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TRANSVERSAL ENQUÊTE
Elle a tout d’une grande région logistiqueSi le Midi-Pyrénées n’est pas sur le podium des premières régions logistiques françaises, elle occupe toutefois une place centrale dans la zone sud-ouest. Confi ants dans l’évolution stratégique et l’attractivité de leur secteur, les diff érents acteurs, privés ou institutionnels, intervenants dans cette fi lière livrent leur vision de l’avenir.
affi che aussi des faiblesses. Excentrée des
principales aires démographiques natio-
nales ou européennes, elle peine, par
exemple, à générer des fl ux de transport.
« On peut constater un déséquilibre :
avec 70 % de fl ux arrivant sur Midi-
Pyrénées contre 30 % en partance, il
s’agit d’une réelle contrainte pour les
transporteurs qui ont du mal à trou-
ver des chargements pour le retour. Les
zones les plus actives sont celles des-
servant le secteur de l’aérospatiale et
sont concentrées autour de l’aéroport
(Colomiers, Plaisance du Touch), de la
périphérie de Toulouse avec Eurocentre
et du Port autonome de Barcelone qui
ouvre à l’international », souligne Brice
Boituzat, président du CLSO (Club logis-
tique du Sud-Ouest). Le Ceser de Midi-
Population : 2 881 756 habitants (selon
le recensement de 2010) ; superfi cie :
45 348 km² ; chef-lieu : Toulouse ; dépar-
tements : huit (Ariège, Aveyron, Haute-
Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées,
Tarn et Tarn-et-Garonne). Il s’agit bien
sûr du Midi-Pyrénées. « La solution pour
votre centre logistique sud », comme
elle l’indique dans sa brochure de pré-
sentation l’Agence de développement
de cette région n’hésite pas à se parer
de tous ses atouts : une fi lière logistique
forte de 2 300 entreprises et 21 000
emplois ; un marché potentiel de 21 mil-
lions de consommateurs dans un rayon
de 300 km (sud de la France + nord de
l’Espagne) ; une région au cœur du Sud-
Ouest traversée par deux grands axes
nord/sud : l’A20 et l’A75, les deux itiné-
raires les plus courts et les moins coûteux
entre l’Europe du nord et l’Espagne ; ainsi
que du foncier dédié aux plates-formes
logistiques.
DES DÉFIS À RELEVERMais derrière cette belle carte postale et
la bonne volonté des principaux acteurs
du secteur, la fi lière logistique et transport
« Mais derrière cette belle carte postale et la bonne volonté des principaux acteurs du secteur, la fi lière logistique et transport affi che aussi des faiblesses. »
Enquête réalisée par Isabelle Gazzola et Laurène de Vialar
MIDI-PYRÉNÉES
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La place du Capitole,à Toulouse.
Eurocentre, plate-forme logistique en Midi-Pyrénées.
Hangar Airbus, à Toulouse.
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ENQUÊTE
D’ici quelques années, il sera fonda-
mental pour répondre à la rapide satu-
ration des sites liés à Airbus sur Blagnac
et Colomiers notamment (nord-ouest
de Toulouse Métropole). L’axe Toulouse
Nord-Montauban me semble être l’axe
de développement privilégié, notamment
avec la nouvelle zone Grand Sud Logis-
tique. Au sud de Toulouse, le bassin éco-
nomique du Sicoval (communauté d’ag-
glomération), également très dynamique,
s’oriente plus sur la création d’entreprises
via son pôle Innopole. Enfin, depuis peu,
la mutualisation des moyens, de la vision
et des projets a donné naissance à Tou-
louse Métropole. » Cette nouvelle orga-
nisation devrait donc faciliter et accélérer
la mise en œuvre de projets plus concrets
aussi bien au niveau économique que
logistique au sens large. n
Pyrénées (Conseil économique, social et
environnemental régional) souligne d’ail-
leurs l’importance des défis de la région
à relever dans ce secteur afin de créer
de la richesse, des emplois, et d’amé-
liorer la qualité de son environnement.
Et propose cinq axes d’intervention : le
renforcement de la maîtrise régionale
du fret en soutenant le développement
des partenariats entre acteurs régionaux
(chargeurs, logisticiens et transporteurs) ;
l’optimisation du flux de transport de
marchandises par une aide au conseil
logistique et la promotion des solutions
modales pour un meilleur bilan social et
environnemental ; la valorisation de la
place logistique de la région par l’affirma-
tion du positionnement stratégique de la
plate-forme toulousaine en tant que port
sec et par la planification d’un réseau
sélectif de sites logistiques locaux ; la réa-
lisation des infrastructures nécessaires,
notamment ferroviaires et routières ; et
le développement de l’information sur le
transport de marchandises.
DES ACTIONS EN COURSConscients de l’importance de la logis-
tique et du transport dans la croissance
économique et l’implantation des char-
geurs en attente de solutions efficientes,
les acteurs du secteur sont prêts à
répondre aux mutations des modèles et
des pratiques actuelles. Pour Sébastien
Benne, spécialiste en conseil et forma-
tion dans les métiers de la supply chain,
les actions ont déjà commencé : « Depuis
plusieurs années, des démarches de col-
laboration sur des pôles de compétitivité
voient le jour de manière plus concrète
entre les régions Aquitaine et Midi-
Pyrénées, notamment sur les deux
secteurs locomotives que sont l’aéronau-
tique et les industries agri-agroalimen-
taires (Agrimip, Aria-Ardia…). La région
Sud-Ouest est en train de prendre tout
son sens. Comment cela va-t-il se traduire
d’un point de vue logistique ? Il semble-
rait aujourd’hui que l’axe Toulouse-Mon-
tauban poursuive son développement. © A
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TRANSVERSAL ENQUÊTE
[ LES PROJETS À VENIR ]
Ils se déclinent autour de trois offres proposées aux adhérents :
- réaliser des manifestations de qualité en les ouvrant sur les techniques ou méthodes les plus efficaces ou récentes, des occasions de partage et d’échange de bonnes pratiques ;
- développer l’efficacité de chacun et lui permettre d’aller plus vite dans la mise en œuvre de ses projets en lui offrant la capacité de trouver un adhérent qui pourra le conseiller. C’est pourquoi, l’amélioration du site web et de l’annuaire des adhérents sera l’un des axes majeur de cette année, avec le Who’s Who, véritable annuaire du club, qui reprendra pour chaque adhérent, son principal domaine de compétence et ses coordonnées ;
- participer à la nuit de l’orientation 2015, pour faire la promotion auprès des jeunes en recherche de projet, des métiers de la logistique et de la supply chain et de leurs enjeux.
Pour en savoir plus : www.clublogistique.fr
Le CLSO, pôle de rencontre et d’échange des acteurs de la logistique En osmose avec l’économie, la culture et les valeurs du Sud-Ouest, le CLSO entend bien promouvoir la fonction logistique et offrir information et formation à sa centaine d’adhérents.
tion d’une grande conférence sur ce
thème à la CCI de Toulouse en janvier
2015, qui réunira les adhérents des deux
entités, soit environ 300 personnes. »
Enfin, le CLSO organise chaque année
(et pour la neuvième fois) en partenariat
avec Promotrans et la CCI de Toulouse,
sa grande manifestation, La journée
de la logistique. Après les thèmes de la
mutualisation et du transport de demain,
la dixième Journée de la logistique se
tiendra à Entiore le 16 octobre 2014 et
apportera aux participants des éclairages
sur des outils et des méthodes simples
permettant aux entreprises de rester
agiles et efficientes, face à un monde
et des contraintes de plus en plus com-
plexes. Cet évènement, qui réunit chaque
année environ 150 personnes, proposera
des ateliers pratiques retransmis en salle
avant de conclure par une table ronde
qui rassemblera directeurs de supply
chain, consultants et intervenants du
monde de l’aérospatiale et de la santé. Le
but affiché par Brice Boituzat est surtout
« de montrer que les fonctions logistiques
et supply chain encore méconnues, si
elles sont bien maîtrisées par des profes-
sionnels, peuvent être source d’optimisa-
tions, de réactivité et donc d’avantages
concurrentiels pour les entreprises ». n
Le Club logistique du Sud-Ouest
(CLSO), association loi 1901, a
été créé en 1998 à l’initiative de
plusieurs responsables logistiques
régionaux désireux de partager
leur expérience et d’acquérir de
nouvelles connaissances dans leur
domaine. Séduit par le projet, le
groupe Promotrans a aussitôt pro-
posé d’accueillir l’association dans
ses locaux et de lui apporter son soutien.
En 2006, la CCI de Toulouse s’est égale-
ment associée au Club pour sensibiliser
les entreprises aux enjeux et techniques
de la logistique. Il compte à ce jour une
centaine d’adhérents venant d’entre-
prises de toutes tailles et de tous secteurs.
FAIRE COMMUNIQUER LES ACTEURS ENTRE EUXSes missions et ses objectifs sont mul-
tiples. Tout d’abord, développer la forma-
tion et l’information des adhérents dans
les domaines de la logistique, de la supply
chain et du lean manufacturing. Puis, pro-
mouvoir les fonctions logistiques auprès
des entreprises et des institutionnels en
tant que source d’optimisation, d’avan-
tage concurrentiel et donc de croissance.
Ensuite, le CLSO souhaite demeurer
un club régional en prise directe avec
l’économie locale et les trois pôles de
compétitivité que sont l’aérospatiale, la
santé-pharma et l’agroalimentaire, mais
aussi l’automotive (dont Continental,
fournisseur de nombreux constructeurs
automobiles). Enfin, le Club veut mettre
en avant son attachement à ses valeurs et
à sa culture : la convivialité, le respect et
l’esprit d’équipe.
S’OUVRIR AUX BONNES PRATIQUESPour répondre à ces attentes, le CLSO
organise une manifestation par mois,
en alternant visites d’entreprises et
conférences à Promotrans Sup de Log.
L’occasion pour les adhérents de s’ouvrir
aux bonnes pratiques des autres, aux
techniques et méthodes les plus effi-
caces ou récentes de secteurs variés, et
d’échanger. « Il nous semble important
de travailler sur la notion de networking,
de mutualiser et faire communiquer les
acteurs du secteur entre eux. En se ren-
contrant, les adhérents, évoluant dans
différents secteurs d’activités, peuvent
ainsi faire des parallèles sur leurs bonnes
pratiques : traçabilité, lean, respect des
délais », explique Brice Boituzat, pré-
sident du CLSO.
LA JOURNÉE DE LA LOGISTIQUE, GRANDE MANIFESTATION ANNUELLE« Par ailleurs, nous travaillons aussi sur
des manifestations organisées dans le
cadre des commissions santé-pharma,
aérospatiale et agroalimentaire : cette
année, nous nous associons au groupe-
ment des industries pharmaceutiques et
de santé du Sud-Ouest pour traiter la
thématique suivante : optimiser et sécu-
riser la logistique d’approvisionnement.
Deux réunions de préparation sont déjà
bouclées avec pour objectif l’organisa-
Brice Boituzat.
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ENQUÊTE
Eurocentre, cœur historique de la logistique en Midi-PyrénéesÀ 20 km au Nord de Toulouse, situé sur les communes de Castelnau d’Estrétefonds et Villeneuve-les-Bouloc, Eurocentre se positionne comme une plate-forme multimodale dont la vitalité lui a permis de devenir, en quelques années, le véritable pôle logistique d’un territoire.
trepôts locatifs à réaliser, et notamment :
20 000 m² pour la ZAL 1 (CPL-Port de
Barcelone), 30 000 m² pour la ZAL 2
(CPL), 20 000 m² d’entrepôt du groupe
3R et 22 500 m² d’entrepôt logistique
pour la société Gemfi. n
Le syndicat mixte Eurocentre, géré par
le Conseil régional de Midi-Pyrénées, le
Conseil général de Haute-Garonne et les
communes de Castelnau-d’Estrétefonds
et de Villeneuve-lès-Bouloc, a atteint ses
objectifs : la création d’un véritable pôle
économique où s’activent de grandes
entreprises nationales de transport et
logistique. Une situation adéquate,
des aménagements et des infrastruc-
tures efficientes, Eurocentre s’illustre
aujourd’hui comme une plate-forme
reconnue sur le secteur. Ainsi, cette
année, le syndicat mixte Eurocentre
termine la commercialisation de 200
hectares de terrains (à la fin de l’année
2013, 192 hectares ont été commer-
cialisés et les huit restants le seront en
2014), ainsi que son programme d’amé-
nagement et poursuit la mise en place
de services. Et si la commercialisation
des terrains s’achève, le programme de
construction immobilière reste encore
important avec plus de 90 000 m² d’en-
[ EN BREF ]
CHIFFRES CLÉS300 hectares dont 200 hectares commercialisables et 100 hectares d’espaces verts et infrastructures ;192 hectares vendus fin 2013 ;135 sociétés en activité de transport, logistique et services ;3 400 emplois.
DESSERTE DE LA ZONE• Autoroute A62, sortie n° 10.1, fréquentation au péage 14 000 véhicules/jour ; • Départementale D820 ;• Embranchement ferroviaire via un faisceau RFF à Castelnau d’Estrétefonds ;• Services de transport public : lignes de bus HOP 1 et HOP 2 (Métro Toulouse – Eurocentre) ; • Ligne TER – gare de Castelnau d’Estrétefonds.
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique40
TRANSVERSAL ENQUÊTE
Ouest de l’Europe et de l’Île-de-France, et
au-delà de l’Europe du Nord. Mais toutes
les infrastructures nécessaires à son déve-
loppement participent, elles aussi, au
succès qui fait qu’Eurocentre affiche un
potentiel d’activités et d’emplois remar-
quable. En plus du dimensionnement
adapté des réseaux eaux, incendie et
haut débit pour les nouvelles techno-
logies, les entreprises bénéficient d’un
environnement de qualité avec 60 ha
d’espaces verts paysagers. En matière
de développement durable, nous avons
également favorisé le développement
du ferroutage. Ainsi, 60 % des terrains
d’Eurocentre sont aujourd’hui embran-
chables et les voies ferrées existantes
seront prolongées dès lors que les clients
en exprimeront le besoin, comme c’est
le cas pour Blanc Transport Véhicules
qui reçoit des trains complets, ou pour le
port de Barcelone qui prévoit l’embran-
chement de son terrain et surtout la mise
en place d’un service ferroviaire de fret
entre Barcelone, Toulouse et Bordeaux
à l’horizon 2015 (à l’identique du Bar-
celone/Lyon, en service depuis plus d’un
an). Cela confortera alors le positionne-
ment d’Eurocentre comme « port sec ».
Quelles sont ses perspectives d’évolution ? Comment expliquez-vous son succès ? Grand Sud Logistique représente-t-il un bon « complément » d’Eurocentre ?Plus de 130 sociétés générant 3 500
emplois se sont installées sur Eurocentre,
attirées par la qualité des infrastructures,
mais aussi par les services (hôtellerie, res-
tauration, centre routier, lavage PL) et les
Comment est née la zone Eurocentre ? Quelle est sa vocation ?À la fin des années 1980, un constat s’est
imposé : l’agglomération toulousaine et la
région, en général, ne disposaient pas de
la plate-forme logistique dont elles avaient
besoin pour accompagner leur dévelop-
pement économique. Or, Toulouse a une
position géographique très intéressante
pour ce type d’activité : au débouché du
seuil du Lauragais, elle est au centre des
échanges entre l’Atlantique et la Médi-
terranée. Et la région est au carrefour
d’axes nord-sud et est-ouest, essentiels,
matérialisés aujourd’hui par l’A20, l’A61-
A62 et l’A64. La création d’une plate-
forme logistique s’imposait. Eurocentre
est née de ce constat et elle est le fruit
d’une véritable concertation entre les
collectivités, acteurs économiques et des
transports.
Quelle a été la genèse du projet ?En 1988, la région Midi-Pyrénées, le
Conseil général de la Haute-Garonne, la
Chambre régionale du commerce et de
l’industrie, l’Union régionale des trans-
ports routiers de Midi-Pyrénées et la
SNCF ont examiné les conditions de fai-
sabilité d’une plate-forme de traitement
et d’échanges de marchandises à voca-
tion européenne, située dans l’aire nord
de Toulouse. De cette consultation, est
née l’Association pour l’étude d’un Euro-
centre de marchandises Toulouse Midi-
Pyrénées, regroupant les collectivités
territoriales, les organismes consulaires
et les professionnels du transport, qui
a eu pour objet de lancer les études de
faisabilité, rechercher les financements
nécessaires à la réalisation de l’opération
et préparer la structure juridique de mon-
tage du projet. Ainsi s’est créé en 1991,
le syndicat mixte Eurocentre ; en 1992
le dossier de création de la Zac et le 29
septembre 1993, le dossier de réalisation
de la Zac Eurocentre, un syndicat que
président, alternativement, le président
du Conseil général de la Haute-Garonne,
Pierre Izard et celui de la Région.
Comment est-elle équipée ? Quels sont ses atouts ? Qu’apporte-t-elle au secteur logis-tique sur la Région ?Eurocentre est aujourd’hui un pôle éco-
nomique essentiel dans le dispositif local,
national et européen du transport de fret.
En combinant rail, route et autoroute,
cette plate-forme multimodale offre aux
entreprises, l’europôle de fret dont elles
avaient besoin en Midi-Pyrénées. Cette
zone de 300 ha est en effet équipée :
• d’un faisceau primaire entièrement
automatisé permettant de recevoir des
trains complets et de desservir la zone,
via un embranchement particulier.
L’embranchement ferroviaire est réalisé
à partir des grandes lignes principales
RFF : axe nord/sud (Paris/Toulouse) et axe
ouest /est (Bordeaux / Vintimille) ;
• d’un échangeur sur l’autoroute l’A62
au cœur de la zone ;
• d’accès routiers vers la D820 pour les
dessertes locales ;
• de voies de desserte et réseaux bien
dimensionnés pour des entrepôts de
grande capacité.
Les plus grandes entreprises ont bien
sûr choisi sa position stratégique au
confluent des échanges entre le Sud-
Entretien avec Martin Malvy,président du Conseil régional Midi-Pyrénées
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t.
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique 41
ENQUÊTE
ferroviaire, terrestre – et si l’on inclut celui
de voyageurs, le secteur « transports et
logistique » représente en Midi-Pyrénées
jusqu’à 50 000 emplois. C’est un secteur
qui crée de l’emploi dans notre région.
En 2012, 400 emplois nouveaux ont été
créés, selon l’étude annuelle de l’Obser-
vatoire prospectif des métiers et des
qualifications dans les transports et la
logistique (OPTL). Les principales implan-
tations en région relèvent de la logistique
aéronautique – Daher, Kuehne + Nagel
Aerospace Industrie, SDV… – mais on
trouve aussi tous les grands acteurs
de la logistique agroalimentaire et de
la grande distribution, grâce à la forte
croissance démographique de notre
région – Brake Sud-Ouest, Logidis (Car-
refour), Easydis (Casino), Aldi Marché,
Transgourmet, Davigel, Thiriet… Nous
avons aussi des prestataires de premier
rang bien implantés localement comme
Denjean Logistique, bien sûr, ou encore
les transports Barcos qui font partie des
dix premiers employeurs de l’Ariège
et des Hautes-Pyrénées. Au-delà, c’est
bien le e-commerce qui représente
aujourd’hui une opportunité pour notre
région et ses territoires : on compte
environ 50 grands acteurs du e-com-
merce en Midi-Pyrénées.
Quels sont ses atouts d’un point de vue logistique ?Sa position centrale au cœur du grand
Sud-Ouest et des infrastructures autorou-
tières de qualité, est un des atouts prin-
cipaux. L’A20, qui traverse Midi-Pyrénées
via Cahors et l’A75 qui la borde à l’Est
avec Millau et son viaduc, sont de fait
les itinéraires les plus courts et les moins
coûteux pour le trafic de marchandises
entre Europe du Nord et la péninsule
ibérique. Surtout, notre région est en
plein essor démographique avec 30 000
nouveaux arrivants chaque année. C’est
un argument de poids pour la logistique
de la grande distribution. Nous disposons
enfin d’une offre foncière et immobilière
qualitative, dédiée à la logistique avec
accès direct aux infrastructures routières
et ferroviaires. Au-delà d’Eurocentre ou
de Grand Sud Logistique, on peut citer
les zones d’intérêt régional de Cahors
sud, des Cadaux (Tarn) et de Gabriélat
(Ariège), notamment, qui proposent des
terrains viabilisés attractifs.
Ses faiblesses ?Midi-Pyrénées est éloignée des grandes
aires démographiques européennes et
de l’axe Paris/Lyon/Marseille, qui reste
prédominant. Nous sommes également
concurrencés dans les échanges Nord-
Sud par les couloirs littoraux, atlantique
et méditerranéen. Mais ce handicap
devient un atout, car leur saturation
conduit les transporteurs à regarder
l’offre alternative que représentent des
axes comme l’A20 ou l’A75 ! n
lignes de bus express mis en place par
le Conseil général de la Haute-Garonne
entre Toulouse et Eurocentre. Le succès
se traduit d’ailleurs par de nouvelles
demandes d’implantation, notamment
d’entreprises souhaitant s’étendre ou
s’affranchir des contraintes du trafic
urbain. Nos services étudient la faisabilité
d’une extension d’Eurocentre sur environ
60 ha, dans les trois ou quatre ans qui
viennent. Si la commercialisation des
200 ha de terrains s’achève en 2014, le
programme de construction immobilière
reste par contre encore important avec
plus de 90 000 m2 d’entrepôts locatifs à
réaliser. La plate-forme Grand Sud Logis-
tique, avec une superficie de 400 ha, est
donc, non seulement complémentaire
pour les entreprises désirant s’implanter
sur l’axe A20/A62, mais elle répond aussi
aux besoins logistiques de Midi-Pyrénées
qui ne se limitent pas à l’aire urbaine de
Toulouse. Dans le souci d’un aménage-
ment équilibré du territoire régional, la
Région porte également attention au
développement des différents bassins
d’emploi.
La région Midi-Pyrénées s’illustre-t-elle comme un bassin d’emploi logistique ?Au sens strict – transports de marchan-
dises et services logistiques –, le secteur
pèse 21 000 emplois pour 2 300 entre-
prises en Midi-Pyrénées. Si l’on tient
compte de tous les transports – aérien,
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique42
TRANSVERSAL ENQUÊTE
Grand Sud Logistique, implantation d’avenirÀ trente minutes de la métropôle toulousaine, au péage de l’A20 et de l’A62, se tient depuis près de cinq ans la zone multimodale Grand Sud Logistique. Sorte de prolongement naturel de la zone Eurocentre, Grand Sud Logistique affiche une vocation logistique assumée et une volonté de développement constant.
un argument intéressant pour les inves-
tisseurs, la recherche de grands terrains
dédiés à la logistique étant aujourd’hui
compliquée en Midi-Pyrénées. « Nos par-
celles vont de 2 000 m² à 60 hectares.
Nous avons également une desserte
ferrée et sommes en train de mettre en
place un opérateur ferroviaire en charge
du transfert modal. Ce service comprend
le chargement et déchargement des
camions, sur les 50 kilomètres autour
de la zone », intervient Mathieu Lafage,
chargé de mission au sein du Syndicat
mixte Grand Sud Logistique. Autre point
d’importance sur le territoire : le bassin
d’emploi. Localement, ce dernier permet
de répondre aux attentes des entreprises
en matière de qualification et de dispo-
niblité. La fidélisation sur les sites déjà
existants s’avère plutôt importante et
le taux de compétences est assez bon.
C’est en 2006, à la suite de divers contacts
ou implantations logistiques sur le dépar-
tement du Tarn-et-Garonne (Toupargel,
Transport Olano, Firestone, Conforama,
les Transports Breger, Thiriet…) et en
réponse à la fin de commercialisation
d’Eurocentre, que le Conseil général a
décidé de mobiliser des moyens autour
d’une zone dédiée à la filière logistique
et d’aménager une plate-forme multi-
modale. L’idée de créer Grand Sud
Logistique était née. Rapidement, un
calendrier cadencé s’est enclenché. Entre
2006 et 2008, le choix de l’implantation
et l’analyse de faisabilité ont été étudiés.
Le site a été retenu fin 2008. Entre 2009
et 2010, la collectivité a travaillé sur le
dossier de création et de réalisation de
Zac, effectué une enquête publique…
pour que fin 2010, le lancement des tra-
vaux de la première tranche soit initié et
que la société Intermarché s’implante sur
place. Cette année, Stef va démarrer sa
prestation pour Intermarché. Le bâtiment
de l’enseigne de grande distribution est
réalisé en deux tranches. Sur la première,
le prestataire Denjean Logistique est déjà
présent. Sur la seconde, le logisticien du
froid démarrera son activité en juin.
LE DÉBUT D’UNE NOUVELLE AVENTURE LOGISTIQUEAvec 450 hectares dédiés à la logistique
et des atouts non négligeables, Grand
Sud Logistique affiche, en premier lieu,
une proximité avec l’agglomération tou-
lousaine et un positionnement straté-
gique, au carrefour de l’A20 (Toulouse-
Paris) et de l’A62 (Toulouse-Bordeaux).
Cette situation géographique lui permet
ainsi de rayonner facilement dans tout
le Sud-Ouest de la France et représente
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique 43
ENQUÊTE
cap et maintenir une vocation logistique
sur la zone ». Mais avec un souci : « Grand
Sud Logistique est un outil moteur qui va
nous permettre d’accueillir de gros pro-
jets mais nous devons aussi réfléchir à
protéger nos entreprises en milieu rural
pour qu’elles bénéficient également de
ces infrastructures. Nous évoquons donc
la constitution de ramasses mutualisées
et réalisons plus généralement un travail
de mutualisation afin qu’elles puissent
répondre de façon compétitive à leurs
clients », argumente-t-il. Et si aider les
PME du territoire s’affiche comme un but
clairement énoncé, travailler en adéqua-
tion avec la zone logistique historique
de la région l’est tout autant. En étroite
collaboration avec son homologue d’Eu-
rocentre, Mathieu Lafage insiste sur la
nécessité de ne pas opposer Grand Sud
Logistique et celui-ci : « Lorsqu’une entre-
prise recherche un bâtiment en location,
j’appelle mon homologue d’Eurocentre.
Inversemment, lorsqu’ils ont des clients
sur du foncier, ils nous contactent.
Aujourd’hui, Eurocentre est bien iden-
tifié par les acteurs de la logistique mais
n’a plus de grosses parcelles disponibles.
Nous bénéficions de leur image. Il s’agit
d’une zone qui fonctionne bien, de gros
acteurs y sont et cela est bénéfique pour
toute la région Midi-Pyrénées », termine-
t-il, avant de conclure : « Nous sommes
un peu en retard sur la structuration
logistique de la région, mais aujourd’hui
notre travail sur la zone est porteur. Le
besoin émerge et les réponses se mettent
en place ». n
Le cas échéant, la collectivité mobilise
les acteurs de la formation du territoire
pour répondre au mieux aux attentes
des entreprises. Ainsi, Grand Sud Logis-
tique prépare actuellement avec Stef, le
recrutement de 200 personnes d’ici fin
2014. « Denjean Logistique et Stef nous
ont fourni leurs profils de postes et nous
coordonnons ensuite l’ensemble des
services et identifions localement les per-
sonnes compétentes. Le but étant que
l’entreprise ait une première sélection de
candidats. Au-delà du terrain, nous nous
chargons donc de tout l’aspect humain
afin d’accompagner au mieux les entre-
prises », détaille Mathieu Lafage.
DES PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION CONTINUESToujours en phase de démarrage, la pre-
mière implantation sur site ayant eu lieu
en 2011, Grand Sud Logistique affiche
une ambition mesurée mais volontaire.
Si 41 hectares ont été achetés par Inter-
marché où a été construit un bâtiment
de 89 000 m², prochainement, un dos-
sier ICPE devrait être délivré pour un
bâtiment de 32 000 m² porté par le
promoteur PRD. Sur une autre parcelle,
15 hectares de foncier, une promesse
avec le groupe 3R, investisseur en immo-
bilier d’entreprise toulousain a égale-
ment été signée. « Nous allons chercher
des investisseurs et des clients, nous
n’attendons pas qu’ils arrivent. Nous
sommes dans une démarche proactive
pour faire connaître la zone et son poten-
tiel. Nous avons rencontré tous les princi-
paux investisseurs/promoteurs et acteurs/
entreprises de la filière logistique pour
leur présenter le produit. Depuis cinq
ans, ce travail est constant. Nous visons
surtout une logistique régionale ou
interrégionale et sommes vraiment sur
des entreprises qui visent une logistique
quart sud-ouest de la France. Nous ne
faisons pas de logistique internationale »,
développe Mathieu Lafage. Au-delà de la
simple implantation il a, par ailleurs, été
décidé de proposer aux entreprises, des
activités diverses au sein de la zone : un
pôle de services à la fois pour les salariés
(crèches d’entreprises, restauration…),
pour les entreprises (banques, poste,
recrutement, centre de formation dédié
aux métiers de la logistique) et un village
poids lourds répondant aux besoins des
chauffeurs routiers (télé, bornes wifi…)
sont en phase d’élaboration. Côté envi-
ronnement, la zone n’est pas HQE, mais
une charte architecturale, paysagère
et environnementale propre au lieu,
adaptée au territoire et aux attentes
des populations a été créée. Un comité
consultatif mis en place en 2007 afin de
présenter le projet continue régulière-
ment de se réunir.
S’INTÉGRER DANS UN PAYSAGE AUX MULTIPLES FACETTESAccueillir de nouvelles entreprises en
créant un pôle logistique dynamique et
bien intégré au sein du département, tel
était l’objectif de départ de Grand Sud
Logistique. Aujourd’hui, Mathieu Lafage
l’assure : « Nous souhaitons garder notre
[ EN BREF ]
DÉCOUPAGE DE LA ZONE • Superficie de la zone totale : 450 hectares ;• 300 hectares commercialisables à terme ; • 150 hectares dédiés à l’équipement et à la voirie, à la mise en place d’une desserte ferrée et d’une
station d‘épuration dont 80 hectares consacrés aux espaces verts publics ;• Sur les 300 hectares commercialisables, une première tranche de 100 hectares a été aménagée – 41 hectares
ont été achetés par Intermarché, dont un bâtiment de 89 000 m².
À VENIR• Délivrance d’un dossier ICPE pour un bâtiment de 32 000 m² porté par le promoteur PRD ;• Promesse avec le groupe 3R, investisseur en immobilier d’entreprise toulousain sur une autre parcelle
de 15 hectares de foncier.
« Accueillir de nouvelles entreprises en créant un pôle logistique dynamique et bien intégré au sein du département, tel était l’objectif de départ de Grand Sud Logistique. »
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique44
TRANSVERSAL ENQUÊTE
avec un tableau de bord permettant de
visualiser les résultats et les défaillances.
Gestion des flux, du service client, effi-
cience logistique, plusieurs thématiques
ont permis de poser un diagnostic sur
l’atelier.
Qu’a-t-il été préconisé à l’issue de ce dia-gnostic ?Une proposition de plan d’actions prio-
ritaires sur cinq points nous
a été soumise. Premier élé-
ment, la définition et l’affi-
chage d’indicateurs par sec-
teur : les employés n’étaient
pas informés de leur propre
succès, défauts ou vitesse.
Ensuite, il s’agissait de redéfinir le pro-
cessus d’approvisionnement avec les
lieux de stockage, les systèmes d’infor-
mation, la gestion des stocks. Exemples ?
La création d’une base d’information
afin de comparer les tarifs lors des achats
entre différents fournisseurs et grossistes,
la mise à disposition plus importante des
postes informatiques, une meilleure uti-
lisation du système d’information… Le
troisième point concernait la réorganisa-
tion globale des îlots d’intervention par
la mise en place du 5S. Venaient ensuite
le Value Stream Maping et la planifica-
tion des interventions et enfin la gestion
du personnel (tenue de travail non iden-
tique, cellule de formation insuffisam-
ment présente…).
Aujourd’hui, quels sont les résultats concrets obtenus ?À travers les préconisations formulées,
notre objectif est d’intégrer les résultats
dans un plan de redéploiement d’actions
Pouvez-vous nous expliquer la genèse du projet ?En mai 2013, des étudiants du Cnam
ont proposé d’établir une collaboration
avec Toulouse Métropole sur la mise en
œuvre d’une étude supply chain interne.
Dès le mois de juillet, trois sites pouvant
faire l’objet de cette expérience ont été
repérés : les cuisines centrales de la ville
de Toulouse, un atelier mécanique et le
centre de tri des déchets recy-
clables. L’étude a été menée
par trois étudiants du Cnam
(en activité professionnelle par
ailleurs) : Gautier Aubourg,
Justin Ricard et Jonathan
Grizaud. Elle a été restituée
sous sa forme finale le 6 février dernier.
À la suite de cela, nous avons proposé
et décidé de signer une convention de
collaboration de trois ans avec le Cnam.
Sur l’atelier de mécanisation par exemple, quelle a été la problématique de départ ?Cet atelier de 56 salariés réalise 10 320
interventions annuelles de réparation
mécanique sur une flotte de 1 800
engins. La question posée concernait la
répartition entre ses spécialités (station,
chaudronnerie et soudure, pneumatique
et automatisme, électricité générale,
magasin de pièces détachées…) et son
organisation spatiale. Cette dernière
manquait de cohérence : des zones de
danger ont été identifiées, le flux n’était
pas continu, la spatialisation à l’inté-
rieur de l’atelier n’était pas clairement
délimitée, des stockages intempestifs
de pièces usagées ont été notés et le
management visuel était totalement
défaillant. En définitive, la logistique
était mal organisée, fragmentée et la
partie collaborative entre les ateliers mal
gérée. L’étudiant en charge du projet a
travaillé sur une grille de 40 points, la
meilleure note étant 4. Nous sommes
arrivés à une moyenne générale de 1,3
« Nous méconnaissions l’aspect globalisant de l’approche supply chain. »Toulouse Métropole, collectivité et plate-forme des plus abouties en matière d’intercommunalité regroupant 12 000 salariés et 245 métiers, a mis en placeune collaboration avec le Cnam sur les questions de supply chain. Retour d’expérience avec Olivier Delcour, directeur général adjoint organisation et management au sein des collectivités Toulouse Ville et Toulouse Métropole.
« À travers les préconisations formulées, notre objectif est d’intégrer les résultats dans un plan de redéploiement d’actions internes.
Le changement doit être apprivoisé. »
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique46
TRANSVERSAL ENQUÊTE
[ FORMATION EN ALTERNANCE ]
La formation se déroule en alternance sur 24 mois à raison, chaque mois, de trois semaines en entreprise et une semaine en formation. Chaque promotion est composée d’environ 20 candidats dont l’objectif est de faire progresser la maturité organisationnelle et la compétitivité des entreprises dans lesquelles ils sont positionnés Les prérequis des candidats sont d’avoir une formation initiale de niveau bac+3 en Logistique et/ou supply chain ou un niveau bac+2 avec expérience. Les entreprises d’accueil, quant à elles, sont multisecteurs (aéronau-tique, agro alimentaire, prestations de service logistique…). « Cette formation donne à l’entreprise la capacité à confier des projets d’envergure aux alternants en poste. Et, bien entendu la situation idéale est qu’ils soient embau-chés dans l’entreprise directement après », précise Sébastien Benne animateur de cette formation et spécialiste en conseil et formation dans les métiers de la supply chain et du management des hommes et des projets. Quant aux tendances actuelles, il note une demande de plus en plus importante sur le supply management qui s’articule autour « d’un candidat en cursus logistique ou supply chain qui souhaite poursuivre vers un niveau supérieur Bac+5 ou d’un salarié de 30 - 40 ans voire plus, en poste sur des fonctions de supply chain management mais n’ayant pas obtenu cette compétence par la formation diplômante. Ces candidats souhaitent acquérir d’autres outils, se perfectionner sur le pilotage des flux, le lean management… »À noter que cette formation peut également se préparer en temps plein avec six mois de cours suivie d’un stage en entreprise de trois ou six mois.
LA FORMATION DE MANAGER SUPPLY CHAIN EN ALTERNANCE (BAC + 5) DU CNAM TOULOUSE
la prévention des TMS et d’un certain
nombre de pathologies liées à des tâches
difficiles. La supply chain peut toucher
toutes sortes d’autres champs d’actions
de la RH, des services d’organisation
interne ou même dans les domaines de la
production. Enfin, la pratique de la supply
chain pourrait aussi certainement nous
apporter beaucoup sur les logiques de
services (à l’habitant, aux entreprises…)
mises en œuvre par la collectivité. n
internes. Le changement doit être appri-
voisé. Voilà pourquoi, en fonction d’un
échéancier, nous pourrions établir un
plan sur un à deux ans. Certains déploie-
ments, en particulier le programme de
formation sur la mobilisation des outils
informatiques disponibles, demandent
un peu de temps. Il s’agit de réordonner
les moyens alloués. Nous avons le budget
et le temps nécessaires à la bonne réalisa-
tion du projet.
Ce travail a-t-il été la source d’une prise de conscience de la part de la collectivité sur les possibilités d’optimisation qu’offre la supply chain ?Oui, l’appel à compétences trans-
verses permet de sortir d’une logique
uniquement métier. Nous fonction-
nons très souvent sur des projets, par
métier ou site. Ce travail nous a donc
apporté une vision nouvelle, nous a
permis d’engager une réflexion sur une
démarche d’efficience, d’implacabilité
de l’organisation et de gains possibles.
Nous méconnaissions l’aspect globali-
sant de la supply chain. Il s’agit d’un
véritable apport.
« L’appel à compétences transverses permet de sortir d’une logique uniquement métier. »
Finalement, cela vous encourage-t-il à mener d’autres projets similaires ?Assurément, cela va avoir des consé-
quences importantes par exemple sur
l’ergonomie des postes ou bien encore
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique 47
ENQUÊTE
Marseille-Fos et nous pouvons com-
pléter notre offre avec les aéroports de
Toulouse et Bordeaux. » Totalement
incluse dans la stratégie du groupe,
l’activité aéronautique, très présente
dans cette région, devrait permettre au
prestataire de « transposer son savoir-
faire automobile à ce secteur où les flux
physiques et d’information entre tous les
acteurs peuvent encore être optimisés et
rationalisés », conclut Xavier Daguet. n
Avec plus de 115 000 m² d’entrepôts
exploités et la majorité de son activité
réalisée dans cette région, Denjean
Logistique est l’un des principaux logisti-
ciens du Sud-Ouest. Même si ce dernier
continue à élargir son périmètre, il aime à
se définir « comme le régional de l’étape
et le référent local ». Ce fort ancrage
et cette proximité historique sont une
force et un avantage par rapport à l’ar-
rivée de nouveaux prestataires, comme
le souligne Claude Soumet, le directeur
général de l’entreprise : « Beaucoup de
groupes, quand ils ont fini de s’implanter
en région parisienne, ont la tentation de
se rapprocher de bassins de consomma-
tion en croissance comme le nôtre. Nous
pouvons y noter un phénomène de rat-
trapage et de nombreux projets d’avenir.
Or, notre région étant moins consomma-
trice de logistique que les grands bassins
traditionnels comme l’Île-de-France, la
Après plus de 13 ans de collaboration,
Intermarché réitère ainsi sa confiance
à Denjean Logistique jusqu’en 2017.
Sur les 45 000 m² d’entrepôts à tem-
pérature ambiante d’Intermarché situé
à Montbartier (Montauban – 82), Den-
jean Logistique assure la logistique des
produits d’épicerie et des marchandises
générales pour les 540 magasins Inter-
marché et Netto du grand Sud-Ouest.
La performance démontrée par le pres-
tataire logistique pour gérer les chan-
connaissance des acteurs et du réseau sur
place est primordiale et fait la différence ».
POSITIONNEMENT PRIVILÉGIÉ DE LA RÉGION Présent depuis 20 ans dans le sud-ouest,
Gefco est implanté dans les départe-
ments les plus denses en activités éco-
nomiques au travers de six agences
ou de correspondants. Ce positionne-
ment est une porte d’échange idéale
avec la péninsule ibérique et le Maroc.
« D’ailleurs, Saint-Jean-de-Luz et Perpi-
gnan commercialisent nos services sur
le Pays Basque espagnol et la région de
Gérone en Catalogne, explique Xavier
Daguet, directeur de la région Sud-Ouest
chez Gefco. De plus, le réseau autorou-
tier et routier dessert particulièrement
bien les principales villes de la région.
Nous bénéficions d’un accès rapide aux
ports de Bordeaux, Bilbao, Barcelone,
gements de gammes et les très fortes
variations d’activité inhérentes aux dos-
siers traités ont rassuré Samuel Bidolet,
directeur des opérations chez ITM Logis-
Le Sud-Ouest, terre de logisticiens
Denjean Logistique et Intermarché renforcent leur collaboration en Midi-Pyrénées
Le Midi-Pyrénées n’est pas classé parmi les plus grandes régions logistiques françaises mais occupe une position centrale dans la zone Sud-Ouest. Son dynamisme porté par plusieurs secteurs d’activité et un fort essor démographique en font une destination attractive. Deux prestataires logistiques expliquent ces choix.
tique Alimentaire International : « C’est
la confiance et les valeurs que nous par-
tageons qui font la pérennité de notre
collaboration ». n
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique48
TRANSVERSAL ENQUÊTE
En parallèle à la logistique, le transport et ses entreprises connaissent des particularités et des difficultés spécifiques à la région Sud-Ouest. Jean-François Brou, président de l’observatoire régional des transports et directeur général de RSO (routiers du Sud-Ouest) livre son analyse.
Méditerranée (Barcelone, Perpignan-
Montpellier, Nîmes, Lyon). Sur ce sujet,
des investissements très importants sont
en cours dont un majeur déjà achevé : le
tunnel du Perthus qui est extrêmement
performant et doté d’une ligne mixte
(TGV/train de marchandises) mais évitant
Toulouse. Le trafic passe donc davan-
tage par Lyon et la vallée du Rhône. La
région Midi-Pyrénées n’a pas non plus
les retombées qu’elle devrait avoir par
sa proximité avec la Catalogne. Nous
travaillons beaucoup sur le passage
entre Midi-Pyrénées et Barcelone par le
tunnel du Puymorens, pour construire
les 50 km de quatre voies manquants.
Barcelone serait alors à 300 km de
Toulouse, et l’impact sur notre dévelop-
pement économique serait important
puisqu’un camion pourrait faire l’aller/
retour dans la journée. Aujourd’hui, en
passant par Perpignan, il faut compter
plus de 4h30 de conduite dans un sens
puis dans l’autre avec 11h de pause ! n
Pouvez-vous nous dresser un état des lieux du secteur du transport sur la région ?Nous comptons peu de très grosses
entreprises. Trois ou quatre ont des
flottes entre 150 et 300 camions. Autre-
ment, il s’agit plutôt de PME ayant entre
20 et 70 camions. Par rapport à d’autres
régions françaises, nous sommes donc
sur des tailles d’entreprises de transport
beaucoup plus petites. Cela s’explique
par le fait que le Sud-Ouest n’est pas
un point de chargement privilégié car
peu générateur de fret. Par ailleurs, nos
entreprises de transport ne sont pas en
bonne santé, mais il s’agit là d’un pro-
blème général en France, même si la
situation en Midi-Pyrénées est sans doute
pire. Pourquoi ? Nous subissons davan-
tage la concurrence des low cost étran-
gers et du cabotage. Région de livraison
avec beaucoup de consommateurs, nous
nous retrouvons avec des camions polo-
nais, lituaniens, etc., qui viennent appro-
visionner notre région et qui repartent à
n’importe quel prix.
Quels types de flux sont réalisés sur le ter-ritoire ?Les PME du transport ayant entre 10 et
30 camions travaillent avec les clients
de proximité et sont souvent mieux
payés pour revenir que pour partir,
ce qui est complètement atypique
en France. Un autre phénomène est
à prendre en compte : nous n’avons
pas de ports et aucun débouché sur la
mer. Or aujourd’hui, les échanges sont
très importants avec l’overseas et les
ports français jouent un rôle majeur
sur l’irrigation des régions à proximité.
En fait, les ports principaux du Midi-
Pyrénées sont ceux d’Amsterdam et de
Rotterdam. Nous travaillons davantage
avec ces derniers, ce qui accentue le
déséquilibre des flux Nord. Parallèlement,
nous souhaitons le développement des
ports de Marseille, Gênes ou Barcelone.
Quelles sont vos actions prioritaires afin de développer et d’améliorer la situation du secteur dans la région ?Nous sommes tous très perturbés par la
baisse de l’activité économique et par
l’invasion des camions en provenance
de l’Est de l’Europe. Aujourd’hui, cela
fausse les cartes. Nous essayons de réé-
quilibrer les flux entre le Nord et le Sud
mais c’est un travail qui doit se faire à
plus grande échelle. Ce n’est pas une
région comme la nôtre qui va pouvoir
influer sur les flux maritimes mondiaux.
Un autre phénomène est également à
prendre en compte : les corridors ferro-
viaires sont très à la mode en ce moment
en Espagne mais ne passent pas encore
par Midi-Pyrénées puisqu’ils longent la
« Nous subissons davantage la concurrence des low cost étrangers et du cabotage. »
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique50
TRANSVERSAL ENQUÊTE
Le 8 janvier dernier, Airbus et Kuehne + Nagel annonçaient le renouvellement de leur contrat logistique
jusqu’en 2016. Les deux entreprises collaborent ensemble depuis 2003. Dans le cadre de ce nou-
veau contrat, Kuehne + Nagel sera chargé d’accompagner la montée en production des nouveaux pro-
grammes en relation avec les familles A350XWB et A320Neo. Parallèlement, le prestataire continuera
à gérer l’intégralité de la logistique de production d’Airbus en Allemagne, Espagne, France, Grande-
Bretagne et en Chine, pour l’ensemble des programmes du constructeur aéronautique. De la récep-
tion des pièces, en passant par les contrôles qualité, l’entreposage et la préparation des commandes,
Kuehne + Nagel se charge également de la manutention de sections d’aéronefs, du kitting, du support
après-vente ainsi que de l’enveloppage des ailes pour l’A380. Enfin, le prestataire aura notamment
pour mission l’exploitation d’un nouveau hub logistique à Toulouse. n
Chiffres 2013 : • 61 001 tonnes de fret et Poste, dont
2 918 tonnes pour la Poste et 58 083
tonnes de fret. Sur les 58 083 tonnes
de fret, on compte :
• 16 231 tonnes de fret express ;
• 1 530 tonnes de fret général cargo,
vols mixtes ;
• 40 189 tonnes de fret sur vols
charters ;
• 126 tonnes de fret sur vols militaires ;
• 7 tonnes autres (non commerciaux).
« Nous avions cédé notre première place
d’aéroport régional de fret en 2011,
Marseille étant repassé devant. Cela fait
deux ans que nous avons repris notre
place de première plate-forme en fret
régional aérien. La majeure partie de
notre fret est essentiellement liée au fret
sur vol charter en rapport avec l’activité
aéronautique et aérospatiale. Sur les
61 000 tonnes de fret et Poste en 2013,
39 000 tonnes sont dues à l’activité des
Belugas. Lorsqu’Airbus et l’aéronautique
accélèrent leur cadence logistique, notre
chiffre global en matière de fret progresse
également. Et pour cause, le fret charter
est extrêmement lié aux implantations
d’Airbus », commente Akram Troussieux,
responsable des études marketing et du
développement du réseau passagers et
fret de l’aéroport Toulouse-Blagnac. n
Essentiellement facilitateur et gestion-
naire de plate-forme, l’aéroport loue des
installations dédiées au fret à des pres-
tataires, transitaires, expressistes ou assis-
tants spécifiques pour le fret.
Le « global fret et Poste » comprend plusieurs catégories : • fret express (DHL, TNT, UPS,
Chronopost…) ;
• fret général cargo (marchandises
mises en soute des avions passagers) ;
• fret sur vol charter (affrètement
spécifique) ;
• fret sur vol militaire ;
• autres (non commerciaux).
Missions : • développer l’offre aérienne en matière
de fret au départ de la plate-forme ;
• promouvoir l’activité fret aérien par la
mise en relation des chargeurs
avec les agents de fret ;
• assurer la coordination entre
les différents professionnels
de la plate-forme pour mener
à bien toutes les opérations fret ;
• mener une politique qualité
et sécurité.
L’aérogare générale cargo comprend : • 20 400 m² de superficie d’entrepôts
et de bureaux à l’usage des agents
de fret, comprenant un accès direct
en zone réservée ;
• des services douaniers et vétérinaires ;
• 8 000 m² dédiés au traitement du fret
traditionnel (avec une capacité
de gestion de 50 000 tonnes brut) ;
• 2 400 m² de bureaux sont
à la disposition des transitaires
et des services de l’État.
Airbus et Kuehne + Nagel, une collaboration qui dure
Aéroport de Toulouse Blagnac, premier aéroport régional de fret
© A
irbus
S.A
.S. 2
013
– S.
Ram
adie
r.
© Airbus S.A.S. 2014 – master films/A. Tchaikovski.
N°115 - Mai 2014le journal de la logistique 51
ENQUÊTE
de-France. De nombreux jeunes viennent
y tenter leur chance mais pour autant le
secteur du transport et de la logistique
souffre encore d’un déficit d’image et
d’une méconnaissance des métiers et
attire donc peu de candidats. De plus,
avec une pyramide des âges vieillissante
(la part des plus de 50 ans a doublé en
10 ans), le remplacement des actifs
devient problématique. Selon une
enquête annuelle du Pôle emploi, les
ouvriers non qualifiés de l’emballage
et les manutentionnaires sont les plus
recherchés. Alors que les métiers de
conducteurs routiers, d’ingénieurs et
cadres logistiques, planning, ordonnan-
cement et de responsables de magasi-
nage, tri et manutention sont les plus
difficiles à recruter. n
Le transport et la logistique en Midi-
Pyrénées ont embauché 400 personnes
en 2012. Ces chiffres, révélés par l’étude
annuelle de l’Observatoire prospectif des
métiers et des qualifications dans les
transports et la logistique (OPTL), rap-
pellent que malgré un repli entre 2007
et 2009, le secteur a gagné quelques
2 000 postes au cours des huit dernières
années.
UNE TENDANCE 2014 POSITIVEAvec près de 20 000 emplois(1) (pour
2 300 entreprises), la filiale transport de
marchandises et services logistiques est
soutenue par une dynamique de déve-
loppement de ses activités comme l’ex-
plique Martin Malvy, président du Conseil
régional Midi-Pyrénées : « Les principales
implantations relèvent de la logistique
aéronautique (Daher, Kuehne + Nagel
Aerospace Industrie, SDV…). Mais nous
avons aussi tous les grands acteurs de
la logistique agroalimentaire et de la
grande distribution (Brake Sud-ouest,
Logidis (Carrefour), Easydis (Casino),
Aldi Marché, Transgourmet, Davigel,
Thiriet…) ainsi que des prestataires de
premier rang bien implantés locale-
ment comme Denjean Logistique ou les
transports Barcos. Au-delà, c’est bien le
e-commerce qui représente aujourd’hui
une opportunité pour notre région et
ses territoires avec 50 grands acteurs
implantés en Midi-Pyrénées ». Une
analyse complétée par Vincent Massé,
manager executif division ingénieurs et
techniciens, achats et logistique et sys-
tèmes d’information chez Michael Page
pour qui, si tous les secteurs cités sont
générateurs d’emplois, l’aéronautique
reste bien le principal recruteur de la
région : « Le bassin d’emploi est tiré par
l’aéronautique qui se porte très bien en
ce moment. La tendance 2014 devrait
encore être positive. Les commandes et
les cadences au sein d’Airbus ne cessent
d’augmenter. Enfin, la sous-traitance qui
existe autour de ces activités bénéficie
de cette dynamique. Du coup, même
si d’autres secteurs comme l’agroali-
mentaire ou la pharma sont porteurs, ils
passent plus inaperçus ».
DÉFICIT D’IMAGE ET PÉNURIE DE CANDIDATSCette spécificité du tissu économique
régional génère un flux migratoire tou-
jours plus important. Avec 32 000 nou-
veaux habitants chaque année, Midi-
Pyrénées reste la région française la plus
attractive pour les 18/24 ans devant l’Île-
Logistique et transport, des secteurs qui recrutentDans cette période chahutée, la région Midi-Pyrénées connait un dynamisme économique et démographique plutôt favorable. Les transports et la logistique bénéficient de cette situation, avec à la clef des recrutements dans ces secteurs.
(1)
Si l’on tient compte de tous les transports (aérien, ferroviaire,
terrestre et de voyageurs), le secteur compte alors plus
de 50 000 emplois. Répartition des établissements et des effectifs salariés au 3e trimestre 2013 par département et par segment