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1 Pro cyclicité de la politique budgétaire et surveillance multilatérale dans les unions monétaires africaines Version provisoire S. Guillaumont Jeanneney et S. J-A. Tapsoba Centre d’Etudes et de Recherches sur le Développement International (CERDI), Université d’Auvergne CNRS, 65 boulevard François Mitterrand, 63000 Clermont-Ferrand, courriels: [email protected] ; [email protected] .

Unions Monétaires Africaines

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Pro cyclicité de la politique budgétaire et surveillancemultilatérale dans les unions monétaires africaines - Version provisoireS. Guillaumont Jeanneney et S. J-A. Tapsoba

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    Pro cyclicit de la politique budgtaire et surveillance

    multilatrale dans les unions montaires africaines

    Version provisoire

    S. Guillaumont Jeanneney et S. J-A. Tapsoba

    Centre dEtudes et de Recherches sur le Dveloppement International (CERDI), Universit dAuvergne CNRS, 65 boulevard Franois Mitterrand, 63000 Clermont-Ferrand, courriels: [email protected]; [email protected].

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    Rsum

    La dvaluation des FCFA en 1994 a mis en vidence la pertinence dune coordination des politiques budgtaires dans les unions montaires africaines. Aprs 1994, ces dernires ont adopt un principe de surveillance multilatrale des politiques budgtaires qui impose un solde budgtaire constamment nul ou positif. Cet article examine comment cette contrainte affecte la conduite conjoncturelle des politiques budgtaires. Les rsultats indiquent que la surveillance multilatrale cre un biais pro cyclique de la dpense publique pendant les rcessions plus fort que dans les autres pays africains. Ce biais pro cyclique justifie une modification de la rgle de la surveillance multilatrale afin dy adjoindre une condition dexcdent budgtaire durant les priodes dexpansion.

    Abstract

    The devaluation of the CFA Francs in 1994 has highlighted the relevance of fiscal coordination in African monetary unions. After 1994, African monetary unions have adopted a fiscal rule which prescribes a permanent nil or positive budgetary balance. This article studies how this fiscal rule affects the cyclicality of fiscal policies. The results show that compared to other African states, such a fiscal rule creates a pro cyclical bias in public expenditure during recessions. The bias justifies a modification of the rule in order to impose a fiscal surplus during expansions.

    JEL Codes: E3, E6, H3.

    Mots-cls: Politique budgtaire, Pro cyclicit, Union montaire, Surveillance multilatrale, Afrique.

    Keywords: Fiscal policies, Pro cyclicality, Currency union, Fiscal rules, Africa.

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    1. Introduction

    A lexception des pays du G7 o la politique budgtaire est neutre, dans les autres pays et particulirement dans les pays en dveloppement, elle a tendance tre pro cyclique (Talvi et Vgh, 2005). Pourtant selon Keynes, la politique budgtaire devrait tre contra cyclique alors que selon Barro (1979), elle devrait tre neutre. Cette constatation est intrigante puisque les pays en dveloppement sont particulirement soumis des chocs exognes, ce qui rendrait dautant plus opportune une politique de stabilisation conjoncturelle.

    Talvi et Vgh (2005) ont expliqu ce paradoxe par un modle dconomie politique. Cest justement parce que les fluctuations de lassiette fiscale sont fortes dans les pays en dveloppement que les gouvernants sont contraints une politique pro cyclique. Il leur est difficile de laisser se raliser un important excdent budgtaire en priode dexpansion face aux pressions des diffrents groupes sociaux et lobbies en faveur dune augmentation des dpenses publiques. Afin dattnuer le risque dune utilisation inefficace des ressources supplmentaires et afin den faire bnficier le secteur priv, les gouvernants sont conduits accrotre les dpenses et rduire les taux dimposition simultanment. En priode de rcession ils sont contraints, faute davoir mis de ct des ressources pour couvrir un dficit, de rduire les dpenses et daccrotre les taux dimposition1.

    Une solution ce problme de comportement politique pourrait tre lintervention dune autorit suprieure. Celle-ci existe pour les pays constitus en union conomique et montaire2. En gnral, les gouvernements saccordent sur une surveillance multilatrale des politiques budgtaires nationales afin quelles ne contrarient pas la politique montaire et de change commune. En effet le risque dune mauvaise combinaison des politiques est dautant plus lev que lexistence dune union montaire donne chaque Etat considr individuellement la possibilit demprunter sur le march financier commun sans entraner une hausse des taux dintrt aussi importante que sil avait d emprunter sur un march national. Leffet dviction de la dpense prive par la dpense publique tant rduit, la tentation est grande pour les gouvernements nationaux de mener une politique budgtaire trop expansive. Mais comme la politique budgtaire reste le seul instrument qui permet de faire face des chocs conjoncturels spcifiques certains pays de lunion, le vritable enjeu est que la surveillance multilatrale des politiques budgtaires nationales incite les gouvernements ne plus pratiquer une politique pro cyclique ou mme, dans une perspective keynsienne, les incite mettre en uvre une politique contra cyclique.

    Nous allons tudier cette question en nous fondant sur lexprience des deux principales unions conomiques et montaires africaines, lUnion Economique et Montaire Ouest Africaine (UEMOA) compose de huit Etats, savoir le Bnin, le Burkina Faso, la Cte dIvoire, la Guine-Bissau, le Mali, le Niger, le Togo et le Sngal, et la Communaut Economique et Montaire de lAfrique Centrale

    1 Autrement dit, la politique est pro cyclique, expansive face un choc externe positif et restrictive dans le cas inverse. Il en rsulte une variation du solde budgtaire bien infrieure celle prdite par un modle la Barro laissant jouer les stabilisateurs automatiques puisque selon celui-ci les dpenses publiques discrtionnaires sont maintenues constantes ainsi que les taux dimposition.

    2 Ds 1992, l'occasion de la confrence organise par la Banque Mondiale et le Center for Economic Policy Research (CEPR) sur les nouvelles dimensions de l'intgration , J. de Melo, A. Panagariya et D. Rodrik (1993) avaient postul que la libert d'action des gouvernements dans le choix de leur politique conomique est contrainte par la prsence des lobbies qui reprsentent des intrts particuliers et dont les prfrences sont diffrentes de celles des gouvernements. Selon leur modle, un effet positif de la coopration rgionale est de rduire le poids des groupes politiquement importants dans chaque conomie (effet de dilution des prfrences) et constitue un atout pour la mise en uvre de bonnes politiques, l o leur action discrtionnaire risque de conduire de mauvaises politiques

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    (CEMAC) qui runit le Cameroun, la Rpublique centrafricaine, la Rpublique du Congo, le Gabon, la Guine quatoriale et le Tchad. Ce choix se justifie pour deux raisons.

    (i) Alors mme que nombreux sont les projets de formation de nouvelles unions, il existe encore peu dUnions Economiques et Montaires runissant des pays en dveloppement3. Or les deux unions africaines ont t cres en 1994, prcdes lune et lautre, ds 1962, par une union montaire. La surveillance multilatrale des politiques budgtaires propres chaque Etat a t lun des objectifs assigns la transformation des unions montaires en unions conomiques et montaires4. Auparavant les politiques budgtaires nationales ntaient contraintes que par les rgles de lmission montaire. Cest parce que celles-ci sont apparues insuffisantes quune surveillance multilatrale a t prvue par les nouveaux traits et mise progressivement en place, dont le principal objectif est dinciter les gouvernements rduire leur dficit budgtaire. Ainsi ces deux unions fournissent-elles une longue priode dinvestigation, sans, puis avec, une surveillance multilatrale des politiques budgtaires nationales.

    (ii) Les Etats qui composent ces unions sont tous de petite dimension, tant par leur population que par leur produit national et leur production est concentre sur des produits primaires5. En raison de leurs caractristiques dmographiques et conomiques, ils sont largement ouverts sur lextrieur et exposs des chocs extrieurs de grande ampleur, souvent spcifiques lun ou lautre dentre eux (BCEAO, 2001; Fielding et Shields, 2001; Houssa, 2008). Il en rsulte une grande instabilit de leur assiette fiscale, conforme lhypothse de base du modle de Talvi et Vgh (2005).. Le phnomne est amplifi dans la CEMAC.

    Larticle comprend deux parties. La premire est consacre lexpos des contraintes qui psent sur les autorits budgtaires des deux unions et aux hypothses qui en dcoulent quant leur comportement: ainsi commence-t-elle par prsenter le cadre institutionnel dans lequel sinscrit la politique budgtaire, notamment les principales dispositions de leur surveillance multilatrale et ses difficults dapplication; puis, aprs avoir rappel le modle prsent par Talvi et Vgh (2005), elle montre comment la contrainte que reprsente la surveillance multilatrale conduit modifier ce modle, en introduisant une diffrence de comportement entre les priodes de haute conjoncture et celles de basse conjoncture o le caractre pro cyclique de la politique budgtaire sen trouve accru.

    3 Il nexiste que deux autres unions montaires entre pays en dveloppement: la Common Monetary Area (CMA) en Afrique qui comprend lAfrique du Sud, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland et lUnion Montaire des Carabes Orientales. En revanche les projets dunion montaire regroupant des pays en dveloppement ou mergents se sont multiplis ces dernires annes. En ce qui concerne lAfrique, la Communaut conomique des tats de lAfrique de lOuest ambitionne de crer dici 2009 une seconde union montaire qui terme fusionnera avec lUnion Montaire et Economique Ouest Africaine de la Zone Franc. De mme, la communaut des Etats de lAfrique de lEst et la Communaut pour le Dveloppement de lAfrique Australe prvoient de crer une monnaie unique respectivement dici 2009 et 2018. Les pays dAsie du sud-est (Chine, Brunei, Indonsie, Malaisie, Core du Sud, Thalande, Vietnam, Singapour, Philippines et Japon) souhaitent adopter une monnaie commune dici 2030. Les Etats dAsie du sud (Bangladesh, Bhoutan, Inde, Iles Maldives, Npal, Pakistan et Sri Lanka) ont galement fix lobjectif pour 2020. Les pays du golfe persique (Arabie Saoudite, Qatar, Bahren, Oman, Kowet et mirats Arabes Unis) dici 2010. En Afrique, la CMA na pas mis en place de surveillance multilatrale des politiques conomiques (Masson et Pattillo, 2004).

    4 Deux autres objectifs sont la ralisation dun march commun et la mise en place de politiques sectorielles communes.

    5 En 2006 les plus grands des pays (par leur population) de lUEMOA et de la CEMAC, respectivement la Cte dIvoire et le Cameroun, ont 19 et 18 millions dhabitants et un produit national brut de 16,6 et 18,1 milliards de dollars (selon la mthode de lAtlas de la Banque Mondiale), et les plus petits, la Guine-Bissau et le Gabon ont 2 et 1 millions dhabitants et un produit national brut de 0,3 et 7 milliards de dollars. (Source: World Bank World Development Indicators 2008).

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    La deuxime partie teste la pertinence de ce modle amend: elle prsente une estimation conomtrique des dterminants des politiques budgtaires en Afrique, en distinguant lintrieur de lensemble des Etats africains ceux appartenant lUEMOA ou la CEMAC. La politique budgtaire est reprsente par les ratios des dpenses, des recettes et du solde budgtaires au Produit Intrieur Brut. Les rsultats tendent valider lanalyse de Talvi et Vgh (2005) en ce qui concerne lensemble des pays africains, pour lesquels les dpenses publiques sont effectivement pro cycliques; ils indiquent aussi, conformment au modle propos que le comportement des autorits budgtaires des deux unions se distinguent de celui des autres pays africains. A partir de la cration des unions conomiques et la mise en vigueur de la surveillance multilatrale des politiques budgtaires, la pro cyclicit des politiques budgtaires saccrot en phases de rcession, la politique tant alors plus restrictive que dans les autres pays africains.

    Le comportement spcifique des autorits budgtaires nationales dans les deux unions, ainsi mis en lumire, va lencontre des politiques budgtaires optimales telles que dfinies par la littrature, qui devraient tre soit contra cycliques, soit au moins neutres. Cest pourquoi la conclusion sefforce-t-elle de dfinir une rgle budgtaire qui incite les gouvernements nationaux mener, face un choc conjoncturel positif, une politique restrictive contra cyclique de manire pouvoir mener une politique expansive lors du retournement de la conjoncture.

    2. Le cadre thorique

    Comment la surveillance multilatrale des politiques budgtaires institue dans les Unions Economiques et Montaires Africaines est-elle susceptible daffecter la politique budgtaire des gouvernements nationaux? Aprs avoir rappel pourquoi et comment a t mise en place cette surveillance multilatrale, nous introduisons cette contrainte dans le modle tabli par Talvi et Vgh (2005).

    2.1. Les principales caractristiques institutionnelles de la surveillance multilatrale des Unions

    montaires de la Zone Franc

    LUEMOA et la CEMAC font partie de la Zone Franc, ce qui signifie que la Banque centrale de chaque union bnficie dun compte dit doprations , ouvert par le trsor public franais, compte qui peut devenir dbiteur sans limite. Ds lorigine des unions montaires, la France sest proccupe dviter des dficits budgtaires trop importants de la part des gouvernements africains. Initialement les statuts de la Banque Centrale des Etats de lAfrique de lOuest (BCEAO) et ceux de la Banque des Etats dAfrique Centrale (BEAC) limitaient 10% des recettes budgtaires de lanne coule les avances de la banque centrale aux Etats de lunion. Cette limite a t progressivement largie 15, puis 20% des recettes fiscales; de plus, conues au dpart comme transitoires et destines faire face aux variations saisonnires des recettes, les avances ont acquis un caractre permanent. La limitation des avances tait la contrepartie logique des comptes doprations, lobjectif de ces comptes tant de garantir la convertibilit des francs CFA en devises et non de financer indirectement les Etats. En labsence dautres sources de financement que la cration montaire, la limitation des avances aurait empch les dficits budgtaires. Cela na pas t le cas: les trsors publics africains purent utiliser la marge initiale demprunt dont ils disposaient auprs du systme bancaire, les avances aux trsors publics tant au dpart bien infrieures la limite statutaire; ensuite la rgle fut contourne travers les crdits bancaires aux entreprises publiques lgard desquelles les Etats accumulrent des arrirs de paiements; dautre part, les prts et subventions dajustement structurel des bailleurs internationaux, en particulier les facilits du FMI, ont aliment simultanment les budgets nationaux et les compte

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    doprations.

    En 1994, la dvaluation impose par lampleur des dficits budgtaires, a cr un courant dopinion en faveur de lquilibre budgtaire. Le Trait de lUnion Economique et Montaire Ouest Africaine, et leTrait instituant la Communaut Economique et Montaire de lAfrique Centrale, signs cette mme anne, prvoient lun et lautre une surveillance multilatrale des politiques conomiques, qui vise une convergence des politiques conomiques et leur mise en cohrence avec la politique montaire commune, les Etats devant viter tout dficit excessif6. Dautre part, comme les deux marchs financiers rgionaux aliments par la surliquidit bancaire offraient aux Etats une source de financement alternative aux avances de la Banque centrale, il fut dcid de geler les avances statutaires des banques centrales aux Etats qui doivent les rembourser progressivement7.

    Ds lorigine des unions conomiques, les Etats furent invits respecter des critres quantitatifs, pour lessentiel relatifs aux finances publiques et qui diffraient quelque peu dune union lautre; dans les deux cas la rfrence principale tait un solde budgtaire primaire (cest--dire hors service de la dette) qui devait tre positif dans la CEMAC et suprieur 15% dans lUEMOA8. De nouveaux indicateurs ont t choisis de manire identique dans les deux unions: en 1999 le Pacte de convergence, de stabilit, de croissance et de solidarit adopt par le Conseil des Ministres de lUEMOA dfinit quatre critres de premier rang. Le premier exige que le ratio solde budgtaire de base sur PIB soit positif ou nul. Le second concerne le taux dendettement qui ne doit pas excder 70% et le troisime vise la non accumulation darrirs de paiement, intrieurs ou extrieurs. Le quatrime concerne le taux dinflation et fixe une limite suprieure de 3%. Ce critre nest plus strictement budgtaire mais doit contribuer, avec les trois premiers, contenir les dficits budgtaires. En juillet 2001 le Conseil des ministres de lUnion Economique de lAfrique Centrale adopta les mmes critres9.

    Le solde budgtaire de base est dfini comme la diffrence entre les recettes totales hors dons extrieurs et les dpenses totales hors investissements publics financs sur ressources extrieures. Lquilibre budgtaire respecter exclut les investissements publics financs sur ressources extrieures, mais non les investissements financs sur ressources internes, ce qui en fait un concept hybride. Comme ce solde budgtaire inclut en dpenses les paiements des intrts de la dette contrairement au solde primaire, son adoption comme critre quantitatif traduit la volont de raliser un excdent primaire couvrant intgralement les intrts de la dette publique, suggrant quil nest pas normal quun Etat emprunte pour assurer le paiement de la charge d'intrt sur sa dette. Le non respect des critres peut en principe donner lieu des sanctions graduelles qui vont de la publication dun communiqu la suppression des mesures de soutien dont bnficierait le pays de la part de lunion10

    6 Trait de lUEMOA (article 63 75) et Convention rgissant lUnion Economique de lAfrique Centrale annexe au Trait instituant la CEMAC (articles 49 61).

    7 Dcision du Conseil des Ministres de lUEMOA de septembre 98 et Dcision du Conseil des Ministres de la CEMAC de dcembre 99.

    8 Convention de lUnion Economique de la CEMAC article 55, Directive 02/96/CM de lUEMOA.

    9 Dcision du Conseil des ministres de lUMAC du 14 juillet 2001.

    10 Le pacte de lUEMOA a prvu une marge de manuvre pour lapplication des sanctions durant les situations exceptionnelles telles quun choc conomique de grande ampleur. Les circonstances exceptionnelles exonrent un Etat du respect du critre du solde budgtaire de base pour une dure maximale de six mois (Article 71 du trait modifi de lUEMOA). Le rglement communautaire N 11/99/CM/UEMOA du 21 dcembre 1999 prcise la notion de circonstances exceptionnelles . Ces dernires sont dfinies comme un choc conomique qui se traduit par une diminution du PIB rel de 3 points en dessous de la moyenne des 3 dernires annes ou choc extrieur se traduisant par une diminution des recettes budgtaires de 10% par rapport la moyenne des 3 dernires annes. Il en est de mme de larticle 58 de la Convention de lUEAC.

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    11.

    Il avait t prvu ds le dpart que lapplication du Pacte de lUEMOA serait progressive: taient ainsi dfinies une premire phase de convergence des politiques conomiques allant de janvier 2000 dcembre 2002 durant laquelle les Etats membres devaient se rapprocher des normes communautaires, puis une phase de stabilit partir de janvier 2003 o tous les Etats membres auraient d satisfaire les critres de convergence. Mais, comme lindique le Tableau 2, Panel A, les Etats ne sont pas parvenus, pour la plupart (environ les trois-quarts), atteindre lobjectif dun solde budgtaire de base positif. Aussi lunion a-t-elle dabord prolong lchance de la convergence dcembre 200512, puis a-t-elle dcid de dfinir la phase de stabilit en fonction dune masse critique dtats membres qui satisfont les quatre critres de premier rang13. La masse critique dtats est dfinie comme un nombre dEtats membres au moins gal quatre, respectant les quatre critres de premier rang et reprsentant au minimum 65% du PIB nominal de lUnion 14. Toutefois, les Etats membres qui nauraient pas respect les conditions de convergence, sont astreints poursuivre le processus de convergence, afin de raliser les objectifs dfinis au plus tard le 31 dcembre 2008. De mme le Conseil des ministres de lUnion Economique de lAfrique Centrale a dcid que les Etats devraient atteindre lquilibre budgtaire lhorizon 2004. Cette exigence na pos de problme aucun Etat lexception de la Rpublique centrafricaine (seul pays non ptrolier) qui ne parvient pas respecter ce critre (Tableau 2, Panel B).

    Il apparat clairement que la situation des deux unions est profondment diffrente. Dans la CEMAC la hausse du prix du ptrole et les dcouvertes de nouveaux gisements, concomitantes ladoption de la surveillance multilatrale, a certainement rduit ou voir mme annihiler la contrainte que les rgles adoptes auraient pu exercer sur le comportement des autorits budgtaires des cinq pays ptroliers (cf.Figure 1)15.

    Tel que le pacte de lUEMOA a t formul, son objectif principal apparat bien dviter les dficits excessifs risquant de mettre en pril la stabilit montaire de lUnion. Cependant la contra cyclicit de la politique budgtaire nest pas totalement absente des rflexions des autorits. Il est prvu que durant la phase de stabilit de lapplication du Pacte, lvaluation de la politique budgtaire devrait se faire sur la base de lvolution structurelle du critre cl, celle-ci tant apprcie aprs la correction des fluctuations conjoncturelles, les Etats membres devant en situation normale dgager des excdents

    11 Les critres primaires sont renforcs par des rgles dites de second rang, non contraignantes. Celles-ci concernent principalement la structure des finances publiques: il sagit en Afrique de louest du taux de la pression fiscale, de la part des ressources fiscales consacres aux salaires de la fonction publique et de celles consacres aux investissements, et enfin du solde des paiements courants hors dons. En Afrique centrale le ratio relatif aux investissements sur ressources intrieures nest pas retenu mais deux autres repres indicatifs sont utiliss: le ratio du solde budgtaire primaire et le taux de couverture extrieure de la monnaie.

    12 Acte additionnel n03/2003.

    13 Acte additionnel n02/2006.

    14 Rglement n10/2007/CM/UEMOA.

    15 La rente correspond au volume de ptrole et de gaz produit par le pays valoris par la diffrence entre les prix internationaux et les cots dextraction. La Figure 1 montre qu lexception de la Centrafrique, les pays de la CEMAC bnficient dune rente issue de lexploitation du gaz et du ptrole qui est croissante aprs 1994. La situation est totalement diffrente au niveau de lUEMOA puisque seule la Cte dIvoire a une rente ptrolire et gazire en hausse aprs 1994. La rente qui choit au Sngal dcrot rapidement depuis 1994 et ne connat quune lgre hausse au dbut des annes 2000. Le Benin ne bnficie daucune rente aprs 2001. Les autres pays de lunion ne disposent pas de gisements.

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    leur permettant de redonner la politique budgtaire son rle contra cyclique 16. Dans la CEMAC dpendante du prix du ptrole, a t adjoint au solde budgtaire de base tel que dfini prcdemment un solde structurel calcul aprs lissage des recettes ptrolires17.

    Dans ce qui suit nous analysons quel devrait tre logiquement limpact sur le comportement des autorits budgtaires de la rgle simple impliquant en permanence un solde de base positif.

    16 Articles 9 et 10 de lActe additionnel 04/99 du 8 dcembre 1999.

    17 On prend la moyenne des cinq annes antrieures.

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    0.2

    3

    .3

    Tau

    x de

    res

    pect

    ..

    .. ..

    .. 3/

    6 3/

    6 4/

    6 5/

    6 5/

    6 5/

    6

    Not

    es: C

    hiff

    res

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    ras:

    res

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    crit

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    Sou

    rce:

    Rap

    port

    s se

    mes

    trie

    ls d

    e la

    sur

    veil

    lanc

    e m

    ulti

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    rale

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    2001

    2

    006

    (Com

    mis

    sion

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    lU

    EM

    OA

    et d

    e la

    C

    EM

    AC

    ).

  • 10

    Figure 1: Evolution de la rente ptrolire et gazire (en millions de dollars courants): UEMOA et CEMAC, 1980-2004

    400

    600

    800

    1,000

    1,200

    1,400

    1,600

    1,800

    80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

    Cameroun

    400

    800

    1,200

    1,600

    2,000

    2,400

    2,800

    80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

    Congo

    0

    1,000

    2,000

    3,000

    4,000

    5,000

    80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

    Guine quatoriale

    500

    1,000

    1,500

    2,000

    2,500

    3,000

    80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

    Gabon

    0

    500

    1,000

    1,500

    2,000

    2,500

    80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

    Tchad

    0

    10

    20

    30

    40

    50

    60

    80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

    Bnin

    0

    100

    200

    300

    400

    500

    80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

    Cte d'Iv oire

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04

    Sngal

    Notes: CEMAC (Cameroun, Congo, Guine quatoriale, Gabon, Tchad); UEMOA (Benin, Cte dIvoire, Sngal). La surface grise correspond la priode dapplication de la surveillance multilatrale cest--dire aprs 1994. Les pays des unions qui sont absents du graphique nont pas bnfici de rentes ptrolires ou gazires. Source: A partir des donnes fournies par la Banque Mondiale (Projet Adjusted net Saving); http://go.worldbank.org/VLJHBLZP71.

    2.2. La modlisation du comportement des autorits budgtaires

    Une politique budgtaire est dite contra cyclique si elle est destine stabiliser lactivit conomique, cest--dire si elle est expansive en priode de ralentissement de lactivit et restrictive en temps de conjoncture favorable. La contra cyclicit est dorigine diffrente selon que la variation du solde budgtaire rsulte de la volont des gouvernements (politique discrtionnaire) ou est endogne, rsultant de lvolution mme de la conjoncture (stabilisateurs automatiques). En effet, taux dimposition donns, les fluctuations du produit et de la consommation entranent dans le mme sens celles des recettes fiscales qui, augmentant en expansion et diminuant en rcession, jouent un rle de stabilisation automatique18. La politique budgtaire discrtionnaire est contra cyclique si elle accrot les dpenses publiques et rduit les taux dimposition en priode de ralentissement et agit inversement en priode de conjoncture favorable. Elle est pro cyclique dans le cas contraire. Enfin,

    18 Les dpenses publiques lies la conjoncture, telles que les indemnits de chmage ou les versements dun revenu minimum (qui sont aussi des stabilisateurs automatiques) nexistent pratiquement pas dans les pays en dveloppement de telle sorte que la stabilisation automatique repose essentiellement sur les impts.

  • 11

    une troisime politique budgtaire, celle qui maintient stables les taux dimposition et les dpenses publiques quelle que soit la conjoncture, est dite acyclique.

    2.2.1. La politique budgtaire optimale la Barro (1979)

    Une politique budgtaire optimale la Barro (Barro, 1979) ou encore politique de lissage budgtaire a pour objectif dviter les distorsions inter temporelles en laissant inchangs les dpenses primaires et les taux dimposition. Cette politique est donc acyclique ou neutre, seuls jouant les stabilisateurs automatiques. On suppose ici, comme dans le modle de Talvi et Vgh, un sentier dquilibre parfaitement anticip, sans chocs permanents sur les revenus de lEtat. Ainsi dans ce modle, les dpenses publiques primaires constantes ne dpendent ni de la situation de lvolution des recettes fiscales ni des pressions politiques. Autrement dit le gouvernement fixe un niveau g~ pour les dpenses publiques:

    ggt~

    = . (1)

    Le solde budgtaire primaire est dfini comme la somme des taxes la consommation ttc et du gain de lexploitation des ressources naturelles tz moins les dpenses publiques primaires g

    ~ , soit19:

    gzcPS tttt~

    + . (2)

    Dans ce contexte, un choc positif transitoire sur la ressource tz se traduit par un solde primaire tPS

    plus lev que le solde tendanciel dune conjoncture neutre cest--dire le solde qui correspond une situation initiale sans choc sur tz . Les dpenses publiques et les taux dimposition sur la

    consommation demeurent constants de mme que la consommation et donc la recette fiscale correspondante. La volatilit du revenu total na pas dimpact sur la consommation ni sur le travail:

    Si tt zz >+1 pour nimporte quel t , alors tt cc =+1 , tt gg =+1 , tt =+1 , tttt cc =++ 11 , tttttt zczc +>+ +++ 111 et tt PSPS >+1 (cf. Proposition 2 de Talvi et Vgh, 2005)20.

    2.2.2. La politique budgtaire la Talvi et Vgh (2005)

    Talvi et Vgh (2005) ont modlis le comportement discrtionnaire des autorits budgtaires des Etats en dveloppement, en supposant que les gouvernements sont soumis des pressions politiques cause dune importante instabilit de lassiette fiscale. Ces pressions politiques les contraignent accrotre leurs dpenses primaires en priode dexpansion des recettes fiscales conduisant spontanment un

    19 Le modle se focalise sur une conomie o lassiette fiscale est essentiellement constitue par la consommation des mnages. Cette hypothse est valable puisque la fiscalit des pays en dveloppement repose fortement sur les taxes sur le commerce qui sont quivalentes aux taxes sur la consommation alors que la fiscalit des pays dvelopps dpend principalement des taxes sur le revenu (cf. Easterly et Rebelo 1993 cit par Talvi et Vgh 2005, p. 168, note 21).

    20 Les ingalits sont en sens inverse en cas de choc ngatif sur z cest--dire tt zz

  • 12

    excdent budgtaire.

    Le cur du modle de Talvi et Vgh est la rgle dterminant les dpenses publiques. Celles-ci ( tg )

    sont supposes composes de deux parties, une exogne g~ , et une autre endogne qui est une fonction

    non ngative, croissante et convexe du solde budgtaire primaire ( tPS ), soit:

    )(~ tt PSfgg += (3)

    La fonction f remplit les conditions suivantes:

    0(.) f , 0(.)' >f , 0(.)" >f (4)

    Le solde budgtaire est maintenant dfini comme la somme des taxes la consommation ttc et du gain transitoire de lexploitation des ressources naturelles tz moins lensemble des dpenses

    primaires tg , soit:

    ttttt gzcPS + (5)

    Selon ce modle, en labsence de distorsions politiques, les dpenses seraient gales g~ , cest--dire,

    comme dans le modle de Barro, indpendantes du cycle conjoncturel ( 0)( tPSf ). En ralit les dpenses publiques sont influences par les diffrents groupes de pression (syndicats, associations, partis politiques, agences gouvernementales, collectivits territoriales etc.). Ces pressions sont dautant plus fortes que lconomie est en situation favorable do 0(.)' >f . Si de telles pressions sont toujours plus ou moins prsentes, il est dautant plus difficile pour le gouvernement dy rsister que les ressources fiscales sont abondantes21.

    En prsence dun choc externe positif (accroissement de tz ), la rponse logique du gouvernement

    pourrait tre de rduire les taux dimposition ( t ) de manire diminuer lexcdent budgtaire ( tPS ) et donc les pressions politiques en faveur dun surcrot de dpenses [ )( tPSf ]. Mais le gouvernement doit faire un arbitrage entre la distorsion inter temporelle implique par un taux dimposition instable et laccroissement de dpenses souvent improductives. Ainsi se rsout-il absorber une partie de la manne fiscale par un accroissement des dpenses. Puisque les dpenses augmentent et que les taux dimposition sont rduits, le solde budgtaire augmente moins que dans le modle de Barro22:

    Si tt zz >+1 pour nimporte quel t , alors tt cc >+1 , tt gg >+1 , tt +1 (cf. Proposition 4 de Talvi et Vgh, 2005).

    Lorsque la conjoncture se retourne, le gouvernement est symtriquement amen pratiquer une politique pro cyclique. Face un choc extrieur transitoire maintenant ngatif, entranant spontanment un dficit budgtaire, le gouvernement est contraint rduire les dpenses et accrotre

    21 De plus, il est dans ce modle suppos que les pressions augmentent un taux croissant (fonction convexe), mais cette hypothse, bien que plausible, nest pas essentielle au modle qui peut aussi scrire avec une fonction linaire (cf. Annexe E de Talvi et Vgh, 2005).

    22cf. Annexe D de larticle de Talvi et Vgh (2005).

  • 13

    les taux dimposition, faute davoir laiss se raliser les excdents spontans de haute conjoncture. Compte tenu dune contrainte budgtaire inter temporelle impliquant lhorizon infini une stabilit de la richesse financire nette de lEtat (absence de jeu de Ponzi), le gouvernement rduit moins ses actifs financiers nets (ou emprunte moins) quen labsence de distorsions politiques. Ainsi la politique pro cyclique en priode de basse conjoncture rsulte-t-elle de la politique pro cyclique de haute conjoncture. Selon Talvi et Vgh, ce nest donc pas le rationnement du crdit international qui serait lorigine de la politique restrictive en basse conjoncture, comme lont suggr certains auteurs (Gavin et Perotti, 1997, Aizenman et al., 2000).

    Si t1t zz +1 , tt +1 (cf. Proposition 4 de Talvi et Vgh, 2005).

    En priode de rcession (sans surveillance multilatrale) o tt zz

  • 14

    En priode de rcession (avec surveillance multilatrale) o tt zz

  • 15

    pour les autres facteurs qui influencent la politique budgtaire23. Une quation conforme ce modle peut tre crite sous la forme:

    itit321it10it XEPBB ++++= (7)

    itB est la variable budgtaire (dpenses, recettes ou solde) du pays i lanne t normalise par le

    produit. Les dpenses publiques ici considres sont les dpenses primaires, comme dans le modle de Talvi et Vgh (2005), cest--dire quelles excluent le service de la dette qui na pas dimpact sur la demande globale intrieure puisquen Afrique, la dette est presque exclusivement une dette externe. Elles incluent les dpenses dinvestissement comme les dpenses de consommation qui toutes deux agissent sur la conjoncture et dont la sparation est floue24. Les recettes publiques sont calcules hors dons extrieurs dont le volume ne dpend pas des autorits budgtaires nationales et qui ne constituent pas un prlvement sur le revenu disponible.

    Parmi les variables explicatives, 1itB , niveau antrieur de la variable budgtaire, mesure le degr

    dinertie de la variable budgtaire due aux dlais de mise en place dune nouvelle politique budgtaire (Gali et Perotti, 2003; Cimadomo, 2005; Adedeji et Williams, 2007). Cela revient estimer la variation des variables budgtaires qui reprsente la politique conjoncturelle alors que leur niveau a une composante structurelle25. Le coefficient attendu pour la variable budgtaire retarde 1 est positif et infrieur lunit; il exprime lexistence de la contrainte budgtaire dquilibre long terme qui implique un retour progressif lquilibre (variable stationnaire).

    La variable dintrt itEP est la composante cyclique du produit exprim prix constants Cette

    dernire est mesure comme lcart relatif du produit observ par rapport son niveau tendanciel; selon que cet cart est positif ou ngatif, il reprsente une phase de haute conjoncture (ou expansion) ou de basse conjoncture (ou rcession)26. La cyclicit de la politique budgtaire est alors mesure travers le coefficient 2 . Une politique pro cyclique se manifeste si les dpenses publiques sont une 23 La spcification la plus simple est celle de Talvi et Vgh (2005) qui utilisent le coefficient de corrlation simple entre les variables budgtaires et la variable de cycle conomique. Wyplosz (2002) et Gali et Perotti (2003) appliquent une estimation plus labore en rgressant les agrgats budgtaires (normaliss par le produit) sur les variables de cycle en ajoutant un certain nombre de variables de contrle. Alternativement lestimation directe de limpact du cycle conomique sur la politique budgtaire, Lane (2003), Alesina et al. (2007) et Thorton (2008) adoptent une mthode en deux tapes. Ils calculent dans une premire tape calculer via une rgression par pays, llasticit des variables budgtaires par rapport au produit, puis dans une seconde tape ils valuent les dterminants des lasticits obtenues.

    24 Les dpenses publiques prises en compte par le Pacte nincluent pas celles finances sur ressources extrieures. Dans lanalyse conomtrique on contrle pour le financement externe, en introduisant une variable aide au dveloppement et une variable dette.

    25 Dans la littrature lquation (7) est estime soit en niveau (e.g., Gali et Perotti, 2003; Cimadomo, 2005) ou en premire diffrence (e.g., Wyplosz, 2002; Cato et Sutton, 2002; Alesina et al., 2007). Nous adoptons une solution en quelque sorte intermdiaire; la variable explique est bien la variation de la variable budgtaire considre, tandis que lcart de production na pas de raison dtre introduit en diffrence, car il est dj calcul comme une diffrence entre produit observ et produit tendanciel.

    26 Le terme de rcession utilis ici ne correspond pas la dfinition habituelle de la rcession dans les pays industrialiss, soit deux trimestres conscutifs de variation ngative du produit rel; cette dfinition nest pas applicable en Afrique o il nexiste en gnral pas de comptabilit nationale frquence trimestrielle et o la forte croissance dmographique implique une croissance du produit global qui peut tre positive en priode de basse conjoncture.

  • 16

    fonction positive de lcart conjoncturel du produit par rapport sa tendance et si les recettes et le solde en sont une fonction ngative. Cest linverse en cas de politique contra cyclique. La taille du coefficient mesure lampleur de la cyclicit de la variable budgtaire. Les politiques sont acycliques si le coefficient 2 nest pas significatif.

    itX reprsente les variables de contrle qui influencent la politique budgtaire indpendamment de

    lvolution de la production. Nous avons retenu les principales variables suggres par la littrature. La premire variable de contrle est le taux dendettement antrieur qui exerce normalement un effet positif sur le solde budgtaire. Elle reprsente la contrainte de soutenabilit de la dette publique laquelle la politique budgtaire est soumise (Wyplosz, 2002; Gali et Perotti, 2003; Cimadomo, 2005; Adedeji et Williams, 2007). A linstar de Gavin et Perotti (1997), Dor et Masson (2002), Cato et Sutton (2002), Adedeji et Williams (2007) et Alesina et al. (2007). Il convient en deuxime lieu de contrler pour les fluctuations des termes de lchange qui sont la principale source de chocs exognes sur les recettes et les dpenses publiques. Les fluctuations des termes de lchange sont reprsentes par lcart relatif du niveau des termes de lchange observs leur niveau tendanciel. Cette spcification suppose que seule une variation non anticipe des termes de lchange, cest--dire une dviation par rapport sa tendance, affecte la politique budgtaire. En introduisant les fluctuations des termes de lchange, on contrle partiellement pour lexistence des stabilisateurs automatiques. La troisime variable de contrle est laide extrieure, normalise par le produit, qui contribue financer les dpenses publiques, exerce un effet ngatif sur le solde budgtaire puisque les recettes publiques sont calcules hors dons et les dpenses comprennent celles finances par lextrieur. Il est important de contrler ici pour laide puisque le solde de base qui sert quant lui de critre quantitatif pour la surveillance multilatrale des unions est calcul sans inclure les dpenses dinvestissements finances par lextrieur27. La quatrime variable de contrle est la nature du rgime politique. Les institutions politiques peuvent en effet affecter la capacit des gouvernements matriser les variables budgtaires sans que lon puisse assurer quun rgime dmocratique soit de ce point de vue plus efficace quun rgime autocratique.

    Bien que ce ne soit pas habituel dans la littrature, on peut enfin se demander sil ne conviendrait pas dintroduire le taux dinflation. En effet la matrise de linflation peut tre un objectif des autorits budgtaires, au mme titre que la rgularit de la croissance du produit. Un taux dinflation infrieur 3% fait dailleurs partie des critres quantitatifs actuels de la surveillance multilatrale dans les deux unions africaines. Cependant il existe le plus souvent une corrlation entre expansion et inflation qui risque de rendre difficile linterprtation des coefficients. De plus, le statut de linflation est ambigu car ce nest pas seulement un objectif de la politique, mais un instrument de financement du budget puisquelle est source de seigneuriage, tout en ayant sans doute un effet dfavorable sur les recettes fiscales en raison des dlais de collecte des impts (effet Olivera-Tanzi). Ces deux dernires considrations suggrent, linverse de la premire, un coefficient ngatif dans lquation explicative du solde budgtaire. Nous introduirons le taux dinflation comme test de robustesse de notre estimation. Enfin, it reprsente le terme derreur classique.

    La modlisation thorique que nous avons propose suggre un comportement asymtrique des autorits budgtaires selon les phases de la conjoncture lorsquil existe une surveillance multilatrale des politiques nationales dans les Etats formant une union conomique. Pour tester leffet dasymtrie, nous scindons la variable de cycle itEP selon les phases de la conjoncture: une variable dexpansion

    27 Thorton (2008) a suggr que les dpenses publiques sont plus pro cycliques dans les pays africains dpendants de laide extrieure, ce qui signifierait que celle-ci est dstabilisatrice. En revanche Chauvet et Guillaumont (2007) ont montr que cette conclusion est loin dtre gnrale, laide ntant pas systmatiquement pro cyclique dans les pays en dveloppement. Tester cette hypothse impliquerait dintroduire laide non seulement de manire additive comme nous le faisons ici mais de manire multiplicative. Ce nest pas ici notre propos.

  • 17

    P

    itEP obtenue en multipliant la variable de cycle par une muette prenant la valeur 1 les annes o

    lcart du produit son niveau tendanciel est positif ou nul (et 0 sinon) et une variable de rcession N

    itEP obtenue en multipliant la variable de cycle par une muette prenant la valeur 1 les annes o

    lcart du produit son niveau tendanciel est strictement ngatif. Lquation estimer devient:

    itit

    P

    it

    N

    ititit XEPEPBB +++++= 432110 (8)

    La cyclicit de la politique budgtaire est mesure en priode de conjoncture basse par 2 et en conjoncture haute par 3 .

    3.1.2. Le comportement spcifique des Unions montaires de la Zone Franc

    Selon le modle thorique, lexigence dun solde budgtaire positif devrait conduire les gouvernements nationaux accentuer la politique restrictive durant les phases de rcession (accentuation dune politique pro cyclique). Comme mentionn plus haut, les Etats de lUEMOA et de la CEMAC ont commenc mettre en uvre la surveillance multilatrale aprs lavnement des Unions Economiques en 1994. Nous escomptons donc une accentuation de la politique budgtaire restrictive en rcession dans les pays africains de la Zone Franc aprs 1994.

    Pour tester cette prdiction, nous amendons lquation (8) pour explorer leffet de la surveillance multilatrale selon les priodes dexpansion et les phases de rcession. Pour cela nous multiplions les variables explicatives dintrt (reprsentant les situations conjoncturelles) par une variable muette UNION prenant la valeur 1 pour les pays de lUEMOA ou de la CEMAC et 0 sinon et par une variable muette SM gale 1 partir de 1995 et 0 auparavant. La variable SM capte la priode de la surveillance multilatrale28. Les pays africains qui ne participent pas une union montaire sont retenus comme contrefactuel. Lquation devient:

    itit10

    P

    it9

    N

    it8

    P

    it7

    N

    it6

    P

    it5

    N

    it4

    P

    it3

    N

    it21it10it

    XSMUNIONEP

    SMUNIONEPSMEPSMEP

    UNIONEPUNIONEPEPEPB*B

    +++

    +++

    +++++=

    (9)

    Lquation (9) permet de vrifier par linteraction entre lcart de production et la variable UNION, si indpendamment de lexistence de la surveillance multilatrale, la politique budgtaire est plus utilise comme instrument de stabilisation conjoncturelle dans une union montaire puisquelle devient la seule politique macroconomique souveraine. Elle permet de sassurer, par linteraction entre lcart de production et la variable SM, que la priode dapplication de la surveillance multilatrale na pas t marque par une modification de la politique budgtaire dans lensemble des pays africains. Elle constitue galement un test de leffet de la surveillance multilatrale dans les unions montaires grce la triple interaction entre lcart de production, la variable UNION et la variable SM.

    La cyclicit de la politique budgtaire durant les phases de rcession, est alors donne pour les pays

    28 Nous excluons lanne 1994 dans lapplication de la surveillance pour viter que la dvaluation qui a eu lieu ne biaise nos rsultats. En plus, nous supposons un dlai dun an pour lapplication effective de la surveillance multilatrale.

  • 18

    africains hors union avant 1995 par 2 ( 3 durant les priodes dexpansion) et depuis 1995 par 62 + ( 73 + durant les priodes dexpansion). Pour les pays des unions la cyclicit est apprcie

    avant 1995 par 42 + ( 53 + durant les priodes dexpansion) et depuis 1995 par 8642 +++ ( 9753 +++ durant les priodes dexpansion).

    3.2. La mthode destimation

    Lestimation de la cyclicit de la politique budgtaire par les Moindres Carrs Ordinaires est problmatique cause de la simultanit entre la politique budgtaire et la conjoncture conomique. En effet, les fluctuations conjoncturelles du produit ne sont pas indpendantes de la politique budgtaire. Le risque de biais de simultanit est vident puisque la politique budgtaire conjoncturelle vise agir sur la conjoncture tout en ragissant son volution. Certes la spcification retenue ici rduit le biais de simultanit par la normalisation des variables de politique budgtaire et de cycles par le niveau tendanciel du produit. Dautre part, nos variables explicatives sont sujettes aux erreurs de mesure susceptibles de crer une simultanit artificielle entre variable budgtaire et cycle. Il existe une troisime source possible potentielle dendogeneit lie des variables omises agissant simultanment sur la variable budgtaire et le cycle. Pour ces raisons, nous utilisons la mthode des effets fixes (EF) et celle des moments gnraliss29. La mthode des effets fixes (estimateur intra ou within) permet de tenir compte des variables structurelles qui sont constantes et spcifiques chaque pays. Nous instrumentons aussi les variables explicatives par la mthode des moments gnraliss (abrg MMG) qui est adapte lestimation de panels dynamiques, cest--dire quand la variable dpendante retarde est utilise comme une variable explicative. En plus, la mthode permet de traiter le problme dendogeneit des variables explicatives. La mthode gnre automatiquement des variables instrumentales partir des variables retardes.

    Nous utilisons lestimateur en systme dvelopp par Blundell et Bond (1998). Les MMG-systme consistent combiner deux instrumentations. La premire consiste instrumenter la premire diffrence de lquation estimer (qui limine les caractristiques inobservables, individuelles et invariantes dans le temps) par leurs niveaux retards dune priode (ou plus) des variables. Lhypothse implicite de cette instrumentation tant que les termes derreurs dans lquation dorigine en niveau ne sont pas sriellement corrls. La deuxime instrumentation utilise les diffrences retardes dune priode (ou plus) pour instrumenter les niveaux des variables.

    Pour juger de la pertinence de cette mthode dinstrumentation nous reportons les probabilits des tests de sur identification de Hansen (dont lhypothse nulle porte sur la validit des instruments) et dauto corrlation (dont lhypothse nulle suggre que les termes derreurs ne doivent pas tre auto corrle au second ordre). Nous traitons les variables de cycle comme des variables prdtermines en les instrumentant par leurs retards dau plus quatre annes. La variable budgtaire retarde, laide et linflation sont galement considres comme prdtermines et sont instrumentes par un seul retard. Les autres variables explicatives sont considres comme exognes.

    29 Gali et Perotti (2003) et Alesina et al. (2007) utilisent la mthode des variables instrumentales pour rsoudre le biais de simultanit. Ils utilisent le cycle retard dune priode et le cycle du partenaire commercial le plus important comme instruments. Dans notre, nous avons explor sans succs la pertinence de tels instruments (cycle des pays de lUnion Montaire Europenne, de lUnion Europenne, des Etats-Unis et de lOCDE). Seule la variable de cycle retarde savre tre un bon instrument. Pour cette raison, nous avons prfr la mthode des moments gnraliss pour surmonter le biais de simultanit.

  • 19

    3.3. Le calcul des variables

    Les variables dpendantes itB , que sont les dpenses, les recettes et le solde publics, sont mesures en

    monnaie locale constante partir du dflateur du PIB. Le solde est la diffrence entre les recettes et les dpenses. Afin de rduire une partie du biais de simultanit voqu plus haut, les variables budgtaires sont rapportes un PIB tendanciel exprim galement en monnaie locale constante. Le PIB tendanciel est calcul avec le filtre de Hodrick et Prescott (1997) en choisissant 100 comme paramtre de lissage30. Notre variable dintrt, lcart de production itEP qui reprsente le cycle de

    lactivit conomique, est calcul comme une dviation du PIB exprim en monnaie locale constante

    par rapport son niveau tendanciel (tendanciel

    it

    tendanciel

    ititit

    PIB

    PIBPIBEP

    = ). Les figures 2 et 3 permettent de

    visualiser les cycles dans les diffrents pays de deux unions.

    Nous avons galement calcul certaines de nos variables de contrle. Comme pour lcart de production, nous mesurons les fluctuations des termes de lchange en calculant lcart relatif de lindice des termes de lchange (base 100 en 2000) par rapport son niveau tendanciel

    (tendanciel

    it

    tendanciel

    itit*

    itTE

    TETETE

    = ). Le niveau tendanciel des termes de lchange est obtenu avec le filtre de

    Hodrick et Prescott (1997) avec 100 comme paramtre de lissage. Le taux dendettement et le taux daide sont les ratios respectivement de la dette totale du pays et de laide extrieure reue par le pays (versements nets)31 sur le PIB observ. La nature du rgime politique est reprsente par lindicateur Polity2 qui rsume la situation dmocratique ou autocratique des pays. La variable Polity2 combine le degr douverture politique, le mode lectoral et les contraintes institutionnelles auxquelles doit faire face le chef de lexcutif ainsi que la participation aux lections. Cet indicateur note les pays sur une chelle allant de -10 10, avec 10 reprsentant un pays dmocratique. Le taux dinflation pi , dfini comme la diffrence relative entre les moyennes des prix dune anne lautre, est recalcul pour rduire les taux relatifs aux pisodes dhyperinflation. Le nouveau taux introduit dans le rgression est

    )1(' pipi += . Dans lestimation conomtrique, tous les taux sont exprims en pourcentage. Les statistiques descriptives des variables utilises et leur source sont donnes respectivement dans les annexes 2 et 3.

    Au total, nous avons 41 pays sur 25 annes dans notre base de donnes. Cette dernire nest pas cylindre cause des donnes manquantes. Les estimations conomtriques attnuent ce biais en corrigeant pour lhtroscdasticit par pays.

    30 En vue deffectuer un test de robustesse, suivant Ravn et Uhlig (2002), nous fixons ensuite le paramtre de lissage 6.25, puis nous utilisons le filtre de Baxter et King.

    31 Laide extrieure totale reue est utilise dfaut de disposer de donnes prcises et compltes sur laide budgtaire.

  • 20

    Figure 2 : Profile du cycle et du solde budgtaire dans les pays de lUEMOA (1980-2004)

    -15

    -10

    -5

    0

    5

    10

    1980 1985 1990 1995 2000

    Benin

    -12

    -8

    -4

    0

    4

    8

    1980 1985 1990 1995 2000

    Burkina

    -10

    -5

    0

    5

    10

    15

    1980 1985 1990 1995 2000

    Cte d'Ivoire

    -60

    -40

    -20

    0

    20

    40

    1980 1985 1990 1995 2000

    Guine-Bissau

    -20

    -15

    -10

    -5

    0

    5

    10

    1980 1985 1990 1995 2000

    Mali

    -15

    -10

    -5

    0

    5

    10

    1980 1985 1990 1995 2000

    Niger

    -6

    -4

    -2

    0

    2

    4

    6

    1980 1985 1990 1995 2000

    Sngal

    -20

    -10

    0

    10

    20

    1980 1985 1990 1995 2000

    Cycle

    Solde/PIB

    Togo

    Notes: La surface grise correspond la priode dapplication de la surveillance multilatrale cest--dire aprs 1995.

  • 21

    Figure 3 : Profile du cycle et du solde budgtaire dans les pays de la CEMAC (1980-2004)

    -15

    -10

    -5

    0

    5

    10

    1980 1985 1990 1995 2000

    Centrafirque

    -20

    -10

    0

    10

    20

    1980 1985 1990 1995 2000

    Cameroun

    -20

    -10

    0

    10

    20

    1980 1985 1990 1995 2000

    Congo

    -20

    -15

    -10

    -5

    0

    5

    10

    15

    1980 1985 1990 1995 2000

    Gabon

    -40

    -20

    0

    20

    40

    60

    1980 1985 1990 1995 2000

    Guine quatoriale

    -30

    -20

    -10

    0

    10

    20

    30

    1980 1985 1990 1995 2000

    Cycle Solde/PIB*

    Tchad

    Notes: La surface grise correspond la priode dapplication de la surveillance multilatrale cest--dire aprs 1995.

    4. Les rsultats

    Les rsultats de nos estimations sont prsents dans les Tableaux 3 9. A cause du probable biais de simultanit dcrit plus haut, nous commentons principalement les estimations avec les MMG-systme. Nous avons retenu au plus 5% pour les seuils de significativit des estimations.

    4.1. Lensemble des pays africains

    La politique budgtaire est pro cyclique dans lensemble des pays africains lorsque lon considre les dpenses. Le taux de dpenses (en % du PIB tendanciel) est positivement affect par la conjoncture (Tableau 3, colonnes [3] [4]). Ce rsultat est conforme la prdiction du modle de Talvi et Vgh (2005). En raison de lexistence des stabilisateurs automatiques, lvolution des recettes est contra cyclique, le taux de recettes ragissant positivement la conjoncture (Tableau 3, colonnes [5] [6]). Il en rsulte un effet nul de la conjoncture sur le solde (Tableau 3, colonnes [1] [2]).

    Les autres variables du modle ont les signes attendus, mais sont rarement significatives dans les estimations avec instrumentation (MMG, Tableau 3). Le coefficient associ la variable budgtaire retarde a le signe attendu, positif, significatif et inferieur lunit (sauf lestimation avec les MMG dans la colonne [4] du Tableau 3 pour laquelle le coefficient nest pas significatif). La dette exerce un impact significatif et ngatif sur les dpenses avec les effets fixes et un impact non significatif sur les recettes. La variation non anticipe des termes de lchange influence positivement et significativement le solde budgtaire par son action sur les recettes selon le principe des stabilisateurs

  • 22

    automatiques32. Laide a un effet positif et significatif (non significatif une fois la variable daide instrumente) sur les dpenses. Sans tre significative, la variable captant la nature du rgime politique affecte positivement les recettes et ngativement les dpenses.

    Le contrle de linflation ne modifie pas les rsultats de base (Tableau 4). Linflation naffecte pas significativement la politique budgtaire qui demeure pro cyclique en ce qui concerne les dpenses et contra cyclique pour les recettes. Nonobstant, si on se rfre au signe du coefficient, le taux dinflation pourrait contribuer laggravation du dficit suggrant que largument selon lequel linflation est un moyen de financement de la politique budgtaire semble dominer par rapport lobjectif de stabilit montaire. Dans la suite, nous ne contrlons plus pour le taux dinflation parce quil nest pas statistiquement significatif et que son introduction naltre pas nos rsultats de base.

    La distinction des phases de la conjoncture montre que la pro cyclicit des dpenses et la contra cyclicit des recettes ne sont significativement vrifies que durant les phases de rcession (Tableau 5, colonnes [3] [6]). En effet en expansion dpenses et recettes deviennent acycliques Ainsi existe-t-il pour les pays africains, une certaine asymtrie dans la cyclicit de la politique budgtaire selon les phases de la conjoncture. Ce rsultat nest pas compltement conforme la prdiction de Talvi et Vgh (2005) selon laquelle le comportement pro cyclique des autorits budgtaires pendant les rcessions rsulte de ce mme type de comportement en expansion. En revanche, les rsultats durant les expansions corroborent lhypothse fondamentale dabsence dune politique dexcdents budgtaires pendant les phases de haute conjoncture.

    32 Nous avons galement ajout aux estimations une variable de tendance des termes de lchange qui sest avre non significative (estimations non prsentes). Ces rsultats confirment que leffet des termes de lchange sur la politique budgtaire est bien transitoire.

  • 23

    Tableau 3: Cyclicit de la politique budgtaire

    Solde/PIB* Dpenses/PIB* Recettes/PIB*

    EF MMG EF MMG EF MMG

    [1] [2] [3] [4] [5] [6]

    EP -0.047 -0.024 0.258** 0.241** 0.169** 0.213**

    (0.042) (0.047) (0.046) (0.058) (0.023) (0.047)

    TE* 0.038* 0.045** -0.006 -0.014 0.028** 0.030**

    (0.015) (0.014) (0.012) (0.013) (0.009) (0.009)

    Dette/PIB (-1) 0.022** -0.006 -0.018* -0.002 0.003 -0.006

    (0.007) (0.014) (0.008) (0.015) (0.003) (0.008)

    Aide/PIB -0.110* -0.062 0.136** 0.053 0.011 -0.023

    (0.045) (0.053) (0.046) (0.054) (0.013) (0.035)

    Polity2 -0.012 0.051 -0.008 -0.005 0.001 0.062

    (0.047) (0.073) (0.053) (0.131) (0.029) (0.130)

    Solde/PIB* (-1) 0.539** 0.383*

    (0.058) (0.158)

    Dpenses/PIB* (-1) 0.542** 0.270

    (0.088) (0.152)

    Recettes/PIB* (-1) 0.686** 0.475**

    (0.043) (0.075)

    Constante -2.913** -1.503 11.172** 17.297** 5.762** 11.313**

    (0.761) (1.207) (2.332) (3.635) (0.863) (2.406)

    R2 0.37 0.45 0.56

    Hansen 0.347 0.120 0.269

    AR(1) 0.000 0.002 0.002

    AR(2) 0.808 0.383 0.927

    Observations 909 909 911 911 913 913

    Pays 41 41 41 41 41 41

    Notes: EF: mthode des effets fixes pays (estimateur within); MMG: mthode des moments gnraliss en systme de Blundell et Bond (1998); EP = cart de production, TE* = cart des termes de lchange, Dette/PIB = ratio dette sur PIB, Aide/PIB = ratio aide sur PIB, Polity2 = variable de la nature du rgime politique, Solde/PIB* = ratio solde budgtaire sur PIB tendanciel, Dpenses /PIB* = ratio dpenses budgtaire sur PIB tendanciel, Recettes/PIB* = ratio recettes budgtaire sur PIB tendanciel, (-1) indiquent que la variable budgtaire a t retard. Ecart-types entre parenthses. Hansen: Probabilit du test de sur-identification de Hansen (Ho: instruments valides); AR(1): Probabilit du test dauto corrlation dordre 1 (Ho: absence dauto corrlation); AR(2): Probabilit du test dauto corrlation dordre 2 (Ho: absence dauto corrlation); * significatif 5%; **significatif 1%.

  • 24

    Tableau 4: Cyclicit de la politique budgtaire: contrle de linflation

    Solde/PIB* Dpenses/PIB* Recettes/PIB*

    EF MMG EF MMG EF MMG

    [1] [2] [3] [4] [5] [6]

    EP -0.013 -0.057 0.221** 0.236** 0.165** 0.186**

    (0.045) (0.067) (0.056) (0.079) (0.027) (0.046)

    Inflation -0.003 -0.104 -0.025 0.114 -0.021 0.004

    (0.027) (0.063) (0.030) (0.080) (0.017) (0.024)

    Variables de contrle (a) Oui Oui Oui Oui Oui Oui

    R2 0.33 0.42 0.56

    Hansen 0.739 0.134 0.034

    AR(1) 0.000 0.002 0.002

    AR(2) 0.610 0.385 0.829

    Observations 801 801 803 803 803 803

    Pays 38 38 38 38 38 38

    Notes: EF: mthode des effets fixes pays (estimateur within); MMG: mthode des moments gnraliss en systme de Blundell et Bond (1998); EP = cart de production, Inflation = taux dinflation normalis pour rduire les taux relatifs aux pisodes dhyperinflation. (a) cf. Tableau 3 pour les variables de contrle. Les estimations incluent une constante. Ecart-types entre parenthses. Hansen: Probabilit du test de sur-identification de Hansen (Ho: instruments valides); AR(1): Probabilit du test dauto corrlation dordre 1 (Ho: absence dauto corrlation); AR(2): Probabilit du test dauto corrlation dordre 2 (Ho: absence dauto corrlation); * significatif 5%; **significatif 1%.

    Tableau 5: Distinction des phases de la conjoncture (effet dasymtrie)

    Solde/PIB* Dpenses/PIB* Recettes/PIB*

    EF MMG EF MMG EF MMG

    [1] [2] [3] [4] [5] [6]

    EP0 -0.007 0.061 0.115 0.135 0.064 0.183

    (0.072) (0.132) (0.067) (0.159) (0.053) (0.100)

    Variables de contrle (a) Oui Oui Oui Oui Oui Oui

    R2 0.37 0.46 0.57

    Hansen 0.609 0.138 0.497

    AR(1) 0.000 0.002 0.002

    AR(2) 0.826 0.389 0.897

    Observations 909 909 911 911 913 913

    Pays 41 41 41 41 41 41

    Notes: EF: mthode des effets fixes pays (estimateur within); MMG: mthode des moments gnraliss en systme de Blundell et Bond (1998); EP = cart de production, (a) cf. Tableau 3 pour les variables de contrle. Les estimations incluent une constante. Ecart-types entre parenthses. Hansen: Probabilit du test de sur-identification de Hansen (Ho: instruments valides); AR(1): Probabilit du test dauto corrlation dordre 1 (Ho: absence dauto corrlation); AR(2): Probabilit du test dauto corrlation dordre 2 (Ho: absence dauto corrlation); * significatif 5%; **significatif 1%.

    4.2. La surveillance multilatrale dans les Unions montaires de la Zone Franc

    Parce que nous avons suppos dans lanalyse thorique que leffectivit de la contrainte multilatrale

  • 25

    est diffrente dans les deux unions (cf. section 2.1), nous estimons successivement partir de lquation (9), limpact de la surveillance multilatrale dans lUEMOA et dans la CEMAC. Le Tableau 6 correspond aux estimations avec un chantillon constitu des pays africains hors CEMAC et permet de tester le comportement spcifique de lUEMOA. De mme, le Tableau 7 prsente les estimations avec un chantillon de pays africains sans lUEMOA et permet dvaluer le comportement distinctif de la CEMAC. Pour simplifier la lecture de nos rsultats, nous reportons directement les coefficients somms et les probabilits des F-tests associs. Nous prsentons galement le rsum des conclusions tires des estimations dans lAnnexe 4.

    Les gouvernements des pays africains qui nappartiennent ni lune ni lautre des deux unions montaires ont men durant les phases de basse conjoncture, une politique de dpenses pro cyclique et une politique de recettes contra cyclique, avant et aprs 1995 (Tableaux 6 et 7). En revanche en expansion, ces pays nont pas modifi leurs taux de dpenses et de recettes, quelle que soit la priode. Ces rsultats sont semblables aux rsultats prcdents qui portaient sur la priode 1980-2004 et qui ne faisaient pas de distinction entre les pays africains.

    Dans les Etats de lUEMOA (Tableau 6), durant les rcessions et avant 1995, les gouvernements ont men une politique budgtaire conforme celle des autres pays. La priode dapplication de la surveillance multilatrale a t quant elle, marque par un renforcement de la pro cyclicit des dpenses et de la contra cyclicit des recettes. En effet, les gouvernements des pays de lUEMOA aprs 1995 ont men des politiques budgtaires plus restrictives que celles des pays africains qui ne participent pas une union montaire. Selon les rsultats du Tableau 6 ils ont plus fortement rduit les dpenses que laisser diminuer les recettes, de sorte que le solde acyclique avant 1995, est devenu pro cyclique durant la surveillance multilatrale. Ce rsultat est bien conforme lintuition du modle thorique selon laquelle la surveillance multilatrale renforce en rcession le caractre pro cyclique, ici restrictif, de la politique budgtaire

    Dans ces mmes pays, durant les priodes dexpansion les dpenses publiques ont t pro cycliques aprs, comme avant 1995 (avec sans doute une attnuation de la pro cyclicit et de la significativit du coefficient positif (colonne 4 du Tableau 6); mais les recettes contra cycliques avant 1995 sont devenues a cycliques. Il en rsulte que le solde est devenu pro cyclique. Ce comportement est plus conforme que celui des autres pays africains au modle de Talvi et Vgh (2005).

    La situation est un peu diffrente dans les pays de la CEMAC (Tableau 7). Laugmentation de la pro cyclicit des dpenses en rcession aprs 1995 nest pas aussi perceptible que dans lUEMOA, de telle sorte que le solde budgtaire est demeur acyclique. En expansion les dpenses et les recettes sont acycliques comme dans les autres pays africains.

    En rsum, nous avons suppos que le dispositif de la surveillance multilatrale, savoir un solde budgtaire de base positif et donc un solde primaire au-dessus dun seuil donn, est particulirement contraignant durant les priodes de basse conjoncture. En expansion, les Etats nont pas ou moins de difficults respecter lexigence de la surveillance multilatrale. Il apparat que le comportement des Etats de lUEMOA est conforme lintuition du modle thorique, cest--dire quen prsence de la contrainte budgtaire multilatrale, les gouvernements sont obligs, en priode de ralentissement de la conjoncture, de rduire les dpenses plus fortement que la baisse automatique des recettes. Lvolution du solde budgtaire joue dans un sens restrictif. En rcession, la surveillance cre un biais pro cyclique (ou restrictif) dans les politiques budgtaires. On nobserve pas la mme tendance dans les Etats de la CEMAC. Ce rsultat, que nous avions anticip, peut sexpliquer par la diffrence deffectivit de la contrainte quexerce la surveillance dans chaque union. Pour les pays de la CEMAC, la hausse du prix du ptrole concomitante aux dcouvertes de nouveaux gisements durant la priode dapplication du pacte a indubitablement rduit ou voire mme annul la contrainte que les rgles adoptes auraient pu exercer sur le comportement des autorits budgtaires des cinq pays ptroliers. A linverse, lexception de la Cte dIvoire, les pays de lUEMOA ont eu une rente dcroissante aprs 1995 ou ne sont carrment pas producteurs de ptrole (Figure 1). Il est, de ce fait, logique que la contrainte de la

  • 26

    surveillance multilatrale ait t relativement plus forte pour les pays de lUEMOA surtout durant les phases de rcession.

    Le biais pro cyclique des dpenses durant les rcessions dans lUEMOA est non seulement significatif mais semble conomiquement important. Pendant les rcessions et durant la surveillance multilatrale, les pays de lUEMOA ont rduit proportionnellement leurs dpenses quatre fois plus que les autres pays africains qui ne sont pas en union montaire alors quils les rduisaient deux fois moins avant la surveillance multilatrale. Ainsi avant 1995, 1% de PIB perdu par rapport au PIB tendanciel, induit dans les Etats de lUEMOA en moyenne une baisse des dpenses gale 0.206% du PIB tendanciel contre 0.466% pour les autres pays africains (Tableau 6, colonne [4]); durant la priode dapplication de la surveillance multilatrale, 1% de PIB perdu par rapport au PIB tendanciel, induit dans les pays de lUEMOA une rduction des dpenses gale 1.736% du PIB tendanciel contre 0.393% seulement dans les autres pays africains (Tableau 6, colonne [4]). Le biais est moins net pour les pays de la CEMAC o la baisse des dpenses durant la surveillance multilatrale nest significative quavec la mthode des effets fixes et slve 0.147% du PIB potentiel (Tableau 7, colonne [3]).

  • 27

    Tableau 6: Impact de la surveillance multilatrale dans lUEMOA (Somme des coefficients et F-tests)

    Solde/PIB* Dpenses/PIB* Recettes/PIB*

    EF MMG EF MMG EF MMG

    [1] [2] [3] [4] [5] [6]

    Phases de

    rcession (EP0)

    Non UEMOA

    Avant 1995 0.010 0.099 0.082 0.055 0.033 0.079

    (0.908) (0.604) (0.358) (0.848) (0.680) (0.625)

    Aprs 1995 0.190 0.454 -0.011 -0.027 0.145 0.365

    (0.273) (0.073) (0.955) (0.894) (0.096) (0.127)

    UEMOA

    Avant 1995 0.119 0.063 0.123 0.525* 0.163 0.446**

    (0.443) (0.769) (0.495) (0.046) (0.090) (0.004)

    Aprs 1995 -0.257 -0.270* 0.241 0.282 0.004 -0.001

    (0.078) (0.049) (0.379) (0.086) (0.976) (0.982)

    Variables de contrle (a)

    Oui Oui Oui Oui Oui Oui

    R2 0.39 0.43 0.56

    Hansen 0.994 0.980 0.992

    AR(1) 0.001 0.011 0.006

    AR(2) 0.334 0.138 0.932

    Observations 778 778 778 778 782 782

    Pays 35 35 35 35 35 35

    Notes: EF: mthode des effets fixes pays (estimateur within); MMG: mthode des moments gnraliss en systme de Blundell et Bond (1998); EP = cart de production, (a) cf. Tableau 3 pour les variables de contrle. Les estimations incluent une constante. La somme des coefficients sont reports avec la probabilit du F-test entre parenthses. Hansen: Probabilit du test de sur-identification de Hansen (Ho: instruments valides); AR(1): Probabilit du test dauto corrlation dordre 1 (Ho: absence dauto corrlation); AR(2): Probabilit du test dauto corrlation dordre 2 (Ho: absence dauto corrlation); * significatif 5%; **significatif 1%.

  • 28

    Tableau 7: Impact de la surveillance multilatrale dans lUEMOA (Somme des coefficients et F-tests)

    Solde/PIB* Dpenses/PIB* Recettes/PIB*

    EF MMG EF MMG EF MMG

    [1] [2] [3] [4] [5] [6]

    Phases de

    rcession (EP0)

    Non CEMAC

    Avant 1995 0.415 0.537 -0.225 -0.429 0.174 0.101

    (0.827) (0.561) (0.563) (0.965) (0.718) (0.738)

    Aprs 1995 0.319 0.434 0.011 -0.074 0.252 0.361

    (0.273) (0.142) (0.957) (0.995) (0.059) (0.106)

    CEMAC

    Avant 1995 0.090 0.25 0.026 -0.120 0.091 0.075

    (0.423) (0.884) (0.079) (0.145) (0.204) (0.064)

    Aprs 1995 -0.161 -0.103 0.036 -0.245 -0.113 -0.304

    (0.840) (0.943) (0.835) (0.501) (0.849) (0.579)

    Variables de contrle (a)

    Oui Oui Oui Oui Oui Oui

    R2 0.37 0.47 0.56

    Hansen 0.982 0.983 0.978

    AR(1) 0.000 0.005 0.001

    AR(2) 0.530 0.104 0.510

    Observations 737 737 739 739 741 741

    Pays 35 35 35 35 35 35

    Notes: EF: mthode des effets fixes pays (estimateur within); MMG: mthode des moments gnraliss en systme de Blundell et Bond (1998); EP = cart de production, (a) cf. Tableau 3 pour les variables de contrle. Les estimations incluent une constante. La somme des coefficients sont reports avec la probabilit du F-test entre parenthses. Hansen: Probabilit du test de sur-identification de Hansen (Ho: instruments valides); AR(1): Probabilit du test dauto corrlation dordre 1 (Ho: absence dauto corrlation); AR(2): Probabilit du test dauto corrlation dordre 2 (Ho: absence dauto corrlation); * significatif 5%; **significatif 1%.

  • 29

    5. Conclusion

    Nous avons examin dans cet article, limpact des surveillances multilatrales sur la cyclicit des politiques budgtaires dans les deux unions montaires africaines (UEMOA et CEMAC) de 1980 2004. Nous avons modlis partir du modle thorique de Talvi et Vgh (2005), leffet de la surveillance multilatrale sur le comportement des autorits budgtaires.

    Le modle amend suggre que les gouvernements soumis une contrainte dquilibre budgtaire permanent pratiquent comme les autres pays en dveloppement une politique budgtaire pro cyclique, mais que celle-ci est accentue durant les phases de rcession. Lexigence de la surveillance multilatrale, savoir un solde budgtaire de base positif et donc un solde primaire au-dessus dun seuil donn, nest contraignante que pendant les rcessions. En expansion, o le solde budgtaire primaire est positif, les Etats nont pas de difficult particulire respecter la contrainte rgionale, la contrainte devient effective en cas de choc transitoire ngatif qui diminue les recettes fiscales et le solde primaire. Ainsi la rgle accrot-elle la politique restrictive (pro cyclique) en priode de rcession et introduit-elle un effet dasymtrie dans le comportement des autorits budgtaires entre les deux phases de la conjoncture. En rcession, cause de la contrainte de solde de base positif, les autorits budgtaires rduisent les dpenses publiques et augmentent les taux dimposition dans des proportions plus importantes que celles prdites par le modle de Talvi et Vgh (2005). Nos estimations suggrent que, les politiques budgtaires des pays de lUEMOA (et dans une moindre mesure de la CEMAC) corroborent notre modle thorique. Les gouvernements des Etats de lUEMOA, faute davoir engranger suffisamment de recettes pendant les priodes dexpansion o ils ont accru leurs dpenses et nont pas laiss jouer la stabilisation fiscale automatique, sont contraints en priodes de rcession, du fait de lexigence dun solde de base positif en permanence, de rduire les taux de dpenses plus fortement que ceux des autres pays africains qui ne participant pas une union montaire, ne sont pas soumis la mme contrainte.

    Notre analyse rejoint les critiques faites au pacte de stabilit et de croissance de lUnion Europenne aprs que lancien prsident de la Commission lait qualifi de stupide .Comme en Europe, (Conseil dAnalyse et Economique, 2004), lapplication du pacte se heurte deux problmes (Guillaumont Jeanneney, 2006). Dune part, en prsence dune croissance faible de lensemble de lUnion, le pacte contraint excessivement la politique budgtaire, dautre part les chocs asymtriques subis par les pays de lunion dont ils rsultent des performances ingales rendent discutable le principe de convergence vers une norme budgtaire unique, alors mme que la politique budgtaire est le seul levier macroconomique qui demeure sous la souverainet des Etats.

    Ainsi, le biais pro cyclique de la politique budgtaire, particulirement dans lUEMOA, justifie une modification de la rgle de la surveillance multilatrale. Les coupes dans les dpenses publiques que doivent pratiquer les gouvernements en priode de basse conjoncture peuvent affecter durement les dpenses sociales et handicaper les processus de dveloppement long terme, dautant plus que les pays africains ont un faible niveau de dveloppement humain. Pour y remdier, le dispositif de la surveillance multilatrale devrait inciter les pays modrer laccroissement de leurs dpenses et laisser pleinement jouer les stabilisateurs automatiques au niveau des recettes durant les priodes dexpansion. Le critre du solde budgtaire de base positif nincite pas les Etats mener une politique budgtaire contra cyclique. Il faut y adjoindre une clause dexcdent durant les phases dexpansion, permettant un dsendettement de lEtat de manire prserver une marge de manuvre en cas de choc ngatif et de rcession.

  • 30

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  • 32

    Annexes

    Annexe 1: Echantillon

    Echantillon: 41 pays

    UEMOA (8 pays) CEMAC (6 pays)

    Contrefactuel (27 pays sans la

    Guine Bissau, la Guine quatoriale

    et le Mali)

    Pays absents (12

    pays)

    Bnin Cameroun Algrie Afrique du sud

    Burkina Faso Centrafrique Angola Burundi

    Cote d'Ivoire Congo-Brazzaville Botswana Cap-Vert

    Guine-Bissau (aprs 1997) Gabon Burundi Djibouti

    Mali (aprs 1984) Guine quatoriale (aprs 1985)

    Comores Lesotho

    Niger Tchad Egypte Liberia

    Sngal Erythre Libye

    Togo Ethiopie Namibie

    Gambie Sao Tom et Principe

    Ghana Seychelles

    Guine Somalie

    Guine quatoriale (avant 1985) Swaziland

    Guine-Bissau (avant 1997)

    Kenya

    Madagascar

    Malawi

    Mali (avant 1984)

    Maroc

    Maurice

    Mauritanie

    Mozambique

    Nigeria

    Ouganda

    Rwanda

    Sierra Leone

    Soudan

    Tanzanie

    Tunisie

    Zambie

    Zimbabwe

  • 33

    Annexe 2: Statistiques descriptives

    Statistiques descriptives

    Variable Moyenne Ecart-types Minimum Maximum Observations

    Solde/PIB -5.118 9.443 -61.500 33.800 981

    Dpenses/PIB 24.634 10.860 3.981 95.800 983

    Recettes/PIB 19.457 9.653 1.300 70.900 992

    Solde/PIB* -5.091 9.469 -64.394 31.813 964

    Dpenses/PIB* 24.625 10.960 3.477 98.236 966

    Recettes/PIB* 19.479 9.720 2.126 71.678 971

    EP -0.003 5.910 -44.029 47.178 991

    EP0 1.843 3.721 0 47.178 991

    TE* -0.282 13.328 -45.172 114.287 982

    Dette/PIB 94.882 63.723 5.243 467.713 977

    Aide/PIB 12.325 11.922 -0.277 94.414 986

    Polity2 -2.760 5.537 -9 10 1025

    Inflation 11.799 14.729 -21.418 97.644 860 Notes: PIB*: PIB tendanciel obtenu avec le filtre HP ( = 100). EP: variable de cycle du produit obtenue en rapportant la diffrence entre les PIB observ et le PIB tendanciel au PIB tendanciel. TE*: variable de cycle de lindice des termes de lchange obtenue en rapportant la diffrence entre les termes de lchange observs et termes de lchange tendanciels (filtre HP = 100) aux termes de lchange tendanciels. Le taux dinflation est recalcul pour rduire les taux relatifs aux pisodes dhyperinflation. Tous les taux sont exprims en pourcentage.

  • 34

    Annexe 3: Sources des donnes

    Variable Source

    Dpenses publiques primaires/PIB (%) Government Financial Statistics 2006 du FMI complts par les rapports pays du FMI (Fournie par Brun et al., 2007) Recettes publiques hors dons/PIB (%)

    PIB courant

    World Development Indicators 2007

    PIB constant

    Taux de croissance de la consommation prive et du PIB (en dollar courant, en dollar de lanne 2000, Echantillon africain et pays du G7)

    Taux d'endettement total du gouvernement central

    Taux d'inflation

    Population World Development Indicators 2008

    PNB en dollar courant

    Indice des termes de l'change (base 100 en 2000) Manuel de Statistique de la CNUCED 2007.

    Solde budgtaire de base en % du PIB pour lUEMOA et pour la CEMAC

    Rapports semestriels de la surveillance multilatrale de 2001 2006 (Commissions UEMOA et CEMAC).

    Aide extrieure totale reue (versements nets, dollar courant)

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    Nature du Rgime politique (Polity2) Universit de Maryland (Projet Polity IV); http://www.systemicpeace.org/polity/polity4.htm

    Rente ptrolire et gazire en dollar courant Banque Mondiale (Projet Adjusted net Saving); http://go.worldbank.org/VLJHBLZP71