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TOOLBOX Chapelets de terrains

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Bernard Deprez, Juliette Duchange, Xavier Guigue, Caroline Newton, Isabelle Prignot. Chercheurs en association momentanée La Cambre - Sint-Lucas.

Mission de facilitation et de guidance dans le domaine du développement de quartiers durables. Un projet à l’initiative de la Région-Bruxelles-Capitale -- Bruxelles-

Environnement -- IBGE.

Projet IBGEBIM/EACB/ECOCO.005/531.03/QD/FAC2011-2012

TOOLBOX élaborée avec le soutien de Bruxelles-Environnement

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sommaireINTRODUCTION

objectif ville durable!l’action du facilitateur

PARTIE I: INSUFFLER DU DURABLE !

1. les chapelets de terrains: définir, identifier, comprendre, diagnostiquer

a. travail de définition, compréhension des enjeuxb. cartogrphier, identifierc. inventorier pour comprendre et diagnostiquer les besoins

2. le Moensberg: un chapelet de terrains en RBC

a. pourquoi le Moensberg?b. le Moensberg et ses habitantsc. le Moensberg un lieu complexe en transitiond. le Moensberg au coeur d’un workshop

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PARTIE II: LES 10 POINTS DU MEMENTO APPLIQUÉS AUX CHAPELETS DE TERRAINS

0.une vision d’ensemble, la première étape d’un processus1.énergie2.biotope et eau3.matériaux et déchets4.partenariats et coproduction5.attractivité et qualité de vie6.mixités7.densité et espaces partagés8.accessibilité et éco-mobilité9.adaptabilité dans le temps

PARTIE III: TROIS EXEMPLES D’OUTILS EN COURS D’ÉLABORATION

1.Commune d’Uccle:se donner une méthode, une vision, des cadres pour accompagner la mutation

2. Ville de Montpellier:arpentage + inventaire = mise en relation + mise en projet

3. Communauté Urbaine de Bordeaux:inventorier toutes les micro-situations capables de densification

CONCLUSIONS

BIBLIOGRAPHIE

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6objectif ville durable!

Avec d’autres villes européennes, la Région de Bruxelles-Capitale s’est engagée à transformer durablement son tissu urbain et a pris différentes initiatives en ce sens, notamment la création ou l’adaptation de ses outils urbanistiques.

La montée en puissance des actions mises en place par la Région est remarquable. De l’introduction de primes à l’installation d’équipements solaires ou à l’isolation thermique peu avant 2000, à l’opération « bâtiments exemplaires » c’est toute une culture de l’éco-construction et de l’efficacité énergétique qui a émergé dans la Région. Elle a ensuite créé le service

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Facilitateur Quartiers Durables pour ajouter aux efforts menés à l’échelle du bâtiment les plus-values découlant d’une réflexion à l’échelle du quartier.

A cette échelle Bruxelles menait déjà, avec ses « Contrats de quartiers », une politique de rénovation urbaine exemplaire notamment sur le plan de la participation. L’axe environnemental de ces programmes a été renforcé dès 2009 par leur évolution vers des « contrats de quartiers durables ». La même année, un premier appel à projet pour des quartiers durables était lancé à l’adresse des citoyens bruxellois.

En ce qui concerne le développement de quartiers neufs, divers mécanismes ont été développés par l‘entremise du service Facilitateur Quartiers Durables : le “Mémento pour des quartiers durables”, diverses recherches, l’organisation récurrente de séminaires et de workshops et, enfin, une offre de guidances auprès des professionnels.

Enfin, première européenne, la capitale a placé la barre énergétique au standard « passif » pour tout bâtiment neuf d’ici 2015 – demain! Aujourd’hui la construction des bâtiments publics doit déjà répondre à cette exigence!

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8l’action du facilitateur

Depuis sa fondation en 2009 le service “facilitateur quartiers durables” a pour mission de définir, sensibiliser et guider les professionnels publics ou privés afin de faire émerger des quartiers durables sur le territoire régional.

Le service Facilitateur s’est d’abord attelé à définir ce que pouvait être un quartier durable et a résumé ses indications dans le « Mémento pour des quartiers durables ». Ce Mémento, conçu comme un outil d’aide à la conception de quartiers durables, a été complété par un « Sustainable Check-Up » permettant aux porteurs de projets et concepteurs de vérifier, et cela dès le stade de la conception, le niveau de durabilité de leur projet.

Ce travail de définition a été mené en offrant parallèlement un service de guidance aux porteurs de projet et concepteurs, qui soumettent leurs études et projets pour discuter de manière transversale des aspects de durabilité

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a. Qu’est-ce qu’un quartier durable?

Le Mémento ne propose pas de recette miracle pour réaliser un quartier durable mais une dizaine de thèmes qui permettront au concepteur de structurer son projet et de valider sa durabilité. Neufs thèmes sont répartis entre les trois piliers du développement durable. Le pilier environnemental reprend les thèmes « énergie », « biotopes et eau » et enfin « matériaux et déchets ». Le pilier social aborde « les partenariats et co-productions », « la qualité de vie » et « les mixités ». Le pilier économique quant à lui couvre « la densité et les espaces partagés », « l’éco-mobilité » et « l’adaptabilité ». Ensemble et en interaction ces neufs thèmes en génèrent un dixième : la vision pour le futur quartier durable.

b. Des outils pour des quartiers durables

Une VISION pour des quartiers durablesLe concept de « quartier durable » n’est pas celui d’un quartier autonome : il n’a de sens qu’en s’inscrivant dans une ville existante et qu’en rendant celle-ci globalement plus « durable ». En ce sens, un « quartier durable » cherche à s’inscrire de manière ambitieuse dans une série d’objectifs qui touchent à la fois la qualité écologique de son périmètre, son maillage social et sa soutenabilité économique.

Concevoir et développer un « quartier durable », c’est vouloir se distancier des pratiques actuelles. Le Mémento invite à croiser deux approches : celle qui demande de définir une vision créative (préalables) et celle qui propose de vérifier la durabilité de cette vision par une série de questions (Check-Up).

Tout l’enjeu d’un projet de quartier durable, c’est de conférer de la durabilité à de la qualité spatiale tant à l’échelle de l’espace urbain qu’à celle du projet

l’action du facilitateur

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architectonique. Rien de plus triste qu’un mauvais projet urbanistique très durable… Et pour créer de la qualité urbanistique et architecturale, il est indispensable de poser continuellement la question suivante : quel est le point fort du projet et comment ce point fort est-il mis en valeur spatialement ? Quelle est la chose qui s’y passe et qui ne se passe nulle part ailleurs ? En quoi est-il exceptionnel, du point de vue du site naturel, de sa localisation, de sa population, de ses performances, de son caractère innovant, etc. ? Comment le projet de quartier durable pourrait-il radicalement reconfigurer une situation existante ?

Le Check-Up propose quelques pistes plus concrètes ou quantifiables pour appuyer cette vision de quartier sur des bases techniques. Il ne prétend aucunement être une « méthode » urbanistique, mais souhaite simplement offrir des ressources pour l’action.

Sustainable Check-Up L’outil propose quelques clés d’analyse pour évaluer concrètement la « durabilité » d’un « Projet de Quartier ».

Cette analyse est basée sur 2 hypothèses :

“ La ville durable n’est nouvelle que dans sa capacité à se régénérer, à se recycler en continu sans laisser derrière elle friches et pollutions diverses. Elle n’est pas une vitrine à visiter. C’est une ville qui s’étend non en tache d’huile comme la ville libérale ou par simple duplication comme la ville utopique, mais par rhizomes le long de corridors de développement largement équipés en transports en commun lourds. C’est une ville-réseau au maillage régulier, qui ménage strictement son hinterland, préservant ainsi la biodiversité, les ressources énergétiques fossiles et in fine le climat de son agresseur principal : un développement économique et urbain généralisé, articulé autour du seul transport routier. “Alain Cluzet, urbaniste, auteur de Ville libérale, ville durable ? éd. De l’Aube, 2007. In Urbanisme n°360, mai-juin 2008

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Il n’existe pas de modèle unique pour la « ville durable » ; il revient à chaque Projet de Quartier d’inventer un modèle praticable à son échelle, à la mesure de ses besoins et au rythme de ses acteurs.L’approche est contextuelle : le Projet de Quartier s’insère dans le maillage large de la ville et son périmètre doit être entendu au sein d’une analyse élargie aux zones voisines.

Le Check-Up propose une approche par questionnement qui doit rester fidèle aux spécificités du site. Comme toute check-list, cet outil ne vérifie que les moyens concrètement mis en œuvre (bâtiments, espaces publics, plantations, services, etc.) : il n’est utile qu’appliqué dans le cadre d’une vision globale, cohérente et contextualisée du projet. En bref, il suppose des utilisateurs qui donnent sens aux dispositifs.

c. Des quartiers durables : où ça ?

Une fois le concept de quartier durable défini, la Région a ensuite demandé au Service Facilitateur de rechercher les meilleurs sites de développement possible de ce genre de quartier et les outils éventuellement nécessaires à leur émergence.

Une étude cartographique menée par le facilitateur en collaboration avec l’IGEAT (ULB) a pu établir que dans les quartiers existants, l’arsenal urbanistique régional prête une attention particulière au caractère participatif du développement de l’espace public et que des outils spécifiques pour le développement des grandes friches urbaines existent. Certains de ces instruments ont été récemment rendu plus durables encore, par exemple, les contrats de quartiers sont devenus en 2008 les « contrats de quartiers durables ».

La superposition des couches d’informations géographiques et le recoupement de données n’ont cependant pas permis d’établir un périmètre précis de la Capitale comme étant LE futur quartier durable de la Région. Plusieurs sites ont cependant émergé en

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relation à la mise en évidence de différentes typologies réunissant des profils caractéristiques de durabilité, qui se sont fait jour comme germes possibles pour le développement de quartiers durables.

Cinq scénarios de développement ont été mis en évidence touchant:• les zones de reconversion (quartier densément bâti en voie de transformation), • les cités-jardins, • les cités d’immeubles hauts, • les grandes friches urbaines (telles que les anciens sites ferroviaires) et les terrains vierges. Ce dernier scénario est subdivisé en deux parties : les terrains vierges et les chapelets de terrains.

Ces scénarios s’appliquent aussi bien au tissu urbain existant qu’aux réserves foncières de la Région. Parfois plusieurs scénarios peuvent correspondre au même quartier et leur rencontre peut créer des effets de synergie intéressants.

L’étude a montré que certains scénarios sont déjà étayés par des outils de planification au niveau régional ; c’est le cas pour les zones de reconversion (à travers les Contrats de Quartiers Durables), les grandes friches urbaines (par le biais des schémas directeurs ou des

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PPAS), et les terrains vierges pourraient l’être par le biais du “Mémento pour des quartiers durables”.

Par contre l’étude a mis en évidence trois typologies « orphelines ». En effet, pour les cités jardins, les cités d’immeubles hauts et les chapelets de terrains, aucun outil spécifique n’avait été développé à l’époque par la Région.

Depuis, pour combler partiellement cette lacune, en 2011 une Toolbox « ensemble d’immeubles hauts » a été publiée, celle-ci est disponible, à la demande auprès de Bruxelles-Environnement et de URBs.

En 2011-2012, le Service Facilitateur s’est concentré sur la typologie des chapelets de terrain. Comme pour les ensembles d’immeubles hauts la méthode de travail a été la suivante: un premier workshop a été organisé autour d’un cas d’étude représentatif de cette typologie: le quartier Moensberg à Uccle. Parallèlement des recherches ont été pratiquées en vue de trouver des exemples similaires ou comparables ailleurs en Europe. L’ensemble de ce travail et de ces données a alimenté la réflexion indispensable à la rédaction de la présente publication.

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15Existant + habitants = masse critique = projet

Les chapelets de terrains sont par définition imbriqués dans un tissu existant, avec des pratiques, des habitants, du bâti. Construire du neuf dans ces espaces peut initier un effet vertueux bénéficiant à l’ensemble du quartier. Vu la masse critique, l’impact sera plus grand que dans un quartier entièrement neuf, qui risquerait plus vite de se fermer sur lui-même. Ici la vraie opportunité, c’est de faire avec ce qui est là, forcément : un beau challenge et une situation idéale.

PARTIE I. insuffler du durable!©

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161. les chapelets de terrains identifier, comprendre, diagnostiquer

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a.Travail de définition, compréhension des enjeux

La typologie des « chapelets de terrains » a été mise en lumière et définie par une étude cartographique menée sur la région bruxelloise1 en 2010. Les chapelets de terrains sont des zones qui comprennent une pluralité de terrains de diverses tailles, répartis dans un tissu urbain déjà construit et donc habité. Il ne s’agit donc pas de grandes zones à urbaniser (comme Tour&Taxis, Schaerbeek Formation), mais plutôt de plusieurs terrains de taille moyenne, proches les uns des autres et qui sont potentiellement à bâtir. La somme de ces surfaces donne une masse critique importante qui doit être pensée comme un ensemble et en relation étroite avec les activités préexistantes qui les entourent. Le périmètre du projet de quartier comprend donc à la fois cet ensemble de vides et le tissu existant, les deux entités qui permettent de définir un chapelet de terrain. Les vides peuvent être de natures différentes : terrains vagues jamais urbanisés, friches industrielles, dents creuses résultant de démolitions, etc. Les propriétaires fonciers sont souvent multiples et les usages transitoires également. Certains vides sont appropriés, « en attendant ». Ils servent de lieu de dépôt, de stockage, d’espace (ou)vert informel pour promener son chien ou partir à l’aventure, d’accueil pour un chapiteau, pour des jardins potagers ou encore il peut seulement s’agir d’espace libre pour l’enfrichement2.

La problématique directement liée à ces espaces est l’absence d’outil urbanistique donnant une vision d’ensemble et permettant d’espérer la cohérence des futurs aménagements. Souvent, ces vides sont progressivement comblés au coup par coup, alors que l’ensemble aurait la capacité de « faire quartier ». Or un projet de quartier ne peut naître que si son périmètre présente une cohérence d’usage. Cette cohérence n’est possible que dans la prise en compte des formes d’usage et de vie déjà présentes. Dans un chapelet de terrains, un projet d’aménagement durable viendrait en

1. Etude cartographique pour l’analyse des obstacles au développement de quartiers durables et solutions. Septembre 2010. Etude menée par URBs (La Cambre / Sint Lucas) et l’IGEAT (ULB) pour Bruxelles Environnement dans le cadre de la mission de Facilitateur Quartiers Durables.

2. enfrichement: apparition par strates des espèces végétale pionnières.

1. les chapelets de terrains identifier, comprendre, diagnostiquer

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soutien, en complémentarité des lignes de force d’un tissu déjà habité. C’est LA particularité d’un projet de quartier qui prend place dans un chapelet de terrains.

La priorité reste donc la mise en lumière de ces ensembles de vides, la reconnaissance des chapelets de terrains comme espace potentiel où injecter de la durabilité. L’effet vertueux est réellement intéressant puisque les nouveaux aménagements sont pris dans un tissu urbain semi existant, ce qui peut à la fois réduire le risque programmatique et améliorer la rentabilité dans le temps. C’est aussi l’occasion d’atteindre la masse critique qui permet d’insuffler de bonnes pratiques dans les quartiers existants.

Cette typologie implique donc une échelle de travail relativement vaste. Les outils employés doivent servir à créer une cohérence. Dans ce travail de couture des vides au tissu existant, les maillages constituent des fils solides (maillage vert, maillage bleu, maillage d’usages, d’équipements, de cheminements, etc.).

Un des autres enjeux particulier à la question des chapelets de terrains est celui de la concertation, et même en partie celui de la coproduction. L’imbrication dans un tissu urbain existant implique de fait de convier les riverains au projet. Ce sont eux qui pratiquent aujourd’hui ces espaces, ils en connaissent les logiques et les usages, ils font partie des experts, ils doivent aider à l’écriture d’une vision pour le futur. Ils sont eux aussi les habitants du futur quartier et ses « maitres d’usage ».

La typologie des chapelets de terrains pourrait se rencontrer plus particulièrement en deuxième couronne de la Région bruxelloise. Mais on pourra constater à la lecture de cette TOOLBOX que la méthodologie qu’impliquent les chapelets de terrains peut être applicable également dans la ville dense (voir 1.c : la pratique des inventaires de situations capables est applicable dans la ville dense, cf. dossier de diagnostic des Contrats de Quartier Durables).

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b.Cartographier/identifier

Le travail cartographique pour révéler, reconnaître, affirmer.

Un outil pourrait ici être mis en avant pour mettre en projet les chapelets de terrain. De par leur complexité, ces ensembles d’espaces sont difficilement lisibles. Et c’est cette absence de lisibilité qui empêche une vision globale et un projet d’ensemble. La carte, l’acte de cartographier pourrait constituer une première étape de projet. Vue comme un outil d’expertise, la carte peut être aussi utilisée par ou avec les habitants. Cartographier consisterait ici à rassembler sur un même plan toutes les parcelles en déshérence, tous les espaces mutables, tous les bâtiments vides ou à réhabiliter. La carte pourrait alors constituer une forme de « preuve » pour rendre lisible et évident le territoire de projet. Cet objet représente l’étape de la mise en projet. Il pourrait être le premier document qui acte, à la vue de tous, l’évidence d’un territoire de projet.

Les habitants du quartier Calevoet-Bourdon à Uccle, rassemblés en collectif, ont publié une brochure en 2010, à la suite d’un long travail de récolte de leurs craintes et envies concernant leur quartier3. Ce quartier s’est développé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle dans une dynamique industrielle. Aux portes de Drogenbos, Beersel et Linkebeek, le quartier s’étend le long des voies de chemin de fer. Aujourd’hui de nombreux terrains sont en friche. En 2002, la Commune d’Uccle a sollicité le Gouvernement de la Région bruxelloise pour reconnaître ce territoire comme « zone levier », mais en vain. La Commune a défini ce quartier dès 1997, dans le dossier de base de son Plan Communal de Développement, comme une « zone de mixité économique à affirmer ». Constatant les mutations, les tractations immobilières en cours, les habitants voyaient leur quartier changer sans en comprendre le sens, sans en percevoir le projet global et surtout sans y être conviés. Ils ont donc mené leur enquête, accompagnés par Inter Environnement

3. Calevoet Bourdon, un quartier sous pression, septembre 2010, collectif des habitants Calevoet Bourdon en collaboration avec l’ACQU et IEB.

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Bruxelles. Ce qui intéresse particulièrement dans cette démarche, c’est la question de la représentation. La brochure éditée par le collectif Calevoet-Bourdon présente évidemment du texte, des paroles d’habitants, des descriptions, mais on y trouve aussi des photos, comme éléments de preuve sur une mobilité difficile par exemple, de même qu’une carte. Elle a pour fond le PRAS (Plan Régional d’Affectation du Sol). Elle recense les différents projets « en cours, futurs et potentiels » situés aux abords de la ligne de chemin de fer et de la chaussée d’Alsemberg. Elle regroupe ainsi 14 périmètres de projets et 2 terrains disponibles. Elle montre l’ampleur des terrains mutables ou en mutation. Ce collectif d’habitants, par cette cartographie de tous les projets, a révélé la masse critique de terrains en mutation dans son secteur. Par la publication de cette brochure, il a contribué à rendre « réel » le chapelet de terrains de Calevoet.

c.Inventorier pour comprendre et diagnostiquer les besoins

Si la carte donne la première étape, le contour des parcelles et une image du territoire fragmenté, une deuxième étape doit permettre de rentrer dans la matière des différents éléments. Il s’agit maintenant de comprendre ce qui constitue ce territoire en chapelet. Il faut pratiquer un inventaire minutieux de chaque situation, repérer ce qui est mutable, transformable, modulable, mais aussi quelles sont les pratiques, les passages, les équipements, les modes d’habiter. Faire un inventaire c’est reconnaître ce qui est là avant le projet, c’est obliger le projet à être en intelligence avec un territoire, donc avec une géographie et des habitants.

Pour être complet, cet inventaire doit rester ouvert, en mouvement. A l’inverse de la carte, il ne doit pas se figer. Il doit pouvoir être complété, amendé, par les habitants, les travailleurs, les pouvoirs publics. Il doit pouvoir circuler et être montré. On pourrait parler de la mise en œuvre d’un inventaire dynamique. La carte simplifie le territoire pour en donner une lecture claire

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et montrer l’évidence d’un besoin de projet global, alors que l’inventaire vient redonner de la dimension, de la complexité aux situations.

Nous retrouvons cette démarche, par exemple, chez l’architecte français Frédéric Druot qui au fil de ses projets s’est forgé une approche à laquelle il ne déroge jamais. Immanquablement il pose deux questions au départ de tous ses projets : quel plaisir d’habiter offrir aux gens ? Comment enrichir l’existant ? Depuis quelques années, notamment en collaboration avec Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, une nouvelle phrase est chez lui devenue un point d’ancrage: « Il s’agit de ne jamais démolir, ne jamais retrancher ou remplacer, toujours ajouter, transformer et utiliser.4 »

“La volonté de ne jamais démolir n’est pas née d’un sens poussé du devoir de mémoire ou de quelques idées nostalgiques sur la question du patrimoine. Ne pas démolir, c’est désormais une stratégie. Une stratégie d’enrayement de la fatalité et du désenchantement. Une stratégie de réengagement de l’architecture sur le champ des plaisirs, sur la question d’habiter, d’occuper, sur la question générale de la liberté d’usage des lieux et des espaces.“ Frédéric Druot, in Architecture d’Aujourd’hui, oct-nov 2009, n°374.

Ces affirmations impliquent une méthode qui consiste à aimer activement l’existant, à l’aimer en dehors de toute posture compassionnelle ou nostalgique, non pour ce qu’il est ou parce qu’il est, mais pour ce qu’il ouvre et permet. Dans sa pratique d’architecte, Frédéric Druot établit des inventaires : des espaces, des ouvertures, des possibilités de transformation, d’ajout d’un étage, des sous-sols inoccupés, de manières d’habiter, de ranger sa poussette, de garer son vélo, de murs en ruines, de nombre de logements, de largeur des trottoirs, etc. Par ce travail, il ne préconise pas un schéma directeur particulier, mais une diversité d’interventions. L’inventaire des possibilités doit rencontrer celui des manques, celui des besoins des habitants, du quartier, de la ville. Tout doit rester ouvert et évoluer au fur et à mesure des opportunités d’argent, de temps, de place.

4. Il s’agit de la première phrase du rapport qu’ils ont écrit en 2007 pour le Ministère français de la Culture et de la Communication, ministère de tutelle de l’architecture et des architectes. Le rapport portait sur la recherche de solutions alternatives à la démolition des grands ensembles de logements.

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Frédéric Druot a participé au séminaire « Plus durable et moins cher » organisé par le service Facilitateur Quartiers Durables le 1er juin 2012. A cette occasion, il a rédigé un court texte qui explicite son constat de la ville et son attitude d’architecte.

« Constat

Les villes, les quartiers, les rues, les immeubles sont des énigmes, des mystères qui s’épaississent au rythme quotidien des actions urbaines contemporaines qui en dispersent les indices et les sujets.Nouvelle zone d’aménagements concertés, nouveaux schémas directeurs de quartier, nouveaux alignements de voiries, nouveaux isolants sur les façades, nouvelles démolitions…. Le « Nouveau » comme principe d’évolution cale la production urbaine contemporaine sur des modèles de pensées banalisées dont les planifications exogènes et destructrices se détournent de l’évaluation des réalités et des complexités. L’évolution des villes se plie elle aussi à la globalisation. Que restera-t-il des diversités, des contrastes, des particularités, des différences entre deux villes, deux quartiers, deux rues, deux immeubles, deux personnes... L’absence de précision et d’effort, l’absence de transversalité des actions et de reconnaissance des compétences, l’absence de regard sur la capacité des situations urbaines, créent l’absence d’engagement pour la question du logement, la question d’habiter.

Attitude

Il s’agit d’affirmer une autre façon de faire évoluer durablement la ville, par la mise en œuvre d’une stratégie régulatrice de la pensée et de la pratique de la ville. Une stratégie de l’économie et du plaisir, une stratégie d’attention aux organisations existantes, immeubles, voiries, réseaux, attention aux gens, attention aux arbres, attention aux sols, aux bestioles, à tout ce qui existe dans

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associer les habitants au processus d’inventaire

Les Contrats de Quartier Durable, par exemple, comprennent un travail de diagnostic, d’inventaire. Cette procédure existante dans la ville dense pourrait sans doute être transférée en deuxième couronne.

La commune d’Ixelles a mené sur ce point un travail exemplaire dans le cadre du Contrat de quartier Sceptre en confiant à l’association de bureaux ipé/KARBON l’animation d’un groupe de travail ‘Espace Public’. Le bureau d’étude avait pour mission d’animer

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le matériel urbain et qui a permis jusqu’à ce jour d’abriter, guider, rassembler, charmer.Au cas par cas, avec précision, du plus petit vers le plus grand, de la chambre à la ville, immeuble après immeuble, d’un terrain à un autre terrain, d’une rue à une autre rue, de l’expression de besoins « Qu’est-ce qu’il a déjà ?» « Y a-t-il ce qu’il faut ? », à des réponses précises et généreuses, des états existants vers leurs transformations, des transformations vers des réalisations neuves. Faire un peu, ou ne pas faire. »

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un processus participatif et d’apporter son expertise pour contribuer à la programmation d’un ensemble d’espaces publics projetés. Au-delà des étapes d’identification de leurs besoins et aspirations, les habitants ont également été impliqués dans les étapes de projetation.

Pour y parvenir, il fallait faire attention à associer une diversité de profils d’habitants et surtout porter une attention à tous ceux qui ne participent pas facilement aux temps de rencontres institutionnalisés. Les groupes de travail devaient être constitués des habitants, des usagers et des techniciens de manière à ce que se construise une « culture commune de l’espace public » et à prendre en compte les perceptions, les besoins des habitants et usagers mais aussi les contraintes techniques, auxquelles s‘ajoutent souvent des contraintes juridiques.

Un premier diagnostic collectif des espaces publics concernés par le contrat de quartier a d’abord été réalisé à travers des ‘promenades diagnostics’. Ceux qui pratiquaient le quartier ont pu apporter leur connaissance des usages, des problèmes ou des manquements rencontrés. Ils ont contribué à trouver des solutions pour y remédier. Ces promenades ont aussi mis en évidence les désaccords possibles en cas d’intérêts divergents et le nécessaire dialogue pour dépasser ces préoccupations croisées. Elles ont fait l’objet de compte-rendu, pouvant être complétés au fur et à mesure du processus lorsque des suggestions étaient formulées, des modifications proposées. Dans une deuxième étape, le bureau d’étude a élargi le champ de vision en montrant ce qui se fait ailleurs en Europe. Ce fut la possibilité de discuter en profondeur sur la manière de se réapproprier des friches ferroviaires, d’imaginer des scénarios où cohabitent des modes de déplacement différents, d’examiner comment répondre aux besoins en équipements sportifs ou ludiques… Cette distance prise avec l’existant, associée au travail préalable de diagnostic a donné les moyens aux habitants et usagers de construire des propositions

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concrètes d’aménagement et de penser à leurs conditions d’utilisation pour que le projet soit durable.

Afin de toucher le plus grand nombre, le bureau d’étude est allé à la rencontre des gens en organisant des permanences accueillantes dans la rue. Affiches, photos, illustrations étaient accessibles aux passants qui pouvaient venir discuter autour d’une table et donner leur avis sur le projet. Ce mode d’intervention a donné l’occasion d’échanges personnalisés, ce que ne permettaient pas les rencontres en grand groupe. C’était un moyen supplémentaire d’information sur le projet, mais c’était aussi un moyen pour l’enrichir à travers les remarques récoltées qui allaient ensuite être discutées dans les groupes de travail.

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On lira plus loin que l’importance du travail d’inventaire se décline à travers les 10 points du Mémento pour des quartiers durables, à commencer par l’inventaires des besoins, des consommations et des ressources en matière d’énergie (point 1), puis, l’inventaire de la biodiversité (ex à Rennes – point 2), celui des matériaux (ex à bordeaux – thème 3), le diagnostic à l’initiative des porteurs de projet, des habitants ou des opérateurs (comme à Uccle, à Namur, à Lingosheim ou à Fontaine – point 4), le repérage des espaces capables pour faire des choix en matière de densité et d’espace partagé (point 7).

Les conclusions du travail d’inventaire devraient mettre en lumière tant les manques que les potentiels du site. Travailler dans un tissu existant implique encore davantage d’attention au « déjà-là ».

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272. le Moensberg: un chapelet de terrains en Région Bruxelles-Capitalea. pourquoi le Moensberg

le Moensberg est un chapelet de terrainsSitué aux confins de la commune d’Uccle, le quartier de la gare de Moensberg est un exemple type de chapelet de terrains. En effet, son territoire, traversé par deux lignes de chemin de fer, est habité par un peu moins de 3500 habitants répartis entre 5 quartiers différents. Les lignes de chemin de fer tantôt dominent, tantôt se trouvent en fond de vallon. Elles constituent à la fois une frontière difficile à franchir et un maillage vert important. Plusieurs terrains à bâtir vierges de

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dimensions variables se trouvent entre les zones habitées du périmètre (+/- 1 km²), une gare RER y est en cours d’aménagement et la frontière de la Région est toute proche.

Les cinq quartiers présentent à la fois des typologies architecturales et des profils économiques très divers. Tous les ingrédients du chapelet de terrains sont donc bien réunis : habitants, parties bâties, terrains à bâtir, amorce de transport en commun et limite frontalière, mais dans une vision d’ensemble manquante.

le Moensberg fait partie d’un schéma directeur en cours d’élaborationL’administration communale d’Uccle travaille sur un schéma directeur incluant cette zone et s’étendant jusqu’au-delà de la gare de Calevoet. La commune souhaite appliquer une approche durable pour ce schéma directeur et a mis ses informations à disposition du Service Facilitateur. Ainsi, puisque le site répond à la définition et qu’il est en mutation, le facilitateur a choisi cette portion du territoire de la Région comme cas d’étude en vue de réaliser la présente TOOLBOX.

b. Le Moensberg  et ses habitants:

Situé dans le Sud-Ouest de la Région de Bruxelles-Capitale, le cas d’étude proposé constitue un carré qui a pour centre la gare de Moensberg (Uccle) et fait environ 1 km de côté.

Comme indiqué sur la carte du PRAS, il est composé principalement de zones d’habitation à prédominance résidentielle (jaune pâle) et de zones mixtes (orange foncé). On y trouve également plusieurs zones vertes – dont la principale est constituée par le cimetière de Saint Gilles.

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Ce territoire est habité. Les habitants sont dispersés dans cinq sous-quartiers aux identités distinctes pour lesquels le chapelet de terrains représente une densification potentielle importante.

• Le haut Bourdon : géographiquement et fonctionnellement proche du centre de Linkebeek.

• Le bas de la rue du Bourdon : fonctionnellement relié aux activités de la chaussée d’Alsemberg.

• La rue de Linkebeek : urbanisation ancienne, caractère rural, environnement très vert.

• Le quartier Kriekenput (le « puits aux cerises ») urbanisation en ordre ouvert, quartier très vert tant par les jardins privés que par les rues de la Cueillette, des Griottes ou le square des Mirabelles.

• La cité-jardin du Homborch (315 logements

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de la Société Uccloise du Logement, dont 267 maisonnettes) à laquelle on peut ajouter l’avenue des Tilleuls. La cité-jardin, dont le cœur a été développé sur un plan en coquillage avec une très forte identité, s’est étendue après la deuxième guerre mondiale en petits immeubles de logements et est entourée d’habitations individuelles principalement 4 façades.

Chacun de ces cinq sous-quartiers dispose d’une identité propre et présente un caractère légèrement insulaire, une certaine indépendance vis-à-vis des autres quartiers. Ils sont desservis par trois petits pôles commerciaux : Bourdon-plaine-Alsemberg, Linkebeek-Alsemberg, Linkebeek-Haut. Il est à noter qu’aucun de ces pôles commerciaux ne se situe au centre des quartiers habités.

Le site, très vert et bientôt bien relié par le (futur) RER au reste de la ville restera vraisemblablement très attractif. Pour mieux comprendre qui l’habite nous nous référons aux données statistiques régionales où l’on s’aperçoit que le site se trouve à cheval sur trois secteurs statistiques différents.

Sans surprise il s’agit d’un territoire à très faible densité. Aujourd’hui on n’y trouve que 34 hab/ha, à comparer aux 63 hab/ha en moyenne régionale (y compris la forêt de Soignes et le parc de Laeken) et aux 270 hab/ha pour la commune la plus dense de la Région (Saint Josse-ten-Node). Le territoire étudié comprend aujourd’hui environ 3400 habitants, auxquels s’ajoutent les futurs habitants des projets en cours, soit ± 1000 habitants pour 443 logements, c’est-à-dire 30% de la population

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actuelle. Le jour où tous les nouveaux logements seront habités on passera à ±4400 habitants, soit une densité de 44 hab/ha… Une densification devrait donc être toujours possible !

Aucune particularité n’est à signaler concernant la pyramide des âges dans le périmètre : les chiffres sont très proches des moyennes régionales. Le taux de chômage y est par contre sensiblement inférieur à la moyenne régionale (14%, contre 20 % en RBC) ; la cité-jardin du Homborch présente un taux de ménage monoparentaux largement supérieur à la moyenne régionale.

Le quartier étudié jouxte celui du Vivier d’Oie où l’on trouve une population complètement différente encore. En effet le taux de familles étrangères y est élevé avec des revenus très largement supérieurs à la moyenne régionale (24 000 €/an contre 14 000 €/an).

Enfin, on se trouve aux confins de la Région : la frontière est franchie quotidiennement par des habitants à la recherche de commerces de proximité qu’ils trouvent, au plus près, sur le territoire de Linkebeek.

c. Le Moensberg : un lieu complexe en transition

l’hydrographie et la topographieLe Moensberg est en point haut entre deux vallées. La vallée du Geleytsbeek au nord et la vallée du Linkebeek au sud. Le Moensberg est donc sur la ligne de partage des eaux, à la limite des deux bassins versants. De par sa situation, il offre également une large perspective sur la vallée de la Senne.

un chapelet d’espaces (ou)verts non bâtisCet élément majeur du maillage vert de la RBC est dû au projet de construction du Ring Sud de Bruxelles, et surtout à son abandon. Ces différents espaces (ou)verts possèdent des qualités, une valeur, une gestion et des usages

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différents.• Le Keyenbempt (key=argile, bempt=prairie humide) : collines boisées, prairies humides, potagers.

• Kisendael et Kriekenput : réserves naturelles. Aulnaie, forêts marécageuses, prairies humides, vergers abandonnés, étangs. Gestion dite intégrale : le minimum pour la sécurité des usagers + fauchage annuel des prairies et curage des étangs.

• Le plateau Engeland : prairies et terres cultivées.

• Le fond de vallée du Linkebeek : prairies humides.

Tous ces espaces sont classés en zone NATURA 2000.

Il y a aussi deux grands cimetières sur le périmètre d’étude: le cimetière de Saint-Gilles et le cimetière d’Uccle.

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les voies ferréesDans cette géographie presque perpendiculaire aux vallées se croisent deux voies ferrées. La ligne 124, construite en 1875, relie Bruxelles à Nivelles. Son niveau est relativement constant. Cela implique des remblais importants de part et d’autre des viaducs de Calevoet et de Stalle et des déblais au niveau de la halte de Linkebeek.La ligne 26, construite en 1925, relie Hal à Vilvorde. Elle a été construite avec une légère pente, en déblais du terrain naturel. Elle constitue une entaille importante d’Est en Ouest.On relève également deux bretelles pour passer d’une ligne à l’autre, ainsi que des ponts et des tunnels pour permettre le franchissement. Le nœud ferroviaire est également très vert.

La ligne 26, construite en 1925, relie Hal à Vilvorde. Elle a été construite avec une légère pente, en déblais du terrain naturel. Elle constitue une entaille importante d’Est en Ouest.

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les équipementsOn observe la présence d’écoles, de lieux de culte, de centres sportifs, de théâtre (en bleu) et de pôles commerciaux (cercles violets).

le cadre de vieIl existe des zones de potagers (en jaune), de vastes espaces de promenade, un étang de pêche.

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Il y a également deux bretelles pour passer d’une ligne à l’autre, ainsi que des ponts et des tunnels pour permettre le franchissement.

Il manque sur la carte ci-contre les talus SNCB, plantés, voire boisés, pour certains. Le nœud ferroviaire est également très vert.

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un territoire relié, traversé

• Les lignes 124 et 26, avec de futures gares RER.

• Le tram 51 : il va jusqu’au Heysel en passant par la chaussée d’Alsemberg, Saint-Gilles, la Gare du Midi, la place Sainte-Catherine.

• Le bus 60 : il s’arrête à Calevoet mais rejoint, en passant par la chaussée de Saint-Job, le Quartier Européen via Ixelles.

• Le bus 43 : il fait un parcours à l’intérieur d’Uccle (Kauwberg/Observatoire).

• Le tracé de la promenade verte.

• Des traversées piétonnes et cyclables (en cœur d’îlots, au travers d’espaces verts) : il y a donc de nombreuses possibilités de trajets quotidiens exceptionnels.

un territoire contraint• Les voies ferrées constituent un élément fort de liaison mais aussi de ruptures (franchissements).

• Les espaces clos (cimetières, roseraie, centre sportif) : leur emprise plus ou moins grande n’est pas toujours évidente à contourner ou à traverser.

• La limite de la Région, limite administrative : quelles coopérations ?

• Le relief est une vraie contrainte pour certains modes de déplacement.

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les chapelets de terrainsIl s’agit d’espaces capables, densifiables, en friche, en mutation (zones en rouge et périmètre de PPAS), des espaces publics à repenser (carrés et rond orange).

Périmètre de réflexion : 1 km² autour de ce nœud ferroviaire.

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d. Le Moensberg au coeur d’un workshop

Dans le cadre de la présente étude, le Service Facilitateur a lancé, en collaboration avec l’administration communale d’Uccle, une réflexion globale sur le site du Moensberg en s’appuyant sur une matinée de réflexion concernant la durabilité des chapelets de terrains. Destinée aux professionnels de l’aménagement du territoire confrontés à ce type de sites (principalement les administrations communales et régionales), la matinée a pris la forme d’un workshop participatif5.

Conçu en deux séances de travail, le workshop avait pour objectif de faire ressortir, pour cette typologie de quartier, les qualités et les défauts en termes de durabilité et ensuite d’imaginer les améliorations possibles par des propositions dont le réalisme ne devait pas être la qualité première.

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5. Celui-ci s’est tenu le 23 mars 2012 dans les locaux de l’Institut Sint Lucas, où il a rassemblé près de 50 professionnels appartenant à 5 communes (Ixelles, Saint-Gilles, Uccle, Anderlecht, Molenbeek) et 9 administrations ou organisations régionales différentes (BE, AATL, ADT, SDRB, SLRB, BELIRIS, IEB, BRAL, ERU).

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PARTIE II. Les 10 points du Memento appliqués aux chapelets de terrains

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vision Une vision d’ensemble, la première étape d’un processusIndispensable pour tout quartier durable, la vision est une étape particulièrement déterminante dans le cas d’un chapelet de terrain, d’autant que c’est précisément son absence qui les caractérise.

Pour inscrire les éléments disparates du site dans un quartier durable, l’écriture d’une vision d’ensemble pour le nouveau quartier est l’étape première, celle qui, à la lecture des grands enjeux territoriaux du site, définit un objectif mais aussi une philosophie, une manière de faire. Le Mémento pour des Quartiers Durables énonce une série de questions auxquelles la définition de la vision doit pouvoir répondre : « Quel est le point fort du projet et comment ce point fort est-il mis en valeur spatialement ? Quelle est la chose qui s’y passe et qui ne se passe nulle part ailleurs ? En quoi est-il exceptionnel, du point de vue du site naturel, de sa localisation, de sa population, de ses performances, de son caractère innovant, etc. ? Comment le Projet de Quartier Durable pourrait-il radicalement reconfigurer une situation existante ? »Proposer une vision volontariste permet de fédérer une équipe autour d’elle. Au fur et à mesure de l’évolution du projet, tout peut être amené à bouger. La vision préalable est ce à quoi on peut se référer ; comme une charte, elle est ce qui garantit les grands objectifs du projet de quartier tout au long du processus. La question de la temporalité du projet est essentielle. Le projet implique un temps long, celui des décisions politiques, des acquisitions foncières, de l’analyse, de la concertation, de la conception, de la négociation, des tracés, des métrés, du chantier, et enfin celui du vivant, de la croissance. Il apparaît évident de penser le projet comme un processus. L’idée de processus sous-tend celle d’une évolution, d’un développement, d’une avancée. La vision définit un chemin, un cadre pour aller et venir dans le temps du projet de quartier.

Pour la typologie qui nous concerne ici, c’est la mise

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en projet d’espaces non-bâtis dans un contexte existant qui constitue la base de l’écriture de la vision du futur quartier. L’enjeu de l’aménagement des chapelets de terrains est de faire émerger un « nouveau quartier » avec de l’existant et des parcelles disponibles à aménager. Comment faire pour qu’une seule et même vision s’écrive ? Pour qu’un morceau de territoire hétérogène soit mis en projet pour constituer un nouveau quartier ? Comment fédérer tous les acteurs autour d’un même projet (riverains, pouvoirs publics, investisseurs) ?En région bruxelloise les chapelets de terrains se trouvent majoritairement en deuxième couronne, souvent à proximité des limites de Région et des grandes infrastructures. Ils sont donc l’opportunité de travailler des entrées de ville, de penser des transitions entre le centre et la périphérie, d’inventer une densité appropriée.

Une vision pour le MoensbergLes particularités topographiques et géographiques du site, sa situation modale unique, sa très faible densité ainsi que l’enclavement et la diversité de ses poches bâties sont les principaux ingrédients d’une vision pour le futur des lieux.

Un relief à exploiter : point culminant entre deux vallées, traversé par deux voies ferrées, il offre une vue remarquable sur la vallée de la Senne. La future halte RER, par sa situation en promontoire pourrait être à la fois un observatoire du paysage - permettre une lecture des vallées de la Senne, du Geleystsbeek, du Linkebeek et des vallées ferroviaires - et par son architecture un point de repère pour le quartier. Cette situation de promontoire pourrait également être exploitée pour, par un jeu de passerelles, marcher sur la canopée des coulées vertes constituées par les voies ferrées et leur intersection.

La future halte RER constitue une occasion unique d’installer un pôle d’activités essentiellement alimenté

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par la voie ferrée (et non par camions ou voitures). Là aussi il s’agit de travailler avec le relief existant ; les nombreux talus permettraient l’implantation d’une mixité verticale : en bas (niveau rails), bureaux, ateliers, logistique ; en haut (niveau rue), habitations. La proximité des parcours cyclables et piétonniers doit inciter à faire de la halte RER un site multimodal.

L’évènement non bâti que constitue le site et son prolongement par les différents espaces verts est également une opportunité à saisir : nommer ce ‘non-lieu’ « promontoire RER » (berg) reliant le quartier directement tant à la capitale qu’à la campagne environnante et servant de plaque tournante entre les différentes poches habitées.

Diversité de ses poches bâties : renforcer les qualités diverses de chacun de ces lieux, y répertorier les situations capables de mutations, de densifications et au cas par cas, tout en respectant l’existant, densifier le territoire.

Il va sans dire que la vision du quartier ne peut être définie qu’avec la participation des habitants et des riverains qui pratiquent aujourd’hui ces espaces, mais également avec l’implication des futurs nouveaux habitants et des gestionnaires du site. La mise en place du cadre nécessaire pour que cette écriture commune puisse se construire et évoluer est un préalable indispensable à la mise en projet du quartier.

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Found In TranslationIle de Nantes, la mémoire d’un quartier au service de nouveaux liens

L’aménagement des chapelets de terrains doit permettre de briser l’enclavement de ces zones habitées quand elles sont isolées du reste de la ville. La mise en projet vise à créer des liens avec les quartiers environnants et le reste de la ville. L’aménagement du quartier des Fonderies à Nantes s’est fait en ce sens.

Vaste territoire de 350 hectares au fond de l’estuaire de la Loire, l’île de Nantes est à deux pas du cœur de la ville. L’île compte (avant 2000) environ 15 000 habitants et 15 000 emplois. Un tiers de l’île offre un vaste paysage industrialo-portuaire, constellé de friches et terrains abandonnés. Tout proche du centre-ville, on trouve également un tissu de faubourg, puis des extensions plus récentes datant des années 60-70. Cet ensemble de caractéristiques donne à l’ile la typologie d’un grand chapelet de terrains.

Nantes Métropole, la Ville de Nantes et la SAMOA (Société d’Aménagement de la Métropole Ouest Atlantique) conduisent un travail important de recomposition urbaine. Le projet a pour ambition de doter Nantes d’un centre de dimension européenne intégrant des enjeux de mixité sociale et d’environnement. A ce titre, toutes les fonctions urbaines de centralité sont développées.

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Plusieurs décennies seront nécessaires pour mener le projet à terme. Les premiers travaux ont commencé il y a dix ans, en 2002. Après la fermeture des chantiers navals, la ville a voulu conserver la mémoire ouvrière de ce lieu comme un des premiers axes de rénovation de l’Ile de Nantes. Le projet vise à ré-intégrer ce quartier en le reliant avec le cœur de ville, combinant l’ouverture qu’offre la Loire, la mobilité douce et les transports en commun comme un ensemble de traits d’union entre le centre et l’île. Le troisième objectif vise à empêcher l’étalement urbain en accueillant de nombreux usages différents – habitat, activités économiques, enseignement supérieur, grands

équipements, culture et loisirs, etc. – en créant quatre pôles de développement de la connaissance : médias, droits, biotechnologies et arts.La communauté urbaine de Nantes pilote ce projet à travers une société d’aménagement tout en laissant aux différents acteurs impliqués une capacité d’initiative importante.

Le quartier des fonderies, d’une superficie de 60ha est situé sur l’île de Nantes. Le projet de réhabilitation de ce quartier se veut en lien avec le passé industriel du site. C’est dans ce cadre qu’a évolué le quartier hétérogène des anciennes Fonderies de l’Atlantique, zone inactive depuis 2000, où se trouvent aussi des immeubles de bureaux et un habitat constitué de bâtiments juxtaposés, selon le modèle des années 60.

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Mal desservi, le quartier est bordé de grands axes de circulation qui le coupent du reste de l’île.Ce quartier fait l’objet d’une restructuration d’ensemble dont l’objectif principal est de permettre l’ouverture du quartier. Le projet propose de prolonger un certain nombre de rues existantes et de créer de nouvelles liaisons. Les espaces publics s’articulent autour du jardin des Fonderies, pièce majeure de l’aménagement. Ce jardin prend place sous les anciennes halles des Fonderies réhabilitées, profitant ainsi non seulement aux nouvelles constructions venant s’implanter autour des Fonderies, mais également à l’ensemble du quartier.

Cet exemple montre la possibilité d’utiliser les espaces disponibles (ancienne industrie et autres espaces libres) pour créer les passages permettant le lien avec les quartiers alentours, répondant à l’objectif de réintégration avec le centre-ville. Le jardin des fonderies rappelle l’histoire du lieu et met en valeur son patrimoine. Les nouveaux bâtiments implantés sur les structures spatiales préexistantes favorisent les mixités fonctionnelles et sociales. Associé à l’espace public très vivant et très attrayant que forme ce nouveau jardin ouvert mais abrité, ces mixités se combinent au service de l’objectif du projet, nouveaux habitants et nouveaux usagers participant aux liens tissés entre la ville et le quartier.

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l’énergie dans les chapelets de terrainsLes sites étant généralement fort disparates, on réalisera avant toute chose un état des lieux de la consommation/production énergétique dans le périmètre. Un inventaire affiné des principaux producteurs et consommateurs d’énergie en présence, ainsi qu’un relevé des niveaux de PEB des différentes typologies habitées devront être effectué. Sur cette base une estimation des besoins énergétiques (chaleur, électricité, déplacements) et de la marge de manœuvre (possibilité de limitation des consommations) pourra être établie. Toute construction neuve devant répondre au standard passif, on s’attachera particulièrement à améliorer la performance énergétique de tous les bâtiments existants et d’améliorer l’efficacité énergétique de leurs équipements. Enfin, on cherchera à produire 20% au moins des consommations par le biais de sources renouvelables.

L’énergie au MoensbergLe site présente des qualités sur le plan énergétique, qui ont été relevées pendant le workshop et devront être confirmées: : • riche potentiel en termes d’énergie solaire : absence de masques car peu d’immeubles hauts et faible densité, grandes surfaces d’installation possible pour des systèmes photovoltaïques collectifs.• riche potentiel en termes de biomasse : nombreux terrains boisés, • riche potentiel géothermique. • de grandes surfaces d’installation possible pour des systèmes photovoltaïques collectifs sont relevées.• un grand producteur de chaleur (et probablement grand consommateur d’énergie) est repéré sur le site : le Crématorium.

Aucun bâtiment exemplaire n’est relevé dans le périmètre. On commencera par faire un inventaire des

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petites (ou grandes) entreprises existant sur le site et on déterminera leur consommation d’énergie et leur production éventuelle de chaleur.

Après avoir amélioré leurs performances, on cherchera leur possibles synergies et échanges afin de limiter encore les pertes et de créer des circuits courts d’échange.

La présence de plusieurs clubs de sports et donc probablement de vestiaires avec douches laisse supposer que des systèmes solaires thermiques pourraient facilement être mis à profit. Par exemple, une petite recherche sur les quantités consommées par l’athénée d’Uccle 2 pour sa salle de sport devrait permettre d’évaluer la pertinence d’une installation solaire thermique.

En ce qui concerne la chaleur du crématorium : un exemple de récupération de la chaleur de ce type d’installation existe à Stockholm (le Crématorium Racksta récupère la chaleur pour alimenter un réseau de chaleur et générer de l’électricité) et est à l’étude à Liège (les responsables du crématorium de Robermont ont prévu de valoriser la chaleur perdue lors des crémations dans leur plan stratégique 2011-2013), qu’il faudrait idéalement combiner avec un bâtiment consommant de chaleur toute l’année (par exemple une piscine). Par ailleurs, à Jette, un crématorium6 a été récemment primé dans le cadre de l’appel à projet « BATEX ». Enfin, dans le cadre d’un programme interreg, les partenaires du réseau transfrontalier s’engagent à mettre en œuvre au sein de leurs équipements des systèmes de récupération de chaleur ou de production d’énergie renouvelable afin de limiter leur impact sur l’environnement. C’est le cas du crématorium7 du partenariat entre Frasnes-lez-Anvaing, Lille Métropole, l’intercommunale Psilon (Courtrai) et l’intercommunale Westlede, (Flandre orientale).

Par ailleurs, un programme de rénovation des habitations de la cité du Homborch est à l’étude, il doit viser d’atteindre une consommation maximum de 30 kWh/m²/an en chauffage.

6. Bâtiments exemplaires de Bruxelles Environnement, http://app.bruxellesenvironnement.be/batex_search/Docs/fs_070_FR.pdf

7. www.crematorium-eurometropole.com/index.phpoption=com_flexicontent&view=items&cid=105&id=10446&Itemid=224&lang=fr

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En outre, en ce qui concerne la biomasse, celle du site doit être évaluée en termes de valorisation énergétique. Tous les déchets de taille, additionnés aux déchets ménagers peuvent constituer un compost valorisable voire même le début d’une petite unité de méthanisation.

Enfin, la future gare RER et les versants des talus de chemins de fer sont cités comme lieux d’implantation privilégiés pour des capteurs solaires photovoltaïques. L’électricité produite pouvant être directement injectée dans des vélos électriques (par exemple d’un système Villo si des vélos électriques sont mis à disposition) afin d’en faciliter l’usage, ou même directement dans les lignes du chemin de fer. La pertinence de ces propositions émises durant le workshop doivent être vérifiées et leur faisabilité au niveau technique, validée.

Found in TranslationSobriété et efficacitéUn inventaire des consommations et des besoins énergétiques permettra d’examiner les possibilités d’économie d’énergie d’un quartier où règne une forte disparité des caractéristiques énergétiques des bâtiments. Cet inventaire réalisé avec la participation des habitants permet, outre leur sensibilisation, la mise en place de moyens visant à réduire la facture et la fracture énergétique entre les anciens logements et ceux qui respectent les normes actuelles ou futures (très basse énergie, standard passif, etc.), c’est-à-dire entre les anciens résidents du quartier et les futurs habitants. A titre d’exemple, le dispositif résident « éco-champions » mis en place par le bailleur social Drum Housing dans le Hampshire, le programme ISOL’ACTION initié dans le quartier Saint Léonard à Liège permettant des commandes groupées de travaux, ou l’implication directe d’un membre de la famille dans la rénovation de son logement prévue par l’entreprise d’insertion SYNECO dans le Doubs sont trois initiatives

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qui impliquent les habitants dans l’amélioration de leur condition de vie.

L’inventaire doit aussi porter sur un comparatif en termes d’énergie grise entre les projets visant la destruction de bâtiments ou leur rénovation.

Autre intérêt de l’inventaire : il peut mettre en évidence les avantages dont disposent les chapelets de terrains en favorisant les meilleurs emplacements bioclimatiques. Les arbres peuvent offrir ombre et humidité l’été, protection contre le vent l’hiver, d’autres peuvent être plantés pour remplir ce rôle. Les espaces disponibles laissent le choix des emplacements pour disposer intelligemment les constructions à venir, utiliser les reliefs et abriter du vent, éviter les ombres portées ou offrir une bonne exposition.

Production d’énergieL’inventaire des sources d’énergie existantes permettra d’envisager les flux possibles entre les besoins et les sources disponibles sur le site.

Les chapelets de terrains disposent souvent d’importantes réserves en friche végétale, ce qui ouvre des perspectives intéressantes en termes de capture de CO2 et de biomasse.

La production de biomasse des espaces verts peut être valorisée sous forme de compost et/ou de biogaz (méthane). Cette valorisation nécessite l’installation de biodigesteurs, elle peut se faire sur place. Pour profiter d’une gamme plus large de déchets méthanisables elle pourrait s’inscrire dans un projet plus global et profiter outre des déchets verts communaux des déchets de cuisine et de jardin des particuliers (comme c’est le cas pour Namur où les déchets verts sont méthanisés à Tenneville).

L’installation d’un réseau de chaleur dans un quartier de type chapelet de terrains est possible si une partie de ce quartier est rénové, suffisamment dense pour éviter les pertes de charge et suffisamment étendu pour répondre

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non seulement au faible besoin des logements neufs (forcément bien isolés ou passifs), mais aussi à ceux du bâti existant (forcément moins isolé).Si une partie du quartier fait l’objet d’une rénovation lourde ou de constructions neuves, un système récupérant l’énergie des eaux grises peut être installé. Il en existe pour des petites unités à partir de 25 logements environs.

Dans tous les cas, un travail de concertation avec les habitants est indispensable, à la fois pour inciter les riverains à se raccorder au réseau, mais aussi pour prévenir des nuisances à la construction et à l’usage (comme cela a été le cas à Fontaine, quartier Bastille à Paris, où la chaufferie bois est approvisionnée par camion). Un investissement de type réseau de chaleur peut exiger le raccordement obligatoire des riverains pour assurer sa rentabilité, comme à Beckerich (Luxembourg).

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La nature en villeAfin de garantir la richesse de ce patrimoine, une attention particulière doit être portée à son entretien, comme le propose la gestion différenciée de la biodiversité. Il s’agit d’appliquer à chaque espace le mode de gestion le mieux adapté, tenant compte de son utilisation et de sa situation... Cela aboutit à diversifier les types d’espaces verts, à favoriser, maintenir ou à retrouver les espèces indigènes, à éviter les espèces invasives, à réduire l’utilisation de produits chimiques, et enfin à offrir la vue d’espaces soignés et entretenus tout en minimisant les coûts.Les parcelles non bâties qui constituent le chapelet de terrains peuvent devenir des espaces de jardinage ou de production de fruits et légumes pour les riverains. Il s’agit d’une occupation éventuellement transitoire qui permet de sécuriser, d’entretenir, d’embellir et de faire vivre les espaces en friche, en plus du plaisir qu’elle procure aux jardiniers. Si cette pratique existe déjà avant la « mise en projet » du quartier, il est important d’assurer une forme de continuité. Elle ne doit pas forcément avoir lieu sur le même emplacement. Cela peut, en revanche, être l’opportunité d’un projet d’élargissement des espaces de production associant les habitants actuels aux nouveaux habitants. Si le

la biodiversité dans les chapelets de terrainsMoins dense, les chapelets de terrains disposent d’une richesse ou d’un potentiel important en termes de biodiversité. Il est essentiel de dresser un inventaire précis de la biodiversité existante, (comme cela a été le cas du projet Courrouze à Rennes). Cet inventaire est utile pour déterminer et comprendre les dynamiques végétales en place sur le site. Il permet également de vérifier la présence éventuelle d’arbres remarquables. A partir de là, on peut se poser un certain nombre de questions : qu’est-ce qui est structurant dans le quartier ? Quelles continuités vertes existent déjà ? Y a-t-il des espèces, des spécimens à protéger ? A quelles pratiques sont liés ces espaces ? Que conserver, que renforcer, que détruire ? Sur quoi s’appuyer ? Quelles sont les espèces les mieux adaptées ?

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54 la biodiversité au Moensberg

Le site du Moensberg présente des qualités sur le plan de la biodiversité, qui ont été relevées pendant le workshop : • importante présence du « vert » et grandes surfaces perméables, • présence de potagers et de surfaces pouvant être exploitées pour l’agriculture, • possibilités de jardins et composts collectifs, • grande biodiversité : patchwork de terrains vierges, corridors verts existants, plantations du cimetière pouvant être valorisées. Il a par contre été remarqué qu’aucun inventaire exhaustif n’existait sur le plan sylvicole. Enfin,

quartier ne possède pas de potager collectif ou de jardins ouvriers, cela peut constituer un élément programmatique intéressant à mettre en œuvre avec les habitants.

Nature et sociétéL’amélioration de l’existant passe par des politiques communales, mais aussi par des initiatives des habitants à travers les lieux de jardinage ou de maraîchage : la configuration des quartiers en chapelet de terrains permet d’offrir plus facilement des espaces à cultiver. C’est aussi un atout pour faire le lien avec les quartiers plus denses en créant des « passerelles » entre habitants de ces quartiers différents. C’est enfin un moyen pour recréer ou maintenir le lien social et lutter contre l’exclusion sociale.

Un couloir de biodiversité comme axe structurant.Dans le Contrat de Quartier Durable Masui, l’équipe Karbon a remis au centre du quartier le tracé de la petite Senne. Ce tracé peu visible, donnant sur des arrières devient petit à petit l’accroche d’une vie de quartier: voie de déplacement, jardins marâichers.

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l’implication des voies de chemin de fer sur le relief est également relevée.Les voies de chemin de fer et les coulées vertes qu’elles tracent à travers le paysage sont sans conteste des éléments structurants du maillage vert. Autour des voies ferrées, une zone de transition boisée vers les jardins ou les autres espaces du quartier assure une très riche biodiversité. Le talus, qui joue un rôle d’isolation phonique essentiel à la qualité de vie, est intégré dans cette zone de transition. Sa hauteur est calculée en fonction de l’espace disponible et peut être réduite sur certaines portions du parcours.Un autre élément structurant est la présence de nombreux cheminements piétonniers. Par une écriture végétale particulière, ils peuvent être rendus facilement identifiables et participer d’un maillage plus fin.L’ensemble de ces maillages doit être conçu en prenant en compte la question de l’entretien et de la valorisation énergétique éventuelle des coupes et tailles de biomasse (voir point énergie).Un autre élément structurant du site est sa position de promontoire : plusieurs points dominants offrent une vue sur la ville et ses alentours. Le haut de la rue Divoort, le haut du cimetière de Saint-Gilles ou la rue des griottes seraient par exemple à mettre en valeur à travers le projet.Il s’agirait de partir des usages actuels (sport, cimetière, potagers, vergers, cheminements, jeux d’enfants) de ces espaces (ou)verts et d’en renforcer la diversité par une palette végétale et des équipements adaptés. Profitant de la faible densité, des zones de compostage collectif peuvent être envisagées, de préférence à proximité des potagers, ces derniers pouvant être collectifs/partagés ou non. La gestion de ces espaces doit revenir au moins partiellement aux habitants et riverains. La zone de potagers peut être réservée en priorité à des habitants ne disposant pas d’un jardin privatif. De même, de petits élevages (abeilles, poules, canards, etc.) peuvent être pris en charge par l’un ou l’autre habitant et participer de la biodiversité de l’ensemble.Enfin, lorsque des constructions neuves sont envisagées les toitures peuvent être végétalisées pour compenser partiellement l’imperméabilisation du sol.

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Found in TranslationLes Natures Intermédiaires. Michel Desvigne. Lyon Confluence. 2000. Phase 1.

Dans le cadre du projet Lyon Confluence le paysagiste Michel Desvigne s’est vu confier un aménagement transitoire des berges de la Saône. Les objectifs étaient multiples. Dans un premier temps il s’agissait de proposer un aménagement qui donne à voir ces quais méconnus des lyonnais. Par l’installation d’un projet temporaire, les berges ont été transformées en une promenade de 2,5 km qui permet de découvrir ce territoire encore très industriel. Mais l’enjeu était également de préfigurer les transformations à venir sur ce morceau de ville (le Projet Lyon Confluence était alors en gestation). Le parti pris de Michel Desvigne a été de proposer un projet qui accompagne la mutation attendue, dessine le futur paysage et donne la trame de l’urbanisation à venir. C’est donc un système de parcs qui s’est progressivement installé avec la libération des parcelles. Petit à petit, un nouveau paysage fractionné et ramifié s’installe et dessine un tissu d’espaces publics. Progressivement, le quartier se recharpente depuis la promenade le long de la Saône. La palette végétale a été déterminée par le milieu à

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coloniser (bois d’eau : frênes, aulnes, etc.). Mais il a surtout été décidé de ne pas installer une trame végétale trop composée pour ne pas trancher avec un espace alentour encore très brut (hangars désaffectés, démolition, chantiers, etc.). Ont été plantés de petits bosquets plutôt que des alignements, des prairies plutôt que des pelouses. Ce projet installe progressivement la végétation qui structurera le futur quartier. Par ce travail de ramification, chaque bâtiment et chaque habitant seront connectés au système de parc, par un jardin ou par une promenade. Le travail du paysage, avec l’outil végétal, prend ici une place singulière dans le projet urbain. Il écrit la transition du territoire, il dessine une « nature intermédiaire ».

Le territoire de « Lyon Confluence » échappe sans doute à la définition des chapelets de terrains : on parlera plutôt d’une grande friche urbaine. Mais dans la méthodologie de projet et la manière dont les premières phases ont été menées, ce projet a toute sa place ici. On reparlera plus particulièrement du rapport au temps dans l’aménagement des chapelets de terrains dans le point « adaptabilité dans le temps ».

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“De quelle façon la nature, pénètre-t-elle en ville?L’une des ambitions du projet est de renforcer l’attrait du centre-ville, d’échapper à cette terrible pratique de l’étalement urbain. Pour ramener durablement les habitants en centre-ville, il s’agit d’offrir à la fois densité et rapport privilégié au paysage. Ainsi, grâce aux ramifications, chaque bâtiment de La Confluence, collectif et urbain, est connecté au système de parcs. Chaque habitant vit en relation avec un jardin ou une promenade. Les arbres comme les aulnes et les frênes rappellent la présence des rivières. Nous avons pu développer des écosystèmes à l’intérieur du site en créant de vastes jardins aquatiques qui reproduisent les zones humides présentes dans les lônes*. Au système de parcs s’ajoute le port le long de la Saône. Ainsi, la promenade se trouve animée par les activités portuaires, cela directement en contact avec le tissu urbain.”Extrait d’un entretien avec Michel desvigne, in La Nature dans la Ville. Espaces publics: de l’idée à la mise en oeuvre. Lyon Confluence. édité par Le Grand Lyon.

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la gestion de l’eau dans les chapelets de terrains

Assez bien placés en termes de perméabilité, les aménagements des chapelets de terrains doivent préserver cette qualité. Ceci est d’autant plus important que la ville dense souffre d’un déficit entraînant des problèmes récurrents d’inondation.

Là aussi l’inventaire de la situation présente est indispensable, auquel il faut ajouter l’histoire du site en matière d’hydrologie. Le programme de gestion du cycle de l’eau permettra alors de privilégier ou de restaurer la qualité du maillage bleu initial du site, de maintenir ou de retrouver le débit des cours d’eau existants, voire de redécouvrir des sources dont les eaux ont été jadis rendues aux égouts.

On vérifiera l’existence d’un réseau d’égouttage, de réseaux séparatifs éventuels, la présence de bassins d’orages et autres citernes d’eau de pluie, de zones d’infiltration, noues, étangs, marais, ainsi que l’historique des épisodes d’inondation.

Alternative pour diminuer l’impact du quartier sur le cycle de l’eau en profitant de certains des espaces disponibles, mais plus difficile à réaliser dans des quartiers déjà très urbanisés : l’aménagement de lagunages pour traiter les eaux grises. Dans le cas de constructions neuves ou de réhabilitation lourde, la séparation des eaux pluviales, des eaux grises et des eaux noires est alors à prévoir. Les deux premières peuvent servir à tous les besoins domestiques ne nécessitant pas d’eau potable, le surplus permettant l’arrosage des plantations. Les techniques modernes d’assainissement écologique (toilettes sèches, toilette à séparation des urines) peuvent répondre à deux objectifs : réduire les besoins en eau et fertiliser les espaces plantés voire alimenter des productions agricoles périurbaines.

Dans ces zones périurbaines où se concentrent les

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chapelets de terrains, le traitement des eaux grises à l’échelle du jardin individuel est aussi une piste permettant de limiter le traitement collectif des eaux usées. A titre d’exemple, le système TRAISELECT est un système d’épuration biologique développé à l’Université de Mons. Il est adapté pour le traitement des seules eaux grises. C’est un ensemble de solutions techniques simples, accessibles à tous et qui consiste à envoyer les eaux savonneuses dans une fosse à eaux grises et, à l’aide d’un système de filtration et dispersion approprié, à infiltrer les eaux ainsi épurées dans le sol.Enfin, lorsque des constructions neuves sont envisagées on pensera à végétaliser les toitures tant pour ralentir le parcours de l’eau de pluie que pour permettre l’évapotranspiration.

L’eau au Moensberg

En termes d’eau, le workshop a permis de mettre en avant que les qualités à renforcer sont les grandes surfaces perméables et, en particulier, les puits existants dans le cimetière. Sont également relevés les risques d’inondation en bas de versants et les modifications importantes du relief dues aux voies ferrées. Il faut rappeler ici que le Moensberg est une ligne de partage des eaux entre les vallées du Geleytsbeek et du Linkebeek. (voir carte n°….) C’est sur le plateau que les mesures doivent être prises en priorité pour éviter les inondations dans les vallées. On vérifiera d’abord la qualité d’infiltrabilité du sol ainsi que la présence des différents réseaux tels que décrits plus haut (égouts, citernes, etc.). Selon l’époque de leur construction, les maisons bruxelloises disposent souvent d’une citerne d’eau de pluie : mener une campagne de réhabilitation de ces citernes est un premier pas vers la compréhension par les habitants de l’importance de cet élément dans la durabilité.Comme pour l’énergie, on cherchera à savoir quelles sont les grandes surfaces de récolte potentielle et quels sont les grands consommateurs d’eau non potable. Par exemple, de grandes toitures de hangar pourraient alimenter un car-wash ou les toilettes d’un centre sportif.

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Dans les aménagements de l’espace public, si l’infiltrabilité le permet, on choisira prioritairement des revêtements non-étanches, on rendra le parcours de l’eau apparent chaque fois que cela est possible, accompagnant de préférence les cheminements et les coulées vertes structurantes déjà existantes de manière à créer un vocabulaire spécifique. Dans le cas particulier des talus de chemin de fer, on préservera la stabilité des ballasts en plaçant toujours les noues du côté extérieur. De même, la création de zones d’infiltration se fera en lien avec l’aménagement des espaces verts, on cherchera à éviter le ravinement, en particulier à travers le cimetière, dont le système d’égouttage est déficient.

Les puits du cimetière nécessitent également réfection : les eaux y récoltées pourront être utilisées pour l’arrosage des zones plantées.

Found in TranslationLe quartier Sainte-Marthe à Marseille

S’il n’est pas à proprement parler un chapelet de terrains, on ne peut faire l’impasse sur ce bel exemple qui résulte de la démarche choisie par l’atelier LD pour l’aménagement du quartier Sainte-Marthe à Marseille. Les habitants de cet ancien village en périphérie urbaine veulent conserver le cadre de vie très agréable du site de 130 ha sur lequel sont prévus 4 000 logements. Avant l’élaboration du projet, le bureau d’étude a rassemblé une connaissance très précise du microclimat, des paysages, des reliefs et des circulations superficielles et souterraines de l’eau du territoire en question pour proposer une gestion alternative des eaux de pluies. Les vallons humides sont préservés et aménagés pour recueillir les eaux de ruissellement. Ils organisent le territoire à la fois comme promenade verte et comme tracé de mobilité douce. Les îlots construits s’articulent autour des ramifications de ce maillage. Les voies principales suivent les courbes de niveau pour limiter les risques en cas de fortes pluies. Tout ceci réduit

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les travaux d’égouttage souterrain et utilise la gravité pour les eaux usées. Les eaux pluviales sont traitées à l’échelle de la parcelle (y compris privée) et dans l’espace public (noues, coulées vertes, tranchées drainantes, filtres à sables, parc, stationnement à dallage perméable, chaussée réservoir, etc.). Il s’agit classiquement de stocker temporairement une partie des eaux pluviales, d’infiltrer les eaux non polluées dans le sol, de traiter les eaux de ruissellement polluées, de séparer les eaux ménagères des eaux de pluie, bref de gérer l’eau au plus près de son point de chute avec des solutions passives et de limiter le ruissellement transportant les polluants vers la mer et en particulier le port de Marseille. Les techniques mises en œuvre permettent de réhydrater les nappes, d’enrichir l’écosystème en maintenant de petits écosystèmes (mares, etc.), et de limiter les inondations et les rejets de polluants. Ces techniques, en devenant visibles, permettent aussi d’être comprises et fréquentées par les riverains. Leur mise en œuvre profite des opportunités qu’offrent les

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terrains disponibles de ces quartiers disparates et installe un paysage spécifique du lieu, une nouvelle lecture géographique intimement liée à l’habitat. En termes de coût d’aménagement, ces solutions alternatives de gestion de l’eau sont également très avantageuses.

Le projet de Sainte-Marthe a pu économiser à la Ville de Marseille plus de 40% sur le coût d’aménagement à l’hectare en comparaison à un projet de route/égouttage traditionnel. Pour un projet d’écoquartier avec une densité d’environ 30 à 40 logements par hectare), sans renforcement des réseaux, les coût sont d’environ 300 000€ / ha. On comptera 500 000 € / ha pour un projet plus urbain.

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les matériaux dans les chapelets de terrainsLes quartiers existants offrent des pistes intéressantes en termes d’économie de matériaux et de gestion des déchets. Il y a du « déjà là » : il s’agit d’en tirer parti. Il est donc important de commencer par un inventaire précis de l’existant. En ce qui concerne les « matériaux et déchets » il faut répertorier les bâtiments existants (état, structure, composants, etc.) et les matériaux de sol (graviers, béton, etc.).

Les bâtiments existants peuvent préférentiellement être rénovés et non détruits pour limiter tant la production de déchets que l’emploi de matériaux neufs et les transports. On réalise également une forte économie en énergie grise, comparé à une destruction-reconstruction.

Conserver les bâtiments répond aussi à d’autres objectifs comme à Bourges, où l’Ecoquartier Baudens se construit sur l’ancien hôpital militaire. Ce projet propose une réhabilitation et une réutilisation de nombreux bâtiments existants afin de conserver le patrimoine et l’histoire du site. Quant aux bâtiments neufs, le cahier des charges architectural garantit une identité architecturale compatible avec les bâtiments conservés et réhabilités.

Ne pas démolir permet aussi de changer l’image que l’on peut se faire d’un quartier : conserver un bâtiment c’est lui donner une certaine valeur, c’est aussi permettre à ses occupants d’y rester au lieu d’avoir à être relogés ailleurs ; c’est considérer les qualités de ces lieux habités et respecter tout l’attachement des personnes qui les ont investis au fil du temps. L’architecte Frédéric Druot a donc choisi de « ne pas démolir, ne rien démolir, jamais », (voir plus haut, « sobriété et efficacité » ; l’exemple est développé dans le point « adaptabilité dans le temps »).

Qu’il s’agisse de constructions chargées d’histoire ou investies par ses habitants, ne pas démolir aura un impact écologique et social important en particulier

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dans les quartiers qui souffrent déjà d’un déficit d’image ou dont l’image n’est pas très identifiée du fait de sa structure en chapelet.

On pourrait aller jusqu’à considérer le site existant comme une réserve de matériaux pour sa densification. L’inventaire préalable permettrait de répertorier les quantités et les qualités. Il n’est maintenant plus rare que déblais et remblais s’équilibrent au sein d’une opération. On pourrait essayer d’aller plus loin encore et faire en sorte que, chaque fois que cela est possible, les matériaux existants soient réutilisés sur place.

les matériaux au MoensbergLe site du Moensberg est peu dense et peu de bâtiments y semblent délaissés. Pour les bâtiments neufs ainsi que les espaces publics, on se réfèrera au Mémento ainsi qu’aux fiches techniques du facilitateur bâtiment durable pour établir des choix de matériaux et de techniques de mise en œuvre performants sur le plan de la durabilité.

Found in TranslationL’agence bordelaise ADH a réalisé une étude sur la question du remploi des matériaux de sol. Le site étudié se trouve dans l’ancienne zone portuaire de Bordeaux, dite des « Bassins à flot ». Elle couvre 160 hectares bordés par la Garonne où se côtoient un habitat ouvrier, de petites et moyennes entreprises et un tissu associatif et militant riche et historique. Dans ce contexte, le bureau d’étude a travaillé à l’aménagement d’une partie des espaces publics du site. L’agence a cherché des solutions conservant ou utilisant les matériaux déjà présents sur place. Un inventaire minutieux a été réalisé : sol béton extérieur, bi-couche, dalle intérieure, granulométrie, etc. Par ce travail le site est considéré comme une carrière. Les démolisseurs pourraient ainsi devenir les fournisseurs de matériaux. Le bureau

Ilôt Etrangers/Blanqui/Achard

SOLS / PALETTE / NATURE DES SOLS

Enrobé conservé

zones saines dont l'usage

futur autorise la réutilisation

Enrobé clouté

utilsation de granulats issus

des déposes : concassé

béton, fraisat d'enrobé

Sols bétons

utilsation de granulats

provenant de bétons

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Dalle béton conservée

zones saines dont l'usage

futur autorise la réutilisation

transformation sur site des

déchets de la dépose du sol

en place

Béton concassé moyen

transformation sur site des

déchets de la dépose du sol

en place

Béton en plaque

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Calepiné en béton

plaque de béton

Calepiné en béton

plaque de béton, joints

gazons

Calepiné en béton

granulométrie moyenne

Calepiné en béton

SOLS CONSERVÉS SOLS ET MATIÈRES ISSUS DES DÉPOSES SOLS RECOMPOSÉS A PARTIR DES MATIÈ-RES DU SITE ET DE MATÉRIAUX NEUFS

RÉEMPLOI SUR SITE RÉEMPLOI SUR SITE FABRICATIONSOLS COULÉS POUVANT UTILISÉ DES GRANULATS ISSUS DES DÉPOSES

RÉEMPLOI EN PLACE

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d’étude envisageait de mener sur place des activités de destruction, stockage, transformation et utilisation des produits transformés : scarifier des dalles, découper des bétons pour un dallage, concasser du béton pour obtenir différentes granulométries, etc. Ces procédés impliquent un changement des pratiques, une coordination des différents corps de métier et une gestion nouvelle des temps du chantier.

Malheureusement cette étude n’a pas été mise en application par le commanditaire.

Ilôt Etrangers/Blanqui/Achard

SOLS / MÉTHODES

RÉEMPLOYÉ SUR SITE

EN PLACE

DÉPOSE-TRANSFORMATION

TRANSFORMATION

TRANSPORT

MISE EN ŒUVRE

MISE EN ŒUVRE

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les déchets verts dans les chapelets de terrainsDans les chapelets de terrains, la présence de parcelles en friche permet de réserver de la place à la gestion des déchets verts ou ménagers. La réalisation d’un centre de compostage, parfois délicate dans la ville dense, est ici facilitée. De plus il s’agit d’un aménagement léger et déplaçable. Une compostière peut donc être installée sur un terrain en friche puis être déplacée lorsque cette parcelle est mise en chantier. Cela participe au mouvement de transition du quartier et apporte de la vie dans des parcelles délaissées. Le compostage de quartier est une réponse à la fois technique (pour limiter et utiliser intelligemment les déchets verts) et sociale (en créant du lien entre les « fournisseurs » et les « utilisateurs »). Cela passe par exemple par un travail associatif pour sensibiliser un maximum de personnes à la gestion des déchets organiques et pour trouver les techniques adaptées aux différents types de déchets.

Mais le compostage est aussi un alibi : c’est un moyen pour informer et éduquer les personnes sur les pratiques écocitoyennes, la réduction des déchets, les modes de consommation et la fertilité des sols. C’est encore un moyen pour créer du lien entre les habitants, pour réfléchir aux possibilités d’agriculture urbaine pour rendre la ville moins dépendante.

Par exemple, les déchets végétaux issus du défrichage des parcelles peuvent être transformés en biogaz (voir « énergie ») ou en compost.

les déchets verts au Moensberg La possibilité de créer des composts collectifs a été citée d’entrée de jeu comme un atout du site du Moensberg pendant le workshop. Parallèlement, l’absence de circuits courts était déplorée. Il semble donc nécessaire de commencer par recenser les personnes intéressées à participer à ce type d’échange et choisir de se fonder sur quelques personnes à même de prendre en charge

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une compostière pour, petit à petit, la faire vivre dans sa portion de quartier, en lien avec des terrains mis à disposition pour des potagers…

D’autre part, la pollution des sols était soulignée par les participants du workshop. Sur ce point, un inventaire de la qualité des sols doit être établi avant de déterminer l’usage à faire de chaque parcelle. En effet, pour limiter les coûts de dépollution, on choisira une fonction adaptée au type de pollution rencontré et l’on ne se résoudra à l’évacuation des terres polluées que si aucune autre solution (phyto-remédiation par exemple) n’est envisageable.

Found in TranslationBoitsfort a mis en place un tel réseau de compostage, donnant naissance par la suite à l’asbl WORMS.

Le quartier de Boitsfort autour de l’avenue Georges Benoidt dispose de nombreux espaces verts, quelques-uns encore agricoles ; de nombreuses maisons individuelles ont leur jardins. Chaque habitant produit en moyenne 50 à 70 Kg de déchets de cuisine par an et par ménage. Composter cette matière revient à fabriquer 15 à 20 Kg de fertilisants, réduisant d’autant la circulation de déchets à travers la ville.

Ce sont ces « dispositions » qui ont incité un habitant de la commune à vouloir organiser le compostage à une échelle qui puisse avoir un réel impact. En accord avec la commune, un site communal est devenu un lieu de démonstration. Depuis, des permanences accueillent les habitants. Très vite, le nombre de participants a explosé. Près de 300 kg de déchets organiques sont récoltés toutes les semaines. De quoi remplir une compostière entière tous les 15 jours. Le compost « mûr » est prêt au bout de 3 mois. Il est alors tamisé, mis en sac et distribué aux participants ou vendu aux autres habitants (0,15€/kg) comme engrais naturel pour leur jardin, potager, plantes en pot, etc. Ce projet en a inspiré d’autres et d’autres compostières sont aujourd’hui

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installées ailleurs dans la Région bruxelloise. Le système s’améliore en donnant un accès permanent sur la rue. Les déchets du marché sont récoltés...

Le jardin collectif de la rue gray à Etterbeek a installé un accès au composte avec quelques marches pour passer au dessus de la cloture.

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partenariats & coproduction dans les chapelets de terrainsLes associations environnementales, les asbl citoyennes, les riverains mais aussi les futurs habitants sont des partenaires dans la coproduction d’un projet d’aménagement dont la complexité se mesure au mitage du quartier. La divergence des intérêts en jeu fait apparaître des points de tensions, souvent entre les associations d’habitants et l’autorité publique. Leurs différents points de vue doivent être rassemblés autour de la table pour que, de la confrontation, surgissent des pistes où l’intérêt collectif prime selon les particularités de chaque situation.

En ce sens les appels à projet « quartiers durables » de Bruxelles-Environnement représentent une opportunité que les citoyens peuvent saisir pour fédérer les acteurs en présence et initier les synergies indispensables. En effet, ils y sont invités se concerter, à rassembler le plus grand nombre d’acteurs autour d’eux pour présenter une vision de leur quartier.

D’autre part, des initiatives comme celle du compostage collectif (voir « déchets verts ») ou l’entretien des espaces résiduels pouvant créer des emplois, elles peuvent favoriser une implication progressive des personnes peu habituées à participer aux réunions.

Les participations réussies sont très intéressantes car riches de points de vue différents. Les nombreux espaces publics disponibles ou à créer peuvent amener à une gestion collective recréant du lien social. Les occupations temporaires de bâtiments ou d’espaces publics – qu’elles soient économiques, artistiques, culturelles, sportives ou festives – contribuent par ailleurs à rassurer et à sécuriser un quartier. Elles améliorent de ce fait la qualité de vie et peuvent dans une certaine mesure contribuer à l’activité économique. Pour ce faire, il faut un cadre règlementaire permettant l’occupation précaire. La réussite repose aussi sur

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l’existence d’un médiateur entre les utilisateurs et les propriétaires. Aux premiers il offrira des garanties de maintien d’activités si besoin et aux seconds, il garantira la bonne adéquation et le bon entretien des aménagements prévus.

partenariats & coproduction au MoensbergL’implication des acteurs concernés par l’évolution de ce type de quartier et de leurs habitants n’est pas facile du fait du nombre important d’acteurs aux intérêts contradictoires et à l’éclatement des zones d’habitation, sans forte cohésion sociale.

Au Moensberg, le workshop a fait ressortir une possibilité de mobilisation importante liée au fait que le quartier a participé à l’appel à projet « Quartiers durables » organisé par Bruxelles-Environnement. D’autre part le fait qu’une seule société de logement social gère l’ensemble des logements sociaux du quartier a également été relevé comme un atout pour la mobilisation des habitants.

La commune et ses différents services sont bien sûr impliqués, mais aussi les communes limitrophes qui peuvent être concernées par les conséquences des aménagements prévus.

Les sociétés de transports, les services en charge des infrastructures, les associations d’usagers des transports ou du vélo doivent aussi être associés, en particulier quand une partie du quartier est découpée par une saignée routière ou par le rail, avec la nécessité de penser le rapprochement des quartiers entre eux par la mobilité douce8. Des occasions doivent néanmoins être créées pour rassembler le plus possible de partenaires autour de la table.

Les gestionnaires des logements publics ou privés, les associations d’habitants, propriétaires ou locataires, les organisations économiques, les représentants des services publics auront leur mot à dire parce qu’ils sont

8. Sur ce point, l’absence des responsables de la SNCB et de Linkebeek, pourtant invités au séminaire, peut être regrettée.

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concernés par la vie du quartier et par ce que l’espace public peut offrir. Dans les situations de relogement, c’est cette participation qui permet de tenir compte de l’évolution des besoins des familles et de la nécessité de maintenir les liens familiaux ou de voisinage qui se sont créés.

Construire ou renforcer les mixités sociales et fonctionnelles passe par la participation des acteurs précédemment cités. Un point fort relevé durant le workshop est la présence de nombreux équipements dont l’usage pourrait être mieux partagé par les habitants, riverains et usagers du quartier. Dans ce cas aussi, un diagnostic s’impose pour appréhender les points forts sur lesquels s’appuyer et les difficultés présentes qu’il faudra résoudre. Le diagnostic peut lui-même être participatif : plus les angles d’approche sont différents, plus riche est le diagnostic et meilleure la réponse apportée (voir l’expertise rassemblée par l’association de quartier de Uccle-Bourdon ci-dessous). Cela peut aller jusqu’à la participation d’interprètes pour associer le plus grand nombre d’habitants (comme dans le quartier Augustenborg à Malmö, en Suède).

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Found in Translationécrire une transition avec les habitants

Châteaucreux est situé à l’Est de Saint Étienne. Déjà quartier d’affaires important, il se développe encore sur 60 ha et cherche à devenir un lieu de vie animé et accueillir 2500 nouveaux habitants, des commerces et des services de proximité.

D’un côté la gare TGV relie le quartier directement à un territoire très vaste, de l’autre la création de passages piétons et un travail de requalification des voiries permettront de raccorder le quartier aux quartiers riverains. C’est dans ce cadre qu’a été développé le projet « Place au changement ». Une étape préliminaire exploitant un espace en friche a consisté à dessiner au sol un plan fictif des futurs logements, tout en les représentant en coupe. Cette maquette virtuelle grandeur nature permet aujourd’hui de se projeter dans le volume du futur immeuble.

Deux axes de travail ont été mis en œuvre par le Collectif Etc en charge du projet : collaborer avec les habitants pour la réalisation d’un espace public de transition entre l’existant et la construction à venir, et utiliser le temps de ce chantier de quatre semaines pour échanger et impliquer les habitants et les usagers du quartier à participer à son évolution.

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Il a fallu d’abord identifier et rencontrer les différents acteurs concernés par le site et ses environs : les conseils de quartier, les centres sociaux et foyers d’accueils, les différents services de la ville, les associations.La responsabilisation des habitants est passée par la désignation d’un «chef de chantier», habitant du quartier volontaire, présent de manière quasi permanente sur le site.

Les habitants ont participé très activement à de nombreux ateliers : un atelier menuiserie, pour la fabriquer des meubles qui prendront leur « place » ; un atelier jardinage, pour décider ce qu’il faut planter et entretenir l’espace planté ; un atelier illustration, pour transformer la façade aveugle et grise de la petite place. Sur ce mur a été peint un plan de coupe symbolisant les aménagements futurs

Spontanément, des riverains ont apporté des plantes de chez eux qu’ils ont repiquées, arrosées puis entretenues eux-mêmes. Ce sont les enfants des maisons de

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quartier qui ont continué à illustrer la façade du mur pignon : ils ont choisi des objets courants à dessiner, à fabriquer en papier de couleur pour les coller ensuite sur la coupe peinte préalablement sur le mur pignon.Pendant la durée du chantier, le Collectif Etc a proposé une série d’événements quotidiens ouvert à tous pour montrer les possibilités qu’un tel espace peut offrir : des tournois de boules, des cours de tango, des initiations au cirque, des soirées musiques ou cinéma en plein air. Un groupe de femmes a pris l’initiative de préparer de quoi manger et d’organiser un coin repas payant pour financer des vacances de quelques familles.

Deux temps de réflexion ont été organisés sous forme de tables rondes. Parce qu’ils ont eu des temps d’échange dans le concret du chantier, les habitants ont été plus à même de débattre avec des personnalités de la vie associative locale, des élus de la ville ou des architectes spécialistes de l’espace public et d’aller ainsi au-delà des méthodes de concertation habituelles qui sont trop souvent à sens unique. Ces échanges ont également permis de se poser ensemble des questions sur le sens de ce type d’action qui mérite aussi d’être interrogé dans un contexte où les priorités ne sont pas les mêmes pour tous.

Se saisir des outils et inviter les gens « à faire » a mis tout le monde sur un pied d’égalité, y compris les membres du Collectif Etc.

L’occupation quasi permanente du chantier a permis d’aborder les passants et de prendre le temps

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d’expliquer le projet et ses enjeux. C’était une manière de toucher le plus de personnes possible, notamment celles qui n’ont pas l’habitude qu’on leur donne la parole ou que l’on s’intéresse à elles. C’était la volonté du Collectif Etc qui donne une autre dimension à la représentation de la population en y associant très largement les usagers.

Des artistes locaux, réputés nationalement sont intervenus pour réaliser une fresque. Cela a mis en valeur le travail des enfants et a donné une visibilité du projet auprès d’un autre public qui n’avait pas l’habitude de se balader dans ce quartier. Cela a aussi contribué à faire naître un sentiment de fierté chez les habitants, valorisés par l’intervention de ces artistes reconnus. Les faire reconsidérer l’image qu’ils ont de leur quartier est un travail de longue haleine qui demande par ailleurs que le regard de ceux qui n’y habitent pas change aussi. En ce sens l’intervention d’artistes reconnus aura eu un impact particulièrement favorable.

Afin de rendre le chantier possible en identifiant un dedans et un dehors, mais sans en faire un lieu coupé de ses alentours, deux graphistes ont « travaillé » les grilles du chantier afin d’atténuer l’effet barrière, par une simple signalétique en rubalise. Ce choix rendait plus facile l’invitation à pénétrer dans le chantier, tout en assurant les conditions nécessaires de sécurisation.

Enfin, le travail des habitants a été valorisé de multiples façons : la création d’un fanzine retraçant l’histoire du chantier et distribué aux participants, la réalisation d’un poster expliquant l’ensemble du projet, le choix d’un nom pour la place....

Ce type d’aménagement temporaire permet de donner du temps au débat. On teste « pour de vrai » des possibilités et on en discute. Cela permet des occupations d’espaces en transition et contribue à l’acceptation d’opérations urbaines de manière concertée.

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attractivité et qualité de vie dans les chapelets de terrainsLes chapelets de terrains sont caractérisés par une variété d’espaces pas toujours clairement identifiés, ni par les habitants ni par les usagers, et encore moins par celui qui passe à travers le quartier.

Les aménagements peuvent donc porter sur une plus grande lisibilité des espaces qui forment le quartier à travers des constructions, du mobilier, de la signalétique, etc. qui donneront une spécificité à chacun des espaces du quartier. Ce peut être une identification claire des aires de jeux pour enfants à proximité des habitations, des espaces de pratiques sportives libres pour les plus grands, des vergers ou des jardins partagés, etc.

Quand le quartier est fragmenté par sa géographie et son histoire, le projet d’aménagement doit viser à restituer une cohérence à l’ensemble en associant les habitants, en s’appuyant sur le cadre naturel, en travaillant les effets de coupure (voir « mobilité ») ou en comblant les espaces (voir « densité »).

La création d’axes traversants et transversaux reliera les différentes parties du quartier et le quartier au reste de la ville. La construction d’une centralité accueillant un marché, des services et des commerces répondra aux besoins des habitants présents et futurs. La mise en place d’un équipement culturel ou sportif regroupant des activités spécifiques, desservi par les transports en commun, attirera au-delà du quartier. La différenciation entre espaces publics et espaces privées et la sécurisation des espaces semi-privés comme les parkings contribueront à l’attractivité retrouvée d’un quartier.

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attractivité et qualité de vie au MoensbergLes qualités relevées sur ce point au cours du workshop sont les suivantes : • nombreux espaces publics, • nombreux espaces verts, • paysage et patrimoine (cimetière) remarquables, • riche biodiversité et maillages verts et bleus présents, • une certaine convivialité.

Les défauts résultent par contre des éléments suivants : • barrière constituée par les lignes de chemin de fer, • paysage déstructuré, • quartiers isolés les uns des autres, • commerces insuffisants, • éloignement du centre-ville.

La qualité de vie du quartier est liée au fin dosage entre le calme recherché par les habitants et la nécessité d’une intensité (relative) d’échange social.

La construction de la halte RER propose probablement une opportunité à saisir en ce sens. Concentrer quelques activités commerciales autour de la halte RER, point central et de focalisation entre les différentes poches habitées, permettrait par une architecture appropriée à la fois de protéger les habitations des nuisances du chemin de fer et d’apporter ce peu d’intensité qui manque. Il serait possible de jouer sur le spectacle du transport et de profiter de la canopée pour apporter de la qualité architecturale et paysagère à l’ensemble du site de la halte. Pour atténuer le bruit, il faut travailler sur la qualité des rails, les talus et les espaces tampon. Ainsi, on pourra profiter des talus pour y installer des activités moins sensibles au bruit.

Il s’agit encore de bien relier les différentes poches habitées à la halte par des cheminements doux lisibles et sécurisés pour en atténuer les disparités.

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En ce qui concerne le calme : la préservation de la biodiversité, des nombreux arbres et espaces verts semble une condition sine qua non.

Found in TranslationParticipations coordonnées pour redynamisation de quartier

A Liège les mesures prises pour la rénovation du quartier Saint Léonard ont rendu concret ce que signifient « qualité de vie » et « attractivité ».

Ce quartier s’étend entre la Meuse et les Coteaux de la Citadelle, à proximité du centre historique. Il s’est développé rapidement au XIXe siècle, avec l’essor de l’industrie, puis a été frappé de plein fouet par le déclin industriel, entrainant au fil du temps l’abandon d’activités et laissant des espaces vides et inoccupés. Le quartier compte aujourd’hui plus de 12 000 habitants et il connaît toujours des difficultés d’ordre socio-économique. Mais il possède de nombreux atouts et ressources locales pouvant participer à une dynamique de développement durable.

Le quartier bénéficie depuis plusieurs années d’un programme de « zone d’initiative prioritaire-quartier d’initiative » (ZIP-QI) de la région wallonne. L’approche est transversale, grâce au rôle du chef de projet rénovation urbaine de la commune de Liège. Il assure à l’échelle du quartier la coordination des actions menées ou à venir. Cette coordination demande l’implication des services de la ville, des acteurs sociaux, culturels et économiques, mais aussi des habitants, des élus et des opérateurs. Depuis 2009, le quartier participe aussi au programme Interreg SUN qui vise à insuffler du développement durable à travers quatre thématiques9.

Ce programme est complémentaire : il renforce le développement endogène du quartier et valorise son image à l’extérieur. La démarche est de type « recherche-action » où participent les habitants, les usagers et les acteurs socio-économiques du quartier

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au bénéfice de la collectivité pour intégrer le durable dans la rénovation du quartier. Elle s’appuie sur ses atouts : le vivier artistique ainsi que le tissu associatif et économique local.

Un gros travail a été mené pour modifier l’image du quartier. Il s’est basé sur une analyse détaillée visant à mettre en avant les qualités présentes et les transformations du cadre de vie déjà réalisées. Cela a abouti à la création d’une identité graphique et à la réalisation d’outils de communication (brochure touristique, brochure à destination des investisseurs, guide des activités économiques, site Internet, etc.).

Mais l’attractivité du quartier n’est pas que le produit d’un changement d’image. C’est aussi parce que des dizaines d’artistes, artisans, galeries d’art et associations culturelles ont investi petit à petit les entrepôts et les espaces abandonnés que le quartier s’est construit sa nouvelle identité. La vie culturelle continue de se développer par la création de lieux de résidences et d’ateliers d’artistes. L’échange entre artistes de tous horizons, confirmés ou non, est l’un des objectifs majeurs des Ateliers d’Art Contemporain. Ces derniers disposent d’un espace de plus de 1 000m² (salle de répétition, bureau de travail, bibliothèque, salle informatique, etc.) destiné à l’accueil de créatifs et de développeurs d’idées. Ils organisent régulièrement des événements qui permettent aux secteurs économique et artistique de se rencontrer et de travailler ensemble.

9. Les quatre thématiques sont:

• Le développement économique qui vise à favoriser la création d’activités économiques compatibles avec la vie du quartier et à soutenir les activités existantes.

• La végétalisation du quartier dont le but est d’aider les habitants à renforcer la présence de la « nature» au sein d’espaces publics urbains souvent perçus comme trop « minéraux ».

• La rénovation énergétique des logements qui comporte deux volets : - la sensibilisation et les changements de comportement - l’isolation des logements (groupes d’achats, travaux d’isolation)

• La cohésion sociale pour faciliter de nouvelles connections sociales au sein du quartier et entre les quartiers urbains participant au projet ; pour sortir certaines personnes de leur isolement.

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L’attractivité, c’est aussi veiller à la durabilité du commerce de proximité répondant aux besoins dans un contexte économique difficile et au sein d’un quartier en transition.

Partant du constat que le quartier ne dispose pas de services commerciaux suffisants mais qu’il offre des infrastructures intéressantes et est ouvert à l’accueil d’activités économiques, une vaste enquête a été réalisée en 2009 auprès des habitants et des usagers du quartier.

Les résultats de l’enquête ont été matérialisés par des bâches installées dans les surfaces inoccupées du quartier présentant les manques en termes de commerces de proximité.

On retrouve dans cette démarche l’importance de l’inventaire méticuleux de ce qui est déjà-là : commerces, bâtiments vides, etc. Ces éléments composent la base d’une action. Il s’agit surtout d’une démarche positive qui vise à valoriser les points forts de l’existant, à les renforcer, à en comprendre les manques.

Pour répondre à ces besoins identifiés, il faut susciter la venue de nouvelles activités commerciales dans le quartier. Il a été alors lancé en 2012 un concours à destination des commerçants de la rue Saint-Léonard . L’« embellissement des vitrines commerciales de la rue Saint-Léonard » a apporté un soutien concret aux commerçants qui souhaitaient améliorer l’état de leurs vitrines. Ainsi, étape par étape, cette partie du quartier redevient plus attractive aussi bien pour les habitants que pour les passants. Cela incite aussi à ce que de nouveaux commerces et services s’installent pour redonner vie aux espaces commerciaux actuellement inoccupés, l’enquête pouvant être un élément déterminant dans le choix des activités potentielles.

La qualité de vie, c’est aussi une autre manière de concevoir l’habitat. Un groupe de familles, baptisé les Zurbains, a opté pour l’habitat groupé permettant de minimiser les coûts et de rendre plus facilement

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accessible le logement aux petits revenus. Les questions d’énergie, d’aménagement des jardins, d’ouverture sur le quartier, etc., tout cela est discuté entre la trentaine de familles concernées par le projet d’aménagement d’un terrain du quartier. Dans le même esprit, mais à l’initiative de SUN et de la commune, le projet « Végétaliz’action » favorise la végétalisation des espaces publics (pied d’immeuble, mur végétal, potager communautaire, etc.). Il cherche à renforcer le caractère convivial et collectif de ceux qui veulent y participer, à transformer les surfaces minérales et bien sûr à renforcer la place du végétal dans le quartier.

Dans cet exemple, la multiplicité des actions fait sens en s’inscrivant dans le tissu existant, en modifiant progressivement, sans table rase, la qualité et les affectations des bâtiments et des espaces publics.

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mixités sociales et fonctionnelles dans les chapelets de terrainsConstitué d’entités différentes, les quartiers en chapelets de terrains regroupent le plus souvent des populations de catégories socioculturelles variées. Il est donc prioritaire d’envisager la rénovation des quartiers en tenant compte de cet aspect pour sortir d’une juxtaposition parfois conflictuelle et favoriser une meilleure connaissance mutuelle des habitants. Cette construction ou reconstruction du lien social nécessite des points de rencontre et de passage, des espaces de jeu ou des services ouverts au public.

Mais les infrastructures, si elles sont nécessaires, ne suffisent pas toujours. Des animations prises en charges par des associations, la commune ou la région peuvent s’ajouter. Elles facilitent la rencontre entre les anciens habitants et les nouveaux venus, entre les plus jeunes et plus vieux, comme cela a été fait Place Gaucheret à Schaerbeek.

Pour inscrire un quartier dans la durabilité, la mixité sociale doit s’accompagner d’une mixité fonctionnelle. Celle-ci passe, on l’a vu en ce qui concerne l’attractivité et la qualité de vie, par une diversité de fonctions qui répond aux besoins des personnes qui vivent ou travaillent dans le quartier. Les terrains disponibles offrent cette capacité d’adaptation à condition que la volonté politique existe et/ou les conditions économiques le permettent. Mais on peut aussi saisir ces opportunités pour répondre à un besoin à l’échelle de la ville pour faire de l’agriculture en ville, inversant la tendance à construire la ville à la campagne parce que l’air y est plus pur.

La présence de zones vertes ou d’espaces délaissés peut donner les moyens à une commune de structurer un quartier autour de son potentiel agricole. L’agriculture urbaine joue alors un rôle multiple : économique (en maintenant de l’activité sur place), éducatif (dans le cas de fermes pédagogiques), écologique (par ses

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productions biologiques, intensive et riche en travail) et citoyen (par la mise en marché en circuit court et organisé en GAS ou en ASAP10).

mixités au MoensbergOn a pu lire dans l’analyse du quartier que les poches habitées et les pôles commerciaux sont éloignés les uns des autres. Par ailleurs la population habitant le quartier est relativement mixte, entre autres grâce à la présence des logements gérés par la Société Uccloise de Logement. C’est plutôt en termes d’activités que le quartier manquerait de mixité.

La construction de la halte RER présente à nouveau un potentiel de catalyseur non négligeable et l’occasion de proposer au quartier les fonctions qui lui manquent. Ces besoins sont à déterminer en concertation avec les habitants et riverains. L’idée de créer une passerelle ou une dalle enjambant le chemin de fer, sur laquelle seraient groupées différentes activités a été évoquée au cours du workshop, tout comme celle de créer un lieu de rencontre intergénérationnel, des potagers publics sur les berges du chemin de fer, des emplois locaux et non délocalisables liés au site (sans précision).

Par ailleurs la présence de nombreux espaces verts incite à se poser la question de fonctions plus productives dans ces espaces (et non pas seulement récréatives) comme on le lira dans les exemples ci-dessous.

Found in TranslationLe retour à la terre

Le projet « agri-culturel » du quartier Saint Antoine à Montreuil, en région parisienne, montre l’importance d’une diversification construite sur un riche passé agricole.

10. Respectivement « Groupement

d’Achat Solidaire » et « Association pour le Soutien

à une Agriculture Paysanne ».

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Ce quartier difficile d’accès est scindé en deux par un axe autoroutier. Il est composé de zones industrielles, d’habitats dispersés et d’un vaste espace horticole, « les murs à pêches », encore utilisé aujourd’hui.

On y trouve environ 150 entreprises avec un millier de travailleurs, sans relation avec l’ancienne fonction agricole du secteur et offrant très peu de services aux habitants et usagers. Coté logement, il est constitué majoritairement de pavillons, certains abandonnés, souvent délabrés. La majorité des habitants vivent dans des conditions économiques et sociales difficiles. Des familles tsiganes, repoussées hors de la ville, ont trouvé refuge sur quelques terrains non viabilisés.

Les espaces délaissés et les espaces cultivés représentent près de 40% de la surface du quartier. Au début du XXe siècle, les murs agricoles recouvraient un tiers de la commune, associant viticulture, floriculture, arboriculture, maraîchage et cultures en espalier. Leur orientation était calculée pour tenir compte de la pente et de l’ensoleillement. Des auvents abritaient de la grêle tandis que des toiles protégeaient les arbres contre le

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risque de gel. Emmagasinant la chaleur pendant la journée, les murs recouverts de gypse (les carrières sont toutes proches) permettaient une production qui, à l’époque, arrivait difficilement du sud de la France. Le quartier fournissait ainsi les marchés parisiens tout proches en pêches, fraises, cerises, etc. C’est ce patrimoine qui accueille aujourd’hui de nombreuses activités associatives et culturelles.

Pour limiter la menace de l’emprise urbaine, une partie du site des murs à pêches a été classée en 2003, soit 8,5 ha, et une trentaine d’hectares seront consacrés à l’agriculture urbaine. La Municipalité affirme son ambition de faire des « murs à pêches » un quartier de la ville, qui traduise le caractère exceptionnel du site en s’enracinant dans son histoire, et réponde aux enjeux actuels du développement durable, notamment en matière de changement climatique et de biodiversité. L’identité du futur éco-quartier sera marquée par sa dimension « agri-culturelle » qui intègrera la présence de terres cultivées en milieu urbain comme un élément de la culture urbaine.

L’objectif du projet est donc de relier le site aux quartiers alentours, de l’équiper d’aménagements publics (atelier tram, piscine écologique, etc.) pour répondre aux besoins identifiés tout en respectant les usages, le patrimoine et le paysage existants.

En restaurant dans ce quartier la place de la culture de la terre en ville, on ajoute à l’activité économique de production agricole un rôle social du fait de l’existence de jardins familiaux ou partagés, du fait aussi de la place des entreprises utilisant le maraîchage ou le jardinage pour favoriser la réinsertion professionnelle. Les activités existantes seront conservées comme les 5000 m² des « jardins du cœur » destinés aux restos du cœur.Autour de la production vont se greffer des activités de découverte du patrimoine horticole, des activités de formation à la biodiversité, mais aussi de nouvelles activités culturelles, sans compter le simple fait de disposer d’un espace accueillant laissant à chacun la liberté et le loisir de s’y promener.

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Coté formation et activité économique, une ferme urbaine proposera des formations à l’installation et des parcours de qualification en promouvant l’agriculture paysanne dans l’urbain. C’est une préoccupation qui va croissant pour rapprocher les lieux de production des lieux de consommation. Coté production, 500 arbres seront replantés sur plusieurs kilomètres de murs, eux-mêmes restaurés. Certains fruits seront transformés par des artisans locaux. La commercialisation sera assurée par des circuits courts pour offrir une alimentation de qualité à tous. Il est aussi prévu des livraisons à domiciles et à vélo pour les personnes à mobilité réduite. La promotion sera assurée par une maison des saveurs. C’est l’idée, comme à Mouscron, de sortir de l’image « bobo » du bio, qui demande pour y parvenir de trouver des modes d’approvisionnement et distribution adaptés (voir par exemple la « ruche qui dit oui » ou les GASAP).

S’inscrivant dans le long terme, les porteurs du projet lui donneront une dimension pédagogique car l’ensemble sera accessible aux écoles voisines pour éveiller les enfants à la biodiversité, au jardinage... Le long terme c’est aussi prévoir la conservation des variétés traditionnelles, ce qu’une unité de recherche aura en charge, c’est contribuer à l’expérimentation de nouvelles techniques de production dans un milieu qui diffère du champ habituel de la recherche agronomique, en particulier en ce qui concerne la dépollution des sols par les plantes (phyto-remédiation)

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densité et espaces partagés dans les chapelets de terrainsL’inventaire puis l’analyse des besoins permettent de décider quelle densification est possible, quelle nécessité il y a de construire ou de ne pas construire. On pourra alors déterminer dans quel cas le remplissage des zones délaissées est utile pour « faire quartier », quels usages anciens (comme les cheminements piéton) conserver ou encore quelles sont les conditions pour favoriser la densification des parcelles privées.

La question de la densité est particulièrement sensible dans cette typologie de quartier et cela pour des raisons opposées ! Quand les espaces vides sont sources d’insécurité, leur transformation en zone construite est plus facilement acceptée, voire souhaitée. Quand les lieux ont trouvé leur utilité, quand les espaces vides sont perçus comme une respiration dans le quartier, alors leur densification est mal vécue. Plus compliqué : un même lieu peut être apprécié différemment en fonction des populations concernées. Des jeunes se satisferont d’un terrain vague, ce qui ne sera pas le cas de tous les habitants...

Il faut alors penser en même temps densité de logement, densité du bâti, densité des équipements, densité des espaces ouverts et densité des réseaux. Car si la densification de ces quartiers est intéressante sur un plan économique (un équipement ou un service public reviendra moins cher à la collectivité s’il est fréquenté par un plus grand nombre) ou écologique (car la surface au sol n’est pas une ressource renouvelable et la densification permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre), elle doit aussi répondre à plusieurs conditions. Elle sera acceptée par les habitants si elle préserve leur patrimoine et en particulier la place de la nature dans le quartier. Elle protègera l’intimité de leur mode de vie en évitant que proximité devienne promiscuité. Elle apportera des services nouveaux pour compléter la réponse aux besoins du quartier, comme pouvoir se déplacer plus facilement en transport collectif.

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En quelque sorte, s’il faut densifier, il faut le faire sans que cela pèse sur les habitants. Cette densification peut opérer par petites touches, étape par étape, dent creuse après dent creuse. Elle peut interagir entre les pleins et les vides du quartier ou de sa périphérie pour créer des espaces de transition, elle peut privilégier des axes à renforcer autour des lignes de transports en commun ou des lieux de centralité existants. Elle sera l’occasion de diversifier la typologie des logements offerts. Cette densification qualitative est à construire avec les habitants. La transition entre les espaces privés et collectifs sera alors l’objet d’un choix, à travers la présence ou non de terrasses ou balcons, à travers le rôle donné aux entrées, aux parties communes, aux jardins, etc. Les initiatives d’habitats groupés peuvent être des réponses pratiques pour mettre en valeur des espaces délaissés dans ces quartiers (comme c’est le cas des Zurbains à Liège ; voir « attractivité et qualité de vie ») où l’habitat groupé est vecteur de cohésion sociale, d’engagement citoyen et de développement durable.

densité et espaces partagés au MoensbergLa densité du quartier est sans conteste extrêmement faible, même en considérant les futurs arrivants des projets déjà en cours.

Non seulement la densité est faible mais les poches habitées sont séparées les unes des autres par des frontières physiques importantes telles les voies de chemin de fer. La nécessité de désenclaver ces poches ressort clairement du workshop. La matinée d’étude n’a pas permis de savoir si les quartiers aimeraient être reliés entre eux ou si c’est la connexion de chacun d’eux vers le centre-ville qui est la plus souhaitée. Cette question devrait être posée aux habitants.

Il semble que les habitants du Homborch par exemple soient parfois aux prises avec des sentiments contradictoires : ils se sentiraient à la fois exclus (hors des sentiers battus, peu connectés par les transports

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en communs) et protégés par le caractère presque rural de la cité-jardin.

Si c’est le lien vers le centre qui est problématique, une fois encore la halte RER semble un atout pour ces habitants. Il s’agit alors de bien relier chaque quartier (Kriekenput, Homborch, Moensberg) à la halte RER par des cheminements adaptés et sécurisés, pour faire de cette halte le centre « intense » du quartier et profiter des cheminements pour densifier le quartier en termes d’habitat. Plus on s’approcherait de la gare, plus on intensifierait la présence de commerces et d’autres activités.

Found in Translation« Build in My Back Yard »

La question de la densification a été traitée d’une manière tout à fait particulière dans le projet BIMBY : « Build in My Back Yard. » L’idée est simple : il s’agit d’inciter à construire un deuxième logement ou une extension en habitat pavillonnaire et d’encadrer ce processus en réunissant architectes, élus et habitants autour de la recherche d’une densification progressive qui puisse répondre au besoin de logements.

En donnant ce pouvoir aux propriétaires-habitants, BIMBY s’appuie sur la conviction « qu’une partie de la solution réside dans la « démocratie » : dans la mise en place de dispositifs de gouvernance permettant une décision effective, par les habitants, sur les orientations à donner à l’évolution de leur cadre de vie, bien plus que sur une sensibilisation voire une éducation aux vertus présumées de la densité ».

Concrètement, c’est une manière de lutter contre l’étalement urbain, en profitant des équipements déjà existants et parfois sous-utilisés dans le quartier. C’est aussi la possibilité de créer un nouveau front de rue. Cela permet aussi d’améliorer l’habitat existant quand les propriétaires de maisons individuelles utilisent une partie de leur patrimoine foncier pour en financer la

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réalisation.

C’est enfin un outil permettant l’évolution de l’habitat en offrant un logement destiné aux enfants devenus adultes ou aux parents vieillissants – c’est par exemple le choix du programme « Hidden Density » de la ville de Vancouver.

Selon ses concepteurs, cette approche se veut durable et bénéfique pour la collectivité à condition que cette dernière puisse coordonner l’offre et la demande de logements et offrir un cadre réglementaire permettant d’améliorer la durabilité du quartier.

Pour vendre, les motivations des propriétaires sont variées : ils peuvent vouloir moins de terrain à entretenir, disposer d’une ressource supplémentaire, tirer parti d’une modification du ménage (divorce, décès, etc.), chercher à loger des proches, subir une perte de revenus ou un gros imprévu... Les motivations à l’achat sont moins diffuses : chercher un habitat proche du centre-ville, à proximité d’équipements de quartier et suffisamment près de la nature.

La commune a un rôle à jouer en cherchant à rapprocher, à stimuler ou à encadrer cette offre et cette demande. Mais elle peut aussi intervenir dans l’évolution du bâti. C’est par exemple l’occasion d’injecter des équipements là où ils manquent, ou d’inciter à l’installation d’activités tertiaires ou artisanales. Cette densification offre aussi la possibilité d’explorer une troisième voie, alternative à la maison individuelle et à l’habitat collectif en diversifiant l’offre de logements, par exemple en constituant de petits ensembles urbains où tous les logements disposent d’espaces extérieurs privatifs. Ceci crée un habitat « hybride » qui conserve ce qui est considéré le plus souvent comme un avantage de la maison individuelle tout en étant plus accessible à l’achat ou à la location.

Par cette multiplicité, on consolide le projet urbain en créant ou renforçant des centralités et en instillant de la mixité sociale et fonctionnelle.

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accessibilité et éco-mobilité dans les chapelets de terrainsLes chapelets de terrains sont parfois traversés par des axes de circulation automobile ou ferroviaire importants entraînant des effets de coupures. Pour y remédier, certaines voiries pénétrantes peuvent être reculées, limitant la place de la voiture et libérant ainsi de l’espace qui peut être affecté à du logement, des équipements publics ou des espaces verts. La construction de passerelles et la suppression des culs-de-sac, quand c’est possible, réduisent aussi ces effets de coupures. Une couverture partielle de voies ferrées ou bien la création de logements ou d’activités innovantes, comme le projet de pont habité de Tour11, renforce la cohérence du lieu.

Dans de nombreux cas, l’énergie fossile du moteur à explosion peut être remplacée par l’énergie animale : la filière hippomobile peut être utilisée pour le ramassage des déchets (comme à Schaerbeek12), les travaux d’entretien du parc (à Louvain, l’arrosage se fait par une citerne tractée, alimentée en eau de pluie avec une pompe solaire), le transport d’enfants, etc. Cette filière implique des retombées positives en termes de lien social – en particulier avec les agents du service propreté –, de sécurité et de respect de l’environnement. Elle est particulièrement adaptée dans un quartier qui dispose de l’espace nécessaire à l’hébergement et l’entretien des animaux.

Ces quartiers bénéficient rarement d’une infrastructure répondant aux besoins en matière de déplacement collectif, ce qui peut s’expliquer par la faible densité ou l’éloignement important des lieux de travail ou d’habitat. Par contre la présence d’espaces délaissés rend possible de tracer des chemins piétons ou cyclables qui pourront être utilisés comme de nombreux raccourcis ou simplement pour flâner dans le quartier. Ces passages sont à conserver et à articuler avec les transports en commun existants ou à venir. Développer la mobilité douce passe aussi par des solutions adaptées à la

11. http://www.lexpress.fr/region/neuilly-tours-vivre-sur-les-ponts_587609.html

12. Voir l’article Des chevaux -poube l l es dans la ville, be.passive 08, octobre 2011, p. 2012 ; www.bepassive.be

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présence de dénivelés : priorité aux voiries cyclables là où les pentes sont les plus faibles et accès à des vélos électriques (cette mesure, prise par la commune de Cognin en Savoie, lui coûte 300€, au lieu de 1 500€ pour une place de parking en surface et 15 000€ pour une place couverte). La sécurisation du stationnement vélo est aussi un atout : il doit être implanté à proximité des habitations, abrité, éclairé et à claire-voie.Enfin, en complément des solutions en transport en commun ou en mobilité douce, et pour répondre aux besoins de déplacement rapide, le covoiturage et plus particulièrement le covoiturage dynamique peuvent être un élément innovant. Il offre aussi l’avantage de produire du lien social entre les habitants du quartier.

accessibilité et éco-mobilité au MoensbergSur le point de la mobilité le workshop relève les qualités suivantes: • présence de nombreux cheminement à préserver, à baliser, dont le maillage vert offrant un cheminement aux piétons ; • proximité des équipements tels qu’écoles et espaces verts, • liaison par train avec le centre-ville ; • parking de dissuasion à la gare de Linkebeek ; • possibilité de profiter de la faible déclivité des lignes de chemin de fer pour y installer d’autres modes de transports doux (vélo).

Le pendant à ces atouts est très certainement l’éloignement par rapport au centre-ville, la dépendance vis-à-vis de la voiture (due au manque de transports en communs) ; les nuisances générées par les parkings de transit et les barrières constituées par les lignes de chemin de fer.

Si l’implantation de la halte RER constitue sans aucun doute un atout, on comprend qu’elle suscite également des craintes pour les nuisances que suscitera le ballet automobile inévitablement lié à son fonctionnement. Il

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semble donc indispensable de diversifier le bouquet d’offre de transport et de proposer des formules multi-modales dont les nuisances seraient moins lourdes pour les riverains (train+vélo+cambio – train+tram), ainsi que pour diminuer le nombre de voitures (train + cambio ; et voir ci-dessous le co-voiturage dynamique).Etant donné les difficultés liées au relief, une station de chargement solaire de batteries de vélos électriques a également été proposée au cours du workshop.

Found in TranslationCovoiturage dynamique

Là où les distances sont plus longues et où les logements disposent de facilités de parking, les habitants prennent (trop) souvent leur voiture pour aller au travail, faire leurs achats ou avoir des loisirs. Créer de nouvelles lignes de transports en commun peut se révéler assez coûteux dans le cas d’un habitat dispersé et le vélo peut être contraignant quand la déclivité est forte et les populations moins aptes à en faire.

Cependant, il est toujours possible de réduire fortement l’emprise de l’automobile avec pour conséquence de limiter les nuisances sonores et la consommation d’énergie fossile ainsi que de créer ou recréer des liens de voisinage, et cela à moindre coût pour la collectivité.Partant du constat que 500 millions de voitures individuelles arpentent les routes de la planète chaque année avec une seule personne à bord13 et le plus souvent pour des trajets courts, le covoiturage dynamique, grand frère du covoiturage statique, oppose à cette sous-occupation une utilisation partagée du véhicule individuel. Il s’agit en quelque sorte de profiter du flux de circulation automobile pour le réduire et transformer le rapport à la voiture en un outil moins privatif.

Ce type de service a été mis en place autour de Grenoble par le Conseil général de l’Isère après une étude des habitudes des usagers et une expérimentation grandeur nature. Il concerne deux

13. étude « Empty seats travelling » de Nokia 2009

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axes routiers suffisamment fréquentés de manière à atteindre un seuil qui permet aux futurs passagers de trouver des trajets correspondant à leur souhait. Ce système offre aux usagers la possibilité de covoiturer au pied levé en temps réel. En principe, l’abonné contacte l’opérateur quelques minutes seulement avant son départ pour chercher le conducteur pouvant offrir un covoiturage sur l’itinéraire demandé. Le concept repose sur un échange de données en temps réel entre les conducteurs et passagers potentiels, via au minimum un téléphone, au mieux un smartphone équipé d’un GPS (c’est là une limite du procédé qui le fait dépendre de cette technologie). Ce dernier permet la géolocalisation des passagers et des conducteurs, facilitant leur mise en relation directe ; l’opérateur peut suivre en direct le nombre de kilomètres effectués par les utilisateurs et assurer automatiquement le paiement, évitant les transactions entre conducteurs et passagers. Paradoxalement, la géolocalisation a plutôt tendance à rassurer les utilisateurs qu’à les inquiéter quand conducteur et usager ne se connaissent pas, l’effet « tribu » pouvant par la suite prendre le relais.

Le fait de privilégier une démarche par quartier, à travers des habitudes de trajets, facilite les rencontres, rassure et favorise ce mode de déplacement. Les zones d’activités économiques apparaissent aussi comme des lieux privilégiés pour ce type d’expérimentation quand la masse d’usagers y est importante. Le Conseil général a inscrit ce système de manière à ce qu’il soit complémentaire avec les transports en commun en visant des trajets intermodaux mais une attention particulière devra être portée pour une meilleure articulation avec le rail. Les pouvoirs publics peuvent aussi prévoir des voies et des places de stationnement réservées, des points de rencontre où les automobilistes peuvent récupérer leurs passagers, rendre accessible les nouvelles technologies de l’information, mettre en place des bornes interactives, etc. Mais l’inverse peut aussi se produire : les personnes se connaissant peuvent organiser elles-mêmes leur trajet et accepter plus facilement de dépanner leurs voisins sans avoir besoin de toute cette infrastructure...

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adaptabilité dans le temps dans les chapelets de terrainsPar sa nature, la typologie des chapelets de terrains offre des possibilités d’évolution. On l’a abordé à travers le point 7 du Mémento, « espaces partagés et densité ». Cette adaptation du quartier vise à répondre à l’évolution de la demande en logements et des besoins en équipements qui en découlent. Elle s’inscrira dans la durée autour d’axes structurants, comme le demande l’Appel à projet «50 000 logements nouveaux autour des axes de transports publics» lancé par la Communauté urbaine de Bordeaux (voir troisième partie).L’adaptabilité, c’est aussi des logements et des espaces et services qui s’adaptent de manière plus fine à l’évolution des familles : quand celles-ci s’agrandissent ou au contraire se divisent, quand l’un des membres du ménage se déplace plus difficilement, etc. On doit pouvoir alors adapter l’habitat, les équipements et les espaces publics pour accompagner ces changements, et cela à moindre coût. Ceci est possible quand c’est pensé et prévu en amont d’un projet. C’est d’autant plus facile quand les espaces disponibles existent et qu’une attention est portée aux habitants, leur permettant d’exprimer leurs attentes.

L’adaptabilité, c’est aussi rendre simplement possible la modification de bâtiments pour leur permettre de répondre à l’évolution des besoins, comme en permettant la transformation d’un logement en bureau ou en commerce, d’un entrepôt en équipement public, etc.... ou bien son inverse. C’est encore permettre à un bâtiment de remplir plusieurs fonctions et d’être ouvert sur le quartier. C’est ce que projette la commune d’Evere pour l’aménagement du Square de l’Accueil : la salle

L’impact de ce type de mesure peut très facilement être mesuré : là où un automobiliste devient passager, c’est autant de CO2 économisé ; cela peut être quantifié grâce au mode de prise en charge informatique de l’opérateur.

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de gymnastique et le réfectoire sont des équipements utilisés par l’école située à proximité et pourront être aussi utilisés par les habitants du quartier.

Enfin, l’adaptabilité c’est aussi toutes les questions liées au phasage des travaux : par où commencer, comment gérer pour gêner le moins possible les habitants ou leur accorder des « compensations » telles que des terrains qu’ils puissent occuper, des facilités pour transformer leurs logements, des bourses de matériaux, etc.

adaptabilité au Moensberg

Les perspectives d’évolution du quartier sont étroitement liées à la manière dont le secteur de la gare RER se développera : les usagers verront-ils un intérêt à trouver un vaste parking de dissuasion ou bien tout en préservant le cadre très vert du site, celui-ci drainera-t-il de l’activité économique et du logement ?

Les qualités du lieu ne manquent pas : nœud ferroviaire, riche biodiversité, vue sur la capitale.

Il parait évident, à la lecture de tous les points précédents que le site est éminemment adaptable. Il appartient à ses habitants actuels et futurs de définir les contours de l’évolution qu’ils souhaitent.

Il faudra également envisager, avec les habitants, les nuisances du chantier. Comment les réduire ? Livrer les matériaux par train ? Ne pas démolir ? Organiser des bourses d’échange de matériaux, bien localiser les parcs à containers et y faciliter l’accès pour les riverains. Comment maintenir ou recréer l’identité du (des sous-)quartier(s)?

Le site a son potentiel propre du fait des différentes parcelles à bâtir, il appartient à la coalition créative de l’exploiter.

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Found in TranslationAdapter le bâti plutôt que le détruire

Pour s’adapter, il faut tenir compte de l’existant, de tout l’existant : des petits comme des grands acteurs et facteurs du quartier : petits chemins et grands flux de circulation, réseau d’assainissement et fossés, infrastructures ou absence d’infrastructures fournissant le gaz, l’électricité ou l’information...

Il faut prendre en compte la nature du territoire et la nature dans le territoire : comment le territoire est traversé, comment tel espace est utilisé, qu’est-ce qui diffère d’un point à un autre, etc...

Adapter la ville c’est encore porter une attention aux gens, c’est partir de leur intérieur, de l’intimité de la chambre à coucher, et élargir progressivement le champ de vision jusqu’à l’aménagement urbain. C’est cette démarche qu’utilise Frédéric Druot, architecte et urbaniste, dans tous ses projets pour préserver la diversité des rues, des quartiers, des lieux habités en valorisant ce qui va bien et en améliorant ce qui pose problème.

Il l’applique de l’échelle du meuble à celle de la métropole en passant par l’immeuble. Par exemple,

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alors qu’il était prévu de la démolir, Frédéric Druot, en collaboration avec les architectes Lacaton et Vassal, a choisi « d’adapter » la tour Bois- le- Prêtre, une tour de 97 logements construite dans les années soixante. De même lorsque la Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB) s’adresse à l’équipe pour trouver à implanter 50 000 logements neufs sur son territoire, l’équipe se pose les questions suivantes :

Quel est le plaisir d’habiter les lieux? Comment le préserver, le valoriser et l’améliorer ? Quels points faut-il améliorer? Dans les deux cas, le principal défi est de travailler en site occupé, dans le plus grand respect des habitants. Pour la tour Bois-le-Prêtre, cela a eu des implications organisationnelles importantes, mais a également apporté une très bonne connaissance des lieux par des échanges fréquents entre les habitants, les travailleurs du chantier et les architectes.

Des interventions douces sur le bâti habité impliquent une démarche d’accompagnement très concrète pour résoudre au quotidien les questions qui se posent. Elles induisent la création d’un certain nombre de métiers encore à inventer. Viser l’adaptabilité, que ce soit à l’échelle du bâti ou à l’échelle du quartier, nécessite de prendre en compte cette dimension qui crée de l’emploi et en même temps coûte moins cher à la collectivité par l’économie réalisée sur les matériaux ou les logements de transit. L’exemple de Bois- le- Prêtre le prouve, qui a permis d’économiser à la fois sur les démolitions, sur les émissions de CO2 correspondant à dans l’énergie grise du bâtiment et sur les déménagements d’habitants (40 % des familles sont restées dans le même logement).

Appliquée au quartier, la recherche d’une friche inutilisée, d’un territoire en cœur d’îlot, de garages, d’espaces industriels résiduels, d’une pièce de plus, d’une salle d’eau, d’une entrée séparée dans un logement, etc... vise à créer du logement ou de l’équipement en même temps que réduire les coûts, diminuer la charge énergétique, enrayer l’étalement urbain. Elle respecte l’histoire (patrimoine et rapports des habitants à ce patrimoine et au quartier) en inscrivant les modifications

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dans un continuum historique et sociologique plutôt que dans la rupture que créent les démolitions-reconstructions ou l’implantation de nouvelles infrastructures.

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Les pouvoirs publics, à l’échelle communale, ont à élaborer des documents cadres qui définissent les objectifs, enjeux, obligations des différents aménagements futurs. Nous présentons ici trois communes et trois outils en cours d’élaboration. Selon les cas, les propriétaires fonciers, les investisseurs, les acteurs ne sont évidemment pas les mêmes. Les documents-cadres permettent de donner une vision d’ensemble à suivre. Ces documents font alors référence dès qu’un projet a lieu dans le quartier, qu’il s’agisse d’un projet de voirie gérée par la Commune ou d’un projet immobilier privé.

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PARTIE III. trois exemples d’outils en cours d’élaboration

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1.Commune d’Ucclese donner une méthode, une vision, des cadres pour accompagner la mutation

La typologie des chapelets de terrains soulève une problématique particulière, celle de la multitude des propriétaires fonciers. En effet, cette multiplicité rend plus difficile l’écriture d’un projet global. Concrètement, la puissance publique ne peut peser sur l’évolution de son territoire que par l’acceptation ou le refus d’un permis d’urbanisme. Si cette décision n’est pas portée par une orientation générale, le quartier risque de se remplir au coup par coup, au bon vouloir des promoteurs. Il est donc nécessaire que la commune concernée fabrique ses propres cadres pour accompagner les différents projets.

A Uccle, une grande portion du territoire de la commune est confrontée à ce problème. Au Moensberg, le secteur s’étend du nord au sud, de la rue de Stalle à la rue du Moensberg, et d’est en ouest, entre l’axe composé par la rue Guillaume Herinckx, la chaussée d’Alsemberg, la rue Engeland, la rue du Roseau et celui composé par la rue Keyembempt, la chaussée de Drogenbos et la rue du Bourdon. Le cas du Moensberg (Partie I – B) ne reflète donc qu’une partie d’un ensemble plus vaste. Comme nous l’avons évoqué dans le paragraphe A2 de la première partie de cette TOOLBOX, un collectif d’habitants a tenté de faire le point pour alerter sur cette situation complexe. Aujourd’hui la Commune d’Uccle a entrepris l’élaboration d’un schéma directeur sur cette partie de son territoire.

Revenons sur le constat de départ. Le vaste territoire d’Uccle comprend de nombreux terrains vides ou en mutation, des chantiers sont déjà en cours, d’autres terminés et les demandes de permis continuent d’affluer. Ce mouvement a commencé il y a plus ou moins 10 ans. Il est notamment lié aux capacités foncières et d’affectations qu’autorise le PRAS (AG du 03.05.2001), et principalement la possibilité d’affecter en logement les zones de forte mixité, anciennement zones d’industries urbaines au Plan de secteur. L’évolution

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de la mixité dans ces quartiers se fait actuellement au détriment des activités productives, qui deviennent exceptionnelles et constituent la portion congrue des programmations des projets des demandeurs.

L’élaboration d’un Schéma Directeur, qui est dépourvue de force réglementaire, a pour objectif stratégique d’établir les lignes directrices devant aider le Collège et le Service de l’Urbanisme à assurer une cohérence dans les quartiers concernés au fur et à mesure des décisions individuelles prises en matière d’aménagement du territoire.

L’outil n’est pas nouveau évidemment, mais il est ici nécessaire. Il est important de rappeler que la Commune d’Uccle avait demandé à la Région en 2002 que cette portion du territoire soit reconnue comme Zone Levier, et bénéficie donc d’un accompagnement régional dans son développement. Malheureusement beaucoup de zones étaient concernées et celle de Calevoet-Bourdon n’a pas été retenue. C’est donc aujourd’hui, en interne, que la Commune d’Uccle crée l’outil dont elle a besoin.

Le travail est en cours et le Service Facilitateur Quartiers Durables accompagne ce processus. Il est encore difficile à ce stade d’en faire une lecture à travers les 10 points du Mémento* ou de donner un avis sur le caractère durable de ce schéma directeur. Mais nous pouvons néanmoins commenter les premiers éléments de méthode mis en œuvre par la Commune.

Tout d’abord devant l’ampleur du territoire, la Commune a identifié 4 quartiers différents, du nord au sud : Stalle, Gare de Calevoet, Bourdon et Moensberg. Les projets importants des dernières années ont ensuite été identifiés et analysés en termes de surface bâtie, de nombre de logements, d’emplacements de parking, du taux de mixité et de volume capable de rétention des eaux de pluies. De manière plus transversale, la Commune a intégré à ces réflexions les questions de mobilité, de paysage et de gestion de l’eau. Les équipements à créer seront définis en fonction d’une

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localisation et des besoins des nouveaux habitants. Pour chaque quartier, la Commune travaille à définir une vision, c’est-à-dire les grandes lignes d’une évolution à partir de l’identité existante du quartier, de ses qualités et de ses besoins.

A l’issue du processus d’élaboration, le schéma directeur sera composé d’une série de documents d’orientation par quartier, accompagnés de fiches projets concernant notamment les espaces publics qui pourraient être réalisés au fur et à mesure des opportunités. Le regard et l’apport des habitants ont contribué à ce travail, qui a démarré par une première série de réunions publiques. L’objectif le plus important aujourd’hui formulé par la Commune est que son travail puisse aller dans le sens d’une « cohésion progressive » des quartiers.

Ce rapport au temps est essentiel, il définit bien l’outil qu’est le schéma directeur comme document cadre, accompagnateur des mutations d’un territoire. Cet outil, déjà utilisé en Région bruxelloise, semble le bon pour aller vers l’affirmation des chapelets de terrains comme quartier. Sur les questions plus particulières à la durabilité, ce sont les mois à venir et l’observation de l’élaboration de ce schéma directeur qui forgeront les réponses. Quoi qu’il en soit, on peut d’ores et déjà dire qu’un tel outil est à même de mettre en place un projet durable.

2.Ville de Montpellierarpentage + inventaire = mise en relation + mise en projet

Nous avons mis en évidence la méthode de l’inventaire dynamique comme démarche clé dans le cadre d’un projet sur un chapelet de terrains. Ce que permet l’inventaire c’est également de maintenir ouvert les possibles, de pouvoir adapter le programme aux réalités du terrain et des habitants. Pour illustrer cette idée, il semble que le travail qu’à mis en place le collectif français COLOCO au fur et à mesure de ses projets est réellement intéressant.

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Ce collectif français, constitué aux débuts des années 2000 est composé d’architectes, de paysagistes, de jardiniers, d’urbanistes. Les différentes compétences s’associent suivant les projets. Ils aiment à dire qu’ils travaillent sur la « diversité urbaine », diversité biologique, humaine, sociale et culturelle. Dans leur travail, ils accordent une grande attention à la pédagogie, à la transmission, à la compréhension, souhaitant accompagner un changement des regards pour aller vers un changement des pratiques.

Ce qui nous intéresse particulièrement ici, c’est leur méthode de travail, leur rapport au site du projet. Ce sont des arpenteurs, des gens qui marchent et cherchent. C’est dans le mouvement et dans l’engagement du corps qu’ils rencontrent un site. Cette méthode d’expertise implique une lenteur, un temps nécessaire à la rencontre. Elle permet de saisir un lieu également par ses pratiques, de rencontrer la « maîtrise d’usage ». Cette forme d’inventaire dynamique offre un point de départ évident à des projets cohérents dans des territoires où il est bien souvent difficile de lire le vécu et les besoins des lieux et des habitants.

COLOCO a réalisé en 2009 pour la ville de Montpellier une Etude stratégique de gestion des délaissés. Cette étude avait pour objectif premier de recenser les espaces de biodiversité dans la ville. Par définition, les délaissés sont des espaces qui n’ont plus de fonction, où l’homme n’agit pas ou plus. Ils peuvent avoir des origines différentes : délaissés agricoles, ferroviaires. Le premier travail du collectif a été d’arpenter la ville, de partir à la rencontre de ces espaces. De les identifier, de voir leur place dans la ville (tous ne sont pas dans la périphérie), d’en comprendre les limites mais aussi d’en observer les usages. Ils ont réalisé ensuite un classement en inventant des typologies. Nommer ces espaces indéterminés c’est les considérer. Les pratiques liées à ces délaissés sont nombreuses et diverses : un simple raccourcis qui crée des cheminements, des habitats précaires, des espaces de production cachés, des installations d’artistes, des espaces d’aventure pour les enfants du quartier. Grâce à cette méthode

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d’arpentage, les membres du collectif ont pu prendre le temps de rencontrer ces usagers et de comprendre les manques et les besoins que révèlent ces espaces.

A partir de ce travail sont nées plusieurs évidences de projets participatifs. La ville et un bailleur social ont accompagné un de ces projets. Le délaissé concerné est un terrain « à désaménager ». Il s’agit d’un ancien parking qui n’était plus utilisé depuis plusieurs années. Une pelouse d’asphalte de 1 100 m² aux pieds d’un ensemble d’immeubles de logement social, dans la Cité Lemasson. Le collectif a tenu un rôle de concepteur et d’accompagnateur. Les associations du quartier et les habitants ont été convié à discuter, à proposer, à dessiner le projet qui a pris pour nom « le jardin DeMain ». Collectif et services techniques de la ville de Montpellier, aidés par une entreprise ont réalisé le gros-œuvre. Puis en 24h, sur un week-end, les habitants, toujours accompagnés des techniciens de la ville et des membres du collectif, ont réalisé le jardin. 1 000 arbustes et vivaces et 15 arbres ont été plantés, de grandes plateformes en bois ont été mises en place, formant tantôt des bancs et des bacs de jardinages,

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tantôt des espaces de détente. Entre le gros-œuvre et les petites mains, le chantier a duré 15 jours et le budget global n’a pas dépassé 50 000 €. Depuis, une association d’habitants s’est formée pour gérer le jardin. La Ville de Montpellier et le bailleur social ne demandent qu’à renouveler l’aventure ailleurs…

Le travail de mise en lumière de ces espaces, l’inventaire des qualités, des pratiques, des capacités ont permis de réaliser bien plus qu’un jardin. C’est la mise en route d’un processus de projet mettant en lien tous les acteurs, c’est-à-dire la garantie d’un projet en intelligence avec le lieu et entre les habitants. L’outil qu’a d’abord mis en place la Ville de Montpellier est donc une étude sur tout son territoire par les délaissés. C’est ici la méthode employée par le collectif Coloco qui est à mettre en avant dans la manière d’aborder les chapelets de terrains.

3.Communauté Urbaine de Bordeaux 50 000 logements inventorier toutes les micro-situations capables de densification

La CUB (Communauté Urbaine de Bordeaux) a chargé cinq bureaux d’architecture et d’urbanisme de rechercher sur son territoire la possibilité d’ajouter 50 000 nouveaux logements. Les architectes et urbanistes Anne Lacaton, Jean-Philippe Vassal, Frédéric Druot et Christophe Hutin, associé au paysagiste Cyrille Martin sont l’une des équipe chargée de cette recherche.Leur travail est basé sur la conviction suivante : « Il convient d’arrêter de démolir, il faut transformer ce qui ne fonctionne pas, étudier avec précaution tous les possibles dans les logements existants et ensuite, potentiellement dans certains sites, construire de nouveaux logements. »

Ainsi, un relevé du territoire a été mis à disposition, qui portait sur les aspects suivants : • Nature, nature officielle : les zones non aedificandi

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et les arbres remarquables mais surtout nature réelle comprenant les parcs, jardins, territoires agricoles ainsi que tous les arbres, qu’ils soient publics ou privés, remarquables ou non ;• Réseaux : voiries, trottoirs, égouts, eaux, énergies ;• Habitats : les 240 000 logements collectifs et individuels existants ;

L’équipe a constaté que le territoire était vaste et accueillant, que la nature y était à portée de mains. Elle a relevé que ce territoire était contrasté et divers : touffu ou dégagé, simulé ou dissimulé mais aussi irrigué, drainé, sillonné, traversé, desservi, alimenté, organisé, bref en un mot suffisamment capable de porter 50 000 (voire 100 à 150 000) nouveaux logements, qui pouvaient venir se greffer, sans démolir, sans schéma d’urbanisme impulsif et visionnaire, sur l’intelligence du territoire et de ce qui est déjà-là.

Ainsi, partant des réseaux, des bâtiments et de la nature existants, l’équipe a pu inventorier des centaines de situations qu’elle a baptisées « SUCs » (Situations Urbaines Capables). Ces situations aussi, comme l’existant, sont très diverses par la taille, la typologie, les fonctions, etc. Une fois ces sucs identifiées et cartographiées, la communauté Urbaine de Bordeaux se donne à lire comme un gigantesque chapelet de terrains de 55 188 ha.

Chacune de ces SUCs est étudiée au cas par cas et fait elle-même l’objet d’un inventaire détaillé relevant ce qui doit y être transformé et mettant en valeur ses potentiels. A cette échelle, l’équipe aborde à nouveau les questions de réseaux, d’eaux, d’énergie, de voiries, de trottoirs et d’égouts ainsi que la présence de maillages et de la nature, traduite ici en palette végétale et bien sûr, d’architecture.

La méthodologie proposée par l’équipe est celle des inventaires et le travail qu’elle présente à la CUB ne propose ni plans, ni master-plans. Il propose le résultat des inventaires et une philosophie d’abord pour ces centaines de situations révélées comme capables de

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densification. Ce n’est qu’en fin de parcours que la question de l’architecture est abordée, et celle-ci l’est par le biais du plaisir d’habiter. Ici non plus, l’équipe ne propose pas de plans : elle présente par des montages photographiques, des exemples de ce qu’il est possible de réaliser pour augmenter l’éclairage naturel, la surface et la vue de chaque logement.

Lorsque Frédéric Druot présente le travail de l’équipe, il semble s’étonner lui-même des performances énergétiques et des économies financières permises par leur démarche. En effet, les questions d’énergie, d’économie ou de durabilité ne sont jamais affichées comme objectif de la démarche, elles sont les conséquences du respect inconditionnel de l’existant et du désir d’augmenter le plaisir d’habiter et non l’inverse.

La Communauté Urbaine de Bordeaux a donc lancé un appel à idée sur l’ensemble de son territoire pour trouver des solutions au manque de logement. La méthode que nous livrent ici les architectes Lacaton & Vassal et Frédéric Druot, c’est le « faire avec ». Surtout pas d’outil urbanistique mais un cas par cas, avec attention.

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conclusionsDes pistes concrètesLa présente « Toolbox » ne prétend pas proposer des solutions universelles face à la complexité et la diversité des chapelets de terrains rencontrés sur l’ensemble du territoire de la Région, mais propose des méthodes pour mener à bien la problématique des « chapelets » dans ses différentes variantes possibles. Loin de l’étude urbanistique classique, à la manière d’un cabinet de curiosités, elle définit et met en lumière,

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elle questionne et propose des exemples choisis, elle agite des concepts et des réflexions sur la durabilité de cette typologie. Il s’agit néanmoins de pistes concrètes parmi lesquelles les acteurs en présence dans ce genre de site pourront puiser l’inspiration. Le territoire de la Région, particulièrement en deuxième couronne, regorge de chapelets de terrains : à Neder-Over-Heembeek, le territoire au nord de la rue Bruyn, peut être défini comme un chapelet de terrains : la SDRB, le CPAS et la Ville de Bruxelles sont en train d’y développer plusieurs projets de logement ; à Anderlecht, autour du Square Albert, le tissu est très hétéroclite et comporte un certain nombre de terrains qu’il serait avantageux d’analyser comme un ensemble ; le Contrat de Quartier Durable Canal-Midi reprend cette zone dans son périmètre; il en est de même du territoire compris entre la chaussée de Mons et le boulevard Maurice Carême. Aux confins d’Ixelles, chaussée de Boitsfort, le long de la voie ferrée, un ensemble de terrains forme un intéressant chapelet ; certaines de ces parcelles ont déjà été mises en projet (PPAS Ernotte), d’autres sont en chantier (Ernotte, Plan Logement) ; on rencontre ici également des problématiques de limites administratives, ce qui implique un travail concerté entre communes. A Forest, autour de la rue Maguerite Bervoets, de part et d’autre de la voie ferrée, on remarque également un « archipel » intéressant ; un quartier est aujourd’hui en plein développement sur une de ces parcelles (Bervoets, SDRB).

La prise de conscience de l’existence des chapelets de terrains, leur repérage, leur reconnaissance en tant que potentiel à urbaniser pour « faire quartier » est un premier pas vers la durabilité de ceux-ci. A cet égard la démarche de l’administration communale d’Uccle qui, après avoir demandé sans succès la reconnaissance d’une partie de son territoire comme zone levier, a puisé dans ses compétences internes pour créer un schéma directeur, apparait comme exemplaire. Si l’administration d’Uccle s’est montrée pionnière, ses habitants ne sont pas en reste. En effet, sur certaines parties du schéma directeur Bourdon-Calevoet, ceux-ci se sont montrés particulièrement concernés et dynamiques et ont, de leur côté, entamé

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un travail d’inventaire et de cartographie. Aujourd’hui la création d’un cadre permettant la rencontre entre l’administration et les habitants parait indispensable pour assurer la convergence et la pérennité des deux démarches entreprises au départ sans concertation.

L’exemple d’Uccle et du Moensberg en particulier ne doit pas nous faire oublier la diversité de la typologie des chapelets de terrains. Il s’agit de diversités sociales -habitants et usagers-, de diversités en matière de taille ou de contingences géographiques ou typologiques (exemple Uccle vs Neder), etc. C’est dans les processus de mutation qu’ils connaissent qu’on trouvera ce qui, au contraire, les relie.

Le « déjà-là »Nous avons vu qu’aborder ces territoires demande une attention particulière à ce qui est « déjà là ». Généralement situés en deuxième couronne, leurs réseaux, qu’ils soient physiques (transports, énergies, eaux, communications), économiques (mixité de fonctions et d’activités) ou sociaux (mixité de populations et d’équipements) sont tous fragiles et demandent à être renforcés par le processus de mise en projet.

Le processus de mise en projetLa mise en projet exige donc avant tout une prise en compte des situations et en particulier des acteurs déjà présents sur le site. Qu’ils soient habitants, gestionnaires ou usagers du site, il s’agit de les inviter à participer à l’inventaire dynamique de ce qui, subjectivement et collectivement, « fait quartier » ; de les amener à mettre en lumière ses potentiels d’évolution, puis à se projeter dans une vision du futur de leur quartier.

Cette Toolbox a évoqué plusieurs exemples d’actions qui ont permis à des habitants, pas nécessairement aguerris aux outils urbanistiques, d’entrer en « mode projet ». Cette place réservée aux habitants doit se prolonger durant le chantier et après ; elle doit servir de courroie de transmission entre les habitants et usagers actuels et les habitants et usagers futurs. Selon les cas,

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la gestion d’un certain nombre d’activités peut d’ailleurs leur être déléguée.

Les inventaires Qu’il s’agisse d’énergie ou de gestion des eaux, de partenariats, de coproduction, ou encore de mobilité, l’étude a montré qu’un grand nombre d’inventaires doivent être finement réalisés pour permettre, le plus tôt possible, d’installer des circuits courts et de créer les synergies qui ancreront le processus dans le quartier. Certaines activités liées à ces circuits courts peuvent prendre place dès la mise en projet, perdurer ou muter durant le chantier et se pérenniser par la suite.

La visionLa participation à la définition du quartier, de ses besoins, de ses potentiels, de ses limites, par le biais d’un grand nombre d’inventaires, est indispensable à la construction commune d’une vision pour son avenir. Cette vision proposera éventuellement des objectifs chiffrés et mesurables en termes d’énergie, de gestion des eaux ou de mobilité par exemple. On a pu voir que la participation nécessite souvent d’être cadrée et accompagnée.

La mise en chantierLa dimension même des chapelets implique des chantiers de grande ampleur, nécessitant souvent un phasage. Les chapelets de terrains étant habités, une bonne communication et gestion des chantiers sur le plan des nuisances est de toute première importance pour la qualité de vie des habitants pendant la mutation de leur quartier. La réussite, à terme, de l’intervention dépend partiellement de la manière dont les flux en termes de matériaux et déchets seront maitrisés.

La qualité de vieOutre la qualité de l’architecture et des espaces publics, verts ou non, la qualité de vie proposée dans le quartier durable dépendra de la possibilité offerte aux habitants de s’engager (ou non) dans la vie collective, dans la gestion de certains espaces collectifs ou publics et d’y participer dès la mise en projet du quartier.

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S’intéresser prioritairement aux chapelets de terrains permet d’offrir des logements – la Région est sous haute pression démographique – tout en épargnant les derniers grands terrains vierges qui bordent les frontières régionales. Renforcer ces zones où des habitants sont déjà présents permet d’améliorer leur cadre de vie tout en offrant des logements supplémentaires pour de nouveaux habitants et créer un terreau propice à de futures solidarités. Exploiter les chapelets de terrains justifierait des aménagements d’espaces et d’équipements publics, améliorerait la rentabilité des transports et d’autres services publics. Ces situations sont suffisamment nombreuses sur le territoire régional pour représenter une masse critique tant en termes d’accueil de nouveaux habitants qu’en termes de durabilité pour la Région. Le principal défi consiste aujourd’hui à intégrer les habitants dans le processus dès les prémisses de la mutation pour progresser non seulement avec les communes et la Région, mais aussi avec leurs habitants vers plus de durabilité.

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• Augé Marc, Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, éditions du Seuil, coll. La librairie du XXIème siècle, 1992.• Bailly Jean-Christophe, La ville à l’œuvre, ed. de l’imprimeur, 2001.• Desvigne Michel, Natures intermédiaires. Les paysages de Michel Desvigne. Birkhaüser, 2009• Degraeve Jean-Michel, Habiter en quartier durable, la Maison de l’urbanisme et le Ministère wallon du logement, www.maisondelurbanite.org/quartiers-durables/pdf/habiter-en-quartier-durable.pdf• Lacaton Anne, Vassal Jean-Philippe et Druot Frédéric, Plus. Les grands ensembles de logements, territoires d’exception Editions Gili, octobre 2007.• Magnaghi Alberto, Le projet local, éd. Mardaga, 2003• Magnaghi Alberto, Montespertoli : le mappe di comunità per lo statuto del territorio. ed. Alinea, 2010.• PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture), Entre individuel et collectif, l’habitat intermédiaire, 2010, www.arcad-ca.fr/documents/HabitatInterm%C3%A9diaire_USHetPUCA_201007.pdf • Teller Jacques, et al, Structuration du territoire pour répondre aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, Rapport final, octobre 2011, ULg, LEPUR, CPDT

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BIBLIOGRAPHIEouvrages

périodiques

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brochures

web

novembre 2010, ed. Actes Sud et l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage.• Les cahiers de l’Ecole de Blois n° 4: Autour des friches. janvier 2006, ed. de l’Imprimeur.

• La Nature dans la Ville. Esapces Publics : de l’idée à la mise en oeuvre. Lyon Confluence, édité par Le Grand Lyon.• Investir le quartier Saint-Léonard. Projet Sun

• Sur le quartier des Fonderies à Nantes: http://cnam.typepad.fr/ile_nantes• Sur le travail du Collectif etc: http://www.collectifetc.com/place-au-changement-chantier/• Sur le quartier Saint-Léonard de Liège : http://www.saint-leonard.be/projet-sunhttp://www.sun-euregio.eu/fr/quartiers/liege-st-leonard/newsflash/page/20• Sur le quartier Saint- Antoine de Montreuil : http://www.montreuil.fr/grands-projets/les-hauts-de-montreuil/le-quartier-saint-antoine-map/• Sur le covoiturage dynamique : http://www.innovcity.fr/2011/11/04/covoiturage-dynamique/

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Août 2012

Rédaction et mise en pageURBs: Bernard Deprez, Juliette Duchange, Xavier Guigue, Caroline Newton, Isabelle Prignot. Chercheurs en association momentanée La Cambre - Sint-Lucas.

Editeur responsable Francis Metzgerplage flagey 19, 1050 Bruxelles

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