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54 Lybian Challenge Texte : CV - Photos : CV & Manu Molle

Trail Attitude - Libyan Challenge 2009

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Artículo de la revista Trail Attitude sobre la Libyan Challenge 2009

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Lybian ChallengeTexte : CV - Photos : CV & Manu Molle

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Organisation : lybianchallenge.comDate : 24 au 27 mars 2009

Lieu : Desert d’Akakus (Sud Lybien)Distance : 200 kilomètresDénivelé : 1500 mètres +

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Jamais deux sans trois... pour inscrire ce monument au patrimoine mondial de la course nature. L’envers, une organisation sans faille associée à une convivialité parfaite, comme l’endroit, un tracé sublime, composent ce menu d’anthologie pour amoureux d’aventures pédestres.

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Après moins de 4 heures de transport aérien et 6 heures de bus sur une interminable ligne droite entrecou-pée de quelques postes de contrôle, notre caravane arrive enfin à son port d’attache, un agréable campement situé à la sortie de la ville de Gate. Plantée en plein désert sud Lybien, non loin de la frontière Algérienne, c’est un passage obligé des échanges commerciaux entre Nord et Sud, Est et Ouest africain.Il est 7 heures, il fait déjà nuit et l’eni-vrant parfum du couscous excite nos papilles restées en éveil, comme tout le reste de nos sens d’ailleurs. Notre civilisation, avec tous ses repères, semble décidément bien loin, à des siècles d’ici.Après le mot de bienvenue et l’installation dans nos tentes, nous faisons plus ample connaissance avec l’ensemble des amateurs de sable et de kilomètres.Un important contingent de coureurs étrangers a fait le déplace-

ment. Parmi les Italiens, Allemands, Espagnols, Anglais, Australiens, Lybiens... une troupe d’Américains pacifistes a également fait le déplace-ment, pour la première fois depuis plus de 20 ans. Armés de leurs caméras et appareils photo, ils comptent, comme la plupart, immortaliser cette aventure hors normes, de 200 kilomètres, non stop, en plein coeur du parc national d’Akakus, site somptueux riche en gravures rupestres et architectures naturelles de toute beauté, inscrit au patrimoine mondial par l’UNESCO.

La journée du lundi est consacrée à la vérification des sacs et la rentrée des points GPS sur nos montres. Au réveil, nous cédons à l’appel du désert qui commence aux portes du campement et naviguons au milieu de ces dunes aux courbes délicieuses.Le briefing précède le dernier véritable dîner qui laissera ensuite place, durant les 2 ou 4 prochains jours, aux incontournables sachets lyophilisés.

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Mardi matin, 5 heures.Après une nuit plutôt fraîche, nous déjeunons, tant bien que mal, rem-plissons nos sacs d’eau plus ou moins mélangée, en fonction de nos habitu-des hydriques, et grimpons dans les bus pour rejoindre la ligne de départ, au pied du col d’Awis. L’ambiance est détendue, limite club de vacances. Le peloton est très hété-roclite et les lybiens, vêtus de Djellaba et de chaussures plates se fondent harmonieusement et joyeusement entre les coureurs équipés jusqu’aux dents et les marcheurs chargés à bloc, de la première à la dernière vertèbre. Le volume des sacs présagent, à quelques heures près, du temps escompté...Sébastien Chaigneau et Guillaume le Normand, comme Alexandra Rousset chez les femmes, ont prévu le minimum, espérant s’appro-cher des 30 heures de course, sans pour autant s’emballer : «si tu pars d’entrée pour gagner, sur ce genre de course, cela peut être très

dangereux», nous confie Sébastien, 2 fois vainqueur du Lybian.Appareil au poing, je me joins à ce peuple migrateur à la conquête d’un même rêve, rejoindre Gate, des sou-venirs plein la tête.Après 15 kilomètres, nous sommes à plus de 1000 mètres, en haut du col d’Awis, et basculons vers les premiè-res langues de sable qui semblent dégouliner des immenses falaises de grès rose de l’ère primaire. Les décors sont somptueux, nous longeons les falaises et suivons tantôt les pas de

S. Chaigneau et G. Le Normand, qui ouvrent la caravane, tantôt la flèche de notre GPS qui ne s’écarte jamais de la bonne trajectoire. Au fil de mes clichés, j’échange quelques mots avec mes modèles nomades. C. Illiou, architecte amateur de ce genre de challenge, gère ce début de course, comme l’espagnol Jaume Tolosa et le jeune Nigerien Y. Omarou, qui s’est entraîné dur, ingurgitant des semaines à plus de 200 kilomètres malgré son short de basket et

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ses chaussures de contre-bande... Après 27 kilomètres, le premier PC réconforte, ré-hydrate et soigne les premiers maux, souvent de pieds, des heureux pénitents.Il est près de midi, le soleil, au plus haut, ne nous épargne guère. Mais l’air est sec, il fait bon courir. Après les premières gravures rupestres, immortalisées par 50% du peloton, 20 kilomètres de sable nous séparent du prochain PC. Les formes des blocs de grès, aussi variées qu’étonnantes occupent nos yeux et notre esprit. Quelques groupes se forment, se promettant d’en terminer ensemble, comme Eric Blanchard et Pierre-Louis Besson, qui n’hésite pas à se lester de souvenirs minéraux... «au marathon des sables, j’en ai ramassé près de 3kg. Dans mes boîtes de pellicules, je prends également un peu de sable, de différentes couleurs, et bien entendu quelques clichés», ou Pascale Molla, qui fait route avec 2 compères, L. Blackaert & G. Madhar , l’un normand, l’autre Lybien : «nous avançons bien, au même rythme, et nous soutenons dans les moments difficiles...», profitant ensemble de ces merveilles.

Au kilomètre 47, le deuxième PC sent bon le sable chaud, bien entendu, mais aussi les odeurs des repas que chacun prépare dans son coin. Antony, podologue, vient à ma rencontre et partage quelques foulées jusqu’à la tente avant de prendre soin de tous ces braves qui arriveront ensuite, en plus ou moins bon état. JP Poidevin, fort de son dixième désert, est contraint à l’abandon, malgré de longues négociations, pour cause de surchauffe car-diaque... Il sera le premier d’une vingtaine de concurrents à ne pas rejoindre la ligne d’arrivée. Comme prévu, je rejoins le PC3, au kilomètre 72, avant la tombée de la nuit, pour n’en repartir qu’au lendemain matin, me nourrissant de quelques sachets et de belles anecdotes. Malgré les adorables attentions écrites avec amour par sa femme sur chacune de ses enveloppes nutritionnelles, G. Sperduto a du mal à en savourer le contenu, comme Mick Ramayet, ancien propriétaire d’une très belle table parisienne qui prend cela, comme tout le reste, avec un large sourire. La femme de Cyprus Parvine lui a écrit quelques mots d’amour sur son sac...

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Au fil de la nuit, la tente déborde d’âmes en peine cherchant som-meil et chaleur humaine. Gaël et Grégoire ont choisi de camper, plus loin, pour mieux profiter du désert. Au levé du jour, je repars, destination le PC7, planté en bas d’une falaise, au kilomètre 147. Entre ces deux ports d’attache éphémères, les paysages sont grandioses, le moral des troupes exemplaires et la bonne humeur, malgré quelques douleurs, omniprésente. Katel Korne a abandonné son bridge au PC4 et partage sa route avec Fred Charles, un habi-tué de ces paris un peu fous. L’interminable ligne droite qui mène au PC5 semble durée une vie. Je m’amuse à suivre les traces des dromadaires qui ont tassé un peu le sol. Au loin, un immense plat à Tajine en grès, d’une cinquantaine de mètres de haut, marque enfin le PC tant attendu. Isabelle «i love Gre» (qui milite pour les JO) nous y accueille en dansant sous un soleil brûlant.Après ce délicieux oasis et des kilomètres de sable dans une vallée surchauffée, au beau milieu d’un champs de pierre volcanique, nous traversons une forêt d’arbres pétrifiés, à plus de 1000 degrés,

enveloppés par la lave qui les a figé là pour quelques milliers d’années. Nous ne faisons que passer...Le paysage est dramatiquement sublime. Au PC6 (kilomètre 130), Xavier Chau s’en est allé, encouragé par son ami Jacques (la belle grimace de la page suivante), dont les ampoules éclaireront, à n’en pas douter, la nuit prochaine. Après avoir escaladé une savoureuse langue de sable, nous galopons sur un immense plateau tabulaire, suivant le chemin de pierres tassées au milieu d’autres pierres. Ici, le décors est lunaire et les étoiles commencent à envahir le ciel qui nous plonge peu à peu dans la pénombre. J’arrive juste à temps, pour le dîner, au PC7. Hors concours, car sans dossard, je partage avec François, podologue émérite et attentif, la galette de légumes cuisinée par les touaregs qui assurent le rapatriement des blessés éventuel, tandis que Nadia Dadoun repart, toujours aussi pétillante, à la conquête de ce Lybian : «j’aime ces expériences, ces aventures de longue haleine et l’ambiance solidaire qui y règne. A Paris, je m’entraîne au jardin du Luxembourg. Il m’arrive d’en faire

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15 fois le tour (ndlr : de 3 km), pour préparer mes ultra...» Je profite ensuite de cette magnifique nuit étoilée, à l’écart de la tente, non loin du feu et de la tranquillité des Touaregs qui se tournent une dernière fois vers la Mecque avant de s’endormir. Au petit matin, je cède ma place à Joël Bassan, un aquitain amoureux du sable et de la mer qui ne se sépare jamais d’un morceau du Monde, comme il dit : «j’en lis quelques lignes avant de me coucher dessus. C’est un très bon isolant qui fait également du bien à la tête». Je file ensuite, profitant de la fraîcheur du matin et de l’ombre de l’im-mense plateau qui surplombe l’oued, vers la dernière ligne droite. Plus loin, je recroise Pierre-Louis et Eric qui accompagnent Cathy

Dubois (Kilou), pliée en deux à cause d’une vertèbre déplacée : «Ce n’est pas grave, il ne reste que 27km, j’irai au bout, je ne peux m’arrêter là...». Une belle leçon de courage.Après moins de 30 heures de course et le même nombre de litres d’eau avalés, Sébastien Chaigneau et Guillaume Le Normand rejoi-gnent ensemble le campement. Ils rayonnent d’un bonheur qu’ils feront partager, accueillant chaque arrivant jusqu’au dernier, M. Albakaalfacy, 2 jours plus tard. Une belle preuve de respect. Moins de 2 heures après, Alexandra Rousset rentre au bercail, réalisant ainsi un beau sans faute. Les arrivées, toutes aussi émouvantes, se terminent dans les bras de Jean-Marc, organisateur comblé,

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1/ S. Chaigneau : 29h54 - G. Le Normand 29h54 - 3/ A. Rousset : 31h21 - 4/ C. Illiou : 34h01 - Y. Omarou : 34h01 - 6/ J. Tolosa Anglada : 34h51 - 7/ H. Demirdjian : 35h11 - 8/ J. Kelly : 35h42 - 9/ M. Luciani : 35h43 - 10/ J. Souque Rousset : 37h07 - J. Aguenin : 37h07 - 12/ S. Fernandez : 38h55 - 13/ G. Sperduto : 40h28 - 14/ M. Soulier : 41h09 - P. Coste : 41h09 - 16/ S. Innaccone : 41h53 - 17/ O. Cauchois : 42h00 - F. Charles : 42h00 / C. Korne : 42h00 20/ C. Parvine : 43h39 - 21/ P. Ostrowski : 43h55 / 22/ X. Chau : 44h34 - 23/ J. Chazelas : 45h06 - 24/ R. Tarhouni : 46h59 - 25/ A. Mohamed Mustafa : 47h17 - 26/ J. Bergmann : 47h31 - C. Scheuerer : 47h31 - 28/ C. Coffin : 49h38 - B. Delarue : 49h38 - C. Dadoun : 49h38 - 31/ P. Duret : 49h45 - 32/ J. Buchot : 49h51 - 33/ G. Clain : 50h21 - 34/ S. Ismahel Albak : 51:23 - 35/ L. Launoy : 51h37 - J. Painigra : 51h37 / 37 : A. Raigner : 51h37 - H. Cohen : 51h37 - 39/ H. Herrmann : 53h13 - 40/ S. Garlick : 53h47 - 41/ F. Baravalle : 53h57 - A. Arro : 53h57 - 43/ L. Blanckaert : 54h06 - P. Molla : 54h06 - M. Glya : 54h06 - 46/ Y. Zufferli : 55h37 - 47/ E. Blanchard : 55h43 - PL Besson : 55h43 - 49/ C. Dubois : 56h20 - 50/ A. Bleuzen : 56h20 - 51/ R. St Clair : 56h54 - 52/ E. Mordret : 57h16 - 53/ W. Olbrisch : 57h17 - 54/ T. Mellet : 57h51 - 55/ JC Calvo : 57h53 - 56/ R. Byerly : 58h32 - I. De la Houssaye : 58h32 - R. Lashua : 58h32 - 59/ JP Tillard : 58h34 - JC Caqueret : 58h34 - 61/ H. Foucaud : 60h10 - R. Dhal : 60h10 - K. Vandenabeele : 60h10 - 64/ Y. Dahman Kheralla : 60h41 - 65/ P. Casini : 60h44 - 66/ M. Casals : 61h45 - 67/ S. Sphabmixay : 61h48 - L. Locke : 61h48 - 69/ P. Allain : 61h59 - 70/ C. Evenard : 62h01 - 71/ JP Schilling : 63h01 - JN Schilling : 63:01 - 73/ G. Marcel Venault : 63h03 - 74/ R. Doedens : 63h14 - C. Mcgee : 63h14 - 76/ J. Rajchl : 63h21 - 77/ M. Ramayet : 63h25 - 78/ H. Arbeshuber : 64h23 - 79/ JM Bidaux : 64h40 - 80/ J. fritzsch : 64h54 - 81/ G. Couturier : 65h35 - G. Neimari : 65h35 - 83/ J. Bassan : 66h09 - 84/ A. El Badri : 66h35 - SO El Kardassi : 66h35 - A. Basset Salem : 66h35 - 87/ E. Anta : 69h37 - L. defossez - 69h37 - N. Delaet :69h37 - 90/ M. Laporte : 72h02 - J. Hartwel : 72:02 - 92/ N. Boursin : 72h46 - 93/ M. Albakaalfacy : 75h32

LAURIERS : 200 kilomètres

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tout aussi éprouvé par cette lourde tâche qu’il partagera avec son équipe largement acclamée par l’ensemble des coureurs au moment de la remise des prix. Le film et les images de la course, dont on ne se lasse pas, précéderont, au rythme des cordes de la guitare sèche de Moktar, le repas de clôture de cette aventure hors du commun, de celles qui resteront à jamais gravées au plus profond de nos êtres. Jean-Marc, Gérard et Michel, les trois piliers de cette épopée, refer-ment symboliquement les portes de ce désert qui nous manque déjà, soulagés que tous leurs convives soient rentrés, un par un, sains et sauf et la tête pleine d’histoires à raconter lors de notre retour sur une autre terre, dans une autre époque.