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Jacques Côté Boréal WILFRID  DEROME expert en homicides Extrait de la publication

Wilfrid Derome expert en homicides

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Page 1: Wilfrid Derome expert en homicides

Jacques Côté

Boréal

WILFRID DEROME

expert en homicides

Extrait de la publication

Page 2: Wilfrid Derome expert en homicides

Les Éditions du Boréal, rue Saint-Denis

Montréal (Québec) HJ L

www.editionsboreal.qc.ca

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Wilfrid Deromeexpert en homicides

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Page 4: Wilfrid Derome expert en homicides

DU MÊME AUTEUR

ROMANS

Les Montagnes russes, VLB éditeur, (réédité en ).

Les Tours de Londres, VLB éditeur, .

Les Amitiés inachevées, Québec/Amérique, .

ROMANS POLICIERS

Nébulosité croissante en fin de journée, Alire, .

Le Rouge idéal, Alire, (Prix Arthur-Ellis du meilleur romanpolicier).

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Jacques Côté

Wilfrid Deromeexpert en homicides

récit biographique

Boréal

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Page 6: Wilfrid Derome expert en homicides

Les Éditions du Boréal remercient le Conseil des Arts du Canada ainsi que le ministère du Patrimoine canadien et la SODEC pour leur soutien financier.

Les Éditions du Boréal bénéficient également du Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.

Photo de la couverture : Musée de la civilisation, collection du laboratoire de sciences juridiques et de médecine légale

© Les Éditions du BoréalDépôt légal : e trimestre

Bibliothèque nationale du Québec

Diffusion au Canada : DimediaDiffusion et distribution en Europe : Les Éditions du Seuil

Données de catalogage avant publication (Canada)Côté, Jacques, -

Wilfrid Derome, expert en homicides

Comprend des réf. bibliogr.

ISBN ---X

. Derome, Wilfrid, -. . Médecine légale – Québec (Province) – Histoire.. Criminalistique – Québec (Province) – Histoire. . Spécialistes de la criminalistique– Québec (Province) – Biographies. I. Titre.

. .’ --

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Tantôt il passait la journée au laboratoirede chimie, tantôt dans les salles de dissec-tion ; de temps à autre, il faisait une longuemarche qui, semblait-il, le conduisait parmiles quartiers les plus mal famés. […] Sesmains étaient toujours tachées d’encre oumaculées de produits chimiques.

CONAN DOYLE, Étude en rouge

Voici le soir charmant, ami du criminel ;Il vient comme un complice, à pas de loup.

CHARLES BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal

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À mon père, Marc

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Note aux lecteurs

Ce récit s’appuie sur une abondante documentation qui pro-vient d’archives historiques : notes sténographiques des procès,dossiers du procureur général, procès-verbaux de réunions,lettres, coupures de presse, rapports et notes manuscrites,articles ou livres de Wilfrid Derome. Ces textes sont la voix et lesgestes de cet homme, que j’ai voulu préserver. Je me suis cepen-dant permis d’apporter certaines corrections mineures et dereconstituer certains dialogues et quelques épisodes à partir d’in-dices et de sources historiques. Les affaires judiciaires qui sontrelatées dans ce livre sont véridiques et les noms des principauxacteurs ont été conservés. À moins d’avis contraire, les témoi-gnages entendus aux procès sont tirés du journal La Presse.

J. C.

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CHAP ITRE PREMIER

Branle-bas au 179, rue Craig

Par ce samedi glacial du 7 janvier 1922, à la barre du jour,un ouvrier marche vers son lieu de travail, à Notre-Dame-de-Grâce. Rendu à l’angle des rues Snowdon et

Coolbrook, il bifurque vers un hangar où s’entassent des outils etdes charrues de déneigement. En s’avançant, il distingue uneforme sombre qui se démarque sur la neige. Intrigué, il s’ap-proche et fait la macabre découverte. Le corps d’un hommerepose devant la cabane, les pans de son pardessus recouvrent satête. Euzèbe Larin va tout de suite chercher de l’aide.

Le chef enquêteur, Dominique Pusie, arrive en trombe sursa moto, suivi de Paul Sanscartier qui conduit le fourgon. Lesmains de la victime sont attachées avec une corde de chanvre. Lelimier constate le décès. Le cadavre est à demi gelé. Puisqu’ils’agit d’une mort suspecte, le policier évite que le cadavre ne soitcontaminé. Le corps est hissé sur un brancard et placé dans lecorbillard. Le sinistre véhicule noir, escorté par la motocyclette,s’ébranle dans la circulation matinale. En chemin, Sanscartier etPusie croisent les détectives Théodule Pigeon et Joseph Desgro-seillers, de la Sûreté de Montréal, chargés de l’enquête.

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Peu avant neuf heures, Sanscartier gare le fourgon devant le179, rue Craig. Là se trouvent la morgue de Montréal et le labo-ratoire médico-légal et de police technique. Pusie immobilise samotocyclette et s’empresse d’aider son collègue.

* * *

Wilfrid Derome, médecin légiste et analyste expert à la Courdu coroner, descend le long escalier de sa résidence du 14, carréSaint-Louis. D’une main le docteur retient son chapeau mouque le vent veut emporter. Devant lui, les arbres dans le parcsont des vitraux blancs de neige et de ciel gris. Seul sur son socle,le poète Crémazie, spectre enneigé, déclame dans la froidure.

Il ne pourra marcher jusqu’au laboratoire ce matin. Le tempsglacial lui fait opter pour la Chandler.

Les rafales de neige soufflées des toits voilent les belles mai-sons victoriennes. Tourelles, balcons-lucarnes, créneaux etpinacles prennent un aspect féerique. Mais la vie du docteur n’arien d’un conte de fées, à l’exception des loups meurtriers. Leshistoires qui le requièrent n’ont que trop rarement une fin heu-reuse. « Il était une fois la mort » est l’amorce des récits noirs quipeuplent son quotidien.

L’air froid du matin le rassérène. Il en a bien besoin. Thana-tos le convie à son banquet six jours par semaine, souvent sept,sans compter les nuits blanches.

La voiture démarre d’un coup. L’habitacle est glacial. Ilajuste son miroir. Les traits de son visage sont fins et ses cheveuxont grisonné trop vite. Les lunules sombres sous ses yeux révè-lent son dur labeur.

La rue Saint-Denis le mène lentement vers le vieux centre. Iltourne à droite dans la rue Craig en direction de la place d’Armes.Il aperçoit les tours néogothiques de l’église Notre-Dame. Àl’image des années folles, la ville répand son tintamarre. La per-cussion des tramways fait contrepoint aux mo teurs à explosion etaux sabots des chevaux. Automobilistes, motocyclistes, charretiers

WILFRID DEROME, EXPERT EN HOMICIDES

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serpentent périlleusement entre les « petits chars ». C’est à sedemander comment les fils les liant à la caténaire, et qui s’étirentsans fin, parviennent à ne jamais s’emmêler.

Au coin des rues Craig et Sainte-Élisabeth, il se range devantun bel édifice de style Beaux-Arts. La morgue de Montréalabrite un entrepreneur de pompes funèbres, les bureaux ducoroner, la Cour des enquêtes et le laboratoire médico-légal.

Il immobilise la voiture derrière le fourgon noir.Derome monte au dernier étage où se trouve le laboratoire.

À peine le temps d’accrocher son chapeau que la grosse tête deDominique Pusie apparaît dans l’entrebâillement de la porte.

— Docteur ?— Oui.— Un meurtre très brutal a été commis cette nuit à N-Di-

Dji.— J’arrive à l’instant.Derome enroule son foulard sur la patère et glisse ses gants

dans les poches de son paletot foncé. Devant le miroir, il replaceses cheveux, ajuste son élégant complet trois pièces. Le docteurest un homme mince, de taille moyenne. Son poids a beaucoupvarié dans les dernières années.

Il prend une tablette et entreprend sa descente jusqu’ausous-sol de la morgue. Des miasmes putrides envahissent sesnarines. Plus rien ne va dans cette morgue. Combien de fois lecoroner Edmond MacMahon a dû fermer la porte au premiernoyé du printemps fraîchement repêché : pas question de siégerpendant qu’un « pourri » se décompose sous sa cour. Il lui faudraécrire au premier ministre avant longtemps. Travailler dans depareilles conditions l’exaspère. Sa table d’autopsie est inutili-sable. Depuis peu, il doit effectuer ses opérations post mortemsur des brancards mobiles et peu commodes. Les conditionsactuelles ne satisfont pas aux règles d’hygiène élémentaires.

Derome attache son tablier de caoutchouc, enfile ses gants. Ils’approche du corps qu’il examine sommairement. La victimeporte un pantalon et un veston marron. Les poches ont étédétroussées. Fourrageant dans celles du pardessus, Sanscartieren retire des gants en fourrure, un lorgnon, un vieux billet du

BRANLE-BAS AU , RUE CRAIG

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théâtre Princess, des papiers qu’il range précieusement et unecarte d’identité au nom de Raoul Delorme.

Derome pose son regard sur la tache de sang qui recouvre lecôté droit du veston, des épaules à la taille. Il soulève le revers etconstate le passage d’une balle dans le tissu. Il relève le pardes-sus, attaché avec huit petites épingles et qui voile le visage. Ilautorise Sanscartier à les détacher. En dessous, une corde dechanvre à trois tresses retient autour de la tête un morceaud’étoffe bariolée de couleur rose. Il examine le revers en étamineavant de permettre à Sanscartier de le retirer. Ce n’est pas unmais deux piqués qui recouvrent le visage.

— Celui-ci provient sans doute d’un couvre-lit et il est faitmain, dit le docteur en pointant les coutures diagonales.

Outre ces taches de sang, Derome remarque deux souillurescrayeuses et une plume jaunâtre. Il demande à Sanscartier d’éti-queter la plume et de la conserver comme pièce à conviction.Puis il se penche et examine avec une lunette ce qui lui sembleêtre des salissures de graisse à moteur. Sanscartier retire le tissuet grimace : la victime est défigurée.

— On l’a tiré à bout portant.Derome scrute les blessures. À première vue, tous les projec-

tiles se sont logés dans le cou et la tête. Une arme de calibre 22ou 25. Les perforations, très petites, se sont refermées sans avoirtrop saigné. Le sang s’est surtout écoulé de la bouche et du nez àla suite d’une hémorragie.

Derome reste songeur. Pourquoi tant de zèle à recouvrirainsi la victime après l’avoir abattue à l’extérieur ? Habituelle-ment, les voleurs font preuve d’économie dans les moyens.

Il soulève le revers de la manche droite et note l’empreinte dela corde et de petites lésions au poignet.

— C’est probablement dû à la rigidité cadavérique.Mais il en saura plus long lors de l’autopsie complète. Pour le

reste, avant d’aller plus loin, il faut laisser au corps le temps dedégeler.

Entre-temps, les enquêteurs se chargent de communiqueravec la famille de la victime. Vers onze heures, Desgroseillers et

WILFRID DEROME, EXPERT EN HOMICIDES

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Pigeon se rendent au 190, rue Saint-Hubert, près de la rue Dor-chester. C’est une maison à trois étages arborant une demi-rotonde et une jolie corniche. Le heurtoir s’abat lourdement surla porte. Un homme en soutane apparaît dans l’embrasure.

— Nous sommes des officiers de la police. Est-ce ici quedemeure Raoul Delorme? s’enquiert Pigeon.

— Oui, messieurs, répond l’abbé. Raoul est mon frère. Luiest-il arrivé quelque chose ? Est-il mal pris ? Car il n’a pas couchéà la maison cette nuit.

— Nous venons vous informer qu’un jeune homme a étégravement blessé, portant sur lui une carte d’identité au nom deRaoul Delorme.

— Où est-il ?— À la morgue.— Donc, il est mort ?— Oui, et nous vous prions de nous accompagner à la

morgue pour l’identifier.— Eh bien, je suis à vous dans quelques minutes, messieurs.

Je vais m’habiller.Sous la soutane, l’abbé Adélard Delorme est un homme cor-

pulent. Il porte des petites lunettes rondes à fine monture, rete-nues par une chaînette. Il a le teint rosé et un visage joufflu.Expansif, il parle en traçant de grandes arabesques avec lesmains, et son haleine empeste le cigare.

Quelques minutes plus tard, l’abbé descend à la morgue, oùl’attend Wilfrid Derome.

— Bonjour, monsieur l’abbé.— Bonjour, docteur.Derome le conduit près du brancard où dégèle lentement le

corps de son frère. Il retire le papier journal qui sert à recouvrir levisage du cadavre.

— C’est Raoul, dit l’abbé.Il observe aussi les vêtements de son frère sur une table.— Ce sont bien les siens.L’abbé redresse la tête, détourne son attention du cadavre

qu’il bénit d’une main nonchalante, avant de repartir aussi vitequ’il est arrivé. Derome et les limiers se regardent, interloqués.

BRANLE-BAS AU , RUE CRAIG

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— C’est pour le moins expéditif ! lance Derome.Ce premier tête-à-tête l’indispose. Il est estomaqué par le

comportement inhabituel du curé, qu’il note aussitôt dans soncalepin : « Il n’a pas manifesté la moindre émotion. Il s’est mon-tré d’une indifférence absolue en face du cadavre de son frère. »Il semble être vraiment au-dessus de ses affaires et du commundes mortels.

En discutant avec les policiers, Derome apprend que l’abbéavait remis 20 dollars à son frère en prévision de sa soirée. Ledocteur note que « Raoul aurait soupé avec deux personnes,dont l’une lui était connue, et ils seraient ensuite partis en voituredans un endroit que ses amis connaissaient ».

— Mais pourquoi voler quelqu’un pour si peu ? demande-t-il aux détectives.

— La question du mobile n’est pas claire, rétorque Pigeon.Les limiers saluent Derome et retournent ensuite au bureau

de la Sûreté municipale qui est situé en face de la morgue.

En fin d’après-midi, Derome, en compagnie du docteurDonald McTaggart, son assistant, procède à l’autopsie. Le corpsest enfin dégelé. Avant même de le dévêtir, il observe attentive-ment le cadavre :

Il porte un complet brun et un pardessus noir, des chaussuresbrunes sans claques — le pardessus est retroussé et attaché avecdes petites épingles — pas le coat, qui est non boutonné. Uneveste boutonnée avec une chaîne de montre pendante. Un piquéest attaché autour de la tête, l’autre a été jeté par-dessus. Notezbien : sur le veston, le collet est transpercé d’une balle sur le reversgauche, mais pas le pardessus. Il ne présente pas de sang sur ladoublure des manches, alors qu’il y en a sur la chemise et soncorps. Le faux col en celluloïd est transpercé à droite avec destraces de poudre.

Déjà, un tas de conjectures se bousculent dans son esprit.— Pourquoi la victime ne porte-t-elle pas de claques en

plein hiver ? Il est étrange que le collet du veston soit transpercé

WILFRID DEROME, EXPERT EN HOMICIDES

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d’une balle mais pas le pardessus. Pourquoi du sang sur la che-mise et le corps mais pas sur le pardessus ? Et cette chaîne pen-dante sans la montre ? Un vol justifie-t-il un pareil acharnement ?

— Certainement pas, répond McTaggart.Derome prend un carton jaune et dessine grossièrement un

visage avec les orifices d’entrée et de sortie des balles. Tout enparlant à voix haute, il note au fur et à mesure ses constatations :

Il semble que cinq ou six balles ont été tirées. Il en est resté dans lecadavre et il en est sorti aussi sûrement. À la face, on trouve huitorifices de balles dont quelques-uns sont des orifices de sortie.Deux orifices montrent des taches de poudre autour — une sur lecou en avant à gauche, et une sur la joue droite, à un pouce del’oreille. La balle de l’orifice numéro 2 a fracturé le maxillaire —et la balle a été trouvée en arrière et à gauche du cou dans lesmuscles. Notez bien : les cordes ont été placées après la mort.

Il se tourne vers McTaggart :— Passe-moi des sondes.Il dépose sur le brancard son crayon et son rapport. Il prend

les sondes et les enfonce dans chacun des orifices pour calculerla profondeur et l’angle d’entrée des projectiles. C’est tout cequ’il peut faire pour l’instant. Il ne peut procéder à la dernièreétape de l’autopsie, puisque cela défigurerait totalement la vic-time. Il ne pourra pas récupérer les balles immédiatement, car ilfaut bien permettre à la famille de prier le disparu, qui seraexposé en chapelle ardente chez l’abbé Delorme.

* * *

Georges Farrah-Lajoie trouve que l’affaire piétine. À onzeheures du matin le dimanche 8 janvier, le détective de la policede Montréal se rend au 190 de la rue Saint-Hubert en compa-gnie de ses collègues. C’est l’abbé en personne qui ouvre laporte.

BRANLE-BAS AU , RUE CRAIG

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— Enchanté, monsieur l’abbé. Laissez-moi vous offrir mescondoléances.

— Merci, monsieur Lajoie. Je suis content de savoir quevous participez à l’enquête. Je connais votre réputation.

L’abbé a devant lui un limier flamboyant qui porte un cha-peau blanc à larges bords. Cette longue moustache en guidon etce nez busqué sont remarquables. À son accent, l’abbé reconnaîtl’homme qui a reçu son éducation en Europe.

Réciproquement, l’abbé fait, somme toute, bonne impres-sion à Farrah-Lajoie. Il prie les policiers de passer dans sonbureau. Ceux-ci s’assoient, discutent de choses et d’autres. Pres-sés de chercher des indices, ils refusent les cigares de l’abbé. Pen-dant la discussion, le détective remarque que l’abbé cache samain droite dans sa soutane, ce qui l’intrigue. Après plusieursminutes, l’abbé, dans un geste expansif, finit par sortir sa main.Farrah-Lajoie aperçoit de la teinture d’iode sur le poignet de sonhôte. Avec bienveillance, le Syrien lui demande si sa main le faitsouffrir.

— Je suis tombé sur la glace vive, en allant dire la messe, àl’Assistance publique, samedi dernier.

Farrah-Lajoie ramène vite la conversation sur ses rails touten notant la dernière information. Il demande à l’abbé de lui faireétat des allées et venues de Raoul la veille de sa mort.

Le limier demande au prêtre de lui faire visiter la chambre deRaoul. L’abbé insiste pour qu’il effectue une visite complète deslieux.

Le vestibule ouvre sur un couloir qui se prolonge jusqu’à lacuisine. Tout de suite à gauche de l’entrée se trouve le bureau del’abbé, et, à droite, le salon double avec son piano et son gramo-phone. Les sofas de type Chesterfield sont de belle qualité. Pourajouter au cachet, une demi-rotonde à trois fenêtres offre unevue sur la rue Saint-Hubert. Les limiers traversent le corridorjusqu’à la cuisine. Dans le mur du fond, une porte débouche surun escalier exigu qui conduit au garage. En bas, derrière l’unedes quatre portes de garage qui donnent accès à la ruelle, ledétective aperçoit une voiture bien à l’abri de l’hiver. L’abbé sepenche et ouvre une trappe. Un escalier abrupt les mène jusqu’à

WILFRID DEROME, EXPERT EN HOMICIDES

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Table des matières

NOTE AUX LECTEURS

CHAPITRE PREMIER • Branle-bas au , rue Craig

CHAPITRE • L’homme de science et l’homme d’Église

CHAPITRE • Bibi est-il fou, docteur ?

CHAPITRE • Un dimanche à la campagne

CHAPITRE • La science près d’un bénitier

CHAPITRE • La faculté de médecine de la rue Saint-Denis

CHAPITRE • Rat de laboratoire nouvelle génération

CHAPITRE • Tableau parisien

CHAPITRE • Sherlock sort de l’ombre

CHAPITRE • L’espoir au bout du couloir

CHAPITRE • Meurtre à l’heure du sanctus

CHAPITRE • Une lutte scientifique contre le crime

Extrait de la publication

Page 22: Wilfrid Derome expert en homicides

CHAPITRE • La mort sur tous les fronts

CHAPITRE • Flacons assassins et boulettes d’arsenic

CHAPITRE • Devant la mère d’Aurore

CHAPITRE • Les affaires pressantes

CHAPITRE • Affaire Delorme, acte IIComment disqualifier le docteur Derome?

CHAPITRE • Le hold-up de la Banque d’Hochelaga :peine de mort à volonté

CHAPITRE • Un thé à la morgue

CHAPITRE • Les balles magiques

CHAPITRE • Faiseur d’anges

CHAPITRE • Massacre à Rougemont

CHAPITRE • Meurtre dans la haute bourgeoisie

CHAPITRE • Les honneurs

CHAPITRE • Train de nuit pour l’éternité

CHAPITRE • Requiem pour un médecin légiste

ÉPILOGUE

POSTFACE

REMERCIEMENTS

SOURCES

ESSAIS ETTRAVAUX SCIENTIFIQUES

DU DOCTEURWILFRID DEROME

WILFRID DEROME, EXPERT EN HOMICIDES

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Page 24: Wilfrid Derome expert en homicides

MISE EN PAGES ETTYPOGRAPHIE :LES ÉDITIONS DU BORÉAL

CE DEUXIÈMETIRAGE A ÉTÉ ACHEVÉ D’IMPRIMER EN DÉCEMBRE SUR LES PRESSES DETRANSCONTINENTAL IMPRESSION

IMPRIMERIE GAGNÉ, À LOUISEVILLE (QUÉBEC).

Extrait de la publication

Page 25: Wilfrid Derome expert en homicides

Extrait de la publication

Page 26: Wilfrid Derome expert en homicides

Boréal

Jacques Côté

isbn 2-7646-0260-x32,95 $

25 a

Boréal

Jacques Côté

L’histoire a été injuste envers Wilfrid Derome. Né en 1877, il  a  acquis  sa  spécialisation  en  médecine  légale,  de  1908  à 

1910, en France, alors la mecque des sciences judiciaires. À son retour, après moult démarches auprès du premier ministre Lomer Gouin,  Derome  fonde  un  laboratoire  de  recherches  médico- légales ultramoderne, le premier du genre en Amérique.

À la  fois  toxicologue, balisticien, biologiste, graphologue, photo- graphe judiciaire et médecin légiste, Wilfrid Derome s’est battu toute sa vie pour faire reconnaître l’expertise médicolégale devant les tribunaux, idée audacieuse pour l’époque.

Intellectuel  et  humaniste  engagé,  Wilfrid  Derome  constitue  la plus belle contribution du Canada français à la modernité de la Belle Époque. Et c’est tout le Québec des années folles que fait revivre ce livre, construit non pas à la manière d’une biographie traditionnelle, mais comme une série de récits policiers qui per-mettent au lecteur de suivre chacune des étapes de la carrière de Derome.

Jacques Côté est l’auteur de deux romans policiers qui ont été très chaleu-

reusement accueillis : Nébulosité croissante en fin de journée (2000) et

Le Rouge idéal (2002). Il enseigne la littérature au Cégep de Sainte-Foy.

Jacques Côté

WILFRID DEROME expert en homicides

WILFRIDDEROME

expert en homi-

WILFRIDDEROME expert en homicides

Jacques Côté

Boréal

WILFRID DEROME

expert en homicidesExtrait de la publication