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UNIVERSITÉ FRANÇOIS RABELAIS DE TOURS ÉCOLE DOCTORALE « Sciences de l'Homme et de la Société » [ G.E.R.C.I.E. ] THÈSE présentée par : D. Yvette-Armelle BÉAH soutenue le : 30 janvier 2015 pour obtenir le grade de : Docteur de l’université FrançoisRabelais de Tours et de l’université Félix Houphouët–Boigny d’Abidjan Discipline/ Spécialité : Sciences Economiques / Macroéconomie POLITIQUE BUDGETAIRE DANS L’UEMOA : SOUTENABILITE DE LA DETTE ET PERSPECTIVES DE FINANCEMENT THÈSE dirigée par : M. SEKA Pierre Roche Maître de Conférences Agrégé, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. M. SEMEDO Gervasio Maître de Conférences, HDR, Université François-Rabelais de Tours. RAPPORTEURS : M. EGGOH Comlan Jude Maître de Conférences, HDR, Université d’Angers. M. MINEA Alexandru Professeur des Universités, Université d’Auvergnes - Clermont Ferrand. JURY : M. EGGOH Comlan Jude Maître de Conférences, HDR, Université d’Angers. M. MAGRIS Francesco Professeur des Universités, Université François-Rabelais de Tours. M. MINEA Alexandru Professeur des Universités, Université d’Auvergnes - Clermont Ferrand. M. SEKA Pierre Roche MCA, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. M. SEMEDO Gervasio Maître de Conférences, HDR, Université François-Rabelais de Tours. M. VILLIEU Patrick Professeur des Universités, Université d’Orléans.

UNIVERSITÉ FRANÇOIS

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Page 1: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

UNIVERSITÉ FRANÇOIS – RABELAIS DE TOURS

ÉCOLE DOCTORALE « Sciences de l'Homme et de la Société »

[ G.E.R.C.I.E. ]

THÈSE présentée par :

D. Yvette-Armelle BÉAH

soutenue le : 30 janvier 2015

pour obtenir le grade de : Docteur de l’université François–Rabelais de Tours et de l’université Félix Houphouët–Boigny d’Abidjan

Discipline/ Spécialité : Sciences Economiques / Macroéconomie

POLITIQUE BUDGETAIRE DANS L’UEMOA :

SOUTENABILITE DE LA DETTE ET

PERSPECTIVES DE FINANCEMENT

THÈSE dirigée par : M. SEKA Pierre Roche Maître de Conférences Agrégé, Université Félix Houphouët-Boigny

d’Abidjan. M. SEMEDO Gervasio Maître de Conférences, HDR, Université François-Rabelais de Tours.

RAPPORTEURS : M. EGGOH Comlan Jude Maître de Conférences, HDR, Université d’Angers. M. MINEA Alexandru Professeur des Universités, Université d’Auvergnes - Clermont

Ferrand.

JURY : M. EGGOH Comlan Jude Maître de Conférences, HDR, Université d’Angers. M. MAGRIS Francesco Professeur des Universités, Université François-Rabelais de Tours. M. MINEA Alexandru Professeur des Universités, Université d’Auvergnes - Clermont

Ferrand. M. SEKA Pierre Roche MCA, Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. M. SEMEDO Gervasio Maître de Conférences, HDR, Université François-Rabelais de Tours. M. VILLIEU Patrick Professeur des Universités, Université d’Orléans.

Page 2: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

1

A

Mon regretté frère Jacques De Rogations BÉAH trop tôt disparu

Mes vénérés parents Monique MONSÉ et Jacques BÉAH

Toute ma famille.

Pour les plus jeunes, que cette thèse soit une source supplémentaire de

motivation au travail.

Page 3: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

2

Remerciements

Nos remerciements vont à l’endroit de toutes les personnes physiques et morales ayant

contribué à la réalisation de cette étude :

- Monsieur Gervasio SEMEDO, Maître de Conférence HDR, Professeur à l’Université

François-Rabelais de Tours, qui a accepté de diriger ce travail. Sa constante

disponibilité ainsi que ses orientations et suggestions témoignent de l'intérêt personnel

et sincère qu'il a porté à l’achèvement de cette thèse. Nous retiendrons de lui le profil

d’un homme rigoureux. Sincères remerciements Cher Maître !

- Monsieur Pierre-Roche SEKA, Maître de Conférences Agrégé en Sciences

Economiques, Professeur à l’UFR Sciences Economiques et de Gestion (UFR-SEG)

de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, pour n’avoir ménagé aucun effort

en tant que co-directeur de cette thèse pour son aboutissement.

- Le gouvernement ivoirien, représenté ici par la sous-Directrice des bourses hors Côte

d’Ivoire dirigée par Madame Kadidia B. COULIBALY, pour avoir entièrement

financé cette thèse, ainsi que le personnel de l’ambassade de Côte d’Ivoire en France.

- Le gouvernement Français, pour avoir accepté notre intégration et pour l’appui

financier qui nous a été accordé pendant notre formation en France.

- Les représentants des universités François-Rabelais de Tours (France) et Félix

Houphouët-Boigny d’Abidjan (Côte d’Ivoire) pour avoir accepté de collaborer dans le

cadre de notre cotutelle internationale de thèse.

- Monsieur Jean ROSSETO, en son temps Directeur du GERCIE (Groupe d’Etude et de

Recherche sur la Coopération Internationale et Européenne), pour avoir accepté et

facilité notre intégration au sein du laboratoire, ainsi que pour tous ses

encouragements.

Le climat convivial et la logistique fournie par l’UFR-SEG de l’Université Félix Houphouët-

Boigny d’Abidjan, avec à sa tête le Doyen Abdoulaye OUATTARA et ses vices, lors de notre

Page 4: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

3

stage doctoral, nous ont permis de peaufiner notre travail de thèse dans de très bonnes

conditions. Que tout le personnel administratif de l’UFR-SEG, Mme Viviane AKE

particulièrement, trouve en ce travail le fruit de sa cordiale et sincère collaboration.

Aussi, tenons-nous à remercier Monsieur Ibrahim DIARRA, Directeur du Centre Ivoirien de

Recherches Economiques et Sociales (CIRES) d’Abidjan, pour nous avoir prêté un local dans

le cadre de notre stage doctoral, ainsi que pour ses conseils et encouragements.

Nous remercions tous les membres du jury pour avoir accepté de juger ce travail, y

manifestant ainsi de leur intérêt.

Nous ne saurons passer sous silence les contributions de tous nos bienfaiteurs : La famille

AVIT, Mon oncle Lucien DOUZOUA et famille, Jean-Claude SOUGNINI ainsi que tous

ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail. Recevez ici le témoignage de ma

reconnaissance et de mon affection.

Page 5: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

4

Résumé

Nous avons voulu, au regard des effets négatifs du fardeau de la dette sur le développement des pays

de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), analyser la soutenabilité de la

politique budgétaire de cette union pour en ressortir, au-delà de la méthodologie officielle du Fonds

Monétaire International (FMI), des propositions alternatives, correctives ou complémentaires à

l'objectif de garantir la solvabilité à long terme des pays-membres et le financement de leurs déficits

budgétaires.

Pour se faire, notre méthodologie consiste, dans un premier temps, à présenter une analyse théorique et

empirique de la soutenabilité de la dette publique de l’UEMOA, pour en ressortir l’impact de

l’endettement sur les composantes essentielles de la balance des paiements. L’identité de la balance

des paiements issue de la dynamique de la dette nous sert de cadre d’étude. Dans une seconde période,

nous mesurons la soutenabilité en vue de dégager des marges de manœuvre nécessaires au

financement du déficit budgétaire des pays de l’UEMOA. A ce sujet, le déficit primaire nous sert de

variable cruciale car il est l’un des facteurs qui influencent l’évolution du ratio de la dette rapportée au

PIB.

Les résultats de notre analyse de la soutenabilité de la dette sur la période 1975-2012 ont montré que

les pays de la zone UEMOA présentent des déficits budgétaires très prononcés, cause première de leur

endettement massif, parce qu’ils n’ont pas de ressources suffisantes pour faire face aux exigences

financières de la dette.

Par ailleurs, les comparaisons entre le solde primaire soutenable calculé et le solde primaire observé

sur la période 1985-2012 nous font dire que dans la plupart du temps, le déficit primaire observé

exprimé en pourcentage du PIB est largement supérieur au ratio du déficit budgétaire souhaitable, ce

qui traduit une non-soutenabilité de la dette. Cependant, les rares cas où les soldes budgétaires

primaires ont été inférieurs aux seuils critiques de soutenabilité nous font espérer que les Etats de

l’UEMOA peuvent dégager des excédents budgétaires primaires de sorte que leur montant permette de

contrebalancer la différence qui existe entre le taux d'intérêt réel de la dette et le taux de croissance

réel de l'économie.

Comme vu dans les recommandations que nous proposons en fin d’analyse, ces résultats mettent en

évidence le besoin de déployer des efforts soutenus pour diversifier l’économie en vue d’une

soutenabilité accrue de la dette des pays de l’UEMOA ; et celui de renforcer les systèmes fiscaux

nationaux et régional, dans le cadre du financement du développement de l’Union.

Page 6: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

5

Abstract

Page 7: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

6

Table des matières

Remerciements ......................................................................................................................... 2

Résumé ...................................................................................................................................... 4

Abstract ..................................................................................................................................... 5

Table des matières .................................................................................................................... 6

Liste des tableaux et encadrés ................................................................................................. 8

Liste des figures ...................................................................................................................... 11

Liste des annexes .................................................................................................................... 14

Introduction .............................................................................................................................. 18

Première partie ANALYSES CONCEPTUELLE ET DESCRIPTIVE DE LA

SOUTENABILITE : PED ET UEMOA .................................................................................. 30

Chapitre 1: GENERALITES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE ET PARTICULARITES

DE L’UEMOA ......................................................................................................................... 31

1.1 La solvabilité et la soutenabilité : une gestion primordiale pour la viabilité de la

politique budgétaire .............................................................................................................. 32

1.1.1 Analyse de la politique budgétaire ....................................................................... 32

1.1.2 Cadres conceptuels de la solvabilité et de la soutenabilité ................................... 51

1.2 L’UEMOA : Configurations institutionnelles et évolutions économiques .............. 63

1.2.1 Création, organisation et fonctionnement de l’UEMOA ..................................... 64

Le pacte de stabilité, de croissance et de convergence : l’outil de régulation 1.2.2

économique de l’UEMOA ............................................................................................... 74

Chapitre 2: HISTORIOGRAPHIE DE L’ENDETTEMENT DES PED ET SOLUTIONS AU

PROBLEME DE SOUTENABILITE DE LA DETTE: SPECIFICITE DES PAYS DE

L’UEMOA ............................................................................................................................... 96

2.1 Généralités sur les problèmes d’endettement des PED ............................................ 97

La dette : généralités ............................................................................................ 97 2.1.1

Genèse de la dette des PED et situation de l’UEMOA ...................................... 105 2.1.2

2.2 Tentatives de solutions aux crises de dette des années 1980 et 1990 dans les PED et

dans l’UEMOA .................................................................................................................. 130

Les Plans d’ajustement structurel (PAS) ............................................................ 131 2.2.1

Page 8: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

7

L’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) ................................................ 142 2.2.2

L’initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM) ............................... 157 2.2.3

Deuxième partie : ANALYSES THEORIQUE ET EMPIRIQUE DE LA SOUTENABILITE

DE LA DETTE DANS UNE PRESPECTIVE DE FINANCEMENT DU

DEVELOPPEMENT DES PAYS DE L’UEMOA ................................................................ 163

Chapitre 3: MISE EN EVIDENCE DES DETERMINANTS DE LA SOUTENABILITE ET

ESSAI DE FINANCEMENT DU DEFICIT BUDGETAIRE : CAS DE L’UEMOA .......... 165

3.1 Dynamique de la dette et Soutenabilité : Cas de l’UEMOA .................................. 166

Dynamique de la dette : Identité de la balance commerciale et Analyse des 3.1.1

déterminants de la soutenabilité ..................................................................................... 166

Approche empirique de la dynamique de la dette : cas de l’UEMOA ............... 177 3.1.2

3.2 Ajustement budgétaire souhaitable (ABS) pour une soutenabilité de la dette : Cas de

l’UEMOA ........................................................................................................................... 190

Formulation du modèle : Analyses empiriques des dépenses publiques et du 3.2.1

déficit primaire ............................................................................................................... 191

Application aux pays de l’UEMOA ................................................................... 203 3.2.2

Chapitre 4: SOUTENABILITE DE LA DETTE ET FINANCEMENT DU développement :

l’UEMOA A L’EPREUVE DES FAITS ............................................................................... 219

4.1 La paradoxale Surliquidité bancaire de l’UEMOA face à un sous-financement de

l’économie .......................................................................................................................... 220

Concepts de liquidité .......................................................................................... 221 4.1.1

Liquidité bancaire : règles et applications dans l’UEMOA ............................... 223 4.1.2

4.2 Le financement du développement dans l’UEMOA, des solutions envisageables 235

La gestion de la dette, une complémentarité au financement externe du 4.2.1

développement ............................................................................................................... 235

La transition fiscale, une nécessité au financement interne du développement des 4.2.2

pays de l’UEMOA .......................................................................................................... 243

Conclusion GENERALE ........................................................................................................ 258

Bibliographie .......................................................................................................................... 270

Annexes .................................................................................................................................. 285

Résumé .................................................................................................................................. 315

Abstract ................................................................................................................................. 315

Page 9: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

8

Liste des tableaux et encadrés

Encadré 1 : La théorie budgétaire du niveau des prix .............................................................. 46

Tableau 1-1 : Moyenne des variables de solvabilité budgétaire et Rating dans les pays de

l’UEMOA (2002-2012) .................................................................................................... 61

Tableau 1-2 : Critères de convergence comparés en UE et en UEMOA ................................. 83

Tableau 1-3 : Critères de convergence économique en zone franc. ......................................... 86

Tableau 1-4 : Etat de convergence dans l’UEMOA sur la période 2002-2012 ........................ 89

Tableau 1-5 : Convergence dans l’UEMOA : état de réalisation des critères en 2012 ......... 92

Tableau 2-1 : Ratios d’endettement. ...................................................................................... 101

Tableau 2-2 : Seuils d’endettement pour la dette publique extérieure selon le CVD. ........... 101

Tableau 2-3 : La dette externe publique et privée des pays en développement depuis 1980 . 110

Tableau 2-4 : Service de la dette publique en pourcentage des exportations de l’UEMOA :

1974 – 2010. ................................................................................................................... 121

Tableau 2-5 : Composition du stock de la dette totale de l’UEMOA sur la période 1971-2011.

........................................................................................................................................ 125

Tableau 2-6 : Tableau des soldes financiers de l'UEMOA (en Milliards de francs CFA

courants) : de 1970 à 2012. ............................................................................................ 126

Tableau 2-7 : Prêts d’ajustement structurel, croissance et inflation dans les pays pauvres ayant

perçu le plus grand nombre de prêts d’ajustement structurel. ........................................ 138

Encadré 2 : Facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR) / Facilité pour la Réduction de

la Pauvreté et la Croissance (FRPC). ............................................................................. 141

Tableau 2-8 : Récapitulatif des seuils de soutenabilité fixés par les IPPTE I et II. ............... 144

Tableau 2-9 : Liste des pays ayant rempli les conditions requises pour bénéficier de l'aide au

titre de l'initiative PPTE, qui y sont admissibles ou potentiellement admissibles et

souhaitent peut-être recevoir cette aide (en mars 2014). ................................................ 147

Tableau 2-10 : Initiative PPTE dans les pays de la zone CFA : dates clés et montants de

réduction de la dette). ..................................................................................................... 150

Tableau 2-11 : Classement de la politique sur la dette par l’EPIN* de 2005 à 2013. ............ 152

Tableau 2-12 : Convergence en UEMOA au 31 décembre 2012 : critères 5 et 6. ................. 154

Tableau 2-13 : Champ d’application des pays de l’UEMOA bénéficiaires de l’IADM. ....... 159

Page 10: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

9

Encadré 3 : Concept d’élément don ........................................................................................ 173

Tableau 3-1 : Tests de stationnarité (de première génération) en panel sur les variables du

modèle. ........................................................................................................................... 179

Tableau 3-2 : Résultats des tests de Cross-sectional dependance entre les déterminants de la

dette au sein de l’UEMOA. ............................................................................................ 180

Tableau 3-3 : Résultats des tests de racine unitaire de deuxième génération sur les

déterminants de la dette au sein de l’UEMOA. .............................................................. 182

Tableau 3-4 : Résultats des tests de corrélation résiduelle d’Arellano-Bond pour l’estimation

du GMM en panel. ......................................................................................................... 183

Tableau 3-5 : Résultats des tests de sur-identification de Sargan et Hansen pour l’estimation

du GMM en panel. ......................................................................................................... 184

Tableau 3-6 : Résultats des estimations du modèle par la méthode des moments généralisés

(GMM) en système : liens entre la VAN de la dette et les composantes de l’écart de

financement. ................................................................................................................... 185

Tableau 3-7 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Bénin : 1985-

2011 ................................................................................................................................ 206

Tableau 3-8 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Burkina-

Faso : 1985-2011 ............................................................................................................ 207

Tableau 3-9 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette en Côte d’Ivoire :

1985-2011 ....................................................................................................................... 208

Tableau 3-10 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Mali : 1985-

2011 ................................................................................................................................ 209

Tableau 3-11 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Niger : 1985-

2011 ................................................................................................................................ 210

Tableau 3-12 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Sénégal :

1985-2011 ....................................................................................................................... 211

Tableau 3-13 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Togo : 1985-

2011 ................................................................................................................................ 212

Tableau 4-1 : Coefficients de réserves obligatoires applicables aux banques de l’UEMOA

depuis novembre 1998 ................................................................................................... 224

Encadré 5 : Réglementation de l’UEMOA en matière de liquidité bancaire ......................... 226

Tableau 4-2 : Evolution de réserves excédentaires des banques de l’UEMOA : 2000-2012 228

Page 11: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

10

Tableau 4-3 : évolution des crédits octroyés (en millions de francs CFA) par rapport aux

dépôts en banques dans l’UEMOA : 2002 – 2013 ......................................................... 229

Tableau 4-4 : Composition des crédits bancaires à l’Economie(a)

(en milliards de francs CFA)

de l’UEMOA : 2002-2013 .............................................................................................. 231

Tableau 4-5 : Structure des dépôts dans le secteur bancaire de l’UEMOA (en milliards de

francs CFA) de 2002 à 2013 .......................................................................................... 233

Tableau 4-6 : Système de taxation dans le cas d’opérations intracommunautaires de

l’UEMOA. ...................................................................................................................... 256

Page 12: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

11

Liste des figures

Figure 1-1 : Illustration du multiplicateur budgétaire .............................................................. 35

Figure 1-2 : Illustration de l'effet boule-de-neige de la dette ................................................... 37

Figure 1-3 : Illustration de l’équivalence ricardienne .............................................................. 39

Figure 1-4 : Coordination à plusieurs pays : cas de deux pays ................................................ 49

Figure 1-5 : Schéma de fonctionnement de l’UEMOA ............................................................ 70

Figure 1-6 : PIB par habitant en dollars (US) courants des pays de l'UEMOA de 1994 à 2012.

.......................................................................................................................................... 80

Figure 1-7 : UEMOA : Balance extérieure des biens et services sur la période 1980-2012 .... 81

Figure 2-1 : La spirale de l’endettement des Pays en développement. .................................. 108

Figure 2-2 : Service total de la dette extérieure et Aide publique des Pays à revenu faible et

intermédiaire : 1970-2010 .............................................................................................. 112

Figure 2-3 : Service total de la dette extérieure et Aide publique des Pays d’Afrique

subsaharienne : 1970-2010 ............................................................................................. 113

Figure 2-4 : Service total de la dette extérieure et Aide publique des Pays de l’UEMOA :

1970-2010 ....................................................................................................................... 113

Figure 2-5 : Cours des matières premières de l’UEMOA en milliards de francs CFA de 1980 à

2013 ................................................................................................................................ 118

Figure 2-6 : Evolution du stock de dette de l’UEMOA en dollars : 1971 – 2011.................. 120

Figure 2-7 : Evolution du stock de dette de l’UEMOA en francs CFA : 1971 – 2009. ......... 120

Figure 2-8 : Représentation de l’endettement extérieur des administrations publiques en

pourcentage du PIB sur la période 1970-2011 en UEMOA. .......................................... 122

Figure 2-9 : Moyennes, sur la période 1971-2011, de dettes bilatérale et multilatérale en

pourcentage de la dette extérieure publique des pays de l'UEMOA .............................. 124

Figure 2-10 : Composition du stock de la dette totale de l’UEMOA sur la période 1971-2011.

........................................................................................................................................ 125

Figure 2-11 : Evolution du Solde budgétaire global (avec dons et hors dons) de l’UEMOA en

pourcentage du PIB: 1970-2012. .................................................................................... 127

Figure 2-12 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Bénin : 1980-2012* .................................. 128

Figure 2-13 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Burkina-Faso : 1980-2012* ...................... 128

Page 13: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

12

Figure 2-14 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB en Côte d’Ivoire : 1980-2012* ...................... 128

Figure 2-15 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Mali : 1980-2012* .................................... 128

Figure 2-16 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Niger : 1980-2012* .................................. 129

Figure 2-17 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Sénégal : 1980-2012* ............................... 129

Figure 2-18 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Togo : 1980-2012* ................................... 129

Figure 2-19 : PIB par habitant (en US$ courants) des pays de l'UEMOA de 1980 à 2000

(période PAS - Plan d’ajustement structurels) : ............................................................. 139

Figure 2.20 : Carte des Pays potentiellement bénéficiaires de l’initiative PPTE renforcée de

1999 ................................................................................................................................ 143

Figure 2-21 : UEMOA : service de la dette extérieure totale en % de PIB, de 1996 à 2012. 151

Figure 2-22 : UEMOA : Dépenses publiques de santé en % de PIB, de 1996 à 2012. .......... 151

Figure 3-1 : Structure de la Balance des paiements ............................................................... 169

Figure 3-2 : Evolution du ratio de valeur actualisée de la dette par rapport aux exportations

dans l’UEMOA, sur la période 1975 – 2011 .................................................................. 189

Figure 3-3 : Evolutions comparées du ratio de valeur actualisée nette de la dette par rapport

aux exportations (VAN/X) et du solde budgétaire de base en pourcentage du PIB, 2001 –

2011 ................................................................................................................................ 189

Figure 3-4 : Comportement des ratios d’endettement et de solde primaire dans le cas de taux

d’intérêt de la dette supérieur au taux de croissance : 𝑟 > 𝑔 ......................................... 195

Figure 3-5 : Comportement des ratios d’endettement et de solde primaire dans le cas de taux

d’intérêt de la dette inférieur au taux de croissance : 𝑟 < 𝑔 .......................................... 195

Figure 3-6 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Bénin : 1985-

2011 ................................................................................................................................ 206

Figure 3-7 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Burkina-Faso :

1985-2011 ....................................................................................................................... 207

Figure 3-8 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette en Côte d’Ivoire :

1985-2011 ....................................................................................................................... 208

Figure 3-9 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Mali : 1985-

2011 ................................................................................................................................ 209

Figure 3-10 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Niger : 1985-

2011 ................................................................................................................................ 210

Figure 3-11 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Sénégal :

1985-2011 ....................................................................................................................... 211

Page 14: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

13

Figure 3-12 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la dette au Togo : 1985-

2011 ................................................................................................................................ 212

Figure 3-13 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques au Burkina-Faso ..... 215

Figure 3-14 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques en Côte d’Ivoire ..... 215

Figure 3-15 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques au Mali ................... 216

Figure 3-16 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques au Sénégal .............. 216

Figure 3-17 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques au Togo .................. 217

Figure 4-1 : Structure des crédits accordés par le système bancaire au sein de l’UEMOA :

2002-2013 ....................................................................................................................... 231

Page 15: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

14

Liste des annexes

Annexe 1 : Tableau A.1, de repères géographiques et économiques des pays de la Zone

UEMOA (année 2013, constant 2005) ........................................................................... 286

Annexe 2 : Tableau A.2 de ratios d’endettement extérieur des pays de l’UEMOA, de 1972 à

2012 ................................................................................................................................ 287

Annexe 3-A : Classification des Pays selon le revenu par la Banque Mondiale : décembre

2010 ................................................................................................................................ 288

Annexe 3-B : Classification des Pays selon le revenu par la Banque Mondiale : décembre

2013 ................................................................................................................................ 291

Annexe 4-A : Tableau A-3 des termes de Lyon et de Cologne, relatifs à l’initiative PPTE .. 293

Annexe 4-B : Tableau A-3 des termes de Lyon et de Cologne, relatifs à l’initiative PPTE

(suite) .............................................................................................................................. 294

Annexe 5 : Tableau A-4 des étapes du processus de l’initiative PPTE .................................. 295

Annexe 6 : Encadré A-1 relatif au document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP)

........................................................................................................................................ 296

Annexe 7 : Pacte de convergence de l’UEMOA .................................................................... 299

Annexe 8 : Règlement N° 07/2006/CM/UEMOA portant adoption des modalités de calcul du

solde budgétaire de base corrigé des ressources PPTE et des dons budgétaires ............ 309

Annexe 8-1 : Méthode au « prorata » d’estimation des dépenses courantes, de la masse

salariale et des dépenses d’investissement financées par les dons budgétaires .............. 312

Annexe 8-2: Formules de calcul des critères corrigés des dons budgétaires et des ressources

PPTE .............................................................................................................................. 313

Annexe 8-3: Statistiques auxiliaires à renseigner dans les TOFE des Etats membres en vue du

calcul des indicateurs complémentaires* ........................................................................ 314

Page 16: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

15

Liste des acronymes

ABN : Ajustement budgétaire nécessaire

ACP : Afrique, Caraïbe et Pacifique

ADI : Africa Developpement Indicators

AID : Agence Internationale de Développement

AMGI : Agence Multilatérale de Garantie des Investissements

APD : Aide publique au développement

APE : Accords de partenariat économique

ASS : Afrique subsaharienne

ASS-

: Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud

BCE Banque Centrale Euopéenne

BCEAO : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest

BEN : Bénin

BFA : Burkina-Faso

BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

BM : Banque Mondiale

CAD : Comité d’aide au développement

CADTM : Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde

CDL : Créances douteuses et litigieuses

CEDEAO : Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale

CIRDI : Centre International pour le Règlement des Différends Relatifs aux Investissements

CFA : Communauté Financière d’Afrique

CIV : Côte d’Ivoire

CNO : Centre-Nord-Ouest

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement

CONCORD : Confédération européenne des ONG d'urgence et de développement

CSLP : Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté

Page 17: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

16

CVD : Cadre de viabilité de la dette

DPPG : Dette publique et publiquement garantie

DSRP : Document de stratégies de réduction de la pauvreté

DTS : Droits de tirages spéciaux

EPIN : Evaluation de la Politique et des Institutions Nationales

FAfD : Fonds africain de développement

FASR : Facilité d’ajustement structurel renforcée

FMI : Fonds Monétaire International

FRPC : Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance

IADM : Initiative d’allégement de la dette multilatérale

IBW : Institutions de Bretton-Woods

IFI : Institutions Financières Internationales

IPPTE

: Initiative Pays Pauvres très Endettés

LIBOR : London Interbank Offered Rate

MCO : Moindres carrés ordinaires

MLI : Mali

MMG : Méthode des moments généralisés

NER : Niger

NPV : Net Present Value

OCDE : Organisation de coopération et de développement économique

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMD : Objectifs du millénaire pour le développement

ONU : Organisation des Nations Unis

PRFI : Pays à revenu faible et intermédiaire

OPEP : Organisation des pays exportateurs de pétrole

PAS : Plan d’ajustement structurel

PCSCS : Pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance et de Solidarité

PDE : Procédure de déficit excessif

PED : Pays en développement

Page 18: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

17

PIB : Produit intérieur brut

PFR : Pays à faible revenu

PMA : Pays les moins avancés

PME : Petites et moyennes entreprises

PRGB : Plan de renforcement de la gestion budgétaire

PTF : Programme de transition fiscale

PVC : Present value constraint (VAN en français)

SBB : Solde budgétaire de base

SEN : Sénégal

SFI : Société Financière Internationale

SPO : Solde primaire observé

SPS : Solde primaire soutenable

TMEI : Taux marginal effectif d’imposition

TEC : Tarif extérieur commun

TCN : Taux de change nominal

TCR : Taux de change réel

TGO : Togo

TVA : Taxe sur valeur ajoutée

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

VAN : Valeur actualisée nette

WDI : World Development Indicators

Page 19: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

18

INTRODUCTION

Page 20: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

19

Face aux difficultés, voire l’incapacité de certains pays à honorer leurs engagements de

remboursement de la dette, la question de la maîtrise de l’endettement public et du déficit

budgétaire est depuis plusieurs années, d’actualité dans le monde. Les pays de la zone

UEMOA - Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine - ne sont pas épargnés et ont du

mal à satisfaire de manière soutenue aux critères du Pacte de Stabilité, de convergence et de

Croissance. En effet, la dette publique extérieure des pays de l’UEMOA n’a cessé

d’augmenter depuis les indépendances, si l’on écarte les remises de dettes et l’initiative Pays

Pauvres Très Endettés (PPTE). Cette progression est le résultat de cycles des taux de

croissance, de la fragilité des épisodes de croissance par rapport aux taux d‘intérêt d’emprunt,

mais également de la persistance d’énormes déficits budgétaires, ou de problèmes d’instabilité

institutionnelle.

Alors que dans les années 70, le miroir de l’endettement explosif sévit déjà dans les pays

d’Amérique Latine confrontés aux organismes multilatéraux (le FMI et la Banque Mondiale)

et à la mise en place de politiques de stabilisation et de dévaluation des taux de change, la

question de l’endettement n’est pas encore à l’ordre du jour pour les pays africains.

Mais dès la fin de la deuxième crise pétrolière du vingtième siècle, une crise économique et

financière très sévère s’impose aux pays en développement et n’épargne pas les pays de

l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA). Ces derniers sont alors en union monétaire

totale entre eux et en union monétaire partielle avec la France, conformément aux termes de

l’accord de coopération monétaire du 4 décembre 1973 entre la France et les pays membres de

l’UMOA. Précisons que par cet accord, l’État français garantissait la convertibilité du franc de

la Communauté financière africaine (franc CFA)1 émis par la banque centrale de l’Union,

Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest - BCEAO -, en lui consentant un droit de

tirage illimité sur un compte d’opérations ouvert auprès du Trésor français et ce, à condition

que la Banque centrale dépose sur ce compte d’opérations une fraction de ses avoirs

extérieurs nets2 (réserves de change). Par la suite, déterminés à se conformer aux principes

d'une économie de marché ouverte, concurrentielle et favorisant l'allocation optimale des

ressources, les pays membres décident de compléter à cet effet l'Union Monétaire Ouest

1 Le franc CFA est la monnaie convertible créée par la France et mise en circulation dans les pays d’Afrique de

la zone franc. Son ancienne parité : 1 FF = 50 F CFA, est demeurée inchangée de 1945 au 11 janvier 1994. Elle

est alors passée à 1 FF = 100 F CFA, soit 655,957 euros. 2 En 2005, le cadre institutionnel de la gestion des réserves de change a connu des aménagements avec

notamment l’abaissement de 65% à 50% de la fraction des avoirs en devises que la BCEAO doit

conventionnellement déposer sur le compte d’opérations.

Page 21: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

20

Africaine (UMOA) par de nouveaux transferts de souveraineté et de la transformer en Union

Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), dotée de compétences nouvelles :

l’UMOA devient UEMOA en janvier 1994.

La France est donc en union monétaire partielle avec une union monétaire dont la banque

centrale est elle-même sous tutelle du Trésor français. Ainsi, les devises d’une union

monétaire, notamment l’UEMOA, sont arrimées à celles d’un pays qu’est la France : le franc

CFA a une contrevaleur à parité fixe avec le franc français et partant, avec l'euro dont la

valeur est garantie par le Trésor public français. Or il ne devrait normalement pas y avoir

d’autorités au-dessus d’une Banque centrale, surtout en union monétaire (Pouemi, 1979)3.

En vertu de la garantie de convertibilité illimitée qu’elle accorde, la France s’engage, par

exemple en cas d’impossibilité pour les États de la sous-région d’assurer en devises le

paiement de leurs importations, à apporter les sommes nécessaires en francs français

(aujourd’hui, euros). Concrètement, Les avoirs extérieurs des pays membres de chacune des

zones, résultant des opérations d'importation et d'exportation publiques ou privées qu'ils

réalisent, ainsi que des transferts financiers des opérateurs, sont centralisés, au moins à

hauteur de 65 % (devenu 50% depuis 2005), dans un compte ouvert auprès du Trésor français.

Cette centralisation permet l'exercice de la garantie illimitée du franc CFA par la France.

Effectivement, en cas de situation créditrice, ce compte est rémunéré au profit des Etats

africains membres. En cas de déficit, une rémunération est également prévue, dans certaines

conditions, au profit de la France. Les Etats membres peuvent ainsi acquérir du « franc

français » quelle que soit la situation négative de leur balance des paiements.

Pour ce qui est de l’UEMOA, les statuts de la BCEAO précisent que « lorsque les

disponibilités en compte d'opérations présentent une évolution qui laissera prévoir leur

insuffisance pour faire face aux règlements à exécuter, elle devra alimenter le compte

d'opérations par prélèvement sur les disponibilités qu'elle aura pu se constituer en devises

étrangères autres que le franc, demander la cession à son profit, contre francs CFA, des

devises détenues par les organismes publics ou privés des pays membres (pratique dite du

3 Pouemi affirme que cette configuration institutionnelle d’ « une banque centrale dépendante d’un Trésor au

travers d’accords de compensations monétaires et de garanties supposées illimitées » est un fait unique dans

l’histoire des regroupements monétaires.

Page 22: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

21

« ratissage »), et invitera les Etats membres à exercer leurs droits de tirage sur le Fonds

monétaire international.

En conclusion, Le compte d'opération de l’Union ouvert auprès du Trésor français doit être

considéré avant tout comme une procédure de gestion de la solidarité monétaire : c'est le cas

entre les Etats eux-mêmes par la centralisation et c'est le cas dans leurs rapports avec la

France par les mécanismes d'alimentation.

Or cette supposée « garantie illimitée » n’a pas toujours été opérationnelle, car tous les pays

membres de la zone franc - UEMOA ET CEMAC4 y compris - n’ont pas vu leurs problèmes

d’endettement résolus de manière bilatérale avec la seule France. En effet, bien que déposant

leurs avoirs extérieurs auprès du Trésor Français à hauteur de 65%, ces pays ont dû se

présenter devant les autorités de Bretton-Woods que sont le Fonds Monétaire international

(FMI) et la Banque Mondiale (BM), pour trouver des solutions financières à leur problème

d’endettement. Comment en-est-on arrivé là ?

Aux lendemains de la Guerre mondiale, les accords de Bretton­Woods réorganisent les

marchés internationaux de capitaux en privilégiant, pour l'assistance aux pays en

développement (PED), les formes de financement directes, sans l’intermédiaire des

institutions financières privées. Ainsi, dans les années 50 et 60, ce sont les gouvernements des

pays occidentaux ainsi que les institutions de Bretton-Woods et leurs filiales qui apportent

l'essentiel des capitaux extérieurs.

Les années 70 constituent une période pendant laquelle les pays industrialisés ont alloué des

prêts aux pays en voie de développement et ce, sans se préoccuper de leur capacité de

remboursement, les rendant ainsi « artificiellement solvables ».

Mais pendant la décennie 70, la primauté accordée aux sources officielles de financement

n’était plus d’actualité. Survient alors un renversement des tendances dans les structures des

différentes sources de financement : les sources gouvernementales font place aux marchés

privés. Il s’en suit, pour l’Afrique subsaharienne, une diminution de la part de la dette

accordée à des conditions concessionnelles : de 60 % de la dette totale en 1970, la dette

4 Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale.

Page 23: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

22

concessionnelle5 tombe à 40 % à la fin de 1979. L’accroissement de la dette dans les années

70 est donc avant tout une progression spectaculaire des prêts des banques commerciales à

destination des pays en développement (PED). Ce recours à l'endettement extérieur qui

s'accentue fortement avec le premier choc pétrolier, va perdurer tout au long de la décennie,

même lorsque, avec l'accélération de l'inflation occidentale, le prix réel du pétrole chute.

En 1973, la dette totale des pays en développement atteint déjà 111 milliards de dollars alors

qu’elle était de 67 milliards de dollars en 1970. La dette des PED a commencé à s’accroître

peu avant le premier choc pétrolier, mais s'est rapidement accéléré par la suite.

La période 1973-1979 est caractérisée par les réactions très variées des différentes zones de

l'économie mondiale aux désordres créés par la première hausse des prix des produits

pétroliers. Les pays en développement qui importent leur énergie - dont le coût est multiplié

par quatre - voient leur déficit courant passer de 11 milliards de dollars en 1973 à 37

milliards en 1974, et 46 milliards en 1975, du fait de la hausse des prix du pétrole (Kessler,

1990). Ces déficits ont plus que doublé en deux ans car favorisés par des financements

disponibles : les pays en développement profitent d'un accès facile aux capitaux bancaires

privés pour régler leurs factures pétrolières et importer massivement des pays occidentaux.

Par ailleurs, les pays exportateurs de pétrole comme le Mexique décident de moderniser leurs

capacités d'extraction et de raffinage en mettant en place des infrastructures industrielles

d'envergure à gros frais grâce à des prêts obtenus sans aucune difficulté, prêts dont les

sommes dépassent énormément les moyens internes. Il se présente, pour ainsi dire, un double

laxisme à la suite du premier choc pétrolier :

D’un côté, des créanciers qui, pour faire face au recyclage des eurodollars6, puis des

pétrodollars, ont développé auprès des PED une activité de prêt qui s'est avérée d'autant moins

rigoureuse que la concurrence interbancaire faisait rage (il fallait absolument octroyer des

5 Il s’agit de prêts qui sont assortis de conditions plus avantageuses que les prêts commerciaux (taux d’intérêt

plus bas et période de grâce et échéance plus longues). Ces prêts peuvent être considérés comme comportant un

élément don (qui correspond à la bonification d’intérêts) et un élément prêt commercial (en particulier

l’obligation de remboursement intégral). 6 Avoirs en dollars détenu par des ressortissants extérieurs aux États-Unis et déposé dans une banque

Européenne. (L'euro-dollar est l'une des eurodevises). La limitation des taux d’intérêts créditeurs aux États-Unis

a incité les financiers américains à chercher des placements plus rémunérateurs hors de leurs frontières (ils

recherchaient surtout une meilleure différence entre taux créditeurs et taux emprunteurs).

.

Page 24: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

23

crédits pour pouvoir rémunérer les placements des pays exportateurs de pétrole), et que les

Etats des pays en développement étaient considérés comme solvables.

De l’autre côté, des pays endettés qui, au lieu d’utiliser les crédits obtenus pour financer des

investissements productifs susceptibles de renforcer leur capacité exportatrice et de générer

les flux de devises nécessaires au remboursement de la dette, ont préféré se lancer dans des

programmes d'investissement à rentabilité douteuse et souvent inadaptés aux besoins locaux.

Par ailleurs, les politiques anti-inflationnistes menées par les pays industrialisés à la fin des

années 70 se sont traduites par une poussée des taux d'intérêt très préjudiciable aux pays

endettés. Le LIBOR (London Interbank Offered Rate)7 à trois mois est passé d'environ 11%

début 1979 à près de 20% à la mi-1981 (D'Arvisenet, 1989). En effet, la dette des PED étant

contractée presque exclusivement à taux variable, ces pays se sont vus étouffés par le fardeau

que constituait désormais la charge de la dette. Aussi, ces politiques ont-elles entrainé le

ralentissement très sensible de l'économie mondiale qui a entraîné une baisse des cours des

matières premières et, par conséquent, une diminution des exportations des PED, si bien

qu’une pénurie en devises est apparue pour les pays débiteurs.

Si entre 1973 et 1979, dans les PED, la dette a augmenté de plus de 400%, le PNB ne s’est

accru que de 250% et les exportations de biens et service, de 300%. Malgré ces évolutions, la

dette de l'ensemble de ces pays paraît encore limitée en 1979 puisqu'elle ne représente que

125% des recettes courantes de cette année-là et que son service absorbe en moyenne 12,7%

de ces recettes, en hausse d'un peu plus de trois points et demi par rapport à 1973. Toutefois,

ces chiffres globaux masquent des disparités extrêmement fortes d'une région à l'autre.

L’Amérique Latine présente le ratio le plus préoccupant : dès 1979, la dette du Mexique

atteint 267% de ses recettes et son service en absorbe déjà 63%.

Au début des années 80, l’augmentation brutale des taux d’intérêts mondiaux et la chute du

prix des matières premières plongent les pays du Sud dans une situation économique

intenable, le premier facteur augmentant considérablement le coût des emprunts contractés, le

second diminuant les recettes qu’ils peuvent consacrer au remboursement. Les taux d’intérêt

7 Le London Interbank Offered Rate est un taux d'intérêt auquel les banques peuvent contracter des emprunts -

dans une norme commercialisable - à d'autres banques sur le marché interbancaire de Londres. C’est le taux

d’intérêt de référence le plus utilisé pour les opérations en dollars sur le principal marché d’eurodevises qu’est le

marché londonien. Fixé de façon quotidienne par l'Association des Banquiers Britanniques (ABB), le LIBOR est

une moyenne des taux prêteurs de seize banques (les mieux cotées dans le monde) sur le marché interbancaire

londonien, pour des prêts importants avec des échéances allant d’un jour à une année entière.

Page 25: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

24

de la dette des pays en développement étaient alors bien supérieurs aux taux de croissance de

leurs exportations. Conséquence : l'encours de la dette publique totale des PED quadruple

dans les cinq années qui séparent les deux chocs pétroliers (1974 – 1979) pour atteindre 457

milliards de dollars à la fin 1979. Il s’en suit une spirale infernale pour ces pays contraints de

contracter de nouveaux prêts pour rembourser les premiers. Ce phénomène aboutit en 1982 à

l’annonce par le Mexique de sa situation de cessation de paiement. De nombreux pays

suivront : c’est le début de la crise d’endettement. Les pays de l’Union Economique et

Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) n’échappent pas à ces perturbations économiques

d’origine extérieure.

Dans la zone UEMOA, le ratio dette sur PIB, est passé d’une moyenne de 16,37% en 1970 à

36,17% en 1980 avec 85,31 au Togo, 42,52 en Côte d’Ivoire et 37,17% au Mali. Le service

de la dette extérieure absorbe une part de plus en plus importante des recettes d'exportation:

entre 1981 et 1985, la moyenne en zone UEMOA était de 15,80 contre 4,31 en 1974. En

1986, 17,31% des recettes d'exportation de la zone étaient consacrés au service de la dette.

Au milieu des années 80, les difficultés de trésorerie face aux besoins de financements

grandissants ont astreint les Etats de l’UEMOA à recourir massivement aux sources de

financements extérieurs, entraînant ainsi une augmentation du rapport de la dette publique au

PIB. En 1985, la moyenne du taux d’endettement extérieur a atteint dans l’ensemble des pays

de l’UEMOA un niveau record, soit environ 74,57% du PIB. Et l’on constate sur la période de

1986 à 1994 une augmentation du rapport de la dette publique au PIB8, allant de 70,55 à plus

de 100% (108,59 en 1994) pour ensuite passer, après la dévaluation du Franc CFA survenue

en janvier 1994, à 88% du PIB. Cependant, toute la décennie 90 aura été marquée par une

forte absorption du PIB par la dette dans la zone UEMOA : jusqu’en 2001, la dette extérieure

en UEMOA représentait plus de 70% du PIB.

Comparés aux seuils de ratios d’endettement tels que définis par le FMI, les indicateurs

d’endettement ci-dessus nous révèlent que la dette de l’UEMOA n’était, jusqu’en 2001, pas

soutenable et sa politique budgétaire, pas viable.

8 Il faut rappeler que la norme cible en Europe est 60% équivalent à un taux de croissance de 3% et que pour

80%, il convient que le taux de croissance passe à 5% en moyenne. Or sur cette période relative à la décennie 80,

peu des pays de l’UEMOA, ont une croissance supérieure ou égale à 4%. Par ailleurs, l’on est bien au-delà des

70% du PIB prédit par le pacte de convergence.

Page 26: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

25

Partant de cet état de fait, il convient de retenir que l’appartenance à une union monétaire

n’occulte pas les effets de chocs externes, et que la parité ou l’ancrage d’une monnaie à une

autre n’engage pas forcément la tutelle en cas de déséquilibres profonds. La difficulté de

corriger les déséquilibres macroéconomiques sera l’une des raisons de la dévaluation de 50%

du franc CFA, en janvier 1994. L’adoption du nouveau taux de change a été l’occasion d’une

extension du domaine de la coopération intra-communautaire avec le souci politique de mieux

coordonner les politiques budgétaires nationales.

Aussi, la création de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en 1994,

puis la mise en œuvre du Pacte de Convergence de Solidarité et de Croissance en 1999, ont-

elles donné à cette coordination (des politiques budgétaires nationales) une dimension

institutionnelle aboutie.

Aujourd'hui, l’efficacité de la politique budgétaire de l’UEMOA est en outre conditionnée par

sa crédibilité, laquelle repose en partie sur sa soutenabilité dans la durée. La maîtrise de la

dette publique est devenue un enjeu majeur de la politique budgétaire, dans un contexte de

croissance des taux d'endettement pour la majorité des pays africains y compris ceux de

l’UEMOA.

Par ailleurs, l’analyse de la soutenabilité de la dette (soumise à celle de la variation de

l'endettement public qui est une perspective de long terme) ne peut être envisagée en dehors

d'une analyse du déficit budgétaire, outil de régulation conjoncturelle à court terme, et vice

versa. Cette évolution de la dette est en effet porteuse d'effets décisifs pour la croissance

pérenne de l'économie, ce qui contribue à faire de la maîtrise de la dette publique et du déficit

budgétaire, un enjeu majeur des politiques économiques actuelles.

L'aggravation du déficit budgétaire de l’UEMOA, couplée au tarissement des flux de

financements étrangers nets (dans le contexte actuel de récurrence des crises économiques et

financières dans les pays industrialisés), entrainerait une accumulation des déficits du solde

global de la balance des paiements, qui se traduirait par des ponctions sur les réserves de

change de l’Union. Si cette situation perdure, elle pourrait conduire à une crise de la balance

des paiements, laquelle crise nécessiterait la mise en œuvre de mesures drastiques.

Ces constats imposent d'accorder un intérêt accru à l'analyse de la soutenabilité de la dette et à

l'identification des déterminants du déficit global de la balance des paiements, en vue de

Page 27: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

26

proposer des mesures de politiques économiques visant à résorber ces déséquilibres. C’est

cette préoccupation qui justifie l'objet de notre recherche qui porte sur l’analyse de la

soutenabilité de la dette et les perspectives de financement au sein de l’UEMOA. De cette

problématique découlent plusieurs interrogations :

La politique budgétaire existant au sein de l’UEMOA depuis sa création permet-elle

d’assurer la viabilité financière de l’Union ?

Si non, quelles sont les causes fondamentales de cet échec de l’endettement dans

l’UEMOA ?

Les solutions jusque-là adoptées ont-elles permis d’y remédier ?

Quelles pratiques financières mettre en place, tant aux niveaux nationaux que régional,

pour un meilleur rendement quant à la soutenabilité de la dette au sein de l’UEMOA ?

Il nous parait donc nécessaire d’analyser et d’évaluer la soutenabilité de la dette de

l’UEMOA, puis de chercher à savoir si les solutions de sortie de crise jusque-là préconisées

par les programmes d’ajustement structurel, les initiatives PPTE et l’IADM ainsi que leurs

applications pratiques, ont pu garantir une évolution positive de la situation budgétaire de

l’UEMOA.

Ainsi, l’objectif principal de la présente thèse est d’évaluer l’impact de la dette extérieure sur

l’économie de l’ensemble des pays de l’UEMOA9 en mettant en exergue les facteurs

déterminants de cette dette, afin d’en ressortir, au-delà des solutions alternatives préconisées

par le FMI et la Banque Mondiale, des stratégies de financement allant dans le sens de la

soutenabilité de la dette et, partant, du développement de ladite Union.

De façon spécifique, il s’agit de :

1. examiner les relations de long terme entre la dette extérieure des pays de l’UEMOA et

ses déterminants ;

9 Compte tenu de notre période d’étude, la Guinée-Bissau a été exclue de notre recherche à cause de sa date

d’entrée dans l’Union, le 17 mai 1997.

Page 28: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

27

2. déterminer le seuil de solde primaire nécessaire pour une soutenabilité de la dette dans

l’UEMOA ;

3. analyser les conditions macro-économiques et structurelles nécessaires à une

soutenabilité effective de dette ;

4. identifier des mesures et politiques économiques au niveau national et international qui

permettent de renforcer le processus de gestion de la dette et de prise de décision dans

les pays de l’UEMOA dans les domaines suivants :

le maintien d'un niveau soutenable de la dette ;

la coopération économique au sein de l’Union par des actions au niveau régional et

international pour atteindre l'objectif de soutenabilité de la dette ;

5. participer à la réflexion théorique visant à l’élaboration d’une stratégie de financement

du développement reposant sur une gestion optimale de la dette et sur la transition

fiscale, en UEMOA.

Au regard de notre objectif général, nous partons de l'hypothèse selon laquelle la dette est une

nécessité et qu’elle serve :

soit à financer le déficit budgétaire ;

soit à financer le déficit entre épargne et investissement ;

soit à financer le déficit de la balance courante.

Le choix de la zone UEMOA pour notre étude se justifie par le fait que bon nombre de pays

africains aient sérieusement été atteints par ce phénomène d’accroissement de la dette

publique qui, en plus de constituer un frein à la croissance d’un Etat, peut aussi être à la base

d’un ralentissement économique de toute une zone en cas d’union économique et monétaire.

Par ailleurs, quoique conscients des problèmes engendrés par une dette interne excessive,

l’accent mis sur la dette externe dans notre étude de la dynamique de la dette, se justifie par

les rapports de domination (du créancier par le débiteur) et de dépendance (du débiteur par

rapport à son créancier) qu’elle comporte (Berr & Combarnous, 2007). Sur ce point, Keynes

suggère que la substitution d’une dette interne à une dette externe préfigurerait des relations

Page 29: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

28

internationales plus saines : « Une nation débitrice n’aime pas son créancier [...]. Dans le cas

d’une dette intérieure, les parties intéressées sont à la fois débitrices et créancières, et le

débat ne porte que sur la répartition de la richesse à l’intérieur du pays. Il n’en va pas ainsi

des dettes extérieures : les nations créditrices peuvent assez rapidement estimer que leurs

intérêts sont malencontreusement liés au maintien d’une forme particulière de gouvernement

ou d’organisation économique dans les pays débiteurs » (Keynes, 1919)10

. Keynes déduit de

ce raisonnement que « l’existence de dettes à grande échelle entre les différents

gouvernements présente des dangers particuliers ».

Structure de la thèse

Par rapport à l’objectif général et aux préoccupations qui en découlent, notre thèse est

structurée en deux grandes parties comprenant chacune deux chapitres.

La première partie fait une analyse théorique de la soutenabilité et met en relief l’endettement

dans les pays en développement et en UEMOA. Elle comprend deux chapitres.

Le premier propose une définition prolixe des termes clés se rapportant à notre travail. Une

revue de littérature est consacrée à la description de la politique budgétaire et de la

soutenabilité de la dette.

Le second chapitre présente les différents aspects de l’évolution de l’endettement extérieur

des pays en développement dans leur globalité, en mettant l’accent sur le cas spécifique de

l’UEMOA. Nous détaillons dans ce chapitre l’évolution et la composition de la dette des pays

de l’UEMOA, les causes de l’endettement massif, les actions entreprises pour y mettre fin

ainsi que leur incidence sur les économies des pays étudiés.

La deuxième partie de notre étude est consacrée à l’aspect analytique de cette étude et

présente également deux chapitres (3 et 4).

Le troisième chapitre présente une analyse théorique et empirique de la soutenabilité de la

dette publique dans l’UEMOA, pour en ressortir l’impact de l’endettement sur les

composantes essentielles de la balance des paiements. A cette fin, nous nous appuyons sur la

10 John Maynard Keynes et Jacques Bainville : Deux analyses du Traité de Versailles (1919) (Husson, 2002).

Page 30: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

29

dynamique de la dette dérivant de l’identité de la balance des paiements. La méthodologie

utilisée est la méthode des moments généralisés (MMG). Nous privilégions ce modèle

économétrique compte tenu du fait que la variable expliquée de notre modèle d’estimation est

fonction, entre autres, de sa propre valeur retardée. Les résultats obtenus et leurs

interprétations économiques sont également présentés dans ce chapitre.

Le dernier chapitre (4) est consacré à la recherche de stratégies pour le financement du

développement économique dans l’espace UEMOA. L'une des approches retenues dans ce

chapitre est basée sur la vision selon laquelle l'endettement externe ne peut être soutenable à

long terme que si le modèle de développement ne mène à un accroissement des revenus (en

devises étrangères), de sorte qu’ils excèdent les besoins d'investissements nationaux afin

d’honorer les engagements de la dette. Sur ce point, il existe un paradoxe concernant cette

zone pourtant en surliquidité bancaire, pour autant qu’elle dispose de financements endogènes

potentiels, et privilégie jusque-là des financements externes de son développement (Semedo,

2013). L’autre approche privilégie le financement interne du développement. Nous etayons à

ce sujet la politique fiscale qui se différencie de la politique budgétaire par la cible.

En tenant compte des résultats et en vue d’atteindre notre objectif de la soutenabilité de la

dette et du financement optimal des économies de l’UEMOA, une conclusion générale

comprenant des recommandations à l’endroit des autorités aux niveaux national et régional,

permettra de retenir des leçons de politiques économiques et de suggérer des extensions

possibles de notre travail de thèse.

Page 31: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

30

PREMIERE PARTIE

ANALYSES CONCEPTUELLE ET

DESCRIPTIVE DE LA

SOUTENABILITE : PED ET UEMOA

Page 32: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

31

Chapitre 1: GENERALITES DE LA POLITIQUE

BUDGETAIRE ET PARTICULARITES DE

L’UEMOA

Introduction

L’intégration économique et monétaire est la dernière étape du processus d’intégration pour

un groupe de pays. A l’image de l’ensemble des régions d’un pays, elle crée un vaste espace

de communications entre les populations et une expansion de leurs libertés. Elle se traduit

concrètement par la liberté de mouvement des personnes, des capitaux et des biens, gage

d’une allocation optimale des ressources et de l’atteinte d’économies d’échelle au sein de

l’union. Dès lors, la richesse créée au sein de l’union est plus élevée que la somme de celle

qu’aurait créée par chaque Etat en l’absence de l’intégration. Il suffit donc d’un système de

redistribution efficace pour que chaque Etat sorte potentiellement gagnant de cette intégration.

C’est cet idéal qui a poussé à la création de l’Union Economique et Monétaire Ouest

Africaine (UEMOA) regroupant l’ensemble des pays d’Afrique de l’Ouest ayant en commun

le franc CFA comme monnaie. L’UEMOA a été créée en complément à l’Union Monétaire

Ouest Africaine (UMOA) précédemment destinée à gérer uniquement la politique monétaire

commune aux Etats membres avec pour principale institution la Banque Centrale des Etats

d’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Mais la particularité de cette zone, c’est justement de ne pas

suivre le processus linéaire d’intégration imaginé par (Balassa, 1962) : l’intégration monétaire

a largement précédé l’intégration réelle, et les politiques de convergence nominale et réelle

sont des plus récentes.

A l'ère actuelle de la mondialisation, l’UEMOA apparaît comme un véritable outil

d'intégration sous régionale. Cette structure est donc adaptée à la situation dans la mesure où

elle prend en compte l'aspect économique et monétaire de la sous-région ouest africaine. En

Page 33: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

32

effet, vu qu’elle ne comprend que huit Etats, elle sera en mesure de mieux appréhender les

défis à relever.

Ce premier chapitre est consacré à l’application de la politique budgétaire au sein de

l’UEMOA et s’articule en deux sections. La première nous introduit dans le cadre de la

soutenabilité budgétaire en définissant les termes clés de notre étude. La deuxième section,

elle, présente l’UEMOA dans ses dimensions institutionnelle et économique.

1.1 La solvabilité et la soutenabilité : une gestion primordiale pour la

viabilité de la politique budgétaire

1.1.1 Analyse de la politique budgétaire

Dans cette partie, nous définissons dans un premier temps ce qu’est la politique budgétaire,

avant de la placer dans le contexte d’union monétaire.

1.1.1.1 Comprendre la politique budgétaire dans son ensemble

La politique budgétaire constitue l’un des moyens dont dispose le gouvernement pour réguler

l'économie et conduire des actions sur les cycles économiques (croissance économique et

récession) afin d'atteindre ses objectifs, tant sur le plan économique que social.

Par définition, une politique budgétaire est une politique que met en œuvre un gouvernement

pour agir sur l'économie du pays en utilisant son pouvoir de fixation des recettes de l'Etat et

ses priorités dans la répartition des dépenses publiques. Elle consiste à utiliser certains

instruments budgétaires (dépenses publiques, recettes publiques, solde budgétaire) pour

influer sur la conjoncture économique.

Pour une analyse, il est d’usage d’opposer la politique budgétaire selon les conceptions des

keynésiens et des néoclassiques.

Page 34: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

33

a) Politique budgétaire keynésienne

Jusqu’à la crise économique des années 30, l’objectif principal de la gestion des finances était

le financement des services publics. Le volume des dépenses de l’État n’était alors pas

considéré comme une variable susceptible d’influencer le niveau d’activité de l’économie.

Keynes a modifié cette conception de la gestion des finances publiques en soulignant l’impact

de la politique budgétaire sur le niveau d’activité économique d’un pays.

Pour les Keynésiens, l’utilisation de l’outil budgétaire se fonde principalement sur la rigidité

des prix et des salaires nominaux. Une action sur la demande globale au travers du solde du

budget est à la fois possible et souhaitable (Solow R. , 2002), sauf en cas de trappe à liquidité.

(i) Principes

La politique budgétaire keynésienne consiste, dans sa globalité, à agir sur le niveau de la

demande globale afin d’influencer celui de l’offre globale. La relance de l’économie sous la

forme d'une politique budgétaire s'appuie sur la théorie keynésienne qui veut que les

entreprises embauchent en fonction des besoins de l’économie et non en fonction de la

variation du prix de la main d'œuvre.

Une politique de relance est une politique économique conjoncturelle qui consiste à relancer

l'économie d'un pays ou d'une zone monétaire lorsque ses capacités de production sont sous-

utilisées, dans le but de favoriser la croissance ou de lutter contre le chômage.

(ii) Instruments de la politique de relance keynésienne

La politique budgétaire de relance est actionnée par les dépenses et les recettes de l’État.

Lorsque l’État diminue ses recettes en diminuant le niveau de variables tels que les taux

d’imposition, il accorder un pouvoir d’achat supplémentaire et relance ainsi la

consommation et l’investissement, donc l’emploi.

Page 35: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

34

Lorsque l’État augmente ses dépenses, cette augmentation va conduire les entreprises à

augmenter leur production et la demande de travail et donc à embaucher davantage.

L'augmentation de l'activité économique va générer une hausse des recettes fiscales qui va

partiellement compenser celle des dépenses publiques. Les fonds supplémentaires injectés

dans l’économie par l’Etat ont des répercussions sur l’activité économique, appelées

effets multiplicateurs : il s’agit du multiplicateur budgétaire (keynésien).

(iii)Le multiplicateur budgétaire

Le multiplicateur budgétaire permet de mesurer l’impact d’une politique budgétaire sur

l’activité économique. Keynes, en prenant l’exemple d’un investissement public, montre

que ce multiplicateur est supérieur à l’unité : l'addition d'une unité de dépense publique,

non financée par l'impôt, permet un accroissement plus que proportionnel du produit

intérieur brut (PIB). Une augmentation des dépenses publiques engendre des revenus

supplémentaires qui sont soit consommés, soit épargnés ou bien récupérés par les

administrations publiques (impôts et cotisations sociales). La partie consommée de ces

revenus supplémentaires vient nourrir la demande intérieure adressée aux entreprises. Ces

dernières augmentent alors leurs investissements et partant leurs emplois, ce qui leur fait

distribuer des revenus supplémentaires. Le surcroît de dépenses publiques provoque par

conséquent un effet cumulatif (multiplicateur) qui stimule d’autant plus l’activité

économique que les revenus sont peu épargnés, peu imposés, et que la demande de

consommation s’adresse principalement aux entreprises nationales (figure 1.1).

Un multiplicateur négatif signifie donc qu’une politique budgétaire expansive provoque

l’effet inverse de celui espéré, c’est-à-dire une diminution du PIB.

Page 36: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

35

Figure 1-1 : Illustration du multiplicateur budgétaire

Cependant, Les années 70 marquent une mutation historique caractérisée par :

- une montée simultanée, dans la plupart des pays développés, de l’inflation et du

chômage (stagflation) qui remet en cause la pratique keynésienne de l’ « activisme

économique » ;

- l’ouverture croissante (à la fois commerciale que financière) des économies nationales

qui a conduit à l’amoindrissement de l’efficacité des instruments jusque-là utilisés

pour la régulation conjoncturelle ;

- l’élévation des endettements publics accompagnée de la suppression des marges de

manœuvre des politiques budgétaires.

- l’abandon du système de changes fixes.

A compter de la crise consécutive au choc pétrolier de 1973, les théoriciens néoclassiques ont

souligné les limites de la politique budgétaire keynésienne. La théorie du multiplicateur

budgétaire (supérieur à 1) a alors été remise en cause. La relance budgétaire est en effet

limitée et présente des imperfections qui ne facilitent pas son utilisation.

Augmentationdes revenus dstribués

Augmentation de la production

Augmentation de la consommation

Augmentation des dépenses publiques

Page 37: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

36

(iv) Limites de la politique keynésienne

Les principales difficultés proviennent de la contrainte extérieure, du financement des déficits

et du poids de la dette publique. La politique keynésienne peut être compromise par :

- L’effet d’éviction par le taux d’intérêt : lorsque l'État a recours au déficit et donc à

l'emprunt pour financer les dépenses, il pousse à la hausse les taux d'intérêt. Cette hausse des

taux décourage une partie des achats des consommateurs financés par l’emprunt, et réduit les

investissements des entreprises privées. La concurrence entre le privé et le public, pour l'accès

aux ressources d'épargne, se fait généralement au détriment du privé, De ce fait, des dépenses

publiques moins productives remplacent des investissements privés a priori plus efficaces.

- L’effet d’éviction par l’extérieur : L'ouverture croissante des économies vient réduire

l'effet du multiplicateur parce que l'injection de sommes additionnelles par l'État ne profite

pas qu’aux producteurs nationaux; une partie est effectivement employée pour des achats à

l'étranger et, en sortant du circuit (de production et de distribution) intérieur, perd sa capacité

d'engendrer localement des retombées économiques supplémentaires. En outre, la croissance

des importations peut entraîner un déséquilibre de la balance commerciale et une instabilité de

la devise nationale, ce qui susciterait une hausse des taux d'intérêt et une diminution des

investissements locaux.

- L’effet du fardeau de la dette : Des déficits répétés sur plusieurs années vont augmenter

la dette publique et la charge que celle-ci représentera dans l'avenir. Cette situation n'est pas

sans risque car une dette importante implique un paiement d'intérêts considérables et le poids

de cette charge dans le budget augmente la probabilité d'un nouveau déficit qui, à son tour,

entraînera une hausse des taux d'intérêt, et ainsi de suite. C'est l’effet boule-de-neige de la

dette (figure 1.2) : elle crée sa propre dynamique et, à terme, le poids de la dette peut ainsi

devenir insoutenable, entravant la capacité de l'État, non seulement à stimuler l'économie,

mais à mener les actions attendues de lui dans d'autres domaines.

Page 38: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

37

Figure 1-2 : Illustration de l'effet boule-de-neige de la dette

Par ailleurs, comme limites à la politique keynésienne, d’autres débats ont porté sur les délais

de réaction des politiques budgétaires : les délais liés à la prise de décisions politiques font

que les effets de la politique budgétaire peuvent être inadaptés à la conjoncture au moment où

ils affectent les décisions des agents économiques.

b) Politique budgétaire néoclassique

Selon le programme de politique économique néo-classique, l'économie de marché tend vers

l'équilibre si les prix et les salaires sont flexibles ; le chômage résulte des rigidités du marché

du travail, qui est un marché comme un autre, et non d'une demande de biens insuffisante.

D’après la conception néo-classique, l'Etat-gendarme, simple gardien de l'ordre économique

et social libéral, doit se contenter de trouver les ressources nécessaires au financement des

services publics régaliens. Dans cette optique, le déséquilibre budgétaire est illogique dans la

mesure où il risque d'entraîner un « impôt déguisé » (sous forme d'inflation) ou un « impôt

Augmentation des déficits publics

Nouveaux emprunts pour

financer les déficits

Augmentation de la dette publique

Augmentation des charges d'intérêt

Augmentation des dépenses publiques

Page 39: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

38

différé » (sous forme d'augmentation ultérieure de la fiscalité pour faire face aux annuités de

la dette).

Selon les néoclassiques, la politique de relance est peu efficace car lorsque l'État recourt à

l'emprunt pour financer les dépenses, il pousse à la hausse les taux d'intérêt, ce qui tend à

déprimer l'investissement ainsi privé d'un montant équivalent à la relance.

(Barro R. , 1974) ajoute que les agents savent qu'à terme, le taux d'imposition augmentera

pour rembourser l'emprunt et qu'en prévision de ces impôts futurs, ils réduisent leur

consommation. L'efficacité de la relance est donc contrecarrée par les anticipations des

agents. Dans ces conditions, il faut :

promouvoir l’équilibre budgétaire sur l’ensemble du cycle afin de ne pas peser sur

l’épargne nationale ;

faire attention en amont à l’origine des fonds (neutralité fiscale) et en aval à l’utilité

sociale des investissements publics.

(Barro R. , 1974) reprend dans ses écrits le théorème d'équivalence attribué à Ricardo : pour

susciter une relance de la dépense, l’État doit s'endetter ; il devra plus tard, pour rembourser la

dette ainsi créée, soit augmenter les impôts, soit diminuer les dépenses publiques. Le secteur

privé se verra donc appauvri d’impôts supplémentaires auxquels il aura à faire face, ou des

dépenses dont il n'aura plus bénéficié, à concurrence exacte de l'enrichissement dont la

relance budgétaire l'aura fait bénéficié dans l'immédiat. L'impact global sur la dépense de la

relance budgétaire est finalement nul (figure 1.3).

Autrement dit, le mode de financement des dépenses publiques par l'impôt ou par

accroissement de la dette publique n'a pas d'impact réel sur l'économie. Ce résultat est souvent

qualifié de « principe de l'équivalence ricardienne » ou « neutralité ricardienne » ou

« théorème de Ricardo-Barro ». Il y a équivalence car une augmentation de la dette publique

aujourd'hui correspond à une augmentation des impôts demain, pour rembourser la dette ainsi

que les intérêts rattachés à cette dette.

Page 40: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

39

O2

O

O1

O1

O2

O

IS1

IS1

IS1

IS1

AS1

AD2

AD1

IS2

AS2

LM2

LM1 i2

i1

i0

Y

P

i

Y

Y0 Y1

Y1 Y0

P1

P0

P2

Figure 1-3.B : flexibilité des prix

AD-AS

Figure 1-3.A : rigidité des prix

IS-LM

Figure 1-3 : Illustration de l’équivalence ricardienne

Explication : A partir du niveau naturel Y0 de la production, une augmentation initiale des dépenses

publiques déplace la courbe IS vers la droite sur le tableau A (de IS1 à IS2). Il en résulte un niveau

de production Y1 plus élevé que le niveau naturel Y0 et un taux d'intérêt plus élevé (i1>i0). Sur le

tableau B, la courbe AD se déplace vers la droite, menant à une production plus élevée et des prix

réels P1 plus élevés que le niveau attendu. L'équilibre de court terme est alors au point O1 des deux

côtés A et B. Au fil du temps, du côté de B, les prix plus élevés amènent les agents salariés à

augmenter leurs anticipations de prix, déplaçant la courbe AS vers le haut (de AS1 vers AS2). Ce

déplacement s'arrête à un nouvel équilibre de moyen terme au point O2, sur la nouvelle courbe AD

(en intersection avec la droite passant par les deux points O), où la production est revenue à son

niveau naturel initial mais à des prix réels P2 plus élevés que P1. En retournant au tableau A, la

hausse des prix réduit l'offre d’encaisses réelles, déplaçant la courbe LM vers la gauche (donc vers

le haut, de LM1 à LM2). Finalement, à moyen terme, nous nous retrouvons au point O2, retournant

ainsi au niveau naturel initial de la production Y0, mais avec un taux d'intérêt i2 plus élevé.

Page 41: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

40

Le théorème d'équivalence ricardienne exprimé à l’aide des concepts de la

comptabilité nationale

Pour exprimer le théorème de l’équivalence ricardienne à partir des termes de la comptabilité

nationale, nous nous basons sur la relation de causalité entre les deux déficits (extérieur et

public) proposée par (Blanchard O. J., 1985)11

.

Au niveau macroéconomique, l’ensemble des ressources en biens et services dont disposent

les agents économiques au cours d’une période (la production à l’intérieur du territoire 𝑌 et

les importations 𝑀) correspond à la somme des emplois qu’ils en font pendant la même

période. Ces emplois sont formés de la consommation globale (𝐶), de l’investissement global

(𝐼), des dépenses de l’État en biens finaux (𝐺) et de l’ensemble des exportations

réalisées au cours de la période (𝑋).

En économie fermée :

En l’absence d’importations et d’exportations, l’équation d’identité de la demande intérieure

issue de la comptabilité nationale est donnée par l’équilibre ressources-emplois:

𝑌 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 (1.1)

L'équation comptable d’identité des revenus est :

𝑌 = 𝐶 + 𝑆 + 𝑇 (1.2)

où 𝑆 et 𝑇 désignent respectivement l'épargne privée et le montant des prélèvements

obligatoires.

Les équations (1.1) et (1.2) nous conduisent à l’égalité :

𝐶 + 𝐼 + 𝐺 = 𝐶 + 𝑆 + 𝑇 (1.3)

Ou encore :

11 Olivier Blanchard (Blanchard 1985, p. 244) montre, à partir du modèle à générations imbriquées, qu’il existe

une relation de causalité entre le déficit extérieur et le déficit public. Ce modèle emboîte l'hypothèse des déficits

jumeaux (il y a une relation positive entre les deux déficits) et l'hypothèse d’équivalence ricardienne (il n'y a

aucun lien entre les déficits).

Page 42: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

41

𝐺 − 𝑇⏟ 𝑆𝑜𝑙𝑑𝑒 𝑏𝑢𝑑𝑔é𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙′𝐸𝑡𝑎𝑡

= 𝑆 − 𝐼 ⏟ 𝑆𝑜𝑙𝑑𝑒 𝑑𝑒 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑔𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑝𝑟𝑖𝑣é𝑠

(1.4)

D’un point de vue économique, la relation (1.4) signifie qu’un déficit budgétaire (𝐺 > 𝑇) se

traduit obligatoirement par un excès d’épargne sur l’investissement privé (𝑆 > 𝐼) : les

individus anticipent les futures hausses d’impôts et donc épargnent plus. Cette relation est

appelée, “relation d’équivalence Ricardo-Barro”. Elle permet d’affirmer qu’un déficit

budgétaire risque de réduire l’investissement et à terme, d’affaiblir les capacités de

production.

En économie ouverte

La possibilité d’emprunter à l’étranger modifie le constat ci-dessus. L’équilibre ressources-

emplois de la demande intérieure devient :

𝑌 +𝑀 = 𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + 𝑋 (1.5)

Or, d’après (1.2) : 𝑌 = 𝐶 + 𝑆 + 𝑇

D’où :

𝐶 + 𝐼 + 𝐺 + (𝑋 −𝑀) = 𝑌 = 𝐶 + 𝑆 + 𝑇 (1.6)

Ou encore :

(𝑋 −𝑀)⏟ 𝑆𝑜𝑙𝑑𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑏𝑎𝑙𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒𝑟𝑐𝑖𝑎𝑙𝑒

= (𝑇 − 𝐺)⏟ 𝑆𝑜𝑙𝑑𝑒 𝑏𝑢𝑑𝑔é𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙′𝐸𝑡𝑎𝑡

+ (𝑆 − 𝐼)⏟ 𝑆𝑜𝑙𝑑𝑒 𝑑𝑒 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑎𝑔𝑒𝑛𝑡𝑠 𝑝𝑟𝑖𝑣é𝑠

(1.7)

Selon l’équation (1.7), un déficit de la balance commerciale autorise à la fois un déficit

budgétaire et un investissement privé supérieur à l’épargne, lesquels soldes négatifs seraient

possibles grâce à des entrées de capitaux.

En d’autres termes, la politique budgétaire est efficace s’il y a une forte propension à

consommer et une faible propension à importer, et si l'investissement est faiblement élastique

au taux d’intérêt.

Page 43: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

42

c) Les nouveaux keynésiens

La nouvelle économie keynésienne est un courant de pensée économique en réponse à

l’économie néoclassique. Cependant, quoiqu’elle justifie, dans certains cas, l'intervention de

l’Etat en économie (Mankiw, 2008), son optique n'est pas de substituer l'État au marché mais

de trouver les moyens d'améliorer le fonctionnement de l'économie.

La différence majeure entre la nouvelle économie keynésienne et l’ancienne provient des

anticipations : les nouveaux keynésiens intègrent des agents représentatifs qui anticipent

parfaitement le futur. Cette hypothèse, appelée anticipations rationnelles, amène à des

estimations parfois peu réalistes du multiplicateur budgétaire car dans un monde où tout est

prévisible, une hausse des dépenses publiques entrainera obligatoirement une hausse des

impôts futurs et donc diminuera l’effet du multiplicateur.

Comme les keynésiens et contrairement aux néoclassiques, les nouveaux keynésiens ne

croient pas que les marchés s'équilibrent rapidement en suivant la loi de l'offre et de la

demande. Pour eux, les salaires et les prix ne sont pas flexibles mais rigides. Cette rigidité

serait liée à des imperfections de l'information (Stiglitz & Walsh, 2004). La rigidité des prix

permet, d’une part, aux nouveaux keynésiens de montrer qu’une économie n’atteint pas

forcément un équilibre optimal et ce, même si les anticipations sont rationnelles. D’autre part,

le lent ajustement des prix rend nécessaire le déploiement des politiques économiques ; en

période de crise, seule l’intervention de l’Etat est susceptible de maintenir l’économie à son

plein emploi. En présence de prix rigides, la flexibilité des salaires accélère l’effondrement de

l’activité lors des périodes de récession ; elle entraîne alors une forte baisse des salaires réels,

ce qui déprime davantage la demande globale. Et puisque les salaires baissent et pas les

profits, ces derniers sont susceptibles d’atteindre un niveau supérieur à celui nécessaire pour

financer les investissements (Artus P. , 2013).

L’introduction de la viscosité des prix dans les modèles des nouveaux keynésiens renouvelle

l’analyse des politiques conjoncturelles. Si les agents privés sont contraints en liquidité ou si

les marchés des capitaux sont imparfaits, alors l’équivalence ricardienne ne tient plus. La

politique budgétaire retrouve toute son efficacité quand l’économie est confrontée et à un

chômage élevé et à une déflation, alors que les taux d’intérêt nominaux tendent vers zéro [

(Christiano, Eichenbaum, & Rebelo, 2011); (Rendahl, 2012).

Page 44: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

43

Par contre, la nouvelle politique keynésienne est critique envers les prescriptions de politique

économique usuelles des keynésiens (déficit budgétaire et taux d'intérêts bas) parce qu’elles

ne tiennent pas assez compte des problèmes structurels liés au fonctionnement des marchés

(Clerc, 1999).

Après cette analyse de la politique budgétaire, il est souhaitable, en accord avec notre thème

de recherche, de se placer dans le contexte d’union monétaire.

1.1.1.2 Politique budgétaire et Union monétaire

Nous avons vu dans le paragraphe précédent que la politique budgétaire était utilisée pour

stabiliser les fluctuations économiques conjoncturelles. Dans le cas d’une union monétaire,

l’utilisation de cette politique économique s’avère plus efficace que la politique monétaire car

l’utilisation de cette dernière seule n’est pas appropriée pour les pays dont le taux d’inflation

est plus élevé que le taux d’inflation moyen de la zone monétaire. Cependant, il s’impose

l’instauration de règles budgétaires destinées à éviter des déficits publics très élevés (a).

Toutefois, ces règles peuvent entraver la fonction de stabilisation de la politique budgétaire.

C’est pourquoi, il convient de s’interroger sur les types de règles, qui n’entravent pas cette

fonction stabilisatrice (b).

a) Fondements des règles budgétaires en union monétaire

(i) Qu’est-ce-qu’une règle budgétaire

Une règle budgétaire est une restriction permanente imposée à la politique budgétaire. Elle

consiste à fixer une limite ou un objectif numérique aux grands agrégats des finances

publiques (recettes, dépenses, solde budgétaire, dette). Le maintien de la discipline budgétaire

s'en trouve facilitée et les efforts d'assainissement budgétaire qui en découlent, parce que

l’adoption de la règle est issue d’un consensus sociopolitique, sont mieux acceptés.

Page 45: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

44

Poursuivant des objectifs divers, les règles budgétaires peuvent prendre différentes formes,

mais, en général, s'inscrivent dans la perspective d'assurer la viabilité à long terme des

finances publiques. Il s’agit par exemple de:

règles d'équilibre budgétaire, spécifiant un objectif d'équilibre global des recettes et

des dépenses, accompagné ou non d'une référence explicite au poids relatif de la dette

dans le PIB;

règles relatives à la dette, établissant une limite ou une cible précise à atteindre quant

au poids relatif de la dette dans le PIB, mais qui fournissent peu d'encadrement

budgétaire lorsque la dette est inférieure à ce plafond;

règles touchant les dépenses, fixent des limites permanentes aux dépenses publiques

en termes absolus, en taux de croissance ou en pourcentage du PIB et qui, comme

telles, n'ont aucun lien avec la dette puisqu'elles ne contraignent pas les recettes.

règles concernant les recettes, qui imposent un plafond ou un plancher aux recettes,

permettant de maximiser la collecte et d'éviter un fardeau fiscal excessif, sans pour

autant, elles non plus, avoir de lien avec la dette.

(ii) Pourquoi imposer des règles budgétaires aux Etats d’une union monétaire ?

Dans une union monétaire, les règles budgétaires sont généralement adoptées en vue d’établir

une discipline budgétaire, c’est-à-dire, soit éviter des déficits publics persistants qui

conduisent à un endettement public croissant (maintenir la soutenabilité des finances

publiques) ; soit empêcher un accroissement de la taille du gouvernement qui se traduirait, à

terme, par une hausse de la pression fiscale12

(préserver la croissance économique à long

terme).

Le débat théorique sur l’opportunité d’instaurer des règles de budget équilibré est basé sur

trois types d’arguments.

12 La pression fiscale définit l'importance relative des recettes (prélèvements obligatoires) dans l'économie

nationale. Elle est une grandeur macroéconomique dont le taux est défini par rapport au PIB et traduit l'effort de

recouvrement des recettes de l'Etat pour faire face à ses charges.

Page 46: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

45

En premier lieu, celui de la crédibilité et de la cohérence temporelle, dans la lignée de

(Villieu, 2000)13

. Si l’on admet que les autorités budgétaires et monétaires sont autorisées à

tricher sur leurs intentions inflationnistes (si le salaire nominal est rigide à court terme, une

hausse des prix implique une chute du salaire réel, donc une croissance économique plus

vigoureuse), les salariés vont augmenter leurs revendications salariales parce qu’ils anticipent

parfaitement la situation. Les effets réels de la politique économique seront alors nuls et le

gouvernement ne sera pas crédible tant qu’il ne s’impose pas de contrainte, d’où la

proposition théorique de mettre en place une règle de budget équilibré.

En deuxième lieu, si l’on admet que le financement monétaire des dépenses publiques

est susceptible d’accroître l’inflation, limiter les marges de manœuvre budgétaires met fin à

cette menace et il peut s’en suivre une réduction des anticipations inflationnistes intégrées

dans les taux d’intérêt de long terme.

En troisième lieu, en union monétaire, contrairement au régime de change flexible,

une contrainte sur la dette publique est techniquement nécessaire pour atteindre l’équilibre

macroéconomique stable de longue période. Dans les régimes de changes flexibles,

l’incertitude sur la valeur des actifs en devises et l’aversion pour le risque suffisaient à

déterminer le partage de la richesse totale des ménages entre titres domestiques et étrangers

(Creel J. , 2001). Ce partage est indéterminé en union monétaire puisque le risque disparaît,

vu qu’à long terme, les taux d’intérêt nominaux sont égaux dans tous les pays de l’union. Sans

contrainte sur le déficit public, la richesse des agents privés pourrait être stabilisée (au niveau

désiré par les agents privés) sans que ni l’actif extérieur ni la dette ne soient stabilisés, l’un et

l’autre étant beaucoup plus substituables puisqu’il n’y a plus de risque de change. Une

contrainte sur le déficit public remplacerait donc celle sur le déficit extérieur.

Néanmoins ces trois arguments en faveur de la contrainte budgétaire peuvent poser problème.

En effet, la théorie budgétaire du niveau des prix (voir encadré 1) nous enseigne que les

gouvernements peuvent ne pas être soumis à leur contrainte budgétaire intertemporelle : à

court, moyen, voire à long terme, ils peuvent être « non ricardiens » et mener des politiques

budgétaires qui ne tiennent pas compte de leur contrainte budgétaire. Celle-ci sera néanmoins

13 Villieu (2000) étudie plus spécifiquement les liens entre cohérence temporelle (ou crédibilité) et (dé)

centralisation des politiques budgétaires : selon la nature des chocs (d’offre ou de demande, symétrique ou

asymétrique), il montre dans quelle mesure l’élargissement d’une union monétaire à de nouveaux pays peut

constituer un substitut à la centralisation (ou coordination) budgétaire, en réduisant le biais inflationniste.

Page 47: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

46

satisfaite après que la politique monétaire aura été expansionniste à travers une baisse du taux

d’intérêt nominal [dans le cas d’une politique budgétaire, elle aussi, expansionniste (Leeper,

1991) ; ou si les ménages, eux aussi « non ricardiens », consomment une partie de leur

patrimoine net incluant la dette publique (Woodford, 1995)].

Encadré 1 : La théorie budgétaire du niveau des prix

Source : (Creel & Sterdyniak, 2001).

Par ailleurs, il existe dans la littérature appliquée des raisons de douter de l’existence de règles

strictes de budget équilibré. S’il est généralement démontré que le solde public primaire

répond positivement à la dette publique passée, ce solde conserve un caractère autorégressif

souvent très marqué, qui vient corroborer l’idée que la stabilité de la dette publique (en

proportion du PIB) n’est un objectif des gouvernements qu’à long terme. A court terme, la

politique budgétaire semble être en mesure de conserver ses pratiques « keynésiennes » de

régulation.

Selon cette théorie, l’État-gouvernement peut ne pas se soucier de son équilibre

intertemporel, sous certaines conditions concernant le degré d’accommodation de la

politique monétaire par rapport au taux d’inflation. Ainsi introduit-elle la notion de

comportement ricardien ou non ricardien de la part de l’État. L’analyse de Barro (Barro R.

, 1974) concernant l’anticipation par les ménages des actions futures du gouvernement est

connue. Les ménages sont ricardiens s’ils intègrent dans leur comportement le fait que

l’État doit satisfaire une contrainte d’équilibre intertemporel, c’est-à-dire que toute hausse

des dépenses publiques et/ou baisse des impôts sera financée à plus ou moins long terme

par une baisse des dépenses et/ou une hausse des impôts. Ils ne sont pas ricardiens s’ils

considèrent la dette publique comme une richesse nette, en d’autres termes s’ils ne sont

pas neutres entre hausse d’impôt et déficits publics. Dans la théorie budgétaire du niveau

des prix, l’État a lui aussi le choix entre deux types de comportements : il est qualifié de

ricardien s’il planifie ses excédents primaires futurs de telle manière qu’ils satisfassent sa

contrainte budgétaire intertemporelle pour n’importe quels niveaux de prix et de taux

d’intérêt ; il est « non ricardien » s’il laisse l’équilibre macroéconomique assurer ex post

(et non plus ex ante) son équilibre intertemporel.

Page 48: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

47

Ces quelques remarques remettent donc en cause l’utilité d’imposer des règles de budget

équilibré, qui réduisent arbitrairement les marges de manœuvre budgétaires. C’est pourquoi il

est important de bien cibler les règles en fonction de l’objectif à atteindre.

b) Règles compatibles avec la fonction stabilisatrice de la politique budgétaire

La diversité des règles mises en place indique que des choix doivent être faits.

Cibler la dette situe directement la démarche par rapport à la soutenabilité à long terme et/ou à

l'équité intergénérationnelle. Définir un niveau d'endettement souhaitable comporte une bonne

part de subjectivité et n'est pas facilement compréhensible du grand public. Une règle relative

au déficit, qui s'explique aisément en période de redressement budgétaire, est moins

contraignante dans la phase haute du cycle économique. Pour ce qui est des dépenses, les

règles sont simples et faciles à constater, mais difficiles à tenir. Quant aux règles relatives aux

recettes, elles s'adressent en général aux contribuables mécontents et ne garantissent pas

l'assainissement des finances publiques à moyen et à long terme.

En général, le cadre défini par les règles budgétaires cherche à allier discipline et souplesse :

ce sont là les objectifs clés d'une bonne règle. Mais ce cadre permet-il d'assurer la nécessaire

discipline budgétaire à moyen terme, tout en étant suffisamment souple pour atténuer les

fluctuations du cycle conjoncturel à court terme? Dans tous les cas, ce rapport doit trouver un

équilibre compatible avec la situation propre à chaque pays membre de l’union.

Toutefois, un excès de rigidité dans l'application d'une règle mine sa crédibilité. Elle doit être

contraignante et assortie de sanctions, mais des dérogations ou des compromis doivent

demeurer possibles et offrir une certaine flexibilité. L'engagement ferme des gouvernements

et le soutien durable des populations exigent qu'une latitude existe dans la définition des

règles.

Par ailleurs, les actions menées indépendamment par les divers pays conduisent sans doute à

des situations qui ne sont pas optimales au niveau mondial. C’est ce qui justifie d’une part les

critiques exprimées vis-à-vis d’attitudes nationales jugées trop égoïstes et d’autre part le

besoin de coordination des actions.

Page 49: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

48

Une régulation conjoncturelle efficiente d’une union monétaire requiert donc un Policy-mix14

cohérent, c’est à dire une combinaison des politiques monétaire et budgétaire qui permette de

coordonner efficacement ces instruments, pour réaliser les objectifs finaux de régulation

conjoncturelle identifiés par le carré magique de Kaldor15

: la recherche de la croissance

économique, l’équilibre des comptes extérieurs, la lutte contre l’inflation (par la stabilité des

prix) et la lutte contre le chômage (le plein-emploi). Or le passage d’une combinaison simple

à une coordination efficace pose plusieurs séries de problèmes : définir selon la situation

économique observée (analyse statique) une affectation optimale des politiques monétaire et

budgétaire ; évaluer à long terme (analyse dynamique) l’efficacité de la combinaison ; régler

les problèmes de coordination posés par la séparation des autorités responsables des politiques

monétaire et budgétaire.

Le principe de la coordination budgétaire

(Landais, 2000) nous donne un aperçu de la coordination des politiques budgétaires en union

monétaire à travers la démarche théorique suivante : établir au niveau du groupe des pays une

seule et unique fonction d’utilité collective et ensuite déterminer les politiques nationales

(individuelles) qui maximisent cette utilité. Pour jouer le jeu de cette coordination, les rôles

respectifs des divers pays sont d’ailleurs le plus souvent dissemblables, en fonction

notamment de leur situation économique de départ et bien entendu de leur poids (dans

l’union) et de la structure de leurs relations internationales.

Afin d’illustrer le caractère plus complémentaire que parallèle de la coordination des

politiques économiques (qui peut s’avérer avantageuse), il est possible de s’attacher à la

démonstration suivante de (Chrystal & Price, 1994) qui présentent une version générale du

modèle de Hamada16

au sujet de la coordination en principe : ils font l’hypothèse qu’il existe

deux pays interdépendants (1) et (2) menant chacun une politique économique P1 et P2 avec

14 Le Policy-mix dans une union économique pose la question de la nécessité d’une articulation entre la politique

monétaire de l’union induite par la banque centrale commune et les politiques budgétaires nationales. Ces

dernières peuvent avoir un impact sur l’activité économique et les niveaux d’inflation, lequel impact pourrait

interférer avec la politique monétaire unique et centralisée et compromettre les résultats escomptés par les Etats

partenaires. 15

Traditionnellement, la politique économique retient quatre objectifs principaux que les économistes appellent

depuis les travaux de (Kaldor, 1971), le « Carré Magique ». 16

(Hamada, 1979).

Page 50: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

49

la capacité d’adapter cette politique en fonction de celle de l’autre pays. En supposant que les

politiques économiques P sont mesurées à l’aide d’un indice unique (le déficit du budget par

exemple), la figure 1-4 ci-dessous illustre le problème ainsi posé.

Figure 1-4 : Coordination à plusieurs pays : cas de deux pays

Source : (Landais, 2000).

Si les pays ne pouvaient s’influencer mutuellement, il serait possible de tracer deux familles

de courbes d’indifférence ; l’une composée de verticales, montrerait comment les politiques

du pays (1) rapprochent ou éloignent l’économie de ce pays (1) de la verticale « idéale »

passant par O1 ; l’autre, composée d’horizontales, montrerait comment les politiques du pays

(2) rapprochent ou éloignent l’économie du pays (2) de l’horizontale « idéale » passant par

O2. Mais comme les pays sont supposés être interdépendants, les familles de courbes

d’indifférence sont concaves, le bien-être de chaque pays culminant en O1 et O2 et diminuant

ensuite sur les courbes qui s’en éloignent. Ici, compte tenu du placement de ces deux points,

nous faisons implicitement l’hypothèse d’une influence défavorable de la valeur de P pour

l’autre pays (si P2 croît, le pays (1) est écarté de sa position idéale O1 et vice versa).

X

O2

O1

B

P2

P1

B’

A

Cas de coordination à deux

pays où les points O1 et O2

représentent la combinaison

des politiques P1 et P2 des

deux pays qui donnent

respectivement une situation

« idéale » pour le pays (1) et

le pays (2).

Page 51: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

50

Chaque pays observe le niveau de la politique menée par l’autre et réagit alors en fixant le

niveau de la sienne. Par exemple, si P2 est donné, alors le pays (1) établit P1 de façon à

atteindre le niveau de bien-être le plus élevé possible (point de tangence entre l’horizontale en

P2 et la courbe d’indifférence la plus proche de O1). La courbe de réaction du pays (1) peut

ainsi être tracée en faisant varier les niveaux de P2 et en rassemblant tous les points construits

comme ci-dessus. Une démarche symétrique conduit à une courbe de réaction pour le pays

(2). Les deux courbes se coupent en X qui représente le point d’équilibre non coopératif,

c’est-à-dire le point représentant l’ensemble des deux politiques nationales établies sans

coordination, n’appelant plus de réaction d’un pays ou de l’autre (remarquons que les deux

courbes de réaction ne sont pas obligatoirement en X à un angle droit).

L’optimum est décrit par la courbe reliant les points de tangence des courbes d’indifférence

des deux pays (de O1 à O2). Pour des raisons de simplicité, cette courbe peut être confondue

avec la droite O1 O2. Parvenus à un point de cette ligne, les pays (1) et (2) ne peuvent

améliorer la situation de l’un d’eux sans détériorer celle de l’autre.

On observe que le point X représente une situation moins favorable pour les deux pays que

n’importe quel point de la ligne O1 O2 représentant les équilibres coopératifs. Il est donc

théoriquement avantageux pour les deux pays de chercher une solution coopérative parmi les

combinaisons Pareto-optimales de cette ligne. La réussite d’une coordination n’implique

cependant pas que cela ; il faut encore se mettre d’accord sur la position précise à occuper sur

la courbe de contrat O1 O2, c’est-à-dire savoir se répartir de façon équitable les bénéfices de la

coordination.

Face à ces perspectives favorables, une certaine prudence s’impose néanmoins : en premier

lieu, si une solution telle que A a été déterminée en commun, il demeure des incitations à

violer l’accord, chaque pays étant tenté de tricher pour se porter l’un en B, l’autre en B’. Il est

donc nécessaire de « régler » soigneusement le compromis pour éviter de tels dérapages, d’où

la nécessité d’une règlementation de la coordination budgétaire.

Page 52: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

51

1.1.2 Cadres conceptuels de la solvabilité et de la soutenabilité

Diverses institutions telles que le FMI et la Banque Mondiale ont développé des modèles

d'analyse de la soutenabilité de la dette. Cependant, il est difficile de déterminer des niveaux

soutenables de la dette et les modèle d’analyses visent à identifier le risque d'insolvabilité et

les facteurs ou les critères qui peuvent accroître un tel risque.

La solvabilité et la soutenabilité sont des notions permettant de caractériser la situation d'un

pays par rapport à ses possibilités et à sa volonté de respecter ses engagements financiers, par

rapport au remboursement de sa dette. Pour appréhender mieux les notions de solvabilité et de

soutenabilité, il est souhaitable d’approfondir nos connaissances de ces termes.

1.1.2.1 Solvabilité d’un pays

La solvabilité caractérise la situation financière d'un État capable de faire face à ses

engagements, c'est-à-dire un Etat qui respecte la contrainte budgétaire intertemporelle en

recourant à des ajustements budgétaires lorsque cela s'avère nécessaire.

La solvabilité d'un pays est un élément important pour l’appréciation par les prêteurs

potentiels de la capacité d'un pays à rembourser sa dette extérieure. Etre financièrement

solvable est déterminant pour le développement d’un pays dans la mesure où cela lui permet

d'emprunter des sommes plus importantes afin de financer sa croissance et son

développement. En outre, un pays débiteur solvable est en mesure d'emprunter des fonds afin

d'assurer le refinancement de sa dette.

Pour ce qui est de la dette, elle est dite non solvable pour décrire une dette extérieure dont les

intérêts sont supérieurs au produit intérieur brut (PIB) du pays concerné, cette dette devenant

par conséquent impossible à rembourser.

Plusieurs facteurs influencent la solvabilité. Certains sont liés à des facteurs économiques tels

que la capacité d'un pays à recevoir des capitaux extérieurs (exportations, financements

divers), le profil de remboursement de la dette et la volatilité. D’autres sont de nature

Page 53: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

52

politique, par exemple lorsque le gouvernement estime que le service de la dette est trop

élevé.

La solvabilité s’apprécie sur le long terme dans la mesure où les prêteurs évaluent la capacité

du débiteur à rembourser sa dette sur une période, avant d'accorder des financements plus

importants. Cependant, cette solvabilité est susceptible de se dégrader suite à la non-exécution

d'obligations contractuelles. Dans le cas où la restructuration de la dette ne peut être évitée,

les pays qui n'accumulent pas d'arriérés et qui adoptent une démarche préventive pour trouver

une solution de manière coordonnée avec leurs créanciers, peuvent rétablir leur situation plus

facilement. En revanche, ceux qui présentent une défaillance dans leurs remboursements

tendent à perdre la possibilité d'accéder à de nouveaux financements pour un certain temps.

L’insolvabilité ou l'incapacité de payer peut résulter de beaucoup de facteurs dont le plus

important est le niveau de la dette. Le constat de l’insolvabilité d'un État s'accompagne d'une

crise des finances publiques, laquelle crise se manifeste par un défaut de paiement

(répudiation de la dette) et ceci peut poser le problème de soutenabilité de la dette.

En théorie, la solvabilité exige que la valeur actuelle nette (VAN) des dépenses primaires,

actuelles et futures de l’État ne soit pas supérieure à celle de ses recettes actuelles et futures,

déduction faite de tout endettement initial (Hauner, Leigh, & Skaarup, 2008).

Cependant, (Raffinot, 1999) pense que la solvabilité est un critère peu opérationnel, car le

moment où le pays devient créditeur net peut être trop lointain, même dans les hypothèses les

plus favorables. Il estime que dans la pratique, le pays doit continuer à recevoir des

financements extérieurs, à condition qu'il assure régulièrement le service de sa dette et il

traduit cet aspect sur un plan quantitatif par la soutenabilité. La traduction quantitative de la

solvabilité mène donc à l’utilisation de la notion de soutenabilité.

1.1.2.2 Soutenabilité de la dette

La question de soutenabilité de la dette peut être appréhendée, soit du point de vue de la

contrainte budgétaire intertemporelle, soit du point de vue de l'équité intergénérationnelle.

Dans le premier cas, il s'agit de s'assurer qu'il sera possible de dégager dans l'avenir les

Page 54: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

53

excédents qui permettront de couvrir la dette. En effet, plus la dette est élevée, plus il faudra,

pour la réduire ou la contenir, produire des soldes budgétaires positifs, ce qui implique que

des changements importants devront être apportés à la structure des dépenses. Dans le second

cas, il faut éviter de transférer le fardeau des dépenses actuelles aux générations futures en

équilibrant l'effort à entreprendre : plus l'assainissement des finances publiques prendra de

temps, plus les ajustements seront coûteux, entraînant une hausse de la pression fiscale ou des

réductions dans les services.

Pour notre étude, la contrainte budgétaire intertemporelle sera à la base de l’analyse

économétrique de la soutenabilité.

a) Essai de définition

La soutenabilité de la dette concerne la viabilité de la politique économique existante et des

politiques futures espérées. Ainsi, la politique budgétaire devient insoutenable si la

continuation des politiques courantes et planifiées (sans modification) est susceptible

d’entraîner une violation de la contrainte budgétaire intertemporelle, et de déboucher en fin de

compte sur une situation d'insolvabilité. Autrement dit, si une politique budgétaire est

effectivement insoutenable, ceci fournit un signal clair du besoin de changement dans la

conduite de la politique économique pour restaurer la soutenabilité, et c'est ce changement

qui, à condition d’être bien mené, va aider à empêcher la chute vers l'insolvabilité.

Pour reprendre les termes de (Solow R. , 2006), la soutenabilité est le fait de conserver dans

le temps « une capacité généralisée à produire du bien-être économique » et plus précisément

de « doter les générations futures de tout ce qui sera nécessaire pour atteindre un niveau de

vie au moins aussi bon que le nôtre et pourvoir pareillement aux besoins de la génération qui

suivra. (...) Nous ne devons pas, au sens large, consommer le capital de l’humanité ». Le

problème ici est donc d’identifier les composantes de ce « capital » dont dépend le bien-être

futur, et de vérifier la transmission effective aux générations futures de quantités suffisantes,

de sorte à assurer cette chaîne intergénérationnelle de soutenabilité décrite par Solow.

D’après le Fonds Monétaire International (FMI), la soutenabilité de la dette est une situation

dans laquelle un pays a la capacité de satisfaire à ses obligations présentes et futures

Page 55: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

54

concernant le service de sa dette, sans qu’un changement important dans sa balance de

paiement ne soit nécessaire. Il est à remarquer que cette définition de la soutenabilité explique

la capacité que doivent avoir les pays à rembourser la dette.

La Banque Mondiale, elle, pour déterminer la soutenabilité d’un pays, utilise souvent la

valeur présente des paiements futurs du service de la dette, rapportée aux exportations.

Autrement, la solvabilité d’un pays peut être déterminée par la valeur maximale de la part des

exportations (en pourcentage) qui doit être alloué au paiement de la dette, sans que le ratio

service de la dette sur exportation n’excède un seuil préalablement défini par les autorités

nationales. Il ressort de cette vision de la soutenabilité que la capacité d’emprunt d’un pays

dépend fortement du taux de croissance de ses exportations (Deblock & Aoul, 2001), mieux,

d’un plafond d’endettement déterminé par le niveau de ses exportations.

En matière de politique économique, la soutenabilité correspond à la situation d'un État dont

la solvabilité est assurée sans qu'il ait particulièrement besoin d'ajuster sa politique budgétaire

dans l'avenir. Dans la pratique, il importe que le pays puisse continuer à recevoir des

financements extérieurs et à payer régulièrement les intérêts sur l’encours de ses dettes.

En termes financiers, la soutenabilité budgétaire consiste en l’adéquation des projets de

dépenses d’un Etat aux capacités d’engagement et droits de paiements qui lui sont notifiés ou

qui sont susceptibles de lui être délégués dans le futur, mesurant ainsi la capacité à honorer

des engagements à souscrire.

En somme, la soutenabilité insiste sur la capacité à payer régulièrement le service de la

dette, condition préalable à la possibilité de continuer à recevoir des financements extérieurs.

L'objectif ici n'est pas de réduire l'encours de la dette mais de s'assurer que les ratios

d'endettement ne connaitront pas une tendance explosive qui empêche la poursuite de

l'endettement. En effet, ni le stock, ni l’encours de la dette ne constitue en soi un problème

mais c’est plutôt son évolution et l’équilibre de sa progression qui sont essentiels pour

l’identification des difficultés auxquelles peut faire face un pays endetté.

Par ailleurs, la non-soutenabilité de la dette publique provoque le défaut de l’emprunteur

qui, face à ses prêteurs, ne peut respecter ses obligations contractuelles. En effet, faute de

maîtrise de ses variables budgétaires, l’Etat ne pourra pas rassurer ses prêteurs qui finiront par

douter de sa capacité à honorer ses engagements. Ainsi, pour compenser ce risque, les

Page 56: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

55

prêteurs exigeront une rémunération intégrant une prime, ce qui pourra induire pour la

rémunération d’une émission donnée une émission future insoutenable. D’où un défaut par

illiquidité, malgré un besoin d’endettement inférieur au seuil de soutenabilité.

Remarque : la solvabilité caractérise l'état du « bilan de santé financière » d'un Etat alors que

la soutenabilité s'intéresse plutôt à la cohérence de sa pratique observée en matière de

politique budgétaire. Une politique peut ainsi ne pas être soutenable sans pour autant que

l'État cesse d'être solvable dans la mesure où, au besoin, il peut choisir de modifier sa

politique budgétaire, aujourd'hui ou à l'avenir, pour pouvoir honorer sa dette.

La question de la soutenabilité est alors réduite à un problème de solvabilité, faisant des

critères de l’information ex-post, et non des moyens de prévenir les dérives financières ex-

ante. (Wiplosz, 2007) considère que cet inconvénient des critères conduit à un principe

d’impossibilité de traitement correct de la dette.

b) Analyse de la soutenabilité

De ce qui précède, nous pouvons affirmer que la soutenabilité extérieure d’un pays se

détermine par l’évolution de la dette extérieure et du service de la dette comparée à d’autres

indicateurs de performance économique.

Mathématiquement, une dette soutenable traduit que le ratio de la dette (encours ou Valeur

Actualisée Nette des flux futurs) rapportée à son PIB, à ses recettes d’exportations ou encore à

ses recettes intérieures, reste à un niveau jugé acceptable pour les autorités économiques. Pour

ainsi dire, une dette publique est réputée soutenable si son encours est inférieur à la valeur

actualisée des futurs excédents primaires. La soutenabilité repose donc à la fois sur la valeur

des excédents budgétaires futurs et sur la définition du taux d’actualisation (Besancenot,

Huynh, & Vranceanu, 2003).

Pour ce qui suit, parmi les nombreuses définitions de la notion de soutenabilité budgétaire,

nous retiendrons la suivante: une politique budgétaire est soutenable si elle assure à terme la

solvabilité de l’Etat, c’est à dire si elle garantit que la dette ne croîtra pas dans des proportions

excessives telles que l’Etat ne puisse plus assurer son remboursement.

Page 57: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

56

En partant de la contrainte budgétaire de l'Etat (Blanchard & Cohen, 2010), la traduction

mathématique de la soutenabilité stipule que la variation de la dette publique est égale au

déficit de l'année en cours, lequel déficit se définit comme la somme du déficit primaire

de l'année (Gt − Rt) et de la charge d'intérêts dus sur l'encours de la dette à la fin de

l'année précédente (𝑟Bt−1), avec :

Rt = recettes totales

Gt = dépenses publiques

𝑟 = taux d’intérêt réel

Selon la contrainte budgétaire intertemporelle, il convient :

𝐵𝑡 − 𝐵𝑡−1 = 𝑟𝐵𝑡−1 + (𝐺𝑡 − 𝑅𝑡) (1.8)

Ou encore :

𝐵𝑡 = (1 + 𝑟)𝐵𝑡−1 + (𝐺𝑡 − 𝑅𝑡) (1.9)

Il se déduit de la relation (1.9) que le respect de la contrainte budgétaire impose, à long terme,

un ajustement des dépenses aux recettes.

Exprimée en termes de ratio de la dette par rapport au PIB (𝑌), l'évolution de la dette se

détermine comme suit:

𝐵

𝑌𝑡= (1 + 𝑟)

𝐵𝑡−1𝑌𝑡

+(𝐺𝑡 − 𝑅𝑡)

𝑌𝑡 (1.10)

En écrivant 𝐵𝑡−1

𝑌𝑡=𝐵𝑡−1

𝑌𝑡−1

𝑌𝑡−1

𝑌𝑡 (après avoir multiplié chaque terme de l’équation par 𝑌𝑡−1), nous

obtenons :

𝐵𝑡𝑌𝑡= (1 + 𝑟)

𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

𝑌𝑡−1𝑌𝑡

+(𝐺𝑡 − 𝑅𝑡)

𝑌𝑡 (1.11)

Si 𝑔 désigne le taux de croissance du PIB et que l’on suppose g constant, alors :

𝑌𝑡 = (1 + 𝑔)𝑌𝑡−1⇔𝑌𝑡−1𝑌𝑡

=1

1 + 𝑔 (1.12)

Page 58: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

57

D’où :

𝐵𝑡𝑌𝑡= (

1 + 𝑟

1 + 𝑔)𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

−(𝑅𝑡 − 𝐺𝑡)

𝑌𝑡 (1.13)

𝐵𝑡𝑌𝑡−𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

= (𝑟 − 𝑔

1 + 𝑔)𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

−(𝑅𝑡 − 𝐺𝑡)

𝑌𝑡 (1.14)

Remarque :

(1) En comparant l’équation (1.13) qui donne l’évolution du ratio de (dette sur PIB) à

l’équation (1.8) qui traduit l’évolution de la dette en volume, nous constatons une

différence entre 𝑟 et (𝑟 − 𝑔). En effet, si nous supposons que le déficit primaire est

nul, le volume de la dette va croître au taux 𝑟 et le ratio dette sur PIB croîtra - plus

lentement - au taux (𝑟 − 𝑔). [Mathématiquement, si deux variables croissent

respectivement à des taux 𝑟 et ɛ, alors leur rapport croît au taux (𝑟 − g)].

(2) L’équation (1.14) montre que la variation du ratio de la dette dépend de la différence

entre le taux d'intérêt réel et le taux de croissance (𝑟 − 𝑔), du ratio initial de la

dette 𝐵𝑡−1

𝑌𝑡−1 , ainsi que du ratio de déficit primaire sur PIB

(𝐺𝑡−𝑅𝑡)

𝑌𝑡 . L’ensemble de ces

indicateurs constitue un guide utile à l’analyse de l’évolution du ratio de dette sur PIB,

et partant à l’analyse de la soutenabilité de la dette dans les pays fortement endettés.

Nous y reviendrons dans le chapitre 3 de la présente thèse.

D’autres approches apprécient la soutenabilité en examinant la dynamique possible des

finances publiques vers une situation soutenable. Par exemple, se donner d’abord une

cible de ratio de dette, et calculer ensuite l'excédent primaire nécessaire pour rejoindre

cette cible à un horizon donné. Si l'excédent primaire demeure en deçà de cette cible, la

dynamique de la dette n'est pas soutenable. Par contre, il n'est pas nécessaire qu'il soit, à

tout instant, égal à la cible puisqu'il s'agit in fine de respecter une condition de

transversalité, un simple rappel vers la cible suffit. Cette approche ne permet pas de faire

Page 59: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

58

l'économie d'une analyse de la soutenabilité ; elle demeure néanmoins nécessaire pour

déterminer la cible17

.

Une troisième approche, d'ordre statistique, consiste à analyser, sur le passé, la

dynamique conjointe du déficit et de la dette pour évaluer le risque de trajectoire

divergente qui enfreindrait la condition de transversalité. Pour cela, il est de coutume

d’employer des techniques d’analyse des séries temporelles inspirées des méthodes

utilisées pour tester l’existence de bulles sur les prix d’actifs (Hamilton & Flavin, 1986).

En considérant par exemple l’équation (1.13) et en désignant par leurs minuscules les ratios

des variables sur le PIB : 𝑏𝑡 = (𝐵𝑡

𝑌𝑡), 𝑏𝑡−1 = (

𝐵𝑡−1

𝑌𝑡−1), 𝑑𝑡 = (

𝐺𝑡−𝑅𝑡

𝑌𝑡) = déficit primaire, il en

découle :

𝑏𝑡 − 𝑏𝑡−1 = (𝑟 − 𝜀)𝑏𝑡−1 + 𝑑𝑡 (1.15)

D’où, en posant 𝑃 =1

1+𝑟−𝑔 , nous obtenons :

𝑏𝑡−1 = −𝑃𝑏𝑡 + 𝑃𝑑𝑡 (1.16)

Soit 𝑖𝑡 = 𝑏𝑡−1 + 𝑃𝑏𝑡 − 𝑃𝑑𝑡 le résidu de l’équation (1.15). 𝑖𝑡 mesure l’ampleur de la

divergence entre la dette et son « fondamental », le déficit primaire. La dette est soutenable

si le résidu 𝑖𝑡 est stationnaire, c’est-à-dire d’espérance constante et de variance limitée au

cours du temps. Des tests statistiques permettent de tester cette hypothèse.

En conclusion, nous ne pouvons que noter l’écart entre l’analyse théorique du problème de

la soutenabilité et son analyse empirique, lequel écart souffre de plusieurs problèmes :

l’absence de données de qualité suffisante sur les comptes publics, la dépendance vis-à-vis

des modèles utilisés, notamment pour établir des prévisions des recettes fiscales, des

transferts versés, et des taux d’intérêt réels dans le futur.

17 Voir (Coeuré, Jacquet, & Pisani-Ferry, 2004) pour une illustration dans le cas européen.

Page 60: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

59

c) Etudes émanant de la solvabilité et de la soutenabilité de la dette

(Hamilton & Flavin, 1986) sont les premiers à tester empiriquement le respect de la contrainte

budgétaire inter-temporelle de l’état en appliquant des tests de stationnarité [Augmented

Dickey-Fuller test - ADF (Dickey & Fuller, 1981)]18

aux séries de dette et de surplus primaire

du gouvernement américain sur la période [1962-1984], et en utilisant le taux d’intérêt réel

comme taux d’actualisation. Ils rejettent la non-stationnarité des séries de surplus primaire et

de dette, concluant ainsi que la politique budgétaire américaine sur cette période était

soutenable.

(Trehan & Walsh, 1988) étendent la méthode de Hamilton et Flavin (1986) en testant la

cointégration des séries de dette et de solde primaire. Ils appliquent leur test de cointégration à

la dette et aux déficits primaires des Etats-Unis de 1964 à 1984, et concluent à la non-

soutenabilité de la politique budgétaire américaine sur cette période. (Kremers, 1989) conteste

ce résultat en montrant que leur régression ne comportait pas assez de retards pour éliminer

l’autocorrélation des résidus.

Afin d’évaluer la soutenabilité de la dette intérieure du Zimbabwe sur la période 1980-2007,

(Chikoko & Mupunga, 2012) utilisent le test de cointégration pour analyser l’évolution des

séries chronologiques de dépense publique, des recettes de l’Etat et du déficit budgétaire. En

introduisant une rupture structurelle en 2001, les résultats d'analyse révèlent que les dépenses

et les recettes publiques sont intégrées d’ordre un [I(1)] et donc, ne sont pas cointégrées. En

conséquence, la dette intérieure du Zimbabwe est non soutenable. Les dépenses publiques

étant incompressibles car à des niveaux bas, les résultats de l’étude de (Chikoko & Mupunga,

2012) traduisent la nécessité d’élargir l'assiette fiscale afin d'assurer une croissance

économique au Zimbabwe.

(Ary-Tanimoune, 2011) présente une évaluation empirique des mécanismes budgétaires dans

l'UEMOA sur la période 1986-2006. Il s’en dégage que, face à un choc d’endettement, les

18 En statistique et en économétrie, un test de Dickey-Fuller augmenté (ADF) est un test de racine unitaire

effectué dans un échantillon de séries temporelles. Alors que le test de Dickey-Fuller teste la présence d’une

racine unitaire dans un modèle autorégressif, sa version augmentée (ADF) teste la présence de racine unitaire

pour un ensemble de modèles de séries temporelles plus vaste et plus complexe. La statistique du Dickey-Fuller

augmenté (ADF) utilisée pour le test, est un nombre négatif. Plus il est négatif, plus la probabilité de rejet de

l'hypothèse qu'il existe une racine unitaire à un certain niveau de confiance est élevée.

Page 61: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

60

ajustements budgétaires semblent passer par les dépenses publiques courantes alors que les

recettes publiques totales seraient davantage utilisées en cas de choc de production.

(Sène, 2014) évalue l’impact de la solvabilité des États membres de l’UEMOA sur la prime

de risque des titres publics (obligations et bons du Trésor) exigée par les investisseurs sur la

période allant de 2002 à 2012. Pour se faire, il distingue les variables relatives à la solvabilité

des États [le ratio dette sur PIB, le fardeau de la dette, le solde budgétaire de base (SBB)

rapporté au PIB, les arriérés de paiement, la position nette du gouvernement (PNG)]. Le

tableau 1.1 présente l’évolution des variables de solvabilité budgétaire des différente pays

ainsi que leur rating19

et signes attendus de ces variables par rapport à la prime de risque des

titres publics imposée par les investisseurs. Nous pouvons constater que les meilleures

performances économiques ont été réalisées en moyenne par le Bénin, le Burkina Faso et le

Sénégal. Par contre, la crise politique que venait de connaître la Côte d’Ivoire explique la

détérioration de ses fondamentaux économiques. Ce pays a constitué d’énormes arriérés de

paiement et a vu sa dette exploser et sa position nette se dégrader. Cette situation avait

envoyé, à un moment, un mauvais signal aux investisseurs de la zone, entraînant ainsi une

flambée des taux exigés à l’État ivoirien. Quant au ratio dette sur PIB, il est assez stable pour

tous les pays à l’exception du Togo et de la Côte d’Ivoire. Le respect de ce critère de premier

rang s’explique par les initiatives pays pauvres très endettés et multilatérale dont ont bénéficié

certains pays de la zone. Cependant, il faut souligner que certains pays comme le Sénégal ont

connu un rythme d’endettement assez soutenu entre 2005 et 2012.

Pour ce qui est du rating, le Bénin, le Burkina Faso et le Mali faisaient en 2012 l’objet d’une

notation B, sachant que sur le marché international, les notes de qualité B sont qualifiées de

grade spéculatif et exigent des primes de risque plus élevées. Le rating du Sénégal (B+) est

sensiblement meilleur que les autres (pour rappel, en 2012 le Sénégal a levé 500 millions de

dollars sur le marché des euro-obligations à un taux avoisinant 8%).

19 Note attribuée à un emprunteur sur la base d’un ensemble d'études et d'instruments d'analyse permettant

d'évaluer sa surface financière et les risques qu'il présente.

Page 62: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

61

Tableau 1-1 : Moyenne des variables de solvabilité budgétaire et Rating dans les pays de

l’UEMOA (2002-2012)

BEN BFA CIV MLI NER SEN TGO

SBB/PIB (+) 0,50 -1,95 -0,86 0,43 -0,64 -0,81 0,35

Dette/PIB (-) 30,64 31,70 75,79 43,34 47,50 43,11 90,46

Arriérés de

paiements (-)

-16,05 0,06 137,49 -10,32 -16,81 0,00 -1,70

PNG

(Dette/PIB)2 (+)

-96 36 6,79 216,57 86,96 15,54 20,11 45,24

Rating B B nd B nd B+

nd

Source : Rapport de surveillance multilatérale de l’UEMOA, la PNG et les arriérés sont en milliards de FCFA

Le résultat important qui émerge de l’analyse de Sène (2014) est la nécessité pour les États de

respecter les critères de convergence du pacte de stabilité de l’UEMOA, qui permettent de

lever des fonds à des taux plus abordables auprès des investisseurs afin de les préserver contre

le risque de jeu de Ponzi.

(Bohn H. , 1995), dans un contexte où les prêteurs sont averses au risque et où

l'environnement économique est incertain, montre que la contrainte budgétaire intertemporelle

(dont la réalisation conditionne la soutenabilité de la dette publique) fait intervenir un facteur

d'escompte stochastique qui dépend des préférences des agents. Afin de contourner la

difficulté liée à la spécification de ces préférences dans les études empiriques, (Bohn H. ,

1998) suggère d'estimer des fonctions de réaction fiscale décrivant comment le surplus

primaire réagit à l'endettement.

(Bohn H. , 1998) se pose la question de savoir comment les gouvernements réagissent à

l'accumulation de la dette. « Prennent-ils des mesures correctives ou laissaient-ils croître la

dette? ». Alors que les tests standards de séries temporelles ne permettent pas de rejeter la

présence de racine unitaire dans le ratio dette sur PIB des États-Unis (il est donc impossible

de conclure), cet auteur prouve que des mesures correctives pourraient être apportées, en

montrant que le solde primaire des États-Unis est une fonction croissante du ratio dette sur

PIB. Par ailleurs, la réaction positive du solde primaire à l'évolution de la dette montre

également que la politique budgétaire des États-Unis satisfait la contrainte budgétaire

intertemporelle de l’Etat. Cependant, nous verrons par la suite que cette méthode prônée par

(Bohn H. , 1998) présente des limites.

Page 63: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

62

En effet, après avoir résolu les difficultés qui se présentent en pratique lorsque le solde

primaire et la dette ont des persistances très différentes (avec une approche non-paramétrique)

ou sont tous les deux intégrés (par une approche paramétrique), (Lamé, Lequien, & Pionnier,

2014) estiment des fonctions de réaction fiscale pour la France et pour la Grèce. Leurs

résultats mettent en évidence le fait que les tests économétriques de soutenabilité présentent

des difficultés d'interprétation et des limites importantes, même lorsqu'ils sont correctement

spécifiés.

(Lamé, Lequien, & Pionnier, 2014) montrent que, même correctement spécifiés, les tests

économétriques standards de la soutenabilité ne répondent pas à la question suivante : « est-il

rationnel pour un investisseur de se baser uniquement sur l’historique du ratio du déficit

primaire rapporté à la dette, pour prêter de l'argent à un gouvernement ? ». Ces auteurs

trouvent que les fonctions de réaction budgétaires (prédites par (Bohn H. , 1998)) ne sont pas

linéaires et présentent des effets de seuils. En plus, les investisseurs privés peuvent

correctement - ou non - anticiper des ruptures structurelles. Par conséquent, les tests

économétriques usuels de la soutenabilité doivent toujours être complétés par une analyse

détaillée de la situation macroéconomique du pays.

(Sarr, 2005) fait une analyse de la soutenabilité en zone UEMOA en testant la stationnarité

du ratio dette sur PIB nominal des pays de ladite zone sur la période 1972-2002. Il en conclut

que les politiques budgétaires des pays de la zone n’étaient pas soutenables.

En partant de ces résultats, la présente thèse consistera à analyser dans un premier temps la

soutenabilité de la dette sur la base de la définition du FMI, en partant de l’identité de la

balance commerciale. Ensuite, elle accordera une étude aux possibilités de manœuvre pour le

financement du déficit budgétaire afin d’éviter que la dette ne croisse plus vite que le PIB au

sein de chaque pays étudié. Pour se faire, des stratégies de financement sont indispensables au

développement desdits pays et nous en discuterons dans la dernière partie de notre recherche.

Mais à présent, il nous parait opportun, pour la suite de notre étude, de présenter l’UEMOA

dans ses dimensions institutionnelle et économique.

Page 64: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

63

1.2 L’UEMOA : Configurations institutionnelles et évolutions

économiques

Le besoin d’union économique et monétaire à l’échelle ouest-africaine repose sur un constat :

jusqu’en 1994, il n’existe qu’une union monétaire (UMOA) regroupant les pays de la zone

ayant pour devise le franc CFA, dont la gestion est pilotée par la Banque centrale des Etats de

l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Mais la dimension uniquement monétaire de l’Union limite

de facto les ambitions et le champ de compétence de l’UMOA. Surtout, elle néglige

l’importance cruciale d’une intégration économique élargie et effective au sein de la zone, un

préalable pourtant indispensable à une dynamique durable de croissance et à une convergence

économique structurelle des pays membres de l’Union à long terme.

L’UEMOA présente une particularité du fait que le processus d’intégration monétaire ait

précédé l’intégration économique, au lieu de l’inverse. A la différence par exemple de l’Union

Européenne qui a opté pour une approche gradualiste visant dans un premier temps à assurer

une intégration économique avancée avant de mettre en place une union monétaire (avec

l’euro), l’instauration d’une union monétaire ouest-africaine a d’abord acté un fait historique

(l’existence d’une monnaie commune, le franc CFA pour les anciennes colonies françaises)

avant de consolider ce socle commun par une approche globale d’intégration économique :

l’UEMOA. Le traité instituant l’UEMOA en 1994 complète ainsi celui de l’UMOA (qui date

de 1962) et fait de la BCEAO et de la BOAD (Banque ouest-africaine de développement) des

institutions spécialisées autonomes.

La naissance de l’UEMOA en janvier 1994, comme l’une des conséquences majeures de la

dévaluation du franc CFA cette même année, a reflété la nécessité de la part des

gouvernements de l’union, de tout mettre en œuvre pour consolider et renforcer l’intégration

économique. Comment est né cet organisme ? Et comment fonctionne-t-il ?

Page 65: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

64

1.2.1 Création, organisation et fonctionnement de l’UEMOA

1.2.1.1 UMOA et UEMOA : Deux institutions complémentaires

L'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) est née sur les cendres de

l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) créée en 1962, en même temps que la Banque

Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).

a) De l’UMOA à l’UEMOA

(i) Historique de l’UMOA20

Au seuil des indépendances, la zone franc21

apparaît comme un ensemble fortement

centralisé, caractérisé par une réglementation des changes unique, la mise en commun des

réserves de change et la libre convertibilité, à des parités fixes, des différentes monnaies de

l’ensemble.

L’accession à l’indépendance, entre 1954 et 1962, des territoires antérieurement placés sous la

tutelle de la France n’a pas provoqué l’éclatement de la zone22

. Au contraire, les États ayant

choisi de rester dans la zone constituèrent un ensemble plus homogène, dans un cadre

institutionnel rénové.

En avril 1959, six États nouvellement indépendants d’Afrique occidentale ayant en commun

l'usage d'une monnaie commune, le franc CFA (Côte-d’Ivoire, Dahomey23

, Haute-Volta24

,

Mauritanie25

, Niger et Sénégal), auxquels se joindra le Togo en 1963, s’associèrent au sein de

20 Nous ne relatons pas les expériences passées d'intégration régionale, notamment celle de la CEAO

(Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest) dissoute à la création de l'UMOA. 21

Nous n'intégrons pas l'appartenance des pays de l'UEMOA à un ensemble régional plus vaste regroupant les

15 pays de l'Afrique de l'Ouest (francophones, anglophones et lusophones) au sein de la CEDEAO

(Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) dont le siège est à Lagos (Nigeria). 22

Se sont ainsi retirés de la Zone franc : le Liban (1948), le Maroc, la Tunisie et l’Algérie (entre 1956 et 1962),

la Guinée (1958). 23

Le Dahomey est devenu le Bénin le 30 novembre 1975. 24

La Haute-Volta est devenue le Burkina Faso le 4 août 1983. 25

La Mauritanie sortira de la Zone franc en 1973

Page 66: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

65

la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest pour gérer leur monnaie commune, le

franc CFA (franc de la Communauté financière africaine).

En mai 1962, ces mêmes États fondèrent l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA),

manifestant ainsi leur volonté de coopération monétaire à la fois entre eux, au sein d'une

union, et avec la France au sein de la zone Franc. Les dispositions du traité instituant

l’UMOA portent, principalement, sur les règles de l’émission monétaire, la centralisation des

réserves de change, la libre circulation des signes monétaires ainsi que la liberté des transferts

à l’intérieur de l’Union. Le Mali n'a adhéré à l'UMOA qu'en juin 198426

, après avoir demandé

en 1967 sa réintégration dans la zone Franc, à la suite de difficultés financières graves.

En 197327

, le Traité de l'UMOA a été révisé ; la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de

l'Ouest (BCEAO) a été dotée de nouveaux statuts ; la Banque Ouest-Africaine de

Développement (BOAD) a été créée et de nouveaux accords de coopération avec la France

ont été signés. Des mécanismes de régulation, garants de la cohésion et de la stabilité

monétaire de l'Union, ont été introduits dans les nouveaux textes.

Grâce à un environnement monétaire plus stable - monnaie commune, ancrage au franc

français et règles de gestion monétaire - les pays membres de l'UMOA, comme d'ailleurs les

autres pays de la zone Franc, ont connu, en moyenne, de meilleures performances

économiques que les autres pays d'Afrique sub-saharienne. La croissance économique a été en

général supérieure à la croissance démographique, ce qui a permis d'améliorer les conditions

de vie des populations.

(ii) Naissance de l’UEMOA

Dans les années 80, deux chocs externes majeurs ont largement contribué à déstabiliser les

économies de l'Union et à renverser la croissance économique : l'effondrement des prix des

matières premières, sources importantes des recettes d'exportation, et l'appréciation réelle du

Franc CFA, sous l'effet combiné de la hausse du Franc français et l'ajustement à la baisse des

taux de change des pays voisins hors Zone Franc. Les principaux indicateurs macro-

26 L’intégration du Mali à l’UMOA devint effective le 1er juin 1984, au terme d’un processus d’assainissement

financier, lorsque la Banque du Mali transféra son privilège d’émission à la BCEAO. 27

Les textes régissant l’Union monétaire (en particulier le traité constituant l’Union monétaire ouest-africaine,

les statuts de la BCEAO et la convention relative à la Commission bancaire) ont été révisés dans le cadre de la

réforme institutionnelle entrée en vigueur le 1er

avril 2010

Page 67: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

66

économiques et financiers se sont détériorés rapidement, plongeant les pays de l'UMOA dans

une crise économique profonde.

Face à la crise économique, les pays membres de l'UMOA ont, dès 1990, manifesté leur

volonté d'approfondir leur intégration économique en complément de l'union monétaire. En

effet, il était devenu évident que les mécanismes de régulation monétaire devaient être

complétés par des réformes économiques pour assurer la cohésion de l'Union et lancer les

bases d'une croissance durable. C'est ainsi que le Gouverneur de la BCEAO a reçu mandat des

Chefs d'Etat de l'UMOA de mener la réflexion sur l'intégration économique et de préparer un

traité dans ce sens. Dans ce contexte, la signature du Traité représenterait la mesure

d'accompagnement la plus importante et la plus volontariste de la dévaluation du Franc CFA.

En complément de l’Union monétaire (UMOA), Le Traité instituant l'Union Economique et

Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a été signé à Dakar le 10 janvier 1994 - deux jours

avant la dévaluation - par les Chefs d'Etat et de Gouvernement du Bénin, du Burkina Faso, de

la Côte d'Ivoire, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Togo, tous pays de l'Afrique de l'Ouest28

.

Ce Traité est entré en vigueur le 1er

août 1994, après sa ratification par les Etats membres. Le

02 mai 1997, la Guinée-Bissau en est devenue le huitième Etat membre.

L’UEMOA vise à établir un espace économique intégré en s’appuyant sur la monnaie

commune des Etats membres, à permettre une meilleure insertion de ces pays dans

l’économie mondiale et ouvrir ainsi des perspectives nouvelles de développement

économique et social. Ainsi, ses objectifs sont :

Renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres

dans le cadre d’un marché ouvert et concurrentiel et d’un environnement juridique

rationalisé et harmonisé

Assurer la convergence des performances et des politiques économiques des Etats

membres par l’institution d’une procédure de surveillance multilatérale

Créer entre Etats membres un marché commun basé sur la libre circulation des

personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit d’établissement des

28 Voir Annexe 1 pour les repères géographiques de ces pays.

Page 68: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

67

personnes exerçant une activité indépendante ou salariée, ainsi que sur un tarif

extérieur commun et une politique commerciale

Instituer une coordination des politiques sectorielles nationales par la mise en œuvre

d’actions communes, et éventuellement, de politiques communes notamment dans les

domaines suivants : ressources humaines, aménagement du territoire, agriculture,

énergie, industrie, mines, transport, infrastructures et télécommunication.

Harmoniser, dans la mesure du nécessaire, au bon fonctionnement du marché

commun.

A partir du noyau constitué par les huit États-membres actuels, il est prévu une possibilité

d’élargissement de l’Union aux autres pays de la sous-région. Cet objectif s’appuie sur un

schéma cohérent de réformes articulé autour de quatre axes majeurs : harmonisation du cadre

légal et réglementaire, création d’un marché commun, surveillance multilatérale des

politiques macro-économiques, coordination des politiques sectorielles nationales dans les

principaux domaines d’activité économique.

b) L’UEMOA et le reste du monde

Dès la signature à Cotonou, le 23 juin 2000, de l'Accord 2000/483/CE29

de partenariat entre

les membres du groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, d'une part, et la

Communauté européenne et ses États membres, d'autre part, la Commission de l'UEMOA a

tout de suite reçu mandat du Conseil des Ministres en juillet 2000, pour ouvrir et conduire des

négociations avec la Commission de l'Union Européenne, en vue de la conclusion d'un

Accord de Partenariat Economique (APE) entre les deux Unions. Ainsi, il a été institué :

le Programme d'Appui Régional à l'Intégration (PARI) 1 : il s’agit d’une Convention

de financement d'un montant de 9,5 milliards de francs CFA, signée pour la période 14

novembre 1996 – 31 décembre 1999 ;

29 Les principaux objectifs de l’accord de Cotonou sont la réduction et, à terme, l’éradication de la pauvreté et

l'intégration progressive des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) dans l’économie mondiale, tout

en respectant les objectifs du développement durable.

Page 69: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

68

le PARI 2 : c’est une nouvelle Convention de financement, d'un montant global de

52,5 milliards de francs CFA, signée le 24 mars 2000. Cette convention comporte

deux volets ; le premier est un appui aux Institutions de l'Union et aux Etats membres ;

le second est un appui au développement et à l'insertion du secteur privé dans le

processus de l'intégration.

En outre, l'Union Européenne consacre plus de 154 milliards de francs CFA à la coopération

régionale avec l'Afrique de l'Ouest entre 2003 et 2006, par le canal des deux principales

organisations que sont l'UEMOA et la Communauté Economique des Etats d’Afrique de

l’Ouest (CEDEAO). A cet effet, la Commission Européenne a adopté un document de

stratégie de coopération et de programme indicatif entre l'UE et la région. La stratégie

proposée est de favoriser la convergence à long terme des deux processus d'intégration, soit :

Consolider l'Union douanière et renforcer le marché commun au niveau de l'UEMOA ;

Créer l'Union douanière de la CEDEAO et renforcer les capacités de son secrétariat

exécutif.

L'UEMOA a également développé une coopération active avec la CEDEAO, le Comité

Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), la Communauté

Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), l'Organisation Commune de

Coopération Contre les Grandes Endémies (OCCGE), l'Organisation pour l'Harmonisation du

Droit des Affaires en Afrique (OHADA),l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA), la

Banque Africaine de Développement (BAD) et la Commission Economique des Nations

Unies pour l'Afrique (CENUA).

Elle a, depuis 2001, développé sa coopération avec l'Organisation des Nations Unies pour

l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), la Banque Islamique de Développement (BID), le

Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA), l'Organisation Internationale de

la Francophonie (OIF), la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International.

Par ailleurs, l'UEMOA a renforcé sa coopération, sur le plan bilatéral, avec les Etats Unis

d'Amérique, à travers la signature d'un Accord sur le développement du Commerce et des

Investissements et avec la France, grâce à la signature d'une convention de financement dans

le cadre du Fonds de Solidarité Prioritaire (FSP).

Page 70: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

69

1.2.1.2 Organisation et fonctionnement de l’UEMOA

L'UEMOA comprend des organes de direction, des organes de contrôle, des organes

consultatifs et des institutions spécialisées autonomes que sont la BCEAO et la Banque

Ouest-Africaine de Développement - BOAD - (figure1.5). Les mécanismes institutionnels de

l'Union ayant déjà fait l'objet de nombreuses publications30

, nous ne détaillerons ici que les

organes de direction et les institutions spécialisées de l’UEMOA.

a) Les organes de direction de l’UEMOA

Les organes de direction de l’UEMOA sont constitués par la Conférence des chefs d’État, le

Conseil des ministres, la Commission.

(i) La Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement

Autorité suprême de l'Union, elle tranche toute question n'ayant pu trouver de solution par

accord unanime du Conseil des Ministres. La Conférence définit les grandes orientations de la

politique de l'Union et fixe les orientations générales pour la réalisation des objectifs de celle-

ci. Se réunissant au moins une fois par an, la Conférence prend des Actes additionnels qui

peuvent compléter le Traité sans, toutefois, pouvoir le modifier.

30 Se référer à UMOA (1962, 1973, 1989) et au site de l’UEMOA, pour les statuts régissant l’UMOA et la

BCEAO.

Page 71: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

70

Figure 1-5 : Schéma de fonctionnement de l’UEMOA

Source : Site de l’UEMOA.

ORGANES DE DIRECTION

CONFÉRENCE DES CHEFS D'ETATS ET DE GOUVERNEMENTS

CONSEIL DES MINISTRES

COMMISSION DE L'UEMOA

ORGANES CONSULTATIFS INSTITUTIONS SPECIALISEES

AUTONOMES

CHAMBRE CONSULAIRE RÉGIONALE BCEAO BOAD

ORGANES DE CONTROLES JURIDICTIONNEL DEMOCRATIQUE

COUR DES COMPTES COUR DE JUSTICE PARLEMENT

ACTEURS BENEFICIAIRES

Etats membres de l'UEMOA Populations et entreprises de l'UEMOA

Page 72: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

71

(ii) Le Conseil des Ministres

Le Conseil des Ministres définit la politique monétaire et de crédit de l'Union afin d'assurer la

sauvegarde de la monnaie commune et de pourvoir au financement de l'activité et du

développement économique des États membres. Chaque Etat membre est représenté par deux

ministres, dont le ministre des Finances, mais chaque État n'y dispose que d'une seule voix. Il

assure la mise en œuvre des orientations générales définies par la Conférence. Il arrête le

budget de l'Union.

Le Conseil peut déléguer à la Commission de l'Union l'adoption des règlements d'exécution

des actes qu'il édicte.

(iii)La Commission

Composée de huit membres désignés par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement

pour un mandat de quatre ans, renouvelable, la Commission de l'UEMOA exerce, en vue du

bon fonctionnement et de l'intérêt général de l'Union, le pouvoir d'exécution, délégué par le

Conseil des Ministres. La Commission :

transmet à la Conférence et au Conseil les recommandations et avis qu'elle juge utiles

à la préservation et au développement de l'Union ;

exécute le budget de l'Union ;

peut saisir la Cour de Justice en cas de manquement des Etats membres aux

obligations qui leur incombent en vertu du droit communautaire.

La Commission est composée de commissaires, avec en tête le Président de la Commission,

nommé par la Conférence pour un mandat de quatre ans, renouvelable. Le Président de la

Commission nomme aux emplois et est ordonnateur du budget. Les autres Commissaires sont

chargés des différents départements de l’Union:

le Département des Politiques Economiques (DPE) ;

le Département des Politiques Fiscales, Douanières et Commerciales ;

le Département des Fonds Structurels et de la Coopération Internationale ;

Page 73: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

72

le Département du Développement Social ;

le Département de l'Aménagement du Territoire Communautaire, des Infrastructures,

des Transports et des Télécommunications (DAT) ;

le Département du Développement Rural et de l'Environnement ;

le Département de l'Énergie, des Mines, de l'Industrie, de l'Artisanat et du Tourisme.

Si les règlements édictés par le Conseil et la Commission ont une portée générale et sont

obligatoires dans tous leurs éléments, les directives, édictées par le Conseil, lient tout Etat

membre quant aux résultats à atteindre. Les décisions sont obligatoires dans tous leurs

éléments, pour leurs destinataires. Cependant, les actes arrêtés par les organes de l'Union sont

appliqués dans chaque Etat membre, nonobstant toute législation nationale contraire,

antérieure ou postérieure.

(iv) La Commission bancaire

Créée en 1990, la Commission bancaire de l’UEMOA a son siège à Abidjan (Côte-d’Ivoire) et

est chargée d’élaborer la réglementation prudentielle applicable aux établissements de crédit

de l’Union et d’effectuer les contrôles du système bancaire ouest-africain. Elle se compose à

ce jour de dix-sept membres :

le gouverneur de la BCEAO, qui en assure de droit la présidence ;

un représentant désigné ou nommé par chacun des États participant à la gestion de la

BCEAO ; pour les États-membres de l’UEMOA, ce représentant est le directeur du

Trésor ou le responsable de la direction de tutelle des banques et établissements

financiers ;

des membres (un de chaque Etat participant à la gestion de la BCEAO) nommés par le

Conseil des ministres de l’Union, sur proposition du gouverneur de la BCEAO, en

raison de leurs compétences dans les domaines bancaire et juridique.

Page 74: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

73

b) Les Institutions spécialisées autonomes de l’UEMOA

(i) La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO)

La BCEAO procède à une programmation annuelle des besoins de crédit, pour l'Union et par

pays membre, avant d'en décider l'affectation. Statutairement, les emprunts des

gouvernements auprès de la BCEAO sont limités à 20% de leurs rentrées budgétaires de

l'année précédente. Les gouvernements sont libres d'emprunter sur le marché intérieur ou

extérieur et sont tenus uniquement d'en aviser la banque centrale.

En principe, chaque membre doit affecter 65% de ses réserves de devises à un compte

d'opérations tenu par la BCEAO et établi au Trésor français à Paris. Tout déficit de balance

des paiements d'un État membre est comblé par les avoirs extérieurs des autres membres. Si le

bilan global du compte d'opérations baisse, il est possible de faire appel aux 35% restants des

réserves. Si cela ne suffit pas, un plan de « gestion de crise » prend le relais. Le Trésor

français se doit toutefois d'augmenter le compte d'une manière illimitée et inconditionnelle.

C'est ainsi que se présente dans la pratique la garantie française de l'entière convertibilité du

franc CFA. Ce régime a permis d'assurer le maintien de la parité au taux de 1 franc français

(FF) = 50 francs CFA (FCFA) de 1948 au 12 janvier 1994, quand cette parité fut portée à 1

FF = 100 FCFA, le 14 janvier 1994.

(ii) La BOAD

Ayant son siège est à Lomé (Togo), la Banque Ouest-Africaine de développement a pour

objectif de promouvoir le développement équilibré des Etats membres et de favoriser leur

intégration. Par la collecte de disponibilités intérieures et la recherche de capitaux extérieurs,

la BOAD contribue notamment au financement, sous des formes diverses, d'infrastructures de

soutien au développement, de l'amélioration des conditions et moyens de production, de

l'établissement de nouvelles activités.

Au sein de l’UEMOA, des normes sont imposées pour arriver à la convergence budgétaire

ainsi que pour assurer de façon crédible et durable la maîtrise des finances publiques, de

même que la pérennité des politiques monétaires et de change commune. Toutefois, si ces

règles ne sont pas bien définies et suivies, elles peuvent empêcher la politique budgétaire de

Page 75: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

74

jouer son rôle de stabilisateur et de soutien à l’activité et même amplifier les effets d’un choc

conjoncturel. Ce qui représente également un danger pour la viabilité de l’Union.

Le pacte de stabilité, de croissance et de convergence : l’outil de 1.2.2

régulation économique de l’UEMOA

Une union économique et monétaire repose sur la notion de solidarité, elle-même fondée,

dans sa forme achevée, sur la mise en commun des réserves de change et la promotion d’un

développement harmonieux des différents pays, notamment par des financements destinés aux

régions les plus défavorisées afin de ne pas faire reposer les ajustements sur les seuls flux

migratoires. Son bon fonctionnement suppose le respect, par chaque Etat membre, d’un

ensemble de règles de discipline arrêtées collectivement, et formant le cadre de surveillance

multilatérale.

La raison d’être de ces règles communautaires est, d’une part, assurer la cohérence entre les

politiques budgétaires nationales et la politique monétaire commune, et d’autre part,

promouvoir une convergence et une intégration des économies nationales. Ces principes

fondateurs de l’intégration économique et monétaire ont été à la base de l’Union Economique

et Monétaire Ouest Africaine dont les articles 63 à 75 du Traité constitutif ont tracé avec

précision le cadre de la surveillance multilatérale. Ainsi, l’article introductif à ce dispositif qui

forme la Section II du Chapitre II, du Titre IV du Traité, dispose : « Les Etats membres

considèrent leurs politiques économiques comme une question d’intérêt commun et les

coordonnent au sein du Conseil en vue de la réalisation des objectifs définis à l’Article 4,

paragraphe b) du présent Traité. A cette fin, le Conseil met en place un dispositif de

surveillance multilatérale des politiques économiques de l’Union dont les modalités sont

fixées aux articles 64 à 75 ».

En Afrique de l’Ouest, La communauté de monnaie (UMOA) commandait déjà une forme

souple de surveillance multilatérale assurée par le biais des règles d’intervention de la

BCEAO, notamment celles limitant les concours monétaires directs et indirects accordés aux

différents Trésors nationaux par le système bancaire. Mais ce système a montré ses limites à

la fin des années 80, avec l’explosion de l’endettement extérieur des pays, l’accumulation

Page 76: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

75

d’importants arriérés intérieurs, et de graves problèmes de finances publiques. Une rénovation

informelle du système a alors été entreprise.

La formalisation d’un cadre d’exercice de surveillance multilatérale complet par la

Commission de l’UEMOA est intervenue le 8 décembre 1999, par Acte Additionnel N° 04/99

portant Pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance et de Solidarité (PCSCS) entre les

Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), décision

mise en application par l’adoption par le Conseil des Ministres de l’UEMOA, du Règlement

N° 11/99/CM/UEMOA.

Le PCSCS de l’UEMOA constituait ainsi une avancée considérable de l’Union au moment de

son adoption ; il inaugurait une nouvelle expérience en matière de suivi des performances

macroéconomiques des Etats membres. Les programmes pluriannuels élaborés dans ce cadre

devaient permettre aux Etats de planifier l’évolution de leurs performances de manière à

aboutir, à terme, au respect des conditions de convergence.

Ce pacte est très marqué par le schéma du pacte budgétaire de l’Union Européenne (UE).

Toutefois, contrairement à celui de l’UE, le pacte de l’UEMOA surpasse les critères

d’endettement et d’inflation pour s’intéresser aux volets concernant le développement

économique et ce, par la définition de certaines normes qualifiées de critères dits « de second

rang ». Dans les deux cas (UE et UEMOA), la surveillance de la politique économique va au-

delà du domaine monétaire pour mettre sous contrôle communautaire les variables

budgétaires. Cette disposition est d’ailleurs justifiée par les évolutions au sein de l'UEMOA

sur la période 1975-1985 (Ary-Tanimoune & Plane, 2005), et par la littérature qui souligne

qu’il est difficile de promouvoir l'efficacité économique sans une bonne combinaison des

politiques monétaire et budgétaire [ (Semedo & Villieu, 1997) ; ( (Devarajan, Walton, &

DEC, 1994)]31

.

31 De nombreux auteurs estiment que les divergences des politiques budgétaires dans les années 1980, ont rendu

inefficace le contrôle macroéconomique par la seule politique monétaire. Dans le cas de l'Union européenne, il

s’agit de (Creel & Sterdyniak, 1998) et (Creel & Sterdyniak, 1995)

Page 77: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

76

1.2.2.1 Elaboration de l’Acte relatif aux critères de convergence de l’UEMOA

La perspective de la convergence en zone UEMOA se trouvait dans deux enjeux majeurs : les

coûts liés à l’absence de coordination et les possibilités d’accélération du processus

d’intégration ou de développement économique. Avant de savoir comment se concrétise cette

convergence, il serait souhaitable d’en avoir un aperçu net.

a) Qu’est-ce-que la convergence ?

La convergence des politiques économiques a lieu lorsque plusieurs pays pratiquent des

politiques économiques coopératives fondées sur la poursuite d’objectifs communs ou

proches et contrôlées par l’existence de mécanismes de surveillance multilatérale. Ces

mécanismes sont destinés à garantir la conformité des politiques économiques nationales avec

les objectifs préalablement fixés. Nous distinguons :

La convergence nominale : fait référence aux critères immédiatement observables à

savoir le taux d’inflation, le ratio de dette ou de déficit publics par rapport au PIB, le

taux d’intérêt de long terme. Il y a également convergence nominale lorsque ces

variables tendent vers une valeur de référence.

La notion de convergence réelle est moins rigoureusement définie, et fait référence à

la convergence des niveaux de vie au sein d’un groupe de pays, des niveaux de

productivité et des structures Elle établit une homogénéisation des conditions de vie

qui entraîne une cohésion économique et sociale. De manière pratique, elle se traduit

par la réduction de la dispersion des niveaux de revenu par tête de ces pays, au cours

du temps.

A l’origine, le concept de convergence est une hypothèse utilisée pour décrire le processus par

lequel les économies les plus pauvres devraient rattraper celles qui bénéficient d’un niveau de

revenu par tête plus élevé. L’explication réside dans le fait que dans les premiers modèles de

croissance néoclassiques, notamment celui de (Solow R. M., 1956), les productivités

marginales sont supposées décroissantes pour chaque facteur de production. Selon cette

Page 78: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

77

théorie, le rythme des gains de productivité ralentit au fur et à mesure que l’économie se

rapproche de la situation d’équilibre de long terme. D’autres développements ont été effectués

avec la notion de clubs de convergence (Berthélemy & Varoudakis, 1995).

(i) Modèle de croissance néoclassique

L'approche néo-classique de la croissance est basée sur le modèle de Solow (1956) reposant

sur deux hypothèses fondamentales :

la productivité marginale décroissante de chacun des facteurs de production, capital et

travail : si on ajoute de manière successive des unités supplémentaires d’un facteur de

production, les quantités des autres facteurs étant maintenues inchangées, les

augmentations de production qui en résultent diminuent à partir d’un certain point ;

les rendements d'échelle constants : si tous les facteurs de production sont multipliés

par une certaine quantité donnée, il en est de même pour la production.

Ces deux hypothèses assurent que le PIB par tête d'une économie atteint, à long terme, une

valeur d'équilibre, ou plutôt une succession de valeurs d'équilibres, du fait de l'existence du

progrès technique. Lorsque l'économie est sur son sentier d'équilibre de long terme, la

croissance du PIB par tête est égale au taux du progrès technique, exogène. Une économie

peut s'éloigner temporairement de son sentier d’équilibre, mais la stabilité de l'équilibre assure

qu'elle y retournera. Pendant ces phases de transition vers l'équilibre, la croissance par tête

(en valeur absolue) est d'autant plus élevée que l'économie est éloignée de son sentier, du fait

de la productivité marginale décroissante du capital. En d'autres termes, l'économie converge

vers son sentier d'équilibre de long terme.

Toutefois, l'approche néo-classique de la croissance présente des limites dans la mesure où :

Les comportements économiques n'ont pas d'influence sur le rythme de croissance de

long terme, celui-ci n'étant déterminé que par des variables exogènes : évolutions

démographique et technique.

Les théoriciens de la croissance endogène ont opéré une rupture significative en

proposant des explications économiques de la croissance à long terme.

Page 79: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

78

La condition nécessaire à l'existence d'une croissance auto-entretenue, caractéristique

des modèles de croissance endogène, est que la productivité marginale du capital ne

s'annule pas quand le stock de capital par tête devient grand. Ainsi en levant une des

hypothèses du modèle de Solow, la croissance à long terme dépend des

comportements économiques : un taux d'épargne plus élevé, par exemple, influence

positivement la croissance. En revanche, la propriété de convergence disparaît.

A travers le modèle de croissance néoclassique inspiré par Solow (1956), (Elmslie, 1995)

indique que la convergence réelle peut être induite par un transfert de technologie qui crée

une tendance naturelle des pays pauvres à converger vers les pays relativement riches. Pour

traduire ce phénomène, (Barro & Sala-i-Martin, 1990) introduisent les concepts de « 𝛽-

convergence » - /bêta-convergence/ et « 𝜎-convergence » - /sigma-convergence/, termes

couramment utilisées dans la littérature récente sur la croissance. Nous précisons que :

la 𝛽-convergence se réfère au processus d’ajustement, dans le temps, des économies

vers un même sentier de croissance ou vers une valeur de référence ;

la 𝜎-convergence permet de mesurer le degré de rapprochement, dans le temps, entre

plusieurs économies au regard d’un ou de plusieurs indicateurs ou critères.

Ainsi, à l’hypothèse de convergence basée sur le modèle de croissance néoclassique,

s’opposent les modèles de croissance endogène, qui eux, insistent sur le rôle des externalités.

Par exemple :

Selon (Romer P. M., 1986) : les conditions initiales, le stock de capital physique ou de

capital humain déterminent le taux de croissance par tête.

selon (Romer P. M., 1994), les caractéristiques de l’économie expliquent la diversité

des rythmes de croissance et jouent un rôle crucial sur la croissance à long terme.

Tous ces débats reposent sur la convergence réelle, tandis que ceux relatifs aux critères de

convergence instaurés en zone franc et dans l’UEMOA portent sur la convergence nominale,

qui est ainsi définie car visant des objectifs économiques chiffrés ou fixés en termes

nominaux. Quand bien même il existe des travaux établissant un lien formel entre ces deux

formes de convergence, il convient de noter que l’efficacité des critères demeure tout de

même limitée car la convergence nominale n’est qu’une forme faible de la structurelle et il

Page 80: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

79

n’existe pas de causalité positive entre ces deux formes de convergence selon (Tavéro, 1999),.

N’empêche que les critères de convergence demeurent nécessaires dans la mesure où ils

permettent d’apprécier la qualité de la « combinaison politique monétaire - politique

budgétaire » des États, c’est-à-dire le policy-mix (Barthe, 2000).

(ii) Application du modèle de croissance néoclassique à l’UEMOA

Partant du modèle de croissance néoclassique, (Baumol, 1986) souligne que les forces qui

accélèrent la croissance des économies en développement entraînent, dans le long terme, une

tendance à la convergence des niveaux de production par tête. Ainsi, en union économique et

monétaire (conditions réunies par l’UEMOA), les taux de croissance enregistrés dans les pays

en développement devraient, sur le long terme, être supérieurs à ceux des pays

économiquement plus avancés, ce qui permettrait de réduire l’écart entre les niveaux de

développement de ces deux groupes de pays et de tendre vers une homogénéisation des

niveaux de vie.

Or, sur la dernière décennie, à l’exception de la Côte d’Ivoire dont les performances

économiques ont été altérées par une crise socio-politique, les pays de l’UEMOA semblent se

stabiliser sur une croissance lente et visiblement peu différenciée, quand bien même ils

présentent des niveaux de PIB par tête très hétérogènes (figure 1-6).

Même si des programmes économiques régionaux sont mis en œuvre pour compenser ces

asymétries, leur ampleur est limitée à cause du financement. Or, il n’existe pas de mécanisme

de stabilité financière permettant aux états de combler les déficits liés à la mise en œuvre des

critères de convergence et au manque à gagner sur les recettes douanières.

En dépit de ces défaillances, nous notons toutefois un retournement de tendance du PIB par

habitant depuis la mise en place de l’UEMOA en 1994. En effet, le PIB par habitant était en

baisse juste avant la mise en place de l’institution : il est passé de 383,53 en 1980 à 339,53

dollars en 1984, pour se retrouver à 303,37 dollars en 1994. Après 1994, le PIB par habitant

connait une hausse principalement due à la dévaluation, ce qui a impulsé les exportations de

la Côte d’Ivoire. Sous l’hypothèse que l’effet de la dévaluation sur la balance commerciale

devrait s’atténuer au bout de quelques années, nous devrions normalement assister à un retour

à la tendance initiale. Or, pour les pays de l’UEMOA, le PIB par habitant n’a pas cessé

Page 81: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

80

d’augmenter sur la période 1995-1999. Il s’est par la suite stabilisé (plutôt que de baisser)

entre 1999 et 2002, pour recommencer à croître depuis 2002. Des facteurs tels que

l’accroissement des échanges internationaux avec la zone et la mise en place de l‘initiative

PPTE pourraient expliquer cette tendance inattendue.

Figure 1-6 : PIB par habitant en dollars (US) courants des pays de l'UEMOA de 1994 à 2012.

Source : Données issues du Africa Development Indicators 2012/13 de la Banque Mondiale.

Par ailleurs, en observant les balances commerciales des pays étudiés (figure 1.7), nous

constatons que la Côte d’Ivoire réalise un excédent du fait de ses exportations alors que la

plupart des autres pays ont une balance commerciale déficitaire. Dans ces conditions - de non

similarité -, un choc sur le taux de change bénéficie à certains pays contrairement aux autres.

La figure 1.7 montre qu’il n’est pas possible de dire que les pays de l’UEMOA convergent.

Nous notons d’ailleurs une divergence en faveur de la Côte d’Ivoire.

L’origine de cette absence de convergence serait à rechercher dans les différences de

conditions de vie des populations entre les pays membres (Viroleau, 2013). En effet, force est

de constater que les critères de convergence définis pour la zone UEMOA sont purement

d’ordre (macro)économique ; ils ne prennent pas directement en compte le rapprochement des

conditions de vie des populations.

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

199

4

199

5

199

6

199

7

199

8

199

9

200

0

200

1

200

2

200

3

200

4

200

5

200

6

200

7

200

8

200

9

201

0

201

1

201

2

Benin Burkina Faso Cote d'Ivoire Mali Niger Senegal Togo

Page 82: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

81

Figure 1-7 : UEMOA : Balance extérieure des biens et services sur la période 1980-201232

Source: Données issues du Africa Development Indicators 2012/13 (World Bank, 2013)33

Il est vrai que la stabilité macroéconomique (garantie par les critères portant sur le solde

budgétaire de base et la dette publique) et/ou la réduction de l’inflation (permettant de limiter

la baisse du pouvoir d’achat des ménages les plus pauvres et de préserver l’épargne des plus

fortunés) sont sources d’amélioration du bien-être. Cependant, les faits montrent que la

réduction de la dette publique ou de l’inflation ne conduit pas systématiquement à une

réduction de la pauvreté et des inégalités. En effet, ni la pauvreté, encore moins les inégalités

n’ont été réduites de façon significative dans les pays de l’UEMOA ; bien au contraire.

b) Critères de convergence dans L’UEMOA

L’efficacité d’un pacte de convergence réside dans sa capacité à rechercher en permanence, à

travers les règles de son dispositif, un équilibre entre la discipline et la flexibilité. C’est cet

équilibre que recherchait la Commission de l'UEMOA qui a en charge la mise en application

de la surveillance multilatérale.

32 Bénin (BEN); Burkina-Faso (BFA); Côte d’Ivoire (CIV); Mali (MLI); Niger (NER); Sénégal (SEN); Togo

(TGO). 33

External balance on goods and services (current US$); NE.RSB.GNFS.CD

-4E+09

-3E+09

-2E+09

-1E+09

0

1E+09

2E+09

3E+09

BEN

BFA

CIV

MLI

NER

SEN

TGO

Page 83: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

82

La convergence de l’UEMOA s'est initialement appuyée sur une directive de 1996 modifiée

en 1997, adoptée par le Conseil des ministres de l'Union et établissant cinq indicateurs de

convergence budgétaires assurant la compatibilité des politiques budgétaires avec les objectifs

monétaires de l’Union, en particulier la stabilité des prix. Ce processus a été approfondi avec

l’entrée en vigueur en décembre 1999 du pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance et

de Solidarité entre les États-membres de l’UEMOA, dont les actes ont été adoptés lors de la

Conférence des chefs d’États et de gouvernement tenue le 8 décembre 1999 à Lomé, et du

Conseil des ministres de l’UEMOA tenu à Dakar le 21 décembre 1999 :

(1) une refonte des critères de convergence : au centre du dispositif se trouve un critère

clé34

, le solde budgétaire de base (SBB) en pourcentage du PIB nominal. Il permet de

mesurer la capacité de l’État à couvrir ses dépenses courantes (y compris les charges

d’intérêt) et ses dépenses en capital sur ressources internes avec ses ressources propres

(recettes totales hors dons). En 2002, ce solde devra être supérieur ou égal à 0 %.

Parallèlement, trois autres indicateurs sont retenus et forment ensemble les quatre critères de

premier rang. S’y ajoutent quatre critères de second rang, qui fournissent une orientation à

moyen terme et dont le non-respect n’entraîne pas forcément de sanctions.

(2) l'adoption de programmes de convergence : les Etats se sont engagés à se conformer à

l’ensemble de ces critères pour le 31 décembre 2008.

La batterie d’indicateurs de convergence reflète la volonté de consolider l’ajustement

budgétaire afin d’asseoir les bases d’une viabilité financière susceptible de porter la

croissance économique de l’Union, de manière durable. Le tableau 1-2 présente les critères

de convergence comparés de l’UEMOA et de l’Union Européenne. Dans ce tableau, les huit

critères de convergence du pacte de l'UEMOA sont mis en relation avec les critères du pacte

de stabilité de l'Union européenne, ce dernier ayant pérennisé les dispositions prises pour la

constitution de la zone Euro.

Le Pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance et de Solidarité ainsi défini, devait

conduire tous les Etats membres à converger, chacun selon son rythme, vers les critères ainsi

arrêtés, et une échéance avait été fixée au 31 décembre 2002. Celle-ci a été reportée

successivement au 31 décembre 2005, 2008 puis 2013.

34 L’équilibre budgétaire est la clé de voûte de la crédibilité à long terme de la parité du franc CFA.

Page 84: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

83

Tableau 1-2 : Critères de convergence comparés en UE et en UEMOA

Pacte de stabilité et de croissance

(Union Européenne)

Pacte de convergence de stabilité, de

croissance et de solidarité

(UEMOA)

CRITÈRES DE PREMIER RANG

Déficit budgétaire Solde global maximum (≤ 3 %) du

PIB

Solde budgétaire de base équi l ib ré

(≥ 0% du PIB)

Dette publique Maximum (≤ 60%) du PIB Maximum 70% du PIB (≤ 70%)

Arriérés de paiements Non-accumulation (= 0)

Taux d'inflation Maximum (≤ 1,5% de plus que celui,

des 3 pays ayant la plus faible

inflation)

Maximum 3% (≤ 3%)

CRITÈRES DE SECOND RANG

Taux d'intérêt à long terme Maximum (≤ 3%) de plus que celui

des 3 pays les plus stables en

matière de prix

Pression fiscale (part de

recettes fiscales dans le PIB)

Minimum (≥ 17% ) du PIB

Dépenses salariales Maximum (≤ 35%) des recettes fiscales

Dépenses d'investissement Minimum (≥ 20%) des recettes fiscales

Déficit extérieur courant Maximum (≤ 5%) du PIB

Source : Pacte de convergence de l’UEMOA (Ary-Tanimoune & Plane, 2005).

Un seul critère figure dans le PCSCS de 1999 et complète les règles antérieures de contrôle du

crédit35

: le ciblage d'une inflation. Un taux de change fixe, garanti par l'extérieur, et la

présence d'une banque centrale supranationale devaient limiter l'inflation, encourager

l'épargne et l'investissement, et éventuellement les exportations, pour générer un taux de

croissance économique plus élevé (Medhora, 1996) ; d’où la fixation du taux d’inflation de

l’UEMOA à 3%. Ce niveau peut paraître incompatible avec les besoins de financement du

développement dans l’UEMOA - comme le souligne (Avom, La coordination des politiques

budgétaires dans une union monétaire : l’expérience récente des pays de la CEMAC, 2007) -

et faible au regard de celui des pays industrialisés mais pourrait se justifier, selon (Chambas

G. , 1994) par le fait que dans les pays de l’UEMOA, la matière imposable est limitée et

difficilement saisissable par des administrations aux faiblesses de fonctionnement reconnues.

35 Par les Institutions de l'UMOA, l'accent a été mis, dès 1973, sur les conditions de mise en œuvre d'une

politique monétaire compatible avec la préservation d'une parité fixe. Dans un contexte de faible capacité

d'emprunt commercial, la création monétaire, notamment par le financement du déficit budgétaire via les

avances de la banque centrale aux Trésors, constituait alors le seul verrou à tenir. Le pacte de 1999 n'a donc pas

eu à innover en ce domaine.

Page 85: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

84

Aussi, ce critère de limitation des tensions inflationnistes à un seuil de 3 % pourrait-il être vu

comme un approfondissement de la programmation monétaire36

, actuellement appliquée en

zone UEMOA et qui n’est rien d’autre qu’une politique monétaire de règle déguisée.

Hormis cette variable de caractère monétaire, le dispositif est entièrement structuré autour de

variables budgétaires. Les objectifs relevant de la préservation de la solvabilité financière

sont présents dans le pacte, à travers l'équilibre budgétaire de base et le maintien de la dette

en dessous 70 % du PIB. Ils le sont également à travers l'élévation du taux de pression

fiscale à un taux minimal de 17 % (Recettes fiscales sur PIB ≥ 17%) destiné à couvrir les

missions publiques essentielles.

- Les critères de premier rang sont dominés par le critère clé du SBB, lequel solde se

forme par différence entre les recettes (hors dons) et les dépenses courantes majorées des

investissements financés sur ressources internes. Rapporté au produit intérieur de l'année, ce

solde se devait d'être équilibré à l’horizon 2013 dernièrement (Solde budgétaire de base sur

PIB ≥ 0%). En comparant avec l'UE, le souci des Etats africains a été d'influencer non

seulement le solde, mais également la composition du budget en termes de dépenses et de

recettes37

. La monnaie commune préexistant, l'ambition a été de prévenir la reconstitution des

déficits budgétaires non soutenables et de stimuler l'activité économique.

- Le critère clé est renforcé par le critère relatif à l’endettement public, lui-même relié

à la situation budgétaire, car permettant d’éviter que les besoins de financement de l’État

n’évincent les besoins du secteur privé à travers un plus grand placement des titres des

Trésors nationaux sur le marché financier (cas de l’UEMOA notamment). Le respect de ces

deux critères est supposé permettre à chaque pays de la zone d’assurer sa solvabilité et

d’éviter un endettement excessif, compte tenu des conséquences négatives sur l’union

monétaire et sur l’économie.

36 La programmation monétaire est issue des réformes de la politique monétaire et financière introduites en 1990.

Elle est une technique bien répandue dans les pratiques des banques centrales des pays industrialisés. Elle

consiste à définir une norme de progression des agrégats monétaires et de crédit et à fixer un montant maximum

de refinancement des banques, en fonction des anticipations de croissance, de l’évolution des soldes budgétaires

publics et de la balance des opérations courantes, du niveau général des prix, mais aussi de la structure de

l’endettement de l’État. Elle vise donc à établir des interrelations entre le secteur réel, la politique monétaire, la

politique budgétaire et la contrainte extérieure, pour limiter davantage les tensions inflationnistes (Avom &

Ekomo, 2007). 37

Le choix du solde de référence a été l'objet d'importants débats. Certains lui préféraient le solde global, dons

compris, qui avait l'avantage d'être en lien avec les variations de la dette, mais l'inconvénient d'entretenir la

vulnérabilité envers une aide extérieure difficilement prévisible justifie sa composition actuelle.

Page 86: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

85

- Le pourcentage de pression fiscale (Recettes fiscales sur PIB ≥ 17%) peut apparaître

faible au regard de celui des pays industrialisés, mais dans les PED, la matière imposable est

limitée et difficilement saisissable par des administrations aux faiblesses de fonctionnement

reconnues (Chambas G. , 1994). Aussi, ne devrait-il pas sous-estimer les arguments du

marché politique, notamment l'efficacité des propriétaires fonciers à susciter l'ajournement

des réformes ou à se soustraire à la fiscalité sur les actifs immobiliers.

A ces variables d'endettement et de fiscalité qui créent les conditions de la solvabilité, s'ajoute

un critère de liquidité à travers le non-recours aux arriérés de paiement (Somme des arriérés

sur intérêts et amortissement intérieurs (et/ou extérieurs) égale à zéro). L'interdiction de

recourir aux arriérés de paiement évite ainsi que les crises de liquidité affectent directement le

secteur marchand et notamment le secteur privé. Dans le passé, par les jeux de « report » et

d'« imitation », les arriérés publics ont affecté la qualité de portefeuille des banques, nourri les

tensions inflationnistes par anticipation de non-paiement des fournisseurs et ont finalement été

d'un coût économique exorbitant en sapant les bases du développement déjà fragile des petites

et moyennes entreprises du secteur privé (Tanzi & Blejer, 1983). Ce critère s’explique

également par les exigences en matière de gouvernance publique imposées par le FMI dans le

cadre des programmes d’ajustement structurel et qui portent notamment sur une gestion

rigoureuse du budget.

Dans le cadre de l'accélération de la croissance, l'accent est mis sur la nécessité de réduire la

part relative des salaires de la fonction publique, pour pouvoir augmenter les dépenses de

fonctionnement et d'investissement. En renonçant à ces objectifs, les responsables politiques

ont, par le passé, privilégié le développement d'une dépense budgétaire de faible rentabilité

sociale au détriment de dépenses plus productives dans les domaines du fonctionnement des

administrations et de l'investissement. Afin de promouvoir une gouvernance publique plus

efficace, il convenait que les Etats prennent l'engagement formel de transférer les ressources

de la masse des salaires vers des postes plus à même de stimuler la croissance. Dans cette

perspective, le pacte impose que la masse salariale n’excède pas 35% des recettes fiscales

(Masse salariale sur Recettes fiscales ≤ 35%). La maîtrise de ces dépenses devrait faciliter

le dégagement d'une épargne publique courante capable de financer au moins 20% des

investissements publics (Investissements publics sur Recettes fiscales ≥ 20%). Jusqu'à la

dévaluation du franc CFA, la contraction de l'investissement public constituait souvent une

modalité de finalité budgétaire en amont de la constitution des arriérés de paiement. Par cette

Page 87: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

86

recommandation faite aux Etats, le pacte pointe une volonté d'arbitrer en faveur des dépenses

productives de long terme, contre les dépenses improductives de court terme. Force est de

constater que l'UEMOA a ainsi devancé les débats de l'Union européenne sur le « biais anti-

investissement » de son pacte et l'opportunité d’introduire cette dimension porteuse de

croissance régionale (Le Cacheux, 2004).

Les critères dits de premier rang conditionneront le passage à la phase de stabilité, en janvier

2006. En phase de convergence comme en phase de stabilité, toute dégradation d’un critère de

premier rang appelle la mise en œuvre de mesures rectificatives, même si cette dégradation ne

se traduit pas par le non-respect de la norme fixée. Quant aux critères de second rang, ce sont

des repères indicatifs qui éclairent les modalités de l'harmonisation budgétaire (tableau 1.3).

Tableau 1-3 : Critères de convergence économique en zone franc.

Indicateurs de premier rang Objectifs Indicateurs de second rang Objectifs

Solde budgétaire de base / PIB

≥ 0%

Masse salariale / recettes fiscales

≤ 35%

Taux d’inflation annuel moyen

38 ≤ 3%

Investissements financés / recettes fiscales ≥ 20%

Endettement / PIB39

≤ 70%

Solde extérieur courant hors dons / PIB ≥ -5%

Arriérés de paiements

intérieurs ou extérieurs40

Non

accumulation

Recettes fiscales / PIB41

≥ 17%

Source : Pacte de convergence de l’UEMOA42

[ (UEMOA, 1999) ; (UEMOA, 1999)].

Le non-respect de ces critères de convergence pourrait faire l’objet de sanctions.

Les sanctions prévues par le Traité de l’UEMOA sont de quatre types : la publication par le

Conseil d’un communiqué ; le retrait des mesures positives dont bénéficiait éventuellement un

État-membre ; la recommandation à la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) de

revoir ses interventions en sa faveur ; la suspension des concours de l’UEMOA.

38 Glissement des indices moyens annuels de janvier à décembre d'une année par rapport à ceux de l'année

précédente. L'indice des prix à la consommation considéré est l'IHPC (Indice harmonisé des prix à la

consommation). 39

Encours de la dette publique totale en valeur nominale (intérieure et extérieure) rapporté au PIB nominal. 40

Somme des arriérés sur intérêts et amortissement intérieurs égale à zéro et Somme des arriérés sur intérêts et

amortissement extérieurs égale à zéro. 41

Recettes fiscales totales en % du PIB nominal. 42

Le Pacte de convergence, de stabilité et de croissance de l’UEMOA (1999), impose aux états membres, pour

accéder à la phase de stabilité en 2005, de ramener le ratio dette publique sur PIB nominal à 70 % et le solde

budgétaire conventionnel à 0 % du PIB nominal. Voir annexe 7.

Page 88: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

87

L'acte additionnel institue un mécanisme de sanction à l'égard des États qui ne respecteraient

pas le critère clef de convergence. Ces sanctions, qui résultent de l'application de l'article 74

du Traité de l'UEMOA sont de nature déclarative et financière (exclusion de l'État considéré

des mécanismes de solidarité communautaires). Cependant, des "circonstances

exceptionnelles" peuvent exonérer un État du non-respect de son critère clef :

choc économique se traduisant par une diminution du PIB réel de trois points ;

choc extérieur se traduisant par une chute de 10 % des recettes budgétaires, par rapport

à la moyenne des trois dernières années ;

cas de force majeure.

Le Pacte considère comme « excessifs » les déficits et dettes au-delà de ces limites mais avec

une certaine souplesse, par exemple en tenant compte du caractère durable ou passager des

dépassements observé ou encore du sens général de l’évolution de moyenne période. La base

théorique sur laquelle s’appuie le traité, c’est l’idée selon laquelle : « …les Etats membres

doivent considérer leurs politiques économiques comme l’objet d’intérêt commun…et les

coordonner au sein du Conseil ».

Le non-respect des critères de second rang (masse salariale rapportée aux recettes fiscales,

investissements publics financés sur ressources internes rapportés aux recettes fiscales, déficit

extérieur courant hors dons par rapport au PIB nominal, taux de pression fiscale) n'entraîne

pas forcément de sanction mais ils ont vocation à être respectés à moyen terme.

1.2.2.2 Etat de la convergence dans l’UEMOA

Nous proposerons dans cette partie un état des lieux de la convergence des politiques

économiques dans la zone. En premier lieu, nous examinerons l’état de la convergence au

regard des critères de convergence fixés sur la période 2002-2012; et en second lieu, nous

l’examinons à la fin de l’année 2012. Cette démarche nous permettra de rechercher en

conclusion, les limites de la surveillance multilatérale en zone UEMOA.

Page 89: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

88

a) Sur la période 2002-2012

Le tableau 1-4 présente les états de la convergence dans l’UEMOA sur la période 2002-2012.

Nous notons qu’après quatorze années de mise en œuvre du dispositif de convergence en

UEMOA, les Etats membres de l’Union n’ont pas pu respecter les conditions de convergence

édictées, sauf ceux se rapportant à l’encours de la dette publique totale rapporté au PIB

nominal et à la non-accumulation des arriérés de paiement. En effet, les pays ont fourni des

efforts considérables qui se sont traduits par l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative

PPTE par tous les pays et par conséquent, le bénéfice de l’effacement de la dette extérieure

multilatérale dans le cadre de l’initiative du G8.

Cette situation particulière, marquée par un important allégement du poids de la dette et

confortée par l’émergence d’un marché financier dynamique, a renforcé les capacités des

Etats membres à faire face aux nombreux défis auxquels ils sont confrontés, notamment le

développement des infrastructures et l’affermissement des politiques menées en faveur des

secteurs sociaux.

En effet, les critères des pactes de convergence de la zone UEMOA n’ont pas véritablement

pris en compte le rôle distributaire et allocataire de l’État. Or cette prise en compte est

indispensable surtout dans le contexte de l’adhésion des pays africains membres de l’UEMOA

aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), de la mise en place des politiques

d’éradication de la pauvreté et au moment où la question de leur mode de financement fait

débat [ (Ary-Tanimoune & Plane, 2005) ; (Reisen, 2008)].

(*) Les Pays ont du mal à respecter le critère-clé du solde budgétaire de base sur PIB

nominal (norme ≥0) malgré la remise de la dette.

L’UE, qui est affectée par des chocs de bien moindre ampleur que ceux de l’UEMOA,

autorise un déficit budgétaire ne dépassant pas 3% du PIB. Cette marge de manœuvre

budgétaire, qui n’est effective que lorsque la position budgétaire d’un État est excédentaire ou

équilibré sur l’ensemble du cycle, permet un libre exercice des stabilisateurs automatiques.

Il importe de noter que dans la zone UEMOA, la fréquence et l’ampleur des fluctuations

cycliques conduisent à recourir à l’instrument budgétaire pour stabiliser les chocs

(Hoffmaister, Roldos, & Wickham, 1998). Or la nécessité d’une action contracyclique n’a pas

Page 90: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

89

été véritablement prise en compte dans la formulation des critères de convergence et

l’équilibre du SBB - hors dons - imposé par le pacte de l’UEMOA, pose la question du

financement de l’action stabilisatrice de la politique budgétaire.

(**) Pour ce qui est de la question des arriérés de paiement au sein de l’UEMOA, le tableau 1-

4 confirme de moins en moins la difficulté des États membres à respecter les engagements

pris.

Tableau 1-4 : Etat de convergence dans l’UEMOA sur la période 2002-2012

Indicateurs de convergence Nombre de pays (y compris la Guinée-Bissau) ayant respecté le critère en :

2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002

1 Solde budgétaire de base

sur PIB nominal (norme

≥0)

2 4 4 4 3 3 3 3 4 3 4

2 Taux d'inflation annuel

moyen (norme ≤ 3%)

5 4 8 7 0 7 7 1 8 7 4

3 Encours de la dette

publique totale rapporté

au PIB nominal (norme

≤ 70%)

8 8 7 6 6 5 5 5 4 4 3

4 Non-accumulation

d’arriérés de paiement

5 7 6 6 5 4 4 3 4 5 5

4.1 Arriérés de paiement

intérieurs

5 7 6 6 6 4 4 3 5 5 5

4.2 Arriérés de paiement

extérieurs

7 8 7 6 5 5 5 5 3 5 5

5 Masse salariale sur

recettes fiscales (norme

≤ 35%)

2 2 4 3 4 4 4 4 3 4 3

6 Investissements

financés sur ressources

intérieures sur recettes

fiscales (norme ≥ 20%)

6 7 4 5 5 2 2 4 4 5 4

7 Solde extérieur courant

hors dons sur PIB

nominal (norme ≥ -5%)

2 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1

8 Taux de pression fiscale

(norme ≥ 17%)

2 1 1 1 2 1 1 1 1 1 1

Page 91: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

90

S’agissant de l’accroissement du niveau du taux de pression fiscale et de solde extérieur

courant hors dons, il apparaît que la plupart des Etats membres de l’Union ne parviennent pas

à respecter de manière durable la norme communautaire relative auxdits critères, qui sont

respectivement de 17% et -5%. Depuis la mise en place du Pacte de convergence, tout au plus

un pays, rarement deux par an, arrivent à respecter ces critères.

b) Au 31 décembre 2012

Le tableau 1-5 présente l’état de la convergence en UEMOA au 31 décembre 2012.

(i) Concernant les critères de premier rang

Selon les données de l’UEMOA, le Bénin, le Burkina-Faso et le Niger ont respecté le critère-

clé du solde budgétaire de base sur PIB nominal (norme ≥0) en 2012.

Pour ce qui est du taux d’inflation annuel moyen, quatre Etats membres (Côte d’Ivoire, Niger,

Sénégal, Togo) respectent ce critère en 2012, les autres Etats membres réalisant des taux

d’inflation au-delà de la norme communautaire de 3% en raison principalement de la

hausse des prix des produits alimentaires, du tarif des transports et des cours du pétrole.

En ce qui concerne le ratio de l’encours de la dette publique totale rapporté au PIB

nominal et la non-accumulation des arriérés de paiement, ces critères sont respectés par tous

les Etats membres43

.

(ii) Concernant les critères de second rang

Pour le ratio de la masse salariale sur les recettes fiscales, à part le Niger et le Sénégal, les

autres Etats laissent paraître des grandeurs supérieures ou égales à 35%. Il est compris entre

35,7 (Togo) et 46,8 (Bénin).

Tous les Etats membres, sauf le Mali (avec un ratio de 17,4%) respectent le critère du ratio

des investissements publics financés sur ressources internes rapportés aux recettes

43 A l’exception de la Guinée-Bissau pour le critère de « non-accumulation des arriérés de paiement ».

Page 92: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

91

fiscales. A l’inverse, seuls le Mali avec un déficit de 4,3% et la Côte d’Ivoire (comme les

années précédentes) avec un solde de -1,9%, présentent des soldes extérieurs courants

( hors transferts publics) représentant plus de -5% du PIB nominal. Les autres Etats

membres dégagent des déficits compris entre 7,5% pour le Burkina Faso et 25,5% pour le

Niger.

Enfin, s’intéressant au critère du taux de pression fiscale supérieur ou égal à 17%, le Sénégal

et la Côte d’Ivoire respectent ce critère en 2012 avec des taux respectifs de 19,0%. Pour

les autres Etats, ce ratio est faible et cette situation s'explique essentiellement par une faible

capacité des Administrations fiscales, les exonérations et l'importance du secteur informel.

Au total, en 2012, seul le Niger respecte les quatre critères de premier rang. A part ce pays,

le Bénin et le Burkina Faso respectent le critère clé. Cinq Etats membres respectent trois

critères de premier rang : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo.

Le Mali respecte un seul critère de premier rang.

Page 93: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

92

Tableau 1-5 : Convergence dans l’UEMOA : état de réalisation des critères en 2012

Indicateurs de convergence BEN BFA CIV MALI NER SEN TGO Nombre de pays

ayant respecté le

critère1

1 Solde budgétaire de base sur PIB nominal (≥0) 0.5 0,6 -3,1

-0,7 0,3 -2,3 -2,6 3

2 Taux d'inflation annuel moyen (≤ 3%) 6,6 4,1 1,0 5,7

0,6 1,2 2,5 4

3 Encours de la dette publique totale rapporté au PIB nominal (≤

70%)

25,1 29,4 35,8 25,8 22,3 39,7 44,7 7

4 Non-accumulation d’arriérés de paiement (en milliards) 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 6

4.1 Arriérés de paiement intérieurs 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 6

4.2 Arriérés de paiement extérieurs 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 6

5 Masse salariale sur recettes fiscales (≤ 35%) 46,8

(45,0)

39,2

(31,8)

43,5

(43,4)

39,0 33,0 32,9 35,7 2

6 Investissements financés sur ressources intérieures sur

recettes fiscales (≥ 20%)

25,4

(24,4)

46,4

(37,7)

25,3

(25,2)

17,4 48,4 36,6 23,4 6

7 Solde extérieur courant hors dons sur PIB nominal (≥ -5%) -10,1 -7,5 -1,9 -4,3 -25,5

-8,7 -10,7 2

8 Taux de pression fiscale (≥ 17%) 15,9 15,7 17,3 15,1 14,4 19,1 16,2 2

Note : Données entre parenthèses : Ratio de la masse salariale corrigée des dons budgétaires et des ressources PPTE sur les recettes fiscales (en %) et Ratio des

investissements publics financés sur ressources internes corrigés des dons budgétaires et des ressources PPTE sur les recettes fiscales (en %).

Source : UEMOA : Rapport semestriel d'exécution de la surveillance multilatérale (UEMOA, 2013).

1 Non compris la Guinée-Bissau.

Page 94: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

93

Notons que, parallèlement aux critères de convergence précédemment cités, la surveillance

multilatérale a été renforcée entre 2005-2006, en associant les nouveaux critères arrêtés avec

un ensemble d’indicateurs macroéconomiques. Ainsi, le « Comité de convergence » de

l’UEMOA a proposé trois autres indicateurs complémentaires de convergence :

- L’indice d’inflation sous-jacente : il faut soustraire de l’indicateur d’inflation les

principaux éléments volatils45

;

- le SBB corrigé : permet de mieux apprécier la situation structurelle des finances

publiques, en supprimant les effets ponctuels des variations des cours ou de la production,

- l’indicateur d’évolution de la couverture des dépenses courantes, hors intérêts par

les recettes fiscales non pétrolières, qui permet d’analyser la soutenabilité structurelle des

dépenses de fonctionnement des budgets.

Bien que les critères de premier rang restent la référence pour apprécier la convergence, les

indicateurs corrigés ci-dessus sont supposés compléter et affiner le dispositif, de manière à

favoriser une meilleure appréciation des efforts de convergence structurelle fournis par les

autorités. Mais les changements introduits dans le dispositif de surveillance multilatérale

n’ont, à ce jour, pas permis de parvenir aux résultats escomptés.

Conclusion

L’UEMOA a été créée avec pour objectif budgétaire d’assurer la convergence des

performances et des politiques économiques des Etats-membres par une surveillance

multilatérale, puis d’instituer une coordination des politiques sectorielles nationales par la

mise en œuvre de politiques communes. Cependant, il existe beaucoup de pressions sur les

politiques budgétaires spécifiques à chaque Etat membre de l’Union et cette situation est

assimilée à une sorte d’étouffement de l’objectif d’intégration économique des pays de

l’UEMOA.

45 Dans l’UEMOA, le SBB corrigé est calculé en ajoutant aux recettes totales hors dons, le montant des dons

budgétaires et de l’aide PPTE ayant financé les dépenses courantes et les dépenses d’investissement.

Page 95: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

94

Pour mener des politiques budgétaires performantes, les pays de l’Union économique

monétaire ouest- africaine (UEMOA) doivent surtout s’atteler à accroitre les dépenses en

infrastructures et en capital humain pour libérer le potentiel de croissance des pays membres.

Aussi, la performance des politiques budgétaires définies au sein de l’UEMOA devra-t-elle

s’accompagner, entre autres, de la consolidation de la gouvernance macroéconomique dans

chaque pays membre et de la diversification des exportations.

En outre, il importe de relever les limites est les facteurs relatifs au bon fonctionnement du

PCSCS.

L’obstacle fondamental se situe au niveau du solde budgétaire. Autant la monnaie en tant

qu’instrument de compte a besoin d’être stable pour assurer une mesure correcte de la valeur

des biens et des services, autant, le SBB, en tant qu’instrument d’appréciation, celui-ci doit se

caractériser par une grande stabilité. Ce qui n’est, hélas, pas le cas, même s’il vrai que des

efforts louables ont été accomplis pour réviser ce critère, en définissant le SBB corrigé. En

effet, l’économie de l’UEMOA parait diversifiée avec un ensemble de productions agricoles

d’exportation, de cultures vivrières et un secteur secondaire relativement développé. La forte

dépendance à l’égard des produits d’exportation a également une incidence sur la gestion

budgétaire, qui se trouve fortement déterminée par l’évolution des prix des matières

premières.

A cela s’ajoute la signature du Traité de Maastricht en 1991, qui soumet les pays européens et

le partenaire France à des exigences nouvelles, résumées à travers les critères de convergence.

Parmi les différents interdits du processus d’unification figurent l’absence de déficits

budgétaires excessifs et l’interdiction pour la Banque centrale européenne (BCE) de consentir

toute forme de crédit à un gouvernement. Ces deux interdits ont de lourdes conséquences, car

ils posent à la France, la question de savoir comment être en règle avec la construction

monétaire européenne et la coopération avec les partenaires africains, sans courir le risque de

transgresser les engagements au niveau européen.

Enfin, L’inefficacité du dispositif de contrôle et de sanction constitue une faiblesse

caractérisant les mécanismes de la surveillance multilatérale. En effet, force est de constater

que les règles de surveillance multilatérale ne sont pas toujours respectées, soit à cause du

Page 96: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

95

déficit de crédibilité et de confiance dans les règles, soit à cause de « l’inexistence de bonnes

règles »46

(Creel J. , 2003).

A tout ce qui précède, s’avère la nécessité d’ajouter aux critères de convergence

macroéconomiques, des critères de convergence sociale. En effet, en omettant la dimension

sociale dans les critères de convergence, les banques centrales de la zone UEMOA mettent en

œuvre des politiques économiques qui ne sont bénéficiaires qu’aux Etats les plus développés

au détriment des plus pauvres. Cela engendre davantage de divergences dans les conditions de

vie des différentes populations de l’Union et réduit ainsi l’efficacité de la politique budgétaire

commune, laquelle politique budgétaire devrait pourtant permettre de pallier les difficultés

nées de l’endettement extérieur des pays de l’UEMOA.

46 Celles-ci se caractérisent, selon cet auteur, par une définition claire et simple, une transparence dans la

comptabilité publique, une flexibilité pour faire face aux chocs de demande ou d’offre et une cohérence avec les

autres objectifs de politique économique etun caractère suffisamment coercitif en ce qui concerne leur exécution.

Page 97: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

96

Chapitre 2: HISTORIOGRAPHIE DE

L’ENDETTEMENT DES PED ET

SOLUTIONS AU PROBLEME DE

SOUTENABILITE DE LA DETTE:

SPECIFICITE DES PAYS DE L’UEMOA

Introduction

La crise d’endettement des pays en développement (PED) a pris de l’ampleur en août 1982,

lorsque le Mexique annonça qu'il suspendait le paiement des intérêts qu'il devait au titre du

service de sa dette. Les milieux financiers se déclarèrent stupéfaits par cette décision qui était

pourtant prévisible. En effet, la crise de 1982 n’est pas la première du genre47

. Il est évident

qu'à partir de la fin des années 1960, et surtout à la suite du premier choc pétrolier, un double

laxisme est intervenu : d’une part, des créanciers qui octroient des crédits sans conditions

particulières ; et d’autre part, des pays débiteurs qui empruntent sans se soucier du « comment

rembourser », comptant sur les seules ressources de leurs matières premières.

Depuis ce cri d’alerte de la Mexique, s’est alors posé le problème de soutenabilité de la dette

des PED dont les pays de l’UEMOA. Comment en sont-ils arrivés à cette situation ? Les

solutions jusque-là envisagées pour réduire la dette de ces pays ont-elles atteint leur objectif ?

Ce deuxième chapitre de notre thèse se propose de répondre à ces questions et est, pour ce

faire, structuré en deux sections. La première développe l’histoire de l’endettement des PED

en insistant sur le cas de l’UEMOA. La seconde section débat des solutions entreprises pour

47 Pour un historique des crises d’endettement, voir (Millet & Toussaint, 2002).

Page 98: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

97

palier le problème de la soutenabilité de la dette dans les PED, notamment dans les pays de

l’UEMOA.

2.1 Généralités sur les problèmes d’endettement des PED

Avant de parler de l’endettement et de ses conséquences dans les pays en développement, il

convient de définir ce que l’on entend par « dette publique ».

La dette : généralités 2.1.1

2.1.1.1 Cadre conceptuel de la dette

La dette publique peut se définir comme l'ensemble des engagements financiers pris sous

forme d'emprunts par l’Etat et les entités publiques.

Pour être rigoureux, il conviendrait de parler de « dette brute de l’ensemble des

administrations publiques », vu qu’il ne s’agit pas de la dette du pays (entreprises et ménages

y compris), mais seulement celle de l'ensemble des administrations publiques.

Au sein de la dette publique, il faut distinguer la dette publique intérieure, détenue par les

agents économiques résidents de l'État émetteur, de la dette publique extérieure, détenue par

des prêteurs étrangers. Par ailleurs, il existe la dette de court terme (dont l’échéance est d’un

an ou moins), la dette de moyen terme (à échéance allant d’un à dix ans) et la dette de long

terme (avec une échéance au-delà de dix ans).

Mécaniquement parlant, la dette publique résulte de l'accumulation des déficits budgétaires

passés des administrations publiques. En effet, elle est le produit de l'accumulation des

besoins de financement passés des administrations publiques, résultant des différences entre

les produits (les recettes fiscales, en particulier) et les charges (notamment les dépenses

budgétaires) de ces administrations. La dette augmente donc à chaque fois qu'un déficit public

est financé par emprunt.

Page 99: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

98

Déficit public et dette publique sont donc étroitement liés : la dette augmente à chaque fois

que le budget des administrations est en déficit et que l’Etat doit emprunter pour couvrir ce

déficit. Le flux de déficit alimente donc le stock de dette existante.

Nous avons vu au premier chapitre que selon les principes du keynésianisme, augmenter le

déficit budgétaire pourrait s’avérer positif pour l'activité économique par le biais d'une

politique de relance, ou simplement être un moindre mal en des situations de récession

(L'effet de la récession est réduit).

Pour les néoclassiques par contre, l’Etat devrait, en cas de récession économique, éviter le

recours au déficit budgétaire car celui-ci traduit une mauvaise gestion des fonds publics et de

l'argent du contribuable. En effet, si le taux de rendement des investissements publics (donc

de l’économie) est plus élevé que le taux d'intérêt payé sur la dette publique, alors il est

rationnel de s’endetter. Lorsqu’elle est mesurée en pourcentage du PIB, la dette publique peut

baisser d'une année à l'autre, et ce, même en présence d'un déficit budgétaire, car le ratio dette

publique sur PIB diminuera dans le temps si le PIB croît plus vite que la dette, quand bien

même les deux augmentent.

La dette peut être analysée, soit à partir de ses composantes, soit à partir d’indicateurs

officiellement connus.

a) Analyse de la dette par ses composantes

La dette peut être due par des entités du secteur public (dette publique) ou des entités

du secteur privé du pays débiteur (dette privée).

Lorsqu’elle est due par des entités du secteur privé mais qu’elle est garantie par des entités du

secteur public, la dette est la plupart du temps incluse dans la dette publique et est ainsi

appelée « dette garantie par l’Etat ».

Quant à la dette privée, elle est contractée par des entreprises privées (la filiale d’une

multinationale des pays du Nord, une banque locale ou une entreprise industrielle locale) et

n’est pas garantie par l’État.

Page 100: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

99

La dette peut être définie selon le critère de résidence

Lorsqu’elle est due par les résidents publics et privés d'un pays à l'égard des non-résidents, la

dette est dite extérieure et a, dans ce cas, une influence directe sur la balance des paiements du

pays débiteur. Pour des raisons pratiques, la dette extérieure est parfois assimilée à une dette

libellée en devises étrangères, le critère de résidence n'étant alors pas pris en considération.

Pour ce qui est de la dette domestique, elle est due par des entités résidentes à d’autres entités

résidentes dans le pays.

La dette peut également être définie en fonction du type de créanciers

La dette est dite multilatérale lorsque les créances sont accordées par les institutions

financières internationales (principalement le FMI, la Banque Mondiale ou les banques

régionales de développement).

Elle est bilatérale si les créances sont accordées par les créanciers bilatéraux officiels que sont

les Etats ; c’est-à-dire les gouvernements ou leurs institutions compétentes, en particulier les

agences de crédit à l’exportation. Les créances bilatérales officielles proviennent de deux

types de financement :

les crédits garantis par les gouvernements ou leurs institutions compétentes. Par

exemple, les crédits commerciaux accordés pour financer les importations du pays

débiteur ;

les prêts des gouvernements au gouvernement ou aux entités publiques du pays débiteur.

Tous les autres créanciers sont des créanciers privés. Il s'agit essentiellement des fournisseurs,

des banques commerciales et des porteurs obligataires.

b) Analyse de la dette à travers des indicateurs (officiels) de dette

Les mesures officielles de la dette, déterminées par la Banque Mondiale dans ses bases de

données, et utilisées par le FMI, sont de trois types.

Page 101: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

100

D’une part, un certain nombre de mesures absolues, évaluées en monnaie courante (le plus

souvent en dollars), offrent des indications annuelles sur les montants de stock et de

service de la dette (total external debt et total debt service)48

. Les montants de dette sont

également divisés en stock de dette à long et à court terme (long-term debt, short-term

debt), publique ou privée (private nonguaranteed debt, public and publicly guaranteed

(PPG) debt). Le service de la dette est également divisé en service de la dette publique ou

privée.

D’autre part, les IFI proposent un certain nombre de ratios rapportant les valeurs

préalablement citées, soit au montant des agrégats de PIB ou de revenu national brut

(RNB), soit à celui des exportations de biens et services [Present value of debt (% of

exports of goods and services), Present value of debt (% of GNI), Total debt service (% of

exports of goods and services), Total debt service (% of GNI), Central government debt,

total (% of GDP), Debt service (PPG and IMF only, % of exports of goods and services),

PPG debt service (% of central government current revenue)].

Enfin, sont proposés un certain nombre d’indicateurs de caractérisation, de description

ou de composition de la dette et des flux financiers, selon les types de créanciers, les

devises, les termes et échéances ou les formes d’emprunts concernés ; les montants de

rachats et de réductions de dette, ainsi que ceux des réserves internationales sont

également relevés.

Le tableau 2-1 présente les ratios et seuils indicatifs d’endettement couramment utilisés.

Par ailleurs, dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le FMI

et la Banque mondiale ont élaboré un mécanisme pour guider les pays et les bailleurs de fonds

dans la mobilisation des financements nécessaires au développement des pays à faible revenu

tout en réduisant les risques d'une accumulation excessive de la dette à l'avenir. Dans cette

optique, le FMI et la Banque mondiale ont adopté conjointement le cadre de viabilité de la

dette (CVD) en avril 2005 (tableau 2-2). Ce cadre vise à guider les décisions d’emprunt des

pays à faible revenu, de manière à aligner leurs besoins de financement sur leur capacité de

remboursement actuelle et éventuelle, en tenant compte de la situation particulière de chaque

pays.

48 Les indicateurs entre parenthèses sont nommés en ces termes dans les bases des données de la Banque

Mondiale.

Page 102: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

101

Tableau 2-1 : Ratios d’endettement.

Ratios Evaluation / utilisation

Paiements d’intérêts sur Exportations Egalement appelé Ratio du service des intérêts, il

reflète les conditions de l’endettement extérieur

et partant, la charge de la dette.

Dette extérieure sur Exportations Indicateur tendanciel étroitement liée à la

capacité de remboursement d’un Pays.

Dette extérieure sur PIB Utile du fait de la liaison entre la dette et la base

de ressources (pour déterminer le potentiel de

réorientation de la production vers les

exportations afin de renforcer la capacité de

remboursement).

Valeur actuelle de la dette sur Exportations Indicateur de viabilité clé utilisé, par exemple,

dans les évaluations au titre de l’initiative PPTE,

comparant la charge de la dette aux ressources

publiques pouvant être affectées à son

remboursement.

Valeur actuelle de la dette sur Recettes

budgétaires

Indicateur hybride des problèmes de solvabilité et

de liquidités.

Tableau 2-2 : Seuils d’endettement pour la dette publique extérieure selon le CVD.

Qualité des

politiques et

Institutions

Valeur actuelle de la dette en pourcentage de : Service de la dette en

pourcentage de :

PIB Exportations Recettes Exportations Recettes

Faible 30 100 200 15 18

Moyenne 40 150 250 20 20

Elevée 50 200 300 25 22

Source : FMI, Cadre de viabilité de la dette. http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/jdsff.htm

Nous pouvons constater que l’ensemble des indicateurs d’endettement existant (les ratios) ont

pour vocation d’être surtout des indicateurs de la capacité des économies à assurer le

remboursement de leur dette, soit par la richesse qu’ils génèrent (PIB ou PNB), soit plus

directement par la part de celle-ci permettant de générer des devises transférables (le montant

des exportations). Ces indicateurs s’adressent donc fondamentalement aux créanciers et ne

permettent que de savoir dans quelle mesure les richesses dégagées par les pays endettés sont

Page 103: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

102

susceptibles de leur permettre d’assurer leurs « devoirs » de débiteurs ; ils n’évoquent en rien

les effets de l’endettement sur les pays débiteurs. D’où La nécessité de produire des

indicateurs complémentaires dont la vocation serait d’évaluer l’impact socio-économique de

l’endettement et de mettre à jour la charge effective que représente la dette sur le

développement des pays débiteurs.

2.1.1.2 Fondements de la dette publique

Le phénomène de l'endettement est une conséquence naturelle des activités économiques. Il

dérive du fait que certains pays ou institutions ont des excédents financiers, et d'autres des

besoins de financements. L'endettement permet donc à un pays d'investir des capitaux au-delà

de ses propres disponibilités financières en empruntant des excédents de capitaux (Klein,

1994).

En général, trois raisons théoriques justifient le recours d’un pays à l’emprunt extérieur: le

financement d’un investissement de haut niveau, le souhait d’échapper à un ajustement sévère

face à des déséquilibres (intérieurs ou extérieurs) profonds et la nécessité de lisser la

conjoncture.

a) S’endetter pour financer un investissement, lorsque l’épargne est inférieure à

l’investissement

Un pays peut renfermer un potentiel d’investissement productif sans pour autant disposer d’un

niveau d’épargne intérieure suffisant pour financer cet investissement. Dans ce cas, il peut

recourir à l’épargne extérieure pour la réalisation de cet investissement afin de donner lieu à

une accélération de la croissance économique.

A l'emprunt d’une épargne extérieure (source d’accumulation de la dette extérieure)

correspond un déficit de compte courant. Pour ainsi dire, si le déficit du compte courant

correspondant à l’emprunt d’une épargne extérieure pour le financement d’un niveau

Page 104: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

103

d’investissement élevé, en revanche, cet emprunt permet au pays en question d’augmenter sa

croissance économique.

b) S’endetter pour échapper à un ajustement face aux déséquilibres intérieurs ou

extérieurs

Un déficit du compte courant insoutenable nécessite un ajustement par des changements de

politiques économiques. Cependant, pour éviter des changements de politique économique,

un pays peut recourir à l’emprunt extérieur. Toutefois, la théorie suggère que les emprunts

extérieurs ont un impact positif sur les investissements et la croissance jusqu’à un certain seuil

car au-delà, l'impact de l’endettement extérieur sur le développement devient négatif.

Dans une étude, (Patillo & Poirson, 2011) analysent deux moments critiques du processus

d’accroissement de la dette : lorsque l’accroissement de la dette ralentit la croissance, puis

lorsque son impact devient négatif et aggrave la situation du pays. Ils concluent qu’à

condition d’être contenus dans des limites raisonnables, les emprunts extérieurs utilisés pour

financer l’investissement productif tendent à accélérer la croissance ; une fois ce seuil

dépassé, l’accumulation de dettes nouvelles risque de freiner l’expansion.

c) S’endetter pour lisser les fluctuations de la consommation en cas de baisse du revenu

Si un déficit du compte courant résulte de chocs exogènes négatifs (dégradation des termes de

l’échange, catastrophes naturelles, récession du côté des principaux partenaires) qui donnent

lieu à une baisse du revenu, alors le pays peut :

soit réduire ses dépenses de consommation et d’investissement (absorption)

proportionnellement à la baisse du revenu pour remédier à ce problème. Dans ce cas, il

n'y a pas dégradation du compte courant ;

Page 105: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

104

soit contracter une dette extérieure pour maintenir le niveau d’absorption. En effet, si

cette baisse du revenu n’est que temporaire, le pays sera convié à contracter une dette

extérieure.

Dans tous les cas, à long terme, le recours régulier aux emprunts extérieurs finit par relâcher

les efforts du pays emprunteur et par le rendre dépendant de l’épargne extérieure, mettant

ainsi en doute sa capacité à honorer ses engagements de remboursement de la dette

antérieurement contractée. Cette capacité de remboursement des emprunts contractés au titre

de la dette publique par les États et les collectivités publiques est évaluée par les agences de

notation financière.

L'emprunt est la modalité complémentaire de l'impôt pour le financement des dépenses. Il est

choisi quand l'État ne peut accroître les prélèvements fiscaux, le plus souvent craignant les

réactions des populations. Toutefois, le service de la dette peut atteindre des proportions très

élevées représentant une grande part des dépenses de l'État.

La dette publique se distingue donc, en macroéconomie, de la dette des ménages ou de la

dette des entreprises et augmente à chaque fois qu'un déficit public est financé par emprunt.

2.1.1.3 Le service de la dette

Par définition, le service de la dette est la somme que l'emprunteur doit payer chaque année

pour honorer sa dette. Cette somme comprend deux parties :

la charge de la dette (qui ne recouvre que le poids des intérêts seuls). Ces intérêts sont

calculés en appliquant un taux d'intérêt - fixé au moment de l'emprunt - au capital

restant dû, c’est-à-dire la somme qui n'a pas encore été remboursée.

le principal, encore appelé « annuité » : c'est le montant du capital emprunté qui est

remboursé chaque année. Ce montant dépend de la durée et du montant total de

l'emprunt (par exemple, pour cette dette préalablement contractée pour une durée de

vingt ans, le remboursement d’un vingtième de la dette par an représente l’annuité).

Page 106: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

105

Dans la base de données éditée par la BM, le « total du service de la dette – Total debt

service » est la somme des remboursements de capital et des intérêts réellement payés en

devises étrangères, en biens ou en services sur la dette à long terme, les intérêts payés sur la

dette à court terme et les remboursements (rachats et frais) payés au FMI.

Genèse de la dette des PED et situation de l’UEMOA 2.1.2

2.1.2.1 Historique et déterminants de l’endettement extérieur des PED

a) Historique

(i) De 1945 à 1960

Il serait erroné de parler de « pays du sud » à cette période vu que, de par le système colonial,

aucun droit de souveraineté n’est reconnu aux pays du Sud car ils font partie intégrante de

l’empire colonial du « Nord ». Mais cette période est essentiellement marquée par la

disparition de ces empires.

La fin des années cinquante marque la volonté de la part des deux grands blocs mondiaux

(capitalistes et communistes) de promouvoir la coexistence pacifique, sans pour autant tenter

de supprimer les enjeux idéologiques chers aussi bien à l’un qu’à l’autre. Face à une telle

situation, les nouveaux dirigeants nationalistes en Asie et en Afrique proclament

solennellement leur volonté d’anticolonialisme, de neutralisme et de non-alignement lors de la

conférence de Bandoeng en Indonésie en 1955, qui constituera alors l’acte de naissance du

« Sud » en tant qu’entité unie (Di Maio, Epelbaum, Gueydan, Hantcherly, & Hoppe). Ainsi,

les premiers pays indépendants, ou ceux qui tentent d’y accéder, fondent leur unité autour de

cette volonté de neutralité ou de non-alignement. Parallèlement à cela, les pays à économie de

type capitaliste mèneront une intense campagne anti-communiste en soutenant financièrement

et en investissant dans les pays en voie de développement.

Page 107: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

106

(ii) De 1960 à 1973

L’an 1960 marque la rupture définitive entre l’Union Soviétique et la Chine. La période est

marquée par une rivalité accrue entre l’Ouest et l’Est et voit s’organiser les PED, qui tentent

de se soustraire de la domination de l’une ou l’autre puissance, en un mouvement des « non-

alignés » lors de la Conférence de Belgrade en 1961.

Mais les années suivantes, les pays occidentaux connaissent une croissance économique forte

: les relations bilatérales coloniales cèdent la place à « une coopération au développement »,

ou à d’autres initiatives multilatérales telles que « les décennies au développement » de

l’ONU, les initiatives régionales de Yaoundé49

, l’Alliance pour le progrès50

ou la création de

la Conférence des Nations Unies pour le Commerce Et le Développement (CNUCED).

D’une manière plus évidente que pour la décennie précédente, cette période fait apparaître les

efforts des pays en voie de développement, souverains depuis peu, pour imiter la politique

économique des pays industrialisés, afin de parvenir au même niveau de vie. L’idée qui

domine le plus, c’est le désir d’appartenir à ce système mondial proposé par les pays du Nord,

synonyme de développement, et clé de l’enrichissement.

En 1970, la dette des pays en développement n'atteint que 67 milliards de dollars, soit 14 %

du PNB et 112 % des recettes courantes. Sur ce total, les marchés financiers privés ont moins

de dix milliards de créances sur les pays en développement et 56 % de leur dette publique est

à taux concessionnels.

(iii)De 1973 à 1982

Marquée par des exigences nettement plus économiques, cette période débute par le premier

choc pétrolier. Après la guerre du Kippour en 1973, le prix du pétrole est quadruplé par les

pays producteurs à titre de représailles. Les excédents des recettes pétrolières obtenus suite à

la flambée des prix du baril ont poussé les États bénéficiaires à rechercher les points de

placement rentables en les déposant dans les grandes banques des pays développés. Ces

dernières se sont retrouvées avec des excédents de liquidités en attente des emprunteurs

potentiels. Par la suite, ces pétrodollars ont été acheminés vers les PED sous forme de crédits

49 Accord d’association signé en 1963 entre la Communauté Européenne et 18 pays africains.

50 Programme à destination de l’Amérique latine proposé par le président américain Kennedy.

Page 108: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

107

à des conditions souples (taux d'intérêt bas, absence de garanties), notamment vers ceux

disposant d'importantes réserves de pétrole (Mexique, Venezuela, Nigeria, Gabon) et dans

ceux en voie d'industrialisation (Brésil, Argentine, Sud Est asiatique). En effet, la plupart des

analystes étaient alors très optimistes quant à l'avenir des PED, ce qui rendait les investisseurs

confiants : les prix des matières premières de ces pays avaient augmenté, tandis qu’ils

connaissaient une croissance moyenne d'environ 5 % par an.

Selon l’OCDE, entre 1970 et 1977, l’endettement extérieur des PED est passé de 72,2 à 244

milliards de dollars. La Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le

Développement (CNUCED)51

indique que 72% des emprunts bancaires provenaient de crédits

privés alors que ceux-ci ne représentaient que 51% de ces emprunts en 1967. En 1978,

l'endettement des PED atteint 300 milliards de dollars.

En 1979, avec l’avènement du second choc pétrolier, l’on assiste à un changement radical de

la politique monétaire : la Réserve fédérale américaine décide subitement d'augmenter les

taux d'intérêt américains afin de réorienter les flux d'investissement vers les États-Unis. Les

prêts aux PED étaient libellés en dollars et indexés en fonction du marché des taux d’intérêt

américains et de celui de la City Bank (Londres). Par voie de conséquence, ces taux d’intérêt

explosent (exemple : en Amérique Latine, le taux d’intérêt réel passe de -3,4% dans les

années 70-80 à +27% en 1982). Parallèlement, le second choc pétrolier oblige les pays

industrialisés à réduire leurs importations et l’on assiste à une baisse des flux de capitaux de

ces pays vers les PED, tandis que ces derniers se réorientent vers les pays industrialisés pour

financer leurs déficits.

Dans les années 1980, la situation des pays emprunteurs s'aggrave : le taux de change du

dollar et les taux d'intérêt augmentent du fait de l’augmentation des déficits publics et de la

lutte contre l'inflation. En effet, Les taux d'intérêt explosifs font gonfler les stocks de dettes :

entre 1977 et 1984, selon les statistiques de l'Organisation de coopération et de

développement économiques (O.C.D.E.), l'endettement extérieur de l'ensemble des PED non

producteurs de pétrole passe de 278 à 810 milliards de dollars.

Au moment où les taux explosent et font gonfler la dette, le stock de devises mobilisables

pour rembourser ces dettes baisse. Il faut rembourser davantage avec des ressources en

51 Créée en 1964, la CNUCED a pour objectif d’intégrer les pays en développement dans l´économie mondiale

de façon à favoriser leur essor.

Page 109: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

108

diminution. Il faut alors emprunter pour rembourser tandis que les taux d’intérêt qui s’y

rapportent, augmentent : c’est la mise en route de la spirale d’endettement (figure 2.1), que

(Séka, 1992) appelle – à juste titre – « la trappe à l’endettement ».

Craignant de ne jamais se voir rembourser l’argent prêté, les banques stoppent tout crédit.

Les flux financiers vers les pays du Sud se tarissent : le Sud envoie plus de capitaux vers le

Nord que l’inverse. Les pays les plus endettés font face à d’énormes difficultés de paiement.

C’est la crise de la dette due à l’envolée des taux d’intérêt, qui explose en 1982 à partir de la

déclaration du Mexique jusqu’alors courtisé par tous les banquiers, de son incapacité à assurer

le paiement du service de sa dette. Or, en 1982, les neuf principales banques américaines

détenaient sur les pays en voie de développement des créances qui représentaient le double de

leurs fonds propres. La remise de dettes, si elle leur avait été imposée par la communauté

internationale, les aurait fait disparaître.

Effet 1 : la dette

engendre la dette

Effet 3 : perte de

confiance des marchés

financiers

Effet 2 : réduction des

marges de manœuvre

Effet 4 : baisse de la

croissance potentielle

Augmentation de la

dette

Figure 2-1 : La spirale de l’endettement des Pays en développement.

Page 110: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

109

b) Causes

(i) Facteurs déterminants de l’augmentation de la dette des PED

Ce qui fait que la dette soit devenue insupportable dans de nombreux pays en voie de

développement, c'est que, du fait de leur grande pauvreté, le remboursement des annuités

augmenté des intérêts, se fait au détriment de leur développement ou même de leur survie.

Quelles sont les déterminants de cet endettement excessif ?

L’accroissement de la dette dans les pays en développement fait suite à une multitude de

raisons. Les trois principales sont :

1- Les crises pétrolières de 1973 et de 1979.

Pour les PED et les Pays les moins avancés (PMA), l’impact de l’augmentation du prix du

brut (+400%) fut dévastatrice. Ces pays sans ressources pétrolières significatives ne disposant

pas des devises suffisantes pour acheter les produits dérivés du pétrole (engrais, produits

chimiques...). Le concept de « quart monde » comme nouveau classement hiérarchique du

capital était né. Le bonheur des uns venait de faire le malheur des autres : les pays de l’OPEP

vont bénéficier, entre 1974 et 1980, d’un excédent de 330 milliards de dollars ; alors que le

déficit commercial des pays non pétroliers, le « quart monde », sera de l’ordre de 300

milliards (Arnaud & Reisser, 1984).

Après le choc pétrolier de 1973, le déficit des PED importateurs passe de 36,8% à 72,7% en

1977. L’Inde, le Bangladesh et certains pays d’Afrique noire sont dans des situations

dramatiques. C’est finalement l’OPEP qui servira de bailleur de fonds pour amortir la

douloureuse augmentation du prix du pétrole brut.

2- l’augmentation des taux d'intérêt.

Cette hausse des taux s'accélère à partir de 1979 pour le dollar, et plombe les dettes existantes,

la plupart du temps libellées en dollar, par un effet purement mécanique (tableau 2-3).

Page 111: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

110

Tableau 2-3 : La dette externe publique et privée des pays en développement depuis 1980

Stock de dette

(Milliards $)

Service de la dette

(Milliards $)

dont :

Part publique Part privée

1980 516 80 50 30

1990 870 140 119 21

1995 1 860 206 154 52

2000 2 122 345 201 144

2005 2 489 438 253 185

2010 4 076 583 180 403

Source : Base de données de la Banque mondiale pour les pays à faibles et moyens revenus par rapport à la

classification de la Banque mondiale.

3- La détérioration des termes de l'échange.

Les pays en développement produisent surtout des produits bruts, miniers ou agricoles, et

achetaient des produits manufacturés. Lorsqu'ils accroissent la productivité cela revient à

produire davantage de minerais ou accroître leur production de coton, café, ananas ; donc leur

offre s'accroît. Au contraire dans les pays industriels, la productivité consiste à produire des

voitures avec de moins en moins d'acier et d'énergie ; ce qui a pour effet de diminuer la

demande de ces pays vers les PED. L'effet conjugué de ces deux phénomènes se traduit

immanquablement par une baisse des coûts des produits de base qui, pourtant, procurent

l'essentiel des recettes d'exportation des pays en développement.

En d'autres termes, pour importer le même tracteur, il faut chaque année exporter un nombre

croissant de tonnes de minerais ou de balles de coton. À terme, la balance commerciale

devient de plus en plus difficile à équilibrer et il faut recourir aux aides extérieures.

A côté de ces raisons, nous avons également :

4- La fluctuation anarchique des prix.

Les prix des produits de base sont déterminés au niveau mondial par deux grandes bourses de

marchandises, situées à Chicago et à Londres. Ces prix mondiaux reflètent l'offre et la

demande globales et intègrent des phénomènes tels que la sécheresse ou les inondations (pour

Page 112: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

111

les produits agricoles) ou les découvertes minières dans tel ou tel pays et sont soumis à

d'amples fluctuations, qui n'ont rien à voir avec les coûts de production dans un pays

déterminé.

Si donc un pays établit un plan de développement sur plusieurs années, il fait des

prévisions concernant ses recettes d'exportation et ses besoins d'importation ; ce plan peut

devenir caduc à tout instant, par suite d'un effondrement des cours. Ce phénomène affecte, en

particulier, les PED, dont les recettes d'exportation proviennent d'un seul produit ou d'un petit

nombre de produits. Nous revenons donc au cas précédent de la détérioration des termes de

l'échange.

5- L’aide publique au développement (APD), fardeau pour les pays bénéficiaires ?

La plus grande partie de l’aide est attribuée aux PED sous forme de prêts et non de dons. En

effet, dès l’instant où ils sont accordés aux pays éligibles à un taux inférieur au taux du marché

et pour peu qu’ils comportent une part de don supérieure à 25 %, les APD – désignant « tous

les apports de ressources qui sont fournis aux pays et territoires sur la liste des bénéficiaires

d’APD, ou à des institutions multilatérales »52

- sont prises en compte dans le calcul des

prêts. Leur montant étant loin d’être négligeable, l’aide publique est donc en elle-même

profondément génératrice de dette. En conséquence, les remboursements qu’elle engendre

provoquent une hémorragie de capitaux pour les pays du Sud.

L’aide internationale peut être bilatérale, lorsque l’Etat fournisseur transfert lui-même les flux

d’aide au profit de l’Etat bénéficiaire ; ou multilatérale, lorsque les transferts s’effectuent par

l’intermédiaire des organismes internationaux (multilatéraux).

Quelle que soit sa modalité d’allocation, l’expression utilisée paraît trompeuse car les

concours financiers en cause n’impliquent pas toujours l’idée de dons sans contrepartie dont

le terme « aide » pourrait laisser sous-tendre. Les prêts, certes, à des taux avantageux, mais

remboursables à échéance, représentent la masse la plus importante des flux de financements

extérieurs concernés.

52 Voir la définition de l’ « aide » sur le site de l’OCDE : http://www.oecd.org/fr.

Page 113: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

112

Depuis 1970, pour l’ensemble des Pays à revenu faible et intermédiaire53

(RFI), le service de

la dette publique totale croit à un taux plus élevé que celui des aides reçues (figure 2-2).

Figure 2-2 : Service total de la dette extérieure et Aide publique des Pays à revenu faible et

intermédiaire : 1970-2010

Source : Plateforme ouverte des données publiques françaises. http://www.data.gouv.fr/fr/

En ce qui concerne les pays de l’ASS, le montant alloué au service de la dette publique totale

(44,26 milliards de dollars) a été supérieur à l’aide reçue (40,46 milliards de dollars) sur la

période 1981-1985. De 1986 à la fin 1995, les pays d’ASS se sont vus « sur-aidés » pour faire

face au remboursement de leur dette. Seulement, les conséquences de cette aide se font

ressentir entre la fin 1995 et la fin 2000 : les pays de l’ASS ont remboursé 36,25 millions de

dollars de plus qu’ils n’ont reçu en nouveaux prêts (figure 2-3).

53 Voir la classification des Pays selon le revenu, par la Banque Mondiale en annexe 3-A (nous considérons ici la

classification 2010).

0

1E+11

2E+11

3E+11

4E+11

5E+11

6E+11

7E+11

Service de la dette sur la dette extérieure,

total ($ US courants)

Aide publique au développement nette et

aide publique reçues ($ US courants)

Page 114: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

113

Figure 2-3 : Service total de la dette extérieure et Aide publique des Pays d’Afrique

subsaharienne : 1970-2010

Source : Plateforme ouverte des données publiques françaises. http://www.data.gouv.fr/fr/

De façon similaire à l’ASS, la période 1980-1987 fut défavorable à l’UEMOA qui enregistre une

aide publique de 12,05 milliards contre un remboursement total de 15,12 milliards de dollars.

Cette aide s’est par la suite accrue jusqu’en 1994. Jusqu’en 2000, l’Union se verra contrainte de

compter plus sur ses propres ressources que sur le financement extérieur. Cependant, depuis

2000, l’APD de la zone UEMOA a rebondi de façon spectaculaire (figure 2-4).

Figure 2-4 : Service total de la dette extérieure et Aide publique des Pays de l’UEMOA :

1970-2010

Source : Plateforme ouverte des données publiques françaises. http://www.data.gouv.fr/fr/

0

5E+09

1E+10

1,5E+10

2E+10

2,5E+10

3E+10

3,5E+10

4E+10

4,5E+10

5E+10Service de la dette sur la dette

extérieure, total ($ US courants)Aide publique au développement nette

et aide publique reçues ($ US courants)

0

1E+09

2E+09

3E+09

4E+09

5E+09

6E+09

7E+09

8E+09

Service de la dette sur la dette

extérieure, total ($ US courants)

Aide publique au développement nette

et aide publique reçues ($ US courants)

Page 115: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

114

Les ONG dénoncent depuis quelques années la tendance qu’ont les pays du Comité d’aide au

développement (CAD) à ajouter dans le calcul de l’APD des montants qu’ils ne devraient pas.

La France inclut par exemple dans l’APD les annulations de dettes, les dépenses en France

liées à la présence de requérants d’asile, le coût des étudiants étrangers en France, la diffusion

du français à l’étranger et le rayonnement culturel, ainsi que certaines dépenses pour les

Territoires d’Outre-Mer. La Confédération européenne des ONG, CONCORD, a analysé

l’aide des pays européens en 2006 et estime par exemple que 50 % de l’APD de la France

était de l’aide gonflée (ainsi que 59 % de l’APD de l’Autriche, 44 % de l’aide de l’Italie, 35 %

de l’aide de l’Allemagne et 28 % de l’aide du Royaume- Uni).

(Dambisa, 2009) affirme que l'assistance financière a été et continue d'être pour une grande

partie du monde en développement un total désastre sur le plan économique, politique et

humanitaire. Pour elle, quand le flux de l'aide à l'Afrique était à son maximum entre 1970 et

1988, le taux de pauvreté des populations s'est accru de façon stupéfiante: il est passé de 11%

à 66%. Cette auteure soutient que l'aide sape l'épargne, les investissements locaux, la mise en

place d'un vrai système bancaire et l'esprit d'entreprise.

Aujourd'hui se pose la question du soutien à la démocratie : alors que des prêts colossaux ont

été accordés sans contrôle à des dictateurs, ces mêmes pays, essayant de construire un

système démocratique, se trouvent obligés de rembourser des dettes qui n'ont pas servi à leur

développement. Déduction faite, seules les populations des pays débiteurs en assument le

coût, au prix de millions de vies humaines : le remboursement de la dette prive les pays de

ressources nécessaires au financement des secteurs sociaux essentiels.

En se basant principalement sur le cas des pays d’Afrique subsaharienne et de l’UEMOA, il

ressort que l’APD influence les systèmes de gestion des finances publiques dans les pays

bénéficiaires. L’influence immédiate est sa contribution au financement du

développement et au rétablissement de la discipline des comptes publics. Cependant, le

cas de l’ensemble des Pays RFI montre bien les effets néfastes et même désastreux que l’APD

a engendrés dans les Etats bénéficiaires : l’accumulation des flux d’aide non remboursés

engendre l’endettement dont le service de remboursement compromet la viabilité des

finances publiques. La question qui se pose est véritablement à propos de l’aide est celle de la

dépendance. C’est la dépendance à l’APD qui engendre les effets décrits ci-dessus. Malgré les

critiques dont elle fait l’objet, les Etats concernés peuvent-ils se passer de l’APD ? Cela

interpelle les acteurs politiques nationaux, auteurs des décisions budgétaires. Mais sont-ils

Page 116: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

115

réellement libres de décider : un pays dépendant de l’aide extérieure n’a-t-il pas perdu une

partie de sa souveraineté ?

6- La responsabilité partagée entre débiteurs et créanciers

Du côté des emprunteurs

Certaines dépenses ont servi pour des réalisations surdimensionnées ou de pur prestige qui

n’ont pas contribué au développement des pays bénéficiaires. En effet, sans contrôle, les

ressources d'emprunt sont allouées dans des investissements de prestige ou dans des projets

non rentables, dont les budgets de réalisation ont été souvent surévalués à travers une

collaboration entre les entrepreneurs et certaines autorités de l'Etat ayant en charge l'exécution

des marchés publics. C’est cette politique de dilapidation des ressources publiques qui entrave

la coordination des actions.

L’évolution de l’accroissement de la dette se justifie aussi par les transferts de capitaux vers

l'extérieur54

(sur des places financières réputées stables et sûres), ce qui constitue une entrave

au processus d'industrialisation des pays de l'Afrique de l'Ouest et pose d'énormes problèmes

de liquidités, empêchant ainsi le développement des transactions commerciales à l'intérieur

des pays de la zone.

Du côté des prêteurs

Ils ont, de leur côté, poussé les gouvernants des pays du Sud à s'endetter massivement, parfois

dans des projets à la rentabilité douteuse, mais qui permettaient à leurs maîtres d’œuvre, les

entreprises du Nord, de s'enrichir. Les pays riches sont loin d’être étrangers à l’accumulation

d’une dette colossale par les pays du Sud. Ils portent la lourde responsabilité d’une politique

de prêts incontrôlée, répondant davantage à des intérêts économiques, politiques et personnels

qu’à une politique de coopération au service du développement.

54 En 1982, l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) estimait la fuite des

capitaux dans les PED non producteurs de pétrole à 50 à 60 milliards de Dollars.

Page 117: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

116

(ii) Système évolutif de la dette extérieure de l’UEMOA

En plus des paramètres généralement connus pour expliquer l’accroissement de la dette dans

les PED, les pays de l’UEMOA présentent des particularités.

1- Facteurs monétaires

D’une part, l’endettement massif des pays de l’UEMOA résulte du fait que la zone Franc ait

bénéficié de financements extérieurs plus importants que les autres pays en développement,

du fait de sa coopération monétaire avec la France. De plus, ayant anticipé des recettes

importantes à la faveur de la hausse des prix des matières premières, les pays de l’UEMOA se

sont engagés dans des politiques d’investissement surdimensionnées par rapport à leurs

besoins et ont procédé à une embauche élevée de fonctionnaires, augmentant ainsi de façon

considérable le poids de la masse salariale publique dans le PIB.

D’autre part, l’endettement des pays de la zone UEMOA pourrait être né de l’aide apportée

par la France, un « paradoxe des transferts », comme envisagé par (Keynes, 1929) et

formalisé par (Léontief, 1936) à propos des réparations allemandes dans l’entre-deux-

guerres : des transferts importants peuvent appauvrir les pays qui en bénéficient à travers un

effet-prix ( appréciation du taux de change réel à la suite des pressions inflationnistes internes)

et un effet revenu (une partie importante du supplément de revenu est consacrée à l’achat de

biens d’exportation) qui vont tous deux dans le sens d’une dégradation de la balance

commerciale. Le financement des déficits commerciaux (le « fardeau secondaire du

transfert ») aurait alors pu créer un alourdissement de la dette dans les pays de l’UEMOA,

mais ne saurait, à lui seul, expliquer les déséquilibres commerciaux et d’endettement subis par

ces pays.

2- Endettement et rentabilité financière

Théoriquement, la raison essentielle de l’endettement extérieur est que celui-ci finance des

investissements pour lesquels la productivité marginale du capital est supérieure au taux

d'intérêt réel payé. Ceci suppose que la dette contractée par les pays l'a été dans le cadre du

financement de projets d'investissement, de sorte que la condition précédente d'investissement

effectif des sommes empruntées fut respectée. Or grande partie des financements

Page 118: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

117

internationaux dont ont largement bénéficié les pays de l’UEMOA dans les années 1970, a été

gaspillée dans des opérations non rentables financièrement.

Au Niger, la dette contractée pendant la seconde moitié des années 1970 a pesé très

lourdement sur les finances publiques. En effet, l'examen de l'évolution du service de la dette

dans le budget du Niger montre une tendance à la hausse des apports extérieurs dans le

financement du déficit des budgets (Vourc'h & Moussa, 1992).

3- Endettement et production échangeable

(Berthélemy, L'endettement du Tiers Monde, 1994) fait une analyse de l'impact de

l'endettement extérieur sur le système de production national et conclut qu’ « il ne suffit pas

que l'épargne extérieure soit investie dans l'économie nationale pour que cela garantisse la

capacité de remboursement à l'extérieur ». Faut-il en plus que l'économie dispose, pour régler

les charges de sa dette, de ressources suffisantes en devises. Pour ce faire, elle doit disposer

d'une capacité de production importante en biens échangeables sur le marché international,

qu'il s'agisse de biens d'exportation ou de substituts aux importations. Or les pays de

l’UEMOA ont focalisé leurs exportations sur peu de produits : exportation du café-cacao en

Côte d’Ivoire, de l’Uranium au Niger, etc.

4- Le mode d'accumulation et de développement adopté par les Etats de l’UEMOA dès

les indépendances

Ce modèle prend appui sur l’unique rente des matières premières. En effet, alors que

l'agriculture était destinée à accroître les ressources en devises afin de permettre aux

producteurs d'avoir des revenus monétaires, l'exploitation des matières premières, elle, visait

l’obtention de devises nécessaires en grande partie aux importations. Concernant la Côte

d’Ivoire, sa situation économique est florissante depuis les débuts de la colonisation jusqu’à la

fin des années 1970. En effet, dès le début des années 1960, ce pays a axé sa politique de

développement sur l'expansion des exportations de matières premières et la substitution aux

importations reposant sur quelques industries. Les stratégies mises en œuvre sont alors

particulièrement adaptées aux contraintes extérieures et à l'environnement en général.

Page 119: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

118

Cette orientation de la politique a favorisé le rattachement des systèmes productifs internes

des différents pays à l'économie mondiale. Les changements de politique économique des

pays industrialisés (forte hausse des taux d’intérêt et du dollar) et les retournements

conjoncturels de la fin des années 1970 (chute des prix des matières premières entre 1980 et

1983 - voir figure 2-5 -) vont faire basculer les pays endettés dans une crise financière. A

partir des années 1970, les Etats de l’UEMOA ont recours au financement extérieur pour faire

face à l'amplification des déficits fiscaux et de la balance commerciale engendrée par les

chocs extérieurs issus de ce modèle d’accumulation. L'endettement apparaît alors comme un

produit du modèle de développement, traduisant ainsi un moyen d'ajustement et d'équilibre.

Source : Données issues du site de la BCEAO. http://edenpub.bceao.int/rapportPredefini.php

En somme, l’évolution de la dette de l’ensemble des pays de l’UEMOA dans le temps montre

que l’endettement a été causé davantage par des raisons qui émanent de problèmes

d’allocation et d’utilisation des ressources financière, que par un besoin réel de financement

des transferts de l’investissement productif. La résultante est un ensemble d’augmentations

successives et non nécessaires du montant de la dette.

0

50

100

150

200

250Cours du Cacao (OICC)

Cours du Cafe vert robusta (OIC)

Cours du Coton (Indice

Cours du Caoutchouc (IRA)

Cours de l'uranium

Figure 2-5 : Cours des matières premières de l’UEMOA en milliards de francs CFA de 1980 à 2013

Page 120: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

119

5- le maintien des équilibres macroéconomiques internes et externes par l'utilisation du

système financier international

Face à leur besoin de financement grandissant suite à la baisse de leurs exportations et à

l’augmentation de leurs importations, les Etats de l’UEMOA se retrouvent dans une situation

de demandeurs sur le marché financier sur-liquide, face à des offreurs que sont les

pétrodollars. En 1973, c’est le premier choc pétrolier, les prix du pétrole brut sont multipliés

par quatre (Ouedraogo, 2009). Les énormes bénéfices réalisés par les pays de l'OPEP55

(les

pétrodollars) sont placés dans des banques internationales privées qui font fructifier cet argent

en offrant aux pays du Sud des prêts colossaux. La Banque mondiale ne fait pas autrement.

Cette conjoncture favorable encourage l'endettement et amène les pays emprunteurs à adopter

des projets d'investissements vastes et coûteux. En analysant cette situation, (Kassé, 1992)

note que les PED étaient des clients « artificiellement solvabilisés » par les industries des pays

développés.

2.1.2.2 Evolutions de la dette et des finances dans l’UEMOA

a) Evolution de la dette extérieure publique

(i) Stock de dette

Les figures 2-6 et 2-7 donnent une fresque sur une période de trente ans (1971-2011), du stock

de la dette de l’UEMOA respectivement en dollars et en francs CFA. Ces graphiques

montrent bien qu’il est possible de distinguer trois phases dans l’évolution de l’endettement

public extérieur total de l’Union :

La première qui représente les années 1970 (de 1970 à 1980), où l’encours de la dette

a connu une augmentation exponentielle mais représente tout de même moins de 50% du

PIB ; le stock de dette se chiffre à 900 millions (soit moins d’un milliard) de dollars en 1971

pour l’ensemble de la zone UEMOA, pour atteindre huit milliards de dollars en fin 1981.

55 Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole.

Page 121: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

120

La deuxième étape, qui va de 1982 à 1994, correspond à la cessation de paiement du

Mexique et à la première demande de rééchelonnement de l’ensemble des pays de l’UEMOA.

En effet, de 1991 à 1994, l’encours de la dette en UEMOA est plus ou moins proche de vingt

milliards de dollars. La part de la dette dans le PIB de l’ensemble des pays atteint un pic en

1994.

La troisième phase de l’évolution de la dette de l’UEMOA correspond à une période

de resserrement des contraintes financières. Avec le changement de la parité intervenue en

1994, la dette passait à 19,6 milliards en fin 2001 et 21,71 milliards de dollars américains en

fin 1994 pour toute la zone, contre 21,61 milliards de dollars américains en 1993. Le stock de

dette à l’air de se stabiliser, voire de baisser entre 1994 et 2001 mais, en termes de devise

locale, elle est plus importante qu’avant la période de la dévaluation (figure 2-7).

Figure 2-6 : Evolution du stock de dette de l’UEMOA en dollars : 1971 – 2011.

Source : Données issues du Africa Development Indicators 2013 de la Banque Mondiale

56.

Figure 2-7 : Evolution du stock de dette de l’UEMOA en francs CFA : 1971 – 2009.

Source : Données issues de la base de Données Economiques et Financières de la BCEAO57

56 Dans la base de données, “External debt stocks, public and publicly guaranteed (PPG) (DOD, current US$)”.

0

5000

10000

15000

20000

25000

Mil

lio

ns

de

do

llar

s

0

2000

4000

6000

8000

10000

12000

14000

16000

Mil

liar

ds

de

fran

cs C

FA

Page 122: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

121

(ii) Indicateurs de dette

La figure 2.8 représente l’évolution du ratio dette sur PIB de 1971 à 2011. En 1994, la dette

représente 108,59% du PIB de l’UEMOA. C’est un niveau jusque-là jamais atteint. Ce pic

atteint en 1994 et surement dû au réajustement du taux de change, a entraîné un doublement

du volume de l’encours de la dette dont le remboursement absorbe des ressources qui auraient

pu être, au contraire, affectées à la lutte contre la pauvreté ou à la création d’infrastructures

(tableau 2-4).

Tableau 2-4 : Service de la dette publique en pourcentage des exportations de l’UEMOA : 1974 –

2010.

1974-

1975

1976-

1980

1981-

1985

1986-

1990

1991-

1995

1996-

2000

2001-

2005

2006-

2010

BEN 4,12 3,62 12,05 8,37 6,87 10,67 4,77 2,48

BFA 5,50 7,50 14,81 7,66 8,87 15,08 6,88 2,41

CIV 8,64 23,91 18,58 14,72 17,04 14,87 0,27 3,90

MLI 3,40 3,57 14,45 9,69 14,41 10,15 5,64 2,42

NER 4,71 6,05 16,37 3,15 4,33 6,03 4,36 1,40

SEN 5,68 26,33 11,42 13,72 13,74 13,18 5,21 4,29

TGO 9,46 6,64 22,94 8,63 3,03 3,23 0,97 2,44

UEMOA 5,93 11,09 15,80 9,42 9,75 10,46 4,02 2,76

Source : Données de la Banque Mondiale WDI 2012 sur la dette publique exprimée en pourcentage des

exportations58

.

Nous notons à partir de 1994 une tendance à la baisse du ratio dette sur PIB; celle-ci résulte

surement de l’application des critères de convergence mis en œuvre depuis 1994 et fixant un

plafond de 70 % pour le ratio dette sur PIB nominal, et de l’initiative PPTE dont ont bénéficié

les pays de la zone.

A la fin 2011, la dette publique représenterait 41,1% du PIB contre 42,9% à fin décembre

2010. En 2012, ce ratio était prévu à 37,3% mais ce taux a baissé davantage avec le bénéfice

de l’initiative PPTE et de l’IADM puisque la Côte d’Ivoire est parvenue au point

d’achèvement des initiatives d’allègement de la dette le 26 juin 2012.

57 Sur le site de la BCEAO, Encours dette publique et privée garantie de l’UEMOA, « ZZZFP3002A0FA ».

58 Public and publicly guaranteed debt service (% of exports, excluding workers' remittances)

(DT.TDS.DPPG.XP.ZS).

Page 123: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

122

Par ailleurs, force est de constater une similitude dans les évolutions tendancielles des séries

de dette sur PIB des pays étudiés, ce qui nous laisse supposer que la dynamique de la dette

dans les pays de l’UEMOA est assujettie aux mêmes contraintes structurelles.

Malgré les similitudes constatées au sujet de l’évolution des ratios de dette publiques sur PIB

en zone UEMOA, les pays de l’union diffèrent les uns des autres par les montants de leur

dette (par exemple, la Côte d’ivoire a un stock qui atteint parfois le triple de celui des autres

pays de l’Union) et l’implication de cette dette sur la croissance de l’économie.

Figure 2-8 : Représentation de l’endettement extérieur des administrations publiques en

pourcentage du PIB sur la période 1970-2011 en UEMOA59

.

Source : Données issues du Africa Development Indicators 2013 de la Banque Mondiale60

.

59 Tableau A-1 en annexe 2.

60 Dette sur PIB à partir des données dans la base ; Dette : « External debt stocks, public and publicly guaranteed

(PPG) (DOD, current US$) » et PIB « GDP (current US$) ».

0

20

40

60

80

100

120

140

160

BENBFACIVMLINERSENTGO

Page 124: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

123

En observant la figure 2-8, nous pouvons distinguer deux groupes de pays au sein de l’Union :

le groupe A constitué du Bénin, du Burkina Faso, du Niger, du Sénégal. Les courbes

de tendance de l’évolution du ratio de dette sur PIB pour ce groupe de pays se situent

en dessous de la moyenne de l’Union, sur la période 1971-2011 ;

le groupe B représenté par la Côte d’ivoire, le Mali et le Togo. Pour ces pays, le ratio

d’endettement évolue de façon exponentielle par rapport à la moyenne de l’Union. Ce

constat implique qu’il y a davantage d’efforts à fournir pour assainir les finances

publiques de ces trois pays.

D’autres indicateurs de dette nous permettent d’apprécier mieux la situation d’endettement de

l’UEMOA (tableau 2.5). Fin 2011, le ratio de l’encours (hors arriérés) de la dette extérieure

sur le PIB de l’UEMOA s’établit à 26,98% (26,64% y compris la Guinée Bissau); par pays il

ressort à 16,32% au Bénin, 19,78 % au Burkina, 23,16% au Mali, 18,29% au Niger, 25,24%

au Sénégal et 10,49 % au Togo. Il est beaucoup plus élevé en Côte d’Ivoire (qui était alors le

seul pays de l’Union à n’avoir pas atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE) : 43,0%.

b) Composition de la dette extérieure de l’UEMOA

(i) Une dette publique extérieure majoritairement multilatérale

La figure 2-9 présente les moyennes de dettes bilatérale et multilatérale en pourcentage de la

dette extérieure publique totale des pays de l'UEMOA, de 1971 à 2011. Comme le montre

cette figure, l’essentiel de l’encours de la dette extérieure moyenne des pays de l’UEMOA est

dû aux organismes internationaux (FMI, Banque Mondiale,...). En effet, la dette bilatérale de

ces pays, aussi importante soit-elle, se situe de façon générale à un niveau moindre que celui

de la dette multilatérale, excepté le cas de la Côte d’Ivoire. Ce dernier pays, en raison des liens

particuliers entretenus avec certains pays occidentaux, notamment la France, a une dette

bilatérale qui excède en moyenne sa dette multilatérale. Par ailleurs, en dehors de la Côte

d’Ivoire qui présente un taux de 70%, tous les pays de l’Union ont un minimum de 90% de

leur dette extérieure publique qui est à caractère multilatéral et/ou bilatéral. Ce qui sous-

entend que sur la période 1971-2011, 30% de la dette extérieure publique ivoirienne sont dus

à des opérateurs privés.

Page 125: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

124

Figure 2-9 : Moyennes, sur la période 1971-2011, de dettes bilatérale et multilatérale en

pourcentage de la dette extérieure publique des pays de l'UEMOA

Source : Données issues du Africa Development Indicators 2013 de la Banque Mondiale61

.

(ii) Une dette publique envers le privé non négligeable

Selon la Banque Mondiale, le stock total de dette (à court terme et long terme) de l’UEMOA

de 1971 à 2011 se décomposerait suivant le tableau 2-5. Ce tableau représenté à la figure 2-10

nous montre que la dette publique de l’UEMOA a plus que tripé entre 1975 et 1990. Cela se

traduit, entre autres, par la dette fulgurante des Etats auprès de secteurs privés, qui non

seulement passe de 465,4 millions de dollars à 2,7 milliards de dollars US entre fin 1975 et fin

1980, mais croît davantage pour atteindre la moyenne de 4,2 milliards à la fin 1985. Quoique

légèrement en baisse par rapport au quinquennat précédent, la dette auprès du secteur privé a

persisté entre 1986 et 1990. Ce crédit de l’UEMOA dû au privé est dominé (comme

précédemment dit) par l’Etat ivoirien suivi de très loin par les autres Pays.

61 Dette bilatérale - PPG, bilateral (DOD, current US$) (DT.DOD.BLAT.CD) - ; dette multilatérale - PPG,

multilateral (DOD, current US$) (DT.DOD.MLAT.CD).

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

BEN BFA CIV MLI NER SEN TGO

Dette bilatérale 1971-2011

Dette multilatérale 1971-2011

Dettes bilatérale et multilatérale

1971-2011

Page 126: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

125

Tableau 2-5 : Composition du stock de la dette totale de l’UEMOA sur la période 1971-2011.

En millions de

dollars (US$)

courants

1971-

1975

1976-

1980

1981-

1985

1986-

1990

1991-

1995

1996-

2000

2001-

2005

2006-

2010

2011

(1) Stock de Dette

totale (CT et LT)

1718,31 7308,69 15090,76 24520,96 30295,02 28010,75 26117,91 23251,11 25156,50

(2) Encours dette

publique et privée

garantie (LT)

1380,19 5291,68 9989,49 17789,95 21727,77 21513,01 22154,20 19961,09 20642,44

(dont Dette

envers les

privés)

461,40 2690,93 4206,39 3843,69 2821,38 2506,28 2394,03 2050,78 649,39

(3) Dette privée

non garantie (LT)

53,86 692,76 2600,04 2705,06 2851,70 1877,80 1267,53 719,90 573,02

(4) Recours aux

crédits du FMI

21,56 164,05 1002,42 1102,00 935,35 1430,22 1254,81 1189,45 2584,21

(5) Dette à court

terme

262,71 1160,20 1498,80 2923,94 4780,21 3189,72 1441,37 1380,67 1356,84

Source : Données issues du « Africa Development Indicators » de la Banque Mondiale.

(1) = (2) + (3) + (4) + (5)

Figure 2-10 : Composition du stock de la dette totale de l’UEMOA sur la période 1971-2011.

Source : Données issues du « World Development Indicators » 2013 de la Banque Mondiale.

0

5E+09

1E+10

1,5E+10

2E+10

2,5E+10

3E+10

3,5E+10

Do

llar

s am

éric

ains

coura

nts

DCLT (1)

DPPG (2)

DPNG (3)

CFMI (4)

DPCT (5)

Page 127: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

126

c) Situation des finances publiques de l‘UEMOA : 1970-2012

Quel que soit l’indicateur retenu, l’UEMOA des années 1980 se caractérise par une forte

dégradation de sa situation financière (tableau 2-6), ce qui explique l’importance ultérieure

de l’objectif d’ajustement structurel. La situation s’améliore dans la première moitié des

années 1990 et particulièrement en 1994 avant la mise en place de l’union monétaire. La

réduction des déficits continue après 1994 (date de dévaluation du franc CFA), du fait du

montant des dépenses qui nécessitent plus de devises locales. Entre 1994 et 1995, l’effort

budgétaire s’impose donc davantage à l’UEMOA avant de se relâcher en 2001 (figures 2-12 à

2-18), avec l’application de l’initiative PPTE dans certains pays de l’Union.

Tableau 2-6 : Tableau des soldes financiers de l'UEMOA (en Milliards de francs CFA

courants) : de 1970 à 2012.

1970-

1974

1975-

1979

1980-

1984

1985-

1989

1990-

1994

1995-

1999

2000-

2004

2005-

2009

2010-

2013

Recettes totales et dons 223,92 768,18 1286,66 1643,40 1282,76 2972,62 3754,56 6158,57 8273,71

•Taux de croissance RT

sur la période (%)

64,49 155,23 44,59 -13,93 -52,13 31,07 32,80 51,60 39,37

Recettes totales hors

dons

222,02 735,00 1174,72 1492,98 1069,60 2520,88 3287,60 nd nd

Recettes courantes 240,97 773,02 1254,76 1341,12 1449,66 2637,18 3482,5 5296,14 7055,95

Dépenses totales et prêts

nets

240,08 876,18 1700,00 2051,88 1634,14 3442,98 4176,36 6455,42 9553,27

•Taux de croissance GT

sur la période (%)

69,03 199,77 21,77 16,41 -80,57 0,59 33,84 49,05 40,08

Dépenses totales 240,08 811,36 1681,26 2049,60 1642,92 3432,52 4167,80 6418,80 9504,36

Dépenses courantes 200,20 255,76 1158,82 1505,66 1492,86 2274,86 3042,42 4700,26 6314,50

Arriérés sur intérêts 0,03 509,91 20,98 65,32 -108,18 -69,7 18,82 -26,78 -41,35

Solde Budgétaire global

(hors dons)

-18,08 -141,18 -525,28 -558,90 -564,54 -922,10 -888,78 -1521,14 -2323,74

Solde base engagements

(avec dons)

-16,18 -108,00 -413,34 -408,48 -351,38 -470,34 -421,84 -296,86 -1279,57

Solde Base caisse -16,18 -103,70 -364,96 -376,66 -395,14 -553,50 -448,02 -300,72 -1333,25

Source : Données issues du site de la BCEAO. http://edenpub.bceao.int/rapportPredefini.php

Solde budgétaire global = Recettes totales (hors dons) – Dépenses totales.

Solde (base engagements) = recettes totales (y compris dons) – dépenses totales.

Solde (base caisse) = Solde (base engagements) + arriérés sur intérêts.

Page 128: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

127

D’après le tableau 2-6, sur toute l’étendue de la période considérée (1971-20012), le taux de

progression moyenne des recettes totales et dons est supérieur à celui des dépenses totales de

l’UEMOA. Cependant, nous constatons depuis 1990 un effort d’assainissement des finances

publiques. En effet, les quintiles 1990-1994 et 1995-1999 enregistrent des taux largement plus

élevés pour les recettes par rapport aux dépenses. Cela se traduit sur la progression du solde

budgétaire de l’Union (figure 2-11). Par ailleurs, d’un solde budgétaire global égal à -6,93%

du PIB en 1993, l’Union passe à un solde de 2,79% du PIB en 1994, pour virer en 1995 à un

solde global de -8,86%. Aussi, l'Union présente-t-elle des soldes structurellement déficitaires,

en raison principalement de l'insuffisance des recettes d'exportation pour assurer la couverture

des importations de biens et services.

Figure 2-11 : Evolution du Solde budgétaire global (avec dons et hors dons) de l’UEMOA en

pourcentage du PIB: 1970-2012.

Source : Données issues du site de la BCEAO. http://edenpub.bceao.int/rapportPredefini.php

-14,00

-12,00

-10,00

-8,00

-6,00

-4,00

-2,00

0,00

2,00

4,00

6,00Solde global hors donsen % de PIBSolde global (avec dons)en % de PIB

Page 129: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

128

Figure 2-12 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Bénin : 1980-2012*

Figure 2-13 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Burkina-Faso : 1980-

2012*

Figure 2-14 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB en Côte d’Ivoire : 1980-

2012*

Figure 2-15 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Mali : 1980-2012*

-20

0

20

40

60

80

100Dette/PIB

Déficit/PIB

Bénin

-20

-10

0

10

20

30

40

50

60 Dette/PIB

Déficit/PIBBurkina-Faso

-40

-20

0

20

40

60

80

100

120

140

160Dette/PIB

Déficit/PIBCôte d'Ivoire

-20

0

20

40

60

80

100

120

140

160Dette/PIB

Déficit/PIBMali

Page 130: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

129

Figure 2-16 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Niger : 1980-2012*

Figure 2-17 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Sénégal : 1980-2012*

Figure 2-18 : Dette sur PIB et Déficit sur PIB au Togo : 1980-2012*

*Source : Données issues du site de la BCEAO.

http://edenpub.bceao.int/rapportPredefini.php

-20

0

20

40

60

80

100Dette/PIB

Déficit/PIB

Niger

-20

-10

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90Dette/PIB

Déficit/PIB

Sénégal

-40

-20

0

20

40

60

80

100

120

140Dette/PIB

Déficit/PIB

Togo

Page 131: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

130

Somme toute, La dette externe des pays en développement n’est pas seulement un problème

financier. Dans la plupart des cas, elle a été créée dans des conditions et selon des intérêts qui

étaient celles et ceux des capitalistes dominants dans les pays du Nord et/ou du Sud.

L'octroi massif de prêts entraîna des risques majeurs de défaillance, comme avec le Mexique,

qui fut le premier pays à annoncer, en 1982, qu'il n'était plus en mesure de rembourser -

situation qui précipita ce que l'on nomme aujourd'hui la « crise de la dette ». Face à

l'éventualité de perdre les fonds investis, les créanciers proposèrent de nombreuses solutions

Ainsi, le problème de la dette a donné lieu à des discussions, chaque année depuis 1974, lors

des sommets du G7 qui réunit les sept pays les plus riches (Allemagne, Italie, Canada, Japon,

Etats-Unis, France, Grande Bretagne), afin d'analyser et de résoudre les politiques

économiques et monétaire qui prévalent à travers les pays les PED et PMA.

2.2 Tentatives de solutions aux crises de dette des années 1980 et

1990 dans les PED et dans l’UEMOA

Pour sortir des crises d’endettement extérieur de 1985-1986 et 1994-1995, les pays de

l’UEMOA ont adopté des programmes de réformes monétaires et financières qui visent le

rétablissement des équilibres macroéconomiques et l’instauration des conditions d’une

croissance économique saine et durable. Parmi les axes de ce programme, une place

particulière a été accordée à la réforme de la politique budgétaire (l’adoption d’un plan

d’ajustement structurel visant en premier lieu la maîtrise de la dette extérieure) et à la

modernisation des techniques de financement de la dette publique qui ferait suite à un

allègement de ladite dette (par le biais de l’initiative Pays Pauvres Très Endettés - PPTE -).

Page 132: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

131

Les Plans d’ajustement structurel (PAS) 2.2.1

2.2.1.1 Du Consensus de Washington aux Plans d’ajustement structurel

Jusqu'à la fin des années 70, les institutions financières internationales, comme le FMI et la

Banque Mondiale, ne se prononçaient pas sur le modèle économique et social choisi par les

PED. Le rôle de ces organisations se limitait effectivement à suggérer des améliorations au

système économique et social que ces peuples étaient censés avoir choisi de façon souveraine.

Mais dès la fin des années 70, suite au raz-de-marée des idées néolibérales62

, cette situation ne

perdura pas. En effet, les pratiques keynésiennes n’arrivent pas à sortir les économies

occidentales d’une situation de stagflation et les politiques traditionnelles de relance montrent

ainsi leurs limites. Du coté des PED, les modèles de développement « autocentré », basés sur

les politiques de substitution aux importations, n’ont pas produit les résultats escomptés. Les

unes après les autres, les IFI prônent alors un modèle précis de société vers lequel tous les

pays devaient converger par des mesures telles que les privatisations, la libéralisation des

mouvements de capitaux, la réduction de la taille et des fonctions de l'Etat et bien d’autres : il

s’agit du « Consensus de Washington » (appellation due au fait que la Banque Mondiale et le

FMI ont leur siège dans cette ville, non seulement, mais que ce consensus ait eu la

participation du Trésor public des États-Unis).

Cette orientation fortement idéologique et proposée comme seule voie vers le développement

a aussi des raisons économiques : la Banque Mondiale, soucieuse de la rentabilité de ses

investissements dans les PED, désirait, avec l'aide du FMI, lutter contre les déséquilibres

macro-économiques dont souffraient la plupart de ses clients.

La teneur du « Consensus de Washington » est résumée par (Williamson, 1990) en ce qu’il

appelle « dix commandements » :

1 Politique budgétaire (austérité) : limiter les dépenses publiques pour éviter

l’inflation et les déficits ;

62 Idées néolibérales qui ont porté au pouvoir des chefs d'Etat tels Ronald Reagan (1981-1989) aux Etats Unis et

Margaret Thatcher (1979-1990) au Royaume Uni.

Page 133: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

132

2 Politique fiscale (réforme) : augmenter le nombre de contribuables, diminuer les

taux élevés et généraliser la TVA ;

3 Politique monétaire (orthodoxe) : les taux d’intérêt réels doivent être positifs pour

attirer les capitaux internationaux ;

4 Taux de change compétitifs : dévaluer la monnaie pour rendre les exportations

attrayantes ;

5 Libéralisation : accentuer le commerce extérieur (en abaissant les droits de douane)

et donner une totale liberté de mouvement aux capitaux internationaux ;

6 Compétitivité : attirer les investissements directs étrangers (IDE) pour financer le

développement en leur garantissant une égalité des droits avec les investissements

domestiques ;

7 Privatisation : vendre les actifs de l’Etat pour assainir les finances publiques et

développer les entreprises privées, supposées mieux gérées ;

8 Réduction des subventions : supprimer les subventions (agricoles, à la

consommation, …) et laisser le marché déterminer le « juste prix » des biens ;

9 Déréglementation : éliminer toutes les règles qui freinent l’initiative économique et

la libre concurrence ;

10 Droits de propriété : renforcer les droits de propriété pour promouvoir la création

privée des richesses.

Il est clair, selon Williamson, que l’orientation de ce consensus est d’orientation

néoclassique : il s’agit de proclamer la suprématie du marché dans l’allocation des ressources,

de favoriser les échanges privés, seuls créateurs de richesses, et de supprimer toute

intervention en limitant le rôle de l’Etat. C’est dans ce contexte que vont apparaître les

programmes d’ajustement structurel (PAS) élaborés par les IFI.

Page 134: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

133

2.2.1.2 Description des Plans d’ajustement structurel

Proposés vers fin 1979 par McNamara (alors Président de la Banque Mondiale) et son vice-

président Ernest Stern (Deblock & Aoul, 2001), les Programmes d’Ajustement Structurel ont

été introduits en Afrique au début des années 1980, non seulement du fait d’une crise

d’expansion du modèle développementaliste, mais aussi à cause d’un certain nombre de

déséquilibres macro-économiques, tant du point de vue des finances publiques que de celui de

la balance des paiements. La BM et le FMI ont imposé ces mesures pour stabiliser les

économies ; c’est-à-dire pour ramener les déficits des finances publiques et de la balance des

paiements dans des limites qui permettent d’organiser une gestion financière déflationniste.

Ces institutions voulaient donc, par ce biais, aligner les Pays du Sud sur le système mondial.

a) Définition et objectif

(i) Définition

Un ajustement structurel (terme dérivé de l'anglais structural adjustment), ou réforme

structurelle, désigne une mesure de politique économique dont le but est d'améliorer de

manière durable le fonctionnement d’un secteur de l'économie ou de l'économie entière d’un

pays. La réforme structurelle qui résulte souvent d'une évolution spontanée des facteurs

économiques qui en ont dégradé la situation peut s'appuyer, entre autres, sur la fiscalité, la

dévaluation de la monnaie, des méthodes de gouvernance, l'amélioration des infrastructures.

Dans le cas des PED et de l’UEMOA, les programmes d’ajustement structurel sont des

programmes de réformes économiques que le FMI et/ou la Banque Mondiale mettent en

place, pour permettre aux pays atteints par de grandes difficultés économiques de sortir de

leur crise économique. Il s’agit d’un ensemble de dispositions dont certaines agissent sur la

conjoncture et d'autres sur les structures, et qui résultent d'une négociation entre un pays

endetté et le FMI, pour modifier le fonctionnement économique du pays, le FMI

conditionnant son aide (par crédits) à la mise en place de réformes qu'il considère pérennes.

Ces crédits sont dénommés entre autres prêts d'ajustement structurel ou prêts d'ajustement

sectoriel (Structural adjustment loans ou sectoral adjustment loans).

Page 135: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

134

(ii) Objectifs

L’ajustement structurel peut être mis en place dans l’intention de réduire l'inflation, le

chômage, les déficits publics ; de favoriser l'initiative économique et l'innovation ;

d’améliorer le fonctionnement du marché ; de faciliter les investissements étrangers ; de lutter

contre la corruption, le clientélisme ; de supprimer les entraves au développement

économique ; etc.

Dans le cas des PED, l’objectif des PAS est d’assainir les économies des pays endettés afin

d’assurer leur insertion sur le marché mondial et leur permettre, en vertu de leurs avantages

comparatifs, de développer des activités exportatrices générant les devises nécessaires au

remboursement de leur dette.

b) Adoption des PAS

La Banque Mondiale, soutenant l’idée que les pays en développement avaient besoin de

grandes réformes pour rendre efficaces les initiatives individuelles, a préféré financer les

réformes globales au lieu de soutenir les mesures progressives. Le choix de la BM se fait donc

entre grandes réformes et réformes partielles de moindre envergure, nonobstant ainsi le fait

que, petites ou grandes, toutes les réformes peuvent dégénérer. De plus, dans le cas de petites

réformes, les effets involontaires sont moins graves que dans le cas des grandes réformes

parce qu’il est plus difficile de rectifier le tir dans ce dernier cas. Mais l’expérience de la BM

a, par la suite, démontré que toute réforme est nécessairement partielle parce qu’il est

impossible de tout changer à la fois.

Accablés par la dette et incapables d'agir collectivement sur des marchés qui leur étaient

défavorables, de nombreux PED n’ont d’autre alternative que d’accepter les conditions

édictées par les IFI ; mais cette acceptation a pour contrepartie la mise sous tutelle de leurs

économies. Les pays endettés se trouvèrent ainsi contraints de négocier leur politique

économique plutôt que de la définir eux-mêmes. Étant donné le caractère obligatoire de ces

plans d'ajustement pour l'accès au crédit et à l'aide au développement en provenance des

grands créanciers multilatéraux, et compte tenu de la disparition de l'aide économique

Page 136: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

135

soviétique à la fin des années 1980, les PAS devinrent un schéma économique prépondérant

sur une grande partie de la surface mondiale.

c) Mesure des PAS

Les politiques d'ajustement structurel reposent sur une théorie économique fortement libérale,

qui considère que le libre-marché doit présider à la fourniture de biens et de services, la

concurrence devant assurer l'utilisation la plus efficace des ressources ainsi que des

bénéfices plus importants. Le mécanisme des PAS est appliqué selon :

la dévaluation de la devise ;

la promotion des exportations au dépend des cultures vivrières ;

la libéralisation du commerce ;

la réduction des restrictions imposées aux investissements étrangers ;

la privatisation des entreprises d'État, dont le but est soit d'élaguer les entreprises qui

pèsent sur le budget de l'état par leurs déficits chroniques, soit de réaliser l'actif pour

diminuer l'endettement pour les entreprises rentables.

d) PAS et restructuration de la dette

Pour obtenir une restructuration de sa dette, un pays confronté à des problèmes d’endettement

doit remplir deux conditions :

Il doit avoir des arriérés de paiement et se trouver en situation de « défaut imminent »,

c’est-à- dire être sur le point de ne plus pouvoir honorer le service de sa dette.

Il doit avoir conclu avec le FMI un accord concernant un programme d’ajustement

structurel.

Page 137: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

136

Une fois ces deux conditions remplies, le Pays peut alors se présenter devant le Club de

Paris63

pour demander une restructuration de sa dette, laquelle restructuration peut prendre

quatre formes :

Le rééchelonnement (qui repousse le problème du surendettement sans le résoudre):

c’est une modification des échéances ou un report du paiement du principal et/ou des

intérêts de la dette. Son but est de permettre à un pays affaibli par le poids de la dette,

de « souffler ». Cette pratique rend dépendants les pays endettés vis-à-vis de leurs

créanciers puisqu’il s’agit d’étaler les paiements sur une période plus longue.

Le refinancement : il s’agit d’octroi de prêts nouveaux par les IFI, les Etats et les

banques du Nord. Dans les faits, face au désengagement croissant des banques dans

les années 80, le FMI prête aux pays en crise afin qu’ils puissent rembourser les

banques du Nord. Ceci augmente la dette.

La conversion : c’est un changement de nature de la créance. Cette pratique est

apparue en 1983, lorsque les créanciers privés cherchent à se faire rembourser par

leurs débiteurs de façon individuelle, au mépris des accords passés au club de

Londres64

. Elle donne lieu à des innovations qui seront par la suite institutionnalisées

avec le plan Brady en 1989, qui reconnaît alors officiellement que la dette des PED ne

doit plus être remboursée à sa valeur faciale et que les créances pouvaient être

converties en actifs réels ou en titres [Voir (Norel, 1990) et (Berthélémy & Girardin,

1991) pour une étude détaillée de ces innovations].

L’annulation - qui consiste en une réduction de la dette - est sensée redonner des

marges de manœuvre aux PED. Elle est pourtant l’instrument le moins utilisé dans

l’adoption des PAS. Mais face aux critiques qui leur sont faites, les IFI développent

63 Le Club de Paris est un groupe informel de créanciers (dix-neuf pays développés en sont membres

permanents) qui a pour but de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiements de

nations endettées. Ce forum a été créé progressivement à partir de 1956, lorsque l’Argentine accepta de

rencontrer ses créanciers publics à Paris. Il traite les dettes publiques, c’est-à-dire celles des gouvernements et

celles du secteur privé garanties par le secteur public. Les pays créanciers se réunissent dix fois par an à Paris

pour des sessions de négociations, sous la présidence du directeur de la direction générale du Trésor du Ministère

français de l’Économie et des Finances. 64

Le Club de Londres est un groupe informel de créanciers bancaires privés qui s'occupe de dettes publiques qui

n'existe que pendant les négociations et se dissout une fois une entente signée. La présidence des négociations

(initiées par le débiteur) s'effectue par une importante institution financière, alors que le comité est composé de

membres représentant les différents débiteurs, que ce soit des banques ou des fonds d'investissement

Page 138: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

137

cette pratique d’annulation de la dette à partir de 1996 à travers l’initiative pays

pauvres très endettés (PPTE).

Il convient de noter que la dette concernée par la restructuration est la dette bilatérale, la dette

multilatérale étant en principe exclue de cette opération, et ce pour deux raisons :

premièrement, considération est faite que les IFI - qui sont majoritairement détenteurs de la

dette multilatérale - participent déjà à la résolution du problème de la dette en continuant

d’assurer un financement des débiteurs (De La Chappelle Bizot, 2001). Deuxièmement,

débiteur et créancier sont généralement tous deux membres des groupes de pays associés aux

IFI et en conséquence, bénéficient déjà de mesures exceptionnelles.

e) Résultats des PAS

Pour le FMI et la Banque Mondiale, les trop grandes réformes liées à l’ « ajustement

structurel » et à la « thérapie de chocs65

» s’apparentent aujourd’hui à de l’illusion perdue que

(Easterly W. R., 2006) appelle vol d’Icare66

.

Parmi les pays africains figurant dans le classement des vingt (20) pays ayant reçu de la part

du FMI et de la BM le plus grand nombre de prêts d’ajustement structurel, figurent cinq pays

de l’UEMOA : la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. La plupart des Etats,

parmi ces vingt pays, ayant subi le traitement intensif des ajustements structurels présentent

une croissance négative ou nulle (voir tableau 2-7).

65 La « thérapie de chocs » est l’application à la Russie de ce que le FMI et la Banque Mondiale appellent

l’ « ajustement structurel », ascendant direct de l’aide massive. 66

Dаns lа mythologie grecque, Icare est le fils de l’architecte Dédale (grand inventeur qui construisit le

labyrinthe de Crète et pour qui les labyrinthes n’avaient pas de secret) et d’une esclave crétoise, Naupacté. Icare

est connu роur être mort parce qu’ayant volé trop près du Soleil. En effet, Icare et son père Dédale, en exil, ne

pouvaient emprunter ni lа voie des mers, ni celle de lа terre ; роur s’enfuir, Dédale eut alors l’idée de fabriquer

des ailes semblables à celles des oiseaux mais confectionnées аvес de lа cire et des plumes. Il met en garde sоn

fils, luі interdisant de s’approcher trop près de lа mer, à cause de l’humidité, et du soleil, à cause de lа chaleur.

Mаіs Icare, grisé раr le vol, oublie l’interdit de son père et prenant trop d’altitude, lа chaleur fait fondre

progressivement lа cire. Sеs ailes finissent раr le trahir et il meurt précipité dans lа mer qui porte désormais sоn

nom : lа mer Icarienne. En général, ce mythe (d’Icare) aborde des thèmes comme les relations père-fils, l’effet

néfaste que peut avoir un conseil оu unе interdiction, ainsi quе le désir de l’Homme d’aller toujours plus loin, au

risque de devoir se retrouver face à face аvес sa condition de simple être humain.

Easterly assimile l’histoire des PAS au vol d’Icare et selon lui, les deux institutions que sont le FMI et la Banque

Mondiale sont retombées dans un océan d’insuccès alors qu’elles visaient le soleil en accordant de façon

démesurée des prêts colossaux aux pays africains.

Page 139: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

138

Tableau 2-7 : Prêts d’ajustement structurel, croissance et inflation dans les pays pauvres ayant

perçu le plus grand nombre de prêts d’ajustement structurel.

Pays africains figurant dans le classement des vingt pays ayant reçu le plus grand nombre de prêts

d’ajustement structurel entre 1980 et 1999

Nombre de PAS

accordés par le FMI et

la Banque Mondiale

Taux annuel de

croissance par habitant

à compter du premier

PAS

Taux annuel d’inflation

entre la date du premier

PAS et 1999

Côte d’Ivoire 26 -1,4 6

Ghana 26 1,2 32

Kenya 19 0,1 14

Madagascar 17 -1,8 17

Malawi 18 -0,2 23

Mali 15 -0,1 4

Mauritanie 16 0,1 7

Niger 14 -2,3 2

Ouganda 20 2,3 50

Sénégal 21 0,1 5

Togo 26 -1,4 6

Zambie 18 -2,1 58

Source : (Easterly W. , 2006).

La Côte d’Ivoire a reçu de ces deux institutions vingt-six (26) prêts d’ajustement structurel

entre 1980 et 1999 et le revenu par habitant dans ce pays n’a cessé de s’effondrer entre 1980

et 1985, pour repartir légèrement à la hausse avant de s’effondrer une nouvelle fois en 1994,

année de la dévaluation du franc CFA. L’évolution du revenu par habitant pour les autres pays

de l’UEMOA est similaire à celle de la Côte d’Ivoire, sauf pour le Bénin et le Burkina-Faso

(figure 2-19).

La figure 2.19 montre que, si le PIB par habitant a diminué notamment suite à la mise en

place des PAS, il augmente à moyen et à long terme. En effet, le graphique montre l’existence

d’une relation entre la mise en place des PAS et l’évolution de la croissance. Une des raisons

de la diminution de la croissance à court terme s’explique par le fait que ceux qui vivaient à la

charge de l’Etat ont été privés d’assistance, il ne pouvait naturellement s’en suivre qu’un

accroissement de la pauvreté. Toutefois après l’assainissement de la situation

macroéconomique, la rationalisation des dépenses publiques et certaines réformes, le taux de

pauvreté a commencé à reculer grâce au retour de la croissance et à la création d’emplois.

Page 140: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

139

Figure 2-19 : PIB par habitant (en US$ courants) des pays de l'UEMOA de 1980 à 2000

(période PAS - Plan d’ajustement structurels) :

Source : Données issues du « World Development Indicators » 2013 de la Banque Mondiale67

.

Ces constats nous amènent à nous interroger si la répartition - très inégale - des revenus ne

serait pas à l’origine de l’effondrement de la croissance des pays de l’UEMOA entre 1980 et

1985. Afin d’élucider la question, nous nous appuyons sur les travaux de (Kuznets, 1955)

établissant une relation entre le niveau de développement d'un pays (mesuré en PIB par

habitant) et son niveau d'inégalité. Selon Kuznets, dans les premiers stades de développement,

les inégalités encouragent la croissance en partageant les ressources en faveur de ceux qui

épargnent et investissent le plus ; tandis que, dans les économies plus avancées, les inégalités

ralentissent la croissance économique en limitant le niveau général de l'éducation, parce que

tous ne peuvent directement financer leur formation. Sauf que pour les pays de l’UEMOA, les

ressources générées par les PAS ne profitaient aucunement aux populations ; elles étaient

plutôt destinées au remboursement de la dette, donc à l’extérieur.

Contrairement aux observations précédentes relatives aux résultats des PAS dans l’UEMOA,

il ressort d'un examen opéré par des experts externes que les programmes d'ajustement

structurel soutenus par la facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR) (qui a maintenant

67 Dans la base de données de la Banque Mondiale, « GDP per capita (current US$) » , NY.GDP.PCAP.CD

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

BEN BFA CIV MLI NER SEN TGO

Page 141: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

140

fait place à la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance - FRPC - voir encadré

3) ont entraîné un redressement marqué par la croissance dans les pays bénéficiaires.

En effet, (Baldacci, Clements, Cui, & Gupta, 2008) ont montré que l’austérité budgétaire du

FMI n’a pas été si désastreuse au plan macroéconomique. En examinant trente-neuf (39) pays

à faible revenu ayant appliqué un programme d’ajustement appuyé par le FMI pendant les

années 90, les auteurs trouvent qu’en moyenne, les pays de l’échantillon (d’Afrique et

d’ailleurs) ont enregistré une croissance du revenu par habitant de 0,5 % par an pendant les

années 90. Une amélioration de 1 point du PIB du solde budgétaire a un effet positif

significatif sur le taux de croissance du PIB, en l’augmentant d’un quart de point au moins.

Toutes choses restant égales, l’austérité68

est par conséquent non seulement inéluctable dans

un contexte d’endettement excessif, mais utile pour contribuer à l’avènement, à terme, de la

croissance.

Par ailleurs, les statistiques montrent que, à la fin des années 90, la croissance du revenu par

habitant dans ces pays, avec un taux de 2,5% par an, était deux fois plus rapide que dans les

autres pays en développement. Les programmes appuyés par des prêts concessionnels du FMI

accroissent la production et réduisent l'inflation. Par leur expérience, ces pays en

développement montrent que des politiques macro-économiques prudentes, des marchés plus

ouverts et un environnement propice à l'activité du secteur privé sont à l'origine de cette

amélioration de la croissance.

Les résultats mitigés des Plans d’Ajustement Structurel en Afrique et peu convaincants dans

la plupart des pays d’Afrique subsaharienne sont liés, entre autres, aux conditions initiales et à

l’environnement institutionnel dans ces pays ; mais ils peuvent également s’expliquer par des

faiblesses intrinsèques des PAS.

68 Politique économique visant à réduire l'ensemble des revenus disponibles pour la consommation, par le

recours à l'impôt, au blocage des salaires, à l'emprunt forcé, aux restrictions de crédit et au contrôle des

investissements ; le but recherché est le retour aux grands équilibres (voir le carré magique de Kaldor).

Page 142: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

141

Encadré 2 : Facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR) / Facilité pour la Réduction de la

Pauvreté et la Croissance (FRPC).

Facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR)

Mécanisme de prêt concessionnel par lequel le FMI aide les pays en développement à faible

revenu qui se lancent dans l'ajustement et des réformes économiques, à renforcer leur balance

des paiements et à améliorer leurs perspectives de croissance. La FASR a remplacé en 1987

la FAS qui était entrée en vigueur en 1986. Dans le cadre de sa contribution à une stratégie

mondiale renforcée de réduction de la pauvreté, le FMI a transformé la FASR en FRPC

(Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance).

Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC)

Mécanisme de prêt concessionnel du FMI aux pays à faible revenu. La FRPC a remplacé la

FASR (facilité d'ajustement structurel renforcée) en novembre 1999. Elle met explicitement

la réduction de la pauvreté au cœur de la stratégie d'aide du FMI aux pays à faible revenu,

insiste sur la nécessité pour les pays d'adopter des politiques macroéconomiques,

structurelles et sociales qui se complètent et prévoit une possibilité de débat entre les

différents acteurs nationaux (société civile et pouvoirs publics) sur les politiques et objectifs

des pays. le coût, le montant maximum et les échéances des prêts, ainsi que le différé

d'amortissement, sont demeurés les mêmes : le taux d'intérêt est très bas (0,5 % par an) et les

remboursements, effectués sur une base semestrielle, commencent cinq ans et demi et se

terminent dix ans après les décaissements.

Source : Site du FMI.

L’une des critiques le plus souvent formulées à l’encontre du FMI est que les programmes de

réforme économique qu’il appuie, limitent les dépenses sociales des pays. Le principal

argument avancé est, en gros, le suivant : les pays doivent réduire les dépenses publiques pour

atteindre des objectifs budgétaires souvent trop rigoureux, ce qui comprime les dépenses

hautement prioritaires des secteurs d’éducation et de santé et, finalement, lèse les pauvres.

En somme, les politiques d’ajustement structurel ont contribué à l’affaiblissement des

économies des pays du Sud, à l’extension d’une pauvreté massive au nom d’une insertion

dans la mondialisation qui n’a fait qu’accentuer la vulnérabilité et la dépendance de ces pays

vis-à-vis des pays industrialisés.

Page 143: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

142

Compte tenu du fait que les PAS n’aient pas été à la hauteur des espérances du FMI et

toujours dans le souci de venir en aide aux pays en développement très endettés, le FMI a

également mis en place l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Comment s’applique

cette autre initiative assignée à la réduction de la dette et quelles en sont les résultats depuis

son instauration ?

L’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) 2.2.2

Les leçons tirées de la gestion des dettes ont souvent montré leurs limites, car charges lourdes

de remboursement ont été souvent en contrastes avec ressources réelles de pays débiteurs. En

conséquence, les remises de dette ont marqué le cadre multilatéral ces treize dernières années,

surtout pour les pays pauvres très endettés. L'initiative pays pauvres très endettés (PPTE) est

fondée sur une action coordonnée de la communauté internationale, y compris les institutions

multilatérales de développement (Banque mondiale, Fonds monétaire international, banques

régionales de développement), visant à réduire le poids de la dette extérieure à un niveau

soutenable. L'initiative PPTE a été renforcée en septembre 1999.

2.2.2.1 Mise en œuvre de l’Initiative PPTE

a) Historique et principe de fonctionnement de l’Initiative PPTE

(i) Historique

L’approche globale de la réduction de la dette adoptée conjointement par le FMI et la Banque

mondiale a été conçue pour s’assurer qu'aucun pays pauvre n'est confronté à une charge

d'endettement qu'il ne peut gérer.

En effet, pour pallier les insuffisances des mesures jusque-là prises, le FMI et la Banque

Mondiale vont proposer un programme de réduction de la dette en fin de l'année 1996,

reposant sur une évaluation de la soutenabilité de la dette des pays concernés. C'est la

Page 144: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

143

naissance de l'IPPTE originelle. Les bailleurs de fonds, suite aux recommandations du G7 de

Lyon en 1996 (termes de Lyon)69

, ont mis en route l'initiative Pays Pauvres Très Endettés -

PPTE - dont le but était de ramener la dette des pays pauvres à des niveaux soutenables

afin de les faire sortir du cercle vicieux du “ré-endettement”, en incluant dans l’assiette

des réaménagements la dette multilatérale. Depuis lors, la communauté financière

internationale, y compris les institutions multilatérales et les autorités nationales, ont œuvré en

vue de ramener à un niveau soutenable la charge de l'endettement extérieur des pays pauvres

les plus lourdement endettés.

En juin 1999, sous la pression d'une campagne mondiale lancée par des associations diverses

(Organisations Non Gouvernementales, organisations religieuses, milieux universitaires) et la

société civile réclamant l'annulation pure et simple de la dette, les pays du G7 ont décidé, à

Cologne (termes de Cologne)70

, de procéder à un allègement significatif de la dette des pays

les plus pauvres en rendant plus généreuse (abaissement des seuils) et plus rapide (réduction

des délais) l'initiative originelle : c’est l’IPPTE corrigée. Elle ne modifie cependant pas la

logique de cette initiative qui repose sur l'idée de réduire la dette des pays pauvres de manière

à la rendre supportable.

Figure 2.20 : Carte des Pays potentiellement bénéficiaires de l’initiative PPTE renforcée de

1999

Source : Banque Mondiale

69 Voir « termes de Lyon » en annexes 4-A et 4-B.

70 Voir « termes de Cologne » en annexe 4-A et 4-B.

Page 145: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

144

Le tableau 2-8 résume les seuils de soutenabilité fixés par les Initiatives PPTE originelle (I) et

corrigée (II). Ces ratios évaluent, pour une année donnée : le poids relatif en valeur de la

dette totale ; ce que doit rembourser le pays par rapport au montant de ses exportations

(premier et troisième ratios), et ce que doit rembourser le pays par rapport au montant de ses

recettes budgétaires (deuxième et quatrième ratios).

Tableau 2-8 : Récapitulatif des seuils de soutenabilité fixés par les IPPTE I et II.

Ratios Seuil d’initiative à

l’origine, 1996

Seuil d’initiative

renforcée, 1999 Type d'indicateurs

VAN du Stock de la dette /

Exportations des biens et services

< 250% < 150% Indicateur de contrôle du stock

de la dette en valeur actualisée71

VAN du Stock de la dette /

Recettes budgétaires

< 280% < 250% Indicateur fiscal72

Service de la dette / Exportations < 20 à 25% < 15% Indicateur de contrôle de la

liquidité73

Service de la dette / Recettes

budgétaires

< 20% < 15% Indicateur fiscal

Exportations des biens et services /

PIB

≥ 40% ≥ 30%

Recettes budgétaires /PIB ≥ 20% ≥ 15%

Source : (Dufrénot, Houessou, & Nonfodji, Mai 2007).

(ii) Principe de fonctionnement de l’Initiative PPTE

L'Initiative PPTE requiert la participation de tous les créanciers, multilatéraux, bilatéraux et

créanciers privés. Au-delà des efforts traditionnels de réduction de la dette, le Fonds

monétaire international (FMI) définit un « facteur commun de réduction » que tous les

créanciers doivent appliquer au stock de leurs créances pour ramener les ratios de dettes des

pays concernés à des niveaux soutenables.

71 D'après les regroupements opérés par (Kappagoda & Alexander, 2009), les ratios, encours de la dette / PIB ou

PNB et encours de la dette / exportations des biens et services sont des ratios de contrôle du stock de la dette. 72

Les ratios, stock de dette / recettes budgétaires, service de la dette publique / recettes fiscales, service de la

dette ou VAN / recettes budgétaires, sont des ratios fiscaux. 73

Les ratios, exportations sur service de la dette, paiements des intérêts sur exportations, exportations des biens

et services sur stock de dette, sont des ratios de contrôle de la liquidité.

Page 146: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

145

Les différentes étapes du processus de l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés sont détaillées

en annexe 5 de la présente thèse.

Concrètement, la remise des dettes s’effectue en deux étapes : la décision d’éligibilité ; c’est-

à-dire l’exécution de la décision dans le cadre multilatéral. Pour se faire, les pays doivent

satisfaire à certains critères, s’engager à réduire la pauvreté par des réformes et établir de bons

antécédents au fil du temps. Au stade initial, le FMI et la Banque mondiale offrent un

allégement intérimaire de la dette et, lorsque le pays a respecté ses engagements, un

allégement intégral de sa dette.

Première étape : point de décision. Pour bénéficier d'une assistance au titre de l'initiative

PPTE, un pays doit satisfaire aux quatre conditions suivantes :

Etre admissible à emprunter auprès de l'Agence Internationale de Développement de

la Banque Mondiale qui octroie des prêts sans intérêts et des dons aux pays les plus

pauvres du monde, et auprès du FMI, par le biais de sa « Facilité Elargie de Crédit »,

qui offre des prêts à des taux bonifiés aux pays à faible revenu.

Faire face à une charge d’endettement insoutenable.

Donner la preuve qu’il a procédé à des réformes et mené une politique économique

avisée dans le cadre de programmes appuyés par le FMI et la Banque mondiale.

Avoir élaboré un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP)74

suivant un vaste processus participatif au niveau national.

Lorsqu’un pays a rempli ces quatre critères ou suffisamment progressé dans l’observation de

ces derniers, les Conseils d’Administration du FMI et de la Banque mondiale décident

officiellement de son admissibilité à l’allégement de la dette, et la communauté internationale

s’engage à ramener la dette à un niveau jugé soutenable. La première étape de l’Initiative

PPTE est appelé le point de décision. Lorsque le pays atteint ce point, il peut immédiatement

commencer à recevoir un allégement intérimaire du service de sa dette.

74 Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (Voir encadré A-1 en annexe 6).

Page 147: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

146

Deuxième étape : point d’achèvement. Afin de recevoir la réduction intégrale et irrévocable

de sa dette au titre de l’Initiative PPTE, le pays doit :

- Continuer de donner la preuve de bonnes performances dans le cadre de programmes

soutenus par des prêts du FMI et de la Banque mondiale.

- Exécuter de manière satisfaisante les grandes réformes convenues au point de

décision.

- Adopter et mettre en œuvre pendant un an au moins son Document de Stratégie pour

la Réduction de la Pauvreté (DSRP).

Lorsqu’un pays a satisfait à ces critères, il peut alors atteindre le point d’achèvement, ce qui

lui permet de recevoir l’intégralité de l’allégement de la dette promis au point de décision.

Ainsi, l'Ouganda a été le premier à avoir mené l'initiative à son terme début 2001.

b) Mise en œuvre

Au 30 avril 2013, trente-neuf (39) pays sont considérés éligibles à l’Initiative PPTE. Parmi

ces pays, trente-six (36) ont atteint le point de décision, dont trente-cinq (35) ont également

atteint le point d'achèvement, dernière étape de l’initiative PPTE. Le tableau 2-9 dresse la liste

des pays qui ont rempli les conditions requises pour bénéficier de l'aide au titre de l'IPPTE,

qui y sont admissibles ou potentiellement admissibles et souhaitent peut-être recevoir cette

aide, au mois d’avril 2013.

Sur les trente-cinq pays qui sont admissibles ou peuvent être admissibles à une assistance au

titre de l'Initiative PPTE, trente-trois - dont tous les pays de l’UEMOA (y compris la Guinée-

Bissau) - bénéficient d'un allègement intégral de leur dette de la part du FMI et d'autres

créanciers, après être parvenus au point d'achèvement.

Page 148: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

147

Tableau 2-9 : Liste des pays ayant rempli les conditions requises pour bénéficier de l'aide au

titre de l'initiative PPTE, qui y sont admissibles ou potentiellement admissibles et souhaitent

peut-être recevoir cette aide (en mars 2014).

Pays ayant atteint le point d’achèvement (35)

Pays Date d’atteinte Pays Date d’atteinte

Ouganda Mai 2000 Cameroun Avril 2006

Bolivie Juin 2001 Malawi Septembre 2006

Mozambique Septembre 2001 Sierra Leone Décembre 2006

Tanzanie Novembre 2001 São Tomé-et-Principe Mars 2007

Burkina Faso Avril 2002 Gambie Décembre 2007

Mauritanie Juin 2002 Burundi Janvier 2009

Mali Mars 2003 Haïti Juin 2009

Bénin Mars 2003 République Centrafricaine Juin 2009

Guyana Décembre 2003 Afghanistan Janvier 2010

Nicaragua Janvier 2004 République du Congo Janvier 2010

Niger Avril 2004 Libéria Juin 2010

Sénégal Avril 2004 République Dém. du Congo Juillet 2010

Ethiopie Avril 2004 Guinée-Bissau Décembre 2010

Ghana Juillet 2004 Togo Décembre 2010

Madagascar Octobre 2004 Côte d’Ivoire Juin 2012

Honduras Avril 2005 Guinée Septembre 2012

Zambie Avril 2005 Comores Décembre 2012

Rwanda Avril 2005

Pays en phase intérimaire (entre les points de décision et d’achèvement) (1)

Tchad Mai 2001 (date d’atteinte du point de décision)

Pays n’ayant pas atteint le point de décision (3)

Érythrée Somalie Soudan

Source : http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/hipcf.htm.

Cependant, des efforts restent encore à faire. En effet, les petites institutions multilatérales, les

créanciers bilatéraux officiels non membres du Club de Paris et les créanciers commerciaux,

qui représentent ensemble environ 25% du total des coûts de l’Initiative PPTE, n’ont fourni

jusqu’à présent qu’une petite partie de l’allégement attendu de leur part. Les créanciers

Page 149: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

148

bilatéraux non membres du Club de Paris ont accordé dans l’ensemble environ 40% de leur

part de l’allégement au titre de l’Initiative PPTE, mais environ un tiers d’entre eux n’ont

accordé aucun allégement.

Les évaluations actualisées les plus récentes du montant total des allègements de dette au titre

de la seule Initiative PPTE s'élèvent à 74 milliards de dollars en valeur actuelle nette à fin

2012 pour les 39 pays qui ont vocation à bénéficier des allègements de dette. Par ailleurs,

l’allégement de la dette accordé par les créanciers commerciaux a sensiblement augmenté ces

dernières années, avec quelques grosses opérations appuyées par les opérations de rachat de la

facilité de réduction de la dette de l’Association internationale de développement (IDA).

2.2.2.2 Résultats et limites de l’IPPTE

a) Résultats de l’Initiative PPTE

(i) Au niveau général

Les allègements de dette ont produit des résultats tangibles tant en termes de viabilité de la

dette des pays éligibles que de financement des dépenses sociales. L’évolution positive de la

structure des budgets des pays éligibles à l'Initiative PPTE se poursuit à mesure que les

marges de manœuvre libérées au niveau du service de la dette sont consacrées à

l'augmentation des dépenses de santé et d'éducation (pour pallier les insuffisances des PAS).

Le FMI et la Banque Mondiale ont ainsi estimé en août 2013 que, dix ans après le point de

décision, le stock de dette extérieure des 36 pays bénéficiaires a ainsi été réduit d’environ 55

points de PIB en moyenne, et pour les 35 pays ayant déjà bénéficié d’un allègement complet

de leur dette (notamment en incluant les annulations de dette multilatérales IAMD, qui

représentent environ 40% de l’effort consenti), la réduction du montant de la dette s’élève à

90% (de 140 à 12 milliards USD en valeur actuelle nette à fin 2011).

Après avoir atteint un seuil bas de 193 milliards USD en 2006 au plus fort du fonctionnement

des Initiatives PPTE et IADM, l’encours total de la dette extérieure de l’Afrique (hors Afrique

du nord) a augmenté en moyenne de 11% entre 2006 et 2011. Un tiers de la hausse de

Page 150: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

149

l’endettement observée ces dernières années est le fait de la dette du secteur privé et tient à la

tendance mondiale à la hausse brutale de la part de l’endettement privé dans les pays en

développement. Cependant, exprimé en pourcentage du revenu national brut et des

exportations de biens et de services, l’encours de la dette et les remboursements au titre du

service de la dette ont reculé de plus des deux tiers en conséquence directe de ces initiatives.

Les versements au titre du service de la dette exprimés en pourcentage des recettes

d’exportation ont chuté, passant de 11.5% en 2000 à moins de 3.4% en 2011.

À ce jour (mars 2014), des décisions de réduction de la dette au titre de l'initiative PPTE ont

été approuvés en faveur de 36 pays, dont 30 en Afrique, assurant un allégement total de 76

milliards de dollars américains du service de leur dette, au fil des ans.

Ainsi, l'impact de la mise en œuvre de l'initiative PPTE est surtout sensible au niveau des

ratios de service de la dette. Pour les 36 pays ayant franchi le point de décision, le service de

la dette rapporté au PIB a ainsi nettement diminué, passant de 2,9% en moyenne en 2001 à

0,9% en 2011. L'augmentation des dépenses sociales dans ces pays a été équivalente à la

réduction du service de la dette. Les dépenses sociales représentent plus de 33,3 milliards de

dollars en 2011 contre environ 6,6 milliards en 2001. Ces dépenses sont passées sur la même

période de 6,3% à 8,8% du PIB, soit une augmentation de 2,5 points de PIB.

Quant aux quatre pays qui n'ont pas encore respecté la totalité des conditions d'un allégement

complet de leur dette (Erythrée, Somalie, Soudan, Tchad), il faut dire qu’ils se trouvent tous

confrontés à des tâches similaires, notamment préserver la paix et la stabilité et améliorer la

gouvernance et la prestation des services de base. Pour s'acquitter de ces tâches, ces pays

devront s'employer sans relâche à renforcer leurs politiques et leurs institutions.

Page 151: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

150

(ii) Au niveau de l’UEMOA

Le tableau 2-10 fournit plus de détails sur l’initiative PPTE des pays de la zone franc CFA.

Tableau 2-10 : Initiative PPTE dans les pays de la zone CFA : dates clés et montants de

réduction de la dette).

Pays Point de décision - point

d'achèvement

Réduction (à long terme) de la dette en millions $US

(en termes de VAN)

Ruptures

structurelles dans

l’évolution de la

dette (libellée en

devises)

Bénin Juillet 2000 - Mars 2003 265 (VAN 1998) 2006

Burkina-Faso Juillet 2000 - Avril 2002 552,6 (VAN 2001) 2006

Cameroun Octobre 2000 - Mai 2006 1270 (VAN 1999) 2006

Congo, Rép. Dém. Mars 2006

- Janvier 2010 1575 (VAN 2004) −

Côte d’Ivoire Mars 2009 - Juin 2012 3004,9 (VAN 2007) −

Gabon N o n é l i g i b l e

Mali Septembre 2000 - Mars 2003 417 (VAN 1998) 2006

Niger Décembre 2000 - Avril 2004 520,6 (VAN 1999) 2006

Rép. Centrafricaine Septembre 2007 - Juin 2009 578,2 (VAN 2006) 2009

Sénégal Juin 2000 - Avril 2004 488 (VAN 1998) 2006

Tchad Mai 2001 - 170,1 (VAN 2000) −

Togo Novembre 2008 - Décembre 2010 282 (VAN 2007) 2011

Note: VAN représente la valeur actualisée nette.

Source: Les informations sur l'initiative PPTE sont de la Banque Africaine de Développement.

Pour l’ensemble des pays étudiés, le service de la dette extérieure totale de l’UEMOA

rapporté à son PIB est passé en moyenne, de 7,1% en 1996 à 2,5% en 2012. Comme impact

sur les dépenses sociales, les dépenses en santé de l’Union ont augmenté sur la même période,

passant en moyenne de 1,85% du PIB en 1996 à 2,85% en 2012, soit une augmentation de 1

point (figures 2-21 et 2-22).

Page 152: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

151

Figure 2-21 : UEMOA : service de la dette

extérieure totale en % de PIB, de 1996 à

2012.

Figure 2-22 : UEMOA : Dépenses

publiques de santé en % de PIB, de 1996 à

2012.

Pour évaluer la qualité des politiques d’un pays, la BM définit l’Evaluation de la Politique et

des Institutions Nationales - EPIN - (plus connue sous son acronyme anglais « CPIA » -

Country Policy and Institutional Assessment). Dans ce contexte, la politique sur la dette

évalue si la stratégie de gestion de la dette favorise la réduction des risques budgétaires et la

soutenabilité de la dette à long terme.

L’EPIN définit chaque année les performances des pays pauvres et les pays sont notés sur une

échelle allant de 1 (note la plus faible) à 6 (note la plus élevée) pour chaque indicateur. La

note globale est la moyenne des quatre domaines évalués. Vu sa composition, cet indicateur a

le gros avantage de mettre l'accent sur les éléments essentiels qu'un pays peut contrôler, plutôt

que sur des données (les taux de croissance économique, par exemple) qui dépendent de

facteurs qu'il ne maîtrise pas. En effet, L’EPIN mesure la qualité des améliorations des

politiques et institutions publiques à l’aune de seize indicateurs du développement, dans

quatre domaines répartis comme suit:

A. Gestion économique : 1. Gestion macroéconomique ; 2. Politique budgétaire ; 3. Politique

de la dette.

B. Politiques structurelles : 4. Commerce ; 5. Secteur financier ; 6. Cadre réglementaire des

entreprises.

0

1

2

3

4

5

6

7

8

19

96

19

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00

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20

12

0

0,5

1

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2

2,5

3

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96

19

98

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00

20

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20

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20

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20

10

20

12

Page 153: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

152

C. Politiques de lutte contre l'exclusion et de promotion de l'équité : 7. Égalité des sexes ; 8.

Équité dans l’utilisation des ressources publiques ; 9. Valorisation des ressources humaines ;

10. Protection sociale et main-d'œuvre ; 11. Politiques et institutions axées sur la viabilité

écologique.

D. Gestion et institutions du secteur public : 12. Droits de propriété et gouvernance fondée sur

les règles ; 13. Qualité de la gestion budgétaire et financière ; 14. Efficience de la mobilisation

des recettes ; 15. Qualité de l'administration publique ; 16. Transparence, responsabilité et

corruption dans le secteur public

Depuis 1980, les notes de l’EPIN servent à déterminer l’allocation de prêts sans intérêts et de

dons aux Economies africaines éligibles75

à une aide de l’Association internationale de

développement (AID), le fonds du Groupe de la Banque mondiale pour les pays les plus

pauvres de la planète. Le tableau 2-11, par le biais de l’EPIN, nous renseigne sur la

performance de la politique sur la dette dans l’UEMOA et dans l’Afrique subsaharienne. Il en

résulte que des efforts restent encore à faire en matière d’assainissement de la politique

budgétaire pour l’ensemble des pays, surtout au niveau de la Côte d’Ivoire et du Togo qui,

depuis 2012, ont tout de même réussi à passer le cap de la moyenne.

Tableau 2-11 : Classement de la politique sur la dette par l’EPIN* de 2005 à 2013.

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

ASS**

3,0 3,0 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2 3,2

BEN 3,5 3,5 3,6 3,6 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5

BFA 4,5 4 3,7 3,7 3,8 3,8 3,8 3,8 3,8

CIV 1,5 1 2,6 2,7 2,8 2,7 2,9 3,1 3,2

MLI 4,5 4,5 3,7 3,7 3,7 3,6 3,6 3,4 3,4

NER 3,5 3,5 3,3 3,3 3,3 3,4 3,4 3,5 3,5

SEN 4,0 4,0 3,7 3,6 3,7 3,7 3,8 3,8 3,8

TGO 1,5 1,5 2,5 2,7 2,8 2,9 3,0 3,0 3,0

Source : Banque de données EPIN du Groupe de la Banque mondiale (http://www.worldbank.org/id ). *

EPIN : Evaluation de la Politique et des Institutions Nationales (1=faible, 6=élevée). **

Afrique subsaharienne.

75 Angola, Benin, Burkina-Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, Comores, Congo (République Démocratique),

Congo (République), Côte d'Ivoire, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau,

Kenya, Lesotho, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Nigéria, République

centrafricaine, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Sierra-Léone, Soudan, Sud-Soudan, Tanzanie, Tchad,

Togo, Ouganda, Yémen (République), Zambie, Zimbabwé.

Page 154: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

153

Au cours de sa session ordinaire sur la situation économique et financière des économies de

l’UEMOA en 2011 et les perspectives pour 2012 tenue le 29 juin 2012, le Conseil des

ministres avait adopté les orientations de politique économique au titre de l’année 2013,

notamment « l’assainissement des finances publiques, la gestion prudente de la dette publique

et les modalités d’atténuation des effets de la flambée des prix sur les marchés », afin de

favoriser le respect des critères de convergence. Le Conseil des ministres a donc instruit la

Commission de l’UEMOA à mettre en place un système de "suivi-évaluation" des

conclusions sur la surveillance multilatérale.

S’agissant justement de la surveillance multilatérale, le Conseil des ministres de l’UEMOA

tenu à Dakar le 29 juin 2006, avait pour objet de fixer les modalités de calcul du « Solde

Budgétaire de Base » corrigé du total des ressources PPTE et des dons budgétaires dans les

Etats membres de l’UEMOA, lequel SBB corrigé rapporté au PIB nominal, serait un

indicateur complémentaire du critère clé du Pacte de convergence.

En effet, en considérant la nécessité d’affiner l’analyse des performances budgétaires des

Etats membre et le fait que l’analyse du SBB en pourcentage du PIB nominal, critère clé

retenu dans le Pacte de convergence, doit s’effectuer en cohérence avec l’évolution des autres

critères budgétaires, notamment ceux relatifs à la masse salariale et aux dépenses

d’investissement financées sur ressources internes ; et conscient de la nécessité d’évaluer

l’impact des ressources PPTE et des dons budgétaires sur les performances des Etats

membres, il a été édicté un règlement de calcul du SBB corrigé76

. Ce règlement est détaillé en

annexe 8. La prise en compte de ce règlement conduit à constater les différences contenues

dans le tableau 2-12 faisant état de la convergence en UEMOA au 31 décembre 2012.

76 Règlement N° 07/2006/Cm/UEMOA Portant Adoption Des modalités de calcul du Solde Budgétaire de Base

Corrigé des ressources PPTE et des dons budgétaires (annexe 8)

Page 155: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

154

Tableau 2-12 : Convergence en UEMOA au 31 décembre 2012 : critères 5 et 677

.

Indicateurs de convergence BEN BFA CIV MALI NER SEN TGO Total*

5 Masse salariale sur recettes

fiscales (norme ≤ 35%) 44,1 44,1 42,2 36,7 24,8 30,5 42,1 2

Ratio de la masse salariale

corrigée des dons

budgétaires et des

ressources PPTE sur les

recettes fiscales (en %)

43,5 37,5 41,8 26,5 22,5 30,0 40,0 3

6 Investissements financés

sur ressources intérieures

sur recettes fiscales

(norme ≥ 20%)

19,4 45,2 23,1 21,0 28,7 38,0 32,5 6

Ratio des investissements

publics financés sur

ressources internes

corrigés des dons

budgétaires et des

ressources PPTE sur les

recettes fiscales (en %).

19,1 38,3 22,8 19,2 24,3 34,0 30,9 5

Nombre total de pays respectant le critère78

Source : (UEMOA, 2013).

Avec l’arrivée de la Côte d’Ivoire au point d’achèvement de l’initiative PPTE en juin 2012,

tous les pays de l’UEMOA ont maintenant bénéficié d’un allégement substantiel de leur dette

extérieure. La dette nominale moyenne pour la région se situe à présent à environ 40 % du

PIB. Tous les pays ont un ratio de la dette publique qui est nettement inférieur au plafond de

70 % du PIB fixé par le dispositif de surveillance régionale. D’après les récentes analyses de

viabilité de la dette (AVD), pour tous les pays, le risque de surendettement est jugé faible ou

modéré. En effet, les pays ont eu tendance à accumuler de nouveau des dettes au lendemain de

l’allégement dont ils ont bénéficié, mais sans dépasser les prévisions dans ce domaine et il n’y

a pas eu de signe d’une forte détérioration des perspectives de viabilité de la dette dans

l’UEMOA. Cependant, la composition du financement a changé, faisant apparaître un recours

croissant à la dette intérieure assortie de taux d’intérêt plus élevés et d’échéances plus courtes

en complément du financement extérieur concessionnel, ce qui pose de nouveaux défis en

77 Sont foncées les cases ne respectant pas les critères.

78 Non compris la Guinée-Bissau.

Page 156: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

155

matière de gestion de la dette. Cette tendance est appelée à se poursuivre, les perspectives

d’aide financière n’étant pas favorables.

Il est important de relever que l’initiative PPTE, quoique destinée à rendre soutenable la dette

des pays concernés, comporte cependant des limites.

b) Les limites de l’initiative PPTE

Malgré ses vertus, l’initiative PPTE présente aussi des limites :

1° Le programme PPTE répond à une logique contre-productive car, pour qu'un pays

fasse partie du programme, il faut qu'il soit listé parmi les pays les plus endettés, ce qui a pour

conséquence que les pays fournissant de grands efforts pour effacer leurs dettes se trouvent

écartés du programme, alors que les pays laxistes économiquement pourront faire partie du

programme.

2° Avant d'arriver au point de décision, le gouvernement doit appliquer pendant trois

années le Document Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (DSRP). Or ce document, malgré

sa négociation entre le gouvernement et la société civile, se révèle agir comme les PAS. Dans

l'une de ses publications, la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le

Développement (CNUCED) concède « qu'un examen détaillé des mesures macroéconomiques

et d’ajustement structurel figurant dans les DSRP permet de constater qu’il n’y a pas de

remise en cause fondamentale des conseils formulés dans le cadre de ce que l’on appelle le

Consensus de Washington » (Le développement économique en Afrique. De l’ajustement à la

réduction de la pauvreté : Qu’y a-t-il de nouveau ?, 2002). Par exemple, en 1998, l'éligibilité

de la Côte-Ivoire au programme PPTE fut conditionnée par la libéralisation complète du

secteur du café pour l'année de récolte 1998-99 (World Bank, 1998). Cette limite est

importante dans la mesure où les gouvernements des PED ne parviennent pas à recouvrer, par

d'autres impôts, l'intégralité de la perte de revenus causée par la baisse ou la suppression des

droits de douane consécutive à une libéralisation du commerce. La conséquence de la mise en

œuvre de ces politiques est donc, pour les pays « pauvres » concernés par le programme

PPTE, une perte budgétaire sèche pour l'État, ce qui peut risquer d'aggraver encore les

Page 157: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

156

problèmes budgétaires structurels de celui-ci alors que le programme était censé lui venir en

aide.

3° D'autre part, la concertation obligatoire entre le gouvernement et la société civile ne

veut pas forcément dire qu'elle se déroule dans de bonnes conditions. Ainsi en 2002, le PNUD

révèle que les négociations du DSRP du Burkina Faso entre donateurs et organisations de la

société civile n'ont duré que quatre-vingt-dix minutes79

.

4° La dette cumulée des pays concernés par le programme PPTE ne représente que 10%

de la dette totale des PED. De plus, quand nous savons que 80% de la population pauvre vit

dans douze pays (le Nigeria, l’Indonésie, les Philippines, l’Éthiopie, le Pakistan, le Mexique,

le Kenya, le Pérou et le Népal, …)80

, nous constatons aisément que seuls deux de ces douze

pays (l'Éthiopie et le Kenya) font partie du programme PPTE.

5° Les remises de dettes peuvent bien sûr être utiles pour les pays bénéficiaires, mais ce

qui est contestable, c’est d’inclure les montants dans l’APD alors que ce n’est pas de l’argent

frais pour le développement. En réalité, les annulations de la dette ne sont souvent qu’un

simple effacement comptable de créances qui ne seront jamais remboursées. Selon la

Résolution du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU81

se rapportant à l’initiative PPTE et

aux politiques d’ajustement qui y sont liées, « l’Initiative PPTE ne vise pas à offrir une

solution d’ensemble au problème du fardeau de la dette sur le long terme. A ce jour peu de

progrès ont été accomplis en vue de remédier à l’iniquité du système actuel de règlement de

la dette, qui continue de donner la priorité aux intérêts des créanciers plutôt qu’à ceux des

pays endettés et des plus pauvres d’entre eux ».

En vue d’accélérer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement de

l’ONU et compte tenu de ses limites, l’initiative PPTE a été complétée, en 2005, par

l’initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM).

79 PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2002.

80 Il faut noter que les États cités, dont certains font partie des grandes puissances économiques, n'ont pas

demandé à participer à ce programme PPTE. 81

Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU : Les effets de la dette extérieure et des obligations financières

internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, particulièrement des droits

économiques, sociaux et culturels (adoptée le 5 juillet 2012).

Page 158: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

157

L’initiative d’allégement de la dette multilatérale (IADM) 2.2.3

Toujours dans l’intention d’aider à progresser sur la voie des Objectifs du Millénaire pour le

Développement (OMD) des Nations Unies, en juin 2005, le Groupe des huit grands pays

industrialisés (G-8)82

a proposé que trois institutions multilatérales que sont le FMI,

l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale et le Fonds

africain de développement (FAfD), annulent la totalité de leurs créances sur les pays qui ont

atteint ou vont atteindre le point d’achèvement au titre de l’initiative renforcée PPTE menée

conjointement par le FMI et la Banque mondiale : c’est L’initiative d’allégement de la dette

multilatérale (IADM), qui vise l’annulation intégrale des créances admissibles de trois

institutions multilatérales (précédemment citées) sur un ensemble de pays à faible revenu.

Pour contribuer à l’accélération des progrès au vu de la réalisation des Objectifs du Millénaire

pour le développement, l'Initiative PPTE est supplée par l'IADM depuis 2006.

2.2.3.1 Allégement de la dette au service de la lutte contre la pauvreté

Tandis que l’initiative PPTE suppose une action concertée des organisations multilatérales et

des États pour ramener à un niveau supportable la charge de la dette extérieure des pays

pauvres les plus endettés, l’IADM, elle, va plus loin, car elle vise à effacer complètement la

dette de ces pays afin de libérer davantage de ressources pour les aider à atteindre les OMD.

Cependant, à la différence de l’initiative PPTE, l’IADM n’envisage pas parallèlement

l’annulation des créances des créanciers bilatéraux publics ou privés, ni d’autres institutions

multilatérales que le FMI, l’IDA et le FAfD.

L'IADM fournit un allégement de l’intégralité des dettes éligibles contractées auprès du Fonds

africain de développement (FAfD), la Banque interaméricaine de développement,

l'Association internationale de développement de la Banque mondiale et le Fonds monétaire

82 Les pays membres du Groupe des Sept - (G-7) – (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon,

Royaume-Uni, Russie) qui rassemble les grands pays industrialisés, organise des sommets économiques une

fois par an depuis 1975. En 1997, la Russie prend part au Sommet de Denver, pour des débats politiques, et est

admise comme membre à part entière au Sommet de Birmingham tenu en 1998, marquant la création du G-8.

Page 159: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

158

international par les pays en cours d’achèvement du processus de l’Initiative PPTE. Dans le

cadre de l'IADM, les donateurs se sont engagés à fournir au Groupe de la Banque, une

compensation «dollar pour dollar» en échange des remboursements sur les prêts FAfD

annulés au titre de l’IADM, sur une période de cinquante ans (2004 à 2054), afin de préserver

la capacité financière à long terme du FAfD.

La population éligible à l’initiative IADM recouvre deux catégories de pays :

les pays PPTE ayant atteint le point d’achèvement, qui ont maintenu pendant au moins

six mois - à compter de la date du point d’achèvement - des performances favorables i)

dans le domaine macroéconomique (exécution satisfaisante des programmes conclus

avec le FMI) ; ii) dans la mise en œuvre d’une stratégie de réduction de la pauvreté ;

iii) dans la gestion des dépenses publiques (respect d’exigences minimales en matière

de gouvernance et de transparence dans l’utilisation des ressources publiques) ;

les pays n’ayant pas bénéficié de l’initiative PPTE mais dont le revenu par habitant est

inférieur à 380 dollars USD. Deux pays ont été retenus à ce titre : le Cambodge et le

Tadjikistan.

Pour bénéficier de cet allégement, ces pays sont tenus, en vertu d’une décision du Conseil

d’administration du FMI, d’être à jour au titre de leurs obligations envers le FMI et de

présenter un bilan satisfaisant dans trois domaines que sont la politique macroéconomique, la

mise en œuvre d’une stratégie de réduction de la pauvreté et la gestion des dépenses

publiques.

2.2.3.2 Résultats de l’IADM

Le montant total estimé des dettes du FAfD amené à être annulé au titre de l'IADM est de

11,35 milliards de dollars.

Fin Mars 2011, la totalité des 26 pays membres régionaux ayant atteint le point d'achèvement

et éligibles à l’assistance irrévocable au titre de l’allègement de la dette de l’Initiative PPTE,

ont bénéficié des annulations de la dette de l’IADM pour un montant total de 10,1 milliards

Page 160: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

159

de US dollars dont 1,3 milliards de dollars pour la Côte d’Ivoire (alors que l’allègement

espéré était de 3 milliards de dollars).

Au 31 mars 2014, le montant de la participation du FMI à l’allégement de la dette au titre de

l’IADM est estimé à environ 3,4 milliards de dollars en termes nominaux.

Le tableau 2-13 présente les pays de l’UEMOA ayant bénéficié, et ceux admis à bénéficier de

l’IADM à la fin septembre 2012, ainsi que le champ d’application de leur éligibilité à

l’initiative. Nous pouvons lire que tous les pays de l’UEMOA sont déclarés éligibles à

l’IADM : IADM I pour le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Togo dont le revenu par

habitant est égal ou inférieur à 380 dollars ; et IADM II pour le Bénin, la Côte d’Ivoire, la

Guinée-Bissau et le Sénégal qui, eux, ont un revenu par habitant supérieur à 380 dollars

américains.

Tableau 2-13 : Champ d’application des pays de l’UEMOA bénéficiaires de l’IADM.

Admissibilité au titre du compte de fiducie IADM-I

(revenu par habitant ≤ 380 dollars)

Admissibilité au titre du compte de fiducie IADM-II

(revenu par habitant > 380 dollars)

Burkina Faso, Mali, Niger et Togo. Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal.

Source : http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/mdrif.htm

En somme, les Initiatives PPTE et IADM sont à l’origine de progrès considérables. Plusieurs

défis subsistent néanmoins :

- Les quatre pays qui n’ont pas encore réuni les conditions nécessaires pour bénéficier

d’un allègement total de la dette (Érythrée, Somalie, Soudan, Tchad) sont confrontés à

des problèmes communs ; ils devront produire un effort suivi au plan intérieur et

continuer de bénéficier du soutien de la communauté internationale pendant la période

intérimaire.

- Il reste à assurer la pleine participation de l’ensemble des créanciers, notamment de

plusieurs petits créanciers multilatéraux, créanciers non membres du Club de Paris et

créanciers privés qui, ensemble, représentent 25% des coûts totaux relatifs à

l’Initiative PPTE.

Page 161: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

160

- Si tous les pays de l’UEMOA ont bénéficié des opérations uniques d’allègement de la

dette couverte par les Initiatives PPTE et IADM et par le Fonds de désendettement83

,

l’augmentation récente de l’endettement en particulier du secteur privé a entraîné une

dégradation de la viabilité de la dette. Il s’impose donc de maintenir les efforts jusque-

là déployés pour améliorer la gestion et la viabilité de la dette, y compris la dette

induite par le secteur privé et la dette intérieure du secteur public

Conclusion

L’importance de la dette et la récurrence des chocs affectant la zone UEMOA constituent de

puissants freins à son développement économique et imposent incontestablement une

réflexion opérationnelle sur la question de la soutenabilité de la dette ; d’où l’instauration des

PAS et des initiatives récentes de réduction de la dette.

Parlant des PAS, la Banque Mondiale et le FMI déclaraient qu’il s’agissait d’une « souffrance

de court terme, pour un bénéfice à long terme » mais cette souffrance à court terme s’est

instaurée pendant plus de vingt ans, creusant les inégalités et freinant tout développement. Les

PAS n’ont pas été efficaces pour résoudre le problème de solvabilité des PED. Cette

inefficacité est surement due aux efforts extrêmes de rigueur demandés à certaines

populations et de leurs conséquences dramatiques sur le plan social. En effet, Les

conséquences sociales sont généralement douloureuses pour les populations. Le FMI se

défend de préconiser des politiques réduisant les dépenses sociales [« les secteurs de

l'éducation et de la santé et les dépenses sociales sont jugés « sacrés » et le FMI ne demande

pas de coupes d'effectifs dans ces secteurs mais seulement des rationalisations si

nécessaire. » (Ouattara, 1998, Directeur Général Adjoint du FMI)], mais la perception par les

populations est souvent bien différente. Comme exemple, la Confédération des Syndicats

Autonomes du Sénégal estime que les politiques préconisées par le FMI ont conduit à la

83 Pour aider les pays PPTE à réduire leur endettement commercial extérieur, le Fonds de désendettement de la

Banque Mondiale leur permet de racheter leurs créances commerciales avec une forte décote. Le Fonds a

récemment été prolongé jusqu’en 2017.

Page 162: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

161

paupérisation des populations et ont eu des conséquences désastreuses sur les services

publics, sur l'éducation et/ou la santé en Côte d'Ivoire et au Sénégal.

De même, l’Organisation des Nations Unis pour l'Education, la Science et la Culture

(UNESCO) s’inquiète des conséquences des PAS sur l’éducation. Le Directeur général,

Federico (Mayor, 1993), écrit en effet : «De plus en plus, les problèmes qu’affrontent les pays

en développement dans le secteur de l’éducation - provenant pour une part de politiques de

stabilisation et d’ajustement structurel mal conçues - prennent des allures de crise et

compromettent les perspectives de récupération économique et de développement national, de

même que le bien-être d’une large proportion de la jeunesse» (Reimers & Tiburcio, 1993).

Avec l’adoption des initiatives PPTE et IADM, dans la plupart des PED, les systèmes de

gestion de la dette se sont améliorés mais d’importantes lacunes demeurent. De nombreux

pays ont entrepris de coordonner l’action des grands organismes publics concernant la gestion

de la dette et les politiques macro-économiques. Cependant, si la majorité des pays s’est dotée

d’une unité de gestion de la dette et d’un système d’enregistrement de la dette, les capacités

d’analyse et l’échange d’informations entre les différents organismes publics chargés de

contracter des emprunts mériteraient d’être renforcés (N'Kodia & Sarr, 2007).

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Comme vu au chapitre premier de notre thèse, les questions de la discipline budgétaire, de la

viabilité des finances publiques et de la solvabilité financière des États se situaient déjà au

cœur des préoccupations de la politique économique conduite dans les pays de l’UEMOA.

Les mesures d’ajustement adoptées et le nouveau contexte généré par les deux initiatives

d’allégement de la dette (IPPTE et IADM) n’ont fait que mettre en évidence, avec plus

d’acuité, les difficultés liées à une bonne gouvernance financière dans la zone UEMOA.

Il est à noter que les initiatives PPTE et IADM ont été coûteuses pour la communauté

financière internationale car elles ont été réalisées dans un contexte de rareté de ressources

concessionnelles ; elles ne seront probablement pas reconduites en cas de nouvelles crises de

la dette. Les pactes de convergence en zone UEMOA peuvent contribuer durablement à la

Page 163: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

162

préservation des acquis financiers générés par les initiatives d’allégement de dette, mais il

faudrait pour cela, que des correctifs et des remaniements soient apportés aux insuffisances et

aux limites constatées dans le fonctionnement de ces pactes de convergence.

Malgré leurs insuffisances, les dispositifs d’allégement de la dette ont permis d’enclencher

une dynamique d’assainissement du cadre macro-économique. Par ailleurs, leur caractère

permanent permet un suivi des efforts d’ajustements au-delà des annulations de dettes

ponctuelles. La difficulté réside principalement dans la constitution d’un dispositif

institutionnel véritablement opérationnel et en adéquation avec les problématiques

rencontrées. Par sa souplesse et son adéquation, ce dispositif doit permettre aux PED et aux

États membres de l’UEMOA de dégager des ressources afin de préserver un endettement

soutenable. C’est cette préoccupation qui est au centre du cadre analytique référé dans la

seconde partie de notre étude.

Concrètement, dans la deuxième partie de notre thèse, la dynamique de la dette et la

contrainte budgétaire intertemporelle servent de cadres d’étude - théorique et empirique - à

notre analyse de la soutenabilité de la dette en UEMOA et à la détermination d’ajustements

budgétaires nécessaires aux pays de l’Union (chapitre 3). Le dernier chapitre (4) sera consacré

à la recherche de moyens permettant de financer le développement des différents pays étudiés,

et partant, de l’ensemble de l’UEMOA.

Page 164: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

163

DEUXIEME PARTIE :

ANALYSES THEORIQUE ET

EMPIRIQUE DE LA SOUTENABILITE

DE LA DETTE DANS UNE

PRESPECTIVE DE FINANCEMENT

DU DEVELOPPEMENT DES PAYS DE

L’UEMOA

« Le seul moyen d'accès à une position telle que notre science puisse donner un avis positif

pour de nombreux politiciens et hommes d'affaires repose sur des travaux quantitatifs. Aussi

longtemps que nous ne serons pas capables de traduire nos arguments en chiffres, la voix de

notre science, bien qu'elle puisse occasionnellement aider à éviter des erreurs grossières, ne

sera jamais entendue par les praticiens. Ils sont tous, par instinct, économètres, du fait de leur

incrédulité pour toute chose dont il n'existe pas une preuve exacte ».

(Schumpeter, 1933)

Page 165: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

164

Nous avons vu, dans la première partie de notre thèse, à quel point les Etats de l’Union

Economique et Monétaire Ouest-Africaine étaient endettés, les causes de cet endettement

massif et les solutions qui y ont été apportées. Par ailleurs, la soutenabilité a été quelque peu

été appréhendée à travers diverses définitions d’auteurs différents.

Dans cette deuxième partie, cette soutenabilité sera développée de façon plus approfondie. Il

s’agira de, pour l’ensemble de l’Union, analyser la soutenabilité de la dette publique en

étudiant la réaction de la dette suite aux variations de ses composantes. Pour ce faire, notre

analyse économétrique se base sur le modèle développé par (Bikas & Daseking, 2006) dans

leur étude sur la dette et le financement dans les pays à revenu faible. Ces auteurs fondent

leur démonstration, en accord avec la définition du FMI, sur l’identité de la balance des

paiements et arrivent à la conclusion selon laquelle « le seul fait d’emprunter à un faible taux

concessionnel ne garantit pas des ratios d’endettement stables ou décroissants et que l’on

devrait dégager des financements concentrés en début de période afin d’atteindre les objectifs

ambitieux de développement sans nuire à la viabilité de la dette ».

Le fait de dégager des financements concentrés nécessite une mesure de la soutenabilité. A ce

sujet, le solde primaire est une variable cruciale pour mesurer la soutenabilité de la dette

publique, car il est l’un des facteurs qui influencent l’évolution à la hausse ou à la baisse du

ratio de la dette rapportée au PIB. De même, la croissance et le taux d’intérêt réels influencent

aussi l’évolution de ce ratio. La première, car elle agit sur le niveau du PIB, au dénominateur ;

le second, car il agit sur le niveau de la dette, au numérateur, à travers son impact sur le

service de la dette dont le niveau détermine aussi les besoins de financement de l’État. Ainsi,

une condition nécessaire à la soutenabilité pour les pays à fort endettement consiste à

déterminer le niveau de solde primaire nécessaire à la stabilisation du ratio d’endettement

(dette sur PIB). Cette condition n’est cependant pas suffisante car, si un ratio d’endettement

est trop élevé, le stabiliser ne suffirait pas ; il faudrait plutôt chercher à le réduire de sorte à

atteindre au moins la soutenabilité de la dette.

Cette partie de notre thèse est d’abord consacrée à une analyse de la soutenabilité de la dette

de l’UEMOA (chapitre 3). Ensuite, nous nous servons des modèles développés par (Anand &

Van Wijnbergen, 1988) et (Budina & Van Wijnbergen, 2001) pour mesurer cette

soutenabilité, ce qui nous permettra de dégager des marges de manœuvre nécessaires au

financement du déficit budgétaire des pays de l’UEMOA (chapitre 4).

Page 166: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

165

Chapitre 3: MISE EN EVIDENCE DES

DETERMINANTS DE LA SOUTENABILITE

ET ESSAI DE FINANCEMENT DU DEFICIT

BUDGETAIRE : CAS DE L’UEMOA

Introduction

Pour un État, le constat d'une absence de soutenabilité des finances publiques n'est pas

synonyme d'impasse budgétaire. En effet, l'impasse est distincte du déficit budgétaire, lequel

ne concerne que l'excédent des dépenses du budget général et des budgets annexes sur les

recettes proprement budgétaires (impôts, revenus domaniaux, produits divers). L’impasse,

quant à elle, représente l'excédent des dépenses du budget général, des budgets annexes et des

charges de trésorerie estimées par la gestion des comptes spéciaux du Trésor sur l'ensemble

des recettes budgétaires. En d'autres termes, parce qu’elle concerne « les dépenses inscrites au

budget de l'État n’étant pas couvertes normalement par des recettes prévisibles mais par un

recours à l'épargne » (Barro R. , 1974), l’impasse budgétaire correspond aux soldes cumulés

des opérations définitives et des opérations temporaires de l'État.

La non-soutenabilité des finances publiques traduirait donc plutôt la nécessité, pour respecter

la contrainte de budget intertemporelle, d'un ajustement fiscal conséquent. Ce troisième

chapitre s’intéresse à cet ajustement budgétaire recommandable pour prétendre une viabilité

de la dette dans les pays de l’UEMOA (section 2), et ce, après une analyse empirique de la

situation de ces pays en matière de soutenabilité de la dette (section 1).

Le solde primaire est à ce titre la principale variable sur laquelle se focalisent les plans

d’ajustement structurels proposés par le FMI. Dans les pays qui ont des problèmes de viabilité

Page 167: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

166

de la dette publique comme dans notre cas d’étude, la viabilité budgétaire doit reposer sur un

assainissement des dépenses publiques à moyen terme (Daniel, Davis, Fouad, & Van

Rijckeghem, 2006). Dans ce cas, l’objectif prioritaire est d’améliorer le solde primaire pour

qu’il concorde avec la viabilité de la dette.

3.1 Dynamique de la dette et Soutenabilité : Cas de l’UEMOA

Comme précédemment annoncé, la définition du FMI - qui définit la soutenabilité de la dette

comme la situation dans laquelle un pays a la capacité de satisfaire à ses obligations présentes

et futures concernant le service de la dette, sans qu’un changement important dans sa balance

de paiement ne soit nécessaire - sera à la base de notre analyse économétrique de la

soutenabilité. Pour se faire, nous nous basons sur les travaux de (Bikas & Daseking, 2006)

dans leur étude sur la dette et le financement des pays à revenu faible. Ces auteurs s’appuient

sur les conditions d’accès à l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE)84

pour atteindre

l’objectif de développement et de réduction de la pauvreté d’ici 2015, nécessitant des niveaux

considérables de financement externe. Pour ce faire, ils fondent leur démonstration, en accord

avec la définition du FMI (que nous soutenons), sur l’identité de la balance des paiements.

Dans cette section, après avoir défini la balance des paiements, nous étudierons l’impact de

ses différentes composantes sur l’évolution de la dette.

Dynamique de la dette : Identité de la balance commerciale et Analyse 3.1.1

des déterminants de la soutenabilité

Nous partons de la dynamique de la dette basée sur l’identité de la balance commerciale pour

déterminer notre modèle d’étude de la soutenabilité.

84 La dynamique utilise la dette totale externe tandis que l’IPPTE se réfère à la dette publique et publiquement

garantie.

Page 168: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

167

3.1.1.1 Présentation de la balance des paiements

a) Définition et structure de la balance des paiements

(i) Définition

Dans ses rapports avec l’étranger, un pays exerce deux sortes de transactions que sont les

exportations et importations de biens et services (appelées transactions courantes) et les achats

ou ventes d’actifs financiers ou non financiers (appelées transactions financières).

La balance des paiements d’un pays est un état statistique, dressé à intervalle régulier (le plus

souvent l’année), dont l’objet est de retracer sous une forme comptable l’ensemble des flux

d’actifs réels, financiers et monétaires entre les résidents d’une économie et les non-résidents

au cours d’une période déterminée, chaque opération donne lieu à une double inscription en

crédit et en débit85

.

Dans les Etats membres de l'UEMOA, la procédure de confection des statistiques de la

balance des paiements est inspirée des normes internationales, en particulier la cinquième

édition du Manuel de la balance des paiements publiée par le FMI en 1995. En effet, suite à

cette édition, la BCEAO a révisé en 1996 son dispositif de collecte et d'établissement des

balances des paiements des Etats membres de l’UEMOA ; cela pour le rendre conforme aux

mutations de l'environnement financier et aux exigences des standards internationaux86

.

Le cadre institutionnel et réglementaire d'élaboration de la balance des paiements au sein des

Etats membres de l'Union est précisé par le Règlement numéro R09/98/CM/UEMOA du 20

décembre 1998 relatif aux relations financières extérieures des Etats membres de l’UEMOA.

85 Au crédit, toutes les opérations assimilables à une vente ou entraînant une diminution des avoirs ou une

augmentation des engagements ; au débit, toutes les opérations assimilables à un achat ou entraînant une

augmentation des avoirs ou une diminution des engagements. 86

Extrais de la REFI N°42. DDAP - immeuble SCIAM, 17ème étage. BP V 125 Abidjan – Côte d’Ivoire.

Page 169: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

168

(ii) Structure

La balance des paiements est constituée de plusieurs soldes intermédiaires qui peuvent être

excédentaires ou déficitaires (figure 3.1) :

Le compte courant permet de faire ressortir l’équilibre (ou le déséquilibre)

économique d’un pays. Il regroupe :

La balance commerciale qui enregistre les opérations portant sur les biens

(importations et exportations de biens).

Les échanges de services, les transferts courants, les flux de revenus (revenus du

travail et revenus du capital).

Le compte capital et transactions financières regroupe :

La balance des opérations de capital. Elle enregistre les transferts patrimoniaux

(pas les transferts de revenus) des travailleurs migrants, les acquisitions et cessions

d’actifs immatériels non financiers (brevets) ainsi que les remises de dettes.

La balance des opérations financières qui enregistre les échanges de capitaux entre

le pays et l'étranger. Il s’agit des investissements87

directs, des investissements de

portefeuille, des opérations de crédits (bancaires et non-bancaires) et des

opérations monétaires. À l’intérieur du compte financier il est intéressant de

repérer les opérations affectant les avoirs de réserves : le solde de ces opérations

constitue la variation des « avoirs de réserve » (Attention : un excédent de la

balance globale se traduit par une augmentation des avoirs de réserve qui est

enregistrée avec un signe négatif (en débit)).

Le poste « Erreurs et omissions nettes » est le reflet des difficultés d’enregistrement

des opérations économiques internationales.

87 « Investissement » est utilisé ici avec un sens différent de celui retenu dans l’analyse macroéconomique ; il

s’agit ici de placements. Les achats d’équipements ou de logements (la formation brute de capital fixe) et les

investissements immatériels sont enregistrés dans la balance des opérations courantes.

Page 170: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

169

Figure 3-1 : Structure de la Balance des paiements

Balance des paiements

Compte des transactions courantes

Balance commerciale

(Importations et exportations

de biens)

Balance des services

(Importations et exportations

de services)

Balance des transferts courants

(Dons, aides)

Balance des revenus

(Salaires, dividendes,

intérêts)

Compte de capital et d'opérations financières

Compte de capital

(transferts patrimoniaux des travailleurs migrants, les acquisitions et cessions

de brevets, remises de dettes)

Compte financier

(investissements directs étrangers, investissements de

portefeuille, produits financiers, avoirs de réserves)

Erreurs et omissions nettes

Page 171: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

170

Par construction, la balance des paiements est équilibrée : le solde du compte courant est égal

et de signe opposé au solde du compte financier, au compte de capital et au poste erreurs et

omissions près. C’est donc toujours par approximation que l’on parle de balance des

paiements déficitaire ou excédentaire (Krugman, Obstfeld, & Melitz, 2011).

En effet, en faisant la somme algébrique du poste « erreurs et omissions nettes », du solde du

compte des transactions courantes et de celui du compte capital et financier, il en résulte le

solde de la balance des paiements. Ce solde est, par construction, nul (c’est la fonction du

poste « erreurs et omissions nettes »).

Dans le contexte de la plus ou moins grande ouverture commerciale d’un pays, la notion

d’équilibre externe se place en général au plan de la balance courante qui peut être

structurellement déficitaire. Si le compte des transactions courantes est déficitaire, pour payer

cette différence, l'économie nationale doit utiliser ses réserves de la banque centrale ou

emprunter. L'accumulation de déficits du compte de transactions courantes a pour

conséquence un accroissement de l'endettement du pays, ce qui menace sa prospérité et son

indépendance. La question macroéconomique relative au pays concerné sera alors celle de la

soutenabilité des déficits courants ou encore de l’endettement externe.

b) Balance de paiements et dette extérieure

L'étude de la balance des paiements met en évidence l'existence pour chaque nation d'une

contrainte budgétaire intertemporelle : à long terme, le compte courant primaire d'équilibre

doit juste suffire à rembourser les dettes accumulées ou à dépenser les actifs accumulés, d’où

la définition de l’identité de la balance des paiements.

Selon l’identité de la balance des paiements, le niveau de dette extérieure brute d’un pays

augmente (𝐷𝑡 > 𝐷𝑡−1) lorsque la somme de son niveau de déficit commercial courant

(𝐵𝐷𝑡 + 𝑖𝑡𝐷𝑡−1 − 𝑇𝑟𝑡) et de ses réserves cumulées (∆𝑅𝑡) excède le niveau d’investissements

directs (𝐼𝐷𝑡).

Page 172: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

171

Exprimée de façon mathématique, la dynamique de la dette découlant de l’identité de la

balance de paiements s’écrit :

𝐷𝑡 − 𝐷𝑡−1 > 0 ⇔ 𝐵𝐷𝑡 + 𝑖𝑡𝐷𝑡−1 − 𝑇𝑟𝑡 + ∆𝑅𝑡 > 𝐼𝐷𝑡 (3.1)

Soit :

𝐷𝑡 − 𝐷𝑡−1 > 0 ⇔ 𝐵𝐷𝑡 + 𝑖𝑡𝐷𝑡−1 − 𝑇𝑟𝑡 + ∆𝑅𝑡 − 𝐼𝐷𝑡 > 0 (3.2)

Avec 𝐷𝑡 = Valeur nominale du stock de dette en fin de période t

𝑖𝑡 = Taux d’intérêt effectif moyen en période t (paiements d’intérêts sur la période t

divisé par le stock de dette en fin de la période précédente) ;

𝐵𝐷𝑡 = déficit combiné de la balance des biens et services;

𝑇𝑟𝑡 = balance des transferts courants et dons officiels;

𝐼𝐷𝑡 = balance des investissements directs étrangers ; et

∆𝑅𝑡 = variation des réserves officielles et autres actifs à l’étranger, une variation

positive de 𝑅𝑡 traduisant une augmentation des réserves (mais enregistrée au débit de la

balance des paiements avec un signe négatif).

3.1.1.2 Estimation du modèle d’estimation des déterminants de la dette

Nous nous basons sur le modèle estimé par (Bikas & Daseking, 2006).

En égalisant les termes de part et d’autre des inégalités de l’équation (3.2), on obtient :

𝐷𝑡−𝐷𝑡−1 = 𝐵𝐷𝑡 + 𝑖𝑡𝐷𝑡−1 − 𝑇𝑟𝑡 + ∆𝑅𝑡 − 𝐼𝐷𝑡 (3.3)

Vu que les prêts consentis aux pays à revenu faible et intermédiaire - et donc aux pays de

l’UEMOA - sont à caractère fortement concessionnel, la valeur actualisée nette (VAN) de la

dette est l’indicateur d’évaluation approprié pour cette étude.

Page 173: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

172

Introduisons dans notre raisonnement le concept d’élément don88

(ED), ce dernier mesurant le

degré de concessionnalité d'un prêt : il est donc défini comme étant le différentiel entre le

stock de dette et la valeur actualisée nette de la dette (VAN), exprimé en pourcentage du stock

de dette :

𝐸𝐷𝑡 =𝐷𝑡 − 𝑉𝐴𝑁𝑡

𝐷𝑡↔𝐷𝑡 =

𝑉𝐴𝑁𝑡1 − 𝐸𝐷𝑡

(3.4)

En substituant la valeur nominale de dette exprimée en (3.4) dans l’équation (3.3), nous

obtenons :

𝑉𝐴𝑁𝑡1 − 𝐸𝐷𝑡

= (1 + 𝑖𝑡)𝑉𝐴𝑁𝑡−1

(1 − 𝐸𝐷𝑡−1)+ 𝐵𝐷𝑡 − 𝑇𝑟𝑡 − 𝐼𝐷𝑡 + ∆𝑅𝑡 (3.5)

Multiplions l’équation (3.5) par 1−EDt

Xt, où :

Xt = valeur en dollars des exportations à la période t, et en considérant :

μt = taux de croissance des exportations tel que : Xt = (1 + μt)Xt−1

Nous arrivons à l’équation suivante, pour le ratio valeur actualisée de la dette (VAN) sur

exportations à la période t :

𝑉𝐴𝑁𝑡𝑋𝑡

=(1 + 𝑖𝑡)

(1 + 𝜇𝑡)

𝑉𝐴𝑁𝑡−1𝑋𝑡−1

(1 − 𝐸𝐷𝑡)

(1 − 𝐸𝐷𝑡−1)+(1 − 𝐸𝐷𝑡)

𝑋𝑡(𝐵𝐷𝑡 − 𝑇𝑟𝑡 − 𝐼𝐷𝑡 + ∆𝑅𝑡) (3.6)

En supposant (pour des raisons de simplification) que l’élément don reste inchangé entre les

périodes 𝑡 − 1 et 𝑡, et en notant par les lettres minuscules les ratios en pourcentage de PIB

(par exemple, 𝑥𝑡 =𝑋𝑡

𝑃𝐼𝐵𝑡), l’équation (3.6) peut être transformée de la façon suivante:

𝑉𝐴𝑁𝑡𝑋𝑡

−𝑉𝐴𝑁𝑡−1𝑋𝑡−1⏟

𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑢 𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜 𝑑𝑒𝑑𝑒𝑡𝑡𝑒

=(𝑖𝑡 − 𝜇𝑡)

(1 + 𝜇𝑡)

𝑉𝐴𝑁𝑡−1𝑋𝑡−1⏟

𝑑𝑦𝑛𝑎𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑑𝑒𝑑𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑒𝑛𝑑𝑜𝑔è𝑛𝑒

+ (1 − 𝐸𝐷𝑡)

𝑥𝑡⏟ 𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟

(𝑏𝑑𝑡 − 𝑡𝑟𝑡 − 𝑖𝑑𝑡 + ∆𝑟𝑡)⏟ é𝑐𝑎𝑟𝑡 𝑑𝑒 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡

(3.7)

88 Voir encadré 4.

Page 174: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

173

Encadré 3 : Concept d’élément don

Encore appelé « élément de libéralité du prêt », l’élément don est l'équivalent de la

subvention exprimé en pourcentage du montant engagé. Utilisé comme une mesure du coût

global de l'emprunt, l'équivalent-subvention d'un prêt est sa valeur d'engagement (présente),

moins la valeur actualisée de son service de la dette contractuelle. Il sert donc à mesurer le

degré de concessionnalité du prêt.

Il s'agit de la différence entre la valeur nominale (valeur faciale) de ce prêt et la somme des

paiements futurs actualisés (valeur actualisée nette) au titre du service de la dette que devra

effectuer l'emprunteur, exprimée en pourcentage de la valeur faciale du prêt. Lorsque le taux

d'intérêt d'un prêt est inférieur au taux d'actualisation, la valeur actualisée de la dette qui en

résulte est inférieure à la valeur faciale du prêt, la différence constituant l'élément de

libéralité de ce prêt).

L’équation (3.7) montre que les facteurs variables affectent l’évolution du ratio valeur

actualisée de la dette (VAN) sur exportations, à travers trois composantes principales :

- L’écart de financement externe : c’est le facteur qui exprime au mieux la relation entre la

soutenabilité de la dette et les financements nouveaux. Un écart positif traduit une

augmentation de la dette extérieure du pays.

- La dynamique de la dette endogène : elle décrit les variations du ratio de la dette qui se

produisent indépendamment des financements nouveaux. Ces variations sont le résultat de

la différence entre le taux d’intérêt concessionnel (𝑖) et le taux de croissance des

exportations (μt) dans le numérateur du ratio de la dette.

- Le multiplicateur qui détermine l’impact d’un écart de financement donné, exprimé en

pourcentage de PIB, sur le ratio VAN de la dette sur exportation.

L’équation (3.7) peut être transformée de la façon suivante:

(𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑡⏟

𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜 𝑑𝑒 𝑑𝑒𝑡𝑡𝑒

=(1 + 𝑖𝑡)

(1 + 𝜇𝑡)(𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑡−1⏟

𝑑𝑦𝑛𝑎𝑚𝑖𝑞𝑢𝑒 𝑑𝑒 𝑑𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑒𝑛𝑑𝑜𝑔è𝑛𝑒

+ (1 − 𝐸𝐷𝑡)

𝑥𝑡⏟ 𝑚𝑢𝑙𝑡𝑖𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑒𝑢𝑟

(𝑏𝑑𝑡 − 𝑡𝑟𝑡 − 𝑖𝑑𝑡 + ∆𝑟𝑡)⏟ é𝑐𝑎𝑟𝑡 𝑑𝑒 𝑓𝑖𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡

(3.8)

Page 175: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

174

En partant de l’équation (3.8), notre objectif consiste à étudier la réaction du ratio valeur

actualisée nette de la dette sur exportations (VAN/X) suite aux variations de ses variables

déterminantes, composantes de l’écart de financement (qui exprime au mieux la relation entre

la soutenabilité de la dette et les financements).

Cependant, vu que la dynamique de la dette endogène décrit les variations du ratio de la dette

qui se produisent indépendamment des financements nouveaux, il nous est impossible

d’ignorer cette autre composante du ratio d’endettement qu’est sa valeur retardée.

Notre méthodologie consistera à estimer (en panel) à partir du modèle économétrique

linéarisé (3.9), dérivé de l’équation (3.8) :

- le coefficient de la valeur retardée du ratio valeur actualisée nette de la dette sur

exportations VAN/X et

- les coefficients de chaque composante de l’écart de financement. Ceci nous permettra

d’étudier l’impact de l’évolution de ses variables déterminantes sur l’évolution du

ratio VAN/X.

Ainsi, notre modèle est :

(𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑖,𝑡= 𝜶(

𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑖,𝑡−1

+ 𝜷𝟏𝑏𝑑𝑖,𝑡 − 𝜷𝟐𝑡𝑟𝑖,𝑡 − 𝜷𝟑𝑖𝑑𝑖,𝑡 + 𝜷𝟒∆𝑟𝑖,𝑡 +𝜷𝒊 + 𝜎𝑖,𝑡 (3.9)

où :

Les variables 𝑏𝑑𝑡, 𝑡𝑟𝑡, 𝑖𝑑𝑡, ∆𝑟𝑡 représentent respectivement le solde de la balance des

biens et services, la balance des transferts courants, la balance des investissements

directs et les variations de réserves, tous divisés par le PIB.

i représente chaque pays membre de l’UEMOA ;

t réfère à l’année ;

𝜶 est le coefficient de la variable retardée du ratio valeur actualisée nette de la dette

sur exportations 𝑉𝐴𝑁

𝑋 à estimer ;

Page 176: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

175

𝜷𝟏 à 𝜷𝟒 sont les coefficients respectifs des variables 𝑏𝑑𝑡, 𝑡𝑟𝑡, 𝑖𝑑𝑡, ∆𝑟𝑡 , composantes

de l’écart de financements, à estimer ;

𝜷𝒊 est l’effet individuel fixe ;

𝜎𝑖,𝑡 représente le terme d’erreur.

Par ailleurs, sachant qu’un écart de financements nouveaux positif traduit une augmentation

de la dette extérieure du pays, nous avons voulu voir l’impact de la variation de l’écart de

financements sur la variable du ratio de VAN de la dette sur Exportations. Pour ce faire, nous

désignons par la variable EF, l’écart des financements nouveaux. Nous avons donc :

𝐸𝐹 = 𝑏𝑑𝑡 − 𝑡𝑟𝑡 − 𝑖𝑑𝑡 + ∆𝑟𝑡 (3.10)

Le modèle linéarisé (3.11) qui découle des équations (3.9) et (3.10) est alors :

(𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑖,𝑡= 𝜶′ (

𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑖,𝑡−1

+ 𝜷′𝐸𝐹𝑖,𝑡 + 𝜷𝒊′ + 𝜎′𝑖,𝑡 (3.11)

où 𝜶′ et 𝜷′ sont les coefficients respectifs de la variable retardée du ratio valeur actualisée

nette de la dette sur exportations 𝑉𝐴𝑁

𝑋 et de l’écart de financements nouveaux 𝐸𝐹, à estimer.

Pour notre analyse économétrique, une modélisation en panel a été privilégiée et un panel

dynamique serait propice. Cependant, compte de la présence de la valeur retardée de la

variable expliquée [(𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑖,𝑡−1

] parmi les variables explicatives, les techniques économétriques

standards telles que les « Moindres carrés ordinaires » (MCO) ne permettent pas d'obtenir des

estimations sans biais d'un tel modèle (Goaied & Sassi, 2012) ; il s’en suivrait des

estimations biaisées.

La méthode appropriée à notre cas d’étude est celle des moments généralisés (en anglais

General Method of Moment - GMM). Nous nous inspirons, pour se faire, des travaux de

(Acclassato & Eggoh, 2013) et (Catin, 2010) dans leur étude sur la relation entre le

développement financier de l’UEMOA et les sources de sa croissance économique. La

méthode de GMM permet d’apporter des solutions aux problèmes de biais de simultanéité, de

causalité inverse et de variables omises. Elle permet notamment de traiter le problème de

Page 177: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

176

l’endogénéité des variables, qui se pose nécessairement lorsque nous étudions la relation entre

l’évolution de la dette et l’évolution de ses composantes.

La GMM repose sur les conditions d’orthogonalité entre les variables retardées et le

terme d’erreur, aussi bien en niveau qu’en différences premières. Lorsque le modèle

dynamique est exprimé en différences premières, les instruments sont en niveau, et

vice versa. Dans le modèle à estimer, l'utilisation des variables retardées comme

instruments diffère selon la nature des variables explicatives:

Pour les variables exogènes, leurs valeurs courantes sont utilisées comme

instruments.

Pour les variables prédéterminées ou faiblement exogènes (des variables qui peuvent

être influencées par les valeurs passées de la variable dépendante, mais qui restent

non corrélées aux réalisations futures du terme d'erreur), leurs valeurs retardées

d'au moins une période peuvent être utilisées comme instruments.

Pour les variables endogènes, leurs valeurs retardées de deux périodes et plus,

peuvent être des instruments valides.

La validité des instruments retenus peut être confirmée ou infirmée à partir des tests de

(Hansen, 1982) et (Sargan, 1958), tests statistiques permettant de tester une hypothèse de

suridentification (validité des instruments) dans un modèle statistique. Egalement connu sous

le nom de « Test J », ils sont construits sur l'hypothèse que le terme d'erreur ne doit pas être

corrélé avec l'ensemble des variables exogènes si les instruments sont valides.

Page 178: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

177

Approche empirique de la dynamique de la dette : cas de l’UEMOA 3.1.2

3.1.2.1 Source et validation des données du modèle d’estimation

a) Source des données

Les données sont de fréquence annuelle et extraites des bases Word Development Indicators

(WDI) et Africa Development Indicators (ADI) de la Banque Mondiale. Il s’agit :

du stock de dette en fin de période t ;

du déficit de la balance commerciale (des biens et services) ;

des transferts courants (dons officiels y compris) ;

des investissements directs (capitaux nets non générateurs d’endettements) et

de la variation des réserves cumulées (variation des réserves officielles et autres actifs

à l’étranger).

Pour ces données, l'échantillon couvre la période 1970-2012.

b) Validation des données : Tests de stationnarité des variables du modèle

Nous commençons, avant toute régression, par tester la stationnarité des variables de ce

modèle. Cette précaution permet d’éviter des régressions fallacieuses et de s’assurer que

la loi décrivant l’évolution des variables peut s’écrire à l’aide d’un modèle à coefficients

fixes, indépendant du temps. En effet, lorsque les variables ne sont pas stationnaires, les

erreurs d’estimation ne sont plus des bruits blancs et les estimateurs ne présentent pas de

bonnes propriétés.

Le test de stationnarité revient à tester l’existence d’une racine unitaire dans les séries.

Concernant les tests de racine unitaire en panel, deux principales évolutions peuvent être

Page 179: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

178

mises en évidence depuis les travaux fondateurs de (Levin & Lin, 1992) inspirés des tests de

(Dickey & Fuller, 1979).

1- D’une part, nous avons pu assister depuis la fin des années 90 à une évolution

tendant à la prise en compte d’une hétérogénéité des propriétés dynamiques des séries

étudiées, avec notamment les travaux de (Im, Pesaran, & Shin, 1995) et de (Maddala & Wu,

1999). Il s’agit des tests dits de première génération et qui reposent sur une hypothèse

d’indépendance entre les individus, ce qui apparaît peu plausible notamment dans le cas de

certaines applications macro-économiques. Nous notons à ce sujet : (i) les tests de

spécification homogène de la racine autorégressive [ (Levin & Lin, 1992), (Levin, Lin, &

Chu, 2002)] ; (ii) les tests de spécification hétérogène de la racine [ (Im, Pesaran, & Shin,

1995), (Im, Pesaran, & Shin, 2003), (Maddala & Wu, 1999), (Choi, 2001)] ; (iii) les tests

séquentiels [ (Hénin, Jolivaldt, & Nguyen, 2001)].

2- D’autre part, un second type de développements récents dans la littérature des

tests de racine unitaire en panel, fait parler de la seconde génération de tests, actuellement en

plein développement, et qui intègre diverses formes possibles de dépendances inter-

individuelles.

A ces tests s’ajoutent des tests de troisième génération qui, eux, permettent de déceler et

d’expliquer des ruptures structurelles dans l’évolution d’une série.

(i) Tests de racine unitaire de première génération

Nous nous consacrons évidemment, dans un premier temps, aux tests de première génération

pour tester la stationnarité de nos variables. Ils sont basés sur les hypothèses d'indépendance

interindividuelle et d’absence de rupture structurelle. Un des premiers tests de ce type et

probablement le plus restrictif est le test de (Levin, Lin, & Chu, 2002). Ce test permet un

certain degré d'hétérogénéité en incluant des effets fixes spécifiques et éventuellement, des

trends déterministes spécifiques. Les autres paramètres du modèle sont censés être communs.

Le test de Levin-Lin est très restrictif en ce sens que l'hypothèse alternative suppose que la

série suit le même processus autorégressif pour toutes les unités du panel.

Cette limite du test de Levin-Lin a généré une série de tests qui prennent en compte un

éventail plus large de l'hétérogénéité dynamique : les tests de (Maddala & Wu, 1999) et (Im,

Page 180: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

179

Pesaran, & Shin, 2003). Ces derniers sont moins restrictifs car ils permettent une

hétérogénéité de la racine autorégressive et aussi une hétérogénéité quant à la présence d'une

racine unitaire. Nous utilisons ces trois tests pour notre analyse. Nous testons l’hypothèse

nulle de présence de racine unitaire (donc de non stationnarité) contre l’hypothèse alternative

de stationnarité. Les résultats des tests sont présentés dans le tableau 3-1.

Selon les résultats du tableau 3-1, au moins deux des tests utilisés attestent qu’au seuil de

10%, toutes les variables sont stationnaires en niveau, sauf la variable ratio de la valeur

actualisée nette de dette sur exportations (VAN/X) qui n’est stationnaire qu’en différence

première.

Tableau 3-1 : Tests de stationnarité (de première génération) en panel sur les variables du

modèle.

Variables VAN/X db tr id ∆r EF

Niveau

IPS 2,14

(0,98)

-1,09

(0,14)

-3,32***

(0,00) -1,28

*

(0,09)

-5,60***

(0,00)

-2,52***

(0,00) LLC -0,57

(0,28) -1,42

*

(0,08)

-3,36***

(0,00)

0,16

(0,56)

-3,06***

(0,00)

-4,31***

(0,00)

MW 6,24

(0,96)

22,91*

(0,06)

37,38***

(0,00)

34,27***

(0,00)

58,82***

(0,00)

32,11***

(0,00)

Différence

première

IPS -7,27***

(0,00)

-11.28***

(0.00)

-8,97***

(0,00)

LLC -6,41***

(0,00)

-6,07***

(0.00)

-8,17***

(0,00)

MW 75,82***

(0,00)

121,32***

(0,00)

102,87***

(0,00)

Note : Le choix des ordres de retards est basé sur le critère d’information de Schwarz avec un retard max = 489

.

Les valeurs entre parenthèses sont les p-values90

. (***), (**) et (*) signifient le rejet de l’hypothèse nulle de

racine unitaire aux seuils respectifs de 1%, 5% et 10%.

Les tests de première génération nous permettent de déduire que les estimateurs des variables

présentent de bonnes propriétés. Cependant, vu que nous avons une variable (VAN/X) qui,

différemment des autres, n’est pas stationnaire en niveau, nous pourrions tenir compte de cette

différence dans notre estimation. Mais nous poussons plus loin notre analyse de la

89 Une des manières de choisir le nombre de retards consiste à comparer différents modèles ADF incluant

différents choix de retards, sur la base de critères d'information. Un critère d'information est un critère fondé sur

le pouvoir prédictif du modèle considéré et qui tient compte du nombre de paramètres à estimer. Il faut noter que

ces critères s'appliquent de façon générale à tout type de modèle et pas uniquement aux modèles des tests ADF.

Nous en retenons le critère de Schwarz. 90

Si la p-value est inférieure au seuil choisi, on rejette l'hypothèse nulle en faveur de l’hypothèse alternative, et

le résultat du test est déclaré « statistiquement significatif ». Dans le cas contraire, si la valeur-p est supérieure au

seuil, on ne rejette pas l’hypothèse nulle, et on ne peut rien conclure quant aux hypothèses formulées.

Page 181: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

180

stationnarité des variables en tenant compte de la possibilité d’existence de dépendance entre

les variables.

En effet, dans une analyse de panel, outre le problème de l'hétérogénéité, les éventuelles

interdépendances paraissent aussi importantes. Or les tests de première génération, comme

indiqué ci-dessus, admettent hypothèse forte d'indépendance entre les individus. Pourtant,

dans notre cas, étant donné l’interdépendance entre les pays de la zone UEMOA - du fait de

leur appartenance à la même union monétaire -, cette hypothèse d'indépendance doit être

assouplie. Ceci nous amène à pratiquer des tests de deuxième génération qui, eux, n'imposent

pas l'hypothèse d’indépendance.

(ii) Tests de racine unitaire de deuxième génération

L’étude des diverses formes possibles de dépendances interindividuelles est, bien entendu,

conditionnée par l’existence même d’interdépendance. Le test qui nous permet de déceler des

dépendances entre les variables est le Cross-sectional dependence test.

Tests de Cross-sectional dependance

Nous utilisons, pour notre étude, le cross-sectional dependence (CD) test de (Pesaran M. H.,

2004) et le test du Multiplicateur de Lagrange (Lagrange multiplier (LM) test) de (Breusch &

Pagan, 1980)91

. Nous testons l'hypothèse nulle d'absence de dépendance. Les résultats de ces

tests - contenues dans le tableau 3-2 - nous orienteront quant à la nécessité (ou pas)

d’effectuer les tests de seconde génération.

Tableau 3-2 : Résultats des tests de Cross-sectional dependance entre les déterminants de la dette

au sein de l’UEMOA.

Variables VAN/X db tr id ∆r EF

Test (CD)

de Pesaran

17,01***

3,38***

9,27***

4,16***

-1,17 3,71***

(0,00) (0,00) (0,00) (0,00) (0,23) (0,00)

Test LM de

Breusch-

Pagan

318,71***

67,12***

158,68***

59,14***

180,55***

72,04***

(0,00) (0,00) (0,00) (0,00) (0,00) (0,00)

Note: La statistique du cross-sectional dependence test admet pour loi asymptotique la loi normale standard sous

l'hypothèse nulle d’indépendance interindividuelle. Le test du Multiplicateur de Lagrange suit la loi de Chi(2)

[LM ~ Chi-2 (21)]. Les valeurs entre parenthèses sont les p-values.

91 Test développé par (Breusch & Pagan, 1980) et repris par (Baum, 2001).

Page 182: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

181

D’après le tableau 3-2, les résultats du Cross-sectional dependance sont clairs : l'hypothèse

nulle (d’absence de dépendance) est significativement rejetée pour les deux tests utilisés.

L'hypothèse d'indépendance qui sous-tend les tests de première génération ne tient donc pas et

justifie pour la suite, l'exécution des tests de racine unitaire de seconde génération.

Tests de Choi (2006) et de Pesaran (2007)

Nous effectuons les deux tests suivants:

Le test CIPS (Cross-sectionally augmented IPS) de (Pesaran H. M., 2007). Il se base

sur les régressions de type Dickey-Fuller augmentées par l’introduction des moyennes

d’interdépendance des séries individuelles, en niveau et en différence première.

L’auteur obtient alors un modèle augmenté de type CADF (Cross Sectionally

Augmented Dickey-Fuller). Les distributions asymptotiques du test de Pesaran (2007)

sont non standards.

Le test mis en œuvre par (Choi, Combination Unit Root Tests for Cross-Sectionally

Correlated Panels, 2006) s'appuie, lui, sur un modèle de panel à erreurs pour tester la

racine unitaire à partir d’une transformation de la série observée permettant de

supprimer les corrélations interindividuelles et les éventuelles composantes de

tendance déterministes, en procédant par l’élimination : (i) de la constante (donc des

effets individuels par le recours à la méthodologie ERS de (Elliott, Rothenberg, &

Stock, 1996)), mais aussi et surtout (ii) du terme d’erreur commun (donc de l'effet

temporel) par centrage sur la moyenne individuelle.

Nous testons l’hypothèse nulle de présence de racine unitaire (donc de non stationnarité)

contre l’hypothèse alternative de stationnarité. Les résultats sont lisibles dans le tableau 3-3.

Nous y reportons les statistiques du test CIPS de Pesaran ainsi que ceux des trois tests de Choi

(Pm, Z, et L).

Les résultats de la deuxième génération de tests de racine unitaire confirment plus ou moins

ceux de la première génération.

Page 183: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

182

Tableau 3-3 : Résultats des tests de racine unitaire de deuxième génération sur les déterminants

de la dette au sein de l’UEMOA.

Variables VAN/X db tr id ∆r EF

Niveau

CIPS -2,40

(0,39)

-2,29

(0,52)

-3,52**

(0,01)

-2,09

(0,75)

-5,67***

(0,01)

-3,03**

(0,02)

Choi Pm -5,71***

(0,01)

-3,33***

(0,01)

-6,66***

(0,01)

-3,48***

(0,01)

-6,70***

(0,01)

-5,77***

(0,01)

Choi Z -2,21

(0,98)

3,57***

(0,00)

14,60***

(0,00)

8,52***

(0,00)

19,84***

(0,00)

8,34***

(0,00)

Choi L 21,72***

(0,00)

18,50***

(0,00)

21,72***

(0,00)

19,72***

(0,00)

21,72***

(0,00)

21,72***

(0,00)

Différence

première

CIPS 3,37

(0,99)

-1,62**

(0,05)

-3,69***

(0,00)

Choi Pm -9,83***

(0,00)

Choi Z 3,29

(0,99)

Choi L -13,43***

(0,00)

Note : Nous introduisons des trends et des constantes déterministes individuels pour toutes les variables sauf

pour le ratio VAN/X (uniquement valeurs à l'origine). Les ordres de retard appropriés sont déterminés en

appliquant des tests de régression ADF complémentaires pour chacune des unités du panel. Nous nous sommes

également référés à l'ordre de retard qui minimise le critère de Schwarz. Les conclusions sont robustes aux

changements dans les spécifications du modèle. Les valeurs entre parenthèses sont les p-values.

Le test CIPS ne permet pas de conclure quant à la stationnarité de la variable ratio de la valeur

actualisée nette de dette sur exportations (VAN/X). Il admet cependant la stationnarité en

niveau des transferts nets (tr), des variations de réserves (∆r) et de l’écart de financement (EF)

tandis que le déficit budgétaire (db) et les investissements directs (id) sont intégrés d’ordre 1

[I(1)].

Les tests de Choi sont compatibles avec ceux de la première génération pour toutes les

variables sauf pour la variable (VAN/X). En effet, deux des quatre tests de Choi indiquent que

(VAN/X) est I(0) comme toutes les autres variables.

Nous pouvons à présent poursuivre notre analyse.

Page 184: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

183

3.1.2.2 Résultats et interprétations du modèle d’estimation

a) Tests de validité des instruments

Nous avons précédemment vu que l'efficacité de l'estimateur des GMM repose sur les

hypothèses selon lesquelles :

(i) Les termes d'erreur sont non autocorrélés à l’ordre 2.

La cohérence des estimateurs exige que les erreurs soient non corrélées sériellement, auquel

cas les résidus en différence première devraient afficher une corrélation sérielle de premier

ordre négative, mais aucune corrélation sérielle de second ordre.

Nous testons l’hypothèse nulle d’absence d’autocorrélation de second ordre des erreurs contre

l’hypothèse alternative d’autocorrélation au second ordre. Les résultats sont contenus dans le

tableau 3-4.

Tableau 3-4 : Résultats des tests de corrélation résiduelle d’Arellano-Bond pour l’estimation du

GMM en panel.

Arellano-Bond test for AR(1) (en différences premières) z = -2,31

Prob > z = 0,02

Arellano-Bond test for AR(2) (en différences premières) z = 0,56 Prob > z = 0,57

Observations 209

Pays 7

F(7, 201) 12,33

Prob > F 0,00

Les résultats des tests d’Arellano-Bond sur la corrélation des résidus permettent de rejeter

l’absence d’un effet auto régressif d’ordre 1 (AR(1)) pour les résidus. Par contre, l’hypothèse

nulle d’absence d’un effet AR(2) ne peut pas être rejetée. Les résultats des tests de corrélation

sont en conformité avec les hypothèses de validation des résultats de l’estimation.

Page 185: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

184

(ii) Les instruments sont bien adaptés, c’est-à-dire valides

Nous testons l'hypothèse nulle de validité des instruments (ce qui revient à tester l’absence

d’autocorrélation des variables instrumentales avec le terme d'erreur). Les résultats contenus

dans le tableau 3-5 nous permettent de conclure quant à la validité des variables.

Tableau 3-5 : Résultats des tests de sur-identification de Sargan et Hansen pour l’estimation du

GMM en panel.

Test de Sargan chi 2 (1) = 0.28 Prob > chi2 = 0,60

Test de Hansen chi 2 (1) = 0.31 Prob > chi2 = 0,58

Observations 207

Nombre de pays 7

F(7, 199) 12,09

Prob > F 0,00

Source : Calculs de l’auteur.

Les tests de Sargan et Hansen valident les choix des instruments car l’hypothèse nulle de

validité des instruments ne peut pas être rejetée. En outre, le modèle est globalement

significatif car la p-value du test de significativité globale est de 0,00 pour chacun des

modèles (Prob > F = 0,00). Il convient à présent d’estimer notre modèle par données de panel.

b) Résultats des estimations

Il existe deux variantes d'estimateur des GMM en panel dynamique : l'estimateur GMM en

différences premières de (Arellano & Bond, 1991) et l'estimateur GMM en système de

(Blundell & Bond, 1998).

L'estimateur GMM en différences premières de (Arellano & Bond, 1991) consiste à

prendre pour chaque période la différence première de l’équation à estimer pour

éliminer les effets spécifiques pays, et ensuite à instrumenter les variables explicatives

de l’équation en différence première par leurs valeurs en niveau retardées d’une

période ou plus.

Page 186: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

185

L'estimateur GMM en système de (Blundell & Bond, 1998) combine les équations en

différence première avec les équations en niveau dans lesquelles les variables sont

instrumentées par leurs différences premières.

(Blundell & Bond, 1998) ont montré à l'aide des simulations de Monte-Carlo92

que

l'estimateur GMM en système est plus performant que celui en différences premières car ce

dernier donne des résultats biaisés dans des échantillons finis lorsque les instruments sont

faibles.

Le tableau 3-6 présente les résultats des estimations par la méthode des moments généralisés

en système.

Tableau 3-6 : Résultats des estimations du modèle par la méthode des moments généralisés

(GMM) en système : liens entre la VAN de la dette et les composantes de l’écart de financement.

Variables 𝑉𝐴𝑁𝑋𝑡−1𝑋𝑡−1

𝑑𝑏 𝑡𝑟 𝑖𝑑 ∆𝑟 𝛽𝑖 𝐸𝐹 𝛽𝑖′

Signe attendu (+) (+) (-) (-) (+) (+/-) (+) (+/-)

Modèle (3.9) Coefficient

(p-value)

-0,11■

(0,27)

1,49

(0,03)

-0,02

(0,01)

-14,86

(0,02)

2,11

(0,00)

-1,98

(0,00)

Modèle (3.11) Coefficient

(p-value)

-0,22■

(0,00)

0,17

(0,31)

1,48

(0,00)

Note : (■)

: Estimateur de signe contraire au signe attendu.

Soient :

𝑉𝐴𝑁𝑖,𝑡𝑋𝑖,𝑡

= −0,11𝑉𝐴𝑁𝑖,𝑡−1𝑋𝑖,𝑡−1

+ 1,49𝑑𝑏𝑖,𝑡 − 0,02𝑡𝑟𝑖,𝑡 − 14,86𝑖𝑑𝑖,𝑡 + 2,11∆𝑟𝑖,𝑡 − 1,98 + 𝜎𝑖,𝑡 (3.9′)

et

(𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑖,𝑡= −0,22 (

𝑉𝐴𝑁

𝑋)𝑖,𝑡−1

+ 0,17𝐸𝐹𝑖,𝑡 + 1,48 + 𝜎′𝑖,𝑡 (3.11′)

92 Le terme « Monte Carlo » est employé dans de nombreuses disciplines et fait référence aux procédures où les

quantités d'intérêt sont approximées en générant de nombreuses réalisations aléatoires d'un processus

stochastiques quelconque et en calculant une moyenne quelconque de leurs valeurs. Le nom de ces méthodes,

qui fait allusion aux jeux de hasard pratiqués à Monte-Carlo, a été inventé en 1947 par Nicholas Metropolis, et

publié pour la première fois dans un article coécrit avec Stanislaw Ulam (Metropolis & Ulam, 1949).

Page 187: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

186

Selon les résultats de l’estimation par GMM en système présentés dans le tableau 3-6 ci-

dessus :

- le déficit budgétaire (𝑏𝑑), les variations de réserves (∆𝑟) et la constante 𝛽𝑖 ont un effet

positif et significatif sur (𝑉𝐴𝑁𝑡

𝑋𝑡) ;

- les transferts courants (𝑡𝑟) et les investissements directs étrangers (𝑖𝑑) ont un effet négatif

et significatif sur (𝑉𝐴𝑁𝑡

𝑋𝑡) ;

- le ratio (𝑉𝐴𝑁𝑡−1

𝑋𝑡−1) a un effet négatif et non significatif sur (

𝑉𝐴𝑁𝑡

𝑋𝑡) pour le modèle (3.9) ;

- le ratio (𝑉𝐴𝑁𝑡−1

𝑋𝑡−1) a un effet négatif et significatif sur (

𝑉𝐴𝑁𝑡

𝑋𝑡) pour le modèle (3.11) ;

- l’écart de financements nouveaux (𝐸𝐹) a un effet positif et non significatif sur (𝑉𝐴𝑁𝑡

𝑋𝑡) ;

- la constante 𝛽𝑖′ a un effet positif et significatif sur (𝑉𝐴𝑁𝑡

𝑋𝑡).

c) Interprétations des résultats obtenus

1° Le coefficient positif de l’écart de financements nouveaux 𝑬𝑭 nous fait dire que dans

l’UEMOA, l’effet des déficits budgétaires et des variations de réserves sur l’évolution du ratio

de dette l’emporte sur celui des transferts et des investissements directs. Cependant, au

Sénégal, les IDE sont un déterminant très significatif de la croissance, étant donné qu’ils

représentent 25% du PIB.

Si l’on s’en tient aux résultats de l’étude de (Gbakou, Mustapha, & René, 2008) portant sur 87

PED93

et dans laquelle les auteurs cherchent à vérifier si la stabilité macroéconomique

(mesurée par le taux d’inflation) joue un rôle dans l’influence éventuelle des flux de capitaux

entrants sur la croissance économique du pays de destinataire, il est démontré que les IDE ont

une influence positive sur la croissance du pays en Afrique et en Amérique latine et Caraïbe.

A contrario, l’instabilité macroéconomique exerce une influence négative et limite l’effet des

93 87 pays issus de trois zones géographiques: Afrique, Amérique latine/Caraïbes et Asie. Cette relation est

testée à la fois globalement sur la totalité de l’échantillon et sur chacun des trois zones géographiques

distinctement L’étude s’intéresse à la période 1990 - 2005.

Page 188: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

187

IDE dans le seul cas de l’Afrique. Or en Afrique de l’Ouest, certains pays - notamment, le

Mali, la Côte d’Ivoire ainsi que le Sénégal et le Burkina-Faso (qui ont connu quelques

troubles) - connaissent depuis la décennie dernière des perturbations d’ordre politique qui

entraînent souvent une instabilité macroéconomique. Il va de soi que la croissance fut ralentie

sur des périodes relativement longues dans l’UEMOA.

Ce premier résultat est en adéquation avec notre littérature : un écart de financement positif

traduit une augmentation de la dette. Aussi, le déficit budgétaire détermine-t-il, selon la

contrainte budgétaire intertemporelle, l’endettement du pays. De plus, un excédent de la

balance globale se traduisant par une augmentation des avoirs de réserve qui est enregistrée

avec un signe négatif (en débit), les avoirs de réserve enregistrés avec un signe positif

(comme l’indique notre estimateur) traduisent un déficit de la balance des paiements.

En somme, l’écart de financements nouveaux en UEMOA est caractérisé par des déficits

budgétaires importants et des variations de réserves faibles. Il est également constaté à travers

nos résultats, que les autres constituants de l’écart de financements que sont la balance des

transferts courants et celle des investissements directs étrangers sont si faibles que leurs effets

sur le ratio VAN/X se retrouvent « absorbés » par les effets des premiers constituants.

Cependant, les résultats indiquent que l’effet de EF sur le ratio de VAN/X n’est pas

significatif. Ceci pourrait nous amener à affirmer que l’écart de financement n’est pas

significatif dans la détermination de la dette en zone UEMOA, ce qui n’est pourtant pas vrai.

Cette ambiguïté trouve surement son explication dans les valeurs estimées des constantes 𝛽𝑖

et 𝛽𝑖′ des modèles (3.9) et (3.11). En effet :

2° Nos résultats suggèrent, d’après la significativité des constantes 𝛽𝑖 et 𝛽𝑖′ , qu’il existe

certainement des variables qui pourraient avoir un effet déterminant sur VAN/X mais qui ne

sont pas prises en compte dans nos modèles. En effet, ces constantes représentent ici tous les

facteurs environnementaux que nous ne pouvons quantifier, tels que :

L’incidence sur la zone UEMOA, de situations politiques qui prévalent (ou

prévalaient) dans un pays ou un autre (Côte d’Ivoire, Mali) à une période donnée.

Le rôle du dispositif de surveillance régionale face à l’application et au respect des

critères de convergence en zone UEMOA. Ce dispositif adopte une attitude qui laisse

à désirer mais le problème fondamental réside dans la volonté des États membres à se

Page 189: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

188

soumettre à une surveillance rigoureuse et à des sanctions possibles de la part de leurs

pairs.

La mise en application des directives94

de l’UEMOA sur la gestion des finances

publiques nationales qui accuse du retard.

la qualité et la disponibilité de l’information qui font défaut dans la zone. Or nous

sommes d’accord que sans information, l’élaboration et l’application efficace des

politiques nationales et régionales sont vouées à l’échec.

3° Nous constatons également que la valeur retardée du ratio VAN/X a un effet négatif

sur sa valeur courante, ce qui veut dire mathématiquement que ce ratio évolue en décroissant.

Cela se confirme (depuis 1993) sur la figure 3.2 qui retrace l’évolution de ce ratio sur la

période 1975-2011.

Ce résultat estimatif s’explique par le fait qu’en plus du caractère fortement concessionnel de

la dette en zone UEMOA, les remises de dette dues à l’initiative PPTE aurait pu avoir un

impact positif sur la solvabilité des pays de l’UEMOA et donc sur la soutenabilité de la dette

[d’où la significativité de cet estimateur pour le modèle (3.11)]. Mais cette impression se

transforme très vite en illusion dès l’instant où les ressources ne sont pas assez suffisantes

pour couvrir les dépenses liées au service de la dette [non significativité de l’estimateur pour

le modèle (3.9)].

En effet, comme vu en introduction, la crise de la dette est due à l’augmentation de la dette

conjuguée à la baisse des recettes. Et nous constatons, malgré une baisse du ratio VAN/X de

l’UEMOA, que le solde budgétaire est toujours négatif (figure 3.3). Il s’impose alors un

accroissement des ressources budgétaires des pays de l’Union.

94 Les directives de l’UEMOA harmonisent les règles régissant préparation, soumission, approbation, exécution et

contrôle du budget, tout en encouragent une gestion efficace et transparente des finances publiques dans tous les

pays de l’Union.

Page 190: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

189

Figure 3-2 : Evolution du ratio de valeur actualisée de la dette par rapport aux exportations

dans l’UEMOA, sur la période 1975 – 2011

Source : réalisé par l’auteure.

Figure 3-3 : Evolutions comparées du ratio de valeur actualisée nette de la dette par rapport

aux exportations (VAN/X) et du solde budgétaire de base en pourcentage du PIB, 2001 –

2011

Source : réalisé par l’auteure.

Ces premiers résultats obtenus après les estimations économétriques par GMM en système

indiquent que l’évolution du ratio de la dette sur exportations de la zone l’UEMOA est

assujettie à une amélioration de la politique budgétaire dans son ensemble et ce, par deux

points très important que sont le financement du déficit commercial et l’augmentation des

avoirs de réserves des pays de l’Union, laquelle augmentation passe par un accroissement des

exportations relativement aux importations (de sorte à cumuler assez de réserves étrangères).

0

1

2

3

4

5

6

-3

-2

-1

0

1

2

3

4

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

VAN de dette surExportations

Solde budgétairede base/PIB

Page 191: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

190

L’objectif de cette section a consisté à établir le lien entre la variation de la dette et celle de

ses principales composantes, afin d’avoir idée de son évolution. Le modèle développé par

(Bikas & Daseking, 2006) a été à la base de notre démonstration. Ces auteurs, dans le but

d’analyser les voies qui ont mené à l’accumulation ou la réduction de la dette par le passé,

font une exploration empirique et historique de la dynamique de l’endettement dans les pays à

faible revenu. Ils se fixent, pour se faire, des cibles (de VAN de la dette) à atteindre et

procèdent par des simulations pour déterminer les grandeurs macroéconomiques nécessaires à

la réalisation des objectifs assignés.

Inversement, nous avons voulu voir, par le biais de modèles économétriques, le comportement

de la « VAN de la dette » suite aux variations de ses composantes principales, ce qui nous a

permis de conclure que les variations de réserves, mais surtout les déficits budgétaires sont à

la base de l’endettement massif des pays de l’UEMOA. Ainsi, en accord avec l’assertion de

Bikas et Daseking, nous déduisons que si les pays de l’UEMOA veulent atteindre l’objectif de

développement sans nuire à la viabilité de la dette engendrée par l’initiative PPTE et l’IADM,

ils doivent dégager des financements concentrés afin de combler leurs déficits budgétaires.

La section suivante est consacrée à l’étude de ce financement du déficit.

3.2 Ajustement budgétaire souhaitable (ABS) pour une soutenabilité

de la dette : Cas de l’UEMOA

Après avoir présenté au chapitre 2 de la présente thèse, l'analyse des caractéristiques globales

du déficit budgétaire des pays de l'UEMOA, nous abordons ici ses fondements théoriques et

ceux de la soutenabilité. Par la suite, après un examen des indicateurs opérationnels de la

soutenabilité, nous procédons dans cette section, à l'analyse du lien entre le déficit primaire et

les variables macroéconomiques, financières et structurelles susceptibles d'influer sur son

évolution.

Dans la section précédente, nous avons analysé la soutenabilité à partir de l’équilibre de la

balance des paiements et avons donc considéré le cadre national.

Page 192: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

191

Dans cette section, nous analysons la soutenabilité sur la base de la contrainte budgétaire

intertemporelle de l’Etat qui stipule que « le déficit budgétaire doit être financé par

emprunts ». Nous nous situons alors dans le contexte international qui, de ce fait, prend en

compte le taux de change dans la formulation de notre modèle d’analyse.

En matière d'étude des déficits budgétaires, nous citons les travaux pionniers de (Anand &

Van Wijnbergen, 1988) et de (Budina & Van Wijnbergen, 2001). L'originalité de ces travaux

réside dans l'étude de la relation entre la politique budgétaire et les différents objectifs de la

politique macroéconomique. Ces auteurs montrent qu’en présence de différents objectifs

macroéconomiques tels que la lutte contre l'inflation, les différentes sources de financement

du déficit budgétaire deviennent interdépendantes et déterminent le niveau du déficit primaire

qui peut être financé. Si le montant de ce déficit est inférieur au déficit primaire réalisé

effectivement, deux impératifs sont nécessaires : soit un ajustement de la position budgétaire

est requis, soit une révision des autres objectifs doit être faite. Nous centrons notre analyse sur

leur modèle.

Cependant, le déficit budgétaire étant engendré par les dépenses publiques, nous ne pouvons

mener à terme notre recherche sans avoir idée de ce représente cette variable

macroéconomique. Pour ainsi dire, il s’impose à nous une étude empirique, et du déficit

budgétaire, et du déficit.

Formulation du modèle : Analyses empiriques des dépenses publiques et 3.2.1

du déficit primaire

3.2.1.1 Analyse empirique des dépenses publiques

Dans son analyse des dépenses publiques à travers ce qu’il appelle le modèle « Solow-

Ramsey »95

, (Darreau, 2002) tient compte du fait que dans les économies, une partie de la

production est achetée par le gouvernement. Ces dépenses se composent approximativement

de deux parties : une partie consiste en transferts de revenus ; l'autre en investissements

95 Terme employé par (Darreau, 2002) pour identifier le modèle néoclassique.

Page 193: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

192

publics et en dépenses en biens et services. C’est surtout à cette dernière catégorie de

dépenses en biens publics qu’est consacrée cette partie de notre thèse.

Dans le modèle néoclassique, les dépenses du gouvernement se substituent aux dépenses

privées, elles n'ont aucune influence sur l'allocation des ressources, et sur la croissance non

plus. Seul leur mode de financement peut perturber l'allocation optimale, selon que l'impôt

provoque ou non des distorsions. Cependant, le financement par endettement n'a aucune

influence sur l'économie lorsque la dette est soutenable. Ce point fait l'objet de la présente

partie.

Dans la théorie de la croissance endogène par contre, les dépenses du gouvernement peuvent,

lorsqu'elles sont productives, agir positivement sur les niveaux des variables et sur le taux de

croissance de l'économie. Mais le financement de ces dépenses agit, bien entendu,

négativement sur les niveaux et le taux de croissance. Il en résulte alors un niveau optimal de

ces dépenses.

Nous examinons, dans le cadre du modèle néoclassique, la question relative à la soutenabilité

de la dette publique.

Nous avons vu au chapitre premier que le déficit budgétaire se définit comme la somme du

déficit primaire de l'année (Gt − Rt) et de la charge d'intérêts dus sur l'encours de la dette à la

fin de l'année précédente (𝑟Bt−1). A l’instant t, le déficit public s’écrit donc:

𝑑𝑏⏟𝑑é𝑓𝑖𝑐𝑖𝑡 𝑏𝑢𝑑𝑔é𝑡𝑎𝑖𝑟𝑒

= 𝑟𝐵𝑡−1⏟ 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑔𝑒 𝑑′𝑖𝑛𝑡é𝑟ê𝑡𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑎 𝑑𝑒𝑡𝑡𝑒

+ (𝐺𝑡 − 𝑅𝑡)⏟ 𝑑é𝑓𝑖𝑐𝑖𝑡 𝑝𝑟𝑖𝑚𝑎𝑖𝑟𝑒

(3.12)

où 𝑅𝑡, 𝐺𝑡 et 𝑟 représentent respectivement les recettes totales, les dépenses publiques et le

taux d’intérêt de la dette.

L’équation (3.12) nous permet d’affirmer que le déficit primaire est un instrument de

politique conjoncturelle qui est donc soumis à la contrainte d'endettement de l'État. L'État

peut, certes, financer son endettement (principal et intérêt) par les impôts, mais il existe des

résistances à la montée de la pression fiscale, d'autant plus, lorsque celle-ci est jugée élevée.

L'État est soumis à une contrainte budgétaire intertemporelle qui se traduit par le critère de

soutenabilité de la dette publique qui impose que le ratio d'endettement (𝑏 = 𝐵 𝑌⁄ ) ne soit

pas croissant (∆𝑏 = 0).

Page 194: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

193

Nous avons également vu, au chapitre premier, que si l'État finance son déficit par

l'endettement, la variation de la dette (∆𝐵) est donné par l’équation:

∆𝐵 = 𝑟𝐵 + (𝐺 − 𝑅)

Par la suite, notre raisonnement mathématique nous avait conduit à l’équation suivante96

:

𝐵𝑡𝑌𝑡−𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

= (𝑟 − 𝑔

1 + 𝑔)𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

−(𝑅𝑡 − 𝐺𝑡)

𝑌𝑡

Où (𝑔) représente le taux de croissance (considéré constant) de l’économie, donc du PIB, ici

représenté par (Y). De cette égalité, nous déduisons après avoir remplacé le ratio de solde

primaire sur PIB (𝑅𝑡−𝐺𝑡

𝑌𝑡) par (𝑠𝑝) , que :

𝐵𝑡𝑌𝑡−𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

= (𝑟 − 𝑔

1 + 𝑔)𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

− (𝑠𝑝) (3.13)

Dans l’équation (3.13), la variation de dette sur PIB est exprimée à partir du ratio

initial (𝐵𝑡−1

𝑌𝑡−1), mais pourrait également s’exprimer par le ratio de dette à l’instant t (

𝐵𝑡

𝑌𝑡) :

Puisque 𝑌𝑡 = (1 + 𝑔)𝑌𝑡−1 et 𝐵𝑡 = (1 + 𝑟)𝐵𝑡−1 , nous pouvons écrire :

𝐵𝑡𝑌𝑡−𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

= (𝑟 − 𝑔

1 + 𝑔)𝐵𝑡1 + 𝑟

1 + 𝑔

𝑌𝑡−(𝑅𝑡 − 𝐺𝑡)

𝑌𝑡 (3.14)

∆ (𝐵

𝑌) = (

𝑟 − 𝑔

1 + 𝑟)𝐵𝑡𝑌𝑡−(𝑅𝑡 − 𝐺𝑡)

𝑌𝑡 (3.15)

L’équation (3.13) implique que la hausse du ratio de la dette sera d’autant plus importante

que le taux de croissance de l’économie sera faible ; et que seront élevés le taux d’intérêt réel,

le ratio initial de la dette et le ratio de déficit primaire sur PIB. Un Etat voulant stabiliser son

ratio dette sur PIB doit donc en avoir une variation nulle, ce qui implique :

[∆ (𝐵

𝑌)𝑡= 0] ⇔ 𝑠𝑝 = (

𝑟 − 𝑔

1 + 𝑔) (𝐵

𝑌)𝑡−1 (3.16)

96 Voir équation (1.13) au chapitre 1.

Page 195: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

194

D’après l’expression (3.16) :

Si le taux d'intérêt réel de la dette est supérieur au taux de croissance de l’Economie (𝑟 >

𝑔), le ratio d'endettement croît constamment : c'est l'effet boule de neige ; la dynamique de

la dette est alors explosive et la dette publique, insoutenable. Dans ce cas, un excédent

budgétaire primaire (EP) est indispensable à la stabilisation du ratio et cet excédent

primaire dépend du niveau où l'on veut stabiliser le taux d'endettement :

[(𝑟−𝑔

1+𝑔) 𝑏𝑡−1 ou (

𝑟−𝑔

1+𝑟) 𝑏𝑡] (70% pour l’UEMOA). Plus le stock initial de dette sur PIB est

élevé, plus l'excédent primaire indispensable pour stabiliser le ratio d’endettement est

important, ce qui rend plus difficile cette, et nécessite donc assez d’efforts budgétaires.

Par contre, si le taux d'intérêt réel de la dette est inférieur au taux de croissance du

PIB (𝑟 < 𝑔), la dynamique de la dette est alors stable. Un déficit primaire (DP) est, dans

ce cas, permis et l'excédent primaire indispensable à la stabilisation du ratio de dette sur

PIB est moins important, voire nul.

En résumé, la dette publique doit avoir pour contrepartie les excédents primaires futurs. Cela

se traduit de façon schématique par les graphiques 3-4 et 3-5. Sur ces graphiques :

l'axe horizontal représente les différentes positions de solde public primaire - depuis le

déficit jusqu'à l'excédent primaire - que le gouvernement peut viser à un instant t ; l'axe

vertical représente la variation du ratio dette sur PIB (B/PIB) à la même période.

Chaque niveau de solde public primaire peut être projeté sur l'axe vertical et déterminer

ainsi la variation du niveau de ratio B/PIB correspondante. A l'origine, nous considérons

que le solde public primaire est égal à zéro et que le ratio B/PIB initial est déterminé par le

ratio de la période précédente (𝐵𝑡−1

𝑌𝑡−1). Etant donné qu'à l'intersection des deux axes, la

valeur du ratio est égale à celle de la période précédente, chaque distance verticale par

rapport à l'origine représente la variation du ratio [∆ (B

Y)].

La droite oblique (AA’) permet d’établir un lien entre le solde public de la période (t) et

son impact sur la variation du ratio B/PIB pour un taux d'intérêt et un taux de croissance

donnés. Cette droite coupe l'axe vertical en [(𝑟−𝑔

1+𝑔)𝐵𝑡−1

𝑌𝑡−1]. Nous pouvons remarquer que la

pente négative de cette droite est obtenue en différenciant l'équation (3.13).

Page 196: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

195

B/PIB

Excédent primaire Déficit primaire

(𝐵

𝑌)𝑡

𝑑

(EP) (DP)

(𝐵

𝑌)𝑡

𝑒

𝐵0

𝑌0=𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

(𝒓−𝒈

𝟏+𝒈)𝑩𝒕−𝟏𝒀𝒕−𝟏

A

A’

B/PIB

Excédent primaire Déficit primaire

(𝐵

𝑌)𝑡

𝑑

(EP) (DP)

(𝐵

𝑌)𝑡

𝑒

𝐵0

𝑌0=𝐵𝑡−1𝑌𝑡−1

(𝒓−𝒈

𝟏+𝒈)𝑩𝒕−𝟏𝒀𝒕−𝟏

A

A’

𝑠𝑝 𝑠𝑝

Figure 3-4 : Comportement des ratios d’endettement et de solde primaire dans

le cas de taux d’intérêt de la dette supérieur au taux de croissance : 𝑟 > 𝑔

Figure 3-5 : Comportement des ratios d’endettement et de solde primaire dans

le cas de taux d’intérêt de la dette inférieur au taux de croissance : 𝑟 < 𝑔

B/PIB B/PIB

Page 197: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

196

Graphique 3-4 : 𝒓 > 𝒈

A l’instant (t)

Tout déficit primaire 𝐷𝑃𝑡 augmente le ratio d'endettement d'une valeur (𝐵

𝑌)𝑡

𝑑

.

Tout excédent primaire 𝐸𝑃𝑡 diminue le ratio d’endettement d'une valeur (𝐵

𝑌)𝑡

𝑒

.

Entre l'origine et le point (sp) point d'intersection de la droite (AA’) avec l'axe

horizontal

Tout excédent primaire d'une valeur comprise dans cet intervalle fait diminuer le ratio B/PIB.

Cet excédent primaire reste tout de même insuffisant devant la grande supériorité du taux

d'intérêt réel de la dette par rapport au taux de croissance de l’économie. En effet, plus l'écart

entre les deux taux est grand, plus l'excédent primaire (𝑠𝑝) indispensable à la stabilisation du

ratio B/PIB est élevé car la droite (AA’) se déplace de plus en plus parallèlement vers le haut.

Graphique 3-5 : 𝒓 < 𝒈

A l’instant (t)

Tout déficit primaire 𝐷𝑃𝑡 augmente le ratio d'endettement d'une valeur (𝐵

𝑌)𝑡

𝑑

.

Tout excédent primaire 𝐸𝑃𝑡 diminue le ratio d’endettement d'une valeur (𝐵

𝑌)𝑡

𝑒

.

Entre l'origine et le point (sp), point d'intersection de la droite (AA’) avec l'axe

horizontal

Tout déficit primaire d'une valeur comprise dans cet intervalle entraîne une réduction du ratio

B/PIB. Toutefois, ce déficit primaire reste impuissant devant la supériorité du taux de

croissance par rapport au taux d'intérêt de la dette. En effet, plus l'écart entre les deux taux est

grand, plus le déficit primaire (𝑠𝑝) admissible pour garantir la stabilité du ratio B/PIB est

élevé (en valeur absolue) car la droite (AA’) se déplace de plus en plus parallèlement vers le

bas.

Page 198: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

197

Nous avons ainsi vu que la maîtrise de l'évolution du ratio d’endettement nécessite une

maîtrise de l'écart entre le taux d'intérêt de la dette et le taux de croissance. Aussi, un déficit

primaire n'engendre-t-il pas forcément un accroissement de l'endettement tant que le taux de

croissance est supérieur au taux d'intérêt. Par ailleurs, il se peut que l’économie se trouve dans

une situation déficit primaire persistant.

3.2.1.2 Analyse empirique du déficit primaire

(Anand & Van Wijnbergen, 1988), en étudiant la dette extérieure et la réforme du secteur

financier en Turquie, présentent et appliquent un cadre approprié pour évaluer la relation entre

les déficits budgétaires et certains objectifs macroéconomiques, tels que la croissance de la

production et du taux d'inflation. Le modèle se centre autour de la contrainte budgétaire du

gouvernement et peut être utilisé, soit pour déterminer le déficit finançable étant donné des

objectifs d'inflation, soit pour obtenir un taux d'inflation d'équilibre pour lequel aucun

ajustement budgétaire ne serait nécessaire.

(Budina & Van Wijnbergen, 2001) analysent la relation entre les déficits budgétaires et les

objectifs d'inflation, et évaluent les politiques de gestion de la dette intérieure et extérieure de

la Pologne et les répercussions de l’accord (Brady) de réduction de la dette sur la relation

entre les déficits budgétaires et l'inflation. Ces auteurs évaluent également l'impact des

mesures du secteur financier sur les recettes du seigneuriage et la de la stratégie de baisse de

l’inflation à un niveau soutenable. Ces politiques se révèlent avoir un impact direct sur la

viabilité des cibles d'inflation.

En partant de la contrainte budgétaire de l’Etat à laquelle font face la plupart des pays en

développement, et par ricochet les pays de la zone UEMOA : le déficit budgétaire, qui est la

somme du déficit primaire et des paiements d’intérêts sur la dette, doit être financé par

emprunt, le financement monétaire étant exclu :

𝐷 + 𝑖(𝐸𝐵) = 𝐸. ∆𝐵 (3.17)

où : 𝐷 est le déficit primaire,

𝐵 le stock de la dette extérieure de l’Etat en fin de période,

Page 199: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

198

𝑖 le taux d’intérêt de la dette extérieure et

𝐸 le taux de change nominal.

En termes réels (en divisant par le niveau général des prix 𝑃), en notant par les lettres

minuscules les variables ainsi obtenues (𝑏 = 𝐸𝐵/𝑃, 𝑑 = 𝐷/𝑃), et sachant après certaines

transformations97

que : 𝐸∆𝐵 𝑃⁄ = ∆𝑏 + (𝜋 − 𝜀 )𝑏, l’équation (3.17) peut s’exprimer de la

façon suivante :

𝑑 + 𝑖𝑏 = ∆𝑏 + (𝜋 − 𝜀)𝑏 (3.18)

ou encore

𝑑 + (𝑖 − 𝜋 + 𝜀)𝑏 = ∆𝑏 (3.18𝑏𝑖𝑠)

Où : 𝑑 est le déficit primaire réel ;

𝑏 la valeur réelle de la dette publique externe ;

𝜀 le taux de dépréciation du taux de change réel et 𝜋 le taux d’inflation.

Désignons par 𝑟 le taux d’intérêt réel de la dette ainsi formulé : 𝑟 = 𝑖 − 𝜋. L’équation

(3.18bis) devient alors :

𝑑 + (𝑟 + 𝜀)𝑏 = ∆𝑏 (3.19)

L’équation (3.19) montre que le déficit budgétaire réel du secteur public est égal à la variation

de la dette réelle.

En divisant les variables par 𝑦 qui représente le niveau de la production réelle (𝑦 = 𝑌 𝑃⁄ ),

l’équation (3.19) peut être reformulée de la façon suivante :

𝑑

𝑦+ (𝑟 + 𝜀) (

𝑏

𝑦) =

∆𝑏

𝑦 (3.20)

97 L'ensemble des démonstrations détaillées sont faites dans les travaux de (Buiter & Trippe, 1993).

Page 200: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

199

Pour tenir compte du contexte international et donc des relations avec l’extérieur, nous tenons

compte dans la suite de notre raisonnement, de la variation des exportations et partant, du taux

de croissance des exportations.

Ainsi, si nous définissons 𝜌 = 𝑏/𝑥 avec 𝑥 le niveau des exportations, et en désignant par 𝜇 le

taux de croissance des exportations (𝜇 =∆𝑥

𝑥), nous pouvons écrire :

𝑏 = 𝜌𝑥 (3.21)

∆𝑏

𝑥=∆(𝜌𝑥)

𝑥 (3.22)

∆𝑏

𝑥= 𝑥

∆𝜌

𝑥+ 𝜌

∆𝑥

𝑥 (3.23)

∆𝑏

𝑥= ∆𝜌 + 𝜌𝜇 (3.24)

D’où :

∆𝑏

𝑦=∆𝑏

𝑥

𝑥

𝑦=𝑥

𝑦(∆𝜌 + 𝜌𝜇) (3.25)

En combinant les équations (3.20) et (3.25), nous obtenons :

𝑑

𝑦+ (𝑟 + 𝜀).

𝑥𝜌

𝑦=𝑥

𝑦(∆𝜌 + 𝜌𝜇) (3.26)

Le déficit budgétaire primaire se déduit de l’équation (3.26) :

𝑑

𝑦=𝑥

𝑦∆𝜌 +

𝑥

𝑦𝜌(𝜇 − 𝑟 − 𝜀) (3.27)

L’équation (3.27) traduit de façon instantanée le respect de la contrainte budgétaire de l’Etat ;

c’est une contrainte de court terme. Elle dépend de plusieurs facteurs concernant les

fondamentaux de l’économie : le stock existant de la dette publique (puisque 𝜌 = 𝑏/𝑥), le

Page 201: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

200

taux d’intérêt réel de la dette publique, le ratio des exportations dans le PIB, le taux de

croissance des exportations98

, et le taux de dépréciation du taux de change réel.

Si nous définissons maintenant la condition de soutenabilité de la politique budgétaire comme

étant celle de la stabilité du ratio du stock de la dette publique, c’est à dire que : [∆𝜌 = 0],

nous obtenons à partir des équations (3.21) et (3.27) :

𝑑

𝑦=𝑥

𝑦𝜌(𝜇 − 𝑟 − 𝜀) =

𝑏

𝑦 [𝜇 − (𝑟 + 𝜀)] (3.28)

L’expression (3.28) stipule que le déficit budgétaire primaire peut être financé par l’emprunt

externe lorsque le taux de croissance des exportations est supérieur au taux d’intérêt réel

international de la dette publique extérieure augmenté du taux de dépréciation du taux de

change réel (𝜇 > 𝑟 + 𝜀).

Si nous désignons par (–𝑑

𝑦) le solde primaire (exprimé en pourcentage du PIB) nécessaire

pour stabiliser le ratio d’endettement extérieur à un niveau soutenable (de la dette publique

extérieure) et que nous l’appelons solde primaire soutenable (𝑆𝑃𝑆), nous obtenons alors :

𝑆𝑃𝑆 =𝑥

𝑦𝜌(𝑟 + 𝜀 − 𝜇) (3.29)

Or 𝜌 = 𝑏/𝑥 . L’équation (3.29) devient alors :

𝑆𝑃𝑆 =𝑏

𝑦(𝑟 + 𝜀 − 𝜇) (3.30)

Sachant que 𝑏 = 𝐵/𝑃 et que 𝑦 = 𝑌/𝑃, nous obtenons finalement :

𝑆𝑃𝑆 =𝐵

𝑌(𝑟 + 𝜀 − 𝜇) (3.31)

Cette équation constitue la condition nécessaire pour stabiliser le ratio d’endettement dans

des proportions soutenables. Cependant, cette condition n’est pas suffisante pour rendre la

dette soutenable.

98 En Economie ouverte et dans notre cas d’étude de la dette externe, le taux de croissance du PIB est représenté

par le taux de croissance des exportations.

Page 202: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

201

En effet, si le ratio est trop élevé, il ne suffit pas de le stabiliser, il faut plutôt chercher à le

réduire ; l’ajustement budgétaire est souhaitable dans ce cas. Pour se faire, le solde primaire

soutenable doit être comparé avec le niveau réalisé du solde primaire, lequel solde primaire

est déterminé en excluant du solde budgétaire les paiements d’intérêts liés, tant à la dette

interne qu’à la dette externe99

. Or jusqu’à présent, nous n’avons considéré que la dette

publique extérieure. C’est pourquoi il nous est indispensable de considérer, à cette étape de

notre raisonnement, la dette publique intérieure aussi.

En partant de l’équation(3.31), exprimons le solde primaire nécessaire pour stabiliser le ratio

d’endettement publique intérieure : il s’exprime à partir de la dette publique intérieure, du

taux d’intérêt réel domestique (appliquée à la dette intérieure) et du taux de croissance du

produit intérieur brut100

(PIB).

Le taux d’intérêt réel de la dette intérieure n’étant pas dépendant du taux de change nominal,

le taux de dépréciation du taux de change réel est ici égal à zéro (𝜀 = 0), d’où :

𝑆𝑃𝑆′ =𝐵′

𝑌(𝑟′ − 𝑔) (3.32)

Avec : 𝑆𝑃𝑆′ = solde primaire nécessaire pour stabiliser le ratio de la dette publique intérieure

rapporté au PIB ;

𝐵′ = dette publique interne ;

𝑟′ = taux d’intérêt réel domestique ;

𝑔 = taux de croissance du PIB (ou taux de croissance de l’économie).

Le niveau de solde primaire soutenable est finalement défini par l’équation (3.33) suivante :

𝑆𝑃𝑆∗ = 𝑆𝑃𝑆 + 𝑆𝑃𝑆′ (3.33)

99 Le solde primaire est la différence entre les recettes totales et les dépenses intérieures totales hors paiements

d’intérêts. En effet, les paiements d’intérêts ne peuvent pas être modifiés à court terme du fait que l’encours de la

dette est constant durant l’exercice de la dette. Il s’agit d’une dépense non discrétionnaire.

Solde primaire = recettes totales hors dons (recettes fiscales et non fiscales) – dépenses courantes (hors intérêts)

– dépenses en capital sur ressources intérieures. 100

En Economie fermée et dans notre cas d’étude de la dette interne, le taux de croissance du PIB remplace le

taux de croissance des exportations préalablement utilisé pour la dette externe.

Page 203: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

202

D’où :

𝑆𝑃𝑆∗ =𝐵

𝑌(𝑟 + 𝜀 − 𝜇) +

𝐵′

𝑌(𝑟′ − 𝑔) (3.34)

où (pour rappel) 𝐵 et 𝐵′ représentent respectivement les stocks courants de la dette publique

extérieure et intérieure. D’après l’équation (3.34), il existe deux possibilités de financement

du déficit budgétaire primaire d'une manière soutenable :

(i) le financement par la dette domestique si le taux de croissance de l'économie est

supérieur au taux d'intérêt réel de la dette publique domestique (𝑔 > 𝑟′) ; et

(ii) le financement par la dette externe lorsque le taux de croissance des exportations

est supérieur au taux d'intérêt réel international de la dette publique extérieure,

augmenté du taux de dépréciation du taux de change réel (𝜇 > 𝑟 + 𝜀). Cette contrainte

est à la fois une condition de soutenabilité et une contrainte de liquidité.

Sous contrainte de cette condition, nous définissons l’ajustement budgétaire souhaitable

(𝐴𝐵𝑆∗) à la soutenabilité de la dette publique comme étant le différentiel entre le niveau du

solde primaire soutenable (𝑆𝑃𝑆∗) calculé à partir de l’équation (3.34) et le solde primaire

observé (𝑆𝑃𝑂). Ainsi, on a :

𝐴𝐵𝑆∗ = 𝑆𝑃𝑆∗ − 𝑆𝑃𝑂 (3.35)

L’évolution de l’ajustement budgétaire souhaitable (𝐴𝐵𝑆∗) à la soutenabilité de la dette

publique au cours du temps nous indique si la conduite de la politique budgétaire s’achemine

vers ou s’éloigne de l’objectif de soutenabilité : une quantité positive de (𝐴𝐵𝑆∗) indique un

besoin d’ajustement alors qu’une quantité négative indique que la dette évolue dans des

proportions raisonnables et qu’aucun ajustement budgétaire n’est nécessaire.

Page 204: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

203

Application aux pays de l’UEMOA 3.2.2

L’avantage de l’expression (3.34) réside dans le caractère observable et identifiable des

variables qui la constituent ; son application est instantanée. Cependant, compte tenu de la

difficulté de recenser les données utiles à notre analyse sur une période plus longue,

l’échantillon retenu pour cette étude de financement des déficits budgétaires des pays de

l’UEMOA couvre la période 1985-2012.

3.2.2.1 Les données

Notre étude porte sur sept pays de l’UEMOA. Rappelons que pour notre étude, nous avons

retenu les pays suivants : le Bénin (BEN), le Burkina Faso (BFA), la Côte d’Ivoire (CIV), le

Mali (MLI), le Niger (NER), le Sénégal (SEN), le Togo (TGO).

Les séries sont extraites de la base World Development Indicators 2013 de la Banque

Mondiale et sont de fréquence annuelle. Pour chaque pays, huit variables agrégées sont

retenues : le produit intérieur brut (Y), la dette externe (B), la dette interne (B′), le taux

d’intérêt réel étranger (r), le taux d’intérêt réel domestique (r′), le taux de dépréciation du

taux de change réel (ε), le taux de croissance de l’économie (g) et le taux de croissance des

exportations (μ).

Le produit intérieur brut (Y), la dette externe (B) et la dette interne (B′) sont exprimés

en dollar courant américain.

Le taux de croissance de l’économie (g) et le taux de croissance des exportations (μ)

sont exprimés en pourcentage.

En ce qui concerne le taux de change réel (TCR), nous avons procédé, à partir de

données disponible sur la période étudiée, à la détermination de la variable sur la base

des termes de l’échange internes (c’est la définition la plus générale et la plus utilisée

en pratique) : TCR𝑃 = 𝐸𝑃∗

𝑃

Page 205: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

204

𝑇𝐶𝑅𝑃 = 𝐸𝑃∗

𝑃 (3.36)

Avec : E : le taux de change nominal (TCN) côté à l’incertain (une unité de monnaie étrangère

exprimée en monnaie locale) ;

P : l’indice des prix locaux ;

P*

: l’indice des prix étrangers en monnaie étrangère101

.

Pour la suite, le taux de dépréciation du taux de change réel (exprimé en pourcentage)

se détermine par la relation :

𝜀 = 𝑙𝑛(𝑇𝐶𝑅)𝑡 − 𝑙𝑛(𝑇𝐶𝑅)𝑡−1 (3.37)102

Le taux d’intérêt étranger (respectivement domestique) utilisé pour notre étude est le

taux d’intérêt effectif moyen en période t. Il est défini par : les paiements d’intérêts de

la dette externe (respectivement interne) sur la période t divisés par le stock de dette à

la période précédente.

Le taux d’intérêt réel étranger (respectivement domestique) - (exprimé en

pourcentage) - sera alors obtenu par : 𝑟 = 𝑖 − 𝜋 (respectivement 𝑟′ = 𝑖′ − 𝜋′) avec 𝜋,

le taux d’inflation tel que déterminé par le déflateur du PIB103

. Le taux d’inflation

étranger (𝜋′) considéré ici est celui du principal partenaire des pays de l’UEMOA,

c’est-à-dire la France.

101 L’indice général des prix inclut à la fois les prix des biens échangés (exportables et importables) et les prix

des biens non échangés. 102

(Briones, 2001). 103

Le taux d’inflation tel que déterminé par le déflateur du PIB est noté NY.GDP.DEFL.KD.ZG dans la base de

données WDI 2012 de la Banque Mondiale.

Page 206: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

205

3.2.2.2 Résultats

Comme précédemment annoncé :

1) Nous déterminons le surplus primaire soutenable à partir des variables

énumérées dans le paragraphe précédent :

𝑆𝑃𝑆∗ =𝐵

𝑌(𝑟 + 𝜀 − 𝜇) +

𝐵′

𝑌(𝑟′ − 𝑔)

2) Nous définissons par la suite l’ajustement budgétaire souhaitable (ABS) pour

assurer la soutenabilité de la dette publique : c’est l’écart entre le niveau du

solde primaire soutenable (SPS) calculé et le niveau de solde primaire observé

(SPO) :

𝐴𝐵𝑆∗ = 𝑆𝑃𝑆∗ − 𝑆𝑃𝑂

L’ensemble des résultats est fourni dans les tableaux 3-7 à 3-13. Nous en donnons également

une représentation graphique pour chaque pays (figure 3-6 à 3-12).

Page 207: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

206

Tableau 3-7 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Bénin : 1985-2011

Années SPS (en% du PIB) SPO (en% du PIB)

ABN (= SPS – SPA)

(en% du PIB)

1985 -3,60 -7,73 4,13

1986 0,48 -6,76 7,25

1987 2,18 -6,62 8,80

1988 -1,61 -11,73 10,11

1989 2,74 -10,45 13,20

1990 -12,65 -8,86 -3,79

1991 -0,95 -6,50 5,55

1992 0,14 -7,87 8,01

1993 6,99 -4,78 11,77

1994 12,06 -5,53 17,59

1995 -12,47 -5,44 -7,03

1996 12,74 -3,17 15,91

1997 -1,79 5,05 -6,84

1998 -3,51 -4,92 1,41

1999 4,12 -1,92 6,04

2000 3,95 -0,29 4,24

2001 -0,1 -1,08 0,98

2002 1,77 -2,39 4,16

2003 -1,14 -4,52 3,38

2004 -0,77 -3,21 2,45

2005 -0,62 -5,01 4,39

2006 -0,35 -2,02 1,67

2007 -0,37 -0,69 0,31

2008 0,06 -3,80 3,85

2009 -0,19 -10,24 10,05

2010 -0,20 -3,69 3,49

2011 -0,39 -3,56 3,17

Figure 3-6 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Bénin : 1985-2011

-1,00E+01

-5,00E+00

0,00E+00

5,00E+00

1,00E+01

1,50E+01

2,00E+01

Page 208: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

207

Tableau 3-8 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Burkina-Faso : 1985-2011

Années SPS (en% du PIB) SPO (en% du PIB)

ABN (= SPS – SPA)

(en% du PIB)

1985 2,01 -1,77 3,78

1986 -4,73 -1,50 -3,23

1987 -1,44 -1,57 0,13

1988 -0,95 -1,89 0,94

1989 3,57 -2,04 5,61

1990 -8,21 -1,86 -6,35

1991 2,14 -0,15 2,29

1992 8,32 -1,91 10,23

1993 -3,9 -3,50 -0,40

1994 11,89 -2,79 14,68

1995 -2,4 -0,93 -1,47

1996 7,29 0,43 6,86

1997 0,09 -0,13 0,22

1998 -18,61 -0,58 -18,03

1999 13,24 -0,71 13,95

2000 12,9 -1,39 14,29

2001 -6,64 -2,17 -4,47

2002 -0,04 -3,97 3,93

2003 -2,37 -5,11 2,74

2004 -1,23 -8,18 6,95

2005 -2,43 -7,80 5,37

2006 -0,95 -9,78 8,84

2007 -0,43 -9,94 9,51

2008 -0,80 -9,57 8,77

2009 -0,39 -12,58 12,19

2010 -1,34 -10,31 8,97

2011 -0,60 -6,08 5,49

Figure 3-7 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Burkina-Faso : 1985-2011

-2,00E+01

-1,50E+01

-1,00E+01

-5,00E+00

0,00E+00

5,00E+00

1,00E+01

1,50E+01

2,00E+01

Page 209: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

208

Tableau 3-9 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette en Côte d’Ivoire : 1985-2011

Années SPS (en% du PIB) SPO (en% du PIB)

ABN (= SPS – SPA)

(en% du PIB)

1985 -0,48 -6,60 6,12

1986 3,7 -7,80 11,50

1987 26,19 -11,65 37,84

1988 15,09 -17,17 32,26

1989 8,43 -19,89 28,32

1990 12,64 -19,71 32,35

1991 8,82 -22,62 31,44

1992 5,61 -21,21 26,82

1993 92,91 -18,33 111,24

1994 -54,07 -12,90 -41,17

1995 -7,78 -8,98 1,20

1996 4,01 -5,86 9,87

1997 -1,76 -7,96 6,20

1998 4,27 -7,84 12,11

1999 2,48 -6,49 8,97

2000 22,76 -5,51 28,27

2001 1,67 -4,50 6,17

2002 -26,54 -5,14 -21,40

2003 1,84 -2,33 4,17

2004 -1,11 -2,01 0,90

2005 -0,74 -2,05 1,31

2006 -0,41 -2,33 1,92

2007 -0,77 -1,30 0,52

2008 -0,34 -2,00 1,67

2009 -0,79 -1,71 0,93

2010 -0,77 -2,37 1,61

2011 2,34 -4,08 6,42

Figure 3-8 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette en Côte d’Ivoire : 1985-2011

-6,00E+01

-4,00E+01

-2,00E+01

0,00E+00

2,00E+01

4,00E+01

6,00E+01

8,00E+01

1,00E+02

1,20E+02

Page 210: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

209

Tableau 3-10 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Mali : 1985-2011

Années SPS (en% du PIB) SPO (en% du PIB)

ABN (= SPS – SPA)

(en% du PIB)

1985 11,54 0,37 11,17

1986 6,17 1,43 4,74

1987 -6,2 -0,10 -6,10

1988 7,76 -0,50 8,26

1989 -6,6 1,37 -7,97

1990 -0,63 1,10 -1,73

1991 -0,02 0,52 -0,54

1992 11,97 -1,57 13,54

1993 7,2 -0,66 7,86

1994 9,84 -3,22 13,06

1995 -9,86 -0,83 -9,03

1996 1,64 1,55 0,09

1997 -39,64 0,11 -39,75

1998 1,18 0,30 0,88

1999 -2,01 0,80 -2,81

2000 9,03 0,81 8,22

2001 -17,58 -3,97 -13,61

2002 -19,17 -3,48 -15,69

2003 -4,09 -2,42 -1,67

2004 -0,80 -2,72 1,92

2005 -2,80 -2,27 -0,53

2006 -1,13 -2,67 1,53

2007 -0,74 -5,55 4,81

2008 -0,79 -2,45 1,66

2009 -0,73 -3,47 2,75

2010 -1,08 -2,97 1,89

2011 -0,36 -4,33 3,97

Figure 3-9 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Mali : 1985-2011

-5,00E+01

-4,00E+01

-3,00E+01

-2,00E+01

-1,00E+01

0,00E+00

1,00E+01

2,00E+01

Page 211: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

210

Tableau 3-11 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Niger : 1985-2011

Années SPS (en% du PIB) SPO (en% du PIB)

ABN (= SPS – SPA)

(en% du PIB)

1985 10,68 -1,77 12,45

1986 -1,04 -1,89 0,85

1987 1,09 0,65 0,44

1988 12,43 -0,51 12,94

1989 9,04 -1,18 10,22

1990 9,02 -0,44 9,46

1991 9,92 3,14 6,78

1992 0,65 1,96 -1,31

1993 10,03 -1,75 11,78

1994 29,09 -1,83 30,92

1995 -4,28 -1,82 -2,46

1996 0,42 -1,99 2,41

1997 9,31 -2,52 11,83

1998 -7,45 -2,88 -4,57

1999 15,91 -3,84 19,75

2000 0,62 -3,37 3,99

2001 4,47 -3,50 7,97

2002 4,28 -4,10 8,38

2003 -3,18 -4,89 1,71

2004 0,28 -5,35 5,63

2005 -1,95 -6,36 4,41

2006 -0,97 -7,02 6,05

2007 -0,42 -7,40 6,98

2008 -1,11 -5,49 4,38

2009 0,32 -6,49 6,81

2010 -1,14 -7,20 6,06

2011 -0,22 -7,66 7,45

Figure 3-10 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Niger : 1985-2011

-1,00E+01

-5,00E+00

0,00E+00

5,00E+00

1,00E+01

1,50E+01

2,00E+01

2,50E+01

3,00E+01

3,50E+01

4,00E+01

4,50E+01

Page 212: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

211

Tableau 3-12 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Sénégal : 1985-2011

Années SPS (en% du PIB) SPO (en% du PIB)

ABN (= SPS – SPA)

(en% du PIB)

1985 15,87 0,06 15,81

1986 -11,15 1,17 -12,32

1987 5,97 -3,25 9,22

1988 3,12 -1,90 5,02

1989 0,3 -3,61 3,91

1990 2,49 -2,73 5,22

1991 4,99 -7,19 12,18

1992 8,03 -6,67 14,70

1993 7,04 -19,30 26,34

1994 5,77 -18,75 24,52

1995 -9,38 -12,55 3,17

1996 3,85 -8,79 12,64

1997 3,38 -6,00 9,38

1998 -6 -9,36 3,36

1999 7,99 -6,69 14,68

2000 11,05 -6,02 17,07

2001 1,51 -1,95 3,46

2002 2,01 -2,09 4,10

2003 -2,50 1,74 -4,24

2004 -1,79 1,51 -3,31

2005 -1,66 -3,19 1,53

2006 -0,13 -1,20 1,06

2007 -0,47 -1,67 1,20

2008 -0,32 -2,62 2,29

2009 -0,08 -3,37 3,29

2010 -0,47 -5,80 5,33

2011 0,19 -4,67 4,86

Figure 3-11 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Sénégal : 1985-2011

-1,50E+01

-1,00E+01

-5,00E+00

0,00E+00

5,00E+00

1,00E+01

1,50E+01

2,00E+01

Page 213: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

212

Tableau 3-13 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Togo : 1985-2011

Années SPS (en% du PIB) SPO (en% du PIB)

ABN (= SPS – SPA)

(en% du PIB)

1985 0,41 0,06 0,35

1986 -3,84 1,17 -5,01

1987 7 -3,25 10,25

1988 -4,01 -1,90 -2,11

1989 12,42 -3,61 16,03

1990 9,06 -2,73 11,79

1991 5,39 -7,19 12,58

1992 17,07 -6,67 23,74

1993 39,09 -19,30 58,39

1994 2,91 -18,75 21,66

1995 -18,82 -12,55 -6,27

1996 -6,1 -8,79 2,69

1997 4,66 -6,00 10,66

1998 -5,88 -9,36 3,48

1999 6,78 -6,69 13,47

2000 20,68 -6,02 26,70

2001 0,63 -1,95 2,58

2002 0,49 -2,09 2,58

2003 -4,13 1,74 -5,86

2004 -1,63 1,51 -3,14

2005 -0,78 -3,19 2,41

2006 -2,63 -1,20 -1,43

2007 -1,39 -1,67 0,28

2008 0,34 -2,62 2,96

2009 -1,12 -3,37 2,24

2010 -1,02 -5,80 4,78

2011 -0,44 -4,67 4,23

Figure 3-12 : Ajustement budgétaire nécessaire à la soutenabilité de la

dette au Togo : 1985-2011

-1,00E+01

0,00E+00

1,00E+01

2,00E+01

3,00E+01

4,00E+01

5,00E+01

6,00E+01

7,00E+01

Page 214: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

213

Nos résultats permettent de conclure quant à la soutenabilité de la dette dans l’UEMOA sur la

période 1985-2011, que cette dernière semble osciller à court terme entre des niveaux

soutenables et des niveaux non soutenables. Pour l’ensemble des pays étudiés, sur la période

examinée, il est apparu entre 1992 et 1994 des besoins pressants d’un ajustement budgétaire.

Ainsi :

Au Bénin, le surplus budgétaire nécessaire assurant la soutenabilité de la dette en 1994 était

de l’ordre de 12,06% du PIB, alors que l’Etat a enregistré un déficit primaire de l’ordre de –

5,53% du PIB.

Le Burkina-Faso enregistre un déficit primaire de l’ordre de –2,79% du PIB en 1994 alors que

le surplus budgétaire nécessaire pour assurer la soutenabilité de la dette était de l’ordre de

11,89% du PIB.

En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, durant l’an 1993, le surplus budgétaire nécessaire

assurant la soutenabilité de la dette était de l’ordre de 92,91% du PIB, alors que l’Etat a

enregistré un déficit primaire de l’ordre de –18,33% du PIB.

Au Mali, le surplus budgétaire nécessaire assurant la soutenabilité de la dette était de l’ordre

de 11,97% du PIB en 1992, alors que l’Etat a enregistré un déficit primaire de l’ordre de –

1,57% du PIB. En 1994, le surplus budgétaire nécessaire pour assurer la soutenabilité

budgétaire était de l’ordre de 9,84% du PIB, alors que l’Etat a enregistré un déficit primaire

de –3,22% du PIB.

Pour ce qui est du Niger, en 1994, le surplus budgétaire nécessaire assurant la soutenabilité de

la dette était de l’ordre de 29,09% du PIB, alors que l’Etat a enregistré un déficit primaire de

l’ordre de –9,82% du PIB.

Au Togo, le surplus budgétaire nécessaire assurant la soutenabilité de la politique budgétaire

est passé de 17,07% du PIB en 1992 à 39,09% en 1993, alors que l’Etat a enregistré

respectivement un déficit primaire de l’ordre de –6,67% et 19,30% du PIB.

Ces besoins pressants d’ajustement budgétaire entre 1992 et 1994 sont le résultat d’une

conjoncture internationale défavorable.

En revanche, l’ensemble des pays étudiés a enregistré les niveaux les surplus primaires les

plus soutenables entre 1995 et 1998. Ainsi, le Bénin aurait même été autorisé à subir un

Page 215: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

214

déficit budgétaire primaire de l’ordre de 12,47% du PIB en 1995 ; le Burkina-Faso, un déficit

budgétaire primaire de l’ordre de 18,61% du PIB en 1998 ; la Côte d’Ivoire, un déficit

budgétaire primaire de 54,07% du PIB en 1994 et de 7,78% en 1995 ; le Mali, un déficit de

9,86% en 1995 et de 39,64% en 1997 ; le Niger, un déficit budgétaire primaire de l’ordre de

4,28% du PIB en 1995 et de l’ordre de 7,98% en 1998. Le Sénégal aurait été autorisé à subir

un déficit budgétaire primaire de l’ordre de 9,38% du PIB en 1995 et de 6% en 1998. Quant

au Togo, des déficits budgétaires primaires de l’ordre de 18,82% et 6,10% du PIB auraient été

respectivement autorisés en 1995 et en 1996.

Ceci est le résultat des très forts taux de croissance du PIB (g) enregistrés cette période-là

comparativement à la récession des années qui ont précédé. Après 1994, la hausse des recettes

publiques en provenance des exportations due au réajustement du taux de change a aussi,

semble-t-il, contribué à la détente de la contrainte financière des pays de l’UEMOA.

Aussi, force est de constater que depuis 2005, la conjoncture économique est de plus en plus

favorable à une soutenabilité budgétaire en UEMOA. Cela pourrait s’expliquer par l’arrivée

aux points de décision et d’achèvement de l’initiative PPTE des pays de l’UEMOA.

Par ailleurs, pour la plupart des pays étudiés (Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal,

Togo), l’étude de la relation entre le besoin d’ajustement et la part des dépenses publiques

dans le PIB, telle que présentée dans les graphiques 3-11 à 3-15, nous révèle un constat

saisissant. En effet, les courbes de tendance nous permettent d’affirmer que la relation entre la

soutenabilité de la dette et l’évolution de la part des dépenses publiques dans le PIB est

inverse : plus la part des dépenses publiques dans le PIB est importante, plus l’ajustement

budgétaire requis augmente, et moins est soutenable la politique budgétaire. Plus cette part

diminue ; plus le besoin d’ajustement diminue, et plus soutenable sera la politique budgétaire.

Ce constat témoigne de la nécessité :

soit de réduire les dépenses publiques. Ainsi, la maîtrise, et par-delà la baisse des

dépenses publiques deviennent un impératif absolu pour la soutenabilité de la dette

dans l’UEMOA.

soit d’augmenter les recettes publiques.

Page 216: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

215

Figure 3-13 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques au Burkina-Faso

Figure 3-14 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques en Côte d’Ivoire

-2,50E+01

-2,00E+01

-1,50E+01

-1,00E+01

-5,00E+00

0,00E+00

5,00E+00

1,00E+01

1,50E+01

2,00E+01

2,50E+01

3,00E+01

Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB

dépenses publiques en % de PIB

Linéaire (Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB)

Linéaire (dépenses publiques en % de PIB)

-6,00E+01

-4,00E+01

-2,00E+01

0,00E+00

2,00E+01

4,00E+01

6,00E+01

8,00E+01

1,00E+02

1,20E+02

Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIBdépenses publiques en % de PIBLinéaire (Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB)Linéaire (dépenses publiques en % de PIB)

Page 217: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

216

Figure 3-15 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques au Mali

Figure 3-16 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques au Sénégal

-5,00E+01

-4,00E+01

-3,00E+01

-2,00E+01

-1,00E+01

0,00E+00

1,00E+01

2,00E+01

3,00E+01

4,00E+01

Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB

dépenses publiques en % de PIB

Linéaire (Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB)

Linéaire (dépenses publiques en % de PIB)

-1,50E+01

-1,00E+01

-5,00E+00

0,00E+00

5,00E+00

1,00E+01

1,50E+01

2,00E+01

2,50E+01

3,00E+01

3,50E+01

Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB

dépenses publiques en % de PIB

Linéaire (Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB)

Linéaire (dépenses publiques en % de PIB)

Page 218: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

217

Figure 3-17 : Ajustement budgétaire nécessaire et dépenses publiques au Togo

D’après les résultats obtenus, l’écart entre le déficit primaire réalisé par les pays étudiés et le

solde primaire souhaitable pour assurer la soutenabilité de leurs dettes, nous permet de

conclure que la politique budgétaire paraît non soutenable pour la zone UEMOA, et nécessite

des ajustements budgétaires au sein de chaque pays. Cependant, l’ampleur de cet ajustement

nécessaire à la soutenabilité a tendance à décroitre, surement grâce aux effets des mesures

d’allègement de la dette entreprises dans la Zone. Toutefois, ce constat nous conduit à

préconiser une stratégie de réduction des dépenses publiques. Mais il est à craindre que les

investissements publics ne subissent en priorité les frais de la réduction des dépenses

publiques, face à d'autres catégories de dépenses peu (ou moins) utiles mais qui apparaissent

comme incompressibles, hypothéquant ainsi les perspectives futures de croissance. Ou bien

que l’objectif impératif de réduction du déficit budgétaire ne conduise à une augmentation

accrue des impôts, aggravant ainsi le poids de la fiscalité sur l'activité du secteur privé.

-1,00E+01

0,00E+00

1,00E+01

2,00E+01

3,00E+01

4,00E+01

5,00E+01

6,00E+01

7,00E+01

Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB

dépenses publiques en % de PIB

Linéaire (Ajustement budgétaire nécessaire en % de PIB)

Linéaire (dépenses publiques en % de PIB)

Page 219: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

218

Conclusion

Tout au long de ce chapitre, nous avons présenté un examen détaillé des indicateurs

opérationnels de la soutenabilité en procédant à l'analyse du lien entre le déficit primaire et les

variables macroéconomiques, financières et structurelles susceptibles d'influer sur son

évolution. L’analyse de la soutenabilité de la dette est faite sur la base de la contrainte

budgétaire intertemporelle de l’Etat. Les résultats nous permettent de conclure que la

soutenabilité de la dette de l’UEMOA requiert, en plus des mesures d’allègement de la dette

préconisées par le FMI et la Banque Mondiale, des ajustements budgétaires au sein des pays

membres. D’où la nécessité de réduire les dépenses et d’accroître les recettes publiques, en

vue d’une soutenabilité de la dette de l’UEMOA. La nature de l'ajustement à préconiser

s’avère ainsi de plus en plus problématique.

Le corollaire de la contrainte intertemporelle de l'État est que le recours à l'emprunt pour

financer les dépenses publiques ne constitue pas un moyen de réduire les impôts courants,

mais seulement un moyen d'en différer le paiement dans le temps. C'est le principe de

l'équivalence ricardienne que nous avons vu au chapitre premier. Les solutions pour relâcher

cette contrainte de solvabilité seraient :

d’augmenter les impôts (solution impossible si l'on introduit un taux de pression

fiscale maximal) ;

de renégocier la dette à un taux d'intérêt plus faible ;

de favoriser l'inflation pour faire baisser le taux d'intérêt réel (la taxe d'inflation

dévalorise la dette réelle).

Ce chapitre a procédé à un examen détaillé de la situation du solde primaire de l'UEMOA, à la

lumière des principaux facteurs qui ont marqué les échanges extérieurs et en détermineront

l'orientation future allant dans le sens du développement. Mais qui parle de développement

parle inévitablement de financement de développement, d’où l’intérêt du quatrième chapitre

de notre thèse.

Page 220: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

219

Chapitre 4: SOUTENABILITE DE LA DETTE ET

FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT :

L’UEMOA A L’EPREUVE DES FAITS

Introduction

Nous avons vu en introduction générale que l’abondance d'écriture sur la montée fulgurante

de la dette des pays en développement pendant la décennie 1970 et sur le déroulement de la

crise qui a suivi dans les années 1980, est, non seulement, le signe de la complexité des

problèmes d'endettement, mais elle est également d'une certaine manière, l'aveu d'un

formidable échec pour relever le défi historique qu'a posé et que continue de poser le

financement extérieur du développement.

Les importantes annulations de dette consenties par la communauté internationale à travers

l’Initiative Pays Pauvres et Très endettés (PPTE) lancée en 1996 et l’Initiative d’Allègement

de la Dette Multilatérale (IADM) lancée en 2005, ont eu pour conséquence de rendre de

nouveau solvables les pays qui en ont bénéficié. Cependant, la question du rythme et des

modalités de leur (ré)endettement se pose avec acuité et il est nécessaire d’adapter la

gouvernance internationale de la dette de sorte à éviter les erreurs du passé et à prévenir

autant que possible de nouvelles crises de la dette.

Ces observations nous amènent à nous interroger sur le financement du développement et à

réfléchir aux instruments financiers que les pays de l’UEMOA pourraient développer pour

accompagner ou accélérer la dynamique de développement.

En outre, la paradoxale surliquidité monétaire de l’Union nous amène à penser à de nouvelles

stratégies d’endettement : pourquoi, au lieu de se tourner immédiatement vers les pays

Page 221: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

220

industrialisés en cas de besoin de financements, les pays de l’UEMOA ne privilégient-ils pas

l’endettement sur le marché régional ?

Ce dernier chapitre de notre thèse sera structuré en deux sections : la première est consacrée à

la description de l’état de liquidité de l’UEMOA, mettant en relief le paradoxe de l’Union. La

seconde section consiste à intégrer la dette externe dans la stratégie de développement du pays

débiteur ; elle mettra aussi en exergue la mobilisation de ressources internes pour assurer le

développement des pays, de sorte à recourir le moins possible au financement extérieur.

4.1 La paradoxale Surliquidité bancaire de l’UEMOA face à un sous-

financement de l’économie

Jusque-là, nous avons vu que la création monétaire étant exclu du remboursement de la dette,

les pays de l’UEMOA n’ont eu d’autre alternative que de financer leurs projets de

développement par le réendettement et par une mobilisation de l’épargne nationale. Ceci

reviendrait à expliquer le sous-développement par la faiblesse de l’épargne nationale. Une

telle assertion ne prend pas en compte les difficultés d’accès au crédit des entreprises liées au

fonctionnement du marché bancaire des pays de la Zone UEMOA.

En effet, le système bancaire de l’UEMOA connaît depuis près de vingt (20) ans une

accumulation de liquidité qui se traduit par une constitution de réserves auprès de la Banque

Centrale au-delà des normes officiellement requises. Cette situation contraste avec le sous-

développement des pays de l’UEMOA, où les besoins de financement de l’économie, en

particulier celui du secteur privé, ne sont suffisamment pas satisfaits. Comment expliquer

cette détention d’encaisses par les banques de l’UEMOA dans un tel contexte économique?

Pour répondre à cette question, nous définissons d’abord le concept de la liquidité bancaire,

passons ensuite en revue son évolution dans l’UEMOA sur les douze dernières années, avant

d’explorer les causes probables de son sous-emploi, puis de proposer des solutions à ce

paradoxe de sous-financement dans un contexte de surliquidité bancaire.

Page 222: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

221

Concepts de liquidité 4.1.1

Il existe différents concepts de liquidité qu’il importe de ne pas confondre. Au préalable,

accordons-nous sur quelques définitions :

La liquidité de marché traduit la facilité à vendre des actifs sur ce marché sans que

cela ait d’influence considérable sur leurs prix. Elle désigne la capacité d’une banque à

négocier rapidement, sans délai et ni perte en capital, un actif non monétaire contre la

liquidité reconnue qui est la monnaie de la Banque Centrale.

La liquidité macroéconomique fait référence, si l’on prend la définition donnée par

(Artus P. , Liquidité macroéconomique, liquidité bancaire, liquidité de marché, 2012),

à la somme de deux composantes : la liquidité créée par la banque centrale et les actifs

liquides - au sens de la liquidité de marché - que les agents non financiers choisissent

de conserver dans leur portefeuille.

La liquidité de financement se réfère à la liquidité nécessaire pour honorer les

demandes de retrait à court terme des contreparties, ou pour couvrir leurs opérations.

o La liquidité d’une banque (ou d’une entreprise) traduit sa capacité à faire face

à ses obligations de décaissements suivant leur échéance.

o Le concept liquidités d’une banque désigne l’ensemble des actifs « liquides » -

au sens de la liquidité de marché - que possède une banque ; c'est-à-dire

l’ensemble des actifs rapidement mobilisables sans perte de valeurs.

Nous nous intéressons au dernier concept pour la suite. Nous prendrons par ailleurs une

définition stricte des liquidités d’une banque (que nous pourrons aussi nommer dans ce sens

« trésorerie ou liquidité bancaire »). Nous y faisons référence pour désigner la somme des

avoirs des établissements de crédit auprès de la banque centrale de l’UEMOA. Cette

définition concerne donc les montants sur le compte courant d’une banque à la banque

centrale (appelés communément « réserves », et comprenant donc les réserves obligatoires et

Page 223: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

222

les réserves excédentaires). C’est une définition très stricte dans le sens où elle ne comporte

que les actifs très liquides, à savoir la composante scripturale de la monnaie centrale104

.

Nous notons donc un lien réciproque entre liquidité de marché et liquidité financière

(Ewerhart & Valla, 2008) : la parfaite liquidité des actifs d’une banque (liquidité de marché)

lui permet de se couvrir contre le risque de transformation (liquidité de financement), dans la

mesure où leur cession rapide lui permet d’honorer les retraits du passif. Dans le même ordre

d’idée, (Herzberg & Praet, 2008) soutiennent que « la valeur des actifs détenus par une

banque pour amortir des chocs éventuels sur sa liquidité dépend des conditions de liquidité

sur le marché, dans la mesure où la variation de la liquidité de marché peut se traduire par

l’exposition de son bilan et même par l’assèchement rapide de sa liquidité de financement ».

Le concept de liquidités peut s’intégrer au niveau d’une banque ou au niveau des banques

considérées dans leur ensemble (c'est-à-dire le système bancaire). L’idée essentielle à

comprendre ici est qu’un établissement bancaire peut modifier la quantité de liquidités qu’il

possède alors que les liquidités du système bancaire ne seront pas influencées par les

comportements individuels des banques (à deux exceptions marginales près)105

. Les

comportements individuels des banques n’ont donc pas d’influence significative sur le niveau

total des liquidités bancaires du système bancaire. Autrement dit, le circuit des liquidités

bancaires est un circuit fermé, dans lequel les fuites sont exogènes au système bancaire, de

même que les réapprovisionnements (dépendant de la volonté de la banque centrale), d’où

l’importance d’instaurer des règles. La réglementation de la liquidité va permettre de

définir un seuil prudentiel considéré ici comme la frontière entre l’illiquidité, la liquidité et

la surliquidité.

104 On pourrait l’élargir en y incorporant les actifs du marché monétaire détenus par les banques, mais ce serait

aller à contre-courant des termes employés usuellement. 105

1- Bien sûr, si les banques décident de détenir des billets à la place de la monnaie scripturale, fait que l’on ne

rencontre pas en général (les billets ont un coût de détention - coût de sécurisation et de stockage notamment -

supérieur au coût de tenue de compte à la banque centrale) ou 2- Lorsque celles-ci décident d’emprunter à la

facilité de prêt marginale (en général les montants y sont négligeables). Dans ces et seulement dans ces cas, le

niveau des réserves bancaires peuvent être influencées par les seuls agents aptes, les agents non bancaires et la

banque centrale.

Page 224: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

223

Une banque en état de surliquidité dispose de trois options quant à l’usage de sa

liquidité excédentaire : (i) prêter à moyen et à long terme à la clientèle (particuliers,

entreprises, intermédiaires bancaires ou financiers, Etats), (ii) conserver auprès de la Banque

centrale et (iii) conserver par-devers elle-même. Dans la première option, la banque est en

situation de surliquidité si et seulement si elle ne prête pas à moyen et à long terme

l’intégralité de la liquidité supérieure à la norme règlementaire. Par contre, dans les deux

derniers cas, la banque est considérée comme étant « surliquide » et cela implique des coûts

d’opportunité. Une telle banque peut par ailleurs opter pour une combinaison de ces trois

options, selon les circonstances socio-politiques.

Liquidité bancaire : règles et applications dans l’UEMOA 4.1.2

4.1.2.1 La gestion de la liquidité bancaire au sein de l’UEMOA

Les banques procèdent souvent à des financements de long terme par la mobilisation des

ressources de court et/ou moyen terme(s). Ce faisant, elles prennent le risque de s’exposer aux

demandes de retrait imprévues de leur clientèle. Cette éventualité suggère la détention d’une

certaine quantité de liquidité par les banques et constitue la raison qui fonde les autorités

monétaires à imposer des contraintes réglementaires. Concernant l’UEMOA, il s’agit de la

réserve obligatoire et du coefficient de liquidité.

a) La réserve obligatoire

Les réserves obligatoires désignent les réglementations par lesquelles les banques centrales

obligent les banques commerciales à respecter un coefficient de réserves minimal. Les réserves

obligatoires sont donc comparables à une taxe sur une activité particulière qui est la production

des comptes de dépôts (Baltensperger, 1974).

Page 225: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

224

Dans l’UEMOA, les avoirs constitués en compte courant dans le cadre des réserves

obligatoires ne sont pas rémunérés et le taux des réserves obligatoires varie en fonction de la

situation monétaire de chaque pays. Depuis le 16 mars 2012, le taux des réserves obligatoires a

été ramené à 5,0% pour l’ensemble des banques des pays de l’Union alors qu’il était de 7,0%

depuis le 16 décembre 2010 (tableau 4.1).

Tableau 4-1 : Coefficients de réserves obligatoires applicables aux banques de l’UEMOA depuis

novembre 1998

Période Bénin Burkina

- Faso

Côte

d’Ivoire

Guinée-

Bissau

Mali Niger Sénégal Togo

Jusqu’au 15 nov.

1998 9,0 9,0 9,0 5,0 9,0 5,0 5,0 9,0

16 nov.- 15 déc.

1998 9,0 9,0 1,5 5,0 9,0 5,0 1,5 3,0

16 déc.1998 - 15

avril 2000 3,0 3,0 1,5 3,0 3,0 1,5 1,5 1,5

16 avril – 15 août

2000 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0 3,0

16 août - 15 sept.

2000 9,0 3,0 3,0 3,0 3,0 5,0 9,0 3,0

16 sept. 00 - 15

avril 2002 9,0 3,0 5,0 3,0 3,0 5,0 9,0 3,0

16 avril 02 - 15

mars 2004. 9,0 3,0 5,0 3,0 9,0 5,0 9,0 3,0

16 mars 2004 -

15 juin 2005 13,0 3,0 5,0 3,0 9,0 5,0 9,0 3,0

16 juin 2005 - 15

juin 2009 15,0 7,0 5,0 3,0 9,0 9,0 9,0 3,0

16 juin 2009 - 15

mai 2010 9,0 7,0 5,0 3,0 7,0 7,0 7,0 3,0

16 mai - 15 déc.

2010 7,0 7,0 5,0 5,0 7,0 7,0 7,0 5,0

16 déc. 2010 - 15

mars 2012 7,0 7,0 7,0 7,0 7,0 7,0 7,0 7,0

Depuis le 16

mars 2012 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0 5,0

Source : Rapports annuels de la BCEAO (2000-2012).

Page 226: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

225

b) Le coefficient de liquidité

Dans le cadre règlementaire de l’UEMOA, un seuil minimum de liquidité appelé «

coefficient de liquidité », que toute banque doit respecter, a été mis en place. La norme à

respecter par les établissements assujettis est fixée à 75% minimum et doit être respectée à

tout moment. Ce seuil est déterminé par le rapport entre différents éléments de l’actif et du

passif du bilan des banques (encadré 5).

Tout Etat détenant de la liquidité au-delà de la norme réglementaire (75% dans l’UEMOA)

est en surliquidité monétaire. A l’inverse, une banque qui éprouve des difficultés à

respecter le coefficient de liquidité, est considérée comme illiquide et peut dans ce cas

recourir, soit à l’emprunt interbancaire, soit au refinancement de la Banque centrale pour

éviter toute ruée sur ses dépôts.

En effet, Devant l’incapacité d’honorer ses exigibilités, un établissement peut faire l’objet

de ruées sur ses dépôts, lesquelles ruées révèlent le caractère illiquide de ses actifs.

Cependant, dans certaines circonstances, un établissement illiquide peut continuer ses

activités si ses déposants ne se doutent pas de son illiquidité et qu’ils ne sont pas saisis

de panique soudaine. Nous assistons dans ce cas à une « illiquidité théorique » différente de

« l’illiquidité réelle », ce qui pourrait s’expliquer par le niveau élevé du coefficient de

liquidité à respecter.

Page 227: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

226

Encadré 5 : Réglementation de l’UEMOA en matière de liquidité bancaire

La réglementation sur la liquidité prend la forme d'un rapport entre, d'une part, au

numérateur, les actifs disponibles et réalisables ou mobilisables à court terme (trois

mois maximum), et d'autre part, au dénominateur, le passif exigible à court terme ou les

engagements par signature susceptibles d'être exécutés à court terme (trois mois

maximum). Ce ratio doit être respecté à tout moment.

Le ratio ainsi défini, appelé « coefficient de liquidité », s'applique à l'ensemble des

banques et établissements financiers autorisés à recevoir des fonds du public (y compris

par l'émission de titres de créances négociables). Il est retenu la notion de durée résiduelle

ou durée restant à courir pour le calcul du ratio.

Modalités de calcul :

a) Le numérateur

Le numérateur du coefficient de liquidité est constitué par :

les disponibilités en caisse ;

les avoirs à vue et à trois (3) mois maximum à la Banque Centrale, au Centre des

Chèques Postaux (CCP) et au Trésor public ;

les avoirs à vue et à trois (3) mois maximum chez les banques et correspondants

bancaires, chez les autres institutions financières et les institutions internationales non

financières ;

90% de la partie des concours sains à la clientèle à court terme d'une durée maximale

de trois (3) mois ; les crédits dont l'échéance n'est pas fixée ne sont pas pris en

considération. Par concours sains, il convient d'entendre les crédits bénéficiant

d'accords de classement et ceux non classés dans les créances en souffrance ;

à concurrence de 35% de leur montant, les crédits bénéficiant d'accords de classement

et effectivement éligibles aux interventions de l'Institut d'émission et ayant une durée

résiduelle excédant trois (3) mois ;

les titres appartenant aux établissements assujettis, selon le barème ci-après :

1) 100% du montant net des titres de placement et des titres d'investissement,

bénéficiant d'une garantie de rachat ou de liquidité de l'Institut d'émission ;

2) 90% du montant net des titres de placement et des titres d'investissement, autres

que ceux prévus à la rubrique 1) ci-dessus (notamment les titres d'Etat ne

bénéficiant pas de garantie de rachat de la BCEAO), mais ayant au plus trois (3)

mois à courir ;

3) 50% du montant net des titres de placement, des titres d'investissement et des titres

immobilisés de l'activité de portefeuille, autres que ceux prévus aux rubriques 1)

et 2) ci-dessus, mais faisant l'objet d'une cotation sur le marché officiel de

l'UEMOA (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières) ou sur un marché étranger

organisé ;

4) 35% du montant net des titres de placement, des titres d'investissement et des titres

immobilisés de l'activité de portefeuille, autres que ceux prévus aux rubriques 1),

Page 228: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

227

2) et 3) ci-dessus, mais éligibles aux interventions de l'Institut d'émission et ayant

plus de trois (3) mois à courir.

les valeurs en recouvrement ou à l'encaissement reçues des correspondants et de la

clientèle avec crédit immédiat.

b) Le dénominateur

Le dénominateur du coefficient de liquidité comprend :

l'ensemble des engagements à l'égard de l'Institut d'émission, quelles qu'en soient la

forme (réescompte, pension, avance) et la durée ;

les comptes créditeurs à vue ou à trois (3) mois maximum des banques et

correspondants bancaires, des CCP, du Trésor public, des autres institutions

financières et des institutions internationales non financières ;

les comptes disponibles par chèque ou virement de la clientèle, à concurrence de 75% ;

les comptes créditeurs divers, à hauteur de 75% ;

les bons de caisse et les dépôts à terme de la clientèle, à trois (3) mois maximum ;

les comptes d'épargne à régime spécial, disponibles à vue ou à trois (3) mois maximum

à hauteur de 15% de leur montant ;

les emprunts obligataires et les autres emprunts, à trois (3) mois maximum de durée

résiduelle ;

les titres à libérer dans un délai de trois (3) mois au plus ;

les autres dettes exigibles à vue et à trois (3) mois maximum ;

15% des engagements hors bilan suivants :

o crédits confirmés, part non utilisée ;

o engagements sous forme d'acceptation, d'aval, de caution et autres garanties.

Source : (BCEAO, 2012)

4.1.2.2 Mise en évidence de l’état de surliquidité bancaire de l’UEMOA

Dans les pays en développement comme dans l’UEMOA, la surliquidité bancaire peut aussi

être estimée par le niveau des réserves excédentaires (RE) qui se détermine par la

différence entre les réserves constituées par les banques et les réserves obligatoires (tableau

4.2). Le niveau des réserves excédentaires rapporté à la masse monétaire M2 (monnaie

fiduciaire, monnaie scripturale et quasi-monnaie) permet d’apprécier l’ampleur du

phénomène de surliquidité.

Page 229: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

228

Tableau 4-2 : Evolution de réserves excédentaires des banques de l’UEMOA : 2000-2012

Année Réserves

excédentaires (RE)

Masse monétaire (M2) RE/M2

2000 288,1 4300,2 6,7

2001 233 4755,1 4,9

2002 391,2 5494,5 7,1

2003 418,1 5652,6 7,4

2004 478,3 5979,8 7,9

2005 203,9 6434,6 3,2

2006 129,8 7170,8 1,8

2007 156,6 8511,6 1,8

2008 159,1 9327,2 1,7

2009 417 10653,3 3,9

2010 537,3 12313 4,4

2011 633,7 13669,9 4,8

2012 684,3 15010,2 4,7

Source : Rapports annuels de la BCEAO (2000-2012).

Selon le tableau 4-2, l’excès de liquidité du système bancaire a atteint en 2004 un pic,

représentant 7,9% de la masse monétaire, suivi d’une baisse continue jusqu’en 2008. En effet,

en comparant, dans l’UEMOA, les crédits accordés par les banques aux dépôts collectés, ces

derniers s’avèrent nettement supérieurs aux premiers dans l’ensemble des pays membres de

l’Union (tableau 4-3) sur la période 2002-2011, le ratio Prêts sur Dépôts bancaires

(constamment inférieur à 1) variant de 91% à 99%. Cela sous-entend que l’épargne n’est pas

totalement utilisée pour financer l’économie ; cette situation comparée au ratio crédits sur

dépôts - supérieur à 1 - de la France et des Etats-Unis (Artus P. , 2012), pourrait à priori être

qualifiée de contre- productive.

En revanche, le ratio Prêts sur Dépôts bancaires de l’UEMOA a été supérieur à l’unité ces

deux dernières années. En effet, les progressions de 12,9% et 16,5% des crédits à l’économie

enregistrées respectivement en 2012 et 2013 (pour des valeurs respectives de 8.807,5 et

10.257,9 milliards de francs CFA) par rapport aux années antérieures, est attribuable aux

crédits ordinaires (10,3% en 2102 et 15,3% en 2013) et aux crédits de campagne (38,7% et

15,4% respectivement en 2012 et 2013). La hausse des crédits ordinaires résulte

principalement des concours octroyés ces dernières années à des entreprises opérant dans les

secteurs de l’énergie, de l’agro-industrie, des télécommunications, des mines et du commerce.

C’est le cas du Burkina-Faso qui a développé de nouvelles mises en place de concours

bancaires en faveur des sociétés minières et cotonnières, ainsi qu’aux crédits accordés aux

Page 230: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

229

entreprises intervenant dans les secteurs de l’énergie, des hydrocarbures, des

télécommunications, du BTP106

, de l’agro-industrie, du commerce général et des services.

En Côte d’Ivoire, les crédits ordinaires de 2012 ont augmenté de 221 milliards dans un

contexte de reprise des activités bancaires alors que le ralentissement constaté un an plus tôt

était le fait de la crise poste-électorale.

Tableau 4-3 : évolution des crédits octroyés (en millions de francs CFA) par rapport aux dépôts

en banques dans l’UEMOA : 2002 – 2013

Année

Dépôts en banque (B)

Crédits bancaires (A)

A/B Dépôts des particuliers

et des entreprises

Crédits à

L’Economie

Créances sur

l’Etat

Dépôts de l’Etat

2002 3314249,00 3013764,70 722037,00 777424,50 0,91

2003 3625270,00 3222702,00 775925,00 783369,00 0,91

2004 3993096,00 3503191,00 851419,00 766202,00 0,91

2005 4212719,50 3923636,50 884403,00 756591,00 0,97

2006 4730533,20 4275920,00 1060887,00 787466,00 0,97

2007 5693025,00 4887670,10 1412642,30 995502,70 0,94

2008 6245451,20 5693376,80 1498581,50 1073704,50 0,98

2009 7170122,30 6091339,90 1802136,10 1135052,80 0,95

2010 8377554,20 6737323,90 2631842,00 1314392,90 0,97

2011 9511003,10 7804069,00 3118404,00 1466965,90 0,99

2012 10548299,10 8807523,00 3602721,00 1479524,80 1,03

2013 11755522,90 10257946,40 4453832,80 1654921,20 1,10

Source : Bulletins mensuels de statistiques monétaires et financières de la BCEAO (2002-2014).

Les crédits à l’économie de la Guinée-Bissau se sont établis à 64,2 milliards à fin décembre

2012, en hausse de 10,1 milliards (18,7%) par rapport à 2011 ; cette évolution est

intégralement imputable aux crédits de campagne qui ont progressé de 11,8 milliards, alors

que les crédits ordinaires ont diminué de 1,7 milliard (-3,1%). Les nouvelles mises en place de

concours bancaires dans ce pays ont bénéficié aux entreprises intervenant dans la collecte de

la noix de cajou.

Au Sénégal, l’accroissement des crédits ordinaires de 235,3 milliards (de 2013 par rapport à

2011) s’explique principalement par la mise en place de concours bancaires au profit des

opérateurs du secteur privé exerçant dans les secteurs des hydrocarbures, de l’agro-industrie,

106 Bâtiments et travaux publics.

Page 231: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

230

des industries manufacturières, de l’énergie, des télécommunications, de l’immobilier et des

services.

4.1.2.3 Causes de la surquilidité bancaire au sein de l’UEMOA

Les systèmes bancaires de l'UEMOA ont connu, à partir du milieu des années 80, deux

principales réformes : l'une liée à la restructuration des établissements bancaires, et l'autre au

changement de politique monétaire. S'inscrivant dans un contexte de libéralisation financière,

ces réformes avaient deux objectifs principaux : restaurer la liquidité des banques sinistrées

par la crise bancaire de 1989, et permettre un meilleur financement de l'économie. Si le

premier objectif a été atteint, le deuxième reste loin des résultats attendus. En effet, l’une des

conséquences de la libéralisation financière a été de produire un excès de liquidités du

système bancaire. Ce phénomène, apparu au milieu des années 1990, souligne l'existence d'un

problème d'adéquation entre l'offre et la demande de crédit en Afrique subsaharienne.

a) Structure des crédits bancaires à l’Economie au sein de l’UEMOA

Dans les pays de l’UEMOA, ce ne sont pas les ressources qui font défaut, mais plutôt le

mécanisme d’intermédiation qui, normalement, devrait consister à transformer ces ressources

(bancaires) en prêts aux agents à besoin de financement. Or les banques préfèrent, en plus

d’une rentabilité élevée due à la structure oligopolistique du marché, conserver par devers

elles la presque totalité de l’épargne collectée auprès de la clientèle (Meisel & Mvogo, 2007).

Et même lorsqu’elles prêtent, ces prêts sont dans la majorité des cas octroyés à court terme

(tableau 4-4). Pour ce qui est des crédits bancaires accordés à long terme, ils sont si maigres

qu’ils se retrouvent « asphyxiés » par les crédits en souffrance (figure 4-1). Il en résulte une

situation de surliquidité qui se traduit par l’augmentation des dépôts bancaires auprès de la

Banque centrale.

Page 232: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

231

Tableau 4-4 : Composition des crédits bancaires à l’Economie(a)

(en milliards de francs CFA) de

l’UEMOA : 2002-2013

Année

Crédits à CT(b)

Crédits à

MT(c)

Crédits à

LT(d)

Crédits en

souffrance(e)

Crédits à CT en

% de Crédit à

l’Economie Crédits de

campagne

Crédits

ordinaires

2002 181 610,2 1 851 105,4 649 777,9 120 029,4 211 241,8 67,45

2003 128 164,0 2 137 152,0 669 032,0 117 118,0 171 236,0 70,29

2004 114 012,0 2 253 353,0 793 145,0 135 307,0 207 374,0 67,58

2005 160 299,2 2 414 667,8 925 512,0 132 464,0 290 693,0 65,63

2006 159 943,0 2 516 679,0 1105 473,0 143 330,0 350 495,0 62,60

2007 150 919,0 2 807 917,5 1 419 251,6 158 072,0 351 510,0 60,54

2008 128 108,3 3 194 944,0 1 765 942,5 196 802,0 407 580,0 58,37

2009 148 576,5 3 224 643,4 2 034 310,0 214 650,0 469 160,0 55,38

2010 154 769,0 3 525 532,5 2 353 040,3 244 149,1 459 833,0 54,63

2011 164 638,0 4 210 702,0 2 667 083,0 256 851,0 504 795,0 56,06

2012 228 322,0 4 644 603,0 3 056 742,0 304 473,0 573 383,0 55,33

2013 263 375,0 5 357 276,4 3 647 806,0 333 385,0 656 104,0 54,79

(a) = (b) + (c) + (d) + (e).

Source : Bulletins mensuels de statistiques monétaires et financières de la BCEAO (2002-2014).

Figure 4-1 : Structure des crédits accordés par le système bancaire au sein de l’UEMOA :

2002-2013

Source : Bulletins mensuels de statistiques monétaires et financières de la BCEAO (2002-2014).

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Part de Crédits en souffrance dans les Crédits à l'Economie

Part de Crédits à LT dans les Crédits à l'Economie

Part de Crédits à MT dans les Crédits à l'Economie

Part de Crédits à CT dans les Crédits à l'Economie

Page 233: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

232

Essentiellement octroyés à court terme, les prêts ne peuvent évidemment pas profiter aux

petites et moyennes entreprises (PME). Pour ainsi dire, le problème du sous-financement

bancaire du secteur privé de l’UEMOA concerne essentiellement les PME qui, malgré leur

poids dans les économies locales et en dépit de leur rôle moteur en termes de développement

économique, ont un accès très limité au marché des financements bancaires. Car les banques

préfèrent financer, en prévision des contraintes de comptabilisation de créances douteuses et

litigieuses (CDL), les entreprises disposant de garanties suffisantes et ayant une capacité de

remboursement107

.

En effet, si les PME accusent les banques de ne prêter qu’aux riches, elles ne sont, à leur tour,

pas exempts de critiques : (Patinvoh, 2013), alors Directeur du contrôle et de la conformité de

la Banque Atlantique au Bénin, évoquait en 2013 la mauvaise qualité de l’information

financière produite par les PME, très souvent méconnues des banques, du fait que la plupart

de ces entreprises évoluent dans le secteur informel et peuvent, à tout moment, disparaître,

laissant dans le désarroi les banquiers désormais plus que prudents.

b) Structure des dépôts en banque

Nous pourrions aussi justifier cette préférence de crédits (à court terme) accordés par le

système bancaire de l’UEMOA à l’Economie, par la structure temporelle des dépôts qu’il

encaisse. En effet, dans un environnement d’asymétrie information, le système bancaire ne

disposant majoritairement que de dépôt à vue (tableau 4-5), ne peut que financer des

activités de court terme.

107 Une créance garantie par une hypothèque, n’est pas remise en cause en cas de défaillance du débiteur dès lors

qu’il est possible de réaliser la garantie, en revanche une créance sans garantie est systématiquement

provisionnée dans les mêmes conditions.

Page 234: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

233

Tableau 4-5 : Structure des dépôts dans le secteur bancaire de l’UEMOA (en milliards de francs

CFA) de 2002 à 2013

Année Dépôts des particuliers

et des entreprises

Dépôts de l’Etat Total DV Total DT DV/Dépôts

en banques

(%)

DT/Dépôts

en banques

(%)

Dépôts à

vue (DV)

Dépôts à

terme (DT)

Dépôts à

vue (DV)

Dépôts à

terme (DT)

2002 1692,8 1619,9 362,5 402,7 2055,2 2022,6 50,2 49,4

2003 1903,6 1720,4 403,6 373,1 2307,3 2093,5 52,3 47,5

2004 2082,9 1908,7 389,8 369,2 2472,7 2277,9 52,0 47,9

2005 2170,5 2040,6 386,0 363,6 2556,5 2404,2 51,4 48,4

2006 2437,8 2291,0 386,9 380,8 2824,8 2671,8 51,2 48,4

2007 2958,2 2727,0 513,1 465,4 3471,3 3192,4 51,9 47,7

2008 3149,7 3083,4 533,7 523,6 3683,4 3607,0 50,3 49,3

2009 3540,6 3627,4 609,1 505,6 4149,7 4133,0 50,0 49,8

2010 4122,2 4248,2 741,1 560,1 4863,3 4808,4 50,2 49,6

2011 4959,4 4546,3 815,1 627,0 5774,5 5173,4 52,6 47,1

2012 5430,5 5113,7 780,5 654,7 6211,0 5768,3 51,6 48,0

2013 6142,7 5604,0 852,2 753,3 6994,9 6357,4 52,2 47,4

Source : Bulletins mensuels de statistiques monétaires et financières de la BCEAO (2002-2014).

c) Entrées des capitaux

En plus des causes de la surliquidité bancaire précédemment citées, nous notons également

l'afflux important de capitaux. En effet, le système bancaire de l’UEMOA étant favorable au

financement des entreprises orientées vers l'extérieur, celles-ci se sont développées et ont plus

ou moins contribué à l'augmentation de la liquidité d'ensemble de la zone à travers le

commerce extérieur et en fonction de l'environnement international (par le biais du cours des

matières premières et du cours des monnaies qui cotent ces matières). De même, les transferts

des émigrés constituent une part importante des entrées de capitaux de l’Union.

De toute évidence, la surliquidité du système bancaire de l'UEMOA constitue un obstacle

important à l'activité économique de ladite Union. Ainsi, depuis 2003, son recyclage est

amorcé. Ce recyclage étant essentiellement imputable aux recours des États à l'endettement

interne à travers les émissions des bons du trésor et d'emprunts obligataires, la question du

financement des entreprises, particulièrement les PME et du secteur agricole, demeure

problématique.

Page 235: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

234

En somme, la forte liquidité des banques dans la zone UEMOA à la suite de la restructuration

bancaire a conduit les autorités monétaires à entreprendre un certain nombre de réformes.

Nous notons note à ce sujet la mise en place du mécanisme de constitution des réserves

obligatoires. Ainsi, cette forte hausse de liquidité bancaire observée depuis toujours, s’est

estompée en 2010 avec un repli de 8,98%. Les concours de la Banque centrale aux

établissements de crédit se sont inscrits en baisse de 11,5 milliards, en liaison avec le

désengagement des banques sur le guichet de la pension à hauteur de 10,4 milliards et de la

baisse de 1,1 milliard de leur sollicitation sur le guichet des appels d’offres. Toutefois, la

trésorerie des banques est demeurée largement excédentaires sur le troisième trimestre 2010.

Leur capacité à constituer les réserves obligatoires est encore satisfaisante, signale la BCEAO.

La plausibilité d’une telle politique de stérilisation donne lieu à une interrogation quant à

l’efficacité de la politique monétaire en situation de surliquidité.

Dans son appréciation de l’efficacité des mécanismes de transmission de la politique

monétaire en situation de surliquidité, (Kamgna & Houdou, 2008) montrent que le phénomène

de surliquidité dépend fortement des structures économiques et financières de chaque Etat de

l’UEMOA. Il conclut qu’au niveau de la Zone, seul le crédit au secteur privé pourrait réduire

la situation de surliquidité des banques. Ce résultat interpelle les autorités monétaires de

l’UEMOA quant à la nécessité de mettre en place des actions visant à accroître l’offre de

crédit au secteur privé.

Il est indispensable que les gouvernements concernés, avec l’appui des organismes

internationaux (Banque Mondiale, FMI), prennent les dispositions qui s’imposent pour

permettre de mieux orienter l’épargne au profit de l’investissement et du développement

économique. Parmi les mesures envisageables, il faudrait bien sûr améliorer l’environnement

des affaires, avec en particulier l’adoption de normes comptables et la création de cabinets

comptables indépendants, mais également la mise sur pied d’un système judiciaire sain,

facilitant le règlement des litiges contractuels entre prêteurs et emprunteurs (Kauffman, 2005).

Par ailleurs, le développement d’un marché régional des titres est considéré comme une voie

féconde pour corriger la surliquidité de l’économie (De Boissieu & Renversez, 1990). Mais

aux niveaux nationaux déjà, il s’impose des recherches de stratégies allant dans le sens du

financement du développement.

Page 236: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

235

4.2 Le financement du développement dans l’UEMOA, des solutions

envisageables

Trente ans après le déclenchement de la crise internationale de la dette, initiée par le défaut de

paiement mexicain en août 1982, la question du financement du développement se pose

toujours. Si l’on a d’abord cru que le consensus de Washington parviendraient à régler cette

crise, il apparaît aujourd’hui évident que l’approche « néolibérale » du développement n’a pas

produit les effets escomptés dans les pays de l’UEMOA.

En effet, le désengagement de l’État et la multiplication des privatisations, la libéralisation des

échanges commerciaux et des mouvements de capitaux, ainsi que le recours massif à

l’épargne extérieure pour financer le développement ont participé à l’accroissement des

inégalités - entre pays mais aussi à l’intérieur de ceux-ci - et à l’augmentation de la dette

extérieure (qui a nécessité des mesure d’allègement) sans parvenir à réduire significativement

la pauvreté (Berr & Combarnous, 2005) et à favoriser le développement.

La gestion de la dette, une complémentarité au financement externe du 4.2.1

développement

Les importantes annulations de dette consenties par la communauté internationale à travers

l’Initiative Pays Pauvres et Très endettés (PPTE) lancée en 1996 et l’Initiative d’Allègement

de la Dette Multilatérale (IADM) lancée en 2005, ont eu pour conséquence de rendre de

nouveau solvables les pays qui en ont bénéficié. Cependant, la question du rythme et des

modalités de leur (ré)endettement se pose avec acuité et il est nécessaire d’adapter la

gouvernance internationale de la dette de sorte à éviter les erreurs du passé et à prévenir

autant que possible de nouvelles crises de la dette.

La vision de cette partie de notre thèse s'écarte des approches de la soutenabilité de la dette

jusque-là adoptées. En effet, jusque-là, nous avons appréhendé la question de la

soutenabilité de la dette sous la perspective de réduction d'un certain niveau insoutenable et

excessif de la dette. Dans ce dernier chapitre de notre thèse, la soutenabilité de la dette est

Page 237: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

236

plutôt intégrée dans la stratégie globale de développement d'un pays et/ou d’une région, en

partant du fait que la dette externe doit contribuer au développement du pays débiteur.

4.2.1.1 Le financement extérieur, source de développement ou de

« maldéveloppement » ?

Le recours massif à l’endettement extérieur des PED a conduit à l’éclatement de la crise de la

dette en 1982, mettant en lumière les conséquences d’un endettement excessif et de surcroît

mal utilisé108

. Comment s’explique cette situation de crise de la dette dans des pays qui

pourtant, au départ, s’endettaient pour faire face à leurs difficultés de financement, de sorte à

s’assurer une croissance économique ?

En ce qui concerne les ressources extérieures, le recours aux capitaux étrangers pour financer

le développement n’est pas sans risque. Par exemple, (Kalechi & Sachs, 1966) ont montré que

les apports de capitaux extérieurs ne permettent pas automatiquement d’accroître le stock de

capital des pays en développement, et donc d’améliorer leurs capacités productives, mais

servent à financer un déficit de la balance des paiements. Dès lors, une mauvaise utilisation

des fonds obtenus se révèle susceptible d’entraver le processus de développement. Ce type de

ressources peut prendre la forme de prêts, d’investissements étrangers ou de dons (Berr E. ,

Le financement du développement. Introduction, 2007).

Dans le cas de prêts

Normalement, lorsqu’on emprunte, les sommes obtenues permettent de financer les

importations du pays emprunteur, en faisant peser sur celui-ci une contrainte, à plus long

terme, liée au remboursement des intérêts et à l’utilisation des fonds empruntés. Suite à cet

endettement, il se présente deux situations.

108 Outre les problèmes liés à une mauvaise utilisation des financements extérieurs, on estime entre 100 et 180

milliards de dollars les sommes détournées depuis une quarantaine d’années par de nombreux dictateurs en

Afrique (Morin, 2013). Les procédures judiciaires se multiplient afin d’obtenir la restitution de ces sommes.

Page 238: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

237

1° Si l’endettement extérieur permet au pays bénéficiaire d’accroître l’investissement

et/ou la consommation de biens dits essentiels, il peut s’avérer utile. Nous pouvons citer dans

ce cas les crédits d’aide publique au développement, en particulier ceux qui financent une

aide-projet, à condition que cette aide ne soit pas liée ou qu’elle ne se substitue pas à l’action

des gouvernements locaux (Charnoz & Severino, 2007).

2° Par contre, si l’endettement extérieur sert à financer une consommation dite de luxe, il

réduit l’épargne interne, sauf lorsque les classes sociales bénéficiant de revenus élevés et/ou la

consommation de biens de luxe sont largement taxés. De même, lorsque les fonds empruntés

favorisent les investissements destinés à la production de biens de luxe, ils déséquilibrent

l’économie et conduisent, selon l’expression de Sachs, à un « maldéveloppement » ou à, selon

(Haubert & Sachs, 1978), une « croissance perverse », c’est-à-dire une croissance de court

terme qui affecte négativement les perspectives futures de croissance. Dans ce cas, en effet,

ces investissements immobilisent les biens d’équipement, les produits intermédiaires et de

première nécessité qui font défaut et ne peuvent, de ce fait, augmenter la capacité de

production de biens « essentiels » jugés plus utiles au développement.

Pour ainsi dire, dans une perspective de long terme, la dette ne peut être soutenable que si elle

contribue efficacement au processus de développement du pays emprunteur et ne devrait donc

pas être un obstacle à ce processus.

Dans le cas d’investissements étrangers

Ces derniers peuvent s’avérer plus coûteux que des crédits lorsque le montant des bénéfices

rapatriés excède le coût des crédits, sauf dans le cas d’une forte augmentation de ces

investissements. Toutefois, des investissements étrangers massifs peuvent signifier une perte

de souveraineté économique par le pays bénéficiaire et générer des problèmes d’ordre

politique. De plus, les investissements directs étrangers (IDE) sont susceptibles d’aggraver les

inégalités de rémunération dans le pays d’accueil (notamment lorsqu’il s’agit d’un pays en

développement), en poussant à la hausse les salaires relatifs des travailleurs qualifiés. En

effet, Il apparaît que les acquisitions par l’étranger d’entreprises locales permettent

d’augmenter les salaires moyens dans les entreprises concernées, l’augmentation étant plus

marquée dans les économies émergentes (11% au Brésil, 19% en Indonésie) que dans

Page 239: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

238

les pays développés (où il est compris entre 3% et 8%), mais pas nécessairement de

meilleures conditions de travail que leurs homologues locaux (O.C.D.E., 2008).

Pour faire en sorte que les IDE puissent véritablement constituer une « aide au

développement », il s’avère alors indispensable de contrôler les mouvements de capitaux car

la libre circulation des capitaux pose de nombreux problèmes (Stiglitz J. E., 2003).

Dans le cas de dons

Le risque politique pour le pays bénéficiaire de dons consiste, potentiellement, en une

dépendance accrue vis-à-vis du donateur. C’est le cas lorsque les dons répondent à des

considérations géostratégiques ou lorsque des annulations de dette, comptabilisées comme des

dons, sont accompagnées de conditionnalités – à l’instar de l’Initiative PPTE ou de l’IADM.

L’expérience de politiques de développement au sein de l’UEMOA semble montrer qu’en

matière de financement certains écueils, mentionnés ci-dessus, n’ont pu être évités. Force est

de le constater, nombreuses sont les sources de financement extérieur, mais non moins

nombreuses sont les questions qu’elles soulèvent. C’est pourquoi il parait plus que nécessaire

de se pencher sur des questions allant dans le sens de la gestion, et de la dette, et des finances

publiques.

4.2.1.2 Arguments en faveur d’une gestion optimale de la dette dans l’UEMOA

L’objectif recherché dans ce paragraphe est de sensibiliser les gestionnaires d’Etat des pays de

l’UEMOA au traitement du problème de l'endettement dans le contexte global du

développement à long terme, liant la gestion de la dette aux politiques macro-économiques et

structurelles du développement. Pour se faire, il importe de relever les caractéristiques de

gestion de la dette et des finances publiques au sein de l’Union.

Page 240: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

239

a) Mesures relevant de la gestion des finances publiques

A partir de la décennie 90, les IBW et les IFI dans leur ensemble, vont progressivement placer

les questions institutionnelles, de bonne gouvernance, et de la lutte contre la pauvreté au cœur

de leurs politiques de conditionnalités. Ce changement de perspective implique de nouvelles

exigences en termes de bonne gouvernance budgétaire et de gestion des dépenses publiques -

renforcement des capacités institutionnelles, élaboration de nouveaux standards de gestion

budgétaire et d’instruments d’évaluation des finances publiques - de sorte que « l’on assiste à

une multiplication de nouveaux instruments de diagnostic et d’analyse des systèmes de

gestion des dépenses publiques incluant la dimension institutionnelle et une approche globale

» (Laurent, 2006).

L’attachement des organismes d’aide à la qualité de la gestion financière se manifeste :

D’abord par l’élaboration et la diffusion de standards de bonne gestion des finances

publiques.

Il s’agit de principes et bonnes pratiques de gouvernance budgétaire et financière dont les IFI

(mais pas exclusivement) sont les principaux promoteurs depuis les années 90 (Chevauchez,

2010). La Banque Mondiale a ainsi publié en 1998 un Manuel de gestion des dépenses

publiques109

, qui est un document de référence contenant des principes et pratiques en vue de

l’améliorer la gestion budgétaire et financière des Etats.

Puis, par la mise en place de mécanismes d’évaluation

De nouveaux instruments de diagnostic et d’analyse ont été aussi mis en place pour évaluer la

gestion des finances publiques (Country Financial Accountability Assessment - CFAA - initié

en 1997)110

, la gestion des dépenses publiques (Public Expediture Reviews - PER) ; ou

certains aspects spécifiques comme les procédures de passation des marchés publics (Country

Procurement Assessement Review - CPAR - initié en 1998). Aussi, la Banque accorde-t-elle

une importance aux questions institutionnelles et de gouvernance, notamment à la qualité de

la gestion publique. Ainsi, ont été définis des indicateurs d’examen institutionnel et de

109 (The International Bank for Reconstruction and Development, 1998).

110 Examen de la gestion des finances publiques et des pratiques comptables du secteur public couvrant

l’ensemble du processus budgétaire. (Banque Mondiale, 2001).

Page 241: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

240

performance (Country Performance and Institutionnal Assessment (CPIA)), dont l’objectif est

de mesurer la qualité de certains aspects de la gestion publique telle que la transparence, la

lutte contre la corruption, la fonction publique, la gestion financière.

Somme toute, c’est le FMI qui semble avoir produit le plus de normes en matière de gestion

des finances publiques. En 1986 déjà, l’organisme publiait la première version de son Manuel

de statistiques des finances publiques dont les principes de classification économiques des

charges et fonctionnelle des dépenses furent largement adoptés par les Etats111

. La bonne

gouvernance financière, et particulièrement la question de la transparence, constitue son

principal domaine d’action. Le FMI a ainsi élaboré en 1998 un Code de bonnes pratiques en

matière de transparence de finances publiques qui synthétise les principes de bonne

gouvernance financière (FMI, 2007). Ce Code est complété par un Manuel sur la

transparence des finances publiques qui explique les principes du code et analyse les bonnes

pratiques (FMI, 2007). Un questionnaire y est intégré, permettant une auto-évaluation de la

transparence des finances publiques de l’Etat. Dans ce Manuel, La transparence des finances

publiques est définie comme « l’information sans réserve du citoyen sur la structure et les

fonctions des administrations publiques, les objectifs de la politique des finances publiques,

les comptes du secteur public et les projections budgétaires ». Le Code et le Manuel ont été

révisés en 2007 pour améliorer et approfondir les principes de transparence et de bonne

gouvernance qu’ils prônent. D’autres instruments relatifs à des branches spécifiques de

gestion des finances publiques (Guide pour la transparence des recettes des ressources

naturelles par exemple) complètent le dispositif (FMI, 2005).

Sans être formellement contraignants, ces instruments de gestion ne sont pas dépourvus

d’effet sur les systèmes budgétaires des pays sollicitant l’aide des IBW (Bouley, 2009). Le

code et le manuel du FMI constituent des instruments de référence pour les autorités

nationales et les organismes de la société civile qui peuvent y trouver des exemples de bonnes

pratiques en vue d’améliorer la transparence de leurs systèmes financiers. Ainsi, la

classification économique des dépenses publiques, recommandées par le Manuel de

statistiques du FMI de 1986, a été reprise par les textes nationaux et les premières directives

de l’UEMOA relatives au cadre harmonisé de gestion des finances publiques (Sanon, 2007).

En outre, les normes et principes qui y sont définis servent de référence aux systèmes

d’évaluation par les institutions internationales. C’est aussi le cas du Rapport sur

111 Le manuel fut adopté en 2001.

Page 242: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

241

l’observation des normes et des codes (RONC) concernant la transparence des finances

publiques, élaboré sur la base du questionnaire associé au manuel112

.

Encore mieux que la diffusion de standards de bonne gestion, l’action des pays et organismes

d’aide véhicule à l’égard des pays bénéficiaires un nouveau paradigme de gestion budgétaire

et financière, fondé sur l’efficacité et la performance des dépenses publiques.

b) Propositions d’assainissement des finances publiques dans l’UEMOA

Nous nous basons sur l'approche selon laquelle l'endettement externe ne peut, à la longue, être

soutenable que si la stratégie de développement mène à une augmentation de revenus de

devises étrangères excédant les besoins nationaux d'investissement afin de rembourser la

dette. Le point de départ d'une stratégie soutenable de la dette est donc une vision claire du

gouvernement concernant la trajectoire du développement du pays. Les gouvernements de

l’UEMOA devront donc mener cette trajectoire de développement par la sensibilisation des

acteurs économiques (agents publics y compris) à utiliser d'une manière efficace la dette

externe, en tenant compte des coûts et bénéfices à tirer d'un endettement externe.

En contractant la dette externe, l'économie locale est plus exposée aux influences externes. En

conséquence, les pays débiteurs devraient faire attention à l'impact des flux financiers

externes sur leurs économies et à une gestion macro-économique adéquate de ces flux, selon

les conditions économiques et le niveau de développement du pays.

Quelques pays, particulièrement les pays à faible revenu, sont fortement vulnérables aux

chocs externes tout en ayant une base de production étroite. Ces pays doivent tenir compte de

telles vulnérabilités dans la gestion de leur dette, souvent avec l'aide de leurs partenaires de

développement.

Cependant, le processus de développement n'est souvent pas un processus sans heurt et aucun

pays ne peut être à l'abri de la menace d'une crise de la dette ou d'une crise financière. Les

112 Les pays de toutes les régions du monde et de tous les niveaux économiques acceptent de soumettre leurs

systèmes de finances publiques aux principes du RONC. Ce rapport permet d’obtenir des informations sur le

système de gestion des finances publiques d’un pays et d’évaluer son niveau de transparence. Cela est utile à une

comparaison dans le temps et l’espace, et permet d’apporter des améliorations nécessaires.

Page 243: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

242

mesures récentes destinées à réduire la dette de certains pays pauvres dont ceux de l’UEMOA

montrent que le recours massif à l’endettement extérieur n’a pas forcément les effets escomptés

sur l’économie. Les pays de l’UEMOA pourraient plus efficacement faire face à la crise de la

dette s'ils arrivaient à prévoir l'avènement d'une crise déclenchée par quelques chocs externes ou

internes. En cas de renégociation de la dette, ces pays débiteurs doivent bien évaluer les coûts et

les avantages ainsi que les conditions parfois « sub-optimales » de renégociations.

Par ailleurs, ces pays débiteurs devraient également établir et améliorer leur cadre

institutionnel pour la gestion de la dette. Dans ce cadre, il est important d'assigner des rôles et

des responsabilités spécifiques à différentes entités des différents gouvernements de l’Union :

le ministère des finances et le service de gestion de la dette. Ce cadre devrait être adapté à la

capacité administrative de chaque pays débiteur.

La gestion soutenable de la dette impliquant une stratégie d'endettement qui est partie

intégrante d'une stratégie globale de développement d'un pays, cette stratégie globale devrait

déterminer les différentes options de financement et les coûts et avantages d'un endettement

externe, en tenant compte des contraintes financières (en ressources en devises étrangères, ou

dégagées par l'épargne privée locale ou recettes fiscales).

Cette approche de la soutenabilité de la dette est basée sur les besoins de développement à

long terme et n'exclut pas dans certains cas la nécessité de réduire un niveau de la dette qui

peut être trop élevé pour être soutenable. Ainsi, un cadre institutionnel de gestion de la dette

approprié joue un rôle primordial dans cette stratégie. D'autre part, dans un monde

interdépendant, la prévention d'une nouvelle crise de la dette exige de l’UEMOA des actions

au niveau international, basées sur une coopération internationale constructive en vue

d'assurer le transfert des ressources pour le développement et, d'ouvrir des débouchés aux

exportations des pays débiteurs.

Jusque-là, nous nous sommes axés sur la dette externe. Ceci ne signifie pas que la question de

la gestion de la dette locale ne soit pas importante. Cependant, la dette locale crée d'autres

problèmes liés aux marchés financiers locaux et à la mobilisation locale des ressources

nationales, qui exigeraient un traitement détaillé de la transition fiscale. C’est ce à quoi est

consacré le paragraphe suivant.

Page 244: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

243

La transition fiscale, une nécessité au financement interne du 4.2.2

développement des pays de l’UEMOA

Malgré les mesures d’allègement de la dette mises en œuvre par les IBW, la demande

sociale et économique génère un besoin de ressources publiques supplémentaires. Par

ailleurs, force est de constater que le désarmement tarifaire consécutif à la mise en place de

l’union économique fait, sauf exception, baisser les ressources douanières, sans ignorer

que cette baisse de recettes s’accentuera avec l’entrée en vigueur des accords de partenariat

économique (APE) qui visent le libre- échange entre l’Union européenne et différents

groupes de pays d’Afrique, du Caraïbe et du Pacifique (ACP), entraînant la nécessité de

mobiliser plus largement la fiscalité interne.

Compte tenu, non seulement de ces deux impératifs majeurs auxquels est confrontée

l’UEMOA en matière de ressources publiques, mais surtout en vue de promouvoir en son

sein une véritable intégration économique, les pays de l’Union se retrouvent face à la

nécessité d’assurer la transition de la structure de leurs ressources tout en augmentant le

rendement global de leurs prélèvements publics. Cette compensation de pertes de recettes

- occasionnées par le désarmement tarifaire - par la mobilisation des ressources de

fiscalité interne est dénommée « transition fiscale ».

Qu’est-ce que la transition fiscale ? Qu’en est-il de la transition fiscale dans l’UEMOA ?

Comment peut-elle contribuer à atténuer l’endettement des pays de l’Union ? Ces questions

sont à la base de cet autre paragraphe de notre thèse.

4.2.2.1 La transition fiscale : essai de définition

La fiscalité, si elle dépend largement des structures économiques de chacun des Etats, n’en

exerce pas moins une influence profonde sur celles-ci. D’ailleurs, les conceptions modernes

des finances publiques accordent une place de plus en plus importante à la fiscalité, non

seulement comme moyen de régularisation des fluctuations économiques mais aussi comme

instrument de transformation des structures.

Page 245: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

244

a) Qu’entendre par « transition fiscale » ?

La transition fiscale peut se définir comme un mécanisme qui consiste à augmenter la fiscalité

interne en diminuant la dépendance vis-à-vis des recettes tarifaires et minières (qui sont des

recettes instables). L'objectif ici est de réduire les distorsions d'origine tarifaire et de maintenir

les recettes à un niveau proche de l'objectif du gouvernement : atteindre la marge qui lui

permet d'affecter des ressources à un projet défini sans mettre en péril sa viabilité financière

ou la stabilité économique. Afin d’y parvenir, des actions macroéconomiques s’imposent au

gouvernement :

1° augmenter les recettes budgétaires soit par une hausse des impôts, soit par une

mobilisation accrue des recettes stables ou des dons ;

2° diminuer les dépenses en supprimant les dépenses non prioritaires ;

3° augmenter les financements : l'Etat peut emprunter davantage soit à l'extérieur, soit en

interne (par financement bancaire ou non).

De toutes ces solutions, celle qui semble la plus viable et à la disposition du pouvoir public,

c'est la mobilisation accrue des ressources internes. D'où le rôle central de la taxe

d’imposition (TVA) pour un Etat. En effet, cette taxe regorge de qualités intrinsèques qui la

placent au centre de la fiscalité :

son fort potentiel de recettes : l'assiette fiscale est liée à un agrégat macroéconomique

majeur qu’est la consommation (consommation finale et investissement)) ;

sa neutralité : aucune distorsion, ni sur les intrants et les équipements des collecteurs

d'impôts, ni sur les exportations et le taux de protection effectif des productions

locales ;

son équité : elle s’applique à toutes les couches de la société.

De plus, le contexte est marqué par des contraintes de plus en plus fortes sur les autres types

de recettes : la baisse continue des recettes tarifaires suite aux accords internationaux sur le

commerce (OMC, intégrations économiques régionales, ACP) visant le démantèlement des

barrières tarifaires, couplée aux difficultés de développement de la fiscalité interne (petite

Page 246: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

245

taille du secteur formel et tendance internationale à la baisse des taux d'imposition du résultat,

pauvreté et autres obstacles relatifs aux impôts sur les revenus, difficultés de collecte des

autres recettes fiscales).

b) La TVA comme instrument de transition fiscale : Avantages et inconvénients

La relation entre la politique fiscale et le développement se révèle complexe et dépend des

conjonctures socio-économiques de chaque pays (Bird, 1999). Cette relation est d’autant plus

compliquée que l’économie est en transition. Selon le rapport Neumark113

, seule la TVA

peut apporter une solution satisfaisante aux problèmes qui se posent à chaque étape de

l’intégration économique. La TVA permet de combiner les avantages de la taxe unique

(charges égales pour tous les produits similaires, absence d’incitation à l’intégration) avec

ceux de la taxe en cascade (répartition de la charge aux différents stades de son champ

d’application, rendement élevé).

(i) Les vertus de la T.V.A.

Créée en France en 1954, la TVA est le troisième système de taxation du chiffre d’affaires.

Définie comme une taxe sur le chiffre d’affaires appliquée dans chaque entreprise aux

ventes, sous déduction des taxes facturées par les fournisseurs, elle est une taxe unique à

paiement fractionné qui fut. Plus complexe que les deux premiers systèmes de taxation, la

T.V.A. présente de nombreux avantages, à savoir :

comme la taxe unique, le poids de l’impôt est relativement léger ;

chacun des membres du circuit qui ne se situe pas en position de consommateur final

paie la taxe mais peut, en même temps, déduire la taxe qui lui a été facturée ;

la détaxation des investissements grâce au mécanisme des déductions de la taxe

facturée ;

113 (Cabinets FONTANEAU (Bruxelles,Nice,Paris), 2001).

Page 247: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

246

en cas d’excédent de la taxe payée sur celle facturée, il s’impose le remboursement par

l’Etat ;

Le consommateur intermédiaire paie relativement ce qu’il ajoute au produit du fait qu’en

réalité, pour lui, la TVA ne s’applique qu’à la valeur ajoutée : c’est le principe de neutralité

de la TVA. Les vertus de la TVA y trouvent leur fondement car ce principe génère des

vertus selon lesquelles la TVA :

est indifférente à la longueur du circuit économique ; elle ne pèse, de ce fait, pas sur

les décisions des opérateurs économiques quant à l’organisation du schéma de

production ;

est un facteur de compétitivité des exportations dans la mesure où le produit exporté

ne supporte pas de TVA et que la TVA acquittée sur les intrants est déductible et

remboursable ;

encourage les investissements dans la mesure où la TVA acquittée sur ces

investissements est déductible et remboursable ;

limite la fraude car les opérateurs sont moins enclins à éviter une taxe dont ils ne

supportent pas la charge finale ;

participe à la formation des opérateurs économiques dans la mesure où chaque

opérateur doit détenir une facture en bonne et due forme de son fournisseur pour

pouvoir déduire le montant acquitté.

Contrairement aux impôts en cascade, l’effet premier de la TVA est de favoriser globalement

l’investissement et d’éviter la double imposition des biens de production. Avec son

mécanisme d’imputation en amont, l’incidence de la TVA est intégralement reportée en

aval sur le consommateur puisque, dans la mesure où les fournisseurs d’une entreprise sont

assujettis, aucun des coûts de production n’est grevé de TVA.

Dans une étude réalisée sur les pays d’Afrique subsaharienne (dont ceux de l’UEMOA),

(Chambas, 2004) affirme que l’un des grands avantages de la TVA est qu’il est possible,

dans le cas de son adaptation au contexte particulier d’économies en développement, d’en

conserver les propriétés de neutralité économique tout en recouvrant des recettes fiscales

Page 248: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

247

importantes. Bien que prélevées aux différents stades de production ou de

commercialisation, le mécanisme de la TVA permet une déduction systématique des taxes

supportées par les consommateurs intermédiaires. Cependant, (Chambas, 2004) est parvenu

à identifier des entraves à la neutralité économique de la TVA dans les pays étudiés.

(ii) Les limites de la neutralité économique de la TVA dans les pays africains

En Afrique les conditions d’application réduisent considérablement les vertus théoriques

reconnues à la TVA.

Dans la plupart des cas, à l’exception des activités dégageant une faible valeur ajoutée le plus

souvent révélatrices de fraude, une entreprise acquitte sur l’achat de ses intrants un montant

de TVA inférieur à celui qu’elle facture sur le produit de ses ventes. A cet effet, elle verse à

l’Etat la différence entre le montant acquitté et le montant facturé.

Tel que mis en place dans la quasi-totalité des pays africains, le mécanisme de la TVA est

lui-même générateur d’entraves résultant de l’interruption de la chaîne des déductions qui

caractérisent la TVA. On distingue à cet effet :

d’une part les interruptions dues à des cas naturels tels que la vente d’occasion par

un consommateur à un professionnel, d’un bien dont il veut se défaire, l’exonération

de TVA sur les intérêts des prêts à des particuliers ;

d’autre part, les interruptions artificielles dues aux exonérations accordées par l’Etat.

A ces entraves s’ajoutent les incidences du décalage d’un mois pour le paiement de la

TVA, c’est-à-dire les délais des déclarations en matière de TVA, qui constituent des

sources de distorsions de la concurrence et qui ont des incidences sur la surface financière

des entreprises assujetties.

Au niveau des pays de l’UEMOA, les restrictions sur les biens et services ouvrant droit

à déduction de TVA constituent de véritables entraves au principe de neutralité de la TVA.

Certains codes des impôts des pays de cette Union excluent du droit à déduction, des

consommations intermédiaires tels que le carburant et le transport, à la fois parce que le

contrôle par l’administration de ce type de consommation intermédiaire est difficile mais

aussi parce que l’ouverture du droit à déduction pourrait être à l’origine de pertes de recettes.

Page 249: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

248

Par ailleurs, dans ces pays, la « règle du butoir » a été imaginée pour préserver les intérêts

budgétaires de l’Etat114

. L’adoption de seuil d’assujettissement trop bas a aussi rendu difficile

une gestion efficace de la TVA.

Enfin, il convient d’ajouter les exonérations de TVA sur certains biens. En effet, les

erreurs de conception - lorsqu’il en existe dans un système fiscal - perturbent le jeu des

rouages que comporte l’économie du marché. Une interruption dans la chaîne des

déductions de TVA compromet tout l’équilibre du système de TVA : une exonération en

cours de circuit alourdit la charge fiscale, l’intermédiaire non exonéré intervenant après

l’intermédiaire exonéré devra taxer l’opération sur le tout sans pouvoir déduire (Lauré, 1993).

Si la TVA apparaît comme l’impôt qui obéit à la nécessité de mobiliser des ressources

fiscales supplémentaires et, est susceptible de renforcer le développement économique, l’on

doit tout de même analyser les vertus ainsi que les entraves à la TVA qui subsistent

aujourd’hui dans certains Etats de l’UEMOA, en vue de rendre la TVA véritablement

neutre dans chaque Etat. Cela nécessite une harmonisation des législations fiscales d’une part

et devra dégager certains principes de base pour la mise en œuvre d’une TVA au sein des

pays de l’Union d’autre part.

Dans le cas de l’UEMOA, nous entendons par transition fiscale, le passage des régimes

fiscaux nationaux actuels à un régime fiscal communautaire conçu dans une optique

d’intégration économique des pays de l’Union. Dans ces conditions, il s’avère nécessaire de

définir les orientations des futures politiques fiscales, tant au plan législatif

qu’organisationnel dans les Etats membres de ladite Union.

C’est dans cette nouvelle communauté d’intérêts que les Etats membres de l’UEMOA vont

chercher à promouvoir un développement harmonieux des activités économiques, une stabilité

accrue et un relèvement du niveau de vie. La réalisation de tels objectifs exige une

concertation très étroite au niveau des décisions, mais également une coordination de tout un

ensemble de politiques dont la rentabilité n’avait été évaluée jusqu’alors qu’en fonction des

intérêts nationaux.

114 Règle du butoir : lorsque le montant de la taxe déductible au titre d’un mois est supérieur à celui de la

taxe exigible, l’excédent constitue un crédit d’impôt imputable sur la taxe exigible le mois suivant. Selon les

dispositions en vigueur, le crédit d’impôt ne peut pas faire l’objet d’un remboursement au profit de

l’assujetti. Les assujettis ne pouvant pas se faire rembourser leur excédent de crédit de TVA, ceci constitue

donc une entrave au mécanisme général de la TVA. L’excédent non remboursé apparaît désormais comme

une charge pour l’entreprise et comme une recette exceptionnelle pour l’Etat.

Page 250: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

249

4.2.2.2 Transition fiscale dans l’UEMOA : mythe ou réalité ?

Parmi les objectifs fixés par le Traité de l’UEMOA, figure la création d’un marché commun

basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit

d’établissement, ainsi que sur un tarif extérieur commun et l’harmonisation des législations

fiscales des Etats membres.

C’est ainsi qu’après la libéralisation des échanges intracommunautaires et l’adoption d’un

tarif extérieur commun, les régimes de taxe sur la valeur ajoutée et de droits d’accises115

ont

été harmonisés, favorisant l’éclosion d’activités économiques et financières compétitives dans

le cadre d’un marché ouvert et concurrentiel ainsi que d’un environnement fiscal et juridique

rationalisé et harmonisé.

Aussi, les Etats membres ont-ils mis en œuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté qui

induisent des charges récurrentes importantes. Dans ce contexte, l’impératif de mobilisation

des ressources confère à la fiscalité intérieure un rôle prépondérant dans le financement du

développement et des politiques sociales. La transition fiscale doit également soutenir la

croissance par un allègement des prélèvements fiscaux sur le capital et le travail, et

promouvoir le financement du développement sur ressources propres.

Pour réaliser ces objectifs, le programme dénommé « Programme de transition fiscale » a été

élaboré à partir des conclusions du séminaire sur la mise en place d’une fiscalité de

développement, tenu à Bamako du 6 au 8 décembre 2005. Quels est le champ d’application de

ce programme et quels effets implique son application dans les pays de l’UEMOA ?

a) Champ d’application du « Programme de transition fiscale » de l’UEMOA

Comme précédemment annoncé, la transition fiscale concerne le marché commun, le

développement, les ressources de l’Etat ainsi que synergie entre les différentes

administrations fiscales et douanières.

115 Les droits d'accises sont des taxes indirectes sur la consommation ou l'utilisation de certains produits.

Contrairement à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), il s'agit principalement de taxes spécifiques, c'est-à-dire

exprimées en tant que montant monétaire par quantité de produit.

Page 251: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

250

(i) Consolidation du marché commun

La transition fiscale doit faciliter l’approfondissement du marché commun, par le

renforcement des instruments de libéralisation des échanges intracommunautaires et la

suppression de toutes les entraves résiduelles à la libre circulation des marchandises.

Au plan intérieur, il s’agit de mettre en place une fiscalité de droit commun, mieux articulée à

la fiscalité douanière, orientée vers la promotion de la compétitivité et la croissance

économique, tout en facilitant la mobilisation des recettes fiscales et une bonne allocation des

ressources.

La mise en œuvre du programme de transition fiscale offre l’opportunité d’ouvrir les chantiers

de l’harmonisation des fiscalités directes intérieures, en soutien à l’approche de l’Union en

matière de libre circulation des personnes, des services, des capitaux ainsi que de droit

d’établissement.

La réalisation de tels objectifs nécessite l’application des mesures suivantes :

La libéralisation des échanges intracommunautaires (élimination des barrières non

tarifaires ; suppression des exonérations, exemptions et autres aides fiscales,

génératrices de distorsions de concurrence dans le marché commun, etc.).

Le tarif extérieur commun - TEC - (prise en compte des contraintes de la zone en

matière budgétaire, fiscale et commerciale dans les engagements tarifaires au cours

des négociations commerciales).

L’approfondissement de l’harmonisation des fiscalités intérieures indirectes :

élimination des exonérations, exemptions et autres aides fiscales entrainant notamment

des distorsions de concurrence ; amélioration des indicateurs relevant de la politique

fiscale, par l’augmentation du taux de pression fiscale, notamment du ratio TVA/PIB

et du rendement des droits d’accises (élargissement de l’assiette, fiscalisation des

activités informelles).

L’harmonisation de la fiscalité directe : signature d’une convention multilatérale de

non-double imposition et d’assistance réciproque entre les Etats membres de

l’UEMOA ; mise en place d’outils de mesure du niveau de fiscalité optimale qui

concilie l’impératif de mobilisation des ressources publiques et l’exigence d’un

Page 252: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

251

environnement propice à l’investissement et à la croissance économique ; adoption par

les Etats membres de l’Union du taux marginal effectif d’imposition (TMEI), comme

concept opératoire.

L’amélioration de l’environnement fiscal et douanier (recherche par les Etats d’une

relation de confiance entre l’administration et le contribuable ; lutte contre la fraude et

la corruption ; mise en place d’une fiscalité adaptée aux petites entreprises).

(ii) Soutien à la croissance et au financement du développement

Les actions du Programme de transition fiscale doivent favoriser la formation d’une épargne

interne pour le financement des investissements qu’implique l’objectif d’une croissance forte,

durable et réduisant la pauvreté. Les mesures envisagées doivent permettre une protection

effective plus adéquate de certaines filières agricoles et industrielles sensibles et répondre aux

nouveaux besoins de financement des programmes communautaires sectoriels et

d’aménagement du territoire de l’Union.

(iii) Mobilisation optimale des ressources fiscales et douanières

La mobilisation des ressources fiscales et douanières permet de procurer à l’Etat des

ressources suffisantes, tout en minimisant les distorsions économiques. Dans ce cadre,

l’objectif est d’abord d’inclure dans le champ d’application de l’impôt, le maximum

d’activités économiques, surtout celles dont la croissance est rapide. Il s’agit de :

l’accroissement de la mobilisation des ressources fiscales intérieures notamment,

celles procurées par la TVA et les droits d’accises en vue de faire face aux contraintes

de la transition fiscale ;

l’élargissement de l’assiette et la baisse des taux nominaux ;

la modernisation des formes d’organisation et méthodes de travail des administrations

fiscales et douanières en vue de rendre plus efficient le recouvrement des impôts,

droits et taxes.

Page 253: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

252

(iv) Renforcement des capacités et de la synergie entre administrations fiscales et

douanières

Un système fiscal flexible et mieux articulé entre fiscalité de porte et fiscalité intérieure, est

un réceptacle propice au processus de substitution graduelle de la fiscalité intérieure à la

fiscalité de porte. Dans la perspective d’une augmentation continue de la productivité des

administrations fiscales, d’un élargissement et d’une meilleure maîtrise de l’assiette fiscale, le

système fiscal doit reposer sur la recherche d’une plus grande synergie entre les services

fiscaux notamment en ce qui concerne les procédures d’échange d’informations. Pour se faire,

les mesures suivantes doivent être prises :

le renforcement des capacités des administrations fiscales et douanières,

notamment pour lutter contre la fraude ;

l’allocation de ressources budgétaires suffisantes destinées à ces

Administrations ;

le renforcement des capacités de la Commission en vue de permettre un suivi-

évaluation efficace de la mise en œuvre des réformes ;

la création de structures d’enquêtes et de recherches de renseignements

communes aux administrations fiscales et douanières.

c) Application de la TVA dans les Pays de l’UEMOA

La réalisation d’une transition fiscale réussie et favorable à l’intégration économique implique

deux types de mesures : la première vise à supprimer les entraves au principe de la neutralité

de la TVA ; la deuxième veille à l’harmonisation des législations.

(i) Suppression des obstacles au principe de neutralité de la TVA

En vue d’une bonne harmonisation des législations en matière de la TVA, chaque Etat

devra préalablement assainir sa loi TVA de telle sorte qu’elle ne contienne plus les

dispositions contraires aux principes de neutralité de la TVA. La lutte contre la fraude, la

Page 254: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

253

modernisation de la gestion de la TVA par un système informatique moderne et performant -

afin de permettre la synergie interne entre les administrations des impôts et des douanes

dans chaque pays et entre les pays de l’Union -, sont des nécessités pour que la TVA

puisse jouer pleinement ses vertus. Ainsi, dans le cadre de l’assainissement des

dispositions nationales de la TVA, chaque pays de la zone devra :

généraliser la TVA dans tous les secteurs d’activités ou à tous les produits

destinés à la consommation.

La vente d ’ un bien exonéré de TVA génère en aval un crédit net de TVA, compte tenu de

la TVA qui a été acquittée en amont ; il devrait faire l’objet d’un remboursement dès lors

qu’il provient d’une opération légalement exonérée. Les exonérations de TVA entraînent

des pertes de recettes importantes amplifiées par celles induites par le détournement du

dispositif.

Appliquer une TVA à taux unique.

L’application des taux multiples de TVA entraîne des distorsions en raison de leur

difficulté d’application. Comparativement au cas d’une TVA à taux unique, la multiplicité

des taux entraîne l’apparition de crédits supplémentaires de TVA.

Supprimer les exonérations de TVA à des fins d’incitations ainsi que les

restrictions sur les droits à déduction.

Les exonérations de TVA sont néfastes du fait qu’elles entraînent inévitablement la non-

déductibilité de la TVA supportée par le produit concerné. De même, Les restrictions sur les

biens et services ouvrant droit à déduction de TVA inhibent le mécanisme de la neutralité

de la TVA et détournent la compétitivité des productions locales.

Supprimer les dispositions relatives à la règle du butoir : lorsque le montant

de la taxe déductible au titre d’un mois est supérieur à celui de la taxe exigible,

l’excédent constitue un crédit d’impôt imputable sur la taxe exigible le mois

suivant.

Selon les dispositions en vigueur, le crédit d’impôt ne peut pas faire l’objet d’un

remboursement au profit de l’assujetti. Les assujettis ne pouvant donc pas se faire

rembourser leur excédent de crédit de TVA, ceci constitue une entrave au mécanisme

Page 255: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

254

général de la TVA. L’excédent non remboursé apparaît désormais comme une charge

pour l’entreprise et comme une recette exceptionnelle pour l’Etat.

Informatiser les procédures fiscales et instituer un identifiant fiscal unique afin de

lutter contre la fraude.

Dans le souci d’une augmentation continue de la productivité des administrations fiscales et

en vue de maîtriser l’assiette de la TVA et de faciliter le mécanisme de déduction de TVA

entre les Etats membres de la communauté, il s’impose une automatisation des procédures et

des formalités douanières d’une part, et une interconnexion des systèmes informatiques

des douanes, des impôts et du trésor public d’autre part.

Fiscaliser les activités informelles en vue de l’élargissement de l’assiette de la

TVA.

Les entraves à la TVA étant fonction des législations de TVA en vigueur, d’autres mesures

visant à supprimer les entraves au principe de neutralité de la TVA, peuvent s’ajouter à

celles citées ci-dessus selon les cas de figure qui se présenteront au sein des différents pays

et au sein de l’Union.

(ii) Harmonisation des législations TVA au sein de l’UEMOA

En vue de l’harmonisation de la législation en matière de TVA au sein de l’Union, les pays

de l’UEMOA doivent harmoniser leurs politiques fiscales afin de contribuer à la diminution,

voire à l’élimination de la concurrence fiscale déloyale pratiquée entre les Etats de l’Union.

L’institution des principes de la TVA dans l’Union, en conformité avec le principe de

neutralité de la TVA, nécessite que les pays membres ne pas perdent de vue qu’une

Union économique et monétaire présente des avantages tels que les effets de création de

trafic, mais aussi des inconvénients tels que les effets de détournement de trafic. Déjà, en

(Viner & Ducros, 1951) , avaient soulevé l’idée selon laquelle toute Union n’est pas

forcément avantageuse pour tous. En tenant compte de tous ces facteurs, le principe clé

est celui de la territorialité. Les frontières fiscales n’existant pas entre les Etats membres de

l’UEMOA, le territoire à considérer en matière de la TVA sera celui délimité par les

frontières géographiques de toute l’Union.

Page 256: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

255

Par ailleurs, la TVA étant un impôt sur la consommation, il appartient à l’Etat

consommateur de tirer profit de cette TVA. Le principe d’acquisition ou de destination étant

conforme au mécanisme selon lequel la TVA s’applique sur la consommation, elle doit donc

s’appliquer dans le pays de destination qui est le pays potentiel de consommation. La

TVA obéit au principe d’exonération des exportations et de taxation des importations. En

outre, cette modalité rend la charge de la TVA identique tant pour les produits nationaux que

pour les produis exportés. Contrairement au régime de la taxation des livraisons (taxation au

pays d’origine), le régime d’acquisition ne change pas la nature de la TVA et n’en fait pas

un élément du prix de vente susceptible de modifier les conditions de la concurrence.

Au regard de ce qui précède, au titre de l’harmonisation des législations TVA au sein de

l’Union, les principes clés de la transition fiscale dans l’UEMOA ci-après sont recommandés :

Les opérations internes réalisées sur un territoire sont imposables si elles entrent

dans le champ d’application de la TVA.

Les opérations réalisées au sein de l’Union : chaque entreprise assujettie à la

TVA à l’intérieur de l’Union est identifiée par un numéro national. Deux types de

transactions se distinguent dans ce cas (tableau 4-6):

Dans le cas d’une livraison intracommunautaire :

Si le client est identifié, la livraison de la marchandise est exonérée de

taxe pour le pays exportateur et taxée dans le pays importateur.

Si le client n’est pas identifié, la livraison est taxée au départ du pays

exportateur, et exonérée de taxe dans le pays B importateur.

Dans le cas d’une acquisition intracommunautaire :

Si l’entreprise du pays acquéreur est identifiée, l’acquisition est taxée

dans le pays importateur.

Si l’entreprise du pays acquéreur n’est pas identifiée, l’acquisition est

taxée à la TVA dans le pays exportateur et ne subit pas la TVA du

pays importateur.

Page 257: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

256

Tableau 4-6 : Système de taxation dans le cas d’opérations intracommunautaires de l’UEMOA.

Livraison

intracommunautaire

Acquisition

intracommunautaire

Acquéreur identifié Pas de taxation Taxation

Acquéreur non identifié Taxation Pas de taxation

Les opérations réalisées avec le reste du monde : les exportations sont exonérées de

la TVA, et les importations taxées à la TVA.

En vue d’assurer une transaction fiscale dans le cadre d’un accroissement des recettes des

pays de l’UEMOA, la TVA apparaît comme le seul impôt qui répond à l’objectif de la

mobilisation des recettes fiscales supplémentaires suite au désarmement des barrières

tarifaires, d’où la nécessité d’harmoniser les législations fiscales au sein des Etats de l’Union.

Conclusion

La condition de solvabilité des finances publiques et, partant, de soutenabilité de la dette

publique, exige comme principale contrepartie de l’emprunt des recettes publiques futures, les

dons dépendant de décisions prises par la communauté internationale et les recettes de

seigneuriage pouvant engendrer de l’inflation. Les gestionnaires des finances publiques des

pays de l’UEMOA doivent dégager la meilleure combinaison possible entre ces différents

moyens de financement des biens publics (Brun, et al., 2006).

Compte tenu des contraintes pesant sur les dons et sur les ressources de seigneuriage et aussi

de la nécessité de recourir à des ressources fiscales ultérieures pour mobiliser de manière

durable des emprunts, l’impôt constitue une moyen privilégié de couverture de la dépense

publique (United Nations, 2002). C’est dans ce cadre qu’a été adopté en 2006 la Décision

numéro 10/2006/CM/UEMOA portant Programme de transition fiscale (PTF) au sein de

l’UEMOA avec pour objectifs:

Page 258: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

257

la mise en place dans les Etats d’une fiscalité de développement basée sur la

promotion de l’investissement et de la croissance économique;

la mobilisation optimale des ressources fiscales pour le financement endogène des

programmes de développement.

Les pays de l’UEMOA se sont ainsi engagés à :

atteindre un niveau approprié de collecte des recettes publiques pour financer de

manière durable le développement (respect des critères du Pacte de convergence de

l’UEMOA);

mobiliser ces recettes publiques en grande partie à partir de la fiscalité intérieure,

c’est-à-dire à partir de l’activité économique intérieure (réduire la part de la fiscalité

de porte basée sur le commerce international).

Cependant, l’endettement extérieur, quoique désormais moins conseillée car ayant montré ses

limites, s’impose pour l’instant à l’UEMOA et nécessite un dispositif aidant à gérer au mieux

la dette contractée. Dans ce contexte, il a été mis en place la Directive numéro

01/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009 portant Code de transparence dans la gestion des

finances publiques au sein de l’UEMOA. Ce code exige que :

les décisions ayant une incidence sur le budget de l’Etat soient chiffrées et rendues

publiques;

l’évaluation de l’impact financier de ces décisions fasse partie des documents

budgétaires à joindre au projet de loi de finances de l’année.

Au regard de ces objectifs, la Commission a engagé des travaux depuis 2009, en vue

d’installer dans l’Union, la pratique de l’évaluation des dépenses fiscales.

On peut considérer que nous sommes actuellement au cœur de ces processus de gestion de la

dette et de transition fiscale, pour les Etats de l’UEMOA. Vivement qu’ils arrivent à la

hauteur des objectifs recherchés.

Page 259: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

258

CONCLUSION GENERALE

Page 260: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

259

Nous avons essayé, dans cette thèse, d’examiner les contours de la politique budgétaire en

UEMOA tout en nous basant sur une analyse rétrospective de la question relative à la

soutenabilité de la politique budgétaire dans ladite zone. Pour se faire, une revue de la

littérature était indispensable pour expliquer le concept de soutenabilité. La contrainte de

solvabilité intertemporelle qui est le cadre théorique le plus couramment utilisé pour analyser

la soutenabilité des politiques budgétaires des pays industrialisés, n’est pas très pertinent pour

les pays de l’UEMOA, car il ne prend pas en compte certaines sources de financement que

sont le caractère concessionnel de la dette et l’importance des dons et des revenus du

seigneuriage. Nous avons voulu, dans notre étude, tenir compte de ces aspects.

Il ressort de nos résultats d’étude de financement du déficit budgétaire que, sur la période

étudiée (1985-2012), la soutenabilité de la politique budgétaire de l’UEMOA semble osciller

à court terme entre des niveaux soutenables et des niveaux non soutenables.

Par ailleurs, à l’objectif de réduire le poids de la dette dans l’UEMOA en vue de garantir la

soutenabilité budgétaire à l’Union, se corrobore la nécessité d’un accroissement des recettes

de l’Etat. Les recettes fiscales constituant la majorité des revenus des Economies de

l’UEMOA, la politique fiscale est le moyen privilégié qui se présente aux Etats membres de

cette Union.

Cependant, la politique fiscale, qui porte sur le niveau de prélèvement obligatoire et

l’amélioration du rendement des recettes publiques par les différents impôts, ainsi que sur le

taux de ces derniers et l’assiette fiscale, est à distinguer de la politique budgétaire, qui, elle,

porte sur le niveau des dépenses publiques et leurs bénéficiaires116

.

Aussi, comme instrument de développement économique, la fiscalité présente des limites. La

difficulté principale réside dans le conflit permanent entre les grands objectifs de l’imposition

que sont la justice, l’équité et l’efficacité. Ces enjeux de la politique fiscale ne sont pas que de

simples ambitions compatibles ; elles sont bien mais trop souvent contradictoires. En effet, un

gouvernement soucieux d’une grande efficacité aura des difficultés à parvenir à l’équité et

116 Quoiqu’ayant des similarités, ces deux politiques ont aussi des divergences dont la principale porte sur leur

incidence. Dans le cas de la politique budgétaire, l’administration est en mesure d’identifier les bénéficiaires de

ses transferts et de prévoir le volume global de ceux-ci. Par contre, l’incidence réelle de l’impôt est encore mal

connue dans la plupart des cas, de même que le coût des exonérations fiscales pour le budget de l’État. De plus,

le contribuable dispose d’une marge de liberté non négligeable pour moduler le montant des impôts qu’il verse.

En effet, la plupart des décisions économiques des redevables (entreprises ou ménages) ont une influence,

connue ou inconnue, sur les impôts qu’ils auront à payer, qu’il s’agisse de l’arbitrage entre consommation et

épargne, de la décision d’investir ou du choix entre les différentes catégories de biens ou de forme de placement.

Page 261: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

260

inversement, la recherche d’équité peut faire atteindre défavorablement l’efficacité. Un

équilibre optimal s’impose entre ces objectifs.

Une autre difficulté de la politique fiscale comme instrument d’intervention de l’État réside

dans son inadaptation. L’impôt sur le capital et l’instauration d’un droit de douane visant à

protéger la production nationale de la concurrence étrangère en sont des exemples palpables :

le droit de douane risque d’avoir des impacts négatifs sur l’activité économique et sur le

budget, l’application d’un trop fort taux d’imposition sur le capital décourage

l’investissement.

Pour ce qui est de l’analyse de la soutenabilité de la dette dans

l’UEMOA

Les résultats de notre étude ont montré que les pays de la zone UEMOA présentent des

déficits budgétaires très prononcés et qu’ils ont des ressources insuffisantes pour faire face

au remboursement de leurs dettes.

Il est évident que des facteurs pèsent négativement sur la croissance économique de

l’UEMOA et in fine, sur la balance des paiements et sur le déficit courant.

Dans tous les cas, un effort supplémentaire d’assainissement des finances publiques est plus

que nécessaire au moins à court terme pour améliorer le niveau des réserves qui constituent un

signal de la capacité des pays de l’UEMOA à honorer leurs obligations, même dans le cadre

d’un choc défavorable. Pour cela, la poursuite à moyen terme de la réduction du déficit

budgétaire est plus que nécessaire en s’attaquant particulièrement aux rigidités budgétaires et

aux dépenses publiques, sources de gaspillage.

La première d’entre-elles, sont les dépenses publiques consacrées à la rémunération des

travailleurs. En effet, il faut entamer par la partie la plus représentative du budget car c’est là

où il y a le plus de marges de manœuvre. Un des critères de second rang du PSCC de

l’UEMOA, le ratio masse salariale sur recettes fiscales a dû sa promotion parmi ces critères

qui servent de repères structurels à l’appréciation et à la conduite des politiques budgétaires

Page 262: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

261

nationales, par son niveau particulièrement élevé au début des années 1990. De fait, la crise

financière et économique qui a précédé la dévaluation, avait été exacerbée par le poids de la

masse salariale des Etats qui s’est accru très rapidement, à la faveur notamment d’une

croissance rapide des effectifs de la fonction publique. Cette rubrique de dépenses constitue

une source de gaspillage importante pour les pays de l’Union.

Par ailleurs, nous avons les dépenses relatives aux investissements qui peuvent également

constituer pour l’Etat une source de gaspillage. En effet, au sein de l’UEMOA, les dépenses

allouées aux investissements non marchands sont légion ; les fonds sont dépensés de façon

contraire aux intérêts de la population vu qu’il y a absence de bénéfice. Au contraire, il

faudrait investir dans des projets porteurs de croissance. La rationalisation de ces dépenses

consacrées aux salaires et aux investissements non marchands, aiderait à détendre les

dépenses publiques.

Or, plus on resserre les dépenses relatives aux biens et services de base, plus l’impact sur la

croissance est négatif. Dans le souci de ne pas impacter négativement la croissance par la

réduction des dépenses publiques, les Etats pourraient accroître leurs revenus par les impôts.

Cependant, parce qu’ils sont confrontés à une limite de la charge de l'impôt qu'ils peuvent

imposer aux citoyens, les Etats font face à une contrainte de faisabilité sur le montant de

revenu qu'ils peuvent lever. Là aussi, le résultat peut être qu'une série de politiques

budgétaires qui initialement satisfaisait la contrainte de solvabilité, devienne inadéquate dans

le temps.

Pour ce qui est de l’étude du financement du déficit budgétaire dans

l’UEMOA :

La comparaison du solde primaire soutenable calculé avec le solde primaire observé sur la période

1985-2012 nous fait dire que dans la plupart du temps, le solde primaire observé exprimé en

pourcentage du PIB est largement inférieur au ratio du déficit budgétaire souhaitable pour une

soutenabilité, ce qui traduit une non-soutenabilité de la dette des pays de l’UEMOA. Cependant,

les rares cas où les soldes budgétaires primaires ont été supérieurs aux seuils critiques de

soutenabilité nous font espérer que les Etats de l’UEMOA arrivent parfois et sont donc capables

Page 263: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

262

de dégager des excédents budgétaires primaires, de sorte que leur montant permette de

contrebalancer la différence qui existe entre le taux d'intérêt réel de la dette et le taux de

croissance réel de l'économie.

A l’aspect quantitatif que l’on associe spontanément à la notion d’excédent primaire, il faut

donc ajouter un aspect qualitatif. Cette dernière variable étant une interface entre deux

réalités, l’une budgétaire et l’autre économique, elle ne peut pas être un objectif en soi, mais

doit faire l’objet d’arbitrages.

Pour ce qui est des initiatives PPTE et IADM

Au cours de la dernière décennie, la dette externe des pays en développement a été

significativement réduite. L’amélioration de leurs performances macroéconomiques, liée

notamment à une meilleure gestion des finances publiques et à l’impact positif sur leurs

soldes courants de termes de l’échange favorables, a contribué à réduire le fardeau de la dette

extérieure de ces pays.

En effet, Depuis le début des années 2000, plusieurs facteurs ont contribué à réduire la dette

des pays en développement. L’amélioration des performances macroéconomiques, liées à une

meilleure gestion des finances publiques, et une consolidation de la qualité des institutions,

dans un contexte récent de prix élevés des matières premières et de termes de l’échange

favorables, ont permis aux pays en développement de réduire le fardeau de leur dette.

Cependant, certains constats peuvent remettre en cause cette progression des objectifs du

millénaire en matière de réduction de la dette :

Page 264: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

263

L’amélioration de la solvabilité externe des pays d’ASS s’est néanmoins

accompagnée d’un recours accru à l’endettement domestique117

A cet égard, (Cabrillac & Rocher, 2009) soulignent que la mise en œuvre par les États

africains de politiques publiques visant à diversifier leurs modes de financement a participé de

cette tendance. La dette domestique en ASS est ainsi passée de 15% du PIB en moyenne sur

la période 1995-2000 à plus de 22% sur la période 2001-2008. Ce développement n’est

cependant pas homogène et des disparités existent entre pays, reflétant pour partie

l’insuffisance de l’épargne domestique, le développement encore insuffisant de

l’intermédiation financière et le manque de profondeur et de liquidité des marchés financiers

locaux.

Même si la dette domestique était inférieure à 5% du PIB en 2008 dans les pays de l’UEMOA

(Adelegan & Radzewicz-Bak, 2009), ces derniers restent vulnérables à un certain nombre de

facteurs susceptibles d’affecter la viabilité de leur dette extérieure.

La crise peut affecter les canaux de financement externes de certains pays d’ASS

Compte tenu de la spécialisation des pays de l’UEMOA dans les matières premières, qui

représentent leur principale source de revenus, la crise financière s’est diffusée par un choc

brutal sur les exportations de ces pays et sur les termes de l’échange, affectant tant les

comptes courants que les recettes budgétaires.

Des facteurs de fragilité persistants, en dépit d’améliorations des indicateurs

d’endettement

Force est de constater que les indicateurs d’endettement existant ont pour vocation d’être des

indicateurs de la capacité des pays à assurer le remboursement de la dette, soit par la richesse

qu’ils génèrent (PIB ou PNB), soit plus directement par la part de celle-ci permettant de

générer des devises transférables (le montant des exportations). les institutions financières

117 (Beaugrand, Loko, & Mlachila, 2002)

Page 265: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

264

internationales (IFI) privilégient une analyse en termes de stock – basée sur la théorie du debt

overhang118

(Berr & Combarnous, 2007) –, alors qu’elles devraient prendre en compte

« l’impact social » du remboursement sur les populations des pays débiteurs, qui ne peut être

véritablement appréhendé que par une analyse élaborée à partir du service de la dette car cette

charge annuelle de remboursement pèse davantage sur la satisfaction des besoins essentiels

des populations des pays en développement (PED) que le stock de la dette.

Pour ce qui est de financement du développement

La corruption et la fraude prenant de l’ampleur dans les économies des pays de l’UEMOA, la

lutte contre ces deux fléaux constitue un facteur essentiel de la pérennité de l’édifice

fiscal d’autant plus qu’elle biaise le mécanisme de la TVA. Les Etats doivent veiller à ce

que les entreprises collectrices de TVA ne soient pas amenées à supporter l’incidence de

certains impôts en raison du développement de la fraude.

Pris isolément, le mécanisme de TVA institué dans la majorité des Etats africains entraîne

certaines entraves au principe de la neutralité de la TVA, ce qui ne permet pas à la TVA

de jouer pleinement ses vertus. C’est pourquoi, chaque Etat membre devra d’abord

éradiquer toutes ces difficultés qui subsistent. Par la suite, une harmonisation des

législations entre les l’Etats pourra être mise en œuvre. Il s’agit d’un long processus dont

l’aboutissement nécessite : la définition de bonnes règles ; le développement de l’efficacité

des administrations ; un capital de ressources humaines expérimentées et motivées et

l’affectation de moyens de fonctionnement suffisants.

118 On appelle « debt overhang » les effets négatifs sur l’économie d’un pays, de l’accumulation d’une dette

extérieure importante. Elle implique des paiements d’intérêts importants au reste du monde (donc une perte de

revenu), l’incapacité de s’endetter davantage même pour financer des investissements utiles, un niveau plus

élevé de taux d’intérêt et bien d’autres.

Page 266: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

265

En conclusion, il ressort de notre étude que malgré la baisse remarquable du niveau

d’endettement, la soutenabilité de la dette en UEMOA demeure préoccupante en l’absence

des exportations très diversifiées et de renforcement de la coordination budgétaire de l’Union.

la réduction du fardeau de la dette de l’UEMOA s’est contractée à la faveur des initiatives en

faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et de l’allégement de la dette multilatérale

(IADM). Malgré cette évolution favorable, partiellement contrariée par l’essor récent de

l’endettement interne, les pays à faible revenu (PFR) restent vulnérables à un certain nombre

de facteurs susceptibles d’affecter la viabilité de leur dette, tels que les faiblesses structurelles

de ces économies ; leur exposition à des chocs, notamment externes, des capacités limitées en

matière de gestion de la dette ainsi qu’un accès irrégulier aux sources de financement

extérieur.

Aussi, les pays d’ASS y compris ceux de l’UEMOA apparaissent-ils d’autant plus vulnérables

que la crise financière actuelle risque d’augmenter leurs besoins de financement. En effet, la

crise s’est diffusée principalement par un choc brutal des termes de l’échange, qui s’est

traduit, en particulier pour les PFR exportateurs de matières premières, par une nette

détérioration des comptes publics (du fait de l’impact très négatif sur les recettes budgétaires)

et des comptes extérieurs, aggravée par la diminution des flux d’investissements directs,

souvent concentrés dans le secteur des matières premières, et des transferts des migrants. Ces

évolutions ont accru les risques d’un retour à un surendettement public et externe.

L’apparition de nouveaux prêteurs émergents, dont les conditions de prêts ne sont pas

toujours compatibles avec le cadre qui fait consensus chez les prêteurs traditionnels, renforce

encore ce risque.

Le FMI a évalué les perspectives d’évolution de la dette pour les pays ayant atteint le point

d’achèvement PPTE. Alors que l’initiative IADM permet aux pays ayant franchi le point

d’achèvement PPTE de bénéficier d’une annulation quasi intégrale du stock de leur dette

bilatérale auprès des créanciers du Club de Paris et d’annulations de leur dette par les

créanciers multilatéraux, un peu plus de 60% des pays bénéficiaires présentaient encore en

2009 un risque modéré ou élevé de surendettement ( (FMI, 2008) et (FMI, 2009)).

Dans l’UEMOA, les efforts jusque-là fournis de mobilisation des recettes restent insuffisants

pour permettre à l’Etat de disposer d’assez de marge de manœuvre face à la demande sociale.

Pour consolider ces performances et respecter les conditions de convergence, un rééquilibrage

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266

budgétaire s’impose dans les pays où les déficits sont plutôt élevés face aux prévisions de forte

croissance et à la nécessité de reconstituer les volants budgétaires.

Partant des résultats qui découlent de nos différentes analyses de la soutenabilité de la dette et

du financement du développement dans l’UEMOA, la dernière partie de notre thèse identifie

les principales mesures de politiques nécessaires pour résorber les déséquilibres extérieurs et

résoudre le problème pertinent de la soutenabilité de la dette. A cet effet, des

recommandations sont faites dans le cadre de la mobilisation des recettes.

Ainsi, à l'objectif de proposer un financement optimal des déficits budgétaires après une

étude approfondie des politiques budgétaires des pays membres de la zone UEMOA, de 1975

à 2012, nous évoquons ici, à la suite des résultats auxquels nous sommes parvenus, les

recommandations proposées à l’endroit des autorités économiques et financières des pays de

l’UEMOA et à l’endroit des autorités internationales.

Recommandations à l’endroit des autorités nationales

1° La nécessité d’une gestion saine et transparente des finances publiques par les

représentants des pouvoirs publics des pays de l’Union.

Les dépenses publiques peuvent favoriser la croissance des économies de l’UEMOA

lorsqu’elles sont destinées aux investissements, mais sont également susceptibles de la freiner

quand elles privilégient la consommation. Un tel constat pose deux problèmes, d’une part,

celui du seuil au-delà duquel les dépenses de consommation, indispensables au

fonctionnement des administrations publiques, deviennent nuisibles à la croissance

économique et, d’autre part, celui de la destination effective des engagements de dépenses

effectués.

Page 268: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

267

2° Dans un contexte de raréfaction des sources de financement des dépenses, la question

relative à la qualité des dépenses publiques mérite également d’être posée.

Il faut veiller à son utilisation effective de la dépense publique dans les secteurs prioritaires

pour le développement (éducation, santé, infrastructures de transport, dépenses sociales).

3° Accroître de manière conséquente les ressources de l'État.

Il ressort des résultats des pays étudiés que les gouvernements doivent impérativement

améliorer la mobilisation des ressources, et en particulier accroître les recettes publiques. Les

dépenses publiques sont nettement en deçà ce qu’elles devraient être pour assurer le

remboursement de la dette. Cela est dû au fait que les recettes publiques sont très faibles ; et

cela se traduit par des déficits budgétaires persistants dans les pays étudiés. De ce fait, ces

pays demeurent tributaires de l’aide extérieure. Pour y arriver, il faudrait :

4° Accroître l’efficacité du système fiscal.

Les pays de l’UEMOA devront poursuivre leurs efforts en matière de mobilisation des

ressources fiscales intérieures en veillant aux principes d’équité et de solidarité et en

minimisant les distorsions économiques. La politique fiscale doit relever plusieurs défis parmi

lesquels: l’élargissement de l’assiette fiscale, l’amélioration de l’efficacité de la TVA, la

rationalisation des dépenses fiscales, la lutte contre la fraude fiscale et la contrebande, et la

modernisation de l’administration fiscale.

5° Réexaminer les dépenses publiques au profit des dépenses porteuses de croissance : il

faut privilégier l'endettement de croissance au détriment de l’endettement de crise.

Des études ont montré que, pendant plus de 40 ans (1965-2006), 40% de l’aide publique au

développement a été consacrée à la consommation intérieure, plus d’un tiers à des sorties de

capitaux et seulement un quart à l’investissement productif. Une telle répartition, qui est

contraire à tous les principes de stimulation du développement, pourrait être modifiée si les

donateurs faisaient preuve de souplesse.

Page 269: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

268

6° freiner les sorties de capitaux.

Cette décision aurait un fort impact sur la mobilisation des ressources. Retenir, ne serait-ce

qu’une petite partie de ces capitaux, par exemple au moyen d’une taxe sur les mouvements

des capitaux, permettraient d’accroître les recettes publiques de façon énorme. Cependant,

cette rétention des capitaux doit servir à alimenter les investissements à l’intérieur des pays et

de l’Union et ce, afin de mettre un frein à la surliquidité de l’UEMOA.

Recommandations à l’endroit des autorités internationales, au niveau de

l’UEMOA :

1° Coordonner mieux les politiques budgétaires afin de préserver la viabilité de la dette et

la stabilité de l'Union à moyen terme.

L’expérience de la zone euro a montré que la discipline budgétaire dans chaque membre d’une

union monétaire est d’une importance critique pour la stabilité de l’union. Or d’après l’analyse

des services du FMI, la discipline du marché est limitée au sein de l’UEMOA et, s’il est

possible qu’elle s’améliore avec le développement du marché, elle restera probablement

insuffisante pendant quelques années. Un renforcement du dispositif de surveillance régionale

est donc souhaitable.

2° Revoir les critères de convergence relatifs au ratio d’endettement et au solde

budgétaire de base.

Ce dernier a été conçu à un moment où tous les pays de l’Union étaient surendettés et

confrontés à des ratios d’endettement bien supérieurs à 70 % du PIB. Avec l’arrivée de la

Côte d’Ivoire au point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2012, tous les pays de l’UEMOA

ont maintenant bénéficié d’un allégement sensible de leur dette et ont un ratio d’endettement

bien inférieur à 70 % du PIB. Ce changement structurel majeur amène à se demander s’il

convient de maintenir ce plafond à 70%.

Page 270: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

269

Par ailleurs, en dépit de l’amélioration de la situation macroéconomique de l’Union, les

résultats en matière de convergence ne sont pas satisfaisants : un seul Etat membre, le Niger

respecte les quatre critères de premier rang en 2012. A part ce pays, le Bénin et le Burkina

Faso respectent le critère clé relatif au solde budgétaire de base et cinq Etats membres

respectent trois critères de premier rang.

Il faut revoir les critères de convergence relatifs à la dette publique et au déficit budgétaire et

renforcer l’application de l’ensemble du dispositif pour en améliorer le respect et en accroître

l’adhérence.

3° La définition du solde budgétaire de base (critère-clé) pourrait être revue.

Le fait d’exclure de la définition actuelle du SBB les dépenses en capital financées sur

ressources extérieures soulève deux questions : premièrement, les dépenses exclues sont un

important facteur à l’origine de l’accumulation de la dette, qui a fortement contribué dans le

passé au surendettement; deuxièmement, une distinction est ainsi établie entre les sources de

financement au détriment des financements nationaux et régional.

Un objectif de déficit global permettrait de mieux maîtriser l’accumulation de la dette et ne

créerait pas de distorsion. Il suffirait de déterminer à quel niveau fixer le plafond du déficit

global pour assurer la viabilité de la dette tout en permettant des interventions contracycliques.

Cependant, il faut dire qu’une telle approche pourrait être plus difficile à mettre en place dans

l’UEMOA, en raison de l’absence de cycles économiques précis et de problèmes liés à la

qualité et à la disponibilité des données. Une autre méthode possible est celle qui consisterait à

prendre comme référence pour la fixation du plafond le niveau de déficit qui stabiliserait le

ratio d’endettement à l’état stationnaire (comme vu en introduction du présent document). Par

exemple, dans l’hypothèse d’une croissance de 7 % du PIB nominal à l’état stationnaire (5 %

pour la croissance réelle, 2 % pour l’inflation, objectif de la BCEAO), un déficit de 3,5 %

stabilise le ratio d’endettement à 50 %. Le plafond pourrait être fixé à un niveau légèrement

inférieur à ce taux tout en permettant un dépassement temporaire (limité) de ce dernier dans

des circonstances exceptionnelles.

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ANNEXES

Page 287: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

286

Annexe 1 : Tableau A.1, de repères géographiques et économiques des pays de

la Zone UEMOA (année 2013, constant 2005)

Pays Superficie

(km2)

Population*

(millions)

Taux

d’inflation**

PIB 2011

(million US$)***

PIB/habitant

(US$)****

croissance

du PIB

Bénin

112 620 10,32 0,92 6027,58 583,87 5,60

Burkina-Faso

274 000 16,93 -1,91 8640,40 510,21 6,53

Côte d’Ivoire

322 462 20,32 11,48 20608,70 1014,40 8,70

Mali

1 240 192 15,30 0,25 7286,05 476,16 2,15

Niger

1 267 000 17,83 1,17 5160,83 289,43 3,88

Sénégal

196 720 14,13 0,32 11388,67 805,80 4,05

Togo

56 790 6,82 2,00 2892,80 424,35 5,12

(*) Population, total ; SP.POP.TOTL

(**) Inflation, GDP deflator (annual %); NY.GDP.DEFL.KD.ZG

(***) GDP (constant 2005 US$); NY.GDP.MKTP.KD

(****) GDP per capita (constant 2005 US$); NY.GDP.PCAP.KD

Page 288: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

287

Annexe 2 : Tableau A.2 de ratios d’endettement extérieur des pays de

l’UEMOA, de 1972 à 2012

BEN BFA CIV MLI NER SEN TGO UEMOA

*

UEMOA

** 1972 11,04 3,46 21,67 52,80 7,38 10,80 14,02 16,69

1973 17,36 4,60 23,25 51,50 6,86 12,34 17,10 18,26

1974 18,88 6,30 22,92 62,31 9,13 14,98 22,57 20,10

1975 16,83 6,65 24,82 41,29 10,89 13,51 27,16 20,07

1976 19,51 8,74 25,80 38,07 12,47 16,06 37,62 22,29

1977 23,99 11,87 30,70 41,70 9,38 20,41 49,47 26,86

1978 23,12 12,14 35,73 42,55 10,88 25,81 86,11 31,80

1979 29,41 14,08 40,43 32,20 12,26 25,39 110,13 34,62

1980 27,42 14,55 42,52 37,17 15,37 31,55 85,31 36,57

1981 34,39 15,75 52,33 48,55 27,31 38,86 87,95 44,59

1982 52,53 17,50 66,33 60,19 29,19 45,81 95,86 54,04

1983 64,10 22,38 70,83 69,43 37,65 59,09 103,29 61,65

1984 63,06 25,29 69,56 82,78 47,69 62,30 94,24 64,61

1985 71,31 29,49 83,00 98,12 58,85 69,38 103,17 75,62

1986 64,20 28,32 82,64 93,28 52,00 62,75 83,45 71,75

1987 65,73 31,40 92,03 97,80 53,68 66,08 83,86 76,95

1988 62,63 29,33 83,95 97,22 54,58 65,40 76,71 72,77

1989 65,84 24,78 92,93 100,92 49,43 54,32 69,25 73,21

1990 53,38 24,12 98,79 96,52 50,72 51,75 66,35 73,11

1991 53,64 28,06 107,36 101,66 50,24 51,60 71,10 77,43

1992 67,83 43,54 100,82 97,40 51,08 50,14 67,03 78,64

1993 52,52 45,62 100,59 104,04 77,33 54,37 91,34 82,42

1994 80,09 55,01 135,21 144,41 82,21 79,65 124,96 111,08

1995 58,32 47,90 108,20 111,08 71,61 66,94 98,17 90,13

1996 52,16 44,99 93,64 105,49 67,81 63,95 89,35 81,68

1997 52,03 46,71 88,95 109,16 72,63 69,46 80,93 81,21 78,91

1998 51,10 45,90 84,49 109,10 70,90 69,77 83,48 79,07 76,64

1999 50,68 45,10 77,24 109,46 73,66 65,59 81,63 74,74 72,46

2000 52,44 46,97 87,01 110,26 83,11 68,56 95,01 80,76 78,69

2001 52,08 46,70 81,45 98,51 74,27 64,97 90,35 75,45 73,62

2002 51,55 43,74 79,21 73,62 76,38 65,73 90,58 71,95 70,11

2003 38,34 37,84 70,54 65,29 70,97 57,10 89,48 63,22 61,53

2004 37,21 36,73 71,58 62,98 59,22 43,80 82,52 59,21 57,64

2005 33,15 34,07 60,90 57,23 52,27 40,21 68,06 51,66 50,37

2006 12,55 17,00 62,32 25,37 18,86 17,51 69,94 37,61 36,20

2007 13,57 18,62 58,83 25,28 18,30 17,62 65,01 35,88 34,68

2008 12,81 18,03 45,39 22,71 14,86 17,72 46,43 29,39 28,39

2009 14,80 20,56 55,17 22,33 18,12 23,06 46,85 34,40 33,41

2010 16,97 20,97 40,74 24,11 21,53 24,35 31,65 29,70 28,65

2011 16,39 19,72 40,71 23,56 30,38 25,01 9,84 27,83 27,89

2012 17,28 20,55 24,06 27,05 30,69 28,84 11,49 24,14 24,12

Source : Données issues du « World Developent Indicators 2012» de la Banque Mondiale. *

: UEMOA hors Guinée Bissau. **

: UEMOA y compris Guinée Bissau.

Page 289: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

288

Annexe 3-A : Classification des Pays selon le revenu par la Banque Mondiale :

décembre 2010119

Pour les besoins opérationnels et analytiques, le principal critère utilisé par la Banque

mondiale pour classer les économies, est le revenu national brut (RNB) par habitant. Dans les

éditions précédentes, la classification se basait sur le produit national brut, ou PNB.

Sur la base du RNB par habitant, nous distinguons les économies à faible revenu, à revenu

moyen (subdivisées elles-mêmes en revenu moyen inférieur et revenu moyen supérieur) et à

haut revenu. D’autres groupes analytiques, basés sur les régions géographiques et le niveau de

la dette extérieure sont également utilisés. Ainsi, pour les Pays à :

revenu faible (low income), le RNB par habitant inférieur ou égal à 995 dollars) ; il y

en avait 40 en 2010 ;

revenu moyen-inférieur (lower-middle income), le RNB par habitant est compris entre

996 et 3 945 dollars ; ces pays étaientt au nombre de 56 en 2010;

revenu moyen-supérieur (upper-middle income), le RNB par habitant est compris

entre 3 946 et 12 195 dollars) ; il en existait 48 en 2010 ;

revenu élevé (high income) dont le RNB par habitant supérieur ou égal à 11 196

dollars) ; ces pays sont au nombre de 69 en 2010.

119 Tous les graphiques (se référant à la classification selon le revenu) contenus dans la présente thèse sont basés

sur la classification 2010.

Page 290: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

289

Liste des 40 Pays à revenu faible en 2010 (995$ ou moins)

Afghanistan Ethiopie Malawi République Centrafricaine

Bangladesh Gambie Mali Rwanda

Bénin Ghana Mauritanie Sierra-Léone

Burkina-Faso Guinée Mozambique Somalia

Burundi Guinée-Bissau Myanmar Tajikistan

Cambodge Haïti Népal Tanzanie

Comores Îles Salomon Niger Tchad

Congo, Rép. Dém. Kenya Ouganda Togo

Corée, Rép. Dém. Libéria République kirghize Zambie

Erythrée Madagascar Rép. Dém. Pop. Lao Zimbabwe

Liste des 56 pays à revenu moyen-inférieur en 2010 (996$ à 3945$)

Angola Equateur Maroc Soudan

Arménie Georgia Micronésie, Etats Féd. Sri Lanka

Belize Guatemala Moldavie Swaziland

Bhoutan Guyane Mongolie Syrie, Rép. arabe

Bolivie Honduras Nicaragua Thaïlande

Cameroun Îles Marshall Nigéria Timor-Leste

Cap Vert Inde Ouzbékistan Tonga

Cisjordanie et Gaza Indonésie Pakistan Tunisie

Chine Irak Papouasie-Nouvelle-Guinée Turkménistan

Congo, Rép. Jordanie Paraguay Tuvalu

Côte d'Ivoire Kiribati Philippines Ukraine

Djibouti Kosovo Samoa Vanuatu

Egypte, Rép. Arabe Lesotho São Tomé et Principe Vietnam

El Salvador Maldives Sénégal Yémen, Rép.

48

Page 291: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

290

Liste des 48 pays à revenu moyen-supérieur (3946$ à 12195$)

Afrique du Sud Colombie Lebanon République Dominicaine

Albanie Costa Rica Libye Roumanie

Algérie Cuba Lituanie Samoa Américaines

Antigua-et-Barbuda Dominique Macédoine, ex-Rép. Yougoslave Saint-Kitts-et-Nevis

Argentine Fédération Russe Malaisie Saint-Vincent-et-les Grenadines

Azerbaïdjan Fidji Mayotte Sainte-Lucie

Bélarus Gabon Mexique Serbie

Bosnie-Herzégovine Grenade Monténégro Seychelles

Botswana Ile Maurice Namibie Suriname

Brésil Iran, Rép. Islamique Palau Turquie

Bulgarie Jamaïque Panama Uruguay

Chili Kazakhstan Pérou Venezuela, RB

Page 292: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

291

Annexe 3-B : Classification des Pays selon le revenu par la Banque Mondiale :

décembre 2013120

Pays à revenu faible (low income), le RNB par habitant inférieur ou égal à 1045

dollars) ; il existe 34 pays à revenu faible

Economies à revenu moyen-inférieur (lower-middle income), le RNB par habitant est

compris entre 1046 et 4 125 dollars ; ces pays sont au nombre de 50 ;

Economies à revenu moyen-supérieur (upper-middle income), le RNB par habitant est

compris entre 4 126 et 12 745 dollars) ; il en existe 55 ;

Economies à revenu élevé (high income) dont le RNB par habitant supérieur ou égal à

12 746 dollars) ; ces pays sont au nombre de 75.

Liste des 34 Pays à revenu faible (1045$ ou moins)

Afghanistan Erythrée Malawi Rwanda

Bangladesh Ethiopie Mali Sierra-Léone

Bénin Gambie Mozambique Somalie

Burkina-Faso Guinée Myanmar Tajikistan

Burundi Guinée-Bissau Népal Tanzanie

Cambodge Haïti Niger Tchad

Comores Kenya Ouganda Togo

Congo, Rép. Dém. Libéria République Centrafricaine Zimbabwe

Corée, Rép. Dém. Madagascar

120 (Banque Mondiale. IBR-IDA, 2014)

Page 293: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

292

Liste des 55 pays à revenu moyen-inférieur (1046$ à 4125$)

Angola Georgia Moldavie Soudan

Armenia Guatemala Mongolie Swaziland

Belize Guyana Maroc Syrie, Rép. Arabe

Bhoutan Honduras Nicaragua Thaïlande

Bolivia Îles Marshall Nigéria Timor-Leste

Cameroun Inde Ouzbékistan Tonga

Cap Vert Cisjordanie et Gaza Irak Pakistan Tunisie

China Jordan Papouasie-Nouvelle-Guinée Turkménistan

Congo, Rép. Indonésie Paraguay Tuvalu

Côte d'Ivoire Kiribati São Tomé and Principe Ukraine

Djibouti Kosovo Sénégal Vanuatu

Egypte, République Arabe Lesotho Sri Lanka Vietnam

El Salvador Maldives Philippines Yémen, Rép.

Equateur Micronésie, Etats Féd. Samoa

Liste des 48 pays à revenu moyen-supérieur (4126$ à 12745$)

Afrique du Sud Costa Rica Libye Romania

Albanie Cuba Lituanie Russie, Fédération

Algérie Dominique Macédoine, ex-Rép. Yougoslave Saint-Vincent-et-les Grenadines

Antigua-et-Barbuda Chile Île Maurice Saint-Kitts-et-Nevis

Argentina Rép. Dominicaine Mayotte Sainte-Lucie

Azerbaïdjan Fidji Mexico Samoa Américaines

Bélarus Gabon Monténégro Serbie

Bosnie-Herzégovine Grenade Malaisie Seychelles

Botswana Iran, Rép. Islamique Namibie Suriname

Brésil Jamaïque Palau Turquie

Bulgarie Kazakhstan Panama Uruguay

Colombie Lebanon Pérou Venezuela, RB

Page 294: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

293

Annexe 4-A : Tableau A-3 des termes de Lyon et de Cologne, relatifs à

l’initiative PPTE

1996

Termes de Lyon

1999

Termes de Cologne*

Approche flux

financiers

Approche Stock

de Dettes

Approche flux

financiers

Approche Stock

de Dettes Dette concessionnelle (APD

121)

Annulation 0% 0% 0% 0%

Rééchelonnement 100% 100% 100% 100%

Echéances (années) 40 40 40 40

Délais de grâce

(années)

16 16 16 16

Taux d’intérêts ≤ au taux

d’origine

≤ au taux

d’origine

≤ au taux

d’origine

≤ au taux

d’origine

Dette non concessionnelle (non APD)

Réduction de la dette (option I)

Annulation 80% 80% 90%**

90%**

Rééchelonnement 20% 20% 10% 10%

Echéances (années) 23 23 23 23

Délais de grâce

(années)

6 6 6 6

Taux d’intérêts Taux du marché Taux du marché Taux du marché Taux du marché

121 L'aide publique au développement (APD) s'entend des flux d'aide destinés aux pays en développement et

émanant de pays développés qui fournissent cette aide par l'intermédiaire d'organismes officiels, y compris les

administrations locales, ou par l'entremise de leurs agents d'exécution, chaque transaction répondant aux critères

suivants: l'aide est gérée dans l'intention essentielle de promouvoir le développement économique et le bien-être

des pays en développement, et elle est accordée à des conditions de faveur en ce sens qu'elle contient un élément

de libéralité d'au moins 25% (un taux d’actualisation fixe de 10% est utilisé).

Page 295: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

294

Annexe 4-B : Tableau A-3 des termes de Lyon et de Cologne, relatifs à

l’initiative PPTE (suite)

1996

Termes de Lyon

1999

Termes de Cologne*

Approche flux

financiers

Approche Stock

de Dettes

Approche flux

financiers

Approche Stock

de Dettes Dette non concessionnelle (non APD

122)

Réduction du service de la dette (option II)

Annulation 0% 0% 0% 0%

Rééchelonnement 100% 100% 100% 100%

Echéances (années) 40 40 25 25

Délais de grâce

(années)

8 8 65 65

Taux d’intérêts Taux réduits Taux réduits Taux réduits Taux réduits

Dette préalablement refinancée

Appoint pour bénéficier de 80 %

d’allégement de la VA

Appoint pour bénéficier de 90 %

d’allégement de la VA Option de conversion de dette

123

Dette APD Aucune limite Aucune limite

Dette non APD 30 % ou 40 m de DTS124

30 % ou 40 m de DTS

* Les Termes de Cologne constituent les conditions de référence : certains pays peuvent recevoir moins et

d’autres davantage en fonction de l’allégement nécessaire pour atteindre la viabilité.

** Les pays qui ne sont pas en mesure d’annuler la dette peuvent rééchelonner la partie de la dette qui serait

annulée à des taux d’intérêt faibles (0,0001%) et une seule échéance en un seul paiement, comprise entre 6 et 35

ans, dépendant des taux d’intérêt appropriés du marché.

122 L'aide publique au développement (APD) s'entend des flux d'aide destinés aux pays en développement et

émanant de pays développés qui fournissent cette aide par l'intermédiaire d'organismes officiels, y compris les

administrations locales, ou par l'entremise de leurs agents d'exécution, chaque transaction répondant aux critères

suivants: l'aide est gérée dans l'intention essentielle de promouvoir le développement économique et le bien-être

des pays en développement, et elle est accordée à des conditions de faveur en ce sens qu'elle contient un élément

de libéralité d'au moins 25% (un taux d’actualisation fixe de 10% est utilisé). 123

Les conversions de dettes sont des techniques d’allégement de la dette qui altèrent la valeur initiale ou la

nature des instruments de prêt. Initialement, les opérations de conversion de dettes avaient pour objectif de

promouvoir les investissements privés dans les pays en développement, notamment dans le cadre de programmes

de privatisation. Par la suite, ce mode de financement a été étendu aux projets de développement durable mais le

mécanisme financier demeure similaire : l’organisme à but non lucratif acquiert une créance souveraine libellée

en devises avec une décote, cette créance est ensuite annulée en échange d’une contrepartie versée par le pays

débiteur afin de promouvoir des programmes de protection de l’environnement, d’éducation, de santé, etc. Il

existe : conversion de dettes en investissements écologiques, conversion de dettes en prises de participation,

conversion de la dette en espèces, conversion de la dette en finances pour le développement, conversion de la

dette en monnaie locale et conversion de la dette sous forme d’exportations. 124

Droits de tirage spéciaux (DTS) : Unités de compte types du Fonds monétaire international qui sont accordées

aux membres du FMI en fonction de leur quote-part existante et qui font partie des réserves d'un pays. En outre,

les prêts accordés par le FMI comprennent des DTS.

Page 296: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

295

Annexe 5 : Tableau A-4 des étapes du processus de l’initiative PPTE

TRAITEMENT DE LA DETTE AUX TERMES TRADITIONNELS

Les créances commerciales à garantie publique (créances non APD) sont traitées selon les termes de Naples

(jusqu’à 67% d’annulation) et les créances APD sont rééchelonnés au Club de Paris.

Les autres créanciers bilatéraux et commerciaux accordent des conditions au moins comparables.

ADMISSION À L’INITIATIVE PPTE

Le traitement de la dette aux termes traditionnels

permet au pays d’atteindre un niveau d’endettement

soutenable : il n’est pas admis à bénéficier de

l’initiative.

Le traitement de la dette aux termes traditionnels ne

permet pas au pays d’atteindre un niveau

d’endettement soutenable. La Banque Mondiale et le

FMI décident d’admettre le pays à l’initiative.

POINT DE DÉCISION

Tous les créanciers (multilatéraux, bilatéraux et privés) décident de l’allègement de la dette à concéder lors du

point d’achèvement. De nombreux créanciers bilatéraux octroient en outre des allègements supplémentaires en

créances non APD.

PHASE INTÉRIMAIRE

Durant cette période, le pays doit finaliser la rédaction de son DSRP, commencer sa mise en application, et

continuer ses efforts en matière de stabilisation macro-économique, en appliquant les politiques définies au

point de décision. La Banque Mondiale et le FMI accordent une aide intermédiaire. Les autres créanciers

multilatéraux et bilatéraux accordent un allègement de la dette à leur discrétion.

Outre les conditionnalités définies dans la DSRP et le FRPC, le pays doit se soumettre à des conditions

additionnelles PPTE en vue du point d’achèvement (budget, fiscalité, gouvernance, moyens mis en œuvre pour

réduire la pauvreté, performance des politiques sociales…)

POINT D’ACHÈVEMENT « FLOTTANT »

L’accession au point d’achèvement est fonction de la mise en œuvre des politiques définies au point de

décision. C’est à ce stade du processus que les allègements prennent effet si les efforts du pays sont jugés

satisfaisants. Tous les créanciers fournissent l’assistance définie au point de décision (les allègements

intermédiaires fournis entrant en compte dans le total)

Le Club de Paris, au-delà des conditions de Naples, accorde une réduction à des conditions encore plus

concessionnelles pouvant atteindre 90% en VAN de la dette éligible, pour permettre au pays de sortir d’une

situation d’endettement intolérable.

Les autres créanciers bilatéraux et commerciaux appliquent un traitement au moins comparable au stock de la

dette.

Les institutions multilatérales prennent d’autres mesures, le cas échéant, pour ramener la dette du pays à un

niveau tolérable, en choisissant parmi un menu d’options, et en veillant à une répartition large et équitable de la

charge entre tous les créanciers concernés.

Source: (Abrego & Ross, 2002).

Page 297: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

296

Annexe 6 : Encadré A-1 relatif au document de stratégie de réduction de la

pauvreté (DSRP)

Pour que le plan national de lutte contre la pauvreté soit efficace, il faut qu’il soit pris en

charge par le pays et reçoive un large appui de l’opinion publique. Le DSRP contient une

évaluation de la pauvreté et décrit les politiques et les programmes macroéconomiques,

structurels et sociaux qu’un pays mettra en œuvre pendant plusieurs années pour promouvoir

la croissance et réduire la pauvreté ; il expose aussi les besoins de financement extérieur et les

sources de financement connexes. Les DSRP sont établis par les gouvernements des pays à

faible revenu selon un processus participatif dans lequel s’impliquent à la fois les parties

prenantes au niveau national et les partenaires extérieurs du développement, dont le FMI et la

Banque mondiale.

Il revient au pays de définir les priorités de la lutte contre la pauvreté

Le dispositif des DSRP, mis en place en septembre 1999 par le FMI et la Banque mondiale, est

concrétisé par des stratégies générales de réduction de la pauvreté pilotées par les pays. Ce

dispositif a été établi en reconnaissance de l’importance de l’internalisation des programmes

de réformes et de la nécessité de s’appliquer davantage à faire reculer la misère. Les DSRP

visent à assurer un lien essentiel entre les actions des autorités nationales, les concours des

bailleurs de fonds et les résultats requis pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le

développement (OMD) de l’Organisation des Nations Unies visant à réduire de moitié la

pauvreté entre 1990 et 2015. Les DSRP servent de cadre aux prêts concessionnels et

d’allégement de dette du FMI et de la Banque mondiale ainsi qu’à l’Initiative en faveur des

pays très endettés (PPTE). Les DSRP des pays qui ont consenti à leur diffusion peuvent être

consultés sur les sites respectifs du FMI et de la Banque mondiale.

Principes fondamentaux du dispositif des DSRP

Cinq grands principes régissent le dispositif des DSRP. Les stratégies de réduction de la

pauvreté doivent être :

pilotées par les pays et aptes à favoriser l’internalisation des stratégies grâce à une

large participation de la société civile ;

axées sur les résultats et les mesures susceptibles d’avoir un effet bénéfique sur les

pauvres ;

globales, dans la mesure où elles reconnaissent la nature multidimensionnelle de la

pauvreté ;

orientées sur le partenariat via la participation concertée des partenaires du

développement (gouvernement, parties prenantes au niveau national et bailleurs de

fonds extérieurs) ; et

Page 298: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

297

inscrites dans une perspective à long terme du recul de la pauvreté.

Les bailleurs de fonds soutiennent la mise au point de plans réalistes et les réformes de la

gouvernance

Aujourd’hui, le dispositif des DSRP est bien en place dans un grand nombre de pays. Il

contribue à promouvoir une véritable internalisation, à accroître la place accordée à la

réduction de la pauvreté dans les débats de politique économique et à favoriser l’ouverture du

dialogue national. À la fin de février 2012, les DSRP complets d’un peu plus de 110 pays

avaient été communiqués au Conseil d’administration du FMI, ainsi que 57 DSRP

préliminaires (ou «intérimaires»). Les DSRP étant maintenant en place dans une grande partie

des pays à faible revenu, l’attention ces dernières années a surtout porté sur la mise en œuvre

effective des stratégies.

Le dispositif des DSRP fait l’objet de réexamens périodiques par les services du FMI. Les

principaux thèmes des rapports précédents sont les suivants : importance de l’internalisation ;

nécessité de faire preuve de réalisme et de souplesse et de mieux définir les priorités dans le

choix des objectifs et des cibles ; et besoin d’élargir les débats sur les stratégies alternatives.

Le rapport souligne aussi que les bailleurs de fonds doivent améliorer globalement l’efficacité

de leur aide, d’une part en l’alignant davantage sur les priorités des DSRP, d’autre part en

harmonisant et en simplifiant leurs politiques et leurs pratiques. La dernière évaluation

approfondie effectuée par les services du FMI et de la Banque mondiale soulignait que les

DSRP peuvent faciliter la recherche d’un équilibre entre des tendances contradictoires

inhérentes au processus de formulation des stratégies de développement nationales, telles que

le réalisme et l’ambition ou la responsabilisation au plan national — étroitement liée à

l’internalisation — et la responsabilisation au plan extérieur vis-à-vis des bailleurs de fonds et

d’autres partenaires pour le développement. Le réexamen effectué en 2007 du rôle du FMI

dans le processus des SRP et sa collaboration avec les bailleurs de fonds a permis de clarifier

les paramètres de la participation des services du FMI au processus des DSRP, soulignant que

l’appui du FMI doit surtout porter sur les aspects techniques de la conception des cadres

macroéconomiques et des réformes structurelles cruciales dans une perspective

macroéconomique.

Les services du FMI et de la Banque mondiale commentent les DSRP avec franchise en

communiquant aux pays un avis consultatif conjoint (JSAN. Les deux institutions s’efforcent,

en outre, d’aligner davantage leurs opérations de prêts sur les stratégies et priorités définies par

les pays pour lutter contre la pauvreté.

Depuis la réforme, en 2009, des facilités que le FMI réserve aux pays à faible revenu, les

DSRP pilotés par les pays restent la base de leurs relations suivies dans le cadre des

programmes au titre de la Facilité élargie de crédit et de l’instrument de soutien à la politique

économique, une marge de souplesse supplémentaire a été ménagée en ce qui concerne la

documentation à communiquer et les délais à respecter. De plus, les programmes soutenus par

les facilités de prêts concessionnels du FMI incluront si possible des objectifs quantitatifs

Page 299: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

298

spécifiques pour préserver les dépenses sociales et prioritaires définies dans les stratégies

nationales de lutte contre la pauvreté. De manière à améliorer l’efficacité du processus des

DSRP, le FMI continuera à :

aider les pays à concevoir des cadres macroéconomiques réalistes, mais souples, liés

aux stratégies et budgets nationaux ;

aligner plus étroitement ses opérations et travaux sur les programmes sur les cycles

nationaux de préparation des DSRP et du budget ;

renforcer la gestion des dépenses publiques pour en maximiser l’impact sur la

réduction de la pauvreté ;

s’efforcer, en concertation avec les autres bailleurs de fonds, de mieux coordonner

l’assistance, afin de la rendre plus efficace et de rationaliser les concours apportés à

l’appui de la mise en œuvre des DSRP.

Source : IMF, Département des relations extérieures, http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/prspf.htm

Page 300: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

299

Annexe 7 : Pacte de convergence de l’UEMOA

ACTE ADDITIONNEL N° 04/99

portant pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité

entre les États membres de l'Union Économique et Monétaire Ouest

Africaine (UEMOA)

LA CONFERENCE DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT

DE L’UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE

(UEMOA)

Vu le Traité de l'UEMOA, notamment en ses articles 2, 4, 8, 16 à 19, 41, 60,

63 à 75 et 113,

Vu la Déclaration de la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement des

10 et 11 mai 1996 relative à la mise en œuvre de l’UEMOA,

Vu la Déclaration de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement sur

le renforcement de la convergence et sur l’accélération de la croissance

économique dans les Etats membres de l’UEMOA du 28 janvier 1999,

Consciente de la nécessité de renforcer l'efficacité du dispositif de surveillance

multilatérale des politiques économiques,

Soucieuse d'assurer une meilleure discipline budgétaire en appui à la politique

monétaire commune, afin de créer les conditions propices à la stabilité des prix

et à une croissance forte et durable,

Considérant qu'à cette fin, l'adoption de programmes à moyen terme, ci-après

dénommés "programmes de convergence, de stabilité, de croissance et de

solidarité", et leur application effective par chacun des Etats membres, sont

d'une impérieuse nécessité,

Considérant la nécessité de renforcer l'assainissement du cadre

macroéconomique, afin d'éliminer tous les facteurs résiduels qui influent sur

les équilibres globaux et sectoriels, et consolider ainsi les gains de

compétitivité propres à l'approfondissement du processus d'intégration des

économies, ainsi qu'à l'intensification des échanges régionaux et

internationaux, en vue d'assurer l'insertion harmonieuse des économies de

l'UEMOA dans l'économie mondiale,

Considérant que, dans le cadre du processus d'unification économique et

monétaire, les actions entreprises dans chaque Etat membre ont des

répercussions sur la réalisation des objectifs communs et les performances

d'ensemble de l'UEMOA, et qu'à ce titre, il est impérieux d'entretenir la

solidarité et d'organiser la conduite des politiques économiques de manière à

Page 301: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

300

permettre la réalisation d'un équilibre global, meilleur à celui qui résulterait des

seules décisions décentralisées des Etats membres,

Considérant qu'il y a lieu de compléter la procédure de surveillance

multilatérale, prévue aux articles 70 à 75 du Traité de l'UEMOA, par un

système d'alerte précoce afin de prévenir et d'éviter tout dérapage, et par un

dispositif de sanctions opérationnel,

Considérant qu'un approfondissement qualitatif de la surveillance

multilatérale implique le renforcement du dispositif institutionnel et

organisationnel, afin d'améliorer l'évaluation, le suivi et le contrôle du respect

des objectifs de politique économique,

Soucieuse de consolider l'efficacité de la politique monétaire en vue d'assurer

la sauvegarde de la valeur interne et externe de la monnaie commune,

Sur Recommandation du Conseil des Ministres de l'UEMOA formulées lors

de sa réunion du 17 septembre 1999,

Adopte l’Acte Additionnel portant Pacte de convergence, de stabilité, de

croissance et de solidarité entre les Etats membres de l’UEMOA, dont la teneur

suit :

TITRE PRELIMINAIRE : DEFINITIONS ET OBJET

CHAPITRE I : DEFINITIONS

Article premier:

Aux fins du présent Acte Additionnel, on entend par :

- Acte Additionnel L'acte visé à l'article 19 du Traité de l'UEMOA.

- BCEAO La Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest.

- BOAD La Banque Ouest Africaine de Développement.

- Comité Interparlementaire Comité institué par l’article 35 du Traité de l’UEMOA.

- Commission La Commission de l'Union prévue à l'article 26 du Traité de

l'UEMOA.

- Conférence La Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de

l'Union prévue à l'article 17 du Traité de l'UEMOA.

- Conseil Le Conseil des Ministres prévu à l'article 20 du Traité de

l'UEMOA.

- Critère clé Le critère du solde budgétaire de base rapporté au PIB

nominal dont le non-respect est susceptible de déclencher le

mécanisme des sanctions.

Page 302: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

301

- Critères de convergence Les indicateurs de convergence constitués de critères de

premier rang et de critères de second rang.

- Critères de premier rang Les critères de premier rang sont ceux dont le non-respect

entraîne la formulation explicite de directives par le Conseil

demandant à l’Etat membre concerné, d’élaborer et de

mettre en œuvre un programme de mesures rectificatives.

- Critères de second rang Les critères de second rang sont traités comme des repères

structurels indicatifs qui font l’objet d’un suivi rigoureux à

cause du rôle déterminant qu’ils jouent dans la réalisation

de l’objectif de viabilité interne et externe des économies.

Leur non-respect ne fait cependant pas l’objet de

recommandations explicites pour la mise en œuvre d’un

programme de mesures rectificatives. Ils peuvent servir

dans la formulation des recommandations de politique

économique visant à assurer le respect des critères de

premier rang.

- Décision L'acte visé à l'article 43 du Traité de l'UEMOA.

- Etat membre Tout Etat ayant signé et ratifié le Traité de l’UEMOA.

- Indicateurs de convergence Les indicateurs de performances permettant d’apprécier le

degré de réalisation des objectifs de convergence, de

stabilité, de croissance et de solidarité tels que prévus au

Titre II du présent Acte Additionnel.

- Indicateurs de tableau de

bord

Indicateurs de suivi de la situation socio-économique autres

que les critères de convergence.

- Pacte Le Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de

solidarité institué par le présent Acte Additionnel.

- PIB Produit Intérieur Brut.

- Programme Programme de convergence, de stabilité, de croissance et de

solidarité.

- Programme de Convergence,

de Stabilité, de Croissance et de

Solidarité

Le programme pluriannuel élaboré par un Etat membre,

conformément aux prescriptions du Pacte de Convergence,

de Stabilité, de Croissance et de Solidarité.

- Recommandation L’Acte visé à l’article 43 du Traité de l’UEMOA.

- Règlement L’Acte visé à l’article 43 du Traité de l’UEMOA.

- Secrétariat Conjoint Le Secrétariat composé de la Commission, de la BCEAO et

de la BOAD, visé à l’article 14 de la Directive n°01/96/CM

du 15 janvier 1996 relative à la mise en œuvre de la

surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques

au sein de l’UEMOA.

Page 303: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

302

- Surveillance Multilatérale Le mécanisme communautaire de définition et de suivi de la

mise en œuvre des politiques économiques dans les Etats

membres, prévu à l'article 63 et régi par les articles 64 à 75

du Traité de l'UEMOA.

- Traité Le Traité de l’UEMOA

- UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine.

- Union Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

CHAPITRE II : OBJET

Article 2:

Le Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité est un

engagement formel pris par les Etats membres de l’UEMOA en vue :

de renforcer la convergence des économies des Etats membres ;

de conforter la stabilité macroéconomique ;

d’accélérer la croissance économique ;

d’approfondir la solidarité entre les Etats membres.

Il définit, à cet effet, des procédures d’adoption ainsi que des modalités

précises de mise en œuvre et d’évaluation de programmes pluriannuels de

convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité de même qu’un

mécanisme de sanction.

A ce titre, le Pacte constitue un instrument communautaire destiné à assurer la

mise en œuvre harmonieuse du dispositif de la surveillance multilatérale des

politiques macroéconomiques au sein de l’Union.

TITRE I : DE L'ORGANISATION DU PACTE DE CONVERGENCE,

DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITE

CHAPITRE I : DES PROGRAMMES DE CONVERGENCE, DE

STABILITE, DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITE

Article 3:

Le Pacte est organisé autour de programmes reposant sur le respect des

objectifs communautaires de convergence, de stabilité, de croissance et de

solidarité.

Sa mise en œuvre comporte deux (02) phases :

la phase de convergence allant du 1er

janvier de l’an 2000 au 31

décembre 2002 ;

la phase de stabilité commençant le 1er

janvier de l’an 2003.

Page 304: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

303

CHAPITRE II : DE L’ADOPTION DES PROGRAMMES DE

CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE

SOLIDARITE

Article 4:

Dès l'entrée en vigueur du Pacte, chaque Etat membre dispose d'un délai de

trois (03) mois pour soumettre au Conseil un programme pluriannuel destiné à

assurer la réalisation à moyen terme des normes de convergence.

Le Conseil adopte ce programme par voie de décision.

Article 5:

Le programme comporte les informations suivantes :

les réalisations de l’année précédente, les objectifs de l’année en cours

et les principales hypothèses concernant l'évolution prévisible de

l'économie ainsi que les variables économiques importantes qui sont

susceptibles d'influer sur l’exécution du programme, telles que les

recettes fiscales, la masse salariale, le service de la dette et les dépenses

d'investissement public. S'agissant des autres secteurs, la croissance du

PIB, l'inflation et le solde courant des transactions extérieures

constituent les indicateurs économiques importants ;

une description des mesures budgétaires et des autres mesures de

politique économique à mettre en œuvre afin de réaliser les objectifs du

programme, au regard des critères de convergence ;

l'évolution des critères de convergence et principalement celle du

critère clé ;

la définition d’un sentier d’évolution des critères de convergence ainsi

que des mesures spécifiques envisagées pour chaque tranche annuelle.

Article 6:

Les objectifs de convergence doivent être compatibles avec les objectifs de la

politique monétaire et tenir compte des engagements souscrits, notamment

dans le cadre des programmes d'ajustement structurel.

CHAPITRE III : DE L'EVALUATION DES PROGRAMMES DE

CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE

SOLIDARITE

Article 7:

Le programme fait l'objet d'une évaluation semestrielle par la Commission,

appuyée par le Secrétariat Conjoint. La Commission soumet un rapport à cette

occasion au Conseil qui arrête, s'il y a lieu, les ajustements nécessaires

auxquels l'Etat membre concerné devra procéder.

Article 8:

Page 305: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

304

Le profil des critères de convergence doit être marqué par une amélioration

continue jusqu’au respect des normes communautaires fixées. Les objectifs

annuels des programmes sont arrêtés conformément à cette orientation.

Les degrés de performance atteints par les Etats membres, dans l’évolution

vers le respect des normes fixées pour les critères de convergence à la date

cible, ne doivent connaître, aucune dégradation, sauf circonstances

exceptionnelles dans les conditions définies par voie de règlement par le

Conseil.

Article 9:

La date cible est fixée au 31 décembre de l'an 2002. A cette date, tous les Etats

membres doivent satisfaire aux critères de convergence. Dans l’intervalle, les

Etats membres proposent des objectifs intermédiaires annuels qui sont validés

dans le programme par le Conseil.

Lorsque les Etats membres ont satisfait aux critères de convergence en l’an

2002, l’Union est alors en phase de stabilité. Dans cette ultime phase,

l’amélioration continue des critères de convergence n’est plus imposée mais

seulement souhaitée, en relation avec les objectifs globaux de l’Union.

Toutefois, les Etats membres continueront de mettre en œuvre des programmes

visant à maintenir une situation budgétaire équilibrée ou excédentaire, leur

permettant de faire face aux fluctuations conjoncturelles. Ils devront,

notamment, en situation normale, dégager des excédents leur permettant de

redonner à la politique budgétaire son rôle contracyclique.

Article 10:

En phase de stabilité, l’évaluation des programmes se fait sur la base de

l’évolution structurelle du critère clé, celle-ci étant appréciée après la

correction des fluctuations conjoncturelles.

Les programmes initiés par les Etats membres concernés doivent comprendre

l’ensemble des mesures que compte prendre chacun de ces Etats membres pour

consolider l’équilibre budgétaire et prévenir tout dérapage.

Lorsqu’une dégradation est enregistrée par un Etat membre sur un critère de

premier rang au point d’entraîner le non-respect de la norme fixée, les

dispositions de l’article 15 lui sont appliquées.

CHAPITRE IV : DU RESPECT DES PROGRAMMES DE

CONVERGENCE, DE STABILITE, DE CROISSANCE ET DE

SOLIDARITE

Article 11:

L’exécution d’un programme est jugée conforme lorsque les réalisations

respectent l’ensemble des objectifs intermédiaires annuels fixés à l’Etat

Page 306: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

305

membre concerné. Elle est considérée comme non satisfaisante si l’évolution

d’au moins un des critères de convergence n’est pas conforme aux dispositions

de la décision d’adoption du programme notifiée par le Président du Conseil à

l'Etat membre concerné.

L’Etat membre qui ne satisfait pas à un des critères de premier rang, tels que

prévus dans le programme, élabore en concertation avec la Commission et

dans un délai de trente (30) jours à compter de la notification de la décision du

Conseil, un programme de mesures rectificatives. La Commission vérifie la

conformité des mesures envisagées par rapport à la décision du Conseil et aux

objectifs économiques de l’Union.

Sur la base de l’analyse dudit programme, la Commission soumet au Conseil,

en collaboration avec l'Etat membre concerné, des propositions de directives

qui spécifient les mesures rectificatives à mettre en œuvre par l'Etat membre

visé, conformément à l’article 72 du Traité.

Article 12:

Dans le cadre de l’examen des rapports semestriels d’exécution, le Conseil suit

l’évolution de la convergence des politiques mises en œuvre par les Etats

membres. Lorsque les réalisations à mi-parcours témoignent d’un mauvais

profil des critères de convergence, le Conseil, sur proposition de la

Commission, peut envisager l’adoption de mesures rectificatives.

Seul le non-respect constaté lors de l’examen des réalisations à fin décembre

est susceptible de déclencher le mécanisme de sanction. Il y a non-respect

lorsque l’évolution du critère clé relatif au solde budgétaire de base rapporté au

PIB nominal n’est pas jugée conforme.

Article 13:

Le Conseil adopte, par voie de directive, les propositions de mesures

rectificatives soumises par la Commission. Il informe le Comité

Interparlementaire des mesures retenues.

Article 14:

Si la mise en œuvre du programme de mesures rectificatives n’aboutit pas à

l’évolution souhaitée des critères de premier rang autres que le critère clé, une

nouvelle série de mesures appropriées, élaborée par la Commission, en relation

avec l’Etat membre concerné, est adoptée par le Conseil par voie de directive.

Article 15:

Lorsque le critère clé fait partie des critères de convergence dont l’évolution

n’a pas été jugée conforme dans le cadre du programme de mesures

rectificatives, le mécanisme de mise en œuvre des sanctions est déclenché, sauf

circonstances exceptionnelles dans les conditions définies par voie de

règlement par le Conseil.

Page 307: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

306

En phase de convergence comme en phase de stabilité, toute dégradation d’un

critère de premier rang entraîne pour l’Etat membre concerné, la mise en

œuvre de mesures rectificatives. Toutefois, à l’attention de l’Etat membre pour

lequel cette dégradation ne se traduit pas par le non -respect de la norme fixée,

le Conseil formule une recommandation pour éviter tout dérapage.

En phase de convergence comme en phase de stabilité, le mécanisme des

sanctions prévues à l’article 74 du Traité s’applique de plein droit.

TITRE II : DES INDICATEURS DE CONVERGENCE

CHAPITRE I : DE LA GAMME DES INDICATEURS DE

CONVERGENCE

Article 16:

L’organisation de la convergence, de la stabilité, de la croissance et de la

solidarité repose sur un suivi rigoureux d’un ensemble d’indicateurs de

convergence touchant le secteur réel, la balance des paiements, les finances

publiques et la monnaie.

Les indicateurs jugés essentiels sont dénommés critères de convergence. Les

autres indicateurs sont répertoriés dans le tableau de bord recommandé par le

Conseil.

CHAPITRE II : DES CRITERES DE CONVERGENCE

Article 17:

Les critères de convergence sont constitués de critères de premier rang et de

critères de second rang.

Article 18:

Les critères de premier rang sont au nombre de quatre (4). Ils se présentent

comme suit :

Ratio du solde budgétaire de base (*)

rapporté au PIB nominal (critère

clé) : il devrait être supérieur ou égal à 0 % en l’an 2002 ;

Taux d’inflation annuel moyen : il devrait être maintenu à 3 % au

maximum par an ;

Ratio de l’encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au PIB

nominal : il ne devrait pas excéder 70% en l’an 2002 ;

Arriérés de paiement :

o arriérés de paiement intérieurs : non-accumulation d’arriérés sur

la gestion de la période courante ;

o arriérés de paiement extérieurs : non-accumulation d’arriérés

sur la gestion de la période courante.

Page 308: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

307

(*) Solde budgétaire de base = Recettes totales (hors dons) - Dépenses

courantes - Dépenses d'investissements publics financés sur ressources

internes.

Article 19:

Les critères de second rang, au nombre de quatre (04), sont les suivants :

Ratio de la masse salariale sur les recettes fiscales : il ne devrait pas

excéder 35% en l’an 2002 ;

Ratio des investissements publics financés sur ressources internes

rapportés aux recettes fiscales : il devrait atteindre au moins 20% en

l’an 2002.

Ratio du déficit extérieur courant hors dons par rapport au PIB

nominal : il ne devrait pas excéder 5% en l’an 2002 ;

Taux de pression fiscale (*)

: il devrait être supérieur ou égal à 17 % en

l’an 2002.

(*) Taux de pression fiscale = Recettes fiscales sur PIB nominal.

TITRE III : DES DISPOSITIONS TRANSITOIRES

Article 20:

Les normes fixées pour les critères de premier rang et de deuxième rang

doivent être respectées par l’ensemble des États membres au 31 décembre

2002. Pendant la période transitoire allant de la date d’entrée en vigueur du

Pacte au 31 décembre 2002, les États membres élaborent des programmes de

convergence avec des objectifs annuels assurant le respect desdits critères.

Article 21:

Les États membres doivent procéder pendant cette période transitoire à une

réduction progressive du stock d’arriérés existant au 31 décembre 1999, en vue

de leur apurement total en l’an 2002.

TITRE IV : DES DISPOSITIONS FINALES

CHAPITRE I : DE LA COORDINATION ET DE LA COHERENCE

DES PROGRAMMES

Article 22:

Les programmes de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité, les

programmes monétaires, les programmes d'ajustement structurel et sectoriel,

ainsi que les lois de finances des Etats membres doivent constituer un

ensemble cohérent, orienté vers la consolidation de l'assainissement durable

des économies des Etats membres et la promotion d'une croissance saine et

durable.

Page 309: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

308

Article 23:

La Commission propose au Conseil, dans les trois (03) mois qui suivent la date

d'entrée en vigueur du présent Acte Additionnel, un calendrier opérationnel

prenant en compte l'ensemble des dispositions dudit Acte Additionnel suivant

lequel, sont dorénavant établis les différents programmes.

Article 24:

Le Conseil arrête, par voie de règlement, de directive, de décision, ou

recommande toute mesure nécessaire à la mise en œuvre harmonieuse du

Pacte, notamment celles relatives à :

l’adoption et l’actualisation des programmes visés à l’article 4 du

présent Acte ;

la définition des modalités d’examen des propositions de programme ;

la définition et aux modalités d’appréciation des circonstances

exceptionnelles prévues aux articles 8 et 15 du présent Acte ;

l’établissement de la liste des indicateurs du tableau de bord.

CHAPITRE II : DE L’ENTREE EN VIGUEUR

Article 25:

Le présent Acte Additionnel qui entre en vigueur à compter de sa date de

signature, sera publié au Bulletin Officiel de l’Union.

En foi de quoi, ont apposé leur signature au bas du présent Acte Additionnel,

ce 8 décembre 1999 :

Pour la République du Bénin

S.E. MATHIEU KEREKOU

Président de la République

Pour la République du Mali

S.E. ALPHA OUMAR KONARE

Président de la République

Pour le Burkina Faso

S.E. BLAISE COMPAORE

Président du Faso

Pour la République du Niger

S.E. DAOUDA MALAM WANKE

Président du Conseil de Réconciliation

Nationale,

Chef de l'Etat

Pour la République de Côte d'Ivoire

S.E. HENRI KONAN BEDIE

Président de la République

Pour la République du Sénégal

S.E. ABDOU DIOUF

Président de la République

Pour la République de Guinée-Bissau

M. RUI DUARTE BARROS

Secrétaire d'Etat au Trésor

Pour la République Togolaise

S.E. GNASSINGBE EYADEMA

Président de la République

Page 310: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

309

Annexe 8 : Règlement N° 07/2006/CM/UEMOA portant adoption des modalités

de calcul du solde budgétaire de base corrigé des ressources PPTE et des dons

budgétaires

REGLEMENT N° 07/2006/CM/UEMOA PORTANT ADOPTION DES MODALITES

DE CALCUL DU SOLDE BUDGETAIRE DE BASE CORRIGE DES RESSOURCES

PPTE ET DES DONS BUDGETAIRES

LE CONSEIL DES MINISTRES

DE L’UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE

Vu le Traité de l’UEMOA, notamment en ses articles 4, 8, 16, 20, 21, 25, 42 à 45, 60, 61

et 63 à 75 ;

Vu l’Acte Additionnel n° 04/99, du 08 décembre 1999, portant Pacte de

convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres de

l’UEMOA ;

Vu l’Acte Additionnel n° 03/2003, du 29 janvier 2003, modifiant l’Acte Additionnel n°

04/99 du 08 décembre 1999, portant Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de

solidarité entre les Etats membres de l’UEMOA, notamment en son article 1er, paragraphe 4,

in fine ;

Vu l’Acte Additionnel n° 02/2006, du 27 mars 2006, portant modification de l’Acte

Additionnel n° 04/99 du 08 décembre 1999 modifié ;

Vu le Règlement n° 11/99/CM/UEMOA, du 21 décembre 1999, portant modalités de

mise en œuvre du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les

Etats membres de l’UEMOA ;

Vu le Règlement n° 11/2002/CM/UEMOA, du 19 septembre 2002, portant adoption des

modalités de calcul du PIB dans les Etats membres de l’UEMOA ;

Vu la Directive n° 01/96/CM/UEMOA, du 15 janvier 1996, relative à la mise en

œuvre de la surveillance multilatérale des politiques macro-économiques, au sein des Etats

membres de l’UEMOA ;

Vu la Directive n° 06/98/CM/UEMOA, du 22 décembre 1998, portant Tableau des

Opérations Financières de l’Etat (TOFE UEMOA) ;

Vu la Directive n° 06/99/CM/UEMOA, du 21 décembre 1999, portant amendement de la

Directive n° 06/98/CM/UEMOA relative au Tableau des Opérations Financières de l’Etat

(TOFE UEMOA) ;

Page 311: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

310

Vu la Directive n° 01/2000/CM/UEMOA, du 30 mars 2000, portant définition d’un

calendrier opérationnel pour la mise en œuvre du Pacte de convergence, de stabilité, de

croissance et de solidarité entre les Etats membres de l’UEMOA ;

Vu la Recommandation n° 02/99/CM/UEMOA, du 21 décembre 1999, relative à la

définition des indicateurs de tableau de bord dans le cadre de la mise en œuvre du Pacte de

convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres de l’UEMOA

;

Considérant la nécessité d’affiner l’analyse des performances budgétaires des Etats

membres ;

Considérant que la crédibilité de l’exercice de la surveillance multilatérale exige que soit

recherchée une plus grande comparabilité des variables retenues dans le calcul des critères

de convergence ;

Considérant que l’analyse du solde budgétaire de base en pourcentage du PIB nominal,

critère clé retenu dans le Pacte de convergence, doit s’effectuer en cohérence avec l’évolution

des autres critères budgétaires, notamment ceux relatifs à la masse salariale et aux

dépenses d’investissement financées sur ressources internes ;

Considérant le compte rendu de la réunion technique avec les Comités Nationaux de

Politique Economique (CNPE) tenue les 04 et 05 mai 2006 à Ouagadougou ;

Conscient de la nécessité d’évaluer l’impact des ressources PPTE et des dons

budgétaires sur les performances des Etats membres ;

Sur proposition de la Commission de l’UEMOA,

Après avis du Comité des Experts statutaire en date du 23 juin 2006,

EDICTE LE REGLEMENT DONT LA TENEUR SUIT :

Article premier :

Le présent Règlement a pour objet de fixer les modalités de calcul du solde budgétaire de

base corrigé du total des ressources PPTE et des dons budgétaires dans les Etats membres de

l’UEMOA.

Le solde budgétaire de base corrigé du total des ressources PPTE et des dons budgétaires,

rapporté au PIB nominal, est un indicateur complémentaire du critère clé du Pacte de

convergence.

Article 2 :

Page 312: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

311

Le solde budgétaire de base corrigé est obtenu en ajoutant aux recettes totales hors dons le

montant des dons budgétaires et le montant des ressources PPTE ayant financé les dépenses

courantes et les dépenses d’investissement public.

Article 3 :

Les dons budgétaires utilisés pour apurer une partie ou la totalité du stock des arriérés de la

dette publique (arriérés intérieurs et arriérés extérieurs) ne sont pas pris en compte dans la

correction du solde budgétaire de base.

Article 4 :

Pour assurer la pertinence de l’analyse du solde budgétaire corrigé et sa cohérence avec les

autres critères budgétaires, les Etats membres déterminent le ratio des dépenses

d’investissement public corrigées des dons budgétaires et des ressources PPTE rapportées

aux recettes fiscales et le ratio de la masse salariale corrigée des dons budgétaires et des

ressources PPTE rapportée aux recettes fiscales, conformément aux formules retenues dans

l’annexe 2.

Article 5 :

Les Etats membres renseignent en détail toutes les rubriques du TOFE et celles du tableau

de l’annexe 3 nécessaires au calcul des indicateurs complémentaires susvisés.

Article 6 :

En l’absence d’informations disponibles sur l’affectation des dons budgétaires,

l’estimation des différentes catégories de dépenses financées sur ces dons se fait selon la

méthode au « prorata ».

La méthode au « prorata » consiste à estimer les parts respectives des dons budgétaires

ayant financé la masse salariale, les dépenses courantes et les dépenses d’investissement.

Cette méthode figure en annexe 1 du présent Règlement.

Article 7:

Les annexes 1, 2 et 3 sont parties intégrantes du présent Règlement.

Article 8 :

La Commission de l’UEMOA est chargée du suivi de l’exécution du présent Règlement,

qui entre en vigueur à compter de sa date de signature et sera publié au Bulletin Officiel

de l’Union.

Fait à Dakar, le 29 juin 2006

Pour le Conseil des Ministres,

Le Président

Jean Baptiste M.P. COMPAORE

Page 313: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

312

Annexe 8-1 : Méthode au « prorata » d’estimation des dépenses courantes, de la

masse salariale et des dépenses d’investissement financées par les dons

budgétaires

La méthode consiste à identifier parmi les ressources totales, celles qui sont affectées

(ressources PPTE, dons projets et prêts projets) et celles qui ne le sont pas. Ces dernières

sont dites fongibles (B). Les ressources fongibles sont constituées de ressources propres

(recettes fiscales et non fiscales, recettes en capital), de dons budgétaires non affectés, de

prêts programmes non affectés, de ressources des privatisations, d’emprunts obligataires et

bancaires.

Les principales charges financées par les ressources fongibles sont les dépenses courantes

hors PPTE et hors dons budgétaires affectés, les dépenses d’investissement hors PPTE et

hors dons budgétaires affectés, le montant du principal de la dette totale effectivement

réglé, moins la variation des arriérés des paiements sur la dette intérieure.

L’hypothèse de base est que toutes les catégories de ressources fongibles sont

équitablement réparties entre les différents types de dépenses de l’Etat lors de leur

utilisation. Elles sont donc utilisées avec la même intensité au cours d’une année donnée.

Chaque catégorie de ressources fongibles finance alors une rubrique de dépenses donnée

avec un poids relatif identique à ceux des autres ressources. Admettons que R1 représente

le poids relatif pour les dépenses courantes financées sur ressources non affectées (D1),

R2 le poids relatif pour les dépenses d’investissement financées sur ressources non

affectées (D2) et R3 le poids relatif pour la masse salariale financée sur ressources non

affectées (D3).

Les ratios R1, R2 et R3 sont déterminés par les formules suivantes :

R1 = [D1/B)], R2 = [D2/B] et R3 = [D3/B].

A partir de ces ratios, on détermine les dépenses courantes, les dépenses d’investissement

et la masse salariale financées sur les dons budgétaires en multipliant respectivement R1,

R2 et R3 par le montant total des appuis budgétaires. Connaissant les estimations des

appuis budgétaires ayant financé les trois catégories de dépenses, on détermine alors les

deux critères corrigés suivants :

- le ratio des dépenses d’investissement public financées sur ressources internes

corrigées des dons budgétaires et des ressources PPTE rapportées aux recettes fiscales ;

- le ratio de la masse salariale corrigée des ressources PPTE et des dons budgétaires

rapportée aux recettes fiscales.

Page 314: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

313

Annexe 8-2: Formules de calcul des critères corrigés des dons budgétaires et des

ressources PPTE

1- Rappel de la formule de calcul du solde budgétaire de base en pourcentage

du PIB nominal

Solde budgétaire de base en % du PIB nominal = [(Recettes totales hors dons - Dépenses

courantes - Dépenses d’investissement sur ressources internes) / PIB nominal] X 100.

2- Calcul du solde budgétaire de base corrigé du montant total des dons budgétaires et

des ressources PPTE utilisées rapporté au PIB nominal

Solde budgétaire de base hors PPTE et hors dons budgétaires en % du PIB = [(Recettes totales

hors dons + dons budgétaires ayant financé les dépenses courantes et les dépenses

d’investissement public + ressources PPTE utilisées - Dépenses courantes - Dépenses

d’investissement sur ressources internes) / PIB nominal] X 100.

3- Calcul du ratio des dépenses d’investissement public sur ressources internes corrigées

des dons budgétaires et des ressources PPTE rapportées aux recettes fiscales

Ratio des dépenses d’investissement public sur ressources internes corrigées des dons budgétaires

et des ressources PPTE rapportées aux recettes fiscales = [(total des dépenses d’investissement

public sur ressources internes – dépenses d’investissement financées sur ressources PPTE –

dépenses d’investissement financées sur dons budgétaires) / recettes fiscales] X 100.

4- Calcul du ratio de la masse salariale corrigée des dons budgétaires et des ressources

PPTE rapportée aux recettes fiscales

Ratio de la masse salariale corrigée des dons budgétaires et des ressources PPTE rapportée

aux recettes fiscales = [(masse salariale totale – masse salariale financée sur ressources

PPTE – masse salariale financée sur dons budgétaires) / recettes fiscales] X 100.

Page 315: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

314

Annexe 8-3: Statistiques auxiliaires à renseigner dans les TOFE des Etats

membres en vue du calcul des indicateurs complémentaires*

Intitulé des rubriques du TOFE

Année (n)

Année (n+1)

Année (n+2)

Année (n+3)

Recettes totales et dons

Dons budgétaires ou dons programmes ou dons

courants**

Dépenses totales

- Dépenses courantes

dont financées sur ressources PPTE

dont financées sur dons budgétaires ciblés

- Masse salariale

dont financées sur ressources PPTE

dont financées sur dons budgétaires ciblés

- Dépenses en capital sur financement intérieur

dont financées sur ressources PPTE

dont financées sur dons budgétaires ciblés

Solde budgétaire global

Variation des arriérés

- dont réduction financée par dons budgétaires

Solde budgétaire base caisse

Financement Intérieur

dont ressources PPTE (mobilisées non encore utilisées)

dont réduction d’arriérés d’amortissement

financée par dons budgétaires

Financement extérieur

Allègement (mobilisation PPTE)

Réduction d’arriérés d’amortissement sur dons

budgétaires

* Ces informations doivent être insérées dans les TOFE des Etats membres qui ne les renseignent

pas encore.

** Les dons courants, dons programmes ou dons budgétaires sont les différentes appellations observées

dans les TOFE des Etats et qui en réalité sont des rubriques quasi identiques.

Page 316: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

315

Dreh Yvette-Armelle BEAH

POLITIQUE BUDGETAIRE DANS L’UEMOA :

ANALYSE DE LA SOUTENABILITE DE LA DETTE DANS UNE PERSPECTIVE DE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT

Résumé

Nous avons voulu, au regard des effets négatifs du fardeau de la dette sur le développement des pays de l’Union

Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), analyser la soutenabilité de la politique budgétaire de cette union

pour en ressortir, au-delà de la méthodologie officielle du Fonds Monétaire International (FMI), des propositions

alternatives, correctives ou complémentaires à l'objectif de garantir la solvabilité à long terme des pays-membres et le

financement de leurs déficits budgétaires.

Pour se faire, notre méthodologie consiste, dans un premier temps, à présenter une analyse théorique et empirique de la

soutenabilité de la dette publique de l’UEMOA, pour en ressortir l’impact de l’endettement sur les composantes

essentielles de la balance des paiements. L’identité de la balance des paiements issue de la dynamique de la dette nous

sert de cadre d’étude. Dans une seconde période, nous mesurons la soutenabilité en vue de dégager des marges de

manœuvre nécessaires au financement du déficit budgétaire des pays de l’UEMOA. A ce sujet, le déficit primaire nous

sert de variable cruciale car il est l’un des facteurs qui influencent l’évolution du ratio de la dette rapportée au PIB.

Les résultats de notre analyse de la soutenabilité de la dette sur la période 1975-2012 ont montré que les pays de la zone

UEMOA présentent des déficits budgétaires très prononcés, cause première de leur endettement massif, parce qu’ils

n’ont pas de ressources suffisantes pour faire face aux exigences financières de la dette.

Par ailleurs, les comparaisons entre le solde primaire soutenable calculé et le solde primaire observé sur la période 1985-

2012 nous font dire que dans la plupart du temps, le déficit primaire observé exprimé en pourcentage du PIB est

largement supérieur au ratio du déficit budgétaire souhaitable, ce qui traduit une non-soutenabilité de la dette. Cependant,

les rares cas où les soldes budgétaires primaires ont été inférieurs aux seuils critiques de soutenabilité nous font espérer

que les Etats de l’UEMOA peuvent dégager des excédents budgétaires primaires de sorte que leur montant permette de

contrebalancer la différence qui existe entre le taux d'intérêt réel de la dette et le taux de croissance réel de l'économie.

Comme vu dans les recommandations que nous proposons en fin d’analyse, ces résultats mettent en évidence le besoin de

déployer des efforts soutenus pour diversifier l’économie en vue d’une soutenabilité accrue de la dette des pays de

l’UEMOA ; et celui de renforcer les systèmes fiscaux nationaux et régional, dans le cadre du financement du

développement de l’Union.

Abstract

ABIDJAN

Page 317: UNIVERSITÉ FRANÇOIS

316