ChronologieTroisième trimestre

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CHRONOLOGIE 34

� 01.07� La France prend la présidence de l’Union européenne du 1er juillet au31 décembre 2008. Quatre priorités : les négociations énergie-climat, la réforme de lapolitique agricole commune (PAC), l’Europe de la défense et le « pacte européen pourl’immigration ».� Cent cinquante mots ou expressions nouvelles et une cinquantaine de personnalitésfont leur apparition dans l’édition 2009 du Petit Larousse.Les influences technologiques sont présentes : spintronique, biopiratage, biosécurité,sans-fil, TMS (trouble musculo-squelettique), déstresser ou luminothérapie. La fémini-sation des métiers consacre également le mot « écrivaine », et c’est à Nancy Hustonque le dictionnaire l’attribue la première.� Le CA du CNRS approuve le Plan stratégique « CNRS 2020 », qui a suscité l’ire deschercheurs. Celui-ci comporte essentiellement la création des instituts du CNRS par« grands champs disciplinaires » – mathématiques, physique, chimie, écologie etbiodiversité –, à la fois gestionnaires de laboratoires et opérateurs de moyens. Le Planprévoit également de sensibiliser la direction générale aux projets innovants, « résul-tant, le plus souvent, de la conjonction sur le terrain, de plusieurs disciplines ».Le 19 juin, le CA, qui devait avaliser la réforme, avait été reporté sine die face à unemanifestation de la salle du CA par une trentaine de chercheurs refusant un planqualifié de « démantèlement », rejeté par les syndicats et le Mouvement « Sauvons laRecherche », sans oublier quelque 200 directeurs de laboratoires et responsables d’ins-tances scientifiques. La réorganisation du CNRS fait suite à celle, récente, de l’Inserm(Institut national de la santé et de la recherche médicale), et face à la nouvelle donnedes universités qui ont gagné une autonomie nouvelle.� Par arrêté de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ChantalRabourdin-Combe, ancienne Sevrienne et immunologiste, spécialiste de la plasticitédes cellules dendritiques, est nommée directrice adjointe chargée de la recherche del’École normale supérieure (ENS) de Lyon.� L’institut Montaigne, think tank libéral, produit une note « Deux pistes pour quetous aient un toit », avec 15 propositions, de la chercheure associée Gunilla Björner.(www.institutmontaigne.org)Deux points de blocages importants, et mutuellement corrélés, de la chaîne du loge-ment, selon cette note : la faible mobilité des occupants du parc HLM et l’absenced’une offre locative accessible et suffisamment abondante dans le parc privé.

HENRI AGEL, essayiste, 97 ans, à Paris. Dans les années 1970,cet humaniste du 7e art, créa à l’université de Montpellier lapremière chaire de cinéma en France. Parmi ses nombreuxessais, citons Le Cinéma et le sacré, ou Du spirituel dans lequotidien (2004).

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35 Juillet

� 06.07

GUY LARDREAU, philosophe, 61 ans, à Dijon.Agrégé de philosophie, enseignant, il aura été l’un despenseurs les plus influents du courant maoïste français, etconsidéré ensuite, comme l’un des chefs de file des « nouveauxphilosophes ».Le Singe d’or (Mercure de France, 1973), aujourd’hui épuisé,faisait partie de son ancienne vie intellectuelle. La ruptureopérée a été réalisée avec Christian Jambet, coproduisantdeux essais, de L’Ange : Pour une cynégétique du semblant« (1976), puis d’Ontologie de la révolution II, Le Monde :Réponse à la question : qu’est-ce que les droits de l’homme ?(1978), deux essais publiés dans la collection « Figures »,dirigée par Bernard-Henri Lévy, chez Grasset. Son dernierouvrage, en 1999, s’intitule L’exercice différé de la philosophie :à l’occasion de Deleuze (Verdier).

� 08.07

JACQUES BERTOIN, écrivain, éditeur et journaliste, 62 ans, àParis.Il a dirigé de 1974 à 1979, la librairie La Hune, et fondé avecMinuit les éditions Lieu commun.Responsable du Bureau du livre à Rabat (1996-2000), etattaché culturel à Vancouver (2000 à 2002), il s’adonne aujournalisme, successivement au journal Le Monde, puis à larevue Jeune Afrique, où il occupait les fonctions de rédacteuren chef délégué.Son dernier livre, Joseph Pulitzer, l’homme qui inventa le jour-nalisme moderne, est paru en 2003 aux éditions Jeune Afrique.

� 10.07

ELISABETH PORQUEROL, reporter et écrivaine, 103 ans, à Paris.Jeune journaliste intrépide, elle fut aussi proche de Céline quiavait apprécié sa critique de Voyage au bout de la nuit. Elle-même a été l’auteure de pièces de théâtre et de romans sati-riques comme Nephtali sera canonisé (1928), À toi pour la vie(1929), Solitudes viriles (1942), Le Moment d’Avrancourt(1945), Le Fourbi arabe (1946), La Ville épargnée (1953), LesVoix (1965), ou encore, Clés en main (1967).

� L’hebdomadaire économique Challenges propose son classement des dix écrivainsles mieux rétribués de la place française, classement effectué à partir des calculs surle pourcentage des ventes (entre 15 % et 25 % selon ces auteurs). Peloton de tête etsans surprise : Marc Levy (2,35 millions d’euros), Guillaume Musso (2,02 millions) etAnna Gavalda (2,01 millions).Cinq femmes font partie des dix meilleures du classement. Muriel Barbery (4e placeavec 1,98 million d’euros), Amélie Nothomb (7e rang avec 1,01 million d’euros),Katherine Pancol (8e avec 842 400 euros) et Fred Vargas (9e avec 653 000 euros).

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CHRONOLOGIE 36

� 11.07� Sur décision du Tribunal arbitral, Bernard Tapie s’apprête à toucher 285 millionsd’euros, dont 45 millions d’indemnités au titre de préjudice moral, dans son procès-fleuve avec le Crédit Lyonnais.

� 13.07� Sous le titre ronflant, « Le processus de Barcelone : une Union pour laMéditerranée », le sommet du 13 juillet réunit à Paris, 55 chefs d’États et de prési-dents d’institutions, autour de Nicolas Sarkozy et de son projet – dont Henri Guaino« conseiller spécial » du Président est l’un des principaux artisans. Le Processus envi-sage la construction d’une autoroute du Maghreb, la dépollution de la Méditerranée, ledéveloppement de l’énergie solaire, et la coopération en matière de protection civilecontre les catastrophes. Des ateliers réunissant experts et intellectuels sont égale-ment prévus.

� 19.07�Malaise à la Documentation française. Un collectif du personnel de l’éditeur publicsigne une tribune dans la rubrique Opinions du quotidien Libération. L’appel craint« une remise en cause » des activités de l’éditeur qui relève des services du Premierministre.Le collectif redoute en effet un abandon précoce de l’édition papier au profit d’uneoffre numérique payante.

� 21.07� Réunis en congrès à Versailles, les parlementaires adoptent définitivement le projetde révision de la Constitution (539 voix contre 357).Ce texte envisage de nouveaux droits pour le Parlement : maîtrise de l’ordre du jour,huit commissions au lieu de six. Les citoyens peuvent désormais user de la saisinedirecte auprès du juge constitutionnel, ainsi que d’un référendum d’initiative popu-laire. Le président de la République verrait limiter son exercice à deux mandats.

� 24.07� François Fillon et son ministre de la Défense, Hervé Morin, présentent le plan de« modernisation de la défense ».

� 28.07

PIERRE BERÈS, directeur des Éditions Hermann, librairemythique, collectionneur de livres et de manuscrits, à l’âge de95 ans, à Saint-Tropez.Une figure du livre s’efface. Il fut l’ami de Picasso et deMatisse, d’Eluard, de Barthes et d’Aragon. Ce collectionneur avendu à la Bibliothèque nationale de France, le manuscrit deLouis-Ferdinand Céline Voyage au bout de la nuit, au prixrecord de deux millions d’euros. Pour l’anecdote, le manuscritavait été vendu par Céline, en 1943, à un marchand detableaux contre 10 000 francs et un « petit » Renoir.

� 31.07� Eurostat annonce les chiffres du chômage : 7,3 % en juin. Cette hausse, amorcéedepuis mai, est la première depuis près de quatre ans.L’inflation dans la zone euro vient d’atteindre 4,1 %.

Ingrid Betancourtet l’Ostrakon

Que sait-on des modalités de libérationd’Ingrid Betancourt, otage des FARC, arrivéeen France le 2 juillet ? En acceptant d’ac-cueillir sur son territoire, Willian Bueno Largo,alias Isaza, échappé en octobre d’un campe-ment des Forces armées révolutionnaires deColombie (FARC), en compagnie d’Oscar TulioLizcano, otage de la guérilla depuis août 2000,s’esquisse une première décision. L’État fran-çais accueille sur son territoire, des guérilleroscolombiens des FARC dans la visée d’aider à lalibération des centaines d’otages encoreemprisonnés dans la jungle. Le jargon politi-quement correct du Quai d’Orsay nomme« asile », ce qui est plutôt la vieille techniquegrecque du bannissement.

« Pour tous ceux qui abandonneront lesarmes, qui se comporteront en respectant ladignité des personnes, la France est prête àjouer un rôle », avait déclaré le président de laRépublique Nicolas Sarkozy au lendemain de lalibération d’Ingrid Betancourt en juillet. Dequel statut migratoire bénéficiera le guérilleroLargo ? « Asile » déclame le politiquementcorrect de la diplomatie. Un autre mot destemps anciens remonte à la surface.

Ostrakon. L’ostracisme signifie « coquille » ou « tesson ». Dans la constitution athénienne, laséance de l’Ecclésia était redoutée : un homme politique, non élu et suspect d’intention tyran-nique, pouvait ainsi subir la loi de l’ostracisme, un citoyen demandant son exclusion de la cité eninscrivant son nom sur un tesson de poterie. Durant dix ans, le malheureux élu de l’Ecclésia setrouvait éjecté de la vie athénienne, sans espoir de retour. Des bannis sont célèbres commeThucydide ou Thémistocle.

L’ostracisme est né d’une vraie peur. Les Athéniens avaient subi la tyrannie des Pisistratides,et ne souhaitaient plus jamais sombrer dans un tel cauchemar totalitaire. Mêmes expérimentésdans leur technique de gouvernement, malheur aux politiques trop brillants avec la loterie del’Ecclésia. Effet pervers de l’Ostrakon : les démagogues et les médiocres pouvaient également sedébarrasser de leurs rivaux. Les années 1970 ont ainsi vu la France accueillir les bannis de l’Italie.L’ostracisme – ou le bannissement – demeure une technique de politique internationale qui, en cestemps de globalisation, procure quelque avantage aux États. Ainsi la France et la Colombie onttrouvé un mode opératoire pratique pour se débarrasser de ces tyranneaux encombrants.

Jacques Thomet, ancien directeur de l’Agence France-Presse, à Bogota, révèle dans sonenquête, Les Secrets de l’Opération Betancourt (Fayard), la contrepartie de la République françaisedans les tractations pour la libération d’Ingrid Betancourt : faire en sorte que les héritiers et lesdignes rejetons des guérilleros puissent vivre en France.

Ainsi l’asile au fils de Raul Reyes, n°2 des FARC tué par l’armée colombienne a été accordé. Lerejeton, ça ne s’invente pas, s’appelle Robespierre. Lui n’est pas du tout banni, ou ostracisécomme le guérillero Largo, mais invité. Les raisons d’État sont impénétrables. � E.L.

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� 02.08� Nathalie Ménigon, 51 ans, ex-militante d’Action directe, groupe armé d’extrêmegauche, et condamnée deux fois à la prison à perpétuité en 1989, – notamment pourl’assassinat du PDG de Renault Georges Besse en 1986 –, sort définitivement deprison. Elle bénéficiait en région toulousaine, depuis le 2 août 2007, d’une semi-liberté, un préalable obligatoire pour les condamnés à perpétuité.Le dossier Action Directe n’est pas définitivement bouclé. En octobre, Jean-MarcRouillan, le leader du groupe, répondant à une interview de L’Express, explique quantà l’assassinat : « Je n’ai pas le droit de m’exprimer là-dessus... Mais le fait que je nem’exprime pas est une réponse. Car il est évident que, si je crachais sur tout ce qu’onavait fait, je pourrais m’exprimer. Par cette obligation de silence, on empêche aussinotre expérience de tirer son vrai bilan critique. » Une langue de bois rugueuse qui luivaut l’interruption de sa condition de semi-liberté, et par ricochet, une polémiquequand à son souhait de rejoindre en tant que militant, le Nouveau Parti Anticapitaliste(NPA) d’Olivier Besancenot, qui succédera en février 2009, à la Ligue CommunisteRévolutionnaire (LCR) qui a toujours marqué son aversion pour ce type de terrorisme.

� 07.08� Le directeur de Charlie-Hebdo, Philippe Val, publie un éditorial intitulé« Antisinétisme », où il revient sur les circonstances du départ, en juillet, du dessina-teur Siné, 79 ans, l’un des piliers de l’hebdomadaire.C’est le feuilleton politicomédiatique de l’été : suite à une observation au micro deRTL, le 8 juillet, du journaliste du Nouvel Observateur Claude Askolovitch, évoquant« un article antisémite dans un journal qui ne l’est pas », Philippe Val, directeur deCharlie-Hebdo, se sépare du dessinateur Siné, l’une des stars du journal. Objet dudélit : une chronique dans laquelle il se moque du fils du président de la Républiqueprêt à se convertir au judaïsme pour épouser une jeune et riche héritière. La directionde Charlie-Hebdo demande, dans un premier temps, à son collaborateur de s’excuserdans les colonnes du journal. Refus final de Siné qui ne souhaite pas que son motd’excuses soit assorti d’un billet de regret de la direction. Le chroniqueur claque laporte, et clive, quelques jours, la rédaction. S’ensuivent dans la presse papier et enligne, des prises de position anti ou pro-Philippe Val. BHL et Laurent Joffrin lesoutiennent, quand Guy Bedos, Gisèle Halimi, Edgar Morin, Delfeuil de Ton, ou ledessinateur Willem, s’inquiètent des décisions du directeur de Charlie hebdo, et parti-cipent à une pétition pour Siné qui recueille plus de 2000 signatures.Siné avait également suscité la prise de distance, il y a quelques années, des journa-listes Caroline Fourest et Fumetta Venner, par ailleurs créatrices du site Pro Choix, quiavaient réprouvé les dessins estimés homophobes du dessinateur.Charlie-Hebdo se veut en première ligne désormais pour combattre l’intégrisme, notam-ment islamique. Ligne illustrée en février, par la manifestation de soutien du journal,àParis, dans les locaux de l’École normale supérieure, avec Bernard-Henri Lévy, Libération,SOS Racisme, les revues Pro Choix et La Règle du jeu, sans oublier la pétition lancée parl’eurodéputé PS Benoît Hamon, à Ayaan Hirsi Ali, l’ancienne deputée des Pays-Bas d’ori-gine somalienne, menacée de mort par les intégristes islamistes. Dans la mêmedémarche, le 17 septembre, sort le documentaire de Daniel Leconte, C’est dur d’êtreaimé par des cons, retraçant le procès en 2007 de Charlie Hebdo, poursuivi, commeFrance Soir, pour avoir publié les caricatures danoises de Mahomet.

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� 12.08

FRANCIS LACASSIN, spécialiste de la littérature populaire, 76 ans,à Paris. Surnommé « l’homme aux mille préfaces », il a contribuéà mieux faire connaître et a redonné leurs lettres de noblesse àdes auteurs comme Jack London, Albert Londres, Gustave LeRouge, Georges Simenon, Maurice Leblanc ou Léo Malet. PourFrancis Lacassin, conseiller littéraire, éditeur et critique, ceparrain de la paralittérature occupa à partir de 1971 la premièrechaire d’histoire de la bande dessinée à l’université Paris-1.

� 20.08

PIERRE-ANDRÉ BOUTANG, producteur, 71 ans, par noyade enCorse. On doit à ce pionnier des émissions culturelles à la télé-vision Le Sartre par lui-même d’Alexandre Astruc (1976), lasérie Océaniques sur France 3 en 1987 et le magazineMetropolis qu’il anima sur Arte de 1995 à 2006.

TONY DUVERT, 63 ans, à Thoré-La-Rochette (Loir-et-Cher)Le corps de l’écrivain est découvert par les gendarmes à sondomicile, un mois après son décès.Prix Médicis en 1973 pour Paysage de fantaisie, l’auteur avaitdisparu de la scène littéraire, avec Abécédaire malveillant(Minuit) depuis 1989. Ses écrits des années 1970 mettaient enscène la liberté sexuelle, notamment celle des garçons.

� 25.08� Le président de la République commémore, à Maillé (Indre-et-Loire), le massacre de124 habitants – dont 44 enfants – par des soldats allemands le 25 août 1944. À la finde l’année, Ulrich Maas, procureur général de Dortmund, qui a ouvert l’enquête sur cemassacre oublié, identifie, notamment grâce à des documents de la Gestapo, versésdans les archives municipales de Tours, le sous-officier nazi Gustav Schlüter commeresponsable de la tuerie. L’ordre de châtier Maillé se fait au lendemain d’un accrochageentre résistants français et un véhicule militaire. Schlüter, condamné par contumaceen 1952, par le tribunal militaire de Bordeaux, est décédé chez lui, en 1965, sansqu’on l’ait retrouvé. Depuis 2006, une « Maison du souvenir » a été ouverte à Maillé.

� 26.08PIERRE ANGOULVENT, ancien président des Presses universi-taires de France, 81 ans, à Paris.

� 29.08� C’est l’ouverture durant trois jours de l’université d’été du Parti socialiste, à laRochelle. Après Bertrand Delanoë (De l’audace, 50 000 ex. tirés) et Ségolène Royal, (Sila gauche veut des idées, 35 000 ex.) d’autres têtes d’affiches socialistes qui cultiventl’ambition de succéder à François Hollande, à la tête du parti, publient leurs livres.Martine Aubry propose aux Éditions de l’Aube, dirigées par le politologue Jean Viard,un livre d’entretiens avec le journaliste de France Inter, Stéphane Paoli, Et si on seretrouvait… Une polémique éclatera en septembre entre France Inter et le journalistepolitique de RTL, Jean-Michel Aphatie, accusant sur son blog, la station de servicepublic de faire la promotion de cet opuscule.Seul parmi les prétendants, Benoît Hamon n’a pas su faire écrire son livre.Mais en librairie, c’est plutôt la vague Obama qui séduit les lecteurs de récits poli-tiques et de rêves de gauche.

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Le 18 août, dix soldatsfrançais sont tués dans uneembuscade des Talibans enAfghanistan. Un hommage leur estrendu aux Invalides le 25, enprésence de Nicolas Sarkozy. Unepolémique entre le ministre de laDéfense, Hervé Morin, et Paris Matchsera déclenché le 4 septembre, jour de la publica-tion d’un reportage-photo mettant en scène lesguerriers afghans, brandissant des armes et desobjets des soldats, comme des attributs. « Doit-on faire la propagande de terroristes qui onttué dix de nos soldats ? Les Talibans ontcompris que l’opinion publique était probable-ment le talon d’Achille des démocraties occiden-tales. Face à la supériorité de l’Otan et de lacommunauté internationale, ils ne peuvent gagner surle terrain. Ils espèrent gagner la bataille de l’opinionpublique », s’interroge le ministre.

Les débats et l’opposition se relancent autourdu « bourbier afghan » et d’un atlantismeprononcé de la France. En avril, 68% des Françaiss’étaient déclarés hostiles à la décision du présidentd’envoyer 700 hommes supplémentaires dans l’Estafghan. C’est au total 2 600 militaires français qui sontdéployés en Afghanistan dans le cadre de la FIAS (Force inter-nationale d’assistance à la sécurité), sous le commandement del’Otan. Depuis 2003 et avant cette attaque, 26 soldats ont perdu lavie. � E.L.

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S� 30.08

� Des militants indépendantistes corses occupent durant quelques heures la villa,près de Porto-Vecchio, de l’acteur Christian Clavier, ami notoire de Nicolas Sarkozy.Cet affront provoque le limogeage de Dominique Rossi, « coordonnateur des forces desécurité intérieure en Corse », ainsi que des débats et polémiques renouvelés sur lefait du prince et l’autoritarisme du président de la République.

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Le « bourbier »afghan

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� 04.09� Après cinq ans de travaux, sous l’impulsion du diocèse de Paris, c’est l’inaugurationdu Collège des Bernardins, dans le Ve arrondissement. Il constitue l’un des plus vastesédifices médiévaux de la capitale. Ce lieu « de recherche et de débat pour l’Église et lasociété » se veut « ouvert à tous ceux qui, chrétiens ou non, s’interrogent sur le sens dela vie et le devenir de l’homme ». Il comprend notamment des chaires de recherche dansle domaine de la bioéthique, de l’économie, de l’éducation ou de la société.

� 10.09� Thomas Lebègue et Emmanuelle Walter publient chez Calmann-Lévy Une enquêtesur les Grandes Écoles, la fin d’une exception française. Cet ouvrage décrit un systèmefortement ébranlé par sa médiocre position dans les classements internationaux, lafaiblesse de la recherche et l’inadaptation d’un recrutement très élitiste. Selon lesauteurs, « à force de recruter les mêmes profils, le capitalisme hexagonal perd en effeten diversité sociale comme en efficacité économique ».� Jeff Koons, artiste américain, expose à Versailles jusqu’au 4 janvier 2009, quinzede ses œuvres datant de 1980 à nos jours. La polémique met le feu dans le château duRoi Soleil. Les luxueux bâtiments et jardins côtoient des installations « kitchs », extra-vagantes et parmi les plus chères du monde.

� 11.09PIERRE GEORGE, géographe et membre de l’Institut, 96 ans, àChâtenay-Malabry. Son Introduction à l’étude géographique dela population dans le Monde, et sa proximité, publié en 1951 àl’Institut national d’études démographiques (INED) lui vaut delongues relations d’amitié intellectuelle avec Alfred Sauvy.Avant-guerre, il fut membre actif du Comité de vigilance desintellectuels antifascistes.

� 12.09� Visite du pape Benoît XVI en France, pour la première fois depuis son élection en2005. Au collège des Bernardins, il a rencontré quelque 700 intellectuels et artistes(membres de l’Institut de France, universitaires, chercheurs, écrivains, artistes, comé-diens, réalisateurs, compositeurs, directeurs de théâtre, de musée, personnalités desmédias, conservateurs, responsables de manifestations et associations culturelles ouencore éditeurs) devant lesquels il a mis en garde contre « deux pôles que sont d’uncôté l’arbitraire subjectif, de l’autre le fanatisme fondamentaliste ».

� 14.09� Florence Hartmann, ex-journaliste du Monde, spécialiste de la guerre en ex-Yougoslavieet porte-parole du TPY comparaît devant le Tribunal de l’ONU. Motif : a utilisé plusieursinformations confidentielles pour son livre d’enquêtes sur Milosevic (Flammarion, 2007).� Les Temps Modernes exhument « Ouragan sur le sucre », les reportages de Sartre àCuba, commandés par France Soir, et que ses ayants-droit se refusaient à publier.

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� 16.09� Bruno Patino, directeur général du Monde Interactive et de Télérama, est nommédirecteur de France Culture. Il est également l’auteur d’un rapport sur le livre numé-rique, remis à la ministre de la Culture au mois de juin. Selon ce document, un inévi-table affrontement devrait avoir lieu avec les géants des nouvelles technologies(fournisseurs d’accès et moteurs de recherche). L’e-book va-t-il concurrencer le livretraditionnel ? Sera-t-il en mesure de faire face au piratage ? La commercialisation desfichiers numériques va-t-elle échapper aux libraires ? Le rapport préconise de recher-cher avant tout un rééquilibrage des forces entre les fournisseurs d’accès et les déten-teurs de droits (éditeurs, auteurs). Pour cela, le code de la propriété littéraire devraitdevenir la clé de voûte de tout le dispositif de protection. Toujours selon cet outilde travail, il serait parallèlement impératif de promouvoir des mécanismes permettantaux détenteurs de droits de participer à la détermination des prix des fichiers numé-riques. Tout en prenant fermement position en faveur du prix unique du livre, lesmembres de la commission craignent que, dans le contexte actuel, son adaptation aunumérique ne fragilise dangereusement la loi Lang. Ce texte – remontant au 10 août1981 – fixe un prix unique du livre. Ils préconisent plutôt de la « sanctuariser » et deconstruire, à côté, un dispositif spécifique permettant aux détenteurs de droits d’avoirla maîtrise du prix de leurs fichiers numériques.� Philippe Thureau-Dangin, directeur général de Courrier International, est nommé àla présidence de Télérama.

� 11.09� La guerre est déclenchée entre le ministère de l’Éducation nationale et leséditeurs. Elle porte sur le poids des manuels scolaires. Xavier Darcos souhaite uneconcertation sur un projet de labellisation de ces ouvrages, qui seraient divisés enfascicules. Les éditeurs du groupe Enseignement du Syndicat national de l’édition ontrépondu le 15 septembre dans un communiqué que cela pose des problèmes pédago-giques, matériels et logistiques. Selon eux, le caractère structuré et cohérent dumanuel serait perdu, la sélection quotidienne parmi plus de 50 fascicules au lieu de 6à 7 manuels deviendrait vite pénible pour les élèves et leur famille, et la gestion de30 000 à 50 000 fascicules par les collèges au lieu de 4 000 manuels en moyennecompliquerait aussi grandement le travail des établissements concernés.

� 24.09� La chambre des référés du tribunal de grande instance de Paris a débouté – pourvice de forme – la demande d’interdiction de publication de L’Avocat à abattre, àparaître le 24 septembre au Cherche Midi et écrit par l’avocat Karim Achoui. Cettedemande d’interdiction avait été déposée par un commissaire de police, nommémentcité dans l’ouvrage et accusé d’avoir trempé dans la tentative de meurtre dont il a étévictime le 22 juin 2007 à Paris. Le principal suspect de l’affaire, arrêté depuis, seraitun des indicateurs du policier. Le commissaire mis en cause avait annoncé, avantmême le jugement en référé, son intention de poursuivre l’affaire au fond.

� 25.09� Le procureur de la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a demandé lacondamnation pour diffamation et incitation à la haine raciale de Pierre Péan, l’au-teur, et de Fayard, l’éditeur de l’ouvrage Noires fureurs, blancs menteurs publié ennovembre 2005. Le livre était vite apparu comme partisan, visant à disculper le rôlecontesté des autorités françaises dans l’enchaînement du drame qui avait abouti augénocide du Rwanda.

CHRONOLOGIE 44

Françoise Dolto,en hommage et en procès

Les éditions Gallimard, Catherine Dolto et Muriel Djéribi-Valentin assignent pour contrefaçonDaniela Lumbroso, auteure d’une biographie intitulée Françoise Dolto, la vie d’une femme libre,dont ils demandent le retrait. Ce livre, paru en 2007 chez Plon, présenterait quelque 130« emprunts » à divers ouvrages de la psychiatre spécialiste de l’enfance. Gallimard réclame enoutre 65 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice économique et moral. De leurcôté, Catherine Dolto et Muriel Djéribi-Valentin demandent 15 000 euros chacune pour préjudicemoral.

En parallèle, une affaire de diffamation oppose Daniela Lumbroso à Catherine Dolto, qui avaitqualifié l’animatrice de «médiocre présentatrice de télévision » et de « canaille très prétentieuse ».

Condamnée en première instance, la fille de la psychanalyste a fait appel. De tels démêlésjudiciaires s’inscrivent dans une période de célébration du centenaire de la nais-

sance de Françoise Dolto (le 6 novembre). L’occasion pour les maisons d’édi-tion de publier de nombreux opus, comme Françoise Dolto : images et lieux etÉcrits sur la maison verte chez Gallimard. Robert Laffont, quant à lui, rééditeles ouvrages d’Edwige Antier sur l’héritage de Dolto et Flammarion ressortla biographie signée Jean-François Sauverzac.

L’apport de Françoise Dolto à la psychanalyse de l’enfant reste fonda-teur. Elle considère qu’un enfant qui présente des troubles peut êtrepsychanalysé très tôt en tant qu’individu. Avant même que l’enfantpossède un véritable « langage », il communique déjà, à sa façon, par le

corps. De 1967 à 1969, Françoise Dolto avait créé la surprise enrépondant, en direct et anonymement, aux auditeurs adultes

et enfants d’Europe N°1 sous le nom de « Docteur X ». En1976, elle est cette fois sur France Inter, dans l’émission« Lorsque l’enfant paraît ». En 1978, ce succès média-tique l’incite à prendre sa retraite de psychanalyste. Elleva alors essentiellement se consacrer à la prévention età la formation. Entourée d’une petite équipe, FrançoiseDolto fonde en 1979 la « Maison Verte », un lieu desocialisation précoce où tout enfant âgé de 0 à 3-4 ansest accueilli, accompagné d’un ou deux de ses parents ou

grands-parents. On y parle, on y joue, on dédramatise et on apprend les interdits structurants.Dans le même temps et jusqu’à sa mort, elle poursuit son travail de psychanalyste au CentreÉtienne Marcel et au profit des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance. � L.U.

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