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E R U E D
M B EAU
A Q QA RA
C H ARG É DE COU RS
pAR E A N CApAR A L’
UN IVERS ITE”. DE L I"GECON SERVAT E UR ADJO I N T DES ANT I QU I T É S É GYPT I E N N ES DES mu s ê s s ROYAUX
P R EM I E R VO L UM E T EXT E
Description de trois monuments funéraires de l'
Âncien Empire égyptien
V ROMANT C°
, iMP R IMEU RS - É D I TEU RS
B R U X E L L E S M D C C C CV I I
MONS I EUR GASTON MASPERO
MEMBRE DE L'
INST lTUT
D I RECTEUR G ÉNÉRAL Du SERV ICE DES ANTIQU ITÉS DE L’
ÉGYPTE
PROFESSEUR AU COLL"G E DE FRANCE
Tu es un scr ibe habile parm i teê compagno ns ,
instru it dans les l i vres , arm é e n '
to n cœ ur, hab ile
de ta l angue … Ta scienc e est une m ontagne enpo ids e t e n vo lurî1e , une biblio thèq_u e cachée qu ’
ojn
n e vo it pas .
U N E R U E D E T OM B E A U X A S A Q Q A R A H
P R É FA C E
ENDANT son passage à l a di recti on du Servi ce des Antiqui tésde l’Egypte , M . Victor Loret , professeur à l’Université deLyon , fi t exécuter à Saqqarah , de 1897 à 1899 ,
des fou i l les,
dont l es i ntéressants résu ltats n ’ont malheureusement pas étépubl i és . Absorbé par de multip les travaux , M . Loret n ’a pas
eu l e temps nécessaire pour entreprendre une étude détai l l ée des monumentsqu ’ i l avai t découverts . Nous n ’en connai ssons que ce qu ’ i l a pu nous en diredans une peti te noti ce prél iminai re , publ i ée dans l e Bulletin de l ’I nstitut égyptien . Et cependant , écri vai t—il, avec quelque exagérati on peut—être , tout unquart i er de nécropole est sorti de terre , avec ses rues , ses carrefours , sesp laces publ iques . I l y aura là , quand tout sera réparé , nettoyé et rendu access ibl e , comme un coi n de Pompei à vi si ter . Et ce ne sera pas , pour l es touri stes , l e moindre attrai t d ’une vi s i te à SaqqarahD ix ans ont passé depui s et ce quart ier de nécropole est touj ours aussi
i nconnu . Cependant , nombreux sont l es touri stes qu i vi ennent à quelquespas de là , au cours de leur vi si te à Saqqarah mai s tous , parfoi s même dessavants spéci a l i stes , faute d
’ i ndi cati ons préci ses , retournent au Caire sansen avoi r ri en vu
Pendant l ’hiver 1900— 190 1 , fai sant un premier S€jOUI‘ en Égypte , j e pus
consacrer quelques heures à une vi si te rap i de des monuments découvert s parM . Loret . Celui - ci venai t de qui tter l a d i recti on du Servi ce des Antiqui tés ,sans avoi r pu terminer l e travai l de mi se en état des l i eux pour assurer l a conservati on des ru ines exhumées . M . Maspero , revenu en Egypte , ne put ,devant l ’amas énorme des débl ai s et pour d ’autres rai sons techniques , songerà présenter aux vi s i teurs tout ce quart i er de nécropole . I l dut se borner àprendre les mesures nécessaires pour rendre access ib les troi s monumentsimportants , s ’ouvrant tous dans une même rue .
Pendan t le s d i x jours que nous y avon s pas sé s , à l a fin de m ars 1907 , auc un v i s i teur n ’a péné tré dansle s tom beaux .
U N E R U E D E T OM B E A U X A S A QQ A R A H
Mon attenti on avai t été atti rée l a prem1ere foi s sur ces tombeaux parM . Phi l ippe Berger , qu i , au Congrès d
’hi stoi re des rel i gi ons ,‘a Pari s , en 1900 ,
m ’avai t s ignal é l ’exi stence , dans l’un d ’eux , d ’une représentati on de l a circo n
cisio n . Comme je supposai s que l a publ i cati on de cette scène et de plusi eursautres très importantes ne pouvai t tarder , j e n ’avai s pas j ugé nécessaire d ’enprendre des reproducti ons photographiques .
Revenu en Egypte pendant l ’hiver 1905- 1906 , accompagné cette foi s
par mon él ève et ami , l e docteur Charles Mathien , de Liège , j ’eus l ’occasi onde fai re de nombreuses vi s i tes à Saqqarah et aux tombeaux Loret . Les 3 et5 j anvi er 1906 , nous y avons pri s dix—hu i t grandes plaques photographiques
( 18 consacrées à quelques - unes des scènes l es pl uscuri euses et l es mieuxécl ai rées . Rentré en Belgi que , j
’
écrivis à M . Loret , qui , avec une l i béral i tédont j e l e remerci e cordi al ement , m ’
auto risa à publ i er mes photographies ,me di sant que ses travaux actuel s ne l u i l ai ssai ent pas l ’espoi r de publ i er lestombeaux de Saqqarah comme i l eût désiré l e faire . le comptai s donc introdu ire , dans un prochain vol ume de mon Recueil des JWonuments égvptiens,une séri e de pl anches consacrées aux tombeaux Loret .
Sur ces entrefai tes , me trouvant de nouveau en Egypte au printempsde 1907 , pour entreprendre des recherches dans l a régi on d’
H éliopo lis
recherches qui n ’ont d ’ai l l eurs donné aucun résu l tat j ’ai pu fai re un nouveauséj our à Saqqarah et compl éter l e travai l commencé antéri eurement . M . Maspero voulut bi en nous autori ser , l e docteur Mathien et moi , à nous i nstal l er ,du 26 mars au 3 avri l , dans l a mai son de Mari ette , que M . Quibel l venai td ’abandonner . J e su i s heureux d
’exprimer i ci tou s mes sentiments de reconnai ssance à M . Maspero pour cette autori sati on et à M . et M" Quibel lpour l eur accuei l obl igeant à Saqqarah . G râce à eux , j
’ai pu , avec l’ai de pré
cieuse du docteur Mathien , ne pas me contenter de glaner parmi l es scènesscu lptées l es détai l s l es p l us importants , mai s bi en tenter une édi ti on com
plète , en photographi e , de troi s tombeaux de l a rue découverte en 1897- 1899 .
Nous osons espérer qu ’on ne se montrera pas trop sévère pourl ’exécuti on des photographi es . Ceux qui connai ssent l es l i eux , et quisont photographes , comprendront l es d iffi cultés qui se sont présentées aucours du travai l ; i l s nou s excuseront si quelques pl anches leur semblentpeu sati s fai santes . Tous les cl i chés ont été dével oppés sur place , et quelques
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uns recommencés l orsqu ’ i l s nous parai ssai ent i nsuffi sants . Peut—être aurionsnous dû en refai re davantage I l s suffi sent cependant , je croi s , pour donnerune idée assez bonne de l ’ensemble . D ’autres pourront y reveni r un j our etcombler les l acunes de l a présente publ i cati on .
Quant au texte qu i accompagne les planches , j e ti ens à bien préci ser ce
que j'
ai voulu fai re . Au mi l i eu de mes travaux ordinaires à l’Université deLiége et au Musée de Bruxel les , j
’aurai s hési té à commencer une étude com
plète de t roi s tombeaux de l’
Ancien Empire . A chaque instant se posentdes questi ons d iffi ci l es , dont l a so luti on demanderai t de l ongues recherches .Fal l a i t - il remettre aux calendes grecques l ’éditi on des photographi es ? J ene l ’ai pas cru , d
’autant que l es scènes les p l us curi euses des tombeaux al l ai entfatal ement être uti l i sées dans l es publ i cati ons où el les serai ent séparéesde l eur ensemble . Les scènes de Ci rconci s i on et de massage ont d ’a i l l eurs étéreprodui tes , d
’une mani ère peu préci se , dans un l i vre du professeur Max Mil ll er . Mon texte se bornera donc à une rapi de descripti on générale , tel l e que jecroi s pouvoi r l a fai re , après avoi r passé di x j ours dans les monuments et aprèsavo ir examiné et compul sé à l o i s i r l es photographies pendant quelquessemaines .
J’
essayerai de présenter au publ i c les tombeaux Loret , comme j e serai stenté de le faire s i j
’
acco mpagnais sur p l ace l e l ecteur . Mon but sera de lu idonner de ce groupe de monuments une i dée un peu moins confuse que cel l e
qu’
empo rtent l es touri stes ordinai res de l eurs rapi des et di strai tes v i s i tes auxmervei l l es de Saqqarah .
je ne pourrai m’
o ccuPer, comme i l l ’aurai t fa l l u , des questi ons d’archi
tecture , qu i nécessi tent une compétence spéci ale . Pour évi ter des compl i cati ons et des retards dans cette pub l i cati on , j e n
’ai pas j ugé nécessai re dedonner , en hiéroglyphes , l es textes qu i ne sont pas sur les pl anches ou qu i ysont peu l i s i bles , me réservant de publ i er , l e p lu s prochainement possib le ,tous l es textes des tro i s tombeaux , avec renvoi s aux planches et i ndex . Pourcela , i l me faudra revoir sur pl ace quelques passages douteux .
M . Ve rs trae te n , che f du serv i ce photogr aph ique du Musée du Ci nquan tena i re , a réa l i sé de s prod ige sen am é l ioran t p lus ieurs c l i ché s , qu i aura i en t é té i n suffisa n ts pour obten i r de bonne s p la nche s pho to typiques .
U N E R U E D E T O M B E A U X A S A Q Q A R A H
I N T RO D U CT I O N
ORSQUE, venant de Bedrechein , on arri ve à l ’extrémité dela digue qui sert de route pendant l ’hi ver , l e désert du di euSo karis , l e d ieu des mort s de Memphi s , se présente auvoyageur , j uxtaposé sans transi ti on aux terres ferti l i sées parl ’ i nondati on . Une rampe sab lonneuse , bordée des restes de
mai sons anci ennes , bâti es en bri ques crues , condui t rapi dement sur l e plateaudésert , où se cachent , serrés les uns contre les autres , en nombre inimagi
nabl e , les tombeaux des générati ons qui se sont succédé , pendant près deci nquante s i ècl es , dans l a grande vi l l e de Memphi s (figureAu l i eu de nous di riger , comme on l e fa i t souvent , sur l a pyramide à
degrés et de l à sur la fameuse mai son de Mariette (planche nous prendronsun senti er se dirigeant directement vers l e Nord . Lai ssant à notre gauche unepeti te pyramide , dont l ’anci en propri étai re est resté j usqu 'à présent i nconnu ,nous arri vons rapi dement à une autre , qu i n ’est pl us marquée sur l e so l quepar un amas confu s de terre et de pi erres . C ’est la pyramide où reposait autrefoi s le roi Teti , premier souverai n de l a V I ‘ dynasti e .
Escaladons l es restes de l a pyramide de là , nous aurons une excel l entevue d ’ensemble sur l a vaste nécropole de Saqqarah , véri table mer de sable ,dont l a monotonie n ’est rompue que par l a masse des pyramides (p lanchesI I et I I I ) . Au premier pl an , l a pyramide anonyme que nous avons signaléetout à l ’heure ; plus l o i n, l a pyramide à degrés , qu i date de l a fin de l aI I I ‘ dynasti e et i ndique , avec l a pyramide de Meido um , l a transi ti on entre l etype de l a tombe royal e archa"que et le type de la pyramide . Un peu à gauche ,une butte marque l a pyramide du ro i Ounas , l e dern ier souverain de laV ‘ dynasti e , l a plus anci enne des pyramides avec chambres décorées de textesrel igi eux . A gauche encore , en se rapprochant de l a lisière du désert , le deuxièm e groupe des pyram i des de Saqqarah et le monument connu sous l e nomde Mastaba el Farao un , sorte de gigantesque banquette en p ierre , qui rappel lele type des tombes royales de l a I I I ‘ dynasti e , découvertes par G arstang à
I l
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B èt Khal laf. P lus l oi n , on aperçoi t , di sposées en un vaste quadrilatère ,l es
pyrami des en pi erres et en briques de Dahcho ur. S i nous nous tourni ons dansl a di recti on du Nord , nous verri ons successi vement les groupes de pyramidesd
’
Abo usir et de G i zeh , séparés de Saqqarah par de vastes étendues de désert .
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ENSEMBLE DE LA PARTI E N ORD D’après Bussma .
DE LA N ÉCROPOLE DE SAQQARAH .
E x am i
nons maintenant le s abo rds
di rects de la
pyramide deT e t i e t , enn o u s a i d a n tdes i ndi ces quiont été decouverts au coursdes foui l l es duS er v i c e d e sA n t i q u i t é s ,e s s a y o n s d en o u s repré
senter l ’aspectdes l i eux il y aquelque cinqmi l l e ans , aumoment où leroi Teti venai td e p r e n d repossessi on des a d em e u r eéternel l e .
La pyra
mi de (1 ) est soigneusement revêtue , de l a base au sommet , de dal l es decal cai re , qui cachent les matéri aux di vers consti tuant son noyau . El l e est des
L a pyram i de de Te t i e st ac tue l l em en t ferm ée ; l a pyram i d e d ’onna s , qu i e st du m êm e type , sert de ba se àno tre descr i pt i on .
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tinee principalement à protéger l a cham bre funéraire du roi , dont les murs sontcouverts de textes rel igi eux . La momie royale une foi s enfermée dans le sarco phage (planche I V) , on a accumulé , dans les chambres , les p i èces du mobil i er funérai re , entre autres les préci eux vases en pierre consti tuant l a vai ssel l edesti née au servi ce du royal défunt . A l ’extrémi té de la chambre funéraire
,l e
sarcophage est entouré sur tro i s des côtés par tro i s da l les colossales en albâtre,
sur l esquel les on a dessi né un de ces pavi l l ons légers en boi seri es sorte demoucharabiehs que l ’on di sposai t à l a porte des palai s et des mai sons desgrands pour ombrager l ’entrée des appartements . Entre les montants de boi s
,
des tapi s ou des nattes mul ti col ores j oua ient l e rô l e de stores aux heures oùle solei l éta i t l e p lu s ardent (planche V ) . C
’est par cette porte fi cti ve quel ’âme du ro i , son double entrera ou sort i ra du tombeau , à son gré . Lescou loi rs d ’accès ont été so igneusement fermés par de sol i des herses en grani tgl i ssant dans des rainures (planche V I ) .On pensai t que le mort conti nuai t à poursu i vre une vi e à peine di fférente
de cel l e qu ’ i l avai t menée au mi l i eu des vi vants . Le mobi l i er funéra ire , l es provi s i ons enfou i es à proximi té de la momie , devaient l
’a ider en cette exi stencenouvel l e . Le mort est un être dangereux pour l a communauté des vi vants ; s
’ i lmanque de quelque chose , i l v i endra l e chercher l u i - même au mi l i eu des vi l le soù i l causera des ravages cruel s . I l fa l l ai t donc nécessairement instituer desservi ces régul i ers chargés de renouveler péri odiquement les provi si ons destinées au défunt .
I l y aurai t un grave i nconvéni ent à l a i sser ouvert l e rédui t où est cachéel a momie et où vit l ’âme ou le double . Y pénétrer pourrai t être plei n de péri l spour l es parents et l es servi teurs qu i y apporteraient des offrandes . Pour parerà cette éventual ité , on recourut à un procédé commode , employé par tous lespeupl es
,et qu i consi ste à déposer les offrandes à un endroi t déterminé où le
mort pourrai t veni r les recuei l l i r . Cet endroi t est , dans l’espèce , une sorte de
magasin,adossé à l a face de la pyramide qui regarde le so lei l levant . Au fond
du magasin,une nouvel le fausse porte servira au même offi ce que cel l e qu i se
trouve gravée dans l a chambre sépu lcra le . Le mort pourra ai sément entrer etsorti r
,veni r se nourrir des a l iments apportés péri odiquement dans ce ma
gasin,qu i
,peti t à peti t
,se déve loppera au poi nt de deveni r un véri tab l e
temple funéraire . La fausse porte est , en effet , une porte réel le pour l e
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mort ; el l e est , plus exactement , une âme de porte qui s ’ouvri ra pourl ’ âme du roiI l suffi t de parcourir rapi dement le Rameau d ’or de Frazer pour com
prendre l e rôl e préci s que j oue l ’"âme image dans les concepti ons des primi ti fs.
De même que l ’on bri se des objets pour envoyer l eur âme dans l ’autre monde,
au servi ce de l ’âme du défunt , i l suffi t de représenter , sur les paroi s de l atombe , l es obj ets nécessai res pour en détacher l
’âme et l es mettre réel l ement àl a di sposi ti on du mort Le principe une foi s posé , l es Egyptiens en ontfai t immédiatement l es appl i cati ons l es p l us complètes tout , abso lument toutce qui peut être uti l e pour l e mort sera représenté en sculpture ou en peinturesur les paroi s de l a tombe ou de l a chape l l e funérai re .
De l à , ces nombreux défi l és de porteurs d’
o ffrandes qui , dans les chapel lesdes pyramides , s
’
achem inent vers l a fausse porte qui condui t aux appartementsi ntimes du défunt .
Tel l e est l a di sposi ti on de l a tombe du ro i Teti et des tombes en formede peti tes pyramides qui , pl acées à proximi té de l a tombe royale , abri tent desmembres de l a fami l l e royale rei nes , princesses ou princes . Tel les sont lesmesures que les savants les sorci ers des âges l o i ntai ns , ont imaginéespour préserver l a communauté , et surtout l e pharaon régnant , des attaques desrevenants royaux , en procurant à ceux - ci , après l a mort , une vi e suffi sammentheureuse pour qu ’ i l s ne songeassent pas à ri en récl amer aux survi vants .Mai s l a recette n ’est pas restée longtemps l ’apanage des roi s et de l eurs
proches . Les grands personnages de l ’empire devai ent nécessairement ambitio nner un trai tement anal ogue et , bi en avant l a constructi on des pyramides ,
‘a l ’époque où l a tombe du roi avai t encore l a forme d ’une grandebanquette en bri ques ou en pi erre (on les appel l e mastabas) , on ensevel i ssai t à peuprès à l ’ i nstar des roi s tous ceux qui , de leur vi vant , avai ent j oué un rôl eimportant dans l a soci été . Les mastabas des grands se groupai ent à l ’entour del a tombe royal e , réuni s sant ai nsi , pour l
’éterni té , l e roi avec ses mini stres , sessuj ets de marque , ses fami l i ers .I l semble qu ’à l ’époque où nous sommes , au début de l a V I ° dynasti e , on
( 1 ) Un exem p l e moderne fera com prendre c l a i rem en t cette i dée . Que l 'on songe aux é tapes su i van tes d ’unu sage funéra i re couronnes e n fl eu r s vér i tab l es , couronnes en fleur s art ific i e l l e s , couronnes e n p i erre scu l p tée ,couronnes pei n te s sur des p l aque s d e fa"ence ém a i l l ée , e tc .
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avai t renoncé , devant l’encombrement de l a nécropole , a constru ire pour cha
que personnage un mastaba spéci al , comme on le fa i sa i t , par exemple , à G i zeh ,sous les ro i s de l a I V ‘ dynasti e . On se contentai t de constru i re de gigantesquesmassi fs de pi erre , à l
’ i ntéri eur desquel s s ’
o uvraient une su i te de chapel les funeraires . Les groupes de tombes ainsi arrangées formaient une séri e de rues secoupant à angle droi t , qu i consti tuai ent autour des pyramides royales unevéri tabl e vi l l e des morts , comparable en tous points au quartier des tombeauxdes kalifes au Caire . Cette vi l l e s ’
anim ait seulement l ors des fêtes des morts,
l orsque l es fami l les venaient fai re dans l es chapel les funérai res les sacrifices queles contrats en règle , à défaut de l a reconnai ssance ou de la p iété fi l i a le , déterminai ent soigneusement . Au Nord de l a pyramide de Teti se trouvai ent pl us i eurs rues semblables . M . Loret a débl ayé enti èrement une rue et découvertl ’exi stence d ’une autre les tombeaux de Mereruka ou Meri et de Kagem ni,
foui l l és par M . de Morgan , apparti ennent vrai semblablement à un autregroupe de constructi ons anal ogues .Descendons du sommet de l a pyramide de Teti et acheminons - nous vers
l a rue de tombeaux fou i l l ée par M . Loret (planche V I I ) .Au mi l i eu de I ’amas de sables et de décombres accumulés dans ce coin de
nécropole , réemployé à des ni veaux di fférents aux di verses époques , i l n’est
point ai sé de s ’ imaginer l ’aspect exact des l i eux aux temps lo intai ns de l aV I e dynasti e . La rue de tombeaux est bordée de véri tables col l i ne s de déblai squi , par endroi ts , coupent même l a perspecti ve . Descendus au fond du ravinsablonneux , i l nous est impossib le d
’
apercevo ir les tombes de Mereruka etKagemn i, si tuées à quelques mètres seu lement , et qui sont peut— être en relati onavec l es chapel les funérai res de l a rue . En effet , de part et d
’autre , ce sontnon seu lement des contemporai ns , mai s des personnages portant de nombreuxti tres communs et qu i , d
’après quelques i ndi ces , pourraient apparteni r à unemême fami l l e . Des fou i l l e s étendues apporterai ent vrai semblablement desrenseignements préci s à cet égard .
Comme nous venons de l e dire , l es âges successi fs ont accumulé i c i l eursnécropoles , l es unes sur l es autres , uti l i sant l es matéri aux des tombeaux àdemi ruinés pour en ériger de nouveaux , s i bi en que les ass i ses supérieures desmurai l l es ont di sparu pour l a p lupart , malheureusement avec l es scu lpturesqu i les décoraient .
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La rue , à peu près exactement ori entée du Sud au Nord , étai t bornée àl’
Est et à l’Ouest par l a façade de deux gigantesques mastabas constru i ts engrands blocs de ca lcaire soigneusement apparei l l és . Les murs , l égèrement ental us , s ’arrêtaient à quelques mètres du sol par une vaste pl ate - forme . Dans l afaçade du côté Ouest , fai sant face donc à l
’
Est , s’
o uvraient l es portes de quatrechapel les funéra i res , au mi l i eu de peti tes façades consti tuées par un légerretrai t du front du mur principal . Dans deux tombeaux au moins , des pi l i ersen grès encadrent l a baie . Des figures gravées et des i nscripti ons atti rentimmédi atement l es regards et décri vent l onguement l es noms et ti tres du pro
priétaire de chacune des chapel les . A l’ i ntéri eur s 'ouvrent pl usi eurs sal l es ,
écl ai rées vrai semblablement par l a porte ou par d ’étroi ts soupi raux , commedans l es tombeaux de Ti et de P tahho tep.
Au - dessus d ’un soubassement d ’un mètre environ les scènes sculptéeset peintes se déroulent à peu près depui s l ’entrée j usqu a l a stèl e ou fausseporte qui mène aux appartements i ntimes du mort . Ceux—ci se trouvent si tuésprofondément dans l e sol , communiquant avec l
’extérieur par un pui ts qu idébouche au sommet du mastaba . Un escal i er condui t , dans p lusi eurs tombeaux , de l
’une des chambres intéri eures à l a p l ate—forme , peut—être pourfaci l i ter les cérémoni es au j our de l ’enterrement .
Nous al l ons à présent examiner en détai l ce qui reste des troi s premierstombeaux de l a rue ; l e quatri ème n
’a pas été maintenu désensablé . Voici cequ ’en di t M . Loret Cette quatri ème tombe appartient à un nommé Ka—Par.
La stèl e est de mauvai s travai l mai s une grande sal l e , devant l a porte , offre unexemple intéressant de pl afond voûté en bri ques . Cette tombe est d ’ai l l eurspresque dénuée d ’ i ntérêt arti sti que . A part l a stèle et l ’encadrement de l a ported ’entrée , on n ’y trouve aucune scu lpture . Les s i x chambres sont simplementcrépies à l a chaux et badigeonnées de cou leur blanche (1
Di sons encore que , passé ce quatri ème tombeau , l a rue tournai t à angledroi t pour veni r se terminer en impasse contre l a pyramide funéraire de l areine Apo uit .
( 1 ) V . LO R ET , Fom ltes dans la nécropo le m empl nte ( 1 897 dans l e Bu l let… de l‘Institut égyptien, 3 ‘ séri e ,n‘ 10 , a nnée 1899. Le Ca i re , p . 9 1 .
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nous occuper tout à l ’heure . Sur l e panneau de droi te , on reconnaît encore l afigure du défunt debout , regardant vers l a gauche , entouré de textes qui répétaient probablement , à peu de chose près les i nscripti ons de l ’autre panneau .
Le l i nteau est enti èrement perdu , et c est à peine si l’on peut y reconnaître
,
en si l houettes faibl es , deux figures du mort , debout , tournées vers l a droi te ,encadrées de l ignes hori zontal es d ’ i nscripti ons .
Sur l a face interne des montants de l a porte , on trouve , à droi te et àgauche , l e mort , debout , regardant vers l
’extéri eur . I l t i ent l e grand bâton etl e sceptre ; sa coi ffure est serrée dans un bandeau orné , à l
’arri ère , d’un moti f
floral et dont l ’extrémi té pend sur l ’épau le (comparez planche Lesfigures sont fort abîmées , les textes qui l es surmontai en
‘t sont à peu près entièrement détru i ts . En combinant ce qu ’on l i t à droi te et à gauche , on peut restituer cependant : L
’
estim é d’
Osiris , maître de Busiri s , l’
estim é d’
Anubis ,
maitre de l’ensevelissem ent , l e chef des prêtres de l a pyramide de Teti , j ugesuprême , vi zi r , chef de tous l es travaux du roi , l e premi er après le roi , l e bâtondes Rekhyt l
’
Ankm o ute f chef des deux trésors en argent . Son grandnom est N efer—seshem - Ra.
La porte franchi e , sur l e mur de gauche d’un couloi r qui condui t à l a pre
m i è re chambre , un bas - rel i ef, fortement dégradé , étai t consacré à l a représentati on de troupeaux de boeufs (pl anche X) . On d i sti ngue encore l es restes dequatre regi stres . Sur chacun sont scu lptés deux boeu fs , l
’un derri ère l ’autre ,désignés par l ’ i nscripti on jeune boeuf Au regi stre i nféri eur
apparait un qu ’on pourrai t peut- être traduire i ci par régent de fermel ’équ ivalent exact régent de château donnant en françai s une i dée tropélevée des foncti ons du personnage .
La sal l e dans l aquel l e nous entrons , a presque enti erement di sparu etseu l s l es arasements des murs permettent d ’en reconnaî tre le pl an . Dans l e côtéSud s ’ouvre une porte donnant accès à une deuxi ème sal l e , sans trace de décorati ons sculptées ; dans l e côté Nord , une autre porte condui t à l a sal l e I I I , quiétai t l e l i eu principal du cul te funéraire c’étai t l à que se fai sai ent l es sacrifi ces ,devant l a stèl e ou fausse porte . Les murs en sont enti èrement détru i ts et ,seul e , l a stèl e monol i the est restée en pl ace , muti l ée vers l e bas par une in fructueu se tentati ve des chercheurs de trésors (planche X I ) .On est un peu surpri s au premier abord d ’apprendre que cette séri e de
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FIGURE 2 ST"LE DE NEFER — SESHEM - RA .
RECONST1TUT10N EN PERSPECT IVE MODERNE .
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panneaux bizarrement agencés , l égèrement en retra i t l es uns sur l es autres , doi treprésenter une porte , ou plus exactement l a partie de l a façade d
’une mai sondans laquel le s ’ouvre l a porte principale . Les conventi ons de l ’archi tectureégyptienne figurée sont des pl us déroutantes , et i l faut un certa in temps avantde démêler ce que l e dessinateur a vou l u exprimer . L 'analyse d ’un grandnombre de ces stèles , l a comparai son minutieuse de leurs détai l s , permettentcependant de resti tuer l ’ensemble d ’après nos conventi ons de l a perspecti vemoderne , à peu près de l a mani ère su i vante (voi r figure 2 )
La porte est séparée , comme on le vo i t du reste de l a constructi on parune forte moulure arrondi e . Au sommet s etend , sur toute l a l argeur , unegorge ornée de palmes . La moulure arrête vers l ’extéri eur les panneaux d ’encadrem ent de l a bai e , montants étroi ts et l i nteau couverts de figures et d ’ i nscriptio ns .
Légèrement en retrai t , l es panneaux de l a porte sont , à l eur tour , ornésde représentati ons du mort , debout , dans l a pose habi tuel l e . Les montantssupportent un l i nteau surpl ombant un peu et au ss i l égèrement en retrai t surl ’encadrement extéri eur . L ’espace l ai ssé l i bre entre ces montants et l ’architrave est d i vi sé par un nouveau l i nteau , en dessous duquel s ’ouvre l a porteproprement di te . Au - dessus , un peti t panneau ( 1 ) sépare deux étroi tesfenêtres desti nées à écl ai rer l ’entrée de l a maison quand l a porte est fermée .
Les panneaux flanquant l a porte devrai ent être , en réal i té , aperçus enperspecti ve ce sont l es deux faces i nternes des pi l i ers carrés qu i encadrentl a porte , tel s qu
’on les voi t , par exemp le , sur l es p l anches XX I I I , XX I Vou LXXV I I I et LXX1X . L
'
Egyptien , voul ant en montrer les i nscripti ons etdécorati ons , l es a rabattues sur l e p l an , rétréci ssant ainsi l
’espace réservé aupassage , au poi nt de l e transformer en une mince rainure , ce qui pouvai t sefaire sans aucun inconvénient , pui squ
’ i l n 'y avai t aucun détai l à marquer en cetendroi t . Tout au plus aurai t - o n pu représenter , comme on l
’a fai t parfoi s , l esdeux verrous qui servaient à assujett i r l es battants de l a porte . Un peti ttambour cyl i ndrique , placé dans l e passage , sert à i nscri re les noms et ti tres dupropri étai re de l a mai son . La di sposi ti on de ce tambour est c lai rement connuepar l es tombeaux de l’Ancien Empire , où on le rencontre trè s fréquemment .
Ce pannea u , orn é de deux repré sen ta t i on s du mort a ss i s devan t une tab le d '
o fl°rande s , dev i endra peu àpeu l a vér i tab le s tè l e , te l l e qu ’on l a conna i t aux époques u l té r i eure s .
'9
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Partout où l a pl ace l e permettai t , des i nscripti ons ont été gravées constituant une col lecti on très complète des formules funéraires de la fin de l AncienEmpire . On aurai t peine à ci ter une stèle dont l e réperto i re des formules fûtp lus abondant . Le scribe qui les a écri tes n ’a pas toujours été extrêmement soi
gneux et i l a parfoi s l ai ssé des traces de sa négl igence en tronquant unephrase , en oubl i ant un mot . Efl o rço n s - nous de donner une i dée de l ’ensembled e ces i nscripti ons , dont la traducti on compl ète demanderai t de l ongs comm entaires , que nous ne pouvons songer à présenter i ci .Les l ignes 1 à 3 contiennent des formules relati ves à l’accomplissem ent des
ri tes funéraires par le prêtre récitateur des textes ri tuel s , à l’ensevelissementdans l a nécropole et à la présentati on des offrandes funérai res aux pri ncipal esfêtes de l ’année .
Dans les l ignes 5 à 6 , les di eux sont i nvoqués pour qu ’ i l s accordent àN efer- seshem - Ra une bonne vi ei l l esse , estimé du di eu de sa vi l l e et du roi ,et pour qu ’après sa mort i l parcoure l es bons chemins dans lesquel s marchentceux qui sont aimés du di eu pri ncipal des morts , Osiri s .La l igne 8 conti ent une brève formule rel ati ve aux offrandes funéraires .A la l igne 10 , nous pensons reco nnaitre une al l usi on , i ncompri se par le
scribe , à l a montagne d’
Occident perso nnifiée , l e domaine de l a mort , qui tendses bras vers l e mort pour l’accueillir ( i ) .Les l ignes 4, 7 , 9 et 1 1 énumèrent l es t i tres du défunt .Les lignes 13 et 14 sont consacrées à des formul es rares , qui fo nt al l usi on
aux cérémoni es des funérai l les Qu ’ i l entre dans sa mai son d’
éternité en trèsbon repos , estimé du di eu Anubi s , chef des occidentaux (des morts) , maitre
de l a bel l e terre (nécropole) , après qu’on lui a fai t des offrandes funérai res
sur l a table d’
o flrande , après l a navigati on du l ac après que les ri tes ontété accompl i s en sa faveur par le récitateur des textes ri tuel s .La l igne 15 énumère encore des ti tres .Les l ignes 16 à 18 sont une espèce de panégyri que du mort je sui s
venu dans ma vi l l e , j e su i s arri vé dans ma province , j’ai réal i sé l a véri té pour
son maître (l e ro i , qui est maître de l a véri té) , j e l u i a i p‘ l u en ce qu i l a imai t . J ’a i
( 1 ) Voi r , par exem p l e , MARlETTE, l es fl asiabas de l ’Âncien Emp ire, p . 43 3 (Musée du Ca i re ) ; LANGESCHAFER , Grab und Denlzstem e des m itileren Reicbs, t . I , n ” 2 0005 , 2 0 008 ; stè l e du Musée de Vi enne , n ° 7 .
(2 ) MARlETTE, l es Jl'îastabas de t'Âncien Emp ire, p . 195 . Voi r peut- être H . MADSEN , D ie Totenfe ier im Garten ,
dan s l a Zeitscbnfl fur äg_ypti3cb6 Sprache und Âltertumslzunde , XLl l l , 1906 , p . 5 2 .
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dit le vrai , j’a i fai t l e vrai , j
’ai d i t l e bon , j e l’a i J ’ai été l ’arbi tre entre
l es adversai res , pour l es pacifier . J’
ai sauvé l e mi sérable de la mai n duJ ’a i donné du pain à qui avai t fa im , des vêtements (à qu i étai t J ’ai ensevel i celu i qu i n 'avai t pas de fi l s (pour l u i rendre l es dern iers devoi rs) . J
’a i étél a barque de celu i qu i n ’en avai t pas . J ’ai respecté mon père et a i été agréableà ma mère j ’ai pri s soi n de leurs enfants .Aux l ignes 19 à 2 1 on retrouve des formu les anal ogues à cel le s des pre
m i è res lignes .On pri e , par exemple , pour que le défunt marche dans les bonschemins , qu ’ i l so i t accompagné de ses doubles ou âmes , qu
’ i l soi t accuei l l i parl e dieu et guidé dans l es chemins excel lents où marchent les bienheureux , qu ’ i lparvi enne auprès du di eu grand maî tre de Que le récitateurdes textes ri tuel s et l’embaumeur (" accompl i ssent en sa faveur lesri tes
La l igne 2 2 ne conti ent que des ti tres .Aux l ignes 2 3 et 24 , on trouve encore , malheureusement muti l ées à l a
base , quelques formules funéraires i ntéressantes Qu ’ i l navigue sur l a voûtecél este en très bon repos , qu
’ i l apparai sse à l a pointe de l a montagne de l a— 'H
Ané cropole , qu i l so i t sai sih ) par ses ( 1) qu i l reço ive
des offrandes funérai res sur l a table d ’
o ffrandes de sa mai son d’
éternité , étantparvenu à un âge
Les l ignes 25 à 3 2 répètent exactement les l ignes 15 à 2 2 .
On voi t combien ces textes conti ennent d ’ i dées d iffi ci l ement conci l i ablesavec l es croyances à une vi e dans l a tombe , tel l e que nous l
’avons esqui sséep lus haut . Ce sont des i dées nouvel les qu i se font j our et qu i , sans rempl acerentièrement l es noti ons anci ennes , finiront par j ouer cependant un rôle important dans les préo ccuœtio n s d ’outre - tombe . El les se rattachent à une eschatologic nouvel l e , qu i est expl i quée , avec pl us ou moins de cl arté , dans les textesgravés sur l es murs des chambres funéraires des pyramides à part i r du roiOunas . Nous y avons fai t bri èvement al l u si on plus haut . Ces croyances , d
’unordre incontestablement plus élevé que les viei l l es théo ries , comm encent dès cemoment à s ’
insinuer dans l es sépu l tures des grands personnages . C ’est l à unprocédé lent , qu i se conti nuera pendant toute l
’hi sto ire de l’Égypte et qu i
( 1 ) MARlBTTE, l esMastaba: de l'Âncien Empire, p . 195 .
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consi ste ‘a faire bénéfi ci er de pl us en pl us l es sujets des recettes magiquesréservées d ’abord stri ctement au roi , tandi s qu ’on en élabore s imul tanémentde nouvel les pour l a personne royal e .
Les deux noms du mort , N efer—seshem —Ra et Sheshi , alternent constamment sur l a stèl e . Nous pouvons i ndiquer bri èvement i ci ce que l ’on peut supposer au sujet de ces deux noms , dont l
’un est appelé l e grand nom et l ’autre l ebon nom .
On sai t que , pour les primi ti fs en général , l e nom a une importanceextrême ; i l consti tue un élément essenti el de l a personnal i té humaine , qui ,sans lui , ne serai t pas complète c ’est , diri ons - nous , une espèce d ’âme . Oncroi t que l
’empl oi du nom dans les opérati ons magiques peut avoir sur celuiqu i l e porte une i nfluence i rrési sti bl e , et beaucoup de primi ti fs cachent leurvéri tabl e nom et l e remplacent , pour l es besoins ordi nai res de l a vi e , par unautre , dont l
’usage n ’
o ffrira aucun danger . Une légende mythologique égypti enne nous prouve à l ’évi dence l e rôl e important de ces croyances en Egypte ;de là , le bon nom ou nom habi tuel et le grand nom , qui étai t l e nom caché ousecret , qu
’on ne révélai t qu 'avec terreur , mai s qu’on étai t forcé de menti onner
dans l a tombe , afin que les formules rel igieuses et magiques pussent s’appl iquer
certa inement à cel ui à qui on les desti nai t . Nous verrons pl us l oi n que l ’onempl oyai t parfoi s un troi s i ème nom , dont l e rôl e n
’est pas absolument cl air .
De chaque côté de l a stèle , on entrevoi t des figures de servi teurs presentant des hui les , des essences , des bandelettes au double du mort U
à gauche et à droi te , ce sont l es mêmes offrandes ; de haut en bas , l es hui l es ,pui s les fards , enfin les bandelettes .
Le mur du côté Nord étai t décoré vrai semblabl ement de scènes semb lables à cel l es que nous trouvons dans l a chambre contenant l a stèl e dutroi s i ème tombeau . On en voi t encore des traces à peu près insignifiantes ,parmi lesquel l es i l n ’est uti l e de s ignaler que le ti tre et l e nom d ’un porteur
d’
o lfrandes 2
5 (ce qui reste suffi t pour reconnaître que les scènes
étai ent di sposées comme sur l a p lanche XCV I I ) .
Une porte dans l e mur Nord de la sal l e I I I condui sai t à une quatr i èmesalle (I V ) dépourvue actuel l ement de toute décorati on . Entre les sa l l es I I I etIV se trouvai t , au coeur de l a constructi on , un rédui t V , qu
’on appel le un
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fi l , que nous retrouvons nettement marqué dans l e dessin des j ambes et despieds . On pourrai t donc d i re que l’Égyptie1i représente l
’homme de profi l ensi lhouette , et l
’on peut se demander même si , à l ’origine , on n ’a pas simpl ement cherché à fixer sur l e mur l ’ombre noi re de l ’ i ndi vidu
,en réal i té une
de ses âmes . La diffi cu l té de traduire l e mouvement des bras,vus en s i lhouette
,
a amené une torsi on des épaules , auxquel l es on fai t subi r un quart de tour ,procédé employé auss i dans l es reproducti ons archi tecturales .
Dans l ’espace l a i ssé l ibre par l a figure principal e , on a cherché à caser quelques figures accessoi res . Entre l es j ambes , par conséquent à côté de N efer
seshem - Ra, sa femme est assi se sur le sol d’un geste , connu par l es statues
contemporaines , el l e ti ent l a j ambe de son mari . Seulement , i ci , l e scu lpteurs ’est trompé l e mort marche la j ambe gauche en avant , et l a femme , en réal i té , devrai t teni r cette j ambe de l a main droi te et nous apparaître à peu prèsde dos . Mai s l a représentati on de dos répugnant à l ’arti ste égypti en , commemanquant de cl arté , i l fait nettement passer devant l e corps de l a femme lebras gauche , qui devi ent ai nsi un bras droi t . Par le fai t , l a femme , au l i eud ’être assi se à côté de son mari , se trouve sous lu i , entre ses deux jambes .
La comparai son des groupes figurés sur les re l i efs avec les statues enronde bosse est très i ntéressante et montre nettement l es bizarreri es auxque l l esl es arti stes étai ent condamnés par ces procédés , qui nous parai ssent un peuenfanti ns .Le fi l s est debout , rempl i ssant l
’espace l ai ssé l i bre entre l a l igne du solet l a pointe antéri eure du pagne de son père , ce qui pourrai t servi r à montrerque les proporti ons des personnages dans les rel i efs égyptiens sont déterm inées surtout par l ’espace l ai ssé l i bre et non par l ’ i ntenti on de donner au défuntune tai l l e héro"que , comme on l e prétend parfo i s . I l est bon de remarquerdéj à i ci qu ’en pl usi eurs endro i ts , sur les pi l i ers , l e fi l s du mort a été effacésoigneusement et que , des inscripti ons qui s
’y rapportai ent , on n’a lai s sé sub
si ster que l e nom de l a pyramide du roi Teti , dont i l étai t prêtre . Nous auronsl ’occasi on plus tard de nous demander l a rai son de cette muti l ati on intenti onnel le des rel i efs , ayant pour résul tat de faire di sparaître l a figure d
’un des fi l sdu défunt .Revenons au procédé de figurati on humaine . Ce qui frappe surtout , ce
sont l es épaules dessi nées de face . Quelques arti stes égypti ens ont remarqué ,
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semble —t—il, l’ i nconvénient d ’une tel l e représentati on , au moins dans un cas
spéci a l . Souvent , l es scu lpteurs en ronde bosse ont marqué avec complai sancel es pl i s de grai sse qu i couvrent l a po i tri ne des Orientaux ayant passé de nombreuses années dans l ’abondance , entourés de l a vénérati on de tous . Unepoi trine grasse vue de face et en s i lhouett e n ’a ri en de spéci a lement caractéristique et , dans l e cas présent , i l éta i t plu s avantageux de dess i ner nettement l etorse de profi l . C ’est ce que l ’on constate dans l e tombeau de N efer— seshem
Ra et dans l es tombeaux voi si ns , où l’on croi t retrouver , à certai ns i ndi ces , l a
même mani ère dans l e trai tement des figures pri ncipa les (pl anches XV I etXV I I ) .L'arti ste a été incapable de surmonter les diffi cultés que présentai t i ci l a
représentati on des bras . L’
épaule gauche (planche XV I ) , de même quel ’épaule droi te (planche XV I I ) , sont péniblement rattachées au cou , a insi qu
’audos Cependant , s i nous ti ri ons une l igne de l a base antéri eure du cou ausommet du sein , l a figure tout enti ère nous paraîtrai t supérieure à ce que lesÉgypti ens nous ont habi tués à voi r . Mai s l
’autre épaul e aura i t été cachée parl e corps , et c ’est ce que l
’arti ste n ’a pu se résoudre à fai re ; i l s’est imaginé
peut - être qu ’on n 'aurai t pas compri s l e mouvement du bras qui ti ent l e bâtonet qu i aurai t semblé sort i r de l a poi tri ne du personnage . I l a b ien dû recouri rau procédé que nous avons vu dans l a p lanche XV et i l a ramené en avantl ’épaule tel l e qu ’on l a verrai t de face , en l u i fa i sant fai re un quart de tour ; ducoup , l a figure enti ère devi ent une véri table monstruosi té , qui nous choqueplus que si el l e ava i t été dess inée d ’après l e procédé ordinaire . C ’est pourcel a aussi que , sur l a p lanche XV I I , l a main droi te , qui pend le long de l aj ambe , est vue de face , al ors que l
’épau le a été dessinée avec l a prétenti ond ’être vue de profi l .
I l y aurai t évi demment encore bi en d ’autres remarques à fai re pouressayer de rendre compte de toutes les anomal i es des représentati ons égypti ennes . M . Potti er a di t excel l emment (2) que les Orientaux o n t représenté
( 1 ) Parce qu i l y a rée l l em en t un rabattem en t de l ’épau le vue de face sur l e torse vu de profil , com m e l ’am on tré MADSEN . Ein Kunstlen scbes Exper imen t im a llen Reicbe , dan s l a Zeitschr ift für Âgyptiscbe Sprache und fi ltertumslzunde. t . XL I I . 190 5 , p . 65—69 .
(2 ) E. Po rn en , Do ur1‘s et les pein tres de v ases grecs. p . 1 1 5 En e ffe t , apre s de l ongs efforts , ce son t l e sGrec s qu i on t br i sé le s conven t i on s tyra nn ique s a uxque l le s s'é ta i en t p l i é s l e s a rt i ste s e n Egypte , en Chaldée , enAs syrie . I ls on t renoncé à désa rt i c u ler l ’ê tre hum a i n , sous prétexte de l e m on trer sous de s a spects a na tom iquem en tvra i s . I l s on t Subs t i tué à l a rea l i té fac t i ce du corp s , dess i né part i e par pa rti e , l a s i lhoue tte v i va nte , sa i s i e dan s l a
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les hommes tel s qu 115 sont et non tel s qu ’on les voi t . L ’
Egyptien a , en effet ,touj ours peur de ne pas montrer assez son modèle et i l l e dessi ne un peu , s i onnous permet l ’expressi on , de l a façon dont nous pensons généralement àun homme , sans qu
’à cette pensée se rattache l ’ i dée d ’un homme vu de faceou d ’un homme vu de profi l . Notre pensée en fai t en quelque sorte l e tour ;l e dessi n égypti en ne fai t pas autre chose . Et pui sque nous cherchons à traduire des procédés di sparus depui s des si ècles en nous servant de classificati ons art i sti ques qui répondent surtout à des choses toutes modernes , on nouspermettra de di re que les Égyptiens ont essayé de fai re de la ronde bossesur un pl anNous avons terminé ainsi l ’examen du premier tombeau de l a rue . Une
sépul ture de l a XV I I I ‘ dynasti e obstrue l e passage et obl ige à escal ader lesdébl ai s avant de redescendre , quelques mètres plus l oi n , pour retrouver l en i veau de l a rue de l a V I ° dynasti e devan t l a porte du tombeau de Ankh—maH or .
rap i d i té du m ouvem en t reprodu i te avec se s i négal i té s de form e s e t se s d i s sym é tr i es . Ce fu t la v i c to i re de l ’ar t s urla sc i ence . On s
’
hab itua à des tro i s quarts , à des per spec t i ve s , à des part i e s supprim ée s ou à dem i ca chées ; on envin t à con s i dérer l a na tur e , non te l l e qu'e l l e e st, m a i s te l l e qu 'on la vo i t . L 'or i en ta t i o n de l ’art en fu t cha ngée co mplètement .
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I l . TOMBEAU DE AN KH -MA HOR
A porte de ce tombeau (planche XV I I I ) , de même que cel l e duprécédent , s ’ouvre au mi l i eu d ’une peti te façade
,marquée
par un retrai t dans l e mur du mastaba (planches X I X et XXI I ) .De chaque côté , deux pi l i ers en grès tranchent par leur couleur pl us foncée sur l e calcai re blanc ; i l s nous montrent l e
mort , debout , l es deux mai ns pendantes , s ’
avançant vers l a porte . Des inscripti ons assez muti l ées énumèrent l es ti tres pri ncipaux d’
Ankh—ma—Hor , dontl e bon nom est Sesi , et qui sont à peu près les mêmes que ceux de N e fer
seshem - Ra. Sur l es panneaux en cal cai re blanc , l e mort est représenté assi ssur un si ège , dont l es p i eds sont en forme de pattes de l i on ; i l a revêtu l epagne , dont la part i e antéri eure s
’avance rai de en forme de tri angle , et i l ti entl e grand bâton dans l a main gauche . Remarquons l a mani ère dont l e tri angl e dupagne , bien que vu réel l ement de profi l , est représenté de face , par rab an ement sur l e p lan principal .
Sur le panneau de droi te (planche XX I I ) , l a figure humaine est tout à faitmal représentée . On s ’attend à trouver l a j ambe gauche en avant , car l agauche , en Egypte , est de bon augure; le côté droi t , au contraire , étai t l e côtédu pays des morts , l
’
Occident , les Egypti ens s’
o rientant sur l e Sud . Le sceptrede cérémoni e se ti ent ordinai rement de l a main droi te , et l e personnage toutenti er devrai t , en quelque sorte , nous apparaître de dos , pui sque les épaulessont dessinées en pl an . La nécess i té de montrer l a poitr ine du personnage afaussé l a représentati on le bras droi t tenant l e sceptre devi ent l e gauche , l aj ambe droi te est en avant , ce qui n ’arri ve j amai s en ronde bosse , et seu l l esceptre , qu i passe sous l e bras qui s ’avance , trahi t l a pose primi ti ve qu ’ i ls ’agi ssai t de rendre .
Nous donnons sur les p lanches XX et XX I le détai l de l a grande figurede gauche , l a mi eux conservée . C ’est un fort bon exemp le de scu lpture enrel i ef dans le creux . Toutes les représentati ons des tro i s tombeaux sont enrel i ef; seules les figures et l es i nscripti ons des façades des I I ‘ et I I I ‘ tombeaux
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sont en rel i ef dans l e creux . Le choix de ce procédé est i ntenti onnel l esfaçades étant tournées vers l’Est et très brutalement écl ai rées pendant unegrande part i e de l a j ournée , l e rel i ef dans l e creux étai t i ndi qué pour quefigures et i nscripti ons ne fu ssent pas tout à fai t noyées dans ce bain del umi ère .
Les i nscripti ons sont malheureu sement muti l ées l a part i e supéri eure desl ignes manque , et cette l acune est d
’autant p lus regrettable que les textes présentent des formules rares , s inon uniques , que nous ne nous aventurerons pasà tradui re dans cet état fragmentaire . Le mort s ’adresse avec menaces auxvi vants qu i vi endrai ent à son tombeau , so i t pour l e soui l l er , soi t pour ymanger des al iments i nterdi ts . A droi te , notons , à l a seconde l igne , une phraserare où i l est questi on du prêtre récitateur qui vi ent au tombeau pour yaccompl i r les ri tes en conformi té avec ce l i vre mystéri eux de l ’oeuvre duprêtre récitateur ( i )
Les faces i nternes des pi l i ers qui encadrent l a porte (planches XX I I I etXX I V ) sont ornées de grandes figures du mort , vu de profi l , dans la poseque nou s avons remarquée sur l es pi l i ers du tombeau de N efer- seshem - Ra
(pl anches XV I et XV I I ) . On peut se demander si ces Sculptures ne sont pasde la même main . Que l ’on compare l es deux figures qu i décorent l es facesi nternes des pil i ers d
’entrée du troi si ème tombeau (pl anches LXXV I I I etLXX1X ) . A noter , par exemp le , l a man i ère typique dont l es pi eds posent surla l igne du sol .
Entrons dans l e tombeau . Les murs de l a prem i ere chambre ont assezsouffert et seul e une faib l e part i e des sculptures subsi ste . El l es se trouvent ,comme dans toutes l es sal l es , au—dessus d ’un soubassement d ’un peu p lus d ’unmètre de haut , qui porte encore de nombreuses traces de sa colorati on noi re ,j aune et rouge .
Le mur Nord , à droi te de l’entrée (planche XXV) , a conservé l a maj eure
parti e de deux regi stres de rel i efs . Au premier regi stre (regi stre i nféri eur) àgauche , un scribe écri t ce que l u i di cte un personnage qui se retourne versl u i . Deux groupes de deux hommes sont occupés à une opérati on qu ’ i l nousest impossib le de préci ser et où certai nement on manipu le des pains et des
( 1 ) La l acune se com p l ète par L EP S IUS , Dentzmà‘
ler, I l , 7 2h , et Ergânz ungsband, p lanche I X .
U N E R U E D E T O M B E A U X A S A Q Q A R A H
l iqui des . Est- ce l a fabri cati on de la b iere ? Au second regi stre , fortementmuti l ées
,le s mêmes scènes se continu ent sous l a survei l l ance d ’un scri be , à
gauche,et d ’un directeur de magasin , à droi te N ) . On remarquera
que,chaque foi s que l ’arti ste a voul u indiquer l e mouvement de l ’épaule
opposée à l ’observateur , i l a rabattu cel l e - ci sur le pl an , comme nou s l’avons
vu sur les pi l i ers du tombeau de N e fer- seshem - Ra. L 'exemple l e pl us curieuxest certes l e personnage du premier regi stre , qu i , i nc l i né vers l a droi te ,au - dessus d ’un grand vase pl acé à ses p i eds , retourne l a tête et s
'adresseau scribe assi s derri ère l ui , prêt à enregi strer l es i ndi cati ons qu
’ i l recevra .
I ci, l
’
exagératio n de l’épaule gauche est tout à fai t dépla i sante .
Sans nous arrêter devant l a porte qui condui t dans une vaste sal l e à pi l i ers,
à l aquel l e nous aurons à reveni r pl u s tard , examinons l es restes des scu lpturesdu mur Ouest (planche XXV I ) . On ne voi t pl u s qu ’une mince bande décoréeet qu i a malheureusement subi , vers l a droi te , des muti l ati ons i rrémédiablesune parti e des représentati ons manque égal ement au côté gauche . Le mur éta i tvrai semblabl ement consacré à une scène de chasse à l’hippopo tam e . Le défunt
,
comme on l e voi t dans d ’autres tombeaux , s ’avance hardiment dans l es fourrésde p lantes au mi l i eu desquel s se cache son gib ier favori et , l e harpon à l a main ,attaque sans hési tati on . Tout à fai t à droi te , dans l a part i e muti l ée (au bas del a planche) , on aperçoi t un hippopotame . En l’exam inant attenti vement , onvoi t , au - dessus de son cou , des restes de l a représentati on des cordes qu iimmobi l i sai ent l ’animal harponné . Une scène de tombeau publ i ée par Pri ssed
’
Avennes permet de resti tuer avec sûreté ce détai l A l ’extrémi té gauche
(en haut sur l a p lanche) , on voi t encore un autre hippopotame . I ci , c’est l a
femel le , et l’art i ste égyptien , observateur attenti f de l a nature , l
’a représentéeà l ’ i nstant même où el l e donne nai s sance à un peti t . Un gigantesque crocodi l esemble attendre le moment de happer le j eune animal . Tout l ’espace laissél ibre est remp l i par des l otus et des poi ssons s i so igneusement exécutés
,que
des natural i stes pourrai ent les i dentifier sans difficulté ; nous pouvons y reconnaitre notamment des poi ssons électri ques . Le poi sson à bec , nageant devan tl’
hippopo tam e femel le , paraît avoi r été rarement figuré dans l es bas - re l i efségyptiens et méri te de fixer l ’attenti on des spéci al i stes . Fleurs , feu i l l es , boutons de lotus bl ancs et bl eu s , ont été dessi nés avec un so in tout spéci al par
Pm s se d'
AVENNES , H isto i re de l 'art égyptien, d ’après les monuments, Par i s , 1878 ,t . I I
,p l . X .
29
U N E R U E D E T O M B E A U X A S A Q Q A R A H
l ’arti ste,qu i nous donne i ci un exemple excel l ent du souci de représenter
l’
entièreté de la nature avec une minuti e qu i n’a , sembl e—t— il, été égalée que
par l es J aponai s .En face
,du côté Est , deux regi stres sont conservés (planches XXV I I à
XXX ) . Le mur étai t consacré à des scènes agri co les ; l e deuxi ème regi stre nousmontre
,en effet , l es derni ères opérati ons de l a moi sson : l e dépiquage et l e
vannage . En al l ant de droi te à gauche , nous rencontrons les scènes sui vantesUn homme debout , vêtu du pagne consti tué de minces bandelettes flottantes ,forme une meul e au moyen de gerbes posées en tas à ses p i eds . Ensui te , septânes écrasent l es épi s , exci tés par l es coups de bâton de deux hommesqui se trouvent à chaque extrémi té de l ’ai re. Courage , vous autres , camarades
,di t l ’un d ’eux , qui fai t face à un baudet récalci trant , dont l a physi o
nomi e amusante a été très spiri tuel l ement rendue . Un ouvrier qui , pour travailler plus à l ’ai se , a retourné son pagne sur le s rei ns , bal ai e les ép i s qui s
’
épar
pi l l ent sous l es p i eds des ânes et l es rej ette dans l ’aire . Les vi vres des ouvrierssont pl acés à côté d ’eux , dans une grande marmi te , posée sur un support . Aucentre
,deux ouvri ers terminent une meule . Un troi s i ème ouvri er , agenoui l l é à
l a base de l a meu le et tenant en main sa fourche , est armé d ’un instrument quenous ne pouvons reco nnaitre avec préci si on (est - ce un peti t bala i et dont i lse sert pour une opérati on diffi ci l e à déterminer . Ce groupe est séparé du suivant par des provi si ons desti nées aux ouvri ers . I ci , un homme debout , à côtéd ’une meu le , bal ai e l es grains et l a pai l l e devant une femme , occupée à vanner .L ’ i nstrument de vannage est formé de deux sortes de peti tes pel l es enboi s , au moyen desquel les l a femme ramasse sur le so l l es grains et l es j ette auvent , qui enl ève l a pai l le . Deux femmes encore nettoient l es grains déj à débarrassés d ’une parti e de l eurs impuretés , en les soumettant à un nouveau vannage ,pu i s en l es passant au cribl e . Enfin , on voi t l a maj eure parti e de l a figure d
’unefemme occupée , vrai sembl ablement , à un travai l anal ogue .
Au premier regi stre , on ass i ste à une scène fréquente en Egypte desbouviers , montés sur deux l égers canots , accompagnant l eurs troupeaux quitraversent à gué un bras d ’eau . A droi te , l e canot est occupé par quatrehommes , deux rameurs et deux bergers , qui ti ennent l a corde à l aquel l e estattaché un peti t veau . Les bergers étendent le bras , rai de , au - dessus de l ’eau ,dans l a pose habi tuel l e de l a conj urati on contre les crocodi les . On di sti ngue ,
30
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travai l , de même que le mien , est excel l ent . Entre l es deux se trouve deboutun peti t personnage chargé de di vers obj ets . est fort regrettabl e que l e restedes scènes ai t di sparu , car ces représentati ons de marchés sont très rares dansl es tombeaux de l’Ancien Empire
Le mur Sud , que nous apercevons en premier l i eu à notre entrée dans lasal l e étai t consacré à de curi eu ses représentati ons de méti ers (p lanche XXX I I I ) . Malheureusement , l a perte des regi stres supéri eurs n
’a l a i ssésubsi ster qu ’une parti e de ces scènes i ntéressantes .
Au premier regi stre , à droi te , réparti s sur deux peti ts regi stres intermédiaires , quatre ouvri ers sont occupés à creuser et à pol i r des vases en pi erredure , ceux qui creusent employant de grands o utils
’
à forer , en forme devi lebrequins Î A côté , nous sommes dans l’échoppe des corroyeurs ,coupant des sandales , assoup l i ssant l e cu i r , achevant un sac semb lable à ce luique nous avons vu dans l a scène du marché (pl anche XXX I I ) . Plu s l oi n , onfai t l ’ i nventai re des bij oux d ’
Ankh - ma - H or . La scène se passe dans une sal lesupportée par des colonnettes à chapi teau en fleurs de lotus ; l e scribe i nscri tl es di verses p i èces de bij outeri e que l ’on i nspecte devant l ui ; un peti t regi strei ntermédi aire est occupé par des nains , auxquel s , semble- t - i l , on confiai t l esoi n de conserver l es parures du maître , qui sont i ci pri ncipalement des col l i erset des contrepo ids de col l i ers .
Au second regi stre , à dro i te , nous assi stons au travai l des métaux . Sousun peti t édi cu l e , supporté par des col onnettes à chapi teau en fleurs de lotus ,l a pesée du métal est fai te en présence d ’un scribe . Quatre ouvri ers acti vent lacombusti on du foyer au moyen de chal umeaux , tandi s qu
’un ci nqui ème ouvri er ,qu i ti ent peut- être dans l e foyer , au bout d
’une pi nce , l e métal à amol l i r ,s'adresse à ses camarades en les exci tant au travai l . Derri ère ce groupe , deuxautres ouvriers battent à grands coups de pi erres l e métal , afin de le réduire enminces feu i l l es ce sont l es batteurs de l ’or nécessaire pour les funérai l l es .
A côté des fondeurs et des batteurs d ’or , des sculpteurs préparent l esstatues fi1néraires . Les croyances animi stes des Égypti ens rendai ent néces
( 1) Voi r MAS PE RO , Zine représentat ion de bazar égypt ien remon tant à l'Âncien Emp ire, dan s l es Etudes de my tholog ie et d'archéo log ie égyp t iennes, t . I V (Bib l i othèque égypto logiqu e , t . VI I I ) , p . 2 53 - 2 57 e t p l anche ; LEPS… 8 ,
Denlzmàler, I I , 96 .
(2 ) L . BORCHARD'
I'
, Beitrage zu Gr iffith Beni Hasan 177, dans l a Zeitschrift für Âg_ypt13che Sprache und fi ltertumskunde, XXXV , 1897 , p . 107 .
3 2
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saire à l a survivance de l ame l a présence d 'un souti en matérie l , l e corps ; delà
,l es procédés de conservati on de l a momie . En vue de l a destructi on
possib le de cel le - ci , on recourai t à des statues en pierre dure , en calcai re , enmétal
,en boi s , qui devenai ent de véri tables substi tuti ons du corps . Afin de les
mett re à même de rempl i r exactement ce rôle , i l fa l l ai t qu’el les fussent des
copies parfai tes du modèle , et c’est cette i dée qui imprime aux statues de
l’
Ancien Empire un cachet de natural i sme extraordinai re . Ces statues sontsouvent pl acées en sûreté dans un rédui t , appelé serdab , caché au coeur del a maçonneri e , et dont nous avons déj à s ignalé l a présence dans le tombeau deN e fer- seshem —Ra.
Un chef des sculpteurs achève au ci seau le bras d ’une statue , sur l a basede l aquel l e i l se ti ent debout . I l a passé sur l ’épaul e son herminette , outi l aumoyen duquel s ’exécute l e gros oeuvre et qui nous ind i que que l a statue esten boi s . Le défunt est représenté debout , les deux bras pendants , vêtu d
’unpagne qu i serre étro i tement les hanches , l a tète couverte d
’une calotte uni equi cache l es orei l l es . Une autre statue nous l e montre dans l a même posi ti onmai s , cette fo i s , l e corps est enti èrement nu et l a co i ffure est une perruque apeti tes boucles rangées en l ignes scribe d ’un rang spéci a l ,appelé Mesi , est occupé à l a peindre i l tient dans l a main gauche un godetavec l a coul eur , tandi s que , de l a droi te , i l promène légèrement son pinceauau bord de l a coi ffure . On remarquera qu ’entre le peintre et l a statue desmartel ages ont so igneusement effacé une parti e de l a représentati on . Le mortétai t certai nement , comme nous al lons l e vo i r par une autre statue , accom
pagné de son fi l s ; c’est évi demment cette figure du fi l s qu ’on a intenti onnel
l ement fai t di sparaître , a lors que , par i nadvertance , semb le - t—il, on l’a l a i s sée
subsi ster immédi atement à côté . U n scribe est occupé , en effet , à une troi si èmestatue du mort accompagné de son fi l s Jeshfi. Le défu nt est vêtu du pagne ,formant sur l e devant un tabl i er tri angu lai re ; i l ti ent dans l a mai n gauche songrand bâton et de l a droi te l e casse - tête ou sceptre cérémoni e] l a perruqueest unie et échancrée de façon à lai sser passer les orei l les .
Enfin , une quatri ème statue n ’est p lus conservée que part i e l l ement .I ci , deux ouvri ers , dont l e chef scu lpteur , ta i l l ent et pol i ssent . Le chefsculpteur , qui a passé son herminette dans l a mai n gauche , frotte l ebras de l a statue , vrai semb l ab lement au moyen d ’un po l i s soi r , tandi s que
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son compagnon , accroupi à ses p ieds , frappe à coups de marteau sur unci seau .
Les restes d ’un tro i5 1em e regi stre sont i nsuffi sants pour qu ’on pui ssedéterminer l a scène à l aquel l e i l s appartenai ent .Le mur Ouest , que nous rencontrons maintenant (planche XXX I V) , étai t
probablement consacré tout entier à l a capture des oi seaux de marai s et àl eur él evage à l a ferme , scènes dont on pourra se faire une i dée généra lepar un mur sculpté du troi si ème tombeau (planche LXXXV) .Tout à fai t à droi te , muti l é dans sa parti e supéri eure , apparaît le mort ,
vêtu du pagne à tabl ier tri angul aire , portant sur l es épaules l a peau de panthère , les pi eds chaussés de sandal es et s
’appuyant sur son bâton dans unepose de repos que nous retrouverons p lus l oin . Derri ère l ui , placés à troi sregi stres di fférents , étai ent représentés tro i s peti ts hommes , dont l e p l usélevé , qui ti ent en main un bâton , porte l e vêtement consti tué de bandelettesflottantes . En dessous , le nain favori s
’avance d ’une al l ure tout à fai t caractéristique sur son épau le , retenu par une l ai sse , un singe appri voi sé esqui sseun geste rappel ant le p ied de nez (pl anche XL I ) . Sous l e nain , un martelage soigneux a fai t di sparaî tre une peti te figure , qu i devai t être prob ablement cel l e d ’un des fi l s du mort . Un autre se trouve debout devant sonpère c ’est l ’ami unique , l e prêtre récitateur Jeshfi, que nous avons vudéjà debout à côté d
’
Ankh — ma - Hor sur une des statues funéraires
(planche XXX I I I ) . Une grande l igne d’
hiéroglyphes donnai t l e ti tre de l ascène qui se dérou le sous les yeux du maitre de l a tombe . [ I l survei l le] …l a capture au fi let des oi seaux par l es tendeurs de son éterni té .
Dans les troi s regi stres qu i subsi stent , complets et fragmentai res , plusi eurs personnages , tournés vers le mort , s
’
avancent pour présenter les produi ts de l a chasse (p lanche XXXV) . Ce sont d
’
abord , sur les deux regi stresconservés en entier
,des fi l s du mort . Au premier regi stre , l a figure et les
in scripti ons ont di sparu sous un martel age soigneux l e s igne pour fi l s sedi stingue cependant encore . Au deuxi ème regi stre , c
’est le fi l s aîné Jeshfi quenous venons cependant de rencontrer aux pieds de son père , assi stant à l ascène que nous analysons . Cel a ti ent évi demment à l a manière dont l estableaux étai ent composés
,au moyen de véri tables cahiers de modèles;D ’une
part , on sculpte le mort accompagné de ses enfants ; d’autre part , l es porteurs
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d’
o ffrandes , à peu près tous dans l a même pose . Ceux - c i sont ensu i te identifiés à divers personnages de l a fami l le ou de l 'entourage du défunt , sans qu ’onprenne so in de voi r s i aucun d ’eux ne fai t double emplo i . Les autres porteursd ’o i seaux sont au regi stre supéri eur , un prêtre du double — donc un desprêtres attachés au servi ce funérai re de l a tombe et un chef des médecins
dont le t i tre est i ntéressant à s ignaler .Au regi stre i nférieur , immédi atement derr i ere les traces de martelage
(planche XL) , s’avance un personnage gros et gras , tenant de l a mai n gauche
quatre oies v i vantes , tandi s que , de l a droi te , i l en apporte troi s autres p luméeset prêtes à être rôti es . C ’est le supérieur des prêtres du double , Hepi . Sapoi tri ne replète n 'aura i t pas été rendue de façon suffi samment réal i ste par l eprocédé habituel auss i l ’arti ste a - t - i l recouru au même procédé que nous avonss ignal é sur les p i l i ers d ’entrée du tombeau d’
Ankh- ma - Hor . s ’en serviraune foi s encore (p lanche L l l ) l orsqu
’ i l aura à représenter l e même Hepi .semble que nous nous trouvi ons i ci en présence d ’un procédé desti né à traduire d ’une façon pl us expressi ve le torse des personnages gras et non point ,comme on pourrai t l e penser d ’abord , d
’une tentati ve arti sti que marquant unprogrès sur l a mani ère ordinai re de dessi ner l a poi tr i ne en face sur uncorps vu de profi l .
Derri ère Hepi , et l u i tournant l e dos , le chef des tendeurs , s’appuyant
sur un court bâton et portant un léger manteau en sautoi r , survei l l e ses hommesoccupés à manoeuvrer un grand fi l et . La scène est décomposée en deux parti es , d i sposées en deux regi stres superposés . En dessou s (planche XXXV I I ) ,l es o i seaux , o i es et canards , qui nagent à l a surface de l ’étang dans une vari étéd
’
att itudes remarquable , sont venus s’engager à portée du fi l et . Sur le bord ,
on a représenté quelques p lantes ; derri ère une touffe , l e ni d d’une oi e ; deux
ibi s et un héron complètent la séri e des oi seaux .
La corde du fi l et traverse un écran formé de feui l l ages , derr iere lequels ’est prudemment d i ssimulé l e chef d ’équipe , épi ant le moment propi ce pourdonner a ses camarades l ’ordre de ti rer . Quatre vigoureux gai l lards ti ennentsol i dement l a corde , n
'
attendant que ce signal (planches XXXV I et XXXV I I ) .Le moment est venu ; par un mouvement très hardi , l
'arti ste égypti en nousmontre (planche XXX I X ) l e chef d
’équipe se retournant brusquement pourd i re , s i nous comprenons exactement : Eh"tendeur , l a chasse est dans ta
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main . I mmédi atement , d’un seul mouvement , qu i est rendu au regi stre supé
ri eur,l e s quatre hommes ti rent de toutes l eurs forces à l a corde et se ren
versent en arr i ère , de façon à aj outer à l eur effort tout l e poids de l eur corps .Sous cette tracti on pu i ssante , l e fi l et se referme et i l n ’y a plus qu 'à prendrel es oi seaux , à l es enfermer dans des cages ou à l es emporter par grappes ,nous diri ons volontiers par bouquets . Partout Où l ’espace s ’y prêtai t , on areprésenté des pl antes , des animaux , des insectes , formant ainsi un véri tabl epaysage , où rien n
’est négl igé . Des accessoires du fi l et , piquets et cordes , desvi vres pour les chasseurs , compl ètent cet ensembl e , dont l
’analyse détai l l éenous entraînerai t trop loin .
Remarquons , au second regi stre , l a di sposi ti on des plantes réparti es audessus et au - dessou s des tendeurs , de façon à bien montrer que les hommessont assi s au mi l i eu des plantes . Une inscripti on malheureusement muti l ée di t
cette chasse et le double de Sesi I ci , comme souvent , l esi nscripti ons sont effacées l à où el les semblent avoi r été p l us parti cu l i èrementcuri euses .
Cette scène de tenderi e compte certai nement parmi les mei l l eures sculptures du tombeau d’
Ankh - ma - Hor et , pourri ons - nous dire , parmi l es mei lleut es de l’Ancien Empire égypti en . L ’arti ste y a montré un souci du déta i lpi ttoresque rarement égal é , une minutie dans l
’exécuti on qui ne nui t cependantpas à la vigueur de l ’ensemble . Des gestes qui , ai l l eurs , sont simples et schématiques , comme par exempl e l
’appl i cati on des mai ns à l a corde du fi l et (voi rp lanche LXXXV1) , sont rendus i ci avec une rare exacti tude . L ’homme qui seretourne étonnera ceux même qui croi ent le mieux connaître les atti tudes despersonnages de l’Ancien Empire . On ne trouve à lui comparer que l ’hommepoursu i vi par un s inge , actuel l ement au Musée du Caire ( i ) , dont nous donnons i ci une nouvel l e reproducti on (planche Cl l l ) . I l est aussi très i ntéressantde comparer cette scène à une autre anal ogue du troi si ème tombeau (voi rpl anche LXXXV ) . Les arti stes égypti ens trava i l l a i ent , on l
’a remarqué depui sl ongtemps , d
’après des cahi ers de modèles . Le j our où l ’on aura publ i é , ennombre suffisant , les tombeaux de l’Ancien Empire pour pouvoir rechercher combien de scènes ont été copi ées sur l e même modèle , nous pensons
( i ) MASP ERO . l e .Ïl‘lusée égy ptien , t . I I , p l . X I .
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que , tout en restreignant , en beaucoup de cas , l a part de l’ i ntervention i ndi
viduelle des arti stes , on ne pourra s ’empêcher de leur reco nnaitre cependantune habi leté remarquable à varier les représentat i ons des mêmes sujets et àen faire des tableaux d 'une rare perfecti on . Les scènes de tenderie du tombeau d ’
Ankh- ma - Hor et de N efer- seshem - Ptah compteront probablementparmi leurs plu s remarquables repo ductio n s .
Le mur Est de l a sal l e n ’a conservé que des traces insignifiantes desscènes qui y étaient sculptées . A peine peut - on di stinguer , à gauche , les pi ed sdu mort tourné vers l a droi te devant et derri ère lu i , l es pieds de deux de sesfi l s , probablement . Les derni ers signes de deux l ignes d
’ i nscripti ons n ’apprennent absolument ri en . On peut cependant encore reco nnaitre que , devantle mort , s
'
avançaient des hommes apportant des poi ssons ce mur étai t doncvrai semblablement consacré à des scènes de pêche , fai sant pendant aux scènesde tenderi e du mur d ’en face .
Au mur Nord (planche XL ] I ) , nous rencontrons une prem iere processi ond
’
o ffrandes . A part i r de cet endroi t , e l les vont consti tuer l a maj eure part i e d ela décorati on des murs . On pourrai t di re , peut - être , que l es premi ères sal l e sétai ent consacrées à l a préparati on l oi ntai ne et médi ate des offrandes qu i vontêtre représentées à sati été sur les murs des autres sal l es . Les processi onsd
’
o ffrandes sont toutes di rigées vers l e fond de l a sa l l e I V , où se trouvai t l astèle ; c
’est l à , en effet , que doi vent arr i ver tous ces serviteurs un i quementoccupés à pourvoi r le maître de ce dont i l a besoin dans sa v ie funérai re . I ci ,excepti onnel lement , l es porteurs d’
o ffrande—s marchent vers l a droi te , versl ’extéri eur du tombeau , sans qu ’on pui sse en découvrir la rai son . La scène ,dont deux regi stres enti ers sont conservés , est scu lptée avec une rare perfecti on et une souplesse de ci seau tout à fa i t remarquable . On y voit encore , et i len est de même dans les sal les su i vantes , des traces nombreuses de l a ri chepo lychromie qui , relevant autrefoi s les sculptures , en fai sa i ent de véri tablesc0pies de l a nature , dont la va leur magique aura i t été nu l le sans cette soigneuseapp l i cat i on de cou leurs . I l ne nous a pas été possi b le de noter par l e menu lestraces de peinture ce travai l , qu i serai t , nous l e reconnai s sons , fort uti le ,aurai t nécessi té de nombreuses heures dont nous ne pouvi ons malheureusementdi sposer .
Nous ne songerons pas non plus à décri re en détai l les processi ons de
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porteurs d ’
o ffrandes que nous al l ons rencontrer . La déterminati on de tous lesobjets destinés au mort nécessi terai t vrai semblablement de longues recherchesd ’ordres l es p lu s di vers . Nous devrons donc nous hom er à soul igner quelquespoints qu i nous parai ssent part i cu l i èrement intéressants , l ai ssant peut - être decôté certaines choses curieuses dont de pl us expert s aurai ent ti ré des conc lusi ons notables .Les porteurs d’
o ffrandes sont i ci pri ncipal ement chargés , au regi stresupéri eur , de vases et de coffrets . L
’un d ’entre eux mène en l ai sse un singe ( 1Les troi s derniers de l a rangée apportent des étoffes destinées à renouveler l agarde - robe du défunt . A côté de deux porteurs , on a gravé un ti tre et un nomchefs du k i osque Tua et Tetiankh . Ce ti tre se ratt ache peut - être à l a coutumed
’
ériger , l ors des funérai l les , tout l e long de l a route qui condui sai t de l a maison à l a tombe , de peti ts ki osques en matéri aux légers , que l
’on garni ssaitabondamment de vi vres , à l
’ i ntenti on de l ’âme du défuntAu regi stre i nférieur , ce sont principalement des vi ctuai l l es que l ’on
apporte . Troi s hommes chargés de pani ers , équi l i brés sur l es épau les par unebri che , s
’
élancent avec l égèreté , l es pi eds garni s de sandales touchant à peine l eso l . Fai s - moi place cri e l ’un d ’eux aux porteurs qui l e précèdent et quis’
avancent trop l entement à son gré (planche XL l l l ) . S i nous essayons denous représenter l e mouvement exact de chacun de ces coureurs , nous verrons combien l ’art i ste égypti en a été amené , par l
’
indigence de ses procédés ,à des att i tudes abso lument impossibl es à prendre et cependant on ne peutni er que l ’ensemble n ’ai e une al lure élégante , qui donne bien l
’ impressi on decourse rap ide qu ’on cherchai t à rendre . Que l ’on remarque spéci alement l afaçon dont les pieds s ’appui ent sur le so l dans une posi ti on que , sur l a fo i desmanuel s , on s
’
éto nnera peut- être de trouver dans l ’art égyptien .
Dans l a porte qu i condui t de l a sal l e I l à l a sal l e I l ] , nous rencontronsdes bouviers qu i amènent l e bétai l nécessai re au sacrifi ce . Du côté Nord
(pl anche XL I V ) , un bloc de pierre a di sparu , emportant tout un regi stre desrel i efs . Au premier regi stre , deux hommes condui sent une anti l ope mâle , l
’unlui tenant le museau et l a base des cornes , l
’autre posant l a mai n sur l e dos
( 1) Com parez a vec l e s i nge de l a p l a nche cv 1.
( 2 ) H . MADS EN , Die Todtenfeier im Garten , dan s l a Zeitschr ift fur agypt13che Sprache und Âltertumslzunde,XL l l l , 1906 , pp . 5 1 - 54, o ù l 'aut eur i n terprète l e s fai t s un peu d i ff éremm en t .
U N E R U E D E T O M B E A U X A S A Q Q A R A H
semblent aux contrepoids des col l i ers . On pourrai t Supposer qu i l s 'agit demasses assez pesantes desti nées à entraver les brusques mouvements de l a têteet à évi ter aux conducteurs de rudes coups de cornes Un des bergers ,celu i qu i pousse l a gazel l e , di t à son compagnon : Amène- l a à toi .
Troi s murs sur quatre , dans l a sal l e I l ] , ne présentent que des process i ons d ’
o ffrandes , ce qui est évidemment de nature à diminuer l ’ i ntérêt desreprésentati ons .
Au mur Nord (pl anche X LV1) , Ankh - ma - Hor , debout , regardant vers l adroi te , accompagné d
’un de ses fi l s, reçoi t les présents que lu i apportentquatre groupes de servi teurs . La rangée supérieure a enti èrement di sparu . Aupremier regi stre , on lu i offre tous l es bons fru i ts de
'
ses vi l les et de ses châteaux du Nord et du Sud , c
’est- à—dire de ses propri étés dans l a Basse et l aH aute Égypte ; au deuxi ème regi stre , toutes l es bonnes choses qui l u i sontapportées en offrande royal e ; au troi s i ème regi stre , les oi seaux et l es bonsfrui ts .
Contentons—nous de remarquer , dès maintenant , combien l es porteurssont chargés d ’
o ffrandes diverses on en a mi s partout où l ’espace s ’y préta i t . Voyez , par exemple , l e quatri ème porteur du deuxi ème regi stre . Sur sesépaules , i l a posé un peti t veau , dont i l ti ent l es pattes au moyen de sa maingauche à son bras gauche pend une bourri che en pai l le de l a main droi te , i lti ent troi s o ies vi vantes , tandi s qu
’à son bras est suspendu un l ourd panierrempl i de frui ts , et comme si cel a ne suffi sai t pas encore à l
’
o ccuper, i l poussedevant l u i un second veau . Souvent , on a négl igé de scu lpter les l iens qui rattachent aux bras les di vers récipi ents , se bornant à les i ndi quer en peinture ; depui s que cel le- ci a di sparu , ces fardeaux parai ssent suspendus dans l evi de ou posés sur l e sol à côté des porteurs . (Voir , par exemp le , planches XLV I I et L I . )
Le mur Ouest de l a sal l e I I I nous montre également Ankh - ma - Hor recevant des offrandes . est représenté , debout , regardant vers l a droi te , tenantson bâton et son casse—tête ; i l a revêtu la peau de panthère et chaussé les sandales . Derri ère l u i , une peti te figure d
’homme , vrai semblablement un de ses fi l s .Devant l u i , à hauteur de l a poi tr i ne , une i nscripti on en troi s courtes l ignes
( 1 ) On pourra i t peu t- être com parer CAPART , l es Début: de l'art en Egyp te, fig. 163 e t p . 2 35 .
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horizontales donne les t i tres : le chef de tou s les travaux du roi dans la terreentière
,scribe des ouvri ers charpentiers du ro i l a; Sesi Devant l e
mort encore,un peti t homme debout , sans nom pui s un autre qual ifié notam
ment de vénérable royal appelé Temru . C ’est , comme nous le verrons plusl o i n
,l e frère d '
Ankh- ma - Hor . Devant ce dern ier et empiétant sur l ’espace destiné aux porteurs d ’
o ffrandes auxquel s i l fa i t face , l ’ami unique Je shfi, un des fi l sdu défunt , comme nous le savons déjà . Ce qu i fai t l ’ i ntérêt part i cu l i er de ce mur
(planche XLV I I ) , c’est l a présence , parmi l es porteurs d
’
o flrandes , d’un
personnage que nous avons déj à rencontré , l e scribe de l a bibl i othèquerel igieuse du ro i , scribe de l a mai son de purificati on , Mesi , qui , au mur Sudde l a sal l e (p lanche XXX I I I ) étai t occupé à peindre les statues du mort . Cesoi n paraît donc avoi r été confie a des gens ayant , en plus de leur habi leté arti sti que , une compétence spéci ale en mati ère rel igieuse et magique . Mai s ce qu iest p lu s curieux encore , c
’est de constater le soin tout parti cu l ier avec l equell e nom de ce Mesi a été écri t . Le premier s igne , l e syl labiquemmes, dont l as ignificati on en tant qu
’
o bjet représenté a été si l ongtemps di scutée , apparait
avec une extrême préci s i on , aussi bien i ci qu’à l a sal l e (planche XXX I I I ) .
On y reconnaît , à première vue , tro i s peaux de peti t rongeur attachées par l atête à un objet d i ffi ci l e à i dentifier . C ’est l à une confirmati on intéressante dudessi n gravé sur un modèl e de scu lpteur d ’époque sa‘1‘te , conservé au Muséedu Caire et qui aurai t pu pas ser pour une fantai s i e d ’arti ste Une scène fortcuri eu se du tombeau de Meri , que nous reprodui sons (planche CW ) , prouveque cet i nstrument n ’est autre chose qu 'un chasse - mouches .Meri , assi s sur soncanapé , ti ent son chasse - mouches de l a main gauche et j oue avec un peti tbâtonnet , qu
’ i l fa i t tourner dans sa mai n droi te . I l semble écouter d i strai tementl a musi que qu
’
exécute sa femme , assi se devant l u i .Au premier regi stre , où deux servi teurs sont conservés , on apporte à
Ankh - ma - H0r des graines , des au deuxi ème regi stre , où Mesiseu l subsi ste , on amène le présent qui est au tro i si ème regi stre
,
tro i s porteurs amènent tou s les produi ts des travaux des champs apportés enoffrande royale . I l reste des traces d ’un quatri ème regi stre . Une porte quis 'ouvre dans ce mur Ouest , condui t à un magasi n desti né au mobi l ier funé
( 1 G . Daaessr , Un modèle du s ignem, dans le s Ânnates du Serv i ce des fl nt14u1tés de t'Egypte. t . IV , 190 3 , p . 1 2 2
1 2 3 e t p l a nche
4 1
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raire et p l us spéci a l ement à l a garde - robe du mort . Nous y revi endronsplus tard .
Au mur Est de l a sa l l e I l ] (planche X LV1I 1) , l es processi ons d’
o ffrandes
se retrouvent de nouveau . Ankh—ma - H 0r, qui les reçoi t , est i ci conservé à peuprès enti èrement ; plusi eurs détai l s de cette grande figure méri tent de retenirnotre attenti on . Le mort est représenté dans l a pose ordinai re , debout , l aj am be gauche en avant , tenant dans l a main gauche son grand bâton et , dansl a droi te , son casse - tête . La nécessi té de l e montrer , regardant vers l a gauche ,a complètement transformé l ’ensemble , comme nous avons eu déj à l ’occasi onde l e remarquer précédemment . Toutefoi s , l e sceptre ou casse - tête passantderrière le corps indique nettement quel l e étai t l a posi ti on primi ti ve
,cel le
que l ’on retrouve d ’ai l l eurs touj ours sur l es statues .Ankh - ma - Hor a l a tête couverte d ’une l arge perruque évasée , s é tal ant
sur l es épaules et qui est souvent reprodui te en ronde - bosse ; sous l e menton ,on aperçoi t une peti te barbi che , qu i n
’est pas des p lus fréquentes dans l esmonuments égypti ens . La poi tri ne est ornée d ’un l arge col l i er , de deux bandesqui s ’
entre— croi sent et d ’une amu lette suspendue à un l i en sur lequel sontenfilées quatre l ongues perl es cy l i ndriques . Le pagne est orné sur l e devantd ’un pendenti f terminé par des rangs de perles . L ’
amulette suspendue au couest tout à fai t curi euse et peut être rapprochée de rares spécimens , dont l ’unest notamment représenté dans le tombeau de Ti Ne pouvant pas nousattacher i ci à l’analyser de près et à en étudier l a signifi cati on , nous nouscontenterons de dire qu ’ i l faut vrai semblablement y reconnaitre l a survi vancedes curieux i voi res en forme de chevi l l es terminées en tête humaine , découvertsdans les tombes préhi stori quesTroi s regi stres de porteurs d’
o flrandes sont conservés . Dans l e premi er ,on amène les offrandes funéraires apportées en offrande royale et données parl es prêtres du doub le ; au deuxi ème , où l
’ i ndi cati on est l a même , on l i t encoredevant l e premier porteur Apport du présent par l e l ac de son éterni té .
Aux deux regi stres , en dessous de l a première l igne d’ i nscripti on , on en a
( 1) Dans l a porte condu i san t du vest ibu l e à p i l i er au cou loi r des chambre s .Vo ir encoreMARlETTE, l esJ fastabas
de l‘Âncien Emp ire, p . 465-
467 . Pour l e s bandes cr015 ée s sur l a po i tr i n e, voi r DARESSY , Un Po ignard du temps des ro isPasteurs, dan s l es Ânnales du Serv i ce des fl nt1qu 1tés de l
‘
Egypte, t . VI I , 1906 , p . 1 16- 1 18 et su rtout no te 1 de l ap . 1 18 .
(2) CAPART, l es Débuts de l'art en Egypte, fig. 140 .
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ajouté une seconde qui contient une formule rare , sous l’
Ancien Empire toutau moins , et qui se rattache au ri tuel des funérai l les . Le défunt est assimi l é auxd ieux tout ce qu ’on fai t pour les dieux , on le fai t pour le mort . I ci l e textedi t Ce pain pur d ’
O siris , ce pain pur d’
Anubis , c’est (l e pain pur) de Sesi
l’
estim é (d’
O siris ou d ’
Anubis) . Au regi stre supérieur , quatre porteursd
’
o ffrandes encore les têtes manquent .Le mur Sud de la sa l l e I l l (planche XLlX) , avec l a porte qui s
’ouvrevers l a sal le I V , ne présentai t pas un panneau suffi samment large pour permettre de renouveler encore les présentati ons d ’
o ffrande s au mort . C ’est probablem ent à cette di sposi ti on que nous devons de trouver i c i une scène nouvel le , qui présente un assez vi f i ntérêt .
Ankh - ma - Hor est debout , dans l a pose habi tuel l e , regardant vers l adroi te , accompagné de tro i s de ses fi l s . Un peti t personnage l u i fa i sai t faceau regi stre i nféri eur et , bien qu
’ i l a i t été effacé avec un soin tout à fai t minutieux , sa s i lhouette est cependant encore reconnai ssabl e , debout , l e matéri el
habituel des scribes à ses pieds . Les s ignes que l ’on devi ne encore sous
l es martel ages , prouvent qu ' i l s ’agi t encore ufiî fo is d ’un fi l s que , dans un butdéterminé que nous chercherons à préci ser pl us tard , on a voul u faire di sparaitre de l a tombe du père . L ’ i nscripti on tracée au - dessus de l a tête du peti tpersonnage indique ce qu ’ i l étai t occupé à fai re i l l i sai t l ’acte d ’
enseve
lissem ent , à l u i accordé en offrande royal e Un ensevel i ssement où l ’onmettai t en oeuvre , comme nous l
’avons di t , des procédés magiques autrefoi sréservés au roi seu l , ne pouvai t avoi r l i eu sans que cel ui —ci eût accordé sonautori sati on c etai t une faveur assez rare , dont l es grands de l
’
Égypte avaientso in de se vanter dans leurs i nscripti ons funéraires . en sera de même plustard , l orsque le ro i permettra de placer dans les temp les des statues funéraires . Le doub le du personnage représenté part i cipai t de l a sorte aux sacrifices qu i s ’
accomplissaient sur l’autel du d i eu . Dans ce dernier cas , nous
sommes en présence de l a théori e de l ’assimi l ati on ou de la substi tuti on du roiau di eu qu i réside dans le temple , substi tuti on magique accordée , peti t àpeti t , à ceux que le ro i dés ire favori ser .
I l est probab le que l a lecture de l ’acte royal accordant au mort desfunérai l les , vra i semblablement payées par le trésor royal , étai t une des cérémon i es de l a mi se au tombeau ; c
'éta i t , pour les prêtres , l a j ustificati on et ,
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pour les a ssi stants , l’expl i cati on des cérémonies qui a l l ai ent avoir l i eu avant
que l a momie di sparai sse pour toujours au fond du caveau funéra ire . C ’est,
pourrai t - on dire , en employant une comparai son toute moderne , l a l ecturepubl ique du décret accordant à un grand ci toyen des funéra i l l es célébrées aufrai s de l’Etat .
Au - dessu s de l ’ i nscripti on rel ati ve à cette scène , dans l’espace la i ssé l ibre ,
on a représenté , posés sur des tabl es , di vers obj ets d’habi l l ement et de parure ,
col l i ers , bracel ets , contrepoi ds de col l i ers , etc . , dont l a présence en cet endroi tpeut se ju stifier assez a i sément . I mmédi atement à côté de ce panneau s ’ouvre ,en effet , l a porte du magasin contenant l e mobi l i er funéraire et dont nous nousoccuperons pl us tard . Le frère d ’
Ankh- ma - Hor , Temru , est debout , à côtédes tables ; i l porte au cou un l arge col l i er et , sur l es épau les , une sorted
’
écharpe ornée , assez rarement figurée .
Le model é de l a figure principa le est spéci alement soigné dans ce tab l eauet fai t vi vement regretter l a perte de l a parti e supéri eure du corps . Un fragment (planche L) , donnant seulement l es genoux et une parti e de l a j ambe ,montrera tous les efforts de l ’arti ste pour traduire exactement l a muscul atureet faire senti r l e squelette sous l a chai r .
La porte qui mène de l a sal l e I l ] à l a sal l e I V est décorée de scènesde porteurs d ’
o ffrandes . Cel les - ci se déroulent avec monotoni e , mai s donnentpresque toutes cependant des détai l s curi eux à noter .
Du côté Est (planche L I ) , l es troi s regi stres sont conservés ; l e troi s ieme ,malheureusement , dans un assez mauvai s état .Au premier regi stre , on amène en présent tous l es bons fru i ts apportés
du Nord et du Sud , on amène des figues , des fru i ts de I’
Q du vin ,apportés en offrande royale .
Au deuxi ème regi stre , où deux porteurs sont i dentifiés avec des supéri eurs de prêtres du double (l
’un est appelé préposé aux prêtres du doublede l’Occident) , on amène des oi seaux , des grains , de l a bi ère et toutes l esbonn es choses apportées des vi l l es du Nord et du Sud , à toutes l es fêtes ettous les j ours .Au tro i5 1eme regi stre , on am ène de ses châteaux du Nord et du
( 1 ) LO R ET , l a F lore pharaonique, P ar i s , 189 2 , p . 10 2 - 103 Ba lan i te s ægyptiaca, L .
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Sud des pièce s de vi ande et toutes les bonnes choses apportées par lesprêtres du double de sa mai son d ’
étern ité .
Du côté Ouest (planche L l l ) , deux regi stres seulement sont conservés .
Au premier , on amène en présent tous les bons fru i ts apportés de ses vi l l esdu Nord et du Sud , on amène des figues , des fru i ts de Qä () du vin ,chaque jour par les prêtres du double de son éterni té .
Au second regi stre , quelques détai l s i ntéressants vi ennent rompre l ’unifo rm ité de ces scènes . I ci on apporte des oignons , en plus des offrandes ci téesau regi stre qu i fai t face . Le premier porteur est l e supéri eur des prêtres dudouble , Hepi , que nous avons rencontré déj à dans les scènes de tenderi e de l asa l l e (voir p lanche XL) . On lu i a donné derechef l a posi t i on entièrementde profi l , évidemment dans l e but de bi en marquer l ’épai sseur de ses formes .Derrière lu i s ’avance un préposé aux scribes des col ons ou fermiers attachésaux domaines I rnjechet , l equel , outre l e fardeau habi tuel , s
’est encoresuspendu au cou des pigeons , dont l es ai l es sont attachées par un l i en . Le
troi si ème porteur est le scribe de l a confréri e des prêtres du double ; c’est
l u i qu i , probablement , étai t gardien des regi stres sur l esquel s étai t consigné l
’ordre de roulement des prêtres pour l es servi ces funéra ires . De mêmeque son camarade qu i l e précède , i l n
’a pas j ugé que son fardeau fût suffi santet i l porte autour du cou quatre oi es , qui semblent seul ement attachées parl ’extrémi té de l eurs ai l es , et présentant ai ns i l ’aspect d ’une espèce de col l i erd ’un effet fort origi nal .
Nous entrons à présent dans l a sa l l e IV , qu i est l’endroi t où vi ennent se
réuni r toutes les processi ons d’
o lfrandes . Les ouvri ers qu i trava i l l ent sur lesmurs des premières sal l es destinent l eurs produi ts à l a sal l e I V , qui est l avéri tabl e anti chambre des appartements du mort . Dans l e fond , se trouvai t l astèl e en forme de porte par l aquel l e Ankh - ma - Hor passai t pour veni r chercher les a l iments que l u i avai ent préparés l es prêtres du double , pour reno uvelet ses vêtements et son mobi l i er , chaque foi s que le beso i n s
’en fai sa i tsenti r . Une sorte de banquette en pierre consti tuai t l ’autel sur lequel venaients’
accumuler toutes ces provi si ons ; stè le et banquette ont di sparu actuel l ement , bien qu ’el le s so ient marquées sur le plan publ i é par M . Loret . On se
( 1 ) Mu rano , l a Carr ière adm in istrat iv e"Etudes égypt iennes, I I , 2 ‘ fa sc i c u le ) . Par i s , 1 890 , p . 140 .
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fera néanmoins une i dée de l ’aspect qu ’el l es présentai ent en vi s i tant letro i s i ème tombeau , où el les sont conservées intactes .Nous avons vu que les porteurs d’
o lfrandes s’
achem inaient tous vers cetendroi t du tombeau ; c
’est également dans cette di recti on qu ’ i l s condui sai entl es animaux vivants qui devaient fourni r l a vi ande de boucheri e . L
’
abatage
avai t - i l réel l ement l i eu i ci ? Ce n ’est guère probab le , l’étro itesse de l a sal le , surtout dans le tro i s i ème tombeau , s
’opposant à de tel l es opérati ons . faut songerque l es représentati ons gravées sur l es murs assurai ent l e renouvel lement desprovi si ons l e j our de l ’enterrement , l es vi ctimes avaient sans doute été abattues à l ’extéri eur du tombeau et l es di vers morceaux empi lés ensui te sur l atabl e d ’
o ffrande .
Sur l e mur Est de l a sal l e , nous trouvons des scènes fort complexesrel ati ves à l’abatage et au dépeçage des an imaux . Deux regi stres , ainsi que l aparti e i nféri eure d ’un troi s i ème , sont à peu près enti èrement conservés . I cinous ne nous le di ssimu lons pas , i l aurai t peut- être été nécessai re de reproduire en détai l l es deuxi ème et troi s i ème regi stres ; l e mauvai s écl ai rage , l a colorati on défavorable de cette part i e du mur nous en ont détournés . Ces scènesd
’
abatage , sans avoi r une importance capi tal e , seront i ntéressantes à reprendrel e j our où l ’on voudra faire une étude d ’ensembl e des matéri aux qui se rattachent à cette questi on (planche L l l l ) . Nos planches L I V , LV et LV ] , quidétai l l ent l e premier regi stre , l e mi eux conservé , donneront pour l e momentune i dée suffi sante des tableaux .
La conversati on est des pl us animées entre l es bouchers , l eurs survei ll ants et l es servi teurs qui viennent chercher l es pi èces découpées , prêtes à êtreportées sur l ’autel . Essayons de tradui re , à t i tre d
’exemple , quelques—unes del eurs paroles . Troi s bouchers sont occupés à couper les j ambes d ’un boeuf ;l ’un , qu i coupe l a j ambe de devant , tenue en pl ace par son camarade , l u i di t"Tiens fort camarade , que j e mette cette jambe sur l
’autel vi te . A quoil ’autre répond Vas—y à ton gré , j e ti ens bien . Le troi s i eme , qui tranchel a cui sse , se retourne pour di re Regarde , j e vi ens avec toi , vi te ,auj ourd ’hui . Un boucher , qui ti re hardiment à une corde pour l ier les j ambesd ’un boeuf, éprouve le besoi n de s ’écrier Qui est un sol i de gars ? Moi .Un autre encore , qui , sans aide , coupe l ’épau le d
’un bœu f, di t Ce n ’estpas faci l e de faire cel a tout à fai t seu l
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La varieté des animaux condui ts en l ai sse méri te certainement d etreremarquée . I ci , comme dans l es scènes analogues qu i précèdent , i l y aurai tb ien des choses importantes à s ignaler au point de vue zoologique ou au pointde vue ethnographique ; mai s cel a n
’est pas de notre compétence ou ri squera i tde nous entraîner dans des détai l s qui pourraient paraitre fasti di eux . L
’
insuffi
sance des recherches pré l iminai res nous obl igerai t , d ’ai l l eurs , à recourirconstamment à des termes vagues qui n ’
expliqueraient ri en et dont nous préféro ns nous abstenir. suffi ra de noter combien de tel l es représentati onsseront précieuses le j our où , s
'
aidant de l’ethnographie comparée , on pourrareconsti tuer définiti vement l a physionomie de l’Égypte à
’époque de l’Ancien
Empire .
Un détai l curi eux méri te de nous arrêter encore un instant . Au regi streinféri eur , on di sti ngue , sous deux des animaux , des traces d
’une esqui sse quel ’on a abandonnée au cours de l ’exécuti on finale . Le quatri ème an imal , uneahtilope (planche LX) , et l
’avant - derni er animal , un veau (planches LX ] etLX I I ) , ont remplacé une hyène , dont l a si l houette avai t déj à été gravée surl e fond . On le reconnaîtra surtout en se reportant au troi s i ème tombeau , oùune des scènes d ’
o ffrandes de l a sal l e nous montre une hyène (voi rp lanche LXXX I I ) .Arrêtés au seui l de l a fausse porte que seu l l e mort a l e droi t de fran
chi r , revenons sur nos pas pour vi s i ter les sal les que nous avi ons négl igéesdans notre marche vers le sanctuaire .
Dans l a sal l e I l ] , nous l’avons di t , une porte s
’
o uvrait dans l e mur Ouestel le condui sai t dans un magasin desti né à renfermer le mobi l i er funérai re .
Aussi , dès l’
entrepo rte , voyons - nous les servi teurs , chargés des divers objetsdont i l se composai t , s
'
achem iner vers l ’ i ntéri eur de l a sal l e . est assez cur i euxde remarquer que les vases et ustensi l es ne sont pas proporti onnés à l a tai l l edes porteurs , mai s pl utôt , ce qu i est nature l , à l a tai l l e du mort tel qu
’ i l estreprésenté sur l es di vers murs .
Au côté Sud de l’entrepo rte (pl anche LXl l l ) , l es tro i s regi stres derel i efs sont conservés . Au premier , quatre hommes s
’
avancent , tenant danschaque main une bandelette d ’
éto ffe on apporte l es vêtements de l ’offranderoyale , di t l
’ i nscripti on . Au - dessus , aux deuxi ème et troi si ème regi stres , si x
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hommes tiennent , de l a main gauche , des vases contenant des hui les etessences . A côté de chacun des vases se trouve le nom de l ’hui le . A côté dudernier vase , à gauche en haut , on a inscri t deux noms , de façon à compléterl a l i ste des sept hui les habi tuel lement employées . De l a main droi te , chacundes porteurs ti ent , en outre , une pièce de l a parure ou de l
’habi l lement , oubien un vase . De plus , quand l
’espace s ’y prêtai t , d’autres obj ets sont encore
pendus au bras ou à l a main . On reconnaît faci lement un sac à fard pour lesyeux , des espèces de foulards , tel s qu
’en portai t l e frère d ’
Ankh - ma - Horsur l e mur voi si n (pl anche XL I X) , des contrepoids de co l l iers , un co l l i er et
(à droi te en haut) un curi eux ornement de cou , assez rarement figuré .
est composé d ’un col l i er à fermoir , auquel est suspendu une amulette enforme de fleur de lotus , avec un serpent dressé de chaque côté de l a fleur .Cet ornement se retrouve figuré sur l es cercuei l s de momies du NouvelEmpire .
Nous pouvons reconnaître sur ce mur un procédé employé par les scu lpteurs . Souvent , au cours de leur travai l i l s rencontrai ent dans l e cal caire desnoyaux plus durs qui ne se prêta ient pas à l a scu lpture . Parfoi s , i l s réuss i ssaient à l es user , comme on peut l e voi r , par exemple , à l a sal l e V I (planchesLXX ] et LXX I I ) parfoi s , au contraire , i l s étaient obl igés de l es fai re di sparaitre entièrement , l a i s sant à l a surface des cavi tés à combler . Dans ce derniercas , on recoura i t à deux expédi ents , dont l
’un consi sta i t à régulari ser l a cavi téet à l a combler au moyen d ’une pièce rapportée comme on peut l e vo i rsur l e panneau Sud de l a fa çade (planche XX) . L
’
autre
'
pro cédé , cel u i que nousavons i ci , consi ste à empl i r l a cavi té d
’une espèce de mortier dont l a surfacese prêtai t à l a scu lpture . La couture étai t évidemment cachée sous l apeinture . On verra mi eux l a restaurati on à l a parti e supérieure du secondregi stre , comme aussi dans l a sal l e V ] (p l anche LXX I I ) , à l
’angle i nférieurgauche de l a scène des funéra i l les .
Du côté Nord (p lanche LX I V) , l a processi on se continue . Au premierregi stre , deux hommes portent un grand coffret , qui , d
’après l ’ i nscripti on ,contenai t des p i èces de vêtement . Le texte di t formel lement qu ’on les portedans l e magas in , confirmant a ins i l a destinati on de l a sa l l e V
( 1 ) Voi r de bon s exem p l es pour ] epoque du Nouve l Em p i re dan s Parm e , Te l l et fl marna. p l a nche X ] , n" 10 - 1 2
et p . i i .
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Aux deux regi stres supéri eurs , si x prêtres du double complètent l’asso rtiment des vases , bassins et supports indi spensables au mort .
Seu l l e mur Est de l a sal l e V a conservé une parti e de sa décorati on
(planche LXV) . A gauche , on aperçoit encore l e bâton d’
Ankh - ma - Hor,qu i
fai sai t face à ses servi teurs . Au premier regi stre , quatre hommes , placés deuxà deux , portent un grand coffret scel l é ; i l s sont su i vi s par l e fi l s du défunt ,dont l a figure et l e nom ont été , cette foi s encore , soigneusement muti lés .Derri ère lu i s ’avance un nouveau groupe de quatre hommes , portant un autrecoffret .Au deuxieme regi stre , deux coffrets encore , portés chacun par quatre
hommes ; pu i s un servi teur tenant à deux mai n s un grand vase ; enfin un survei l l ant .
I l ne reste pl us que des traces de l a décorati on du tro i5 1eme regi stre .
Le sculpteur se trouvai t i ci dans l a nécessi té de représenter devant et derr iere chacun des coffres deux porteurs p l acés l ’un à côté de l ’autre , ce qu in ’étai t pas sans présenter des diffi cultés sérieuses . Dans l a maj ori té des cas , i ls ’en est assez bien t i ré et le personnage le p l us élo igné de notre œ i l est s imp lement dessi né derri ère son compagnon , qu ’ i l dépasse l égèrement en avant .Ce sont donc deux si lhouettes pl acées l ’une contre l ’autre , sans qu
’on ai tcherché à teni r compte de l ’épai s seur des figures . Mai s ce procédé étai t ple i nde pi èges et l ’art i ste n’a pas manqué d ’y tomber . a vou lu , au l i eu derabattre les deux épau les sur l e plan , su i vant l a convention habi tuel l e , essayerà troi s repri ses d ’en dessiner une de profi l . Ma i s , ne pouvant néanmoi ns serésoudre à l a i sser di sparaître un des bras du second porteur , i l a na"vementrépété la l igne du bras l égèrement en avant du bras gauche du premier porteur . Vo ilâ donc que celu i - ci a , du coup , deux bras gauches et un bras dro i t ,tandi s que son compagnon n ’a , en tout , qu ’un bras droi t Ce sont l à des fai tsi ntéressants à observer et à recuei l l i r pour montrer combien , ma lgré toutel ’habi leté technique et les recherches pati entes des anci ens , i l a été diffici l e detradu ire exactement l ’ impressi on réel l e que produi t sur notre œ i l l e corpshumai n dans ses diverses atti tudes .
Retournons mai ntenant sur nos pas j usque dans l a prem i ere sal l e , où , ons ’en souvient , s
'
o uvraient deux portes , l’une au Nord , l
’autre au Sud . Lai ssant
50
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de côté la porte du Sud . actuel l ement murée , nous nous dirigeons vers l asal l e V I
Dans l’entrepo rte , l es rel i efs nous montrent des scènes extraordinai res ,uniques j usqu 'à présent dans l es tombeaux de l'Ancien Empire El les ontété récemment l ’objet d ’une publ i cati on peu préci se de l a part du professeurW . Max Mü l l er dont i l ne nous est pas poss ib le d ’accepter toutes lesconclu si ons .
Commençons par le côté Ouest (planche LXV I ) .Au premier regi stre , nous assi stons à l a ci rconci si on d
’un j eune garçon (3 )l ’opérati on parait comporter deux moments . Dans le premier , l e pati ent estdebout , tenu par derrière par un aide , qui l u i sa i si t l es deux mai ns et les l u iramène devant l a figure , peut - être dans l e but de l
’empêcher de voi r ce qu ’onva lu i faire . L
'
Opérateur, qu i est qual ifié de prêtre du double , a so in de di reT iens - le pour qu ’ i l ne s
’
évano uisse pas A quoi l ’a ide répondFai s à ton gré . L 1nstrum ent au moyen duque l le prêtre du doubl e s ’apprête à couper l e prépuce a l a forme ova le ; i l est di vi sé en deux par une l ignedans l e sens de l a longueur et , si l
’on veut , avec Max Mü l l er , y vo ir absol ument un si lex , i l faudra vrai semblablement le supposer emmanché . Un motdésigne l a ci rconci s i on (5) on peut se demander s i l e déterminati f en formede demi —cercle n ’est pas l e l ambeau de peau enlevé par l ’opérati on . On a déj àbeaucoup di scuté sur l a fréquence de cette coutume dans l a ci vi l i sati on égypt i enne de l’Ancien Empire I l n ’est point douteux que , dans l es tombeauxque nous examinons i c i , plusi eurs personnages ne so ient nettement représentéscomme circonci s (voi r , par exemple , planches XXX I X et LXXXV I ) .
Le second moment de l ’opérati on est évidemment moins douloureux quel e premier , car le jeune homme n ’a plus besoin d
’être tenu immobi le : i l s ’appui ed 'une main à l a tête de l ’opérateur . Celui —ci mani e un instrument dont l e rôle
( 1) Une seu le scène de c i rconc i s i on é ta i t connue . E l l e da te du Nouve l Em p i re . CHABAS . De la Circoncm on chezles Egy pt iens dan s l a Rev ue archéo log ique, t . I I I , 186 1 p . 298
- 300 (Bib l i othèque égypto logique , t . X , p . 1 1 5
(2 ) Egyptotogæal Resea rches. Results of a ] o urney in 1 9 04. W a sh i ngton , 1906 , p l a nche s 105 ,106 e t p . 60 - 6 2 .
Compte rendu par W 1EDEMANN , dan s I '0rientahstische l iteraturz e1tung. t . X , 1907 , co lonne s 375 e t 376 .
(3) Chez l es m usu lm an s , on c i rconc i t en tre 6 e t 16 an s . MACAL I ST ER , dan s HAST I N08 , D i ct ionary of the B ible,t . I , p . 443 .
(4) Vo i r l e m êm e m o t dan s S ETH E, Urlzunden des allen Re ichs p . 42 , l i gne 10 .
(5) (38 6 1 en copte .(6 ) Voi r R5 1rz ensrem , Zwei religionsgeschichtl1che Fragen . Stra ssburg . 190 1 Beschne idung und Pr:esterord
nung. pp . 1 -
46 . H ERM . Jo s . Haras , B ibel und Âegypten . Muns ter , 1904 , pp . 48 - 52 .
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n ’est pas bi en déterminé et di t au jeune homme : C ’est pour te faire dubien . Ce qu ’ i l fa i t est probablement indiqué dans le texte qu i se trouveau - dessus de l’opéré et que nous voudri ons traduire râcler ou oindre , cequi est parfai t (1 ) Le terme est fréquemment employé avec ce sens dansles textes médi caux . M . Max Mü l l er préfère l i re docteur quoique le motsi gn ifiant docteur écri t d i fféremment à cette époque , se rencontre dansce tombeau avec l ’orthographe habi tuel l e (pl anche XXXV) . Nous ne pensonspas que l ’opérati on de la circonci s i on fût , dans l
’anci enne Égypte , du domainedes médecins , pas pl us , du reste , que de nos j ours , où el l e est habi tuel l ementprati quée par les barbi ersAu regi stre supéri eur , nous n ’avons pl us qu ’une parti e des représenta
t i ons . M . Max Mü l ler propose d ’y reconnaître des opérati ons chirurgicales .Cette concl usi on ne s ’ impose nul lement , comme on en j ugera d
’après notrephotographi e . Nous y verri ons pl utôt des scènes de massageAu côté Est (planche LXVI I ) , au regi stre i nférieur , à droi te , un homme
est assi s sur l e sol , l es bras croi sés ; i l tend en avant un de ses p ieds et l e l i vreaux mains d ’un pédi cure , qui lui arrange les ongles . Ne me fai s pas de mal ,dit - i l . L ’autre répond : J e fera i comme tu désires , prince . A côté , sym étriquem ent , un mani cure soigne les mai ns du maitre . Un peti t regi stre i nterm édiaire est occupé par une séri e de troi s co fl
'
rets , desti nés évi demment auxingrédi ents nécessai res à l a toi l ette . Par- dessus , au mi l i eu , l e maître est assi ssur le sol ; i l l i vre ses deux mains à des ai des , qu i semblent l es l u i masser . Lesl égendes ont di sparu à peu près entièrement ; i l reste , au - dessus de l a tête dumaître vous dépêchez - vous par ma vi e et l a réponse que l’o npeut deviner agréablement , mon cher
I l n ’est évi demment pas nécessaire d ’ i nterpréter l es scènes scu lptéesdans cette entrepo rte autrement que toutes les autres qu i sont représentéessur l es murs des di verses sal l es . El les sont destinées à remplacer pour l e mortl es servi ces réel s qu ’ i l aurai t eu , dans sa nouvel l e vi e , le droi t de réclamer desservi teurs qu i , sur l a terre , avaient été attachés a sa personne . Si nous
( 1) Voi r MACAL I STE R , loc. ml . , p . 443 B lood m ust be shed in the operat i on , an d the i nner l ayer m ust be tornw i th the thumbna i l th i s supp l em en ta l operat i on i s c a l l ed pèri'ab, and i s sa i d to have been i n troduced by Jo shua . 11
(2 ) Comm e l ’ i nd i v i du qui, en 1906 , au bazar d’
Asso uan , déc l ara i t sur son ensei gne qu‘i l coupa i t l es cheveux ,pra t iqua i t la c i rconc i s i on , guér i s sa i t de l a pe t i te véro le et régénéra i t le sa ng
(3) Voi r , par exemp l e , au tombeau de P tah- he tep GR1PPITH , The Tomb of P tah- hetep, p l anche XXXV .
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n ’avons en cet endroi t que des scènes rel at i ves au massage et au soi n desongles , i l n
’y a aucune diffi cu lté . En acceptant l ’ i nterprétat i on de M . MaxMü l ler , qui y voi t des opérati ons chirurgicales , i l n
’en serai t pas de même .
Car bi en que le mort so i t exposé à toutes sortes d ’
infirmités dans l ’autremonde , i l est évident que la représentati on de cel l es - ci sur les murs de l atombe , en vertu des pri ncipes de l a magie imi tati ve , provoquera i t par el lemême les acci dents que , d
’autre part , on s’
ingéniait à évi ter . Mai s l’
interpréta
ti on du savant améri cain l u i est i nsp irée par le voi s inage de l a scène decirconci si on , dont nous avons à présent à proposer une exp l i cati on .
Nous avons di t déjà que l a vi e dans l a tombe di fféra i t à peine de cel l equ i s ’étai t dérou lée au mi l i eu des vi vants . La vi e sexuel l e n ’avai t aucune rai sonpour s ’éteindre et l ’on sai t parfai tement qu
’
Osiris , l e d ieu principal des mort s ,avai t après son décès engendré un fi l s , Horus . Les diverses coutumes rel ati vesau mari age des morts , qu i ont été récemment l ’objet de curieuses recherchesde l a part de Schrader ( i l
’hab i tude chez de nombreuses peup lades d’
enterrer
avec le mort sa femme ou ses femmes , montrent qu’ i l n ’y eut pas d’
hésitatio n
à cet égard . Les statues et statuettes représentant l a femme du mort , déposéesdans les tombeaux égyptiens , sont un simple adouci ssement à l a coutumebarbare d’
imm o ler la veuve .
Nous ne pouvons donner i ci à cette questi on les déve loppements qu ’el l eexigerai t . suffi t de noter que les Égypti ens ont cru que l a foncti onsexuel le , comme toutes l es autres foncti ons , n
’était pas abo l i e par l a mort etque , par conséquent , les mort s pouvai ent en Egypte avoir des enfantsCes enfants évidemment ne sortai ent pas du monde des morts , et c ’est par l àprobablement que l ’aventure d’
H o rus , fi l s d’
Osiris , étai t frappante aux yeuxdes Égypti ens ; Horus est , en effet , sort i du monde des morts pour venger sonpère . Les enfants nés dans l a tombe , lorsqu
’ i l s atteignaient l ’âge de l a pubertédevaient subi r l a ci rconci si on , et c
’est dans ce but que cette opérati on a étereprésentée sur les bas - rel i efs . I l est impossib le , pensons - nous , d
’en donner ,en dehors de cette éventua l i té , une expl i cati on vrai semblable . N ’a—t - o n passouvent figuré dans les tombeaux la sa i l l i e des vaches , la nai s sance des veaux ,dans le but de renouve ler les troupeaux du mort ? Les oi seaux ne sont - i l s pas
( 1 ) Ot t o SCH RADER , Totenhocbz eit. Ein Vortrag geha lten in der Gese l lschaft für Urgeschichte zu lena, I ena , 1904 .
(2 ) Vo i r , par exem p l e , l a figuri ne n ° 145 17 du Musée de Ber l i n , don t l ’ in scr i pt i on semb le b i e n l ’ i nd iquer .
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figurés (voi r p lanche XXXV I I I ) couvant l eurs œufs ; les hippopotamesdonnant nai ssance à l eur jeune (voi r pl anche XXV I ) de façon à renouveler l egibi er favori que le maître du tombeau chassera pour occuper l es loi si rs de l av ie d ’outre - tombeOn objectera peut- être que l ’opérati on est fai te par un prêtre du double .
Les prêtres du double, chargés du servi ce du mort , se succédaient de générati on en générati on et , quand i l s mouraient , i l s étaient certai nement enterrés àproximité du tombeau auquel i l s avai ent été attachés . Les nombreux puitsfunéraires de la rue (voi r p lanche V I I ) ont vrai semb lablement abri té lesmembres de l a fami l le des propri étaires des tombeaux et l es prêtres funéraires . N ’est- cc pas de la même façon que N e fer- seshem - Ra, Ankh—ma - Horet N efer- seshem —Ptah , etc . , l es prêtres du double du ro i Teti , sont ensevel i sà proximi té de l a pyramide roya le ? Morts , i l s co ntinuent à fai re parti e del a mai son du maitre et à remp l i r l eur emp lo i habi tuel .Nous pénétrons maintenant dans l a V ] ‘ et dern i ère sal le , qui s etend de
l'
Est à l’Ouest sur toute l a profondeur du tombeau . Malheureusement , l es parti es décorées de re l i efs ont d i sparu à peu près entierement .Les cinq pi l i ers massi fs qu i supportai ent les dal les du plafond donnaient
sur chacune de leurs faces , en une l igne d’ i nscripti on, l es titres d
’
Ankh- maHor . Seul , l e dernier pi l i er du côté Ouest l es a conservés enti èrement et nouspermet de constater qu
'
Ankh - ma- Hor portai t à peu près les mêmes ti trespri ncipaux que N efer—seshem Ra .Dans l a parti e Est , deux pi l astres fai sant sai l l i e sur l e mur , en face d
’undes pi l i ers , consti tuent de ce côté une espèce de peti t k i osque séparé du restede l a salle . SUr tous deux , l e mort étai t représenté debout , bâton et sceptre enmains , s
'
avançant vers l a sal l e . (Du côté Nord , on ne voi t plus que l es pi eds . )Au mur Sud du k i o sque , une scène de di vert i s sements avai t été scu lp
( 1 ) Voi r au ss i l a s tè l e n ° 1 37 2 du Bri t i shMuseum , do nt nous auri on s vi vem ent dés i ré pub l i er i c i une repro duct i on . Nous avons e ntam é , pour y être autori sés , l e s dém arches régu l i ères , e t vo i c i l a répon se fa i te à notre dem a ndeln rep ly to Mr Macbeth's app l i c a t i on (M Macbe th e st un photographe que nous a v i ons chargé d ’exécuter unephotograph i e de l a stè l e) to take a photograph for M . Jean Capart from a ste l e i n the Egytian Ga l l ery , he i sreque sted to i n form M . Capart tha t perm i s s i on canno t be gran ted . Aucun m ot i f n ’e s t exprim é . Un de m e s am i sang l a i s ayan t renouve l é , en son no m ,
l a dem ande , appri t que l es Trustees s ’éta i en t réservé l a pub l i ca t i on Noustenon s à d i re que toutes l e s dem a ndes a na l ogues que nous avons eu l ’occa s i on de pré sen ter on t reçu l e m êm eaccue i l . C ’es t là une s i tua t i on de fa i t don t souffren t à peu près sa ns excep t i on tous l e s égypto logues qu i ont e ssayéde tra va i l l er da ns l a sec t i on égyp t i enne du Bri t i sh Museum . Ces procédés , déjà s i ngu l i ers en so i , son t p l usé tranges encore , quand on songe à l ’extrêm e l ibéra l i té que l'o n e st accou tum é de rencon trer partout a i l l eurs enAng l e terre .
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sujet représenté La p lai nte des femmes , commencée à l m térieur de l amai son , se poursu i t à l
’extérieur , où l a dou l eur s’exprime en des att i tudes de
désespoi r vi o lent . Au - dessus , l es hommes j oignent leurs l armes et leurs cri s àceux des femmes . Deux hommes ont été i dent ifiés par des c0urtes in scripti ons l ’un est l e préposé au sceau , c
’est - ‘
a—dire l ’homme de confiance , Ptahshepses l
’autre , l e prêtre du double , Senbshi. Tous sont groupés devant l ademeure d’
Ankh- ma—Hor , su i vant de l’œ i l l ’enterrement qui s ’élo igne . Malgré
l a gaucheri e et l a na"veté de certaines att i tudes , on ne peut s ’empêcher d’
adm i
rer l a façon dont l 'arti ste est parvenu à i ntrodu i re le pathétique dans desscènes où l es représentati ons d ’époque postéri eure nous montrent les acteursqui ttant rarement l es atti tudes toutes conventi onnel les d ’une dou l eur di stinguée et de bon ton .
On aperçoi t encore , à droi te , tro i s des porteurs de l a ciwere sur l aquel leétai t posé l e cercuei l d’
Ankh - ma—Hor . I mmédi atement derri ère eux s ’
avancent
l a p leureuseË o pui s tro i s prêtres s ’apprêtant à j ouer un rôle dans l a
cérémonie de l a mi se au tombeau . Le premi er est le chef des chancel i ers
di vi ns qui rempl i ra le rôl e du prêtre" lequel apparaît souvent dansces cérémonies funérai res . I l porte le bâton et le sceptre une espèce debande lette ou de mantelet flotte , posé sur son épau le gauche . Le prêtred
’
Anubis , qui le su i t , s’avance , l es deux bras pendants , accompagné du
prêtre récitateur tenant en mains le rou leau sur l equel sont inscri tes lesformules . Tous deux portent sur l a poi tri ne une bande d ’
éto ffe qui passeau - dessus de ’épau l e gauche et sous le bras droi t . Nous retrouverons cesprêtres , exerçant leurs foncti ons , dan s l a derni ère sal l e du troi s i ème tombeau (voi r p l anche XCV I I I ) . est vrai semb lab le que le chancel i er di vin , l acérémoni e terminée , mettait l es scel l és sur l a porte du tombeau , scel l és qu 'ona parfoi s retrouvés en pl ace au cours des foui l l es .
La processi on funéraire se dérou l a i t ai nsi l onguement nous l a retro u
vons au second regi stre . En tête , marchent tro i s prêtres , qui l i sent l es formulesécri tes sur des rouleaux de papyrus ou
”de peau , pui s deux prêtres , vêtuscomme l e chancel i er di vi n , précèdent une seconde pleureuse . Ensui te vi ennenttroi s hommes tenant l e brancard de l a ci vi ère sur l aquel le pose l e cercuei l . Une
( 1 ) STBlNDORFF dan s l e Bà‘deker d'
Egypte , 1906 , p . 1 5 1 , d i t Dars te l lung Kra nker und e i ner En tb i ndung .
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parti e de l a ciwere est conservée et l ’on entrevoi t l ’angle i nféri eur du cercuei ll u i - même . Au moins s i x hommes soutenaient l a ci vi ère aux côtés du cercuei l ,et i l sembl e bien qu ’ i l s étai ent tous dessi nés comme s ’ i l s se trouva ient derri èrecelu i - ci . I l est hautement désirabl e qu ’une découverte heureuse permette enfinde compléter ce fragment , fai t pour exci ter notre curi osi té , car i l est probableque ces scènes apprendraient bi en des choses sur l ’hi sto ire de l a sépulture àl ’époque de l’Ancien Empire . faut , dès à présent , en rapprocher les rel i efspubl i és par Lepsi u s et qu i nous font assi ster à des épi sodes des cérémoni esaccompagnant l ’entrée au tombeau
On se demandera peut - être pourquoi les funérai l l es sont représentéesi ci . L ’
enterrem ent , dira - t—o n , n ’avai t nul besoin d’être répété pour le mort
et l ’expl i cati on que nous avons donnée de toutes l es autres scènes ne convi entp lus pour cel l e - ci . y a l à une certai ne di ffi cu lté , dont i l nous faut chercherl a so luti on . La première i dée qu i peut venir à l ’espri t , c’est que cette rept ésentatio n a pour but d ’évi ter aux parents du mort les fra i s énormes des funérai l l es so l ennel l es et i l n ’est pas impossibl e qu ’en certai ns cas on ai t eu recoursà ce procédé pratique mai s l orsque nous songeons à l a qual i té d’
Ankh—maHor , à l
’ importance de ses foncti ons , à l a beauté de son tombeau , nous nepouvons supposer un i nstant que l ’on se soi t abstenu de lui fai re de pom
peu ses funérai l l es . D’ai l l eurs , i l y aurai t , même dans ce cas , une scène que l
’
o n
ne s ’
expliquerait pas les membres de l a fami l l e chercheraient - i l s également àépargner leurs l armes en se fai sant représenter comme i l s l e sont i ci , se lamentant sur l a mort de l eur parent ? Le principe de l a représentati on équival antà l a réal i té ne s ’étendai t pas certainement aux sentiments fami l i aux , qui , enEgypte , étai ent fort déve loppés , à en j uger par les textes . Dans un ouvrageassez récent , Edward Clo dd (2) écri t Les nombreux exemples réuni s parDr Frazer dans son étude sur Quelques coutumes funéraires servant d ’ i llustrati on à l a théori e primi ti ve sur l ’âme (3) prouvent que les so in s qu
’onprend des morts déri vent moins de l ’affecti on , que de l a crainte chez l essurvi vants . Comme chacun le sai t , les espri ts des morts non enseve l i s hantent
( 1 ) L eps i us , Denkmaler. I ] , 3 5 e t 10 1b ; SCMÂPER ,Darstellung einer Be isetzung im allen Re ich dan s l a Ze i tschr ift
fur à'gyptiscbe Sprache und fl ltertumslzunde, tom e XL ] , 1904 ,p . 65—67 .
(2 ) fl n1m 1:m , The Seed of Re l ig ion. Londres , Cons tab l e , 190 5 (Re l i g i on s anc i enne s e t m oderne s) , p . 87 .
( 3) FRAZBR , On certa i n Bur ia l Customs as illustratwe of the p r im it iv e Theory of the Sou l, dan s l e journa l of theÂnthropolog1cal inst i tute of Great B ritain and lreland, t . XV , 1885 , p . 64- 104 .
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la terre et se rendent extrêmement désagréables , spéci al ement pour l eursparents i ngrats . N ’est - ce pas dans cette i dée s i j uste qu ’ i l faut chercherl’expl i cati on de notre scène de funérai l les Les survi vants veulent montrer aumort que tout ce qu ’ i l est convenab le de faire pour un mort a été réel l ementfai t . Le défunt , dans sa tombe , verra touj ours les atti tudes de désespoi r de safami l l e au moment de son trépas i l entendra l es l amentati ons qui ont aecom
pagné son départ de l a mai son i l verra l’exécuti on i ntégral e de tous l es ri tes
qui l u i permettent de mener une exi stence agréable dans sa mai son d’
éternité
et i l n ’aura , par conséquent , aucune rai son de reveni r tourmenter les vi vants .Un texte conservé sur un papyrus du musée de Leide , et qui contient l esp l aintes d ’un mari contre sa femme morte qui vi ent le - tourmenter , exprime àpeu près l a même idée Cesse de tu n ’en as pas l e droi tpendant ta vi e , j
’ai fai t tout ce qui étai t mon devoi r envers toi … quand tu esmorte , j e t
’ai p l eurée , j e t ’ai fa i t des funérai l l es en règleCette expl i cati on permet de comprendre pourquoi , quand Am éno
phi s I V perdi t sa fi l l e , i l fi t représenter dans l e tombeau l es scènes dedésol ati on qui accompagnèrent ses derni ers i nstants Am énophis I V et safemme , qui témoignèrent , partout où i l s l
’ont pu , l eur tendre affecti on pour leursenfants , n ’aurai ent pu songer à épargner leur douleur en usant d
’un procédémagique . La jeune morte , dont l
’espri t pouvait troubler sa fami l l e et consti tuerpeut—être un danger pour l es autres enfants , devait être apai sée certai nement envoyant combien son départ avai t causé de deui l . C ’est pour cel a aussi que l ’onavai t représenté le sanctuai re fami l i al où l a morte recevai t un cul te de ses1arents et de ses sœurs .A l
’extrémi té du mur Sud de l a sal l e V ] , on a inséré , dans l a restaurati onmoderne en ciment , un fragment de rel i ef, où l
’on di scerne encore quelquesrestes d ’une grande scène . Ces restes tout à fait i ncomplets ne méri tent certainement pas d ’être reprodui ts en photographie ; i l suffira d
’en donner unedescripti on . Nous avons i ci l e seul fragment ayant appartenu à l a part i e supérieure d ’un mur ; on entrevoi t encore l a coi ffure d
’
Ankh- ma—Hor . Devant l u ise trouve l ’ i nscr ipti on : I l voi t l’abo rdage des bateaux chargés de bœ u fs ,
( 1 ) MASPERO , Etude sur quelques peintures et sur que lques tex tes re latifs aux funéra i lles (Etudes égyptiennes,t . I , 2 ‘ fa sc i cu le) , p . 145 - 1 56 .
(2 ) BOURI À N'
I‘
, LEGRAI N et JEQU1ER ,Æonuments pour serv i r à l 'étude du cu l te d'
fi tonou en Egypte, t . I . L e Ca i re ,1903 . (Mém o i re s pub l i é s par le s m emb re s d e l’I n st itut frança i s d ’archéo logi e ori en tal e du Ca i re) , p l anche s V I —Xl l l .
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amenés de ses vi l l es de l e chef de tous les travaux du roi , Sesi , l e premier après l e ro i , chef de l a grande mai son , chef des deux étangs de plai s i r ,Ankh - ma - Hor , dont l e bon nom est Scsi Devant Ankh—ma - Hor , i l restedes traces de deux regi stres . Au plus él evé , on di stingue encore l
’avant d ’unebarque avec un homme debout à l a proue . Au regi stre i nférieur , l
’avant d ’uneautre barque . I ci également un homme est debout à l a proue , et au - dessus de
sa tête on l i t une inscripti on "Â dont l a première parti e se retrouve à
côté d ’un des porteurs d ’
o ffrandes de l a sal l e I V (planche L I X ) .Un second personnage , qui se retourne , prononçai t des paroles dont i l ne
yAreste que quelques S ignes "M 6 Ëq On reconna i t enfin la partie
supérieure du corps d ’un des rameursA l ’extrémité Ouest de l a sal l e V I s ’
amo rçait un escal i er , qui condui saitpeut - être sur l a plate— forme extérieure du mastaba .
Nous avons ai nsi terminé l ’examen du tombeau d ’
Ankh- ma—Hor , quipeut certai nement passer pour un des pl us i ntéressants de ceux qui sont actuell ement v i si bl es â Saqqarah . Des questi ons surgi ssent spontanément à l’e5pritQui est l ’auteur des bas—rel i efs qu i couvrent les murs des d i fférentes sal l esFaut - i l y reco nnaitre l ’œuvre d ’un seu l arti ste ? Quel l e est l a part d’
o rigi
nalité de l ’art i ste dans l a composi ti on des scènes Ce sont l à des questi onsauxquel les i l n ’est malheureu sement pas poss i bl e de répondre avec préci s i on .
On peut vrai sembl ablement croi re que les grands personnages avaient chezeux des scribes , habi l es dessi nateurs , et des ouvri ers d
’art qu i , pendant l a vi e ,étaient chargés de fabri quer tous les objets préci eux qu i meubl aient l a mai sonde l eur maître . C ’est à eux probablement qu ’étai t égal ement confi é l e so in descu lpter les statues funérai res , de décorer les paroi s du tombeau et de meublercelu i —ci de tout l’attirail nécessai re .
Le roi en avai t dans son pal ai s et i l semb le bi en qu i l l es mettai t à l a d i sposi t i on de ceux auxquel s i l concédai t l a faveur d ’une sépu lture . On en trouvera figurés dans une processi on de porteurs d
’
o ffrandes au tro i s i ème tombeau
(voi r pl anche XClX) .
S cène s a na logues Laos… s , Dm kmà ler, I ] , 6 2 e t 1 04b , e t Ergo nz ungsband. p la nche XXXVI ] .
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Selon l a remarque du professeur Erman l es dessi nateurs,l es scu lp
teurs et les peintres qui ont concouru à l a décorati on de l a tombe ont pri sso in de se représenter eux—mêmes sur l es murs , assurés de l a sorte de participer à l
’éterni té de l eur maître . Nous pensons donc les reconnaître dans l ascène du mur Sud de l a première sal le (planche XXX I I I ) , et le principald ’entre eux , Mesi , une seconde foi s , sur l e mur Nord de l a sal l e I l ] (plancheXLV I I ) .Ces arti stes , qu i l vaudrai t mi eux appeler ouvri ers d ’art , car les préo c
cupatio ns esthétiques étai ent vrai semblablement réduites chez eux au minimum ,
après avoi r fa i t part i e de l a mai son du mort , entraient dans cel l e de sonhéri ti er , et , s
’ i l étai t possi bl e d ’étudi er l a questi on avec préci s i on , on comprendrai t peut - être pourquoi , dans di vers tombeaux voi si ns , l a même mainsemble se reconnaître dans l ’exécuti on des bas - rel i efs .
n ’est pas douteux que plusi eurs scu lpteurs ai ent travai l l é au tombeaud
’
Ankh—ma- Hor . suffi t , pour en être convaincu , de comparer , par exemp le ,les deux côtés d ’une même porte , cel l e qu i condui t de la sal l e I l à l a sal l e I l ]
(planches XL I V et XLV) . L’auteur des figures i ntéri eures des pi l i ers de l a
porte d ’entrée (planches XX I I I et XX I V) est l e même qu i a fai t l es figuresornant i ntérieurement l es pi l i ers de l a porte d ’entrée du troi si ème tombeau
(p lanches LXXV I I I et LXX I X) . I nuti l e de pro longer des remarques de cegenre , que le lecteur pourra fai re l u i - même à loi si r .I l est à peu près certai n , nous l
’avons di t précédemment , que les scu lpteursse servaient de véri tab les cahiers de modèles , qu
’ i l s se transmetta ient d ’éco le àécole . Pour pouvoir donc appréci er l a part d ’ i nventi on de chacun , pour reconnaitre j usqu ’à quel point i l s croyaient devoi r rester escl aves de l eur modèle ,i l faudrai t que l ’on eût entre les mains un très grand nombre de reproducti onsphotographiques de scènes des tombeaux contemporains , ce qui n
’est malheu
reusem ent pas l e cas . Sans cela , on s’expose à noter comme détai l personnel
de véri tabl es cl i chés d ’atel i er . En voi ci un exemple . En plusi eurs endroits dutombeau d ’
Ankh - ma- H 0r, le scu lpteur a eu à graver le mot oi seau au pluri el ,ce qui s ’obtient
,on le sai t
,par l a tr ip le répéti ti on du signe or , sal le I ] ,
( 1 ) A. ERMAN , Ein Kunstter des atten Reichs, dan s la Zeitschr ift fur ägyp tische Sprache und fl itertumslzunde,t . XXX ] . 189 3 , p . 97
-
98 . Voi r encore AD . ERMAN , EinMater des neuen Rei chs, ibidem , t . XL ” , 1905 , p . 1 2 8 - 1 3 1
W . S P I EGELBE RG ,EineKünstlerinschrif t des neuen Re iches dan s l e Recueil de travaux relat ifs à la philologie et à l’ar
chéologie égyptiennes et assy riennes, t . XX IV , 190 2 , p . 185- 1 87 .
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mur Ouest , i l écri t l e signe en retournant vers l’arr iere un des oi seaux porte
de l a sal l e I l ] à l a sa l l e I V , côté Est , i l l’écri t en dessi nant le premier o i seau
occupé à manger sur l e sol , tandi s qu’au même endroi t , côté Ouest , i l l e
dessine de l a mani ère habi tuel l e . Voi l à bien , dira - t - o n , une fantai s i e del ’art i ste . Eh bien , au tombeau de P tahho tep, qu i est antérieur comme date àcelu i - ci , dans un défi l é d ’animaux présentés au mort , on voi t des oi es groupéesde façon tel l e , qu
’el l es combinent l es troi s vari antes graphiques du tombeaud
’
Ankh—ma - H 0r (planche CV)Une questi on méri te encore de nous arrêter quelques i nstants . En di vers
endroi ts , nous avons remarqué qu’une figure l e p lus souvent cel le du fi l s
du défu nt avai t été so igneusement effacée . Nous avons vu que l e mêmephénomène se retrouvai t dans le tombeau de N e fer- seshem - Ra et nous l econstaterons également dans le troi s i ème tombeau . y a l à évidemment l erésu l tat d ’une coutume funéra i re , d
’autant plus que les mêmes martelagesapparai ssent dans d ’autres tombeaux de l a nécropole memphi te . Nous donnons , à ti tre d ’exemple , un fragment des bas - rel i efs du mastaba de Sabouau Musée du Caire , où l
’on remarque deux représentati ons du fi l s so igneusement effacées (planche CV I ) . Le malheur est que l es martelages ont étés i soigneu sement fai ts , qu
’ i l est impossib le de l i re l e nom du fi l s ; or , c'est
ce point qui nous donnerai t peut - être l a cl ef du problème . M . Maspero abien vou l u nous suggérer l ’exp l i cati on su i vante : En vertu des principesde magie , l e fi l s qu i figure sur l es rel i efs à côté de son père fa i t réel l ement parti e de sa mai son fu néraire . sera enseve l i vrai semb lablement dansl a sépul ture du père et , de même qu
’ i l v i va i t sur l a terre dans l a mai sonpaternel l e , de même i l sera assuré de ne manquer de ri en dans l a mai sond
’
éternité de son père . Mai s si ce fi l s , après l a mort de son père , obtientla faveur royal e et s ’é lève à un rang supéri eur , i l obti endra peut—être au ssi ledroi t de se fai re ériger un tombeau . Dans ce cas , i l y aurai t une diffi cu lté àce que le fi l s restât sur l es rel i e fs de l a tombe paternel l e et , dans le but demettre fin à cette si tuati on insupportab le pour l’Egyptien , i l était nécessai red ’effacer l a figure du fi l s partout où el l e se rencontrai t . Le fi l s d’
Ankh- maHor , Jeshfi, le seu l dont le nom ai t j amai s été i nscri t à côté d ’un des peti ts
( 1 ) Ce qu i l a i s se supposer néanmo i n s de s e ssa i s ind i v i due l s à une pér i ode antéri eure .
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personnages accompagnant l e défunt , a obtenu les honneurs d ’une chapel lespéci al e , placée à côté du tombeau de son père et communiquant avec l ui .En même temps , l a présence de cette chapel le empêche de voi r dans cesmartelages l a preuve de l’exhérédatio n d ’un fi l s i ndigne . I l serai t curi eux ,du reste , que les tro i s propri étai res des tombeaux de l a rue Loret eussenteu l e malheur d ’être obl igés de déshéri ter un de leurs enfan ts . S i l es nomsn ’avai ent pas été effacés avec tant de soi n dans les tombeaux , peut - être constaterio ns - nous le rapport de parenté qui exi ste entre les tro i s propri étaires .U n peti t personnage figuré , sans i ndicat i on de fi l i ati on , i l est vrai , sur undes pi l i ers de N efer- seshem —Ra, s
’appel l e Sheshi nous verrons que c ’est l àle nom du propri étaire du troi si ème tombeau .
On obj ectera peut - être que l a figure de Jeshfi n’a pas été effacée partout .
Qu ’on n 'oub l i e pas que l e tombeau n ’étai t vrai semblablement éclai ré que parl a porte d ’entrée ou par quelques rares soupiraux d ’ai l l eurs , l es martel ages dans la seconde sal le au mur Sud (planche XXX I I I ) , où une des figuresdu fi l s est effacée , immédi atement à côté d
’une autre qu ’on a l ai ssé subsi ster ,semblent montrer que ce travai l a été exécuté avec une certaine hâte et sansqu ’on y ait mi s un soi n absol ument scrupuleux .
Nous venons de dire que Jeshfi, le fi l s d’
Ankh—ma—Hor , possédait enpropre une chape l le funérai re . On y pénètre par une porte , murée auj ourd
’hui ,qui s ’o uvrait dans le mur Sud de l a sa l l e El l e est consti tuée par une sal l eappuyée sur s i x pi l i ers , ménagée entre l e tombeau de N efer- seshem - Ra et cel u id
’
Ankh - ma—Hor . El l e n ’a reçu pour toute décorati on qu 'une stèl e en formede porte , de qual i té assez médi ocre (p lanche LXX I I ) , sur l aquel le se l i sent lesti tres et noms de Jeshfi, dont l e second nom est Tutu . Quelques - uns de cesti tres sont fort curieux , notons spéci a lement Î
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Hor et peut - être aussi les pi l i ers de N e fer- seshem - Ra. Seulement , i c i , l’arti ste
a aj outé un col l i er , qui fai t mi eux ressorti r encore la gaucheri e du mouvementdu bras tenant l e bâton .
Avant de pénétrer dans l e tombeau , remarquons que , à peu près en face del a sal l e i ntéri eure où nous trouverons l a stèle, on a réservé , dans l e mur dumastaba , une ni che ornée d
’une tabl e d’
o ffrandes avec deux peti ts bassi ns pourles l ibati ons . On y voi t le mort , assi s devant sa table d
’
o ffrandes , avec l es ti tresde premier sous l e roi , chef des mi ssi ons des deux mai sons des offrandesdi vines , estimé du di eu grand
Le tombeau de N efer- seshem - Ptah semble n ’avoi r jamai s été enti è rementterminé i l comprend un assez grand nombre de sal les , dont pl usi eurs n
’ontreçu aucune décorati on . Nou s verrons qu ’un bas - rel i ef au moins a été lai sséi nachevé . Troi s sal l es sont actuel l ement murées et , tant sur l e p lan que sur l eterrai n , i l n
’est pas fort ai sé de se rendre compte de leur desti nati on . Remar
quo ns que dans l a parti e ensablée , sur une entrepo rte que nous ne retro uvons pas sur l e p l an publ i é par M . Loret , on peut voi r des croqui s l égèrement tracés à l a poi nte . Que lques - uns sont également vi si bl es devant l a portedu tombeau d’
Ankh—ma - H 0r, contre le mur du grand mastaba qui borne l arue du côté de l’Est .
La sal l e dans l aquel l e nous pénétrons , n ’a aucune trace de décorati on ;les rel i efs commencent dans l a porte qui condu i t à l a sal l e I l (planches LXXXet LXXX1) . Des deux côtés , sur quatre regi stres , des prêtres du double sontreprésentés condui sant des gazel l es , des anti lopes , des bœ ufs . Les deux facessont l es mêmes , à l
’excepti on de légers détai l s . D ’après les i nscripti ons , l ap lupart des animaux provi endrai ent des fermes ou parcs où on les él evai t .
La sal le est en maj eure parti e décorée de scènes de porteurs d ’offrandes .
Au mur Sud (planche LXXX I I ) , remarquons l’effort fai t par l ’arti ste
pour vari er l a posi ti on des bras des porteurs , ce qu i , de prime abord , n’a pas
été sans produi re des résu l tats assez étonnants . Regardons , par exemple , l e brasdroi t du premier porteur au premi er regi stre ou celu i du quatri ème au secondregi stre ; i l paraît repl i é sur l u i - même , dans une posi ti on tout à fai t invraisemblable , que nous retrouverons sur le mur Ouest de l a même sal l e . S i noussongeons au procédé du quart de tour avant le rabattement nous verrons
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que le bras est exactement dessiné , à condi ti on de le supposer vu de profi l .Seu lement
,l ’art i ste , dessi nant l es épau les de face , a rabattu le bras et obtenu
ains i un résultat réel l ement peu sati sfai sant . Deux bas - rel i efs du Musée duCaire
,que nous reprodu i sons i ci (planche C l l l ) , sont i ntéressants à examiner ,
parce qu ’ i l s permettent de reco nnaitre l ’origine de ce mouvement .Notons au premier regi stre , parmi l es offrandes , une jeune hyène grasse .
Les Egypti ens les élevai ent dans l eurs fermes et pl usi eurs tombeaux nousfont assi ster à l eur engrai ssement . Le regi stre supéri eur , qui a di sparu à peuprès enti èrement , étai t consacré à une scène de pêche à l
’
ham eço n . On di sti ngue encore l ’eau avec les lotus et l ’extrémi té d ’une barque sur laquel l e estassi s un homme qui pêche à l a l igne .
Le mur Ouest est i nterrompu par une porte actuel l ement murée . Dans l aparti e Sud , on ne voi t p l us que les j ambes de tro i s porteurs d
’
o ffrandes tournés vers l a droi te . Dans l’entrepo rte , on reconnaît , à gauche , l es j ambes d
’unporteur d ’
o ffrandes ; à droi te , un porteur en enti er et l es j ambes de deuxautres , marchant tou s vers l a sal l e I ] . Dans l a part i e Nord du mur Ouest
(planche LXXX1I 1) , deux regi stres de porteurs sont conservés , ai nsi que lecommencement d ’un tro i s i ème . On pourra se fai re une i dée du styl e deces sculptures par un fragment que nous donnons à grande échel le (p lancheLXXX I V) et qui est part i cu l i èrement curi eux . Un porteur ti ent suspendueà son bras une peti te cage dans l aquel l e quatre héri s sons parai s sent p l acés lesuns sur l es autres . C ’est l e résu l tat de deux rabattements , d
’abord du fond dela cage , pui s des animaux sur le fond , avec le souci constant de tout montreravec l e p l us de préci si on possib le . C ’est l e même procédé que l ’on constateau mur Nord , o ù les offrandes s ’accumulent les unes sur les autres en un équil i bre des pl us i nstables . En réal i té , on re lève sur l e p lan l a surface du pl ateau ,de façon à lai sser voi r tout ce qu ’ i l conti ent .Au mur Nord , au - dessus des deux processi ons d’
o ffrandes , nous voyonsdes porteurs qui , ayant rencontré sur l eur chemin un canal à traverser , sontmontés sur deux légers canots , fa i ts en tiges de papyrus
;Sur l ’eau , pleine de
lotus b leus et blancs , l es barques sont poussées en avant au moyen de longuesgaffes . Dans chaque barque , on voi t deux hommes mani ant l a gaffe l
’un est aumi l i eu pour donner l ’ impu l si on en avant , l
’autre en arri ère pour d i riger l ’embarcatio n . Or , dans l a rapidi té de l a marche , le second canot va heurter le pre
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mier l e gaffeur d ’arri ère l e repousse du pi ed , tandi s qu’ i l acti ve l a marche en
avant de son propre canot (planche LXXX I I I ) .Au - dessus , cinq porteurs sont chargés de grands poi ssons l ’un d ’entre
eux est si l ourd , qu’ i l a fal l u deux hommes pour l e transporter .
Le mur Est (planche LXXXV) , qui a conservé l a pl us grande parti e de sadécorati on , est enti èrement consacré à l a capture des oi seaux et à l eur él evageà l a ferme . Tous les travaux s ’
exécutent devant l e mort , qui , accompagné desa femme , survei l l e l es opérati ons , debout dans l
’
entrepo rte de la sal l e I l ] .
Au premier regi stre , à gauche , deux servi teurs s ’
avancent vers l e maître ,en lu i présentant des oi es et des canards vi vants . Derri ère eux , un grouped ’hommes ti re à l a corde d ’un gran d fi l et . Les tendeurs sont cachés entre deuxécrans formés de papyrus l i és ,
’écran de devant traversé par l a corde du fi l et .Les types représentés i ci (p l anche LXXXVI ) sont extrêmement curi eux . Lechef d ’équipe , qui se retourne vers ses camarades et cri e : Eh"tendeur ,
‘ato i , ti re et lâ c hasse est à toi , n ’a pas l ’aspect d ’un Egypti en »il porte unecoi ffure tout à fait bi zarre , que nous ne pensons pas avoir rencontrée nu l l e partet qu ’on pourrai t comparer à ces modes afr i cai nes qu i combinent l es scarifi
cati ons avec l es touffes de cheveux . Notons aussi l a courte barbi che , que lesÉgypti ens ne portent pas souvent . Le premi er tendeur est un Egypti en biencaractéri sé , tandi s que l es quatre hommes qu i l e su i vent ont un type spéci a lque l ’on retrouve de temps en temps dans les tombeaux de l’Ancien Empire .
Le pl us souvent , ce sont des gens qui exercent des méti ers i nféri eurs ,ordinairement des chasseurs , des pêcheurs ou des batel i ers , et qu
’on asupposés depui s l ongtemps , avec i nfiniment de rai son , apparteni r à une desraces qui précédèrent l ’arri vée des Égypti ens pharao niques dans l a va l l ée duN i l . La posi ti on des j ambes des tendeurs est i ntéressante à comparer à cel l equi est représentée dans l a scène anal ogue du tombeau d’
Ankh - ma - H or
(planches XXX I V et su i vantes) . Le fi l et est p l acé au mi l i eu d ’un fourré deplantes aquatiques , où s
’
ébattent des oi es , des canards et des échassi ersau - dessus , quelques p iseaux s ’envolent au moment où l e fi l et va se fermer .
Logiquement , nous devri ons passer maintenant au troi s i ème regi stre , où ,le fi let s’étant refermé , on vi ent prendre l es oi seaux pour l es porter dans l esvol i ères où i l s seront élevés . Examinons néanmoins a present le deuxi èmeregi stre (p lanche LXXXV1I ) .
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A gauche , sous un toi t léger supporté par des co lonnettes à chapi teauxen fleur de lotus épanoui e , deux scribes sont occupés à enregi strer lesquanti tés de graines sorti es du greni er pour l a nourri ture des oi seaux l ’unest l e sous - directeur du grenier , l
’autre l e préposé aux scribes du grenier .Deux servi teurs s ’
avancent chargés de sacs rempl i s de grains , qu’ i l s s ’apprêtent
à déverser dans les deux vol i ères le contenu de cel l es - ci est si ri che , qu’ i l s
s’
exclam ent Quel le quanti té d ’oi seauxUn peu plus l oi n (planche LXXXV I I I ) , l es vol i ères el l es - mêmes sont
représentées , sans qu’on pui sse très exactement voi r comment el les étai ent
agencées . Les porteurs de sacs y ont pénétré ; l’un j ette l es grai ns sur l e sol au
devant des o i seaux , l’autre appel l e ceux - ci pour l eur di stri buer l a nourri ture .
Un rapi de coup d ’œ i l sur les deux vol i ères permettra de reco nnaitre que ,dans cel l e de droi te , l a scu lpture n
’est pas terminée et que seules l es grandesl i gnes généra les ont été découpées sur l e fond , sans i ndi cati on du détai l desp lumes des ai l es et sans que les contours ai ent été adouci s . Le regi stre su i vantnous montrera l a chose encore p l us nettement .Au troi si ème regi stre , à gauche , la scène est di vi sée d
’abord en deuxpeti ts regi stres . Un homme , assi s sur l e so l , est occupé à fabri quer un fi l et .Séparée de l ui par un écran en papyrus , l
’équipe des tendeurs , enti èrementconsti tuée d’
Égyptiens cette foi s , a ti ré l a corde du fi l et au moment favorabl e et l a chasse est dedans comme i l s di sent . ne reste qu ’à prendrel es oi seaux ; aussi , pendant que troi s des compagnons sont encore couchés surle sol et t i rent de tout leur poi ds sur l a corde , deux autres se sont déj à rel evês et accourent à toutes j ambes vers l e fi l et (planche LXXX I X) . Sans perdrede temps , une des oi es est tuée et p lumée par un des hommes , assi s sur l e sol ,et qu i , à en j uger par son al l ure , est passablement expert en cet exerci ce . Pui s ,dès que quelques o i es sont pl umées , on les suspend , prêtes à être rôti es , dansl a cui si ne en p lei n ai r , où l e cu i si ni er s
’occupe imméd i atement d ’en préparerune pour l e repas des tendeurs . D ’une main , i l t i ent l a broche au - dessus dubrasi er de l ’autre , i l manie une espèce d
’
éventail qui acti ve l a combusti on etchasse l a fumée .
S i on examine , dans ce tro i5 1eme regi stre , l a parti e occupée par le fi l et ,on peut voi r parfai tement l e procédé empl oyé pour l a scu lpture des rel i efs . Ledessinateur i ndiquai t sur l e calcai re même , par un trai t l éger , le suj et à scu lpter .
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Un premier sculpteur découpai t seu lement les s i lhouettes et ravalai t l e p lande l a p i erre entre l es di verses figures c ’est ce qui est fai t pour une parti e desoi seaux qu i s ’envolent Ensu i te , on commençai t à marquer sommairementquelques détai l s , par exemple l es boucles de l a chevel ure pour l ’homme penchéau - dessus du fi l et et prenant les oi seaux . L
’
ébauché ayant ai nsi été pousséedéj à très loi n et d ’une mani ère tout à fai t prudente , l e travai l dél i cat commençait , et c
’est d ’une mai n l égère que les contours étai ent adouci s et que l ’onpréci sai t l es détai l s . I l suffi t de comparer l ’homme ébauché avec un de sescompagnons pour voi r tout ce que cet achèvement aj outai t de grâce et d’
é‘
lé
gan ce à l a sèche et rude s i lhouette .
Un détai l peut être noté encore . Dans l e fi l et , à gauche , en bas , tro i scanards sont posés l ’un à côté de l ’autre . Dans l ’ i nscripti on qui accompagne l ascène , l e mot oi seaux est déterminé par troi s peti ts canards qui sont l acopi e préci se du groupe qui se trouve en dessous , donnant ai nsi un bonexempl e de l a manière soigneuse dont l es hi éroglyphes copi ent l a nature (voi raussi l’antilope , pl anche LXXX , i nscripti on du premier regi stre ; l e bœuf donton a , i l est vrai , supprimé les cornes , qui auraient dépassé l
’a l ignement , planche CV les oi es , i b i dem . les bœ u fs , planche CV I ) .
Aux deux regi stres sui vants , on est en trai n d’
engraisser l es oi es et l esgrues , en leur i ntrodui sant de force dans l e bec des boulettes de pâtée . I ci ,bien des détai l s ont été sai s i s avec une habi leté rare . Regardons , par exemple ,les grues (pl anche LXXX I X ) on a fai t passer à droi te cel l es qui ont déj à reçuleur pi tance au mi l i eu , un homme a sai s i un oi seau par l e cou et s
’efforce del u i i ntroduire une bou lette dans l e bec , tandi s que l
’oi seau , qui rési ste , fléchitsur ses l ongues pattes en cherchant à se dégager . L ’opérati on n ’a l l a i t pas san slai sser tomber des mi ettes de nourri ture et l es grues voi s ines sont admirab lement dépei ntes , épi ant ce qui se passe , promptes à sai si r les moindresrel i efs . On peut reprocher à l ’art i ste de n ’avoi r pas touj ours pri s soin dedonner à ses oi seaux l e nombre de pattes nécessai res i l y a si x grues pourcinq pattes En n ’y regardant pas de trop près , on trouve un réel p lai s i r àobserver ces peti tes scènes , véri tablement pri ses sur l e vi f.
( 1 ) On peu t par fa i tem en t se rendre comp te de ce p rocédé dan s l e cou lo i r d ’en trée du tom beau de Phtahhetep.
Voi r DAVI BS , The ) Itastaba of P tahhetep and fl lzhethetep at Saqqarah, tom e I I , Londres , 190 1 (Archaeo logi ca l Surveyof Egy p t , I X) , P l anche s V—X I et pp . 4 , 1 0 , 14 .
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Les deux derniers regi stres sont assez détéri orés et ne présentent riende part i cu l i èrement notable on y entrevoi t des porteurs d ’
o lfrande s et desgroupes d ’o i seaux .
Dans l a porte qu i condui t de l a sal l e I l à l a sal l e I l ] (planches XCXC l l l ) , l e mort est debout , accompagné de sa femme , présidant aux travauxque nous venons d ’examiner . I l voi t , di t l
’ i n scripti on qu i se répète à droi teet à gauche , tous l es bons travaux des champs fai ts dans ses vi l les . La posedu mort
,s ’appuyant sur un bâton dans une atti tude de repos , ]a j ambe gauche
fl échie et l e pi ed posant sur l e pi ed droi t , est assez rare pour être remarquée .
C ’est,en même temps qu 'une vari ante heureuse de l ’atti tude que nous avons
trouvée dans l e tombeau d ’
Ankh - ma - Hor (planches XXX I V et XL I V) , unetentati ve séri euse pour représenter le corps humain en équi l i bre sur une desj ambes
,au l i eu de l’appuyer so l i dement sur les deux . Les art i stes contemporains
d’
Am enophis I V , bien des s i ècles p lu s tard , reprendront l e problème et aboutiro nt à une sol uti on des p lus élégantes dans le peti t bas - rel i ef du Musée deBerl i n La femme de N efer- seshem - Ptah est représentée à côté de sonmari . Le nom qu ’el l e porte est fort i ntéressant à noter elle est fi l l e aînée duroi et s ’appel le Seshseshet , dont le bon nom (voi r p lanches XCV I I et C l ) estSheshi t . Or , la femme deMéri et l a femme de Kagemna, l es propri étaires destombeaux voi si n s du côté de l’Ouest , sont toutes deux fi l l es du roi et portenttoutes deux l e bon nom de Seshseshet . I l est d iffi ci l e de ne voi r l à qu 'uneco incidence et i l est vrai semblable que l ’on peut y trouver un argument depl us en faveur de l ’hypothèse en vertu de l aquel le tous ces tombeaux apparti endrai ent à des membres d ’une même fami l l e . Ajoutons que dans le tombeaude Meri on rencontre plusi eurs fo i s des prêtres et d es fi l s dont les images etl es noms ont été effacés leur tombeau , d
’après l ’hypothèse exprimée précédemment , devrai t donc se trouver dans l es environs . On peut remarquer i cique , s i tous les tombeaux connus dans ce quart i er de l a nécropo le sont contempo rains du règne du roi Teti , un des fi l s de Meri vi va it sou s l e règne deson successeur Pepi . Nous verrons dans l a su i te que vrai semb lablementN efer- seshem - Ptah a passé une part i e de sa vi e sou s le règne de Pepi .A droi te et à gauche de l’entrepo rte , en dessous du mort et de sa femme ,
( 1 ) W . S P I EG ELBE RG , Geschi chte der àgypt1schen Kunst. Le i pzig , 1903 , fig. 6 3 , p . 68 .
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nous trouvons , di sposés en deux regi stres , encore hui t porteurs d’
o ffrandes
s’
avançant vers l a sal l e I l ] .
Dès que nous pénétrons dans cette sal l e , un spectacl e assez inattendus ’offre à nos yeux (planches XC lV - XCV1) . Au fond de l a sal l e , l a portedes appartements du mort nous apparaît mai s , cette foi s , ce n ’est pas seu l ement une s impl e porte comme cel l e que nous avons vue dans l e tombeau deN efer- seshem - Ptah et dan s l a chapel l e de Jeshfi. I ci , l e mort l u i - mêmes ’avance vers nous , surgi ssant en quelque sorte de l a murai l l e en une tripl eappari ti on . Sur chacun des panneaux l atéraux de l a stèl e , i l est debout dansune att i tude ferme et énergique , ]es j ambes l ’une à côté de l ’autre , l es bras pendant le l ong du corps , l es poings fermés , tandi s que la tête , encadrée de l alongue perruque évasée , se redresse , ayant gardé un air impérieux , malgrél es muti l ati ons qui ont fai t d i sparaître l es trai ts du vi sage .
Au —dessus de l a porte , à l a fenêtre , le mort est représenté encore , mai scette foi s , pui squ
’ i l est à l ’ i ntéri eur de l a mai son , i l a qu i tté l a perruque et semontre l a tête absolument rase .
est dangereux de vouloi r tout exp l i quer en archéologi e , spéci alementen archéologi e égyptienne , où les matéri aux n
’ont pas encore été suffi sammentétudiés pour étayer l es thèses . Essayons cependant d ’ i nterpréter l a représentati on de l a stèle de N efer- seshem - Ptah , tout en avert i ssant que nous nousbornons à une hypothèse , dont i l serai t fort diffi ci l e de donner une justificati onrigoureuse .
Au début , l a stèl e aurai t été s impl ement une fausse porte assez pro fonde ,une espèce de ni che dans l aquel l e se trouvai t , debout , l a statue du mort , enmarche , sortant de ses appartements pour veni r chercher dans l a chapel l e l esoffrandes qui y avai ent été déposées . Le tombeau de Méri nous montreencore un spécimen de ces stèles ( 1 ) (planche CV I I ) . Debout , écri t Maspero , Ie buste bi en effacé , tête haute , face souri ante , i l s
’avance comme pouramener l e double , du rédui t ténébreux où l
’
embaum ement l e confine , auxpl ai nes l umineuses où i l avai t habi té l i brement pendant sa vi e terrestre ; encoreun pas , et franchi ssant l e seu i l , i l va descendre l e petit escal i er qui abouti t à l asal l e publ i que . Aux jours de fête et d ’
o lfrande , quand le prêtre et l a fami l le
( 1 ) L a n i che éta i t ferm ée par une doub l e porte . Souven t on supprim e la sta tu e e t on se con tente de représen ter l e s battan ts de l a porte ferm ée . Au m a staba de P tah- shepses , à Abo us ir, i l y a tro i s n i ches juxtaposée s .
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tues , c’est que , en quelques cas , comme chez N efer- seshem - Ptah , on s
’estsouvenu de leur significati on première et qu ’on les a scu lptées en haut rel i ef
,
les dégageant de l a pi erre le pl us qu ’on a pu Ainsi est - i l poss ibl e d ’
expli
quer l ogiquement , d’après nous , l a présence des deux figures qui font i ci
une s i v i ve impressi on .
I l faudrai t pl us d ’exemples qu ’on n ’en possède pour essayer d ’ i nterpréterl a troi s i ème figure du mort , qu i apparait en buste à sa fenêtre . Une stèle duNouvel Empire au Musée du Caire nous montre une représentati on anal ogue Les muti lati ons qui ont détru i t l es trai ts du mort sont vraisemblablement assez récentes : el l es datent peut- être de l ’époque où l a nécropo lememphi te aété l i vrée au pi l l age par l es chercheurs de trésors Les croyancesd ’après lesquel les l es statues étai ent animées d ’un espri t , que l
’on tuai t ouaveugl ai t en muti l ant les figures , étai ent a lors encore très vi vacesLes i nscripti ons de l a stèl e donnent quelques formules funérai res fré
quentes et les noms et ti tres de N e fer- seshem —Ptah ou Sheshi ou Oudj a- haTeti . Sur les côtés , en dehors de l a moulure d
’encadrement , des vases conti ennent les sept hui l es . Devant l a stèl e , sur une banquette élevée qui sepro longe du côté Nord j usqu ’au mur Est , on a scu lpté une table d
’
o ffrandes .
Les deux murs Nord et Sud , de chaque côté de l a stèl e , sont consacrésà des scènes d ’
o ffrandes .
Au mur Nord (p l anches XCV I I et XCV I I I ) , l e premier regi stre nousmontre une processi on de prêtres du doub le chargés d ’
o ffrandes . Le premierporteur , qui étai t l e fi l s du défunt , a été soigneusement effacé ; ensu i tevi ennent p lusi eurs personnages attachés à l a mai son du roi . Le nom de
Ê ÊZZË l ’homme de Ptah est i ntéressant à noter comme confirmati onde l a l ecture Senousret du nom des Ousertesen , l es ro i s Sesostri s de l a X I I "
dynasti e , d’après l a découverte de M . Sethe
La longue l igne d ’ i nscripti on qu i surmonte les porteurs di t que l es
Voi r LEPS…S , Denkmà‘
ter, I I , 44 .
(2) Musée égyp t ien, p l anche XXV . A m o i n s qu' i l ne fa i l l e vo i r dan s cet exem p l e l a cop i e d 'une n i che dans
l aque l l e se trouvera i t une sta tue du m or t agenou i l l é , tenan t devan t l u i une stè l e , ce que l ’on rencon tre souvent àl ’époque du N ouve l Em p i re .
(3) J. M . Un Tour iste à la nécropo le de ] femphis au début du X VTI ‘ sièc le. (Ex trai t de l a Rev ue d'
Egypte .) LeCai re , Im pr im er i e Na t i ona l e , 1895 . (Ex tra i t de P 1ET RO D ELLA VALL E . )
(4) MASPERO , Histo ire anc ienne des peuples de l'0r1ent. t . I , p . 2 57 .
(5) KURT S ETH E , Sesostr is. Le i pzi g , 1900 , pp . 6 -
7 .
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offrandes sont apportées par l es préposés aux prêtres du double les à l asu i te des prêtres du double et les prêtres du double du premier aprèsl e ro i , N efer- seshem — Ptah . Celu i - ci est assi s au regi stre supérieur devant unetable d ’
o flrandes . A ses pi eds est ass i se , respirant une fleur de lotus,sa
femme , fi l l e aînée du roi . M . Borchardt a montré que les grands tuyaux parallèle s qui surmontent l a table sont des feu i l l es de palmi er styl i sées , figuréesen rabattement , mai s qui , en réal i té , se pl açaient sur l es al iments pour en écarter l es mouches Devant l a tabl e , des offrandes sont amoncelées sur deuxregi stres qu i se terminent chacun par s i x nouveaux servi teurs venant appo rter l eur contr ibuti on à l ’amas de provi s i ons . Au - dessus de l a table , onaperçoi t l ’extrémi té des cases dans l esquel l es étai ent écri ts les noms des di versal iments nécessai res au mort . Enfin , on di sti ngue l a partie i nférieure d ’unescène rel igieuse . Les prêtres que nous avons vus au tombeau d ’
Ankh - maH or défi l ant dans l e cortège des funérai l l es sont i ci occupés à leur offi ce ,consacrant l es offrandes , réci tant l es formules et se l i vrant à des évol uti onsmystéri euses
,dont l ’effet pri ncipa l devai t être d ’animer l a statue du mort et les
représentati ons des murs et de mettre ainsi l e mort en état de bénéfici er detou s les soin s minutieux qu ’on avai t pri s en lu i préparant son tombeau . Remar
quo ns l e dern i er prêtre à droi te , qui s’él oigne du groupe de ses col lègues , en
traînant derri ère l u i une espèce d’
écharpe c ’est une scène que l ’on retrouverarement à cette époque mai s assez fréquemment dans les représentati onsrel i gi euses d ’époque postéri eure .
Au mur Sud (planches XC I X et C) , le panneau étant moins grand , l esscènes ont été un peu écourtées . Au regi stre i nféri eur , p lusieurs personnagesattachés à l a cour , entre autres un scu lpteur royal et un orfèvre
"
Α
apportent des offrandes . Le mort , assi s devant sa table , n’est p lus , cett e foi s ,
accompagné de sa femme on remarquera l e modelé excel l ent de cette figure ,que l ’écl ai rage à contre—j our a fai t ressort ir parfai tement . La table el l e- même
( 1) L . BORCH ARDT , Die Darstellung innen v erz ierter Schaten auf agyptischen Denkmalern , dan s la Ze i tschr ift furagypt1sche Sprache und fl ttertumslzunde, 1893 , t . XXX ] , p . 1 .
(2) Voi r. par exem p l e , Gm rmrn , The Tomb of P tahhetep, p l . XXXVI I I , avec l a légendeÀ 3DAVI E"1
TheÆa: taba of P tahhetep andÂhhethetep, t . p l . XXX ] Lapsm s , Denlzmaler. I I , 84 ; N EW BE R RY , Ben i Hasan . t .p l . XV I I W . Sp l BOELBERG , Em Denkste in auf den Tod e1ner hei ligen lsiskuh. dans l a Zeitschrift für ägyp t ische Spracheune"fl lterlumslzunde, t. XLl l l , 1906 , p . 1 35 .
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est entourée d’
o ffrandes aussi nombreuses que vari ées et dont l es noms étai entévi demment énumérés en une pancarte qui a di sparu .
Enfin , l e mur Est de l a sal l e I l ] (planche Cl ) , fai sant face à l a stèl e ,reprodui t une foi s encore l a figure de Ne fer- seshem - Ptah , assi s devant sa tabled
’
o ffrandes , en compagnie de sa femme . Seulement , i c i , le regi stre i nféri eurest consacré à des scènes de dépeçage des bœ u fs et au transport des pi èces devi ande qu i vont figurer sur l a tabl e du défunt . C ’est , on s
’en souvi ent,égal e
ment sur l e mur Ouest fai sant face à l a stèl e que l es scènes de bouchers sedéroulent au tombeau d’
Ankh- ma - Hor . Nous avons déj à eu l ’occas i on de direque , vrai semblabl ement , l es mêmes arti stes y ont travai l l é (pl anche L I ) .Remarquons enfin que cette derni ère sal l e a conservé l a p l u s grande parti e
de l a polychromie originale . Peu de tombeaux de l’Ancien Empire peuventdonner aux vi si teurs une i dée pl us préci se de l ’aspect de ces chambres funéraires au moment où el les venai ent d ’être terminées .
Notre vi s i te des troi s tombeaux de l a rue exhumée par M . Loret est terminée et nous pourri ons nous arrêter i ci . Nous voul ons cependant signalerencore un monument conservé au Musée du Caire et qui se rattache peut - êtreà l a sépu lture de N e fer- seshem - Ptah (p lanche C I I ) . I l s
’agi t d ’une stèl e cataloguée sous l e numéro 1404 et qui , d
’après l es i nventaires , aurai t été déco uverte par Mari ette à Abydos , au Kom - es
Ce qui frappe à première vue , c ’est que l e défunt auquel el l e a été consacrée porte l es deux noms de N efer- seshem - Ptah et Sheshi , qui sont précisém ent ceux du propri étai re du troi s i ème tombeau de l a rue . Une chose di ffèrec ’est qu ’au l i eu du ti tre de prêtre de l a pyramide de Teti , nous trouvons celu ide prêtre de l a pyramide de Meri t a—Pepi l e successeur de Teti . On pourrai tdonc supposer , si l a .stèl e est bi en du même personnage , qu
’ i l a fai t édifier sontombeau à l a fin du règne de Teti , à l a pyramide duquel i l éta i t attaché enqual i té de prêtre . Teti mort , sa carri ère se serai t conti nuée à l a cour de sonsuccesseur Pepi et i l aurai t égal ement été attaché au cul te funérai re du nouveauroi , ce qui est , du reste , assez fréquent . Mai s , nous nous en souvenons ,
( 1 ) MAR I ETTE , Catalogue général des fl onumenls d'
Âbydos, p . 9 1 , n ° 53 2 .
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N e fer- seshem - Ptah ava i t un troi s ieme nom , Oudj a—ha—Teti . Or , ce nom ,
composé avec celu i du roi Teti . a di sparu sur l a stèle du Caire pour être remplacé par un nouveau , Ptah - sankh—Merira, ce qu i s ignifie l e dieu Ptah fai tv i vreMerira (Pepi ) N e fer- seshem - Ptah se serai t donc empressé , dès la mortde Teti , d
’abandonner son nom royal pour en prendre immédi atement unautre , composé au moyen du nom du nouveau souverain . y a là un peti tproblème , qu
’ i l serai t i ntéressant de voi r résoudre par l ’étude de cas analogues .Pour notre part , nous ne pensons pas en avoir déjà rencontré .
Ce qui sembl e encore indiquer l ’ i denti té des personnages , c'est l a man iere
dont l e défunt est représenté sur l es paroi s i nternes de l a porte (i ci rabattues) ,l e corps vu de profi l , absolument comme nous l
’avons rencontré au tombeaude Saqqarah (planches LXXV I et LXX I X ) . Remarquons , en passant , que l astèl e , copi ant l es pi l i ers d
’entrée du tombeau , donne une preuve de ces procédés de rabattement dont nous avons parlé à p lusi eurs repri ses .
S ignal ons encore , au Musée du Caire , une stèl e contemporaine , cel l ed
’
Ahines (n ° où troi s figures sont également représentées vues de profi ld ’une mani ère absol ument anal ogue .
S i l ’on accepte l ’ i dentifi cati on des deux N efer- seshem - Ptah , celu i dutombeau de Saqqarah et celu i de l a stèle du Caire , comment expl iquer la présence de ce dernier monument à Abydos ? Chacun sai t qu ’à Abydos se trouvai tl e tombeau d ’
O siris , l e dieu pri ncipa l des morts , et que les Egypti ens aimaientà consacrer en cet endroi t des stèles qui , par leur présence , procurai ent auxmorts le même bénéfice que s ’ i l s avai ent été réel l ement enterrés à proximité del a tombe sai nte . De là , l e nombre colossal de stèles de toutes l es époques del ’hi sto ire d ’
Égypte qu i ont été découvertes dans l’enceinte du temple d ’
Osiris .
La stèl e de N efer- seshem - Ptah à Abydos lui donnai t a i nsi une entrée dans l emonde des morts , dans le royaume d
’
Osiris , à proximi té de l’entrée réservée
au dieu des morts l ui—même . Ce sont évi demment des i dées qui ne cadrent pl ustout à fai t exactement avec l es anci ennes croyances , qui ne parl ai ent que d
’uneexi stence matérie l l e co nfinée au tombeau . N ’oubl i ons pas que , sous la V I "
dynasti e , ces i dées nouvel l es font dél i bérément l eur entrée dans les formu les funérai res nous les avons rencontrées sur l a stèle de N efer- seshem
Ra (planche X I ) , dans les i nscripti ons de l a I I I " sal l e du tombeau d’
Ankh
ma—Hor (planche XLV I I I ) et sur l a façade du tombeau de N efer- seshem
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Ptah (p lanches LXXV I et LXXV I I ) . El l es commencent à prendre uneimportance qui s ’
accro îtra constamment ce sont el l es qui , sorti es des caveauxdes pyramides royales , se répandront prochainement sur l es cercuei l s et surles murs des chambres funéraires et finiront par consti tuer l e Livre desmorts où les croyances anciennes de l a v i e matéri el l e dans l a tomben
’
o ccupent plus qu’une p l ace restreinte .
S i notre hypothèse sur l ’ i denti té des deux Nefer- seshem - Ptah est exacte ,nous auri ons i ci un exempl e préci s d ’un Egypti en qu i , tout en ayant son tombeau à Saqqarah , dans l a nécropo le de Memphi s , fai sai t néanmoins érigerune stèl e dans l ’enceinte du temple d’
Osiris à Abydos .
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CONCORDANCE DES PLANCHES
ET DU TEXTE
AAAAAAAA AAAAA AAAAAAAA AAAAA
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PLANCH ES PAG ES PLANCH ES PAG ES
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