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Prix : 15 Dhs

GRAND ESPOIR, PETITES RÉSERVES

VACCIN COVID-19

La campagne de vaccination initiée par le RoiMohammed VI est sur les rails. Les deux vaccins sélectionnés

par le Royaume se rĂ©vĂšlent sĂ»rs et efficaces. RĂ©vĂ©lationset interviews exclusives sur les dessous d’une stratĂ©gie

qui s’annonce payante.

Dr Abdelhakim Yahyane,Directeur de la Direction

de la Population au ministÚre de la Santé.

Pr Bouchra Meddah,Directrice du Médicament et de la Pharmacie au ministÚre de la Santé.

OPÉRATION DES FAR À GUERGARAT

Le Polisario seul au monde

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Direct04 La cour de cassation algĂ©riennedĂ©cide de rejuger l’affaire06 Atteinte de Covid, AminatouHaĂŻdar empĂȘchĂ©e d’embarquer dansun avion de la RAM

Couverture08 Grand espoir, petites rĂ©serves12 Pr Bouchra Meddah :“Les deux vaccins chinois et britanno-suĂ©dois sont efficaces et sĂ»rs”15 Les surenchĂšres du vaccin miracle16 Dr Abdelhakim Yahyane :“La stratĂ©gie de vaccinationest en cours de validation ”18 Le vaccin chinois a Ă©tĂ© testĂ©Ă  grande Ă©chelle20 Entretien avec Moulay Mustapha Ennaji22 Le vaccin chinois et nous !

Dossier24 Le Polisario seul au monde26 Que peuvent vraimentles sĂ©paratistes?28 Le Polisario agresseur Ă  Guergarat30 La fin d’une dure nostalgie ?

32 La tentation aventuriste

Economie34 Partenariat CrĂ©dit Agricole du Maroc-SONACOS36 Un amendement de la PLF 2021prĂ©voit de dĂ©fiscaliser les intĂ©rĂȘts perçuspar les personnes physiques rĂ©sidentes39 Nouvelle politique d’import-substitution

SociĂ©tĂ©40 TĂ©moignage d’une Marocaine quia perdu ses parents atteints de Covid-1942 UNICEF Maroc donnela parole aux enfants44 Maria OmnĂšs, une dame de cƓur

Culture46 Il y a un quart de siĂšcle,Mohammed Kheir Eddine est mort

Sport47 CAN 2022 : Les Lions en bonne voiepour le Cameroun

Chronique50 L’hymne national, 50 ans de vie
Un symbole identitaire de haute valeur

SOMMAIRE

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GRAND ESPOIR, PETITES RÉSERVESVACCIN COVID-19

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Tariq Sijilmassi

Maria OmnĂšsrecevant un prix.

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Afin d’accompagner la dynamique et le dĂ©veloppement d’un secteur agricole fort et performant en Afrique francophone, i-confĂ©-rences organise la septiĂšme Ă©dition de l’Africa Agri Forum les 9 et 10 dĂ©cembre 2020 Ă  YaoundĂ©. Ce forum est organisĂ© en partenariat avec OCP Africa et avec l’appui de l’Union Africaine. «Fort du succĂšs de ses prĂ©cĂ©dentes Ă©ditions Ă  Abidjan et Libreville et afin de tĂ©moigner de sa vocation rĂ©gionale et son intĂ©rĂȘt d’accom-pagner les ambitions des pays de l’Afrique Centrale, l’Africa Agri Forum 2020 a choisi comme destination YaoundĂ© pour offrir au Cameroun une plateforme B to B qui mettra sa capitale au cƓur des dĂ©bats visant le dĂ©veloppe-ment de ce secteur hautement stratĂ©-gique pour la rĂ©gion», dĂ©clarent les organi-sateurs.

«Le vol de l’électricitĂ© coĂ»te au Maroc prĂšs de 1,2 milliard de dirhams par an. Un projet de loi pour lutter contre ce phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© au SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du gouvernement et sera bientĂŽt adopté».

Que se passe-t-il au juste dans le systĂšme politico-judiciaire al-gĂ©rien? La cour suprĂȘme algĂ©-

rienne a accepté, mercredi 18 novembre 2020, le pourvoi en cassation de Saïd Bouteflika, frÚre et ex- conseiller du président déchu Abdelaziz Boutefli-ka et de deux ex-patrons du renseigne-

ment, condamnĂ©s Ă  15 ans de prison pour «complot» contre l’armĂ©e et l’Etat. L’affaire sera rejugĂ©e Ă  la suite d’un pour-voi introduit par la dĂ©fense et le parquet gĂ©nĂ©ral militaire de la cour de Blida, prĂšs d’Alger, selon la cour suprĂȘme.La cour d’appel militaire de Blida n’a pas fixĂ© de date prĂ©cise pour le nouveau procĂšs de SaĂŻd Bouteflika, des gĂ©nĂ©-raux Mohamed MediĂšne, dit Toufik, et Athmane Tartag ainsi que de la militante trotskiste Louisa Hanoune qui, elle, a recouvrĂ© la libertĂ©. ArrĂȘtĂ©s en mai 2019,

les quatre accusĂ©s avaient Ă©tĂ© condam-nĂ©s en septembre de la mĂȘme annĂ©e Ă  15 ans d’emprisonnement lors d’un pro-cĂšs Ă©clair devant le tribunal militaire de Blida, pour complot contre l’autoritĂ© de l’Etat et de l’armĂ©e. Ils Ă©taient accusĂ©s de s’ĂȘtre rĂ©unis en mars 2019 pour Ă©laborer un plan de dĂ©stabilisation du haut com-

mandement de l’armĂ©e, qui demandait alors publique-ment le dĂ©part du prĂ©sident Bouteflika pour sortir de la crise nĂ©e du «Hirak», sou-lĂšvement populaire qui a contraint l’ancien chef de l’Etat Ă  la dĂ©mission en avril 2019.Les peines de SaĂŻd Bou-teflika, de Toufik, l’ancien chef du DĂ©partement du renseignement et de la sĂ©-curitĂ© (DRS), et de son ex-bras droit Athmane Tartag, qui lui avait succĂ©dĂ©, ont

Ă©tĂ© confirmĂ©es en appel en fĂ©vrier 2020. Louisa Hanoune, secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale du parti des travailleurs (PT, trotskiste), avait pour sa part vu sa peine rĂ©duite de quinze ans Ă  trois ans de prison, dont neuf mois ferme. Elle a Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e en fĂ©vrier 2020.La dĂ©cision de la cour suprĂȘme algĂ©rienne intervient Ă  moment oĂč le prĂ©sident algĂ©-rien, Abdelmjid Tebboune, se trouve tou-jours hospitalisĂ© Ă  l’étranger. Autant dire que tout le systĂšme algĂ©rien est plongĂ© dans le chaos et l’improvisation l

La cour de cassation algĂ©riennedĂ©cide de rejuger l’affaire

Aziz Rabbah, ministre de l’énergie et des mines

SaĂŻd Bouteflika,

Athmane Tartag et

Mohamed MediĂšne.

OCP AFRICA

Africa Agri Forum 2020 posera ses valises à Yaoundé

ProcÚs de Saïd Bouteflika et des généraux MediÚne et Tartag

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Denis François, 55 ans, n’est plus. Le consul gĂ©nĂ©ral de France Ă  Tanger se serait suicidĂ©, ce jeu-

di 19 novembre 2020, dans sa rĂ©sidence dans la ville du DĂ©troit. On l’a retrouvĂ© pendu chez lui dans la matinĂ©e. Pour l’heure, les circonstances de son prĂ©-sumĂ© suicide demeurent indĂ©terminĂ©es. L’enquĂȘte est en cours. Il a pris ses fonc-tions le 15 septembre 2020, suite Ă  sa nomination par dĂ©cret du prĂ©sident fran-çais Emmanuel Macron, soit seulement un peu plus de deux mois avant cet Ă©vĂ©-nement fĂącheux. Pour rappel, il a succĂ©-dĂ© Ă  ce poste Ă  Thierry Vallat. Jusqu’à sa rĂ©cente nomination, il Ă©tait conseiller

au Quai d’Orsay, en poste Ă  Paris. Il oc-cupait le poste de conseiller des affaires Ă©trangĂšres au ministĂšre de l’Europe et des Affaires Ă©trangĂšres français. Il a dĂ©butĂ© a carriĂšre en janvier 1995 en qualitĂ© d’attachĂ© de l’administration centrale Ă  l’Agence pour l’enseignement français Ă  l’étranger. Pendant de lon-gues annĂ©es, il a assurĂ© la fonction de membre du conseil d’administration de la Caisse autonome de retraites complĂ©-mentaires et de prĂ©voyance du transport (CARCEPT) avant d’occuper plusieurs postes de responsabilitĂ©, notamment au sein du ministĂšre de l’Europe et des Af-faires Ă©trangĂšres l

Un peu plus de deux mois aprÚs sa nomination, le consul généralde France à Tanger, Denis François, retrouvé pendu dans sa résidence

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Le SĂ©nĂ©gal appuie l’interventiondu Maroc Ă  El Guergarat

Soutien

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Atteinte de Covid, Aminatou HaĂŻdar empĂȘchĂ©e d’embarquer dans un avion de la RAM

La sĂ©paratiste Aminatou HaĂŻdar a Ă©tĂ© empĂȘchĂ©e d’embarquer sur le vol de ce mercredi 18 novembre 2020 Ă  destination

de Las Palmas parce qu’elle a Ă©tĂ© testĂ©e positive Ă  la Covid-19.«Suite Ă  la diffusion sur certains rĂ©-seaux sociaux d’informations erronĂ©es concernant les conditions de vol d’une passagĂšre au nom de Aminatou HaĂŻdar, Royal Air Maroc a tenu Ă  prĂ©ciser que, conformĂ©ment au protocole de l’état d’urgence sanitaire, la compagnie natio-nale a Ă©tĂ© saisie par les autoritĂ©s sani-taires de LaĂąyoune, en vue de signaler

que la passagĂšre en question a Ă©tĂ© testĂ©e positive Ă  la Covid-19», ajoutant que celle-ci a dĂšs lors Ă©tĂ© empĂȘchĂ©e d’em-barquer sur le vol.Cette coordination entre les autoritĂ©s sanitaires, les autoritĂ©s locales et la compagnie nationale, vise Ă  prĂ©server la santĂ© des passagers et la sĂ©curitĂ© des vols, a soulignĂ© la mĂȘme source, rappe-lant que conformĂ©ment aux procĂ©dures de RAM et Ă  celles de la quasi-totalitĂ© des compagnies aĂ©riennes, les per-sonnes positives Ă  la Covid-19 ne peuvent logiquement accĂ©der Ă  un vol et risquer de contaminer la totalitĂ© des passagers l

SÉCURITÉ

Dans une position franche, le président sénégalais, Macky Sall, a salué

dans une lettre adressĂ©e Ă  S.M. Mohammed VI le sens de la mesure et de la retenue dont le Royaume du Maroc fait preuve, en vue de maintenir la stabilitĂ© de la zone tampon de Guergarat. «Dans l’esprit de sa position traditionnelle sur ce dossier, le SĂ©nĂ©gal rĂ©itĂšre son soutien au Royaume du Maroc dans la dĂ©fense de ses droits lĂ©gitimes», Ă©crit notamment le PrĂ©sident

Macky Sall. C’est probablement la premiĂšre fois qu’une telle position diplomatique pro-Maroc est officiellement affichĂ©e par le SĂ©nĂ©gal alors qu’il Ă©tait connu par le passĂ© pour adopter des positions plutĂŽt nuancĂ©es sur le dossier du Sahara pour ne pas froisser l’AlgĂ©rie. Mais la lettre envoyĂ©e au Souverain est venue marquer un changement important dans le rapprochement diplomatique qui se renforce entre les deux pays l

Un exemple Ă  suivre. Depuis 2014, les jeunes du lycĂ©e Al Jabr, Ă  FĂšs, s’activent en faveur de leur communautĂ©.

Dans le cadre de leur club Interact Al Jabr, plusieurs actions sont menĂ©es pour venir en aide aux plus dĂ©munis et aux sans-abris Ă  travers la distribution de paniers alimentaires ou de ftours en pĂ©riode de Ramadan. Des actions de nettoyage et de peinture sont Ă©galement effectuĂ©s au niveau des espaces verts de la ville de FĂšs, sans oublier leur militantisme en faveur de sujets sociĂ©taux comme la lutte contre la violence Ă  l’encontre des femmes. Le club Interact Al Jabr fait partie des 14.911 clubs soutenus par l’organisation Rotary au niveau de 145 pays l

Le club Interact Al Jabr de FĂšs sur tous les fronts

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PAR MAROUANE KABBAJ

La course mondiale effrĂ©nĂ©e pour se procurer les vaccins justifiela vision anticipative de la stratĂ©gie de vaccination initiĂ©e par le RoiMohammed VI. Les deux vaccins sĂ©lectionnĂ©s par le Royaume se rĂ©vĂšlent efficaces. Les rĂ©sultats des essais cliniques ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans desrevues scientifiques de renom. Des rĂ©vĂ©lations inĂ©dites qui rassurentet rassĂ©rĂšnent les Marocains. La confiance s’installe.

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Efficacité et importation des vaccins anti-Covid, lancement de la campagne nationale


La brouille se dissipe. La confiance s’installe. Moins de flou et d’incomprĂ©hensions. Plus de clartĂ©. DĂ©sormais, on en sait un peu plus sur le comitĂ© national scientifique ad hoc pour l’élabo-

ration de la stratĂ©gie vaccinale contre la Covid-19 dont l’objectif premier et principal est d’élaborer une stratĂ©gie de vaccination de la population marocaine et la soumettre pour approbation Ă  la haute sphĂšre de l’autoritĂ© du pays mais aussi d’assurer le suivi des essais cliniques.Les propositions d’une stratĂ©gie de vaccination ont Ă©tĂ© faites. Seul le Roi Mohammed, en sa qualitĂ© de chef d’Etat, aura le dernier mot sur ce qui sera mis en Ɠuvre, en partant du principe selon lequel c’est la priorisation scientifique qui dĂ©terminera, notamment, les personnes pour lesquelles les vaccins pourraient ĂȘtre bĂ©nĂ©fiques en prioritĂ© et qui courent un risque plus important, oĂč qu’elles se trouvent, qui devraient y avoir accĂšs. Bien en-tendu, l'opĂ©ration touchera en premier lieu le personnel stratĂ©gique, ou le personnel de premiĂšre ligne, en l’oc-currence, le personnel de SantĂ©, les autoritĂ©s publiques, les forces de sĂ©curitĂ© et le personnel de l’éducation na-

tionale, ainsi que les personnes ĂągĂ©es et les personnes vulnĂ©rables au virus, avant de s’élargir au reste de la population. La dĂ©cision reviendra au Roi, et c’est naturel, Ă©tant donnĂ© qu’il s’agit lĂ  de la santĂ© et de la sĂ©curitĂ© de 25 millions de Marocains. Oui, finalement, ce sont 25 mil-lions d’ñmes qui sont censĂ©es recevoir le vaccin anti-Co-vid. Sont inclues les personnes atteintes du Covid-19, asymptomatiques, mĂȘme si elles sont en bonne santĂ©, beaucoup plus pour une question d’éthique, car au final, cette frange de la population peut ne pas ĂȘtre vaccinĂ©e, selon l’avis de grands experts scientifiques en la matiĂšre de par le monde. Ceci dit, elles conserveront leur droit Ă  recevoir le vaccin.

Une vision anticipativeMais par quel vaccin les Marocains seront-ils vaccinés? Et quels critÚres, objectifs bien entendu, ont présidé au choix de tel ou tel autre vaccin? La réponse à ces deux questions capitales et vitales est apportée par la profes-seure Bouchra Meddah, directrice du Médicament et de

GRAND ESPOIR,PETITES RÉSERVES

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la Pharmacie au ministĂšre de la SantĂ© (voir son interview dans ce mĂȘme dossier dĂ©diĂ© Ă  la stratĂ©gie de vaccination natio-nale). En substance, il s’agit du vaccin chinois de Sinopharm et du vaccin britan-no-suĂ©dois d’AstraZeneca. Pourquoi ces deux-lĂ  et pas d’autres? Tout bonnement, parce qu’ils sont efficaces et sĂ»rs. Mais pas seulement. Ils sont les plus avancĂ©s sur un plan chronologique. L’épidĂ©mie avance Ă  grands pas. IrrĂ©ductible et im-placable. Et on craint pour la santĂ© des citoyens. C’est le souci lancinant du Roi Mohammed VI.

Essais cliniques concluantsAutre critĂšre de poids, non moins impor-tant, voire mĂȘme pesant dans la prise de dĂ©cision: les conditions de stockage et de distribution comme la conservation des vaccins entre 2 et 8°C. Cette donnĂ©e est cruciale en ce sens oĂč elle Ă©vite au Maroc des dĂ©penses faramineuses, se chiffrant vraisemblablement Ă  des dizaines de millions de dollars, pour s’équiper en une chaĂźne de froid Ă  -60 ou -70° que nĂ©ces-site la conservation d’autres vaccins, no-tamment amĂ©ricains. Et puis, admettons que le vaccin soit prĂȘt en dĂ©cembre 2020 ou janvier 2021. Il va falloir au minimum trois mois pour Ă©quiper 83 provinces, avec tout ce que cela induit comme grande mobilisation de ressources humaines for-mĂ©es et disponibles. Contrairement aux vaccins chinois et britanno-suĂ©dois, dont la conservation ne pose aucun problĂšme et n’exige point un investissement en temps et en argent. «Le ministĂšre de la SantĂ© dispose d’une chaĂźne de froid ef-ficace pour la conservation des vaccins de routine avec un volume de stockage de sĂ©curité», rassure Dr Abdelhakim Yahyane, directeur de la Direction de la

Population au ministĂšre de la SantĂ© (voir son interview Ă©galement). Pour ce qui est des essais cliniques concluants et dĂ©terminants dans le choix des deux vaccins pour la campagne de vaccination anti-Covid, la nouvelle est rĂ©-confortante. Les rĂ©sultats des Ă©tudes de la premiĂšre et la deuxiĂšme phases sont prometteurs et encourageants, de l’avis des deux membres du comitĂ© scientifique et technique ad hoc.Reste les rĂ©sultats des essais dans leur phase III. A ce propos, ce qu’il faut rete-nir, c’est que l’essai clinique de phase III du vaccin Sinopharm est une Ă©tude randomisĂ©e en double aveugle rĂ©alisĂ©e au Maroc (sur un Ă©chantillon de 600 vo-lontaires) mais aussi dans plusieurs pays au monde entier, dont les Emirats Arabes Unis, le Bahrein, l’Egypte et l’Argentine. Ces essais, qui doivent durer en principe un an, sont au troisiĂšme mois. Mais des rĂ©sultats prĂ©liminaires sont attendus d’ici fin dĂ©cembre 2020.Cela coĂŻncidera fort probablement avec le dĂ©but de la campagne de vaccination au Maroc avec le vaccin chinois de Sino-pharm. L’étendue de la campagne sera fonction de l’arrivage du vaccin de Chine. DĂ©jĂ , un premier avion transportant le premier arrivage fera l’aller-retour de Chine au Maroc fin novembre courant. Ce dernier sera destinĂ© au personnel stra-tĂ©gique. Si les quantitĂ©s importĂ©es sont suffisantes, cette frange de la population sera vaccinĂ©e en deux semaines. Pour le reste de la population, au cas oĂč les doses nĂ©cessaires s’avĂšrent dispo-nibles en temps voulu, l’opĂ©ration n’excĂš-dera pas un mois. Mais c’est sans comp-ter avec les premiers arrivages du vaccin d’AstraZeneca, qui seraient acheminĂ©s courant janvier 2021.

En tout Ă©tat de cause, le Maroc a une ex-pĂ©rience probante en matiĂšre de vaccina-tion massive. Le pays est Ă©quipĂ© et prĂȘt Ă  administrer jusqu’à 500.000 doses par jour si toutefois toutes les conditions sont rĂ©unies et si tout se passe comme prĂ©vu. Informer, c’est communiquer. Et commu-niquer, c’est faire adhĂ©rer. Il est vrai que le ministĂšre de la SantĂ© a en partie failli Ă  ce paradigme depuis le dĂ©but de l’épi-dĂ©mie, mais aujourd’hui, ce qui retarde la campagne de communication relative Ă  la stratĂ©gie de vaccination est plus fort que le ministre de la SantĂ©, Khalid AĂŻt Taleb, ou du Chef de gouvernement, SaĂąd Eddine El Othmani. C’est une dĂ©cision souveraine qui revient au Roi Mohammed VI.

Une expĂ©rience probanteA ce stade, c’est dĂ©jĂ  un bon signe de rĂ©vĂ©ler ces informations stratĂ©giques et susceptibles de balayer d’un revers de la main les spĂ©culations inhĂ©rentes aux vaccins sĂ©lectionnĂ©s, leur efficacitĂ© et leur

EN SE VACCINANT ET EN FREINANT LA PROPAGATION DU NOUVEAU CORONAVIRUS,

VOIRE EN L’ÉRADIQUANT, LA RELANCE DE L’ÉCONOMIE NATIONALE SERA EFFECTIVE.

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LES DEMANDES SUR LES VACCINS SONT

PRESSANTES EN PROVENANCE DE

PLUSIEURS CONTRÉES.

innocuitĂ©. Sur ce dernier point, le vaccin chinois est actuellement en stade de fa-brication. En Chine, on l’a testĂ© sur des Chinois. Aucun effet secondaire grave Ă  dĂ©clarer, pour l’heure. Un problĂšme hante, cependant, les res-ponsables marocains, comme leurs pairs de par le monde, les demandes sur les vaccins sont pressantes en provenance de plusieurs contrĂ©es. Si l’Europe a fait

son choix d’opter unanimement pour le futur et hypothĂ©tique vaccin de Sanofi (qui ne sera prĂȘt, selon le top management des laboratoires, qu’en juin 2021), plu-sieurs pays ont commandĂ© Ă  Sinopharm et Ă  AstraZeneca comme Ă  d’autres. Heureusement que le Maroc a pris l’ini-tiative trĂšs tĂŽt. Et c’est cette initiative, il faut en convenir, qui a suscitĂ© quelques apprĂ©hensions ci et lĂ  sur l’efficacitĂ© et la

sĂ©curitĂ© du vaccin du moment que les es-sais cliniques ne sont pas terminĂ©s. Pour le moment, les rĂ©sultats des essais sont apaisants. Fallait-il attendre la fin des essais avant de le commander ou commander celui d’AstraZeneca? C’est lĂ  toute la question. Mais, d’un point de vue de gouvernance et de santĂ© des Ma-rocains, le Souverain, comme tout citoyen marocain, observe avec inquiĂ©tude l’évo-lution ascendante plus ou moins effrĂ©nĂ©e de la courbe des contaminations et des dĂ©cĂšs Covid. A lui seul, cet argument peut convaincre et rassurer tout Marocain et le faire adhĂ©rer Ă  cette vision anticipative qui, finalement, comme elle a Ă©tĂ© explici-tĂ©e dans les discours royaux, priorise la santĂ© des Marocains. Et puis, en se vacci-

nant et en freinant la propagation du nou-veau coronavirus, voire en l’éradiquant, la relance de l’économie nationale sera effective.Sans quoi, les restrictions de dĂ©place-ments et les contrĂŽles et la paralysie de secteurs d’activitĂ© entiers empĂȘchera cette relance avec tout ce que cette situa-tion engendrera comme retombĂ©es Ă©co-nomiques et sociales fĂącheuses l

Signature d’un mĂ©morandum d’entente entre le Maroc le groupe R-Pharm

pour l’acquisition d’un vaccin anti Covid-19.

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“Les deux vaccins chinois et britanno- suĂ©dois sont efficaces et sĂ»rs ”

INTERVIEW DU PR BOUCHRA MEDDAH,Directrice du Médicament et de la Pharmacie au ministÚre de la Santé

Interview réalisée parMarouane KABBAJ

Faites-vous partie du comitĂ© scien-tifique et technique ad hoc? Si oui, qui sont ses autres membres et quel est son rĂŽle dans la prise des dĂ©cisions relatives, notamment, au protocole sanitaire? Il s’agit du ComitĂ© National Scien-tifique ad hoc pour l’élaboration de la stratĂ©gie vaccinale contre la Co-vid-19. Ce ComitĂ© a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par une dĂ©cision ministĂ©rielle et a reçu un mandat du ministre de la SantĂ© pour Ă©laborer une stratĂ©gie de la vaccina-tion de la population marocaine. Ce comitĂ© technique et scientifique est chargĂ© Ă©galement d’assurer le suivi de l’essai clinique. Le comitĂ© tech-nique et scientifique est composĂ© d’un ensemble d’experts Ă©minents dans diffĂ©rents domaines, Ă  savoir en santĂ© publique, de mĂ©decins spĂ©-cialistes et professeurs universitaires en Ă©pidĂ©miologie, en rĂ©animation, en pneumologie, en pĂ©diatrie et en microbiologie-infectiologie, et des membres es qualitĂ© relevant du mi-nistĂšre de la SantĂ©, dont je fais partie.

Pouvez-vous d’abord expliquer les critùres sur lesquels le minis-

tĂšre de la SantĂ© a fait le choix des deux candidats vaccins de Sino-pharm et d’AstraZeneca en en Ă©cartant d’autres?De prime abord, il est clair que plu-sieurs pays sont en course depuis des mois et se bousculent pour trou-ver, les premiers, le vaccin qui fonc-tionne. Mais, il y a aussi une prise de conscience, parmi les gouverne-ments, qu’il faut assurer l’accĂšs au vaccin en quantitĂ© suffisante.Le Maroc a fait des efforts considĂ©-rables et a pu signer des contrats avec deux grands laboratoires producteurs de vaccins: Un premier contrat avec le laboratoire chinois Sinopharm et un second avec le laboratoire britan-no-suĂ©dois AstraZeneca. Le choix du vaccin par le Maroc se basait sur plusieurs critĂšres. D’abord, deux critĂšres fondamentaux qui sont l’efficacitĂ© et la sĂ©curitĂ© des vaccins. En effet, le vaccin doit ĂȘtre efficace, c’est-Ă -dire qu’il doit permettre une meilleure immunisation contre le virus SARS-COV 2 et ne pas prĂ©sen-ter de toxicitĂ© ou d’effets indĂ©sirables graves. Il faut souligner que jusqu’à maintenant, les Ă©tudes cliniques ont prouvĂ© que les deux vaccins choisis par le Maroc remplissent ces deux conditions principales.Ensuite, il y a le recul d’expĂ©rience, assez important avec la technologie utilisĂ©e pour le dĂ©veloppement et la fabrication de ces deux vaccins. Aus-si, il existe d’autres critĂšres de choix relatifs aux conditions de stockage et de distribution, comme la conserva-tion des vaccins entre 2 et 8°C. En

Pharmacienne spĂ©cialiste en pharmacie industrielle depuis 2007 et professeure de pharmacologie Ă  la FacultĂ© de mĂ©decine et de pharmacie de Rabat depuis 2009, Pr Bouchra Meddah intĂšgre le ministĂšre de la SantĂ© en l’an 2000 et gravit les Ă©chelons jusqu’à occuper son poste actuel. A cette dame, bosseuse infatigable, on confĂšre aussi une lourde responsabilitĂ©, celle d’ĂȘtre inspectrice assermentĂ©e du ministĂšre de la SantĂ©. Dans cette interview exclusive, Pr Bouchra Meddah fait des rĂ©vĂ©lations inĂ©dites sur les vaccins sĂ©lectionnĂ©s par le Maroc, qui vont ĂȘtre la base de la campagne de vaccination programmĂ©e incessamment, et sur leur efficacitĂ© et leur innocuitĂ©.

“ LES VACCINS CHINOIS ET BRITANO-SUÉDOIS SONT LES PLUS SÛRS EN TERMES DE PROCÉDÉS DE FABRICATION.”

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la SantĂ©, rassurĂ©s par rapport aux rĂ©sultats tirĂ©s jusque-lĂ ? Comment se portent les 600 volontaires maro-cains?Les rĂ©sultats des phases 1 et 2, qui sont publiĂ©s dans une des revues scienti-fiques internationales de renommĂ©e, telle JAMA pour le vaccin chinois, ont dĂ©montrĂ© que le vaccin est efficace et inoffensif. Cette efficacitĂ© est Ă©valuĂ©e selon deux critĂšres, l’ascension des an-ticorps neutralisants et la comparaison entre le nombre de cas Covid-19 dans les groupes placebo et vaccin. Les effets secondaires apparus chez les volontaires marocains sont tous bĂ©nins comparativement Ă  ceux observĂ©s avec la majoritĂ© des vaccins et aucun effet indĂ©sirable grave n’a Ă©tĂ© observĂ©. Nos volontaires se portent bien et seront sui-vis pendant une annĂ©e aprĂšs la fin du schĂ©ma vaccinal.

Quand prĂ©voyez-vous de terminer la phase III des essais cliniques de Si-nopharm?Des rĂ©sultats prĂ©liminaires seront dis-ponibles d’ici fin de l’annĂ©e 2020, mais la phase III des essais cliniques durera une annĂ©e pour Ă©valuer le profil de sĂ©-curitĂ© par la dĂ©tection de l’apparition de nouveaux Ă©vĂšnements indĂ©sirables.

Comment les Marocains peuvent-il avoir confiance quand vous dĂ©clarez que la production en masse du vac-cin se fera dans les prochaines se-maines alors que le dĂ©lai prĂ©vu pour commencer la vaccination est trĂšs court?C’est un dĂ©fi que le laboratoire phar-maceutique doit surmonter dans une telle situation d’urgence sanitaire. Une augmentation progressive du processus de fabrication a eu lieu dans la plupart des pays producteurs de vaccins. Ces derniers ont multipliĂ© leurs sites de pro-duction afin de couvrir le marchĂ© de-mandeur.

Des rumeurs disent que le vaccin est dĂ©jĂ  prĂ©parĂ© et qu’il sera importĂ©

outre, ces deux vaccins sont parmi les plus avancĂ©s chronologiquement, com-parĂ©s Ă  d’autres vaccins, et les plus sĂ»rs en termes de procĂ©dĂ©s de fabrication.

On dit candidat vaccin car les essais cliniques ne sont pas encore termi-nĂ©s et, par consĂ©quent, le vaccin n’est pas encore validĂ©. OĂč en sont aujourd’hui les essais du candidat vaccin de Sinopharm dans leur phase III?L’essai clinique de phase III du vaccin de

Sinopharm est une Ă©tude multicentrique randomisĂ©e en double aveugle rĂ©alisĂ©e dans plusieurs pays au monde entier, Ă  savoir les Emirats Arabes Unis, le Bahrein, l’Egypte, la Jordanie, le PĂ©rou et l’Argentine. Nous en sommes au 3e mois de la phase III, qui durera une an-nĂ©e, avec possibilitĂ© d’avoir des rĂ©sul-tats prĂ©liminaires en 2020. Les volon-taires de l’essai seront suivis pour une durĂ©e d’une annĂ©e.

Etes-vous, au niveau du ministĂšre de

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de la Chine prochainement. Qu’en dites-vous?Dans l’urgence sanitaire que le monde entier subit, les phases des essais cli-niques sont menĂ©es en parallĂšle, tenant compte du besoin urgent d’un vaccin qui s’impose. Par consĂ©quent, le la-boratoire pharmaceutique a dĂ©jĂ  lancĂ© la production Ă  grande Ă©chelle depuis quelques mois. Il faut noter que pour la premiĂšre fois, une production en masse est dĂ©marrĂ©e avant la finalisation des essais cliniques vu la situation pandĂ©-mique qu’on vit actuellement.

Comment Ă  ce jour aucune informa-tion n’a Ă©tĂ© divulguĂ©e au sujet des vaccins, alors qu’en principe, la campagne de vaccination se projette dans le futur proche?Il faut rappeler que la phase III n’est pas encore finie et aucune information officielle n’est dĂ©clarĂ©e par les labora-toires pharmaceutiques. Le ministĂšre de la SantĂ© suit de prĂšs les actualitĂ©s mondiales au sujet des vaccins et en-tretient un contact permanent avec ses partenaires. Tout ce qu’on peut com-muniquer comme information, c’est que les rĂ©sultats des phases 1 et 2 sont prometteurs et encourageants en l’attente des rĂ©sultats prĂ©liminaires de la phase III. D’un autre cĂŽtĂ©, chaque campagne de vaccination doit ĂȘtre prĂ©parĂ©e Ă  l’avance. Pour cela, une campagne de communication a Ă©tĂ© lancĂ©e au niveau des mĂ©dias pour informer l’opinion pu-blique et Ă©viter la propagation des fake news sur les rĂ©seaux sociaux mais aussi pour rassurer les citoyens.

Concernant le candidat vaccin d’AstraZeneca, qu’en est-il des es-sais cliniques? A quelle phase se trouvent-ils? Et oĂč se dĂ©roulent ces essais?Le vaccin candidat d’AstraZeneca est l’un des projets les plus avancĂ©s aussi, il est en phase III d’essai clinique dans plusieurs pays au monde, Ă  savoir, le Royaume uni, les Etats unis, le BrĂ©sil, l’Afrique du Sud et le Japon
 et plu-sieurs pays ont conclu des contrats pour mise sur le marchĂ© de ce vaccin, tel que les Etats unis, la Suisse, la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays bas et le Maroc.Il est Ă  rappeler que les rĂ©sultats des phases 1 et 2 du vaccin d’AstraZene-ca sont publiĂ©s dans une des revues scientifiques internationales de renom-mĂ©e, The Lancet. Le candidat vaccin AstraZeneca donne Ă©galement des rĂ©-sultats promoteurs. La phase III des es-sais cliniques est toujours en cours, et les rĂ©sultats dĂ©finitifs sont prĂ©vus d’ĂȘtre communiquĂ©s avant la fin de l’annĂ©e.

Quand aura-t-on les rĂ©sultats finaux des essais cliniques de ce vaccin? Les rĂ©sultats intermĂ©diaires seront com-muniquĂ©s fin novembre 2020, mais le suivi sera assurĂ© jusqu’à l’annĂ©e pro-chaine (octobre 2021).

Y a-t-il dans le pipe d’autres vaccins en prospection?Il existe d’autres candidats vaccins dĂ©-veloppĂ©s aux diffĂ©rents pays au monde entier dont le projet est avancĂ© comme celui de CanSino Biological Inc (Chine), Gamaleya Reasearch Institute (Russie),

Janssen Pharmaceutical Companies (Belgique), Moderna (USA) et Pfizer (USA).

Quel message pouvez-vous donner, en tant que responsable du ministĂšre de la SantĂ©, pour rassurer les Maro-cains sur l’innocuitĂ© des vaccins qui seront utilisĂ©s lors de la future cam-pagne de vaccination?D’une part, il faut savoir que grĂące aux efforts et Ă  la vision anticipative de Sa MajestĂ© le Roi Mohammed VI, le peuple marocain sera l’un des premiers au monde Ă  avoir accĂšs au vaccin et tout cela pour sa protection et pour lui per-mettre de retourner Ă  sa vie normale. Surtout que la situation Ă©pidĂ©miologique actuelle est alarmante et a engendrĂ© l’encombrement dont souffrent les ser-vices de santĂ© dans des rĂ©gions oĂč la situation est difficile. D’autre part, du point de vue scienti-fique, le vaccin en phase III a rĂ©ussi des Ă©tudes prĂ©cliniques d’innocuitĂ© sur 5 espĂšces animales. Les rĂ©sultats de ces essais ont dĂ©montrĂ© que le vaccin est tolĂ©rable et n’a engendrĂ© aucun effet indĂ©sirable grave. AprĂšs ces Ă©tudes prĂ©-cliniques, le vaccin a fait l’objet de deux Ă©tudes cliniques sur l’Homme en phases I et II tout en vĂ©rifiant les diffĂ©rents schĂ©-mas de vaccination et la mesure du taux de production d’anticorps. La phase III a Ă©tĂ© entamĂ©e aprĂšs la rĂ©ussite du vac-cin candidat aux Ă©tapes prĂ©cĂ©dentes chez l’Homme sur une population de volontaires des diffĂ©rents pays dans le monde. Aussi, la campagne de commu-nication sera lancĂ©e pour expliquer des aspects liĂ©s Ă  la vaccination afin que les citoyens puissent en connaitre les bases, les orientations et le mode opĂ©-ratoire, le but Ă©tant d’assurer leur adhĂ©-sion Ă  cette opĂ©ration et de garantir une «confiance collective» concernant la sĂ©curitĂ© et l’efficacitĂ© du choix marocain.Et, pour conclure, nous assurons que le vaccin ne peut ĂȘtre administrĂ© aux citoyens qu’aprĂšs avoir eu les preuves scientifiques qui montrent son efficacitĂ© et sa sĂ©curitĂ© l

“ LE VACCIN EST TOLÉRABLE ET N’A ENGENDRÉ AUCUN EFFET INDÉSIRABLE GRAVE.”

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Les surenchùres du vaccin miracleLA GUERRE DES LABOS PHARMACEUTIQUES AUTOUR DE L’EFFICACITE DES VACCINS

V isiblement dépassés par la crise sanitaire, les pays se sont lan-cés dans une course aveugle au vaccin, qui semble se dessiner

comme l’ultime espoir pour lutter contre la pandĂ©mie. En face, les laboratoires pharma-ceutiques concoctent une surenchĂšre scienti-fique dans le but d’attirer le maximum de com-mandes. VoilĂ  Ă  quoi s’en tenir actuellement Ă  l’heure oĂč la deuxiĂšme vague du virus s’avĂšre virulente. En une semaine, les annonces sur l’efficacitĂ© de projets de vaccin contre le Co-vid-19 se sont enchaĂźnĂ©es Ă  une vitesse effrĂ©-nĂ©e. Cette surenchĂšre montre que les enjeux financiers de cette course planĂ©taire sont in-commensurables.L’alliance amĂ©ricano-allemande Pfizer/BioN-Tech a dĂ©gaĂźnĂ© la premiĂšre en affirmant, le lundi 9 novembre 2020, que son vaccin Ă©tait efficace Ă  90%, selon des rĂ©sultats intermĂ©-diaires. Deux jours plus tard, les Russes de

l’institut GamaleĂŻa ont renchĂ©ri de 2% (92%).Lundi 16 novembre 2020, c’est la sociĂ©tĂ© de biotechnologie amĂ©ricaine Moderna qui a assurĂ© que l’efficacitĂ© du sien Ă©tait de 94,5%. Puis, mercredi 18, le consortium Pfizer/BioN-Tech a annoncĂ© que les rĂ©sultats complets de son essai clinique Ă©taient meilleurs encore que les intermĂ©diaires, avec une efficacitĂ© de 95%.

Motif d’espoirMĂȘme si ces annonces successives poussent Ă  l’optimisme et boostent les bourses mon-diales, des questions scientifiques, notam-ment en rapport avec les effets secondaires des diffĂ©rents candidats vaccins, restent en-core pour le moment en suspens. D’abord, on ne sait pas si ces vaccins empĂȘchent carrĂ©-ment l’infection par le coronavirus, et donc la transmission du Covid-19, ou s’ils rĂ©duisent seulement la sĂ©vĂ©ritĂ© de la maladie.

Depuis une semaine, les laboratoires pharmaceutiques rivalisent d’annonces mĂ©diatiques autour de l’efficacitĂ© de leurs vaccins contre la Covid-19.

Mais derriÚre ces annonces se cache une stratégie commerciale agressive.

Aissa AMOURAG

A LA DATE DU 12 NOVEMBRE,L’ON RECENSE 48 CANDIDATS

VACCINS TESTÉS SUR L’HOMME.

Et, surtout, on ne sait pas pendant combien de temps ils protĂšgent, car on n’a pas le recul suffisant pour le dire : l’efficacitĂ© a Ă©tĂ© calcu-lĂ©e seulement une semaine aprĂšs l’injection de la deuxiĂšme et derniĂšre dose du vaccin pour Pfizer/BioNTech, et deux semaines pour Moderna. Pfizer et Moderna sont dĂ©jĂ  passĂ©s Ă  l’étape de demande d’une autorisation de commercialisation Ă  l’Agence amĂ©ricaine des mĂ©dicaments. DĂ©but septembre 2020, l’OMS avait indiquĂ©

ne pas s’attendre Ă  une vaccination gĂ©nĂ©-ralisĂ©e contre le Covid-19 avant la mi-2021. Dans son dernier point, datĂ© du 12 novembre, l’OMS recense pas moins de 212 projets de vaccins en cours. Mais seulement 48 candi-dats vaccins sont actuellement Ă©valuĂ©s dans des essais cliniques sur l’Homme Ă  travers le monde (contre 11 Ă  la mi-juin). Onze en sont au dernier stade, la phase 3, oĂč l’efficacitĂ© du vaccin est mesurĂ©e Ă  grande Ă©chelle sur des dizaines de milliers de volontaires rĂ©partis sur plusieurs continents.Parmi ces onze-lĂ , les plus avancĂ©s sont ceux de Moderna et de Pfizer/BioNTech. Egalement en phase 3, on trouve le Spoutnik V russe, le vaccin d’AstraZeneca et de l’Uni-versitĂ© d’Oxford ou encore plusieurs projets de diffĂ©rents laboratoires chinois (Sinovac, Sinopharm ou CanSino). Les 37 autres en sont encore Ă  la phase 1, qui vise avant tout Ă  Ă©valuer la sĂ©curitĂ© du produit; ou Ă  la phase 2, oĂč on explore dĂ©jĂ  la question de l’efficaci-tĂ©. Le premier essai clinique du vaccin contre la Covid-19 a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans le monde le 15 mars 2020 alors que la pandĂ©mie venait de commencer en Europe et en Afrique l

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Faites-vous partie du comité scientifique ad hoc de vaccination anti-covid? Quel est son rÎle dans la prise des décisions relatives à la campagne de vaccination?Oui, je fais partie du comité ad hoc scien-tifique et technique de la vaccination anti-SARS COV 2. Ce comité a un rÎle important dans la préparation de la stratégie vaccinale et propose des recommandions

sur les mesures Ă  prendre. L’une de ses missions est d’apporter Ă  l’autoritĂ© sanitaire une expertise collective mĂ©dicale et scien-tifique sur les mesures Ă  mettre en Ɠuvre pour l’élaboration et la mise en Ɠuvre de la campagne.

On avance que des essais sans placebo ont été effectués sur un échantillon de

NĂ© Ă  Rabat en 1967, Dr Abdelhakim Yahyane est mariĂ© et pĂšre de deux enfants. DiplĂŽmĂ© de la FacultĂ© de mĂ©decine de Rabat, de l’ISCAE et de l’UniversitĂ© Paris Est CrĂ©teil (les fondamentaux de la protection sociale), l’ancien Chef de la Division de la SantĂ© Maternelle et Infantile, ex-DĂ©lĂ©guĂ© provincial du ministĂšre de la SantĂ© et membre du comitĂ© scientifique et technique de la vaccination anti-SARS COV 2, nous parle de la stratĂ©gie de vaccination tant attendue par les Marocains.

“La stratĂ©gie de vaccinationest en cours de validation ”

ENTRETIEN AVEC DR ABDELHAKIM YAHYANE,Directeur de la Direction de la Population au ministÚre de la Santé

600 volontaires. Est-ce vrai?Il n’y a pas d’essais cliniques sans placebo et les protocoles Ă  suivre sont trĂšs rigou-reux. Concernant les essais cliniques relatifs aux vaccins, ils sont en double aveugle, c’est-Ă -dire que ni le bĂ©nĂ©ficiaire ni le mĂ©decin ne connaissent le produit ou le placebo. Toute information disant qu’il n’y a pas de placebo est non fondĂ©e et relĂšve de la rumeur.

Quels sont les dĂ©tails de la stratĂ©gie de vaccination nationale anti-Covid et de son dĂ©ploiement gĂ©ographiquement et en fonction des vaccins sĂ©lectionnĂ©s?Actuellement, la stratĂ©gie de vaccination est en cours de validation. Son dĂ©ploiement sera basĂ© sur la transparence et l’équitĂ©. Toutes les rĂ©gions et les provinces et prĂ©fec-tures recevront les quantitĂ©s de vaccins nĂ©cessaires dans les conditions optimales de conservation.

Quel est le calendrier de la campagne de vaccination? Et quelles populations re-cevront les vaccins par ordre de prioritĂ©?Les populations qui recevront les vaccins en premier sont celles soulignĂ©es dans le communiquĂ© du Cabinet royal. Il s’agit du personnel stratĂ©gique. Ensuite, d’autres tranches d’ñges seront concernĂ©es, selon la priorisation scientifique, notamment les personnes pour lesquelles ils pourraient ĂȘtre bĂ©nĂ©fiques, oĂč qu’elles se trouvent, et d’abord celles pour qui les risques sont les plus grands, devraient y avoir accĂšs.

Comment annoncer une campagne de vaccination et échafauder une stratégie nationale alors que les essais cliniques

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“ LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ DISPOSE D’UNE CHAÎNE DE FROID EFFICACE

POUR LA CONSERVATION DES VACCINSDE ROUTINE.”

Propos recueillis par Marouane KABBAJ

sur les candidats vaccins chinois ou britannique ne sont pas encore achevĂ©s et lesdits vaccins validĂ©s?Il existe tout simplement une course effrĂ©-nĂ©e mondiale pour se procurer les vaccins. Ces derniers sont dans leurs derniĂšres phases des essais et bientĂŽt ils seront au-torisĂ©s. Donc, il faut se prĂ©parer bien avant l’arrivĂ©e des vaccins pour en bĂ©nĂ©ficier le plus tĂŽt possible.

Dispose-t-on Ă  l’échelle nationale de la chaĂźne de froid nĂ©cessaire pour la conservation des vaccins?Le ministĂšre de la SantĂ© dispose d’une chaĂźne de froid efficace pour la conservation des vaccins de routine avec un volume de stockage de sĂ©curitĂ©. Mais, devant l’am-pleur de cette campagne de vaccination, il y aura besoin d’un volume supplĂ©mentaire de

stockage et les services compétents du mi-nistÚre de la Santé font le nécessaire pour la réception des vaccins dans les conditions optimales garantissant leur qualité en mobili-sant toute la chaßne logistique existante et supplémentaire.

En Europe, il y a actuellement un dĂ©bat sur l’incompatibilitĂ© du vaccin anti-Co-vid avec le vaccin anti-grippe. D’aprĂšs vous, qu’en est-il alors que le ministre de la SantĂ© a dĂ©jĂ  lancĂ© la campagne anti-grippe?

En gĂ©nĂ©ral et pour les vaccins de routine, tous les vaccins inactivĂ©s peuvent ĂȘtre ad-ministrĂ©s sans aucun intervalle Ă  respecter entre deux vaccins s’ils sont diffĂ©rents. La rĂ©ponse immunitaire des vaccins inactivĂ©s n’interfĂšre pas avec celle d’autres vaccins du mĂȘme type. L’intervalle de temps importe donc peu, mais, sur un plan immunitaire, il est prĂ©fĂ©rable d’espacer les vaccins. Cer-tains scientifiques proposent de respecter un intervalle de 2 Ă  3 semaines entre le vaccin anti-Covid et le vaccin anti-grippe l

“Un vaccin ne permettra pas à lui seul de mettre un

terme Ă  la pandĂ©mie”. Alors que le monde entier attend, impatiemment, un vaccin sal-vateur contre la pandĂ©mie du Covid-19, que la vie reprenne son cours normal, la dĂ©clara-tion de Tedros Adhanom Ghe-breyesus, DG de l’OMS, a pris tout le monde de court. Lors de son allocution Ă  la 147e session du Conseil exĂ©cutif de l’OMS, tenue le 16 novembre 2020, le patron de l’OMS a affirmĂ© que «depuis le dĂ©but de la pandĂ©mie, nous savions qu’un vaccin serait essentiel pour parvenir Ă  la maĂźtriser.Cela Ă©tant, il faut rappeler qu’un vaccin viendra complĂ©-

ter les autres outils dont nous disposons, sans les remplacer pour autant». Pourquoi le vaccin ne permet-tra-t-il pas Ă  lui seul de mettre un terme Ă  la pandĂ©mie? Se-lon les dires du DG de l’OMS, au dĂ©part, les stocks seront limitĂ©s et la prioritĂ© sera donc donnĂ©e aux soignants, aux personnes ĂągĂ©es et aux autres populations Ă  risque. «Cela devrait, espĂ©rons-le, entraĂźner une rĂ©duction du nombre de dĂ©cĂšs et permettre aux systĂšmes de santĂ© de faire face Ă  la situation. Le virus conservera nĂ©anmoins une grande marge de manƓuvre», avertit Ghebreyesus. Il faudra donc poursuivre la surveillance, le dĂ©pistage,

l’isolement et les soins reste-ront nĂ©cessaires. Il faudra continuer de recher-cher les cas contact et de les mettre en quarantaine, selon l’OMS. «Il faudra encore et toujours associer la population aux mesures et chacun devra continuer de prendre ses prĂ©-cautions. Nous avons encore un long chemin Ă  parcourir», poursuit Ghebreyesus. De mĂȘme, entre l’administra-

tion du vaccin et une rĂ©ponse immunitaire, il faudra compter deux mois, nous confie Mou-lay Mustapha Ennaji, directeur du laboratoire de Virologie de l’UniversitĂ© Hassan II de Casa-blanca (Voir interview page 20 et 21). Un vaccin, c’est bien, mais gare au relĂąchement, car nous ne serons pas, pour autant, sortis de l’auberge l

M. A. HAFIDI

MĂȘme avec un vaccin, nous neserons pas encore sortis de l’auberge

SELON LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’OMS :

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Le monde fait face Ă  une crise sanitaire sans prĂ©cĂ©dent,il a fallu donc recourir Ă  une procĂ©dure d’urgence

pour la validation des vaccins.

Depuis l’annonce par le Ma-roc de l’achat du vaccin chinois, tout un chacun y va de sa propre analyse. Les conjectures et les spĂ©-culations vont bon train. Il y

en a qui ont vu dans cette opĂ©ration un mar-chĂ© Ă  bas prix, d’autres ironisant sur la qua-litĂ© du produit chinois
 Ce n’est pas l’avis du Pr Azeddine Ibrahimi, directeur du labora-toire de biotechnologie mĂ©dicale Ă  la facultĂ© de mĂ©decine Ă  Rabat et membre du comitĂ© scientifique et technique ad hoc. Pour lui, il faut d’abord rappeler l’approche marocaine, anticipative et participative, avec l’implica-tion et le souci royal pour les professionnels de la santĂ©, notamment, en premiĂšre ligne dans la lutte contre le virus et l’élaboration des stratĂ©gies adĂ©quates. «L’approche ma-rocaine se basait sur deux volets: le premier est non mĂ©dical et consiste Ă  prendre toutes les dispositions pour bloquer l’évolution de la pandĂ©mie et casser la chaĂźne de transmis-sion du virus, Ă  travers le confinement, qui a Ă©tĂ© total puis partiel ou par rĂ©gion, voire par quartier, Ă  travers aussi les mesures d’hy-giĂšne, gel hydro-alcoolique et l’obligation du port du masque. Ces gestes-lĂ  doivent rester de rigueur le temps qu’il faut. Le deuxiĂšme volet est mĂ©dical et, lĂ , le Maroc a Ă©tĂ© parmi les premiers pays au monde Ă  avoir instau-rĂ© un protocole sanitaire, qui a Ă©voluĂ© pour arriver Ă  la formule actuelle combinant l’anti-biotique, le zync, la vitamine C et un anticoa-gulant. Avec ce mode de combat, le Maroc a

Le vaccin chinois a été testé à grande échelle

L’APPROCHE MAROCAINE DE LUTTE CONTRE LE COVID-19 EXPLIQUÉE PAR LE PR AZEDDINE IBRAHIMI

pu limiter sensiblement le nombre de morts comparativement d’ailleurs Ă  d’autres pays plus puissants», prĂ©cise Pr Ibrahimi dans un entretien avec Maroc Hebdo. Et d’ajouter que, dans ce cadre, le Maroc a, depuis des mois, commencĂ© les contacts avec les grands laboratoires du monde, en Europe, en AmĂ©rique et en Asie et que les scientifiques marocains, prĂ©sents sur le terrain, ont multipliĂ© les efforts pour essayer de comprendre la nature de ce virus et com-ment agir pour endiguer la pandĂ©mie. Ain-si, il a Ă©tĂ© prĂ©conisĂ© depuis le mois d’avril que seule une vaccination de masse peut rĂ©pondre Ă  l’urgence de la situation. D’ail-leurs le comitĂ© scientifique et technique est pluridisciplinaire, ouvert aux propositions de tous les spĂ©cialistes dans le cadre d’une dĂ©marche participative et transparente, sou-ligne M. Ibrahimi

Tarifs prĂ©fĂ©rentielsConcernant le choix du vaccin chinois et pas un autre, M. Ibrahimi explique que «ce vaccin a montrĂ© son efficacitĂ©, il est dĂ©jĂ  uti-lisĂ© en Chine et aux Emirats arabes unis et plusieurs pays ont commandĂ© des millions de doses. Ensuite, c’est un vaccin qui peut ĂȘtre stockĂ© entre 2 et 8°, contrairement Ă  celui de Pfizer, qui doit ĂȘtre stockĂ© Ă  -80°. Donc, sur le plan de la chaĂźne de froid, le vaccin chinois est le plus adĂ©quat. Enfin, et c’est important Ă  souligner, l’accord entre le Maroc et la Chine porte aussi sur le transfert de technologie. Nous allons pouvoir produire

au sein de la CitĂ© technologique de Tanger ce vaccin, qui est basĂ© sur la technique du virus inactivĂ© et non pas attĂ©nuĂ©.» Le professeur Ă  la facultĂ© de mĂ©decine prĂ©-cise Ă©galement que le vaccin chinois a fait l’objet de plusieurs Ă©tudes publiĂ©es dans des magazines scientifiques de renom. Quant Ă  son prix, le Maroc table sur des tarifs prĂ©fĂ©-rentiels, prĂ©cise M. Ibrahimi, sachant que la commande porte sur des millions de doses. Ceci sans oublier que le Maroc diversifie son approvisionnement en vaccins, pas unique-ment chinois. L’achat de plusieurs millions de doses du vaccin d’AstraZeneca, qui est dĂ©veloppĂ© par une autre technologie, est en cours.Il faut dire qu’actuellement que les deux vaccins sont Ă  la derniĂšre phase des tests, la phase trois, et leurs producteurs ont dĂ©jĂ  des commandes. Sauf pour Pfizer et Mo-derna, dont toute la production est vendue d’avance dans le cadre de l’approche parti-cipative adoptĂ©e par les USA pour mettre au point le vaccin anti-Covid. Tous les vaccins attendent l’autorisation de mise sur le mar-chĂ©.A la question de savoir qui donne cette autorisation, un organisme international comme l’OMS ou chaque pays a sa propre

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Noureddine JOUHARI

rĂ©glementation, M. Ibrahimi lĂšve toute ambi-guĂŻtĂ© en disant que «l’OMS assure un suivi puisqu’il s’agit d’une pandĂ©mie internatio-nale, mais ne donne pas d’autorisation de mise sur le marchĂ©. L’Union europĂ©enne a son agence des mĂ©dicaments qui autorise la mise sur le marchĂ© des produits phar-maceutiques. Les USA ont leur puissante agence des mĂ©dicaments. Au Maroc, nous avons une direction au niveau du ministĂšre de la santĂ© qui seule est habilitĂ©e Ă  donner le feu vert ou pas». Mais, ajoute-t-il, les pa-ramĂštres sont universels: pour qu’un vaccin soit autorisĂ© Ă  la vente sur le marchĂ©, il faut

qu’il rĂ©ponde Ă  trois critĂšres que sont l’inno-cuitĂ©, l’efficacitĂ© et un mode de fabrication rĂ©pondant aux normes.

Feu vertReste la question que tous les spĂ©cialistes se posent, Ă  savoir la durĂ©e de l’immunitĂ© acquise. Le monde fait face Ă  une crise sanitaire sans prĂ©cĂ©dent, il a fallu donc re-courir Ă  une procĂ©dure d’urgence pour la validation des vaccins. Il faut attendre un an avant de pouvoir se prononcer sur la durĂ©e de l’immunitĂ© acquise par les patients ayant Ă©tĂ© traitĂ©s par ces vaccins. A partir de lĂ , les

scientifiques peuvent apporter des amĂ©lio-rations aux vaccins si toutefois cela s’avĂšre nĂ©cessaire.Quant Ă  ce que l’on appelle les mĂ©dica-ments d’immunothĂ©rapie comme moyen de mettre fin au virus, M. Ibrahimi est ca-tĂ©gorique: «Valeur aujourd’hui, il n’y a pas de mĂ©dicaments d’immunothĂ©rapie. Deux laboratoires amĂ©ricains ont sorti des Ă©chan-tillons Ă  base d’anticorps de synthĂšse. L’un d’eux, le laboratoire Eli Lilly dispose d’une autorisation provisoire aux USA, alors que celui de la sociĂ©tĂ© Regeneron a Ă©tĂ© d’ail-leurs utilisĂ© par Donald Trump avec une «compassionate authorization». Mais il n’y a pas de production Ă  l’échelle commerciale. En plus de cela, le coĂ»t d’un traitement pa-reil est extrĂȘmement cher. Si cette technique Ă©tait abordable, pourquoi alors tout le monde cherche le vaccin?»M. Ibrahimi insiste sur l’engagement citoyen en ce sens que pour permettre de combattre efficacement la pandĂ©mie, un prĂ©alable s’impose: le respect des mesures sanitaires dictĂ©es par les pouvoirs publics. Tout relĂą-chement peut conduire Ă  une situation non maitrisable, avertit-il l

Pr Azeddine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnolo-gie médicale à la faculté de médecine de Rabat.

IL FAUT ATTENDRE UN AN AVANT DE POUVOIR SE PRONONCER SUR LA DURÉE DE L’IMMUNITÉ

ACQUISE PAR LES PATIENTS AYANT ÉTÉ

TRAITÉS PAR CES VACCINS.

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Les Marocains se posent beaucoup de questions concernant les vaccins, leur efficacitĂ© et le choix par le Maroc du vaccin chinois. Est-ce le bon choix, selon vous? Permettez-moi tout d’abord de planter le dĂ©cor. Actuellement, le Covid-19 se pro-page au Maroc Ă  une grande vitesse, le facteur R avoisine dĂ©sormais 1,22, c’est grave. Si on ne fait pas attention, la si-tuation risque d’ĂȘtre trĂšs dangereuse. Il existe deux solutions, la premiĂšre est la protection grĂące aux mesures barriĂšres, la deuxiĂšme, la plus efficace, est la vac-cination. Si on atteint un taux d’immunitĂ© de 80% de la sociĂ©tĂ© marocaine, on sera Ă©pargnĂ©s par ce danger. La course au

“Se faire vaccinerne veut pas dire ĂȘtreimmĂ©diatement immunisĂ©â€

Comment avancent les essais cliniques? Comment se dĂ©roulera la campagne de vaccination? Quelle est la diffĂ©rence entre les vaccins chinois et britannique et pourquoi la vaccination n’est-elle pas suffisante pour mettre fin Ă  la pandĂ©mie? Le point avec Moulay Mustapha Ennaji, directeur du laboratoire de Virologie de l’UniversitĂ© Hassan II de Casablanca.

ENTRETIEN AVEC MOULAY MUSTAPHA ENNAJI,directeur du laboratoire de Virologie de l’UniversitĂ© Hassan II de Casablanca

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Propos recueillis par Mohamed Amine HAFIDI

le nĂ©cessaire pour les personnes dĂ©favo-risĂ©s, mĂȘme si le prix ne va pas ĂȘtre cher.

Le Maroc acheminera par voie aĂ©rienne les premiĂšres doses de vaccins Ă  par-tir de dĂ©cembre. Quand est-ce qu’on pourra passer Ă  la phase production? Est-ce qu’on dispose des moyens hu-mains et technologiques pour le faire? Le Maroc compte effectivement produire le vaccin grĂące Ă  un transfert de technolo-gie, mais on va y aller doucement car ça va ĂȘtre une premiĂšre pour le Maroc. So-thema pourrait s’occuper de la phase pro-duction du vaccin Sinopharm, puisque le laboratoire marocain a dĂ©jĂ  conclu un ac-cord avec le chinois pour gĂ©rer les essais cliniques au Maroc. Je pense que nous serons capables de relever ce challenge, car nous disposons, surtout, des moyens humains. MĂȘme si on n’a jamais produit de vaccins pour les humains, nous comp-

vaccin est Ă  son apogĂ©e actuellement. Au dĂ©but, ils Ă©taient 200 laboratoire Ă  travers le monde Ă  annoncer leur travaux de re-cherche pour le dĂ©veloppement d’un vac-cin. A l’heure oĂč je vous parle, 15 vaccins ont atteint leur Ă©tape finale et 5 sont en phase de production. Parmi ces 5 vac-cins, figure celui du chinois Sinopharm, avec lequel le Maroc a signĂ© un accord.

Certains se demandent si le Maroc a fait le bon choix en optant pour le vac-cin chinois pour la premiĂšre Ă©tape de la campagne de vaccination. Que leur rĂ©pondez-vous?Je leur dirais tout simplement que la Chine dispose d’un trĂšs grande expertise avĂ©rĂ©e dans le domaine des vaccins. Elle dispose d’un histoire riche en rĂ©ussites et en exploits. Certains ne le savent pas, mais figurez-vous que de grands labo-ratoires tels que AstraZeneca, Pfizer ou encore Moderna, qui dĂ©veloppent actuel-lement des vaccins anti-Covid, disposent de partenariats avec les Chinois pour la production de leurs vaccins.

Un flou caractĂ©rise la campagne de vaccination au Maroc. Comment va-t-elle se dĂ©rouler?La campagne de vaccination va commen-cer le 1er dĂ©cembre 2020 et devra durer trois mois. Elle sera rĂ©partie en quatre Ă©tapes, chacune ciblant un groupe en fonction de sa vulnĂ©rabilitĂ© et le risque d’exposition au virus. La cadence de vac-cination sera de 200.000 personnes par jour au niveau urbain et rural. Toutes les infrastructures disponibles seront mises Ă  l’oeuvre, comme les hĂŽpitaux communau-taires, les CHU, les universitĂ©s, en plus d’unitĂ©s mobiles.Le premier groupe ciblĂ© par la campagne sera constituĂ© par ce qu’on appelle les «Frontliners», Ă  savoir les mĂ©decins, les infirmiers, les forces de l’ordre et le corps enseignant, ensuite ça sera au tour des personnes ĂągĂ©es de 65 et plus. Les en-fants de moins de 18 ans ne sont pas concernĂ©s par la vaccination. Pour le mois de dĂ©cembre, ce sont 5 millions de doses du vaccin Sinopharm qui seront concer-

nĂ©es par la campagne. Ensuite, Ă  partir du 1er janvier, commencera la vaccination de 24 millions de Marocains par le vaccin d’AstraZeneca, et/ou d’autres vaccins.

Quelle est la diffĂ©rence entre le vaccin de Sinopharm et celui d’AstraZeneca?Le vaccin du chinois Sinopharm est de type «old fashion» qui ne prĂ©sente pas de problĂ©matique et qui donne une immunitĂ© sĂ»re. Pour le britannique AstraZeneca, il a dĂ©veloppĂ© ce qu’on appelle les vaccins nouveaux, qui sont basĂ©s sur une nouvelle technologie. Le laboratoire travaille aussi sur un autre vaccin de type «old fashion» comme celui de Sinopharm. On peut l’ac-quĂ©rir Ă©galement. Vous savez, ce qui est important Ă  mes yeux, c’est l’efficacitĂ© du vaccin et les deux laboratoires ont prouvĂ© l’efficacitĂ© de leurs vaccins. Maintenant, le Maroc ne va pas se contenter, Ă  mon sens, de ces deux laboratoires. Il y aura

plusieurs autres offres de laboratoires qui ont avancĂ© dans leurs processus de dĂ©veloppement. Des laboratoires basĂ©s en France, Italie, Inde, CorĂ©e du sud, les Etats-Unis et mĂȘme IsraĂ«l.

Comment avancent actuellement les essais cliniques de Sinopharm au Ma-roc? Les essais cliniques auprÚs des 600 vo-lontaires ont été clÎturés avec succÚs.

Le vaccin sera-t-il gratuit? Obligatoire? Je ne pense pas que le vaccin sera obliga-toire. Mais l’objectif est d’assurer une im-munitĂ© collective Ă  hauteur de 80%. Pour ce qui est de la gratuitĂ©, je ne dispose pas d’informations mais je ne pense pas que le prix sera une barriĂšre ou contrainte Ă  une vaccination. Je pense que l’Etat fera

tons déjà deux laboratoires qui produisent des vaccins destinés aux animaux, Bio-pharma, à Rabat, et MCI, à Mohammedia.

Le directeur gĂ©nĂ©ral de l’OMS a alertĂ© sur la nĂ©cessitĂ© de maintenir les me-sures barriĂšres et que le vaccin, seul, ne mettra pas fin Ă  la pandĂ©mie
Il a raison. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que dĂšs l’administration du vaccin anti-Covid, il faudra compter deux mois pour que notre corps y rĂ©ponde et produise l’immunitĂ© nĂ©cessaire pour faire face au Covid-19. En attendant cette rĂ©-ponse immunitaire, il faut continuer Ă  adopter les mesures barriĂšres. Il faut faire attention, se faire vacciner ne veut pas dire ĂȘtre immĂ©diatement immunisĂ© l

“ L’OBJECTIF EST D’ASSURER UNE IMMUNITÉ COLLECTIVE À HAUTEUR DE 80% DE LA POPULATION MAROCAINE. ”

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PAR ANASS DOUKKALI *

LE VACCIN CHINOIS ET NOUS !

E n annonçant le lancement im-minent d’une opĂ©ration mas-sive de vaccination contre le coronavirus, pendant que les essais cliniques sur un vaccin

chinois sont en cours d’achĂšvement au ni-veau de structures hospitalo-universitaires de Rabat et Casablanca, le Maroc revient en force sur la scĂšne internationale. Si le Maroc est l’un des premiers pays Ă  mettre en place une stratĂ©gie de vaccination, c’est qu’il a fait le bon choix de se tourner dĂšs le dĂ©but de la pandĂ©mie vers la Chine, dont le soutien aux efforts du Royaume dans sa lutte anti-Covid-19 n’a jamais failli. Un soutien qualifiĂ© de prĂ©cieux, efficace et gĂ©nĂ©reux par le Maroc, qui rappelons-le, avait tenu Ă  exprimer sa solidaritĂ© avec la Chine en envoyant des Ă©quipements mĂ©di-caux dont ce pays avait besoin au dĂ©but de l’épidĂ©mie. Des faits qui confirment l’adage chinois qui dit: «celui qui donne une goutte d’eau recevra l’eau de source». Plus encore, ce soutien de nos amis chinois s’inscrit dans un cadre de partena-riat bilatĂ©ral plus large et de haut niveau dans la lutte contre le Covid-19. Un par-tenariat sincĂšre et pragmatique portĂ© par les deux chefs d’État, qui ont convenu le 31 aoĂ»t dernier du lancement au Maroc de la troisiĂšme phase des essais cliniques du vaccin, et de promouvoir la coopĂ©ration pour son dĂ©veloppement et sa production localement, dans le cadre de l’accord sani-taire signĂ© auparavant entre les deux pays. Le Maroc pourra ainsi assurer sa propre fourniture en vaccin, et par la mĂȘme occa-sion celle d’autres pays, particuliĂšrement en Afrique. ConsidĂ©rĂ© comme l’un des plus avancĂ©s chronologiquement et le plus sĂ»r en termes d’essais, de preuves d’efficacitĂ© et de pro-

cĂ©dĂ©s de fabrication que tous les autres vaccins actuellement en prĂ©paration sur le marchĂ©, le vaccin chinois contre le Co-vid-19 devrait commencer Ă  arriver chez nous avant la fin de l’annĂ©e. Dix millions de doses devraient ainsi ĂȘtre livrĂ©es au Royaume et administrĂ©es en deux doses de 21 jours d’intervalle aux populations prioritaires, constituĂ©es de personnel de premiĂšre ligne, de personnes ĂągĂ©es ou atteintes de maladies chroniques, avant l’élargissement au reste de la population.En attendant une Ă©valuation objective et scientifique sur la base des rĂ©sultats prĂ©-liminaires des essais cliniques de phase 3 qui seront publiĂ©s trĂšs prochainement, la confiance et l’optimisme Ă  l’égard de la sĂ©-

curitĂ© et de l’efficacitĂ© du vaccin rĂšgnent au sein de nos experts. Cette phase qui s’est dĂ©roulĂ©e au Maroc et dans bien d’autres pays de la zone Mena et de l’AmĂ©rique la-tine ayant fait confiance Ă  ce vaccin, vise Ă  Ă©tudier l’immunogĂ©nicitĂ©, qui correspond Ă  l’augmentation des anticorps neutralisants aprĂšs l’injection des deux doses de vaccin. MenĂ©s sur de larges et diveres popula-tions de personnes (plus de 50.000 pour ce vaccin), ces essais multicentriques, rĂ©-alisĂ©s dans de nombreux centres d’études et hĂŽpitaux, permettent de comparer l’effi-cacitĂ© du vaccin face Ă  un placebo. Ni le

participant, ni l’équipe mĂ©dicale ne savent quel produit reçoit chacun des participants (essai en double aveugle), ce qui permet d’écarter tout prĂ©jugĂ© ou jugement faussĂ© sur son efficacitĂ© ou ses effets indĂ©sirables, qui sont Ă©valuĂ©s dans les phases 1 et 2.Concernant les essais de phases 1 et 2 du vaccin chinois, les analyses des rĂ©sultats ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans des revues scienti-fiques. La premiĂšre phase permet de cer-ner la toxicitĂ© du vaccin Ă  travers l’évalua-tion de la sĂ©curitĂ© d’emploi, son seuil de tolĂ©rance ainsi que les effets indĂ©sirables. Elle permet aussi de dĂ©finir la dose et la frĂ©quence d’administration qui seront re-commandĂ©es pour les phases suivantes. Pour la phase 2, le but est de dĂ©montrer l’efficacitĂ© du vaccin et dĂ©finir la dose opti-male par rapport Ă  celle recommandĂ©e.Il est important de noter que le vaccin chinois est dĂ©veloppĂ© selon un procĂ©dĂ© classique et connu n’utilisant pas des tech-nologies innovantes, ce qui le rend plus sĂ»r. Il s’agit en effet d’un vaccin inactivĂ© qui utilise un virus «tué», ne se rĂ©pliquant pas dans les cellules humaines, d’oĂč la nĂ©ces-sitĂ© d’administrer une deuxiĂšme dose pour maximiser la rĂ©ponse immunitaire.En faisant le choix de se tourner d’abord vers son nouveau partenaire stratĂ©gique que reprĂ©sente la Chine, le Maroc a vou-lu se soustraire aux consĂ©quences de la bataille acharnĂ©e que se livrent les grands laboratoires mondiaux, dans une compĂ©-tition planĂ©taire oĂč les enjeux financiers sont Ă©normes. En misant par contre sur ce Laboratoire chinois, il est en train de rĂ©us-sir plusieurs batailles, celles du temps, de l’approvisionnement, du financement, du transfert technologique et de la souverai-netĂ© pharmaceutique l

COVID 19

LE MAROC POURRA ASSURER SA PROPRE

FOURNITURE EN VACCIN ET, PAR LA MÊME OCCASION,

CELLE DE PAYS AFRICAINS.

(*) Universitaire, Ancien ministre.

Le Maroc a fait le bon choix de se tourner dĂšs le dĂ©butde la pandĂ©mie vers la Chine, dont le soutien aux effortsdu Royaume dans sa lutte anti-Covid-19 n’a jamais failli.

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Comme l’avait pertinemment relevĂ© le roi Mohammed VIdans son dernier discours de la Marche verte, la partie sĂ©paratistese trouve actuellement dans un “scĂ©nario typiqued’une fuite en avant”.

Cela faisait plus de quatre ans que le Maroc menaçait d’intervenir à Guergarat contre le Front Polisario, qui à maintes reprises pendant ce laps de temps

avait dĂ©ployĂ© ses miliciens dans cette zone situĂ©e Ă  la frontiĂšre entre le Royaume et la Mauritanie et cherchĂ© Ă  y entraver la circulation des biens et des personnes. À cet Ă©gard, le roi Mohammed VI, dans son dernier discours de la Marche verte du 7 novembre 2020, avertissait que si “le Ma-roc, fidĂšle Ă  lui-mĂȘme, ne se dĂ©partira pas du bon sens et de la sagesse dont il a cou-tume”, il n’en restait pas moins que “c’est avec la derniĂšre vigueur et la plus grande fermetĂ© qu’il s’opposera aux abus cher-chant Ă  porter atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© et Ă  la stabilitĂ© de ses provinces du Sud”, alors que le mouvement sĂ©paratiste venait en-core, depuis le 21 octobre, de revenir Ă  la charge en procĂ©dant, cette fois, carrĂ©ment Ă  la mise en place d’un bouclier humain constituĂ© d’une soixantaine de personnes.

Une solution diplomatiqueDe fait, il ne fallait pas s’étonner de l’an-nonce faite dans la matinĂ©e du 13 no-vembre par l’état-major gĂ©nĂ©ral des Forces armĂ©es royales (FAR), via un com-muniquĂ©, de “la mise en place” pendant la nuit “d’un cordon de sĂ©curitĂ© en vue de sĂ©-curiser le flux des biens et des personnes Ă  travers la zone tampon de Guergarat”.

“Cette opĂ©ration non offensive et sans aucune intention belliqueuse se dĂ©roule selon des rĂšgles d’engagement claires, prescrivant d’éviter tout contact avec des personnes civiles et de ne recourir Ă  l’usage des armes qu’en cas de lĂ©gitime dĂ©fense,” soulignait l’état-major gĂ©nĂ©ral des FAR. Plus tard dans la journĂ©e, ce dernier don-

nait, dans un deuxiĂšme communiquĂ©, plus de dĂ©tails en indiquant qu’“au cours de [l’]opĂ©ration, la milice armĂ©e du Polisario a ouvert le feu sur les FAR qui ont pour leur part ripostĂ© et obligĂ© les miliciens Ă  prendre la fuite” et qu’en outre ces mĂȘmes miliciens “ont volontairement incendiĂ© le camp de tentes qu’ils avaient Ă©rigĂ© et pris la fuite Ă  bord de jeeps et de camions vers l’Est et vers le Sud, sous les yeux des ob-servateurs de la Minurso”, la mission de paix des Nations unies au Sahara maro-cain. Pour sa part, le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, Ă©galement dans un communi-quĂ©, se fĂ©licitait de ce que l’opĂ©ration des FAR “s’est dĂ©roulĂ©e de maniĂšre pacifique, sans accrochage ni menace pour la sĂ©cu-ritĂ© des civils” et rappelait, surtout, que le Maroc avait au prĂ©alable privilĂ©giĂ© “une solution diplomatique Ă  travers les bons offices des Nations unies” Ă  laquelle le Polisario est cependant restĂ© insensible puisqu’il “a poursuivi ses actes de provoca-tion et d’intrusions illĂ©gales”. “Le Polisario (...) assume, seul, l’entiĂšre responsabilitĂ©

Le Polisario seulau monde

OPÉRATION DES FAR À GUERGARAT

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cessez-le-feu” qu’elle considĂšre comme “graves”, n’a pas vraiment pris et fait et cause pour le Polisario. Au contraire, le communiquĂ© de son mi-nistĂšre des Affaires Ă©trangĂšres “appelle” ce qu’il considĂšre comme Ă©tant “les deux parties”, Ă  savoir le Maroc et le Polisario, “à faire preuve d’un sens de responsabilitĂ© et de retenue, et au respect, dans son intĂ©-gralitĂ©, de l’accord militaire n°1” encadrant le cessez-le-feu du 6 septembre 1991.

ResponsabilitĂ© et retenueCe qui revient, de fait, de la part d’Alger Ă  prendre officiellement ses distances avec toute vellĂ©itĂ© de la part du mouvement sĂ©-paratiste de ne plus se plier au dit accord. Car dĂšs le lendemain de l’opĂ©ration des FAR, le soi-disant “ministre” des Affaires Ă©trangĂšres de la soi-disant “RĂ©publique arabe sahraouie dĂ©mocratique” (RASD), au nom de laquelle le Polisario revendique la partie du Sahara marocain ancienne-ment colonisĂ©e par l’Espagne, Mohamed Salem Ould Salek, dĂ©clarait dans des pro-pos relayĂ©s par l’Agence France-Presse (AFP) que le cessez-le-feu “appartient au passĂ©â€. En mĂȘme temps, la soi-disant “ArmĂ©e populaire de libĂ©ration sahraouie” (APLS), qui reprĂ©sente en fait les milices du Polisario, effectuait Ă  Mahbes, au ni-veau du mur de dĂ©fense marocain, des tirs de harcĂšlement, auxquels les FAR ont ripostĂ© “avec fermetĂ©, occasionnant la destruction d’un engin porte-armes” se-lon les informations de la page Facebook FAR-Maroc. Le 9 novembre dĂ©jĂ , le soi-di-sant “gouvernement sahraoui”, et aprĂšs qu’il eut accusĂ© les forces marocaines de dĂ©guiser des groupes avec des habits ci-vils dans le but de les introduire Ă  Guerga-rat, estimait que “l’entrĂ©e de tout Ă©lĂ©ment militaire, sĂ©curitaire ou civil marocain (...)

sera considĂ©rĂ©e comme une agression flagrante”; ce qui est un comble sachant qu’en soi, la prĂ©sence du Polisario dans la zone, qu’il qualifie lui-mĂȘme de “zone tam-pon” (un lapsus?), rompt l’accord militaire nÂș1. DĂ©sormais, le mouvement sĂ©paratiste s’en trouve Ă  saisir le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, Antonio Guterres, pour “intervenir d’urgence”, comme le met en exergue une lettre signĂ©e de la main de son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Brahim Ghali, sa-chant que c’est ce que M. Guterres a jus-tement plus de trois semaines durant tentĂ© de faire, sans succĂšs toutefois. M. Guterres s’est d’ailleurs vu remercier, au cours de l’appel tĂ©lĂ©phonique qu’ils ont eus ce 16 novembre, par le roi Mohammed VI pour ses “tentatives louables”. Pour l’anecdote, le Polisario a prĂ©sentĂ©, ce 17 novembre, cet appel et ainsi que l’attachement qu’y a exprimĂ© le Souverain au cessez-le-feu Ă  un signe de “confusion” de l’État maro-cain “suite aux frappes incessantes des combattants de l’ALPS”, mais personne n’est dupe: le mouvement sĂ©paratiste est incapable aujourd’hui de soutenir une guerre contre le Maroc, contrairement par exemple Ă  l’époque des annĂ©es 1970 et 1980 oĂč ses techniques de guĂ©rilla pou-vaient lui permettre encore, par Ă -coups, de faire mouche. En se faisant l’écho, le 16 octobre sur Ra-dio Alger, de l’intention des dirigeants poli-sariens de signer des “accords de dĂ©fense mutuels” avec des “pays” et “peuples amis”, M. Ould Salek reconnaissait d’ailleurs cet Ă©tat de fait, car pourquoi des accords si, comme il l’assure, le Polisario est Ă  lui seul capable d’occasionner aux FAR “des dĂ©gĂąts humains et matĂ©riels”? En fait, il faudrait que l’AlgĂ©rie puisse intervenir pour parler vĂ©ritablement d’un conflit, et cela deux Ă©lĂ©ments pouvaient le laisser penser

LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR DE L’ARMÉE ALGÉRIENNE N’EST AUTRE QUE SAÏD

CHENGRIHA, QUI APPELAIT LES MILICES SÉPARATISTES À ATTAQUER LE MAROC.

et les pleines consĂ©quences,” prĂ©venait le mĂȘme dĂ©partement dans un autre commu-niquĂ©. De partout, les soutiens ont plu en-vers le Maroc, notamment au niveau arabe oĂč l’on a vu la moitiĂ© des États de la Ligue arabe (les six pays du Golfe que sont l’Ara-bie saoudite, BahreĂŻn, les Émirats arabes unis, le KoweĂŻt, Oman et le Qatar, en plus des Comores, de Djibouti, de la Jordanie, du YĂ©men et de la Somalie) apporter un appui affirmĂ© au Royaume. Au plan afri-cain, des pays comme le Gabon, la GuinĂ©e Ă©quatoriale, la RĂ©publique centrafricaine ou encore Sao TomĂ©-et-Principe ont Ă©ga-lement saluĂ© l’opĂ©ration des FAR. Globale-ment, il n’y a que la Namibie qui s’est ins-crite en faux contre le Maroc, elle dont les dirigeants continuent malheureusement de mĂ©langer la lutte du peuple namibien pour son indĂ©pendance du rĂ©gime colo-nial sud-africain et le diffĂ©rend d’essence purement rĂ©gionale entre le Royaume et l’AlgĂ©rie autour du Sahara marocain. La voisine de l’Est elle-mĂȘme d’ailleurs, si elle “dĂ©plore vivement les (...) violations du

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il y a quelques semaines encore: d’abord, le rĂ©cent changement de Constitution, qui autorise enfin l’armĂ©e nationale populaire (ANP) algĂ©rienne Ă  opĂ©rer Ă  l’étranger, mĂȘme si c’est un secret de polichinelle que cette derniĂšre Ă©tait directement intervenue au Sahara marocain pour appuyer le Po-lisario dans les deux batailles d’Amgala de janvier et fĂ©vrier 1976 et qu’elle n’avait donc pas attendu la nouvelle loi fondamen-tale pour renoncer Ă  sa soi-disant doctrine; ensuite, le fait que l’actuel chef d’état-ma-jor de l’ANP ne soit autre que SaĂŻd Chen-griha, dont tout le monde se rappelle les dĂ©clarations polĂ©miques rĂ©vĂ©lĂ©es en mars 2016 par MĂ©di1 TV, Ă  l’époque oĂč il n’était encore que commandant de la troisiĂšme rĂ©gion militaire algĂ©rienne, appelant les milices sĂ©paratistes Ă  attaquer le Maroc. Mais la rĂ©action de la communautĂ© inter-nationale suite Ă  l’opĂ©ration des FAR Ă  Guergarat doit dĂ©sormais refroidir la junte algĂ©rienne, qui ne voudra sans doute pas se retrouver davantage isolĂ©e qu’elle ne l’est dĂ©jĂ .

Sentiment de frustrationDe fait, et comme l’avait pertinemment re-levĂ© le roi Mohammed VI dans son dernier discours de la Marche verte, le Polisario se trouve actuellement dans un “scĂ©na-rio typique d’une fuite en avant”. On peut mĂȘme, tout simplement, parler de frustra-tion, car mĂȘme la guerre juridique initiĂ©e au cours de la derniĂšre dĂ©cennie n’a pas portĂ© ses fruits, alors que le Polisario pensait par exemple exclure le Sahara marocain de l’accord de fĂ©vrier 2012 avec l’Union eu-ropĂ©enne (UE) sur les mesures de libĂ©rali-sation rĂ©ciproques en matiĂšre de produits agricoles et de produits de la pĂȘche, ou encore entraver l’exportation du phosphate saharien au prĂ©texte que ses revenus ne profiteraient pas Ă  la population du Saha-ra marocain -ce qui est faux car ceux-ci sont intĂ©gralement rĂ©investis par le groupe OCP dans la rĂ©gion. À l’international, ils ne sont dĂ©sormais plus que 29 pays Ă  conti-nuer de reconnaĂźtre la soi-disant “RASD”, et on a mĂȘme vu ce 14 novembre le Guya-na de Cheddi Jagan et Walter Rodney, qui fut un bastion du sĂ©paratisme sahraoui Ă 

l’époque de la guerre froide, couper tout lien avec l’entitĂ© polisarienne. De nombreux pays ont mĂȘme commen-cĂ©, Ă  partir de dĂ©cembre 2019, Ă  inaugu-rer des consulats au Sahara marocain en signe de reconnaissance de la souveraine-tĂ© du Royaume sur la rĂ©gion, et si Alger, au dĂ©part, Ă©voquait une “mesure d’une gravitĂ© exceptionnelle” quand les Comores ouvraient le bal, elle s’est bien gardĂ©e toutefois par la suite de rĂ©agir surtout que dĂ©sormais un pays aussi puissant que les Émirats est Ă©galement entrĂ© dans la danse. Le ministre des Affaires Ă©trangĂšres algĂ©rien, Sabri Boukadoum, ne semblait, ainsi, pas crĂ©dible quand il dĂ©clarait le 1er novembre, en marge du rĂ©fĂ©rendum constitutionnel, que “nous n’avons peur de personne”. Dans des indiscrĂ©tions publiĂ©es en avril 2019 dans le mĂ©dia Ă©lectronique pa-narabe Rai Al-Youm, l’ancien prĂ©sident mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a sans doute, in fine, le plus parfaitement synthĂ©tisĂ© le sentiment prĂ©gnant au sein des grands chancelleries en confiant que celles-ci “ne veulent pas de l’établissement d’un État sĂ©parant la Mauritanie et le Ma-roc gĂ©ographiquement”, lui qui ne fut pour-tant pas pendant son mandat un grand ami du Maroc, mais bien le contraire: il avait nommĂ©ment citĂ© les États-Unis et l’Eu-rope, ce qui devait sans doute se baser sur des Ă©changes qu’il a eus avec leurs responsables. Il est, pour ainsi dire, plus que temps pour que le Polisario et l’AlgĂ©rie reviennent Ă  la raison. Dans son discours de la Marche verte du 6 novembre 2018, le roi Moham-med VI avait proposĂ© la crĂ©ation d’un mĂ©-canisme politique conjoint de dialogue et de concertation avec la voisine de l’Est, et mĂȘme si bien sĂ»r cela n’est pas Ă©vident de changer de fusil d’épaule aprĂšs plus de quarante-cinq ans Ă  tenir un certain dis-cours hostile Ă  l’intĂ©gritĂ© territoriale du Ma-roc, il en va de l’avenir du Grand Maghreb et de la sĂ©curitĂ© et de la prospĂ©ritĂ© de ses peuples. Aux uns de savoir de quel cĂŽtĂ© de l’Histoire ils souhaitent se ranger l

Wissam EL BOUZDAINI

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Les milices polisariennesne boxent absolument pasdans la mĂȘme catĂ©gorie queles Forces armĂ©es royales,et c’est en fait insultant pources derniĂšres de les comparerĂ  une simple bandede coupeurs de route.

Que peuvent vraiment les séparatistes?LE POLISARIO ROMPT LE CESSEZ-LE-FEU

Le roi Mohammed VI a Ă©tĂ© clair et net Ă  ce sujet au cours de l’appel tĂ©lĂ©phonique qu’il a eu le lundi 16 novembre 2020

avec le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, Antonio Guterres: l’interven-tion des Forces armĂ©es royales (FAR) dans la zone de Guergarat, Ă  la fron-tiĂšre maroco-mauritanienne, ne revient pas de la part de la partie marocaine Ă  renoncer Ă  l’accord de cessez-le-feu signĂ© sous Ă©gide onusienne avec le Front Polisario en septembre 1991. “[Le Souverain] a rĂ©affirmĂ© Ă  M. Gu-terres l’attachement constant du Maroc au cessez-le-feu,” a rĂ©vĂ©lĂ© le Cabinet royal dans un communiquĂ© publiĂ© dans la foulĂ©e dudit appel tĂ©lĂ©phonique. Sauf que le Polisario, donc, ne semble pas vouloir l’entendre de la mĂȘme oreille. Son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, Brahim Ghali, a dĂšs aprĂšs l’intervention des FAR of-ficialisĂ© la rupture par le mouvement du cessez-le-feu, ce qui s’est notamment traduit par des tirs de harcĂšlement au niveau de la localitĂ© de MahbĂšs, que traverse le mur de dĂ©fense dĂ©ployĂ© dans les annĂ©es 1980 par le roi Has-san II pour protĂ©ger le territoire national des incursions polisariennes depuis l’AlgĂ©rie. Il a mĂȘme parlĂ©, dans une interview diffusĂ©e ce 18 novembre par Radio AlgĂ©rie internationale (RAI), de

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Que peuvent vraiment les séparatistes?LE POLISARIO ROMPT LE CESSEZ-LE-FEU

“poursuivre la lutte” jusqu’à faire de la partie du Sahara marocain anciennement colo-nisĂ©e par l’Espagne, qu’il revendique, un État indĂ©pendant sous les auspices d’une soi-disant “RĂ©publique arabe sahraouie dĂ©-mocratique” (RASD).

Ridicules gesticulationsEn a-t-il toutefois seulement les moyens? Car avec les FAR, on parle d’une armĂ©e rĂ©-guliĂšre classĂ©e septiĂšme du monde arabe et sixiĂšme en Afrique selon l’indice amĂ©ri-cain Global Fire Power. En termes de dĂ©-penses, seule l’AlgĂ©rie arrive Ă  lui tenir la dragĂ©e haute dans la rĂ©gion, la voisine de l’Est s’accaparant mĂȘme 44% du budget de dĂ©fense africain en 2019 selon le trĂšs crĂ©-dible Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) -10,3 milliards de dollars d’armements achetĂ©s au cours de l’annĂ©e concernĂ©e-, mais avec ceci dit de nombreux contrats surfacturĂ©s permet-tant au commandement de l’armĂ©e natio-nale populaire (ANP) algĂ©rienne de s’auto-graisser la patte en salĂ©es rĂ©trocomissions -comme l’avait rĂ©vĂ©lĂ© le scandale des 200 chars T-90 commandĂ©s en catimini Ă  la Russie en 2014. Le Maroc s’est d’autant plus dotĂ©, en novembre 2017, d’un systĂšme satellitaire français de type PlĂ©iades lui ayant par exemple permis, en janvier 2018, d’immĂ©diatement dĂ©celer des tentatives du Polisario de transfĂ©rer une soi-disant “struc-ture administrative” de la partie de la zone tampon situĂ©e Ă  l’Est du mur de dĂ©fense, dans la lignĂ©e de sa propagande tentant de prĂ©senter cette zone comme de soi-disant “territoires libĂ©rĂ©s” de la soi-disant “RASD”, ainsi que l’installation, dĂ©jĂ , de soi-disant “postes frontiĂšres” Ă  Guergarat en particu-lier.En d’autres termes, les milices sĂ©paratistes ne boxent absolument pas dans la mĂȘme catĂ©gorie que les FAR, et c’est en fait insul-

tant en soi pour ces derniĂšres de les com-parer Ă  ce qui constitue, en fin de compte, littĂ©ralement une simple bande de coupeurs de route. Suite aux tirs de harcĂšlement qu’il a tentĂ© d’ouvrir sur les FAR Ă  MahbĂšs, le Polisario s’est ainsi vu rapidement neutra-liser et mĂȘme perdre un engin porte-armes dont le type n’a toutefois pas Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© par la page Facebook du forum Far-Maroc, Ă  l’origine de l’information. Les gesticulations de ses dirigeants, M. Ghali en tĂȘte, frisent Ă  cet Ă©gard le ridicule, et l’AlgĂ©rie elle-mĂȘme, qui pourtant le finance, l’abrite, l’arme et le soutient diplomatiquement, a aussitĂŽt fait de prendre ses distances avec lui, ne tenant visiblement pas Ă  ĂȘtre mĂȘlĂ©e Ă  une guerre oĂč elle se trouvera davantage marginalisĂ©e au sein de la communautĂ© internationale. Et sans l’AlgĂ©rie, le Polisario ne pourra bien sĂ»r rien, et il est le premier Ă  le savoir. C’est pour cela que le soi-disant “ministre” des Af-faires Ă©trangĂšres de la soi-disant “RASD”, Mohamed Salem Ould Salek, avait Ă©voquĂ© le 16 octobre sur Radio Alger la possibilitĂ© de signer des “accords de dĂ©fense” avec des “pays” et des “peuples amis”, Ă  un mo-ment oĂč la voisine de l’Est Ă©tait en passe de changer de Constitution pour autoriser enfin son armĂ©e Ă  intervenir Ă  l’étranger et donc Ă©ventuellement de prĂȘter main-forte au mouvement sĂ©paratiste dans une guerre contre le Maroc. Le Polisario avait mĂȘme, le 9 novembre, agitĂ© la menace de la fin

de l’accord de cessez-le-feu si “l’entrĂ©e de tout Ă©lĂ©ment militaire, sĂ©curitaire ou civil marocain” Ă©tait constatĂ©e Ă  Guergarat, oĂč il avait dĂ©ployĂ© plusieurs de ses Ă©lĂ©ments Ă  partir du 21 octobre. En termes d’équi-pements, le mouvement sĂ©paratiste peut seulement compter sur du vieux matĂ©riel d’origine principalement soviĂ©tique, Ă  sa-voir notamment des vĂ©hicules de combat d’infanterie BMP-1 et des lance-roquettes multiple Katioucha ainsi que des obusiers 122 mm M1938, qu’il utilise rĂ©guliĂšre-ment dans des manoeuvres depuis no-vembre 2014. Il n’a tout simplement pas les moyens de se renforcer, et en mĂȘme temps Alger garde Ă  l’esprit l’exemple du Liban, oĂč le fait que l’Organisation de libĂ©-ration de la Palestine (OLP) se soit retrou-vĂ©e totalement libre de ses mouvements avait amenĂ©, en avril 1975, au dĂ©clenche-ment de la guerre civile, ce que la capitale algĂ©rienne ne saurait bien sĂ»r jamais per-mettre. De fait, elle a, sciemment, toujours fait en sorte de limiter la force de frappe du Polisario, en circonvenant au surplus son action aux seuls camps de Tindouf, des-quels ne peuvent par ailleurs que diffici-lement s’extraire les milliers de Marocains qu’y sĂ©questre le mouvement sĂ©paratiste depuis plus de quarante-cinq ans. Le Ma-roc peut, si l’on peut dire, encore dormir sur ses deux oreilles l

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Le Polisario agresseur Ă  Guergarat

La presse du voisin de l’Est et ses porte-voix, sĂ©paratistes et autres, s’échinent Ă  mettre en cause le Royaume en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  son «agression militaire» Ă  Guergarat. Quand

l’AlgĂ©rie fait Ă©tat d’une «large vague d’indigna-tion internationale» Ă  ce sujet, voilĂ  qui prĂȘte Ă  sourire; l’on a affaire Ă  une nouvelle posture... Plus intĂ©ressant est le communiquĂ© du minis-tĂšre algĂ©rien des Affaires Ă©trangĂšres, en date du 16 novembre 2020. Il n’a Ă©tĂ© publiĂ© que trois jours aprĂšs l’intervention marocaine pour

assurer et sĂ©curiser le trafic civil et commercial –on a vu Alger plus rĂ©active et plus prompte
Relevons le choix des termes: l’AlgĂ©rie «dĂ©-plore vivement», elle ne condamne pas -elle n’ignore pourtant pas le factuel sur le terrain; elle constate de «graves violations» du ces-sez-le-feu sans incriminer spĂ©cialement le Ma-roc; elle appelle «les deux parties» Ă  respecter l’accord militaire N°1 et «à faire preuve d’un sens de responsabilitĂ© et de retenue...»Cela dit, quelles sont les responsabilitĂ©s rĂ©elles dans cette tension crĂ©Ă©e dans la zone tampon entre le Maroc et la Mauritanie? Le

Royaume a agi dans la lĂ©galitĂ© internationale. Il dispose pleinement du droit de dĂ©fendre son intĂ©gritĂ© territoriale et d’imposer in situ le res-pect des rĂ©solutions du Conseil de sĂ©curitĂ©. L’opĂ©ration menĂ©e par les FAR, le vendredi 13 novembre, s’est dĂ©roulĂ©e de maniĂšre pa-cifique dans cette zone tampon; elle visait Ă  rĂ©tablir la libre circulation au niveau de ce passage frontalier. Il n’y a eu ni accrochage ni menace pour la sĂ©curitĂ© des civils. Sur place, les responsables de la MINURSO ont pu en prendre acte et rendre compte au SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU. Tout le reste entretenu par le mouvement sĂ©paratiste n’est que pure dĂ©-sinformation Ă  coup de fake news...

LĂ©galitĂ© internationaleQu’en est-il maintenant de l’accord militaire N°1? C’est un document complĂ©mentaire Ă  l’accord de cessez-le-feu en date du 6 sep-

La prĂ©sente situation de tension crĂ©Ă©e par les milices armĂ©es du Polisario; tant Ă  Guergarat que dans d’autres localitĂ©s, pose un problĂšme que ne saurait Ă©vacuer la communautĂ© internationale: elle est un recours illicite Ă  la force. De quoi fonder le Maroc Ă  exercer son droit de lĂ©gitime dĂ©fense.

UNE VIOLATION DU CESSEZ-LE- FEU ET DE L’ACCORD MILITAIRE N°1

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Le Polisario agresseur Ă  Guergarat

Le mouvementsĂ©paratiste n’est plus habilitĂ©Ă  avoir quelque «statut» de partie dans le processus de rĂšglement politique.

Mustapha SEHIMI

tembre 1991. Il a Ă©tĂ© signĂ© par la MINURSO et transmis au Polisario en dĂ©cembre 1997 et aux FAR en janvier 1998. Il Ă©nonce les directives et les procĂ©dures prĂ©cises que les deux parties doivent suivre dans l’application du cessez-le-feu. Il rĂ©git les activitĂ©s relatives Ă  la surveil-lance du cessez-le-feu; il dĂ©termine Ă©galement les droits des observateurs militaires de la MI-NURSO et les procĂ©dures Ă  suivre en cas de violation du cessez-le-feu. Il dĂ©finit les termes gĂ©ographiques pertinents. Une zone tampon, d’une largeur de 5 kilomĂštres, court le long du mur de sable, au sud et Ă  l’est de cette ligne. Les zones d’accĂšs restreint se dĂ©couplent, elles, en deux zones d’une largeur de 30 km, la premiĂšre au nord et Ă  l’ouest du mur de sable, la seconde Ă  l’est de celui-ci. A noter ici que le mur de sable relĂšve de la premiĂšre zone d’accĂšs restreint, alors que la zone tam-pon fait partie de la deuxiĂšme. Enfin, les zones soumises Ă  des restrictions limitĂ©es couvrent les bandes de terre situĂ©es des cĂŽtĂ©s nord et ouest de la premiĂšre zone d’accĂšs restreint et des cĂŽtĂ©s sud et est de la seconde. Pour ce qui est des activitĂ©s militaires dans ces zones, l’accord dĂ©finit les interdictions sui-vantes: entrĂ©e par voie terrestre ou aĂ©rienne

de personnel ou de matĂ©riel militaires, tirs d’armes Ă  l’intĂ©rieur ou au-dessus de cette zone. De tels actes «sont interdits en toute cir-constance et constituent des violations».

Politique d’implantationL’Accord militaire N°1 prĂ©voit certaines excep-tions applicables Ă  des activitĂ©s pouvant ĂȘtre autorisĂ©es le cas Ă©chĂ©ant mais aprĂšs notifica-tion prĂ©alable ou approbation par la MINUR-SO. Il permet et assure la circulation, le trafic civil et commercial, mais pas l’implantation dans la zone tampon de Guergarat. En aucun cas, il ne peut s’agir de «territoires libĂ©rĂ©s», encore moins de frontiĂšre.Le mouvement sĂ©paratiste, lui, a multipliĂ© les violations de l’accord militaire N°1. Il s’emploie Ă  donner le statut de «capitale» Ă  Bir Lahlou, en y recevant les «ambassadeurs» de Cuba, et de Namibie et en y organisant diverses manifestations administratives et politiques comme si la prĂ©tendue «RASD» Ă©tait une enti-tĂ© Ă©tatique reconnue par la communautĂ© inter-nationale -ce qui n’est le cas ni Ă  l’ONU, ni Ă  la Ligue Arabe ni dans d’autres instances rĂ©gio-nales ou continentales -la seule exception est celle de l’OUA, qui l’a admise en 1984, dans des conditions connues de tous, avec le par-rainage de l’AlgĂ©rie et le concours coupable d’Edem Kodjo, alors secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de cette organisation continentale. Aujourd’hui, la «RASD» n’est pas reconnue par 165 pays... Le mouvement sĂ©paratiste a mis en place une politique d’implantation, dĂ©plaçant ses structures de Tindouf Ă  Bir Lahlou. Il a ain-si mis Ă  profit le cessez-le-feu pour modifier le statu quo instituĂ© en septembre 1991 et violer l’accord militaire N°1. Il faut ajouter le maintien de la prĂ©sence illĂ©gale d’élĂ©ments armĂ©s du Polisario dans la zone tampon de Guergarat, d’autres dans la zone de MahbĂšs, Ă  proximitĂ© immĂ©diate du mur, dans une zone interdite. Cette violation a Ă©tĂ© commise le 29 mars 2018, avec des vĂ©hicules militaires -des tentes ont Ă©tĂ© dressĂ©es et des constructions ont Ă©tĂ© Ă©rigĂ©es. Un processus de transfert a Ă©tĂ©, par ailleurs, engagĂ© pour implanter des structures administratives et militaires des camps de Tindouf vers la zone situĂ©e Ă  l’Est du dispositif de sĂ©curitĂ© au Sahara marocain oĂč se trouvent les localitĂ©s de Bir Lahlou et de

Tifariti. Il y a lĂ  une volontĂ© manifeste de modi-fication du statu quo et d’instauration d’un fait accompli avec une partition du territoire. Une violation flagrante des accords avec l’ONU.Le cessez-le -feu de 1991 est ainsi battu en brĂšche par le mouvement sĂ©paratiste. Son responsable, Brahim Ghali, est allĂ© plus loin encore en annonçant, voici quelques jours Ă  peine, que le Polisario n’allait plus le respecter et qu’il allait reprendre la guerre contre le Ma-roc. Jusqu’à prĂ©sent, ce cessez-le-feu, datant de vingt neuf ans, Ă©tait entendu comme une cessation des hostilitĂ©s durant un temps don-nĂ© et dans un espace donnĂ©. Il a Ă©tĂ© nĂ©gociĂ© sous les auspices de l’ONU. Or, la prĂ©sente si-tuation de tension et de conflictualitĂ© crĂ©Ă©e par les milices armĂ©es du Polisario tant Ă  Guerga-rat que dans d’autres localitĂ©s (MahbĂšs, ...) pose un problĂšme que ne sauraient Ă©vacuer ni la communautĂ© internationale ni le Conseil de sĂ©curitĂ©: elle est un recours illicite Ă  la force. De jure, c’est une violation des dispositions de l’article 2 de la Charte des Nations Unies sur le «non recours Ă  la menace ou Ă  l’emploi de la force, contre l’intĂ©gritĂ© territoriale ou l’indĂ©-pendance politique de tout Etat, soit de toute autre maniĂšre incompatible avec les buts des Nations Unies». De quoi fonder le Maroc Ă  exercer son droit de lĂ©gitime dĂ©fense, au sens de l’article 51 de la Charte. Les actes du Polisario dans la zone tampon de Guergarat sont autant d’actions qui menacent la paix et la sĂ©curitĂ© internationales. Le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU a exprimĂ© sa «grave prĂ©occupation»; des puissances influentes aussi, ainsi que des organisations rĂ©gionales et internationales.«Le cessez-le-feu, c’est fini», fanfaronne le prĂ©sident de la «RASD»! Il se disqualifie ainsi davantage et son mouvement et sĂ©paratiste n’est plus habilitĂ© Ă  avoir quelque «statut» de partie dans le processus de rĂšglement politique du diffĂ©rend relatif au Sahara maro-cain. Les faux semblants et les leurres cĂšdent dĂ©sormais la place aux vĂ©ritables termes de cette question nationale impliquant au premier chef, et depuis quarante cinq ans, la seule par-tie vĂ©ritable - l’AlgĂ©rie! Une nouvelle donne, escamotĂ©e depuis des lustres... l

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La fin d’une durenostalgie ?Le prĂ©sident sud-africain a dĂ» clarifier sa position entre,d’une part, un Maroc assurant son destin, qui avance, qui construit; et, d’autre part, une AlgĂ©rie qui met ses plushauts dirigeants et cadres en prison pour corruption.

GUERGARAT ET AFRIQUE DU SUD

Par Driss ENNAHDIEL IDRISSI,ancien ambassadeur.

Le blocage opĂ©rĂ© Ă  Guerguerat par une milice infĂ©odĂ©e au GĂ©-nĂ©ral Changriha n’est pas une affaire spontanĂ©e. Il fut dans les papiers bien avant l’éviction du PrĂ©sident Bouteflika. Il a Ă©tĂ©

ficelĂ© du vivant de l’ancien chef d’Etat-ma-jor algĂ©rien Ahmed Gaid Salah. Repris par l’actuel chef d’Etat-major par intĂ©rim, il a Ă©tĂ© repensĂ© Ă  l’extrĂȘme.Pour en dĂ©coudre avec le Maroc, il fallait Ă©lire un PrĂ©sident conciliant, mobiliser les mĂ©dias et sceller la communication, en-voyer au charbon le personnel diploma-tique, et rameuter tous ses amis, des Etats, des ONG et aussi des oisifs de tous bords. Il fallait aussi garder la pression sur la RĂ©-publique Sud-Africaine pour l’aide pour le conseil, des chars et du satellite 
!Pour engager cette confrontation, des Ă©tapes ont Ă©tĂ© prĂ©vues, autant rapides qu’élĂ©mentaires: une milice agitĂ©e; une rĂ©action Ă©nergique du Maroc, pensĂ©e sau-vage; crier au loup pour l’ONU et ameuter la communautĂ© internationale.Mais
 Patatras. D’abord, malgrĂ© le tinta-marre de la milice et ses provocations, le Maroc n’a pas rĂ©agi et a laissĂ© du temps au temps; ensuite Le PrĂ©sident Tebboune s’est retrouvĂ© hospitalisĂ©; puis vint la rĂ©solution du Conseil de SĂ©curitĂ© avec une introuvable virgule qui aurait permis des interprĂ©tations divergentes.

Il reste, enfin, cette dĂ©convenue pour nos voisins, Ɠuvre de l’Afrique du Sud, qui tout en ne se reniant pas, trouva des formules pour rester dans sa dignitĂ©. Et en effet, une premiĂšre formule consista en deux tweets du 11 octobre 2020, publiĂ©s par le ministre des finances de la RĂ©publique Sud-Africaine recommandant, dans un premier tweet, une alliance d’Etats pour en finir avec une «co-lonisation», puis, certainement, mieux rĂ©-instruit, souhaitant, dans un second tweet, l’intervention des anciens mouvements de libĂ©ration, lesquels sont soit caducs soit au pouvoir. Vaste programme!

DignitĂ© perdueToutefois, l’analyse pointilleuse laisse ap-paraĂźtre que l’Afrique du Sud dit non au GĂ©nĂ©ral Changriha, pas de conseillers, pas de matĂ©riels. Elle laisse Ă  penser, vu le ma-rasme Ă©conomique mondial, que l’Afrique du Sud refuse de se lancer dans une aventure douteuse avec ses dĂ©penses imprĂ©vues
La seconde formule tient au contenu du communiquĂ© de l’Union Africaine. En fili-grane apparaĂźt la position sud-africaine, certainement motivĂ©e par le fait que le chef de l’Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa, est aussi le PrĂ©sident de l’UA, et il serait bien singulier qu’un tel prĂ©sident soutienne une guerre contre un membre de l’organisation qu’il prĂ©side.Il reste le plus dĂ©licieux intelligemment, une plausible explication d’une nature admirable, bien humaine: fort possible donc que ce soit une majeure raison intellectuelle qui a dictĂ© cette position responsable de l’Afrique du Sud en relevant que le PrĂ©sident de l’Afrique du Sud
. a construit son aura en Ă©tant le champion toutes catĂ©gories dans la lutte contre toute forme de corruption.Il a dĂ» donc se poser de drĂŽles de ques-tions sur nos voisins: le frĂšre du PrĂ©sident Bouteflika, deux premiers ministres, une bonne fourchette de ministres, un paquet de gĂ©nĂ©raux, des directeurs d’offices pu-bliques, des patrons d’entreprises privĂ©es sont en prison pour corruption et dilapidation d’argent publique. Le prĂ©sident sud-africain a dĂ» apprendre aussi que, demain, il est fort possible que d’autres personnes influentes, dont des enfants des plus hauts respon-

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l’amour pour le peuple, de l’engagement pour la dignitĂ©, la justice, la droiture? M’a-t-on racontĂ© des bobards pour des objectifs inavouĂ©s, paroles, gestes et actions contradictoires?Il a pu penser aussi aux agressions que l’on nous accole. FrontiĂšres? Mais il sait que l’UA est la garante de l’intangibilitĂ© des frontiĂšres, et donc le discours est di-latoire! Drogues? La lecture mĂ©diatique locale laisse apparaĂźtre qu’avec les oa-sis, ce pays est dans l’auto-suffisance totale, et pour la dure, il est central, pas besoin du Maroc! Investissement? Mais cela dĂ©pend des choix de patrons cherchant sĂ©rieux, garantie, facilitĂ© et rapides dĂ©bouchĂ©s!...

Le prĂ©sident de la RĂ©publique sud-afri-caine a dĂ» solliciter sa destinĂ©e pour retenir le juste, et a certainement fait un examen de conscience pour clarifier sa position entre, d’une part, un pays assu-rant son destin, qui avance, qui construit, qui aide et soutient frĂšres et amis, dans le respect et surtout la discrĂ©tion; et, d’autre part, un Etat qui met ses plus hauts dirigeants et cadres en prison pour corruption et dilapidation, aprĂšs en avoir fait, dans des silences complices et des connivences coupables, des icones, tout en se servant du Maroc pour occuper son peuple.Si cet examen de conscience a Ă©tĂ© fait, c’est tout Ă  l’honneur de l’Afrique du Sud, en ajoutant que le PrĂ©sident de l’Afrique de Sud peut ĂȘtre certain que l’affaire du Sahara est un stupide montage: au mieux, une guerre pour des egos dĂ©me-surĂ©s contre le Maroc, au pire, le fertile terreau d’une souterraine corruption qui frappe Ă  tous les Ă©tages d’un bizarre sys-tĂšme. Ni plus, ni moins l

sables en fonction actuellement, pour-raient ĂȘtre prĂ©sentĂ©s Ă  la justice pour les mĂȘmes motifs.Le chef d’Etat de l’Afrique du Sud a ser-rĂ© les mains de ces prisonniers, a dĂ©-jeunĂ© ou dĂźnĂ© avec eux, a ri avec eux, a eu des accolades sans retenue avec eux. Il a surtout Ă©changĂ© religieusement, pensant partager avec eux la mĂȘme prĂ©-occupation.

Objectifs inavouĂ©sCe PrĂ©sident, propre et intĂšgre, Ă  l’image de son Mandela, a dĂ» se poser maintes questions. OĂč est l’erreur? L’on m’a trompĂ© en me caressant la fibre pa-triotique, celle de l’authenticitĂ©, celle de

Cyril Ramaphosa,chef de l’Etatsud-africain.

L’AFRIQUE DU SUD REFUSE DE SE LANCERDANS UNE AVENTURE DOUTEUSE AVEC

SES DÉPENSES IMPRÉVUES.

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L’état des lieux dans le pays voisin mĂ©rite que l’on y revienne:il est rĂ©vĂ©lateur d’une situation d’impasse intĂ©rieure qui nourrit l’hostilitĂ©de plus en plus marquĂ©e Ă  l’endroit du Royaume.

Les provocations du mouvement sé-paratiste à Guergarat, zone tampon du Maroc et de la Mauritanie, re-montent à 2016; elles se sont pour-suivies en 2017 puis, à intervalles

frĂ©quents dans les annĂ©es suivantes. Jusqu’à ces deux derniers mois et de maniĂšre encore plus accentuĂ©e depuis le 23 octobre 2020. Il y avait lĂ  un agenda liĂ© Ă  la dĂ©libĂ©ration de la question du Sahara marocain par le Conseil de sĂ©curitĂ©; elle a Ă©tĂ© sanctionnĂ©e par la rĂ©solu-tion 2548 du 30 octobre. Celle-ci a fait droit Ă  la position marocaine, Ă  une large majoritĂ© de membres de cette haute instance onusienne, deux pays seulement s’étant abstenus (Russie et Afrique du Sud).L’échec est patent pour l’AlgĂ©rie. Le Conseil de sĂ©curitĂ© a en effet rĂ©itĂ©rĂ© sa position sur des points importants: un processus de nĂ©gocia-tion sur le format des deux tables rondes de GenĂšve (dĂ©cembre 2018 et mars 2019, avec quatre parties: Maroc, AlgĂ©rie, Mauritanie et Polisario); une solution de compromis politique rĂ©aliste; enfin, prĂ©valence de l’initiative maro-caine du 11 avril 2007, continĂ»ment qualifiĂ©e de projet «sĂ©rieux crĂ©dible et rĂ©aliste». Ce mĂȘme texte insiste par ailleurs sur l’implication de l’AlgĂ©rie, citĂ©e Ă  cinq reprises, pour apporter son concours Ă  ce processus.L’AlgĂ©rie, donc! Toujours! Elle porte le mou-vement sĂ©paratiste depuis quatre dĂ©cennies et demie; elle avait accueilli alors en 1973 un groupe de Sahraouis en rupture de ban au Maroc pour leurs idĂ©es et leurs menĂ©es sub-versives dans une certaine mouvance d’ex-trĂȘme-gauche autour d’Ila Al Amam et d’autres rĂ©seaux. L’occasion Ă©tait trop belle pour Bou-mĂ©diĂšne pour ne pas parrainer un tel mou-

vement anti-marocain derriĂšre le slogan de l’autodĂ©termination du peuple sahraoui. Mais quel peuple? Les camps de Tindouf ont Ă©tĂ© rapidement mis sur pied pour accueillir toutes sortes de rĂ©fugiĂ©s, ceux fuyant la sĂ©cheresse des pays sahĂ©liens voisins, ceux de l’ex-Rio de Oro sous occupation espagnole, ceux, enfin, qui escomptaient dĂ©localiser leurs activitĂ©s il-licites de trafics de toutes sortes.L’AlgĂ©rie encore! C’est l’implication directe de son armĂ©e Ă  la fin janvier 1976, Ă  Amgala I, si-tuĂ©e Ă  260 km de la frontiĂšre ouest algĂ©rienne. C’est une bataille militaire entre l’ANP et les FAR qui se solde par une victoire marocaine (200 morts et 106 prisonniers du pays belligĂ©-rant voisin). Il y aura, trois semaines plus tard, Amgala II, rĂ©occupĂ©e par le Maroc quelques mois plus tard. L’AlgĂ©rie a soutenu alors qu’elle apportait seulement du ravitaillement et de l’aide mĂ©dicale aux Ă©lĂ©ments sĂ©paratistes. De fait, il est Ă©tabli que ce sont des militaires algĂ©-riens qui Ă©taient sur le thĂ©Ăątre des opĂ©rations avec des canons de campagne, des mortiers, des canons anti- aĂ©riens, des batteries anti-aĂ©-riennes et mĂȘme des missiles SA-6. A la fin 1975, l’on comptait quelque 20.000 personnes ainsi regroupĂ©es dans les populations civiles (bĂ©douins, Ă©leveurs) et acheminĂ©es Ă  Tindouf pour les prĂ©senter Ă  l’ONU comme des «rĂ©fu-giĂ©s» ayant fui les forces marocaines... L’hostilitĂ© au Royaume: voilĂ  bien la clĂ© de lec-ture des relations conflictuelles d’Alger avec Rabat! DĂ©jĂ  en octobre 1963 -un an aprĂšs l’in-dĂ©pendance du voisin de l’est- ce fut la Guerre des sables. Le projet maghrĂ©bin portĂ© par les trois pays durant la sĂ©quence prĂ©cĂ©dente de l’émancipation a avortĂ©; depuis, il n’a pas pu vraiment ĂȘtre rĂ©animĂ© et ravivĂ©. Cet affron-

L’ALGÉRIE ET GUERGARAT

La tentation aventuriste

PAR MUSTAPHA SEHIMI

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tement a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ© par Ben Bella et BoumediĂšne. Le premier parce qu’il Ă©tait confrontĂ© Ă  une forte opposition intĂ©rieure (soulĂšvement en Kabylie sous la houlette de Hocine AĂŻt Ahmed, Ă  la tĂȘte du nouveau parti FFS, dissidence au Sud avec le colonel ChaĂąbani,...). Ben Bella en a profitĂ© pour renforcer son pouvoir personnel en dĂ©met-tant Ferhat Abbas, prĂ©sident de la nouvelle AssemblĂ©e nationale; en interdisant le PRS de Mohamed Boudiaf, le PCA aussi; et en instituant le FLN comme seul parti lĂ©gal et national. Pour BoumĂ©diĂšne, alors ministre de la dĂ©fense, c’était une autre opportunitĂ©: celle d’affirmer son autoritĂ© sur l’ANP alors que des colonels historiques des wilayas du temps de guerre Ă©taient prĂ©sents et que les sĂ©quelles du coup de force de l’état-major de Ghardimaou contre le GPRA un an aupa-ravant Ă©taient encore prĂ©gnantes. L’»union sacrĂ©e» contre le Maroc Ă©tait le mot d’ordre de la propagande. Elle Ă©tait Ă©galement ins-trumentalisĂ©e au service d’un tiers-mon-disme progressiste qu’a voulu incarner l’Al-gĂ©rie de Ben Bella, puis de BoumĂ©diĂšne et de Bouteflika dans les dĂ©cennies soixante et soixante-dix.L’altĂ©ritĂ© avec le Maroc se dĂ©ployait aussi sur d’autres terrains de rivalitĂ© et d’hostilitĂ©. L’AlgĂ©rie se voulait un contre-modĂšle par rapport Ă  un Maroc dont la forme de rĂ©gime Ă©tait monarchique, dont les options de dĂ©-veloppement Ă©taient libĂ©rales, alors qu’elle proclamait d’abord l’autogestion puis le «so-cialisme». Aujourd’hui, quel est le solde? Une AlgĂ©rie faillie, un systĂšme Ă©conomique sinistrĂ©, un Etat entre les mains de mafias militaires et d’affaires, une Ă©lite aux postes de dĂ©cision gĂ©rant ses intĂ©rĂȘts, ce qui n’ex-clut pas au passage, diverses formes de purges comme c’est le cas depuis un an.Sur quoi peut se retrouver l’hypothĂšse de la cohĂ©sion sociale? Pas sur les performances Ă©conomiques ni sociales du rĂ©gime de-puis prĂšs de soixante ans. Pas davantage sur la consolidation de l’Etat de droit, de la dĂ©mocratie ni des libertĂ©s! Pas plus sur un consensus social autour d’un modĂšle de dĂ©-veloppement inclusif et Ă©quitable! Ne reste que la maintenance et la polarisation sur

le Maroc. Le nouveau patron de l’armĂ©e, SaĂŻd Chengriha, vient encore, ces jours-ci, Ă  propos de Guergarat, de qualifier le Maroc «d’ennemi traditionnel». Il avait dĂ©jĂ  recouru Ă  cette mĂȘme rhĂ©torique en 2016, alors qu’il commandait le Sud-Tindouf. Il avait ainsi qualifiĂ© le Sahara marocain de territoire «injustement spoliĂ© par le tyran-nique occupant Maroc». Et il avait poussĂ© les milices armĂ©es du mouvement sĂ©para-tiste, Ă  la mi-mars de cette mĂȘme annĂ©e 2016, Ă  occuper Bir Lahlou et Tifariti, des localitĂ©s placĂ©es sous la supervision de la MINURSO. A cette date, des manƓuvres communes mĂȘme avaient Ă©tĂ© effectuĂ©es par l’ANP et le Polisario, Ă  quelques kilo-mĂštres de la frontiĂšre est du Maroc...L’état des lieux dans le pays voisin mĂ©rite que l’on y revienne: il est rĂ©vĂ©lateur d’une situation d’impasse intĂ©rieure qui nourrit l’hostilitĂ© de plus en plus marquĂ©e Ă  l’en-droit du Royaume. Une donnĂ©e que l’on peut prĂ©ciser Ă  travers plusieurs Ă©lĂ©ments. La crise majeure de l’AlgĂ©rie n’offre pas de piste de solution. La question dĂ©mocratique est stĂ©rilisĂ©e -on l’a vu lors de l’élection de Tebboune voici onze mois, puis avec le rĂ©fĂ©rendum sur la nouvelle Constitution le 1er novembre courant (40% de Oui, 23% du corps Ă©lectoral) et le spectre d’une crise Ă©conomique, sociale et financiĂšre condui-sant Ă  l’insolvabilitĂ© Ă  terme. Le systĂšme, en l’état, n’est pas rĂ©formable, les diri-geants s’agrippant Ă  des «statuts» et Ă  des rentes de toutes sortes.L’option aventuriste contre le Maroc est-elle Ă  Ă©carter? Elle se cristalliserait non sur des frontiĂšres communes partagĂ©es de quelque 1.800 km mais autour du point de passage de Guergarat entre le Maroc et la Mauritanie, dans une zone tampon de 3,5 km. L’AlgĂ©rie ne se prĂ©sente pas ainsi officiellement et diplomatiquement en

«premiĂšre ligne» sur ce front, mais c’est le mouvement sĂ©paratiste qui serait dans l’affichage. L’opĂ©ration mettrait en cause la rĂ©action du Maroc avec des dĂ©veloppe-ments au sein de l’ONU, de son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral ainsi que d’autres puissances. Un processus d’internationalisation, tentant de rebattre les cartes aprĂšs les rĂ©solutions du Conseil de sĂ©curitĂ© -dont la 2548 du 30 octobre. Pour l’heure, peine perdue: le Ma-roc a su dĂ©jouer ce plan et faire montre de retenue. De sagesse. De responsabilitĂ©. Et de fermetĂ©.Une montĂ©e des pĂ©rils n’est pas Ă  exclure d’ailleurs; elle provoquerait une rupture de la paix invoquĂ©e par l’AlgĂ©rie pour dĂ©non-cer les conditions dans lesquelles s’est dĂ©roulĂ©e l’intervention marocaine pour le rĂ©tablissement de la libertĂ© du trafic civil et commercial Ă  Guergarat; elle serait Ă©gale-ment un facteur de resserrement des rangs au sein de l’ANP et de la hiĂ©rarchie militaire aprĂšs tant de purges, de rĂšglements de comptes, de mises Ă  la retraite et de peines de prison -une opportunitĂ© de susciter, autant que faire se peut, un semblant de consensus ou de collĂ©gialitĂ©. Enfin, le gel de la dynamique sociale et contestataire en marche dans l’AlgĂ©rie d’aujourd’hui, avec le hirak du 22 fĂ©vrier 2019, qui a conduit au dĂ©part de Bouteflika et qui n’a pas fini d’ébranler son successeur, Abdelmajid Te-bboune, et les hiĂ©rarques, militaires et civils et autres, qui soutiennent cet Ă©chafaudage prĂ©caire et rĂ©pressif. Et Guergarat, dans tout cela? Un poste avancĂ© dans la poli-tique d’hostilitĂ© fortement opĂ©rationnelle de l’AlgĂ©rie au Maroc, liĂ©e Ă  une culture persistante de conflictualitĂ© pouvant don-ner forme et contenu Ă  une tentation aven-turiste. Des consĂ©quences imprĂ©visibles, portant atteinte Ă  la paix (relative) et Ă  la sĂ©curitĂ© dans cette rĂ©gion
 l

GUERGARAT? UN POSTE AVANCÉDANS LA POLITIQUE D’HOSTILITÉ FORTEMENT

OPÉRATIONNELLE DE L’ALGÉRIE AU MAROC.

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Dans le but de faciliter le rÚglement des achats des intrants agricoles effectués par les agriculteurs au-prÚs des Centres Régionaux de

la SONACOS, le CrĂ©dit Agricole du Maroc (CAM) et la SONACOS ont dĂ©veloppĂ© un service de paiement digital Ă  travers l’appli-cation tĂ©lĂ©phonique mobile «Imtiazat-e».Ainsi, Sonacos compte, Ă  travers cette mo-dalitĂ© de paiements, faire bĂ©nĂ©ficier l’agricul-teur d’une meilleure sĂ©curitĂ© et commoditĂ© de paiement des achats effectuĂ©s auprĂšs de ses centres rĂ©gionaux sans avoir Ă  se sou-cier de transporter et de manipuler l’argent liquide.Pour le CrĂ©dit Agricole du Maroc, ce partena-riat s’inscrit dans le cadre de l’engagement, ferme et volontariste, dans l’accompagne-ment de «GĂ©nĂ©ration Green», pour laquelle le Groupe a mis en place un dispositif com-plet d’envergure apportant des solutions in-novantes Ă  l’ensemble des composantes de la nouvelle stratĂ©gie. Il confirme Ă©galement la volontĂ© du CAM de servir au mieux les agri-culteurs et les ruraux en leur facilitant l’accĂšs aux services bancaires et en assurant l’inclu-sion financiĂšre des populations les plus Ă©loi-gnĂ©es grĂące, notamment, aux opportunitĂ©s

Grace au savoir-faire et au profession-nalisme de ses dirigeants, et Ă  leur tete le PrĂ©sident du Directoire, Tariq Suijilmassi, le CrĂ©dit Agricole du Maroc est devenu, au fil des temps, cette banque universelle qui s’adresse Ă  tous les marchĂ©s et segments de clientĂšle : exploitations agricoles com-merciales, particuliers et professionnels, entreprises agro-industrielles, Corporate
. Savoir-faire et professionnalisme A vocation de mission de service public, la banque universelle s’est, par ailleurs, atte-lĂ©e, tout au long de ces derniĂšres annĂ©es, Ă  renforcer ses acquis et pĂ©renniser les perfor-mances rĂ©alisĂ©es jusque-lĂ . Par ailleurs, le Groupe CrĂ©dit Agricole du Maroc n’a eu de cesse de veiller Ă  conso-lider sa croissance financiĂšre et a continuĂ© d’Ɠuvrer pour l’essor du monde agricole et rural Ă  travers la promotion et la mise en Ɠuvre d’actions garantissant son accom-pagnement aussi bien financier que non fi-nancier. Fort d’une approche innovante et de modes d’intervention adĂ©quats, le CAM n’en finit pas d’accompagner, chaque fois que nĂ©-cessaire les acteurs du monde agricole, de l’agro-industrie et du monde rural. Il reste, ainsi, fortement et particuliĂšrement engagĂ© en faveur de l’agriculture et du dĂ©-veloppement socio-Ă©conomique en milieu rural. Principale banque de financement du secteur agricole au Maroc, le Groupe CrĂ©dit Agricole du Maroc travaille en coordination avec les pouvoirs publics afin de valoriser les activitĂ©s agricoles et stabiliser les popula-tions rurales en amĂ©liorant durablement leur niveau de vie.Aussi, Ă  travers la mise en service de ce paiement mobile, le CAM vient, encore une fois, renforcer les efforts entrepris par le MinistĂšre de l’Agriculture, de la PĂȘche Ma-ritime, du DĂ©veloppement Rural et des Eaux et ForĂȘts pour la transformation digitale et la modernisation du secteur agricole, notam-ment dans le cadre de la nouvelle stratĂ©gie «GĂ©nĂ©ration Green 2020-2030» l

offertes par la digitalisation.Le paiement par tĂ©lĂ©phone mobile est dĂ©-sormais possible par simple scan du code QR sur le Bon de Commande de la Sona-cos. L’agriculteur confirme le rĂšglement en toute sĂ©curitĂ© de ses factures auprĂšs des Centres RĂ©gionaux de la SONACOS sans avoir besoin de se munir, de transporter ou de manipuler de l’argent liquide. Pour rappel, «Imtiazat-e» est une applica-tion mobile gratuite dĂ©veloppĂ©e par le CrĂ©-dit Agricole du Maroc et faisant partie d’une large gamme de produits digitaux dĂ©ployĂ©s par la banque dans le cadre de ses efforts de digitalisation et d’inclusion financiĂšre.TĂ©lĂ©chargeable sur Google Play et installĂ©e directement sur le tĂ©lĂ©phone portable, l’ap-plication permet aux agriculteurs de gĂ©rer leurs activitĂ©s Ă  tout moment et en toute au-tonomie. Elle permet Ă©galement de consul-ter son compte, de renouveler les crĂ©dits Ă  court terme, de suive les subventions de l’Etat (FDA), de souscrire Ă  l’Assurance Mul-tirisque Climatique, d’initier une demande de financement des intrants agricoles (se-mences, engrais
) , de suivre ses engage-ments auprĂšs du CAM ainsi que ses rĂšgle-ments fournisseurs, 


Le paiement sans cash,c’est maintenant possible

PARTENARIAT CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC-SONACOS

Un parcours 100% digital est dédié à la filiÚre céréaliÚreet permettant aux clients de disposer de leurs semences en quelques

minutes de façon rapide et sécurisée.

Seddik MOUAFFAK

le Groupe CrĂ©dit Agricoledu Maroc continue d’Ɠuvrer pour l’essor du mondeagricole et rural.

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Le stockage des aliments tireson Ă©pingle du jeu

teur en pĂ©riode post-Covid, la prĂ©sident de la commission logistique de la CGEM, compte sur «l’écoute et le soutien» du gouvernement, en rĂ©pondant favora-blement aux dolĂ©ances des opĂ©rateurs. Il s’agit principalement d’accompagner les professionnels dans leur processus de digitalisation, d’assurer plus de clartĂ© et d’efficacitĂ© par rapport Ă  la prime Ă  la casse, d’éviter une Ă©ventuelle augmen-tation des prix par Autoroutes du Maroc et d’entamer une rĂ©flexion globale sur le gasoil, que ce soit sur le volet de la taxe intĂ©rieure de consommation ou de la taxe sur la valeur ajoutĂ©e l

C omme le BTP, la logistique et le transport sont des indicateurs d’une bonne ou mauvaise santĂ©

de l’économie. ImpactĂ© par la crise du Covid-19, le secteur de la logistique Ă©volue actuellement en dents de scie et navigue Ă  vue. «Nous avons enregistrĂ© une baisse d’activitĂ© de 40% durant le deuxiĂšme tri-mestre. Nous avons ensuite repris Ă  partir de juillet grĂące Ă  la relance de l’écono-mie marocaine, mais actuellement nous ne disposons pas encore de visibilitĂ©, comme la grande majoritĂ© des secteurs. Nous sommes dans l’improvisation», nous dĂ©clare Hicham Mellakh, prĂ©sident de la commission logistique de la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale des entreprises du Maroc (CGEM). A fin septembre, le secteur enregistre une baisse d’activitĂ© comprise entre 15 et 20%, mais «heureusement», il n’y a eu ni plans sociaux ni fermetures d’entreprises, nous fait savoir Mellakh. Si le secteur, dans sa globalitĂ©, a subi la crise du Covid-19, quelques segments ont toutefois Ă©tĂ© Ă©par-gnĂ©s et ont mĂȘme tirĂ© leur Ă©pingle du jeu.

Confinement oblige, l’e-commerce, la livraison et l’emballage ont vu leur acti-vitĂ© exploser, contribuant, en parallĂšle, Ă  l’augmentation d’activitĂ© de quelques unitĂ©s de stockage. «C’est vrai que les unitĂ©s spĂ©cialisĂ©es dans le stockage ont pu profiter du e-commerce, tirĂ© principalement par un ou deux opĂ©rateurs de la place. Mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’il ne s’agit prin-cipalement que du stockage alimentaire, celui industriel, par exemple, a vĂ©ritable-ment souffert en cette pĂ©riode», nuance toutefois Mellakh. Pour assurer une bonne reprise du sec-

CRISE LIÉE AU COVID-19

C asablanca Finance City (CFC) a annoncĂ©, lundi 16 novembre 2020, la signature d’un partenariat avec

le Belgian Finance Center (BFC) Ă©tablissant les bases d’une coopĂ©ration durable en vue de promouvoir les opportunitĂ©s d’investissement entre la Belgique, le Maroc et l’Afrique. Cet accord fournira dans une plate-forme d’échange en vue d’encourager les meilleures pratiques

et le partage de connaissances dans les domaines du financement des PME et de la gouvernance d’entreprise, indique CFC dans un communiquĂ©. C’est Ă  ce titre que le CEO de CFC, SaĂŻd Ibrahimi, n’a pas manquĂ© de faire part de sa joie de signer ce partenariat avec le Belgian Finance Center, soulignant que «celui-ci permettra de renforcer notre coopĂ©ration avec la Belgique qui est un partenaire historique du Maroc».Le partenariat couvre en particulier deux thĂ©matiques capitales dans le cadre de la relance post-Covid, Ă  savoir le financement des petites et moyennes entreprises (PME) et la gouvernance des entreprises, a-t-il ajoutĂ©, notant qu’il «est Ă©galement un gage

de reconnaissance de l’excellence des relations qui nous unissent».Pour sa part, le prĂ©sident du BFC, Bruno Colmant, n’a pas manquĂ© d’exprimer son souhait de promouvoir la coopĂ©ration de la Belgique avec le Maroc et l’Afrique.«Comme CFC, le BFC est membre fondateur de la World Alliance of International Financial Centers, ce qui prouve notre volontĂ© de dĂ©velopper l’aide mutuelle entre les pays», a-t-il dit, faisant savoir que les centres financiers ont la capacitĂ© de promouvoir la croissance Ă©conomique et la coopĂ©ration internationale grĂące aux liens qu’ils tissent entre eux et Ă  leurs compĂ©tences technologiques l

M. A. HAFIDI

S. M.

CASABLANCA FINANCE CITY ET LE BELGIAN FINANCE CENTER S’ALLIENT POUR LA PROMOTION DE L’INVESTISSEMENT : PARTENARIAT DURABLE

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Un emprunt national, pour quoi faire?

Pour permettre Ă  l’Etat de se financer en mobilisant l’épargne publique, un amen-dement a Ă©tĂ© votĂ© Ă  l’una-nimitĂ© au sein de la com-mission des finances de la

premiĂšre chambre, apportant, ainsi, une dĂ©fiscalisation totale des intĂ©rĂȘts perçus par les personnes physiques rĂ©sidentes,

non soumises au rĂ©gime du rĂ©sultat net rĂ©el ou simplifiĂ©, sur les emprunts publics.Cet amendement exonĂšre, en effet, les particuliers, en leur donnant une sorte de carotte fiscale pour les encourager Ă  souscrire aux emprunts d’Etat qui se-ront lancĂ©s Ă  partir de 2021. Sauf qu’au-jourd’hui, les particuliers ne peuvent acheter directement des bons du TrĂ©sor.

Ce qui a poussĂ© certains observateurs avertis Ă  en dĂ©duire que l’Etat est en train de prĂ©parer le terrain pour lancer un emprunt qui ciblera cette catĂ©gorie de la population.L’amendement, votĂ© Ă  l’unanimitĂ© par les parlementaires la semaine derniĂšre, s’impose plus que jamais surtout lors-qu’on sait que la rĂ©cession Ă©conomique ne fait que rĂ©duire dramatiquement les recettes de l’Etat, et le besoin de financer de grands chantiers nationaux, comme la relance de l’économie ou l’élargissement de la couverture sociale. Ou mĂȘme pour financer la grande campagne de vaccina-tion contre la Covid dont on ne connaĂźt pas encore le coĂ»t.Rappelons que le Maroc avait dĂ©jĂ  eu re-cours par le passĂ© Ă  ce mĂ©canisme pour financer de grands projets ou de grands chantiers. Ainsi, la politique des grands barrages a Ă©tĂ© financĂ©e par des opĂ©ra-tions d’emprunts nationaux ouverts au grand public.

Marché des adjudicationsRappelons également les deux grands emprunts lancés par le Maroc pour le dé-veloppement des provinces du Sud pour

Pour rĂ©tablir la confiance en l’avenir, il ne reste qu’une seulemaniĂšre de mobiliser les ressources nationales: celle qui permettraĂ  l’Etat de financer des investissements productifs ou des chantierssociaux stratĂ©giques.

UN AMENDEMENT DE LA PLF 2021 PRÉVOITDE DÉFISCALISER LES INTÉRÊTS PERÇUSPAR LES PERSONNES PHYSIQUES RÉSIDENTES

SaĂąd EddineEl Othmani

et MohamedBenchaĂąboun.

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Seddik MOUAFFAK

une maturitĂ© de 15 ans. Le premier en 1975 et le second en 1985.Depuis, et surtout avec le programme d’ajustement structurel (le PAS), le Maroc a lancĂ© plusieurs opĂ©rations similaires. C’était d’ailleurs une des recommanda-tions qui nous ont Ă©tĂ© faites par les ins-titutions financiĂšres internationales pour rĂ©duire notre endettement extĂ©rieur en le substituant par de la dette interne. Ces emprunts connaissaient de grands suc-cĂšs. A l’époque, les taux Ă©taient d’ailleurs trĂšs attractifs, ça allait jusqu’à 13%.DĂ©laissĂ©s depuis la fin des annĂ©es 1990, au profit des levĂ©es directes du TrĂ©sor sur le marchĂ© des adjudications, les em-prunts nationaux sont passĂ©s Ă  l’oubli. Et c’est sous Fathallah Oualalou, alors ministre des Finances du gouvernement El Youssoufi, que cette page a Ă©tĂ© tour-nĂ©e. L’objectif Ă©tant de participer au dĂ©ve-loppement des marchĂ©s financiers et de mobiliser l’épargne institutionnelle pour le financement des besoins du TrĂ©sor. Depuis, un particulier ne peut plus prĂȘter directement Ă  l’Etat, sauf en passant par un intermĂ©diaire: en souscrivant Ă  des OPCVM investis eux-mĂȘmes dans des bons de TrĂ©sor. Pour l’instant, ce qu’on peut dire c’est que l’objet du futur emprunt marocain n’est pas encore connu. Silence radio au ministĂšre des finances.

Montage financierOr, ce dernier a autant intĂ©rĂȘt Ă  lancer cet emprunt que c’est une occasion pour rĂ©duire la thĂ©saurisation et absorber la grande quantitĂ© de cash en circulation dans l’économie. Une maniĂšre de la «blanchir» au nom de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral de la nation. Reste toute la question de savoir qu’est ce qui motivera les grands Ă©pargnants, les dĂ©tenteurs de capitaux, visibles ou cachĂ©s, Ă  mettre leur argent dans un emprunt d’Etat ?Sur un autre plan, ce nouvel emprunt sera certainement diffĂ©rent des autres. En tout cas dans son montage financier. Selon l’avis de certains financiers des plus aver-tis, les emprunts des annĂ©es 1970 et des annĂ©es 1980 visaient la petite Ă©pargne.

Aujourd’hui, la situation est diffĂ©rente, puisqu’avec la crise Ă©conomique, il serait difficile de mobiliser cette Ă©pargne. PlutĂŽt, c’est la grande Ă©pargne qui sera visĂ©e. Et son montage ne sera que diffĂ©rent.En tous cas, l’Etat n’a pas besoin de re-courir Ă  un grand emprunt national pour financer ses besoins, puisque le marchĂ© aussi bien intĂ©rieur qu’extĂ©rieur est ac-cessible, liquide, et offre des taux trĂšs bas. Donc, l’objectif n’est pas juste de le-ver de l’argent, mais de faire rentrer dans le circuit de l’argent qui dort jusque-lĂ , une Ă©pargne cachĂ©e. Surtout, fait-il le rap-peler, un emprunt d’Etat est trĂšs coĂ»teux par rapport Ă  une levĂ©e classique sur le marchĂ© obligataire. Pour ces memes ex-perts financiers, c’est peut-ĂȘtre aussi une maniĂšre de mobiliser la grande Ă©pargne, le grand capital, sans recourir Ă  la fiscalitĂ© sur la fortune ou sur le patrimoine.Se pose, enfin, une autre question non moins importante, celle de la destination de cet emprunt national. Servira- t-il Ă  fi-nancer l’investissement productif ou tout

simplement Ă  faire face aux dĂ©penses de fonctionnement? Si cette deuxiĂšme option qui l’emporte, alors, l’emprunt na-tional sera de moindre importance et son impact sur l’économie ne sera que margi-nal. Et ce d’autant plus que le Royaume n’a eu de cesse de recourir, jusqu’ici, aussi bien Ă  l’endettement intĂ©rieur qu’ex-tĂ©rieur. Encore une fois, on est pas sorti de l’auberge. Surtout lorsqu’on sait que l’existence, aujourd’hui, d’une Ă©pargne de prĂ©caution non nĂ©gligeable par ces temps de crise, ne peut que reflĂ©ter, de la part des opĂ©rateurs Ă©conomiques, d’un certain manque de confiance en l’avenir.Pour rĂ©tablir cette confiance, il ne reste qu’une seule maniĂšre de mobiliser ces ressources nationales pour les remettre dans le circuit Ă©conomique: celle qui per-mettra Ă  l’Etat de financer des investisse-ments productifs ou des chantiers sociaux stratĂ©giques pour l’avenir de la nation l

L’OBJECTIF N’EST PAS JUSTE DE LEVERDE L’ARGENT, MAIS DE FAIRE RENTRER

DANS LE CIRCUIT DE L’ARGENT QUIDORT JUSQUE-LÀ

Bank Al Maghribveille au grain.

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S. M.

Des agences exclusivement professionnels et TPE

L a SGMB poursuit, plus que jamais, le dĂ©ploiement de son plan d’accĂ©lĂ©ration destinĂ© Ă  renforcer

son dispositif d’accompagnement et de proximitĂ© en faveur d’un segment de clientĂšle des plus privilĂ©giĂ©s , celui des professionnels et des TPE. Un segment qui constitue un relai de croissance important. Elle vient, en effet, d’ouvrir un espace leur exclusivement dĂ©diĂ©. Son premier d’une dizaine prĂ©vus dans les principales zones Ă©conomiques du pays. «BĂ©nĂ©ficiant d’un emplacement stratĂ©gique en plein cƓur du quartier Maarif, l’agence Twin Center de Casablanca fait peau neuve et devient une agence au service exclusif de la clientĂšle des Professionnels – professions libĂ©rales, dirigeants d’entreprises, commerçants, artisans – et TPE», dĂ©taille la banque dans son communiquĂ©.Le dispositif propose, ainsi, des «offres sur-mesure et un accompagnement complet» axĂ© sur la proximitĂ©, l’écoute et le conseil. Il se veut un centre d’expertise en termes de financement, leasing, assurances, services de banque au quotidien. «L’Agence 100% Pro-TPE est l’incarnation des valeurs du nouveau modĂšle relationnel mis en place dans le cadre de notre plan de transformation Avenir 2019-2022 qui vise, entre autres,

Ă  rendre la banque encore plus simple et plus accessible avec plus de proximitĂ© pour une intensification de la relation client», indique Mehdi Benbachir, DGA – SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale Maroc.À noter que suite au Discours Royal du 11 octobre 2019, la SGMB a mis en place un plan d’accĂ©lĂ©ration d’accompagnement des TPE et des jeunes crĂ©ateurs d’entreprises. Il est dĂ©clinĂ© autour de quatre composantes principales, s’inscrivant dans une dĂ©marche d’inclusion financiĂšre active, d’écoute et de coopĂ©ration renforcĂ©e avec les petites structures. La premiĂšre composante consiste en la crĂ©ation d’espaces Pro/TPE dans les principales zones Ă©conomiques du pays. La deuxiĂšme a pour objectif le dĂ©ploiement d’un dispositif «rĂ©fĂ©rents TPE» dans la plupart des villes oĂč SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale Maroc est prĂ©sente. Un road show sera programmĂ© dans les territoires pour aller Ă  la rencontre des jeunes entrepreneurs, mieux apprĂ©hender leurs difficultĂ©s dans la concrĂ©tisation de leurs projets, mais aussi pour leur permettre d’échanger avec des chefs d’entreprises, des experts en coaching et des experts bancaires qui partageront leurs expĂ©riences et bonnes pratiques l

LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC (SGMB) DÉMARRE SONPROGRAMME D’AGENCES DÉDIÉES AUX PROFESSIONNELS ET TPE

S. MOUAFFAK

L es salariĂ©s de la Samir n’en peuvent plus. Ils sont plus qu’en colĂšre. Les derniers rescapĂ©s,

au nombre de 684, ne croient plus au miracle. Ils exigent, plus que jamais, une solution radicale Ă  la crise qui secoue l’unique raffinerie du Royaume, Ă  l’arrĂȘt depuis 5 ans et en liquidation depuis mars 2016. Aujourd’hui, ils attendent des responsables qu’ils se dĂ©cident une fois pour toutes: soit la reprise de l’activitĂ©, soit la fermeture dĂ©finitive de l’entreprise. Dans ce cadre, une rĂ©union entre les reprĂ©sentants des salariĂ©s et le syndic est prĂ©vue pour les jours Ă  venir.C’est qu’au bout de cinq ans, ils ont tout donnĂ© pour maintenir Ă  flot l’entreprise. Sans rĂ©sultat. Ainsi, dĂšs l’annonce de l’exploitation par l’ONHYM des bacs de stockage de la Samir, ils s’étaient dĂ©ployĂ©s pour lui baliser le terrain, menant travaux d’entretien et de rĂ©organisation du personnel. Six mois plus tard, le contrat de location n’a toujours pas Ă©tĂ© signĂ© et en interne, on pronostique dĂ©jĂ  une suspension, voire une annulation de l’opĂ©ration. L’étĂ© 2015, ils Ă©taient prĂšs de 1.100 employĂ©s Ă  vivre la mise Ă  l’arrĂȘt du raffineur. Ils sont aujourd’hui 684 Ă  subir de plein fouet sa dĂ©crĂ©pitude. Des rescapĂ©s qui se sentent «abandonnĂ©s» Ă  la fois par le l’Etat et les organes chargĂ©s de la liquidation.Aussi bien le gouvernement, en privatisant, que le tribunal de commerce, en procĂ©dant Ă  la liquidation de l’entreprise, se sont dĂ©robĂ©s Ă  leurs responsabilitĂ©s ou se sont montrĂ©s impuissants dans la gestion de cet Ă©pineux dossier l

SYNDIC ET SALARIÉSSE RENCONTRENT POURDISCUTER D’UN ÉVENTUELACCORDLe cri de colĂšredes rescapĂ©s de la SAMIR

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Les milieux d’affaires seront-ilsà la hauteur?

NOUVELLE POLITIQUE D’IMPORT-SUBSTITUTION

Cette annĂ©e encore, la balance commerciale devrait enregistrer, en fin d’exercice, un taux nĂ©-gatif. Rien qu’à fin septembre,

le manque Ă  gagner pour l’économie na-tionale reprĂ©sentait, selon les derniĂšres statistiques disponibles de l’Office des changes (OC), quelque 116 milliards de dirhams (MMDH), soit un taux de couver-ture des importations par les exportations de soixante pour cent seulement. Les rai-sons en sont multiples et d’aucuns citent notamment la multiplication des accords de libre-Ă©change, alors que le Maroc est actuellement engagĂ© avec 55 pays dans des accords de ce type, mais il y a aussi la question de la faiblesse de la structure de production marocaine, parfois mĂȘme inexistante malgrĂ© de fortes potentialitĂ©s en la matiĂšre et ce dans diffĂ©rents secteurs. À cet Ă©gard, le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, de passage le 9 juin 2020 Ă  la Chambre des reprĂ©sentants, regrettait que le Royaume continue d’importer des lits d’hĂŽpitaux et des tables d’écoliers en mĂȘme temps qu’il Ă©tait en mesure de sortir de ses usines des respirateurs et des rĂ©ac-teurs d’avion. “Ils disent, et ceci vous l’avez entendu: il n’y a rien Ă  faire. Comment cela, il n’y a rien Ă  faire?,” s’était-il insurgĂ©.

Banque de cent projetsLa deuxiĂšme phase du plan d’accĂ©lĂ©ra-tion industrielle, dĂ©voilĂ© justement par M. Elalamy au cours du Conseil national de l’entreprise (CNE) organisĂ© le 24 sep-tembre par la ConfĂ©dĂ©ration gĂ©nĂ©rale des entreprises du Maroc (CGEM) par voie d’internet, vise notamment Ă  parer Ă  cet

Afin de rĂ©duire un dĂ©ficit commercial devenu chronique au fur et Ă  mesure, il n’est nulle autre solution que de favoriser le made in Maroc. Une centaine de nouveaux projets seront lancĂ©s

dans les douze prochains mois, promet le ministre de l’Industrie.

Wissam EL BOUZDAINI

ligne, le lendemain du CNE, d’une banque de cent projets sur le site du ministĂšre en question et couvrant huit filiĂšres au total. M. Elalamy en avait parlĂ© dĂšs sa sus-mentionĂ©e intervention Ă  la Chambre des reprĂ©sentants de juin et avait alors promis que l’État accompagnerait les porteurs des projets aussi bien avec des business plans dĂ©taillĂ©s, un accompagnement par le biais de Maroc PME ou encore une aide pour trouver des financements auprĂšs des banques. Ce qu’il a rĂ©itĂ©rĂ© au moment de la signature des 17 conventions, en ajou-tant que l’objectif Ă©tait que d’ici 2021, 500 projets soient retenus, totalisant quelque 34 MMDH et permettant de rĂ©duire de plus de 18% les importations du Maroc dans lesdites filiĂšres. Aux milieux d’affaires na-tionaux d’oser l

L’OBJECTIF ÉTAIT QUE, D’ICI 2021, 500 PROJETS

SOIENT RETENUS, TOTALISANT

QUELQUE 34 MMDHĂ©tat de fait, et dans ce sens l’on a tous vu 17 conventions signĂ©es au siĂšge du minis-tĂšre de l’Industrie Ă  Rabat le 11 novembre pour rĂ©aliser des projets d’investissements dans les secteurs de l’agroalimentaire -huit conventions-, du textile et du cuir -quatre mĂ©morandums d’entente et deux conven-tions- et la plasturgie, de l’emballage et plasticulture et de l’électrique et Ă©lectro-nique -trois conventions.Le choix de ces secteurs en particulier n’est pas fortuit et fait suite, au vrai, Ă  la mise en

Moulay Hafid Elalamy.

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“Les cliniques privĂ©esont tuĂ© mes parents”

TÉMOIGNAGE D’UNE MAROCAINE QUI A PERDU SES PARENTS ATTEINTS DE COVID-19

“Faouzia Kada-ZaĂŻr, 67 ans et Ab-derrahim Bendjennat, 72 ans. Mes parents, ma seule source d’inspiration, ma joie de vivre, ma vie, viennent de dĂ©cĂ©der, le

mĂȘme jour, un samedi, Ă  Casablanca, Ă  cause du Covid-19. Mais pas seulement. Ils se sont Ă©teints Ă  cause de l’incompĂ©tence et de l’aviditĂ© des cliniques privĂ©es. A cause de la gestion ca-tastrophique de cette pandĂ©mie. A cause d’un systĂšme pourri jusqu’à l’os.Tout a commencĂ© le samedi 20 octobre Ă  21h. Suite Ă  un coup de fatigue soudain ayant frappĂ© ma mĂšre, nous avons consultĂ© un mĂ©decin du Samu. Il se dĂ©place chez nous et soupçonne une atteinte au Covid-19. Il nous envoie en ur-gence vers une clinique privĂ©e dans le quartier Oasis afin d’effectuer un scanner des poumons. Il nous rejoint par la suite, non pour s’assurer de l’état de santĂ© de sa patiente, ma mĂšre, mais, en bon commercial, il est venu rĂ©cupĂ©rer sa commission sur le scanner et une Ă©ventuelle hospitalisation Ă  la clinique. RĂ©sultat du scan-ner: 40 Ă  60% des poumons Ă©taient atteints. Notre course pour un lit d’hospitalisation a alors commencĂ©. Nous avons eu beau chercher par-tout, tous les Ă©tablissements de santĂ© Ă©taient saturĂ©s.

Manque d’humanismeHeureusement, un ambulancier nous a dĂ©ni-chĂ© une place dans une clinique privĂ©e sur le boulevard Anoual. Ce qui nous a le plus mar-quĂ©s chez cette clinique, c’était leur manque d’humanisme et non-assistance Ă  ma mĂšre en situation de dĂ©tresse respiratoire. J’étais bloquĂ©e au rez-de-chaussĂ©e et je me sentais

Dans ce tĂ©moignage poignant et Ă©mouvant, Chafika Bendjennat nous retrace son calvaire avec les mĂ©decins et cliniques privĂ©s. Selon elle, ses parents atteints de Covid-19 auraient pu ĂȘtre sauvĂ©s,

mais l’incompĂ©tence, l’aviditĂ© et l’arrogance ont eu le dernier mot.

impuissante face aux appels tĂ©lĂ©phoniques de ma mĂšre, qui me demandait de l’aide. J’ai croi-sĂ© un rĂ©animateur Ă  l’accueil, il l’a examinĂ©e et a confirmĂ© le cĂŽtĂ© extrĂȘmement urgent de sa situation. Il a pu rejoindre, trois heures aprĂšs, les soins intensifs. AprĂšs nous avoir donnĂ© des ordonnances avec des mĂ©dicaments Ă  12.000 dirhams et une autre Ă  5.000 dirhams, c’est le rĂ©animateur de cet Ă©tage qui prend la relĂšve. Sans l’approcher, ni la toucher, il ne faisait que rĂ©pĂ©ter «Cette malade est fatiguĂ©e», sans nous renseigner efficacement. Face au manque de personnel et d’assistance, je n’ai pas quittĂ© ma mĂšre. Je restais avec elle 12 heures par jour. Il faut savoir que dans ce service Covid, les 14 patients sont suivis par seulement 2 infirmiĂšres. Ma patience a toute-fois atteint sa limite, lorsque notre mĂšre nous

envoie un message de dĂ©tresse un samedi soir pour nous dire que sa bouteille d’oxygĂšne est vide depuis un moment, et que l’infirmiĂšre lui a rĂ©pondu «Je ne peux rien faire pour toi. Tu n’as qu’à patienter». Une attente qui a durĂ© 6 heures, alors qu’elle Ă©tait en dĂ©tresse respiratoire. Dimanche, je fais un scandale, le propriĂ©taire de la clinique me rĂ©pond alors sans sourciller, «Je ne peux pas renvoyer mon infirmiĂšre», sans s’attaquer au vrai problĂšme. A partir du lundi, ma mĂšre commence Ă  se remettre petit Ă  petit, ses analyses sont plutĂŽt meilleures de jour en jour. AprĂšs 13 jours passĂ©s Ă  la clinique, on nous demande de la faire sortir, mais ses poumons Ă©taient encore atteints Ă  hauteur de 85%. Elle Ă©tait affaiblie et prĂ©sentait encore des risques. Ils n’ont pas Ă©tĂ© du mĂȘme avis. Une facture de 140.000 dirhams nous a Ă©tĂ© prĂ©sen-

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À PR

OPO

S

TĂ©moignage recueilli par M. A. HAFIDI

tĂ©e, nous demandant de la faire sortir d’urgence pour libĂ©rer la place Ă  d’autres «victimes». J’ai essayĂ© de nĂ©gocier ce montant exorbitant. On m’a sommĂ© de payer, sinon j’aurais dĂ» me diriger vers le secteur pu-blic. Une fois Ă  l’extĂ©rieur de la clinique, ce que nous avons redoutĂ© arrive. Ma mĂšre a rechutĂ©. AprĂšs une autre hospitalisation, ils l’ont laissĂ©e agoniser Ă  une sa-turation de 65%, pendant plusieurs heures, sans que personne ne bouge le petit doigt. J’ai criĂ© pour qu’on la fasse descendre en ranimation. Quelques heures aprĂšs, ma mĂšre a rendu son dernier soupir.

Message de dĂ©tressePendant ce temps, mon pĂšre Ă©tait, Ă  son tour, hospi-talisĂ© dans une clinique Ă  AĂŻn Borja. Il avait une satu-ration de 94% sans oxygĂšne et des poumons atteints Ă  10%, son cas n’était pas grave. Mais ce qui a causĂ© sa mort, c’est une femme mĂ©decin trĂšs mĂ©diatisĂ©e et qui se remplit bien les poches en cette pĂ©riode grĂące Ă  ses consultations express Ă  partir de 1.500 dirhams. AprĂšs 9 heures d’attente dans son cabinet, elle lui a prescrit un traitement sans anticoagulant en injection et sans antiviral alternatif Ă  la chloroquine. Elle lui re-commande un confinement Ă  domicile. Entre-temps, sa saturation a baissĂ© Ă  88, puis Ă  70, face au refus de mĂ©decins de se dĂ©placer jusqu’à chez lui. Nous avons commencĂ© Ă  louer 2 bouteilles d’oxygĂšne par jour, Ă  raison de 1.800 dirhams la bouteille pour maintenir mon pĂšre en vie le temps de trouver une place dans une clinique. Il a Ă©tĂ© hospitalisĂ© 4 jours aprĂšs, j’étais soulagĂ©e car je croyais qu’il Ă©tait enfin entre de bonnes mains. Mais malgrĂ© leur humanisme et attention, le staff mĂ©dical de la clinique s’est avĂ©rĂ© incompĂ©tent. Ils ne nous donnaient pas d’informations fiables et Ă©taient dans l’approximatif. On nous assurait qu’il se portait beaucoup mieux et qu’il a mĂȘme entamĂ© des exercices avec le kinĂ©. A notre grande surprise, on nous appelle quelques jours aprĂšs pour nous annonce son intubation, un jour aprĂšs il nous quittait. Le mĂȘme jour que ma mĂšre. Pour le faire sortir, il fallait rajouter un reliquat de 4.660 dirhams, en plus de 70.000.00 en-caissĂ©s d’ailleurs le premier jour de son hospitalisation. Nous sommes face Ă  des rĂ©animateurs et Ă  un staff mĂ©dical incompĂ©tent en ce qui concerne le traitement du Covid-19, qui travaillent Ă  l’aveuglette et qui n’ont aucun recul, mĂȘme aprĂšs plusieurs mois de pandĂ©-mie. J’ai trĂšs mal pour mon pays. Je me dis que dans d’autres circonstances, mes parents seraient toujours en vie. Je sens Ă©normĂ©ment de frustration, de tristesse et de colĂšre” l

Tu as raison Redouane Semlali, oui je te tutoie. Dans ta der-niĂšre sortie mĂ©diatique, aussi incomprĂ©hensive, maladroite et, le moins que l’on puisse dire, arrogante, t’as eu le culot de dĂ©biter: «Les cliniques privĂ©es ne peuvent pas gĂ©rer la

misĂšre et la pauvretĂ© des Marocains. Celui qui n’est pas satisfait par les tarifs n’a qu’à aller se plaindre Ă  Rabat». Non, vous ne rĂȘvez pas. Le prĂ©sident de l’Association nationale des cliniques privĂ©es a bien profĂ©rĂ© ces propos insultants. Il n’en est pas Ă  sa premiĂšre bĂȘtise. Ce rĂ©cidiviste, en voulant esquiver la cupiditĂ© d’une profession, s’est tirĂ© une balle dans le pied.En insultant les Marocains qui ont fait sa richesse, Semlali fait preuve d’un grand manque de reconnaissance et d’une absence inouĂŻe du sens de la solidaritĂ© et d’entraide, en cette pĂ©riode exceptionnelle. «Notre raison de vivre, ce sont les malades», tu as raison. Les ma-lades sont ta raison de vivre, et ta source d’opulence. Tu as raison de les regarder de haut. Toi qui as Ă©tĂ© accueilli Ă  bras ouverts, la semaine derniĂšre, par le ministre de SantĂ©. Tu as raison de nous insulter, notre ministre de tutelle ne nous dĂ©fend pas. Les conflits d’intĂ©rĂȘt et autres connivences sont monnaie cou-rante dans ce gouvernement. Tu as raison d’admettre que vous recevez des chĂšques de garantie, pourtant interdits par la loi, dĂ©fiant les lois du pays. Car, tu le sais bien, tu ne seras pas traĂźnĂ© en justice. Tu as raison de nous mentir sur les prix de l’oxygĂšne. Dans un Ă©lan de mauvaise foi, tu avances le chiffre de 6.000 Ă  8.000 dirhams par jour en oxygĂšne, alors que les cliniques privĂ©es rechargent leurs bonbonnes Ă  600 dirhams, pour les facturer Ă  300 dirhams l’heure. Faisons le calcul, un patient en dĂ©tresse respiratoire a besoin de deux bonbonnes d’oxygĂšne par jour, ce qui coĂ»te 1.200 dirhams Ă  la clinique. En lui facturant 300 dirhams par jour, la clinique se fait un bĂ©nĂ©ficie de 6.000 dirhams. Rien que ça.Tu as raison de tirer Ă  boulets rouges sur l’Etat, qui t’as permis de t’engraisser, car absent d’un secteur vital pour les Marocains, les je-tant en pĂąture aux mafieux de la santĂ© et ouvrant ce secteur aux investisseurs peu scrupuleux d’éthique et d’humanisme. Des tĂ©moignages, nous en avons reçu des dizaines, oĂč le manque de professionnalisme, d’incompĂ©tence et de non-respect de la loi par des cliniques privĂ©es est avĂ©rĂ©, preuves Ă  l’appui. Et ta derniĂšre sor-tie mĂ©diatique insultante et mĂ©prisante envers ce peuple n’est que la partie apparente d’un secteur qui se croit au-dessus des lois l

Redouane Semlali,tu as raison de nous insulter !

Mohamed Amine Hafidi

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UNICEF Maroc donnela parole aux enfants

ENFANTS VULNÉRABLES EN PÉRIODE DE COVID-19

Plus la crise du Covid-19 persiste, plus son impact sur les services de l’éducation, de la santĂ©, de la nutrition et sur le bien-ĂȘtre des

enfants, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, et leur ex-position Ă  diffĂ©rentes formes de violence est profond. Pour plaider la cause des droits de l’enfant vulnĂ©rable en cette pĂ©-riode de crise et Ă  l’occasion de la jour-nĂ©e mondiale de l’enfance, l’UNICEF au Maroc lance la campagne «Visages et Histoires». Cette campagne donne la voix directement aux enfants vulnĂ©rables. Elle se dĂ©roule jusqu’au 10 dĂ©cembre 2020, journĂ©e internationale des droits de l’Homme. «La fragilitĂ© des enfants s’est exaspĂ©rĂ©e avec la crise du Covid-19. Je fais rĂ©fĂ©-rence ici particuliĂšrement aux enfants en

situation de handicap, aux enfants en si-tuation de migration, aux enfants dans le milieu rural, aux enfants vivant dans les institutions, aux enfants privĂ©s de cadre familial et aux enfants issus de maniĂšre gĂ©nĂ©rale de familles pauvres, dont la fra-gilitĂ© a Ă©tĂ© accentuĂ©e Ă  cause des effets secondaires et de l’impact socio-Ă©cono-mique de cette crise», dĂ©clare Giovanna Barberis, reprĂ©sentante de l’UNICEF Ma-roc.

Des histoires partagĂ©es Selon elle, tout au long de la pandĂ©mie du Covid-19, «il y a eu un mythe persistant selon lequel les enfants sont Ă  peine tou-chĂ©s par la maladie. Mais ce n’est que la pointe visible de l’iceberg. Les perturba-tions des principaux services et la montĂ©e

En cette période de crise de Covid19, les enfants en situation de vulnérabilité sont plus que jamais exposés à la violation de leurs droits. Pour plaider leur

cause, l’UNICEF au Maroc lance la campagne «Visages et Histoires».

Mohamed Amine HAFIDI

CHAQUE ENFANTA DROIT À TOUS SES

DROITS, QUEL QUE SOIT LE CONTEXTE.

en flĂšche des taux de pauvretĂ© constituent la plus grande menace pour les enfants», souligne Mme Barberis. Pour plaider publiquement leur cause, l’UNICEF Maroc a choisi de donner la parole directement aux enfants pour qu’ils exigent eux-mĂȘmes la protection de leurs droits. «Yassine, Fatima Zahra, Fadoua, Fatima, Aboubakar, Ahmed, Zineb, Ha-nane, Ghita, Hicham, Hasnaa 
 sont des jeunes qui nous ont ouvert leur cƓur et ont acceptĂ© de partager avec nous leurs histoires. Ce sont des exemples vivants qui dĂ©montrent que venir Ă  bout de la vulnĂ©rabilitĂ©, des dĂ©fis et privations des droits est possible s’il y a concours des ef-forts pour cela», prĂ©cise Meriam Amjoune, jeune dĂ©fenseur des droits de l’enfant au-prĂšs de l’UNICEF au Maroc. La campagne «Visages et Histoires», mise en place en association avec plu-sieurs partenaires de l’UNICEF au Ma-roc et bĂ©nĂ©ficiant du soutien financier de l’USAID et de l’Union europĂ©enne, consti-tue ainsi «une matĂ©rialisation de l’engage-ment des enfants dans la conception et la mise en Ɠuvre des actions de plaidoyer les concernant. Elle associe des enfants en situation de handicap, de migration, des jeunes filles rurales, des enfants qui ont vĂ©cu l’expĂ©rience de l’exploitation, des enfants en contact avec la loi ou privĂ©s de cadre familial et d’autres», souligne l’UNICEF. Son message central est que chaque enfant compte, chaque enfant a droit Ă  tous ses droits, quel que soit le contexte et doit jouir des mĂȘmes opportu-nitĂ©s pour y accĂ©der l

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Driss Guerraoui Ă©lu prĂ©sident de la rĂ©gion MENACONSEIL INTERNATIONAL D’ACTION SOCIALE

Le prĂ©sident du Conseil de la concurrence, Driss Guerraoui, a Ă©tĂ© Ă©lu rĂ©cemment, Ă  l’unanimitĂ©, pour un quatriĂšme mandat, en tant

que membre du Conseil d’administration du Conseil International d’Action Sociale (CIAS), prĂ©sident de la rĂ©gion Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Cette Ă©lection est intervenue Ă  l’occasion de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale du Conseil, tenue par visioconfĂ©rence le 8 novembre 2020 et qui a Ă©galement Ă©lu un nouveau prĂ©sident de cette instance, Ă  savoir le Sud-CorĂ©en Sang-Mok Suh, ainsi que 8 prĂ©sidents rĂ©-gionaux: Taylor Nyanhette, du Zimbabwe, pour la rĂ©gion Afrique de l’Est et du Sud, Amacodou Diouf, du SĂ©nĂ©gal, pour la rĂ©gion Afrique centrale et occidentale, Suresh Pathare, de l’Inde, pour la rĂ©gion

Asie du Sud et Chinchai Cheecharoen, de ThaĂŻlande, pour la rĂ©gion d’Asie du Sud-Est et Pacifique.Il s’agit aussi de Chua Hoi Wai de Hong Kong pour la rĂ©gion Asie du Nord-Est, Ronald Wiman de Finlande pour la rĂ©gion Europe, MichĂšle Matthews des Etats-Unis d’AmĂ©rique pour la rĂ©gion AmĂ©rique du Nord et CaraĂŻbes et Cristina Riscalla Madi du BrĂ©sil pour la rĂ©gion d’AmĂ©rique Latine.Organisation mondiale non gouvernemen-tale fondĂ©e en 1928, le Conseil Internatio-nal d’Action Sociale, qui siĂšge Ă  Utrecht, aux Pays-Bas, est l’une des premiĂšres organisations internationales non gouver-nementales Ă  obtenir le statut consultatif spĂ©cial auprĂšs des Nations-Unies et de ses Agences spĂ©cialisĂ©es, notamment le Conseil Économique et social (ECOSOC),

l’OIT, l’UNESCO, l’OMS, la FAO ou encore l’UNICEF.Le Maroc a intĂ©grĂ© le conseil d’administra-tion du CIAS en juin 2010, Ă  la suite de son Ă©lection Ă  l’unanimitĂ© par son assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale tenue Ă  Hong Kong l

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PORT

RAIT

Le bĂ©nĂ©volat est une seconde nature, une raison d’ĂȘtre et la joie de vivre pour Maria OmnĂšs, nĂ©e Hajama. Cette franco-ma-rocaine est nĂ©e Ă  Casablanca le 20 dĂ©cembre 1967. A l’ñge

de 6 ans, Ă  la suite du dĂ©cĂšs de son pĂšre, elle migre en France en compagnie de sa mĂšre et ses deux frĂšres. ArrivĂ©e Ă  Toulon en 1976, elle s’est installĂ©e en 1984 Ă  la Valette-du-Var, oĂč elle occupe, entre autres responsabi-litĂ©s, de 2008 Ă  2014 le poste de conseillĂšre municipale dĂ©lĂ©guĂ©e aux finances et de 2008 Ă  2020 le poste de conseillĂšre municipale affaires sociales. MĂšre d’une fille (Sophie), Maria concilie avec sĂ©rĂ©nitĂ© et bienveillance bĂ©nĂ©volat, mandat local, vie associative, vie de famille et vie professionnelle. Beaucoup plus en France mais aussi au Maroc, ses ac-tions sociales et humaines, sa prĂ©sence sur le terrain et son dĂ©vouement inconditionnel aux Marocains de France font parler d’elle. Des actions qui lui ont valu des distinctions Ă  l’Hexagone mais aussi dans son pays d’ori-gine. DĂ©but novembre 2020, l’association «Les amis de l’établissement Louis Le Cha-telier», Ă  Sidi Slimane, partenaire privilĂ©giĂ© de l’Institut français de la ville, lui dĂ©cerne un TrophĂ©e en guise de reconnaissance de ses conseils et de son accompagnement bĂ©nĂ©-vole sur les dĂ©marches juridiques et adminis-tratives visant Ă  s’installer en France au profit de professeurs et de futurs Ă©tudiants.Elle a reçu, aussi, la MĂ©daille d’Honneur des services du bĂ©nĂ©volat- Echelon or, les palmes d’or du bĂ©nĂ©volat, en plus des tro-phĂ©es du Conseil National des Marocains de France et de la Maison du Maroc Ă  Marseille.Le 10 mars 2019, madame Asma ChraĂŻbi,

directrice gĂ©nĂ©rale du Cabinet Conseil MDM Migration et dĂ©veloppement, Ă  Kenitra, lui rend hommage Ă  l’occasion de la journĂ©e in-ternationale de la femme en reconnaissance de son excellent et parfait parcours profes-sionnel et de dĂ©vouement pour dĂ©fendre et porter aide et assistance aux personnes en situation de vulnĂ©rabilitĂ© et de prĂ©caritĂ©. Ce n’est pas tout. MalgrĂ© toutes ces distinctions et bien d’autres, Maria est connue pour ĂȘtre discrĂšte.

DisponibilitĂ© et dĂ©vouementSouvent, c’est de bouche Ă  oreille qu’on noue contact avec elle. Et quand on fait appel Ă  elle, elle se montre toujours dispo-nible, de jour comme de nuit. Anas, Ă©tudiant en deuxiĂšme annĂ©e d’un Master en finance Ă  l’universitĂ© de Toulon, se rappelle encore des circonstances qui l’ont conduit Ă  faire la connaissance de Maria. «DĂšs que j’ai mis les pieds pour la premiĂšre fois sur le terri-toire français, Ă  l’aĂ©roport de Marseille, une bande de mineurs m’ont volĂ© mon prĂ©cieux sac qui contenait tous mes papiers d’identi-tĂ© et la somme de 1300 euros que mes pa-rents m’ont donnĂ©e pour payer mon premier loyer et subvenir Ă  mes besoins pendant mes premiĂšres semaines en France. Je me suis retrouvĂ© sans papiers et sans argent. Je me suis dirigĂ© alors au Consulat du Ma-roc Ă  Marseille pour leur demander ce que je devais faire et si je pouvais refaire mon passeport notamment. Le personnel consu-laire Ă©tait accueillant mais il m’a dit qu’il ne pouvait pas me refaire mon passeport avant de payer 120 euros. En m’apprĂȘtant Ă  quit-ter le consulat, le responsable Ă  l’accueil me demande d’attendre et me chuchote qu’une

dame nommĂ©e Maria viendra me chercher Ă  la gare de Toulon. Une fois arrivĂ©e, elle me rĂ©conforte, m’ouvre un compte bancaire en 30 minutes et intervient auprĂšs de la direc-tion de ma rĂ©sidence pour avoir les clĂ©s de mon logement. Elle a subvenu Ă  mes be-soins durant une longue pĂ©riode et m’a aidĂ©e Ă  refaire mes papiers».Mouncif Bouchareb, 47 ans, cadre bancaire, confie que Maria est une dame trĂšs influente et trĂšs respectĂ©e par les autoritĂ©s et a un imposant carnet d’adresses des hommes d’affaires. Il raconte qu’elle a Ă©tĂ© d’un grand soutien Ă  titre personnel et a toujours rĂ©-pondu favorablement aux sollicitations des personnes en difficultĂ© ou dans le besoin qui passent par son truchement. Aussi, il se rap-pelle l’avoir aidĂ©e Ă  faire la connaissance et ramener des clients importants Ă  une filiale d’une banque marocaine Ă  Toulon.Le cas social de Dounia Boulaid, 38 ans, qui habite dans la commune de Cogolin, si-tuĂ©e dans le dĂ©partement du Var, en rĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur, est un peu diffĂ©rent. Sa mĂšre, lui rendant visite en sep-tembre 2009, tombe gravement malade. On dĂ©couvre chez elle une tumeur cancĂ©reuse en stade final. Entre confusion et dĂ©sarroi, Dounia ne trouve rĂ©confort qu’auprĂšs de Ma-ria, qu’elle a connue par le biais d’une proche de sa famille. Cette derniĂšre l’aide Ă  obtenir un titre de sĂ©jour provisoire, Ă  lui organiser en urgence un rendez-vous avec un grand professeur spĂ©cialiste, supporte une partie des frais exorbitants de l’opĂ©ration, lui col-lecte le reste de la somme et l’assiste jusqu’à rĂ©tablissement.Les premiers pas de Maria dans le bĂ©nĂ©vo-lat dĂ©butent en 1982, Ă  l’ñge de 15 ans. Elle

Maria OmnĂšs, une dame de cƓurDĂ©lĂ©guĂ©e rĂ©gionale de la Fondation du BĂ©nĂ©volat en France, volontaire Ă  plusieurs associations,

à 52 ans, Maria OmnÚs, née Hajama, est le recours incontournable pour des milliers de Marocainsen France, jeunes, étudiants, familles démunies et personnes en détresse. Son parcours atypique

et sa discrétion sont exemplaires.

TRENTE-DEUX ANS DE BÉNÉVOLAT SANS FRONTIÈREAU SERVICE DES MAROCAINS DE FRANCE

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Maria OmnĂšs lors d’une activitĂ© officielle en France.

Marouane KABBAJ

s’est portĂ©e volontaire pour faire l’interprĂšte de femmes marocaines rencontrĂ©es dans son entourage familial. TrĂšs vite, elle ressent le besoin d’aider ceux qui vivent des situa-tions difficiles.Durant cette mĂȘme annĂ©e et jusqu’en 1984, Maria rĂ©pond Ă  la demande de Mme Dou-mergue, professeur de français Ă  Toulon, qui cherche des volontaires pour rendre visite Ă  des professeurs retraitĂ©s, sans famille, le mercredi et le samedi aprĂšs-midi.

Ses premiers pas dans le bĂ©nĂ©volatDevenue adulte, elle poursuit son engage-ment en apportant aide, Ă©coute, conseil et soutien au service de la communautĂ© maro-caine et Ă  tous ceux qui la sollicitent. Le tout Ă  titre bĂ©nĂ©vole et gracieux.Elle Ă©largit le champ de ses actions pour ve-nir en aide aux femmes maltraitĂ©es, aux per-sonnes ĂągĂ©es, aux Ă©trangers ayant demandĂ© le droit d’asile, aux familles demandant le ra-patriement Ă  l’étranger d’un dĂ©funt pour les-quelles elle sollicite une aide financiĂšre et les guide dans leurs dĂ©marches administratives, aux Ă©tudiants Marocains pour lesquels elle sollicite des aides financiĂšres et essaie de trouver un hĂ©bergement ou se porte caution. Elle effectue aussi des visites aux malades dans les hĂŽpitaux. Au Maroc, elle apporte son soutien aux plus dĂ©munis au Maroc,

notamment Ă  des femmes sans ressources Ă  qui elle envoie des mĂ©dicaments, des fau-teuils roulants, et des vĂȘtements, jouets et livres aux orphelinats de Casablanca et de ses environs, voire mĂȘme de l’aide pour des interventions mĂ©dicales ou chirurgicales en France ou l’aide au retour des retraitĂ©s vers le pays d’origine
 Maria mĂšne aussi un combat trĂšs personnel auprĂšs des femmes primo-arrivantes en France afin qu’elles s’in-sĂšrent dans la sociĂ©tĂ© française ainsi qu’au-prĂšs de leurs Ă©poux auxquels elle explique qu’en France, la femme a les mĂȘmes droits que son conjoint. Depuis 2008 jusqu’à ce jour, elle vient en aide aux Ă©tudiants dans

“ AU FIL DES ANNÉES, SES ACTIONS LUI VALENT UNE RECONNAISSANCE MÊME DE

HAUTS RESPONSABLES FRANÇAIS.”leur recherche de stage et d’emploi. Elle Ɠuvre pour l’obtention d’aides financiĂšres par le biais du large rĂ©seau de personnes qu’elle s’est constituĂ© au fil des annĂ©es.Au fil des annĂ©es, ses actions lui valent une reconnaissance mĂȘme de hauts respon-sables français. En janvier 2011, le gĂ©nĂ©ral de Corps d’armĂ©e Paul Rocher, PrĂ©sident des Saint-Cyriens de Toulon et maire-ad-joint au SĂ©nateur-Maire de la Valette-du-Var, Ă©crit dans une lettre: «Mme Maria conseil-lĂšre municipale Ă  mes cĂŽtĂ©s et ConseillĂšre communautaire dans l’agglomĂ©ration Tou-lon Provence MĂ©diterranĂ©e se dĂ©voue sans compter auprĂšs des ressortissants maro-

cains de Provence Alpes CĂŽte d’Azur et de Languedoc-Roussillon pour les aider dans leurs dĂ©marches auprĂšs des autoritĂ©s admi-nistratives et judiciaires et auprĂšs des organi-sations de services publics et privĂ©s».Experte judiciaire prĂšs la Cour d’Appel d’Aix en Provence, traductrice-interprĂšte du fran-çais Ă  l’arabe littĂ©raire et l’arabe dialectal auprĂšs du Tribunal de grande instance de Toulon, du Tribunal pour enfants, des com-missariats et de la Gendarmerie du Var, Lieutenant dans la rĂ©serve citoyenne, PrĂ©si-dente des Amis de la Gendarmerie de Tou-lon-HyĂšres, sa formation et son expertise ju-ridique et judiciaire et son rĂ©seau bien Ă©toffĂ© Ă  travers la France, elle le met au service des Marocains en difficultĂ© et en mal d’insertion ainsi que tous ceux qui la sollicitent.«Je n’ai qu’une raison d’ĂȘtre, ĂȘtre utile autant que possible Ă  ceux qui me sollicitent», dit-elle l

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ART &

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Le poĂšte solitaire

IL Y A UN QUART DE SIÈCLE, MOHAMMED KHEIR EDDINE EST MORT

Un chat passe a cĂŽtĂ© et c’est toute une littĂ©rature d’ici et d’ailleurs qui me vint Ă  l’es-prit; du Chat noir d’Edgar Allan Poe, au «chat poĂšte»

de feu Mohammed Kheir Eddine; cette petite crĂ©ature que le grand homme de lettres (mais aussi de litres, selon l’ex-pression de feu Azizi, grand frĂšre de Tayeb Seddiki), tutoie un jour: «Tu com-prends la poĂ©sie, et Ă  chaque fois que la plume court sur le papier tu te redresses comme pour applaudir, tu saisis tout rien qu’à ce bruit insolite», dit l’auteur d’Il Ă©tait une fois un vieux couple heureux. Eh oui, Kheir Eddine a su donner une dimension autre Ă  la poĂ©sie; il la transmet Ă  l’animal, qui en entend le son et qui s’en rĂ©jouit comme un humain, voire plus que l’hu-main.De ce fait magique du pouvoir du mot, je ne laisserais pas Ă©chapper ce quart de siĂšcle de sa disparition (dĂ©cĂ©dĂ© le 18 novembre 1995), sans me pencher sur quelques uns de ses vers tout en rendant hommage Ă  son Ăąme errante qui apparte-nait dĂ©jĂ  Ă  cet ailleurs si prĂ©sent dans ses poĂšmes aux moments oĂč il les Ă©crivait.Dans La NausĂ©e noire, l’auteur poĂšte nous fait part d’une dĂ©tresse qui le plonge dans un nĂ©ant infini; un nĂ©ant qui rappelle ses «écrits sismiques», oĂč il pleure les restes d’une ville chĂšre.. une ville mĂšre..

Le 18 novembre 1995, l’écrivain marocain Mohammed Kheir Eddine est mort. Ses livres continuent de faire dĂ©bat. Il est plus que

jamais vivant, diront certains. TĂ©moignage.

Houda ALFACHTALIEcrivaine et poétesse

TOUT CELA SE TERMINE PAR UN CRI DE COEUR; UN APPEL AUX MOEURS D’UN HOMME

SOLITAIRE QUI AIME SA SOLITUDE ET LA REVENDIQUE HAUT ET FORT.

son Agadir dĂ©truite en 1961 sous l’effet d’un sĂ©isme qui restera gravĂ© dans la mĂ©-moire de tout un peuple. Dans ce poĂšme, Kheir Eddine n’a «nulle cause pour vivre»; un fait que seule une Ăąme dĂ©racinĂ©e, per-due dans les dĂ©bris de ses propres murs peut Ă©tablir, conclure et Ă©crire. Il s’en va donc errer dans cette ville dĂ©serte oĂč, Ă  chaque angle, les rues le «croisent»; une image oĂč tout un ĂȘtre se bouscule et se jette d’un bout de la ville Ă  l’autre telle une grosse pierre de sang dans un corps ma-lade. Cri de cƓurTout cela se termine par un cri de coeur; un appel aux moeurs d’un homme soli-taire qui aime sa solitude et la revendique haut et fort: «Laissez-moi seul avec mes risques, mes douleurs et mes cicatrices», son Ăąme trahie ne pouvait trouver son salut dans le bruit de la foule, sa plume rebelle devait prendre ses distances pour mieux s’éloigner et pour mieux s’écrire.Et le vin vint ...comme seul et unique re-fuge; ce fut son voyage, sa mĂ©taphore, sa musique de l’au-delĂ , son dĂ©fi de la sociĂ©tĂ©, de l’institution, des gens, de leur argent et de tous ses pouvoirs sur eux: «Je bois Ă  la santĂ© de la mort», Ă©crit-il dans son poĂšme Temps MĂȘlĂ©s; il se rĂ©-volte et puis il se tait.. son silence est beau, rĂ©vĂ©lateur, essentiel, porteur de vĂ©-

ritĂ©s, diseur de pensĂ©es inouĂŻes et ĂŽ com-bien profondes!! Un silence que seul un bon entendeur saurait lire; et c’est dans ce sens que Kheir Eddine vient l’imposer dans un ton impĂ©ratif oĂč il ordonne Ă  son lecteur de se taire et de le lire: «Visez mon front entre les rides et regardez un autre dĂ©chiquetĂ© qui ne parle plus», des mots qui incitent Ă  une Ă©coute attentive et profonde d’un silence absolu, intense et audacieux... un silence «plein», un acte de recul, une sorte de retrait qu’il prend par rapport Ă  une agitation sociĂ©tale futile qu’un esprit rebelle et un corps fatiguĂ© ne peuvent tolĂ©rer.. Un silence qui marque la force d’une prĂ©sence inĂ©galable de l’homme intelligent, sensible, penseur et diffĂ©rent qu’il fut.Lire Kheir Eddine est une vraie transpor-tation vers des mondes oĂč l’ĂȘtre, le lieu et le temps se croisent, se confondent et se compliquent 
 le dire et le dĂ©crire en quelques mots reste donc une aventure trĂšs risquĂ©e faute de temps et d’espace suffisants pour lui consacrer un Ă©crit digne de son oeuvre et de sa personne l

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Le Maroc devrait officiellement, en mars prochain, rejoindre le SĂ©nĂ©gal, l’AlgĂ©rie, le Mali et la Tunisie Ă  la prochaine Coupe

d’Afrique des nations (CAN) de football, prĂ©vue en janvier et fĂ©vrier 2022 au Ca-meroun, qualifiĂ© lui en tant que pays hĂŽte. Victorieux lors de sa double confronta-tion avec la RĂ©publique centrafricaine sur le score de 4-1 Ă  Casablanca et de 2-0 Ă  Douala -la ConfĂ©dĂ©ration africaine de football (CAF) avait dĂ©clarĂ©, le 21 oc-tobre, le Stade BarthĂ©lemy-Boganda de Bangui impraticable, ce qui a amenĂ© les Fauves du Bas-Oubangui Ă  solliciter le Cameroun pour accueillir leur ren-contre-, il caracole dĂ©sormais en tĂȘte du groupe B des Ă©liminatoires et n’aura

besoin que d’un nul face Ă  la Maurita-nie, son premier poursuivant avec cinq points de retard, pour assurer sa par-ticipation Ă  la reine des compĂ©titions footballistiques africaines.

CharniĂšre centraleEt mĂȘme s’il se rate face Ă  la voisine du Sud, qu’il devra affronter chez elle, il pourra toujours se rattraper face au Burundi, qu’il avait dĂ©jĂ  dominĂ© en novembre 2019 Ă  Bujumbura par trois buts Ă  zĂ©ro. Il faudrait, ainsi, une vĂ©ri-table catastrophe pour que les Lions de l’Atlas ne participent pas Ă  ce qui serait leur 17Ăšme CAN, eux dont le seul titre

voudra se rattraper de son penalty ratĂ© face au BĂ©nin en Égypte en quart de finale de la prĂ©cĂ©dente CAN -Ă©limina-tion du Maroc aux tirs aux buts-, ou encore Achraf Hakimi, Ă©tincelant au poste d’ailier droit mĂȘme si d’habitude il Ă©volue plus en arriĂšre dans son club de l’Inter, en Italie.Globalement, “coach Vahid” semble avoir de plus en plus de certitudes sur son groupe, en dehors d’hĂ©sitations quant Ă  la charniĂšre centrale, oĂč il a successivement associĂ© Samy Mmaee Ă  Zouhair Feddal puis Ă  Nayef Aguerd -ce dernier, qui monte en puissance au Stade Rennais depuis le dĂ©but de saison, a prouvĂ© qu’il Ă©tait digne des comparaisons avec Medhi Benatia-, ainsi que pour le poste de buteur, bal-lotĂ© entre Youssef El-Arabi et Youssef En-Nesyri. Il a, en tout cas, quatorze mois encore devant lui pour peaufiner sa touche l

date de 44 ans dĂ©jĂ  et le trophĂ©e rem-portĂ© en Éthiopie en 1976 par la gĂ©nĂ©-ration des Faras et Acila. La sĂ©lection entraĂźnĂ©e par Vahid Ha-lilhodzic, en poste depuis aoĂ»t 2019 et qui a dĂ©jĂ  dirigĂ© Ă  la CAN la CĂŽte d’Ivoire en 2010 -quart de finale- et l’Al-gĂ©rie en 2013 -premier tour-, fera tout, on peut le gager, pour rĂ©itĂ©rer l’exploit de ses aĂźnĂ©s. Elle pourra, dans ce sens, notamment compter sur les perfor-mances de ses Ă©lĂ©ments expatriĂ©s en Europe, Ă  l’instar du meneur de jeu de Chelsea, Hakim Ziyech, triple buteur et double passeur dĂ©cisif face Ă  la RĂ©pu-blique centrafricaine et qui sans doute

Les Lions en bonne voie pour le CamerounÉLIMINATOIRES DE LA CAN 2022

La sĂ©lection entraĂźnĂ©e par Vahid Halilhodzic pourra compter sur les performances de Hakim Ziyechou encore Achraf Hakimi pour rĂ©Ă©diter l’exploit des Faras et Acila en Éthiopie en 1976.

W. EL BOUZDAINI

Vahid Halilhodzic

GLOBALEMENT, “COACH VAHID” SEMBLEAVOIR DE PLUS EN PLUS DE CERTITUDES

SUR SON GROUPE.

SPOR

T & Lo

isirs

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COUR

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& Web

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FOCUS

Ali Alaoui, Salé

Bravo pour votre dernier dossier consacrĂ© aux dĂ©passements des cliniques privĂ©es dans leur traitement des cas Covid-19. Je salue votre professionnalisme et votre courage.Nous ne pouvons plus nous voiler la face, ce secteur est corrompu et ne se soucie guĂšre des Marocains. Leur seul leitmotiv, c’est le gain rapide.Ce qui me met le plus en colĂšre, c’est l’inertie des pouvoirs publics face Ă  des pratiques douteuses et illĂ©gales et trĂšs connues par tout le monde. Je me demande pourquoi le gouvernement ne fait rien pour sanctionner ces hors-la-loi l

R.J , Casablanca

Khalid Aït Taleb doit agir contre la pratique du chÚque de garantie dans les cliniques privées

J’ai vu le ministre de la santĂ©, Khalid AĂŻt Taleb, s’indigner par rapport aux chĂšques de garantie demandĂ©s aux patients par les cliniques privĂ©es. Un ministre ne s’indigne pas, il agit, il met fin Ă  cette pratique et il doit tout simplement appliquer la loi. Le chĂšque de garantie est une pratique cou-rante dans le systĂšme privĂ© de santĂ©. Il est rĂ©guliĂšrement demandĂ© par les cliniques privĂ©es et personne n’ose mettre fin Ă  cette pratique financiĂšre illĂ©gale. Par ailleurs, l’ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du ministĂšre de l’économie et des finances, Zouheir Chorfi, avait fortement critiquĂ© les cliniques pri-vĂ©es en disant qu’elles ne dĂ©clarent pas la totalitĂ© de leurs revenus Ă  l’administration fiscale l

Khalid El Hati, Marrakech

Dossier cliniques privées

Biden, wonderful and wise man

Joe Biden est si populaire et bon orateur qu’on s’at-tend Ă  son Ă©lection. Certes, je suis en Ă©tat d’écrire que le Maroc est ravi de l’élection du prĂ©sident Biden (2021-2024) sans omettre d’indiquer le soutien du Maroc Ă  la candidature de la dĂ©mo-crate Hillary Clinton en 2016. Avec Trump Ă  la Maison Blanche, il faut reconnaĂźtre que la qualitĂ© et la dimension des relations entre le Maroc et l’AmĂ©rique se sont sensiblement renforcĂ©es Ă  la diffĂ©rence de son prĂ©dĂ©cesseur, le dĂ©mocrate Barack Obama. Il m’est autorisĂ© de souligner que le Maroc a toujours Ă©tĂ© proche des rĂ©publicains, parti majoritaire au congrĂšs. Vu sa dĂ©mocratie et sa sagesse pour les plus justes causes, j’ose espĂ©rer que la question de notre Sahara atlantique bĂ©nĂ©-ficiera Ă  l’ONU d’appui ferme de l’administration amĂ©ricaine sous l’autoritĂ© du PrĂ©sident Biden. Pendant sa visite au Maroc, en qualitĂ© de Vice-prĂ©-sident amĂ©ricain, Biden dĂ©clarait que le Maroc jouit d’une grande place dans son cƓur, en tant que premier pays Ă  reconnaĂźtre l’indĂ©pendance de son pays, apprĂ©ciant hautement le rĂŽle du Maroc dans le continent africain et la diplomatie maro-caine pour la stabilitĂ© et la sĂ©curitĂ© dans l’Afrique. Compte tenu des relations sĂ©culaires qui lient, depuis 243 ans, le Maroc Ă  l’AmĂ©rique, le Maroc Ă©tant le premier État Ă  avoir reconnue en 1777 l’indĂ©pendance des États Unis d’AmĂ©rique sous le rĂšgne du Sultan Mohammed III (1757-1790) et George Washington, premier PrĂ©sident d’AmĂ©-rique (1789-1797). Cet Ă©vĂšnement demeure dans les mĂ©moires des deux pays comme une date fĂ©tiche oĂč le destin a Ă©tĂ© scellĂ©. A cet Ă©gard, je suggĂšre que le sage Biden en fasse autant, en deve-nant le premier prĂ©sident amĂ©ricain Ă  reconnaĂźtre que le Sahara atlantique fait partie intĂ©grante du Maroc, quitte Ă  ouvrir un consulat amĂ©ricain Ă  LaĂąyoune. Biden sait fort bien que l’AlgĂ©rie cherche noise au Maroc, et que les troupes algĂ©-riennes crĂ©ent des troubles au Sahara marocain. A dire vrai, il est plus facile d’ĂȘtre dictateur, mais il est trĂšs difficile d’ĂȘtre dĂ©mocrate comme Biden, Ă  qui je souhaite plein succĂšs
 l

LES CLINIQUES PRIVÉESAU BOX DES ACCUSÉSLes cliniques privĂ©es ont montrĂ©, encore une fois, leur face abjecte de voracitĂ© et de cupiditĂ©. En exploitant la situation sanitaire et son aggravation dans le pays avec ce que cela a impliquĂ© comme la saturation de la capacitĂ© hospitaliĂšre dĂ©jĂ  fragilisĂ©e par plusieurs dĂ©cennies de politique d’abandon et de nĂ©gligence de la part des pouvoirs publics, les cliniques privĂ©es se trouvent plus que jamais fortement critiquĂ©es par les Marocains. Ces derniers ne cessent, en effet, de dĂ©noncer, depuis dĂ©jĂ  plusieurs annĂ©es, les abus et les comportements inadmis-sibles des dirigeants de ces cliniques qui courent derriĂšre l’argent. Une course effrĂ©nĂ©e et inhumaine vers le profit alors que le premier objectif d’une clinique privĂ©e est de soigner les malades. Or la situation actuelle, marquĂ©e par la crise sanitaire et ses consĂ©quences nĂ©gatives sur le pouvoir d’achat des Marocains, doit logiquement pousser les patrons des cliniques privĂ©es Ă  adopter un compor-tement de solidaritĂ© avec les malades et leurs familles. Je ne dis pas qu’il faut dispenser gratuitement les soins, mais il ne faut pas renchĂ©rir sur les prix et les honoraires. Je considĂšre cette clinique qui a demandĂ© 200.000 dirhams Ă  un malade du Covid-19 comme une Ă©norme infraction Ă  la loi. Dans un Etat de droit, cette clinique ne devrait pas Ă©chapper Ă  la sanction.

Noufissa Abidi, Casablanca

COUVERTURE

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1370 - Du 20 au 26 novembre 2020

J’ai lu avec intĂ©rĂȘt votre article traitant des nominations Ă  de hautes fonctions (Maroc Hebdo n°1367, du 30 octobre au 5 novembre 2020). Avant de donner mon avis, je me demande si la conjoncture actuelle, marquĂ©e par la crise Ă©co-nomique et sanitaire, permet ce genre de nomination surtout que les caisses de l’Etat sont presque taries. Par ailleurs, je m’interroge sur les critĂšres de coopta-tion Ă  ces postes de haute responsabilitĂ© pour dire que des militants des partis politiques ne sont pas dotĂ©s, dans la majoritĂ© des cas, des compĂ©tences requises pour la gestion de la chose publique. Le copinage et les intĂ©rĂȘts personnels des tĂ©nors des partis ne peuvent supplanter aux intĂ©rĂȘts suprĂȘmes du pays. De ce fait, le choix inappropriĂ© de responsables incompĂ©tents renforce la mauvaise gestion et pĂ©rennise la corruption et la tradition ancienne du «renvoi de l’ascen-seur» Ă  qui de droit l Said Jaid, SalĂ©

Nominations de hauts fonctionnaires

J’ai vu l’ancienne candidate sicoaliste Ă  l’élection prĂ©sidentielle, SĂ©golĂšne Royal, qui fut Ă©galement ministre dans le gouvernement de l’ancien prĂ©sident, François Hollande, tenir des propos sensĂ©s et lucides sur la position d’Emmanuel Macron par rapport Ă  l’islam. «Un chef d’Etat ne dit pas qu’il va continuer avec les caricatures mais il va plutĂŽt continuer avec la libertĂ© d’expression», avait-elle notamment dĂ©clarĂ© sur la chaĂźne d’information française CNews. SĂ©golĂšne Royal se dit choquĂ©e, au mĂȘme titre que les musulmans, par les caricatures insultantes du ProphĂšte Mohammed publiĂ©es dans des mĂ©dias français l

Aboubakr Zaki, Agadir

Quand SĂ©golĂšne Royal recadre Emmanuel Macron

J’avais suivi la campagne Ă©lectorale d’Emmanuel Macron au moment oĂč ce dernier annonçait sa candidature Ă  l’élection prĂ©sidentielle française en mai 2017. Pendant sa campagne, il ne cessait de soutenir les droits des musulmans de France

et de les dĂ©fendre contre la montĂ©e de l’extrĂȘme droite qui appelait Ă  l’adop-tion d’une immi-gration sĂ©lective. Mais une fois au pouvoir, le mĂȘme Emmanuel Macron se dresse non seulement contre les musulmans de France mais contre

les musulmans du monde entier. Une position hostile qui n’honore pas le chef d’Etat français, qui aspire Ă  se prĂ©senter Ă  un deuxiĂšme mandat. Mais je crains qu’Emmanuel Macron ne subisse le mĂȘme sort que son ancien homologue amĂ©ri-cain, Donald Trump, qui s’accroche au pouvoir et refuse de reconnaĂźtre sa dĂ©faite face Ă  Joe Biden. Mais Macron peut toujours sauver sa rĂ©Ă©lection en s’excusant aux musulmans du monde entier pour les caricatures insultantes qu’il a ordonnĂ© de republier sur les bĂątiments publics l

Emmanuel Macron risque de connaĂźtre le mĂȘme sort que Donald Trump

Malika Rais, Agadir

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30ANSENSEMBLE

Par AHMED ELMIDAOUI - PARIS

Alors que de nombreux pays d’Europe, d’Asieet d’Afrique ont modifiĂ© ou changĂ© leurs hymnes

nationaux, “Manbita al ahrar” a traversĂ© des dĂ©cennies sans une ride.

UN SYMBOLE IDENTITAIREDE HAUTE VALEUR

 gĂ© aujourd’hui de 50 ans, l’hymne national a Ă©tĂ© adoptĂ© par feu Hassan II en no-vembre 1970, lors d’une cĂ©rĂ©monie en hommage au poĂšte Ali Sqalli Houssaini, auteur de cette Ɠuvre nationale qui continue de rĂ©sonner d’une maniĂšre tou-jours nouvelle dans la mĂ©moire collective des Marocains, comme un symbole

identitaire de haute valeur. Et c’est en ce mĂȘme mois de novembre 2005 que le roi Mohammed VI a fixĂ© officiellement par dahir cet hymne qui sera au fil des annĂ©es notre symbole d’appartenance Ă  une mĂȘme nation, animĂ©e par ce dĂ©sir mutuel de vivre ensemble et cette volontĂ© commune de faire de grandes choses ensemble. RĂ©digĂ© par le poĂšte Ali Sqalli Houssaini qui nous a quittĂ©s, lui aussi en ce mĂȘme mois de novembre (le 5 novembre 2018), jour oĂč le Maroc cĂ©lĂ©brait le 43Ăšme anniversaire de la Marche verte, une Ă©popĂ©e glorieuse chargĂ©e de hautes significa-tions en termes d’appartenance nationale, l’hymne marocain a Ă©tĂ© savamment choisi, parmi plusieurs textes, par feu Hassan II qui a bien tenu Ă  lui apporter une touche particuliĂšre donnant tout son sens Ă  l’appartenance identitaire et Ă  la cohĂ©sion nationale, ainsi qu’aux valeurs de paix et de tolĂ©rance qui font gloire Ă  la nation marocaine. Et c’est en 1970 Ă  Mexi-co que “Manbita al ahrar” a Ă©tĂ© pour la premiĂšre fois chantĂ© et retransmis par les tĂ©lĂ©visions du monde entier, lors du match opposant le Maroc Ă  la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d’Allemagne qui s’est soldĂ© par une victoire peu mĂ©ritĂ©e des Allemands contre les Lions de l’Atlas (2-1).. Et nos jeunes des annĂ©es 50-60 retiennent toujours, en souvenir impĂ©rissable, cette image de notre onze national qui peinait Ă  rĂ©citer les couplets d’Ali Sqalli, essayant tant bien que mal de remuer les lĂšvres pour donner l’impression qu’il chante bien notre hymne national qui retentissait fort dans le grand stade de Mexico.La beautĂ© et la portĂ©e de notre hymne national, sa composition musicale originale, son rythme et surtout son contenu chargĂ© Ă  la fois d’affirmations identitaires et de valeurs d’ou-verture et de paix, lui ont valu une distinction tout Ă  fait particuliĂšre de la part des mĂ©dias Ă©trangers, notamment le quotidien britannique, Daily Telegraph, fondĂ© en 1855, qui l’a plĂ©-biscitĂ© en tant que meilleur hymne national (forme et contenu) interprĂ©tĂ© lors du dernier Mondial, Russie-2018. ManiĂšre de dire que si la compĂ©tition mondiale se jouait aussi sur le terrain des hymnes, le Maroc serait incontestablement champion du monde. ManiĂšre d’af-firmer aussi qu’il n’ya pas un grand moment d’émotion pour les joueurs mais aussi pour les supporters et les tĂ©lĂ©spectateurs, plus fort que celui de faire retentir les hymnes des nations. Alors que de nombreux pays d’Europe, d’Asie et d’Afrique ont modifiĂ©, voire mĂȘme changĂ© leurs hymnes nationaux, pour des raisons diverses, l’hymne national marocain, a traversĂ© des dĂ©cennies sans une ride, conservant ainsi toute son authenticitĂ© et son originalitĂ©.Et c’est bien Abdeljalil Lahjomri, prĂ©sident de l’AcadĂ©mie royale du Maroc, qui a rĂ©sumĂ© si bien le sens et la portĂ©e de notre hymne national en apportant ce tĂ©moignage: “Quand on lit le texte de l’hymne national, on dĂ©couvre qu’il a rĂ©sumĂ© avec Ă©lĂ©gance la quintessence de l’histoire du Royaume, tout en renforçant son image identitaire Ă  l’extĂ©rieur” l

L’hymne national, 50 ans de vie


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