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Le magazine de l’Université de V alenciennes et du Hainaut-Cambrésis ACTUALITÉ DE LA RECHERCHE Des apprentis- chercheurs en PME P. 6 FORMATION ET PÉDAGOGIE L’alternance bouscule les enseignements classiques P. 8 4 Décembre 2012 Numéro spécial alternance

VU numéro 4 spécial alternance

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Page 1: VU numéro 4 spécial alternance

Le magazine de l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis

ACtUALité de LA reCHerCHe

des apprentis-chercheurs en PMe

P. 6

ForMAtion et PédAgogie

L’alternance bouscule les enseignements classiques

P. 8

n° 4Décembre 2012

Numéro spécial

alternance

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Décembre 20122

Pour ce quatrième numéro du magazine VU, j’ai souhaité UN NUMÉRO SPÉCIAL ALTERNANCE.

Un éclairage sur le chemin parcouru par l’Université dans ce domaine depuis 1992 et l’ouverture

de la première formation en apprentissage.

Aujourd’hui, dans notre établissement, ce sont près de 60 formations qui sont ouvertes en contrat d’apprentissage

ou en contrat de professionnalisation. Vous découvrirez dans ce numéro des parcours d’étudiants qui ont choisi

l’alternance. Comment ont-ils vécu cette expérience ? Que sont-ils devenus ? Que pensent-ils de la formation ?

Les professionnels, de plus en plus nombreux à accueillir les étudiants-alternants mais aussi les enseignants qui

au quotidien s’impliquent dans ce dispositif, vous exposent dans ce magazine leurs expériences, leurs impressions.

Je félicite par ailleurs tous les acteurs au sein de l’université qui ont œuvré pour faire reconnaitre notre

établissement, comme l’un des premiers pôles de formation en alternance au niveau régional.

Je vous souhaite une excellente lecture !Pr. Mohamed oUrAk

Président de l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis

SoMMAire

direCteUr de LA PUBLiCAtion Mohamed OURAk

direCteUr éditoriAL Bernard DEREMETz

rédACtriCe en CHeF Hélène CARON

rédACtion François VERHEyDE, Séverine GRUMIAUx, Séverine MASI, Pascale PHILIPPOT

ConCePtion et MAQUette Jean-Christophe BATTESTI

iMPreSSion GANTIER

Crédit PHoto Université, photographe Olivier DELVILLE, AIP, ENSIAME, Samuel DHOTE, IUT, Frutier - Altimage

déPÔt LégAL et iSBn en cours

6000 exemplaires - Décembre 2012

Édito

Le MAgAzine de L’UniVerSité de VALenCienneS et dU HAinAUt-CAMBréSiS

Décembre 20122

Campus du Mont Houy 59313 VALENCIENNES Cedex 9 Service communication Tél. 03 27 51 16 93

P. 3 Préambule • Une université pionnière en alternance • La bonne santé de l’alternance • « L’université de demain s’écrit avec le territoire »

P. 6 Actualités de la recherche • Des apprentis-chercheurs en PME • L’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie

soutient INOPME Recherche

P. 8 Formation et pédagogie • L’alternance bouscule les enseignements classiques • Deux apprentis valenciennois sélectionnés pour l’épreuve nationale • Ils ont créé leur entreprise • Ludivine, future commerçante denaisienne • Dans la peau des créateurs d’entreprises • Trois parcours-clés pour demain • Deux nouvelles formations à succès • L’alternance passeport pour l’emploi

P. 17 Partenariat • « Une entreprise a tout intérêt à embaucher des apprentis » • Taxe d’apprentissage - Un moyen pour les entreprises

d’investir dans leur Développement

P. 19 Vie sur le campus • 4 questions à Oussama HAyFA, apprenti-ingénieur en 3e année

de Génie Électrique et Informatique Industrielle (GEII) à l’ENSIAME

P. 19 Agenda

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Décembre 2012 3

Une université pionnière en alternance

Université « de territoire », tournée vers l’entreprise et reconnue pour ses formations professionnalisantes, l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis (UVHC) est engagée depuis plus de vingt ans dans la voie de l’alternance. Avec 27 formations ouvertes à l’apprentissage et 49 ouvertes au contrat de professionnalisation, l’UVHC est l’université la plus active du Nord-Pas de Calais dans ce domaine. Son offre de formation en alternance s’enrichit chaque année et concerne tous les secteurs secondaires comme tertiaires : mécanique, productique, génie électrique, management, administration des entreprises …

Diffusion de la culture entrepreneuriale, pédagogie innovante, formation d’apprentis à la recherche en laboratoire … Ce magazine vous présente les qualités de l’alternance, une formule qui séduit autant les jeunes que les entreprises partenaires de l’Université.

L’alternance renvoie à deux types de contrats : le contrat d’apprentissage et le contrat de pro-fessionnalisation. Les deux permettent à un jeune de combiner des périodes de travail en entreprise et de formation théorique.

Cependant, les deux contrats possèdent des caractéristiques distinctes surtout quant à la durée de l’immersion en entreprise, la durée de la formation et la rémunération. Les deux formules sont soutenues par un sys-

tème de bonus-malus : les entreprises de 250 salariés et plus qui embauchent plus de 4 % de leur effectif en alternance sont récompensées par un bonus ; les mauvais élèves sont pénali-sés. Ce taux passera à 5 % en 2015.

Apprentissage ou professionnalisation ?

Préambule

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Décembre 20124

La bonne santé de l’alternanceLes étudiants sont chaque année plus nombreux à préparer un diplôme de l’enseignement supérieur en alternance, dans les filières scientifiques comme littéraires, en IUT comme en écoles d’ingénieur.

L’apprentissage a 20 ans cette année dans l’enseignement supérieur en région Nord-Pas de Calais. Depuis sa mise en place, ses chiffres n’ont pas cessé de progresser : on compte plus de 3 200 apprentis en 2012, soit 1 000 de plus qu’il y a quatre ans et 9 % de plus qu’en 2011.

La formule de l’alternance séduit les jeunes pour de multiples raisons : elle permet d’avoir un pied en cours et l’autre dans l’entreprise, elle donne accès à une première expérience professionnelle, elle a recours à des pédago-gies spécifiques …

Les entreprises aussi suivent le mouvement : elles sont de plus en plus nombreuses à pro-poser des contrats d’apprentissage. Presque 2 400 entreprises de la région recrutent au moins un apprenti. Celles qui sont déjà pour-voyeuses le sont davantage chaque année. Les dix entreprises les plus actives en la matière ont en effet augmenté leurs effectifs d’appren-tis de 10 à 20 % au cours de cette année. Il faut dire que l’apprentissage leur apporte des savoirs actualisés à un coût très modeste et sur une durée plus longue qu’un stage.

L’apprentissage réservé aux métiers manuels : une époque révolue

La progression du nombre d’apprentis est, bien entendu, liée à l’offre de formation par apprentissage qui poursuit sa diversification. Un peu plus de quatre-vingts diplômes sont disponibles dans l’enseignement supérieur du Nord-Pas de Calais et leur taux de remplissage est de l’ordre de 83 %.

Si l’apprentissage a historiquement été déve-loppé dans les filières techniques et pour le niveau III (DUT), il a depuis largement colonisé l’ensemble des filières et des niveaux supé-rieurs. Dans la région, on compte 2 000 appren-tis dans le champ de l’industrie, du génie civil et de l’informatique et 1 000 dans le tertiaire.

Les domaines du commerce, de la gestion et du management sont en train de rattraper leur retard. Près de 2 000 sont en MASTER ou en école d’ingénieurs.

des formations construites avec les branches professionnelles

L’apprentissage est une affaire de coopération entre l’enseignement supérieur et le monde des entreprises. Une formation est ouverte uniquement si elle répond aux besoins des entreprises et son contenu est réfléchi avec les branches professionnelles. François BOURGIN, président de Formasup Nord-Pas de Calais, le

CFA* qui gère l’ensemble de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur du Nord-Pas de Calais, explique que « Formasup est un lieu de discussion ouvert pour les entreprises et les formateurs. Il organise régulièrement des pe-tits-déjeuners et, une fois par an, la conférence CAP’SUP qui permettent de mettre en regard le secteur professionnel et la formation ». Ainsi de l’édition CAP’SUP 2012, les professionnels ont esquissé les futurs métiers du Web et du e-commerce et réfléchi avec les responsables de formation aux filières universitaires à créer pour produire les compétences recherchées.

*Centre de Formation des Apprentis

top 10 entreprises (apprentis universitaires en région)

GROUPE France TELECOM 172 apprentis

RENAULT SAS 105 (dont MCA : 72)

SNCF 96

EDF 74

AUCHAN SA 61

DECATHLON SA 56

LA FRANCAISE DE MECANIQUE 46

BOMBARDIER 44

AREVA-JSPM 32

FAURECIA 32

Préambule

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Décembre 2012 5

« L’université de demain s’écrit avec le territoire »

L’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis fait partie des premiers lieux où l’apprentissage s’est développé en région Nord-Pas de Calais. La vague s’est formée à l’IUT, sur le champ de la mécanique, puis s’est étendue à toutes les filières, y compris aux écoles d’ingénieurs. Aujourd’hui encore, la répartition régionale du nombre d’apprentis par grandes universités place l’UVHC en tête du classement.

« L’entrée de l’apprentissage dans l’enseigne-ment supérieur a eu l’effet d’une bombe sur la vision académique. L’UVHC l’a au contraire re-gardé de manière très positive, jugeant l’outil moderne et susceptible d’apporter des ensei-gnements différenciés aux multiples publics qu’elle reçoit », explique Bernard DEREMETz, vice-président Formation Tout au Long de la Vie et Alternance à l’Université. L’expérimen-tation qui devait rester confidentielle a conduit à un modèle qui s’est généralisé. « Les appren-tis étaient autrefois sur des niveaux infra-Bac ; nous les intégrons aujourd’hui dans nos labo-ratoires », ajoute Bernard DEREMETz.

Les entreprises au cœur du système

L’image de l’apprentissage a donc bien changé et la liste de ses qualités n’en finit pas de s’allonger. Selon le vice-président de l’Univer-sité, il établit un trio équilibré entre l’apprenti, le tuteur académique et l’entreprise. Il répond aussi à une logique de marché, une forte ga-rantie pour l’emploi des étudiants.

Même s’il faut veiller à ne pas banaliser un dispositif qui avait été conçu pour des besoins spécifiques, l’apprentissage et plus largement l’alternance devraient continuer de se développer à l’UVHC. Ils répondent à ses grands enjeux, en particulier la participation à la vie économique du territoire. « Si cinq apprentis nous demandent une formation en plasturgie parce qu’ils ont trouvé un contrat, nous maintiendrons le diplôme ouvert même si le secteur est en décroissance. Une université de territoire comme la nôtre doit être solidaire des entreprises locales ». Aussi l’Université de Valenciennes accom-pagne-t-elle voire anticipe-t-elle les besoins de la région. Elle vient d’ouvrir une licence professionnelle en banque-assurance, qui n’est pas proposée en formation initiale, et a déposé des dossiers de demande d’ouverture dans les registres de la « supply chain » et de la qualité-logistique-organisation. « L’université de demain s’écrit avec le territoire », précise Bernard DEREMETz.

2011/2012, l’UVHC a formé 735 apprentis, soit près de 23% des apprentis de l’enseignement supérieur (hors BTS) de la région Nord-Pas de Calais.

• Avant 1987 L’apprentissage était réservé à la préparation des titres et diplômes de niveau V, notamment les CAP.

• en 1987La loi MONORy-SEGUIN élargit le dispositif à tous les titres et diplômes à finalité professionnelle accessibles en formation initiale.

• 1992Création de Formasup, chargé de gérer le Centre de Formation d’Apprentis (CFA) de l’Enseignement Supérieur pour l’ensemble de la région Nord-Pas de Calais.

• 1992Ouverture de la première formation en apprentissage à l’IUT de Valenciennes

rePèreS

Bernard Deremetz, vice-président Formation Tout au Long de la Vie et Alternance à l’Université, vice-président du CFA Formasup Nord-Pas de Calais.

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Décembre 20126

Actualités de la recherche

INOPME-Recherche

Des apprentis-chercheurs en PMEEn matière d’apprentissage, l’Université de Valenciennes joue à la fois le rôle du formateur et celui, moins attendu, de l’employeur. Les laboratoires de recherche TEMPO et LAMIH ont embauché quatre étudiants ingénieurs, via la SA Valutec filiale de l’Université, pour accompagner les projets d’innovation des PME. L’initiative est unique en France.

Camille BATAILLE porte encore l’air timide du jeune intégré en milieu professionnel. Elle est, depuis le 1er septembre, embauchée comme apprentie dans une « entreprise » d’un genre à part : le laboratoire de recherche TEMPO. L’étudiante en cycle ingénieur de l’ENSIAME fera partie pendant trois ans de l’équipe de chercheurs « matériaux, surfaces et mise en forme ».

L’apprenti, un jeune chercheur « accessible » pour la PMe

C’est une action inédite et pionnière que l’UVHC met en place avec le soutien de l’Union des Industries et des Métiers de la Métallur-gie (UIMM), la principale branche profession-nelle en France. Le dispositif porte le nom d’INOPME-Recherche. L’idée est simple mais n’avait encore jamais été exploitée : pour facili-ter l’accès des petites et moyennes entreprises à la recherche, l’UVHC met des apprentis cher-cheurs au service des dirigeants d’entreprise

dont les préoccupations se rapprochent des sujets de recherche de ses laboratoires. « Par l’intermédiaire de l’apprenti, nous donnons aux chefs d’entreprise l’accès au monde de la re-cherche, un monde qu’ils considèrent souvent comme fermé et situé à des années-lumière de leurs réalités », exprime François VERHEyDE, chargé de mission alternance à l’Université.

L’Université est un maître d’apprentissage comme les autres

Si l’on reprend le modèle classique de l’ap-prentissage, le laboratoire joue le rôle de l’employeur. Il initie le jeune pendant trois ans à ses métiers, le fait progresser, l’encadre et l’accompagne dans ses missions. Ainsi dans quelques jours, Camille prendra en charge un premier projet concret, celui d’une entreprise qui cherche à analyser la fiabilité de ses maté-riaux. Elle sera épaulée par un doctorant plus expérimenté.

Le laboratoire devient le cœur r&d de l’entreprise

La jeune femme aura à sa disposition toute l’expertise et les outils du laboratoire. « Je peux utiliser les matériels les plus pointus et les plus puissants, comme le microscope électronique à balayage ou l’interféromètre », explique-t-elle. Les missions qu’elle conduira pendant les trois années de son contrat pour-ront durer d’une semaine à six mois. Laurent DUBAR, directeur du laboratoire TEMPO, est convaincu de l’intérêt du disposi-tif pour les PME industrielles régionales voire nationales. « Les lamineurs, les emboutisseurs et tous ceux qui produisent ont besoin de la science. Les modèles et les essais ont des impacts très concrets sur leur efficacité. Les résultats de nos thèses sont généralement implantés en moins de six mois sur les lignes de production », explique-t-il.

Alors qu’elle n’est encore qu’étudiante en école d’ingénieur, Camille Bataille s’initie au métier de chercheur grâce à un contrat d’apprentissage signé avec le pôle recherche de l’Université.

Les PME sont sommées d’innover, mais elles n’en ont souvent ni le temps ni les moyens. INOPME-R peut leur apporter la solution.

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L’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie soutient INOPME RechercheSerge MERLIER, Président de l’Union des Industries et des Métiers de la Métallurgie (UIMM) du Nord-Pas de Calais et du Valenciennois, témoigne de son intérêt pour le dispositif INOPME-R qu’il a contribué à créer.

Quels rapports les dirigeants de PMe entretiennent-ils avec le monde de la recherche ?

Sur le terrain, nous voyons bien que les diri-geants de PME ne s’adressent pas instincti-vement aux chercheurs lorsqu’ils rencontrent une problématique d’innovation. Les deux mondes se sont quasiment toujours ignorés. Il me semble indispensable que les universités fassent le premier pas vers les dirigeants des petites entreprises car l’inverse ne se produira que difficilement : les responsables de PME ont le « nez dans le guidon » et les préoccupations du carnet de commandes et de la trésorerie passent très souvent avant les préoccupations de recherche et d’innovation.

Pourquoi les PMe ont-elles besoin de la recherche ?

Quand on parle de la recherche, on parle de la compétitivité de notre industrie française. Celle-ci ne dépend pas seulement de la maî-trise des coûts et des charges, elle est égale-ment entretenue par l’innovation. Je ne cesse de répéter aux dirigeants de notre secteur les bénéfices qu’ils peuvent tirer de la recherche appliquée. Toutes n’ont pas des projets de recherche, mais toutes ont intérêt à accueillir des étudiants très compétents, qui peuvent apporter une approche nouvelle et différente des problématiques de l’entreprise. La recherche appliquée peut se concrétiser en entreprise par des produits nouveaux, par l’amélioration des produits en fiabilité et en qualité, par des méthodes de production ou d’organisation plus efficaces et, en fin de compte globalement, par une amélioration de la compétitivité.

Qu’est ce qui va changer d’après vous avec inoPMe-r ?

Les jeunes doctorants peuvent modifier l’image du chercheur considéré comme trop éloigné des préoccupations industrielles. Je suis convain-cu que l’Université peut apporter beaucoup aux PME. C’est pour cette raison que je suis allé convaincre l’UIMM de soutenir le projet INOPME-R. Elle lui accorde plus de 600 000 euros sur quatre ans à travers son fonds de développement pour l’innovation. Je formule le souhait que cette démarche réussisse et trouve éventuellement des applications dans des domaines autres que celui des transports terrestres. Je tiens à remercier les porteurs de ce projet au sein de l’UnIversité.

Serge merlier, président de l’UIMM du Valenciennois et ex-directeur du site PSA Peugeot Citroën de Valenciennes, a soutenu la création d’INOPME-R.

La recherche appliquée peut se traduire en entreprise par une amélioration de la compétitivité.

Les étudiants d’INOPME-R sont inscrits dans une formation par apprentissage à l’école d’ingénieurs ENSIAME ou à l’Institut des Sciences et Techniques de Valenciennes (ISTV). Leur travail pour l’entreprise s’effectue au sein de Valutec, filiale de l’UVHC, en partenariat avec les laboratoires du pôle recherche. Grâce au financement de l’UIMM et du Conseil régional, à hauteur de 900 000 euros, Valutec embauchera douze apprentis pendant cinq ans.

Bon à SAVoir

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Formation et pédagogie

INNOVATION

L’alternance bouscule les enseignements classiquesConfrontés à des problèmes réels en entreprise, les étudiants en alternance ont des attentes différentes vis-à-vis de la formation. Témoignage d’une enseignante qui développe depuis cinq ans une pédagogie adaptée à leurs besoins et leur l’état d’esprit.

« Lorsque j’accueille les étudiants en appren-tissage en début d’année, je les emmène tout de suite en salle de travaux pratiques pour leur montrer les machines. Je le fais avant même de leur dispenser mon premier cours », explique Aurélie PARDINI, enseignante en sciences des matériaux en DUT Génie Mécanique et Produc-tique. L’Université de Valenciennes, qui compte 10 % d’étudiants en alternance (en contrats d’apprentissage et de professionnalisation), a ainsi développé des pédagogies différenciées pour ses publics.

donner à voir les applications concrètes

Les étudiants qui ont déjà un pied dans l’entre-prise le reconnaissent : il leur est difficile de rester concentrés en cours théoriques sans en voir les applications pratiques. Ils ont aussi besoin de réponses concrètes aux situations qu’ils rencontrent en entreprise.

l’enseignante témoigne : « Deux apprentis à la fonderie de Denain voulaient connaître la vitesse de refroidissement des pièces après un traitement thermique. Pour répondre à leur demande, j’ai décidé d’aborder ce sujet plus tôt que prévu dans le programme ».

Un enseignement plus inductif« Je m’adapte aux apprentis car au cœur du système il y a aussi l’entreprise », indique l’enseignante. Elle renverse littéralement le déroulé de ses cours habituels. « Je commence souvent par des cas concrets. C’est exacte-

Je m’adapte aux apprentis car, au cœur du système, il y a aussi l’entreprise.

Pour rendre ses cours les plus concrets possible, l’enseignante en sciences des matériaux teste les pièces que les appentis rapportent de leur entreprise.

etudiants « classiques » et en alternance réunis en formation

L’UVHC propose des formations dites « en alternance intégrée », qui s’adressent autant aux auditeurs de la formation continue qu’aux étudiants de la formation initiale qui n’ont jamais interrompu leurs études. Lorsque les alternants sont en entreprise, les étudiants « clas-siques » travaillent sur des projets, leur CV ou la recherche d’un stage. « Le mélange des publics est une source d’émulation et d’enrichissement pour les étudiants ainsi qu’un vecteur d’innovation pour les enseignants », précise Eric CARTIGNIES, directeur de l’IUT.

ment le contraire de ce que je propose aux étu-diants de la formation initiale », précise-t-elle. François VERHEyDE, chargé de mission alter-nance à l’Université, l’explique lui aussi : « l’étu-diant classique est formé sur le modèle de la déduction : à partir de la théorie il comprend les applications pratiques. L’étudiant en apprentis-sage découvre les problèmes concrets d’abord et conceptualise ensuite. Mais à la fin, tous les étudiants ont le même niveau ».

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Décembre 2012 9

OLyMPIADES DES METIERS

Deux apprentis valenciennois sélectionnés pour l’épreuve nationale

Le désir d’entreprendreLes apprentis connaissent l’entreprise de l’intérieur, ses méthodes de travail, ses contraintes économiques et ses exigences de performance. Cela leur donne un avantage certain lorsqu’il s’agit de défendre leurs savoir-faire ou de monter un projet de création d’entreprise.

Deux étudiants en apprentissage de l’Université de Valenciennes ont gagné leur place pour les finales nationales des Olympiades des Métiers. Leur objectif : défendre leur savoir-faire et leurs compétences pour être reconnus comme les meilleurs de leur discipline. Quel rapport y a-t-il entre un boulanger, un administrateur des systèmes informatiques et un chaudronnier ? Ils font partie des cinquante métiers représentés aux Olympiades des Mé-tiers par des jeunes de moins de 23 ans venus de toutes les régions de France et de l’étranger pour défendre leurs compétences.

Les apprentis en tête du classement

L’Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis a conduit deux apprentis sur la pre-mière marche des podiums régionaux, en mars dernier. Mohamed FERRAR, en deuxième année de DUT génie mécanique et productique, est arrivé premier dans la discipline du fraisage.

Après avoir franchi l’étape régionale et avoir participé aux séances de préparation physique et mentale, axel SjöBerg se sentait prêt pour l’épreuve nationale de Clermont-Ferrand.

5 étudiants de l’iUt en compétition

7 300 candidats dont 5 étudiants valenciennois se sont inscrits à la 42e édition des Olym-piades des métiers. Les 832 lauréats des sélections régionales ont pu se présenter aux épreuves nationales, fin novembre à Clermont-Ferrand. Les meilleurs nationaux compose-ront ensuite l’équipe de France qui se mesurera en juillet 2013 à des concurrents internatio-naux dont le niveau atteint l’excellence.

Axel SJöBERG, en première année de cycle ingénieur en génie électrique informatique in-dustrielle, a réalisé la même performance pour le contrôle industriel qui comprend le câblage, la programmation d’un automate et la réalisa-tion d’une interface homme-machine.

dans les conditions du réelC’est la qualité de leur production, réalisée dans des conditions proches du réel, qui les a distingué : respect des délais, des coûts, opti-misation du matériel ... Pourtant, aucun des deux étudiants n’a été spécifiquement formé à cet exercice en classe. On peut y voir la preuve

que l’apprentissage développe chez les jeunes la capacité à mettre en pratique leurs savoirs théoriques. Mohamed FERRAR a été le premier surpris par son classement : « Je cherchais juste à acquérir une expérience supplémen-taire et à mettre en pratique ce que j’avais vu en cours ». Pour Axel, l’apprentissage représente un sérieux avantage. Son employeur, MCA Maubeuge, filiale de Renault, l’a autorisé à passer une jour-née chez un sous-traitant. Il y sera formé, par des professionnels aguerris, au câblage d’une armoire électrique.

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Formation et pédagogie

ENTREPRENEURS

Ils ont créé leur entrepriseFondée en 2009 par deux ingénieurs diplômés de l’Université, Mathieu CHARLES et Philippe yVART, la société Opale Aéro System a inventé le parapente radiocommandé. Et la nouvelle discipline qui va avec !

« Il y avait un marché à prendre, mais il ne fallait pas traîner », se souvient Mathieu CHARLES. Il était encore étudiant à l’Institut Supérieur Indus-triel de Valenciennes (l’école d’ingénieurs ISIV, devenue le département dédié à l’alternance de l’ENSIAME), en deuxième année de cycle ingé-nieur, lorsqu’il a créé l’entreprise Opale Aéro System. Son idée : concevoir et fabriquer des parapentes motorisés en modèle réduit.Féru de parapente et de modélisme depuis de nombreuses années, il a uni ses deux passions pour créer ce produit nouveau, une véritable innovation dans le monde de l’aéromodélisme. Tel un artisan, il s’est mis à tout fabriquer lui-même : il coud ses voiles, moule ses manne-quins, installe le moteur … À présent, compte tenu du nombre d’exemplaires vendus, il fait produire les voiles et les armatures en fer des paramoteurs en usine, en privilégiant la produc-tion locale. D’abord pionnière sur ce segment de marché, l’entreprise en est devenue leader.

des voiles pour les hommes volants

La société s’attaque depuis une bonne année à de nouveaux marchés avec des voiles gran-deur nature pour le char à cerf-volant et le parapente. Mathieu CHARLES explique avoir naturellement tiré profit des connaissances ac-quises sur les modèles réduits pour les transfé-rer aux grandes voiles. Le succès ne s’est pas fait attendre puisque les voiles de traction ont remporté le Championnat de France de char à cerf volant 2012 !

Le choix de l’alternance longue : se former et entreprendre en simultané

Si Mathieu CHARLES a pu créer son entreprise tout en suivant des études d’ingénieur, c’est qu’il a choisi la voie de l’alternance longue.

Selon mathieu CharleS, avec les voiles d’Opale Aero System, « les loops sont rapides, efficaces et stables, procurant un coup de pied aux fesses ! C’est aussi un bijou de technologie ».

Ce rythme pédagogique permet d’alterner cinq mois de cours et cinq mois de stage pendant deux ans.

Pour autant, le double statut d’étudiant-créa-teur n’a pas été simple à endosser comme il l’explique : « Pendant les cinq mois de cours je

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Ludivine, future commerçante denaisienneLudivine BOULOGNE rêve d’ouvrir une boutique de chaussures de mode à petits prix en centre-ville de Denain. Son étude de marché est faite, son business plan est quasi bouclé. Elle n’attend plus qu’un local se libère rue Villard, l’une des artères principales de la ville.

La jeune femme de 21 ans, qui vient d’obtenir une licence en management des organisations-option petites et moyennes organisation, en alternance à l’IUT, est sûre d’elle. Elle veut créer son propre commerce. Elle a appris le métier de la vente ainsi que la gestion d’un commerce pendant un an au sein de l’entreprise Cuisine Aviva, qui l’a accueillie en alternance sur la zone industrielle de Trith-Saint-Léger. Pendant un an, du lundi au jeudi soir, elle a vécu le quotidien du commerce au poste d’assistante de gestion.

Les paramoteurs peuvent aussi embarquer un appareil photo, une caméra ou un instrument de mesure.

La tête sur les épaules« Je me sens armée pour ouvrir mon magasin. J’ai testé le métier “en vrai” et j’ai pris conscience des contraintes, telles que les stratégies des concurrents ou les répercussions de la crise éco-nomique sur le porte-monnaie des clients. J’ai la tête sur les épaules », explique-t-elle.Son business plan, elle l’a préparé avec l’un de ses professeurs de licence et l’approfondit avec la boutique de gestion Espace de Denain. Son étude de marché révèle qu’il manque un

commerce de chaussures adapté aux revenus de la population en centre-ville et la banque est d’accord pour lui apporter les 20 000 euros qui lui permettront de se lancer.

Un premier essaiTous les feux seraient au vert s’il ne manquait pas un local à la jeune femme. En attendant de trouver le lieu idéal, elle cherche un emploi de transition et accompagne son père dans la création de son activité d’auto-entrepreneur dans le bâtiment.

devais continuer de recevoir mes fournisseurs à Boulogne-sur-Mer, réceptionner ma mar-chandise, expédier mes produits, être présent sur les salons à l’étranger … » Il lui est arrivé de vouloir choisir, de renoncer à l’un de ses choix, mais les encouragements de son asso-cié, de sa famille et de son tuteur universitaire lui ont donné la force de poursuivre ses deux objectifs jusqu’au bout.Il reste aujourd’hui persuadé que l’apprentis-sage est une voie qui mène au succès dans l’entreprise. La preuve : il vient d’embaucher un apprenti en techniques de commerciali-sation … qui est aussi accessoirement vice-champion du Monde de char à cerf-volant !

oPALe Aero SYSteM Créamanche 62200 Boulogne sur Mer Tél. : 06 17 07 26 54 www.opale-aerosystem.com

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Décembre 201212

Un site e-commerce de bières et un portail d’aide personnalisée à la randonnée. Ce sont les deux projets présentés au concours Créa’sup 2012 par les apprentis de l’IUT, en DUT Infor-matique à Maubeuge. L’enseignant Fabrice MESSAGER témoigne de leur motivation : « ils sont allés très loin dans la concrétisation de leur idée, au-delà du travail qu’ils fournissent géné-ralement en cours. Ils ne se sont pas contentés de créer un site web, comme ils savent le faire, mais ont aussi réfléchi au produit, au marché et à la viabilité de l’entreprise ». Le groupe des vendeurs de bières a, par exemple, rencontré un fournisseur belge, mais aussi des fabricants locaux pour mieux s’imprégner des besoins et des difficultés de la future entreprise.

Formation et pédagogie

Le concours Créa’sup

Formasup, centre de formation des apprentis de l’enseignement supérieur, organise chaque année depuis 2007 le concours Créa’sup. Celui-ci vise à diffuser le goût d’entre-prendre parmi les apprentis des écoles et universités du Nord-Pas de Calais. Le porteur du projet doit obligatoirement être un apprenti de l’enseignement supérieur de la région Nord-Pas de Calais ou sorti des études depuis moins d’un an. Ses coéquipiers peuvent venir de tout horizon : salarié, personne en formation initiale ou en contrat de professionnalisation … Les dossiers sont jugés par un jury de professionnels et les tro-phées remis aux étudiants en septembre, lors du salon CREER.En 2012, cinquante groupes d’apprentis ont déposé un dossier d’inscription. Ils représen-taient trente-quatre établissements de l’enseignement supérieur. Pour l’UVHC, il s’agis-sait de l’ENSIAME, l’IAE de Valenciennes, l’ISTV et l’IUT.

deux projets viablesLes deux groupes d’étudiants avaient à leur disposition plusieurs outils pour formaliser leur projet : le HubHouse de Valenciennes et 48 heures de cours « connaissance des entre-prises ». De plus, Luis CAPELAS de la Ruche d’entreprises de Maubeuge est intervenu dans la phase de montage financier et juridique du dossier. Jean-Paul DUMEAU, responsable du HubHouse de Valenciennes précise : « les jeunes en apprentissage sont déjà habitués à voir comment un projet se crée, se développe et vit en entreprise. Ils ne sont pas dans le même état d’esprit que les autres étudiants ». Ils auraient donc des facultés supérieures pour dépasser la simple idée et imaginer le produit et l’entreprise dans le détail. Les deux projets pourraient d’ailleurs voir le jour prochaine-ment, selon Jean-Paul DUMEAU.

CREA’SUP

Dans la peau des créateurs d’entreprisesIls sont des dizaines d’apprentis de l’enseignement supérieur à concourir chaque année à « Créa’sup ». Cette année, les étudiants de l’Université de Valenciennes ont présenté six projets de création d’entreprise.

Le HubHouse de Valenciennes a pour mission d’accueillir, de pré-ac-compagner et d’orienter les étudiants qui ont une idée, une envie, voire un projet de création d’entreprise. Ce lieu d’accueil et de convivialité de 120 m2, situé sur le campus du Mont Houy, est financé par la Région Nord-Pas de Calais. Depuis sa création il y a quatre ans, le HubHouse de Valenciennes a accompagné la création de quatre entreprises. À ce jour, cinq HubHouses existent dans les universités d’Artois, Côte d’opale, Lille 1 & 3, Catholique de Lille et Valenciennes.

Bon à SAVoir

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Pour 2013

dUt Qualité, Logistique industrielle, organisation*Dans un marché mondialisé et très concurrentiel, les entreprises cherchent à réduire leurs coûts par la maîtrise des flux et de la logistique. Le Diplôme Universitaire de Technologie « Qualité, Logistique Industrielle et Organisation » était proposé à temps plein, en formation continue ou en contrat de professionnalisation, il formera bientôt en alternance - par la voie de l’apprentissage - des techniciens supérieurs capables de gérer ces paramètres.

• établissement : IUT, site de Cambrai• Métiers préparés : techniciens supérieurs spécialisés en logistique industrielle, en qualité et organisation• date d’ouverture à l’apprentissage : septembre 2013• durée de la formation : 2 ans• Principales entreprises partenaires : Renault, PSA, SevelNord, Toyota, Alstom transport, Bombardier, Columbia, Florette, Tanys, Faurécia, ygnis,

L’Oréal, Générale des Eaux, Centre Hospitalier de Denain, Hôpital Oscar Lambret, collectivités territoriales.

Contact : 03 27 72 33 30

Master Comptabilité Contrôle et Audit *Le master « Comptabilité, contrôle et audit » forme des professionnels dans différents domaines de la gestion comptable et financière.

• établissement : IAE de Valenciennes• Métiers préparés : experts comptables, cadres supérieurs, spécialistes et conseillers.• date d’ouverture à l’alternance : septembre 2013• Principales entreprises partenaires : grands cabinets d’audit internationaux• durée de la formation : 2 ansContact : 03 27 51 76 39

* Sous réserve d’autorisation d’ouverture par le Conseil régional Nord-Pas de Calais.

Et en projet pour 2014

Licence d’Administration PubliqueÀ partir de septembre 2014, la licence qui forme en un an les personnes qui se préparent aux carrières administratives sera accessible aux étudiants en alternance. C’est une première ! Avec elle, la fonction publique aura plus de facilité à intégrer des apprentis.

• etablissement : Institut de Préparation à l’Administration Générale (IPAG)• date d’ouverture : septembre 2014• Métiers préparés :

- fonction publique de l’Etat : administration scolaire et universitaire, centrale, préfectorale, équipement, police, impôts, douanes, travail …- fonction publique territoriale : communes, départements, régions- fonction publique hospitalière et de la sécurité sociale

• durée de la formation : 1 anContact : 03 27 51 76 18

NOUVELLES FORMATIONS

Trois parcours-clés pour demainLa Région Nord-Pas de Calais entend doubler le nombre d’apprentis d’ici cinq ans. Aussi l’UVHC ouvre-t-elle chaque année de nouvelles formations en alternance en lien étroit avec les branches professionnelles. Trois nouveaux parcours, attendus pour les rentrées 2013 et 2014, anticipent les besoins des secteurs économiques.

À l’UVHC :• 27 formations ouvertes à l’apprentissage• 49 formations ouvertes au contrat de

professionnalisation

Chaque formation ouverte en alternance est construite avec les branches profes-sionnelles.

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Formation et pédagogie

zOOM SUR

Deux nouvelles formations à succèsL’Université de Valenciennes a déjà ouvert près de cinquante formations en contrat de professionnalisation, du niveau Bac+2 à Bac+5. Elle offre ainsi la possibilité aux jeunes de travailler tout en obtenant une qualification professionnelle. zoom sur deux de ces parcours.

Licence professionnelle systèmes informatiques et logiciels Les gardiens de notre sécurité informatique« Les pirates informatiques sont partout. Ils développent une nouvelle forme d’espionnage industriel », explique Franck EBEL, responsable pédagogique de la licence professionnelle « Collaborateur pour la Défense et l’Anti-Intru-sion des Systèmes Informatiques » (CDAISI).Vol de données confidentielles et de mots de passe, usurpation d’identité numérique …Leurs méfaits sont nombreux et à chaque fois la victime est coupable d’un manque de vigilance. Une seule licence professionnelle en Europe enseigne les techniques qui permettent de protéger les systèmes informatiques et de déjouer les attaques des pirates. C’est à Maubeuge qu’elle se déroule.

Une formation unique en europeLes entreprises conscientes de leurs risques et failles informatiques ont développé de nouveaux métiers tels que le responsable de la sécurité informatique ou le « pen tester ». Ces professionnels sont en partie diplômés de la licence professionnelle CDAISI de l’Univer-sité de Valenciennes. Créée en 2008, celle-ci a déjà formé près de 130 jeunes de la formation initiale ou de la formation continue en contrat de professionnalisation. Ils viennent de par-tout en France et de l’étranger : du Mexique, de la Réunion ou de Casablanca.

Au cœur de l’univers des hackers

Comment les enseignants peuvent-ils expli-quer les techniques des pirates informatiques, qui sont par nature tenues secrètes ? « 70 % de nos intervenants sont des professionnels issus du monde de l‘entreprise et sont confrontés tous les jours à des cas réels », explique Robert CROCFER, ingénieur d’études de l’Université.

Les membres de l’équipe enseignante sont aussi des passionnés actifs sur les forums et en rapport avec d’autres hackers. Chaque année, ils organisent un « challenge hacking » à Maubeuge qui leur permet de rencontrer d’autres pointures du domaine et de faire se confronter leurs étudiants aux professionnels de la sécurité.

enseigner l’éthique autant que la technique

En plus des techniques informatiques, les étu-diants reçoivent des cours de droit et de psy-chologie. « L’éthique du métier est au moins aussi importante que la technicité », indique Robert CROCFER. Lorsqu’ils découvrent une faille dans un système, les jeunes doivent être suffisamment matures pour garder la tête froide et « refermer la porte sans tou-cher à ce qui se trouve de l’autre côté ». Cela fait partie du contrat moral qu’ils signent à l’entrée de la formation.

• 80 % des attaques informatiques en entreprise proviennent de l’interne.

• Un « hacker » n’a rien d’un « pirate », on le qualifie en français de « bidouilleur ».

• Depuis une ordonnance du 24 août 2011, les entreprises ont l’obligation de signaler à la CNIL ainsi qu’aux intéressés toute faille de sécurité qui aurait entraîné « la perte, l’altération et l’accès non autorisés à des données à caractère personnel ».

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Au terme de cette année de licence, tous trouvent rapidement un emploi. Certains sont actuellement en poste chez British Telecom, Banque Accord, dans les sociétés d’audit et de sécurité informatique.

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Master Sciences du Management spécialité Métiers de l’entrepreneuriat et du Management

La gestion d’une PME et le management d’une équipe s’apprennent surtout sur le terrain. C’est pourquoi l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE) de Valenciennes a ouvert à l’alternance, en 2008, son Master Sciences du Management - parcours Entrepreneuriat et Management des PME (EMPME). Les 28 étudiants de chaque promotion se destinent à devenir directeurs d’unités opérationnelles en grande entreprise, chefs de rayon ou de secteur dans la grande distribution ou encore gérants de PME.

Des managers polyvalents en PME

49 formations accessibles en contrat de professionnalisation

Le Master Ingénierie et Ergonomie de l’Activité Physique et la licence professionnelle Commercialisation de Produits Bancaires et d’Assurance sont les dernières formations ouvertes en contrat de professionnalisation. Elles portent à quarante-neuf le nombre de cursus qui permettent aux jeunes d’être à la fois embauchés en tant que salariés et de suivre une formation. Le « contrat de pro » s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans (il peut concerner également des demandeurs d’emploi de plus de 26 ans). Au lieu d’être étudiant et de signer une convention de stage avec une entreprise, le jeune est salarié titulaire d’un contrat de travail en entreprise et se forme à l’Université. À l’issue de sa formation, il acquiert une qualification professionnelle reconnue par l’Etat ou par les branches professionnelles.

20 % de contrats de professionnalisation supplémentaires en première année

« Le nombre de contrats de professionnalisa-tion signés en première année de master a progressé de 20 % l’an passé, bien que ce ne soit pas une obligation de trouver un contrat en alternance en première année », témoigne Isabelle TILLOy, responsable du Master. C’est la preuve que le profil de ces jeunes intéresse les entreprises. « Elles ont besoin de cadres polyvalents qui possèdent des compétences à

la fois de commerciaux, de gestionnaires et de managers », ajoute la responsable.Tout est fait pour faciliter l’intégration pro-fessionnelle des étudiants : ils peuvent indif-féremment signer un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Seule la procé-dure administrative change. Pour le reste, les apprentis et les « contrats de pro » suivent les mêmes cours, cumulent indifféremment 700 heures de formation théorique et 1 700 heures de pratique professionnelle au cours des deux années de formation.

Les managers d’entreprise doivent non seulement disposer de connaissances techniques et de savoir-faire, mais ils doivent aussi être capables de mener une réflexion stratégique de long terme, basée sur de solides connaissances méthodologiques de terrain.

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INSERTION PROFESSIONNELLE

L’alternance passeport pour l’emploiAdeline BERTEAUx fait partie depuis septembre du service « contrats internationaux et partenariats » de la direction juridique du Groupe Auchan. Ses points forts : un parcours en alternance et un bon niveau d’anglais.

Pour Adeline BERTEAUx, l’apprentissage a été synonyme d’intégration dans de grandes entre-prises régionales. Elle a partagé son année de licence professionnelle pratique juridique de l’entreprise entre la Faculté de Droit Economie Gestion (FDEG) à Valenciennes et le groupe Bombardier Transports. « J’ai choisi de faire ma dernière année d’études en apprentissage pour faciliter mon insertion professionnelle. Je savais que trouver un premier emploi était difficile et que les employeurs accordaient leur préférence à l’expérience professionnelle. J’ai voulu mettre toutes les chances de mon côté », explique la jeune femme de 21 ans.

Formation et pédagogie

L’Université ouvre l’apprentissage sur l’international

L’alternance peut aussi se conjuguer à l’international. Catherine HOLLAND, responsable de l’apprentissage de l’IUT de Valenciennes, explique que l’établissement organise pour chacune de ses filières en apprentissage un voyage d’une semaine à l’étranger. « Un apprenti peut difficilement bénéficier d’une bourse Erasmus car il devrait effectuer une formation d’au moins trois mois dans un pays étranger, ce qui est incompatible avec les rythmes de l’alternance à l’IUT. Aussi cherchons-nous à éveiller leur intérêt pour les langues étrangères par d’autres moyens », explique Catherine HOLLAND. L’IUT a noué des partenariats avec des universités et écoles en Irlande, Angleterre, Suède, Espagne et Pologne. Une centaine d’étudiants en apprentissage, en deuxième année de DUT et en licence professionnelle, voyagent ainsi chaque année. Les jeunes ne deviennent pas « fluent in English » en une semaine, mais découvrent l’intérêt de maîtriser l’anglais dans le cadre d’un projet. Ils travaillent avec leurs homologues étrangers, en langue anglaise, à l’élaboration d’un programme informatique, la construction d’un robot … Les jeunes sont pris en charge : le transport et l’hébergement sont financés par l’Université et la Région Nord-Pas de Calais.

Dans mon service trois personnes ont suivi la même formation en apprentissage.

Un week-end pour trouver un emploi

À l’issue de cette année de licence en alter-nance, Adeline a trouvé un emploi d’assistante juridique au sein du Groupe Auchan. « J’ai trouvé un emploi en un week-end », se réjouit-elle consciente de son privilège. Il faut dire que l’immersion chez Bombardier lui a permis de pro-gresser en anglais professionnel, car sa direction était située en Allemagne. Connaissance du monde de l’entreprise, motivation à travailler et bon niveau d’anglais, voilà des atouts qui ont permis à Adeline de se faire remarquer au milieu de candidats nombreux.

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Partenariat

PAROLE D’EMPLOyEUR

« Une entreprise a tout intérêt à embaucher des apprentis » Maubeuge Construction Automobile (MCA), filiale de Renault, emploie actuellement 120 apprentis. Témoignage de la chargée d’emploi Maud TANGRE, une convaincue.

L’apprentissage a tranquillement fait son nid au sein de l’entreprise MCA à Maubeuge. L’usine comptait quatre-vingt-trois contrats d’alternance en 2009 ; ils sont 120 cette an-née, dont une vingtaine de jeunes en contrats de professionnalisation. Le groupe Renault mène une politique d’ap-prentissage volontariste, comme l’explique la chargée d’emploi du site de Maubeuge : « la politique du groupe anticipe l’obligation faite aux entreprises de plus de 250 salariés d’em-baucher au moins 5 % d’apprentis avant 2015 ».

Préparer l’avenir de l’entreprise et professionnaliser les jeunes

Chez MCA, les jeunes en alternance sont pré-sents à tous les niveaux de la construction au-tomobile. La chargée d’emploi l’explique ainsi : « Notre rôle d’employeur est de sensibiliser les jeunes aux métiers de l’automobile, d’assurer une partie de leur formation et de transférer nos compétences sur les jeunes générations ».Dans ce contexte, la relation apprentis-entre-prise relève du gagnant-gagnant : l’entreprise soucieuse d’offrir un avenir aux jeunes « moti-vés et sérieux dans leurs études », anticipe en retour ses futurs recrutements, sécurise ses compétences et pérennise ses savoirs.

Plus avantageux qu’une formation initiale

L’apprentissage ne souffre pas la comparaison avec le stage, selon la professionnelle. « Au bout de six mois à un an, l’apprenti a un com-portement parfaitement professionnel, ce que nous ne pouvons exiger d’un stagiaire qui ne connaît pas le métier et n’a pas le temps d’être complètement en confiance ». Et d’ajouter : « lorsque nous embauchons un jeune ingénieur nous avons trois ans devant nous pour valider son projet, mesurer sa motivation et le repo-sitionner dans l’entreprise selon ses centres d’intérêt ».

Une organisation facilitanteMaud TANGRE a mis en place, dès son arrivée dans l’entreprise il y a trois ans, un système d’embauche et d’intégration des apprentis qui lui facilite beaucoup la tâche. Les res-ponsables de secteur lui communiquent leurs besoins et leurs missions, qu’elle valide et transmet à l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis. Celle-ci possède, selon elle, l’essentiel des profils et des formations que ses responsables de service et de dépar-tement recherchent : des étudiants en Bac pro,

BTS, DUT, Licence, Master, Écoles d’Ingénieurs issus des filières physiques, électronique, ges-tion des entreprises …La chargée d’emploi explique aussi profiter des journées du recrutement et des salons que l’UVHC organise chaque année. En un temps limité, elle peut ainsi prendre contact avec de nombreux étudiants et présélectionner ses candidats.

Chez MCA Maubeuge, les apprentis bénéficient au minimum d’une semaine et demie de formation dès leur arrivée. Une manière de faciliter leur intégration.

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Partenariat

TAxE D’APPRENTISSAGE

Un moyen pour les entreprises d’investir dans leur développement Depuis près de 30 ans, l’Association pour le Développement de la Première Formation (ADPF) Nord-Pas de Calais collecte une partie de la taxe d’apprentissage des entreprises de la région et les accompagne dans la gestion de cet investissement. Rencontre avec son responsable régional, Manuel VIGNES.

à quoi sert la taxe d’apprentissage ?La taxe d’apprentissage est un impôt des en-treprises qui a été créé en 1925. Elle fait par-ticiper les employeurs au financement des for-mations initiales à caractère technologique et professionnel pour les jeunes qui ne sont pas encore entrés dans la vie active. Cela concerne l’apprentissage mais pas seulement. La taxe d’apprentissage est aussi l’une des principales sources de financement des universités.

Comment est-elle reversée aux établissements de formation ?

La taxe d’apprentissage n’est pas un impôt comme les autres. Elle n’est pas versée direc-tement au Trésor Public, mais collectée par des organismes agréés. On compte environ 150 col-lecteurs en France dont quatre en Nord-Pas de Calais. L’ADPF est l’un d’eux, attitré par le ME-DEF Nord-Pas de Calais. Elle a collecté 36,5 mil-lions d’euros auprès d’environ 2 000 entreprises en 2012, qu’elle a ensuite reversés à l’État et aux établissements de formation.

Que perçoivent réellement les univer-sités de la taxe d’apprentissage ?

Toute entreprise commerciale, artisanale ou industrielle verse 0,5 % de sa masse salariale au titre de la taxe d’apprentissage. Une partie (appelée le « quota ») est réservée aux forma-tions par apprentissage, elle représentera 53 % de la taxe brute en 2013. Le reste (le « ba-rème » ou le « hors quota ») est librement versé par les entreprises aux organismes qu’elles souhaitent soutenir. Elles peuvent choisir d’ai-der l’université ou l’école où elles ont trouvé des apprentis, stagiaires ou alternants ou

encore la formation qu’elles souhaitent voir se développer pour répondre à leurs besoins de compétences.

Pourquoi est-il crucial que les entreprises choisissent bien la destination de leur taxe ?

L’apprentissage est un modèle pédagogique coûteux. Les établissements ont besoin d’investir davantage dans le tutorat et les maquettes pédagogiques. Ces moyens pro-viennent essentiellement de la part « hors quota » affectée par les entreprises.

L’AdPF nord-Pas de Calais peut-elle aider les entreprises à bien investir leur argent ?

Oui. Nous aidons les employeurs à affecter leurs versements libres aux formations qui sont les plus en adéquation avec les besoins et les intérêts des entreprises. Nous accor-dons notamment la priorité aux organismes qui ne sont pas soutenus par un réseau ou une branche professionnelle et suivons les préconi-sations des acteurs de la formation, tels que le Conseil régional.

La taxe d’apprentissage est le seul impôt dont les entreprises peuvent choisir l’affectation.

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Vie sur le campus

Pourquoi avez-vous choisi d’effectuer vos études d’ingénieur en apprentissage ?

Après un DUT en formation initiale, j’ai intégré l’ENSIAME qui proposait un parcours en appren-tissage dès la première année du cycle ingénieur. J’ai pris cette voie sans hésiter car l’alternance me semblait être une chance à la fois pour entrer dans le concret, gagner ma vie et acquérir une expérience valorisante pour ma carrière. Lorsque j’arriverai sur marché de l’emploi, j’aurai déjà trois années d’expérience professionnelle.

à quoi ressemble votre vie d’apprenti ?Je ne compte pas mes heures. Je cumule deux mi-temps, l’un en cours et l’autre au sein de l’entreprise Bombardier. Avec seulement cinq semaines de congés par an, comme tout sala-rié, je n’ai plus autant de temps pour moi. En première année, ce rythme semble lourd, mais dès la deuxième année, on s’y fait.

4 QUESTIONS À

Oussama HAyFA, apprenti-ingénieur en 3e année de Génie Électrique et Informatique Industrielle (GEII) à l’ENSIAME

Vous y trouvez quand même des avantages ?

Oui bien sûr. Le principal c’est que je gagne ma vie. En troisième année je touche 88 % du SMIC sans charge, c’est mieux que certains travailleurs à temps partiel. Je peux payer ma voiture, mes sorties et mettre de l’argent de côté sans forcer. En plus, je cotise déjà pour ma retraite.

Vous ne regrettez donc pas votre choix ?

Absolument pas ! J’ai une idée claire du monde travail et je sais où je veux aller. Une autre satis-faction, c’est de voir la fierté de mes parents. Mon père s’est beaucoup investi dans ma scola-rité comme dans celle de mes frères et soeurs. Lui montrer qu’il n’a plus à se faire de souci pour moi, c’est ma façon de le remercier.

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L’UniVerSité orgAniSe :

• Journée Portes ouvertes Campus de Valenciennes, Cambrai et Maubeuge le samedi 9 février 2013 de 9 h à 17 h

• Forum de la Formation Continue et du contrat de professionnalisation Campus Mont Houy le vendredi 22 mars 2013

• Forum des Métiers deM2o Octobre 2013

L’UniVerSité PArtiCiPerA :

• Salon de l’etudiant et du Lycéen à Lille Grand Palais les 17-18 et 19 janvier 2013

• Salon de la Formation pour Adultes et de la Poursuite d’etudes les 8 et 9 mars 2013

• Salon de l’Alternance et de l’Apprentissage à Lille Grand Palais les 5 et 6 avril 2013

• Journée des apprentis organisée par Formasup à l’IUT A de Villeneuve d’Ascq le 12 avril 2013

Plus d’informations sur www.univ-valenciennes.fr

Agenda

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