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Diplôme D’état de Conseiller en Economie Sociale Familiale Session 2015 Nom patronymique : BATCHO Prénom (s) : MELANIE, ABAJAE DOSSIER DE PRATIQUES PROFESSIONNELLES TITRE : L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL D’UNE PERSONNE ÂGEE DANS LE CADRE D’UNE PROCEDURE DE RELOGEMENT AU SEIN DE LA SOREQA

melaniebatcho.files.wordpress.com  · Web view2017. 1. 27. · J’ai choisi de réaliser mon stage en alternance pour acquérir plus de compétences et pour mieux observer le travail

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Diplôme D’état de Conseiller en Economie Sociale Familiale

Session 2015

Nom patronymique : BATCHO

Prénom (s) : MELANIE, ABAJAE

DOSSIER DE PRATIQUES PROFESSIONNELLES

TITRE :

L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL D’UNE PERSONNE ÂGEE DANS LE CADRE D’UNE PROCEDURE DE RELOGEMENT AU SEIN DE LA SOREQA

SOMMAIRE

Partie 1 : NOTE DE SYNTHESE : INTERVENTION SOCIALE D’AIDE A LA PERSONNE (ISAP)4

INTRODUCTION4

1.Mon choix d’intervention7

2.Le diagnostic de la situation de la personne82 .1. L’environnement82.2. Le quotidien9

3.Les objectifs de l’intervention14

4.L’intervention sociale d’aide à la personne154.1.La prise de contact avec Monsieur M et le lien de confiance154.2.Les démarches réalisées avec Monsieur M164.3.L’entrée en structure temporaire16

5.L’évaluation de l’intervention185.1.Visite à domicile au sein de la résidence des Symphonies185.2.Les objectifs19

6.Le bilan de l’intervention226.1.Les points forts du suivi social226.2.Les limites de l’accompagnement23

CONCLUSION24

Partie 2 : RAPPORT DE STAGE : INTERVENTION SOCIAL A INTERET COLLECTIF (ISIC)26

INTRODUCTION26

1.Les objectifs de l’action collective26

2.L’action collective27

3.L’évaluation de l’action collective28

4.Les éléments à apporter28

5.L’évaluation de l’intervention et du groupe30

6.Limites de l’action collective30

CONCLUSION30

BILAN DE COMPETENCES32

ANNEXES36Annexe 1 : QUESTIONNAIRE A L’ATTENTION DES FAMILLES : CHOIX DE THEMES POUR REALISER UNE INTERVENTION COLLECTIVES :36Annexe 2 : GRILLE D’EVALUATION DE L’ACTION COLLECTIVE PAR LES BENEFICIAIRES37

LEXIQUE40

SITOGRAPHIE41

BIBLIOGRAPHIE41

Partie 1 : NOTE DE SYNTHESE : INTERVENTION SOCIALE D’AIDE A LA PERSONNE (ISAP)

INTRODUCTION

En 2014, on compte « 3.5 millions personnes non ou très mal logées, plus de 5 millions en situation de fragilité à court ou moyen terme dans leur logement…Les problèmes de logement s’expliquent sous des formes multiples (sans domicile et absence de logement personnel, mauvaises conditions d’habitat, difficultés pour se maintenir dans son logement…) », d’après la Fondation Abbé Pierre.[footnoteRef:1] [1: Rapport 2014 sur l’Etat du mal-logement en France 2015 – La Fondation Abbé Pierre]

Les « mauvaises conditions d’habitat » englobent les nuisibles (rongeur, cafards, puces de lits….), l’insalubrité, le saturnisme, l’humidité, les moisissures…L’insalubrité touche de nombreuses villes, en particulier Paris.

D’après le Code de la Santé Publique (article L.1331-26), « tout immeuble, groupe d’immeubles, îlot ou groupe d’îlots – bâti ou non, vacant ou non, attenant ou non à la voie publique – constituant un danger pour la santé des occupants ou des voisins, du fait de son état ou de ses conditions d’occupation ou d’exploitation, est considéré comme insalubre[footnoteRef:2] ». [2: http://www.ors-idf.org/prse/pdf/contexte19.pdf]

Ces logements indignes représentent un vrai danger pour les personnes qui y habitent, en particulier pour les personnes vulnérables telles que les femmes enceintes, les enfants, les personnes souffrant de handicap et les personnes âgées. Certains logements insalubres contiennent du plomb ou de l’amiante. L’ingestion de plomb par un enfant en bas âge peut générer le saturnisme, qui est une maladie liée au plomb. Cette maladie peut entraîner une colique de plomb se manifestant par de fortes diarrhées, accompagnées de vomissements et de violentes douleurs abdominales.

Du fait de cette situation très préoccupante, les pouvoirs publics ont fait de cette question une priorité de santé publique. La lutte contre l’insalubrité et le saturnisme  « s’inscrit dans une optique économique et sociale »[footnoteRef:3]. [3: http://www.driea.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr – Agir contre l’habitat insalubre ou dangereux – méthodes et choix de procédures, 2008]

Pour éradiquer l’habitat insalubre à Paris, depuis 2002, la Mairie a dépensé 1,2 milliards d’euros de travaux « pour rénover plus de 20 000 logements dans les 1 030 immeubles considérés comme insalubres et dangereux[footnoteRef:4] ». De plus, pour lutter contre le logement indigne la Ville de Paris a créé en 2009 l’Observation de la prévention de la dégradation du bâti et la Société de requalification des quartiers anciens en 2010, la Soreqa. [4: http://www.anah.fr/lexique/?tx_aroglossary_glossary[word] ]

La Soreqa, outil public de droit privé, créée en février 2010 par la Ville de Paris et la Communauté d’agglomération de Plaine Commune, est une société publique locale d’aménagement (SPLA), dont le but est d’éradiquer les habitats indignes, dégradés, indécents et dangereux pour la population de Paris et sa périphérie.

Cette société s’occupe également de la mise à l’abri des occupants contre les dangers encourus dans les logements insalubres. La Soreqa est l’outil des collectivités qui veulent mettre en place des projets urbains incluant le traitement de l’habitat dégradé. Son intervention inclut toujours le souci du devenir des ménages et, si nécessaire, leur accompagnement social.

L’usager avec qui j’ai eu l’occasion de mettre en place un accompagnement social dans le cadre d’un relogement habitait dans un logement insalubre et dégradé d’un immeuble parisien. La Ville de Paris a mis un arrêté de péril suite à l’inspection du bâtiment insalubre, par le service technique de l’habitat en 2011.

J’ai choisi de réaliser mon stage en alternance pour acquérir plus de compétences et pour mieux observer le travail du Conseiller en Economie Sociale Economie sur un site qualifiant. Le choix de cette structure a été mûrement réfléchir, car je souhaite, après avoir obtenu mon diplôme d’état de Conseiller en Economie Social et Familial, travailler dans le domaine de l’habitat et du logement auprès d’un bailleur. Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de connaître cette structure lors d’un projet réalisé par mon ancien lycée de formation, quand j’étais en deuxième année de BTS ESF. L’intervenante, une CESF travaillant à la Soreqa, a présenté son parcours et a expliqué ses missions au sein de cette structure. Cette intervention m’a donné envie de réaliser mon stage de formation au diplôme de CESF à la Soreqa. En outre, en travaillant à la Soreqa qui est un opérateur-aménageur, je vois un autre aspect du logement, à travers l’habitat indigne et le relogement de ménages.

Durant mon stage, je me suis fixée des objectifs professionnels et personnels tels que :

· élaborer un diagnostic d’un usager,

· construire et mettre en place un accompagnement social avec un usager, tout en prenant en compte ses besoins, ses capacités et ses potentialités,

· travailler en partenariat ou en réseau avec une équipe pluridisciplinaire,

· tenir compte des lois en vigueur

· évaluer l’accompagnement social réalisé.

Travaillant au sein du service relogement de la Soreqa, en tant que Conseillère Relogement Association, je suis amenée à réaliser le relogement de familles habitant dans les immeubles indignes acquis par cette société.

Je suis chargée de la constitution du dossier relogement des occupants des immeubles ou de réaliser une mise à l’abri, notamment en relais pour des situations complexes, par exemple des familles qui ont des enfants en bas âge avec un risque saturnin.

De plus, j’assiste ma tutrice de stage, Madame B, dans ses missions de coordination des associations mandatées pour effectuer l’accompagnement social lié au logement (ASLL) et le suivi sanitaire des familles, afin de suivre la progression de chaque ménage dans leurs démarches (régularisation des papiers, du travail, accès aux droits…).

En tant que future CESF, les missions que je réalise – en particulier le relogement - s’inscrivent dans l’action sociale ; en effet, celui-ci permet de lutter contre l’insalubrité et l’exclusion sociale. Le relogement permet également aux familles d’accéder aux droits fondamentaux (droit à l’intimité, à l’éducation…) car, grâce aux associations, les familles voient leurs droits ouverts. Durant mon stage, je me suis posée des questions sur la procédure de relogement et la mise à l’abri des ménages, notamment : comment mobiliser les structures adaptées et les dispositifs du domaine du logement afin de mettre à l’abri des ménages, tout en prenant en compte de leurs capacités et de leurs potentialités ?

Pour répondre à cette question, je vais, à présent, analyser ma pratique professionnelle à travers le relogement d’une personne âgée que j’ai eu l’occasion d’accompagner.

Dans un premier temps, j’analyserai l’élaboration du diagnostic social de la situation de la personne suivie, la construction et la mise en place de l’accompagnement social avec une personne, tout en prenant en compte ses besoins, ses capacités, puis dans un deuxième temps, j’énoncerai le travail en partenariat et en réseau de l’équipe pluridisciplinaire et des acteurs engagés dans l’accompagnement social et enfin, j’évaluerai l’accompagnement social réalisé.

1. Mon choix d’intervention

Le public pris en charge par la Soreqa est très diversifié, il se compose de familles, de couples sans enfant, de personnes retraitées et de personnes seules, hébergées, locataires, sous-locataires ou propriétaires, squatteurs ou personnes sans droit ni titre.

Ce public vit dans des logements indignes et/ou dangereux acquis depuis peu par la Soreqa pour une réhabilitation ou une démolition et une construction de logements sociaux ou d’espaces publics.

La Soreqa se charge d’une mise à l’abri et/ou d’un relogement de plus de 852 familles résidant sur plus de 60 adresses parisiennes.

Dans le cadre de mes missions, je participe à des instances tels que les accords collectifs, les réunions associatives, les réunions d’équipe, les conférences à thèmes sociaux et les formations.

Je construis des outils, tels que des tableaux de suivi dans le cadre de la gestion des dettes locatives des familles, en partenariat avec le service de gestion intercalaire.

Je réalise également des évaluations à domicile, dans le cadre d’enquêtes sociales et d’enquêtes d’occupation et je rempli un questionnaire pour chacune ménage occupant le logement. Je programme et je réalise des visites du logement proposé avec les familles.

De plus, je travaille en étroite collaboration avec différents bailleurs pour transmettre le dossier de relogement du candidat et organiser la signature de contrat de location.

En outre, je collabore avec les services médico-sociaux de secteurs, quand une orientation est envisagée, afin réponde aux besoins du ménage.

Je me suis donc posée les questions suivantes : quel type d’intervention individualisée vais-je pouvoir mettre en place et réaliser ? Quel public choisir pour réaliser un accompagnement social ? Il y a eu plusieurs choix d’accompagnement qui s’offraient à moi, telle qu’une intervention sociale auprès d’une famille avec des violences conjugales signalées, en attente d’une proposition de relogement une famille sans droit ni titre, une personne souffrant de handicap en attente de relogement dans un logement adapté, ou une personne souffrant de troubles psychiques.

Malgré la multitude des situations sociales complexes et très intéressantes, j’ai pris la décision d’accompagner une personne âgée très isolée socialement dans le cadre d’un relogement dans une structure adaptée, car, au cours de mes différents stages, je n’ai pas eu l’occasion de travailler auprès du public âgé.

L’accompagnement d’une personne âgée me permettrait de mieux connaître les spécificités et les démarches à mettre en place pour réaliser l’accompagnement de ce public. Car, après avoir examiné la situation de la personne, j’ai pu déceler la nécessité de l’orienter la personne vers une structure adaptée à ses besoins et non de la reloger, comme la mission du conseiller en relogement le préconisait.

En effet, du fait de son âge avancé et de sa perte d’autonomie, cette décision était plus judicieuse pour Monsieur M. En effet, cette personne, très isolée, n’avait aucun soutien familial ni amical et nécessitait un accompagnement social et sanitaire spécifique.

Ce choix d’orientation s’est confirmé après une réunion de synthèse avec l’association mandatée par la Soreqa et l’évaluation de la situation de Monsieur M.

2. Le diagnostic de la situation de la personne

2 .1. L’environnement

Lors de l’acquisition, par la Soreqa, de l’immeuble où vit Monsieur M, en 2014, celui-ci a été rencontré, lors de l’enquête sociale.

Après avoir effectué des enquêtes d’occupation et des enquêtes sociales relatives aux autres occupants de l’immeuble, le service relogement de la Soreqa a évalué la situation de Monsieur M afin de procéder à une meilleure orientation.

L’immeuble où vit Monsieur M, a été considéré comme étant insalubre, car les logements et parties communes, en particulier les façades et le bâti, sont très dégradés à cause de l’humidité, de la moisissure et de fissures. De plus, des problèmes d’électricité (raccordement clandestins, fils dénudés) rendaient l’immeuble inhabitable et dangereux pour ses occupants.

Par ailleurs, l’arrêté préfectoral pour insalubrité de 2011 indiquait que « l’insalubrité constatée des parties communes constituait un danger pour la santé des personnes qui les occupent, notamment aux motifs suivants : l’humidité conjuguée aux effets de la condensation, a entraîné la dégradation et l’insuffisance de protection contre les intempéries, entraînant ainsi des fissurations et des décollements. En outre, l’état de dangerosité de l’installation électrique au sein des logements, l’absence de ventilation, les chutes d’eaux usées à l’intérieur et à l’extérieur de l’immeuble, à cause d’un défaut au niveau du raccordement de canalisations, engendrent une insécurité et des risques de contamination pour les occupants.»[footnoteRef:5]. [5: Arrêté préfectoral pour insalubrité, datant du 27 décembre 2011]

De plus, il y a une forte présence de nuisibles (rongeurs…) dans les logements.

Le logement de Monsieur M présente également ces mêmes disfonctionnement : humidité, moisissures, problèmes d’électricité, pas d’aération, de ce fait son habitat est très dégradé (moisissures, nuisibles...).

2.2. Le quotidien

· Au niveau social :

Monsieur M, âgé de 78 ans, célibataire, vit seul dans le logement. Après avoir discuté avec les voisins de Monsieur M, nous nous sommes aperçu que celui-ci avait très peu de contact avec eux et ils ne savent pas s’il vivait toujours dans l’immeuble.

Lors de nos entretiens avec Monsieur M, il s’est montré très méfiant et se repliait sur lui-même quand un inconnu lui parlait. Nous avons constaté que Monsieur M est « coupé du monde », n’ayant pas de soutien familial ni amical, il est complétement isolé. Car depuis l’arrivée de Monsieur M en France, à l’âge de 20 ans, il n’a pas eu de contact avec sa famille.

Son isolement s’est accentué depuis sa retraite (auparavant il travaillait dans le milieu hospitalier en tant qu’agent hospitalier).

Vu son état d’isolement, j’ai cherché à savoir s’il avait encore des proches et pourquoi il ne les avait pas contacté en voyant son état se dégrader. Il m’a fourni les numéros de téléphone de ses frères et sœurs. J’ai pris la décision d’appeler la famille de Monsieur M en sa présence pour les informer de la situation de leur frère. En effet, il était nécessaire d’en informer la famille, étant donné l’état de dégradation du logement et de la programmation de la date de démolition de l’immeuble.

Ce contact téléphonique a permis à Monsieur M de renouer des liens avec ses frères et sœurs. L’une de ses sœurs a repris contact avec moi, afin de rencontrer son frère ; cette rencontre n’a pas pu se faire, Madame ayant annulé le rendez-vous le jour même. Peut-être avait-elle peur de voir son frère dans l’état décrit lors de notre entretien téléphonique ? Ou avait-elle peur à l’idée de devoir prendre en charge son frère ? Avait-elle peur des démarches à faire pour améliorer les conditions de vie de son frère ?

Néanmoins, étant une personne vulnérable, Monsieur M doit être mis en sécurité car l’état très dégradé de son immeuble et de son logement est dangereux pour sa santé et son état physique.

N’étant pas connu des services sociaux du secteur, nous ne savions pas si Monsieur M avait entamé ou réalisé des examens médical lié à son âge ; tels que une coloscopie, un bilan cardio-vasculaire ou un test d’audition et de vision. Monsieur M est une personne marginale et fragile socialement, de ce fait, il est nécessaire de rompre son isolement, car il commençait à se clochardiser dans son logement depuis quelques temps.

La situation de Monsieur M m’a beaucoup interrogé : comment s’était-il renfermé sur lui-même au point de se clochardiser dans son propre logement ? Quel a été le déclencheur ? Une déception amoureuse ? Le passage à la retraite ? En effet, supposons que l’âge de la retraite à l’époque de Monsieur M, était fixé à l’âge de 60 ans ; celui-ci aurait le statut d’une personne retraitée depuis 18 ans, qu’est-ce qui a déclenché sa rupture avec la vie sociale, familiale et médicale ? A-t-il subit un passage à la retraite forcé ? Pourquoi ses conditions de vie se sont dégradées au début de cette période ? Est-ce que derrière cet isolement, ne se cacherait-il pas un problème psychiatrique ?

D’après Marie-Paule DESSAINT, Ph. D., coach de vie, auteur et spécialiste des transitions de vie et de la retraite[footnoteRef:6], il est vrai que le passage à la retraite est douloureux pour les personnes en âge de la retraite, elles se sentent fragiles, inutiles au sein de la société. Ce constat est d’autant plus vrai quand le passage à la retraite n’est pas préparé. Certaines personnes tombent dans la dépression durant les premières années de la retraite, elles ne savent plus quoi faire : avant elles avaient une activité professionnelle, une instance de socialisation, mais maintenant elles n’ont plus d’activité, donc de lien social et leurs ressources diminuent. [6: Extrait du livre Une retraite heureuse? Ça dépend de vous!, Éditions Flammarion Par Marie-Paule DESSAINT, Ph. D. Coach de vie, auteur (Québec, Canada) Spécialiste des transitions de vie et de la retraite]

Pour faire face à cette situation, certaines personnes âgées s’engagent dans des associations en tant que bénévoles, d’autres profitent de leurs économies pour aider autrui, ou pour se faire plaisir. Cependant quelques personnes se renferment sur elle-même en coupant les liens sociaux, familiaux et médicaux, comme c’est le cas de Monsieur M.

Je me suis demandée si Monsieur M avait fait une décompensation au passage de la retraite ?

· Au niveau sanitaire :

Vivant dans un logement dégradé, la santé de Monsieur M s’est détériorée au fil des années. Avec les problèmes d’humidité, Monsieur M est souvent tombé malade. De plus, après avoir discuté avec Monsieur M, nous avons remarqué qu’il n’était pas allé consulter un médecin depuis longtemps, environ 18 ans. Il se soigne tout seul, en pratiquant l’automédication. En outre, il ne se rappelle pas du nom de son médecin traitant. Le fait que Monsieur M n’a pas vu de médecin depuis son passage à la retraite peut poser problème. En effet les hommes dépassant l’âge de 60 ans doivent effectuer un examen de la prostate ; et tous les ans dès 50 ans ou un examen du colon, tous les 2 ans dès 50 ans, d’après Impact Médecine, un journal médicale.

Par ailleurs, selon l’infirmière de l’association mandatée par la Soreqa, Madame G, un suivi sanitaire serait nécessaire au vu de la situation de Monsieur M. En effet, il ne se lave pas souvent, il ne change pas tous les jours ses vêtements et ce qui peut entraîner des mycoses aux pieds ou sur les parties intimes. Il accumule beaucoup d’objets sans nécessairement pouvoir les stocker. De plus, il a des troubles alimentaires : il consomme des aliments cuisinés par ses soins qu’il laisse à l’air libre, puis les mange quelques jours après. Il ne prête pas attention aux dates de péremption indiquées sur les aliments.

Pour mieux comprendre le passé médical de Monsieur M, je me suis tournée vers l’infirmière de l’association Madame G, afin de prendre connaissance du diagnostic sanitaire qu’elle avait réalisé auprès de Monsieur M. Après avoir fait un état des lieux du logement de Monsieur M, l’infirmière Madame G a pu constater l’état dégradé du logement et l’état révélateur d’un problème de santé et/ou d’autonomie de Monsieur M [footnoteRef:7]. [7: Suivi sanitaire de l’association mandatée par la Soreqa, réalisé par l’infirmière G]

Dans l’ensemble, nous n’avons pas d’éléments au sujet du passif social et médical de Monsieur M.

Durant les visites à domicile effectuées chez Monsieur M, je me suis posée des questions : Depuis combien de temps Monsieur M n’a pas fait d’examens médicaux ? Pourquoi n’a-t-il pas vu de médecin depuis tant d’années (18 ans) ? Est-ce à cause d’un passif difficile avec le secteur médical, puisqu’il travaillait comme agent hospitalier ? Ou bien à cause de craintes envers le personnel médical ? Ou bien cette réticence à consulter un médecin était-elle dû à un problème psychiatrique ? Ou était-ce lié à l’enfance ?

· Au niveau administratif :

J’ai pu constater que Monsieur M avait une crainte de tout ce qui est administratif. En effet, il possède une carte Vitale périmée depuis plus d’une dizaine d’année et n’a entamé aucune démarche pour le renouvellement de cette carte. Il a également perdu sa pièce d’identité quand il faisait ses courses, il y a dix ans. Il n’a pas entrepris de démarches auprès de la Préfecture de Police. Monsieur M possède le permis B, mais n’a pas de voiture et se déplace qu’en transports en commun.

De plus, il ne connaît pas le montant des factures d’électricité et de gaz, qu’il paye chaque mois. Il n’a aucune idée de la somme qu’il possède sur son compte bancaire. De ce fait, il coupe régulièrement son compteur électrique, car il a peur de payer trop de charges en électricité et dons s’éclaire à la bougie, ce qui augmente les risques d’incendie dans son logement.

Dans le but de faire un point sur les antécédents de Monsieur M et pour rechercher un logement adapté à sa situation, une visite à domicile a été programmée avec nos partenaires sociaux.

Au vu du diagnostic social qui en a découlé, quelques questions ont été soulevées : comment mettre en place une relation de confiance, alors que Monsieur M est méfiant ? De quelle manière peut-on mettre en place un accompagnement social, si Monsieur M n’ouvre pas la porte lors des visites à domicile ? Comment Monsieur M est-il arrivé à ce stade d’isolement ? Comment orienter Monsieur M pour rompre cet isolement ? Comment et dans quel type de structure faut-il reloger Monsieur M ?

En conséquence de quoi, la Soreqa a pris la décision, en accord avec Monsieur M, de le mettre à l’abri en attendant de trouver une structure adaptée à ses besoins et au lieu lui proposer un logement dans le parc locatif social.

Entre temps Madame G, l’infirmière, a réalisé une enquête auprès des pharmacies du quartier pour trouver les coordonnées du médecin traitant de Monsieur M, mais sans succès.

Pour en savoir plus sur ses antécédents médicaux nous lui avons proposé de réaliser un bilan complet auprès de la Sécurité Sociale. Pour ce faire, Madame G a demandé auprès du CLIC (Centre Local d’Information et de Coordination) des informations à propos des modalités de mise en place d’une aide à domicile pour Monsieur M en attendant une proposition de logement adapté. Elle a également contacté par téléphone la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) pour faire une demande de bilan santé gratuit au nom de Monsieur M.

3. Les objectifs de l’intervention

La finalité de mon projet personnalisé est de trouver des axes de travail adaptés à la situation de l’usager, tout en prenant en compte ses potentialités pour répondre à la problématique qu’est l’habitat dégradé. Le but de cette intervention individualisée est de reloger l’usager dans un logement définitif adapté à ses besoins.

Durant l’intervention sociale personnalisée, j’ai fixé avec Monsieur M des objectifs à atteindre.

Les objectifs principaux de l’intervention sont :

· Expliquer les rouages et les démarches administratives liés au relogement à Monsieur M pendant les visites à domicile ou au bureau.

· Fixer les droits au relogement de Monsieur M en collaborant avec le Conseiller relogement contentieux juridique Monsieur F.

· Construire le dossier de candidature pour un relogement avec l’aide de Monsieur M.

· Vérifier les ouvertures de droits légaux et facultatifs de Monsieur M.

· Mettre en lien Monsieur M avec les services sociaux de secteur, afin de faciliter les démarches administratives et de réaliser un relais à la fin de l’accompagnement.

· Mettre à l’abri et reloger Monsieur M, en prenant en compte ses ressources et ses besoins.

· Préparer Monsieur M à changer de logement.

· Trouver une orientation adaptée dans le cadre du relogement de Monsieur M.

Les objectifs spécifiques sont :

· Travailler la relation de confiance avec Monsieur M.

· Rechercher une structure adaptée aux besoins de Monsieur M, en prenant en compte les souhaits formulés par Monsieur M.

· Rompre l’état d’isolement de Monsieur M progressivement, en accompagnant Monsieur M dans ses démarches auprès des services sociaux de secteur.

· Utiliser les capacités et les potentialités de Monsieur M.

Au regard de l’énoncé des objectifs que je me suis fixée, je vais à présent analyser l’intervention sociale de Monsieur M.

4. L’intervention sociale d’aide à la personne

4.1. La prise de contact avec Monsieur M et le lien de confiance

Dans le cadre de l’ASLL, Monsieur M est mis en relation avec une intervenante sociale de l’association mandatée par la Soreqa, une CESF, Madame C. Comme Monsieur M est très timide et méfiant, il a mis près de 3 mois avant d’ouvrir la porte aux travailleurs sociaux qui lui rendaient visite dans le cadre du suivi social. Puis, pendant un mois, les entretiens se faisaient sur le seuil de la porte de Monsieur M. Peut-être voulait-il se familiariser avec les voix des travailleurs sociaux ? Ou, peut-être, voulait-il être sûr que ses interlocuteurs, qui lui envoyaient des courriers pour prendre rendez-vous ou qui lui parlaient derrière la porte, soient bien de vrais travailleurs sociaux ? Ou avait-il honte de l’état de son logement ?

Paradoxalement, Monsieur M honore les rendez-vous proposés par la Soreqa, il est présent au siège de la Soreqa, mais il ne répond peu ou pas aux courriers envoyés par l’association mandatée. Peut-être a-t-il plus confiance en Madame B, la conseillère relogement association, et moi-même, qu’il a vues lors des enquêtes d’occupation ; quand Madame C, l’intervenante sociale, avec laquelle il n’a pas encore eu de contact ? Ou peut-être il ne sait pas lire et/ou écrire  pour pouvoir répondre aux travailleurs ?

Après le compte-rendu des intervenants sociaux, qui indiquait l’état du logement et les conditions dans lesquelles Monsieur M vivait depuis quelques années, ils ont pu commencer les démarches avec Monsieur M pour le mettre en sécurité.

Cependant, la première fois que j’ai rencontré Monsieur M, il nous a ouvert la porte, à ma tutrice et moi aussitôt après s’être préparé. Je me suis interrogée sur ce fait : peut-être ma tutrice avait préparé Monsieur M, en lui parlant de mon arrivée ? Ou serait-ce à cause de mon jeune âge ? Me considère-t-il comme sa fille ou sa petite-fille ? Ressemblerais-je à une personne de son entourage ? Ou bien serait-ce à cause de mon origine que Monsieur M a eu plus de facilité à discuter ? En effet ma tutrice, Madame B, avait fait le relais auprès de Monsieur M pour faciliter le suivi. De plus, lors de ma première visite au domicile, Monsieur M m’a demandé de quelle origine j’ai été et il s’est avéré que j’avais presque les mêmes origines que lui. C’est à ce moment-là que le lien de confiance avec Monsieur M a commencé à se tisser.

4.2. Les démarches réalisées avec Monsieur M

Pour commencer les démarches de Monsieur M, j’ai réalisé un diagnostic de sa situation de Monsieur M, à partir des comptes-rendus des intervenants et les documents constituant son dossier de relogement. Cette démarche avait pour but de proposer des établissements adaptés aux besoins à Monsieur M dans le cadre du relogement. En effet, d’après le diagnostic réalisé, il est ressorti qu’un logement ordinaire n’était pas adapté à ses besoins, car étant âgé et en perte d’autonomie, il ne pouvait se maintenir dans un logement ordinaire. De ce fait, après une concertation avec les intervenants sociaux et sanitaires de l’association, je me suis retournée vers les établissements adaptés qui pouvaient correspondre aux souhaits et aux besoins de Monsieur M.

Dans ce but, j’ai effectué des recherches sur les structures qui répondaient aux trois priorités de Monsieur M : la conservation de l’autonomie, la proximité des commerces et du quartier familier de Monsieur M, ainsi que l’accès aux soins.

Cependant, le logement de Monsieur M s’est de plus en plus dégradé et il était urgent de trouver rapidement une solution de mise à l’abri. Dans ce cadre, j’ai exposé la situation de Monsieur M, lors d’une réunion bilan ASLL avec l’association mandatée. A l’issue de cette réunion, il a été convenu d’une proposition de placement temporaire comme hébergement alternatif, afin de mettre à l’abri Monsieur M. Après quelques recherches, j’ai retenu une résidence qui se situait dans le quartier familier de Monsieur M. Cette résidence temporaire accueille des personnes âgées autonomes et des infirmières réalisent des soins et des animateurs se chargent des activités.

4.3. L’entrée en structure temporaire

J’ai donc proposé à Monsieur M la résidence temporaire lors d’une visite à domicile : il a accepté de la visiter. J’ai pris contact avec la responsable de la résidence qui se trouve dans le même quartier. Cette prise de contact avait pour but de programmer une visite de la résidence et me renseigner sur les places disponibles et de savoir s’il était possible de faire une demande d’aide sociale légale auprès de la DASES (Direction de l’Aide Sociale à l’Enfance et aux Soins).

Outre le fait de mettre à l’abri au plus vite Monsieur M, du fait de l’état de son logement et de la pénurie de rentrée de nouveaux logements adaptés, j’ai travaillé avec Monsieur M la perspective du déménagement en mettant en avant sa mise à l’abri de façon temporaire dans la résidence qui se situait dans son quartier familier. C’est seulement après 2 semaines de discussion que Monsieur M a décidé de visiter la résidence ; ainsi j’ai pu organiser avec la responsable de l’établissement une visite des lieux et d’un studio suite à la demande de Monsieur M.

La réticence de Monsieur M m’a amené à m’interroger : pourquoi ne voulait-il pas quitter son logement dégradé, malgré les arrêtés préfectoraux et les courriers de la Soreqa signalant l’état du logement ? Serait-ce parce qu’il est attaché à son logement ? Ou avait-il peur de perdre ses objets personnels lors du déménagement ? En effet il m’a confié qu’il craignait de ne plus revoir ses biens, puisqu’il ne pouvait pas tous les emmener à la résidence. Je l’ai rassuré à ce sujet en lui expliquant que ses biens seraient stockés dans un local gardé par un vigile.

Comme Monsieur M est craintif et réservé face à des inconnus, j’en ai donc parlé à Madame T, la responsable de la résidence. Lors de la visite, Madame T a rassuré Monsieur M en lui présentant l’équipe encadrante, les activités, le règlement, etc… Après la visite et quelques échanges, Monsieur M accepte la proposition de vivre pendant 3 mois dans la résidence, mais il était un peu réticent à l’idée de déménager de son quartier qu’il connaissait depuis plus de vingt ans.

En effet, les personnes âgées préfèrent garder leurs repères dans les lieux familiers. De plus, l’entrée en résidence peut être vécue comme un rejet ou une période de stress pour la personne âgée, car elle doit s’adapter à un nouvel environnement. Ayant repéré cette préoccupation chez Monsieur M, je me suis demandée comment je pourrais l’aider à dissiper cette réticence ? Par quel moyen, je pourrais aider Monsieur M à s’approprier son nouveau quartier ?

Pour aider Monsieur M, j’ai travaillé avec lui sur son déménagement et l’appropriation de son nouvel environnement et de son nouveau quartier, en lui rappelant les enjeux de la procédure de relogement tout en le rassurant.

De plus, je lui ai proposé de faire une découverte du nouveau quartier, en lui montrant où se situaient les services sociaux de proximité et les différents commerces dont il aurait besoin. Monsieur M a apprécié cette visite du quartier et grâce à celle-ci, il a été plus enclin à déménager.

Après avoir instruit le dossier de Monsieur M pour une demande d’aide sociale légale auprès du Centre d’ Action Sociale de la Ville de Paris, j’ai organisé le déménagement de Monsieur M, avec l’aide d’un collègue du service intercalaire et ma tutrice. De plus, afin de rassurer Monsieur M au sujet du stockage de ses affaires personnelles, je lui ai montré le local dans lequel seront gardés ses biens ; Monsieur M a été apaisé.

Il est rentré dans la résidence temporaire des Symphonies en décembre 2014, pour une durée de 3 mois.

Au vu de l’analyse de l’intervention sociale de Monsieur M, je vais à présent réaliser une évaluation de cette dernière.

5. L’évaluation de l’intervention

5.1. Visite à domicile au sein de la résidence des Symphonies

Je suis retournée voir Monsieur M quelques temps après son entrée dans la résidence et me suis entretenue avec la responsable des Symphonies, Madame T, de sa situation et des éventuels changements observés. Je me suis également renseignée au sujet de l’orientation de Monsieur M après la période de 3 mois. Après avoir fait des recherches sur les établissements adaptés dans le quartier familier de Monsieur M et n’ayant pas trouvé de places, j’ai donc élargi mon champ de recherche avec l’aide de Madame T. Nous avons pu programmer un entretien d’admission dans une résidence services qui se trouve loin du quartier de Monsieur M.

Au vu de cette nouvelle proposition, Monsieur M s’est montré réticent. En effet, il craignait de changer de quartier, d’environnement et de passer un entretien devant un inconnu. Cependant, la durée d’hébergement temporaire à la résidence était sur le point de s’écouler. De ce fait, Madame T et moi avons discuté avec Monsieur M pour lui expliquer que cette nouvelle résidence était adaptée à ces besoins et nous lui avons décrit les prestations de la résidence services. Il a accepté d’aller à l’entretien. Madame T, a pu faire réaliser, grâce à son accord, un examen gérontopsychiatrie de Monsieur M par un médecin spécialiste, pour ensuite présenter son dossier à la résidence services.

Madame C, intervenante sociale de l’association mandatée par la Soreqa et moi, avons accompagné Monsieur M à l’entretien. Cette entrevue n’a pas abouti, le médecin ayant indiqué dans son rapport que Monsieur M avait besoin d’une aide midi et soir et qu’il avait une perte d’autonomie et des troubles cognitifs débutants et des pertes de mémoire. En conséquence, le médecin a orienté Monsieur M vers un Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) médicalisé, afin qu’il soit aidé dans quelques actes de la vie quotidienne, tels que le ménage, la cuisine, les soins. En effet, un EHPAD peut accueillir différents usagers âgés : soit en perte d’autonomie, soit en situation d’handicap ou alités.

Après l’entretien d’admission, je me suis questionnée au sujet de l’autonomie de Monsieur M, avait-il perdu, effectivement, en autonomie pendant le temps passé à la résidence ? Ou était-il stressé au point de ne pas pouvoir répondre aux questions posées par le médecin ? Sa peur de l’inconnu l’a-t-elle paralysé ? Ou peut-être ne souhaitait-il pas, inconsciemment ou consciemment, rentrer dans cette résidence ?

A la suite du refus de la Résidence Services, Madame T ainsi que l’hôpital qui suit actuellement Monsieur M ont entrepris des recherches afin de trouver une place dans une structure adaptée aux besoins de Monsieur M. De mon côté, j’ai réalisé le renouvellement de l’aide sociale légale auprès du CASVP de secteur, en attendant une nouvelle proposition de relogement, afin de prolonger l’hébergement de Monsieur au sein de la résidence des Symphonies, pour une période supplémentaire de trois mois.

5.2. Les objectifs

Lors de l’accompagnement social, j’ai pu atteindre, avec Monsieur M, les objectifs concernant le relogement :

Le travail de la relation de confiance s’est fait progressivement. Etant réservé et isolé, Monsieur M a eu un peu de mal à laisser entrer les travailleurs sociaux dans son logement. Mais au bout de quatre tentatives par courrier des travailleurs, il leur a ouvert la porte. Cependant, je n’ai pas eu beaucoup de difficultés à parler avec Monsieur M, car ma tutrice, Madame B, avait fait le relais auprès de Monsieur M afin de faciliter le suivi.

Dans le but de reloger Monsieur M, je lui ai expliqué les rouages et les démarches administratifs liés au relogement, pendant les entretiens à domicile ou au bureau. Ainsi, j’ai pu remarquer, tout au long de l’accompagnement, que Monsieur M avait bien compris la procédure de relogement. Il a posé quelques questions sur des points qu’il n’avait pas compris au cours d’un entretien et, malgré ses interrogations, il a bien assimilé les explications données lors du premier entretien. De plus, il a adhéré au relogement et aux suivis ASLL et sanitaire réalisés par l’association mandatée.

Tout au long de l’accompagnement, Monsieur M m’a indiqué ses exigences, à propos de la structure adaptée. Par exemple, il souhaitait que l’établissement soit situé dans son quartier, proche des commerces ; j’en ai tenu compte dans la demande de relogement. Par ailleurs, connaissant son état d’isolement, j’ai fait mon possible afin qu’il se sente à l’aise lors des visites de résidence services ou d’établissement d’hébergement, en lui expliquant l’intérêt de ces structures pour lui.

En procédant de la sorte, j’ai pu travailler avec les capacités de Monsieur M tout en répondant à ses demandes.

Avec la collaboration du Conseiller relogement contentieux juridique Monsieur F, Monsieur M a eu ses droits au relogement fixés auprès d’un Juge.

Afin de construire le dossier de candidature pour un relogement, j’ai demandé lors de quelques entretiens avec Monsieur M, de me fournir les documents nécessaires pour constituer le dossier de relogement. Madame C, chargée du suivi ASLL, m’a également transmis quelques documents pour compléter son dossier.

En constituant le dossier j’ai pu vérifier, si Monsieur M avait des droits légaux ouverts, tels que la retraite et sa complémentaire et des droits facultatifs comme l’Allocation Personnalisée au Logement (APL) ou l’Allocation Pour l’Autonomie (APA). Monsieur M avait tous ses droits ouverts.

Néanmoins, il y a des objectifs qui restent à atteindre, tels que :

La recherche d’une structure adaptée aux besoins de Monsieur M, en prenant en compte les propositions faites par Monsieur M. Après avoir inscrit Monsieur M sur la liste de demandeurs d’hébergement adapté, auprès du CASVP, Madame T, responsable de la résidence temporaire, a positionné Monsieur M dans une maison de retraite – EHPAD, en attendant qu’une place se libère.

La mise à l’abri et le relogement de Monsieur M, en prenant compte de ses ressources et de ses besoins, a été réalisée dans une structure, temporaire pour une durée de 3 mois, renouvelable une fois. Le déménagement de Monsieur M a été quelque peu difficile, étant donné que Monsieur M accumule des objets. Je lui ai expliqué avec Madame B, qu’il ne pouvait pas apporter tous ses biens à la résidence et qu’il faillait se débarrasser de certaines choses et en stocker d’autres. Il a eu du mal à l’accepter, mais le jour du déménagement, j’ai remarqué qu’il avait pris en compte nos recommandations, en faisant le tri dans les affaires qu’il souhaitait apporter à la Résidence les Symphonies, celles qu’il souhaitait stocker dans le local de l’immeuble en attendant son relogement et celles dont il voulait se débarrasser.

Par ailleurs, la procédure de relogement pour Monsieur M est toujours d’actualité, nous cherchons une place en institution adaptée, soit en résidence services ou en EHPAD. De plus, j’attends le compte-rendu de l’examen gérontopsychiatrique, afin de connaître l’orientation que préconisent le médecin et les raisons de la situation de Monsieur M.

La mise en lien de Monsieur M avec les services sociaux de secteur, afin de faciliter les démarches administratives et de réaliser un relais à la fin de l’accompagnement, est en attente en vue du relogement. De ce fait, je n’ai pas encore eu l’occasion de mettre en lien Monsieur M avec les services sociaux de secteur dans le but de passer le relais.

La rupture de l’état d’isolement de Monsieur M se fait progressivement, notamment en l’accompagnant dans ses démarches et entretiens auprès des services sociaux de secteur. Au cours de l’accompagnement, Madame C (intervenante sociale) et moi avons remarqué que Monsieur M était moins réservé qu’au début, il nous faisait part de ses problèmes.

Toutefois, il manifeste un état d’isolement, en particulier, dans la résidence temporaire : il ne parle pas beaucoup avec les autres résidants, mais il a des discussions avec le personnel. Il sort de la résidence, souvent, pour se promener, pour déjeuner dehors ou venir voir Madame B ou moi pour ces papiers importants (courriers). En effet, il a encore du mal à déléguer ses démarches administratives au personnel de la résidence. En fait, il préfère que des personnes qu’il connaît se chargent de ses problèmes administratifs, en occurrence Madame B ou Madame C ou moi-même.

6. Le bilan de l’intervention

6.1. Les points forts du suivi social

Tout au long du suivi, Monsieur M a été très coopérant durant la procédure de relogement, malgré quelques réticences qui ont été dissipées.

Monsieur M m’a fait par ses exigences, de ses problèmes et de ses craintes, ainsi, j’ai pu mettre en œuvre des stratégies, afin que la procédure de relogement puisse se réaliser.

Au début du suivi, j’avais eu quelques appréhensions, car je n’avais pas encore eu l’occasion d’accompagner individuellement une personne, en particulier une personne âgée.

Grâce au relais qu’a réalisé ma tutrice de stage auprès de Monsieur M, j’étais plus rassurée car l’usager a été préparé. Ma tutrice a répondu présente chaque fois que je me questionnais et cherchais des axes de travail répondant aux besoins de Monsieur M.

Par ailleurs, j’ai gagné de plus en plus d’aisance et d’assurance face à la situation de Monsieur M et au cours de mes suivis.

Durant le suivi de Monsieur M, je me suis interrogée sur sa situation, ses antécédents et ses projets, car il n’en parlait pas, du fait de son caractère très réservé. En outre, je me suis demandée, au vu de sa situation de Monsieur M, s’il n’y avait pas une problématique psychiatrique qui se cachait derrière son état d’isolement et de relâche au niveau sanitaire.

De plus, le travail en partenariat avec les différents services de la Soreqa, l’association mandatée et les services sociaux, a permis la réalisation de la mise à l’abri de Monsieur M. En effet, le service de gestion intercalaire de la Soreqa a sécurisé le logement et l’immeuble où résidait Monsieur M, en installant des dispositifs de sécurité au niveau des fils et du compteur électrique. Il a également installé un code à la porte d’entrée qui donnait sur la rue. Le service a également quittancé Monsieur M dans le cadre de la procédure d’expropriation.

Par ailleurs, l’association mandatée par la Soreqa m’a aidé à connaître les avancées du suivi de Monsieur M. Les réunions de bilan mensuels ASLL et suivi sanitaire m’ont permis également d’échanger avec les différents intervenants de l’association, en exposant mes réflexions et mes inquiétudes.

Le travail en partenariat avec ma tutrice de stage m’a permis de prendre du recul et d’avoir un esprit critique vis-à-vis de mon suivi individuel. Les comptes-rendus faits à ma tutrice, après chaque intervention auprès de Monsieur M, m’ont aidé à trouver des axes de travail avec celui-ci afin de répondre à ses besoins, dans le cadre du relogement.

6.2. Les limites de l’accompagnement

Le grand isolement de Monsieur M a été un frein au début de l’accompagnement ; en effet, n’ayant pas de soutien familial ni amical, Monsieur M était méfiant envers moi et les intervenants sociaux. Lors du premier entretien, j’ai eu du mal à rencontrer Monsieur M : soit il n’était pas présent à son domicile, soit il avait oublié. Alors, j’ai mis en place une stratégie pour rencontrer Monsieur M. N’ayant pas de téléphone fixe, ni de téléphone mobile pour joindre Monsieur M ; je lui ai envoyé des courriers de prise de rendez-vous en indiquant le jour, l’heure et le lieu de rencontre. Cette stratégie a fonctionné.

L’entretien d’admission d’entrée de la résidence service, qui n’a pas abouti, a déstabilisé Monsieur M, car il souhaitait y rentrer, malgré ses réticences du départ vis-à-vis au quartier qui ne lui était pas familier. Par la suite, il a eu quelques craintes pour passer d’autres entretiens d’admission. Madame T et moi avons travaillé avec Monsieur M sur ce point afin de le préparer mentalement.

De mon point de vue, aussi, cet entretien d’admission s’est avéré être un échec, car je pensais vraiment que cette résidence services répondrait aux besoins de Monsieur M. Cependant, l’orientation de Monsieur M vers un EHAPD, recommandée par le médecin de l’établissement, m’a conforté dans certaines de mes interrogations sur la situation réelle de Monsieur M, notamment la possibilité que Monsieur M soit atteint d’un trouble psychiatrique.

Par ailleurs, cette décision médicale m’a permis de revoir les objectifs professionnels fixés, en orientant la procédure de relogement vers un établissement médicalisé pour répondre aux nouveaux besoins de Monsieur M. J’ai pu ainsi me repositionner professionnellement et diriger l’accompagnement plus vers une recherche d’établissement sanitaire et médico-social (ESMS).

En outre, le manque de place en établissements adaptés a été un frein à l’accompagnement de Monsieur M, ce qui a engendré, le renouvellement la demande d’aide sociale légale auprès de la DASES, ainsi que Monsieur M puisse rester 3 mois de plus au sein de la résidence temporaire.

Par ailleurs, une autre limite que j’ai pu noter lors du suivi, c’est que en tant que stagiaire et future professionnelle, je ne peux pas obliger une personne à adhérer à un dispositif, si elle ne le souhaite pas, ainsi j’ai dû négocier avec Monsieur M des axes de travail communs.

CONCLUSION 

Durant cette analyse de ma pratique professionnelle, nous avons abordé, premièrement le choix de mon intervention à travers la procédure de relogement. Deuxièmement, nous avons établi le diagnostic de la personne suivie, à travers son environnement et son quotidien. En troisième lieu, nous avons élaboré des objectifs à atteindre pour répondre aux besoins de Monsieur M dans le but de le reloger. Quatrièmement, nous avons analysé l’intervention sociale à la personne et enfin, cinquièmement, évalué l’intervention et fait le bilan du suivi.

Après l’obtention de mon diplôme d’Etat de Conseiller en Economie Sociale Familiale, je ne souhaite pas travailler au sein de la Soreqa en tant que Conseillère Relogement Association.

En effet, la mission du Conseiller Relogement est d’aller vers les usagers en leur proposant des dispositifs mis en place par différents contingents, afin d’améliorer leurs conditions d’habitation, en les relogeant notamment. Pour rappel, l’action sociale se définit comme étant « l’ensemble des moyens mis en œuvre par un groupe de protection sociale dont l’objectif est d’aider des personnes ou des groupes en difficulté sociale et/ou financière afin qu’ils vivent mieux, qu’ils acquièrent ou préservent leur autonomie et s’intègrent socialement[footnoteRef:8] ». Or, lors de mes précédents stages, j’ai eu l’habitude de répondre aux demandes des usagers qui venaient me voir ; lorsque dans le cadre du relogement de la Soreqa, c’était moi qui allais vers les usagers pour créer de la demande et répondre à celle-ci, ce fut, pour moi, un tout nouveau concept de l’action sociale. [8: http://www.radiancehumanis.com/conseils-prevoyance/accident/action-sociale-definition-dispositifs]

En outre, le suivi réalisé au sein du Service Relogement de la Soreqa est basé sur la coordination des associations mandatées, en ce sens que ce sont ces associations qui nous transmettent, par le biais de l’ASLL, les informations et les documents des usagers afin de constituer le dossier de relogement.

Compte tenu de ces éléments, je souhaite avant tout acquérir de l’expérience dans d’autres domaines de l’action sociale.

Ainsi, ce stage, à la Soreqa, m’a permis de confirmer mon orientation professionnelle. Ayant déjà travaillé dans l’animation, ayant réalisé mes deux précédents stages dans des structures qui faisaient du collectif, je souhaite mettre à disposition mes compétences au sein de structures qui réalisent des actions sociales collectives.

Toutefois, j’apprécie le suivi individuel, telle que l’ASLL ou l’AVDL, car c’est un accompagnement impliqué. En effet, le travailleur rentre dans la vie, le quotidien des usagers. A ainsi ce suivi permet de travailler en globalité avec la personne, sur ses habitude et son quotidien.

Partie 2 : RAPPORT DE STAGE : INTERVENTION SOCIAL A INTERET COLLECTIF (ISIC)

INTRODUCTION

L’habitat indigne, étant une problématique du logement, peut entraîner, chez ses occupants, des problèmes de santé et de sécurité (incendies, chutes…). Les accidents de la vie courante peuvent également arriver, tant dans un habitat indigne que dans un habitat décent. Ces accidents touchent les personnes et les enfants en bas âge.

Lors de mon second stage de BTS ESF, j’ai effectué une intervention collective sur le thème des accidents domestiques chez les enfants en bas âge (entre 0 et 6 ans), au sein du pôle parentalité d’un centre social municipal de quartier.

Le pôle parentalité, Espace Parents, créé en 2008, par le centre social, répond à la problématique de la parentalité. C’est un lieu dédié principalement aux parents où les enfants peuvent évoluer en présence des parents, sans toutefois les déranger dans leurs échanges avec la référente Famille. Celle-ci, dans le cadre du fonctionnement de l’Espace Parents, répond aux demandes des parents à travers un soutien financier, familial ou matériel.

De plus, l’Espace Parents est un lieu d’accueil de proximité, de services, d’accompagnement des parents, de détente, d’échanges, d’expression, d’information, d’orientation et un lieu de ressources familles et/ou de professionnels, car des actions collectives en lien avec la parentalité y sont réalisées avec l’équipe encadrante et des partenaires.

Dans cette partie, je vais aborder la présentation et la réalisation de l’intervention collective que j’ai eu l’occasion de réaliser au sein du centre social. Puis, j’analyserai les modifications à apporter, afin que cette intervention devienne une Intervention Sociale d’Intérêt Collective (ISIC), en intégrant des éléments complémentaires.

1. Les objectifs de l’action collective 

La finalité de mon projet était la protection de la petite enfance et son but était de réaliser une action de prévention auprès des parents et des enfants, pour les informer sur les risques d’accidents au sein de l’habitat

Mes objectifs étaient :

· Mobiliser les parents ayant de jeunes enfants âgés de 0 et 6 ans afin de les informer sur les risques domestiques les plus fréquents et les plus graves liés au logement.

· Conseiller les parents sur les comportements et aménagements limitant les risques d’accidents, afin d’améliorer la qualité du quotidien de l’enfant en réduisant ces risques d’accidents par le moyen de dispositifs de sécurité.

2. L’action collective

L’action collective s’est basée sur un constat que fait l’INPES[footnoteRef:9] (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) et l’INVS[footnoteRef:10] (Institut de Veille Sanitaire) : « Chaque jour, 2 000 enfants de 0 à 6 ans sont victimes d’accidents de la vie courante. Pour les jeunes enfants entre 0 et 4 ans, l’intérieur de la maison représente le principal lieu d’accidents domestiques (plus de 80 %)». Celle-ci est, également, fondée sur une demande venant des habitants du quartier. En effet, d’après le questionnaire réalisé par le centre social municipal en 2008, 40,3 %[footnoteRef:11] des habitants sondés souhaitent que le centre social réalise des interventions et de l’information sur la santé. [9: http://www.inpes.santé.fr] [10: http://www.invs.santé.fr] [11: Rapport d’activité du centre social municipal Louis Aragon 2013]

Afin de répondre à cette demande des usagers, j’ai réalisé une intervention collective à l’aide de données et d’ouvrages en lien avec les accidents domestiques. J’ai également mobilisé un partenaire du centre pour des affiches, des jeux ludiques ; ce choix m’a paru judicieux car les outils de sensibilisation et de prévention répondaient, d’une part, à la demande du public et d’une autre part, aux objectifs que je m’étais fixée.

La mobilisation des usagers à l’action collective s’est faite par téléphone, affiches, tracts et flyers. Malgré cette démarche de mobilisation, il y a eu peu participants. Serait-ce à la manière de mobiliser les familles qui ne convenait pas ? Ou bien se pourrait-il que les outils de communication n’étaient pas employés à bon escient, telles que la rencontre au domicile des familles ou à la sortie des écoles ? Ou bien le sujet proposé ne répondait-il pas à leurs attentes ?

3. L’évaluation de l’action collective

L’évaluation du projet s’est faite en trois temps :

Tout d’abord, pendant l’intervention, j’ai demandé à une personne de l’équipe du centre social d’observer les réactions des familles lorsque je leur poserai des questions, en utilisant une grille d’observation.

Puis, à la fin de l’intervention, avec un animateur, j’ai posé des questions aux familles pour savoir si elles avaient assimilé les recommandations de l’intervention faites, au moyen d’affiches représentant les différentes pièces de la maison, sur lesquelles indiquées les risques d’accidents.

Enfin, j’ai fait passer un petit questionnaire de satisfaction aux familles, composé de 4 questions (3 questions fermées et 1 question ouverte).

Une partie des objectifs a été atteint, entre autres : repérer et contacter les parents ayant des enfants en bas âge grâce à l’étude des dossiers des familles ; identifier les risques domestiques et prévenir les parents de ces dangers au quotidien grâce aux différentes documentations.

Par ailleurs, le peu d’adhésion des familles, lors de l’action collective, m’a beaucoup interrogée sur la façon de mobiliser un public pour réaliser une telle action.

Cependant, durant la formation au diplôme d’Etat de Conseiller en Economie Social Familiale, j’ai pu découvrir le fonctionnement, la méthodologie et les exigences de l’intervention sociale à intérêt collectif (ISIC). Cette découverte a été, pour moi, un élément de réponse aux difficultés de la mobilisation du public et son adhésion à un projet.

Maintenant, je vais analyser les éléments de l’intervention collective précédente, afin d’apporter des modifications pour intégrer le public.

4. Les éléments à apporter

Lors de la réalisation de l’action collective et, notamment, lors de ma lecture du questionnaire de 2008 du centre social je ne me suis pas demandée si le public avait changé d’avis ou s’il avait peut-être soulevé une autre problématique à laquelle il souhaitait que le centre social réponde.

De ce fait, avant de proposer un projet aux usagers du centre il aurait été nécessaire de demander leur avis à travers un questionnaire (cf. annexe 1 questionnaire à l’attention des familles : choix de thèmes pour réaliser une intervention collective) et connaître le thème en lien avec la vie quotidienne qui intéresse les familles du quartier. Cet outil d’investigation aurait permis d’établir un diagnostic avec le public.

Le dépouillement du questionnaire pourrait se faire sur la base d’une table ronde afin de discuter autour d’une collation pour déterminer sur quels thèmes les familles souhaiteraient que le centre intervienne. La mobilisation s’effectuerait par le moyen d’affiches, de tracts et de flyers distribués au sien du centre et aux sorties des écoles du quartier.

L’équipe lancerait un débat sur les thèmes souhaités. Les suggestions pourraient être notées sur un paper-board, afin que les animateurs et la référente Famille animent et encadrent la table ronde en distribuant la parole aux usagers.

Suite de cette table ronde, il émergerait un thème en lien avec la vie quotidienne des familles. La référente Famille, les animateurs socio-éducatifs et les adultes Relais du centre proposeraient au groupe de personnes présentes de participer à un projet collectif, en réalisant l’intervention avec l’aide du personnel du centre.

Puis, suivraient des réunions d’informations avec les familles adhérentes au projet, afin de former le groupe. La référente Famille devrait stimuler le groupe en orientant les échanges et les recherches vers les différents accidents domestiques rencontrés, en général, par les familles, et en étant force de proposition pour guider les familles vers une construction d’un projet collectif.

De plus, selon les orientations du groupe, la référente Famille pourrait diriger celui-ci vers des partenaires du centre social tels que la CAF, la MDS (Maison Des Solidarité), le Kiosque Découverte Santé…

En complément, pour la réalisation de l’action, la référente Famille pourrait proposer au groupe des jeux de rôle, l’intervention d’un professionnel, un récit de vie ou une intervention collective, afin de répondre aux attentes du groupe de familles.

5. L’évaluation de l’intervention et du groupe

Pour évaluer l’intervention collective, l’équipe du centre pourrait distribuer un questionnaire de satisfaction aux familles, composé de 4 thématiques avec des questions ouvertes et des questions fermées, afin de recenser le ressenti des participants après l’intervention. (cf. Annexe 2 : Grille d’évaluation de l’action collective par les bénéficiaires).

En outre, pour recueillir les ressentis du groupe, l’équipe recenserait leurs impressions sur leur investissement dans le projet et si elles souhaitent de participer à nouveau à une autre intervention de ce genre. Le recueil de leur avis peut être réalisé à travers une table ronde ou un questionnaire.

6. Limites de l’action collective

J’ai relevé quelques freins dans la réalisation des actions collectives, durant ma réflexion et l’analyse de mon action de deuxième année de BTS ESF. La mobilisation des usagers peut être difficile malgré les outils de communication utilisés (téléphone, écoles, tracts, affiches, annonces, flyers…). Se pourrait-il que les imprévus de la vie empêchent certains de venir aux activités proposées par le centre social ? Ou que le sujet ne les intéresse pas ? Néanmoins, dans le cadre de l’ISIC, si le public est à l’origine du projet, il s’y impliquera plus car, l’intervention répondra à ses besoins. Ainsi la non-adhésion du groupe peut être une limite à l’action collective et un mauvais diagnostic peut faire échouer une telle action.

CONCLUSION

Dans cette analyse, nous avons énoncé une intervention réalisée sur les accidents domestiques chez les enfants en bas âge. Puis, nous avons abordé des éléments complémentaires, permettant d’améliorer la mise en place de l’action collective.

Cette analyse de ma pratique professionnelle, dans le cadre d’une action collective, m’a permis de m’interroger sur la façon d’intégrer l’usager dans un projet tout en répondant à ses besoins. L’intégration d’un groupe d’usager permet de réaliser une action collective, en prenant en compte les potentialités et les capacités de chaque membre du groupe. La difficulté est de travailler avec les individus et leurs potentialités qui sont plus ou moins fortes.

De ce fait, il est préférable de recourir à des techniques d’animation afin d’impulser, de stimuler et d’orienter le groupe vers un projet commun.

BILAN DE COMPETENCES

Durant mes deux années de formation en BTS ESF, les stages que j’ai effectués m’ont conforté dans mon projet de me former pour devenir Conseillère en Economie Sociale Familiale.

En effet, j’ai pu, à travers ces stages, appliquer et approfondir les compétences que les formateurs m’ont enseignées, notamment en rapport avec l’expertise et la gestion de la vie quotidienne. De plus, j’ai pu réaliser des actions collectives dans certains domaines de la vie quotidienne, tels que l’hygiène, l’alimentation, le lien parents/enfants, les accidents domestiques…

J’ai également observé la pratique des professionnels face au public, individuellement et collectivement, le travail en partenariat avec différents organismes et les solutions apportées aux habitants du territoire, ce qui m’a permis d’acquérir une posture professionnelle auprès du public.

De fait, les trois stages m’ont beaucoup apporté, car j’ai pu m’ouvrir aux autres en travaillant mon côté réservé et j’ai pu également encadrer, distribuer la parole, animer une action collective et accompagner individuellement des personnes.

En particulier, durant mon stage de formation au diplôme d’Etat en Conseiller en Economie Sociale Familiale (DE CESF), j’ai pu appliquer les compétences relatives à l’entretien individuel, le lien de confiance et la prise en compte des potentialités des usagers dans leur projet social.

Par ailleurs, j’ai pu réaliser les objectifs personnels que je m’étais fixée :

· Elaborer un diagnostic de la situation de la personne suivie et construire un lien de confiance avec elle.

· Mettre en place un accompagnement social avec la personne, tout en prenant en compte ses besoins, ses capacités et ses potentialités.

· Travailler en partenariat avec l’équipe de relogement, l’association mandatée par la Soreqa et les services sociaux de secteur. Ce travail a été réalisé en tenant compte des lois en vigueur.

· Et enfin, évaluer l’accompagnement social.

J’ai aussi acquéris des méthodologies et des techniques professionnelles, en effectuant des entretiens avec les ménages afin de constituer les dossiers de candidature, en utilisant les logiciels de suivis et de saisies de données pour faciliter le suivi social des ménages et en créant un outil de travail pour faciliter le suivi des comptes locatifs dans le cadre de la gestion locative.

Je me suis construite une posture professionnelle, en prenant en compte l’éthique professionnelle, en présentant la procédure de relogement aux ménages lors des entretiens, en représentant la structure dans les formations, conférences, auprès des associations mandatées et des partenaires ; et en respectant le secret professionnel dû à la mission de relogement.

Au cours de ce stage, je me suis améliorée dans l’identification des caractéristiques du public et des problématiques sociales, en repérant les besoins des ménages à travers les enquêtes sociales et les entretiens, ce qui m’a permis de répondre concrètement à leurs demandes des ménages en trouvant des solutions de relogement adaptées.

J’ai pu également situer la place et les enjeux de l’institution dans son environnement, en mettant en place et en suivant les dispositifs facilitant la mise à l’abri et le relogement des ménages : ACD – (Accords Collectifs Départementaux), DALO (Droit Au Logement Opposable), SIAO (Service d’Intégration d’Accueil et d’Orientation) et en travaillant en collaboration avec les différents services de la Soreqa et de la Siemp – Société Immobilière d’Economie Mixte de la Ville de Paris - (acquisition, aménagement, gestion intercalaire, habitat privé) et les différents bailleurs.

La pratique de l’action sociale sur le terrain m’a permis d’avoir un positionnement socio-professionnel et de développer mon sens critique.

De plus, lors de mon stage de formation au diplôme d’Etat j’ai pu développer des compétences dans le cadre du travail en réseau et en partenariat auprès de différentes associations, bailleurs sociaux, mairies et services sociaux de secteur.

Au cours de ma formation de trois ans et des stages réalisés, j’ai apprécié le savoir-faire des membres de chaque une des équipes, avec lesquelles, j’ai eu l’occasion de travailler. Ils m’ont appris de nombreux éléments sur l’action sociale et l’application des politiques sociales qui m’ont permis d’approfondir ma formation.

Les rencontres que j’ai pu faire : les formateurs, les équipes, les habitants, les accueillis, les partenaires, ont été très enrichissantes et constructives. Elles ont été bénéfiques tant dans ma vie professionnelle que personnelle. En effet, grâce à elles, j’ai pu me remettre en question personnellement, analyser mon travail et ma posture professionnelle, prendre du recul sur mes actions accomplies au sein de chaque stage.

Par ailleurs, les différents projets tels que le projet vacances de l’ANCV (Agence Nationale pour les Chèques Vacances), la rédaction d’un magazine écrit par les personnes anciennement SDF, le projet ECOSPHERE, le festival des Utopies Concrètes…, m’ont également beaucoup apportées, car j’ai vu concrètement le travail en partenariat, la pratique et la posture professionnelle de l’équipe et la mobilisation du public.

Grâce aux conférences et formations sur le mal-logement, la réforme sur les demandeurs d’asile, la présentation du RSA socle (Revenu Solidarité Active), ou de la loi ALUR (Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) et des SIAO…, j’ai pu approfondir mes connaissances dans divers champs de l’action sociale, telles que l’exclusion sociale, l’insertion professionnelle et la parentalité.

Cependant, ces conférences et formations m’ont permis de constater une réalité qui m’a parue difficile à concevoir : le Législateur ne connaît pas complétement les réalités du terrain et de ce fait, ne tient pas toujours compte des suggestions des travailleurs sociaux. De ce fait, les travailleurs sociaux essayent de faire de leur mieux avec peu de moyens ; ils inventent et développent un réseau dense, des dispositifs, des concepts, des moyens pour répondre aux besoins du public à problématiques de plus en plus complexes.

Toutefois, depuis quelques années, afin d’y remédier, le Législateur réalise des journées nationales réunissant différents travailleurs du secteur social et médical, afin de dialoguer sur ce qui fonctionne et ce qu’il faudrait améliorer.

En outre, les travailleurs sociaux et, en particulier, les CESF sont l’articulation entre les attentes des politiques sociales, à travers l’application des dispositifs, et les différents publics. De ce fait, des décrets, des arrêtés et des nouvelles lois sont créés pour renforcer d’autres textes de lois, afin de rendre applicables concrètement les politiques sociales. J’ai constaté également au cours de mes stages, que le cumul des lois ou le manque de lois renforçant un dispositif donné, rendait le travail social et l’action sociale de plus en plus complexe.

Dans le cadre de mon futur projet professionnel, en tant que Conseillère en Economie Sociale Familiale, j’ai plusieurs choix de structures où je souhaiterais travailler.

J’apprécierai de travailler au sien d’une équipe pluridisciplinaire dans le cadre du dispositif « un chez-soi d’abord » dédié aux personnes sans abri, souffrant de troubles psychiatriques. En effet, durant cette année de formation, j’ai eu l’occasion d’être en immersion au sien de d’une telle équipe au sein de l’association Aurore. Je me suis sentie très impliquée au sein de l’équipe et j’ai pu observer de nouvelles pratiques professionnelles, dont je n’avais pas connaissance.

Par ailleurs, participer à un programme expérimental et au suivi des locataires m’a beaucoup apporté. Cette expérience a été très enrichissante car, voyant les travailleurs sociaux épanouis dans leur profession, leurs pratiques professionnelles à travers des entretiens autour d’un café, d’un repas et le suivi des locataires au sein de leur logement, car j’ai vu ma formation de CESF qui prenait tout son sens.

En effet, en tant que future CESF, intégrer une telle équipe est pour moi la continuité de ma formation parce que la CESF doit aider les locataires anciennement SDF à réapprendre la vie quotidienne, réapprendre à vivre en société : aller prendre son courrier, sortir les poubelles, faire le tri, cuisiner, faire les courses, s’approprier son nouveau logement, payer son loyer, entretenir son habitat, se laver régulièrement, équiper son logement…

Dans une toute autre optique, j’apprécierai de travailler au sein d’un centre social auprès de familles d’un quartier. C’est lors de mon stage de deuxième année, que j’ai rencontré ce public.

C’est à travers des ateliers parent-enfants, groupe de parole, interventions préventives que je me suis trouvée le plus dans mon élément en tant que future CESF. En effet, j’ai apprécié énormément de travailler avec un groupe d’individus.

Pour moi, le fait de stimuler, de réunir, de faire échanger un groupe, de prendre en compte chaque membre du groupe, est très enrichissant professionnellement : les interventions auprès d’un groupe permettent de créer du lien entre des individus différents, en trouvant un facteur commun : un projet, et faire ressortir des problématiques insoupçonnables en entretien individuel.

ANNEXES

Annexe 1 : QUESTIONNAIRE A L’ATTENTION DES FAMILLES : CHOIX DE THEMES POUR REALISER UNE INTERVENTION COLLECTIVES :

Suite à la table ronde, plusieurs thèmes d’interventions en relation avec la vie quotidienne sont ressortis. Pour choisir un thème, le centre social a réalisé un questionnaire anonyme.

1-Vous êtes :

□ Homme □ Femme

2- Venez-vous au centre social Louis Aragon ?

□ Oui □ Non

3- Si oui, souhaiteriez-vous participer à des interventions collectives ?

□ Oui □ Non

4- Si oui, voici les thèmes retenus lors de la table ronde. Cochez.

□ Les économies d’énergie

□ Les accidents domestiques

□ Une bonne alimentation à petit prix

□ Les vacances

5- Pourquoi avez-vous choisir ce(s) thème(s) ?

Nous vous remercions d’avoir répondu au questionnaire.

Le centre social municipal Louis Aragon

Annexe 2 : GRILLE D’EVALUATION DE L’ACTION COLLECTIVE PAR LES BENEFICIAIRES

Date

Intitulé de l’action

Lieu de l’action

Centre social municipal Louis Aragon

(A l’aide de l’échelle suivante, renseigner la grille ci-dessous 1 Très insuffisant - 2 Insuffisant - 3 Satisfaisant - 4 Très satisfaisant )

1° INFORMATIONS SUR L’ACTION COLLECTIVE ET PRESENTATION

1

2

3

4

D’après vous l’intervention a-t-elle été :

Qui vous a présenté cette action ?

2° CONDITIONS DE DEROULEMENT DE LA PRESTATION

1

2

3

4

L’organisation générale (information, accueil, etc.) vous semble-t-elle :

La durée de l’intervention vous semble-t-elle :

Le créneau horaire vous convient-il :

3° OBJECTIFS / CONTENUS / DEMARCHE PEDAGOGIQUE

1

2

3

4

La compréhension de l’intervention sur les accidents domestiques vous semble-t-elle :

Les contenus de l’action et son enchaînement vous semblent-ils :

Les supports utilisés (vidéo, affiches, dépliants) vous semblent-ils :

4° L’ASPECT RELATIONNEL

1

2

3

4

Comment estimez-vous la qualité des échanges ?

Observations / commentaires sur l’action:

Observations / commentaires libres :

Le centre social municipal Louis Aragon

LEXIQUE

ACD : Accords Collectifs Départementaux

APL : Allocation Personnalisée au Logement

APA : Allocation Pour l’Autonomie

ALUR : Accès au Logement et un Urbanisme Rénové

ANCV : Agence Nationale pour les Chèques Vacances

ASLL : Accompagnement Sociale Lié au Logement

CAL : Commission d’Attribution de Logement

CASVP : Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris

CESF : Conseiller en Economie Sociale et Familiale

CLIC : Centre Local d’Information et de Coordination

CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie

DASES : Direction d’Aide Sociale à l’Enfance et aux Soins

EHPA : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées

EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes

INSEE : Institut Nationale de Statistiques Economique et d’Etudes

INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale

SIEMP : Société Immobilière d’Economie Mixte de la Ville de Paris

SOREQA : Société de Requalification des Quartiers Anciens

SPLA : Société Publiques Locales d’Aménagement

SPL : Société Publiques Locales

SITOGRAPHIE 

http://www.apur.org

http://www.inserm.fr

http://www.legifrance.gouv.fr

http://www.ors-idf.org/documents/MereEnfant/22_Fiche4-6-Web.pdf

http://www.sante.gouv.fr/saturnisme-le-depister-et-le-prevenir.html

http://www.sante.journaldesfemmes.com

http://www.sante.lefigaro.fr/mieux-etre/environement/plomb/quest-ce-que-plombemie-plombemie

http://www.soreqa.fr

BIBLIOGRAPHIE

Supports papiers et numérique :

Rapport d’activité 2013 de la Soreqa

Suivi Accompagnement Sociale Lié au Logement (ASLL) de l’association mandatée par la Soreqa

Suivi sanitaire de l’association mandatée par la Soreqa

Logiciel LOGEQA

Gestionnaire des rapports

Rapport 2014 sur l’Etat du mal-logement en France – Fondation Abbé Pierre 2014

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