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ANNEXE A Synthèse des procédures juridiques pour l’installation de fermes aquacoles sur le Domaine Public Maritime en Nouvelle-Calédonie (RFP20-049) Sommaire I. LES FONDAMENTAUX DE L’OCCUPATION DU DOMAINE PUBLIC MARITIME.....2 1.1. Définition légale de l’aquaculture en Nouvelle-Calédonie......2 1.2. La répartition des compétences sur le domaine public maritime.4 1.3. Délimitation des compétences provinciales sur le domaine public maritime.................................................... 8 II. LES AUTORISATIONS D’OCCUPATION POUR L’INSTALLATION D’UNE FERME AQUACOLE........................................................... 9 2.1. Le système général d’autorisation...........................9 2.1.1. Les autorisations d’occupation temporaire constitutives de droits réels.................................................... 10 2.1.2. Les autorisations d’occupation temporaire.................11 2.1.3. Etude d’impact environnemental............................11 2.1.4. Enquête administrative....................................13 2.1.5. Enquête publique..........................................14 2.2. Spécificités provinciales des procédures d’installation d’une ferme aquacoles en mer...................................15 2.2.1. Synthèse des spécificités procédurales des 3 Provinces....15 AUTORISATION D’OCCUPATION TEMPORAIRE DU DOMAINE PUBLIC POUR L’INSTALLATION D’UNE FERME AQUACOLE EN MER.....................15 Province des îles Loyauté......................................15 Province Nord..................................................15 Province Sud...................................................15 2.2.2. Procédure spécifique des Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) propre à chaque Province. .19 AUTORISATION D’INSTALLATION POUVANT ETRE OBLIGATOIRE POUR LA MISE EN PLACE D’UNE FERME...........................................22 Province Nord..................................................22 Province Sud et Province des Îles Loyauté......................22 1

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ANNEXE A

Synthèse des procédures juridiques pour l’installation de fermes aquacoles sur le Domaine Public Maritime en Nouvelle-Calédonie

(RFP20-049)

SommaireI. LES FONDAMENTAUX DE L’OCCUPATION DU DOMAINE PUBLIC MARITIME...............................2

1.1. Définition légale de l’aquaculture en Nouvelle-Calédonie.......................................................2

1.2. La répartition des compétences sur le domaine public maritime.............................................4

1.3. Délimitation des compétences provinciales sur le domaine public maritime..........................8

II. LES AUTORISATIONS D’OCCUPATION POUR L’INSTALLATION D’UNE FERME AQUACOLE...........9

2.1. Le système général d’autorisation.........................................................................................9

2.1.1. Les autorisations d’occupation temporaire constitutives de droits réels.........................10

2.1.2. Les autorisations d’occupation temporaire......................................................................11

2.1.3. Etude d’impact environnemental.....................................................................................11

2.1.4. Enquête administrative.....................................................................................................13

2.1.5. Enquête publique.............................................................................................................14

2.2. Spécificités provinciales des procédures d’installation d’une ferme aquacoles en mer 15

2.2.1. Synthèse des spécificités procédurales des 3 Provinces...................................................15

AUTORISATION D’OCCUPATION TEMPORAIRE DU DOMAINE PUBLIC POUR L’INSTALLATION D’UNE FERME AQUACOLE EN MER..............................................................................................15

Province des îles Loyauté.............................................................................................................15

Province Nord...............................................................................................................................15

Province Sud.................................................................................................................................15

2.2.2. Procédure spécifique des Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) propre à chaque Province..................................................................................................19

AUTORISATION D’INSTALLATION POUVANT ETRE OBLIGATOIRE POUR LA MISE EN PLACE D’UNE FERME...............................................................................................................................22

Province Nord...............................................................................................................................22

Province Sud et Province des Îles Loyauté....................................................................................22

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Par principe, le domaine public maritime (DPM) est inaliénable, insaisissable et imprescriptible c’est-à-dire qu’il ne peut être cédé sauf par une procédure de déclassement et qu’un individu ne peut acquérir aucun droit sur le domaine public maritime malgré une utilisation de longue date. Néanmoins, les Provinces soutiennent le développement des activités économiques et, l’aquaculture en mer constitue une source de diversification de l’économie calédonienne. La Province peut donc accorder des autorisations temporaires d’occupation (AOT) sur son DPM pour permettre l’installation de sites d’élevage. Ces activités économiques sont encadrées par une procédure de demande d’occupation. Certaines installations appelées Installation classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) doivent faire l’objet d’une autorisation spécifique en raison du risque potentiel qu’elles peuvent présenter pour l’environnement. Ainsi, les ICPE répondent à une procédure parallèle d’autorisation obligatoire à l’exploitation de l’installation.

Ainsi, la législation inscrite dans la loi organique de 1999 et la loi du pays de 2001 est commune aux Provinces. Néanmoins, des spécificités sont propres à chaque Province dans la mise en œuvre de la procédure d’occupation du domaine public maritime.

I. LES FONDAMENTAUX DE L’OCCUPATION DU DOMAINE PUBLIC MARITIME

I.1. Définition légale de l’aquaculture en Nouvelle-Calédonie

Afin de la distinguer de la pêche de capture, l’aquaculture est définie par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en tant qu’« [é]levage d'organismes aquatiques en zones continentales et côtières, impliquant une intervention dans le processus d'élevage en vue d'en améliorer la production, et la propriété individuelle ou juridique du stock en élevage »1. L’aquaculture marine est celle qui concerne l’élevage d’espèces marines, aussi bien en mer qu’à terre.

On classe principalement trois types d’élevage aquacole selon le système d’alimentation en eau : système aquacole fermé (à terre avec recirculation des eaux d’élevage), système mixte ou semi-fermé (à terre avec captage d’eau et déversement des eaux usées) et système ouvert (en mer en captivité ou pas). Ce dernier système inclut le pacage marin (sea ranching en anglais), une « méthode qui consiste à lâcher dans le milieu naturel, après élevage, des juvéniles d'espèces migratrices ou sédentaires afin de les capturer ultérieurement en des points de concentration naturels ou artificiels proches du lieu de lâcher. »2

La législation calédonienne emploie l’expression « exploitations de cultures marines » pour désigner les établissements d’aquaculture marine. L’article 56 de la loi du pays n° 2001-017 du 11

1 Source: FAO TERM (http://www.fao.org/faoterm). 2 Source citée par FAO TERM : Commission générale de terminologie et de néologie, Ministère de la culture et de la communication, France, 2004.

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janvier 2002 sur le domaine public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces établit que les provinces peuvent autoriser sur le DPM les exploitations de cultures marines de production biologique comprenant notamment le captage, l’élevage, l’affinage, le traitement, l’entreposage, le conditionnement et l’expédition de produit de la mer. Les prises d’eau destinées à alimenter en eau de mer les exploitations de cultures marines situées sur une propriété privée peuvent être autorisées par les Provinces.

Néanmoins, les exploitations ainsi autorisées devront respecter les droits d’usages établis par la même loi du pays n° 2001-017 ce qui représente une contrainte importante sur le respect du niveau de la qualité sanitaire des eaux. Les lieux de cultures marines se situent sur le littoral où l’accès du public est libre. Ainsi, la proximité des usages accroit les risques de contamination par la mise en place d’une ferme aquacole notamment par les traitements ou encore par la concentration fèces. En effet, « l'accès des piétons aux rivages et aux plages est libre sauf si des motifs justifiés par des raisons de sécurité, de défense nationale, de protection de l'environnement ou de respect des usages coutumiers de jouissance reconnus nécessitent des dispositions particulières. L'usage libre et gratuit par le public constitue la destination fondamentale des rivages et plages au même titre que leur affectation aux activités de pêche et de cultures marines. » (Article 3, loi du pays n°2001-017).

En Nouvelle-Calédonie, l’aquaculture peut nécessiter différentes autorisations (AOT, ICPE ...). Les procédures à suivre peuvent varier en fonction de l’emplacement de la ferme et des installations nécessaires à son fonctionnement ainsi que du seuil de production. Par exemple, dans le cas d’une installation aquacole conçue avec une cuve de gasoil, une demande d’autorisation sera obligatoire si elle rentre dans la nomenclature des Installations Classées pour l’Environnement (voir infra p. 12).

De plus, la question du foncier coutumier est une particularité calédonienne à prendre en compte dans la mise en place d’une concertation pour le cadrage juridique de droits d’occupation pour le domaine public maritime. En effet, l’usage du DPM est un enjeu pivot pour le développement de l’aquaculture en mer. La réforme foncière entamée par l’Agence de Développement Rural et d'Aménagement Foncier (ADRAF) a permis de répondre, en partie, aux demandes exprimées par les Kanak en raison de leur lien à la terre. Pourtant, les représentations vont bien au-delà de la terre. La mer est un enjeu identitaire primordial puisqu’il existe dans la culture kanak une continuité entre terre et mer. Celle-ci est reconnue dans l’Accord de Nouméa de 1998 ou l’on rappelle que « [L]es domaines de l'Etat et du territoire doivent faire l'objet d'un examen dans la perspective d'attribuer ces espaces à d'autres collectivités ou à des propriétaires coutumiers ou privés, en vue de rétablir des droits ou de réaliser des aménagements d'intérêt général. La question de la zone maritime sera également examinée dans le même esprit ». (Préambule de l’Accord de Nouméa, 1998). Cependant, le lien à la mer n’a pas fait l’objet de la même attention que le foncier terrestre avec la reconnaissance de terres coutumières. L’une des raisons est le caractère inaliénable et imprescriptible du DPM qui ne favorise pas des modes de gestion inspirés des pratiques locales. En effet, les lois de répartition des compétences du DPM ne mentionnent pas la possibilité de consultation des autorités coutumières à l’exception des aménagements portuaires légers (Article 67, loi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002).

C’est pourquoi les procédures d’occupation du domaine public maritime doivent refléter et prendre en compte cette particularité culturelle d’usage car sans cela, les projets aquacoles seront très certainement mis en échec. Compte tenu du délai demandé pour modifier une procédure juridique, il peut être intéressant de développer, en parallèle, des outils de concertation ou de renforcer ceux présents dans la procédure. L’identité du territoire d’implantation de la ferme est primordiale et celle-ci doit répondre non seulement à l’intérêt particulier de l’opérateur dans la zone mais également à l’intérêt général de ses habitants.

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I.2. La répartition des compétences sur le domaine public maritime

Le Error: Reference source not found ci-après fournit le cadre des principaux textes juridiques en matière d’aquaculture sur le domaine public maritime de Nouvelle-Calédonie.

TABLEAU 1 : SYNTHÈSE DES TEXTES ET RÉGLEMENTATIONS RÉGISSANT L’INSTALLATION DES FERMES AQUACOLES SUR LE DOMAINE PUBLIC MARITIME

La Loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie. De cette loi découle 3 lois du pays dont la loi n°2001-017 :

Elle régit l’organisation des compétences entre l’Etat, de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces.

La Loi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces.

Elle délimite des compétences entre la Nouvelle-Calédonie et les Provinces sur le domaine public maritime et réglemente notamment l’aquaculture en mer.

L’arrêté n° 2002-1567/GNC du 30 mai 2002 relatif aux études d’impact préalables à la réalisation d’aménagements ou d’ouvrages prévues dans la loi du pays n°2001-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces.

Il est relatif aux documents à fournir dans l’étude d’impact obligatoire pour les fermes aquacoles aux coûts d’installation supérieur à 100 millions CFP. L’étude d’impact est indispensable à la constitution du dossier pour l’autorisation d’occupation du DPM et elle est à joindre lors du dépôt de la demande d’autorisation pour la complétude du dossier.

L’arrêté n° 2002-1569/GNC du 30 mai 2002 relatif aux enquêtes publiques préalables à la réalisation d’aménagements ou d’ouvrages prévues dans la loi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces.

Il est relatif aux conditions d’enquête publique à respecter (l’autorité compétente, mise en œuvre de la consultation du public, délais, recueil des avis par le commissaire enquêteur etc.).

Code de l’Urbanisme de la Nouvelle-Calédonie (partie II : Province Sud, partie III : Province Nord) : les principes directeurs du droit de l’urbanisme en Nouvelle-Calédonie sont définis par le gouvernement de Nouvelle-Calédonie.

Les Provinces définissent les règles d’urbanisme (installations soumises à autorisation, précisions des plans d’urbanisme directeur).Les communes donnent leur approbation et mettent en œuvre des législations des PUD.

Code des Communes

Pour les procédures d’occupation, le code des communes, au travers de la compétence du maire, contrôle la qualité des eaux, met en œuvre la publicité lors des enquêtes publiques pour recueillir les avis et contre-propositions pour des autorisations d’occupation du DPM.

La délibération n° 274-2011/BAPS/DIMENC du 1er juin 2011 définissant la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) en province Sud,La délibération n°2017-381/BPN du 7 décembre 2017 modifiant les règles de classement des ICPE en province Nord,La délibération n°2013-01/BAPI du 18 janvier 2013 établissant les règles de classement des ICPE en

Ces délibérations sont les nomenclatures provinciales permettant de définir la liste des substances et les types d’activité qui nécessitent une demande d’autorisation en raison de leur potentiel dangerosité.

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Réglementations régissant l’installation des fermes aquacoles sur le domaine public maritime

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province des Iles Loyauté.

La loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie, en définissant le partage des compétences, permet aux Provinces de gagner en autonomie. Néanmoins, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie conserve un certain nombre de compétences normatives et règlementaires et, il fixe les réglementations en matière de domanialité. Il appartient à la Nouvelle-Calédonie de définir les « [p]rincipes directeurs du droit de l'urbanisme, sous réserve des compétences des provinces en matière d'environnement ; normes de constructions ; cadastre » (Article 22, alinéa 21, loi organique de 1999). En effet, le Code de l’Urbanisme de la Nouvelle-Calédonie prévoit que les documents de planification stratégique des communes appelés les Plans d’Urbanisme Directeurs (PUD) fixent les orientations d’aménagement et les règles d’utilisation au sol (Code de l’urbanisme de la Nouvelle Calédonie, article Lp. 112-1).

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie assure également « la réglementation zoosanitaire et phytosanitaire » ou encore la définition des règles régissant le « [c]ommerce extérieur, à l'exception des prohibitions à l'importation et à l'exportation relatives à des matières relevant de la compétence de l'Etat ; régime douanier ; réglementation des investissements directs étrangers » (Article 22, alinéas 6 et 22, loi organique de 1999). Ainsi, les quotas d’exportation, comprenant les mesures de contingentement ou de suspension, de certaines espèces animales ou végétales peuvent être définis par arrêté par le gouvernement de Nouvelle-Calédonie.

En matière de domanialité, les compétences sont réparties entre « l'Etat, la Nouvelle-Calédonie, les provinces et les communes [qui] exercent, chacun en ce qui le concerne, leur droit de propriété sur leur domaine public et leur domaine privé. » (Article 43, loi organique de 1999). Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est compétent en matière de réglementation du « droit domanial de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces » (article 22, alinéa 31, loi organique de 1999). Donc sur le DPM, les compétences sont réparties spatialement entre la Nouvelle-Calédonie et les Provinces. Un schéma de répartition des compétences est présenté dans la ci-dessous.

Le DPM de la Nouvelle-Calédonie est constitué de la zone économique exclusive (ZEE) soit 188 milles marins à compter de la limite extérieure de la mer territoriale (12 milles marins). C’est pourquoi la Nouvelle-Calédonie est compétente en matière de « [r]églementation et exercice des droits d'exploration, d'exploitation, de gestion et de conservation des ressources naturelles, biologiques et non biologiques de la zone économique exclusive » (Article 22, alinéa 10, Loi organique de 1999). Au-delà des 12 milles marins définis à partir de la ligne de base, la Nouvelle-Calédonie a donc des compétences environnementales en plus de compétences générales de police et de sécurité à la navigation (signalisation maritime) sur tout le domaine public maritime.

Chaque Province a une compétence de principe sur son territoire c’est-à-dire jusqu’au 12 miles marins à compter des lignes de base (voir paragraphe 1.3 ci-après) et assure « une bonne gestion » du domaine public. A partir du cadre réglementaire de la loi organique et des lois du pays, chacune des Provinces précise ses propres procédures en matière d’occupation du domaine public. C’est pourquoi elles répondent, par leurs spécificités procédurales et administratives, aux particularités locales du territoire provincial.

Ensuite, les communes, par leur emprise administrative, sont concernées directement par l’installation de la ferme aquacole. Le maire exerce une compétence communale en matière de « [p] olice des baignades et activités nautiques pratiquées à partir des rivages avec des engins de plage et des engins non immatriculés » dans une limite de « [3]00 mètres à compter de la limite des eaux ». (Article L131-2-1 du Code des communes). Le maire va réglementer l’utilisation des aménagements réalisés pour la baignade et les activités nautiques et fixe les zones surveillées pour assurer une

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sécurité dans la pratique de ces activités. De plus, il « [e]st tenu d'informer le public par une publicité appropriée, en mairie et sur les lieux où elles se pratiquent, des conditions dans lesquelles les baignades et les activités nautiques sont réglementées, ainsi que des résultats des contrôles de la qualité des eaux de ces baignades accompagnés des précisions nécessaires à leur interprétation. » (Suite de l’article L131-2-1 du Code des communes). Donc, les fermes aquacoles doivent être implantées dans des zones assurant une interaction harmonieuse entre les activités et ne créant pas de danger pour les activités nautiques et de baignades.

Enfin, la question de la qualité de l’eau peut être examinée par le maire de la commune et la commune donne son avis sur l’implantation de la ferme au regard des caractéristiques sanitaires et environnementaux. De plus, le service d’inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire (SIVAP) de la direction des affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR) effectue le contrôle de l’importation de denrées alimentaires (farine de poissons, huile de poissons), de produits biologiques vétérinaires (antibiotiques) et il produit les certifications vétérinaires et phytosanitaires à l’exportation des produits. Donc, des contrôles réguliers et inspections ont lieu sur les installations aquacoles.

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FIGURE 1.SCHÉMA DE RÉPARTITION DES COMPÉTENCES SUR LE DOMAINE PUBLIC MARITIME EN NOUVELLE-CALÉDONIE

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I.3. Délimitation des compétences provinciales sur le domaine public maritime

Le domaine public maritime des Provinces comprend ainsi la mer territoriale adjacente à leurs côtes respectives et s’étend jusqu’au littoral (voir Figure 2 ci-dessous). Plus précisément, l a loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle Calédonie établit à l’article 45 que : « Le domaine public maritime des provinces comprend, à l'exception des emprises affectées à la date de la publication de la présente loi à l'exercice des compétences de l'Etat et sous réserve des droits des tiers, la zone dite des cinquante pas géométriques, les rivages de la mer, les terrains gagnés sur la mer, le sol et le sous-sol des eaux intérieures, dont ceux des rades et lagons, telles que définies par les conventions internationales, ainsi que le sol et le sous-sol des eaux territoriales. Les îles qui ne sont pas comprises dans le territoire d'une province ainsi que le sol et sous-sol du plan d'eau du port autonome de la Nouvelle-Calédonie font partie du domaine public de la Nouvelle-Calédonie. »

FIGUE 2. SCHÉMA DE DÉLIMITATION DE LA COMPÉTENCE PROVINCIALE SUR LE DOMAINE PUBLIC MARITIME

Source : Direction du développement durable des territoires, Province Sud

Ainsi, sur ces zones du domaine public maritime, les provinces ont une compétence générale définie par la loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 dans laquelle les « [p]rovinces réglementent et exercent les droits d'exploration, d'exploitation, de gestion et de conservation des ressources naturelles biologiques et non biologiques des eaux intérieures, dont celles des rades et lagons, de leur sol et de leur sous-sol, et du sol, du sous-sol et des eaux surjacentes de la mer territoriale. Les provinces prennent, après avis du conseil coutumier concerné, les dispositions particulières nécessaires pour tenir compte des usages coutumiers. »

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Pour conclure, les Provinces peuvent, non seulement donner des autorisations pour l’utilisation de leur domaine public maritime respectif, mais elles peuvent également adopter des textes réglementaires en matière d’aquaculture à l’exception des domaines des autres collectivités (mentionnés ci-dessus).

II. LES AUTORISATIONS D’OCCUPATION POUR L’INSTALLATION D’UNE FERME

AQUACOLE

II.1. Le système général d’autorisation

« Nul ne peut sans disposer d’un titre l’y habilitant, occuper une dépendance du domaine public de la Nouvelle-Calédonie, des provinces, de leurs groupements et de leurs établissements publics ou l’utiliser dans des limites dépassant le droit d’usage qui appartient à tous. ». (Article 6 de la loi du pays n°2012-6 du 5 septembre 2012 fixant les règles générales du domaine public immobilier de la Nouvelle-Calédonie, des provinces, de leurs groupements et de leurs établissements publics).

La Error: Reference source not found ci-après précise les étapes de la procédure d’autorisation d’occupation du domaine public maritime.

FIGURE 3. PROCÉDURE GÉNÉRALE D’OCCUPATION DU DOMAINE PUBLIC MARITIME POUR LES INSTALLATIONS AQUACOLES EN MER

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Source : Direction de l’Industrie, des Mines et de l’Energie de la Nouvelle-Calédonie (DIMENC)

Pour pouvoir occuper une parcelle en mer, porteur d’un projet d’aquaculture en mer doit effectuer une demande d’autorisation d’occupation. Cette autorisation d’occupation temporaire (AOT) lui accorde, dans un délai défini dans l’acte de concession, la possibilité de mettre en place son activité.

Les services instructeurs qui traitent la demande d’occupation du DPM de chacune des Provinces sont :

- Province Sud : le service provincial en charge de la gestion du DPM (ancien Service du Domaine et du Patrimoine refondu) faisant partie de la Direction de l’Aménagement, de l’Equipement et des Moyens (DAEM).

- Province Nord : le Service du Domaine et du Patrimoine de la Direction des Affaires Juridiques et du Patrimoine (DAJAP).

- Province des Îles Loyauté : service de l’environnement de la Direction du Développement Durable et des Recherches appliquées (3DRA).

Ainsi, pour l’installation d’une ferme aquacole sur le DPM, des titres d’occupation peuvent être concédés à des personnes publiques ou des opérateurs privés pour des activités économiques sont de deux types : les autorisations d’occupation temporaires constitutives de droits réels et les autorisations d’occupation temporaires. Les dispositions communes de ces autorisations sont passées en revue ci-après ainsi que l’étude d’impact environnemental. Les procédures d’enquête administrative et d’enquête publique relatives au dossier de demande d’occupation du DPM seront également présentées. Enfin, leurs spécificités sont présentées dans le tableau 2 de la demande d’occupation pour chacune des provinces (page 15).

II.1.1. Les autorisations d’occupation temporaire constitutives de droits réels

Les caractéristiques de l’occupation temporaire constitutive de droits réels et les droits concédés par cette autorisation sont définis par la loi du pays n° 2001-017 à l’article 32 :

« Dans le cadre de projets économiques nécessitant un investissement important, les autorisations d'occupation temporaire délivrées sur le domaine public maritime artificiel et sur la zone des pas géométriques peuvent conférer au titulaire un droit réel sur la parcelle de domaine public dont l'occupation est autorisée ainsi que sur les ouvrages, constructions et installations de caractère

immobilier réalisés pour l'exercice de l'activité autorisée par le titre d'occupation. Les autorisations d'occupation temporaire délivrées sur le rivage et le sol des eaux intérieures pour la réalisation de

fermes aquacoles ou de complexes touristiques peuvent également conférer un droit réel aux titulaires. (…)

Le titre fixe la durée de l'autorisation en fonction de la nature de l'activité et de celle des ouvrages autorisés et compte tenu de l'importance de ces derniers, sans pouvoir excéder 70 ans. »

Donc, la délivrance d’une AOT constitutive de droits réels est uniquement possible si le bénéficiaire procède à la réalisation de travaux d’ouvrages, constructions et installations de caractère immobilier indispensable à son activité aquacole. Elle est soumise au payement d’une

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redevance à verser aux Provinces. Des travaux de réhabilitation, d’extension ou de modification des installations et ouvrages existants peuvent également permettre la délivrance d’une AOT constitutive de droits réels. Elle conserve un caractère précaire puisqu’elle est temporaire et peut être retirée par les Provinces si l’usage du pétitionnaire est contraire à l’intérêt général. L’attribution de droits réels permet également au titulaire de l’autorisation d’avoir recours à l’hypothèque pour garantir les emprunts contractés en vue de financer la réalisation, la modification ou l'extension des ouvrages, constructions et installations de caractère immobilier situés sur la dépendance domaniale. Pour l’installation de fermes aquacoles ayant des besoins importants d’installations, les AOT constitutives de droits réels permettent l’ancrage et la réalisation de projets d’envergures sur du long terme.

Enfin, lorsque l’autorisation d’occupation arrive à son terme, les ouvrages, constructions et installations de caractère immobilier existant sur la parcelle du DPM occupée peuvent être démolis, sauf si le maintien en l'état n'ait été prévu expressément par le titre d'occupation ou que l'autorité compétente ne renonce en tout ou partie à leur démolition. Il est également possible pour le pétitionnaire de refaire une demande d’occupation à la fin du délai des 70 ans écoulés.

II.1.2. Les autorisations d’occupation temporaire

Les autorisations d’occupation temporaire quant à elles sont personnelles, privatives et soumises au payement d’une redevance à verser aux Provinces. Octroyées pour un délai allant, en principe, jusqu’à 10 ans ou plus selon les Provinces, ces autorisations ne sont pas constitutives de droits réels et l’usage de cette autorisation doit être compatible avec le domaine public. Enfin, l’autorisation peut être retirée à tout moment pour un motif d’intérêt général.

La demande d’autorisation d’occupation s’articule en trois étapes :

Tout d’abord, l’opérateur voulant obtenir le titre d’occupation du domaine public doit constituer le dossier avec les documents mentionnés dans le tableau de synthèse (étude d’impact, étude de faisabilité économique, plan de situation, RIDET etc.) (p.16).

Une fois le dossier complet envoyé au service instructeur de chaque province, la procédure administrative (enquête administrative et enquête publique) est mise en œuvre.

Enfin, les demandes d’autorisation d’occupation temporaire ou de droits réels des parcelles et les autorisations des installations classées pour l’aquaculture sont adressées au Président de l’Assemblée de Province qui délivrera les autorisations d’occupation du DPM sous forme d’acte de concession (article 57 de la Loi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces).

L’étude d’impact, l’enquête administrative (enquête publique et vérification administrative du dossier) font l’objet d’un cadre commun à toutes les Provinces.

II.1.3. Etude d’impact environnemental

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L’étude d’impact environnemental est à réaliser avant le lancement de la procédure d’occupation par le demandeur. En effet, elle doit être présente lors du dépôt de dossier sinon le dossier sera incomplet et la demande jugée irrecevable.

En Province Nord, la Direction du développement économique et de l’environnement (DDEE) est chargée de l’instruction des études d’impact sur l’environnement pour les projets aquacoles. En Province Sud, l’autorité compétente en matière d’instruction de l’EIE est la Direction du développement durable des territoires (DDDT). Enfin, en Province des îles Loyautés, la Direction du Développement Durable et de la Recherche Appliquée (DDDRA) est compétente en matière d’instruction de l’EIE.

a. Réalisation de l’étude d’impact environnemental

Selon l’article 58 de la loi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces, les concessions pour les établissements de cultures marines doivent inclure, dans le dossier soumis à enquête, une étude d’impact sur l’environnement.

La notice d’impact peut être rédigée par le demandeur lui-même. Elle est composée du descriptif du projet et de plans précis mentionnant l’interaction du projet avec son environnement.

L’étude d’impact est une garantie environnementale et sociale (principe de précaution et d’information du public) préalable à la mise en œuvre de certains aménagements ayant un impact probable sur l’environnement. En effet, l’étude d’impact est composée d’un résumé technique et non-technique permettant de rendre accessible au public les résultats du projet et d’apporter aux parties prenantes les connaissances sur les enjeux environnementaux et leurs insertions dans ce projet. C’est donc non seulement un document technique mais également un outil de dialogue pour garantir une réciprocité dans les échanges et ainsi favoriser l’acceptabilité du projet. Si le projet de ferme aquacole implique une modification de la consistance du DPM, il est conseillé de faire appel à un cabinet d’étude pour mener cette étude.

b. Le contenu de l’étude d’impact

Selon l’article 3 l’arrêté n°2002-1567/GNC du 30 mai 2002, une étude d’impact se doit de présenter les points suivants :

« 1° un résumé non technique afin de faciliter la prise de connaissance par le public ;2° une analyse de l’état initial du site et de son environnement, portant notamment sur les richesses

naturelles et les espaces maritimes ou de loisirs affectés par les aménagements ou ouvrages ;3° une analyse des effets sur l’environnement, et en particulier sur les sites et paysages, la faune et

la flore, les milieux naturels et les équilibres biologiques et, le cas échéant, sur la commodité duvoisinage (bruit, vibrations, odeurs, émissions lumineuses) ou sur l’hygiène et la salubrité

publique ;4° les raisons pour lesquelles, notamment du point de vue des préoccupations d’environnement,

parmi les options envisagées, le projet présenté a été retenu ;

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NB : Les aménagements d’un coût total inférieur à cent millions de francs CFP ne sont pas soumis à étude d’impact mais à notice d’impact (l’Article 4 de l’arrêté n°2002-1567/GNC du 30 mai 2002). Néanmoins, « [l]a collectivité pourrait, si elle le souhaite, décider de maintenir la réalisation de l’étude d’impact ». La taille du projet et la nature des installations voulues vont influencer les délais de la procédure.

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5° les mesures envisagées par le maître de l’ouvrage ou le pétitionnaire pour supprimer, réduire et,si possible, compenser les conséquences dommageables du projet sur l’environnement, ainsi que

l’estimation des dépenses correspondantes ;6° une analyse des méthodes utilisées pour évaluer les effets du projet sur l’environnementmentionnant les difficultés éventuelles de nature technique ou scientifique rencontrées pour

établir cette évaluation. »

c. Instruction de l’étude d’impact environnemental

FIGURE 4. SCHÉMA SIMPLIFIÉ DE L’INSTRUCTION DE L’AUTORISATION

Source : UICN3

II.1.4. Enquête administrative

L’objectif de cette enquête est que les Provinces s’assurent de la véracité des informations présentes dans le dossier. Une fois le dossier complet et les pièces enregistrées, l’enquête administrative est lancée par le service instructeur.

Les pièces communes demandées à l’opérateur privé pour le montage du dossier :

1) Dossier de présentation ;

2) Etude de faisabilité économique ;

3) Plans de situation et d’implantation du site ;

3 https://uicn.fr/outre-mer/guides-juridiques/

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4) Notice ou étude d’impact environnementale ;

5) Copie des statuts enregistrée et à jour ;

6) RIDET de la société.

II.1.5. Enquête publiqueL'enquête publique a pour objectif d’informer le public sur la demande autorisant l’installation

d’un nouveau projet, de garantir les droits du demandeur et de favoriser la discussion sur le projet. Elle est ouverte à tous, sans aucune restriction. Ainsi, elle doit être facilement consultable par la population pour que les observations soient recueillies dans le registre mis à disposition par la mairie de la commune du projet concerné. Le commissaire enquêteur ou la commission d'enquête chargée du dossier examine les observations recueillies et rend un rapport à la collectivité afin d'éclairer la décision qui en découlera. C’est donc la phase de transparence et de consultation du public sur le développement d’un projet.

Selon l’article 58 de la loi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des Provinces, l’octroi de la concession sera précédé d’une enquête publique et d’une enquête administrative. De plus, « le dossier soumis à enquête doit comprendre une étude d'impact sur l'environnement. »

L’arrêté n°2002-1569/GNC du 30 mai 2002 relatif aux enquêtes publiques préalables à laréalisation d’aménagements ou d’ouvrages prévus dans la loi du pays n°2001-017, précise lecontenu du dossier de demande d’autorisation présent dossier sera joint à un dossier soumis à enquête publique.

Le dossier soumis à enquête publique comprendra les pièces suivantes4 :

1. Une notice explicative indiquant :

a) l’objet de l’enquête,

b) les caractéristiques les plus importantes de l’opération soumise à enquête.

2. L’étude d’impact environnemental.

3. Le plan de situation.

4. Le plan général des travaux.

5. Les caractéristiques principales des ouvrages les plus importants.

6. La mention des textes qui régissent l’enquête publique en cause et l’indication de la façon dont cette enquête s’insère dans la procédure administrative relative à l’opération considérée.

L’arrêté n°2002-1569 définit le déroulement de l’enquête publique. Les indications contenues dans l’avis devant être portées à la connaissance du public font l’objet d’une publication dans le journal local, au moins huit jours avant le début de l’enquête (article 5). Les jours et les heures de consultation du dossier par le public sont définis de manière à permettre à la plus grande partie de la population d’y accéder (article 6). Ensuite, pendant la durée de l’enquête qui ne peut être inférieure à 20 jours (article 8), des appréciations, suggestions ou contre-propositions du public peuvent être

4 Mention à l’article 2 de l’arrêté n°2002-1569/GNC du 30 mai 2002 relatif aux enquêtes publiques préalables à la réalisation d’aménagements ou d’ouvrages prévus dans la loi du pays n°2001-017.

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consignées dans registre d’enquêté laissé à disposition (article 7). Enfin, le commissaire enquêteur motive dans ses conclusions son avis sur l’installation (article 8, alinéa 2).

De plus, le service instructeur du traitement de la demande d’occupation consulte les différents services provinciaux concernés par l’installation. Il peut également consulter les services du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie tel que le service de la pêche et de l’environnement ou encore le service de la navigation et de la sécurité maritime. Le maire de la commune sera également consulté pour des observations quant à l’installation, le site aquacole choisi et les interactions avec le milieu et les activités (faune marine, activités de baignades etc.).

En fonction de l’avis rendu par le commissaire enquêteur, le Président de l’Assemblée de Province délivre une autorisation d’exploitation du domaine public maritime sous la forme d’un acte de concession. L’acte est rédigé et délivré par le Président de l’Assemblée de province (Article 57 de la loi du pays n° 2001-017). Un acte de concession est entendu comme un titre de permission d’installation d’une activité, ici sur le domaine public maritime. Cette autorisation d’occupation temporaire peut être retirée à tout moment pour motif d’intérêt général.

II.2. Spécificités provinciales des procédures d’installation d’une ferme aquacoles en mer

Chaque Province, à travers ses règles de gestion du domaine public, adopte une procédure d’occupation spécifique sur la base de disposition commune des réglementations énoncées ci-dessus.

Voici le détail dans le tableau 2 ci-après de la procédure d’occupation à effectuer par le demandeur de titre selon la Province où il souhaite installation sa ferme.

II.2.1. Synthèse des spécificités procédurales des 3 Provinces

TABLEAU 2 : PROCÉDURE D’OCCUPATION TEMPORAIRE DU DPM POUR L’INSTALLATION D’UNE FERME AQUACOLE EN MER

Province des îles Loyauté

Province Nord Province Sud

Dépôt de la demande d’occupation d’une parcelle du DPM

Dépôt de la demande d’occupation d’une parcelle du DPM

Dépôt de la demande d’occupation d’une parcelle du DPM

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AUTORISATION D’OCCUPATION TEMPORAIRE DU DOMAINE PUBLIC POUR L’INSTALLATION D’UNE FERME AQUACOLE EN MER

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Sur le territoire de la Province des Îles Loyauté, 90% du territoire est coutumier.Les services provinciaux s’adressent donc préalablement riverains des projets pour avoir un accord préalable.

Constitution du dossier :1) Dossier de présentation ; 2) Etude de faisabilité

économique ; 3) Plans de situation et

d’implantation du site ;4) Notice ou étude d’impact

environnemental ;5) Acte coutumier ;6) Copie des statuts enregistrée

et à jour ; 7) RIDET de la société.

Etude d’impact : Analyse de la complétude du dossier et de sa régularité par la Direction du Développement Durable et des Recherches appliquées (3DRA).L’avis sur l’impact du projet est rendu par le Président de l’Assemblée de la Province des Îles Loyauté.

Ces informations seront à vérifier par le prestataire.

Constitution du dossier :1) Dossier de présentation ; 2) Etude de faisabilité

économique ; 3) Plans de situation et

d’implantation du site ;4) Notice ou étude d’impact

environnemental ;5) Copie des statuts enregistrée

et à jour ; 6) RIDET de la société.

Une fois constitué le dossier est à envoyer à la direction des affaires Juridiques, Administratives et du Patrimoine (DAJAP) au Service du domaine et du patrimoine

Etude d’impact : Analyse de la complétude du dossier et de sa régularité par la Direction du développement économique et de l’environnement (DDEE). L’avis sur l’impact du projet est rendu par le Président de l’Assemblée de la Province Nord.

Constitution du dossier :1) Dossier de présentation ; 2) Etude de faisabilité économique ; 3) Plans de situation et d’implantation

du site ;4) Notice ou étude d’impact

environnemental ;5) Copie des statuts enregistrée et à

jour ; 6) RIDET de la société.

Une fois constitué, le dossier est à envoyer en 2 exemplaires papiers et 4 exemplaires numériques à la direction de l’Aménagement, de l’Equipment et des Moyens (DAEM).Dans le cas où le dossier est complet, il est directement envoyé à la commune concernée par l’installation.

Parmi les pièces du dossier : Rédaction de l’étude d’impact (article 130-1 CEPS) : les projets de travaux, d’aménagements publics qui par leur nature, dimension ou localisation, ayant une incidence sur l’environnement sont précédés d’une étude d’impact. Sont soumis à étude d’impact « 2° Tout programme ou projet de travaux, d’installations, d’ouvrages ou d’aménagements dont la réalisation est susceptible d’avoir un impact environnemental significatif sur un écosystème d’intérêt patrimonial. » (Article 103-3 CEPS)Analyse de la complétude du dossier de l’étude d’impact et de sa régularité par la Direction du développement durable des territoires (DDDT). L’avis sur l’impact du projet est rendu par le Président de l’Assemblée de la Province Sud.

Enquête administrative

Les enquêtes administratives sont menées par le Service de l’environnement de la Direction du Développement Durable et des Recherches Appliquées (3DRA).

Autres services et autorités pouvant être consultés pour avis (liste non exhaustive) :

- La Direction de l’Economie

Enquête administrative

Les enquêtes administratives sont menées par le Service du Domaine et du Patrimoine de la Direction des Affaires Juridiques et du Patrimoine (DAJAP).Autres services et collectivité pouvant être consultés pour avis (liste non exhaustive) :

- Direction des Sports et des Activités Socio-éducatives

Enquête administrative

Les enquêtes administratives sont menées par service provincial en charge de la gestion du DPM faisant partie de la Direction de l’Aménagement, de l’Equipement et des Moyens (DAEM).

En fonction de la nature du projet, divers services et collectivités peuvent être consultées (liste non exhaustive) :

- La Direction de l’Economie de la

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Intégrée (DEI) chargée de la pêche, des ressources marines et du développement rural : dans le cas où la ferme aquacole est créatrice d’emplois.

- La Direction de la Jeunesse, des Sport et Loisirs (DJSL) ; pour les projets aquacoles implantés à proximité des activités nautiques et de baignade.

- Des services du gouvernent de Nouvelle-Calédonie.

- Possibilité de concertation des autorités coutumières.

La consultation est d’une durée minimum d’un mois. Modification possible du projet initial et prise en compte des avis de la 3DRA.

(DSASE) : pour les projets aquacoles implantés à proximité des activités nautiques et de baignade.

- Direction du développement économique et de l’environnement (DDEE) : impact du projet sur le milieu choisi pour l’installation.

- Commune sur laquelle se trouve le projet : le Plan d’urbanisme directeur de la commune va venir préciser les conditions de dépôt de permis de construire (taille, type d’installation etc.).

- Service des affaires maritimes.

La consultation est d’une durée minimum d’un mois. Modification possible du projet et prise en compte des avis de la DAJAP : le demandeur prendra connaissance des avis et des modifications pertinentes du projet initial.

formation et de l’emploi (DEFE) : pour les fermes aquacoles créatrices d’emplois.

- La Direction de la Culture, de la jeunesse et des sports : pour les fermes se trouvant par exemple sur des zones de kite surf.

- Service des affaires maritimes- La Commune sur laquelle se trouve

le projet : Elle étudie le dossier envoyé par le service provincial ;Le Plan d’urbanisme directeur de la commune va venir préciser les conditions de dépôt de permis de construire (taille, type d’installation etc.).

La consultation est d’une durée minimum d’un mois. Fiche d’opportunité : Document synthétisant l’ensemble des recommandations rédigée par la SDP (caractéristiques du projet, faiblesses : conflits d’usages, particularités de zone etc.).Le pétitionnaire prendra connaissance des avis et des modifications pertinentes du projet initial.

Enquête publique

L’enquête publique va permettre de prendre en compte les avis de la population pour la construction d’un projet sur le DPM.Reprise de l’Arrêté n° 2002-1569/GNC du 30 mai 2002 relatif aux enquêtes publiques préalables à la réalisation d'aménagements ou d'ouvrages prévues dans la loi du pays n° 2001-017 du 11 janvier 2002 : Art.2 : Le dossier soumis à enquête publique comprend les pièces suivantes : 1° Une notice explicative indiquant : a) l'objet de l'enquête, b) les caractéristiques les plus importantes de l'opération soumise à enquête. 2° L'étude d'impact. 3° Le plan de situation.

Enquête publique

L’objet de l’enquête publique est d’assurer l’information et la participation du public ainsi que la prise en compte des intérêts des tiers (article 142-7 CEPN).Les observations faites lors de l’enquête sont prises en considération par le maître d’ouvrage et l’autorité compétente (Article 152-1 CEPN).Les installations classées pour l’environnement sont soumises à enquête publique (3°) ainsi que les ouvrages ou activités ayant un impact sur l’environnement (6°) (Article 152-2 CEPN).L’annonce de l’enquête publique est diffusée au moins 15 jours avant son ouverture et il est publié dans le journal officiel (II. Article 152-3 CEPN).L'enquête publique est ouverte et

Enquête publique

Les ouvrages, aménagements ou travaux qui sont susceptibles d’affecter l’environnement sont soumis à enquête publique (article 142-1 CEPS). En principe, l’enquête est menée par un commissaire enquêteur (article 142-7 CEPS). L’enquête doit faire l’objet d’un affichage 15 jours au minimum avant son commencement (article 142-9 CEPS). La durée de l’enquête est comprise entre 15 jours et 1 mois. Généralement celle-ci dure environ 20 jours. L’enquête est conduite pour que le public prenne connaissance du projet, présente ses appréciations, suggestions et contre-propositions. Le maitre d’ouvrage communique les documents au public (article 142-11 CEPS). Le Président de l’assemblée de province précisera par arrêté l’objet de l’enquête et

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4° Le plan général des travaux. 5° Les caractéristiques principales des ouvrages les plus importants. 6° La mention des textes qui régissent l'enquête publique et son insertion dans la procédure administrative.Art.3 : désignation d’un commissaire enquêteur par le Président de l’Assemblée de Province.Les indications contenues dans l’avis devant être portées à la connaissance du public font l’objet d’une publication dans le journal local, au moins huit jours avant le début de l’enquête (article 5). Les jours et les heures de consultation du dossier par le public sont définis de manière à permettre à la plus grande partie de la population d’y accéder (article 6). Les appréciations, suggestions et contre-propositions du public sont consignées dans le registre d’enquête (article 7). Ensuite, pendant la durée de l’enquête qui ne peut être inférieure à 20 jours (article 8), des appréciations, suggestions ou contre-propositions du public peuvent être consignées dans registre d’enquêté laissé à disposition (article 7). Enfin, le commissaire enquêteur motive dans ses conclusions son avis sur l’installation (article 8, alinéa 2).

organisée par un arrêté du Président de l’Assemblée de la Province Nord qui sera publié au JONC (article 152-3 CEPN). La durée de l’enquête publique entre 15 et 31 jours (Article 152-6 CEPN) et elle est en principe menée par un commissaire enquêteur (article 152-7 CEPN). Le Président de l’assemblée de Province précisera par arrêté l’objet de l’enquête et les informations relatives à celle-ci. Les jours de consultations à la mairie sont établis en fonction des horaires de la plus grande majorité de la population (152-8 CEPN). En principe, les horaires de consultation comprennent au minimum les jours et heures habituels d'ouverture au publicde chacun des lieux où est déposé le dossier et parfois les samedis, dimanches et jours fériés.Une prolongation de l’enquête est possible pour une durée maximale de 15 jours sur décision du Président de l’Assemblée de la Province Nord et sur avis du commissaire enquêteur (article 152-16 CEPN).

les informations relatives à celle-ci (article 142-19 CEPS). Un exemplaire du dossier est soumis au(x) maire(s) sur le(s) territoire(s) desquels l’installation va être effectuée (article 142-21 CEPS). Un registre d’enquête est mis à disposition du public à la mairie de la commune (article 142-22 CEPS) dans lequel le public peut émettre des suggestions, contre-propositions sur le projet (article 142-23 CEPN). Les horaires de consultation permettent à la majorité de la population de se rendre à la mairie pour avoir accès aux registres. Le commissaire enquêteur rédige son rapport avec le déroulement de l’enquête et ses conclusions motivées (article 142-26 CEPS). Cette copie sera envoyée au maire et au maître d’ouvrage (article 142-27 CEPS). Sur la proposition du commissaire enquêteur ou de la commission d’enquête, le Président de l’Assemblée de Province peut prolonger l’enquête d’une durée maximale de quinze jours (article 142-9 CEPS).

Contraintes imposées au bénéficiaire de l’autorisation

Les autorisations délivrées par la Province pour l’occupation du DPM sont subordonnées au payement d’une redevance. Le montant de cette redevance sera précisé prochainement par la Province des Îles. En effet, la redevance n’est pas automatique, elle dépend du lieu d’implantation de la ferme mais la redevance va se généraliser sur le territoire de la Province des Iles.

Contraintes imposées au bénéficiaire de l’autorisation

L’occupation du domaine public de la Province Nord est soumise au payement d’une redevance (délibération 2015-282/APN du 23 octobre 2015 fixant les tarifs de location des bâtiments et locaux de la province Nord).

A préciser : aucun détail du mode de calcul des redevances dans la délibération de 2015

Contraintes imposées au bénéficiaire de l’autorisation

Le service Topographique et Foncier délimite la parcelle et établit les plans d’actes une fois la transmission des coordonnées géographiques par le pétitionnaire. La Délibération modifiée n°48-2010/APS du 14 octobre 2010 fixe le tarif des interventions de ce service appartenant à la DEAM.

L’occupation du domaine public de la Province Sud est soumise au payement d’une redevance ( délibération n° 60-2019/APS du 24 octobre 2019). Pour l’aquaculture, le montant est calculé en multipliant la surface avec le prix à l’are [surface x prix de l’are]. Le montant minimal est 120 000 CFP par an et il s’applique dès la délivrance de l’autorisation (article 8).

Autorisations d’occupation Autorisations d’occupation Autorisations d’occupation

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A l’issue de l’enquête, un projet d’arrêté est rédigé par le Présent de l’Assemblée de la Province des Îles. Des informations complémentaires peuvent être demandées par le porteur du projet. Le demandeur peut également faire part d’observations dans un délai de 15 jours après le projet d’arrêté au le Président de la Province. Enfin, une fois validé, l’acte de concession est signé et entre en vigueur.

A l’issue de l’enquête, un projet d’arrêté est rédigé par le Présent de l’Assemblée de la Province Nord. Des informations complémentaires peuvent être demandées par le porteur du projet. Le demandeur peut également faire part d’observations dans un délai de 15 jours après le projet d’arrêté au le Président de la Province. Enfin, une fois validé, l’acte de concession est signé et entre en vigueur.

A l’issue de l’enquête, un projet d’arrêté est rédigé par le Présent de l’Assemblée de la Province Sud. Des informations complémentaires peuvent être demandées par le porteur du projet. Le demandeur peut également faire part d’observations dans un délai de 15 jours après le projet d’arrêté au le Président de la Province.

Enfin, une fois validé, l’acte de concession est signé et entre en vigueur.

Obligations de fin d’activité

La Province des Îles délivre une autorisation d’occupation temporaire de droits réels pour une durée de 70 ans. A la fin de l’occupation, la parcelle occupée du DPM doit être remise en l’état par le titulaire de l’opération sauf si le maintien de l’installation a été expressément prévu. La durée d’occupation temporaire et de 10 ans. Les autorisations d’occupation du DPM sont révocables dans les cas où l’opérateur n’exécute pas les obligations financières de l’autorisation ou s’il n’exécute pas les conditions d’attribution et les obligations légales.

Obligations de fin d’activité

La Province Nord délivre une autorisation d’occupation temporaire de droits réels pour une durée de 70 ans. A la fin de l’occupation, la parcelle occupée du DPM doit être remise en l’état par le titulaire de l’opération sauf si le maintien de l’installation a été expressément prévu. La durée d’occupation temporaire et de 10 ans. Les autorisations d’occupation du DPM sont révocables dans les cas où l’opérateur n’exécute pas les obligations financières de l’autorisation ou s’il n’exécute pas les conditions d’attribution et les obligations légales.

Obligations de fin d’activité

La Province Sud délivre une autorisation d’occupation temporaire de droits réels pour une durée de 35 ans renouvelable une fois (70 ans cumulé).La durée d’autorisation d’occupation temporaire a été modifiée en 2019 par la Province pour l’étendre à 18 ans.En cas de non-respect des conditions d’occupation mentionnées dans l’arrêté celui-ci peut être résilié avant la fin du délai d’occupation mentionné dans celui-ci. Depuis 2019, la Province demande au pétitionnaire de pétitionnaire de présenter des garanties financières suffisantes, attestées par la banque, pour avoir les fonds nécessaires à la remise en l’état à la fin de l’autorisation ou avant si le projet est achevé antérieurement à la date butoir.

II.2.2. Procédure spécifique des Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) propre à chaque Province

Dans le cas où l’une des installations de l’aquaculteur, par le risque ou la pollution qu’elle est susceptible d’engendrer, doit faire l’objet d’une procédure complémentaire d’autorisation ayant des normes environnementales plus élevées (figure 5).

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FIGURE 5. ETAPES DE LA PROCÉDURE GÉNÉRALE D’AUTORISATION ICPE

Les ICPE ont été créées pour soumettre à une réglementation plus protectrice les installations industrielles ou agricoles qui présentent des risques environnementaux ou provoquent des nuisances pour les riverains. Les installations concernées sont les usines, ateliers, dépôts, chantiers et plus généralement toute installation qui est exploitée ou détenue par une personne physique ou morale, publique ou privée, qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients pour la commodité du voisinage, la santé, la sécurité publique, la salubrité publique, l’agriculture, la protection de la nature, l’environnement, les paysages, la conservation des sites et monuments ou encore les éléments du patrimoine culturel et archéologique.

Les Codes de l'environnement de la Province Sud, de la Province Nord, et de la Province des îles Loyauté, définissent les procédures susceptibles d’être mises en œuvre pendant toute la durée de vie d’une installation classée : demande d’autorisation, d’autorisation simplifiée, déclaration,

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modifications, changement d’exploitant, cessation d’activité, mise en demeure de régularisation, mise en consignation financière, suspension de fonctionnement, fermeture, suppression etc. Sont exclues, du champ des ICPE, les installations mobiles.

Le classement sous un ou plusieurs de ces régimes d’autorisation implique pour le demandeur de constituer et de soumettre au service provincial concerné, un dossier répondant aux obligations règlementaires applicable (tableau 3 ci-après).

Certaines annexes de l’installation aquacole voire l’intégralité de l’installation sur le DPM peuvent être visées par la réglementation des ICPE selon la nomenclature établie par les délibérations provinciales mentionnées dans les codes de l’environnement respectifs de chaque province. Chaque province dispose d’une nomenclature définie par les délibérations suivantes :

- La délibération n° 274-2011/BAPS/DIMENC du 1er juin 2011 définissant la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement en province Sud ;

- La délibération n°2017-381/BPN du 7 décembre 2017 modifiant les règles de classement des installations classées pour la protection de l’environnement en province Nord ;

- La délibération n°2013-01/BAPI du 18 janvier 2013 établissant les règles de classement des installations classées pour la protection de l’environnement en province des Iles Loyauté.

Le Président de l’Assemblée de Province peut modifier ou compléter la liste des installations nécessitant une autorisation.

La nomenclature est divisée en deux catégories : d’une part des substances et préparations (1100 à 1900) et de l’autre les activités (2100 à 2900). Sont associés à ce classement des lettres permettant d’associer aux catégories, le type d’autorisation nécessaire selon l’importance des risques ou des pollutions qu’elles peuvent générer : régime de déclaration (activités les moins polluantes et peu dangereuses), d’autorisation simplifiée (risques connus) ou d’autorisation (activités présentant des risques ou des pollutions importantes).

TABLEAU 3. DISPOSITIONS GÉNÉRALES : INSTRUCTION DE LA DEMANDE D’ICPE EN FONCTION DES RISQUES OU POLLUTIONS GÉNÉRÉS PAR L’INSTALLATION

Instruction de la demande d’ICPE

Déclaration Autorisation simplifiée Autorisation

Régime le moins protecteur : Cette procédure s’applique aux ICPE potentiellement les moins dangereuses. Les prescriptions de ces ICPE à déclaration sont applicables à toutes les installations du même type.

Pièces constitutives du dossier : Le demandeur doit remplir un formulaire

Régime intermédiaire : L’instruction est plus rapide que l’autorisation mais elle assure des garanties environnementales plus exigeantes que la simple déclaration.

Pièces constitutives du dossier : plans réglementaires, natures et volumes, rubriques, justification de la conformité du projet à l’ensemble des prescriptions générales, étude d’impact et étude des dangers et notice d’hygiène et de

Régime le plus protecteur : Ces installations représentent un important danger potentiel pour le milieu dans lesquels elles sont implantées.

Pièces constitutives du dossier : Les pièces essentielles à la constitution du dossier en plus des plans réglementaires, sont l’étude d’impact, l’étude des dangers et la notice d’hygiène et de sécurité.

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accompagné de plans réglementaires.

Aucune consultation est nécessaire. Le maire de la commune reçoit une copie de la déclaration qui sera affichée pendant une durée d’1 mois minimum à la mairie avec la possibilité pour les tiers de consulter les prescriptions générales.

Délai : la délivrance du récépissé se fait environ 2 mois après le dépôt complet du dossier par l’exploitant (délais supplémentaires si prescriptions spécifiques).

sécurité (sur proposition de l’inspection).

Consultations nécessaires : Enquête publique simplifiée : durée de 15 jours (prolongations éventuelles possibles). Le commissaire enquêteur est désigné par le Président de l’Assemblée de Province. Les riverains sont informés par voie d’affichage, radio et presse du lieu de consultation du dossier. Enfin, le commissaire enquêteur consulte le demandeur sur les observations recueillies et émet un avis motivé. Consultation administrative optionnelle : En parallèle à l’enquête publique les communes concernées par l’installation, les services administratifs provinciaux et la Nouvelle-Calédonie rendent leurs avis.

Trois priorités sont données pour ces installations : la protection du milieu naturel, la prévention des risques sanitaires et la sécurité industrielle. Consultations nécessaires : Enquête publique : durée d’un mois. Le commissaire enquêteur est désigné par le Président de l’Assemblée de Province. Les riverains sont informés par voie d’affichage, radio et presse du lieu de consultation du dossier. Enfin, le commissaire enquêteur consulte le demandeur sur les observations recueillies et émet un avis motivéConsultation administrative : les communes concernées par l’installation, les services administratifs provinciaux et la Nouvelle-Calédonie rendent leurs avis.

NB : L’exploitant est responsable pendant toute la

durée de vie de son installation des conséquences

environnementales (de son installation à son arrêt –

transfert).Les accidents sont à

mentionner aux services administratifs provinciaux.

La réglementation des installations classées prévoit

des sanctions administratives et pénales.

Si la demande d’autorisation n’a pas été faite alors qu’elle aurait due, l’exploitant peut

être poursuivit d’un an d’emprisonnement et de 8 000 000 CFP (sanctions

pénales).

Arrêté d’autorisation est établi au vu des observations du public, des services provinciaux et de la commune concernée. Des informations complémentaires pourront être demandées au porteur du projet. L’arrêté fixe les dispositions que l’exploitant devra s’assurer de respecter.Délai : environ 6 mois entre la date de recevabilité du dossier et la délivrance de l’arrêté pour une autorisation simplifiée.Coûts pour l’exploitant :Les démarches d’affichage et les prestations du commissaire enquêteur lors de l’instruction de la demande d’autorisation. La surveillance de l’installation : elle fait l’objet d’un contrôle environ 1 fois par an et l’exploitant transmettra les résultats aux échéances énoncées dans l’arrêté

Arrêté d’autorisation est établi au vu des observations du public, des services provinciaux et de la commune concernée. Des informations complémentaires pourront être demandées au porteur du projet. Cet arrêté fixe les dispositions que l’exploitant devra s’assurer de respecter.Délai : environ 10 à 12 mois entre la date de recevabilité du dossier et l’arrêté autorisant l’exploitation.Coûts pour l’exploitant :Les démarches d’affichage et les prestations du commissaire enquêteur lors de l’instruction de la demande d’autorisation. La surveillance de l’installation : elle fait l’objet d’un contrôle environ 1 fois par an et l’exploitant transmettra les résultats aux échéances énoncées dans l’arrêté.

Dans le cas d’un transfert d’un type d’autorisation à un autre doit faire l’objet d’une nouvelle demande d’autorisation, d’autorisation simplifiée ou de déclaration. Lorsqu’une installation classée change d’exploitant, le nouvel exploitant fait une déclaration au Président de l’Assemblée de Province.

Enfin, en plus du type d’installation mentionné, des prescriptions communes peuvent être fixées par délibération du bureau de chacune des provinces. Elles ont pour but de prévenir et réduire les risques d’accidents ou de pollution de toute nature ainsi que les conditions d’insertion dans l’environnement de l’installation et de remise en l’état du site après l’arrêt d’exploitation. Ces

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prescriptions communes ou spécifiques sont à consulter pour connaitre toutes les conditions exactes d’exploitation de l’installation.

TABLEAU 4 : PARTICULARITÉS PROVINCIALES DE L’INSTRUCTION DE LA PROCÉDURE D’ICPE

Province Nord Province Sud et Province des Îles Loyauté

La province Nord centralise toutes les demandes d’autorisation pour toutes les rubriques confondues (déchets, élevages et station d’épuration) au Bureau des Installations Classées. La DIMENC intervient uniquement en tant qu’instructeur des dossiers.Un formulaire unique est à remplir pour l’étude préalable de la demande à déposer au bureau des Installations Classées.Les dossiers de demande d’autorisation, demande d’autorisation simplifiée et de déclaration doivent être complétés :

En 7 exemplaires pour les demandes d’autorisation,

En 4 exemplaires pour les demandes d’autorisation simplifiées,

En 3 exemplaires pour les déclarations.*Formulaire à chercher au Bureau des installations classées*Une fois ces dossiers recevables, ils sont soumis à l’inspecteur ICPE pour instruction.

Dans la nomenclature des installations classées est mentionnée à l’article 411-2 CEPN. Cette nomenclature est fixée par la Délibération n°2017-381/BPN du 7 décembre 2017 venant modifier la nomenclature précédente définie par la délibération n°2013-64/BPN du 12 avril 2013 modifiant les règles de classement des installations classées pour la protection de l’environnement en province Nord.

A : autorisation / As : autorisation simplifiée / D : déclaration

Les rubriques 2130 et 2131 mentionnent que les

Service instructeur en matière d’installation classée pour la protection de l’environnement :

- La DIMENC assure l'application notamment de la réglementation à l'ensemble des établissements à caractère industriel et aux installations de stockage des déchets annexes aux établissements à caractère industriel.

- La Direction du développement durable des territoires (DDDT) pour la Province Sud et la Direction du Développement Durable et de la Recherche Appliquée, service de l’environnement pour la Province des Îles Loyautés (DDDRA) assure la réglementation des sites d’élevage, de fabrication ou de stockage d’engrais et de supports de culture à base de matières organiques, de dépôt de matières animales, de traitement des eaux résiduaires domestiques.

Pour le cas des fermes aquacoles, l’exploitant passe directement par la province concernée puisque la ferme aquacole est un site d’élevage. *formulaire déclaration, autorisation simplifiée et autorisation de la Province Sud : https://www.province-sud.nc/recherche?q=formulaires%20d%C3%A9claration%20ICPE*

La nomenclature des installations classées (délibération n° 274-2011/BAPS/DIMENC du 1er juin 2011) est expressément mentionnée à l’article 412-2 du CEPS. Les installations exploitées ou détenues par toute personne physique, morale, publique, privée qui peut présenter des dangers ou inconvénients (santé, environnement, sécurité etc.) sont définies dans la nomenclature des installations classées fixée par délibération du Bureau de l’Assemble de province (article 412-2 CEPS).

Les conditions d’autorisation pour la province Sud : autorisation, autorisation simplifiée (article 413-41 CEPS) ou déclaration (article 414-1 CEPS).

Exemple de l’installation pour le remplissage d’une cuve de gasoil :Dans la délibération n° 274-2011/BAPS/DIMENC du 1er juin 2011 de la province Sud, dans le cas d’une installation permettant la distribution de gasoil, elle sera soumise à cette disposition 1434 « remplissage de récipients mobiles ». En fonction du débit, l’installation devra faire l’objet en fonction du seuil soit d’une simple

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AUTORISATION D’INSTALLATION POUVANT ETRE OBLIGATOIRE POUR LA MISE EN PLACE D’UNE FERME

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activités aquacoles et piscicoles au-delà d’un certain seuil (critère de capacité de production et de taille des bassins) doivent faire l’objet d’une autorisation ou d’une déclaration.

Si plusieurs installations sont concernées au sein d’une même exploitation, il convient de cumuler les capacités au regard de la nomenclature.

Les conditions d’autorisation : autorisation (article 412-1 CEPN), autorisation simplifiée (article 413-1 CEPN), pour la déclaration les pièces à fournir sont listée dans le formulaire de la province Nord.

Ces installations classées font l’objet de la même procédure que les AOT en matière d’enquête publique. Dans certains cas, l’enquête publique peut être simplifiée.

Les délais de demande d’autorisation sont globalement les mêmes pour toutes les provinces. Une particularité de la province Nord est que lorsque le dossier est complet et régulier, l’ouverture de l’enquête est mentionnée par arrêté, deux mois après l’étude de la recevabilité du dossier (412-4 CEPN).

déclaration (c), d’une autorisation simplifiée (b) ou d’une autorisation (a).

A :

autorisation / As : autorisation simplifiée / D : déclaration

Les pièces justificatives requises pour la Province Sud (article 413-4 CEPS) : plan d’ensemble, étude d’impact complète sur l’environnement (une étude d’impact avec une analyse de l’état initial du site et de l’environnement et une analyse sur les effets directs et indirects de l’installation), d’une étude des dangers et d’une notice hygiène et sécurité Les pièces justificatives requises pour la Province des Îles Loyauté (article 412-4 CEPIL) : caractéristique de la personne physique ou morale, emplacement, nature et volume, les procédés de fabrication, un plan pour localiser l’installation, une étude d’impact avec une analyse de l’état initial du site et de l’environnement et une analyse sur les effets directs et indirects de l’installation (article 412-4 CEPIL). Si l’installation classée n’est pas comprise dans la nomenclature alors le président de la province informe l’intéressé. Une seule demande d’autorisation peut être présentée pour l’ensemble des installations, une enquête publique et un seul arrêté.

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ANNEXE B

Liste des conflits d’usages lors de la mise en place de fermes aquacoles en mer

(RFP20-049)

Type de conflit d’usages Description du problème

Domaine public maritime vs droit/usages coutumiers

Bien que le lagon soit public (loi du pays du DPM de 2002), les droits d’usages et de jouissance au droit des espaces coutumiers prévus restent officieux et problématiques car non reconnus/validés/entérinés.

Culturel Zone taboue ou ayant une signification culturelle particulière

Activités humaines récréative (baignade, nautisme, loisir)

Si l’activité est proche d’activité humaine elle peut accroître le risque d’accidents.

Obstacles à la navigationRisque de dégradationNormalement réglés par une AODPM qui sollicite un avis AffMar pour les risques à la navigation*Trouver équilibre entre information de la présence d’une structure et surveillance face au risque de braconnage

Dégradation d’infrastructuresNécessité de la surveillance (proximité des installation ou gardiennage)

Conflit sur les espèces réglementées élevées et celles pêchées

Risque de conflits entre pêcheurs et aquaculteurs concernant les espèces avec fermeture saisonnière de pêche (picots – crabes – huîtres…) et vente de ces mêmes espèces produites par l’aquaculture Difficulté pour le contrôle (bagues)

Risques pollution génétique ou baisse de la diversité

Si déplacement de géniteurs de différents sites de la NCSi promotion d’un petit pool de géniteurs

Risque de pollution lagonaire Alimentation ad libitum avec risque de surcharge en nutriments de la masse d’eau de proximité (risque d’enrichissement du substrat, de prolifération algale, …) si absence de traitement des eaux de rejets. Les infrastructures réalisées en matière non biodégradables peuvent polluer le lagon (microplastique) et risque d’abondons des infrastructures après le passage de cyclones etc.)

Attraction de prédateursSi nourrissage (e..g. poissons) modification du comportement des poissons alentours et attraction ce certaines espèces

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ANNEXE C

Synthèse et pistes de méthode de concertation pour des projets environnementaux

(RFP20-0XX)

Cette annexe constitue un référentiel des typologies de concertation utilisées pour des projets de grands aménagements.

Quatre modèles de processus de décision de choix de grands aménagements :

Processus de décision mené par un porteur de projet

Processus de décision mené par les parties prenantes du projet

Forte asymétrie de pouvoir entre l’offre et la demande de projet, fortement exploitée

Méthode DAD : Décider, Annoncer, Défendre, Adapter

Méthode IDE : Instituer, Délibérer, Eluder

Faible asymétrie entre l’offre et la demande de projet ou asymétrie faiblement exploitée

Méthode PER : Proposer, Ecouter, Requalifier

Méthode CAC : Concerter, Analyser, choisir

- « Instituer – Délibérer – Eluder » (modèle IDE) : institutionnalisation de la concertation et organisation des débats citoyens sur le projet où les résultats étaient préalablement étudiés.

- « Décider – Annoncer – Défendre » (modèle DAD) : modèle historique de décision publique notamment dans le domaine de l’aménagement. Ce modèle renvoie à un mode d’action public traditionnel et asymétrique où l’intérêt général est incarné par l’Etat et le débat et la concertation sont quasiment inexistants. Il est donc caractérisé par son manque d’adaptabilité et sa faible ouverture démocratique (Lascoumes 20015, Latour6 ).

Les méthodes IDE et DAD étaient utilisées en France dans les années 1960-1970 et correspondent à des prises de décisions par l’Etat centralisé dans une logique bureaucratique (Michel Crozier, Jean-Claude Thoenig, « La régulation des systèmes organisés complexes. Le cas du système de décision politico-administratif local en France », Revue Française de Sociologie, 1975, 16-1, pp. 3-32.). Viens ensuite, dans les années 1980-1990, une phase de décentralisation de l’Etat accompagnée d’une « institutionnalisation de l’action collective » dans laquelle l’action publique est coconstruite entre l’Etat et le local (Patrice Duran, Jean-Claude Thoenig, « L’Etat et la gestion publique territoriale », Revue Française de Science Politique, 1996, vol. 4., pp. 580-623.).

- « Proposer – écouter – requalifier » (modèle PNR) : modèle de négociation dans lequel le porteur de projet présente son projet aux contradicteurs, organise une concertation permettant d’écouter les critiques et demandes d’adaptations. Il requalifie le projet afin de

5 Callon M., Lascoumes P., Barthe Y. (2001) : Agir dans un monde incertain, essai sur la démocratie technique. Éditions du Seuil, Paris.6 Latour B. (1999) : Politiques de la nature – Comment faire entrer les sciences en démocratie ?Ed. La découverte, Paris

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tendre vers une prise en compte maximale de la concertation. Ce type de concertation est menée par un porteur de projet bien identifié qui défend son projet. Si elle démontre en moyenne une relative efficacité, elle s’est également trouvée confrontée par le passé à des blocages importants dans l’histoire de la mine en Nouvelle-Calédonie.

- « Consulter – Analyser – Choisir » (modèle CAC) : modèle socialement et politiquement bien accepté car il n’est pas fondé sur la négociation porteur / contradicteurs, mais consiste à organiser la co-construction du projet avec l’ensemble des parties prenantes. Cette concertation consiste à mettre en commun les idées à la recherche de compromis entre ces idées. L’intérêt est d’éviter les rapports de force. Néanmoins, ce modèle rend difficile la prise de décision collective et l’aboutissement de projets complexes puisqu’il faut trouver un compromis après la mise en commun des idées. Plus le nombre d’acteurs est important plus le compromis peut être complexe et la concertation peut connaître des blocages qui la mettent en échec.

Ce modèle présente la particularité d’engager un processus de reconnaissance nécessaire à de nouveaux projets d’installation. Combiné à d’autres outils et modèles de concertation, il peut être pertinent pour faire émerger un consensus en matière d’aquaculture. Partir d’une co-construction pour après affiner le processus par la proposition de scénarii peut permettre d’entamer le processus par une concertation qui par la suite va être négociée.

- « Eviter – Réduire – Compenser » (démarche ERC) : la séquence ERC introduite en droit français en 1976 et consolidée par la loi reconquête de la biodiversité est présente dans le code de l’environnement français. Cette démarche est également présente dans le code des provinces et notamment dans les procédures d’étude d’impact pour l’environnement sur le territoire Calédonien. Dans certains cas, les mesures d’évitement qui ont pour objet de supprimer les effets négatifs du projet s’inscrivent dans un processus « gagnant-gagnant ». Le porteur du projet doit éviter au maximum de recourir à la réduction voire à la compensation. Il doit donc limiter des engagements associés au foncier, au financier, qui fragiliseraient les conditions de réalisation et d’exploitation de son projet. Ces mesures de réduction et de compensation peuvent aller jusqu’à remettre en cause l’acceptabilité du projet. D’autant plus que la compensation permet de compenser les impacts résiduels significatifs aux milieux naturels uniquement dans 20% des cas (6/09/2020, Biological conservation).

Outil juridique disponible : l’étude d’impact environnementale obligatoire pour les projets ayant un impact significatif sur l’environnement, peut être un outil intéressant de transparence et de concertation.

Ainsi, dans une étude d’impact, le résumé non-technique est primordial pour rendre accessible le contenu des résultats environnementaux à tous et plus particulièrement aux riverains du projet. En effet, pour l’opérateur, c’est un moyen d’interroger continuellement la performance environnementale de son projet et en conséquence, son acceptabilité sociale et environnementale. C’est donc la démonstration du maitre d’ouvrage et du prestataire à la mise en place d’un dialogue de toutes les parties prenantes au projet.

Les outils permettant de construire une vision commune entre les acteurs sur un territoire :

- Programme NERVAL (négocier, évaluer, reconnaitre la valeur des lieux) : ce modèle de concertation mobilisant la grille d’analyse TERA a pour objectif de collecter des données suffisantes pour réduire les facteurs d’incertitude dans un projet, de reconnaitre la valeur des lieux et les acteurs en jeux pour le projet. Cette grille permet de reconnaitre puis négocier et

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enfin évaluer la valeur d’un lieu. Elle a l’avantage d’établir un référentiel commun de connaissance sur une situation pour mener la négociation et prendre en compte les différentes contraintes notamment environnementales.

Détails de la grille d’analyse TERA : Cette grille a été utilisée pour des projets miniers. Elle peut néanmoins être réadaptée à un processus de concertation aquacole car elle offre une réponse pour réduire les incertitudes sur la valeur des lieux. Cette phase de consultation peut être intéressante dans le cadre d’un projet aquacole en mer puisque la valeur patrimoniale du domaine public maritime peut donner lieu à une variabilité d’interprétation en fonction des acteurs.

1) Territoire : géographique des valeurs et des lieux

2) Evènement : la valeur est instable, non intrinsèque, révélée ou transformée par un événement.

3) Auteurs : les acteurs impliqués, le conflit, le projet, analyse du discours, des identités et appartenances, jeux d’alliance etc.

4) Risque : ce qui met en danger, réduit la valeur ou encore l’augmenter ou la transforme (notion de qualification et de pondération associée). Le risque renvoie à une capacité inégalement répartie à « probabiliser » les effets potentiels d’un événement.

Replacer la grille d’analyse sur un axe temporel

La flexibilité de la grille permet de l’adapter à la taille d’un projet et au nombre d’acteurs mobilisés. Elle peut être pertinente lors de la mise en situation pour un lieu donné.

Dans l’analyse de la gestion environnementale, la caractérisation de la logique des acteurs (Mermet, 19927) dans un processus de concertation est fondamentale. En effet, il faut prendre en compte le positionnement de tous les acteurs jouant un rôle effectif, dans une situation donnée, vis-à-vis des acteurs responsables du processus dommageable pour l’environnement ou au contraire des acteurs régulateurs. Le positionnement des acteurs doit être analysé pour comprendre leur influence, point de vue dans le processus de concertation. Sont analysés :

1) La richesse : l'abondance de ce qui intéresse l'acteur (au-delà des seuls biens économiques ou monétarisables) ;

2) La sécurité de sa position : le niveau de menace qui pèse sur sa richesse ;

7 MERMET, Laurent. Stratégies pour la gestion de l’environnement : La nature comme jeu de société ? L’HARMATTAN, 1992.

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3) L’adaptabilité : le potentiel de changement et d'adaptation que lui offre le mode de gestion du milieu pour sauvegarder ou accroître sa sécurité ;

4) La cohérence entre sa participation à la gestion de ce milieu et le reste de ses activités.

- Analyse CAPE (Partoune et Piveteau) :

Dans cette matrice CAPE, un acteur est défini comme une personne qui intervient dans le processus de gestion de l’espace, processus dans lequel il possède une autonomie d’initiative ou de réaction. L’acteur peut être une personne physique ou morale. Ainsi, on peut considérer qu’il y a deux portes d’entrée des personnes intervenant dans la gestion d’un territoire : le caractère interne ou externe et le caractère régulateur ou non régulateur.

C : L’acteur collectif appartient à un groupe professionnel ou social qui a un projet commun, explicite et négocié pour la zone.

A : L’acteur arbitre a une vision globale, cherche à réguler tout en restant extérieur à la micro - région.

P : L’acteur privatif agit à titre individuel et refuse l’idée d’une action collective.

E : L’acteur extérieur agit à titre individuel et peut si nécessaire changer de territoire pour assurer son activité. Il apporte l’ouverture, le regard extérieur et l’innovation.

Pour ces deux auteurs ces quatre types d’acteurs sont nécessaires pour l’équilibre du au système et sont garants d’une mise en œuvre effective d’un projet qui s’inscrit dans un territoire donné.

- Approche patrimoniale dans la gestion du vivant (Ollagnon 19998) : Grille IDPA : Identification de la situation, acteur et problème ; Diagnostic de l’action engagée ; Prospective ; Action

L’avantage de faire des entretiens individuels à l’aide de la grille d’entretien IDPA est de recueillir le maximum d’informations et de faire émerger des problèmes pouvant être indirects au projet que l’on veut mettre en œuvre mais qui sont sources de blocages. Néanmoins, le temps disponible pour réaliser ces entretiens peut être trop restreint et les acteurs répertoriés ne sont pas forcément les acteurs pivots et décisionnaires à l’acceptation du projet. En cas de blocage dans un projet, mettre en place la grille IDPA pour après lancer un processus de concertation serait un outil préliminaire 8 Une approche patrimoniale de la gestion de la qualité : une application à la nature et au vivant : pour une écologie de l'action par Henry Ollagnon 1999

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pertinent pour identifier les tensions et les pistes de changements et ainsi avoir des connaissances plus approfondies des acteurs, qui au sein du collectif, s’expriment d’une manière différente.

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ANNEXE D

Pistes de réflexion : aménagements de la procédure autorisation d’occupation

Compte tenu de la réglementation qui s’applique, plusieurs pistes peuvent être envisagées pour répondre à la nécessité de renforcer la concertation dans la procédure d’occupation pour permettre une meilleure garantie de l’acceptabilité sociale et environnementale des projets aquacoles en mer.

Cette partie, à l’état de simple réflexion, suggère une liste de différentes pistes d’aménagement qui ne sont en aucun cas exhaustives et que le prestataire pourra approfondir.

Les deux premières pistes du Zonage et Plan d’aménagement aquacole visent à alléger la procédure et les coûts de l’étude d’impacts supportés par les provinces afin de faciliter l’implantation de ces activités en mer.

Zonage :

Objectif : Outils de simplification dans la demande d’occupation du DPM pour les opérateurs privés : les Provinces établissent préalablement un zonage pour faciliter l’installation des fermes aquacoles. Dans ce cas, la province effectue une étude préliminaire et définie les caractéristiques des fermes pouvant être implantées dans les zones. Ainsi, l’étude d’impact est allégée puisqu’elle comporte uniquement l’impact de son installation sur le milieu et non plus l’étude du milieu en lui-même. Le choix de la prestation se fera en partie sur le projet impactant le moins l’environnement.

Limite : coût de mise en œuvre par la province. Quels sont les financements possibles ?

Plan d’aménagement aquacole :

Objectif : Possibilité d’élaborer un plan d’aménagement aquacole (PAA) qui contiendrait l’établissement de la situation de référence du territoire objet de planification (1), l’étude des caractéristiques environnementales des zones appropriées dédiées (2), l’élaboration du schéma des types structures (3), l’étude d’impact sur l’environnement (4), l’étude de l’acceptabilité sociale (5).

Ce plan mis en œuvre par la province a pour objet d’alléger la procédure d’étude d’impact et d’ouvrir la possibilité à de petits opérateurs privés d’effectuer la demande d’occupation. Cette évaluation préalable définira le type d’infrastructure adapté à une zone et permettra de réduire les risques environnementaux. De plus, les études d’impact pour l’environnement sont des procédures dont la durée est connue par l’opérateur contrairement aux processus de concertation pour l’acceptabilité du projet par les parties prenantes. En effet, le délai de cette étude sur « l’acceptabilité sociale » ne peut pas être estimé à l’avance car tout dépendra de l’ouverture du public à la négociation. Ainsi, le plan aquacole serait une solution pour évaluer préalablement l’ouverture de la zone à l’installation projet aquacole.

Limites : les ressources financières des provinces. Ce plan d’aménagement aquacole est un document couteux et long à réaliser. Pour qu’il soit mis en œuvre, il faut que les demandes d’installation de fermes aquacoles sur le DPM soient assez nombreuses sur le territoire calédonien.

Actes coutumiers négociés :

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Objectif : Les actes coutumiers sont les transcriptions écrites des palabres c’est-à-dire accords oraux pouvant être conclus entre l’opérateur et les riverains du projet aquacole. Ainsi, ce contrat permet de négocier les conditions d’occupation sous la garantie d’un dialogue continu entre les parties prenantes au projet et une modification de ces actes si la concertation a révélé des évolutions dans le dialogue. En effet, la privatisation d’une parcelle du domaine public par des opérateurs publics ou privés restreint l’utilisation de cette parcelle à tous les usagers extérieurs effectuant initialement des activités sur le lieu (pêche, pratique sportive, navigation etc.).

Pour compenser de la restriction des activités sur la parcelle privatisée, on peut imaginer des accords de diverses natures :

- Economique : versement d’une redevance, création d’emplois au sein de la ferme pour les riverains ;

- Aménagement des activités de pêche dans la zone : on peut imaginer dans des cas précis de parcage de certaines espèces, une possibilité de compenser l’exclusivité de l’occupation par des autorisations de pêche limitée dans la zone (10 à 20 % des rendements…) pour une période donnée à des horaires définies etc.

Limites : l’acte coutumier doit conserver une flexibilité pour pouvoir être adapté dans un contexte changeant et ne pas figer la négociation. Ces actes écrits doivent pouvoir évoluer en même temps que le contexte pour ne pas invisibiliser les possibles conflits et rendre compte d’une réalité changeante.

Procédure d’enquête publique

Allégement de certaines phases de la procédure : Sur le même modèle que l’aménagement pour les projets à moins de 100 millions XPF, les procédures d’occupation peuvent être modulées en fonction de la taille du projet.

Outil de concertation et négociation : L’enquête publique doit être utilisée comme une véritable opportunité de dialogue et non un simple formalisme juridique. Pour permettre ce dialogue lors de l’enquête publique, il pourrait être pertinent de développer un guide de concertation comportant x étapes pour la réalisation d’une concertation effective et d’une prise en compte des avis sur le projet. La durée de l’enquête publique peut être modifiée ainsi que son accessibilité (extension des horaires de consultation, dématérialisation des avis et propositions, augmentation de la durée de l’enquête publique…).

Création d’un service de la concertation au sein des provinces :

La mise en place de ce type de service serait pertinente pour proposer un accompagnement lors de la mise en œuvre de projets de différentes natures : projets aquacoles, aires de protection, quotas de pêche…Cela permettrait de garantir un suivi dans le dialogue, une cartographie des zones et d’instaurer une concertation d’avenir avec des interlocuteurs spécialement dédiés (socio, anthropo etc.).

Limite : coût du fonctionnement d’un service et son efficacité.

Création de « comités locaux d’information » :

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Ce type de comité est déjà mis en place pour les projets minier sur le territoire calédonien. La mise en place de ces comités (adaptés à la taille des projets) pourrait constituer des outils intéressants de concertation du public en général et des riverains aux projets en particulier.

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