12
Un milieu naturel qui marque le territoire Simple fleuve pour le profane, la Seine est pour le scientifique comme pour le gestionnaire un véritable système constitué d’une variété de milieux en interaction. Comprendre le fonction- nement de ce système vivant, c’est retracer l’his- toire de sa formation, connaître les milieux et étudier la dynamique du fleuve dans le temps et dans l’espace. La richesse faunistique et floristique a justifié le classement d’une grande partie des berges en espaces naturels sensibles. De plus, le “ Schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux “, dans sa contribution francilienne, iden- tifie la vallée de la Seine comme une liaison écologique d’importance nationale, entre l’Est et l’Ouest. Les espaces naturels sensibles La Seine et ses berges constituent un point fort du “Schéma des espaces naturels sensibles“. Deux des sept objectifs traitent d’ailleurs de cette problématique. Sur les soixante-six kilomètres de berges, trente-trois ont été répertoriés comme espaces naturels sensibles soit soixante- quatorze hectares. Cette décision a été motivée par quatre raisons principales : - la vallée de la Seine est un corridor écologique d’intérêt national dont la continuité doit impérativement être préser- vée, - les berges de Seine constituent un important potentiel d’ac- cès à la nature pour les habitants du nord du département : soit pour l’intérêt intrinsèque du fleuve et de ses rives, soit pour la possibilité qu’offrent ces berges de relier entre eux les principaux espaces verts, - les îles constituent des sites privilégiés où la végétation reste très prégnante et qu’il convient de préserver au cœur de l’agglomération, - ces zones humides possèdent un très fort potentiel écologi- que et une dynamique de reconquête unique dans les écosys- tèmes terrestres des régions tempérées. Ce sont donc des milieux à mettre en avant pour la renaturation des zones urbaines. Cette démarche est d’autant plus intéressante qu’elle s’intè- gre dans une volonté affirmée de protéger les zones humides à l’échelon tant national qu’européen. > Nénuphars sur le fleuve à Neuilly-sur-Seine > Canards colverts sur la Seine 17 2

Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

Un milieu naturel qui marque le territoire Simple fleuve pour le profane, la Seine est pour

le scientifique comme pour le gestionnaire un

véritable système constitué d’une variété de

milieux en interaction. Comprendre le fonction-

nement de ce système vivant, c’est retracer l’his-

toire de sa formation, connaître les milieux et

étudier la dynamique du fleuve dans le temps et

dans l’espace.

La richesse faunistique et floristique a justifié le

classement d’une grande partie des berges en

espaces naturels sensibles. De plus, le “ Schéma

des services collectifs des espaces naturels et

ruraux “, dans sa contribution francilienne, iden-

tifie la vallée de la Seine comme une liaison

écologique d’importance nationale, entre l’Est et

l’Ouest.

Les espaces naturels sensiblesLa Seine et ses berges constituent un point fort du “Schémades espaces naturels sensibles“. Deux des sept objectifs traitent d’ailleurs de cette problématique.Sur les soixante-six kilomètres de berges, trente-trois ont étérépertoriés comme espaces naturels sensibles soit soixante-quatorze hectares. Cette décision a été motivée par quatre raisons principales :

- la vallée de la Seine est un corridor écologique d’intérêtnational dont la continuité doit impérativement être préser-vée,

- les berges de Seine constituent un important potentiel d’ac-cès à la nature pour les habitants du nord du département :soit pour l’intérêt intrinsèque du fleuve et de ses rives, soitpour la possibilité qu’offrent ces berges de relier entre euxles principaux espaces verts,

- les îles constituent des sites privilégiés où la végétationreste très prégnante et qu’il convient de préserver au cœurde l’agglomération,

- ces zones humides possèdent un très fort potentiel écologi-que et une dynamique de reconquête unique dans les écosys-tèmes terrestres des régions tempérées. Ce sont donc desmilieux à mettre en avant pour la renaturation des zonesurbaines.

Cette démarche est d’autant plus intéressante qu’elle s’intè-gre dans une volonté affirmée de protéger les zones humidesà l’échelon tant national qu’européen.

> Nénuphars sur le fleuve à Neuilly-sur-Seine > Canards colverts sur la Seine

17

2

Page 2: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

1 cm = 630 mètres

N

Page 3: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

Une géographie fluvialecontrastéeLa Seine prend sa source en Côte-d’Or, sur le plateau de

Langres, à 471 mètres d’altitude et se jette dans la Manche

après un parcours de 776 kilomètres dont la dernière partie,

en aval de Charenton, est allongée par de nombreux méan-

dres.

Le fleuve draine d’abord la Champagne (passant à Troyes),

longe la Brie (où il arrose Melun), traverse Paris et sa ban-

lieue puis atteint la Normandie en passant par Rouen, avant

de rejoindre la Manche par un estuaire d’une largeur d’en-

viron 10 km à son embouchure.

L’Aube, l’Yonne, le Loing, la Marne, l’Oise et l’Eure sont,

d’amont en aval, ses principaux affluents. Les crues sont par-

fois redoutables mais, ses colères passées, la Seine est un

long fleuve tranquille et navigable sur une grande longueur.

La Seine et les Hauts-de-SeineLa Seine traverse les Hauts-de-Seine - d’Est en Ouest - sur

39 kilomètres, en traçant deux larges méandres. Ses 66 kilo-

mètres de berges, dont 15 concernent les îles, marquent

fortement le paysage.

Au nombre de trente-quatre il y a deux siècles contre six

aujourd’hui, les îles participent au charme du fleuve. En

amont, l’île Saint-Germain, à Issy-les-Moulineaux, précède

l’île Seguin. Plus loin, l’île de Puteaux forme un chapelet avec

l’île de la Jatte. Dans la Boucle nord, l’île Saint-Denis, longue

et étroite, sépare les Hauts-de-Seine de la Seine-Saint-Denis.

Plus en aval encore, l’Ile fleurie, ou Ile de Chatou appelée

encore Ile des impressionnistes, est marquée par les séjours

de peintres célèbres.

Les trois boucles - celle de Boulogne-Billancourt, celle de

Gennevilliers et celle de Croissy - limitent le département à

l’Est, au Nord et à l’Ouest.

Des coteaux, véritables balcons sur la vallée et sur Paris, sou-

lignent le tracé du fleuve. Ceux du Val de Seine dominent la

Boucle de Boulogne-Billancourt et dessinent des reliefs élevés

et escarpés qui surplombent de plus de 140 mètres le niveau

du fleuve. Ils se prolongent jusqu’au Mont-Valérien, butte et

ultime témoin du plateau de la Beauce. Plus en aval, le

coteau d’Orgemont, de moindre ampleur, délimite la Boucle

de Gennevilliers. Enfin, au sortir du département, la Seine se

frotte à nouveau aux reliefs marqués de Rueil-Malmaison et

de Bougival.

De larges plaines alluviales environnent le fleuve. Les plaines

de Boulogne-Billancourt, de Villiers (de Neuilly-sur-Seine à

Clichy-la-Garenne), de Gennevilliers, de Nanterre et des

Closeaux à Rueil-Malmaison, longtemps restées submersibles

et dévolues aux caprices du fleuve, ont repoussé l’urbanisa-

tion à distance sur les premiers reliefs.

Le réseau hydrographique du fleuve, localement, est

composé de plusieurs petits affluents, tels que le ru de

Marivel ou le ru de Vaucresson, pour ne citer que les plus

importants. Ils échancrent les plateaux du centre du départe-

ment et s’écoulent vers la Seine, en formant de nombreux val-

lons. Bien peu de ces petites rivières sont encore à ciel

ouvert. Recouvertes par l’urbanisation, elles sont peu percep-

tibles. Un des affluents interdépartemental important est la

Bièvre, presqu’entièrement enterrée ; plusieurs organismes et

associations réfléchissent afin de la voir ressurgir à ciel

ouvert.

> L’écluse de Suresnes

Quelques chiffresLe débit* moyen de la Seine est de 500 m3/seconde ; il peutvarier de 250 m3/seconde en été à 2500 m3/seconde en hiver,lors de très grandes crues. Période de basses eaux (de juin à octobre) : en dessous de300 m3/seconde.Période de hautes eaux (de décembre à avril) : au dessus de500 m3/seconde.La quantité d’eau de pluie tombée sur l’ensemble du bassinversant de la Seine influe directement sur le régime et surles crues du fleuve.Le département est parcouru par la Seine sur 39 kilomètres. Son niveau de retenue normal est de 26,73 mètres NGF à l’amont du barrage de Suresnes et de23,56 mètres NGF à l’aval, contrôlé par le barrage de Chatou(source DIREN Ile-de-France). Les longueurs des deux biefsnavigables sont de 8 kilomètres à l’amont de Suresnes et de31 kilomètres à l’aval. La largeur moyenne du fleuve est de 160 mètres et sa pro-fondeur moyenne de 3 mètres 50.*débit d’un fleuve : quantité d’eau qui passe, en 1 seconde, en un point donné d’unerivière.

19

2

> La SeineLe nom « Seine » vient du latin Sequana,déesse romaine qui était adorée à lasource du fleuve il y a 2000 ans. Ce nomlatin viendrait lui-même d’un mot celteplus ancien « Squan » qui signifie « semblable à un serpent » (tortueux).

Page 4: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

1 cm = 630 mètres

N

Page 5: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

Une nature dynamique

La Seine évolue selon les saisons. L’hiver, le fleuve se gonfle

progressivement, parfois jusqu’au débordement. L’été, des

orages violents et soudains peuvent générer des augmenta-

tions du niveau d’eau sur une courte période.

Le débit du fleuve varie au cours de l’année, en fonction des

précipitations (pluie et neige) et de l’évaporation (donc de la

température).

La période des hautes eaux, de décembre à avril, alterne

avec la période des basses eaux, de juin à octobre. Le

niveau maximum des crues est atteint habituellement pendant

les mois de janvier et février.

Le climat rencontré sur les territoires qui longent la Seine et

ses principaux affluents expose les rivières de son bassin et

elle-même à des crues hivernales dont certaines, dans le

passé, ont été catastrophiques.

La période des basses eaux est située l’été. L’équipement de

barrages complété par des écluses contribue à maintenir le

niveau d’eau nécessaire à la navigation et autorise la

pratique des sports nautiques.

Lors de sa traversée en région parisienne, le réseau hydro-

graphique de la Seine perd ses caractéristiques naturelles.

Les débits eux-mêmes sont régulés par quatre grands barrages-

Les formations géologiques à Paris et dans la banlieue ouest. [d’après Ch.Pomerol, découverte géologique de Paris et de l’Ile-de-France]

De la formation la plus ancienne à la plus récente :1 Craie campanienne surmontée localement par le

calcaire et les marnes de Meudon.2 Argile et sables yprésiens.3 Calcaire grossier du Lutétien. 4 Marnes et caillasses du Lutétien.5 Sables de Beauchamp. 6 Calcaire de Saint-Ouen. 7 Sables de Monceau, marnes et masses du gypse.8 Argile verte du Stampien.9 Formation de Brie.10 Marnes à huîtres et Sables de Fontainebleau. 11 Argile à meulière.

21

Lit mineur

Lit majeur périodique

Lit majeur épisodique

Berges

Bourelets de rive

MURETTES ANTI-CRUES EXISTANTES

GéologieIl y a 1,8 million d’années, la Seine coulait encore au niveaudes plateaux, à 100 ou 150 mètres d’altitude et son enfonce-ment progressif s’est effectué tout au long de l’ère quater-naire.A cette époque, le fleuve charriait des alluvions grossières. La Seine, encombrée de bancs de galets, possédait alors unetrès grande puissance d’érosion qui a facilité le creusement de la vallée et explique sa topographie actuelle.Sur son chemin, elle a entaillé des couches de calcaire puis de craie, visibles encore dans les anciennes carrières descoteaux de Meudon et d’Issy-les-Moulineaux.Le débit actuel, plus lent qu’autrefois, ne permet plus le creusement des rives.

2

L’hydrogéologie de la rivièreL’eau libre de la Seine est reliée à sa nappe phréatique depart et d’autre de son lit. Cette nappe, appelée nappe desalluvions parce qu’elle imbibe les terrains alluvionnairesde la vallée, constitue un réservoir aquifère et surtout une« zone tampon » lors de crues ou de montée des eaux.Plus en profondeur, les roches perméables sont de vastesréservoirs dont la saturation en eau dépend des entrées etdes sorties, par voie naturelle ou par prélèvement effectuépar l’homme.

Croi

ssy

Périp

hériq

ue N

ord

Belle

ville

128

m

Basti

lle

Pant

héon

Bois

de C

lam

art

Meu

don-l

a-fo

rêt

Bouc

le de

Bou

logn

e

Bois

de M

eudo

n

Forê

t de

Mal

mai

son

La C

elle-S

t-Clo

ud

Chav

illeRu

de

Mar

ivel Ile-S

t-Lou

is

Bourrelets de rive

Berges

Page 6: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

L’écosystème fleuve : un écosystème fragile et d’une grande potentialité floristique et faunistique

Dans notre département, la Seine constitue un espace naturel d’enver-

gure de près de 450 hectares. Elle joue un rôle de corridor écologi-

que pour de nombreuses espèces animales et végétales liées ou non

au milieu aquatique. Bien évidemment, ce rôle ne se limite pas au

département.

Même si l’urbanisation a réduit les emprises sauvages en bordure

du fleuve, celles-ci n’ont jamais complètement disparu. Les berges

naturelles et semi-naturelles existent encore sur toute la partie aval

du fleuve, de Colombes à Rueil-Malmaison, ainsi que dans des

endroits parfois insoupçonnés comme les petits bras de l’île

Puteaux, de l’île Saint-Germain et de l’île de la Jatte.

Ces berges naturelles et semi-naturelles représentent 8,2 kilomètres,

soit 12,5% du linéaire total, sur les 66 kilomètres de berges.

Sur ces secteurs, la Seine et ses berges constituent un écosystème

dynamique, unique, fragile et précieux qui abrite une flore et une

faune spécifiques. La terre, l’eau, la luminosité interagissent pour

offrir des milieux aquatiques, humides et terrestres propices au

développement d’une grande diversité d’espèces vivantes.

L’importance des berges naturellesLes berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions

essentielles :

> elles stabilisent les talus par la structure des parties souterraines

des plantes ;

> elles constituent autant d’habitats pour un grand nombre d’espèces

animales terrestres et aquatiques : poissons, batraciens, insectes,

oiseaux… ;

22

réservoirs qui jouent le rôle d’écrêtement de crues et de soutien

d’étiage. Le lit habituel du fleuve est appelé lit mineur. En cas de

crue, l’eau envahit parfois les alentours et définit alors le lit majeur.

Dans l’histoire du fleuve, les crues les plus spectaculaires sont tou-

jours intervenues l’hiver, pendant la période des hautes eaux. La

plus ancienne connue est celle de février 1658, où le pont Marie,

à Paris, fut emporté et vingt-deux maisons avec lui (cote maximale

par rapport au zéro local : 8,96 mètres).

Plus récente et dévastatrice, la crue de 1910 a atteint la cote de

8,62 mètres et noyé la gare Saint-Lazare; un peu moins spectacu-

laire, celle de 1924 a atteint 7,20 mètres.

L’importance des crues est liée aujourd’hui :

> à la concomitance et au niveau des pluies tombées sur les bas-

sins versants de l’Yonne, de la Seine, de la Marne et des autres

affluents de la Seine ;

> à l’imperméabilisation naturelle et temporaire (saturation des

sols, gel) ou artificielle des sols, du fait de l’urbanisation.

La crueLa crue est un phénomène naturel périodique ; il est aléatoirepour les crues exceptionnelles correspondant à une montée duniveau d’eau au-dessus de son niveau moyen pendant lequel lecours d’eau sort de son lit. Lorsque le fleuve n’a pas été endiguépour protéger les terres riveraines, les espaces naturels inondables jouent un rôle de régulateur de débit.

> L’étiage. Été 1942 © I.

I.B.R

.B.S

.

> Côtes des principales crues dans les Hauts-de-Seine

Page 7: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

> elles contribuent à la régulation des crues par dissipation

de l’énergie du courant ;

> elles jouent un rôle de filtre naturel vis-à-vis de la pollution

présente dans l’eau (matières en suspension, fixation des

nitrates, des phosphates) ;

> elles préservent les échanges entre l’eau libre du fleuve et

sa nappe phréatique.

Des habitats dépendants de la dynamiquefluvialeLe milieu aquatique

Le lit du fleuve est caractérisé par une faible pente avec un

chenal assez large et profond.

On peut y distinguer trois grands types biologiques d’espèces

vivantes selon l’importance du courant. Il s’agit des espèces :

> fixées ou se déplaçant sur le fond (la végétation, les vers,

les mollusques, les larves d’insectes, les crustacés, les gas-

téropodes…) ;

> dérivant en pleine eau (le plancton) ;

> les organismes nageurs (les poissons essentiellement).

Les milieux semi-aquatiques et les berges

Les berges naturelles sont en pente douce et recouvertes

d’une végétation herbacée (de type roselière) en rive

concave. Elles sont plus abruptes et présentent des fronts

d’érosion favorisant l’implantation d’une végétation arborée

en rive convexe. La juxtaposition de ces différents types d’ha-

bitats, du plus humide au plus sec, du plus récent au plus

ancien, du plus ensoleillé au plus ombragé, est favorable à

l’installation d’une grande diversité d’espèces animales et

végétales.

La berge est une zone de contact entre le milieu aquatique et

le milieu terrestre et la nature de la végétation que l’on y

trouve dépend des conditions locales d’humidité. Ainsi, ren-

> Héron cendré

> Canard colvert à Neuilly-sur-Seine

> Foulque macroule > Méconème fragile

> Chardonneret élégant

> Mouettes au pied du quartier de la Défense

> Berges de la Seine au parc des Chanteraines

23

2

> Oedipode turquoise

Page 8: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

1 cm = 630 mètres

N

Page 9: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

contre-t-on une succession de milieux dont l’affinité avec

l’eau diminue lorsque l’on s’éloigne de la Seine.

Une flore diversifiée 1

La végétation aquatique des eaux calmes

Au pied des berges se développe une végétation amphibie

complètement ou partiellement immergée. Les éléments

caractéristiques en sont le nénuphar jaune (Nuphar lutea) et

le myriophylle en épis (Myriophyllum spicatum). Ces végé-

taux constituent des zones de frayères, d’abri et de nutrition. Ils

ont très largement régressé au fur et à mesure de l’urbanisation.

Exemple de localisation : Ile de la Jatte.

Les grèves alluviales

A proximité immédiate des berges, les grèves alluviales sont

constituées de plantes herbacées annuelles qui colonisent les

sols nus, riches en nitrates et périodiquement inondés. Si rien

ne bloque l’évolution dans le temps de la végétation, les grè-

ves alluviales se voient supplantées par des roselières et

éventuellement par des sauleraies.

Exemples de localisation : Colombes et Nanterre.

Les roselières

Quelques roselières subsistent sur le département, dominées

par le roseau (Phragmites australis) accompagné de l’eupa-

toire chanvrine (Eupatorium cannabinum), du lycopode

d’Europe (Lycopus europaeus), de la salicaire (Lythrum sali-

caria) ou de diverses épilobes.

Elles délimitent des zones d’eau calmes et peu profondes,

essentielles pour l’installation d’une faune et d’une flore

diversifiées. Elles sont indispensables à la reproduction des

libellules, des poissons et des amphibiens. Elles constituent

également un lieu d’abri, de nutrition et de reproduction pour

les oiseaux. En effet, ce type de milieu, même de dimension

restreinte, constitue en zone urbaine une halte précieuse

pour les oiseaux migrateurs. Par ailleurs, les roseaux jouent

un rôle épurateur des eaux par assimilation minérale ce qui

représente un réel intérêt pour des fleuves comme la Seine.

Exemples de localisation : parc des Chanteraines à

Villeneuve-la-Garenne, Colombes, Nanterre.

La forêt rivulaire (ou ripisylve)

La forêt rivulaire, peu développée sur le département

lorsqu’elle est présente, constitue une bande arborée de quel-

ques mètres d’épaisseur seulement.

Les grands arbres tel que le frêne (Fraxinus excelsior), l’aulne

glutineux (Alnus glutinosa) et le chêne pédonculé (Quercus

robur) dominent. On note aussi la présence du saule blanc

(Salix alba), du saule fragile (Salix fragilis) et du saule des

vanniers (Salix viminalis). On peut y trouver par endroit la

cardamine impatiente (Cardamine impatiens), plante proté-

gée au niveau régional. L’orme lisse (Ulmus laevis), arbre

rare en Ile-de-France, a été découvert récemment sur les

berges du port de Gennevilliers.

Exemples de localisation : Nanterre (présence de la carda-

mine impatiente).

Les bois et les fourrés

Aux abords des lieux fréquentés par la population, la végé-

tation forme souvent des bois et des fourrés caractérisés par

un grand nombre d’espèces végétales introduites.

> Grève alluviale à Nanterre

25

2

> Tanaisie > Cirse commun

> Salicaire> Alliaire pétiolée

1Les plantes citées ci-après sont caractéristiques des habitats décrits ou s'yretrouvent de manière constante. Toutes ont été observées ces dernièresannées dans les Hauts-de-Seine.

Page 10: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

Ce rongeur amphibie, de mœurs crépusculaires, s’installe préféren-

tiellement sur les berges boisées. Sans prédateur naturel, il est

déclaré nuisible à cause des galeries qu’il creuse et qui endomma-

gent non seulement les berges, mais aussi les ouvrages hydrauli-

ques. Il est notamment présent à Issy-les-Moulineaux.

Les oiseaux

Les rivières et leurs berges présentent une multiplicité de milieux

favorisant une avifaune diversifiée. Si certaines espèces présentes

sont attachées au milieu terrestre, d’autres exploitent le milieu aqua-

tique.

Les oiseaux aquatiques utilisent la Seine pour leur quête de nourri-

ture mais ils nichent ou se reposent sur la terre ferme. Ainsi, la

mouette rieuse (Larus ridibundus), le goéland argenté (Larus argen-

tatus) et le goéland leucophée (Larus cachinnans) survolent la Seine

en quête de déchets flottants. De nombreuses bandes de grands

cormorans (Phalacrocorax carbo) sont aussi observées à l’automne

et durant l’hiver. Un grand dortoir hivernal existe à la pointe avale

de l’île-Saint-Denis.

Le héron cendré (Ardea cinerea) survole le fleuve toute l’année mais

niche dans les départements limitrophes. Le martin pêcheur (Alcedo

atthis), espèce rare et en régression en Ile-de-France, est également

présent sur la plupart des îles. Il creuse son nid dans les talus des

berges couvertes de végétation. L’enrochement ou l’endiguement,

en détruisant ces sites favorables à la reproduction, constitue le

principal facteur de régression de cette espèce.

Les grèves alluviales, peu nombreuses, procurent repos et nourriture

au chevalier guignette (Actitis hypoleucos) qui fréquente ces rives

lors de ses escales migratoires. La bergeronnette des ruisseaux

(Motacilla cinerea) et la bergeronnette grise (Motacilla alba) peu-

vent aussi y être observées.

Canards colverts (Anas platyrhynchos), foulques macroule (Fulica

atra) et poules d’eau (Gallinula chloropus) fréquentent la plupart

des berges. La rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaeus) et la

26

La strate arborée est dominée par le robinier (Robinia pseudoaca-

cia), l’orme (Ulmus minor) et les érables. L’étage arbustif est souvent

constitué de sureau noir (Sambucus nigra), de saule marsault (Salix

capraea) ou de symphorine (Symphoricarpos albus). Les lianes,

telles la clématite (Clematis vitalba) et le houblon (Humulus lupulus),

sont envahissantes, formant une véritable barrière végétale difficile-

ment pénétrable. De nombreuses espèces herbacées caractérisent

ce groupement. La plupart sont communes, mais quelques unes sont

moins fréquentes comme l’agripaume cardiaque (Leonorus car-

diaca).

Exemple de localisation : berge sud-est de l’île de Puteaux.

Les friches et prairies

Les friches sont bien représentées et leur présence est souvent liée

à d’anciennes activités humaines.

Les berges et les talus entretenus de manière extensive laissent

apparaître une végétation dense, très diversifiée, dont quelques

espèces rares comme la passerage à larges feuilles (Lepidium lati-

folium) et la passerage à feuilles de graminée (Lepidium graminifo-

lium).

Lorsque l’entretien se relâche, friches et prairies évoluent vers des

fourrés puis des boisements.

Certains sites avaient autrefois une vocation maraîchère. La pré-

sence de l’asperge (Asparagus officinalis), du fenouil (Foeniculum

vulgare) et de la betterave (Beta maritima) en témoigne encore

aujourd’hui.

Exemples de localisation : Gennevilliers et Nanterre.

Une petite faune insoupçonnée2

Les mammifères

Le rat surmulot (Rattus norvegicus) est présent sur tout le linéaire des

berges de Seine, généralement à proximité des habitations ou des

dépotoirs mais aussi parmi les berges enrochées et boisées. Son

cousin d’Amérique du sud, le ragondin (Myocastor coypus) fré-

quente, quant à lui, les berges naturelles où il creuse son terrier.

> Lucane> Cane et ses canetons à Suresnes

2 Les animaux cités ci-après ont tous été observés ces dernières années dans lesHauts-de-Seine.

Page 11: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

fauvette babillarde (Sylvia curruca) sont aussi observées

localement. La chouette hulotte (Strix aluco) et le faucon cré-

cerelle (Falco tinninculus) nichent probablement non loin des

berges. Ils fréquentent les milieux ouverts riches en micro-

mammifères et petits passereaux vulnérables. Plus de trente

autres espèces, plus communes, sont présentes sur les berges

couvertes de buissons et de boisements.

Reptiles et batraciens

Reptiles et batraciens sont assez peu présents dans les inven-

taires écologiques des berges de Seine. Le lézard des

murailles (Podarcis muralis) y a été observé ponctuellement.

En revanche, la tortue de Floride, espèce exotique invasive,

est, hélas, relativement commune, au détriment de la faune

indigène.

Les poissons

Si le saumon atlantique (Salmo salar), la grande alose (Alosa

alosa) et la lamproie marine (Petromizon marinus) ont dis-

paru, faute de pouvoir franchir les écluses et barrages, le

seul poisson migrateur à s’être maintenu est l’anguille

(Anguilla anguilla). La population de cette espèce est cepen-

dant considérée comme vulnérable tant sur le plan national

qu’à l’échelle du bassin versant de la Seine.

La diversité piscicole a payé un lourd tribut à la pollution des

eaux. Dans les années 60 seules trois ou quatre espèces très

résistantes peuplaient encore la Seine, à l’instar du chevesne

(Leuciscus cephalus) ou de la perche (Perca fluviatilis).

Toutefois, la qualité de l’eau s’améliorant depuis le milieu des

années 90, des espèces plus sensibles comme la vandoise

(Leuciscus leuciscus) ou la bouvière (Rhodeus sericeus) ont

réapparu. Cette dernière est d’ailleurs intéressante dans la

mesure où elle est considérée comme vulnérable, tant locale-

ment qu’à l’échelon national.

> Grand cormoran

27

2> Sphinx demi-paon

> Canthus pellucens > Gardon

> Pic épeichette

En 2002, vingt-huit espèces de poissons étaient dénombrées

dans les Hauts-de-Seine (source : Conseil supérieur de la

pêche). Le maintien de cette biodiversité est intimement lié à

la présence de berges naturelles et végétalisées qui offrent

des frayères et des abris à la faune piscicole. Cependant, en aval

d’Achères, le nombre d’espèces de poissons retombe à trois*.

Les insectes

Aucun insecte à développement aquatique présentant un

intérêt patrimonial n’est connu et les animaux de ce groupe

semblent avoir largement régressé.

Parmi les insectes liés à l’existence de végétation arborée,

notons la présence, à Colombes, du spectaculaire sphinx

demi-paon (Smerinthus ocellatus), papillon nocturne dont la

chenille se nourrit de feuilles de saules ou de peupliers.

Cependant, l’élément le plus remarquable de l’entomofaune

des berges est probablement le méconème fragile

(Meconema meridionale), sauterelle considérée comme rare

en dehors de la zone méditerranéenne. L’un de ses cousins,

l’œdipode turquoise (Oedipoda caerulescens), protégé en

Ile-de-France, semblait presque éteint depuis 10 ans dans la

région. Sa présence à Nanterre est donc également remar-

quable. Le grillon d’Italie (Oecanthus pellucens), lui aussi

protégé au niveau régional, est également présent à

Gennevilliers et Nanterre.

> Rousserole effarvate

* Source : CEMAGREF

Page 12: Un milieu naturel qui marque le territoire - hauts-de … · L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles

1 cm = 630 mètres

N