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Réc. N°023/RDOP/F35/SAAJP Année 3 - N°021 Du 22 avril au 05 mai 2013 - Tél: (237) 33 10 61 11 - Mél: [email protected] - Web: www.villesetcommunes.info Directeur de la publication : Kamdem Souop Bimensuel La vitrine des municipalités Prix : 500 Fcfa Présidence du Sénat Et si c’était une femme? F F o o c c u u s s s s u u r r l l a a Déclaration de Douala Développement économique local Cette publication est réalisée avec le concours de FORMATION - ACCOMPAGNEMENT - CONSEIL AUX COMMUNES Siège: 1er étage Immeuble Face Camtel Biyem-Assi -Yaoundé Décentralisation - Gouvernance locale - Budgétisation - Transparence - ICT 4 Open Budget Tél: 00237 99 99 70 93 Mél: [email protected] Le Programme national de développement partici- patif (Pndp) et l’Agence française de développe- ment (Afd) ont organisé à Douala du 15 au 18 avril dernier un séminaire régional sur le thème «Développement économique des territoires ruraux». Evénement qui a connu la présence de plus de 80 séminaristes d’une douzaine de pays. Retour sur les conclusions des participants. "Il est préférable d'allumer une bougie que de maudire l'obscurité" Proverbe d'Asie Au-delà de la probable défaite de John Fru Ndi dans la région du Nord- Ouest pour sa seule candidature à une élection autre que présidentielle en 23 ans de vie politique dans l’opposition, la dimension historique de l’élec- tion du 14 avril 2013 pourrait être la désignation d’une femme à la tête de la chambre haute du Parlement camerounais. Revue des candidates non déclarées au perchoir. Pp.9-11 Lire notre dossier Pp.3-7 ?

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Des experts d'une douzaine de pays d'Afrique et de France ont été réunis à Douala par le Programme National de Développement Participatif (PNDP) et l'Agence Française de Développement (AFD) dans le cadre d'une réflexion sur le "développement économique des territoires ruraux". Villes & Communes fait un focus sur la Déclaration issue des travaux.

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Réc. N°023/RDOP/F35/SAAJP

Année 3 - N°021 Du 22 avril au 05 mai 2013 - Tél: (237) 33 10 61 11 - Mél: [email protected] - Web: www.villesetcommunes.info

Directeur de la publication : Kamdem Souop

Bimensuel

La vitrine des municipalitésPrix : 500 Fcfa

Présidence du SénatEt si c’était une femme?

FFooccuuss ssuurr llaa Déclaration deDouala

Développement économique local

Cette publication est réalisée avec le concours deFORMATION - ACCOMPAGNEMENT - CONSEIL AUX COMMUNES

Siège: 1er étage Immeuble Face Camtel Biyem-Assi -Yaoundé

Décentralisation - Gouvernance locale - Budgétisation - Transparence - ICT 4 Open Budget

Tél: 00237 99 99 70 93 Mél: [email protected]

Le Programme national de développement partici-patif (Pndp) et l’Agence française de développe-ment (Afd) ont organisé à Douala du 15 au 18 avrildernier un séminaire régional sur le thème«Développement économique des territoires

ruraux». Evénement qui a connu la présence deplus de 80 séminaristes d’une douzaine de pays.Retour sur les conclusions des participants.

" I l e s t p r é f é r a b l e d ' a l l ume r u n e b o u g i e q u e d e maud i r e l ' o b s c u r i t é " Proverbe d'Asie

Au-delà de la probable défaite de John Fru Ndi dans la région du Nord-Ouest pour sa seule candidature à une élection autre que présidentielle en23 ans de vie politique dans l’opposition, la dimension historique de l’élec-tion du 14 avril 2013 pourrait être la désignation d’une femme à la tête dela chambre haute du Parlement camerounais. Revue des candidates nondéclarées au perchoir. Pp.9-11

Lire notre dossier Pp.3-7

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N° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 20132

Ce sont finalement troissituations assez diffé-rentes que les partici-pants au séminaire régio-nal sur le«Développement écono-

mique des territoires ruraux» co-organisé du 15 au 18 avril 2013 par leProgramme national de développe-ment participatif (Pndp) et l’Agencefrançaise de développement (Afd)’ontvécues le 17 avril dernier.En effet, dans les trois collectivitésvisitées lors des descentes de terrain,l’on a vu la grande disparité qui carac-térise le réel et qui complexifie latâche des personnes appelées à définirle cadre normatif du développementéconomique des communes camerou-naises situées en zones rurales. L’on aaussi vu les grandes différences notéesdans des communes de la même aireagro-écologique - que dire donc dusahel camerounais? L’on a égalementvu les singularités qui se dégagent dela personnalité de chacun des mairesrencontrés. Et l’on a vu que d’un pointà un autre, le degré de mobilisation etd’appropriation par les femmes et lesjeunes des processus participatifs deplanification et de gestion des infras-trutures sociocommunautaires ousocio-marchandes pouvait être excep-tionnel.Il faut dire que ce n’est pas tous lesmatins au petit déjeuner que l’onreçoit des visiteurs venant d’une dizai-ne de pays. Ce n’est non plus une évi-dence que d’avoir un bailleur qui vientà vous et se propose de vous accompa-gner à condition que vous lui exposiezclairement vos priorités. Mais ce seraitun raccourci facile de résumer ce qui aété vu sur le terrain à la seule visitedes dizaines d’hôtes du séminaire. Il y

a manifestement des changements quis’opèrent d’une année à l’autre danscette transformation des mentalités etde la société qu’induit la décentralisa-tion.Lorsqu’on est un investisseur, il fautcomposer avec ces réalités-là et lesdifficultés certaines de toute initiativeprivée. Peu importe le montant de lamise initiale, dès lors que vous êtesprêt à risquer un capital, vous intéres-sez forcément la collectivité. A l’intérêtfiscal que votre présence devrait susci-ter s’ajoute aisément les emplois géné-rés et la transformation du milieu.Choses et d’autres qui devraient entemps normal pousser les élus locaux àprendre très au sérieux toutedémarche que vous entreprenez.En temps normal, disais-je, le mairedistinguant bien au milieu de tous lesenjeux qu’il manage au quotidien ceque représenterait une présenceconjuguée de plusieurs investisseursdu même type, appréhenderait davan-tage sa position comme celle d’un ani-mateur de la sphère locale. Un anima-

teur qui invente les approches lui per-mettant de fédérer autour d’une visionqu’il aura affinée au contact des autres- ses pairs d’ici ou d’ailleurs, maisaussi ses concitoyens - les différentsacteurs du territoire: services décon-centrés de l’Etat, tutelles administrati-ve et financière, société civile, admi-nistrés, secteur privé, médias, person-nel communal, etc.Un tel maire est assurément une aubai-ne pour sa collectivité. Un tel maire estun gage d’assurance pour tous ceux quiveulent faire des affaires «au village».Il nous en faut par camions entiers surl’ensemble du territoire. Les enjeuxsont trop importants: l’avenir du paysen dépend. Le potentiel existe à tousles niveaux et aux quatres coins dupays. Certes, certaines régions ont unavantage indéniable sur le plan clima-tique, minier, agricole, culturel, etc.Mais le potentiel identifié doit êtrepleinement valorisé. Vu ainsi, y a-t-ilpotentiel plus précieux encore que laressource humaine? Si les maires veu-lent, avec l’indispensable concours del’Etat, mettre en place les conditionsfavorables à la création des richesseset des emplois, ils doivent prêter uneplus grande attention aux masses labo-rieuses qui ne demandent qu’unechose: qu’on leur inspire confiancepour qu’elles se mobilisent pour ledéveloppement de leur contrée. Sielles donnent spontanément à la reli-gion et l’invisible, pourquoi ne leferaient-elles pas pour la communautébien visible?Bonne lecture et que les maires déve-loppeurs soient élus dans quelquesmois afin de donner à nos communesrurales des chances de voir émergerune économie locale ambitieuse etperformante.

Oui aux maires développeurs

Publié avec lesoutien de

Directeur de publication /Rédacteur en chef Kamdem Souop (77 71 68 86)RédactionMarcelin Angounou,Madeleine Assen,Honorine Ngangue,Martial Nepoue, Pierre

Nka

ConsultantsCharlie Martial Ngounou(Finances locales - Gouvernance)Emeran Atangana Eteme(Décentralisation)Conseil en communicationCreativa

Commercial 98 21 56 06

ImprimerieJv-Graf - Yaoundé

DistributionMessapresse

Par Kamdem Souop

EN BREF

éditor ia l

Les acteurs de la décentralisation ont ache-

vé une formation internationale sur « la

gouvernance locale et le budget participatif »

le vendredi 19 avril dernier à Dakar. Cette

séance était organisée par Enda Ecopop au

siège de l’organisation internationale Enda

Tiers-monde. Les participants venaient de six

pays africains : le Burkina Faso, le Cameroun,

la Mauritanie, le Niger, la République démo-

cratique du Congo et le Sénégal. Suivant les

avis recueillis à l’issue de la formation, les

participants affirment que cette session a

offert l’occasion d’échanger et de poursuivre

les réflexions sur les impératifs d’une gouver-

nance plus démocratique en Afrique. Plus

encore, selon l’Agence de presse sénégalaise,

les organisateurs soulignent que « la transpa-

rence et l’efficacité dans la gestion des

affaires publiques en Afrique apparaissent de

plus en plus comme des facteurs déterminants

dans la construction de la confiance entre gou-

vernants et gouvernés ». L’initiative a bénéfi-

cié du soutien du Programme des Nations

Unies pour les établissements humains (Onu-

Habitat), Cités et gouvernement locaux unis

d’Afrique et l’Observatoire international de la

démocratie participative.

La deuxième conférence de la série enga-

gée en vue de la célébration du cinquante-

naire de la Réunification du Cameroun a eu

lieu le 17 avril dernier. Le thème portait sur

l’Hymne national. Et c’est sur la terre de

Foulassi, dans la région du Sud que la

réflexion a eu lieu. C’est dans ce lieu qu’en

1928, le « chant de ralliement » devenu en

1957, hymne national du Cameroun avait été

composé. Les conférenciers ont porté leur

attention sur la genèse, le contexte, le contenu

et la symbolique de ce chant. Pour l’avenir,

des positions s’orientent vers une éventuelle

révision du texte de base. Ce d’autant plus

qu’un débat subsiste sur les différences entre

la version française et anglaise. Cette confé-

rence intervient après celle tenue à Yaoundé

sur la question du Cameroun à l’Onu le 5 avril

2013. Une autre conférence est prévue à

Foumban, la ville qui a vu naitre l’accord de

Réunification. L’on y parlera des questions de

religion au Cameroun.

Une loi promulguée le 18 avril 2013 par le

Président de la République ambitionne de

booster les opérations relatives à la création, à

l’extension, au renouvellement, au réaména-

gement d’actif et/ou de transformation d’acti-

vités dans les domaines autres que les secteurs

pétrolier, gazier et minier. Les facilités portent

sur les incitations fiscales et douanières, les

incitations administratives et financières ainsi

que des incitations spécifiques.

CINQUANTENAIRES

Prochaine étape: Foumban

La libération des 7 otages français enlevés

le 19 février 2013 est survenue dans la

nuit du 18 au 19 avril dernier. La famille

Tanguy Moulin-Fournier avait été retenue en

captivité dans le Nord du Nigéria par la secte

islamiste Boko Aram. Amaigris, fatigués, les

ex-otages sont repartis avec le ministre

Laurent Fabius et le Pdg de Gdf-Suez, l’em-

ployeur de M. Moulin-Fournier, venus spécia-

lement les récupérer. L’occasion pour le

ministre français des Affaires étrangères de

réitérer les remerciements de la France au

Chef de l’Etat camerounais qui a œuvré sans

tambour ni trompette à la libération des

otages. L’occasion aussi pour le Président

Paul Biya de louer « le fruit d’une coopération

exemplaire entre les gouvernements français,

nigérian et camerounais ».

BOKO ARAM

Les 7 otages français libérés

SECTEUR PRIVE

Nouvelles facilités

Le Chef de l’Etat a signé le décretn°2013/102 du 12 avril 2013 habilitant le

ministre de l’Economie, de la planification etde l’aménagement du territoire à signer avecla Kreditanstalt für Wiederaufblau (Kwf), uncontrat de prêt d’un montant de 5.5 millionsd’euros, soit environ 3.608 milliards de Fcfa,pour le financement de la phase IV du pro-gramme de réhabilitation des ponts duCameroun.

COOPERATION

La Kfw prête 3 Mdsau Cameroun

ONU-HABITAT

Réunion à NairobiJean Claude Mbwentchou, le ministre de

l’Habitat et du développement urbain

(Minhdu) a pris part, du 15 au 19 avril dernier

à Nairobi au Kenya, à la 24e session du

Conseil d’administration du Programme des

Nations unies pour les établissements humains

(Onu-Habitat). Le thème de la rencontre qui a

regroupé 58 pays était « Développement

urbain durable : le rôle des villes dans la créa-

tion de meilleures opportunités économiques

pour tous, en particulier les jeunes et compte

tenu des sexospécificités »

La France ambitionne de limiter les inégali-

tés en termes de représentation. L’ampleur

se présente comme une première dans la vie

politique locale. En effet, selon les mesures

adoptées par le Parlement le 17 Avril dernier,

les candidates devront occuper la moitié des

listes dans toutes les communes de plus de 1

000 habitants dès 2014. Cette réforme des

modes de scrutins locaux se présente comme

une révolution. Car à l’heure actuelle, « seules

32% de femmes siègent au sein des conseils

dans les communes de moins de 3 500 habi-

tants » a indiqué Manuel Valls, le ministre de

l’Intérieur français. Et de poursuivre que « la

parité sera ainsi atteinte dans la quasi-totalité

des assemblées électorales ».

FRANCE

Respect de la parité

La communauté urbaine de Yaoundé (Cuy) a

engagé une opération de contrôle dans la

capitale politique du Cameroun. Il s’agit selon

Jean Ngougo, 6ème adjoint au délégué du gou-

vernement auprès de la Cuy de mettre de

l’ordre dans la ville. Pour lui, les propriétaires

des immeubles et maisons d’habitation

construisent dans l’anarchie. Ce qui se justifie

par le fait que « les demandes de permis de

construire se font environ sur 20 à 25% des

constructions ». La Cuy annonce alors des des-

centes mixtes dans les prochains jours. Elles

seront constituées des responsables des mairies

et ceux du ministère de l’Habitat et du dévelop-

pement urbain. Par la suite en cas de constat

des irrégularités sur le terrain, une contraven-

tion sera donnée et les usagers seront convo-

qués dans un délai à déterminer pour se confor-

mer à la règlementation.

PERMIS DE CONSTRUIRE

La Cuy sur le terrain

GOUVERNANCE LOCALE

A l’école du budgetparticipatif

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dossier 3N° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 2013

Pendant quatre jours, plus dequatre-vingt participants venus deMadagascar, du Bénin, du Burkina

Faso, du Sénégal, du Togo, du Mali, duNiger, de la Guinée, de la Mauritanie, dela Rca, de la France et du Cameroun ontplanché sur le «Développement écono-mique des territoires ruraux». C’était àl’initiative du Programme national dedéveloppement participatif (Pndp) et del’Agence française de développement(Afd).Les travaux ouverts le 15 avril dernierpar Joseph Béti Assomo, le gouverneurde la région du Littoral, représentant leministre de l’Economie, de la planifica-tion et de l’aménagement du territoire(Minepat), patron de l’événement,avaient pour objectifs de partager lesexpériences pays et les réalités de terrain,dans le but de faire ressortir les particula-rités de chacun et l’impact des contextessur les montages institutionnels des

mécanismes d’accompagnement des col-lectivités. Par ailleurs, il était aussi ques-tion de capitaliser sur les approches et lesoutils en matière de concertation et pro-grammation à l’échelon local, de dispo-sitifs d’appui aux collectivités locales, dedialogue entre collectivités et acteurséconomiques, mais aussi et surtout deprise en compte de la gestion du foncieret des ressources naturelles dans la plani-fication du développement économiquedes territoires ruraux.Au sortir des travaux, notamment desateliers du 18 avril, quelques axes struc-turants ont été définis pour accompagnerle développement économique des com-munes rurales africaines. Ceux-ci ont étéconsignés dans ce qui a été appelé la«Déclaration de Douala» (cf. ci-dessous).Les participants des autres pays africainsont quasi unanimement reconnu que le

Pndp avait un avantage qui méritaitd’être expérimenté dans d’autres pays: laplanification participative qui a abouti àla rédaction des plans communaux dedéveloppement, un outil de pilotage quirenseigne sur les besoins prioritairesd’une collectivité tels que définis par lespopulations.De l’avis de Marie-Madeleine Nga, leCoordonnateur national du Pndp, «laplus grande fierté du Programme, c’estassurément le Plan communal de déve-loppement que le Chef de l’Etat ad’ailleurs consacré comme un outil indis-pensable à l’élaboration du budget d’in-vestissement public 2013; mais aussi lesagents communaux que nous avons aidéles communes à recruter et qui en sont enquelque sorte la mémoire. C’est sanscompter que l’appropriation des popula-tions justifie le succès du Programme»

Les territoires ruraux préoccupentDéveloppement économique localDéveloppement économique local

Le gouverneur de la région du Littoral à l’ouverture des travaux

A la faveur d’un séminaire organi-sé du 15 au 18 avril 2013 à Douala,onze pays d’Afrique de l’Ouest, duCentre et de Madagascar ont tracéla voie du développement écono-mique des collectivités des zonesrurales dans un document qui feradate: la «Déclaration de Douala».

Dossier réalisé par Kamdem Souopet Honorine Ngangue à Douala.

Déclaration: les points de convergence

Ils ont dit

«Nous voici au terme de quatre jours detravaux denses et riches au cours des-

quels de nouvelles activités humaines et profes-sionnelles se sont certainement créées[...].Ces quatre jours vous ont permis de partagerles réalités auxquelles les acteurs de terrain sontquotidiennement confrontés, ainsi que lesleçons apprises à travers les programmes etprojets mis en œuvre dans nos pays avec leconcours des partenaires au développe-ment[...]. J’incline à croire que l’expérience duProgramme national de développement partici-patif et les visites de terrain que vous avezeffectuées dans trois de nos communes situéeshors des grands centres urbains vous ont inspi-ré quelques idées à relever dans vos rapports àl’attention de vos gouvernements. Je sais déjà que la délégation camerounaise àces travaux aura puisé dans la Déclaration deDouala des propositions à communiquer ànotre gouvernement pour une contributionplus grande de nos communes, et surtout descommunes rurales, à la marche du Camerounvers l’émergence. Je voudrais réitérer la reconnaissance duCameroun à l’Agence française de développe-ment pour les efforts qu’elle fournit dans l’ac-compagnement de notre processus de décentra-lisation qui se bâtit progressivement, pierre parpierre».

“ Des idées à relever dansvos rapports ”Joseph Beti Assomo Gouverneur de la région du Littoral

«La France prend une part très importan-te dans le programme Pndp. Elle avait

déjà soutenu la première phase à hauteur de13 milliards de francs Cfa. Là, on a triplé lamise en quelque sorte, en étant le principalbailleur de Fonds pour la 2ème phase avec 38milliards. Chaque fois que je vais sur le terrain, jem’aperçois que c’est de l’argent qui est biendépensé, parce qu’il y a ce lien très étroit avecles populations.Ce sont des projets élaborés dans le cadre desplans de développement communaux, quirépondent de près aux besoins de la popula-tion, qui elle-même va assurer une sorte desuivi citoyen de ces programmes et c’est vrai-ment très efficace, aussi bien pour l’adductiond’eau, d’électrification rurale que les centresde santé. Il y a eu plus de 1 700 microprojetsfinancés dans le cadre du Pndp. Plus de 220000 personnes ont eu accès à l’eau, 250 000 àl’électricité, 166 000 élèves qui ont pu étudierdans de meilleures conditions grâce à laconstruction des salles de classe ».

“ Il y a un lien très étroitavec les populations ”Bruno Gain Ambassadeur de France

De la lecture faite par MadameMarie-Madeleine Nga, leCoordonnateur national du

Programme national de développementparticipatif (Pndp), de la «Déclaration deDouala» issue des travaux, il ressort que« le développement économique des terri-toires ruraux est un enjeu majeur pour lespays d’Afrique subsaharienne ». Il n’estpas seulement « l’une des réponses incon-tournables aux défis démographiques,environnementaux, de sécurité alimentai-re et de paix auxquels doit répondre lecontinent », il « s’entend comme un pro-cessus qui doit [...] permettre la créationde richesses et d’emplois dans les terri-toires tout en assurant le soutien aux plusvulnérables et la durabilité des ressourcesenvironnementales ». C’est pourquoi le séminaire régional deDouala « recommande que le dialogue

entre collectivités locales et secteur privésoit entretenu et accompagné » et « quesoient accompagnées [...] les réflexions surla sécurisation de l’accès des productriceset des producteurs [...] au foncier et auxressources naturelles ». Par ailleurs, « lesprojets et programme doivent égalementprévoir des outils d’appui financier – spé-cifique ou en complément des outils exis-tants - aux collectivités locales leur per-mettant d’accompagner les initiatives éco-nomiques des acteurs locaux ». Enfin, « lescollectivités locales doivent pouvoirmettre en place en complémentarité avecles infrastructures structurantes du res-sort de l’Etat des équipements rendantattractifs les territoires. Ces équipementsdoivent être générateurs de fiscalité locale[et œuvrer à] la valorisation des filièresde produits locaux créatrices d'emplois ».

Le séminaire de Douala s’estachevé avec une déclaration com-mune lue par le Coordonnateurnational du Pndp. Par K.S.

Planification: l’exemple du Cameroun

Lorsque le Programme national dedéveloppement participatif (Pndp)est lancé au Cameroun en 2004, des

programmes similaires existent depuis1997 dans d’autres pays. Mais force est deconstater que neuf ans plus tard, les résul-tats sont à l’avantage du Pndp.La circulaire n°002/Cab/Pr du 09 juillet2012 relative à la préparation du budgetde l’Etat pour l’exercice 2013 instruit legouvernement en ses points 32 et 34 de

prendre en compte les besoins identifiéspar les populations à la base dans la défi-nition des projets à inscrire au budget del’Etat. Le Chef de l’Etat souligne que «lesdépenses [du budget 2013, ndlr] à retenirdevront découler essentiellement : duDocument de stratégie pour la croissanceet l'emploi (Dsce) ; des plans d'actionsprioritaires des ministères, définis à partirde la revue annuelle de politiquespubliques, des différentes stratégies éla-borées et validées par le gouvernement etdes Cadres de dépenses à moyen terme(Cdmt) ; des conclusions des enquêtesauprès des ménages; des rapports d'éva-luation des objectifs du millénaire pour ledéveloppement (Omd) ; des plans com-munaux de développement». De même,rappelle-t-il, «s'agissant spécifiquement

des dépenses d'investissement public, lesdiscussions sur les projets proposés à ins-crire au Budget d'investissement public(Bip) se feront sur la base des objectifsprogrammes, actions, projets et des tâchesinscrits dans les Cdmt tels qu'ils décou-lent des Plans d'actions prioritaires (Pap)et des Plans communaux de développe-ment».Cette onction du président de laRépublique sur ce résultat de planifica-tion locale effectuée dans les communesrurales sous la houlette du Pndp n’est pasle seul argument qui a poussé les partici-pants à envisager dès les prochainessemaines des visites de travail auCameroun. C’est sans doute aussi leniveau d’appropriation par les bénéfi-ciaires observé dans certaines localités.

Des différents projets et pro-grammes représentés à Douala, ilressort que l’expérience camerou-naise en matière de planificationest exemplaire.

Par Honorine Ngangue

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dossierN° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 20134

«La particularité des zones rurales estque le développement les fuit pour

aller vers les villes, et les populations quisuivent le développement fuient les terri-toires ruraux. C’est pour cette raison qu’ilfaut y ramener la vie par des équipements,la participation des populations, par unéveil des consciences afin d’améliorer lecadre, les conditions de vie et les condi-tions économiques des populations. Parailleurs, il faut créer un environnementpropice au développement par l’appel auxinvestisseurs privés. Car, c’est le privé quiest capable d’impulser le développementdans les territoires ruraux. Cela demandeune véritable coordination de l’activité detous les acteurs privés, publics, associatifs,partenaires au développement ».

“ Il faut ramener la viedans les zones rurales”David Abouém a TchoyiExpert en décentralisation et

gouvernance locale, Cameroun

«Nous avons été à Njombé-Penja, oùnous avons découvert une impor-

tante exploitation agricole. Le poivre blancqu’on y cultive est magnifique. Nousavons visité les Plantations du Haut Penja.Là alors, c’est de la production industrielle.Cette exploitation est d’un apport impor-tant dans la création des emplois. A voir tout ça, on se rend bien comptel’agriculture africaine peut nourrir sapopulation. Nous avons vu l’impact duPndp dans la commune. Grâce à ceProgramme, la commune de Njombé vabénéficier d’un important équipementsocio-marchand qui a été présenté. Lescommerçants ne vont plus vendre leursproduits sur des étals à même le sol. Toutceci prouve que le maire et l’exécutif com-munal se préoccupent du bien-être de lapopulation. Ça permet de régler beaucoupde problèmes ».

“Ça permet de réglerbeaucoup de problèmes”Assogba Hodonou Directeur de la programmation et

de la Prospective au ministère de

l’Agriculture, de l’élevage et de la

pêche, Bénin.

Quand la collectivité attire le capitalDéveloppement économique local

Le Tarn et Garonne est un départe-ment de la région de Midi-Pyrénées.qui tire son nom du fleuve Garonne

et de son affluent le Tarn. Sa préfecture estMontauban et son unique sous-préfectureest Castelsarrasin. Pour autant, ce départe-ment d’une densité de 64,4 habitants aukm2 compte 195 communes et 17intercommunalités. Avec 41 185 salariés en2011 employés dans 24 019 entreprises, ilconstitue un cas d’école qui méritait sansdoute que les participants aux séminairerégional sur le «Développement écono-mique des territoires ruraux» étudient.Surtout qu’il est le quatrième départementfrançais producteur d’arbres fruitiers. Il est1er en pommiers de table : 5 380 ha; 2èmeen pruniers : 3 070 ha; 2ème en noisetiers :780 ha; 2ème pour le raisin de table : 1 300ha. C’est dire les gains qu’il réalise. Parailleurs, les cultures fruitières ont façonnéson paysage pour lui ouvrir des gains com-plémentaires sur le plan touristique.Le Tarn et Garonne pourrait donc très bieninspirer les collectivités locales africaines. Ilest structuré autour de 5280 exploitationsagricoles en 2010 (-27% par rapport à 2000)établies sur une surface moyenne de 40hectares par exploitation, tenues par 328établissements agro-alimentaires quiemploient 2700 personnes. Le département bénéficie de l’action del’Agence de développement économiquede Tarn-et-Garonne qui est une association

créée en 1999 avec un budget de 700 000euros (soit 459 millions de Fcfa). Les politiques économiques qui y sont exé-cutées font l’objet de conventions plurian-nuelles avec la Région Midi-Pyrénées quiest le chef de file en matière économiquepour les 195 communes et 17 intercommu-nalités du département. De fait, le Schémarégional de développement économique(Srde) fixe les règles du jeu en matièred’aides directes ou indirectes aux entre-prises et aux communes. De même, danscet envrionnement où les collectivités terri-toriales décentralisées ont une importantemarge de manoeuvre, «le Schéma territo-rial des infrastructures économiques régitles politiques en matière d’infrastructureséconomiques, notamment dans les zonesd’activités, la fourniture du haut débit, lapose de la fibre optique, etc.», affirme M.Nicolessi.Cet ancien chef d’entreprise reconvertidans le développement économique localdepuis quatre ans ajoute : «le départementaide les entreprises et les commerces quisouhaitent investir dans des dépensesimmobilières, l’acquisition de matériel neufou des études techniques ou stratégiques».Mais pour être éligibles, les projets doiventêtre créateurs d’emplois, avoir un caractère

global et une durée minimale de trois ans,en plus de présenter un intérêt pour le ter-ritoire et de relever du secteur productif. Ilaide aussi les communes à financer l’amé-nagement de zones d’activités écono-miques, à condition d’en démontrer lesretombées économiques directes et indi-rectes pour le territoire.

La fiscalité locale comme levierCes leviers-là ne sont pas encore entre lesmains des collectivités locales d’Afriquesubsaharienne où, faut-il le rappeler, lesprocessus de décentralisation sont desexpériences amorcées dans les années 1990pour les plus anciennes. C’est bien différentpour ce qui concerne le Mahgreb etl’Afrique du Sud. Mais, en attendant quel’Etat travaille à la structuration de l’envi-ronnement juridique, infrastructurel, tech-nologique, physique et même culturel, lescollectivités locales peuvent travailler sur levolet psychologique pour mettre enconfiance les différents acteurs du territoi-re. Elles disposent aussi d’un mécanismeincitatif qu’il serait intéressant d’utiliser: lafiscalité locale. Certes, le Cameroun parexemple dispose de 29 impôts locaux, maisà ce jour ils ne sont pas, pour la plupart,collectés.

L’exposé fait par GastonNicolessi, l’une des personnes res-sources du séminaire, sur l’expé-rience de la région du Tarn-et-Garonne (France) a ouvert desperspectives que les autres parti-cipants ont souhaité explorerdans leurs pays respectifs.

Par Kamdem Souop

Gaston Nicolessi pendant sa présentation

Lisez et faites lire L’info culturelle

Parce que laParce que laculture est au culture est au fondementfondementde toutede touteactionaction

Contact: (237) 99 98 04 88 /75 09 69 81

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lnfrastructures: la réalité du terrain

La réalité du terrain telle que vue parles dizaines de visiteurs venus de 11pays africains plus la France a été cir-

conscrite aux communes de Pouma,Njombé-Penja et Mbanga dans la région duLittoral. Cette réalité est celle de collectivi-tés qui se cherchent mais qui ont les pre-mières réponses à leurs questions. Pour des questions d’organisation pra-tique, font savoir les organisateurs, iln’était pas possible de sortir des environsde Douala. Le choix de Pouma était déjà unbien grand risque par rapport à Njombé-Penja et Mbanga. Car le chemin caillouteux

de Pouma oblige à des précautions supplé-mentaires en termes de robustesse desvéhicules mobilisés.Mais au final, à en croire les participants, ladécouverte des forages, des hangars demarché, etc. qui donnent de la matière auxplans communaux de développement quileur ont été présentés à chaque étape et lavisite des exploitations agricoles indivi-duelles ou industrielles leur ont donné l’oc-casion de mesurer leur poids dans lesfinances communales et leur contributiondans la résorption du chômage.Pour rappel, le premier C2d avait mis unaccent particulier sur la réfection de la voi-rie de Douala et Yaoundé. «Priorité du gou-vernement camerounais qui avait choisi cesdeux grandes villes qui sont d'immensesagglomérations», répond Gilles Chausse, ledirecteur de l’Afd Cameroun. Le secondC2d a un important volet agricole: 60% de

l’enveloppe allouée. «Autre priorité dugouvernement camerounais», renchérit M.Chausse. Toutefois, «dans le deuxièmeC2d, un programme est en cours de miseen oeuvre pour appuyer les investisse-ments dans trois autres villes importantes:Garoua, Bafoussam et Bertoua». Le choixdes priorités est difficile devant l’importanceet le volume des besoins des populations. A ce jour, par le biais du Pndp qu’ellefinance aux côtés de la Banque mondiale,de la Kreditanstalt für Wiederaufblau(Kwf) et du Fonds pour l’environnementmondial (Fem), à hauteur de 38 milliards deFcfa dans la deuxième phase (contre 13 mil-liards lors de la phase 1), l’Afd a permis laconstruction de plus de 1700 microprojetsqui, d’après une étude d’impact réaliséepar l’Institut national de la statistique en2009, ont amélioré les conditions de plus de2 millions de personnes des zones rurales.

Un volet qui a marqué les espritspendant le séminaire a été celuides infrastructures sociocommu-nautaires construites par le Pndp.

Par H.N.

REACTIONS

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dossier 5N° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 2013

Développement économique local

Assurément la question foncièredérange en Afrique, notamment enAfrique subsaharienne. Si le monde

entier a eu les yeux rivés sur RobertMugabe lorsqu’il a décidé en 1997 d’uneréforme agraire au Zimbabwé où environ4.500 fermiers blancs possèdent la majoritédes meilleures terres cultivables alors quela moitié de la population de ce pays de 12millions d’habitants s’entasse sur des terres« communales » arides et surpeuplées oùelle pratique une agriculture de subsistancedans des conditions de plus en plus diffi-ciles, le reste du continent n’est pas épar-gné. La faute peut-être à un solde de l’héri-tage de la colonisation non ou partielle-ment effectué. C’est que le foncier est unequestion éminemment sensible.

Expériences pays diversifiéesLa Mauritanie fait face à de fréquentsconflits sur la gestion des ressources natu-relles (Grn) et en particulier sur le foncier,en l’absence d’une capacité de résorptionpropre à la commune, mais également enraison des réticences des acteurs à appli-quer les codes liés à la Grn, au pastoral, aufoncier.La gestion domaniale et foncière au Nigerrepose sur un dispositif législatif et régle-mentaire relativement cohérent, toutes lesdimensions de la vie foncière étant cou-vertes, avec l’objectif final de ne garantir ledroit de propriété individuelle qu’aux per-sonnes qui assurent la mise en valeur desterrains. Et une dimension essentielle de cedispositif est l’ordonnance n° 93-015 du 2mars 1993, fixant les principes d’orientationdu Code rural.En Guinée, « En dépit de l’instauration,avec le Code foncier et domanial (Cfd) de1992, d’un régime foncier libéral fondé surle respect de la propriété privée de la terre,on constate que les droits des exploitants etdes propriétaires traditionnels demeurentprécaires et aléatoires » (cf. Déclaration depolitique foncière en milieu rural adoptéeau début des années 2000 par leGouvernement guinéen, point 6). Ce quijustifie que dans les axes stratégiques, onpuisse lire : « En matière de propriété fon-cière, contrairement aux dispositionslégales, les pratiques locales distinguent lapropriété directe de la propriété utile dusol. Afin de consacrer et consolider les pra-tiques locales, pour qu’elles ne soient pascontraires aux objectifs et principes fonda-mentaux de la lutte contre la pauvreté,d’équité et de justice, des textes complé-mentaires du Cfd seront adoptés. Ils serontconçus de manière flexible afin que puisse

être prise en compte toute la diversité dessituations et assurer une équité par rapportà l’accès et à l’utilisation durable des res-sources foncières » (Déclaration, point 37).Et pour faciliter cette nouvelle approche duFoncier, la décentralisation apparaîtcomme un axe stratégique majeur, concréti-sé par les quelques éléments suivants de laDéclaration : « Le plan foncier répond assezbien à cet objectif. Tenu et géré par lesCommunautés rurales de développement(Crd), il constitue un instrument puissantau service des communautés… En outre, ilouvre la voie à l’imposition locale de la pro-priété foncière » (point 45). « LeGouvernement prendra des dispositionspour investir les Crd de responsabilitéseffectives dans la gestion des ressourcesfoncières dont elles tirent leur subsistance »(point 46). « Pour réaliser ses objectifs enmatière de décentralisation de la gestionfoncière, le Gouvernement entamera unerévision des dispositions du Cfd…. » (point49). C’est tout simplement une avancée sin-gulière par rapport à une disposition de lacirculaire du 10 janvier 1974 qui disposaitque : «Nul ne saurait se prévaloir d’unquelconque droit des terrains nus non misen valeur, l’État étant le seul propriétairedu sol et du sous-sol de la République deGuinée. »A Madagascar, la question foncière a parti-cipé à la chute de Marc Ravalomanana enmars 2009. Certes, il avait lancé une réfor-me foncière permettant aux paysansd’avoir un titre foncier, mais il se mit à dosle pays avec un projet encore en étude delocation de 1,3 million d'hectares à l'entre-prise sud coréenne Daewoo Logistics ennovembre 2008. Au Burkina Faso, le système domanial ditRéforme agro-foncière (Raf), a été forte-ment remis en cause après le changementconstitutionnel intervenu en 1991, qui anotamment reconnu formellement le droitde propriété : « Le droit de propriété estgaranti. (…) Il ne peut y être porté atteinteque dans les cas de nécessité publiqueconstatés dans les formes légales. Nul nesaurait être privé de sa jouissance si ce n’estpour cause d’utilité publique et sous lacondition d’une juste indemnisation fixéeconformément à la loi. Cette indemnisationdoit être préalable à l’expropriation saufcas d’urgence ou de force majeure. »Pour sa part, un expert burkinabè, BalaWenceslas Sanou, Conseiller en Innovationen Gouvernance Locale ‘Cigl’ décentralisa-tion, foncier rural et ressources naturelles,qui n’était pas à Douala et dont l’expérien-ce aurait enrichi davantage les débats, esti-me que «la gouvernance inclusive de laterre rurale et des autres ressources natu-relles liées peut ouvrir sur un processus dequête d’une nouvelle citoyenneté qui trans-cende les barrières ethniques à travers,entre autres, les chartes foncières locales.Dans cette perspective, le suivi et la docu-mentation de processus d’élaboration dechartes foncières dans le contexte de lamise en oeuvre de la loi 34-2009, constitue

un axe d’intérêt de recherche-action». Sansdoute parce que ce texte consacre le princi-pe de l’accès équitable aux terres ruralespour «l’ensemble des acteurs ruraux, per-sonnes physiques et morales de droitpublic et de droit privé, sans distinctiond’origine ethnique, de sexe, de religion, denationalité et d’appartenance politique».Il s’appuie sur les constats suivants: «Lescommunautés locales autochtones etallochtones arrivent de moins en moins àcohabiter de façon pacifique du fait desenjeux de contrôle des terres de productionet d’accès aux autres ressources naturellesliées (produits forestiers ligneux et nonligneux, les ressources pastorales); lesaccords préalables qu’elles avaient réussiesà établir à travers parfois plusieurs généra-tions sont remis en cause. La ‘compétitionfoncière’ s’est accentuée davantage à partirdes années 2000 avec de ‘nouveaux acteurs’(élite nationale) à priori non ruraux quiinvestissent dans l’acquisition de terresagricoles, sans toujours une mise en valeurconséquente». Au Sénégal, « la règle retenue était que laterre appartenait à la communauté, l’ap-propriation privée étant l’exception. Lesterres classées ‘domaine national’ ne pou-vaient être vendues ou louées. Les condi-tions de l’utilisation du domaine nationalétaient précisées. Les attributions ancienne-ment dévolues aux maîtres des terres et auxassemblées des Anciens, modernisées etadaptées aux conditions nouvelles, reve-naient désormais aux communautésrurales, dont les membres étaient élus parles villageois ». D’ailleurs, commentant, lanouvelle loi domaniale de son pays, lePrésident Senghor, déclarait le 1er mai1964: « Également éloigné de la propriétéindividuelle égoïste et du collectivismeniveleur, ce nouveau régime de la proprié-té foncière fondée essentiellement sur l’ex-ploitation personnelle et sur la mise envaleur, représentera bien la voie originaledu socialisme africain ».Quant au Cameroun, le dispositif législatifet réglementaire de gestion domaniale etfoncière repose sur une multiplicité detextes, dont la structure de base est la réfor-me d’août 1974, relativement bien structu-rés, mais dont l’esprit, le contenu et lesprincipes fondamentaux apparaissentaujourd’hui assez inadaptés. En 1974, lesouci du législateur était de donner à l’Étatles moyens de mener une politique doma-niale et foncière très centralisée, très volon-taire, très forte. Cette volonté n’a toujourspas été concrétisée par la finalisation del’arsenal législatif et réglementaire, malgréla création d’un ministère des Domaines etdes affaires foncières le 8 décembre 2005,devenu ministère des Domaines, ducadastre et des affaires foncières et la signa-ture du décret n° 2005/481 du 16 décembre2005, modifiant et complétant certaines dis-positions du décret n° 76/165 du 27 avril1976, fixant les conditions d’obtention dutitre foncier.Une peur panique a gagné les villagesd’Afrique, celle de paysans qui n’ont deterre que l’espace d’habitation quand onleur reconnait encore ce droit et qui n’ontplus ou pas accès aux terres cultivables. Lesmaires en ont conscience ici et là. Certainsvont au combat. C’est le cas àNgoulemakong, où le maire Anicet Akoadit avoir décidé de combattre tous ceux quiviennent s’approprier les terres fertiles à unfranc symbolique alors qu’elles sont néces-saires au développement de l’activité agri-cole de la localité et partant de la produc-tion agricole nationale. On n’a pas fini d’évaluer le prix de la terresur le développement économique des ter-ritoires ruraux d’Afrique.

Foncier: le prix de la terre

Appelées à être les artisans dudéveloppement local de manièregénérale, les collectivités localesfont face à de nombreux pro-blèmes dont celui de la gestion dela terre vue comme un levier inci-tatif non maîtrisé.

«Nous avons effectué une excellentevisite à Pouma. Nous avons été

superbement accueillis par le maire et leconseil municipal. Nous avons découvertcomment les plans communaux de dévelop-pement sont conçus et discuté des possibili-tés de favoriser, en s’appuyant sur ce docu-ment de planification, le développementdes activités économiques. Le maire François Soman nous a fait visiterdes plantations et deux infrastructures pourlesquelles la collectivité a bénéficié de l’ap-pui du Pndp. Et surtout, nous avons discutéde ces excellents projets en vue de la créa-tion des emplois qui peuvent garder lesjeunes dans le secteur de l’agriculture ».

“ Garder les jeunes dans lesecteur de l’agriculture ”Vatché PapazianChef de Projets à l’Agence fran-

çaise de développement, France

«Globalement, je considère que les tra-vaux de mardi [16 avril, ndlr] se

sont bien passés. Les échanges ont été parti-culièrement intéressants. On a senti ce jourle pas qu’on a franchi par rapport à la jour-née d’hier [15 avril, ndlr] qui a été beaucoupplus portée sur le cadre conceptuel.Aujourd’hui, nous sommes allés beaucoupplus en détail dans l’échange d’expériencesopérationnelles.Difficile de dire quel thème m’aura le plusmarqué, car tous les thèmes étaient intéres-sants. Nous, Sénégalais, avons été intéresséspar l’expérience présentée sur le Niger.Parce qu’il s’agit des mêmes réalités, desmêmes orientations, surtout des mêmespréoccupations que celles de notre pays. Leséchanges qui ont suivi toutes les présenta-tions étaient enrichissants. Nous disonsbravo au Pndp et à l’Afd pour cette excel-lente initiative. Surtout que la probléma-tique est actuelle ».

“ La problématique estactuelle ”Cheikh Ahmed Khaly FallDivison aménagement de l'espa-

ce rural, Sénégal

Une vue des participants

REACTIONS

Par K.S.

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dossierN° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 20136

REACTIONS Développement économique local

En quoi un séminaire sur « ledéveloppement économiquedes territoires ruraux » consti-tue-t-il une solution aux nom-breux problèmes de ceux-ci enAfrique ?Ce séminaire que l'Afd co-orga-nise avec le Pndp est un sémi-naire régional qui associe dansun large débat d'idées nombrede partenaires que nous finan-çons à travers des programmessimilaires de développementlocal dans les 11 pays africainsreprésentés. Sont présents aussiles représentants des adminis-trations, des élus, la société civile.Pour nous, ce séminaire est unpoint d'étape dans une réflexionqu'on veut la plus large possibleet collective avec nos partenairespour faire progresser les idées etles propositions afin de voircomment dans une premièrephase de projets aujourd'hui,nous pouvons poursuivre l'ef-fort financier en faveur de cetype de programmes qui a voca-tion à soutenir les collectivitéslocales et répondre aux besoinsdes populations à la fois entermes d'infrastructures et d'ac-tivités productives; et enfinessayer de renforcer les capaci-tés des collectivités locales.De ce point de vue, des projetscomme celui du Pndp sontemblématiques du type de pro-gramme représentatif des terri-toires ruraux ou du développe-ment local. Les financementsque nous mettons en place sontdes subventions qui permettentpremièrement aux collectivitésd’élaborer des plans commu-naux de développement qui pré-cisent leurs besoins et les straté-gies pour les résoudre; ensuite,sur la base de ces plans, financerles besoins les plus urgents,notamment et suivant les cas unforage, une salle de classe, l’élec-trification rurale, un centre deformation agricole, etc.

Qu'est-ce qui a présidé au choixdu Pndp comme partenairedans votre travail ?C'est le fait que nous ayons été àl’origine du Pndp avec d'autrespartenaires comme la Banquemondiale et bien évidemmentl'Etat camerounais. Et aujour-d'hui, nous sommes à l'étaped'un deuxième financement.Nous avons plus que doublé lesmoyens que nous affectons auPndp qui nous paraît aujour-d'hui être un programme suffi-samment abouti dans sa défini-tion, son organisation et sa stra-tégie pour que nous puissionsdans un risque tout à fait mesu-ré lui apporter nos moyensfinanciers.

Quelles peuvent être les rai-sons du sous-développementpersistant des zones rurales auCameroun?Moi, j'ai le sentiment que leschoses progressent à la faveurde la politique de décentralisa-tion qui est prônée par les auto-rités camerounaises. Les besoins

sont considérables, les moyenssont en sensible augmentation àtravers des programmes natio-naux comme le Pndp ; à traversaussi le Feicom qui joue aussi unrôle important en faveur des col-lectivités locales. Il reste encoreune fois que les besoins sont trèsimportants et qu'il appartientaux communes de renforcerleurs capacités, de mieux préci-ser leurs besoins et que l'Etatpuisse apporter toutes les res-sources nécessaires. C'est une oeuvre de longuehaleine. Les collectivités localesdans nombre de pays sont loind'avoir atteint aujourd'huitoutes les étapes de développe-ment pour pouvoir répondreaux besoins des populations.Considérons que nous sommesdans le cadre d'un processus etque ce processus évolue dans lebon sens.

Quels sont les espoirs que vousfondez sur ce séminaire ?Nous en attendons d'abord untrès large partage d'expériences.Cest tout l'intérêt d'avoir desreprésentants d'administrations,des responsables de pro-grammes comme le Pndp à tra-vers différents pays d'Afriquede l'Ouest comme du Centre.Les projets sont tous un peusemblables ; mais ils ont tousaussi des marques de singularitéqui leur sont propres. Donc, ceque nous espérons, c'est brasserune expérience collective, échan-ger, capitaliser sur les bonnespratiques, éventuellement voirsi l'on peut réorienter les pro-grammes vers des boîtes à outilsqui permettraient d'aller plusvite dans leur réalisation. Nousespérons que la «Déclaration deDouala» qui sanctionnera lestravaux marquera quelquesprincipes forts autour des pro-grammes de développement desterritoires ruraux et d’appui à ladécentralisation pour quedemain, ces mêmes pro-grammes dans de nouvellesphases, ou de nouveaux pro-grammes dans d’autres payspuissent trouver un capital desavoirs et d’expériences surlequel rebondir.

D'où viennent les ressourcesque l'Afd injecte dans les pro-jets en Afrique et en particulierau Cameroun ?Ces financements peuvent venirde différentes origines. Dans lecas précis du Cameroun, cesfinancements ont pour origine leContrat de désendettement-

développement [C2d, ndlr] quinous a permis de mettre en placeun premier financement de 13milliards de Fcfa, puis undeuxième financement de 39milliards de Fcfa en faveur duPndp. Donc, ce sont des res-sources du premier comme dusecond C2d. Il y a des pays où ce sont des res-sources en subvention de l'Afd.Il y a même des pays où noussommes déjà sur des formulesde prêts aux collectivités locales,puisque celles-ci deviennentaujourd'hui un acteur trèsimportant de notre coopération.Soit par une intermédiationfinancière en passant par desbanques, soit dans des relationsdirectes lorsqu’il s’agit de collec-tivités locales urbaines de gran-de taille qui peuvent avoir lesmoyens d’emprunter directe-ment à un partenaire financiercomme l’Afd.

Qu'est-ce qui détermine lechoix entre une subvention ouun prêt?C'est d'abord, selon les pays, lacapacité de pouvoir emprunterou pas. Il y a un certain nombrede pays aujourd'hui qui sont àdes niveaux d'endettement etdans des relations avec la com-munauté internationale qui neleur permettent pas d'accéder àdes prêts. Le Cameroun présen-te cette particularité d'avoir vusa dette annulée. Donc, il peutretrouver aujourd'hui une capa-cité d'endettement.Quand il existe des formulescomme celles du C2d qui privi-légient des subventions, nousapportons ce type de ressourcesau pays considéré.

Sur le site internet de l'Afd, ilest écrit que le Cameroun estl'un des principaux bénéfi-ciaires des financements del'Afd. Qu'est-ce qui peut justi-fier ce privilège?C'est le fait que le Cameroun estun partenaire traditionnel et his-torique de l'Afd, puisque nousvenons d'y fêter nos plus de 50ans de partenariat. Et que leCameroun est une économieforte et a été historiquement tou-jours été un pays dans lequelnous sommes intervenus enprêts. Plus récemment à la

faveur du C2d, et à nouveaudepuis les annulations de dettesur des formules de prêts àl'Etat, c'est un pays qui présentepour nous un secteur privédynamique; nous pouvons ydévelopper des activités definancement en faveur du sec-teur privé, des montages engaranties par exemple avec desinstitutions bancaires, des mon-tages avec des sociétés de micro-crédit par exemple. Ce qui n'estpas toujours le cas dans d'autrespays. Donc, nous avons au Camerounune large couverture à traverstous les instruments dont dispo-se l'Afd, et nous intervenons iciquasiment dans tous les secteursd'activités : infrastructures, agri-culture, santé, éducation, inves-tissements privés...

Qu'est-ce qui peut guider votrechoix d'apporter votre appuivers tel secteur plutôt qu'à telautre?C'est d'abord la demande. Quece soit avec le secteur privé ouavec le secteur public, nousessayons de répondre à unedemande qui nous est posée. Parexemple, pour le deuxième C2d,les autorités camerounaises ontsouhaité faire de l'agricultureune priorité. Donc, il va affecterplus 60% de son enveloppefinancière en faveur du secteuragricole.Donc, nous sommes d'abord àl'écoute de nos partenaires et deleurs besoins. Dans le cas duCameroun, nous nous inscri-vons dans les priorités duDocument de stratégie pour lacroissance et l'emploi [Dsce,ndlr] qui fixe un certain nombred'axes. Et c'est sur ces axes quenous essayons d'apporter uneréponse en termes financiers.

“ Nous prêtons aux collectivités ”Gilles Chausse, Directeur Afd Cameroun

“Nous nous inscri-vons dans les prio-rités du Documentde stratégie pour lacroissance et l'em-

ploi qui fixe uncertain nombre

d'axes.”

“Le Pndp nousparaît aujourd’huiêtre un programme

suffisammentabouti dans sa définition, son

organisation et sastratégie.”

Propos recueillis par KS

«Je suis satisfait de la visite d’hier [17avril, ndlr]. Nous étions à Mbanga, où

nous avons constaté une franche collabora-tion dans la gestion du quotidien entre leresponsable communal, la société civile, lesorganisations paysannes. Nous avons visitéles ouvrages, notamment le forage que lePndp a réalisé avec la participation de lacollectivité locale. J’ai été impressionné.J’ose croire que la population va se mobili-ser pour la durabilité de l’ouvrage. Nous avons également visité la Société desBananeraies de la M’Bomé, une entreprisede la localité qui produit des bananes.D’après ce que nous avons appris, elle par-ticipe beaucoup à la réduction du chômage,puisqu’elle emploie plus de 1500 per-sonnes. Nous remercions le Pndp et l’Afd».

“ Une franche collaborationentre la commune, la socié-té civile et les paysans ”Sandou AssimarouGnassingbe Président de la Coordination des

Organisations paysannes et de

producteurs agricoles, Togo.

«Je crois que cette journée [16 avril,ndlr] a été riche d’enseignement et de

partage d’expériences. Aujourd’hui, le pro-gramme nous a plongés au cœur même desvrais problèmes qui se posent en matièrede développement économique des terri-toires ruraux. Les problèmes qui se posenten termes de réglementation, affectation etutilisation du foncier. C’est ça notre sourcecapitale d’investissement pour le dévelop-pement des territoires ruraux. Tant quedans nos pays, cette question n’est pasmaîtrisée, je crois que la décentralisationva continuer de souffrir, dans la mesure oùles investissements ne pourraient pas sefaire. Un des communicateurs disait hier,qu’on ne peut pas faire la décentralisationsans l’accompagner d’une décentralisationde l’économie. Or, ces activités écono-miques devraient avoir comme support detravail, le foncier. Je crois que les échangesde ce jour, permettront de sortir des résolu-tions concrètes pour le développementéconomique de nos communes ».

“Nous devons maîtriserla question foncière”Denis Ayena Groupement Inter Communal du

département des Collines, Bénin

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dossier 7N° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 2013

REACTIONSDéveloppement économique local

“ Les communes doivent créer dela croissance et des emplois ”Marie Madeleine Nga, Coordonnateur National du Pndp

Pourquoi organiser un sémi-naire régional sur la questiondu développement écono-mique local ?En Afrique, ces dernièresdécennies ont été marquées parune volonté affichée et partagéepar plusieurs institutions tantnationales, continentales qu’in-ternationales, visant à identifieret adopter un modèle de déve-loppement qui puisse per-mettre à ce continent à la foisriche en ressources naturelles etpauvre en ressources finan-cières de se frayer un chemindans le vaste contexte de lamondialisation. Les approches prises par lespays africains en s’inspirant desmodèles de développementqu’on pourrait considérercomme des succès, présententla décentralisation comme unmoyen efficace pour parvenir àconstruire et développerl’Afrique. Cependant, à l’expé-rience il apparait difficile detraduire le cadre légal et régle-mentaire mis en place au béné-fice de la décentralisation enréalité concrète sur le terrain.La clarification du rôle desintervenants à tous les niveauxet la question du renforcementdes capacités des élus restentd’actualité. Au-delà de tous ces questionne-ments, de nombreuses expé-riences heureuses observées çaet là en Afrique peuvent per-mettre d’enrichir les unes et lesautres dans leurs démarches etmettre en évidence de bonnespratiques à capitaliser. Il nous a semblé dans un telcontexte, qu’un espace d’échan-ge d’expériences sur le déve-loppement économique des ter-ritoires ruraux en Afrique sub-saharienne serait le bienvenu.

Comment comprendre cetintérêt du Pndp pour le déve-loppement économique local ?Est-ce un changement de cap?En réalisant des infrastructuressociocommunautaires et socio-marchandes à partir de la plani-fication locale, le Programmenational de développementparticipatif a substantiellementamélioré les conditions d’accèsdes populations aux servicessociaux de base. Ceci étant, ilreste que ces populations ontbesoin de disposer de res-sources financières leur permet-tant de jouir effectivement deces services. C’est pourquoi ilfaut pouvoir donner aux com-munes les moyens de créer dela croissance et des emplois.De plus, l’arrimage de l’ap-proche Pndp au Document destratégie pour la croissance etl’emploi [Dsce, ndlr] établit lanécessité pour le Programmed’accompagner les communes àdevenir des espaces de déve-loppement économique.

Quels sont les secteurs viséspar cette nouvelle approche etsur quels leviers le Programmes’appuie-t-il pour atteindre sesobjectifs ?

Il s’agira de mettre un accentsur la valorisation des res-sources naturelles, afin de fairebénéficier aux collectivitéslocales les avantages compara-tifs liés auxdites ressources.C’est à ce titre que la dotationdu deuxième C2d au Pndp aréservé une proportion audéveloppement agricole. Cecis’appuie d’ailleurs sur l’expé-rience enrichissante que leProgramme a menée avec leProjet de Gestion Durable desTerres. Il nous avait donné l’oc-casion d’expérimenter la pro-duction des plantes fourragèresdans les régions du Nord et del’Adamaoua. Les personnesengagées dans ce projet nour-rissent leurs bêtes sur place etnon plus en nomades. Ce qui apermis de réduire les conflitsentre agriculteurs et éleveurs.Par ailleurs, ils étendent cetteexpérience à d’autres éleveurs àqui ils revendent les semencesissues des champs fourragers.Je tiens à souligner que le pointd’ancrage du Pndp reste lacommune et notre levier, lastructuration. Il s’agit d’aider lacommune à structurer son envi-ronnement en vue de l’éclosiond’une économie locale. Pour prendre un exemple, leProgramme ne finance pasdirectement les agriculteurs.Mais par exemple, si une com-mune est décidée à aménagerun bas-fond pour faciliter l’ins-tallation de producteurs detomates, le Pndp l’appuiera. Ilen est de même du désenclave-ment des bassins de produc-tion. Je citerai aussi la pêche,l’artisanat, bref les activitésmenées en zone rurale et rele-vant davantage du secteur pri-maire que secondaire.

Que faudrait-il aux communesaccompagnées par le Pndppour qu’elles soient des pôlesde compétitivité qui créent dela richesse et des emplois ?Les communes devraient iden-

tifier premièrement leursatouts. C’est leur rôle et noncelui du Pndp qui, lui, a voca-tion à les accompagner danscette mission et renforcer leurscapacités afin qu’elles assumentpleinement la maîtrise d’ouvra-ge.De ce point de vue, je rappelle-rai que le Programme a aidé lescommunes à se doter d’unimportant outil de pilotagequ’est le Plan communal dedéveloppement. Ce documentmet en évidence le potentiel dela commune dans les 28 sec-teurs déclinés du Document destratégie pour la croissance etl’emploi. Il est de la responsabi-lité des collectivités locales des’appuyer sur ce plan pournégocier des partenariats avecle secteur privé ou l’Etat. Dansles tout prochains jours lesContrats-Plans Etat-communessont appelés à être signés avecles communes qui en feront lademande, autour du Pcd.Aussi les collectivités ont-ellesla responsabilité de créer enleur sein un environnementfavorable et propice au déve-loppement économique.

Qu’est ce qui va changer dansl’appui que le Programmeapporte aux communes enzone rurale en rapport avec lesfonctions de production, stoc-kage, conservation, commer-cialisation et transformation ?Rien ne va changer. Le modeopératoire du Programme serale même, c’est-à-dire s’appuyersur les communes pour impul-ser le développement écono-mique local. D’autres pro-grammes et projets du gouver-nement accompagnent lesacteurs locaux dans les diffé-rentes fonctions économiquesque vous avez citées. Le Pndp adavantage vocation à travaillerà la structuration, afin derendre le territoire communalattractif pour les opérateurséconomiques.

Quel est l’avenir institutionneldu Pndp ?La deuxième phase du Pndpsur crédit Ida s’achève ennovembre 2013. Quant à la troi-sième phase, elle est en cours depréparation. Pour le reste, lemoment venu, leGouvernement définira lemode de capitalisation desacquis du Pndp.

Propos recueillis par KS

“L’arrimage de l’approche Pndp au

Dsce établit lanécessité pour le

Programme d’accompagner lescommunes à deve-nir des espaces de

développement économique ”

“Le Pndp a davantage vocation

à travailler à lastructuration, afin

de rendre le territoirecommunal attractifpour les opérateurs

économiques”

«Il me revient l’honneur de vous expri-mer, au nom de l’ensemble de l’équi-

pe de l’Afd, le sentiment de satisfactionque nous avons tiré des quatre jours de tra-vaux intenses qui s’achèvent. Cette satisfaction s’appuie sur la qualitédes travaux et des participants, sur le for-mat très original de notre réunion qui apermis de regrouper dans une mêmeréflexion les personnes engagées au sein del’Agence française de développement auCameroun et dans onze pays d’Afriquedans lesquels nous avons des opérations.Nous organisons régulièrement de trèsnombreux séminaires. Et je peux vous direque rarement nous avons droit à une tellequalité d’échanges et de résultats.Ce séminaire, que nous avons pensé audépart comme une formation de nous-mêmes et de partage avec vous de nosconvictions, s’est avéré d’une grande pro-ductivité;Nous tenons à remercier nos amis ducameroun et particulièrement leCoordonnateur national du Pndp et sonéquipe pour la qualité absolument parfaitede l’organisation.

“ Une organisation absolument parfaite ”Jean Luc FrançoisChef de Division Agriculture,

Développement rural et

Biodiversité, Afd Paris, France

«Nous, participants au séminairerégional sur le «Développement

économique des territoires ruraux» tenu àDouala du 15 au 18 avril 2013, Adressons nos vifs remerciements au gou-vernement de la République soeur duCameroun, aux autorités administrativesde la région du Littoral, ainsi qu’aux auto-rités locales de Douala;Remercions les organisateurs de cet impor-tant séminaire régional dédié à une thèma-tique d’actualité;Adressons nos remerciements à toutel’équipe du Pndp pour la chaleur de l’ac-cueil qui nous a été réservé;Félicitons le Pndp pour la réussite éclatantedu séminaire, réussite rendue pratique parla «Déclaration de Douala»;Remercions l’Afd pour avoir eu l’idée d’or-ganiser cette rencontre de haut niveau;Vive la coopération régionale,Vive la coopération Afd - pays d’Afrique».

“ Un séminaire dédié à unethématique d’actualité ”Mohamed Lemine Ould AbdaCoordonnateur Technique Projet

Vaincre II, Mauritanie

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e-communesN° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 20138

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BULLETIN D’ABONNEMENT

Le Cameroun crée un Bureau nationalEtat civil

C’est sans doute vers plusd’efficacité dans la déli-vrance des actes d’état civil

que l’Etat veut s’orienter. Ledécret signé par le président de laRépublique en février dernier estclair, le bureau national de l’étatcivil (Bunec) a pour mission « lasupervision, le contrôle, la régula-tion et l’évaluation du système

national de l’état civil ». Il s’agitdonc de mettre fin à plusieurs pra-tiques qui ont cours dans le pays.Tant sur le plan de la gestion desadministrations chargées de ladélivrance des actes que descitoyens. C’est pourquoi, une autre missiondu Bunec consiste en « la collecte,l’archivage et de la centralisation

des données et documents relatifsà l’état civil ». Le but étant de par-venir « à la constitution d’unfichier national de l’état civil » auCameroun. Pour atteindre cesmissions, le décret créant le Bunecprécise que cet organisme doitexercer un contrôle administratifet technique sur l’organisation etle fonctionnement des centres

d’état civil, ainsi que la tenue desregistres et l’établissement desactes d’état civil. L’on annonce aussi la formationdes officiers et secrétaires d’étatcivil, ainsi que des autres interve-nants du système. Et en ce quiconcerne les citoyens, des pro-grammes d’information et de sen-sibilisation des populations sur laréglementation en la matièreseront mis en place. Doté d’unepersonnalité juridique et d’uneautonomie financière, le Bunecpourra créer dans différentesrégions du pays des représenta-tions afin de se rapprocher despopulations. Cette institution estplacée sous la tutelle technique duministère des collectivités territo-riales décentralisées et sous latutelle financière du ministère encharge des Finances.

S’agissant des membres, ils serontissus de plusieurs administrationspubliques, notamment de la prési-dence de la République, desServices du Premier ministre, duministère en charge des collectivi-tés territoriales décentralisées.Des responsables du ministère dela Justice, de la Santé publique, dela Sûreté nationale seront aussinommés. A leur côté, le Fondsspécial d’équipements et d’inter-vention intercommunale, l’Institutnational de la statistique complè-teront la liste des membres duconseil d’administration où unreprésentant des officiers d’étatcivil défendra les intérêts de lacorporation.

C’est l’objet du décret signéle 13 février 2013 par le pré-sident de la République. Unorganisme aux enjeux précispour redorer le blason del’établissement et de laconservation de ces actesindispensables à la viecivile.

Par Pierre Nka

Mettre fin aux mauvaises pratiques

Difficiles pour les citoyensde se prononcer sur l’étatcivil au Cameroun. Dans

la rue ou dans les services de déli-vrance de ces pièces d’identifica-tions, l’on est peu disert. C’est lecas par exemple à la communed’arrondissement de Yaoundé 6au quartier Biyem-Assi de la capi-tale politique du Cameroun. Dans

les services du chef du bureau étatcivil situés au rez-de-chaussée del’immeuble, le responsablemarque son indifférence. Dansson bureau un ordinateur d’uncertain âge décore la pièce peuéclairée. Durant l’échange, le res-ponsable indique toute de mêmeque le service connait d’énormesdifficultés de fonctionnement. Dans cet entretien entrecoupé pardes silences, le chef de ce bureaususurre avec difficulté « je n’airien à vous dire » nous renvoyantplutôt vers le secrétaire général dela mairie. Peine perdue aucunesuite là-bas. Entre temps lescitoyens s’empressent à déposer età retirer les copies d’actes de nais-sance pour certification. A la ques-tion sur les pratiques de change-

ment d’âge au Cameroun, unhomme, plus de la trentaine, unephotocopie de la carte nationaled’identité en main déclare « cephénomène ne peut être éradi-qué». Pas plus. Dans un autrecentre secondaire d’état civil situésur l’itinéraire « TKC » - entréeSimbock dans le même arrondis-sement, Jean Roger Pierre Efegueancien officier de police, officieaujourd’hui en tant qu’officierd’état civil. Depuis 2006, il délivredes actes de naissance, de mariageet de décès. « Nous certifions aussiles copies d’actes » ajoute-t-il. Lesbureaux de ce centre secondairede Nfou-Alen Etoug-Ebe Yaoundé2 sont logés dans son domicile.Une pièce de près de 9m², une éta-gère dépourvue de battants

conserve les documents. Desanciens registres, des actes denaissance en attente de retrait etautres matériels de bureau. Enface, un hangar aménagé pour lescérémonies de mariage attend laprochaine célébration. Commedifficulté, M. Efegue énumère lesréticences des populations à reti-rer les actes de naissances. Là-des-sus « ce n’est que lorsqu’il fautprésenter le premier examen queles parents se souviennent de l’im-portance de l’acte de naissance »,,regrette l’officier.Durant l’entretien, un citoyen s’in-forme sur les procédures à rem-plir pour l’acte de mariage. Unedes secrétaires lui présente unefiche. Quelques instants après, unautre, familier du lieu entre.

« Monsieur l’officier, j’ai un pro-blème. Voici l’acte de mon fils (néen 1999, peut on lire d’un coupd’œil rapide sur le document) jene sais pas si ce cachet est bon »demande–t-il au fonctionnaire depolice à la retraite. « Il est bon »,répond l’officier. A son départ,l’officier explique qu’il s’agit destentatives récurrentes dans sesbureaux qui ne sont ouverts quedepuis 2006. « Des citoyens éta-blissent des actes n’importe où etquand ils ont des doutes, c’estvers nous qu’ils se retournent.C’est pourquoi notre devise ici estle respect de la légalité », tranche-t- il le regard porté vers les deuxsecrétaires de service.

Le changement d’âge, le nonrespect de la compétence ter-ritoriale et des délais, le pro-blème d’archivages jalon-nent le processus de déli-vrance des actes d’état civilau Cameroun.

Par P.N.

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focus 9N° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 2013

Rien sur la planification offi-cielle de l’Etat n’avait per-mis de voir la mise en

place du Sénat au Cameroun en2013. C’est le dernier jour de l’an-née 2012 que le président de laRépublique dans son adresse à lanation l’a annoncé. Le budget, leprincipal instrument de fonction-nement des institutions de l’Etatétant déjà bouclé avec l’adoptionde la loi de finance de l’exercice2013 par les députés au cours de lasession ordinaire de novembre2012. D’ailleurs, certains journauxavaient relayé certaines questions

relatives à la mise en place dubicaméralisme au Cameroun. C’est le cas du Quotidien de l’éco-nomie, édition du 10 décembre2012, un journal spécialisé surl’actualité économique qui a rap-porté la réponse du vice Premierministre chargé des Relations avecles Assemblées. « Chers députés,cette même question [effectivité

du bicaméralisme, ndlr] m’a étéposée par certains parlementairesfrançais qui étaient parmi nouspour s’enquérir de certaines infor-mations sur nos institutions » aindiqué Amadou Ali face auxdéputés. Et de poursuivre : « jeleur ai dit que si vous nousoctroyez 500 millions à un mil-liard d’Euros, soit 325 à 650 mil-

liards de Fcfa, notre bica-méralisme sera effectif ». Sur la question aucunesuite n’a été donnée.Même l’annonce de latenue du scrutin n’a pasencore livré les secrets desconditions de financementdu fonctionnement de laChambre de représenta-tion des collectivités terri-toriales décentralisées sui-vant la constitution du 18janvier 1996. Pour preuve,l’ouverture d’une sessionordinaire de l’Assembléenationale le 11 mars der-nier n’a pas montré lessignes d’une modificationde la loi de finances initia-le adoptée au cours de lasession de novembre 2012.

Une institution sans budgetCe d’autant plus que dans la loipromulguée le 21 décembre 2012par le président de la République,le chapitre sixième sur la réparti-tion des charges du budget géné-ral n’indique aucune ressourcefinancière réservée au Sénat.Suivant l’ordre de répartition,

l’Assemblée nationale occupe latroisième place après la présiden-ce de la République, les servicesrattachés à la présidence de laRépublique. Et pour son fonction-nement durant l’exercice 2013,cette Chambre basse a droit à unecagnotte financière de 17 871 000000 Fcfa contre 15 861 000 000 Fcfal’année dernière. En termes d’investissement, laproportion annuelle est de quatremilliards Fcfa, un milliard de plusqu’en 2012. Ce qui laisse croirequ’un fort investissement estindispensable pour l’organisationet le fonctionnement du Sénat. Acommencer par les bureaux pourla permanence et la tenue des ses-sions ordinaires. Selon l’alinéa 2de l’article 215 du Code électoraldu 19 avril 2012, la première ses-sion ordinaire aura lieu « le troi-sième mardi suivant la proclama-tion des résultats des électionssénatoriales par le Conseil consti-tutionnel ». A cela s’ajoute les fraisde prise en charge des sénateurs etde l’administration permanentequi animera la vie de cette institu-tion inédite dans la vie politiqueau Cameroun.

Parlement : les premiers pas du Sénat Le Cameroun s’arrime au bicaméralisme

Historique. C’est ce qu’onpeut dire de la journée dudimanche 14 avril dernier.

Pas de grand monde devant lesbureaux de vote situés dans l’en-ceinte de l’école publique deBastos à Yaoundé. C’est unique-ment dans les classes réservées à lasection anglophone de cet établis-sement que les 270 électeurs ont étérepartis dans six bureaux de vote.Sur chaque liste, les organisateursont tenu à indiquer le sexe, l’âge etla profession de tous les électeurs.Jusqu’à 7 heures, seuls les observa-teurs nationaux ont pris d’assautles lieux. Ils sont identifiables parles badges frappés de l’image del’actuel immeuble abritantl’Assemblée nationale, la chambrebasse du Parlement camerounaisdont l’existence comme institutiona survécu à toutes les étapes de lavie politique camerounaise depuis1946. Dans l’ensemble de la région duCentre, deux listes sont en concur-rence, le Social Democratic Front etle Rassemblement démocratiquedu peuple camerounais, le parti aupouvoir. A 8 heures, les opérations

de vote ont eu lieu devant le Chefde la délégation des observateursde l’Union Africaine (Ua), EdemKojdo, ancien Premier ministre duTogo et ancien Secrétaire généralde l’Organisation de l’unité africai-ne. Après le constat de la fermetu-re de l’urne transparente lesquelques grands électeurs présentspeuvent accomplir le devoircivique particulier. Sept minutesplus tard aucun bulletin ne figuredans les différentes urnes de l’éco-le publique de Bastos. C’est le dépu-té de Yaoundé 5 qui vient mettrefin au suspens. Il sera le premier àavoir voté sous sa casquette deconseiller municipal de la commu-ne d’arrondissement de Yaoundé 5.

Observateurs électorauxCeci sous le regard de nombreuxobservateurs nationaux dont lenombre s’avère élevé à l’instantpar rapport à celui des électeurs. A9 heures, une seule enveloppe setrouve dans l’urne du bureau «D».La sécurité est assurée par unevingtaine de policiers postés àl’ombre des arbres situés dans l’en-ceinte de l’établissement primaire.Les gendarmes eux, sont à l’exté-rieur de l’établissement dans un

espace situé à côté du bâtiment duGoethe Institut. De là où le repor-ter de Villes&Communes se trou-ve, un citoyen s’informe. « S’ilvous plait, on vote aujourd’hui ? »s’interroge-t-il. Après un éclairage,il se rend compte qu’en réalité ils’agit d’un scrutin particulier. Aproximité, un homme en civil, laquarantaine révolue, semble inté-ressé par cet échange. Soudain, uneradio de communication militairetrouble l’atmosphère. Subitement,son identité d’agent des forces del’ordre dévoilée, il se dirige versl’intérieur de l’établissement, sontéléphone portable à l’oreille.Rendu dans l’après midi, le tempsest ensoleillé. L’affluence commen-ce à se faire importante. Entreobservateurs, les conversationss’orientent vers l’importance duscrutin et de leur présence.Certains sont remontés parce qu’ilsse trouvent à l’extérieur desbureaux de vote. Evidemment, lesplaces assises sont occupées par lesresponsables d’ElectionsCameroon, l’institution en chargede l’organisation des élections auCameroun, les représentants desdeux partis politiques en lice et lesobservateurs internationaux parmi

lesquels ceux de l’Ua et deTransparency Cameroun. MaîtreClaude Assira, lui sillonne les dif-férents bureaux sous la bannièred’Avocats sans frontières, unregroupement d’avocats basés àDouala dont il assure la représen-tation dans la capitale politique duCameroun.

Moins d’électricesL’analyse des listes électorales faitressortir un ensemble deconstantes. Sur le plan profession-nel la plupart des électeurs du jourprésente un niveau d’étude consi-dérable. Ils sont issus des profes-sions libérales : journalistes,juristes, députés, ministres, anciensofficiers de police, hommes d’af-faires… ; cadres administratifs ;receveurs municipaux, chefs tradi-tionnels…. Dans certaines listesl’on retrouve quelques ménagèreset des étudiants. La répartition parsexe offre une forte dominance deshommes sur les femmes. Dans laliste du bureau de vote « A », l’oncompte 17 femmes sur 56 électeurs.Cinq autres femmes figurent aubureau « E » contre 51 hommes. Auniveau du bureau « D » il y a 25femmes sur 56 électeurs. En termesd’âge, l’électeur le plus âgé seretrouve aussi dans cette catégoriebiologique : mesdames Towo,épouse Tchoubou Martine résiden-te dans l’arrondissement deYaoundé II et Nguillang Luciehabitante de Yaoundé 1er sonttoutes nées en 1939, soit 74 anschacune. Et les plus jeunes serecrutent au sein des étudiantsnées en 1980.

Absence de biométriePour un observateur d’une asso-ciation des étudiants de l’universi-té de Yaoundé II à Soa, la réformeattendue dans le processus électo-

ral du pays n’a pas encore lieu. Etde poursuivre « c’était l’occasiond’expérimenter l’usage du systèmebiométrique avec un nombred’électeurs réduits par rapport auxéchéances futures ». En attendant,un coaster de marque Hyundais’immobilise dans l’enceinte del’école publique de Bastos. Selonles informations recueillies, il s’agitde la totalité des conseillers muni-cipaux de la commune de Yaoundé4. Quelques minutes après, unautre bus aux couleurs proches decelles de l’armée pénètre à sontour. Sur le capot, l’on peut lirecommune d’arrondissement deYaoundé 6. Des noms des quartiersde cet arrondissement se mêlent àla décoration. Avant, c’est le passa-ge de Mama Fouda, ministre de laSanté dans sa posture de conseillermunicipal d’une des communes dela capitale politique du Camerounqui a retenu l’attention dans ce lieude vote unique de l’ensemble dudépartement du Mfoundi qui abri-te les sièges des institutions.Après l’acte de votation, conformé-ment à la suite du texte portantconvocation du corps électoral,chacun à son tour, ces grands élec-teurs, se dirigent vers « class 1Group II », le secrétariat et le gui-chet de circonstance. Présentationde la carte d’électeur, enregistre-ment sur la fiche de décharge sousle contrôle d’un policier en tenue.Et l’électeur reçoit la somme de50 000 Fcfa dans une enveloppe decouleur blanche. Ainsi s’achève saparticipation à cette première élec-tion des sénateurs au Cameroun.Les résultats de l’élection des 70sénateurs étant attendus après unedizaine de jours. S’en suivra unenomination de trente autres par leprésident de la République, pourun total de 100 sénateurs de lachambre haute du Parlement.

Election: les grands électeurs au rendez-vous à Yaoundé

Pose des scellés par un président de bureau de vote

Dix sept ans après son ins-cription dans la constitu-tion, la Haute chambre quimarque l’arrimage aubicaméralisme auCameroun nécessite uneconcentration de moyenspour son fonctionnementet son organisation. Desmesures ignorées dans lesprévisions budgétaires dela loi de finance 2013.

Par Pierre Nka

La journée du 14 avril 2013rentre dans l’histoire poli-tique du Cameroun avec latenue effective de la pre-mière élection des séna-teurs. Une chambre quiselon la Constitutionreprésente les collectivitésterritoriales décentrali-sées. C’est d’ailleurs auxmembres des conseilsmunicipaux qu’est revenule droit de vote.Reportage.

Par P.N.Des électeurs devant un bureau de vote le 14 avril

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N° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 201310 focus

COULISSES

50000 F Cfa. Voilà l’un des pans dela participation électorale desconseillers municipaux

dimanche 14 avril dernier. L’annonce adonc été effective. Un privilège pour lesconseillers municipaux élus en 2007 etdonc le mandat a été prorogé en 2012 pourdes raisons officielles de modernisation duprocessus électoral avec l’instauration d’unfichier biométrique dans le pays. Suivantles estimations faites dans les 360 com-munes que comptes le Cameroun, c’estprès de 10.000 électeurs potentiels quireprésentent les grands électeurs, comptenon tenu des décès et déchéances. Puisquele scrutin n’est pas ouvert à l’ensemble descitoyens. C’est donc un montant d’environ500 millions Fcfa qui sera consacré auxconseillers municipaux pour le déplace-ment effectué.A cette dépense électorale, 200 millionsFcfa ont été orientés au financement publicde la campagne électorale des partis poli-tiques dans la course des sénatoriales.Quatre formations partisanes ont été rete-nues à l’occasion. Il s’agit duRassemblement démocratique du peuplecamerounais (Rdpc), parti au pourvoir ; duSocial democratic front (Sdf) qui occupe laseconde place en termes de représentationà l’Assemblée nationale à l’issue du scrutinlégislatif de 2007. Il est suivi de l’Unionnationale pour la démocratie et le progrès(Undp), un parti allié au Rdpc par le biaisd’une plateforme gouvernementale, ce quilui vaut quelques postes au sein du gouver-nement.Bello Bouba Maigari, le président de ceparti occupe un poste de ministre d’Etat,ministre du Tourisme et des loisirs depuisle 9 décembre 2011, après un passage à latête du ministère des Transports dans legouvernement dit des « grandes ambitions

» formé après l’élection du président de laRépublique en Octobre 2004. Le quatrièmeparti, l’Union démocratique du Camerounà la conquête du Sénat est concentré dans ledépartement du Noun, Région de l’Ouest.Avec la non validation des listes présentéespar les autres partis politiques (Union despopulations su Cameroun, le Front natio-nal pour le salut du Cameroun…).

CompromisC’est donc tout naturellement que chaqueliste a reçu sa quote-part des 100 millionsFcfa sortis du trésor public pour la cam-pagne électorale. L’autre moitié sera verséeaux différents au prorata des résultats obte-nus à l’issu du scrutin. Seulement, sur leterrain la réalité est toute autre. En réalité,les campagnes ciblées qui se font auprèsdes conseillers municipaux obéissent àd’autres règles. Pour s’enquérir des straté-gies, certains membres du Rdpc, expli-quent qu’il s’agit « d’un véritable compro-mis avec cette catégorie d’électeurs plusrationnels ». « Vous savez, nous n’avonspas affaire à des électeurs traditionnels : lapopulation où l’on peut se limiter à l’orga-nisation de meeting dans les carrefours etprocéder à la distribution des gadgets dupartis pagnes, parapluies, le riz ou du pois-son», indique une source bien introduitedans le parti qui vient de célébrer les 28 ansde sa création. En partance pour le département du Mbamdeux jours avant la tenue du scrutin le 14avril dernier, il poursuit : « l’ensemble des

ministres sont sur le terrain et ne seront deretour qu’après le scrutin. Il faut veiller à ceque la loyauté soit respectée ». Et en contre-partie « les conseillers municipaux présen-tent leurs doléances. L’entrée d’un origi-naire de la localité dans une grande école,ou la promotion d’autres ressortissantsdans la fonction publique » susurre-t-il.Dans d’autres partis, l’on ne manque pasd’user d’autres moyens. C’est ce que l’on a pu lire dans les colonnesdu journal L’Action (10 Avril 2013). Cemoyen de communication du Rdpc dénon-ce « de source digne de foi que Fru Ndi etses camarades avaient entrepris de donnerà chacun des grands électeurs du Nord-Ouest la somme de 500 000 Fcfa ». Lesconditions de vote seraient très serréesentre les listes rivales du Rdpc et du Sdf.Les têtes de listes opposées sont SimonAchidi Achu, ancien premier ministre et NiJohn Fru Ndi, le chairman du Sdf. Le pre-mier bénéficie de l’avantage de deuxconseillers municipaux sur le second dansla circonscription électorale qui suit lescontours de la région. Une occasion pourSimon Achidi Achu, le père de la logiquepolitique de « politic na Ndjangui »,(entendue comme une manière de faire lapolitique et d’obtenir des résultats suivantla mesure des échanges avec les électeurs,ndlr) de faire montre de son potentiel faceà son ancien camarade de parti qui jouitd’une popularité nationale héritée de larevendication du retour au multipartismedans les années 1990.

Scrutin: Combien ça couteLe Cameroun s’arrime au bicaméralisme

La volonté de l’effectivitédu bicaméralisme sur leplan physique dans la vie

politique nationale était envisa-gée en 2005. En cette année,l’Etat décide de moderniser lecadre de travail des parlemen-taires. D’abord les députés avecle lancement d’un appeld’offres le 7 juillet 2005 par le

Secrétaire général del’Assemblée nationale. Avecpour manifestation d’intérêt :les travaux de constructiond’un complexe immobiliercomprenant un immeuble siègeet un hémicycle. Au terme de laprocédure, c’est la maquetteproposée par l’architecte came-rounais Théophile YimgaingMoyo qui avait été retenue. Selon les caractéristiques, l’édi-fice sera bâtit sur un espace de12 200 m2. Y sont prévus : desparkings et jardins, un sous-sol… le tout sur 13 étages. Avecun hémicycle disposant d’envi-ron 600 places assises et d’unemezzanine d’une capacité d’ac-cueil de 400 places. Cette fichetechnique est présentée par uncadre en service à l’Assembléenationale. L’on apprendra aussi

que les supputations ont courssur le coût des travaux. Celui-cise situe entre 20 à 25 milliardsde Fcfa. Pour le lieu d’implan-tation du chantier, c’est unespace situé aux encablures desrésidences de fonction du pré-sident de l’Assemblée nationaleen plein Quartier général del’armée qui a été retenu. Autre particularité, outre lesrésidences des hauts gradésmilitaires camerounais, rendusur le plateau Atemengué, lesite présumé présente uneproximité avec le monument dela Réunification et les servicesde l’ambassade de France. Etaucun élément ne présente lessignes de l’ouverture à venir duchantier. Pour cause, selon lesexplications véhiculées sousanonymat, le site retenu serait

contesté par l’ambassade deFrance. Notre source, un dépu-té suppléant, indique que lahauteur du bâtiment (13 étages)sur ce terrain vallonné offriraitune vue intérieure de la repré-sentation diplomatique de laFrance au Cameroun. Dans les cercles politiques,cette question de lieu d’exercicede la fonction législative par lesdeux chambres réunies alimen-te les conversations. Pour lemoment, certains sources bienintroduites au Palais des Verresde Ngoa Ekellé qui est réservéeà l’Assemblée nationale, indi-quent un aménagement desbureaux des sénateurs dans unespace situé non loin du Palaisde l’Unité à Etoudi.

Une vue intérieure de l’assemblée nationale

Près de 10 000 conseillers-électeursont 50 000 Fcfa à l’issue de la vota-tion. Une somme qui s’ajoute aux200 millions Fcfa distribués auxpartis politiques dans le cadre dufinancement publique de la cam-pagne électorale. Un ensemble demesures qui n’éloignent pas destransactions financières et compro-mis entre candidats et électeursdans l’arène politique.

Le Social democratic front (Sdf) etle Rassemblement démocratiquedu peuple camerounais (Rdpc) onteu recours à un échange de bon pro-cédé lors du scrutin en fonction desenjeux électoraux. Une posturenouvelle depuis 1990, année deretour du multipartisme. Plaçantainsi, l’Union nationale pour ladémocratie et le progrès (Undp) etl’Union démocratique camerou-naise seules devant les électeurs.

Par P.N.

Une maquette en vue del’édification d’unimmeuble susceptibled’abriter les deuxchambres du Parlement aété sélectionnée en 2005.Mais depuis lors, les tra-vaux n’ont pas encore étélancés.

Par P.N.

«Le Sdf bénéficie des prébendes

de la civilisation de la vie poli-

tique nationale », informe un

membre du Rdpc jeudi 11 avril en partance

pour la dernière ligne droite de la campagne

électorale pour les sénatoriales dans le dépar-

tement du Mbam, région du Centre. Dans un

cadre estampillé aux couleurs et symboles du

parti, l’informateur bien introduit dans le

parti au pouvoir indique que « la nature de

l’élection, indirecte, est pour beaucoup dans

ce choix». « Pas du pain dans les rues et car-

refours. Le temps est aux compromis entre

les différents acteurs au sein du parti. Mais

aussi avec les autres partis de l’opposition »,

explique pressé notre informateur. Montrant

par là qu’une autre phase de la vie politique

s’ouvre au Cameroun.

Ainsi, les grandes batailles de cette élection

se trouvent dans la région du Nord-Ouest

entre le Sdf et le Rdpc. Où l’ancien Premier

ministre Simon Achidi Achu est opposé à Ni

John Fru Ndi qui conduit la liste du Sdf. Une

autre se joue dans la région de l’Adamaoua

où le Sdf sera opposé à l’Undp après la dis-

qualification de la liste Rdpc. Batailles de

moindre ampleur dans le Sud-ouest et le

Nord où le Rdpc détient la majorité des

conseillers municipaux. Pour cette région, la

présence de l’Undp à la tête de la mairie de

Garoua 2 reste d’un poids considérable face

au Rdpc et au Sdf. Ce d’autant plus que la

liste de l’Undp, est conduite par une femme

Oumoul Koultchoumi, chef de l’exécutif

communal de Garoua 2. Pour le reste, l’on

aura des élections sans choix dans les régions

du Centre, de l’Est et de l’Extrême Nord.

Dans le reste des régions, des consignes de

vote ont été données bien avant le déroule-

ment des opérations de vote. Les enjeux s’y

prêtent dans les différents terrains de l’arène

politique. Dans la circonscription régionale

du Littoral, le Rdpc est en concurrence avec

l’Undp, un allié politique présent dans le

gouvernement depuis la plate-forme de 1997.

Dans la région de l’Ouest, le Sdf est en

concurrence avec l’Union démocratique

camerounaise, une formation politique qui

s’impose depuis dans son fief du départe-

ment du Noun. Et dans toutes ces deux

régions, les alliés de circonstance ne dispo-

sent pas de listes en concurrence. La liste Sdf

dans le Littoral, une ville cosmopolite, capi-

tale économique du pays n’a pas reçu l’aval

d’Elections Cameroun, l’organe en charge des

élections au Cameroun. Il en est ainsi de l’ab-

sence de liste Rdpc dans la région de l’Ouest.

De véritables raisons de croire en une «enten-

te» conjoncturelle entre le Rdpc et le sdf

visant pour le premier à s’assurer la majorité

des sièges et le second perpétuer la tradition

de deuxième force politique du pays dans

toutes les institutions sauf le gouvernement.

RAPPORT DE FORCE

Accord parfait Sdf-Rdpc, l’Undp ensolitaire

SiègeLa longue attente d’un édifice

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focus 11N° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 2013

Représentativité: les élus locaux en minoritéLe Cameroun s’arrime au bicaméralisme

Le poste de président duSénat est symbolique, maisaussi important pour la vie

politique nationale au Cameroun.En effet, suivant les dispositionsconstitutionnelles, il s’agit de laseconde personnalité du pays et

qui peut durant lapériode de vacances du pouvoir,elle peut s’occuper de la gestionde l’Etat sur une période maxi-male de 120 jours. Il s’agit doncd’une place importante pour lamarche de la démocratie, notam-ment sous l’angle de la transitionpacifique du pouvoir. Avec laconfiguration des rapports deforce en présence où, leRassemblement démocratique dupeuple camerounais dispose d’unterrain favorable à l’obtentiond’une majorité au sein de cettechambre haute, l’hypothèsed’une présidence occupée par unparti d’opposition s’avère difficile. Ce d’autant plus que comme lesignale l’éditorial paru le 10 avrildernier dans le journal de ceparti, Christophe Mien Zok, undes membres du collège électoralappelle ses camarades à plébisci-ter les listes des candidats Rdpc.A l’issue du processus électoral etde nomination, l’heure sera à lamise en place des stratégies pourla constitution du bureau de lachambre. Sur l’échiquier, les

femmes qui représentent 52% de lapopulation nationale occupent uneposition confortable dans certaineslistes. Notamment dans celles duRdpc où deux femmes sont tête deliste et une autre occupe le second

rang. L’Unionnationale pour ladémocratie et leprogrès (Undp) aété investie avecune dame à la têted’une de ces listes.Point commun,elles disposentd’une forte expé-rience dans la viepolitique nationale

tant au niveau deleur base électorale qu’en termesd’aura sur le plan national.

Le « Grand – Sud »De ces femmes, Géneviève Tjoues,tête de liste Rdpc dans le Littoral ale profil de l’emploi. 69 ans, elle estplacée à la 13ème position desmembres titulaires élus du comitécentral de son parti. Présidente dela Fondation Arc-en-ciel, elle aoccupé certains postes au sein dusérail. Députée, elle a connu unparcours à la tête de société natio-nale des investissements, uneentreprise parapublique qui s’oc-cupe de la gestion du portefeuillede l’Etat dans certaines entreprisesdu tissu industriel national. Enmatière de présence dans lesréseaux sociaux à l’heure de tech-nologie de l’information et de lacommunication, quand nousallons sous presse, seuls deux visi-teurs avaient parcouru sa page surle réseau Netlog. Et pourtant, elley est inscrite depuis le 25 août2011. D’ailleurs elle est peu disertesur sa personne et ses amitiés.Mais en 2010, dans Les Sentiersinitiatiques : Exemples des «Chambres mpoo-bassa duCameroun » paru chezL’Harmattan, Richard Mbèp, lacite volontiers comme une des

dignes représentants de la ville deMbanda, un village de la villed’Edéa sur les bords de la Sanaga,dont la paroisse Sacré-Cœur fut laseconde catholique au Camerounaprès Marieng-Mberg.Au sein du même parti, DelphineMedjo, 9ème rang au bureau poli-tique, aussi ancienne députée, seprésente comme une représentan-te de poids de la région du Sud àcette élection. Doyenne du dépar-tement de la Mvila, la localité duregretté Ferdinand Oyono, l’undes fidèles de la première heure dePaul Biya, selon les hommes demédia, elle se positionne commecelle vers qui il faut se référer pouravoir les informations de premièremain sur les positions du parti.C’est d’ailleurs elle qui révéla à lapresse de la région du Sud, les cir-constances du décès de FerdinandOyono en juin 2010, suite à unmalaise au cours d’une cérémonieofficielle au Palais de l’Unité. « J’airéçu un appel avant que l’annoncesoit rendue publique », confiait-elle. Et la liste qu’elle a conduite aété sélectionnée par le président dela République parmi six autres enprovenance de la même région.

Le Nord et équilibre linguistique Si ces deux caciques du Rdpcappartiennent toutes deux à larégion qu’il convient d’appelerdans l’environnement politique du« Grand-Sud », la géographie desforces politiques est rééquilibréepar deux autres dames. OumoulKoultchoumi, tête de liste Undp etmaire Garoua II, bénéficie à la foisd’être originaire du «Grand-Nord »mais aussi de son appartenance àla plate-forme signée entre sonparti et le Rdpc. Pour certains, elleaurait « la politique dans le sang »,fille de Moussa Yaya Sarkifada,elle a épousé l’un des fils du pre-mier président du Cameroun indé-pendant. Mohamadou AhidjoBadjika, ancien député, est ambas-

sadeur itinérant à la présidence dela République depuis le 9décembre 2011. C’est donc unefemme familière des cercles dupouvoir qui s’engagerait dans laconquête d’une position au sein dela chambre haute du Parlement,puisque dans sa circonscriptionélectorale des sources affirmentqu’elle jouit d’une légitimité sansfaille au regard de son écrasante vic-toire lors des municipales de 2007.Enfin, la candidate Rebecca AmahAnkie Affiong, 2ème dans la listedu Rdpc dans le Sud-ouest pour-rait résoudre le problème supposéou réel relatif à la question del’équilibre régional, mais davanta-ge vu sous le prisme linguistique.Membre titulaire élue du bureaupolitique du comité central de sonparti, elle a bénéficié selon cer-taines sources du soutien de cer-tains proches collaborateurs duprésident de la République. Lapresse locale révèle le rôle joué parle ministre délégué en charge desrelations avec le CommonwealthJohn Nguté mais aussi de l’ancienPremier ministre Peter MafanyMusongue, aujourd’hui Grandchancelier des Ordres nationaux.Mais une grogne des populationss’est appuyée sur le parcours aca-démique de cette candidate. Selon les informations disponibles,elle est titulaire d’un « Grade IIteacher », l’équivalent du diplômed’instituteur de l’enseignementprimaire. Mais rien n’est exclu sil’on s’en tient au niveau de l’actuelprésident de l’Assemblée nationa-le, titulaire selon certaines sourcesdu niveau similaire, mais qui occu-pe jusqu’à la mise en place effecti-ve du Sénat la seconde positionsur le plan protocolaire. Ce depuis20 ans. Une position que viendrasans doute modifier la redistribu-tion des cartes politiques qui s’an-nonce au terme de l’élection et dela nomination des premiers séna-teurs du Cameroun.

Douze maires en fonction sont en licepour l’obtention d’un siège auSénat sur les 70 élus attendus au

terme du scrutin du 14 avril 2013. Ilsauront ainsi la chance d’être à la fois descandidats et des électeurs pour ce scrutininédit au Cameroun. Une sous-représenta-tion que n’apprécient pas tous les éluslocaux. « Sans verser dans la contestation

des orientations du parti, il est regrettableque les élus locaux ne soient pas suffisam-ment représentés dans les listes » regretteun maire du Rassemblement démocra-tique du peuple camerounais (Rdpc),membre au comité central du parti. Ced’autant plus que les députés élus en 2007au même moment que ces membres ducollège électoral ont vu leurs candidaturesrejetés par les instances d’investiture ausein du parti. Parmi les recalés, l’on comp-te Djbril Cavaye Yeguié, l’actuel présidentde l’Assemblée nationale qui entrevoyaitune nouvelle vie politique avec une élec-tion au sein de la chambre haute duParlement.Parmi les régions du pays où figurent lesélus locaux candidats, l’on compte le

Centre avec deux acteurs de la décentrali-sation : Nicole Okala Bilai, maire deBangassina dans le Mbam et Kim estaccompagnée de Emmanuel Nnemde, chefde l’exécutif communal de la mairie deDzeng dans le Nyong et So’o. Avec pourparticularité d’occuper respectivement lesdeux dernières places de la liste des candi-dats titulaires du Rdpc qui compte rafler latotalité des sièges compte tenu du fait queles plus de 1 800 électeurs appartiennent àce parti. Dans la région de l’Extrême-Nord,deux maires du parti des flammes condui-sent la liste des candidats. Il s’agit d’AbbaBoukar, maire de Mora dans le Mayo Sava.Il est suivi de Mahamat Abdoul Karim quireprésente la commune de Kousseri situédans le Logone et Chari. La circonscriptionélectorale du Sud-Ouest compte aussideux élus locaux. Daniel Matuté occupe laquatrième place dans la liste des candidatstitulaires pour le compte de la mairie deLimbé 1er qu’il dirige. Charles MbellaMoki, maire de Buéa, ferme la liste destitulaires dans cette région. Toujours dans les rangs du Rdpc figurent :Simon Kingué, maire de Nkondjock dansle département du Nkam, région duLittoral ; Youssoufa Daoua, maire dans ledépartement de la Bénoué ; John WanloChiamua de la commune de Fonfuka,département du Boyo. A l’Union nationalepour la démocratie et le progrès (Undp),les maires Abbo Mohamadou de la com-mune de Martap dans le département de laVina (Adamaoua) et sa collègue Oumoul

Koultchoumi de Garoua 2 dans la régiondu Nord occupent les têtes de listes descandidats titulaires du parti. Au SocialDemocratic Front (Sdf), seul un élu figuresur une liste des titulaires. Il s’agit deDonatus Njong Foyuy de la mairie deKumbo dans le département du Bui,région du Nord-Ouest où la liste estconduite par Ni John Fru Ni, le chairmandu parti. A ces élus se trouvent certains autres can-didats ayant dirigé une collectivité territo-riale décentralisée. Thomas Tobbo Eyoum,ancien délégué du gouvernement auprèsde la communauté urbaine de Douala.Etienne Sonkin ancien maire de la commu-ne de Dschang occupe la cinquième placedans la liste Sdf dans la région de l’Ouest.Même position pour Grégroire Mba Mba,ancien maire de Kribi pour le compte duRdpc dans le Sud. Dans le statut d’anciensdéputés, l’on peut citer Géneviève Tjouesqui conduit la liste du parti au pouvoirdans la région du Littoral. FerdinandNdinda Ndinda, quant à lui est placé 2èmedans la liste des suppléants de la région duSud. Le reste des places est complété pardes anciens gestionnaires des affairespubliques à titre de fonctionnaires ou deministres. Comme c’est le cas de la régionde l’Est avec la liste Rdpc conduite parl’ancien ministre Charles Salé. Dans lamême liste figurent deux autres anciensmembres du gouvernement : BenjaminAmama Amama et Badel Ndanga Ndinga.

?

Et pourtant selon les dispositionsconstitutionnelles, le Sénat repré-sente les collectivités territo-riales décentralisées.

Par P.N.

L’organisation non gouverne-mentale (Ong) More Womanin politics appelle de tous sesvœux à une représentation de30% de femmes devant figurersur la liste des prochainssénateurs. En plus de cellesqui ont été investies dans leurparti, l’Ong espère au moinsune nomination de 15 autrespar le président de laRépublique qui dispose d’unpouvoir de nomination de 30autres après l’élection des 70à l’issue du scrutin. Dessignes de représentationnumérique alors que dans leslistes certaines femmes pré-sentent des atouts pourconduire le premier Sénat.Portrait.

Des maires de la région de l’Ouest © V&C

Géneviève Tjoues Quel est le joker du PR?Oumoul Koultchoumi

Par P.N.

Et si c’était l’heure des femmesPrésidence du Sénat

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annoncesN° 021 - DU 22 AVRIL AU 05 MAI 201312

EN BREFGOETHE-CAFE 

G. Essomba lit le«Zouave deRaspoutine»

Le 17 avril 2013, Gérard Essomba Mani

s’est produit dans le cadre des Goethe-

Cafés, en compagnie de la comédienne

Carine Ezembe. Il s’agit d’un concept visant

à promouvoir les artistes camerounais dans

une variété de genres artistiques (film,

musique, littérature, théâtre, danse, perfor-

mance, conte).

Mercredi dernier, le grand comédien a lu « Le

zouave de Raspoutine », une nouvelle écrite

par lui et qui raconte le destin cocasse d’un

homme au physique ingrat dans un petit villa-

ge africain.

Pour rappel, après une longue et riche carriè-

re dans le théâtre et le cinéma en France, il

s’est installé au Cameroun où il promeut le

Mani School Drama, une école de formation

de jeunes acteurs.

CONCOURS

La photo de modeprimée Pour la quatrième édition du Forum des

Métiers de la Mode et du Design au

Cameroun, le Centre des Créateurs de mode

du Cameroun (CCMC), en partenariat avec

l’IFC et le Goethe-Institut, lance un concours

de photographies autour du thème de la mode.

Le CCMC est à la recherche de photographies

qui explorent les diverses formes et facettes de

la mode.

Au-delà des défilés de mode des grands coutu-

riers, la mode se retrouve aussi dans votre quo-

tidien et sous différentes formes : dans la rue,

sur les tenues des passants, chez les artisans

couturiers, chez les créateurs de mode, desi-

gners, sculpteurs, peintres, dessinateurs … A

vous de montrer, via vos clichés, le regard que

vous portez sur la mode et le monde des

métiers de la mode.

Exprimez vos idées, valorisez vos talents sous

formes de photos créatives et expressives !

Après examen des photos reçues, une vingtai-

ne d’entre elles seront retenues pour être expo-

sées en Juin 2013, dans le cadre de l’exposi-

tion de mode à l’Institut Français du

Cameroun à Yaoundé.

Cette exposition-photo se tiendra du 11 au 22

juin 2013 et accompagnera les tenues des créa-

teurs de mode présents sur le Forum. Merci de

nous déposer ou de nous envoyer vos photos

au format jpeg, avec une dimension minimale

de 600 Ko et maximale de 1 Mo, et une réso-

lution minimale de 1024 x 768 pixels. Chaque

participant peut envoyer un maximum de 15

photos. N’oubliez pas de mentionner vos

noms, prénoms, numéro de téléphone et adres-

se mail ainsi qu’une explication des prises de

vue (max. 3 pages).

Envoi des dossiers de candidature (par

mail) : [email protected] Dépôt des dos-

siers de candidature (avec photos gravées sur

CD) : IFC Yaoundé et Institut Goethe

Date limite de réception des dossiers : mer-

credi 15 Mai 2013

Infos : Facebook :- FORUM DES METIERS

DE LA MODE ET DU DESIGN Facebook:-

CCMC groupe -Tél: 96 10 11 49 / 74 39 07 50

-IFC Yaoundé -Goethe-Institut

Une équipe de professionnels de la communication des organisations se met au service des collectivitéslocales pour élaborer et mettre en oeuvre leur stratégie de communication : CREATIVA.

BP 10445 Yaoundé - Cameroun (MEUMI HOTEL - Nkol Eton)Tél: (237) 22 20 65 77 / 22 02 07 67 / 76 37 39 50 / 99 63 17 40 - Fax: (237) 22 20 65 77

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