8/9/2019 Un nouveau rapport met en lumire les viols en srie commis lEst du pays

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Rp Dm Congo: Un nouveau rapport meten lumire les viols en srie commis lEst

du pays15 avril 2010

Les forces de maintien de la paix doivent crer un environnement de scurit

Il est scandaleux de constater un si grand nombre de viols commis avec une telle brutalit.

Cest un rappel lordre, un moment o le retrait du pays des casques bleus onusiens est

discut.

Krista Riddley Directrice de la politique humanitaire dOxfam

Une enqute rvle que 60 pourcent des victimes sont violes par des bandes,plus de la moiti dentre elles leurs propres domiciles, et fait tat dune

effroyable augmentation du nombre de civils parmi les violeurs

Une enqute de grande ampleur portant sur les victimes de viols en Rpublique dmocratique

du Congo (RDC), sollicite par Oxfam International et ralise par TheHarvardHumanitarian Initiative, montre que 60 pourcent des victimes de viols interroges ont tvioles par des bandes dhommes arms et que plus de la moiti des agressions ont eu lieu la

nuit, aux domiciles censs tre des lieux srs, souvent en prsence du mari et des enfants de lavictime.

Mme si la majorit des violeurs sont des soldats ou des miliciens, le rapport rvle

nanmoins quentre 2004 et 2008, dix-sept fois plus de viols ont t commis par des civils.

Le rapport Aujourdhui, le monde est sans moi (Now, the world is without me) estbas sur une tude ralise par la Harvard Humanitarian Initiative qui a analys les

informations recueillies auprs de 4 311 femmes soignes lhpital de Panzi, dans la

province du Sud-Kivu, sur une priode de quatre ans.

Les rsultats du rapport indiquent que lincidence des viols a fortement augment lors des

priodes de combat. En raison des offensives actuelles menes contre des groupes de

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miliciens lEst du Congo, le rapport et ses recommandations sont plus que jamais

dactualits. Selon les Nations Unies, plus de 5 000 personnes ont t violes au Sud Kivu

pour la seule anne 2009. Ce rapport est publi juste avant la visite du Conseil de scurit de

lONU en RDC ce week-end, alors que le Conseil doit reconduire le mandat des casques bleus

de lONU en mai.

Il est scandaleux de constater un si grand nombre de viols commis avec une telle brutalit.

Cest un rappel lordre, un moment o le retrait du pays des casques bleus onusiens est

discut. La situation ne peut tre considre comme sre si une femme ne peut mme pas

dormir dans son propre lit la nuit sans que sa scurit ne soit menace. Le rapport indique les

moments et les endroits o les femmes sont agresses, et les raisons pour lesquelles les forces

de maintien de la paix doivent continuer jouer un rle crucial en matire de scurit pendant

que le gouvernement congolais renforce ses propres capacits en matire de protection des

civils.

Lenqute rvle que 56 pourcent des agressions ont t perptres au sein mme du foyer

familial par des hommes arms, prs de 16 pourcent de ces agressions dans des champs etprs de 15 pourcent dans la fort. Cinquante-sept pourcent des agressions sont perptres la

nuit. Lesclavage sexuel, selon le rapport, touche 12 pourcent des femmes, et certaines dentre

elles ont t retenues en captivit pendant des annes.

Le rapport parle galement de la stigmatisation dont sont victimes les femmes au sein de leursfamilles aprs avoir t violes et des difficults quelles rencontrent en matire daccs aux

soins mdicaux. Moins dun pourcent des femmes victimes de viols et qui se rendues

lhpital de Panzi, y ont t avec leurs maris et neuf pourcent dentre elles ont t

abandonnes par leur conjoint. Une femme sur trois est venue seule.

Cette stigmatisation pousse les femmes ne pas solliciter de soins mdicaux, et seulement 12

pourcent dentre elles sont alles Panzi dans un dlai dun mois suivant lagression. Trs

peu de femmes sont alles se faire soigner suffisamment temps pour pouvoir viter une

infection par le VIH. Plus de 50 pourcent des femmes ont attendu plus dun an avant de se

faire examiner, et un grand nombre dentre elles ont attendu plus de trois ans.

Pour Krista Riddley dOxfam: Panzi est le seul hpital de ce type dans le Sud-Kivu, une rgion o vivent environ cinq

millions de personnes. Beaucoup de femmes vivant en zone rurale ne peuvent faire le voyage

jusqu lhpital et meurent souvent des complications lies un viol et son corolaire de

violences. Les donateurs des pays riches et le gouvernement congolais doivent accrotre demanire radicale les services mdicaux destination des survivants de violences sexuelles

dans les villes et villages isols du Congo. Chaque femme devrait pouvoir recevoir le

traitement dont elle a besoin.

Les rsultats de ltude montrent quen en 2004, moins dun pourcent des viols taient

commis par des civils. En 2008, cette proportion avait atteint 38 pourcent.

Susan Bartels, la principale chercheuse de ltude ralise par la Harvard Humanitarian

Intitiative a dclar : Cette tude ne fait que confirmer les tmoignages qui nous sont

parvenus jusqu prsent, savoir que la violence sexuelle se rpand dans le quotidien des

civils. Les nombreux viols commis au fil des annes de guerre au Congo ont rendu ce crimeplus acceptable. Bien que les lois du Congo contre le viol soient parmi les plus progressistes

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dAfrique, peu de violeurs sont poursuivis en justice. La loi doit tre applique et la justice

accessible aux survivants.

Le rapport appelle le gouvernement congolais et la communaut internationale :

Accrotre laccs aux soins mdicaux pour les survivants de violences sexuelles,surtout dans les zones rurales. Plus il sera facile dobtenir localement un soutien, plus

les femmes seront en mesure dobtenir temps de laide pour ce qui est du VIH, et

garder toute confidentialit vis--vis dautres personnes. La stigmatisation demeure un

obstacle important limitant laccs aux soins de sant aprs une agression sexuelle.

Sassurer que la protection fournie par les forces de maintien de la paix desNations Unies soit adapte aux ralits locales. Les forces de maintien de la paix et

les services de scurit doivent consulter la communaut locale afin de fournir des

solutions innovantes, telles que des systmes dalerte prcoce et des patrouilles de nuit

pour satisfaire ses besoins. Ces solutions existent dj dans certains endroits et doivent

tre dployes de manire plus systmatique pour parer aux menaces mises en lumirepar ce rapport.

Rformer le secteur de la scurit et le systme judiciaire congolais pour garantirune intolrance totale des viols, quils soient commis par des civils, des miliciens ou

des soldats.

Note aux diteurs

Ltude a t ralise par laHarvard Humanitarian Initiative et finance parOxfam

America.

1. 1. Un peu plus de la moiti des auteurs des viols52 pourcentont t identifiscomme tant des combattants arms. 42 pourcent ont t identifis comme ntant que

des assaillants , mais selon les chercheurs, lanalyse des donnes suggre que ce

groupe est galement compos en grande partie dhommes arms.

2. Ce rapport est bas sur une tude rtrospective ralise lhpital de Panzi sur unlarge groupe de patients. Les personnes interroges taient des survivants de violences

sexuelles stant prsents lhpital entre 2004 et 2008. Les entretiens ont t

raliss en priv par des agents fminins forms et sur la base dun questionnaire

semi-structur de deux pages, lorsque les victimes venaient se faire examiner. Les

chercheurs de la Harvard Humanitarian Initiative ont saisi les donnes dans une feuillede calcul lectronique, et une analyse la fois quantitative et qualitative a t ralise.

4 311personnes, sur les 9 709 survivants de violences sexuelles stant prsents

lhpital de Panzi entre 2004 et 2008, ont t interroges.

3. Les rsultats du rapport indiquent que le nombre total dagressions signales lhpital de Panzi a rgulirement baiss entre 2004 et 2008, et une diminution des

viols de la part de militaires de 77 pourcent a t enregistre au cours de la mme

priode. Cependant, les chiffres sont impacts par un certain nombre dvnements

particulirement graves survenus en 2004, tels que le viol de 16 000 femmes pendant

un seul week-end de juin par des militaires Bukavu.

4. En 2009, les cas de viols commis par les militaires ont connu un accroissement suite loffensive Kimia II. Plus de 9 000 personnes, essentiellement des femmes et desfilles, mais galement des hommes et des garons, ont t viols dans les provinces

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touches par loffensive pendant lanne. Les informations concernant le nombre de

viols associs aux nouvelles offensives militaires de 2010 ne sont pas encore

disponibles.

Tmoignages extraits du rapport (davantage de tmoignages sont disponibles

auprs dOxfam) :

Ctait une nuit de 2007 et ma famille et moi dormions la maison. On a frapp laporte. Des assaillants ont ordonn mon mari douvrir la porte. Un groupe de sixhommes vtus duniformes militaires, quatre dentre eux arms et deux non arms,

sont entrs dans la maison. Ils ont commenc voler nos biens. Ils nous ont emmens

dehors et nous ont forcs les suivre dans la fort. Une fois arrivs dans la fort, ils

ont libr mon mari, mais mont force continuer plus loin dans la fort avec eux.Un commandant mavait choisie comme pouse et ma garde dans la fort pendant

sept mois, priode pendant laquelle il ma viole chaque fois quil en avait envie.Comme il pensait que je ntais pas capable de menfuir, il me permettait de me

promener toute seule et cest comme cela que je me suis enfuie. Ma famille et moi dormions lorsque les soldats sont arrivs. Ils ont ligot les mains

de mon mari dans son dos et ensuite, ils mont viole lun aprs lautre. Aprs, ils nous

ont emmen, mon mari et moi, dans la fort. Quand mon mari a cherch leur rsister,

ils lont abattu. Jai pass trois semaines dans la fort jusqu-ce que je russisse

menfuir une nuit. Quand je suis arrive chez moi, jai dcouvert que mon petit enfant

tait mort.

Mon mari et moi dormions la maison. Les enfants dormaient dans la maison

voisine. Les soldats sont arrivs et ont amen ma fille dans notre maison o ils lont

viole devant mon mari et moi. Aprs, ils ont oblig mon mari violer ma fille, mais il

a refus et ils lont abattu. Ils sont ensuite alls dans lautre maison o ils ont trouv

mes trois fils. Ils ont tu mes trois fils. Aprs les avoir tus, deux soldats mont viole

lun aprs lautre. Nous les avons trouvs dans notre maison. Ils avaient tout vol. Ils ont mis mon mari

sur le lit et lont battu. Ensuite, deux soldats mont viole. Cette histoire est sitragique, je narrive pas croire que cela me soit arriv. Je prfre mourir.

Aujourdhui,, je ne suis plus de ce monde en raison de ma situation.

Contact

Pour obtenir de plus amples informations et des tmoignages supplmentaires, veuillez

contacter :

Rebecca Wynn au : + 44 (0) 7769 887139 ourwynn@oxfam.org.uk Liz Lucas au : +1 617 728 2575 oullucas@oxfamamerica.org

En savoir plus sur :

Congo (Rpublique dmocratique du) droit des civils ONU protection des civils Viol violence sexuelle

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