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Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Troisième Rencontre de l’Association des Ombudsmans
de la Méditerranée
14-15 Décembre 2009 Athènes, Grèce
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Sommaire
I. Rapport de la 3e rencontre de l’Association des Ombudsmans Méditerranéens........4
II. Résumé des travaux de la troisième rencontre de l’AOM (Transcription)……….….5
A. Cérémonie d’ouverture
Allocutions de bienvenue :
Monsieur Yorgos KAMINIS : Ombudsman de Grèce…………………………....12
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG: Défenseur du Peuple espagnol……….12
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE: Médiateur de la République française……14
Madame Afarin SHAHIDZADEH : Chef adjoint, Section des institutions
nationales et des mécanismes régionaux, Haut-commissariat aux Droits de
l'Homme des Nations Unies………...............................................………………...21
Monsieur Mahmoud GHALEB : Directeur des sociétés civiles et des unions
professionnelles……………………………………………………….……....…..….24
B. Interventions
LA CRISE DES VALEURS……………………………….………...…….………………..26
Monsieur Álvaro GIL-ROBLES, ancien Commissaire aux droits de l'Homme du
Conseil de l'Europe, ancien Défenseur du Peuple de l’Espagne……….…..…....26
Discussion………………………..……………………..………………..…….31
LES INSTITUTIONS DE MEDIATION EN EUROPE- QUELS SONT LES
POUVOIRS D’ENQUETES FONDAMENTAUX ?.....................................................34
Dr. Gabriele KUCSKO-STADLMAYER, Département de droit constitutionnel et
administratif, Université de Vienne, Autriche………………………..…….……...34
Discussion………………..……………………………..………………..…….40
PREMIERE TABLE RONDE : ACCES AUX DOCUMENTS ADMINISTRATIFS
Président : Prof. Yorgos KAMINIS, Ombudsman de Grèce………………......…45
Intervenants :
Monsieur Ian HARDEN : Secrétaire Général, Médiateur Européen………...…46
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Madame Calliope SPANOU : Médiateur adjoint, Ombudsman de Grèce……..52
Discussion……………………..…………………………..………………..…57
DEUXIEME TABLE RONDE : ACCES AUX LIEUX DE PRIVATION DE
LIBERTE……….…………………………………………………………………………....72
Président: Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, Médiateur de la République
française……..…………………………………………………………………...…..72
Intervenants :
Monsieur Alfredo José de SOUSA, Ombudsman du Portugal………………..…74
Monsieur Ermir DOBJANI, Ombudsman d’Albanie………………………….…79
Discussion………………………..…………………………………………….85
TROISIÈME TABLE RONDE: TRANSPARENCE ET LUTTE CONTRE LA
CORRUPTION……………………………………………………………………..……...106
Président: Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG, (Défenseur du Peuple de
l’Espagne)……….……..………………………………………………………..…. 106
Intervenants :
Monsieur Moulay Mhamed IRAKI, Wali Al Madhalim du Royaume du
Maroc……………………………………………………………………….............109
Monsieur Rafael RIBO, Membre de la délégation espagnole, Défenseur du Peuple
de Catalogne…………………………..…………………………………………….112
Discussion………………………………………………………………...…116
III. Assemblée Générale….…………………………………………….…………....….…127
IV. Etude de Gérard Fellous sur les conditions d’adhésion de l’association…..….…..144
V. Annexes………………………………………….……………………………….….…161
Programme………………………………………………………………….….…….......161
Liste des participants……………………………………………….……….…..............165
Résolution………………………………………………………………………..………..171
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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I. Rapport de la 3e rencontre de l’Association des Ombudsmans Méditerranéens
Sous l’égide de la transparence dans le secteur public « Quel rôle pour l’Ombudsman ? »
l’AOM a organisé sa troisième rencontre à Athènes durant les 14 et 15 décembre 2009, en
présence des membres de l’association.
Des représentants de la ligue des états arabes, le Médiateur européen, le Haut
Commissaire des droits de l’Homme en Autriche, et en qualité d’observateur : Diwan Al
Madhalim de Jordanie.
La particularité de cette rencontre a été la participation du président de l’association :
Wali Al Madhalim, Moulay M’Hamed Iraki, qui a évoqué lors de son allocution la
déclaration de Rabat, fondement de base de la création de l’association et jalon de la première
rencontre des institutions des ombudsmans et médiateurs méditerranéens.
Moulay M’Hamed Iraki a donc participé de façon singulière à chacune des trois tables
rondes : « accès aux documents administratifs » « l’accès aux lieux de privation de liberté »
et la « transparence et la lutte contre la corruption ».
Les participants ont ainsi abordés la transparence tel un outil de moralisation du secteur
public et l’ont considéré comme un moyen de lutte contre tout genre de corruption et un
garant des droits de l’Homme. Les participants ont aussi soulevés divers aspects tel que le
droit à l’information et à la documentation, de même qu’ils ont soulevé le droit à la dignité
dans les espaces privés de liberté.
Dans ce sens, Wali Al Madhalim, qui n’est autre que le président de l’association a
insisté que dans tout système démocratique, où règne la transparence, le dialogue ainsi que la
communication, se doit de limiter le pouvoir d’appréciation de l’administration. En effet,
toute société équilibrée et solidaire aspire à la Justice, l’Equité et la primauté du droit.
En parallèle à cette rencontre, l’association a tenue son assemblée générale qui a été
présidé par M. Moualy M’Hamed Iraki, wali Al Madhalim, à laquelle réunion ont été abordés
les points suivants :
- Bilan des activités de l’association depuis sa création
- Bilan financier : ressources (frais de participation) et dépenses
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-Présentation des résultats de l’étude portant sur les membres et adhérents à
l’association. Il a ainsi été décidé d’octroyer une voix délibérative à l’ensemble des
institutions ayant pris part à la création de l’institution
- L’Agenda : a été décidé ce qui suit :
* Organiser une session de formation auprès des collaborateurs des médiateurs durant le
mois de mars
* Organiser la 4e rencontre en espagne durant le mois de juin 2010
* Elaborer une étude sur la médiation dans les pays du sud
Pour ce faire, le résumé des travaux de la rencontre est comme suit :
II. II. Résumé des Travaux de la troisième rencontre de l’AOM
A. Cérémonie d’ouverture
AALLLLOOCCUUTTIIOONNSS DDEE BBIIEENNVVEENNUUEE
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Bonjour. Je vous souhaite la bienvenue en Grèce.
Nous allons passer ces deux journées ensemble. Je donne tout de suite la parole au
représentant du ministère de l'Intérieur, monsieur Andréas Takis, Secrétaire Général du
ministère, responsable des questions d'immigration qui nous parlera au nom du Ministre.
Monsieur Andreas TAKIS
Secrétaire Général du ministère de l’Intérieur
Mesdames et Messieurs,
Chers Médiateurs,
Chers Défenseurs,
Chers Ombudsmans de la Méditerranée,
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Je vous souhaite la bienvenue dans notre pays, de la part du Ministre grec de l'Intérieur,
de la Décentralisation et de la Gouvernance électronique. Malheureusement, monsieur le
Ministre, en raison d'obligations très pressantes au Conseil des Ministres, ne pourra pas être
présent pour la réunion de ce matin. Pour cette raison il m'a fait l'honneur de me demander de
bien vouloir vous transmettre ses salutations ; un honneur je pense associé au fait que ma
précédente fonction était celle de Médiateur adjoint chargé des droits de l’Homme, avec bien
sûr l'aide de l'Ombudsman grec, M. Kaminis.
Certains comparent nos démocraties modernes à celles de l'antiquité et déplorent la vertu
politique perdue des citoyens. C'est-à-dire que, contrairement à nos ancêtres, les citoyens
actuels ne sont pas tellement dévoués à leurs institutions politiques, mais sont plutôt orientés
vers la quête de la prospérité personnelle. Le dévouement aux institutions publiques est la
pierre angulaire qui assure le bon fonctionnement de la démocratie. Faute de cela, nous
voyons des manifestations de corruption intérieure et internationale.
Cependant, cela n'est pas uniquement une conception pessimiste, mais une conception
très conservatrice. Cela va de pair avec un pessimisme associé au fait que la corruption du
secteur public concerne le manque d'éthique et le droit pénal qui entraîne des problèmes au
niveau d'une société. Evidemment, nous ne voulons pas effrayer la population en lui parlant
de sanctions qui seront imposées à ceux qui sont coupables de corruption ou d'évasion fiscale.
Ce qu'il faut faire c'est secouer la conscience de nos citoyens et cela peut être fait à travers nos
institutions politiques.
Le gouvernement actuel du pays ne voudrait pas tout simplement apporter son aide à
cette situation pour combattre le clientélisme. Nous pensons que le comportement des
citoyens est conditionné par les institutions publiques. Or, pour le bon fonctionnement de la
démocratie, les institutions publiques ne doivent pas uniquement se fonder sur la moralité
mais également sur des mécanismes susceptibles d'affronter les problèmes de corruption. Dès
lors, il faut trouver des contrepoids, des mécanismes qui contribuent à la promotion de la
démocratie en préservant les principes de la transparence. C'est pour cette raison que le
ministère de l'Intérieur auquel j'appartiens a proposé un nouveau système électoral
représentatif qui devrait faire retrouver l'équilibre et qui devrait mobiliser les citoyens à une
plus grande participation. Il faudrait essayer d'embaucher des personnes en fonction de leurs
vertus et de leurs qualifications. Il faudrait essayer de bénéficier au maximum de la société de
l'information, pour permettre aux citoyens de participer et d'être informés sur tout ce qui les
concerne. Les citoyens devraient être acteurs de ces processus. Ils doivent avoir accès direct à
tous les actes publics qui les concernent. Ces mécanismes contribuent à l'élimination de la
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corruption et renforcent la justice. Ainsi, les citoyens peuvent utiliser ce système qui devient
plus légitime aux yeux des citoyens. Cela signifie que la vertu politique perdue sera retrouvée.
Dès lors, il faut soutenir ces institutions.
Il faut avoir des institutions qui permettent à l'Etat de bénéficier de ses propres citoyens.
Pour avoir une bonne gouvernance, il faut avoir des citoyens qui connaissent leur rôle, des
instances de contrôle indépendantes, des autorités judiciaires indépendantes. La Grèce en
dispose déjà certaines et le gouvernement a l'intention de les renforcer. Par ailleurs, nous
essayons d'introduire de nouvelles procédures surtout pour le contrôle de l'argent public, pour
le recrutement d'agents publics, pour les marchés publics etc. Ces initiatives viennent s'ajouter
au rôle de l'autorité indépendante de l'Ombudsman. Cette institution a été créée en Grèce par
notre parti, lorsqu'il était au pouvoir, il y a quelques années. Aujourd'hui, l'institution de
l'Ombudsman est un outil très utile pour le citoyen, d'autres autorités connexes n'ayant pas
réussi à satisfaire les attentes du public. Le rôle de l'Ombudsman est reconnu par les citoyens.
Plus de 12.000 citoyens s'adressent chaque année au Médiateur pour la solution
extrajudiciaire de problèmes auxquels ils sont confrontés. Les rapports annuels et spéciaux
élaborés par l'Ombudsman présentent les problèmes délicats des citoyens et des relations entre
citoyens et Etat. Les propositions qui sont faites constituent des lignes directrices fiables pour
les citoyens et c'est précisément pour cela que le Premier ministre, reconnaissant le rôle
essentiel de cette autorité, a invité l'Ombudsman, à la première réunion du Conseil des
Ministres, pour parler du rôle de l'Ombudsman et de la relation entre l’Etat grec et les
citoyens. Ombudsman a fait une première proposition concernant le problème des immigrés
sans papiers, dans la mesure où l'immigration illégale est un des problèmes qui nous
préoccupe depuis des années. Ils ont fait preuve de confiance envers cette institution en
incluant la proposition formulée par l'Ombudsman lui-même concernant la nécessité de
gestion de la population des immigrés sans papiers. Le gouvernement prend en compte toutes
les propositions de cette institution, tant en ce qui concerne l'immigration que d'autres
questions essentielles. Cela est prouvé par la qualité des cadres désignés auprès de
l'institution de l'Ombudsman.
Je vous remercie d'être venus à Athènes et je vous souhaite un plein succès aux travaux
de votre rencontre. Merci.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Nous remercions M. Takis, représentant du ministère de l'Intérieur. J'espère que ses
paroles aimables ne sont pas dues à sa précédente fonction. Il était, comme il vous l'a dit,
Médiateur adjoint.
Quoi qu'il en soit, nous le remercions.
J'aimerais dire quelques mots à propos de cette rencontre. A la troisième Rencontre de
l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée, nous sommes invités à traiter de la
question de l'accès aux actes, aux documents et plus précisément de la transparence dans la
fonction publique. A certains égards, l'institution de l'Ombudsman est une institution qui est,
de par ses statuts, associée au droit de pétition. Grâce à cette institution, les citoyens peuvent
résoudre les problèmes qu'ils rencontrent dans leurs démarches auprès des autorités publiques.
C'est la raison pour laquelle nous avons choisi d'examiner pendant ces deux jours, la question
du droit d'accès aux documents administratifs et de la transparence associée au problème de la
corruption. Il faut mettre fin à la corruption ; cette dernière est l'opposé de la transparence. La
corruption se manifeste et persiste lorsqu'il y a une opacité. La corruption est un phénomène
qui ne peut pas être affronté uniquement par la moralité ou la légitimité. La corruption sape
les fondements mêmes de la démocratie. D'une part, nous avons la corruption de haut niveau,
dans laquelle sont impliqués de hauts fonctionnaires ou des personnes politiques. C'est cette
grande corruption qui crée l'argent sale. Du moment où les politiques desservent des intérêts
privés et cessent de servir l'intérêt public, nous avons un problème majeur pour la démocratie.
D'autre part, nous avons la petite corruption ; la corruption au quotidien, dans les transactions
quotidiennes du citoyen avec les services publics. Cette dernière sape également la
démocratie, dans la mesure où elle nous habitue tous, citoyens et fonctionnaires publics, à
l'idée qu'il est permis de desservir les intérêts privés, à travers les institutions publiques. Dès
lors, la corruption, quelle que soit sa forme, est un phénomène antidémocratique et je suis
heureux de pouvoir parler de ces questions pendant ces deux journées.
A présent, je pense que nous pourrons poursuivre avec les salutations et j'invite Moulay
M'hamed Iraki, Président de l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée, et Wali Al
Madhalim du Maroc, à bien vouloir prendre la parole.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Moulay Mhamed IRAKI,
Wali Al Madhalim du Royaume du Maroc
Chers collègues,
Cher Ombudsman grec,
Chers collègues de l'AOM,
Je suis particulièrement heureux de m'adresser à vous, à l'occasion de la Troisième
Rencontre de l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée qui a lieu dans cette ville
historique, le berceau de la civilisation grecque, le berceau de la philosophie, des arts, de la
culture, du théâtre, de la littérature, le berceau de la démocratie qui naquit ici dans cette ville
où un grand nombre de ses citoyens ont joué un rôle important en politique, en littérature et
qui fut une ville très importante pour l'histoire de l'humanité avant l'ère chrétienne.
En mon nom personnel et au nom de tous les membres de l'Association, j'aimerais
exprimer mes remerciements et ma gratitude à M. Yorgos Kaminis, Ombudsman de Grèce,
qui nous accueille dans ce pays qui est notre ami. Par ailleurs je remercie toute l'équipe qui
travaille avec lui pour tous les efforts qu'ils ont déployés pour garantir le succès de cette
rencontre. Cela n'est pas surprenant, vu que nos amis grecs sont connus pour leur patience et
leurs efforts inlassables. Je tiens également à remercier tous les membres de notre Association
qui sont venus ici, malgré leurs obligations.
Mesdames et Messieurs, l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée, à la tête de
laquelle je me trouve actuellement, est une institution très efficace qui joue un rôle crucial, à
l'échelle internationale, pour la coordination des efforts visant à l'échange d'expériences, à la
consolidation de la coopération, présentant une forme innovante de solidarité et de fraternité,
car nous avons besoin d'un modèle progressiste, stable et souple qui garantisse le respect des
principes de l'amitié, de la fraternité, de la solidarité, de la compréhension, de la justice et de
l'égalité.
Permettez-moi de vous rappeler, à cette occasion, les différentes étapes qui ont été
franchies et qui ont conduit à la création de cette Association. L'Association a été créée en
2007 par la déclaration de Rabat. Cette déclaration historique nous engage à travailler
ensemble pour le développement de la coopération et du partenariat entre nos institutions afin
de réaliser la justice, l'équité, la bonne gouvernance et de promouvoir la démocratie et les
droits de l’Homme. Dans cette même déclaration, nous avions exprimé notre attachement aux
principes directeurs et aux valeurs communes de la médiation qui ont constitué l'un des axes
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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de la présente rencontre. En outre, nous avions demandé que soit créée une association des
Ombudsmans et des Médiateurs Méditerranéens, ainsi que la constitution d'une commission
préparatoire qui a œuvré inlassablement pour faciliter la tenue de la deuxième Rencontre de
notre réseau dans la ville historique de Marseille, en décembre 2008 sur le thème “Les
Ombudsmans euro-méditerranéens : les défis d'un espace commun”. Dans cette rencontre de
Marseille, il y a eu une coopération efficace entre le Nord et le Sud. Nous avons institué
l’Association des Ombudsmans de la Méditerranée et nous avons ratifié le règlement
constitutif et les statuts ; et c'est à Marseille toujours, que notre collègue Yorgos Kaminis
Ombudsman de Grèce, nous a proposé que la troisième Rencontre de notre Association soit
organisée à Athènes. Sa proposition fut acceptée à l'unanimité et sans hésitation et, montrant
l'appréciation que nous avons pour l'institution grecque, nous avons accepté cette invitation.
Voilà comment nous sommes arrivés à la présente rencontre, dans le berceau de la sagesse et
de la démocratie et de la civilisation, à Athènes. Avant de venir ici, nous avons eu l'honneur
d'inaugurer le siège de notre Association, à Tanger, au Maroc et c'était une bonne occasion
pour l'organisation d'un séminaire international sur le rôle de l’Association des Ombudsmans
de la Méditerranée. Avec mon cher ami Jean-Paul Delevoye, j'ai participé récemment aux
travaux d'un forum international organisé par le Centre d'Arbitrage et de Médiation de
l'Université Saint Joseph à Beyrouth où nous avons présenté à nos amis Libanais les
expériences du Maroc et de la France.
C'est dans ce cadre que le Royaume du Maroc a présenté à l'organisation des Nations
Unies un projet de résolution sur la prise en considération du rôle des institutions de
l'Ombudsman, du Médiateur et de Wali Al Madhalim, dans la protection des droits de
l’Homme et leur promotion, le projet qui sera discuté lors de la 65ème session l'année
prochaine. Par ailleurs, j'aimerais vous parler de la proposition conjointe que nous avons
présentée avec la Suisse, en collaboration avec l'Espagne, la France et le Haut Commissaire
pour les droits de l’Homme de l'ONU à Genève, avec la présence de nos pays. Je voudrais
souligner le grand succès qui a couronné ces initiatives.
Mesdames et Messieurs, le choix du thème de notre rencontre qui est la transparence, est
un choix judicieux, compte tenu de la relation de la transparence du fonctionnement
administratif avec la moralisation du secteur public et sa protection contre les différentes
formes d'abus et de détournements que nous affrontons, afin de remédier à leurs effets pervers
et nuisibles aux droits et aux libertés des individus et des groupes.
Dans nos sociétés démocratiques, la transparence et le dialogue, la communication,
l'élimination de l'opacité et de l'usage discrétionnaire du pouvoir par l'administration, ainsi
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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que la bonne gouvernance sont des facteurs indispensables pour avoir une société équilibrée.
Ils sont indispensables pour asseoir la société sur les principes de la solidarité, des valeurs de
la justice, de l'égalité et de l'Etat de droit. Depuis les années 1970, des efforts sont déployés
afin que le dialogue remplace l'intolérance et qu'il y ait une transparence et non une opacité,
pour convaincre et ne pas obliger et pour assurer une plus grande participation des citoyens
dans le dialogue social. Certains principes fondamentaux ont contribué à ce changement
profond, les principes qui régissent les relations entre administration et citoyens. Exemples :
justice administrative, rôle des Ombudsmans, des Médiateurs, manière d'affronter la
corruption, tout cela est essentiel pour la consolidation de ces principes. Parmi les actions les
plus importantes, nous citons l'obligation des gouvernements de motiver leurs décisions ; la
transparence dans la fonction publique ; l'obligation des fonctionnaires de déclarer leur
fortune et la source de leurs revenus ; la lutte contre les manifestations d'abus de pouvoir ;
l'instauration d'une coopération internationale face aux différentes formes et aspects de la
corruption. Depuis les années 1970, nous avons opté pour le principe de la motivation des
décisions administratives, ainsi que pour le principe de la facilitation de l'accès aux
documents administratifs, la protection des données personnelles. Par ailleurs, nous avons de
nombreux autres principes qui ont constitué l'essentiel du contenu du premier instrument
conventionnel approuvé par la communauté internationale. Depuis six ans et jusqu'à ce jour,
114 pays l'ont ratifié.
Il faut tenir compte des développements technologiques considérables en matière
d'information, de la protection des droits des individus, de la protection des données
personnelles, car, comme vous le savez, Mesdames et Messieurs, il y a un rapport étroit entre
le manque de transparence dans le fonctionnement de l'administration et la propagation de la
corruption, de l'abus de pouvoir.
En tant qu'Ombudsmans, en tant que Médiateurs, nous nous félicitons des différentes
mesures qui ont été prises par plusieurs pays en vue d'éradiquer ce fléau.
Le renforcement de la transparence dans le secteur public est une responsabilité
collective de la société civile et des services publics en général. Ces institutions doivent jouer
un rôle plus important pour assurer plus de transparence dans l'administration publique.
Je suis persuadé que la présente rencontre nous permettra de constater l'évolution
enregistrée à ce propos par nos pays et d'échanger nos expériences, nos points de vue et nos
idées au profit de tous.
Enfin, j'aimerais réitérer mes vifs remerciements et ma haute considération à nos hôtes
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Grecs, pour la bonne organisation et l'accueil chaleureux qu'ils nous ont réservés. Je souhaite
que cette rencontre soit couronnée de succès, avec l'aide de Dieu.
Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Je remercie M. Iraki de ses bonnes paroles et à présent j'invite le Défenseur du Peuple
Espagnol, M. Enrique Mugica Herzog, qui est également premier Vice-président de
l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée.
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG,
Défenseur du Peuple espagnol
La troisième Rencontre de l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée doit être
une chose de plus qu'une simple réunion entre collègues et amis, dans la mesure où nous
avons des préoccupations et des projets communs. J'aimerais vous dire que cette réunion à
Athènes est un grand pas en avant dans nos efforts qui visent à nous perfectionner et à
travailler sur une base commune.
Notre première réunion à Rabat nous a permis d'établir les statuts de l'Association et
nous avons adopté une déclaration pleine d'espoirs et de possibilités. C'était une occasion pour
nous de nous rencontrer et de prouver qu'il y a une convergence d'intérêts, d'activités qui
dépassent les contours de l'idéologie et les facteurs économiques et politiques qui d'ailleurs
diffèrent d'un pays à l'autre. Dès lors, nous avons l'objectif légitime de commencer sur une
base commune, dans notre recherche d'objectifs communs qui se réfèrent notamment à la
dignité humaine. Les engagements que nous avons pris au cours de notre dernière rencontre et
qui ont culminé à la consolidation de l'Association avec les statuts, qui sont généreux
et dynamiques, ont été inspirés par la ville vivante de Marseille qui est le joyau de la
Méditerranée. Ces résultats ont été obtenus grâce aux accords que nous avons conclus. Nous
nous réunissons à présent à Athènes, sous l'ombre de l'Acropole, pour ajouter d'autres
éléments à notre acquis pour pouvoir défendre et renforcer nos aspirations communes.
Chers amis, chers collègues,
Nous nous trouvons ici non par coïncidence, à part le fait que Yorgos Kaminis a eu la
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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gentillesse de nous accueillir dans ces lieux. Yorgos est un organisateur très compétent, ainsi
que son équipe. En tant qu'Association, nous devons le remercier parce que, consciemment ou
inconsciemment, nous adoptons et nous confirmons les projets de notre Association par
l'Athènes de nos rêves, c'est-à-dire, l'Athènes de la démocratie, de la vérité et de la beauté, la
ville qui défend la justice, l'équité et la liberté ; valeurs qui obscurcissent parfois la scène,
étant donnée qu'il y a souvent des conflits dans la Méditerranée. Ce n'est pas toujours le soleil
brillant et la mer bleue qui nous guident.
Je ne suis pas seulement théorique. J'aimerais sortir du cadre oratoire et souligner ce que
je considère que nos efforts et nos attentes devraient être : coopération continue,
enrichissement de la page web. A cet égard je remercie notre Président Moulay Mhamed Iraki
pour les locaux de Tanger. Tout cela montre notre réalisme. Mais il faut apporter un
changement qualitatif. Nous devenons plus forts, bien que cela ne soit pas perçu encore.
Même au cours de notre première rencontre, nous avions essayé de nous fixer des premiers
objectifs. Je crois que le moment est venu pour parler de notre travail, pour informer le monde
extérieur de ce que nous faisons. Il ne suffit pas de veiller à la sécurité de notre citadelle,
comme Saint-Exupéry aurait dit. Nous devons être un phare de lumière qui nous éclaire tous.
A cet égard, pour illuminer et guider nos débats, nous pourrions profiter des discussions que
nous avions eues avant cette rencontre ; non seulement par rapport à ce que nous avons fait à
Rabat et à Marseille où nous avons posé les fondements de cet édifice, de cette association.
Ce que nous devons faire à présent c'est de veiller à assurer les ressources qui préserveront
notre zèle, qui tiendront allumé le feu dans notre foyer, afin que tous puissent voir la fumée
qui sort de notre cheminée et qu'ils sachent que nous travaillons incessamment. C'est la raison
pour laquelle nous avons décidé de nous rencontrer à Athènes et que nous avons choisi
comme thème principal de cette rencontre la transparence. Il nous faut de la transparence dans
les services publics. Cela est d'une importance capitale. Les services publics doivent être
gérés de manière efficace et transparente. Ils doivent être une fenêtre, un miroir. Une fenêtre
qui permette aux citoyens de voir quelles sont nos activités, les activités de nos institutions
consacrées au bon fonctionnement des services publics, avec la possibilité de critiquer et
d'inspecter. Parallèlement, nous devons être un miroir, le miroir qui nous permette de nous
regarder nous-mêmes pour voir notre image, sans avoir honte de l'image que nous y voyons
lorsque nous nous acquittons de nos tâches quotidiennes. Quant au programme, il faut qu'il
soit intéressant et stimulant. Il comporte trois aspects : tout d'abord l'accès aux documents
administratifs qui est très important pour que soit facilitée la vie quotidienne de nos citoyens
qui sont les administrés. Par exemple, des documents relatifs aux systèmes de santé, de
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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l'éducation ou liés au système fiscal. Deuxièmement, l'accès aux locaux ou aux situations où il
y a une privation de liberté. Cela signifie qu'il faut contrôler les endroits qui nous permettent
de prendre le pouls démocratique de nos pays. Troisièmement, la transparence qui est le
critère décisif afin que nous puissions analyser le degré démocratique. Cela nous aidera à
lutter contre la corruption, chose forte importante dans le cadre de nos efforts visant à
perfectionner nos institutions. Par ailleurs, il faut ajouter un autre facteur qui nous préoccupe
constamment lorsque nous essayons de préserver nos valeurs. En période de crise, nous
aurons une image complète et ambitieuse de ce qui pourrait être le couronnement de nos
efforts ici à Athènes. Il faut évidemment respecter l'ordre du jour. Je ne veux pas prendre votre
temps. Mais vous voyez, chers amis et collègues, que notre ordre du jour c'est une déclaration
d'intention de ce que nous ferons ces deux jours et dans l'avenir. C'est un appel à réfléchir sur
les nombreuses questions qui ont résulté des différents forums de discussion.
Je vous remercie une fois de plus, monsieur le Secrétaire général, et monsieur le
Président, notamment de votre enthousiasme contagieux.
Sur notre chemin vers Ithaque, nous serons inspirés par de nombreuses idées, et il nous
faut du vent pour arriver à un port sûr, selon les vers de Kavafis. Quand nous aurons le
sentiment d'être arrivés à notre port, il nous faudra trouver de nouveaux sentiers pour agir et
pour réfléchir. Je vous souhaite un plein succès et je vous remercie une fois de plus.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Nous remercions M. Mugica et à présent je donne la parole à M. Jean-Paul Delevoye,
Secrétaire général de l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée, et Médiateur de la
République française.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Monsieur le Secrétaire général représentant le ministre de l'Intérieur,
Monsieur l’Ombudsman grec, cher Yorgos,
Monsieur le Président, cher Iraki, Wali Al Madhalim qui assure avec son autorité morale
la Présidence de notre Association,
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Madame la représentante du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de
l’Homme,
Monsieur le représentant de la Ligue arabe,
Monsieur le représentant du Conseil de l’Europe,
Monsieur le représentant du Médiateur européen,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Ombudsmans, chers collègues,
Je voudrais vous dire le bonheur qui est le mien d'être ici avec vous pour la troisième
fois, de vous retrouver fidèles, présents, avec à chaque fois des membres nouveaux. Je
voudrais signaler la présence de notre collègue Jordanien et de vous dire à quel point je
considère importante la primauté des droits de l'Homme.
Je voudrais remercier - au nom de M. Iraki, d'Enrique Mugica Herzog, Défenseur du
Peuple Espagnol et de Yorgos qui ont été les coorganisateurs de cette rencontre - le
gouvernement Grec, qui soutient cet événement et nous fait l'honneur d'être aujourd'hui
présent. Je tiens également à remercier vivement l'Organisation Internationale de la
Francophonie qui a, une fois de plus, apporté son soutien à notre rencontre et à notre
Association.
J'exprime enfin ma gratitude aux représentants du Haut Commissaire aux Droits de
l’Homme des Nations Unies, du Conseil de l'Europe et de la Ligue des Etats Arabes qui
portent une attention extrêmement importante à nos travaux. Et enfin, permettez-moi de saluer
la qualité du travail préparatoire des équipes marocaine, française, espagnole et, bien
évidemment, cher Yorgos, l'équipe grecque, qui ont souhaité faire en sorte que cette réunion
se passe avec le meilleur confort pour vous et merci de nous avoir fait découvrir la qualité de
votre nouveau musée.
Nous sommes réunis aujourd'hui, pour la troisième fois, pour continuer ce qui a été
imaginé à Rabat, confirmé à Marseille ; c'est l'expression de votre volonté, de notre volonté
commune, d'avoir intégré que si nos Etats peuvent avoir des conflits d'intérêt, nos institutions
ne doivent pas cesser d'être des acteurs du dialogue et des défenseurs des droits de l’Homme
dans cet espace Méditerranéen. Cela peut paraître une utopie pour les uns ; c'est en tout cas
une nécessité pour beaucoup d'autres. Et chacun sait qu'il n'y a pas de paix sans dialogue, ni
de vie commune sans respect du droit et application du droit. J'attire votre attention sur
l'importance de nos institutions. Vous avez souhaité que l'on réfléchisse d'abord à la bonne
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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gouvernance, à la défense du droit des enfants, à la problématique des prisons. Vous avez,
vous-mêmes, exprimé le vœu de faire en sorte, cher Yorgos, cher Président, que notre débat
porte aujourd'hui sur la transparence et l'accès aux documents administratifs. Ca n'est pas faire
un procès, c'est un constat, et nous avons aujourd'hui à réfléchir au rôle de nos institutions et à
l'équidistance qu'elles doivent avoir entre l'exercice d'un pouvoir et la maîtrise des conflits
d'intérêt que ceci peut engendrer. Nous n'avons à être ni un instrument du pouvoir ni un
contrepouvoir, mais probablement à poursuivre ce qui a été la colonne vertébrale de nos
précédentes réunions : quelle est la conscience des pouvoirs ou de l'adéquation entre l'attente
d'une opinion et l'exercice de pouvoir que nos institutions indépendantes peuvent jouer, en
étant ni complice ni partisan. Et je voudrais rappeler que le rôle de l'Ombudsman, après avoir
été reconnu au niveau national et régional, comme le témoignent les différents réseaux des
Ombudsmans africains, arabes, européens et Méditerranéens, trouve aujourd'hui un écho
international.
Les Nations Unies ont adopté, il y a un an, un projet de résolution proposé et porté par le
Royaume du Maroc, consacrant le rôle essentiel et prépondérant des Ombudsmans,
Médiateurs et Institutions nationales en matière de protection et promotion des droits de
l'Homme. Le projet sera présenté l'an prochain à l'Assemblée Générale des Nations Unies.
C'est une étape importante pour l'ensemble des institutions nationales des droits de l'Homme.
Parce qu'elles sont devenues un acteur de premier plan, nos institutions s'inscrivent désormais
dans le paysage institutionnel mondial de la protection et la promotion des droits de l'Homme.
Et cette reconnaissance internationale, si elle nous donne une force institutionnelle, ne doit
pas nous faire oublier nos propres faiblesses et réfléchir aux moyens de conforter nos
institutions.
Nous sommes à Athènes. Les lieux qui nous accueillent et que nous avons eu le loisir de
visiter ce week-end, nous invitent à l'humilité. Ces monuments nous mettent en présence de
l'histoire. Cette réunion se déroule sous le regard de Socrate, de Platon, d'Aristote, de Solon,
de Périclès, qui sont les pères de la démocratie qu'ils n'ont pas seulement imaginé, mais qui
l'ont produite, qui l'ont vécue et qui l'ont même irradié jusqu'aux philosophes arabes. Et ce qui
est important c'est de voir que si nos sociétés changent, si les moyens techniques changent, les
sentiments qui guident nos actes sont les mêmes. Et nous avons toujours, au cœur de nos
démocraties, la peur de l'étranger, la tentation de l'abus de pouvoir, la condamnation des
discriminations. Et quels que soient nos pays, quelles que soient nos situations, nous avons, à
des degrés divers, les mêmes problèmes, les mêmes préoccupations et les mêmes réflexions,
par rapport au rôle que peuvent jouer nos institutions indépendantes.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Nos pouvoirs démocratiques aujourd'hui ont une difficulté : comment réintroduire du
long-terme dans la vision de nos démocraties quand les rythmes électoraux sont de plus en
plus rapides et que les lobbyings sont de plus en plus proches et influents auprès des
décideurs. C'est un souci de l'aide à la décision politique, tout en refusant d'être des décideurs
politiques. Et nous le voyons bien que dans l'expression de la volonté politique et l'expression
de la loi, c'est l'expression du droit. Et nous voyons bien qu'il y a, dans chacun de nos pays,
une capacité d'arbitraire, du droit du plus fort et que, dans un certain nombre de pays, il y a
des droits qui semblent être acquis, mais qui ne sont pas appliqués.
La Grèce antique n'est pas la première trace du droit dans l'histoire. Mais elle est le
premier exemple de démocratie conceptualisée et concrétisée, organisée et mise en place. Et
nous devons réfléchir à la capacité que nous avons de préserver cet héritage grec qui a
souhaité faire correspondre le droit à la justice sociale, à la notion de règle du vivre ensemble,
d'une règle juste qui protège les plus faibles des plus forts, tout en intégrant évidemment
l'intérêt de développer la puissance de la collectivité sans accroître les inégalités en son sein.
Nous devons avoir cette réflexion de Bertrand de Chartres qui disait : “Nous sommes des
nains juchés sur des épaules de géant. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non
pas parce que notre vue est plus aiguë et notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent
en l'air et nous élèvent de toute leur grandeur gigantesque”.
C'est la raison pour laquelle nous avons souhaité, dans l'organisation de cette journée,
avoir une réflexion - et je remercie Alvaro Gil Robles - sur la perte des valeurs dans notre
espace européen et évidemment sur l'accès au droit, sur la transparence qui mine aujourd'hui
nos démocraties et le soupçon, c'est avec cette bataille médiatique de la condamnation
émotionnelle, le besoin d'avoir des repères de forte stabilité, avec le recul nécessaire. Nous
serons dans un monde de plus en plus complexe sur le plan juridique, avec des déconnections
quelques fois dramatiques, entre l'attente de l'opinion, l'expression de l'opinion et la conduite
politique. L'on voit bien un certain nombre de manifestations dans des pays dont personne ne
peut imaginer qu'ils ne soient pas démocratiques : une expression de racisme, de rejet de
l'autre, de condamnation de l'autre. On voit bien l'attention aujourd'hui de tous nos systèmes
démocratiques sur la place de l'émigré, de celui qui est en situation régulière ou irrégulière et
l'on voit bien l'équilibre difficile qu'il y a entre l'exercice du pouvoir de la collectivité et la
défense de la liberté des droits individuels. Et nous avons, nous, les Ombudsmans, à trouver
ce juste équilibre, ce difficile équilibre qui consiste à dire que, quel que soit l'exercice du
pouvoir, il y a des limites qui ne peuvent en aucun cas être franchies ; c'est le respect de la
dignité de la personne humaine. Ce seront des débats de caractère scientifique, d'éthique posés
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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par la recherche. Ce seront des débats de caractère de politique intérieure sur la place de
l'étranger. Ce seront des débats de caractère éthique, philosophique et politique sur la
problématique de la précarité qui fait que le développement des injustices peut créer des
attentes qui, si elles ne sont pas écoutées, comprises, intégrées, peuvent amener le
basculement de la démocratie à la dictature par le développement d'espérances nourries par
des mouvements extrémistes de caractère religieux, de caractère politique ou de caractère
syndical. Et nous voyons bien qu'il faut éviter de tomber dans l'apparente satisfaction de la
protection de la loi. Nous avons tous dans nos pays la conviction que fidèle à l'esprit de la
révolution française, la loi avait pour but de supprimer les privilèges, d'assurer la protection
du faible. Or chacun sait aujourd'hui que celui qui a du temps, celui qui a de l'argent, celui qui
a des relations, celui qui quelques fois peut corrompre le décideur, assure en réalité
l'écrasement du faible au profit du fort. Et nous avons là à casser cette spirale infernale qui
consiste à dire qu'un pouvoir fort respecté ne peut se construire que sur l'adhésion de son
opinion par rapport à l'exercice de son pouvoir. Et trop souvent, nous avons assisté à la
défense corporative du professionnel et pas de la profession. Nous avons trop défendu le
médecin et pas la médecine ; trop défendu le politique et pas la politique ; le journaliste et pas
le journalisme. Et qu'à l'évidence aujourd'hui, l'attente de l'opinion, la confiance qu'elle peut
avoir par rapport à celles et ceux qui exercent le pouvoir, ce n'est pas dans le titre qui leur
confère le pouvoir, mais dans la façon dont ils exercent le pouvoir, l'éthique de la conduite
professionnelle. Et nous avons à réfléchir à cela à un moment où l'incapacité dans laquelle
nous nous trouvons de relever le défi de la précarité, de l'emploi pour tous, fait que nous
assistons à la montée de plus en plus importante et efficace de systèmes parallèles par rapport
à nos sociétés ; qu'ils soient de caractère mafieux, de caractère illégaux où notre société de
consommation, la quête absolue de l'argent, fait que quelquefois ceux qui ne respectent pas la
loi sont plus efficaces, au nom de cette quête de l'argent, que ceux qui la respectent. Dans
cette cité grecque, la récompense de la vertu n'est pas toujours au rendez-vous.
Et nous avons, nous, les Ombudsmans, à faire en sorte de pouvoir réintroduire cette
éthique professionnelle, cette exigence professionnelle. Et c'est un vrai débat, car, lorsque les
institutions sont faibles, lorsque les institutions sont pléthoriques, que le salaire des
fonctionnaires n'est pas assuré, on peut avoir la meilleure loi votée par les politiques, mais si
elle n'est pas appliquée ou si elle est détournée dans son application, à l'évidence c'est un
manquement dans la cohésion du vivre ensemble et de l'exercice de la démocratie. Et on le
voit bien parce que, comme l'évoquait Yorgos, dans la transparence et la recherche de la
corruption, ça n'est pas uniquement la privation de liberté, le choix du plus faible qui est
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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obligé de subir la loi du plus fort qui ne serait pas juste et qui serait simplement détourné au
profit d'intérêts personnels. Mais nous voyons bien aussi qu'il y a la petite corruption et la
petite maltraitance et la violence verbale. Le manque de considération est aujourd'hui quelque
chose qui est de moins en moins accepté par une société qui, d'abord et avant tout, doit
réintroduire le respect de la dimension humaine. Le respect de soi peut engendrer le respect de
l'autre et la notion du vivre ensemble. Le mépris de soi, le mépris de l'autre ne peuvent
qu'engager des réflexions extrêmement violentes et des tensions de plus en plus
insupportables dans nos systèmes démocratiques.
C'est d'autant plus important que notre monde aujourd'hui est un carrefour. Les
sentiments qui structurent nos sociétés sont de trois ordres : les peurs, les humiliations et les
espérances. Trop souvent nos systèmes médiatiques, nos systèmes politiques exploitent les
peurs, alimentent les humiliations, ne cultivent plus les espérances. Et je crois qu'il y a une
opportunité pour nos institutions d’Ombudsmans qui ne sont pas des institutions de pouvoir,
qui ne sont pas des institutions de décision, mais qui sont des institutions d'influence, de
pouvoir représenter une espérance pour ceux que l'on n'écoute pas, une espérance pour ceux
qui ne peuvent s'exprimer, une espérance pour ceux qui subissent la loi du plus fort. Et
l'isolement, la fracture dans une société complexe entre ceux qui pourront comprendre la
complexité juridique et ceux qui la subiront, est un exercice extrêmement important pour nos
institutions d’Ombudsmans.
Nous avons besoin, dans nos sociétés modernes, du dialogue, ce qui est le fondement
même de notre association. Nous voyons bien que nous devons être des acteurs permanents du
dialogue entre celles et ceux qui ne se parlent pas, celles que l'on n'écoute pas, mais aussi
d'une parole qui interpelle, une parole qui influence les décideurs politiques, même si
quelquefois nous ne partageons pas leurs décisions politiques. Soyons interpellés par le fait
que les grands débats politiques mondiaux sont certes aujourd'hui récupérés par les pouvoirs
politiques et heureusement, mais que pour beaucoup d'entre eux, ils ont été influencés par des
personnalités extérieures. Le sommet de Copenhague qui est pour nous une espérance
importante a été autant porté par des courants et des penseurs écologistes que par des acteurs
politiques. Et quelquefois il y a un décalage. Et donc nous voyons bien que le pouvoir
d'influence est aujourd'hui quelque chose d'extrêmement important, à un moment où vous
avez souhaité que l'on mette en place la correction des dérives d'exécution administrative par
la lutte contre la corruption, par la volonté de transparence qui est probablement un des
facteurs les plus importants de construction de la confiance nécessaire entre nos citoyens et
nos pouvoirs politiques.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Je ne suis pas dupe. Je crois beaucoup à la vertu des Hommes, mais je n'ignore pas non
plus leurs faiblesses. Et, à l'évidence, quels que soient les pouvoirs politiques, quelles que
soient les périodes, la corruption, la déviation du pouvoir, a fait partie de l'exercice du
pouvoir. Mais c'est peut-être la raison pour qu'aujourd'hui, à un moment où la crise financière
a porté sur le débat politique international la nécessité d'une régulation publique et les
pouvoirs politiques ont estimé que pour la régulation financière il fallait mettre en place des
autorités indépendantes. Nous voyons bien qu'aujourd'hui, à partir du moment où nous avons
des échecs du vivre ensemble par l'écrasement des minorités, par quelques fois des dérives par
rapport à l'éthique - je pense aux dérives des dons d'organes ou de la problématique de prison
- nous voyons bien que le pouvoir se doit aujourd'hui dans nos pays penser à la grandeur de
l’Homme quand il pense quelquefois trop à l'enrichissement matériel. Nous avions un penseur
français qui disait : « Science sans conscience, n'est que ruine de l'âme ». Pouvoir sans
conscience, sera ruine de la démocratie. Nous pouvons être une conscience des décideurs
politiques ; par notre indépendance, par notre recul, par notre capacité d'interpellation. Mais je
mesure bien évidemment la difficulté que nous pouvons avoir, les uns et les autres à préserver
cette indépendance, à construire le bruit médiatique autour de nos convictions et non pas de
nos émotions. Et c'est peut-être la raison pour laquelle il existe nos échanges, nos réflexions,
notre soutien. Je me souviens de la décision d'un Président de la République africain qui a
créé un Ombudsman parce qu'il y avait une réunion des Médiateurs francophones et qu'il était
important que le pays qu'il représentait soit doté d'une institution indépendante. Par ailleurs,
bien évidemment, nous devons être conscients de nos faiblesses. Mais je vous invite, au cours
de cette réunion, à être conscients de nos forces et surtout de l'attente de l'opinion et du défi
qu'ici, à Athènes, nous devons lancer au titre des Ombudsmans pour redonner une force
supplémentaire au pouvoir de la démocratie pour éviter qu'elle bascule dans une dictature,
pour certains de nos pays.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Merci beaucoup Jean-Paul. Je donne à présent la parole à Mme Afarin Shahidzadeh,
représentante du Haut Commissariat des droits de l’Homme des Nations Unies.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Madame Afarin SHAHIDZADEH,
Chef adjoint, Section des institutions nationales et des mécanismes régionaux,
Haut-commissariat aux Droits de l'Homme des Nations Unies
Excellences,
Eminents représentants,
Mesdames et Messieurs,
Au nom du Haut Commissariat des droits de l’Homme des Nations Unies, j'aimerais
remercier l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée de leur invitation à participer à
cette Troisième Rencontre. C'est un honneur et un plaisir pour moi de me trouver ici pendant
ces deux jours.
Comme vous savez, la coopération entre cette Association et notre bureau date des
premiers jours de la création de l'Association. En outre, à l'inauguration du siège de
l'Association à Tanger, au début de novembre de cette année, le Haut Commissariat des droits
de l’Homme était représenté par le chef de la Section des Institutions Nationales et des
Mécanismes Régionaux M. Magazzeni.
Le bureau du Haut Commissaire des droits de l’Homme des Nations Unies attache une
importance prioritaire à l'association régionale et sous-régionale des institutions nationales
chargées de la protection et de la promotion des droits de l’Homme. La coopération entre les
institutions nationales elles-mêmes et entre ces dernières et les mécanismes internationaux des
droits de l’Homme, est essentielle pour la mise en œuvre des droits de l’Homme, notamment
en ce qui concerne l'Ombudsman qui élargit son mandat afin qu'il soit lié de façon plus claire
aux droits de l’Homme.
La résolution 169 de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le « Rôle de
l'Ombudsman, Médiateur et autres Institutions nationales des droits de l’Homme pour la
promotion et la protection des droits de l’Homme » adoptée en décembre 2008, souligne le
rôle important que peut jouer l'association régionale de ces institutions pour la promotion de
la coopération et de bonnes pratiques.
Par ailleurs, l'Assemblée Générale des Nations Unies souligne l'importance de
l'autonomie, et de l'indépendance des Ombudsmans et des Médiateurs et des autres
institutions nationales des droits de l’Homme pour traiter de toutes les questions associées à
leurs compétences. En outre, elle souligne le rôle important que ces institutions peuvent jouer
en conseillant le Gouvernement d'aligner la législation et les pratiques nationales sur les
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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engagements internationaux en matière de droits de l’Homme et en contribuant à la
consolidation de l'Etat de droit et au respect des principes de la justice et de l'égalité.
En conformité avec la résolution de l'Assemblée Générale, la déclaration de Rabat a été
adoptée par l'Association des Médiateurs, le 10 novembre 2007, qui souligne, et cela est
louable, le besoin pour les Médiateurs et les Ombudsman de respecter les principes
concernant les institutions nationales, connus sous le nom des Principes de Paris. L'article 11
de la résolution adoptée au cours de votre deuxième réunion à Marseille, l'année dernière, se
réfère également aux principes de Paris et au cadre dans lequel les institutions des
Ombudsmans et Médiateurs ont exprimé le désir de participer activement soit en tant
qu'institutions nationales des droits de l’Homme ou en tant qu'institutions étroitement liées
aux institutions nationales des droits de l’Homme.
Cet engagement de votre part aux principes de Paris renforce la reconnaissance
internationale des principes énoncés à Paris en tant que normes essentielles au bon
fonctionnement des institutions nationales des droits de l’Homme en vue de la promotion et
de la protection des droits de l’Homme.
Le bureau du Haut Commissariat des droits de l’Homme des Nations Unies souligne que
la promotion et la protection des droits de l’Homme sont avant tout la responsabilité et
l'obligation de l'Etat, et que cet effort important devrait être assisté par les institutions
nationales. Le concours des institutions nationales comporte le contrôle du respect des droits
de l’Homme ; il rappelle les engagements internationaux et assure que la législation et la
politique respectent ces engagements ; il augmente la sensibilisation de la population aux
droits de l’Homme et l'incite à exiger la mise en œuvre et le respect de ces droits. Il faut noter
que, afin que les institutions puissent mener à bien leur mandat, elles doivent être
indépendantes des trois organes de l'Etat et de la société civile. Elles doivent être dotées de
ressources financières et humaines adéquates. Elles doivent pouvoir agir de manière efficace
auprès des mécanismes internationaux des droits de l’Homme pour porter à leur attention les
défaillances nationales et pour assurer que, au niveau national, sont adoptées les
recommandations formulées par ces mécanismes. Dès lors, les institutions nationales doivent
se conformer aux principes de Paris pour mener à bien leur mandat qui consiste en la
promotion et la protection des droits de l’Homme.
Le bureau du Haut commissariat des droits de l’Homme des Nations Unies donne une
assistance pratique dès les premières étapes de la création d'une institution des droits de
l’Homme, en examinant la législation et en assurant sa conformité aux principes de Paris. A
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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plusieurs reprises, nous avons conclu des accords de coopération technique avec de nouvelles
institutions nationales de droits de l’Homme pour renforcer leur capacité à mener à bien leur
mandat.
A cet égard, j'encourage les Ombudsmans et Médiateurs, à profiter de l'expérience et de
l'expertise des réseaux internationaux établis, comme le Comité International de Coordination
des Institutions Nationales de Promotion et Protection des Droits de l’Homme, CIC et les
organes de coordination régionale des institutions des droits de l’Homme, auxquels plusieurs
Ombudsmans sont membres, comme l'Espagne.
En particulier, j'aimerais attirer l'attention des Ombudsmans et des Médiateurs, sur
l'expérience et la jurisprudence accumulées par le CIC, à travers son Sous-comité
d'Accréditation pour promouvoir, parmi ses membres, un processus de réexamen qui assure la
conformité aux principes de Paris et qui renforce ainsi le système national de protection. Je
vous incite vivement, les Médiateurs et les Ombudsmans, à demander le statut d'accréditation
au CIC. De cette façon, ceux qui auront le statut « A » pourront coopérer avec le Conseil
des droits de l’Homme des Nations Unies et, par exemple, intervenir sur n'importe quel point
à l'ordre du jour du Conseil des droits de l’Homme et/ou demander la publication de
documents pendant la session.
Je vous invite, les Ombudsmans et les Médiateurs, à participer également à d'autres
réunions du réseau du CIC, à titre d'observateur, en commençant par la 23e réunion qui aura
lieu en mars 2010 à Genève. Nous espérons qu'un nombre croissant de Médiateurs seront
présents et qu'ils deviendront des membres accrédités au CIC. En effet, toutes ces institutions
des droits de l’Homme jouent un rôle important pour la promotion et la protection des droits
de l’Homme et pour la mise en œuvre plus générale des règles internationales et leur
transposition dans les lois et les pratiques quotidiennes.
Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Nous remercions infiniment Mme Shahidzadeh. Nous terminerons cette première partie
de notre rencontre avec M. Mahmoud Ghaleb, représentant de la Ligue des Etats arabes.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Mahmoud GHALEB,
Directeur des sociétés civiles et des unions professionnelles
Monsieur le représentant du Gouvernement grec,
Monsieur l'Ombudsman de la Grèce,
Monsieur le Président de l'Association des ombudsmans de la Méditerranée,
Monsieur le Secrétaire général, M. Jean-Paul Delevoye,
Monsieur le Président,
Cher Défenseur du Peuple de l'Espagne,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous transmettre les vœux du Secrétaire général de la Ligue des
Etats arabes pour le plein succès de cette rencontre.
Au nom de la Ligue des Etats arabes, je tiens à vous remercier de cette invitation qui
nous fut adressée et je dois vous dire que c'est un plaisir tout particulier de me trouver ici à
Athènes, le berceau de l'histoire, de la culture, de la civilisation.
Mesdames et Messieurs, cette rencontre vient s'ajouter aux précédentes. Je pense qu'il
s'agit d'une réponse pratique aux mensonges diffusés concernant le conflit des civilisations qui
avait conduit à des désastres, à des catastrophes, à des guerres. A cette rencontre, nous
transmettons un message pratique et sincère visant au rapprochement des civilisations, à
travers les temps. Nous savons qu'en période de crise, il y a souvent des sages qui se
manifestent et qui tiennent le flambeau de l'espoir et de la sagesse, permettant à l'humanité de
continuer de vivre dans un cadre sûr. Cette rencontre met en exergue le message important
que nous voulions adresser à toute l'humanité. Certes, cette mission n'est pas simple, mais elle
exprime la volonté de nous tous et elle est témoin de notre foi sincère et de notre dévouement
à la protection des droits de l’Homme.
J'ajoute que, dans le cadre de cette rencontre, nous passons de l'étape de la création à
celle de la mise en œuvre qui comporte la solution de problèmes. La transparence doit
permettre d'affronter le déséquilibre qui existe dans les différents services publics et de faire
face à l'injustice. Avant de venir ici, j'avais rencontré le Secrétaire général de l'Union pour la
Méditerranée, sous la présidence de M. Sarkozy et de M. Moubarak qui avait pour but la lutte
contre la pauvreté et l'immigration clandestine. Je pense que ce message s'ajoute aux autres
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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messages similaires. Je pense qu'il y a beaucoup à faire dans le sud de l'Egypte pour
combattre la pauvreté. Dans l'Union pour la Méditerranée, nous essayons d'affronter cette
pauvreté. Ici, dans cette Association, nous essayons de pallier aux injustices. Dans le monde
arabe, nous disons que la justice est le principe qui régit la bonne gouvernance. C'est-à-dire
que la transparence est indispensable pour assurer une bonne gouvernance. Sans transparence,
il est impossible d'avoir une bonne gouvernance. Même l'immigration clandestine ou la
pauvreté sont souvent le résultat d'un manque de transparence et d'un déséquilibre dans la
mise en œuvre de la gouvernance. Nous constatons le phénomène que plusieurs personnes
jeunes quittent leur pays pour trouver ailleurs un meilleur avenir.
Je voudrais remercier le gouvernement grec pour son accueil chaleureux. Je vous
remercie de votre attention et vous souhaite un plein succès dans vos travaux.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Nous remercions M. Ghaleb et je pense qu'à présent, nous pouvons faire une pause.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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B. Interventions
IINNTTEERRVVEENNAANNTT ::
Álvaro GIL-ROBLES, ancien Commissaire aux droits de l'Homme du
Conseil de l'Europe, ancien Défenseur du Peuple de l’Espagne.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Dans cette séance nous entendrons tout d'abord Alvaro Gil-Robles, ancien Défenseur du
Peuple de l'Espagne et ancien Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l'Europe.
Ensuite, il y aura un bref débat et nous poursuivrons nos travaux avec l'intervention de Mme
Kucsko-Stadlmayer, professeur au Département de droit constitutionnel et administratif, à
l'Université de Vienne qui a écrit une étude comparative très intéressante sur les Ombudsmans
en Europe et, heureusement pour nous, elle a accepté notre invitation pour venir nous parler et
entrer en contact avec notre espace géographique qui je pense l'intéresse. S'ensuivra, une fois
de plus, un bref débat.
Alvaro, vous avez la parole.
Monsieur Álvaro GIL-ROBLES,
ancien Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe,
ancien Défenseur du Peuple de l’Espagne
Merci, monsieur le Président. Je vous remercie tout particulièrement pour cette
invitation de venir ici à Athènes. Le Président est un ami de longue date. Nous avons travaillé
ensemble, en tant que commissaires, en tant que défenseurs du peuple. Je remercie également
M. Delevoye pour cette invitation. Je suis particulièrement heureux de voir rassemblés autour
LA CRISE DES VALEURS
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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de cette table tous ces Ombudsmans, membres de notre Association et, bien sûr, la délégation
espagnole qui fait partie de ce groupe.
Pourquoi est-ce que je vais parler de crise des valeurs aujourd'hui ?
Nous avons bien la société la plus développée en ce qui concerne les documents
internationaux, les constitutions, les actes nationaux. Nous avons des droits, des lois ; tout
cela est écrit.
Dans les statuts de l'AOM, il y a une phrase dans le préambule qui dit que les valeurs
démocratiques ne sont jamais pleinement acquises. Leur reconnaissance, leur promotion et
leur défense doivent être permanentes. Ces valeurs doivent être mesurées en fonction de
l'effectivité des droits de l’Homme.
Je ne parlerai pas des valeurs culturelles et religieuses de chacun, mais je parlerai des
droits sociaux collectifs, des valeurs qui caractérisent une démocratie et un système de
coexistence pacifique. Et je pense que nous conviendrons tous que nous pouvons cohabiter,
coexister, dans le respect de toutes ces valeurs, quelles que soient nos convictions politiques
ou religieuses, la couleur de notre peau, notre manière d'être. Je pense que ces valeurs sont
celles qui caractérisent la démocratie et qui constituent la quintessence du système
démocratique.
Ces valeurs se sont manifestées, avec une force particulière, à un moment de crise
terrible, je parle de la Seconde Guerre Mondiale.
Dès lors, je pense qu'à partir de la Seconde Guerre Mondiale et notamment après sa fin,
il fut décidé de ne pas revenir en arrière, de ne plus avoir des systèmes comme le nazisme, des
régimes totalitaires et asseoir notre système démocratique sur le respect de l’Homme. Tous
ces « -ismes », nazisme, communisme, ont continué d'exister et malheureusement mon pays
en fut frappé par une dictature, une junte qui nous a gardés à l'écart de la vie politique
européenne, de l'édifice européen. En Europe il y avait un système de valeurs très solides,
fondé sur la liberté et l'Etat de droit. L'Europe comprenait ce que le refus de ces valeurs
signifiait. Il nous fallait une société dans laquelle chacun pouvait trouver sa place et non
seulement certains d'entre nous.
Mais que s'est-il passé, lorsque le communisme s'écroula, lorsque le fascisme disparut ?
On a pensé que c'était le triomphe total de la démocratie en Europe, puisqu'il n'y avait plus
d'ennemi, il n'y avait plus de dangers. Dès lors, nous sommes passés à une prochaine étape qui
a vu l'apparition de nouvelles valeurs dans la société : la réussite et les succès personnels, la
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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consommation, l'argent. Par conséquent, la société actuelle n'est plus imprégnée de ses
anciennes valeurs démocratiques. Dans nos écoles nous créons d'excellents
mathématiciens, des physiciens, des informaticiens, mais nous ne formons pas de bons
citoyens. Pourquoi ? Parce que nous ne voyons pas ce besoin. Parce que les citoyens ont
connu le triomphe. Cependant, lorsque le système démocratique s'est trouvé devant des
problèmes importants après l'ère des « -ismes », comme après le 11 septembre, ou après
l'entrée massive des immigrés, nous avons constaté combien les fondements de notre société
étaient fragiles, parce que ce qui nous manquait c'était des repères qui nous guideraient.
Lorsque j'étais commissaire, j'avais visité plusieurs pays européens ; j'avais parlé
avec plusieurs dirigeants politiques, à l'époque obscure de la lutte contre le terrorisme. Ce
conflit entre la sécurité et les libertés individuelles, dans des pays profondément
démocratiques, avec une longue tradition démocratique, parfois était étonnant. Certains
dirigeants politiques me disaient : « Vous savez, dans certains cas, il faut peut-être recourir à
des méthodes antidémocratiques ». Ils faisaient également allusion aux tortures, aux
arrestations illégales etc. Dès lors, il y avait bien une dérive qui prouvait que les valeurs
n'étaient plus ancrées dans l'esprit de ces dirigeants qui disaient que dans la lutte contre le
terrorisme, il faut nous battre par tous nos moyens ; il fallait garantir l'Etat de droit. Ce qui
nous distingue du terroriste c'est qu'il ne faut pas lutter contre le terrorisme par ses propres
moyens.
Avec ces réflexions, je me suis demandé, à un certain moment, comment réactiver notre
société et ses valeurs ; redonner des valeurs à notre société. Notre démocratie n'est pas
impuissante ; elle est forte, mais il faut croire en ces valeurs. Par ailleurs, nous devons subir
les conséquences des crises qui sont souvent des conséquences de courte durée. Mais, à long-
terme, si la situation reste inchangée, nous perdrons notre système démocratique.
La première lutte concerne la sécurité et la liberté, au nom de l'Etat de droit. A cet égard,
nous avons perdu des garanties essentielles de l'Etat de droit. Nous avons ainsi marqué un
recul par rapport à nos valeurs, à notre acquis et nous n'avons jamais pu nous relancer dans la
voie du progrès. Je vous parlerai de l'atteinte aux données personnelles. Nos routes sont
pleines de caméras de sécurité, avec des circuits fermés qui prennent des photos et qui
enregistrent nos mouvements, pendant que nous marchons dans la rue. Qui nous observe, qui
fait usage de nos images ? Nous ne le savons pas.
Deuxième chose. L'immigration en Europe. L'immigration a été positive pour l'Europe
parce qu'elle contribuait au développement économique. Au départ, donc, l'immigration était
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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un phénomène positif. Il faut également souligner le cas des enfants nés dans le pays d'accueil
des parents immigrés et qui ont la nationalité du pays ; mais cela souvent pose également des
problèmes, car nous n'avons pas éduqué, nous n'avons pas formé notre société pour qu'elle
accepte, qu'elle comprenne la différence, le fait que certains ont une religion, une culture
différente, ce qui ne constitue pas une menace. Malheureusement, nous sommes aujourd'hui
témoins d'une situation qu'on n'aurait jamais imaginé il y a 15 ou 20 ans et qui conduit à la
réapparition de phénomènes de xénophobie en Europe qui engendre des problèmes qu'on
n'aurait jamais imaginés il y a 20 ans. Je ne sais pas ce qui se passera si ces phénomènes de
xénophobie s'aggravent et quelles seront les solutions que nous trouverons. Ce n'est pas la
différence qui nous fait peur. Je le dis à chaque fois qu'il y a un débat sur l'identité nationale :
ce qui importe c'est l'identité du citoyen et la forme de citoyenneté.
Est-ce plus important d'être Grec, Espagnol ou Français ? Nous savons bien que je peux
être Grec, Espagnol ou Français, quelle que soit ma couleur ou ma religion ; mais le fait que
je suis citoyen d'un certain pays signifie que je dois respecter certaines valeurs et que je dois
adopter un comportement démocratique.
J'en viens maintenant à la corruption. Pourquoi une partie des citoyens voit la corruption
de façon positive ? Pourquoi certains sont pour les personnes corrompues ? Certains réalisent
des bénéfices par la corruption, même s'ils savent bien que leur manière d'agir n'est pas
correcte. La morale de la société est sapée, les fondements politiques, non pas religieux, sont
secoués.
Je ne veux pas vous fatiguer davantage. Tout ce que je vous ai dit est bien connu.
Personnellement je crois, après plusieurs années de travail en tant que Défenseur, en tant
que Commissaire, que le débat ne porte pas sur le nombre de droits qui seront inclus dans une
convention internationale ou sur le nombre de conventions supplémentaires que nous devons
signer ou sur les droits que nous devons revendiquer ou instaurer à travers une constitution. Il
faut plutôt voir comment former une société susceptible d'adopter des valeurs qui nous
permettront de vivre dans un cadre démocratique. Il faut insuffler ces valeurs aux élèves. En
outre, il faut nous demander si les institutions compétentes s'acquittent bien de leur mission et
si les organisations savent comment diffuser ces valeurs, si les médias remplissent leur
engagement de transmettre les valeurs démocratiques ou si tout simplement elles nous
présentent quotidiennement. La transmission des valeurs démocratiques est une obligation. Si
nous ne réussissons pas à tenir cet engagement, nous sauvegarderons le toit de l'édifice, mais
les termites rongeront ses fondations. Cela signifiera que nous disposerons d'un toit, mais pas
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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d'un édifice. Nous n'aurons pas une société bien structurée et démocratique.
Le Médiateur de la République française nous a parlé aujourd'hui des inégalités qui
existent aujourd'hui en Europe. Cela est évident dans la mesure où il y a des gens riches et des
gens pauvres. Tout cela est correct. Ceux qui ne sont pas protégés ne vont pas croire en la
démocratie. Comment peut-on croire en la démocratie lorsque l'on voit des banquiers détruire
le système bancaire tout en encaissant leurs bonus ? Est-ce qu'on leur donne des primes pour
leur corruption ? Le Président Obama nous a dit qu'il faut retrouver nos valeurs pour échapper
à la folie et à la guerre que nous avons vécues. Je suis tout à fait d'accord. Nous devons
retrouver ces valeurs. Mais ces valeurs doivent définir un système auquel nous pourrons tous
participer. Je pense que ces valeurs, cher Président, sont des valeurs que nous partageons tous,
des deux rives de la Méditerranée que nous représentons ici. Il s'agit des droits fondamentaux
de l’Homme qui nous permettent de coexister. Si nous ne réussissons pas à transmettre aux
jeunes ces valeurs, nous qui avons vécu la guerre, les valeurs de tolérance, de solidarité, de
justice sociale, il y aura un problème dont les conséquences ne seront pas positives.
Lorsque je vois que notre société accepte que l'Europe possède des prisons cachées, des
centres de détention remplis par des personnes détenues illégalement, des chambres de
torture, quelle sera la conception que nos citoyens auront sur la justice ?
Monsieur le Président, chers Ombudsmans,
Je vous ai présenté certaines réflexions. En terminant, j'invite chacun à revoir ses valeurs
et à travailler, dans son pays, dans son espace, pour promouvoir les valeurs à l'échelle
nationale et mondiale. Parce que si les institutions nationales ne réussissent pas à transmettre
les valeurs collectives aux sociétés, ces lacunes seront comblées par d'autres qui sont épris de
valeurs différentes, de valeurs politiques, religieuses ou autres. Et nous sèmerons la graine du
conflit et non pas de la coexistence. Je pense que l'Etat doit veiller à la diffusion de ces
valeurs, sinon d'autres le feront à sa place et cela sera très dangereux. Je ne veux pas être
pessimiste, mais je dis tout cela en fonction de mon expérience. Je crois qu'il s'agit d'un
problème de fond et non de forme.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Merci infiniment. A présent, nous aurons un bref débat. Des questions seront posées et
ensuite nous aurons l'intervention du professeur Kucsko-Stadlmayer qui durera une demi-
heure. Ensuite il faudrait également prévoir 10 minutes pour des questions et des réponses.
J'aimerais poser une question à M. Gil-Robles. Mais avant de le faire je m'adresse à
vous. Est-ce que vous avez des questions ?
Monsieur Rafael RIBÓ,
Médiateur de la Catalogne
Merci Yorgos. Alvaro, compte tenu de ta grande expérience européenne, ne penses-tu
pas, qu'à part les règlements, les directives, les lignes directrices et les objectifs financiers,
l'Union Européenne ou le Conseil de l'Europe ne devraient pas veiller à la promotion des
valeurs humaines démocratiques ?
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Monsieur Delevoye.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Il y a peut-être une réflexion que nous pourrions mener à partir de l'exemple européen.
J'avais organisé, avec le Médiateur européen, un colloque à Strasbourg sur l'influence de la
jurisprudence européenne sur le comportement des administrations européennes. Ce n'est pas
inintéressant de voir comment une jurisprudence peut réintroduire les notions du respect du
délai, de la proportionnalité, du principe contradictoire. C'est la première question que je pose
à Alvaro. La seconde c'est au niveau des conventions internationales : quel est le rôle que
peuvent jouer les Ombudsmans dans la défense du respect des conventions internationales
lorsqu'elles sont en doute, pas tout à fait en harmonie avec les législations nationales.
Troisième élément. Je pense qu'on peut avoir un débat sur les valeurs que certains souhaitent
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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mettre en avant, d'autres souhaitent critiquer. C'est peut-être un débat sur lequel nous
pourrions ne pas être d'accord. Mais est-ce que nous pourrions parvenir à un accord sur les
limites à ne pas franchir ? Et qu'à l'évidence, une des questions sur lesquelles nous pourrions
ensemble réfléchir, c'est au nom de la sécurité collective, jusqu'où pouvons-nous aller dans le
recul des libertés individuelles et, au nom des libertés individuelles, jusqu'où pouvons-nous
fragiliser la sécurité collective. C'est un débat très compliqué, mais l'on voit bien que le
respect de la dignité de la personne pose le problème de l'emprisonnement. Le débat sur la
castration chimique en France, ouvre une porte qui me paraît, à moi, devoir rester
hermétiquement fermée. C'est le respect de la dimension de la personne humaine. Et
commencer à amputer, au nom de la sécurité, me paraît fragiliser le respect de la dimension
humaine et donc, au regard de l'expérience d'Alvaro, à titre de Commissaire européen, quels
sont les conseils, l'expérience qu'il a bien voulu nous donner. On le voit d'ailleurs dans le
débat qu'a ouvert M. Obama sur Guantanamo.
Monsieur Álvaro GIL-ROBLES,
ancien Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe,
ancien Défenseur du Peuple de l’Espagne
Répondant à ces questions, je suis tout à fait d'accord que ce débat ne doit pas se
dérouler uniquement au niveau national, mais qu'il devrait également avoir lieu au niveau
européen, avec la participation active de l'Union Européenne. Je crois que le Conseil de
l'Europe devrait également avoir un rôle en la matière et notamment en ce qui concerne les
droits de l’Homme. J'ai travaillé dans ce domaine à Strasbourg pendant de nombreuses
années. Nous pourrions adopter une résolution ici qui inviterait le Conseil Européen, le
Conseil de l'Europe et les Etats membres à œuvrer vers cette direction. Il faut rechercher les
causes des phénomènes que nous voyons aujourd'hui et nous demander ce que l'on peut faire,
au niveau de l'éducation, de la formation, des institutions etc. Il faut identifier les problèmes,
il faut rechercher la racine du mal.
Comme le Président a dit, nous partageons des valeurs communes, qui peuvent devenir
le noyau central qui constituera la base d'un travail en commun, concernant la dignité
humaine et les droits de l’Homme. Je crois que nous pouvons le faire.
L'Ombudsman joue un rôle très important, dans la mesure où les Ombudsmans
transmettent leur avis aux parlements, aux gouvernements ; dès lors leur mission est très
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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importante. Les Ombudsmans doivent également aider la Cour Européenne des droits de
l’Homme de Strasbourg dans la mise en œuvre de ses décisions. Ils peuvent obliger les
gouvernements à respecter les décisions de la Cour de Strasbourg. Il y a l'arrêt de la Cour
Européenne sur les croix dans les écoles. Cela crée des problèmes à certains gouvernements.
Mais si les valeurs démocratiques sont solides, il y aura une base. Les croyances religieuses
ne peuvent pas être imposées sur la société. Nous respectons les droits individuels, mais il faut
également respecter la laïcité qui est un principe fondamental de coexistence. Si les
Ombudsmans expliquent que les arrêts de la Cour peuvent être mis en œuvre dans le cadre
législatif du pays, nous aurons accompli une mission d'éducation civique de valeur incroyable.
Parfois il faut aider les gouvernements, ainsi que la société.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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IINNTTEERRVVEENNAANNTT ::
Dr. Gabriele KUCSKO-STADLMAYER, Département de droit
constitutionnel et administratif, Université de Vienne, Autriche
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Professeur Stadlmayer, vous avez la parole.
Dr. Gabriele KUCSKO-STADLMAYER,
Département de droit constitutionnel et administratif, Université de Vienne,
Autriche
Merci, Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord, j'aimerais vous remercier infiniment de m'avoir fait l'honneur de m'inviter
à parler à cet auguste assemblée.
L'Association des ombudsmans de la Méditerranée fait un effort important pour relier les
traditions juridiques des continents libres et pour consolider les valeurs communes et les
amitiés. Venant de l'Europe centrale, je ne connais pas toutes les institutions d'ombudsmans de
la Méditerranée et c'est ici une occasion pour apprendre comment fonctionnent vos
institutions.
En Europe, les institutions d'ombudsmans se sont répandues dans le continent au cours
de la dernière décennie. Originaire de Suède, cette institution est représentée par la quasi-
LES INSTITUTIONS DE MEDIATION EN EUROPE – QUELS SONT LES POUVOIRS
D’ENQUETE FONDAMENTAUX ?
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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totalité des pays qui se considèrent démocratiques. Elles sont assises sur l'Etat de droit et les
systèmes juridiques orientés vers le citoyen.
Au sein de l'OCDE, 48 Etats disposent d'une institution d’ombudsman à l’échelle
nationale ou régionale. Plus de 60 % des bureaux des ombudsmans sont situés en Europe. La
raison du grand succès de l'institution des ombudsmans en Europe remonte aux années 1970,
à une époque où l'administration publique se développait et que les citoyens dépendaient des
services publics, ils souffraient de la bureaucratie et ils recouraient aux tribunaux pour avoir
une protection juridique et il fallait surmonter tous les obstacles administratifs. Dès lors, les
institutions des ombudsmans ont été fondées pour pallier à ces difficultés et renforcer la
confiance du citoyen à l'égard d'un système correct, populaire qui respecte les règles. Il est
connu que l'Association européenne des ombudsmans s'est fondée sur le modèle danois de
1955 qui a influencé la définition du rôle de l'ombudsman donnée par l’« International Bar
Association ». Ce concept que j’appelle « le concept de base », était composé de plusieurs
éléments. L'institution de l'ombudsman devait être une institution de contrôle, composée de
personnalités respectées, une institution indépendante du système bureaucratique classique,
facilement accessible par le citoyen, pouvant exercer un grand contrôle sur toute
l'administration, avec de grands pouvoirs d'enquête qui conduisent à la solution ou à la
prévention de problèmes, mais elle a été dotée de soft powers (« pouvoirs doux ») de mise en
œuvre, notamment des recommandations. A la base de ces éléments fondamentaux se trouve
l'idée principale que l'ombudsman ne doit pas faire concurrence au système judiciaire existant.
Par conséquent, son rôle dans l'appareil étatique devrait être tout à fait spécial. Son pouvoir ne
devrait pas se fonder sur les jugements prononcés. Cela a conduit à l'idée que les compétences
de l'ombudsman devraient être moins grandes que celles des tribunaux, dans la mesure où
l'ombudsman peut exercer une pression douce pour trouver des solutions consensuelles,
comme des recommandations et des rapports au parlement, aussi bien que des propositions
législatives. Pour que ces instruments faibles soient efficaces, ils devraient être associés à une
grande rigueur dans d'autres domaines. Comme vous voyez, au point 1.2.4, le contrôle de
personnalités politiques respectées, l'indépendance des institutions, l'accès facile, le contrôle
vaste et au point 5, de grands pouvoirs d'enquête.
Dans les 20 minutes qui suivent, je vous parlerai des pouvoirs d'enquête de
l'ombudsman, comme ils sont définis dans les pays européens. A mon sens, ils sont très
importants pour le fonctionnement de ces institutions. Je me fonde sur une analyse juridique
intitulée « Institutions européennes de l'ombudsman». J'ai effectué cette étude à l'Université
de Vienne entre 2005 et 2007 et elle fut publiée en 2008. Vous y trouverez des commentaires
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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détaillés sur le cadre juridique de toutes les institutions européennes de l'ombudsman dont les
questions que nous traitons aujourd'hui. Ma thèse consiste à dire que les pouvoirs élargis
d'enquête sont très importants pour l'efficacité de l'ombudsman. Dès lors ces pouvoirs doivent
être larges et ils doivent être associés à la transparence totale de la fonction publique. En règle
générale, l'ombudsman n'a pas le droit d'engager une procédure pour aboutir à une décision.
Mais il peut rassembler des informations de plusieurs façons et tous les organes administratifs
sont obligés de l'aider. A cet égard, il faut tenir compte de trois facteurs principaux.
Premièrement, le devoir de donner des informations à l'ombudsman. Deuxièmement, le devoir
de permettre des inspections sur place. Troisièmement, le pouvoir d'imposer des sanctions si
ces devoirs ne sont pas respectés. Les organes administratifs saisis par l’ombudsman doivent
fournir des renseignements non seulement oralement, mais soumettre également des
documents à l'ombudsman. Le règlement souligne parfois expressément que l'ombudsman a le
droit de demander tous les documents à une agence de contrôle. L'ombudsman peut accorder
un délai pour la soumission des informations requises. Si les informations ne lui sont pas
fournies à temps, des sanctions peuvent être engagées. La fourniture d'informations rend le
cas plus transparent et permet à l'agence de commenter un problème, de formuler ses points
de vue afin que l'ombudsman s'acquitte de sa mission avec impartialité. Le devoir de fournir
des informations doit être absolu.
J'aimerais mentionner certaines exceptions. En général, les tribunaux sont exclus du
contrôle de l'ombudsman. Cela est essentiel pour garantir l'indépendance de la justice.
L'administration de la justice ne fait pas partie des compétences de l'ombudsman. Pourtant,
dans certains pays, certains domaines de l'administration ne tombent pas non plus sous le
contrôle de l'ombudsman. Cela n'est pas conforme avec le concept même de l'ombudsman.
Par exemple, l'administration de la justice n’est pas sous le contrôle de l'ombudsman dans des
domaines sensibles, comme les affaires étrangères, la sécurité ou la défense nationale. Parfois,
des secrets d’Etat ne sont pas dévoilés à l'ombudsman quand un organe a classifié une
question de confidentielle. Il s'agit du devoir général de confidentialité qui doit être préservé,
même à l'égard de l'ombudsman.
Malheureusement il n'y a pas de règle commune. Quoi qu'il en soit, un nombre croissant
de juridictions prévoit expressément qu'il n'y a pas d'obligation générale de dévoiler des
secrets. Dans tous ces cas, l'ombudsman lui-même est tenu à la confidentialité et à la
protection des données, lors du traitement des informations, s'agissant notamment de parties
tierces. Dans plusieurs cas, le pouvoir de l'ombudsman d'interroger les services publics est
explicite. Certaines lois prévoient que, sur demande, l'ombudsman, à tout moment, comme
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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tout fonctionnaire public, peut agir auprès des organes administratifs. Dans certains pays, le
Président, le Premier ministre et le Président du Parlement, sont obligés de voir l'Ombudsman,
à la suite de sa demande et ce sans retard. Par ailleurs, certains ombudsmans ont le droit de
participer aux débats oraux de corporations ou d'assister à des audiences de l'agence. Certains
ombudsmans ont même le droit d'assister à des réunions gouvernementales, au moins lorsque
les questions débattues sont associées à leurs activités. Par contre, la plupart des ombudsmans
européens ont le droit de faire des inspections sur place. La formule la plus commune est
l'accès libre aux salles et aux bâtiments officiels. Dans la plupart des cas, cela ne nécessite pas
de notification préalable. Dans plusieurs juridictions, il y a des règlements qui concernent
l'accès aux prisons ou autres centres de détention qui sont des lieux privatifs de liberté. De
telles visites ont pour but de faciliter les contrôles et de constater d’office si les droits de
l’Homme sont respectés dans ces institutions. Ces visites ne sont pas d'habitude associées à
une plainte. Parfois, le droit d'accès dépend de la compétence de l'ombudsman et il est limité
par l'administration publique. Parfois ces droits sont élargis aux institutions pénales ainsi
qu’aux centres privés de détention. L’Albanie, par exemple, stipule en détail que
l'Ombudsman et tout cadre officiel autorisé par lui, a droit d'accès illimité, à tout moment, sur
simple notification auprès du chef de l‘institution, à toutes les institutions publiques, prisons,
centres de détention, unités militaires ou institutions de l'Etat, comme hôpitaux
psychiatriques, asiles, orphelinats et autres lieux où il y a une preuve de violation des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales. En outre, l'Ombudsman albanais a le droit de
rencontrer et de parler aux incarcérés et détenus même sans la présence du chef de
l’institution correspondante. L'Albanie en est un exemple, étant donné que les compétences
élargies de l'Ombudsman sont associées aux droits de l’Homme, selon les principes de Paris.
De plus en plus, les ombudsmans constituent un mécanisme de prévention nationale, selon le
protocole facultatif à la Convention des Nations Unies contre la torture (OPCAT). Ce
protocole, en vertu de son article 4, oblige les parties à constituer des organes indépendants
d'inspection ayant le droit d’effectuer des visites régulières auprès de ces institutions, comme
prisons, centres de détention de la police, hôpitaux, etc. L'article 18 prévoit l'accès libre aux
lieux de détention et à toutes les installations, sans permis préalable du gouvernement, la
possibilité d’effectuer des entretiens avec les personnes privées de liberté, sans témoins et le
droit d'obtenir des informations sur le traitement de ces personnes, y compris des photos et
des enregistrements vidéo effectués pendant les visites. Pour remplir leurs engagements
découlant du protocole, plusieurs Etats n'ont pas créé de nouvelles agences d'inspection,
comme les commissions des droits de l’Homme pour les personnes privées de liberté, mais
accordent des pouvoirs supplémentaires à leur ombudsman. L'idée est que le concept de
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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l'ombudsman est très proche de celui du MPM, vu son indépendance et son efficacité dans le
contrôle des institutions publiques, en fonction des normes de la bonne administration, et la
confiance que les gens ont en sa capacité de protéger les droits de l’Homme, en utilisant
uniquement des « soft powers », comme les enquêtes, les rapports et les recommandations.
En Autriche, l'Ombudsman ne dispose pas encore des compétences élargies que lui
confère le protocole, mais le Gouvernement prépare un projet de loi pour modifier le mandat
de l'Ombudsman et le doter de pouvoirs supplémentaires pour répondre aux critères de
l’OPCAT et aux principes de Paris.
Les ombudsmans déjà dotés de ces compétences nous ont dit, dans nos questionnaires,
qu’en général ils les utilisent régulièrement. Quoi qu’il en soit, ces visites et les critères de
l’OPCAT doivent être des mesures efficaces pour prévenir les cas de torture. Cette efficacité
ne sera possible que si les crédits accordés à l'ombudsman augmentent afin d’assurer des
visites fréquentes. Enfin, pour garantir la coopération des organes administratifs, il est
d’importance décisive de savoir quelles sont les sanctions que l'ombudsman peut imposer, si
la conformité retarde ou si elle est insuffisante. Plusieurs institutions considèrent qu'il s'agit là
de l'un des plus grands problèmes pratiques. La majorité des juridictions prévoient des
sanctions si les engagements ne sont pas tenus.
En bref, dans quelques Etats, certains éléments du devoir d’assistance peuvent être
directement mis en œuvre par les tribunaux, par exemple par des citations ou des
interrogatoires auprès des services publics. La menace de ces sanctions en elle seule a un tel
effet préventif, qu’en pratique l'ombudsman n’a pas besoin de recourir à ces mesures. Par
exemple, en Finlande et en Lituanie, l'Ombudsman peut demander l'assistance de la police
pour appliquer son droit d’obtenir un document. Dans plusieurs Etats, il existe des règlements
qui soulignent que le défaut d’accorder l’assistance à l'ombudsman est passible de sanctions
pénales. Certains pays, comme le RU et l’Irlande considèrent que négliger l’ordre de
l'Ombudsman équivaut à une atteinte à l’autorité du tribunal. Dans d'autres Etats, c'est
l'ombudsman lui-même qui peut imposer les sanctions. En France, le Médiateur peut rendre
ses enquêtes plus efficaces en recourant à d'autres organes de contrôle. Il peut demander aux
autorités d'inspection de procéder à des vérifications ou à des enquêtes ; même le Vice-
président du Conseil d'Etat et le premier Président de la Cour des Comptes sont tenus de faire
des enquêtes sur demande du Médiateur. Par ailleurs, dans chaque ministère, il y a un
correspondant ministériel qui est le contact privilégié du Médiateur.
Lorsque de telles sanctions ne sont pas imposées, seule la surveillance administrative
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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peut être utilisée. Parfois l’ombudsman demande la coopération, à défaut de quoi il peut faire
rapport à l'autorité supérieure. Dans certains pays, cela constitue une infraction disciplinaire.
L'ombudsman est en partie impliqué dans la mise en œuvre des actes disciplinaires. Certains
d’entre eux ont le droit d’engager des procédures disciplinaires, tout au moins lorsque
l’organe compétent n’agit pas sur leur demande. Par ailleurs, s’il y a des infractions continues
au devoir d’assistance, l'ombudsman peut décider de les mentionner dans son rapport annuel.
En Espagne, il est mentionné expressément que les noms de ces responsables, ainsi que les
services administratifs correspondants peuvent être mentionnés dans les rapports qui sont
rendus publics. Evidemment, l'Ombudsman doit tenir compte du fait qu'il est tenu de protéger
les données personnelles et la vie privée. C’est à lui de juger si la publication est vraiment
nécessaire.
Enfin, ce qui n’est pas le moins important, le refus d’assistance est une infraction aux
principes de la bonne administration. S'il y a une mauvaise administration, l'ombudsman peut
s'adresser à un degré supérieur.
Tout cela nous montre que tous les pouvoirs des ombudsmans européens ne sont pas
aussi souples que considérés généralement. Leurs pouvoirs d’enquête sont et doivent
être larges. La non-conformité entraîne des sanctions diverses. Elles garantissent une
transparence quasi totale de l’administration à l’égard de l'ombudsman, lui permettant de
dévoiler les comportements impropres de l’administration, les infractions aux lois, les cas de
violation des droits de l’Homme, voire même les cas de corruption. En association avec les
autres instruments, les rapports, les recommandations et les publications, l'effet préventif de
ces mesures, dans les cas individuels, peut être impressionnant.
S'agissant des visites aux centres de détention et aux prisons, l'ombudsman n'a pas de
pouvoirs tellement élargis. Souvent, les ressources financières et humaines prévues pour ces
visites, ainsi que le cadre juridique ne sont pas suffisants. Mais le concept d'ombudsman en
Europe a tellement réussi au cours des dernières décennies qu'il doit être davantage
développé. Quant à l'indice de corruption, en 2009, selon « Transparency International »,
l'ombudsman est celui qui prend les meilleures mesures. Nous voyons que l'ombudsman est
très apprécié, dix pays indiquant que l'ombudsman complète le système de protection
juridique de manière idéale. Il peut remédier au système administratif et, s'il n'y a pas de
mesures de correction, il peut déposer une plainte de manière amicale et cela donne confiance
dans le fonctionnement de l'Etat. Ce sont des éléments essentiels pour son travail. Il dispose
de pouvoirs d'enquête étendus. Tout cela est important. L'ombudsman peut montrer aux
citoyens qu'il y a une transparence. Si un rapport est soumis au Parlement, cette transparence
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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est élargie aux organes représentatifs, au public. Ces mécanismes ne concernent pas seulement
l'Etat de droit et la protection juridique, mais aussi le contrôle démocratique du
gouvernement. Dès lors, la transparence, s'agissant des cas individuels traités par
l'ombudsman, conduit finalement à la mise en œuvre des valeurs démocratiques. En ce qui
concerne ce rôle de l'ombudsman, il dispose de plus de pouvoirs que d'autres organes
étatiques. Il a la responsabilité d'assurer l'équilibre sensible entre l'intérêt public et le
comportement de l'administration, d'une part, et les intérêts légitimes des citoyens, d'autre
part. Cet équilibre se trouve au centre même du rôle constitutionnel de l'ombudsman. Je suis
certaine que ce concept pourra relever le défi. Il faut travailler beaucoup, explorer la
possibilité d'optimiser les acquis pour la mise en œuvre de nos réalisations communes.
Je vous remercie pour votre attention.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Merci, professeur. M. Mugica, voulez-vous intervenir ?
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG,
Défenseur du Peuple espagnol
J'ai suivi avec beaucoup d'attention ce que le professeur Kucsko-Stadlmayer nous a dit et
notamment sur les différences entre les institutions européennes, ainsi qu’avec les institutions
d’autres pays du monde. Nous avons, par exemple, des élections parlementaires ou des
ombudsmans qui présentent des rapports aux parlements. Cela signifie que les autorités
constitutionnelles sont également sujettes au contrôle parlementaire. Cela est très important.
En ce qui concerne nos amis de la République française, l'ombudsman fait actuellement partie
de la Constitution française. S'agissant de notre rencontre, nous nous trouvons ici en notre
qualité d'Ombudsmans et Médiateurs de la Méditerranée. Nos démarches, notre programme,
doivent refléter ce que le professeur Kucsko-Stadlmayer nous a dit. Evidemment, il y a les
pays du Nord et les pays du Sud de la Méditerranée, ainsi que les pays à l'Est et à l'Ouest de la
Méditerranée. Il est important de souligner le rôle des pays du sud-Méditerranéen, car nous
croyons que leur présence renforcera nos pouvoirs. Dès lors il faut souligner l'importance de
ces organisations sœurs et veiller à développer davantage nos relations. Merci.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Je donne à présent la parole au représentant de l’institution de l'Autorité palestinienne.
Monsieur Mousa SALAHELDIN,
Directeur de Département, Commission indépendante palestinienne pour les droits
de l’Homme de l’Autorité palestinienne
Merci, monsieur le Président. J'ai suivi la présentation de Mme le Professeur concernant
l'Europe. A mon tour, j'aimerais vous dire quelques mots sur l’expérience en Palestine. Notre
ancien Président, feu Yasser Arafat, avait créé l'institution de l'Ombudsman il y a quelques
années. Cela nous permet de visiter les prisons dans la bande de Gaza. Nous pouvons discuter
librement avec les détenus et nous pouvons voir quelles sont les conditions de leur détention.
L'année dernière, nous avons réalisé 894 visites dans les prisons et centres de détention.
Conformément à notre Constitution, nous devons soumettre nos rapports au Conseil législatif
palestinien, mais, étant donné que certains députés sont détenus par les autorités israéliennes,
il ne nous est pas possible de soumettre des rapports sur une base régulière. Récemment, le
Président du Conseil législatif palestinien a été libéré par les autorités d'occupation qui le
détenaient et c'est ainsi que nous avons pu soumettre notre rapport.
Lorsque nous parlons de prisons, il faut signaler que les détenus sont des enfants, des
mineurs. Les familles palestiniennes n'ont pas le droit de visiter leurs enfants qui se trouvent
dans les prisons israéliennes. Il faut recourir au gouvernement pour faire face à cette situation
imposée par les Israéliens. Il faut signaler notre situation particulière. Malgré les mesures
israéliennes, nous avons réussi à nous faire une place au CIC.
En terminant cette intervention, j'aimerais remercier l'Association des ombudsmans de la
Méditerranée de son soutien. Nous espérons que nous aurons un échange fructueux de points
de vue qui permettra d'introduire la stabilité et de consolider la justice et le droit, au-delà des
différences religieuses ou politiques. Nous essayons, de notre côté, de protéger les droits des
citoyens palestiniens. Merci une fois de plus de nous avoir invités ici aujourd'hui.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Ombudsman de Grèce
Merci beaucoup. Deux Ombudsmans ont été nommés récemment. Je les félicite, il s'agit
de nos collègues du Portugal et de la Jordanie. Je donne à présent la parole à l'Ombudsman du
Portugal et ensuite à mon ami de Malte.
Monsieur Alfredo José de SOUSA,
Ombudsman du Portugal
Merci, Monsieur le Président. J'aimerais vous donner quelques informations sur les
compétences du Médiateur, non de la République, mais de la justice, du Portugal, à propos de
la justice et des décisions des tribunaux.
Le droit du citoyen à une décision judiciaire, dans un bref délai de temps, est un droit
très très important. Au Portugal, il y a beaucoup de retards dans les décisions des tribunaux.
Même la Cour des droits de l’Homme à Strasbourg a condamné, à plusieurs reprises, le
Portugal pour des retards dans les décisions des tribunaux. Dès lors, une des compétences du
Médiateur du Portugal est de recevoir des pétitions des citoyens sur les retards de la justice.
Le Médiateur soumet souvent au Conseil supérieur de la magistrature des recommandations
visant à donner des décisions plus précises. En outre, le Médiateur du Portugal dispose d'une
autre compétence qui je crois est très intéressante. Le Médiateur a la compétence de s'adresser
à la Cour constitutionnelle et de demander la déclaration de la constitutionnalité de certaines
normes qui parfois portent atteinte aux droits fondamentaux aussi bien que la déclaration de la
constitutionnalité des lois en général.
Troisièmement, il y a une autre chose que je considère très importante, c'est que le
Médiateur de la justice au Portugal est membre naturel du Conseil d'Etat. Le Médiateur a la
compétence de donner au Président de la République des conseils sur la situation des droits
humains, leur respect et parfois leur violation.
Merci, Monsieur le Président.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Merci. Je donne à présent la parole au représentant de la Jordanie et ensuite à Malte.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Abdelilah KURDI,
Président, Bureau de l’Ombudsman
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d'abord à remercier l'Association des ombudsmans de la Méditerranée, son
Président, son Secrétaire général, qui ont invité le Défenseur du peuple jordanien à cette
rencontre qui nous permettra de renforcer la collaboration entre nous et de vous présenter
l'expérience jordanienne qui est d'ailleurs assez récente.
Tout d'abord, j'aimerais à mon tour remercier l'Ombudsman de Grèce qui nous a adressé
cette invitation qui constitue pour nous un grand honneur.
Cette invitation constitue un des buts de cette Association qui vise à propager les
connaissances et les expériences aux Ombudsmans de nombreux pays, protégeant ainsi les
droits de l’Homme. L'institution de l'Ombudsman en Jordanie a résulté de directives de Son
Excellence le roi Abdallah II qui voulait contrôler l'administration et garantir une transparence
administrative pour rapprocher l'administration des citoyens, en vue de garantir d'objectivité
et la transparence, en mettant ainsi fin aux phénomènes de corruption et d'une gouvernance «
entre amis ». L’institution créée en 2008, a des attributions telles que le respect et la protection
des droits de l’Homme, en vertu de la déclaration de Paris. En outre, l'autonomie et
l'indépendance du dirigeant de cette institution, qui doit pouvoir exercer ses fonctions de
manière indépendante, sont des principes importants.
L'institution de l'Ombudsman est donc une institution qui contrôle l'administration
publique. Elle garantit la prestation de services aux citoyens, protégeant ainsi leurs droits. Le
dirigeant de l'institution a le pouvoir d'enquêter sur toute affaire qui concerne l'administration
ou la gestion publique et il rédige un rapport annuel.
Je vous remercie, une fois de plus, de votre invitation et je souhaite que cette rencontre
soit couronnée de succès.
Monsieur Joseph SAID PULLICINO,
Ombudsman de Malte
Monsieur le Président,
Comme notre ami espagnol l’a souligné, nous nous trouvons ici pour promouvoir un
dialogue Nord-Sud. Or, il faut trouver des moyens pratiques pour mieux se comprendre. Je
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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serai bref. Je trouve l'étude du dr. Gabriele Kucsko-Stadlmayer sur les institutions des
ombudsmans européens excellente. Elle a réussi à nous présenter une image générale en
identifiant les points sur lesquels nous sommes d'accord et ceux sur lesquels nous ne le
sommes pas.
Il faudrait faire une étude similaire pour savoir comment fonctionnent les institutions de
nos amis Nord africains qui se trouvent ici. Souvent nous ne savons pas exactement quelles
sont les méthodes utilisées pour remplir leur mission dans les différents Etats. Je crois qu'il
faut faire cet exercice et je pense que notre Association pourrait trouver les moyens pour
promouvoir ces initiatives, avec éventuellement l'aide du dr. Gabriele Kucsko-Stadlmayer et
du professeur éminent de l'Afrique du nord. Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Merci, s’il n'y a pas d'autres interventions, nous prendrons la photo de famille devant le
bâtiment et ensuite nous irons déjeuner.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Président :
Prof. Yorgos KAMINIS, Ombudsman de Grèce
IINNTTEERRVVEENNAANNTTSS ::
Prof. Calliope SPANOU, Médiateur adjoint au Bureau de l’Ombudsman de
Grèce
Ian HARDEN, Secrétaire général du Médiateur européen
Discussion
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Je demande à tous les Présidents qui me succèderont dans cette réunion, de bien vouloir
faire un résumé de ce qu'ont dit les intervenants. Cela facilitera le débat.
En outre, j'aimerais donner la parole à M. Jean-Paul Delevoye qui voudrait vous faire
quelques communications de la part du Président de l'Association.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Bien. Je voudrais que vous réfléchissiez, pour notre Assemblée Générale de demain, et
ça vous donnera le temps, de réfléchir à ce que notre prochaine réunion, nous puissions peut-
être la réaliser en Espagne, puisque l'Espagne assurera la présidence de l'Union Européenne. Il
PPRREEMMIIEERREE TTAABBLLEE RROONNDDEE ::
AACCCCEESS AAUUXX DDOOCCUUMMEENNTTSSAADDMMIINNIISSTTRRAATTIIFFSS
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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y a d'autres candidatures ; on pourra les étudier, mais je pense, il me paraît que pour l'Espagne
c’est quelque chose d’important. Deuxième élément, j'ai entendu un certain nombre de
demandes que je trouve justifiées. Nous avons reçu ce matin une très belle étude sur le
fonctionnement des institutions nord-Méditerranéennes ; nous allons pouvoir améliorer la
connaissance entre nous. Pour l'année prochaine il faudra mettre en place une étude sur le
fonctionnement des institutions sud-Méditerranéennes, de façon à ce que nous puissions
réfléchir ensemble à l'efficacité de notre collaboration, à la comparaison de nos pouvoirs et,
éventuellement, à l'évolution de nos textes législatifs. Donc, réfléchissez à cela, ça fera partie
des résolutions que nous vous proposerons avec le Président demain, lors de l'Assemblée
Générale.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Je crois qu'on peut commencer. Cet après-midi, nous allons écouter le professeur Mme
Calliope SPANOU, l’Ombudsman adjoint auprès de l'Ombudsman grec et après Monsieur Ian
Harden qui est Secrétaire général de l'Ombudsman européen et qui nous parleront de l'accès
aux documents administratifs.
Mme Spanou, vous avez la parole.
Madame Calliope SPANOU,
Médiateur adjoint, Ombudsman de Grèce
Merci, monsieur le Président. Nous avons convenu avec monsieur Ian Harden, mon
collègue, que ce soit lui qui commence, parce que cela donnera plus de sens à nos
présentations.
Monsieur Ian HARDEN,
Secrétaire Général, Médiateur européen
Merci, monsieur le Président.
Bonjour à tous.
Le Médiateur européen, Professeur P. Nikiforos Diamandouros, m'a demandé de vous
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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transmettre ses meilleurs vœux de succès pour cette conférence importante. Malheureusement
lui-même a été empêché de venir en raison de la session du Parlement européen qui a lieu à
Strasbourg cette semaine.
C'est la raison pour laquelle j'ai l'occasion et le plaisir de participer à la session de cet
après-midi. C'est également la première fois que je participe à la réunion de l'Association des
ombudsmans de la méditerranée. Jusqu'à présent, j'ai trouvé vos débats très intéressants et je
souhaite un plein succès à l'association dans ses activités futures.
Ma présentation a pour thème l'accès du public aux documents administratifs.
Que signifie l'accès du public aux documents ?
Jusqu'à récemment, le concept de base, dans la majorité des pays du monde, consistait à
dire que les documents détenus par l'administration publique sont confidentiels, à moins que,
et jusqu'au moment où, l'administration décide de les rendre publics. Ce qui revient à dire que
les documents sont présumés être confidentiels.
L'idée principale de l'accès du public aux documents administratifs est d'inverser cette
présomption et de faire en sorte que tous les documents soient en principe publics, sous
réserve de la protection d'autres droits et intérêts légitimes.
Je parlerai plus tard des exceptions à l'accès du public visant à protéger les droits et les
intérêts légitimes.
Inverser la présomption de la confidentialité signifie que chaque membre du public a le
droit d'accès aux documents officiels.
Le droit d'accès du public diffère des droits spéciaux dont pourrait disposer un individu
particulier. Par exemple, si je suis accusé d'un crime et dois comparaître devant un tribunal, je
suis en droit de connaître les faits qui me sont reprochés et les preuves à mon encontre. Par
ailleurs, j'ai le droit de savoir quelles sont les informations détenues par une autorité publique
sur ma personne. Ce droit est garanti par les lois sur la protection des données personnelles.
Ces droits spéciaux permettent à certains individus d'avoir accès à des documents
officiels.
Par contre, aucun intérêt particulier n'est requis lorsqu'il s'agit de l'accès du public aux
documents administratifs. Quiconque peut demander ces documents sans en justifier la raison.
Pourquoi existe-t-il un droit d'accès du public ? Mme Spanou vous parlera davantage de
cet aspect du problème.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Le droit d'accès du public est souvent associé à la liberté d'expression et notamment à la
liberté de la presse. La tendance moderne en faveur de l'accès du public à ces documents
l'associe également à la démocratie. L'idée est que l'ouverture et la transparence permettent
aux citoyens et aux votants de savoir ce que font les autorités publiques. L'opinion publique
est informée et, par conséquent, les citoyens peuvent surveiller les activités des autorités
publiques. Il est souvent soutenu que l'ouverture promeut l'intégrité, l'efficacité et l'efficience
des autorités publiques, ce qui notamment contribue à la lutte contre la corruption.
Le premier pays au monde qui a introduit le droit d'accès du public aux documents
officiels, était la Suède en 1766. Deux cents années plus tard, les Etats-Unis ont adopté une
législation qui introduisait une nouvelle expression « la liberté de l'information ». Ces deux
expressions, l'accès du public aux documents et la liberté de l'information, pourraient prêter à
confusion. Mais en pratique, elles signifient plus ou moins la même chose. Par exemple, dans
la récente convention du Conseil de l'Europe sur l'accès aux documents officiels, les termes
« documents officiels » sont définis comme étant les informations enregistrées ou fichiers de
données. Et le « Freedom of Information Act » des Etats-Unis exige que les enregistrements
soient disponibles.
En fait, le terme « record » signifie tout simplement « document ». Dans les années
1970, la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas et la France (en 1978) ont adopté des lois sur
l'accès du public aux documents. Dans les années 1990, après la chute des régimes
communistes, plusieurs pays de l'Europe centrale et orientale ont également promulgué des
lois sur l'accès du public aux documents. Deux des institutions de l'Union européenne, le
Conseil et la Commission, ont adopté des règles internes d'accès du public aux documents au
milieu des années 1990. En 1998, les Nations Unies ont adopté une Convention qui se
référait, entre autres, à l'accès du public à l'information pour des questions environnementales
: il s'agissait de la Convention Aarhus. Pour en venir au 21ème siècle, certains grands Etats
européens qui dans le passé étaient opposés à cet accès du public, comme le Royaume-Uni et
l'Allemagne, ont adopté une législation correspondante.
Une enquête, publiée en 2006 par une des nombreuses ONG devenues très actives dans
ce domaine, identifie 68 pays du monde qui disposeraient de lois sur l'accès du public aux
documents officiels.
Le premier instrument international concernant le droit général d'accès du public aux
documents a été adopté au début de cette année. Il s'agit de la Convention du Conseil de
l'Europe sur l'accès aux documents officiels. Cette convention a été adoptée mais n'est pas
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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encore entrée en vigueur. Le processus de ratification est en cours. Je vous parlerai un peu
plus de cette Convention, parce que, comme je vous l'ai dit, il s'agit du premier instrument
international qui représente un genre de consensus, non seulement entre les Etats membres du
Conseil de l'Europe, mais également parmi les ONG qui agissent dans ce domaine, à l'échelle
mondiale.
La disposition principale est celle de l'article 2.1. de la Convention qui stipule
queErreur ! Référence de lien hypertexte non valide.« chaque partie garantit à toute
personne, sans discrimination aucune, le droit d'accéder, à sa demande, à des documents
publics détenus par des autorités publiques ». Ce droit d'accès oblige les autorités publiques à
répondre aux demandes qui leur sont faites.
Dès lors, ce droit diffère du rôle des autorités publiques qui décident pro-activement de
publier des documents et des informations. Bien entendu, il est possible d'obliger, par la loi,
les autorités publiques à publier des documents sans qu'une demande d'accès n'ait été faite.
Une telle obligation est complémentaire et ne se substitue pas au droit de demander l’accès
aux documents ou aux informations qui n'auraient pas été publiés. Par exemple, de
nombreuses lois sur l'accès du public aux documents requièrent que les autorités tiennent à
jour un registre public de documents. Cela facilite l'exercice du droit d'accès par les citoyens.
Après tout, il est difficile de demander l'accès à un document dont on ignore l'existence.
Pour que ce droit d'accès du public soit opérationnel, il faut en définir la portée. Or, la
première question qui se pose est de savoir qui est celui qui détient ce droit. La Convention du
Conseil de l'Europe répond que tout un chacun dispose de ce droit. Personnellement je crois
que, par rapport aux procédures démocratiques, c'est le droit à la citoyenneté qui procure cet
accès ; mais, même si son origine se trouve dans la citoyenneté, ce droit pourrait être élargi à
tous. Deuxième question : qui doit accorder cet accès ? La plupart des lois en vigueur
s'appliquent aux administrations centrales, régionales ou locales ainsi qu'aux autres organes
publics bien que les tribunaux et le système législatif ne soient pas toujours inclus. Les
organismes privés qui assument des fonctions publiques pourraient également être concernés.
D'habitude, ce droit concerne non seulement des documents sur support papier, mais aussi des
documents électroniques et d'autres informations qui existent sous forme électronique. Un des
sujets qui est débattu actuellement dans plusieurs pays qui disposent de lois sur l'accès du
public, est de savoir comment les appliquer aux bases de données électroniques où les
informations stockées sont souvent présentées sous des formes différentes.
Chaque loi concernant l'accès du public aux documents administratifs est assortie
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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d'exceptions. Je n'ai pas l'intention de vous parler de toutes les exceptions de la Convention du
Conseil de l'Europe, mais je vous en mentionnerai quelques unes : la sécurité nationale, la
défense et les relations internationales, la sûreté publique, la prévention, l'enquête et la
poursuite d'activités criminelles. Il y en a dix encore, je ne vais pas vous les présenter toutes.
Les exemples que j'ai mentionnés montrent clairement que ces exceptions sont définies
de manière générale. Mais le fait qu'un document soit associé à un intérêt protégé ne suffit pas
pour justifier le refus d'une demande d'accès. Pour justifier un tel refus, l'autorité publique
doit prouver que la divulgation du document porterait réellement préjudice à un ou plusieurs
intérêts protégés. C'est pour cela que nous parlons du « test du préjudice ». En outre, le
préjudice éventuel doit être mesuré par rapport à l'intérêt public de la divulgation, ce qui
signifie que, s'il y a un préjudice, l'intérêt public de la divulgation pourrait prévaloir sur
l'intérêt de garder le document secret. Il faut trouver la juste mesure entre les deux. Par
exemple, si l'on parle de l'exception liée à la protection de la vie privée, l'application de cette
exception pourrait conduire à des jugements complexes dont le bien fondé est souvent discuté.
Par exemple, dans quelle mesure le public a-t-il le droit de savoir quels sont les salaires des
politiques ou des fonctionnaires et dans quels détails. D'autres intérêts économiques et
commerciaux exigent, peut-être, de trouver un équilibre complexe, notamment lorsque les
autorités publiques invoquent la confidentialité commerciale s'agissant de contrats publics.
Le Médiateur européen, par exemple, traite actuellement une plainte qui concerne le
refus d'accès par la Banque Européenne d'Investissements à son accord avec un Etat non
membre de l'Union européenne, concernant l'accord-cadre sur la base duquel elle donne des
prêts à cet Etat. Cet Etat n'est pas représenté ici, ce n'est pas un pays méditerranéen. Il s'agit
du Tadjikistan, en l'occurrence. L'argument de la banque est que les autorités du Tadjikistan ne
permettent pas l'accès à ce document, car il est confidentiel sur le plan commercial. Le
plaignant qui demande l'accès souligne que cet accès est très important pour que les citoyens
du Tadjikistan sachent ce que fait leur gouvernement et quelles sont ses transactions avec la
BEI.
Voilà un cas où il faut établir l'équilibre entre les intérêts.
Compte tenu de ces complexités, il importe, lorsque les autorités d'un pays refusent
l'accès, d'en expliquer les raisons qui ne doivent pas seulement identifier l'intérêt ou les
intérêts qui sont lésés par la divulgation, mais expliquer, dans des détails suffisants, quelle est
la forme de cette lésion et, ensuite, trouver l'équilibre approprié entre le préjudice éventuel et
l'intérêt public de la divulgation. D'autres questions procédurales que les lois sur l'accès du
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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public doivent contenir, sont les délais pour traiter les demandes et, si les demandes
comportent des coûts, ceux-ci devraient être raisonnables et ne pas avoir pour but de
décourager l'exercice du droit d'accès. En outre, ces lois doivent prévoir des voies de recours
lorsque l'accès est refusé. Bien entendu, selon le principe de l'Etat de droit, les tribunaux
seront les arbitres de dernier ressort, qui décideront si le refus d'accès est justifié du point de
vue juridique ou non. Outre les tribunaux, certains pays ont établi des Commissaires à
l'information qui sont chargés de traiter des différends concernant des refus d'accès aux
documents. Ils peuvent également avoir un rôle proactif, en encouragent les bonnes pratiques
administratives et en se prononçant sur les droits d'accès pour assurer la transparence et
l'ouverture. Dans certains Etats, les Commissaires à l'information sont responsables de la
protection de la vie privée, c'est-à-dire des données personnelles. Les Médiateurs ont par
ailleurs un rôle important s'agissant du traitement administratif des demandes d'accès. Ils
peuvent promouvoir l'ouverture et la transparence, comme les Commissaires à l'information,
en encourageant les bonnes pratiques administratives au sein des autorités qu'ils surveillent et,
dans certains cas, comme dans celui du Médiateur européen, ou du Médiateur irlandais,
l'institution du médiateur est un moyen alternatif de résolution de différends, lorsque l'accès
est refusé. La personne à qui l'accès est refusé peut soit recourir à la justice, soit s'adresser au
Médiateur.
En conclusion, j'aimerais souligner que le déplacement de la présomption de
confidentialité au droit d'accès aux documents publics peut et doit conduire à un changement
profond de la culture s'agissant du service offert aux citoyens par l'administration publique.
Lorsque les fonctionnaires sauront qu'ils sont sujets à l'inspection et à la responsabilisation
résultant de l'accès aux documents publics, ils agiront de manière différente et meilleure. Ils
seront davantage axés sur l'objectivité et les arguments convaincants plutôt que sur la
bureaucratie et les méthodes traditionnelles ; en bref, ils feront leur travail qui consiste à
identifier et à sauvegarder l'intérêt du public. Dès lors, il y aura des synergies possibles entre
l'ouverture de l'administration et la culture du service aux citoyens. Pour assurer ces
synergies, il faut du leadership et une formation. Si ceux qui se trouvent à la tête de la
hiérarchie administrative adoptent une attitude défensive et négative à l'égard de l'accès du
public aux documents, il en résultera probablement un conflit qui tendra à saper plutôt qu'à
renforcer la confiance dans l'administration publique. A cet égard le Médiateur peut également
jouer un rôle proactif pour encourager ceux qui se trouvent au sommet de la hiérarchie
administrative et les convaincre que l'accès du public aux documents administratifs n'est pas
une menace, mais une chose qui leur sera utile, dans la mesure où ils sauront ce que fait leur
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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administration. Par ailleurs, l'expérience a montré que les fonctionnaires, de tous les niveaux,
doivent tirer profit de formations qui les aideront à appliquer de manière correcte les lois sur
l'accès du public et à considérer que l'ouverture et l'accès du public n'est pas une menace, mais
une partie intégrante de leur rôle et non une chose qui leur est imposée de l'extérieur. Ici
également, les Médiateurs peuvent jouer un rôle important et proactif en encourageant de
telles formations, voire même en les assurant.
Merci beaucoup pour votre attention et, à présent je cède ma place à Madame le
professeur Spanou.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Nous remercions Monsieur Ian Harden de nous avoir parlé de l'accès aux documents
administratifs en tant que droit. Il l'a associé, de manière très réussie, au droit à l'information.
Il nous a parlé de la portée de ce droit, ainsi que de son évolution, au fil des ans, pour aboutir
à la Convention du Conseil de l'Europe, signée au début de cette année, mais pas encore en
vigueur, étant donné qu'elle n'a pas été ratifiée par tous les Etats. Ensuite, il nous a parlé des
exceptions, des sanctions et, ce qui est très important, du changement de la culture
administrative.
Je donne à présent la parole à Mme Spanou.
Madame Calliope SPANOU,
Médiateur adjoint, Ombudsman de Grèce
Merci, monsieur le Président.
Je commencerai par quelques réflexions s'agissant de la confidentialité, du secret et de la
transparence. La confidentialité a été toujours le privilège des puissants. Savoir dissimuler,
c'est le savoir des rois. C'est ce qu'avait dit le cardinal de Richelieu.
Il est évident que cela implique une relation d'inégalité que la confidentialité reproduit et
renforce. Dans les affaires publiques, la confidentialité met en exergue l'écart entre ceux qui
gouvernent et ceux qui dépendent de leur autorité, ces derniers n'étant pas en mesure de
contrôler ou de critiquer la manière dont le pouvoir est exercé. C'est pourquoi la
confidentialité est d'habitude associée à des régimes autoritaires. Elle entrave la
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
53
responsabilisation et le contrôle.
La transparence est un défi démocratique. La transparence vise à rééquilibrer cette
relation inégale en réduisant l'arbitraire et le pouvoir discrétionnaire, ainsi que la liberté d'agir
des puissants. Nous savons bien que le pouvoir ne peut pas être contrôlé sans un niveau
adéquat de transparence. Les Etats modernes ont été fondés avant le développement de la
démocratie. Leurs administrations devaient relever le défi de la transparence en tant que
condition pour l'exercice du pouvoir légitime. Les efforts pour contrôler et réduire la
confidentialité et l'arbitraire sont parallèles au développement d'une démocratie responsable.
Le droit de savoir permet le contrôle et la responsabilisation. Bref, la transparence est
conçue comme moyen pour atteindre un but, à savoir la responsabilisation démocratique. Le
lien entre transparence et démocratie a orienté l'intérêt politique et scientifique vers les
relations des institutions politiques et administratives avec l'environnement. La sociologie –
traitant des sujets tels que l'oligarchie, les élites, la technocratie – a montré à quel point la
manipulation de l'information est importante pour le pouvoir. A cet égard, la transparence
permet la participation des citoyens au gouvernement, qui avait été limitée dans le cadre de la
démocratie représentative. Deuxièmement, il s'agit d'une condition préalable du contrôle et de
la responsabilisation. Et enfin, il s'agit d'une condition de légitimation du pouvoir. C'est pour
cela que ceux qui sont au pouvoir veulent souvent apparaître comme étant soumis eux-mêmes
à la transparence. Les valeurs positives leur donnent une légitimité ou affectent leur image.
La transparence peut avoir plusieurs formes, comme l'accès aux documents
administratifs ou la divulgation et la publication des décisions administratives, ainsi que
l'accès aux institutions qui sont, en règle, fermées à la société, par exemple, les prisons.
La transparence est très fragile. Il n'existe pas de transparence absolue et cette dernière
ne saurait être considérée démocratique. Dès lors, la transparence se trouve à la croisée entre
la confidentialité, le contrôle, la contestation, la liberté de mouvement, l’arbitraire. Sa place
dynamique se trouve au centre des relations de pouvoir où elle est utilisée en tant qu'outil ou
élément d'une stratégie ou tactique par les parties impliquées. En ce sens, elle reflète un état
de tension permanente lorsqu'il y a un conflit de pouvoirs.
La transparence est multidimensionnelle, elle est une question juridique, comme nous a
montré l'intervention précédente. La transparence est-elle la même chose que l'accès aux
documents ? Elle est beaucoup plus. Parfois il faut savoir pour avoir accès aux documents. Il
faut savoir quelle est la portée des droits, de quelles organisations publiques il s'agit, de
quelles questions, de qui et pourquoi ? Les réponses à ces questions sont liées aux exceptions
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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aux exigences en matière de transparence ainsi qu’aux procédures qui assurent la mise en
œuvre de ce droit.
En outre, la transparence est un défi politique et administratif. Il s’agit d’un rapport de
pouvoir, dans le sens autant formel qu’informel. La transparence vise à établir un équilibre
entre les deux parties de ce rapport. Mais il y a des limites à ce rééquilibrage, en raison de la
nature même de ce rapport. La culture du secret au sein de l’administration est liée à
l'ouverture ou aux hésitations, aux réflexes, aux réserves ou aux obstacles procéduraux pour
obtenir une information précise et pertinente. Mais il y a des conditions plus vastes qui
reproduisent la confidentialité dont certaines vous seront présentées dans un instant.
La loi est-elle un instrument de transparence ? La transparence se situe dans un contexte
politique plus vaste et réglementé par des dispositions juridiques. La loi prévoit la
transparence en délimitant sa portée. Pourtant, les limites entre la transparence et l’opacité ne
sont pas toujours claires. Il existe des cas d'opacité légitimée, comme les institutions
responsables de la sécurité publique et militaire. Cela conduit à ce que l'on appelle une
information qualifiée, notamment en terme de sécurité nationale, mais concerne également le
secret industriel ou la confidentialité en matière fiscale. Il s'agit là de domaines qui sont
protégés par la loi et dès lors ils sont légitimes ou légitimés. L'accès à ce type d'informations
ou documents est soit tout à fait exclu, soit strictement réglementé.
L'ombudsman, en tant qu'institution qui lutte contre la mauvaise administration, se
trouve également confronté à ce genre d'opacité. Le mandat statutaire comporte un nombre
d'endroits où on ne peut pas avoir accès et qui interdisent toute intervention de l'ombudsman.
La sécurité nationale et la défense en sont les exemples les plus caractéristiques. En Grèce, il
y a des questions qui sont liées à la qualité de fonctionnaire et à la gestion du service public.
L'Etat grec n'était pas prêt jusqu'ici à ouvrir son interna corporis à l'Ombudsman.
Comme nous l'avons dit, les limites entre la transparence et l'opacité ne sont pas toujours
bien définies. Qu'est-ce qui devrait et qu'est ce qui ne devrait pas être transparent et ouvert au
public ? Les instruments juridiques pourraient être également considérés comme un obstacle à
la transparence. L'accès aux documents est une question majeure de transparence qui peut se
perdre dans les détails techniques, juridiques et administratifs. La tâche de l'ombudsman
consiste souvent à régler cette question importante des détails techniques, en faisant la
distinction entre les justifications juridiques du droit et les tactiques politiques et
organisationnelles. Nous devons être guidés par l'objectif de la transparence en tant que
moyen pour assurer le contrôle et responsabiliser l'administration publique en ce qui concerne
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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ses actions.
Quels autres facteurs influencent l'efficacité du droit à l'information et à l'accès ?
Il existe des mécanismes qui produisent une opacité non légitime, c'est-à-dire une
confidentialité injustifiée ou illégale. Selon l'expérience de l'Ombudsman grec, de tels
mécanismes concernent tout d'abord la qualité du cadre juridique, l'absence de codification
des dispositions contradictoires ou qui se chevauchent, les responsabilités contradictoires, des
règles désuètes et insuffisantes ou une publication insuffisante des actes réglementaires, ainsi
qu'un manque de clarté des procédures.
L'administration publique peut choisir les règles à appliquer lorsqu'elle se trouve face à
des règles conflictuelles. Le manque de base juridique solide pour la prise de décisions est une
entrave au contrôle. L'absence de publication de décisions réglementaires à l'époque
électronique est un obstacle. Désormais, il ne suffit pas d'afficher ces décisions dans un
bâtiment public.
Deuxièmement, l’existence de zones de large pouvoir discrétionnaire signifie absence de
critères de responsabilisation et de contrôle d'une décision administrative. Il est alors difficile
de juger sur ses limites au risque d’avoir des décisions arbitraires.
Troisièmement, il y a souvent une neutralisation des mécanismes de contrôle. Un
exemple caractéristique que nous rencontrons dans notre pays est celui des autorités locales.
Malgré l'existence d'un cadre législatif adéquat et pour des raisons qui lui sont indépendantes,
les mécanismes qui doivent appliquer ces réglementations ne fonctionnement pas
efficacement. Ils sont souvent neutralisés au plan politique. Ainsi, un nombre important de
décisions prises par les pouvoirs locaux ne sont pas contrôlées.
Le dernier élément dont je voudrais vous parler concerne la loi du plus fort. Cela signifie
que ceux qui sont en mesure d'influencer la mise en œuvre des dispositions légales refusent,
empêchent ou même essaient de changer les règles du jeu. Il s'agit du pouvoir informel. De
tels exemples sont abondants lorsqu'il s'agit de la mise en œuvre du droit à la transparence.
Plusieurs excuses sont invoquées et des méthodes différentes de retard et d’obstruction sont
utilisées. Cela vaut également pour les informations sur l'environnement, malgré l'existence
d'une directive spéciale de l'UE et de la convention d'Aarhus. Parmi les exemples, on pourrait
citer l'accès aux données concernant la qualité de l'eau potable. Les procédures disciplinaires
et les enquêtes administratives constituent également un domaine très opaque, surtout dans le
cadre des forces de police. Elles sont souvent interrompues par un manque de preuves et
n'aboutissent presque jamais à l'imposition de sanctions. Un cas particulier de transparence
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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concerne le droit de l'ombudsman à visiter les prisons. En Grèce, nous avons eu, à un certain
moment, ce genre de problème, lorsque l’Ombudsman avait été empêché de visiter les
prisons.
La transparence et l'accès aux informations et aux documents, constituent un principe
général des démocraties. Cependant, toutes les situations ne sont pas les mêmes. On peut être
confronté à trois types de situations. Le premier cas est celui de l'intérêt public ou de la
participation publique : la transparence sert ces objectifs. L'idée est d'avoir des informations
sur la manière dont l'Etat traite des intérêts publics et de connaître quelle est la substance et la
raison de ses décisions. Le deuxième cas est celui où l'Etat intervient auprès de personnes
privées. En l'occurrence, il faut préserver l'égalité devant la loi. L'administration publique se
trouve face à deux parties antagonistes dans une relation compétitive et doit prouver qu'elle
les traite de manière égale. Des exemples à cet égard sont les procédures des marchés publics
ou le recrutement par concours, où plusieurs candidats revendiquent le même poste. Le
troisième cas est celui où l'administration publique se trouve face à des relations inégales
entre les personnes privées. L'accès à l'information et aux documents en vue de la
transparence des décisions administratives, doit tenir compte des personnes qui sont touchées.
Parfois, ces individus appartiennent aux groupes les plus vulnérables, comme les enfants face
aux adultes qui en ont la tutelle ou les employés face aux employeurs. Dans ce cas, la
protection des données personnelles sensibles pourrait être en jeu et la transparence et la
responsabilisation doivent tenir compte des intérêts des personnes les plus vulnérables.
Quel est le rôle de l'ombudsman dans une telle situation ? La transparence est une
question difficile. Il faut trouver le juste équilibre entre les valeurs et les priorités en
conflit. Les tribunaux ne sont pas les organismes appropriés qui assureront le respect de ce
droit, dans la mesure où ils interviennent trop tard. Souvent, il est très difficile pour les parties
intéressées d'utiliser ces moyens, vu les coûts et les retards considérables.
Dès lors, l'ombudsman joue un rôle important et essentiel, parce qu'il peut apporter des
conseils à l'administration publique quant à la mise en œuvre de ces droits et tenir compte de
tous ces aspects différents qui doivent être mis en équilibre.
L'administration publique peut avoir des réserves légitimes quant à l'accès à certaines
données privées. L'ombudsman peut lui apporter son aide, en suggérant ou imposant, selon la
capacité de l'institution, la divulgation des données. En outre, il peut faire avancer les choses.
Les règles juridiques ne suivent pas toujours les changements sociaux et les évolutions
modernes. Les bénéficiaires du service public sont tributaires des perceptions changeantes de
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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la justice et de l'équité.
Je termine cette présentation en vous donnant un exemple issu du contexte grec et qui
concerne l'accès des femmes aux documents fiscaux communs : les femmes qui demandaient
l’accès aux fichiers communs avec leur mari, se sont vues refuser cet accès, malgré le fait
qu'elles étaient obligées de faire une déclaration fiscale commune avec leur époux. La
déclaration ayant été faite au nom du mari, la femme n'avait pas d’accès à ses propres données
fiscales. Cela est bien évidemment tout à fait absurde. La recommandation correspondante de
l'Ombudsman fut acceptée et la pratique officielle a changé en ce qui concerne l'accès aux
documents fiscaux. Sans cette intervention importante, on aurait peut-être continué à vivre
dans ce monde étrange.
Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Nous remercions Mme Spanou. Il a été très important d'entendre ces deux interventions
complémentaires. Complémentaires tout d'abord par rapport à leur thème, puisque M. Harden
nous a parlé du noyau dur de la transparence qui est l'accès aux documents, alors que Mme
Spanou a développé les lignes générales de la transparence. La complémentarité de ces
interventions concernait également leur approche. La première avait une approche juridique,
alors que la deuxième était une approche associée à la science de l'administration. Je pense
que nous pourrons à présent procéder à un débat ouvert sur différentes questions. Je vois que
Mme la Médiatrice de la Tunisie a demandé la parole. Mais avant de la lui donner, j'aimerais
savoir qui encore désire prendre la parole. Le représentant de la Turquie, Monsieur Iraki,
Monsieur Delevoye, l'Ombudsman de la Jordanie, Mme la représentante du Maroc et nous
verrons ensuite qui d'autre désire prendre la parole.
Nous commencerons avec notre collègue de la Tunisie. Vous avez la parole.
Madame Alifa CHAABANE FAROUK,
Médiateur administratif de Tunisie
Merci chers collègues. Il m'est agréable de prendre la parole pour la première fois dans
cette table ronde, pour d'abord vous exprimer combien il m'est agréable de participer à cette
troisième Rencontre de notre Association et je voudrais, à cet effet, vous féliciter pour
l'excellente organisation de cette rencontre et vous remercier aussi pour l'hospitalité que vous
nous avez offerte et je présente aussi mes remerciements et mes félicitations aux autorités
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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helléniques.
Je voudrais aussi féliciter mon ami et frère le Président de l'AOM, le Wali Al Madhalim,
pour avoir offert à notre Association un siège digne de notre réseau. Malheureusement je
n'étais pas présente à Tanger lorsque le siège fut inauguré, mais je me propose, sur l'invitation
de mon cher ami le Wali, de remédier à la chose.
Je voudrais aussi remercier notre Secrétaire général, Monsieur Jean-Paul Delevoye, pour
m'avoir invité à cette rencontre et je pourrais contribuer éventuellement à la réflexion de cette
table ronde, sur l'accès aux documents administratifs et la transparence administrative, de par
l'expérience que le Médiateur Administratif de la République tunisienne a eu durant les seize
années de son existence. Le Médiateur de la République tunisienne a été créé en 1992 et
l'institution a été mise en place en vertu d'une loi, la loi 93/51 du 3 mai 1993. Cette institution
qui se trouve dans un pays de la rive sud de la Méditerranée, répond absolument aux critères
de l'indépendance, parce que dans la loi qui a créé cette institution, il est expressément
souligné que le Médiateur de la République tunisienne ne reçoit aucune injonction et aucune
directive d'aucune autorité, durant l'exercice de ses fonctions. Le Médiateur de la République
tunisienne n'a pas le droit de faire d'injonctions à l'administration ni de persécuter
l'administration, nous n'avons que le droit de faire des recommandations. La spécificité du
Médiateur de la République tunisienne est qu'il se trouve parmi un « gremium », il est
membre d'une instance décisionnelle qui regroupe 10 personnes, à très haut niveau, présidé
par le Président de la République tunisienne, où il y a le Président de l'Assemblée nationale, le
Président de la Chambre des Conseillers, le Premier Ministre, le ministre des Affaires
étrangères, le ministre des Affaires intérieures et du Gouvernement régional, le Secrétaire
général du parti au pouvoir et bien sûr le ministre directeur du Cabinet Présidentiel et le
Médiateur peut, en étant dans ce « gremium », avoir un pouvoir moral très important.
Depuis 1992, il y a eu plus de 170.000 requêtes, environ 15.000 à 20.000 requêtes par an
et l'accès au Médiateur de la République tunisienne est direct, il n'y a pas de transmission par
le biais d'un député. Le citoyen peut accéder aux services du Médiateur directement, ou en se
présentant au siège du Médiateur ou bien aux différentes représentations régionales. Nous
avons quatre représentations régionales qui couvrent les 24 gouvernorats de la République
tunisienne. Cette possibilité d'avoir un pouvoir moral nous a permis d'obtenir 97% de
résolution de ces requêtes qui se sont accumulées durant les seize années.
Je pense qu'il faudrait également parler de l'AOMA, l'Association des médiateurs
africains qui regroupe 40 Etats et je suis fière d'en être la Présidente depuis 2005. Les
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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objectifs de l'AOMA sont similaires aux objectifs de l'AOM, mais la transparence
administrative est contenue dans les statuts de l'Association des médiateurs africains, car il est
stipulé dans le statut de l’AOMA que la transparence et l’équité des actes administratifs, la
bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme sont des objectifs des membres. En
Tunisie, pour citer notre ami Gérard Fellous, le Gouvernement tunisien a associé le
développement économique, social et culturel de la société à la modernisation de la gestion
publique s'articulant autour de trois axes prioritaires : la proximité et l'accessibilité au service
public, l'efficacité et l'efficience.
L'expérience tunisienne en matière d'accès aux actes administratifs et en matière de
transparence, est pour moi assez intéressante. Dans la mission du Médiateur, l'administration
n'a pas le droit de se prevaloir du secret administratif. Ensuite, dans la suppression des
autorisations administratives. Nous avons un plan quinquennal. Le Médiateur était à l'origine
de ces recommandations, parce qu'on peut présenter des recommandations pour abroger des
lois. La Tunisie a supprimé 90 % des autorisations administratives et nous avons instauré, à la
suite des recommandations du Médiateur, l'administration rapide dans les carrefours ou dans
les lieux publics, pour permettre aux citoyens d'accéder directement aux services de
l'administration. Nous avons aussi introduit l’e-administration, c'est-à-dire que les actes
administratifs les plus importants sont tous en ligne. Une chose très importante pour la
transparence administrative est l'expérience de l’e-administration. Si tous les services
administratifs étaient présentés en ligne, il y aurait moins de corruption. Le Médiateur a été
aussi à l'origine d'une législation sur la corruption et déjà en 1996, nous avions proposé, la
promulgation d'une loi pour sanctionner très sévèrement le corrompu et le corrupteur, d'une
amende très importante, ainsi que d'une peine privative allant jusqu'à 10 ans
d'emprisonnement.
Je m'excuse d'avoir été trop longue.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Merci beaucoup. Nous aurons l'occasion de parler demain de la corruption. A présent,
permettez-moi de donner la parole à M. Mehmet Zafer Üskül, Président de la Commission des
droits de l’Homme du Parlement turc. Je suis très heureux de le recevoir ici. Vous avez la
parole.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Mehmet Zafer ÜSKÜL,
Président, Grande Assemblée nationale de Turquie, Comité des droits de l’Homme
Merci, monsieur le Président. Je sais qu'il faut être bref. Je ne suis pas l'Ombudsman
turc. Cette institution n'existe pas malheureusement en Turquie. Il y a quelques années, on a
voté une loi pour créer l'institution de l'Ombudsman, mais la Cour constitutionnelle a annulé
cette loi. Il faudra un changement de la Constitution, si c’est possible.
Je suis le Président de la Commission des droits de l’Homme de la Grande Assemblée
Nationale de Turquie. Notre Commission est composée de députés. Nous avons 23 membres
de cinq partis différents. J'appartiens à la majorité. Je suis membre du Parti de la justice et du
développement. Dans la Commission, le parti majoritaire au Parlement est aussi majoritaire,
mais quand il s'agit de faire une enquête, nous pouvons facilement constituer une sous-
commission donnant la majorité à l’opposition. Pour le moment, nous avons trois sous-
commissions qui travaillent sur trois sujets. Les Présidents des deux de ces sous-commissions
appartiennent à la minorité parlementaire.
Pourquoi je suis ici, puisque je ne suis pas un Ombudsman ? Parce que, en Turquie, le
Président de notre Commission assume un peu le rôle de l'Ombudsman, on essaie d'assumer
vraiment ce rôle. On fait des enquêtes très objectives et c'est parfois difficile, en tant que
membre de la majorité, d'enquêter sur les activités de ses propres Ministres : c'est parfois
difficile de le faire auprès des agents publics qui travaillent avec vos Ministres, mais on essaie
de faire notre devoir très objectivement. Avons-nous accès aux documents administratifs ?
Oui, même si ces documents sont confidentiels. Dans notre Commission, nous avons un
coffre fort et quand nous prenons des documents secrets, des documents confidentiels, on les
examine, on les utilise et après on les met dans notre coffre-fort et on les garde là ; même des
documents militaires. Nous avons eu des occasions de demander des documents militaires. On
les a eus, on les a examinés et après on les a mis dans notre coffre-fort. Donc, pour accéder
aux documents administratifs, on n'a pas de problème. Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Merci beaucoup, Monsieur le Président. Et maintenant, je donne la parole à notre
Président, M. Iraki.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Moulay Mhamed IRAKI,
Wali Al Madhalim du Royaume du Maroc
Merci, monsieur le Président. Nous remercions les deux intervenants pour ces
interventions tellement importantes sur une question liée aux droits de l’Homme. Bien sûr, ces
deux interventions ont fait référence à la question de la confidentialité et de la transparence,
ainsi qu'à l'accès aux différents documents qui se trouvent entre les mains des autorités
administratives. A cet égard, il faudrait se demander si ces informations sont liées à la vie
quotidienne ou s'agit-il d'informations qui portent directement sur les personnes intéressées
qui souhaitent cet accès. Un autre point, dans quelle mesure ces documents sont réellement
confidentiels ? Est-ce qu'il y a des limites pour cette confidentialité ? Nous pouvons parler de
documents qui concernent la sécurité de certains pays où les pouvoirs administratifs ont le
droit de refuser l'accès. Dans ces cas, les ombudsmans et les médiateurs de certains pays
pourraient imposer aux autorités administratives de donner l’accès à ces documents aux
personnes intéressées. Une autre chose : comment pouvons-nous trouver un équilibre entre
l'intérêt public de l'Etat et la liberté des individus à avoir accès à ces documents ? Nous avons
le droit à l'information qui est un droit de tout individu, qui se réfère aux lois et aux
Constitutions, selon l'article 19 qui parle du droit à l'information qui ne doit pas porter atteinte
aux données personnelles des individus. De même, cet accès doit-il être libre ou doit-il exister
un cadre juridique qui garantisse le droit d'accès, sans porter atteinte aux données
personnelles? Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
A présent je donne la parole à M. Abdelilah Kurdi, Ombudsman de la Jordanie. Vous
avez la parole.
Monsieur Abdelilah KURDI,
Président, Bureau de l’Ombudsman en Jordanie
Permettez-moi de parler de l'institution de l'Ombudsman en Jordanie par rapport à cette
question. Dans les articles 22 et 23, il est imposé à l'administration publique de faciliter le
travail de l'Ombudsman en Jordanie, en évitant ainsi le danger d'imposition de sanctions
disciplinaires et administratives, sinon le fonctionnaire peut être soumis à un contrôle qui
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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entraînera des sanctions disciplinaires et administratives. Dès lors, il existe une obligation
légale à ce sujet, étant donné que si un fonctionnaire refuse de coopérer avec l'Ombudsman, il
court le danger de se voir imposer des sanctions et des peines. Par conséquent,
l'administration publique ne peut pas, sous le prétexte que certaines informations sont
confidentielles, refuser la coopération avec l'Ombudsman en Jordanie. Merci beaucoup.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Je vous remercie, cher collègue. Je donne à présent la parole à Jean-Paul Delevoye, notre
Secrétaire général.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Monsieur le Président, je voudrais peut-être apporter une ou deux réflexions
complémentaires. Je voudrais remercier Ian Harden et Mme Spanou pour avoir indiqué ce
qu'était le droit à l'accès aux documents administratifs et vous, Madame, d'avoir indiqué
quelles étaient les valeurs de la transparence.
Je pense que, au-delà de l'accès aux documents administratifs, nous aurons, me semble-t-
il, une responsabilité supplémentaire en tant qu'ombudsmans. Premièrement, l'accès au
dossier c'est une chose, la qualité de l'information à l'intérieur du dossier c'est une autre chose.
Je pense que nous devons être attentifs à ce que lorsqu'une décision administrative est
négative, à partir d'éléments constitutifs d'un dossier, la personne devrait avoir un pouvoir
contradictoire d'accès aux dossiers, de vérification des données, voire de correction des
données. Le deuxième sujet c'est peut-être aussi le droit à l'oubli. L'on voit bien
qu'aujourd'hui, dans son parcours de vie, on peut avoir des condamnations figurant dans un
casier judiciaire qui ne méritent peut-être pas de rester dans le casier pendant 40 ans,
interdisant tout accès. A ce sujet-là, nous devrions aussi y réfléchir. C'est le droit à l'oubli ou à
l'effacement.
Troisième point. Nous avons eu en France un long débat avec les fichiers d'embauche
présentant des caractères discriminants par rapport à la vie sexuelle, aux engagements
politiques, aux convictions religieuses ; et l'on voit bien que sur ce sujet-là, les ombudsmans
doivent avoir un rôle de vigilance absolue de garantir l'équité pour tous par rapport à des
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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choix administratifs d'accès à la santé, d'accès à un emploi public, d'exercice. Et je pense que
c'est d'autant plus important que nous voyons aujourd'hui des problèmes politiques nouveaux
qui vont nous être imposés sur les tests génétiques, les tests ADN, les dossiers d'assurances.
Ce sont des sujets extrêmement compliqués sur lesquels, nous, les ombudsmans, nous avons
peut-être une réflexion à mener. Et je voudrais attirer votre attention sur peut-être deux
possibilités sur lesquelles nous pourrions nous battre. C'est donc la qualité des informations,
la traçabilité du dossier avec notamment l'Internet ; c'est quelque chose d'extrêmement
important. Et que probablement nous devrions éventuellement réfléchir à l'amélioration des
contacts entre nous, car nous aurons à traiter des informations dans nos pays, de personnes
issues de pays qui sont les vôtres ou les nôtres ; et que la connexion entre les ombudsmans
peut tenter d'apporter des réponses, positives ou négatives, sur des sujets qui sont très liés à
l'immigration, à l'accès à la nationalité, à partir de documents d'état civil. La capacité que
nous pouvons avoir par la traçabilité de la qualité de l'information permettant de sécuriser la
décision, permettra d'éviter un certain nombre de douleurs que je vois dans l'adoption des
familles avec des enquêtes sociales ; la kafala par rapport au droit d'adoption algérien ou par
rapport à des mariages européens, Méditerranéens qui sont extrêmement compliqués et où les
autorités publiques ont tendance, par soupçon, à faire en sorte que le doute ne profite pas à
l’usager, mais que le doute préserve l'appareil administratif. Et donc, sur cette notion de
transparence, intégrons le fait qu'il y a une autre valeur de la transparence, c'est la vérification
par un tiers de la qualité de l'information d'un dossier. L'opacité permet toutes les erreurs dans
un dossier. Et la transparence n'est pas la condamnation de l'opacité ; c'est un moyen nouveau
de dire : nous n'avons pas à redouter la décision que nous prenons : le principe contradictoire
existe dans le monde judiciaire. Il doit aussi exister dans l'acte administratif.
Il n'y a qu'un seul domaine sur lequel, me semble-t-il, nous ne pouvons en aucun cas
accepter la transparence totale, en tout cas nous, en France, nous avons une responsabilité en
matière médicale et, en tant qu'Ombudsman français, je n'ai pas d’accès au dossier médical et
c'est normal. Les données médicales appartiennent à la personne. Et c'est seulement, en accord
avec la personne et mes équipes de médecins qui m'entourent, qu'éventuellement le secret
médical est partagé. Et je crois que, sur ce sujet-là, il y a des limites à la transparence qui
peuvent aussi concerner la sécurité de l'Etat mais, comme notre ami turc, le Parlement dans ce
cas-là peut éventuellement avoir des commissions parlementaires, et nous avons mis en place
un droit à l'information. Le futur Défenseur des droits a le pouvoir d'exiger l'accès aux
documents administratifs et en cas de refus, de pouvoir condamner l'administration. Et nous
avons obtenu le renversement de la jurisprudence du Conseil d'Etat qui souvent faisait que, en
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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cas de perte du document administratif, c'est l'administration qui avait toujours raison ; à
présent, en cas de perte du document administratif, c'est l'administration qui aura tort.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Merci beaucoup, Jean-Paul. L'Autorité palestinienne.
Monsieur Mousa SALAHELDIN,
Directeur de Département, Commission indépendante palestinienne pour les droits
de l’Homme
Merci, monsieur le Président. J'aimerais aborder certains points qui je pense sont
intéressants. Je ne crois pas que cela concerne uniquement la bonne qualité de l'information
qui sera donnée, mais souvent il y a un manque de fiabilité de la part de la personne à l'égard
de l'administration. Souvent nous sommes préoccupés par la question de savoir dans quelle
mesure les pouvoirs publics sont fiables. Souvent il y a une contradiction entre les lois,
comme notre cher collègue de la Jordanie a dit, il y a peut-être une loi qui impose à
l'administration publique l'octroi d'informations. Mais il a d'autres lois qui protègent plutôt la
confidentialité. Comment est-il possible de trouver l'équilibre entre les lois qui sont en faveur
de la confidentialité et celles qui exigent auprès des pouvoirs publics de fournir des
informations ? Certaines fois, on nous dit qu'il faut recourir à la Cour Européenne pour
faciliter notre tâche. Voilà en ce qui concerne les interventions précédentes.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Maintenant je donne la parole à notre ami d'Algérie, Monsieur Benhalima Boutouiga.
Vous avez la parole.
Monsieur Benhalima BOUTOUIGA,
Membre de la Commission Nationale Consultative pour la Promotion et la
Protection des droits de l'Homme en Algérie
Merci, monsieur le Président. Ce n'est pas pour contredire notre ami le Médiateur et le
Secrétaire général, mais je tenais à faire une petite parenthèse entre ce que nous disons et ce
qu'on dit dans la réalité. Mon pays a eu à vivre une décennie noire. Et nous avons commencé
par la médiation pour passer ensuite à la Commission. Donc, en ce qui concerne cette histoire
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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d'accès aux documents, nous avons reçu des milliers de familles de disparus, des repentis, des
enfants sans parents. Donc, l'accès aux documents a été très facile. Mais la vérification du
contenu de ces documents, c'est là le grand problème. Pour contredire les rapports de certains
services, c'était très très difficile. Donc parfois, au niveau de la Commission, on regrettait
d'avoir demandé les documents et de ne pas avoir classé le dossier. Je laisse cette partie pour
ne pas en discuter. Quant à la partie administrative, lorsqu'on a eu à revoir la décision de
l'administration, on nous a roulés dans des expertises, allant d'expertise en expertise. Et là je
vous rejoins concernant cette histoire d'ADN et de dossier médical. Je crois qu'il faut prendre
le problème assez sérieusement. Lorsqu'on voit les dossiers que nous avons étudiés au sein de
cette Commission, ça donne à revoir cette situation. C'est un problème qui paraît assez simple
pour certains. Demander à l'administration ; faire une lettre, puisque nous sommes sous
couvert, à la plus haute autorité qui est le Président – nous n'avons à dépendre de personne –
c'est très simple de saisir le ministre ou le service concerné pour demander un papier. Mais
c'est lorsque le papier arrive que les problèmes commencent. Donc, je crois que c'est la
deuxième partie qui importe. Ce n'est pas l'information, mais plutôt la qualité. Est-ce que nous
serons en mesure de dire qui a raison ? Et là c'est un problème que nous avons rencontré et j'ai
tenu à vous en faire part. Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Merci beaucoup. Maintenant je donne la parole à notre ami portugais.
Monsieur Alfredo José de SOUSA,
Ombudsman du Portugal
Merci, monsieur le Président. Je vais seulement vous donner une information sur la
situation au Portugal. Nous avons un système de justice très lent et parfois il est très difficile
d'obtenir une décision des tribunaux sur les problèmes de l'accès aux documents de
l'administration. Alors, nous avons créé une Commission d'accès aux documents
administratifs, élue par une majorité qualifiée au Parlement qui, d'une manière générale,
donne de très bonnes solutions aux différends entre les citoyens et l'administration. C'est une
expérience qui conduit je crois à des résultats très intéressants, parce qu’ en fait le recours à la
justice aboutit difficilement, en temps utile, à une décision sur le refus d'accès aux documents
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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administratifs. Effectivement, la qualité du contenu est un grand problème. C'est sur le
contenu du document que l'administration parfois fonde le refus de l'accès. Alors, je crois
qu'en France il y a aussi une commission similaire. Je crois qu'elle constitue une solution plus
efficace avant le recours aux tribunaux. Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Merci, cher collègue. Est-ce que nous avons des questions ou des interventions ?
Voudriez-vous ajouter quelque chose, Mme Spanou ou Ian? Mme Spanou, vous avez la
parole.
Madame Calliope SPANOU,
Médiateur adjoint, Ombudsman de Grèce
Merci, monsieur le Président. J'ai l'impression, en écoutant vos réactions à nos
présentations, que nos expériences convergent et divergent en même temps. Il y a beaucoup
de systèmes de Médiateurs et leurs compétences varient. Cela vaut aussi pour l'accès aux
documents administratifs. Dans certains pays, il y a des commissions d'accès aux documents,
avec des compétences assez larges consultatives ou même avec un pouvoir d'imposer. En
Grèce il n’en existe pas, et le Médiateur n'a pas cette possibilité. L'accès aux documents est un
cas comme tous les autres, c'est-à-dire que le Médiateur fait des recommandations, des
suggestions et c'est à l'administration finalement de décider de donner ou pas l'accès. Donc, ça
c'est une chose qui pourrait être un sujet de réflexion plus poussée, parce que ce n'est pas
toujours évident que le Médiateur puisse prendre la responsabilité de dire qu'il faut donner ou
pas. Justement les difficultés que l'administration a pour prendre position, on les a nous aussi,
quand on formule une recommandation. Certaines de vos remarques m'ont fait penser à cette
question. Par contre, on a en Grèce une Commission pour la protection des données à
caractère personnel. Cette Commission, après avoir examiné la nature des données
concernées, peut ordonner l'accès aux données privées. Là on a un pouvoir réel ; il ne s'agit
pas seulement d'une recommandation. En Grèce, on se demande s'il fallait s'orienter vers une
solution de ce type pour l'accès aux documents ou pas. Cette Commission dont je vous ai
parlé n'a que l'accès aux données personnelles. Son mandat est beaucoup plus limité. Pour le
reste, par exemple quel type d'information, jusqu'où va le caractère confidentiel d'un
document, ce sont toujours des questions qui sont posées à l'occasion d'un recours. C'est
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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toujours une question de voir quelle est la législation appliquée, quelles sont les règles et aussi
formuler une opinion. Mais en Grèce, le Médiateur a accès aux documents et à l'information
et la loi oblige l'administration à donner accès au Médiateur. Ensuite, la question est de savoir
si le Médiateur donne accès à ces informations aux personnes qui l'ont saisi. Je pense que
cette question est plus importante finalement. Le Médiateur d'habitude a accès aux données.
Mais la seconde étape, c'est-à-dire si les données peuvent être fournies à la personne
intéressée, c'est justement tout ce que l'on a dit et toutes les questions qui doivent trouver une
réponse. Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Merci. Ian voulez-vous ajouter quelque chose ?
Monsieur Ian HARDEN,
Secrétaire Général, Médiateur européen
Oui, je voudrais ajouter quelques mots, monsieur le Président. La distinction que vous
avez faite entre la question de l'accès de l'Ombudsman aux documents administratifs et l'accès
du public aux documents administratifs est une question fondamentale. Ce qui importe c'est
de ne pas confondre les deux. Sur la base de l'expérience de l'Ombudsman européen, je peux
vous dire qu'il est essentiel, afin que l'Ombudsman puisse avoir l'accès dont il a besoin pour
mener à bien sa tâche, de pouvoir garantir la sécurité absolue. L'Ombudsman européen ne va
jamais divulguer des informations ou des documents qui sont confidentiels selon l'institution.
L'Ombudsman peut les examiner, mais il ne va jamais les divulguer. Par exemple, il nous a
fallu récemment examiner certains documents classés, confidentiels qui concernaient le
terrorisme. C'est le Conseil qui les détenait. Nous les avons examinés, dans des conditions de
sécurité absolue, dans les locaux du Conseil, avec quatre personnes qui accompagnaient nos
juristes qui examinaient les documents ; une personne à l'extérieur de la salle et deux à
l'intérieur. Nous avons examiné les documents, mais rien de leur contenu ne sortira jamais de
nos bureaux. Pourquoi les avons-nous examinés? Parce qu’il y avait une plainte d'une ONG
qui avait vu ces documents qui existaient dans un registre public et qui avait fait la demande
pour en avoir accès. L'accès lui en avait été refusé et il y a eu un recours à l'Ombudsman
contre ce refus d'accès. Le résultat n'a pas encore été prononcé par l'Ombudsman. Mais même
si l'Ombudsman avait pensé – ce qui est peu probable que ces documents auraient pu être
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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divulgués, il ne l'aurait pas fait. Cela est très important si nous voulons que l'administration
continue d'avoir confiance en l'institution de l'Ombudsman. L'Ombudsman doit bien faire la
distinction entre son rôle de voir les documents pour faire son travail, et son autre rôle
consiste à faire une recommandation en dernier ressort et seulement une recommandation. M.
Delevoye, à juste titre, a remarqué que le Médiateur n'a pas le pouvoir de décision, il ne peut
que recommander. Il peut recommander que les documents soient rendus publics. Il s'agit
effectivement d'exercices d'équilibre très difficiles que nous devons mener. Lorsque la
sécurité nationale est en jeu, souvent l'équilibre n'est pas si difficile à trouver, dans la mesure
où la sécurité nationale est une valeur importante et les documents susceptibles de porter
atteinte à la sécurité nationale sont rarement justifiés d'être divulgués. Avec les données
personnelles, il est plus difficile de trouver l'équilibre entre les différentes questions. Il faut
voir chaque cas séparément. C'est pourquoi il est important, pour l'administration et les
citoyens, que l'Ombudsman examine les documents, qu'il formule son opinion, chose qui va
aider à la fois l'administration et les citoyens tout en renforçant la confiance des citoyens en
l'administration. Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Merci Ian. Il y a encore trois personnes qui ont demandé la parole. L'Ombudsman de
Bosnie-Herzégovine, le Conseiller au Diwan Al Madhalim et nous allons terminer avec
Alvaro Gil-Robles. Cher collègue, vous avez la parole.
Monsieur Ljubomir SANDIC ,
Ombudsman de Bosnie-Herzégovine
C'est la première fois que je me trouve parmi vous au sein de l'Association des
ombudsmans de la Méditerranée et en ma qualité d'Ombudsman de la Bosnie-Herzégovine, je
voudrais vous remercier pour cette invitation et surtout je remercie le Président. Nous vous
félicitons de ce travail remarquable que vous avez accompli. En Bosnie-Herzégovine,
l'Ombudsman a le droit d'accès aux documents. Mais bien que nous ayons accès à de
nombreux documents très importants, il faut faire preuve de discrétion par rapport au contenu
des documents dont il faut tenir le secret absolu. Lorsque nous travaillons sur les problèmes
essentiels rencontrés par les citoyens dans notre pays, par exemple des problèmes associés
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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aux droits de l’Homme et notamment lorsqu'ils ont des problèmes liés à l'Ombudsman, nous
avons le droit de communiquer avec la personne qui a fait la requête pour voir si nous avons
son consentement. Nous voulons rendre heureuse la personne qui a fait la demande. Il y a des
citoyens ordinaires qui viennent demander l'accès aux documents et en Bosnie-Herzégovine,
il y a une loi qui prévoit la liberté d'accès aux documents ; cette loi comporte un article spécial
qui stipule que l'Ombudsman peut avoir accès. Son rôle est d'appliquer la loi et demander
l'accès aux documents ou l'octroi de documents. Il y a une personne sur place chargée de
transmettre les informations. Lorsqu'un citoyen s'adresse au bureau de l'Ombudsman, il faut
l'aider à avoir accès aux documents qu'il demande. Voilà en bref ce que je tenais à vous dire
au sujet de mon pays et des problèmes que nous rencontrons sur place. Nous aimerions poser
une question à M. Ian Harden. Vous avez parlé de documents administratifs ; vous avez
également parlé de tribunal. Pouvez-vous nous expliquer le rôle du tribunal ? A quel type de
documents administratifs pensiez-vous lorsque vous avez parlé de tribunal ? Merci.
Monsieur Ian HARDEN,
Secrétaire Général, Médiateur européen
Merci pour votre question. J'ai cité les tribunaux en tant que gardiens de l'Etat de droit.
Dès lors, ils sont l'autorité suprême. Pourtant, l'ombudsman, dans certaines juridictions, peut
également jouer un rôle. Les déposants d’une plainte peuvent s'adresser à l'ombudsman au
lieu du tribunal, s'ils le désirent. Voilà la première partie de ma réponse. La deuxième partie
est que, selon mon expérience, l'Ombudsman ne peut pas traiter de la question de l'accès aux
documents judiciaires. C'est le tribunal et pas l'Ombudsman qui tranchera pour dire si les
documents de ce genre doivent être fournis à la personne qui les demande.
Monsieur Abdelillah FOUNTIR,
Conseiller du Wali Al Madhalim du Royaume du Maroc
Merci, monsieur le Président. Vu l'importance de l'accès aux documents administratifs et
aux informations administratives, je voudrais demander aux éminents membres de
l'Association des ombudsmans de la Méditerranée d'afficher sur le site web les lois de vos
pays respectifs pour qu'il y ait un échange fructueux d'informations. Merci beaucoup.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Álvaro GIL-ROBLES,
ancien Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe,
ancien Défenseur du Peuple de l’Espagne
Merci, monsieur le Président. Je voudrais tout simplement vous faire part de trois
expériences personnelles de l'époque où j'étais l’Ombudsman dans mon propre pays. Je crois
que vous avez adopté une très bonne approche en faisant une séparation entre ce qui est
l'accès de l'Ombudsman aux dossiers administratifs et l'accès des citoyens aux documents
administratifs. Ce sont deux choses complètement différentes. Je vous présente l'expérience
espagnole de mon époque, il y a quelques années déjà. Primo, les dossiers, du Défenseur,
étaient totalement secrets ; ils n'étaient pas mis à la disposition des personnes, même pas des
tribunaux, parce que quelquefois les tribunaux écrivaient au Défenseur : « Envoyez-nous tel
ou tel document, parce que nous avons un dossier présenté par Monsieur tel contre
l'administration ». Ma réponse a été toujours « non ». Le Défenseur n'est pas une
administration. Or, lorsqu'il y a des contentieux administratifs, les tribunaux ne peuvent pas
nous demander les dossiers administratifs comme si on était une administration. Sauf une
exception : dans le cas pénal, si les documents détenus par le Défenseur sont importants dans
la poursuite pénale d'un délit, alors on faisait une coopération volontaire sur le principe de la
coopération, non de l'instruction, pour garder toujours l'indépendance. Il faut dire que, dans le
cas espagnol, le Défenseur a l'immunité et l'inviolabilité dans l'exercice de ses fonctions et
pour les questions de sa compétence. C'est-à-dire qu'il peut dire à un juge « non » et le juge ne
peut rien faire. Il est protégé par la loi et par la Constitution. Il ne peut pas y avoir un procès
pénal contre lui pour résistance au tribunal. Ça je l'ai fait régulièrement et je n'ai jamais eu
aucun problème. Deuxième question. On avait à l'origine, de graves problèmes de retards dans
le traitement des réponses administratives aux plaintes. On en a discuté avec l'administration
et on a reçu une offre que j'ai refusée. L'offre était la suivante : « Puisque vous avez le droit de
garder vos informations et vous n'êtes pas transparents aux citoyens, on vous offre la
possibilité de faire une connexion informatique avec nos bases de données sur la santé, la
justice etc., et comme ça vous traitez les plaintes très rapidement puisque vous avez
l'information en direct ». C'était un piège évidemment. Je leur ai dit : « Merci beaucoup, mais
non ». Parce que si, au bureau du Défenseur, on a l’accès aux données sur l'éducation, la
sécurité sociale, la santé et la justice, on peut mélanger tout cela et les droits des citoyens
seront contrôlés dans tous leurs éléments et pendant toute leur vie. J'ai dit, « non, merci », je
ne peux pas accepter. Je garde le système traditionnel, mais je ne vais pas me convertir en
quelqu'un qui va violer l'intimité des citoyens, ayant toutes ses énormes bases de données sur
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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l'intimité des personnes. Mais l'offre a été faite. Je regrette, mais j'ai dû dire non pour ces
raisons. Troisième élément : au contraire, chez le Défenseur espagnol, il n'y a aucune limite
pour l'accès à l'information. Je vous présenterai un cas concret et j'en finis. Il s'agit de
quelqu'un qui avait présenté une plainte en disant : « Je crois que je suis surveillé et mon
intimité est attaquée dans mon appartement par des services secrets etc. ». La chose était
délicate. J'ai posé la question au Ministre de la défense avant de répondre à ce citoyen, parce
que sa plainte contenait certains éléments qui me donnaient l'impression qu'il y avait des
choses peut-être vraies et, le ministre m'a dit : « Je ne peux pas vous envoyer par écrit
l'information, mais je vous envoie un officier du service de sécurité et d'information de l'Etat,
avec le dossier ». Effectivement, un officier militaire est venu avec sa valise. Il l'a ouverte. J'ai
lu le dossier et je lui ai dit : « Merci, monsieur le colonel, partez ». Et voilà. J'ai pris ma
décision après. J'ai gardé le secret sur la question. Effectivement, l'Etat avait sa raison de
sécurité nationale là derrière. Pour vous dire que, comme le Défenseur est obligé de garder le
secret sur ces choses-là, l'affaire n'a pas paru dans le rapport annuel. Si j'avais vu qu'il y avait
une action sérieuse de l'Etat, je l'aurais dit, mais pour des raisons objectives, j'ai gardé le
secret. Pour vous dire qu'il y a plusieurs possibilités d'actions, si l'Ombudsman remplit sa
mission et sa façon naturelle de le faire. Voilà c'est tout. Trois expériences personnelles que je
voulais vous présenter. Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS, (Président)
Ombudsman de Grèce
Nous avons terminé à l'heure prévue. C'est rare en Grèce. Nous avons un quart d'heure
pour prendre le café et ensuite nous allons continuer. J'ai à côté de moi mon successeur au
poste de Président, Jean-Paul.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Président :
Jean-Paul DELEVOYE, Médiateur de la République française
IINNTTEERRVVEENNAANNTTSS ::
Alfredo José DE SOUSA, Ombudsman du Portugal
Dr. Mounir FAKHRI ABDELNOUR, membre du Conseil National des
droits de l’Homme d’Egypte
Ermir DOBJANI, Avocat du peuple d’Albanie
Discussion
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Je vous remercie. Avant d'ouvrir cette conférence, j'aimerais donner la parole à notre
collègue, l’Ombudsman d'Andorre qui veut apporter une correction aux documents qui sont à
votre disposition. Je vous en prie.
Monsieur Pere CANTURRI MONTANYA,
Ombudsman d’Andorre
Merci, monsieur le Médiateur. C'est seulement pour apporter une précision sur le
document qui a été mis à votre disposition ce matin sur les ombudsmans en Europe. Dans la
liste de pays, avec la date où a été nommé l'Ombudsman, il manque la principauté d'Andorre
qui a approuvé la création de l'institution l'an 1998. Je vous prie d'en tenir compte.
DDEEUUXXIIEEMMEE TTAABBLLEE RROONNDDEE ::
AACCCCEESS AAUUXX LLIIEEUUXX DDEE PPRRIIVVAATTIIOONN DDEELLIIBBEERRTTEE
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Merci. Donc je le dis à nos amis Grecs. Veuillez donc intégrer l'acte de naissance de
notre collègue d'Andorre : 1998.
Nous allons ouvrir cette séance sur le rôle de l'Ombudsman, par rapport à l'accès aux
lieux privatifs de liberté, avec deux speakers, notre collègue Alfredo Jose de Sousa,
Ombudsman du Portugal et notre collègue Médiateur d'Albanie, Ermir Dobjani. Je voudrais
peut-être faire deux ou trois commentaires de caractère général et d'éclairage sur
l'Ombudsman français. Nous voyons bien que les lieux privatifs de liberté concernent
évidemment les prisons, les hôpitaux psychiatriques. Ce qui est au cœur de notre réflexion –
les centres de rétention administrative et les détentions des étrangers en situation irrégulière,
c'est un sujet extrêmement important sur lequel il sera intéressant d'entendre notre ami
portugais et notre ami albanais, mais aussi les hôpitaux, avec les hospitalisations d'office.
Mais nous voyons en France d'autres problèmes se poser dans des lieux privatifs de liberté
dans des enceintes privées. C'est les violences infra-familiales dont on ne parle pas
suffisamment. En France aujourd'hui, 50 % des interventions de la police sont dues à des
violences infra-familiales et la protection du plus faible doit concerner les lieux institutionnels
privatifs de liberté et il faut réfléchir aussi à la défense des droits de ceux qui, malgré aucune
contrainte législative ou institutionnelle, se voient privés de liberté par la loi du plus fort.
Nous entendrons parler probablement des règles pénitentiaires européennes concernant les
prisons. En France, le Conseil Constitutionnel a rendu un arrêt sur la nécessaire intervention
du Conseil d'Etat pour préciser la différenciation des régimes disciplinaires. Ce sera
intéressant d'entendre vos observations sur les régimes disciplinaires aux centres de détention.
Nous avons inscrit, dans une loi pénitentiaire, le respect de la dignité et des droits de la
personne détenue. Et j'aimerais entendre nos collègues sur les deux aspects de l'intervention
de l'Ombudsman dans les milieux pénitentiaires. C'est évidemment les abus de pouvoir par
l'administration pénitentiaire et c'est les absences de droits et de respect de la dignité de la
personne par les personnes détenues. En tant que Médiateur, nous allons développer en 2010,
la pratique selon laquelle 100 % de la population carcérale aura accès au délégué du
Médiateur de la République Française. Le constat que nous pouvons tirer c'est que l'accès au
délégué, dans la prison permet de diminuer de 30 % des faits de violence. Nous avons
développé le même souci avec notre Pôle Santé-Sécurité-Soins que nous avons créé le 1er
janvier, qui permet des relations avec l'ensemble des hôpitaux, notamment psychiatriques, car
ceci est un problème extrêmement difficile. Et, enfin, je voudrais porter à votre connaissance,
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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que la jurisprudence française est en train d'évoluer et que l'Etat français a été condamné par
des tribunaux français en ce qui concerne les conditions de détention. Et l'Etat a été condamné
à verser des indemnités à trois détenus qui dénonçaient leurs conditions de détention. Et donc
c'était quelque chose sur lequel, me semble-t-il, dans nos associations, il est important
d’échanger. Et, enfin, dernier apport avant de passer la parole à M. de Sousa, j'ai été appelé,
en tant qu'Ombudsman, à réfléchir sur la problématique de Calais, et sur la situation des
Afghans et de mineurs en situation irrégulière ; et j'ai saisi la totalité de mes collègues
Ombudsmans européens pour peser sur, semble-t-il, une solution qui sera soutenue par de plus
en plus de Gouvernements avec la présidence suédoise, et j'espère demain, avec la présidence
espagnole, pour que l'Europe - qui a créé un Fonds Européen pour les Réfugiés - puisse créer
un Fonds Européen pour les mineurs en situation irrégulière et qui aujourd'hui font l'objet
d'une incapacité d'expulsion et d'un problème de financement sur le droit des enfants à
pouvoir bénéficier du respect du droit de l’intérêt supérieur de l'enfant. C'est un sujet sur
lequel, me semble-t-il, nous pourrions peut-être aussi réfléchir. C'est quelquefois extrêmement
douloureux mais, en tout cas, nous devons souligner que la privation de la liberté n'est pas la
privation de l'accès au droit et nous, les ombudsmans, nous avons un rôle extrêmement
intéressant et important à jouer.
Sans plus tarder, nous allons demander à Monsieur Alfredo Jose de Sousa, Ombudsman
du Portugal, de nous délivrer son message, et ensuite à notre collègue d'Albanie puis enfin,
nous aurons un débat entre nous.
Monsieur Alfredo José de SOUSA,
Ombudsman du Portugal
Mesdames et Messieurs, chers collègues,
Lors de cette Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée,
on doit signaler, tout d’abord, le rôle fondamental qui est joué par la réalisation de ces
manifestations pour toutes nos communautés nationales, de l’une ou de l’autre côté de cette
mer, la Méditerranée qui a été toujours un lien plutôt qu’un obstacle.
Je dois souligner l’importance du sujet choisi à cette première rencontre thématique de
l’AOM. La transparence, c’est-à-dire la connaissance et l’accès de l’ensemble des citoyens
aux mécanismes spécifiques du pouvoir, c'est-à-dire, au fondement de leurs choix et de leurs
procédures, assurant leurs droits et libertés fondamentaux des citoyens : c'est je crois la
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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première tâche de l’Ombudsman.
L’accès aux documents administratifs, bref à l’information disponible sur les archives et
bancs de données publiques, constitue une garantie de démocratisation du savoir sur
l’Administration et son action.
Dans ce cadre de transparence, le choix du système pénitentiaire est particulièrement
important, même pour les paroles qui ont été dites par monsieur le Président. L’Ombudsman
doit être prioritairement concerné par les secteurs de l’Administration où l’extension et
l’intensité des potentielles lésions aux droits fondamentaux sont majeures. Au regard de la
fragilité de la position, juridique et factuelle, du citoyen détenu et l'opacité généralisée
gratuite imposée par l’administration, on parviendra à élire le système pénitentiaire comme le
lieu où la définition elle-même d’Etat de droit, est mise à l’épreuve sur le plan des faits.
Le système pénitentiaire qui tient à tout contrôler éprouve donc le plus de besoin d’être,
à son tour, contrôlé, notamment par l’ombudsman et, par ce biais, par la communauté elle-
même.
Il y a, bien sûr, d'autres formes de contrôle, tant formels qu’informels.
On doit signaler tous les bénéfices que l’existence de rapports entre la prison et le milieu
entourant signifient. Les contacts initiés par l’école (au Portugal, chaque établissement
pénitentiaire a une école à l’extérieur comme de référence, jouissant du même ensemble de
professeurs), par l’existence de groupes de volontariat, tout est une contribution pour
maintenir la liaison des détenus à l’extérieur. De même, la prévision légale des régimes
ouverts, parfois exigeant une activité de nature professionnelle, à l’extérieur, rapproche les
deux mondes.
La prévision de la réinsertion sociale comme un but, met en relief la dignité de la
personne humaine.
Notre Constitution signale que le condamné conserve la jouissance de tous les droits, à
l’exception de la liberté et de tout ce que cette privation de liberté entraine.
Pour assurer ces droits et le fonctionnement correct du système, on a, en premier rang,
les moyens de contrôle interne de l’Administration pénitentiaire, qu’on doit renforcer et
encourager à l'action.
La réflexion que le système pourrait faire sur lui-même, est un premier pas pour créer la
confiance parmi tous les intervenants au procès d’aboutissement de la peine.
L’ombudsman, ayant aussi comme but l’existence d’une Administration plus
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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performante, ne peut pas oublier dans ses recommandations la prévision des ressources
humaines et matérielles, mais principalement organisationnelles, dans le système
pénitentiaire.
L’Ombudsman doit reconnaître la nécessité d’une garantie juridictionnelle, soit-elle au
sein du contentieux administratif ou de la juridiction commune, une garantie qu’assure le droit
fondamental d’accès de tous les citoyens et détenus aux cours, pour y voir décidées, au moins,
les questions de légalité de toute action du pouvoir public, notamment du système
pénitentiaire.
Au Portugal, cette garantie constitutionnelle est restée, en large partie, lettre morte. En
effet, il y avait le refus expresse de la cour administrative de se mêler aux questions
ressortissant de l’exécution d’une peine, aussi bien qu’aux limites très strictes des pouvoirs
auparavant prévus par la loi aux tribunaux d’exécution de peines.
Par exemple, en ce qui concerne l’action disciplinaire au sein des prisons : la sanction
maximale étant la fermeture, en cellule disciplinaire, jusqu’au maximum de 30 jours, la
possibilité de saisine des tribunaux restait seulement ouverte pour les sanctions dépassant les
8 jours. Jusqu'à huit jours, il n'y avait aucune possibilité de saisir les tribunaux.
Cette solution légale laissa sans couverture même les périodes supérieures, dès que
l’enfermement était exécuté dans l’isolement d’une cellule normale, et avec un régime
restrictif en ce qui concerne les visites, les autres contacts avec l’extérieur et la jouissance de
l’air libre.
Un autre exemple dont l’absence de contrôle extérieure était flagrante, est constitué par
l’application de mesures de sécurité. L’enfermement dans une cellule spéciale de sécurité ou
l’affectation à une Section de Sécurité ont des règles de vie très contraignantes, pour des
périodes de mois ou même d’années.
Au Portugal, à la suite d’une très longue lutte doctrinaire où l’Ombudsman a aussi fait
entendre plusieurs fois sa voix, par des formelles recommandations, le tout récent Code
d’Exécution de Peines et de Mesures Privatives de Liberté, établit des procédures de contrôle
des décisions administratives de ce genre, en général par le biais de l’intervention du Parquet,
sans éloigner le dernier mot par les juges des Cours d'Exécution de Peines.
La contribution de l’Ombudsman, en conséquence, vers la transparence du système
pénitentiaire, est la prévision légale et le renforcement des garanties données par les entités de
contrôle, soient-elles de nature administrative ou juridictionnelle.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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L’existence efficace de mécanismes internes à l’Administration rend possible le débat et
la réflexion nécessaires à l’adoption de critères pertinents.
Le contrôle juridictionnel fait jouir à l’action administrative la légitimation si nécessaire
à l’acceptation, par tous les intervenants au procès complexe constitué par le crime, la
réparation, la sanction et la réhabilitation de la décision prise par l’Administration.
L’intervention de l’Ombudsman doit être, ainsi, d’une troisième ligne. Souvent elle
appelle à remplir les insuffisances des deux remparts de l’action publique pénitentiaire tout
d’abord indiqués.
Cette intervention est, en premier lieu, suscitée par la présentation de plaintes. Dans le
cas portugais, on signale l’existence annuelle d’une centaine et demie de plaintes, ce qui
signifie une proportion de presque 20 fois plus que les chiffres vérifiés d’habitude pour
l’ensemble de la population.
On doit toutefois signaler que dans ce nombre de plaignants il y a aussi des proches ou
amis des détenus, aussi bien que des organisations non gouvernementales concernées par cette
problématique.
Un tiers des plaintes concerne l'affectation du détenu à un établissement, par action ou
par omission, aussi bien qu’à l’application des règles de sécurité ou disciplinaires. Le
logement et l’accès aux soins représentent également une part significative de ces plaintes.
La concession des mesures de flexibilisation de la peine assure, conjointement avec les
sujets déjà signalés, les deux tiers du total des plaintes.
L’Ombudsman joue ici son rôle de médiateur, obtenant l’information indispensable pour
fonder les recommandations adressées à l’Administration.
L’obtention et la disponibilité d’information sur ce système fermé sur lui-même, le
système pénitentiaire, ne doit pas être mené sans garde.
Dans cette tâche de recherche de l’information par l’Ombudsman, la disponibilité du
savoir acquis ne doit pas faire oublier la nécessité, de ne pas mettre en péril la sécurité et la
discipline au sein de l’établissement, c'est-à-dire du système.
Ceci est valable pour l’Administration, aussi bien que pour les tiers.
La même assurance des droits des tiers, par exemple, des victimes comme des proches
du détenu, peut signifier pour l’Ombudsman une rétraction de l’amplitude de son rôle comme
moteur de la transparence du système.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Par exemple, l’audition menée par l’Ombudsman sur un détenu envisagé par une
procédure disciplinaire. Cette audition était en général menée au commencement de la
procédure, sans que le rapport final lui fût notifié avant l’application d’une sanction.
L’articulation de l’action de l’Ombudsman avec l’Administration pénitentiaire a abouti à
l’assurance de l’audition du détenu concerné toujours après la récolte des preuves, lui donnant
ainsi la possibilité de les contester.
Cette transparence en matière disciplinaire a elle aussi été poursuivie, en général, sur
d’autres champs de l’action pénitentiaire, notamment l’articulation entre les services
médicaux pénitentiaires et les autres services médicaux impliqués.
L’Ombudsman a contribué à ce que les professionnels puissent confronter leurs opinions
et, selon des critères techniques et éthiques adéquats, obtenir le traitement du détenu en
conditions au moins égales à tous les citoyens libres.
Concrètement, l’activité de traitement des plaintes et de réponse au plaignant assure une
contribution tout à fait valable pour l’amélioration de la connaissance du système
pénitentiaire, c'est-à-dire de sa transparence.
Cependant, la plupart des gains en cette matière ont été obtenus avec l’exercice par
l'Ombudsman du droit d’initiative, à l’égard de tous les sujets. Jusqu’à présent, la réalisation
de trois inspections majeures à tout le système pénitentiaire a abouti à de très bons résultats.
Ces inspections, réalisées en 1996, 1998 et 2002, ont eu pour base des visites, sans avis
préalable (inopinées), réalisées dans tous les cinquante établissements existants au Portugal,
suivant une enquête adéquate, pour éclaircir la vision globale sur ce que le système
pénitentiaire est et doit être.
Le résultat de ce travail, avec des centaines de recommandations, législatives ou
administratives, et en une autre partie, sur la situation de chaque établissement, a été dûment
présenté au ministre de la Justice et au Parlement.
En particulier, le premier Rapport a été unanimement considéré comme un point
tournant sur l’histoire du système des dernières décennies, exposant les faibles conditions de
fonctionnement et l’impossibilité d’ainsi donner satisfaction aux objectifs voulus pour
l’exécution des peines.
La toute récente concrétisation de la reforme législative du système pénitentiaire, avec la
publication du nouveau Code d’Exécution de Peines déjà mentionnée, pourra être l’occasion
de dresser prochainement un nouveau bilan sur la situation pénitentiaire.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Ce Rapport de 1996 a été essentiel dans l’allocation prioritaire de ressources, contribuant
à l’élimination des aspects inhumains et contraires aux standards internationaux que
s’observaient auparavant.
La tâche d’être un pont entre deux mondes, qui sont condamnés à se rejoindre, est
inscrite dans l’ADN de l’Ombudsman. Cette tâche pourra être modifiée de forme significative
avec la ratification, qu’on espère ne sera pas trop tardive, du Protocole Optionnel à la
Convention contre la Torture. Ayant présenté la définition, loin d'être stricte, de la notion de la
torture et du traitement cruel, inhumain ou dégradant, l’inclusion de l’Ombudsman comme
intégrant le mécanisme national de prévention serait, une reconnaissance de tout ce qu’on a
accompli jusqu’à présent.
L'année prochaine, nous ferons une enquête sur les locaux de détention d'émigrés,
d'étrangers et sur les locaux de police de détention. Quant aux hôpitaux psychiatriques, je
crois que ça ne va pas être possible parce qu‘ actuellement au Portugal, il y a un grand
mouvement pour éliminer les hôpitaux psychiatriques et intégrer leurs malades au sein des
hôpitaux généraux. Merci.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Merci M. de Sousa. Je vais maintenant demander à notre collègue, M. Dobjani, de bien
vouloir intervenir.
Monsieur Ermir DOBJANI,
Ombudsman d’Albanie
Merci, monsieur le Président, chers collègues. Je suis heureux de me trouver ici et de
pouvoir m'adresser à vous à l'occasion de cette rencontre de l'Association des Ombudsmans
de la Méditerranée. Je remercie l'organisateur, l'Ombudsman grec M. Yorgos Kaminis, M.
Moulay M'hamed Iraki, Wali Al Madhalim du Maroc, Président de l'Association, ainsi que le
Médiateur de la République française de m'avoir invité à participer à cette conférence si
importante. Après avoir suivi les interventions qui ont été présentées sur le sujet principal « la
transparence dans les services publics : quel est le rôle de l'Ombudsman ? », je crois que
l'occasion qui m'est offerte ici est encore plus importante.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
80
Depuis son activité initiale en 2000, l'institution de l'Avocat du peuple en Albanie a
déplacé son attention du monitoring de la détention aux centres de détention provisoire. Nous
avons considéré que ces locaux sont ceux où la liberté d'une personne est limitée. La violation
des droits de l’Homme survient à l'intérieur. Elle est déguisée et isolée ; elle n'est ni visible ni
contrôlable par le public. S'agissant des principes de Paris, nous avons une expérience
positive qui s'étale sur dix ans, depuis la création de notre institution et nous avons de très
bons résultats en ce qui concerne le contrôle de la détention et des centres de détention
provisoire, la découverte de cas de violation et la soumission de recommandations pour punir
les officiels impliqués dans des incidents de violence et d'abus. En appliquant le protocole
facultatif de la Convention contre la torture, ratifiée par l'Albanie par la loi 9094 du 3 juillet
2003, le Parlement albanais, au début de l'année 2008, a confié à l'Avocat du peuple albanais
la tâche d'établir un mécanisme international contre la torture. Cela dans le cadre du rôle actif
et de l'expérience positive de l'Ombudsman. A part les contrôles, nous avons eu plusieurs
plaintes qui concernaient les centres de détention provisoire avant les procès, et nos activités
se sont axées sur des visites périodiques ou des inspections dans tous les locaux où pouvaient
se manifester la torture ou des traitements dégradants et inhumains. En 2009, l'Avocat du
peuple a organisé environ 150 visites, inspections ou contrôles spéciaux dans ces centres de
détention ou de détention provisoire et d'autres institutions similaires. Par ailleurs, nous avons
veillé au respect des droits et du traitement dont doivent jouir ces personnes. L'Avocat du
peuple a une compétence absolue s'agissant de la mise en œuvre de ses activités dans ce
domaine. En vertu du point 1 de l'article 60 de la Constitution de notre pays, l'Avocat du
peuple protège les droits, les libertés et les intérêts légitimes des individus à l'égard des
actions illégales ou indues ou le manque d'action des organes de l'administration publique.
S'agissant de la législation albanaise, l'administration publique comporte également les
institutions étatiques qui couvrent le système pénitentiaire, les prisons et les centres de
détention provisoire, les organes de la police de l'Etat et les locaux où les personnes arrêtées
sont détenues ou escortées, ainsi que l'isolement disciplinaire dans des cellules et des unités
des forces armées.
Les individus qui se trouvent dans ces locaux ont le statut de personne privée de sa
liberté comparés à d'autres organisations étatiques où la privation administrative des droits des
individus se fait pour des raisons d'assistance sociale ou médicale ; par exemple, des maisons
de soins, des orphelinats, des hôpitaux psychiatriques, des centres de détention de personnes
victimes de trafic ou des demandeurs d'asile. Nous surveillons les deux catégories précitées.
Mais lorsque l'on parle de privation de liberté, je crois qu'il faudrait me focaliser notamment
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
81
sur la première catégorie d'institutions. En vertu de la loi 8454, du 4 février 1999, sur l'Avocat
du peuple qui a été amendée pour compléter cette mission constitutionnelle, l'Avocat du
peuple albanais a le droit d'agir, dans le cadre d'une procédure d'enquête indépendante, ayant
un accès plus vaste à des locaux et des bureaux des officiels sans immunité et à toute
documentation, classifiée ou non, des organes de l'administration publique. L'article 19 de
cette loi stipule que « dans le cas où l'Avocat du peuple décide de procéder à une enquête
indépendante, il a le droit de a) mener des enquêtes sur place y compris l'accès à toutes les
institutions et enquêtes publiques sur place, concernant des actes ou des documents associés à
l'affaire ; b) demander des explications de la part de tous les organes de l'administration
centrale et locale afin d'obtenir tous les dossiers ou du matériel qui sont associés à l'enquête ;
c) interroger toute personne qui, selon son jugement, est impliquée dans l'affaire qui fait
l'objet de l'enquête et citer dans son bureau toute personne, sans immunité ». L'Avocat du
peuple a le droit de fixer un délai pour mener à bien les actions précitées. Cette loi prévoit,
dans l'article 19, ce qui suit : « L'Avocat du peuple et tout autre officiel autorisé par lui, a le
droit d'avoir accès à tout moment et sans limitation et obtenir une notification initiale, sur
notification du chef de l'institution à toutes les institutions publiques – prisons, centres de
détention provisoire, unités militaires, institutions étatiques, hôpitaux psychiatriques, asiles,
orphelinats – et à tout autre endroit où il y a une preuve de violation des droits de l’Homme et
des libertés fondamentales ».
L'accès aux institutions précitées aura lieu afin de faire une enquête sur une plainte, une
requête, une notification, aussi bien que sur initiative de l'Avocat du peuple à des fins
d'inspection ou d'étude. Dans ces cas, l'Avocat du peuple a le droit d'entrer en contact et de
parler avec toute personne qui se trouve dans ces institutions, sans la présence du chef de
l'institution. Toute sorte de correspondance entre l'Avocat du peuple et les personnes précitées
ne peut être interdite ou surveillée. L'article 22 de la loi sur l'Avocat du peuple est une
garantie de l'efficacité et de la mise en œuvre de cette activité et en même temps sanctionne la
coopération avec les organes de l'Etat. La loi ci-dessus stipule que le refus des fonctionnaires
de l'Etat, officiels ou autorité publique, de coopérer avec l'Avocat du peuple est une cause
pour que l'Avocat du peuple demande à l'autorité compétente, des procédures administratives,
des mesures disciplinaires jusqu'au licenciement de la personne. Par ailleurs, la loi 8328 du 2
avril 1990 sur les droits et le traitement des personnes incarcérées et celles qui sont détenues
au stade de prévention provisoire, avec son amendement de mars 2008, soutenant le rôle des
mécanismes d'orientation nationale contre la torture, prévoit l'activité de l'Avocat du peuple,
notamment en ce qui concerne l'accès aux prisons et aux centres de détention provisoire. En
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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vertu de l'article 43 de cette loi, qui se réfère à l'accès aux institutions pénitentiaires, seules
des personnalités importantes de l'Etat auraient le droit de visiter les prisons, les centres de
détention provisoire à tout moment et sans préavis. A part ces grandes personnalités, comme
le Président de la République, le Président du Parlement, le Premier Ministre, le Président de
la Cour Constitutionnelle, le Vice-président du Parlement, le Vice-premier ministre, le
ministre de la Justice, le Président de la Cour Suprême et le Procureur Général, l'Avocat du
peuple, l'Ombudsman et ses commissaires ou ses commissaires adjoints jouissent du même
droit d'accès. En outre, l'article 74 souligne, aux points 1, 2 et 3, que l'Avocat du peuple est un
organe spécial de la surveillance et de la mise en œuvre de la loi sur les personnes
condamnées et les personnes en détention provisoire. En vertu de l'article 74, aux points 1, 2
et 3, l'institution de l'Avocat du peuple, en tant que mécanisme national d'orientation contre la
torture, a des pouvoirs supplémentaires empruntés au texte original du protocole facultatif de
la Convention contre la torture. En termes plus concrets, selon ces dispositions, l'Avocat du
peuple a le droit de surveiller périodiquement le traitement des individus qui ont été privés de
liberté dans les locaux de détention ou d'incarcération à des fins de renforcement de la
protection des individus de la torture, du traitement cruel, inhumain ou dégradant. Il a
également le droit de faire des recommandations aux autorités compétentes afin d'améliorer le
traitement et les conditions de vie des individus qui sont privés de liberté et de prévenir la
torture et le traitement ou la punition dégradants, inhumains ou cruels. En vertu de cette loi,
l'Avocat du peuple est doté de plusieurs compétences visant à assurer le plein accès à ces
locaux en collectant, parmi d’autres, des informations sur le nombre de personnes privées de
liberté et leurs lieux de détention respectifs, le mode de traitement, les conditions de détention
etc.
Au cours de ces visites, l'Avocat du peuple a le droit de mener, à tout moment, des
interviews privées avec les condamnés, sans la présence du personnel de détention ou du
personnel au centre de détention provisoire et de choisir librement les endroits qu'il a
l'intention de visiter et les individus qu'il veut voir.
En tant que mécanisme national d'orientation contre la torture, notre institution peut
demander, à tout moment et sans délai indu, des informations par la personne condamnée, par
l'administration de la prison ou par les centres de détention provisoire. A tout moment, il peut
vérifier des documents, des objets, un équipement, les locaux associés à la personne
condamnée ou à la personne en détention provisoire, à l'intérieur et à l'extérieur des
institutions pénitentiaires.
Aux fins de la mise en œuvre du processus de monitoring, en vertu de cette loi, le
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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mécanisme national d'orientation contre la torture peut embaucher des spécialistes de leurs
domaines respectifs, tels que médecins légistes, psychologues, psychiatres etc.
Par ailleurs, nous avons aussi un numéro vert qui permet aux incarcérés de communiquer
avant le procès et la ligne est ouverte avec l'Avocat du peuple.
En fait, à la suite de l'approbation de ces dispositions en mars 2008, l'Avocat du peuple a
continué à mener à bien sa fonction, en tant que centre national d'orientation, auprès des
prisons et des centres de détention provisoire.
Pour l'année 2009 seulement, toutes les prisons et les centres de détention provisoire ont
reçu de nombreuses visites. Environ 400 plaintes ont été reçues et plus de 40
recommandations ont été faites dans le but d'améliorer les droits et le traitement des personnes
incarcérées et des personnes en détention provisoire. Notre plus grande présence dans ces
locaux a amélioré la communication et la confiance des personnes privées de liberté, leur
permettant de présenter leurs problèmes réels et de parler de phénomènes négatifs qui
affectent leurs droits. D'autre part, notre accès à la documentation officielle et aux films de ces
institutions, a été assez efficace. Dès lors, nous avons fait une proposition en vue de
l'imposition de sanctions à certains officiers de police de prisons ou d'autres employés des
administrations pénitentiaires. Seulement dans un cas en 2009, trois officiers de police dans
les prisons ont été congédiés, à la suite d’une interception par film. L'Avocat du peuple avait
constaté qu'ils avaient enfreint le règlement intérieur. Ces résultats sont une indication claire
de notre accès au système pénitentiaire et au-delà de celui-ci.
Ayant le droit de surveiller l'activité de la police de l'Etat, l'Avocat du peuple,
l'Ombudsman, a abouti à des résultats similaires. Sur une période de dix ans, l'Avocat du
peuple en Albanie a formulé un nombre record de recommandations visant à l'amélioration de
l'activité de la police s'agissant du respect des droits de l’Homme. A cet égard, 250 officiers de
police ont été sanctionnés. De plus, les locaux de toutes les stations de police de l'Etat
disposant de cellules d'isolement, ont été surveillés périodiquement afin de vérifier le
traitement des individus et d'assurer la prévention de la violence et du traitement inhumain ou
dégradant. L'Avocat du peuple avait libre accès non seulement aux locaux de la police, mais
également à la documentation, aux registres et souvent des irrégularités ont été constatées par
rapport aux services d'escorte, aux détentions, aux délais d'escorte, aux qualifications fausses
de certaines personnes qui se trouvaient dans ces locaux etc. Au cours de l'enquête sur la
violence de la police, l'Avocat du peuple a dû se familiariser avec la documentation classifiée
de la police. Cela montre le niveau élevé de cet accès qui conduit à un travail sérieux et
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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efficace s'agissant des revendications des personnes qui sont en isolement. Nos relations avec
la police de l'Etat et ses institutions sont tout à fait particulières, étant donné que sont
appliquées les dispositions prévues par la loi sur l'Avocat du peuple. En ce qui concerne
l'accès au système pénitentiaire, régi également par une loi correspondante, cette absence de
législation de la police de l'Etat, n'est pas considérée comme une faille ou un obstacle à notre
mission. Quoi qu'il en soit, le nouveau règlement qui sera approuvé par la police de l'Etat sur
les cellules d'isolement, prévoit des règles spéciales sur l'accès de l'Avocat du peuple. Ce
document montre la volonté de la police de l'Etat d'inclure dans ses textes la présence et
l'accès indiscutable de l'Avocat du peuple.
L'activité des forces armées albanaises est un autre domaine où l'Avocat du peuple,
l'Ombudsman, a un grand accès, soit en tant que mécanisme national d'orientation contre la
torture, soit dans le cadre de la réforme et des grands changements de l'armée albanaise qui
est un élément des forces de l'OTAN. L'Avocat du peuple veut assurer, dans la mesure du
possible, sa présence périodique au sein des bases militaires, notamment en ce qui concerne
les cellules d'isolement disciplinaire. A cette fin, en tant que mécanisme d'orientation contre la
torture, notre bureau a effectué 25 visites environ à la base militaire et a surveillé de près les
conditions de détention dans les cellules d'isolement, le traitement des soldats et la mise en
œuvre des règles qui stipulent l'application des mesures disciplinaires etc.
En outre, la promotion de l'institution de l'Avocat du peuple, en tant que mécanisme
national d'orientation contre la torture, pour l'inspection des bases militaires, a renforcé les
relations avec les autorités du ministère de la Défense et de l'Etat-major de l'armée. Ils ont
demandé aux bases respectives de respecter l'accès légitime dont jouit notre institution, aux
installations de ces bases.
Par ailleurs, l'Avocat du peuple ayant renforcé ses relations avec le ministère de la
Défense, les bases doivent accepter l'accès de notre institution et faciliter la mise en œuvre de
nos activités de monitoring. Effectivement, les officiers des bases militaires ont fait preuve de
bonne volonté et nous ont donné des informations militaires classifiées sur le nombre de
soldats recrutés, leur état de santé, le traitement qui leur avait été réservé etc. Par ailleurs,
l'Avocat du peuple a introduit des recommandations spéciales axées notamment sur la
rédaction et l'approbation de nouvelles règles concernant l'isolement disciplinaire, l'égalité de
traitement du personnel militaire et la mise en œuvre de procédures transparentes en cas
d'isolement.
Comme la police de l'Etat, les forces armées n'ont pas de nouvelle législation qui reflète
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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les amendements relatifs aux droits de l’Homme et la conformité avec ces règles. Pourtant,
cela n'a pas empêché notre accès à leurs informations.
Dans le cadre de la réforme des forces armées, en raison de l'appartenance de l'Albanie à
l'OTAN, l'Avocat du peuple attache une importance prioritaire au cadre militaire juridique sur
la base de nouveaux principes et l'utilise comme soupape de sécurité s'agissant des droits de
l’Homme.
A la suite de cette analyse générale, les besoins ont été identifiés en ce qui concerne la
présence active de l'Ombudsman aux prisons, aux centres de détention préventive, aux
stations de police et auprès des forces armées. L'Avocat du peuple est d'avis qu’une
augmentation des compétences de l'Ombudsman en rapport avec l'administration publique,
dépend souvent du niveau d'accès aux organes de l'Etat. Cet accès est précieux surtout
lorsqu'il dépasse le cadre de l'isolement humain où la liberté de l'individu ne doit pas conduire
au refus de ses droits.
Le renforcement du rôle de l'Ombudsman et son accès plus vaste à ces locaux doit être
considéré non seulement comme une partie de la réforme de ces institutions, des actes
juridiques et des règlements, mais aussi comme une obligation de respect des droits de
l’Homme et des valeurs démocratiques dans les pays respectifs.
Je crois que les valeurs réelles de l'Ombudsman sont reflétées dans sa volonté et sa
mission. Cette bonne volonté est une nouveauté qui doit être encouragée, au niveau national,
régional et au-delà, pour promouvoir sa mission en vue de la protection des droits de
l’Homme et des libertés fondamentales.
Je vous remercie pour votre attention.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Merci beaucoup. Nous avons vu notre collègue du Portugal montrer le rôle que peut
avoir l'Ombudsman dans l'évolution de la loi. Mais posons la question des cellules
disciplinaires et de la présence de l'Ombudsman dans les institutions pour lutter contre la
torture, c'est un sujet intéressant. Et nous avons vu notre collègue albanais mettre l'accent sur
les opérations militaires ; jusqu'où faut-il aller y compris sur les opérations extérieures ? C'est
un sujet qu'ont déjà évoqué certains de nos collègues Ombudsmans. Nous allons ouvrir le
débat, mais j'ai déjà des demandes d'intervention de notre collègue de FYROM, M. Memeti,
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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mais aussi du Monténégro, et de l'Université Saint-Joseph au Liban et de notre collègue de la
Slovénie. Et j'ajoute notre collègue tunisienne et le représentant de la commission turque,
jordanienne, et d'Andorre. Il y a au moins une liberté que l'on respecte, c'est la liberté
d'expression.
Je cède maintenant la parole à notre collègue Ixhet Memeti.
Monsieur Ixhet MEMETI,
Médiateur de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine
Je voudrais tout d'abord saluer les organisateurs de cette conférence, mais aussi exprimer
mon plaisir du fait que je peux participer en tant qu'orateur sur un sujet qui est très important
non seulement pour l'institution que je dirige, mais aussi pour toutes les institutions du
domaine des droits de l’Homme. En ce moment c'est un défi auquel nous devons tous faire
face.
Mon exposé porte sur un des éléments qui composent le mandat du mécanisme national
de prévention, notamment la prévention de la torture et les vices dans les institutions de
privation de liberté. Ce n'est pas par hasard que certains pays ont ratifié le protocole, tout en
accordant le rôle de mécanisme national de prévention à l'Ombudsman, comme c'est le cas
d'ailleurs de la République de Macédoine.
Je dis cela, car je pense que la mission de l'Ombudsman n'est pas seulement la protection
des droits et des libertés des citoyens, mais aussi la prévention, à travers ses activités et à
travers l'expression publique de ses avis et attitudes.
Je voudrais dire quelques mots sur l'expérience de notre institution dans ce domaine.
Pour nous, agir sur le plan de la prévention dans les lieux de privation de liberté, n'est
pas une nouveauté. Avec l'adoption de la loi de 2003, l'Ombudsman pouvait suivre de près le
respect et la protection des droits des personnes privées de liberté, surtout dans les prisons, les
stations de police et les hôpitaux psychiatriques. Selon ces dispositions, l'Ombudsman
pouvait, à tout moment, sans avoir annoncé sa visite ou demander une approbation, visiter ces
institutions et s'entretenir en privé avec les personnes détenues, sans qu'un représentant de
l'institution ne soit présent. Mais chez nous, en raison des cas enregistrés de torture et des
difficultés d'y faire face, s'est imposée la nécessité d'établir un nouveau mécanisme qui
assurerait un suivi régulier de l'état des lieux et une prévention efficace contre la torture.
Je dois souligner le fait que, même avant la signature du protocole facultatif, nos
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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activités dans ce domaine ont eu un certain succès, surtout sur le plan de la prévention.
Effectivement, nous préparons des rapports au sujet de ces visites contenant des informations
et des recommandations et ces rapports sont communiqués aux autorités. Par contre, il faut
admettre que nous avons des difficultés dans la mise en œuvre de nos recommandations et
notamment de la part des organismes qui ont le droit légal d'utiliser de la force dans leur
travail et, par conséquent, ils commettent fréquemment cette violation grave des droits de
l’Homme qui est la torture. Cependant, dans certains cas, notre institution s'est montrée
capable d'établir la vérité et de continuer à traiter ces cas de torture sur des soupçons bien
fondés. Par conséquent, certains fonctionnaires ont déjà été condamnés pour torture.
Il est bien clair, à nous tous, que la lutte contre la torture ne pourrait pas être menée
seulement en définissant de nouvelles dispositions de lois et de nouveaux procédés. Au
contraire, dans les démocraties fragiles, le problème principal est toujours associé à la
conscience des gens et aux préjugés. C'est un élément subjectif contre lequel il est très
difficile de lutter. C'est pourquoi la prévention s'impose comme une nécessité. Pour toutes ces
raisons, nous orientons une grande partie de nos activités vers un suivi régulier de l'état des
lieux dans les institutions pénitentiaires et correctionnelles, les maisons d'éducation surveillée
et les hôpitaux psychiatriques.
La pratique a montré que l'Ombudsman peut être un mécanisme efficace de prévention
contre la torture et les autres formes de traitement inhumain ou dégradant. L'examen des
violations des droits et le procédé d'action varient en fonction de la diversité des organismes et
des institutions de privation de liberté chargées des personnes détenues.
Je vous parlerai de certains domaines concrets d'action et de prévention, dans le cadre
des compétences de l'Ombudsman.
S'agissant des personnes arrêtées et détenues par la police, l'Ombudsman examine : les
conditions de l'arrestation et de la détention, la manière et la procédure d'arrestation, le
comportement des agents de police, l'usage de la force, le respect de l'obligation des agents de
police de donner lecture des droits et obligations à la personne arrêtée. Les conditions de
détention et d'hébergement dans les locaux et le traitement de la personne détenue pendant la
garde à vue, font aussi l'objet d'examen et d'action de la part de l'Ombudsman. La pratique
d'action et les procédés à entreprendre sont souvent assez compliqués, surtout quand il faut
déterminer s'il y a eu l’abus de pouvoir de la police et l’usage non justifié de la force.
La communication de la personne détenue avec l'Ombudsman, dans ces cas-là, est
rendue d'autant plus difficile quand personne n'est au courant que la personne en question est
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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détenue. Dans ces cas, après la libération de la personne détenue, nous avons des difficultés à
agir, du fait que les agents de police essaient souvent de cacher les preuves des
comportements illégaux. A cause de tout cela, il est important d'avoir à temps des
informations qui nous permettent de visiter la personne détenue, de s'entretenir en privé avec
elle, de s'entretenir aussi avec les agents de police, de pouvoir examiner la documentation et
le lieu de détention. Si nous constatons l'existence de procédés illégaux, des irrégularités ou
un abus de pouvoir de la part de la police, l'Ombudsman peut engager une procédure pénale
ou des sanctions disciplinaires contre l'agent de police qui a commis ces actions. Il peut
également en informer le public – une action qui s'avère plus efficace en matière de
prévention.
En ce qui concerne le suivi de l'état des lieux dans les établissements correctionnels et
les maisons d'éducation surveillée, nous avons une pratique très positive de visites régulières
et une coopération satisfaisante avec les organismes responsables de ces institutions et avec le
bureau des sanctions. Pourtant, dans le passé, nous avons rencontré des obstacles dans ce
domaine également, fondés sur l'ignorance et l'approche subjective des personnes
responsables de ces institutions de détention. Nos visites de ces lieux ont un caractère
préventif et leur but est de prévenir les violations des droits des personnes détenues, à travers
un dialogue constructif avec les représentants de ces institutions, de donner une possibilité
aux personnes privées de liberté de se plaindre au sujet du traitement qu'ils ont, des conditions
dans les locaux etc., sans qu'elles soient empêchées de le faire par les services des institutions
de détention. En l'occurrence, j'aimerais souligner que l'installation de boîtes à lettres dans les
établissements correctionnels et les maisons d'éducation surveillée, a beaucoup facilité l'accès
des personnes détenues à notre institution et a contribué à l'augmentation du nombre de
plaintes.
Les visites régulières ont pour but de donner une analyse plus détaillée et une image plus
réelle de la situation dans les lieux de privation de liberté, mais aussi permettent d'identifier
les raisons qui sont à l'origine des peines et traitements inhumains ou dégradants et de générer
des recommandations pour améliorer la situation. Les objectifs des visites sans préavis sont
les suivants : dépeindre de manière plus objective la situation dans les lieux de privation de
liberté, diminuer le risque de dissimulation des conditions réelles, vérifier si nos
recommandations ont été mises en œuvre et empêcher d'éventuelles intimidations ou
limitations des personnes détenues dans le droit de nous contacter.
L'Ombudsman a l'accès à tous les locaux dans les institutions de détention et nous
accordons une importance particulière aux informations dans les registres des institutions et
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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aux conditions d'hébergement, notamment les dimensions des pièces qui sont prescrites par la
loi, le nombre de personnes hébergées dans chaque pièce, les conditions hygiéniques,
l'équipement, la lumière, le chauffage, l'aération, les conditions sanitaires, les conditions
d'hygiène personnelle, la possibilité et la façon de communication avec le personnel de
l'institution etc. Pendant les visites, nous nous entretenons avec les personnes privées de
liberté et, en fonction de la visite, nous parlons avec une ou plusieurs personnes
particulièrement choisies ou bien avec des personnes choisies au hasard. S'il s'agit d'un
ressortissant étranger ou d'une personne appartenant à une communauté ethnique et si cela est
nécessaire, nous assurons la présence d'un interprète. Un des aspects les plus importants de la
visite c'est la possibilité de s'entretenir en privé, sans qu'un représentant de l'institution soit
présent, de sorte que la personne détenue puisse s'exprimer librement et sans peur.
Les visites réalisées reflètent l'état des lieux qui vraiment donne lieu à des
préoccupations. C'est pourquoi, les recommandations que nous préparons sont mesurables et
réalisables, bien élaborées et orientées vers le résultat, bien définies sur le plan du temps et
des priorités et proposent une solution pour améliorer la situation. Si, au cours de la visite,
nous recevons des plaintes individuelles, nous élaborons des recommandations spéciales que
nous faisons mettre en œuvre.
Les informations et les rapports spéciaux sont adressés aux autorités et affichés
également sur notre site web. J'ai mentionné aussi les organes compétents dans ce domaine
avec lesquels nous développons une coopération étroite. Je dois dire qu'il y a un problème
concernant la compréhension du rôle de l'Ombudsman et la coopération en général. Il faut
éduquer le personnel et les responsables dans les institutions de privation de liberté.
Je vais résumer ici, juste pour vous dire qu'avec les modifications de la loi qui prévoit
l'inclusion pendant les visites du secteur non gouvernemental, il y avait une période de
promotion de notre nouveau rôle qui nous a été accordée avec la ratification du protocole sur
quelques ateliers avec les autorités compétentes et les institutions de privation de liberté. Je
m'attends à ce que, jusqu'au mois d'avril 2010, toutes les conditions soient remplies pour que
nous puissions réaliser notre nouveau rôle de mécanisme national de prévention, de façon
professionnelle et de qualité.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
90
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Ce serait intéressant que, au travers de l'exposé de pouvoirs que l'on voit à peu près
identiques, on puisse échanger sur les conclusions de nos actions ou les faiblesses de nos
actions, pour qu'on puisse tirer les bilans.
Alors, je cède la parole maintenant à Mme Marijana Lakovic qui est notre collègue du
Monténégro. Pour 5 minutes, si c'est possible.
Madame Marijana LAKOVIC,
Ombudsman adjointe de Monténégro
Cher Président, Mesdames et Messieurs, chers collègues.
Je voudrais tout d'abord remercier l'Association des ombudsmans de la Méditerranée et
l'Ombudsman grec de m'avoir invité à participer à cette troisième rencontre. C'est un plaisir
pour moi de me trouver ici, pendant ces deux jours et je tiens à vous transmettre les
salutations de l'Ombudsman du Monténégro.
Notre Ombudsman procède à des inspections dans les prisons, sans avis préalable et
dans tous les lieux où se trouvent des détenus. L'Ombudsman a le droit de communiquer avec
les personnes privées de liberté sans présence d'un représentant de l'institution. Tous les
détenus ont le droit de déposer leur plainte dans une enveloppe scellée. Toutes les personnes
privées de liberté peuvent donc s'adresser à l'Ombudsman qui met toujours en œuvre les
procédures pertinentes. L'Ombudsman est intervenu déjà d'office en mars et avril 2008 pour
l'amélioration des conditions de détention des personnes privées de liberté, dans des unités
régionales et des commissariats de police au Monténégro.
Il avait constaté que les conditions n'étaient pas satisfaisantes dans certains services, et
avait demandé une intervention pour que les mesures nécessaires soient prises afin qu'un
niveau adéquat soit atteint dans les centres de détention, les différentes unités locales, les
bureaux locaux, pour assurer la conformité avec les normes établies. L'Ombudsman peut faire
des recommandations et prendre certaines actions pour améliorer la situation des détenus. Tel
fut le cas à plusieurs reprises.
Les personnes détenues ou incarcérées ont souvent demandé à l'Ombudsman la
protection de leurs droits. L'Ombudsman rencontre les personnes en question, à chaque fois
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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qu'il reçoit une plainte, pour s'informer de manière directe de leur plainte et pour éviter des
retards au niveau des tribunaux, tout en garantissant une qualité de l'hébergement et des
vêtements fournis aux détenus et leur assurer un bon traitement. L'Ombudsman s'entretient
également avec les officiers des prisons. Des visites régulières sont également organisées aux
prisons et centres de détention.
Nous avons des centres de détention pour les étrangers et nous essayons de ne pas avoir
de différenciations en fonction du genre ou d'autres facteurs. L'Ombudsman a pour objectif de
protéger les personnes privées de liberté. Nous avons des amendements de certaines lois en
matière de sanctions, tout en essayant de protéger ces personnes contre tout genre de
discrimination, en leur assurant également un droit au travail à l'intérieur des prisons.
Par ailleurs, nous avons un service qui s'occupe des délinquants mineurs et nous
essayons d'affronter tous les problèmes qui préoccupent les détenus pour arriver à une
amélioration de leur situation.
Le Monténégro a ratifié la Convention des Nations Unies contre la torture pour
empêcher un traitement dégradant et inhumain ainsi que l'OPCAT. Nous essayons de modifier
la loi afin que l'Ombudsman devienne un mécanisme national de prévention.
Merci pour votre attention.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Je vous remercie, Madame. Je demanderai maintenant à Johanna Hawari Bourgely,
Directrice du Centre de la Médiation de l'Université Saint-Joseph au Liban, de bien vouloir
s'adresser à nous.
Madame Johanna HAWARI BOURGELY,
Directrice du Centre professionnel de Médiation de l’Université Saint-Joseph au
Liban
Merci, monsieur le Président.
Mesdames et Messieurs les Médiateurs,
Mesdames et Messieurs.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Pour venir ici, j'ai été obligée de prendre l'avion, car les oiseaux métalliques ne peuvent
pas courir sur l'eau. Et comme le hasard fait bien souvent les choses, dimanche dernier il y
avait le marathon à Beyrouth, et Athènes était ma destination. Alors, vous comprendrez mieux
mon enthousiasme d'être parmi vous ici à Athènes. D'abord, je souhaiterais remercier
monsieur l'Ombudsman de Grèce, monsieur le Médiateur de la République française,
monsieur le Wali du Royaume du Maroc et monsieur le Défenseur du peuple espagnol pour
leur invitation.
Avant d'intervenir sur l'accès aux lieux de privation de liberté, je voudrais juste faire un
bref aperçu sur l'institution du Médiateur de la République au Liban.
L'idée de la création d'un Médiateur de la République au Liban est déjà en gestation
depuis 2001. On a eu une loi qui a été votée le 4 février 2005. Cette loi stipule que le
Médiateur de la République sera nommé pour une période de quatre ans, par un décret pris en
Conseil des Ministres. Un projet de décret d'application fut approuvé par le Conseil d'Etat et
adressé pour approbation à la présidence du Conseil des Ministres. Or, à ce jour, on n'a
toujours pas de Médiateur de la République.
Afin de relancer ce projet, nous avons organisé, le 6 novembre dernier, un colloque sur
l'institution d'un Médiateur de la République, protecteur des citoyens ; nous avons eu
l'honneur de recevoir monsieur le Médiateur de la République Française et monsieur le Wali
du Royaume du Maroc qui ont pu décrire le rôle du Médiateur ainsi que le rôle de
l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée. Etaient présents au colloque beaucoup de
juristes, des professeurs de droit, d’hommes politiques dont les ministres de la Réforme
administrative, de la Justice et le ministre de l'Intérieur.
A la suite du colloque, qui a été couvert presque par tous les médias nationaux, une
clause a été insérée, dans la déclaration ministérielle du nouveau gouvernement, qui stipule
l'intention de relancer la création d'un Médiateur de la République et de tenir ainsi compte de
l'intérêt primordial du citoyen. Mais si ce projet suscite l'enthousiasme chez ses initiateurs, il
reste quand même l’objet de méfiance dans une grande tranche de la population qui l'assimile
souvent au bureau des plaintes qui a été constitué par le Président de la République Emil
Lahoud et qui a laissé un goût assez amer. Alors, quelle est l'implication du centre
professionnel de médiation ?
Notre objectif, en tant que CPM, c'est d'être un partenaire civil du Médiateur de la
République, tout d'abord pour essayer de soutenir une campagne de sensibilisation auprès de
tous les citoyens libanais ; pour expliquer le rôle et les attributions du Médiateur, son
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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indépendance et sa neutralité à l'égard des autres pouvoirs et ainsi éluder toute appréhension
ou confusion ; mettre en place des cycles de formation qui pourraient aider au
perfectionnement des membres du barreau du Médiateur de la République, une fois que
l'institution du Médiateur sera créée et constituer un relais au sein des prisons. A ce titre, le
CPM va lancer, à partir de janvier 2010, un projet pilote au sein de deux centres pénitentiaires
au Liban. Ce projet va consister premièrement en la mise en place d'ateliers de sensibilisation
à la médiation, puis ensuite, la création de bureaux de médiation au sein de ces deux centres
pénitentiaires.
Très rapidement, je vais décrire les deux établissements sur lesquels nous allons
intervenir à partir de janvier. Nous allons intervenir sur une prison d'hommes qui est la prison
de Roumiers et une prison de femmes... La première abrite des adultes, mais aussi des
mineurs. Les mineurs sont incarcérés dans un pavillon séparé et aménagé spécialement pour
eux.
Pour les mineurs, on a 120 mineurs incarcérés, de 14 à 21 ans. Ils sont donc détenus à la
prison. 90 % sont en détention provisoire.
Concernant les adultes, on a 4.000 hommes détenus à Roumiers, leurs conditions de
détention sont déplorables. A la surpopulation, s'ajoutent des conditions d'hygiène
inacceptables, doublées d'un manque de soins médicaux.
Concernant les femmes qui sont détenues à la prison ; il y a à peu près 70 femmes ; 30
sont de nationalité libanaise, palestinienne ou syrienne et 50 femmes sont des travailleurs
migrants de nationalité sri-lankaise, éthiopienne, indienne ou philippine. La plupart de ces
femmes sont incarcérées en raison de situation de séjour irrégulier.
Si, selon M. Delevoye, la prison est un lieu de privation de liberté, mais ne doit pas être
également un lieu de privation de droits, nous constatons malheureusement que, dans nos
prisons, les violations des droits de l’Homme sont monnaie courante et l'atteinte à la dignité
humaine est presque la règle ; que ce soit par des actes de violence physique ou morale entre
les détenus ou entre les détenus et les gardiens. Le non-respect des règles d'hygiène, la
surpopulation ou les cas de détention arbitraire, le système déraille et accumule des injustices.
Quelle est notre action en qualité de Médiateur ?
Avec autorisation du ministre de l'Intérieur qui est l'autorité responsable des prisons au
Liban, et des responsables des deux établissements pénitentiaires, nous allons mettre en place
des ateliers de sensibilisation à la médiation qui seront destinés aussi bien pour les détenus
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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que pour les gardiens des deux prisons.
Puis, nous allons mettre des bureaux de médiation qui seront créés avec des Médiateurs
de permanence. Ces Médiateurs seront chargés de résoudre les conflits qui pourront démarrer
ou s'envenimer entre les détenus, entre les détenus et les gardiens, entre les détenus et
l'administration pénitentiaire, pour tout ce qui concerne les réclamations, les pertes d'objets ou
bien les transferts, et les détenus et les ambassades pour le renouvellement des papiers de
séjour.
Notre travail sera effectué en collaboration avec des ONG libanaises, œuvrant déjà en
prison pour la protection des droits de l’Homme et des droits des travailleurs migrants.
En conclusion, notre action au sein des prisons pourrait s'apparenter à un mécanisme non
contentieux de protection des droits de l’Homme. La formation des autorités de détention,
surtout des gardiens, à la médiation, pourrait aider à prévenir certains abus et, par conséquent,
apaiser les tensions entre les détenus et les surveillants. La formation des personnes
incarcérées leur permettra de prendre conscience de leurs droits et de les revendiquer plus
souvent et avec plus de conviction.
L'objectif de la médiation est de trouver une solution à un conflit, et de permettre à
chacun, grâce au retour de la parole échangée et écoutée, de sortir de la récidive et du passage
à l'acte. Elle assure une action préventive en évitant qu'un désaccord ou un conflit s'envenime
et se développe en un mode plus dramatique. Car, comme le dit Zola : « Quand on enferme la
vérité sous terre, elle s'y amasse, elle y prend une force telle d'explosion que le jour où elle
éclate, elle fait tout sauter avec elle ».
Nous pensons que le travail des médiateurs devra faciliter le travail des détenus sur eux-
mêmes en vue d'accepter le prix de l'infraction commise. Les médiateurs accompagneront les
détenus dans leur transformation personnelle afin de leur permettre une meilleure insertion
sociale.
Ainsi, la prison pourrait représenter un lieu d'apprentissage, de soins et de
transformation.
« Si tu veux courir, cours un kilomètre ; si tu veux changer ta vie cours un marathon »,
disait Emil Zatopek, le coureur de fond tchécoslovaque. Or, comme vous l'avez bien constaté,
notre marathon vient à peine de commencer. Il y a 2000 ans, Athènes a allumé la flamme d'un
humanisme sage et visionnaire afin d'élargir un peu plus notre champ de vue et de faire
reculer l'obscurité. Et ce n'est pas maintenant, malgré tout cet obscurantisme, que nous
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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sommes prêts à l'éteindre.
Dans ce mur épais de l'intolérance, nous allons ouvrir une brèche, celle de l'espoir. Et je
termine par l'expression de Martin Luther King : « L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité ;
seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine ; seul l'amour le peut ».
Merci.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Merci Johanna. Excusez-moi d'être aussi directif, mais je crois que l'essentiel a été dit. Je
vais demander maintenant à notre collègue, Ombudsman de Slovénie, Mme Kornelija Marzel,
de bien vouloir prendre parole, si la mécanique marche.
Madame Kornelija MARZEL,
Ombudsman adjoint, Ombudsman des droits de l'Homme de Slovénie
Bonjour. Je suis Kornelija Marzel, je viens de Slovénie et je suis l’Ombudsman adjoint
dans mon pays.
Aujourd'hui, je vais vous parler de la transparence des procédures et de l'accès aux
installations pour des personnes avec limitation de liberté de mouvement.
Ma présentation aurait dû être une présentation de 15 minutes.
Je voudrais vous dire quelques mots sur les droits de l’Homme et l'Ombudsman. Notre
institution a été créée par la Constitution qui prévoit nos activités, nos relations avec les
individus ainsi que les instances publiques et les autorités locales.
L'Acte des droits de l’Homme et de l'Ombudsman définit notre activité et nos tâches.
Ainsi, l'Ombudsman est un élément de protection des droits des individus.
Je voudrais expliquer comment la limitation des droits des Hommes est conçue. Comme
je vous l'ai déjà dit, selon la Constitution, les droits peuvent être limités seulement par la loi et
par les droits des autres. Au-delà de cette limitation, il y a la liberté de l'individu prévue par la
loi. Il est à noter que l'Ombudsman peut contrôler toutes les mesures de restriction de la
liberté de l'individu en Slovénie.
En vertu de cette loi, l'Ombudsman peut inspecter les installations où se trouvent les
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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personnes privées de liberté ; il peut mener des interviews avec ces personnes sans la présence
de tiers ; évaluer les violations des droits de l’Homme ; rédiger un rapport avec des
propositions et demander une réponse aux institutions qui font l'objet de l'inspection.
En 2007, la République Slovène a ratifié le protocole facultatif de la Convention contre
la torture ou autres traitements inhumains ou dégradants. Cet acte de ratification est entré en
vigueur le 1er janvier 2007 et il autorise l'Ombudsman à agir en tant que mécanisme national
de prévention.
Dans le cadre de ses tâches, l'Ombudsman peut coopérer avec des ONG qui opèrent en
Slovénie et avec des organisations humanitaires qui œuvrent dans le domaine de la protection
des droits de l’Homme.
C'est en mars 2008 que nous avons réalisé une première inspection dans un tel centre de
détention.
S'agissant des lieux de privation de liberté, nous avons un centre pour détenus étrangers ;
un asile ; 54 stations de police avec des installations de détention ; 13 prisons avec environ
4.400 détenus ; 88 maisons de résidence pour personnes âgées ; 6 hôpitaux psychiatriques et
autres institutions d'importance mineure.
Sur cette diapositive vous voyez quels sont les préparatifs pour la mise en œuvre de
l'OPCAT. Il s'agit de la réorganisation du service de l'Ombudsman, avec l'embauche de deux
employés en plus et la sélection d'experts. En outre, il y a une sélection d'organisations non
gouvernementales et humanitaires.
Sur cette diapo vous voyez la procédure de sélection. Tout d'abord, il y a un appel
d'offres aux ONG qui opèrent en Slovénie et aux organisations qui ont le statut d'organisation
humanitaire.
Quels sont les critères de sélection : l'expérience en matière de droits de l’Homme et de
la protection des libertés fondamentales, notamment dans le domaine de la protection contre
la torture ou tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Après la sélection, nous avons établi un contrat qui détermine les engagements
réciproques des deux parties contractantes. En 2008, deux organisations avaient été
sélectionnées jusqu'à la fin de l'année. Il y aura encore trois organisations d’ici la fin de 2010.
Je pense qu'il est très important de citer différentes méthodes de travail. Nous avons des
groupes mixtes avec des représentants d'ONG et des représentants de l'Ombudsman. Le
moment et le lieu de l'inspection seront définis par l'Ombudsman, au cas par cas.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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En 2008, nous avons organisé 35 visites dans des endroits différents comme : un service
correctionnel, 7 prisons, 17 stations de police, un centre d'étranger, un asile, trois hôpitaux
psychiatriques, quatre maisons de résidence pour personnes âgées et deux institutions
spéciales de prévoyance sociale.
A la suite des inspections, nous rédigeons toujours un rapport écrit. Nous procédons de
la manière suivante : des personnes choisies au sein des ONG et des organisations
humanitaires préparent un rapport préliminaire avec des propositions d'amélioration. Un
rapport final est ensuite rédigé par l'Ombudsman avec les différentes constatations, les
propositions et les recommandations.
Je voudrais me référer aux avantages de cette méthode de travail. Elle est une incitation
pour notre travail futur ; elle renforce les ONG et les organisations humanitaires ; elle permet
une plus grande pluralité et une approche multidisciplinaire ; elle garantit une plus grande
transparence de notre travail, une meilleure qualité des inspections, une réduction des coûts –
chose qu'il ne faut pas oublier – elle apporte une amélioration de la situation, par la meilleure
protection des personnes privées ou limitées dans leur liberté.
A la fin de 2008, nous avions un rapport spécial de l'Ombudsman sur la mise en œuvre
des tâches du mécanisme national de prévention qui contenait notamment des
recommandations.
Merci de m'avoir écouté et si vous avez des questions, je suis à votre disposition.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Madame, merci beaucoup pour votre concision et merci beaucoup pour l'intérêt de la
multidisciplinarité et de l'appel à des ONG pour travailler avec l'Ombudsman. C'est quelque
chose de tout à fait intéressant.
Sans plus tarder, je vais demander à Mme Farouk de s'exprimer.
Madame Alifa CHAABANE FAROUK,
Médiateur administratif de Tunisie
Merci monsieur le Président. Les interventions de mes collègues, notamment les deux
interventions principales de monsieur De Sousa et de monsieur Dobjani, ont été très
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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intéressantes. L'Ombudsman en Tunisie n'a pas d'accès aux institutions pénitentiaires, aux
prisons, mais il peut intervenir pour garantir les droits des incarcérés contre l'administration
publique. Il existe une autorité suprême qui s'appelle l’Autorité des droits de l’Homme et qui
siège dans les mêmes locaux que l'Ombudsman. Cette autorité peut faire des visites sans
préavis dans les prisons et établir des rapports correspondants au Président de la République.
Le Président de la République peut évidemment imposer les sanctions aux enfreignants, étant
donné que la Tunisie avait ratifié le protocole de la lutte contre la violence.
Deuxièmement, l'administration des prisons, les autorités compétentes qui dirigent les
prisons, ont été transférées du ministère de l'Intérieur auprès du ministère de la Justice et des
droits de l’Homme.
Troisièmement, un traitement privilégié est réservé à la femme enceinte, à la femme qui
met au monde dans la prison. Ces femmes sont transférées dans un local plus approprié
lorsqu'elles mettront au monde leur enfant.
En Tunisie, nous avons l'intention d'introduire un système pénitentiaire spécial pour les
jeunes entre 18 et 21 ans, ainsi que pour les mineurs. Ce système est associé à l'enquête et à la
peine imposée à ces jeunes. Merci.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Merci beaucoup, Mme Farouk.
Monsieur Abdelilah KURDI,
Président, Bureau de l’Ombudsman de Jordanie
S'agissant de l'accès aux incarcérés en Jordanie, cela appartient à la compétence du
Centre national des droits de l’Homme qui est une institution indépendante régie par la loi
approuvée par le Parlement et qui est conforme aux principes de Paris.
En vertu de l'article 51 de la loi spéciale promulguée en 2006, les compétences de ce
centre couvrent les institutions pénitentiaires et les centres de détention.
Par ailleurs, en Jordanie, en coopération avec la Commission Internationale de la Croix
Rouge, ceux qui travaillent auprès de la Croix Rouge ont le droit de visiter les centres de
détention, les prisons, de rédiger leurs rapports et de les soumettre à l'administration. Cette
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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méthode s'est avérée très efficace. Les prisons, les centres de détention, acceptent très bien ces
visites qui ont dévoilé les infractions faites sans que l'administration publique soit affectée.
Le Haut Commissariat pour les Emigrés à Amman examine les demandes soumises par
les étrangers en vue d'obtenir l'asile dans le cas où ils risqueraient un danger s'ils retournaient
dans leur pays d'origine. C'est la raison pour laquelle je pense que l'institution de
l'Ombudsman, en coopération avec les différents services de la société, pourrait contribuer
aux mesures qui visent la lutte contre la torture et le traitement inhumain, l'objectif étant
d'instaurer un système de prévention pour faire face aux tortures afin que mêmes les centres
de détention et les prisons aient un visage humain. Merci.
Maria Luisa CAVA DE LLANO,
Premier Défenseur adjoint de l’Espagne
Merci, monsieur le Président. Nous sommes très préoccupés par cette situation. Nous
visitons régulièrement les centres de détention et les centres de réforme et nous avons préparé
un rapport qui a été diffusé en Espagne, dans la mesure où nous avons constaté des abus.
Nous avons aussi visité les centres d'accueil des étrangers, parce que nous voulons expliquer à
l'administration que parfois la privation de liberté ne signifie pas incarcération ; mais cela
signifie que les centres de détention privent les individus du droit d'être libres jusqu'au
moment où ils seront expulsés.
J'aimerais ajouter encore une chose qui n'a pas été dite cet après-midi. C'est une chose
que nous faisons et que vous ferez aussi peut-être dans l'avenir. Deux inspecteurs de notre
bureau visitent l'une des 85 prisons que nous avons en Espagne, sans préavis. Nous parlons
avec les membres de l'administration de ces institutions, nous voyons leurs vidéos, leurs
caméras de sécurité. Nous faisons une enquête réelle. Nous visitons les cuisines pour voir si la
nourriture est bonne. En outre, nous visitons des prisons à l'étranger, lorsque des citoyens
espagnols sont privés de liberté à l'étranger, parce que nous croyons que les administrations
consulaires doivent également recevoir des visites de l'Ombudsman. Le fait qu'on soit à
l'étranger ne signifie pas un traitement discriminatoire à l'égard des étrangers. Chaque
prisonnier espagnol incarcéré à l'étranger, reçoit 20 euros par jour du gouvernement espagnol.
Il faut qu'ils reçoivent des médicaments, une alimentation saine, des conditions d'hygiène
bonnes et je crois que cela doit être mentionné aujourd'hui.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Merci pour votre contribution. C'est vrai aussi que c'est peut-être dans l'intérêt de notre
Association de regarder comment nous pourrions, avec notre réseau, nous occuper dans nos
pays des ressortissants de votre pays. C'est peut-être des relations que nous pourrions avoir
pour que, si je suis en France avec des prisonniers espagnols, je puisse peut-être répondre à
votre besoin et vice-versa.
Je vais demander à notre collègue de l'Andorre de bien vouloir intervenir.
Monsieur Pere CANTURRI MONTANYA,
Ombudsman d’Andorre
Merci, monsieur le Président. Très brièvement, j'ai l'accès direct auprès des détenus dans
les centres pénitentiaires d'Andorre, sans la présence d'aucun agent et sans aucune restriction.
Mais ce qui est certainement plus important c'est que j'ai réussi à faire changer le
protocole existant aux centres pénitentiaires d'Andorre, surtout en constatant que les sanctions
disciplinaires qui étaient appliquées n'étaient pas suffisamment objectives et pouvaient
dépendre des appréciations personnelles des agents ou même du directeur. Le nouveau
protocole respecte strictement les droits du détenu, selon les normes de sa dignité et selon les
droits du détenu. J'ai aussi réussi à améliorer l'espace des détenus au centre pénitentiaire, en
organisant parfois des conférences et même des concerts. Un des concerts les plus réussis était
un concert qui a été réalisé par les élèves de l'Institut d'Etudes Musicales d'Andorre qui ont
entre 12 et 14 ans. Ils ont fait un concert directement aux prisonniers et ça a été une grande
réussite pour les détenus ; mais aussi, le directeur du Centre musical m'a dit que ça avait été
une grande expérience aussi pour les élèves d'avoir fait connaissance directement dans la
prison avec des prisonniers.
En constatant que dans l'internement psychiatrique d'Andorre, les mineurs sont dans le
même bâtiment que les adultes, j'ai fait une recommandation au gouvernement en disant qu'il
fallait construire une annexe indépendante pour les mineurs ou un bâtiment spécial. J'ai réussi
que cette recommandation soit prise en considération par le gouvernement et dans le budget
qui va être soumis au Parlement, sûrement il aura cette prévision. Et en tant qu'anecdote
agréable, je peux dire que j'ai eu des plaintes des prisonniers me disant que ce qu'ils
mangeaient à la prison n'était pas assez bien condimenté ou assez bien cuisiné ou pas assez
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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bon. Alors, je me suis présenté au centre pénitentiaire et j'ai mangé les mêmes repas que les
prisonniers pendant des jours. J'ai constaté que vraiment ce n'était pas agréable, que ce n'était
pas bien cuisiné ; j'ai manifesté au directeur qu'il fallait changer la personne qui faisait le
catering. C'est très curieux, mais le seul restaurant qui existe en Andorre avec une étoile
Michelin a fermé ses portes. Et maintenant celui qui fait le catering dans la prison d'Andorre
c'est un cuisinier qui avait une étoile Michelin. Ils sont vraiment gâtés.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Comme quoi ici à Athènes, la nourriture de l'esprit est importante, mais la nourriture du
corps permet des facteurs d'apaisement.
J'ai un collègue espagnol qui a demandé la parole et ensuite notre collègue marocain.
Manuel Ángel AGUILAR BELDA,
Second Défenseur adjoint en Espagne
Comme cela fut dit par Maria Louisa, c'est l'Ombudsman qui réalisa une étude en
Espagne sur les mineurs. Je dois vous dire qu'il y a une différenciation chez les mineurs. Nous
avons les mineurs protégés et les mineurs qui sont sous condamnation, parce qu'ils ont
perpétré un acte illégal et qui ont été condamnés. Sous protection de l'Etat se trouvent par
ailleurs des mineurs qui ont des problèmes chez eux, dans leur famille.
Jusqu'à récemment, les deux catégories se trouvaient dans les mêmes centres ainsi que
d'autres personnes qui avaient, par exemple, des problèmes mentaux. Certains recevaient des
médicaments. Plusieurs d'entre eux se dopaient en fait. Nous avons examiné cette situation.
Nous sommes entrés en contact avec des ONG pour tirer la situation au clair. Je dois vous dire
que nous avons constaté, dans certains cas, que les différentes autorités rendaient difficile
notre accès ou l'accès des ONG aux mineurs. Nous avons dû examiner cette situation et nous
nous sommes engagés à préparer certaines recommandations adressées à des enseignants, à
des psychiatres, à des experts qui devaient examiner la situation et nous présenter leur avis
pour voir ce qu'il fallait faire avec ces différents centres de détention de mineurs, faire une
différenciation et séparer les plus âgés des plus jeunes, bref un grand nombre de questions
auxquelles il fallait répondre pour voir comment héberger ces mineurs.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Vous avez raison de mettre le doigt sur les mineurs. C'est probablement un des sujets les
plus compliqués que nous aurons à traiter. Nous voyons la violence sur les mineurs, le
désespoir des mineurs, c'est quelque chose qui est en train de monter dans tous nos pays.
Je demande à M. Fountir de bien vouloir intervenir.
Monsieur Abdelillah FOUNTIR,
Conseiller du Wali Al Madhalim du Royaume du Maroc
Merci, monsieur le Président. J'aimerais parler de la complexité, des difficultés qui
existent dans mon pays, le Maroc, car il faut tout d'abord tenir compte de la sécurité et du
respect des droits de l’Homme de l'incarcéré. En outre, il faut voir comment ces personnes
seront réintégrées dans la société, lorsqu'elles seront libres. C'est la raison pour laquelle nous
avons une loi qui permet au Parquet de rendre des visites sans préavis dans les prisons pour
voir quelles sont les conditions de détention. Par ailleurs, il y a le Conseil des droits de
l’Homme qui est l'autorité compétente en matière de protection des droits de l’Homme. Il y a
également diverses organisations, comme l'Observatoire National des Prisons qui élabore un
rapport annuel sur les infractions dans les prisons et la violation des droits de l’Homme dans
les prisons. En outre, il y a l'organisation nationale de formation des incarcérés qui essaie, en
coopération avec d'autres agences, d'assurer une formation et du travail aux incarcérés après
leur libération. Le Médiateur, l'Ombudsman au Maroc examine les plaintes qui sont envoyées
par les prisonniers. Nous avons une direction spéciale qui examine les plaintes, en coopération
avec le ministère de la Justice.
En outre, sur proposition de différentes ONG, il y a une restructuration des prisons pour
la réinsertion des incarcérés en coopération avec le Conseil National de Formation des
Prisonniers. Cela facilitera la réinsertion professionnelle des incarcérés. Nous pouvons dire
que les prisons contribuent à cette formation des prisonniers. Nous avons un problème qui
concerne le surpeuplement des prisons, en conformité avec les critères internationaux. Le
Maroc a ratifié le protocole correspondant pour faire face à la violence dans les prisons. Mais
il y a un dialogue continu entre le ministre de la Justice et l'Ombudsman, sur une base
mensuelle. Je vous remercie.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Je voulais simplement dire que, au moment où le représentant des Nations Unies va
s'exprimer, de voir le rôle que peut avoir sur nos Etats la signature de conventions
internationales, la déclaration des Nations Unies notamment sur l'OPCAT, la lutte contre la
torture et le fait que les Ombudsmans se soient appropriés ce combat. Je pense que la
proposition que nous a faite Madame, de renforcer notre collaboration entre notre Association
et les Nations Unies, pour le respect des conventions internationales, probablement nous
amènera à une réflexion supplémentaire sur les conditions de détention par rapport aux
conventions internationales ; sur l'obligation de soins, extrêmement compliquée à l'intérieur
des prisons. Peut-on imposer l'obligation de soins ? Notamment sur la partie psychiatrique,
c'est quelque chose d'extrêmement compliqué. Quelles sont les limites que nous ne devons pas
franchir ? En France, on a commencé à réfléchir à la castration chimique, partant d'un
principe que les pervers sexuels ne peuvent pas être guéris et que représentant un danger à
leur sortie, on doit les maintenir sous camisole chimique. Donc, voilà quelques pistes sur
lesquelles on aura à poursuivre. Mais je suis ravi d'entendre Madame la représentante des
Nations Unies, avec cette proposition que je lui ai faite de faire cette liaison avec les
conventions internationales et le rôle des Ombudsmans sur le plan national.
Madame Afarin SHAHIDZADEH,
Chef adjoint, Section des institutions nationales et des mécanismes régionaux,
Haut-commissariat aux Droits de l'Homme
Merci beaucoup. Je vais être très courte pour ne pas déranger l'arrivée du Premier
Ministre. Mais je pensais qu'il fallait absolument que je prenne la parole, parce que c'est
tellement encourageant de voir que la majorité autour de cette table est dotée de la
compétence de surveiller les locaux de privation de liberté.
Comme vous savez, le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de
l’Homme a souligné les droits des détenus. Dès lors, il est très important que vous poursuiviez
le travail que vous faites : déjà plusieurs disposent d'un mécanisme national de prévention.
Vous avez ratifié le protocole facultatif en ce qui concerne la prévention de la torture. D'autres
qui ne l'ont pas ratifié, doivent le faire. Je vous invite, en tant qu'Ombudsmans à entrer en
contact avec vos gouvernements pour veiller à ce que ce protocole facultatif soit ratifié afin
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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que vous ayez la possibilité de surveiller la situation et d'assurer que les droits des incarcérés
sont respectés. Merci beaucoup. Cette session a été très encourageante, notamment pour une
personne qui vient des Nations Unies. Merci, monsieur le Président.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Pour conclure et avec l'autorisation de mon collègue M. Yorgos Kaminis, je pense qu'il
faudra que demain, si vous le souhaitez, nous puissions avoir la capacité de contacter les
Nations Unies pour voir très clairement comment connaître les conventions internationales. Et
dans les conclusions de cette assemblée d'indiquer cette collaboration et la proposition qu'il y
a de vous accompagner, pour la connaissance des textes internationaux et voir quelles sont les
expériences qui ont pu être menées dans différents pays avec des octrois de pouvoirs
nouveaux aux différents Ombudsmans tels que l'a montré le Monténégro, la Slovénie et
d'autres. Deuxième élément. Je crois que nous sommes au cœur de débats politiques
extrêmement compliqués. Nos opinions vont avoir de plus en plus peur de la violence. De
plus en plus peur de l'étranger. Et ils vont être de plus en plus demandeurs pour les pouvoirs
politiques d'enfermer, d'incarcérer, en oubliant que le rôle essentiel de la prison c'est la
pédagogie de la sanction et la préparation à la sortie. Et c'est un sujet sur lequel nous sommes
en permanence, les uns et les autres, confrontés à des fragilités de débats politiques ou à des
fragilités de l'opinion ; d'autant plus que l'on voit apparaître ce qu'évoquait Madame notre
collègue espagnole, la problématique des mineurs. Nous avons des mineurs de plus en plus
jeunes qui deviennent délinquants. Et jusqu'où faut-il aller? En France, on a abaissé de 15 ans,
voire 13 ans, voire 12 ans. C'est quelque chose à laquelle nous ne sommes pas du tout
préparés, c'est la présence des enfants dans les prisons ; et la présence des femmes. Donc je
crois que cela aussi c'est un très bon sujet sur lequel nous allons pouvoir réfléchir.
A l'issue de cette journée très riche, il me reste la mission la plus difficile à accomplir,
celle d'être le médiateur entre Yorgos et vous. Vous avez compris que si je ne fais pas libérer
la salle très vite, Yorgos va avoir un problème avec son Premier Ministre. Et les crédits de son
budget vont être amputés. Donc, est-ce que vous m'autorisez à prendre la défense de Yorgos,
de vous inviter à quitter cette salle et de ne pas oublier que le repas auquel vous êtes conviés
se situe au 6ème étage du Royal Olympic.
Mais il faut terminer sur quelque chose d'extrêmement positif. Je crois que, avant de
laisser la parole à Yorgos, nous pourrions applaudir toutes les équipes grecque, marocaine,
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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espagnole et française qui nous ont permis dans cette première journée mais, j'en suis
convaincu, demain ainsi que tous vos orateurs, d'avoir fait cette très belle réunion, d'avoir fait
une très belle réussite de cette réunion. Merci.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Merci beaucoup, Jean-Paul. Tes services sont très bien accueillis. Je dois vous demander
de m'excuser demain matin jusqu'à 10.00 heures - 10.30, parce que j'ai une invitation à la
télévision, je dois paraître à la télévision où je vais parler de notre conférence. Très bien, tout
le monde sera ici. Jean-Paul s'occupe de toutes les choses importantes. Maintenant moi aussi
je vous invite à quitter la salle et rendez-vous à 20.00 heures au dîner.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE, (Président)
Médiateur de la République française
Simplement j'ai oublié de dire quelque chose, Yorgos. C'est que quelquefois les dessins
valent plus que les paroles. Je tiens à votre disposition une initiative de dessin humoristique
de Monsieur Plantu qui cherche à servir la paix par l'humour, dans l'espace Méditerranéen. Et
en lisant, la liberté d'expression, c'est de faire couler de l'encre, pas faire couler du sang.
L'humour peut attirer l'attention de nos opinions sur le fait que la paix et le dialogue sont au
cœur de la construction du vivre ensemble.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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IINNTTEERRVVEENNAANNTTSS ::
Moulay M’hamed IRAKI, Wali Al Madhalim du Royaume du Maroc
Rafael RIBO, Membre de la délégation espagnole, Défenseur du Peuple
de Catalogne
Discussion
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Cette matinée se déroule sous l'autorité de Madame Calliope Spanou, Ombudsman
adjointe de la Grèce, notre ami Yorgos étant retenu par une émission à la télévision. La table
ronde de ce matin a pour but la transparence et la lutte contre la corruption. Le chairman sera
M. Enrique Mugica Herzog, les speakers M. Iraki et Rafael Ribo et sont inscrits dans la
discussion, M. Shamgar, Directeur général de l'office de l'Ombudsman d'Israël, Markus Jaeger
devait venir mais il s'est excusé et Abdelillah Fountir qui est conseiller auprès du Wali.
Monsieur Enrique la parole est à vous.
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG, (Président)
Défenseur du Peuple de l’Espagne
Chers amis, avant de passer la parole à nos éminents collègues qui vont développer en
longueur notre thématique, je dois vous préciser que la table ronde de ce matin prendra fin à
11.00 heures. J'aimerais vous dire quelques mots sur le sujet que nous traiterons ce matin et
TROISIEME TABLE RONDE :
TRANSPARENCE ET LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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qui concerne la lutte contre la corruption. La nécessité de faire face dans toutes les sociétés
aux différents types de corruption tout en garantissant aux citoyens un niveau approprié de
connaissances et quant à la manière de promouvoir leurs intérêts et les intérêts de la société en
général, constitue une partie essentielle de notre travail en tant qu'Ombudsmans. Il existe
également d'autres autorités étatiques qui agissent de manière plus spécifique en matière de
corruption, notamment certains tribunaux et des systèmes administratifs d'intervention
économique. Il est incontestable que les Ombudsmans doivent également, de leur côté,
participer à cet effort important. Dès lors, nous devons participer à cet effort pour avoir des
résultats concrets.
Il semblerait, malgré tout, qu'il soit nécessaire de mieux définir ce secteur de contrôle de
pouvoir et d’évaluer les différents types de corruption et les différents types de comportement
inclus dans le phénomène de corruption. Il existe une différence face à laquelle
l'administration répond avec plus ou moins de tolérance. Cette différence est une différence en
aval. Il y a également une différence en amont qui concerne les fonctionnaires à des échelons
élevés. Ces deux pouvoirs veulent s'étendre pour obliger les citoyens à participer à une
situation que ces derniers considèrent incontournable. Comme je vous ai dit au départ, les
objectifs d'un système démocratique peuvent être faussés si l'ensemble du public ne se montre
pas capable de faire face à ce genre de comportements qui peuvent contester la légitimité des
politiques et des systèmes politiques et de semer des doutes dans la conscience des citoyens
par rapport à l'obligation de respecter sans détours les principes fondamentaux de la
démocratie. Dès lors, la corruption qui se manifeste au niveau international, en tant que
problème économique connu dans plusieurs pays concernant le commerce, l'échange de biens
et de produits, peut conduire de nombreux pays à des problèmes sociaux, économiques et
juridiques. Il est souvent difficile d'en prévoir les conséquences, étant donné que cela
concerne le contrat social. Les conséquences de ce comportement éloignent les citoyens de
l'Etat et de l'administration s'ils ne peuvent pas trouver une réponse concrète de la part de
ceux qui sont chargés de mettre fin à ce genre de comportement. C'est pourquoi nous
Ombudsmans, avons la responsabilité, lorsque nous essayons de vérifier les plaintes, de
découvrir l'existence d'un acte de corruption et, à cet égard, nos efforts doivent être importants
pour que l'on puisse mettre fin à cette corruption. S'il existe un élément qui caractérise la
corruption politique ou administrative, ceci est l'effort de couverture et il y a un traitement
nébuleux des affaires administratives. C'est pourquoi l'idée de la transparence est un
consensus par rapport à la nécessité d'affronter ce problème.
Plus précisément, nous Ombudsmans devons veiller à faire disparaître ce caractère
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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nébuleux que certains essayent d'imposer au sein de l'administration publique. Lorsque nous
essayons de voir pourquoi il n'y a pas eu de réponse à une plainte d'un citoyen ou lorsque nous
voulons trouver des informations importantes pour mener à bien une activité administrative,
nous œuvrons en faveur de la transparence. C'est pour cela que lorsque nous essayons de
corriger un acte administratif erroné, nous contribuons à la disparition du silence ou de la
couverture.
Au cours de ces dernières années en Espagne, nous avons pu mener une lutte efficace
dans le secteur de l'environnement et de l'aménagement du territoire. Les règlements et textes
internationaux comportent des définitions juridiques précises qui obligent les autorités
compétentes de l'environnement à fournir toutes les informations nécessaires aux citoyens
ainsi qu'à tous ceux dont les intérêts ont été lésés en raison de travaux d'aménagement.
Or, il devient de plus en plus difficile d'avoir un manque de protection en raison d'une
couverture et de l'exploitation de la couverture et du maintien du secret. Dans ce domaine et
ailleurs, nous avons certaines conditions préalables qui concernent le droit des citoyens
d'avoir accès à l'information qui doit leur être transmise pour garantir leurs droits, notamment
celui de la liberté d'expression.
Lorsqu'il y a des problèmes importants susceptibles même de porter atteinte à l'Etat de
droit, il faut en établir le diagnostic précis qui se rapproche le plus possible de la réalité. Il
faut non pas seulement décrire les nombreux problèmes, mais également trouver des solutions
positives qui nous permettront d’apporter la solution. Il faut donc tenir compte de tous ces
éléments, car notre objectif est de garantir que les citoyens de nos pays auront les mêmes
opportunités et les mêmes droits lorsqu'ils entreront en contact avec les différentes autorités et
leur administration et, s'agissant de leurs relations, il y aura également confiance, ce qui
renforcera la démocratie. Cela relie la transparence de l'administration publique avec la
démocratie en vue du progrès et du bien-être de nos sociétés et devient un facteur primordial
depuis quelques années, à travers notamment les nouveaux moyens de communication. A la
suite de cette évolution historique, les dirigeants du monde, ayant pris cet engagement
démocratique, montrent leur intérêt tout particulier pour promouvoir la transparence dans le
gouvernement. Le Président des Etats-Unis qui a été honoré avec le prix Nobel de la paix,
dans son discours inaugural, au début de l'année, soulignait ce que pouvait être une bonne
gouvernance. Je cite ses paroles, car elles reflètent ce que nous discutons aujourd'hui.
Monsieur Obama disait : « La question qui se pose aujourd'hui ce n'est pas de savoir si le
gouvernement intervient beaucoup ou peu, mais s’il aide les familles à trouver un emploi,
avec un salaire digne, s'il y a des services de santé que nous pouvons financer, une bonne
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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pension de retraite. Les programmes positifs seront poursuivis. Les programmes qui disent
non ne seront pas poursuivis. Nous devons rendre des rapports sur l'argent que nous gérons.
Nous devons changer les mauvaises habitudes et bien travailler avec une grande ouverture, si
nous voulons que le peuple ait confiance en son gouvernement ».
Vous serez d'accord qu'il est difficile de ne pas accepter ce message réaliste.
Etant donné que j'ai pris une grande partie de votre temps et qu'il y a un grand nombre
d'intervenants, je donnerai à présent la parole à M. Moulay M'hamed Iraki, Ombudsman du
Maroc.
Merci.
Monsieur Moulay Mhamed IRAKI,
Wali Al Madhalim du Royaume du Maroc
Merci, monsieur le Président. Au nom de l'Ombudsman du Maroc, j'aimerais présenter
l'intervention de l'Ombudsman qui concerne la contribution de l'institution de l'Ombudsman à
la consolidation de la transparence et la lutte contre la corruption. Je tiens à souligner que, à
travers les interventions de tous les collègues hier, nous avons vu que le problème de la
corruption est devenu un problème mondial et nous devons adopter ici une attitude uniforme.
Le phénomène de la corruption se manifeste dans tous les pays, les pays du nord, les pays du
sud et c'est la raison pour laquelle toutes les sociétés et tous les Etats souffrent de ce
phénomène. Il a été souligné que le problème est commun, mais la méthodologie et la manière
de l'affronter diffèrent de pays en pays. Nous croyons que la transparence est la réponse la
plus appropriée à la corruption. Mais la transparence en elle seule ne suffit pas en tant que
mécanisme autonome ; elle doit être accompagnée de la formation de la société et de la
conviction de différents groupes afin que le problème soit affronté de manière uniforme avec
l'adoption de nouvelles valeurs.
Nous pensons que les différents mécanismes qui résultent des accords et des protocoles
internationaux ainsi que le cadre législatif contribuent à la lutte contre la corruption. Nous
soulignons ici le besoin de l'accès libre à l'information afin que des informations justes,
précises, fiables soient fournies au profit de tous les citoyens. Toutes les organisations et
services publics doivent informer la population et ce avec des informations fiables. Il y a bien
entendu des exceptions qui se fondent sur la confidentialité et le secret. Par ailleurs, la
fourniture de ces informations doit être la responsabilité du service public et non celle des
citoyens. A cet égard, nous aimerions souligner que tous ceux qui soumettent des informations
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
110
qui visent à lutter contre la corruption, sont les bienvenus, dans le cadre d'une démocratie. En
ce sens, l'institution de l'Ombudsman au Maroc permet la communication entre
l'administration et les citoyens, une institution à travers laquelle nous pouvons contribuer à la
lutte contre la corruption. Sur la base de cette expérience, nous devons dire que cette
institution n'est pas seulement un bureau qui reçoit des plaintes, mais un facteur qui aide dans
la lutte contre la corruption.
L'institution de l'Ombudsman est devenue une agence institutionnelle de l'Etat marocain
en vue de faire face à la corruption et de diminuer l'écart entre l'administration et le citoyen
dans le but d'améliorer l'efficacité des services publics et leurs relations avec la société. C'est
la raison pour laquelle, l'institution de l'Ombudsman considère que la mauvaise administration
et la corruption sont des problèmes essentiels au centre des préoccupations de cette institution.
Le rapport qui est soumis au Premier Ministre mentionne les démarches et les actes
administratifs qui sont caractérisés d'un manque de transparence. Ce rapport ne signale pas
seulement les cas de manque de transparence, mais il propose des solutions. Il faut avoir une
justice sociale. Il faut contrôler les finances. Il faut également libérer les moyens audiovisuels
d'information pour assurer la liberté de l'information si on veut affronter la corruption.
Je parlerai de trois axes sur lesquels se fonde l'Ombudsman dans sa lutte contre la
corruption.
Premièrement, la réception des plaintes et le traitement des plaintes dans le but final
d'instaurer la transparence afin que le plaignant soit justifié et d'autre part que des leçons
soient tirées lorsqu'il y a manque d'égalité dans la fonction publique.
Deuxièmement, la contribution de l'institution de l'Ombudsman dans la libéralisation de
la fonction publique et les moyens pour faciliter la tâche de l'administration publique. Nous
avions dit que le fonctionnement de l'administration publique avait un caractère de
confidentialité qui ne permettait pas la transparence. A cet égard, nous avons apporté notre
aide pour que la fonction publique soit plus ouverte et pour qu'elle soit prête à fournir les
informations qui lui sont demandées.
Par ailleurs, nous avons contribué à la formation de fonctionnaires, notamment de ceux
qui prennent les décisions. Dans ce cadre, il y a des réunions avec plusieurs fonctionnaires
pour qu'ils soient informés, et ce en coopération avec différents ministères comme le
ministère de l'Intérieur, le ministère de la Justice et d'autres organisations locales pour traiter
différentes questions qui, selon le jugement de l'Ombudsman, devraient être assorties de
transparence.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Troisièmement, la consolidation du mécanisme de communication directe afin que
l'Ombudsman puisse signaler les déséquilibres dans la fonction publique. Il s'agit là d'une
tâche supplémentaire pour l'Ombudsman. Il faut qu'il soit courageux, qu'il fasse des efforts
supplémentaires, tout cela augmente également le coût, mais nous considérons que c'est un
mal indispensable.
Je souligne que l'Ombudsman doit connaître les déséquilibres et les failles de la fonction
publique à travers les plaintes qui lui sont déposées et qui lui permettent de procéder aux
contrôles nécessaires.
Au cours des dernières années, nous avons constaté que les médias avaient profité de ces
faiblesses et la porte fut ouverte pour un débat public qui en fait a contribué au contrôle plus
sévère des services publics. J'aimerais rappeler, à cet égard, l'étude et l'enquête qui a été
menée par l'Ombudsman sur des cas de corruption dans le cadre de la corruption générale et
nous avons proposé certaines solutions, comme la fin de la bureaucratie positive et négative
qui empêche le bon fonctionnement des rouages administratifs.
D'autre part, il a fallu évaluer les différents services publics, pour voir quel était leur
performance et la qualité des services rendus aux citoyens. En outre, nous avons proposé que
les biens des fonctionnaires soient déclarés ainsi que les biens de ceux qui ont des affaires
avec l'Etat. Nous voulons frapper la corruption. Le Royaume du Maroc essaie de lutter contre
la corruption depuis de nombreuses années, mais surtout depuis 2007. Le Premier Ministre du
pays a déclaré ouvertement qu'il allait lutter contre la corruption et à cette fin, il a établi un
code d'éthique en ce qui concerne les rapports entre l'Etat et le citoyen. Par ailleurs,
l'institution de l'Ombudsman a proposé l'introduction d'un cadre législatif concernant les
transactions du public, ainsi que d'une disposition spéciale s'agissant de l'inspection des
mécanismes de contrôle. En outre, l'introduction d'un instrument législatif, en vertu duquel le
service public est obligé de donner une réponse dans les 60 jours aux citoyens qui ont soumis
une plainte. Egalement, il est prévu un contrôle plus sévère auprès des mécanismes fiscaux et
douaniers. Par ailleurs, s'impose la déclaration du patrimoine de chaque fonctionnaire pour
faire face au phénomène de la corruption.
Nous sommes très fiers parce que l'Etat a adopté nos propositions.
Je vous remercie.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG, (Président)
Défenseur du Peuple de l’Espagne
Je vous remercie et à présent j'invite M. Rafael Ribo à prendre la parole.
Monsieur Rafael RIBÓ,
Médiateur de la Catalogne
Je remercie tous ceux qui ont contribué à l'organisation de cette rencontre de l'AOM à
Athènes. Je remercie tout particulièrement M. Mugica et M. Delevoye qui vont veiller à ce
qu'on soit très ponctuels.
Je parle, en tant que « syndic » défenseur du Peuple de Catalogne et, en hommage aux
Grecs, je signale que « syndic » vient de syndikoi (syn+dike, justice) ce qui existe dans une
cause juste. C'est la cité grecque qui a créé le premier syndikos du monde.
Je vous parle également en tant que Président de la section européenne de l'Institut
international de l'Ombudsman qui a de très bons rapports avec l'AOMF, l'AOM etc.
Je voudrais parler de la corruption, de la transparence et des moyens dont nous
disposons pour garantir la transparence.
Je vous présenterai certains exemples de ce que nous avons réussi à faire au sein de
l'institution de l'Ombudsman catalan ainsi que des bonnes pratiques administratives.
Je ne vais pas trop m'attarder sur les problèmes de la corruption. Nous savons tous qu'il
s'agit d'un phénomène qui porte atteinte aux institutions démocratiques et qui éloigne les
citoyens de leurs représentants. Or, il est important de savoir qu'il existe des conventions
internationales, comme la Convention Pénale du Conseil de l'Europe contre la corruption qui
prévoit des mesures contre la corruption. Dans le cadre de cette Convention, les mesures
contre la corruption sont décrites en détail. Ce que nous voulons voir c'est quelle est
l'évolution de cette lutte contre la corruption.
Nous pensons souvent que c'est la police ou les juges qui sont ceux qui doivent faire face
à la corruption. Personnellement je crois qu'effectivement les officiers de police et les juges
doivent combattre la corruption, mais l'aspect pénal de la corruption concerne d'autres agents
également.
Il faut mettre en œuvre plusieurs mécanismes démocratiques ; des mécanismes à
caractère général ou des mécanismes spécifiques, comptables et économiques ; des
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
113
mécanismes de contrôle administratif ou encore des bureaux de lutte contre la corruption au
niveau européen mais aussi au niveau de notre pays, l'Espagne.
Tous ces mécanismes offrent de nouvelles possibilités aux citoyens de participer à la
lutte contre la corruption. Si nous demandons quel est le niveau adéquat de transparence dans
les services publics, je dirais que l'élément fondamental consiste à comprendre que la
transparence est une sorte de relation ; elle doit se fonder sur la conception que les lois
doivent bien exister mais qu'il faut les respecter. Tous les citoyens doivent connaître les lois,
mais en même temps ils doivent savoir qu'il faut respecter ces lois. La loi, de son côté, doit
être claire et il faut une responsabilisation et une évaluation de la performance des services
publics. Les citoyens, de leur côté, doivent participer aux processus décisionnels et avoir
accès aux décisions. En outre, il faut assurer la bonne gouvernance qui tient compte des
intérêts de la communauté.
La transparence est très utile dans la prise de décisions mais également pour la
responsabilisation des citoyens. La transparence doit être à la base de tous les secteurs publics
qui concernent la vie culturelle, sociale ou politique. Il ne suffit pas de dire que nous avons
besoin de transparence. Il faut disposer des mécanismes, des ressources humaines,
économiques et techniques pour arriver au niveau désiré de transparence.
Dans le cadre de la lutte contre la corruption, il est indispensable d'avoir accès à
l'information.
Il est indispensable de disposer des informations sur le fonctionnement du secteur
public. Il faut savoir quelles sont les personnes qui gèrent les fonds, qui dirigent les services.
Il faut faire comprendre aux fonctionnaires qu'ils sont obligés de nous fournir les informations
nécessaires. Nous avons souvent des plaintes portant sur l'accès à ces informations ou à ces
documents administratifs, bien qu'il soit très facile d'y avoir accès à travers les divers moyens
technologiques.
Nos enfants utilisent ces moyens technologiques et nous sommes certainement en
mesure de les utiliser. Il ne faut pas oublier de dire que l'Ombudsman ne peut pas intervenir
dans le cas où, par exemple, l'Etat décide de construire un hôpital. Là où il peut intervenir
c'est après la prise de décision au niveau du contrôle de la mise en œuvre de cette décision.
Nous avons une question de responsabilisation. Les autorités administratives doivent agir à
titre préventif. Nous parlons également de participation des citoyens. Actuellement, les
citoyens disposent de tous les moyens nécessaires pour participer. Pourtant, les services
publics sont réticents quant à l'utilisation de tous ces nouveaux moyens qui permettent de
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
114
fournir des informations aux citoyens. En Espagne, par exemple, la loi sur l'Information de
1966 n'est pas appliquée en pratique.
Quelles sont les institutions que l'on peut saisir pour assurer ce contrôle et le suivi de la
transparence? Dans tous les pays, au niveau central ou local, des mécanismes de contrôle sont
introduits, en l’occurrence il s'agit du contrôle administratif, pour contribuer à la lutte contre
la corruption. Nous devons avoir des mécanismes de contrôle du budget. Si vous me
demandez quelle est la définition de la société démocratique, je vous répondrai en anglais
« accountability » : tous les services publics devraient être obligés d'assumer la responsabilité
de leurs actes. Tous les services publics devraient être tenus de justifier leurs actes. Il faudra
mettre en place des mécanismes d'inspection centrale et locale qui pourraient même être
instaurés par le Parlement national.
Il serait également important que les institutions publiques soient responsables de la
comptabilité.
Dans tout cela il ne faut pas oublier le rôle de l'Ombudsman. Certains collègues disent
qu’ils font ce que la loi prévoit. Cela n'est pas exact. Le champ d'action de l'Ombudsman est
délimité par ce que prévoit la loi afin de réaliser ce qui découle du respect des droits de
l'Homme. Il ne faut pas se limiter à combattre la mauvaise administration ou la mauvaise
gestion. Nous pouvons également intervenir en cas de mauvaise gestion de services privés
dans les domaines de l'alimentation en eau ou en électricité. Il s'agit souvent de sociétés privés
qui offrent des services d'intérêt public. Dans ces cas, c'est l'Ombudsman qui doit intervenir
auprès de ces sociétés ou organismes privés. Il ne faut jamais oublier le caractère indépendant
de notre institution qui n'est pas liée au gouvernement ou au pouvoir, mais elle est responsable
devant le Parlement. L'Ombudsman contribue à la lutte contre la fraude, en coopération
étroite avec l'OLAF. Par exemple, en Catalogne nous avons un bureau local de lutte contre la
fraude qui lutte également contre la mauvaise gestion des fonds publics. Il existe également
un contrôle de la mauvaise gestion des fonds publics et de prévention de la corruption. Si nous
constatons qu'il y a un crime ou une fraude qui ont été commis, nous en saisissons la justice.
Si un Ombudsman a des preuves d'un acte criminel, il en saisit les tribunaux. Je peux vous
citer de nombreux exemples qui vous sont familiers, dans la mesure où nous avons tous
affronté ce genre de cas, comme des plaintes caractérisées d'un manque de transparence.
Souvent les fonctionnaires ne veulent pas dévoiler la vérité, alors qu'ils sont tenus de
présenter les faits réels. Or, il nous incombe de vérifier la véracité de leurs paroles. Nous
devons contrôler les mécanismes mis en place pour prouver que les données des services
publics sont réelles.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
115
En ce qui concerne les institutions pénitentiaires, l'Ombudsman de mon pays inspecte
ces institutions. Nous avons même organisé des téléconférences avec les prisons. Nous
sommes en contact avec tous les détenus via la téléconférence et ils peuvent, de leur côté,
entrer en contact avec l'Ombudsman ou le personnel de cette institution. Le numéro de
téléphone de l'Ombudsman est affiché à un endroit bien visible dans les centres de détention
et les prisons. Lorsqu'il y a un incident dans les prisons, nous pouvons intervenir rapidement.
Nous avons ainsi affronté des problèmes, grâce au suivi des détenus. Il y a eu des réactions de
la part de certaines ONG concernant les caméras dans les prisons, mais ces caméras nous
donnent des preuves tangibles sur l'utilisation ou pas de mauvaises pratiques ou d'assauts. Le
contenu des caméras ne peut être consulté que par nos juges. En vertu de la loi, le contenu des
vidéos-surveillance est une preuve qui peut être utilisée devant la cour.
Souvent nous recevons des plaintes des citoyens contre les services publics qui refusent
de leur donner des informations ou de répondre à des questions concrètes. Le refus ou le
retard de la réponse peut éventuellement constituer une preuve de corruption. Si les services
publics refusent ou retardent ou donnent une réponse assez laconique, cela peut constituer un
signe de corruption. 25% des plaintes sont associées à ce genre de problème. Par exemple,
une réponse du type : nous ne pouvons pas donner suite à votre requête parce que vous n'êtes
pas une des parties intéressées. Il s'agit là d'un signe de corruption administrative. En
Espagne, il y a beaucoup de corruption dans le domaine de la construction, notamment en ce
qui concerne les permis de construire. Les services publics refusent souvent de donner des
réponses en invoquant le secret d'Etat s'agissant d'informations liées à la sûreté nationale ou le
secret des autorités locales. Il n'est pas possible de considérer que les données détenues auprès
des autorités locales sont secrètes et que de ce fait on refuse de répondre aux citoyens. Ils
donnent plusieurs excuses, invoquant par exemple le caractère personnel des données.
Pourtant, le service public peut fournir la partie de l'information qui ne porte pas atteinte au
secret des données personnelles.
Une proposition soumise à la Commission Européenne par un commissaire concernait le
refus d'un grand nombre de services publics dans plusieurs Etats membres de l'Union
Européenne à fournir des informations aux citoyens. Nous, en tant qu'Ombudsmans, nous
nous sommes souvent trouvés devant des citoyens qui sont parfois maniaques et veulent avoir
tout le temps accès à l'information. Ce sont là des cas rares. Ce que nous voyons également en
Espagne, c'est la demande d'informations sur les actes du gouvernement. Les demandeurs
appartiennent en général à l'opposition. Or, le service public qui reçoit la demande et qui
appartient au parti au pouvoir, refuse souvent de donner suite à ces requêtes, justement parce
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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que le groupe demandeur appartient à l'opposition. Nous pensons que l'Ombudsman, dans la
lutte contre la corruption et pour assurer la transparence, devrait souligner le code de bonnes
pratiques. Nous ne parlons pas de mécanismes ou de droits. Nous ne devons pas simplement
invoquer les lois. Il faut également les appliquer. Un code de bonne conduite doit comporter
deux aspects : l'aspect public et l'aspect que nous devons assurer. En Catalogne, nous avons
une loi sur l'Ombudsman qui stipule que si un citoyen pose une question directement à un
service public en s'adressant directement aux personnes qui travaillent auprès des autorités
publiques, il doit recevoir la réponse dans les quinze minutes au maximum. Il ne doit pas
attendre plus d'un mois si une recommandation ou un avis doit lui être donné par
l'Ombudsman.
Chaque année, nous rédigeons un rapport qui présente les pourcentages de succès et
d'échecs de l'Ombudsman. Evidemment tous les pays qui ont ratifié le Traité de Lisbonne
savent que tout cela est inscrit dans le Traité. Il s'agit du droit à la bonne pratique, du droit à
l'indépendance, à l'accès aux documents, avec l'utilisation de mécanismes et d'indicateurs
d'évaluation continue et permanente de notre travail. Il ne suffit pas de dire de bonnes paroles.
Nous devons mesurer notre travail. Cela engendre certains dangers, par exemple des dangers
sociaux, voire même des menaces. Nous recevons parfois des menaces de la part de
représentants de la fonction publique qui veulent nous empêcher de mener à bien notre
mission. L'Ombudsman de la Nouvelle Guinée a été même attaqué par des gens armés parce
qu'il avait contribué à la lutte contre la corruption.
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG, (Président)
Défenseur du Peuple de l’Espagne
Je remercie tous ceux qui ont parlé et qui nous ont fait part de leurs expériences
concernant la corruption. Cette contribution importante montre comment l'Ombudsman peut
gérer des situations et comment il peut fonctionner sur la base de processus démocratiques qui
sont engagés, en commençant par les plaintes des citoyens, l'effort d'imposer les bonnes
pratiques, la fourniture de documents etc. Je donne à présent la parole à M. Hillel Shamgar,
Directeur général du bureau Contrôleur de l'Etat et Ombudsman d'Israël. Ensuite nous allons
ouvrir le débat avec les différentes interventions. Je vous prie de ne pas dépasser le temps qui
vous a été imparti.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
117
Monsieur Hillel SHAMGAR,
Directeur général du bureau du Contrôleur de l'Etat et Ombudsman d'Israël
Merci, monsieur le Président. Tout d'abord je tiens à remercier M. Kaminis de nous avoir
réservé un accueil aussi chaleureux. C'est un honneur et un grand plaisir de participer à une
réunion si bien organisée et source d'informations utiles.
Chers collègues, ce matin j'aimerais vous parler du rôle important assumé par
l'Ombudsman d'Israël dans la protection des informateurs qui fait partie de la lutte contre la
corruption.
Le terme corruption est en lui même difficile à définir. Il faudrait y consacrer une
conférence tout entière si on veut en définir les différents éléments et les possibilités. Dans le
bureau de l'Ombudsman, nous considérons que la corruption est un manquement au devoir,
lorsqu'un fonctionnaire public profite des ses compétences et de sa fonction pour promouvoir
des intérêts autres – notamment pour son propre bien ou pour faire profiter des personnes qui
lui sont proches.
Si la définition de la corruption est difficile, la lutte contre ce phénomène est encore plus
difficile. Nous ne pouvons pas être au courant de toute transaction obscure qui a lieu dans les
coulisses d'un bureau ou lorsque le fonctionnaire utilise les deniers ou les ressources
publiques pour aider un ami. La meilleure façon pour découvrir la corruption c'est d'avoir un
nombre aussi grand que possible d'yeux et d'oreilles dans les différents services de la fonction
publique.
C'est là qu'opèrent les fonctionnaires de l'Etat. Ils savent ce qui se passe dans leur
bureau. Ils savent quand les résultats d'une adjudication sont douteux ou quand il y a
corruption dans l'utilisation de l'argent public. Ils savent également que s'ils disent quelque
chose, ils seront considérés comme des trouble-fête, ils seront accusés de dénonciation. Ils
seront les derniers à grimper l'échelle hiérarchique et les premiers à perdre les avantages
associés au pouvoir. Ils pourraient même perdre leur emploi.
Le Parlement d'Israël, la Knesset, avait pleinement conscience du rôle important des
fonctionnaires dans la dénonciation de la corruption. C'est pourquoi, en 1981, juste 10 ans
après la création de l'institution de l'Ombudsman national, le Parlement lui a accordé des
pouvoirs élargis pour qu'il traite des dénonciateurs et de leur protection.
J'aimerais ici vous présenter l'historique. Lorsqu'il fut décidé, pendant les années 1970,
qu'il fallait instituer un Ombudsman, le Parlement n'a pas créé un organe distinct, celui de
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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l'Ombudsman, mais il a décidé que le Contrôleur de l'Etat – qui veillait déjà au bon
fonctionnement du service public – assumerait la fonction d'Ombudsman national.
L'intégration de ces fonctions est unique en Israël. Elle est pourtant très utile lorsqu'il
s'agit de lutte contre la corruption qui exige une approche holistique au problème et qui
permet de le traiter à la fois au niveau plus limité et plus élargi.
Plus tard, lorsque le Parlement a voulu encourager les informateurs, il s'est bien
évidemment adressé au bureau conjoint de l'Ombudsman et du Contrôleur de l'Etat ; cela, non
seulement parce que l'Ombudsman était déjà chargé de traiter les plaintes, mais parce que le
Contrôleur de l'Etat est tenu, par la loi, de veiller non seulement à la légalité et à l'efficacité du
service public, mais également à son intégrité. Ceci est également relativement unique à
Israël.
Dès lors, en 1981, l'Ombudsman et le Contrôleur de l'Etat ont été chargés de la
protection des informateurs et se sont vus accorder de grands pouvoirs à cet effet. Tout
fonctionnaire public qui avait essayé de démasquer un cas de corruption et qui fut de ce fait
harcelé, pouvait à présent s'adresser à l'Ombudsman pour demander qu'il soit protégé de ses
supérieurs. L'Ombudsman avait le droit d'ordonner des mesures conservatoires stipulant que
le fonctionnaire ne pouvait pas être empêché dans ses fonctions ou licencié. En 1990, le
Parlement a amendé de nouveau la loi, accordant une protection supplémentaire aux auditeurs
internes du service public.
Les auditeurs internes étaient désormais assurés de la protection de l'Ombudsman contre
tout licenciement même sans signe de corruption. Il suffisait pour l'auditeur interne de
montrer que le harcèlement dont il était victime était lié à la fonction qu'il remplissait comme
surveillant local au profit de l'intérêt public.
Il est à noter que jusqu'en 1981, seuls les prud’hommes traitaient des affaires concernant
l'emploi. A présent des compétences sociales sont attribuées à l’Ombudsman et il peut
intervenir dans les relations de travail, voire même révoquer les licenciements. Par ailleurs,
jusqu'ici, l'Ombudsman ne pouvait faire que des recommandations à une autorité en vue de la
réparation d'une irrégularité. A présent, s'agissant des informateurs, l'Ombudsman peut
ordonner des mesures conservatoires ayant force de loi. Par ailleurs, la non conformité à ces
mesures est considérée comme une infraction pénale et disciplinaire. C'est un instrument fort
et non doux, comme Mme. Gabriele Kucsko-Stadlmayer avait dit hier.
Comment est-ce qu'on traite ces problèmes en pratique? Tout d'abord, les plaintes des
informateurs sont traitées par un service spécial du bureau de l'Ombudsman. Chaque plainte
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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est examinée par une équipe d'au moins deux enquêteurs appartenant au bureau de
l'Ombudsman, en coopération étroite avec les auditeurs du Contrôleur de l'Etat. De cette
façon, des informations importantes peuvent être partagées en temps réel pour assister
l'enquête. Vu les conséquences potentielles – à la fois pour l'employeur et pour l'employé –
toutes les décisions correspondantes sont prises par l'Ombudsman lui-même.
Lorsqu'une plainte est déposée par un informateur, elle est traitée rapidement.
L'Ombudsman peut ordonner des mesures conservatoires qui seront en vigueur jusqu'à la fin
de l'enquête ou jusqu'à décision contraire de l'Ombudsman. De telles mesures sont ordonnées
lorsqu'il faut geler la situation existante ou prévenir un préjudice supplémentaire.
La procédure est réellement une enquête indépendante. C'est l'Ombudsman qui décide
sur qui il veut enquêter et quel matériel il faut rassembler. Nous ne sommes pas limités par le
matériel fourni par les parties, comme dans le cas des tribunaux. Nous pouvons interviewer
quiconque nous semble approprié et nous ne sommes pas liés par des règles de procédure ou
par des preuves. Ces éléments assurent au processus souplesse et pertinence.
L'enquête est une instruction plutôt qu'une procédure contradictoire. Ceci dit, récemment
dans les plaintes soumises par les informateurs, l'une ou l'autre partie a la tendance de
soumettre des documents préparés par des avocats ou de demander la présence d'un conseiller
juridique pendant que le personnel de l'Ombudsman pose des questions.
Quoi qu'il en soit, nous veillons à accomplir notre tâche en aidant, autant que possible,
les informateurs de manière rapide et équitable. A cette fin, nous donnons une large
interprétation à notre mandat. Par exemple, la loi ne permet à l'Ombudsman d'intervenir que si
l'employé essaie de « dévoiler la corruption ». Parfois nous considérons que le refus de
l'employé de participer à l'acte de corruption ou son effort de prévenir la corruption, sont
suffisants pour que l'on ordonne des mesures conservatoires. En outre, nous considérons que
l'abus considérable de pouvoir de l'employé est un acte de corruption, même s'il ne lui
rapporte pas des avantages personnels. A cet égard, nous avons considéré que frapper un
malade mental était un acte de corruption qui nous a permis d'ordonner des mesures
conservatoires contre l'employé de l'hôpital qui avait dénoncé l'infirmière qui avait recouru à
cet acte de violence.
En outre, nous nous sommes rendus compte qu'il était très difficile pour l'employé de
prouver que les mesures prises à son égard étaient dues à ses efforts de démasquer la
corruption. Dès lors, dans ces cas, nos acceptons la preuve circonstancielle. Par ailleurs, notre
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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politique consiste parfois à déplacer la charge de la preuve vers la personne contre laquelle la
plainte a été faite. Par exemple, si le harcèlement a lieu peu après le dévoilement de la
corruption, la charge de la preuve incombe à l'employeur qui doit prouver que les mesures
prises contre l'employé n’étaient pas liées au dévoilement de la corruption. Parallèlement, si
un employé est congédié après avoir reçu un prix pour son travail, la charge de la preuve
incombe à l'employeur.
En cas d'ordonnance d'une mesure conservatoire, l'Ombudsman a une grande liberté
d'appréciation par rapport au contenu de cette mesure. Selon la loi, elle peut comporter tout ce
que l'Ombudsman juge équitable et nécessaire pour la protection des droits de l'employé,
tenant compte du besoin de préserver le bon fonctionnement de l'organe public. Cela peut
inclure la révocation du licenciement de l'employé ou une compensation spéciale pour
l'employé, en argent ou en droits.
Les plaintes des informateurs sont examinées par rapport au statut ou à la fonction du
plaignant. Nous avons examiné des plaintes allant d'assistants infirmiers d'hôpitaux à des
cadres supérieurs de direction – même du Trésorier Général.
Le Trésorier Général avait envoyé au Contrôleur de l'Etat du matériel sur une
adjudication douteuse. Peu après, il fut informé que son contrat ne serait pas renouvelé. Un
membre du Parlement qui, en vertu de la loi a le droit de soumettre une plainte au nom de
toute personne, a demandé à l'Ombudsman de procéder à une enquête à ce sujet. Une équipe
spéciale, sous ma direction, a fait une recherche et des mesures conservatoires temporaires
furent ordonnées. L'enquête prit fin lorsque le Trésorier Général décida de démissionner. A
présent il est très demandé en tant que conférencier dans les milieux universitaires. Toutefois,
l'enquête elle même a rehaussé le profil et la crédibilité de l'Ombudsman aux yeux du public.
Dans le passé, le public était informé de ces mesures lorsqu'elles été publiées dans le
cadre des rapports annuels de l'Ombudsman. A présent toutefois, des ordonnances
conservatoires provisoires sont rendues publiques peu après leur émission – sans mentionner
évidemment le nom du plaignant. Une telle publication vise à encourager les informateurs et à
décourager la corruption.
Au fil des ans et notamment depuis que le Juge Lindenstrauss est Contrôleur de l'Etat et
Ombudsman, ces deux fonctions conjointes ont été utilisées de plus en plus pour combattre la
corruption via les audits de l'Etat et en vue d'assister les informateurs au moyen des
ordonnances émises par l'Ombudsman.
Le Juge Lindenstrauss a récemment introduit une autre méthode pour encourager les
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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informateurs. Dans quelques mois, pour la première fois dans l'histoire, il y aura une
cérémonie dans l'enceinte du Parlement israélien, en présence du Contrôleur de l'Etat et
Ombudsman. Au cours de cette cérémonie, le Juge Lindenstrauss remettra des certificats
spéciaux de distinction à des fonctionnaires publics qui ont contribué à la lutte contre la
corruption dans le service public.
En faisant usage des pouvoirs qui lui sont conférés par la loi, ainsi que d'autres méthodes
innovantes, le Contrôleur de l'Etat et Ombudsman continuera à jouer, dans l'avenir, un rôle
essentiel dans la protection des informateurs et dans la lutte contre la corruption dans le
service public.
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG, (Président)
Défenseur du Peuple de l’Espagne
Merci Hillel. En ce qui concerne le problème de la corruption dans nos pays, je voudrais
dire qu'en Espagne également, nous essayons de créer des relations de confiance entre les
citoyens et l'Ombudsman afin de protéger les citoyens qui s'adressent à nous et qui dénoncent
des cas de corruption. Je voudrais également souligner qu'en Israël il y a eu deux cas
importants de dénonciation de corruption, l'un contre le Premier ministre Ehud Olmert, du
temps où il était ministre des Finances et une autre plainte contre Ehud Barak qui était
ministre de la Défense.
A présent nous allons ouvrir le débat. Qui veut prendre la parole? Jean-Paul.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Je voudrais remercier les différents intervenants, nos amis espagnols, israéliens et
marocains et je retire deux ou trois réflexions. Nous sommes à un moment où l'ONG
« Transparency International » a publié un tableau des pays dans lesquels la corruption existe
et tous les pays sont concernés, les pays développés et les pays non développés. L'Espagne
connaît un moment difficile, mais la France l'a connu aussi et le sujet de la corruption va être
de plus en plus présent avec toutes les folies financières que nous connaissons. Je pense que
paradoxalement il faut renforcer le rôle de l'Ombudsman dans la lutte contre la corruption,
mais il faut aussi le protéger en indiquant qu'il a sa vocation à travailler sur le secteur public et
la délégation du secteur public, pas dans le domaine privé qui est l'objet souvent de la plus
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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grande corruption. Moi j'aimerais bien que l'on poursuive nos études premièrement sur le fait
que la corruption est une faute de caractère pénal et qu'à l'évidence, celui qui doit être le
premier acteur doit être le juge ou les organes de contrôle : la Cour des Comptes ou le
tribunal. Et qu'à ce titre là, comment réfléchir à un partenariat entre l'Ombudsman, l'institution
judiciaire et l'institution de contrôle. Le deuxième élément : comment protéger celui qui
signale? C'est un sujet compliqué. Nous y travaillons dans le domaine de la médecine. Nous y
travaillons dans d'autres domaines, mais c'est vrai que celui qui signale la possible corruption
se doit d'être protégé tout en évitant de tomber dans une société de délation. C'est un exercice
difficile, mais notre ami d'Israël nous a indiqué le pouvoir de l'Ombudsman. Troisième
élément de réflexion, Rafael Ribo l'a mis en avant : nous avons des débats dans beaucoup de
pays sur la transparence opposable, rendue possible par les systèmes de vidéosurveillance.
Nous avons eu des débats chez nous avec les juges qui, au moment des gardes à vue, étaient
extrêmement opposés aux caméras et qui maintenant sont demandeurs de caméras pour éviter
des accusations fausses. Et la transparence rendue possible par les vidéosurveillances qui sont
quelquefois un élément de protection des forces d'autorité injustement accusées. Enfin, je
pense que nous devrions réfléchir au code d'éthique des Ombudsmans. Il est évident que si
nous voulons être des acteurs de la lutte contre la corruption, nous nous devons d'être
irréprochables et d'avoir une charte éthique qui doit s'imposer à nous, avec bien évidemment
la garantie aussi pour notre personnel. Nous allons essayer, dans le compte rendu de cette
assemblée, de synthétiser les différentes interventions, mais elles me paraissent extrêmement
importantes à un moment où notre système démocratique, s'il laisse se développer par la
corruption la destruction de la confiance entre l'opinion et les décideurs politiques ou les
décideurs administratifs, cela risque d'être lourd de conséquences.
J'ai oublié de dire qu'il y a un mécanisme de suivi de la Convention des Nations Unies
contre la corruption qui a été signée par 141 pays à Doha et qui fera l'objet, je crois, d'une
réunion au Maroc en 2011. Là aussi, réfléchissons aux moyens de nous appuyer sur des
conventions internationales, sur l'échange d'expériences – moi je me suis beaucoup enrichi à
l'écoute de M. Ribo, de M. Mugica, de M. Fountir et de M Shamgar – car nous voyons bien
que nous pouvons faire évoluer nos institutions et que peut-être avec les Nations Unies, dans
la perspective de ce colloque marocain, dans la possibilité de voir confirmer le rôle des
Ombudsmans dans les Nations Unies, il serait intéressant aussi de regarder comment intégrer
leur rôle dans la perspective de la réunion du Maroc en 2011, comme acteurs, à côté du juge, à
côté de la Cour des Comptes, déterminant de la protection de ceux qui signalent, de
l'élaboration des bonnes pratiques dans la lutte contre la corruption.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG, (Président)
Défenseur du Peuple de l’Espagne
Après l'intervention de notre Secrétaire général, nous ouvrons à présent le débat jusqu'à
11.00 heures. Qui demande la parole? L'Algérie, le Portugal et la Jordanie.
Monsieur Benhalima BOUTOUIGA,
Membre de la Commission Nationale Consultative pour la Promotion et la
Protection des droits de l'Homme en Algérie
Après l'intervention de notre ami de la France, il y a lieu je crois d'ajouter un point très
important, c'est les textes qui créent cet envolement de la corruption. Là il y a notre rôle, mais
il y a aussi le rôle des institutions qui rédigent des textes qui créent l'environnement à cette
corruption. Je citerai deux exemples : Le code des marchés qui actuellement a ramené la
corruption d'Etat à Etat sur des marchés très importants d'armements, de pétrole etc. C'est le
premier cas, Etat-Etat dans le cadre des codes de marchés que les gens ne veulent pas
modifier. Le dernier article de certains textes est le suivant : « Est laissé à l'appréciation du
Président ». Donc, cette appréciation du Président permet aux gens de côtoyer et de trouver la
source qui mène à la corruption. Un autre exemple est celui des visas. Dans les pays du sud de
la Méditerranée, il y a ce problème de visa pour les pays européens. On voit la même chose. Il
y a un problème de corruption. Les choses ne sont pas définies clairement par les textes et,
quels que soient les efforts qu'on peut faire, si les textes ne sont pas clairs – quel est celui qui
a droit au visa, quel est celui qui n'y a pas droit – la corruption continuera. Donc il y a un
problème de législation et de textes. Je vous remercie.
Alfredo José de SOUSA,
Ombudsman, Provedor de Justiça du Portugal
Merci monsieur le Président. C'est seulement pour rappeler que l'Ombudsman européen
a fait approuver un code de conduite pour les fonctionnaires de la Communauté Européenne,
avec des règles très claires et le Parlement a approuvé ce code de conduite. Je crois que pour
les Ombudsmans des Etats membres et des autres pays, c'est un chemin à suivre, parce que les
pouvoirs de l'Ombudsman contre la corruption doivent être surtout des pouvoirs de la
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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prévention de la corruption et garantir la transparence et la définition des règles qui régissent
les fonctionnaires publics. Merci.
Abdelilah KURDI,
Président, Bureau de l’Ombudsman de Jordanie
Je voudrais souligner que le manque de transparence est un terrain propice pour la
corruption dans tous les secteurs. Par ailleurs, la mauvaise gestion publique contribue à cette
corruption. En Jordanie, nous avons une loi qui a été approuvée par le Parlement en 2006 et
qui prévoit un organe spécial pour la lutte contre la corruption et le recours en justice. La
Jordanie a signé la Convention des Nations Unies et, il y a quelques jours, nous avons célébré
la journée mondiale contre la corruption. Je pense que la lutte contre ce phénomène ne
concerne pas une seule autorité, mais il faut réunir nos efforts pour y faire face conjointement
en coopération avec l'Ombudsman et les différentes organisations qui s'intéressent au respect
des droits de l'Homme. Merci beaucoup.
Calliope SPANOU,
Médiateur adjoint, Ombudsman de Grèce
Merci monsieur le Président. J'ai été vraiment intéressée par ce que M. Ribo a dit à
propos du devoir des médiateurs d'élargir leurs moyens de servir leur mission et que la loi
peut trouver des moyens de servir notre mission au delà de ce qui est clairement défini sur
papier. C'est une idée que moi-même j'approuve, mais il y a quand même certaines difficultés.
En ce qui concerne, par exemple, le contenu des documents publics, au moins en Grèce – je
suppose que c'est pareil dans d'autres pays – les documents publics portent une valeur en eux-
mêmes. On peut très difficilement contester leur contenu. Parfois, certaines autorités
administratives incluent dans ces documents, leur propre version de la réalité qui est très
difficile à contester par la suite, d'autant plus qu'une partie des institutions des médiateurs ne
disposent pas de pouvoirs d'examiner des témoins etc. Je ne sais pas si c'est le cas chez vous,
mais en Grèce on n'a pas cette possibilité. Donc, souvent on dit aux citoyens « Vous pouvez
avoir raison, on ne peut pas contester ce que vous dites », mais il est très difficile de contester
le contenu de ces documents publics. Souvent, parce que ce qui est certifié dans ces
documents est porté à la connaissance d'un agent public par l'expérience propre. Ça peut être
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
125
une contravention parce qu'on roule trop vite. Mais, il y a là un fait que nous, en tant que
médiateurs, on n’a pas vu et on ne peut pas donc le contester, mais dans ce document on peut
parfois trouver de l'arbitraire ou de la corruption. Il y a donc des limites à ce que l'on peut
faire. Dans d'autres cas, s'agissant de la corruption, ce qu'on voit c'est plutôt des retards à
répondre. On a eu des cas en Grèce où quelqu'un a déposé une plainte parce que
l'administration ne lui répondait pas et nous on a essayé de faire répondre. Moi-même j'ai
parlé avec le ministre qui était responsable et qui disait « Je vais répondre, ne me persécutez
pas ». Finalement il n'a pas répondu au médiateur parce qu'il a dit qu'il allait répondre au
Parlement. L'affaire a explosé et ce qui se cachait derrière c'était une question qui a pris des
dimensions énormes au sein du Parlement et sur la scène politique, qui concernait les
transports maritimes pour la liaison des îles entre elles etc. Chez nous l'affaire est arrivée
comme un retard, mais il s'agissait d'un cas beaucoup plus grave. Nous, on a été obligés de
nous arrêter au moment où il a dit « je vais répondre au Parlement », ce qui n'était pas une
raison pour ne pas répondre au médiateur, mais en tous cas on ne pouvait pas l'obliger.
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG, (Président)
Défenseur du Peuple de l’Espagne
Je vous donne encore deux minutes. Deux minutes pour Alvaro Gil Robles, une minute
pour Rafael et je finirai.
Monsieur Álvaro GIL-ROBLES,
ancien Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe,
ancien Défenseur du Peuple de l’Espagne
J'aimerais ajouter quelque chose à ce qui a été dit par notre collègue d'Algérie. En ce qui
concerne les aides d'Etat, il s'agit d'une question importante qui crée des problèmes au niveau
de la transparence. C'est pourquoi l'Ombudsman, comme signalé par M. Delevoye, doit avoir
un code d'éthique pour mettre fin à cette gestion sélective des autorités publiques. Il faut aider,
il faut promouvoir la participation des citoyens qui sont directement intéressés. Ce sont les
contribuables. Nous devons renforcer leur rôle, à travers les ONG qui sont considérées
comme des partenaires qui pourraient travailler avec l'Ombudsman. Troisième point : vous
parlez des plaignants qui souhaitent dévoiler la corruption et cela implique la création d'un
mécanisme de protection. Merci.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Judith MACAYA,
Conseiller, Médiateur de la Catalogne
Merci monsieur le Président, je souhaite seulement ajouter un exemple concret dans la
ligne de ce qu'a dit M. Ribo sur ce qu'on peut faire en matière de lutte pour la transparence et
contre la corruption. Le gouvernement de la Catalogne, concrètement le responsable de
justice, m'avait demandé, il y a quelque mois, de l'aider à faire un code de comportement
éthique dans l'administration pénitentiaire. Et voilà qu'avec un groupe de juristes, de
représentants de syndicats pénitentiaires, de juges et de procureurs, on a travaillé pendant six
mois et on a fait un code pour le contexte de l'administration pénitentiaire. Non seulement
pour les fonctionnaires, mais aussi pour les responsables politiques et aussi pour les ONG et
pour les gens qui travaillent dans les prisons. On a établi des règles claires de comportements
inacceptables, de comportements qui sont correctes et de mesures de lutte contre ceux-là.
Dans ce code, l'Ombudsman, le défenseur de la Catalogne, a aussi son rôle. Pour vous dire
que quand on veut, on peut faire des choses et les Ombudsmans peuvent très bien pousser
dans cette ligne, en général dans toutes les administrations. Voilà c'est tout. Merci.
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG, (Président)
Défenseur du Peuple de l’Espagne
Merci beaucoup d'avoir parlé de la protection du signalant. Il faut le protéger. Il faut
expliquer à la personne qui signale quels sont ses droits et ce qu'il peut faire. Par rapport à
l'intervention de notre collègue grecque, tout d'abord j'aimerais dire que je suis d'accord sur
tout ce qu'elle dit à propos des difficultés, mais il faut exiger que les documents, les données
de tous ces citoyens qui signalent nous soient fournis. On peut trouver les documents dont
nous avons besoin. Je n'ai pas à présent le temps pour prolonger cette discussion, mais il est
très important d'avoir de bons contacts avec les médias. Nous avons rencontré un cas où,
pendant deux ans, une autorité ne nous donnait pas les documents qu'on lui demandait. On
aurait pu saisir la justice mais, au lieu de cela, nous nous sommes adressés aux médias. En
une semaine ce service nous a fourni tous les documents qu'il refusait de nous donner pendant
deux ans. Vous voyez que les contacts avec les médias sont une autre solution. Non seulement
nous avons reçu tous les documents administratifs, mais on avait accès en ligne à ces
documents. En Irlande, il y a ce que l'on appelle « Clinical Judgment ». L'Ombudsman peut
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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discuter ces questions avec un panel, dans le secteur médical par exemple, il peut s'adresser à
un panel créé par l'Association des médecins. Avant de terminer, j'aimerais vous dire quelque
chose sur les médias. En Espagne, leur rôle est très important. Effectivement l'aide des médias
dans la lutte contre la corruption est grande. Il faut pourtant que les médias, la presse, soient
libres. Une autre question qui n'a pas été abordée suffisamment c'est la lutte conte la
corruption avec l'aide du parquet et de la police. La police peut mener des enquêtes pour
déceler la corruption. Nous avons besoin bien évidemment d'une police non corrompue, une
bonne police qui fonctionne sous l'égide du pouvoir judiciaire. En Espagne, ce corps existe, il
intervient, il fait des enquêtes. Nous avons constaté avec plaisir qu'elle est une institution à
laquelle les citoyens font confiance. La garde civile en Espagne lutte contre la corruption et le
crime de tout genre. Pour récapituler, il nous faut tout d'abord une presse libre, des médias
libres, une police tout à fait libre et un pouvoir judiciaire également libre. Il s'agit là des trois
piliers qui sont très importants dans notre lutte contre la corruption. Je vous remercie tous et
nous en avons terminé avec notre réunion.
III. Assemblée Générale
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Nous allons démarrer nos travaux. Sans plus tarder, je donne la parole à notre Président,
M. Iraki.
Monsieur Moulay Mhamed IRAKI,
Wali Al Madhalim du Royaume du Maroc
Frères, amis, amies, membres de l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée,
C'est un grand plaisir de vous voir ici après de longs voyages. Les travaux de notre
rencontre ont été couronnés de succès grâce à la bonne organisation et à l'assistance pratique
que vous avez apportée, ainsi qu'aux efforts déployés notamment par les chers collègues et
amis, Ombudsmans de la Grèce et de l'Espagne et toute l'équipe d'organisation à laquelle
j'adresse mes remerciements chaleureux.
Chers amis et amies, permettez-moi de déclarer l'ouverture de l'Assemblée Générale
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
128
ordinaire qui revêt un intérêt particulier, en raison de la présence des Médiateurs et
Ombudsmans de différents pays et de certaines organisations comme le Haut Commissariat
des Nations Unies, la Ligue arabe qui se trouvent pour la première fois dans nos rencontres
ainsi que l'Ombudsman de la Jordanie représenté par M. Abdelilah Kurdi que nous accueillons
au sein de notre Association, ce qui renforcera notre coopération.
Avant de donner la parole à mon cher ami Jean-Paul, j'aimerais vous parler de certaines
questions qui concernent les activités de l'Association pour l'année prochaine. J'aimerais, à cet
égard, me référer à la déclaration libanaise. Je vous informe que, dans le cadre de nos
activités, nos statuts ont été ratifiés à Marseille et le siège permanent a été créé à Tanger. Il y a
une page web de notre Association où vous pouvez trouver tous ces renseignements. Ici, se
déroule la troisième rencontre de notre Association qui est devenue une institution importante
et qui vise au renforcement des relations ente nous. Pour respecter votre temps, je donne à
présent la parole à mon cher frère Jean-Paul, Secrétaire général de l'Association qui nous
parlera de ses activités.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Merci, monsieur le Président. Vous avez sur votre bureau un certain nombre de
documents qui rappellent nos statuts, la liste des membres, le Conseil d'administration, un état
sur les cotisations ainsi qu'une étude de M. Gérard Fellous qui vous sera présentée tout à
l'heure et à l'issue de laquelle je proposerai à notre Assemblée Générale d'en tirer quelques
conclusions pour certaines évolutions.
Je voudrais aussi dire à quel point, au delà des statuts et au delà de l'aspect juridique, ce
qui paraît impossible de transcrire dans un quelconque rapport d'activités et qui est peut-être
le plus important, c'est au bout de la troisième réunion, l'état d'esprit, d'amitié, de sympathie,
de franchise, de collaboration, de réflexions que nous menons ensemble pour être plus
efficaces dans l'exercice de nos activités d'Ombudsmans, dans le bassin Méditerranéen. Et je
voudrais vous remercier pour la richesse des relations humaines que vous avez manifestées
tout au long de nos rencontres.
Notre jeune Association a aujourd'hui son bureau, son Président – vous m'avez fait
l'honneur de me désigner Secrétaire général ; vous connaissiez l'une de mes collaboratrices
qui était affectée à l'animation du Secrétariat général, qui était Lucie Martinot-Lagarde ; celle-
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
129
ci a souhaité prendre une année sabbatique pour se consacrer à des activités philosophiques ;
elle est remplacée par l'une de mes jeunes collaboratrices que je tiens à vous présenter,
Stéphanie Carrère qui est ici à côté de M. Christian Le Roux et qui est le symbole de la
jeunesse, promesse d'un développement extrêmement important, souci d'efficacité et de
qualité et passion qu'elle manifeste pour notre engagement.
Pour le bureau de Stockholm, l'Association des Médiateurs Francophones, avait avancé
l'argent nécessaire à la location de la salle et au dîner, puisque nous n'avions pas encore
d'existence juridique ; le remboursement a été effectué au mois de septembre 2009, par un
virement bancaire du compte de l'Association des Médiateurs de la Méditerranée vers le
compte des Médiateurs Francophones. La rencontre d'Athènes, celle d'aujourd'hui, est
organisée conjointement par les institutions grecque, marocaine, espagnole et française. Nous
nous sommes chargés d'envoyer toutes les invitations, d'effectuer les inscriptions en lien avec
l'agence de voyage et coordonner l'organisation avec les différentes institutions ainsi que la
préparation des tables rondes.
Concernant l'inauguration du siège à Tanger, j'aimerais, en votre nom à tous remercier
l'effort extrêmement important de l'institution du Wali Al Madhalim et de M. Iraki à titre
personnel, car il s'agit d'un effort financier à la hauteur de 15.000 euros et chacun a pu
mesurer la qualité des locaux, la pertinence de sa localisation à Tanger, et notre Association
aujourd'hui dispose d'un siège de très grande qualité grâce à l'intervention personnelle et au
soutien financier de l'institution du Wali Al Madhalim. Je voudrais vraiment vous remercier
M. Iraki.
Vous avez souhaité évidemment faire un échange d'informations par la communication
par Internet. Ce site est aujourd'hui vivant grâce aussi à l'institution du Wali Al Madhalim et il
permet un échange d'informations et la publication des rapports des rencontres de notre
Association. Les actes de Marseille sont aujourd'hui sur le site, en versions anglaise et
française. Les versions arabe et espagnole suivront prochainement. La version anglaise a été
mise sur le site hier.
Je voudrais là aussi remercier tous les collaborateurs de l'institution marocaine qui font
un travail de grande qualité, de grande précision et je sais le temps que ceci mobilise.
Nous avions envisagé de confier à Mme Sara Guillet une étude sur le rôle des
Ombudsmans dans l'application et le respect des conventions internationales. Cette personne
auprès des Nations Unies nous paraît aujourd'hui ne pas pouvoir disposer de suffisamment de
temps et peut-être présenter un coût trop important pour nos finances et nous aurons à
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
130
réfléchir – ce sera l'objet de notre résolution finale – si nous ne pourrions pas faire évoluer
notre étude sur ce qui était évoqué par un certain nombre d'entre vous, une étude approfondie
sur le fonctionnement des institutions du sud de la Méditerranée et voir comment mettre en
place, dans la préparation des thèmes que vous choisirez pour notre prochaine réunion dont je
vous ai déjà dit qu'à priori elle devrait se dérouler en Espagne, sous réserve de votre
confirmation et sous réserve de l'acceptation de nos amis espagnols , nous pourrions bien
cerner le thème de notre prochaine rencontre et organiser nos études dans cette direction.
Je parlerai évidemment de ce qui me paraît aujourd'hui une des actions les plus
importantes, la mise en place d’un Centre de formation à Rabat pour les médiateurs
francophones. Là aussi, grâce à une très bonne collaboration avec le Maroc, nous avons déjà
organisé quatre formations pour les médiateurs francophones. Nous avons pris la décision
ensemble à Marseille d'étendre ce Centre de formation au monde anglophone. La première
formation anglophone sera organisée en mars 2010 à Rabat, l’AOMF ayant accepté de mette
son centre à disposition des membres de l'Association des Ombudsmans du bassin
Méditerranéen et là aussi je voudrais en remercier M. Iraki. Les thèmes qui seraient proposés
lors de cette séance de formation sont des thèmes pratico-pratiques. Comment améliorer
l'efficacité du fonctionnement de nos institutions? Ce serait, par exemple, le traitement des
plaintes, leur analyse, leur suivi ; les techniques de médiation ; les moyens d'intervention du
médiateur. Au bout de quatre formations des médiateurs francophones, nous avons des indices
de satisfaction de 85 à 90%. Nos collaborateurs ont besoin de formation pratique. Ce sera la
réflexion centrale de cette première réunion de formation anglophone.
Enfin, nous avons décidé de réaliser une « newsletter » trimestrielle en français qui sera
publiée dans les quatre langues sur le site Internet www.ombudsman-med.org et nous aurons à
traduire cela en arabe avec l'association du Diwan Al Madhalim, en anglais avec
l'Ombudsman de Malte, en espagnol avec le Défenseur du Peuple Espagnol.
Voilà ce que je voulais vous dire, monsieur le Président, mesdames et messieurs, sur
notre activité qui, malgré la jeunesse de notre Association, est aujourd'hui tout à fait crédible.
Est-ce que vous approuvez notre rapport d'activité?
Président
A présent, nous allons procéder à l'approbation du rapport du procès-verbal de
l'Assemblée. Avez-vous des remarques?
Nous aurons maintenant la présentation du rapport financier de notre Association.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
131
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Trésorier, l'Ombudsman de Malte. Le compte bancaire de l'Association qui est
actuellement domicilié au Maroc est en cours de transfert à Malte, siège du trésorier de
l'Association et il a été ouvert par l'Ombudsman Said Pullicino.
Nous avons eu le souci, dès Marseille, d'être transparents, sur la réalité du coût de
l'organisation. L'organisation à Rabat, la première, a coûté 100.000 euros, la seconde à
Marseille 85.000 euros, la troisième à Athènes est prévue sur 73.000 euros. Nous pensons que
la prochaine va encore continuer dans cette pente descendante des coûts. Ceci se décompose :
les hôtels 10.530 euros ; les transports 24.800 euros ; les locations de salles, d'interprétariat,
de traduction 18.297 euros ; les repas et les rafraîchissements 13.405,00 euros. Sur les
publications et les impressions 13.705 euros ; les frais administratifs – je vois 5.676 euros,
vous avez ici, sur le tableau qui a été présenté, deux lignes, publications et impressions 3.616
et frais administratifs 1513. Le total est de 73.061,93. Vous aviez un papier qui vous a été
distribué à 72.161 mais c'est le chiffre 73.061,93 qu'il faut retenir.
Comment nous finançons ces 73.061,93?
Participent aux recettes : le Diwan Al Madhalim, l'Ombudsman de la Grèce, le
Défenseur du Peuple Espagnol et le Médiateur de la République à hauteur chacun de 16.000
euros. Ce qui fait quatre fois 16.000 = 64.000 euros.
L'Organisation Internationale de la Francophonie apporte 10.000 euros, ce qui fait donc
que nous avons 74.000 de recettes.
Je répète 16.000 euros par chaque institution grecque, marocaine, espagnole et française
et l'Organisation Internationale de la Francophonie pour 10.000 euros.
De plus, les quatre pays organisateurs ont accepté de prendre entièrement à leur charge
le personnel supplémentaire nécessaire sur place, afin de ne pas augmenter le budget de
l'organisation de la rencontre, ce qui veut dire que la règle d'une personne prise en charge par
institution est respectée par tous les membres y compris les membres organisateurs qui
pourtant mettent du personnel évidemment pour la préparation de l'organisation.
Concernant les cotisations, au 4 décembre 2009, neuf institutions membres n'avaient pas
encore réglé leurs cotisations. Nous avons, avec le trésorier, écrit à ces neuf membres et nous
espérons évidemment le paiement de ces cotisations.
Arrêté au 9 décembre 2009, notre compte présente un excédent de 5.650 euros.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
132
Voilà, monsieur le Président ce que je voulais présenter à l'Assemblée Générale. Nous ne
pouvons pas tenir un discours sur la transparence et ne pas nous l'appliquer à nous-mêmes.
C'est la raison pour laquelle vous aurez la présentation des comptes et bien évidemment à la
sortie vous aurez un tronc pour recevoir vos aumônes pour le pauvre Secrétaire général.
C'est une plaisanterie.
Président
Maintenant, nous passerons au point qui concerne les statuts de notre Association. Nous
devons approuver le rapport financier, suite aux données présentées. Vous l'approuvez?
Trésorier
Je suis heureux, très heureux.
Président
L'article 2 des statuts concerne le siège social de l'Association qui se trouvait à Rabat
dans le même bâtiment que l'Ombudsman, mais à présent nous disposons d'un siège
permanent à Tanger et dès lors, il n'est plus nécessaire d'avoir cet article 2 sur le déplacement
du siège social puisque nous avons un siège permanent à Tanger.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Le changement de l'adresse notifié dans l'article 2 qui est le déplacement du siège de
l'Association à Tanger, conformément à l'inauguration du siège, bien évidemment. Ça me
paraît évident.
Président
Nous en venons au 5ème point de l'ordre du jour qui concerne la qualité de membre. Je
donne la parole à M. Gérard Fellous.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
133
Monsieur Gérard FELLOUS,
Expert
Je vais vous présenter cette étude technique qui porte sur l'octroi de la qualité de membre
de l'Association des ombudsmans de la Méditerranée qui vient, je le rappelle, en complément
de l'étude initiale intitulée « Les Institutions de Médiation de l'Espace Méditerranéen,
Typologie et Etude Comparative » qui a été présentée lors de la deuxième rencontre du réseau
qui s'est tenue à Marseille en décembre 2008.
La présente étude répond à la demande des participants de l'Assemblée Générale de
Marseille qui ont souhaité que soient déterminées les différentes qualités de membre de
l'AOM et je cite la résolution de Marseille « afin de voir si chaque institution correspond bien
aux critères fixés par les statuts et comment elle doit évoluer » compte tenu des interrogations
qui ont été émises sur la situation juridique des différents membres. Je vous rappelle que les
statuts de l'AOM fixent, dans leur chapitre 4, article 7 point 1, les critères définissant les
membres votants qui sont résumés dans les dix points suivants nous servant de crible pour
examiner chacune des institutions. Je rappelle ces dix points :
Premièrement, localisation dans un pays de l'espace Méditerranéen et je rappelle qu'il y a
une définition large de l'espace Méditerranéen.
Deuxièmement, une compétence nationale.
Troisièmement, la création par un texte constitutionnel ou législatif.
Quatrièmement, l'indépendance de l'institution.
Cinquièmement, la compétence exclusive sur tout ou partie de l'administration publique.
Sixièmement, l'habilitation à recevoir des plaintes à l'égard d'une autorité administrative.
Septièmement, le pouvoir d'enquête.
Huitièmement, l'accès à toutes les informations nécessaires.
Neuvièmement, le pouvoir de recommandation et de mesures coercitives ou
contraignantes et
Dixièmement, l'effectivité de la mission et en particulier, la publication d'un rapport
annuel d'activités.
Evidemment l'attachement aux droits de l'Homme est un critère majeur dans la
constitution de ces institutions.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
134
Je vous dis rapidement que nous n'avons pas l'intention de porter un jugement sur
chacune de vos institutions ; et encore moins d'établir un palmarès ou un ordre. Nous pensons
qu'il faudrait être inclusif, comme on l'est du reste dans les institutions des Nations Unies, et
je le dis sous contrôle de la représentante du Haut Commissariat. C'est à dire accueillir toutes
les institutions désirant rejoindre l'AOM quitte, dans un deuxième temps, à être un peu plus
critiques et à encourager certaines institutions à s'améliorer ou à évoluer.
Je n'entrerai pas dans le détail du tableau qui vous est soumis ; c'est un tableau
technique, vous pouvez l'examiner.
Je voudrais faire un certain nombre de remarques sur quelques institutions.
Concernant l'Autorité Palestinienne, la Commission Indépendante pour les droits de
l'Homme, je dirais qu'il n'a pas été explicité et pour des raisons qui ne lui sont pas imputables,
mais pour la situation même pour une Autorité Palestinienne qui n'a pas encore le statut d'un
Etat, qu'elle ne pouvait pas exercer ses compétences sur l'ensemble des territoires sur lesquels
elle exerce son autorité ; et en particulier probablement sur le territoire de Gaza, en tous les
cas de manière pas complète. Un certain nombre de domaines, par ailleurs, toujours sous
l'autorité d'Israël, ne peuvent faire l'objet de plaintes et d'investigations. Donc, on ne peut pas
se prononcer – et cela n'est pas du tout la faute de l'institution mais de sa situation générale.
J'ajouterai, à l'intention de notre collègue palestinien, que le site en anglais et en arabe est
excellent et que je le consulte régulièrement. L'Autorité Palestinienne, la Commission
Indépendante pour les droits de l'Homme n'a pas répondu au questionnaire que nous avons
envoyé et nous serons heureux qu'elle puisse elle-même, sous sa propre responsabilité,
répondre à ce questionnaire, de façon à ce que l'on clarifie un certain nombre de ses positions.
Bien entendu, concernant cette institution, mon avis technique est qu'un certain nombre de
limitations ne peuvent pas lui être imputables.
Concernant la Tunisie, le médiateur administratif, on peut remarquer dans les statuts que
nous avons consultés de cette institution, que l'indépendance n'est pas explicitement inscrite
dans le texte constitutif, alors que, dans un certain nombre d'institutions, il est clairement dit
que c'est une autorité indépendante. Dans ce cas là très précis il ne l'est pas dit explicitement.
Donc la suggestion technique que je pourrais faire c'est simplement d'obtenir des autorités
qu'il soit dit explicitement, comme dans les autres cas, que c'est une institution indépendante.
On remarque dans le questionnaire que l'institution tunisienne nous a transmis, que le
médiateur ne peut pas avoir librement accès à toutes les informations nécessaires. Il y a
semble-t-il là une limitation et il n'est pas habilité à faire des propositions d'améliorer le
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
135
fonctionnement de l'administration. Il ne peut rendre publics ses rapports ; ça aussi c'est une
petite particularité de l'institution tunisienne. En effet, les rapports de cette institution sont
destinés au Président de la République tunisienne, mais c'est lui qui décide de l'opportunité de
rendre publics ces rapports d'activités et à terme, pas tout de suite, certains extraits seulement.
Nous pensons techniquement que l'indépendance de cette institution devrait être améliorée et
qu'elle devrait s'aligner à terme sur le modèle général.
Concernant l'institution de l'ARYM, de l'Ombudsman, nous n'avons malheureusement
pas de réponse au questionnaire. Nous avons consulté les informations de la version anglaise
du site web, c'est une version anglaise qui est fragmentaire. Nous demandons simplement
techniquement un complément d'informations. S'il vous plaît, répondez au questionnaire dans
les semaines qui viennent, en anglais ou en français, de façon à ce que nous puissions avoir
une meilleure connaissance de votre institution.
Concernant le Liban, le médiateur, on vous l'a dit à plusieurs reprises, c'est une question
qui est à l'étude. Il y a un texte de loi constitutif qui est connu, mais l'institution n'est pas
encore effective. Elle n'a pas de création effective. Il n'y a pas de nomination d'un
Ombudsman et donc elle n'a pas de vie active. Le gouvernement actuel a promis à un certain
nombre de dirigeants de l'Association d'agir en priorité dans les semaines qui viennent et nous
sommes donc dans l'attente d'une nomination et d'un premier bilan de travail et donc c'est à
suivre pour que l'institution libanaise qui existe sur le papier puisse faire partie effectivement
de notre Association.
Concernant la Mauritanie, le médiateur islamique, là aussi nous avons un manque
d'informations. Nous n'avons pas pu le rencontrer à cette réunion, mais nous avons un certain
nombre d'informations à avoir sur l'effectivité de cette institution. L'institution existe. Elle y a
nommé un médiateur, mais nous n'avons pas de rapport d'activités et nous n'avons pas de
réponse au questionnaire et nous n'avons pas plus de site web que nous pouvons consulter.
Donc, nous avons une incertitude non pas sur l'existence, parce qu'elle existe nous le savons,
mais sur son travail, sur son effectivité.
Concernant l'Ombudsman de Serbie, les informations sont incomplètes. Là encore nous
n'avons pas de réponse au questionnaire. Malheureusement, le site web de cette institution de
Serbie est exclusivement en serbe et je n'ai pas connaissance de cette langue, et nous sommes
dans l'impossibilité de porter un jugement technique, faute d'éléments.
Enfin, dernière remarque concernant la Turquie. A la précédente réunion de Marseille
nous avions eu un contact avec la direction des droits de l'Homme du Premier Ministre. Tout
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
136
le monde a constaté que cette institution est un service purement administratif et
gouvernemental qui n'entre pas évidemment dans les critères de l'Ombudsman-médiateur.
Nous avons eu le plaisir d'avoir contact cette fois-ci, à la troisième rencontre, avec la
commission parlementaire des droits de l'Homme qui, je l'indique par ailleurs, n'est pas une
institution nationale de promotion et de protection des droits de l'Homme accréditée par les
Nations Unies – je l'ai vérifié auprès de la représentante du Haut Commissaire – et donc elle
n'entrerait pas dans ce critère, bien que son action nous est connue et nous encourageons très
fortement la Turquie à créer une institution nationale qui entre en même temps dans les
critères des Nations Unies concernant les institutions nationales et dans les critères de
l'Association des Ombudsmans.
Voilà pour les quelques remarques ou cas sur lesquels je voulais me prononcer. Pour le
reste, vous avez un tableau récapitulatif et vous jugerez de cela. Nous suggérons que l'AOM
crée en son sein, un comité d'adhésion. Car vous allez avoir un certain nombre d'institutions
nouvelles qui vont se présenter, comme notre collègue jordanien qui se présente aujourd'hui.
Je crois que, sur le modèle des Nations Unies, du Haut Commissariat pour les droits de
l'Homme, il pourrait y avoir – c'est une suggestion que je vous fais – un comité d'adhésion qui
serait composé tout simplement du Président, du Vice-président, du Secrétaire général de
l'Association, par exemple, et qui examinerait les candidatures déposées auprès de
l'Assemblée Générale de l'organisation. Enfin, il serait utile que la prochaine Assemblée
Générale de Madrid, si vous le décidez ainsi, examine ou réexamine l'article 7 des statuts afin
de définir plus précisément la qualité de membre votant. Il n'est pas de mon rôle technique de
me prononcer sur ces aspects des choses. Je laisse bien entendu les dirigeants de l'Association
nous dire ce qu'ils en pensent.
Mesdames et messieurs, je vous remercie pour votre attention.
Président
Si vous me le permettez, je donnerai à présent la parole à mon chère collègue Jean-Paul.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Monsieur le Président, chers collègues, nous venons d'entendre le rapport de M. Gérard
Fellous et il convient de rappeler l'état d'esprit qui est le nôtre. Nous ne sommes pas un
tribunal pour juger ; nous sommes une association pour échanger, travailler ensemble et
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
137
améliorer nos institutions. Ce qui est important c'est de ne pas juger d'une situation, c'est
d'adhérer à une direction, de renforcer, de développer nos institutions pour qu'elles puissent
assurer mieux la promotion des droits de l'Homme.
Je reviens sur un propos ou un adjectif qu'a utilisé M. Gérard Fellous : nous devons être
inclusifs, favoriser l'adhésion à notre Association et ne pas prononcer des systèmes
d'exclusion. A ce titre là, je serais tenté, dès cette Assemblée Générale, monsieur le Président,
de constater que nous avons des membres actifs, des participants qui adhérent aux débats, qui
apportent les contributions de leurs institutions, mais il y a quelque chose d'un petit peu
gênant, c'est que nous avons des membres observateurs mais qui ne posent pas de problèmes –
ce sont les Nations Unies et la Ligue arabe, comme ils ne représentent pas d'institution, ils ont
vocation à être observateurs et je les remercie de leur présence – mais nous avons aussi
certains de nos collègues qui, pour des raisons géographiques, sont membres associés de notre
Association et pas membres votants.
Moi j'aurais tendance à vous proposer que, dans un souci de clarification, nous puissions
faire en sorte que, sous l'appellation onusienne, la totalité des membres soient des membres
votants de façon à ce qu'on n'ait pas un sentiment de supériorité ou d'infériorité par rapport à
l'un ou par rapport à l'autre. Je pense que les choses mériteraient, notamment pour le Portugal,
notamment pour notre ami M. Memeti, notamment pour la Jordanie, de pouvoir avoir un
débat. S'il s'agit d'une lecture purement géographique, ça poserait un certain nombre de
problèmes, notamment par rapport à des membres présents. Je vous le dis parce que nous
avons trois cas : l'Andorre, M. Memeti, le Portugal qui n'est pas en contact avec la
Méditerranée, la Mauritanie, la Serbie et la Jordanie. Est-ce que l'on fait cette division
purement géographique? A ce moment là, quelles cartes on retient? M. Mugica veut
intervenir. Allez-y.
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG,
Défenseur du Peuple de l’Espagne
Le problème est si la Péninsule Ibérique appartient à la Méditerranée. Nous parlons de
l'Espagne, du Portugal et bien sûr de l'Andorre, les trois pays qui constituent la Péninsule
Ibérique. Sur le plan géographique et historique, elles ont des liens avec la Méditerranée.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
138
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Très bien. Et les Balkans aussi alors.
Monsieur Moussa SALAHELDIN,
Directeur de Département, Commission indépendante palestinienne pour les droits
de l’Homme
En ce qui concerne les remarques qui ont été faites, nous n'avons pas reçu ce
questionnaire, autant que je sache. Nous sommes déjà membre à part entière au CPI, parce
que nous remplissons plusieurs critères dont les critères de Paris. En ce qui concerne
l'Autorité Palestinienne et sa relation avec la bande de Gaza, nous sommes une autorité
indépendante et nous sommes objectifs. Selon les statuts, nous travaillons en vertu du décret
Présidentiel qui fonda notre institution. Il existe une distinction idéologique entre la
Cisjordanie et la bande de Gaza, mais cette question ne nous concerne pas. Nous poursuivons
nos activités. C'est pourquoi je vous demande de nous envoyer sans retard le questionnaire.
S'agissant de l'occupation, il s'agit là de question d'ordre politique. Nous traitons des droits de
l'Homme et, en tant qu'institution palestinienne, on se demande si on remplit notre mission.
La question est oui. L'occupation empêche la mise en œuvre de notre mission, mais nous
poursuivrons nos efforts pour mener à bien notre mission. Dès lors, nous vous prions, une fois
de plus, de bien vouloir nous envoyer ce questionnaire, si nos remarques sont acceptées.
Merci beaucoup.
Alfredo José de SOUSA,
Ombudsman, Provedor de Justiça du Portugal
Merci, monsieur le Président. Quant au cas du Portugal, je suis d'accord avec les
arguments de mon ami Mugica de l'Espagne, mais je demande : qu'est-ce qu'on veut dire par
« mediterranean area » ?
C'est la mer ou c'est la région? Si c'est la mer, je peux dire qu'au sud du Portugal, à
l'Algarve, la Méditerranée fait sentir son influence, parce qu'il y a un décalage de degré, de la
température de l'eau au sud du Portugal, à cause de la Méditerranée. Alors l'eau de la
Méditerranée qui va en Espagne, c'est la même qui va au sud du Portugal. Alors, je crois que
nous avons des arguments suffisants pour considérer le Portugal comme un membre à part
entière de la région Méditerranéenne. Merci.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
139
Monsieur Joseph SAID PULLICINO,
Ombudsman de Malte
e pense qu'il ne doit pas y avoir d'objection d'avoir des pays non Méditerranéens dans
notre Association, du moment où leur contribution est positive. Il ne faut pas oublier les
objectifs de l'Association qui sont précis. Lorsque nous avons des contributions pertinentes,
elles sont les bienvenues.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Je suis en faveur de la proposition de notre Secrétaire général d'être inclusifs et pas
exclusifs. Je voudrais mettre l'accent, pour ce qui me concerne, sur la question qu'on doit
insister sur les dénominations adoptées par l'ONU, parce que vous savez qu'il y a ce problème
difficile entre mon pays et l'ARYM, c'est la question du nom de ce pays. J'espère que nous
allons trouver une solution dans un futur prochain. Moi, avec Ixhet Memeti, nous avons des
relations personnelles et institutionnelles dans un climat très bon. Il y a beaucoup d'années
que nous travaillons ensemble dans le cadre du projet onusien, mais pour ne pas avoir de
problèmes avec nos ministères des Relations Extérieures respectifs, j'insiste qu'on doit rester
sur la dénomination adoptée par l'ONU et Ixhet Memeti est tout à fait d'accord.
Président
La parole à M. Abdelilah Kurdi, de la Jordanie.
Monsieur Abdelilah KURDI,
Ombudsman de Jordanie
Excellences, monsieur le Président et monsieur le Secrétaire général, chers collègues,
l'Institution de l'Ombudsman en Jordanie est une institution récente et nous espérons qu'il y
aura une collaboration avec votre Association au profit des citoyens de l'ensemble de la région
où nous vivons, car nous pensons que c'est à travers le dialogue que nous pouvons enrichir
nos connaissances. Cette troisième rencontre à laquelle nous avons assisté, a été très positive
quant à ce qu'elle peut offrir à nous qui sommes une nouvelle institution en profitant des
expériences et des connaissances de cette Association grâce à notre participation à cette
Association, aux échanges avec tous nos frères et collègues. C'est dans cette optique que nous
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
140
avons répondu à votre aimable invitation, l'invitation du professeur Kaminis, Ombudsman de
la Grèce. Nous voulons vous faire part de notre volonté de collaborer avec vous et avec tous
ceux qui sont ici présents. L'Institution de l'Ombudsman en Jordanie est entrée en contact
avec les différents Ombudsmans en Europe. Nous avons envoyé notre acte fondateur et nous
vous demandons de nous accueillir, en tant que membre à part entière, dans l'Association des
Ombudsmans de la Méditerranée. Nous attendons avec impatience un échange de points de
vue et un dialogue entre nous. Ce partenariat contribuera au développement de l'institution de
l'Ombudsman en bénéficiant de vos longues expériences. Je tiens à vous remercier
chaleureusement et je demande à son excellence le Président Iraki, au Secrétaire général Jean-
Paul et à cher M. Kaminis de bien vouloir accepter nos remerciements et notre reconnaissance
pour tout ce que vous avez fait dans le cadre de l'Association.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Monsieur le Président, puis-je soumettre à l'Assemblée, dans l'esprit de ce qu'a dit notre
collègue de Malte, avec l'approbation de notre ami Yorgos, après l'intervention de notre
collègue jordanien, ce qui est important c'est l'esprit de notre Association et donc de vous
proposer que sous l'appellation onusienne, l'ensemble des membres actuellement présents
puissent être considérés comme membres votants, n'étant considérés comme observateurs que
les représentants des Nations Unies, de la Ligue arabe et de l'Union Européenne.
Monsieur Memeti veut intervenir.
Monsieur Ixhet MEMETI,
Médiateur de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine
Je pense que la conclusion du Président de cette séance est tout à fait en conformité avec
les objectifs de cette Association. L'ampleur de l'inclusion de nouveaux pays mène vers la
réalisation de ses objectifs. Dans l'avenir, j'espère que nous allons nous occuper moins des
affaires qui ne relèvent pas des compétences des institutions de l'ombudsman et du médiateur
et que nous allons jouer un rôle plus important dans nos sociétés, dans nos pays et même dans
un contexte plus large. C'est pourquoi je voudrais saluer de nouveau la conclusion du
Président de cette séance. C'est la seule façon pour avancer, pour faire du progrès. Merci.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Est-ce que l'on est d'accord avec cette proposition que l'ensemble des membres sous
appellation onusienne soient membres votants? On est d'accord.
Président
Ainsi nous pouvons dire que l'Assemblée Générale n'a aucune objection d'accorder la
qualité de membre votant à tous les membres présents à l'Assemblée. Si vous me le permettez,
je donnerai la parole au Secrétaire général qui traitera du dernier point à l'ordre du jour.
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Je propose que la résolution finale soit prononcée par le Vice-président M.Enrique
Mugica.
Monsieur Enrique MÚGICA HERZOG,
Défenseur du Peuple de l’Espagne
J'aimerai proposer à cette troisième rencontre la résolution suivante. Je pense que vous
l'avez tous. Non, elle n'existe pas. Je vous en donnerai lecture en espagnol :
1. La troisième rencontre de l'Association des Ombudsmans de la Méditerranée qui s'est
tenue à Athènes, les 14 et 15 décembre 2009, sur le thème « Transparence dans les services
publics : quel rôle pour l'Ombudsman? » a été organisée par l'Ombudsman de Grèce, en
coopération avec le Président de l'AOM, Wali Al Madhalim du Maroc, le premier Vice-
président de l'AOM, le Défenseur du Peuple Espagnol et le Secrétaire général de l'AOM, le
Médiateur de la République française.
Ont pris part à cette troisième rencontre 24 institutions de médiation du bassin
Méditerranéen, ainsi que des représentants de l'Organisation des Nations Unies (Haut-
commissariat pour les droits de l'Homme), de la Ligue des Etats arabes et de l'Union
Européenne.
2. Les institutions de la médiation de la Méditerranée ont exprimé leur gratitude à
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
142
l'Ombudsman de Grèce et à ses équipes pour l'excellente organisation des travaux et la
chaleureuse hospitalité de leurs hôtes grecs.
3.Après les exposés introductifs sur la crise des valeurs et sur les pouvoirs d'enquête
fondamentaux des Institutions de Médiation en Europe, les participants ont traité de trois sous
thèmes : l'accès aux documents administratifs, l'accès aux lieux privatifs de liberté et la lutte
contre la corruption.
A l'issue de l'Assemblée Générale, l'AOM décide :
A la suite de la déclaration de la représentante du Haut-commissariat pour les droits de
l'Homme, de développer sa coopération avec l'ONU avec le triple objectif :
* d'inviter les institutions de défense des droits du peuple et de médiation de faire
partie du réseau des institutions de promotion et de protection des droits de l'Homme,
si elles ne l'ont pas encore fait ;
* d'encourager leurs Etats respectifs à signer et ratifier les instruments
internationaux relatifs à la privation de libertés, y compris ceux qui concernent les
mécanismes de protection contre la torture ;
* de s'engager à prendre en compte, dans les travaux des institutions de
médiation, de ces normes internationales, tout comme celles relatives aux droits de
l'Homme.
De tenir la prochaine rencontre de l'AOM en Espagne, et répondre favorablement à
l'invitation faite par le Défenseur du Peuple.
De consacrer une prochaine étude aux institutions du sud de la Méditerranée.
Voilà ce qui a été dit le 15 décembre 2009. Etes-vous d'accord? Très bien. Merci.
Alfredo José de SOUSA,
Ombudsman, Provedor de Justiça du Portugal
Une précision : consacrer une prochaine étude aux institutions du sud de la région
Méditerranéenne.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
143
Monsieur Jean-Paul DELEVOYE,
Médiateur de la République française
Le Premier ministre a demandé à Yorgos de présenter, en Conseil des ministres les
observations qu'il formulait sur le dysfonctionnement des administrations grecques. On voit
bien la crédibilité de l'institution et la reconnaissance par les pouvoirs politiques. Je pense que
Yorgos pourra être un élément très important de la réflexion de cette articulation entre le
gouvernement et l'institution Ombudsman à un moment où hier le Premier ministre grec a
annoncé des décisions extrêmement difficiles pour le redressement des finances publiques
dans votre pays. En tout cas, je voudrais vraiment remercier Yorgos. Le symbole d'Athènes
était important. Vous savez que Zeus, lorsqu'il a demandé à son fils de doter la terre
d'animaux, s'est rendu compte que ce fils avait tout donné aux animaux : la force, la vitesse, la
puissance et qu'il ne restait rien pour l'Homme qui était l'élément le plus faible de la nature et
il a chargé son autre fils de lui donner la sagesse. Je pense que c'est un bon symbole que nos
pouvoirs politiques qui ont la puissance, puissent donner à leur peuple la sagesse au travers
des institutions Ombudsman.
Monsieur Yorgos KAMINIS,
Ombudsman de Grèce
Merci beaucoup pour tes bonnes paroles Jean-Paul. Je voudrais féliciter aussi l'équipe
organisatrice qui n'a pas été composée uniquement par les membres du bureau de
l'Ombudsman grec, mais aussi par des membres du bureau du Médiateur de la République
française et le personnel qui est venu du Maroc pour nous aider. Elles sont là. Elles ont fait un
travail formidable. J'aimerais aussi remercier nos interprètes. Je remercie l'Espagne aussi et la
prochaine fois à Madrid.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
144
IV. Etude de Gérard Fellous sur les conditions d’adhésion de l’association
Association des Ombudsmans de la Méditerranée
LES INSTITUTIONS DE MEDIATION
DE L’ESPACE MEDITERRANEEN
Etude complémentaire comparative
sur la typologie des Institutions du Sud
Gérard FELLOUS
Juin 2010
INTRODUCTION
La présente étude complémentaire donne suite à l’étude sur « les Institutions de
médiation de l’espace méditerranéen – Typologie et étude comparative. Défenseurs des droits
de l’Homme. Prospectives » inscrite dans le Plan d’action adopté lors de la rencontre de Rabat
(8-10 novembre 2007), et présentée lors de la première rencontre constitutive de l’AOM
(Marseille-France ; 18-19 décembre 2008). Elle a été complétée par une « Etude sur les
critères d’octroi de la qualité de membre » présentée à la rencontre d’Athènes (Grèce - 14-15
décembre 2009).
L’attention est à présent portée sur les Institutions du Sud de l’espace méditerranéen
pour une meilleure connaissance de leur création et de leur développement, en particulier dans
les années 2008-2010. Il est pris en compte que cette région a sa propre identité historique et
culturelle, qui tisse chaque jour des liens plus étroits avec la face nord de la Méditerranée et
avec l’Europe, dans tous les domaines politique, économique, culturel, alors que des tensions
persistent dans sa partie orientale.
Au cours des trois dernières années, l’AOM s’est avérée être un forum apaisé à l’abri des
conflits, véritable pont entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe sur des questions fondamentales
telles que les droits de l’Homme et la médiation pour les populations civiles, foyer d’entente
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
145
et de coopération. Dans cette perspective, il était très important de mieux connaître les
Institutions de médiation du Sud de cet espace commun.
METHODOLOGIE
Nous utiliserons pour la présente étude les réponses à un questionnaire complémentaire
de 12 items que nous avons adressé début mars 2010 à 9 Institutions du Sud de l’espace
méditerranéen à savoir :
** ALGERIE : Commission nationale consultative pour la promotion et la protection
des droits de l’Homme (sans réponse) ;
** AUTORITE PALESTINENNE : Palestinian Independent Commission for Human
Rights;
** EGYPTE : Conseil national des droits de l’Homme ;
** ISRAEL : Office of the State Comptroller and Ombudsman;
** JORDANIE : Ombudsman Bureau;
** LIBAN : [Centre professionnel de médiation]
** MAROC : Diwan Al Madhalim;
** TUNISIE : Médiateur administratif de Tunisie ;
** MAURITANIE : Médiateur de la République islamique de Mauritanie (sans
réponse).
Soulignons que cinq de ces institutions (Maroc ; Egypte ; Palestine (Autorité) ; Israël et
Tunisie) sont membres du Conseil d’administration de l’AOM.
Les réponses reçues nous ont permis de mettre à jour le questionnaire de 2008 comptant
35 items et portant sur l’ensemble des membres de l’AOM.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
146
La présente étude porte plus spécifiquement sur 8 thèmes :
1—L’indépendance de l’Institution : création et statut ;
2—Le statut de l’Ombudsman/Médiateur ;
3—Le rôle de l’Institution dans la protection des droits de l’Homme ;
4—Le champ de compétence de l’Institution : la nature des plaintes reçues ;
5—Les pouvoirs de propositions législatives et de recommandations ;
6—Les évolutions du nombre de plaintes reçues, et de dossiers résolus entre 2007 et
2009 ;
7—La nature des plaintes reçues ;
8—Les rapports d’activités, et la transparence des travaux de l’Institution.
Nous excluons de nos préoccupations toute idée de classement quelconque des
Institutions étudiées, de constituer un sous-groupe régional, et encore moins d’établir une
comparaison avec leurs homologues du Nord.
Au-delà de leurs spécificités, inhérentes en particulier aux traditions juridiques
différentes des pays (droit romain, Common Law ou droit islamique), ces Institutions du Sud
font partie de la même famille régionale méditerranéenne qui s’est constituée avec l’AOM.
Nous chercherons, dans la présente étude, à évaluer leur indépendance - de l’Institution elle-
même et de son titulaire ; à préciser leur attachement aux droits de l’Homme, et à mesurer
l’effectivité de leur action au travers de différents paramètres.
1 : Indépendance de l’Institution : création et statut
L’AOM a accueilli en son sein, au cours des derniers mois, un nouveau partenaire créé
en Jordanie : le Bureau de l’Ombudsman, que nous félicitons.
Dans le même temps, on a enregistré la mise en veilleuse, provisoire, de l’Institution de
médiation de la Mauritanie, pays qui est traditionnellement rattaché à l’espace méditerranéen.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
147
Un nouveau médiateur a été nommé par décret de la Présidence de la République le 20 mai
2010.
On remarquera que deux pays du Sud, la Libye et la Syrie ne se sont pas encore dotés
d’une Institution de médiation.
Le cas du Liban est quelque peu particulier puisque bien qu’une loi sur le Médiateur de
la République ait été adoptée par la Chambre des députés le 4 février 2005, cette Institution
n’a toujours pas de titulaire. L’interlocuteur de l’AOM au Liban demeure donc le Centre
professionnel de médiation de l’Université Saint-Joseph (USJ). Celui-ci a annoncé que le
Président de la République libanaise vient de prendre publiquement l’engagement que l’une
de ses priorités après les élections municipales de mai 2010, serait de travailler sur le projet de
création de cette Institution. L’AOM, représentée par son Président et par son Secrétaire
général, a du reste participé, en novembre 2009 à Beyrouth, à un colloque organisé par l’USJ
sur le thème : « Médiateur de la République : protecteur du citoyen ».
La création des sept Institutions du Sud s’est étalée au cours des 40 dernières années, la
plus ancienne étant celle d’Israël (1971) et la plus récente, celle de Jordanie (2008). Entre, se
situent : Tunisie (1992), Autorité palestinienne (1993), Algérie et Maroc (2001), Egypte
(2004).
Sachant que l’un des critères de l’indépendance et de la pérennité de l’institution réside
dans la nature de son texte constitutif, on relèvera que trois d’entre elles ont été créées par
décret royal – Maroc (Dahir) – ou présidentiel – Algérie et Autorité palestinienne. La majorité
des institutions du Sud ont été créées par la loi : Tunisie (loi organique), Egypte, Jordanie et
Liban. Une seule des institutions – Israël – est inscrite dans la constitution, ou ce qui en tient
lieu. Paradoxalement, c’est dans ce dernier cas que les changements ont été les plus fréquents,
avec 12 modifications au cours des dernières années. Mis à part pour l’Autorité palestinienne,
la stabilité semble être globalement très satisfaisante.
Enfin, tous les textes constitutifs précisent bien que l’institution créée est indépendante.
Aucune d’entre elles n’est de nature administrative, législative ou judiciaire.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
148
2 : Statut du Médiateur
Les modalités de nomination de l’Ombudsman participent également de son
indépendance.
Pour la majorité d’entre eux, ils sont nommés par le chef de l’Etat : Maroc (le roi),
l’Algérie et la Tunisie (le président de la République). Deux d’entre eux sont nommés par le
Gouvernement, c’est le cas de la Jordanie et du Liban (prévu par la loi constitutive).
L’Autorité palestinienne offre la particularité de voir les membres du conseil élire leur
Président. Enfin, pour deux institutions, celles d’Egypte et d’Israël, le titulaire est élu par le
Parlement.
La durée du mandat est variable, allant de 7 ans (mais non renouvelable) pour Israël, à 3
ans (non renouvelable) pour le Liban ; renouvelable une fois, pour la Jordanie ; et
renouvelable sans précision pour l’Algérie. Pour la Tunisie, la durée du mandat est de 5 ans
renouvelable ; pour le Maroc, de 6 ans, également renouvelable. La durée du mandat du
Président de la Commission palestinienne n’est pas définie. Concernant le Conseil égyptien
des droits de l’Homme, le mandat de son président est de trois ans.
Sur le caractère révocable du mandat en cours d’exécution, il est précisé : pour le Maroc
(dans le Dahir) que la fonction du Médiateur n’est pas révocable, de même qu’en Egypte et en
Tunisie. Israël prévoit qu’il peut être mis fin à la fonction par une décision des ¾ du
Parlement, et le Liban prévoit un tel renvoi en cours de mandat, mais sans en préciser les
modalités.
Enfin une clause d’immunité accordée au Médiateur, ou des dispositions
d’incompatibilité avec d’autres fonctions peuvent être prévues. L’immunité est clairement
accordée pour les médiateurs de Jordanie, du Liban et de Tunisie. Mais cette immunité n’est
pas prévue pour ceux d’Israël et du Maroc. Il n’est rien dit pour les autres institutions.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
149
De manière générale, nous pouvons dire que le statut des médiateurs est satisfaisant, car
stable et peu enclin à des modifications arbitraires. Il est placé sous la protection
internationale, qu’il s’agisse des Nations unies ou d’organismes régionaux comme l’AOM.
3 : Rôle de l’Institution dans la protection des droits de l’Homme
Nous souhaitons dans cette étude complémentaire évaluer le degré d’engagement des
Institutions du Sud en matière de droits de l’Homme.
Soulignons que 3 Institutions - celles d’Algérie, d’Egypte et de l’Autorité palestinienne -
font également partie du réseau des Institutions nationales de promotion et de protection des
droits de l’Homme (INDH) relié au Haut commissaire pour les droits de l’Homme des
Nations unies. Ces institutions ont pour principale fonction la défense des droits de l’Homme,
mais peuvent également, conformément aux « Principes de Paris » contenus dans une
résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, jouer un rôle de médiateur avec la population
et traiter des plaintes individuelles, comme c’est le cas pour les institutions d’Espagne ou du
Portugal, alors que pour le Maroc, la Tunisie ou la France, il existe deux institutions
distinctes. Une Institution, celle de Tunisie, déclare que les droits de l’Homme constituent sa
principale fonction.
Trois institutions, celles d’Israël, de Jordanie et du Maroc déclarent que la protection des
droits de l’Homme occupe une « fonction importante » dans leur rôle. Enfin, la loi
constitutive du médiateur du Liban ne fait aucune mention aux droits de l’Homme.
On peut considérer que la place que tiennent les droits de l’Homme dans l’action des
institutions du Sud que nous considérons aujourd’hui est très importante. De ce fait, ces
Institutions deviennent un rouage fondamental dans l’instauration de l’Etat de droit et la
démocratie dans ces pays, qu’il faut soutenir et encourager.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
150
4 : Le champ de compétence des Institutions : nature des plaintes
Nous avons sélectionné 14 domaines dans lesquels une Institution a la faculté ou non de
recevoir des plaintes et d’intervenir. Les réponses indiquent que certaines d’entre elles ont un
vaste champ de compétence et d’autres moins.
*Concernant les administrations centrales et régionales la quasi-totalité des Institutions
peuvent intervenir, à l’exclusion de la Commission palestinienne.
*Concernant les services publics, comme par exemple les hôpitaux, toutes les
Institutions ont compétence pour intervenir. L’Institution tunisienne y ajoute l’assurance
maladie et la sécurité sociale.
*Le domaine des lieux de détention (prisons) est plus restreint : 4 institutions peuvent y
intervenir : Egypte, Israël, Jordanie, Palestine.
*Pour les plaintes portant sur les droits de l’Homme, les droits des enfants ou les
discriminations, l’institution marocaine n’a pas pouvoir d’intervention.
*Pour les questions relevant de l’informatique et de l’utilisation de l’internet, seule
l’Institution israélienne a compétence de recevoir des plaintes.
*Les plaintes portant sur l’administration de la justice sont recevables par toutes les
Institutions.
*Les Institutions d’Egypte, d’Israël, de Jordanie, du Maroc et de Palestine peuvent
recevoir des plaintes mettant en cause les forces de police. Mais pour ce qui est de la sécurité,
le Diwan Al Madhalim ne peut intervenir, tandis que pour les plaintes concernant l’armée,
l’Ombudsman israélien n’a pas compétence, de même que ceux d’Egypte de Tunisie.
*Enfin, aucune des Institutions n’est habilitée à examiner des plaintes contre le chef de
l’Etat. Pour les entités privées, seules les institutions égyptienne et tunisienne ont faculté
d’intervention.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
151
5 : Pouvoirs de propositions législatives et de recommandations
Aucune des Institutions considérées n’est empêchée de faire des propositions ou
recommandations à la lumière des plaintes et réclamations reçues, afin d’améliorer les
relations avec les usagers et citoyens.
La majorité d’entre elles soumet ces propositions et recommandations au
Gouvernement : Egypte, Israël, Jordanie, Maroc, Palestine, Tunisie.
Les Institutions d’Algérie, de Tunisie et de Palestine adressent ces propositions au chef
de l’Etat. Celles d’Egypte, de Jordanie et de Palestine, également au Parlement. En plus
d’adresser ses recommandations au gouvernement, l’Ombudsman d’Israël les adresse aux
organes de contrôle. Diwan Al Madhalim du Maroc présente ses propositions au Premier
ministre.
6 : Evolutions des plaintes reçues / résolues – 2007-2009
Mis à part le Bureau de l’Ombudsman de Jordanie qui a commencé à recevoir des
plaintes au 1er Février 2009, et qui n’a donc pas produit de statistiques évolutives, 3
Institutions seulement ont donné des précisions sur l’évolution des plaintes reçues entre 2008
et 2009 : le Diwan Al Madhalim marocain qui fait état d’une diminution de 20 % des plaintes
reçues ; tandis que l’Ombudsman d’Israël enregistre un accroissement de 20%. La
Commission indépendante palestinienne fait état d’un nombre de plaintes en croissance durant
la même période ainsi que le Conseil national égyptien. Le Médiateur administratif de Tunisie
indique sur son site un accroissement du nombre des plaintes reçues entre 2007 et 2008
(domaines du social, des affaires administratives et économiques), mais ne publie rien sur
l’année 2009.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
152
Quant au nombre de plaintes résolues, l’Institution du Maroc indique une situation
stationnaire entre 2008 et 2009, particulièrement concernant les dossiers à caractère
administratif et financier. La Commission palestinienne enregistre également un même
nombre de dossiers résolu durant la même période. Pour sa part, l’Ombudsman israélien
enregistre un accroissement du nombre des cas résolus entre 2008 et 2009, de même que le
Conseil d’Egypte et le Médiateur de Tunisie un accroissement entre 2007 et 2008.
L’activité d’une Institution de médiation dépend moins du nombre absolu de
réclamations reçues et traitées, que des évolutions d’une année sur l’autre. Il est
communément admis qu’un travail dynamique de l’Institution, une bonne implantation dans
le pays, une excellente accessibilité et une certaine transparence devraient entraîner des
progressions de ces statistiques, sauf à croire que l’ensemble des citoyens ne prêtent plus
crédit à l’Institution ou que les administrations sont particulièrement vertueuses.
7 : Nature des plaintes reçues
Peu d’informations nous sont parvenues sur la nature des plaintes reçues entre 2007 et
2009. Néanmoins, les plaintes reçues par le Conseil national égyptien portent sur le social et
la justice. Le Diwan Al Madhalim marocain précise qu’elles se concentrent sur les
domaines suivants : les expropriations, la non-exécution des jugements, les situations
administratives, le relogement dans le cadre de la lutte contre l’habitat régulier, les
couvertures sociales, les affaires générales et les questions financières et de fiscalité.
La Commission palestinienne a reçu une majorité de plaintes portant sur des violations
des droits politiques et civils, ainsi que sur l’administration de la justice.
Pour les premières plaintes reçues par l’Ombudsman jordanien, il semble qu’elles
portent principalement sur le service civil.
L’Ombudsman israélien déclare recevoir des plaintes portant sur un large spectre allant
du social aux transports, en passant par l’administration de la justice, les affaires générales ou
les questions financières et de fiscalité.
Le Médiateur administratif de Tunisie fait état de plaintes reçues dans tous les domaines,
ajoutant celles relatives aux affaires économiques, à l’environnement et aux douanes.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
153
8 : Rapports d’activité / Transparence
Rappelons que l’obligation d’établir un rapport sur le bilan d’activité est
particulièrement importante, car elle constitue un élément révélant que l’institution est
effective, active et accessible, qu’elle possède des moyens humains, techniques et financiers
pour accomplir sa tâche et qu’elle est indépendante. Ce rapport est d’autant plus important
qu’il permet d’évaluer l’impact de l’action du Médiateur auprès du public. De plus, le fait
qu’il soit rendu public avec plus ou moins d’ampleur est significatif du lien tissé avec la
population.
A l’exception de l’Institution jordanienne qui n’a pas encore remis son premier rapport,
et de celle du Liban qui n’est pas encore effective, l’ensemble des Institution du sud de la
méditerranée ont remis l’année dernière un rapport d’activité qui atteste ainsi de la vitalité de
leur fonctionnement.
Quatre d’entre elles ont remis leur rapport annuel au chef de l’Etat : Maroc (au roi),
Algérie, Egypte, Palestine. La Tunisie n’a toujours pas remis son rapport 2009 au président de
la République, prévu au mois de juin 2010. Mais la Commission égyptienne, celle de
Palestine de même que le Médiateur tunisien remettent également ce rapport à leur Parlement.
L’Ombudsman israélien remet son rapport annuel uniquement au Parlement (Knesset),
alors que celui de Jordanie remet le sien au Parlement, mais aussi au Conseil des ministres. Le
médiateur tunisien remet son rapport au Premier ministre, en plus du Parlement et du
Président, de même que la Commission palestinienne.
Dans certains cas, la représentation nationale met en débat le rapport soumis, afin qu’il
lui soit donné le maximum de suites et de visibilité.
En effet, la diffusion de ce rapport d’activités est aussi un signe de transparence des
travaux de l’Institution de médiation, surtout lorsqu’il est rendu public. C’est en particulier le
cas pour les institutions d’Egypte, d’Israël et de l’Autorité palestinienne qui ont rendu public
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
154
leur dernier rapport 2009. L’institution marocaine indique que cette procédure est en cours,
alors que pour celle de Tunisie, le rapport ne peut être rendu public qu’après accord du
président de la République, et souvent dans une version expurgée. Enfin, il restera à confirmer
que l’Ombudsman jordanien rendra public son prochain rapport d’activité, après l’avoir remis
au Parlement.
Dans le domaine des changements enregistrés depuis 2008, signalons, outre la mise en
place de l’Ombudsman jordanien qui attend de l’AOM assistance et coopération ; des
extensions d’activités en dehors des capitales, des institutions d’Egypte, d’Israël et du Maroc,
qui viennent de créer des délégations régionales.
Conclusion
Cette étude complémentaire donnant un coup de projecteur sur les Institutions
partenaires du sud de l’espace méditerranéen montre à nouveau qu’elles font bien partie
intégrante de la « famille », qu’elles répondent aux mêmes critères et remplissent des rôles
similaires. Elle montre généralement leur attachement commun à la promotion et à la
protection des droits de l’Homme, et leur ferme volonté d’œuvrer pour une relation apaisée
entre l’Etat, les administrations et les citoyens.
Ces Institutions du Sud souhaitent toutes que, dans le cadre de l’AOM, soit élargi le
champ de partenariat Nord-Sud. Il s’agit alors de partager les expériences réussies, de faire
profiter des avancées enregistrées ici et là, des techniques et progrès de gestion nouveaux. La
volonté est de mettre en commun les compétences, mais aussi d’étudier et d’analyser des
questions d’intérêt commun, peut être en se rencontrant plus souvent au cours de programmes
multilatéraux ou bilatéraux pour des programmes de soutien et d’échanges profitables à tous.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
155
ANNEXE 1 – LISTE DES INSTITUTIONS ETUDIEES
Algérie
Commission nationale consultative pour la
promotion et la protection des droits de l’Homme
M. Abdelouahab MERDJANA (Secrétaire général)
Egypte
Commission nationale des droits de l’Homme
M. Boutros BOUTROS-GHALI (Président)
Israël
State Comptroller & Ombudsman
Juge Micha LINDENSTRAUSS
Jordanie
Ombudsman Bureau
M. Abdelilah Moh’d Ali KURDI
Liban
[Centre professionnel de médiation- USJ]
Mme. Johanna HAWARI BOURGELY
Maroc
Diwan Al Madhalim
M. Moulay Mhamed IRAKI
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Palestine (Autorité)
Palestinian independant Commission
for Citizen’s rights
Dr. Mamdouh AKER
Tunisie
Médiateur administratif
Mme Saïda RAHMOUNI
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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ANNEXE 2 – QUESTIONNAIRE COMPLEMENTAIRE 2010
ADRESSE A L’ENSEMBLE DES INSTITUTIONS DE L’AOM
*1 : Votre Institution fait-elle partie des autorités… ?
- législatives ;
- administratives ;
- judiciaires ;
- indépendantes.
*2 : Le Médiateur (Ombudsman) est-il nommé par … ? (cochez la réponse positive)
- le Parlement ;
- le chef de l’Etat ;
- le chef de l’Etat sur proposition du parlement ;
- le Gouvernement ;
- autre. (précisez)
Quelle est la durée de son mandat ?
Est-il renouvelable ?
Est-il protégé par une immunité ?
Peut-il être démis de ses fonctions durant son mandat ?
*3 : La protection des droits de l’Homme entre-t-elle dans les attributions de votre
Institution comme… ? (cochez la bonne réponse)
- principale fonction ;
- fonction importante ;
- préoccupation secondaire ;
- en dehors de vos fonctions.
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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*4 : Votre Institution peut recevoir des plaintes portant sur : (cochez les réponses
positives)
- les administrations centrales ;
- les autorités locales (décentralisées) ;
- les services publics ;
- les lieux de privation de liberté (prisons…)
- les enfants ;
- les droits de l’Homme ;
- les discriminations (ethniques, raciales, genre...)
- les fichiers informatisés ;
- l’administration de la justice ;
- les forces de police ;
- les services de sécurité ;
- l’armée ;
- le chef de l’Etat ;
- les entités privées ;
- autres… (précisez)
*Depuis 2008, votre champ de compétence a-t-il été élargi à de nouveaux domaines ?
Lesquels ?
*5 : Votre Institution peut-elle faire des recommandations, propositions au…
- Parlement
- Gouvernement
- chef de l’Etat
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
159
- autres...
*6 : Le nombre de plaintes reçues entre 2007 et 2009 est-il … ? (précisez le
pourcentage)
- en augmentation ;
- stationnaire ;
- en diminution.
*7 : En 2009, les plaintes ont porté sur … (Cochez les bonnes réponses et ajoutez le
pourcentage)
- le social ;
- la justice ;
- les affaires générales ;
- les questions financières et de fiscalité ;
- les transports,
- autres …
*8 : Le nombre de médiations résolues (entre 2008 et 2009) est-il ... ? (précisez le
pourcentage)
- en augmentation ;
- stationnaire ;
- en diminution.
* Dans quels domaines ?
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
160
*9 : Votre Institution a-t-elle produit un rapport d’activité en 2009 ?
A qui a-t-il été remis ?
A-t-il été rendu public aussitôt ?
*10 : Y a-t-il eu des changements dans votre Institution depuis 2008, date du précédent
questionnaire ?
*11 : Avez-vous des demandes d’assistance, de coopération ou de conseils à faire à
l’AOM ?
*12 : Commentaires libres : ………….
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
161
V. Annexes
Troisième Rencontre de l’Association des Ombudsmans de la Méditerranée (AOM)
“TRANSPARENCE DANS LES SERVICES PUBLICS: QUEL ROLE POUR L’OMBUDSMAN?”
14-15 Décembre 2009 à Athènes
- Arrivée des participants à Athènes
17h15 Visite touristique optionnelle (Visite guidée dans le centre
historique d’Athènes ou visite du nouveau musée Acropolis d’Athènes)
- Soirée libre
9h00 Rendez-vous dans le hall des hôtels ROYAL OLYMPIC et
ATHENS GATE – transfert au Zappeion Megaron (à pied ou en bus)
9h15 Accueil au Zappeion Megaron
9h30 – 10h50 : Cérémonie d’ouverture
Loannis RAGOUSIS, Ministre de l’Intérieur, de la
Décentralisation et de l’E-Gouvernance
Prof. Yorgos KAMINIS, Ombudsman de Grèce
Moulay M’hamed IRAKI, Président de l’AOM
M. Enrique MÚGICA HERZOG, premier Vice-président de
l’AOM
Jean-Paul DELEVOYE, Secrétaire général de l’AOM
Dimanche 13 Décembre 2009
Lundi 14 Décembre 2009
Programme
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Afarin SHAHIDZADEH, représentante du Haut
Commissariat des droits de l'Homme des Nations Unies
Mahmoud GHALEB, représentant de la Ligue des Etats
arabes
10h50 – 11h10 :Pause Café
11h10 – 11h50 : « La Crise des valeurs »
Par Álvaro Gil-Robles, ancien Commissaire aux droits de l'Homme
du Conseil de l'Europe, ancien défenseur du Peuple de l’Espagne
11h50 – 12h30 : Les Institutions de Médiation en Europe – Quels sont les pouvoirs
d’enquête fondamentaux ?
Par le Prof. d’université Dr. Gabriele Kucsko-Stadlmayer,
Département de droit constitutionnel et administratif, Université de
Vienne
12h30 – 14h00 : Déjeuner au Zappeion
14h00 – 15h45 : Première table ronde: Accès aux documents administratifs
Président: Prof. Yorgos KAMINIS, Ombudsman grec
Intervenant 1: Prof. Calliopi Spanou, Médiateur adjoint au
Bureau de l’Ombudsman grec
Intervenant 2 : Ian HARDEN, Secrétaire général du
Médiateur européen
Débat
Mohamed Benyahya, Conseiller du Wali Al Madhalim
du Royaume du Maroc
15h45 – 16h00 : Pause café
16h15 – 18h15 : Deuxième table ronde : Accès aux lieux de privation de liberté
Président: Jean-Paul DELEVOYE, Médiateur de la
République française
Intervenant 1 : Jose DE SOUSA, Ombudsman du Portugal
Intervenant 2 : Ermir DOBJANI, Avocat du peuple d’Albanie
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Débats :
Ixhet MEMETI, Ombudsman d’ARYM (Ancienne
République yougoslave de Macédoine)
Marijana LAKOVIC, Ombudsman adjoint du
Monténégro
Johanna HAWARI BOURGELY, Directrice du Centre
professionnel de Médiation de l’Université Saint-Joseph au
Liban
18h15 Transfert aux hôtels ROYAL OLYMPIC et ATHENS GATE (à pied)
Temps libre.
20h00 – 22h00 : Dîner formel au ROYAL OLYMPIC HOTEL
Mardi 15 Décembre 2009
8h45 Rendez-vous dans le hall des hôtels ROYAL OLYMPIC et
ATHENS GATE– transfert au Zappeion Megaron (à pied ou en bus)
09h00 – 11h00 : Troisième table ronde : Transparence et lutte contre la corruption
Président: M. Enrique MUGICA HERZOG, Défenseur du
peuple espagnol
Intervenant 1 : Moulay M’hamed IRAKI, Wali Al Madhalim
du Royaume du Maroc
Intervenant 2 : Rafael RIBO, Membre de la délégation
espagnole, Défenseur du Peuple de Catalogne
Débats :
Hillel SHAMGAR, Directeur général du bureau du
Contrôleur de l'Etat et Médiateur d'Israël
Markus JAEGER, Chef de la Division du soutien
législatif et des structures nationales des droits de l'Homme,
Mardi 15 Décembre 2009
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Direction générale des droits de l'Homme et des affaires
juridiques, Conseil de l’Europe
Abdelillah Fountir, Conseiller du Wali Al Madhalim du
Royaume du Maroc
11h00 – 11h15 : Pause Café
11h15 – 13h00 : ASSEMBLEE GENERALE
13h00 – 14h00 : Déjeuner au Restaurant Egli du Zappeion
Départ des Participants
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“TRANSPARENCE DANS LES SERVICES PUBLICS: QUEL ROLE POUR L’OMBUDSMAN?”
14-15 Décembre 2009 à Athènes
FonctionParticipantsInstitutions
Ombudsman, avocat du
peupleErmir DOBJANI
Avocat du Peuple
-ALBANIE- Adjoint à l’Ombudsman,
Avocat du peupleRiza PODA
MembreBenhalima
BOUTOUIGA
Commission Nationale
Consultative pour la Promotion
et la Protection des droits de
l'Homme
- ALGERIE-
OmbudsmanMousa
SALAHELDIN
Commission indépendante
palestinienne pour les droits de
l’Homme
-AUTORITE
PALESTINIENNE-
OmbudsmanJurica MALCIC-CROATIE-
Secrétaire GénéraleRosa SARABIA
REBOLLEDORaonador del Ciutadà
-ANDORRE-
MédiateurPere CANTURRI
MONTANYA
ProfesseurGabriele KUCSKO-
STADLMAYER
Université de Vienne
-AUTRICHE-
Liste des Participants
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OmbudsmanLjubomir SANDIC-BOSNIE-
HERZEGOVINE-
Ombudsman,
Commissaire de
l'administration
Eliana NICOLAOU-CHYPRE-
Chef du Département des
droits de l'HommeAristos TSIARTAS
Subinspector de policía-
Escolta Defensor
Andrés REGUILON
MILAN
Defensor del Pueblo
-ESPAGNE-
Conseiller de presseMarta ÁLVAREZ
MONTALVO
Défenseur adjointManuel Ángel
AGUILAR BELDA
Chef de Cabinet du
Défenseur adjoint
José Manuel
SANCHEZ SAUDINOS
Secrétaire généraleMaría del Mar
ESPAÑA MARTI
Chef de CabinetManuel Ángel
GARCÍA VISO
AdjointeMaria Luisa CAVA
DE LLANO
DéfenseurEnrique MÚGICA
HERZOG
Adjoint
Francisco
GUTIERREZ
RODRIGUEZ
Defensor del Pueblo
-Andaluz-
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Directeur Centre EtudesÁlvaro GIL-
ROBLESFundación Valsai
Second AdjointCarlos MORENILLA
JIMENEZ
Síndic de Greuges de la
Comunitat
ValencianaJosé CHOLBI
DéfenseurJosé Pablo RUIZ
ABELLÁNDefensor del Pueblo de la
región
Murcia Adjoint au DéfenseurRaimundo BENZAL
ROMÁN
Médiateur de la
CatalogneRafael RIBÓ
Síndic de Greuges de
CatalunyaConseillerJudith MACAYA
Chargée de mission
Affaires internationales
Stéphanie
CARRERE,
Médiateur de la République
-FRANCE-
Conseiller
CommunicationChristine TENDEL,
Directeur de cabinetChristian LE ROUX
ExpertGérard FELLOUS
Ancienne collaboratriceEliane STRUB,
MédiateurJean-Paul
DELEVOYE
SociologueAnne REVILLARD,Université Paris 13
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Adjoint au Directeur,
Commissaire aux droits de
l'Homme
Markus JAEGERConseil de l'Europe
Secrétaire GénéralIan HARDENUnion Européenne
Conseiller
CommunicationBen HAGARD
Directeur Général, State
Comptroller and Ombudsman
of Israel
Hillel SHAMGAR-ISRAËL-
Ombudsman,Samuele ANIMALI
Ombudsman Regione
Marche
-ITALIE-
PrésidentAbdelilah KURDI,Ombudsman Bureau
-JORDANIE-ConsultantAyman HALASEH
DirectriceJohanna HAWARI
BOURGELY
Centre Professionnel de
Médiation de l'Université Saint-
Joseph
-LIBAN-
MédiateurIxhet MEMETIMédiateur de la République
- ARYM-
(République de
Macédoine)
InterprèteAna BLAZHESKA
Chief Justice Emeritus,Joseph SAID
PULLICINOOmbudsman -MALTE-
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Chargée de missionFatima KERRICH
Diwan Al Madhalim
-MAROC-
Wali Al Madhalim
(Ombudsman)
Moulay Mhamed
IRAKI
ConseillerAbdelillah
FOUNTIR,
ConseillerMohammed
BENYAHYA
Chargée de missionOla NAJAB
Ombudsman adjointeMarijana LAKOVIC-MONTENEGRO-
OmbudsmanAlfredo José de
SOUSA,-PORTUGAL-
Ombudsman adjointeHelena VERA-
CRUZ PINTO
Ombudsman adjointKornelija MARZEL
Ombudsman des droits de
l'Homme
-SLOVENIE-
MembreMonir ABDELNOR
Conseil National des droits
de l’Homme
-Egypte-
PrésidentMehmet Zafer
ÜSKÜL,
Turkish Grand National
Assembly, Human Rights
Inquiry
Comite
-TURQUIE-
OmbudsmanYorgos KAMINIS,Médiateur de la République
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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ConseillerAthina
KOUTROUMANI
hellénique
-GRECE-
Médiateur de la
République
Sghair OULD
M'BARECK-MAURITANIE-
Chef adjoint Section des
institutions nationales et des
mécanismes régionaux,
Afarin
SHAHIDZADEH
Organisation des Nations
Unies
Haut-Commissariat aux
Droits de l'Homme
Directeur des sociétés
civiles et des unions
professionnelles
Mahmoud GHALEBLigue des Etats Arabes
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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Résolution
1 - La troisième rencontre de l’AOM s’est tenue à Athènes (Grèce), les 14 et 15
décembre 2009, sur le thème « Transparence dans les services publics: quel rôle pour
l’ombudsman? » a été organisée par l’Ombudsman de Grèce, en coopération avec le Président
de l’AOM, Wali Al Madhalim du Maroc, le premier Vice-président de l’AOM, le Défenseur
du Peuple Espagnol, et le Secrétaire général de l’AOM, le Médiateur de la République
française.
Ont pris part à cette 3ème rencontre 24 institutions de médiation du bassin méditerranéen,
ainsi que des représentants de l’Organisation des Nations Unies (Haut commissaire pour les
droits de l’Homme), de la Ligue des Etats arabes et du Médiateur européen.
2 - Les institutions de médiation de la Méditerranée ont exprimé leur gratitude à
l’Ombudsman de Grèce et à ses équipes pour l’excellente organisation des travaux et la
chaleureuse hospitalité de leurs hôtes grecs.
3 - Après les exposés introductifs sur la crise des valeurs et sur les pouvoirs d’enquête
fondamentaux des Institutions de Médiation en Europe, les participants ont traité de trois sous
thèmes : l’accès aux documents administratifs, l’accès aux lieux privatifs de liberté et la lutte
contre la corruption.
A l’issue de l’Assemblée générale, l’AOM décide :
4 – A la suite de la déclaration de la représentante du Haut Commissariat pour les droits
de l’Homme, de développer sa coopération avec l’ONU avec le triple objectif :
Troisième Rencontre de l’Association des ombudsmans de la Méditerranée (AOM)14-15 Décembre 2009 à Athènes, Grèce
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d’inviter les institutions de défense des droits du peuple et de médiation à faire
partie du réseau des institutions de promotion et de protection des droits de l’Homme,
si elles ne l’ont pas encore fait ;
d’encourager leurs Etats respectifs à signer et ratifier les instruments
internationaux relatifs à la privation de liberté, y compris ceux qui concernent les
mécanismes de protection contre la torture ;
de s’engager à prendre en compte, dans les travaux des institutions de
médiation, de ces normes internationales, tout comme celles relatives aux droits de
l’Homme.
5 – De tenir la prochaine rencontre de l’AOM à Madrid en Espagne, et répondre
favorablement à l’invitation faite par le Défenseur du Peuple.
6 – De consacrer une prochaine étude aux institutions du sud de l’espace méditerranéen.
Fait à Athènes, le 15 décembre 2009