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Valloire : situation géographique et bref historique extrait de « Impact du Tourisme sur les modes de vie en montagne », Stéphanie Masse, août 2004 1/4 Le village de Valloire, août 2004 La vallée de la Maurienne entoure la vallée de l’Arc de la frontière italienne à son confluent avec l’Isère. Elle comprend une partie du massif de la Vanoise (au nord) et est limitée au sud et à l’ouest par le Dauphiné et la France. Valloire est le village le plus méridional de la Savoie mais aussi l’un des plus étendu puisqu’il totalise 13 748 hectares. Il a pour frontière au Nord les communes de Saint-Martin-La-Porte, Saint-Michel-de-Maurienne et Saint- Martin-d’Arc, à l’Est Valmeinier et Névache (Hautes-alpes), au sud le département des Hautes-Alpes, à l’Ouest, les communes de Saint-Jean-d’Arves et de Montrond, Albiez-le-Vieux, Montricher- Albanne. Son niveau d’altitude s’étale ainsi entre 685m (dans l’Arc, rivière qui se jette dans l’Isère) et 3514m (Aiguille d’Arves Méridionale), quant au chef-lieu, il est situé à 1403m. Cette dénivellation importante fait de Valloire un territoire aux paysages hétérogènes. Ce territoire se compose d’une vingtaine de hameaux, que l’on appelle plus localement « villages », qui s’échelonnent le long de la Valloirette (affluent de l’Arc) qui prend sa source vers les montagnes du Galibier, l’autre rivière principale est la Neuvachette qui descend de l’Aiguille Noire. Ces deux rivières se rejoignent près de la chapelle de Sainte Thècle. Valloire possède la particularité de n’être accessible que par des cols (Col du Télégraphe, Col du Galibier, Col de la Ponsonnière, Col des Rochilles…). Malgré cela, le village constitue un axe de liaison important entre les différentes vallées. Il est ainsi un lieu de passage, d’échange, de commerce et constitue un axe stratégique pour les armées. Valloire bénéficie également d’un climat favorable (ensoleillement), d’une orientation Nord-Sud avantageuse pour les alpages ainsi que de zones plates facilement cultivables (entre 1400 et 1570 m d’altitude). Son économie était traditionnellement basée sur l’agriculture et l’élevage, cependant on y retrouve aussi le colportage qui se sédentarisera par la suite en Savoie et en France. On peut également citer l’importance de la contrebande (et notamment du sel) qui permit à la vallée de la faire vivre. Aujourd’hui, l’économie est davantage tournée vers le tourisme

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Valloire : situation géographique

et bref historique

extrait de « Impact du Tourisme sur les modes de vie en montagne », Stéphanie Masse, août 2004

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Le village de Valloire, août 2004

La vallée de la Maurienne entoure la

vallée de l’Arc de la frontière italienne à son

confluent avec l’Isère. Elle comprend une partie

du massif de la Vanoise (au nord) et est limitée au

sud et à l’ouest par le Dauphiné et la France.

Valloire est le village le plus méridional

de la Savoie mais aussi l’un des plus étendu

puisqu’il totalise 13 748 hectares. Il a pour

frontière au Nord les communes de Saint-Martin-La-Porte, Saint-Michel-de-Maurienne et Saint-

Martin-d’Arc, à l’Est Valmeinier et Névache (Hautes-alpes), au sud le département des Hautes-Alpes,

à l’Ouest, les communes de Saint-Jean-d’Arves et de Montrond, Albiez-le-Vieux, Montricher-

Albanne. Son niveau d’altitude s’étale ainsi entre 685m (dans l’Arc, rivière qui se jette dans l’Isère) et

3514m (Aiguille d’Arves Méridionale), quant au chef-lieu, il est situé à 1403m. Cette dénivellation

importante fait de Valloire un territoire aux paysages hétérogènes. Ce territoire se compose d’une

vingtaine de hameaux, que l’on appelle plus localement « villages », qui s’échelonnent le long de la

Valloirette (affluent de l’Arc) qui prend sa source vers les montagnes du Galibier, l’autre rivière

principale est la Neuvachette qui descend de l’Aiguille Noire. Ces deux rivières se rejoignent près de

la chapelle de Sainte Thècle.

Valloire possède la particularité de n’être accessible que par des cols (Col du Télégraphe, Col

du Galibier, Col de la Ponsonnière, Col des Rochilles…). Malgré cela, le village constitue un axe de

liaison important entre les différentes vallées. Il est ainsi un lieu de passage, d’échange, de commerce

et constitue un axe stratégique pour les armées. Valloire bénéficie également d’un climat favorable

(ensoleillement), d’une orientation Nord-Sud avantageuse pour les alpages ainsi que de zones plates

facilement cultivables (entre 1400 et 1570 m d’altitude).

Son économie était traditionnellement basée sur l’agriculture et l’élevage, cependant on y

retrouve aussi le colportage qui se sédentarisera par la suite en Savoie et en France. On peut également

citer l’importance de la contrebande (et notamment du sel) qui permit à la vallée de la faire vivre.

Aujourd’hui, l’économie est davantage tournée vers le tourisme

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Valloire : situation géographique

et bref historique

extrait de « Impact du Tourisme sur les modes de vie en montagne », Stéphanie Masse, août 2004

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Commune de Valloire

Carte réalisée à partir de celle du fascicule « Il était une fois la Demeurance à Valloire »

édité en 1983 par l’Association d’Education

Populaire

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Valloire : situation géographique

et bref historique

extrait de « Impact du Tourisme sur les modes de vie en montagne », Stéphanie Masse, août 2004

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« Valloire » aurait pour étymologie « Vallauria » signifiant « Vallée d’or », ceci étant

certainement dû à ses caractéristiques d’ensoleillement. Les Alpes constituent la barrière la plus haute

d’Europe, elles sont occupées tardivement. Les premières populations s’installent sur les hauteurs car

les vallées sont inhospitalières.

Ainsi, à l’époque quaternaire, Valloire était occupée par un glacier (on en observe encore la

trace par des « verrous » comme le rocher Saint-Pierre ou encore Poingt Ravier). Des analyses de

pollens ont décelé des traces humaines dès la période du bronze final (1200 avant JC), ce fut

certainement des occupations temporaires.

Au Vième siècle (575), Thècle, une jeune fille originaire de Valloire, quitte la vallée pour un

pèlerinage à Alexandrie, elle en reviendra avec des reliques de Saint Jean-Baptiste (deux doigts et un

pouce, aujourd’hui conservés à la cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne). Elle sera ainsi connue plus

tard sous le nom de Sainte Thècle.

La première mention faite de Valloire date de 783 dans un document relatant le don de

Valloire à l’ Abbaye de Novalaise par Charlemagne tandis que la première mention du château de

Saint-Pierre est faite en 1269 dans un testament, la dernière évocation est faite en 1560 dans un devis

de réparation de celui-ci. Il n’en reste aujourd’hui que des vestiges, repérables à l’œil exercé.

En 1326, la révolte de la Vallée d’Arves éclate, les habitants s’opposent à l’évêque. Celui-ci

fuit et doit faire appel au Comte de Savoie pour régler le conflit, en échange, il obtient la moitié de la

souveraineté des terres épiscopales de la vallée des Arves, Valloire reste cependant à l’évêque.

A la fin du Moyen Age, les paysans doivent payer la dîme (elle porte sur le seigle à Valloire),

un dixième des récoltes doit être prélevé par le décimateur. Or, à Valloire, la résistance des habitants

fait que ce dernier n’en prélèvera qu’un douzième. En 1736 eut lieu une émeute rurale à Valloire où

les habitants pillèrent les biens de l’évêque. Un document de 1769 révèle que la situation se trouve être

pire dans le village voisin de Valmeinier où le décimateur n’a rien pu obtenir des habitants depuis plus

de 60 ans !

Un autre impôt plus récent porte sur le sel, il s’agit de la gabelle. Auparavant, le commerce du

sel était libre mais le Duc Emmanuel Philibert se trouve avoir besoin d’argent pour réorganiser son

territoire à la suite des engagements financiers dans la bataille de Saint-Quentin, le duc de Savoie

retrouve ses Etats1 et l’impôt sur le sel est créé.

Le Duc de Savoie met en application la taille, impôt d’abord payé par la paroisse et réparti

ensuite sur les habitants. Valloire est alors divisée en tiers (« Tiers-dessus », « Tiers du milieu »,

« Tiers-dessous ») et comporte donc trois syndics, ces tiers sont équilibrés en population mais celle-ci

diminuera par la suite sur le tiers du milieu qui se rattachera donc aux deux autres.

1 Il ne faut pas oublier, qu’à cette époque la Savoie n’appartient pas encore à la France, et que la bataille de Saint-Quentin qui apparaît comme une défaite française, est une victoire en Savoie.

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Valloire : situation géographique

et bref historique

extrait de « Impact du Tourisme sur les modes de vie en montagne », Stéphanie Masse, août 2004

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L’abondance des impôts et le développement des échanges et du commerce favorisent

l’émigration dès le début du XVIIième, elle sera d’abord saisonnière puis définitive et des valloirins

iront faire fortune ailleurs. On retrouve par exemple des membres de la famille « Gallice » à Epernay

ou encore beaucoup de « Magnin » dans l’Est de la France et au Canada.

La première école gratuite est fondée à Valloire en 1679, le maître y enseigne lecture, écriture

et catéchisme. Par la suite des écoles seront fondées dans d’autres hameaux comme Bonnenuit, Poingt

Ravier, les Verneys, le Col, les Granges ou encore l’Archaz, l’école se faisait dans un coin d’écurie,

une chambre…

Le 22 septembre 1792, les troupes françaises envahissent la Savoie. En octobre,

l’annexion à la France est votée comme « Département du Mont Blanc » (Savoie et Haute Savoie).

L’armée française occupe le MontCenis et en juillet 1793, un détachement est stationné à Valloire, les

sentiers du Galibier seront alors améliorés pour permettre un meilleur passage des troupes. Le 1er

octobre 1793, l’armée sarde (« Les Piémontais ») essaie d’attaquer Valloire, la bataille sera sanglante

et les sardes furent poursuivis jusqu’aux crêtes, le village de Valmeinier sera entièrement pillé et

incendié.

La Savoie sera annexée à la France le 14 juin 1860 par le traité de Turin, les 333 votants

valloirins se prononçant favorables à 100% pour cette annexion.

Valloire est également un lieu de passage des armées. Ainsi, le Fort du Télégraphe est

construit entre 1885 et 1890 avec des batteries basses, des baraquements sont créés aux Rochilles entre

1902 et 1907, un blockhaus au Galibier… En septembre 1944, Valloire est bombardée par 18 obus, un

garage seulement sera détruit. Il est à noter que l’armée a joué un rôle important quant à l’élaboration

de la cartographie et la mise en place de routes.