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Cultivée depuis près de 15 ans, la luzerne s’est imposée comme une évidence pour Pascal Costiou. Aujourd’hui, avec 13 ha cultivés, elle représente 50 % de la ration hivernale des vaches. I nstallé seul avec 350 000 l sur 58 ha à Caouennec, Pascal implante ses deux pre- miers hectares de luzerne en 1996. Situé dans un secteur séchant et caillouteux et motivé par les nouveaux défis, il fait le choix de cet- te culture pour plusieurs raisons : l’autono- mie alimentaire, la diversification de la ration et l’état sanitaire du troupeau, notamment la prévention des troubles métaboliques. AUTONOMIE ET SÉCURITÉ La surface a progressé pour atteindre 13 ha en 2010. Il faut dire que la contrainte du bas- sin versant contentieux l’a également forcé à imaginer des cultures peu consommatrices en intrants azotés. Majoritairement implantée en fin d’été (septembre) après une céréale, la luzerne est, de l’aveu de Pascal : "une culture technique qui nécessite une excellente condition d’im- plantation". Après un apport de maërl, un labour et une préparation-semis soigneuse au combiné, le lit de semences est roulé. Les variétés les plus utilisées sont Concerto ® et Galaxie ® . "Il faut être vigilant à bien mélan- ger la semence à l’inoculum et dans des conditions sombres", ajoute Pascal. La culture est désherbée au semis. Avec du recul, le semis d’automne est le plus favorable, même si "le risque de tasser le sol et de matraquer la luzerne, en hiver, lors du désher- bage, peut être problématique". Pour Pascal, cette culture a des avantages agronomiques certains : en plus d’être autonome en azote, elle permet une bonne structuration du sol, c'est un excellent pré- cédent à un maïs et a une pérennité très inté- ressante (environ 5 ans). D’un rendement similaire à celui d’un maïs ensilage (12-13 tonnes MS), elle donne son plein rendement en années 2, 3 et 4. "Ses principaux inconvénients sont l’apport nécessaire de potasse (250 kg/ha/an) et de phosphore (120-150 kg/ha/an) et le nombre réduit de molécules autorisées en désherba- ge", avoue l’éleveur. DE L’ENRUBANNAGE AU FOIN "70 % des protéines sont dans les feuilles, donc vigilance à ne pas les matraquer à la récolte", précise Pascal. Quatre coupes sont réalisées en moyenne. A l’origine, il avait opté pour l’enrubannage en continu, notamment pour éviter de perdre des feuilles. L’enrubannage, bien que sécurisant, repré- sente un coût (2 à 3 fois plus de plastique pour éviter que la tige ne perce le film), du temps et une reprise plus délicate. "En plus, CÔTES D'ARMOR 18 TERRAGRICOLES-DE-BRETAGNE • Luzerne Un objectif de 50 % dans l TABLEAU 1 : VALEURS DES FORMES DE LUZERNE RÉCOLTÉES À L’EARL DE CRECH’IMOT Matière sèche (%) UFL PDIN (g/kg MS) MAT (%) Enrubannage Luzerne (1 ère coupe – 2010) 72 0.87 166 25 Foin Luzerne (2 e coupe-2010) 75 0.72 115 18 TABLEAU 2 : RÉSULTATS TECHNICO-ÉCONOMIQUES DE L’ATELIER LAIT Clôture mai 2010 Variation 2009-2010 Groupe BCLO 2010 ou CER France 2010 1 er trimestre % luzerne / MSI 33 % 16 % - TB (g/kg) 39,9 +0.2 g/kg 40.9 TP (g/kg) 30,4 -0.6 g/kg 32.3 Lait brut approché (kg/VL) 8850 + 350 kg 7710 Quantité concentrés (kg/VL/an) 531 - 529 kg 1075 Taux de réussite IAP VL (%) 58.1 Nc 43 Coût SFP (/ha) 358 - 22 288 Coût alimentaire VL (/1000 L) 64,8 - 30,5 /1000 l 77 Frais vétérinaires (/1000 l) 13 - 2 / 1000 l 14.5 Frais reproduction (/1000 l) 5,9 - 1,9 / 1000 l 8 Marge brute lait (/1000 l) 177* - 28 195 * Mois avec de fortes livraisons : de mai à juillet 2009. Luzernière de 3 e année prise en septembre. TERRA242_V_E22D_018-019 12/10/10 18:53 Page 2

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Cultivée depuis près de 15ans, la luzerne s’est imposéecomme une évidence pourPascal Costiou. Aujourd’hui,avec 13 ha cultivés, ellereprésente 50 % de la rationhivernale des vaches.

IInstallé seul avec 350 000 l sur 58 ha àCaouennec, Pascal implante ses deux pre-miers hectares de luzerne en 1996. Situé dansun secteur séchant et caillouteux et motivépar les nouveaux défis, il fait le choix de cet-te culture pour plusieurs raisons : l’autono-mie alimentaire, la diversification de la rationet l’état sanitaire du troupeau, notammentla prévention des troubles métaboliques.

AUTONOMIE ET SÉCURITÉLa surface a progressé pour atteindre 13 haen 2010. Il faut dire que la contrainte du bas-sin versant contentieux l’a également forcé àimaginer des cultures peu consommatrices

en intrants azotés.Majoritairement implantée en fin d’été(septembre) après une céréale, la luzerne est,de l’aveu de Pascal : "une culture techniquequi nécessite une excellente condition d’im-plantation". Après un apport de maërl, unlabour et une préparation-semis soigneuseau combiné, le lit de semences est roulé. Lesvariétés les plus utilisées sont Concerto® etGalaxie®. "Il faut être vigilant à bien mélan-

ger la semence à l’inoculum et dans desconditions sombres", ajoute Pascal. Laculture est désherbée au semis. Avec du recul,le semis d’automne est le plus favorable,même si "le risque de tasser le sol et dematraquer la luzerne, en hiver, lors du désher-bage, peut être problématique".Pour Pascal, cette culture a des avantagesagronomiques certains : en plus d’êtreautonome en azote, elle permet une bonnestructuration du sol, c'est un excellent pré-cédent à un maïs et a une pérennité très inté-ressante (environ 5 ans).D’un rendement similaire à celui d’un maïsensilage (12-13 tonnes MS), elle donne sonplein rendement en années 2, 3 et 4. "Sesprincipaux inconvénients sont l’apportnécessaire de potasse (250 kg/ha/an) et dephosphore (120-150 kg/ha/an) et le nombreréduit de molécules autorisées en désherba-ge", avoue l’éleveur.

DE L’ENRUBANNAGE AU FOIN"70 % des protéines sont dans les feuilles,donc vigilance à ne pas les matraquer à larécolte", précise Pascal. Quatre coupes sontréalisées en moyenne. A l’origine, il avait optépour l’enrubannage en continu, notammentpour éviter de perdre des feuilles.L’enrubannage, bien que sécurisant, repré-sente un coût (2 à 3 fois plus de plastiquepour éviter que la tige ne perce le film), dutemps et une reprise plus délicate. "En plus,

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TABLEAU 1 : VALEURS DES FORMES DE LUZERNE RÉCOLTÉES À L’EARL DE CRECH’IMOT

MMaattiièèrree ssèècchhee ((%%)) UUFFLL PPDDIINN ((gg//kkgg MMSS)) MMAATT ((%%))

Enrubannage Luzerne(1ère coupe – 2010) 72 0.87 166 25

Foin Luzerne(2e coupe-2010) 75 0.72 115 18

TABLEAU 2 : RÉSULTATS TECHNICO-ÉCONOMIQUES DE L’ATELIER LAIT

CCllôôttuurree mmaaii 22001100 VVaarriiaattiioonn 22000099--22001100 GGrroouuppeeBBCCLLOO 22001100

oouu CCEERR FFrraannccee 2200110011eerr ttrriimmeessttrree

% luzerne / MSI 33 % 16 % -

TB (g/kg) 39,9 +0.2 g/kg 40.9

TP (g/kg) 30,4 -0.6 g/kg 32.3

Lait brut approché (kg/VL) 8850 + 350 kg 7710

Quantité concentrés (kg/VL/an) 531 - 529 kg 1075

Taux de réussite IAP VL (%) 58.1 Nc 43

Coût SFP (€/ha) 358 - 22 € 288

Coût alimentaire VL (€/1000 L) 64,8 - 30,5 € /1000 l 77

Frais vétérinaires (€/1000 l) 13 - 2 €/ 1000 l 14.5

Frais reproduction (€/1000 l) 5,9 - 1,9 €/ 1000 l 8

Marge brute lait (€/1000 l) 177* - 28 195

* Mois avec de fortes livraisons : de mai à juillet 2009.

Luzernière de 3e année prise en septembre.

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s la ration hivernale !les renards abîment les plastiques et les entre-preneurs sont souvent pris à cette saison parla moisson. J’ai donc décidé de m’équiperpour faner et réaliser un foin en conservantles feuilles . En 2010, j’ai investi dans unretourneur d’andain de marque Dion®",ajoute Pascal. Après une fauche et une mise en andain le 2e jour, l’éleveur les retourne une fois par jour.Le pressage intervient en soirée le 5e jour. En2010, premières et dernières coupes ont étéréalisées en enrubannage et les 2-3e coupessont récoltées en foin.

UN FOURRAGE TRÈS APPÉTANT !Le foin est par ailleurs plus facile à intégrerdans la mélangeuse, mais "je charge systé-matiquement une botte entière dans lamélangeuse pour éviter de fractionner etperdre des feuilles", prévient Pascal.L’enrubannage est utilisé en mélange au foin.Localisé dans un secteur séchant, la surfaceen herbe pâturée par les vaches est faible (10ares/VL). La ration mélangée totale est doncle plat principal des animaux toute l’année.En plein hiver, 8 kg MS de luzerne sontmélangés à 10 kg MS de maïs, 4 kg MS debetteraves et 2,5 kg de correcteur azoté. Ladistribution se fait tous les deux jours. Lecoût fourrager est passé en quelques annéesde 445 €/ha à 358 € en 2010. Cependant,il ne faut pas négliger le coût de la luzerne,proche à l’ha d’un maïs, notamment à cau-

se des frais de fumure et de récolte.L’utilisation de luzerne sur l’exercice 2010 aété double à celle de 2009. Les valeurs ali-mentaires sont très bonnes en foin commeen enrubannage et profite d’une excellenteappétence.Résultat : un coût alimentaire en forte réduc-tion, notamment sur les concentrés (passa-ge de 1 100 kg/VL/an à 500 kg) et une pro-duction par vache stabilisée autour de 8 500kg/VL/an et de très bons démarrages en lait.Les taux sont, eux, plus faibles (conformesaux essais réalisés par ailleurs). Le taux pro-téique s’établit à 31,3 g/l et le TB à 41 g/l.Les génisses sont nourries tous les 2 jours,avec les refus consommables des vachesmélangés à de la paille et du maïs ensilage.

UN BILAN TRÈS POSITIF MAIS…Le choix d’une part aussi importante dans laration se justifie dans le contexte de l’ex-ploitation (zone séchante, bassin conten-tieux) mais répond aussi pleinement aux pro-blématiques de Pascal (diversification de laration, préservation des troubles métabo-liques, objectif autonomie). Avec une autonomie en UF et PDI respecti-vement de 92 % et 80 %, l’exploitation dépas-se les repères habituels (85 % et 60 %).Sur le volet agronomique, la luzerne consti-tue un très bon précédent, et "les fumures defond qu’elle requiert améliorent aussi le solet indirectement les déjections", précisePascal. Et de conclure : "c’est une culture technique,exigeante dans les conditions deculture et de récolte. Si l'on veut investir danscette plante, il ne faut pas faire les choses àmoitié !".En d’autres termes, méfiance sur l’implan-tation, absence de matraquage des sols,désherbage si luzerne pure, qualité et tempspassé à la récolte !

VViinncceenntt JJééggoouu02.96.79.21.77

[email protected]

Un challenge : faire du foin en gardant les feuilles.

Le retourneur d’andain acheté en 2010.

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