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Var-Matin Résistance A ujourd'hui, comme tu disais du temps de Raymond la science, on va aller droit au but. Parce que là, clai- rement, on n'en peut plus de vos embrouilles. De votre petit numéro d'ap- prentis Citizen Kane de la presse quotidienne régio- nale. Parce qu'en vrai, vous n'êtes que des Ton- tons flingueurs. Et avec vous, Nice-Matin comme Var-Matin, on l'a bien compris, est voué à finir éparpillé... façon puzzle. Mais nous, on vous dit stop ! Basta ! Et pas seu- lement pour ces quelques malheureuses familles – 183, c'est ça, non ? – im- pliquées et si attachées à leur entreprise que M. Hersant voudrait envoyer au terminal des assu- rances sociales. Non. On dit basta, parce qu'on est tous regroupés, là mainte- nant, derrière ces quelques feuilles de pa- pier tabloïd que les gens d'ici appellent “le journal”. Oui, LEUR journal ! Si on vous dit que ça suffit M. Hersant, c'est avant tout pour ceux que nous avons, nous, encore la décence d'appeler des lecteurs. Là où vous, vous ne voyez que des clients. Des parts de marché. Du flouze. On ne va pas vous laisser faire. Et toi lecteur, on ne te lâchera pas comme ça. Mon Philou, toi le big boss du lac Léman, reviens sur terre. Toi le magnat du To- blerone journalistique, tu ne te souviens pas du fes- tival de réjouissances – Cannes inclus – qu'on t'avait réservé en mai 2010 quand tu ambition- nais un petit démontage en règle de notre siège social ? Et toi mon Nanard, tu crois quoi ? Que tes toni- truances tartarineuses sur l'air de « je vais sauver le soldat Nice-Matin ! » suf- fisent à faire bouillir la marmite de l'information régionale ? Nous, notre projet, accro- chez-vous m'sieurs- dames, il va vous décoiffer: on veut juste in- former ! Et on va conti- nuer à le faire. Parole de... Et puis, cher Philippe, cher Bernard, on vous embrasse pas. Le choco- lat et le pastis, ça se marie pas! Cher Philippe, cher Bernard Édition spéciale. Saison 2. En 2010, les salariés avaient vu rouge. En 2013, Hersant a, une nouvelle fois, mis le feu aux poudres.

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Var-MatinRésistance

Aujourd'hui, commetu disais du tempsde Raymond la

science, on va aller droitau but. Parce que là, clai-rement, on n'en peut plusde vos embrouilles. Devotre petit numéro d'ap-prentis Citizen Kane de lapresse quotidienne régio-nale. Parce qu'en vrai,vous n'êtes que des Ton-tons flingueurs. Et avecvous, Nice-Matin commeVar-Matin, on l'a biencompris, est voué à finiréparpillé... façon puzzle. Mais nous, on vous ditstop ! Basta ! Et pas seu-lement pour ces quelquesmalheureuses familles –183, c'est ça, non ? – im-pliquées et si attachées àleur entreprise que M.Hersant voudrait envoyerau terminal des assu-

rances sociales. Non. Ondit basta, parce qu'on esttous regroupés, là mainte-nant, derrière cesquelques feuilles de pa-pier tabloïd que les gensd'ici appellent “le journal”.Oui, LEUR journal ! Si on vous dit que ça suffitM. Hersant, c'est avanttout pour ceux que nousavons, nous, encore ladécence d'appeler  deslecteurs. Là où vous, vousne voyez que des clients.Des parts de marché. Duflouze.On ne va pas vous laisserfaire. Et toi lecteur, on nete lâchera pas comme ça. Mon Philou, toi le big bossdu lac Léman, reviens surterre. Toi le magnat du To-blerone journalistique, tune te souviens pas du fes-tival de réjouissances –

Cannes inclus – qu'ont'avait réservé  en mai2010 quand tu ambition-nais un petit démontageen règle de notre siègesocial ?Et toi mon Nanard, tucrois quoi ? Que tes toni-truances tartarineuses surl'air de « je vais sauver lesoldat Nice-Matin ! » suf-fisent à faire bouillir lamarmite de l'informationrégionale ?Nous, notre projet, accro-chez-vous m'sieurs-dames, il va vousdécoiffer: on veut juste in-former  ! Et on va conti-nuer à le faire. Parolede...Et puis, cher Philippe,cher Bernard, on vousembrasse pas. Le choco-lat et le pastis, ça semarie pas!

Cher Philippe, cher Bernard

Édition spéciale. Saison 2.

En 2010, les salariés avaient vu rouge. En 2013, Hersant a, une nouvelle fois, mis le feu aux poudres.

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Les dessous d’une sale histoire14  ! C'est le nombre demillions d'euros que l'ac-tionnaire Philippe Hersanta décidé d'économiser surle dos des salariés. Son but  : licencier183 journalistes, ou-vriers du livre, cadres,employés administratifsde votre jounal, soit rienmoins qu'un bon tiers del'effectif global de Nice-Matin et Var-Matin.Son mobile : nous sauver,bien sûr !!! Mais le crimene sera pas parfait. Car lavéritable histoire de cecasse social, c'est celled'un exilé fiscal qui veutsauver ce qu'il reste d'unempire de presse que sonpapa lui avait légué etqu'en moins de vingt ans,il a dilapidé. Vous, lecteurs, la se-maine dernière, avez étéprivés de votre journaldeux jours durant. Unegrève. Deux jours degrève. Une grosse colèrequ'on vient ici vous expli-quer.Parce que la presse esten crise, parce que lacrise est partout, Nice-Matin et Var-Matin ne sontpas au mieux de leurforme. Loin d'être mori-bonds pourtant. On perd de l'argent, maisp a ss u f f i -s a m -m e n tp o u rmettrela clésous la porte. Dans unmonde parfait, on auraitun patron, même Suisse,qui ferait un effort. Il com-blerait le déficit dont il esten grande partie respon-sable, il mettrait la main àla poche de son porte-feuille Lancel et exigeraitde nous qu'on se re-trousse les manches.Et ben, non.M. Hersant a pris debonnes habitudes : quandil a coulé ses entreprises,il ne va pas à l'enterre-ment de ses salariés. Il secontente de creuser letrou. Rappelez-vous, ladernière fois c'était avecune entreprise baptiséeParu-Vendu ; et 3500 fa-milles furent sacrifiées surl'autel de sa gestion enmode «  courage

fuyons ! » Chassez le naturel, il re-vient en Bentley. Quandau sortir de l'été, lescomptes du journal flirtentavec le rouge, il rejoue lamême mélodie en sous-sol. Jamais sa faute ! Au-jourd'hui comme hierlorsqu'il accumula 220

millionsd'eurosded e t t e ,balayéssous le

Tapie grâce à la compli-cité de 19 des plusgrosses banques fran-çaises.M. Hersant fait des mau-vaises affaires et aime enfaire porter le fardeau àd'autres. Aujourd'hui, c'est à nous,donc un peu à vous, qu'ils'attaque. De sa fortuneen Suisse, il refuse desortir le moindre kopeckpour nous aider à poursui-vre l'aventure. Il exige dusang et des larmes : deshommes et des femmesenvoyés à l'abattoir social,direct au pôle emploi sanspasser par la case espoir. Il veut 183 têtes. 183, c'est beaucoupnon ? C'est énorme dèslors qu'il veut voir partir lessalariés sous douze mois.Qu'il veut place nette vite,

sans scrupule  , ni étatd'âme. Il nous traite d'en-fants gâtés. Drôles d'en-fants gâtés que noussommes. Mais ça, il nevous le dira pas.M. Hersant interdira à sonjournal, donc au vôtre, devous expliquer ce qu'il sepasse vraiment cheznous, chez vous. Vous af-franchir des raisons deces deux jours de grèvequi vous ont tant fait gro-gner. Mais, on va faire leboulot à sa place, commed'hab. Et essayer, avecvotre soutien, de sauvervotre journal.Des efforts, contrairementà ce qu'il répand un peupartout, on en a déjà fait.Deux mois qu'on négocie avec lui.Deuxmoisqu'onavance, qu'on accepte devoir la réalité d'un secteur– la presse – en crise etqu'on est prêt à s'adapter.Et pas qu'un peu. Pour redresser notreboîte, on est prêt à accep-ter que 133 d'entre nouspartent volontairement, di-gnement.Pour redresser notreboîte, on a accepté de ré-duire de près de 2,5 mil-lions d'euros notre trainde vie.

Pour redresser notreboîte, on a trouvé de mul-tiples moyens de dévelop-pement pour que leproduit que vous lisezchaque matin reste unjournal de qualité, un jour-nal qui parle de vous, unoutil de démocratie, unlien entre les hommes etles femmes de ce bout deterritoire que nous parta-geons, aimons, rêvonsencore meilleur.Et devinez quoi ? Ces ef-forts là, il n'en veut pas. Illes dédaigne. Les dégaged'un revers de costard surmesure. Alors fatalement, on pèteles plombs. On s'en ex-cuse encore auprès devous. Et Tapie, allez-vous

dire ?B e n ,c 'es tvrai  !

En mars dernier, il avaitdéboulé comme un sau-veur. Une sorte de Zorro.Philippe Hersant avait faitdu super héros de la Ca-nebière son associé. Avecses traditionnelles tartari-nades, Bernard nousavait promis monts etmerveilles. Ça avait fait laUne. Mais en vrai, ça afait long feu. Pétardmouillé. Pour une raisonmytérieuse, Hersant etNanard ont, depuis, di-

vorcé. Et nous voici or-phelins, sans espoir degarde alternée. Livrés auseul Philippe Hersant.Terrorisés à l'idée qu'ilnous rejoue la saison 2 deParu-Vendu. Alors on se bat ! On négo-cie. Mais que se passera-t-il début décembre quandles négociations pren-dront fin? Chacun prendraévidemment ses respon-sabilités. Nous, les nôtres,on les connaît. On lesprendra. On les prenddéjà au quotidien : notreresponsabilité, c'est vous.Et vous, c'est nous. Sauver un journal, cen'est pas sauver son ac-tionnaire. C'est sauverson identité, un territoire,des bassins de vie, debelles histoires, de terri-bles drames, des causesporteuses d'espoir, d'au-tres perdues. C'est continuer de parlerde vous. C'est faire en sorte que cequi se passe au coin denos rues devienne univer-sel.C'est refaire un journal quivous ressemble, fatale-ment imparfait, mais terr-riblement humain. Et vous le savez, tout celane se mesure pas en unefroide liste de plus de160 salariés à sacrifier!

Le 1er novembre dernier. 183 morts virtuels devant le siège de Nice-Matin.

« 165 millions d’eurosde dette effacés

par les banques »

« Sauver un journal, pas son actionnaire »

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Qui nous sommesVous adorez nous

détester. Et nous,on aime vous en-

tendre nous brocarder.Si, si… Promis. On sesent en vie. On met enmots vos actus. Enimages vos histoires. Lespetites comme lesgrandes. Vous nous cou-pez en rondelles dansvos commentaires denos articles. Vous décou-pez nos pages pour vosalbums souvenirs. Vous vivez avec nous.On vit avec vous. Unvieux couple  ! Presque70 ans de mariage de-puis République, çacompte. Et on comptebien fêter ensemble nosnoces de platines. Var-Matin et ses lecteurs. Àl’amour à la haine. Indis-pensable objet de votrequotidien. Indispensablejournal local. Qui vousaccompagne du café aupastis. Du croissant à lasocca. Var-Matin, «  lejournal ». Qui rythme vosjoies, vos peines. Quivous fait péter un câble.Indispensable, oui ! Var-Matin pour tout sa-voir. Du coin de la rue, àplus loin encore. Du closde pétanque à deux pasde chez vous, auxbombes du bout dumonde.Var-Matin enrouge et noir, pour droperles adversaires du RCTloin du mythique Mayol.Nice-Matin, en rouge etnoir, pour vibrer avec lesAiglons dans le tout neufAllianz Riviera. Var-Matin, avec vous. Dumatin au soir. Var-Matin, des affairesau décès de Maurice Ar-reckx, de l’élection audécès de Yan Piat, de

l’évasion de Spaggiari en1977 au casse de laBanque de France deToulon, de la tuerie deCuers en 1994 aux toursdu World Trade Centeren 2011. Var-Matin desnuits blanches d’EddyBarclay à Saint-Tropezau couple “vigneron”Brad et Angelina Pitt.Var-Matin, toujours prèsde vous  : des résultatsdu baccalauréat de votre

petit dernier à la photo demariage de votre nièce.Sans oublier la nais-sance de votre enfant.C’est tout ça, Var-Matin.

Mais, c’est vrai, pourquoile cacher, Var-Matin,c’est parfait aussi pouremballer le poissonacheté tout frais achetéen bas du cours La-fayette. Efficace aussi

pour faire démarrer le feude cheminée ou le bar-beuc’  ! Var-Matin, Var-Menteur… Falco-Matin.Ecrit avec les pieds. Ce«  torchon » qui dégou-line de chiens écrasés… Et nous dans tout ça.Des Toulonnais parmi lesToulonnais, des Dracé-nois parmi les Dracénois;bref des Varois parmi lesVarois. On crapahutestylo entre les dents,

zoom en érection, duplus petit village au gla-mour de la Voile Rougetropézienne, des mon-tagnes enneigées auxgalets très prisés de laProm’ des Anglais ou ausable de Porquerolles. On est partout et on veutle rester. Pour vous, pournous… Pour se faireaimer… Détester. Parceque c’est ça la vie d’unjournal. Votre journal.

« Var-Menteur »

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Il récidive, on résiste !

Le footeux Olivier Giroud « prêt à mou-rir sur le terrain  » avant France-Ukraine…

Les NM boys & girls prêts à crever pourleur boîte. Debout. N’en déplaisent à ceuxqui veulent faire toujours plus de fric sur ledos des salariés virés. Résistants. On estdes résistants face à la casse sociale.Pour sauver nos emplois. Pour sauvernotre journal. Pour sauver votre journal etne pas le voir disséqué, appauvri sousprétexte de toujours plus de rentabilité. On a déjà fait nos armes. Rappelez-vous,c’était hier. Il y a trois ans. Notre action-naire voulait nous spolier. Vendre notresiège historique. Notre cœur. Qui batchaque nuit au rythme de ses rotatives. Et ces images qui resurgissent. Ces sala-riés remontés comme jamais qui accueil-lent leur actionnaire par un parterre deroses. Qui montent les marches du Festi-val de Cannes en robes de soirée confec-tionnées pour l’occasion en papier journal.Des salariés qui organisent un méga showau Théâtre de verdure pour entraîner toutceux qui comptent à Nice derrière eux.Des salariés qui se mettent à nu, pour dé-noncer un actionnaire qui les met à poil.Des salariés qui, au bout de la lutte, ontsauvé leur siège. Déjà.Des salariés prêts à renfiler le bleu dechauffe. Prêts à résister...Toujours.

En mai 2010, les salariés l’avaient fait reculer quand il voulait vendre le journal à la découpe. Aujourd’hui, ilrécidive. Cette fois, il a l’intention de supprimer 183 emplois.

Philippe Hersant avait été l’objet de toutes nos “attentions”. Accueilli surun lit de roses, par une pub à la une de Libé et un vrai festival à Cannes.

Produit bénévolement élaboré par les ouvriers du livre