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Pauline BRINGEL
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS IV SORBONNE
UNE POLÉMIQUE À LA COUR PERSE : LE DE GESTIS IN PERSIDE Traduction inédite
–ACTEI–
LESÉVÊQUESETAPHRODITIEN
Entretien des juifs avec le roi
1.Alorsqu’Arrénatos1régnaitsurlaPerse,quelesecondenchargeétaitPasargaros,
à la tête des plus élevés des pouvoirs les plus élevés2, que le troisième personnage était
Dioclès,quidirigeaitàlafoislessatrapiesetl’armée,etqu’Aphroditien3occupaitladignité
de chef des cuisiniers4, il survint à travers le pays une querelle entre des païens et des
chrétiensausujetdeshistoriensDionysarosetPhilippe:lespaïensdéfendaientDionysaros,
leschrétiensPhilippe5.
1 Ce roi est un personnage fictif, comme la plupart des personnages de la controverse. Certains noms
proprespeuvents’expliquerparunjeudemots(c’estlecaspourAphroditienenparticulier,quiestdécritcommeunascète),d’autressontforméscommedesdérivésdetoponymesetn’ontpasétéidentifiés.Ici,jemaintienslaformedeC,l’anthroponymepouvantainsis’expliquercommeundérivédeἄρρην.
2 JecorrigeiciC,ἐπ’ἐξουσίως,àl’aidedesmanuscritsapparentésLetΔ,quidonnentἐπ’ἐξουσίας(c’estaussi la leçon de A et de Q). L’adverbe, en effet, se comprend mal et prive la participiale de soncomplémentd’objet.
3 Ce nom, outre le contraste qu’il offre avec l’ascétisme du personnage, évoque celui du gouverneurd’ÉgypteAfrodisiusduPseudo-MatthieuXXIV,1.Lerapprochementestd’autantplussignificatifque legouverneurdel’apocryphelatinassisteàlachutedesidolesdansuntemplelorsdelavenuedeMarieetdel’enfant(Pseudo-Matthieu,éd.Gijsel1997,p.450-451).
4 La fonction d’ἀρχιμάγειρος est celle de deux personnages bibliques: Putiphar (Gen. 37, 36) etNabuzardan(4Rg25passim).Ils’agitdel’équivalentgrecdel’hébreurab tabahîm,généralementtraduitpar«chefdelagarde»;tabahsignifie«égorger,tuer»et«fairelacuisine»,etrab tabahîmrenverraitàla fonctionbabyloniennederab nuhatimmu,«chefcuisinier»,attestéeparune listedesdignitairesde lacour de Nabuchodonosor. Le chef cuisinier était devenu en fait le premier fonctionnaire de l’État (voirGarelli/Lemaire2001,p.155etp.277).Uneglosed’Olympiodore(Fragmenta in Jeremiam40,1:PG93,700C) explique par la métaphore le décalage entre le titre et la réalité de la fonction: Ναβυζαρδαν.Ἀρχιστράτηγοςἦν,οὗἐκτὸςοὐδεὶςἀνῃρεῖτο·διὸκαὶἀρχιμάγειροςκαλεῖται,ὡςἐπὶτῶνφόνων.La
2.Aprèsbiendel’agitation,leroiréunittouslesévêquesdupays–ilyeneutplusde
cent6 – et les archimandrites. On m’invita moi aussi à me joindre à eux; j’étais le seul
Romain(touseneffetvenaientdecesrégions-là).3. Lorsqu’ils furent rassemblés, le roi réunit les rabbins
7 des juifs et leur dit:
«Puisque certains ont dit que les propos éloquents8 des païens parlaient du Christ et que
d’autresendoutent,soyezjugesdesdeuxpartiesetdites-moilavérité9.Carjenemefieni
auxseulspaïens,niauxseulschrétiens,lorsqu’ilsplaidentleurproprecause.FeuilletezdoncavecapplicationtoutlivretraitantdelaLoi
10,accordez-ytoutevotreattention,sanschoisir
ce qui plaît aux uns ni aux autres, et faites-m’en un rapport, sachant que si vous en étiezempêchés par quelque autre ordre, je vous ferai tous périr.» Ιls dirent: «Nous ne dironsriend’autrequecequ’ilconvientàtacélestedivinitéd’entendre;cependant,sicelatesemblebon,maître intègre,donnepour jugeauxdeuxparties le très sageetnobleAphroditien».
désignation a ici peu à voir avec le rôle réel d’Aphroditien à la cour: c’est avant tout le prestige de laréférencebibliquequiimporte.
5 Philippe désigne l’historien Philippe de Sidé, auteur d’une Histoire chrétienne et syncelle de JeanChrysostome(voirci-dessous,§84).NousnesavonsriendeDionysaros.
6 Cenombredecentestunebonneestimationdunombreréeldessiègesépiscopauxdel’ÉglisedePerseauVIesiècle.
7 Pourcemot,lesmanuscritsdivergentfortement,icicommeen57,2.BratkecorrigesonmanuscritAensuppléantdesformesen-α-àcellesen-ε-dumanuscrit(ῥαββεῖς,puisῥαββίδες).Cependant,aucunedesformes transmisesparnos témoinsn’estattestée.Les seules formesgrecques issuesderabbi sontcellesattestéespar leNouveauTestament,quiendonneune transcription littéraleῥαββί,ouencoreune formeῥαββουνί,etl’emploiedansdesapostrophes.Engrecmoderne,lerabbinseditῥαββῖνος,formedérivéeduplurielaraméenrabbîn.Maisdecetteformeῥαββῖνος,aucunetracenonplusdansleTLG.Lesauteursgrecs semblent avoir préféré une traduction par διδάσκαλος ou ἐπιστάτης aux formes transcrites del’araméen(cf.Jn1,38;Lc5,5)et,pourdésignerlesspécialistesjuifsdel’Écriture,lesdocteursdelaLoi,des formes comme νομομαθής. Notre texte fait ici exception, bien qu’il emploie une fois, lui aussi, letermedeνομομαθής(41,1).Enl’absencedeparallèle,jemaintiensdonclaformeῥεμβεῖςdumanuscritC, qui peut de surcroît comporter un calembour malveillant à l’égard des rabbins, par assonance avecῥέμβος.
8 LaleçonεὐγλωττίαςdeCestplusdifficilequeγλώσσας,“oracles”,quepréfèreunepartiedelatradition.Jem’entiensnéanmoinsàC,dontlesensresteperceptible.
9 Noterl’emploideἀκρίβειαcommeéquivalentdeἀλήθεια,selonlephénomènecourantderenforcementd’untermeuséetaffadiaufildutemps.Onretrouvecemêmeemploien67,4.Lesmanuscritstémoignentdeceflottement.
10 L’adjectifνομομαθήςqualifietoujoursdespersonnes.C’esticileseulexempledesonemploiauneutre,etcelaposedesdifficultésd’interprétation-l’hésitationdesmanuscritsentémoigne.Quepeutdésignerunlivre «instruit dans les lois»? S’agit-il simplement d’un livre qui comprend les lois? Mais le grecμανθάνω n’a pas le double sens du français comprendre. Il se peut que C soit ici fautif. La version deOSΘ, νομοθεσίας, ou encore celle de AΠ, νόημα θείας δέλτου, se comprennent mieux. Je maintiensnéanmoinsletextedeC,carl’absencedeparallèlespourl’emploideνομομαθήςauneutrenepermetpasdeconclureaveccertitudeàuneerreur,dansuntextequifaitpreuved’unegrandeinventivitélexicale.
Aussitôtleroileconvoquaetfitsortirlesautres;illuidit:«Ceshommes11
ontentaméunecontroverse contre Philippe, l’évêque des chrétiens
12. Aussi, comme je sais que les bons
metsn’ontaucuncharmepourtoi,quetun’aimespaslevinetqu’enoutreturepousses13
lesunions charnelles, tu hais la gloire et te défais des richesses pour ne te consacrer qu’à laphilosophie, je te l’ordonne:répondsseulauchœurdesévêquesenmontrant tout tonzèlepourlavérité,afinqu’encetteaffaireégalementlapuissancedenotreEmpirel’emporte.»
4.Mais les juifsavaientproposécethommeparruse,pourqu’il fouleauxpieds lenomdeschrétiens.OrnotreAphroditienétaitunpaïenaveclequelnulnepouvaitsoutenirdediscussion.Cen’étaitpasunmincecombatquinousattendaitquedenepasêtrevaincusparlui.Carmêmesitousnoscheveuxavaientétédesidées,ilsnepouvaientveniràboutd’unseuldesesraisonnementssimples
14.
Rencontre des évêques et d’Aphroditien
5. Comme tous restaient terrés devant la salle du conseil, craignant de l’affronter,voulaient
15 échapper à ses inventions impossibles à réfuter et se lamentaient, je dis avant
qu’ilnesoitprésentauxévêquesquiétaientàmescôtés:«Nesavez-vouspasqu’icimêmel’absencedesciencel’emportasurlasciencelaplusaccomplie?Votreseulespoirestdoncd’être totalement vaincus par lui? Toute la science des Chaldéens et des Babyloniens futvaincue par l’inspiration divine de ce fameux et saint jeune homme, Daniel
16. Imitons-le
11 Malgré la quasi unanimité des manuscrits pour une leçonοἱ σοί, il semble difficile de maintenir ici un
datif,lerégimedeκατάρχομαιétantrégulièrementlegénitif.Deplus,lepronomdeladeuxièmepersonnen’apassaplaceici:leroin’expliquequedanslaphrasesuivantelaraisonpourlaquelleAphroditienvaêtreimpliquédanscettecontroverse.
12 Ἱερεύςestfréquemmentemployécommesynonymed’ἐπίσκοπος.VoirparexempleSozomène,Histoire ecclésiastiqueIV22,22(éd.Festugière1996,textegrecdeBidez,GCS,1960):ἱερεῖςydésignelesmêmespersonnages–unsynodede97évêques–qu’en III5,2,où ilssontqualifiésd’ἐπίσκοποι.De lamêmefaçon,lesévêquesdenotreassembléesontdésignésindifféremmentparl’unoul’autreterme.
13 Laforme-εσαιde2èmepersonnedusinguliermédio-passiveaétérétablie,àpartirde lapériodehellé-nistique, par analogie avec le parfait médio-passif et des présents comme δύνασαι, ἵστασαι… (Jannaris1987,§773).Onattendraitlagraphieἀποθεῖσαι(attestéenotammentparlemanuscritD),maisἀποθῆσαιpeutêtreadmis,sil’onsupposequecetteformerésultedel’adjonctionde-σαιàlaformeen-ῃdela2èmepersonnedusinguliermédio-passive.Jenecorrigedoncpascequipourraitégalementêtreuniotacisme.
14 L’adjectif ψιλός est récurrent dans la littérature chrétienne, car il correspond à la définition arienne duChrist,qualifiédeψιλὸςἄνθρωπος(Cf.Athanase,Oratio ii contra Arianos,16,PG26,177Cet180C,etla traduction de Rousseau / Lafontaine 2004, p. 142-143, qui traduisent ψιλὸς ἄνθρωπος par «purhomme»).L’emploideψιλόςsedoubleicid’unjeudemotsavecτρίχες.
15 Laconstructionεἰςτόsuiviedel’infinitifesttrèscourante,enparticulierdanslestextesbibliquesetpost-bibliques,commeéquivalentde l’infinitifdebutoud’uneproposition finale introduitepar ἵνα (Jannaris1987,app.VI,22).
16 Dan.2.Lesévêquesespèrentobtenirfaceaureprésentantdupouvoirperselesυccèsqu’aobtenuDanielface à Nabuchodonosor, grâce à l’aide de Dieu et non en raison d’une science particulière dans
doncetdisons:“Ilyaundieudans lecielquidévoilecequiestprofondémentenfoui”;adjoignons-nous le doyen des prêtres Kastèleus, et restons de toute façon totalementinvaincus.»
6.Aprèsavoiraccomplidesjeûnesetdesprières,nousnousrassemblâmes,avecceKastèleusquiavaitvieillidans l’observance,et lesévêquessesignèrent,ayantà l’esprit lenomduSeigneurJésus-Christ.Εt lorsquearrivaAphroditien,quiétaitunvieilhomme, luiaussi(il avait quatre-vingts ans), et qu’il se fut assis sur un trône d’or serti de pierresinestimables, comme tous les visages étaient tournés vers le sol
17, il comprit qu’ils ne
pourraient en aucun cas se défendre face à lui; il leur dit, comme pénétré de Dieu:«Pontifes tranquilles, pourquoi êtes-vous inquiets? Je ne suis nullement venu pour vousoffenser, mais bien plutôt pour vous réconforter. La controverse peut rester inoffensive.Ayez confiance en la vérité, occupez-vous de cette affaire en toute justice et vousremporterezlavictoire.»Enentendantcela,lesévêquesseressaisirenttoutàfait.
Lecture d’un extrait de Philippe : l’histoire de Kasandros
7. L’évêque Irénée déclara18
: «En faveur de qui ta décision qui craint Dieubalance-t-elle, pour Dionysaros ou pour Philippe? Si c’est sur Dionysaros que porte tonincertitude, c’est de ton ressort: tu es tenu de te prononcer à son sujet; mais si c’est surPhilippe,c’estànousdeprésentersadéfense,entantquechrétien.»
8. Aphroditien répondit: «Très bien, pontife, si toutefois tu achèves comme tu ascommencé.»Ιlajouta:«JeconnaisparcœurcequiconcernePhilippe.Maisafinquevousne croyiez pas que j’y aie ajouté quoi que ce soit, apportez lesdits livres
19 et donnez-en
lectureàl’assemblée.»
l’interprétationdessonges (Dan.2,27-28).Mais la référenceau livredeDanielestàdouble tranchant:Aphroditienlui-mêmen’estpassansrappelerlafiguredeDaniel.Lesdeuxpersonnagesfontpreuved’unmêmeascétisme(lelivredeDanielinsistenotammentsurlerefusduvin);Aphroditienestdésignécommearbitre par Arrénatos, tout comme Daniel se voit assigner un rôle de conseiller par Nabuchodonosor enraisondesasagacité(Dan.1,19).DemêmequelesongedeNabuchodonosorestsoumisàl’interprétationdeDaniel,demêmelesévêquessoumettront-ilsdesoraclespaïensàAphroditien.
17 LetexteéditéparBratkeétaituncasdenominatifabsolu.Onentrouveplusieursautresexemples(1,1-6:δεύτεροςαὐτοῦὢνΠασάργαρος...,γέγονεφιλονεικία;13,10-11:στραφεὶςὁτρίπους...,ὁπροφήτηςπυθμεύει). Le nominatif dit absolu est en fait une anacoluthe: la phrase commence par un sujet aunominatifquiestlaissésansrésolution.Maisici,laprésencedeπάντωνentêtedepropositionainsiquelasuccessiondesgénitifsabsoluslaissentpenserqu’ils’agissaitbienàl’origined’ungénitifabsolu(avecτὰπρόσωπα accusatif de relation), comme le transmet notamment le manuscrit C, et qu’il y a eu dans Acontaminationdeladésinenceduparticipeparcelledel’accusatifprécédent.
18 L’auteuradopteiciladiplomatiquedesprocès-verbauxdeprocèsouderéunionsofficielles.19 ΚαλούμεναsertàintroduirelesglosesetpeutsuggérericiqueΒιβλίαapparaissaitdansletitreducorpus
dePhilippe.C’estcequesembleindiqueraussil’expressionΠεριαγωγικὴβίβλοςci-dessous(voirn.20).
9.L’évêqueHésiodeobjecta:«Etsij’apporteunlivreetquetulecontestesendisant
qu’ilaétéaltéré?»Aphroditien répondit:«Je leconnaisassezpoursavoirs’ilyest fait
quelqueomissionouquelqueajout.»
10.OnapportaalorssaPériagogè 20
,danslaquellesetrouvaientdesOraclespaïens21
.
Ilordonneauserviteurquisetrouveàsescôtésdelire.Celui-citournasonattentionversle
livre22
etcommençaaussitôtàlelire.Aphroditienluidit:«Lisunpassagedel’histoirede
Kasandros.»Etillut:
11.«KasandrosmeurtenlaissantunesœurappeléeDoris,filledePylade,quiavait
ététuéenGrèce23
.Attale,leroidesLacédémoniens24
,s’épritd’elle.Lorsqu’ilsfurententrés
dans le lit, elle lui planta en plein cœur un couteau qu’elle y avait caché et s’empara du
pouvoir royal. Cet événement lui valut d’être fort redoutée. Le frère du roi, Philippe, se
renditchezlesAchéens.IlypritpourfemmelasœurdeleurstratègeKalliopos25
,appelée
Alisbis, et cherchait à détruire Doris et son peuple. Et ils avaient peur: tous les peuples
20 Hapax (TLG). Plusieurs interprétations sont possibles. Il peut s’agir d’une caractérisation formelle de
l’ouvrage de Philippe de Sidé, qui serait «plein de détours». Cet adjectif correspondrait assez bien aujugementnégatifqueportePhotiussurPhilippedeSidé(BibliothèqueI,éd.Henry1959,C.U.F.,p.20-21):ἔστι δὲ πολύχους ταῖς λέξεσιν, οὐκ ἀστεῖος δὲ οὐδὲ ἐπίχαρις, ἀλλὰ καὶ προσκορής, μᾶλλον δὲ καὶἀηδής, καὶ ἐπιδεικτικὸς μᾶλλον ἢ ὠφέλιμος, καὶ παρεντιθεὶς ὡς πλεῖστα μηδὲν πρὸς τὴν ἱστορίανσυντείνοντα («Il est verbeux et il manque de distinction et de grâce; il est même ennuyeux, voiredéplaisant;ilestpluspédantqu’instructifetilinsèreàquimieuxmieuxdanssonrécitdesdétailsquin’ontaucunrapportaveclui»).Socrateparlequantàluid’asianismeàsonsujet:ζηλώσαςδὲτὸνἈσιανὸντῶνλόγων χαρακτῆρα πολλὰ συνέγραφε (Socrate, Histoire ecclésiastique, éd. Hansen 1995, VII, 27, 2,p.376):«Cherchantàimiterlecaractèredel’éloquenceasianique,ilécrivaitbeaucoup»(trad.Périchon/Maraval2007,p.103).Cependant, l’adjectifπεριαγωγικήévoqueaussinombred’ouvragesquiontpourtitredesdérivésdeἄγω:ainsil’Épanagogè dePhotiusoul’EisagogèdePorphyre.Περιάγωayantlesensd’«emmeneravec soi»,onpeut icicomprendreque l’ouvrage de Philippe est unguide,unvademecum(maisπεριάγωpeutaussidésignerunmouvementcirculaire,etl’idéede«cycle»nepeutêtreexclue:onpense,aveclemêmepréverbe,àlaPériégèsedePausanias).
21 Cesχρησμῳδίαιἑλληνικαίdésignentpeut-êtreletitred’unesectiondel’ouvragedePhilippedeSidé.22 Plusieursmanuscritsont iciunenégation.Danscecas, il faudraitcomprendrequeὁδέ fait référenceà
Aphroditien,quisansprêterattentionau livre,énonceaussitôtcequ’il faut lire,grâceàsaconnaissanceparfaitedecelui-ci.
23 Danslalanguetardive,ἐνcèdeprogressivementlaplaceàεἰς,quiestseulemployéengrecmoderne,qu’ily ait ou non un mouvement. L’usage de notre texte suit en général la distribution classique des deuxprépositions(voirparexemple7,3;11,6,etc.pourεἰς;3,14;5,10;9,3,etc.pourἐν),maisonobservequelques confusions des deux emplois: ici εἰς Ἑλλάδα sans mouvement (voir aussi 67, 6), et surtoutplusieurscasdeἐνavecmouvement(13,1;19,15,etc.).
24 Attale n’est pas un nom de roi lacédémonien. On le trouve plutôt chez les rois d’Asie, d’originemacédonienne.Peut-êtrelesmanuscritsFetGconservent-ilslaleçonoriginelle.JemaintienscependantC,enl’absencedeparallèlespourcerécitetcespersonnages.
25 Cenomn’estpasconnuparailleurs.OnconnaîtplusieursΚαλλιόπιος,unpréfetd’Orientetunaugustaled’Égypteà l’époqued’AnastaseI,unpréfetdeCilicieà l’époquedeJustinI(cf.Coulie /Yannopoulos /Kindt2000,p.40),maisnulΚαλλίοπος.
alentour, charmés par sa beauté, lui prêtaient assistance, car elle ne s’était pas donnée en
mariageaupremiervenu.Commetousétaientprisdepeuràsavue–elleenavaiteneffet
attaquébeaucoupetlesavaittousanéantis–,lesAchéensjugèrentbond’envoyeràDelphes
des messagers pour y prendre un oracle à ce sujet. Ces hommes s’en allèrent trouver la
prêtresse Euoptia à la fontaine de Castalie26
et demandèrent à connaître ce pour quoi ils
étaientvenus.Celle-cigoûtaàl’eaudelafontaineetréponditainsi:“Philippe27
...frappera
d’unbrastout-puissantlecerclesupérieurquientouretout.”
12. Ils se moquèrent d’elle, la maudirent en disant: “Trois fois maudite, notre
questionportaitsurunefemme;portait-elleparhasardsurunhommevenudeMacédoine?”
Elleleurditqu’unempireinvincibleavaitcommencéàsurgir:elle-même,cethommeetles
hommesquil’accompagnaientl’emporteraientsurtouslesautres.Ilss’éloignèrentpleinsde
mépris pour la prophétesse et se rendirent au temple d’Athéna. Alors qu’on tissait un
vêtement sacerdotal et qu’on y mettait de la pourpre de prix, ils firent irruption avec
arrogance à l’intérieur du temple. La prêtresse Xanthippè, irritée, leur dit: “C’est un
mauvais moment que vous avez choisi là pour entrer, intrus trop pressés!” Ceux-ci
s’irritèrentàleurtouretl’outragèrentaussiencestermes:“Femmeindignedetoutrespect,
étrangère au caractère sacerdotal, tu fais outrage à la pourpre, faveur que les dieux ont
26 La mention de la fontaine de Castalie dès le début de cette collection oraculaire n’est pas anodine: la
littératureapologétiquedesIVeetVesièclesarecoursauxoraclesapollinienspourdémontrerquelesdieuxpaïensonteuxaussiannoncélavenueduChrist.Danscecontexte,commelemontreG.Agosti,lafontainede Castalie devient partie intégrante de la tradition chrétienne, au point d’apparaître notamment sur lamosaïquede l’églisedeQasr-el-Lebia,commeun témoignagede larévélationchrétienneauxpaïens.Audébut du VIe siècle, les oracles apolliniens transmis en particulier par la Théosophie de Tübingenconnaîtrontunelargediffusion,dontnotretextesefaitl’échoplusloin(Agosti2003,p.563-564).
27 SelonBratke(1899,p.146),PhilippeestlenomdonnéàAlexandredanslalanguedecetoracle,àcausedesonchevalBucéphale.Maislasuiteestunecorrection.Lesvariantesdecetoraclesontnombreuses:ilsediviseendeuxparties,dontlapremièreestattestéeparABCDFGHO,etlaseconde,plusclaire,parQ,JeanDamascèneetBasile.LemanuscritNcombine lesdeux.La restitutionparBratkedeπελλαῖοςestintéressante:c’est lemotattesté–à lagraphieprès–parΠetG(πέλλεος)et l’oraclesedoitd’évoquer“unhommevenudeMacédoine”,commel’indiquelarépliquedesmessagersdesAchéens.Lerestedesaconjecture s’éloigne davantage des manuscrits. Π donne le texte qui se rapproche le plus d’un énoncéviable:lamentiondes«compagnons»(πομπούς),auxquelslaprêtressefaitallusionparlasuite(οἱμετ’αὐtοῦἄνδρες),s’expliquebien;ilfautpeut-êtrelireparailleursυἱόν,etnonἰώνouυἱῶν,etrattachercetaccusatifàκυκλεύοντα,pouréviterdevoirenPhilippeunedésignationd’Alexandre.Restentlaquestiond’Olympias/Olympe et la difficulté d’ἀνασίας / ἀνάκτας (GHO). Devant ces multiples difficultés etincertitudes, j’ai renoncé à intervenir sur le texte de C, aucun des témoins ne présentant de versionvraimentsatisfaisantedupassage.Lasecondepartiedel’oracle(ὀψέποτέτις...)posemoinsdeproblèmes.L’allusionauChristyestplusévidente:δίχασφάλματοςγενήσεταισάρξ(«unechairnaîtrasansqu’ilyait faute»), πρὸς ὕψος κρεμασθήσεται ὡς θανάτου κατάδικος. Ταῦτα δὲ πάντα ἑκὼν προσπείσεταιφέρων («il sera pendu comme condamné à mort, et il endurera tout cela de son plein gré»). Les deuxélémentsdel’oracleontsansdouteétéindépendantsàl’origine:ils’agitdedeuxoraclessuccessifs.
accordéeauxroisetquipermetàceuxquilaportentd’obtenirhonneuretgloire.Cessede
divaguer.Calmetonivressesansvin,arrogantebonimenteuse!”Elleleurrépond:“Cen’est
pasàmoiquevousavezadressécespropos,maisauxdieuxquel’onnepeutoutrager.Au
reste, allez-vous-en avec un présage certain: un homme dans la force de l’âge, fruit actif
d’une couche mêlée, un chef28
ayant la force invincible d’un dieu invincible, encerclera
commeunœufl’universinfini29
,aprèss’êtreemparédetousparlalance30
.”Ilssoufflèrent
sur elle31
et s’éloignèrent en prononçant des paroles impies contre les dieux. Ils disent:
“Nous ne parviendrons à rien si nous ne nous rendons pas auprès d’Apollon Phœbus et
Grand32
.”
13. Ils entrèrent dans le temple d’Apollon et formulèrent cette prière: “Dieuxvainqueurs et purs, dieux immuables
33, pourquoi traitez-vous ainsi vos serviteurs qui
demandentàgagneruneguerrecontreunefemme?Vousnousprécipitezd’uneguerredans
28 J’adopteicilaleçontransmiseparl’homéliedeJeanDamascène,quisecomprendbienmieux.29 Cf.Roman d’AlexandreI,11:«Quelquesjoursplustard,alorsquePhilippeétaitassisdansunjardinde
sesdomainesroyaux–desmultitudesd’oiseauxremarquableshabitaientl’endroit–,voilàquesoudainunoiseauplongeantdanslepoitrailduroiPhilippeyponditunœuf.Etcelui-ci,roulanthorsdesonpoitrail,tombaetallasebrisersurlesol.Ils’enéchappaunpetitserpentqui,s’enroulantautourdel’œuf,cherchaitànouveauàentrerd’oùilétaitsorti.Et,rentrantsatêteàl’intérieurdelacoquille,ilmourut.Bouleversé,leroiPhilippeenvoyachercherun interprètedesigneset luiraconta l’événement.L’interprète luidit,sousl’inspiration de la divinité: “Roi, tu auras un fils qui fera le tour du monde entier, soumettant tous leshommes à sa propre puissance mais qui, en retournant vers son royaume natal, mourra rapidement.”»(Pseudo-Callisthène,Le Roman d’Alexandre,trad.Bounoure/Serret1992,p.10-11).
30 Ἁλῶν:Bratkerenvoiedanssonindexàuneexplicationproposée:ils’agiraitd’unenouvelleformationdeprésentàpartird’unthèmed’aoriste(dutypeμολῶd’aprèsἔμολον):ἁλῶd’aprèsἡλάμην.Maisἅλλομαιn’estpas transitif. Uneautrepossibilitéconsisteraitàyvoirune formeactive (transitive)deἁλίσκομαι(ἁλίσκωestattestéauprésent).Onauraiticiuneformed’aoristethématiquetransitif(avecuncirconflexeinexplicable), différente du participe aoriste intransitif, qui est athématique (ἁλούς). Cependant, lesformationsrécentesd’aoristesontplutôtsigmatiques.Ilpeutaussis’agird’unecorruptiondeἑλών,quiestattestéparS,TetleVatopédi431,etsousuneformépréverbéeparlemanuscritJ.
31 Ilsepeutqu’onaiticiunevarianteduronflementmaléfiqueattestéplusloin,lorsdesopérationsmagiquesdeHorikatos.
32 Lerecoursauxoraclesd’ApollondansuneperspectivechrétienneestdeplusenplusfréquentàpartirduIVesiècle.LesoraclesapolliniensacquièrentalorsuneautoritécomparableàcelledesLivres sibyllins(cf.Busine2005,p.369-373).
33 L’adjectifἄρευστος,peufréquent,estemployéparDidymedansdesconsidérationstrinitaires:καθὰοὖναὐτοῦ ἡ τῆς ἐνανθρωπήσεως κάτω γέννησις ἑτέρᾳ γεννήσει οὐ συγκρίνεται - ἐκ παρθένου γὰρἄρευστος,ἀπήμαντος,ὅπερἡφύσιςἡμῶνοὐκἔχει-,οὕτωκαὶἡἄνωγέννησιςἀκατάληπτοςὑπὲρτὸπλέον καὶ πᾶσαν ἐξαλλάττουσα γέννησιν ὑπάρχει («Wie nun die Geburt bei seiner irdischenMenschwerdung mit keiner anderen verglichen werden kann (aus einer Jungfrau wurde er ohneVeränderungundohneSchadengeboren,wasunsererNaturnichteigenist),soistauchseinehimmlischeGeburt völlig unbegreiflich von jeder (anderen) Geburt», Didymus der Blinde, De trinitate, I, 15, 48,éd.-trad. Hönscheid 1975, p. 62-63). On retrouve néanmoins dans cet adjectif la caractérisation trèscourantedudivinparlanégative,fréquentenotammentdanslesoraclesapolliniensrapportésparDidyme(cf.Busine2005,p.395).
uneautre34
;n’agissezpasainsi,immortels,maîtresvéritables,vousquinousavezaccordélesplusgrandsavantagesmatériels,donnez-nousplutôtdesoracles
35:queva-t-ildoncnous
arriver?” Et soudain surgit une voix invisible qui parlait ainsi: “Le trépied ayant tournétrois fois sur lui-même, dit-elle, le prophèteva jusqu’au fond
36 – car il y avait un triple
oracle: un être envoyé du ciel sur le sol37
de la terre pour apporter l’aurore, une foisengendré,vitdans lamatière,semodelantuncorpsdans leventred’une jeunefille.Elleapournomdeuxfoissoixante-seize
38;ilmettraàbasvossouverainetésettoutevotremajesté
sacréeettransféreraausommetdelasagessebienheureusel’honneurdetoutegloire.”»
Analyse d’Aphroditien
14.Aphroditiendit:«Vousm’apprenez,commesic’étaitquelquechosed’extraor-dinaireetquim’aurait,paraît-il,selonvouséchappé
39,quecesparolesconcernentbien le
MacédonienetvotreChrist;maisleMacédonien,aprèsavoirmarchéinopportunémentsurlesprovincesperses,s’enestretiréopportunément,tandisqueleChrist,bienquevaincu,l’aemportéencouvrantdedéshonneurlesmanœuvresdesconspirateurs.»
15.Lesévêquesrépondirent:«Riendecequiatraitàlaconnaissancen’aéchappéàtascienceperspicace.MaiselledoutaitdesoraclestransmisparPhilippe;c’estpourquoi,cequ’ilyalàdevraietd’utile,livre-le-nous,ànousquinousenremettonsàtasérénitépournotresalut.» 34 Laconstructiondeἐμβάλλωposeproblème.Ilfautsupposerpourπολέμουungénitifsansprépositionau
sens de “au sortir d’une guerre”. Le manuscrit A donne une construction plus claire que celle qui estéditée:ἐπὶπόλεμονπολέμουςἐμβάλλετεἡμῖν.
35 Il s’agit ici du substantif δῆλος employé au pluriel par la Septante (voir notamment Nb 27, 21) pourdésignerl’urim(cf.Diccionario griego-españols.u.δῆλος:«revelacióncomponentedecaráctermánticodelpectoraldelsumosacerdotejudío»).LeDiccionario griego-español citenotretexteparmilesemploisdérivésdeceluidelaSeptante,ausensplusgénérald’oracle,derévélation.
36 Leverbeπυθμεύωposedesdifficultésd’interprétation.Iln’estattestéqu’uneseulefoisparailleurs,dansl’inscriptiond’Ikariaquitransmetunoracleapocryphed’Apollon(connuégalementparlaThéosophie de Tübingen ouencoreparMalalas,cf.note50):ἐγὸ<δ>ὲπυθμεύο,ὅσαμὲνπρὸςἁ[ρετὴνκα]ὶκόσμο<ν>ὤρωρεν |ποῖτε(cf.Feissel,2006,p.76-77).Laplupartdesautrestémoinsdecetoracleontἐφετμεύωenlieuetplacedeπυθμεύω.Faut-ilyvoiruneallusionàApollonPythien,comme lesuggèreD.Feissel?Sansdoute,aumoins sous formede jeudemots.S’agit-ild’undérivédeπυθμήν,comme lecomprendLampe?Etdanscecas,quelletraductionadopterdansnotretexte?Lampecomprend«extraitlaracine».Onpeutaussiyvoirunsensplusconcret:leprophète«vajusqu’aufond»dutrépied-chaudron,pourenextraire les trois oracles. C’est ce que je traduis ici. Mais ce sens paraît difficilement transposable àl’inscription d’Ikaria, qui implique une idée d’ordre. La suite de l’inscription d’Ikaria évoque, dans saformulation,lesassertionsd’Aphroditiensurlavéritéetlajustice(voirnote43).
37 Πέδισμαestunhapax.38 Mαρία:valeurnumériquedeslettres(40+1+100+10+1),selonleprocédédel’isopséphie.39 Je corrige le texte de C, la négation μή étant ici incorrecte et λανθάνω se trouvant dans ce témoin
dépourvu d’objet. Les évêques distingueront ensuite l’interprétation des oracles, qui n’a pas résisté à lascienced’Aphroditien,delavéritémêmedecesoracles,quelephilosophepeutencoremettreendoute.
16.Aphroditiendit:«Vouspensezque j’ignore lesopinionsprofesséesausujetdu
Christ;maisparcequ’iln’yapasunevoixuniqueniuneboucheunique40
,quesonpartise
multiplie, que ce parti ne se définit pas à ses propres yeux ou encore qu’il se déchire en
introduisant lui-même des opinions divergentes, tandis que les juifs tiennent un autre
discoursàsonsujet–eteneffetj’aiétéamenéàlireleurstextesetj’aiprisconnaissancedes
vôtres; lesÉcrituressontcohérentes,maisceuxqui lesmanientsontendésaccord–,pour
cela,lacausedeschrétiensestdiscréditée,entravéeparleursproprescontroverses,etonles
considèrecommeincohérentsetirréfléchis41
.»
17.Lesévêquesdirent:«Quelpeuplene luttepascontre lui-même,par lepasséet
aujourd’huiencore?LesjuifsluttentcontrelesSamaritains,lespaïensdemêmequivivent
sansexpériencedelareligion;eneffetlesjuifsetlesSamaritainsdisentqueleChristn’est
pasencorevenu,tandisquelespaïensontannoncémalgréeuxlesopinionsàsonsujet,dela
mêmemanièrequelesprophètesl’ontenseignéeuxaussi.»
18.Aphroditien:«Maisvousnedevriezpasvousopposer,vousdontonditquevous
vousêtesélevésau-dessusdetoutpeuple;maissivouslesupportez,jepeuxvousraconter
au sujet du Christ des oracles dix mille fois plus nombreux42
; mais à voir que ce qui le
concerneestainsicontestéparsonproprecamp,monespritestperplexe;etnonpaspour
cette seule raison, mais aussi parce que même son peuple ment de toutes ses forces, sans
jamais tenircomptede lavérité,parcequ’ilest injuste,qu’il secomplaîtdansdesunions
infâmes, qu’il est violent, tous s’empressant de se perdre mutuellement, chacun croyant
commebonluisembleetpréférantsavolontéàlatradition.Toutcelaestimpropreàlavraie 40 JecorrigelemanuscritCsurlabasedeFGJKΠ,quiontδιὰτό,etnonleseulτό,quiestsyntaxiquement
difficileàmaintenir.41 Rupturedeconstruction(onattendἀσυστάτωνὄντων).42 L’adjectif μυριοπλάσιος, bâti sur le même modèle que πολλαπλάσιος («plusieurs fois aussi grand ou
aussi nombreux», ou encore «qui se multiplie»), peut ici s’entendre de diverses manières. On peutcomprendrequ’ils’agitd’oraclesserenouvelantdesdizainedemilliersdefois,etyvoiruneallusionau§84,quidécritlarépétitiondelamêmescènechaqueannéedansletemple.Maisonpeutaussiyvoirunemanière pour Aphroditien de rivaliser avec les oracles précédemment énoncés. Et de fait, l’emploi del’adjectif avec une valeur comparative est bien plus fréquent que son emploi absolu (pour un exempled’emploiabsolu,voirPs67,18):ontrouvenotammentuneformeadverbialeμυριοπλασίωςdanslaLXX,Sir 23, 19, pour indiquer que les yeux du Seigneur sont dix mille fois plus lumineux que le soleil; demême, Théodoret déclare que μυριοπλάσιοι γὰρ τῶν πάλαι πεπιστευκότων οἱ νῦν τῷ τῆς πίστεωςὀνόματι καλλυνόμενοι («ceux qui aujourd’hui se parent du nom de la foi sont dix mille fois plusnombreuxqueceuxquiavaientlafoijadis»;ThéodoretdeCyr,Graecarum affectionum curatio,IX,PG83, 1044C); dans la Dissertatio contra Iudaeos anonyme éditée par Hostens, enfin, on trouve uneformulationsemblableàlanôtre:ΤαύταςμενοῦνκαὶμυριοπλασίουςἑτέραςπαραδοξοποιΐαςπερὶτοῦΧριστοῦ καὶ σωτῆρος ἡμῶν τὸ εὐαγγέλιον ἀνιστόρησεν (Anonymi auctoris Theognosiae Dissertatio contra Iudaeos, 5, 346-348, éd. Hostens 1986, p. 94). Étymologiquement, les adjectifs en -πλάσιοςreposentsuruneracine*pel-,«plier»(cf.Chantraine1999:s.u.διπλάσιος).
religion.C’estpourquoijevousinviteàm’écouterpatiemment;jecroisàlafoisêtreutileet
entireruneutilité:carsijevoussuisutile,j’entireraimoi-mêmeuneutilité.Leslouanges
quevousm’accordez,jenelesacceptepas:eneffet,jenesuisrien.J’aienhorreurtoutce
quiest faitpourobtenir la faveuret je repousse toute laconsidérationque l’onachez les
hommes.Cequitendàlavéritémeréjouitetcequitendàlajusticefaitmonbonheur43
.Et
ce n’est pas parce que je recherche la gloireque je tiens ces propos: puisse-t-il ne jamais
m’arriverdefairequoiquecesoitpourcomplaireauxhommes;enrevanche,cequiparaît
bonauregarddes loisquiplaisentàDieu,voilàceque jeveuxdire,voilàceque jeveux
faire. Au reste, bons pontifes – car je ne vous appelle pas pontifes des chrétiens, mais
ministresducultedelapuissancedivine–,soyezattentifsàmesparoles,commeilconvient
àvotresacerdoce.
Récit d’Aphroditien : l’annonce de la naissance du Christ en Perse
19.«C’estlaPersequifitconnaîtreleChristdèsledébut.Rienn’échappeeneffetà
ses hommes instruits dans la loi, qui sont scrupuleux en tout. Je dirai ce qui est consigné
dans les coffrets44
d’or et se trouve45
dans les temples impériaux, car c’est depuis les
temples de ce pays que l’on entendit pour la première fois le nom du Christ. Le temple
d’Héra, en effet, qui se trouve à proximité des palais impériaux, celui que le roi Cyrus,
connaisseurdetoutepiété,fitconstruire,danslequelilconsacradesstatuesd’oretd’argent
des dieux et qu’il orna de pierres précieuses46
– mais je ne veux pas m’étendre sur la
décoration...:encetemps-là,donc,commenousl’apprennentlestablettesécrites,alorsque
leroiétaitentrédansletemplepourrecevoirl’interprétationderêves,leprêtreProuppipos
43 Voiràcesujetl’inscriptiond’IkariaouencorelaversiondecetoracledanslaThéosophie de Tübingen:
ὅσαμὲνπρὸςἁ[ρετὴνκα]ὶκόσμο<ν>ὤρωρεν|ποῖτε(cf.notes36et50).44 Cemot,ainsiquesavarianteἀρκλαρικήattestéeparOSΘ,estunhapax.Onpeuttoutefoissupposerqu’il
s’agitd’undérivé(oud’uneformecorrompue)deἄρκλα,attestéparK,quiestemployécommesynonymedeθήκηetquicorrespondlatinarca(cf.NicétasStéthatos,Vie de Syméon le Nouveau Théologien,125,18:δεῦροτῇθήκῃφησίν,ἣνἄρκλανκοινῶςὀνομάζεινεἰώθαμεν;voiraussilesprécisionsdeGrégoiredeCorinthe, Commentarium in Hermogenis librum Περὶ μεθόδου δεινότητος, 7, 2, p. 1122: ἀρκάριος ὁθησαυροφύλαξ·ἄρκαγὰρπαρὰΡωμαίοιςἡπαρ’ἡμῖνἄρκλα).Lesimple lui-mêmen’estattestéqu’àpartirduIXesiècle,àl’exceptionduRomand’Alexandre,danslequelilapparaîttroisfois.
45 Noterladiscordancedansl’accorddesdeuxverbesavecleursujetneutrepluriel.46 Toutcerécitprésentedespointscommunsavecleculted’AtargatisàHiérapolis,dontl’ouvragedeLucien
Sur la déesse syrienne (éd.Harmon1961)constitueunesourceessentielle(cf.Hörig1984,p.1538-1546).LucienrapportequepourlesGrecs,ladéessedecetemplen’étaitautrequ’Héra.L’édificeétaitl’œuvredeDionysos,commel’indiquentdenombreuxsignesdansletemple(ch.16)–sarévoltedansnotretexte(§24-25)pourraitsejustifierparsaqualitédefondateurdusanctuaire.Lesimagesdesdieuxsedéplaçaientetfaisaiententendredescris(ch.10).Maissurtout,ladescriptionparLuciendel’imaged’Atargatis(ch.32)présentedesressemblancesfrappantesavecl’oracledel’étoile(cf.§22).
luidit:«Jemeréjouisavectoi,seigneur:Héraestenceinte.”Leroisouritetluidit:«Elle
estenceinte,ellequiestmorte47
?”Ilrépondit:«Oui,ellequiétaitmorteestressuscitéeet
enfanteunevie.”
20.Leroi:«Qu’est-cequecela?Éclaire-moi.”Ilrépondit:«Vraiment,maître,ton
arrivéeenceslieuxestopportune:toutelanuit,lesstatuesn’ontcessédedanserenchœur,
hommesetfemmes,ensedisantlesunesauxautres:‘Allons,réjouissons-nousavecHéra!’
Etellesmedisent:‘Interprètedesdieux,viens,réjouis-toiavecHéra,carelleaétéaimée.’
Je dis: ‘Qui48
donc pouvait être aimé? elle qui n’est pas?’ Elles répondent: ‘Elle est
ressuscitéeetnes’appelleplusHéra,maisOurania,carlegrandHéliosl’aaimée.’Maisles
femmesdisaientauxhommes,sansdoutepourdéprécier l’affaire: ‘C’estSourcequiaété
aimée. Pourrait-il s’agir d’Héra? Elle a épousé un charpentier!’ Et les hommes disent:
‘Qu’ellesoitàjustetitreappeléeSource,nousl’admettons49
.MaiselleapournomMyria50
,
elledontleventreestchargécommel’estsurlamerunvaisseauportantunecargaisond’une
myriadedeboisseaux.SielleestaussiSource,celadoitseconcevoirainsi:unesourced’eau
fait couler continuellement une source d’esprit en ce qu’elle possède un unique poisson
attrapéparl’hameçondeladivinité,quinourritdesaproprechairtoutl’universcommes’il
setrouvaitdanslamer51
.Vousavezditàjustetitrequ’elleaépouséuncharpentier:ellea
47 Onesttentédecorrigerici,ainsiquedanslaréponseduprêtre,ἡθανοῦσα,transmisparl’ensembledes
témoins,enἦθανοῦσα(«vraiment,est-elleenceinte,alorsqu’elleestmorte?»).Cependant,l’auteurfaitun usage similaire de l’article défini peu après: ἡ μὴ οὖσα, où le participe substantivé a lui aussi unevaleurconcessive.Jeconservedoncletextedesmanuscrits.
48 La variante πῶς (F) rend mieux compte du sens de la question: l’idée semble bien être «commentpouvait-elleêtreaiméealorsqu’ellen’existepas?».
49 Cf.Hésychius:ΑΔΑ·ἡδονή.πηγή.καὶὑπὸΒαβυλωνίωνἡἭρα.50 Cenomapparaîtégalementdans laversionattestéepar laThéosophie de Tübingende l’oracleapollinien
apocryphe annonçant une divinité trine: Ὅσα μὲν πρὸς ἀρετὴν καὶ κόσμον ὄρωρε, ποιεῖτε· ἐγὼ γὰρἐφετμεύωτρὶςἕναμοῦνονὑψιμέδονταθεόν,οὗλόγοςἄφθιτοςἐνἀδαεῖκόρῃἐγκύμωνἔσται·ὅστιςὥσπερτόξονπυρφόρονμέσονδιαδραμὼνκόσμονἅπανταζωγρήσαςπατρὶπροσάξειδῶρον·αὐτῆςἔσται δόμος οὗτος, μυρία δὲ τὸ ὄνομα αὐτῆς (Anonymi Monophysitae Theosophia, éd. Beatrice 2001,p.26-27, l. 428-432). Τὸ ὄνομα est une correction proposée par P. F. Beatrice pour τοὔνομα. Cetteinterventionnesemblepasfondée,sil’ontientcompteduparallèleavecnotrepassage.
51 CepassageaétérapprochéparKaufmann1901,p.529-548)desvers12-16del’épitaphed’Abercius:(...)Πίστιςπάντῃδὲπροῆγε / καὶπαρέθηκε τροφὴνπάντῃἸχθὺνἀπὸΠηγῆς /πανμεγέθηκαθαρόν, ὃνἐδράξατο παρθένος ἁγνή, / καὶ τοῦτον ἐπέδωκε φίλ{ ι} οις ἔσθειν διὰ παντός, / οἶνον Χρηστὸνἔχουσα,κέρασμαδιδοῦσαμετ’ἄρτου(Hirschmann2000,p.109:texterésultantdelaconfrontationdesfragments de l’épitaphe d’Abercius, d’une imitation de celle-ci par une autre épitaphe et de la Vie d’Abercius). L’idée du poisson conçu par une source et servant de nourriture est en effet commune àl’épitaphe et à l’épisode de la Pègè. Mais ces symboles chrétiens sont largement attestés (cf. Daniélou1961,p.49-63,quiretientcependantsurtout lesensbaptismal).Ceparallèle,dès lorsque l’ondonnedel’épitaphe une lecture strictement chrétienne, n’explique pas ce qui constitue l’originalité essentielle denotretexte:latranspositiondecessymboleschrétiensdansuntemplepaïenetl’assimilationdeSourceà
eneffetuncharpentierpourmari,maisilnevientpasdesonlit,lecharpentierqu’ellemet
aumonde52
.Lecharpentierquiestenfanté là, l’enfantducharpentierenchef,acharpenté
avec un art consommé le ciel composé de trois parties pour en faire un toit et maintient
assembléparleVerbecefirmamentàtroishabitations53
.’Lesstatuesrestèrentàsequereller
ausujetd’HéraetdeSourceetdirentàl’unisson:‘Quandlejours’achèvera,nousyverrons
clair,tousettoutes’.Àprésentdonc,maître,restepourlafindelajournée:l’affairerecevra
uneélucidationtoutàfaitcomplète.”
21.Leroirestalà,ettandisqu’ilobservaitlesstatues,lesjoueusesdeharpesemirent
automatiquementàfrapper lescordesde leursharpeset lesmusesàchanter54
;et tous les
quadrupèdeset lesoiseauxd’oretd’argentquiétaientà l’intérieurchantaientchacun leur
proprevoix.Leroifrissonnaetlapeurlesaisittoutentier–ils’apprêtaitàs’éloigner,caril
ne supportait pas le vacarme des automates, lorsque le prêtre lui dit: «Reste, roi:
imminenteestlarévélationcomplètequeledieudesdieuxachoisidenousfaire.”
22.Àcesmots,letoits’entrouvrit,uneétoilebrillantedescenditets’arrêtaau-dessus
delastatuedeSourceetunevoixsefitentendre:«MaîtresseSource,legrandHéliosm’a
envoyét’avertiretenmêmetempst’assisterpourcequitouchel’enfant,luiquiconclutune
Héra.L’hypothèsedeF.J.Dölgerpermetd’allerplusloin:l’existenced’uncultedupoissond’Atargatisetd’une légende qui évoque un fils de la déesse nommé IXΘΥΣ sont des indices supplémentaires quirapprochent notre récit du culte d’Hiérapolis. Ce culte (à Hiérapolis et dans ses filiales le long del’Euphratejusqu’àBabylone)comprenaitunsacrificedepoissons,dontlesprêtresfaisaientunrepassacré.C’estcequipermettraitdecomprendrepourquoiilestquestionicid’unpoisson(leChrist)quinourritdesachair lemondeentier.L’auteurutilisesimultanément lesacrificedupoissonsyrienet lepoissoncommeemblème de l’eucharistie (Cf. Dölger 1922, II, p. 252-262, § 14: «Der Kult von Hierapolis und dasReligionsgesprächamHofderSassaniden»).
52 CelseavaitreprochéauxchrétienslefaitqueJésusaitétéuncharpentier(voirlaréfutationd’Origène,VI,36). Notre auteur va donner une explication métaphorique de cette qualification qui pouvait paraîtreétrange.L’explicationdeJustin(Dialogue avec Tryphon88,8,éd.Marcovich1997)estplusconcrète:«ilpassait pour un charpentier (car tandis qu’il était parmi les hommes, il fabriquait ces ouvrages descharpentiers: des charrues et des jougs, s’en servant pour enseigner les symboles de la justice et la vieactive)»(trad.Archambault1909,II,p.77-79).
53 Lejeusurπηγή/πήξας,quivientrenforcerl’imageduChristτέκτων,pourraitavoirunréelfondementétymologique:certainsnomsdelasourceévoquentl’idéede«froid,glacé»(cf.Hésychius:νίβα·χίονακαὶκρήνη)etπηγήadoncétérapprochédeπήγνυμαιausensde«sefiger,seglacer»(Chantraine 1999).
54 Ledéplacementdesstatuesetl’émissiondesonssontdesphénomènesattestés(cf.Hajjar1990,p.2291),obtenus parfois par des mécanismes raffinés. On pense aux théâtres d’automates hydrauliques etpneumatiques d’Héron d’Alexandrie, et notamment au petit temple de Dionysos dans lequel desBacchantesdansaientàl’aidedesystèmesdepoidsetdecontre-poids(cf.Schürmann1991,p.173-201,etsurtout p. 195-196; voir également la description de la représentation entièrement automatique deNauplius,drameencinqactes,dansSablière1966,p.23-30).Pourlaproductionautomatiquedesons,voirlesPneumatiquesd’Hérond’Alexandrie,trad.Argoud/Guillaumin1997,p.134-135,138-139,180-181.
unionsanssouillureavectoi55
,toiquidevienslamèredupremierdetouslesordres,toiqui
es l’époused’uneuniquedivinitéà troisnoms.L’enfantquin’estpas issud’une semence
s’appelleCommencementetFin:commencementdusalut,findelaperdition.”Etaprèsque
cettevoixeutétéémise, toutes les statues tombèrent facecontre terre.SeuleSource resta
debout. On voyait, posée sur sa tête, une couronne royale, comportant à son sommet une
étoileincrustéedegrenatsetd’émeraudes56
.Au-dessusd’ellesetrouvaitl’étoile.
23.Àcespectacle,leroiordonnadefairevenirtouslessagesinterprètesdessignes
quiétaientsoussonpouvoir.Àl’appelpressantdestrompettesdeshérauts,tousserendirent
autemple;lorsqu’ilsvirentl’étoileau-dessusdeSource,lacouronneaveclapierreenforme
d’étoileetlesstatuescouchéesausol,ilsdirent:«Roi,uneracineinspiréeparlesdieuxet
royaleapointé,quiportelestraitsd’unroicélesteetterrestre:eneffet,Sourceestlafillede
KariadeBethléem57
,lacouronneestuninsigneroyal,l’étoileestuneindicationcélestequi
annoncelesévénementsextraordinairesquivontseproduiresurlaterre.DeJudas’estlevé
unroyaumequidétruiratoutsouvenirdesjuifs.Lefaitquelesdieuxsoientcouchésausol
indiquequ’estarrivéelafindel’honneurqu’onleuraccordait:carceluiquiestvenu,étant
d’une plus ancienne dignité, ébranlera ceux qui sont nouveaux dans cette dignité58
. À
55 JecorrigeiciletextedeC,laleçonτόκονposantdesdifficultésdetraduction.Cetteerreurapuseglisser
indépendammentdansplusieursmanuscrits,lemotτόκονapparaissantpeuavant.56 Cf.Lucien,Sur la déesse syrienne,éd.Harmon1961,p.386(ch.32):Χειρὶδὲτῇμὲνἑτέρῃσκῆπτρον
ἔχει,τῇἑτέρῃδὲἄτρακτον,καὶἐπὶτῇκεφαλῇἀκτῖνάςτεφορέεικαὶπύργονκαὶκεστὸντῷμούνηντὴνΟὐρανίηνκοσμέουσιν.Ἔκτοσθενδέοἱχρυσόςτεἄλλοςπερικέαταικαὶλίθοικάρταπολυτελέες(...).Τὸδὲδὴμέζονοςλόγουἄξιον,τοῦτοἀπηγήσομαι·λίθονἐπὶτῇκεφαλῇφορέει·λυχνὶςκαλέεται,οὔνομαδὲοἱτοῦἔργουἡσυντυχίη.Ἀπὸτούτουἐννυκτὶσέλαςπολλὸνἀπολάμπεται,ὑπὸδέοἱκαὶὁνηὸςἅπαςοἷονὑπὸλύχνοισιφαείνεται.«D’unemain,elletientunsceptre;del’autre,unfuseau.Sursatête, elle porte des rayons, une tour et le bandeau dont on orne la seule Aphrodite Céleste (Οὐρανίη).Extérieurement,elleestcouverted’oretdegemmesinfinimentprécieuses(…).Maisl’objetquimériteuneplusgrandeattentionestceluidontjevaisprésentementparler.Sursatête,cettestatueporteunegemmequ’onappelleLychnis,etcenomluiprovientdesapropriété.Decettegemmejaillitdurantlanuitunesivive lueur, que le temple est par elle éclairé tout entier, comme par des lampes.» (trad. Meunier 1947,p.98-99).
57 Bratkeexpliquel’apparitiondunomdeKariaparunenouvelleénigmedelalangueoraculaire(lenomdelamèredeMarieestAnne,selonl’ensembledelatradition,quiremonteauProtévangile de Jacques):demême que le nom de Marie n’est pas dévoilé, de même celui de sa mère est-il remplacé par un nommystérieux. Mais le choix précis de Karia n’est pas clair à ses yeux (Bratke 1899, p. 180). Dans lesversionsslaves,cenomest transcritparKarinouparKorin’(cettedernière transcription introduisantunjeuphonétiqueaveckoren’«racine»,quiapparaîtjusteavant).Iln’estpascompriscommelenomdelamèredeSource,maiscommeuneappositionausujet:«Source-KarinestfilledelaterredeBethléem».LatraductionroumainedonneMaria(«dieQuelle,jetztMaria,isteinMädcheninBethlehem»).Legrecprésentedesvariantes:Kυρίας,MαρίαςetMακαρίαςlorsdeladeuxièmeoccurrencedecenom(25,11).Cesdivergencessontpeut-êtreunsignedeperplexitéfaceàunetraditioninconnueparailleurs,maisellespourraientaussiêtreunindicedecorruptiontextuelle(peut-êtreunancienMακαρίαςpourdésignerAnne).
58 Idéedel’antérioritédumonothéisme,argumentfréquemmentinvoquédanslapolémiquecontrelespaïens.
présent, donc, roi, envoie des hommes à Jérusalem: tu trouveras le fils du Tout-Puissant,
porté corporellement dans les bras corporels d’une femme.” L’étoile resta au-dessus de
Source,appeléeOurania,jusqu’audépartdesmages59
.Etalorselles’enallaaveceux.
24.Tarddanslasoirée,Dionysosapparutdanslemêmetemplesanssoncortègede
Satyres et dit aux offrandes: «Source n’est plus l’une d’entre nous, elle est au-dessus de
nous,puisqu’elleenfanteunhommequiestau-dessusdenous, fruitde laFortunedivine.
PrêtreProuppipos,quefais-tuassis là?Uneactionconsignéeparécritnousest intentéeet
nous sommes sur le point d’être convaincus de mensonge par une personne active. Les
manifestations que nous avons produites, nous les avons produites. Ce que nous avons
commandé,nousl’avonscommandé60
.Nousnerendonsplusd’oracles.Notrehonneurnous
a été retiré. Nous voici privés de gloire et de marques d’estime, car un seul entre tous a
reprisl’honneurquiestlesien.”
25.Ilsdirent:«Cessedetempêter61
.LesPersesneperçoiventplusdetributspourla
terreetl’air,carceluiquiaétablicesélémentsestlà,pourapporteràceluiquil’aenvoyé
destributsproductifs,celuiquirestaurel’ancienneimage,reliel’imageàl’imageetamène
ledissemblableàlaressemblance62
.Lecieletlaterreseréjouissentdeconcert,laterrese
59 Ἄχριςἄνestenprincipesuividusubjonctif.LaleçondeOQΠprésenteunesyntaxemoinsirrégulière.Un
cascomparableapparaîten18,3:ἐὰνἀνέχεσθε.60 La formulation évoque celle de Pilate dans Jn 19, 22 (Quod scripsi, scripsi, ὃ γέγραφα, γέγραφα).
Néanmoins, le sens du passé est ici différent: plutôt qu’un fait sur lequel on ne revient pas, les deuxformules évoquent ici une autorité déchue, qui relève désormais du passé. Dionysos emploie d’ailleursl’aoriste,Pilateleparfait.
61 LetexteéditéparBratke(εἶπονΜιθροβάδῃ)devaitsetraduirepar«dis-leàMithrobadès»(cf.Schwartz1894,p.2791etBratke1899,p.164etp.300),etc’estbienainsiquel’entendlemanuscritQnotamment,quiajouteunarticledevantlenompropre.Pourεἶπονcommeimpératif,cf.Jannaris1987,p.122et996,86. On peut aussi comprendre qu’il y a changement d’interlocuteur, les autres statues prenant la parole(«ellesdirentàMithrobadès»).Cettesolutiona leméritede tenircomptede la rupturede tonentre lesdeuxpartiesdudiscours: laseconde interventionne laisse transparaîtreaucunevéhémence,aucundépit.Maisdans lesdeuxcas, l’irruptiondecenomdeMithrobadès/Mihr-bādestdifficileàexpliquer.Bratkecomprendqu’ils’agitduroi,maiscelui-ciassisteàlascèneetDionysospourraits’adresserdirectementàlui; par ailleurs, il est curieux que son nom apparaisse aussi tard dans le récit. De plus, la plupart desmanuscritscomportentletexteμὴθροβάδει(-δη),ainsiaccentué.Leslaveinviteàrestituerplutôtεἶπον·Μὴθορύβει(cf.Bobrov1994,p.103:Pечеже:“Неплищюй!”-«Ildit:“Net’agitepas!”»).C’estcequejetraduis.Maisleconsensusdesmanuscritsautourd’uneformeθροβάδει(-δη)tendàindiquericilaprésence d’un autre verbe, non attesté par ailleurs, de sens voisin de θορυβέω. La mention d’unMithrobadès/Mihr-bāddansledécretfinal(§83)expliquepeut-êtrelacorruption,maisellen’obligepasàmaintenirlenomdanscecontexteprécis,quiestbienantérieuraumomentdelacontroverse.Unedernièrepossibilité consisterait à voir ici une forme adverbiale corrompue, ayant le sens de «sans se troubler»(«ilsdirentsanssetroubler»).
62 Εἰκών et ὁμοίωσις renvoient à Gn 1, 26: Ποιήσωμεν ἄνθρωπον κατ’ εἰκόνα ἡμετέραν καὶ καθ’ὁμοίωσιν. Εἰκών désigne ensuite l’image de Dieu dans l’homme, perdue au moment de la Chute et
vanted’avoirreçuducielunsujetdevanité.Cequin’apaseulieuenhautaeulieuenbas.
Celuiquen’apasvul’ordredelafortune,l’ordredel’infortunelecontemple;lesunssont
menacés par la flamme, les autres ont la rosée à leurs côtés. Karia a le bonheur de voir
SourcemettreunenfantaumondeàBethléem.Sourcealagrâced’êtredésiréeparlecielet
deconcevoirlebienfaitdelagrâce.LaJudées’estcouvertedefleurs,maisaussitôtellese
consume63
.Pourlespaïensetlesnon-juifslesalutestvenu,uneconsolationestprodiguée
aux malheureux. C’est à juste titre que les femmes dansent en chœur en disant: ‘Source
souveraine,toiquiportesleseaux,quiesdevenuelamèred’unastrecéleste,toilenuagequi
mouilles lemonded’une roséevenued’unechaleurardente,souviens-toide tesservantes,
célestebien-aimée.’”
26. Le roi envoya donc sans tarder des mages de son empire avec des présents et
l’étoilepourguide64
.Lorsqu’ils revinrent, ils rapportèrent toutauxhommesd’alorsetces
récitssonteuxaussi65
inscritssurdesplaquesd’or.Lesvoici:
27. «À notre arrivée à Jérusalem, le signe de l’étoile apparu en même temps que
nousmittoutlemondeenémoi:qu’est-cequecela,disait-on,dessagespersessonticien
même temps qu’apparaît une étoile? Et les premiers des juifs nous demandaient: «Que
va-t-il se produire et pourquoi êtes-vous ici?”. Nous leur répondîmes: «Celui que vous
appelez le Messie est né.” Ils étaient troublés et n’osaient pas s’opposer à nous. Ils nous
direntàleurtour:«AunomdelaJusticecéleste,dites-nous,qu’avez-vousappris?”Etnous
leur fîmescetteréponse:«Voussouffrezdemanquede foi:vousnecroyezpas,avecou
sansserment,etvouspoursuivezaucontrairevotrevaindessein.LeChrist,lefilsduTrès-
Haut,aétéenfantépourabolirvotreloietvossynagogues.Etc’estpourquoi,commepercés
par les traits d’une excellente folie, vous entendez sans plaisir ce nom qui s’est soudain
dressécontrevous.”Ilsseconsultèrentenaparté,puisnousprièrentderecevoirdesprésents
et de taire l’événement survenu dans ce pays, «afin qu’il n’y ait pas d’apostasies parmi
nous.”Nousdîmesquantànous:«Nousavonsapportédesprésentspour l’honorer,pour
annoncerlesgrandsévénementsquisesontproduitsdansnotrepayslorsqu’ilfutenfanté,et
restaurée par le Christ. On distingue l’εἰκών, qualité constitutive de l’homme, de l’ὁμοίωσις, qui estl’effortderéalisationdel’εἰκών(cf.Daniélou1944,p.108-109).
63 L’ajoutdeτὰἡμέτεραparAetH(cedernier l’introduisantdansunecorrectionsupralinéaire)simplifiel’interprétation de ce passage: on comprend qu’avec le nouvel espoir né en Judée se consume lepaganisme. La leçon majoritaire, qui omet τὰ ἡμέτερα, reste néanmoins compréhensible, si l’on admetqu’ils’agitd’uneallusionaufuturincendiedeJérusalem.
64 Lesmanuscritsenregistrenticidesdivergencesimportantes,quimontrentlatentationdecertainscopistesderejoindrelaversioncanoniquedel’ÉvangiledeMatthieu(voir«Introduction»,III.3.).
65 ἍπερκαὶαὐτάrenvoieaucontenudesἀρκλαρίαιévoquéesaudébutduRécit d’Aphroditien(cf.19,4).
vousnousditesdeprendredesprésents,decachercequiaétérévéléparunedivinitécéleste
et d’enfreindre les ordres de notre propre roi? Ne savez-vous donc pas quelle terrible
épreuvevousont infligée lesAssyriens?”Ilsprirentpeuretaprèsnousavoiradressébien
desprières,ilsnouslaissèrentpartir.Cependant,leroideJudéenousfitvenir,nousparlaet
nousinterrogea.Notreréponseletroublatoutàfait.Nousnouséloignâmesalorsdeluisans
luiprêterplusd’attentionqu’àunhommeducommun.
28.Nousarrivâmesà l’endroitoùnousavionsétéenvoyésetnousvîmes lafemme
quiavaitenfantéetl’êtrequiavaitétéenfanté66
:l’étoilemontraitl’enfantsouverain.Nous
dîmes à la mère: «Comment t’appelles-tu, mère67
très renommée?” Elle répondit:
«Marie,seigneurs.”«D’oùviens-tu?”«DecepaysdeBethléem.”«N’as-tupasdemari?”
Elledit:«Jesuisseulementfiancée.Lesactesprénuptiauxonteulieu,maismapenséeest
hésitante:jenevoulaispasdutoutenvenirlà.Maisalorsquej’étaisfortaffligée,commele
jourdusabbatavaitcommencéàbriller,aussitôtaprèsleleverdusoleil,unangevintauprès
demoi,m’annonçantlabonnenouvellequej’allaisbientôtavoirunenfant.Troublée,jeme
récriai:‘Puissecelanepasm’arriver,Seigneur!Jen’aipasdemari.’Ilm’assuraquec’était
par lavolontédeDieuque j’aurais l’enfant.”Nous luidîmes:«Mèredesmères, tous les
dieuxdesPersest’ontglorifiée,carl’objetdetavanitéestgrand:tut’esélevéeau-dessusde
touteslesfemmeslesplusinsignesettuesapparueplusroyalequetouteslesreines.”
29.L’enfantétaitassispar terre; ilavaitprèsdedeuxans,auxdiresdesamère,et
ressemblaitenpartieàcellequiluiavaitdonnénaissance:celle-ciétaitdepetitetaillemême
lorsqu’elle relevait la tête; elle avait un corps tendre, presque de la couleur du blé68
, les
cheveuxrelevéssurlatêteenunecoiffuretrèsbelle.Ayantavecnousunjeuneesclavequi
était un peintre doué, nous emportâmes pour notre pays leur portrait à tous deux. Il fut
consacré dans le temple, où il se trouve avec l’inscription que voici69
: «Dans le temple
66 Onretrouveicil’emploiduneutrepourdésignerl’enfantattestéparlesÉvangiles:cf.Mt1,20(τὸγὰρἐν
αὐτῇγεννηθέν)etLc1,35(τὸγεννώμενονἅγιον).67 JecorrigeiciC,carlaformeduvocatifestattestéunpeuplusloindanscemêmemanuscrit.68 L’adjectifσιτόχροοςse rencontre tardivementpourcaractériser lacarnation.La formeverbaleque l’on
trouve icin’estpasattestéeparailleurs(hormisdans l’homéliedeJeanDamascènequireprend le texte).Pourl’emploidecetermedansdesdescriptionsidéalisées,voirlesremarquesdeFournet2004,p.98).
69 Γράφων: on trouve l’actif de γράφω au sens de «il est écrit» pour introduire des citations bibliques(Didyme,De trinitate3,42:γράφειγάρ·μὴἀποκρίνουἄφρονικατὰτὴνἀφροσύνηναὐτοῦ:«Car ilestécrit:Ne répondspasà l’insenséselonsasottise»).Maisnotrecasn’estpas toutà faitcomparable,puisqueceparticipeaunantécédentquineluipermetpasdeprendreunevaleurimpersonnelle.Onattendde plus un féminin, même si des cas de confusion des genres sont attestés au participe(Jannaris 1987,p.1181b)–voirparex.Actes de Thomas48,19(éd.M.Bonnet,Leipzig,1883):ἐχόντωνψυχῶν.
d’origine divine70
, le pouvoir perse m’a consacré à Zeus Hélios, au grand dieu, au roi, à
Jésus.”Soulevantl’enfant,chacundenousleportadanssesbras,l’embrassaetlesaluaense
prosternant,aprèsquoinousluioffrîmesdel’or,del’encensetdelamyrrheenluidisant:
«À toi ce qui est à toi. Nous te gratifions, Jésus, toi qui es puissant dans le ciel. Le
désordre71
ne pourrait être ordonné, si tu n’étais pas là. Le monde d’en haut ne pourrait
s’uniraumonded’enbas,situn’étaistoi-mêmedescendu.Carleservicen’estpasaussibien
accomplisil’onenvoieunesclavequesil’onestprésentsoi-même,niaussibienlorsquele
roienvoiedessatrapesàlaguerrequelorsqu’ils’yrendenpersonne.Ilconvenaitàtasage
poursuitedepoursuivreainsilesrebelles.”L’enfantriaitetsautaitànoscajoleriesetànos
paroles.Nousprîmescongédelamèreetaprèsqu’ellenouseuttémoignésonestimeetque
nousl’eûmescélébrée,commeilsedevait,nousnousrendîmesàl’endroitoùnouslogions.
30.Lesoirvenu,unangedivinvintànotrerencontreetnousdit:«Partezauplus
vitepouréviterd’êtrevictimesd’unguet-apens.”Νousdemandâmes:«Quidoncestcelui
qui trame un guet-apens contre une telle délégation, stratège de Dieu?” Il répondit:
«Hérode.Αllons,vite!partez,sauvez-vousetfaitesrouteenpaix.”Montantsanstardersur
nos chevaux vigoureux, nous quittâmes l’endroit en toute hâte et rapportâmes tout ce que
nousavionsvuàJérusalem.Voicidonctoutcequenousavonsrassemblépourvousausujet
duChrist,etnoussavonsqueleChristestnotresauveur.Maisvous,vousvousopposezàlui
70 L’adjectif διοπετής signifie «tombé du ciel, envoyé par Zeus». Le Diccionario griego-español, s. u.
διοπετής,citenotreseul textecommeexempled’emploichrétiendumot,et le traduitpar«enviadoporDios».Νéanmoins,lecontexterestepaïen,puisqu’ils’agitdelaconsécrationduportraitdel’enfantdansuntempledePerse.Onnepeutaffirmerqueδιο-renvoieiciauDieudeschrétiens.Letermeapparaîtchezlesauteurschrétiens,notammentenraisondesaprésencedanslesActes des apôtres,19,35,oùilqualifielastatued’Artémisd’Éphèse,lorsdel’émeutedesorfèvres.Lepassageasuscitédiverscommentaires,etnotammentcelui,suspicieux,d’IsidoredePéluse,quicommenceparpréciserqueces«proposdefoire»relèventnondel’ÉcrituremaisduscribedesÉphésiens(Lettre1537,p.222-223),puisajoute(Lettre1538,p.224-225):«Chez lesGrecs, les fabricantsde statues,comme ilsvoulaient inspirerde lacraintechezceuxquilesregardaient,soutenaientquelastatueavaitétéenvoyéeducielparZeusouqu’elleétaitvenuedelàenvolant,parcequ’elleéchappaitàlacapacitédetoutemainhumaine.C’estpourquoiilsl’appelaient“statuevenueduciel”(diopétès)et“imagecéleste”(ouranion brétas).»(IsidoredePéluse,éd.-trad.Évieux2000)VoirégalementJeanChrysostome,In Acta apostolorum homilia XLII,PG60,298:ἤτοιτὸεἴδωλοντοίνυν τῆςἈρτέμιδοςΔιοπετὲς ἔλεγον,ὡς ἐκ τοῦΔιὸς τὸὄστρακον ἐκεῖνοπεπτωκὸς, καὶοὐχὑπὸἀνθρώπουγενόμενον.Dansnotrecontextedereconnaissanceparlespaïensdumessagechrétien,letermenesurprendpas,etiln’yapaslieud’yvoirunemploiproprementchrétienetunsensdifférentdeceluiquecomprennentJeanChrysostomeouIsidoredePéluseàproposdu textedesActes.Le temple,dupointdevuedesmages,estbiend’originedivine,envoyéducielparZeus.
71 Ἀδιοίκητα s’emploie pour un état de désorganisation, mais plus précisément de mauvaise gestionéconomique(DGE:«desordenadoeconómicamente,disipado»;voirnotammentDémosthène,Plaidoyers politiques, I,Contre Timocrate,28,éd.-trad.Navarre /Orsini1954,p.139,àproposdu financementdesPanathénées:οὐδ’ἀδιοίκητονοὐδέν,«aucundescréditsnemanquait»).
parvotreconduiteencalomniantà toutmomentsasouffrance.Cardesparoles indigneset
desactionsplusindignesencoresontunsignedehaine.»Voilàlesrécitsdivinsdesmages
inspirésparDieu.
Profession de foi d’Aphroditien
31.Etvoici lesnôtres:pourmapart, j’adore lesoleilquiestutileà tous,parceque
sesrayonsrépandentlalumière.J’admiretoutautantl’airquiencerclefermementlescorps
et qui embellit la terre par d’autres qualités naturelles; le feu impossible à soumettre72
,
auquel toute nature corporelle est asservie, moyen d’éprouver plus éprouvé que toute
matière;l’eau,sourcedeviedesmortels,sanslaquelleaucunechairnepourraitvivre.Eten
adorantceséléments,j’adoreceluiquilesadonnés,celuiquiestlacauseduTout.Devant
luinedevraientseprosternerquelespuissancesincorruptibles73
,dontlesactionsdegrâces
sontincessantesetsanspartage,quen’occupejamaisuneautreactivitéetdontl’étatd’esprit
estfermeetlecultenaturel.Leshommes,eneffet,sontvains,carilssontesclavesdeleurs
propresplaisirs.»
Apophtegmes
32.Àcesmotsd’Aphroditien,toutel’assembléesetut,n’ayantrienàrépondre.Elle
dit seulement ceci: «Gloire à toi, Christ, à qui toutes les bouches rendent grâces.»
Aphroditienreprit:«Nonseulement leschrétiens,maisaussi lespaïenspratiquent laplus
hautevertu.LeroiCyrusavaitàl’endroitoùildormaitdesgardesducorpstrèsbeauxafin
d’aiguisersondésir,maisde leconteniren luttantcontre lui. Ildisaitque lagloiren’était
dignequedelapuissancecéleste.Ilétaitsibonqu’iln’yavaitpasdepauvrenilemoindre
prisonnierenPerse,parcequ’ilaccordaitàtousdesbienfaitscontinuels.Konkenkratès74
le
vrai philosophe possédait un seul et unique manteau grossier, alors qu’il habitait près du
sommetdesMasgabalesetqu’ilétaitépuiséparlaneigeetlefroid.LesageNéoktètioslui
disait:«Tuvaspérir,sage,situtelaissesmourirdebrûluresdefroid.»Etildisait:«Sije 72 Ἀνυπόσχετος est un hapax. Il est cependant attesté par la grande majorité des manuscrits. On peut
admettre ici un dérivé de ὑπέχω au sens de «soumettre», la forme négative s’entendant alors comme«impossible à soumettre». La forme du manuscrit Θ, ἀναπόσχετον, est attestée dans une glosed’Hésychiuscommesynonymedeἀτελεύτητος,«éternel».
73 ἈρχαίdésignelesangesdanslesépîtresdePaul(cf.Colossiens1,16;2,10;2,15;Éphésiens1,21;3,10;6,12).
74 Le nom de ce philosophe, inconnu par ailleurs, est évocateur: il repose sur l’adjectif ἐγκράτης, quecertainsmanuscrits(Jnotamment)ontseulconservé,àdéfautdunompropredupersonnage.L’ἐγκράτειαestlacaractéristiquedel’ascète(cf.Daniélou1944,p.90-99).
meurspourlemonded’ici-bas,jevivraitoutentierdansl’espoirdelaviefuture.»L’autre
luidemandait:«Quelespoir?»Etlui:«Jesupposevraimentl’existenced’uneautrevieet
je me confie à elle. Car la providence divine n’agira pas avec perfidie avec ceux qui
travaillentlejour:lesoirellelesjugeradignesdesalaireetderepos.Chaquejourjevoisle
ciel,etjevoiscequisemblebonsurterrediminueretdisparaître.Celavientdenosdisputes,
qui révèlentd’avanceque toutcequiest ici-baspérit.Maisceuxquipossèdent lesvertus
d’en haut ne meurent pas, car ils parlent et répondent d’une manière éternellement
mémorablesousleureffet.»Cethommenemangeaitquedesfruitsàcoqueetbuvaitunpeu
d’eau une fois par jour, ne voulant rien savoir d’autre des choses terrestres, s’habituant
chaque jourà l’imagede lamort.Celasuffit.Dichorianos,quia tantparlédudivin,disait
quec’étaitlàsanourriture,etnoncequinuitaucorps;aprèsavoirpréservépendantquatre-
vingt-dixansuneimpassibilité75
decorpsetd’esprit,ilditenmourant:«Gloireàtoi,juste
Justice,quim’asfaitvoircequiestprécieux.»Etilenexistebiend’autres,quisontàlafois
chrétiensetréellementdevraisphilosophes,etqueconnaissentceuxquiaimentleslivres76
.
Cessonspouraujourd’huicetteconversationetcherchons77
lerestedemain.S’ilestvoulu
par l’arbitrage céleste que nous arrivions jusque-là, nous résoudrons encore d’autres
questions.»
Protestation de quelques archimandrites auprès du roi
33. Après que tous se furent éloignés, certains archimandrites calomnièrent
Aphroditien, l’accusantauprèsdu roid’avoirpenchépour leschrétiens,de s’être fait leur
avocatentout,den’avoirnullementparlédelavraiereligiondespaïensetdes’êtremême
75 Surl’ἀπάθεια,voirégalementDaniélou1944,p.99-110:l’ἀπάθειαestlebutdelavertu,elles’acquiert
par un retranchement de l’ἐπιθυμία (voir ci-dessus l’exemple de Cyrus, dont les gardes du corps«aiguisentledésir»).
76 Ces trois modèles de vertu païenne relèvent de la tradition de la chrie, qu’Aelius Théon définit en cestermes: «la chrie est une assertion (ou une action) brève et avisée, rapportée à un personnage ou àl’équivalentd’unpersonnage;ensontvoisins lamaximeet lemémorable:eneffet toutemaximebrèverapportée à un personnage produit une chrie, et le mémorable est une action ou une parole moralementinstructive»(AeliusThéon,Progymnasmata,éd.-trad.Patillon /Bolognesi1997,p.18).Nousretrouvonsici les caractéristiques du genre: un dictum bref, attribué à un personnage connu (Cyrus) ou fictif(KonkenkratèsetDichorianos),decontenumoralouphilosophique–ladescriptiondu«vraiphilosophe»estempreintedevocabulaireplatonicien(ainsiκαθ’ἑκάστηνθάνατον,quireprendPlaton,Phédon67e:οἱ ὀρθῶς φιλοσοφοῦντες ἀποθνῄσκειν μελετῶσιν). La mention de livres contenant «bien d’autres»exemplespeutêtreuneallusionauxcollectionsdechries,dontl’existenceestbienconnue(cf.Kindstrand1986,p.217-243).
77 Certainsmanuscritsonticiunprésentemployécommesubstitutdufutur:Jannaris1987:app.IV,2.
opposéauxpaïensennefaisantporterl’étudequesurleChrist78
.Maislerois’irritacontre
eux et contre les chrétiens et leur dit: «Vous qu’on appelle chrétiens et qui dirigez des
monastères, dans quel but bouleversez-vous les affaires des païens et pourquoi ne vous
conduisez-vous pas paisiblement, comme il sied à des moines?» Sur ces entrefaites,
Aphroditienentraetrévélatoutauroi.Leroiluiditalors:«ParnotreFortuneinspiréepar
lesdieux,jenedoutenullementdetoi:jeconnaistaloyautéettasincérité.Etplûtauxdieux
quemonEmpireeûtunseulautrehommesemblableà toi!Dureste, tuasraisonde faire
connaître lavéritéauxchrétienscommeauxpaïens.Saisis-toidoncdeces sycophanteset
coupe-leurlecou.»AlorsAphroditiensesaisitd’eux,lesentouradetouslessoinsdanssa
maison, sans leur faire le moindre mal. Il écarta ainsi des chrétiens le complot qui les
menaçait.
*
* *
–ACTEII–
LESÉVÊQUESETHORIKATOS
Entretien du magicien avec le roi
34.Lelendemain,Horikatos,lepremierdesmagiciens,vinttrouverleroietluidit:
«Maître de toute l’étendue subsolaire, accorde-moi l’honneur desiéger dans cette
assemblée,carj’aitroisprouessesàréaliser.»Leroidit:«Tucherchesàt’élever,toi,au-
dessusde l’admirableAphroditien?»Horikatosdit:«Si jen’ymontrepasunepuissance
quenuln’amontréeenlesconvainquantpardegrandsprodiges,livre-moiàlacroix.»Mais
le roi ne voulait pas faire de peine à Aphroditienet il lui révéla toute l’affaire.
Aphroditiendit: «Ce qu’il s’apprête à faire, il ne le peut au milieu de ces hommes et il
échouera.Qu’il agisse cependant selon la volonté du roi. » Et à nouveau, avec d’autres,
Horikatosimportunaleroi,aprèsluiavoirassuré,enengageantsafortune,qu’ilconfondrait
de toute façon les chrétiens et de belle manière. Le roi lui dit: «Parais aujourd’hui au
conseil pour convaincre ou pour être convaincu. Si tu te tires bien de cette affaire en les
convainquantsansexercerlamoindrecontrainte,tuaurasdeshonneurs.Maissituéchoues,
78 Allusionàdeschrétiensschismatiques(lemanuscritOdonnelagloseΝεστοριανοί).
tu serasprivéde tesbiensetde lavie.»Et ilestenvoyéauprèsde l’assembléeavecune
lettrequicontientcesmots:«Legrandroisupérieuràtoutegloire,maîtredespeuples,des
îlesetdestribus,auxévêquesdeschrétiensquisesontrassemblésenunmêmeendroit,salut
– je vais bien moi aussi. Nous vous envoyons Horikatos, le chef des magiciens de mon
empire,nullementpourqu’ilvouscontraignemaispourqu’ilapprenneàconvaincreouà
êtreconvaincu.S’ilvatroploin,ilsauraquelleforcealepouvoirimpérial.Jevousenvoie
notre collaborateur Aphroditien pour juger dudit magicien et pour combler tout manque
causéparuneomission.Abdana tranète chrô katelloiter tèn erattoi,c’est-à-dire:lepouvoir
d’originecélesteadaignés’entreteniraveclesmortels.»
Comparution devant l’assemblée des évêques et première opération : l’oiseau d’argile
35.Horikatosparutenpersonneavecd’autreshommesàlarobeblanche.Ilportaitun
vêtement triangulaire– lesymbole,àsesdires,d’une tripledignité.En levoyant, lesaint
Kastèleus,quivoyait l’avenird’unregardprophétique,dit:«Cethommeestvenupourse
détruire lui-même.» Tous s’étant assis, ledit Horikatos dit à l’assemblée: «Nous nous
sommeslaissédirequejusqu’àcejourvousaviezpréférél’efficacitéduraisonnement.Que
veutdoncvotrediscernement,parlerouagir?»Tousseturent,carillesmettaitmalàl’aise.
Illeurdit:«Sivousvoustaisez,ilfautquejevousdisemoi-même,commecelafiguredans
vosÉcritures,demedonnerunprodigeouunmiracle,ouquemoijevousendonneun79
.»
Les évêques et le saint Kastèleus répondirent: «Il convient que ce soit toi, qui nous as
proposéetprésentécela,quiagisses lepremier.»Lesmêmesajoutèrent:«Nousn’avons
pasatteintladignitédefairedesmiracles,maistoi,puisquetuesuncritèreencettematière,
montre-noustapuissance,afinquenousvoyionssurtoutsic’estd’uneressourcedivineque
proviennenttesprodiges.»Ildit:«Toutdesuite.»Ilpritdel’argile,façonnaunfauconet
le fit s’envoler aussitôt80
. Tandis que le saint Kastèleus et les évêques l’observaient avec
attention,ilredevintargile,tombaetsebrisasur-le-champ.Horikatosdit:«Accordez-moi
cinqchancesdevousmontrerquejesuisunenfantdesdieuxetquetoutm’estsoumisparce
quejesuispuissant.»«D’accord»,ditl’assemblée.
79 Ὥστεetἵναredondants(cf.confusiondesdeuxconjonctions:Jannaris1987,p.1764):lacomplétiveest
repriseparunefinaleaprèsκατὰτὴνὑμέτερανγραφήν.80 Lascèneévoquel’Histoire de l’Enfance de Jésus, 2,2-5(ΤὰπαιδικὰτοῦΚυρίου,BHG779p-pb),dans
lequelJésusfaits’envolerdesoiseauxd’argile(Voicu1997,p.197-198).Ici,lemagiciententederivaliseravecl’enfantetéchoue.
Deuxième opération : les Indiens éthiopiens
36. Horikatos dit: «Il y a ici des Indiens éthiopiens81
qui sont venus pour le
commerce et que je vais rapidement rendre blancs, d’un mot82
.» Les évêques et le saint
homme répondirent: «Si tu connais quelque chose qui soit à ta portée, fais-le.» Et il fit
venir les Indiens et dit: «Je peux vous rendre blancs et vous renvoyer chez vous avec
beaucoupdecadeaux.»Cetteidéeleurplut.Ilfitdoncapporterunbassind’argentetaprèsy
avoirversédel’eaudesource,ilinvoqualesforcesdesdémonsqu’ilconnaissait.Lorsqu’il
eutaccompli son incantation, ilacheva son touren répandant l’eau sur lesdeuxhommes.
Aussitôt tout leurcorpssecouvritdecloqueset leurscriss’élevèrent jusqu’auciel,car ils
étaient brûlés sous l’effet des cloques. De son côté, il menaçait les forces qu’il avait
invoquées en poussant des cris inarticulés à leur encontre, fou de rage. L’assemblée et le
sainthommedirentauxÉthiopiens:«VoilàlesfaveursdeSatan.Ellesnevousontenrien
aidés. Mais croyez en Dieu, et il vous guérira lui-même par l’eau et l’esprit.» Ils
répondirent:«NouscroyonsenceDieuquevousvénérez,quinous fera revivreà la fois
corporellementetspirituellement.»Aussitôtilslesexorcisèrent–carleurmalbouillonnait–
et lesfirentdescendredans lapiscineendisant:«Désormaisvousconnaîtrez lapuissance
de Dieu et du Christ sauveur.» Et ils les baptisèrent au nom du Père, du Fils et du saint
Esprit; lorsqu’ils sortirent de l’eau, leurs corps s’avérèrent parfaitement intacts de tout
symptômeetblancs. IlsdirentàHorikatos:«Toi, tunousasblessésavecde l’eau, tandis
queDieunousaguérisavecde l’eau.Nousnousenallonsdireànotreroi lesmiraclesdu
Seigneuretlesbienfaitsdeceuxquileservent.»
81 Ilexistedanslessourcesbyzantinesunegrandeconfusiondanslaperceptiongéographiquedel’Inde.Ce
motdésignetantôtl’Indesubcontinentale,tantôtl’Éthiopie,tantôtenfinl’Arabiedusud(Mayerson1994,p.361).C’estpourquoil’auteurjugebondeprécisercequ’ilentendpar«Indiens».Maiscequiimporteavanttoutici,derrièreladénominationgénériqued’Éthiopiens,c’est,plusqu’uneoriginegéographique,untype racial associé par la littérature hagiographique de l’époque à un caractère démoniaque (voirnotamment Sophrone de Jérusalem, Miracles des saints Cyr et Jean, trad. comm. Gascou 2006, p. 144,n.847etPanégyrique,éd.-trad.Bringel2005,§24,p.26).
82 Bratke(1899,p.305)suggèredansseserratadecorrigerλόγῳenλόγουpourenfaireuncomplémentducomparatif(“enmoinsdetempsqu’iln’enfautpourledire”).Cependant,laformuleτάχιονλόγουesttrèspeu attestée. On trouve, sporadiquement la formule similaire λόγου ταχύτερον (cf. Souda, Θ, 389: éd.Adler1931,p.719).Jepréfèremaintenir ledatifetcomprendrequ’iciencore, lemagicien rivaliseavecJésus, dont la parole est douée d’action. Cette qualité de Jésus est soulignée ainsi dans l’Histoire de l’Enfance de Jésus, 2, 1: καὶ ἐποίει αὐτὰ εὐθέως καθαρά, καὶ λόγῳ μόνῳ ἐπέταξεν αὐτά - il estquestionicideseauxdepluiequeJésusarassemblées(Schneider1995,p.148-149;voirnotammentn.5,quirenvoieàdiverspassagesdanslesquelsl’auteurdel’apocrypheinsistesurlaparoleagissantedeJésus).Cettequalitérenvoiebiensûrégalementauxévangilescanoniques,etnotammantàMt8,16,Lc7,7.
Troisième opération : résurrection de Philippe
37.MaisHorikatoscontinuaitàdire83
:«J’aiencoretroistoursàaccompliretsiun
seulmeréussit,j’auraivaincu.»Lesévêquesrépondirent:«Pourtacondamnation,faisce
quetuveux.»Ildit:«Jevaisfairesortirdel’HadèsleprêtrePhilippe,objetdeladispute,
pourqu’ildiseaumilieudecetteassembléeque l’Histoiren’estpasde lui.»Lesévêques
dirent:«Nous te le répétons:à tes risques, faiscequebon te semble.»Aprèsavoir fait
venirunefournaiserempliedecharbon,ilymitd’aborddesveaux,puisiljetasurlefeudes
jarresdevin,sibienquebeaucoups’éloignèrentpournepassubirdedommages.Quantà
lui,desbaguettesdenoyeràlamain,ilinvoquaitànouveaulesnomshabituelsdesdémons.
L’assembléeriaitbiendelui:ellesavaiteneffetqu’ilétaitsurlepointd’êtrerenversépar
lui-même.Etjustement,aprèsuncertaintemps,commesonopérationétaitentravéeetquela
forcesevoyaitempêchéedesortiraugrand jour, ilsurvintaumilieudenousunesortede
moine,àquilesévêquesetlesaintKastèleusdemandèrent:«Oùas-tuétémoine?»Prisde
honte,celui-cisetransformaetsemétamorphosaenunefemmeenpleurs.Etlesévêqueslui
demandèrentd’uneseulevoix:«Quipleures-tu?»Ellerépondit:«Celuiquim’aconduit
ici.»Lesainthomme luidit:«Disdevant tousqui tues,afinqueceluiqui t’a faitvenir
n’aitpaslieudeseflatterd’avoirfaituntourdeforce.»Elledit:«Jesuisunange,humilié
devant vous car j’ai été rabaissé par la jalousie de cet homme qui ne sait pas faire de
miracles84
.» L’assemblée et Kastèleus dirent à Horikatos: «Voilà: ta troisième tentative
échoue et tu persistes à échouer. Aussi, puisque à présent tu es vaincu, cède la place aux
hommesdeDieu,situveuxéviterdepérirparleurfait.»Ildit:«J’aiétévaincudanstrois
opérations,maisjesuissûrdel’emporterpourlereste85
.»Alorsilsdirentaudémon:«Te
prétends-tudémonouhomme?»Ildit:«Jesuisundémonvenupourtromper,sijel’avais
pu.»Etensoufflantsurlui,ilslerendirentinvisible.Ilnecessaitpoursapartdegrincerdes
dentsetdeblasphémer86
.
83 Certainsmanuscritsajoutent iciunparticipequeBratkeédite sous la formeἀνατρέπων.Ceverbepeut
avoirlesensde«réveiller»,etdanscecontexte,de«seressaisir»,maislavoixactiveposeproblème.LemanuscritCévitecettedifficultéenomettantleverbe.
84 Une des activités des anges déchus est la magie. Cf. Origène, Homélies sur les Nombres XIII, 5, éd.Doutreleau1999.
85 Lesdeuxrépliquesquiprécèdentsemblentavoirétéintervertiesaveclesdeuxsuivantes:ons’attendraitàcequeledialogueavecledémons’achèveavantquenesoitdiscutéelaquestiondumiraclesuivant.
86 Onassisteiciàunrituelbienattestédanslequelunmortdevientparèdredusorcier(voirGraf1994,p.226etPGMIV,2160,éd.Betz1992,p.76).Cependant,c’esticiinvolontairementquelemagicienparvientàcerésultat.
Quatrième opération : résurrection d’une femme
38.Horikatosdit:«Aprèsavoiralluméunfour,j’entreraiaumilieudesflammeset
j’ensortirai.»L’assembléedit:«Gardecelapourtondernierprodige,carsituyentres,il
estabsolumentcertainquetun’ensortiraspassainetsauf.»Horikatosrépondalors:«Une
femmeestmortedevantlesportes;celuiaunomduquelelleserelèveraestundieu.»Tous
se réjouirentetacceptèrent. Ilseservitd’encensparfumé,puis ilcommençaàasperger la
morte de sang de chèvre; il accomplit à nouveau un sacrifice de bœufs et en reniflant
bruyamment87
ilmenaçal’assistantquisetenaitàsescôtés88
encestermes:«Sijetedonne
huitvies,accorde-m’enuneseule,l’âmeduNazoréen,parcequejemesuisfatiguépourtoi.»
Et une voix s’éleva: «Tu as des adversaires qui l’emportent sur toi en tout. Cède en
conséquenceàladéfaite.CarlesangesdeJésus,avecdessabres,sedressentcontrenous89
avec leur suite de saints.» Il égorgea des oiseaux en même temps que les cent bœufs, en
pureperte.Extrêmementaccablédevoirquel’onseriaitdelui,ilditauxévêques:«Cette
foisjemefieraiàvous,afinquecequim’avaludeperdremaréputation,vouslemeniezà
termevous-mêmes.»Lesévêqueset lesainthommese jetèrentàgenouxetprièrentDieu
danslapeineetdansl’humilitédeleurcœur,puis,tous,ilsélevèrentau-dessusdelamorte
uneseulevoixendisant:«Seigneur,que l’impiéténe l’emportepassur lapiété:glorifie
tonnom,Dieu,aumilieudecesmécréantsquis’attachentàdesvanités.»Etlorsqu’ilseurent
achevéleurprière,lafemmesedressasursonséantetsemitdebout,droitesursesjambes.
87 Lereniflementauneconnotationdémoniaqueetobscène.SophronedeJérusalem,seréférantàPorphyre
(cf.Festugière1971,p.254,n.3),donneàcesujetlesprécisionssuivantes:«Porphyreditque,quandlespaïens offrent à leurs idoles leurs sacrifices maudits, ils font entendre par leurs narines un bruit trèséclatant,produisantcesonparuneviolenteinhalationetlaforcedel’airinspiré,estimantqu’enémettantuntelbruit,ilsoffrentainsiunehymneàl’honneurdudivin,sibienque,ensuite,ceuxquiparticipentausacrifice se donnent toute licence et rivalisent à qui mieux mieux en un concours pour voir qui vaincral’autreenexplosionsnasales,pourque lepluscapable soitdéclarépremieret soit lepluscharmantauxyeuxdesdémons.Voiciquelleest lanaturedecebruit inventépour lecultedesdémons,et ilenrésultefatalement que ceux qui le produisent célèbrent à leur insu les démons impurs. Aussi engageons-nousvivement ceux qui s’y livrent, maintenant qu’ils en savent le caractère dommageable et funeste, de s’enabstenircommed’unechosedémentiellequi ruine l’âme.» (SophronedeJérusalem,Miracles des saints Cyr et Jean,miracle31,trad.comm.Gascou2006,p.108etn.618,àproposdelaῥινοκτυπία).Cedétailajouteaudiscréditdanslequellemagicicienestentraindetomber.
88 Ils’agitdudémonqu’ilvientdeconvoquer,devenusonparèdre(voirPGMI,1-2,éd.Betz1992,p.3).89 Lesconfusionsdespronomsde1èreet2èmepersonnesduplurielsontfréquentes.Ici,onpeutaussi lire
ὑμῶν,«setiennentcontrevous».
Cinquième opération : épreuve du feu
39.«ParHéraetparsagrandepuissance,s’exclamaHorikatos,sil’accomplissement
ducinquièmeprodigenemeconvaincpas,jeneseraipasconvaincu.Qu’onallumedoncun
four et que chaque homme y entre au nom du dieu qu’il vénère: alors la vérité du dieu
authentique paraîtra au grand jour90
. Mais je vais choisir celui de vous que je veux voir
entrerdanslefeu.»IlchoisitSechthrantianos,l’évêqued’Homoburros.Celui-ci,aprèsavoir
ôtésesvêtementsets’êtrerevêtudunomduSeigneurJésus,entradanslefouretsetintau
milieutoutenparlantavecl’assistance.Lesévêquesluidirent:«Sorsdelà,confesseur,afin
quecethommeaccomplisse luiaussi saproprepromesse.»Et le sainthomme sortit sans
même avoir été atteint le moins du monde par le foyer. Horikatos, donc, qui cherchait à
éviterlediscrédit,yentraavecsesvêtementsetfutbrûlétoutentier.Enletirantverseux,les
évêques le traînèrent hors du feu à demi mort. Par leurs prières pour lui, ils le guérirent.
Aprèsavoirvucequiseproduisait,ceuxquiétaientàsescôtésdéclarèrent:«Cemiracle91
,
aucunmiracledesdieuxneparvientàl’égaler.»
Conclusion : Aphroditien et le roi
40. Lorsqu’il apprit la chose, le roi confisqua toute sa richesse et livra l’homme à
Aphroditienpourqu’ilfûtcrucifié.Maiscelui-cilepritaveclui,l’emmenadanssamaisonet
après l’avoir convenablement soigné, persuada le roi au bout de quelques jours de
l’accueilliravec faveur.Leroi luidit:«Jen’aivuaucunhommevenirausecoursdeson
ennemisinontoi.»Ildit:«J’aiapprisàvenirausecoursd’autruiauprèsdeCeluiquivient
ausecoursdetous.Carsil’onrenddesbienfaitsàsesennemis,laviolencedelahainen’a
plusderaisond’être;ils’établiraaucontraireunepaixchériequidanseraenl’honneurde
tous.»
*
* *
90 Cf.3Rg.18,22-24.91 Δύναμιςacesensde«miracle»dansleNouveau Testament (cf.Mc6,5et9,39).
–ACTEIII–
APHRODITIEN,LESÉVÊQUESETLESJUIFS
Entretien des juifs avec le roi
41.LorsquelesdocteursdelaLoijuifsvirentqueleschrétiensl’avaientemportéet
étaient ainsi glorifiés, ils les envièrent amèrement et parurent devant le roi en disant:
«Maîtrecéleste, lesévêquesdeschrétienspeuvent,s’ils leveulent,mettreun termeànos
doutes.Ordonnezdoncqu’avec ledivinAphroditien ils seprononcent surnous.Carnous
pouvons,commenousvénéronsunseuldieutoutcommeeux,voirégalement,danslesujet
endébat,sileChristadéjàétérévéléclairement.»
42.Leroirépondit:«PourcequiestduChrist,cequevousavezentendun’estpas
contestable:ilaétévuparnosancêtres,uneétoileducielapubliésanaissance,etlesgens
d’ici lui ont apporté des présents, c’est pourquoi nous avons le portrait de la mère et de
l’enfantdansletempledeceluiquiesttombéduciel.Pourcequiestdetrouverlaconcorde,
parMithra,jem’enréjouisetj’appellecelademesvœux:quelesdeuxpartiesenviennentà
une religioncommune.Mais jenesaispassivotreamourdupouvoirpermettraquevous
trouviezun terraind’entente.Cardepuis ledébut,c’est luiquivousaperdusenmarchant
tyranniquementcontretous.»
43.Ilsdirent:«Nousprionstonpouvoirimmortel,aprèsêtreparusdevantlui:nous
voulons être convaincus en engageant la conversation avec eux; si Aphroditien qui siège
avectoiécouteladiscussion,ildissiperavitetoutfaux-fuyant.»
44.LeroifitvenirAphroditienetluidit:«Accorde-nouslafaveurdedépartagerpar
ton jugement juifs et chrétiens. À cause de ta sincérité, en effet, tous te choisissent pour
juge.» Et il écrivit aux évêques une lettre ainsi formulée: «Le roi des rois, qui a la
magnificencedesdieuxduciel,écritceciauxprêtresdeschrétiens: lespremiersdes juifs
JacobetPharasm’ontdemandédeconvaincrevotreassembléedevousentreteniraveceux
demanièreàétablir fermementsi leChristestvenu.Ne lesabordezdoncpascommedes
Gentils, recevez-les au contraire comme des membres de votre communauté, afin qu’ils
deviennentdesmembresdevosmembres.Ainsi,laplusprofondemalveillancefaiblira,etla
victoireetunepieuseconcorde,siellessontcélébrées,conféreront92
àmonrègnelapaixqui
92 Pour l’équivalenceentre le futuret lesubjonctifaoriste,voirSchwyzer1939,p.787-789etdeStrycker
1961,p.285-286.
luiconvient93
.Masthe dre delakornakukoèarerèande roinason,cequisetraduitainsi:voici
cequ’aordonnéauxmortelsceluiquidétientlessceptrescélestes.»
Aphroditien et les juifs : la question de la venue du Christ, arguments scripturaires et prophéties païennes
45.LesditsjuifsJacobetPharasparurentàl’assembléeaveclesincèreAphroditien.
Lorsque tous se furent assis, Aphroditienprit la parole: «Mes amis, n’abordons pas la
querelle comme des ennemis: ne faisons qu’un par la volonté et acceptons les vrais
enseignements.C’estpourquoi jevous inviteàvousentretenir lesunsavec lesautressans
aigreur.»Puisilditauxjuifs:«DitessansfraudetoutcequisetrouvedansvotreLoi.Car
sivousretranchiezouajoutiezquoiquecesoit,celanem’échapperapas.Dites-nousdonc:
pourquoiêtes-vousvenus?»
46.Jacobetlessiensrépondirent94
:«AusujetduChristnéàBethléem,laquestion
pournousestdesavoirs’ilestvraimentvenu.»
47.Aphroditiendit:«Maisvous,qu’enpensez-vous?»Ilsdirentqu’ilallaitnaître.
Aphroditien reprit: «Quand dites-vous qu’il va naître?» Ils répondirent: «À la fin des
temps.»Aphroditiendemanda:«Quefera-t-il95
,lorsquelestempsaurontétéabolis?»Ils
dirent:«Cequ’adittapenséeinspiréeparDieu:ilrecréeracequiauraétéaboli.»
48. Aphroditien répondit: «Ce qui est aboli sur son ordre et par sa volonté, il le
recrée?Cerécitestincohérent:iln’estnullementditqu’aprèsladissolutiondel’universun
autre ouvrage ressurgira. Votre prophète vous en convaincra, puisqu’il dit: “Je vous
enverrai Élie de Thesba avant que ne vienne le grand jour du Seigneur; sans venir, je
frapperai la terredefondencomble96
.”Sidonc leChristquevousattendezestÉlie,celui 93 Ici,lesmanuscritsC,LetΔajoutentuneformulequ’ilestimpossibledemaintenir:Kαὶἀποκριθέντες
περσιστὶεἶπον.Eneffet,ellesupposequelesjuifsprennentalorslaparole,alorsqu’ils’agitlànonpasd’uneréponsedesjuifs,maisd’uneformuleofficiellequiclôtlalettreduroi.
94 Οἱπερίτινα,lorsquel’objetdeπερίestunnompropre,peutavoirunsensexclusif(ici«leshommesdeJacob»),inclusif(«Jacobetlessiens»)oupériphrastique(«Jacob»).Onpeutopterici(etdanslesautresoccurrencesultérieuresdecetteformule)pourladeuxièmesolution:ils’agitd’uneoppositiondegroupesplutôtqued’individus,cequiexclutl’interprétationpériphrastique(laformuleestremplacéedanslasuitedudialogueparοἱδέ,etnonparJacob).Parailleurs,iln’yapasderaisonparticulièrepourqueJacobsoitexcludecettevoixcollective.Delamêmefaçon,plusloin,SimonetseshommessontdésignéssoitparοἱπερὶΣίμωνα(72,1),soitparΣίμωνκαὶοἱπερὶαὐτόν(70,1).Onnepeutdonctraduirepar«leshommesdeJacob/Simon».Cf.Gorman2001,p.201-213.
95 Ἵνα(Jannaris1987,app.IV,12):lesubjonctifprésentavecἵνα(équivalenttardifdeἄν,cf.1774)peutêtreemployécommesubstitutdufutur.Cf.varianteD.
96 Septante(Ml3,22):Καὶ ἰδοὺἐγὼἀποστέλλωὑμῖνἨλίαντὸνΘεσβίτηνπρὶνἐλθεῖνἡμέρανκυρίουτὴνμεγάληνκαὶἐπιφανῆ,ὃςἀποκαταστήσεικαρδίανπατρὸςπρὸςυἱὸνκαὶκαρδίανἀνθρώπουπρὸς
quinevientpaspourrecréermaispourfrapper,nousdevrionssavoiraussipourquoiiln’est
pasappeléChrist,maisÉlie,ets’ilnaîtàBethléem,commevospèresl’indiquentclairement
pourleprophète,luiquiestdéjànéàThesba.Carceluiquiadit“JevousenverraiÉlie”est
différentdeceluiquiestenvoyé,etcequ’iladit–“jefrapperailaterredefondencomble”
–, il en témoigne d’abord par son intermédiaire, et ensuite il détruit tout ce système.
PourquoidoncleChristnaîtrait-ilalorsoujusteauparavant?Àquiplairait-ilalorsouserait-
ilutile?»
49.Lesjuifsrépondirent:«LeChristetÉliesontdeuxpersonnesdifférentes:notre
prophèteDanielaregardé97
lapierrepourleroideBabyloneetelleestdevenueunegrande
montagne.»
50.Aphroditiendit:«Vousêtesfacilementperdus,sivousnecomprenezpascequi
voussertdedéfense:cetexteaététransportédeBabyloneenPerseetjeleconnaisdefaçon
sûre.Ilyestdit:“Etdansletempsdecesrois,leDieuducielsusciteraunroyaumequine
sera jamais détruit”; et “celui-ci, y est-il dit, ne sera jamais détruit.” Et “le roi a vu une
pierresedétacherd’unemontagnesansquemainl’eûttouchéeetlapierrequiavaitbrisé98
la statue devint une grande montagne et remplit99
toute la terre.” Donc, après ces quatre
royaumes,leDieuducielconstituaunroyaumequ’ilproclamaincorruptibleetinébranlable,
quiest la pierredevenuegrandemontagne etayant rempli toute la terre. Vousavezdonc
placéd’avancecetécueilcontrevous.»
τὸνπλησίοναὐτοῦ,μὴἔλθωκαὶπατάξωτὴνγῆνἄρδην.Lavarianteἔλθω/ἔλθωνestattestéedansletextemêmedelaSeptante(correctionduSinaiticus,révisiondeLucienetCatena in XVI prophetas),etlescommentateursutilisentl’uneoul’autreleçondanslemêmesens:l’idéeestqu’ÉliedoitvenirpréparerlegrandjourduSeigneur(ramenerleshommesàlaconcordeetlesrassemblerdansl’unitédelafoi),pouréviterquecelui-cin’aitàfrapperlaterreentière.Élieestcompriscommel’annoncedeJean-Baptiste,quiprépare la venue du Christ (voir Cyrille d’Alexandrie, Commentarius in Malachiam prophetam, PG 72,361-364, avec la leçon ἔλθω; Théodoret de Cyr, In Malachiae Cap. III, PG 81, 1985C-1988 et JeanChrysostome, In Matthaeum homiliae,57,PG58,557-566,avec la leçonἔλθων). Ici, l’interprétationesttoutautreetreposesuruncontresensquejecomprendsainsi,àl’aidedelatraductionlatinequedonnelaPGpourlemêmetextegrec,maischezAnastase:lanégation,aulieudeportersurtoutelaproposition,neporte que sur le participe, et πατάξω devient alors un futur; Élie est envoyé comme intermédiaire (δι’ἐκείνου) pour frapper. La phrase annonce la fin des temps, où tout sera détruit (ἐξαίρει πᾶν τὸσυνεστηκὸς τοῦτο). Les juifs viennent de dire qu’ils attendent la venue du Christ à la fin des temps;Aphroditien leur répond qu’à la fin des temps c’est Élie qui viendra, et non le Christ (si les juifsconsidèrent qu’Élie est le Christ, ils se trompent), et qu’alors la venue du Christ n’aura plus de sens,puisquetoutauraétéanéanti.
97 Ceverbe,unpeucurieuxdanscetemploi,renvoieàceluiquechoisitDanielpourdécrireauroilesongequ’il a vu, dans la version de Théodotion: ἐθεώρεις (Dn 2, 34). Daniel, guidé par la vision nocturnerévéléeparDieu,voitàlaplaceduroi,ilvoitpourlui.LaLXXemploieἑώρακας,etnonἐθεώρεις.
98 LaSeptanteetThéodotiononticiὁλίθοςὁπατάξας99 C’estleverbedelaversiondeThéodotion.LaSeptanteaἐπάταξε.
51.Les juifs répondirent:«Quelssont lesquatre royaumes?»Aphroditien:«Les
royaumesréputésetinsignesquisesontsuccédélesunsauxlesautres,lesBabyloniens,les
Mèdes, les Perses et le quatrième, royaume de brigands difficile à attaquer, celui de
Macédoine100
.Les troispremierssontpuissants,et lederniervientajouteraux troisautres
son arrogance. Car après ces royaumes, c’est celui-ci qui s’est élevé.» Les juifs: «Nous
disonsquantànousqueleroyaumedeferestceluid’Auguste.»
52. Aphroditien: «Qui le royaume d’Auguste et des autres a-t-il amoindri ou
dompté?Ceshommesontàlafoisvaincuetétévaincus.Orcequiamoindritestinvincible
et indomptable. Comment ceux-ci peuvent-ils en dompter d’autres, lorsqu’eux-mêmes et
touslesautresapportenttributsetprésentsàceroyaume101
?Par“Dansletempsdecesrois,
leDieuducielsusciteraunroyaume”,entendsleroyaumeinauguréentreceux-là102
.Sidonc
vouscroyezque leChristexiste,cherchez-leàpartirde là.Plus tard,vousne le trouverez
pas. Car de même que vos pères, en s’accrochant à l’espoir révolu, ont manqué le juste
momentdesaréalisation,demêmeensera-t-ilpourvous.Eneffet,cequiestditchezvotre
prophète“Lapierrequ’avaientrejetéelesbâtisseursestdevenuetêted’angle”,considérez-le
nonpascommeàvenir,maiscommes’étantdéjàproduit.Maispourquoilirelesprophéties
des juifs et non les nôtres aussi? Ophianos103
Pertèlaios a dit dans ses lois: “Quelle
admirableparurea reçue laPorteCaspienne104
!Unepierredemontagne,quin’apasété
tailléepardesmains,maisquelagrâceaimaginée,enlaplaçanttoutautourdelaportepour
100 C’est l’interprétation originelle du thème des quatre empires: Assyrie ou Babylonie, Médie, Perse,
Macédoine.L’interprétationdu«quatrièmeempire» se transformeàpartirde laprisede JérusalemparPompéeetenvientàdésignerRome.C’estdecetteinterprétationquelesjuifsdenotrepolémiquefontétatenréponseàAphroditien(cf.Hadas-Lebel1986,p.297-300).
101 Dupointdevuechrétien,leroyaumed’Augustenepeutêtreleroyaumedefer,dernierroyaumeavantleroyaume incorruptibleet infaillible: leroyaumede ferestdéjàpassé (c’étaitceluideMacédoine)et iladéjàcédélaplaceauroyaumeéternel.Pourprouverquel’interprétationjuiveduquatrièmeempirenepeutêtre la bonne, Aphroditien insiste sur la faiblesse de l’Empire romain: il ne saurait être qualifié de«royaumedefer»,danslamesureoùilpayetributàunautreroyaume(«ceroyaume»),quisemblebienêtrelaPerse,àlaquellelesRomainsversèrentsouventdessubsides.
102 C’est-à-dire entre le quatrième royaume, l’Empire macédonien, selon Aphroditien, et le royaumed’Auguste.
103 Cenomn’estattestéquepourdéignerlasectegnostiquedesOphites(Ὀφιανοί).104 LesPortesCaspiennes(toujoursaupluriel,àl’exceptiondenotretexte)désignentlesportesd’Alexandre
dans la recension λ du Roman d’Alexandre. On trouve cependant cette dénomination bien avant ceremaniementduRoman d’Alexandre,dontleterminus post quemsesitueaudébutduVIIIesiècle(Jouanno2002, p. 305), dans des ouvrages où elle n’est pas associée à Alexandre. Elle désigne tantôt les portessituées au sud de la mer Caspienne, tantôt la passe de Dariel, au centre du Caucase, tantôt la passe deDerbend,aunordduCaucase(Jouanno2002,p.309-310;cf.égalementAnderson1928,p.130,quipasseenrevuelesrapportsdel’Alexandrehistoriqueetdel’Alexandreromanesqueaveccestroislieux).
l’enserrer! Non seulement elle l’a fortifiée, mais elle l’a ouverte tout en la fermant. La
pierredevenuerouteetportemèneàuneporteauguste,eten tantquerouteconduitàune
routevéritable,tandisquetousceuxquilavoientcrient:Grandeestlapuissancedesdieux,
car ils ont davantage à leur disposition la capacité d’agir.” Élibatos, qui a recueilli
d’innombrableslois105
,ditenl’honneurd’Euclèsdanslesloisquisetrouventverslafin106
:
“Unnuageformidables’estassissurunemontagne;ilalancéuneseulepierreàlaterreeta
fortifiétoutessesfondations.Maiscommentuneseulepierrepeut-ellesoutenirlaterretout
entière? Parce qu’un seul et unique dieu a tout créé.” Et à son tour Trachèlaphios, s’en
prenantauximposteurs,ditaussiàÉpikratès107
cesfermesparoles:“Quiaégarélesfidèles
deDionysosaupointdeleurfairediredelui,alorsqu’iln’ajamaiseudecommencement,
qu’il avait été enfanté par une vierge non outragée, et lui attribuer ainsi la dignité d’un
autre?Carceluiquin’apaseudecommencement,quiprocèdedel’essencequin’ajamais
eucommencement,prenduneessencemortellesanslarecevoircommeunoutrage:eneffet,
cetteessencequ’ilafaçonnée,ilnesauraitenlaprenantlaconsidérercommeunoutrage;
dans ce cas, une vierge au corps pur et au langage sincère, habitée par la force de toute
grâce,luifournitunechairvirginale.J’admirequeceuxquipassentobtiennentdesbiensqui
nepassentpas,lesunspouravoirétéregardéscommedesêtresdivinsgrâceauxloisqu’ils
ont promulguées, les autres pour leur courage ou parce qu’ils se sont distingués
honorablement de quelque autre façon, choses qu’il convient d’honorer. Mais le fait de
poursuivreleshonneurscélestesvaau-delàdetouteaudaceetsurpassetoutblasphème.”»
53. Les juifs dirent: «Cela, maître, nous ne le connaissons pas ni n’en avons eu
connaissance.»Aphroditien répondit:«Vousêtesendésaccordavecvosprophètes,vous
déformez les lois108
. Livrez-nous simplement les lois qui concernent vos femmes, si
toutefoisvouslesrespectez,ellesdumoins.»Lesjuifsdirent:«L’usageestdevenuuneloi
105 Élibatosapparaîtcommeunσυγγραφεύς(voirlaleçondeF)ayantmenéuneactivitédecompilationdes
lois.106 Je comprends ici que τοῖς reprend νόμοις, et que l’expression désigne la fin du recueil de lois. Euclès
pourraitavoirétémentionnédans le titrede l’undeschapitresdecettecompilation.Demême,ἐπὶτέλειpourraitaussis’entendrecommel’intituléd’unouvragesurlepouvoir.
107 JecorrigeiciCsurlabasedurestedelatraditionmanuscrite.Jemodifieégalementl’accentuationdumot,transmise sous la forme ἐπικρατεῖ (ou ἐπικρατῆ) par les témoins. De même qu’Élibatos s’adresse àEuclès,demêmeTrachèlaphioss’adresseàÉpikratès.Uneautreinterprétationestcependantpossible:onpeutcomprendrequeTrachèlaphios«l’emporteparcesfermesparoles».
108 Le thèmede laviolationde laLoi, laπαρανομία,estun toposde lapolémiqueantijudaïque(cf.Guinot1997,p.159-160).Ici,cethèmen’estquerapidementévoqué.Aphroditiensemblevouloirfaireavouerauxjuifsquesurlaquestiondesfemmes,ilsn’ontquedescoutumesoudesinterprétationsrabbiniques,qu’ilsontajoutéesàlaLoirévélée.
pournousetnousnepouvonsrenverser lescoutumesancestrales.»Aphroditienrépliqua:
«Jesaisquantàmoiqu’enfaisantprévaloirdescoutumespersonnelles,vousn’admettezpas
lavraiereligion.Carengarantissantvotredécisionpersonnelle,vousnevoussoumettezpas
àladécisiondevotreDieu.»
Les évêques et les juifs : nouveaux arguments (Ancien Testament, Nouveau Testament,
Flavius Josèphe)
54.Les juifsreprirent:«Quedemandes-tudonc?Quenousdevenionschrétienset
que nous tombions dans l’hérésie109
?» Aphroditien répondit: «Est-ce à dire que vous
n’êtes pas à la tête d’une hérésie en vivant selon vos propres coutumes? Mais pourquoi
devrais-je, moi, tandis que les évêques sont assis, parler pour eux, et surtout en
m’entretenant avec vous, qui semblez vous glorifier de votre défaite?» Les juifs dirent:
«Que l’assemblée des évêques nous parle. Car nous savons que nous ne serons pas dans
l’embarrasfaceàeux.»
55. Les évêques déclarèrent: «Vous avez bien fait de venir. Nous, nous ne nous
éloignonspasdeDieuquiadit:“Ayezconfiance, j’aivaincu lemonde.”»Lesévêquesà
nouveau: «Νous leur proposerons un argument qui aura entièrement raison d’eux.» Les
juifsrépondirent:«Proposezsanscrainte.»
56.Lesévêquesdirent:«IlestditdansJérémie:“C’estluiquiestnotreDieu,auprès
dequinulautrenecompte.Iladécouverttouteslesvoiesdelasagesseetl’adonnéeàJacob
sonserviteuretà Israëlson favori;aprèscelaon l’avusur la terreet ilavécuparmi les
hommes110
.”»
57.Aphroditien:«Qu’ontàrépondreàcelalesrabbinsdesjuifsJacobetPharas?»
Lesjuifsrépondirent:«Ilconvientqu’ilsutilisentplusd’untémoignage,commeleditlaloi111
.»
58. Les évêques dirent: «À qui est-il dit “Siège à ma droite, que je fasse de tes
ennemisl’escabeaudetespieds”?»Lesjuifs:«LeChristsiègeàladroitedeDieujusqu’à
cequ’ilaccomplisseentempsopportunsavenue,qu’ilaannoncéeparlesprophètes.»
109 L’auteurprendiciαἵρεσιςdanssonsenspremier,celuidechoixpersonnel:l’idéeestquelapositiondes
juifsestarbitraire,carellefaitfidelaLoi.110 Lesujetdespassifspourraitaussibienêtrelasagesse,maisdanscecontextedepolémiquesurleMessie,il
fautcomprendrequ’ils’agitdeDieu.Ils’agitd’unecitationdeBaruchiciattribuéeàJérémie.111 Deut. 19, 15: Οὐκ ἐμμενεῖ μάρτυς εἷς μαρτυρῆσαι κατὰ ἀνθρώπου κατὰ πᾶσαν ἀδικίαν καὶ κατὰ
πᾶν ἁμάρτημα καὶ κατὰ πᾶσαν ἁμαρτίαν, ἣν ἂν ἁμάρτῃ · ἐπὶ στόματος δύο μαρτύρων καὶ ἐπὶστόματοςτριῶνμαρτύρωνσταθήσεταιπᾶνῥῆμα.
59. Les évêques dirent: «À celui qui siège, il dit encore une fois “Siège à ma
droite”?Quisusciteraitdel’inimitiédelapartdeceuxquinourrissentdel’inimitié,s’ilne
s’étaitpasencoremanifesté?Eteneffet,cequ’ildit–“siège”–désignelefaitderevenirde
la terrevers lescieuxetdesiégercommeauparavant,au-dessusdesesennemis,pourque
vous soyez foulés aux pieds par le peuple chrétien jusqu’à la fin des temps.» Les juifs
répondirent:«Attendez-vousvousaussiàêtrecomplètement foulésauxpieds lemoment
venu.»
60.Lesévêquesdirent:«Aprèsavoirinjustementfouléauxpieds,vousêtesàjuste
titrefoulésauxpieds.C’estpourquoicequivavousarriverestjuste.»Ilsajoutèrent:«Cemomentopportundontvousditesqu’ilnousattend,ilapproche,leregardmenaçant:alorsvousaussi,et le trompeurauquelvouscroirezàcemoment-là,serez livrésau feuéternel.Pourtantnousvousproduisonsvos témoins,quiontcompris l’incarnationduChrist.Etcequenousallonsvousdirese trouveaussidansvosarchives.Ence temps-là,eneffet,vospères, qui avaient subi une défaite complète et qui avaient nommé leur défaite victoire
invincible,ordonnèrentquepersonnenes’emparâtdecesarchivesoumêmenelescherchât,afind’éviterquel’ardeurdesavoirn’enfournîtlaconnaissanceaugrandnombre.Maisnousparlonsàdeshommesqui lesaventbien,mêmesivousêtescontraintsdecacher lavéritésousl’usage.N’avez-vouspasentenduparlerdesmagesquisontvenusdecepays
112jusque
là-bas,guidésparunoracledivin,quisesontprosternésdevantleChristetluiontoffertdesprésents,etàquivoschefsd’alors,rencontrantHérode,dirent“OùleChristest-ilné?”,si
bienqu’Hérode,jalouxdelaroyautéquiétaitapparue,fitcesigrandmassacred’enfants?Jean-Baptiste n’est-il pas d’origine juive, lui à qui vous avez envoyé des hommes pourdemanders’ilétaitleChrist;etn’a-t-ilpasdit“cen’estpasmoi”?Nel’a-t-ilpasmontréendisant:“C’estlui”,“l’agneaudeDieuquienlèvelespéchésdumonde”?EtNicodèmevotrechef,Nathanaël,Josephd’Arimathie,BizèsetAlexandre,quimangèrentavec luià lanocede Simon de Galilée, au cours de laquelle l’eau fut changée en vin? Et les Anciens qui
avaient été envoyés, que l’on avait choisis parmi les juifs eux-mêmes pour intercéder enfaveurdufilsducenturion,pourqu’ilsedonnâtlapeinedevenirlesauveretquidisaient:“Ilestdignequetuluiaccordescela,carilaimenotrepeupleetc’estluiquinousabâtilasynagogue”?Leproconsul
113 impérial, frèrede l’archisynagogueJaïros,dont ilaguéri le
fils?Lefrèredecethomme,Jaïros,quifitappelàluietdontilressuscitalafilled’entrelesmorts?Caïphequiconseillaqu’unseulhommepérît“etque lepeuple toutentiernepérît 112 Ilexisteuneseuleattestationdeἀπένθενsur leTLG.Maisoncomprendbien la formationdumot.On
pourraitaussiopterpourἀπ’ἔνθεν.113 LegouverneurdePalestinenedevientproconsulquesousJustinien,en536(novelle103).
pas”?Vosenfantsquicriaient:“HosannaaufilsdeDavid,bénisoitceluiquivientaunom
du Seigneur”, “le roi d’Israël”? Le disciple Judas, auquel vous avez offert trente piècesd’argentpourqu’ilvous le livre?Et l’argentquevousavezdonnéauxsoldatspourqu’ilsdisent:“Sesdisciplessontvenusl’enleverdenuit,pendantquenousdormions”?Josèphe,votrehistorien,quiaditduChristquec’étaitunhommejusteetbon,quedessignesetdesprodiges venus de la grâce divine avaient proclamé, un homme qui faisait du bien àbeaucoup
114?Sanscomptertouslesautrespassages,quenousneproduisonspas.»
Aphroditien, les évêques et les juifs : la crucifixion de Jésus
61. Les juifs répondirent: «Pour notre part, nous avons crucifié un homme
quelconque,etnonleChrist.»Aphroditien:«Quiétaitceluiquevousavezcrucifié?»Ilsdirent:«Unhommequisedisaitdieu,etnonleChrist.»Aphroditien:«VousavezcrucifiéceluiquevousditeshommeetquiestlefilsdeMarie?»Ilsdisent:«Oui.»
62.«Etpourquelleraison l’avez-vouscrucifié?»Ilsdirent:«Parcequ’ilsedisait
dieu.»«Etpourcetteraison»,repritAphroditien,«ilaététué?»Ilsluidisent:«Oui.»
63. Aphroditien: «Et qui de ceux qui se dirent dieux a été tué dans toutes les
circonstances? Celui-ci a été tué alors qu’il faisait le plus grand bien et guérissait.» Lesévêquesdirent:«Dequi,selonleprophèteDavid,“sesont-ilspartagélesvêtementsetont-ilstiréausortlatunique”?»Ilsseturent.Lesévêques:«AusujetdequiMoïsea-t-ildit:“Vousverrezvotreviesuspenduedevantvosyeuxetvousnecroirezpas”?»
114 NousavonslàunenouvelleoccurrencedufameuxTestimoniumFlavianum.LetexteretenuparFeldman
1969(XVIII,3,p.48-50)estlesuivant:ΓίνεταιδὲκατὰτοῦτοντὸνχρόνονἸησοῦςσοφὸςἀνήρ,εἴγεἄνδρα αὐτὸν λέγειν χρή · ἦν γὰρ παραδόξων ἔργων ποιητής, διδάσκαλος ἀνθρώπων τῶν ἡδονῇτἀληθῆ δεχομένων, καὶ πολλοὺς μὲν Ἰoυδαίους, πολλοὺς δὲ καὶ τοῦ Ἑλληνικοῦ ἐπηγάγετο · ὁΧριστὸςοὗτοςἦν(«VerslemêmetempsvintJésus,hommesage,sitoutefoisilfautl’appelerunhomme.Carilétaitunfaiseurdemiraclesetlemaîtredeshommesquireçoiventavecjoielavérité.Etilattiraàluibeaucoupde juifsetbeaucoupdeGrecs.Ilétait leChrist»).L’idéequ’un texted’une telle teneurémaned’un écrivain juif a suscité bien des interrogations. Certains y voient une interpolation totale, d’autresdéfendent l’authenticité du passage, d’autres enfin considèrent la version qui nous est parvenue commepartiellement interpolée (cf. Bardet 2001, p. 168-200, qui passe en revue les différentes manièresd’envisagerlaquestion).Letravailsurlatraditionindirecte,enparticulier,aétérenouveléparl’étudedeSh. Pinès sur le testimonium d’Agapius (Pinès 1971): l’intérêt de la version d’Agapius est qu’elle seprésente comme une indication neutre et évite en particulier le suspect «si toutefois il faut l’appeler unhomme».Notretexte,quiometluiaussicedernierpoint,apporteunepiècenouvelleaudossier.IlnesuitpasexactementceluiduTestimonium danssaversioncourante.Ilest trèsprocheenrevanchedeceluideMalalas(éd.Thurn2000,p.187,26):selonMalalas,JosèphedécritJésuscommeunἄνθρωποςἀγαθὸςκαὶ δίκαιος. La suite du texte de Malalas rejoint la vulgate du Testimonium (εἴπερ ἄρα τὸν τοιοῦτονἄνθρωπονδεῖλέγεινκαὶμὴθεὸνἐνοἷςἐποίεισημείοις).
Apostasie de Jacob et Pharas et rapport au roi
64. Jacob et Pharas dirent: «Nous reconnaissons qu’il y a eu de notre part une
grandeméprise,quandbienmême leshommesdenotrepeuplenousprendraientdixmille
foisenhorreur.Toutcequ’ontprédit leshiérophantes, levinaigre, lefielet lepartagedes
vêtements, nous y avons eu recours sous l’emprise d’un grand aveuglement, pour que ce
sang retombe sur notre peuple et que les événements se vérifient. En effet, portés par la
jalousieàsonégardpourlessignesetlesprodigesqu’ilaccomplissaitdevanteux,parceque
touslesuivaientdésormais,ilss’empressèrentdelefairepérir,pourquelepeupledemeurât.
Et non seulement celui-ci115
ne resta pas stable, mais nous fûmes livrés à de nombreuses
dispersions,etnouschantonslechantduSeigneursuruneterreétrangère,àcausedesrabbis
quialorsavaientaimélepouvoiretdontSatanavaitaveuglél’esprit.»
65. Les évêques: «Nous te demandons, maître, que cela soit rapporté aux divines
oreilles.»Aphroditien:«Celaserarapporté116
.»Diastisonèaboisterasautika 117
pothègrèsal-
bestrines,c’est-à-dire:nousallonssur-le-champlefairesavoir.Etilpartitetfittoutsavoir
au roi. Le roi et les hommes qui étaient en son pouvoir se réjouirent de la droiture
d’Aphroditien.
*
* *
115 Ὅστιςavecvaleurdedémonstratif(Jannaris1987,p.1437b).116 Cepassages’apparenteàunesubscriptio,tellesqu’enémettaientlesgouverneursdeprovinceetlespréfets
du prétoire. Concernant les θεῖαι ἀκοαί, on trouve des formulations similaires les Actes des conciles oecuméniques.Ainsidans lesactesduconciled’Éphèse (ACO I,1,3,éd.Schwartz1914-1940,p.25, l.35-37):«Rapport sera faitde touscesactesauxpieusesoreillesamiesduChristdes trèschersàDieuempereurs, afin que leurs divines oreilles apprennent tout ce qui s’est passé » (trad. Festugière 1982,p.348).VoirégalementACOII,1,3,p.45,l.30-31(conciledeChalcédoine)etACOIII,p.101,l.30-31(conciledeConstantinopleetdeJérusalem).
117 J’ai ajouté l’accent sur ce mot dans le texte grec, bien que le manuscrit ne l’accentue pas, car il s’agitmanifestement de l’adverbe grec αὐτίκα, qui s’est ici immiscé dans la formule pseudo-perse (la«traduction»par«εὐθύς»nelaisseaucundoute).
–ACTEIV–
APHRODITIEN,JACOBETPHARAS,SIMON,BARNAÈSETSCILLAS
Exclusion de Jacob et Pharas ; tentative de corruption du fils du roi ; intervention du roi qui autorise un débat entre les deux partis juifs
66.Lorsqu’ilsapprirentcela, lesautres juifset leurschefs sedressèrentcontreces
deuxhommes,JacobetPharas,etlesexclurentdelasynagogueendisant:«Vousnousavez
déshonorésenvousfaisantlesavocatsdeschrétiens,vousavezcommencéàchristianiser118
,
vousavezreniénospères,renversé la loi,adoptéensomme l’adorationd’unhomme.»Et
aussitôt ilsserendirentauprèsdeMihr-bād119
, lefilsd’Arrénatos,et luiproposèrent trente
kentenaria 120
pourqueceshommesn’aientplusde fonctionsdirigeantesdans lepeupleet
soientprivésdeladignitésacerdotale.MaisArrénatos121
ditàsonfils:«Pourquoiacceptes-
tul’argentd’unetellecause,commesil’empireperseétaitpauvre?Comptesesrichesses:
touslestrésorsdesMèdesetdesBactriens,desScythes,desÉlyméens122
,desSémiramites,
sontentretesmains.Ettuprêtesattentionàcepeud’argent,quidesurcroîtt’estdonnépour
violerlaloi?Repousse-le,monenfant.Quelesprêtresagissentselonleurconscience.»
67. Jacob et Pharas, lorsqu’ils apprirent ce qui avait été dit, se démenèrent et
rallièrenttouteleurmaisonnée,leursamisetceuxquimettaienttoutleursoinàlavérité123
et
ilsdivisèrentleurpeupledetellefaçonqueleurproprecampencomptaplusdelamoitié.Il
y avait dans l’autre parti Simon, Barnaès et Scillas124
, qui avait abandonné le paganisme.
Jacob et les siens firent appel à Aphroditienpour avoir un sauf-conduit leur garantissant
qu’ils n’auraient pas à subir quelque attaque de la part du pouvoir. «Et nous nous
118 Bienqu’ilyaitlàenfrançaisuneambiguïté,jetraduisainsileverbeχριστιανίζεινpourrendrecomptedu
parallèleavecἰουδαΐζειν,«judaïser».119 JecorrigeicilaformedeCLΔ,quiontbienMithrobadès/Mihr-bāddanslesdécretsfinauxdelapolémique.120 LekentenarionapparaîtdanslessourcesbyzantinesàcompterduVesiècle(voirDagron/Morrisson1975,
p.145-162;Callu1978,p.301-316).Lasommeiciproposéeparlesjuifsesténorme.121 JecorrigeC,quidonneiciἈρρηνάτος,maisἈρρενάτοςlorsdesdeuxprécédentesoccurrences.122 Habitantsdel’Élymaïde,régiondusud-ouestdel’Iranquicorrespondàl’ancienroyaumed’Élam.Pourla
réputationde richessedecette région,voir1Ma6 (“Tandisqu’ilparcourait leshautesprovinces, le roiAntiochosappritqu’ilyavaitenPerse,dansl’Élymaïde,unevillefameuseparsesrichesses,sonargentetsonor.”).
123 Voirlanote9.124 Onest tentédevoir iciunecorruptiondeἈκύλας,à lafaveurd’uneconfusionΑ /Σenonciales.C’est
d’ailleurs ce que comprend le manuscrit N. Cependant, dans la mesure où l’ensemble des noms de lapolémiqueestfictifetnerenvoieàaucunesourcelittéraireconnue,j’aipréférém’enteniràlaversiondeC,quiestaussicelledurestedelatradition,Nexcepté.
protégeronsparnous-mêmesetparlesjustificationsquisontànotredisposition.»Etleroi
enfitainsi.Arikkès exekrakles,c’est-à-dire:j’ordonnequechacunsejustifie.
Mise en scène de la controverse
68.Lelendemain,lesdeuxpartisentrèrentetseprosternèrentdevantAphroditienet
les évêques125
. Ceux-ci leur ordonnèrent de s’asseoir. Et lorsqu’ils se furent assis,
Aphroditienditauxévêques:«Désormais, ledébatn’estplusdenotreressort126
,maisdu
leur.C’estpourquoijevousdemandedenepasintervenirdansleurcontroverse,afinqu’ils
seconvainquentpareux-mêmes.Carsivousvousopposezàeux,ilsdeviendronteuxaussi
plusacerbesdans lacontradictionet l’auditoires’en trouveraperturbé.Quiplusest, ilest
toutàfaitcontraireàvotredignitéquepareillechoseseproduise.»Lesévêques:«Comme
tunousl’asordonné,hommedroitetillustre,nousleferons.»
Les opinions sur Dieu
69.Aphroditien:«Ilvousestpermis,Simon,BarnaèsetScillas,dediresivousavez
quelqueplaidoyeràfaireenfaveurdevotre loi.Car ilestconséquent,aprèscela,devous
interrogeraussisurcequevousavezàreprocheràvosmaîtres.»
70.Simonetceuxquil’entouraientdirent:«Tavénérableetcélestedécisionetcelle
decespontifeschersàDieusaventquenoushonoronstousundieuuniqueetqueDieuestle
père d’innombrables opinions. Aussi, chacun se fait sa religion selon ce qu’il pense de
l’opinionquel’onasurDieu.»
71.Aphroditiendit:«Dieun’apaseunin’aurad’opinionsdivisées.Étantunique,en
effet, ilaaussiuneopinionunique,cohérente,que tousdoiventconnaître.S’ilest lepère
d’innombrablesopinions,àlaquelles’attachera-t-onetcommentpourrait-onsavoirlaquelle
retenir? Car si les opinions sont divisées, celui qui fait l’objet d’une opinion est aussi
divisé.»
72.Simonetlessiensrépondirent:«Nousprionstadouceetcalmebienveillancede
nepas t’enprendreànousainsi.Tues rompuàcetexerciceparunegrandepratiquedes
discoursetnousn’avonspaslesmoyensdeterépondre.Parle-nousplutôtdanslamesurede
cequenouspouvonscomprendre.» 125 Désormais,lesévêquespassentducôtédesjuges.126 Ὑμῶν,attestéparCnotamment,estmeilleurqueἡμῶν,donnéparAetconservéparBratke:Aphroditien,
bienque favorableauxchrétiens,ne s’identifiepasentièrementà leurcause (voirplushaut,54,4-7,oùaprèsavoirlongtempsparléaunomdeschrétiens,ilseressaisitetreprendsonrôled’arbitre).
Retour à la question principale : Jésus ; arguments scripturaires
73.JacobetPharas:«Notrecontroverseporte-t-ellevraimentsurl’opinionquel’on
asurDieu?ElleportesurJésusleNazoréen,quevospères-puissent-ilsn’avoirjamaisvu
le jour! -, et non les nôtres, ont fait périr par jalousie. Comme vous ne supportez pas la
hontedecemeurtre,vousnieztout,pournepasêtrecondamnés.C’estluidontDavidadit:
“LeSeigneurm’adit:tuesmonfils,c’estmoiquit’aiengendréaujourd’hui”etcequisuit?
Et“tontrône,Dieu,existepourlessièclesdessiècles”jusqu’à“c’estpourquoileSeigneur,
ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, te préférant à tes compagnons.” Et “la pierre que
rejetèrentlesbâtisseursestdevenuetêted’angle”;et“voiciqu’unepierres’estdétachéede
lamontagnesansquemainl’eûttouchéeetlapierrequiavaitfrappé127
lastatuedevintune
grandemontagneetremplitlaterre.”Et“voiciquejeplaceenSionunepierreangulairede
choix, précieuse; et celui qui s’y fiera sera sauvé”; et “voici que la jeune femme128
concevra et enfantera un fils et on l’appellera du nom d’Emmanuel.” Et “on l’emmena
comme un mouton à la boucherie” et la suite; et “voici qu’avec les nuées du ciel il
s’avançait, semblable à un fils d’homme129
, et il arriva auprès du vieillard et à lui furent
donnésl’honneuretlaroyauté;touteslesnationsleserviront.Saroyautéserauneroyauté
éternelleetsonpouvoirs’exercerasurdesgénérationsetdesgénérations.”Danstoutcelaet
lerestec’estduChristqu’ils’agit,luiquevospères,quisesontcondamnéseux-mêmes,ont
crucifié.EtilestressuscitéetsiègeauxcôtésdesonsaintPèredanslescieuxpurs.»
Fin de non-recevoir
74.Simonetsespartisansdirent:«Etpourquoinedisiez-vouspascelaauparavantet
avez-vouscommencéànourrirnotreaversion130
detelsenseignements?»
75.JacobetPharasrépondirent:«L’aversionpeutêtre l’hôted’unecausebonneet
profitable.CommelesaitleDieudenospères,nouspensionstoutcela,nouscondamnions 127 Cettefois,lavarianteσυντρίψαςadisparuauprofitdelaversioncourante.128 C’estletermedelaversiond’Aquila,laLXXayanticiπαρθένος.Bienqueconvertisauchristianisme,les
rabbinscontinuentàutiliserleurversiondelaBible.129 Une tournure curieuse est conservée par la majorité des manuscrits: ὡς ὅμοιος υἱος. La LXX a
simplementὡςυἱός.AQΘontuneformesyntaxiquementpluscorrecte,avecledatifυἱῷ,quej’adopteici.Ὅμοιος,mesemble-t-il,apus’introduire icià lafaveurdesaproximitéphonétiqueavecυἱός(si l’onyadjointl’article,seulleμdiffèrephonétiquement);lemanuscritSadefaitomislemotυἱός,auquels’estsubstituéὅμοιος.Cettevariantedutextebibliquen’estnullementattestéeparailleurs.
130 Ἀντιπάθειαa,outresonsensfréquentd’oppositionoud’aversion,unsensplusfaiblede«changementdesentiment», «efecto contrario, comportamiento en sentido inverso» (DGE), qui serait meilleur si l’onadoptait la leçon ὑμῶν des manuscrits ABFOSΘ. Je maintiens ici le texte de C, qui se comprend aussi,l’idéeétantqu’unemauvaisechosepeutêtresourcedebien.
ceuxquilefirentpérir,maisàcausedeladignitéquenousoccupions,nousavonscachéla
vérité. Pourtant, dans notre cœur, nous étions chrétiens. Voici donc que nous sommes
parvenusàl’accomplissementàlafaveurd’unebonneraison.Eteneffettandisqu’alors,à
causedecettepeur,nouspréservionsl’apparence,ilenallaitautrementdansnotrepensée.»
76.Aphroditiendéclara:«L’hommeestagité131
àtoutmomentpardespenséesqui
luisontpropresetpard’autresquiviennentde l’extérieur; ilacquiesceàbiendeschoses;
maisiln’atteindrapaslavéritétoutentièreparlemensongeninetrouveraledroitparson
contraire. Et quand bien même il atteindrait à la piété, comment peut-il s’y maintenir?
Aussi,accomplissez,lesdeuxpartis,cequivoussemblebonparvotrepropreexamen.»
77.Jacobetlessiensdirent:«Pournotrepart,noussavonsqueleChristestvenudes
cieuxetnoussommesdesesfidèles,carnousnevoulonsplusavoirdans l’esprit les idées
desjuifs.»
78.Simonetlessiensrépondirent:«Mêmesivouslevouliez,notrepeuplenevous
accueillera plus. Comment en effet pourraient-ils garder parmi eux ceux qui sont contre
eux?» Aphroditien dit: «Vous chassez donc vos maîtres, s’ils choisissent de dire la
vérité?» Simon répondit: «Nous ne nous réconcilierons plus, ni eux avec nous, ni nous
aveceux.Carnousnoussommesséparésetsommesdevenusennemis.»
Intervention d’Aphroditien : l’exemple de Koatos ; appel à la concorde
79.Aphroditiendéclara:«Ilsuffit:c’estcequiluitientlieudeserment.Votreaffaire
nevapasau-delàdesmots,carvousnedéfendezaucunecauseeffective.Jesaiseneffetque
ces hommes qui se sont démenés pour une cause effective sont un peuple élu, car ils ont
atteintdesvéritéscélestesparunevoiecéleste,nesesontpascontentésdeseglorifierd’un
mot,maissesontfortifiésd’unsujetdegloireéternel.»80.«Jevaisd’ailleursvousprésenterunpetitexemplesemblableaupremier
132.J’ai
connuunebergèredanslevillagedesArigbanes133
.Koatos,filsdeKoatos,s’épritd’elleetluifitparvenirdesprésentsafinqu’elles’unîtàlui.Celle-ci,lorsqu’ellevitlesprésents,diten riantaumessager,montrantson troupeau:“Voicimesprésentsetmesenfants,quimepermettentdemenourrirparlagrâcedivine.”Ilvintenpersonnelatrouveretl’exhortaavec
131 JecorrigeletextedeCBHLΔΠ,ἀναστατεῖ,quialesenstransitifde«soulever».132 Cetteallusionàunpremierexempleposeproblèmeetestl’undessignesducaractèrecompositedutexte.133 Jemaintiens laformedeC(ArigbanesetnonArigabanes), touten lamettantaugénitifpluriel,selon la
suggestiondeBratke(1899:305,Errata)etdumanuscritN.Aucunedesformesdecenomattestéesparlestémoinsn’estconnueparailleurs.LeseultoponymeapprochantestἈριγαῖον,attestéuniquementdansl’Anabase d’Alexandred’Arrien,4,24,6(éd.Brunt1976,p.420-421).
debrillantespromessesdel’accepterpourmari.Elledit:“Latuniquesanssouillurequem’adonnéelagrâce,jelasouillerais?”Koatosdit:“Sotte,cetteloiaétéétablied’enhautpourquelegenrehumainsemultiplie.”Labergère:“Pourmoi,ilaétéétabliquejen’acquièrepasplusqueceavecquoijevis.”Aprèsl’avoirlonguementexhortéeenvain,ilordonnadela laisser mourir de faim. Le troisième jour, alors qu’elle était sur le point d’expirer, ellelaissaéchappercesmotsd’unevoix joyeuse:“Pèrecélestede tesvraisenfants,purfiancédes jeunes fillesenpleinebeauté, jeviensvers toi,maître trois foisdésiré,pour te rendreintact ce que tu m’as donné, la virginité, le pardon du mal, une existence sans désir derichesse
134,unelanguevéridique,uncœurétrangeraumal,àmoiquiétaistoujourstournée
vers l’espoir de la vie future, auquel j’ai rendu honneur et dont j’atteins les félicités.”Etainsielleexpira.Lorsquelepèredujeunehommel’apprit,ilordonnaqu’onlependîtlatêteenbas,aumilieudelaville,àunmâthautélevé,afinqu’ilfûtlapâturedesoiseaux.
81.EtàprésentjedisàtousausujetduChrist:cequiestdéjàarrivéestarrivé135
.Etausujetdel’historienPhilippe:jel’airencontréàAmidaetàOstra
136.Etausujetdetous
lespaïens,chrétiensetjuifs:nousfaisonslesbeauxparleurspourunsimplemot.Aussi,mesfrères,mêmesivousfaitesprofessiondechristianisme,etvousdejudaïsme,neperdezpasleliendelapaix.Ennousrespectantavecaffection,recherchonslesbienfaitspermanentsdescieux,haïssonslaséparationdescontraires.Embrassez-voustous,commelagrâced’En-hautvousledemande.»
Conclusion : baptême de Jacob et Pharas ; le parti de Simon devient « christianomériste »
82. Et cet homme eut la grâce de persuader les deux partis de se réconcilier, leshommes qui entouraient Simon et les autres se jetant aux pieds du parti de Jacob, leurdemandant de ne pas abandonner une ancienne amitié. Que l’on rende le culte que l’onveut
137, pourvu que subsiste l’affection sincère. Et après s’être embrassés, comme il le
fallait, lorsqu’ils se furent prosternés devant les évêques et eurent rendu grâces à Dieu,
134 Ἀκτέανον est attesté, ἀκτέαρον non. Mais les deux mots sont de formation identique, l’un sur τὸ
κτέανον,l’autresurτὸκτέαρ.Onpeutadmettreiciunhapaxἀκτέαρον.135 Formulationsemblableàcelledu§24.136 SelonHonigmann(1953,p.90-91),cettementiondelarencontred’AphroditienetdePhilippeàAmidaet
Ostraapourbutdeprouverque toute l’histoireestvraieenseréférantàcertainsfaitsbienétablis.C’estune façon d’inviter le lecteur suspicieux à vérifier lui-même dans l’œuvre de Philippe de Sidé celui-ciavaitprobablementmentionnésesdeuxrencontresavecuncertainpaïennomméAphroditien,et l’auteurn’évoque ce fait que pour prouver qu’il n’a pas inventé ce personnage. De même, la controverse entrePhilippe et Dionysaros, dont il parle au début, devait être relatée dans l’œuvre de Philippe. Que cespersonnagesaientréellementexistéouqu’ilsaientétéinventésparPhilipperesteincertain.
137 Bratke (1899, p. 303) supplée ἔστω. En principe, ἔστω n’est presque jamais omis si ce n’est dans laformuleclassiqueχάρις(τῷθεῷ)(Blass1962,p.128,6).
abondammentcélébré leroietprononcéencommun l’alléluiaenhébreu, ilsseséparèrent.Jacob et Pharas furent baptisés, ainsi que soixante personnes. Les autres restèrent dans legroupe schismatique de Simon et furent appelés «Christianoméristes»
138, tandis
qu’Aphroditienexhortaitlesdeuxgroupesàhonorerlaprovidence,parcequ’“elleaussinousavaitgrandementhonorés”.Décret final
83. Nekeantrararophaios merorektalloisin nerôtou medikalla auxon tê rôra, c’est-à-dire:lepouvoirabsolu
139ordonnededéposerceladanslescoffretsenguisedetémoignage
et pour ceux qui veulent en prendre copie: Arrénatos140
: baukogegendras; Pasargaros:lexribonato; Dioclès: bazeas; Aphroditien: meïmaltos; commandement, discernement,bonheur,jugement.L’autoritédupouvoirdecesquatrehommesaapprouvélesdécisionsenconnaissancedecause.Nabourikès,Mihr-bād,Tertulos,quioccupentune fonctionde rangconsulaire
141ainsiquelecommandementmilitaireetlasatrapiecorrespondants.Leurordre
a été diffusé jusqu’aux extrémités de la Babylarchie. Que les accords soient publiés sousleursdeuxversions,commeilenaétéconvenu.
–PARAGRAPHESCONCLUSIFS–
LERÔLEDEPHILIPPEDESIDÉ
UNEEXPLICATIONDEL’ÉPISODEDESSTATUES 138 Le texte présente les juifs non convertis comme des schismatiques. Ils reçoivent le «titre» de
«Christianoméristes»,nonattestéparailleurs.Cetteversiondumot,quiestcelledeCnotammentetenfaitundérivédeμερίζω(«diviser,partagerenfactionsdissidentes»,cf.1Co1,13pourleverbeetLc12,14poursondérivé),estsansdouteàpréféreràcelledeA,conservéeparBratke(Χριστιανομερίτας),quiaunsens toutopposé,en tantquedérivédeμέρος(«quiparticipeà»).Cettedernière leçon,quoiquenondénuée de sens, paraît difficile à admettre, si l’on considère la déclaration finale de Simon à sescoréligionnairesquiviennentd’admettrelemessagechrétien:«Nousnenousréconcilieronsplus(...).Carnousnoussommesséparésetnoussommesdevenusennemis».
139 J’adopte la correction de Bratke, la leçon des manuscrits (ἀνεξουσίαστος) ne pouvant se comprendre.Cettecorrectional’avantagedeconserverlarépétitiondeἐξουσία,quidonneuncaractèreformulaireaupassage.Maiselleintroduitunhapax.Onpeutaussisupposerquec’estlàprécisémentl’erreurdestémoins,qui assimilent l’adjectif au substantif tout proche; ἀνεξουσίαστος recouvrirait alors un autre adjectif,commeἀνεξιχνίαστοςouἀνεξοδίαστος.Quoiqu’ilensoit,uneinterventions’impose,etcelledeBratkesemblepluslégère.
140 Iciencore,jerétablislagraphiemajoritairedecenomdansC,quitransmetpourcetteoccurrencelaformeἈρινάβατος.L’ensembledesmanuscritsprésentedesincohérencesdanslagraphiedecetanthroponyme.Ilestpourtantévidentqu’ils’agittoujoursdumêmesouverain,commel’indiquelaprésenceàsescôtés,demêmequ’audébutdelapolémique,dePasargarosetdeDioclès.
141 Le terme pourrait renvoyer ici à la fonction d’hypatikos, qui désigne le gouverneur dans la Syriebyzantine.
84. CePhilippeétaitprêtreet syncellede Jean,archevêque de Constantinople. Ila
admirablementdécrittoutel’histoireenladivisantenpériodesdetellefaçonqu’aucundes
savants historiographes ne put jamais rivaliser avec lui142
. Le même prêtre raconta qu’à
partir du jour où l’on vit l’étoile dans le temple, à la même date, chaque année jusqu’à
l’AscensionduSeigneur,touteslesstatuesproduisaientànouveauchacuneleurproprevoix,
sibienquetoutelacitérestaitdansl’attente,immobile,àcontemplerlesgrandesmerveilles
etl’apparitiondel’étoilechaqueannée.
85. Il est remarquable qu’Aphroditien, païen de nom mais chrétien de fait, ait
surpassé le prêtre Philippe par les grands propos qu’il a tenus au sujet du Christ. Le juif
Doros143
,l’avocatdesonpeuplecalomniateur,affirmaqueleroiconvoquaitdesjeuxdansle
sanctuaire,cequines’estjamaisproduit,etquelesstatuesavaientsouslespiedsdepetits
tuyaux144
invisibles;leurshabilestechnicienssecouchentencachetteetproduisentlavoix
propreàchacune.En faced’euxse tiennentdes femmesqu’onappelle«thuariglai»145
et
quichantent,et lesstatues,grâceaux techniciens, l’emportentsur lesfemmesvivantespar
leurhabileté.Etiltientlemêmediscourssurtout:c’estainsi,selonlui,quegrâceàeuxla
142 Honigmann(1953,p.87),comprend«whoadmirablydescribedwitheverystation(ἐσταθμογράφησεν)
thewhole[wayofthemagi]».Maislaremarqueparaîtêtreicid’ordreplusgénéral:elleneconcernepasseulementlerécitduvoyagedesmages.
143 AFΠ sont les seuls manuscrits qui attribuent un nom à cet «avocat de son peuple calomniateur». Lesautres témoins interprètent différemment le passage, en achevant la phrase précédente à εἰπών et endonnantμεγάλαδωρεῖσθαιaulieudeμεγάλαΔῶρος(ΔωρίςΠ)δέ.Oncomprendalorsqu’Aphroditienasurpassé Philippe en disant au sujet du Christ qu’il avait offert de grandes choses. Mais la suite, etnotammentl’articledéfini(ὁἸουδαῖος),s’entrouveobscurcie.LaleçondeFesttentante,maisellepriveεἰπώνdesonrégime(μεγάλα,quirappelleμεγάλωςἐσταθμογράφησενci-dessus).Jem’entiensdoncàA.
144 Καλαμιοκάρυα(CΔ)n’estpasattestéparailleursetnesecomprendpas.Untermeapprochant,attestéparFetparlemanuscritd’OxfordΞ,καλαμισκάρια,estprésentdanslesHippiatrica Berolinensia,26,7,6,oùiléquivautàκαλαμίσκονetdésigneun instrumentchirurgical,unesortedecanule.J’adoptecette leçon,quisupposequelesstatuesontdansleursocledepetitstuyauxpermettantauxtechniciensdefairepasserlesonde leurvoix.Les technicienssontdissimuléssous lesstatuesouderrièreelles.De tellessupercheriessont largement attestées, en Syrie et en Égypte notamment. À Hiérapolis, pour faire parler l’idole deJupiter,unprêtreétaitdissimulédanslabaseetsechargeaitdefaireentendrelavoixdudieu,àl’aided’uncanalaboutissantàlabouchedelastatue(cf.Hajjar1990,p.2290-2291).Ilsepourraitaussiquecenomsoit une forme corrompue de καμάρα, et désigne dès lors simplement les cavités dans lesquelles sedissimulentlestechniciens.Danstouslescas,l’auteurdeceparagraphesemblecontesterl’existencemêmedefalsifications,«calomnieusement»avancéesparlejuifDoros.Néanmoins,cestechniquesd’animationdesstatuesn’étaientpasàl’origineconsidéréescommedesfraudes.C’estlediscourschrétiennotammentquilesadénoncéescommed’odieuxsubterfuges(cf.Thélamon1981,p.240-243).Notreauteurprendicilecontre-pieddecetypedediscoursetdéfendlecaractèremiraculeuxdurécit.
145 Hapax.
réputationdufaitsetrouveaccrue.Ceuxquilisentcetextedevraientcomprendresicelaest
vraisemblableounon.
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