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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon www.zoomjapon.info gratuit numéro 51 - juin 2015 Architecture Bienvenue à la maison ! LIVRE Umezu Kazuo, le retour p. 16 VOYAGE Le Tôkaidô à pieds p. 22

Zoom Japon 051

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Zoom Japon, numéro 51 (Juin 2015)

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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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ArchitectureBienvenue

à la maison !

LIVREUmezu Kazuo,le retour p. 16

VOYAGELe Tôkaidô à pieds p. 22

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ZOOM ACTU

ÉDITOAmbitionIl n’est pas exagéré dedire que l’architecturejaponaise fascine l’Oc-cident. Elle l’intéressed’autant que les réalisa-tions des architectesnippons sont auda-

cieuses, mais qu’elles tiennent compte deshommes qui vont en jouir. N’est-ce paspour cela que les bâtisseurs du Japon béné-ficient d’une telle aura et qu’ils reçoiventrégulièrement les plus grandes distinctionscomme le fameux prix Pritzker ? Sansaucun doute. Il était donc naturel queZoom Japon s’intéresse à l’architecture japo-naise et à ses principaux acteurs pour qu’ilsnous racontent ce qui les motiveaujourd’hui et comment ils envisagent leJapon de demain. Ils ne manquent pas debonnes idées.

LA RÉ[email protected]

PATRIMOINE PolémiqueshistoriquesTandis que le Japon se félicite de

pouvoir inscrire 23 sites industriels,

témoins de sa révolution industrielle de

la fin du XIXe siècle, les Sud-Coréens

s’insurgent contre cette éventualité. Ils

rappellent notamment que certains de

ces lieux ont servi à exploiter une main-

d’œuvre forcée. Décidément les

questions d’histoire n’en finissent pas

d’empoisonner les relations entre Séoul

et Tôkyô.

TENDANCE Hiroshi a lesens des affairesUne très sérieuse étude menée auprès

des 2,6 millions d’entreprises

japonaises montrent que les hommes

prénommés Hiroshi sont les plus

nombreux à diriger des entreprises

dans l’archipel. Les Hiroshi sont

45 533 à être patron comme MIKITANI

Hiroshi, le numéro un de Rakuten.

Les Takashi avec 32 102 occurrences

et les Kenji avec 24 425 suivent

sur le podium.

yens. Tel est le montant du

dividende par action que

Nissan va distribuer à ses

actionnaires. Un record qui ramène le

constructeur au niveau d’avant crise. En

2007, il avait été de 40 yens. Une

excellente nouvelle pour Renault qui

détient 43,4% du capital de l’entreprise

japonaise.

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L E REGARD D’ERIC RECHSTEINER

Il arrive au personnel de la compagnie de bus Tôkyû comme les autres salariés japonais d’être mécontentset de se sentir obligés de manifester. Mais ce n’est pas tant le nombre de personnes qui descendent dans larue qui importe que le simple fait de dire haut et fort son mécontentement. Avec des drapeaux aussi imposants,il est d’ailleurs bien difficile de ne pas y prêter attention.

Arrondissement de Shinjuku, Tôkyô

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Couverture : Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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EXPOSITION DU 24 JUIN AU 7 SEPTEMBRE 2015CITÉ DE L’ARCHITECTURE & DU PATRIMOINE PALAIS DE CHAILLOT - 1, PLACE DU TROCADÉROPARIS 16e - Mo TROCADÉRO

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ZOOM ACTU

D ans les écoles de l’archipel, des assistantsd’origine étrangère, anglophones pourla plupart, sont chargés d’enseigner les

langues étrangères. On les appelle “ALT”, abré-viation de “Assistant Language Teacher” (assis-tant-enseignant de langue). Désignés par lecomité d’enseignants de chaque municipalité,leur mission est d’améliorer la prononciationdes élèves et d’apporter une ouverture sur l’in-ternational. Il se trouve qu’une de ces jeunes en-seignantes ALT qui travaillait à Ishinomaki aété retrouvée morte, emportée par le tsunamilors du séisme du 11 mars 2011.Cette jeune femme aimait beaucoup les livres etles enfants. Pour honorer sa mémoire et sapassion, ses parents et amis ont décidé de ras-sembler une collection de livres pour les offriraux écoles de la ville d’Ishinomaki. Ces ouvragessont aussi bien écrits en japonais qu’en anglais.Grâce à la lecture, les enfants racontent et ima-ginent leur avenir. “On aime bien lire. Un jour,on ira à l’étranger et on parlera bien l’anglais”,raconte l’un d’entre eux. Cette enseignante, originaire de Virginie auxEtats-Unis, s’appelait Taylor Anderson. Elleétait âgée de 24 ans lors du séisme. Arrivée auJapon en juillet 2008 après avoir terminé sesétudes universitaires, elle voulait “devenir unecourroie de transmission entre les cultures japonaiseet américaine”. Elle enseignait l’anglais dans lesécoles primaires et les collèges de la ville. Les en-fants avaient toujours bien apprécié son entrainet elle avait su tisser de nombreux liens avec leshabitants en participant à de nombreuses activitéscommunautaires.

Le jour du séisme, elle travaillait à l’école primairede Mangoku-ura qui se trouve sur le littoral.Elle avait essayé de calmer les enfants en pleurssuite à la grande secousse avant de les confier àleurs parents venus les chercher. Ensuite, elleavait accompagné jusqu’à un endroit sécuriséles autres enfants dont les parents n’étaient pasvenus. Une fois assurée qu’il ne restait plus per-sonne dans l’école, elle avait pris son vélo pourrentrer et c’est sur le chemin du retour qu’elle aété surprise par un puissant tsunami.Taylor Anderson projetait de rentrer aux Etats-Unis pour se marier. Portée disparue au début,ses parents avaient toujours cru à sa survie, enpensant “qu’elle continuait à vivre quelque part”.Mais en retrouvant son corps, ils ont dû accepterla mort de leur fille. Longtemps plongés dans

Les parents d’une jeune enseignanteaméricaine décédée en mars 2011perpétuent sa mémoire et sa passion.

SÉRIE Quand souvenir rime avec avenir

une profonde tristesse, ils ont voulu aider laville d’Ishinomaki tant appréciée par leur fille,surtout ces enfants à qui Taylor avait enseignéet qui continuaient à étudier dans des conditionsprécaires dans une école dévastée par le tsunami.C’est pourquoi, à l’été 2011, quelques mois aprèsle séisme, ils ont décidé d’offrir des livres à diffé-rents établissements scolaires.Les parents de l’enseignante, avec l’aide du lycéeSt. Catherine’s School d’où Taylor était diplômée,ont collecté des fonds pour créer le Taylor An-derson Memorial Gift Fund. Ils ont alors com-mencé à envoyer des livres pour “la bibliothèqueTaylor” et à proposer des bourses d’études pourles enfants sinistrés.La première “bibliothèque Taylor” a été créée enseptembre 2011 et une cérémonie a été organisée

Les enfants de l’école primaire de Mangoku-ura feuillettent les livres provenant de la bibliothèque Taylor.

Ishi

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dans l’école primaire de Mangoku-ura et dans lesautres écoles primaires et maternelles que fré-quentait Taylor Anderson. Ses parents se sontrendus sur place pour y apporter une bibliothèqueen bois muni de bancs, remplie d’ouvrages en ja-ponais, de livres illustrés et de livres en anglaisque leur fille aimait. En empruntant ces livres, lesenfants nous ont raconté que “Taylor était trèsgentille et après les cours, elle venait nous parler enjaponais. On a tous été choqués par sa mort”. “Jevais m’efforcer de bien apprendre l’anglais et pouvoirdécouvrir les livres en anglais qu’elle lisait quandelle était petite”, a ajouté l’un d’entre eux.En décembre 2014, la dixième bibliothèque Taylora été créée à l’Université Ishinomaki Senshu.“C’est un honneur d’accueillir la bibliothèqueTaylor. Non seulement son engagement, mais aussises dernières volontés sont importants à respecter.Cette bibliothèque nous fera toujours penser à elle”,a déclaré le président de l’université, SAkATA Ta-

kashi. “Pour Taylor, la lecture était une ouverturesur le monde dont elle rêvait. Nous sommes ravisque cette bibliothèque puisse aider des jeunes àréaliser leurs rêves à travers le monde”, lui a répondule père de la jeune femme décédée. Le fond de cette université a été inauguré le11 mars 2015, quatre ans après le séisme. Leslivres ont été offerts sous forme de coupons delecture d’une valeur de 200 000 yens (1 400 euros),pour que l’on puisse acheter librement les livreset répondre aux besoins des étudiants. Commeles dix autres bibliothèques, les rayonnages ontété fabriqués par la menuiserie Mokuyuboku, dela ville de Higashi-Matsushima dont le PDG, M.EnDo, a perdu trois de ses enfants lors du séisme.Deux d’entre eux étaient d’ailleurs des élèves deTaylor Anderson. Depuis la création du fondTaylor, il n’a cessé avec sa femme Ryôko, d’apporterson soutien à ce projet.

HIRAI MICHIKO

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Les parents de Taylor Anderson ont fait une lecture lors de leur passage à l’école de Mangoku-ura.

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Q uelle image avons-nous de l’architecturejaponaise ? Qu’imagine-t-on lorsqu’ils’agit de décrire la ville japonaise ? La plu-

part du temps, on pense aux grands immeubles, àdes rues étroites et une densité de population tel-lement importante que notre cerveau a bien dumal à concevoir que le Japon soit “l’archipel de lamaison”. Et pour s’en rendre compte, il n’est pasbesoin de quitter le cœur de Tôkyô ou des autresgrandes villes du pays. La maison est bien là et elleest un élément indissociable de la ville bien plusqu’elle ne l’est à Paris, par exemple, où posséderune maison (il y en a quand même quelques-unes)relève de l’exploit ou d’un portefeuille bien rempli.Cette maison japonaise est donc loin d’être unenouveauté à tel point que l’architecte allemandBruno Taut s’y était intéressé dès 1937 dans unouvrage qui a fait date : Houses and People of Japan.La traduction française est parue à l’été dernier

Bienvenue à la maison !La maison japonaise n’est pas seulementcette œuvre d’art que l’on regarde d’un œilperplexe dans les beaux livres.

aux Editions du Linteau sous le titre La Maisonjaponaise et ses habitants. Dans cet ouvrage de réfé-rence, Bruno Taut s’attachait à offrir aux lecteursla possibilité de découvrir la culture locale au tra-vers de l’habitat, car l’auteur n’oubliait pas que lesmaisons sont avant tout habitées par les hommesavant d’être des œuvres d’art. or c’est souvent decette manière qu’on nous présente ces fameuses“maisons japonaises” dans les beaux livres. Misesen valeur par des photographes talentueux, ellesressemblent à ces natures mortes que l’on va obser-ver dans les musées les jours de pluie. La vie en estabsente. Pourtant, ces maisons ont été conçuespour être habitées. Elles constituent des multitudesde petits éléments de vie dans la ville et la façondont elles sont occupées permet de saisir justementle talent de ceux qui les ont conçues. C’est ce quenous avons voulu montrer dans ce dossier consacréà l’architecture et en particulier à celle des maisons.il fait écho à l’exposition Japon, l’archipel de lamaison qui se déroule du 24 juin au 7 septembreà la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris(1, Place du Trocadéro et du 11 novembre, 75016

Paris.). En guise d’introduction à ce bel événe-ment, une table ronde sera orgainisée le 23 juin à19h. Elle réunira Véronique Hours, Fabien Mau-duit, Jérémie Souteyrat, Manuel Tardits, Suga-wara Daisuket et YoSHiMura Yasutaka.La maison japonaise est bien plus qu’un toit etdes murs. il s’y rattache une philosophie de viequi a bien sûr évolué avec le temps pour se rap-procher des standards occidentaux jusque dansles années 1990. aujourd’hui, il semble que l’onrevienne aux fondamentaux, c’est-à-dire à un désirde créer des espaces où les individus, qui avaienteu tendance à s’éloigner les uns des autres, retrou-vent le plaisir d’être ensemble. Ce besoin a com-mencé à se faire sentir après l’éclatement de labulle financière et la montée de la précarité sociale.il s’est renforcé au lendemain des événements tra-giques du 11 mars 2011. Le concept des Maisonspour tous (Minna no ie), dont Zoom Japon futl’un des soutiens, autour duquel de nombreuxarchitectes nippons se sont rassemblés pour ima-giner des lieux destinés à “créer du lien” commeon dit, illustre bien cette évolution. Tous les archi-

Cette photo prise dans le quartier d’Ebisu à Tôkyô montre bien que la ville japonaise est loin d’être le paradis des gratte-ciel.

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Q uelle image avons-nous de l’architecturejaponaise ? Qu’imagine-t-on lorsqu’ils’agit de décrire la ville japonaise ? La plu-

part du temps, on pense aux grands immeubles, àdes rues étroites et une densité de population tel-lement importante que notre cerveau a bien dumal à concevoir que le Japon soit “l’archipel de lamaison”. Et pour s’en rendre compte, il n’est pasbesoin de quitter le cœur de Tôkyô ou des autresgrandes villes du pays. La maison est bien là et elleest un élément indissociable de la ville bien plusqu’elle ne l’est à Paris, par exemple, où posséderune maison (il y en a quand même quelques-unes)relève de l’exploit ou d’un portefeuille bien rempli.Cette maison japonaise est donc loin d’être unenouveauté à tel point que l’architecte allemandBruno Taut s’y était intéressé dès 1937 dans unouvrage qui a fait date : Houses and People of Japan.La traduction française est parue à l’été dernier

Bienvenue à la maison !La maison japonaise n’est pas seulementcette œuvre d’art que l’on regarde d’un œilperplexe dans les beaux livres.

aux Editions du Linteau sous le titre La Maisonjaponaise et ses habitants. Dans cet ouvrage de réfé-rence, Bruno Taut s’attachait à offrir aux lecteursla possibilité de découvrir la culture locale au tra-vers de l’habitat, car l’auteur n’oubliait pas que lesmaisons sont avant tout habitées par les hommesavant d’être des œuvres d’art. or c’est souvent decette manière qu’on nous présente ces fameuses“maisons japonaises” dans les beaux livres. Misesen valeur par des photographes talentueux, ellesressemblent à ces natures mortes que l’on va obser-ver dans les musées les jours de pluie. La vie en estabsente. Pourtant, ces maisons ont été conçuespour être habitées. Elles constituent des multitudesde petits éléments de vie dans la ville et la façondont elles sont occupées permet de saisir justementle talent de ceux qui les ont conçues. C’est ce quenous avons voulu montrer dans ce dossier consacréà l’architecture et en particulier à celle des maisons.il fait écho à l’exposition Japon, l’archipel de lamaison qui se déroule du 24 juin au 7 septembreà la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris(1, Place du Trocadéro et du 11 novembre, 75016

Paris.). En guise d’introduction à ce bel événe-ment, une table ronde sera orgainisée le 23 juin à19h. Elle réunira Véronique Hours, Fabien Mau-duit, Jérémie Souteyrat, Manuel Tardits, Suga-wara Daisuket et YoSHiMura Yasutaka.La maison japonaise est bien plus qu’un toit etdes murs. il s’y rattache une philosophie de viequi a bien sûr évolué avec le temps pour se rap-procher des standards occidentaux jusque dansles années 1990. aujourd’hui, il semble que l’onrevienne aux fondamentaux, c’est-à-dire à un désirde créer des espaces où les individus, qui avaienteu tendance à s’éloigner les uns des autres, retrou-vent le plaisir d’être ensemble. Ce besoin a com-mencé à se faire sentir après l’éclatement de labulle financière et la montée de la précarité sociale.il s’est renforcé au lendemain des événements tra-giques du 11 mars 2011. Le concept des Maisonspour tous (Minna no ie), dont Zoom Japon futl’un des soutiens, autour duquel de nombreuxarchitectes nippons se sont rassemblés pour ima-giner des lieux destinés à “créer du lien” commeon dit, illustre bien cette évolution. Tous les archi-

Cette photo prise dans le quartier d’Ebisu à Tôkyô montre bien que la ville japonaise est loin d’être le paradis des gratte-ciel.

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tectes que nous avons rencontrés pour ce dossiermettent l’accent sur cet aspect qui ne va cesser deprendre de l’ampleur dans un pays où le vieillis-sement de la population est une réalité. Dès lors,on peut considérer que le Japon est un laboratoirearchitectural dont les autres sociétés industrialiséesen passe de connaître le même phénomène pour-ront s’inspirer ou du moins tirer quelques ensei-gnements. Espérons qu’après la lecture de ce dossier, l’imageque nous avons de l’architecture japonaise auraquelque peu évolué et que notre regard sera moinspollué par nos idées reçues.

ODAIRA NAMIHEI

De gauche à droite : C’est à Tôkyô que se trouve la Komazawa House de HASEGAWA Go. Mais il faut aller à Zushi pour voir la Window House de YOSHIMURA Yasutaka.

De gauche à droite : La O House conçue à Kyôto par NAKAYAMA Hideyuki et la Kiritoshi House de SUGAWARA Daisuke construite à Chiba.

P OuR EN SAVOiR PLuS

N ous en sommes bienconscients. La lecture seule

de ce dossier ne vous donneraqu’une petite idée de ce vastesujet, mais nous espérons qu’ellesuscitera votre curiosité et votreenvie d’aller plus loin. Voici doncquelques idées d’ouvrages com-plémentaires grâce auxquels vouspourrez approfondir ou explorerd’autres aspects de la question. Puisqu’il est désormais disponibleen français, ne manquez pas de

vous procurer La Maison japo-naise et ses habitants de BrunoTaut (éd. du Linteau, 55€), uneréférence que vous pouvez com-pléter avec Vocabulaire de la spa-tialité japonaise, un autre livre quifera date dans l’histoire de l’archi-tecture japonaise. Réalisé sous ladirection de Philippe Bonnin etal. (CNRS Editions, 49€), il éclairelittéralement le sujet. A lire éga-lement Tokyo d’Olivier Namiasdans la collection Portrait de ville

(éd. Cité de l’architecture et dupatrimoine, 20€). Last but notleast, deux superbes ouvrages quinous ont inspiré ce dossier : L’Ar-chipel de la maison de VéroniqueHours, Fabien Mauduit, JérémieSouteyrat et Manuel Tardits (LeLézard noir, 35€) qui a le méritede faire parler les propriétaires etTokyo no ie - Maisons de Tokyo(Le Lézard noir, 35€) que notrephotographe Jérémie Souteyrata commis avec talent. O. N.

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“L’imaginaire déchoit-il ou se renforce-t-il quand ilse confronte au réel ?”

Victor Ségalen

C ette citation de Ségalen, l’écrivain françaisde l’orientalisme par excellence, me sem-ble admirablement anticiper la destinée

d’un architecte étranger au Japon. L’aphorismevaut non seulement pour qualifier le dépaysement

particulier qu’impose, encore aujourd’hui, une vieen Extrême-orient mais aussi pour toute archi-tecture. Quel but poursuit l’architecte sinon celuide trouver un rapport harmonieux entre unepensée formelle, une esthétique et leur traductiondans le monde réel où s’exerce la belle trivialitédes contraintes? L’imaginaire confronté au Japonréel où je vis, enseigne, construis et écris depuisprès de 30 années, loin de déchoir, me montre lecontraire au fil des jours.Je ne garde pas un souvenir très clair du momentexact où j’ai pensé venir au Japon. C’était au débutdes années 1980, quand j’envisageais d’aller me

EXPÉRIENCE Avoir le sens de l’adaptation

Installé depuis de nombreuses annéesdans l’archipel, Manuel Tardits nousconfie son enrichissante vie d’architecte.

perfectionner à l’étranger au sortir de mes étudesd’architecture à Paris. A cette époque j’appréciaisdéjà la littérature contemporaine et le cinéma ja-ponais, mais n’avais qu’une connaissance limitéede ses architectes. Pourtant, deux expositions pa-risiennes, qui montraient surtout des résidencesprivées, m’ont marqué et sans doute incité à partir :celles consacrées à Ando Tadao et ShinohArA

Kazuo. Si, au début des années 80, le premiercommençait à être connu avec ses maisons touten béton apparent (matériau assez décrié enFrance), austères, abstraites, refermées sur elles-mêmes, ce n’était pas le cas du second. Malgré labeauté étrange des maisons de ShinohArA, dontcertaines disposaient un sol en pente, ou en terre,des parties enterrées ou des collages formels agressifs,celles-ci m’apparaissaient incompréhensibles,quoique je ne doutasse point d’une pertinenceque leur exotisme me masquait. Ma curiositépiquée, je découvris également dans des publicationsl’œuvre postmoderne et attirante de MAKi Fumi-hiko. Ce dernier allait d’ailleurs m’accueillir en1986, successivement comme chercheur boursierpuis comme étudiant en master au sein du labora-toire qu’il dirigeait à l’université de Tôkyô. Choseinhabituelle pour un étudiant français, mais pas-sionnante quand on s’intéresse tout autant à lapratique qu’à la recherche, MAKi faisait plancherses étudiants sur les nombreux concours interna-tionaux auquel il était invité. outre ces occasionsde participer à des projets hors du commun avecun grand maître, je pense en avoir retiré deuxchoses : l’amour des maquettes et la souplesse del’esprit. La maquette, art de la précision, oserais-jedire, auquel on consacre de très longues heures auJapon, permet de bien visualiser les projets et decommuniquer les idées. La souplesse d’esprit tient,quant à elle, à cette nouvelle habitude que j’aiprise de ne considérer aucune solution commemeilleure qu’une autre. En effet, avant de choisirun parti, que de propositions étudiées en parallèlepar MAKi qui doutait en permanence et ne privi-légiait rien sans l’avoir d’abord vérifié visuellement. Mon épouse, KAMo Kiwako, et moi avons réalisénos premiers projets au sein de l’agence CélaviAssociates, que nous avions créée au début desannées 1990. La bulle économique entraînait uneoutrance de constructions mais elle permettaitaussi à de jeunes architectes de se lancer. nousavons eu ainsi, parmi d’autres projets, l’opportunitéde travailler pendant près de dix ans sur la rénovationen plusieurs phases de l’institut franco-japonaisde Tôkyô. Ce bâtiment emblématique de la mo-dernité japonaise d’après-guerre avait été dessinépar un célèbre disciple de Le Corbusier, SAKAKurA

Junzo. un chassé-croisé entre France et Japon, où

Le nouveau centre de l’EFEO à Kyôto réalisé par Mikan dont fait partie Manuel Tardits.

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“L’imaginaire déchoit-il ou se renforce-t-il quand ilse confronte au réel ?”

Victor Ségalen

C ette citation de Ségalen, l’écrivain françaisde l’orientalisme par excellence, me sem-ble admirablement anticiper la destinée

d’un architecte étranger au Japon. L’aphorismevaut non seulement pour qualifier le dépaysement

particulier qu’impose, encore aujourd’hui, une vieen Extrême-orient mais aussi pour toute archi-tecture. Quel but poursuit l’architecte sinon celuide trouver un rapport harmonieux entre unepensée formelle, une esthétique et leur traductiondans le monde réel où s’exerce la belle trivialitédes contraintes? L’imaginaire confronté au Japonréel où je vis, enseigne, construis et écris depuisprès de 30 années, loin de déchoir, me montre lecontraire au fil des jours.Je ne garde pas un souvenir très clair du momentexact où j’ai pensé venir au Japon. C’était au débutdes années 1980, quand j’envisageais d’aller me

EXPÉRIENCE Avoir le sens de l’adaptation

Installé depuis de nombreuses annéesdans l’archipel, Manuel Tardits nousconfie son enrichissante vie d’architecte.

perfectionner à l’étranger au sortir de mes étudesd’architecture à Paris. A cette époque j’appréciaisdéjà la littérature contemporaine et le cinéma ja-ponais, mais n’avais qu’une connaissance limitéede ses architectes. Pourtant, deux expositions pa-risiennes, qui montraient surtout des résidencesprivées, m’ont marqué et sans doute incité à partir :celles consacrées à Ando Tadao et ShinohArA

Kazuo. Si, au début des années 80, le premiercommençait à être connu avec ses maisons touten béton apparent (matériau assez décrié enFrance), austères, abstraites, refermées sur elles-mêmes, ce n’était pas le cas du second. Malgré labeauté étrange des maisons de ShinohArA, dontcertaines disposaient un sol en pente, ou en terre,des parties enterrées ou des collages formels agressifs,celles-ci m’apparaissaient incompréhensibles,quoique je ne doutasse point d’une pertinenceque leur exotisme me masquait. Ma curiositépiquée, je découvris également dans des publicationsl’œuvre postmoderne et attirante de MAKi Fumi-hiko. Ce dernier allait d’ailleurs m’accueillir en1986, successivement comme chercheur boursierpuis comme étudiant en master au sein du labora-toire qu’il dirigeait à l’université de Tôkyô. Choseinhabituelle pour un étudiant français, mais pas-sionnante quand on s’intéresse tout autant à lapratique qu’à la recherche, MAKi faisait plancherses étudiants sur les nombreux concours interna-tionaux auquel il était invité. outre ces occasionsde participer à des projets hors du commun avecun grand maître, je pense en avoir retiré deuxchoses : l’amour des maquettes et la souplesse del’esprit. La maquette, art de la précision, oserais-jedire, auquel on consacre de très longues heures auJapon, permet de bien visualiser les projets et decommuniquer les idées. La souplesse d’esprit tient,quant à elle, à cette nouvelle habitude que j’aiprise de ne considérer aucune solution commemeilleure qu’une autre. En effet, avant de choisirun parti, que de propositions étudiées en parallèlepar MAKi qui doutait en permanence et ne privi-légiait rien sans l’avoir d’abord vérifié visuellement. Mon épouse, KAMo Kiwako, et moi avons réalisénos premiers projets au sein de l’agence CélaviAssociates, que nous avions créée au début desannées 1990. La bulle économique entraînait uneoutrance de constructions mais elle permettaitaussi à de jeunes architectes de se lancer. nousavons eu ainsi, parmi d’autres projets, l’opportunitéde travailler pendant près de dix ans sur la rénovationen plusieurs phases de l’institut franco-japonaisde Tôkyô. Ce bâtiment emblématique de la mo-dernité japonaise d’après-guerre avait été dessinépar un célèbre disciple de Le Corbusier, SAKAKurA

Junzo. un chassé-croisé entre France et Japon, où

Le nouveau centre de l’EFEO à Kyôto réalisé par Mikan dont fait partie Manuel Tardits.

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je retrouvais certains des fameux “points” de l’ar-chitecte franco-suisse, appris durant mes étudesdans les livres d’histoire de l’architecture moderne,se concrétisait ainsi devant mes yeux. L’étape suivante, inattendue, commence en 1995et dure encore. nous pianotons à quatre avec mescompères en architecture, SoGabE Masashi, Ta-kEUchi Masayoshi et kaMo kiwako, tous sortisdu TiT (Tôkyô institute of Technology) où en-seigna longtemps… Shinohara. Travail de groupequi oblige à tenir compte des idées des autres,d’un groupe qui dure, ce qui est plus rare qu’on nepense au Japon où, dans le domaine créatif, lesego s’exacerbent. Mikan naquit en 1995 d’une as-sociation de circonstances pour unir nos forcesafin de participer à un concours lancé par la nhken vue de construire sa nouvelle antenne régionaleà nagano pour les Jo d’hiver de 1998. Le concoursque nous gagnâmes était exceptionnel par son ou-verture à toutes les catégories d’architectes. LeJapon n’est hélas pas le paradis des créateurs quebeaucoup d’occidentaux nous envient par ignorance.Le statut de l’architecte n’y est guère protégé et lesgrands bureaux d’études trustent l’accès à la com-mande des grands chantiers. Tout architecte qui travaille ici se trouve un jourconfronté à cette notion aussi galvaudée que flouede japonité. ce terme, lui-même lié au japonisme,mot inventé durant la seconde moitié du XiXe

siècle, caractérise à l’origine le choc culturel d’une(re)découverte réciproque entre l’occident et leJapon, après la fermeture plus que bicentenaire del’archipel. Mais la question est biaisée, agace même.SEJiMa kazuyo vous répondra qu’elle fait de l’ar-chitecture japonaise parce qu’elle est Japonaise !on ne saurait être plus lapidaire. Un architecte,japonais ou non, se vit aussi et avant tout commeun créateur original. Demande-t-on à un architectefrançais ce qui fait sa francité ? rarement. Pournous, pour moi, il s’agit d’abord de répondre demanière contextuelle à un environnement culturel,historique et physique particulier. Le choix desréférences, des matières, des proportions et destechnologies joue donc. nous faisons attentionau vent, au soleil d’après-midi, aux arbres, auxsaisons ainsi qu’aux usages et aux voisins, auxsons des cigales aussi bien qu’à celui d’une autoroute.nous sommes multiples comme le sont lescontextes et les gens. aidés par de jeunes char-pentiers, nous avons dessiné et sué à réaliser nous-mêmes, un pavillon de thé temporaire, inspiré dufameux Jo-an réalisé en 1618 par oDa Uraku,dans la montagne au-dessus de kôbe ; nous avonsconstruit récemment le nouveau centre de l’Ecolefrançaise d’Extrême-orient à kyôto avec unsystème structurel en bois basé sur des travéestraditionnelles mesurées en ken/ma, par mesured’économie constructive, de développement

durable pour le dire à la manière d’aujourd’hui ;à Tôkyô nous construisons aussi des maisons etdes écoles toutes de béton et de métal. Voici cequi établit notre japonité. Et quand on parle de contexte physique, on nepeut oublier la ville, le Japon étant un des pays lesplus urbanisés du monde et Tôkyô la plus grandemétropole de la planète avec ses 37 millions d’ha-bitants. Si l’architecture de Shinohara m’avaitintrigué, me laissant soupçonner des raisonsélusives, de même je ne pouvais accepter de voirdans cette ville, ma ville, chaotique en apparence,toute absence de logique. résonnait toujours enmoi la belle phrase de Georges Pérec : “Il n’y arien d’inhumain dans une ville, sinon notre proprehumanité.” Le résultat de cet intérêt, aidé par lesobservations glanées lors de mes multiples chantiers,de mes déplacements et de mes déménagementset par des recherches patientes que je poursuivais,donna lieu au livre Tôkyô, Portraits et Fictions(Editions Le Gac Press, 2011). Maki, mon vieuxmaître, m’en fit le plus perspicace des compliments.“Je trouve très bien que vous n’avez pas cherché àtirer une conclusion claire de votre étude”, me dit-il. S’exprimer avec clarté, sans affirmer outremesure. Laisser flotter la réponse. Maki m’avaitainsi conforté dans le doute créatif ou, parlantd’un architecte, le doute constructif.

MANUEL TARDITS

Manuel Tardits dans sa Kata House qu’il a dessinée avec son épouse KAMO Kiwako.

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ZOOM DOSSIER

U Id (acronyme pour Universal Innovativedesign) a été fondé par l’architecteMaeda Keisuke il y a 12 ans. Son premier

projet – une maison particulière – a reçu le prixGood design award décerné par le gouvernement.depuis, il n’a pas cessé d’être loué pour son approchearchitecturale qui, bien qu’elle soit contemporaine,plonge ses racines dans l’architecture ancienne ets’intègre dans le paysage. “En Occident, on a commeprincipe de protéger l’espace avec des murs et desplanchers alors que l’architecture japonaise se connecteà la nature”, assure Maeda Keisuke. Comme beau-coup d’autres architectes japonais contemporains,il imagine des formes géométriques qui s’intègrentparfaitement dans l’environnement créant ainsides espaces poétiques où les gens peuvent interagiravec le paysage environnant.Pour chacun de ses projets, Maeda Keisuke en-treprend une étude topologique minutieuse. Ils’intéresse aussi à la flore et à la faune afin de créerune relation naturelle entre le bâtiment et son en-vironnement. Cette relation est définie par le faitque les deux éléments coexistent. “Au lieu deconnecter les deux éléments en ouvrant simplementune fenêtre, je cherche à créer une structure qui seraun élément du paysage au sein de l’environnementpris dans son ensemble”, explique-t-il. en ce sens,l’intérieur n’est pas un espace coupé de l’extérieurpar des murs, c’est une extension de l’extérieur, unespace de vie relié indissolublement à la terre.Quand l’architecte s’attelle à un nouveau projet, ilse fie toujours à son intuition. “L’architecture consisteà créer un environnement dans un certain endroit.Ce n’est pas quelque chose que vous pouvez faire seu-lement en dessinant des plans. Le plan sert de guide,mais je reste toujours en alerte face au caractèreunique de l’endroit et je tiens compte de mes décisionsintuitives quand je travaille, car ce sont elles qui meconduisent en définitive à créer un environnementconfortable. Quand je parle de “décisions intuitives”,il s’agit des ajustements conçus sur le site pourdéterminer les formes et les dimensions comme j’aipu le faire pour une école maternelle. Sur place, j’aiimaginé plusieurs scènes qui s’y dérouleraient avecles enfants, les enseignants et les femmes enceintesqui y viendraient. J’ai pensé aux personnes quiauraient des poussettes à manipuler ou qui porteraientdes enfants, aux parents marchant avec leur enfantqui leur tiendrait la main, aux nounous venantdéposer et chercher des enfants”, confie-t-il. “Je ne cherche pas forcément à maximiser le confortet la fonctionnalité du lieu. Je veux plutôt créer un

environnement qui apporte aux gens un sentimentde bien-être et de confort à chaque moment de leurvie”, ajoute Maeda Keisuke.La collaboration étroite entre le studio et l'entre-preneur est une partie importante de ce processus,car il permet à l’architecte et son équipe d'atteindreun niveau élevé de précision et d'expression qui àson tour est la clé pour créer un sentiment decontinuité entre les espaces intérieurs et extérieurs.Un exemple remarquable de cette approche estson +node, une maison de famille dont le niveausupérieur se termine par une extension qui plane10 mètres au-dessus du sol et qui est percée à son

PROJET Une simple question d’équilibreOriginaire de Hiroshima, MAEDAKeisuke défend l’idée d’une architectureen harmonie avec le paysage.

extrémité pour permettre à un arbre de grandir àtravers la structure.Beaucoup des maisons créées par Maeda Keisukesont le produit du chevauchement et de l'intégrationde deux niveaux, celui en béton formant la base dela maison et celui en bois au-dessus représenté parle sol et les murs extérieurs, agissant comme unpont avec l’environnement naturel. en fin decompte la principale préoccupation de l’architecteest d’organiser au mieux l'espace afin d'atteindrel'équilibre optimal entre les fonctions, les environ-nements et les relations humaines

JEAN DEROME

Le projet +node de MAEDA Keisuke illustre parfaitement sa recherche d’équilibre avec l’environnement.

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ZOOM DOSSIER

U Id (acronyme pour Universal Innovativedesign) a été fondé par l’architecteMaeda Keisuke il y a 12 ans. Son premier

projet – une maison particulière – a reçu le prixGood design award décerné par le gouvernement.depuis, il n’a pas cessé d’être loué pour son approchearchitecturale qui, bien qu’elle soit contemporaine,plonge ses racines dans l’architecture ancienne ets’intègre dans le paysage. “En Occident, on a commeprincipe de protéger l’espace avec des murs et desplanchers alors que l’architecture japonaise se connecteà la nature”, assure Maeda Keisuke. Comme beau-coup d’autres architectes japonais contemporains,il imagine des formes géométriques qui s’intègrentparfaitement dans l’environnement créant ainsides espaces poétiques où les gens peuvent interagiravec le paysage environnant.Pour chacun de ses projets, Maeda Keisuke en-treprend une étude topologique minutieuse. Ils’intéresse aussi à la flore et à la faune afin de créerune relation naturelle entre le bâtiment et son en-vironnement. Cette relation est définie par le faitque les deux éléments coexistent. “Au lieu deconnecter les deux éléments en ouvrant simplementune fenêtre, je cherche à créer une structure qui seraun élément du paysage au sein de l’environnementpris dans son ensemble”, explique-t-il. en ce sens,l’intérieur n’est pas un espace coupé de l’extérieurpar des murs, c’est une extension de l’extérieur, unespace de vie relié indissolublement à la terre.Quand l’architecte s’attelle à un nouveau projet, ilse fie toujours à son intuition. “L’architecture consisteà créer un environnement dans un certain endroit.Ce n’est pas quelque chose que vous pouvez faire seu-lement en dessinant des plans. Le plan sert de guide,mais je reste toujours en alerte face au caractèreunique de l’endroit et je tiens compte de mes décisionsintuitives quand je travaille, car ce sont elles qui meconduisent en définitive à créer un environnementconfortable. Quand je parle de “décisions intuitives”,il s’agit des ajustements conçus sur le site pourdéterminer les formes et les dimensions comme j’aipu le faire pour une école maternelle. Sur place, j’aiimaginé plusieurs scènes qui s’y dérouleraient avecles enfants, les enseignants et les femmes enceintesqui y viendraient. J’ai pensé aux personnes quiauraient des poussettes à manipuler ou qui porteraientdes enfants, aux parents marchant avec leur enfantqui leur tiendrait la main, aux nounous venantdéposer et chercher des enfants”, confie-t-il. “Je ne cherche pas forcément à maximiser le confortet la fonctionnalité du lieu. Je veux plutôt créer un

environnement qui apporte aux gens un sentimentde bien-être et de confort à chaque moment de leurvie”, ajoute Maeda Keisuke.La collaboration étroite entre le studio et l'entre-preneur est une partie importante de ce processus,car il permet à l’architecte et son équipe d'atteindreun niveau élevé de précision et d'expression qui àson tour est la clé pour créer un sentiment decontinuité entre les espaces intérieurs et extérieurs.Un exemple remarquable de cette approche estson +node, une maison de famille dont le niveausupérieur se termine par une extension qui plane10 mètres au-dessus du sol et qui est percée à son

PROJET Une simple question d’équilibreOriginaire de Hiroshima, MAEDAKeisuke défend l’idée d’une architectureen harmonie avec le paysage.

extrémité pour permettre à un arbre de grandir àtravers la structure.Beaucoup des maisons créées par Maeda Keisukesont le produit du chevauchement et de l'intégrationde deux niveaux, celui en béton formant la base dela maison et celui en bois au-dessus représenté parle sol et les murs extérieurs, agissant comme unpont avec l’environnement naturel. en fin decompte la principale préoccupation de l’architecteest d’organiser au mieux l'espace afin d'atteindrel'équilibre optimal entre les fonctions, les environ-nements et les relations humaines

JEAN DEROME

Le projet +node de MAEDA Keisuke illustre parfaitement sa recherche d’équilibre avec l’environnement.

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ZOOM DOSSIER

K AwAmoto Atsushi et mayumi ont fondéle mA-style studio en 2004. Ils sont ins-tallés dans la préfecture tranquille de

Shizuoka et cette tranquillité se retrouve dansleur approche de l’architecture. Selon eux, la chosela plus importante lorsqu’ils commencent à travaillersur un projet est de trouver comment intégrer lastructure dans l’environnement où elle seraconstruite. “En imaginant que chaque case est unemaison, les espaces vides entre peuvent être considéréscomme des chemins ou des places qui nous rappellentune petite ville enveloppée dans la lumière”, expliqueKAwAmoto Atsushi. “Les espaces vides, qui affectentles distances entre les gens, constituent des espacesintermédiaires pour les résidents et des éléments deliaison entre l'intérieur et l'extérieur.”“Les êtres humains sont censés être en mesure defaire face à la nature qui les entoure. Peu importel'endroit où nous vivons, nous devrions être en mesured'utiliser la nature comme il se doit. Bien sûr, laplupart des gens souhaitent changer la nature afinde pouvoir vivre confortablement tout le temps, maisnous ne sommes pas généralement en mesure de lefaire, nous devons donc nous adapter à chaque envi-

ronnement particulier”, ajoute son épouse mayumi.Le rôle joué par le lieu est important dans la mesureoù chaque endroit a une véritable influence sur lefait qu’un style architectural prévaut sur un autre.“Nous sommes très intéressés par l'architecture tra-ditionnelle japonaise”, explique Atsushi. “Pas entant qu’image, mais en tant que concept de base del'espace. Dans l’architecture traditionnelle japonaise,le mur épais n’existe pas,. Il y a en revanche tout untas de murs ou de parois minces pour contrôler la dis-tance entre l'intérieur et l'extérieur, pour protéger oupour ouvrir. Nous pouvons choisir la couche qui resteen place, le degré de protection ou d’intimité selon lasaison ou la situation. Tout cela est basé sur l'interactionentre l'architecture, la nature et les gens. Ce sont debons aspects que nous pouvons réinterpréter de façoncontemporaine. Une des caractéristiques de l’architecturejaponaise est la simplicité. Parfois, elle est un peutrop minimaliste, mais en même temps ce genre desimplicité est enraciné dans la culture traditionnellelocale. L’architecture japonaise est aussi parfois trèsconceptuelle. Cela peut être à la fois une force et unefaiblesse dans la mesure où elle est souvent comprisede façon étroite”, poursuit-il.Le lien avec la tradition influence l'idée que lesKAwAmoto se font de l’originalité. “Je pense ques’en inspirer de façon superficielle n’est pas intéressant.En s’en inspirant de façon profonde et en réinterprétantcet esprit de façon nouvelle ou avec de nouvelles

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CONCEPT De l’individu à la communautéPour KAWAMOTO Atsushi et Mayumi, la réinterprétation de la tradition est unfondement important de leur travail.

formes, on se montre créatif. C’est dans ce genre deréinterprétation qu’apparaît une sorte d'originalité”,estime l’architecte. Alors que de nombreux architectes occidentauxaccordent une grande attention à l’aspect extérieurd'une structure et à la façon dont elle s’intègreavec les bâtiments environnants, les KAwAmoto

comme bon nombre de leurs collègues japonaisabordent la conception de la maison de façon op-posée. “Au lieu de tourner nos yeux vers l'extérieur,vers l'immensité de l'espace, nous préférons nousconcentrer vers l'intérieur afin de créer des environ-nements de vie sereins et subtils qui sont difficiles àapprécier au premier coup d’œil par les Occidentaux”. Le couple croit beaucoup en l'importance de créerdes maisons fonctionnelles spécifiquement conçuespour les résidents vivant à l'intérieur. “Tout ce quenous concevons est centré sur l'activité humaine”,explique Atsushi. “Nous sommes intéressés par ceque les gens veulent faire dans notre bâtiment.”Concernant le rôle social de l'architecture, les KA-wAmoto pensent qu'aujourd'hui le rôle de l'ar-chitecte est de ne pas générer des structures ra-tionnelles enracinées dans la vie économique oupolitique, mais plutôt de créer des espaces de viequotidienne qui font appel à la sensibilité indivi-duelle. “En fin de compte, nous cherchons à créer unpont entre l'architecture individuelle et celle pour lacommunauté.” J. D.

“Au lieu de tourner nos yeux vers l'extérieur, vers l'immensité de l'espace, nous préférons nous concentrer vers l'intérieur”, expliquent les architectes de mA-style.

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ZOOM DOSSIER

Est-ce que votre perception de l’architecturea évolué depuis le séisme du 11 mars 2011 ? Sugawara Daisuke : Loin de bouleverser mafaçon de penser, le 11 mars 2011 m’a convaincuau contraire qu’elle était la bonne. Depuis l’écla-tement de la bulle financière au début des années1990, j’ai l’impression qu’on a eu tendance àconsidérer l’architecture comme un jeu si l’onse réfère à la concurrence au niveau de la formeet de la pensée auxquels on s’est livré dans lesecteur. Dans ce monde de l'architecture japonaise,ma conception était bien différente. Il s’agissaitde “créer un bâtiment pour vivre”, ce qui n’avaitrien à voir avec le jeu auquel se livraient lesautres. S’agissant de l’habitat, d’après moi, ilétait indispensable qu’il y ait une architecturequi permet aux gens et aux habitants de cesrégions d'y vivre. Dès lors, le tremblement deterre n’a pas ébranlé ma façon de penser. En re-vanche, il m’a conforté dans mon approche dece que doit être l’architecture.

Parmi les nombreux défis que doit relever leJapon, le vieillissement de la population estun des plus importants. Comment l’architecturedoit y répondre selon vous ?S. D. : L’un des problèmes d’une société vieillis-sante est l’existence de ce qu’on appelle “la per-sonne âgée isolée”. Vivant loin de sa famille etayant perdu ses amis, ses possibilités de sortirsont limitées même en cas de blessure ou de ma-ladie. On peut donc mourir chez soi sans êtredécouvert. Pour pallier ce problème, il est possiblede concevoir “une maison en relation avec lacommunauté locale” et je crois que l'architecturea un rôle à tenir à ce niveau. Durant la périodede forte croissance économique, les gens ont dé-veloppé une haine à l’égard de la famille et duterroir, ce qui a conduit à bâtir des lieux pour lafamille nucléaire qui étaient fermés au reste dela société. Cependant, maintenant que l'économieet l’artificialité sont en retrait, les gens, pas seu-lement les personnes âgées, ressentent une certaineangoisse qui les pousse à chercher des contactsavec d’autres personnes. Le développement desréseaux sociaux comme Twitter ou Facebooken sont l’illustration. Dès lors, s’il est possibled'ouvrir la maison elle-même ou du moins unepartie vers la société ou la communauté, les gens,et pas uniquement les plus âgés, pourrontconstruire une société où se créeront des liensentre les individus. Dans le contexte du vieillis-

sement de la population, c’est une bonne manièrede favoriser une vie saine et favoriser les liensentre “les personnes âgées isolées” et les autoritéslocales. On retrouve en partie cette approchedans le plan directeur des lotissements temporairesde Rikuzentakata auxquels j’ai participé.

Si l’on compare aux décennies précédentes,est-ce que la situation économique difficile duJapon pèse sur votre travail d’architecte. Sioui, de quelle manière ?S. D. : Du fait du déclin démographique et deschangements économiques qui en découlent,j’ai l’impression que le contenu du travail d’ar-chitecte qui nous est demandé est en train d’évo-luer. Jusqu’à présent, le succès pour un architecteétait un musée, un théâtre ou une bibliothèqueou le fruit d’une commande publique. On lui ademandé une beauté spatiale et un style qui enimposent. Aujourd’hui, ce genre de bâtimentsne répond pas aux besoins d’un pays où la po-pulation baisse. La plupart d’entre eux ont d’ail-leurs été construits par des architectes qui ontactuellement plus de 60 ans.Ce qu’on demande désormais à un jeune ar-chitecte, ce ne sont plus des constructions am-bitieuses, mais plutôt des bâtiments de dimensionraisonnable qui s’intègrent dans l’espace et quirépondent à l’image de marque de la région etdes communautés locales qui leur sont associéesEn d'autres termes, on est passé à une conceptionoù la relation des gens et des choses occupe laplace centrale de la commande. D’ailleurs, on

RENCONTRE Sugawara, bâtisseur connectéConscient des défis auxquels nos sociétéssont confrontées, Sugawara Daisukenous livre sa vision de l’architecture.

note que les commandes émanent davantagedes collectivités locales ou des PME que del’Etat ou des grandes entreprises. On voit aussiqu’elles concernent moins des grands bâtimentsdans les villes. On leur préfère de petites struc-tures en province voire des opérations de ré-novation.

Sur quels projets vous êtes-vous lancé ?S. D. : Je travaille actuellement avec des déve-loppeurs locaux sur un projet résidentiel baptisé“la maison connectée”. Il ne s’agit pas de réfléchirmaison par maison, mais de concevoir l’espaceentre chaque maison pour élaborer les rues etles chemins de promenade qui seront partagésdans ce lotissement. Dans une petite ville de lapréfecture d’Akita, je me penche sur la rénovationde maisons anciennes pour les transformer encafés communautaires. C’est un projet qui ne selimite pas au seul lieu. Il a pour ambition de fa-voriser les échanges en créant un lien entre lelieu lui-même et le reste de la ville. Pour les dé-velopper, j’ai aussi la charge de créer son imagede marque. Enfin à Yamanakako, dans la pré-fecture de Yamanashi, où les déplacements encar sont très importants, je planche sur la concep-tion d’un abribus destiné à mettre en valeur leterroir en créant un lien entre les voyageurs et lelieu.

Si vous aviez les moyens financiers et techniques,sur quel projet aimeriez-vous travailler ? S. D. : Le déclin de la population n’est pas unproblème spécifique au Japon. Il concerne l’en-semble des sociétés industrielles. J’aimerais doncm’engager dans la conception de nouveaux mo-dèles de planification régionale qui intègrentcette donnée afin que les villes conservent leurcharme. Depuis la modernisation du pays et lapériode de forte croissance, les éléments matériels– bâtiments, villes – n’ont cessé de croître. Dansune société fondée sur l’idée de croissance, toutesles techniques étaient segmentées pour répondreà chaque besoin et une fois intégrées, elles étaientefficaces. Toutefois, dans une société en déclin,on se rend compte qu’il est plus efficace derééditer ce qui était divisé avant pour le réintégrerau niveau de la région. Dans une société où l’onne produit plus que ce qui est nécessaire, on va-lorise les techniques qui permettent de produireen quantité suffisante dans la région et noncelles qui défendent la production de masse.Voilà un sujet qui m’intéresse. Il ne se limite passimplement au Japon. Il peut devenir un modèledans le reste du monde.

PROPOS RECUEILLIS PAR O. N.

SUGAWARA Daisuke, janvier 2013.

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ZOOM CULTURE

H UMEUR par KOGA Ritsuko

Je rêvais d'habiter dans un appartement hauss-mannien à Paris et de faire des courses au mar-ché, le dimanche matin, en saluant mes mar-chands habituels et un de mes voisins en trainde promener son bouledogue, avant d'orga-niser un petit repas avec les voisins de monimmeuble.En réalité, ça fait presque 10 ans que je vis dansmon logement actuel à moitié moderne enbanlieue. Je fais des courses le soir en semainechez un petit épicier du coin qui passe sontemps à regarder des matchs de foot à la téléou à me surveiller avec une caméra. Et moi, jescrute la date limite de consommation de sesproduits et aussi s'il ne triche pas sur le prix deslégumes à la caisse, ce qui m'est déjà arrivé.Mais on ne peut malheureusement pas s'en pas-ser. Je suis une de ses rares clientes fidèles etlui, c'est le seul magasin ouvert à 23h30. Sinon le quartier est tran-quille. A la sortie du métro à1h du matin, je suis toujoursaccueillie par des jeunes encapuche qui assurent masécurité et à l'arrivée à monimmeuble, d'autres jeunes ensweat me saluent et m'ou-vrent gentiment la ported'entrée. De temps en temps, je peux observerleur partie de cache-cache avec la police.Quand ils sont arrêtés, ça manque d'animationdans notre résidence. Dans l'immeuble, mesvoisins ne me disent rien malgré mon habitudede passer l’aspirateur à 22h et de faire tournerla machine à laver à minuit. Moi non plus, jene râle pas contre le voisin qui bricole avec saperceuse tous les week-ends dès 8h du matinou contre la dame qui jette ses meubles par lafenêtre. Je n'ai jamais fait de repas avec eux,mais à la place j'ai un restaurant de sushi quime reconnaît quand j’appelle pour une livrai-son. Ça me rassure. Cette vie est relativementplus sympa que dans un studio à Tôkyô où jen'ai eu aucun contact avec mes voisins. Or jerêve encore d'un appartement haussmannienà Paris. Si votre voisin déménage, contactez-moi ! J’arrêterai de passer l'aspirateur le soir etje serai une voisine parfaite !

Mes chers voisins

CONCERT L’énergiesolidaire du rockCréé à l’initiative d’ingénieurs du son

et d’artistes japonais et coordonné

par SPC Peak Performance, le Tohoku

Livehouse Daisakusen est un projet de

reconstruction et d'équipement de

salles de spectacles au Japon dans les

zones touchées par le tsunami du

11 mars 2011. C’est dans ce cadre que

deux groupes japonais Brahman et

Locofrank entreprennent une tournée

en France du 9 au 12 juin. Les

amateurs de punk rock ou tout

simplement les curieux désireux de

découvrir deux formations très

énergiques et talentueuses pourront

ainsi manifester leur solidarité avec les

Japonais en venant assister à leurs

concerts.

Ils seront

soutenus

suivant les

concerts

par

les Burning

Heads

(groupe

phare de la

scène

punk rock

en France)

et les hispaniques de Help me Devil

(rock n’roll), également impliqués

dans le projet. Depuis 2012, 3 salles

ont déjà été reconstruites grâce à ce

bel élan de solidarité qui passe par la

musique.

9 juin – le 108 – Orléans (45)

10 juin – Festival Aucard de Tours (37)

11 juin – Le Petit Bain – Paris (75013)

12 juin – Le Galion – Lorient (56)

www.facebook.com/LivehouseDaisakusenEurope

SPECTACLE Direction vers laplanète butôDairakudakan, la compagnie légendaire

qui nous avait déjà enchanté avec ses

créations, revient

en France pour

deux spectacles à

la Maison de la

Culture du Japon

à Paris. Du 4 au

6 juin Ode à la

chair, une pièce

sur la féminité, et

du 11 au 20 juin,

La Planète des

insectes, pièce dans laquelle MARO Akaji

esquisse un monde où les insectes ont

pris le pouvoir. Par ailleurs, le même

MARO Akaji présentera les 6 et 13 juin

des films dans lesquels il a joué au cours

de sa longue carrière.

101bis, quai Branly, 75015 Paris

Réservation 01 44 37 95 95 - www.mcjp.fr

CINÉ-CLUB L’Oscar 2009 à VichyPour clore en beauté la saison 2014-

2015 en beauté,

Rendez-vous

avec le Japon

vous propose de

découvrir

Departures (okuribito) de TAKITA Yôjirô

récompensé en 2009 par l’Oscar du

meilleur film étranger. Un superbe film

tourné dans la région d’Akita, dans le

nord-ouest de l’archipel, avec les

excellents MOTOKI Masahiro, YAMAZAKI

Tsutomu et HIROSUE Ryôko.

Cinéma Étoile Palace

Centre commercial des Quatre Chemins

35 rue Lucas, 03200 Vichy

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ZOOM CULTURE

D écouvert en France, il y a dix ans, grâceà L’Ecole emportée paru chez Glénat,UmezU Kazuo aurait logiquement dû

connaître une plus belle carrière dans l’hexagonedans la mesure où il est sans nul doute le père dumanga d’horreur et où son influence sur l’œuvred’autres mangaka comme itô Junji est considérable.

mais les éditeurs français ont quelques difficultésà gérer le manga patrimonial. ils se contentent depublier des œuvres sans les accompagner d’untravail de contextualisation indispensable pourcomprendre l’univers dans lequel elles s’inséraientau moment de leur parution au Japon. Celaexplique pourquoi, la plupart du temps, ces mangasne rencontrent pas le public et ne satisfont en dé-finitive qu’une minorité d’amateurs sensiblesavant tout au graphisme ou suffisamment cultivéspour comprendre toute la dimension du titre en

Oublié depuis plus de dix ans en France,l’auteur de L’Ecole emportée revient grâceau travail de l’inégalable Lézard noir.

MANGA Umezu joue à nous faire peurquestion. Cette carence éditoriale s’est souventtraduite par des ventes médiocres comme ce futle cas pour Kamui-den de Shirato Sanpei paruchez Kana ou pour L’Ecole emportée d’UmezU

Kazuo que Glénat, pourtant l’un des pionniersdu manga en France, a mis en vente en assurantun service minimum. Publiée entre 1972 et 1974 dans Shônen Sundayau lendemain d’une décennie de contestation quia laissé un goût d’inachevé à son auteur, L’Ecoleemportée livre une vision cauchemardesque du

Japon à travers le destin d’uneécole primaire transportée dansun futur dévasté, stérile et peupléde créatures monstrueuses.UmezU laisse peu de place àl’espoir, créant un univers pesantet troublant qui va marquertoute une génération dans l’ar-chipel. en France, le mangasera un échec tout comme Bap-tism, toujours chez Glénat quin’a pas poursuivi le travail enéditant d’autres œuvres du génialmangaka. “UMEZU est une référence pourénormément de gens au Japon

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où tout le monde semble le connaître et en parleavec bienveillance. C’est une figure incontournabledu manga d’auteur. Ça me paraissait curieux qu’ilsoit négligé à ce point en France depuis plusieursannées”, confie Stéphane Duval grâce à qui lemangaka a enfin un nouveau droit de cité. A latête du Lézard noir, Stéphane Duval se bat depuisdes années pour offrir au public français ces œuvresdont l’influence a été considérable sur des mangakabien sûr, mais aussi sur d’autres créateurs commele cinéaste KUroSAwA Kiyoshi. Ce dernier signela préface de La Maison aux insectes, un recueild’histoires courtes imaginées par UMEzU Kazuoentre 1968 et 1973 que Le Lézard noir vient defaire paraître. “J’ai lu beaucoup de ces mangas,mais ce qui me marque le plus, c’est le style de sondessin, avec les arrière-plans remplis de noir. J’ail’impression que ces parties opaques se détachent del’ensemble. Ainsi dans les revues de mangas, leshistoires d’UMEzU se distinguent vraiment desautres”, écrit le réalisateur de Kaïro ou Charismaqui se caractérisaient aussi par leur univers sombreet angoissant. C’est aussi ce qui ressort de La Maison aux insectes,mais comme dans l’ensemble de son œuvre, il nes’agit pas de créer une angoisse gratuite. UMEzU

Kazuo a cette capacité à saisir et surtout à restituerla part d’ombre qui est en chacun d’entre nous.“Il nous rappelle de manière glaçante qu’un seulévénement, parfois anodin, peut briser toute unevie. Son analyse de la nature humaine est terrifiantede justesse ; il brosse des portraits qui dévoilent laperversion et le côté sombre, troublé de l’hommederrière son apparente normalité. Il nous rappelleaussi à quel point nous sommes de petites choses, etcombien la vie est éphémère”, résume Miyako Slo-combe, traductrice de La Maison aux insectesqu’elle a sélectionnée en compagnie de StéphaneDuval. Dans la première nouvelle qui a donné le

titre au recueil, l’auteur s’intéresse à la vie decouple et à ses travers avec le mari qui convainc samaîtresse de le raccompagner afin de lui présenterson épouse, laquelle se transforme en insecte pourfuir ses violences. En définitive, UMEzU Kazuone se contente pas de créer une histoire glauqueet un décor de maison hantée simplement pournous donner des frissons ou provoquer un momentd’angoisse. Ce serait un peu trop facile. Le mangakas’interroge sur la femme japonaise, sur sa placedans la société qui se résumait alors à être uneépouse dévouée à son mari. Au moment où cesnouvelles ont été publiées, le rêve de la plupartdes jeunes femmes était de se marier. Les radiospassent alors en boucle des chansons à la gloiredu mariage comme Hanayome de HASHiDA No-rihiko et les Climax. En 1970, plus d’un millionde mariages ont été célébrés. Dix ans plus tard,on n’en compte plus qu’environ 775 000. S’agit-il d’un effet UMEzU qui a ouvert les yeux à la gé-

nération suivante ? Difficile à dire et sans doutepeu probable, mais on peut dire que le mangakaest un auteur visionnaire qui traduit à sa manièreles dérives de la société. Cette dernière est denature à entraîner les hommes vers la folie. C’estce qui frappe dans ce recueil et qui le rend siprenant. “Il arrive souvent que le narrateur soitatteint de folie, et qu’il y ait parfois un manque delogique dans sa réflexion, ce qui donne parfois uneimpression d’étrangeté qu’il était important degarder dans la traduction. Il fallait donc rendrecompte de la folie des personnages à travers leursparoles, sans que la traduction ne paraisse maladroitepour autant”, confirme Miyako Slocombe dontle travail est une nouvelle fois irréprochable.Voilà donc de très bonnes raisons de vous précipiterchez votre libraire pour y acquérir La Maison auxinsectes. Une fois que vous l’aurez dévoré, lancez-vous alors dans la lecture de L’Ecole emportée.

ODAIRA NAMIHEI

RéféRencesLa Maison aux insectes de UMezU Kazuo,trad. Miyako slocombe, éd. Le Lézard noir, 15€.

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zoom cuLture

o n s’était habitué aux échanges culturelsdans le domaine du théâtre, de la litté-rature ou encore dans celui des arts

plastiques. Il faudra désormais prendre en comptele rock puisque, pour la première fois, deux grandsfestivals ont décidé de collaborer pour proposer àleur public respectif des artistes qu’il n’aurait sansdoute jamais eu l’occasion de voir sur scène. LesEurockéennes qui se déroulent chaque annéedébut juillet à Belfort, et le Summer Sonic Festival,samasoni pour les intimes, qui a la particularitéd’être organisé mi-août à Tôkyô et Ôsaka, ontmis en place un partenariat original dont on nepeut que se féliciter.“Tout est parti d’une initiative de l’Institut françaisdont la mission est de promouvoir les artistes hexa-gonaux. Gaëlle Massicot-Bitty, la responsable pôlespectacle vivant et musiques, a proposé de mettre enrelation deux festivals de rock afin d’offrir une réellevisibilité aux musiciens des deux pays. Nous avonscommencé à travailler sur ce projet au printemps2014 avec les dirigeants des Eurockéennes pouraboutir à la venue de trois représentants japonais enFrance et à celle de trois artistes français au Japon”,explique YAMADA Yôko qui coordonne partenariatpour le compte du Summer Sonic. “C’était pournous une première, mais l’expérience des Eurockéennesen la matière a permis d’avancer rapidement. A lafin de l’année dernière, Kem Lalot, le mythique pro-grammateur du festival français s’est rendu au Japonpour assister au Countdown Japan, le grand festival

de rock qui se déroule fin décembre, et ainsi découvrirdes groupes susceptibles de participer aux Eurockéennes.Il a eu un coup de cœur pour Maximum the Hormone,un groupe de metal/punk hardcore. Malheureusement,le groupe a décidé de faire une année de break pourpermettre à Nao, leur batteuse, d’avoir un bébé”,poursuit-elle. “Dans un pays en mal d’enfants, jetrouve que c’est plutôt courageux. Comme il a aussibeaucoup apprécié la prestation de The Bawdies,une formation très influencée par la beat des années1960, qui a une belle présence sur scène, c’est cegroupe qui sera en quelque sorte la tête d’affiche ja-ponaise de l’édition 2015 des Eurockéennes”, ajouteYAMADA Yôko, ravie de pouvoir faire découvrirautre chose que les groupes de Jpop ou de Visualkei dont les tournées européennes se multiplient. La scène rock japonaise est évidemment très riche,

mais les tourneurs ont toujours tendance à chercherdes artistes qui font “japonais”, c’est-à-dire maquillésà outrance avec des costumes tout aussi délirants.Les amateurs d’accoutrements vestimentaires serontservis avec Seiho. Mais la ressemblance s’arrête là.Le DJ japonais propose un groove ultra-dansantauquel il n’est pas facile de résister. Le dernierinvité nippon est Bo Ningen, dont l’énergie surscène ne manquera pas d’en surprendre plus d’un.Chevelus comme ce n’est pas permis, les quatremembres de ce groupe qui joue à cent à l’heure“apportent à son premier amour - le punk et ses excès- de la folie et beaucoup d’images”. La diversité desgenres est au rendez-vous et on comprend pourquoiYAMADA Yôko est satisfaite de cette première col-laboration qui, espérons-le, ne s’arrêtera pas là.

GABRIEL BERNARD

Grâce à un échange avec le Summer Sonicau Japon, le festival français va vibrer au sond’artistes japonais de première qualité.

ROCK Les eurockéennes made in Japan

Infos pratIquesLes eurockéennes du 3 au 5 juillet 2015 à Belfort.a partir de 46€ la journée. 108€ les trois jours.www.eurockeennes.fr/billetterie/e-tickets/

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tée sucrée et salée), des petites saucisses sautées.Même si l’on prend un plat de jour au restaurant, ily a toujours beaucoup de légumes. Par exemple,même le tonkatsu qui est un plat gras est systéma-tiquement accompagné d’une salade de chou. Puisdans le bol du riz, il y a du riz avec 15 céréalesdiverses. Dans la soupe miso, il y a au moins 5 pro-duits différents, comme des champignons maitake,du kikurage blanc (Oreille de Judas), des carottes,etc. Le condiment est souvent de la patate doucemijotée, du navet, du tôfu dengaku et du mekabu(une sorte d’algue). Rien qu’avec ce plat du jour,on compte pas moins de 18 produits! Je ne connaispas ce type de plat du jour en France.Vient ensuite le dîner. Prenons par exemple unbon karaage (Poulet frit) que les enfants adorent.Pour sa préparation, on utilise bien sûr du poulet,du gingembre râpé, de la sauce soja, du sake, un

ZOOM GOURMAND

I l faut manger 5 légumes ou fruits par jour. C’estce qu’on dit en France. Ce n’est pas évident debien respecter cette recommandation. Le

matin, on prend le petit-déjeuner comme “un caféau lait, une tartine grillée avec un peu de beurre etde confiture”. Peut-on considérer la confiturecomme un fruit ? Pour déjeuner, quand les gensn’ont pas beaucoup de temps, ils se tournent versle sandwich. Les plus classiques sont le jambon-beurre ou le jambon-fromage. Toujours pas delégumes. Même si l’on n’est pas pressé, on prendle plat du jour au restaurant qui se résume souventà un steak-frites. Est-ce que la pomme de terreest un légume ? Oui, c’en est un. Le soir, la plupartdes Français mangent léger, comme une soupede légumes ou une salade. En conséquence, àmoins de faire très attention, quand on vit enFrance, il est difficile de manger beaucoup delégumes ou de fruits.Au Japon, on dit qu’il faut manger 30 produits dif-férents par jour. Traditionnellement, on mangebeaucoup de légumes. Le petit déjeuner japonaistraditionnel se compose d’un bol de riz blanc, d’unesoupe miso, d’un poisson grillé et d’un condimentà base de légume. Dans la soupe miso, on ajoute àla pâte de soja du wakame (algue). On peut aussimettre plein de légumes dedans, comme de l’au-bergine, des épinards ou des pousses de soja. Pour le déjeuner, on emporte avec soi un bentô.C’est une boîte-repas bien équilibrée. Dedans,il y a du riz, l’okazu [plat] principal, comme dupoulet sauté, du porc au gingembre ou du poissongrillé. Et il y a aussi deux ou trois petits okazucomplémentaires comme un morceau d’omelettejaponaise, des épinards au sésame, du kinpiragobô ou renkon (bardane ou racine de lotus mijo-

Pourquoi les Japonais ont gardé la ligne ?La réponse se trouve dans un subtiléquilibre de nombreux ingrédients.

CONSEIL Mangez 30 produits par jour !

œuf, de la farine, du fécule et de l’huile. Cela faitdéjà 8 produits. Comme le karaage est un peu gras,on prépare une salade de concombre avec de l’algueet du surimi. On assaisonne avec du vinaigre deriz, du sucre et un peu de sauce soja. On sert le toutavec un petit bol de soba (nouille de sarrasin)froides. On peut aussi servir un plat coréen: le chi-jimi ou crêpe salée à la coréenne. On peut y mettrebeaucoup de légumes ! Si je compte bien, il y a 18produits dont 5 à 6 légumes. Voilà, vous comprenez mieux pourquoi les Japo-nais sont maigres, du moins en général.Aujourd’hui avec un mode d’alimentation quis’est occidentalisé, le Japon connaît aussi desproblèmes d’obésité. Voilà pourquoi, il faut reve-nir aux bonnes vieilles habitudes alimentairesd’antan.

MAEDA HARUYO

On n’a pas trouvé mieux que le bentô pour un bon repas bien équilibré.

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L A RECETTE DE HARUYO

PRÉPARATION1 - Bien égoutter le tôfu. Envelopper le tôfu avec l’es-

suie-tout. Mettre au micro-ondes (600 W) pendant3 minutes. Laisser refroidir.

2 - Dans un bol, mélanger le tôfu avec un fouet. 3 - Ajouter la farine et la maïzena. 4 - Incorporer les œufs, un par un. 5 - Ajouter le reste des ingrédients et assaisonner avec

la sauce soja et la poudre de bouillon. Bien mélan-ger avec la spatule.

6 - Verser l’huile de sésame dans une poêle et chauffer.Disposer 1/3 d’appareil et étaler avec le dos de lacuillère. Cuire pendant 2 à 3 minutes à feu moyen.

7 - Retourner, puis cuire 2 à 3 minutes à feu moyen. 8 - Badigeonner avec la sauce de soja ponzu puis

découper la crêpe selon la taille désirée avant deservir.

INGRÉDIENTS (pour 3 galettes)

Pour les crêpes :150 g de tôfu momen (fermeté moyenne)30 g de farine T4530 g de maïzena2 œufs50 g de aonegi (genre de ciboulette) à découperen tronçon de 2 à 3 cm100 g de poireaux à émincer finement50 g de renkon (racine de lotus) à éplucher et àcouper en dés d’environ 5 mm80 g de thon à l’huile à émietter50 g de fromage rapé1 cuillère à soupe de sauce soja (15 ml)1 cuillère à café de poudre de dashi (bouillonjaponais) (3 g)

Pour la cuisson :1 cuillère à soupe d’huile de sésame (10 ml)

Pour la finition :3 cuillères à soupe de sauce de soja ponzu(45 ml)

Chijimi(Crêpe à la coréenne)

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R endez-vous a été pris à Nihonbashi, àTôkyô. Construit il y a un peu plus dequatre siècles, ce pont, initialement en

bois, était le point de départ des principales routesque les voyageurs devaient emprunter pour serendre notamment à Kyôto. Le “pont du Japon”symbolisait le kilomètre zéro du Tôkaidô et duNakasendô qui menaient à la capitale impériale,

le premier en longeant l’océan Pacifique, le seconden passant par des paysages plus montagneux.Ces deux routes faisaient partie des Gokaidô,c’est-à-dire les cinq principaux axes de circulationque les autorités shogunales avaient définis etbalisés pour relier Edo au reste du pays. L’unitéde l’archipel avait été compliquée à réaliser, il étaitdonc important d’entretenir des routes pour lamaintenir d’autant que le relief du pays n’étaitguère favorable aux échanges terrestres. Pour parcourir les quelque 500 kilomètres entreles deux grandes cités, il fallait compter environ

deux à trois semaines selon les conditions météo-rologiques qui pouvaient rendre certaines por-tions impraticables. Aussi chacune de ces routesdisposait de “stations” où les voyageurs pouvaients’arrêter pour se reposer, s’alimenter. Mais il étaitstrictement interdit d’y faire un long séjour. Dansun décret de 1686, il était stipulé que “tous lesvoyageurs seront contrôlés. Il est permis de faire unehalte d’une nuit dans un des relais, mais il est inter-dit de séjourner plus longtemps. Toutes les personnes,notamment les travailleurs migrants et les individusau comportement suspect, devront être signalées”.

Plusieurs portions de la célèbre routequi reliait Edo à Kyôto sont accessibles.Nous avons suivi l’une d’entre elles.

Le point de départ du Tôkaidô était Nihonbashi. Le pont de bois a disparu, mais il marque toujours le kilomètre zéro.

DÉCOUVERTE Sur les traces de Hiroshige

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R endez-vous a été pris à Nihonbashi, àTôkyô. Construit il y a un peu plus dequatre siècles, ce pont, initialement en

bois, était le point de départ des principales routesque les voyageurs devaient emprunter pour serendre notamment à Kyôto. Le “pont du Japon”symbolisait le kilomètre zéro du Tôkaidô et duNakasendô qui menaient à la capitale impériale,

le premier en longeant l’océan Pacifique, le seconden passant par des paysages plus montagneux.Ces deux routes faisaient partie des Gokaidô,c’est-à-dire les cinq principaux axes de circulationque les autorités shogunales avaient définis etbalisés pour relier Edo au reste du pays. L’unitéde l’archipel avait été compliquée à réaliser, il étaitdonc important d’entretenir des routes pour lamaintenir d’autant que le relief du pays n’étaitguère favorable aux échanges terrestres. Pour parcourir les quelque 500 kilomètres entreles deux grandes cités, il fallait compter environ

deux à trois semaines selon les conditions météo-rologiques qui pouvaient rendre certaines por-tions impraticables. Aussi chacune de ces routesdisposait de “stations” où les voyageurs pouvaients’arrêter pour se reposer, s’alimenter. Mais il étaitstrictement interdit d’y faire un long séjour. Dansun décret de 1686, il était stipulé que “tous lesvoyageurs seront contrôlés. Il est permis de faire unehalte d’une nuit dans un des relais, mais il est inter-dit de séjourner plus longtemps. Toutes les personnes,notamment les travailleurs migrants et les individusau comportement suspect, devront être signalées”.

Plusieurs portions de la célèbre routequi reliait Edo à Kyôto sont accessibles.Nous avons suivi l’une d’entre elles.

Le point de départ du Tôkaidô était Nihonbashi. Le pont de bois a disparu, mais il marque toujours le kilomètre zéro.

DÉCOUVERTE Sur les traces de Hiroshige

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ZOOM VOYAGE

En d’autres termes, il n’était pas question de fairedu tourisme même si les paysages rencontrésétaient magnifiques comme l’a rapporté sousforme d’estampes UTAgAwA Hiroshige après sonpériple sur le Tôkaidô en 1832. Dans sa fameusesérie intitulée Les Cinquante-trois stations duTôkaidô, le maître des estampes offrait à tous ceuxqui ne l’avaient pas empruntée un étonnantreportage graphique sur cette route mythiquedont le tracé initial remonte au XIe siècle. Avec l’apparition du train à la fin du XIXe siècle,les choses ont radicalement changé. Le Tôkaidôest devenu synonyme de ligne de chemin de ferà partir de juillet 1889 avant d’entrer dans unenouvelle dimension avec la mise en service duTôkaidô shinkansen, le train à grande vitesseentre Tôkyô et Ôsaka en octobre 1964. De deuxsemaines, on est passé à deux heures et l’on n’aguère la possibilité de profiter du paysage. Onpeut apercevoir au loin le mont Fuji, mais la plu-part des gares traversées n’ont pas le charme desstations qui jalonnaient la route originale. Voilà pourquoi, en cette belle matinée de prin-temps, nous avons décidé de faire un retour dansle temps afin de retrouver l’atmosphère de cesvoyages pédestres qui ont tellement le vent enpoupe en Europe. Mais au lieu de faire la routede Saint-Jacques de Compostelle, nous avonschoisi de faire celle du Tôkaidô ou du moins unetoute petite partie de cet axe. Comme les voya-geurs d’antan, nous avons décidé de nous retrou-ver à Nihonbashi. Malheureusement le pont enbois a disparu pour laisser place en 1911 à la struc-ture actuelle, laquelle est aujourd’hui presquecachée par une voie express surélevée. Pour voirà quoi ressemblait le pont original, il faut se rendreau musée Edo-Tôkyô qui en a reproduit une par-tie ou si l’on a la possibilité de se rendre à Kyôto,au studio de la Tôei, qui en possède une copieconforme utilisée lors des tournages des filmsd’époque. De Nihonbashi, il faut se rendre à la gare deTôkyô que l’on atteint en une dizaine de minutes

à pied. Pour sortir de la capitale, nous prenons letrain. La ligne JR Tôkaidô dont les wagons orangeet vert sont facilement reconnaissables. Le voyageprendra environ 2h30 avec cette ligne et seule-ment 1h30 si vous choisissez le shinkansen jusqu’àMishima avant de reprendre la ligne principalejusqu’à la gare de Yui, point de départ de cettebalade. A l’époque d’Edo, il fallait environ 4 jourspour atteindre ce lieu… Pour peu que vous n’ayezpas pris votre petit-déjeuner avant de partir, pen-sez à acheter un ekiben (boîte repas vendue dansles gares) que vous pourrez déguster en profitantdu paysage qui devient nettement plus agréableune fois que l’on a passé la gare d’Ôfuna. En apercevant la silhouette majestueuse du montFuji, vous pourrez vous dire que le train approchedu but. La gare de Yui est le deuxième arrêt aprèsla gare de Fuji, point de départ de la ligne JR

Minobu qui vaut aussi le déplacement. La routedu Tôkaidô est facile à repérer. Elle se trouve faceà la sortie de la gare. La première étape de notrepériple se trouve à environ deux kilomètres versl’est. Il s’agit d’un petit détour puisque notre des-tination finale Okitsu est située à l’est de Yui.Toutefois, cette petite marche aller-retour permetde retrouver l’ancienne station de Yui (Yui-shuku), la seizième sur les cinquante-trois quecomptait le Tôkaidô. L’endroit est tout à faitagréable. Les vieilles bâtisses ont conservé le cachetde l’époque où les voyageurs faisaient une haltedans l’une des 32 auberges qui y étaient installées.Dans le parc de l’ancienne place forte de Yui (Yuihonjin kôen), vous trouverez notamment leMiyukitei (9h-17h, fermé le lundi, 150 yens) oùl’empereur Meiji fit un jour une halte. Mais c’estsurtout le musée Hiroshige (9h-17h, fermé le

Le Musée Hiroshige du Tôkaidô est le seul établissement entièrement dédié au maître de l’estampe.

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lundi, 510 yens) qui attire les visiteurs. L’établis-sement est le seul du pays à offrir une collectionentièrement dédiée au maître de l’estampe avecplus de 1 400 œuvres dont bon nombre d’entreelles sont bien entendu consacrées au Tôkaidô.D’ailleurs son nom officiel est Musée Hiroshigedu Tôkaidô (Tôkaidô Hiroshige Bijutsukan).Avec toutes ces belles images en tête, il est tempsde reprendre la route en direction de la gare de Yui.En passant vous apercevrez le port et la coopérativeoù l’on peut acheter les délicieuses crevettes sakura,spécialité de la région. A moins d’être équipé pourles conserver, mieux vaut se contenter de les man-ger dans l’un des nombreux restaurants que vouscroiserez pendant votre randonnée. L’un des plusaccueillants est le Kurasawaya (11h-15h et 17h-21h, fermé le lundi, 054-375-2454) qui se trouveà environ 25 minutes de la gare de Yui. Il accom-mode les crevettes sakura de mille et une manièrespour 1836 yens. Mais si vous n’êtes pas amateurde crevettes, rassurez-vous, ses plateaux de sashimine vous laisseront pas de marbre. Avant d’y faireune halte sans doute bien méritée, ne manquezpas de visiter le petit musée de la lumière(Tôkaidô akari no hakubutsukan) et son incroya-ble collection de lampes (10h-15h, fermé le lundi,500 yens).

POUR S’Y RENDRELa balade que nous vous présentons icis’effectue au départ de la gare de Yui sur laligne principale JR Tôkaidô. Il faut compterenviron 2h30 au départ de Tôkyô, sachantqu’il est possible de réduire le temps deparcours grâce au shinkansen. Cela oblige àun changement à la gare de Mishima, maiscela vous permet de gagner à peu près uneheure. ce n’est pas négligeable si voussouhaitez faire cette randonnée sur uneseule journée. L’idéal est d’arriver la veilleau soir afin de vous familiariser avec lacuisine locale et à passer une bonne nuitavant les 3h30 à 4h de marche qui vousattendent. Au retour, une étape à Atami ouà Hakone est aussi recommandée.

Le col de Satta tel que UTAGAWA Hiroshige l’a décrit dans ses Cinquante-trois stations du Tôkaidô.

180 années plus tard, le même spectacle s’offre à vous à condition de faire un petit effort.

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Plein d’énergie après le succulent déjeuner, vouscontinuerez vers l’ouest vers les champs de man-dariniers. Selon la saison, vous pourrez acheterdes sachets de mandarines (100 yens) qui vousaccompagneront dans l’ascension vers le col deSatta qu’UTAgAwA Hiroshige a si joliment repré-senté lors de son passage à Yui. La pente est raide,mais le spectacle qui vous attend en vaut la chan-delle. Face à vous se dresse le mont Fuji avec unevue imprenable sur l’océan Pacifique. Seul petitbémol, la présence en contrebas de l’autoroutequi ne vous empêchera pas de profiter du paysage.Les pins représentés sur l’estampe signée Hiro-shige ont cédé leur place à des mandariniers et lesvoiles blanches qu’il avait dessinées ont disparu.Mais à l’instar du maître des estampes, vous serezconquis par la beauté du lieu. Ce n’est qu’en 1655que ce passage a été ouvert. Auparavant, les voya-geurs longeaient la côte et ne pouvaient pas pro-fiter de ce point de vue grandiose où se mêlent lamer et la montagne. Mais surtout, la route côtièreétait alors réputée dangereuse à cause des vagues

de l’océan Pacifique. En ouvrant le col de Satta,on a ainsi joint l’utile à l’agréable même si la mon-tée demande quelques efforts. Au terme de cette longue pause pour admirer levolcan en sommeil inscrit depuis 2013 au Patri-moine mondial de l’Unesco, vous poursuivrezvotre chemin vers l’ouest, en direction d’Okitsuoù vous pourrez reprendre le train vers Tôkyô.Comptez environ trois-quarts d’heure pouratteindre cet objectif et un peu plus si vous prenezle temps de découvrir Okitsu qui abrite notam-ment le sanctuaire de Munakata dédié au dieuprotecteur des marins. Tout au long de cettelongue balade, vous aurez ainsi pu vous mettredans la peau de ces hommes et de ces femmes qui,pendant des siècles, ont emprunté cette route partous les temps. Et si je peux me permettre, plutôtque de retourner tout de suite à Tôkyô, allez pas-ser la nuit dans une source thermale du côtéd’Atami sur la même ligne JR Tôkaidô. C’est leplus sûr moyen de récupérer de tous vos efforts

GABRIEL BERNARD

ZOOM VOYAGE

A une quinzaine de minutes de la gare de Yui, le Tôkaidô akari no hakubutsukan fait toute la lumière.

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Plein d’énergie après le succulent déjeuner, vouscontinuerez vers l’ouest vers les champs de man-dariniers. Selon la saison, vous pourrez acheterdes sachets de mandarines (100 yens) qui vousaccompagneront dans l’ascension vers le col deSatta qu’UTAgAwA Hiroshige a si joliment repré-senté lors de son passage à Yui. La pente est raide,mais le spectacle qui vous attend en vaut la chan-delle. Face à vous se dresse le mont Fuji avec unevue imprenable sur l’océan Pacifique. Seul petitbémol, la présence en contrebas de l’autoroutequi ne vous empêchera pas de profiter du paysage.Les pins représentés sur l’estampe signée Hiro-shige ont cédé leur place à des mandariniers et lesvoiles blanches qu’il avait dessinées ont disparu.Mais à l’instar du maître des estampes, vous serezconquis par la beauté du lieu. Ce n’est qu’en 1655que ce passage a été ouvert. Auparavant, les voya-geurs longeaient la côte et ne pouvaient pas pro-fiter de ce point de vue grandiose où se mêlent lamer et la montagne. Mais surtout, la route côtièreétait alors réputée dangereuse à cause des vagues

de l’océan Pacifique. En ouvrant le col de Satta,on a ainsi joint l’utile à l’agréable même si la mon-tée demande quelques efforts. Au terme de cette longue pause pour admirer levolcan en sommeil inscrit depuis 2013 au Patri-moine mondial de l’Unesco, vous poursuivrezvotre chemin vers l’ouest, en direction d’Okitsuoù vous pourrez reprendre le train vers Tôkyô.Comptez environ trois-quarts d’heure pouratteindre cet objectif et un peu plus si vous prenezle temps de découvrir Okitsu qui abrite notam-ment le sanctuaire de Munakata dédié au dieuprotecteur des marins. Tout au long de cettelongue balade, vous aurez ainsi pu vous mettredans la peau de ces hommes et de ces femmes qui,pendant des siècles, ont emprunté cette route partous les temps. Et si je peux me permettre, plutôtque de retourner tout de suite à Tôkyô, allez pas-ser la nuit dans une source thermale du côtéd’Atami sur la même ligne JR Tôkaidô. C’est leplus sûr moyen de récupérer de tous vos efforts

GABRIEL BERNARD

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A une quinzaine de minutes de la gare de Yui, le Tôkaidô akari no hakubutsukan fait toute la lumière.

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www.taiko.events09 81 63 08 93

Paris Bastille

Tambour et danse japonaise

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Spectacle annuel13 juin à 20 h

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• Grand Matsuri pour lafête de la musique le 21juin de 10h à 23h passagedes panorama 75002 Paris

• Cours japonais corsépour débutant/chaque jourde juillet(sauf dim)19h45-21h15 /500€ www.nihongo-dojo-paris.com

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Page 27: Zoom Japon 051

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