Commerce international et développement

Les règles de forme (rappel n°X)

- des éléments de méthodologie se trouvent ici : http://jeromevillion.free.fr/Espace_Etudiants/Methodo_Dissert.htm

- les anales et des copies de concours se trouvent là : http://jeromevillion.free.fr/Espace_Etudiants/Documents_Etudiants/annales_ecrit.htm

- chaque partie commence par une intro, comportant l’annonce de toutes les sous-parties ; comme dans cet exemple de copie de concours portant sur le sujet 2018 de l’ESSEC :

Termes du sujet, analyse

Commerce international : échanges de biens et services

- remarque : a priori, les mouvements de capitaux (IDE, etc.), et plus largement les mouvements de facteurs de production, ne font pas partie du sujet. On peut éventuellement, en complément de l’analyse du CI, souligner qu’historiquement, le développement des mouvements de capitaux internationaux accompagne le développement des échanges commerciaux (ce qui permet de dire quelques mots sur les IDE).

Développement : attention à la diversité des définitions

- définition de Perroux (1961) : « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global »

- définition du développement humain selon le PNUD : « processus d’élargissement de la palette des choix qui s’offrent aux individus » ⇒ éducation, santé, inégalités, pauvreté…

- développement durable : prise en compte du bien-être des générations futures, ce qui implique d’intégrer les enjeux environnementaux (« le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs », rapport Brundtland, 1987).

Cadre spatio-temporel : le sujet ne l’impose pas et les questions sont pertinentes du point de vue de tous les pays ou régions (pays en développement, pays développés, etc.) et de toutes les périodes (donc, depuis le début du XIXe siècle). La règle est : l’ensemble du cadre spatio-temporel doit être couvert, c’est-à-dire que doivent être abordés tous les pays ou ensembles de pays ainsi que toutes les périodes, ne serait-ce que de manière allusive pour certains cas.

- astuce : supposons que le cadre spatio-temporel ne soit pas spécifié. Supposons, de plus, que vous soyez persuadée que le sujet impose de restreindre ce cadre (i.e. que, selon vous, le sujet ne concerne pas tous les pays et/ou toutes les périodes depuis le début du XIXe siècle). Alors, la prudence impose tout de même de dire quelque chose du genre : « ce problème (sujet) concerne, pour l’essentiel,… [tel ensemble de pays et/ou telle période] ».

Eléments de réflexion sur le sujet

Ce que le sujet n’est pas

- libre-échange et développement

Ce n’est pas le sujet, d’abord, parce que ce n’est pas le sujet : si les concepteurs du sujet veulent poser le sujet « Libre-échange et développement », ils posent celui-là et pas un autre. Ensuite, parce que le protectionnisme, bien qu’il prenne des formes différentes, n’est généralement pas le refus de tout échange commercial avec l’extérieur.

Les questions soulevées par le sujet

- commerce international ⇒ développement ?

- Le commerce international favorise-t-il le développement ?

- Le commerce international peut-il nuire au développement ?

- Le commerce international est-il une condition nécessaire, suffisante du développement ?

- Le commerce international favorise le développement sous certaines conditions ?

- développement ⇒ commerce international ?

- un certain niveau de développement est-il nécessaire pour pouvoir bénéficier du commerce international ?

- rq : entre les deux sens de causalité, y en a-t-il un à privilégier ? La réponse est oui !

- peut-on répondre de la même façon (à telle ou telle question) selon que l’on s’intéresse aux PD ou aux PED ?

Des pistes

- pour favoriser le développement, mieux vaut l’ouverture au commerce international que l’autarcie

- le commerce international a des effets bénéfiques sur le développement

1) via ses effets sur la croissance

2) de manière directe : diversification de la consommation (« élargissement de la palette de choix qui s’offrent aux individus »), apports de connaissances (nouvelles technologies)

- limites : n’y a-t-il pas certains modes de vie qui ne supporteraient pas le contact avec l’extérieur ? : tribus d’Amazonie menacées de disparition suite à leurs premiers contacts avec le monde extérieur (causes : maladies, surexploitation des ressources naturelles…)

- Y a-t-il des contre-exemples ?

- des pays s’étant développés en situation autarcique ou de fort protectionnisme

- des pays dont l’ouverture commerciale n’a pas eu d’effets positifs en termes de développement.

- cas extrême de dégradation des termes de l’échange : la croissance appauvrissante de Jagdish Bhagwati (1958)

- pour exploiter les effets bénéfiques du commerce international pour le développement, il faut que certaines conditions soient satisfaites : le rôle des institutions et des politiques économiques

Mobilisation des connaissances

Commerce international :

- théories du commerce international

- les gains de productivité tirés de la spécialisation : Smith, Ricardo, Heckscher-Ohlin-Samuelson

- rappel : l’analyse de Smith est à mettre au rang des références à l’histoire de la pensée économique ; lorsqu’il s’agit de développer une analyse économique (mécanismes) des effets du CI, on lui préférera la théorie des avantages comparatifs (ou les nouvelles théories du CI si l’on pense à l’effet taille des marchés)

- analyse dynamique de la spécialisation :

- Vernon (cycle de vie du produit) : innovation dans les pays disposant de beaucoup de capital (physique et humain), diffusion de ce produit dans ces pays (marché grand et solvable), exportations, concurrence accrue sur ce produit, délocalisation dans les pays à bas salaires.

- et Posner, Akamatsu.

- les économies d’échelle et la diversification de l’offre créées par l’ouverture : Krugman, Helpman

- précision : il ne faut pas confondre gains d’efficacité (baisse des coûts, côté offre) tirés de l’accroissement de la taille des marchés et accroissement des débouchés (côté demande). Il faut sortir du cadre néo-classique (donc de modèles d’offre) pour que le rôle des débouchés puisse être pris en compte.

- imperfections (économies d’échelle, diversification, barrières à l’entrée) ⇒ politiques commerciales stratégiques pour maintenir et renforcer le pouvoir de marché

- libre-échange et protectionnisme

- histoire du commerce international

- la compétitivité comme dangereuse obsession (Krugman)

Développement

- économie du développement

- Perroux, Bairoch, Rostow, Lewis, etc.

- stratégies de développement

- le développement passe par l’industrialisation dans un cadre protectionniste (voire autarcique) : Destanne de Bernis, Presbish (centre/Périphérie), Arghiri Emmanuel

- les approches récentes (néo-institutionnalisme) : North, Rodrik, Acemoglu

- facteurs de développement

- indicateurs de développement : du PNUD (IDH, IDHI, IPH…)…

- développement durable : empreinte écologique…

Plans rencontrés

I. Compatibles II. Non

I. CI => Dévt II. Dévt => CI III. Effets négatifs du CI sur le Dévt

Accroche : un exemple

Introduction

Paul Bairoch aime à souligner, notamment dans Mythes et paradoxes de l’histoire économique, qu’avant la révolution industrielle les niveaux de vie des différentes régions du monde étaient proches. La période suivante sera caractérisée à la fois par un développement considérable du commerce international, par un accroissement inédit du PIB mondial par tête mais aussi par un élargissement important des écarts de niveaux de vie.

Ces évolutions suggèrent d’une part que le développement a connu des rythmes différents selon les pays. D’autre part, il semble que les échanges internationaux de biens et services se soient développés parallèlement à la croissance économique et au développement. Cette question des liens entre commerce international et développement, bien que très ancienne, a à nouveau pris une place importante dans le contexte plus récent de mondialisation, de montée des inégalités et de coexistence de pays développés, de pays émergents et de pays moins avancés. Néanmoins, le développement, qu’on le définisse, en suivant François Perroux, comme « la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel global » ou qu’on l’appréhende de manière plus normative comme le « processus d’élargissement de la palette des choix qui s’offrent aux individus » (PNUD) est un processus complexe. Ses liens avec le commerce international, qu’ils soient directs ou indirects via la croissance économique, ne sont ni systématiques ni univoques.

Nous étudierons dans une première partie pourquoi et comment le commerce international peut être considéré comme favorable au développement (I). Dans une deuxième partie, nous chercherons à comprendre pourquoi, au contraire, les effets de commerce international semblent avoir été négatifs dans de nombreux cas (II). Ces exemples et analyses apparemment contradictoires nous amènerons, dans une troisième partie, à réfléchir sur les conditions qui peuvent permettre aux différents pays de tirer les meilleurs bénéfices d’une ouverture au commerce international (III).

I. Pourquoi et comment le commerce international a pu favoriser le développement dans certains pays depuis le début du XIXe siècle

I.A. Historiquement, commerce international et développement semblent aller de pair

arguments : Pays du early start (rôle du commerce extérieur dans la révolution industrielle en Angleterre), les pays développés qui ont le plus participé à la croissance du commerce mondial depuis 1945 et ce sont ces mêmes pays qui ont connaissent aujourd’hui les IDH les plus élevés, parmi les ’13 réussites’ depuis 1945 (Corée du Sud, bien que libéralisation n’intervient clairement que fin des années 1980)

I.B. Cette corrélation peut d’abord s’expliquer par une causalité : les effets bénéfiques du commerce international sur la croissance, condition nécessaire du développement.

arguments : Smith, Ricardo, HOS (gains de productivité tirés de la spécialisation) ; économies d’échelle (Helpman et Krugman, Market Structure and Foreign Trade (1985)) ; la concurrence issue de l’ouverture incite à l’innovation.

I.C. De plus, ce n’est pas seulement via ses effets positifs sur la croissance que le commerce international peut favoriser le développement : le commerce international favorise plus directement le développement.

arguments : Le commerce international accroît le bien-être en augmentant la variété offerte (Lassudrie-Duchène (1971), Lancaster (1980)), le commerce international favorise la circulation du savoir (transfert de technologies).

II. Cependant, le commerce international ne semble pas avoir favorisé le développement de nombreux pays exportateurs de produits de base et se heurte aux aspects sociaux et environnementaux du développement

II.A. Un décollage avorté dans un cadre d’ouverture : exemples historiques et analyses

Au XIXe siècle, la domination britannique sur l’Inde (exportations de cotonnades (les ‘indiennes’)) s’accompagne d’une multiplication par 5 des inégalités de revenus par habitants (Maddison) ; Au XXe siècle, exemple de l’Argentine (une des premières puissances économiques mondiales au lendemain de la 1ère Guerre mondiale, exportations de céréales, de viande…), les crises de la dette des pays d’Amérique latine ; les PMA

Explication : théories de la domination (Amin, Emmanuel), dégradation des termes de l’échange ; vulnérabilité liée à l’instabilité des termes de l’échange (peut obliger à s’endetter, puis à être contraints par les conditions imposées par les créanciers ou leurs représentants : politiques d’ajustement structurel)

3) Néanmoins, diversité des situations d’échec ou de réussites des PED exportateurs de produits primaires (Botswana, OPEP)

II.B. Les conséquences sociales négatives du CI : inégalités, conditions de travail…

II.C. Les conséquences du CI sur l’environnement

3bis) Des effets néfastes également pour les pays développés (inégalités ? chômage ? fragilisation des plus faibles ?)

III. Le commerce international ne favorise le développement que sous certaines conditions

III.A. Un cadre institutionnel et des politiques économiques pour faire du CI un facteur de décollage

arguments : List, Sen (capabilities)

III.B. Le rôle des institutions et des politiques publiques pour concilier CI et progrès social dans les pays développés

arguments :

III.C. Le rôle des institutions et des politiques publiques pour concilier CI et développement durable

arguments : commerce international = adhésion à un modèle capitaliste détruisant l’environnement et surexploitant les ressources naturelles ?