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2ENVIRONNEMENT 4/03 Une protection préventive de l’environnement ÉDITORIAL L’aménagement du territoire en tant qu’instrument légal est utilisé par les pouvoirs publics pour protéger les éléments naturels tels que le sol, l’eau, l’air, la forêt et le paysage. Comment cela se passe- t-il concrètement et quels outils utilisent les planificateurs? C’est ce que nous allons découvrir ensemble tout au long de ce numéro. L’aménagement du territoire permet en effet de protéger les nappes phréatiques, d’offrir aux animaux sauvages des voies de migration contournant les grands axes routiers et ferroviaires, de construire des logements moins exposés au bruit ou des centres commerciaux avec un minimum de trafic polluant. La loi exige une utilisation judicieuse du sol. En économisant du terrain, on consomme moins de ressources et on protège le pay- sage. La planification intègre les aspects écologiques. Les projets sont ainsi mieux conçus et passent plus facilement l’examen de l’étude d’impact. L’OFEFP est donc ici en terrain connu et collabo- re étroitement avec l’Office fédéral du développement territorial (ODT) – notamment dans l’appréciation des plans directeurs can- tonaux. Reste que la réalité ne correspond pas toujours aux objectifs. La mise en pratique demeure souvent délicate. La planification n’est pas vraiment populaire, car elle fixe des limites et peut être contraignante. Dans la vie privée planifier va pourtant de soi. C’est incontournable, car celui qui n’est pas prévoyant – sur le plan financier ou autre – court à sa perte! Il en va de même pour notre espace vital. Il faut l’organiser soigneusement et assurer ainsi le maintien de ce précieux capital. Bien entendu, la planification ne peut pas tout résoudre. Reve- nons à l’exemple du centre commercial. Grâce à l’aménagement du territoire, on peut déterminer le meilleur emplacement et mini- miser ses nuisances. Cela ne devrait pas nous empêcher de nous poser une question plus fondamentale: avons-nous réellement besoin de tous ces centres d’achats? Notre boulimie d’espace doit être mesurée à cette aune. Gérard Poffet, sous-directeur de l’OFEFP

Une protection préventive de l’environnement

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Page 1: Une protection préventive de l’environnement

2➔ ENVIRONNEMENT 4/03

Une protection préventive de l’environnement

ÉDITORIAL

L’aménagement du territoire en tant qu’instrument légal est utilisé

par les pouvoirs publics pour protéger les éléments naturels tels que

le sol, l’eau, l’air, la forêt et le paysage. Comment cela se passe-

t-il concrètement et quels outils utilisent les planificateurs? C’est ce

que nous allons découvrir ensemble tout au long de ce numéro.

L’aménagement du territoire permet en effet de protéger les nappes

phréatiques, d’offrir aux animaux sauvages des voies de migration

contournant les grands axes routiers et ferroviaires, de construire

des logements moins exposés au bruit ou des centres commerciaux

avec un minimum de trafic polluant.

La loi exige une utilisation judicieuse du sol. En économisant du

terrain, on consomme moins de ressources et on protège le pay-

sage. La planification intègre les aspects écologiques. Les projets

sont ainsi mieux conçus et passent plus facilement l’examen de

l’étude d’impact. L’OFEFP est donc ici en terrain connu et collabo-

re étroitement avec l’Office fédéral du développement territorial

(ODT) – notamment dans l’appréciation des plans directeurs can-

tonaux.

Reste que la réalité ne correspond pas toujours aux objectifs. La

mise en pratique demeure souvent délicate. La planification n’est

pas vraiment populaire, car elle fixe des limites et peut être

contraignante. Dans la vie privée planifier va pourtant de soi. C’est

incontournable, car celui qui n’est pas prévoyant – sur le plan

financier ou autre – court à sa perte! Il en va de même pour notre

espace vital. Il faut l’organiser soigneusement et assurer ainsi le

maintien de ce précieux capital.

Bien entendu, la planification ne peut pas tout résoudre. Reve-

nons à l’exemple du centre commercial. Grâce à l’aménagement

du territoire, on peut déterminer le meilleur emplacement et mini-

miser ses nuisances. Cela ne devrait pas nous empêcher de nous

poser une question plus fondamentale: avons-nous réellement

besoin de tous ces centres d’achats? Notre boulimie d’espace doit

être mesurée à cette aune.

Gérard Poffet, sous-directeur de l’OFEFP

Page 2: Une protection préventive de l’environnement

6➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Comment freiner le bétonnage?La loi sur l’aménagement du territoire oblige la Confédération, les cantons et les communes à bien

gérer l’espace, en veillant à une utilisation rationnelle et économe des terrains. Or, depuis son

entrée en vigueur en 1980, les zones construites se sont multipliées à un rythme effréné. Pourquoi

cet échec? Où sont les succès? Bilan et esquisses pour un aménagement plus écologique.

Les statistiques sont vertigineuses.Entre 1985 et 1997, la Suisse a perduchaque jour 11 hectares de terres culti-vables. Deux tiers d’entre elles ont cédéla place à des zones bâties, le reste étantreconquis par la forêt sur les terrainsabandonnés.

Entre 1990 et 2000, 30 000 à 40 000nouveaux logements ont été construitschaque année. Aujourd’hui, 6,8% de lasuperficie totale de la Suisse est urbani-sée. Sur le Plateau, qui abrite 58% dessurfaces bâties, ce taux atteint même14,6%. Cela fait de notre pays – dont lapopulation s’est accrue de 5,9% pendantles années nonante – une des régions lesplus densément peuplées d’Europe.

Appétit insatiableDepuis quelques années, la pression quis’exerce sur cette ressource limitéequ’est le sol ne cesse de croître. Actuel-lement, chaque habitant occupe enmoyenne 397 m2 de terrain. Toutefois,ce chiffre varie fortement d’une région

à l’autre: de 131 à 711 m2. Dans sa«Stratégie 2002 pour le développementdurable», le Conseil fédéral a exprimésa volonté de stabiliser la surface d’ur-banisation à 400 m2 par habitant. Carl’occupation excessive des sols a denombreuses répercussions, tant écolo-giques que sociales.• Appauvrissement du paysage

Là où les constructions se multiplientde manière anarchique, des trésorsnaturels, culturels, sociaux et écono-miques disparaissent à jamais. Entre1972 et 1995, 250 000 hectares deterritoire – soit l’équivalent du Tessin– ont subi des modifications plus oumoins radicales.Ces modifications ne concernent passeulement le Plateau très urbanisé –qui a besoin de surfaces agricolesmultifonctionnelles aussi bien quede vastes espaces de détente prochesdes villes. Le paysage alpin lui aussi aété grignoté, et avec lui la matièrepremière du tourisme. Mauvaise af-

faire pour l’économie, car les son-dages auprès des visiteurs démon-trent depuis longtemps l’importancecapitale qu’ils accordent aux pay-sages intacts.

• Gaz d’échappement et bruit La circulation occupe près d’un tiersdes surfaces d’habitat et d’infrastruc-ture. La superficie des routes, voiesferrées et installations aéronautiquesn’a cessé d’augmenter durant la dé-cennie écoulée. Le gaspillage d’éner-gie et la pollution se sont accrus enproportion; la dispersion de l’habitata fait gonfler les flux pendulairesentre domicile, travail et loisirs.Dans beaucoup d’endroits, les va-leurs limite de bruit et de polluantsne peuvent plus être respectées.

• Imperméabilisation du sol et bilan hydriqueL’extension des surfaces construitesse traduit par un bétonnage progres-sif qui porte atteinte au régimehydrique du sol, à la formation de la

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Page 3: Une protection préventive de l’environnement

nappe phréatique et à l’humidité del’air, donc au climat local et à la qua-lité de vie.

• Disparition des habitats naturels L’occupation croissante des sols parl’être humain réduit les habitats desanimaux et des plantes en peau dechagrin. Toujours plus dense, le ré-seau de circulation morcelle desespaces naturels autrefois d’un seultenant.

Conflits d’intérêts, succès et perspectivesPour contrer cette évolution, la Confé-dération, les cantons et les communesdisposent pour l’essentiel de quatreoutils: les plans directeurs, les plansd’affectation, les conceptions et lesplans sectoriels (voir encadré p.8). À l’évi-dence, l’aménagement du territoiren’est pas parvenu à s’acquitter de ma-nière satisfaisante de sa mission – veillerà une utilisation mesurée du sol. Cen’est pas tant la faute des instrumentsexistants… mais plutôt d’un manquede volonté politique de s’en servir effi-cacement. En tant que tâche interdé-partementale, l’aménagement doit con-cilier des intérêts contradictoires. Ilsubit parfois des pressions si fortes que

des utilisations moins lucratives ou desmesures de protection sont sacrifiéessur l’autel de l’économie.

Cela étant, l’aménagement du ter-ritoire (AT) a tout de même remportéplusieurs succès durant ces dernièresdécennies.

• Pour lutter contre l’envahissementdes campagnes, il préconise depuislongtemps la densification des cons-tructions, surtout dans les centres, lavalorisation de friches industriellesou la rénovation des bâtimentsanciens. Aujourd’hui, ces efforts

➔ 7ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Source : statistique OFS 2001Photo: R. Schürmann

+14,5%

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Évolution du quartier du «Hübeli» à Münchenbuchsee BE, entre 1971 et 1993, photografié depuis le même endroit.

Évolution des surfaces bâties de 1972/85 à 1992/97, selon les régions.

Page 4: Une protection préventive de l’environnement

portent çà et là leurs premiers fruits.• L’AT encourage les transports pu-

blics. Cependant, il n’a puni freiner la croissance dutrafic individuel ni, com-me on l’espérait, transfé-rer le trafic lourd sur lerail.• Des progrès ont ce-pendant été réalisés dansles constructions routiè-res: tunnels, passages àfaune et autres mesuresd’aménagement.• Les «Grandes lignesde l’organisation du ter-ritoire» visent à ramener

l’évolution actuelle sur la bonnevoie à long terme.

• Depuis peu, des tentatives de colla-boration régionale et interrégionalecherchent à résoudre collectivementles problèmes des agglomérations:plaine de Magadino, triangle Aarau–Olten–Zofingue, ouest lausannois,zone des trois frontières à Bâle, lacde Constance…

Comment canaliser l’urbanisation?Malgré cela, notre pays n’est pas enco-re sur la voie du développement dura-ble, tant s’en faut. La dynamique del’urbanisation est difficile à maîtriser.Confédération, cantons et communes

doivent unir leurs efforts. Avant tout, ils’agit de mieux appliquer le droit exis-tant, tout en le complétant par desstratégies innovatrices et un cocktail demesures à long terme:

1. Renforcer la prévention écologiqueL’AT doit concilier des intérêts trèsdivers dans l’esprit du développementdurable et limiter les atteintes à l’en-vironnement. Il doit donc mettre enœuvre avec détermination les «Grandeslignes de l’organisation du territoire»:améliorer le réseau entre villes et espa-ces ruraux, compléter le système urbainpar des centres régionaux de déconges-tionnement, soutenir l’espace rural, mé-

8➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

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LIENS

Instrument

Plan directeur

Conception et plan sectoriel

Plan d’affectation

But

Dans les plans directeurs, les cantons indiquent leurs souhaitsde développement et coordonnent les activités qui ont deseffets sur l’organisation du territoire. En règle générale, cesplans doivent être réexaminés et remaniés tous les 10 ans. Ilsont force obligatoire.Dans les conceptions et plans sectoriels (art. 13 LAT), la Confé-dération indique comment elle exerce les activités qui ont deseffets sur l’organisation du territoire, ainsi que les objectifsqu’elle poursuit. Ils ont force obligatoire.Les plans d’affectation règlent le mode d’utilisation du sol auniveau des parcelles, de manière contraignante pour les pro-priétaires fonciers. Ils délimitent entre autres les zones à bâtir,les zones agricoles et les zones à protéger. Ils sont régulière-ment réexaminés et remaniés.

Exemple

À l’heure actuelle, la moitié descantons disposent déjà d’un plandirecteur de deuxième géné-ration, approuvé par le Conseilfédéral. Plan sectoriel des surfaces d’asso-lement, Plan sectoriel des lignesde transport d’électricité PSE, Conception «Paysage suisse».Plans de zones communaux,plans d’affectation spéciale.

Les friches industrielles ont un gros potentiel. Ici, l’aire abandonnée par Escher-Wyss à Zurich. À gauche, travaux de démolition; au milieu, le projet gagnant PULS 5 (4500 m2 de bureaux et logements); à droite, le projet «Schiffbau», qui réutilise une halle industrielle pour les besoins annexes du Grand Théâtre.

Keystone

Page 5: Une protection préventive de l’environnement

nager la nature et le paysage et mieuxintégrer la Suisse dans le réseau euro-péen, que ce soit pour la circulation, lesvilles ou l’économie. Les changementsclimatiques imposent de nouvelles vigi-lances: protection contre les dangersnaturels, espace réservé pour les coursd’eau, approvisionnement en eau po-table.

2. Mieux concrétiser les objectifs De nombreux conflits sont dus à la qua-lité insuffisante de certains projets; sou-vent, les objectifs supérieurs ne sont passuffisamment intégrés dans les plansd’affectation communaux. La deu-xième génération des plans directeurscantonaux a permis un progrès, maisdes efforts restent à faire: consolider lacoopération régionale, réagir de ma-nière plus souple à l’évolution de lasociété et examiner plus en détail l’em-placement d’installations attirant unpublic important.

3. Exploiter le potentiel des zones industrielles et urbainesEn 2000, la superficie totale des frichesindustrielles était égale à celle des vieil-les villes de Zurich et de Berne ad-ditionnées. Un énorme potentiel, qui adéjà été exploité ici et là: quartierEscher-Wyss à Zurich, site de l’ancienne

usine Sulzer à Winterthour, zone por-tuaire de Bâle, bâtiments industriels àBerne et à Genève ... Il reste beaucoupd’opportunités intéressantes, d’autantplus que les besoins d’espace doiventêtre satisfaits en priorité à l’intérieur dutissu urbain existant. Mais les ancienssites industriels sont parfois conta-minés: leur assainissement nécessitedonc une coopération entre respon-sables de l’AT et de l’environnement.

4. Appliquer une politique des agglomérationsPrès de 75% de la population suisse viten zone urbaine. Dans son rapport surla politique des agglomérations, leConseil fédéral veut donc préserver etaméliorer l’attractivité économique del’espace urbain et la qualité de vie de seshabitants. Dans ce but, il est indispen-sable d’améliorer la coopération verti-cale et horizontale entre Confédé-ration, cantons, villes et communes. Etaussi de mieux intégrer le réseau desvilles suisses dans le réseau européen.Cette politique encourage entre autresdes projets d’agglomération et des pro-jets-modèles comme ceux de Zurich–Winterthour, d’Argovie–Soleure (réseauMittelland), de Neuchâtel (réseau ur-bain), de Berne ou de Lucerne.

5. Contrôler les changements d’affectationEn 2000, la révision partielle de la LAT apartiellement assoupli les dispositionssur la construction en dehors des zonesà bâtir. Depuis, les expériences sont ana-lysées, et les dispositions adaptées. Ain-si, le Conseil fédéral a adopté fin mai2003 une révision partielle de l’ordon-nance qui précise dans quels cas desbâtiments d’habitation agricoles peu-vent être transformés à des fins nonagricoles. Il s’agit maintenant de suivrel’exploitation de ce nouveau potentiel,en se basant sur le principe de la sépa-ration des zones constructibles et nonconstructibles. Sinon, ce serait mettreen danger les objectifs essentiels del’aménagement.

■ Marco Badilatti

➔ 9ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Reto Camenzind, section

Urbanisation et paysage,

Office du développement

territorial ODT

031 322 52 66

[email protected]

INFOS

Utilisation de surface par personne, en Suisse, selon l’affectation.

Habitat 195 m2 Source: Statistiques OFS 2001

Voies de transport 128 m2

Aires industrielles et artisanales 52 m2

Espaces verts, zones de loisirs 22 m2

Total 397 m2

Page 6: Une protection préventive de l’environnement

10➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Quand les paradis de la consommationse mettent au vertAttirant les voitures comme des mouches, les projets de centres commerciaux sont un véritable

casse-tête pour les planificateurs: en ville, ils font grimper les taux de pollution… à la campagne,

ils induisent des déplacements supplémentaires. Un guide bienvenu montre comment concilier

protection de l’environnement et aménagement du territoire.

Le «Centre Boujean» est un paradiscommercial à l’entrée orientale de Bien-ne. Il a bien fallu neuf ans pour le ter-miner, mais à l’inauguration, le 18 avril2001, tout le monde avait oublié lesdéboires qui ont ralenti sa construc-tion. Le maire Hans Stöckli s’est réjouide voir sa ville compter 350 emplois deplus, ainsi qu’un nouveau contribuableimportant, tandis que les investisseursde Maus Frères SA ont vu leurs prévi-sions se confirmer: dès le premier jour,les tiroirs-caisses du supermarché, durestaurant, du magasin de bricolage etdes vingt boutiques installées dans lecentre n’ont cessé de tinter.

Limiter la circulationMême l’Association transports et envi-ronnement (ATE) était soulagée. Sesdiverses oppositions avaient en effet

permis de maintenir l’accroissement detrafic dans des limites acceptables. Lecanton de Berne a par ailleurs exigé unebonne desserte par les transports pu-blics. Résultat: l’hypermarché a sonpropre arrêt, où un bus passe toutes lesdix minutes. Les exploitants versent en-viron 400 000 francs par an à la villepour ces prestations, tandis que les pla-ces de stationnement ont été réduitesde 20% par rapport au projet des pro-moteurs.

Le modèle biennois présente un in-térêt particulier: pour la première fois,on a appliqué un instrument promet-teur pour limiter les nuisances. Selon lepermis de construire, le Centre ne doitpas générer plus de 5000 trajets-voi-tures par jour. En cas de dépassement, ilse verra imposer d’autres exigences. Cecontingent a été fixé de telle sorte que

le trafic induit ne contrevienne pas auxprescriptions sur la protection de l’air etcontre le bruit, et qu’il n’encombre pasles routes.

Près des centres ou en rase campagne?Aujourd’hui, des conflits comme celui-là, il en surgit partout dès qu’on prévoitla construction d’installations à fortefréquentation: centres commerciaux,parcs de loisirs, marchés spécialisés,cinéma multiplex. Toutes ces installa-tions ont en commun le fait de générerbeaucoup de circulation. Elles représen-tent en effet 10% du trafic automobileprivé; la tendance est à la hausse.

Les valeurs limite d’immissionspour les polluants atmosphériquesétant déjà souvent dépassées dans lesagglomérations, on ne peut guère envi-sager d’y implanter des installations qui

CENTRES COMMERCIAUX

suite page 12

Page 7: Une protection préventive de l’environnement

➔ 11ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Adliswil ZH: bus trop rares, projet refusé!

Le projet Mövenpick était grandiose: un complexecomprenant dix salles de cinéma, un écran en pleinair, cinq restaurants et divers marchés spécialisés à lasortie de l’autoroute Zurich-Wollishofen. Il prévoyaitplus de 1200 places de stationnement.

Les autorités locales et cantonales avaient donnéleur bénédiction au projet mais, d’opposition en re-cours, le Tribunal fédéral a été appelé à se prononcer.Dans un jugement qui fait jurisprudence, les juges fé-déraux ont décidé en 2001 que ce fameux complexene verrait pas le jour. Motif: la desserte par les trans-ports publics était inadaptée. Le TF a estimé que deuxbus par heure ne constituaient pas une fréquencesatisfaisante pour un tel centre commercial…

Neuchâtel: Coop et le Xamax feront bon ménage

À l’origine, Coop voulait implanter son nouveausupercentre à l’est de la ville, soit à Marin, soit mêmeà Gampelen, dans le Seeland. À Marin, le projet s’estheurté à l’opposition de la population; à Gampelen,les Bernois ont refusé les exigences des promoteurs enmatière de déplacements motorisés.

Finalement, Coop prendra ses quartiers dans lecomplexe prévu sur le terrain de La Maladière, toutprès du centre-ville. Ce projet à 200 millions de francs,conçu en étroite collaboration avec la Ville de Neu-châtel, devrait améliorer les conditions de circulationdans l’agglomération. Le parking du centre commer-cial (900 places) sera utilisé par les visiteurs du com-plexe sportif qui comprend, en plus du stade recons-truit, six halles de sport et une caserne de pompiers. Encédant le terrain, la Ville devient propriétaire du stadeutilisé par le FC Xamax. Elle paiera une location pourles autres infrastructures, avec option d’achat. Le quar-tier est bien desservi par les transports publics, quiseront complétés par une ligne de bus supplémen-taire. À moyen terme, le tram (Littorail) sera prolongévers l’Est et passera devant La Maladière.

Projet refusé en raison de mauvaises liaisons avec les transports publics: centre commercial avec cinémas multiplex d’Adliswil ZH.

Futur complexe de La Maladière NE, dans son environnement urbain.Geninasca Delefortrie SA

Homepage Saville Finanz

10% du trafic motorisé individuel est dû aux grands centres commerciaux.

OFEF

P/AU

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Page 8: Une protection préventive de l’environnement

12➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

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Division Droit

OFEFP

031 322 93 54

[email protected]

Fred Baumgartner

Section Urbanisation

et paysage, Office

fédéral du développe-

ment territorial ODT

031 322 40 54

[email protected]

INFOSInstallations à forte fréquentation,

78 p., OFEFP-ODT, 2002; en allemand et en

français; CHF 12.–, SRU-346-F, OFEFP,

Documentation, 3003 Berne,

[email protected], www.buwalshop.ch

LECTURE

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LIEN

ne feraient qu’accroître le problème.Faut-il pour autant construire cescentres – lorsqu’ils sont indispensables– en rase campagne, où l’air est moinspollué?

Ce serait absurde du point de vue del’aménagement du territoire. Les com-plexes de ce genre occupent des sur-faces énormes. De plus, ces sites sontsouvent mal desservis par les transportspublics. Il vaut donc mieux les cons-truire dans les zones bâties existantes.

Conflit? En apparence seulementY aurait-il un conflit entre protec-tion de l’environnement et amé-nagement du territoire? Non, ré-pondent les experts chargés parl’OFEFP et par l’Office fédéral dudéveloppement territorial de menerune étude sur la question. À leur avis,ces constructions n’engendrent pas deconflit majeur: les valeurs limitesd’immissions n’y sont pas dépassées etl’installation respecte les exigencesenvironnementales. Ces sites sont sou-vent retenus en raison du prix du ter-rain, par ailleurs plus facile à acquérir.

Ce n’est donc pas la protection del’air qui relègue les centres commer-ciaux à l’écart du tissu urbain. Au con-traire: des installations construites à

proximité d’un centre urbain et biendesservies par les transports publicssont meilleures à ce point de vue. Lesclients polluent moins pour s’y rendre.

La contradiction entre les objectifsde la protection de l’air et ceux de l’aménagement du territoire n’est doncqu’apparente. Il importe toutefois decoordonner l’application des prescrip-tions. L’hygiène de l’air détermine levolume de trafic autorisé et l’aménage-ment propose les sites appropriés.L’OFEFP et l’ODT publieront prochai-

nement un guide d’application qui ex-plique les différentes étapes de la procé-dure de coordination. Ce guide seraégalement utile aux investisseurs: il leurpermettra d’évaluer plus rapidement leschances de leur projet.

Un modèle de pondération des trajets Le canton de Berne se fonde par exem-ple sur un modèle de pondération destrajets pour évaluer un site. Partant del’hypothèse que l’accroissement de lacirculation ne doit pas dépasser 8%

dans les 15 années à venir, il choisit lessites potentiels et fixe le volume de tra-fic maximal admissible pour chacun.On donne ainsi la préférence à des em-placements judicieux du point de vuede l’aménagement du territoire. Uncontingent de trajets est par ailleursattribué aux futurs exploitants des ins-tallations.

Bien que le projet du Centre Bou-jean à Bienne ait été lancé avant l’éla-boration de ce modèle, il obéit aumême principe. Les maîtres de l’ou-vrage bénéficient d’une plus grande

liberté pour l’affectation du terrain,mais ils s’engagent en contre-partieà ce que la circulation ne dépassepas un nombre déterminé de mou-vements par jour. Ce système doit encore faire ses

preuves. Le Centre Boujean attire visi-blement beaucoup plus de voitures queprévu, de sorte que des mesures com-plémentaires s’imposent. Il peut s’agird’une hausse de la taxe de stationne-ment. Mais les autorités hésitent à fran-chir le pas. Si bien que les ex-opposantsétudient les voies légales qui permet-traient d’assurer le respect des con-ditions de départ.

■ Kaspar Meuli

DES CENTRES COMMER-

CIAUX BIEN PLACÉS LIMITENT

LES NUISANCES ][AURA

Page 9: Une protection préventive de l’environnement

➔ 13ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Un bon plan anti-bruit

Selon les résultats d’une étude réaliséeen 1998, 64% des individus estimentêtre dérangés par le bruit. Le trafic auto-mobile est perçu comme étant la sourceprincipale de pollution sonore.

Ces perceptions subjectives sontconfirmées par les mesures acoustiques:un tiers de la population suisse est ex-posé aux immissions sonores du traficroutier, ce qui perturbe fortement lebien-être des riverains. Un quart souffrede nuisances dépassant les valeurs limi-tes de l’ordonnance sur la protectioncontre le bruit (OPB). De nuit, lorsqueles valeurs limites sont plus basses, la proportion des gens dérangés est en-core plus élevée.

Ceux qui peuvent se le permettrevont habiter en campagne, où c’est pluscalme. Et ils deviennent alors partie

prenante du problème: la plupart sontdésormais des pendulaires motorisés!

Aménagement bien pensé, impacts diminuésDes améliorations techniques – mursanti-bruit, bonnes fenêtres, revête-ments plus silencieux, nouveau maté-riel roulant – ont déjà soulagé bien desvictimes. Mais ces mesures palliativescoûtent cher. En outre, une partie dusuccès obtenu est réduit à néant parl’augmentation continue de la mobilité.

Le rapport coût–prestation est bienmeilleur si on investit dans la préven-tion. L’aménagement du territoire per-met d’éviter les problèmes. L’objectifest clair: maintenir des îlots de calme etséparer les zones d’habitation des sour-ces de bruit. L’impact économique est

Quelle est la pollution qui dérange le plus les gens? Le bruit! Surtout celui de la circulation, indique

un sondage. Un bon aménagement du territoire peut y remédier.

QUALITÉ DE L’HABITAT

Des «paysages sonores» naturelsActuellement, la législation cherche sur-tout à nous mettre à l’abri du bruit àl’intérieur des bâtiments. Mais les textesne disent rien de l’augmentation cons-tante du bruit à l’extérieur. Disposer dezones plus calmes, sortes de «paysagessonores» produisant des bruissementsaussi naturels que possible est pourtantune nécessité vitale pour la santé. Detels espaces ne doivent pas seulementexister dans les régions périphériques. Ilen faut à proximité des agglomérations.

Montage R. Schürmann

Projet de réaménagement du quartier de la gare badoise à Bâle: on peut orienter les bâtiments pour créer une zone de calme au centre.

Page 10: Une protection préventive de l’environnement

loin d’être négligeable: en effet, la va-leurd’unlocatif baissed’unbonpour centpour chaque décibel supplémentaire.

Avec les degrés de sensibilité attri-bués à chaque zone à bâtir, les plani-ficateurs disposent d’un instrumentperformant (voir encadré). Certes, il y aparfois des conflits, car l’attributiond’un terrain à une zone ayant un autredegré de sensibilité a pour conséquenced’empêcher l’usage commercial d’uneparcelle. D’autre part, lors du découpagedes nouvelles zones, les conditions sontoptimales pour faire respecter les critè-res de protection contre le bruit.

Exclure le bruit en planifiantÀ Bâle, l’ancienne gare auxmarchandises des chemins de ferallemands couvre une surface de19,2 hectares. On y construit ac-tuellement 700 appartements debon standing qui seront entourésde bureaux et de surfacescommerciales; 40% du terrain estréservé à la verdure, voire dépour-vu de construction (zones libres).

On vise une qualité de vie optimale,des logements agréables. Ce qui passeaussi par de faibles nuisances sonores.«Ce terrain subit un bourdonnementpermanent généré par l’autoroute et lestrains, il a donc fallu créer une meilleu-re qualité à l’intérieur», explique FritzSchumacher, architecte cantonal. Enplaçant les bâtiments dans la partiecentrale, la plus calme, on a créé le longde la tangente Est une barre anti-bruitoù l’on a regroupé les activités moinssensibles, comme les commerces.

Reste le trafic interne. Des raccorde-ments bien planifiés permettent de mi-nimiser les nuisances. Les activités pro-voquant un trafic élevé sont rattachéesaux accès existants (au nord de la par-celle) et les arrêts des transports publicsréaménagés.

«On vise ainsi une meilleure qualitéd’habitat. Les zones de détente entou-rées de verdure accessibles au publicdevraient augmenter l’attrait de la villecomme lieu de vie», conclut Fritz Schu-macher.

■ Daniel Stutzer, OFEFP

14➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Degrés de sensibilitéTableau DS I-IV avec données sur les décibelsPour tenir compte des nuisances suivant l’affectation du sol, les aménagistes classent lesterrains en quatre catégories, par degré de sensibilité (DS). Selon l’ordonnance sur laprotection contre le bruit (Art. 44 OPB), les cantons doivent attribuer à chaque zone desdegrés de sensibilité en fonction de l’usage prévu, les intégrer aux plans d’affectationcommunaux ou inscrire ces contraintes dans les règlements de construction.

Drangu Sehu

Division Lutte contre le bruit

OFEFP

031 322 93 09

[email protected]

INFOS

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LIEN

Degrés de Seuil de tolérance selon Art. 40 OPB Affectation principale ou

sensibilité (DS) Valeurs limites d’exposition Lr en dB(A, annexe. 3–4 et 6–8 OPB type de zone (Art. 43 OPB)

Valeur de planification V. limite d’immission Valeur d’alarme

Jour Nuit Jour Nuit Jour NuitDS I 50* 40* 55* 45* 65 60 Zones requérant une protection

accrue contre le bruitDS II 55* 45* 60* 50* Zones d’habitation

Zones mixtes: habitation/artisanat DS III 60* 50* 65* 55* Zones agricolesDS IV 65 55 70 60 75 s 70 Zones industrielles

Utilisé Autorisation de Assainissement Critères pour établir Remarques:principalement pour ... construire, d’installations les priorités * = Espaces fermés dans les entreprises +5 dB

découpage de nouvelles existantes et autorisation en matière s = stand de tir +5 dBzones, équipement de pour de nouveaux bâtiments d’assainissementzones à bâtir existantes

70 s 65

Degrés de sensibilité à Bâle.

DécibelUnité utilisée en acoustiquepour déterminer l’intensité so-nore. On mesure la pressionacoustique en décibel A, enabrégé dB (A). Peu pratique.Elle n’est pas déterminée selonune échelle linéaire (arithmé-tique), mais logarithmique:une augmentation de troisdécibels correspond à un dou-blement de l’intensité sonore.

Page 11: Une protection préventive de l’environnement

➔ 15ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Comment faire accepter la protection d’une ressource

La Suisse tire 80% de son eau potable du sous-sol. Comme les principales nappes phréatiques se

trouvent dans des régions exploitées intensivement, les conflits d’intérêts sont programmés.

L’exemple soleurois du «Gheid», près d’Olten, montre comment on peut les résoudre.

Les promeneurs lèvent parfois les yeuxpour suivre les évolutions des planeursqui glissent sans bruit dans le ciel. Lais-sant la voiture au parking, «Bello» etson maître partent en balade, tandisque des cyclistes filent sur le chemin deterre. Au loin, deux paysans labourentleurs champs. C’est à cela que ressemblele «Gheid», au sud-ouest d’Olten.

Les gens d’ici connaissent bien l’en-droit. On l’appelle le champ d’aviation.La piste existe depuis 1966; on n’y voitpratiquement plus que des planeurs.Amateurs de vol à voile, agriculteurs etpromeneurs, tout le monde y trouveson compte.

Ce que la plupart ignorent, c’est quel’eau potable qui alimente la villed’Olten et sa voisine de Starrkirch-Wilvient aussi du Gheid. Exploitée depuis1902, la nappe phréatique approvision-ne 20 000 personnes; le volume pompéa atteint 2,3 millions de mètres cubesen 2002. Cette nappe joue aussi un rôlecrucial pour six autres communes, maisuniquement en cas de pépin.

Conflits avec d’autres utilisateursLe périmètre qui englobe les quatre ins-tallations de pompage a été déclarézone protégée en 1974 et en 1985. Celan’a toutefois pas suffi pour éviter les

conflits d’utilisation: le sol est idéalpour les cultures intensives, le groupede vol à voile d’Olten est installé depuislongtemps et les gens fréquentent deplus en plus le site pour leurs loisirs.C’est cette dernière fonction que la vil-le d’Olten aurait voulu privilégier.

Tenant à protéger une ressource in-dispensable, le Service des eaux (SBO) aréagi à temps en adaptant la zone deprotection à la législation en vigueur(lire encadré en p. 16).

Aujourd’hui, les activités qui pour-raient donner lieu à conflit figurentdans un plan et dans un règlement quirégit les différentes mesures d’assainis-sement (voir illustrations p. 18–19).

Mesures de protectionUn plan d’intervention avec un disposi-tif d’alerte a également été élaboré pourle champ d’aviation. Par ailleurs, despanneaux annoncent la présence d’unenappe phréatique sur tous les cheminsdonnant accès à la zone de protection.Une signalisation sera mise en placedans le terrain pour mieux distinguerles trois zones. Quant à la zone de pro-tection elle-même, elle a été légèrementmodifiée conformément aux exigencesde la protection des eaux.

Le passage à une agriculture moins

intensive doit se poursuivre. En d’au-tres termes, les champs deviendront desprairies extensives. Un «Projet nitrates»a été lancé, qui vise à réduire la teneuren nitrates d’origine agricole non seule-ment dans la zone de protection, maisaussi dans l’aire d’alimentation de lanappe (voir p. 17).

De plus, la politique d’acquisitionde terrains menée par le Service deseaux se révèle payante: Olten possède àl’heure actuelle la presque totalité deszones S1 et S2 et peut mettre en œuvrerapidement certaines mesures de pro-tection en les inscrivant dans les baux.

Tout est régléAujourd’hui, la zone de protection duGheid figure aussi bien dans le plan di-recteur du canton que dans les plansd’affectation des communes d’Olten etde Wangen. Norbert Caspar, directeurdu SBO, est satisfait que tout soit réglé,tant sur le plan juridique qu’en matièred’aménagement du territoire. «Il estbon que les gens sachent que la zone deprotection des eaux souterraines existeet à quoi elle sert», ajoute-t-il. Pour enarriver là, il a fallu une volonté poli-tique et de nombreux efforts, plus leprojet nitrates susmentionné. ■ Daniel Stutzer, OFEFP

EAUX SOUTERRAINES

Page 12: Une protection préventive de l’environnement

Organiser la protectionLa loi sur la protection des eaux (LEaux de 1991) exige des can-tons qu’ils prennent des mesures d’organisation du territoirepour protéger les eaux souterraines. A cet effet, ils doiventdélimiter des secteurs de protection des eaux, ainsi que des zo-nes et des périmètres de protection des eaux souterraines.L’ordonnance d’application (Œaux de 1998) décrit les moda-lités de ce travail et prescrit les mesures spécifiques de protec-tion à mettre en œuvre.

Zones de protection des eaux souterrainesTrois zones (S1, S2 et S3) sont délimitées pour protéger les cap-tages d’eau potable d’intérêt public. Ces zones sont concentri-ques et les exigences de protection deviennent plus sévères àmesure que l’on se rapproche du captage:La zone S1 (zone de captage) sert à empêcher que les instal-lations soient endommagées ou polluées. Seules les activités enrapport avec le captage y sont autorisées. La zone S2 (zone de protection rapprochée) doit garantir

qu’aucun microorganisme pathogène ne parviendradans l’eau potable. En général, bactéries et virus ne subsistentpas plus de 10 jours dans l’eau. La zone S2 est donc définie detelle sorte que les eaux souterraines ne parviennent pas au cap-tage en moins de 10 jours. Y sont interdites toutes les activitésqui pourraient polluer l’eau potable (excavations, constructiond’immeubles et de routes, épandage de purin, etc.).

La zone S3 (zone de protection éloignée) doit garantir que l’ondispose de suffisamment de temps pour prendre toutes les me-sures utiles en cas de danger, par exemple en cas d’accident im-pliquant des substances pouvant polluer les eaux. Les stationsd’essence et autres entreprises présentant un danger pour leseaux n’y sont donc pas admises. Il est par ailleurs interdit d’ylaisser s’infiltrer les eaux à évacuer et d’y extraire du gravier.

Secteurs de protection et périmètres de protection Le secteur Au de protection des eaux (rose) comprend leseaux souterraines qui sont en principe exploitables, ainsi queles zones attenantes nécessaires à leur protection. On délimite une aire d’alimentation Zu lorsque les zones deprotection ne suffisent pas pour garantir la qualité d’un cap-tage, par exemple lorsque les eaux souterraines sont polluéespar des nitrates ou des résidus de produits phytosanitaires.L’aire Zu couvre la zone dont proviennent environ 90% deseaux souterraines captées. Des mesures de protection et d’as-sainissement peuvent y être prescrites, comme le remplace-ment de terres assolées par des pâtures ou un autre moded’exploitation (lire l’encadré «Projet nitrates Gäu-Olten»).Les périmètres de protection des eaux souterraines servent àassurer l’approvisionnement en eau du futur; nos descendantspourront compter sur des réserves d’excellente qualité. Ces pé-rimètres sont délimités dans les zones non construites, souventen forêt, et les prescriptions qui les régissent sont semblables àcelles de la zone S2.

16➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ➔ 17ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Projet nitrates Gäu-Olten

Le «Projet nitrate» Gäu-Olten SO a été lancé en 2000 dans larégion qui s’étend d’Oensingen à Neuendorf. La Confédération aaccepté son extension jusqu’à Olten à fin mai 2003. Ce projet viseà réduire la teneur en nitrates de la nappe souterraine Gäu à 25 milligrammes par litre, en incitant les agriculteurs à pratiquerune exploitation moins intensive. Leur manque à gagner, quin’excédera pas 2500 francs par hectare et par an, sera compenséà 80% par la Confédération et à 20% par les exploitants des eauxsouterraines. La réalisation augmentera le prix de l’eau de 2 ctspar m3.

Des accords ont pu être conclus avec un tiers des 113 agri-culteurs de la région. Les négociations avec les autres vont bontrain. Les premiers résultats montrent que l’on est sur la bonnevoie, puisque les concentrations de nitrates ont déjà diminué.

Benjamin Meylan

Section Protection des eaux

souterraines, OFEFP

031 322 92 56

[email protected]

INFOS

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LIEN

Afin de diminuer les quantités de nitrates dans les eaux, il s’agit de passer à une agriculture extensive. Un tiers de la surface est déjà soumise à ce régime.

Aire d’alimentation

Daniel Stutzer, OFEFP

Carte de protection des eaux du «Gheid», près d’0lten. On ne voit qu’un quart de l’aire d’alimentation.

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Page 13: Une protection préventive de l’environnement

➔ 19ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE18➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Aussi unezone de protection dupaysage

Les autorités d’Oltenont profité de la redéfinition de la zonede protection du Gheid pour élaborer unprojet de protection du paysage. Ce projettient compte des exi-gences de tous les partenaires. Les travauxde mise en valeur dusite (plantation de haieset de bosquets, réhabili-tation d’un ruisseau,etc.) seront menés encollaboration avec leService des eaux.

En zone S2, les bâtisses existantespeuvent subsister, mais les pro-priétaires ont dû passer du mazoutau gaz pour se chauffer. De nouvellesconstructions sont exclues (1).

Ce hangar à planeur peut égalementsubsister, mais il devra être contrôléchaque année (2).

En zone S2, le dépôt de terre doit disparaître (1). La zone est équipée du signal routier usuel signalant le danger de pollution (2).

Planification de la protection des eauxMesures prises dans la zone du «Gheid» près d’Olten

S1

S3

station de pompage

En zone S3, des restrictions au droit de construire sont prévues par l’ordonnance sur laprotection des eaux.

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S2

S3

En zone S1, on va encore entourer les deux stations de pompage avec une haie.

Par ailleurs, une bordureempêche l’infiltrationdes eaux pluviales provenant de la route.

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La photo d’ensemble montre les zones de protection S1–S3 (en traitillé bleu), inscrites dans le paysage à l’intention des agriculteurs. Pour le champ d’aviation (bande rouge), il existe un dispositif d’alerte et un plan d’intervention en cas de pollution.

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S1

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En zone S1 (traitillé bleu foncé), pas question d’épandre des engrais(1). Quant à la route qui dessert la station de pompage, elle est interditeà la circulation (2).

station de pompage

Page 14: Une protection préventive de l’environnement

20➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Les rivières, tout comme les ruisseaux, sont des lieux bourrés de vie. Et cette vie, trop canalisée,

est souvent à l’étroit. Élargir les rives des cours d’eau permettra aussi de réduire la violence des

crues. Il faudra leur céder 500 km2: une tâche titanesque pour l’aménagement du territoire.

Laissez-les vivre!

Juste avant de se jeter dans le Léman,près d’Allaman, l’Aubonne a affouillé larive sous le chemin qui longe son cours.À l’abri du surplomb, une couleuvre àcollier se prélasse au soleil. Détectantles pas du promeneur, elle se glisse dansl’eau sans un bruit et traverse rapide-ment la rivière pour disparaître surl’autre rive.

Elle l’ignore peut-être: ellevit dans un site exceptionnel,une zone alluviale d’impor-tance nationale. Le delta del’Aubonne est en effet couvertd’une forêt très riche. A cetendroit, la rivière a reconquispresque tout son territoire.Dans sa partie inférieure, elledispose ainsi d’une zone dedivagation suffisamment lar-ge pour déployer librementses méandres. Les crues s’at-

taquent périodiquement aux anciensouvrages de stabilisation des rives; delarges bancs de sédiments se formentdans les courbes ainsi que des îlots degravier où l’eau et la terre ferme s’inter-pénètrent.

La morphologie changeante du ter-rain crée un habitat dynamique, oùs’abritent nombre d’espèces menacées.Même les bipèdes apprécient l’endroit:au printemps, dès que le soleil se faitplus chaud, les plus âgés viennent s’ypromener. Les plus jeunes s’ébattentdans l’eau.

Des corrections trop sévèresSi les zones alluviales n’occupent que0,25% du territoire national, elles abri-tent près de la moitié des espèces végé-tales et animales indigènes. Intactes,elles assurent d’autres fonctions cru-ciales: elles ralentissent l’eau en cas de

crue, alimentent les nappes phréatiqueset régulent le cycle des nutriments. Endeux siècles à peine, les corrections derivières, les aménagements des rives, lamise en canal, le drainage des marais,l’exploitation hydraulique et l’extrac-tion de gravier ont réduit la superficiedes zones alluviales de 90%. Ce phéno-mène est frappant dans les vallées et surle Plateau: les cours d’eau ont subi detelles interventions qu’ils n’assumentpratiquement plus leurs fonctions na-turelles.

Prévoir assez d’espaceEn dehors de ces problèmes purementécologiques, les récentes crues ont misen évidence de grosses lacunes en ma-tière de sécurité. «Pour évacuer d’im-portantes quantités sans causer de dé-gâts, les rivières ont besoin de place»,explique Hans Peter Willi, chef de la

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LIENS

COURS D’EAU

LES GRANDS-BOISALLAMAN

PERROY

Lac Léman

Autoroute Genève–Lausanne

L’Aubonne

Page 15: Une protection préventive de l’environnement

➔ 21ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

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section Risques au sein de l’Office fédé-ral des eaux et de la géologie (OFEG). Sefondant sur des études réalisées dans lecanton de Zurich, il estime qu’il man-que aux rivières suisses un espace rive-rain équivalant à 50 000 hectares, soitla superficie du demi-canton d’Obwald.

L’ordonnance fédérale sur l’aména-gement des cours d’eau oblige depuis1999 les cantons à déterminer l’espacenécessaire à leurs ruisseaux et rivières.Cet espace doit par ailleurs être pris encompte lors de l’élaboration des plansdirecteurs et des plans d’affectations,ainsi que lors d’autres travaux d’aména-gement du territoire.

Différences cantonalesSelon le canton, l’application de l’or-donnance sera plus ou moins aisée.Genève est à l’avant-garde: il a réservédepuis des décennies une bande riverai-ne minimale le long de ses cours d’eau,jusqu’à 50 m pour les grandes rivières.«Comme aucune construction de bâti-ments ni d’infrastructures n’a été auto-risées à proximité des rives, ce cantonprésente des conditions idéales pouraméliorer la qualité des cours d’eau»,

estime Hans Peter Willi. Lorsque le ter-rain appartient au canton ou à la com-mune, il est également plus faciled’offrir de l’espace aux rivières, commepour la Thur. Mais à Nidwald, il faudraexproprier des particuliers pour cons-truire les ouvrages de protection: «C’estlà que l’opposition sera la plus forte»,suppose M. Willi.

Nouvelle tâche pour l’agriculture multifonctionnelleLes agriculteurs seront les premiers tou-chés car ils ont, ces dernières décennies,étendu leurs champs jusque dans les zo-nes riveraines. «Mais ces terrains nesont pas perdus pour autant, déclareAndreas Stalder de l’OFEFP, car les pay-sans peuvent les faire valoir comme sur-faces de compensation écologique.»

Les offices concernés – Office fédé-ral de l’agriculture, Office fédéral dudéveloppement territorial, OFEFP etOFEG – ont fixé ensemble des objectifset les ont consignés dans la brochureCours d’eau suisses: idées directrices.Les trois objectifs principaux con-cernent l’espace nécessaire, les débits etla qualité de l’eau. «L’exploitation ex-

tensive des zones riveraines sous formede pâturages ne va pas nécessairement àl’encontre de ces objectifs», penseAndreas Stalder. Si les paysans se char-gent par ailleurs de l’entretien des rives,d’autres revenus viendront s’ajouter àleurs indemnités pour prestations éco-logiques. Pour M. Stalder, «l’avenir denotre territoire soumis à une exploi-tation très intensive passe par cettemultifonctionnalité du paysage.»

■ Beat Jordi

Andreas Stalder

Section Paysage et utilisation du

territoire, OFEFP

031 322 93 75

[email protected]

INFOS

Cours d’eau suisses: Idées directrices – pour une

politique de gestion durable de nos eaux.

Co-édité par l’OFEFP et l’OFEG, en collabora-

tion avec l’OFAG et l’ODT, 2003, 12 p.,

D, F, I et anglais, n° 319.503.f; gratuit,

BBL/OFCL, Diffusion Publications,

3003 Berne, [email protected]

www.publicationsfederales.ch

LECTURE

Une rivière comme l’Aubonne (près d’Allaman VD) est en mesure de créer un véritable delta, placé sous protection dans l’Inventaire fédéral des zones alluviales.

Page 16: Une protection préventive de l’environnement

22➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Comment pourra-t-on exploiter à l’avenir des carrières sans ravager le paysage? Jusqu'ici, les

projets étaient évalués au cas par cas: une solution pas très heureuse, ni pour l’écologie ni pour

l’économie. Un futur «concept carrières» ouvre de nouvelles voies.

Le vapeur «Unterwalden» glisse paisi-blement sur le Lac des Quatre Cantons.La rive lucernoise s’éloigne; devantnous, le cirque montagneux s’élargit. LeBürgenstock, couvert de prairies et deforêts, s’avance jusqu’à la rive, laissantvoir à l’arrière-plan les Alpes, qui s’éti-rent jusqu’au glacier du Titlis.

Ce paysage, à la fois charmant etsévère, est connu dans le monde entier.Il est évidemment inscrit à l’inventairefédéral des paysages, sites et monu-ments naturels d'importance nationale(IFP). L’«objet 1606» a une importance

qui s’explique notamment par ses parti-cularités géologiques: «molasse subalpi-ne charriée à la bordure septentrionaledes Alpes calcaires de l’Helvétique avecleurs séries crétacées et éocènes typi-ques, chevauchées par les Klippes desMédianes.»

Les carrières occupent les plus beaux sitesPour les touristes, ce jargon scientifiquene dit rien sur le spectaculaire relieftourmenté, formé de parois rocheuseset de forêts escarpées qui alternent avec

des alpages arrondis. Mais autre choseretient l’attention: les nombreuses pa-rois nues qui surplombent le lac. Cesont des carrières abandonnées... Cescalcaires ont en effet des particularitésqui les rendent très intéressants pour legénie civil. Siliceux, ils sont durs, résis-tants au frottement et à la pression; unetelle matière première est très recher-chée pour le ballast ferroviaire ou le re-vêtement des routes. Ici, au bord du lac,ces épaisses formations rocheuses sontabondantes, faciles à exploiter et trans-portables avec une simple barge.

PAYSAGES ET CARRIÈRES

Sites classés … mais balafrés!

OFEFP/AURA/E. Ammon

Page 17: Une protection préventive de l’environnement

➔ 23ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

À Stansstad NW, ce paysage avec carrière est inscrit en tant qu’objet n°1606 dans l’Inventaire fédéral des sites protégés.

E. Ammon/AURA

De nombreuses carrières historiquessont toutefois abandonnées. Autour dulac, l’exploitation se concentre désor-mais sur quelques sites. Mais ils sontbeaucoup plus grands et provoquentdes blessures visibles de loin.

Le magnifique paysage et les car-rières résultent donc tous deux d’une situation géologique particulière. Et laSuisse centrale n'est pas un cas isolé: lesroches exploitables forment un étroitruban qui traverse la Suisse de part enpart au nord des Alpes, de la vallée duRhône à la vallée du Rhin. Les sitesidéaux sont des emplacements biendesservis dans les vallées et sur les rivesdes lacs préalpins.

Il n’est donc pasétonnant que beaucoupde carrières de rochesdures se trouvent àl’intérieur ou en bordure de sitesclassés. Leur nombre a certes diminuéces dernières décennies mais, parallèle-ment, le volume de production a aug-menté. En 2000, il atteignait 2,3 mil-lions de tonnes. Aujourd’hui, ce sontdonc quelques rares carrières de grandedimension qui posent des problèmespour le paysage.

Aucune vue d’ensemble L'avenir de ces grandes carrières est luiaussi menacé. En maintenant le niveau

de production actuel, les réserves nesont assurées que pour une dizained'années. Or, dans les territoires IFP, lesdemandes d'autorisation pour l'exten-sion ou l’ouverture de nouveaux sitesd’exploitation se heurtent aux exigen-ces de la préservation des paysages,d'importance nationale, faut-il le rap-peler. Cette situation débouche sur desprocédures interminables qui finissentsouvent devant les tribunaux.

Autre sujet d’insatisfaction: l’éva-luation ne porte que sur des cas isolés.

DE NOMBREUSES CARRIÈRES

SE TROUVENT DANS DES ZONES

PROTÉGÉES][

Page 18: Une protection préventive de l’environnement

24➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Sans aucune vue d’ensemble. Le plussimple serait d’élaborer une stratégie àl’aide d’un plan sectoriel. Mais la Con-fédération ne possède pas les com-pétences nécessaires pour ce genre deplanification, qui relève de la garantiede l’approvisionnement en matièrespremières.

Trouver des solutions admises par tousPour cette raison, une table ronde réu-nissant les représentants de l’Asso-ciation suisse des carrières, des ache-teurs (CFF et Office fédéral des routes)ainsi que de l’OFEFP et de l'Office fédé-ral du développement territorial a pré-

conisé une planification sur une basevolontaire. Celle-ci devrait débouchersur une stratégie globale pour les carriè-res de roches dures en Suisse.

Les intéressés pourront s’appuyersur cette stratégie pour leur propre pla-nification. La délimitation précise dessites d'exploitation se fera commejusqu’ici dans les plans directeurs et lesplans d'affectation cantonaux. Les can-tons seront donc associés aux travauxdu projet, qui sera prêt dans deux ans.

La première étape consiste à étudierle potentiel existant. Puis les sites con-cernés seront évalués pour déterminersi leur exploitation est conciliable avec

les objectifs de protection. Et aussi pourconnaître leur durabilité, du point devue économique et social. Cette ap-proche devrait permettre d’établir uneliste des sites exploitables avec un mini-mum de dégâts sur le paysage.

■ Josef Rohrer, OFEFP

Andreas Stalder

Section Paysage et utilisation

du territoire, OFEFP

031 322 93 75

[email protected]

INFOS

Pratiquement toutes les carrières se trouvent le long du versant Nord des Alpes, en conflit avec de nombreuses zones de protection du paysage.

Emplacement des carrières (état en 1995)

Couches géologiques favorables

Paysages inscrits à l’inventaire fédéral (IFP)

Lacs

Rivières

Source: atlas de la Commission géotechnique suisse, EPFZ

Répartition des carrières de roches dures en Suisse

Page 19: Une protection préventive de l’environnement

➔ 25ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Un dimanche dans les pâturages boisésdu Jura. L’odeur d’une «torrée» flottedans l’air, les adultes se prélassent surleurs chaises-longues, les enfants s’ébat-tent dans les environs. Les marcheurscroisent un groupe de cyclotouristesque les génisses regardent passer, unbrin étonnées. Demain, le calme sera revenu.

Diversité très localiséeDans ces forêts pâturées, prés et bois –en principe strictement délimités enSuisse – s’emboîtent en un écosystèmecomplexe. Des surfaces ouvertes, arbo-risées, succèdent aux prairies maigresou aux sols plus riches. Une vaste mo-

saïque est ainsi créée, ni forêt ni pâtura-ge, mais réunissant les caractéristiquesde ces deux milieux. Végétation et fau-ne sont de ce fait très diversifiées.

Les pâturages boisés sont une formed’exploitation tradition-nelle répandue dans lemonde entier. Les pay-sans y font paître leurbétail, ils y prélèventaussi leur bois de chauffe ou de coupe.Après des siècles de double exploita-tion, le résultat est évident. Ces pay-sages ont été fortement transformés parl’homme. Comme ils ressemblant à desparcs, ils offrent des possibilités desuperbes balades pour oublier les soucis

quotidiens. Et comme ces terres sontexploitées de manière extensive, lesnappes phréatiques locales restent pro-tégées.

Menaces endémiquesPourtant, le déséquilibre menace ce bel exemple d’exploitation mixte.Réparties en petites surfaces entre préset arbres – qu’ils soient isolés ou enbosquets – les parcelles ne peuvent pasêtre exploitées rationnellement. Ainsi,

Vaches et chevaux paissent entre des épicéas, dont les branches balaient le sol: les pâturages

boisés des hauts plateaux jurassiens forment de superbes paysages récréatifs, qui abritent par ail-

leurs de nombreuses espèces. Forêts et herbages coexistent en un équilibre dynamique, et par

conséquent fragile. Un aménagement du territoire bien conçu peut maintenir une stabilité à long

terme.

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Espaces paisibles menacés AMÉNAGEMENT DES PÂTURAGES BOISÉS

LES PÂTURAGES BOISÉS CONSTI-

TUENT UN HÉRITAGE HISTORIQUE ][

Page 20: Une protection préventive de l’environnement

les sols plutôt maigres situés dans lesendroits peu accessibles sont demoins en moins broutés. Lesbuissons gagnent du terrain etfinissent par former une brous-saille impénétrable. D’autrepart, les bêtes paissent plus sou-vent près des bâtiments et surles sols profonds. Deux tendan-ces qui réduisent la diversitéstructurale des terres ainsi que ladiversité biologique.

Comment garantir à longterme une utilisation agricole etsylvicole des pâturages boisés?L’antenne romande de l’Institutfédéral de recherches sur laforêt, la neige et le paysage (WSLen allemand) s’est penchée surla question. Plusieurs expérien-ces de pâture déterminerontl’influence du bétail sur le rajeu-

nissement des arbres et de la strate her-bacée. Après analyse des résultats, on

développera des modèles d’exploitationfreinant l’appauvrissement croissant dumilieu. Des contributions ciblées despouvoirs publics indemniseront les ex-ploitants qui protègent ces paysagestravaillés par la main de l’homme.

Solutions en vuePlusieurs catégories d’usagers utilisentles pâturages boisés. Ils ont tous des exi-gences écologiques, économiques ousociales différentes, qui se recoupentparfois. Pour coordonner ces besoins etgérer au mieux les développementsfuturs, il faut des instruments de plani-fication adéquats (voir encadré).

Sur leurs plans directeurs, les can-tons peuvent déterminer les surfaces oùils souhaitent maintenir et favoriser cegenre de pâturages. Selon la loi sur lesforêts, pâturages boisés ou forêts pâtu-rées (les deux notions figurent dans lalégislation et sont utilisées comme sy-nonymes) sont assimilés à la forêt: ils

peuvent donc faire l’objet d’une plani-fication, avec les instruments habituels.Au niveau régional, les plans directeursforestiers forment la base des efforts decoordination. Dans les entreprises fores-tières, la planification intégrale de lagestion poursuit les mêmes objectifs.Dans les communes, on se sert plutôtdes plans de développement du paysageet des contrats d’exploitation qui en dé-coulent. Dans les deux cas, ces mesuresdoivent être couplées avec un systèmede contributions fondé sur la pratique.

■ Hans Peter Schaffer, OFEFP

26➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

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LIENS

Hans Peter Schaffer

Secteur exploitation des forêts

OFEFP

031 324 69 26

[email protected]

INFOS

Instruments d’aména-gement du territoireLe plan directeur forestier (PDF) sertd’instrument de coordination et degestion aux services forestiers pourassurer les fonctions de protection,d’exploitation et de loisir de la forêt,dans la mesure où elles sont d’intérêtpublic. Au niveau régional, il pose descritères d’exploitation viables, que cesoit au niveau économique, écologiqueou social. Le PDF sert à coordonner defaçon interdisciplinaire les interven-tions sur la forêt et les espaces avoisi-nants, offrant notamment un cadrepour recréer des lisières.Le plan de gestion sert d’outil de pla-nification pour les services forestiers oula communauté des exploitants sylvi-coles. Il permet une planification inté-grale de l’exploitation, qui tient comp-te des exigences tant de la société quede celles des utilisateurs professionnels.

Les pâturages boisés du Jura forment une mosaïque paysagère fort sensible: sans une exploitation adéquate, ils disparaîtront.

Walter Imber

Page 21: Une protection préventive de l’environnement

➔ 33ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE32➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Pour la commune zurichoise de Gossau, on parle officiellement d’une Conception d’évolutiondu paysage pour la qualité de la vie et de l’habitat.Elle inclut la qualité de vie du lièvre, du pic-vert etdu moiré blanc-fascié. Ces trois espèces sont par-mi les animaux de référence de la CEP locale. Ilssont typiques de la région et de leurs habitats spé-cifiques: le lièvre pour les champs cultivés, le pic-vert pour les vergers et les bosquets et le moiréblanc-fascié pour les sous-bois.

Les mesures de revalorisation ont été déter-minées en fonction des biotopes de ces espèces etdes potentialités du paysage. Sans oublier le bien-être de l’homme, naturellement. Ainsi, le caséchéant, la CEP fournira l’occasion de compléteret d’améliorer les infrastructures sportives et deloisir.

Le réseau écologique national REN pré-pare l’interconnexion des biotopes àl’échelle nationale. Il prend en compteles biotopes les plus importants – forêt,cours d’eau, terrains agricoles d’exploi-tation extensive, prairies sèches et zoneshumides – et indique pour chacun lesaxes de connexion. Plus encore, le RENrévèle tous les terrains non construitscomme habitat potentiel pour certainesespèces sauvages.

Le REN s’est basé sur de nombreusesdonnées nationales concernant la situa-tion de la nature et du paysage. Lemodèle a pris en compte les différentesexigences en matière d’habitat: les habi-tants des forêts, par exemple, n’ont pas

Conception d’évolution du paysage CEP

Ordonnance sur la qualité écologique OQEL’alouette des champs (à gauche) est l’une des espèces de référence du projet OQE de la plaine du Wauwilermoos, dans le canton de Lucerne. Ceprojet se base sur 18 espèces animales et végétalesprésentes et sur les caractéristiques de leurs habitatsrespectifs. Un plan détermine les améliorations à apporter et leur localisation. Ainsi, certaines zonesseront mises en jachère tournante ou en jachère florale dans les endroits de couvaison de l’alouette,actuels ou à créer.

INFOS: Andreas StalderSection Paysage et utilisation du territoireOFEFP031 322 93 [email protected]

www.lek.ch

LECTURE: REN – Une vision pour l’interconnexion desespaces vitaux en Suisse. 2003. Dépliant de l’OFEFP, en français, allemand et italien, DIV-8007-F; gratuit: OFEFP, Documentation, 3003 Berne, Fax: 031 324 02 16, [email protected] www.buwalshop.ch

INFOS: Raymond-Pierre Lebeau, Section Compensationécologique, OFEFP, 031 322 80 64,[email protected]

Vers un réseau national de biotopes

La conception d’évolution du paysageCEP esquisse les perspectives d’évolutiond’un paysage du point de vue de ses usa-gers, actifs ou passifs. Le processus, quiréunit tous les acteurs, obtient ainsi une

large assise. Son objectif est l’exploitationdurable du paysage, avec sa revalorisationécologique et esthétique.

La CEP a un caractère de recomman-dation. La mise en œuvre, volontaire,

peut être soutenue financièrement. Ellesera réalisée à l’aide d’instruments exis-tants, comme ceux fournis par l’aména-gement du territoire. On peut élaborerune CEP pour tout un canton (plandirecteur du canton de Thurgovie, parexemple, voir p. 29), mais égalementpour une région ou une commune.

Réseau écologique national REN

Avec l’ordonnance sur la qualité écolo-gique, entrée en vigueur en 2001, lamise en réseau à plus petite échelle estsoutenue par les deniers publics allouésà l’agriculture. Si les surfaces de com-pensation écologique en zone agricoles’intègrent dans un projet de mise en ré-seau, le canton paie une contributionsupplémentaire. La Confédération as-sume dans ces cas 70 à 90 % des coûts.

INFOS: Hans Ulrich GujerSection Compensation écologique, OFEFP 031 322 80 [email protected]

www.environnement-suisse.ch > Index thématique > Utilisation du territoire > Agriculture > Compensation écologique > Ordonnance sur la qualité écologique

www.gossau-zh.ch > Infos/Publikationen > 15.9.02 LEK Landschaftsentwicklungskonzept

les mêmes besoins que ceux des biotopes secs ouhumides. Il servira de base scientifique aux projetsde mise en réseau régis par l’Ordonnance sur laqualité écologique, aux différentes conceptionsd’évolution du paysage et aux plans directeurscantonaux.

Exemple de Gossau ZH

Exemple du Wauwilermoos LU

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Page 22: Une protection préventive de l’environnement

34➔ ENVIRONNEMENT 4/03 AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Les plans doivent être testésÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE

Pour savoir si une construction respectera l’environnement, on attend généralement que le projet

soit prêt avant de lancer l’étude d'impact. Avec la méthode d’évaluation environnementale stratégi-

que (EES), on s’en préoccupe désormais plus tôt.

Tout paraissait en ordre: l’autorité avaitfixé depuis longtemps l’affectation, lemaître d'ouvrage avait choisi le site.L'autorisation d’accès au futur centrecommercial, ainsi qu’au parking, n’au-rait dû être qu'une simple formalité.Lorsque le projet a été déposé, l'étuded'impact sur l'environnement (EIE) a étélancée. C'est là que des problèmes sontapparus, car l’endroit était mal desservipar les transports publics. Et pour limi-ter le trafic privé, les autorités ont exigéune réduction du nombre de places.Une mesure qui a déstabilisé le maîtred'ouvrage.

Même sort pour une entreprise deconstruction qui souhaitait exploiterune gravière: échec du projet aprèsl’étape EIE. Et pourtant l’emplacementétait inscrit comme site exploitabledans le plan directeur. Pourquoi lesautorités ont-elles mis si longtemps às’apercevoir que le projet était inconci-liable avec les objectifs de protection dela nature et du paysage?

L’EIE arrive souvent trop tardComme le montrent ces deux exem-ples, l’EIE arrive souvent trop tard.L’impact environnemental n’est évaluéqu'au niveau du projet. Or, rechercher àce stade des mesures ponctuelles pourprotéger l'environnement n'est pas unebonne solution. À ce moment, des élé-ments essentiels, comme le choix entreles variantes ou la dimension du projetont déjà été fixés.

L'évaluation environnementale straté-gique (EES) permet de détecter à un ni-veau supérieur – en particulier à celuide l’aménagement du territoire – les

effets globaux d'un projet, avec ses con-flits potentiels, ses avantages et ses in-convénients. Variantes et solutions derechange peuvent alors être présentéesà temps. L’EES est donc très différentede l’EIE inscrite dans la loi.

Rapprochements internationauxAyant aussi pris conscience de la néces-sité d’une EES, l’Union européenne aadopté en 2001 la «Directive relative àl'évaluation des incidences de certainsplans et programmes sur l'environne-ment». En mai 2003, la Commissionéconomique des Nations Unies pourl'Europe (CEE-ONU) a adopté à son tourun protocole d’Evaluation environne-mentale stratégique très proche de cettedirective. La Confédération évaluera sa ratification en étroite collaborationavec les cantons.

Principes déjà mis en pratiqueLe canton de Genève a déjà introduitl’équivalent d’une EES dans les procé-dures liées à l’aménagement du terri-toire. Dans le reste du pays, cet instru-

ment est encore inconnu. Mais bienque l’on ne parle pas encore formelle-ment d’EES, celle-ci est déjà largementappliquée dans la pratique. Ainsi, lalégislation sur l'aménagement du ter-ritoire demande explicitement que l’ontienne compte des conséquences envi-ronnementales. Par ailleurs, pour lesnouvelles lignes de chemins de fer et lesroutes nationales, les exigences doiventaussi être formulées à un niveau straté-gique, selon les dispositions de l’EIE.Les objectifs du protocole CEE-ONU surl’EES sont donc déjà largement pris enconsidération dans la législation suisse.

■ Vera Bueller

Stefan Ruchti

Nikolaus Hilty, section EIE

et plans sectoriels, OFEFP

031 322 97 77

031 322 68 92

[email protected]

[email protected]

INFOS

Rien que des avantages

L’évaluation environnementale stratégique (EES) présente des avantages sur deuxpoints:• D’une part, elle permet d’optimiser les plans à un niveau global, facilitant ainsi

la fixation des exigences environnementales et la planification pour les futursprojets. L’EIE proprement dite sera aussi simplifiée, car elle ne devra plus s’occuperdes critères déjà examinés à l’échelon supérieur.

• D’autre part, l’EES fournit les informations environnementales nécessaires à l’éva-luation de la durabilité. L’Office fédéral du développement territorial élaboreactuellement un instrument qui permettra d’évaluer la durabilité des projets de laConfédération. L’EES s’inscrit parfaitement dans ce cadre.

Page 23: Une protection préventive de l’environnement

➔ 35ENVIRONNEMENT 4/03

Politique fédérale en matière d’aménagement du territoireLe site du nouvel Office fédéral du développement territorial(ODT/ARE) traite en détail des plans directeurs, de la politiqued’agglomérations, de la coordination des transports, de l’espace rural ainsi que du développement durable.

L’écologie dans l’aménagement du territoireL’OFEFP présente ici les domaines spécifiques touchant àl’aménagement du territoire. Des liens plus ciblés permettentégalement de mettre en lumière les différentes relations decause à effet intervenant à ce niveau.

Statistique suisse de la superficieOù et comment le sol suisse est-il exploité? Quelles ont été lesmodifications constatées au cours des 25 dernières années?Le site de l’Office fédéral de la statistique (OFS) permet desuivre les bouleversements intervenus dans l’utilisation du solhelvétique.

Informations et aides pratiquesL’Association suisse pour l’aménagement national (ASPAN) estune structure indépendante qui encourage une exploitationraisonnable de notre espace vital, en se basant sur la Cons-titution et la loi fédérale sur l’aménagement du territoire. Lesite renferme de nombreuses informations utiles, y comprisdes aides qui facilitent l’application de la législation.

La voix des cantonsLa Conférence suisse des directeurs cantonaux des travauxpublics, de l’aménagement du territoire et de la protectionde l’environnement officie en tant qu’organe de liaison entreles différents cantons et l’administration fédérale.

La page d’accueil des urbanistesLe site de la Fédération suisse des urbanistes (FSU), structureindépendante, propose également un répertoire des mem-bres regroupés par bureaux d’études, ainsi qu’un forum dediscussion.

Réseau ville et paysage (www.nsl.ethz.ch [D])Informations sur le réseau des écoles polytechniques fédéra-les, qui a pris en ce domaine la succession de l’Institut pourl’aménagement local, régional et national (ORL). Cette nou-velle structure met en place les bases qui permettront unaménagement plus humain de l’environnement, à la foisdurable, esthétique et social.

«Conception Paysage suisse»Lorsque défenseurs du paysage, maîtres d’ouvrage et autori-tés poursuivent le même but, la «Conception Paysage suisse»(CPS) y est peut-être pour quelque chose. Le site explique lesobjectifs sectoriels et les mesures préconisées dans les 13 sec-teurs d’activités (Politique nº 8: Aménagement du territoire).Des exemples pertinents montrent en quoi protection del’environnement et aménagement du territoire se marientharmonieusement.

Préserver les paysages rurauxLe Fonds suisse pour le paysage (FPS) œuvre à la préservation,à l’entretien et à la restauration des paysages ruraux tradition-nels et des milieux naturels menacés, avec leurs fonctions éco-logiques, leurs valeurs culturelles et leurs aspects historiques.

Politique régionale européenne et aménagementCe site sera utile aux personnes s’intéressant aux motivationsde la politique régionale ainsi qu’à la thématique de l’environ-nement et de l’aménagement du territoire au sein de l’Unioneuropéenne. Avec une palette d’informations diversifiées.

(www.hsr.ch/diplomstudium/R/index.html [D]) Formation spécialisée La Communauté d’étude pour l’aménagement du territoire àLausanne présente les filières d’études et les possibilités deperfectionnement. Les personnes intéressées par une forma-tion en Suisse alémanique trouveront leur bonheur sur le sitede la Haute école technique de Rapperswil SG.

ONLINEAMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET

RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT

www.are.ch (D, F, I, E)

www.aspan.ch/fr (D: www.vlp-aspan.ch)

http://enac.epfl.ch/page6345.htm

www.f-s-u.ch (D, F, I)

www.fls-fsp.ch (D, F, I, E)

www.umwelt-schweiz.ch > Français > Indexthématique > Aménagement du territoire (D, F)

www.statistik.admin.ch > Français > Domaines> Espace et environnement > Statistique suissede la superficie (D, F, E)

www.dtap.ch (F, D, I)

http://europa.eu.int/comm/regional_policy (F, D, I, E)

http://ceat.epfl.ch/index.htm (F)

www.conceptionpaysage.ch (F, D, I, E)

Page 24: Une protection préventive de l’environnement

36➔ ENVIRONNEMENT 4/03 ÉCONOMIE FORESTIÈRE

On ne récolte que la moitié du bois produit par les forêts suisses. Or, celles-ci sont sujettes au

vieillissement. Leur fonction protectrice et leurs autres prestations sont donc compromises. Il faut

par conséquent des méthodes plus efficaces pour rentabiliser l’exploitation. La modernisation

passe par une certaine mécanisation.

À Frieswil, dans la région de Berne, lesol de la forêt est recouvert d’un tapisde branches. Visiblement un pin a étéabattu récemment. Par-ci, par-là, untronc fracassé se dresse – indice d’éclair-cissement suite à une tempête. Pourtantun bruit de moteur déconcerte. Ce n’estpas la pétarade d’une tronçonneuse,mais un bourdonnement étouffé. Ensuivant le tapis de branches, on se re-trouve soudain face à un monstre, quiprogresse entre les arbres avec des mou-vements saccadés et pourtant adroits.C’est le «Tigre roi», comme l’indiquel’enseigne sur la cabine, même si sonlong cou et sa tête à tenailles feraientplutôt penser à un «métallosaure»!

Une catastrophe source de renouveauLe 26 décembre 1999, l’ouragan Lothara abattu d’un coup 13 millions de m3 de

bois en Suisse. Cette catastrophe aatteint non seulement la forêt, maistoute l’économie forestière. L’énormequantité de bois disponible a fait chuterbrutalement les prix. Quatre ans après,ils n’ont toujours pas retrouvé leurniveau antérieur.

Sous l’énorme pression des prix, denombreux entrepreneurs ont dû pren-dre des options nouvelles. HansruediStreiff, directeur de l’Union de l’indus-trie du bois, par ailleurs président del’Association suisse des entrepreneursforestiers, parle d’un «crash qui a sti-mulé la créativité».

Tout d’abord il fallait débarrasser auplus vite les énormes quantités de boismort, pour éviter une perte de valeursupplémentaire. Dans un deuxièmetemps est venu l’espoir qu’une plusgrande efficacité augmenterait la capa-

cité concurrentielle du pays. Ainsi, cer-taines entreprises ont pris l’ouragancomme point de départ d’une exploi-tation plus efficace, bien que toujoursdurable. La société WOODEX AG enfait partie: c’est elle qui possède larécolteuse à chenilles, importée pour700 000 francs.

Coupe mécanique Le long bras avec sa tête multi-fonc-tionnelle avance implacablement verssa proie: un pin d’au moins 50 cm dediamètre. Les deux tenailles peuventsaisir des troncs de 80 cm. Ça bourdon-ne, les copeaux jaillissent: le tronc estdéjà coupé mais la machine le main-tient encore à la verticale. Il faut déter-miner avec précision la direction dechute; alors seulement le pin descendlentement à terre, sans toucher les ar-

Dans les griffes du «Tigre roi»

ÉCONOMIE FORESTIÈRE

Page 25: Une protection préventive de l’environnement

➔ 37ENVIRONNEMENT 4/03 ÉcONOMIE FORESTIÈRE

bres environnants. Autre avantage decette méthode: elle permet de préleverdes arbres isolés, sans endommager lesautres. Une étude de l’Institut fédéralde recherches sur la forêt, la neige et lepaysage (WSL) certifie que les dégâtsdus à la récolte mécanique sont infé-rieurs de moitié à ceux des procédésconventionnels.

Des rouleaux font passer le troncdans la débrancheuse. Quelques cra-quements, les branches sont détachéeset le tronc nu est prêt pour le transport.Les détracteurs de la méthode affirmentque ces véhicules lourds (30 tonnes)compactent le sol. Mais ici, à Frieswil,on n’observe aucun dommage, mis àpart quelques écorchures: les véhiculesrestent dans la trace des chemins de dé-bardage. Des pistes très dures, après unepériode de sécheresse. Il faut dire que

les deux opéra-teurs ont bienpréparé le ter-rain: pour dimi-nuer l’impact desmachines, les branches coupées serventde tapis protecteur. Le «Tigre roi» pos-sède un autre atout: son grand rayond’action, qui lui permet de rester sur leslayons de débardage, aménagés tous les30 m.

Avantages de la mécanisation Les entreprises forestières scandinavessont pionnières dans ce domaine. «Lessalaires grimpent toujours plus, expli-que Markus Brunner, de l’OFEFP. C’estune des raisons du remplacement pro-gressif du travail manuel par les machi-nes. Par ailleurs, nous cherchons aussi àdiminuer le nombre d’accidents graves,

avec leurs séquelles.» Les récolteusescomme celle-ci débitent 20 à 30 m3 debois par heure. Pour obtenir le mêmerendement, il faut six à huit bûcheronsselon la méthode traditionnelle. Àl’heure actuelle il existe également unetechnologie performante pour lesterrains pentus. Par exemple, on ajouteune pelle araignée de conception suisse.Elle est capable de débiter 10 à 12 m3

de bois par heure, même sur des pentesde 45 %. Les troncs sont enlevés par té-léphérique, transportés d’une manièrerationnelle et sans dégâts pour l’envi-ronnement, jusqu’à la route d’accès laplus proche.

LES RÉCOLTEUSES TRAITENT 20 À 30 M3

PAR HEURE ][

À Frieswil BE, la mécanisation ne se fait pas sans dégâts annexes: avec une récolteuse de 30 tonnes les dommages sont toutefois moins importants qu’avec la technique habituelle. Seul inconvénient majeur: un éventuel tassement du sol en cas d’intempéries.

OFEFP/AURA E. Ammon

Page 26: Une protection préventive de l’environnement

38➔ ENVIRONNEMENT 4/03 ÉCONOMIE FORESTIÈRE

Création de valeur La société WOODEX AG, créée au printemps2000, est un phéno-mène nouveau dans l’économie forestièresuisse. Elle mise surl’«outsourcing», c’est-à-dire qu’elle achète desprestations auprès de

spécialistes externes. Ainsi GROUWAest responsable des contacts avec lesclients et de la coordination, alors quel’entreprise MEIER met à dispositionle personnel spécialisé. Pour Hansrue-di Streiff, ce système de collaborationscroisées a de l’avenir: «Je pense qu’uneentreprise devrait assumer la coor-dination et gérer à la fois l’offre, lademande et les prestations liées à larécolte.» Cela débarrasserait l’écono-mie forestière de ses entraves les pluspénalisantes, qui sont le travail à pe-tite échelle et l’éparpillement.

Un acteur unique, suffisammentimportant pour assumer efficacementcette tâche – que ce soit une scierie,une société de transport ou une entre-prise forestière – peut diminuer les

pertes là où différents prestataires secroisent. Il coordonnera les contratsen rassemblant des abattages sur desparcelles proches, afin de limiter lestrajets. L’entreprise possédera égale-ment les informations nécessairespour récolter et vendre au meilleurmoment.

Utiliser du bois, c’est bon pour l’environnementDes structures souples et un écoule-ment efficaces sont les prémissesnécessaires pour dégager l’économieforestière suisse de sa dépendance en-vers les subventions. Pour les proprié-taires, c’est un encouragement accru àexploiter leurs forêts. «La rentabilitén’est pas incompatible avec la dura-bilité. Bien au contraire. L’exploi-tation de la forêt est synonyme de rajeunissement. Couper des arbrespermet de créer des biotopes précieux.Et consommer plus de bois contribueà l’objectif auquel a souscrit la Suisse,qui est de réduire nos émissions deCO2», assure Markus Brunner.

■ Lucienne Rey

Marco Zanetti

Secteur Exploitation des forêts

OFEFP

031 324 77 84

[email protected]

INFOS

Le cheval convient aussi!

Un travail rentable et respectueux del’environnement exige des moyensadaptés. On peut parfaitement revenirau cheval, notamment là où des troncsde petites dimensions prédominent.Dans un pays comme la Suisse, à la maind’œuvre coûteuse, l’emploi du chevalest plutôt restreint. Et pourtant cet ani-mal est à l’aise partout, à l’exception dessols marécageux ou accidentés. Il estmême capable de charrier des troncs surde fortes pentes. Mais, une fois le travailachevé, ce moteur particulier ne peutpas être débranché sans autre! L’élevageet le dressage d’un tel auxiliaire forestierexigent un engagement considérable,doublé d’idéalisme. On ne peut faire l’économie d’une solide formation, au-tant pour le conducteur que pour l’ani-mal. Nikolaus Salzgeber, forestier grison,donne depuis des années des cours quiattirent les intéressés de toute l’Europe.Dans le Jura, le garde-forestier AdrienCattin s’est aussi spécialisé dans le dé-bardage chevalin.www.zugpferde.ch

Cet engin évacue d’impressionnantes quantités de bois.

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LIENS

Christian Küchli, OFEFP

Page 27: Une protection préventive de l’environnement

Une couche de neige de plusieursmètres recouvre en hiver les hauteursde la Léventine, au nord du Tessin, no-tamment les flancs du Pizzo Erra. De là, les avalanches peuvent dévalerjusqu'au fond de la vallée, en causantde gros dégâts, voire des morts. Depuisdes siècles, on s'efforce de réduire ledanger par divers ouvrages de protec-tion. Récemment encore, des machinesde terrassement ont été engagées à plusde 2000 m pour construire une digue,qui protège le village d'Anzonico et laroute du Gothard.

Aujourd'hui, ce remblai du PizzoErra se couvre d'herbe et de fleurs alpes-tres. Sur ses pentes escarpées croissentdes genévriers, des saules, des pins etdes mélèzes. Un tel résultat ne va pas de

soi. Car souvent, ce genre de plaiescicatrisent mal à cette altitude. En été,de nombreuses pistes de ski sont pra-tiquement chauves! Autour des re-montées mécaniques et sur certainschemins, l'érosion a laissé la roche à nu.

Un succès éphémèreLa revégétalisation des ter-rains de montagne échouefréquemment, parce qu’oncherche à obtenir un effetrapide sans tenir comptedes conditions naturelles. Pour diversesraisons, la végétation a de la peine à seréinstaller sur les pentes escarpées, sur-tout en dessus de 2000 m: période devégétation très courte, basses tempéra-tures, fortes précipitations, écoulement

important, mouvements de la couchede neige. De plus, ces sols se dessèchentrapidement, sous l'effet du vent et dugel. Et quand ils ont été dérangés pardes travaux, les micro-organismes quisoutiennent la croissance des végétauxsont en grande partie éliminés.

Avec un mélange de semences stan-dards, de grandes quantités d'engraisminéraux et des matériaux synthé-tiques pour stabiliser le sol, on arrive àfaire illusion, mais une seule fois! Lesuccès sera éphémère: dans un premier

➔ 39ENVIRONNEMENT 4/03 REVÉGÉTALISATION

Les montagnes blessées cicatrisent mal

Les chantiers d’altitude infligent souvent de vilaines écorchures au paysage. Sur les pentes, la

disparition de la végétation et les travaux de terrassement aggravent le risque d'érosion. Pour

réussir une opération de revégétalisation, il faut travailler avec la nature, pas contre elle. Une

expérience tessinoise montre la voie.

REVÉGÉTALISATION EN ALTITUDE

LA CROISSANCE EST TRÈS LENTE

EN MONTAGNE ][

Succès de l’ensemencement dans cette zone de paravalanches au Pizzo Erra TI. À 2000 m, le secret, c’est le recours aux espèces indigènes.

Massimo Dazzi

Page 28: Une protection préventive de l’environnement

temps, grâce aux fertilisants, les semen-ces étrangères au milieu prolifèrent, sibien qu'elles ne laissent aucune placeaux espèces locales, pourtant mieuxadaptées. Mais dès que l'apport d'en-grais cesse, ces plantes, dotées de ra-cines rudimentaires, ne parviennentplus à survivre. Alors, la surface perd sacouverture végétale et l'érosion fait sonœuvre …

Mis sur pied par l'Association dugénie biologique, un groupe de travail aréagi. Il demande notamment une meil-leure réglementation de ces travaux, àsoumettre à une assurance-qualité. «Aulieu des engrais minéraux et des maté-riaux de stabilisation, on devrait n’au-toriser que des produits qui génèrentune couverture végétale adaptée aumilieu et capable de se maintenir parelle-même, souligne Peter Greminger,de l'OFEFP. Et seules des semences lo-cales devraient être utilisées!»

Comment reverdir durablement?Flavio Tognini, inspecteur d’arrondisse-ment du Service cantonal des forêts, a

reverdi le Piz Erra de manière trèsprogressive. Il a d'abord fait pré-lever la couche d'humus. Ensuite,il a mis en route la végétalisationau fur et à mesure de l’avance-ment du chantier. Sur la surfaceréaménagée, l'humus a été dépo-sé sous forme d'îlots, qui ontaussitôt reçu des plants de gené-vriers, de mélèzes et de pins demontagne. Ailleurs, des boutures

de saule ont permis d’assurer rapide-ment la stabilité du remblai. Les orga-nismes nécessaires à la croissance desplantes ont été réintroduits grâce à l’humus.

La recherche scientifique a large-ment démontré l'importance des my-corhizes dans le processus de recoloni-sation végétale (voir encadré). Dans lessituations de stress, ces associationssymbiotiques entre champignons in-férieurs et plantes facilitent l'absorp-tion d'eau et d'éléments nutritifs par lesracines.

Le démarrage de la végétation a étéfacilité au moyen d'un engrais orga-nique et d'une couche de litière protec-trice. Les semences étaient constituéesd'un mélange de graines de montagneadaptées aux conditions. Il s'agit sur-tout de la fétuque rouge, une plantedont les touffes s'accrochent solide-ment au terrain. Ces semences sontfournies par des paysans de montagne,qui les préparent à partir de foin sélec-tionné. Il est aussi possible d'acheterdes plantes alpestres et de les implanterpar petites colonies en espérant qu’ellesessaimeront sur l'ensemble de la sur-face. Mais cette méthode exige davan-tage de travail et revient plus cher.

L'érosion peut être enrayéeEn plus des mélanges standards im-portés, tous les commerces spécialisésproposent aujourd'hui des semences demontagne suisses. «Les semences indi-gènes sont un peu plus chères, mais ce

choix se justifie», précise Peter Gremin-ger. La méthode utilisée au Pizzo Erra aété couronnée de succès. Bien sûr, il afallu protéger les jeunes pousses contrel'appétit des ongulés (chevreuils et cha-mois). Et les surfaces ensemencées sanshumus ont dû recevoir des substancesnutritives par la suite. Mais dans l'en-semble, l'inspecteur forestier Togniniest satisfait: les violentes intempériessurvenues après coup ont faiblemententamé le sol. L’opération a largementréussi.

■ Beatrix Mühlethaler

Peter Greminger

Forêts protectrices et

dangers naturels, OFEFP

031 324 78 61

[email protected]

INFOS

40➔ ENVIRONNEMENT 4/03 REVÉGÉTALISATION

Précieux mycorhizesAvec le soutien financier de l'OFEFP,l'Institut fédéral de recherches sur laforêt, la neige et le paysage (WSL enallemand) étudie l'effet sur la structuredu sol des associations symbiotiquesentre plantes supérieures et champi-gnons. Des essais en laboratoire ontmontré que les racines des aulnes s'al-longent davantage quand ces arbressont plantés avec leurs champignonspartenaires. La présence de ces or-ganismes contribue donc à réduire lerisque d'érosion. En outre, des essaisd'ensemencement ont démontré quela végétalisation est plus fructueuse si elle est effectuée à l'aide de cham-pignons symbiotiques. Ces derniersjouent un rôle important dans la phaseinitiale, quand les mauvaises condi-tions pédologiques ne correspondentpas aux exigences des plantes. Deplus, ils contribuent à l'installation du-rable d'une végétation adaptée.

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LIEN

Lutte contre les avalanches: les mesures techniques seront complétées par la végétalisation.

Page 29: Une protection préventive de l’environnement

PLAN DIRECTEUR DE LA RECHERCHE 2004–2007

➔ 41ENVIRONNEMENT 4/03 RECHERCHE ENVIRONNEMENTALE

Dépister assez tôt les risques environnementaux

Pour être crédible et efficace, la politique environnementale doit s’appuyer sur la science. La

recherche environnementale a pour objectif d’identifier les problèmes aussi rapidement que pos-

sible, afin de proposer des solutions viables. L’OFEFP fait le lien avec la pratique.

Des décennies durant, on a considéréque seules les poussières bien visiblespénétrant dans les voies respiratoiresétaient dangereuses pour la santé.Exemple connu: la silicose des mineurs.Aujourd’hui, nous savons que les mi-cro-poussières sont encore plus dange-reuses: elles proviennent notammentdes suies émises par des machines dechantier diesel utilisées pour creuser lestunnels. Ces particules sont tout saufinoffensives.

Danger: poussières ultrafines!Le problème des moteurs diesel ne selimite pas au percement de tunnels.

Cette forme de pollution atmosphé-rique touche également la populationdes agglomérations, les riverains desroutes principales et les personnessouffrant de maladies respiratoires. Lescoupables? Des particules d’un dia-mètre inférieur à un centième de milli-mètre (PM10).

Alors que le nez est capable de re-tenir les poussières de grande taille, les PM10 pénètrent jusque dans lesbronches et les alvéoles pulmonaires,où elles détériorent les capillaires quiassurent l’oxygénation du sang. À longterme, le risque de cancer augmente.Des études récentes démontrent que les

particules ultrafines (PM2.5) passent di-rectement dans le sang. Elles peuventdonc endommager le système cardio-vasculaire.

Exploiter les résultats scientifiquesLa recherche environnementale n’acommencé à étudier les poussières finesqu’en 1991, avec le lancement del’étude SAPALDIA. Une population de10 000 adultes a été examinée sur leshuit sites retenus: Aarau, Bâle, Davos,Genève, Lugano, Montana, Payerne etWald ZH. L’objectif était de déterminerdans quelle mesure la pollution atmos-phérique explique les problèmes res-

La recherche environnementale au service de la santé: l’étude SAPALDIA 2 mesure la capacité pulmonaire des gens.

Page 30: Une protection préventive de l’environnement

42➔ ENVIRONNEMENT 4/03 RECHERCHE ENVIRONNEMENTALE

piratoires. Les résultats sont clairs: labronchite chronique et les difficultésrespiratoires sont en relation directeavec la pollution atmosphérique du lieude résidence.

En 1998, impressionné par ce cons-tat, le Parlement a inscrit dans la loides valeurs limite d’immissions con-traignantes pour les poussières finesrespirables, ceci pour la première fois enEurope. La charge annuelle moyennene peut excéder 20 microgrammes parm3, et la valeur limite moyenne sur 24heures ne peut être dépassée plus d’unefois par an.

Ces objectifs sont loin d’être at-teints. La moitié de la population estexposée encore aujourd’hui à des con-centrations excessives de poussièresfines, qui causent chaque année descentaines de décès prématurés, rac-courcissant d’un à deux ans l’espérancede vie.

Nouvelles bases de décisionL’étude SAPALDIA est entrée dans sadeuxième phase voici deux ans. Les

examens se sont poursuivis selon lamême méthode sur 8000 des 10 000sujets du premier volet. Son but est dé-sormais d’approfondir les connaissan-ces acquises et d’obtenir de nouveauxrésultats relatifs aux affections chro-niques et à l’influence des poussièresfines sur le système cardio-vasculaire.«Il s’agit en outre de déterminer si lesmesures prises entre-temps ont des ré-sultats mesurables sur la santé de lapopulation», déclare Peter Straehl, de ladivision Protection de l’air et RNI de l’OFEFP. Les résultats serviront ulté-rieurement à introduire des réductionssupplémentaires ou à adapter les va-leurs limites.

Recherche environnementale et pratiqueSAPALDIA et d’autres études sur laqualité de l’air ont été cofinancées parl’OFEFP. Autre domaine étudié à fondpar les chercheurs: le projet «Fisch-netz», terminé à fin 2003 (www.fisch-netz.ch). Ce programme s’est penchésur la diminution brutale des poissons

dans les cours d’eau de la Suisse. Selonles résultats disponibles à ce jour, ce re-cul serait du à une conjugaison de fac-teurs plutôt complexes. Les listes rougesfont partie des principaux instrumentsde protection de l’environnement.Après celles des bryophytes et des plan-tes vas-culaires, l’OFEFP a publié en1995 la première liste rouge des espècesanimales menacées. A l’instigation del’Office, qui finance les travaux, cetteliste générale de la faune a entre-tempsfait place à des listes séparées pour lesdifférentes espèces – libellules, papil-lons diurnes, amphibiens, sauterelles.Elles seront mises à jour tous les dix anset se prêtent à des comparaisons inter-nationales. «Cela nous permettra desuivre l’évolution à long terme de ma-nière plus objective», explique ErichKohli, de la section Protection des es-pèces et des biotopes de l’OFEFP.

L’OFEFP, un intermédiaire indispensableL’OFEFP ne dispose pas d’institutionsvouées à la recherche. Le budget dont il

Détermination de la teneur en monoxyde de carbone, pression sanguine et questionnaire font partie de la panoplie des

chercheurs. Les résultats ont permis de déterminer une valeur limite pour les micro-poussières.

Photos: ISPM Bâle

Page 31: Une protection préventive de l’environnement

ENVIRONNEMENT: M. Tschopp, quel est l’objectif de la commission?Peter Tschopp: Tout d’abord, nous souhai-tons inviter les milieux concernés à mieuxcoordonner leurs activités. Ensuite, nousvoulons faire prendre conscience de l’im-portance de cette recherche, non seule-ment dans le grand public, mais aussi dansla communauté scientifique elle-même.

Qu’est-ce que cela signifie concrètement?Certains considèrent la recherche environ-nementale comme une soft science qu’onne peut pas prendre tout à fait au sérieux.C’est du snobisme scientifique pur. Biensûr, il faut aussi développer les connais-sances fondamentales dans ce domaine.Mais, à mon avis et dans le contexte ac-tuel, il est important de diffuser cesconnaissances dans le public. Il y a là undéficit énorme.

À qui la faute? Aux chercheurs?Pas seulement… même si ça ne leur faitpas de mal de sortir plus souvent de leurtour d’ivoire. Nous devons simplementprendre conscience d’une chose: la pro-tection de l’environnement n’a cessé de

perdre du terrain depuis quelques années.Aujourd’hui, les préoccupations économi-ques et sociales occupent le devant de lascène. C’est tout à fait compréhensible.Mais nous devons veiller à ce que l’envi-ronnement ne tombe pas aux oubliettes:le problème du réchauffement du climat,par exemple, est à long terme beaucoupplus inquiétant qu’on ne l’imaginait.

Quel est le rôle de l’OFEFP?Dans ce domaine, celui d’intermédiaireentre scientifiques et praticiens. C’est sonrôle prioritaire. Notre commission estchargée de l’aider. À mon avis, il est judi-cieux que l’OFEFP assume pleinementcette tâche. Et par rapport aux critiques, ycompris dans l’administration et au Parle-ment, j’aimerais dire ceci: cette fonctiond’intermédiaire est de la plus haute impor-tance, non seulement pour la recherche,mais aussi pour une politique environne-mentale raisonnable. L’OFEFP ne fait queremplir son mandat, c’est-à-dire l’appli-cation de la loi. Même si cela est doulou-reux pour certains!

■ Entretien: Urs Fitze

➔ 43ENVIRONNEMENT 4/03 RECHERCHE ENVIRONNEMENTALE

dispose dans ce domaine est limi-té à 5,5 millions de francs. Malgrécela, l’Office occupe une place es-sentielle dans le domaine: celled’un intermédiaire entre cher-cheurs et gens de terrain. «Sansdonnées scientifiques solides,impossible de fixer des valeurs limites, d’élaborer des bases légales ou des instruments d’ap-plication pour la protection del’environnement», explique Ul-rich Kunz, qui coordonne cesecteur à l’OFEFP.

L’Office soutient en priorité larecherche appliquée, qui est lemieux à même de protéger l’envi-ronnement. Dans ce contexte, le«Plan directeur de recherche En-vironnement 2000–2003» a mar-qué l’avènement d’une ère nou-velle. D’une part, il mettaitl’accent sur des recherches pra-tiques comme celle sur les pous-sières fines respirables. D’autrepart, ce plan organisait la mise en

L’AVIS DU PROFESSEUR PETER TSCHOPP

Intermédiaire entre chercheurs et praticiens

Keystone

Le grand public ne sait pas grand chose des résultats

de la recherche environnementale. C’est la critique du

professeur genevois Peter Tschopp, par ailleurs ancien

conseiller national. Il préside la Commission consulta-

tive pour la recherche environnementale de l’OFEFP.

suite page 44

Page 32: Une protection préventive de l’environnement

réseau des nombreuses institutions enga-gées dans le domaine de la recherche en-vironnementale en Suisse.

Une détection précoce lacunaireL’OFEFP a créé fin 2001 un organe indé-pendant chargé d’accompagner ce pro-cessus d’un œil critique: la Commissionconsultative pour la recherche environ-nementale (CCRE) (voir entretien). En ef-fet les succès ne doivent pas faire oublierles lacunes. Et ce n’est pas seulement unequestion d’argent. Elles concernent la dé-tection précoce des problèmes ou encorel’élaboration scientifique de stratégiespour appliquer les conclusions. Enfin, la

collaboration est encore insuffisanteavec les spécialistes ou les milieux con-cernés qui n’appartiennent pas au petitmonde de la recherche universitaire.

Priorités jusqu’en 2007Le nouveau «Plan directeur de rechercheEnvironnement 2004–2007» contribueraà combler ces lacunes. Il permettra d’in-tensifier les efforts de recherche dansquatre domaines:• mise en danger de l'être humain et de

l'environnement par des polluants,des atteintes physiques et des organis-mes artificiellement modifiés

• dilapidation des ressources naturelles,appauvrissement de la biodiversité etde la diversité des paysages

• changements climatiques, avec leursconséquences pour la nature

• gestion des risques pour la société.

■ Urs Fitze

44➔ ENVIRONNEMENT 4/03 RECHERCHE ENVIRONNEMENTALE

Quelle est la valeur écono-mique des prestations de lanature et de l’environne-ment en Suisse? Quels sontles impacts des mesures deprotection sur l’emploi et la croissance économique?Normes et taxes d’incitationencouragent-elles l’innova-tion technique? Voilà, parmid’autres, les questions surlesquelles se penchera leprojet de recherche «Envi-ronnement et économie»lancé en mai 2003 par la direction de l’OFEFP. Sixétudes partielles analy-seront les relations et lesinteractions multiples entreles deux domaines. Les pre-miers rapports seront dispo-nibles au printemps 2004.Études partielles et rapportde synthèse paraîtront en2005.

Ulrich Kunz

Service Recherche

environnementale

OFEFP

031 322 99 79

[email protected]

Plan directeur de recherche Environ-

nement pour les années 2004–2007.

État de la recherche, thèmes priori-

taires, stratégie. 60 p., D, F;

CHF 12.–, SRU-351-F, OFEFP, Docu-

mentation, 3003 Berne, fax 031

324 02 16, [email protected]

www.buwalshop.ch

La Recherche de l’administration

fédérale. La Recherche au service de la

société, Plans directeurs 2004–2007.

Groupement de la science et de

la recherche, Secrétariat d’État,

Hallwylstrasse 4, 3003 Berne,

031 322 82 11,

[email protected]

www.gws-gsr.ch

LECTURE INFOS

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LIENS

Projet Environne-ment et économie

Leucorrhinia dubia, autre libellulle protégée.

La recherche environnementale s’intéresse aussi à la diversitédes espèces: grâce à elle, deux libellules (ici, Aeshna

caerulea) ont rejoint la liste rouge des espèces menacées de disparition.

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Page 33: Une protection préventive de l’environnement

➔ 45ENVIRONNEMENT 4/03 CLIMAT

Soyez «CarbonNeutral», comme l’acteur Leonardo DiCaprio: crachez des gaz déchappement avec

un impact climatique nul! C’est du moins ce qu’on nous promet avec certaines offres de com-

pensation CO2 pour les avions et les voitures. En échange, on plantera des arbres dans les pays

pauvres et on investira dans les énergies douces. Ce système pose de nombreuses questions.

COMPENSATION DU CO2

«Faites planter un arbre pour absorberun peu de dioxyde de carbone et dédiez-le à un être cher», voilà la nouvelle idéecadeau que la firme anglaise «FutureForest» propose pour les anniversaires.Le prix comprend un certificat pour ledestinataire ainsi qu’une carte pour si-tuer la plantation.

Le monde des affaires s’est laissétenter, lui aussi, par ces paquets-cadeaud’un nouveau genre: l’an dernier, lasociété de conseil allemande ERM a en-voyé à ses clients des compensationspour gaz à effet de serre à la place des

traditionnels vœux de Noël. Elle a ache-té des bons d’émission pour plus de 300tonnes de dioxyde de carbone, corres-pondant à une évaluation des quantitésde CO2 émises par ses 6000 clientsdurant les Fêtes.

Supplément de 8 francs par heure de volEn Suisse aussi le marché des offres éco-logiques s’étoffe. La notion «carbo-neutre» devrait bientôt atteindre, parmiles consommateurs responsables, lamême cote que le label «Fair trade».

Myclimate, par exemple, une entreprisecréée par les scientifiques écologistes del’EPF, s’est spécialisée dans les trans-ports aériens. Le voyageur qui verse 8 francs supplémentaires par heure devol recevra un «Climate ticket». L’ar-gent ainsi récolté sert à financer desprojets qui s’attaquent à l’effet de serre.Au Costa Rica, par exemple, le chauf-fage d’une université passera du diesel àl’énergie solaire. Myclimate souhaiteque les compagnies aériennes offrenttoujours une option avec supplémentclimat. Plus de la moitié des passagers

Trafic d’indulgences ou rédemption du climat?

Pour 50 francs (6 heures de vol), l’association «Myclimate» vous permet de prendre l’avion en tenant compte des émissions de CO2.

Page 34: Une protection préventive de l’environnement

seraient prêts, en principe, à payer pourune telle compensation, selon une en-quête effectuée durant l’été 2003 àl’aéroport de Kloten.

Sports motorisés avec certificat vert!La fondation suisse «Climate ProtectionPartnership» (CLiPP) œuvre, elle aussi,en faveur de la compensation des im-pacts climatiques. Elle propose des ca-deaux-compensations et se targue de rendre les grandes manifestations«carbo-neutres». L’année dernière, parexemple, la course motorisée organiséeau col du Klausen a pu se présentercomme neutre sur le plan climatique.Philippe Roch, directeur de l’OFEFP,critique sans ambages cet exemple dou-teux de label écologique attaché à une

manifestation nocive pour l’environne-ment: «Il faudrait carrément interdirede telles courses!»

CLiPP prévoit d’investir l’argent des compensations dans un projet auBangladesh, entre autres. Il s’agit de doter les petits taxis à trois roues demoteurs plus économes. Myclimate etCLiPP sont des organisations à but non-lucratif, qui veulent porter sur le devantde la scène l’aspect climatique lié auxtransports, tout en offrant à l’individudes possibilités concrètes d’agir.

Des arbres contre des kilomètresLes transports aériens n’ont pas l’ex-clusivité des offres à option climatique.Ainsi, AVIS promet une conduite res-ponsable: elle propose la location de sesvéhicules dans toute l’Europe avec uneoption «carbo-neutre». Louer une OpelAstra pendant une journée pour unvoyage de 200 km coûtera CHF 176.–(au lieu de 159.–), supplément pour leclimat inclus. Selon les dires de l’entre-prise, 15 % des clients font usage de cet-te option. La taxe climatique volontaireest investie dans des projets de reboise-ment.

AVIS perçoit ses bons d’émission de«Future Forest», qui est, selon ses pro-pres statistiques, le plus important four-nisseur de compensation, tant pour lesentreprises que pour les particuliers. Lamaison londonienne compte un nom-bre impressionnant de gros clients –allant de Swiss Re à Volvo en passantpar Fiat. Elle n’hésite pas à recourir aux

relations publiques pour attirer sesclients. Ni de faire sa pub avec des stars:«Leonardo DiCaprio est un citoyen car-bo-neutre», lit-on, par exemple, sur lapage d’accueil du site!

Le caractère volontaire annule l’effet d’incitationCelui qui veut être non plus «politique-ment correct», mais «climatiquementcorrect» sans pour autant renoncer àl’avion a donc des possibilités d’agir.Mais quel sens ont-elles? Transparenceet procédure de vérification sont déter-minantes pour la fiabilité des offres.Mais on peut soulever des objections deprincipe: «On ne vole pas moins avecdes billets climatiquement neutres,estime Markus Nauser, spécialisteclimat de l’OFEFP. La participationétant volontaire, elle n’a quasimentaucun effet incitatif.» De plus, ajoute-t-il, beaucoup de ces «compensations» neremplissent pas les critères du protocole

46➔ ENVIRONNEMENT 4/03 CLIMAT

TRANSPARENCE ET

CONTRÔLE SONT

INDISPENSABLES][

Le troc est de retour: plantation d’arbres dans le Tiers monde

contre des vols en avion. Une offre controversée.

Christian Küchli, OFEFP

Page 35: Une protection préventive de l’environnement

de Kyoto. Celui-ci exige que tout projetde protection climatique ait un effetvérifiable, attesté par des procédés decontrôle très stricts, et qu’il prenne encompte des aspects écologiques aussibien que sociaux. Les mesures nedoivent pas nuire aux populationsautochtones ou à l’environnement, no-tamment dans les pays en dévelop-pement.

Projets douteuxLa neutralisation des émissions de CO2est particulièrement sujette à caution. Iln’existe pas encore de règles de vérifica-tion validées internationalement. «Lesprojets de reboisement sont très problé-matiques, explique Markus Nauser, carpersonne n’est en mesure de garantirque le CO2 ainsi piégé le restera à longterme. Qui assumera la responsabilitéd’un nouveau reboisement, si le CO2est libéré par des incendies de forêt oupar une exploitation ultérieure?» Parailleurs, les plantations existeront-ellesencore dans quelques décennies? Dansles pays en développement, la protec-tion climatique à long terme entre sou-vent en concurrence avec des préoccu-pations plus immédiates – la faim et la

pauvreté… Le WWF s’est penché

sur le sens ou le non-sens écologique des pro-jets de compensation.Son catalogue de critères«Gold Standard» garan-tit que les actions envi-

sagées aboutissent réelle-ment à une protection cli-matique. Énergies renouve-lables et utilisation efficace de l’énergiesont un aspect crucial. Ainsi, certainsprojets de reboisement sont en contra-diction avec son label. De plus, le béné-fice pour la nature n’est pas évident,

affirme Patrick Hofstetter, du WWFSuisse: «Nombre de ces offres n’ont pasd’effet réel sur le climat. Il s’agit deprojets énergétiques qui se réaliseraientde toute façon: on les vend simplementsous l’étiquette de la réduction des gazà effet de serre.»

Éviter le CO2 à la source Pour un observateur critique, les mo-dèles de compensations ne sont aumieux qu’un pis-aller. L’option est dé-fendable, mais uniquement pour lesémissions qui ne peuvent être évitées àla source. Patrick Hofstetter, du WWF,est formel: «Ces offres ne doivent pasdétourner les pays industrialisés del’obligation de réduire chez eux lesémissions de gaz à effet de serre. EtMarkus Nauser, de l’OFEFP, d’ajouter:«Les projets sérieux qui ont un réel effetbénéfique sur le climat, tout en restantfinancièrement alléchants, sont rares.Et encore, il faut prouver qu’on tientvraiment ce qu’on promet.»

■ Kaspar Meuli

➔ 47ENVIRONNEMENT 4/03 CLIMAT

Les projets sérieuxont un prix

Le coût d’une tonne de CO2 neutra-lisée est un bon indice de crédibilité.Un projet alternatif sérieux a un coûtcertain. Et d’autant plus s’il prend encompte les conditions économiqueset sociales des pays auxquels ils’adresse. Myclimate et CLiPP comp-tent par exemple 30 francs par tonnede CO2. C’est sur la base de ce prixqu’on calculera la valeur du sup-plément volontaire pour le «billetclimat». Ce prix ne compense passeulement la quantité produite parpassager, mais aussi les autres effetsdu trafic aérien, qui accentuent l’ef-fet de serre.

«Future Forest» pratique des tarifsdifférents. Les offres démarrent déjàà partir de 10 francs par tonne deCO2. Ce leader a misé dès le départexclusivement sur des reboisementsà bon marché, qui constituent tou-jours la majeure partie de son chiffred’affaires.

Markus Nauser

Section Économie et climat

OFEFP

031 324 42 80

[email protected]

INFOS

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LIENS

AU MIEUX, CES MODÈLES SONT

UN PIS-ALLER ][

Page 36: Une protection préventive de l’environnement

48➔ ENVIRONNEMENT 4/03 MANAGEMENT ENVIRONNEMENTALE

L’engagement écologique, une charge pour l’environnement?

Pour traquer ses propres atteintes à l'environnement, l’administration fédérale suit un pro-

gramme RUMBA à un rythme d’enfer. Ainsi l'OFEFP, comme d’autres offices, a introduit la gestion

des ressources et le management environnemental. Mais leur application au quotidien réserve

quelques déceptions.

ÉCONOMIES D’ÉNERGIE À L'OFEFP

«L'OFEFP assume un rôle de modèle enmatière d’environnement: la directionet les collaborateurs doivent contri-buer activement au développementdurable par un comportement écolo-giquement conscient.» C’est ce qu’af-firme dans ses lignes directrices le con-cept de managementenvironnemental de l’Office. Celui-ci a introduit l'an dernier les premi-ères mesures décidées dans le cadredu programme RUMBA (abrévia-tion allemande pour gestion desressources et management environne-mental dans l'administration fédérale).

Elles concernent les lo-caux, les outils de travailet les transports. Le rap-port environnemental2002 de l'OFEFP en tireun premier bilan inter-médiaire. Beaucoup resteà faire: «Les résultats nesont pas satisfaisants»,estime le directeur Philip-pe Roch.

Responsable de la mise en œuvre duprogramme à l'Office, Simon Toblerfait aussi son autocritique et parle derésultats partiellement décevants. Parexemple, deux objectifs importants n'-ont pas été atteints: diminuer le nom-bre de kilomètres parcourus en avion

et réduire la consommation de papier.

«Diplomatie verte» et voyages en avionIl s’agissait de réduire de 15% – au pro-fit du train – le kilométrage des volscontinentaux. C’est raté, avec un ac-croissement de 4% par collaborateur!Au niveau mondial, l'augmentation atteint même 30%. Évidemment, c’estd'une conséquence de la participationactive de l'OFEFP aux nombreuses con-férences internationales de l'année

2002. À lui seul, le Sommet de la Terreà Johannesbourg a exigé plusieurs réu-nions préparatoires.

«Mener une politique environ-nementale internationale sans prendrel’avion, c’est impensable», affirme Ma-nuela Jost, des Affaires internationales

de l'OFEFP. Aux yeux du Conseilfédéral, l’environnement fait par-tie des domaines prioritaires denotre politique extérieure. Et il ena clairement confié la responsabi-lité à l'OFEFP. «Nous partons de l'-

idée que notre engagement dans lesconférences internationales contribueà des accords dont le bénéfice pourl'environnement est plus importantque le préjudice causé par nos voya-ges», ajoute Mme Jost.

Rapidité et sécuritéRome, Paris ou Vienne sont facilementatteignables par le train. Mais pour d’-autres destinations, les représentantsde l'OFEFP choisissent souvent l'avion,essentiellement pour gagner du temps.

SANS AVION, IL N’Y

AURAIT PAS DE POLITIQUE

ÉTRANGÈRE][

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Page 37: Une protection préventive de l’environnement

Et comme les compartiments à uneplace dans les wagons-lits ne sont ac-cessibles qu’aux classes salariales supé-rieures, la plupart des employés de laConfédération renoncent à voyager entrain de nuit à travers l’Europe. Lesatouts de l'avion – gain de temps, con-fort, sécurité et baisse des tarifs – fontpencher la balance.

Selon Daniel Frei, responsable de laCentrale des voyages de la Confédé-ration, qui effectue les réservationspour tous les déplacements officiels àl'étranger, seule une modification durèglement pourrait changer la situa-tion: «À qualité égale, nous décidonsen fonction de critères purement éco-nomiques.» Mais, ajoute-t-il, chaquedépartement a la compétence d'établirdes critères écologiques en plus des cri-tères économiques. Ainsi, pour favo-riser le train, il serait possible de fixerune distance minimale aux déplace-ments en avion. Pour sa part, SimonTobler affirme que l'OFEFP s'efforce derendre les voyages en train plus at-trayants.

En Suisse: combinaison train-autoMême les inévitables déplacements envoiture pourraient être plus écologi-ques. Le contrat exclusif conclu parl'OFEFP avec une agence de location

arrive à terme en 2004. Pour la suite,l'Office envisage de collaborer avecl'entreprise de car-sharing Mobility.«Ainsi, les grands déplacements enSuisse se feront en train, explique M.Tobler. Les voitures de location entre-ront en jeu à partir de la gare la plusproche.»

Aujourd'hui déjà, les employés del'OFEFP utilisent presque exclusivementles transports publics pour leurs dépla-cements professionnels en Suisse. Ainsi,

94% des 2000 km annuels couverts enmoyenne par collaborateur sont effec-tués en train. Devant le bâtiment prin-cipal de l'OFEFP, la plupart des placesde parc sont louées à des tiers, car lamajorité des employés viennent tra-vailler en train ou à vélo. Comme leprojet RUMBA ne s'intéresse qu'aux dé-placements de service, cet aspect positifn'apparaît pas dans le rapport.

➔ 49ENVIRONNEMENT 4/03 MANAGEMENT ENVIRONNEMENTALE

Marché public écologique

Installé également à l'OFEFP, le Service des marchés publics écologiquement via-bles ne pourra mesurer qu'à moyen terme le résultat de son travail. «Notre tâcheest d'élaborer, en collaboration avec les responsables des achats de la Confédé-ration, des critères écologiques simples pour les appels d'offres», explique la res-ponsable Eveline Venanzoni. De tels critères existent déjà pour certains produits àbase de cellulose. Ils figurent notamment dans le Guide interactif pour les marchéspublics de la Confédération GIMAP (voir sous www.gimap.ch).

Par la suite, l'équipe technique RUMBA se penchera sur les acquisitions enrapport avec les technologies de l'information. Elle fixera des limites pour la con-sommation énergétique de PC, d’imprimantes ou d’appareils multifonctions. Lesserveurs représentent un cas particulier, car ils exigent beaucoup d'énergie pourleur climatisation. Si on pouvait disposer de serveurs s'accommodant de tempé-ratures plus élevées, on économiserait beaucoup d'électricité. Le jour où le Conseilde l'informatique de la Confédération acceptera de nouvelles normes, des stan-dards écologiques plus sévères seront imposés à toute l'administration fédérale ence qui concerne la bureautique.

Valerie Fries

Page 38: Une protection préventive de l’environnement

50➔ ENVIRONNEMENT 4/03 MANAGEMENT ENVIRONNEMENTALE

Augmentation du papier recycléL'objectif 2002 de réduire de 10% laconsommation de papier était tropambitieux. En réalité, elle a augmentéde 17% pour s'établir à 52 kg par colla-borateur. Seule consolation: la part dupapier recyclé a passé l’an dernier de47,5% à 73,5%.

Les raisons de ce mauvais résultatne sont pas clairement établies. D'unepart, le nombre d'affaires traitées étaitvraisemblablement plus élevé que l'an-née précédente, ce qui a entraîné unehausse de la charge administrative.D'autre part, une augmentation du tra-fic des données électroniques peutcontribuer à un accroissement du vo-lume imprimé. «Nous préparons d'au-tres mesures pour réduire la consom-mation de papier. Imprimer et copieren recto-verso ne suffira certainementpas», précise Simon Tobler. L'OFEFPs'est notamment penché sur le tiragede ses publications: on pourrait rédui-

re les exemplaires papier et augmenterla part des documents téléchargeablessur Internet.

Améliorer le rendement énergétiqueMalgré les résultats modestes de ce pre-mier bilan, la situation devrait s’amé-liorer à l’OFEFP. C’est notammentl’objectif du système de managementenvironnemental, mais on ne peut pasagir en même temps à tous les niveaux.La priorité, ce sont les économiesd'énergie. Ainsi, la consommationd'électricité devrait baisser avec desmesures comme les semaines desensibilisation aux économies d'éner-gie (novembre 2003). La réduction de4% de l'énergie utilisée pour le chauf-fage, l'an dernier, constitue un succès.Pour la période en cours, l'Office équi-pe les bureaux de thermomètres: lesemployés pourront ainsi contrôler etrégler eux-mêmes la température selonleurs besoins. Les effets seront décrits

dans le rapport RUMBA 2003. À noter,par ailleurs, que certains collabora-teurs de l'OFEFP ont tiré parti de lapossibilité qui leur était offerte desuivre gratuitement un cours de con-duite «Ecodrive».

En 2006, divers offices fédérauxs'installeront dans de nouveaux bâti-ments à Ittigen, au nord de Berne.L'OFEFP en profitera pour regrouperses bureaux dans deux bâtiments aulieu de trois. Ce transfert offrira la pos-sibilité d'optimiser davantage encorela consommation d'électricité et dechaleur. ■ Pieter Poldervaart

Simon Tobler

Division Économie et recherche

OFEFP

031 322 75 52

[email protected]

INFOS

Valérie Fries, OFEFP

Le Service de documentation de l’OFEFP traite annuellement plus de 10 000 commandes. Pour économiser, on cherche à augmenter la part des publications téléchargeables à partir de l’Internet.

Page 39: Une protection préventive de l’environnement

➔ 51ENVIRONNEMENT 4/03 BRUIT

Entre l'aéroport de Zurich-Kloten et l’aérodrome militaire de Dübendorf, il n’y a que de quelques

kilomètres. Beaucoup de riverains subissent à la fois le vrombissement des Jumbo-jets et le tonnerre

des F/A-18. Pour le Tribunal fédéral, ces deux bruits constituent une nuisance de même nature.

L’OFEFP a donc développé une méthode d'évaluation globale des agressions sonores.

Dans un bruit de tonnerre, une esca-drille décolle de l'aérodrome militairede Dübendorf ZH. Tiger et F/A-18 filentrapidement en direction des Alpes pourse livrer à des exercices d'interception etde combat rapproché. La populationenvironnante considère le bruit de cesavions comme des dérangements ponc-tuels. Aussi assourdissant qu’ils soient,on sait que le calme reviendra après 20 ou 30 secondes.

La Commission fédérale pour la lut-te contre le bruit estime donc qu'en dé-pit de ses immissions sonores compara-bles à celles des avions civils, le bruitdes avions militaires est dans l'ensem-ble moins gênant, notamment grâceaux temps de pause clairement définis.De plus, selon ses propres déclarations,l'armée a l'intention de déplacer ses jetsvers d'autres bases d'ici à 2011. Si les mi-

litaires ne décollent que les jours ouvra-bles et «aux heures de bureau», l'aéro-port de Kloten est quant à lui en activi-té tous les jours, officiellement de 6heures à 22 heures. Mais il faut y ajou-ter les vols de nuit, qui bénéficient d'une autorisation spéciale.

Un cas très particulierDübendorf et Kloten constituent un castrès particulier. Nulle part ailleurs enSuisse, la population est incommodée àla fois par l'aviation militaire et l'avia-tion civile. Les pistes ne sont séparéesque de 7,5 kilomètres. Jusqu'ici, leur ef-fet perturbateur a toujours été évaluéséparément, ce qui a soulevé diversescritiques, notamment de la part duConseil d'État zurichois, en juillet 2002.Le 8 décembre 2000, le Tribunal fédéralavait jugé que ces immissions consti-

tuent un dérangement de même natu-re, et qu'elles doivent être considéréesdans leur ensemble.

Lacune à comblerPeu claire sur ce point, l'ordonnance surla protection contre le bruit (OPB) de-vra donc être précisée. Sous la directionde l'OFEFP, l'Office fédéral de l'aviationcivile, l'Office fédéral du développe-ment territorial et l'Office fédéral desexploitations des Forces aériennes ontélaboré une méthode pour le calcul dela double nuisance affectant la zone. Laméthode intègre aussi des propositionsfaites par l'Institut de recherche EMPA.Elle complète les prescriptions de l'OPBdans le sens de l'arrêté du TF. Mais lesdécisions concernant l'aménagementdu territoire ne sont pas applicablespour le moment: les concepts d'exploi-

Jumbo-jets et F/A-18 en stéréoDOUBLE NUISANCE SONORE

Aéroport militaire de Dübendorf

Aéroport de Kloten

Desair/Keystone

Greifensee

Page 40: Une protection préventive de l’environnement

52➔ ENVIRONNEMENT 4/03 BRUIT

tation des deux aéroports ne sont en ef-fet pas encore disponibles.

Entre le marteau et l'enclumeLa double immission sonore frappe sur-tout un secteur situé dans les commu-nes de Dietlikon et de Wallisellen.Comme le montre la carte, la régioncomprise à l'intérieur du périmètre jau-ne peut être divisée en trois zones. Ausud de Kloten domine le bruit de l'avia-tion civile, à l'ouest de Dübendorf celuide l'aviation militaire. La troisièmezone (couleur turquoise) subissait du-rant l’année 2000 des immissions dé-passant la valeur limite pour les zonesd'habitation du degré de sensibilité II:60 décibels dB ou davantage. Elle de-

vrait donc bénéficier de me-sures anti-bruit. Selon l'OPB, lazone où la valeur de planifi-cation de 57 dB (en turquoiseclair) est dépassée devrait fairel'objet de restrictions au droitde construire. On tiendracompte, cependant, du fait

que ces zones varient en fonction dutrafic aérien. Ce qui explique que la carte n'a pas de valeur juridique.

■ Stefan Hartmann

La méthode de calcul de l'OFEFP

Pour évaluer la double charge sono-re, l'OFEFP se base sur le niveaud'évaluation LrDOP. La formule rete-nue permet de calculer la pertur-bation engendrée par l'ensembledes immissions sonores aériennes.Dans la zone à double immission do-minée par l'aviation civile, au sud deKloten, le bruit est assez constant,réparti sur l'ensemble de la journée.Il ne serait guère différent s'il étaitémis uniquement par l'aviation ci-vile. Ici, la formule LrDOP calculel'ensemble des émissions sonoresdes deux types d'aviation durant les 16 heures d'activité journalière.

La zone à double immission do-minée par l'aviation militaire estégalement soumise à l’autre sourcede bruit. Mais en direction de Dü-bendorf, l'influence de l'aviationcivile s'amenuise et celle de l'avia-tion militaire prend le dessus, si bienqu'au cours de la journée, les pé-riodes plus calmes des premièresheures matinales, de la pause demidi et de la soirée réduisent nette-ment l'effet perturbateur. On peutdonc assimiler ce bruit à celui d'uneactivité aérienne purement mili-taire.

Maria Balmer

Division Lutte contre le bruit

OFEFP

031 322 92 54

[email protected]

INFOS

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Bru

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LIEN

Fluglärm-Summation bei den Flugplätzen

Dübendorf und Zürich-Kloten – Ermittlung und

Beurteilung der Doppelbelastung aus Militär-

und Zivilfluglärm. BUWAL, Vollzug Umwelt,

2003; VU-6007-D;

OFEFP, Documentation, 3003 Berne;

Fax 031 324 02 16, [email protected]

www.buwalshop.ch

LECTURE

Région à double charge sonore déterminée à partir d’un exemple de l’année 2000.

----- Bruit d’origine civile

----- Bruit d’origine militaire

----- Double nuisance

----- Limite de la

double nuisance

OFEFP/EMPA

Page 41: Une protection préventive de l’environnement

➔ 53ENVIRONNEMENT 4/03 ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT

Succès de la campagne éducative franco-suisse «Eaux-Vives»

Axée sur la richesse du réseau aquatique jurassien, «Eaux-Vives» – une campagne éducative trans-

frontalière – a réuni quarante classes suisses et françaises autour de l’eau. Ce projet pilote, à

l’approche transdisciplinaire, a été rendu possible grâce au Programme européen Interreg III, qui

soutient les collaborations transfrontalières. Aussi en matière de sensibilisation à l’environnement.

ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT

Rivières, tourbières, centre thermal,moulins souterrains … le massif du Juraest unique en Europe, tant son paysageaquatique est riche et varié. Sur la based’une carte promotionnelle recensant26 sites touristiques liés à l’eau, la Fon-dation suisse d’éducation pour l’envi-ronnement (FEE) et le Centre perma-nent d’initiatives pour l’environne-ment (CPIE) du Haut-Doubs à Frasne (F)ont lancé conjointement la campagne«Eaux-Vives», destinée aux classes de 3e

jusqu’en 6e primaire. Objectif: travaillersur la thématique de l'eau en découv-

rant simultanément un site touristiqueproche de son école.

Du projet touristique à la campagne scolaireVingt classes vaudoises et neuchâte-loises et vingt classes du Jura françaisse sont réunies pour étudier le pré-cieux liquide. L’idée est riche. D’abordelle favorise un enseignement vivantet approfondi dans les branches lesplus variées (sciences de la terre,math, français…). C’est une approchesensible d’un élément moins connu

qu’il n’y paraît. En plus, elle rappro-che les jeunes de pays voisins autourd’un bien précieux qui leur appar-tient.

En novembre 2002, Lise Durussel,Mariette Hugues et Sandrine Rochat,trois enseignantes du Collège d’Yvo-nand VD ont relevé le défi et entraînéleurs classes à participer au projet.L’enthousiasme des élèves leur a faitécho: excursions dans la nature, bainsthermaux, étude des animaux aqua-tiques, échange avec les copains fran-çais – un programme alléchant!

Page 42: Une protection préventive de l’environnement

Créations autour de l’eauEnthousiastes, les élèves l’étaient toutautant pour parler de leurs réalisations.Il y a eu, tout d’abord, «la valise Rico-chet», un exercice pratique d’aménage-ment du territoire. Point de départ: unemaquette, vierge encore, contenant ledébut et l’arrivée d’un cours d’eau. Àl’aide de plots représentant différentséléments du paysage (arbres, routes,maisons, STEP, etc.), chaque classe de-vait aménager au mieux son territoire.Passage obligé: les négociations au seindu conseil communal, où chaque élèvedéfendait les intérêts qu’il avait choiside représenter: le maire, les conseillerscommunaux, les écologistes, le paysan(un seul – car il y avait peu d’amateurspour ce rôle!). À force de tractations etde compromis, la maquette a fini parvoir le jour. Bel exercice de démocratie

appliquée, comme le relève une desmaîtresses. Et embryon de projets mul-tiples, car les élèves voulaient recom-mencer aussitôt sur d’autres thèmes!

Il y a eu aussi, l’«aquarium» qui apermis de créer un biotope pour in-vertébrés pêchés au Centre Pro Naturade Cham-Pittet VD. Chaque animalétudié a fait l’objet d’une «fiche d’iden-tité». École de biologie? Oui, mais defrançais aussi: «Madame, comment ças’écrit trachée?» Ou encore de rigueur:interdit de se contenter de vagues «jecrois…». Et bien sûr d’informatique. Lemaître de dessin s’étant associé auprojet, les élèves ont peint des vignet-tes, images flamboyantes sur la richefaune de la Cariçaie.

Après le travail de découverte etd'appropriation locale, les classessuisses ont accueilli les Français en leur

54➔ ENVIRONNEMENT 4/03 ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT

Le point d’orgue de lacampagne:

13 juin 2003 au Musée du Fer de Vallorbe

présentant leur site et leur travail. Ellesfurent à leur tour accueillies par lespartenaires français. Les informationsrecueillies de part et d'autre de lafrontière ont conduit à un travail desynthèse présenté lors d'une manifesta-tion finale – la Fête de l'eau – qui aréuni en cinq lieux différents tous lesparticipants. Une restitution fort ap-préciée de la part des autorités et desparents.

Approche originaleL'approche pédagogique proposée parla campagne «Eaux-vives» avait pourbut de proposer une appréhension glo-bale de l'eau permettant le traitementde la thématique dans le cadre de nom-breux cours: mathématique, physique,dessin, géographie. L'éducation à l'en-vironnement se révèle ainsi une oc-

Festivités du 10 juin 2003à Remoray (F)

Dans «UMWELT 4/2003» –l‘édition allemande du magazine ENVIRONNEMENT –vous pouvez découvrir un autreprojet «L'Aventure de l'eau»,développé en Suisse alémanique durant l’année de l’eau. Il s’agit d’une exposition itinérante adaptéeaux besoins scolaires.

Page 43: Une protection préventive de l’environnement

casion idéale de vivre une expérienceinterdisciplinaire dans un cadre sco-laire.

Le bilan dressé par les enseignantsest réjouissant: malgré la difficulté de la mise en place du projet, ce dernier procure d'immenses satisfactions:

approfondissement de la connaissance de sa dis-cipline, analyse de sespratiques pédagogiques,échanges enrichissantsavec d'autres enseignants.Les adultes ont été sensi-bles non seulement auxpotentialités interdisci-plinaires du projet, maisaussi à sa générosité. For-mation des enseignants,transports, animations

sur le terrain, moyens pédagogiques etdidactiques, conseils et un suivi sansfaille étaient à disposition. Un constatégalement très positif du côté des élèvesqui apprécient ce travail décloisonné etl’apprentissage par le jeu.

Avenir du projetDu côté des organismes porteurs, lebilan s'avère extrêmement positif: cetteexpérience transfrontalière permet dedynamiser le Réseau franco-suissed'éducation à l'environnement, réseaudéjà mis sur pied dans le cadre du pro-gramme européen Interreg II. Elleapporte une nouvelle piste puisqu'ellerapproche des acteurs de l'éducation, del'environnement et du tourisme.

Cette coopération a permis à unprojet ambitieux d’être mené à terme.

Un terme tout relatif, puisque AlainSchwab – Directeur de la FEE et coordi-nateur de la campagne, est sollicité parla Conférence transjurassienne (CTJ)pour préparer une extension du projeten 2004 sur un territoire élargi àd'autres cantons, et en développantéventuellement d'autres thématiques.

■ Monica Constandache

➔ 55ENVIRONNEMENT 4/03 ÉDUCATION À L’ENVIRONNEMENT

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LIENS

Thomas Bucher

Service Éducation

à l'environnement, OFEFP

031 322 93 26

[email protected]

INFOS

Fête de l’eau du 12 juin 2003 au Centre

Pro Natura de Champ-Pittet

Photos: www.educ-envir.ch/reseau_franco-suisse/eaux-vives