DOSSIER
POLYCHROMIESauerbruch Hutton Rôtillon : l’intégration par la couleur
NOUVELLE RUBRIQUE
LE FUNAMBULE
139e année / 12 juin 2013 Bulletin technique de la Suisse romande 1 1
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30 LE FUNAMBULE
32 ACTUALITÉS
36 PAGES SIA
40 CONCOURS
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44 NOUVEAUX PRODUITS
46 DERNIÈRE IMAGE
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6 L’USAGE STRUCTURANT DE LA COULEUR
12 L’INTÉGRATION PAR LA COULEUR
18 SYMPHONIE SAINT-GEORGES op.16
26 GLOSSAIRE INACHEVÉ POUR UN MANIFESTE À VENIR SUR LA COULEUR EN ARCHITECTURE
TEC21 n° 25/2013 - 14. 6. 13 | Saaneviadukt erweitertNoch ist der Viadukt einspurig | Mit Weitwinkeleffekt | «Ein Glücksfall» | Die Preisträger | Weitere Projekten° 24/2013 - 7. 6. 13 | Denkmal Curtain WallLe Lignon – Monument der späten Moderne | Spielraum dank Denkmalschutz
ARCHI n° 3 – juin 2013 | Abitare a GinevraTesti di Della Casa, Marchand + Kobel, RoscettiProgetti di Bassi Carella, Dévanthéry & Lamunière, Gigon e Guyer, MPH Architectes, 2dlc & Oleg Calame
La composition polychrome du Saint-Georges Center (Photo Jan Bitter)
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TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013 5
Le 27 mai, l’Ouest lausannois fut le théâtre d’une étrange concomitance. Simultanément, à des endroits différents, deux architectes de renom ont tenu, sans le savoir, des propos complémentaires. Au Learning Center, dans un amphithéâtre rempli, Peter Cook, membre fondateur d’Archigram, donnait une conférence extraor-dinaire sur sa pratique architecturale et sa vision de la ville.
A 3.4 km de là, à l’ECAL, dans une salle tout aussi pleine, Bernard Tschumi partici-pait à une table ronde sur les nouveaux musées et le mécénat. On pouvait y entendre des élus renouveler leur vœux d’allégeance au projet de pôle muséal, des mécènes clamer avec insolence leur droit de faire ce que bon leur semble de leur argent et des directeurs de musées détailler des montages financiers complexes. Seul bémol dans ce concert de bonnes volontés, l’avertissement de Bernard Tschumi, à savoir qu’il faudra plus que des intentions honorables pour faire un bon musée.
Lausanne a un projet architectural qui vaut ce qu’il vaut, une collection enviable mais très incomplète, un site remarquable, des mécènes enthousiastes et, pour termi-ner, des directeurs prêts à sacrifier leurs très belles institutions (MUDAC, Musée de l’Elysée) pour créer un pôle digne de ce nom. Normalement, ça devrait marcher�: tous les ingrédients semblent réunis.
Eh bien, selon Bernard Tschumi, cela risque de ne pas suffire, tout simplement parce qu’il manque l’étincelle, le souffle qui va permettre de dépasser ce qui est déjà acquis pour construire quelque chose de radicalement nouveau. Le MCBA risque de pécher par manque d’ambition.
Au final, les réserves de Bernard Tschumi ne concernent pas la sobriété architec-turale du projet, mais l’absence de vision quant au rôle du pôle muséal. Le MCBA est tout au plus décrit comme un écrin qui va attirer des collectionneurs en les amenant à léguer leurs œuvres. Une politique d’acquisition digne d’un coup de poker. L’envie d’éternité de quelques collectionneurs fortunés serait-elle une fin en soi�? Une col-lection n’a de sens que quand elle fait partie d’un projet culturel englobant. Faire de Lausanne le pôle mondial de Vallotton ne suffira pas.
Pendant ce temps, Peter Cook exposait la réponse au scepticisme justifié de Bernard Tschumi. Instant City, le projet mythique d’une infiltration créative d’une ville, incarne tout ce que le MCBA peine à cristalliser�: les forces vives non plus pour faire un beau musée, mais bel et bien pour changer toute une ville. On ne fait pas un musée réussi juste en souhaitant un beau musée. Par contre, on peut faire un pôle culturel réussi en changeant le rapport qu’entretiennent les habitants avec leur ville�: telle est la leçon d’Archigram. Le Centre Pompidou de Piano et Rogers, la nouvelle Tate d’Herzog et de Meuron, le nouveau musée de l’Acropole de Tschumi sont des exemples de musées qui ont su dépasser le cadre pour lequel ils ont été créés. Le MCBA aura besoin de ce grain de folie pour atteindre ce à quoi il aspire.
Christophe Catsaros
É D I T O R I A LD I S T A N T C I T Y
6 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
L’USAGE STRUCTURANT DE LA COULEURLe retour de la couleur sur les façades
de plusieurs nouveaux projets pose instamment la
question du sens de cette évolution.
Afin de comprendre ce changement, nous l’avons
confronté aux expérimentations polychromes des
débuts de la modernité. Entre l’arbitraire d’une
interprétation purement ornementale et l’illusion
d’un quelconque fonctionnalisme des couleurs,
il y aurait une troisième voie, mêlant symbolisme
et déconstruction analytique. C’est la piste que
nous essaierons de remonter.
Christophe Catsaros
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TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013 7
S i les recherches sur les effets optiques de la couleur semblent aller de pair avec la naissance du
mouvement moderne, elles sont souvent des versions affinées de travaux antérieurs remontant au 19e siècle1. La particularité des versions modernes de ces recherches est leur rapidité à trouver le moyen de quitter le champ de la peinture pour trouver des applications dans celui de la production industrielle et de l’architecture.
Si au Bauhaus ce sont encore des peintres qui s’activent autour de ces questions, l’interdisciplinarité qui caracté-rise l’école rend possible certains croisements, certains déplacements d’une discipline à l’autre. Les tisseurs, les verriers, les menuisiers sont tout autant concernés par les travaux sur la couleur que les artistes. Au sein du Bauhaus, l’approche holistique de quelqu’un comme Johannes Itten côtoie les recherches appliquées de Josef Albers. Le pre-mier est à l’origine d’une véritable phénoménologie de la couleur à forte connotation ésotérique. Josef Albers, qui dirige à partir de 1923 l’atelier de vitrail, va lui aussi développer une théorie des combinaisons chromatiques
et leur impact sur la perception. L’un comme l’autre ne se cantonnent pas pour autant à la dimension optique de la couleur. Les travaux pratiques d’Albers autour du vitrail le mènent à considérer la couleur comme un élément capable de structurer l’espace
Quant aux recherches d’Itten, elles sont bien plus pra-tiques que ne le laisse supposer le caractère systémique de ses cercles chromatiques. Chargé d’un cours propé-deutique sur la forme, il s’efforce de transmettre l’art de travailler en accord avec le matériau dont on dispose. Sa réflexion déborde largement le champ de la création pour s’ouvrir à celle du sens de la vie. La couleur est une voie pour retrouver l’équilibre intérieur qui fait défaut à l’homme moderne. Itten fait partie plus largement d’un courant ésotérique qui traverse tout le début de la moder-nité et qui remonte au 19e siècle. La théosophie de Steiner et de Mondrian, le zoroastrisme d’Itten sont des étapes incontournables de la pensée moderne, trop souvent écar-tées dans une lecture de l’histoire privilégiant l’avènement du fonctionnalisme.
Dans cette perspective, la couleur serait un outil qui pourrait être instrumentalisé. Itten pense pouvoir définir des règles rationnelles au service d’un nouvel artisanat. Sa collaboration avec la tisserande Gunta Stölzl en est un
1 En 1810, Philipp Otto Runge publie Die Farbenkugel (La sphère des couleurs), dans lequel il décrit un schéma en trois dimensions permettant d’organiser toutes les couleurs, selon leur nuance, leur luminosité et leur degré de saturation.
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1 Theo van Doesburg, maison particulière, 19232 Theo van Doesburg, Hans Arp et Sophie Taeuber-Arp,
L’Aubette, Strasbourg, 1928, vue du cinéma-danse (© Adagp, Paris 2010)
3 La sphère des couleurs (Die Farbenkugel), Philipp Otto Runge
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bel exemple. Si aujourd’hui les théories du cercle chro-matique d’Itten ont été partiellement dépassées par les recherches en optique, elles n’en restent pas moins des ébauches tout à fait crédibles. Dans les deux cas (Itten et Albers), le savoir sur l’impact des couleurs découle d’un travail initial de décomposition du maelstrom chroma-tique qui envahit la rétine à tout instant. L’un comme l’autre tentent, dans des contextes certes différents, de séparer les choses pour mieux s’en servir. Plus impor-tant, l’un comme l’autre considèrent la couleur non pas comme une peau, une surface, mais comme quelque chose ayant à faire à l’espace. Pour Itten comme pour Albers, la couleur est un matériau de construction. Tous deux connaissent et admirent le chef d’œuvre expression-niste de l’architecture polychrome : le pavillon de verre à la foire de Cologne en 1914 par Bruno Taut. Composé de prismes colorés, ce bâtiment à la gloire du verre est un véritable kaléidoscope capable de trier et de recomposer les couleurs qui constituent la lumière.
Du cercle chromatique d’Itten aux couleurs primaires du De Stijl
Si la couleur est utilisée pour créer des atmosphères particulières, elle peut surtout aider la mise en place d’une perception analytique d’un volume. L’usage de la couleur dans les réalisations des architectes de De Stijl constitue un croisement particulièrement réussi de la décomposition chromatique et de la tectonique moderne. Tant les représentations (élévations, axonométries) que les projets réalisés font preuve d’une volonté de distin-guer les parties et les forces qui entrent en jeu dans la constitution de l’espace bâti. Cet esprit d’analyse repo-sant sur la décomposition caractérise les travaux d’un des pionniers du mouvement : Theo van Doesburg. Dans cette optique, l’esprit moderne naîtrait de la rencontre
entre une esthétique épurée, un certain éloge de la fonc-tion et un désir d’analyse. Le bâti doit donner à voir les principes qui le régissent. La couleur va jouer le rôle de catalyseur de cette mise en évidence. Tantôt en structu-rant, tantôt en attaquant frontalement l’ordre des choses, la couleur incite à réfléchir sur les particularités spatiales d’un volume ou d’un espace donné.
Quand Friedrich Kiesler présente sa Cité dans l’espace à l’Exposition internationale des arts décoratifs à Paris, en 1925, c’est bien de cela qu’il s’agit : proposer un manifeste dynamique de De Stijl, faisant preuve d’une grande lisibilité structurelle. L’assemblage apparent de la structure suspendue était complété par un assemblage chromatique. Il se composait d’une construction en bois faisant l’éloge de l’orthogonalité, et de plans verticaux colorés, rouges, bleus et jaunes. Ce projet incarnait par-faitement l’aspiration pédagogique de la décomposi-tion structurelle pratiquée alors par les adeptes de De Stijl. L’orthogonalité et les quadrilatères chromatiques
4 Jacobus Johannes Pieter Oud, Café De Unie, Rotterdam, 1925 (© Adagp, Paris 2010)
5 Theo van Doesburg, Gerrit Rietveld, intérieur de la Maison Bart de Ligt, 1919 (© Adagp, Paris 2010)
6 Theo van Doesburg and Cornelis van Eesteren, Perspective with final colour design, Shopping arcade with bar-restaurant, Laan van Meerdervoort, The Hague 1924 (Netherlands Architecture Institute)
7 Centre Le Corbusier à Zurich (Wikimedia Commons)8 Eames House (Photo John Morse, Wikipedia commons)9 Frederick Kiesler, vue de l’installation City in Space
(© 2010 Austrian Frederick and Lillian Kiesler)
2 Lancé à l’initiative de la revue Arts & Architecture, le Case Study House Program a pour objectif de concevoir et de construire des modèles de maisons individuelles économiques et fonctionnelles en prévision du boom provoqué par la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’annonce du Case Study House Program affirme que « les maisons doivent pouvoir être reproduites et en aucune façon être des créations particulières. » Puis « les maison[s] […] ser[ont] conçue[s] dans l’esprit de notre époque, en utilisant dans la mesure du possible, de nombreux matériaux et techniques issus de la guerre, les mieux adaptés à l’expression de la vie de l’homme dans le monde moderne. » Les architectes sollicités sont parmi les importants de l’époque : Richard Neutra, Craig Ellwood, Charles et Ray Eames, Pierre Koenig et Eero Saarinen. Au total, 36 projets sont conçus entre 1945 et 1966.
3 La cité de la cour blanche est un lotissement de maisons ouvrières construites dans le cadre de l’exposition Wohnung. L’objectif étant de marquer l’avènement d’une nouvelle architecture, la consigne avait été donnée par par le directeur de la manifestation, qui n’était autre que Mies van de Rohe : choisir des tonalités colorées pâles pour préserver l’unité de l’ensemble. Quelques jours plus tard, la décision est prise de privilégier le blanc. Seuls trois projets présentent des couleurs vives : celui de Taut, de Mart Stam et de Le Corbusier. Mark Wigley, White walls, designers dresses, MIT press, p. 305.
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participent au même effort d’éveil esthétique de condi-tion moderne. Bien plus qu’un dispositif d’exposition, la
Cité dans l’espace représente une expérience d’immersion dans un espace décomposé, capable d’incarner la nou-velle culture constructive.
La joie d’habiter des Eames Vingt-cinq ans plus tard, Charles et Ray Eames
reprennent les mêmes rectangles de couleurs pour ce qui est venu à incarner leur plus belle réalisation : leur propre maison à Pacific Palisades en Californie (Case
Study House No. 8). Ici aussi, la simplicité structurelle de la maison censée pouvoir être librement copiée dans le cadre du programme Case Study House2 s’accompagne d’un acte de décomposition chromatique. La juxtapo-sition de plans de couleurs primaires doit être perçue comme un élément essentiel de la lisibilité structurelle. De van Doesburg aux Eames, la distinction des couleurs donne à chaque fois lieu à une véritable leçon de moder-nité : un conditionnement d’où doit découler la nouvelle façon de considérer le bâti.
Dans la seconde moitié du 20e siècle, les croisements entre expérimentation chromatique et architecture se multiplient. L’évolution des techniques avec la généra-lisation des résines synthétiques est vécue globalement comme une explosion de couleurs. Le Corbusier, qui s’était déjà rangé du côté de ceux qui rejettent le mur blanc à la grande manifestation Weissenhofsiedlugen3 en 1927 à Stuttgart, réalise en 1967 un de ses bâtiments les plus ouvertement disposés à une perception structurante de la couleur en architecture : le Pavillon Heidi Weber à Zurich.
L’avènement de l’Op art4 crée les conditions pour réaliser des expériences polychromes à grande échelle. La remise en question d’une certaine orthodoxie moder-niste, celle des villes blanches des années 1950, va donner
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10 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
un nouvel élan aux partisans des pratiques polychromes. En 1967, Emile Aillaud réalise la Grande Borne, une vaste cité d’habitat social de 3685 logements, entière-ment revêtus de pâte de verre (bâtiments courbes) et de grès cérame (bâtiments droits). Plus de 40 couleurs sont sollicitées pour créer les atmosphères particulières des 28 quartiers de ce grand ensemble qui se déploie sur 70 hectares. La particularité de la coloration de la Grande
Borne est son inscription dans une réflexion globale sur l’identité des lieux. L’orientation, la largeur des rues ou encore la proximité d’une école seront autant de facteurs pour déterminer les choix chromatiques.
La couleur n’est donc plus bannie de la ville moderne. Elle en devient un composant essentiel. A cette nouvelle alliance entre couleur et modernité s’ajoute un regain d’intérêt pour les pratiques polychromes vernaculaires. Alors comment interpréter l’engouement actuel dont font preuve de nombreux projets d’envergure pour les compositions chromatiques manifestes ?
Que reste-t-il du désir de pédagogie émanant des pre-mières expériences de De Stijl ? De quoi est-il question, quand Dominique Perrault recouvre de grands panneaux colorés la façade de son extension à l’EPFL5, ou encore quand Sauerbruch Hutton élaborent des stratégies com-plexes pour des bardages polychromes ? Si le substrat idéologique qui caractérisait les pionniers du Bauhaus et de De Stijl n’est plus à l’ordre du jour, la couleur reste un outil capable de conditionner la perception d’un ensemble bâti. En cela, elle est un paramètre qui a toute sa place dans la conception d’un bâtiment. Traitée de la sorte, la couleur n’est pas un attribut ornemental secon-daire, mais un acteur de premier ordre, au même titre que la volumétrie globale d’un ensemble.
Pour en avoir fait une des spécificités de leur bureau, Matthias Sauerbruch et Louisa Hutton incarnent aujourd’hui plus que quiconque cette volonté d’élever la
couleur au rang d’élément structurant de la conception architecturale. Leurs projets ne se cantonnent pas à colo-rer des bâtiments, mais donnent souvent l’impression de bâtir avec de la couleur. La couleur n’est pas une fini-tion. Elle entre en considération dès la phase de concep-tion d’un bâtiment donné. En cela, ils gardent un lien direct avec la conception des pionniers de De Stijl. Le rapprochement n’est pas formel mais structurel. Dans cette perspective, la couleur sert à composer, mais aussi à décomposer et comprendre les volumes. La caserne de pompiers/commissariat de police berlinoise qu’ils ont réalisé en 2006 illustre assez bien cet usage approfondi de la couleur : ici, la distinction entre les deux occupants du bâtiment se fait par un jeu de dégradés qui passe du vert au rouge. Révélatrice de ce qui se trame à l’intérieur, la couleur fonctionne comme un élément qui conditionne l’usage du bâtiment.
Force est de constater que l’approche élaborée de Sauerbruch Hutton ne constitue pas la règle. L’usage superficiel, plus cosmétique que structurant, est bien plus répandu. Dans cette optique post-psychédélique, la cou-leur sert à combler des faiblesses ou simplement à agré-menter des surfaces sans intérêt. S’il n’est pas interdit de revendiquer une telle utilisation, il est aussi très pro-bable qu’il ne s’agisse que d’un effet de mode, qui passera aussi rapidement qu’il est apparu. Ce qui restera alors, ce seront les rares occurrences d’un emploi conscient et critique de la couleur.
4 Art optique 5 Un article sera consacré à ce projet dans le numéro 13-14/2013 de TRACÉS.
10 Tours Nuage, Emile Aillaud, Nanterre (DR)11 Fire and Police Station, Berlin, Sauerbruch Hutton12 Claire Maugeais, vêtement architectural, 2012 Intervention picturale sur deux des trois façades
d’un immeuble parisien (Photo CC)
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L’INTÉGRATION PAR LA COULEURLe quartier lausannois du Rôtillon a repris
des couleurs, après une longue période d’anémie.
Gros plan sur l’îlot b’ du PPA, par l’atelier niv-o.
Pauline Rappaz
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TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013 13
« I l faut que toute chose au monde ait une couleur quelle quelle soit. La nature dans sa totalité est colorée, même
le gris de la poussière et de la suie, même les régions les plus lugubres et les plus mélancoliques possèdent toujours une tonalité particulière »1, disait Bruno Taut. Sans être le seul à avoir amorcé dès la Première Guerre une réflexion sur la couleur dans l’architecture (lire article p. 6) – on peut citer De Stijl ou Le Corbusier –, il est l’un des premiers a avoir usé de la polychromie, sans restriction, dans ses ensembles de logement à Berlin, après avoir réalisé son fameux pavillion de verre, aujourd’hui détruit. Pour Le Corbusier, la couleur est d’abord appliquée à l’intérieur (villa La Roche-Jeanneret, 1923), et pour la première fois sur les façades, deux ans plus tard (cité Frujès, à Pessac dans l’ouest de la France).
Gris de la poussière ; région lugubre. Les termes employés par Bruno Taut qualifient bien le quartier lau-sannois du Rôtillon tel que perçu pendant longtemps par ses riverains. La zone a en effet été considérée comme malfamée ou alors laissée à l’état de friche, abandonnée. Dans les années 1920 – au même moment, l’architecte allemand construit ses logements berlinois –, la municipa-lité décide d’assainir cette zone où s’égaille la prostitution, là même où les tanneurs ont œuvré jusqu’au 19e siècle. Destruction, reconstruction, densification. C’est à cette époque qu’est érigée la barre d’immeuble qui donne sur la rue Centrale. Cette barre devait initialement être repro-duite de l’autre côté de la rue. « Cela n’a pas été fait, il y a eu la crise, ensuite la guerre. Des projets de construction ont été proposés tous les dix ans, mais jamais exécutés », raconte Ivo Frei, fondateur de l’atelier niv-o et chargé de la construction de deux îlots sur la parcelle du Rôtillon.
En 1989, le peuple refuse un méga projet de promo-teurs qui ambitionnent de faire construire un parking de six étages et des immeubles d’un gabarit jugé trop élevé. La Ville décide à ce moment de racheter la parcelle, bou-dée par tous. Le service d’urbanisme met alors en place un plan partiel d’affectation (PPA), entré en vigueur en 19942 et qui conserve le parcellaire et les voies médié-vales qui traversent le lieu. Ivo Frei hérite de deux îlots – l’îlot b pour des logement subventionnés, l’îlot b’ pour des logements de standing et des commerces – sur les quatre prévus par le PPA, « en compensation d’un concours gagné à Sauvabelin, mais qui n’a pu être réalisé ».
Pour parvenir à intégrer les îlots de manière opti-male dans ce quartier haut en couleurs (notamment les immeubles situés au sud du PPA, qui leur servent d’arrière-plan) et non dénué de pittoresque, Ivo Frei a opté aussi pour la couleur. Le premier îlot est composé d’un trio d’immeubles dévolus à des logements subven-tionnés, avec la Fondation lausannoise pour la construc-tion de logements. Le socle en béton est coiffé d’étages supérieurs revêtus de plaques jaune pâle en fibrociment. L’architecte a souhaité souligner la trame horizontale des édifices et « stabiliser la longue perspective de la rue » par un jeu de plaques et de bandeaux métalliques. Une partie des habitants du quartier a d’emblée condamné le choix de la teinte, considérant ce jaune pâle comme une non couleur.
1 Vue sur l’îlot b’ depuis la ruelle du Flon (Photo Thomas Jantscher)
2 Plan de situation (Document fourni par Ivo Frei, atelier niv-o)
1 M.-P. Servantie, Chromo-architecture, l’art de construire en couleur, éd. Alternatives, Paris, 2007, p. 38
2 Le PPA conserve les voies médiévales qui traversent le quartier. http://carto.lausanne.ch/Godoc/tmp/97B72712210189C79D0A35AD5A617130.pdf
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14 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
Plans des étages
Niveau 0 Niveau 4
Niveau 2 Niveau 6
Niveau 1 Niveau 5
Niveau 3 (Documents fournis par Ivo Frei, atelier niv-o)
TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013 15
Le second îlot construit par niv-o – il abrite sept appartements, du studio au 5.5 pièces, les locaux de la régie Galland et un restaurant ; tout est actuellement loué, sauf un appartement – est bien plus expressif et se déploie dans un jeu de polychromie absolu. Les couleurs affirment la découpe de la construction : « Nous avons pris le parti de mettre la façade en exergue, d’affirmer les angles, pas de la fondre dans la perspective de la rue ». La façade est d’ailleurs rythmée par des ouvertures irré-gulières. Affirmer la découpe du bâtiment par le truche-ment des couleurs, donc. Mais ces couleurs ont aussi pour fonction de clarifier la volumétrie de l’ensemble, constitué de cinq corps de bâtiment. Quand le passant se déplace autour de l’îlot, la perception qu’il en a est à chaque fois autre. La façade paraît monochrome sous un certain angle, l’instant d’après elle apparaît polychrome. Contrairement aux couleurs du front d’immeubles en arrière-plan, celles de l’îlot b’ (dont la palette est néan-moins identique auxdits immeubles) sont en effet en inte-raction directe : elles prennent place les unes à côté des autres sur ce seul édifice. Et puis, l’enveloppe de l’îlot est texturée et offre un fin jeu de lumière, cette dernière ne glisse pas sur la surface mais en souligne la matérialité.
L’intérieur contraste nettement avec l’extérieur : les murs des appartements sont blanchis à la chaux. Chaque logement dispose d’un toit-terrasse privatif, excepté les plus petits des appartements qui s’en partagent un – c’est d’ailleurs le seul espace de rencontre du bâtiment, qui ne compte pas de buanderie. Des pergolas se dressent sur les toits-terrasses, qui permettent aussi de déporter le rideau au dehors : l’intimité des locataires et la vue sur l’extérieur
sont préservées. Les terrasses disposent également de bacs à fleurs et d’aires destinées à accueillir de la prairie sèche.
Le corps de bâtiment qui jouxte l’îlot a (dévolu à des logements, une garderie, des arcades commerciales et administratives) est gris clair pour permettre une tran-sition entres les deux îlots, car l’îlot a, construit par AC Atelier Commun, se décline en plusieurs tons de gris. Les deux bureaux d’architectes ont par ailleurs collaboré pen-dant près de 20 ans pour gérer les rapports de voisinage : penser les ouvertures pour faire en sorte que les vis-à-vis et les vues ne soient pas gênants. Le plasticien, ensei-gnant et coloriste Claude Augsburger (voir entretien) a été chargé de la mise en couleur de ces deux îlots.
Si l’îlot b’ est réussi – hormis certaines finitions mal exécutées, comme le raccord entre le socle et le crépi –, on peut néanmoins déplorer le manque d’unité du quar-tier. « C’était une volonté de la Ville de ne pas unifier les îlots », explique Ivo Frei. La municipalité a ainsi mandaté plusieurs bureaux pour éviter l’édification d’un ensemble uniforme, construit d’une seule main. Les îlots a et b’ se font écho, mais le reste forme une espèce d’agrégat de plots disparates, reliés par des passerelles. L’îlot c, qui abrite un établissement socio-éducatif, trois appar-tements et divers commerces, est peut-être en ce sens le plus édifiant des quatre îlots : la façade du bâtiment d’origine devait initialement être préservée, le reste rénové. Or tout a été détruit, puis, de manière absurde, reconstruit à l’identique à la fin des années 2000. Reste que l’objet ici est la couleur. Et l’intégration de l’îlot b’ dans le quartier du Rôtillon est remarquable, précisément à cause d’elle.
3 Vue sur l’îlot b’ depuis la rue du Flon (Photo Thomas Jantscher)
4 Intérieur (Photo Thomas Jantscher) 5 Vue sur le toit-terrasse (Photo Thomas Jantscher)
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16 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
Entretien avec le coloriste Claude AugsburgerLa couleur, c’est un peu l’histoire de sa vie – profession-
nelle du moins. Elle est le sujet de ses peintures, l’outil de son activité d’architecture, l’objet des cours qu’il dispense. Le Chaux-de-Fonnier Claude Augsburger a fait ses études à l’ECAL, a puisé son inspiration à New-York puis a assisté le professeur Bezençon au département d’architecture de Lausanne. Depuis les années 1980, il met en couleur des bâtiments. Il a ainsi mis en couleur une soixantaine d’édifices, en Suisse et ailleurs. A Lausanne, une trentaine de villas dans le quartier Vers-chez-les-Blanc, l’Espace Arlaud, une série de constructions dans le quartier du Rôtillon, la coopérative d’habitation des Jardins de Prélaz ou encore le bâtiment des années 1930 qui abrite le maga-sin Maniak au Flon. Ailleurs, il a notamment mis en cou-leur le Skyguide de la navigation aérienne à Genève, la gare CFF de Tägervilen, la salle communale de Grandson et des bâtiments Philip Morris à St-Pétersbourg et Athènes. Dernier projet en date, les îlots a et b’ du quartier lausan-nois du Rôtillon. Entretien.
Ivo Frei, l’architecte mandaté pour la construction des îlots b et b’ de la parcelle du Rôtillon, a pris le parti de les intégrer dans le tissu urbain par la couleur. Le quartier est déjà polychrome, comment choisir alors une palette qui soit en harmonie avec l’existant ?
Il a fallu prendre possession du territoire, tenir compte de l’environnement de ce quartier particulier – c’est un endroit où on est un peu coincés, dans une cuvette ; on
peut donc se permettre d’y aller fort dans les couleurs. J’ai essayé de prendre note de toutes ces couleurs exis-tantes, je me suis promené dans le quartier, j’ai pris des photos, j’ai fait une recherche historique. J’ai aussi tenu compte du jaune pâle des trois immeubles de l’îlot b, déjà réalisé à ce moment-là. Ces observations m’ont donné une gamme de couleurs. J’ai finalement proposé une quarantaine de variantes de mise en couleur. Viennent ensuite toutes sortes de contraintes liées à un chantier, des discussions avec les acteurs, le maître d’ouvrage, l’architecte. Pour ce projet, il y avait aussi une problé-matique liée à l’étroitesse de la rue : on ne pouvait pas se permettre d’utiliser une couleur trop foncée, car une couleur trop foncée absorbe beaucoup de lumière. Le processus s’est donc fait petit à petit, séance après séance.
J’ai aussi été chargé de la mise en couleur de l’îlot a. La palette est plus sobre, avec un dégradé de gris. Chaque corps de bâtiment est enrobé d’une nuance de gris.
Vous dites que les couleurs ont été choisies en regard de l’existant. Or celles utilisées pour l’îlot b’ semblent nettement plus vives que les couleurs qui parent les immeubles en arrière-plan…
Dès qu’on choisit d’utiliser de la couleur, il faut pré-voir un entretien. Il y a eu passablement d’améliorations ces dernières années en termes de fabrication de cou-leurs, mais elles demeurent néanmoins extrêmement sensibles aux ultraviolets et passent vite. Autant appli-quer dès le départ des couleurs vives, qui vont s’atténuer
6 Passerelle reliant les îlots b et b’ (Photo Thomas Jantscher)
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au fil du temps. Les couleurs des immeubles dont vous parlez étaient elles aussi très vives.
La façade de l’îlot est texturée. C’est un choix déli-béré ou cette matérialité est-elle due à des contraintes techniques ?
Je travaille d’ordinaire avec Natural Color System (NCS), un système scandinave génial de classification des couleurs, inventé à la fin des années 1970. Pour la première fois de son histoire, on a pu parler précisément d’une couleur. Pour le Rôtillon, j’ai commencé avec ce système, mais on a ensuite utilisé une gamme de couleurs proposées par le fabriquant du crépi. C’est aussi un des facteurs qui a déterminé le choix des couleurs et la texture.
Dans toutes les civilisations et les cultures, les couleurs ont toujours eu une symbolique forte. Est-ce vous avez cela en tête lorsque vous choisissez les couleurs d’un bâtiment ?
Pour moi, une couleur n’a pas de signification, mais un rayonnement. Une couleur a une chaleur. Je ne pense pas comme Goethe, qui attribue une symbolique à chaque couleur. Une couleur donne une impression de chaleur ; selon la couleur, on a vraiment la sensation qu’il fait plus chaud ou plus froid.
Une couleur peut aussi avoir une véritable fonction, comme le bleu qui éloigne les mouches. J’en ai utilisé pour la mise en couleur de l’Institut équestre national d’Avenches précisément pour cette raison. Au Maroc ou en Grèce, le bleu est aussi fréquemment utilisé.
A quel moment du processus de création êtes-vous intervenu ?
Il n’y a rien de plus horrible qu’un architecte qui finit un bâtiment et qui se dit « merde je suis pas très sûr de la couleur », et qui fait donc appel à un coloriste. Ici, le contraire s’est produit. Avant même d’être certains que le projet allait voir le jour, Ivo Frei et moi travaillions déjà ensemble. Avec le Rôtillon, c’est la première fois que j’ai pu aller aussi loin dans le jeu des couleurs.
Vous êtes plasticien de formation. Comment en arrive-t-on à faire la mise en couleur de bâtiments ?
Pour moi, ces deux activités sont complémentaires. Parfois, les casquettes se mélangent, entre celle d’ar-tiste et celle de coloriste, notamment quand je réalise des vitraux.
Il n'existe pas de formation de coloriste à proprement parler. J’apprécie cette collaboration avec les architectes. Et je leur précise dès le départ que je ne détiens aucune vérité, mais que mon regard sur le projet lui permet d’avancer. Je constitue un élément de l’émulation. Il faut garder en tête que la mise en couleur n’est pas une œuvre d’art, le coloriste doit être au service de l’architecture. On peut constater que, même si la couleur est la première chose que l’on voit d’une architecture et qu’elle donne son identité à un bâti, la collaboration avec un coloriste constitue une part infime d’un budget de construction.
Propos recueillis par Pauline Rappaz
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SYMPHONIE SAINT-GEORGES op.16La silhouette courbe du Saint-Georges Center
(SGC) à Genève, livré en août 2012, paraît, vu la
polychromie, échapper au contexte environnant.
Les apparences sont parfois trompeuses. De ses
écailles pigmentées jaillissent une symphonie
urbaine. Une composition savante qui illustre
le véritable savoir-faire pictural et technique des
architectes berlinois Sauerbruch Hutton.
Aurélie Buisson
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S électionnés pour la renommée et l’originalité de leurs réalisations, les cinq équipes d’architectes
invitées¹ au concours international privé organisé par le pilote de l’opération, SPG Asset Development, avaient-ils d’autres choix que de se cantonner au rafraîchissement des façades du bâtiment dessiné dans les années 1960 par les frères Honegger comme le stipulait, noir sur blanc, le cahier des charges ? Résolument oui. C’est en osant troquer les angles droits d’antan contre de longues courbes élancées, conférant ainsi un tout nouveau faciès à la construction, que les berlinois Sauerbruch Hutton ont su se démarquer, en juin 2004, de leurs homologues d’Europe et d’Amérique. En quête d’une architecture à forte personnalité, les membres du jury ont été immédiatement conquis.
Les goûts et les couleurs se discutentLes projets qui affichent un parti-pris affirmé dans
l’espace public se heurte à la critique. Si l’entre-deux est – à bien des égards – plutôt bien accueilli, la moindre once de fantaisie est, en revanche, largement décriée. Les goûts et les couleurs ne sont pas censés être discutés. Certes. Mais de tout temps, et il faut bien l’admettre, la différence cultive et alimente les débats.
Ainsi, lorsque camaïeu de rouge et proue arrondie s’exhibent dans la perspective du boulevard Saint-Georges, de l’éloge au blâme, impossible de retenir les opinions – gratuites ou bien fondées – qui fusent de toutes parts. Si les plus convaincus y décèlent « un très beau mélange » ou encore « de la vie », et les réfractaires déplorant le manque de contextualité se prennent à
imaginer « un bâtiment teinté de gris », voire « un tout autre concept », force est de constater que l’usage de la couleur rend impossible toute unanimité2 ; et ce, qu’importe le projet. Puisqu’en recourant à la chromie, l’architecte compose à la fois sur les plans affectif, sensoriel et intellectuel. C’est donc sous l’effet de ces ressentis profondément personnels et fatalement subjectifs qu’usagers, clients, ou simples promeneurs jugent de la qualité du Saint-Georges Center. L’argumentaire des concepteurs – habitués à devoir justifier la singularité de leurs réalisations – est quant à lui bien ficelé.
L’unique façade de 150 mètres qui se développe d’un seul tenant le long du bâtiment est courbe et colorée. Sa géométrie ventrue – rendue possible par le détournement des règles d’urbanisme relatives au bow-window – est le simple héritage d’une volonté d’optimiser la superficie du projet. En procédant à l’« emballage » du volume existant – qui devait à l’origine être conservé –, de nouvelles surfaces pouvaient être générées. Une astuce qui a fait mouche dans l’esprit du maître d’ouvrage, désormais propriétaire de 9 600 m2 de bureaux à louer. Quant à la couleur, elle demeure, depuis les premiers balbutiements du duo berlinois sur la scène architecturale, leur marque de fabrique. Si d’aucuns
1 Façade sud : le rose pâle du numéro 18 (au fond) se répercute dans la composition du SGC (Photo Jan Bitter)
2 Plan de situation (Document Sauerbruch Hutton)3, 4 Plan du rez-de-chaussée et de l’étage type
(Documents Sauerbruch Hutton)
1 - James Carpenter, Bureau Design Associates, New York - Brodbeck & Roulet, Genève - Juan Herreros, Bureau Abalos & Herreros, Madrid - Oskar Leo Kaufmann, Autriche - Sauerbruch Hutton, Berlin.2 Propos recueillis lors de la balade « La couleur dans la ville » organisée par la
Maison de l’Architecture de Genève le 26 mai dernier.
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considèrent gratuit et peu probant son utilisation, la réussite d’une telle composition polychrome n’a pourtant rien d’aléatoire. Pour la lecture de la couleur, comme le réclamait Kandinsky pour la lecture de l’art, « ce n’est pas le quoi mais le comment »3. Au sein de l’atelier allemand, ce sont Louisa Hutton et Matthias Sauerbruch qui se livrent tels des artistes peintres à ces savants mélanges 4. Une clé de lecture pour tenter de décrypter le comment des gammes chromatiques qui composent la façade du SGC ? Tendre l’œil et écouter l’espace.
Une symphonie urbaine La lecture proposée débute depuis l’extrémité nord de
la plaine de Plainpalais, place du Cirque, à l’embouchure du boulevard Saint-Georges, trottoir côté Rhône. De là, les façades en enduit teinté donnent le la. Au 68, un immeuble rose marron ; à l’intersection de la rue des Rois, la même tonalité habille l’héberge aveugle. Plus loin, elle se répète et se décline, aux numéros 52, 42, …, 18 (fig. 1), et poursuit sa course sur les stores et devantures des magasins. Dans les rues adjacentes, bâtiments en brique et porches colorés prennent le relai (fig. 12). A son tour le SGC, sis au numéro 16, complète la phrase musicale en dévoilant son galbe rouge. A chaque pas, la composition évolue, donnant ainsi à voir aux passants non pas une, mais plusieurs couleurs qui s’enchevêtrent harmonieusement du R+1 au R+7. Tandis que les marteaux-piqueurs fouillent la parcelle d’en face, la lecture s’affine. Le gris anthracite du vitrage de type extra-blanc, dans lequel se reflète le quotidien du contexte environnant (fig. 5), fait éruption dans la composition.
Sur l’ensemble de la façade, de fines lignes horizontales de 6 cm d’épaisseur, recouvertes de laiton chromé (fig. 9), suggèrent les étages. Ces mêmes éléments se renversent à la verticale soulignant ainsi la trame régulière qui partitionne tous les 1.50 m l’entier du bâtiment. Une nouvelle fois, tendre l’œil suffit pour comprendre le choix non-arbitraire du chrome ; de l’autre côté du boulevard Saint-Georges, l’immeuble voisin s’en fait un parement de fortune.
La disposition sporadique des notes colorées anime les éléments horizontaux et verticaux de cette grille constituée de verre émaillé sous laquelle épaisseurs de plancher et menuiseries s’effacent. Jouant le rôle de brise-soleil, la profondeur de l’enveloppe varie de 20 à 50 cm en fonction de l’orientation du bâtiment, rendant ainsi unique – tant par sa forme que par sa couleur – la fabrication de chacun des éléments. « La précision horlogère a largement contribué à la réussite du projet », mentionne unanimement Julia Knaak (cheffe de projet du bureau Sauerbruch Hutton) et Fabio Fossati (architecte local responsable de l’opération). L’occultation solaire est également assurée par un système de stores automatique installé dans le vide compris entre les deux couches de verre qui isolent la façade. Les fenêtres intérieures (triple vitrage) demeurant fixes, l’entretien s’effectue depuis l’extérieur grâce à l’ouverture manuelle des verres écran (simple vitrage) (fig. 6).
1 Légende
3 Josef Albers, L’interaction des couleurs, Hazan, Paris, 2013, p. 114 Cf. glossaire, Sauerbruch Hutton : Colour in Architecture, Berlin, Distanz Verlag,
2012
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5 Angle boulevard Saint-Georges / rue David-Dufour : le vitrage réfléchit le contexte environnant (Photo Jan Bitter)
6 Détail en plan (Document Fabio Fossati-Architectes)7 Axonométrie du projet (Document Sauerbruch
Hutton)8 Développé de façade
(Document Fabio Fossati-Architectes)
5
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En se rapprochant, la dominante rouge visible de loin se transforme peu à peu en diverses nuances allant du brun au rose pâle, en passant par le gris clair. Cette dernière teinte se fait l’écho du ciel mais aussi des allèges horizontales du bâtiment contigu donnant sur la rue David-Dufour. En tout, 13 tonalités composent cette partition polychrome. Hormis côté nord, où une concentration de teintes foncées permettent d’identifier l’entrée, la couleur n’aurait-elle, dans ce projet, aucun attribut strictement fonctionnel ? Fabio Fossati insiste pourtant sur leur choix hautement scrupuleux et intangible. « Si certains détails ont pu être légèrement adaptés, malgré les difficultés rencontrées pour trouver les bonnes nuances, aucune couleur n’a été modifiée », confie-t-il. Sur ses bons conseils, « il ne faut chercher de logique ni dans le choix spécifique des teintes, ni dans la composition polychrome ». En effet, ne serait-il pas incongru de demander à un peintre la justification de chaque point de couleur sur son tableau ? Ainsi soit-il. La composition polychrome signée Sauerbruch Hutton est une toile architecturée (fig. 8).
La sagesse intérieureDépourvu de tout habillage coloré, le rez-de-chaussée
entièrement vitré (fig. 11) – désormais recouvert de petits carrés opaques pour préserver l’intimité intérieure – informe quant à la présence de poteaux dont une distance normée de six mètres les sépare les uns des autres.
Se laisser happer par le roulement de la porte tambour permet de découvrir les pierres du Jura qui ornent le sol et l’habillage en pin d’Oregon sur les parois de la réception (fig. 9). Hormis le rouge brun qui teinte le
plafond, l’atmosphère est – conformément au choix du propriétaire – nettement plus sobre qu’à l’extérieur. A droite, la porte préserve l’accès à la douzaine de salles de réunion modulables de quatre à 60 personnes. En face, trois ascenseurs.
L’étage desservi est semblable à tous les autres. Au sol, les pierres du Jura contribuent toujours à la neutralité du palier. Le pin d’Oregon est, quant à lui, fidèle à son poste de délimiteur d’espace. Sur la surface brute d’environ 1070 m2, le grand open space côté nord fait face aux bureaux individuels situés au sud. La transparence des cloisons parallèles à la façade garantit la fluidité de l’espace, – mais contrarie l’intimité des usagers.
Visible depuis l’intérieur, l’enveloppe colorée anime par petites touches la paroi vitrée (fig. 14) ; seule distraction de cette vaste zone de travail. Regagner la sortie en empruntant l’escalier permet d’apprécier l’esthétique du béton lasuré qui en habille la cage (fig. 13). Retour sur le boulevard. La nuit, le SGC revêt son habit de lumière (fig. 15).
Un projet durableEn transformant radicalement l’allure du bâtiment
d’origine, le duo berlinois était-il clairvoyant quant à l’avenir précaire de ce dernier ? Sans doute, puisqu’à l’origine du projet, seules les quatre façades devaient être remplacées et la technique interne actualisée selon les normes en vigueur. Toutefois, compte tenu de l’instabilité de la structure existante et des contraintes qu’aurait imposé son maintien, il a finalement été jugé préférable de tout raser. Sage décision. Cette option a en effet permis la conception d’un bâtiment répondant aux exigences énergétiques du standard Minergie.
9 Espace d’accueil (Photo Jan Bitter)10 Détail de l’enveloppe colorée (Photo Jan Bitter)11 Vue depuis le boulevard Saint-Georges : la légère
inflexion indique l’entrée du bâtiment (Photo Jan Bitter)12 Vue depuis la rue Michel-Simon : le rouge du porche
se retrouve dans la composition du SGC (Photo Jan Bitter)
13 Dans la cage d’escalier (Photo Jan Bitter)14 A l’intérieur, les touches colorées de la grille extérieure
animent les espaces de travail (Photo Jan Bitter)
9 10
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Pour atteindre ce label, le recours à la géothermie – permettant de produire plus de 80% de l’énergie thermique – a été adopté. En supplément des 20 sondes forées à environ 150 m de profondeur, 125 m2
de panneaux solaires photovoltaïques installés en toiture couvrent une petite part de la consommation de l’immeuble. Et ils ne sont pas seuls à siéger sur la terrasse. Une machine frigorifique, connectée à une tour de refroidissement adiabatique garantissant la production d’air froid de l’espace intérieur, y occupe également une petite surface. A l’instar des autres détails susmentionnés, la finition anthracite de l’édicule abritant ces éléments techniques est évidemment soignée.
A l’intérieur, le bien-être des usagers est assuré par la mise en place d’un système de dalles actives (surfaces de rayonnement chaud/froid) complété par des ventilo-convecteurs encastrés dans le faux plancher que les concepteurs ont pris soin de cacher sous une grille de
sol filante en aluminium anodisé. Si aucune des fenêtres ne peut être ouverte depuis l’intérieur, la ventilation des locaux est assurée par un monobloc de traitement d’air, type double flux, équipé de filtres et de récupérateur de chaleur à haut rendement. Tout est prévu pour garantir le confort.
« La couleur est l’expression d’une vertu cachée. »5
Force est de constater que Marguerite Yourcenar a raison ; au-delà de son apparente superficialité esthétique, la façade double peau colorée du Saint-Georges Center est aussi la preuve d’une architecture durable alliant performances énergétiques, isolation phonique et protection solaire.
InformationsMaître d’ouvrage : SI Saint-Georges Center SAPilote de l’opération : SPG Asset DevelopmentArchitecte : Sauerbruch Hutton (Berlin)Architecte associé : Fabio Fossati-Architectes (Genève) Direction des travaux : Pillet SA (Bernex)Ingénieurs civils : Arup (Berlin), Bureau Wintsch & Cie (Genève)Date d’exécution : juillet 2010 à août 2012Surface brute plancher (yc sous-sol) : 9 960 m2
15
5 Marguerite Yourcenar, Essai et mémoires, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1991, vol. 1, p. 404
15 Vue nocturne depuis le boulevard Saint-Georges (Photo Jan Bitter)
Patronat/Patronage
Veranstalter/Organisateur
SUISSE PUBLICSchweizer Fachmesse für öffentliche Betriebe + Verwaltungen
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Bern, 18.– 21. 6. 2013Messeplatz | Site d’exposition
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GLOSSAIRE INACHEVÉ POUR UN MANIFESTE À VENIR
SUR LA COULEUR EN ARCHITECTURELe bureau berlinois Sauerbruch Hutton est réputé
pour son utilisation de la couleur.
Nous avons traduit le glossaire de leur dernier
ouvrage Colour in Architecture paru aux éditions
Distanz. En voici la première partie. Suite et fin
dans le prochain numéro de Tracés.
Matthias Sauerbruch, Louisa Hutton.
Traduit de l’anglais par Juliette Lemerle
AlbersJosef Albers (1888–1976), peintre et maître au
Bauhaus, a apporté une contribution significative à la conceptualisation de la couleur dans la peinture moderne. Ce qui nous intéresse dans ses écrits et dans la série de peintures Hommage au Carré, l’œuvre de sa vie, c’est la sphère existant entre l’espace visuel créé par la peinture et l’espace physique qui l’entoure, qu’il appelle respecti-vement le contenu littéral et le contenu factuel. D’aucuns diraient que nous tentons de ramener dans un espace pal-pable ce qu’Albers réalisait sur la toile : sur le modèle de l’oscillation perceptive naissant entre le littéral et le fac-tuel dans les peintures d’Albers, nous travaillons délibé-rément sur l’alternance de perception entre l’espace tri-dimensionnel et l’image bidimensionnelle. De même que la juxtaposition de plages de couleurs dans une peinture peut créer un espace chromatique illusoire (Farbraum), la confrontation dans l’espace physique de plans et de volumes colorés peut donner à ces derniers une appa-rence bidimensionnelle.
AffectPour élaborer un plan, nous partons généralement
d’esquisses simples qui aboutissent à des concepts fonda-mentaux. Nous explorons plusieurs pistes qui prennent en compte l’échelle, l’accessibilité, l’apparence, la per-formance, la fonctionnalité et l’efficacité énergétique, entre autres. La polychromie, à ce stade, reste à l’ar-rière-plan. Dans un dessin, la couleur ne sert qu’à des distinctions graphiques. C’est au cours de longs débats sur ces concepts qu’elle commence à se matérialiser dans notre esprit. La première fois qu’elle apparaît à dessein, un sentiment d’excitation nous étreint : c’est l’instant où la recherche rationnelle laisse place à l’intuition. L’objet inanimé commence à prendre vie, il réclame empathie et désir. La couleur est en lien direct avec nos émotions. Il est impossible de ne pas être touché au cours du pro-cessus créatif et à la découverte du fruit de son travail.
AntiquitéL’exposition Bunte Götter (« Dieux en couleurs »), qui
présente les dernières recherches sur la polychromie dans l’architecture et la sculpture de la Grèce antique, a de quoi faire sourire. En effet, la notion de « noble simplicité et grandeur sereine » chère à Winckelmann laisse place à un mélange entre pop des Balkans et kitsch irrévéren-cieux. Certes, ces enduits bariolés étaient élaborés à base de pierres semi-précieuses pilées, exprimant ainsi la plus haute des gratitudes. Mais notre œil contemporain ne peut s’empêcher d’y voir une vitalité iconoclaste qui rend ces dieux peints presque trop humains. On se représente soudain avec un réalisme confondant les personnes ayant réalisé et adoré ces œuvres d’art.
AtmosphèreLe terme « atmosphère » décrit une couche gazeuse
enveloppant un corps physique. Quand on l’emploie pour désigner la qualité du cadre bâti, on évoque un phénomène tout aussi immatériel : tel un gaz émotionnel qui émanerait en quelque sorte de la substance matérielle des objets et des espaces. Si l’atmosphère terrestre est indispensable à la vie sur notre planète, l’atmosphère d’un espace déter-mine quant à elle son habitabilité. Mais contrairement à la présence d’un gaz, l’atmosphère environnementale ne se mesure pas avec une méthode scientifique ; elle ne s’appréhende que par les sens. Malgré la prédominance de la vue, tous les phénomènes susceptibles d’être entendus, touchés, humés et perçus par le corps joueront sur l’at-mosphère ambiante. L’atmosphère n’est pas quantifiable. Chacun doit utiliser sa propre intuition à bon escient.
BeautéLa beauté retient l’attention de tous. Un bel objet
ou une belle personne est un don au monde. La beauté détermine inconsciemment nos choix, y compris dans des domaines prétendument rationnels tels que la prise de décision commerciale ou politique. La quête du beau est aussi le but plus ou moins avoué de toute activité de conception. En architecture, par exemple, la qualité esthétique des dessins et des maquettes séduira le jury d’un concours. La beauté nous aide aussi à apprécier, voire à aimer, un bâtiment terminé.
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Or, il est évident que la beauté est un sujet rarement abordé dans le débat architectural contemporain. Cette réticence pourrait provenir du mécanisme hérité du Modernisme ; à moins qu’il ne s’agisse de la peur de l’échec. Dans son essai sur le théâtre des marionnettes, Heinrich Von Kleist observe que la volonté de plaire mine facilement la beauté. Pour lui, le mouvement d’un pantin articulé est plus beau que celui d’un danseur. Il explique toutefois que l’effort soutenu conduit à la maîtrise et qu’« ainsi revient la grâce, quand la conscience est elle aussi passée par un infini ; de sorte qu’elle apparaît sous sa forme la plus pure dans cette anatomie humaine qui n’a aucune conscience, ou qui a une conscience infinie, donc dans un mannequin, ou dans un dieu ». Face à ces choix, on pourrait être fortement tenté de cultiver une inconscience délibérée, en espérant que la beauté natu-relle finisse par surgir d’elle-même.
NoirLe noir, c’est les ténèbres. Il exprime la neutralité,
l’élégance et la sobriété, mais aussi l’autorité et la puis-sance. Comme le blanc, le noir est utilisé avec si peu de discernement qu’il en est devenu une convention, un cli-ché. Il constitue un excellent fond pour mettre en lumière les couleurs claires, vives, mais risque aussi de galvauder des teintes plus subtiles. Nous préférons les couleurs très sombres, proches du noir : bleus et verts foncés ou anthracites légèrement teintés. Ces derniers absorbent la lumière sans devenir muets : leur intention chromatique peut être reprise par d’autres tons.
BleuLe bleu amplifie l’espace. On l’associe d’emblée à l’océan
et au ciel. Le bleu symbolise la pureté et la sérénité. Nos bleus préférés sont le bleu Klein, les bleus et turquoises des céramiques orientales, les bleus clairs de l’hibiscus ou de la jacinthe des bois, qui luisent au crépuscule, et le bleu blanchâtre d’une pâleur splendide et une clarté indéniable que l’on trouve dans tous les villages indiens, celui du lait de chaux rehaussé d’une touche d’indigo.
ChandigarhC’est à l’occasion d’un voyage en Inde, en 1987, que
notre intérêt pour les couleurs est devenu une passion : la sensualité des villes du Rajasthan, la découverte des travaux de Le Corbusier à Ahmedabad et la visite de Chandigarh ont libéré notre perception de la couleur en architecture et dans la ville. Chandigarh met en scène l’architecture d’une manière presque naïve : ornementale, décorative et rayonnante, elle semble pourtant dépourvue de tout arti-fice. L’effort de sophistication artistique côtoie volontiers ce que nous interprétons comme le quotidien spirituel de l’Inde. Ces espaces soigneusement agencés ont été sub-mergés par la multitude de programmes d’aménagement urbain. Le paradigme moderniste y est tantôt respecté à la lettre, tantôt subtilement perverti par toutes sortes d’évé-nements inattendus. Nous avons été fortement marqués par la fusion opérée entre architecture et activités, sans contradiction apparente. Nous en gardons un souvenir vivace qui nous inspire encore aujourd’hui. Dans un tel contexte, la couleur était comme un symbole d’appropria-tion festive, fournissant le chaînon manquant entre l’archi-tecture et son usage.
ChevreulMichel Eugène Chevreul (1786-1889), chimiste et
directeur de la Manufacture des Gobelins de Paris, a publié en 1839 un grand essai intitulé De la loi du contraste
simultané des couleurs et de l’assortiment des objets colorés. Il y décrit le principe de contraste simultané et le phéno-mène de mélange optique qui en résulte. Selon cette loi, une tache grise entourée de rouge apparaît verdâtre car toute teinte prend la couleur la plus complémentaire de celle de son voisin. La juxtaposition des couleurs com-plémentaires intensifie leur effet et en renforce l’éclat. Van Gogh, par exemple, peignait des ombres violettes pour faire ressortir le jaune de la lumière du jour. Ce phénomène de mélange optique s’observe à une échelle bien plus petite dans l’œuvre de Rubens, qui utilise des touches de vert pour nuancer la chair rosée. S’il avait mélangé le vert et le rose sur sa palette, l’ombre aurait alors pris une teinte gris terne, ce qui aurait amenuisé l’effet final. Ces lois optiques sont tout aussi pertinentes quand il s’agit d’appliquer de la couleur en architecture. Les façades du Musée Brandhorst, qui semblent neutres de loin, se décomposent, à mesure qu’on s’en rapproche, en une palette de couleurs complémentaires.
ChromophobieChromophobia (« La peur de la couleur ») est le titre
de l’excellent ouvrage de l’artiste britannique David Batchelor, où il expose qu’une grande partie de la culture occidentale serait prise d’une pulsion chromophobe : « Cela transparaît dans les nombreuses tentatives visant à éliminer la couleur […], soit en l’assimilant à un ‹ corps étranger › – oriental, féminin, infantile, vulgaire, patho-logique –, soit en la reléguant au domaine du superficiel, du superflu ou du cosmétique ».
L’impression de déjà-vu qui se dégage de la lecture de cet essai prouve qu’il a visé juste. En effet, la couleur est toujours considérée comme une singularité en architec-ture, y compris par les initiés. Face à un bâtiment coloré, on a tendance à négliger ses autres caractéristiques. Bien entendu, l’inverse est aussi vrai : nombreux sont ceux qui pensent que l’utilisation de la couleur est en soi une étape importante vers une sorte de libération, comme si le fait de clamer sa chromophilie marquait déjà une victoire culturelle significative.
VilleDans le flux continu qu’est devenue la ville, le lieu
est déterminé par le programme d’aménagement et l’architecture. Ceux-ci forment un réseau de relations dynamique, qui doit être sans cesse redéfini au cas par cas. Quartiers résidentiels, espaces commerciaux, parcs d’affaires, centres historiques, équipements de loisir... la géographie qui en résulte est tout ce que nous avons : elle délimite l’horizon sensoriel de notre monde, elle est la matière première de notre imagination. En tant qu’ar-chitectes, nous pouvons contribuer à élargir cet horizon chaque fois que nous y ajoutons quelque chose. Après tout, l’architecture fonctionne comme un substitut de la nature. Sa variété, sa beauté et sa sensualité fournissent aux habitants un répertoire et un décor expérimental.
Couleur et tectoniquesSi l’on tolère l’ajout de couleurs sur les parties secon-
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daires, amovibles ou facilement remplaçables des édi-fices, le recours à la couleur sur des éléments structurels est encore perçu comme une transgression. Une poly-chromie appliquée sur une colonne, par exemple, mine-rait l’essence même des principes tectoniques. En effet, si les colonnes doivent supporter le poids d’un bâtiment, elles sont aussi censées en révéler le sens structurel. Or, sur une colonne peinte coïncident des positions archi-tecturales opposées : structure versus habillage, espace conceptuel versus espace expérimental. Et si, au lieu de s’exclure mutuellement, ces polarités étaient complémen-taires ? Pourquoi ne pas assumer la richesse inhérente à la contradiction, en invitant le spectateur à participer ?
CommunicationQuand on parle de couleurs en architecture, on se
réfère généralement à celles qui ne sont pas inhérentes aux matériaux de construction. Pour un architecte, un immeuble en briques n’est pas un immeuble rouge. Inversement, une maison recouverte d’un enduit bleu n’est pas une maison enduite. L’application d’une couche de couleur révèle une intention allant au-delà de la construction en tant que telle, un désir délibéré de com-muniquer. Qu’il s’agisse d’un désir de se distinguer ou de s’intégrer, d’orner ou de décorer, le recours à la couleur en architecture vise à repousser les limites de la discipline et à engager un dialogue avec les usagers et les passants, mais aussi avec le bâti environnant.
Le CorbusierBien sûr, nous avons beaucoup appris du travail de Le
Corbusier sur la couleur en architecture, de Weissenhof à Heidi Weber. Nous admirons également sa pratique paral-lèle de la peinture et de la construction. Mais l’attitude didactique d’une grande partie de ses écrits nous agace, et nous n’adhérons ni à son Modulor ni au clavier de couleurs Salubra. Ce qui nous inspire, c’est d’aborder ses bâtiments comme des sculptures à grande échelle et de respirer l’es-pace sous toutes ses formes. Cela nous remonte comme des horloges ; tous nos doutes s’évaporent et nous croyons à nouveau en la puissance de l’architecture. À la fois admi-rateurs et critiques, nous entretenons avec Le Corbusier ce rapport simultané de proximité et de distance, privilège de la génération des petits-enfants.
CrimeLe fait de percevoir le recours à la couleur en archi-
tecture comme une exception notable à la règle est une conséquence directe de l’attitude chromophobe des générations modernes et modernistes. Dans son essai Ornement et crime (1908), Adolf Loos plantait le décor, en décrivant l’embellissement ornemental des objets et des bâtiments comme une aberration issue d’un esprit dégénéré et criminel. A l’inverse, il voyait dans la surface urbaine nue un signe de pathos sublime et de puissance spirituelle. L’homme moderne aspirait à des villes où « les rues resplendir[aient] comme de grands murs blancs, [...] comme Sion, la ville sainte, capitale du ciel ». Mais dans l’intimité du foyer de ses clients, Loos prêchait une sen-sualité faite de matériaux riches et de couleurs subtiles.
Aujourd’hui encore, l’application d’ornements et de couleurs sur la façade d’un bâtiment est perçue comme un acte de masquage. Elle porte encore la marque (et le
charme) de l’interdit. Pourtant, avec les méthodes contem-poraines de construction, les nouvelles exigences de flexi-bilité et la plus grande sensibilité énergétique en général, les façades endossent un rôle plus indépendant. D’une part, elles conditionnent précisément le cadre intérieur et le caractère de l’espace. De l’autre, leurs surfaces contri-buent à l’atmosphère urbaine. Réduire l’espace public au domaine de la fonctionnalité nue et le priver des qualités sensuelles qui faisaient justement la valeur des intérieurs d’Adolf Loos : voilà quel serait le vrai crime aujourd’hui.
Camouflage DazzleAu début des années 1990, alors que nous travaillions
sur le traitement de la couleur sur les façades du Centre Photonics, une collaboratrice nous a montré un catalogue retraçant le travail de son grand-père Norman Wilkinson. Ce peintre anglais s’était distingué pour ses services à la Royal Navy pendant la Première Guerre mondiale. Il eut l’idée de faire recouvrir les cuirassés de la marine des Alliés de gigantesques motifs colorés, quasi cubistes : le célèbre Camouflage Dazzle. Cette tactique parvint à déso-rienter les périscopes sous-marins allemands. Ce phéno-mène nous a fascinés pour deux raisons. D’abord, parce que nous recherchions une illusion d’optique similaire en concevant une façade susceptible de réduire l’impact visuel de deux bâtiments qui, en raison des contraintes d’aménagement, étaient légèrement trop grands pour le site. Ensuite, parce que nous admirions le fait qu’un élé-ment aussi insignifiant qu’une couche de peinture ait eu un tel effet sur ces énormes cuirassés. Non seulement il devenait difficile de les localiser dans l’espace, mais leur présence martiale laissait place à une nouvelle identité ambiguë, à mi-chemin entre la sculpture futuriste et le bateau de plaisance excentrique.
DétailLe détail architectural découle d’abord et avant tout du
besoin d’unir les éléments : comment relier une colonne à une poutre, ériger un escalier depuis le sol, intégrer une fenêtre à un mur ? Il s’agit ensuite de déterminer comment un détail peut dépasser les simples besoins de construction. Comment devient-il Architecture ? Pour faire simple, les architectes ont adopté trois stratégies au fil des années : l’habileté, l’ornementation et le déni. L’habileté vise à surmonter l’épreuve technique du mieux que possible, en atteignant l’esthétique à travers l’excel-lence du savoir-faire. Les détails de menuiserie japo-naise sont des exemples évidents d’une telle maîtrise. L’ornementation, au contraire, tire parti du problème technique, en en faisant un prétexte pour décorer et ajou-ter un contenu symbolique. Les applications ornemen-tales comme les corniches et les moulages, les assises et les chapiteaux (bref, tout le vocabulaire de l’architecture classique) illustrent bien cette stratégie. Le déni, enfin, consiste à rechercher une cohésion spatiale par le biais de surfaces continues et de lignes articulées, en tentant souvent de dissimuler les contraintes techniques. Cette tendance se retrouve dans le baroque et dans de nom-breux exemples d’architecture moderne.
Bruno Taut a su utiliser la couleur pour obtenir une nouvelle clarté. Son recours à la peinture sur les fenêtres englobe les trois stratégies à la fois : il expose la logique structurelle de l’objet, tout en créant une hiérarchie
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visuelle déroutante. Enfin, son usage de la polychromie fait écho à la composition visuelle de la façade entière, ainsi qu’à l’espace public que celle-ci délimite. Sobres et ludiques, ces fenêtres masquent autant qu’elles révèlent. Elles sont tout aussi pragmatiques que fantastiques.
Dimensions - de 3 à 2Certes, l’environnement bâti est indéniablement tri-
dimensionnel. Mais de nos jours, la communication en la matière s’inscrit de plus en plus dans un cadre bidimen-sionnel : à travers la vidéo et l’image, sur papier ou à l’écran. A mesure que nous nous habituons à percevoir le monde à travers ces supports, plus sophistiqués que jamais, nous nous préparons à accepter que la représentation bidimen-sionnelle remplace l’expérience tridimensionnelle. Ainsi, notre compréhension de l’espace subit une insidieuse métamorphose. C’est particulièrement vrai chez les archi-tectes, qui font un usage presque exclusif de l’écran pour concevoir, observer et évaluer l’espace tridimensionnel au quotidien. La couleur joue sur notre lecture de la tridimen-sionnalité : elle peut donner de la profondeur à une surface plane, ou inversement, aplanir un relief. C’est pourquoi le travail sur la couleur suppose un travail sur l’interac-tion entre le bi et le tri-dimensionnel. Dans le domaine de l’architecture, presque par défaut, cela implique ce condi-tionnement culturel d’aplanissement de l’espace. Dans ce contexte, la couleur peut devenir un vecteur de transpa-rence, signalant à l’observateur attentif un virage essentiel dans notre perception et notre conception de l’espace.
Tons neutresQu’elle soit pâle ou sombre, chaude ou froide, une
couleur confuse, souvent difficile à déterminer, s’avère utile pour laisser s’affirmer une couleur dominante. Sur le Centre Photonics, par exemple, ou l’Agence fédérale allemande pour l’environnement, on retrouve bon nombre de ces demi-teintes étranges et difficiles à décrire. L’utilisation conceptuelle de la couleur dans l’ar-chitecture moderne (c’est-à-dire le choix d’une blancheur omniprésente, l’usage de couleurs primaires ou presque primaires sur de grandes surfaces) semble avoir entraîné une perte de sensibilité à l’égard de la subtilité des cou-leurs. Il existe une myriade de beaux gris et autres tons neutres légèrement colorés offrant bien plus de liberté d’expression que ces points monotones sur l’échelle allant du blanc au noir.
LibertéPar défaut, la construction implique une perte de
liberté. La présence d’un mur limite l’espace. Une telle limitation entrave l’ouverture mais en même temps, elle laisse libre cours aux perspectives offertes par la coexis-tence et l’échange de différences. Sans délimitation, il n’y a pas de lieu et sans lieu, il n’y a pas d’échange social. Le dilemme entre besoin de définition et désir de liberté est inhérent à la discipline architecturale. Or, la liberté se gagne en jonglant avec les capacités du programme, de l’espace et de l’expérience sensorielle, pas nécessairement avec l’absence de matière.
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Nous pouvons observer un récent regain d’attention pour l’œuvre de Gilbert Simondon. Je suis heureux d’y participer ici tant ses textes sont à même de nous proposer une riche interprétation philosophique et politique du milieu dans lequel nous vivons. Je tâcherai également de montrer dans ce court texte comment sa philosophie peut «�résonner�» – j’utilise ici la terminologie simondonienne – dans la pratique de la conception architecturale.
Le concept principal inventé par Simondon est celui de l’individuation. Il est fondamental d’observer que, par définition, un tel concept s’attache plus à un processus qu’à un produit fini. Ce n’est pas l’individu qui l’intéresse, mais plutôt l’opération technique et/ou psychique qui permet d’y aboutir. A cet égard, il semble difficile d’imaginer que sa pensée n’ait pas eu une grande influence sur Gilles Deleuze et Felix Guattari lorsqu’ils pensèrent le concept de devenir, soit le processus selon lequel un individu ou un groupe d’individus s’attachent à affirmer créativement et politiquement leur dimension minoritaire dans les relations de pouvoir instituées (devenir femme, devenir révolutionnaire, devenir animal etc.).
Dans son livre L’individu et sa genèse physico-biologique (Jérôme Millon, 1995), Simondon utilise la description extensive d’un cas particulier pour illustrer dans quelle mesure considérer la formation d’un corps quel qu’il soit ne peut pas être réduit à la simple
association d’une forme et d’une matière comme le paradigme aristotélicien de l’hylémorphisme le fait. Par le biais d’une description microphysique de la formation d’une brique de l’intérieur de son moule, il définit son propre paradigme qu’il appelle allagmatique. Au sein de ce dernier, l’objet/corps fini (bien sûr le qualificatif fini est strictement anthropocentrique) est compris comme la résultante d’un processus énergétique de la formation de la matière. Simondon reproche au modèle hylémorphique de considérer la forme comme un élément du réel, lorsqu’elle n’est en fait qu’une idée abstraite qui nécessitera, pour exister réellement, de se matérialiser toujours imparfaitement en un échafaudage ou un moule.
Il continue alors sa critique en définissant le modèle hylémorphique comme celui dans lequel «�l’homme libre�» – qui imagine la forme dans sa perfection abstraite – commande à «�l’esclave�» – qui connaît les techniques de l’artisanat – la construction de l’objet. N’est-ce pas exactement le mode selon lequel l’architecte et ses lignes abstraites ordonne aux ouvriers de construire l’immeuble qu’il a imaginé�? Le plan de l’architecte, tout comme la vision utopique d’une société, est une forme de représentation particulière puisqu’elle illustre non pas un état fini, mais au contraire un objet encore inexistant. Selon ce paradigme, il s’agira donc de faire correspondre cet objet virtuel à l’objet réel dans une opération rétrospective comportant une certaine violence.
L E F U N A M B U L E
POUR UNE ARCHITECTURE ALLAGMATIQUEIntroduction à l’œuvre de Gilbert Simondon
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Prenons un exemple architectural�: que l’on parle du modulor corbuséen ou de n’importe quel autre corps idéel ou standard – paradoxalement, c’est ici la même chose – le fait de vouloir adapter l’architecture à ce même corps – presque toujours mâle, en bonne santé et blanc – représente une violence véritablement physique pour tout corps qui ne lui correspondrait pas. Pour supprimer cette violence, il s’agit donc de ne plus chronologiser l’élaboration d’une forme et sa matérialisation, mais bel et bien de les faire correspondre simultanément tout en considérant l’énergie qui permet l’accomplissement de cette opération�: c’est le principe du modèle allagmatique dont nous parle Simondon.
Au sein de ce texte, ce dernier ne nous dit pas à quoi ressemblerait une application politique du modèle allagmatique, mais nous pouvons sans doute l’imaginer pour lui à l’échelle sociétale comme à celle de la pratique de l’architecture. De son point de vue, l’énergie est ce qui permet à une matière de former un corps, un individu�; mais également à des corps de former un collectif corporel qu’il nomme transindividu. La transindividuation, soit le processus énergétique selon lequel des individus deviennent un transindividu, c’est-à-dire un groupe qui est plus que la somme de ses parties, constitue le processus politique par excellence. Considérer l’acte politique dans son constructivisme, c’est-à-dire dans ce qu’il contribue à produire, revient à s’attacher à sa matière corporelle – sans doute composée différemment que le corps idéel standard cité plus haut – mais également au processus énergétique qui l’a effectué. D’un point de vue architectural, le modèle
allagmatique en effectuation pourrait se comprendre comme une tendance simultanéiste de la conception et de la construction ainsi que de leurs acteurs. Bien sûr, il paraît difficile qu’un tel modèle puisse s’appliquer à la lettre pour autre chose qu’un petit édifice�; néanmoins, une compréhension profonde des processus énergétiques impliqués dans la construction d’une architecture au moment de la conception constituerait d’ores et déjà un point de départ vers une architecture proprement allagmatique.
Léopold Lambert
S’il est courant de voir des contenus imprimés basculer sur des plateformes numériques, l’inverse l’est moins. C’est pourtant ce que nous mettons en place avec cette nouvelle rubrique écrite par Léopold Lambert. Architecte basé à New York, chroniqueur en ligne, il est connu pour la perspicacité de ses articles. Il tient depuis 2007 un des meilleurs blogs d’architecture que l’on puisse lire : http://thefunambulist.netSpécialiste des rapports entre guerre et architecture, Léopold Lambert sera présent dans TRACÉS un numéro sur deux. Nous lui souhaitons la bienvenue !
1 Gilbert Simondon en 1970 2 Illustration tirée de l’ouvrage Du mode d’existence
des objets techniquesDessin du funambule : Bruno Souêtre
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A C T U A L I T É S
Une nomination, trois projets, une exposition et un livre. L’architecte français Dominique Perrault fait une entrée remarquée à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.
Nommé en mars professeur ordinaire d’architecture (théorie et critique de projet), Dominique Perrault a inauguré le 4 juin dernier le bâtiment BI qui accueil-lera les services centraux de l’Ecole, un bureau de poste et un café-restaurant. Ce bâtiment en croix, articulé autour de deux patios agrémentés d’arbres– clin d’œil à la bibliothèque nationale de France qui a fait connaître l’architecte – est le premier d’une série de trois constructions qui ambitionnent le change-ment radical du campus�: simplification des espaces interstitiels, reconquête de l’espace public, diversité et mixité. Le bâtiment BI, organisé sur la trame d’origine du campus et d’une composition simple et efficace, se
distingue – comme de nombreuses œuvres de Dominique Perrault – par sa «�peau�». L’architecte assume et renforce la diversité du campus en ajoutant, entre le bâtiment fonctionnaliste des années 1970 et le Rolex Learning Center de SANAA, un petit objet dont les façades en verre émaillé coloré ainsi que le programme mixte du rez-de-chaussée viennent renforcer le caractère urbain de l’avenue Piccard.
Avant que l’espace du rez-de-chaussée ne se transforme en café, l’équipe de Dominique Perrault a réalisé une expo-sition qui présente les maquettes des cinq projets suisses en cours de réalisation, une sélection de 16 projets helvétiques non réalisés ainsi que la maquette de l’Université féminine Ewha à Séoul. «�Territoires et horizons�» est visible tous les jours jusqu’au 29 juin. Et, last but not least, une publication éponyme, dirigée par Anna Hohler et éditée par les Presses polytechniques et universitaires romandes, vient accom-pagner l’exposition. CVDP
DPA À L’EPFLL’Agence Dominique Perrault inaugure le premier de ses trois bâtiments sur le campus de l’EPFL
Dominique Perrault Architecture. Territoires et horizonsExposition à voir jusqu’au 29 juin. Bâtiment BI – EPFL LausanneCatalogue, sous la direction de A. Hohler, PPUR, Lausanne, 2013
Office fédéral des routes OFROU
L'Office fédéral des routes (OFROU), dont le siège principal se trouve à Ittigen, est l'autorité suisse com-pétente en matière d'infrastructure et de circulation routières. La filiale de l'OFROU située à Thoune etson antenne de Viège sont responsables de la construction et de l'entretien des routes nationales dans lescantons de Berne et du Valais.
Spécialiste en relevé d'état des tracés
Dans le cadre de votre fonction, vous serez subordonné(e) au responsable du domaine Gestion du patri-moine. Vous dirigerez le relevé et l'évaluation de l'état des revêtements, des marquages, des dispositifsd'évacuation des eaux, des systèmes de retenue, des moyens de clôture et des divers autres équipementsdes tronçons de route nationale sur le territoire de la filiale, en respectant les règles applicables et les dé-lais impartis. Vous mandaterez des tiers et coordonnerez leurs travaux. Par ailleurs, vous examinerez etanalyserez les résultats obtenus, définirez l'étendue et le moment des projets de remise en état, déciderezet dirigerez les mesures nécessaires tant à la remise en état qu'à la réduction des risques. En outre, voussaisirez les résultats dans les systèmes de gestion concernés, établirez des rapports sur l'état des tronçonset procéderez à l'évaluation des données.
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Pages d’information de la sia - Société suisse des ingénieurs et des architectes
DES ACTIONS CIBLÉES POUR DÉFENDRE LA SAINE CONCURRENCE
La SIA Vaud a fait de la passation des marchés publics un thème prioritaire. Son objectif est de créer un centre de compétences Marchés publics au sein de la section. En parallèle, les membres SIA, architectes et ingénieurs sont appelés à respecter la déontologie et les règles élémentaires pour une concurrence saine et loyale.Cette prise de position du comité de la SIA Vaud découle de la situation à laquelle il est confronté depuis plus d’une année. Régulièrement, des entités publiques ou semi-publiques lancent des procédures qui ne respectent pas la Loi sur les Marchés publics (LMP), en détournent volontairement l’esprit et/ou ne respectent pas les recommandations et règlements de la SIA (Documentation D0204, Règlements SIA 142 pour concours et SIA 143 pour mandats d’études parallèles). Ce constat est confirmé par le rapport de la Cour des Comptes publié en décembre 2012 («�Les conditions concurrentielles appliquées aux marchés publics des communes�», Cour des comptes du Canton de Vaud, rapport n° 23, 12 décembre 2012) qui, sur un panel de huit communes de taille moyenne, a constaté que plus de 80% des objets d’investissements décrits dans les préavis municipaux comprennent des marchés publics présentant des non-conformités à la LMP ou aux principes de bonne pratique concurentielle. Ces affaires mettent en lumière d’une part la méconnaissance de la LMP et de son application, de la part des maîtres d’ouvrages et des mandataires. D’autre part, le manque de professionnels spécialisés dans le domaine, vers lesquels les communes peuvent se tourner pour organiser leurs procédures. Enfin, tout aussi regrettable, le fait que des mandataires SIA sont parfois impliqués dans ces procédures douteuses, en contradiction totale avec la déontologie de la SIA. Face au nombre de cas signalés et pour éviter leur propagation, il est du devoir de la SIA d’agir, pour défendre les professions d’architecte et d’ingénieur. De manière proactive et dans la
mesure de ses moyens, la SIA Vaud a donc lancé plusieurs actions qui visent à�: – Informer et sensibiliser le politique et
les maîtres d’ouvrages, en organisant des rencontres avec les communes et le canton.
– Encourager la formation des membres SIA susceptibles d’organiser des procédures, de conseiller les maîtres d’ouvrages en tant que membres d’un collège d’experts ou en tant que participants. Un projet de cours et séminaires est à l’étude. A terme, la SIA Vaud entend établir une liste d’experts à disposition des adjudicateurs.
– Développer en interne les ressources et les compétences conseils à disposition des communes. Cela passe par un renforcement de la Commission des concours et appels d’offres et l’implication des membres SIA spécialisés en droit de la construction.
– Développer des outils concrets, comme l’Observatoire vaudois des marchés publics (OVMP) lancé en janvier 2013(lire TRACÉS 3/2013). Cet outil d’obser-vation des marchés publics de services à disposition des mandataires vise à améliorer la qualité des procédures.
– Coordonner les actions avec les autres associations professionnelles, sections romandes de la SIA, UPIAV, InterAssAr et FVE notamment.
La défense des professions d’architecte et d’ingénieur passe par le respect des buts visés par la LMP, à savoir la transparence, une saine concurrence et l’égalité de traitement. Il est important que chaque membre SIA respecte les pratiques professionnelles reconnues par la SIA. En défendant des procédures basées sur une saine concurrence, nous militons pour la défense des intérêts de nos métiers mais aussi pour un cadre bâti de qualité.Jacqueline Pittet, présidente de la SIA Vaud
NOUVEAU PROFIL PROFESSIONNEL : COORDINATEUR BIM
Tandis que de nouvelles méthodes de planification numériques, telles que le «�Building Information Modeling�» (BIM) – ou «�maquette numérique du bâtiment (MNB)�» en français – sont de plus en plus appliquées au niveau international, leur introduction en Suisse demeure freinée, notamment par des obstacles organisationnels rigides. A l’occasion de sa journée annuelle, le 19 septembre 2013, le groupe professionnel Technique de la SIA (BGT) abordera les méthodes concernées et posera la question d’une nouvelle spécialisation professionnelle. Les carnets de commande des bureaux d’architecture, de génie civil et de spécialistes en installations du bâtiment
Digression : Comment mettre en concurrence l’ingéniosité ?Les résultats de plusieurs appels d’offres publics récents dans le domaine de l’ingénierie civile mettent en évidence de grandes disparités entre les montants d’honoraires offerts. Pour un même cahier des charges, ces différences sont peu compréhensibles pour le public et jettent le discrédit sur notre profession. Plus que l’incertitude concernant l’évolution future du marché de la construction et une saine concurrence entre prestataires de services, l’origine de ces disparités est à rechercher dans le mode de mise en concurrence actuel des prestations d’ingénieur qui donne souvent une part prépondérante au critère du prix, donc au temps de réflexion accordé à la recherche et à l’optimisation de la meilleure solution technique pour le projet. Pour présenter une offre économique, la tentation est donc grande pour le soumissionnaire de réduire ce temps de réflexion et d’opter pour des solutions simples, sécuritaires, mais finalement peu économiques pour son client.Persuadée que les investissements consentis dans l’élaboration d’un bon projet sont très nettement inférieurs aux économies qui seront ensuite réalisées sur le coût de sa construction. La SIA lutte contre cette tendance en incitant ses membres à fournir des prestations de qualité et à faire preuve de la plus grande diligence envers le maître de l’ouvrage. Elle propose également des modes de mise en concurrence adaptés au métier de l’architecte et de l’ingénieur. Ainsi, le nouveau règlement SIA 144 Règlement des appels d’offres de prestations d’ingénierie et d’architecture, qui vient d’être approuvé par l’assemblé des délégués le 25 mai 2013 et qui sera publié en juillet 2013 (des informations détaillés suivront en juillet), fournit la base pour des procédures saines et loyales dans le domaine des appels d’offres. Ce règlement comble une lacune dans les règlements de la SIA. Alain Oulevey, vice-président de la SIA Vaud
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sont abondamment garnis depuis plusieurs années. La conjoncture favorable dont profite le marché de la construction ne doit toutefois pas occulter les changements structurels en cours, qui appellent des adaptations fondamentales au sein de la branche. Alors que la modélisation numérique pour le bâtiment (Building Information Modeling BIM) gagne du terrain, la Suisse est à la traîne dans ce domaine. La responsabilité des grands projets de l’industrie pharmaceutique dans la région de Bâle est ainsi confiée à des bureaux d’ingénieurs allemands et il ne reste plus guère à leurs homologues suisses que l’option de postuler comme sous-traitants. Ce manque de réactivité est dû à des modes d’organisation rigides, associés à une pénurie aiguë de spécialistes qualifiés.
Potentiel du BIM Les atouts du BIM résident dans la simulation détaillée de la structure et des installations d’un bâtiment, ainsi que de leurs variantes, sans frais supplémentaires. Les avantages qui en découlent sont multiples�: l’optimisation des fonctions devient possible moyennant des coûts d’étude modestes, ce qui se traduit ensuite par des économies spectaculaires au niveau des frais d’exploitation. Un catalogage clairement ordonné des éléments de construction disponibles sur le marché facilite le choix de la solution avantageuse. Les phases de planification et d’exécution bénéficient en outre d’une flexibilité notablement accrue, dans la mesure où les retombées financières et spatiales d’une modification de projet sont immédiatement visibles. Enfin, la disponibilité d’un dossier numérique «�as built�» dès l’achèvement des travaux facilite encore grandement le travail du gestionnaire d’immeuble.En particulier pour des bâtiments d’envergure, dotés d’une logistique élaborée et d’installations techniques très complexes, tels les hôpitaux p. ex., le recours au BIM est
aujourd’hui une nécessité. Il en va de même pour les interfaces supplémentaires qu’il faudra maîtriser à l’horizon énergétique 2050, pour intégrer le contexte systémique d’un bâtiment en vue de son approvisionnement de proximité. Des objectifs tels que l’absence d’émissions, le chauffage à basse température et la réfrigération à haute température peuvent en effet rarement être atteints sans étude de variantes.
Cahier des charges du coordinateur spécialisé BIM L’introduction des méthodes BIM ne contribue toutefois pas seulement à optimaliser les phases de projet, d’exécution et d’exploitation, mais implique encore une approche radicalement nouvelle. Contrairement à une organisation de projet classique, dont l’architecte assume la responsabilité globale en coordonnant un grand nombre de concepteurs spécialisés, mais où la responsabilité de la gestion des données n’est pas clairement définie, le
Journée annuelle du groupe professionnel Technique (BGT)
La Journée du BGT se tiendra le 19 septembre 2013, de 8h30 à 17h00, à l’hôtel Astoria à Lucerne. La matinée sera consacrée aux défis et tendances actuels (approche systémique du bâtiment, planification globale architecture/façade/concept énergétique), ainsi qu’aux exigences qui en découlent pour la coordination des prestations spécialisées. L’après-midi verra la présentation de nouvelles méthodes de planification (dont le BIM). Après chacune des sessions, les contenus présentés seront discutés et approfondis lors d’une table ronde.Le coût de la journée (y. c. repas et documentation) s’élève 280 Fr. (pour les membres SIA) resp. à 330 Fr. (pour les non membres). Le congrès se déroulera en allemand.Informations complémentaires et inscriptions sous : www.sia.ch/bgt
Les programmes de conception numériques ne suffisent pas encore à garantir un résultat. (Dessin Pfuschi-Cartoon.ch)
nouveau modèle confie l’articulation du projet au coordinateur spécialisé BIM. C’est à lui qu’incombe la tâche de coordonner les différents domaines concernés (installations techniques du bâtiment, façades, etc.) pour les intégrer à un «�système de bâtiment�» fonctionnel. Il ne développe donc pas de concepts lui-même, mais il est responsable de coordonner les prestations spécialisées et de gérer l’ensemble des données. Le cas échéant, il reste à définir si la conduite de projet doit ou non s’ajouter à ce cahier des charges. Le profil exigé d’un coordinateur BIM inclut la connaissance des processus d’étude et de réalisation, la maîtrise des outils BIM et des règlements SIA (RPH 102/103/108), l’expérience des installations du bâtiment (y compris en matière de façades et de domotique) et des compétences de direction. Les applications BIM nécessitent un bon communicateur, apte à motiver et à s’imposer. Les bureaux d’architectes et d’ingénieurs suisses ont jusqu’ici bénéficié de la réputation internationale attachée aux qualités architecturales et fonctionnelles supérieures de leurs travaux. L’introduction des méthodes BIM aidera les concepteurs suisses à maintenir leur branche à ce niveau.Jobst Willers, Ing. ETS/SIA,
président du groupe professionnel Technique,
AFFILIATIONS À LA SIA AU 1er TRIMESTRE 2013
Entre le 1er janvier et le 31 mars 2013, la SIA a accueilli 16 nouveaux membres bureaux et 14 succursales de bureaux déjà affiliés. 95 personnes ont rejoint la SIA à titre individuel. Six étudiants ont obtenu le statut de membre étudiant. Au nom de la SIA, la direction et le secrétariat général remercie ses nouveaux membres pour l’intérêt et la confiance qu’ils portent à la SIA et leur souhaitent la bienvenue.
Nouveaux membres région RomandieMEMBRE BUREAUXAEDIFICIA SA, LausanneAtelier d’architecture Perret, Lausanne
MEMBRES INDIVIDUELSSection FribourgCalisto Pinto Virgílio José, arch. dipl. REG A, Château-d’Œx >>>
38 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
Koller Marcel, dipl. Geomatik-Ing. ETH, FormangueiresRey Benjamin, MA arch. ZFH, Lussy, FR
Section GenèveAlbin Rémi, ing. civil dipl. ENTPE, GenèveBarroco Antonio, ing. méc. dipl., GenèveBernardi Silvia, arch. dipl. EPF, GenèveGallay Delphine, MSc ETH bau-ing., VernierGarcia Carrera Jose Antonio, arch. dipl. ETS/EPF, Plan-les-OuatesGharbi-Hadjas Houria, arch. dipl., GenèveMassot Braun Christine, arch. dipl./REG A, CarougeProkesch Yvan, ETS/MSc arch., Chêne-BougeriesSantos Silva Vidal, ing. méc. dipl. HES, MSc Ing. HES-SO, GenèveSteiner Matthieu, MA arch. HES-SO, Grand-SaconnexThevenon Skamanga Kristine, arch. dipl. EPF, PrevessinTribelli Francesco Maria, arch. dipl., GenèveZid Samir, arch. dipl. EPF, Versoix
Section JuraOlszewska Joanna Isabelle, dr. ing. él. dipl. EPF, Huddersfield
Section NeuchâtelPelati Andrea, arch. dipl. HES/REG A, St-Aubin-Sauges
Section VaudBiollay François, ing. dipl. civil EPF, LausanneBovay Fabrice, ing. dipl. EPF, Villars-le-TerroirCayana Edson, arch. dipl. EPF, EcoteauxDegn Andreas Schmidt, cand. arch., Vevey Hottner Thomas, dipl.-ing. FH, arch., LausanneMartella Ubaldo, MA arch., LausanneMerigeaux Lucie, ing. civil dipl. ESTP, LausanneNeirynck Francis, ing. dipl. civil EPF, LausanneSarazin Alexandre, arch. dipl. DESA, LausanneSaurais Pierre-Marie, MSc EPF arch., PullySollberger Gérard, ing. génie rural dipl. EPF, Vevey Section ValaisGermanier Celine, MSc EPF arch., ErdeHeinzmann Daniel, dr. sc., dipl. bau-ing. ETH/FH, VisperterminenMétrailler Frédéric, MSc EPF ing. génie rural, Sion
DANIELE BIAGGI ENTRE AU COMITÉ DE LA SIA
Le 25 mai 2013, l’assemblée des délégués de la SIA a unanimement élu le géologue Daniele Biaggi au comité de la Société. M. Biaggi y succède à l’ingénieur forestier Andreas Bernasconi, que les délégués ont nommé membre d’honneur.Agé de 50 ans, Daniele Biaggi a une formation de géologue et d’ingénieur économiste et a acquis une large expérience des activités associatives. De 2001 à 2006, il a présidé le comité de la Société suisse d’hydrogéologie (SSH) et de 2008 à 2012, l’Association suisse des géologues (CHGEOL), une société spécialisée de la SIA. Dans cette dernière fonction, il s’est déjà occupé de divers thèmes et actions prioritaires pour la SIA, notamment de la passation des marchés (révision totale de la LMP), de l’aménagement territorial (loi sur le développement territorial, projet de territoire suisse, plan sectoriel «�Dépôts en couches géologiques profondes�») et de la réorganisation de la SIA. Daniele Biaggi préside le conseil d’administration du bureau Geotechnisches Institut, qui emploie une trentaine de personnes dans différentes implantations couvrant la Suisse entière.Au sein du comité de la SIA, Biaggi prend la succession de l’ingénieur forestier Andreas Bernasconi comme représentant du groupe professionnel Environnement. En reconnaissance de l’important engagement de ce dernier au poste de vice-président (depuis 2004) et au sein du comité de la SIA depuis 2003, les délégués ont nommé le Dr Andreas Bernasconi membre d’honneur de la SIA. sia
INVITATION À LA CONSULTATION DE LA NORME SIA 126
La SIA met en consultation le projet de norme suivant�:– SIA 126 Variation de prix�: Procédure selon la méthode paramétrique pour les prestations des mandatairesLe projet de normes (en version allemande) et le formulaire Word établi pour les prises de position sont disponibles sur le site internet de la SIA, où ils peuvent être téléchargés. Les commentaires et prises de position doivent être soumis d’ici jusque au 4 juillet 2013 au service des normes par courriel sous le chiffre correspondant à la norme et au moyen du formulaire électronique prévu à cet effet. Aucune réaction n’est recevable sous une autre forme (PDF, lettres etc.).
Emissions lumineuses – Comment les effets néfastes des émissions lumineuses peuvent-ils être réduits à l’extérieur ?27 juin 2013, Fribourg, 9h – 16h30Code Sanu, inscription : www.sanu.ch
La succession d’entreprise5 septembre 2013, Lausanne, 8h00 – 12h00Code SE02-13, inscription : www.sia.ch/form
La norme SIA 118 dans la pratique10 et 11 septembre 2013, Genève, 9h00 – 17h30Code AB66-13, inscription : www.sia.ch/form
Leadership en rénovation13, 18, 19, 27 septembre et 4 octobre 2013, Lausanne, 8h30 – 17h30Code IEEF05-13, inscription : www.sia.ch/form
CAS – Expertise économique dans l’immobilier20 septembre 2013 – mi juin 2014, Lausanne Code CAS, inscription : http://expertise.epfl.ch
Etre sa propre marque : Gérer son identité numérique et sa réputation en ligne: les clés du succès24 septembre 2013, Lausanne, 17h00 – 19h00Code PB01-13, inscription : www.sia.ch/form
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Consultation norme SIA 126Délais pour prise de position : 4 juillet 2013Projets et formulaire : www.sia.ch/consultationsAdresse courriel pour prise de position : [email protected]
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40 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
C O N C O U R S
40 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
* CI : concours d’idées – CP : concours de projet – PO : procédure ouverte – PQ : préqualification – OH : offre d’honoraires – MEP : mandat études parallèlesNOTE Cette rubrique, préparée en collaboration avec la SIA, est destinée à informer nos lecteurs des concours organisés selon le réglement SIA 142 ou UIA Les informations qu’elle contient ne font pas foi sur le plan juridique. Pour tout renseignement, prière de consulter le site www.sia.ch/concours
Date reddition(Date limite d’inscription)
Sujet* Organisateur et renseignements Conditions d’admission(Composition du jury – professionnels)
08 JUILLET 201316H00
Centre de soins et de santé communautaire du balcon du jura vaudois – conseils et études techniques, services techniques intégrés, aménagement urbain et architecture paysagère,Sainte-Croix(OH, PO) - nouveau
CSSCP/a Patrick Minder Architectes et Dolci ArchitectesRue des Pêcheurs 8CH – 1400 [email protected]
Ingénieurs civils et CVSE établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC
12 JUILLET 201312H00
N99 Ges.dynamique trafic/PMV:WTA GE- Mandat ing. GC+BSA , N01 et N01a, Genève(OH, PO) - nouveau
OFROUFiliale Estavayer-le-Lac Place de la Gare 7CH – 1470 [email protected]
Ingénieurs civils et en mobilité établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC.
08 AOÛT 201311H00
Projet de construction d’un bâtiment scolaire, d’une salle double multisports, d’une UAPE et d’un parking souterrain, Gilly(OH, PO) - nouveau
ASPAIRE P/a Vallat Partenaires SARue des Tuillières 1CH – 1196 Gland
Planificateurs généraux, architectes, ingénieurs civils et CVSE établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC
15 AOÛT 2013(30 JUIN 2013)
UIA HYP CUP 2013 International student competition in architectural design, Tianjin University, Beijing(CI-PO) - nouveau
Tianjin UnervistyNo. C185, Beiyijie Street Fuchenglu Road, Ganjiakou, Haidian DistrictCN – [email protected]
Etudiants en architecutre
19 AOÛT 201316H00
Projet de construction d’un établissement scolaire, Puidoux(CP, PO)
Commune de Puidoux P/a Vallat Partenaires SARue des Tuillières 1CH – 1196 Gland
Architectes, ingénieurs civils et CVSE établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC
26 AOÛT 2013 Concours d’architecture en deux tours – coopératives d’habitation participatives, écoquartier des Vergers à Meyrin(CP, PO) - nouveau
CODHA et VOISINAGESP/a urbaMondeRue des Savoises 15CH – 1205 Genève
Architectes établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC
26 AOÛT 201323H59
Reconstruction des bâtiments groupes de vie et école d’enseignement spécialisé, Le Mont-sur-Lausanne(OH, PO)
Association le Home-Chez-NousP/a Nicolas Joye, architecte EPFZ/SIARue du Four 14CH – 1303 [email protected]
Architectes et ingénieurs civil établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC
30 AOÛT 2013 Concours d’architecture Ancienne gare –Concours d’architecture pour un (des) bâtiment(s) d’habitation avec rez commercial, Crassier(CP, PO) - nouveau
Commune de CrassierRue de la Tour 3CH – 1263 [email protected]
Architectes établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC
12 SEPT 201316H00
Un bâtiment pour le Cluster Sport International – une porte d’entrée pour l’université de Lausanne(CP, PO)
Etat de Vaud DFIRE, SIPALPlace de la Riponne 10CH – 1014 [email protected]
Architectes, ingénieurs civils, ingénieurs CVSE et en physique du bâtiment
13 SEPT 201316H00
Construction de logements dans le quartier Bérée 2 - Fiches Nord, Lausanne(CP, PO) - nouveau
SILLP/a EO Architectes SA,Av. Louis-Ruchonnet CH – [email protected]
Architectes établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC
27 SEPT 2013 Agrandissement du Collège Sainte-Croix à Fribourg(CP, PO)
Etat de FribourgService des BâtimentsGrand Rue 32CH – 1700 Fribourg
Architectes établis en Suisse ou dans l’un des pays signataires de l’accord OMC
Knowhow-Netzwerk für individuelle & energieeffiziente Architektur
Vous êtes architecte et vous cherchez un partenaire sérieux qui dispose de solides connais-sances dans le domaine de la construction bois, d’une grande capacité d’innovation et d’un savoir-faire à la pointe de l’actualité dans ce domaine ? ARCHITOS travaille depuis plus de 10 ans au développement du système de construction bois le plus avancé sur le marché suisse. En tant qu‘architecte partenaire, vous bénéficierez de l’échange de know-how avec notre équipe, du support technique de nos spécialistes en systèmes de construction, et vous profiterez d’un processus de production qui vous donne la meilleure garantie d’efficacité et de qualité. Vos mandants exigent de vous sécurité des coûts, respect des délais et qualité supérieure ? Nous savons que la qualité a son prix et c’est pourquoi nous cherchons à renforcer notre réseau de compétences. Si vous êtes intéressé(e) à une collaboration à plus long terme, alors postulez maintenant comme membre de notre association.
42 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
A G E N D A
20 juin / 18:30
CONFÉRENCE
EDUARDO SOUTO DE MOURAPavillon Sicli
45 route des Acacias, Genève
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30 juin / 14:00-17:00
BALADE MA
PARCS ET JARDINS. PAR LAURENT DAUNE ET CLAIRE EGGS DEBIDOURInscription : [email protected]
www.ma-ge.ch
17 sept
ASPAN
COURS DE SENSIBILISATION À LA PLANIFICATION DES TRANSPORTSUniversité de Fribourg.
Inscriptions et autres cours :
www.vlp-aspan.ch/fr
19 juin / 16:30
CONFÉRENCE
JACQUES HERZOG ARCHITECTECONVERSATION AVECJEAN-MARC HUITOREL CRITIQUE D’ART
EXPOSITION STADIUMDu 19 juin au 22 septembre 2013
Arc en rêve centre d’architecture,
Bordeaux
www.arcenreve.com
JUSQU’AU 16 juin
EXPOSITION
CONCOURS FÉDÉRAL D’ART, D’ARCHITECTURE ET DE MÉDIATIONCentre de foire de Bâle, halle 4
27 ET 28 juin
NUIT DES IMAGES
NOUVELLE FORMULE : DEUX SOIRÉES ÉVÉNEMENTS DANS LES JARDINS DE L’ÉLYSÉEMusée de l’Elysée, Lausanne
www.elysee.ch
JUSQU’AU 16 juin
EXPOSITION
A-TYPICAL PLAN Sur l’identité, la flexibilité
et l’atmosphère dans l’espace
de travail
f ’ar, Lausanne
www.archi-far.ch
JUSQU’AU 16 juin
EXPOSITION
ART BASELMCH Swiss Exhibition, Bâle
www.artbasel.com
JUSQU’AU 29 juin
EXPOSITION
MAKEOrganisée en collaboration avec
Nigel Peake, artiste et curateur,
« MAKE » est le résultat d’une
invitation lancée à 14 artistes de
choisir une œuvre représentative
de leur pratique – des choses
qu’ils font – au quotidien.
Espace Tilt, Renens
www.espace-tilt.ch
JUSQU’AU 22 juin
EXPOSITION
PIER LUIGI NERVI.L’ARCHITECTURE COMME DÉFIEspace Archizoom, EPFL Lausanne
http://archizoom.epfl.ch
JUSQU’AU 23 juin
EXPOSITION
DIE KULISSE EXPLODIERT.FREDERICK J. KIESLER, ARCHITEKT UND THEATERVISIONÄRMuseum Villa Stuck,
Prinzregentenstraße 60, Munich
www.villastuck.de
19 juin / 18:30
EXPOSITION
INTERVENTIONS ARTISTIQUESSUR LE TRACÉ DU TRAM 14Silvie Defraoui, Trame & Tram
Place des Ormeaux, Petit-Lancy
www.lancy.ch
19 juin / 20:00
TABLE RONDE / CONFÉRENCE
URGENT BESOIN DE DESIGN. RUEDI BAUR, DESIGNER ET GRAPHISTECentre culturel suisse, Paris
www.ccsparis.com
JUSQU’AU 19 juillet
EXPOSITION
VILLE INTELLIGENTE ?ÉPISODE D’ARCHITECTURE - ÉDITION 3Maison de l’Architecture de l’Isère
4 place de Berulle, Grenoble
www.ma38.org
JUSQU’AU 26 juillet
EXPOSITION
LA NEIGE ET L’ARCHITECTE - STATIONS DE SPORTS D’HIVER EN RHÔNE-ALPESL’îlot-S - CAUE -
7 esplanade Paul Grimault, Annecy
www.caue74.fr
Casa das Histórias, Souto de Moura (© Luís Ferreira Alves)
Maquette de la scène, 1924/1987 (© Österreichisches Theatermuseum)
44 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
N O U V E A U X P R O D U I T SN O U V E A U X P R O D U I T S
SCHINDLER 3400
L’ascenseur sans structure de toit
Avec le modèle 3400, Schindler propose pour la
première fois un ascenseur sans structure de toit
pour la surcourse.
Le nouveau Schindler 3400 résout tous ces pro-
blèmes : il n’a plus besoin de structure de toit pour la
surcourse et peut toutefois concurrencer les instal-
lations d’ascenseurs électromécaniques habituelles
avec une vitesse de 1.0 m/s, une hauteur de levage
allant jusqu’à 30 mètres et une capacité de cabine
de 5 à 13 personnes.
Une hauteur de 2.40 mètres de l’étage le plus
élevé est suffisante pour intégrer un Schindler 3400.
Une construction innovante permet de renoncer à la
structure de toit : dans les ascenseurs classiques, la
cabine est guidée par un rail sur chacune des parois
latérales de la gaine, alors que, dans le nouveau
Schindler 3400, la cabine est suspendue en porte-
à-faux à deux rails fixés sur la même paroi.
Grâce à la construction compacte, la cabine peut
dépasser l’entraînement pour monter tout en haut.
De plus, après retrait de la paroi latérale de la cabine,
presque tous les travaux de service peuvent être
effectués directement à partir de cette dernière –
une solution qui garantit la sécurité du technicien
de service, même sans surcourse.
ARTEMIDE
Parabola 80�: un multitalent économe
Avec le luminaire Parabola 80, Artemide pré-
sente un downlight à LED particulièrement efficient.
Sa haute efficacité lumineuse permettra à Parabola
80 de remplacer avantageusement des éclairages
à lampes halogènes et fluorescentes compactes :
le nombre de lampes nécessaire pour obtenir un
rendement lumineux égal est nettement inférieur.
Parabola 80 contribue ainsi indiscutablement à la
réduction des émissions de CO2. Le plafonnier équi-
pé de la technologie LED est l’option idéale là où l’on
souhaite une lumière durable, homogène et de haute
efficience, comme c’est le cas dans les dégagements,
les zones d’attente et les cages d’escalier. La forte
limitation de l’éblouissement permet en outre une
utilisation professionnelle dans les bureaux, salles
de réunion et restaurants. Disponibles au choix sous
forme de projecteurs fixes ou de projecteurs orien-
tables (réglage de l’orientation de ± 15°), ainsi qu’en
trois angles de rayonnement (40°, 60° ou 80°).
SISTAG
Wey Vannes guillotine
Les produits Wey sont en service dans le monde
entier. Ils remplissent leurs fonctions sous conditions
extrêmes. Partout. En ce qui concerne les produits
Wey et les services offerts, la confiance est là. Fiez-
vous à la qualité suisse, à l’expérience acquise durant
de nombreuses années et à une compréhension de
service qui vient à la rencontre de vos droits. A l’oc-
casion de Swiss Public 2013, Sistag présente l’option
Pack de coupe Weyotine. Cette option s’intègre dans
le corps de la vanne et permet de facilement couper
des solides fibreux tels que : l’herbe, la paille, le bois,
le plastique, le carton, etc. Cela assure la fermeture
complète et l’étanchéité de votre vanne même avec
des fluides difficiles. Le Pack de coupe Weyotine
évite donc les blocages souvent causés par des
fluides fibreux. Sistag sera présent à la Halle 302,
Stand D044.
Ascenseurs Schindler SAZugerstrasse 13, 6030 Ebikon / www.schindler.com
Sistag AGAlte Kantonsstr. 7, 6274 Eschenbach / www.weyvalve.ch
Artemide Illuminazione SA Bärengasse 16, 8001 Zürich / www.artemide.ch
Als spezialisiertes Innenarchitekturbüro entwickeln wir ausdruckstarke Auftritte für Unternehmen, die das emotionale Potential ihrer Marke in ihren Kundenbegegnungen nutzen wollen. Dazu gestalten und planen wir einzigartige Innenraumkonzepte und setzen diese kompetent in die Wirklichkeit um. Zur Verstärkung unseres Teams und für die Unterstützung der Planung von Retail- und Gastroprojekten suchen wir eine/n
Hochbauzeichner/in oder Planungsarchitekt/in
Wir freuen uns, Ihnen eine sehr interessante und abwechslungsreiche Aufgabe in unserem engagierten Team in Zürich Wetzikon anbieten zu können. Wir offerieren ein kommunikatives Umfeld, in welchem Sie selbständig und eigenverantwortlich Ihre Fähigkeiten einbringen und flexibel arbeiten können. Voraussetzungen sind selbstständige Projektbearbeitung und Erfahrung in der Innenausbauplanung. Sie sind versiert im Umgang mit AutoCAD und anderen gängigen Grafikprogrammen. Sie leben aktiv und kreativ, offen und engagiert und sind eine verantwortungsvolle und motivierte Persönlichkeit.
Wir bieten
Passt? Dann senden Sie uns bitte Ihre Unterlagen mit Foto an [email protected] Wir freuen uns auf Sie!
Le Conseil régional du district de Nyon coordonne des projets d’intérêt régional. En partenariat avec les communes de Nyon, Prangins, Eysins et les autres communes du schéma directeur de l’agglomération nyonnaise (SDAN) ainsi que l’Etat de Vaud, il coordonne les infrastructures routières et les développements urbains environnants. Dans ce cadre, il recherche un(e) :
CHARGE(E) DE PROJET (80 à 100%)
Délai de candidature : 28 juin 2013Entrée en fonction : à convenir
La personne aura pour mission de conduire et/ou coordonner les études nécessaires à la concrétisation de l’infrastructure routière à créer/réhabiliter nommée RDU et ses développements urbains, « morceaux de ville » s’étendant sur les communes d’Eysins, Nyon et Prangins.
Le cahier des charges détaillé du poste est consultable sur :www.regionyon.ch/contact
Profil souhaité :– Formation universitaire avec une aptitude à la pluridisciplina-
rité et à la transversalité des thématiques– Expérience d’au moins cinq années dans la gestion de projet
urbain– Aptitude à travailler en groupe
En cas d’intérêt, nous vous prions de bien vouloir faire parvenir votre dossier de candidature au Conseil régional, Rue du Marché 10, 1260 Nyon, par courrier, avec la mention « chargé de projet RDU ».
Du travail cinématographique de Stanley Kramer (1913-2001), producteur et réalisateur américain, on connaît The Defiant Ones (1958) et Look who’s Coming to Dinner (1961), films à message antiracistes avec Sidney Poitier dans les rôles principaux. On connaît peut-être moins bien son film de science fiction post-apocalyptique On the Beach (Le Dernier rivage) de 1959, une adaptation du roman éponyme du britannique Nevil Shute.
En 1964, une guerre nucléaire provoque la mort de l’humanité. L’Australie est le dernier continent épargné, attendant que les radiations mortelles atteignent l’hémisphère sud de la planète. Devant l’inexorable perspective d’une fin imminente, les hommes et les femmes qui sont encore en vie doivent faire un choix�: choisir leur mort, l’attendre ou l’anticiper en accomplissant l’ultime geste de dignité et de liberté encore possible. Les protagonistes de Kramer choisissent tous de se suicider. Pas de happy-end dans cette production hollywoodienne. Aucune solution surgissant ex-machina n’arrête le compte à rebours — et ce malgré l’hypothèse selon laquelle les niveaux de rayonnement pourraient se dissiper en raison de conditions météorologiques hivernales.
Au moment de sa sortie, le film fut considéré comme cruellement défaitiste. Malgré les interprétations magistrales de Gregory Peck et d’Ava Gardner dans les rôles du commandant de sous-marin Dwight Towers et de la désenchantée
Moira Davidson, le film n’a pas trouvé son public. Un demi-siècle plus tard, on peut porter un regard différent sur cette œuvre cinématographique dont les qualités formelles furent longtemps subordonnées à son mécanisme rhétorique. Car On the Beach propose des scènes inattendues, notamment grâce à l’esprit d’innovation de Guiseppe Rotunno, qui fut entre autres directeur de la photographie de Rocco et ses Frères de Luchino Visconti (1960) et d’Amarcord de Federico Fellini (1973).
Loin du didactisme «�premier degré�» que propose le récit de Kramer, Rotunno se focalise sur l’architecture urbaine. Il filme les villes désertées, dépeuplées mais pas vides. Contrairement à ce qui se passe dans le livre où les villes disparaissent au même titre que les hommes, dans les images que Rotunno filme on location à San Francisco et à Melbourne, l’architecture survit à la catastrophe de l’humanité pour abriter ses cadavres. Lors du dernier voyage d’expédition du sous-marin Sawfish le long de la côte ouest des Etats-Unis, le capitaine et son équipage contemplent à travers le périscope le paysage désolant des villes-cimetières.
Evgenia Giannouri, Le Silo, www.lesilo.org
ON THE BEACHStanley Kramer, 1959
D E R N I È R E I M A G E
46 TRACÉS n° 11 / 12 juin 2013
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