présence d’intervenants professionnels dans les écoles et le

développement de Classes à Horaires Aménagés Musicales de découverte et de

sensibilisation musicale et de l’art dramatique (CHAM/CHADT).

43 Intox/désintox Levallois au microscope, Culture Levallois, n°10, octobre 2012

61

Cette ville n’est pas la seule à tenter d’aplanir les barrières financières et à promouvoir aux

travers de l’action culturelle les écoles de musique, toutes le font plus ou moins suivant les

moyens dont elles disposent.

Mais le constat est là : les classes populaires ne se reconnaissent pas dans les propositions des

conservatoires, les adolescents non plus, et l’offre vers les adultes est infime, ce qui pose

problème à certains élus.

Ainsi, Marie-Thérèse François-Poncet44, adjointe au maire d’Agen, chargée de la culture,

exprimait son profond désarroi quant aux actions à mettre en place :

« D’un côté, 500 élèves bénéficiaient à l’école de musique d’une subvention de 4,5 millions

de francs. De l’autre, des jeunes que l’on n’aidait pas faisaient plus de 2000 entrées aux

manifestations ».

Comment s’ouvrir à toutes les pratiques et à tous les besoins ?

Les conservatoires municipaux vont être de plus en plus remis en cause par les élus, car ceux-

ci doivent justifier leur choix auprès des électeurs.

44 Marie-Thérèse François-Poncet, citée par Noël Bouttier in revue Maires de France, janvier 1996, page

62

3. DEFINITION DE PUBLICS CIBLES

L’étude littéraire ainsi que l’étude du Conservatoire de Levallois nous a permis d’isoler

plusieurs catégories de public non ou peu présent au sein des conservatoires municipaux,

chacun pour des raisons à priori très différentes.

Ainsi, les premiers constats que l’on peut faire -et le conservatoire de Levallois n’y échappe

pas-, est que très peu de personne vont naturellement au conservatoire de musique pour

apprendre un instrument et l’évaporation des élèves entre 13 et 15 ans soulève des

interrogations.

Nous avons recherché, pour ce qui concerne ce deuxième point, si des études avaient été

menées. Hélas, les enquêtes révèlent toutes cette disparition mais aucune ne s’est appliquée

à en rechercher les causes.

Les données que nous possédons remontent à 1996 avec l’ouvrage d’Olivier Donnat45. Elles

indiquent que 70% des personnes qui ont appris la musique jeune ne pratiquent plus, et que

ceux qui ont abandonné en cours de formation, l’ont fait pour des raisons liées au manque de

temps (33%), à l’épuisement de l’intérêt pour la pratique (37%), au changement d’habitation

(16%) et seulement 6% pour des problèmes financiers.

Par contre dans cette même enquête on apprend que 77% d’entre eux regrettent d’avoir arrêté

la musique, non pas l’instrument de départ mais la pratique de la musique.

En effet le choix de l’instrument est primordial, et ce choix vers six ans est rarement effectué

par l’enfant. Or après quelques années de cours il devient difficile de changer d’instrument

dans les cursus proposés par les organisations agrée, ce qui conduit à une sortie du

conservatoire.

L’argument du manque de temps reste peu réaliste, car si l’on compare avec le temps passé

sur ordinateur ou vers des activités de groupe, finalement, l’arrêt du conservatoire est

principalement dû au manque d’intérêt pour l’enseignement tel qu’il est ressenti.

Ce qui rejoint d’ailleurs le fait que pour beaucoup de jeunes, l’apprentissage d’un instrument

ne relève pas forcément du conservatoire.

Antoine Hennion46 résumait l’idée du conservatoire ainsi :

Méthode, formation des enseignants, répertoire, organisation scolaire du cursus,

sélection qui favorise la reconnaissance des siens : malgré le but que s’assignent les

directeurs et les élus, le travail accompli par l’enseignement opère de fait sur le modèle

d’une école technique, le long d’un axe exclusion/professionnalisation peu adaptée aux

amateurs.

Ces éléments rentrent à l’évidence en contradiction avec la mission première des

conservatoires : former des amateurs.

45 Olivier Donnat « Les amateurs, enquête sur les activités artistiques des français », DEP, ed. La Diffusion

Française, 1996

46 Antoine Hennion, Comment la musique vient aux enfants, ed. Anthropos-Economica, 1988.

63

Des publics sont peu représentés ou absents des conservatoires, en premier lieu les retraités.

C’est pourtant un moment de la vie ou le temps n’est pas contraint, et où certains pourraient

avoir l’envie de reprendre ou de commencer une pratique artistique. Cependant, aucune

proposition n’est faite à ces usagers potentiels, alors que les conservatoires ne sont pas en sur-

occupation durant la journée, hormis bien sûr le mercredi. Pourtant, les séniors sont

entièrement disponibles, et leur présence pourrait d’ailleurs nourrir des offres sur les pratiques

amateurs, car là encore les conservatoires ont peu d’offres à leur intention. En effet, 97% des

élèves des conservatoires, une fois le temps d’apprentissage terminé, sont des musiciens

amateur sans qu’aucune activité ne leur soit proposée dans ces lieux.

Il faut redynamiser les conservatoires municipaux pour en faire un lieu de vie, avec de

l’initiation, de l’apprentissage, de la pratique, de la formation continue, mais aussi un espace

de loisir, de rencontre, de collaboration.

Et dans l’élaboration de projet pour ces usagers potentiels, il ne faut pas oublier tous ceux qui

ne souhaitent pas apprendre la musique, mais qui en écoutent. Ainsi, l’organisation de

concerts, d’auditions libres et autres manifestations sont autant d’ouvertures sur la musique.

Ne pas oublier que former des musiciens amateurs c’est alimenter la vie musicale française

(Fanfares, chorales, groupes de rock, pop et jazz) qui anime les différents moments de nos

vies. Mais il faut également former des spectateurs qui prendront plaisir à assister à tous ces

évènements mais aussi, achèteront de la musique et des places de concerts.

La musique est un lien social encore fort dans notre société, aussi le service public est un des

piliers de son développement.

64

II. UNE NOUVELLE STRATEGIE : DES OFFRES

DIFFERENTES, DE NOUVEAUX OBJECTIFS

1. DES OFFRES PAR PUBLIC

Suite à l’étude du contexte environnemental, des pratiques des conservatoires municipaux et

des offres concurrentielles, et au regard des réponses apportées par d’autres cultures dans

l’accès aux pratiques artistiques et culturelles, nous nous sommes attachés à définir des cibles

d’usagers pour lesquelles les conservatoires municipaux n’ont pas d’offre :

- En interne, les élèves qui décrochent et ceux qui ayant terminé leurs cursus, n’ont

plus de raisons d’être usagers du conservatoire.

- Les adultes amateurs ou nouveaux apprenants qui ne trouvent pas forcément une

réponse adaptée à leurs attentes.

- Les non pratiquants mais spectateurs potentiels, vers qui le conservatoire doit aussi

apporter une offre qui exerce leur écoute et réveille leur curiosité.

Nous nous proposons de formuler différents projets destinés à ces publics, tout en respectant

l’offre déjà présente, voire en l’enrichissant de rencontres et de partages. Nous aurons aussi

comme objectif de rester dans le domaine du possible, tant en matière de coût qu’en matière

de qualification du personnel. Nous sommes par contre totalement conscientes que la mise en

œuvre de telle stratégie nécessite l’adhésion des équipes des conservatoires, mais aussi le

soutien des élus des municipalités. Nos différentes recherches nous ont démontré que les

projets les plus réussis étaient portés par toutes les parties prenantes, les équipes du

conservatoire, les élus et les habitants. C’est pourquoi la création d’un réseau autour du

conservatoire est incontournable.

LES ADOLESCENTS

En premier lieu, nous citerons Antoine Prost47 « Les savoirs ne se transmettent pas, ils se

reconstruisent et chacun le fait pour son compte, à sa façon et suivant son propre rythme ».

Cette phrase nous ouvre le chemin que font beaucoup de jeunes élèves des conservatoires, dès

lors qu’ils souhaitent arrêter leur formation. Ce qui nous conduit à nous demander si les cursus

proposés correspondent à leurs objectifs, les méthodes à la façon qu’ils souhaitent mettre en

œuvre et les modes d’évaluation à leur rythme.

47 Antoine Prost Historien de l’éducation, Du changement dans l’école (Seuil) 2013

65

Reprenons le parcours traditionnel d’un élève. Vers six ans il intègre le conservatoire pour

apprendre la pratique d’un instrument, auquel sont associés les enseignements obligatoires du

solfège, de l’histoire de la musique et de l’écriture.

Après quatre ans de cette formation il a acquis un niveau technique qui sera évalué par les

enseignants et sera admis dans le cycle supérieur, et, en plus de l’enseignement face à face

avec le professeur, il pourra intégrer un ensemble. En règle générale, il aura travaillé des

pièces du répertoire classique correspondant à son apprentissage et au niveau de difficulté lui

permettant de progresser. Pour certains, ce type d’enseignement correspond à ses attentes, et

il est cohérent pour lui de continuer dans cette voie.

Par contre pour une majorité d’élèves, vers treize ans, cela ne répond plus à ce qu’ils attendent

d’un cours de musique.

L’adolescence est une période de mutation physique ainsi qu’une période de construction de

l’individu, avec en plus dans nos sociétés, une obligation de résultat très pesante.

C’est aussi la période d’acquisition d’autonomie et de création de lien avec ses contemporains

par affinité entre autres musicale. La marque de prise d’autonomie se caractérise souvent par

le refus de continuer des pratiques installées dans l’enfance, d’où, l’abandon du conservatoire.

L’appartenance à un groupe autour d’une sensibilité musicale souvent très éloignée de sa

pratique au conservatoire, lui font préférer le groupe de copains au cours de musique d’où,

encore l’abandon. Il est dommage d’avoir consacré entre 6 et 7 ans à apprendre un instrument

et ne plus en jouer, c’est ainsi que les sondages indiquent que 70% des adultes qui ont

abandonné, regrettent de ne plus jouer d’un instrument.

A ce moment de l’évolution normale de l’individu, il passe de la motivation extrinsèque

consistant à faire plaisir aux parents ou au professeur, vers la motivation intrinsèque générée

par son intérêt propre.

Cette motivation se caractérise par :

- L’autonomie/liberté qui consiste à se fixer soit même des objectifs et un rythme,

et donc s’imposer les efforts nécessaires pour y arriver.

- Le sentiment de compétence, « j’arrive à mes fins et j’aide les autres », ce qui

renforce la motivation.

Puisque ces élèves sont pour le moment en rupture avec le conservatoire et donc ne désirent

pas en faire leur profession, nous proposons une formation hors cursus, par laquelle ils

pourront continuer à faire de la musique et progresser, mais plus suivant le cadre académique.

Cette formation sera une formation collective par instrument, où les élèves n’auront pas

forcément le même niveau.

De la part des enseignants, aucun formalisme dans le cours n’est demandé, seulement passer

un contrat d’objectif avec l’élève sur un morceau qu’il tient à interpréter. Le rôle de

l’enseignant est d’évaluer le parcours que l’élève doit faire pour interpréter le morceau choisi,

et lui indiquer les pièces intermédiaires à maitriser pour qu’il puisse parvenir à son objectif. Il

est important d’avoir un objectif atteignable, le fait de découper par étapes successives

permettant à l’élève de se rendre compte du chemin à parcourir et de réaliser que chaque étape

est essentielle à sa réussite.

66

Ainsi, l’élève est celui qui fixe les objectifs. En accord avec l’enseignant, il définit le parcours

qu’il va devoir effectuer. Ensuite, par le travail de groupe, il va s’améliorer et participer à

l’évolution des autres, le tout accompagné par le professeur, ce dernier étant plus un

accompagnateur centre de ressources qu’un enseignant.

L’important dans cette proposition est de planifier des horaires, d’une part 2 heures par

semaine en groupe avec le professeur, mais aussi de réserver une plage horaire où les élèves

peuvent travailler librement ensemble par groupe d’instrument, mais aussi en rencontrant les

autres groupes. Ces horaires libres, peuvent être d’une à deux heures par semaines, voire

davantage pendant les vacances scolaires, étant donné qu’il n’y a pas de cours sur cette

période.

Le fait de leur donner une autonomie dans le travail à accomplir, de valoriser les apports qu’ils

ont entre eux est très important ; c’est aussi leur donner les clefs du travail collaboratif et de

l’écoute de l’autre. Cette pratique permet ainsi à chacun de s’enrichir de l’expérience de

l’autre, mais également de valoriser ses propres compétences.

Cette phase d’autonomie et d’échange autour de la pratique d’un même instrument, constitue

le préalable permettant aux élèves, par la suite, de réaliser l’objectif final consistant à interagir

au sein d’un groupe composé de divers instruments.

Cette formation nécessite évidemment que des enseignants se portent pleinement volontaires

pour animer ces groupes, en complément des formations classiques qu’ils assurent par ailleurs.

Mais il faut de plus que l’ensemble de la communauté éducative soit partie prenante, de façon

que lorsqu’un élève fait preuve de manque d’appétence pour les activités académiques qui lui

sont proposées, son professeur n’hésite pas à l’orienter vers ce type de formation novatrice.

Ceci implique donc une adhésion de l’ensemble de la communauté pédagogique à ce système

de formation hors cursus.

Par ailleurs, pour une structure municipale, en termes d’organisation, le fait de travailler avec

des groupes de 6 à 8 élèves (ils ont déjà entre 5 et 7 ans de pratique) réduit considérablement

les coûts (un seul professeur pendant deux heures pour 8 élèves qui n’occupent qu’une salle

par groupe d’instrument pour les cours).

Toutefois, il convient de mettre à disposition des salles sur des plages horaires communes,

pour que les élèves puissent travailler en autonomie par groupes d’instruments d’une part, et

favoriser rencontres et échanges entre groupes d’autre part. Cette proposition permet de faire

du conservatoire autre chose qu’un lieu d’apprentissage mais aussi un lieu de rencontre et de

partage.

Ainsi, quelques-uns des élèves potentiellement démissionnaires poursuivront la pratique d’un

instrument, continueront de progresser et deviendront des musiciens amateurs de bon niveau

attachés au conservatoire. Et peut-être que quelques jeunes autodidactes seront attirés par cette

forme de travail collectif et rejoindront le conservatoire.

67

LES ADULTES AMATEURS

Comme nous l’avons vu précédemment, les conservatoires proposent une formation qui

accompagne chaque musicien jusqu’à un deuxième ou un troisième cycle, suivant les

établissements. Par la suite, certains intègrent ou sont déjà dans des ensembles, groupes ou

orchestres, associés ou non au conservatoire, mais pour les autres ils reviendront peut être

inscrire leurs enfants dans quelques années.

Beaucoup d’autres musiciens amateurs résident autour des conservatoires, et il leur est

souvent difficile de se regrouper dans l’appartement de l’un ou le garage de l’autre pour

continuer à jouer ensemble. Là encore, le conservatoire dans sa forme actuelle, apparait certes

comme un sanctuaire de l’apprentissage pour les enfants, mais en aucune façon comme un

lieu de rassemblement des musiciens amateurs.

Alors que les conservatoires produisent des amateurs de bon niveau, ils ferment leurs portes

dès lors qu’ils ont accompli leur mission première.

Dans la suite logique de la formation hors cursus pour les adolescents décrocheurs, le

conservatoire a tous les atouts en main pour proposer et inciter la création de projets. Ainsi,

des groupes de musiciens affiliés au conservatoire pourraient bénéficier d’un accès aux salles

pour répéter, mais aussi trouver une aide précieuse auprès des enseignants pour faire évoluer

leurs pratiques, ainsi que pour la mise en œuvre de leur projet.

Club des musiciens amateurs du conservatoire

Le conservatoire propose un package avec :

- Un accès aux salles sur des plages horaires définies.

- L’accompagnement par des enseignants dans l’élaboration de projet, la

définition des étapes de techniques musicales successives à franchir, ainsi que

l’organisation de prestations scéniques. Leur présence continue n’est pas

nécessaire, seulement sur rendez-vous (un quota de rendez-vous peut être

inclus dans le pack).

- Les enseignants ne sont pas là pour faire, mais interviennent en qualité de

ressources techniques pour aider à l’organisation du projet tant sur le plan

musical que scénique. L’intervention des enseignants doit évidemment être

modulée en fonction des publics (les adolescents auront besoin de davantage

d’aide, par exemple).

Si par ailleurs, les enseignants notent, parmi les différents groupes qu’ils accompagnent, des

problématiques communes à certains membres, ils peuvent alors organiser à leur intention des

mini stages ponctuels hors pack évidemment. Les enseignants quittent alors leur casquette de

ressources techniques pour reprendre celle de transmetteur de savoirs.

Pour le conservatoire, c’est offrir une suite aux études pour leurs élèves, s’ouvrir sur de

nouveaux usagers, alimenter les programmes de diffusion.

68

De plus, ces packs sont évidemment soumis à une contribution de la part des usagers afin de

couvrir les charges de locaux et d’enseignants. A l’instar des clubs de tennis, par exemple, qui

permettent, lorsque vous êtes membre, de venir jouer, de prendre quelques cours si nécessaire

et de participer aux tournois, devenir membre du club du conservatoire vous permet de venir

jouer, de bénéficier des conseils d’enseignants, de prendre des cours si nécessaire et vous

pourrez vous produire sur les évènements du conservatoire (scènes ouverte, fête de la musique,

mini festivals et autres).

L’intérêt pour le conservatoire, réside dans la complémentarité des publics reçus. En effet, les

horaires des jeunes publics étant contraints, il devient possible d’augmenter la plage horaire

d’ouverture des conservatoires, en recevant les adultes en journée, tard le soir, et pendant les

vacances scolaires. Cette organisation implique évidemment des enseignants volontaires, mais

permet de rentabiliser les locaux souvent inoccupés.

LES ADULTES DEBUTANTS

Bien souvent, les adultes désirant s’initier à un instrument ou à la musique en général ne

trouvent pas leur place dans les conservatoires. Une enquête de la direction générale de la

création artistique du ministère de la Culture48 démontre que la volonté est là de la part des

conservatoires, mais les moyens mis en place ne sont peut-être pas forcément à la hauteur des

attentes de ces adultes qui souhaitent se mettre à la pratique artistique.

- Nombre de conservatoires notent qu'ils souhaiteraient développer l’accueil des

amateurs adultes, mais que des contraintes budgétaires et de locaux ne leur

permettent pas de répondre à la demande; sachant qu'ils privilégient l’accueil des

jeunes.

- Même si dans de nombreux cas les adultes sont intégrés dans les cursus

d’enseignement traditionnels, en particulier pour la formation instrumentale en

musique, ce sont les pratiques collectives (orchestres, chorales, pratiques

collectives de danse et de théâtre) qui, pour les adultes sont privilégiées. Ces

pratiques collectives associent souvent l’ensemble des élèves (adultes et jeunes) et

sont fréquemment mises en œuvre en partenariat avec des associations ou des

groupes constitués externes.

Notons également qu’il s’agit ici d’adultes amateurs, et non de débutants. L’offre pour

l’initiation des adultes est d’autant plus réduite.

L’intégration dans un cursus classique est contraignante pour les adultes. D’une part, les

places disponibles sont rares étant donné que la priorité est donnée aux enfants, d’autre part,

les adultes se mettant à la musique ont des envies assez précises en ce qui concerne le

répertoire et ne veulent pas « perdre de temps » avec un apprentissage classique qui ne leur

correspond pas réellement.

Notre proposition est donc d’instaurer des cours collectifs par thème.

48 Ministère de la Culture, Enquête « Les amateurs adultes en conservatoire », Novembre 2012, p. 5.

69

La pédagogie de groupe, à ne pas confondre avec pratique d’ensemble qui concerne plutôt

les amateurs dont le niveau est équivalent à une fin de premier cycle, consiste à apprendre

ensemble un instrument. Ces ateliers d’initiation peuvent aborder les répertoires variété,

classique, jazz, rock, traditionnel…

Ce mode d’apprentissage qui parait novateur existe en fait depuis la nuit des temps (les

musiques traditionnelles, par exemple, se transmettent bien souvent en groupe). Cet

apprentissage collectif permet de déclencher des automatismes et de résoudre certains

problèmes du seul fait d’observer non pas le professeur, mais les autres élèves durant le cours.

Cette pédagogie est moins « réductrice » pour l’adulte qui prend le cours : au lieu d’être un

simple élève face au professeur, il est le membre d’un groupe qui apprend la musique de façon

plutôt conviviale.

Les différents thèmes de chaque atelier permettent une meilleure implication de l’élève. En

débutant sur un répertoire qu’il connaît, l’apprenant aura plus de facilités à évoluer. C’est ici

primordial car pour un adulte, et notamment une personne à la retraite, les notions sont parfois

plus difficiles à intégrer, mais la motivation est toujours là pour « équilibrer la balance ».

Comme pour les adolescents, ces ateliers peuvent être dispensés à toute heure car ils ne

mobilisent qu’une salle et un seul professeur pour tout un groupe. Cet aspect est souvent

source de problèmes dans les conservatoires car les locaux ne permettent pas toujours

d’accueillir les adultes en même temps que les « scolaires ». En atelier, le nombre de salles

nécessaires est considérablement réduit.

Toutefois, pour pallier ce manque de place dans les locaux durant les heures ou les scolaires

sont présents, il serait judicieux d’utiliser les plages horaires ou les bâtiments sont vides ou

presque. En effet, nombre des adultes désirant apprendre la musique sont des personnes

retraités, au chômage ou à emploi du temps décalé. Pour toute cette population, l’ouverture

des conservatoires dans la journée serait une aubaine, de plus, cela permettrait d’occuper les

locaux quasiment vides et de donner d’autant plus d’heures de cours aux professeurs. Ce

serait donc source d’emploi étant donné que beaucoup de professeurs ne travaillent pas à

temps plein.

Les personnes retraitées sont nombreuses à vouloir apprendre à jouer d’un instrument car elles

n’en ont peut-être pas eu les moyens ou le temps lorsqu’elles étaient jeunes. Aujourd’hui, cette

population dispose du temps et des finances nécessaires à cet épanouissement alors pourquoi

ne pas la satisfaire ?

Les propositions pour les adultes peuvent aussi s’étendre à la formation de chorales amateurs,

pour débutants, car les chorales pour initiés sont déjà nombreuses. Ces chœurs peuvent

s’adresser à plusieurs publics.

Tout d’abord, l’offre peut être faîte aux personnes actives, employés des entreprises

implantées sur le territoire du conservatoire. L’idée est de proposer à ces personnes d’intégrer

une chorale pendant la pause déjeuner. Cela leur permet de se couper du quotidien et de

s’ouvrir à une pratique artistique, pratique qui ne demande d’ailleurs aucune connaissance

préalable ni matériel, tout le monde peut donc être intégré.

Une chorale peut être également initiée en début d’après-midi pour un public de personnes

retraitées, ou disponibles à ces horaires, le but étant toujours un épanouissement de l’amateur.

Ces deux types de chorales seront bien sûr des offres potentielles d’une ou plusieurs scènes

ouvertes dans l’année, afin de concrétiser le travail fait pendant les cours.

70

LA DIFFUSION , L’ECOLE DU SPECTATEUR

La diffusion est le but ultime des propositions que nous avons développées ci-dessus, c’est

aussi le moment de partage le plus large puisque c’est l’occasion pour les interprètes de se

rencontrer et de partager avec le public. Il s’agit donc d’élargir l’offre de diffusion déjà en

place et surtout de s’ouvrir à un public plus large que la famille ou quelques amis.

LES SCENES OUVERTES

Il s’agit, afin de promouvoir les formations pour adolescents et amateurs adultes ainsi que les

apprenants dès qu’ils seront prêts, d’organiser le plus régulièrement possible des scènes

ouvertes. Cette scène est évidemment ouverte à toutes les esthétiques et à tous les domaines

du spectacle vivant et d’ailleurs pas seulement aux membres du conservatoires mais aux

habitants de la collectivité.

Ces rendez-vous, qui doivent être réguliers, permettent de construire des liens entre le

conservatoire et les artistes, mais aussi avec les spectateurs. Avec un grand final en fin de

saison, la scène se transforme en un festival le temps d’un week-end et rayonne sur toute la

commune.

Pour un conservatoire, le spectateur occupe une place importante, car sans public, les

prestations des élèves n’ont plus lieu d’être. Le conservatoire doit être un lieu d’échange, mais

pour cela il doit être ouvert sur l’extérieur et non replié sur lui-même.

LES MERIDIENNES

Bien que les auditions, les scènes ouvertes et les concerts donnés par les associations, les

ensembles ou les enseignants soient proposés à l’intention de nombreux publics, nous avons

souhaité y inclure une démarche novatrice : les mini concerts pendant la pause déjeuner.

Actuellement, le concept des Méridiennes est un concert proposé par les enseignants du

conservatoire pour un public d’actifs qui souhaite profiter de la pause déjeuner pour venir au

concert. Ce type de prestation peut également constituer un moyen pour les membres du

conservatoire de se produire en public. Ces concerts, peuvent être initiés une fois par semaine

afin de proposer un éventail de répertoires étendu de façon à éveiller la curiosité des

spectateurs et permettre à l’ensemble des musiciens du conservatoire de se produire.

Nous verrons par la suite les partenariats qu’il est possible d’effectuer pour pérenniser ce type

de démarche.

71

COMPRENDRE ET ENTENDRE LA MUSIQUE

Enfin, pour les publics avertis et ceux qui souhaiteraient bénéficier d’un plus, nous proposons

la création de concerts/conférences qui permettent une écoute différente de la musique.

Un musicien disserte autour d’un thème (les instruments, les styles, une époque, ..), en

illustrant son propos avec des extraits musicaux, des anecdotes et un trait d’humour. Des

enseignants ou les membres des associations logées au conservatoire animent le débat en

jouant des extraits et en commentant la musique ou son interprétation.

Ce type de prestation peut également s’enrichir de la présence d’invités extérieurs.

Cette prestation peut trouver sa place une fois par mois en fin de journée à l’heure de l’apéritif,

pour se détendre et apprendre, avant de retourner vers son quotidien. Cet horaire, permet de

réunir des adultes et des jeunes qui partagent la même passion pour la musique.

Pour un public plus ciblé, l’organisation de ces conférences peut également aller hors les murs

à la rencontre de lycéens ou tout autre type de public.

L’objectif est « d’ouvrir les oreilles » de ceux qui écoutent de la musique sans y faire vraiment

attention. Il ne s’agit pas de donner un cours formel, mais de proposer une ouverture d’esprit,

une incitation à la curiosité musicale.

L’offre pour les spectateurs est en réalité relativement bien développée au sein des

conservatoires, mais actuellement, le public ne se sent pas impliqué, c’est pourquoi il faut

travailler sur la communication de ces évènements et l’image en elle-même des

conservatoires.

En premier lieu, il faut travailler sur la conception de saison musicale ou plus largement de

saison culturelle, en inscrivant dans un agenda toutes les propositions faites au public.

La régularité des propositions, les scènes ouvertes tous les deux mois, les méridiennes toujours

le même jour de la semaine, les conférences musicales à l’heure de l’apéritif une fois par mois,

entre autres, donnent un rythme, des repères et une grande lisibilité au public. Il est encore

plus intéressant de mutualiser cet agenda avec les autres offres culturelles de la commune de

façon à éviter toute concurrence inopportune et pourquoi ne pas, organiser ponctuellement des

semaines sur un thème commun ?

72

2. LA COMMUNICATION, LES MOYENS

Au cours de nos recherches, nous avons eu l’occasion de consulter de nombreux sites internet

de conservatoires municipaux, et nous avons pu constater que pour une majorité d’entre eux,

la communication par le web n’est pas encore devenue leur arme de communication massive,

le conservatoire de Levallois étant un exemple parmi tant d’autres.

Pourtant à notre époque, internet est devenu l’outil incontournable pour faire savoir que vous

existez, ce que vous proposez, comment, où et à quel prix.

C’est aussi l’outil qui va connecter le conservatoire avec sa communauté et donc lui permettre

de l’étendre et d’enrichir son rayonnement. Il est donc primordial de consacrer du temps et un

budget pour être visible et audible sur ce média, tout en pratiquant une communication

classique au sein de toutes les instances de la commune.

LA COMMUNICATION INTERNE POUR LES USAGERS DU

CONSERVATOIRE

Il nous apparait nécessaire de créer une base de données de tous les usagers, apprenants et

spectateurs, afin de les informer régulièrement par l’envoi de notes d’information, des

activités du conservatoire et pourquoi pas celles du réseau autour du conservatoire.

La création d’un site web indépendant mais en lien direct avec la commune, permet de

conduire plus facilement la communication et de créer un intranet pour les adhérents du

conservatoire.

Sur l’intranet, via un login et un mot de passe par membre, le conservatoire peut proposer :

- Des enregistrements musicaux pour accompagner le travail personnel des élèves.

- Des vidéos ou des pas à pas en photos sur des points très particuliers de pratique.

- Une partothèque validée par les enseignants afin de réduire considérablement les

photocopies et les oublis.

- De leur côté, des enseignants peuvent jouer les critiques en informant leurs élèves

d’un nouveau CD ou film, spectacle et autres.

- Un forum d’échange pour permettre aux élèves de communiquer entre eux ou avec

les enseignants.

- L’agenda des salles disponibles pour travailler hors des cours, voire même une

possibilité de réservation de salle en direct.

73

LA COMMUNICATION EXTERNE

Le site se doit d’être le reflet des activités du conservatoire, et ne pas se limiter à énoncer les

cours proposés et les tarifs.

Il faut au contraire l’alimenter régulièrement d’images et de vidéos sur les différentes

prestations publiques. Ces images et vidéos peuvent d’ailleurs faire l’objet de projets réalisés

par les élèves (par exemple, faire un clip par classe d’instrument ou un court métrage sur la

préparation d’un spectacle).

Le site doit annoncer les futurs spectacles, faire appel aux artistes amateurs pour les scènes

ouvertes, et présenter le parcours des différents musiciens qui se produisent.

Sa mise à jour doit être régulière et être le reflet de la vie du conservatoire, pour susciter

l’intérêt de tous ceux qui aiment la musique.

Afin de communiquer sur la diffusion du conservatoire, il convient de créer un agenda appelé

saison culturelle et artistique, précisant les rendez-vous réguliers ainsi que les évènements

isolés très grand public tels que la fête de la musique, un mini festival, la semaine du film

fantastique en partenariat avec une médiathèque ou un cinéma, etc. Cet agenda est bien sûr

disponible sur le site du conservatoire, et fait l’objet, avant chaque évènement, d’une annonce

sur la page d’accueil.

La communication via internet est indispensable, mais pas seulement. La création d’un réseau

artistique et culturel est aussi un incontournable, être en réseau avec les autres organisations

de la commune (bibliothèque, centre sportif, associations, écoles, collèges et lycées,

entreprises …) qui reçoivent les usagers du conservatoire, actuels et futurs.

Il peut se traduire par de simples relais d’informations sur les évènements de chacun, mais

aussi créer des liens afin d’organiser des évènements communs. Les débats concerts peuvent

trouver un écho avec les activités d’une médiathèque par exemple. Cette communication est

importante, car un usager d’une médiathèque, ou d’une association de théâtre est par essence,

un consommateur de culture, donc un usager potentiel des offres du conservatoire.

Ce réseau doit aussi s’étendre vers d’autres activités, ainsi les clubs sportifs et les écoles

doivent l’enrichir, ils participent comme le conservatoire à l’animation de la commune et sont

des lieux d’enseignement et de partage. Les conservatoires sont souvent en lien avec les

écoles, collèges et lycées donc l’information doit être facile à mettre en place.

Par contre la création de lien avec les clubs sportifs n’est pas toujours évidente alors qu’il

suffirait qu’une compétition sportive invite un des ensembles du conservatoire pour animer la

mi-temps ou l’avant match, cela se pratique dans beaucoup de pays et certaines de nos équipes

professionnelles le font.

L’ouverture vers les entreprises, est aussi un moyen de communiquer sur les activités du

conservatoire, d’autant que les méridiennes s’adressent directement aux salariés.

Enfin, l’ouverture vers les communes limitrophes et plus loin, certaines communes sont

jumelées avec des villes européennes.

Ne pas oublier que chaque évènement, scène ouvertes, concert/débat, Méridienne, spectacle

doivent faire l’objet d’un communiqué de presse vers les médias, presses et radios.

74

3. LE FINANCEMENT DES PROJETS

Comme nous l’avons vu précédemment, les ressources des conservatoires ne sont pas infinies,

et pour certaines communes, de plus en plus restreintes. La ville de Levallois, bien que très

généreuse envers la culture et le sport, n’échappe pas à ces problèmes.

Certaines communes ont d’ailleurs mis en place des financements privés via des fonds de

dotation. Nous pensons qu’il faut commencer à mettre en place ce type de financement, d’une

part pour ne pas voir les nouvelles offres refusées par la municipalité, et aussi pour en assurer

la pérennité. En outre, le mode de financement privé permet d’impliquer les acteurs

économiques de la commune dans la vie du conservatoire.

La création d’un fond de dotation est intéressante au niveau d’une collectivité mais sa gestion

demande des compétences professionnelles dont un conservatoire n’est pas ne dispose pas. Ce

type d’organisation est plus approprié au niveau d’une commune ou d’un groupement de

communes.

Nous nous sommes donc concentrées sur d’autres dispositifs de financements privés

compatibles avec la structure d’un conservatoire municipal. Nous avons ainsi sélectionné trois

formes distinctes de financements privés

Chacun d’entre eux s’adresse à des publics différents et finance des projets différents. Il est

en effet important de séparer chaque objectif, quand on fait appel au financement privé, car

ainsi les donateurs peuvent mesurer l’impact de leur investissement. Ces formes de

financements privés sont plus simples à gérer dans le temps, même si leur mise en place

nécessite un effort de communication de la part des équipes du conservatoire.

LES AMIS DU CONSERVATOIRE

La création d’une association « Les amis du conservatoire » permet de financer des besoins

ponctuels, par exemple l’achat d’instruments, une sortie d’élèves, les petits plus apportés aux

élèves du conservatoire. Cette association logée au conservatoire, anime les auditions et autres

spectacles d’élèves en organisant un goûter ou un « pot » pour les musiciens et leurs

enseignants, mais aussi les familles venues encourager leurs artistes en herbe. Elle recherche

l’adhésion des familles des élèves et pourquoi pas des spectateurs du conservatoire.

LE CLUB MECENES

Adossé au conservatoire ou à une association de diffusion du conservatoire, c’est le

regroupement de plusieurs mécènes, généralement des petites entreprises, des commerçants

ou des professions libérales de la commune. Ce club a pour but de financer la production des

scènes ouvertes, afin de promouvoir les artistes de la commune et de produire une fois par an,

pour conclure la saison musicale, un mini festival de plusieurs scènes ouvertes dans la

commune.

75

La création d’un club mécènes par le conservatoire ou plus largement par les établissements

artistiques et culturels de la commune, n’ont pas que la récolte de fond comme objectif, mais

aussi le rassemblement des acteurs économiques de la commune ou intercommunalité autour

d’un projet.

Ce regroupement, permet aux donateurs de bénéficier des crédits d’impôts prévus par la loi

dite « Aillagon », soit 60% de la somme versée dans la limite de 0,05% de leur chiffre

d’affaires, et de devenir mécène d’un projet sur leur territoire.

Ces entreprises peuvent également, dans le cadre des contreparties, consenties par la doctrine

fiscale, bénéficier de places réservées à leur attention ou pour leurs salariés, d’accès back stage

afin de rencontrer les artistes, et bien sûr de recevoir les remerciements du conservatoire sur

les programmes ainsi que sur le site du conservatoire. Ces contreparties, ne doivent pas

excédées 20% de la valeur du don.

De plus, le club organise des rendez-vous réguliers entre les donateurs, d’une part pour leur

faire part des résultats des projets financés, mais aussi pour qu’ils puissent se rencontrer et

ainsi étendre leur réseau de connaissances.

Les clubs mécènes permettent ainsi à de petites entreprises de devenir mécène de projets pour

lesquels elles n’auraient pu à elles seules assurer l’intégralité du financement. Le mécénat

n’est donc pas réservé aux grandes entreprises.

La recherche de ces mécènes, doit d’une part, établir clairement l’objet, c’est-à-dire ici la

production des scènes ouvertes, d’autre part, détailler le coût de cette production et le nombre

de participants attendus. Il est d’autant plus important de détailler les coûts de production, que

certains des prospects peuvent éventuellement proposer du mécénat de compétence ou en

nature.

APPEL A FINANCEMENT DE PROJET

Ce type de financement cible un projet précis auquel le conservatoire doit associer un ou des

mécènes ou partenaires particuliers.

Pour exemple :

Les Méridiennes concert proposés par les enseignants à destination d’un public disponible à

l’heure du déjeuner, nécessitent des fonds pour les cachets des enseignants, et le tom (théâtre

en ordre de marche) de la salle.

Il est effectivement possible de rendre cette représentation payante pour les participants, mais

afin de toucher un public plus grand, il est préférable de rechercher le financement auprès des

grandes PME installées sur la commune.

76

Il faut distinguer deux formes fiscales possibles pour ce financement :

- si la Méridienne concert est formellement désignée « offerte » par la société X ou Y,

cela constitue un partenariat, en effet le fait de désigner la société s’apparente à une

promotion de la société.

- Par contre, si l’entreprise accepte de ne pas bénéficier de contrepartie promotionnelle,

sa contribution à la production de concert gratuit entre dans la définition fiscale du

mécénat.

Cette deuxième option permettrait de conclure un accord pour plusieurs Méridiennes dans

l’année par société. Ainsi, la société bénéficie d’un crédit d’impôt au titre du mécénat et les

enseignants du conservatoire peuvent s’organiser à plus long terme et de communiquer dans

l’agenda culturel du conservatoire.

Le conservatoire organise, à l’occasion des Méridiennes chorale, des cours de chorale à

l’attention des salariés de la commune. Il est alors possible de financer cette chorale en

établissant un contrat de prestations avec les comités d’entreprise des grandes sociétés du

territoire. Ce contrat est valorisé au prorata des participants de chaque entreprise.

Beaucoup d’entreprises cherchent en effet à mobiliser leurs salariés sur des activités hors

travail pour recréer du lien entre les différents services ; ce type de proposition peut être la

bienvenue.

Par contre, pour des projets ponctuels de type voyage d’une classe de musique ou projet

d’adolescents très ambitieux validé par l’équipe enseignante, le conservatoire peut être amené

à lancer une souscription de type crowdfunding sur une plateforme ou tout simplement par

tous les canaux d’informations de la commune et de son réseau.

Le fait de passer par une plateforme demande de bien préparer sa communication, et des frais

sont à régler au prestataire. La souscription directe, demande également un effort de

communication, mais, en revanche, aucun frais ne sera prélevé sur les sommes perçues.

De plus, si l’objectif du projet, est à destination d’un public élargis (intérêt général), les dons

peuvent alors être qualifiés de mécénat et donc donner lieu à crédit d’impôt pour les donateurs.

Dans ce cas précis, il est prudent de faire une demande de rescrit aux services des impôts. Ce

document, permet de délivrer des reçus fiscaux aux donateurs.

Il est très important de cibler correctement la nature des fonds recherchés, le mécénat concerne

seulement le financement de projet au bénéfice de l’intérêt général.

La condition d’intérêt général est remplie49 si :

- l’activité n’est pas lucrative. Il est important de noter que l’assujettissement de

l’activité à la TVA et autres impôts commerciaux (1) exclut du champ de

l’éligibilité au mécénat les structures culturelles autres que celles ayant pour objet

de présenter au public des œuvres de spectacle vivant.

49 ARDEC, consulté le 16/08/14. http://www.ardeclr.org/model/comptes_rendus/mecenat.html

77

(1) à noter également qu’une association peut être « sectorisée ». Dans ce cas les

activités non assujetties à la TVA sont compatibles avec des actions de mécénat.

- la gestion est désintéressée

- l’activité ne profite pas à un cercle restreint de personnes

Ainsi, pour le conservatoire, seules les activités pour un cercle restreint de personnes sont à

exclure du financement par le mécénat (Les chorales par exemples).

De plus, les mécènes ne peuvent recevoir que des contreparties dont la valeur est

disproportionnée à leurs dons.

78

4. LE PROJET D’ETABLISSEMENT

Tous les conservatoires municipaux agréés doivent produire un projet d’établissement qui

porte généralement sur plusieurs années. Ce projet d’établissement est un document politique,

qui résume la situation du conservatoire, le personnel, les finances, les locaux, les

enseignements proposés, la diffusion et les partenariats avec les autres services publics dans

le cadre de l’enseignement artistique et culturel. A l’issu de cette présentation, une élaboration

des projets pour les années à venir est développée avec évidemment les ressources nécessaires

et les besoins futurs. Tous ces projets doivent correspondre d’une part aux orientations du

ministère, mais aussi aux divers schémas et plans territoriaux et s’inscrire dans les politiques

de la commune ou de l’intercommunalité.

La construction de ces documents, est le résultat de plusieurs consultations :

-en premier lieu les acteurs du conservatoire, enseignants, équipes administratives mais

aussi associations de parents d’élèves ou d’usagers, le cas échéant.

-ensuite des concertations avec les parties prenantes externes ; l’éducation nationale, la

direction régionale des affaires culturelles, et enfin les services municipaux.

La lecture de ces projets d’établissements est très hétérogène : alors que certains sont très

novateurs et ambitieux, d’autres hélas font état de besoins en investissement ou de personnels

qualifiés pour remplir correctement leur mission. Beaucoup indiquent la nécessite de s’ouvrir

à un plus large public, de proposer davantage de diffusion et d’élargir leur offre vers les

spectateurs sans jamais définir une véritable stratégie.

Nos propositions ne sont pas extravagantes ou révolutionnaires, elles répondent à des

demandes par segments, et peuvent aisément s’inscrire dans un projet d’établissement en

accord avec les orientations des différentes politiques culturelles.

79

III. CONCLUSION GENERALE

Nous sommes conscientes que les quelques propositions que nous avons détaillées ci-dessus

ne constituent que des ouvertures vers certains usagers, mais ce type de programmes peut en

entrainer d’autres. En effet, il est impossible de s’ouvrir à plus de personnes en ayant une

réponse pour chaque segment, le fait d’enclencher les cours collectifs, la gestion de projets,

une diffusion plus ouverte et surtout une communication maitrisée et complète est déjà un bel

objectif.

Cela ouvre d’autres perspectives : cours collectifs d’apprentissages pour les enfants, création

de projets communs avec d’autres organes culturels, par exemple pour faire des clips pour

internet, des jingles pour portable, la musique pour un court métrage du club cinéma etc.

La création d’un réseau autour du conservatoire est la porte ouverte vers de nouvelles

expériences et donc un élargissement des publics.

La création de résidences d’artistes, au conservatoire mais aussi en d’autres lieux, peut créer

des dynamiques et des rencontres inattendues entre la musique et d’autres expressions

artistiques.

Notre société est en pleine mutation, les crises successives changent les comportements, les

NTIC facilitent la communication et les transferts de savoir, les besoins sont différents, nous

ne cherchons plus seulement à apprendre, mais à faire des rencontres, à réfléchir et à construire

ensemble.

Un conservatoire de musique est un lieu approprié pour générer les rencontres et la

collaboration entre les musiciens, les amateurs de musiques, et tous les artistes qui partagent

cette envie d’échange et d’exploration.

Le conservatoire de Levallois, est un lieu magnifique mais dont trop peu de gens profitent, de

belles initiatives voient le jour, nous espérons que celles que nous avons ajoutées inspireront

les équipes et que d’ici quelques temps nous entendrons parler d’une scène ouverte avec des

ensembles d’adolescents géniaux, des adultes amateurs étonnants et pourquoi pas un groupe

de retraités qui fait bouger toute la salle.

80

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84

TABLE DES MATIERES

Page de garde ....................................................................................................................... 0

Remerciements ............................................................................................................... 1

Le conservatoire municipal au XXIème siècle .................................................................... 2

Plan ...................................................................................................................................... 3

Revue de littérature ................................................................................................... 5

I. Politiques culturelles............................................................................................................. 5

1. Historique et développement de l’éducation artistique et culturelle ............................ 5

2. Histoire des conservatoires municipaux, la doctrine ................................................... 6

3. La volonté de l’état, la déconcentration et la décentralisation ................................... 12

L’intervention de l’Etat, les moyens, la tutelle, les objectifs ..................................... 12

L’impact des différents ministères sur l’enseignement artistique et culturel ............ 16

Etats des lieux et mesure des objectifs ....................................................................... 17

4. Actions culturelles des municipalités......................................................................... 18

Les enjeux .................................................................................................................. 18

Les contraintes ........................................................................................................... 19

Les opportunités ......................................................................................................... 20

Les coûts .................................................................................................................... 20

II. Apprentissage de la musique, état des lieux ...................................................................... 24

1. Etude des pratiques des conservatoires municipaux .................................................. 24

Les Conservatoires à Rayonnement Communal ........................................................ 24

La pédagogie .............................................................................................................. 26

Les pratiques collectives ............................................................................................ 27

Le personnel ............................................................................................................... 28

Les pratiques amateurs ............................................................................................... 30

La diffusion ................................................................................................................ 32

2. D’autres propositions d’apprentissage ....................................................................... 34

En France ................................................................................................................... 34

Hors de France ........................................................................................................... 37

III. Conclusion ....................................................................................................................... 43

85

Redynamiser le conservatoire municipal ..................................................... 45

I. Objet d’étude : Le Conservatoire Maurice-Ravel ............................................................... 45

1. L’organisation du conservatoire ................................................................................ 46

La diffusion ................................................................................................................ 50

Le financement........................................................................................................... 54

Les Associations hébergées ....................................................................................... 55

Le personnel ............................................................................................................... 56

2. Sociologie de la ville de Levallois Perret .................................................................. 57

3. Définition de publics cibles ....................................................................................... 62

II. Une nouvelle stratégie : des offres différentes, de nouveaux objectifs ............................. 64

1. Des offres par public .................................................................................................. 64

Les adolescents .......................................................................................................... 64

les adultes amateurs ................................................................................................... 67

Les Adultes débutants ................................................................................................ 68

La diffusion, l’école du spectateur ............................................................................. 70

2. La communication, les moyens.................................................................................. 72

La communication interne pour les usagers du conservatoire ................................... 72

La communication externe ......................................................................................... 73

3. Le Financement des projets ....................................................................................... 74

Les amis du conservatoire .......................................................................................... 74

Le club mécènes ......................................................................................................... 74

Appel à financement de projet ................................................................................... 75

4. Le projet d’établissement ........................................................................................... 78

III. Conclusion générale ......................................................................................................... 79

Ouvrages .................................................................................................................... 80

Travaux et rapports .................................................................................................... 81

Articles ....................................................................................................................... 82

Sites internet............................................................................................................... 83

Annexes..................................................................................... Erreur ! Signet non défini.

Annexe I : les critères du classement des établissements d’enseignement public de la

musique, de la danse et de l’art dramatique. ..................... Erreur ! Signet non défini.

Annexe II Charte de l'enseignement artistique spécialisé en danse, musique et théâtre

........................................................................................... Erreur ! Signet non défini.

Annexe III : Fiche métier Enseignant artistique ............... Erreur ! Signet non défini.

Table des matières.............................................................................................................. 84

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