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PREVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS LA LIGNE PREVENTION VIBRATIONS, CHARIOTS AUTOMOTEURS et TEP Essai d’évaluation des contraintes vibratoires liées à l’utilisation de chariots automoteurs et de transpalettes électriques portés (TEP) dans des activités liées aux plates-formes logistiques. Éléments de prévention

VIBRATIONS, CHARIOTS AUTOMOTEURS et TEP travail/vibration... · 2 VIBRATIONS CHARIOTS AUTOMOTEURS et TEP Ce document a été réalisé par : Michel LE DÛ, Contrôleur de Sécurité

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PREVENTIONDES RISQUES

PROFESSIONNELS

LA LIGNE PREVENTION

VIBRATIONS, CHARIOTSAUTOMOTEURS et TEP

Essai d’évaluation des contraintes vibratoires liées à l’utilisation de chariots automoteurs et de transpalettes électriques portés (TEP)

dans des activités liées aux plates-formes logistiques.

Éléments de prévention

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VIBRATIONS CHARIOTS AUTOMOTEURS

et TEP Ce document a été réalisé par : Michel LE DÛ, Contrôleur de Sécurité de la CRAM DES PAYS DE LA LOIRE 2 Place de Bretagne 44932 NANTES CEDEX 9 Téléphone : 02 51 72 84 00 - Télécopie : 02 51 82 31 62 Site internet : http : //www.cram-pl.fr - E-mail : Pré[email protected] Michel TESSON et Bernard BRIAND, Médecins du travail à : L’AHIMT 2 Rue Linné BP 38549 44185 NANTES CEDEX 4 Téléphone : 02 40 44 26 00 - Télécopie : 02 40 44 26 30 Site internet : [email protected] Centre de VALLET : 5 Rue des Tonnelières 44330 VALLET Téléphone : 02 40 33 94 61 - Télécopie : 02 40 36 48 39

Centre de THOUARÉ : Rue Tibre 44470 THOUARÉ Téléphone : 02 40 68 00 14 – Télécopie : 02 40 68 00 91

SEPTEMBRE 2005

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Ce travail n’aurait pu se réaliser sans l’accord des entreprises que nous avions sollicitées : DAVIGEL, DECATHLON, HAYS logistique, LIDL, POMONA, REXEL. Nous tenons à remercier pour leur participation active et leurs conseils les opérateurs ainsi que les dirigeants de ces entreprises. Nous sommes reconnaissants : au Dr Dominique BRUGERE, AHIMT pour son intervention dans l’approche épidémiologique, au Dr Jean-Pierre CAUMON, rhumatologue, consultant à l’AHIMT pour ses conseils sur la dimension clinique, À Monsieur Patrice DONATI et au Dr Jean-Pierre MEYER, de l’INRS pour les conseils et le temps qu’ils nous ont accordés. Les mesures n’auraient pas eu leurs précisions sans les qualités opérationnelles et la rigueur de Christian LEBRETON du Centre de mesures physiques de l’Ouest de Rennes (CIMPO). Merci à Chantal MAILLARD et à Damien CAILLE du Service Prévention de la CRAM pour leur aide précieuse.

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ESSAI d’Évaluation des CONTRAINTES VIBRATOIRES lors de l’UTILISATION de CHARIOTS AUTOMOTEURS et de TRANSPALETTES ELECTRIQUES PORTES (TEP) dans des ACTIVITES liées aux PLATES – FORMES LOGISTIQUES.

ELEMENTS de PRÉVENTION.

SOMMAIRE INTRODUCTION

I - Les DONNEES THEORIQUES

1 - Les VIBRATIONS : NOTIONS ELEMENTAIRES sur les ASPECTS

PHYSIQUES, TECHNIQUES 2 - Les VIBRATIONS et le CORPS HUMAIN 3 - Les ASPECTS REGLEMENTAIRES, les NORMES et les

VALEURS LIMITES

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II - L’ETUDE de TERRAIN 1 - Les LIEUX de TRAVAIL, les MATERIELS, les PRODUITS 2 - Les OBSERVATIONS et la DESCRIPTION du TRAVAIL 3 - Les MESURES sur le SITE 4 - APPROCHE CHIFFREE de la POPULATION EXPOSEE

III - Les AXES de PREVENTION

1 - Les ASPECTS TECHNIQUES et INFORMATIONNELS 2 - Les ASPECTS SANTE au TRAVAIL 3 - Les ASPECTS ORGANISATIONNELS CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

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ESSAI d’EVALUATION des CONTRAINTES VIBRATOIRES lors de l’UTILISATION de CHARIOTS AUTOMOTEURS et de TRANSPALETTES ELECTRIQUES PORTES (TEP) dans des ACTIVITES liées aux PLATES – FORMES LOGISTIQUES.

ELEMENTS de PREVENTION. INTRODUCTION

I - Les DONNEES THEORIQUES 1. Les VIBRATIONS : NOTIONS ELEMENTAIRES sur les ASPECTS

PHYSIQUES, TECHNIQUES, ............................................. page 12

1-1 ELEMENTS de CARACTERISATION des VIBRATIONS 1-2 PRINCIPAUX TYPES de VIBRATIONS 1-3 REPRESENTATION d’une VIBRATION

2. Les VIBRATIONS et le CORPS HUMAIN .......................................................................................................... page 17

2-1 CARACTERISTIQUES BIOPHYSIQUES du CORPS HUMAIN

2-2 INTERFERENCES avec le FONCTIONNEMENT de l’ORGANISME

2-2-1 ACTION sur les PERFORMANCES 2-2-2 ACTION sur certaines FONCTIONS PHYSIOLOGIQUES

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2-3 Les PATHOLOGIES RACHIDIENNES en RELATION avec la CONDUITE des CHARIOTS AUTOMOTEURS et des TEP 3. Les ASPECTS REGLEMENTAIRES, les NORMES et les VALEURS

LIMITES ................................................................................. page 30

3-1 DIRECTIVES EUROPEENNES et DECRET du 4 Juillet 2005 3-2 NORMES de MESURAGE, VALEURS LIMITES

d’EXPOSITION 3-3 TABLEAUX de MALADIES PROFESSIONNELLES

II - L’ETUDE de TERRAIN 1. Les LIEUX de TRAVAIL, les MATERIELS, les PRODUITS page 46

1-1 Les ENTREPRISES SUPPORTS 1-2 Les ENTREPÔTS LOGISTIQUES

1-2-1 QUELQUES CARACTÉRISTIQUES 1-2-2 Les SOLS 1-2-3 Les RAYONNAGES et les CIRCULATIONS

1-3 Les MATERIELS : CHARIOTS, TEP 1-4 Les PRODUITS

2. Les OBSERVATIONS et la DESCRIPTION du TRAVAIL . page 58

2-1 Les METIERS ANALYSES Le cariste Le préparateur de commandes

2-2 L’ANALYSE de l’ACTIVITE REELLE

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3. Les MESURES sur le SITE ...................................................... page 64

3-1 Les MATERIELS de MESURES UTILISES 3-2 Les RESULTATS des MESURAGES et COMMENTAIRES

3-2-1 Les NIVEAUX VIBRATOIRES 3-2-2 Les COTES d’ALERTE 3-2-3 Le FACTEUR de TRANSMISSION SEAT 3-2-4 QUELQUES SITUATIONS PARTICULIERES

4. APPROCHE CHIFFREE de la POPULATION EXPOSEE . page 76

4-1 OBJECTIFS, METHODOLOGIE, QUESTIONNAIRE 4-2 RESULTAT de l’ENQUÊTE DESCRIPTIVE de l’ETAT

RACHIDIEN des OPERATEURS

4-2-1 La POPULATION : ses caractéristiques générales 4-2-2 ANCIENNETE dans le POSTE 4-2-3 ACTIVITES PROFESSIONNELLES 4-2-4 LOCALISATION ANATOMIQUE des DOULEURS 4-2-5 AGE des SUJETS DOULOUREUX 4-2-6 ANCIENNETE dans le POSTE et DOULEURS

LOMBAIRES 4-2-7 DOULEURS RACHIDIENNES et HEURE de la

JOURNEE de TRAVAIL 4-2-8 INTENSITE de la DOULEUR ALLEGUEE 4-2-9 DOULEURS et ACTIVITES

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III - Les AXES de PREVENTION

1. Les ASPECTS TECHNIQUES et INFORMATIONNELS ... page 95

1-1 ACTION sur le DOMAINE BÂTI : les SOLS 1-2 ACTION sur les MATERIELS : TEP et CHARIOTS,

REDUCTION à la SOURCE 1-3 CRITERES de CHOIX du MATERIEL 1-4 ENTRETIEN et MAINTENANCE 1-5 PRECAUTIONS à l’UTILISATION 1-6 AUTRES ELEMENTS

2. Les ASPECTS SANTE au TRAVAIL ................................... page 105

2-1 La CONDUITE des EXAMENS CLASSIQUES 2-2 Les TYPES de VISITES et leurs SPECIFICITES 2-3 QUELQUES REFLEXIONS

3. Les ASPECTS ORGANISATIONNELS .............................. page 115

3-1 AMELIORER l’ORGANISATION du TRAVAIL pour REDUIRE les PATHOLOGIES RACHIDIENNES

3-2 AGIR contre la CHRONICISATION des PATHOLOGIES

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CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE ANNEXES

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INTRODUCTION Dans le cadre d’un CHST, lors de la visite de l’entrepôt d’une plate-forme logistique spécialisée dans le négoce de produits de sport, nous avons été interpellés par l’importance « des secousses » subies par le TEP et son conducteur. Les vibrations étaient particulièrement impressionnantes au moment des entrées et sorties des engins lors du chargement/déchargement des camions. Cette observation a été à l’origine des premières mesures sur le site et de l’étude. A l’analyse des résultats, nous avons décidé de constituer un groupe de travail pluridisciplinaire. Celui-ci a posé d’emblée des hypothèses relatives à l’incidence du chariot ou du TEP, des lieux de travail, du facteur humain sur l’exposition aux vibrations. Il s’est aussi intéressé aux conséquences sur la santé au travail.

Pour enrichir notre réflexion, nous avons passé en revue différentes données théoriques physiques, techniques et médicales.

Nous nous sommes donnés pour objectifs d’évaluer et de comparer les contraintes vibratoires des TEP et des chariots automoteurs (vibrations intrinsèques et vibrations relatives aux sièges).

A travers l’approche chiffrée, d’une partie de la population concernée, nous avons tenté de mettre en évidence des corrélations entre les mesures physiques précédentes et l’état de santé des opérateurs.

Divers travaux, dont ceux de l’INRS, ont été menés sur ce thème. Pour notre part, nous avons voulu faire un état des lieux pragmatique.

Notre regard s’est centré sur les chariots automoteurs et les TEP.

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Tout ce travail de terrain a pour objectif d’alerter les salariés et les employeurs sur les risques existants et de proposer des recommandations de prévention.

Nous imaginons que les constructeurs y trouveront des raisons et des éléments utiles afin d’optimiser la qualité antivibratoire de leurs matériels. Nous espérons que les préventeurs seront intéressés par les résultats.

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I - Les DONNEES THEORIQUES

Nous avons pensé utile d’aborder les vibrations sous leurs aspects physiques les plus élémentaires. Dans un deuxième temps, à travers la littérature, nous nous sommes intéressés aux relations existantes entre vibrations et corps humain et leurs conséquences en termes de pathologies. Ensuite, nous présentons les aspects réglementaires, le décret du 4 juillet 2005, les normes, valeurs limites et tableaux de maladies professionnelles. 1. Les VIBRATIONS : NOTIONS ELEMENTAIRES sur les ASPECTS

PHYSIQUES, TECHNIQUES

1-1 ÉLÉMENTS de CARACTÉRISATION des VIBRATIONS

Une vibration est un mouvement d’oscillation ou un mouvement périodique d’un système matériel autour de sa position d’équilibre.

Les vibrations peuvent être caractérisées par :

• la fréquence en Hertz (Hz) : correspond au nombre d’oscillations par unité de temps ; c’est le nombre de cycles activés en l’espace d’une seconde :

f = 1/T ou T est la période (durée d’une oscillation) en seconde ;

• la grandeur de la vibration, mesurée soit : - par l’amplitude du déplacement, x, en mètres ; - par l’amplitude de la vitesse, v, à laquelle s’effectue le

mouvement, en mètres par seconde (m/s). Elle est proportionnelle au déplacement et à la fréquence ;

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- par l’amplitude de l’accélération, a, proportionnelle au déplacement et au carré de la fréquence en mètres par seconde (m/s²), ou en g, avec g = 9,81 m/s².

L’accélération est la variable la plus utilisée pour quantifier l’amplitude des vibrations.

Période T

Amplitude (A) Temps

Pression

Depression

+

-

Distance

Longueur d’onde

λ

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1-2 PRINCIPAUX TYPES de VIBRATIONS Classiquement, on peut distinguer quatre types de vibration : les vibrations sinusoïdes, les vibrations périodiques, les vibrations aléatoires et les vibrations transitoires. Les vibrations simples ou sinusoïdales : la fréquence f et l’amplitude x0 sont constantes. Les vibrations périodiques : ce sont des ondes qui se répètent régulièrement, identiquement à elles-mêmes lors d’intervalles de temps constants. Le mouvement périodique est décomposable en une somme de fonctions sinusoïdales, chacune ayant sa fréquence et son amplitude. Les vibrations aléatoires : elles correspondent à des mouvements complexes, imprévisibles dont le déroulement de chaque cas est particulier et ne peut être décrit qu’en termes probabilistes.

Période T2

Position d’équilibre

Période T1

1

2

Temps

Valeur instantanée

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La valeur instantanée précédente ou suivante ne donnera aucune signification à la valeur suivante. Le phénomène peut être aléatoire sur l’un des paramètres (fréquence ou amplitude) ou sur l’ensemble de ceux-ci. Le mouvement est aléatoire lorsque son élongation* ne peut être prévue à un instant donné. * L’élongation est la valeur instantanée du déplacement. Les vibrations transitoires : ce sont des phénomènes courts qui durent peu.

1-3 REPRÉSENTATION d’une VIBRATION Elle sera représentée graphiquement : par son spectre fréquentiel avec en abscisse la fréquence et en ordonnée l’amplitude ou (la valeur efficace) ; par son spectre temporel avec en abscisse l’axe du temps et en ordonnée l’axe d’amplitude (valeur instantanée).

Spectre fréquentiel

Valeur efficace par bandes de fréquences de largeur donnée

L’énergie vibratoire est répartie sur une largeur plus ou moinsgrande selon le cas

Fréquence

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Valeurs crêtes

Temp

Position d’équilibre

Position d’équilibre

Valeurscrêtes

Valeur instantanée

Spectre temporel

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2. Les VIBRATIONS et le CORPS HUMAIN Nous nous sommes intéressés aux caractéristiques biophysiques du corps humain. Après avoir parcouru les effets généraux des vibrations sur l’organisme nous nous sommes centrés sur les pathologies rachidiennes susceptibles d’être mises en relation avec les chariots automoteurs et les TEP.

2-1 CARACTERISTIQUES BIOPHYSIQUES du CORPS HUMAIN

Le corps humain n’est pas homogène, soumis à des vibrations il ne se comporte pas comme un système passif. De ce fait, il ne réagit pas de la même façon dans toutes ses parties, aux fréquences vibratoires auxquelles il est soumis. Certaines se trouveront amplifiées d’autres amorties. L’application d’une vibration est à l’origine de déplacements relatifs des différents organes d’un corps autour de leurs positions de repos. Les segments du corps vibrent à des fréquences qui leur sont propres et jouent un rôle dans la transmission. La fréquence propre d’un système, ici d’un organe, est celle qui correspond à la transmission maximum du mouvement qui lui est appliqué. Dans un système amorti, ce qui est le cas, la transmission maximale se fait pour une fréquence nommée fréquence de résonance*. Le corps humain constitue un ensemble de sous-systèmes mécaniques, on a l’habitude d’assimiler la tête, le thorax et le bassin à des masses. Celles-ci sont réunies par des systèmes d’amortissement viscoélastique constitués de muscles, de ligaments et de disques intervertébraux. * « Chaque objet, selon la composition, sa taille, sa structure, son poids, sa forme, a tendance à vibrer à une fréquence particulière. Cette vibration naturelle est appelée la fréquence de résonance. Une machine vibrante transmet la quantité maximale d’énergie à un objet lorsqu’elle vibre à la fréquence de résonance de l’objet. IRSST»

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Des phénomènes de résonance des organes apparaissent. Ils sont susceptibles de provoquer des effets physiologiques, psychologiques et pathologiques.

Corps humain et analogie biomécanique

Jambe

Colonne vertébrale

Hanche

Système thorax/abdomen

Cage thoracique

Système bras épaule

Tête

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Incidence de la fréquence On considère très importantes les fréquences qui sont comprises dans la gamme des fréquences naturelles de résonance du corps. Les vibrations n’ont pas toutes le même effet, on distingue :

• les très basses fréquences entre 0 et 2 Hz qui par leur action sur le vestibule sont à l’origine des cinétoses,

• les basses fréquences entre 2 et 20 Hz qui sont celles rencontrées dans

les transports (nos mesures faites sur chariots automoteurs sont souvent un peu supérieures, 50 Hz sur TEP),

• les hautes fréquences entre 20 et 1000 Hz sont à l’origine des troubles

angioneurotiques des mains reconnus par le tableau n° 69 des maladies professionnelles.

Points d’application au corps Pour les vibrations corps entier, celles ci pénètrent dans le corps par les pieds et les fesses. Elles suivent une direction souvent verticale des pieds à la tête. Dans le cas du système mains-bras, elles se transmettent, généralement le long de l’axe de la main, du bras et de l’épaule. Durée L’effet des vibrations dépend beaucoup de leur durée dans le temps. Accélération des oscillations D’un point de vue physiopathologique, l’accélération des oscillations est habituellement prise comme mesure de la charge vibrationnelle. L’unité étant l’accélération due à la gravité, g = 9,81 m/s².

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2-2 INTERFERENCES avec le FONCTIONNEMENT de l’ORGANISME

A une vibration correspond :

• un déplacement du corps dans son ensemble, • une tentative de compensation de l’effet de cette vibration par une

réaction musculaire surtout pour le sujet se tenant debout, • si la compensation est insuffisante, le mouvement se trouve transmis

aux différentes parties de l’organisme et peut-être à l’origine de troubles divers.

2-2-1 ACTION sur les PERFORMANCES

Il y a eu des études faites sur l’action des vibrations sinusoïdales ou aléatoires sur les performances ; les résultats sont difficiles à interpréter. De toute façon, on ne peut nier l’effet perturbateur qu’elles peuvent jouer sur une activité professionnelle, au niveau physique comme au niveau intellectuel. Ces vibrations gênent l’exécution correcte de certains gestes ainsi que la concentration. On peut affirmer leur effet négatif sur la performance.

2-2-2 ACTION sur certaines FONCTIONS PHYSIOLOGIQUES ACUITE VISUELLE

Entre 20 et 30 Hz, qui est la fréquence de résonance de la tête on signale des baisses d’acuité visuelle. Entre 60 et 90 Hz, la résonance des globes oculaires déclenche des troubles visuels.

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APPAREIL RESPIRATOIRE

La respiration subit l’influence des vibrations. Entre 3 et 7 Hz, fréquence de résonance du thorax, des difficultés respiratoires ont été observées. Les différents paramètres (fréquence, volumes, consommation d’oxygène) ont tendance à augmenter. Entre 4 et 12 Hz, la ventilation augmente plus que la consommation d’oxygène.

APPAREIL CARDIO-VASCULAIRE

D’une façon générale, les vibrations amènent une accélération du rythme cardiaque. La fréquence de résonance du cœur se situe entre 4 et 8 Hz et il est intéressant de savoir que certains sujets se plaignent à ces niveaux de douleurs d’allure angineuse. Entre 4 et 11 Hz, des vibrations brusques et sévères sont signalées comme pouvant induire des extrasystoles et de la tachycardie. Des variations diverses de la tension artérielle apparaissent. Dans quelques cas rares, des infarctus du sujet jeune sans antécédents d’artériosclérose, sans insuffisance coronaire connue ont été rapportés à une étiologie vibratoire.

2-3 PATHOLOGIES RACHIDIENNES en RELATION avec la

CONDUITE des CHARIOTS AUTOMOTEURS et des TEP Les vibrations sont à l’origine de microtraumatismes rachidiens. Des pathologies douloureuses : lombaires, dorsales, cervicales, ainsi que des radiculalgies sont observées. Il est bon de se rappeler que présente et objectivable radiologiquement l’arthrose rachidienne n’est pas obligatoirement symptomatique.

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Au sein des populations enquêtées, il est vraisemblable que nombre de sujets porteurs d’arthroses radiologiques ne seront pas douloureux si on limite les vibrations auxquelles ils sont quotidiennement soumis. Il s’agit pour nous d’un élément important de réflexion. Il y a les lésions objectivables, la part de vécu douloureux, liée aux contraintes habituelles auxquelles sont soumis les rachis des opérateurs. Une amélioration est certainement possible par une optimisation des outils de travail. En outre, il ne faut pas oublier les dimensions sociologiques et psychologiques de la douleur. Ce qui nous fait toucher du doigt l’organisation du travail et la qualité des relations de travail. Nous pouvons développer les quatre chapitres cliniques suivants :

- le processus de la détérioration discale et vertébrale, - l’arthrose cervicale et les pathologies associées, - l’arthrose dorsale, - les différents types de lombalgies et les syndromes associés.

2-3-1 Le PROCESSUS de DÉTÉRIORATION DISCALE et

VERTÉBRALE Le disque intervertébral est formé de deux éléments : un anneau fibreux périphérique, avec au centre, le nucléus pulposus de consistance gélatineuse.

L’anneau fibreux constitué de lamelles fibro-cartilagineuses concentriques, inséré sur les corps vertébraux en haut et en bas, est épais en avant et latéralement, plus faible en arrière.

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SOURCE INRS

SOURCE INRS

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Le nucléus pulposus a l’allure d’une sorte de gelée blanchâtre. Sa fonction est de permettre le mouvement des vertèbres l’une sur l’autre en transmettant et en répartissant les pressions sur les lamelles de l’anneau fibreux qui par leur élasticité amortissent et absorbent les vibrations. La dégénérescence discale est liée à deux types de facteurs :

• l’un inhérent à la personne, le vieillissement des éléments du disque. Celui-ci commence très tôt dans l’existence, vers l’âge de 30 ans et est variable suivant les individus.

SOURCE INRS

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La présence de malformations de la charnière lombo-sacrée est une cause de fragilité que l’on ne peut négliger dans le cadre de la santé au travail.

• l’autre en rapport avec l’environnement : les traumatismes et les micro-traumatismes ;

Dans ce cadre le contexte professionnel, en particulier, les vibrations auxquelles sont soumis les chauffeurs des différents types de véhicules connus peuvent jouer un rôle majeur. L’effet pathogène des vibrations sera d’autant plus marqué que l’attention portée au maintien d’une posture adaptée sera faible. Ces facteurs rattachés, soit à l’individu soit au milieu dans lequel évolue celui-ci, sont des paramètres dont il ne peut être fait abstraction au cours d’une approche sécurité et santé au travail. La dégénérescence du disque s’accompagne de modifications :

• perte des qualités mécaniques de ses éléments, • déformation progressive (affaissement), • apparition d’ostéophytes du corps vertébral au niveau des attaches des

ligaments vertébraux. La fragilisation des disques expose à l’apparition de hernies discales. Celles-ci sont de deux types : soit antérolatérales connues comme non douloureuses mais à l’origine d’une ostéophytose inter-disco-ligamentaire, soit nucléaires postérieures qui, elles, sont douloureuses.

Les hernies nucléaires postérieures rendent compte de : l’apparition des lumbagos aigus, des lombalgies chroniques discales, des diverses radiculalgies (cruralgies, sciatiques, à l’extrême : syndrome de la queue de cheval) ;

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l’atteinte arthrosique des articulations inter-apophysaires postérieures peut être à l’origine de lombalgies, de radiculalgies.

Des éléments jouent un rôle favorisant dans l’apparition de cette arthrose : hyperlordose, atteinte du disque, intervention chirurgicale.

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2-3-2 L’ARTHROSE CERVICALE, RELATION avec la

CONDUITE de CHARIOT AUTOMOTEUR La plainte liée aux douleurs cervicales est extrêmement fréquente, il s’agit d’un problème médical quotidien. Les particularités anatomo-physiologiques du cou sont à prendre en compte dans la réflexion.

On oppose classiquement : l’étage supérieur qui avec les deux premières cervicales permet les mouvements de rotation ; l’étage inférieur de la troisième à la septième cervicale plus consacré aux mouvements de flexion – extension ; cette partie est le plus souvent celle qui est atteinte par l’arthrose.

Trois types d’articulation peuvent être atteints : les inter-apophysaires postérieures, les disco-vertébrales, les unco-vertébrales. La déformation de cette articulation par l’arthrose peut retentir sur les éléments vasculo-nerveux situés à proximité comme la moelle épinière et les racines nerveuses. L’observation et l’écoute des opérateurs autorisent à penser que le cou est surtout sollicité pendant certaines opérations particulières : l’utilisation des chariots à conduite latérale, les marches arrières pour ce qui est des rotations ; le gerbage pour ce qui est de la flexion-extension.

Il est de toute façon soumis aux vibrations au même titre que le reste du corps.

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2-3-3 L’ARTHROSE DORSALE

Cette atteinte est fréquente mais le plus souvent non douloureuse. L’arthrose dorsale se caractérise par une ostéophytose antérolatérale. Quand il y a des douleurs celles-ci sont mal calmées par le repos.

2-3-4 L’ARTHROSE et les PATHOLOGIES LOMBO-SACRÉES Fréquentes, ces pathologies sont principalement représentées par les lumbagos, les lombalgies chroniques, les diverses radiculalgies. Nous allons rapidement parcourir ces différents chapitres. Le lumbago ou lombalgie aiguë :

Très fréquent, il apparaît généralement après l’âge de 30 ans. Son début est :

• soit brutal (classique mouvement de soulèvement d’une charge éventuellement trop lourde, mal négocié sur le plan de la mécanique articulaire vertébrale) ;

• soit plus progressif, en quelques heures ou quelques jours, succédant le plus souvent à un surmenage rachidien ou sans raison apparente.

Il s’agit d’une violente douleur de la région lombo-sacrée empêchant le redressement du buste. Elle est classiquement associée à une raideur lombaire majeure. Le lumbago guérit seul en une huitaine de jours. Il peut récidiver ou se transformer en lombalgie chronique ou sciatalgie. Il concerne à l’évidence plus les activités de manutention que la conduite. Nous savons que nombreux sont les postes mêlant la manutention à la conduite. Certaines lombalgies aiguës évoluent vers la chronicité. Il s’agit d’un faible pourcentage puisque 50% des lombalgies aiguës régressent en moins de 8 jours, 90% en moins de un mois.

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Ce passage à la chronicité est favorisé par des facteurs d’ordre médical dont d’éventuelles anomalies du collagène, mais actuellement on valorise surtout les facteurs :

• psychologiques avec une mauvaise construction narcissique, la présence d’un syndrome dépressif,

• socio-économiques,

• médico-légaux, influence de la prise en charge sociale, …

• professionnels, ils vont de la nature de la tâche à tous les aspects psychologiques de celle-ci (contraintes, satisfaction, relations avec les collègues et la hiérarchie, éventuel harcèlement, qualité et intérêt du travail, implication, …).

La lombalgie chronique :

L’agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES) définit la lombalgie chronique comme une douleur habituelle de la région lombaire dont l’évolution dure depuis plus de 3 mois. Un groupe d’experts internationaux, la Paris Task Force, parle de lombalgie aiguë si la douleur dure depuis moins d’un mois, de lombalgie subaiguë si la durée est comprise entre 1 et 3 mois. Il faut aussi prendre en compte la notion de lombalgie récidivante, fréquente dans le milieu professionnel étudié, d’après le Dr MARTY (hôpital Henri Mondor, Créteil) ce type de lombalgie pourrait représenter 30 à 40% des lombalgies. La lombalgie chronique touche des personnes de 30 à 60 ans en général, ayant un passé de lombalgies aiguës ou non. Cette douleur lombaire basse peut irradier vers le bas (sacrum, fesses). Elle est aggravée dans un certain nombre de circonstances dont les efforts de manutention, la conduite de véhicules, les stations debout ou assise prolongées.

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Son évolution se fait sur le long terme, avec rémissions et récidives ou aggravations, poussée aiguës (lumbagos), apparition de sciatiques. Elle constitue une gêne importante dans l’exercice de l’activité de magasinier (manutentions) et de cariste. Elle est susceptible d’un retentissement psychique que nous ne sommes pas autorisés à négliger. Certains postes de cariste magasinier sont occupés par des femmes nous pouvons de ce fait évoquer le syndrome trophostatique de la ménopause pour rappeler ces douleurs liées au dysfonctionnement des articulaires postérieures dans un contexte d’anomalie statique rachidienne. Les sciatiques

Le diagnostic de sciatique d’origine discale est important puisqu’il y a une possibilité de prise en charge au titre des tableaux des maladies professionnelles n° 97 et 98.

Cette douleur du membre inférieur suit le trajet du nerf sciatique, il faut la reconnaître, c'est-à-dire la différencier des autres douleurs du membre inférieur et faire le diagnostic de conflit disco radiculaire.

Les sciatiques sont en rapport avec un canal lombaire étroit dont la caractéristique principale « douleur radiculaire liée à l’effort de marche » peut être rapportée à l’activité professionnelle. De nombreux postes associent « marches-manutentions » et conduites de chariots automoteurs.

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3. Les ASPECTS REGLEMENTAIRES, les NORMES et les VALEURS LIMITES

L'exposition du corps humain aux vibrations entraîne la plupart du temps gêne, voire inconfort et est susceptible de provoquer à plus ou moins long terme, des pathologies de la colonne vertébrale ou des membres supérieurs. En conséquence, des textes réglementaires, des normes, des valeurs limites se sont imposés. Nous présentons successivement : les directives européennes et le décret transposé du 4 juillet 2005, la normalisation des mesurages, l’évaluation des risques pour la santé, les valeurs limites d’exposition et les tableaux des maladies professionnelles.

3-1 DIRECTIVES EUROPEENNES et le DECRET du 4 juillet 2005 Les Directives européennes 89/392/CEE, 91/368/CEE et 93/44/CEE relatives à la déclaration des intensités vibratoires, concernent toutes machines mobiles transmettant à l’ensemble du corps des vibrations supérieures à 0,5 m/s² et toutes machines tenues à la main pour lesquelles les vibrations dépassent 2,5 m/s². Dans les fascicules techniques, les fabricants ont l’obligation de fournir aux acheteurs des informations sur les intensités vibratoires émises. La directive précise que considérant les progrès techniques, les machines mobiles, entre autres, doivent être conçues de façon à minorer le risque lié aux vibrations produites. Ceci concerne en particulier les sièges qui équipent ces machines, dont on exige qu’ils puissent réduire les vibrations au plus bas niveau techniquement possible.

Selon la directive 78/764/CEE amendée par les directives 83/190/CEE et 88/465/CEE, les tracteurs agricoles neufs doivent être équipés de sièges homologués qui sont testés en laboratoire sur un simulateur de vibrations. Une étiquette est apposée sur le siège indiquant son homologation et la classe de tracteur pour laquelle il est adapté.

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Ce texte ne concerne pas les sièges de seconde monte et tout autre type de machine mobile. La directive 2002/44/CE du 25/06/02 (seizième directive particulière au sens de l’article 16, paragraphe 1, de la directive 89/391/CEE) Elle a été retranscrite en droit français par le décret n° 2005-746 du 4 juillet 2005 .

Décret n° 2005-746 du 4 juillet 2005 relatif aux prescriptions de sécurité et de santé applicables en cas d’exposition des travailleurs aux risques dus aux vibrations mécaniques et modifiant le code du travail (deuxième partie : Décrets en Conseil d’Etat) Le Premier ministre, Sur le rapport du ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement et du ministre de l’agriculture et de la pêche, Vu la directive 2002/44/CE du Parlement européen et du Conseil du 25 juin 2002 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l’exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques (vibrations) (seizième directive particulière au sens de l’article 16, paragraphe 1, de la directive 89/391/CEE) ; Vu le code du travail, et notamment son article L. 231-2 ; Vu l’avis du Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels en date du 16 mars 2005 Vu l’avis de la Commission nationale d’hygiène et de sécurité du travail en agriculture en date du 16 septembre 2003 ; Le Conseil d’Etat (section sociale) entendu, Décrète : Art. 1er. - Il est créé au chapitre Ier du titre III du livre II du code du travail (deuxième partie : Décrets en Conseil d’Etat) une section IX ainsi rédigée : « Section IX « Prévention du risque d’exposition aux vibrations mécaniques « Sous-section 1 « Dispositions générales « Art. R. 231-117. - Les dispositions de la présente section sont applicables aux établissements mentionnés à l’article L. 231-1 dans lesquels des travailleurs sont exposés ou susceptibles d’être exposés au cours de leur travail à des risques dus à des vibrations mécaniques. « Art. R. 231-118. - I. – Au sens de la présente section, on entend par : « a) “vibration transmise aux mains et aux bras” : vibration mécanique qui, lorsqu’elle est transmise aux mains et aux bras chez l’homme, entraîne des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, notamment des troubles vasculaires, des lésions ostéo-articulaires ou des troubles neurologiques ou musculaires ; « b) “vibration transmise à l’ensemble du corps” : vibration mécanique qui, lorsqu’elle est transmise à l’ensemble du corps, entraîne des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, notamment des lombalgies et des microtraumatismes de la colonne vertébrale.

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« II. – Les paramètres physiques caractérisant l’exposition aux vibrations mécaniques sont définis comme la valeur d’exposition journalière aux vibrations rapportée à une période de référence de huit heures. « Un arrêté des ministres chargés du travail et de l’agriculture précise le mode de détermination des paramètres physiques mentionnés au présent paragraphe. « Art. R. 231-119. - I. – La valeur limite d’exposition journalière rapportée à une période de référence de huit heures est fixée à 5 m/s2 pour les vibrations transmises aux mains et aux bras, et à 1,15 m/s2 pour les vibrations transmises à l’ensemble du corps. « II. – La valeur d’exposition journalière rapportée à une période de référence de huit heures déclenchant l’action de prévention prévue au II de l’article R. 231-122 et au I de l’article R. 231-124 est fixée à 2,5 m/s2 pour les vibrations transmises aux mains et aux bras, et à 0,5 m/s2 pour les vibrations transmises à l’ensemble du corps. « Sous-section 2 « Obligations de l’employeur » « Art. R. 231-120. - I. – Lorsqu’il procède à l’évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs en application du III (a) de l’article L. 230-2 et à la mise à jour de cette évaluation, l’employeur évalue et, si nécessaire, mesure les niveaux de vibrations mécaniques auxquels les travailleurs sont exposés. « L’évaluation des niveaux de vibrations mécaniques et le mesurage ont pour but de déterminer les paramètres physiques définis à l’article R. 231-118 et d’apprécier si, dans une situation donnée, les valeurs fixées à l’article R. 231-119 sont dépassées. « L’évaluation des niveaux de vibrations mécaniques et, si nécessaire, le mesurage sont planifiés et effectués par des personnes compétentes à des intervalles appropriés avec le concours, le cas échéant, du service de santé au travail. « Les résultats issus de l’évaluation des niveaux de vibrations mécaniques ou du mesurage sont conservés sous une forme susceptible d’en permettre la consultation pendant une durée de dix ans. « Ces résultats sont tenus à la disposition des membres du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, des délégués du personnel ainsi que du médecin du travail. « Ils sont également tenus, sur leur demande, à la disposition de l’inspecteur ou du contrôleur du travail ou des agents des services de prévention des organismes de sécurité sociale et des organismes mentionnés au 4° de l’article L. 231-2. « Un arrêté des ministres chargés du travail et de l’agriculture précise les conditions de l’évaluation des niveaux de vibrations mécaniques et du mesurage. « II. – Lorsqu’il procède à l’évaluation des risques, l’employeur prend en considération les éléments suivants : « a) Le niveau, le type et la durée d’exposition, y compris l’exposition à des vibrations intermittentes ou à des chocs répétés, évalués ou mesurés conformément au paragraphe I ci-dessus ; « b) Les valeurs limites d’exposition ou les valeurs d’exposition déclenchant l’action de prévention fixées à l’article R. 231-119 ; « c) Toute incidence sur la santé et la sécurité des travailleurs particulièrement sensibles à ce risque, et notamment les femmes enceintes et les jeunes de moins de 18 ans ; « d) Toute incidence indirecte sur la sécurité des travailleurs résultant d’interactions entre les vibrations mécaniques et le lieu de travail ou d’autres équipements, notamment lorsque les vibrations mécaniques gênent la manipulation correcte des commandes ou la bonne lecture des appareils indicateurs, ou nuisent à la stabilité des structures ; « e) Les renseignements sur les émissions vibratoires, fournis par les fabricants des équipements de travail, en application des règles techniques mentionnées à l’article R. 233-84 ;

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« f) L’existence d’équipements de travail permettant de réduire les niveaux d’exposition aux vibrations mécaniques et susceptibles d’être utilisés en remplacement ; « g) La prolongation de l’exposition à des vibrations transmises à l’ensemble du corps au-delà des heures de travail, par exemple lorsque la nature de l’activité amène un travailleur à utiliser des locaux de repos exposés aux vibrations, sous la responsabilité de l’employeur ; « h) Des conditions de travail particulières, comme les basses températures ; « i) Les conclusions tirées par le médecin du travail de la surveillance de la santé des travailleurs. « III. – Lorsque les résultats de l’évaluation des risques mettent en évidence des risques pour la santé ou la sécurité des travailleurs dus aux vibrations mécaniques, l’employeur met en œuvre les mesures prévues par les articles R. 231-122, R. 231-123 et, sous réserve des prérogatives du médecin du travail, R. 231-124. « Art. R. 231-121. - En vue de s’assurer du respect des obligations de la présente section, l’inspecteur du travail peut mettre en demeure l’employeur de faire procéder à un mesurage de l’exposition aux vibrations mécaniques par un organisme accrédité dans ce domaine par le comité français d’accréditation ou par tout autre organisme d’accréditation signataire de l’accord multilatéral européen établi dans le cadre de la coordination européenne des organismes d’accréditation. « Un arrêté des ministres chargés du travail et de l’agriculture précise les conditions d’accréditation et les méthodes à utiliser pour le mesurage. « L’employeur justifie qu’il a saisi l’organisme accrédité dans les quinze jours suivant la date de mise en demeure et transmet à l’inspecteur du travail les résultats qui lui sont communiqués dans les dix jours qui suivent cette communication. « Le coût des prestations liées au mesurage de l’exposition aux vibrations est à la charge de l’employeur. « Art. R. 231-122. - I. – L’employeur prend des mesures de prévention visant à supprimer ou à réduire au minimum les risques résultant de l’exposition aux vibrations mécaniques, en tenant compte du progrès technique et de l’existence de mesures de maîtrise du risque à la source. « La réduction de ces risques se fonde sur les principes généraux de prévention mentionnés au II de l’article L. 230-2. « II. – Lorsque les valeurs d’exposition journalière déclenchant l’action de prévention fixées au II de l’article R. 231-119 sont dépassées, l’employeur établit et met en œuvre un programme de mesures techniques ou organisationnelles visant à réduire au minimum l’exposition aux vibrations mécaniques et les risques qui en résultent. « L’employeur peut décider notamment : « a) La mise en œuvre d’autres procédés de travail permettant de réduire les valeurs d’exposition journalière aux vibrations mécaniques ; « b) Le choix d’équipements de travail appropriés, bien conçus sur le plan ergonomique et produisant, compte tenu du travail à effectuer, le moins de vibrations possible ; « c) La fourniture d’équipements auxiliaires réduisant les risques de lésions dues à des vibrations, tels que des sièges atténuant efficacement les vibrations transmises à l’ensemble du corps ou des poignées atténuant efficacement les vibrations transmises aux mains et aux bras ; « d) Des programmes appropriés de maintenance des équipements de travail et du lieu de travail ; « e) La modification de la conception et de l’agencement des lieux et postes de travail ; « f) L’information et la formation adéquates des travailleurs afin qu’ils utilisent correctement et de manière sûre les équipements de travail, de façon à réduire au minimum leur exposition à des vibrations mécaniques ; « g) La limitation de la durée et de l’intensité de l’exposition;

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« h) L’organisation différente des horaires de travail, prévoyant notamment des périodes de repos ; « i) La fourniture aux travailleurs exposés de vêtements les maintenant à l’abri du froid et de l’humidité. « III. – En tout état de cause, les travailleurs ne sont pas exposés à des niveaux de vibrations mécaniques supérieurs aux valeurs limites d’exposition fixées au I de l’article R. 231-119. « Si, en dépit des mesures mises en œuvre par l’employeur en application du présent article, les valeurs limites d’exposition ont été dépassées, l’employeur prend immédiatement des mesures pour ramener l’exposition au-dessous de celles-ci. « Il détermine les causes du dépassement des valeurs limites d’exposition et il adapte, en conséquence, les mesures de protection et de prévention en vue d’éviter un nouveau dépassement. « IV. – Lorsque la nature de l’activité amène un travailleur à utiliser des locaux de repos placés sous la responsabilité de l’employeur et exposés aux vibrations, sauf cas de force majeure, l’exposition de l’ensemble du corps aux vibrations dans ces locaux doit demeurer à un niveau compatible avec les fonctions et conditions d’utilisation de ces locaux. « V. – L’employeur adapte, en liaison avec le médecin du travail, les mesures prévues au présent article aux besoins des travailleurs particulièrement sensibles à ce risque. « Art. R. 231-123. - Lorsque l’évaluation des risques fait apparaître que des travailleurs sont exposés à des risques dus aux vibrations mécaniques, l’employeur veille à ce que ces travailleurs reçoivent des informations et une formation en rapport avec le résultat de l’évaluation des risques et avec le concours du service de santé au travail, notamment sur : « a) Les mesures prises en application de l’article R. 231-122 en vue de supprimer ou de réduire au minimum les risques résultant des vibrations mécaniques ; « b) Les résultats des évaluations et des mesurages de l’exposition aux vibrations mécaniques effectués en application de l’article R. 231-120 ; « c) Les valeurs limites d’exposition et les valeurs d’exposition déclenchant l’action de prévention ; « d) Les lésions que pourraient entraîner l’utilisation d’équipements de travail produisant des vibrations, ainsi que l’utilité et la façon de dépister et de signaler les symptômes de ces lésions ; « e) Les conditions dans lesquelles les travailleurs ont droit à une surveillance médicale renforcée ; « f) Les pratiques professionnelles sûres permettant de réduire au minimum les risques dus à l’exposition à des vibrations mécaniques. « Sous-section 3 « Surveillance médicale renforcée « Art. R. 231-124. - I. – Le médecin du travail exerce une surveillance médicale renforcée pour les travailleurs exposés à un niveau de vibrations mécaniques supérieur aux valeurs fixées au II de l’article R. 231-119. « II. – Si le travailleur est atteint d’une maladie ou d’une affection identifiable considérée par le médecin du travail comme résultant d’une exposition à des vibrations mécaniques sur le lieu de travail, ce travailleur est informé par le médecin des résultats et de l’interprétation des examens médicaux dont il a bénéficié. « L’employeur est informé de toute conclusion significative provenant de la surveillance médicale renforcée, dans le respect du secret médical. « L’employeur en tire toutes les conséquences utiles, et notamment revoit l’évaluation des risques conformément à l’article R. 231-120 et revoit les mesures prévues pour supprimer ou réduire les risques conformément à l’article R. 231-122. Il tient compte de l’avis du médecin du travail pour la mise en œuvre de toute mesure jugée nécessaire pour supprimer ou réduire les risques conformément à l’article R. 231-122, y compris l’éventuelle affectation du travailleur à un autre poste ne comportant plus de risque d’exposition.

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« Dans ce cas, le médecin du travail détermine la pertinence et la nature des examens éventuellement nécessaires pour les autres travailleurs ayant subi une exposition semblable. » Art. 2. - Le présent décret entre en vigueur le 6 juillet 2005. Toutefois, les dispositions du III de l’article R. 231-122 du code du travail ne sont applicables qu’au terme d’une période transitoire de cinq ans, le 6 juillet 2010, lorsque des équipements de travail mis en service avant le 6 juillet 2007 ne permettent pas de respecter les valeurs limites d’exposition, malgré la mise en œuvre de mesures techniques tenant compte des derniers progrès et des mesures d’organisation du travail. Un arrêté des ministres chargés du travail et de l’agriculture, pris avant le 6 juillet 2007, détermine les catégories d’équipements qui remplissent ces conditions. Pour les équipements utilisés dans les secteurs agricole et sylvicole, un arrêté du ministre chargé de l’agriculture et de la forêt peut prolonger de quatre ans la période transitoire mentionnée à l’alinéa ci-dessus. Cet arrêté détermine, en fonction des mesures techniques et d’organisation qui peuvent être mises en œuvre, la durée de cette prolongation, ainsi que les catégories d’équipements en cause. Art. 3. - Le ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement, le ministre de l’agriculture et de la pêche et le ministre délégué à l’emploi, au travail et à l’insertion professionnelle des jeunes sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française. Fait à Paris, le 4 juillet 2005. Publié au Journal officiel le 28 août 2005 Arrêté du 6 juillet 2005 pris pour l’application des articles R. 231-118, R. 231-120 et R. 231-121 du code du travail Le ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement et le ministre de l’agriculture et de la pêche, Vu les articles R. 231-118, R. 231-120 et R. 231-121 du code du travail ; Vu l’avis de la Commission nationale d’hygiène et de sécurité du travail en agriculture en date du 19 avril 2005 ; Vu l’avis du Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels en date du 18 mars 2005, Arrêtent : Art. 1er. - Paramètre physique caractérisant l’exposition aux vibrations mécaniques transmises aux mains et aux bras. I. - Grandeurs à évaluer : Deux grandeurs principales sont à évaluer pour chaque tâche (i) pendant l’exposition journalière aux vibrations transmises aux mains et aux bras : – l’accélération pondérée en fréquence en mètres par seconde au carré, exprimée sous forme de valeurs efficaces ahvli pour chacune des trois directions d’un système de coordonnées orthogonales ; – la durée totale par jour, Ti, de l’exposition aux vibrations pour la tâche (i). L’évaluation de l’exposition aux vibrations est fondée sur une grandeur qui combine l’ensemble des trois directions. C’est la valeur totale de vibration ahvli qui est définie comme la résultante quadratique des trois composantes pour la tâche (i).

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II. - Valeur d’exposition journalière A (8) : La valeur d’exposition journalière aux vibrations transmises aux mains et aux bras, rapportée à une période de référence de 8 heures, A (8), est obtenue à partir de la valeur totale de vibration ahvi et de la durée d’exposition quotidienne Ti pour chaque tâche (i) selon l’équation : où : ahvi est la valeur totale de vibration pour la tâche (i) ; Ti est la durée totale par jour de l’exposition aux vibrations pour la tâche (i) ; To est la durée de référence de 8 heures (28 800 s). Art. 2. - Paramètre physique caractérisant l’exposition aux vibrations mécaniques transmises à l’ensemble du corps. I. - Grandeurs à évaluer : Deux grandeurs principales sont à évaluer pour chaque tâche (i) pendant l’exposition journalière aux vibrations transmises à l’ensemble du corps : – l’accélération pondérée en fréquence en mètres par seconde au carré, exprimée sous forme de valeurs efficaces awi pour chacun des trois axes de la surface de support ; – la durée totale par jour, Ti, de l’exposition aux vibrations pour la tâche (i). L’exposition journalière aux vibrations transmises à l’ensemble du corps A1 (8), en m/s2, pour chaque axe 1, rapportée à une période de référence de 8 heures, est définie par l’équation suivante : où : alwi est la valeur efficace pondérée en fréquence de l’accélération selon la direction l, déterminée sur la période temps Ti ; kx = ky = 1,4 pour les directions transversales ; kz = 1 pour la direction verticale ; 1 = x, y ou z ; To est la durée de référence de 8 heures (28 800 s). II. - Valeur d’exposition journalière A (8) : La valeur d’exposition journalière aux vibrations transmises à l’ensemble du corps, rapportée à une période de référence de 8 heures, A (8), est le maximum des grandeurs déterminées au § I ci-dessus pour chacun des trois axes l : A (8) = max [Ax (8), Ay (8), Az (8)]. Art. 3. - Evaluation et mesurage. I. - L’évaluation du niveau d’exposition peut être effectuée selon les procédés suivants : – grâce à une estimation fondée sur les informations concernant le niveau d’émission vibratoire des équipements de travail utilisés, fournies par les fabricants de ces matériels, et sur l’observation des pratiques de travail spécifiques ; – grâce à une estimation fondée sur les informations concernant l’amplitude des vibrations dans des conditions de travail similaires ; – ou par un mesurage. II. - Lorsque l’on procède à un mesurage des vibrations transmises aux mains et aux bras : a) Les méthodes utilisées peuvent comporter un échantillonnage, qui doit être représentatif de l’exposition du travailleur aux vibrations mécaniques considérées. Les méthodes et appareillages utilisés doivent être adaptés aux caractéristiques particulières des vibrations mécaniques à mesurer, aux facteurs d’ambiance et aux caractéristiques de l’appareil de mesure, conformément à la norme NF EN ISO 5349-2 ; b) Dans le cas d’appareils à tenir des deux mains, les mesures sont effectuées à chaque main. L’exposition est déterminée par rapport à celle des valeurs qui est la plus élevée ; les indications sont également données concernant l’autre main. III. - Lorsque l’on procède à un mesurage des vibrations transmises à l’ensemble du corps, les méthodes utilisées peuvent comporter un échantillonnage qui doit être représentatif de l’exposition

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du travailleur aux vibrations mécaniques considérées. Les méthodes et appareillages utilisés doivent être adaptés aux caractéristiques particulières des vibrations mécaniques à mesurer, aux facteurs d’ambiance et aux caractéristiques de l’appareil de mesure, conformément à la norme NF EN 14253. Art. 4. - Accréditation. Pour obtenir l’accréditation prévue à l’article R. 231-121 du code du travail, les organismes doivent remplir les conditions prévues par le référentiel d’accréditation. Le référentiel d’accréditation comprend : – la norme NF EN ISO/CEI 17025 ; – les normes NF EN ISO 5349-2 et NF EN 14253 pour ce qui concerne le mesurage. L’accréditation est délivrée par le Comité français d’accréditation (COFRAC) ou par tout autre organisme respectant les procédures édictées par la norme NF EN 45003 et signataire de l’accord multilatéral européen dénommé « European cooperation for accreditation ». Art. 5. - Le directeur des relations du travail au ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement et le directeur général de la forêt et des affaires rurales au ministère de l’agriculture et de la pêche sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la République française. Fait à Paris, le 6 juillet 2005.

3-2 NORMES de MESURAGE, VALEURS LIMITES d’EXPOSITION

Mesurage et méthode d'évaluation du risque En matière de valeurs limites d'exposition aux vibrations, les normes françaises traitant des risques pour la santé du fait de l'exposition aux vibrations, constituent des documents de référence, en particulier la norme NF E 90-401-2 pour les vibrations transmises à l'ensemble du corps.

3-2-1 MESURAGE des VIBRATIONS (exprimée en m/s²) L'accélération du mouvement est la grandeur caractéristique la plus couramment utilisée en biodynamique. Généralement, elle présente des valeurs différentes selon la direction d'observation et varie dans le temps. Le mesurage des vibrations est effectué à l'interface homme/source de vibration, c'est à dire sur la surface à travers laquelle les vibrations sont transmises au corps. Un système de coordonnées orthogonales centré sur l'homme représenté sur la figure 1 est à privilégier pour le mesurage des vibrations.

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3-2-2 ÉVALUATION des VIBRATIONS

L'évaluation des vibrations implique le mesurage de la valeur efficace de l'accélération pondérée en fréquence (aw) mesurée sur une durée suffisamment longue (T) et qui s'exprime :

aw = ( dt) (t)a² T1

wT

0 ∫ ½ en m/s²

Le facteur de crête est utilisé pour valider l'indicateur aw Il confirme que celui-ci permet d’appréhender la sévérité des vibrations en fonction de leurs effets sur les êtres humains. Si le facteur de crête du signal vibratoire, (défini comme la valeur absolue du rapport de la valeur instantanée maximale de crête du signal d'accélération pondéré en fréquence à sa valeur efficace), est supérieur à 9 la norme définit la valeur de la dose vibratoire (VDV) exprimée en m/s 1,75 selon la formule :

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VDV = ( a (t) dt)0

Tw

4∫ ¼ Deux courbes de pondération fréquentielles sont définies pour l'axe Z et pour les axes X et Y. Cette accélération est transmise dans la plage de fréquences correspondant au phénomène étudié dans la plupart des situations terrestres. Pour les vibrations transmises à l'ensemble du corps, il est suffisant de prendre en compte la plage fréquentielle allant de 0,5 à 80 Hz. Cette plage doit être étendue à 0,1 Hz dans le cas des situations marines et des constructions souples ou de grandes dimensions.

3-2-3 ÉVALUATION des RISQUES pour la SANTÉ Si le facteur de crête du signal vibratoire est inférieur à 9, on estime l'effet des vibrations sur la santé à partir de la valeur efficace de l'accélération pondérée la plus forte enregistrée pour chacun des 3 axes. aeq = max (1,4 awx ; 1,4 awy ; awz) Quand il n'y a pas de direction vibratoire dominante, il est recommandé de calculer la valeur totale de l'accélération par la formule suivante :

av = [ (1,4 awx)² + (1,4awy)² + a²wz] ½ où :

awx, awy et awz sont respectivement les valeurs efficaces de l'accélération pondérée dans les trois directions.

NOTE 1 Une direction vibratoire sera considérée comme étant dominante si la

valeur efficace de l'accélération pondérée dans chacune des deux autres directions (valeurs multipliées par 1,4 pour les directions x et y) est inférieure à 66 % de la valeur efficace dans la direction dominante (voir EN 1032).

EXEMPLE : En supposant que les valeurs awx, awy et awz relevées soient respectivement égales à 0,5 ; 0,4 et 0,9 m/s², av est égal à 1,27 m/s².

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NOTE 2 Les indications de la Figure 1 ne s'appliquent pas à cette méthode d'évaluation.

Si le facteur de crête est supérieur à 9, on estimera l'effet des vibrations sur la santé à partir de la valeur de la dose la plus forte enregistrée pour chacun des 3 axes :

VDVeq = max (1,4 VDVx ; 1,4 VDVy ; VDVz)

3-2-4 Les VALEURS LIMITES d'EXPOSITION Les valeurs limites d'exposition quotidienne à ne pas dépasser pour préserver la santé des personnes sont représentées sur la figure 1.

FIGURE 1

Pour des expositions de l'ordre de 4 h à 8 h : • au dessous de la zone hachurée, aucun effet avéré sur la santé, • dans la zone elle-même, des précautions sont à prendre compte

tenu des risques pour la santé, • au dessus de la zone hachurée, les risques d'effet sur la santé

sont réels.

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Si le facteur de crête est supérieur à 9 les limites inférieures et supérieures de la zone définie par la figure 2 sont respectivement de 8,5 et de 17 m/s 1,75.

Remarques : Ces limites constituent, à ce jour, la meilleure recommandation disponible pour la prévention des syndromes dus aux vibrations transmises à l'ensemble du corps. Elles ne peuvent être considérées comme garantissant une exposition sans danger mais fournissent un indicateur de ce qui, pour la majorité des individus, est compatible avec la santé. Elles s'appliquent à des personnes en bonne santé, c'est-à-dire aptes à faire fonctionner quotidiennement une machine ou un matériel pendant une journée normale de travail.

Le risque relatif à l'exposition aux vibrations transmises à l'ensemble du corps est d'autant plus faible que l'exposition est entrecoupée de périodes de repos prises dans un environnement vibratoire réduit.

3-3 TABLEAUX de MALADIES PROFESSIONNELLES Le tableau n° 69 est relatif « aux affections provoquées par les vibrations et chocs transmis par certaines machines-outils, outils et objets et par les chocs itératifs du talon de la main sur des éléments fixes ». Il ne concerne pas directement notre approche, cependant il figure dans les annexes. Les tableaux :

• n° 97 « affections chroniques du rachis lombaire provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier »,

• n° 98 « affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes », ils sont directement liés à la problématique développée.

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Ils concernent les plates formes logistiques et comportent des similitudes : dans les deux cas, il s’agit « d’affections chroniques du rachis lombaire provoquées par les vibrations de basses et de moyennes fréquences transmises au corps entier pour le 97 ou par la manipulation manuelle de charges lourdes pour le 98 » ; la désignation des maladies est identique, « Sciatique par hernie discale L4-L5 ou L5-S1 avec atteinte radiculaire de topographie concordante, radiculalgie crurale par hernie discale L2-L3 ou L3-L4 ou L4-L5 avec atteinte radiculaire de topographie concordante. » ; le délai de prise en charge est de « 6 mois (sous réserve d’une durée d’exposition de 5 ans) » dans les deux cas.

Concernant la liste limitative des travaux, nous retrouvons pour les entrepôts logistiques : « l’utilisation de chariots élévateurs et de chariots automoteurs à conducteur porté » au titre du 97 et « le chargement et le déchargement, … dans la livraison, … le stockage et la répartition des produits alimentaires, agricoles et forestiers » pour le 98. D’autres travaux figurent dans ces tableaux. Les seules pathologies prises en charge sont précisées d’une façon claire, il s’agit des sciatiques et radiculalgies crurales par hernie discale justifiant d’une durée minimale d’exposition de 5 ans.

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TABLEAU N° 97

Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au

corps entier

Date de création : 15 février 1999 (décret du 15 février 1999) dernière mise à jour :

DÉSIGNATION DES MALADIES DÉLAI de prise en charge

LISTE LIMITATIVE DES TRAVAUX Susceptibles de provoquer ces maladies

Sciatique par hernie discale L4-L5 ou L5-S1

avec atteinte radiculaire de topographie concordante.

Radiculalgie crurale par hernie discale L2-L3 ou L3-L4 ou L4-L5 avec atteinte radiculaire de topographie concordante.

6 mois (sous

réserve d’une durée d’exposition

de 5 ans)

Travaux exposant habituellement aux vibrations de basses et moyennes fréquences transmises au corps entier : - par l’utilisation ou la conduite des engins et

véhicules tout terrain : chargeuse, pelleteuse, chargeuse-pelleteuse, niveleuse, rouleau vibrant, camion tombereau, décapeuse, chariot élévateur, chargeuse sur pneus ou chenilleuse, bouteur, tracteur agricole ou forestier ;

- par l’utilisation ou la conduite des engins et matériels industriels : chariot automoteur à conducteur porté, portique, pont roulant, grue de chantier, crible, concasseur, broyeur ;

- par la conduite de tracteur routier et de camion monobloc.

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TABLEAU N° 98

Affections chroniques du rachis lombaire provoquées par la manipulation manuelle de charges lourdes

Date de création : 16 février 1999 (décret du 15 février 1999) dernière mise à jour :

DÉSIGNATION DES MALADIES

DÉLAI de prise en charge

LISTE LIMITATIVE DES TRAVAUX Susceptibles de provoquer ces maladies

Sciatique par hernie discale L4-L5 ou L5-S1

avec atteinte radiculaire de topographie concordante.

Radiculalgie crurale par hernie discale L2-L3 ou L3-L4 ou L4-L5 avec atteinte radiculaire de topographie concordante.

6 mois (sous

réserve d’une durée d’exposition de 5 ans)

Travaux de manutention manuelle habituelle de charges lourdes effectuées : - dans le fret routier, maritime, ferroviaire,

aérien ; - dans le bâtiment, le gros œuvre, les travaux

publics ; - dans les mines et carrières ; - dans le ramassage d’ordures ménagères et de

déchets industriels ; - dans le déménagement, les garde-meubles ; - dans les abattoirs et les entreprises

d’équarrissage ; - dans le chargement et le déchargement en

cours de fabrication, dans la livraison, y compris pour le compte d’autrui, le stockage et la répartition des produits industriels et alimentaires, agricoles et forestiers ;

- dans le cadre des soins médicaux et paramédicaux incluant la manutention de personnes ;

- dans le cadre du brancardage et du transport des malades ;

- dans les travaux funéraires.

***

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Ce parcours des éléments théoriques nous a fait prendre conscience de la complexité du phénomène physique des vibrations, de la difficulté à appréhender la réalité et à le représenter en théorie. Le choix fait pour l’évaluation est principalement la mesure de l’accélération. Les vibrations basses fréquences ne sont pas sans conséquences sur le corps humain. Elles ont des interférences avec son fonctionnement et un effet pathogène connu sur le rachis. Des valeurs réglementaires, des normes et des valeurs limites ont été élaborées, des techniques de mesurages normalisées et des tableaux de maladies professionnelles créés.

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II L’ETUDE de TERRAIN

Après notre approche des aspects théoriques, nous nous sommes centrés sur l’étude de terrain. La démarche a suivi trois axes : une observation et une réflexion sur les lieux de travail, sur les matériels et sur les Hommes au travail, un mesurage des vibrations reçues sur les engins, une approche chiffrée de la population exposée.

Nous verrons successivement les entreprises supports, nous tenterons de décrire les espaces de travail, les matériels utilisés ainsi que les produits « manipulés ». Nous ferons un essai de description des métiers ainsi que de l’activité réelle des opérateurs. Nous exposerons les résultats des mesurages effectués et nous discuterons de leur interprétation pour ce qui est des niveaux vibratoires, des cotes d’alerte, du facteur « seat » et de quelques situations particulières. Ensuite nous présentons l’enquête descriptive de l’état rachidien des opérateurs. Nous nous intéresserons aux caractéristiques de la population étudiée ainsi qu’à celles des douleurs rachidiennes évoquées par les sujets. 1. Les LIEUX de TRAVAIL, les MATERIELS, les PRODUITS

1-1 Les ENTREPRISES SUPPORTS Les mesures des vibrations et les observations de l’activité professionnelle ont été réalisées au sein de six entreprises. Il s’agit d’entrepôts logistiques gérant des marchandises très diverses. Il nous semble utile d’en donner les principales caractéristiques.

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L’entreprise A dont l’effectif est de 237 salariés, possède un entrepôt de 20 000 m² environ. L’activité principale est le reconditionnement de marchandises. Elle couvre toute la gamme d’articles de sports : équipements individuels, vêtements, chaussures, vélos, skis, tables de ping-pong, planches à voile... Ces marchandises sont livrées par camions et/ou semi-remorques. Après réception, elles sont déchargées et stockées dans des rayonnages. Lors de la préparation des commandes, elles sont mises en caisses ou en cartons. Les colis acheminés par des convoyeurs à bandes et/ou à rouleaux sont regroupés par secteurs géographiques. L’opérateur les reprend, les charge sur les TEP et les décharge dans les camions. Signalons la modernisation récente du parc des matériels. L’entreprise B dont l’effectif est de 83 salariés, a pour activité le stockage et la préparation de commande de « produits frais » dans un atelier (85 % de préparation de commande et 15 % de stockage) dans la partie « produits secs » les proportions sont inverses. Les « produits frais » représentent essentiellement des produits laitiers (yaourts, boissons lactées, desserts...) et les « produits secs » sont des biscuits et des palettes de bouteilles de vin. La température de la partie « produits frais » est comprise entre + 2 °C et + 6 °C pour les « produits secs » la température ambiante est de l’ordre 10 C à 20 °C. L’entreprise C possède un entrepôt de 20 000 m². De conception et de construction récente on y trouve un parc de chariots et de TEP neufs. Son personnel de 95 salariés environ, a pour activité l’entreposage et le transit de matériels électriques. Il s’agit de petits appareillages ordinaires ou de technologies sophistiquées ainsi que de matériels plus lourds comme du câble électrique. L’entreprise D a un effectif national de l’ordre de 8 000 personnes. Localement, l’établissement a une surface de 20 000 m² environ et emploie

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155 salariés. Les observations et les mesures ont été faites dans l’entrepôt « produits secs ». Ici, les colis déchargés sur les quais de réception pour vérification sont ensuite stockés par famille en partie haute des rayonnages, la zone au sol étant réservée à la préparation des commandes. Une « zone de masse » permet le stockage de palettes entières manutentionnées à l’aide des chariots automoteurs. La partie préparation des commandes elle - même ou picking s’effectue avec des transpalettes électriques portés ou TEP qui permettent de transporter les commandes des divers magasins sur la zone d’enlèvement à proximité des quais. L’entreprise E, est un petit entrepôt frigorifique. Les 53 salariés, travaillent des produits frais et surgelés pour l’alimentation « hors domicile ». Il s’agit de stocker les marchandises avant distribution dans les écoles et les hôtels - restaurants. Les livraisons s’effectuent par camions. Les opérateurs préparent les commandes en chambres frigorifiques à température négative jusqu’à – 30 °C, la préparation des produits frais est réalisée dans un sas tempéré à 4 °C. Le transfert des produits s’effectue à l’aide de chariots automoteurs. Il n’y a pas d’utilisation de TEP. L’entreprise F de 97 salariés, est un entrepôt frigorifique de stockage de produits alimentaires « frais » et surgelés. Elle dispose de deux chambres froides : une pour les produits surgelés dont la température se situe jusqu’à – 30 C, une pour le stockage des « produits frais » à + 3 °C, d’un sas de préparation dont la température est comprise entre 0 °C et – 3 °C et de 14 quais de chargement. Les salariés réceptionnent les produits dans le sas afin de leur attribuer une place dans les rayonnages. Ils les transfèrent dans les deux chambres, préparent les commandes clients et chargent les camions pour leur distribution . Ce type d’organisation et de fonctionnement des plates-formes logistiques est actuel, il nous semble représentatif de cette activité.

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1-2 Les ENTREPÔTS

1-2-1 QUELQUES CARACTERISTIQUES

Les volumes : Les bâtiments sont généralement de grandes dimensions. Les surfaces de plusieurs milliers de m2 associées à des hauteurs de huit à quinze mètres environ, développent de grands volumes.

Exemple d’extérieur de plate forme logistique

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Les ambiances thermiques : Pour certains produits agroalimentaires, l’obligation de préserver la chaîne du froid entraîne la nécessité de réguler les températures, soit en froid positif de quelques degrés + 2 °C à + 6 ou + 7 °C, soit en froid négatif jusqu’à – 30 °C. Ces basses températures sont une contrainte importante de travail. La vitesse des chariots génère un courant d’air et une sensation de froid combattue par les opérateurs, (dans certains cas, anecdotiques un filmage des parties latérales du chariot a été observé). On sait que la nécessaire adaptation de l’organisme au froid augmente la fatigue générale. Par ailleurs, les douleurs ressenties au niveau de l’appareil locomoteur sont amplifiées. Le travail au froid nécessite une capacité physique optimum, il peut être à l’origine d’une sélection par l’âge.

Intérieur d’un entrepôt « produits frais »

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L’éclairage : Il est intéressant de noter que sur ce type de bâtiments, il existe peu ou pas de fenêtres laissant passer la lumière du jour, que l’on soit en présence de produits alimentaires ou non. Les locaux anciens sont généralement fermés et aveugles. L’éclairage est souvent artificiel et pas toujours adapté tant en quantité de lumière qu’en qualité ; ce qui peut avoir un retentissement sur les conditions de travail et sur la sécurité. Lors de modifications d’implantation des racks, il est important de changer l’emplacement des luminaires pour éviter les zones d’ombre. L’objectif est d’apporter de la lumière naturelle pour permettre une meilleure récupération de la fatigue visuelle. Le bruit : Le niveau global ne constitue pas un élément d’inquiétude. Le chariot, lui même d’une façon habituelle, est peu bruyant. Le travail est peu générateur de bruit, nous avons noté l’existence de quelques impacts sonores : chute de palettes, abord de quai, klaxon…

1-2-2 Les SOLS Le sol, paramètre important est à prendre en compte. Il peut intervenir comme générateur et/ou amplificateur de vibrations. Son examen objective la présence de facteurs susceptibles de jouer un rôle négatif déterminant. Les éléments sont relatifs à la surface de roulage :

• nature : béton, résines, … • balisage au sol,

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• état de surface : généralement sols lisses, recouverts d’une

peinture ou d’une résine, secs ou parfois humides, (condensation), parfois dégradations importantes…

Sol dégradé

Débris de palette sur sol lisse

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Les irrégularités structurelles :

• irrégularités : joints de dilatation, bouches d’égout, têtes de regards des réseaux d’évacuation des eaux pluviales, des eaux usées, des réseaux téléphoniques... ;

• aspérités : bandes peintes, bandes rugueuses de signalisation

des espaces de stockage, des circulations, des parkings. On peut se poser la question de savoir si les bandes peintes en discontinu, même pour de faibles hauteurs se comportent en générateur de vibrations.

Irrégularités du sol

Des points particuliers ont attiré notre attention :

• les accès : aux quais, aux camions, par des ponts de jonction métallique ou des quais de mise à niveau.

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Ces obstacles même de faibles hauteurs (1 à 2 cm) se comportent comme des générateurs de secousses avec des pics vibratoires très importants. Nous avons noté qu’il peut y avoir de 300 à 700 entrées et sorties par jour.

Jonction quai-camion • les déclivités et formes de pentes, • les obstacles : les déchets bois, papier, films,… • autres défauts ou irrégularités, degré de finition, les ponts des

quais.

1-2-3 Les RAYONNAGES et les ALLEES de CIRCULATION Les rayonnages ou racks sont composés de structures métalliques se présentant sous formes de profilés « standardisés ». Ils servent à entreposer les produits sur différentes hauteurs pouvant aller à 12 mètres environ et subissent des charges importantes (voir bibliographie).

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Les allées de circulation sont pour la plupart balisées. Elles permettent aux chariots automoteurs et aux TEP d’approvisionner les rayonnages pour un stockage temporaire. Elles sont aussi le lieu de préparation des commandes par prélèvement des produits sur les étagères et/ou au sol. Les choix relatifs à la largeur et aux espaces de circulation sont importants et interviennent sur les conditions de travail des opérateurs (voir bibliographie).

1-3. Les MATERIELS : CHARIOTS, TEP Les principales catégories de matériels rencontrées sont les chariots élévateurs automoteurs à conducteur porté et/ou gerbeurs et les TEP (transpalettes électriques à conducteurs portés). Ne seront pas examinés ici les TEA (transpalettes électriques à conducteurs accompagnants). Les chariots élévateurs Les matériels utilisés à l’intérieur des locaux fonctionnent sur batteries pour la plupart. Ceux situés à l’extérieur sont généralement propulsés par des moteurs diesels ou gaz, (vibrations au repos). Ils peuvent être à prise de charge frontale ou latérale pour des masses allant de quelques centaines de kilogrammes à plusieurs tonnes. Ils comportent différentes caractéristiques qui ont une influence sur les vibrations et leur transmission. Les chariots possèdent un triple système d’amortissement : les roues avec les pneus ou bandages, la cabine, le siège. Les roues et pneus sont de diamètres différents gonflés à l’air ou à l’eau. Les bandages sont en élastomère. Ils ne sont pas toujours en état satisfaisant. Les sièges perdent de leur efficacité du fait d’un mauvais réglage, de leur vieillissement et/ou d’une maintenance insuffisante. Certains, présentent un état de vétusté avancé, et des réglages qui ne sont pas tous opérationnels.

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Sans connaître les plages de vitesse des différents chariots, il nous est apparu que certains comportements privilégiaient la vitesse de circulation et de manipulation, ce qui nous semble aggraver les niveaux vibratoires et le risque d’accident. Les TEP Généralement, le diamètre des roues est plus faible que sur les chariots automoteurs et elles sont revêtues de bandages en élastomère. Certaines plates-formes sont équipées de tapis « amortisseurs ».

Un exemple de TEP

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Ils sont de plusieurs types :

• les longues fourches permettent la préparation de commande sur deux palettes à la fois ;

• les « préparateurs de commandes » avec possibilité de lever électriquement les fourches à hauteur d’homme. Ils sont globalement très appréciés des salariés car ils diminuent de 50 % au moins les positions penchées difficiles et aident à la manutention des palettes vides qui sont alors faites avec l’appareil ;

• le « préparateur de base », dérivé du transpalette à conducteur à pieds : le poste de conduite peut faire partie du châssis avec une possibilité d’appui fesses ou lombaires ou être constitué par une plate forme repliable sans appui possible.

1-4. Les PRODUITS

Les produits interfèrent dans le processus de travail de par leur encombrement, leur forme et leur volume. L’inertie liée à leurs masses est en relation directe avec les phénomènes vibratoires. La nature des produits est très variable : alimentaire (produits secs, yaourts, surgelés, …) avec des contraintes spécifiques de délais, en rapport avec les dates de consommation ; non alimentaire : produits de la maison (lessives, bazar…) induisant des conditionnements particuliers et/ou volumineux.

Les marchandises sont généralement stockées sur palettes soit en masse comme pour les eaux minérales, … soit en rayonnages. Le rôle des personnels est de réceptionner, de stocker, de préparer et d’expédier les produits commercialisés. Nous sommes en présence d’espaces de travail de grandes dimensions, avec des hauteurs de gerbages aux alentours de 10 à 12 mètres voire plus. Les sols interviennent par leur nature et leur qualité. Les matériels utilisés sont différents principalement avec ou sans amortisseurs. Les produits

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manipulés interfèrent dans le process de travail par leur encombrement. Nous sommes souvent confrontés à des ambiances thermiques froides. 2. Les OBSERVATIONS et la DESCRIPTION du TRAVAIL

2-1 Les METIERS ANALYSES Dans les entrepôts, les deux métiers principaux sont cariste et préparateur de commandes. Nous avons repris la terminologie utilisée dans les entreprises. Elle fait la distinction entre l’activité sur chariot automoteur capable de gerber et de transporter les charges palettisées et le préparateur de commande qui « monte » les produits sur palettes et assure leurs transferts. Le CARISTE Il est chargé d’assurer à l’aide d’un chariot automoteur à conducteur porté, le déplacement de charges, de produits palettisés, le chargement et le déchargement de marchandises des camions, le gerbage à des hauteurs de plusieurs mètres, le remplissage des rayonnages, l’approvisionnement des zones de prélèvements ou de « picking », l’enlèvement ou l’approvisionnement de palettes vides... Le PREPARATEUR de COMMANDES Son travail est de constituer les palettes représentant les commandes clients des différents magasins. Cette opération s’effectue au niveau du sol (niveau zéro des paletiers) en prenant les colis les uns après les autres et en les assemblant sur une palette. Une fois celle-ci formée, elle nécessite d’être filmée pour lui donner la stabilité nécessaire pour les transports. Les commandes en préparation sont transportées par les salariés embarqués sur des TEP uniquement.

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Dans certains cas, les préparateurs sont amenés à charger les camions. Dans le cadre d’organisation particulière du travail, nous avons observé des opérateurs pour qui le transfert de palettes à l’aide de TEP, en chargement de camions ou de remorques, est l’essentiel du travail. Cette division en deux métiers nous semble quelque peu artificielle et cache une complexité des tâches et des contraintes dont l’analyse ne nous est pas apparue évidente. Dans les deux cas, les mêmes obligations s’appliquent et sont rappelées dans la partie prévention.

2-2 L’ANALYSE de l’ACTIVITE REELLE Nous avons décomposé, par choix arbitraire l’activité en plusieurs opérations : roulage, gerbage, chargement et déchargement des camions et des remorques, préparation de commandes (picking), manutentions : filmage, nettoyage, balayage… travail informatique : gestion de stocks, des arrivées et des départs… Nous avons tenté de faire une description des opérations elles-mêmes et des contraintes subies par les hommes. Le ROULAGE L’opérateur déplace les marchandises avec un chariot ou un TEP. Dans notre acception, cette opération s’effectue entre le stockage intermédiaire d’entrée et de sortie. Les conducteurs au cours de leur travail adoptent des postures « tordues » liées à la recherche d’informations visuelles. La conduite avec un chariot automoteur, quand la charge est située devant, s’effectuera en marche arrière dans le cas de charge haute. La conduite est effectuée en position assise sur les chariots et (plutôt) debout ou appuyée sur les TEP ce qui amène les opérateurs à prendre des positions cervico-dorsales ou lombaires dommageables.

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Circulation dans les allées

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Le GERBAGE C’est la mise à hauteur (jusqu’à 12 mètres environ), la dépose ou la reprise des palettes dans les rayonnages ou la mise en place des palettes les unes sur les autres dans le stockage de masse.

Le gerbage de palettes

La recherche d’informations visuelles contrariée par les mâts des chariots génère des mouvements de rotation, de flexion-extension (tête levée, amplitude maximale), de flexion latérale du rachis cervical et lombaire.

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Le CHARGEMENT et le DECHARGEMENT Ces opérations consistent à : sortir les marchandises des camions pour les stocker dans l’entrepôt, transporter les commandes préparées pour les magasins, du stockage intermédiaire de sortie vers les camions ou les remorques.

Les contraintes posturales et/ou gestuelles rachidiennes sont identiques à celles du roulage ; notons que les marche arrière des chariots ou des TEP sont plus nombreuses. Les entrées et les sorties des camions ou des remorques, l’abord des quais sont à l’origine d’impacts importants subis par les matériels et transmis sous forme de secousses à leurs conducteurs.

Entrée dans un camion

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La PREPARATION de COMMANDES Il s’agit essentiellement de la manipulation et de la manutention de colis. La préparation consiste, à partir d’une commande spécifiée par un magasin ou par une entreprise… à la prise de produits, à leurs « positionnements », pour constituer les palettes avant expédition. La prise répétée de charges sur palettes à même le sol, la configuration des rayonnages ou des lisses, parfois positionnées trop bas entraînent des postures inadaptées et sont sources de pathologies rachidiennes. Les MANUTENTIONS CONNEXES Il s’agit d’un ensemble de manutentions qui consistent en déplacements manuels de palettes, filmage des palettes préparées, nettoyage du sol… La manutention de palettes vides d’un poids d’environ 10 à 15 kilogrammes est difficile, l’encombrement (80 x 120) rend la saisie malaisée. Il faut pour les déplacer, assurer une prise manuelle dans des postures diverses et peu pratiques. Le soulèvement pour les ranger et/ou pour les repositionner implique des contraintes posturales et rachidiennes pathogènes. Le film plastique est chargé de maintenir la stabilité des produits sur la palette. Le filmage, lui, consiste pour le salarié à entourer les marchandises préparées. Généralement, il démarre le filmage au niveau de la palette elle-même et tourne autour de celle ci plusieurs fois pour terminer lorsqu’il arrive à la dernière couche de produits. L’opérateur débute le filmage en flexion antérieure accentuée du buste pour se terminer en extension du corps et des membres supérieurs ; le tout s’effectuant par un mouvement de déplacement rapide. L’engagement physique apparaît important, il serait peut être souhaitable de le confirmer par une évaluation du coût cardiaque. Certains salariés pratiquent l’ordre inverse, du haut vers le bas.

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Le filmage assisté, par l’économie gestuelle qu’il permet, offre une amélioration très sensible des conditions de travail. L’activité des plates-formes logistiques a vu se développer l’utilisation de l’outil informatique du type prise de commande et saisie d’informations sur écrans. L’actuelle mise en place de l’informatique embarquée, les nouvelles technologies liées aux appareils à commandes vocales ne devraient pas simplifier la problématique « entreprise-opérateur-poste de travail » !!! Dans cette analyse de l’activité réelle, le paramètre vibration est prépondérant dans certaines phases de travail, c’est le cas du roulage, du gerbage, du chargement-déchargement. Au cours des autres phases, préparation de commandes et manutentions connexes, ce sont les manutentions qui dominent. 3. Les MESURES sur le SITE La finalité des mesures, en particulier, celles liées aux objectifs de prévention ou de confort au poste de travail comporte plusieurs aspects : évaluation des risques encourus par les salariés : conducteurs caristes et conducteurs de TEP ; estimation des atteintes à la capacité de travail et/ou à la santé... ; chiffrage de l’intensité vibratoire des matériels par catégorie, par typologie... contrôle des valeurs annoncées par les constructeurs... réalisation d’un diagnostic : état des lieux, recherche des causes, des moyens de remédier aux contraintes vibratoires (au moins celles supérieures aux valeurs limites).

Le choix des matériels de mesure est dicté par les conditions des prélèvements en entreprise : configurations différentes, ambiances très

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contraignantes, par exemple dans les ateliers de préparation de produits frais ou surgelés. Les mesures enregistrées sont ensuite dépouillées en laboratoire. L’évaluation de l’exposition humaine aux vibrations, utilise une chaîne de mesures constituée de capteurs, d’amplificateurs, de filtres de pondération, de système de moyennage et un dispositif indicateur ou enregistreur. Pour l’essentiel, ces mesures peuvent être effectuées : pour estimer la dose des vibrations transmises à l’ensemble du corps (pour des vibrations basse fréquence), lors de conditions habituelles de travail ; le système main - bras, lui est concerné par les vibrations hautes fréquences ; pour vérifier, à l’occasion de contrôles périodiques si le matériel reste conforme aux indications du constructeur ou aux exigences de l’acheteur.

Les mesurages ont été faits sur chariots et TEP dans l’intention de comparer les risques entre ces deux types d’engins.

3-1 Les MATERIELS de MESURES UTILISES

Les niveaux vibratoires aux postes de conduite ont été évalués à l'aide d'un vibromètre ACLAN, type MVT 95 (n° 96068). Les mesures ont été relevées suivant les axes orthogonaux définis dans la norme NF E 90-401, modifiée en Avril 2001. Celle-ci porte sur l’évaluation de l’exposition des individus à des vibrations globales du corps. Pour les chariots élévateurs, la cupule est placée sur l’assise du siège du conducteur : on mesure alors les vibrations suivant l’axe vertical (Z) et horizontal avant - arrière (X) ou horizontal transversal (Y) pour l’opérateur (suivant l’orientation de la cupule).

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Le bloc aimanté est posé sur le plancher de la cabine, au plus près du siège : on mesure ainsi les vibrations suivant le même axe vertical (Z) ou (Z2), ce qui nous permet d’obtenir le facteur de transmission des vibrations du siège (nommé SEAT). Dans la mesure du possible, les mesures ont été faites avec la suspension du siège réglée au poids de l'opérateur. Pour les transpalettes électriques portés, TEP, à conduite debout, la cupule contenant deux accéléromètres est maintenue sur le tapis où se positionnent les pieds des opérateurs : on mesure ainsi les vibrations suivant l’axe vertical (Z) et horizontal droite - gauche (Y).

Le bloc aimanté contenant le dernier accéléromètre est posé sur la façade avant du poste de conduite : on mesure ainsi les vibrations suivant l’axe horizontal avant - arrière (X).

Dans certains cas, des enregistrements de signaux vibratoires ont été effectués en parallèle de ces premières mesures. Ceci nous a permis de construire des profils vibratoires sur une durée plus longue et nous a permis d’objectiver plus précisément certains pics vibratoires. L’accéléromètre utilisé était un modèle triaxial, Brüel et Kjær type 4322 (n° 1558163) relié à un amplificateur de charge Brüel et Kjær type 5974 (n° CIMPO 95066) lui-même raccordé à un enregistreur magnétique -SONY PC 204A (n° CIMPO 95065).

Le calibrage de cet accéléromètre a été réalisé à l’aide d’un calibre Brüel et Kjær type 4294 (n° CIMPO 95078).

Les enregistrements ont été dépouillés à l’aide de l’analyseur Brüel et Kjær type 2123 (n° CIMPO 91034). Dans le cas de travail en ambiance froide avec des températures positives ou négatives, des mesures complémentaires, indicatives ont été prises avec

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la sonde thermométrique d’un appareil TSI Vélosicale, type 8355 (n° CIMPO 89083).

La chaîne de mesures

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3-2 Les RESULTATS des MESURAGES et COMMENTAIRES

3-2-1 Les NIVEAUX VIBRATOIRES

6 8 M e s u r e s e f fe c tu é e s

1 6 > à 0 ,4 0 m /s ²

9

1 6 2 5 < à 0 ,5 0

> à 1 ,1 5 m /s ² ( T E P )

7V L E

e n t r e 0 ,5 0 e t 1 ,1 5 m /s ²

3 6

V E D A C

VEDAC : Valeur d’Exposition Déclenchant l’Action comprise entre 0,50 m/s² et 1,15 m/s². VLE : Valeur Limite d’Exposition à partir de 1,15 m/s². La lecture de la distribution des mesures objective une prépondérance de résultats élevés. Nous avons fait 68 mesures, parmi celles ci : 7 sont supérieures à 1,15 m/s², elles concernent toutes des TEP ; 36 sont comprises entre 0,50 m/s² et 1,15 m/s²; 25 sont inférieures à 0,50 m/s², parmi celles-ci, 16 mesures se situent à plus de 0,40 m/s².

Les valeurs obtenues correspondent à des enregistrements sur quelques minutes de séquences particulièrement vibrantes. Il est probable que des enregistrements sur de plus longues durées auraient donné des valeurs moyennes plus faibles.

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Les vibrations selon les axes

L’observation du résultat des mesures sur les trois axes montrent une prépondérance des vibrations sur l’axe Z, ou axe vertical (pieds tête ou fesses tête). Sur les deux autres axes, il y a prépondérance de l’axe Y (axe transversal : côté droit à côté gauche) par rapport à l’axe X (postéro-antérieur ou dos poitrine). Ceci tend à affirmer que les vibrations les plus importantes se situent dans la verticalité de l’engin : axe Z, qu’il existe des vibrations notables dans l’axe transversal Y et que celles situées sur l’axe X sont de valeurs plus modérées. Nous posons là une question : avons nous là une caractérisation propre à l’activité dans les entrepôts logistiques ? Le développement, sur l’axe transversal n’a pas d’explication simple, peut être y-a-t’il un lien avec les systèmes d’amortissement ? Une variation minime de l’environnement du matériel et/ou de l’attitude de l’opérateur dans sa conduite génère un rapide dépassement des valeurs d’exposition. Par ailleurs, nous avons constaté que la présence « d’obstacles » : joints de dilatation, déchets de palettes-bois, « ponts » de liaison, irrégularités du sol…, a, sans conteste, un rôle néfaste. L’Influence de la vitesse :

la vitesse en elle-même est un facteur évident d’augmentation du niveau vibratoire donc des impacts supportés par les opérateurs ; elle apparaît dans certaines situations de travail, en particulier dans le roulage à vide ; elle est une conséquence du comportement individuel et peut être rapportée à plusieurs éléments dont la pression temporelle, l’aspect ludique, voire la recherche de sensations, le « défoulement », en particulier, dans le cadre de populations jeunes.

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Les difficultés d’appréhension globale du temps réel d’exposition et de l’influence des pics Dans certains cas, les salariés affectés en permanence à une même tâche ont une activité relativement uniforme. Dans d’autres cas, les opérations réalisées sont variées : roulage, gerbage, préparation de palettes, manutentions, … Les phases de travail soumettent les caristes à des niveaux vibratoires très différents comme le démontrent nos mesures. De ce fait, évaluer et interpréter avec précision l’exposition réelle aux vibrations ainsi que ses effets sur la santé est difficile. En outre, il convient de prendre en compte dans notre réflexion les pics vibratoires que nous avons mesurés. Ceux-ci ne sont sans doute pas sans conséquence sur le rachis des opérateurs.

3-2-2 Les COTES d’ALERTE

Elles représentent la durée estimée à partir de laquelle un niveau vibratoire est susceptible d’engendrer des risques pour la santé des opérateurs.

2 3 m e s u r e s s u r l e s c h a r io t s

9

1 0

4 1 m e s u r e s s u r l e s T E P5

5 < à 1 h e u r e

9

1 4 c o t e s d ’ a l e r t e< à 8 H

1 2

1 9

3 1 c o t e s d ’ a l e r t e< à 8 H

1 2 < à 1 h e u r e

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La durée d’exposition est bien celle subie quand le travailleur est effectivement exposé aux vibrations. Fréquemment le travail est composé de tâches d’autres natures, réduisant d’autant le temps d’exposition. Dans notre approche, les mesures ne caractérisent pas un engin (chariot ou TEP) mais des matériels lors d’opérations différentes. Pour les chariots automoteurs, nous avons 23 mesures : 9 autorisent une activité a priori, sur une durée de plus de 8 heures sans conséquence négative sur la santé, 14 mesures présentent une cote d’alerte inférieure à 8 heures, parmi celles-ci, 5 de moins d’une heure (certaines de l’ordre de quelques minutes).

Pour les TEP, nous avons relevé 41 mesures : 10 permettent un temps de travail de 8 heures, 31 autres affichent une cote d’alerte inférieure à 8 heures, parmi celles-ci, 12 de moins d’une heure (certaines de l’ordre de quelques minutes).

Les meilleurs résultats sont obtenus avec les engins les plus récents voire du matériel neuf. La précocité des côtes d’alerte et temps d’exposition La précocité des cotes d’alerte n’a pas été sans nous étonner et nous interroger. Ce constat surprend par sa sévérité, il est alarmant même. Il est probable que cette réflexion soit généralisable et s’applique à bon nombre de plates-formes logistiques. On peut souhaiter que des salariés, des membres de CHSCT, des décideurs s’emparent de ces résultats pour initier et déclencher des actions préventives. Les valeurs, autorisant une activité sur plus de 8 heures, démontrent, sans conteste possible, qu’il existe pour la prévention une voie, ne serait-ce que dans le choix de matériels moins vibrants.

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3-2-3 Le FACTEUR de TRANSMISSION : « SEAT » Le « SEAT » représente le facteur de transmission des vibrations. Il permet de connaître la capacité d’atténuation ou d’amplification vibratoire du siège pour les chariots et par extension des plates formes pour les TEP. Il est exprimé en pourcentage.

Facteurs « SEAT » chariots

5

d e 3 0 à 4 0 %

5

A m p l i f i c a t i o n

2 6 M e s u r e s e f f e c t u é e s

5 d e 0 à 1 0 %

A t t é n u a t i o n s

6

d e 2 0 à 3 0 %

5

d e 1 0 à 2 0 %

Pour les chariots automoteurs, nous avons fait 26 mesures dont certaines concernent les mêmes sièges mais pour des opérations différentes. On note une atténuation des niveaux vibratoires : 30 à 40 % pour 5 mesures, 20 à 30 % pour 6 mesures, 10 à 20 % pour 5 mesures, 0 à 10 % pour 5 mesures.

On remarque une amplification des résultats pour 5 cas.

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Facteurs « SEAT » TEP

2 7 M e s u r e s e f f e c t u é e s

d e 3 0 à 4 0 %

2

d e 2 0 à 3 0 %

1 3

d e 0 à 1 0 %

6

A t t é n u a t i o n s

a m p l i f i c a t i o n

1

d e 1 0 à 2 0 %

5

Pour les TEP, nous nous avons relevé 27 mesures. On constate une atténuation de : 30 à 40 % pour 2 mesures, 20 à 30 % pour 13 mesures, 10 à 20 % pour 5 mesures, 0 à 10 % pour 6 mesures.

Et nous retrouvons un cas d’amplification des vibrations. La capacité d’amortissement des vibrations en général est à son maximum lorsque la charge de l’engin est la plus importante. Les valeurs sont globalement plus importantes à vide. Ceci semble principalement lié à la vitesse de conduite des engins. L’atténuation d’un siège est plus forte lorsque le niveau vibratoire du corps de l’engin est élevé. Sur les TEP récents, les mesures faites sur les plates-formes montrent une réduction intéressante mais qu’il convient d’améliorer par conception. Pour les chariots, le siège se doit de participer à la filtration des vibrations or nous avons pu constater des cas de transmission intégrale. Cela nous ramène à la nécessité de la surveillance, de l’entretien des sièges par l’entreprise et de leur réglage par les opérateurs.

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Le facteur « SEAT » est insuffisant pour ramener ces valeurs en deçà des limites d’exposition. Le choix du siège, dans sa qualité antivibratile, est fondamental mais n’est pas suffisant. En conséquence, ces éléments nous invitent à une réflexion plus globale des conditions d’utilisation sur sites des TEP et des chariots, ainsi que sur la nécessité de la réduction intrinsèque de leurs émissions vibratoires par les concepteurs et les constructeurs.

3-2-4 QUELQUES SITUATIONS PARTICULIERES Lors de la prise de mesures, nous nous sommes intéressés à quelques situations de travail particulières. Il a été jugé intéressant de « contrôler » un TEP en attente de réparation. Celui ci présentait un galet d’entraînement défectueux. Il a été mesuré, 3,40 m/s², en aeq, (roulage à vide et en charge). La cote d’alerte est inférieure à 1 minute. Ceci démontre à l’évidence l’importance de la maintenance de l’engin mais aussi de ses composants, des roues et de leurs bandages.

Mauvais état du bandage

77

Nous avons noté quelques valeurs : roulage sur anfractuosités au sol au niveau de l’axe vertical, à vide : pics autour de 4 m/s², en charge autour de 2,5 m/s², roulage sur une cornière de regard, en charge : 0,65 m/s² et à vide : 0,9 m/s².

Entrées et sorties de camions Une attention particulière a été apportée aux activités de chargement et/ou de déchargement des camions lors des passages sur les quais. L’organisation du travail peut prévoir le remplissage des camions ou des remorques comme tâche exclusive des opérateurs. Nous avons compté de 300 à 700 entrées et sorties/jour soit autant d’impacts vibratoires subis. Ceux-ci ne sont certainement pas sans effet pathogène rachidien dans le temps. De plus, dans certains cas, les niveleurs de quais ne reviennent pas automatiquement à niveau dans la caisse du camion et pour se faire les salariés « sautent » à pieds joints pour faire descendre l’appareil !!! Les pics vibratoires générés sont très importants. Nous avons relevé, sur l’axe vertical Z, des valeurs de 4 à 7 m/s². Ces faits nous interrogent fortement ! Ces « chocs » appellent une réflexion à la conception des jonctions entre les quais et les camions et l’entretien régulier des voies de circulation. L’amélioration de la qualité de ces « ponts » constituera un élément clé de la prévention de l’apparition des pathologies rachidiennes au titre du tableau n° 97. Ces mesures confirment nos interrogations de départ concernant le risque lié aux vibrations dans les entrepôts logistiques. Nous retrouvons un nombre significatif de mesures au dessus des « normes », les TEP se distinguant plus particulièrement.

78

Nous avons été étonnés de trouver des cotes d’alertes très précoces. Le facteur de transmission « SEAT » indique une qualité de transmission très variable. Dans certains cas il y a même aggravation. Les mesures prises lors de situations particulières montrent des niveaux vibratoires très forts. 4. APPROCHE CHIFFREE de la POPULATION EXPOSEE

4-1 OBJECTIFS, METHODOLOGIE, QUESTIONNAIRE

4-1-1 OBJECTIFS Notre objectif était d’appréhender l’état de l’appareil locomoteur des conducteurs de chariots automoteurs et de TEP, ainsi que le rôle joué par l’activité professionnelle et les vibrations. Ce travail s’est fait dans le cadre particulier des plates formes logistiques. Nous avons voulu savoir si ces conducteurs :

souffraient du dos, avaient des arrêts de travail en relation avec une pathologie rachidienne, voire s’ils relevaient de la MP n° 97 (hernie discale avec sciatique), prenaient une thérapeutique régulière, étaient limités dans leurs activités extra-professionnelles : bricolage, jardinage, sport.

Nous avons tenté de rechercher une relation entre l’activité réelle et l’état de santé des travailleurs. Les dimensions comme le stress, les pressions liées à la tâche, … n’ont pas été intégrées même si, un moment, nous l’avions envisagé.

4-1-2 METHODOLOGIE Ce questionnaire a été construit à partir d’éléments fournis par la littérature et d’observations faites sur les lieux de travail. Il cherche à différencier

79

l’utilisation des chariots automoteurs de celle des TEP et à appréhender les phases de l’activité de travail : roulage, gerbage… Avant sa mise en place, il a été « validé » à raison de 5 salariés par médecin. Nous sommes bien conscients, a posteriori, des imperfections qu’il comporte, car la variabilité et la complexité du travail sont telles que ces items ont été difficiles à sérier. Au cours de l’année 2003, nous avons mené une enquête purement descriptive lors de la visite annuelle chez les 64 opérateurs d’entrepôts différents. Le questionnaire ci-dessous a été rempli conjointement par le médecin et l’opérateur après explications sur les objectifs de ce travail. Les résultats ont été analysés avec l’aide d’epi-info (logiciel permettant le traitement de ce type de données) et avec le concours d’un médecin épidémiologiste.

80

4-1-3 QUESTIONNAIRE GENERALITES Numéro de dossier : Date de naissance : Date de l'enquête : jour, mois, année, … Sexe : M ou F Taille (cm) : Poids (kg) : ACTIVITE PROFESSIONNELLE

Quel type de travail faites-vous ? Conduite de chariot automoteur :

roulage, %

gerbage, %

autres : préciser… %

Conduite de TEP:

chargement et déchargement de camions, %

préparation de commande, %

manutention, filmage de palettes % autres : préciser % Combien d'heures travaillez-vous par semaine ?

81

Depuis combien d'années effectuez-vous ce travail dans l'entreprise, dans d'autres entreprises ? Avez-vous eu un ou des métiers antérieurs ? ACTIVITE EXTRA-PROFESSIONNELLE

Avez-vous ou avez vous eu un sport de base ? Lequel ?

Le pratiquez-vous encore ?

Faites-vous du bricolage, du jardinage… Antécédents, commentaires : LOCALISATION des DOULEURS

Avez-vous eu des douleurs dans une de ces localisations ?

Le repérage par les salariés des zones de douleurs a été faite à partir d’une silhouette schématique type qui leur a été présentée. LOC 1 : rachis cervical LOC 2 : épaules LOC 3 : rachis dorsal LOC 4 : coudes LOC 5 : rachis lombaire LOC 6 : poignets, mains LOC 7 : bassin LOC 8 : genoux LOC 9 : chevilles, pieds QUESTIONS relatives aux DOULEURS Pour chaque localisation douloureuse les questions ci dessous ont été posées. Avez-vous déjà été blessé au niveau de la localisation signalée ?

82

Avez-vous dû changer d'emploi ou de tâches en raison de ces problèmes ? Avez-vous au cours des 12 derniers mois consulté un médecin, un

kinésithérapeute, tout autre spécialiste pour ces problèmes ?

Quelle est la durée totale, au cours des 12 derniers mois, de vos arrêts de travail en rapport avec ces problèmes ? Qu'est-ce qui, dans votre travail, semble aggraver vos douleurs ? Sur les 12 derniers mois combien de temps (en mois, … semaines, … jours, …) environ avez-vous souffert ? Sur une journée quand souffrez-vous ? H0 H8 H12 H20 H24 Quel est le moment d'apparition de vos douleurs depuis le début de votre travail ? H0 H2 H4 H6 H8 Comment évaluez-vous votre douleur actuellement ? 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Prenez-vous un traitement pour ces douleurs ? Portez-vous une ceinture lombaire, un collier cervical, une orthèse, … ? Il y a-t-il eu déclaration de maladie professionnelle ?

83

4-2 RESULTAT de l’ENQUÊTE DESCRIPTIVE de l’ETAT RACHIDIEN des OPERATEURS

L’exploitation des résultats du questionnaire nous a permis d’analyser successivement : la population : âge, sexe, ancienneté au poste, activité professionnelle, extra-professionnelle et les douleurs rachidiennes : localisation, intensité, …

4-2-1 La POPULATION : ses caractéristiques générales Âge, sexe

 G E 1 3 : + d e 4 5 a n s

5 1 : - d e 4 5 a n s

6 4 S a la r ié s e n q u ê té s

L’âge des opérateurs est représenté dans le graphique ci-dessus. Seulement 13 opérateurs sur 64 ont plus de 45 ans et 51 ont moins de 45 ans. Il s’agit donc d’une population relativement jeune. On constate l’absence de femmes dans ce type d’emploi pour notre population. Cette situation n’a pas d’explication évidente. On émet l’hypothèse que le rôle important de la manutention tend à les écarter de cette activité.

84

Taille, poids : IMC L’indice de masse corporelle (IMC) cherche à représenter le degré de maigreur ou de surcharge pondérale de l’individu. Il est établi à partir d’une relation entre le poids et la taille. Son calcul est fait selon la formule suivante : IMC = poids (en kilos) / taille, en mètre, élevée au carré, (m²). Il est souvent évoqué dans les problèmes rachidiens. Il existe une classification du risque pour la santé en fonction de l’IMC.

CLASSIFICATION CATEGORIE de l’IMC (kg en /m²)

RISQUE de DEVELOPPER des PROBLEMES de SANTE

Poids insuffisant < à 18,5 Accru Poids normal 18,5 – 24,9 Moindre

Excès de poids 25,00 – 29-9 Accru Obésité, classe I 30,0 – 34,9 Élevé Obésité, classe II 35,0 – 39,9 Très élevé Obésité, classe III > = 40,0 Extrêmement élevé

85

Il convient de ne pas oublier que pour le risque individuel, les habitudes de vie, la condition physique et la présence ou l’absence d’autres facteurs de risque pour la santé doivent aussi être pris en considération.

L’étude Obépi 2003, (enquête INSERM/ROCHE/TNS-Sofrès), a été réalisée du 28 janvier au 10 mars 2003. Celle-ci s’est centrée sur un échantillon représentatif de la population française, composée de 25 770 adultes âgés de 15 ans et plus. Les résultats montrent que 30,3 %, (soit environ 3/10) de la population présentent un surpoids et que 11,3 %, (soit environ 1/10) présentent une obésité. Le nombre d’adultes touchés par le surpoids et l’obésité est en augmentation, 41,6 %, (4/10) de la population est concerné en 2003 contre 30,7 %, soit 3/10 en 1997. Dans notre population de 64 sujets, seulement 16 sont en surpoids et 4 présentent une obésité.

IMC dans la POPULATION ETUDIEE

44

16

4

05

101520253035404550

18,5 à 24,9 25 à 29,9 35 à 39,9

INDICE de MASSE CORPORELLE

NO

MB

RE

de

SALA

RIE

S

86

Sur les 40 lombalgiques : 28 ont un poids normal, 10 sont en surpoids, 2 sont en obésité.

La comparaison avec les chiffres de la population générale, ci-dessus exposés, montre une moindre prévalence de surcharge pondérale. Nous n’avons pas constaté ni objectivé de relation congruente entre IMC et lombalgies. Les résultats sont à mettre en rapport vraisemblable avec l’âge des opérateurs, paramètre étudié ci-avant. Activité extra – professionnelle :

Dans cette population :

• 15 salariés font du sport, 48 du jardinage, 42 du bricolage, certains peuvent avoir plusieurs activités cumulées ;

• 7 n’ont pas d’activité physique extra-professionnelle déclarée.

IMC et LOMBALGIQUES

0

5

10

15

20

25

30

18,5 à 24,9 25 à 29,9 35 à 39,9

INDICE de MASSE CORPORELLE

NO

MB

RE d

e LO

MB

ALG

IQUE

S

Série1

87

4-2-2 ANCIENNETÉ dans le POSTE

A N C IE N N E T E 4 : d e + 2 5 a n s

1 0 e n t r e1 5 e t 2 5 a n s

5 0 e n t r e 0 e t 1 5 a n s

6 4 S a l a r i é s e n q u ê t é s

La majorité des salariés, 50 sur 64, a entre 0 et 15 ans d’ancienneté, le plus grand nombre, 23, se situant dans la classe 0 à 4 ans. En outre, 10 salariés se situent entre 20 et 39 ans d’ancienneté. On peut s’étonner qu’au delà de 25 années d’ancienneté on ne trouve que 4 opérateurs. Ces chiffres sont difficiles à interpréter, cependant nous pouvons poser plusieurs constats et hypothèses. Certaines entreprises étudiées n’ont pas d’ancienneté supérieure à quinze ans et dans les autres, on note une croissance importante des effectifs dans les dernières années. Il est vraisemblable que des sujets ont quitté leur travail pour des questions de santé, mais il est difficile de le démontrer avec les éléments de l’enquête. D’autres facteurs, comme l’historique de l’entreprise et son évolution, la politique de recrutement de certains groupes… sont susceptibles d’intervenir.

88

4-2-3 ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE

Comme nous l’avons vu précédemment l’activité se divise en : roulage : déplacement d’un opérateur et d’une palette d’un point à un autre ; gerbage : opération de dépose des palettes pleines ou vides l’une sur l’autre ou dans les racks ; chargement, déchargement : impliquent de nombreuses entrées et sorties dans les remorques de camion ; préparation de commandes : mise place manuelle des colis sur les palettes ; manutention : autres opérations comme la manipulation de palettes ; autres activités comme la gestion des commandes.

Notre approche chiffrée nous donne la répartition suivante :

REPARTITION des ACTIVITES

54

41

20

44 45

16

0

10

20

30

40

50

60

ROULAGE GERBAGE CHARGEMENT PREPARATION MANUTENTION AUTRES

ACTIVITES

NO

MB

RE

de S

ALA

RIE

S

OUI

NON

89

Le gerbage est uniquement réalisé à l’aide des chariots automoteurs. La préparation des commandes et la manipulation des colis est partie intégrante du travail des préparateurs avec TEP. Le chargement-déchargement des remorques et/ou des camions est assuré à hauteur environ de 98 % par les conducteurs de TEP, dans le cadre des entrepôts retenus. L’activité de roulage est faite (de façon indifférenciée au niveau de l’étude) par les chariots automoteurs et les TEP. Des opérations complémentaires de type prise de bons, gestion des commandes, mise en charge des engins, … sont communes aux deux métiers. L’observation de l’histogramme ne permet pas de conclusion aisée quant à la répartition des tâches. On pourrait être tenté d’interpréter les résultats en termes de polyvalence mais ce n’est sans doute pas le reflet de la réalité. Nos observations, nos questionnements du personnel lors de notre présence sur le terrain, notre connaissance de cette population, nous amènent à penser qu’il existe, dans certaines entreprises, une tendance à la spécialisation des tâches (par exemple des opérations de chargement et de déchargement des camions par des TEP).

90

4-2-4 LOCALISATION ANATOMIQUE des DOULEURS

Nous avons dénombré 40 lombalgiques, 11 cervicalgiques. Au cours de l’année enquêtée, ces pathologies ont été à l’origine de 18 arrêts de travail, 6 sont d’une durée supérieure à 2 semaines. Hors enquête, nous avons eu connaissance de 3 cas de MP (97-98). Au niveau du rachis cervical, les douleurs ne nous surprennent pas. Elles correspondent aux discours des opérateurs et aux postures adoptées, par exemple, lors des opérations de gerbage… Pour les membres inférieurs et supérieurs, il est retrouvé peu de douleurs. Les épaules sont concernées dans quelques cas. On peut se poser la question de la relation avec une pathologie du rachis cervical.

LOCALISATION des DOULEURS

11

57

0

40

1 1 2 2

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

L1: rachiscervical

L2 :épaules

L3 : rachisdorsal

L4 :coudes

L5 : rachislombaire

L6 :poignetsmains

L7 : bassin L8 :genoux

L9 :chevilles

pieds

LOCALISATIONS

NO

MB

RE

de S

ALA

RIE

S

91

4-2-5 AGE des SUJETS DOULOUREUX Le graphique ci-dessous montre un pic entre 30 et 34 ans, ce qui correspond à un plus grand nombre de sujets dans cette classe d’âge. Il nous paraît difficile d’aller plus avant dans cette réflexion.

4-2-6 ANCIENNETÉ dans le POSTE et DOULEURS LOMBAIRES

AGE des SUJETS DOULOUREUX

56

9

6 6

34

1

0

2

4

6

8

10

12

14

20 à 24 25 à 29 30 à 34 35 à 39 40 à 44 45 à 49 50 à 54 55 à 59

AGE

NO

MB

RE

de

SALA

RIE

S

DOULEURS et ANCIENNETE

23

9

18

4

6

12

1

0

5

10

15

20

25

0 à 4 5 à 9 10 à 14 15 - 19 20 - 24 25 - 29 30 - 34 35 - 40

ANNEES D'ANCIENNETE

NO

MB

RE

de S

ALA

RIE

S NOMBRE de SALARIES

DOULOUREUX

NON DOULOUREUX

92

La relation douleur sur le rachis lombaire et ancienneté dans le poste a été analysée. L’analyse des résultats tend à montrer une diminution régulière du nombre d’opérateurs en fonction de leur ancienneté dans le poste. Nous nous interrogeons sur l’influence, par exemple, de la politique de recrutement, de l’évolution historique des effectifs, de « l’autosélection » des salariés… Si l’on regarde une classe d’âge de salariés toujours présents au travail, le nombre de sujets douloureux semble augmenter en fonction de l’ancienneté dans le poste. Il est bien entendu que nos réflexions sont à pondérer vu le faible échantillon enquêté et ne peuvent constituer que des hypothèses de travail pour une éventuelle étude épidémiologique.

4-2-7 DOULEURS RACHIDIENNES et HEURES de la JOURNÉE de TRAVAIL

Nous avons trouvé intéressant de rechercher le moment d’apparition des douleurs lombaires sur la journée de travail.

APPARITION de la DOULEUR en FONCTION de l'HEURE de la JOURNEE de TRAVAIL

0

2

4

6

8

10

12

14

1 2 3 4 5 6 7 8

HEURES DE LA JOURNEE

NO

MB

RE

deSA

LAR

IES

93

En fonction de l’évolution du temps travaillé dans le poste, le nombre d’opérateurs douloureux augmente. Dans notre relevé de résultats on observe trois paliers. Dès la première heure, 12 salariés évoquent des douleurs rachidiennes mais leur nombre reste stable pendant les trois premières heures. A partir de la 4ème heure, des opérateurs non douloureux à l’embauche commencent à se plaindre, ils sont au nombre de 8. Le troisième palier concerne la sixième heure et se prolonge sur les septième et huitième heure. Chaque nouvelle heure fait apparaître un nombre non négligeable de salariés qui deviennent douloureux 5 à la sixième heure, 6 à la septième heure, 9 à la huitième heure. En fin de journée, 40 salariés sur 64 quittent leur poste lombalgique. Sur 64 salariés, 24 n’évoquent pas de douleurs sur leur poste de travail. Le rôle de la durée du poste au delà de 4 heures semble démontré. Cela constitue un argument d’importance pour le choix d’activité à temps partiel dans le cadre d’une visite de reprise du travail ou devant une décision d’aptitude restrictive (invalidité partielle) liée à des problèmes rachidiens.

4-2-8 INTENSITÉ de la DOULEUR ALLÉGUÉE

Nous avons utilisé une échelle auto-évaluative des douleurs.

INTENSITE de la DOULEUR

0

5

10

15

20

25

30

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

ECHELLE DE LA DOULEUR

NO

MB

RE

de

SALA

RIE

S

94

Le salarié qui se situe dans le degré 1 et 2 souffre d’une douleur légère, dans les degrés 3 et 4 d’une douleur inconfortable, dans les degrés 5 et 6 d’une douleur forte, dans les degrés 7 et 8 d’une douleur très forte. Il en ressort que 26 salariés évoquent des douleurs légères, 10 salariés allèguent des douleurs inconfortables et 4 salariés se plaignent de douleurs fortes ou très fortes. Ceci est loin d’être négligeable car 4/64 salariés sont au travail avec un haut niveau de douleur, soumis aux vibrations et/ou effectuant des manutentions.

4-2-9 DOULEURS et ACTIVITÉS

Nous avons tenté d’éclairer le lien entre les douleurs et les activités.

La plupart des opérateurs a une activité diversifiée. On ne constate pas une prévalence nette de douleurs de la région lombaire dans une activité par rapport à une autre.

DOULEUR et ACTIVITES

33

24

10

27 27

12

0

5

10

15

20

25

30

35

40

ROULAGE GERBAGE CHARGEMENT PREPARATION MANUTENTION AUTRES

ACTIVITES

NO

MB

RE

de

SALA

RIE

S

DOULOUREUX

NON DOULOUREUX

95

Cette enquête met en évidence une prévalence élevée de lombalgies. Pour la majorité, elles sont peu invalidantes, certaines plus graves mettent en jeu l’aptitude au maintien dans l’emploi. Ces résultats sont à mettre en parallèle avec les niveaux vibratoires mesurés et tendent à confirmer leur effet pathogène. Mais cela ne doit pas nous faire négliger, dans notre réflexion, la manipulation de charges inhérentes à ces activités. Au cours de l’année enquêtée, ces pathologies ont été à l’origine de 18 arrêts de travail, 6 sont d’une durée supérieure à 2 semaines. Hors enquête, nous avons eu connaissance de 3 cas de sciatique par hernie discale relevant de maladie professionnelle (tableaux n° 97-98).

*** Les six entrepôts logistiques au sein desquels cette étude a été réalisée sont représentatifs d’un mode de distribution actuel. Ils ont des spécificités mais aussi beaucoup de points communs : des effectifs allant de plusieurs dizaines à quelques centaines de salariés, des bâtiments de grands volumes, un éclairage souvent artificiel, peu de bruit, et des sols dont l’observation objective des causes très concrètes de vibrations. Les matériels utilisés relèvent, quand le conducteur est porté, principalement de deux catégories : les chariots sur lesquels l’opérateur est assis et les TEP où le conducteur est debout. On constate que les produits manipulés interfèrent avec les processus de travail. Deux métiers apparaissent : le cariste et le préparateur de commandes. Dans les deux cas, la variabilité et la complexité des opérations sont telles que la réflexion n’est pas d’emblée évidente. L’activité réelle se décompose en phases dont certaines sont très exposantes. Les mesures sur sites mettent en évidence des cotes d’alerte sur les deux type d’engins. Le facteur SEAT joue un rôle évident d’amélioration parfois d’aggravation.

96

L’enquête descriptive de l’état rachidien des opérateurs a été faite en parallèle des mesurages des vibrations. Elle confirme en quelque sorte ceux-ci au niveau des effets pathologiques, en particulier la prévalence des lombalgies dans la population concernée. Est–ce que le métier de caristes peut se concevoir sur le long terme dans le cadre d’un projet de carrière d’un sujet jeune ? La prise en compte du recul de l’âge de la retraite pose de façon aiguë la problématique de la prévention dans ce type de poste. L’approche de quelques mesures particulières montre des résultats susceptibles d’alerter les préventeurs. Ces éléments devraient inciter les entreprises à adopter une attitude plus active et plus engagée dans la lutte contre les effets des vibrations sur la santé des salariés.

97

III Les AXES de PREVENTION

Nos propositions d’actions préventives s’inspirent des observations diverses faites lors des investigations menées sur les lieux, sur les activités, sur les hommes. Nous les subdivisons en trois grands domaines : aspects techniques et informationnels, aspects santé au travail, aspects organisationnels. 1. Les ASPECTS TECHNIQUES et INFORMATIONNELS A travers l’ensemble des mesurages dont nous venons de parler, nous percevons l’existence lors des périodes de travail, de vibrations, de micros chocs, de secousses… transmis à l’opérateur par les engins. Les dispositifs de propulsion, les déplacements de matériels, l’état des sols, … en sont à l’origine. De ce fait, atténuer ces éléments pathogènes suppose une intervention sur les paramètres suivants :

les sols, les engins, les comportements humains, …

1-1 ACTION sur le DOMAINE BÂTI

Les SOLS Il est possible d’agir sur le facteur sol au moment de la conception et/ou, a posteriori, par correction de défauts et lors des phases d’entretien, de maintenance et de nettoyage.

1-1-1 CRITERES de CONCEPTION et/ou de CORRECTION :

La réflexion faite à la conception est fondamentale. La réalisation, elle, conduira à exiger une qualité de premier ordre pour l’exécution des sols : ceux ci seront lisses, exempts de surépaisseur... Certains points méritent une attention particulière :

98

La suppression ou le déplacement d’obstacles divers, plaques d’égouts, grilles d’évacuation et anciens vissages des racks. Ces interventions contribueront à réduire les chocs vibratoires. Le système de quai niveleur mériterait d’être étudié plus finement en particulier à la jonction entre les quais et les plate-formes des camions. La mise à niveau précise des camions et des quais, limitera les chocs lors des entrées et sorties des TEP dans les remorques. Ce point particulier ne peut être négligé. Le balisage au sol des allées de circulation par un marquage d’épaisseur continue (par exemple hachuré jaune et noir), limitera les bandes rugueuses saillantes sur le sol.

1-1-2 PHASES d’ENTRETIEN et/ou de MAINTENANCE :

L’entretien régulier des voies de circulation des engins dans les halls est indispensable. Les défauts dans les sols doivent être combattus : sols inégaux, usés, déformés, détériorés, fissurés, nids de poules, joints de dilatation en mauvais états : en creux, en surépaisseur, différence de niveau de chaque côté du joint, …

1-1-3 PHASES de NETTOYAGE : Des nettoyages réguliers et systématiques des surfaces de roulage seront programmés selon les besoins, à la semaine, à la journée, ou plus fréquemment. Pour la casse, une procédure d’enlèvement et de nettoyage rapide sera établie. Le ramassage « en temps réel » des obstacles de faibles dimensions et d’épaisseur : papiers, cartons, débris de palettes, cales bois, éléments de film plastique, ... reste primordiale. Nous avons observé que la présence de déchets au sol, le moindre morceau de bois ou de carton provoque des pics vibratoires importants qui sont transmis au rachis par les roues en polymère dur ou les pneus pleins.

99

1-2 ACTION sur les MATERIELS vers une REDUCTION à la SOURCE La priorité est la réduction ou élimination des vibrations à la source... par une conception judicieuse des engins eux-mêmes, de leurs constituants, (renforcement des structures), la modification de la transmission, par le découplage de l’engin par rapport au plancher, au siège... Une piste pourrait être d’agir au niveau des constructeurs pour qu’ils persévèrent à développer des préparateurs de commandes mieux suspendus. Le meilleur système anti-vibratile est obtenu avec un engin équipé d’une cabine suspendue (pour les chariots automoteurs) et muni de sièges à suspension ou d’une plate-forme amortie.

1-2-1 CHOIX du MATERIEL (ACHAT et/ou LOCATION) La protection de l’opérateur passe par une politique de choix des matériels. La création d’un cahier des charges à destination des revendeurs ou des loueurs est impérative. Nous pensons que cette attitude est aisée dans le cas de structures ou d’entreprises importantes et devrait être mise en œuvre dans les entreprises moyennes ou petites. Les opérateurs testeront les matériels envisagés, ils seront consultés avant toute décision d’achat ou de location.

Le choix d’un matériel de qualité, sélectionné pour ses capacités d’amortissement vibratoire est conseillé : chariots automoteurs équipés d’une cabine antivibratile montée sur silentblocs (réduction de la transmission des vibrations du moteur et du bruit). Il est nécessaire de veiller à la rigidité du capot-support sur lequel le siège est fixé. chariots et TEP possédant les caractéristiques vibratoires les plus basses. l’inclusion d’une clause sur la puissance vibratoire des matériels, en s’aidant, à titre de comparaison, des valeurs déclarées réglementairement par les constructeurs, reste pertinente.

100

Les meilleurs résultats sont retrouvés sur certaines marques de chariots récents. Nous espérons que les fabricants de chariots et de TEP ont intégré les enjeux santé au travail et incitent leurs bureaux d’études à avancer sur le sujet.

Dans ce cadre, nous pourrions imaginer des TEP disposant de système antivibratile. Par exemple, présence d’une suspension de la roue centrale ou d’un plancher véritablement amorti pour (les pieds de) l’opérateur. Dans une autre configuration, la roue centrale en polymère dur pourrait-elle être remplacée par un modèle de type pneu gonflé ? Cette action sur le type de monte de la roue permettrait de limiter les transmissions des chocs lors des phases roulage.

1-2-2 Le SIEGE Le siège d’un chariot, instrument de travail incontournable, est totalement intégré au poste. L’assise et le dossier maintiennent fermement le dos de l’opérateur. La suspension correctement réglée, filtre, en partie, les secousses provoquées par les défauts du sol. Dans son choix, il est nécessaire d’être attentif à l’ensemble de ses composants : qualité de la sellerie, type de la suspension, mécanique, pneumatique… elle sera adaptée à l’engin sur lequel elle est montée, présence de réglages, repérables et faciles d’utilisation…

Le siège muni de réglages, permettra au conducteur un ajustement individuel en fonction de sa taille et de son poids, autorisant un fonctionnement correct de la suspension selon l’axe vertical. C’est la condition de l’amélioration du confort de conduite. Il est nécessaire d’informer le conducteur des différents réglages possibles. Des sièges, qui ont été soumis à des tests vibratoires adaptés à la catégorie du véhicule, sont préférables (l’homologation est obligatoire pour les sièges de tracteurs agricoles neufs).

101

N’oublions pas qu’un siège détérioré ne filtre plus les vibrations et même, dans certains cas, est susceptible de les amplifier.

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Critères de choix d’un siège à suspension : selon brochure INRS ED 1373 La suspension : La suspension du siège est à sélectionner en fonction du type de chariot à utiliser en référence aux normes CEN sur les sièges de chariots et sur les chariots EN 13 059. Pour l’encombrement dans la cabine, la hauteur entre le siège non comprimé et le protège-conducteur sera d’au moins un mètre pour éviter le heurt de tête dans les structures. L’espace pour se mouvoir sous le volant sera suffisant : prévoir 10 à 15 cm entre le haut des genoux et la base du volant. « il faut savoir que la dimension entre l’assise et la plaque de fixation est d’environ 10 cm pour un siège compact et de 20 cm pour un siège non compact. » Le choix prendra en compte deux critères : (pour une capacité de charge des chariots inférieure à 5 tonnes), la fréquence de coupure sera de moins de 4 Hz et la course minimale du siège de 30 mm. La fréquence de coupure n’est pas toujours indiquée dans les notices techniques ; elle est alors à demander au fabricant. Il est indispensable de choisir des suspensions avec réglage de poids. La sellerie : ED 42 tableau II L’assise sera d’une largeur égale à 45 cm au minimum et d’une profondeur de 40 cm environ. Elle sera inclinée de 5° environ vers l’arrière. Le siège doit permettre un dégagement pour les jambes lors de la descente du véhicule. Le dossier sera d’une hauteur égale à 40 cm environ. Il s’arrêtera à la hauteur des omoplates, son inclinaison sera ajustable. Le dossier sera incurvé avec un réglage lombaire et l’assise galbée pour maintenir le cariste latéralement. La mousse du dossier ne doit pas être trop ferme et dans tous les cas moins que l’assise pour atténuer les vibrations avant-arrière. Les revêtements seront tissés et rainurés (si possible) pour éviter la sudation excessive.

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Le choix des sièges neufs est à adapter (en l’absence de norme sur les chariots, on recommande les sièges homologués CEE, tracteurs agricoles de catégorie A, classe II). Les réglages indispensables sont les suivants :

• le réglage du poids : l’ajustement du poids permet à la suspension d’être réglée à mi-course pour absorber les vibrations verticales.

Ce réglage est automatique pour les sièges à suspension pneumatique.

• le réglage de dossier, le réglage d’ajustement avant-arrière, le réglage de hauteur. Les caractéristiques des dispositifs de réglages du siège sont les suivants :

facilement repérables, intuitifs avec schémas, robuste et fiables, facilement accessibles en position assise et manœuvrables sans effort important, laisser un degré de liberté sous le volant.

1-2-3 ENTRETIEN, MAINTENANCE L’entretien et la maintenance supposent une approche rigoureuse dans le recueil des défauts signalés et le suivi technique des matériels. Nous insistons sur les points suivants : périodicité et régularité des opérations entretien-maintenance ; vérification systématique des suspensions de la cabine et du châssis, (composants vérifiés et lubrifiés selon les recommandations du constructeur) ; entretien du matériel par exemple par élimination des vibrations « parasites » de pièces insuffisamment fixées, de pièces usées...

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Il convient de ne pas négliger l’état des roues. Elles se déforment sous l’effet des charges : ce phénomène d’ovalisation génère par la suite des vibrations même sur un sol lisse et plat.

Les sièges usagés seront réparés en prenant soins de mettre des pièces d’origine pour éviter de modifier la « structure » et en conséquence la valeur vibratoire. Selon la brochure INRS ED 1373 (spécial mécaniciens) Il convient de : Vérifier le fonctionnement :

de course avant-arrière du siège dans ses glissières, des suspensions et leur état, du réglage de poids, de l’inclinaison du dossier, du réglage « des lombaires »,

… Lubrifier :

les glissières, les mécanismes de la suspension,

… Vérifier la qualité des fixations du siège sur son support rigide.

Remplacer les pièces usées par des pièces d’origine pour éviter de modifier les caractéristiques vibratoires des sièges.

Vérifier l’entretien de la sellerie : un siège a une durée de vie de 2 à 3

fois moins longue qu’un chariot !!!

Un siège usagé (réglages cassés, suspension bruyante, sellerie dégradée …) sera remplacé.

1-2-4 PRECAUTIONS dans l’UTILISATION des CHARIOTS

et TEP Pour réaliser leurs tâches le cariste et le préparateur de commandes :

peuvent avoir passé « un permis cariste », ce qui est un gage de qualification professionnelle voire de professionnalisation,

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doivent avoir une autorisation de conduite (Article 3 de l’arrêté du 2 décembre 1998) qui comporte les éléments suivants : un examen d’aptitude délivré par le médecin du travail, un contrôle des connaissances et du savoir faire de l’opérateur pour la conduite en sécurité de l’équipement de travail, une connaissance des lieux et des instructions à respecter sur le ou les sites d’utilisation.

Cependant, la recommandation R 389 de la Caisse nationale de l’assurance maladie préconise de ne confier la conduite de chariots qu’à des conducteurs dont les connaissances ont été reconnues par « un certificat d’aptitude à la conduite en sécurité » (CACES). L’effet pathogène des vibrations est fonction de la vitesse, de la durée dans l’utilisation, du réglage des sièges et de la posture des sujets. Il faut chercher à améliorer le confort et les postures des conducteurs. Dans cet ordre d’idée, on peut : réduire la durée de l’utilisation des engins, par exemple par rotation des postes. Ce qui est aussi une forme de protection de l’opérateur. rappeler aux salariés l’influence de la vitesse sur la genèse des pics vibratoires par exemple lors des entrées et sortie des remorques.

La vitesse sera adaptée aux conditions de circulation, à la densité du trafic, aux caractéristiques des sols... éviter les comportements à risque comme sauter de la cabine. chercher à améliorer postures et confort des conducteurs, c’est à dire :

- informer sur le comment s’asseoir, éviter le porte à faux lombaire et si possible les postures en torsion sur certaines opérations ;

- après une longue période de conduite, au maximum deux heures, nous recommandons aux conducteurs de mobiliser leur rachis par quelques mouvements d’étirement ; ils favoriseront la nutrition des disques ;

- informer et sensibiliser aux réglages des sièges. Les modèles pneumatiques s’adaptent automatiquement en position moyenne.

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On se réfèrera à la brochure INRS ED 1372 (spécial caristes).

Selon ce document, les réglages concerneront :

les paramètres liés à la taille et à la posture : inclinaison du dossier, réglage avant-arrière et en hauteur… l’adaptation de la suspension du siège au poids du conducteur : par la manette ou le bouton d’ajustement, en cours d’utilisation si besoin en était, pour supprimer un éventuel effet de talonnement.

Il faut : s’assurer d’avoir une distance permettant le passage facile des pieds d’une pédale à l’autre, de garder une distance minimale entre le volant et le haut des cuisses (12 à 15 cm) ; faire glisser le siège en avant ou en arrière pour adopter une position de conduite confortable ; …

1-3 AUTRES ELEMENTS

Voici des éléments complémentaires, facteurs de pathologies rachidiennes ; ils sont principalement liés à la manutention… La mise en place de distributeur de palettes dans les entrepôts limiterait des efforts de soulèvements fréquents de charges. Dans le cas de préparation de commande, la mise à disposition de chariots de « mise à niveaux » limite une partie des manutentions utiles au niveau du sol et les contraintes rachidiennes. Le filmage est une opération contraignante, à la fois sur le plan postural et sur le plan cardiaque, qu’il est possible d’améliorer par la mécanisation comme, par exemple, le filmage semi-automatique. La hauteur des lisses permettra le passage d’un homme « complètement debout » sans imposer de flexion du buste. Le travail dans les entrepôts frais et/ou surgelés génère des facteurs d’inconfort notables et peut augmenter le ressenti douloureux.

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Au delà de la complexité de l’analyse du travail, de l’interprétation des résultats des mesurages, il est possible de proposer des actions concrètes relativement simples. Cela concerne : le domaine bâti pour lequel le respect de critères de conception et de correction des sols s’impose, le choix et la maintenance des matériels avec mise en place d’un cahier des charges, respect des critères de sélection et de maintenance des engins, l’attention portée aux modes d’utilisation et aux comportements humains.

2. Les ASPECTS SANTE au TRAVAIL

2-1 La CONDUITE des EXAMENS CLASSIQUES L’examen clinique du cariste prend place en « médecine du travail », lors des différents types de « visites » définies par les textes réglementaires. Un des éléments importants est constitué par la notion de dangerosité pour les autres salariés, la décision d’aptitude passe de ce fait par des examens cardiologique, neurologique et sensoriel complets. Cette dimension du problème sort de notre propos. Nous nous sommes intéressés aux vibrations subies par les opérateurs et aux conséquences sur l’axe vertébral. La visite d’embauche sera plus spécifiquement le moment où l’on recherchera d’éventuelles contre-indications au poste de cariste. Les visites annuelles seront l’occasion d’un état des lieux santé et d’informations sur l’hygiène du rachis. Les visites de reprises, suivant un arrêt pour pathologie lombo-sacrée et/ou rachidienne autre, pourront être à l’origine de restrictions d’aptitude. Les personnels conducteurs de chariots automoteurs sont susceptibles de développer des pathologies de l’axe rachidien. En outre, les pathologies dégénératives du rachis, mais aussi les malformations et les troubles statiques présentés par celui-ci, sont de nature à retentir sur l’aptitude au poste.

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Il est donc indispensable de faire bénéficier ces personnels d’un examen systématique et correct du rachis dans son ensemble. De plus, ce sera l’occasion d’une information prévention. Le déroulement de l’examen médical comportera les phases classiques : interrogatoire, examen clinique (signes généraux, examen du rachis), examens para cliniques. L’indication des examens d’imagerie sera discutée par la suite.

2-1-1 L’ENTRETIEN Face à un problème lombo-sacré, il est intéressant de rechercher la notion d’activités non professionnelles (sport, jardinage, bricolage). Comme cela est bien connu, ces activités ne sont pas sans incidences sur le rachis. La pratique d’un sport violent dans les antécédents (par exemple le rugby) serait un élément plutôt péjoratif, surtout si elle est associée à une plainte actuelle. Paradoxalement, la pratique habituelle d’un sport peut être considérée comme un argument positif. Le jardinage, les travaux de maison ne peuvent être assimilés comme des éléments favorables. Il faut rechercher dans les antécédents la présence de lumbagos répétés (plus de 4 ou 5), de sciatique vraie (c'est-à-dire ayant duré plus de 4 semaines), ces affections constituant des éléments péjoratifs. Certains salariés évoquent le port de ceinture lombaire, cette pratique n’est pas à rejeter en soi. Elle peut même parfois être utile, mais elle reste particulièrement accessoire par rapport à l’amélioration des conditions de travail, vibrations et manutentions. Par ailleurs, chez un sujet se plaignant de son dos, spontanément ou à l’interrogatoire, il est facile de déterminer l’étage de la souffrance : rachis cervical, dorsal, lombaire. Cette douleur doit être précisée dans son mode de début, son horaire, son siège exact ainsi que dans ses irradiations. Les circonstances déclenchantes, surtout si elles sont professionnelles sont particulièrement intéressantes à analyser.

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2-1-2 L’EXAMEN CLINIQUE L’approche clinique relève de la recherche de signes généraux et locaux, de plus, nous ne devons pas oublier de considérer le rachis dans son ensemble.

Signes généraux

Dès que les valeurs d’exposition sont dépassées, nous pensons que ces postes sont plus particulièrement déconseillés aux salariés de moins de 18 ans et contre indiqués pour les femmes enceintes. L’évaluation d’un éventuel degré de surcharge pondérale ou d’obésité, par l’intermédiaire d’une mesure de la taille, du poids, et par le calcul de l’IMC est nécessaire. Il est certain qu’un IMC supérieur à 25 constitue un facteur péjoratif. Dans ce cadre, des conseils diététiques auront une utilité préventive des lombalgies.

Examen du rachis

Nous avons choisi de parcourir l’examen systématique du rachis de haut en bas. Nous le commentons en fonction de ce que nous connaissons de la spécificité du métier de cariste. Il existe des signes rachidiens globaux utiles à rechercher :

• observation des inflexions latérales du rachis : on doit constater une harmonie des deux côtés (symétrie), l’absence de symétrie traduit parfois une attitude antalgique.

• douleur provoquée par la mise en hyperlordose accentuée : elle traduit souvent une arthrose interapophysaire postérieure.

Le RACHIS CERVICAL Cette partie de la colonne est sollicitée :

- dans les rotations, plutôt par la conduite, - dans la flexion-extension, dans le cadre du gerbage.

Il faut signaler le cas particulier des chariots à conduite latérale. L’examen du rachis cervical passe par l’interrogatoire à la recherche d’une éventuelle douleur et sa caractérisation (mode de début, horaire, circonstances déclenchantes parfois professionnelles, siège et irradiations).

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L’inspection peut mettre en évidence une attitude antalgique, une raideur, l’étude de la statique peut objectiver une hyperlordose, une perte de lordose, une scoliose. L’étude de la mobilité passive se fait sur une personne en décubitus dorsal, tête pendante hors du plan d’examen, soutenue par les mains du médecin. On étudie : les mouvements antéropostérieurs, normalement le menton touche le sternum, les mouvements de rotation (70°), les mouvements d’inflexion latérale (45°).

La palpation amène des informations sur l’état musculaire (contractures). L’examen général ainsi que celui des épaules ne peuvent être négligés. Le RACHIS DORSAL Le rachis dorsal est moins souvent incriminé. D’ailleurs, 20% des douleurs de cette région ne seraient pas d’origine rhumatologique. Une plainte dans cette région chez un conducteur de chariot automoteur doit nous faire nous interroger et évoquer une cause viscérale éventuelle (ulcère, oesophagite, affection coronarienne, péricardique, aortique ou pleuro-pulmonaire, …). Cette cause peut être sans rapports évidents avec l’activité professionnelle. La statique s’apprécie debout : de profil, on peut mettre en évidence une cyphose dorsale, son objectivation est optimisée, si le sujet est placé le dos à un mur talon et fesses appliqués contre le plan vertical ; de dos, on peut apprécier une scoliose, la présence d’une gibbosité en est la traduction classique.

Le RACHIS LOMBO-SACRE C’est la partie du rachis le plus souvent incriminée. Classiquement, la plainte liée au rachis lombo-sacré est le motif le plus fréquent de consultation rhumatologique. Elle est aussi très souvent évoquée lors des visites des caristes manutentionnaires en santé au travail.

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Il est important de distinguer les douleurs de type :

• inflammatoire nocturnes ou matinales, • mécanique qui pourront être en rapport avec les contraintes du

poste, dans ce cas elles apparaissent ou s’aggravent au cours de la journée de travail.

Il faut se rappeler qu’en matière de sciatique ou de cruralgie on peut se trouver en présence de douleurs nocturnes. Il est important d’essayer d’apprécier la part de gêne fonctionnelle et rester conscient du rôle majeur joué dans le milieu de travail par les paramètres psychoaffectifs. L’importance des contraintes physiques du métier, mais aussi le contexte familial, social et professionnel (accident de travail, conflit ou procédure avec l’employeur) n’est pas neutre. La douleur en barre classique, lombaire basse ou para-vertébrale peut présenter des irradiations qui doivent être analysées. On peut ainsi distinguer alors les divers types de radiculalgies : les sciatiques L5 ou S1 ainsi que la cruralgie témoignant d’une atteinte plus haut située. L’inspection pratiquée sur un sujet en slip, pieds légèrement écartés permet d’apprécier l’équilibre général, la symétrie du bassin (présence de bascule ou non). Elle objectivera une attitude antalgique ou non, la qualité des courbures (atténuation ou accentuation de celles-ci), l’existence d’une scoliose lombaire.

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La flexion antérieure du buste met en évidence une possible attitude antalgique, une gibbosité témoin de la présence d’une scoliose. Il faut se méfier de l’appréciation de la distance main-sol qui met aussi en jeu la souplesse coxo-fémorale. L’indice de SCHOBER permet une bonne appréciation de la souplesse lombaire. Dans un examen normal il passe de 10 cm à 15 cm. Un indice inférieur à 13 ou 14 cm traduit à coup sûr une raideur, il faut savoir l’interpréter car celle-ci n’est pas toujours pathologique. Les différentes manœuvres de latéroflexion, d’extension, éventuellement les rotations seront évitées en cas de suspicion de pathologie d’origine discale. Il faut rechercher un signe de LASÈGUE : fourmillements dans la jambe et le pied à l’élévation du membre inférieur permettant éventuellement de préciser l’étage rachidien. Il faut noter l’angle à partir duquel la douteur est produite. Le faux LASÈGUE doit être différencié, il entraîne une douleur lombaire pouvant traduire un problème discal, une arthrose postérieure ou simplement une absence de souplesse. Il est fondamental d’apprécier la mobilité des hanches et la symétrie de leurs mouvements. Il faut aussi rechercher un signe de LERI en cas de suspicion de cruralgie. L’examen des réflexes ostéo-tendineux doit les montrer symétriques, s’ils sont nuls, la manœuvre de JENDRASSIK peut être utile à pratiquer. L’examen neurologique peut comprendre la recherche d’un syndrome pyramidal ou de la queue de cheval.

2-1-3 Les EXAMENS PARACLINIQUES : Faut-il pratiquer dans le cadre des examens médicaux de santé au travail, des examens complémentaires ? Les examens complémentaires de base NFS, VS, électrophorèse des protides permettent de différencier les pathologies de type mécanique des pathologies inflammatoires. A notre sens et bien qu’il n’y ait pas de règle stricte chacun étant seul juge, leur prescription relève plutôt de la responsabilité du médecin traitant généraliste ou spécialiste.

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Hormis les cas de douleurs rachidiennes, que l’on peut penser symptomatiques d’une autre affection, les examens complémentaires (dont l’imagerie) sont indiqués en cas d’évolution négative et d’importante gêne fonctionnelle ou d’intervention chirurgicale envisagée. Ces examens sont parfois prescrits mais ils sont le plus souvent consultés dans le cadre de la médecine du travail. L’imagerie type scanner ou IRM fait partie du dossier du salarié et est le plus souvent examinée lorsqu’il commence à y avoir des problèmes touchant le potentiel professionnel de l’opérateur (par exemple, lors d’une visite de reprise). Les examens d’imagerie se subdivisent en trois groupes : les radiographies simples, incidences fondamentales. Un bilan radiologique de base peut se justifier chez un sujet :

• obèse, • présentant une attitude antalgique, • une niche à l’examen des épineuses, • une gibbosité, • une algie permanente, • des signes neurologiques, • des épisodes sciatalgiques répétés, • des lumbagos (plus de 5).

le scanner doit être considéré comme un examen préopératoire ;

l’IRM est un examen appelé par un tableau inquiétant.

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2-2 Les VISITES en SANTE au TRAVAIL et leurs SPECIFICITES

2-2-1 Les VISITES d’EMBAUCHE :

Tous les cas peuvent se présenter, tant dans le profil du poste, du cariste occasionnel au cariste plein temps, qu’aux différents types de chariots, du TEP au chariot de magasinage. La bonne connaissance du contexte de travail, des lieux autant que des outils est très utile. L’examen de l’appareil locomoteur peut-être l’occasion d’ouvrir le dialogue sur d’éventuels problèmes rachidiens susceptibles d’interférer avec le futur travail.

Une décision d’inaptitude ne peut, à notre sens, être prise que consensuellement avec le salarié. Le rôle du médecin étant plus un rôle d’information et d’explications amenant à une prise de décision qui, si elle est négative, se doit d’être comprise et acceptée par le salarié. Dans les cas de dangerosité pour les autres salariés, il n’est pas possible de suivre totalement ce type de démarche. Ceux-ci sont sans rapport avec notre travail.

2-2-2 Les VISITES ANNUELLES

Leur périodicité est désormais déterminée par le décret du 28 juillet 2004 sur la réforme de la médecine au travail. Les salariés non exposés à des risques professionnels spécifiques ont une surveillance médicale simple ou SMS avec examen tous les 2ans. Les salariés exposés à des risques professionnels déterminés par décrets ou arrêtés ont une surveillance médicale renforcée ou SMR avec examen tous les ans. Le décret du 4 juillet 2005 sur les vibrations mécaniques met en surveillance médicale renforcée les travailleurs exposés à une valeur d'exposition journalière supérieure à 0,5 m/s² pour les vibrations transmises à l'ensemble du corps. Si le médecin constate une affection résultant d'une exposition aux vibrations mécaniques, il en avertit le travailleur. L'employeur doit tenir compte de l'avis du médecin pour la mise en oeuvre de mesures tendant à

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supprimer ou réduire le risque, y compris l'éventuelle affectation du travailleur à un autre poste ne comportant plus de risque d'exposition. En cas de problèmes d'aptitude, toutes les solutions doivent être étudiées :

maintien dans le poste en attendant une diminution du risque, sachant que la valeur limite d'exposition est de 1,15 m/s², mutations diverses dans l'entreprise.

L’inaptitude, sans possibilité de reclassement, ne peut être envisagée qu'en solution extrême après la mise en place d'une reconnaissance COTOREP et la préparation d'un projet professionnel avec les services sociaux.

2-2-3 Les VISITES de REPRISES

Les visites de reprises concernent les sujets dont l’arrêt de travail pour maladie est supérieur à 3 semaines, à 8 jours en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle. L’arrêt pour une pathologie générale n’est pas de notre propos, par contre les arrêts faisant suite à des pathologies rachidiennes nous intéressent. Les TEMPS d’IMMOBILISATION

A titre indicatif, voici les temps d’immobilisation conseillés :

Il faut avoir à l’esprit que les interventions chirurgicales ainsi que les traitements médicaux visent à remettre sur pieds des sujets malades. Ceux-ci, à leur retour, devraient pouvoir reprendre leurs activités professionnelles. Les médecins de soins s’accordent sur ce point ; le problème se présente un peu différemment pour le médecin de santé au travail, car il connaît ou devrait connaître les conditions de travail. Malheureusement les mesures de vibrations ne sont pas courantes. Dans un nombre de cas non négligeables, nos mesures montrent des niveaux vibratoires très élevés, souvent au-dessus des normes. Il s’agit, selon nous, d’une information importante qui peut intéresser et aider les médecins

Lumbago aiguë 8 semaines maximum Sciatique ou névralgie crurale avec intervention

4 mois d’arrêt

Canal lombaire étroit 6 mois d’arrêt

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surveillant les personnels de plates-formes logistiques et leur faciliter la prise de décision. De toute façon, l’optimisation ergonomique du poste de cariste ne peut être négligée : l’inadaptation du poste ne doit pas être la cause de l’inaptitude. Gardons à l’esprit le rôle extrêmement péjoratif des manutentions :

objets lourds (normalement contre-indiqués chez les lombalgiques), mobilisations dans des conditions de gestuelle défavorable (environnement, racks).

Elles peuvent être l’objet de restrictions partielles d’aptitude. Il ne faut pas non plus oublier que souvent ces opérations du travail sont faciles à améliorer par des outils adéquats si l’on en a la volonté.

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2-3 QUELQUES REFLEXIONS Nos réunions autour du sujet, nous ont amené à faire quelques réflexions sur la conduite de chariots automoteurs. Le problème de la relation à l’inaptitude des pathologies rencontrées à l’embauche et lors des visites dites de routine, se pose. A notre sens, la mission du médecin du travail, dans le cadre des visites est principalement un devoir d’information sur les risques pris par le salarié sur le plan santé. Une décision concernant l’aptitude ou l’inaptitude en rapport avec des problèmes locomoteurs n’engage que le salarié lui-même. Il n’y a pas mise en danger des autres salariés. En conséquence les choix devraient être faits en consensus, au moins entre le médecin et le malade dûment informé. Dans le cas de dangerosité de la personne vis-à-vis de ses collègues de travail, le praticien n’aura pas autant de souplesse dans sa décision. La problématique de la relation causale éventuelle sur l’apparition et l’aggravation de pathologies principalement rachidiennes est posée. Subsidiairement, nous pensons que de nombreuses arthroses banales non douloureuses, exposées à des niveaux de vibrations font parler sinon en termes d’aggravation anatomique, du moins en termes d’aggravation douloureuse, donc d’inconfort. Cette gène retentissant sur la vie de tous les jours ainsi que sur le vécu au travail, toute action visant à la réduire constituerait une action concrète d’amélioration des conditions de travail mais aussi de l’efficacité au travail. Ces éléments nous incitent à porter une attention particulière lors des achats de matériels, ainsi qu’à leur maintenance. Le décret du 4 juillet 2005, en imposant des valeurs limites d'exposition va dans ce sens. Ces valeurs, lorsqu'elles seront appliquées interviendront de façon efficace pour la prévention des pathologies du rachis chez les travailleurs exposés aux vibrations mécaniques. 3. Les ASPECTS ORGANISATIONNELS A l’évidence, il existe des relations entre l’organisation du travail, la présence de situations pathogènes diverses, ainsi que l’apparition et l’évolution des lombalgies et des lombosciatiques dans l’entreprise.

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Une intervention sur le type et la qualité du mode organisationnel ne sera pas sans conséquences positives, ou, à l’inverse, négatives, suivant les choix qui pourront être faits. Abordons successivement l’incidence de l’organisation du travail sur l’apparition des lombalgies puis sur leur chronicisation. Au cours de notre réflexion, nous essaierons de proposer des démarches alternatives ou complémentaires aux choix habituellement retenus.

3-1 AMELIORER l’ORGANISATION du TRAVAIL pour REDUIRE les PATHOLOGIES RACHIDIENNES

Les impératifs économiques imposent, aux entreprises, des plates-formes logistiques, l’application d’une forme de « rationalisation » du travail, ceci dans un souci d’efficacité et de rentabilité immédiate. Les possibilités offertes par l’évolution technologique sont introduites et à juste titre, au fur et à mesure de leur apparition dans le milieu professionnel. Grâce à elles, on parvient à optimiser la marche et l’efficacité d’une plate-forme logistique. Nous pensons que cette approche a le tort de négliger les aspects humains sur l’importance desquels nous aimerions attirer l’attention des lecteurs. La prise en compte de ceux-ci, dans toutes leurs dimensions, participe au maintien de la santé au travail et à la protection contre les pathologies lombo-sacrées, ainsi qu’à la réduction des arrêts de travail les concernant. L’utilisation légitime, entre autres outils, de l’informatique n’est pas sans incidence sur l’« activité », au sens ergonomique, des opérateurs. Il est possible de citer, par exemple, la gestion des entrées et sorties de produits, l’utilisation de l’informatique embarquée, ou la préparation des commandes par reconnaissance vocale. Notre observation, nous a fait constater une forte tendance à la spécialisation des tâches, avec tous les inconvénients que cela peut comporter, en termes de santé au travail. La contrainte temporelle concerne les choix faits pour :

• les horaires de travail, • l’organisation des semaines,

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• ainsi que les impératifs de « production », qui entraînent souvent une parcellisation de l’activité (source de répétitivité des gestes et créatrice de situations à risque de TMS et de troubles rachidiens).

L’organisation des flux : • Plus ou moins judicieuse, elle provoque parfois une simultanéité de

circulation sur une même zone, un encombrement des allées, avec pour corollaire, l’augmentation de la vitesse des véhicules sur les endroits dégagés.

La répartition des outils :

• Elle se fait entre les salariés, mais aussi en fonction des situations de travail dont toutes n’ont pas le même degré de contraintes vibratoires. Il semble évident que certains cas mériteraient l’affectation du matériel en meilleur état, si tant est que l’on puisse accepter un matériel considéré en « mauvais état ».

L’organisation du travail devrait être mise en oeuvre en passant par une réflexion approfondie. Il est fondamental de poser toutes les dimensions de sa problématique. Un essai d’implication des acteurs ne sera pas nécessairement assimilé à une perte de temps. Ne nous limitons pas aux aspects purement rationnels, comptables et matériels, relativement faciles à cerner. Les schémas mentaux habituels s’appliquent bien à leur logique intrinsèque. Considérons cette approche analytique : quoique incontestable, elle n’est pas suffisante en elle-même, il faut aussi passer au crible les aspects humains. Ceux-ci moins faciles à concevoir et à intégrer dans un raisonnement classique, mais ô combien fondamentaux pour la bonne marche de l’entreprise, doivent être examinés avec soin. Comme a su le démontrer le Taylorisme, il est toujours possible par une réflexion logique de « rationaliser » le travail. Mais à trop le « mécaniser » ou le « robotiser » apparaît systématiquement un danger pour la santé physique et mentale, (aspects cognitif et affectif). L’homme, a fortiori, l’homme au travail possède des rythmes qui sont liés à la nature même du biologique.

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Il est bon d’en prendre clairement conscience et d’intégrer cette donnée majeure quand on pense organisation du travail, lors de sa mise en place, ou lors de l’apport de modifications à celle-ci. Ne pas faire l’impasse sur cette dimension suppose :

• avant tout de la connaître ou du moins de ne pas la dénier, • d’inviter les salariés à une démarche participative (soit aux sein de

commissions déjà existantes, par exemple le CHSCT, soit dans des groupes formels ou informels de durée non nécessairement longue),

• d’interroger les préventeurs des différents organismes (CRAM, services de santé au travail, ANACT…) au service des entreprises (ceux-ci apporteront des informations valides sur le sujet)…

3-2 AGIR contre la CHRONICISATION des PATHOLOGIES

Selon les experts, les lombalgies sont susceptibles de chronicisation donc d’augmentation de leur coût (coût social, mais aussi individuel, coût financier mais aussi humain), les lombosciatiques relèvent des maladies professionnelles avec leur imputation financière aux entreprises. Dans ce cadre, il faut savoir que :

les coût indirects sont près de 10 fois supérieurs aux coûts directs et particulièrement liés aux conditions de travail, qu’un arrêt pour lombalgie en 1970 était de 25 jours, il était de 43 jours en 2001.*

*intervention du Dr Jean Pierre MEYER, INRS, Nantes, juin 2004 Certains facteurs se trouvent au delà des possibilités d’action de l’entreprise, ils n’ont aucun rapport avec le milieu de travail ni avec son organisation, ni avec un mode de management particulier. Nous voulons parler des facteurs psychologiques de structuration de la personnalité, des facteurs sociaux et économiques ou médico-légaux (prise en charge sociale) que nous avons évoqués plus avant dans ce travail. Par contre, il existe des éléments, à l’évidence professionnels et liés à l’organisation de travail, qui peuvent faire l’objet d’interventions efficaces. Dans ce cadre de réflexion et d’action on se doit de valoriser l’aspect psychologique de la tâche.

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La perception qu’un salarié a de son travail, des contraintes qui y sont associées, est fonction de sa personnalité comme nous venons de l’affirmer, mais aussi de son vécu quotidien. Par exemple :

• la qualité des relations humaines, entre collègues, avec la hiérarchie (formations),

• la possibilité de s’exprimer (il y a bien sûr en face la nécessité d’une capacité d’écoute naturelle ou acquise),

• la qualité et l’intérêt du travail, • l’implication à la tâche, à l’entreprise (participation), sont sources de

« satisfaction ». Elles lutteront contre la chronicisation des pathologies rachidiennes et participeront à la bonne marche de l’entreprise. A l’opposé, un management « maladroit », un commandement rigide (non reconnaissance des individus et de leur potentiel), l’existence de relations dégradées, de « violence morale », de « harcèlement » (quel qu’en soit le type) ne pourra que favoriser une chronicisation et une augmentation de la longueur des arrêts de travail.

* * *

La lutte contre les phénomènes vibratoires au sein des entrepôts logistiques et leurs conséquences négatives sur la santé passe par trois axes principaux. Les aspects techniques et informationnels : il faut améliorer la qualité des sols, optimiser les matériels utilisés, cela dépend d’une vigilance de tous les instants et d’un certain nombre de règles explicitées dans des brochures de l’INRS. L’information faite par les préventeurs, quelle que soit leur fonction, par ailleurs, a un rôle majeur. Les aspects santé au travail : les examens médicaux en médecine professionnelle seront sources de dépistage, de conseils et d’orientation suivant les cas. Sans modification des conditions de travail, ils peuvent devenir le lieu de problèmes difficilement solubles.

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Les aspects organisationnels : ils sont susceptibles de réduire le niveau du risque d’apparition, sinon de chronicisation des pathologies rachidiennes. Ces axes de prévention présentent des possibilités d’action sur plusieurs registres différents. Ils montrent que le chemin des améliorations est riche de possibilités.

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CONCLUSION Un événement observé sur les lieux du travail est à l’origine de l’étude. Celle-ci s’est développée sur divers axes complémentaires les uns des autres. L’appréhension de la problématique : « CHARIOT-TEP-VIBRATIONS CORPS ENTIER- SANTE au TRAVAIL » nécessitait une analyse des données théoriques. Elle nous a fait ressentir la complexité du phénomène physique en lui même, de la difficulté à en apprécier la réalité, à en évaluer les effets pathogènes. En effet, la conduite de chariots et/ou de TEP peut être à l’origine de perturbations fonctionnelles du corps humain et de troubles rachidiens. De ce fait, les vibrations corps entier ont donné lieu à la publication de textes réglementaires, à la définition des valeurs limites d’exposition, à la création d’un tableau de maladies professionnelles. Notre approche de terrain a voulu prendre en compte, au delà de l’aspect technique, l’aspect humain. Les entreprises, au sein desquelles a été menée l’étude, sont influencées par les modes actuels de la distribution. Il s’agit de plates formes logistiques dans lesquelles on observe une augmentation du « rendement » et une spécialisation des tâches. Nos mesures sur site objectivent l’existence d’un risque lié aux vibrations. Dans certains cas, ce risque est associé à la manutention, entre autres, la préparation de commandes. D’une façon générale, les niveaux vibratoires mesurés sont fréquemment dépassés. Les TEP sont plus vibrants que les chariots mais ceux-ci imposent des contraintes posturales différentes. Les limites d’exposition conseillées, à partir des valeurs mises en évidence, sont parfois très faibles. Elles sont souvent inférieures à 8 heures, ce qui interroge. Des activités particulièrement pathogènes apparaissent, notamment lors du chargement-déchargement des camions et/ou des remorques. Une variation minime de l’environnement au niveau des sols, du matériel et/ou de l’opérateur dans sa conduite générerait un rapide dépassement des valeurs d’exposition. L’approche chiffrée, que nous avons voulue modeste, ne s’est pas montrée dénuée d’intérêt. La population analysée présente une forte prévalence de lombalgies, pour la plupart rythmées par le travail, pour quelques unes invalidantes, mettant en jeu l’aptitude au maintien dans l’emploi.

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Une possible augmentation de l’incidence du tableau 97 est prévisible dans les années à venir avec ses conséquences individuelles, sociales et financières. Des réponses sont susceptibles d’être apportées en prévention des pathologies rachidiennes observées. Nous avons conçu les apports en prévention selon trois axes : les aspects techniques et informationnels, les aspects santé au travail, les aspects organisationnels. Atténuer les éléments pathogènes suppose une intervention sur les sols, les engins, les comportements humains. Il est possible d’agir sur le facteur sol au moment de la conception et/ou a posteriori par correction de défauts et lors des phases d’entretien, de maintenance et de nettoyage. Une conception plus judicieuse, plus pertinente et plus ergonomique des chariots et des TEP constituerait un facteur de réduction des vibrations à la source. La protection des opérateurs passe par une politique de choix des matériels. Les critères qualité des suspensions et des sièges doivent être respectés. L’entretien et la maintenance jouent un rôle fondamental. N’oublions pas les comportements qui peuvent être facteurs d’aggravation du risque rachidien. Nous insistons sur la nécessité de l’évaluation pratique du risque vibratoire par les entreprises elles-mêmes. En particulier, en regard des doses reçues par les opérateurs à leur poste de travail. Les examens de santé au travail, visites d’embauche, périodiques, de reprises seront rigoureusement respectés. Ils jugeront de l’aptitude générale et/ou à la reprise après arrêt pour maladie ou accident. Ils seront sources d’information pour le salarié, permettront le dépistage de troubles rachidiens et seront à l’origine d’intervention du médecin dans l’entreprise. Nous pensons que l’organisation du travail ne devrait pas être mise en œuvre sans passer par une réflexion approfondie. Elle sera enrichie par les apports des préventeurs externes et la participation des salariés eux-mêmes. L’optimisation de la qualité des relations humaines, l’implication au travail ont un rôle fondamental à jouer.

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http://sante-securite.travail.gouv.fr.: Ministère du Travail http://www.ameli.fr/ : CNAM / TS, Caisse Nationale d’Assurance Maladie http://www.anact.fr : ANACT : Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail http://www.legifrance.gouv.fr : informations juridiques http://www.cram-pl.fr : CRAM des Pays de la Loire http://www.securiteroutiere.gouv.fr : sécurité routière http://www.anmtph.fr : médecins du travail des hôpitaux http://www.bossons-fute.com : médecine du travail

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ANNEXE Tableau N° 69

Affections provoquées par les vibrations et chocs transmis par certaines machines-outils, outils et objets et par les chocs itératifs du talon de la main sur des éléments fixes

Date de création : 19 juillet 1980 Dernière mise à jour : 10 novembre 1995) (décret du 6 novembre 1995)

DÉSIGNATION DES MALADIES DÉLAI

de prise en charge

LISTE LIMITATIVE DES TRAVAUX susceptibles de provoquer ces maladies

- A -

Affections ostéo-articulaires confirmées par des examens radiologiques : - arthrose du coude comportant des

signes radiologiques d’ostéophytoses ; - ostéonécrose du semi-lunaire (maladie

de Kienböck) ; - ostéonécrose du scaphoïde carpien

(maladie de Kölher). Troubles angioneurotiques de la main, prédominant à l’index et au médius, pouvant accompagner de crames de la main et de troubles prolongées de la sensibilité et confirmés par des épreuves fonctionnelles objectivant le phénomène de Raynaud.

5 ans

1 an

1 an

1 an

Travaux exposant habituellement aux vibrations transmises par : a) Les machines-outils tenues à la main, notamment : - les machines percutantes, telles que les marteaux

piqueurs, les burineurs, les bouchardeuses et les fouloirs ;

- les machines rotopercutantes, telles que les marteaux perforateurs, les perceuses à percussion et les clés à choc ;

- les machines rotatives, telles que les plisseuses, les meuleuses, les scies à chaîne, les tronçonneuses et les débroussailleuses ;

- les machines alternatives, telles que les ponceuses et les scies sauteuses.

b) Les outils tenus à la main associés à certaines machines précitées, notamment dans des travaux de burinage.

c) Les objets tenus à la main en cours de façonnage, notamment dans les travaux de meulage et de polissage et les travaux sur machine à rétreindre.

- B -

Affections ostéo-articulaires confirmées par des examens radiologiques : - arthrose du coude comportant des

signes radiologiques d’ostéophytose ; - ostéonécrose du semi-lunaire (maladie

de Kienböck) ; - ostéonécrose du scaphoïde carpien (maladie de Kölher).

5 ans

1 an

1 an

Travaux exposant habituellement aux chocs provoqués par l’utilisation manuelle d’outils percutants : - travaux de martelage, tels que travaux de forge, tôlerie, chaudronnerie et travail du cuir ;

- travaux de terrassement et de démolition ; - utilisation de pistolets de scellements ; - utilisation de clouteuses et de riveteuses.

- C -

Atteinte vasculaire cubito-palmaire en règle unilatérale (syndrome du marteau hypothénar) entraînant un phénomène de Raynaud ou des manifestations ischémiques des doigts confirmée par l’artériographie objectivant un anévrisme ou une thrombose de l’artère cubitale ou de l’arcade palmaire superficielle.

1 an (sous

réserve d’une durée d’exposition de 5 ans)

Travaux exposant habituellement à l’utilisation du talon de la main en percussion directe itérative sur un plan fixe ou aux chocs transmis à l’éminence hypothénar par un outil percuté ou percutant.