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COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES Bruxelles, 8.9.2004 C (2004) 3414 DOCUMENT DE TRAVAIL DE LA COMMISSION UNE APPROCHE COORDONNÉE ET INTÉGRÉE DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/sida DANS L’UNION EUROPÉENNE ET LES PAYS VOISINS FR FR

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COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES

Bruxelles, 8.9.2004 C (2004) 3414

DOCUMENT DE TRAVAIL DE LA COMMISSION

UNE APPROCHE COORDONNÉE ET INTÉGRÉE DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/sida DANS L’UNION EUROPÉENNE ET LES PAYS VOISINS

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DOCUMENT DE TRAVAIL DE LA COMMISSION

UNE APPROCHE COORDONNÉE ET INTÉGRÉE DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/sida DANS L'UNION EUROPÉENNE ET LES PAYS VOISINS

1. CONTEXTE

L'épidémie de VIH/sida figure depuis vingt ans parmi les grands domaines de préoccupation et d'action de la politique en matière de santé publique. L'Union européenne et les pays voisins sont aujourd'hui confrontés à la menace d'une nouvelle épidémie. Certaines régions d'Europe présentent les taux les plus élevés de nouveaux cas de VIH/sida dans le monde. Des chiffres publiés récemment par ONUSIDA confirment que le nombre de nouvelles infections augmente dans l'ensemble des 25 États membres de l'UE, et notamment chez les 15 à 25 ans. Dans certaines zones, le mode de transmission évolue également et une multiplication rapide du nombre de nouvelles infections chez les consommateurs de drogues par voie intraveineuse est observée.

Cette nouvelle situation fait peser une menace sur l'Europe entière et nécessite une action à l'échelon européen. L'épidémie ne peut être contenue sans une approche coordonnée appuyée par une implication politique soutenue et un recentrage des priorités de l'Union européenne, de ses États membres, des pays voisins et des organisations partenaires.

Nous ne partons toutefois pas de zéro. La coopération entre les États membres au niveau communautaire a grandement contribué à endiguer les vagues épidémiques antérieures. L'UE a financé des projets et établi des réseaux pour créer des liens entre les autorités publiques, les ONG et les parties prenantes dans l'ensemble des États membres, et ce dans le but d'accélérer la diffusion des meilleures pratiques et de relever les défis spécifiques auxquels sont confrontés certains groupes vulnérables (notamment les populations migrantes, les travailleurs du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les consommateurs de drogues par voie intraveineuse, les détenus, les jeunes et les partenaires sexuels des individus VIH positif). L'UE a également financé une série de projets de recherche à long terme.

Afin d'attirer l'attention sur la nouvelle menace que constitue l'épidémie grandissante de VIH/sida dans l'Union européenne et les pays voisins, la présidence irlandaise a accueilli à Dublin, les 23 et 24 février 2004, la conférence ministérielle intitulée "Faire tomber les barrières - partenariat pour lutter contre le VIH/sida en Europe et en Asie centrale". La déclaration de la conférence a identifié la nécessité de donner une forte impulsion, d'accorder une attention particulière à la prévention, de combattre l'opprobre et la discrimination à l'encontre des personnes atteintes du VIH/sida et d'établir des partenariats efficaces.

En juin 2004, le Conseil européen a demandé "que l'Union et les instances régionales compétentes donnent activement suite aux résultats de la conférence ministérielle sur

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le VIH/sida en Europe et en Asie centrale, que la présidence a accueillie à Dublin les 23 et 24 février".

Sur la base d'une évaluation de ces nouvelles difficultés auxquelles sont confrontés l'Union élargie et les pays voisins, le présent document vise à proposer une synthèse des meilleures pratiques concernant la lutte contre la dernière vague de l'épidémie et propose une série d'"actions de Vilnius" opérationnelles s'étendant jusqu'à la fin 2005. Dès que ces propositions auront fait l'objet d'un consensus, le présent document devrait servir de base pour la fixation de priorités et l'octroi de financements par les acteurs concernés à tous les niveaux, et contribuera donc à définir la nouvelle approche communautaire recentrée en matière de lutte contre le VIH/sida.

Cette approche coordonnée et intégrée se justifie par la nécessité pour l'ensemble des acteurs publics des États membres de l'Union européenne et des pays voisins de poser un acte fort: une approche confiante et positive doit être adoptée pour relever ce défi. Trop souvent par le passé, l'opprobre et l'ignorance ont permis à l'épidémie du sida de s'étendre en réduisant sa visibilité, entraînant des effets particulièrement dévastateurs lorsque les dirigeants politiques n'ont pas su reconnaître et combattre à temps les dangers du VIH/sida.

Dans un même temps, l'Union européenne poursuit son action dans les pays en voie de développement et à l'échelon mondial. L'UE et ses 25 États membres financent 55 % du Fonds mondial pour combattre le sida, la tuberculose et le paludisme (FMSTP). La Commission publiera sous peu un rapport d'avancement relatif au programme d'action de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose dans le contexte de la réduction de la pauvreté. La Commission va également publier une Communication qui établira un cadre politique UE/CE détaillé et complet pour faire face au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme de façon globale.

2. NATURE DU PROBLEME DANS L'UNION EUROPEENNE ET LES PAYS VOISINS

L'épidémie de VIH/sida a été identifiée pour la première fois en Amérique du Nord et en Europe occidentale au début des années 80, lorsqu'elle touchait principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Au niveau mondial, 24 millions de personnes environ - dont près de 5 millions d'enfants - ont perdu la vie depuis le début de l'épidémie. D'importants efforts ont été déployés par certains gouvernements et certaines organisations internationales, avec la participation des personnes atteintes de la maladie, pour endiguer l'épidémie. Ces efforts se sont essentiellement concentrés sur la diffusion d'informations et la participation des partenaires, et ont joué un rôle important dans la prévention des nouvelles infections en développant l'accès aux soins et en sensibilisant l'opinion aux dangers du VIH/sida.

Les travaux européens en matière de surveillance du VIH/sida ont démarré en 1984 par la couverture des cas de sida déclarés dans 17 pays. Aujourd'hui, ce réseau, baptisé EuroHIV et financé par la Communauté européenne, couvre 51 pays membres de l'Organisation mondiale de la santé. La plupart des pays européens ont également fixé des exigences en matière de notification de la séropositivité au VIH.

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Vers la fin des années 90, l'épidémie de VIH/sida en Europe occidentale s'est stabilisée et le nombre de nouvelles infections a diminué, principalement grâce à une prise de conscience et un engagement politiques particulièrement importants qui ont permis d'établir des programmes de prévention efficaces. La diffusion à grande échelle de puissants médicaments antirétroviraux en 1996 a modifié l'évolution de la maladie en entraînant une diminution spectaculaire de l'incidence annuelle du sida et du nombre de décès dus au sida. En revanche, seul un nombre restreint de cas de VIH/sida avaient été déclarés par la Fédération russe et les pays de la CEI en 1994, la plupart concernant des hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes. C'est en 1995 que la situation a commencé à changer, avec l'apparition d'un important foyer de VIH chez les consommateurs de drogues par voie intraveineuse au Belarus, et l'émergence ultérieure de foyers du même type à Kaliningrad et dans d'autres régions de la Fédération russe.

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Updated at 30 June 2003 Mis à jour le 30 juin 2003

Data reported by 30 June 2003 Données transmises au 30 juin 2003

*Netherlands: new system including many cases diagnosed in previous years

*Pays-Bas: nouveau système incluant un grand nombre de cas diagnostiqués au cours des années précédentes

Schéma - Infections à VIH nouvellement diagnostiquées: cas enregistrés en 2002 par million d’habitants en Europe

La stabilisation en Europe occidentale ne fut que provisoire. Malgré la disponibilité des outils de diagnostic et l'accessibilité des traitements et des soins, le nombre de nouveaux cas de VIH déclarés en Europe occidentale a doublé depuis 1995. Certains éléments indiquent un essoufflement des efforts de prévention dans plusieurs pays. Bien que la consommation de drogues par voie intraveineuse soit un facteur de prolifération épidémique non négligeable dans plusieurs pays (la France, l'Italie, le Portugal et l'Espagne), la première voie de transmission reste la voie sexuelle.

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Ces dernières années, certains pays d'Europe occidentale ont fait état de foyers de VIH/sida chez les consommateurs de drogues par voie intraveineuse. Parallèlement, on a observé une multiplication des cas d'autres maladies sexuellement transmissibles, telles que les infections chlamydiales et les gonorrhées, chez les jeunes adultes, qui traduit une résurgence des comportements sexuels à risque chez les jeunes. La situation est complexe et des disparités régionales apparaissent dans les 25 États membres de l'Union européenne. Toutefois, même dans les pays et les régions largement épargnés par le VIH/sida jusqu'à présent, une forte consommation de drogues et une multiplication des pratiques sexuelles non protégées sont les signes précurseurs d'épidémies émergentes.

La situation dans les nouveaux États membres de l'UE est plus hétérogène. Dans les États baltes, les taux d'apparition de nouveaux cas d'infections à VIH ont augmenté sensiblement: en 2001, la prévalence du VIH était de 1,0 pour cent en Estonie et de 0,4 pour cent en Lettonie. Le problème est particulièrement grave chez les jeunes: jusqu'à 80 pour cent des personnes contaminées par le VIH ont moins de 25 ans. Les tendances épidémiologiques en Europe centrale (République tchèque, Hongrie, Pologne, Slovaquie et Slovénie) et dans le sud-est de l'Europe (Turquie, Bulgarie, Roumanie, Ancienne République yougoslave) diffèrent fortement de celles observées dans les États baltes et les pays de la CEI. Les nombres de cas de VIH et de décès dus au sida nouvellement déclarés au cours des dix dernières années se sont stabilisés à des niveaux peu élevés. Selon les données d'ONUSIDA de 2001, aucun pays n'a déclaré de taux de prévalence supérieurs à 0,1 pour cent. Par contre, la moyenne des taux de prévalence en Europe occidentale à la fin de 2003 était de 0,3 pour cent.

Par ailleurs, le taux de nouvelles infections dans la Fédération russe, en Ukraine, au Belarus et dans d'autres pays voisins est le plus élevé du monde, le partage de seringues et d'autres instruments utilisés pour l'injection de drogues étant la voie de transmission la plus répandue dans ces régions. En Russie et en Ukraine, un adulte sur cent est contaminé (ce qui représente une multiplication par 50 en 10 ans). À de tels niveaux de contamination, le virus prolifère également dans la population globale et devient plus difficile à suivre et à prévenir.

S'agissant des mesures à prendre à l'échelon communautaire en général, le défi principal consiste à prévenir une multiplication des pratiques sexuelles non protégées, à améliorer l'accès aux tests VIH et aux soins de santé pour tous, notamment pour les populations migrantes et victimes d'exclusion, et à poursuivre en priorité les activités de prévention.

Dans les pays voisins et certains États membres où l'épidémie croît rapidement et touche principalement les consommateurs de drogues par voie intraveineuse vivant dans des conditions socio-économiques défavorables, la couverture des programmes de réduction des risques doit être étendue. Il existe un risque réel de transmission à grande échelle par voie hétérosexuelle et les interventions visant les populations passerelles, y inclus les partenaires sexuels des individus VIH positif, sont essentielles pour endiguer l'épidémie. Par ailleurs, une épidémie de sida de grande envergure, dont l'éventualité ne peut être écartée en raison des longues périodes non symptomatiques (8 à 10 ans en moyenne), accaparerait toutes les ressources des services de soins de santé. Compte tenu de cette évolution, et de la possibilité d'une détérioration des programmes de contrôle de la tuberculose dans ces pays, des efforts

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radicaux sont requis pour rendre les services de soins de santé plus accessibles et abordables.

3. PORTEE DES ACTIONS

L'expérience acquise en matière de lutte contre la prolifération du VIH/sida fournit de précieuses informations concernant la portée des actions requises pour freiner la propagation de la maladie. Ces actions se répartissent en trois grandes catégories: prévention, traitement et soins, et soutien et partenariats. La présente section du document vise à définir les principaux domaines dans lesquels une action sera requise à différents niveaux si une nouvelle épidémie devait être combattue.

Ces actions ne peuvent être mises en œuvre que par le biais d'une approche coordonnée, c'est-à-dire au travers d'un partenariat entre les niveaux européen, national et régional. La plupart de ces actions ne relèvent pas de la responsabilité de l'Union européenne ou des institutions internationales, mais de la compétence des pays eux-mêmes. Diverses pistes sont proposées afin de fournir à la Commission une "boîte à outils" lui permettant d'assister les principaux responsables.

3.1. Prévention des nouvelles infections par le VIH

La prévention reste une des pierres angulaires de la lutte contre la prolifération de l'épidémie de VIH/sida. Toutefois, l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies de prévention efficaces se révèlent complexes, le VIH étant une cible mobile difficile à maîtriser dans de nombreux groupes vulnérables. Les programmes de prévention doivent être multidimensionnels, doivent se dérouler en tenant compte de la situation épidémiologie culturellement pertinente et prouvée ainsi qu’être étendus à l'ensemble de la population. Ils doivent aussi aller de pair avec un accès aisé aux informations, aux conseils, aux traitements et aux services sociaux adéquats.

3.1.1. Prévention de la transmission du VIH par voie sexuelle

Les principaux outils de prévention de la transmission du VIH par voie sexuelle sont la sensibilisation, la fourniture d'informations factuelles solides et la mise à disposition de préservatifs masculins/féminins.

Des campagnes d'information doivent être organisées d'office pour permettre de mieux cibler les interventions. Une communication efficace permet d'informer les gens, de changer leur comportement et de les rendre à même d'effectuer des choix en connaissance de cause. Dans la plupart des cas, et surtout chez les populations vulnérables et à risques, l’information sur la transmission sexuelle n’est pas suffisante si sans pouvoir ni sans compétences de négociation. En conséquence, les campagnes d’information devront être accompagnées d’interventions de formations de compétences adéquates à chaque fois que l’expérience en aura indiqué la nécessité et en aura prouvé l’efficacité.

Le VIH/sida est associé à l'opprobre et à la discrimination, et les malades se heurtent souvent à la méfiance et à l'ignorance d'autrui. Une sensibilisation inadaptée et des informations factuelles insuffisantes conduisent à la prise de mesures inefficaces et politiquement nuisibles en réaction à la maladie.

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Les préservatifs, jusqu’à présent, permettent de prévenir le plus efficacement la contamination par le VIH, tant chez les hommes que chez les femmes. Ils empêchent également la prolifération d'autres infections sexuellement transmissibles (IST) en réduisant le risque de contamination par le VIH qui y est associé. Cependant, la distribution reste disparate et la disponibilité et les prix varient.

Chacun devrait pouvoir se procurer facilement et à des prix abordables des préservatifs masculins et féminins dans les petites boutiques, les bars, les distributeurs automatiques, les salles de repos sur le lieu de travail et les points de vente traditionnels. Le développement des microbicides et d'autres méthodes de contraception pour les femmes doit également être encouragé.

3.1.2. Prévention de la transmission par le biais de la consommation de drogues par voie intraveineuse

La prévention de la transmission du VIH par le biais de la consommation de drogues par voie intraveineuse devrait s'inscrire dans le cadre d'une stratégie globale de lutte contre la toxicomanie. La stratégie antidrogue 2000-2004 de l'Union européenne comprend parmi ses objectifs la réduction significative de la fréquence des effets nocifs des drogues, tels que l'infection à VIH, sur la santé. La recommandation du Conseil1 relative à la prévention et à la réduction des dommages pour la santé liés à la toxicomanie met l'accent sur les meilleures pratiques dans ce domaine. Ces mesures ont permis de réduire efficacement le nombre de décès liés à la consommation de drogues et les problèmes de santé graves, notamment le VIH/sida et les infections d’hépatites B et C.

Des informations et des conseils devraient être proposés aux consommateurs de drogues afin de promouvoir la réduction des risques et de faciliter l'accès aux services appropriés. Les communautés et les familles devraient être associées à ces activités de prévention et une attention particulière doit être accordée au travail de proximité. Des traitements de substitution complets, soutenus par des soins psychosociaux, devraient également être fournis. Un système de distribution d'aiguilles et de seringues, y compris des programmes et des points d'échange, devrait être mis en place et un rapprochement adéquat devrait être assuré entre, d'une part, les soins de santé et les soins sociaux primaires et, d'autre part, les approches spécialisées en matière de réduction des risques.

3.1.3. Transmission de la mère à l'enfant

Selon les estimations, quelque 800 000 nouveaux contractent le VIH par transmission verticale chaque année dans le monde. Dans l'Union européenne, la mise en œuvre à grande échelle de programmes visant à réduire le risque de transmission verticale a permis de réduire le nombre de nouveaux nés porteurs du VIH au cours de ces dix dernières années. Dans les pays voisins où le nombre de jeunes femmes séropositives est en forte augmentation, prévenir la transmission de la mère à l'enfant deviendra à un problème sérieux dans un proche avenir.

1 Recommandation du Conseil du 18 juin 2003 relative à la prévention et à la réduction des dommages

pour la santé liés à la toxicomanie, JO L 165 du 3.7.2003, p. 31.

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Les programmes visant à réduire les taux de transmission de la mère à l'enfant peuvent être très efficaces et peu onéreux. Les approches les plus concluantes se concentrent sur la prévention du VIH/sida chez les parents potentiels, dans des pratiques obstétriques soigneuses ainsi que des traitements anti-rétroviraux chez les femmes ayant contracté le VIH/sida. Une telle prévention n'est possible que si les femmes en âge de procréer et leurs partenaires ont accès à des services de prévention du VIH, à des services de santé reproductive et à des maternités. Les consultations et les tests volontaires, la contraception, la disponibilité de traitements antirétroviraux (ARV) et d'autres interventions préventives sont des éléments importants.

Les traitements ARV réduisent très efficacement le risque de transmission de la mère à l'enfant avec un minimum d'effets secondaires et à très faible coût. Toutefois, la prévention de la contamination des nourrissons ne constitue qu'un élément parmi d'autres - le traitement des mères est tout aussi crucial.

3.1.4. Sécurité des transfusions sanguines et des transplantations de tissus, de cellules et d'organes

Assurer la sécurité du sang constitue l'une des activités les plus efficientes et les moins controversées en matière de prévention du VIH/sida. Les normes fixées par la législation communautaire protègent efficacement les patients nécessitant une transfusion sanguine ou une transplantation de tissus, de cellules ou d'organes. Le traité invite spécifiquement la Commission à garantir un haut niveau de qualité et de sécurité des organes et des substances d'origine humaine, y compris le sang et les dérivés sanguins.

Le cadre législatif communautaire relatif au sang2 fixe les normes de qualité et de sécurité applicables aux dons de sang et de plasma et met en place une série de prescriptions pour la collecte, le contrôle, la transformation, la conservation et la distribution du sang humain et des composants sanguins, des normes de qualité et de sécurité ainsi que des procédures en matière de traçabilité.

La directive 2004/23/CE fixe les normes de qualité pour le don, l'obtention et le contrôle des tissus et cellules humains, ainsi que les normes applicables aux établissements de tissus afin d'assurer un niveau de sécurité comparable dans l'ensemble de l'UE. Des prescriptions en matière de traçabilité sont également définies.

3.2. Réduire les effets négatifs de l'épidémie

Les personnes atteintes du VIH/sida présentent souvent des besoins sanitaires et sociaux complexes. La contamination par le VIH n'est pas toujours leur unique problème de santé et certains facteurs économiques et sociaux, le manque de soutien social et le chômage peuvent avoir une incidence négative sur la capacité de certaines d'entre elles à rester en bonne santé. Pour améliorer l'espérance et la qualité de vie de ces personnes, le système de soins de santé doit proposer des soins accessibles et complets.

2 Directive 2002/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 27 janvier 2003 établissant des normes

de qualité et de sécurité pour la collecte, le contrôle, la transformation, la conservation et la distribution du sang humain, et des composants sanguins, et modifiant la directive 2001/83/CE, JO L 033 du 8.2.2003, pp. 30-40.

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3.2.1. Traitements, soins et aide

Les traitements, les soins et l'aide visent à améliorer la qualité de vie des personnes porteuses du VIH aussi longtemps que possible. En outre, la disponibilité de soins et de traitements adéquats encourage fortement les personnes à risque à se soumettre à un test et à connaître leur statut sérologique.

Des systèmes de soins de santé durables

La prévention du VIH/sida passe nécessairement par un système de soins de santé abordable et accessible, doté de personnel formé pour les consultations et les tests volontaires et la surveillance des traitements, de leurs effets secondaires et de leur suivi. Les systèmes de soins de santé primaires doivent servir de base aux activités préventives (vaccinations, promotion de la santé) ou aux traitements requis (infections liées au sida, tuberculose). Les personnes atteintes du VIH/sida et leurs défenseurs doivent être associées de façon significative à la planification et au contrôle des services de soins et des traitements. La mise en place de services d'aide sociale est également fondamentale pour obtenir des résultats positifs et durables.

Éducation des professionnels de la santé

L'élaboration de programmes d'éducation/de formation spécifiques destinés aux professionnels de la santé doit figurer parmi les actions prioritaires immédiates. De nombreux pays souffrent d'un décifit de travailleurs formés dans le secteur des soins de santé pour prendre en charge tous les aspects de l'épidémie de VIH/sida (connaissances générales, prévention dans différents groupes vulnérables, traitements, etc.).

Accès à des traitements antirétroviraux (ARV) abordables

Les traitements antirétroviraux sont largement disponibles dans toute l'Europe. Toutefois, certains nouveaux États membres et pays voisins craignent de voir le coût de ces traitements grever les budgets en matière de soins de santé, compte tenu du nombre croissant d'infections et de la hausse du prix des médicaments dans l'UE.

Dans les pays voisins de l'UE, l'introduction des médicaments génériques a été le principal facteur de réduction du prix des traitements ARV. Le processus réglementaire régissant l'évaluation, l'autorisation et la commercialisation des nouveaux médicaments anti-VIH, y compris des traitements antirétroviraux, est également cité parmi les obstacles les plus fréquemment rencontrés. La récente révision de la législation pharmaceutique communautaire3 prévoit des dispositions spécifiques visant à faciliter et à accélérer ce processus dans le cas de maladies potentiellement mortelles sans porter préjudice à la santé publique.

3 Règlement (CE) n° 726/2004 du Parlement européen et du Conseil du 31 mars 2004 établissant des

procédures communautaires pour l'autorisation et la surveillance en ce qui concerne les médicaments à usage humain et à usage vétérinaire, et instituant une Agence européenne des médicaments, JO L 136 du 30.4.2004, pp. 1 à 33 et directive 2004/27/CE du Parlement européen et du Conseil du 31 mars 2004 modifiant la directive 2001/83/CE instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain, JO L 136 du 30.4.2004, pp. 34 à 57.

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3.2.2. Stratégies pour l'emploi des personnes atteintes du VIH/sida

Dans le monde du travail, les travailleurs atteints du VIH/sida ou soupçonnés de l'être peuvent être victimes de discriminations de la part de leurs collègues, clients, prestataires de services ou employeurs. La peur, l'ignorance et les préjugés qui entourent la maladie, ainsi que le manque d'informations concernant la prévention et la transmission du virus, sont à l'origine de la discrimination sur le lieu de travail fondée sur le statut au regard de l'infection à VIH/sida. Les craintes relatives aux coûts qu'entraîne le recrutement d'un travailleur séropositif en termes de productivité réduite et de coûts de main-d'œuvre plus élevés y contribuent aussi fortement. La discrimination peut revêtir diverses formes, de la sélection éliminant toute condition médicale susceptible de limiter les perspectives d'emploi à la restriction des congés accordés pour la prise de médicaments ou le suivi d'un traitement.

3.3. Mobilisation des ressources et coordination des efforts

La problématique du VIH/sida dans l'Union européenne et les pays voisins constitue un défi de taille. Par conséquent, une bonne compréhension de la situation épidémiologique changeante et une forte impulsion politique sont requises pour garantir une réaction adaptée.

3.3.1. Impulsion et défense

Afin de réagir efficacement à l'épidémie de VIH/sida en pleine évolution, il est indispensable de reconnaître son existence et de prendre des engagements spécifiques en vue de la combattre. La déclaration du millénaire de 2000 et la déclaration d'engagement adoptée lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida en 2001 définissent les fondements d'une action adéquate à tous les niveaux de la société: "Il est nécessaire, si l’on veut réagir efficacement à l’épidémie, qu’une forte impulsion soit donnée à tous les niveaux de la société. L’impulsion donnée par les gouvernements à la lutte contre le VIH/sida, pour être décisive, n’est néanmoins pas suffisante: la société civile, les milieux d’affaires et le secteur privé doivent participer pleinement et activement à cet effort"4.

3.3.2. Améliorer le développement de la surveillance épidémiologique du VIH/sida, y compris les données relatives aux comportements et aux aspects sociaux

Autre élément vital, la surveillance permet aux décideurs en matière de santé publique d'accéder à des informations fiables en temps voulu et de prévoir ainsi l'ampleur et la nature de l'épidémie et son évolution dans le temps. Elle doit fournir des données continues et comparables sur les comportements à risque et des informations sur les services de prévention, les soins et les traitements, et créer des liens vers diverses sources d'informations pertinentes en vue de dresser un tableau complet de la situation relative à l'épidémie. Par ailleurs, cette surveillance doit respecter les normes éthiques et protéger les droits des personnes qu'elle couvre.

4 Déclaration d'engagement; session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies sur le

VIH/sida, 25-27 juin 2001, New York.

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Une réaction efficace au VIH/sida requiert l'existence préalable de systèmes de surveillance de qualité. Malheureusement, même à l'intérieur de l'Union européenne, les systèmes de surveillance varient d'un pays à l'autre et les données sont insuffisantes et incomplètes.

3.3.3. Recherche

Les activités de recherche occupent une place critique dans le cadre de la lutte contre la pandémie de VIH/sida. La conception de nouveaux médicaments, microbicides et vaccins efficaces demande un plein engagement dans la recherche en matière de VIH/sida. L'augmentation de l'aide financière accordée à la recherche en matière de VIH/sida, la création d'un partenariat à l'échelle mondiale et la participation du secteur privé sont autant de facteurs déterminants. L'application des résultats de la recherche et l'accès universel à ces résultats contribueront à réduire le nombre de nouvelles infections à VIH, ainsi qu'à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes du VIH et du sida.

En outre, les investissements dans les activités de recherche visant à améliorer la compréhension des aspects sociaux, économiques, biomédicaux, cliniques et sanitaires du VIH/sida, ainsi que des questions de politique publique y afférentes, doivent être encouragés.

3.3.4. Participation de la société civile

Depuis le tout début de l'épidémie, les organisations associatives ont été les premières à militer pour la défense des intérêts et du pouvoir d'action des malades et à proposer des services adaptés. Ces organisations jouent un rôle clé dans les actions collectives de lutte contre le VIH/sida. Dans les pays où le VIH/sida a été combattu avec succès, la contribution des organisations non gouvernementales et, plus généralement, de la société civile a été déterminante. De nombreux moyens d'action essentiels et efficaces ont été conçus et sont mis en œuvre par les organisations associatives. Celles-ci sont également parvenues à associer les personnes atteintes du VIH/sida à leurs activités, contribuant ainsi à lutter contre la stigmatisation des malades et la discrimination. Néanmoins, des obstacles empêchant une participation plus étroite de la société civile aux programmes de prévention du VIH/sida subsistent dans de nombreux pays.

3.3.5. Création de partenariats

La constitution de partenariats est essentielle pour lutter efficacement contre l'épidémie de VIH/sida. En effet, les causes fondamentales du VIH se situent bien souvent en dehors de l'influence directe des systèmes de soins de santé.

Aucun pays ne combat l'épidémie de VIH/sida de manière isolée. Dans l'Union européenne et les pays voisins, on observe l'existence d'un "mélange d'épidémies", apparu très récemment dans certains pays et présent depuis 20 ans dans d'autres. Par conséquent, la collaboration et le partage d'expériences et de bonnes pratiques sont indispensables pour réussir. Il faut également mobiliser différents acteurs, y compris le secteur privé et les organisations syndicales, et collaborer avec les organisations internationales actives dans ce secteur.

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4. COOPERATION ENTRE LES ACTEURS EUROPEENS

La déclaration de Dublin a clairement mis l'accent sur la nécessité d'une impulsion politique et d'une coopération plus efficace. L'Union européenne et ses 25 États membres doivent dès maintenant assumer leurs responsabilités à cet égard.

La lutte contre le VIH/sida demande des actions stratégiques dans de nombreux domaines, notamment la santé publique, les produits pharmaceutiques, le commerce, la protection sociale, le développement et les relations extérieures. Le Conseil européen a souligné l'importance d'un suivi énergique de la conférence ministérielle de Dublin. En bref, la lutte contre le VIH/sida requiert une stratégie communautaire globale.

Cette stratégie ne sera efficace que si l'ensemble des acteurs européens travaillent ensemble et en concertation avec les organisations internationales concernées dans chaque pays. Les responsabilités et les compétences de l'Union européenne et de ses États membres sont clairement définies. Cette répartition des tâches n'est pas remise en question. Dans l'UE, la surveillance du VIH/sida relève de la responsabilité des États membres. La Commission a donc tenté de coordonner ces efforts et d'assurer une large diffusion des enseignements tirés et des meilleures pratiques identifiées. Pour l'Union, le contrôle du VIH/sida a constitué, et continue d'être, une priorité essentielle en matière de santé publique.

Aujourd'hui, la Communauté doit intensifier ses efforts et améliorer la coopération et la coordination à différents niveaux.

Les acteurs européens doivent s'associer efficacement avec les organisations internationales concernées dans la région. Leur collaboration avec ONUSIDA, le PNUD et l'Organisation mondiale de la santé est cruciale pour la réussite de leurs travaux. Un large éventail d'initiatives ont été prises dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida, par exemple la constitution de la task-force de la mer baltique sur le contrôle des maladies transmissibles, le plan d’action en faveur de la dimension septentrionale et la désignation d'ambassadeurs nationaux pour la lutte contre le VIH/sida. Il s'agit avant tout de veiller à ce que des synergies soient créées en évitant les doubles emplois.

L'approche coordonnée et intégrée ne donnera pas les résultats escomptés sans une participation des organisations non gouvernementales (ONG) dès le début des travaux. Les ONG sont les éléments moteurs de nombreux projets concrets sur le terrain et une aide efficace doit être assurée. Par ailleurs, l'industrie pharmaceutique peut jouer un rôle clé dans la mise à disposition de traitements accessibles, à condition qu'elle ait l'assurance que les réductions de prix ne feront pas l'objet d'abus.

En vue d'établir une approche communautaire coordonnée visant à relever le défi commun que constitue la lutte contre le VIH/sida, la Commission s'efforcera de contribuer à créer une impulsion politique, ainsi qu'à assumer un rôle de coordination au sein de l'Union européenne et dans le cadre des relations de l'Union avec les pays voisins. La Commission s'engage à identifier les problèmes et à promouvoir les efforts visant à convaincre les citoyens européens qu'une solution doit y être apportée. La Commission travaillera en partenariat avec les États membres et les pays voisins en vue d'élaborer une "politique européenne régionale de lutte contre le

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VIH/sida" et d'intensifier les efforts consentis pour persuader les décideurs politiques à tous les niveaux d'entreprendre les actions nécessaires.

4.1. Financement

Relever le défi auquel nous sommes confrontés a un prix. Un financement adéquat doit être accordé pour que des mesures efficaces puissent être prises afin d'endiguer la prolifération du VIH/sida. Par le biais de différents instruments, la Communauté européenne a programmé un financement de plus de 1,2 milliard d'euros pour la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose entre 2003 et 2006. Un grand nombre de projets en rapport avec le VIH/sida ont été financés par l'UE, dont certains relatifs à la lutte contre l'opprobre et la discrimination, et d'autres consacrés aux défis que doivent relever les groupes vulnérables. L'Union européenne a aussi fortement investi dans la recherche en matière de VIH/sida et continuera dans cette voie. Jusqu'à présent, 400 millions d'euros ont été octroyés à ces activités pour la période 2003-2006. La moitié de ces crédits sont alloués au nouveau partenariat des pays européens et en développement sur les essais cliniques.

Dans les pays voisins, notamment dans les pays de l'ancienne Union soviétique (CEI), la Communauté a fourni une aide financière considérable à la lutte contre le VIH/sida par le biais de TACIS et d'autres programmes. Le Fonds mondial, financé pour plus de 50 pour cent par la Communauté européenne et les États membres de l'Union, a également été sollicité dans les pays de la CEI. La Commission a récemment annoncé qu'un montant supplémentaire de 42 millions d'euros serait alloué au Fonds mondial.

La Commission européenne estime que l'accès à des traitements abordables est un élément essentiel pour le contrôle du SIDA. Toutefois, les besoins en termes de prévention sont également importants et toute stratégie relative aux traitements doit comporter un volet consacré à la prévention. Les dépenses supplémentaires en matière de prévention sont bien moins lourdes financièrement que les mesures consacrées aux traitements et aux soins. Les aspects liés au financement illustrent parfaitement la nécessité d'une approche coordonnée et intégrée dans le cadre du partenariat entre les organisations internationales concernées. Cependant, l'apport d'un financement supplémentaire ne peut constituer le seul moyen d'action. Si certains pays ont clairement besoin de moyens supplémentaires, d'autres éprouvent des difficultés à allouer et à mettre en œuvre les fonds octroyés.

4.2. Engagements

Se fondant sur la déclaration de Dublin, la Commission s'engage à entreprendre les démarches concrètes suivantes au cours des dix-huit prochains mois. Le présent document définit des mesures à court terme visant à fournir une solution immédiate.

4.2.1. Prévention des nouvelles infections à VIH

Information des citoyens

• En décembre 2004, la Commission organisera un débat ouvert entre toutes les parties intéressées sur la possibilité de concevoir une campagne d'information globale à l'échelon de l'Union, dans la lignée des campagnes similaires récemment lancées dans le cadre de la lutte contre le tabagisme.

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• En 2005, la Commission effectuera une évaluation "de référence" de la sensibilisation du public dans l'UE-25 à l'aide de l'enquête "Eurobaromètre".

La Commission collaborera avec les parties intéressées en vue d'inclure un volet "VIH/sida" dans leurs campagnes pour la jeunesse 2005-2006. En outre, la Commission améliorera l'accès des jeunes à l'information en attirant l'attention de ses réseaux jeunesse sur cette question et en incluant des liens vers des sites Web pertinents sur son portail destiné aux jeunes.

Des stratégies sur mesure pour les groupes vulnérables

• Dans le cadre des priorités fixées dans le programme de santé publique 2005, la Commission s'attachera tout particulièrement à répondre aux besoins de groupes vulnérables.

• Pour ce qui concerne la toxicomanie, la Commission continuera à travailler en collaboration avec les États membres afin d'assurer une pleine mise en œuvre de la recommandation du Conseil de 20035.

• Les jeunes constituant un groupe vulnérable, la Commission examinera les possibilités de renforcer la coopération en vue de mieux intégrer les jeunes dans les politiques sanitaires et la prévention des risques, conformément à son Livre blanc intitulé "Un nouvel élan pour la jeunesse européenne".

• D'ici novembre 2004, la Commission mettra en place un réseau d'experts chargé d'élaborer des recommandations relatives aux meilleures pratiques en matière de prévention de la transmission de la mère à l'enfant, en vue de la présentation d'une proposition de recommandation du Conseil courant 2005. Ces travaux seront fondés sur les lignes directrices conçues dans le cadre de la recherche financée par la Commission ces dernières années.

4.2.2. Réduire les effets négatifs de l'épidémie

Des systèmes de soins de santé durables

• La Commission a encouragé le nouveau groupe d'États membres sur les services de santé et les soins médicaux à inclure les besoins liés au VIH/sida dans son champ d'activité.

• La Commission étudiera les possibilités de soutenir le développement de l'infrastructure de soins de santé par le biais des Fonds structurels.

Éducation des professionnels de la santé

• Dans le cadre des priorités du programme de santé publique 2005, la Commission accordera une attention particulière à l'élaboration de programmes de formation sur mesure destinés au personnel travaillant dans le secteur des soins de santé et aux autres professionnels de la santé.

5 Recommandation du Conseil du 18 juin 2003 relative à la prévention et à la réduction des dommages

pour la santé liés à la toxicomanie, JO L 165 du 3.7.2003, p. 31.

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Accès à des traitements antirétroviraux abordables

• À l'automne 2004, la Commission organisera une réunion à laquelle seront conviés des représentants de l'industrie et des autorités publiques pour examiner différents moyens de soutenir l'accès à des traitements antirétroviraux abordables.

• La Commission mettra en œuvre des mesures législatives spécifiques dans le contexte de la récente révision de la législation pharmaceutique communautaire afin de faciliter et d'accélérer le processus réglementaire régissant l'autorisation et la commercialisation des médicaments innovants contre des maladies potentiellement mortelles, tels que les nouveaux traitements antirétroviraux.

Intégration sociale, emploi et santé et sécurité au travail

• La Commission continuera à travailler en collaboration avec les États membres afin d'assurer une pleine mise en œuvre des dispositions législatives suivantes:

– les mesures de protection des travailleurs contre les dangers des agents biologiques, notamment dans le secteur médical (secteur à haut risque de transmission du VIH), prévoyant une formation adéquate des travailleurs concernant les risques potentiels, les précautions à prendre pour éviter toute exposition, les normes d'hygiène et l'utilisation des équipements et vêtements de protection;

– les mesures d'amélioration de la santé au travail pour certaines catégories spécifiques de travailleurs (femmes enceintes, jeunes).

• La Commission continuera à travailler en collaboration avec les États membres afin d'assurer une pleine mise en œuvre de la directive interdisant la discrimination fondée sur la religion ou les convictions, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle en matière d'emploi.

• La Commission continuera à travailler en collaboration avec les États membres afin d'assurer l'intégration sociale et sur le marché de l'emploi et de lutter contre l'exclusion sociale et la discrimination. Les instruments financiers communautaires et nationaux, y compris les Fonds structurels, peuvent, s'il y a lieu, être utilisés pour soutenir ces mesures.

• Le Comité du Fonds social européen pourrait se réunir avec des experts nationaux dans le domaine du VIH/sida afin de déterminer si et comment le Fond social peut être utilisé pour la lutte contre le VIH/sida dans les limites de son cadre juridique.

4.2.3. Mobilisation des ressources et coordination des efforts

Améliorer le développement de la surveillance épidémiologique du VIH/sida

• La Commission organisera, à l'automne 2004, une réunion entre les États membres, les réseaux de surveillance concernés, l'OMS, ONUSIDA et les pays voisins intéressés afin d'examiner le système de surveillance du VIH/sida existant et la nécessité de l'étoffer en incluant des données relatives aux aspects comportementaux et sociaux.

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• En collaboration avec les États membres, la Commission s'efforcera d'améliorer la protection des personnes physiques à l'égard du traitement confidentiel des données à caractère personnel et de la libre circulation de ces données.

• Associé aux travaux effectués au titre du volet "informations sanitaires" du programme d'action pour la santé publique et dans le cadre du réseau EuroHIV, l'établissement d'un centre européen de prévention et de contrôle des maladies contribuera à améliorer la surveillance épidémiologique du VIH/sida.

Recherche

• La Commission favorisera la participation des nouveaux États membres et des pays voisins de l'UE aux activités de réseau liées au VIH/sida.

Participation de la société civile

• La Commission abordera le thème du VIH/sida lors de la conférence du forum ouvert sur la santé publique de 2005 en vue de favoriser la sensibilisation de la société civile et de renforcer sa capacité à faire face aux problèmes liés au VIH/sida à travers l'Union européenne et dans les pays voisins.

Pays voisins

• Compte tenu des plans d'action établis en accord avec les pays voisins dans le cadre de la politique européenne de voisinage, ainsi que des documents de stratégie par pays et des programmes indicatifs pertinents, la Commission encouragera l'inclusion d'activités prioritaires liées au VIH/sida dans ces documents de programmation lors du processus d'identification de projets dans le cadre des programmes de travail annuels TACIS. Il convient de noter que des mesures de lutte contre le VIH/sida figurent déjà parmi les objectifs principaux des plans d'action établis dans le cadre de la SEV.

• La Commission exploitera au mieux l'ensemble des instruments existants afin de mieux répondre aux besoins des pays partenaires en respectant les procédures relatives à l'aide extérieure et selon le mandat défini dans les documents de stratégie par pays et les programmes indicatifs pertinents. Les services opérationnels de la Commission pourront ainsi prendre les mesures suivantes:

– passage d'une approche axée sur des projets ad hoc à des interventions s'inscrivant dans le contexte d'une stratégie nationale, d'un programme de travail et d'un cadre de dépenses approuvés conjointement par les autorités nationales et les autres partenaires concernés;

– si possible et lorsqu'un engagement politique des pays partenaires existe, collaboration avec d'autres partenaires dans le cadre d'une telle approche en vue de montrer l'exemple aux pays voisins en termes de bonnes pratiques;

– au travers d'une participation communautaire renforcée sur le terrain, utilisation optimale des instruments existants cofinancés par la CE, tels que le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le

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paludisme, en cas de participation active de la Commission à divers niveaux.

• En fonction des intérêts manifestés lors de la conférence de Vilnius, la Commission organisera en novembre 2004 à Bruxelles une série de discussions informelles concernant la coopération en matière de lutte contre le VIH/sida entre les parties intéressées dans les pays voisins. Les débats pourraient notamment porter sur les moyens d'aider ces pays à bénéficier de l'appui du Fonds mondial.

4.2.4. Conclusion

Dans leur ensemble, les mesures définies dans la section précédente ont pour objectif de contribuer de façon sensible et durable à endiguer l'épidémie de VIH/sida dans l'Union européenne et les pays voisins.

La Commission veillera à assumer ses responsabilités. Néanmoins, l'action entreprise ne portera ses fruits que si tous les acteurs concernés forment un partenariat efficace pour lutter contre les dangers de cette épidémie. La maladie ne connaissant pas de frontières, nos actions doivent également faire fi de toute barrière artificielle.

Afin de pouvoir évaluer les progrès accomplis dans ce domaine, la Commission passera en revue les résultats des mesures présentées dans le présent document d'ici la fin 2005.

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Tableau des estimations et des données relatives au VIH/sida par pays, fin 2003

Pays

Estimation du nombre de personnes atteintes du VIH/sida

Décès dus au sida

Estimation [estimation basse -

estimation haute]

Estimation [estimation basse -

estimation haute]

Europe orientale et Asie centrale

1 300 000 [860 000-1 900 000] 49 000 [32 000 – 71 000]

Arménie 2 600 [1 200 – 4 300] <200 [<400]

Azerbaïdjan 1 400 [500 – 2 800] …………… ………………

Belarus …… [12 000 – 42 000] …………… [900 – 3 300]

Bosnie-et-Herzégovine 900 [300 – 1 800] …………… ………………

Bulgarie <500 [<1 000] …………… ………………

Croatie <200 [<400] …………… ………………

République tchèque 2 500 [800 – 4 900] …………… ………………

Estonie 7 800 [2 600 – 15 000] <200 [<400]

Géorgie 3 000 [2 000 – 12 000] <200 [<400]

Hongrie 2 800 [900 – 5 500] ………… ………………

Kazakhstan 16 500 [5 800 – 35 000] <200 [<400]

Kyrgyzstan 3 900 [1 500 – 8 000] <200 [<400]

Lettonie 7 600 [3 700 – 12 000] <500 [<1 000]

Lituanie 1 300 [400 – 2 600] <200 [<400]

Pologne 14 000 [6 900 – 23 000] ………… ……………

République de Moldova

5 500 [2 700 – 9 000] ………… ……………

Roumanie 6 500 [4 800 – 8 900] ………… ……………

Fédération russe 860 000 [420 000 – 1,400 000] ………… ……………

Slovaquie <200 [<400] ………… ……………

Tadjikistan <200 [<400] ………… ……………

Turkménistan <200 [<400] ………… ……………

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Ukraine 360 000 [180 000 – 590 000] 20 000 [9 600 – 33 000]

Ouzbékistan 11 000 [4 900 – 30 000] <500 [<1 000]

Europe occidentale 580 000 [460 000 – 730 000] 6 000 [<8 000]

Albanie ……… ………… ………… ……………

Autriche 10 000 [5 000 – 16 000] <100 [<200]

Belgique 10 000 [5 300 – 17 000] <100 [<200]

Danemark 5 000 [2 500 – 8 200] <100 [<200]

Finlande 1 500 [500 – 3 000] <100 [<200]

France 120 000 [60 000 – 200 000] <1 000 [<2 000]

Allemagne 43 000 [21 000 – 71 000] <1 000 [<2 000]

Grèce 9 100 [4 500 – 15 000] <100 [<200]

Islande <500 [<1 000] <100 [<200]

Irlande 2 800 [1 100 – 5 300] <100 [<200]

Italie 140 000 [67 000 – 220 000] <1 000 [<2 000]

Luxembourg <500 [<1 000] <100 [<200]

Malte <500 [<1 000] <100 [<200]

Pays-Bas 19 000 [9 500 – 31 000] <100 [<200]

Norvège 2 100 [700 – 4 000] <100 [<200]

Portugal 22 000 [11 000 – 36 000] <1 000 [<2 000]

Source: ONUSIDA, rapport 2004 sur l'épidémie mondiale de sida