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Page 1 sur 70 Unité d’Enseignement « Intelligence et gouvernance territoriales » Cet enseignement comprend plusieurs cours. Chacun est rédigé par un expert. Cette organisation, dont il peut résulter quelques problèmes de cohérence, présente l’avantage de proposer des cours rédigés par les chercheurs qui en possède la meilleure expertise, attestée par des responsabilités dans des projets de recherche européens et internationaux : Le cours est illustré par des études de cas. Cours : I- Le territoire comme système complexe, Alexandre MOINE. professeur de géographie à l’Université de Franche-Comté, laboratoire ThéMA. II- Le concept d’intelligence territoriale, Jean-Jacques GIRARDOT. maître de conférence en économie à l’Université de Franche-Comté, coordinateur scientifique du European Network of Territorial Intelligence, ThéMA, Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement, CNRS. III- La méthode et les outils d'intelligence territoriale Catalyse. Jean-Jacques GIRARDOT IV- Communication, gouvernance et intelligence territoriale. Cyril MASSELOT, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Franche- Comté, responsable du portable de l’intelligence territoriale au sein de la caENTI, action de coordination européenne V- Les méthodes fondamentales d'analyse de l'information territoriale, Serge ORMAUX, professeur de géographie à l’Université de Franche-Comté, directeur du laboratoire ThéMA, responsable de l’axe méthodes fondamentales au sein de la caENTI. VI- L’information territoriale : les indicateurs territoriaux du développement durable, Guenael DEVILLET, maître de conférence en économie à l’Université de LIEGE, responsable de l’action « webmapping » au sein de la caENTI. VII- La gouvernance territoriale, Blanca MIEDES, professeur d’économie à l’Université de HUELVA (Espagne), responsable de l’axe « principes de gouvernance » au sein de la caENTI. Analyse de cas : A- Observatorio Local de Empleo de HUELVA, Blanca MIEDES

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Unité d’Enseignement « Intelligence et gouvernance territoriales »

Cet enseignement comprend plusieurs cours. Chacun est rédigé par un expert.

Cette organisation, dont il peut résulter quelques problèmes de cohérence, présente l’avantage

de proposer des cours rédigés par les chercheurs qui en possède la meilleure expertise,

attestée par des responsabilités dans des projets de recherche européens et internationaux :

Le cours est illustré par des études de cas.

Cours :

I- Le territoire comme système complexe, Alexandre MOINE. professeur de géographie à

l’Université de Franche-Comté, laboratoire ThéMA.

II- Le concept d’intelligence territoriale, Jean-Jacques GIRARDOT. maître de conférence en

économie à l’Université de Franche-Comté, coordinateur scientifique du European Network

of Territorial Intelligence, ThéMA, Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement,

CNRS.

III- La méthode et les outils d'intelligence territoriale Catalyse. Jean-Jacques GIRARDOT

IV- Communication, gouvernance et intelligence territoriale. Cyril MASSELOT, maître de

conférence en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Franche-

Comté, responsable du portable de l’intelligence territoriale au sein de la caENTI, action de

coordination européenne

V- Les méthodes fondamentales d'analyse de l'information territoriale, Serge ORMAUX,

professeur de géographie à l’Université de Franche-Comté, directeur du laboratoire ThéMA,

responsable de l’axe méthodes fondamentales au sein de la caENTI.

VI- L’information territoriale : les indicateurs territoriaux du développement durable,

Guenael DEVILLET, maître de conférence en économie à l’Université de LIEGE,

responsable de l’action « webmapping » au sein de la caENTI.

VII- La gouvernance territoriale, Blanca MIEDES, professeur d’économie à l’Université de

HUELVA (Espagne), responsable de l’axe « principes de gouvernance » au sein de la

caENTI.

Analyse de cas :

A- Observatorio Local de Empleo de HUELVA, Blanca MIEDES

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B - Évaluation de l’Action Modèle « action concertée » du département du Doubs. Jean-

Jacques GIRARDOT.

C- L’évaluation des Boutiques Solidarité de la Fondation Abbé Pierre. Jean-Jacques

GIRARDOT

D- Le système d’évaluation national et les observatoires locaux des migrations de l’ACCEM.

Jean-Jacques GIRARDOT.

E- Mise en place d’un dispositif d’observation Catalyse pour la commune de CHAPELLE-

LEZ-HERLAIMONT. Jean-Jacques GIRARDOT.

F- Diagnostic de territoire pour le Plan Communal de Développement de la Commune Rurale

de DOUROULA au Burkina-Faso. Jean-Jacques GIRARDOT

G- Observation, représentations et participation : trois cas d’application des graphes

conceptuels au partage de la connaissance. Philippe SIGNORET, Ingénieur de recherche,

Laboratoire Théma

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CoursI–Leterritoirecommeunsystèmecomplexe(A.MOINE)

Introduction :

Le territoire est aujourd’hui au cœur des préoccupations des scientifiques, des

politiques, mais également des acteurs économiques. Les géographes n’ont pas été les seuls à

s’approprier cette notion, cependant ils ont fait de l’espace leur entrée principale, ce qui les

distingue quelque peu des approches des économistes ou des sociologues. Loin de remettre

en cause cette tendance, nous pouvons néanmoins nous poser la question suivante : pourquoi

le concept de territoire est-il tant utilisé, en géographie, dans des sciences connexes et plus

globalement en relation avec l’aménagement de l’espace et les différents acteurs qui en ont la

charge ?

Cela procède à notre sens, de quatre logiques combinées :

- Une logique d’aménagement propre à la France. En effet, dans les années 60-70 durant lesquelles l’aménagement du territoire, très conquérant en France, s’est développé, l’Etat en occupant une position majeure a créé une réelle distance entre l’échelle de planification et d’intervention nationale et le développement local. Dès cette époque, des tentatives de prise en compte des besoins locaux émergent, autour des Programmes d’Action Régionaux1 par exemple, puis au travers des politiques rurales2, mais la pyramide administrative peine à faire remonter les expériences locales et surtout à adapter les politiques. Les années 80 et la décentralisation entraînent une focalisation sur les différents échelons issus de la décentralisation, substituant à la notion de territoire celle de collectivité territoriale, qui isole à la fois dans les pratiques et les représentations [BRU 90]. Ce n’est qu’à la fin des années 90 avec la mise en place de la Loi d’Orientation, d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (LOADDT 99) dite « Loi Voynet », que le territoire est reconnu à travers sa fonction fédératrice des acteurs locaux et des institutions. La Loi prévoit que ces territoires de projet pourront s’interpénétrer, qu’ils pourront dépasser les limites des collectivités territoriales qui corsetaient jusqu’à présent des territoires qui étouffaient sous le joug de limites pas forcément représentatives des fonctionnements locaux. Dès lors les territoires montrent que localement il existe des systèmes d’acteurs dont les interrelations étroites permettent de conserver une relative stabilité aux systèmes territoriaux existants. On ne fait alors que rendre lisibles des phénomènes à l’œuvre depuis toujours, souvent de manière spontanée comme les Systèmes Productifs localisés (SPL).

-

1 Les P.A.R ont été mis en place par décret en 1955, ils visaient à « promouvoir l’expansion économique et sociale des différentes régions et

, en particulier, de celles qui souffraient de sous-emploi ou d’un développement économique insuffisant ». 2 Notamment les Plan d’Aménagement Ruraux mis en place à partir de 1970, mettant en place une planification micro-régionale.

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- Une logique liée au besoin de conserver un lien, dans le cadre d’un monde global où l’on a tendance à perdre ses repères, avec le quotidien, les acteurs que l’on connaît, l’espace au sein duquel on évolue. Ceci correspond par ailleurs sociologiquement à un repli à l’échelle du ménage, sur des valeurs quelque-fois anciennes, et spatialement sur le logement. Eclatement des lieux, des fonctions, multiplication des possibilités de contact, mais parallèlement marasme économique, conflits, incertitudes dus à la montée des extrémismes, dérèglement climatique et multiplication des informations souvent dramatiques en provenance de tous les points du globe, déterminent un besoin de retrouver un cadre de vie maîtrisé, connu, au sein duquel les acteurs sont identifiés. Le territoire est alors vécu comme une sorte de retour à la matrice originelle, le lieu d’où l’on est, pas forcément celui où l’on naît, mais dans tous les cas celui où l’on vit et où l’on créé les liens qui placent le système familial en équilibre au sein d’un système local.

-

- Une logique liée à la complexité du monde qui nous entoure, de l’échelle locale à l’échelle régionale. Les différents acteurs pressentent cette complexité, ils peinent à la nommer, parlent plutôt de complications, considèrent avec perplexité l’infinité de relations qui lient les acteurs, les objets de l’espace géographique, la multitude de boucles de rétroaction qui font évoluer des systèmes imbriqués aux limites floues. Dès lors comment caractériser cet environnement qui paraît imprécis, au sein duquel rien n’est dénombrable, où les situations complexes plongent les acteurs dans une incertitude profondes quant aux décisions à prendre et à leurs multiples conséquences ? Actuellement, le plus simple consiste encore à y attacher un concept dont la définition tout à la fois précise et suffisamment vague pour faire consensus, sorte de boîte noire que l’on se garde bien d’ouvrir. Cela peut-être utile, car il n’y a rien à gagner à sur-valoriser certains territoires, notamment les collectivités territoriales, à qui l’on demande avant toute chose de bien gérer les affaires quelles ont en charge dans l’espace qui correspond à leurs prérogatives. Mais pour l’ensemble des autres territoires, il est nécessaire de bien comprendre ce qu’ils sont, comment ils se sont constitués (systémogenèse), comment ils fonctionnent et comment ils sont susceptibles d’évoluer, en combinant à la fois les informations relatives à l’organisation de l’espace, mais également celles relatives aux acteurs qui font ces organisations, et qui, dans le même temps, sont fortement influencés par celles-ci.

-

- Enfin, une logique liée à la discipline même de la géographie, au sein de laquelle les anciens découpages thématiques sont progressivement abandonnés, au profit d’une approche phénoménologique. Ce positionnement montre un glissement, de l’observation du résultat d’un certain nombre de phénomènes, vers la compréhension des mécanismes qui induisent ces phénomènes et surtout un glissement vers la compréhension du rôle des acteurs, à la fois dans le temps, mais également à différents niveaux d’échelles.

Et ainsi, petit à petit tout devient territoire, l’adjectif se généralise, à en devenir

polysémique. Le territoire est tout puisqu’il recouvre une complexité qui demeure difficile à

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saisir, à cerner. Véritable fourre-tout, ses limites floues, mieux, l’absence de limites précises,

jouent en sa faveur en terme d’aménagement du territoire, à une époque où il ne paraît pas

crédible de créer de nouveaux échelons de gestion, mais où malgré tout il s’avère

indispensable de créer de nouveaux « espaces » de concertation. La notion de territoire telle

que nous la concevons est donc là pour pallier une réelle difficulté à comprendre la réalité qui

nous entoure. Il s’agit donc d’ouvrir la boîte noire, de rendre intelligible une partie des sous-

systèmes qui la composent afin de clarifier quelques concepts clés, finalement étroitement

liés bien que leurs définitions laissent à penser quelques fois qu’ils sont carrément

redondants3 !

1. Il est indispensable de redéfinir le concept de territoire

1.1 D’une savante polysémie autour du territoire se dégagent trois entrées

Le territoire est l’objet de toutes les attentions depuis une vingtaine d’années, parce

qu’il est au centre des représentations que nous nous faisons de la complexité qui nous

entoure. Et ce qui nous entoure, c’est d’abord l’espace, mais le terme est trop neutre pour

caractériser ce que nous pressentons comme étant plus élaboré. Le territoire s’est substitué

doucement à ce terme (espace) en conférant plus d’épaisseur à ce que l’on pourrait aussi

nommer environnement, c’est-à-dire ce qui nous entoure dans une acception très globale,

c’est-à-dire mêlant à la fois milieu physique, naturel et aménagé. Mais subtilement, le

territoire s’avère être beaucoup plus que l’espace, l’environnement, ou les hommes qui le

peuplent et se l’approprient ; il est plus que tout cela, mais finalement ne correspond plus à

rien à force d’utilisations. Les définitions finissent par se chevaucher, l’espace est

géographique, le territoire est espace géographique, le milieu est tout cela mais un peu moins,

l’homme y est souvent agent plus qu’acteur et la plupart du temps les approches isolent

sagement ce qui relève de l’organisation de l’espace (espace géographique) et ce qui relève

des acteurs. Comme le précise Romain Lajarge [LAJ 00], « le territoire n’est pas un objet

neutre décidé dans l’abstraction et déconnecté du réel. Il est avant tout bricolé par les acteurs

en fonction d’un grand nombre de paramètres en permanente mutation ». Cette idée est

intéressante et replace bien l’enjeu que représente le territoire tant par l’idée de complexité

3 Certaines définitions des concepts de territoire et d’espace géographique sont très proches :

- « L’espace géographique est l’étendue terrestre utilisée et aménagée par les sociétés en vue de leur reproduction, non seulement pour se nourrir et s’abriter, mais dans toute la complexité des actes sociaux », Brunet (R.), Ferras (R.), Théry (H.), Les mots de la Géographie, 1993 ;

- « Le territoire est la portion de surface terrestre appropriée par un groupe social pour assurer sa production et la satisfaction de ses besoins vitaux », Le Berre (M.), Encyclopédie de Géographie, 1992.

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qui en émane, que par l’impression d’impuissance face à celle-ci que matérialise le terme de

bricolage. Au travers des nombreuses publications qui traitent soit directement du territoire,

soit qui en replacent l’utilisation par rapport à un cadre thématique défini (développement

d’une activité, déplacements, etc.), nous proposons de définir trois entrées pour comprendre

progressivement sur quoi repose le concept de territoire.

Tout d’abord, il y a de l’espace dans le territoire, on peut même affirmer que la

référence spatiale y est centrale. Mais nous souhaitons nuancer l’entrée qui consiste d’emblée

à qualifier le territoire par l’espace [MAI 99] [BRU 92] [FRE 76] [PUM 97], dont il est

quelque fois un quasi-synonyme, ou par la matérialisation de l’étendue d’un pouvoir [MIC

00]. Pour Di Méo, qui semblerait se situer à l’interface de ces deux tendances, le territoire

« témoigne d’une appropriation à la fois économique, idéologique et politique de l’espace par

des groupes qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de

leur singularité » [DIM 98]. Selon cet auteur, le territoire repose donc sur l’existence d’un

espace social et d’un espace vécu. Yvette Veyret, ajoute quant à elle que le territoire repose

sur le socle (nous dirons sous-système comme nous le verrons plus loin) de l’espace

géographique aménagé [CIA 03]. Le territoire est en fait tout cela, et plus que tout cela à la

fois, selon les principes liés à l’existence d’un système4. Roger Brunet ajoute d’ailleurs dans

les mots de la géographie, après avoir qualifié le territoire d’espace approprié […], qu’il est

autre chose que l’espace [BRU 92], lui associant des représentations, et une socialisation

[BAD 95]. Que de facettes peuvent être donc attribuées au territoire, qui selon nous ne peut

être réduit à « désigner une grande famille d’espaces […] » [LEV 03]. On pose en effet

souvent le cadre du territoire, « que l’on remplit ensuite par un construit dénommé territoire »

comme le précise Bernard Elissalde [ELI 02]. Mais ce construit recouvre des aspects

tellement disparates qu’il est difficile selon cet angle d’approche, de comprendre ce qu’est un

territoire. De l’espace vécu à l’espace perçu, en passant par les sentiments d’appartenance au

travers du film du passé ; des relations humaines entretenues dans un cadre local qui va de

l’immeuble au quartier en passant par les multiples réseaux de connaissance, la coquille se

remplit mais ne donne pas toujours quelque chose de cohérent que l’on puisse proposer à

l’interprétation. L’analyse des « territoires de vie » nous plonge dans la complexité de leur

construction au cours de l’histoire, autour du social et du politique et du psychologique.

L’entrée par l’espace s’appuie inévitablement sur l’appropriation qui en est faite

par des groupes d’individus, enfermant ainsi le territoire dans des limites assez rigides, bien

4 Le tout est plus que la somme de ses parties ou un système est plus que la somme de ses sous-systèmes.

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que de plus en plus mouvantes autour d’une infinité de lieux [SAC 86] [SAC 97], qui sont

administratives. La construction du territoire est alors souvent dominée par le rôle de l’Etat

qui selon P. et G. Pinchemel [PIN 97] « contrôle, maintien son intégrité […] exerce une

autorité, une compétence », l’étendue du territoire définissant alors le « champ d’application

du pouvoir». Nombre de définitions relatives au territoire, ou d’emplois du terme, se fondent

sur cette notion de propriété, d’administration, qui assurent un contrôle, une gestion d’un

espace très clairement délimité. La décentralisation, en France, a ainsi engendré de

« nouveaux territoires » au sein desquels l’administration est devenue plus compliquée, tandis

qu’émergeaient les territoires mouvants des intercommunalités, et bientôt ceux des projets au

travers des « Pays ».

Mais, comme nous venons de le voir, le territoire présente une double nature, à la

fois matérielle et il s’agit de faire référence alors à l’espace géographique, sous-système du

territoire, et symbolique ou idéelle, en relation cette fois avec les systèmes de représentation

qui guident les sociétés dans l’appréhension qu’elles ont de leur « environnement ». Ainsi

comme le souligne C. Raffestin [RAF 86], « le territoire est une réordination de l’espace […].

Le territoire peut être considéré comme de l’espace informé par la sémiosphère ». Comme le

précise G. Di Méo [DIM 98a], le territoire est souvent abstrait, idéel, vécu et ressenti plus que

visuellement repéré ». Cette deuxième entrée fait donc référence aux processus

d’organisation territoriale qui doivent selon C. Raffestin, s’analyser à deux niveaux : celui qui

résulte de l’action des sociétés (ce que nous appellerons l’espace géographique), et également

celui qui résulte des systèmes de représentation. Au travers du vécu, du perçu, et des

multiples filtres qui nuancent la perception que l’on a d’un paysage, d’une organisation

spatiale, de notre voisin, nous donnons un sens aux territoires [FOU 95], à travers une

combinaison de caractéristiques issues d’un « processus de synthèse intégrative » [MUC 86].

L’espace et tout ce qui peut s’y rattacher est ainsi petit à petit reconstruit et transformé sur la

base de faits idéologiques et historiques pour produire ce que certains appellent « un »

territoire. Il y a beaucoup de passé dans tout cela et il s’agit aussi d’ancrer le territoire dans le

temps présent : en effet, comme le proposent F. Poulle et Y. Gorgeu [POU 97], « le sentiment

d’appartenance n’est pas un héritage du passé mais l’adhésion à un projet ». Lorsqu’il y a

territoire, l’appropriation est en fait aussi importante que l’action locale, les deux

phénomènes étant intimement liés et carrément indissociables : « c’est le lieu de constitution

d’une société historique et d’une possibilité de vivre ensemble » [BIA 96], ils ouvrent vers

les systèmes d’acteurs qui sous-tendent les territoires et représentent l’espace de vie. Par

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ailleurs, les territoires s’inscrivent dans l’avenir, c’est-à-dire ce que les acteurs veulent qu’ils

deviennent.

Il manque ainsi une troisième entrée, souvent mentionnée mais rarement abordée

de manière systémique, en relation avec les deux premières (l’espace géographique et les

représentations que l’on fait de cet espace), celle des acteurs, qui font le territoire. Il s’agit

des interrelations multiples qui lient ceux qui décident, perçoivent, s’entre-aperçoivent,

s’opposent, s’allient, imposent et finalement aménagent. Cette dimension est essentielle, et

Bernard Debarbieux déclare à ce propos que « le monde est institué par les individus en

fonction de leurs actions et de leurs intentions » [DEB 99]. Comme le souligne alors P.

D’Aquino [DAQ 02], « la référence du territoire n’est alors pas dans sa limite, mais dans la

proximité spatiale » [LEV 91], une partie du fonctionnement du territoire peut alors « se

réduire à un réseau extrêmement dense». Mais il faut faire attention à ne pas se noyer dans la

complexité du sous-système qui apparaît alors. Il est impossible de prendre en compte tous

les acteurs, sachant que tous entretiennent des rapports individuels aux lieux, il faut alors

privilégier cinq catégories d’acteurs5 qui se sont partiellement isolés les uns des autres et

qu’il faut aujourd’hui absolument réunir au sein de l’action territoriale :

- L’Etat qui influence par ses politiques, à la fois les collectivités territoriales, la société civile et les citoyens ;

- Les collectivités territoriales et les intercommunalités au sein desquelles s’exprime le monde politique à une échelle régionale et locale ;

- La société civile et ses multiples groupes lorsqu’ils souhaitent modifier leur environnement et disposent pour cela d’un rôle effectif ou potentiel notoire [VAI 01] ;

- Les intercommunalités dont le rôle ne cesse de s’affirmer en position intermédiaire entre l’échelon communal et les échelons supérieurs (département et région) ;

- Les entreprises dont le développement amène à saisir les opportunités qui s’offrent à elles, notamment vis-à-vis de l’espace géographique au sein duquel elles évoluent.

C’est à ce moment que la référence au paradigme systémique permet de conserver

au concept de territoire une transdisciplinarité, qui doit être aujourd’hui totalement affirmée,

mais aussi une épaisseur dont le concept ne peut ni ne doit se départir. N’oublions pas les

définitions premières autour du territoire animal, espace marqué (entre autres moyens

5 En 1982, dans le cadre du colloque Géopoint 82 portant sur les territoires de la vie quotidienne, Roger Brunet notait les convergences

d’intérêt de trois ou quatre acteurs dans le cadre des Pays : l’Etat, la société civile et les entreprises, plaçant les individus en quatrième

position.

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olfactivement) sous domination, au sein duquel des relations hiérarchiques très nettes

soumettent à la loi du plus fort [DIM 98a]. Ce territoire là repose sur un jeu de relations où la

force est loi et l’assujettissement à la loi du plus fort, totale. Aujourd’hui les territoires dont

on parle et que l’on utilise de manière opératoire, notamment dans les sciences sociales,

dépassent largement cette définition. Ainsi, d’autres disciplines utilisent le concept de

territoire [LEV 00] [DIM 98b] [PEC 96] [POC 96], et d’autres encore s’appuient sur le

concept de territoire par le biais de la notion de système [PRE 95] [ROL 00] [LEB 92].

1.2 Le territoire est avant tout un système

Le territoire est donc avant toute définition un système. Et pourtant il n’est jamais

véritablement défini comme tel, même si certaines approches le sous-entendent [LEB 92]. Le

territoire doit aujourd’hui être abordé de manière globale, tant la recherche de consensus est

nécessaire à toutes les étapes de son aménagement et de son utilisation. Les outils mis en

œuvre à l’heure actuelle doivent intégrer sa diversification et sa complexification en

coordonnant notamment les dimensions sociales, politiques, économiques et

environnementales, en considérant tous les usages, sur la base d’une participation de plus en

plus active de la population. Pour « rehausser notre compréhension des mécanisme de

régulation systémique du territoire et de son développement » comme le proposent M.

Thériault et R. Prélaz-Droux [THE 01], il faut asseoir la définition du territoire que nous

proposons sur une solide méthodologie que le paradigme systémique nous offre par ailleurs.

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Figure 1 : le territoire comme un système

Comme un système, le territoire est une construction intellectuelle [LEM 84]

mouvante, évolutive, floue, et dont les caractéristiques correspondent totalement à celles que

l’on peut attribuer plus globalement au principe de complexité [ROS 75]. Il s’agit d’un tout,

composé de sous-systèmes, d’éléments, et surtout de relations multiples, notamment des

boucles de rétroaction positives ou négatives, qui évoluent dans le temps et surtout dans

l’espace. En effet, une boucle de rétroaction domine, celle qui lie deux sous-systèmes

essentiels : celui de l’espace géographique et celui du système social, des acteurs, qui

maintiennent le système territoire en équilibre. On retrouve donc bien ici cette rétroaction qui

fait du territoire un système. A ce titre, on parle souvent de territoire vécu, au sens bien

entendu de l’espace approprié qui est sous-jacent à la plupart des définitions comme nous

l’avons déjà vu, et des multiples acteurs qui le composent. Nous pensons que le territoire est

vécu, non pas seulement sous l’angle de cet espace, mais comme un système au sein duquel

nous évoluons ; nous vivons donc le territoire, dans le sens plus englobant où nous

l’influençons tout autant qu’il nous influence. Ajoutons encore que le territoire n’est pas un

dérivé de l’espace [BRU 97] ; c’est entre autre sous-système, un espace organisé, aménagé, le

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produit des interrelations entre les acteurs, donc de l’espace géographique. Ceci implique

qu’il n’y ait pas de commandement d’un lieu sur l’autre (principe des systèmes et des sous-

systèmes non hiérachisés), que les marges d’un territoire soient moins intégrées à leur centre,

qu’ils puissent relever de plusieurs mailles du niveau supérieur, qu’ils puissent disposer de

limites floues, changeantes, voire même comporter des vides.

Ainsi, les trois entrées du territoire que nous avions mentionnées, constituent-elles

en fin de compte trois sous-systèmes en interrelation, qui évoluent dans le temps, dans le

cadre d’une boucle ininterrompue fondée sur des principes de construction/déconstruction

(Fig. 1) :

- l’espace géographique, approprié par l’homme, aménagé et au sein duquel apparaissent des organisations spatiales et de multiples interactions fondées sur les interrelations entre les sous-systèmes qui le composent (naturel, anthropisé, social et institutionnalisé) ;

- le système des représentations de l’espace géographique, ensemble de filtres (individuel, idéologique, sociétal) qui influence les acteurs dans leurs prises de décisions et les individus dans l’ensemble de leurs choix, selon deux temps :

o lors de l’observation de ce qu’est l’espace géographique ;

o lors de la projection de ce que sera l’espace géographique après le choix d’une action ;

- le système des acteurs qui agissent consciemment ou inconsciemment sur l’espace géographique, influencés par leurs filtres, et suivant leur position au sein de ce système.

Les espaces et leurs dynamiques sont donc fondamentalement au cœur de la

géographie, comme le précise Michel Lussault [LUS 02], « l’espace dans toutes ses

manifestations est un ingrédient indispensable à la visibilité, à la lisibilité et donc à la

compréhension des choses ». Cependant, pour être opérationnelle, cette géographie ne peut ni

ne doit oublier ceux qui font et défont ces organisations et par qui les interactions se

produisent : les acteurs, replacés au centre des territoires et constitués en un écheveau

complexe d’interrelations, vivant, produisant, percevant et utilisant l’espace géographique

pour constituer des territoires au sein desquels se déploient de multiples enjeux. On a trop

souvent limité les investigations à des analyses sur l’organisation de l’espace, sans se pencher

sur l’intentionnalité des acteurs, qui confère alors une toute autre dimension à la première

observation. Si un équipement est localisé précisément à tel endroit, ce n’est pas forcément

en relation avec une loi d’organisation spatiale reconnue par la communauté scientifique,

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mais tout simplement parce qu’un acteur politique influant, ou plus raisonnablement un

groupe d’acteur, l’a souhaité en dehors de toute « rationalité » scientifique.

2. Les acteurs reviennent sur le devant de la scène

2.1 Le territoire est plus qu’un espace approprié, il est agit

Il faut replacer les acteurs dans les systèmes qu’ils élaborent afin de leur permettre,

comme l’a décrit Roger Brunet [BRU 01], de s’approprier, d’habiter, d’échanger et

d’exploiter dans les meilleures conditions qui soient et surtout, de manière cohérente. Ces

systèmes d’acteurs permettent de gérer, et, à travers cette action, de maintenir une stabilité du

système au sein duquel ils agissent. Il en découle une indispensable coordination, une

organisation et finalement l’aménagement avec ce que ce terme peut selon les définitions

admises receler d’équité.

Il faut ainsi être capable de comprendre les jeux spatialisés des acteurs pour

comprendre les processus qui guident l’évolution de l’espace géographique. La répartition

des objets (habitat, maillage, treillage, travail spatialisé, population6) résulte donc des

multiples activités des acteurs (habiter, échanger, exploiter, s’approprier) qui sont des

facettes ; mais également du milieu naturel dans lequel ils évoluent. Sans acteur, l’habitat

n’est qu’un objet ; habité il prend un sens qui finalement permet de comprendre les

ségrégations, les stratégies résidentielles etc. Le cinquième acte décrit par Roger Brunet ne

s’inscrit pas comme une facette de l’espace géographique, mais comme la résultante des

interrelations du sous-système acteurs, propre à un territoire donné, qui influence les quatre

facettes citées ci-dessus. Habiter peut ainsi prendre deux sens :

- il s’agit d’un choix (qui précède donc le résultat), on étudiera alors les déterminants du choix, c’est-à-dire le processus qui amène au résultat qui est l’organisation de l’espace géographique ;

- il s’agit d’un résultat, on observera alors les caractéristiques de l’habitant comme un attribut de l’objet habitat ;

L’espace géographique peut alors être « réduit » à l’espace physique comme

support, et aux objets qui lui confèrent son statut, les relations entre les lieux, n’apparaissant

alors qu’au travers du jeu des acteurs et de leurs multiples choix. En effet, les lieux

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n’entretiennent pas de relation entre eux si ce n’est celles, topologiques, qui consistent à en

donner une lecture relative. Par contre les objets de l’espace géographique entretiennent des

relations avec les lieux et bien entendu entre eux, mais par l’intermédiaire des acteurs. Ainsi

tel ou tel service attractif, tel ou tel réseaux important, attireront des activités, des populations

et donc de nouveaux services. Ils confèrent à l’espace géographique une organisation, celle-ci

devenant organisante, comme le soulignait déjà Roger Brunet en 1980 [BRU 80]. Il faut ici

reconnaître que toute organisation, par son caractère organisé et les buts qui lui sont assignés,

est organisante [LEM 84], c’est-à-dire qu’elle à la capacité à déterminer de nouvelles

relations et de nouveaux éléments dans un système, « la genèse même de chaque élément

s’explique à partir de l’existence et de la genèse des autres éléments [BAR 77]. A un système

d’acteurs, correspond une autonomie relative qui lui permet de se transformer et d’évoluer.

Cette organisation-organisée est organisante, il en découle une organisation qui rétroagit,

c’est l’espace géographique. L’espace naturel et les objets anthropiques produisent donc des

effets sur les organisations d’acteurs et vice-versa, la localisation des uns et des autres

impliquant un projet fondé sur un enchevêtrement de relations. Il en découle une sorte

d’autonomisation spatiale du local (objets et acteurs) qui correspond finalement au territoire.

Ainsi, la notion de territoire ne doit pas se réduire à celle d’appropriation. Elle est en fait

beaucoup plus que cela, un système d’acteurs, en tension, c’est-à-dire en équilibre autour des

actes élémentaires déjà cités.

Aujourd’hui, gérer un territoire ne s’inscrit pas forcément dans un rapport de force

conflictuel, mais plus souvent dans un rapport de force constructif au sein duquel de plus en

plus d’acteurs ont la capacité de s’exprimer. Les acteurs qui composent le sous-système

agissant du territoire sont au nombre de 6, et nous posons comme l’a proposé Norbert Elias

[ELI 81], que « l’ensemble constitue une configuration sociale dynamique qui permet de

replacer l’individu dans la société, sans l’y opposer » :

- les individus ;

- les entreprises ;

- l’Etat ;

- les collectivités ;

- la société civile ;

- les intercommunalités.

6 Il s’agit dans ce cas des hommes répartis à la surface de la terre, produisant des densités, des hiérarchies, des flux, mais aussi des

différences (ségrégations par les classes sociales, les revenus, etc.).

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Ces acteurs sont concrets, repérables, ils font les territoires au travers des subtiles

relations qu’ils entretiennent et ils constituent autant de pouvoirs et de contre-pouvoirs

respectifs qui font équilibre, comme l’a montré Franck Auriac au sujet de la société

languedocienne [AUR 84]. L’espace géographique, indissociable de ces acteurs qui

l’animent, devient alors territoire et sa compréhension ne peut dans un premier temps se faire

sans avoir pris la mesure de leur présence, de leurs pouvoirs respectifs, de leurs stratégies et

de leurs moyens d’action, comme le montrent Michel Bussi et Dominique Badariotti [BUS

04], « le lien entre les élus et le territoire sont plus intenses qu’un simple lien

d’implantation ». Il s’agit donc, comme nous l’avons dit, de territoires en tension, mais

principalement autour des acteurs locaux, sans négliger bien entendu les influences des

acteurs qui relèvent des échelles nationale et mondiale. A chaque territoire ses acteurs et ses

niveaux d’échelle de pouvoir emboîtées. Les jeux de pouvoirs qui se développent d’un

territoire à l’autre et font évoluer autant d’espaces géographiques, sont variables et dépendent

du nombre et de l’importance des acteurs en présence, ainsi que des enjeux que représentent

ces espaces (et leurs objets).

Les acteurs agissent dans le cadre de systèmes au sein desquels les interactions

sont multiples et difficiles à dénombrer. Ils agissent en fonction de règles et de codes et ont

un rôle limitant les uns par rapport aux autres, produisant ainsi une relative stabilité, placée

au centre d’oscillations finalement minimes. Le produit de ces interrelations peut être

dénommé gouvernance.

2.2 Les systèmes d’acteurs produisent les territoires autour de la gouvernance

Le territoire est un tout au sein duquel émergent plusieurs facettes. Il relève de la

matérialité, c’est l’espace géographique, il est approprié, suivant la conscience que chacun

s’en fait au travers notamment de la perception et du vécu qu’il en a, mais aussi de l’usage

qu’il en fait. Il correspond donc aux représentations collectives, sociales et culturelles

fondées sur des modes, des à priori, un ensemble de perceptions éminemment floues, mais

néanmoins souvent lourdes de sens non perçu. Il est enfin ce que certains acteurs veulent ou

souhaitent qu’il devienne au gré des aménagements qui ne cessent d’être envisagés de

manière quelque-fois contradictoire, idéal projeté ou tout simplement anticipation d’un

devenir souvent imprécis.

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Dans cette dernière perspective, si on reprend la boucle de rétroaction de

l’aménagement (Fig. 1), le système d’acteurs s’approprie de l’espace, naturel anthropisé, pour

finalement produire un espace politique, gouverné ou institutionnalisé, au sein duquel on

reconnaît selon P. D’Aquino, l’existence d’un « ensemble d’actions ou de pratiques

organisées de façon stable et reconnues par tous, comme un champ de relations sociales

convergentes et légitimées » [DAQ 02]. L’institution collective qui émerge alors, se distingue

de l’Etat ; elle repose sur un pouvoir politique local fait d’une étroite imbrication entre

structures et comportements centraux, leaders et groupes hétérogènes [BIA 96], et met en

œuvre des actions de gestion et d’aménagement, qui s’articulent théoriquement autour d’un

processus politique permettant de dégager un consensus ou sinon permettant d’obtenir le

consentement ou l’assentiment nécessaires à l’accompagnement d’un projet au sein d’un

territoire où de nombreux intérêts divergents sont en jeu [GAU 02]. Comme le précise Marie-

Claude Smouts [SMO 98], la gouvernance traduit à l’heure actuelle « un out idéologique pour

une politique de l’Etat minimum », qui replace les multiples acteurs locaux (de l’échelon

régional à l’échelon infra-communal), sur le devant de la scène politique, là où justement

l’Etat ne peut plus jouer un rôle moteur [ROS 92].

Ainsi, les acteurs agissant au sein des territoires sont relativement autonomes,

organisés, opérant donc de manière à trouver des solutions aux problèmes multiples qui se

posent à eux. L’action collective telle que la présentent Michel Crozier et Erhard. Friedberg

[CRO 77] est une action organisée, construite, ensemble de solutions en relation avec un

contexte donné, en l’occurrence, dans le cadre de ces travaux, un territoire. Il est montré que

les actions qui forment l’action collective, se combinent, interfèrent et rétroagissent au sein

de ce qu’il est convenu d’appeler un système, ce que nous nommerons le territoire,

produisant régulièrement des phénomènes contre-intuitifs. Le système d’action qui repose sur

les multiples acteurs peut être défini de la manière suivante : il s’agit d’un ensemble humain

structuré qui coordonne les actions de ses participants par des mécanismes de jeux

relativement stables et qui maintient sa structure, c’est-à-dire la stabilité de ses jeux et les

rapports entre ceux-ci, par des mécanismes de régulation qui constituent d’autre jeux7. Dans

7 Une grande difficulté, lorsqu’on considère les systèmes d’action, réside dans le fait qu’une grande partie des relations sont en fait

informelles et constituent en fait le cœur du système alors que les relations formelles n’ont qu’une faible importance. Il en ressort bien

entendu une très grande difficulté à appréhender un système d’action.

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une thèse récente [VAI 02], l’auteur proposait deux catégories d’organisation englobant les

acteurs :

- les organisations politiques correspondant à la sphère politique, « forme d’encadrement de l’action collective et individuelle » constituée par les collectivités locales et les différentes formes d’intercommunalités ;

- les organisations sociales correspondant à la sphère des relations économiques, culturelles et sociales constituées par les associations, les organismes consulaires, les entreprises, etc.

Au sein de ces deux catégories d’organisation, les acteurs sont donc

interdépendants, ils coopèrent, mais poursuivent également des intérêts divergents (stratégies

d’acteurs), souvent même contradictoires. En fait, il émerge du système un ensemble de

pouvoirs en interrelation et en équilibre, suivant des modalités que négocient sans cesse les

acteurs et que structurent des règles qui sont étroitement liées à l’existence d’un pouvoir [FRI

93] (système d’acteurs concret). Il demeure cependant des incertitudes multiples, au cœur de

toute organisation (techniques, financières, humaines) qui confèrent par ailleurs une limite à

la rationalité des décisions qui peuvent être prises à un moment donné. Au sein d’un

territoire, ceci est exprimé par la boucle de rétroaction de l’aménagement au sein de laquelle

les acteurs observent sans cesse les contraintes et les aménités que peuvent leur procurer

l’espace géographique. Ils agissent alors en fonction :

- de leur(s) propre(s) constat(s) ;

- des connaissances qu’ils ont du territoire ;

- des représentations qu’ils s’en font ;

- de la liberté que leur offre le système de gestion au sein duquel ils évoluent ;

- de leurs objectifs propres ;

- du jeu des acteurs locaux.

Dans ce contexte, la notion de pouvoir est omniprésente et traduit ce que Michel

Crozier et Erhard Friedberg nomment la politique quotidienne, fondée sur la notion de

stratégie qui sous-tend quasi-systématiquement les actions humaines et dont l’efficacité

dépend de la vision plus ou moins globale qu’ont les acteurs du système. Le pouvoir dépend

de la manière dont un système est structuré, et par rétroaction, le système est sensé maintenir

ce pouvoir efficient afin de perdurer. Pouvoir et organisation sont ainsi indissolublement liés,

au sein de ce que Edgar Morin nomme « les réalités organisatrices » [MOR 91]. C’est ainsi

que l’ensemble des acteurs qui interviennent au sein d’un territoire, se positionnent en

permanence les uns par rapport aux autres, à la fois en fonction de leurs prérogatives

réciproques (lorsqu’ils en ont en tant qu’élus par exemple), et/ou de leurs objectifs

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communautaires, et/ou personnels et enfin en fonction de « coutumes ». C’est ainsi que se

recouvrent plus ou moins des champs de compétence, des aires d’action ou d’influence, mais

aussi c’est ainsi qu’apparaissent des zones d’incertitude.

2.3 Les systèmes d’acteurs produisent aussi de l’instabilité

Ce système d’acteur, dont nous posons que les références sont entre autres spatiales comme le laisse supposer le vocabulaire employé ci-dessus, est complexe. L’espace géographique constitue un cadre d’action également complexe avec lequel se combine le système d’acteurs que H. Mintzberg [MIN 82] défini comme étant guidé par des facteurs de contingences. Nous posons que ces facteurs sont essentiels. Il en résulte comme nous l’avons déjà dit, des territoires en « tension », c’est-à-dire dont l’équilibre dynamique repose sur un ensemble d’interrelations qui ne cessent de se modifier dans le temps. Elles sont en effet fondées sur des contraintes qui ne sont jamais complètement prévisibles, compte tenu de l’infinité de phénomènes qui se déroulent simultanément, en obéissant à des temporalités différentes, et modifient sans cesse le contexte décisionnel des acteurs. On peut identifier au moins six origines à cela :

- l’espace géographique ne présente jamais la même organisation, il évolue en permanence ;

- le cadre législatif est en évolution constante autour de temporalités de l’ordre de quelques dizaines d’années ;

- les acteurs agissent plus ou moins selon les situations qui se présentent en permanence ;

- la donne politique est renouvelée régulièrement, selon des temporalités inférieures à dix ans ;

- l’environnement global est très fluctuant et ne donne guère de lisibilité au-delà d’une année ;

- les idéologies évoluent et se transforment en permanence.

Cet ensemble d’interrelations forme des organisations, sortes de structurations

conscientes des champs d’action, mais reposent également sur un ensemble de perceptions

inconscientes et qui font écho à des acquis ou des vécus personnels. Le maître mot est donc

bien complexité, autour de la multiplicité des acteurs, des cadres d’intervention (maillages),

des situations à gérer et de l’environnement global. Notons également pour ajouter à cette

complexité, qu’un acteur peut être partie prenante dans plusieurs systèmes d’action en

relation les uns avec les autres. Prenons l’exemple du maire d’une commune, Président de la

communauté de communes dont fait partie sa commune, chef d’une entreprise locale et enfin

bien entendu citoyen : chacune de ses décisions, dans le cadre de l’une de ses qualités sera

influencée par les autres.

La prise de décision est alors complexe, loin de la rationalité apparente, d’autant

qu’elle se situe au croisement de multiples informations auxquelles cet acteur aura accès

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(techniques, stratégiques, organisationnelles). Ceci est d’autant plus vrai que le cumul de

mandats offre encore plus d’opportunités aux élus de croiser des informations. C’est en effet

autour des intercommunalités (communautés de communes, communautés d’agglomération,

communautés urbaines) que se nouent aujourd’hui les pouvoirs locaux , et notamment autour

des moyens mis en œuvre dans le cadre des diverses contractualisations (Contrat de Plan

Etat-Région, Contrat de Pays, Contrat d’agglomération, Contrat de Ville, etc.). Loin d’être

figés dans leurs limites, ces territoires évoluent sans cesse, ils se recomposent, leurs mailles

demeurent floues si on considère le temps long, ce que les institutions n’avaient jamais vécu

jusqu’à présent dans le cadre des départements ou des régions.

L’espace géographique est naturellement influencé par ces mouvances. Cependant,

les études privilégient plus souvent celui-là, en oubliant d’analyser les forces en tension,

celles qui vont devoir de plus en plus composer ensemble puisque loin d’être isolantes, les

mailles du territoire sont aujourd’hui de plus en plus poreuses, par nécessité, notamment en

relation avec la Loi Solidarité et Renouvellement urbain (SRU- 2001) qui rend

interdépendant nombre de documents, d’orientation (SCOT, Programme Local de l’Habitat,

projet d’Agglomération), de contractualisation (Contrat de ville, Contrat d’agglomération) ou

prescriptifs (Plan Local d’Urbanisme, Plan de Déplacement Urbain). A l’heure actuelle, les

acteurs liés aux mailles les plus petites (communes) ont intérêt à communiquer le plus

possible avec les acteurs des mailles voisines ou avec les mailles supérieures (département,

région, etc.). Sans se déconcentrer, les pouvoirs ont donc tendance à se multiplier et partant, à

complexifier les prises de décision au sein des territoires.

3. Une définition qui appelle un nouvel agencement des concepts et des

interrogations

3.1 La boucle de rétroaction qui organise le territoire pousse à réorganiser les concepts

Le glissement que nous proposons dans la définition du territoire sous l’angle d’un

système, induit la réorganisation de quelques concepts. Ceci ne signifie pas une nouvelle

définition de ces derniers, mais simplement un repositionnement conceptuel, dans une

perspective systémique. On a compris en effet que certains d’entre eux apparaissent

redondants par l’utilisation qui en est faite, notamment en ce qui concerne le territoire,

l’espace géographique, le milieu. Il s’agit donc de reprendre les définitions les plus

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communément admises et de les ré-articuler avec la nouvelle définition que nous avons

donnée du territoire.

On peut finalement avancer la définition suivante d’un territoire : le territoire est

un système complexe qui évolue dans le temps en relation avec la boucle de rétroaction qui

lie un ensemble d’acteurs et l’espace géographique qu’ils utilisent aménagent et gèrent.

Cette définition s’appuie en fait sur la mise en relation de trois sous-systèmes

clairement définis :

- les acteurs en interrelation qui vont permettre, soit dans un espace donné, soit par rapport à une problématique donnée, de comprendre en partie les raisons des équilibres en présence qui déterminent une stabilité dynamique du territoire ;

- l’espace géographique, espace aménagé par les acteurs, en fonction du géosystème, présentant de multiples objets en interaction et que l’on peut désagréger en trois sous-systèmes :

o le géosystème ou milieu géographique au sein duquel évoluent les acteurs, on parlera des contraintes ou aménités naturelles qui entrent en interaction avec les acteurs et influencent l’organisation de l’espace géographique ;

o l’espace anthropisé constitué par l’ensemble des objets anthropiques (réseaux, constructions, hommes, etc.) répartis au sein du géosystème ;

o l’espace social, celui des rapports sociaux qui recèle « l’ensemble des interrelations sociales spatialisées » [FRE 84], entre les individus, les groupes et en étroite relation bien entendu avec l’espace politique et institutionnalisé ;

o l’espace politique et institutionnalisé au sein duquel sont formalisées les multiples relations entre les acteurs. Il s’agit d’une portion d’espace régi par la reconnaissance de règles communes.

- les systèmes de représentation, qui se fondent sur l’interconnexion entre trois types de filtres, individuel, sociétal (valeur) et idéologique (théorie, modèle) qui forgent à la fois la connaissance et la conception qu’ont les acteurs du monde qui les entoure [CAL 90].

Cette définition s’appuie en fait sur la mise en relation de trois sous-systèmes

clairement définis (Fig. 1) :

- les acteurs en interrelation qui vont permettre, soit dans un espace donné, soit par rapport à une problématique donnée, de comprendre en partie les raisons des équilibres en présence qui déterminent une stabilité dynamique du territoire, faisant émerger deux types d’espace :

o l’espace social, celui des rapports sociaux qui recèle « l’ensemble des interrelations sociales spatialisées » [FRE 84], entre les individus, les groupes et en étroite relation bien entendu avec l’espace politique et institutionnalisé ;

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o l’espace politique et institutionnalisé au sein duquel sont formalisées les multiples relations entre les acteurs. Il s’agit d’une portion d’espace régi par la reconnaissance de règles communes.

- l’espace géographique, espace aménagé par les acteurs (espace anthropisé), en fonction du géosystème (conditions de vie), présentant de multiples objets en interaction (réseaux, constructions, hommes, etc.) ;

- les systèmes de représentation, qui se fondent sur l’interconnexion entre quatre types de filtres, individuel, sociétal (valeur), idéologique (théorie, modèle), et enfin lié aux modes ; qui forgent à la fois la connaissance et la conception qu’ont les acteurs du monde qui les entoure [CAL 90].

Nous pouvons d’ailleurs faire référence aux travaux de Eric Schwarz dans ce

domaine, évoquant trois plans (physique, logique et existenciel) pour décrire à minima, et

d’une manière générale, un système [SCH 96] [LEB 92].

L’espace géographique est « l’étendue terrestre utilisée et aménagée par les

sociétés en vue de leur reproduction » [BRU 92], en incluant dans le terme de reproduction,

bien plus que le seul acte de perpétuer une descendance, puisqu’il s’agit également au travers

de la complexité des relations sociales, de maintenir des valeurs qui forment la cohésion

d’une société, partant, les conditions de son maintien. Il existe en fait deux niveaux distincts

de relations, qui vont lier à la fois les objets de l’étendue terrestre, localisés en des lieux,

entre eux ; et ces mêmes objets avec des systèmes de relation entre des acteurs. On peut alors

définir l’espace géographique comme étant « l’ensemble des lieux et de leurs relations »

[BAI 01] ; mais il est plus que cela puisqu’il est à la fois le produit des sociétés humaines,

avec toute la complexité relationnelle entre des acteurs que sous-tend cette affirmation, le

produit des relations avec et entre des objets répartis à la surface de la terre et localisés en

des lieux, et enfin le produit des relations entre les lieux avec d’autres espaces par le

truchement des acteurs (l’environnement du système territoire). L’espace géographique est

une dimension intrinsèque des sociétés [CIA 03]. Il est donc clairement un sous-système du

système territoire, qui inclut l’espace naturel, les objets anthropiques qui l’occupent et

l’ensemble des relations qu’ils entretiennent lui conférant la dimension d’environnement

social. Comme le précise Jean-Pierre Augustin [AUG 00] « le territoire doit être distingué des

concepts d’espace géographique, d’espace social, d’espace vécu », nous ajouterons : bien

qu’il repose en fait sur la combinaison de ces concepts.

Le lieu est unique, du point de vue de ses coordonnées. Mais plus encore, si par

hypothèse on le déplaçait, il serait impossible de le reconstituer ailleurs car l’arrangement

initial était à la fois cause et conséquence. « Il y a lieu, lorsque les objets spatiaux coexistant

dans une distance nulle forment un ensemble suffisamment consistant pour faire système »

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[LEV 91]. L’espace géographique englobe donc des lieux qui se singularisent, à sa

différence, par leur valeur d’usage, par leur saisissante réalité » [DIM 98a].

3.2 L’intelligence territoriale comme support de la gouvernance

L’intelligence territoriale s’appuie sur les deux premiers concepts présentés

précédemment (gouvernance, territoire) auxquels s’ajoute la dimension informationnelle en

mobilisant les nouvelles technologies de l’information (UE2 – S1). Son fondement repose sur

la notion de territoire telle qu’elle a été proposée, les jeux d’acteurs produisant l’organisation

de l’espace géographique en fonction de nombreuses contraintes, qu’elles soient physiques,

mais également organisationnelles, et qui sont matérialisées notamment par les nombreux

documents de planification, d’orientation ou de cohérence territoriale actuellement requis.

L’intelligence territoriale se décrit donc comme l’organisation de l’ensemble des

connaissances utilisées et partagées par un ensemble d’acteurs dans le cadre d’un territoire

donné, afin d’observer et d’analyser collectivement pour une meilleure gouvernance.

L’intelligence territoriale a de ce point de vue une tâche importante pour

développer les connaissances pluridisciplinaires et les informations multisectorielles

indispensables au développement durable. Les connaissances concernant les territoires sont

essentiellement produites dans un cadre disciplinaire, et les lieux pour croiser, confronter et

organiser les connaissances sur les territoires au niveau universitaires doivent encore être

multipliés pour que se développe un « science du territoire ». L’usage des méthodes

fondamentales et des outils génériques d’analyse du territoire et de l’information territoriale

reste inégal selon les laboratoires et dans les diverses disciplines concernées. Cela se ressent

bien sûr également sur le terrain, au niveau des observatoires et des divers bureaux d’études

et projets territoriaux où sont également utilisées et développées les connaissances

territoriales, et où sont collectées, exploitées et produites les informations territoriales.

Le modèle de développement actuel privilégiant encore largement le secteur

économique, les indicateurs sociaux, culturels et environnementaux restent relativement peu

nombreux. Il y a là un vaste espace de travail à tous les niveaux.

Il existe également des besoins importants à satisfaire quant à l’accessibilité de

l’information pour les acteurs territoriaux. La plupart des informations et des indicateurs sont

publiés au niveau communal comme niveau le plus fin. Or de nombreux projets de

développement concernent des territoires infracommunaux, voire des territoires constitués de

plusieurs zones infracommunales appartenant à plusieurs communes. Le sens et le mode de

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confection des indicateurs ne sont pas toujours simples à comprendre pour une personne qui

n’est pas spécialiste. L’actualisation des indicateurs doit être améliorée. La diversité des

types de découpages pourrait certainement être grandement simplifiée pour un meilleur

partage des informations et des objectifs.

Ce sont donc de vastes chantiers qui attendent l’intelligence territoriale dans sa

fonction de support de la gouvernance. Ils montrent l’importance de cette fonction. Les

observatoires territoriaux peuvent être des outils précieux pour faciliter une large accessibilité

à la connaissance et à l’information territoriale, la standardisation des indicateurs territoriaux,

ainsi que la conservation, le partage et la diffusion de la connaissance sur les territoires et de

l’information territoriale.

Notons que le rapport entre connaissance et information, d’un coté, et

gouvernance, de l’autre, est bi-univoque. La gouvernance peut aussi restreindre ou faciliter

l’irrigation des territoires par la connaissance et par l’information. La transparence est un des

critères qui revient souvent pour qualifier la bonne gouvernance.

Conclusion

Les difficultés d’interprétation et de compréhension des territoires que pose

l’emboîtement des sous-systèmes présentés nécessitent inévitablement un retour vers l’idée

de complexité. Il est en effet indispensable de proposer de manière précise des outils

susceptibles d'aborder la complexité qui sous-tend à la fois les organisations spatiales, mais

également les systèmes d'acteurs qui les font évoluer. L'approche systémique est ainsi

présentée, comme un paradigme capable de guider l'approche et la compréhension des

systèmes complexes et comme préalable à des démarches de modélisation plus avancées.

Comme l’ont souligné Marius Thériault et Marie-Hélène De Sède [DES 96], « la diversité

des décisions et l’importance d’en maîtriser les implications notamment dans une optique

d’instrumentation » est aujourd’hui un fait reconnu. Par ailleurs comme Marie-Hélène De

Sède le précise [DES 02] « le diagnostic et la décision permettant de maîtriser un problème

depuis sa formulation jusqu’à sa résolution, doivent s’inscrire dans un continuum et ne pas

être soumis à des ruptures ».

Trois sous-systèmes, liés entre eux, sont donc à aborder dans le cadre d’un

diagnostic que nous nommerons territorial :

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- le contexte naturel du territoire abordé, il peut présenter des contraintes et des atouts qui auront une incidence sur l’organisation de l’espace géographique, mais aussi sur les relations entre les acteurs ;

- l’organisation de l’espace géographique, au travers de la répartition des objets, de l’interaction entre ces objets, des forces et faiblesses de cette organisation, de l’influence du contexte naturel et de l’évaluation de la mise en œuvre des politiques actées dans le cadre des différents documents de programmation, d’orientation et de prescription ;

- l’organisation des acteurs du territoire étudié ou diagnostic stratégique8, la superposition de mailles de gestion, l’articulation des documents de programmation, d’orientation et de prescription, et leur mise en place autour d’acteurs clés, le décideur devant aujourd’hui intégrer la notion de « maillagement » [MON 96] ;

La mise en relation des trois diagnostics doit permettre la mise en place du

diagnostic territorial. Il repose donc à la fois sur une approche spatiale et organisationnelle du

territoire étudié et vise à :

- répondre à des objectifs précis, partagés par les différentes catégories d’acteurs ;

- prendre en compte l’ensemble des contraintes qui s’appliquent au territoire en question ;

- prendre en compte les orientations déjà prises par l’ensemble des acteurs ;

- rendre compte d’un fonctionnement socio-économique spatialisé ;

- respecter la culture locale, les valeurs partagées ;

- tenir compte de l’environnement extérieur au territoire, à différentes échelles.

Cette approche nécessite de surmonter les spécialisations thématiques et la

complexité qui découle inévitablement d’une approche globale. En outre elle oriente vers une

combinaison d’outils à mettre en œuvre afin de comprendre le fonctionnement d’un territoire

et le cas échéant de proposer des simulations de son évolution, sur la base de découpages

administratifs discrets produits dans le cadre de fonctionnements résiliaires [DES 02]. A cette

complexité qu’il nous est donné d’observer, et que nous avons présentée, correspond

forcément un agencement d’outils capable d’intégrer et d’analyser les différentes facettes du

territoire. Marie-Hélène De Sède avance fort justement que « l’efficacité des démarches

participatives en aménagement, sera conditionnée par un réel couplage entre décisions et

instrumentation, notamment instrumentation géomatique, l’espace demeurant au centre de

tous les enjeux », et dans la perspective d’un système territoire qui intègre simultanément

8 CERTU, 201, « L’analyse des systèmes d’acteurs : diagnostics de territoires », Cahier n° 1, Lyon, pp. 8-9.

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trois dimensions : temporelle, spatiale, et organisationnelle, mais qui chacune se divisent de

la manière suivante [ROL 00] :

- le temps est composé d’un avant, d’un après et d’une durée :

o La prise en compte des évènements passés expliquent l’état actuel du système et sa dynamique . Ce passé constitue en quelque sorte le réservoir d’information par rapport auquel les acteurs vont se référer afin de mener à bien leurs politiques ;

o La prise en compte de l’avenir en projetant ce que les acteurs souhaitent que le territoire deviennent, sur la base de scénarii prospectifs guide les décisions. Cette démarche est productrice de nouvelles informations ;

o La prise en compte de la durée des évènements est importante puisqu’elle permet finalement d’en nuancer les influences.

- l’espace est composé d’échelles emboîtées qui peuvent se retrouver au sein :

o Du local et de l’ensemble des superpositions spatiales et des acteurs qui s’y matérialisent. Loin d’être isolés, ces différents niveaux et acteurs sont très étroitement imbriqués et liés, ils contribuent à définir les projets et donc à peser sur le devenir du territoire ;

o Du global, ou environnement du système, qui symbolise les influences externes qui peuvent agir sur la trajectoire du système. Celui-ci ne peut ignorer en effet un certain nombre d’informations qui, aujourd’hui bien que dépendantes d’un contexte global, affectent indubitablement le devenir du système local.

- La dimension organisationnelle est composée de trois sphères :

o Celle des individus, « unité spécifique au sein des sociétés (…) on ne peut imaginer de société qui ait été totalement dépourvue d’autonomie individuelle car c’est grâce à cette autonomie que la répartition complexe de fonctions que suppose une société, peut exister » [LEV 94] ;

o Celle de la politique ;

o Celle des relations économiques, culturelles et sociales.

L’enjeu est aujourd’hui très important, de comprendre comment se structurent les

territoires, sous l’acception globale que nous avons proposée ; comment ils fonctionnent,

comment ils évoluent. Nous sommes aujourd’hui confrontés à des réalités quelque-fois

difficiles à mettre en adéquation, avec d’un côté une complexification croissante des

contextes au sein desquels nous évoluons, de l’autre une exigence de résultat fondée sur les

notions de cohérence et de développement durable qui forcent à adopter une approche globale

capable de saisir et de rendre compte de cette complexité. Nous disposons d’outils très

sophistiqués, mais la réalité offre toujours un décalage avec ce que nous concevons. En

proposant une approche plus globale de la notion de territoire, nous pensons que sa

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compréhension en sera améliorée. Mais il faut faire attention à ne pas tenter de réduire la

complexité à tous prix, il faut lui laisser sa liberté, c’est-à-dire la représenter en limitant les

mutilations.

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Cours II – Le concept d’intelligence territoriale, domaines et réseaux (J-J.

GIRARDOT)

Le concept d’intelligence territoriale

L’intelligence territoriale est un concept émergent fortement polysémique. Il suffit

de taper « intelligence territoriale », “territorial intelligence” ou “inteligencia territorial” dans

un moteur de recherche sur Internet pour être convaincu de la diversité et du foisonnement de

ses définitions. Comme l’a souligne Jean-Marc BLANCHERIE en 2002, l’intelligence

territoriale « surgit de la conjonction des changements majeurs et interdépendants dans les

économies et les sociétés »9. Ces changements désignent l’émergence de la société de

l’information, puis de la connaissance, ainsi que les crises énergétiques, sociales,

économiques, culturelles, financières, qui conjuguent leurs effets de façon répétées en

menaçant notre planète et les équilibres humains et sociaux depuis les années soixante dix.

Ce cours ne vise donc pas à donner une définition exhaustive et consensuelle du

concept d’intelligence territoriale, mais plutôt de le situer au sein des pôles les plus

caractéristiques du réseau conceptuel au sein duquel il se situe. On peut simplifier ce réseau

en considérant que les définitions de l’intelligence territoriale s’ordonnent dans un spectre qui

va, d’un coté, d’une déclinaison de l’intelligence économique jusqu’à une conception

fortement inspirée du développement communautaire de l’autre coté. Il faut toutefois tenir

compte du fait que nous sommes en présence de concepts d’origine anglo-saxonne qui ont été

souvent redéfinis dans le cadre européen ou français.

Dans la mesure où le développement durable, caractérisé par la convergence des

objectifs économiques, sociaux, culturels et environnementaux, constitue l’alternative à la

conjonction des crises répétées qui menacent notre planète, notre objectif est de positionner

l’intelligence territoriale comme en accord avec ce paradigme, comme une alternative aux

modes de développement fondés sur la rentabilité économique à court terme et sur l’autorité

politique centrale.

L’intelligence économique

L’intelligence économique s’est développée aux Etats-Unis sous le terme de

“competitive intelligence”, ou “business intelligence”, dans le contexte de la société de

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l’information à partir des travaux de Michael PORTER10 en 1980, puis de Craig FLEISHER

and Babette BENSOUSSAN11. Elle se définit habituellement comme l’action de définir,

recueillir, analyser, et diffuser des informations sur les produits et services, les clients, les

concurrents ainsi que sur le travail, les finances, la fiscalité, et d'autres aspects de l'économie

d'une nation ou du système économique international, utiles pour aider les gestionnaires et les

cadres d’une entreprise à prendre des décisions stratégiques. Dans le glossaire « Language of

Business Intelligence », Vernon PRIOR en donne une définition de référence dans le monde

anglo-saxon : « L’intelligence compétitive est un programme systématique et éthique de

collecte, d'analyse de gestion de toute combinaison de données, d'informations et de

connaissances sur l'environnement dans lesquelles une entreprise exerce ses activités qui, une

fois mises en œuvre, vont conférer un avantage concurrentiel significatif ou activer de bonnes

décisions à prendre. »12 . L’intelligence économique s’est diffusée dans les entreprises

américaines à partir de 1986 avec la fondation de la Society of Competitive Intelligence

Professionals.

Le rapport MARTRE13, qui fait référence en France depuis 1994, définit

l’intelligence économique comme « un ensemble d’actions coordonnées de recherche, de

traitement, de distribution et de protection de l’information, en vue de son exploitation, utile

aux acteurs économiques, et obtenue en toute légalité». Comme le précise Wikipedia dans sa

version française : « La plupart des spécialistes français résument l'intelligence économique

par une trilogie : veille (acquérir l'information stratégique pertinente), protection des

informations (ne pas laisser connaître ses secrets) et influence (propager une information ou

des normes de comportement et d'interprétation qui favorisent sa stratégie) »

Alain JUILLET a donné en 2006 une définition de l’intelligence économique qui

nous intéresse ici, parce qu’elle a été énoncée lors d’une conférence qui se tenait à Avignon

pour présenter les aspects de l’intelligence économique liés au développement régional.

Consacrée notamment aux pôles de compétitivités comme instruments principaux du

développement des régions françaises et des petites et moyennes entreprises, cette conférence

impliquait la dimension territoriale. « L’intelligence économique consiste en la maîtrise et la

9 BLANCHERIE, 2002 10 PORTER, 1980. 11 FLEISHER, BENSOUSSAN, 2003. 12 “Competitive intelligence is a systematic and ethical programme for gathering, analysing, and managing any combination of Data, Information, and Knowledge concerning the Business environment in which a company operates that, when acted upon, will confer a significant Competitive advantage or enable sound decisions to be made.” Le glossaire peut être téléchargé gratuitement sur le site http://www.markintell.com/introduction-vernon-prior 13 MARTRE, 1994.

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protection de l’information stratégique pour tout acteur économique. Elle a pour triple finalité

la compétitivité du tissu industriel, la sécurité de l’économie et des entreprises et le

renforcement de l’influence de notre pays.»14

Le développement de l’intelligence économique s’est effectué dans le cadre de

l’émergence de la société de l’information, un paradigme dont l’origine remonte à la

démonstration par Marc Uri PORAT, en 1977, que la majeure partie de la population active

des pays industrialisés est employée dans le secteur de l’information pour fabriquer des

matériels informatiques et de télécommunication, pour éditer des logiciels et, principalement,

pour produire et diffuser des informations. Depuis les années 50 de nombreux observateurs

s’étaient rendu compte que le développement des économies avancées ne se fondait plus sur

l’agriculture ni sur l’industrie, mais plutôt sur les services. « L’un des premiers auteurs à

identifier correctement la principale caractéristique de la nouvelle économie naissante fut

MACHLUP (1962), qui la décrivit comme une « industrie basée sur le savoir » … PORAT

[établit] la distinction entre deux domaines de l’économie : le domaine de la matière et de

l’énergie, et celui de l’information. Le premier comprend les secteurs agricole et industriel,

alors que le second correspond au secteur de l’information et s’occupe de la transformation

de l’information « d’un genre à un autre »15. Le concept de société de la connaissance met à

présent l’accent sur la production et le diffusion des connaissances et sur l’importance du

capital humain et du capital social. Le rapprochement de la connaissance et de l’action, dans

les parcs scientifiques et techniques, fleurons actuels du développement économique par

exemple, est le moyen de stimuler l’innovation et la production.

Toutes les définitions de l’intelligence économique font référence à un processus

qui implique la collecte d'informations, leur conversion en intelligence et l’utilisation de cette

dernière dans des décisions stratégiques d’entreprises. Toutefois, l’objet de l’intelligence

économique ne se réduit pas au processus scientifique et technique de collecte et de

transformation d’informations en intelligence qui relève des sciences et technologies de

l’information et de la communication. La définition du rapport MARTRE est ambiguë sur ce

point, la où les définitions américaines sont claires. L’objet de l’intelligence territoriale est

relatif à des contenus d’information précis, relatifs au “business”, et par son utilité, fournir un

avantage compétitif et un système d’alerte vigilant. Il n’y a pas d’intelligence économique, si

14 JUILLET, 2006 15 VERTOLA, 2005.

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les informations recueillies ne sont pas exploitables pour la décision stratégique d’entreprise

sur le marché concurrentiel.

A l’inverse, l’intelligence économique est intéressée par l’ensemble des solutions

scientifiques et technologiques qui constituent un aspect du « knowledge management »

(gestion des connaissances) et qui concernent la collecte d’information et leur organisation

dans des bases de données, en intégrant des données provenant notamment des services de

gestion des ressources, de marketing et de relations clients de l’entreprise, puis l’extraction

des données utiles (data mining) pour les transformer en intelligence. Vernon PRIOR définit

comme suit le knowledge management : “La gestion des connaissances est processus intégré

systématique d'identification, de collecte, de stockage, d'extraction et de transformation de

l'information et des actifs de connaissances en connaissances qui sont facilement accessibles

dans le but d'améliorer la performance de l'organisation. Les principes fondamentaux de la

gestion des connaissances sont d'améliorer la prise de décision, de favoriser l'innovation,

d’établir des relations, d’établir la confiance, de partager l'information, et d’améliorer

l'apprentissage. Les moyens pour ce faire pourrait inclure des programmes d'apprentissage et

de paraînnage, des briefings et des débriefings, des babillards électroniques, des bases de

données, des documents, des cartes de connaissances, des programmes éducatifs et de

formation, des rencontres, des réseaux, et des visites. L’améliorations des performances peur

s'effectuer par l'apprentissage, la résolution de problèmes, la planification stratégique et la

prise de décisions.16

L’intelligence économique revendique une éthique, celle d’employer

exclusivement des moyens légaux, à la différence de l’espionnage industriel qui est une

activité illégale. Cette éthique concerne également le respect de l’État. Dans le contexte

agonistique de la mondialisation, l'intelligence économique implique la défense et la

promotion des entreprises nationales dans des secteurs stratégiques clés.

Le développement communautaire, « community development », est un concept

développé dans le monde anglo-saxon en matière de développement local. Selon la formule

16 “Knowledge management is an integrated, systematic process for identifying, collecting, storing, retrieving, and transforming Information and Knowledge assets into Knowledge that is readily accessible in order to improve the performance of the organisation. The basic tenets of knowledge management are to enhance decision making, foster innovation, build relationships, establish trust, share information, and improve learning. The means for doing so might include apprenticeship schemes and mentoring programmes, briefings and debriefings, bulletin boards, databases, documents, educational and training programmes, knowledge maps, meetings, networks, and visits. Performance improvements may be effected through enhanced learning, problem solving, strategic planning, and decision-making.” PRIOR, Vernon, supra.

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concise de Dimitriu SANDU il « fait référence à des changements volontaires dans, par et

pour la communauté »17. Plutôt orienté sur une approche sociologique des communautés

territoriale que sur une approche territoriale, il adopte souvent une attitude méfiante vis-à-vis

des technologies au profit de méthodes participatives d’animation. Toutefois le programme «

Information pour tous » de l’UNESCO accorde une haute priorité au renforcement des

infrastructures de communication et d’information à l’échelle des communautés locales. De

telles infrastructures offrent des outils de base permettant d’initier et de gérer le

développement et les changements de la communauté.

Dans le présent contexte de mondialisation des marchés, des collectifs américains

puissants, comme le National Council for Urban Economic Development

(http://www.CUED.org) dont les 1730 membres sont réunis par l’objectif principal de

revitaliser et de développer les économies locales, ainsi que les recherches en développement

communautaire développées par de nombreuses universités américaines proposent des voies

alternatives de lutte contre le chômage et de développement économique axées sur le niveau

local plutôt que sur le niveau global. Ils proposent de nombreuses ressources électroniques

dans le domaine du développement communautaire et plus particulièrement du

développement économique communautaire : http://www.uwex.edu/ces/cced/ (centre de

développement communautaire de l'université du Wisconsin), http://ctb.ku.edu/en/ (Boite à

outils du développement communautaire de l'université du Kansas), http://luc.edu/curl/prag/

(Consortium d’organisations de développement communautaire intégrant Chicago State

University, DePaul University, Loyola University of Chicago, National-Louis University, et

University of Illinois, Chicago.). Le site PowertyNet de la Banque Mondiale

(http://web.worldbank.org, mot clé : powerty) présente le concept de capital social qui est

essentiel pour le développement communautaire : « Le capital social est défini comme

l'ensemble des conventions et des relations sociales qui sont ancrées dans les structures de la

société et qui permettent aux personnes de la communauté de coordonner leurs actions afin

d'atteindre leurs buts. (Poverty net)

Le terme “intelligence territoriale” a été proposé en 199818 pour illustrer une

approche du développement des territoires fondée sur une approche scientifique, systémique

et pluridisciplinaire. Elle se fonde sur une vision nouvelle, systémique et dynamique, du

17 SANDU 2005 18 Le terme a ét proposé par Jean-Jacques GIRARDOT en décembre 2008 lors de la réflexion « Université du 3e Millénaire en Franche-Comté». Il a été signalé par un article du Journal Le Monde du 18 mai 1999 « Une piste originale liée à la thématique homme-temps-territoire » qui synthétisait cette réflexion.

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territoire, ensemble complexe formé deux sous-ensembles, l’espace géographique et la

communauté territoriale, qui a été développée dans la première partie du cours, le concept de

territoire, par Alexandre MOINE. Elle traduit une évolution de la représentation des

territoires « Le territoire n’est plus considéré comme un cadre naturel, plus ou moins

contraignant, doté d’un patrimoine historique plus ou moins enrichissant, mais comme une

construction des acteurs »19. La référence à la communauté rapproche l’intelligence

communautaire et le développement communautaire. Toutefois, dans les approches du

développement communautaire, la prise en compte du territoire s’arrête souvent à la

dimension locale et n’inclut pas systématiquement une analyse de l’espace géographique ni

des dynamiques spatiales.

Les premières définitions, données en 2000 et 2001, affirment le lien entre la

connaissance et l’action, lien caractéristique de la société de la connaissance, dans le

développement des territoires. Elles indiquent l’intérêt des technologies de l’information et

de la communication et de l’implication des praticiens dans le processus d’observation et

dans l’interprétation des résultats, pour que la connaissance soit utile pour l’action.

« L'intelligence territoriale est un moyen pour les chercheurs, pour les acteurs et

pour la communauté territoriale d’acquérir une meilleure connaissance du territoire, mais

également de mieux maîtriser son développement. L’appropriation des technologies de

l'information et de la communication, et de l’information elle-même, est une étape

indispensable pour que les acteurs entrent dans un processus d’apprentissage qui leur

permettra d’agir de façon pertinente et efficiente. L'intelligence territoriale est notamment

utile pour aider les acteurs territoriaux à projeter, définir, animer et évaluer les politiques et

les actions de développement territorial durable »20.

« L’intelligence territoriale met les technologies de l’information au service du

développement durable des territoires dans la société de la connaissance en respectant les

principes de la gouvernance démocratique : participation, approche intégrée et partenariat.21 »

Ces deux premières définitions, établissent clairement le lien entre l’intelligence

territoriale et le développement durable. Elles rompent avec l’intelligence économique par

un objectif plus ambitieux que le business: le développement durable caractérisé par le

pluralité des objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Issu des revendications du

19 Jean-Claude DAUMAS, 2002, projet de Maison de Sciences de l’Homme de Franche-Comté. 20 GIRARDOT, 2000 21 GIRARDOT, 2001

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tiers-monde, le développement durable, qui « s'attache à résoudre les besoins des populations

[en priorité des groupes les plus vulnérables], sans compromettre la capacité des générations

futures de répondre aux leurs »22, est progressivement apparu avec la répétition et

l’amplification des crises économiques, sociales et environnementales comme une alternative

au développement « économique » fondé sur la rentabilité financière du capital à court terme.

Nous insistons sur la dimension sociale d’un concept en précisant « en priorité des groupes

les plus vulnérables » pour rappeler son origine. Ces points seront développés dans le module

« Théorie du développement » dans la partie relative à « Perspectives du développement

durable dans le contexte de la globalisation ».

La référence au développement durable comme l’orientation fondamentale de

l’intelligence territoriale, a pour corollaires une approche globale et une gouvernance

participative fondée sur le partenariat. Le développement durable propose une approche

globale prenant en compte conjointement des objectifs économiques, sociaux et

environnementaux, auxquels nous proposons d’ajouter la culture23. Il ne peut être réduit à une

seule de ses dimensions sans perdre son sens. Il implique conjointement un processus cognitif

multidisciplinaire et une action multisectorielle fondée sur le partenariat. L’intelligence

territoriale se fonde depuis l’origine sur les partenariats de développement24.

L’intelligence territoriale se distingue définitivement sur ce point de l’intelligence

économique qui ne considère que l’objectif économique et, qui concentre son intérêt dans le

champ de l’économique uniquement sur le « bussiness » et sur la compétitivité

essentiellement orientés sur la rentabilité financière de préférence à la création et à

l’amélioration des emplois, ou à l’amélioration de la qualité de vie pour tous, et à la

coopération. Les rapports avec le développement communautaire sont plus complexes.

Parallèlement aux tendances décentralisatrices de la gouvernance, le développement durable

et le développement communautaire insistent conjointement sur l’importance du territoire

comme espace d’action et de la communauté territoriale comme acteur collectif, en accord

avec le slogan “penser globalement pour agir localement”. Toutefois le développement

communautaire conserve souvent le développement économique des territoires comme

objectif principal. La convergence entre intelligence territoriale et développement

communautaire se situe plus au niveau du partenariat et de la participation. L’intelligence

territoriale dispose notamment au niveau du développement communautaire d’un vaste

22 BRUNDTLAND report, 1987 23 AMMATURO, 2008 24 Selon la terminologie du programme européen de cohésion sociale « Equal »

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ensemble de méthodes participatives et partenariales pour l’animation des actions de

développement durables.

Les premières définition de l’intelligence territoriale affirme clairement l’intérêt du

recours aux technologies de l’information et de la communication. Elles veulent d’abord

situer l’intelligence territoriale au sein de la société de l’information, où l’information est le

principal vecteur du développement. Comme l’intelligence économique, l'intelligence

territoriale fait appel à des procédés traditionnels de diffusion de l'information et utilisent les

technologies de l’information et de la communication au moyen de sites Intranet et Internet,

de la documentation et des méthodes de traitement de l’information. L’intelligence

territoriale va cependant plus loin : la mention du territoire ajoute les méthodes d’analyse

spatiale et les systèmes d’information géographiques, alors que la référence au

développement durable implique également les méthodes d’analyse multicritères. L’usage

des technologies de l’information et de la communication par l’intelligence territoriale

s’inscrit toutefois dans l’éthique du développement durable, qui réfute la logique économique

compétitive au profit d’une démarche globale et coopérative, de partage de l’information et

de travail commun. Cette éthique pose également des limites à l’usage des technologies de

l’information et de la communication.

Une nouvelle définition de l’intelligence territoriale a été précisée en 2002 avec la

volonté de proposer un projet de recherche qui reste cependant en lien avec l’action : « Le

concept d’intelligence territoriale désigne l’ensemble des connaissances pluridisciplinaires

qui, d’une part, contribue à la compréhension des structures et des dynamiques territoriales

et, de l’autre, ambitionne d’être un instrument au service des acteurs du développement

durable des territoires »25. Il s’agit de mettre en accord le concept d’intelligence territoriale

avec la société de la connaissance, dans laquelle on renforce l’intégration entre la

connaissance et action afin que la connaissance stimule l’innovation et alimente l’action.

Dans la logique du développement durable, l’intelligence territoriale sollicite l’ensemble des

connaissances pluridisciplinaires dans les domaines de la connaissance des territoires, de la

gouvernance territoriale et de l’ingénierie territoriale. De même qu’en intelligence

économique, l’information doit être utile, non afin d’exploiter un avantage compétitif, mais

pour satisfaire les besoins des génération présente sans nuire à la satisfaction des besoins des

générations futures.

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L'intelligence territoriale s'est également nourrie de l’apport des sciences et

technologies de l’information et de la communication (STIC) et de la gestion des

connaissances. A partir de 2004, les liens avec l'intelligence territoriale et les STIC sont

souvent au centre des définitions courantes de l’intelligence territoriale. Ainsi Philippe

DUMAS a rapproché « l’intelligence comme processus cognitif et d’organisation de

l’information, et le territoire comme espace de relations signifiantes »26 et Yann

BERTACCHINI a suggéré que l’intelligence territoriale « peut être assimilée à la

territorialité qui résulte du phénomène d’appropriation des ressources d’un territoire puis

aux transferts des compétences entre des catégories d’acteurs locaux de culture

différente »27. Bernard CORBINEAU affirme dans une formule simple l’importance de la

cohésion sociale et de la dimension temporelle indissociable de la notion de développement

et du développement durable : « Qu’est-ce que c’est l’intelligence territoriale sinon

l’intelligence de vivre ensemble dans un espace-temps donné ? » 28. Ces définitions insistent

sur les concepts d’intelligence, sur les compétences, la culture et les processus, plutôt que sur

l’usage des technologies de l’information.

D’autres rappellent au contraire, avec Thierry FERRARI que « L’intelligence

territoriale ne peut pourtant pas exister sans faire appel aux technologies de l’information et

sans mobiliser les compétences au service de l’attractivité et de la compétitivité des

territoires. »29

Ils se rapprochent alors de l’intelligence économique. Ainsi Aurélien

GAUCHERAND, exprime une vision de l’intelligence territoriale très proche de

l’intelligence économique en distinguant « Trois aspects :

1) l’intelligence économique territoriale (la création de produits et l’animation des

services de l’intelligence économique pour les acteurs de l’innovation économique);

2) l’intelligence territoriale stratégique (la création des infrastructures permanentes

pour une veille stratégique – veille stratégique territoriale);

3) la gestion des communautés territoriales – la création d’un centre de ressources

qui encourage le développement de différents territoires numériques.”

25 GIRARDOT, 2002 26 DUMAS, 2004 27 BERTACCHINI, 2004 28 CORBINEAU, Bernard, 2005, Intelligence territoriale et société en réseau- Les médiathèques de proximité, portails de la connaissance. 4e rencontres TIC & Territoires, Ile Rousse. http://isdm.univ-tln.fr/PDF/isdm22/isdm22_corbineau.pdf 29 FERRARI, Thierry, 2005

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Nous sommes ici en présence d’une définition déclinée de l’intelligence territoriale

et qui confond les moyens avec le contenu.

Au cours de ces dernières années nous avons fait progresser la définition de

l’intelligence territoriale dans le cadre de la caENTI afin de mieux la distinguer, d’un bord,

de l’intelligence économique par la référence au développement durable, et de l’autre bord,

du concept de développement communautaire, en affirmant l’intérêt d’une approche

scientifique multidisciplinaire et de l’usage des technologies de l’information.

Nous définition actuelle : « l’intelligence territoriale est la science dont l’objet est

le développement durable des territoires et dont le sujet est la communauté territoriale ». Dès

l’origine, l’approche territoriale et le développement durable ont été posés comme les

orientations fondamentales de l’intelligence territoriale, avec pour corollaires les principes

d’approche globale, multidisciplinaire et multisectorielle, le partenariat des acteurs

territoriaux et la participation de la communauté territoriale.

L'intelligence territoriale ne constitue pas une simple variante de l'intelligence

économique, elle est plus ambitieuse. Elle ne limite pas le développement territorial à la

croissance économique, ni à la compétition économique. Elle ne considère pas le territoire

comme un marché ou comme un lieu de compétition.

Le partenariat, qui constitue l’instrument de l’approche globale, va à l'encontre du

principe de concurrence dans la mesure où il se fonde sur la coopération, y compris au sein

des « pôles de compétitivité ». Il répond cependant à une logique économique car il vise à

rassembler les ressources locales disponibles avant de recourir à des nouvelles ressources.

Les réseaux permettent non seulement aux acteurs privés de prendre part aux

processus de prise de décisions dans le cadre de la démocratie participative, mais aussi à la

fourniture de biens et services communs.

L’intelligence territoriale n’a cependant pas pour objectif l’élimination du marché,

de la concurrence ou de la compétitivité. Elle veut limiter et réguler les effets néfastes du

marché par le développement d’espaces de coopération. Elle propose également d’intégrer les

coûts sociaux, environnementaux et culturels dans le budget global des projets de

développement, tout en sachant que cette comptabilité est insuffisante car les enjeux

énergétiques du développement durable ne sont pas seulement d’ordre économique.

Comme le développement communautaire, l’intelligence territoriale respecte deux

principes éthiques issus du développement durable : la participation citoyenne et le

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partenariat des acteurs. Toutefois, à la différence du concept de développement

communautaire, l'intelligence territoriale se fonde sur l'usage systématique des technologies

de l'information et de la communication et le recours aux outils de connaissance des

territoires et d’analyse de l’information territoriale dans le contexte de la société de la

connaissance. L’originalité des méthodes et outils d’intelligence territoriale est de constituer

des réponses technologiques qui respectent les principes de la gouvernance démocratique et

de la coopération.

A partir des connaissances et des méthodes scientifiques, l'intelligence territoriale

conçoit et réalise des outils avec les acteurs territoriaux qui souhaitent coopérer au sein d’un

processus de recherche-action pour inscrire leurs projets dans les orientations du

développement durable. Elle constitue à la fois une intelligence « embarquée » dans ces outils

et elle vise à développer une intelligence collective.

C’est une intelligence embarquée qui utilise les technologies de l’information et de

la communication pour intégrer les informations territoriales et leurs outils d’analyse au sein

de systèmes d’information partagés et coopératifs. Un outil de cartographie en ligne permet

par exemple à un acteur de cartographier un indicateur en précisant simplement le territoire et

l’information souhaités. Pour permettre à un acteur d’obtenir ce résultat sans reproduire

l’ensemble des choix d’un expert il faut automatiser les analyses statistiques multicritères et

spatiales de l’information territoriale, décrire et spécifier les protocoles de traitement et

intégrer l'expertise à la place des étapes qui auraient impliqué des choix experts.

C’est une également intelligence collective qui associe les compétences de manière

coopérative en vue d’argumenter, de réaliser et d’évaluer des projets innovants, adaptés et

pérenne. Ainsi que le précise le glossaire de Vernon PRIOR « L'intelligence collective se

réfère aux résultats tirés de la collaboration et du partage de l'information, ainsi que par la

compétition entre de nombreux individus. C'est l'objectif principal de la gestion des

connaissances. Bien que le terme soit applicable à de nombreuses activités (y compris ceux

de certaines bactéries, les insectes et autres animaux), il se réfère dans ce contexte au

comportement de masse d'êtres humains. L’intelligence collective peut être considéré

comme une forme de réseau, qui a été activé par l'évolution récente des technologies de

l'information. »30. L’intelligence territoriale résulte notamment d’un transfert des experts aux

30 “Collective intelligence refers to the results gained from collaboration and the sharing of information, as well as through competition, between many individuals; it is the primary objective of Knowledge management. Although the term is applicable to many activities (including those of certain bacteria, insects, and other animals), in this context it refers to the

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acteurs qui favorise l’accès le plus large aux connaissances. Elle implique pour ce faire, outre

le partage de l’information la formation, l’accompagnement la co-construction du savoir. Elle

mobilise dans un premier temps les acteurs territoriaux, les partenariats de développement.

Elle s’adresse à terme à l’ensemble de la communauté territoriale.

L’intelligence territoriale entend ainsi contribuer à la combinaison équilibrée des

dimensions du développement durable en impliquant largement chaque personne dans le

développement de son bien-être, de sa communauté dans son territoire, et de l’humanité sur

la planète.

Les domaines de l’intelligence territoriale

Quels sont les domaines concernés par les recherches et les applications en

intelligence territoriale ? Nous distinguons quatre domaines : les connaissances scientifiques,

les méthodes fondamentales d’analyse, la gouvernance territoriale et les outils d’intelligence

territoriale.

Dans le domaine scientifique, l’intelligence territoriale vise à rassembler, intégrer

et augmenter les connaissances multidisciplinaires (et les protocoles de recherche) qui

contribuent à une approche globale des structures territoriales, des systèmes territoriaux et

des dynamiques des territoires. Cette approche globale est indispensable à la combinaison des

objectifs économiques, sociaux, culturels et environnementaux du développement durable.

Dans ce cadre l’intelligence territoriale s’intéresse au concept de territoire (cf. le cours sur le

concept de territoire d’Alexandre MOINE), au concept d’intelligence territoriale (cf. ce cours

et les recherches dont l’objet principal est le territoire et/ou le développement durable. Elle

compare également les approches culturelles du territoire.

Dans le domaine méthodologique, l’intelligence territoriale identifie, agrège et

développe les méthodes scientifiques fondamentales d’analyse et d’observation des territoires

(cf. le cours sur les méthodes fondamentales d’intelligence territoriale de Serge ORMAUX).

Elle favorise la diffusion au sein des sciences de l’homme et de l’environnement des

méthodes et les outils génériques de large applicabilité employées dans les sciences de la

matière et de a nature et qui sont utiles pour analyser les territoires et l’information

territoriale. Elle approprie et transfère des modules appliqués accessibles aux acteurs

territoriaux. Elle utilise les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour

mass behaviour of human beings. It may be regarded as a form of Networking, which has been enabled by recent developments in Information technology30”. PRIOR.

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partager et diffuser largement l’information territoriale et pour coopérer, auxquelles elle

adjoint les outils d’analyse multicritère et d’analyse spatiale.

Les observatoires territoriaux identifie et harmonise les indicateurs territoriaux

fournis par les instituts statistiques et qui sont utiles au développement durable (cf. le cours

sur les indicateurs du développement durable de Guenaël DEVILLET). Ils les rassemble et

les rend accessibles au sein de systèmes d’information territoriaux. Ils produisent au besoin

les indicateurs non disponibles ou non accessible au niveau du territoire. Ils assure la gestion

du processus informationnel de la collecte des données à l’édition en ligne des résultats sous

des formes appropriées à leurs destinataires.

Dans le domaine de la gouvernance, l’intelligence territoriale évalue la

gouvernance territoriale participative caractérisée par les partenariats multisectoriels et par

l'équilibre entre le secteur compétitif et le secteur coopératif. Elle étudie les principes

éthiques qui garantissent une prise en compte équilibrée des besoins, une distribution

équitable et la pérennité des ressources, grâce au partenariat et à la participation. La

gouvernance se distingue du gouvernement en ceci qu’elle constitue un cadre temporaire

permettant de réunir des acteurs publics, privés et associatifs, qui coopèrent pour définir des

objectifs communs concrets et qui coordonnent leurs ressources pour réaliser ces objectifs de

façon rationnelle et fonctionnelle (cf. le cours sur la gouvernance territoriale de Blanca

MIEDES).

Enfin, l’intelligence territoriale conçoit et réalise des outils appliqués pour, avec et

par les acteurs territoriaux qui aspirent à développer leurs territoires dans le respect des

principes du développement durable et de la gouvernance démocratique. Elle adapte et

transfère des modules des outils génériques pour les rendre accessibles aux acteurs

territoriaux. Elle définit les spécifications techniques des outils. Chercheurs et acteurs co-

construisent les outils utiles pour argumenter, gérer et évaluer les projets de développement

durable des territoires (cf. le cours sur les méthodes et les outils d’intelligence territoriale, et

le cours sur les outils et la communauté Catalyse de Cyril MASSELOT

Les Réseaux

Cette partie présente les réseaux dans lesquels s’effectue aujourd’hui les recherches

en intelligence territoriale. Elle permettra notamment d’indiquer les références de ces

recherches et de détailler les résultats de l’action de coordination du Réseau Européen

d’Intelligence Territoriale, la caENTI.

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La dissémination de la méthode Catalyse, à partir de 1989, dans une quarantaine de

territoires du centre, du sud et de l’est de l'Europe, posé les fondements empiriques de

l’intelligence territoriale en 1998.

Catalyse Community

Dès sa conception en 1989, la méthode d’observation communautaire Catalyse a

été une méthode scientifique respectueuse du développement durable, de la participation des

personnes et du partenariat des acteurs. Elle proposait aux acteurs territoriaux des outils

adaptés aux usages, économiques et simples à utiliser.

En se diffusant en Europe, elle a tissé les liens entre les acteurs et les chercheurs

qui collaboraient à la réalisation de diagnostics de territoire, d’évaluation de projets locaux et

d’observation territoriale dans le cadre de programmes transnationaux soutenus par des fonds

européens (Equal, Leader, Interreg …)

Figure 1 : Le réseaux des observatoires Catalyse

Le réseau des observatoires Catalyse qui compte aujourd’hui plus de 80 références,

forme à présent le noyau de la communauté Catalyse, « Catalyse community » permettra de

télécharger des versions actualisées des outils depuis le portail de l’intelligence territoriale

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http://www.territorial-intelligence.eu/catalyse. On peut également y accéder à une aide en

ligne et à des protocoles de traitement en anglais, en cours de traduction en français.

TIC et Territoires

Principalement animé par le laboratoire I3m (Information, Milieu, Média,

Médiation http://i3m-univ-tln.fr ) en Sciences de l’Information & de la Communication, de

l’Université du Sud Toulon et de l’Université de Nice Sophia-Antipolis, le réseau Tic &

Territoire a organisé un colloque annuel de 2002 à 2007. Les communications ont

régulièrement été publiées sur la revue en ligne ISDM, « Informations, savoirs, Décisions &

Médiations », Revue permanente en ligne des utilisateurs des Technologies de l'Information

et de la Communication http://isdm.univ-tln.fr/isdm.html

REIT - Réseau Européen d’Intelligence Territoriale

Le réseau REIT s’est d’abord développé pour organiser des séminaires

transnationaux afin de développer les échanges d’expérience, d’organiser la formation

méthodologique et de partager les coûts de développement des outils. Il a été officiellement

constitué en 2002 pour développer des activités de recherche en intelligence territoriale

concernant le développement des connaissances multidisciplinaires sur les dynamiques des

territoires, la diffusion des méthodes scientifiques multicritères et des outils génériques

d’analyse spatiale, ainsi que les modes de gouvernance appropriés au développement durable.

Le réseau REIT a organisé trois colloques à BESANÇON (2003), PECS (Hongrie,

2004) et LIEGE (Belgique, 2005) dont les communications sont à présent en ligne sur le

portail de l’intelligence territoriale http://www.territorial-intelligence.eu avec certains

séminaires du REIT.

CaENTI – Réseau Européen d’Intelligence Territoriale

De mars 2006 à février 2009, la caENTI a engagé la constitution d’un laboratoire

virtuel rassemblant huit universités et sept acteurs, rassemblant près de 220 chercheurs

appartenant à sept pays européens (Belgique, France, Espagne, Italie, Hongrie, Roumanie,

Slovénie) plus Taïwan. Ce projet a été soutenue par le 6 programme-cadre de recherche et de

développement technologique « Intégrer et Renforcer l'Espace Européen de la Recherche »

de l'Union Européenne, dans la priorité thématique 7 « Citoyens et gouvernance dans une

société de la connaissance ».

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Figure 2 : Le consortium caENTI

L’objectif général de la caENTI était d’intégrer des projets actuels de recherche sur

les outils de l’intelligence territoriale afin de leur donner une dimension européenne.

La pertinence de cet objectif s’appuyait sur le fait que, depuis les années 80,

l'Union européenne avait introduit la gestion de projet, la pratique de l'évaluation, les critères

de partenariat et de participation dans ses appels à projet. Les instruments scientifiques

adaptés à ces principes étaient disponibles pour les experts, mais les acteurs territoriaux

bénéficiaient rarement d'outils simples et économiques pour élaborer, gérer, observer et

évaluer leurs projets.

La caENTI a montré l’utilité de l’analyse comparative, à l’échelle européenne et

mondiale, des approches interculturelles et des représentations du territoire. Elle a initié une

réflexion sur l’ontologie du concept de territoire31 qui a constitué un thème constant de la

conférence internationale annuelle d’intelligence territoriale. Elle a engagé avec le réseau

latino-américain « territorios posibles » l’enquête « Qu’entendez vous par territoire ? »32

31 Animée par Philippe DUMAS, au cours des trois dernières conférences internationale d’intelligence territoriale 32 Initiée par Horacio BOZZANO, et poursuivie avec Alexandre MOINE et Philippe SIGNORET comme action du futur portail international « territoriesnet.org »

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auprès de scientifiques de toutes les disciplines et d’acteurs de secteurs divers à l’échelle

internationale.

La caENTI a inventorié les méthodes et les outils scientifiques utilisés pour

l’analyse des dynamiques territoriales et de l’information et de l’information territoriale. Elle

a entrepris une étude sur dans la diffusion des méthodes statistiques exploratoires,

inférentielles et multicritères, de l’analyse et de la modélisation spatiale, des systèmes

d’information géographiques et de l’observation territoriale et au sein des sciences humaines

et sociales.33

Un inventaire des équipes de recherche sur le territoire en Europe (420)34 précise

leurs thématiques, leurs approches et les méthodes qu’elles utilisent. Cette base est en cours

d’extension et d’analyse35.

La caENTI a progressivement montré que les informations, les systèmes

d’information, sont plus importants que les méthodes et les outils. La réflexion sur les

informations disponibles à l’échelle européenne36 37 a cependant établi, avec la réalisation

d’un webmapping d’échelle européenne38, l’absence d’homogénéité, la diversité des

références spatiale et le défaut d’actualisation des indicateurs territoriaux disponibles.

Ce sont généralement des indicateurs économiques non adaptés au développement

durable, faute d’indicateurs sociaux et environnementaux. Généralement publiés au niveau de

la commune, les indicateurs disponibles ne sont pas accessibles aux acteurs territoriaux qui

œuvrent généralement sur des territoires d’échelle infra communale qui chevauchent

fréquemment plusieurs communes.

La caENTI a recherché les meilleures pratiques dans la production scientifique qui

inspirent la gouvernance territoriale en respectant le développement durable. Elle a proposé

une “Lettre de qualité européenne” qui précise les principes éthiques, standards et protocoles

doivent être respectés par la recherche action et par les outils d’intelligence territoriale dans

une optique de développement durable39. Un outil d’évaluation destiné aux partenariats de

33 ORMAUX, MOINE et DE SEDE-MARCEAU, 2008 34 MOLLO, 2009. 35 Le réseau territorios posibles et le laboratoire MIT de l’Université du Québec en Outaouais a engagé l’extension internationale de cette base de données, autre action du projet « territoriesnet.org ». 36 DEVILLET et BREUER, 2009 37 FILO, 2009 38 DEVILLET, OSTIR, PEHANI et LANDRE, 2009 39 MIEDES, 2007

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développements l’accompagne. Un annuaire Internet des projets d’intelligence territoriale a

été conçu sur cette base40 41.

Elle a approfondi la réflexion sur l’usage des technologies de l’information et de la

communication, qui sont indispensable pour partager et de diffuser les informations utiles à la

réalisation de diagnostics territoriaux, à l’évaluation des actions et à l’observation territoriale,

au service de projets de développement durable. Cette investigation a notamment porté sur le

respect de la vie privée et sur l'accessibilité des informations et des technologies à l’ensemble

des acteurs et de la communauté territoriale, sans nuire à la qualité de l’information42.

Inversement, une étude a porté plus spécifiquement sur les méthodes participatives43.

La caENTI a modélisé et harmonisé les outils Catalyse à partir de l'expérience des

acteurs en s'assurant de la conformité des indicateurs aux standards européens44 45 46. Les

spécifications méthodologiques et informatiques utiles à une actualisation des outils ont été

définies47 48. Le développement informatique de nouvelles versions multiplateformes et

multilingues a été engagé ; ainsi que des versions en ligne qui pilotent une base de données

unique et qui autorise le traitement en temps réel49.

Plusieurs expérimentations ont été engagées en Espagne50 51 52 53, en Belgique54 55 56 et en France 57 58 59 60 61 pour approfondir le choix des indicateurs, leur formulation et leur

définition et pour décrire le protocole de traitement de chaque indicateur62.

40 SANCHEZ et GIRARDOT, 2009 41 MIEDES, 2009 42 AMIOTTE-SUCHET, 2009 43 SACCHERI et SCHMITZ, 2009 44 SANCHEZ et GIRARDOT, 2007 45 SANCHEZ, GIRARDOT et MASSELOT, 2007 46 GIRARDOT et CHEN, 2006 47 GIRARDOT, 2006 48 GIRARDOT et MASSELOT, 2006 49 DAMY, HERRMANN, MASSELOT, BENILAN, THOMAS et RAMAGE, 2009 50 FERNANDEZ QUINTANILLA, MAHIA, GIRARDOT et MASSELOT, 2007 51 FERNÁNDEZ QUINTANILLA, MAHIA et MIEDES, 2008 52 FERNÁNDEZ QUINTANILLA, 2009 53 FRANCO LIGENFERT, 2009 54 CHARLIER, DEVILLET, BRUNETTI, CUSUMANO, DELVOYE, DOYEN et URBANO, 2008 55 RULOT et DELVOYE, 2009 56 MEIRE, DELVOYE et DE NOOSE, 2009 57 PERETZ, 2009 58 BACCON, 2009 59 RIGOLI, 2009 60 ALPE, FAUGUET et TRUDA, 2009 61 CAILLE-CATTIN, HAMMAD, POIREY et THOMAS, 2009 62 MAHE, 2009

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L’espace « Catalyse community » facilite à présent l’accès des chercheurs et des

acteurs territoriaux aux outils d’intelligence territoriale, à une aide en ligne et à des

protocoles de traitement.

L’analyse et la modélisation de l’intégration de ces outils au sein de systèmes

d’informations territoriales a débuté63 64 65. Conçus à partir des besoins des acteurs et de la

communauté territoriale, ils ont été nommés « systèmes communautaires d’intelligence

territoriale »66.

ENTI – European Network of Territorial Intelligence

La caENTI a précisé les domaines de l’intelligence territoriale et clarifié son

ambition afin de proposer une définition qui fonde la spécificité du champ et de axes de

recherche de ENTI.

La caENTI a permis de préciser les domaines de l’intelligence territoriale, ainsi

que la conjonction de crises qui démontrent l’urgence d’une coordination des dimensions

économiques, sociales et environnementales du développement durable.

C’est un enjeu du réseau ENTI, qui a su attirer de nouveaux partenaires, et qui

intéresse à présent d’autres territoires en Asie, en Afrique, en Amérique latine et au Québec,

comme l’atteste la création récente du laboratoire TAG “Territoires, Acteurs, Gouvernances”

à l’Université de La Plata (Argentine), qui coordonne le réseau “territorios posibles” à

l’échelle du Mercosur67, et du laboratoire “Modélisation et Intelligence Territoriale” à

l’Université du Québec en Outaouais68.

ENTI est à présent une structure informelle ouverte à tous ceux qui adhère à la

définition de l’intelligence territoriale « science dont l’objet est le développement durable des

territoires et la sujat est la communauté territoriale » et à la définition de ces domaines de

recherche et qui souhaitent contribuer à son programme de recherche autour de trois axes et

de trois thèmes transversaux.

Les trois axes, définis par le board of ENTI dans le continuité de la caENTI sont :

63 GIRARDOT, 2007 64 GIRARDOT, SANCHEZ et ASENSIO, 2007 65 DAMY et HERRMANN, 2009 66 GIRARDOT et MASSELOT, 2009 67 BOZZANO, 2009 68 GAGNON, 2009

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[Territory] Les territoires comme lieux, et l'intelligence territoriale comme moyen

d'une transition socio-écologique caractérisée par la combinaison des objectifs économiques,

sociaux, environnementaux et culturels du développement durable.

[Indicators] La définition d'indicateurs du développement durable tenant compte de

la diversité de ses objectifs, l'accessibilité des ces indicateurs à tous les acteurs des

territoires, les méthodes scientifiques d'analyse multi-critères et d'analyse spatiale, les outils

d'analyse des indicateurs pour, avec et par les acteurs.

[Governance] La gouvernance territoriale du développement durable.

Les trois thèmes transversaux sont:

[Vulnerability] Vulnérabilité des territoires et populations vulnérables.

[Culture] La culture comme quatrième pilier du développement durable des

territoires.

[Gender] Parité des genre et développement durable des territoire.

ENTI organise deux conférences en 2010. Le conférence d’Intelligence Territoriale

du Grand-Ouest aura lieu du 23 au 26 mars 2010, à Nantes et Rennes sur le thème

« Transition socio-écologique et prospective socio-écologique ». La seconde du 17 au 19

novemebre sur le thème « Innovation écologique et sociale dans la transition socio-

écologique » à Strasbourg.

ENTI a déposé deux projets : un projet de recherche européen job-LIFE et un

projet international GdRIit.

Job-LIFE - « Future jobs for a better life »

« Future jobs, better life », job-LIFE, est un «projet intégrateur de large envergure»

dont l’objet est «la création et l’adaptation des emplois en Europe dans le contexte d'une

transition socio-écologique» dans le contexte de la « combinaison des objectifs écologiques,

sociaux et environnementaux du développement durable ».

job-LIFE rassemble un consortium de 39 participants, géré par le CNRS (France),

pendant 4 ans.Il s'agit d'un laboratoire virtuel de 23 centres de recherche et 13 acteurs

territoriaux représentant pr ès de 350 chercheurs qui contribueront à la diffusion des résultats

des recherches et pratiques innovantes. 36 participants de 11 pays européens, vont coopérer

avec trois équipes de recherche non européennes.

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L'objectif de job-LIFE est d'établir une prospective pour les emplois en Europe à

un niveau territorial en 2025, dans le cadre de la transition socio-écologiques, avec de

nouvelle trajectoires de développement, caractérisées par la combinaison des objectifs

économiques, sociaux, écologiques et culturels du développement durable pour une

meilleure qualité de vie.

Le projet organise dix « work packages » selon trois axes de recherche:

L’axe «Travail, territoires et qualité de vie dans la combinaison des objectifs du

développement durable» vise à établir une analyse prospective des mutations du travail dans

une approche comparative globale du développement des territoires européens.

L’axe "Systèmes d'emploi territoriaux, innovation et gouvernance pour la création

et l'adaptation de l'emploi dans la transition socio-écologique» se concentrera sur

l'identification des tendances territoriales de création et d'adaptation des emplois. Elle portera

sur les expériences positives d'innovation sociale et écologique et discutera de la gouvernance

territoriale favorable à l’innovation.

L’axe «Communication, culture, l'éducation et diffusion pour de nouvelles

trajectoires de développement" interrogera le processus d'information et de communication

pour la co-construction de nouveaux modèles sociaux et culturels de développement. Il

analysera les pratiques éducatives et de formation pour et par le développement durable. Un

point de vue éthique sur le développement durable sera élaboré pour imaginer de nouvelles

cultures de l'activité humaine.

Cet axe diffusera également les résultats du projet job-LIFE.

GdRIit – Groupe de Recherche International en Intelligence Territoriale

L'objectif du GdRIit est d'intégrer les équipes de recherche-action en intelligence

territoriale à l'échelle mondiale afin de constituer un laboratoire virtuel liant des centres

territoriaux de recherche-action, pluridisciplinaires et associant des partenariats

multisectoriels de développement durable, autour d'un programme de recherche international

concerté sur le thème de l'observation territoriale.

Ce projet sera déposé auprès du CNRS et des organismes nationaux compétents

des partenaires (France, Espagne, Belgique, Italie, Hongrie, Roumanie, Mercosur, Canada

…)

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La bibliographie suivante présente de nombreux ouvrages et lien de téléchargement qui

représentent une documentation de plusieurs milliers de pages qui vous permet d’approfondir

le concept d’intelligence territoriale et les concepts voisins.

Bibliographie

ALPE Y., FAUGUET J.-L., TRUDA G., 2009. Report on feasibility of a European Observatory of the Rural Schools, deliverable 61 of caENTI, project funded under FP6 research program of the European Union. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/caenti/deliverable61>

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AMIOTTE-SUCHET L., 2009. Possibilities of ICT and tool limits relative to sustainable development, participation and partnership (Catalogue of technological tools). In International Conference of Territorial Intelligence, Besançon 2008. Papers on Tools and methods of Territorial Intelligence, MSHE, Besançon, 2009. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/besancon08/Amiotte-Suchet>

BACCON M.-P., 2009. Quality step and sustainable development in "les Jardins de Cocagne". In International Conference of Territorial Intelligence, Besançon 2008. Papers on Tools and methods of Territorial Intelligence, MSHE, Besançon, 2009. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/besancon08/Baccon>

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BOZZANO H., 2009. Territorial "entendimiento" (understanding), participative process and territorial development: experiences in Latin America. The network www.territoriosposibles.org as part of www.territoriesnet.org. In International Conference of Territorial Intelligence, Besançon 2008. Papers on Tools and methods of Territorial Intelligence, MSHE, Besançon, 2009. <URL : http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/besancon08/Bozzano2

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CHARLIER J., DEVILLET G., BRUNETTI E., CUSUMANO C., DELVOYE J.-M., DOYEN P., URBAN A., 2008. To a TI Community System: Shared Diagnostic and Territorial Animation of a Seraing’s area (Belgium). In International Conference of Territorial Intelligence, Huelva 2007. Papers on territorial intelligence and governance, participative action-research and territorial development, Observatorio Local de Empleo, Huelva, 2008, p. 599-610. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/huelva07/Charlier>

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GIRARDOT J.-J., MASSELOT C., 2006. Conceptual and methodological specifications for a Territorial Information Community System, including technical specifications for integration of “PRAGMA” with the software of qualitative data analysis “ANACONDA”, deliverable 55 of caENTI, project funded under FP6 research program of the European Union, 24 pages. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/caenti/deliverable55>

GIRARDOT J.-J., 2006. Specifications for the software “PRAGMA” of quantitative collection and treatment software, deliverable 54 of caENTI, project funded under FP6 research program of the European Union, 53 pages. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/caenti/deliverable54>

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Intelligence, Besançon 2008. Papers on Tools and methods of Territorial Intelligence, MSHE, Besançon, 2009. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/besancon08/Pascaru>

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PORTER M., 1980. Competitive-Strategy: Techniques for Analyzing Industries and Competitors

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SACCHERI T., SCHMITZ S., 2009. Participatory definition of social needs and solution strategies in vulnerable territories (catalogue of participatory research-action methodologies). In International Conference of Territorial Intelligence, Besançon 2008. Papers on Tools and methods of Territorial Intelligence, MSHE, Besançon, 2009. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/besancon08/Saccheri>

SANCHEZ LOPEZ C., GIRARDOT J.-J., 2009. Uses of the territorial intelligence tools within the developement partnerships. The European repertory of territorial intelligence projects. In International Conference of Territorial Intelligence, Besançon 2008. Papers on Tools and methods of Territorial Intelligence, MSHE, Besançon, 2009. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/besancon08/Sanchez>

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SANCHEZ LOPEZ C., GIRARDOT J.-J., MASSELOT C., 2007. European contents specifications of an on line territorial repertory of services, deliverable 52 of caENTI, project funded under FP6 research program of the European Union, 31 pages. <URL: http://www.territorial-intelligence.eu/index.php/caenti/deliverable52>

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TSAY R-M., SHIANG J., 2005. Governance and industrial change in the context of globalisation. In : 3e colloque international du Réseau Européen d'Intelligence Territoriale, LIÈGE (Belgique), 20-21 octobre 2005, 7 p. <URL: http://mti.univ-fcomte.fr/reit>

VERTOLA R., 2005. in « Enjeux de mots : regards multiculturels sur les sociétés de l’information », ouvrage coordonné par AMBROSI, Valérie PEUGEOT et Daniel PINIENTA, C & F editions.

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CoursIII. Laméthodeetlesoutilsd'intelligenceterritorialeCatalyse

(J.-J. GIRARDOT)

La méthode et les outils Catalyse sont des outils de base pour l’intelligence

territoriale qui sont particulièrement accessibles pour les acteurs qui souhaitent engager une

action de développement durable à l’échelle d’un territoire. On peut bien sûr remplacer les

outils Catalyse par d’autres outils, mais que la méthode reste une référence en intelligence

territoriale, dont nous nous efforcerons ici de commenter les principes, les objectifs, ainsi et

les spécifications méthodologique. Ce cours est plutôt axé sur la méthode, le cours de C.

MASSELOT, traitera les spécifications techniques et les usages des outils d’intelligence

territoriale.

Catalyse a été développée à la demande d'acteurs organisés en partenariats dans

des territoires en crise. Ces acteurs souhaitaient comprendre la complexité et la diversité des

situations et des besoins des personnes qu'ils avaient en charge, car les services traditionnels

ne parvenaient plus à répondre aux besoins de ces personnes. Ils souhaitaient également agir

ensemble à l’échelle territoriale en vue d’améliorer le bien être des personnes dans le cadre

d’actions de développement durable.

La méthode Catalyse a été conçue pour et avec les acteurs de l' « action concertée »

Mosaïque de 1989 à 1993 en Franche-Comté dans le cadre du troisième programme européen

de lutte contre la pauvreté, puis du programme d'insertion socio-économique « Horizon ».

Elle s'est diffusée à partir de 1994 dans une trentaine de territoires à la demande de

partenariats d'acteurs dans des territoires frappés par la récession industrielle, et dans des

territoires vulnérables du sud et de l’est de l’Europe précédemment gouvernés par des états

autoritaires. A Seraing (Belgique), ancien fleuron de l’industrie, à Huelva en Andalousie

(Espagne), dans la région d’Ormanság (Hongrie) ou d’Alba Iulia (Roumanie), etc. (cf. figure

1 : Le réseaux des observatoires Catalyse) Tous ces territoires présentaient une situation

fortement dégradée au niveau social et environnemental : taux de chômage dépassant 30%

dans certaines zones, pas d’emploi pour les jeunes et les immigrés, précarité et exclusion

socio-économique, état de santé affaibli par les conditions de travail et par l’environnement,

nombreux logements vétustes et hébergements de fortune, personnes sans protection sociale,

sans logement, environnement insalubre …

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Principes méthodologiques

Depuis son origine, la méthode Catalyse se réfère à trois concepts qui sont devenus

les concept de références de l’intelligence territoriale : le développement durable, le territoire

et l’information. La méthode Catalyse a également toujours fondé son origine son originalité

sur le respect des principes éthiques du développement.

Du développement durable, Catalyse tire trois principes :

1. Les besoins des personnes, et non les compétences des acteurs, constituent

l’objet prioritaire d’un diagnostic ou d’une évaluation et le niveau de base de

l’observation. Les résultats en terme de satisfaction des besoins exprimée par

les personnes constitue la référence avant les moyens consommés par les

acteurs pour obtenir ces résultats.

2. La participation des personnes, et non seulement des acteurs, dans

l’élaboration, la gestion et l’évaluation des actions. Les actions proposées par

les acteurs publics, privés ou associatifs pour satisfaire ces besoins, sont

considérés, autant que faire se peut, comme des services et non comme des

aides ou de l’assistance.

3. L’approche globale, multidimensionnelle et multisectorielle, et donc son

corollaire : le partenariat.

Catalyse a toujours considéré le territoire, système résultant de l’interaction entre

un espace géographique et une communauté, comme l’environnement dans lequel s’inscrit un

projet et dans lequel ce dernier doit être observé si on veut en comprendre sa pertinence et

son impact.

Catalyse a considéré d’emblée l’information comme le nouveau vecteur du

développement après l’agriculture et l’industrie. Nous n’ignorons pas toutefois que

l’informatisation de la société a fortement aggravé l’état endémique de crise économique et

sociale enclenchée par la crise énergétique depuis 1973. Les outils Catalyse utilisent

largement les technologies de l’information et de la communication pour organiser le partage

des information et pour favoriser le travail collectif en dépit des distances. Catalyse utilise

également les méthodes statistiques multicritères, l’analyse spatiale, la gestion par projet et

l’évaluation. Nous connaissons également les risques que présente l’usage des technologies

de l’information à l’encontre des libertés individuelles. Le partenariat et la participation sont

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les principes éthiques qui encadrent l’usage des technologies de l’information et de la

communication, outils d’analyse multicritère et spatiale compris, dans les projets qui

s’affirment de développement durable.

Notons que les principes de Catalyse sont cohérents avec les orientations de

l’Union Européenne. Les programmes européens ont introduit depuis les années 80 l'exigence

de la gestion par projet et de l'évaluation dans tous les appels à projets; ainsi que les critères

de participation, d'approche globale et de partenariat. En 2000, le sommet de Lisbonne a

placé la société de la connaissance et le développement durable en tête des orientations de

l'Union Européenne : 1) être l’économie de la connaissance la plus compétitive ; 2) Être

capable d’une croissance durable et 3) améliorer la cohésion sociale. Le conseil européen de

Göteborg a ajouté en 2001 la dimension environnementale aux orientations économiques et

sociales du processus de Lisbonne.

Méthode

Figure 3 : Schéma général de la méthode Catalyse

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La méthode Catalyse permet aux partenariats d’acteurs de répondre à trois

questions et de confronter les résultats pour définir des actions de développement durable.

1. Quels sont les besoins des personnes ?

2. Les ressources, produits et services individuels ou collectifs, privés ou publics -

disponibles sur le territoire peuvent-elles satisfaire ces besoins ?

3. Quelles sont les potentialités et les vulnérabilités du territoire qui conditionnent

les besoins des personnes et qui favorisent, ou qui freinent, une meilleure adaptation des

ressources aux besoins ?

Pour répondre à ces questions Catalyse propose trois outils d’intelliegence

territoriale :

- Un diagnostic quantitatif et qualitatif, pour définir et mesurer les principaux

profils de besoins des personnes.

- Un répertoire de ressources disponibles sur le territoire pour les confronter aux

profils de besoins en afin d'améliorer la pertinence des services et d'évaluer leur efficience.

- Des systèmes d’indicateurs territoriaux utiles pour estimer l'impact des activités

des services au niveau du territoire et de la communauté territoriale.

Ces outils mettent en œuvre plusieurs outils d’analyse des données :

Le guide de diagnostic et d'évaluation recueille les données individuelles selon une

approche multisectorielle : emploi, logement, santé, social, autonomie … Il débouche sur un

projet individuel sous forme d'activités à réaliser. Il est structuré sous la forme d’un

questionnaire remplit conjointement par un (éventuellement plusieurs) acteur(s) et la

personne, pour faciliter le stockage des informations dans des bases de données, puis leur

traitement automatisé à l’aide de logiciels statistiques, d’analyse multicritère, de cartographie

et d’analyse spatiale.

Le logiciel epragma enregistre les réponses en ligne et les stocke dans une base de

données unique. Les données peuvent être regroupées en temps réel pour établir des tableaux

de bord quantitatifs par action, par service et au niveau du territoire.

Anaconda, logiciel d'analyse multicritère établit une typologie des personnes à

l'échelle du territoire. Cette typologie met en valeur les principaux profils de besoins qui

appellent des réponses appropriées.

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Le guide sert ensuite pour évaluer les parcours individuels, les services et les

dispositifs territoriaux en confrontant activités prévues aux actions réalisées en fonction de la

satisfaction des besoins des personnes.

Le répertoire de services est une base de données qui peut être actualisée en

Intranet et consultée sur Internet. Il inventorie les services aux personnes et les services à la

communauté accessibles aux habitants du territoire. Chaque service est décrit grâce à un

formulaire : coordonnées, secteur d'activité, activités, publics accueillis, capacités.

Outil quotidien de consultation et de gestion des services, le répertoire permet

également la comparaison avec les données individuelles du guide afin d'apprécier

l'adaptation des services aux besoins exprimés, au niveau d'un projet ou du territoire. Cette

comparaison se fonde également sur des tableaux de bord et sur des typologies de service.

Le système d'indicateurs territoriaux intègre une sélection d'informations à

caractère socio-économique décrivant le territoire et la communauté territoriale.

Alors que les données du guide et du répertoire, sont directement collectées par le

partenariat auprès des personnes et des services, les indicateurs sont constitués et fournis par

les services statistiques d'institutions spécialisées. Certains indicateurs sont directement

accessibles sur Internet. Ils doivent être compatibles avec les données du guide et du

répertoire afin d’autoriser les confrontations.

Le système d'indicateurs territoriaux permet d'éditer en ligne des cartes

d'indicateurs territoriaux (web mapping). Il cartographie aussi les besoins et les services et

permet d'analyser leur répartition spatiale.

Spécifications méthodologiques des outils.

La caENTI a permis de rédiger les spécifications méthodologiques des outils

d’intelligence territoriale en partant des diverses expériences Catalyse en Europe.

Les outils informationnels (guide, répertoire et indicateurs) et les logiciels

d’analyse des données (pragma, anaconda, cartographie) ont été harmonisés en confrontant

les outils utilisés sur les différents sites et en dégageant les contenus communs. Les résultats

ont été confrontés avec les standards européens lorsqu’ils existaient.

La caENTI a intégré les différents outils élaborés par les différents observatoires

européens Catalyse participants à la caENTI. Comme ce sont les acteurs qui sélectionnent les

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informations et les indicateurs qui leur seront utiles, les outils variaient d’un observatoire à

l’autre. La caENTI a identifié les données locales que tous les acteurs utilisaient

indépendamment des différents contextes, puis elle les a harmonisé avec les indicateurs

contextuels publiés par Eurostat ou, à défaut, par les instituts nationaux.

Ainsi elle a repéré les données locales qui pouvaient être confrontées avec des

indicateurs territoriaux Eurostat dans le guide utilisé pour définir les besoins des personnes et

dans le descriptif des services. A défaut, elle a étudié les possibilités de comparaison avec les

données publiées par des instituts nationaux.

Figure 4 : Harmonisation des outils Catalyse à l’échelle européenne (caENTI 2007)

L’harmonisation des outils a été également permis d’améliorer les confrontations

entre les trois outils : guide, répertoire et indicateurs territoriaux.

Il s’agissait également d’améliorer les confrontation entre les données locales, qui

concernent la définition des besoins des personnes et la description des services avec les

données externes fournies par des services statistiques spécialisés. Ces données sont

collectées à l’aide de guides pour les données personnelles et de formulaires pour les

services.

Le guide a été précédemment découpé en trois parties :

- La partie « acceuil-orientation » (reception-orientation dans la figure suivante

en anglais) rassemble en une page des questions objectives, présentant peu

d’ambiguïté, qui peuvent être renseignées au cours d’un premier entretien.

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- La partie « projet » (project) est une partie de diagnostic qui se termine par le

« projet » exprimé par la personne sous la forme de services consommables au

cours d’une période d’une année, les « services proposés » (necessary

services). Elle est remplie par un acteur, ou par le référent d’un réseau

d’accompagnement, ou par la personne, avec l’accord de cette dernière.

- La partie « évaluation » permet d’abord de voir périodiquement les « activités

réalisées » (made services) qui peuvent être périodiquement comparées aux

activités prévues, pour évaluer l’efficience du projet. Cette partie contient

également des questions permettant de recueillir des informations objectives

sur l’évolution de la situation de la personne ainsi que son sentiment subjectif

sur cette évolution.

Figure 5 : Intégration des outils

La figure précédente illustre la comparaison entre les données individuelles du

guide au centre, les données sur les services du répertoire (repertory form) à droite et le

système d’indicateurs territoriaux (territorial indicators) à gauche. Au sein du guide,

l’identification des services nécessaires (necessary services) au terme de l’élaboration du

projet individuel (au cours d’entretiens avec le référent qui accompagne la personne) prépare

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la comparaison avec les services réalisés (made services) qui sera opérée plus tard, au

moment de l’évaluation individuelle.

Les guides individuels sont agrégés par services, puis au niveau territorial, pour

évaluer l’efficience des services, puis du projet. L’homogénéité des listes de services du

guide avec les services (existing services) du répertoire permet l’analyse de la bonne

adéquation des services existants aux services nécessaires et réalisés, au niveau des servies

puis au plan territorial.

Au niveau des indicateurs territoriaux Catalyse confronte des données locales -

définies, collectées et analysées au sein des partenariats d’acteurs, avec les indicateurs

contextuels fournis par des instituts statistiques spécialisés.

Aussi, les données individuelles du guide doivent être compatibles avec les

indicateurs territoriaux contenus dans les systèmes d’indicateurs territoriaux, soit pour

confronter le données individuelles agréées au niveau d’un territoire avec les indicateurs

contextuels provenant des institutions statistiques, soit pour compléter ces indicateurs

contextuels avec des indicateurs locaux, constitués à partir de données collectées (à l’aide du

guide ou des répertoires de services).

Les observatoires Catalyse développent des indicateurs territoriaux à partir des

données qu’ils collectent, dans des territoires et/ou dans des secteurs (santé par exemple),

pour lesquels les instituts spécialisés ne publient pas d’indicateurs.

Ainsi Catalyse permet d’évaluer distinctement l’efficience d’un projet et son

impact à partir de la satisfaction des besoins individuels. L’agrégation peut se poursuivre au

niveau d’un programme et d’une politique sans confusion entre l’efficience, le fait de réaliser

l’objectif du projet pour un groupe cible à un coût raisonnable, et l’impact du projet sur le

territoire et sur la communauté territoriale.

Les logiciels d’analyse des données ont également fait l’objet d’une harmonisation

concrétisée par des spécifications méthodologiques favorisant une meilleure accessibilité et

une robustesse accrue. Ces spécifications ont permis d’engager le développement de versions

multilingues, cross-platform (qui fonctionnent sur tous les types d’ordinateurs et sur tous les

systèmes d’exploitation), et de versions en ligne dont la mise en œuvre suppose un simple

navigateurs. Ces versions sont disponibles en ligne sur Catalyse community :

http://www.intelligence-territoriale.eu/catalyse/

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Les figures suivantes montre le projet epragma en ligne et le prototype de la

version multiplateforme de Anaconda.

Figure 6 : Nouvelle version de Pragma en ligne

Figure 7 : Nouvelle version du logiciel Anaconda d’analyse qualitative des données.

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Un prototype de SiT a été réalisé à l’échelle européenne. Les observatoires

Catalyse stockent les indicateurs territoriaux dans un système d’indicateurs territoriaux SiT,

architecturés comme des SIG, pour les confronter aux données collectées auprès des

personnes et des services. Ces SiT ne sont pas des SIG, ils utilisent des outils gratuits et ils

sont accessibles sur Internet pour effectuer de la cartographie interactive en ligne (web

mapping).

Figure 8 : prototype de webmapping européen d’indicateus territoriaux.

La gestion participative de Catalyse au sein des partenariats multisectoriels

Les acteurs de Catalyse forme généralement des « partenariats de

développement ». Ce sont des réseaux territoriaux, temporaires, reliant des membres distants

et dispersés dans différentes organisations. Ils sont multisectoriels dans deux sens :

Ils regroupent des acteurs des secteurs public, privé et associatifs dans la logique

de la gouvernance locale.

Ils rassemblent sur un territoire des acteurs proposant des services dans divers

secteurs d'activité, conformément au développement durable.

Ils sont réunis par un projet commun pour réaliser ensemble un objectif concerté et

concret de développement durable.

La méthode Catalyse définit les principes qui permettent d’instaurer une

gouvernance participative au sein des partenariats de développement au niveau de leur

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organisation et de leur fonctionnement. Cette gouvernance se fonde sur l’intégration des

tâches d’observation, qui constituent des outils au service du partenariat dont l’objectif est

l’action.

La gouvernance participative des partenariats de développement s’intéresse ainsi

particulièrement au processus qui permet d’améliorer la compréhension des besoins des

personnes au sein d’une dynamique territoriale et qui doit déboucher sur la mise en œuvre

d’actions de développement durable de ce territoire.

La caENTI a modélisé les cette gouvernance dans le schéma suivant, qui

positionne le partenariat de développement et l’équipe de coordination qui assure le

management et la coordination du partenariat ainsi que les tâches d’observation.

Figure 9 : Gestion participative de Catalyse au sein des partenariats

Le partenariat de développement est un instrument de gouvernance locale qui

procure un cadre de coopération pour les acteurs publics et privés, spécialisés dans plusieurs

secteurs d’activité, qui souhaitent réaliser une action répondant à un objectif concerté, en

partageant leurs informations, leurs compétences et leurs ressources.

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Pour la Commission Européenne la gouvernance désigne : “ La somme des voies

et moyens à travers lesquels les individus et les institutions, publiques ou privées, gèrent leurs

affaires communes. Il s’agit d’un processus continu grâce auquel les divers intérêts en conflit

peuvent être arbitrés et une action coopérative menée à bien69”. C’est un processus interactif :

une succession d’étapes à travers lesquelles des acteurs nombreux n’ayant pas le même

intérêt et agissant à différentes échelles, mais confrontés à un même problème vont

progressivement construire une représentation commune de cette réalité, lui donner un sens,

se fixer des objectifs, adopter des solutions puis les mettre en œuvre collectivement sans que

rien - ni cette représentation, ni ces objectifs, ni ce sens, ni cette interaction ne soient

déterminés à l’avance.

Le partenariat est résolument orienté vers l’action. Le diagnostic, l’évaluation et

l’observation constituent pour lui un outil au service de l’action, utile pour évaluer la

pertinence, l’efficacité et l’impact de leur action.

Le partenariat est une association informelle, sans structure hiérarchique, constitué

entre des organismes distants et dispersés réunis volontairement pendant une durée

déterminée pour réaliser un objectif commun. Chaque participant conserve son organisation

et son autonomie de gestion.

Le partenariat est généralement animé par une équipe de coordination, qui assure

les tâches qui concernent le management du partenariat, la communication et l’observation,

éventuellement avec l’aide de partenaires.

La répétition régulière du diagnostic, l'actualisation permanente du répertoire et des

indicateurs contextuels alimentent un système d'information partagé et participatif. Elles

débouchent sur une logique d'observation qui génère le besoin de nouvelles compétences qui

sont regroupées dans une équipe de coordination souvent appelée « observatoire ». Ces

compétences concernent la gestion informatique des réseaux et des bases de données,

l’analyse quantitative et qualitative des données, l’analyse spatiale, la documentation, la

communication interne et externe (site, newsletter, blog, journal interne, relations avec la

presse) et l’aide au montage de projet.

L’équipe de coordination peut être hébergée par l’un des partenaires ou par une

structure juridique constituée par l’ensemble des partenaires, comme une association ou un

69 Christophe BAIL, 1996.

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consortium. Elle est intégrée au sein d’une structure hiérarchique, sous le contrôle d’un

conseil d’administration, alors qu’elle coordonne le partenariat de façon transversale.

L'université constitue un partenaire de proximité important qui apporte aux

partenariats et à leurs observatoires de nombreux services en matière de recherche :

- Connaissance approfondie du territoire, de ses dynamiques et des indicateurs ;

- Prestations scientifiques hautement spécialisées ;

- Apport et transfert de compétences scientifiques et techniques dans les domaines

qui manquent souvent le plus dans les partenariats comme l’informatique, l’analyse

statistique et spatiale, etc.

- Partage des équipements coûteux : serveurs spécialisés, SIG à un coût accessible

pour les acteurs sociaux, environnementaux et culturels ;

- Transfert d’outils pour, avec et par les acteurs.

Les activités du partenariat constituent des débouchés pour les étudiants qui sortent

de formations supérieures, en particulier les activités de la coordination. Nous avons observé

que des acteurs reprennent leurs études et valident des diplômes pour progresser au sein du

partenariat. Des équipes de recherche et des chercheurs rejoignent également le partenariat

dans le cadre de la recherche-action.

Au cours de la dissémination de la méthode Catalyse, les universités voisines ont

toujours été associées aux partenariats, pour apporter le conseil, la formation et

l’accompagnement scientifiques, méthodologiques et techniques utiles à la réalisation des

diagnostics, des évaluations et des observations par les acteur. C’est la pratique ouverte qui a

permis la constitution du réseau ENTI constitué d’équipes de recherche et d’acteurs

territoriaux.

Des sociétés de service proposent également leurs services, notamment au niveau

de la maintenance informatique, de l’animation, de la communication et de

l’accompagnement méthodologique et technique. Elles constituent également des débouchés

intéressants pour les étudiants qui sortent des universités et que les universités doivent éviter

de concurrencer par une sage répartition des rôles.

Le groupe opérationnel multisectoriel réunit périodiquement l’ensemble des

acteurs du partenariat impliqués dans l’action commune. Un comité de pilotage formé de

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responsables des structures participant au partenariat et d'experts réalise le suivi et évalue le

groupe opérationnel.

Le groupe opérationnel constitue l’instance de proposition qui valide les décisions

à soumettre aux élus territoriaux ou aux instances délibératives des partenaires. C’est

l’instance décisionnelle pour les tâches qui relèvent de l’exécution de ces décisions et de la

mise en œuvre du projet.

Dans le cadre des diagnostics, de l’évaluation et de l’observation, le groupe

opérationnel définit de façon cohérente les informations utiles : guide, répertoire et

indicateurs, et les actualise périodiquement. Les partenaires peuvent collecter

individuellement les données sur Intranet, ou utiliser un panel. Ils partagent les données et

leurs informations pour l’analyse de ces données. Le groupe opérationnel valide les profils de

besoin et définit des ateliers pour approfondir leur analyse. Il supervise les analyses et valide

les interprétations et les conclusions avant leur publication sur Internet.

Les acteurs approfondissent les résultats et les interprètent au sein d'ateliers

thématiques constitués en fonctions des profils de besoins. Les ateliers confrontent les

besoins résultant du diagnostic avec le répertoire des services pour identifier les lacunes et les

inadaptations de l’offre de services. Ils comparent la distribution territoriale des besoins avec

celle des services. Ils confrontent les résultats aux indicateurs territoriaux pour exploiter les

potentialités du territoire et pour tenir compte de ses contraintes.

C’est au sein des ateliers que s’améliore la compréhension des dynamiques

territoriales, des besoins de la communauté territoriale, que s’améliore la capacité des

services à répondre à ces besoins et que s’élaborent de nouvelles actions. Toutefois, les

ateliers n'ont pas vocation a gérer des projets et des actions, sinon ils se substitueraient aux

acteurs partenaires. Ils ont pour vocation d'inciter les acteurs à faire évoluer leurs services, et

à leur permettre créer de nouveaux services, de facilité l’innovation. Ils facilitent souvent le

rapprochement d'acteurs pour créer des services communs. Les ateliers sont également un

lieu d'évaluation des actions nées en leur sein.

Les projets d'évolution, de création et de financement de projets, sont élaborés dans

des groupes projet de petite taille qui assurent chacun le « montage » opérationnel,

organisationnel et financier d’un projet. Ils sont assistés par l’équipe de coordination qui leur

fournit les informations et les compétences nécessaires.

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Une équipe d'animation constituée de membres délégués du partenariat assure la

préparation, la modération et les comptes-rendus du groupe opérationnel et des ateliers.

Les systèmes communautaires d’intelligence territoriale

La caENTI a enfin permis d’établir les spécifications de systèmes d’information

qui permettent :

- d’intégrer les logiciels d’analyse quantitative et qualitative des données et

d’analyse spatiale (en bleu dans la figure suivante)

- les protocoles de traitement afin de les automatiser ou de les guider (rouge)

- le work-flow documentaire (standardisation des documents, méta-données)

éditorial et de la collecte des données à la publication des résultats sur Internet (jaune)

- les besoins et les usages des différentes instances du partenariat et de la

communauté territoriale (orange)

Figure 10 : systèmes communautaires d’intelligence territoriale

Ces systèmes procurent une premier schéma synthétique des méthodes et des outils

de l’intelligence territoriale dans leur diversité, en montrant comment ils peuvent être mis au

service de la communauté territoriale, pour que l’information partagée, « embarquée » dans le

système, contribuent à l’intelligence collective de cette communauté.