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la revue de l’USEP Mai 2015 - Usep N° 16 - Prix 3,50 en jeu une autre idée du sport e j INVITÉ Benjamin Gastaldello RECHERCHE L’enfant auteur HANDICAP VERS DES RENCONTRES INCLUSIVES

Usep 16 mai 2015

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Dossier : "Handicap, vers des rencontres Usep inclusives"

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Page 1: Usep 16 mai 2015

la revue de l’USEP Mai 2015 - Usep N° 16 - Prix 3,50 €

en jeu une autre idée du sportej

INVITÉBenjamin Gastaldello

RECHERCHEL’enfant auteur

HANDICAPVERS DES RENCONTRESINCLUSIVES

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 32 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

édit

o La vie associative, cœur du projet Usep

coup de crayonpar Pat

Pourquoi un nouvel édito sur la vie associative ? Simplement, parce que cette vie associative est indissociable de notre action. Nous nous devons d’engager nos AS dans une phase où elles doivent avoir l’ambition d’être acteurs pleins et entiers de l’éducation citoyenne sportive de

tous les enfants. Nous sommes persuadés que nous ne ferons avancer le rôle et la place de l’Usep, fédération sportive scolaire, que par la vie de ses associations sportives scolaires et des associations de coordination ou de secteur, fortement ancrées dans leur territoire.L’étude menée sur la vie de l’association nous appelle à constater que seulement la moitié de nos associations a une activité péri ou hors-temps scolaire et que seulement 17% des associations mettant en œuvre des actions dans le cadre du péri-scolaire, inscrivent leur action dans le cadre d’un projet éducatif de territoire (PEdT). Notre appartenance à un mouvement d’éducation populaire nous oblige cependant à nous positionner comme tel dans tout projet éducatif, qu’il soit projet de l’AS, projet d’école, PEdT. Pour cela, nous allons continuer et renforcer notre aide aux associations, en produisant de nouveaux outils mis à leur disposition, permettant de les aider à construire leur projet et à l’inclure a minima dans le projet d’école et le PEdT de leur territoire.Il nous semble également qu’après avoir mis en lumière, depuis le début de la mandature, le rôle et la place de l’enfant que nous voulons pour lui dans l’association, nous nous devons de nous interroger sur le rôle et la place des adultes, et notamment des parents, dans un contexte d’éducation partagée. Une relecture des statuts de nos associations nous semble à ce sujet nécessaire.Enfin, pour montrer notre volonté et notre vitalité au cœur de la communauté éducative nous devrons faire tous ensemble du 9 décembre, journée de la Laï-cité, en tous lieux du territoire, un événement sportif et associatif marquant notre attachement aux valeurs républicaines et éducatives qui sont les nôtres. Avançons !!! ●

Par Michel Ogier, vice-président de l’Usep chargé de la dynamique associative

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p

Assemblée d’enfants

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 3

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mai

reINVITÉLe maire de Fitilieu met en musique les nouveaux rythmes avec l’Usep

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ta

4 actualitéUn rassemblement des formateurs pour préparer l’Université européenne du sportVuLuEntendu : Frison-Roche, une vie, Antoine Chandellier (Arthaud) ; « C’est pas du jeu », DVD (éditions Montparnasse) ; Max Winson, tome 2 « L’échange » (Delcourt)

6 invité9 dossier16 fédéralDes réunions régionales à la rentrée pour s’adapter à la réforme territorialeLe P’tit Tour Usep est repartiDanse de création à la formation complémentaire d’octobre

18 pégagogie 20 recherche

Le concept d’enfant auteur, thème du no 5 de la revue scientifique de l’Usep

24 réseauUsep 31 : les maternelles mènent la danseL’Usep participe à la mobilisation citoyenne d’un collège toulousainPrintemps des maternelles à l’école Fabre d’AvignonInstantanés : À l’Usep, le sport ça se « VIE » comme ça !

28 histoiresMorceaux choisis : « Rouge ou mort », David Peace (Rivages)Je me souviens : Soledad BraviL’image : « Le cyclisme, une histoire populaire » (Ouest-France)

30 colloqueL’impact de la réforme des rythmes sur l’Usep en débat au colloque « EPS à l’école et au collège » du Snep et du SNUipp

À Fitilieu (Isère), l’association Usep est maître d’œuvre du Projet éducatif de territoire et assure la gestion des temps d’activités périscolaires. Les explications du maire, Benjamin Gastaldello.

6

Des classes pratiquant la voile ont participé à la Volvo Ocean Race depuis leur ordinateur. L’expérience sera

renouvelée à la rentrée pour la Mini Transat avant d’être étendue lors du Vendée Globe 2016.

Au-delà des singularités, une rencontre pour tous

DOSSIER

Dix ans après le vote de la loi pour l’égalité des chances, l’Usep a-t-elle réussi à relever le défi de l’inclusion des élèves en situation de handicap dans ses rencontres ? Les exemples de terrain incitent plutôt à l’optimisme, même si des progrès restent à accomplir.

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llier

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PÉDAGOGIEVirtual Regatta

pour classes Usep

en jeu “une autre idée du sport” est la revue de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) et de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep), secteurs sportifs de la Ligue de l’enseignement Ufolep-Usep 3, rue Récamier, 75341 Paris Cedex 07 Téléphone 01 43 58 97 71 Fax 01 43 58 97 74 Sites internet www.ufolep.org et www.u-s-e-p.org Directrice de la publication Nelly Aradan Président du comité de rédaction Jean-Michel Sautreau Rédacteur en chef Philippe Brenot Ont participé à ce numéro : Jean-Louis Droin, Isabelle Gravillon, Michel Derouet, Marguerite Liron, Brigitte Delacotte, Henri Vasco Photo de couverture Philippe Brenot / rencontre tennis à l’école à Orléans (Loiret), septembre 2014 Maquette Agnès Rousseaux Impression et routage Centr’Imprim, rue Denis Papin 36 100 Issoudun Abonnement annuel 20 € Numéro de Commission paritaire 1015 K 91251 Numéro ISSN 1620-6282 Dépôt légal mai 2015 Tirage de ce numéro 7391 exemplaires

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18

DR

Rencontre escrime, Usep Allier, 2010.

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 54 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

actu

alit

é année le jeudi 28 mai. Comme le veut la formule, le relais entre les rencontres organisées sur tous ces territoires s’effectuera par visio-conférence. L’occasion de mieux connaître la diversité des pratiques Usep de par le monde, notamment à travers la découverte de jeux traditionnels de tous les continents. (www.usepmonde.net)

EPS et Usep années 1950 dans les Basses-PyrénéesL’École supérieure du professorat et de l’éducation (Éspé) de Pau accueille mercredi 20 mai à 14h30 une demi-journée d’étude sur le thème : « Leçon d’éducation physique, lendits et sport scolaire en images dans les Basses-Pyrénées autour des années 1950 ». À partir de films récemment numérisés, des historiens s’intéresseront aux hommes et aux femmes qui ont participé à l’essor de l’EPS dans le département et à la façon dont le sport a été introduit à l’école. Cette manifestation soutenue par l’Usep mettra en valeur les archives de Pierre Barets, ardent militant et dirigeant national de l’Usep. Ce fonds Barets est composé d’archives papier, mais aussi de films tournés par le cinéaste palois René Pérony sur des leçons d’éducation physique, des séances de sport organisées par l’Usep les jeudis après-midi et les fameux lendits, grands rassemblements sportifs scolaires organisés dans tout le département.

Poney-École jusqu’en juin

La Fédération française d‘équitation a reconduit en 2015 son opération « Poney École », en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et l’Usep. Depuis mars jusqu’en juin, des séances de découverte sont offertes aux classes de maternelle et de primaire qui en font la demande dans les plus de 1600 centres équestres labellisés « Poney Club de France ». Cette sortie scolaire où les enfants sont répartis en deux ateliers consiste en une découverte de l’animal et de l’environnement du club, couplée à une approche de la pratique de l’équitation. Un livret pédagogique distribué à chaque enfant et à l’enseignant permet ensuite un travail suivi en classe. Les professeurs des écoles trouveront sur le site www.poneyecole.ffe.com la liste des clubs de leur département participant à l’opération. Des contenus pédagogiques sont également disponibles en téléchargement. Lors des deux premières éditions, « Poney École » a accueilli 100 000 élèves de maternelle et de primaire.Pour tout renseignement, rapprochez-vous de votre comité départemental Usep.

UN RASSEMBLEMENT DES FORMATEURS POUR PRÉPARER L’UNIVERSITÉ DU SPORTCo-organisatrice avec l’Ufolep et la Ligue de

l’enseignement de l’Université européenne

du sport qui se déroulera du 8 au 10 juillet

à Strasbourg, l’Usep est en charge de la demi-journée déclinant

le thème « Grandir avec le sport ». Celle-ci débutera en plénière

avec un rappel historique de Pierre Parlebas sur l’évolution de

la construction du jeune citoyen par les activités physiques et

sportives. Ce thème sera ensuite abordé à travers quatre ate-

liers-conférences portant sur la petite enfance, l’éducation par

le sport, l’engagement citoyen et la prévention des conduites à

risques. Chaque atelier sera introduit par un universitaire puis

éclairé d’un témoignage Usep et d’un témoignage européen.

De courts débats viendront s’intercaler entre ces trois inter-

ventions, avant une synthèse finale. Parmi les conférenciers

pressentis figurent les sociologues Pascale Garnier et David Le

Breton, le chercheur en sciences de l’éduca-

tion Laurent Lescourach et l’universitaire

grec Kalliopi Trouli.

L’Usep a souhaité articuler avec cette manifestation le rassem-

blement d’été des formateurs, qui se déroulera également à

Strasbourg et débutera dès le 5 juillet. Chacun des modules du

rassemblement déclinera le thème d’un atelier de l’université,

notamment pour préparer les « témoignages Usep ». À titre

d’exemple, le module « petite enfance » mettra en évidence la

contribution de la rencontre Usep en maternelle à l’apprentis-

sage du vivre ensemble, et le module « engagement citoyen »

insistera sur les assemblées d’enfants. ●

Contact Usep : [email protected]

Inscription et renseignements : [email protected]

www.event.ufolep.org/UES

Printemps des maternellesComme l’an passé, les enfants qui participent jusqu’à fin juin à la 10e édition du Printemps des maternelles sont invités à raconter leur rencontre sportive. Cette production de classe pourra être présentée lors d’une « rencontre phare » et mise en ligne sur le site du comité départemental. Chaque comité en sélectionnera ensuite deux pour le « musée des maternelles », accessible sur www.u-s-e-p.org. En s’y connectant, les classes participantes pourront découvrir l’ensemble des productions (textes, affiches, films, maquettes, diaporamas, etc.) et voter pour leur « CréAction » préférée. Le « coup de cœur des enfants » sera ainsi l’un des six prix décernés par le jury national (lire aussi page 25).

TransOcéane 2015

La TransOcéane, tour du monde Usep reliant en 24 heures départements et territoires d’outre-mer (Réunion, Antilles, Polynésie) et comités de métropole, se déroule cette

Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 5

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 5

VuLuEntenduQuand je dessine, je peux dépasser…

Le dessin est un geste de liberté. Comment expliquer cela aux enfants après les événements de janvier 2015 ? Cinquante illustrateurs ont relevé le défi en réalisant un dessin en noir et blanc à partir d’un mot emprunté au champ lexical élargi du dessin : représenter, se moquer, transformer, imaginer… Tous les bénéfices tirés de cet ouvrage situé à mi-chemin entre le livre et le cahier (que les enfants pourront s’ils le veulent colorier et compléter) seront reversés à Charlie Hebdo.Quand je dessine, je peux dépasser… (50 illustrateurs, 50 mots), co-édition Actes Sud Junior, Hélium, Le Rouergue, Thierry Magnier, 104 pages, 12,90 € ; Dès 6 ans.

Pas d’éducation, pas d’avenir

Héritière de la « Quinzaine de l’école publique », la campagne « Pas d’éducation, pas d’avenir » se consacre à l’éducation pour toutes et tous dans le monde. Coordonnée par la Ligue de l’enseignement et Solidarité laïque, l’édition 2015 (dont l’affiche est signée par Titouan Lamazou) valorisera tout particulièrement les projets mettant l’accent sur l’éducation primaire pour tous et la promotion de l’égalité des sexes. Du 11 au 24 mai, la quinzaine de « Pas d’éducation, pas d’avenir » coïncidera avec la semaine d’action de la Campagne mondiale de l’ONU, avec une collecte sur la voie publique dimanche 17 mai 2015.

FRISON-ROCHE, UNE VIESon nom résonne encore dans l’imaginaire collectif : avec Premier de cordée, roman paru en 1941, Roger Frison-Roche (1906-1999) a fondé la littérature de montagne et fait rêver des générations d’apprentis alpi-nistes. Le personnage n’en demeure pas moins méconnu. Le journaliste Antoine Chandellier met ici en lumière toutes les facettes de celui qui signa ses premiers écrits dans le Dauphiné libéré. Né à Beaufort-sur- Doron (Savoie) Frison-Roche fut ensuite le premier « étranger » à in-tégrer la mythique compagnie des guides de Chamonix. Passionné de désert, il a résidé en Algérie et parcouru le Sahara, effectuant au passage la première escalade d’un sommet du Hoggar. Il a également suivi la transhumance des rennes en Laponie. Cet impérieux besoin d’explorer de nouvelles contrées a nourri son œuvre, riche d’une trentaine de titres. Antoine Chandellier n’élude pas les hésitations de celui qui, pendant la guerre, passe de l’Alger pétainiste à la Résistance dans le Beaufortin, avant de fonder le Syndicat national des guides de montagne, qu’il préside un moment. Frison-Roche avait par ailleurs des positions plutôt « conservatrices ». Très fouillée, cette biographie nous donne à mieux connaître l’au-teur d’un livre devenu un mythe, sans tuer le rêve de nos jeunes années. ● Jean-Louis Droin

Frison-Roche, une vie, par Antoine Chandellier, Arthaud, 21 €.

« C’EST PAS DU JEU », CINÉMA-VÉRITÉ DE COUR D’ÉCOLEDiffusé pour la première fois à la rentrée 2013 sur Canal +, ce documen-taire avait été salué pour sa façon de rendre de façon brute, sans com-mentaire, la poésie et la cruauté d’une cour d’école maternelle. Cris, rires, moqueries, injonctions, caresses et coups de poing, manœuvres de séduction et scènes de jalousie : âgés de 3 à 5 ans et filmés sur une durée de six mois, les enfants de cette école du 18e arrondissement de Paris font étalage de toute la gamme des attitudes et des sentiments humains : « J’t’aime plus, j’t’aime encore, t’es puni, t’es plus ma copine, tu veux jouer avec moi… » On y rencontre des meneuses et des soli-taires, des fillettes qui se substituent à la maîtresse et des garçonnets qui prennent un plus faible sous leur aile pour mieux le tyranniser, et aussi des rêveurs à l’imaginaire toujours en mouvement… Les jeunes parents ressortiront peut-être ébranlés de ce cinéma-vérité. Quant aux enseignants, ils apprécieront sans doute aussi cette façon de se placer à hauteur d’enfant, sans porter de jugement. Quitte, pourquoi pas, à utiliser certaines scènes pour discuter en classe des comportements des uns et des autres…● Ph.B.« C’est pas du jeu », un documentaire d’Alice Langlois et Pascal Auffray, DVD 50 mn + bonus scènes coupées, éditions Montparnasse, 15 €.

MAX WINSON, LE MATCH RETOUR« L’échange » est le second tome du diptyque consacré par le des-sinateur Jérémie Moreau au personnage de Max Winson, joueur de tennis imbattable mais plongé dans une crise existentielle par les enjeux financiers dont il est l’objet et le fanatisme de ses admira-teurs. Fuyant ceux-ci, il se réfugie dans l’anonymat et se retrouve à entraîner un enfant solitaire… Cette satire de la « société du spectacle sportif » emprunte la forme du conte et allie un onirisme inspiré de Windsor McCay à un trait plus contemporain. L’amateur de tennis appréciera la critique du jeu tout en puissance qui tend à devenir la norme et reconnaîtra, à peine travestis, les noms du champion américain des années 1950-60, Pancho Gonzales, réputé pour son toucher de balle, et de son bondissant challenger australien, Rod Laver. Le tennis doit-il être une conversation ou un combat ? Jérémie Moreau a choisi, et termine sa fable avec un match entre l’élève et le maître, dont on taira l’issue afin de préserver le suspense. ● Ph.B.Max Winson, tome 2, « L’échange », Jérémie Moreau, Delcourt, 160 pages, 15,95 €. Critique du tome 1 dans EJ Usep n°10, mars 2014.

Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 5

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 76 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

Comment s’est fait le choix des activités ?Nous avons lancé un appel auprès des associations spor-tives et culturelles du village, pris un calendrier et pla-cé les activités que les uns et les autres se proposaient d’animer bénévolement. Puis nous nous sommes efforcés de « boucher les trous » en faisant appel à des profes-sionnels de l’animation. Deux personnes intervenant déjà auprès de la MJC de la commune voisine des Abrets sont ainsi rémunérées pour animer des créneaux d’éveil cor-porel pour les tout-petits et des ateliers « cirque et sports ludiques ». La commune a également budgété trois heures hebdomadaires pour des enseignants volontaires (1). Mais, globalement, 80% des Tap sont assurés par des bénévoles (2). La différence de statut de ces différents intervenants ne pose pas problème. Chacun est à sa place, il n’y a aucun tiraillement, d’autant plus que les interventions des personnes rémunérées se font sur un lieu bien identifié et sur une activité précise, dont elles sont garantes.

Comment les activités sont-elles organisées ?Par cycles de 5 à 6 semaines, entre deux périodes de va-cances. Au cours de l’année, les enfants participent donc à différents ateliers. Quant à la proportion d’enfants que leurs parents viennent chercher à 15h45 et qui ne participent donc pas aux Tap, elle est d’environ 30% et sensiblement identique en maternelle et en élémentaire. Toujours pour être fidèle à l’esprit de la loi, ces activi-tés sont totalement gratuites. Ne sont payantes que les garderies du matin et du soir et la restauration du midi.

Quelle rôle l’association Usep joue-t-elle exactement dans le PEdT ?Elle en est le maître d’œuvre, grâce aux compétences de son président, Jean-Loup Claperon (lire page 8). Grâce à son expérience et son savoir-faire, la collaboration entre partenaires institutionnels (service scolaire de la commune, écoles élémentaire et maternelle, comité de parents) et associatifs (association Usep, clubs de boules, d’échecs, de théâtre, de tarot et de scrabble, association cantine et Sou des écoles) s’est faite de manière natu-relle. L’AS Usep gère l’organisation des ateliers au jour le jour. De notre côté, nous assurons celle des garderies avec du personnel municipal.

Maire de la petite coMMune de Fitilieu (isère)

Benjamin Gastaldello met en musique les nouveaux rythmes avec l’Usep

invi

téÀ Fitilieu, l’association Usep est maître d’œuvre du Projet éducatif de territoire (PEdT) et assure la gestion des temps d’activités périscolaires. Les explications du maire.

B enjamin Gastaldello, vous effectuez votre tout premier mandat de maire de Fitilieu puisque vous êtes entré en fonction en mars 2014. Où en était alors la réforme des rythmes scolaires

dans la commune ?Comme dans beaucoup d’autres communes, les nouveaux rythmes ont été mis en place en septembre 2014. En revanche, une réflexion était en cours depuis l’année pré-cédente, à l’initiative du président de l’association Usep de l’école et de l’équipe enseignante, qui avaient fait des propositions d’organisation. Quant au projet éducatif de territoire (PEdT), il avait été mis en place au mois de mai.

Vous avez fait le choix de placer les temps d’activités périscolaires (Tap) en fin d’après-midi…C’est un choix éthique, fidèle à l’esprit de la réforme, qui était d’alléger les journées des enfants. Placer les temps d’activités périscolaires (Tap) tous les soirs après 15 h 45 nous a semblé le bon principe. Il n’a jamais été question par exemple de regrouper les activités périscolaires sur une seule après-midi, juste pour des raisons pratiques.

Benjamin Gastaldello, 28 ans, est maire de Fitilieu (Isère) depuis

mars 2014. La liste Front de gauche qu’il conduisait l’a empor-

té à l’issue d’une triangulaire, après avoir fait campagne sur le

thème du « renouveau » : rénovation des écoles et du centre-ville,

développement des transports doux… Le projet porté par l’Usep et

l’équipe enseignante concernant l’organisation des temps d’activi-

tés périscolaires faisait toutefois consensus auprès des trois listes

en présence. Patron d’une entreprise de logistique événementielle

employant une dizaine de personnes, Benjamin Gastaldello n’avait

pas d’expérience d’élu local, comme la plupart de ses colistiers.

Fitilieu est une commune de 1800 habitants située à 50 km de

Grenoble, 80 km de Lyon et 45 km de Chambéry. La commune a vu sa

population augmenter de 30% en dix ans, avec la création de lotis-

sements occupés notamment par de jeunes couples avec enfants.

« Il a fallu mettre les services municipaux en adéquation avec les

nouveaux besoins qui se sont exprimés », explique le maire. ●

JEUNE ÉLU POUR COMMUNE DYNAMIQUE

Page 7: Usep 16 mai 2015

Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 7

Quel coût ce dispositif représente-t-il pour la com-mune, entre les animations assurées par des profes-sionnels, l’achat des licences Usep pour les enfants de maternelle et d’élémentaire et la mise à disposi-tion d’employés municipaux ?Environ 20 000 € à l’année : un coût raisonnable

Après deux trimestres d’expérience, quel bilan dres-sez-vous de la mise en place des nouveaux rythmes et des Tap dans votre commune ?Les retours des parents sont bons, ils se montrent très contents des activités (lire page suivante). Quelques-uns estiment que leurs enfants sont plus fatigués, mais ce type de jugement possède une part de subjectivité et peut être aussi lié aux rythmes de vie de chaque famille. Pour ma part, je dresse un bilan positif dans l’ensemble. Il est vrai que, dans le fonctionnement actuel, l’Usep nous décharge de beaucoup de choses. Au-delà, j’observe avec plaisir que cette nouvelle organisation a permis de tisser du lien entre les parents. Ils sont davantage pré-sents dans l’école, où l’esprit devient très familial après 15 h 45. La collaboration entre associations a également eu un impact positif sur la vie locale, avec des gens qui se connaissent beaucoup mieux. Elle a même suscité des vocations puisque deux personnes qui pratiquaient la couture et la broderie de leur côté ont créé une associa-tion qui compte aujourd’hui une trentaine de membres et réunit enfants et parents !

Avez-vous des éléments de comparaison avec d’autres communes ?Certaines rencontrent de gros soucis de gestion. D’autres se sont regroupées, en mettant à profit un transport scolaire déjà assuré en commun ou en mutualisant des emplois d’animateurs.

Et quelles sont vos perspectives pour les deux années à venir, puisque le PEdT court sur trois ans, jusqu’à l’été 2017 ?Nous conserverons l’an prochain le même fonctionne-ment. La seule innovation concerne le passage progressif à l’informatisation de la gestion des activités : les parents n’auront plus qu’à cocher un formulaire en ligne pour indiquer les activités choisies ou les jours de présence de

leur enfant. Bien sûr, il y aura toujours besoin d’une per-sonne pour assurer la coordination et régler les problèmes de dernière minute. Pour l’instant, le président de l’Usep s’en acquitte fort bien ! Mais, à moyen terme, il convient d’assurer la pérennité de l’édifice en embauchant un édu-cateur pour assurer cette tâche très exigeante. ●

ProPos recueiLLis Par PhiLiPPe Brenot

(1) Il est à noter que certains enseignants ont choisi de rester « totale-ment Usep » et feront une demande d’indemnités péri-éducatives auprès de l’Éducation nationale.(2) Le personnel municipal qui encadrait déjà la cantine assure aussi maintenant les garderies gratuites des Tap du mardi et du vendredi et celles, payantes du matin et du soir, ainsi que l’accompagnement des enfants sur les lieux des activités.

DR

Benjamin Gastaldello : « La collaboration entre associations a eu un impact positif sur la vie locale, avec des gens qui se connaissent beaucoup mieux. »

À Fitilieu, les Tap à proprement parler sont proposés le

lundi et le jeudi de 15 h 45 à 16 h 45. S’y ajoute, le mardi

et le vendredi de 15 h 45 à 16 h 30, une « garderie Tap »

gratuite. « Il a fallu se rendre à l’évidence : nous n’avions

pas les moyens de proposer des activités chaque soir »

explique Jean-Loup Claperon, président de l’AS Usep. La

palette n’en est pas moins riche. Outre l’éveil corporel et

l’animation cirque (avec des animateurs professionnels),

les enfants ont le choix, durant l’année, entre des acti-

vités VTT, jeux en bois, danse bal folk, images animées,

chorale, jeux traditionnels, kin-ball, origami, patrimoine

et citoyenneté, animées par l’Usep (avec des parents ou

enseignants bénévoles).

Les clubs locaux pro-

posent échecs, scrabble,

théâtre, tarot et boules,

l’association de cantine

du bricolage-décoration,

et le comité de parents

du tricot-broderie. S’y ajoutent jardinage, football ou bien

encore chant et expression corporelle, avec des ensei-

gnants rémunérés par la mairie. Les employées munici-

pales assurent de leur côté les temps de garderie, et cer-

taines animent des ateliers en maternelle. ●

UNE LARGE PALETTE D’ACTIVITÉS

Atelier VTT.

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Page 8: Usep 16 mai 2015

8 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

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L’ implication de l’Usep dans la mise en place des nouveaux rythmes à Fitilieu a été favorisée par le dynamisme de l’association d’école : en l’ab-sence de structure socio-culturelle dans le vil-

lage, celle-ci proposait déjà des activités (VTT, patrimoine, arts plastiques, boules, échecs…), le soir après la classe. Mais elle s’explique tout autant par l’investissement de son président, véritable cheville ouvrière du PEdT.Enseignant à la retraite, membre du comité directeur de l’Usep de l’Isère, Jean-Loup Claperon, 65 ans, a mis à profit toute son expérience en la matière : « En tant que directeur d’école à Grenoble et coordinateur d’un secteur Usep, j’avais déjà organisé différents systèmes d’activités après la classe. À l’époque, c’étaient les Cate (contrats d’aménagement des temps de l’enfant) puis

les CEL (contrats éducatifs locaux) » se souvient-il.Dès la rentrée 2013, il accompagne les réunions de concertation entre les élus alors en place et l’équipe enseignante. Les réunions sont ensuite élargies à toutes les structures associatives du village. « La mairie nous a donné une délégation de service public, et le fait que l’Usep ait piloté le projet a permis de développer celui-ci en lien étroit avec le projet d’école, où l’Usep tient une place importante pour faciliter le vivre ensemble et le bien-être de chacun (des valeurs Usep), avec une grande implication des bénévoles » insiste-t-il.Un tel modèle est atypique, Jean-Loup Claperon le re-connaît volontiers : « Ailleurs dans le département, les associations Usep ne sont, au mieux, que des partenaires et, de manière générale, l’Usep n’est pas suffisamment présente dans le dispositif. Pas forcément d’ailleurs parce que les associations d’école manquent de dynamisme et de bénévoles. Souvent, cela dépend avant tout du choix fait par les collectivités, des moyens dont elles disposent et du fait qu’il existe, ou pas, une structure socioculturelle, type MJC par exemple. »Pour particulier qu’il soit, le cas de Fitilieu n’en met pas moins en évidence le rôle d’interface que peut jouer une association Usep. En tout cas, l’AS elle-même a vu son influence renforcée. Alors que, comme les autres asso-ciations locales, elle ne bénéficiait jusqu’alors d’aucune subvention municipale, la mairie prend désormais à sa charge l’achat de la licence Usep pour les 227 enfants de maternelle et d’élémentaire et la bonne trentaine d’ani-mateurs. En cela, son implication dans les temps d’acti-vités périscolaires a favorisé le repositionnement de ses rencontres sportives du hors temps scolaire vers le temps scolaire ; un repositionnement rendu indispensable par la réforme et le mercredi matin travaillé…Mieux encore : dans le cadre des ateliers « citoyenneté », les enfants deviennent eux-mêmes les organisateurs de rencontres départementales du mercredi (triathlon, ath-létisme) et du « Courseton » qui, un samedi matin par an, accueille dans les rues du village les enfants des écoles du secteur et tous les amateurs de course à pied, jeunes et moins jeunes ! ● Ph.B.

Un exemple à reproduire ?L’expérience menée à Fitilieu n’aurait pas été possible sans l’implication du président de l’association Usep, ex-directeur d’école rompu à l’organisation des temps périscolaires.

En février, après un trimestre et demi de fonctionnement, le

groupe de pilotage du Tap a mené pour le PEdT une enquête auprès

des élèves, des animateurs et des parents. Avec un excellent taux de

retour des questionnaires et un indice de satisfaction élevé. « Les

activités auxquelles tu as participé t’ont plu ? » « Oui », ont répondu

77% des enfants de cycle 3, « moyen » 17%, « non » 6%. Pour leur

part, 100% des animateurs disent avoir apprécié leur intervention

auprès des enfants, et 90% sont prêts à recommencer, en dépit de

quelques critiques portant sur des locaux pas toujours adaptés à

l’activité ou un temps jugé trop court.

Et les parents ? 99% de ceux de maternelle s’estiment « satisfaits »

ou « très satisfaits » des activités (95% côté CP-CE1 et 97% en CE2-

CM1-CM2). Les retours sont tout aussi encourageants concernant

la « diversité » des ateliers et les « informations » données pour

faire son choix. Quant aux nouvelles idées, elles ne manquent pas :

cuisine-pâtisserie, dessin, roller, hand, basket, danse orientale,

mimes, jeux de société… Reste seulement à trouver des volon-

taires pour les animer. ● Ph.B.

INDICE DE SATISFACTION

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Tarot Jean-Loup Claperon Danse

Page 9: Usep 16 mai 2015

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Dix ans après le vote de la loi pour l’égalité des chances,

l’Usep a-t-elle réussi à relever le défi de l’inclusion des

élèves en situation de handicap dans ses rencontres ?

Les exemples de terrain incitent plutôt à l’optimisme,

même si des progrès restent à accomplir.

Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 9

Au-delà des singularités, une rencontre pour tous

Enfants scolarisés en institut médico-éducatif au départ du P’tit Tour dans la Sarthe.

Page 10: Usep 16 mai 2015

Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 1110 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

Depuis 2006, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu dit « ordinaire » a plus que doublé : ils étaient près de 260 000 à

la rentrée 2014. Une croissance en flèche due à la loi de février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » et à une mobi-lisation sans précédent de l’Éducation natio-nale. Au sein de l’Usep, ce texte a également permis de prendre conscience de la nécessité de mieux répondre aux besoins de ces élèves « différents ». Très rapidement après le vote de la loi, la fédération a ainsi créé un groupe de travail « sport scolaire et handicap » et associé d’emblée à sa réflexion, outre le ministère, différents partenaires sportifs et associatifs.

SENSIBILISER

Dans un premier temps, la fédération a opté pour des opérations de sensibilisation. « Cela passait souvent par l’organisation de rencontres où l’on plaçait des élèves valides en situation de handicap, par exemple en les faisant participer à des épreuves dans un fauteuil ou en leur bandant les yeux »,

explique Patrick Morel, élu national chargé du handicap et délégué de l’Ain. L’objectif était de leur faire expérimenter très concrètement les difficultés rencontrées par ces autres enfants, mais aussi leurs poten-tialités spécifiques. Production d’affiches, réalisation d’expositions, débats, ateliers philosophiques ont également contribué à cette sensibilisation, toujours dans l’idée qu’en rendant le handicap plus familier, en cessant d’en faire un tabou, on faciliterait à terme l’accueil de ceux qui en sont porteurs.Mais, après quelques années, les limites de cette approche sont apparues. « Dans nos rencontres de sensibilisation ouvertes à tous, nous proposions des activités conçues pour les personnes en situation de handicap comme le torball (un sport de ballon pour les déficients visuels) ou la sarbacane. Mais, parfois, ces activités ne correspondaient pas du tout à leur propre handicap, ce qui les mettait encore plus en difficulté ! » témoigne Renaud Bonnenfant, conseiller pédagogique EPS dans les Deux-Sèvres. « Nous sommes arrivés à la conclusion que le projet le plus pertinent consiste à rendre possible la parti-

cipation effective des élèves en situation de handicap à l’ensemble de nos rencontres, aux côtés des autres enfants, en tant que sportifs et acteurs à part entière » confirme Patrick Morel. Depuis 2012, l’inclusion est donc la nouvelle ligne de l’Usep, qui a également réorganisé le groupe de travail initial en un Pôle national sport scolaire et handi-cap s’ouvrant à de nouveaux partenaires : la Fédération française du sport adapté et la FF handisport, l’INS HEA (Institut d’enseignement supérieur et de recherche handicap et besoins éducatifs particuliers), la revue EPS et le Pôle ressources national sport et handicaps du ministère des Sports.

TOUS ENSEMBLE !

La réflexion engagée s’est traduite par la mise en avant d’un principe de base, sorte d’idéal à atteindre : la mixité des publics. « Il ne s’agit surtout pas de mettre en place des rencontres spéciales pour les enfants handicapés en les laissant entre eux, mais de rendre les rencontres inscrites à nos calendriers accessibles à tout enfant, por-teur de n’importe quel handicap. Et cela en prévoyant les adaptations nécessaires en amont » avance Patrick Morel. « La véritable inclusion suppose en effet que tout soit prêt quand l’enfant en situation de handicap arrive sur une rencontre. Tout doit avoir été aménagé pour qu’il puisse réaliser les mêmes activités que les autres, ou tout au moins des activités de difficulté équivalente » ajoute Delphine Laude, vice-présidente de l’Usep de la Sarthe et conseillère pédagogique EPS. L’enseignante cite l’exemple d’une ren-contre départementale de biathlon orga-nisée autour de deux épreuves, tir à la sarbacane et course à pied sur un parcours d’obstacles : « Pour le tir à la sarbacane, il est autorisé qu’un copain tienne celle-ci pour les

après l’étape de la sensibilisation au handicap

Au-delà de la sensibilisation des enfants à la « différence », l’Usep se donne à présent pour objectif d’inclure véritablement les élèves en situation de handicap dans ses rencontres sportives.

Objectif inclusion

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ère

Une joëlette permet à un enfant à mobilité réduite de participer à une randonnée. Ici, en Finistère.

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 11

enfants n’ayant pas usage de leurs membres supérieurs. Et pour le parcours d’obstacles, pendant que les enfants valides escaladent un tapis et redescendent en faisant une gali-pette, les enfants en situation de handicap montent un plan incliné avec leur fauteuil. » De son côté, Patrick Morel mentionne une rencontre vélo organisée dans l’Ain. « Nous avons prévu des ateliers de pilotage et de maniabilité destinés à la fois aux enfants à vélo et en fauteuil. En dessinant les par-cours, nous avons simplement évité les pas-sages en tout terrain et veillé à ce que le dénivelé positif ne soit pas trop élevé, pour tenir compte de la fatigabilité des élèves en situation de handicap » détaille-t-il. Ainsi relatées, ces expériences semblent séduisantes et frappées d’une certaine évi-dence. Mais les adaptations sont-elles tou-jours réalisables ? Clairement non. « Il nous arrive d’échouer à adapter une rencontre de sports collectifs pour un enfant en fau-teuil parce qu’il n’existe pas de terrain en dur à proximité. Dans ce cas-là, il n’est plus question d’inclusion, on doit se contenter d’intégration : c’est l’enfant qui va s’adapter, faire ce qu’il peut en fonction de ses possibi-lités. Le plus souvent, il se retrouve arbitre » relate Delphine Laude. Ce n’est certes pas l’idéal, mais au moins l’enfant en fauteuil est-il présent, au milieu des autres...Adapter les ateliers sportifs d’une rencontre suppose évidemment que les organisateurs de la rencontre aient été avertis à l’avance par les enseignants de la présence d’enfants

en situation de handicap, et qu’on leur ai précisé la nature de celui-ci. Mais cela ne semble pas encore entré dans les habi-tudes. « Nous avons beau faire savoir que nous pouvons adapter les rencontres, nous sommes rarement sollicités, à peine une fois par an, se désole Patrick Lablanche délégué Usep de la Loire. Pourtant, lorsque c’est le cas nous travaillons à ces adaptations avec l’enseignant, voire aussi avec l’auxiliaire de vie scolaire. »

COMMUNIQUER

Comment expliquer que les enseignants ayant un élève en situation de handicap dans leur classe ordinaire, ou les ensei-gnants de Clis (Classe pour l’inclusion sco-laire) ou d’IME (Institut médico-éducatif), hésitent à se rapprocher des comités Usep organisateurs de rencontres ? « Si certains comités Usep ont à cœur de communiquer sur cette thématique du handicap, d’autres ne le font pas suffisamment. Du coup, cer-tains enseignants n’imaginent même pas que cela soit possible et, du coup, s’autocen-surent » estime Éric Bernad, adjoint à l’ins-pecteur de l’Éducation nationale en charge de l’adaptation et de la scolarité des élèves en situation de handicap dans le Val-de-Marne. Il est vrai également que ces adaptations sont parfois contraignantes. « Cela nécessite un effort logistique avec du matériel sup-plémentaire, poursuit le conseiller pédago-gique. Par exemple des bandes à coller au sol

pour délimiter un espace de jeu, plutôt que des plots qui ne représentent rien pour cer-tains enfants atteints de troubles des fonc-tions cognitives et qui, par conséquent, ne “voient” pas la ligne imaginaire entre deux plots. Lors de manifestations de plein air, il peut également être nécessaire d’ouvrir un vestiaire supplémentaire pour certains élèves afin de leur permettre de se reposer, de se réchauffer (car une faible activité phy-sique causée par des troubles moteurs accé-lère le refroidissement) ou de leur offrir les soins paramédicaux dont ils ont besoin. Il convient également de prévoir un taux d’en-cadrement plus important pour seconder les enseignants ou les auxiliaires de vie scolaire, afin d’accompagner les élèves aussi bien sur un versant cognitif (répéter et expliciter les consignes pour donner du sens à l’activité) que conatif (rassurer et encourager) ou mo-teur (suppléer une action motrice). »Toutefois, cela ne suffit pas à expliquer la frilosité de certains enseignants à inscrire leur classe à une rencontre, notamment dans les établissements spécialisés. « Quand nous avons initié en 2007 les rencontres “Main dans la main”, qui associent dès leur préparation en amont une classe ordinaire et une Clis ou des élèves d’un IME, nous avons dû montrer patte blanche, se souvient Céline Fournial, conseillère technique à l’Usep de Essonne. Les Clis et les instituts nous répon-daient que nous ne connaissions rien au han-dicap. On sentait de leur part de l’inquiétude et de la méfiance. Il a fallu du temps pour

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Au-delà des singularités, une rencontre pour tous

Rencontre Usep lors de l’opération « Ville en partage » à Saint-Étienne.

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 1312 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

nous faire accepter et reconnaitre comme étant légitimes à organiser ces rencontres mixtes. Aujourd’hui, c’est largement gagné ! » Chez les enseignants des classes ordinaires, les inhibitions ne manquent pas non plus. « Par méconnaissance du handicap, un ensei-gnant craint parfois de mettre son élève en danger en le faisant participer à une ren-contre sportive. Il faut savoir que la théma-tique du handicap est extrêmement réduite dans la formation initiale ; et la formation continue, c’est une peau de chagrin ! L’ensei-gnant peut redouter aussi les réactions des enfants valides : son élève ne va-t-il pas être rejeté et stigmatisé s’il fait perdre l’équipe dans laquelle on l’a inclus ? Dans le doute, il préfère alors s’abstenir » remarque Xavier Chigot, enseignant ressource pour l’aide à la scolarisation des élèves handicapés moteurs et conseiller au sein du comité Usep Val-de-Marne (1).

DE L’ÉGALITÉ À L’ÉQUITÉ

Des dispositifs inspirés par la notion de « coopétitivité », et visant à compenser le handicap d’un élève, permettent pourtant de rétablir une certaine égalité des chances et des habiletés dans les rencontres spor-tives (lire ci-dessous). Plus généralement, la

réponse réside dans une péda-gogie différenciée. « Quand on ne se focalise pas sur la diffé-rence d’un élève en situation de handicap mais plutôt sur sa singularité et ses besoins spéci-fiques, la question du handicap ne se pose même plus ! On prend l’enfant là où il en est de ses compétences et de ses possibili-tés et on s’ajuste. Cette approche est d’ailleurs valable pour tout enfant présentant telle ou telle singularité, qu’il s’agisse d’un handicap ou non » insiste Pas-cale Mermet-Lavy, conseillère pédagogique ASH (2) et chargée de mission EPS et handi-cap dans l’Ain. Selon elle, traiter les élèves de manière égalitaire à tout prix, comme c’est généralement le cas à l’école, constitue un handicap à l’inclusion. « À l’Usep, nous vou-lons promouvoir une éducation physique et sportive équitable, pas égalitaire ! » insiste-t-elle. « La question de l’inclusion suppose que l’on arrête de réfléchir seulement en termes de masse, de groupe, de classe, et que l’on soit aussi capable de prendre en compte les singularités au sein du collectif » ajoute Patrick Morel.

Cette prise en compte des singularités n’est pourtant pas une évidence pour tous, spé-cialement dans le contexte d’une rencontre sportive. Certains peuvent la voir comme une injustice, considérant que l’on avan-tage certains élèves par rapport à d’autres, faussant ainsi les règles du jeu et de la compétition (3). « Dans l’immense majorité des rencontres Usep auxquelles j’ai participé avec ma classe, laquelle accueille des élèves présentant des déficiences cognitives et des troubles du comportement, je suis toujours tombée sur des arbitres compréhensifs. Sauf une fois… La collègue enseignante qui arbitrait n’admettait pas le moindre assou-plissement des règles. Alors que mes élèves avaient du mal à comprendre la consigne selon laquelle on ne court pas en portant le ballon lors d’un match de hand, elle sifflait en permanence des fautes. Sous prétexte de justice, elle n’a fait que gâcher le plaisir de tous et empêcher le jeu » se souvient avec dépit Marlène Mouillaud, enseignante en Clis à Clermont-Ferrand (4). Le genre d’atti-tude qui a le don d’agacer Patrick Morel ! « Si certains de mes collègues usépiens viennent se plaindre auprès de moi que les rencontres adaptées perdent de leur enjeu sportif, je leur répondrai que ”faire des résultats” n’est sans doute pas notre boulot premier. Ce qui compte pour l’Usep, c’est le résultat éducatif et citoyen, ne l’oublions pas ! » conclut-il. Sans appel. ● isaBeLLe GraviLLon

(1) Co-auteur de Handicaps et activité physique, éditions Revue EPS.(2) ASH : adaptation scolaire et scolarisation des élèves en situation de handicap.(3) Il est permis de faire le parallèle avec les débats suscités par le souhait de certains athlètes handisport, amputés d’un ou plusieurs membres inférieurs et dotés de « lames » en fibre de carbone, de se mesurer à des champions valides en compétition.(4) Tout comme Patrick Morel et Pascale Mermet-Lavy, citée plus haut, Marlène Mouillaud est membre du Pôle national Usep sport scolaire et handicap.

Atelier sarbacane lors d’une rencontre Usep associant une classe d’inclusion scolaire (Clis).

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Afin de parer au risque d’exclusion de l’enfant en situation de handicap lors

d’une rencontre, ou à celui d’une trop grande inégalité entre enfants valides

et enfants handicapés, une stratégie existe : la « coopétitivité ». Elle consiste

à équilibrer les forces en présence, d’une part en rendant la réalisation d’une

tâche plus complexe pour le « dominant » (qui doit faire plus pour réussir),

et d’autre part en assouplissant le dispositif pour le « dominé » (en lui per-

mettant de marquer des points plus facilement). Par exemple, dans un match

de badminton, l’enfant valide ne pourra marquer un point que sur un smash,

tandis que celui en situation de handicap en remportera un dès lors qu’il aura

réussi à faire trois échanges. Autre dispositif possible : la course inversée. On

fait courir tous les enfants sur une distance donnée, identique pour les valides

et ceux qui ont des difficultés de motricité, par exemple dues à une prothèse

ou une dyspraxie (1). À l’instant où le premier franchit la ligne, chacun repart

dans le sens inverse depuis le point où il était arrivé. Ainsi, ce n’est pas for-

cément celui qui court le plus vite qui va gagner ! « Ces aménagements offrent

l’énorme avantage de maintenir l’incertitude du résultat et donc l’enjeu sportif.

Tous les élèves y trouvent leur compte et restent motivés » souligne Patrick

Morel, élu Usep chargé du handicap. ● I.G. (1) Dyspraxie : selon le Petit Robert, « terme générique désignant plusieurs troubles apparentés à l’apraxie », laquelle consiste en l’« incapacité d’effectuer des mouvements volontaires adaptés à un but, alors que les fonctions motrices et sensorielles sont normales ».

SOYONS « COOPÉTITIFS » !

Page 13: Usep 16 mai 2015

Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 13

Au-delà des singularités, une rencontre pour tous

Des rencontres exemplairesCertains comités n’attendent pas la venue « spontanée » d’élèves en situation de handicap à leurs rencontres. Ils sollicitent leur présence et les associent en amont à la préparation d’événements « handi-valides ».

C haque début d’année, l’Usep Haute-Garonne met en contact des classes ordinaires avec des Clis ou des IME. « Nous invitons enseignants et élèves

de ces classes à faire connaissance et à échan-ger régulièrement par l’intermédiaire d’emails ou d’un blog » explique Henri Vasco, délé-gué départemental. L’Usep propose ensuite la mise en place de l’activité kin-ball dans l’ensemble des classes, si besoin en venant aider les enseignants et animateurs non for-més à cette discipline. « Le jour de la ren-contre, des équipes mixtes sont constituées, avec trois enfants issus d’une classe ordinaire et un enfant issus d’une Clis ou d’un IME. Ces équipes sont parfaitement homogènes et effi-caces, les uns et les autres ayant eu le temps de se découvrir, d’apprivoiser leurs différences respectives, de savoir comment s’entraider et permettre à chacun de donner le meilleur de lui-même » complète-t-il. Initiative similaire dans la Loire, en parte-nariat avec des étudiants de l’École supé-rieure du professorat et de l’éducation (Éspé). « Pendant plusieurs mois, ceux-ci se rendent régulièrement dans des Clis afin de travailler avec les enseignants aux adap-tations nécessaires pour que leurs élèves puissent participer à une grande rencontre “mixte” organisée par l’Usep. En partenariat avec l’ASH et le comité handisport, l’Usep encadre ces étudiants et met en place les adaptations en fonction des informations recueillies » raconte Patrick Lablanche, délégué départemental. Un dispositif qui donne aux futurs enseignants l’occasion de se former au handicap.Dans l’Essonne, la rencontre « Main dans la main » existe depuis huit ans. « Une classe ordinaire et une Clis ou un IME travaillent en binôme avant la rencontre. Ils doivent se voir plusieurs fois pour imaginer ensemble un jeu solidaire qu’ils présenteront le jour J. Ce jeu doit être accessible à tous les enfants présents à la rencontre, quel que soit leur handicap. C’est le rôle de l’enseignant de les guider, de les faire s’interroger : est-ce qu’un enfant en fauteuil pourra faire notre jeu ?

et un enfant déficient visuel ou auditif ? » explique Céline Fournial, conseillère tech-nique. Selon elle, l’expérience acquise lors de ces rencontres spécifiques est précieuse pour adapter ensuite les rencontres Usep ordinaires : « On maîtrise de mieux en mieux le sujet ! Quand ponctuellement nous avons une demande d’un enseignant pour un de ses élèves en situation de handicap, nous savons comment adapter notre matériel et nos barèmes. »Dans les Deux-Sèvres, des initiatives sont prises sur plusieurs rencontres Usep « ordinaires » sur lesquelles sont accueil-lies chaque année des élèves en situation de handicap. « Avant chacune d’entre elles, nous organisons des réunions de travail entre les enseignants des classes ordinaires et ceux des Clis, afin qu’ils puissent expo-

ser aux autres les besoins respectifs de leurs élèves, afin qu’aucun d’entre eux ne se sente lésé » insiste Renaud Bonnenfant, conseiller pédagogique EPS. D’un côté, tel enseignant en Clis expliquera que ses élèves autistes ont peu d’autonomie affec-tive et donc besoin d’être accompagnés par un adulte pendant l’épreuve. De l’autre, tel enseignant de classe ordinaire demandera que l’on prévoie une manière de motiver ses élèves, par exemple en fixant un temps maximum pour trouver des balises lors d’une course d’orientation.Au fil de ces différentes expériences, on comprend bien que la réussite d’une ren-contre mixte repose sur deux éléments : une solide préparation et une communica-tion franche et ouverte entre tous les par-tenaires. ● I.G.

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Atelier handisport, Usep Loire.

UNE ENQUÊTE EN COURS D’ANALYSELes comités Usep ont été sollicités en début d’année par l’Observatoire des pra-

tiques pour répondre à une enquête visant à cerner plus précisément toutes

leurs actions en faveur du handicap. Les questionnaires en ligne, qui devaient

être retournés pour la fin mars, sont actuellement en cours de traitement et

une synthèse sera proposée dans le prochain numéro de En Jeu, en complé-

ment à ce dossier. ●

Page 14: Usep 16 mai 2015

14 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

La nouvelle version, sous forme numérique, de la mallette « sport scolaire et handicap » de l’Usep est prête (1). Elle est conçue comme une boite à idées où puiser pour adapter des rencontres, grâce à la mutualisation d’expériences menées sur tout le territoire. Mais attention, il ne s’agit pas de solutions clé en main. « Par nature, les réponses ne peuvent être préfabriquées mais seulement conçues au cas par cas, en fonction des situations rencontrées, avec énor-mément de souplesse. Ainsi, il faut parfois savoir renoncer à une activité qu’on ne parvient pas à adapter pour tel handicap, et en choisir une plus accessible » explique Patrick Morel, qui a supervisé la réalisation de la mallette avec le Pôle handicap de l’Usep. Autre ressource : l’ouvrage Handicaps et activité physique paru en 2014 aux éditions EPS et réalisé en collaboration avec l’Usep,

l’UNSS, la Fédération française handisport et la Fédération française de sport adapté (2). Cet opus très complet propose des repères sur les handicaps moteur, visuel, auditif et mental, ainsi que des conseils pour mener une démarche d’adaptation efficace. Quelles questions se poser au départ ? Sur quelles variables agir : les règles, le matériel, la relation à l’autre, le temps, l’espace ? De la réflexion et du pratique ! ●

(1) Téléchargeable sur www.u-s-e-p.org(2) Par Thierry Bourgoin, Xavier Chigot, Florence Guyard Bouteiller et Stéphanie Lentz, 197 pages, 29 €. (www.revue-eps.com)

DES OUTILS POUR ADAPTER LES RENCONTRES

Vous n’avez pas renoncé pour autant…Non, j’ai en effet décidé de faire jouer mes relations afin de pouvoir remettre mon dos-sier à l’organisateur en mains propres. Pas pour obtenir un passe-droit mais pour avoir une chance d’être entendu. J’ai ainsi pu expliquer de vive voix au représentant d’Amaury Sport Organisation le but que je poursuivais à travers ma participation : faire changer le regard des athlètes et du grand public sur les per-sonnes en situation de handicap, montrer que rien ne nous est interdit pour peu que nous puissions compenser notre handicap. J’ai bien insisté sur le fait que je ne me positionnais pas dans une logique compé-titive, que ma volonté n’était pas de faire subir une quelconque gêne ou injustice aux autres participants. Il s’agissait simplement pour moi de compenser mon handicap grâce aux quatre jambes de mes cousins ! Et nous avons terminé !

Avez-vous participé depuis à d’autres épreuves sportives réservées à des per-sonnes valides ?Oui, j’ai fait les 10 km d’Échirolles (Isère), ainsi que le semi-marathon Grenoble-Vizille. À chaque fois c’est le même scéna-rio : d’abord un refus, puis je fais le forcing ! Je fais jouer mes relations, je m’appuie sur ma participation au marathon de Paris et m’arrange pour que mes combats soient

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Olivier Morel, tracté par ses deux cousins.

médiatisés. À force de persévérance, les mentalités finiront bien par évoluer ! D’ail-leurs, cette année, les organisateurs de la Foulée blanche, la grande manifestation de ski de fond à laquelle je m’étais inscrit (1), m’ont convié à une réunion préparatoire afin de s’enquérir de la meilleure manière de bien accueillir les personnes en situa-tion de handicap.

Vous n’êtes donc pas près de renoncer ?Sûrement pas. La philosophie inclusive, portée par la loi de 2005, est de permettre aux personnes en situation de handicap de « faire avec les autres », pas de les exclure ni de les isoler. J’y tiens énormément et je pra-tique tous les jours l’inclusion en exerçant mon métier d’enseignant. Nous sommes des citoyens à part entière, malgré nos défi-ciences. Alors pourquoi ne pas le montrer, y compris lors d’épreuves sportives ? ● I.G.

(1) L’édition 2015 a finalement été annulée par manque d’enneigement. Précisons par ailleurs qu’Olivier Morel habite Grenoble.

En 2011, l’Usep a soutenu le projet d’Oli-vier Morel, enseignant d’anglais tétra-plégique, de participer au marathon de Paris, poussé et tracté dans son fauteuil par ses deux cousins. Retour sur une aventure qui illustre les difficultés de faire accepter sa différence.

Olivier Morel, comment vous est venue cette idée folle de partici-per au marathon de Paris, épreuve de masse réservée aux valides ?

Mes deux cousins et moi avons le même âge et fêtons nos anniversaires ensemble. Pour nos 40 ans, nous avons eu envie de nous lan-cer un défi un peu exceptionnel. Mais quoi ? Ils ont avancé l’idée du marathon de Paris, mi-sérieux, mi dans la plaisanterie. J’ai dit banco ! Nous avons tout organisé, créé une association pour obtenir des subventions publiques, trouvé un sponsor pour l’achat d’un fauteuil et d’une coque spécifiques. Mais il nous restait encore une étape essen-tielle à franchir : nous inscrire à l’épreuve.

Quel accueil avez-vous reçu ?La réponse a été immédiate et catégo-rique : non ! Pour justifier ce refus ont été invoquées des questions de sécurité : nous aurions pu blesser d’autres compéti-teurs avec mon fauteuil, pas suffisamment maniable pour être stoppé net en cas d’ur-gence. Très clairement, cette réponse était motivée par une méconnaissance totale du handicap. Sans doute aussi une forme de paresse, pour ne pas avoir à gérer ce pro-blème particulier.

Se faire accepter, une épreuve en soi

Page 15: Usep 16 mai 2015

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16 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

fédé

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C omme les autres fédérations sportives, l’Usep va devoir modifier son organisa-tion et certains modes de gouvernance de ses comités afin de se conformer à la

loi sur la « nouvelle organisation des territoires de la République » (loi NOTRe) : après une seconde lecture au Sénat fin avril, l’Assemblée nationale doit définitivement l’adopter cet été.Cette réforme est déjà en marche depuis la promulgation de deux lois : celle du 27 janvier 2014, portant sur la « modernisation de l’ac-tion publique territoriale et d’affirmation des métropoles » (Maptam), et celle du 16 janvier 2015, concernant la détermination des treize nouvelles régions et les modalités des élections départementales et régionales. Concernant la question cruciale du partage des compétences, l’Assemblée nationale a notamment réintroduit un article ayant trait, parmi d’autres domaines, au sport : « Les compétences en matière de culture, de sport, de tourisme, de promotion des langues régionales et d’éducation populaire sont partagées entre les communes, les départements, les régions et les collectivités à statut particu-lier », stipule cet article 28.Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a lancé une vaste consultation afin que le mouvement sportif puisse anticiper les consé-quences de cette nouvelle structuration : des travaux auxquels l’Usep participe. Toutefois, les fédérations spor-tives n’avancent pas toutes au même rythme. Si certaines modifieront leur fonctionnement dès 2016, d’autres ne le feront qu’en 2020.Pour sa part, le comité directeur de l’Usep a souhaité associer l’ensemble des comités départementaux et ré-gionaux à la réflexion. Les conséquences de la réforme devaient être ainsi abordées fin avril, lors de la confé-rence des présidents de régions réunie à l’occasion de l’assemblée générale de Caen. Le sujet sera ensuite appro-fondi fin septembre-début octobre lors de treize réunions décentralisées : une par nouvelle région. L’intitulé pro-

pour s’adapter à la réForMe territoriale

Des régionales Usep à la rentréeLe traditionnel rendez-vous des présidents et délégués sera remplacé fin septembre-début octobre par treize réunions décentralisées.

En bref Éduscol relaie l’initiative Usep de recueil de dessins Le ministère de l’Éducation nationale relaie sur Éduscol, « portail national des professionnels de l’éducation », l’initiative de l’Usep de réaliser dans

le cadre de la « grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République » un recueil de dessins et de textes réalisés par les enfants et exprimant les moments forts vécus par eux au cours des rencontres sportives. L’article rappelle au passage que le sport scolaire joue un rôle important dans cette mobilisation en encourageant

les jeunes à mieux vivre ensemble dans le cadre de la pratique sportive et à s’investir au sein des associations sportives scolaires dans différents rôles : juge, arbitre, organisateurs... Il est également précisé que l’édition papier de ce recueil sera présentée le 9 décembre 2015 lors de la Journée nationale de la laïcité. (http://eduscol.education.fr)

posé est clair : « S’inscrire dans la réforme territoriale et affirmer notre identité ».Un projet de territoire devra être lancé dans chaque nou-velle région, selon un rythme librement choisi et selon des modalités propres à chaque région, sachant que l’échelon national devra mobiliser ses forces et ses moyens pour le développement harmonieux de l’Usep sur tout le territoire.Cette démarche se fera en étroite concertation avec la Ligue de l’enseignement, à tous les échelons concernés. Et si la loi concerne avant tout la métropole, les départe-ments et communautés d’outremer ne seront pas écartés pour autant de ce projet partagé. ●

MicheL Derouet, Gt contrats D’oBJectifs et réGions

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Les treize nouvelles régions.

Page 17: Usep 16 mai 2015

Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 17

On ne change pas une formule qui gagne : cette année encore, le P’tit Tour sillonnera les routes de 84 dé-partements, en métropole et outre-

mer, au rythme de boucles régionales propo-sant plusieurs étapes, sous forme d’un relais cyclo-touristique pour les plus grands, et de circuits axés sur le multi-déplacement pour les plus jeunes. Cette manifestation natio-nale reflète l’identité de l’Usep, tant sur le plan de la pédagogie que de la vie associa-tive ou de la pratique sportive. Du point de vue pédagogique, ces journées sont l’aboutissement d’un travail conduit dans le cadre du programme d’EPS et de l’édu-cation à la route. L’Usep dote tous les par-ticipants d’un livret à visée pédagogique. Le partenariat avec la Prévention MAIF concourt également à la préparation de l’événement par les enfants de cycle 3 en proposant des outils d’éducation à la route et en offrant la possibilité à ceux de CM2 d’obtenir le « permis cycliste »Du point de vue associatif, le P’tit Tour est l’occasion d’impliquer de très nombreux partenaires adultes (ensei-gnants, parents, agents de sécurité, pratiquants de clubs sportifs) autour d’un projet porté par l’AS Usep de l’école. Du point de vue sportif enfin, il traduit sa volonté de l’Usep de donner toute sa valeur à la rencontre spor-tive, y compris dans sa dimension éducative et festive. Véritable « épreuve » physique, une étape du P’tit Tour

demande également aux enfants effort et persévérance. Ils y goûtent le plaisir d’une pratique saine et citoyenne, dans le respect des règles de sécurité routière, avec le souci de favoriser le développement de leur capital-san-té et dans le respect des préceptes du développement durable et solidaire.Rappelons également que l’Usep est partenaire de la Semaine du vélo à l’école et au collège, reconduite cette année du 1er au 5 juin. Toutes les étapes organisées durant cette période s’inscriront dans le cadre de celle-ci, à commencer par l’étape nationale, qui devrait réunir 450 enfants à Hauterives (Drôme). ● MarGuerite Liron

l’édition 2015 Fera étape dans 84 départeMents

Le P’tit Tour Usep est repartiDu 1er mai au 15 juin, cette 19e édition réunira 100 000 enfants de 3 à 11 ans et participera comme l’an passé à la Semaine du vélo à l’école.

La danse de création sera l’activité

support du stage de formation com-

plémentaire Usep organisé du 19 au

23 octobre 2015, à Istres (Bouches-

du-Rhône), en collaboration avec la

Fédération française de danse. Celle-ci

mettra à disposition des cadres tech-

niques et des supports pédagogiques. Comme pour le cirque

l’an passé, ce stage reposera sur trois axes : « faire », « voir »

et « comprendre », afin que le participant soit à la fois au-

teur, acteur et spectateur. Toujours dans le même esprit, un

échange est envisagé avec la compagnie Coline ou d’autres

artistes. L’adaptation de l’activité pour les enfants en situa-

tion de handicap sera également abordée.

Le principe retenu est de partir des fondamentaux et d’uti-

liser toutes formes de danse dans un

aspect créatif, pour aller ensuite vers

les spécificités, et non l’inverse. Atten-

tion : « danse de création » n’est pas

synonyme de « danse contemporaine »,

et le stage se propose d’aborder toutes

les formes de danse, y compris les plus

traditionnelles.

Comme toujours, les temps de pratique alterneront avec les

temps de réflexion sur la démarche de création, les partena-

riats, etc. La rencontre avec des artistes permettra d’aborder

plus particulièrement la question de « l’éducation au regard »

du spectateur et contribuera elle aussi à une proposition de

rencontre danse Usep type.

Pour tout renseignement : [email protected]

LA DANSE DE CRÉATION, SUPPORT DE LA FORMATION COMPLÉMENTAIRE 2015

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Le P’tit Tour mobilise aussi les parents.

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18 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

péda

gogi

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«C ombien de marins, combien de capitaines » s’interrogeait gravement le poète (1). « Autant qu’il y a d’enfants dans la classe ! » pourraient répondre, sur un ton plus léger,

les vingt enseignants ayant embarqué leurs élèves dans une course au large via le site Virtual Regatta. À l’invitation de la commission mixte chargée du suivi de la convention liant l’Usep et la Fédération française de voile, ils ont engagé un bateau sur la seconde étape de la Volvo Ocean Race, la grande course autour du monde en équipage (2). Parties le 19 novembre 2014 de Cape Town (Afrique du Sud), ces classes de cycle 3 avaient un mois pour rallier Abu Dhabi (Émirats Arabes Unis).Elles ne s’étaient pas engagées par hasard. Toutes avaient auparavant participé à des rencontres voile à l’issue d’un cycle d’apprentissage. En outre, trois départements ont été ciblés : la Charente-Maritime, les Côtes-d’Armor et le Morbihan, qui organise notamment chaque année des rencontres Usep « Hisse et Eau » (3). Les classes étaient également volontaires pour partici-per à un projet dont la principale contrainte était de consacrer, chaque matin, un temps commun au choix de la route et au réglage de la voilure. Le règlement établi par l’Usep et la FFVoile prévoyait aussi que, les same-dis et dimanches, une délégation de deux élèves assure la vacation journalière dans les mêmes conditions qu’en semaine. Et, chaque classe ayant inscrit les autres par-mi ses « amis », les enfants savaient précisément où se situait leur bateau par rapport à ceux de leurs camarades : de quoi entretenir l’émulation ! Au final, seuls cinq des

la course au large vécue sur internet

Virtual Regatta pour classes UsepDes classes pratiquant la voile ont participé à la Volvo Ocean Race depuis leur ordinateur. L’expérience sera renouvelée pour la Mini Transat avant d’être étendue lors du Vendée Globe 2016.

« Une convention entre l’Usep et une fédération déléga-

toire se traduit généralement par la réalisation d’un guide

de rencontre. Mais nous souhaitions aussi faire le lien

avec le haut niveau. Nous aurions pu choisir l’olympisme,

mais les sélectionnés français pour Rio 2016 ne seront

connus que très tard, fin 2015. De son côté, la course au

large est populaire, médiatisée, et possède une dimension

mythique : l’aventure, la liberté... Plus concrètement, des

logiciels comme Virtual Regatta permettent de participer à

la course depuis son ordinateur, en mêlant son bateau vir-

tuel à ceux qui affrontent l’océan. Sur le plan pédagogique,

cela participe de la maîtrise de l’outil informatique, tout en

offrant l’occasion à l’enseignant, s’il le souhaite, d’aborder

aussi la géographie, la littérature, les mathématiques ou les

sciences. » ● Pierre Le Boucher*

* Président du comité de voile et élu Usep des Côtes-d’Armor, Pierre Le Bou-cher est membre de la commission mixte qui assure le suivi de la convention nationale signée fin 2012 entre les deux fédérations.

CONVENTION USEP-FFVOILE : « EXPLORER DE NOUVELLES PISTES »

vingt bateaux – tous des monocoques de 65 pieds (20, 37 mètres) – ont abandonné en route.Dès les premières semaines de course, la classe de Pen-venan, près de Paimpol (Côtes-d’Armor) s’est détachée au classement, si irrésistiblement que Pierre Le Boucher, membre de la commission mixte Usep-FFVoile, a souhaité aller à sa rencontre. Il n’a pas été déçu. « Tous les matins à 9 heures, l’enseignant organisait une séance collective de pilotage, avec projection des cartes sur grand écran. Les enfants décidaient ensemble, en piochant des informa-tions sur les sites météo et en utilisant un site de routage gratuit proposant un cap à suivre en fonction des vents : nous n’avions pas songé à cela ! Et considérant que ce qui n’est pas interdit est autorisé… »

CHANGEMENTS DE CAP

Les changements de cap pendant la journée, qui eux entraient davantage en infraction avec le règlement Usep (4), avaient particulièrement intrigué les organisa-teurs. « J’ai vite compris : dans cette classe à double ni-veau, les enfants ayant fini un travail avant les autres ont l’autorisation de se connecter sur le coin informatique de la classe. Aussi modifiaient-ils la route selon les bascules de vent. Idem le week-end. » Cela a permis au Penvenan CM de terminer au général à une remarquable 8777e place sur plus de 185 000 concurrents virtuels ! Mieux encore : les élèves se sont tellement pris au jeu que nombre d’entre eux ont aussi engagé leur propre bateau, histoire de faire la course avec les copains… « “Et comment fais-tu quand tu es à l’école ?” ai-je demandé à l’un d’eux.

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Vacation du matin à l’école de Penvenan (Côtes-d’Armor).

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 19

“J’ai expliqué à maman comment faire”, m’a-t-il répondu. J’étais soufflé, et secrètement ravi : le succès de la formule a dépassé nos espérances ! » s’enthousiasme l’élu Usep des Côtes-d’Armor.En Charente-Maritime, les trois classes de la circonscrip-tion de Jonzac qui se sont inscrites l’ont fait dans la foulée de leur participation, fin septembre, aux toutes premières rencontres départementales Usep de voile. Ces journées venaient finaliser un cycle d’apprentissage orga-nisé dans le cadre de l’opération « Voiles itinérantes » co-organisée par le conseil général et le comité de voile (5). Eh bien, même ces « néophytes » ont cédé à l’ivresse de la course au large : l’enseignante de l’école de Guitières et ses élèves (6es du classement Usep) ont participé depuis à d’autres courses sur Virtual Regatta, entraînant les parents dans l’aventure !

MINI TRANSAT EN SEPTEMBRE

Parmi les onze classes ayant renvoyé le questionnaire adressé quelques semaines après l’arrivée, les retours sont très positifs, voire enthousiastes. Si un enseignant affirme avoir eu du mal à intéresser les enfants sur la durée, c’était souvent l’inverse : « Je pensais qu’ils se las-saient, jusqu’à ce qu’ils me demandent de faire les autres étapes et de continuer ce rituel matinal jusqu’à la fin de la course », explique Hervé Da Silva, « capitaine » de l’ Indes-tructible17240 . « Les élèves étaient motivés, intéressés. Cela a amené des débats autour du cap à suivre (pourquoi celui-là et pas un autre ?), des vents et de leur force. Il était également intéressant d’observer les choix des autres bateaux » ajoute l’enseignante de Plerneuf, Kristen Bru-nel, dont les enfants auraient eux aussi aimé poursuivre l’aventure… Plusieurs ont toutefois regretté les libertés prises par certains bateaux avec le règlement ou l’absence de « documents pédagogiques facilement exploitables ».

Une lacune qui pourrait être vite comblée, tandis que les points de règlement seront reprécisés.Après cette première convaincante, l’expérience sera en effet renouvelée dès la rentrée à l’occasion de la Mini Tran-sat, dont les deux étapes se dérouleront en septembre-octobre et en novembre-décembre. Cette fois, il s’agira d’une opération nationale Usep que les comités régionaux pourraient être invités à gérer, en partenariat avec les ligues de voile. Ce serait là un dernier galop d’essai avant l’ouverture du dispositif à toutes les classes Usep volon-taires à l’occasion du prochain Vendée Globe. Rendez-vous donc aux Sables-d’Olonne, le 6 novembre 2016… ●

PhiLiPPe Brenot

(1) Victor Hugo, « Oceano nox ».(2) Cette édition de la Volvo Ocean Race (ex-Whitbread) comprenait 9 étapes. Partie d’Alicante (Espagne) le 11 octobre 2014, la course s’achè-vera fin juin à Gothenburg (Suède).(3) Voir En Jeu Usep n°12 (septembre 2014). En revanche, l’Usep n’est pas partenaire de l’opération « Écoles toutes voiles dehors », développée par la FFVoile et l’Éducation nationale, et qui réunit chaque année une centaine de classes en Côtes-d’Armor.(4) Suite à la réclamation d’une autre classe participante, le jury a pénalisé la classe fautive (qui a reconnu la faute et la sanction) en la rétrogradant. (5) Cette opération vise à développer la pratique en milieu rural en pro-fitant de plans d’eau intérieurs.

• Les classes récompensées à Lorient et Jonzac. À la suite de la communication du classement officiel, dont le podium est trusté par trois bateaux costarmoricains (école Luby de Rosprez, Penvenan et Plélo), plusieurs classes seront récompensées lors de deux temps proto-colaires. Les classes de Charente-Maritime sont conviées le 11 juin au centre aquatique de Jonzac, tandis que les classes morbihanaises et deux classes costarmoricaines (tirées au sort) le sont le lendemain à Lorient à l’occasion de l’étape française de la Volvo Ocean Race.

Visualisation du positionnement des bateaux et des choix de navigation.

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20 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

rech

erch

eAu vu des actions développées au sein de notre

mouvement Usep, mais aussi à travers les outils utilisés lors des rencontres, une problématique est apparue dans le groupe de travail formation-

recherche, non pas sur la place que nous accordions à l’enfant mais sur son statut. Nous sommes tous d’accord que l’enfant est le sujet de notre action, que notre finalité est de former un citoyen sportif et que la rencontre sportive en est l’objet. Nous mettons tout en œuvre grâce aux valeurs qui nous fondent pour tendre vers cette finalité.

L’ENFANT ACTEUR, UNE RÉALITÉ

Lorsque nous mettons en place des activités et organi-sons des rencontres sportives, nous recherchons la parti-cipation maximale de toutes et tous. L’enfant est acteur au sens donné par le dictionnaire : « celui qui prend une part déterminante dans une action ».En marge de la pratique sportive elle-même, nous pro-posons également des ateliers conçus autour de l’utilisa-tion de la réglette des émotions (imaginée pour favoriser l’expression des plus jeunes), du Remue-méninges (outil pédagogique destiné à organiser des débats) ou bien en-core de temps dédiés aux questions de santé, d’alimen-

axe de réFlexion du gt recherche de l’usep

Enfant acteur, enfant auteur ?Soucieuse de former des citoyens sportifs, l’Usep souhaite faire de l’enfant un « acteur » impliqué dans l’organisation des rencontres et lavie associative. Mais ne peut-il pas aussi être « l’auteur » de celles-ci ?

La revue scientifique en ligne de l’Usep s’interroge aussi

sur le concept d’enfant auteur, sur la place qu’il occupe

dans les activités et la rencontre sportive Usep et sur la

part de dévolution que peut lui laisser, ou non, l’adulte.

Son n°5 réunit pour cela les contributions d’Amaël André

(Éspé de Rouen), Nicolas Go (Université de Rennes), Lau-

rent Lescourach (Université de Rouen) et Jean-Charles Pet-

tier (Éspé de Créteil) (1).

Premier contributeur, Amaël André questionne les formes

d’autorité utilisées en EPS et la marge de liberté laissée

aux élèves pour leur permettre d’agir en citoyens res-

ponsables. Dans un second extrait, il propose différentes

formes d’expression de la citoyenneté, en particulier en

acrosport. Nicolas Go pose ensuite la question de la dévo-

lution de l’adulte à l’enfant, puis avance des orientations

de recherche concernant la vie de la classe, dans un objec-

tif d’autonomisation de l’élève. Dans un deuxième texte,

écrit avec Juliette Gasselin, il explore une « méthode na-

turelle de nage », démarche « joyeuse et coopérative » de

conquête de l’eau, à différencier de l’apprentissage de la

natation. Laurent Lescouarch questionne pour sa part la

place de l’enfant auteur dans une pédagogie de projet, à la

lumière des enjeux de l’éducation populaire. Enfin, Jean-

Charles Pettier réfléchit à partir de l’apparente contradic-

tion entre les deux termes d’« enfant » et d’« auteur ».

Parallèlement à ces points de vue d’universitaires figure

également un article réunissant ceux de quatre enseignants,

usépiens ou non. Ces différentes contributions visent à

instaurer le débat sur la place respective de l’enfant et de

l’adulte, au sein de notre mouvement comme avec nos par-

tenaires. Elles interrogent à la fois nos pratiques et notre

place dans les temps périscolaires, en tant que mouvement

d’éducation populaire. ● B.G.

• Consultez le n°5 de la revue scientifique « Enfant, sport et autonomie : enfant acteur, enfant auteur ? » sur www.u-s-e-p.org(1) Retrouvez leur CV détaillé et les références des contributions dans les notes à la fin de l’article ci-contre, page 23.

AU SOMMAIRE DU NOUVEAU NUMÉRO DE LA REVUE SCIENTIFIQUE

tation ou de bien-être. Nous engageons alors la réflexion des enfants dans un cadre plus large.Lorsque nous lui proposons de construire son « p@rcours sportif » en inscrivant sur un espace numérique person-nel sa pratique en EPS, à l’Usep, en club ou en famille, nous amenons l’enfant à mettre des mots sur ses pra-tiques sportives, sur ses choix. Nous l’invitons à mieux se connaître, nous l’accompagnons pour mettre en cohé-rence les différents temps sportifs ou de simple activité physique qu’il peut vivre. Enfin, grâce par exemple à la charte de la laïcité et au « code du sportif », nous lui proposons également de ré-fléchir, de comprendre ce qui sous-tend les activités qu’il pratique au sein de l’Usep.Mais nous ne visons pas simplement à ce que l’enfant soit actif dans les actions que nous proposons. Le but recherché est également qu’il s’implique dans la ren-contre sportive, qu’elle devienne sienne en lui permet-tant de prendre une part importante dans sa prépara-tion et sa réalisation. Nous devons permettre à l’enfant de construire son autonomie mais aussi d’accéder à la responsabilité tout en faisant preuve de solidarité. Nous souhaitons qu’il puisse comprendre, s’approprier les ac-

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 21

tivités proposées, ainsi que les différents temps de la rencontre, au profit du collec-tif. Former un citoyen sportif, cela implique que l’enfant ait conscience des valeurs qui sont mises en œuvre et qu’il vient de vivre. Cela implique aussi qu’il soit en capacité de mettre des mots sur les choix qui sont faits, puis d’opérer lui-même ces choix. Les différents outils proposés par l’Usep per-mettent donc une prise de conscience, une éducation de l’enfant qui nous est confié, à partir des activités sportives pratiquées.

ALLER PLUS LOIN

Précisant en 2008 notre conception du sport scolaire, nous affirmions : « Le parti pris de l’Usep vise à faire de l’enfant un sportif autonome, responsable et solidaire au sein de son association. » (1) Notre mission n’a pas changé. Et, lorsque nous développons les assemblées d’enfants, nous sommes alors dans une démarche où l’enfant, petit à petit, devient créateur de sa rencontre, réalisateur, responsable d’un acte. Or c’est le sens donné par le dictionnaire au mot auteur. Devenir citoyen sportif nécessite une prise de conscience qui ne se résume pas à la simple pratique sportive. Nous impliquons l’enfant dans une réflexion favorisant l’émergence du sujet et la formation à la liberté : liber-té de choix, de décision, de dire oui ou non en toute conscience. Nous aidons les jeunes à s’imputer progres-sivement leurs propres mots, leurs propres choix, pour pouvoir « se faire œuvre d’eux-mêmes », comme l’écrivait déjà il y a plus de deux siècles le pédagogue Johann Heinrich Pestalozzi (2). Nous éduquons, à travers le sport scolaire, pour que tous nos Usépiens vivent nos valeurs de laïcité, de partage, de solidarité et de vivre ensemble. Qu’ils puissent non seulement les vivre, mais également les mettre en œuvre et en mots grâce à ce qui leur a été proposé, grâce à leur vécu.

POSITIONNEMENT PÉDAGOGIQUE

Nous rejoignons en cela les propos tenus en 2011 par Ni-colas Go dans son discours d’introduction au 50e congrès de l’Institut coopératif de l’école moderne (ICEM), qui promeut la pédagogie Freinet (3) : « Ce n’est pas un simple changement de mots, par lequel on ne dirait plus “l’enfant acteur de ses apprentissages” mais “l’enfant auteur de ses apprentissages”… C’est une rupture radicale qui se joue dans les conceptions de l’enseignement. »Car c’est bien l’adulte qui va mettre en œuvre les condi-tions pour que l’enfant puisse devenir autonome, créateur de sa rencontre et de sa réflexion, et ainsi commencer à devenir auteur. L’enfant n’est pas consciemment auteur, c’est parce qu’il est pris comme tel qu’il en devient ca-pable. C’est le regard et les mots des adultes qui le feront devenir auteur. La reconnaissance de l’adulte est fonda-mentale dans le processus d’évolution de l’enfant, comme le souligne Jean-Charles Pettier (4) : « L’enfant-auteur n’est donc jamais l’enfant qui se pose comme auteur, mais l’enfant qui est posé comme auteur par le milieu éducatif qui crée les conditions de son action… L’enfant ne devient enfant-auteur que par libre choix de l’adulte en charge de son éducation. »

La démarche pédagogique de l’Usep repose sur un prin-cipe : que l’enfant prenne du plaisir à pratiquer, à s’orga-niser, à s’associer et à apprendre. Le sentiment de com-pétence de l’enfant doit également être développé, c’est pourquoi nous favorisons l’auto-détermination de l’en-fant en lui permettant d’effectuer des choix stratégiques individuels et collectifs : des choix éclairés, à travers lesquels il prend des responsabilités tout en participant à la vie collective, et qui concourent à la construction de son parcours sportif (5). « Le citoyen responsable et autonome n’est pas celui qui obéit aveuglément aux règles ou qui s’en affranchit, mais celui qui exerce sa liberté indi-viduelle à l’intérieur d’un cadre commun », insiste Amaël André, agrégé d’EPS, coordinateur d’un ouvrage sur La citoyenneté (6). Or cela ne peut se concevoir qu’en s’appuyant sur le principe de dévolution à l’enfant.

LA DÉVOLUTION, MAIS JUSQU’OÙ ?

Nicolas Go éclaire cette question de transmission de l’adulte vers l’enfant, tout en s’interrogeant sur les li-mites à donner ou non à cette autonomie qu’à l’Usep nous souhaitons développer : « Je rappelle que la dévo-lution implique que l’élève se sente responsable de ses apprentissages, de sorte qu’il ne reste pas passif devant le savoir. Cette dévolution est ici doublement radicale : d’abord, parce que les élèves participent à tous les aspects du travail (y compris l’organisation de la vie sociale elle-même), et ensuite parce qu’ils y portent une responsabi-lité entière. Ce n’est pas le professeur qui conçoit d’avance une situation (dite adidactique) par laquelle les élèves assument la responsabilité d’un apprentissage dont l’ob-jectif est par ailleurs défini. » « Dans le premier cas, souligne le chercheur, ils sont acteurs, c’est-à-dire qu’ils agissent, certes, et plus au-jourd’hui qu’autrefois, mais au sein d’une activité qui a été conçue pour eux, et sans eux ; ils interprètent en quelque sorte un rôle qui a été écrit pour eux. Dans le second cas, ils sont auteurs, ils explorent par eux-mêmes des horizons de promesses, comme ils l’avaient fait pour conquérir le langage, la marche, ce qui leur avait si bien réussi. »Les questions ne manquent pas. Quelles sont les limites du droit que nous accordons à l’enfant dans cette re-cherche d’enfant auteur ? Devons-nous pour autant « lais-

Atelier pour enfants de cycle 2 animé par un élève de cours moyen lors d’une rencontre Anim’Athlé.

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22 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

ser le pouvoir à l’enfant » comme certains pédagogues en ont tenté l’expérience ? L’enfant peut-il décider de tout ? Peut-il tout faire ?Pour tenter d’y répondre, nous pouvons nous appuyer sur les propos de Jean-Charles Pettier précisant l’attitude qui doit être recherchée pour que l’enfant trouve sa place au sein du cadre posé par l’adulte : « L’enfant auteur n’est pas un enfant qu’on laisse faire mais un enfant qui peut faire, à qui l’on donne les moyens de faire et il le sera d’autant plus que ce qu’il fait sera suivi de débat, d’un intérêt, d’échanges critiques entre ses pairs et l’adulte. Être auteur n’est pas être un auteur anonyme. L’enfant n’est pas auteur seul. Il se construit comme auteur dans sa relation aux autres, dans une société. » Il ne s’agit pas d’avoir un adulte en miniature. Nous de-vons être attentifs à ne pas privilégier « l’auteur » au dé-triment de « l’enfant ». Il ne suffit pas de mettre des en-fants ensemble pour qu’ils élaborent de la connaissance. Le rôle de l’adulte est essentiel dans la conception de l’apprentissage. C’est bien l’adulte qui initie, invite, pro-pose, connait le champ des possibles en fonction de l’âge des enfants. Il est évident que les prises de décisions ne peuvent être les mêmes pour un enfant de maternelle que pour un enfant de fin d’école élémentaire. L’adulte reste le garant de la sécurité, du cadre, de l’au-torité, de la juste application des règles, du partage des valeurs fondamentales qui nous animent et que les enfants appréhendent grâce aux situations proposées. C’est l’adulte qui pose les limites, impératives dans la construction de la personne. C’est également l’adulte qui créera les situations pour que l’enfant rencontre l’autre, pas seulement lors de jeux collectifs mais aussi lors de discussions pour les prises de décision. Il s’agit là d’« un ensemble de conduites que l’adulte règlera de façon différente selon l’âge, l’expérience, la maturité de l’enfant, sa capacité – à construire – d’entrer en relation avec les autres », précise Jean-Charles Pettier.

UN ENFANT LIBRE DE SON CHOIX ?

Nous abordons ici une autre notion fondamentale : l’en-fant ne peut prendre une décision ou effectuer des choix que s’il possède un savoir, qui se construit et s’enrichit au fur et à mesure des années, à travers les situations

qu’il rencontre et qui lui sont proposées. Comment l’en-fant peut-il proposer des activités sportives duelles avec engins s’il n’a vu à la télévision que du tennis, s’il n’a jamais pratiqué le speedminton ou si on ne lui a jamais proposé de jouer avec ce gros volant qui donne son nom à la pétéca ? L’adulte doit donc être initiateur pour la découverte de nouvelles activités.Pour accéder à la liberté de choix, il faut en effet déjà avoir connaissance de plusieurs « possibles » et avoir auparavant vécu un certain nombre d’expériences. On ne peut être libre que de ce que l’on sait déjà. Il faut avoir appris pour pouvoir choisir et créer. « Je rappelle que la dévolution implique que l’élève se sente responsable de ses apprentis-sages, de sorte qu’il ne reste pas passif devant le savoir » affirme Nicolas Go. Mais organiser ne suffit pas. L’attitude de l’adulte est primordiale : « Un enfant, pour se construire, a besoin d’être entendu sans être nécessairement approu-vé », rappelait récemment Philippe Meirieu (7). L’enfant a besoin d’être accompagné dans sa recherche de liberté, en reconnaissance de sa responsabilité. C’est l’écoute de l’adulte qui fait exister l’enfant. Une écoute bienveillante apportée à ses demandes, sans jugement, sans parti pris, et qui reconnaisse le droit de parler ou non, de participer ou non, de poser des questions et de s’engager quand le moment sera venu, chacun-e à son rythme. Le respect dû à chacun-e, l’empathie, la congruence, la considération positive et inconditionnelle sont quelques-unes des attitudes nécessaires pour créer un climat permettant la libre prise de parole des enfants.L’adulte se doit de reconnaître également le droit de l’en-fant à ne pas être encore prêt à s’engager. Il devra com-prendre pourquoi celui-ci ne désire pas encore participer, produire, s’impliquer. De nouvelles situations, d’autres activités, d’autres rôles pour que chacun-e puisse gagner en autonomie devront alors être proposées.C’est bien l’enfant qui doit s’exprimer et s’engager au fur et à mesure dans son expression, mais il le fait grâce à la pré-sence et à l’action d’un adulte, réalisant la célèbre injonc-tion de Maria Montessori : « Aide-moi à faire tout seul ». L’adulte devra, selon les situations et la période, passer du « construire pour eux » au « construire avec eux ».

DEVENIR CITOYEN SPORTIF

Être « auteur » de la rencontre permettra une prise de responsabilités dans un espace et une structure paritaire entre enfants et adultes. Ce sera accéder progressive-ment, en fonction de son âge, de ses connaissances et de son désir d’investissement dans l’association, au choix de ses pratiques ainsi qu’à l’organisation de la rencontre.Dans un premier temps, les intérêts immédiats seront certainement prégnants. Le plus long terme se mettra en place par la suite, puis les intérêts de la collectivité : équipe et association pourront alors se développer. Par la création de ce projet collectif d’association, les enfants devront inventer leur propre activité sous l’influence com-plexe du milieu. L’avant-rencontre, sa préparation sur un temps associatif, peut par exemple permettre à l’enfant de choisir les activités sportives, d’élaborer le calendrier des rencontres, de participer aux démarches administratives, de choisir les modalités d’organisation dans la constitu-tion des équipes, de faire un choix de récompenses ou non, ou bien encore de définir la tenue des rôles sociaux, la gestion des déchets, le choix du goûter…

AUTONOMIE ET COLLECTIFLe souci de rechercher plus d’autonomie et de liberté pour l’enfant

ne doit pas encourager l’individualisme mais être au service du

collectif. C’est parce que l’adulte va créer des occasions où l’en-

fant se retrouve confronté aux autres et à leurs opinions qu’il

va pouvoir se construire. De la discussion entre pairs naîtra un

consensus permettant une prise de décision collective. La prise de

conscience de son action ne peut être instituée que par l’examen

de ses pairs comme nous l’indiquions déjà en 2008 dans nos fiches

« Usep, le sport scolaire, partis pris et éléments d’explicitation » :

« L’autonomie est indissociable de la notion de solidarité, lien so-

cial qui implique la tolérance et qui impose des choix conscients et

réfléchis en fonction des “autres”. L’exercice de la solidarité devra

transcender le résultat immédiat de la rencontre encore trop sou-

vent ancré dans la réussite “contre” l’autre. » ●

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 23

Le temps de la rencontre est un temps d’activité sportive, mais différents rôles peuvent être tenus chacun son tour, quand l’enfant est prêt à devenir arbitre, organisateur ou reporter. La participation à l’installation des ateliers et à leur rangement peut également être requise. Et n’oublions pas l’après-rencontre, temps associatif à nouveau où le bilan de la rencontre sera fait, par les enfants et l’adulte, tant du point de vue de l’organisation que relationnel entre enfants et adultes/enfants. L’après-rencontre, c’est aussi la communication sur l’événement auprès des parents ou des journaux locaux, et la préparation de la suivante…Ce sont là quelques éléments que le groupe de travail formation-recherche développe dans un outil baptisé « le champ des possibles » destiné à être prochainement mis en ligne sur notre site.

OUVRIR LE « CHAMP DES POSSIBLES »

Devenir davantage autonome conduira à prendre, par-tager, accepter des responsabilités, et à développer consciemment le « vivre ensemble ». Débattre, prendre la parole seront les premiers pas qui conduiront l’enfant, au sein de l’association, à exercer les responsabilités qu’il aura souhaité prendre et/ou qui lui seront confiées par l’adulte. « Accepter », « partager », « décider » peuvent être compris comme des étapes dans la construction de la notion de responsabilité. Et c’est là, dans le champ d’action qui est le nôtre, que de l’enfant acteur, nous faisons le lien vers un enfant auteur.En développant ce concept d’enfant auteur, nous enten-dons contribuer à l’émergence d’un citoyen sportif, libre et autonome, déterminé à mettre son engagement au service de la collectivité qu’est son association. Tendre vers un enfant auteur n’est donc pas une simple figure de rhétorique. C’est se placer, adulte, comme garant des acti-vités proposées aux enfants dans un cadre défini et faire en sorte de les amener à plus d’autonomie, plus de parti-cipation à la construction de la rencontre sportive, à plus de compréhension des valeurs que nous défendons et plus de participation aux choix qui doivent être faits, à plus de participation aux décisions qui doivent être prises. Pour cela, nous devons nous appuyer sur ce qui est vécu lors des rencontres sportives et sur la place que l’enfant occupe déjà. Tout n’est pas possible tout le temps, cela dépend de l’adulte comme de l’enfant. Petit à petit, dé-veloppons la part d’inventivité de l’enfant : nous savons que nous pouvons compter sur lui. Réduisons l’écart entre la réalité du terrain et l’idéal à atteindre, en particulier en amont et en aval de la rencontre. Appuyons-nous sur cette réalité, sur ce que nous savons faire, pour aller plus loin, chacun-e à son rythme, dans l’évolution que nous voulons donner à la construction du citoyen sportif.L’adulte, ainsi, favorisera l’émergence progressive d’un enfant auteur, auteur par lui-même de lui-même, au pro-fit de la collectivité. ●

BriGitte DeLacotte, éLu nationaLe useP charGée Du Gt forMation et recherche

(1) Fiches « Usep, Le sport scolaire, partis pris et éléments d’explicita-tion », consultables sur www.u-s-e-p.org.(2) Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827), « Mes recherches sur la marche de la nature dans l’évolution du genre humain» (1797).(3) Texte publié dans la revue de l’ICEM, « Le nouvel éducateur », n° 200 sous le titre : « L’enfant auteur » et repris dans la revue scientifique Usep n°5. Nicolas Go est docteur en philosophie (Paris X) et en sciences de l’éducation (Montpellier III).

(4) Professeur à l’Éspé de Créteil, Jean-Charles Pettier est docteur en sciences de l’éducation et en philosophie, spécialisé dans les débats à visée philosophique pour les jeunes enfants. Lire son interview dans En Jeu Usep n°7, janvier 2014. Extrait de sa contribution à la revue scien-tifique Usep n°5.(5) Comme cela figure dans le tableau explicitant la démarche Usep (www.u-s-e-p.org / onglet dynamique formation recherche).(6) « La citoyenneté », éditions Revue EPS, coll. Pour l’action, 2014, dont sont extraites ses deux contributions à la revue scientifique Usep n°5. Lire son interview dans En Jeu Usep n°12, septembre 2014.(7) « Pédagogie, des lieux communs aux concepts clés », ESF éditeur, 2013.

Quelle place créative notre enfant auteur peut-il trouver ? Quel

cadre peut-il lui être proposé ? Faisant référence à la distinction

faite par Jean Houssaye entre la « pédagogie de choix » et la « pé-

dagogie de décision », Laurent Lescouarch (1) nous invite à entrer

dans une « pédagogie de projets d’enfants » : «Dans cette visée, le

sujet est auteur et non seulement acteur car il est mis en situation

de construire lui-même ses itinéraires d’apprentissage et de prendre

des décisions. Cette dimension de prise en compte des choix de l’en-

fant et de sa mise en position de décider de sa tâche nous paraît

une différence essentielle avec les pédagogies rénovées actuelles. »

Considérant la rencontre Usep comme un triptyque comprenant un

avant, un pendant et un après, nous devons être en mesure de pro-

poser des espaces où la construction d’un projet individuel puis

collectif peut voir le jour. S’y ajoute la possibilité de proposer une

assemblée d’enfants. Mais Laurent Lescouarch nous questionne aus-

si sur la part qui pourrait être laissée à de telles approches dans les

espaces d’éducation non formelle, dont relèvent de son point de vue

le champ périscolaire et les mouvements comme l’Usep. ●

(1) Membre du laboratoire CIVIIC (Centre interdisciplinaire de recherches sur les valeurs, les idées, les identités et les compétences en éducation et en formation) de l’Université de Rouen.

PLACE À LA CRÉATION !

« Nous devons permettre à l’enfant de construire son autonomie mais aussi d’accéder à la responsabilité tout en faisant preuve de solidarité. »

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24 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

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l’échange et une démarche de création qui permet à chaque enfant de construire à la fois une motricité « sensible » et « poétique » et un autre rapport aux autres. Réunis par groupes « mixés », les enfants participent chacun à deux ateliers. Dans le premier, ils montrent à leurs camarades ce qu’ils ont « dansé » en classe en les invitant à les imiter. Dans le deuxième, ils visionnent un extrait de la vidéo d’un artiste pour identifier puis s’approprier un geste dansé, individuellement puis collectivement. Enfin, tous se retrouvent ensemble pour une restitution où chaque classe propose une petite chorégraphie de son cru, avant un final en forme de bal contemporain.Toujours autour de la danse, l’Usep

LES MATERNELLES MÈNENT LA DANSE

L’Usep de Haute-Garonne a organisé les 11, 20 et 30 mars, à Toulouse et dans sa périphérie, trois rencontres de danse de création en maternelle. Elles s’inscrivent dans le cadre d’un projet entamé au premier trimestre avec une randonnée contée et qui se prolongera avec le Printemps des maternelles.Ce projet, dont c’est la deuxième édition, a notamment permis au comité d’augmenter ses licences « maternelle » de 120 à 500. Cette année le thème était « la gourmandise », en lien avec l’album support de la randonnée contée. Pour le travailler, les enseignants ont reçu en amont un dossier pédagogique comprenant des fiches pratiques, une bibliographie et une proposition de module d’apprentissage.Les rencontres se déroulent sur une demi-journée et accueillent de deux à quatre classes. Elles favorisent

et l’UNSS organisent aussi depuis trois ans une journée commune, le mercredi hors temps scolaire, où écoliers d’élémentaire et collégiens partagent des ateliers avant de participer à une « déambulation dansée ». Après avoir animé les lieux emblématiques de la commune de Cadours (dont sa très belle halle, ici en photo) lors de la dernière édition en date, elle déroulera sa farandole le 13 mai prochain dans les jardins du château de la Reynerie (dans un quartier de Toulouse), dans le sillage d’une compagnie de danse. À chaque étape du parcours, les artistes se mettront en retrait afin que les enfants puissent donner à voir leurs propres productions aux badauds et aux spectateurs plus avertis.henri vasco, useP haute-Garonne

Usep Haute-Garonne31

Du lundi 23 au vendredi 27 mars,

l’Usep de Haute-Garonne a parti-

cipé à une initiative autour du vivre

ensemble qui a réuni les 570 élèves

du collège Vauquelin du quartier du

Mirail, à Toulouse, durant une semaine

« banalisée ». « C’est ce qui s’est pas-

sé le 11 janvier qui nous a amenés à

réfléchir. Nous avions envie de bâtir vite un projet sur les

valeurs de la République et plus spécialement sur la liberté

d’expression et la presse », a expliqué la principale, Muriel

Bénazet, à La Dépêche du Midi (1). Les emplois du temps

ont été « cassés » pendant une semaine, et les classes aussi

pour former des groupes mélangeant tous les élèves de la 6e

à la 3e. L’objectif des diverses animations proposées était de

contribuer à la rédaction d’un numéro spécial, tiré à un mil-

lier d’exemplaires, du bulletin interne du collège, Kiditou.

Au cours de cette semaine un peu exceptionnelle, les

enfants ont reçu des visiteurs de marque : un journaliste et

un dessinateur, mais aussi les chanteurs du groupe Zebda,

les handballeurs Rémi Calvel et Valentin Porte, le rugbyman

du Stade Toulousain Yannick Nyanga, la députée Martine

Martinel, l’inspecteur d’académie, etc.

Pour sa part, bien qu’elle se dédie au

premier degré, l’Usep a été sollicitée

pour animer chaque jour un atelier

sur « sport et citoyenneté » réunissant

une vingtaine d’enfants durant deux

heures. La première était consacrée

à la pratique du kinball, symbole des

valeurs de coopération promues par l’Usep, et la seconde

à un débat destiné à nourrir l’écriture d’un article. Ainsi

furent abordés les thèmes de « sport et handicap », « sport

et discrimination », « sport et engagement citoyen », « sport

et égalité filles-garçons » et enfin « sport et envers du

décor » (les côtés négatifs).

En attendant de voir les productions terminées, l’Usep ne

peut que se féliciter d’avoir été associée à un tel projet, avec

des enfants impliqués immédiatement dans la pratique du

kinball et un niveau de réflexion et de capacité à débattre

qui a dépassé nos attentes. ● H.V.

(1) L’attentat contre Charlie Hebdo et la mobilisation qui a suivi ont été per-çus avec une acuité particulière par l’équipe enseignante, dans un quartier réputé « sensible » et une ville encore ébranlée par les meurtres de militaires et d’enfants juifs commis par Mohamed Merah en 2012.

L’USEP PARTICIPE À LA MOBILISATION CITOYENNE D’UN COLLÈGE TOULOUSAIN

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Le kinball était l’activité support de l’intervention de l’Usep.

Contact :[email protected]él. 01 43 58 97 61

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 25

Après les rencontres, Caroline Aupiais propose toujours aux enfants de réaliser un dessin et une expression écrite, sous la forme d’une dictée à l’adulte. Et la dernière ren-contre danse a suscité un tel engouement auprès de ses élèves qu’elle a continué l’activité sur la lancée, avec à la clé une démonstration devant les deux classes de petite section de l’école. Qui ont ainsi pu avoir petit aperçu de ce que propose l’Usep en maternelle… ● Ph.B.

(1) Petite précision : administrativement, l’AS Usep de l’école maternelle Fabre est rattachée à celle de l’école élémentaire Sixte-Isnard.

«Je fais de l’Usep depuis six ans. J’arrivais tout juste à l’école maternelle Fabre d’Avi-gnon après avoir travaillé auprès d’élèves déficients à domicile, et une collègue m’a

entraînée, et formée. Le sport, c’était son truc ; c’est devenu le mien, bien aidée aussi par les fiches que nous adresse le délégué Usep avant les rencontres » explique Caroline Aupiais, qui enseigne dans les quartiers sud d’Avignon et a remporté l’an passé avec sa classe le prix de l’esthétique du concours du Printemps des Maternelles (lire ci-dessous).Avec sa classe réunissant des enfants de moyenne et de grande section, l’enseignante s’efforce en effet de par-ticiper à toutes les rencontres : jeux d’antan, danses collectives, randonnée-lecture, jeux d’opposition, jeux collectifs… Cette année, elle participera aussi à l’opéra-tion départementale « Défi EPS et littérature » et, pour la toute première fois, au P’tit Tour : « Comme nous n’avons pas de matériel à l’école, je ne sais pas dans quelle me-sure il sera possible de préparer la journée. Au moins, les enfants seront initiés pendant une après-midi à l’équilibre sur deux roues. Car dans le quartier, faire du vélo ne va pas de soi. Ni même sortir de chez soi d’ailleurs. »Cette ouverture sur l’extérieur est même sa motivation principale pour faire du sport scolaire, explique-t-elle : « L’Usep donne aux enfants l’occasion de sortir du quartier, de voir autre chose et de côtoyer des enfants évoluant dans un autre environnement socio-culturel. Ici, il y a peu de mixité : les familles sont majoritairement issues de l’im-migration. L’été, beaucoup d’enfants vont au Maroc. Mais les petites vacances, c’est le parc d’à côté ou la télé. Alors, partir pour la journée avec son pique-nique et découvrir la Forêt des cèdres, en plein Lubéron, c’est quelque chose ! Même si c’est parfois un peu fatiguant. »« Faire du sport, ajoute l’enseignante, c’est aussi l’occa-sion de travailler sur le corps, ce qui là non plus ne va pas forcément de soi. Or l’Usep donne un objectif : la rencontre est annoncée, et dans les jours qui la précèdent telle acti-vité sportive ou tel jeu est travaillé en prévision de celle-ci. Et puis, il y a aussi l’aspect symbolique de la licence, qui signifie l’appartenance à une association. »Cette année, Caroline Aupiais se retrouve seule anima-trice Usep sur les sept classes que compte l’école, sans que cela bride son activisme (1) : « J’emmène toute ma classe sur les rencontres en temps scolaire, et 19 de mes 23 élèves ont aujourd’hui leur licence afin de participer à celles du mercredi après-midi : le coût, 8,50 €, n’est pas négligeable, mais les enfants en parlent entre eux, puis à la maison, et finissent par convaincre leurs parents. Nous commençons à une douzaine en septembre, pour finir presque au complet en fin d’année. » Ces mercredis-là, Ca-roline Aupiais se retrouve à donner à garder ses propres enfants. « Mais ce n’est pas si souvent dans l’année… »

printeMps des Maternelles à l’école Fabre d’avignon

Sport et vivre ensemblePour les élèves de moyenne et grande sections de Caroline Aupiais, les rencontres Usep sont une ouverture sur les autres et sur l’extérieur.

« Pour le concours des CréActions

du Printemps des maternelles

2014, nous nous sommes inspi-

rés des personnages de l’artiste

américain Keith Haring : des sil-

houettes simplifiées aux couleurs

vives, faciles à dessiner. Nous venions de participer à une ren-

contre jeux collectifs, et comme à chaque fois j’ai demandé aux

élèves de dessiner le moment qu’ils ont préféré. Le dessin choisi

représente le jeu des “fennecs”, où il faut attraper le foulard qui

pend à la taille de son camarade. Je ne sais pas si on comprend

bien, ni si on se rend compte que ce sont de vrais morceaux de

tissu collés ! En tout cas, les enfants ont été fiers de décrocher

le prix de l’esthétique. Nous avons également découvert le musée

virtuel qui réunit les œuvres sélectionnées par chaque comité : à

l’unanimité, nous avons voté pour le diaporama composé de photos

noir et blanc jouant sur les ombres. » ●

« LE JEU QUE J’AI PRÉFÉRÉ »

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« Le jeu que j’ai préféré », prix de l’esthétique 2014.

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Caroline Aupiais avec quelques uns de ses élèves.

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26 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 27

Il est trop tôt pour faire le bilan de l’opération « À

l’Usep, le sport ça se VIE ! », qui s’achevait fin avril.

Bon nombre des 56 comités Usep engagés ont d’ail-

leurs attendu les beaux jours pour organiser ces ren-

contres liant la pratique sportive à l’éducation à la

santé, avec des partenariats mobilisant selon les ter-

ritoires des acteurs de santé, des fédérations spor-

tives ou d’autres organisations. En revanche, il est

possible d’en avoir un premier aperçu à travers plu-

sieurs rencontres programmées dès février ou mars.

À Charleville-Mézières (Ardennes), une vingtaine

de classes (GS, CP, CE1) ont participé les lundi 16 et

mardi 17 février à des rencontres athlétisme dans

le gymnase de l’École supérieure du professorat

et de l’éducation (Éspé). Par groupes, les enfants

ont participé à des ateliers animés par l’Usep, les

conseillers pédagogiques et les enseignants autour

de la course, du lancer et du saut.

À Privas, Aubenas et Annonay (Ardèche), les mardi

3, 10 et 17 mars, trois rencontres ont réuni 450

enfants autour du thème « Bien manger et bien

bouger », en partenariat avec le Secours catholique.

Les enseignants avaient pu profiter d’une journée

de formation auprès de diététiciennes qui sont

ensuite passées dans les classes pour sensibiliser

les enfants, notamment à travers l’élaboration d’un

pique-nique équilibré. Les enseignants ont éga-

lement été consultés pour le choix des ateliers :

sarbacane autour du thème « trop gras, trop salé,

trop sucré », marelle alimentaire, jeux de raquettes

(avec le concours de la FF de tennis de table), course

d’orientation à la découverte des fruits, fleurs et

arbres, etc. Les enfants avaient également élaboré

en classe des jeux qu’ils ont présentés aux autres

classes : 7 familles, quizz, ateliers sportifs…

À Muides-sur-Loire, près de Blois (Loir-et-Cher),

une centaine d’enfants de cycle 3 ont participé le

mercredi 11 mars après-midi à une rencontre qui

s’appuyait sur l’escrime et le cirque pour traiter

du souffle. Trois ateliers déclinaient plus préci-

sément ce thème : un débat initié par un clip sur

« Ma première cigarette », un exercice consistant à

trouver le sens d’expressions telles que « souffler

comme un phoque » ou « se faire souffler dans les

bronches », et un jeu consistant à guider une balle

de ping-pong en soufflant dessus…

À Saint-Chamond (Loire), la vingtième édition du

cross de secteur a réuni le samedi 14 mars 1070

élèves issus de 53 classes et 19 écoles. (1) « Les

années précédentes, cet événement organisé hors

temps scolaire, largement relayé localement, abor-

dait déjà le thème de la santé. Il était donc cohérent

de poursuivre sur cette voie, avec cette année un

travail sur l’équilibre alimentaire et l’échauffement.

Des affiches réalisées en classe étaient notamment

exposées près de la buvette où les enfants se réhy-

drataient après l’effort », explique le délégué Patrick

Lablanche. Et la participation record a permis de

faire partager le message au plus grand nombre, à

commencer par les parents. ● Ph.B. (1) En marge du cross, l’Ufolep Loire, partenaire de l’opération, a animé des ateliers déclinant son concept éducatif « kid bike », avec un travail sur la sécurité s’inspirant du livret du P’tit Tour.

À L’USEP, LE SPORT ÇA SE « VIE » COMME ÇA !

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 2928 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

Bill retraverse la cuisine. Bill ouvre la porte de derrière. Bill sort dans le jar-din. Les grosses gouttes de pluie ont tourné à l’averse. Et Bill commence à décrocher les draps de la corde à linge. L’averse est maintenant un déluge. Bill rentre les draps. Dans la maison, à l’abri de la pluie. (…)Bill sait que l’heure de la plus grande victoire est aussi l’heure du plus grand danger. Ces heures où les graines sont semées, ces jours où les graines sont plantées. Les graines de la suffisance, les graines de l’oisiveté. Arrosées de chansons, noyées de vin. Les graines de la défaite. Sous des déluges de

louanges. Qui hypnotisaient les hommes, qui enivraient les hommes. Et qui aveuglaient les hommes. En leur cre-vant les yeux, en leur cousant les paupières. Des hommes finis, des hommes oubliés. Dans leurs maisons, dans leurs cuisines. À leurs fenêtres. Inutiles sous la pluie.…À l’hôtel, dans la salle à manger. Après les tours d’hon-neur. Les nombreux tours d’honneur. Au dîner pour fêter la victoire. Les nombreux dîners pour fêter la victoire. Tom Williams et Sidney Reakes se lèvent. Tom Williams est à présent le président du Liverpool Football Club. Sidney Reakes en est le nouveau directeur. Tom Williams et Sid-ney Reakes lèvent leurs verres. Ils proposent un toast — À Bill Shankly, dit Tom Williams. Ce succès, nous le devons à un homme. Et à un homme seulement. À Bill Shankly ! Bill Shankly est le plus grand entraîneur du monde !Dans la salle à manger, à la table. Bill bondit. Bill secoue la tête. Et Bill dit, Non, non, non ! Le succès du Liverpool Football Club n’est pas le fait d’un seul homme. Nous sommes une équipe. Nous sommes une équipe de la classe ouvrière ! Chez nous, il n’y a pas de place pour les individualités. Pas de place pour les vedettes. Pour les footballeurs à l’esbroufe ni pour les célébrités. Nous sommes des travailleurs. Une équipe de travailleurs. Une équipe de travailleurs sur le terrain et une équipe de travailleurs hors du terrain. Sur le terrain et hors du terrain. Et c’est valable pour chacun des hommes de notre organisation, des hommes de notre équipe. Car chacun d’eux sait qu’il est important de veiller au moindre détail, il sait que les petits détails contribuent aux choses les plus impor-tantes. Depuis le président jusqu’au responsable de l’entre-tien, chaque homme est un rouage de la machine. Un rouage de l’équipe. Et chaque rouage a parfaitement fonctionné. Dans l’équipe. Chaque homme s’est dévoué à cent pour cent. Pour l’équipe. Et c’est pourquoi l’équipe a gagné. L’équipe a remporté le championnat, c’est une équipe de champions. À nous tous, nous sommes une équipe de champions ! À nous tous, nous sommes une équipe. Une équipe, une équipe... ●

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Morceaux choisis david peace

Bill Shankly, Liverpool, avril 1964D ans leur maison, dans leur cuisine.

À la fenêtre. Bill regarde les draps pendus sur la corde à linge. Sous le

soleil. Les draps blancs, qui sèchent sur la corde. Et dans ses yeux, dans son esprit. Bill voit un autre drap, un autre drap blanc. Dans ses yeux, dans son esprit. Un drap blanc brandi à bout de bras, à bout de bras dans le Spion Kop. Dans ses yeux, dans son esprit. Le drap blanc qui porte deux mots inscrits au pinceau, deux mots en capitales bien épaisses. Dans ses yeux, dans son esprit. En capitales, à la peinture rouge. Dans ses yeux, dans son esprit. SHANKLY’S CHAMPIONS — Les champions de Shankly. Dans la cuisine, à la fenêtre. Bill sourit. Et Bill se détourne de la fenêtre. Bill retourne vers la table de la cuisine. Bill se rassied sur sa chaise. Et Bill regarde de nouveau ce qui encombre la table. Les piles de lettres, les piles de télégrammes. Les lettres de remerciements, les télégrammes de félicitations. Les remerciements des supporters, les félicitations de ses collègues. (…)Bill revient toujours au même télégramme, un télé-gramme de félicitations. Un télégramme de félicitations signé Jackie Milburn. Jackie Milburn est le manager d’Ipswich Town Football Club. Le Liverpool Football Club a joué deux fois contre Ipswich Town cette saison. Et le Liverpool Football Club a battu deux fois Ipswich Town cette saison. Ipswich Town a fini vingt-deuxième en pre-mière division cette saison. Et Ipswich Town a été relé-gué. Il y a deux ans, Ipswich Town finissait en tête de la première division. Ipswich Town était champion. Cham-pion d’Angleterre. À la table, sur sa chaise. Bill repose le télégramme de félicitations de Jackie Milburn. Et Bill se tourne de nouveau vers la fenêtre. La lumière a changé, le soleil a disparu. Il y a de grosses gouttes de pluie sur la vitre. À la table, sur sa chaise. Bill se lève de nouveau.

ROUGE OU MORTUsant d’un style répétitif jusqu’à l’hypnose, David Peace fait

dans Rouge ou mort le portrait de Bill Shankly, entraîneur my-

thique du FC Liverpool des années 1960-70, dont le nom est

resté associé à une maxime : « Le football n’est pas une question

de vie ou de mort, c’est beaucoup plus que ça. » Ancien mineur

pétri des valeurs de travail et de solidarité, ce working class hero

habité par sa tâche jusqu’à l’obsession rendit sa fierté à la cité

des Beatles. Auteur de romans noirs qui tiennent la chronique

de l’Angleterre contemporaine, David Peace le saisit dans cet

extrait au soir de « son » premier titre de champion. ● Ph.B.

Rouge ou mort, Rivages, 2014, 792 pages, 24 €.

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Bill Shankly, entraineur mythique

des « Reds ».

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Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16 29

Je n’ai aucun souvenir de sport, sinon celui d’une souffrance, et de l’obligation de devoir tous porter le même survêtement – c’était à Paris, à l’école alsacienne. C’était austère, ennuyeux, j’avais l’im-

pression de vivre dans les années 1920 : rendez-vous au gymnase, faire le tour de je ne sais plus quel lac… La gymnastique à la française, rien à voir avec les séries amé-ricaines, où ça a l’air tellement sympa de faire du sport : il y a de la vie, de la joie, des couleurs, des pom pom girls… Je me souviens, il y avait ceux qui courraient bien, qui adoraient ça. Moi, j’aurais adoré être dispensée.Je n’ai jamais eu l’esprit de compétition. Le jog-ging des années 1980 avait un côté dépassement de soi qui, heureusement, est beaucoup moins présent aujourd’hui, où l’on accepte que l’on fasse du sport à son rythme, juste pour se maintenir en forme. C’est ce côté-là que je dessine dans ma série des « Paresseuses », c’est en tout cas le ton que j’ai voulu donner à la collec-tion : faire du sport comme on veut, l’essentiel étant d’y aller. Car si vous regardez bien mes dessins, je n’incite pas à en faire plus, je tire plutôt vers le bas : « Quoi, encore une heure ! » Évidemment, au bout il y a une

récompense : la fesse est plus ferme. À présent je pratique pour ne pas voir mon corps mou-rir avant moi. Du Pilates une fois par semaine, et du tennis une autre fois, pour le plaisir d’aller au jardin du Luxembourg et de m’amuser avec mon prof. Avant, je courais aussi et là il faut que je reprenne, il faut. Mais mollement.Curieusement, mon mari, lui, est un fou furieux de sport : six heures de vélo par semaine et de la course à pied, avec des « fractionnés ». Quand je me décide à aller courir, parfois il m’accompagne, et alors il court très vite autour de moi, ce qui a le don de m’exaspérer.Si je pouvais, je ne ferais rien. Je cherche toujours des excuses pour ne pas y aller.Quand je cours c’est seule, jamais à plusieurs, sinon on doit attendre celui ou celle qui est en retard. Ce que j’aime avec la course, c’est qu’on a juste besoin d’une bonne paire de chaussures, et peut-être aussi d’un Ipod. J’adorerais courir comme Forrest Gump, c’est mon idéal : une course à la cool, sans compétition, sans effort, avec une belle foulée… Mais je ne peux pas, parce que mon cœur refuse, et mes jambes aussi. Je suis une patate. ●

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je me souviens... soledad bravi

Née en 1965, Soledad Bravi est illustratrice, notamment pour Elle, et auteur de livres pour enfants à l’École des loisirs. Elle apporte aussi sa patte à la collection de guides pour « Les Paresseuses » éprouvant un peu de mal à se mettre à la gym ou au running (Marabout). www.blogdesoledadbravi.comwww.soledadbravi.com).

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LE CYCLISME, UNE HISTOIRE POPULAIRE(Ouest-France)

DR À la rentrée 1955, combien d’écoliers ont-ils inscrit leur nom sur ce protège-cahier promotionnel d’où jaillissait le visage de Louison Bobet, tout auréolé de sa victoire dans le Tour ? Au dos, le champion leur souhaitait « une sai-son scolaire aussi brillante que sa saison cycliste », grâce aux résultats sportifs obtenus avec une bicyclette à son nom, tout droit sortie des usines Mercier de Saint-Étienne. C’est à ces enfants d’hier, désormais septuagé-naires, et aux plus curieux de ceux d’aujourd’hui, que s’adresse cette « histoire populaire » du cyclisme qui, outre une iconographie foisonnante, propose sous papier cristal des fac-similés aux vertus de madeleine de Proust. ●

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Le cyclisme, une histoire populaire, Pascal Sergent, éditions Ouest-France, 110 pages, 29,90 €.

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30 Mai 2015 en jeu une autre idée du sport usep n°16

collo

que

L’EPS EN DANGER ?Cet extrait du bilan d’étape de la réforme des rythmes, présenté le

9 février aux recteurs par la Direction générale de l’enseignement

scolaire (Dgesco), a permis de lancer le débat.

« Les apprentissages fondamentaux restent centrés sur les mati-

nées. Mais dans a pratique effective, des dépassements de temps

sont massivement relevés : le caractère systématique des dépasse-

ments temporels s’opèrent toujours au détriment des domaines

autres que le français et les maths, notamment l’EPS, la culture

humaniste, les sciences expérimentales en élémentaire et la décou-

verte du monde en maternelle. De façon assez générale, il appa-

raît que l’enseignement de l’EPS, souvent soumis aux contraintes

d’accès à des lieux dédiés, ne soit pas toujours assuré à hauteur

des prescriptions des programmes pendant ces temps courts des

après-midis. Un risque réel de délégation de ces temps aux activi-

tés périscolaires existe. » ●

Q uelles conséquences la refondation de l’école peut-elle avoir pour l’enseignement de l’EPS, à court et moyen termes ? Telle est la question qui a traversé le colloque organisé par le Syndicat national de

l’éducation physique (Snep) et le SNUipp (1), et dont la première journée était consacrée à l’école primaire.Les différentes interventions d’enseignants, de chercheurs et de formateurs visaient à rendre compte de l’évolution des pratiques et d’initiatives de terrain. Patrick Morel, élu national Usep et conseiller pédagogique départemental de l’Ain, est notamment intervenu sur la prise en compte du handicap dans le sport scolaire. Deux CPD de Paris et du Val-de-Marne ont ensuite témoigné de l’engouement sus-cité par les actions « danse » menées avec l’Usep en Île-de-France. Enfin, Christophe Cabot, CPD et président de l’Usep Essonne, a présenté les trois axes sur lesquels s’appuie la « dynamique des rencontres Usep » dans son département : l’accompagnement des enseignants (par la formation) ; le parcours pédagogique des élèves (apprentissage de l’acti-vité, rencontre en temps scolaire puis « finale » hors temps scolaire) ; et enfin des partenariats (avec les fédérations sportives respectant les valeurs de l’Usep).

LE SPORT SCOLAIRE AFFAIBLI

Ces témoignages furent suivis par un débat conçu comme un dialogue avec les associations complémentaires de l’école. Le sujet : « la démocratisation de la pratique spor-tive des élèves » dans le cadre de la réforme des rythmes.

Et, pour l’introduire, le secrétaire général du SNUipp-FSU, Sébastien Sihr, cita une enquête de la Dgesco mention-nant « un risque réel de délégation » de l’EPS aux activités périscolaires (lire ci-contre). Au nom de l’Usep, Jean-Michel Sautreau ne put faire autrement que de dresser le constat d’un affaiblisse-ment conjoint de l’EPS et du sport scolaire. D’une part, en raison du mercredi matin travaillé, les rencontres hors temps scolaire sont en repli. De l’autre, le conte-nu des nouvelles activités périscolaires (Nap) semble se démarquer insuffisamment de celui proposé en club. S’appuyant sur une enquête à laquelle ont répondu 1200 associations d’école, le président de l’Usep a regretté tout particulièrement « la coupure très nette entre scolaire et périscolaire ». « Peut-être avons-nous commis l’erreur de penser que le terme de “périscolaire” sous-entendait un lien avec le “scolaire” », a-t-il noté en s’efforçant de pré-senter les choses avec humour.Mais si l’Usep ne sort pas gagnante de cette nouvelle donne, recul de ses activités à la clé, les fédérations spor-tives non plus : « Pourquoi inscrire mon enfant en club s’il fait déjà du sport dans le temps périscolaire ? Les parents ont vite fait le calcul. » Or plus la coupure est nette entre scolaire et périscolaire, plus le danger d’externalisation est grand, estime Jean-Michel Sautreau, qui ne s’est pas privé de rappeler que « là où il y a de l’Usep, il y a davan-tage d’EPS ». Ni d’observer qu’en raison de sa dimension associative, la rencontre Usep est « un excellent vecteur pour mettre en évidence les valeurs de l’école au sein de la République ».En l’absence d’autres représentants des associations com-plémentaires de l’école, Jean-Michel Sautreau s’est éga-lement fait leur porte-parole : « Sans être inquiets, nous sommes interrogatifs. Nous sommes évidemment prêts à apporter tout notre soutien à l’institution Éducation na-tionale, mais chacun doit jouer le jeu. » Il s’est aussi fait le défenseur des enseignants, « dont on s’étonne en haut-lieu du manque d’engagement », sans mesurer ce qui peut l’expliquer. Comme par exemple l’absence de lien entre temps d’enseignement et temps périscolaires…En conclusion, Sébastien Sihr parla d’un certain senti-ment de « déception », voire de « gâchis », au regard des espérances suscitées par la réforme. Le syndicaliste ne voit pas non plus dans le PEdT une « recette miracle ». Mais le mot de la fin fut pour son invité, qui lança d’un ton volontaire : « L’Usep ne veut pas mourir ! » L’EPS non plus, ce qui ne l’empêche pas de s’interroger sur son avenir… ●

PhiLiPPe Brenot

(1) Syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles et Pegc, affilié à la FSU (Fédération syndicale unitaire). Le colloque a réuni une centaine de personnes, principalement des enseignants d’EPS.

débat sur l’eps à l’initiative du snep et du snuipp

Nouveaux rythmes et sport scolaireL’Usep a participé au colloque « EPS à l’école primaire et au collège » organisé les 23 et 24 mars à Paris. Jean-Michel Sautreau y a souligné l’impact de la réforme des rythmes sur le sport scolaire.

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