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31 LEXIQUE Roche Hachana : littéralement, tête de l’année, Jour de l’An Chofar : corne de bélier Hatarat nédarim : annulation des vœux Chana Tova : bonne année Tamar : datte Rimone : grenade Tapoua’h : pomme Dag : poisson Ma’hzor : livre de prières de Roche Hachana Tachli’h : littéralement, jeter ; cérémonie où l’on se débarrasse symboliquement de nos fautes Zikarone : souvenir Yamim Noraïme : jours redoutables Assereth Yémé Téchouva : les 10 jours de pénitence Hazane : ministre officiant Séli'hoth : recueil de textes qui éveillent l’homme au repentir Téchouva : littéralement, réponse; le retour à D. est la réponse véritable Chalia’h Tsibour : représentant de la communauté, officiant Kahal : assemblée, communauté Néfilath apaïm : supplications Séfaradim : Juifs orientaux Achkénazim : Juifs issus de pays occidentaux Baal Tokéa : personne chargée de sonner du Chofar à l’Office de Cha’hrith de Roche Hachana Modé Ani : littéralement, «je Te rends grâce» ; prière récitée dès que l’on se réveille le matin Minyane : dix hommes de plus de 13 ans.

TICHRI Rav Calendrier

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    LEXIQUE

    Roche Hachana : littralement, tte de lanne, Jour de lAnChofar : corne de blierHatarat ndarim : annulation des vuxChana Tova : bonne anneTamar : datteRimone : grenadeTapouah : pommeDag : poissonMahzor : livre de prires de Roche HachanaTachlih : littralement, jeter ; crmonie o lon se dbarrasse

    symboliquement de nos fautesZikarone : souvenirYamim Norame : jours redoutablesAssereth Ym Tchouva : les 10 jours de pnitenceHazane : ministre officiantSli'hoth : recueil de textes qui veillent lhomme au repentirTchouva : littralement, rponse ; le retour D. est la rponse

    vritableChaliah Tsibour : reprsentant de la communaut, officiantKahal : assemble, communautNfilath apam : supplicationsSfaradim : Juifs orientauxAchknazim : Juifs issus de pays occidentauxBaal Toka : personne charge de sonner du Chofar lOffice

    de Chahrith de Roche HachanaMod Ani : littralement, je Te rends grce ; prire rcite

    ds que lon se rveille le matinMinyane : dix hommes de plus de 13 ans.

  • INTRODUCTION

    LE MOIS DE ELOUL

    Les quatre lettres hbraques qui composent le motELOUL, sont en mme temps lacronyme du verset duCantique des Cantiques (6,3) Ani ldodi vdodi li Jexiste(Je suis) pour mon bien aim et mon bien aim est pour moi

    Ce rappel de nos Sages a pour objet, le lien particulier quiunit Isral son D.

    Eloul est dans lanne Juive, le mois de prdilection de laTchouva, du retour D., de la remise en question de notrepropre conduite,de la disposition changer,de la rsolution ser-vir avec plus de force et de dtermination la Torah et les Mitsvoth.

    A propos du mois de Eloul, nos Matres enseignent : RabbiYhochoua ben Qorha dit : Moch est rest quarante jourssur le Mont Sina il y tudia la loi crite et la loi orale. Aubout de quarante jours, il prit les Tables de la Loi et descenditvers le camp; ctait le 17 Tamouz. En voyant le veau dor, ilbrisa les Tables. Le lendemain, il fit fondre le veau dor,condamna tous ceux dIsral qui staient vous lidoltrie. Le premier Eloul, D. dit Moch : Monte sur la montagnevers Moi et lternel fit entendre le son du Chofar en ce jour,pour viter que les enfants dIsral ne sgarent de nouveau,comme il est dit : D. est mont avec une sonnerie, lter-nel avec le Chofar (psaume 47,6) Il nen redescendit quYom Kippour, aprs avoir obtenu le pardon de cette faute.Cest pour cela que nous sonnons du Chofar chaque anne

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  • depuis le 1er Eloul, jusqu Yom Kippour (Pirk RabbiEliezer)

    Les enfants dIsral avaient consacr ces 40 jours aurepentir et labstinence et plus particulirement le qua-rantime, o ils avaient observ un jene et manifest uneprofonde pnitence. Le mois dEloul reste dsormaiscomme une priode de grce et de misricorde. Depuis lors,les 40 jours qui unissent le 1er Eloul Yom Kippour sontconsacrs la Tchouva, la prire, et la charit.

    Les Sfaradim se lvent aprs Hatsoth pour rciter lesSlihoth ds le 2 Eloul.

    Les Achknazim commencent les Slihoth le dimancheprcdant le Roche Hachana, ou celui davant, si cette ftetombe un lundi ou un mardi.

    Les Slihoth sont rcites jusqu Kippour. De nom-breuses personnes ont lhabitude de jener au moins la mi-journe durant cette priode de 40 jours. Le mois de Eloulest frquemment rserv la visite annuelle au cimetire,aux proches parents que lon a perdus.

    Tous les usages instaurs par la tradition durant cettepriode de 40 jours, ont pour objet de nous inciter instau-rer une atmosphre de gravit, propre aux jours austres et nous prparer spirituellement en approfondissant lasignification de ces journes. Dans le cadre familial, il estrecommand aussi de se livrer ltude de la Torah, das-socier les enfants toute activit spirituelle et de les intro-duire dans lambiance grave et solennelle des joursredoutables.

    Il serait utile aussi de familiariser chacun suivant sesconnaissances et ses possibilits, avec le Mahzor, sa com-position, son contenu, pour que tous participent aux officespublics, en acteurs et non en figurants.

    Les Sfaradim rcitent la Hatarath Ndarim la veille deRoche Hachana.

    En rsum, pendant le mois dEloul, les Juifs observentdune faon particulirement stricte les prceptes de la Torah.

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • Ils consacrent plus de temps aux prires, prodiguent en abon-dance la charit et lamiti, fermement dcids abandonner lavenir les mauvaises habitudes et actions du pass. Ceux quifont Tchouva et sont sincres en leur repentir, ressentent unmerveilleux tat dme, comme si une main les avait dbarras-ss dun lourd fardeau appartenant au pass. Ils ont le senti-ment de recommencer une nouvelle vie pure et sans tche,comme celle dun nouveau-n ou dun enfant.

    Les SlihothLheure la plus propice pour rciter les Slihoth se situe

    dans la deuxime partie de la nuit qui est un moment de mis-ricorde et plus particulirement juste avant le lever du jour.

    Celui qui se lve pour les Slihoth, mme sil fait encorenuit, rcitera dabord les bndictions du matin, de Mod Anijusquaux bndictions de la Torah. En effet, il est ncessairede les rciter avant, pour pouvoir lire les versets de la Bibleinclus dans les Slihoth, comme pour un fruit que lon ne peutconsommer sans sa bndiction pralable.

    Il est important de dire avec srieux ces prires ; pour cela,on vitera de les rciter avec empressement ou en somnolant.Il est donc prfrable de sauter certains passages pour seconcentrer avec ferveur sur les plus importants. Ceux-ci sontles textes en aramen, ainsi que les treize attributs divins(Vayavor) qui ne peuvent dailleurs se lire quen Minyane.Leur rcitation cette heure propice, touche au plus prs laMisricorde Divine.

    Si le Minyane tarde venir, on commencera les Slihoth enomettant les passages en aramen ainsi que les treize attributsDivins. Lorsque la dixime personne arrivera, on reprendratous les textes omis, les uns la suite des autres, car ils sont lacolonne vertbrale des Slihoth.

    LE CALENDRIER HBRAQUE

  • ROCHE HACHANA

  • ROCHE HACHANA

    Le 1er et le 2 Tichri - est la fte du Nouvel AnLa Torah lappelle le 7me mois. Le chiffre 7 dans la tradition

    hbraque, est mis en exergue parce quil symbolise le temps.Or, le Judasme est la doctrine du temps. Le silence de la Torahcrite sur la signification de cette fte si solennelle, est unindice des plus importants en faveur de la tradition orale. Letemps Juif est domin par le chiffre sept.

    Le Chabbath est le septime jour de la semaine, la septimeanne est celle de la Chmita (anne de jachre), le Yovel (lejubil) a lieu tous les 49 ans, cest dire 7 fois 7 ; la promulga-tion de la loi a eu lieu 49 jours aprs la sortie dgypte, soit 7X 7. Le Candlabre du temple (Mnora) avait sept branches.

    Cependant, le septime mois, Tichri, nest que loccasion dela sonnerie du Chofar et une Sainte Manifestation (LvitiqueXXIII, 24), ce qui ncessite un dveloppement de la Traditionorale. En effet, lanalogie entre le septime mois avec les tempsexprims par le chiffre 7, naurait quune analogie sans causerelle. Le septime jour (Chabbath) est un jour de cessation detoute activit cratrice, la septime anne (Chmita), un repospour la terre ; le Yovel, un repos pour lesclave qui recouvre salibert, et un rtablissement pour le champ alin qui retourne son propritaire ; sept semaines aprs Pessah (le 6 Sivan),cest la fte de Chavouoth. Mais lanniversaire du septimemois, nest quun jour de souvenir, du Jugement de D., de lasonnerie du Chofar. La Torah orale, face au silence de lcri-ture, comble les lacunes et nous enseigne que Roche Hachanaa de nombreuses significations :

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  • a) Roche Hachana est lanniversaire de la cration dumonde, ou plus exactement de celle de lHomme.

    b) Selon lavis de Rabbi Eliezer, les Patriarches sont ns Roche Hachana. Ce sont nos Patriarches qui inaugur-rent la nouvelle cration, la nouvelle humanit, aprs lamauvaise conduite des gnrations passes, auxquellesmit fin le dluge

    c) A Roche Hachana, les Matriarches striles ont vu, grce leurs prires, leurs dsirs combls

    d) A Roche Hachana, Joseph sortit de la prison o il avaitt dtenu pendant deux ans

    e) A Roche Hachana, les Hbreux en gypte virent poindrelaube de la dlivrance qui devait se raliser Pessah

    f) Daprs la Psikta de Rav Cahana, D. dit Adam: Tuseras un exemple pour tes descendants : comme tu as tjug aujourdhui devant Moi, et que tu tes blanchi de tafaute, ainsi seront jugs tes enfants pareil jour, et se reti-reront pardonns de devant Moi.

    Le Rav S. Bloch avance une explication qui nous parat trsintressante ; il crit : Au mois de Tichri, la terre aura achevson anne de travail et de production ; elle aura donn lhomme tout ce quelle pouvait lui donner : ses fleurs, sesfruits, ses riches moissons, tous les biens quelle a ports etfconds dans son sein maternel. Dchire par le fer de lacharrue et foule par le pied vigoureux du buf de labour, laterre aura tout donn lhomme, mais lhomme, quaura-t-ildonn D.?

    Pendant que lhomme rcolte les trsors de la terre, compteses gerbes, mesure son vin, jette un regard de contentement etde joie sur les richesses qui entrent dans sa maison et y appor-tent le bonheur et la vie Le judasme a alors institu, ct dela moisson de la terre, une moisson spirituelle de tchouva, desanctification, o lhomme doit offrir son Crateur tout ce queson esprit et son cur peuvent produire de biens immortels.

    Le jour de Roche Hachana rveille lhomme de son som-meil et de ses rves et lui dit : rveillez-vous, sortez de votre

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • lthargie! Examinez vos uvres, faites Tchouva et pensez votre Crateur! 1.

    Autrement dit, au moment o la nature, qui a permis auxhommes de vivre grce sa production, sapprte se mettreau repos, lternel a fix le 1er Tichri, pour que nous puissionsexprimer notre gratitude et notre amour pour Lui.

    LES NOMS DE ROCHE HACHANA

    1) Jour du Jugement Yom HadineLe Midrache nous dit que D. passe en revue toutes Ses cra-

    tures pour dterminer leur sort et les inscrire au livre de la vieou au livre de la mort. Cependant, il ny a pas lieu de dsesp-rer, et-il pch chaque jour de lanne, quil sache que jus-quau dernier instant il peut faire Tchouva car rien ne rsisteau repentir sincre et faire pencher le plateau de la balance,pour lui et pour le monde, dont lquilibre se rompt au dpla-cement dun simple individu quittant le ct mal pour celui dubien.

    2) Jour du Souvenir Yom HazikaroneSouvenir des mrites dIsral, appel la misricorde de D.

    Souvenir des actions accomplies dans lanne qui vient de pas-ser. Souvenir de la sonnerie du Chofar (Lev XXII, 24 ;Nomb. XXIX, 1).

    3) Jour de Troua sonnerie du ChofarLe Chofar sadresse nous en nous rappelant : Rveillez-

    vous, rveillez-vous de votre lthargie spirituelle en vous occu-pant de choses terrestres sans importance ; vous avez ngligles besoins de votre me. Rveillez-vous et donnez-lui unechance. Le son du Chofar est un cri dalarme, comme le dit leProphte Amos : Le Chofar rsonne-t-il dans une ville, sansque le peuple en soit alarm? Le retentissement du Chofarnous effraie parce quil nous rappelle le jour du Jugement.

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    ROCHE HACHANA

    1. S. BLOCH, La Foi dIsral, Paris, 1859.

  • Le Chofar nous rappelle le blier quAbraham sacrifia aulieu de son fils Isaac. Lhistoire du sacrifice dIsaac que nouslisons le second jour de Roche Hachana nous revient ainsi danstoute sa grandeur. Nous sommes fiers dtre les enfantsdAbraham et dIsaac, davoir hrit un peu de leur loyaut etde leur dvouement inbranlables envers D.

    D. ne pouvait pas tre trs irrit contre les enfantsdAbraham, dIsaac et de Jacob qui, leur poque, furent lespremiers et les seuls proclamer Son Nom.

    Plus nous pensons nos grands anctres, plus nous sommesinspirs par leur comportement. Nous nous rendons compteque le fait dtre dvou la cause de notre Torah et de notreD. signifie tre prt consentir des sacrifices et tre absolu-ment dsintress.

    Roche Hachana dure deux joursLa Torah prcise pour Roche Hachana que cest un jour de

    souvenir . Pourtant nous en observons deux.La rgle des deux jours, remonte lpoque des premiers

    prophtes. (Talmud Yrouchalmi, Erouvim, Chap. III). Alorigine, la nomnie tait fixe daprs lobservation delapparition de la nouvelle lune par le Sanhdrin. Lorsque lestmoins venaient annoncer quils ont observ le premiercroissant de lune, les villes loignes de Jrusalem ne pou-vaient pas tre mises au courant. Ce qui fait que la majoritdes Juifs, habitant en Isral, clbraient deux jours de RocheHachana dans lignorance de la date proclame par leSanhdrin. Mme Jrusalem, au sige du Tribunal, il arrivaitfrquemment que lon fte deux jours, parce que les tmoinsne se prsentaient pas dans la journe du 30 Eloul, laquelletait chme comme jour fri et le lendemain videmmentaussi. On a donc institu partout en Isral comme dans la dia-spora, deux jours considrs par la tradition comme un jourtrs long.

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • LE DROULEMENT DE ROCHE HACHANA

    Le premier soirLe soir de Roche Hachana, on doit se rendre la synagogue

    plus tt que dhabitude. La prire doit se faire dans lerecueillement et avec une grande ferveur, car le jour duJugement a dj commenc.

    Si Roche Hachana tombe un Chabbath, on ajoute la prire diteBrakha mne Chva en disant Hamlekh Haqadoche aulieu de Hael Haqadoche, et on achve cette prire par MqadcheHachabbath sans mentionner Roche Hachana.

    A lissue de loffice du soir, on se dit mutuellementLchana Tova Tikatev Vthatem (sois inscrit et scell pourune bonne anne).

    Au retour de la prire de Arvith, la table doit tre prte etles lumires allumes, exactement comme en tout autre yomtov. On chante le Kiddouche, en mentionnant Chhhyanou.

    La deuxime soire de Roche Hachana, afin de nous per-mettre de rciter la bndiction Chhhyanou, nous man-geons invariablement, pour la premire fois de la saison, desfruits nouveaux tant attendus des enfants. Au repas des deuxsoires de Roche Hachana on vite des mets qui ont un gotpre ou aigre. On ne consomme que des mets dont le nom etla saveur soient de bonne augure pour lanne nouvelle.

    Aprs le Kiddouche, on fait Ntilath Yadam et le Motsi, eton entame le crmonial de Roche Hachana.

    Ce crmonial se rpte aussi le second soir.Avant de consommer un fruit, un lgume ou un poisson, les

    bndictions Bor pri haets, Bor pri haadama, ou Chhacol,sont prcdes par Yhi Ratsone.

    Les aliments consomms ce soir loccasion de ce crmo-nial ont des noms dont la racine hbraque explique le textercit. Exemple : les blettes se disent en hbreu salqa, dont laracine signifie : exterminer, chasser, carter ; la bndictiondont les blettes sont le support, consiste demander D.dloigner nos ennemis.

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    ROCHE HACHANA

  • Pommes dans le miel : Yhi ratsone milfankha Ado-naElo-hnou V-loh Avotnou Chth Chana zo MtoukaAlnou Khadevach. Que ce soit Ta volont ternel notre D.et D. de nos pres que cette anne soit pour nous doucecomme le miel !

    Poireaux : Yhi ratsone milfankha Ado-na Elo-hnouV-loh Avotnou Chyikaretou Oyvnou Vsonnou vkholMvakech Raatnou. Que ce soit Ta volont ternel notreD. et D. de nos pres que soient retranchs nos ennemis, ceuxqui nous hassent et tous ceux qui dsirent notre malheur.

    Blettes : Yhi ratsone milfankha Ado-na Elo-hnou V-loh Avotnou Chyistalekou Oyvnou Vsonnou vkholMvakech Raatnou. Que ce soit Ta volont ternel notreD. et D. de nos pres que soient carts nos ennemis, ceux quinous hassent et tous ceux qui dsirent notre malheur.

    Dattes : Yhi ratsone milfankha Ado-na Elo-hnou V-loh Avotnou Chyitamou Oyvnou Vsonnou vkholMvakech Raatnou. Que ce soit Ta volont ternel notreD. et D. de nos pres que soient carts nos ennemis, ceux quinous hassent et tous ceux qui dsirent notre malheur.

    Courges : Yhi ratsone milfankha Ado-na Elo-hnouV-loh Avotnou Chtikra roa Guzar Dinnou VyikareouLfankha Zakhiyotnou . Que ce soit Ta volont ternelnotre D. et D. de nos pres que soient annuls, dchirs, lesmauvais dcrets et que nos mrites soient prsents devantToi.

    Ssame : Yhi ratsone milfankha Ado-na Elo-hnouV-loh Avotnou Chyirbou Zakhiyotnou. Que ce soit Tavolont ternel notre D. et D. de nos pres que se multiplientnos mrites !

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • Grenades : Yhi ratsone milfankha Ado-na Elo-hnouV-loh Avotnou Chyirbou Zakhiyotnou KegarinRimone . Que ce soit Ta volont ternel notre D. et D. de nospres que se multiplient nos mrites comme les grains de gre-nade!

    Poissons : Yhi ratsone milfankha Ado-na Elo-hnou V-loh Avotnou Chnifr Vnirb Kadaguim Vetichgah alaneBna Ptiha. Que ce soit Ta volont ternel notre D. et D. denos pres que nous fructifions et nous multiplions comme lespoissons et protge-nous dun regard attentif!

    Tte de mouton : Yhi ratsone milfankha Ado-na Elo-hnou V-loh Avotnou Chnihy Lroch vlo LzanavVzkhre Llo chel Itshaq Avinou alave Hachalom. Que cesoit Ta volont ternel notre D. et D. de nos pres que noussoyons la tte et non larrire et en souvenir du sacrificedIsaac notre pre !

    Il y a plusieurs traditions. Le Sder diffre dune commu-naut une autre et chacun doit suivre son usage.

    Ce crmonial est dune importance capitale sur le planducatif et pdagogique. Il frappe limagination des enfants etfixe la fte dans leur mmoire. Il est aussi loccasion, linstardu Sder de Pessah, davoir un dialogue avec les enfants et dedonner des explications et des enseignements.

    LA JOURNE DE ROCHE HACHANA

    On a lhabitude de se lever tt afin dassister loffice dudbut jusqu la fin. Ce dernier est empreint dune solennit etdune ferveur particulires.

    La synagogue est habille de blanc, symbole dinnocence etde puret. Le rideau de larche sainte est blanc, les Achknazimhabillent les rouleaux de la Loi avec des mantelets blancs. La

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    ROCHE HACHANA

  • Tba (pupitre) est recouverte dune nappe blanche. Dans denombreuses communauts ashknazes, les hommes portent levtement mortuaire blanc, le sargueness loffice du matin.Chez les Sfaradim, le Talith est la kippa sont blancs.

    Loffice de Chaarith de Roche Hachana sarticule autour duthme de la reconnaissance de la Royaut du D. Un, par luni-vers entier. On dit notamment dans la Amida : afin que tousles hommes reconnaissent que Tu as crs, toutes les cratures,que Tu les as formes, afin que tout ce qui respire proclame lternel D. dIsral est Roi et Sa Royaut stend toutlUnivers !

    LECTURE DE LA TORAH

    Le premier jour de Roche Hachana, on sort deux rouleaux dela Torah. Dans le premier, on lit tout le chapitre 21 de la Gnse.Cinq fidles sont appels la Torah. Si Roche Hachana tombeun Chabbath, on appelle sept personnes. Dans le deuxime rou-leau, on appelle le Maftir ; on lit le passage tir des Nombres,chapitre 29 de 1-6, on dit le demi-Kaddiche puis la Haftara.

    THME DE LA LECTURE

    La section que nous lisons le premier jour, raconte la nais-sance dIsaac, cadeau magnifique donn Abraham et Sarahdans leur vieillesse, ainsi que de la mise lcart de Hagar etde son fils Ismal. Ce dernier stablit dans le dsert, faisant dela chasse larc son mtier, tandis quIsaac dvoue toute sa vie ltude de la Torah et au service de D. La haftara rappelle lanaissance de Samuel. Le deuxime jour, on fera le rcit dusacrifice dIsaac que la tradition joint dans un rapport troit Roche Hachana.

    Toute lecture de la Torah constitue un enseignement. Deces diffrentes lectures bibliques se dgage la leon suivante: Les actes des pres doivent servir de prfiguration etdexemple pour les gnrations suivantes qui, si elles russissent

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • sapproprier ces vertus de dvouement entier, damour totalen D., de confiance absolue en Sa Providence, pourront bn-ficier du Zhouth Avoth Mrite des anctres souventinvoqu en ces jours austres comme intercesseur. Cette leonconcerne galement la transmission perptuelle du Judasmede pre en fils 1.

    LE CHOFAR

    La sonnerie du Chofar constitue le moment le plus solennel.Le son du Chofar, rveille en sursaut les consciences engour-dies. Il appelle au repentir, et transmet un message qui nousdit : Rveillez-vous, vous qui somnolez, et rflchissez ceque vous faites. Souvenez-vous de votre Crateur et retournez Lui. Ne soyez pas comme ceux qui ne voient pas la ralit etcourent aprs des choses imaginaires, gaspillant les annesdans la recherche des choses vaines et inutiles. Connaissez-vous vous-mme et rendez vous compte de vos actes. Que cha-cun vite de faire du mal et davoir de mauvaises penses etquil retourne D. pour quIl ait piti de lui (Mamonide).

    Voil le rle le plus important du Chofar. Lorsquil retentitnous prouvons de la crainte et en mme temps des sentimentsde repentir, de tristesse et dhumilit. En effet, la sonnerie duChofar qui nous a t transmise de gnration en gnration,nous rappelle soupirs et pleurs touffs. Elle est faite sur troissons diffrents :

    Tkia : un son prolong Chvarim : trois sons courts et rpts Troua : neuf sons saccadsOn a lobligation dcouter : Tkia Chvarim Troua Tkia Tkia Chvarim Tkia Tkia Troua Tkia

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    ROCHE HACHANA

    1. E. Gugenheim, in T.U. N 78-79, 1960.

  • Chaque groupe est rpt trois fois, ce qui fait en tout trentesonneries.

    LE SON DU CHOFARLe mois de Tichri avec son cortge de ftes est associ dans

    la mmoire collective, au son du Chofar. Lorigine tymolo-gique de ce terme est syriaque. En effet, Chofar signifie blier,agneau, bouc. Le mot exact est Chefer. On aurait d logique-ment dire : krne hachofar, la corne du blier. Le mme ph-nomne linguistique sest produit pour le mot yovel que lontraduit par jubil. Le terme yovel signifie aussi blier. Onemploie le yovel seul, alors quil aurait fallu dire krne hayo-vel.

    Tout le monde sait que le Chofar sert mettre des sons quiont une signification prcise.Toutefois, le Chofar servait essen-tiellement runir la population sur la place de la ville, pourlui annoncer une invasion ou pour effrayer lennemi.

    Les tribunaux se servaient beaucoup du Chofar pourannoncer une dcision ou une rglementation nouvelle 1.

    Les membres du dernier devoir utilisaient le Chofar pourannoncer un dcs et inviter la population se joindre au cor-tge funbre 2.

    Cest aussi le son du Chofar qui invite la population ces-ser toute activit la veille du Chabbath. Cette tradition estencore observe de nos jours en Isral. En rsum, on constateque le Chofar avait sept fonctions, savoir :

    1. rassembler la population,2. annoncer une invasion par un ennemi,3. effrayer lennemi,4. annoncer un jene public,5. annoncer les dcisions des tribunaux,6. inviter le peuple participer une inhumation,7. signifier lentre du Chabbath

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

    1. Talmud avoda zara 40a, sanhdrin 7b.2. Talmud mod katan 27a.

  • Ce sont l les sept fonctions du Chofar lorigine, mais bienplus tard, se sont ajoutes deux autres :

    8. annoncer lexcommunication dune personne qui mettaiten danger toute la communaut 1,

    9. marquer les solennits du mois de tichri RocheHachana, Kippour, Hochaana Rabba.

    Sonner du Chofar tous les matins du mois de Eloul lex-ception du Chabbath est une coutume assez tardive.

    Il va de soi que toutes ces fonctions du Chofar trouvent uncho dans la Bible. Le Chofar est mentionn pour la premirefois dans la Torah loccasion de la promulgation de la Loi surle Mont Sina : Le troisime jour, le matin venu, il y et destonnerres et des clairs, une nue paisse sur la montagne et unson de Chofar intense, tout le peuple frissonna dans le camp2.

    La mention du Chofar dans le don de la Torah lui confreune saintet particulire, cest ce qui explique peut-tre saplace prpondrante dans loffice des solennits du mois detichri. En effet, le peuple Juif et sa vritable naissance auMont Sina, et le mois de tichri est par tradition le temps de lanaissance du monde. Ce qui est une manire manifeste designifier que la naissance du peuple Juif, porteur du messagedivin, est indispensable au monde.

    Sans Torah, le monde na aucune raison dtre et qui ditTorah, dit peuple Juif qui en est le garant et le dpositaire.Loffice du Moussaf de Roche Hachana le dit implicitement enrappelant le rle du Chofar au Mont Sina. Mais dans la Torah,la sonnerie du Chofar est un commandement rattach laclbration de lanne du Jubil. En effet, on peut lire Tuferas circuler le retentissement du Chofar dans le septimemois, le dixime jour du mois, au jour des expiations vous ferezretentir le son du Chofar travers tout votre pays (Lvitique25,9).

    Si lon suit le raisonnement de Mamonide, sonner duChofar Roche Hachana est une observance de la Torah, car

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    ROCHE HACHANA

  • il est crit ce jour sera pour vous un jour de sonnerie. En faitMamonide opre une extrapolation partir du texte concer-nant le Jubil 1. En dehors du Pentateuque, le Chofar joue unrle important dans la chute de la ville de Jricho 2. Il est men-tionn treize fois, pour marquer son importance dans les cr-monies militaires. Le son du Chofar avait un rlepsychologique certain. Il est associ au souvenir du MontSina, souvenir lui-mme rattach la prsence de laProvidence Divine au sein du peuple, ce qui procurait uneforce physique indomptable aux combattants. Le rle psycho-logique de llment religieux a t maintes reprises dunetrs grande efficacit.

    Le Chofar est ainsi mentionn lors des guerres menes, parle juge Ehud contre Moav et le Midianite ; contre Amalek etles gens de lEst 3 ; par Guidon contre les Cananens 4. Lasonnerie du Chofar annonce la victoire : Jonathan battit leposte de philistins qui tait Gheba, et les philistins en furentinforms, Sal le fit annoncer au son du Chofar dans tout lepays, se disant : il faut que les hbreux le sachent 5.

    Cest aussi par le son du Chofar que lon ordonnait larrt descombats : Et Joab sonnait du Chofar et toute la troupe sarrta,cessa de poursuivre Isral et ils renoncrent batailler 6.

    Des sicles plus tard, la suite de ldit de Cyrus, lesHbreux retournrent en Isral sous la direction deZroubabel et de Nhmie. On trouve tout prs de ce dernierun spcialiste du Chofar. Son rle tait dalerter les guerriersen cas dinvasion ou de danger imminent.

    Si le Chofar remplit une fonction non ngligeable en cas deguerre, il est aussi prsent pour les ftes. Lorsque David escortait

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

    1. Zmanim, hilkhot Chofar chap. I, halakha I.2. Josu 10, 4-53. Juges I, 3, 274. Juges 7, 85. Samuel I, 13, 3.6. Samuel II, 2,28.

  • lArche Sainte, il y avait des cris de joie et la sonnerie duChofar 1. A loccasion du couronnement du roi, on sonnaitaussi du Chofar. On sait les relations tendues qui rgnaiententre le roi David et son fils Absalom, celui-ci avait envoy desmissaires dans toutes les tribus dIsral avec ce message :Quand vous entendrez le son du Chofar, vous direz Absaloma t proclam roi Hbron 2.

    A propos du couronnement de Salomon par le GrandPrtre Tsadok et par le Prophte Nathan, il est crit : Voussonnerez du Chofar et vous direz Vive le roi Salomon 3. Maisil semble quun simple particulier pouvait user du droit de son-ner, sa guise, du Chofar pour annoncer une dcision qui luitait personnelle 4.

    Le Chofar occupe une place de choix chez les prophtesdIsral. Ceux-ci en usent pour signifier au peuple que lesparoles quils prononcent ont la mme valeur que celles pro-nonces au Mont Sina. Cest ainsi quIsae crit : En ce jourrsonnera le Grand Chofar, alors arriveront ceux qui taientperdus dans le pays dAchour, relgus, dans la terre dgypte,et ils se prosterneront devant lternel sur la Montagne Sainte Jrusalem 5.

    Comme on peut le constater, Isae adjoint au Chofar le qua-lificatif de Grand, parce quil annoncera le retour de tous lesexils, et la place prpondrante quoccupera Jrusalem parmiles nations. Cette expression de Grand Chofar figure dans laliturgie juive en bonne place dans le Chmon Essr les dix-huit bndictions. Le Prophte Jrmie son tour voque leson du Chofar mais dans un sens diffrent de celui dIsae.Pour lui, le Chofar rappelle la guerre imminente. Chez Jrmiele son du Chofar a un rle particulier, ngatif dans la plupart

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    ROCHE HACHANA

    1. Samuel II, 6,15.2. Samuel II, 15,10.3. Rois, I, 1,34.4. Samuel, II, 20,1.5. Isae, 27,13.

  • des cas. Le Chofar daprs Jrmie annoncera la mort duroyaume de Jude et la fin de son indpendance. Il crit, dansun style poignant : Tout mon cur est en moi, je ne puis lecalmer car tu entends mon me, le son du Chofar onannonce dsastre sur dsastre, et tout le pays est saccagjusqu quand verrais-je des bannires, entendrais-je leChofar retentissant Fuyez, enfants de Benjamin du milieude Jrusalem ! Sonnez du Chofar Tcoa Ainsi parle l-ternel : Jai tabli parmi vous des sentinelles, attention au sondu Chofar .

    Quant au Prophte Ezchiel, il mentionne le Chofar uneseule fois au chapitre 33, dans un sens tout fait original : LeChofar symbolise le Prophte lui-mme, qui doit mettre lespersonnes en garde contre leurs garements et le non-respectde la Torah. Le Prophte est le Chofar de lternel.

    Fils de lhomme, parle aux enfants de ton peuple et dis-leur : sil est un pays contre lequel jamne le glaive, les gensde ce pays prendront un homme dans leur rang pour lta-blir comme guetteur. Cet homme, voyant le glaive venircontre le pays, sonnera du Chofar et avertira le peuple. Silest alors quelquun qui, ayant entendu le son du Chofar, nese tienne pas sur ses gardes et que le glaive vienne et len-lve, son sang sera sur sa tte 1.

    Le Prophte Ose emploie le terme Chofar avec la mmeconception quEzchiel, seul Jol, donne au Chofar un senseschatologique : Sonnez du Chofar dans Sion, et poussez descris sur Ma Montagne sainte, pour quils tremblent, tous leshabitants de ce pays, car il arrive le jour de lternel, il estproche. Un jour de tnbres et dobscurit 2.

    Le Prophte Cphania parle du Chofar comme lannoncedu Jour de D. : Ce jour sera un jour de dtresse et dangoisse,

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

    1. Ezchiel, 33,2-4.2. Jol 2,1.

  • un jour de ruine et de dvastation, un jour dobscurit et deprofonds tnbres, un jour de nuages et de brume paisse, unjour de Chofar et de fanfare guerrire contre les villes 1.

    Si lon quitte les Prophtes pour les autres crits de la BibleHbraque, on est frapp par la place quoccupe le Chofar dansle livre des Psaumes. Son sens se trouve enrichi par tout unsymbolisme. Au Psaume 47, v .6, on peut lire : D. slve dansles hauteurs parmi les acclamations, lternel au son duChofar.

    Au psaume 81, v. 4 : Sonnez le Chofar la nouvelle luneau jour fix pour notre solennit . Lexpression nouvellelune, dsigne, daprs la plupart des exgtes, le premier Tichri Jour de lan hbraque. Dans de nombreux textes desPsaumes, le Chofar est linstrument qui sert glorifier lter-nel : Glorifiez lternel avec la harpe, le son des trompettes etles accents du Chofar. Avant de conclure, il reste mention-ner une dernire fonction, celle qui accompagne un serment.On en trouve une trace dans les Chroniques : Ils en firent leserment lternel haute voix en poussant des acclamationset au son du Chofar 2.

    Le philosophe Saadia Gaon a parfaitement rsum les fonc-tions du Chofar que nous venons de parcourir, et les intgredans les motivations de la prsence du Chofar et de la liturgiedes Jours Solennels, et particulirement Roche Hachana.Saadia Gaon donne dix raisons qui justifient que lternelnous ordonne de faire retentir le Chofar le jour de RocheHachana :

    1. Ce jour est lanniversaire du commencement de lacration, quand lternel a cr lUnivers et a rgn surlui. Or, les rois, leur avnement, ont lhabitude de faire

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    ROCHE HACHANA

    1. Cphania 1,16.2. Chroniques II, 15,14.

  • sonner devant eux des trompettes et des cors pour fairesavoir et entendre partout le dbut de leur rgne. Ainsi,nous proclamons sur nous la Royaut du Crateur en cejour. Et cest en ce sens que David a dit : Avec destrompettes et le son du Chofar, faites une fanfare devantle Roi, lternel .

    2. Roche Hachana est le premier des dix jours de pnitenceet lon y sonne le Chofar pour proclamer officiellementcet avertissement qui nous est donn : Que tous ceux quiveulent se repentir le fassent, et sinon quon ne senprenne qu soi-mme. Cest ainsi que font les rois enavertissant dabord le monde par leurs dits, de sortequon ne tienne pas compte des prtextes de tous ceuxqui les enfreignent aprs lavertissement.

    3. Pour nous rappeler notre prsence au sujet de laquelle ilest dit : Et le son du Chofar trs intense 1 Et pour nousfaire accepter ce que nos anctres ont accept : Nousvoulons excuter et obir.

    4. Pour nous rappeler les paroles des Prophtes qui sontcompares la sonnerie du Chofar, comme il est dit : Etsi quelquun entend le son du Chofar et nen tient pascompte, et que lpe vienne et le prenne, il sera respon-sable de son sang Mais sil en tient compte, il aurasauv sa vie. 2

    5. Pour nous rappeler la destruction du Temple, et le son dela fanfare guerrire de nos ennemis. Ainsi quil est dit : Car tu as entendu, ma personne, le son du Chofar une fanfare guerrire 3. Aussi, quand nous entendons leson du Chofar, nous devons solliciter de D. la recons-truction du Temple.

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

    1. Cf. note 42. Cf. note 16.3. Jrmie 4.

  • 6. Pour nous rappeler le dvouement dIsaac qui sestlaiss li pour tre sacrifi D. De mme nous devonsoffrir de notre vie pour la sanctification de Son Nom, etnotre souvenir montera alors pour tre mentionn enbonne place devant Lui.

    7. Lorsque nous entendons la sonnerie du Chofar, nousdevons tre remplis de crainte et de terreur, et nousfaire tout petit devant le Crateur. Car cest la naturedu Chofar de faire frissonner et palpiter, comme il estdit : Si le Chofar retentit dans la ville, le peuple ne fris-sonne-t-il pas ? 1.

    8. Pour nous rappeler le Grand Jour du Jugement, et nousen rendre inquiets, comme il est dit : Car il est prochele Grand Jour de lternel, proche et imminent le Jourde Chofar et de fanfare.2

    9. Pour nous rappeler le rassemblement des fugitifsdIsral et nous pntrer dimpatience pour lui. Car ilest dit son sujet : Ce jour l on sonnera du GrandChofar, et ceux qui sont perdus dans le pays dAchouret fugitifs dans le pays dgypte, viendront se proster-ner devant lternel sur la Montagne sacre Jrusalem 3.

    10. Pour nous rappeler la rsurrection des morts, et nousporter y croire, comme il est dit : Tous les habitantsdu monde et les occupants de la terre, vous verrezcomme les montagnes lveront un drapeau, et vousentendrez quand le Chofar retentira 4.

    Comme on peut le constater, Saadia a insr dans ses dixpropositions tous les sens du Chofar que nous avons rencon-tr dans la Bible. Il nen demeure pas moins que dans la

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    ROCHE HACHANA

    1. Amos 3,6.2. Cphania 3,16.3. Cf. note 154. Isae 33,3.

  • connaissance populaire, le Chofar est associ Roche Hachanaet Kippour. Un office de Roche Hachana est inconcevable sansla sonnerie du Chofar. Le temps que dure la sonnerie, limagi-nation de chaque fidle retrace tout le pass dIsral.Limaginaire nous conduit la priode dAbraham et au sacri-fice dIsaac. Le Chofar a le mrite de nous rattacher au pass etmalgr labsence de racines, chaque juif se sent une partie int-grante dun petit peuple si grand par son esprit et par le mes-sage dont il est porteur.

    LA HALAKHA

    Si le jour de Roche Hachana tombe un samedi, on ne sonnepas le Chofar. Et dans la Amida (prire silencieuse) on rem-place les mots Yom Troua (jour de sonnerie) par ZikhroneTroua (souvenir de la sonnerie).

    Celui qui sonne le Chofar rcite la bndiction : Tu esternel, Source de Bndictions, qui nous a ordonn dcouterla voix du Chofar . Cette bndiction est suivie parChhhyanou. Puis, il fait retentir les sonneries prescrites, entrois sries (sdarim, pluriel de sdre, ordre)

    MoussafLa prire du moussaf compte neuf bndictions dont les

    trois mdianes sont encadres chacune dune dizaine de ver-sets tirs de la Bible, qui proclament :

    1) la Royaut de D. sur lunivers (Malhouyoth)2) LOmniscience de D. (Zikhronoth)3) La Rvlation de D. (Chofaroth)4) Des sonneries du Chofar ponctuent ces trois parties par

    deux fois, la premire pendant la Amida silencieuse, et ladeuxime la rptition de cette mme Amida hautevoix.

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • TachlikhAprs la prire de Minha le premier jour ou le deuxime

    si le premier est un samedi a lieu une crmonie pleine desymboles. Tous les fidles se rendent au bord de la mer, dunerivire, ou dun cours deau. On lit un texte tir du Livre duZohar, ponctu dun refrain compos de versets du ProphteMiche (VII, 18-20) : Qui, D., comme Toi, pardonne les fautes,fait grce aux offenses, au reste de son hritage? Il ne gardepas jamais Sa colre, car Il dsire la misricorde. Tu nousreprendras en piti, Tu couvriras nos fautes, Tu jetteras(Tachlikh) dans les profondeurs de la mer tous nos pchs.

    La crmonie sachve par une prire prononce par leRabbin ; son texte est un chef duvre littraire. Cette prirene concerne pas uniquement les Juifs mais tous les hommes ; linstar de Roche Hachana, o le peuple Juif prie pour le restede lhumanit.

    Quand on prononce le mot Tachlikh qui signifie jeter, lesfidles joignant le geste la parole retournent leurs pochespour jeter symboliquement les fautes commises au cours delanne.

    Le jene de GudaliaAprs la destruction du premier Temple en 586 par

    Nabuchodonosor, roi de Babylonie, Gudalia ben Ahiqam futnomm gouverneur de Jude, devenue province babylonienne,pour administrer le reste dIsral. (Jrmie XLI) Gudaliaavait lintention de restaurer ltat et devenir indpendant.Cest alors quil fut assassin par un rival nomm Ismal. Cettemort tragique signifia provisoirement la fin des espoirs de res-taurer ltat Juif. Lassassinat a eu lieu le lendemain de RocheHachana, le 3 Tichri. Le Talmud dit que la mort des Justes qui-vaut la destruction du Temple (Talmud Roche Hachana 18 b)Cest pourquoi les Prophtes dIsral instaurrent ce jenepour commmorer la mort de Gudalia et par voie de cons-quences, la fin de lespoir de restaurer ltat. Le jene est lequatrime, institu en mmoire des malheurs qui ont frapp le

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    ROCHE HACHANA

  • peuple Juif. Il est marqu par linterdiction de consommer unaliment quelconque depuis laube au coucher du soleil.

    Assreth Ym Tchouva (Les dix jours de pnitence)Les dix jours qui commencent Roche Hachana pour

    sachever la fin de Kippour sont marqus par la rcitationdes Sli'hoth laube, Chahrith et Minha par la prireAvinou Malknou . Le samedi qui suit Roche Hachana portele nom de Chabbath Chouva car la Haftara commence parle mot Chouva (reviens) Reviens Isral, jusqu lternelton D..

    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • LECTURES

  • LA TCHOUVA

    Cherchez le Seigneur lorsquil se laisse trouver, invoquez-Le lorsquIl est proche (Is. LV, 6) : cest aux dix jours de pni-tence, du premier au 10 Tichri, o le repentir estimmdiatement agr, que le Talmud applique cette exhorta-tion prophtique. Il doit en rsulter une recrudescence de zledans lobservance des pratiques, dans la prire, dans les bonnesuvres.

    Alors que la justice divine ne laisse gure despoir lhomme, Sa Misricorde a ds le dbut de lhistoire, prvu lerepentir comme moyen de salut. R. Elizer dit : Adam entradans les eaux du Guihon, elles lui montrent jusquau cou ; iljena durant sept semaines et son corps ntait plus quuneenveloppe diaphane. Alors il leva vers D. sa prire : Matre dumonde, pardonne ma faute et accepte mon repentir, que toutesles gnrations venir sachent quil est possible de faireretour. Le pcheur ne fait jamais, en vain, appel la pitidivine : La sagesse humaine, lorsquon lui demande : que fairedu pcheur? rpond : la souffrance poursuit le pch. Laprophtie : lme qui a pch, mourra . La Loi : quilapporte une offrande et il lui sera pardonn . Nest-il pas dit :Le Seigneur est bon et juste, il enseignera au pcheur lesvoies du repentir. Car, mes enfants, quai-je exig de vous?Cherchez-Moi et vivez (Psikta, chap. XXV).

    Les Sages exaltent la grandeur, la force du repentir : Grandeest la tchouva qui rapproche ceux qui sont loigns, cartelcran du pch qui spare lhomme de D., lamne jusquautrne divin, transforme les fautes en mrites. Qui fait tchouva,cest comme sil montait Jrusalem, reconstruisait le Temple,

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  • difiait lautel et y offrait tous les sacrifices de la Torah (Lv.Rab., VII). Regretter ses fautes, les confesser dune me etdun esprit purifis, abandonner sa conduite antrieure etchanger son cur, telles sont les diverses tapes qui mnent la tchouva complte.

    Dans ces journes o tout Isral sapproche avec craintepour pancher son cur devant son Crateur et Juge, lesenfants ont, eux aussi, un rle important jouer. Le Magguidde Doubno, dans des apologues clbres, montre commentleur inculquer ce sentiment de leur responsabilit, afin de lesfaire participer la prire de toute la communaut : Imaginez, dit-il, un pre qui marche sur la route avec sonenfant. Aux passages difficiles, un gu traverser, une mon-tagne gravir, le pre prend son enfant sur les paules. Maisvoici quils arrivent, vers le soir, une ville aux portes fermes,seules quelques lucarnes restent entrouvertes dans lpaisseurde la muraille. Le pre dit alors son fils : Jusqu prsent, jeme suis occup de toi, je tai port dans mes bras ou sur mespaules. Mais tu vois bien maintenant que notre salut dpendde toi, si tu parviens grimper par ces lucarnes et faire ouvrirles portes de lintrieur, pour que je puisse entrer, moi aussi.Il en est de mme dans la vie courante, ajoutait le Magguid.Cest nous, aux parents quil incombe de veiller sur nosenfants, de les diriger, de subvenir tous leurs besoins. Maisaujourdhui, o nous nous apprtons nous prsenter devantD., les portes de la prire sont fermes devant nous. Il en estainsi, dit la Tradition, depuis la destruction du Temple. Nousnavons dautre recours quen vous, nos enfants, qui, pluslgers que les aigles, pouvez entrer dans ce Sanctuaire et faireouvrir les Portes de la Misricorde. Car la voix des enfants,cest le souffle, pur de tout pch, capable de transpercer leslucarnes clestes.

    La Loi dnie, en effet, aux petits toute responsabilit moralejusqu leur majorit religieuse 12 ans pour les filles, 13 pourles garons . Le jour o son fils clbre sa bar mitsva, le prebnit publiquement D. qui le libre des pchs de celui-l

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • car jusqualors, ctait sur lui quils pesaient. Il est bon de ledire nos enfants, quils comprennent que nous endossonsleurs fautes pour nous auprs de D.Avant mme quils sachentvraiment prier, ils aident leurs parents en ces heures dcisives obtenir le pardon divin en rpondant amen de tout leurcur aprs les bndiction rcites par le Hazane.

    Kippour, jour dexpiation et de pardon, exclusivementconsacr la prire et la pnitence, dont la saintet unique,allie au miracle de la tchouva, permet lhomme de sedbarrasser de ses pchs, de se rgnrer totalement. Jourde jene majestueux, o lIsralite se purifie des fautes dupass, o il est prs de ressembler aux anges, il accomplit sonjene dans lhumilit et la mortification, debout, mais pliant legenou, chantant et louant D., toutes ses forces matrielles ten-dues vers les hauteurs spirituelles comme sil ny avait pas enlui de nature animale (Kouzari, III 5). Si Kippour impose lacommunaut juive une abstinence rigoureuse, celle-ci neconstitue pas une fin en elle-mme, mais un moyen pour aiderlhomme saffranchir de ses faiblesses, surmonter sesdfaillances et, retrouvant ainsi la paix de lme et de laconscience, se rconcilier avec ses semblables et se rconcilieravec D.

    Grand Rabbin E. Gugenheim (ZAL)

    SINON PLUS HAUT...

    Le Rebb 1 de Nmirov chaque vendredi matin tt, aumoment des Selihot 2, disparaissait, svanouissant dans lesairs ! On ne pouvait le retrouver nulle part ni la synagogue,

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    ROCHE HACHANA

    1. Terme dsignant le rabbin chez les Hassidim (Pltistes) enEurope Occidentale.

    2. Prires pnitentielles rcites avant le Nouvel An et le Jour delExpiation.

  • ni dans aucune des deux maisons dtudes, ni clbrant le cultedans quelque Minyan, ni certainement chez lui. Sa porte taitouverte, les gens entraient et sortaient comme il leur plaisait jamais personne navait rien vol chez le Rebb mais il nyavait pas me qui vive dans la maison.

    O donc le Rebb pouvait-il bien tre?Mais o pourrait-il tre, alors que les Jours Solennels sont si

    proches, sinon au ciel? Les Juifs ont besoin dun moyen de sub-sistance, de paix et de sant; ils dsirent tre bons et pieux; maisleurs pchs sont grands et Satan aux mille yeux pie le mondedun bout lautre ; il voit, il accuse, il raconte des histoiresQui donc pourrait aider les tres humains, sinon le Rebb?Ainsi pensait le peuple.

    Un jour, pourtant, vint un Lithuanien et il se mit rire.Vousconnaissez les Juifs lithuaniens : ils dcrient plutt les livres dedvotion, mais se bourrent de Talmud et de codes. Et qui, jevous le demande, va discuter avec un Litvak?

    Quest-il advenu du Rebb?Je ne sais pas et je ne men soucie gure dclara-t-il en

    secouant les paules, alors quil tait rsolu (ah! cest bien dunLithuanien!) dcouvrir ce quil en tait.

    Le mme soir, peu aprs les prires, le Lithuanien se glissadans la chambre du Rebb, se faufila sous son lit et, l, attenditpatiemment. Il se proposait dy rester toute la nuit afin desavoir o le Rebb allait et ce quil faisait lheure desSli'hoth.

    Le jour navait pas encore point lorsquil entendit lappel la prire. Le Rebb stait rveill depuis quelque temps dj.Le Lithuanien lavait entendu chanter et gmir pendant touteune heure. Quiconque a entendu les gmissements du Rebbde Nmirov sait quel point ils refltent les peines, la dtresseet les souffrances de tout Isral.

    Ensuite, le Lithuanien entendit les gens se lever et quitter lamaison. Une fois de plus, le silence se rtablit et les tnbresrgnent. Seule une petite lueur lunaire entre travers les per-siennes. Il avoua plus tard, ce Lithuanien, que lorsquil se trouva

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • seul avec le Rebb, la terreur le saisit. Mais le Lithuanien estttu. Il frmit et frissonne comme un poisson, mais il ne cde pas.

    Enfin, le Rebb (longue vie lui !) se lve son tour. Il va sa garde-robe et en retire un paquet qui nest autre chosequun habit de paysan : un pantalon de toile, de hautes bottes,une pelisse et un large chapeau de feutre, ainsi quune longueet large ceinture de cuir garnie de gros clous de cuivre. LeRebb shabille.

    Dune poche de sa pelisse pend le bout dune grosse corde,une corde de paysan.

    En sortant, le Rebb pntre dans la cuisine, se baisse,ramasse une hache quil passe dans sa ceinture, puis sen va. LeLithuanien tremble mais il persiste

    Un effrayant silence de Jour Solennel plane sur les ruessombres, que rompt ici et l le cri de supplication de quelquepetit Minyan, ou le gmissement de quelque malade derrire unefentre. Le Rebb marche lombre des maisons. Il glisse delune lautre, le Lithuanien derrire lui. Et le Lithuanien entendle son du battement de son propre cur sunir au pas pesant duRebb; mais il continue et, ensemble, ils sortent de la ville

    Derrire la ville, il y a un petit bois. Le Rebb (longue vie lui !) y pntre. Il fait trente ou quarante pas, puis il sarrtedevant un petit arbre. Et le Lithuanien voit, avec stupfaction,le Rebb tirer sa hache et frapper larbre. Il voit le Rebb ass-ner coup aprs coup ; il entend larbre craquer et se briser net.Puis, le petit arbre sabat et le Rebb le dissque en bches.Aprs quoi, il fait un fagot, lattache avec la corde, le jette surson paule, replace la hache dans sa ceinture quitte le bois etretourne la ville.

    Dans lune des arrires rues, le Rebb sarrte devant unepauvre petite maison, dapparence misrable et frappe lafentre.

    Qui est l? crie de lintrieur une voix effraye.Le Lithuanien sait que cest la voix dune Juive, une Juive

    malade.Cest moi, rpond le Rebb en un langage paysan.

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    ROCHE HACHANA

  • Qui est-ce, toi? Sinquite la voix.Et le Rebb de rpondre nouveau en idiome prussien :

    Vassil. Quel Vassil et que voulez-vous, Vassil ? Jai du bois vendre, dit le prtendu paysan, trs bon mar-

    ch, presque pour rien. Et sans ajouter rien dautre, il entredans la maison. Le Lithuanien se glisse sa suite et voit, lagrise lueur de laube, une pauvre chambre avec quelquespauvres meubles briss. Dans le lit gt une Juive malade, enve-loppe de haillons, qui dit avec amertume: Du bois vendre!Et o trouverais-je, moi pauvre veuve, largent pour lacheter?

    Je vous en vendrai pour six groschens, crdit. Et comment ferais-je pour vous payer? Jamais? gmit la

    pauvre femme.Sotte crature ! lui reproche le Rebb. coute ; tu es

    une pauvre Juive malade et je veux te faire confiance pour cepetit fagot de bois. Je crois quavec le temps tu me paieras. Ettoi, tu as un D. si grand et si puissant, et tu ne Lui fais pasconfiance ! Mme pas pour la misrable somme de six gro-schens pour un fagot de bois !

    Et qui allumera le pole? gmit encore la veuve ; Ai-jelair de pouvoir me lever pour faire cela ? Et mon fils qui estparti au travail !

    Jallumerai aussi le pole pour toi, dit le Rebb. Et leRebb, tout en dposant le bois dans le pole, rcita en mur-murant la premire partie des Sli'hoth. Puis, quand le feu eutpris, il rcita plus gaiement la seconde partie des Sli'hoth.Enfin, il rcita la troisime partie lorsque la flamme brilla, et ilreferma le pole

    Le Lithuanien, qui avait vu tout cela, resta prs du Rebb etdevint un de ses disciples.

    Et plus tard, lorsque quelquun racontait comment le Rebbse levait tt chaque matin, lheure des Sli'hoth, pour senvo-ler au ciel, le Lithuanien, au lieu de rire, ajoutait tranquille-ment : Sinon plus haut.

    J. L. PERETZ

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • Pourquoi, Roche Hachana, on ne sonne le Chofar quaucours de loffice de moussaf, et pourquoi on ne rcite pas leHallel (Cantiques) ce jour-l ?

    MICHNA: A Roche Hachana, cest lofficiant de Moussafqui sonne le Chofar. Les Jours de Ftes, cest lofficiant deChaharit qui rcite le Hallel.

    GUEMARA : Pourquoi est-ce lofficiant de Moussaf quisonne le Chofar? Parce quil est dit (Proverbes XIV-28) : La Majest du Roi

    rside dans la multitude du peuple (et le grand public nestpas encore prsent loffice avant ce moment).

    Sil en est ainsi, le Hallel aussi devrait tre rcit au cours deloffice de Moussaf.

    Le Hallel est rcit pendant Chaharit dj, parce quen ra-lit, les fidles zls dans laccomplissement des commande-ments de D. sont dj prsents loffice.

    Dans ce cas, la sonnerie du Chofar pourrait intervenir gale-ment au cours de loffice de Chaharit, pourquoi le remettre Moussaf?

    Cest exact, mais en ralit dit Rabbi Yohanan il y a uneautre raison que labsence de la grande foule des fidles quimilite pour retarder ces sonneries : cest que les Romains, dutemps des perscutions, avaient interdit de sonner du Chofaret avaient plac des gardes autour des Maisons de Priresjusqu midi afin de surveiller lapplication de leur dcret.Ainsi la sonnerie du Chofar fut, une fois pour toutes, dpla-ce de Chaharit Moussaf.

    Au fait, pourquoi ne rcite-t-on pas le Hallel pendant les officesde Roche Hachana, ainsi quon le fait les jours de Ftes?

    Cette question dit Rabbi Abahou fut dj pose lternelpar les Anges, et D. lui-mme y a rpondu: Vous voudriezquau moment o, devant le Roi assis sur son trne de justice,sont ouverts les livres de la vie et de la mort, Isral passe sontemps chanter des cantiques?

    Tir du Talmud (Roche Hachana IV-7, page 32b)

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    ROCHE HACHANA

  • Ouvre largement ta main en faveur de ton frre indigent (Deutronome 15,8)

    Lorsque lhomme quitte cette terre, disent nos Sages, il partles mains ouvertes, nous enseignant de la sorte, quil nemporterien des biens matriels quil possdait.

    Aussi, la Torah nous demande-t-elle : Ne fermez pas vosmains en prsence dun frre indigent. Ne fermez pas vos mainsdevant le pauvre tant que vous tes en vie, car il arrivera un jouro, contre votre gr, il vous faudra ouvrir largement vos mains.Autant le faire de votre propre gr de votre vivant

    * * *

    LE CHOFAR

    Un roi ayant poursuivi le gibier trop loin dans la fort, neretrouva plus son chemin pour le retour. Il essaya, mais envain, de se renseigner auprs des habitants de la fort, jusquaumoment o il rencontra enfin un homme sens qui, lui,connaissait la route du palais et lindiqua au roi.

    Pour le remercier, le roi prit cet homme son service, le fithabiller de vtements royaux et fit mettre de ct les vieuxhabits que celui-ci portait auparavant.

    Un jour cet homme qui avait ainsi sauv le roi commit unefaute vis--vis de son matre et fut condamn mort. Commedernire grce il demanda lautorisation de se prsenterdevant le roi dans ses vieux vtements de paysan, ce qui lui futaccord. Mais lorsque le roi le vit apparatre ainsi vtu, il sesouvint du grand service que cet homme lui avait rendu lors-quil stait perdu dans la fort et le gracia.

    De la mme manire, lorsque D. sadressa aux diffrentspeuples en leur offrant la Torah, Isral fut le seul vouloir lac-cepter et la reut sur le Mont Sina aux sons du Chofar.

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • Aussi, lorsque chaque anne, Roche Hachana, lternelveut prononcer notre condamnation cause de nos mauvaisesactions de lanne passe, nous nous prsentons devant Lui ensonnant du Chofar galement, afin quIl se souvienne de notrebonne conduite au Sina et nous fasse grce.

    * * *

    LE DIVIN PERCEPTEUR

    Une cit ne payait pas rgulirement les impts quelledevait son roi et celui-ci dcida daller lui-mme oprer len-caissement de cet argent.

    A dix kilomtres dj de la ville les magistrats taient venuslaccueillir et lui rendre hommage ; aussi le roi, touch par cesmarques de sympathie, leur fit remise dun tiers de larrir deleurs impts.

    A deux kilomtres de la cit tous les grands personnagesvinrent leur tour faire acte de soumission au roi et se pros-terner devant sa grce. Et le roi, profondment remu, leuraccorda encore le deuxime tiers de leur dette vis--vis de lui.

    Aux portes de la ville enfin, il fut entour par la populationtoute entire qui lacclamait et sagenouillait devant lui. Nepouvant rsister toutes ces manifestations daffection, le roiqui tait venu dans lintention dencaisser limpt, fit remise detout ce quon lui devait et recommena un nouveau compte partir de ce jour.

    Cest ce qui se passe galement entre D. et Isral. Pendanttout le mois dEloul, longtemps avant que ne vienne lemoment de rendre les comptes, les chefs religieux intervien-nent dans leurs prires en faveur dIsral, et D. leur remet untiers de leurs fautes. Pendant les 40 jours de pnitence, toutesles personnalits religieuses prient et jenent en faveur de laCommunaut, et lternel leur accorde le pardon dun

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    ROCHE HACHANA

  • deuxime tiers de leurs pchs. Quand vient enfin le jour deKippour o tout Isral, hommes, femmes et enfants, fait pni-tence et se repent de ses mauvaises actions, lternel remettous ses pchs et lui ouvre un nouveau compte pour lannequi vient.

    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • KIPPOUR

  • YOM KIPPOUR

    Le terme Kippour vient du verbe kapper qui signifie substi-tuer, kappara dsigne un sacrifice qui vient se substituer lapersonne. Offrir un sacrifice cest dabord reconnatre sa fauteet sengager ne plus la refaire. En somme, celui qui offre unekappara, fait leffort de demander le pardon. Cest par ce pro-cessus que le mot Kippour est devenu dans le langage popu-laire, le jour du pardon. Si le mot a t prcd de ladjectifgrand, cest parce que ce jour a fait lobjet dune mentionparticulire dans la Torah : En ce jour il vous sera pardonn ;vous deviendrez purs de toutes vos transgressions devant l-ternel (Lv. XVI, 30)

    On peut lire dans louvrage Gan Naoul 1,9b : Pour lejene du seul jour de Kippour, il nous est accord le pardonde nos pchs. Y a-t-il pour lme un moyen de salut plusfacile ? Que dhommes simposent des voyages et des pleri-nages pnibles, des efforts et des fatigues, pour obtenir le par-don de leurs fautes ! Et nous, nous lobtenons en peu dheures,dans ltat de repos le plus agrable, dans la maison de lter-nel ! .

    La premire condition de ce pardon est le repentir, le regretdu mal quon a fait et sa rparation possible, la sincre et fermersolution de lui rsister dsormais de toutes ses forces.

    Le Midrache dit : On a demand la sagesse (au philo-sophe) : Quel chtiment attend le pcheur? Elle a rpondu : Quil soit poursuivi par le malheur. (Proverbes, XIII, 21)

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  • La prophtie, interroge son tour, a dit : Lme qui apch mourra. (Ezchiel, XVIII, 4)

    Lcriture sainte, galement interroge, a rpondu : Quiloffre des sacrifices !

    Le D. clment a dit enfin : Que le pcheur revienne moipar le repentir (Tchouva) et il lui sera pardonn!

    Pour faciliter lhomme le travail de sa rgnration et luifaire trouver le chemin de la plnitude, la synagogue a institules 10 jours de pnitence (Assereth Ym Tchouva) qui relientle Jour du Jugement (Roche Hachana) au jour de Kippour, eten font en quelque sorte une seule et mme unit. On peut liredans Mamonide (Guide de gares III, 43) le but de ce jour dejene et clair ; il consacre le principe de la Tchouva. Cestaussi le jour o le Prophte descendit de la montagne avec lesdeux tables de la loi, et annona au peuple le pardon de sagrande faute (le veau dor) ; cest pourquoi ce jour a t insti-tu pour tre tout jamais un jour de pnitence uniquementconsacr au culte. Cest pourquoi on doit sabstenir en ce jourde toute jouissance corporelle et de toute occupation relative des intrts matriels. Cest dire, tout travail est interdit ence jour. On doit le consacrer entirement la reconnaissancede ses fautes et les quitter.

    LES SOURCES SCRIPTURAIRES

    Lvitique, XVI, 29-31 Que ce soit pour vous une loi ternelle : le septime mois,

    le dixime jour de ce mois, vous vous mortifierez et vous neferez aucun travail : car en ce jour il vous sera pardonn, et vousdeviendrez purs de tous vos pchs devant lEternel. Cest unrepos des repos. Mortifiez-vous, cest une loi ternelle .

    Isae, LVIII, 6-9 Voici le jene qui mest agrable : relchez les chanes de

    la mchancet, brisez les liens de loppression, donnez la

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • libert aux opprims et rompez tout joug ! Partager votrepain avec celui qui a faim, et ouvrez votre maison aux pauvresqui souffrent ; si vous voyez quelquun nu, couvrez-le, et nevous dtournez pas de votre semblable.

    Alors votre lumire poindra comme laurore et votre guri-son sera prompte ; votre salut marchera devant vous, et lamajest de D. protgera votre route.

    Alors, quand vous appellerez, D. vous rpondra vous linvo-querez, et il dira : Me voici ! .

    YOM KIPPOUR ET LA HALAKHA

    1) Les fautes commises contre la Loi de D., sont pardonnesle jour de Kippour. Il nen est pas ainsi des transgressionsde la loi humaine, des torts que nous avons commisenvers notre prochain.

    2) La Michna dit : Vous serez purifis de vos fautes devantlternel, cela veut dire que le jour de Kippour, amne lepardon des fautes de lhomme envers D., mais non desfautes de lhomme envers son prochain, avant quil lui aitdonn satisfaction. Cest pourquoi, chacun doit deman-der pardon son prochain pour les offenses, la mdi-sance, les prjudices quil lui a infligs. Quiconque a portatteinte autrui, ou la touch dans son honneur, nob-tiendra le pardon que sil a rpar le tort quil a caus. Laveille de Kippour est consacre luvre de rconcilia-tion. Le Rav Ernest Guggenheim disait : lhomme quiaura assum le courage de vaincre son amour proprepour reconnatre sa faute et en faire laveu celui auquelil a nui, qui aura pu extirper de son cur des sentimentsmesquins de haine ou de rancune, sera digne de compa-ratre, purifi, devant son Crateur et Juge.

    Les enfants doivent aussi demander pardon leurs parents.Les fautes commises par la parole sont plus graves que lesprjudices matriels. Celui qui a commis un prjudice son

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    KIPPOUR

  • prochain, doit lui-mme, en personne, demander le pardon.Il ne peut pas le faire par un intermdiaire.3) Il est interdit de jener la veille de Kippour. On considre

    mme, que manger ce jour l est une mitsva ayant sasource dans la Torah, servant de prparation labsti-nence du lendemain.

    4) Les Kapparoth substitutionsCest une coutume qui sest perptue et rpandue unpeu partout chez les Achknazim comme chez lesSfaradim, malgr lopposition du Choulhane Aroukhlui-mme. Les hommes prennent un coq (les femmesune poule), le font tourner trois fois au-dessus de leurtte en prononant la formule ceci est ma substitu-tion, ceci est mon expiation , puis le remet auchoheth pour en distribuer ensuite la viande ou savaleur aux pauvres.

    5) Le Minhag (coutume) veut que les hommes se rendentau Mikv pour se purifier sans prononcer la bndic-tion. Ceux qui ont la charge de diriger les offices(Hazanim), certaines personnes, ont pris lhabitude derciter le Vidoui (reconnaissance des fautes) dans leMikv. Il faut cependant faire attention de ne pas pro-noncer le nom dHachem, mme avec un couvre-chefsur la tte. Il est donc prfrable de ne pas faire leVidoui.

    6) La prire de Minha se fait bien avant le dernier repas.Elle comprend exceptionnellement le Vidou identique celui de Kippour. (Alheth)

    7) Souda Hamafsqeth (dernier repas avant le jene), doitsachever bien avant le coucher du soleil. En effet, lejene commence avant le coucher du soleil pour prendrefin le lendemain aprs lapparition de trois toiles. Il estrecommand danticiper le jene et prendre des ali-ments lgers, faciles digrer, sans les accompagner deboissons alcoolises. On ne consommera pas non plusdes plats pics.

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • La table est compare un autel o lon pratique lessacrifices. Autant dire que ce repas doit se drouler dansune atmosphre de recueillement, de mditation et dejoie.

    8) Aprs la Souda Mafsqth les parents bnissent chacunde leurs enfants.

    9) On allume des bougies la veille de Kippour linstar duChabbath, on rcite la Brakha :

    Baroukh Ata Hachem... Achre Kidchanou... lhadliq nerchel Yom HakippourimSi Kippour tombe le Chabbath, on dit : Baroukh AtaHachem... Lhadliq ner chel Chabbath Vyom Hakippou-rim .

    Les interdictions du Yom Kippour Tous les travaux dfendus le Chabbath le sont aussi

    Kippour. Il y a cinq abstinences Yom Kippour : Interdiction de manger et de boire, mme la moindre

    petite quantit daliment.Les garons jenent ds lge de 13 ans rvolus, et les filles 12 ans rvolus. Cependant, ds 9 ans, on commence pro-gressivement les habituer une partie de la journe ; Interdiction de se laver leau chaude.Au rveil le matin, on procde trs lgrement la toi-lette, rituel de Ntilath Yadam. On passe les doigtsmouills sur les yeux. Cette rgle nest pas rigoureuse. Eneffet, pour des raisons de sant dlicate, certaines per-sonnes peuvent se laver tout le visage, sans toutefois serincer la bouche ; Interdiction de se frictionner ; Interdiction de porter des chaussures de cuir ; Interdiction davoir des relations conjugales.On applique toutes les rgles comme si la femme tait

    nidda.

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    KIPPOUR

  • La maladie KippourEn cas de maladie, il est recommand de consulter un mde-

    cin comptent dans la tradition juive. Cest lui qui doit dire sile jene peut aggraver ltat du malade et mettre sa vie en dan-ger. Dans ce cas, on loblige, contre son gr, manger.

    Si le malade dclare quil doit manger, on coute en prio-rit son avis sur celui du mdecin. Mais dans ce cas, on lui rap-pelle quil sagit de Kippour, et que le jene est une Mitsva, sile mdecin maintient quil peut jener. Dans le cas o il main-tiendrait sa dcision de manger, on lui demandera cependantde consommer de petites quantits de moins de 30 grammesdaliments spars par une attente de sept neuf minutes.

    Ce rgime ne concerne pas un malade dont ltat de santexige que la nourriture lui soit administre normalement.

    Aprs la consommation requise pour faire BirkathHamazone, cette prire doit tre faite dans le cas o la santdu malade le permettrait.

    La femme enceinteLes femmes enceintes doivent aussi jener KippourSi une femme enceinte prouve une faiblesse, on peut lui

    donner manger par petites quantits, aprs avis rabbinique etmdical.

    LaccoucheLes trois premiers jours qui suivent laccouchement, elle ne

    doit pas jener, mme si elle insiste pour jenerDu quatrime au septime jour, lavis du mdecin est

    requis ; en labsence de mdecin, elle ne jenera pasA partir du huitime jour, elle doit jener.

    ARBITHAprs la Souda Hamafsqth, tant quil fait encore jour, on

    se rend la synagogue et on se revt du Taleth pour tout lof-fice du soir.

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • KOL NIDRELa mlodie traditionnelle de Kol Nidr, la formule qui

    ouvre loffice de la veille de Kippour, est rpandue parmi lesjuifs de tous les pays, ou de presque tous les pays du monde.Sous diverses formes qui prsentent entre elles de nom-breuses nuances, elle est devenue clbre mme de beaucoupde non-juifs amateurs de musique, car elle a t introduite pardes compositeurs dans leurs uvres et a mme t diffusepar le cinma. Pourtant, on nen trouve les premires tracesquau dbut du XVIIe sicle, et il nest pas probable que lesmilieux du rite portugais qui commencrent alors le chanterlaient tire dune source liturgique plus ancienne. Selon lesexperts, elle doit ce quelle a de prenant son srieux, la sim-plicit des motifs essentiels et un jeu vari de notes aigus etbasses

    Mais sans nul doute, lair traditionnel de Kol Nidr tientune grande part de son effet dramatique des circonstancesextrieures qui lentourent. Dabord le rythme lent et gravequadopte obligatoirement lofficiant, la triple rptition dutexte, qui donne lieu une graduation de lintensit de la voix,la premire fois presque confidentielle et mystrieuse, laseconde sereine et claire, et la dernire fois puissante etpresque tonnante. Et puis, latmosphre gnrale de ce jour dejene, que chacun de ceux qui emplissent la synagogue saventtre le plus solennel de lanne, non seulement parce quil estunique et que ses rites sont sans pareils, mais parce que plusque toutes les autres ftes il sadresse au cur de lindividu etrclame de lui un effort extraordinaire pour rflchir sur lui-mme et inflchir sa voie vers le mieux, vers le bien. A unautre moment de loffice de Kippour, Kol Nidr et peut-tresouffert de la lassitude ou de la tension du public : lheure ola nuit tombe, et paralllement la chute de lombre, lamusique de Kol Nidr concentre sur elle toute lattentionsereine de la communaut qui, au milieu du silence le plusreligieux, y loge volontiers tout llan de son me, parfois sansdoute toute la masse de religiosit quune indiffrence voulue

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    KIPPOUR

  • ou occasionnelle refoule pendant toute lanne sur cet instantunique.

    Le contenu et la porte du texte de Kol Nidr justifient-ilsla saintet presque magique que lui attribuent les foulesjuives? Cest l une question bien controverse, laquelle serattachent de multiples considrations historiques et tholo-giques. On sait que loffice du soir souvre en principe par larcitation de Barekhou, lappel que le chantre lance aux fidlesde se joindre lui pour bnir lEternel, et auquel ceux-cirpondent en chur par une brve mais large formule debndiction.

    On fait parfois prcder Barkhou de quelques versets despsaumes, et le Chabbath, dhymnes dintroduction Le Jourde Kippour, on dit galement quelques passages bibliques serapportant la fonction de Kippour dans le cycle de la viejuive, et lon prononce la bndiction des vnements heu-reux : Que Tu sois bni, Eternel, Notre D., Roi du Monde, quinous a permis de vivre, de subsister et darriver jusqu cemoment Car Kippour reste une fte, la seule qui arrache lajoie la matire et la confine lme seule, en privant le corpsdes dlices habituelles aux jours fastes, mais une fte tout demme, parce que la journe est ressentie comme un sommet depuret, dallgresse interne, et dunion avec linfiniLhomme peut sy sentir plus grand, dans sa petitesse, plusbeau, dans sa vilenie, plus juste dans son pch, et la bndic-tion quon rcite chaque premier jour de fte dans leKiddouche qui prcde le repas, trouve sa place le YomKippour avant louverture de la prire.

    Quel est le rle, quel est le sens de la rcitation de KolNidr avant quon entame la prire du soir ? On croit souventquil sagit l dune prire, ou du rappel mouvant des mar-tyrs de la foi. Il nen est rien. Kol Nidr est proprement par-ler une dclaration, rdige en aramen considr commela langue usuelle du peuple, que chacun est susceptible decomprendre. Et ce nest pas le moindre paradoxe de la cr-monie quun texte compos spcialement pour tre compris

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • de chacun est devenu obscur par cela mme beaucoup deceux qui sont capables de saisir le sens de nos autres textessacrs. Cette dclaration est totalement trangre au stylefleuri des supplications et des louanges de notre rituel. Ilappartient la langue juridique et sapparente aux dclara-tions que le chef de famille prononce, galement en aramen,pour proclamer la veille de Pessah que tout levain en sapossession ne lui appartient plus et doit tre considrcomme inexistant, ou lentre dune fte, que certains pr-paratifs doivent autoriser de cuisiner pendant la journesainte pour un Chabbath qui a lieu le lendemain. Kol Nidrnest pas autre chose quune solennelle annulation de vux.

    En voici le texte, selon les disciples du Gaone Eliyahou deWilna :

    TOUS LES VUX, LES INTERDITS, LES SERMENTS, LESANATHMES, LES ENGAGEMENTS LES MORTIFICATIONS ETLES DCLARATIONS SIMILAIRES AUXQUELS NOUS NOUSSOMMES SOUMIS PAR VU, PAR SERMENT, PAR ANATHMEOU PAR INTERDIT PERSONNEL.

    DEPUIS LE JOUR DU PARDON DE LANNE DERNIRE JUS-QUA CELUI-CI ET AUXQUELS NOUS SERONS AMENS A NOUSSOUMETTRE DEPUIS CE JOUR DU PARDON-CI JUSQUAU PRO-CHAIN QUE NOUS ESPRONS ATTEINDRE HEUREUSEMENTDE TOUS NOUS REPENTONS, QUE TOUS SOIENT DLIS, PAR-DONNES, ABOLIS, NULS ET ANNULES, DPOURVUS DEVIGUEUR ET DEXISTENCE.

    NOS VUX NE SONT PAS DES VUX, NOS INTERDITS NESONT PAS DES INTERDITS, ET NOS SERMENTS NE SONT PASDES SERMENTS.

    Par une telle dclaration, selon un passage de la Michna, lesengagements passs et futurs perdraient leur valeur contrai-gnante. Naturellement, ds lapparition de cette formule, elle aprovoque des interprtations malignes de part des ennemis desjuifs. On a voulu y voir une mthode passe-partout pour se

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    KIPPOUR

  • dbarrasser de toute obligation morale gnante, pour se per-mettre mme den contracter impunment dautres au coursde lanne venir. Il ne sagit naturellement de rien de sem-blable. Les Rabbins, qui depuis le Xe ont approuv ce riteapparu au VIIIe, ont toujours prcis lintention des fidlesque cette formule ne pouvait annuler que des engagements netouchant pas des tiers, des vux faits sur soi-mme, et dunemanire gnrale des promesses solennelles de sabstenirdune jouissance, alimentaire ou autre, tel que lusage enrecommanda diverses poques de notre histoire religieuse.Malgr lopposition rsolue des Sages de Babylonie vis--visde toute sorte dexercices dasctisme, la pratique sen taitrpandue largement. Et eux dont lautorit est en toutesmatires prpondrante neurent pas gain de cause sur cepoint particulier. Le texte de Kol Nidr constitue une ractioncontre des abus de cette sorte, en offrant au fidle le moyen dereprendre, sans se faire de scrupule, une conception plus sainede ses devoirs envers D.

    Nous devons faire mention dune explication quon a tentede donner latmosphre de gravit frissonnante qui estdsormais celle de Kol Nidr. On a pens que lannulation desserments que Kol Nidr implique avait pu tre comprise trsprcisment, comme leur admission au sein de la commu-naut, par une catgorie de juifs : les anoussim, les convertisde force, ceux quon a appels plus tard les Marranes .Certains ont prtendu que Kol Nidr visait tout simplement rendre nulles et non-avenues les promesses de conversionque, dans des circonstances terribles, les Juifs auraient pu selaisser arracher, les professions de foi elles-mmes que desmenaces ou des tortures les auraient conduits prononcer lglise. Il nest pas exclu, en effet, que mme la lointainepoque wisigothique, les communauts opprimes aient vudans cette formule dannulation premptoire un laissez-passer lintention des frres gars par la force ou par dillusoirespromesses. Ce texte leur dirait : Venez prier en paix avec vosfrres. Les abjurations que vous avez prononces ne vous ont

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • pas carts dfinitivement de la famille juive, et mme si vousdeviez retomber dans de telles erreurs, pousss que vous serezpar lpret dune vie ingrate, la Synagogue vous recevra tou-jours dans son giron, lorsque vous aurez lintention de revenir la tradition de vos anctres

    Cette opinion quon se plat soutenir dans le cadre delhistoire de la rsistance souterraine du judasme espagnol lInquisition, se trouverait confirme, selon certains, par la for-mule, attribue au clbre Rabbin Mir de Rothenbourg enAllemagne (savant renomm et dirigeant dvou du judasmedu XIIe sicle), que lon rcite avant de commencer Kol Nidr.Selon un usage rpandu, les deux membres les plus vnrablesde la communaut savancent au ct de lofficiant, pour for-mer eux trois un symbolique tribunal, et, devant lArcheSainte ouverte ou mme en portant dans leurs bras lesRouleaux Sacrs, ils prononcent par trois fois, accompagnant voix basse le plus respect des trois, la phrase suivante :

    AU NOM DE LOMNIPRSENT ET AU NOM DE LACOMMUNAUT, PAR DCISION DU TRIBUNAL DEN BAS NOUSAUTORISONS DE PRIER EN COMPAGNIE DES TRANSGRES-SEURS

    Il sagirait ici justement de ceux qui ayant profess la foichrtienne nauraient pas eu encore loccasion de labjurersolennellement, mais qui cependant lapproche du jour saint,ressentant dans leurs entrailles la nostalgie de leur identit pri-mitive et le besoin de sy retremper, auraient franchi le seuil dela Maison de prires. Normalement, on et d chasser ces infi-dles, qui, ou bien venaient narguer leurs frres, dans leur scu-rit de chrtiens ayant acquis la tranquillit au prix de leur me,ou bien voulaient sauter sur les deux bquilles, sassurer de lau-del en prenant des gages dans les deux maisons adverses, ouenfin navaient pas le courage de rintgrer sans peur le foyer deleurs jeunes annes. Mais en cette heure solennelle toutes lesbonnes volonts sont cru, on fait mme appel aux gars les plus

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    KIPPOUR

  • loigns du droit chemin, et on les invite couter, lme creu-se de repentir, la mlodie inaugurale de Kippour.

    Les savants daujourdhui nadmettent gure cette tropbelle explication. Si ce sens, disent-ils, a t donn cette for-mule juridique, cest cause du moment o elle a t fixedans le rituel. Et ce sont les souvenirs de cette journe uniquequi, samassent dans la conscience populaire, ont fait de ceprlude le rceptacle de tant de sentiments et de tant dex-tases.

    Que nous reste-t-il aprs cette tude de la notion tradi-tionnelle de Kol Nidr ? Rien quun texte dessch dont lesornements seffeuillent ? Certes non. Un grand nombre den-seignements demeurent, susceptibles dtre dduits de la ver-sion rituelle de ce texte. Dabord la rpugnance du judasmepour les macrations corporelles, du moins quand elles sontexagres. Certains pitistes de lAllemagne du Moyen ge,pour se chtier de pchs commis ou ventuels, passaient leurnuit en prires, les pieds dans une bassine deau glace, enplein hiver. Yom Kippour, une fois lan indique la limite delaustrit la juive : une austrit sereine, et non dpourvuede clart presque souriante, de cette clart qui illumine toutepuret son fate. Et tout engagement allant au-del de cetteligne rclame annulation et pardon.

    Mais ce nest pas seulement cela. Il y a aussi limportance dela parole donne, mme de la parole quon sest donne soi-mme. Un haussement dpaules ne suffit pas la rejeter. Ilfaut une dclaration solennelle en face de la communaut toutentire pour quun engagement, mme tmraire, quon a prissur soi, perde sa valeur de contrainte. Il est indispensable quetous les cas possibles aient t numrs et dment abolis parles anciens de la Synagogue, selon le rite et la Loi. Ainsi, le juifrestera malgr lerreur celui que tout ce qui sort de sa bouchelie plus troitement que les chanes matrielles et lescontraintes des puissants. Les enfants dIsral sont libres, maisleur libert a pour ranon le pouvoir dobligation qui mane

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • de leurs libres propos. Ils sont libres de choisir, non libresdagir sans choix.

    Cette rinterprtation de la mlodie et du texte traditionnelnest peut-tre pas encore accepte par lme juive, mais ilsemble que lme juive soit prte la recevoir. En attendant,elle se contente de concentrer ses aspirations au sacr sur lemoment solennel de lentre du jene de Kippour, ce moment,o sous le soleil couchant chaque fidle rcapitule son anne,analyse le fond de son cur, et se retrouve en prsence de sonpire accusateur, lui-mme.

    Aprs le Kol Nidr, le Hazane dit la brakha deChhhyanou.

    Les rouleaux de la Loi quon avait sortis pour le Kol Nidrsont remis dans le Hkhal et on fait la prire de Arbith, ainsiquelle figure dans le Mahzor de Kippour.

    Avant dentamer la lecture du Chma, on dit la phrase :Baroukh Chem Kevod Malhouto Lolam vad

    Avant de commencer la prire silencieuse (Amida), on ditKi bayom Haz (D. vous pardonne)

    Si Kippour tombe un Chabbath, on dit la fin de la AmidaVakhoutoul hachamam suivi de la brakha mne chva

    La Amida est suivie des Slihoth Chahrith (voir le Mahzor) On sort deux rouleaux de la Loi. Dans le premier, on lit la

    Paracha Ahar Moth (Lv.16), rpartie entre six fidles(Chabbath, sept appels) et dans le deuxime Sfre, onappelle le maftir qui lira la Paracha Ouveassor (LesNomb. 29-1-12) et la Haftara tire dIsae.

    MoussafA la Hazara du Moussaf, on intercale le Sdre Haaboda,

    rcit complet au service du service spcial du Grand CohenGadol (Le Grand Prtre) dans le Temple.

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    KIPPOUR

  • MinhaOn sort un Sfre Torah, trois fidles sont appels la

    Torah. Le troisime appel est le maftir sans Kaddiche, qui littout le livre du Prophte Jonas.

    NeilaA Kippour, aprs Minha, on ajoute une prire spciale

    appele Nela, qui commence peu avant le coucher du soleil,pour se terminer avec lapparition des toiles.Nela veut dire fermeture, cest le point fort de Kippour,moment trs solennel o la ferveur des fidles est manifeste.

    Issue de KippourYom Kippour sachve par la prire de Arbith qui est la

    mme que celle lissue du Chabbath.On intercale dans la Amida, Ata HonantanouAprs Arvith, on rcite la Havdala sur le vin (pas de bssa-

    mim) on dit Bor Mor Hache ; on utilise cet effet uneveilleuse qui a brl depuis dentre de Kippour. Si le ciel estclair, on fait la Birkath Halvana (la prire de la lune).

    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • LECTURES

  • LE CHABBATH DES CHABBATH

    Prparation la Tchouva (repentir)Et D. vit que ctait trs bien (Gnse I, 31)De quoi sagit-il ? De la force du bien De la force du mal(Midrache Raba)

    Lhomme reoit ces deux forces du Crateur. Elles sontncessaires et lhomme ne serait plus lhomme si lune desdeux forces venait lui manquer. La force du mal est nces-saire lhomme comme le levain est ncessaire la pte. Cestcette force qui lexcite et qui le pousse faire une action, ex-cuter un projet. Notre ambition nous pousse assez souvent faire une action qui peut nous amener la gloire. La jalousieet la haine, le dsir, lenvie, excitent notre amour propre etdonnent une impulsion nouvelle, quoique factice, tout notretre. La Force du bien nous est indispensable, car cest elle quinous donne lide du bien, elle nous enseigne ce qui estagrable, avantageux et utile. Cest cette force qui arrte llande lautre et qui peut lui donner la juste direction. Cest uneguerre perptuelle que nous soutenons, une rivalit entre lebien et le mal : ici la paix serait fatale.

    Chacune de nos actions est un alliage du bien et du mal. Labonne action contient une certaine dose de mal en soi, car elleest le rsultat de cette lutte intrieure. Quoique vaincu, le mala lutt, et a sans aucun doute laiss une partie de sa force danscette action. Il en sera de mme de la mauvaise action, la forcedu bien y a assurment laiss son empreinte.

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  • Car il ny a pas dhomme juste sur la terre qui fasse le biensans pcher. (Ecclsiaste VII, 20)

    La plus pure de nos actions, comme la plus pure des picesde monnaie, contient une certaine quantit dalliage. Le mau-vais penchant que nous possdons ne peut jamais tre compl-tement retranch de notre me. Mme dans nos bonnesactions, il trouve toujours moyen de se placer, car il est impos-sible de faire le bien sans pcher, cest--dire sans quil sy mleun brin de mal.

    De mme que D. remplit tout lunivers, ainsi lme remplittout le corps. De mme que D. voit et nest pas vu, ainsi lmevoit et nest pas vue. De mme que D. nourrit tout lunivers,ainsi lme nourrit tout le corps. De mme que D. est pur, ainsilme est pure. De mme que D. rside dans le secret le plusprofond, ainsi lme rside dans le secret le plus profond(Berakhot 10A)

    Lme reprsente ce quil y a de plus beau, de plus divin surla terre et dans lhomme; elle lve lhomme du sentiment bes-tial la conscience humaine. Lme est ce quil y a de plus puret de plus saint dans lhomme. Lme est toujours libre alorsmme que le corps est enchan. Lme, cest le got pour toutce qui est beau.

    Lhomme runit en lui une extrme faiblesse et une grandepuissance. Par son corps, il est prissable, il appartient aunant. Il a t pris de la terre et il retournera la terre. Parson me qui partit den haut, il y a quelques ressemblanceavec D. Un lien mystrieux unit le corps avec lme. Lmedoit chevaucher le corps et le diriger. Souvent, au lieu de lechevaucher, lme marche ct du corps. Alors lme nousattire vers D., et le corps nous tire vers la bte. Cest cetteunion de la matire et de lesprit qui dans notre tre entre-tient une lutte constante entre nos apptits grossiers et nosfacults morales.

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • Ce que lme prouve, souvent le corps ne le ressent pas.Cest un signe que les liens qui attachaient le corps lme sesont dtachs. Lhomme est ptri de poussire et anim par lesouffle de D. Lme, cest le souffle de D., le corps cest la pous-sire.

    Il existe diffrentes choses, dans lunivers, qui ne parlentqu lme. Les lois divines sont les lois de lme. Notre mecomprend toutes les lois de la Torah, elle sent leur vrit et enfait sa nourriture. Beaucoup de ces lois sont incomprhensibles notre corps, mais elles forment les substances dont notre mese nourrit. Si nous observons les lois divines, notre me senourrit. Si nous observons les lois divines, notre me serasaine, elle aura la force de donner notre corps ce souffle deD. dont il a tant besoin : cest ce souffle de D. qui nous donnela force morale de vivre.

    Au Mont Sina, le peuple entier rpondit dune voix una-nime : Tout ce qu dit lternel, nous le ferons. Nous leferons, car lternel la dit. Nous ne connaissons pas encore ceslois, nous ne les avons pas encore entendues, mais nous lesobserverons. Assurment, ce ntait pas l lhomme qui par-lait, ctait son me, lme de tout le peuple lu qui parlait.Lme dirigeait lhomme et lui dictait son devoir. Les liens quiunissaient le corps et lme taient trs serrs. Notre peupletait digne de recevoir cette loi divine. Beaucoup plus tard, cesliens se desserrrent, le corps gagna du terrain et lme dut setaire. Et le Temple fut dtruit.

    Quel est lhomme sage capable de comprendre cela, etdexprimer ce que lui a dit la bouche de D. : cause de quoi lepays est-il perdu, dvast comme le dsert, sans nul qui ypasse? Et D. a dit : Parce quils ont abandonn ma Torah quejavais place devant eux. (Jrmie, IX, 11-12)

    Lternel devait le dire, personne ne le savait, car pour leshommes la loi ntait pas abandonne. On tudiait la Torah, onla pratiquait, et pourtant pour D. elle tait abandonne. Quelest lhomme assez sage pour le comprendre? Lme stait

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  • dtache du corps. Le corps pratiquait la loi, mais lme nytait plus.

    Parce quon ne faisait pas la bndiction de la Torah ds ledbut. (Ndarim, 81A)

    La Torah ntait plus essentielle au peuple juif, et llan delme manquait. Le peuple ntait plus mr pour la Torah etpour son pays. Le lien mystrieux qui unissait le corps lmestait rompu et chacun deux avait repris sa nature primitive.

    Depuis cette sparation, il ny a plus dharmonie dans notrepeuple. Ce que les uns agrent, les autres le rejettent; ce que ceux-ci admirent, les autres le mprisent. Et voil justement la Galouth(exil) de notre peuple. Nous avons spar le corps et lme, et D.disperse nos ides. Nous avons repouss la partie divine de notrecorps et D. a retir la partie divine, la Shkhinah (prsence divine)de notre peuple.

    La fin de la Galouth sera lunion de tout le peuple juif et lecommencement de cette unification sera lunion de lme juiveavec le corps. Cherchons donc retrouver notre me, cher-chons surtout retrouver ce lien mystrieux qui runit notreme notre corps.

    Simon ASCHER

    LIDE DEXPIATION

    Dans la Bible

    Se peut-il que comme nagure le mot kofer ranon apparent Kippour il y ait eu primitivement une ide deranon dans lexpiation qui est impose aux juifs au jour duPardon?

    De mme que, lorsquon a offens un tre humain, on luidoit une compensation, de mme D. rclame la ranon de nos

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    SOUS LES AILES DE LA PROVIDENCE

  • pchs envers Lui. La victime ne lui tait pas offerte pourdtourner sa punition, mais en tant que ranon typique : la viepour la vie. Pour nos pres, le sang tait le principe vital parexcellence ; cest pourquoi il joue un si grand rle dans le sacri-fice dexpiation. Loffrande du sang signifiait le retour D., larestauration de la paix entre lme et son Crateur.

    A ct du sacrifice proprement dit, ordonn dans tous lescas dexpiation individuelle, le Jour de lExpiation comportaitune crmonie spciale : lenvoi au dsert dun bouc, le boucmissaire. Ce bouc reprsentait le pcheur inconnu et peut-tre inconscient, le pch cach tous les yeux et dont per-sonne ne se confessait. On lenvoyait seul vers les solitudes orgnait lAnge de la Mort.

    Cette ide de ranon se spiritualise de plus en plus. Ds ledbut, le sacrifice devait saccompagner de la confession despchs expier. Ainsi que le dit Philon : Il ny a pas dexpia-tion sans la sincrit du repentir, non seulement par des mots,mais par des uvres, la conviction de lme qui gurit les mauxet rend la sant. (De Vicimis, IX) 1.

    Ni Ose, ni Amos, ni Miche, ni Isae 2, ni les Psaumes nevoient dans le sacrifice un moyen suffisant dapaiser D. Seul lerepentir sincre a ce pouvoir :

    Quand vous me prsentez des holocaustes et desoffrandes, Je ny prends aucun plaisir ; Et les veaux engrais-ss que vous sacrifiez en actions de grces, Je ne les regardepas. loigne de moi le bruit de tes cantiques, Je ncoute

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    1. N Alexandrie en 20 av. notre re mort vers 50 aprs. Unissant enlui la culture hbraque et la culture grecque, il cherche faire pntrerdans la pense juive un certain nombre dides que la tradition repoussa ;mais il introduit, par contre, dans la pense grecque, la conception la plusoriginale de lhbrasme, celle dun D. la fois infini et personnel, imma-nent et transcendant, conception qui dominera toute la philosophie desPres de lglise et du Moyen ge.

    2. Voir plus Isae I.

  • pas les sons de tes luths. Mais que la droiture soit comme uncourant deau, Et la justice comme un torrent qui jamais netarit. (Amos, V, 22-24)

    Le prophte Ezchiel insiste sur le fait que le fruit du pchest la mort et exhorte le peuple tout entier rejeter ses pchset vivre en union avec D. Pour lui lexpiation ne saccomplitque si le pcheur se fait un cur nouveau :

    Vous dites : la voie de lEternel nest pas droite, coutezdonc, maison dIsral : est-ce ma voie qui nest pas droite? Nesont-ce pas plutt vos voies qui ne sont pas droites? Si le justese dtourne de sa justice et commet liniquit, et meurt pourcela, il meurt cause de liniquit quil a commise. Si lemchant revient de sa mchancet et pratique la droiture et lajustice, il fera vivre son me. Sil ouvre les yeux et se dtournede toutes les transgressions quil a commises, il vivra et nemourra pas.

    La maison dIsral dit : La voie de lEternel nest pas droite.Est-ce ma voie qui nest pas droite, maison dIsral? Ne sont-ce pas plutt vos voies qui ne sont pas droites? Cest pourquoije vous jugerai, chacun selon ses voies, maison dIsral, dit l-ternel. Revenez et dtournez-vous de toutes vos transgres-sions, afin que liniquit ne cause pas votre ruine. Rejetez loinde vous toutes les transgressions par lesquelles vou