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Patrick Moreau Viet Nam, l’or du Dragon

Viet Nam, l'or du Dragon

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Un livre de photos et croquis sur le Viet Nam, le travail artistique de l'or et la richesse des religions locales

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Patrick Moreau

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l’or du Dragon

Viet Nam

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Rites et traditions religieusesCaodaistes du delta du MékongSaigon ou Ho Chi Minh-Ville ?Bui Yen, calligrapheLe Têt à Saigon

SommaireTho, de l’opéra de Hanoi aux confins de la ChineMinorités du NordLes Nung et le papier Do

Thông, peintre laqueur de HanoiLa laque de Phu ThoAvec les orpailleurs H’mongKhieu Ky, village des feuilles d’or

Le temple de la Littérature Nam, ou la renaissance des divinités religieusesHa Noi, à l’aube du XXIe siècle

De Ha Long à Hué Sur la lagune de HuéVoyage funéraire, de San Francisco à la mer de ChineHué, capitale des Nguyen

NordNord

Ha NoiHa Noi

ThôngThông

CentreCentre

SudSud

101218

20242628

303234

42444648

5056586062

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Il y a longtemps, le Roi-Dragon Lac Long Quan régnait sur le pays de Linh Nam. Paisiblement. Jusqu’à ce qu’un seigneur de la guerre, venu du Nord, n’envahisse son royaume. Quan repoussa ses troupes et enleva la fille de son ennemi.

Au Co devint son épouse et accoucha d’un bulbe qui renfermait cent œufs. Après sept jours, les œufs donnèrent chacun un garçon.

Plus tard, Quan dit à Au Co : « Je suis de la race des Dragons, habitant la mer. Tu es de la race des Immortels habitant la montagne. Le temps est venu de nous séparer. Toi, tu vas rejoindre la montagne avec cinquante de nos fils. Moi, j’irai vers la mer avec les cinquante autres.

Ce sont les ancêtres des Viet que l’on nomme également Kinh.

Si les fils du Dragon eurent de nombreux enfants qui ont fait des plaines et du littoral les régions les plus densément peuplées du pays, ceux qui ont suivi leur mère mirent beaucoup de temps, semble-t-il, à découvrir le chemin des montagnes.

Peuplées de minorités venues de Chine entre le Ier et le XIXe siècles, les hautes montagnes du Nord ne sont pénétrées que depuis peu par les Kinh qui, de tout temps, les ont redoutées.

L’or du Dragon

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Tho, le passeur qui achemine ma moto entre les deux berges de la Nho Que est Kinh. Il porte les cheveux longs comme le font souvent les artistes vietnamiens.

Étonnant destin que celui de cet homme. Violoniste à l’opéra de Ha Noi, il ne supportait plus que ses cinq fils aient mal tourné. Lassé de devoir constamment les prendre en charge et de les faire sortir de prison pour des affaires de vol ou de drogue, il préféra quitter sa famille pour se réfugier dans cette petite vallée de la province de Ha Giang, aux confins de la Chine.

Il a construit une cabane sur la rive de la Nho Que et un radeau de bambou, vivant aujourd’hui des quelques dôngs laissés par des voyageurs de passage, peu nombreux dans cette vallée perdue. Il n’a jamais plus touché un violon.

Un bac sommaire et archaïque est le seul accès pour rejoindre une étroite piste reliant Ha Giang à Cao Bang.

Passeur lui aussi, son ami Hai qui vit sur l’autre rive a eu un parcours assez proche. Ancien artisan, en conflit avec les siens, il est venu chercher la sérénité dans ce lieu du bout du monde, fief des ethnies montagnardes.

Leurs conditions de vie sont spartiates, mais ces deux hommes des villes ont découvert ici, dans le dénuement matériel, une vraie raison de vivre.

Le métier de passeur n’est-il pas l’un des plus symboliques ?

Tho, de l’opéra de Ha Noi...

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...aux confins de la Chine

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Sur la rivière Nho Que

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Sur les cinquante-quatre minorités que compte le Viet Nam, un grand nombre d’entre elles se sont installées dans les montagnes du Nord entre le VIIIe et le XXe siècles. Venus du Yunnan, installés depuis plus de mille ans dans les vallées encaissées de ces montagnes, les Thai-Tay, populations de langue taï, ont longtemps régné sur des villages prospères entourés de rizières.

Leur organisation de type féodal laissait peu de place aux autres ethnies venues elles aussi de Chine. Les H’mong, en particulier, derniers arrivés, n’ont eu que la ressource d’occuper les terres d’altitude, les plus difficiles d’accès, les moins fertiles… On retrouve les H’mong dans tous les pays voisins : Chine, Laos et Thailande. Ils se sont souvent opposés aux pouvoirs en place. Après les conflits du XXe siècle, beaucoup ont émigré vers l’occident et sont nombreux en France et aux Etats-Unis.

Un demi-million de H’mong se répartissent sur l’ensemble des terres montagneuses du Nord-Ouest. Les H’mong Noirs ou les H’mong Hoa cohabitent avec les Ha Ni, les Cuong, les Nung, les Lo Lo, les Phu La, les Muong, les Dao Rouges, les Dao à Sapèques, les Dao Quan Tran, les Pu Peo, les Pa Then et bien d’autres encore. Peuples aux dialectes proches ou aux langues radicalement différentes, ils utilisent le vietnamien pour communiquer entre eux.

Minorités du Nord

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H’mong Hoa, dits « H’mong Fleurs »

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La vietnamisation passe d’abord par l’école. Les villages, dans leur quasi-totalité, possèdent une école dans laquelle enseignent de jeunes instituteurs. Ceux-ci sont généralement d’origine Kinh, venant de régions lointaines.

Pour moi qui parcours le Viet Nam depuis des années, ces régions montagneuses ont un attrait puissant. En quinze ans, j’ai constaté de profonds changements dans les villages des provinces du Nord-Ouest ou du Nord-Est. Le développement extrêmement rapide du Viet Nam entraîne un bouleversement au cœur de ces communautés que l’on nomme minorités montagnardes.

Seuls les groupes numériquement importants conservent leurs rites et leurs coutumes presque intacts. Chez les Thay, les Dao, les Nung ou les H’mong, les femmes portent encore quotidiennement les vêtements traditionnels qui les distinguent les unes des autres. Costumes très colorés pour les H’mong Fleurs ou les Dao à Turban de la province de Ha Giang, plus austères pour les H’mong Noirs ou les Nung de Cao Bang.

Chez les autres minorités comme les Lo Lo qui avoisinent les mille cinq cents individus ou les Pu Péo qui ne dépassent pas les quatre cents âmes, le costume traditionnel n’est porté qu’à l’occasion d’événements exceptionnels, mariages ou fêtes saisonnières. L’électrification presque généralisée, le réseau routier, la télévision omniprésente dans la majorité des foyers et bien sûr la scolarisation modifient les repères d’une société fragile.

Un jeune Dao n’aspire qu’à une chose : quitter le village et la rizière pour vivre à Ha Noi. Seuls quelques-uns de ces enfants des montagnes atteignent les amphithéâtres des universités ou obtiennent un emploi de cadre dans une société étrangère. La plupart iront grossir les rangs d’une main d’œuvre sous-payée.

Dao à Turban à Khau Vai 15