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Houssein GUIMBARD (CEPII)
Amiens – 31 janvier 2019
Transition Nutritionnelle
et Demande Mondiale de Calories
LE CEPII
• Centre d’Études et d’Informations Internationales
– Centre de recherche français en économie internationale (1978).
– Service du Premier ministre.
– Études, recherche académique, bases de données, fiches pays
interactives, conférences et analyses sur les grands enjeux de l’économie
mondiale.
• S’adresse
Aux décideurs publics et privés, aux institutions internationales, aux économistes,
à la société civile, à la presse.
• Domaines d’expertise
Commerce & Mondialisation, Compétitivité & Croissance, Economies émergentes
Environnement & Ressources Naturelles, Europe, Migrations, Monnaie &
Finance, Politique économique.2
Documentation
• Nutrition Transition and the Structure of Global Food Demand
– Auteurs: Christophe Gouel (INRA & École Polytechnique) et Houssein
Guimbard (CEPII).
– Article publié dans la revue “American Journal of Agricultural Economics”, juin
2018 (version Document de Travail disponible sur le site du CEPII et de
l’IFPRI).
– La demande alimentaire mondiale en 2050, La Lettre du CEPII, N°377, mai
2017 (Version “grand public” en français, 4 pages).
3
Introduction I
• L’accroissement de la population mondiale (> 9 milliards en
2050) et l’augmentation des niveaux de vie constituent des
défis pour l’agriculture de demain.
– Comment produire plus en limitant les externalités négatives (par
exemple, environnementales….) ?
– Quid des impacts sur la santé humaine ?
• Anticiper aujourd’hui les modifications des habitudes
alimentaires permet de mieux assurer la sécurité
alimentaire de demain.
• Notre problématique est donc la suivante : Comment peut
évoluer la demande mondiale de calories d’ici à 2050 ? 4
Introduction II
• Nous abordons cette question sous l’angle de la
science économique et adoptons donc les outils de
la microéconomie pour y répondre quantitativement.
• Plan de la présentation
– Situation et concept de la Transition Nutritionnelle.
– Quelques éléments de méthodologie.
– Enseignements du modèle et Projections.
– Pistes de réflexion et d’amélioration.
5
6
Japon, 240 USA, 260
Mexique, 143 Tchad, 0,90
Hungry Planet: What the World Eats (Menzel et D’Aluisio, 2007)
Statistiques Descriptives
Groupe de produitsQuantité (Kcal capita-1 day-1) Prix ($ (2 000 Kcal)-1 année-1)
Moyenne Ecart-Type Moyenne Ecart-Type Prix Mondial
Féculents 1 299 310 142 68160
Produits sucrants 310 131 170 80168
Autres aliments 113 70 495 342337
Fruits et Légumes 176 78 2 706 1 2043 381
Graisses 406 201 147 46154
Viande et Poisson 290 157 2 038 8752 596
OEufs et Produits laitiers 225 137 785 450809
TOTAL 2 986 487
Quantité Prix
Bien Composite (non-alimentaire) 163 136 65 30
PIB par habitant ($) 15 173 17 998
7Source : Gouel C. et Guimbard H. (2018)
La Transition Nutritionnelle
• La transition nutritionnelle est un processus expliquant les
changements de régimes alimentaires associés au développement et
à la croissance des revenus,
– Elle présente des caractéristiques bien identifiées aidant à prédire les
modifications de consommation dans les pays pauvres et émergents. Ainsi,
avec la croissance du revenu par tête, on observe :
• Une augmentation de la demande de calories.
• Une diminution de la demande de féculents.
• Une diversification de l’alimentation.
• Littérature principalement issue des sciences de la vie.
• Dans ce travail, l’idée sous-jacente est de s’appuyer sur le
comportement des consommateurs dans les pays développés pour
prévoir la trajectoire de consommation des pays en développement.
8
Notre approche
• Développer une méthode transparente (i.e. documentée) et réplicable
(i.e. données et programmes commentés mis à disposition), apte à
représenter correctement la demande alimentaire mondiale et ses
déterminants les plus importants.
• Plusieurs étapes :– Choix d’un modèle approprié et collecte/traitement des données utiles.
– Travail au niveau des produits primaires (i.e. les calories consommées sont ainsi
comparables entre pays).
– Estimation d’un modèle de demande mondiale (MAIDADS).
– Ce modèle contient donc une demande de calories par type de produit, auquel s’ajoute
un bien composite non-alimentaire. Son intégration est nécessaire pour considérer un
système complet de demande.
– Le modèle estimé est ensuite utilisé pour construire des projections en 2050, avec une
hypothèse de prix constants.9
Le modèle I
• La microéconomie analyse le comportement du consommateur (i.e. les échanges
qu’il va désirer réaliser, tels que les achats de biens et de services), étant données
ses préférences, ses capacités budgétaires ou encore d’autres contraintes (par
exemple, le consommateur ne peut échanger un bien qu’il ne possède pas).
• Le consommateur est donc modélisé comme un agent optimisateur dont le
problème consiste à maximiser son utilité (i.e. sa satisfaction, notamment en termes
de consommation) sous diverses contraintes (par exemple, son revenu, aussi
appelé contrainte budgétaire).
• La résolution mathématique de ce programme d’optimisation permet, entre autres,
de préciser l’impact d’une modification du prix d’un bien sur la demande du
consommateur pour chaque bien suivant ses préférences (i.e. la fonction de
demande).
10
Le modèle II
• En résumé, la fonction de demande pour un
bien/service exprime la quantité demandée par un
agent économique (demande individuelle) ou un
groupe d’agents économiques (demande de
marché) en fonction :
– Du prix du bien/service
– Du prix des autres biens
– Du revenu
– D’autres paramètres (goûts, préférences…)
11
Le modèle III
• Ainsi, pour représenter la relation entre le revenu par tête et les
consommations alimentaires, nous utilisons un système de demande,
non-linéaire, intégrant des consommations minimales de subsistance
et présentant des caractéristiques mathématiques intéressantes,
notamment une grande flexibilité par rapport au revenu (documenté
dans le document de travail et dans l’article). Cela nous permet de
prendre en compte :
– la relation non-linéaire entre la demande et le revenu : certains produits sont
en effet plus consommés à mesure que le revenu augmente alors que d’autres
le sont moins ;
– la réallocation de la demande entre les catégories de produits ;
– la saturation de la demande de calories, celle-ci évoluant peu au-delà d’un
certain niveau de revenu.
12
Le modèle IV
• Notre demande mondiale de calories comprend sept catégories de
produits alimentaires et un bien composite non-alimentaire (produits
manufacturés et services).
• Liste des groupes alimentaires : Féculents ; Produits sucrants ; Autres
aliments ; Fruits et Légumes ; Graisses ; Viande et Poisson ; Œufs et
Produits laitiers.
• Logique de regroupement
– Comportements communs entre les pays.
– Agréger ensemble les produits alimentaires ayant un rôle nutritionnel similaire.
13
Les données I
14
• Consommation alimentaire (quantités en tonne et Kcal)
– Source : FAOSTAT Food Balance Sheet
– Sont exclus : les stimulants, les épices et l’alcool (moins de 100 kcal par jour
et par tête au niveau mondial).
– Les données source contiennent la demande alimentaire totale, ce qui inclut
l’apport réel et les déchets (ou pertes, gaspillage). Il n’existe pas de données
officielles quant à ces calories perdues, les mesurer étant très difficile.
• Prix (en dollars américain par tonne)
– Utilisation des valeurs unitaires de commerce (base TUV, CEPII).
– Utilisation des prix producteurs quand les valeurs unitaires sont manquantes
(base FAOSTAT).
– Le prix du bien composite provient du Price Level Index (source : ICP 2011),
qui indique les niveaux de prix de différents pays par rapport à un pays de
référence (ici, les USA).
Les données II
15
• Estimation en coupe instantanée pour l’année 2010.
• Pays (115) avec une population supérieure à 1 million
d’habitants, dont l’alimentation ne relève pas d’aide
alimentaire extérieure. Cet échantillon représente 87% de la
population mondiale.
• Les PIB proviennent de WDI (Banque Mondiale). Ils sont
exprimés en dollars américains courants.
• Nous calculons ensuite les PIB/tête en utilisant les
populations disponibles dans FAOSTAT.
Résultats du modèle :
Estimation
16
Résultats I
17Source : Gouel C. et Guimbard H. (2018)
Résultats II
18Source : Gouel C. et Guimbard H. (2018)
Résultats III
19
• Ce modèle capture ainsi les principales caractéristiques de la
transition nutritionnelle conformes à celles des études antérieures
(Drewnowski et Popkin, 1997 ; Popkin, Adair et Ng, 2012) :
– Une augmentation de la demande de calories associée à
l’élévation du revenu des consommateurs ;
– une baisse relative et absolue de la consommation des féculents
de base dans la composition des régimes alimentaires ;
– et une forte augmentation de la demande de calories provenant
des produits d’origine animale, des graisses et des aliments
sucrés.
Projections I
• Projections de la demande de calories (2050, ou 2100…). Elles sont
réalisées à prix mondiaux constants (hypothèse de travail, facilement
modifiable si information sur les prix futurs disponibles…)
• Nous considérons tous les pays pour lesquels les données de PIB et
de population sont disponibles (153 pays).
– Les données de Population proviennent de FAOSTAT (World Population
Prospects: The 2014 Revision from the UN Population Division – Medium variant).
– Les PIB par tête proviennent de la base EconMap (projections de long terme du
CEPII) : taux de croissance du PIB par tête en dollars américains constants.
20
Projections II
• Nous présentons ici les résultats d’un scénario « moyen », qui
envisage une croissance annuelle mondiale du PIB/hab de 2,33 %,
entre 2010 et 2050, et une croissance démographique de 1,74 % par an
sur cette même période.
• Dans l’article, nous proposons des analyses de sensibilité avec
d’autres scenarios (quantification de l’incertitude liée aux hypothèses
faites dans les modèles de croissance).
21
Résultats du modèle :
Projections
22
Résultats I
23
Groupe Total Effet Revenu Effet Population
Féculents 18.5 -16.1 37.2
Produits sucrants 62.3 23.8 29.2
Autres aliments 18.4 -16.1 38.4
Fruits et Légumes 54.2 16.3 29.5
Graisses 91.9 51.0 27.5
Viande et Poisson 111.0 68.3 23.4
OEufs et Produits laitiers 89.8 48.8 23.8
Produits d'origine végétale 36.2 -0.1 34.6
Produits d'origine animale 99.0 52.2 23.4
Total 47.1 10.0 32.7Note: Le modèle de demande utilisé étant non-linéaire, la variation totale diffère de la somme des effets liés aux revenus et à la population.
Evolution de la demande alimentaire mondiale entre 2010 et 2050 (en %),
Impact de la population et de la richesse (PIB par tête).
Source : Gouel C. et Guimbard H. (2018)
Résultats II
24Source : Gouel C. et Guimbard H. (2018)
Conclusion,
Limites et Améliorations
25
Conclusion I
• Le modèle reproduit bien les faits stylizés de la littérature
sur la transition nutritionnelle. Notre quantitication principale
aboutit à :
– Augmentation de la demande mondiale de calories (+47 %).
– Celle-ci est principalement due aux pays en développement.
– La demande de féculents devrait augmenter faiblement, et sera
liée à l’accroissement de la population.
– La demande de calories d’origine animale (réallocation entre les
types d’aliments) pourrait doubler d’ici 2050.
• Notons cependant quelques pistes d’amelioration.
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Conclusion II
• Il existe des differences significatives de régimes alimentaires même
entre pays développés, tant au niveau de leurs compositions que de
la quantité de de calories consommées.• Par exemple, la France et les États-Unis consomment 3 349 et 3 374 kcal/jour et par
tête, tandis que le Japon et l’Espagne en consomment 2 535 et 2 996.
• Il existe des differences comparables entre les pays en développement et entre les pays
pauvres.
• La Transition Nutritionnelle n’est pas le seul déterminant des
changements de régimes alimentaires:– Il s’agit d’un concept dynamique. Nous pouvons donc supposer que l’objectif n’est pas
stable (changements des habitudes alimentaires dans les pays développés) ?
– Impact du commerce international.
– Urbanisation.
– Religions, préférences collectives au niveau des pays (Inde…).
– …
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Conclusion III
• Enfin, nos projections ne concernent que la demande pour
l’alimentation humaine (abstraction de celle induite par
l’augmentation de la consommation de produits d’origine
animale).
• Étant donné que plusieurs calories végétales sont
nécessaires pour produire une calorie animale, la transition
nutritionnelle constitue un « formidable » effet levier sur
l’augmentation de la demande totale de produits agricoles.
– Lien avec un modèle d’offre.
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