3
novembre - décembre 2010 n anform ! 49 Par MSR avec la collaboration des étudiants du Master II Biologie Santé de l’Université des Antilles et de la Guyane, promotion 2009-2010. Les éponges, algues et autres mollusques des eaux tropicales constituent une véritable “pharmacie océanique” dont sont issus de nombreux médicaments. Et la recherche n’en est qu’à ses balbutiements. n Océan de vie P remier médicament utilisé dans le traite- ment du sida, l’AZT est fabriqué à partir d’une éponge corallienne des Ca- raïbes. Le Yondelis, médica- ment développé à partir d’un petit animal vivant dans la mer des Caraïbes (l’ascidie), est utilisé dans le traite- ment de certains cancers. L’étude chimique des venins des cônes des Philippines a permis d’améliorer les connaissances sur le fonc- tionnement de certaines cellules nerveuses… Autant d’exemples qui expliquent l’intérêt des scientifiques pour la biodiversité tropicale marine. “Les potentialités sont considérables. Nous avons voulu porter notre contribution dans le cadre de cette année de la biodiversité en présentant un aperçu de la richesse de nos régions. Car, nombre de ces composés pro- viennent d’organismes vivant dans les mers tropicales”, expliquent les étudiants du Master II Biologie Santé de l’UAG, promotion 2009- 2010. NOUVELLES MOLÉCULES La mer et les océans recou- vrent 75 % de notre planète. Avec un million d’espèces animales, végétales et micro- biennes, le milieu marin est une source quasi-inépuisable de nouvelles molécules. Leur Une pharmacie sous la mer ! santé ma © THINKSTOCK

Une Pharmacie sous la Mer

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Article de vulgarisation réalisé par les étudiants du M2 du Master BS, promotion 2009-2010 ont réalisé dans le cadre de l'UE "Ressources naturelles" et de l'année de la Biodiversité.

Citation preview

Page 1: Une Pharmacie sous la Mer

novembre - décembre 2010 n anform ! 49

Par MSR

avec la collaboration des étudiants du Master II Biologie Santé de l’Université des Antilles et de la Guyane, promotion 2009-2010.

Les éponges, algues et autres mollusques des eaux tropicales constituent une véritable “pharmacie océanique” dont sont issus de nombreux médicaments. Et la recherche n’en est qu’à ses balbutiements. n

Océan de vie

P remier médicament utilisé dans le traite-ment du sida, l’AZT

est fabriqué à partir d’une éponge corallienne des Ca-raïbes. Le Yondelis, médica-ment développé à partir d’un petit animal vivant dans la mer des Caraïbes (l’ascidie), est utilisé dans le traite-ment de certains cancers. L’étude chimique des venins des cônes des Philippines a permis d’améliorer les connaissances sur le fonc-tionnement de certaines cellules nerveuses… Autant d’exemples qui expliquent l’intérêt des scientifiques pour la biodiversité tropicale marine. “Les potentialités sont considérables. Nous

avons voulu porter notre contribution dans le cadre de cette année de la biodiversité en présentant un aperçu de la richesse de nos régions. Car, nombre de ces composés pro-viennent d’organismes vivant dans les mers tropicales”, expliquent les étudiants du Master II Biologie Santé de l’UAG, promotion 2009-2010.

NoUveLLeS MoLécULeSLa mer et les océans recou-vrent 75 % de notre planète. Avec un million d’espèces animales, végétales et micro-biennes, le milieu marin est une source quasi-inépuisable de nouvelles molécules. Leur

Une pharmacie sous la mer !

santéma

© T

HIN

KS

ToC

K

Page 2: Une Pharmacie sous la Mer

50 anform ! n novembre - décembre 2010

champ d’action s’étend de l’alimentation à la cancé-rologie. Autres domaines d’utilisation : le traitement de la douleur, les traitements antiviraux, antifongiques et antibactériens. “La cytara-bine fut le premier agent anti-cancéreux, issu d’une éponge des Caraïbes et isolé dans les années 1950”, rappellent les étudiants. Depuis, d’autres médicaments ont été com-mercialisés et plusieurs subs-tances d’origine marine sont en cours d’étude. A ce jour, près de 14 000 composés pharmacologiquement actifs ont été isolés. De LA MeR à LA PILULe Longtemps, la recherche a négligé les ressources marines, préférant se concentrer sur les plantes et les micro-orga-nismes terrestres, plus faciles à obtenir. Les difficultés d’approche du milieu marin ont beaucoup nui à son ex-ploitation. L’extraction, la séparation et l’analyse de ces composés requièrent, en effet, des techniques très sophisti-quées et très coûteuses. “Les chercheurs doivent d’abord extraire les composés marins et isoler les substances actives. Ensuite, il est nécessaire d’éliminer les propriétés in-désirables. Bien souvent, cette séparation s'avère complexe. En tout dernier lieu, il faut pouvoir synthétiser et produire ces molécules”. De plus, “les principales difficultés dans l’isolement des composés d’in-térêts à partir d’organismes marins proviennent de la culture de ces organismes dont

l’écosystème naturel s’avère parfois indispensable”, expli-quent les étudiants. De ce fait, la richesse de la bio-diversité marine est encore sous-es-timée : seulement 1 % des espèces connues a été étudié dans ce but.

ALGUeS, coRAUx, éPoNGeS…Parmi les espèces les plus étudiées, il y a les algues, les coraux, les mollusques, ou encore les éponges. Ces dernières semblent avoir dé-veloppé des molécules tout à fait exceptionnelles sur le plan biologique. Parce qu’elles sont à la merci des prédateurs, les chercheurs se sont rendu compte que les éponges fa-briquaient de véritables armes chimiques pour se défendre, éloigner les voisins trop en-vahissants ou communiquer avec leurs pairs, constituant une véritable armoire à phar-macie. Ainsi, l’éponge des Caraïbes, ptilocaulis spiculifer, fournirait une famille d’alca-loïdes présentant un grand intérêt en matière de thérapies antivirales. Aux Etats-Unis, le chercheur Peter Moeller et son équipe ont étudié une éponge des récifs coralliens de la mer des Caraïbes, l’agelas conifera. C’est sa capacité de survie dans un environnement co-rallien très menacé qui a in-téressé les chercheurs. Ils ont ainsi extrait de cette éponge une molécule qui s’est révélée capable de rendre de nouveau sensible aux antibiotiques des bactéries très résistantes, comme celles responsables des otites, de la coqueluche, ou le staphylocoque doré. n

santéma

Des coraux pour soigner alzheimer ?déjà utilisé comme greffe pour la reconstitution osseuse, le corail intéresse aussi les traitements contre le sida et le cancer. Récemment, un nouvel espoir est apparu pour les personnes atteintes de maladies dégénératives comme les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. des scientifiques de l’institut australien des sciences marines auraient trouvé des bactéries anti-oxydantes, vivant à la surface de la grande barrière de corail. elles seraient capables de lutter contre les troubles liés à la vieillesse et à la dégénérescence des cellules nerveuses…

L'AScIDIe coNtRe Le cANceR

© T

HIN

KS

ToC

K ;

ISTo

CK

PH

oTo

Page 3: Une Pharmacie sous la Mer

Des pansements… aux algues L’utilisation des algues dans la pharmacopée remonte à la nuit des temps. Les algues brunes étaient utilisées contre les ulcères à l’estomac. Aujourd’hui, certains médicaments contiennent des principes actifs qui en sont issus, l’alginate étant le plus utilisé. il sert d’anti-inflammatoire œsophagien, de coupe-faim, de laxatif mais aussi de pansement. en effet, les capacités d’absorption et hémostatiques des alginates de calcium sont mises à profit dans les pansements.

L'AGeLAS coNIfeRA coNtRe LeS BActéRIeS

Le PtILocAULIS SPIcULIfeRcoNtRe LeS vIRUS

© S

TEV

E G

ITTI

NG

S