N° 353Juin-juillet-août 2014
Association française BUCHENWALD - DORA
ET KOMMANDOSBP 170 75921 PARIS 19 PDC
Tel 01 42 85 44 93 - Fax 01 42 82 97 [email protected]
www.buchenwald-dora.frAssociation déclarée n° 53/688 etaffiliée à la FNAM sous le n° 233
RĂ©dacteur en chef :Dominique Durand
Directeur de la publication :Floréal Barrier
Commission paritaire : 0216A07729Imprimerie SIFF 18 ZA Le ChĂȘne Bocquet
57 Bd Henri Navier 95150 Taverny
S O M M A I R E
Pages
Livres Ă lire et Ă faire lire 2
Edito : 3ALERTE
Actualités 4 - 6
Le génocide rwandais et lamémoire de la déportation 6
CĂ©rĂ©monies dâavril Ă Pariset en Allemagne 7 - 11
La RĂ©sistance Ă Buchenwald :nouvelle approche 12 - 15
De la conception du nouveaumusĂ©e dâhistoire du campde Buchenwald 16 - 17
Dictionnaire Buchenwald 18
Assemblée générale 26/28 septembre 19
Pages de Lecture...et de Culture 20 - 21
Souscriptions 22
Dans nos familles 23
Voyage 70e anniversaire 24
69e anniversaire de la Libération de Buchenwald :Nouvelle approche de la Résistance dans le camp
La porte dâentrĂ©e du camp de Buchenwald avec son inscription « Jedem das Seine » a Ă©tĂ©dĂ©montĂ©e pour ĂȘtre restaurĂ©e.
Elle est momentanĂ©ment remplacĂ©e par une rĂ©plique peinte en blanc, lâinscription Ă©tant, elle,peinte en rouge, les couleurs dâorigine.
ISSN 0996-1127
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A LIRE ET A FAIRE LIREPrix (port compris)
1940-1945 - Les Français à Buchenwald AgnÚs Triebel 7,00 (11,00)
Anthologie des poÚmes de Buchenwald André Verdet 13,00 (17,00)
Boris Taslitzky Dessins faits Ă Buchenwald Boris Tasltizky 39,00 (45,00)
Claude Vanbremeersch Lâhonneur en action (B.D.) Chantal Trubert Ă©diteur 10,00 (13,00)
Der gefesselte Wald Anthologie des poÚmes de Buchenwald (bilingue français-allemand) 20,00 (24,00)
Dieu Ă Buchenwald Albert Simon 15,00 (18,50)
Ellrich 1944 -1945 J. Ch. Wagner 20,00 (24,00)
Il nây a pas dâenfants ici, Auschwitz - Gross-Rosen - Buchenwald Thomas Geve 25,90 (31,00)
ITE, MISSA EST Pierre Durand 20,00 (24,00)
ItinĂ©raire dâun Triangle rose, Rudolf Brazda J. Luc Schwab 19,90 (24,00)
Jeunes pour la Liberté Pierre Durand 14,50 (18,50)
KZ DORA (tome 1) Robin Walter 16,00 (19,50)
KZ DORA (Tome 2) Robin Walter 16,00 (19,50)
La chienne de Buchenwald Pierre Durand 10,50 (14,00)
La déportation dans les camps nazis - Raconte-moi... AgnÚs Triebel 10,00 (14,00)
La Résistance française à Buchenwald Olivier Lalieu 10,50 (14,50)
LĂ©on Delarbre, le peintre dĂ©portĂ© - Croquis dâAuschwitz, Buchenwald, Dora 5,00 (9,00)
Les crayons de couleur France Hamelin 19,00 (23,00)
Les évasions des Marches de la mort 10,00 (15,00) Janvier-février et avril-mai 1945
Les fils de la nuit Albert Ouzoulias 21,00 (25,00)
Le train des fous Pierre Durand 14,50 (18,50)
Marie-Claude Vaillant-Couturier Dominique Durand 24,90 (29,50)
Nummer 85250 Louis Bertrand 18,00 (22,00)
Redécouverts (catalogue Exposition des dessins faits à Holzen) 20,00 (25,00)
Retour inespéré André Mouton 15,00 (19,00)
Retour Ă Langenstein Georges Petit 15,00 19,00)
Survivant dâAuschwitz - Jâai eu 13 ans en camp de concentration Thomas Geve 19,90 (24,00)
Triangles rouges Ă Auschwitz Claudine Cardon-Hamet 23,00 (27,50)
LE MĂMORIAL - BUCHENWALD-DORA ET KOMMANDOS (3 volumes) 54.00 (65,00)
Plaquette Plaquette «Les cent derniers jours» 3,00 (5,50)
Insigne 2,30 (3,00)
DVD Thomas Geve âIl nây a pas dâenfants iciâ 14,90 (18,00)
CD PoĂšmes de Buchenwald 12,00 (15,00)
Afin de continuer Ă consacrer la plus grande part de ses ressources Ă la mĂ©moire deBuchenwald, notre association change dâadresse. Ses lignes tĂ©lĂ©phoniques, son fax, sonadresse courriel sont inchangĂ©s.Son adresse postale devient : BP 170 75921 PARIS 19 PDCVous souhaitez nous rendre visite : Prenez rendez -vous SVP
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ALERTE
«Alerte nous Ă©crit Eva November, fille de Ladizlav November. Quand le fascisme sâinstalle dans unpays de la communautĂ© europĂ©enne, on prĂ©fĂšre dĂ©tourner le regard». De quel pays parle-t-elle ?De la Hongrie. Nous savions par notre amie Eva Puztai, ancienne dĂ©portĂ©e, membre du ComitĂ©international Buchenwald-Dora et Kommandos que lâantisĂ©mitisme, la chasse aux Roms, laconstitution de milices dâauto dĂ©fense, un nationalisme exacerbĂ© rĂ©habilitant Myklos Horthy et,enfin, des trains lĂ©gislatifs, avaient fragilisĂ© la dĂ©mocratie hongroise. Eva November confirme cequâEva Puztai avait dit devant le Parlement de ThĂŒringe, en janvier, avec courage et fermetĂ©.
Bien avant les Ă©lections europĂ©ennes, nous dĂ©noncions, nous condamnions, nousappelions Ă la vigilance et Ă des mesures politiques fortes pour enrayer, au delĂ dela Hongrie, cette inquiĂ©tante montĂ©e des extrĂ©mismes fascisants en Europe. Maissommes nous vĂ©ritablement entendus ? Rien ne bouge, le mal sâaggrave. CommelâĂ©crit avec justesse Catherine Fabre dans le numĂ©ro 65 de MĂ©moire et Vigilance,«la croissance en nombre (des formations dâextrĂȘme droite) et la «dĂ©marginalisationde leurs idĂ©es inquiĂštent Ă juste titre ».
En Hongrie ces formations participent, sous une forme de moins en moinsaseptisée, au programme de Gouvernement. En Autriche, en Italie, aux Pays-Bas,
des coalitions gouvernementales les ont accueillies. Au Danemark elles soutiennent leGouvernement. En Suisse, elles ont obtenu par rĂ©fĂ©rendum des rĂ©sultats qui modifient lesconditions dâimmigrations. « Aucun pays ne semble donc Ă©pargnĂ© ni par la montĂ©e de lâextrĂȘmedroite ni par la permĂ©abilitĂ© des partis traditionnels aux thĂšses extrĂȘmes » Ă©crit C. Fabre.
Il est aisĂ© dây voir plusieurs raisons, amplement dĂ©montrĂ©es et tout dâabord les consĂ©quences dela crise Ă©conomique et financiĂšre : câest lâinsĂ©curitĂ© sociale qui se dĂ©veloppe et le repli sur soi,pour se protĂ©ger. Avec Catherine Fabre et dâautres, on doit aussi porter au nombre des raisonslâaffaiblissement des partis politiques traditionnels et de la crise du discours politique.
Notre amie Arlette Hasselbach, en Avril, lors de la journĂ©e de la dĂ©portation, a avancĂ© unenchainement : « La course Ă la concurrence Ă tout prix, le dĂ©luge dâinformations, lâemprise dessystĂšmes informatisĂ©s, des procĂ©dures, des statistiques, dĂ©shumanisent les relations entre lespersonnes. Avec la crise et la perte des emplois, un sentiment dâimpuissance vient peu Ă peunourrir le repli sur soi dâune partie de la population. Lâhistoire nous dĂ©montre que dans cettesituation la peur et le rejet de lâautre devient le levier du racisme et des idĂ©ologies totalitaires. »
Revenant sur ces raisons, le journaliste et chroniqueur Bernard Guetta y ajoute une consĂ©quencesupplĂ©mentaire. Dans un article paru rĂ©cemment dans le quotidien LibĂ©ration, il expose les pointscommuns qui conduisent les uns Ă assurer la progression des extrĂȘmes droites europhobes, etparfois ouvertement pro nazies, et dâautres Ă sâengager dans le fanatisme religieux le plus extrĂȘme,celui qui peut conduire Ă des attentats antisĂ©mites, comme Ă Bruxelles.
Sa démonstration est convaincante. Elle nous invite à persévérer.
Dominique Durand
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ACTUALITES
Voyage des agents d'EDF du Gers
En juin 2013, notre association a Ă©tĂ© sollicitĂ©e pour or-ganiser un voyage sur les traces de Marcel Paul, Mar-cel Dartigues et Abel Sarramiac (dĂ©cĂ©dĂ© Ă Dora), toustrois dĂ©portĂ©s Ă Buchenwald et tous ayant travaillĂ© au-prĂšs de compagnies du gaz et de lâĂ©lectricitĂ©.
L'idĂ©e de ce voyage est venue Ă Jean-Luc Tovar, agentEDF Ă Auch, oĂč une plaque a Ă©tĂ© apposĂ©e en hom-mage Ă Abel Sarramiac. Cette plaque a bien failli dis-paraĂźtre, en 1993 quand les locaux de l'entreprisenationalisĂ©e ont Ă©tĂ© refaits. Une poignĂ©e d'agents s'estmobilisĂ©e contre l'indiffĂ©rence de la direction. La plaquea Ă©tĂ© installĂ©e Ă l'extĂ©rieur des nouveaux bĂątiments.Mais ce mĂȘme groupe d'agents a dĂ©cidĂ© de refaire uneplaque identique et de l'apposer sur un Ă©difice inaliĂ©-nable, du domaine public, un lavoir municipal, admira-blement restaurĂ© situĂ© presque en face de la maisond'Abel Sarramiac, lĂ oĂč il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, en 1943, sousles yeux de sa petite fille. MĂȘme si GRDF perd son ca-ractĂšre de service public, il y aura toujours, Ă Auch, uneplaque Ă la mĂ©moire d'un RĂ©sistant.
C'est donc un groupe extrĂȘmement motivĂ© et chaleu-reux que j'ai accompagnĂ© du 28 avril au 2 mai. J'avaisbien sĂ»r plus spĂ©cifiquement orientĂ© mon propos surles trois personnes qui intĂ©ressaient le groupe et nousnous sommes donc longuement arrĂȘtĂ©s devant leBlock 34, celui de Marcel Dartigues. Nous avons Ă©vo-quĂ© Marcel Paul et son action au niveau du Block 57 etrappelĂ© les actions de rĂ©sistance d'Abel Sarramiaclorsque nous sommes allĂ©s Ă Dora.
A Ellrich nous avons eu la surprise de partager un grandmoment d'émotion avec Inge, sa fille et la représen-tante de la municipalité.
Je ne peux omettre dans ce court billet, l'excellent ac-cueil qui nous a Ă©tĂ© rĂ©servĂ©, comme Ă son habitude,par la famille Röder Ă Ballstedt et les toujours passion-nantes explications de notre guide AndrĂ©a Ă Dora oĂčj'ai eu la surprise de constater combien les travaux au-tour du crĂ©matoire avaient progressĂ© depuis le moisdâaoĂ»t dernier. On peut remercier le MĂ©morial pour cethommage rendu aux dĂ©portĂ©s incinĂ©rĂ©s Ă Dora et dontles cendres ont Ă©tĂ© rĂ©pandus Ă cet endroit.
Les liens tissĂ©s avec ce groupe ont Ă©tĂ© forts et je suiscertaine que l'annĂ©e prochaine lors de la cĂ©rĂ©monie enhommage Ă Abel Sarramiac dans les locaux d'EDF Ă
Auch, nombreux seront ceux qui pourront jouer lespasseurs de mémoire pour rappeler ce que furent lescamps de concentration et plus spécifiquement celuide Buchenwald et celui de Dora.
Dominique Orlowski
Voyage âAction MĂ©moireâ 12 au 16 avril 2014Un bon et beau voyage
Petit voyage, diront certains. Nous ne fĂ»mes que 27 Ă embarquer pour cette visite des sites concentration-naires de Buchenwald, Dora et Ellrich. Mais lâengage-ment et lâintĂ©rĂȘt des participants permirent dâen faireun bon et beau voyage.
Chacune et chacun purent apprĂ©cier la chaleur de lâac-cueil Ă ZĂŒr Tanne ainsi que la bonne organisation quenotre association avait su mettre en oeuvre.
On notera au titre des conditions pratiques, lâexcep-tionnel confort de lâautocar mis Ă notre disposition.Merci aux Voyages James avec une petite rĂ©serve tou-tefois, celle relative au non fonctionnement du systĂšmevidĂ©o.
Pour nos visites, aucun hiatus nâest venu perturber leurbon dĂ©roulement mis Ă part lâexĂ©crable mĂ©tĂ©o quenous avons connue lors de notre visite du camp dâEll-rich. Heureusement les parapluies de Suzie nous pro-tĂ©gĂšrent un peu du dĂ©luge. Une remarquesupplĂ©mentaire se doit dâĂȘtre Ă©mise Ă cet Ă©gard, cellevisant la visite de Weimar abordĂ©e sous lâangle de sonpassĂ© nazi.
Ce fut une premiĂšre visite, conduite par un guide bĂ©-nĂ©vole ; elle nous permit dâĂ©largir notre connaissancesur les conditions de la vie urbaine de cette localitĂ©.
Ainsi, saviez-vous que le magnifique hĂŽtel Elephant futdĂ©truit sur les ordres de Hitler et reconstruit quasimentĂ lâidentique ? Hitler nâavait pu supporter que son hĂŽtelde rĂ©fĂ©rence Ă Weimar ait Ă©tĂ© un lieu de sĂ©jour de lâil-lustre Ă©crivain dâorigine juive : Thomas Mann. Bien en-tendu pour conserver tout lâintĂ©rĂȘt qui sâattache Ă cettevisite nous nâirons pas plus avant dansle rĂ©cit de nosdĂ©couvertes et bien au contraire nous vous invitons Ă y participer lors dâun prochain voyage.
Pour clore ce petit billet, nous remercions tous nos par-ticipants pour leur comprĂ©hension, leur gentillesse etlâintĂ©rĂȘt quâils ont portĂ© Ă nos initiatives.
ACTUALITĂS
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tres encore.Une Ă©voca-tion artis-tique eth i s t o r i q u emobilisant ladirection, desprofesseurset des Ă©lĂšvesdu collĂšgeG a s t o nCoutĂ© deVoves et delâEcole JeanM o u l i nconstruite sur le rĂ©cit de ces Ă©vasions et la lecture depoĂšmes de la rĂ©sistance a accompagnĂ© cette journĂ©edu souvenir. Un Wagon musĂ©e accueille dĂ©sormaisune exposition permanente sur ce « camp de sĂ©joursurveillĂ© numĂ©ro 15 » oĂč furent internĂ©s 2030 per-sonnes avant que la plupart dâentre elles ne soient dĂ©-portĂ©es, le 9 mai 1944 notamment, vers CompiĂšgnepuis Neuengamme via Buchenwald.
JournĂ©e du Souvenir Ă CompiĂšgneUne journĂ©e du souvenir des dĂ©portĂ©s a lieu Ă Com-piĂšgne le dimanche 28 juin, Ă lâinitiative de lâADIRP etde lâAFMD de lâOise. Une premiĂšre cĂ©rĂ©monie se dĂ©-roule Ă 10h30 au MĂ©morial de Royallieu en prĂ©sencedu PrĂ©fet, du PrĂ©sident du Conseil GĂ©nĂ©ral et du SĂ©-nateur-Maire de CompiĂšgne. Le PrĂ©sident de laFNDIRP, Walter Bassan et Yves Lescure, directeur de laFondation pour la MĂ©moire de la DĂ©portation y pren-dront la parole.
A lâissue de cette cĂ©rĂ©monie, un cortĂšge se rendra Ă lagare suivant le parcours des dĂ©portĂ©s oĂč un secondmoment de recueillement, dĂ©pĂŽt de gerbe et prises deparole est prĂ©vu : celles du directeur de la SNCF, durecteur de lâacadĂ©mie, des reprĂ©sentants dâassocia-tions mĂ©morielles.
Un repas commun salle Marcel Guérin de Margny lesCompiÚgne clÎt la matinée.
A partir de 16h30 des lectures de témoignages de dé-portés auront lieu dans cette salle.
Inscriptions : Raymond Lovato 06 68 73 09 58
Profanation Ă Buchenwald
La plaque en acier Ă©voquant le souvenir de trois rĂ©sis-tants au nazisme, le pasteur et thĂ©ologien Dietrich Bon-hoeffer, le gĂ©nĂ©ral Friedrich von Rabenau et lâofficierLudwig Gehre, qui ont passĂ© les derniĂšres semaines deleur vie Ă Buchenwald, aprĂšs lâattentat manquĂ© contreAdolf Hitler le 20 juillet 1944, a Ă©tĂ© dĂ©tĂ©riorĂ©e le 25 mai.Le ComitĂ© international a fait part de son indignation etexprimĂ© sa solidaritĂ© « Ă l'Ă©gard de tous les citoyens al-lemands engagĂ©s dans la prĂ©servation de la mĂ©moiredes crimes hitlĂ©riens. »
Notons pour confirmer ce propos que neuf dâentre euxont dĂ©cidĂ© de nous rejoindre et dâadhĂ©rer Ă notre as-sociation. Merci pour le sang neuf ! Enfin un petit cou-cou amical Ă notre amie qui connut, contre son grĂ©, lesurgences de lâhĂŽpital de Weimar et Ă notre porte-dra-peau qui sut si bien nous accompagner dans nos pe-tites cĂ©rĂ©monies. Merci Ă©galement Ă nos trois militairespour leur prĂ©sence.
A lâannĂ©e prochaine, nous comptons sur vous.
Jean Claude Gourdin et Robert Koerner
Le Comité de Haute Normandie à Buchenwald
Pour la vingt deuxiÚme année, grùce à la contributiondu Conseil général de Seine Maritime, de la ville deDieppe et de villes amies, le Comité Régional de HauteNormandie a organisé un « voyage mémoire » destinéaux élÚves seinomarins.
40 collĂ©giens issus de 7 Ă©tablissements et 9 profes-seurs ou membres de lâassociation ont participĂ©, avecbeaucoup dâattention et dâĂ©motion, Ă la commĂ©mora-tion du 69Ăšme anniversaire de la libĂ©ration du camp deBuchenwald. Ils ont poursuivi par les camps dâEllrichet Dora. Malheureusement ils nâont pas pu bĂ©nĂ©ficier,dâAlbert Girardet notre guide habituel,qui fatiguĂ© estrestĂ© dans son Jura natal.
Voves en mémoire
En mai 2012, nos amis AndrĂ© Mulier (KLB 14370) etHenri Remolet (KLB 77904) ont dĂ©posĂ© au camp dâin-ternement de Voves, en Eure et Loir, une urne conte-nant de la terre de Buchenwald. Celle-ci avait Ă©tĂ©ramenĂ©e du camp par Guy DucolonĂ©. Une cĂ©rĂ©monieoĂč notre association Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par Alain Riveta, cette annĂ©e, commĂ©morĂ© le soixante-dixiĂšme anni-versaire de la « liquidation du camp » et rappelĂ© le sou-venir de ses Ă©vadĂ©s : Raymond Semat, Louis Namy,Rino Scolari, Alphonse Jaroc, Jacques Plessis, dâau-
Portail d'entrée du camp de Voves, sans date.
© Coll. MusĂ©e de la RĂ©sistance nationale Ă
Champigny-sur-Marne
Karine Pieters, petite fille de Charles Pieters (KLB 51593),présente le plan du camp.
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Dâavril Ă juillet 1994 des centaines de milliers de per-sonnes ont Ă©tĂ© victimes dâun gĂ©nocide au Rwanda. LeprocĂšs de Pascal Simbikwanga, accusĂ© de complicitĂ©de gĂ©nocide et crimes contre lâhumanitĂ© sâest tenu enfĂ©vrier et mars Ă Paris, la France ayant compĂ©tence uni-verselle pour juger les crimes les plus graves quelquesoit le lieu oĂč ils ont Ă©tĂ© commis, si le prĂ©venu se trou-ve sur son territoire. Le 14 mars, cet ancien respons-able des services de renseignements rwandais a Ă©tĂ©condamnĂ© Ă 25 ans de prison et reconnu coupable degĂ©nocide «ayant donnĂ© des instructions pour que desTutsis soient systĂ©matiquement exĂ©cutĂ©s sur le champen vue de la destruction totale de ce groupe ethnique(âŠ) dans le cadre dâun plan concerté». Il a par ailleursĂ©tĂ© condamnĂ© pour complicitĂ© de crimes contre lâhu-manitĂ© pour les assassinats systĂ©matiques dâop-posants Hutu. Il a fait appel de ces condamnations.
Lors de lâaudience du 11 mars, Ă lâinitiative de notreassociation, des rescapĂ©s de la dĂ©portation, commenotre ami LĂ©on Zyguel, dĂ©portĂ© Ă Auschwitz puisBuchenwald et des membres dâamicales de campssont venus manifester leur solidaritĂ© avec les victimesdu gĂ©nocide : AgnĂšs Triebel pour lâAssociation françaiseBuchenwald-Dora, Viviane Boussier et Jean MichelGaussot pour lâamicale de Neuengamme, CarolineUlmann pour celle de Mauthausen, Marie-France
Cabeza Marnet pour celle de RavensbrĂŒck.
Les associations et personnes prĂ©sentes nâĂ©taient pasconvoquĂ©es en qualitĂ© de tĂ©moins et ne souhaitaientpas sâimmiscer dans la procĂ©dure judiciaire.
Elles ont inscrit leur prĂ©sence, conformĂ©ment auxengagements quâavaient pris les dĂ©portĂ©s en 1945 dansles serments prononcĂ©s Ă la libĂ©ration des camps, delutter contre toutes les formes de dĂ©shumanisation,dâatteintes aux libertĂ©s, aux droits de lâHomme et aurespect de la personne humaine ; de poursuivre sansrelĂąche les assassins et tortionnaires dont eux mĂȘmesavaient Ă©tĂ© victimes, mais aussi tous ceux qui pourraientcontinuer Ă entretenir et perpĂ©tuer ces mĂ©thodes bru-tales. «Nous continuerons, disaient-ils jusquâĂ ce quele dernier responsable soit condamnĂ© devant le tribu-nal de toutes les Nations.»
Câest pour cette cause quâils Ă©taient prĂ©sents ce jourlĂ , comme ils lâont Ă©tĂ© dans le monde chaque fois quedes actes de barbarie ont Ă©tĂ© jugĂ©s, et en France,quand les assassins de Juifs et de rĂ©sistants ont Ă©tĂ©rattrapĂ©s et dĂ©fĂ©rĂ©s devant les tribunaux.
Ainsi avons nous manifesté la solidarité de rescapés etde représentants des associations des victimes de ladéportation et des crimes nazis avec les victimes dugénocide des Tutsis perpétré au Rwanda en 1994.
ACTUALITĂS
LE GĂNOCIDE RWANDAIS ET LA MĂMOIRE DE LA DĂPORTATION
LE TRAVAIL SUR LE GENOCIDE AU RWANDA
Membre du conseil dâadministration de notre association, Corinne Benestroff sâest rendue au Rwanda enjanvier dernier avec un groupe dâuniversitaires de lâUniversitĂ© Paris VIII travaillant sur la violence extrĂȘme. Ellerevient dans un article paru dans le numĂ©ro 885 du Patriote RĂ©sistant (avril 2014) sur le travail menĂ© par lesassociations de survivantsExtraits.
De nombreuses Ă©tudes explorent les consĂ©quences du gĂ©nocide des Tutsis sur la population, lâimpact des gaca-ca (forme de justice traditionnelle) et des procĂ©dures judiciaires internationales, le poids de la cohabitation avecles tueurs, la santĂ© physique et mentale, lâinfluence des facteurs Ă©conomiques et socioculturels, les stratĂ©giesmises en place pour sortir du gĂ©nocide. Comment sâen sortir ?
Le travail des associations et lâoriginalitĂ© des mĂ©thodes employĂ©es forcent lâadmiration. Umbrella rassemble lesassociations de survivants : Ibuka (mĂ©moire et justice) a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1994, Avega agahozo en 1995 par desveuves, AERG en 1996 par des Ă©tudiants survivants, AOCM par des orphelins chefs de mĂ©nage en 2000. Toutesont instaurĂ© des actions et programmes spĂ©cifiques visant au soutien Ă©conomique, mĂ©dical, psychologique,juridique, des populations concernĂ©es. Jean-Pierre Dusingizemungo, Professeur de psychologie Ă lâUniversitĂ©de Butare et PrĂ©sident dâUmbrella explique les objectifs qui restent Ă atteindre : prendre en charge les person-nes isolĂ©es, veuves, femmes violĂ©es, personnes atteintes du VIH, personnes blessĂ©es nĂ©cessitant des soins aulong cours, de la chirurgie rĂ©paratrice, des prothĂšses, etc. Toutes les victimes qui nâont pu bĂ©nĂ©ficier des pro-grammes de soins jusquâĂ ce jour, parce quâelles sont isolĂ©es, enfermĂ©es dans la solitude, la honte, la douleur,la pauvretĂ©.
Plus tard, lâhistorien Ernest Mutwarasibo, qui prĂ©pare une thĂšse sur les Justes du Rwanda nous expliquera com-bien il est difficile dâenseigner lâhistoire des gĂ©nocides quand tout le monde est touchĂ©. Car comment vivre Ă cĂŽtĂ© du tueur ? Comment accepter de ne pas savoir oĂč sont les corps des ĂȘtres chers, supporter les proposnĂ©gationnistes, faire encore confiance, dire quâon a subi un viol ? Comment aimer les enfants nĂ©s de ces viols ?⊠La tĂąche est immense. « Tout est Ă reconstruire, dit Assumpta Mugiraneza, nous avons encore beaucoup detravail pour arriver Ă rĂ©flĂ©chir, penser le gĂ©nocide, crĂ©er des espaces de parole, retrouver les valeurs rwandaisesdâentraide et de respect ». Penser et dire, par la musique, le chant, le thĂ©Ăątre, lâĂ©criture pour sortir de lâenferme-mentâŠ.
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Nous nous retrouvonsainsi, des deux cĂŽtĂ©s duRhin, comme chaqueannĂ©e, pour rendre unhommage solennel aux250 000 dĂ©portĂ©s de toutelâEurope envoyĂ©s par lesnazis au camp de concen-tration de Buchenwald etdans ses dizaines de kom-mandos. ConfrontĂ©s Ă la
misĂšre extrĂȘme et Ă la violence organisĂ©e, prĂšs de60.000 personnes devaient pĂ©rir entre 1937 et 1945.Des hommes et aussi des femmes que nous nâoublionspas.
Nos pensées fraternelles vont tout particuliÚrement à ces morts, à nos morts, dont nous entretenons fidÚle-ment la mémoire et la mémoire de leurs luttes.
Car parmi tous ces dĂ©tenus, se trouvaient de nombreuxrĂ©sistants qui payĂšrent de leur vie leur combat contre lenazisme et leurs idĂ©aux. Mais ils nâĂ©taient pas seuls.Sur lâEttersberg, comme dans tous les camps deconcentration, les nazis mĂȘlĂšrent aux combattants delâombre, des persĂ©cutĂ©s pour leurs pratiques reli-gieuses, sociales ou leurs orientations sexuelles. Lesbourreaux organisĂšrent savamment les divisions entreces dĂ©tenus pour mieux les opprimer et contenir la RĂ©-sistance. Ils nây parvinrent pas complĂštement, lâhistoirede Buchenwald en tĂ©moigne.
Ce combat dâune RĂ©sistance qui se poursuit rĂ©unit par-tout, dans tous les pays comme derriĂšre les barbelĂ©sde Buchenwald, ces hommes au-delĂ de leurs appar-tenances politiques, non sans mal parfois. Ils Ă©taientpartout et tout le temps une poignĂ©e, face Ă la massedes passifs ou des indiffĂ©rents. Ils luttaient contre le IIIeReich, ils luttaient contre lâOccupation de leur patrie,mais ils luttaient aussi pour une certaine idĂ©e delâhomme et pour des valeurs morales annihilĂ©es par lenazisme et par les rĂ©gimes collaborationnistes.
Il y a 70 ans, au printemps 1944, alors que la RĂ©sis-tance internationale Ă Buchenwald sâorganise, nait leComitĂ© des intĂ©rĂȘts français. FrĂ©dĂ©ric Henri ManhĂšs,Marcel Paul, EugĂšne Thomas et Albert Forcinal en fu-rent les pĂšres fondateurs. MalgrĂ© leurs divisions, mal-grĂ© leurs conflits, ils parvinrent Ă constituer, non sansde lourdes difficultĂ©s, un organisme clandestin rĂ©unis-sant toutes les familles de la RĂ©sistance française prĂ©-sentes au camp. Ils furent Ă©paulĂ©s par de nombreusespersonnalitĂ©s et militants de toutes obĂ©diences, autourde lâappareil communiste. Cette Ćuvre ne fut jamais fa-cile. Elle demeurera fragile et discutĂ©e jusquâau bout.
Mais elle existe et elle reprĂ©sentera pour les dĂ©tenusfrançais une source dâespoir et de survie, dans un uni-vers nourri de haine et de mort.
Nous rendons un hommage tout particulier en ce 70eanniversaire de la crĂ©ation du ComitĂ© des intĂ©rĂȘts fran-çais Ă tous ces responsables qui entendaient poursui-vre en dĂ©portation lâĆuvre entamĂ©e en France par leConseil national de la RĂ©sistance.
Ils voulaient aussi prendre toute leur part Ă la dĂ©faitedu nazisme. Ils y parvinrent en demeurant debout, enprĂ©servant leur humanitĂ© et leur dignitĂ©, malgrĂ© lâop-pression et la dĂ©shumanisation.
Devant lâimminence de la chute du IIIe Reich, le tempsde la libĂ©ration vient le 11 avril 1945. Alors que lestroupes amĂ©ricaines sont arrivĂ©es aux portes du campet que son Ă©vacuation a commencĂ©, une insurrection siardemment souhaitĂ©e et prĂ©parĂ©e est lancĂ©e par le Co-mitĂ© international.
Quand les Américains pénÚtrent dans le camp des dé-tenus en fin de journée, ils trouvent des déportés quise sont emparés de leurs gardiens et qui ont pris lecontrÎle des lieux.
Nous cĂ©lĂ©brons aujourdâhui aussi la mĂ©moire de cesĂ©vĂ©nements uniques dans lâhistoire du systĂšmeconcentrationnaire, au-delĂ des polĂ©miques et des lĂ©-gendes, et le courage de ceux qui en furent les acteurs.
La mĂ©moire de Buchenwald doit demeurer prĂ©sente etforte. Elle est portĂ©e par les derniers survivants, pourlesquels nous avons une pensĂ©e chaleureuse, par lesfamilles et par leurs amis, par toutes celles et par tousceux-ci pour qui lâhistoire et lâexemple de ces hommes,et de ces femmes, nourrie leur conscience individuelle.
Je vous remercie ainsi dâĂȘtre prĂ©sents, cette annĂ©e Ă nouveau, pour cette commĂ©moration.
Certes, ne nous trompons pas dâĂ©poque. Mais leurcombat pour la France et, chez beaucoup, pour les va-leurs rĂ©publicaines et dĂ©mocratiques demeurent unmodĂšle Ă lâheure oĂč le racisme, lâantisĂ©mitisme, la xĂ©-nophobie et le populisme se dĂ©veloppent Ă nouveauen Europe et dans notre pays.
Il nous appartient de dĂ©fendre cet hĂ©ritage, dans la so-ciĂ©tĂ© et jusque dans nos propres familles, pour que laflamme du souvenir ne sâĂ©teigne pas et que noussoyons plus nombreux encore, lâannĂ©e prochaine, Ă nous retrouver autour de ce monument pour honorerles dĂ©portĂ©s de Buchenwald et Ă faire vivre, mieux en-core, leurs espoirs et leur mĂ©moire.
Je vous remercie.
CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE
LibĂ©ration de Buchenwald : 69e anniversaireChaque annĂ©e nous commĂ©morons Ă Paris, au PĂšre Lachaise et Ă lâArc de triomphe, ainsi quâen Allemagne, lalibĂ©ration de Buchenwald et de Dora. A cette occasion, des rappels historiques sont faits par des tĂ©moins etdâautres intervenants. Cette annĂ©e, Olivier Lalieu, vice-prĂ©sident de notre association a prononcĂ©, devant lemonument de lâassociation au cimetiĂšre du PĂšre Lachaise, un hommage aux disparus.
CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE
Discours de bienvenue de Bertrand Herz, Prési-dent du Comité international Buchenwald DoraChers camarades et chers camarades disparus,
ChĂšres familles, Chers amis,
Mesdames et Messieurs,
Il y a 69 ans, le 11 avril 1945, alors que les Ă©lĂ©ments dela troisiĂšme armĂ©e amĂ©ricaine libĂ©ratrice encerclaient lecamp, la brigade armĂ©e de la rĂ©sistance intĂ©rieure ducamp dĂ©clenchait lâinsurrection sur instruction du Co-mitĂ© international clandestin, et neutralisait les gardiensSS. Ce mĂȘme jour et les jours suivants, elle poursuivaitson action militaire en dehors des limites du camp.
Aujourdâhui nous voulons rendre hommage Ă lâesprit derĂ©sistance des dĂ©tenus, non seulement ceux qui pri-rent les armes pour chasser les bourreaux, mais aussiceux qui sâefforcĂšrent de protĂ©ger leurs camaradesdes atrocitĂ©s nazies et de les aider Ă garder leur dignitĂ©dâhommes.
Trois de mes camarades vont Ă©voquer devant vous larĂ©sistance des dĂ©tenus, soit quâils y aient participĂ©, soitquâils en aient Ă©tĂ© les bĂ©nĂ©ficiaires.
Je rappellerai que moi-mĂȘme, jeune garçon en avril1945, terriblement affaibli physiquement et psycholo-giquement par une Ă©puisante marche de la mort depuisle kommando de Niederorschel, je pus nĂ©anmoins,grĂące Ă lâentraide de mes compagnons plus ĂągĂ©s, maissurtout grĂące Ă lâaction du kapo Otto Herrmann, Alle-mand antifasciste , membre de la rĂ©sistance clandes-tine du camp, arriver vivant Ă Buchenwald dans la nuitdu 10 au 11 avril 1945.
Enfin, je voudrais vous remercier, Monsieur le Ministre,de votre présence à cette cérémonie. Vous témoignezainsi du soutien que vous apportez de longue date auxactions pour la mémoire de la déportation.
Merci de lâamitiĂ© que vous montrez ainsi Ă tous les sur-vivants des camps ; en leur nom, je vous en remerciedu fond du cĆur.
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LibĂ©ration de Buchenwald : 69e anniversaireQuatre anciens dĂ©tenus ont cette annĂ©e pris la parole le 13 avril sur la Place dâappel du camp. AprĂšs le discoursde Bertrand Herz, trois anciens RĂ©sistants ont tĂ©moignĂ© : FlorĂ©al Barrier, arrĂȘtĂ© en mars 1943 en France, Ed Carter-Edwards, aviateur canadien, arrĂȘtĂ© aprĂšs que son avion ait Ă©tĂ© abattu et Elling Kvamme, Ă©tudiant enmĂ©decine norvĂ©gien.
La résistance à BuchenwaldFloréal Barrier, Président du Conseil des Anciensdétenus
1940 : Jâai 18 ans, robuste, suis ouvrier dans une im-primerie et mĂšne des activitĂ©s associatives, syndicaleset de solidaritĂ©.
Des familles, chassées de leur terre natale, les unes enraison du fascisme en Italie, les autres du nazisme enAllemagne, ou encore échappant aux bombes enne-mies en Espagne, arrivent en France.
Une association, le «Secours rouge international» esttrĂšs developpĂ©e dans notre pays et porte secours Ă tous ces nombreux arrivants dâEurope. Y participantcomme Pionnier du Secours rouge, il y a de nom-breuses initiatives festives, oĂč nous disons des ChĆursparlĂ©s, dĂ©nonçant ces pays autoritaires et appelons Ă lâaide Ă leurs victimes.
Je me souviens⊠Un de ces textes exige la libĂ©rationde Ernst ThĂ€lmann, dirigeant du Parti communiste al-lemand, emprisonnĂ© par la police hitlĂ©rienne depuis1933. Quelques annĂ©es plus tard, je me retrouve danslâaile A du block 40. Une nuit jâapprendrai lâassassinatde Ernst ThĂ€lmann, par des SS. A quelques pas de lĂ âŠ
Revenons Ă juin 1940
Les hordes hitlĂ©riennes envahissent mon pays, laFrance. Les interdits de toutes sortes, le « noir » sâĂ©tendsur la vie.
Pour moi, ce sera le dĂ©but du combat contre lâoccu-pant hitlĂ©rien, contre les Français collaborateurs.
Mars 1941 : La police de PĂ©tain, collaborateur dâHitler,complice de lâoccupant, veut «sâoccuper de moi». Il esttemps de rentrer dans la nuit de la clandestinitĂ©.
Mars 1943 : Je tombe dans les fers de la police de lâoc-cupant, puis ce sera la dĂ©portation. Combien dans lâen-semble des territoires occupĂ©s par les hordes nazies,durant la seconde guerre mondiale, connaitront lemĂȘme sortâŠ
17 septembre 1943 : Lâappel Ă CompiĂšgne⊠le trainâŠcâest le dĂ©part pour la dĂ©portation.
Combattants contre le nazisme, son idĂ©ologie, nous lerestons entre ces planches de bois, bien dur, que nousessayons dâouvrir vers la libertĂ©. Malheureusementcâest lâĂ©chec, la mise entiĂšrement nu, sans nourriture,ni eau surtout.
18 septembre au soir, les portes sâouvrent, les cra-vaches SS nous arrachent du wagon et de la gare demarchandises : Nous lisons « WEIMAR ». Puis, au mi-lieu des hurlements des SS lourdement armĂ©s, câest lamarche au pas de course⊠Une route qui monte, une
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Il faut les sauver ! 903 enfants, dans les premiers joursqui suivirent la libération du camp, en sortirent vivants.Ce fait accompli le sera grùce à la résistance dans lecamp, celle de nos compagnons allemands surtout.
Tant attendu, tant espĂ©rĂ©, le 11 avril nâest pourtant pasun jour de liesse. Mais la Brigade française dâaction li-bĂ©ratrice, tous les groupements nationaux sont prĂȘts Ă donner la libertĂ© aux quelques vingt mille rescapĂ©salors au camp, accueillant quelques temps plus tardles armĂ©es alliĂ©es.
Nos organisations de rĂ©sistance dĂ©cident de prĂ©senterau monde lâhorreur de ce que rĂ©alisa lâidĂ©ologie nazieet dâexprimer leurs espoirs pour la construction dâunnouveau monde de demain.
Le 19 avril nous prononçons un Serment : le sermentde Buchenwald. Nous y avons consacré notre vie etcontinuons de nous y tenir.
Aujourdâhui le monde fait peur, lâĂȘtre humain craint pourlui, pour son avenir.
2015, soixante dix ans que nous aurons connu ce jourde la libertĂ©. La Fondation du mĂ©morial de Buchenwaldet Mittelbau-Dora, avec le Conseil des Historiens et leConseil des DĂ©tenus prĂšs la Fondation, ont dĂ©cidĂ©avec lâaide des gouvernements de Thuringe et fĂ©dĂ©ral,la crĂ©ation et lâinauguration lâannĂ©e prochaine dâun nou-veau musĂ©e. Il montrera ce que fut le passĂ©, les hor-reurs de lâidĂ©ologie nazie et de ses bourreaux. Il devraĂ©galement montrer ce que doit ĂȘtre lâavenir de chacun.
LâidĂ©ologie nazie est loin dâĂȘtre Ă©radiquĂ©e. Elle ne peutreprendre, comme en certaines rĂ©gions du globe, unaspect abordable, un voile mensonger. Elle est un dan-ger pour lâavenir, pour la Vie !
«Notre cause est juste, la victoire sera la nĂŽtre» jurionsnous lors de ce Serment, concluant «notre idĂ©al est laconstruction dâun monde nouveau dans la paix et la li-berté».
Aujourdâhui, demain, munissez-vous de ces mots !
Soyez en témoins et défenseurs !
Apprenez la valeur quâoffrent aux jeunes gĂ©nĂ©rationsces mots de « Paix» et «Liberté».
Engagez vous afin quâĂ jamais la VIE conduise vers unavenir de paix, de beautĂ©, de bontĂ©, de solidaritĂ©, deVIE tout simplement.
Je vous remercie.
CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE
forĂȘt semble agrĂ©ableâŠ.vers oĂč ?
Les projecteurs dans le noir nous laissent deviner lesbaraquements. Une grande cheminĂ©e aussiâŠUn ca-marade dit : «Ce doit ĂȘtre la cuisine». Nous guidantdans le noir, un dĂ©tenu allemand, parlant un peu le fran-çais, rĂ©torque simplement : «Ce nâest pas la cuisine,câest le Krematorium».
Un crĂ©matoire⊠? Comment va ĂȘtre la suite ?
Les tondeusesâŠ. Puis Ă la fin, nous recevons nos nou-veaux nomsâŠle mien dĂ©sormais : « 21802 ».
GuidĂ©s ensuite par un Lagerschutz vers le Petit camp,le « 63 », block de quarantaine. Une simple rĂ©flexionqui ne me quitte pas : « Il faudra tenir pour sâen sortir ».
Deux semaines passent, « lâapprentissage » sâeffectue.Nous savons maintenant que nous devrons nous bat-tre pour la VIE. Un soir, le chef de block rassemblequelques compagnons : « Demain, vous allez au block40 ». LĂ se trouvent des dĂ©tenus de nombreuses na-tionalitĂ©s. Les plus nombreux sont les dĂ©tenus alle-mands, les premiers opposants au nazisme. Ils nousmontreront ce que doit ĂȘtre notre vie : une extrĂȘme so-lidaritĂ©.
Je me souviens encore. CâĂ©tait aux tous premiers jours,dans le block 40. Nous sommes dix Ă notre tablĂ©e :deux Allemands, trois Français, un Autrichien, unRusse, un Yougoslave, deux TchĂšques.
Rentrant du travail forcĂ©, que voyons nous ? Sur latable, se trouvent dix fines tranches dâun gĂąteau et dixpommes. Notre doyen, chef de table, August, internĂ©depuis de longues annĂ©es, nous fait comprendre deprendre chacun une de ces parts. Quel est lâenseigne-ment dâun tel geste ? Que lorsque viendra un colis dechez nous, nous devrons le partager.
Cette solidaritĂ©, des gestes dâamitiĂ©s, soins rĂ©ci-proques, nous avons connu et partagĂ© cela. Nousavons aussi sabotĂ©, aux cĂŽtĂ©s de nos camarades decamps allemands, sabotĂ© tout ce qui pouvait lâĂȘtre.
Nous nâavions aucun moyen de renseignement, aucuncontact avec le monde extĂ©rieur. Pourtant, presquechaque jour arrivent des nouvelles de la guerre. Plustard, un ami qui Ă©tait au block 40, me donnera la clĂ© delâĂ©nigme. RĂ©parateur TSF des SS, il recueillait les siprĂ©cieuses nouvelles ! InformĂ©s ainsi, les responsablesdu comitĂ© clandestin allemand de RĂ©sistance diffusentcela parmi les comitĂ©s des autres nationalitĂ©s.
Les comités de solidarité de chaque nation se prépa-rent, militairement et dans la plus haute clandestinité,au jour tant espéré de la libération, le retour.
Avant quâil nâarrive, des dizaines de milliers de dĂ©tenusvivent un nouveau martyre : lâĂ©vacuation des camps delâest et les marches de la mort. EncadrĂ©s de SS armĂ©s,abattu qui met un genou Ă terre, combien des nĂŽtrestombent sur le bord de la route ?
Câest dans ces effroyables conditions quâarrivent prĂšsdâun millier dâenfants Ă Buchenwald.
CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE
Ed Carter-Edwards, aviateur canadien, déporté à Buchenwald, KLB 78361
Chers Camarades
Lâexistence dâun rĂ©seau clandestin de rĂ©sistance Ă lâin-tĂ©rieur du camp de Buchenwald Ă©tait un secret haute-ment gardĂ©, que seuls quelques dĂ©tenus de confiance,mis Ă des postes clĂ© dans lâadministration du camp,connaissaient. Ces hĂ©ros silencieux ont pris les plusgrands risques pour sauver de la torture et des exĂ©cu-tions de nombreuses vies au camp.
Lâun des Ă©pisodes les plus dramatiques et les plus ris-quĂ©s qui ait Ă©tĂ© tentĂ© pour sauver des vies Ă Buchen-wald fut le transfert des 168 pilotes alliĂ©s hors du camp,grĂące Ă la rĂ©sistance et au courage sans dĂ©faillance deces hommes de confiance.
Un message parvint Ă sortir de Buchenwald indiquantĂ lâĂ©tat major local de lâarmĂ©e de lâair que 168 pilotesĂ©taient Ă Buchenwald et quâils allaient ĂȘtre exĂ©cutĂ©s parpendaison.
Ce message arriva jusquâaux autoritĂ©s de lâarmĂ©e delâair allemande qui ont fait ce quâil fallait pour sortir deBuchenwald ces pilotes alliĂ©s. 157 dâentre eux furentescortĂ©s hors du camp par du personnel de lâarmĂ©e delâair allemande, le 25 octobre 1944, et transfĂ©rĂ©s auxStalag Luft 3, un camp de prisonniers de guerre souscontrĂŽle de lâarmĂ©e de lâair allemande. CâĂ©tait quelquesjours Ă peine avant que nâarrive lâordre de Berlin dâexĂ©-cuter tous les pilotes. Les 11 pilotes restants, quiĂ©taient Ă lâinfirmerie et trop malades pour ĂȘtre transfĂ©-rĂ©s furent finalement sortis du camp le 28 novembre1944 et escortĂ©s jusquâau mĂȘme Stalag de lâarmĂ©e delâair allemande.
Le voyage de ces pilotes de la prison de FresnesjusquâĂ Buchenwald eut lieu le 15 aoĂ»t 1944 (dernierconvoi de dĂ©portation parti de la rĂ©gion parisienne) etfut une expĂ©rience traumatisante, dont chacun de nousse souviendra pour le restant de ses jours.
Sautant en parachute hors dâun appareil en flammes,rĂ©cupĂ©rĂ©s au sol par des membres de la rĂ©sistancefrançaise, espĂ©rant la libertĂ© au bout de cet enfer, cefut malheureusement un acte de trahison dâun collabo-rateur belge qui nous attendait et nous conduisit versles geĂŽles de la Gestapo Ă Paris, oĂč nous avons Ă©tĂ© ef-
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froyablement battus, envoyĂ©s Ă la trĂšs redoutĂ©e prisonde Fresnes pendant cinq semaines, avant dâentamer leplus inhumain des voyages : cinq jours dans des wa-gons Ă bestiaux français, oĂč nous fĂ»mes entassĂ©s Ă quatre-vingts par wagon vers une destination inconnuepour finalement arriver Ă Buchenwald oĂč nous dĂ©cou-vrĂźmes une immense cheminĂ©e et des milliers de sque-lettes humains. Incroyable vision, mais dont nousĂ©tions les tĂ©moins !
Câest grĂące Ă la rĂ©sistance que je suis ici aujourdâhui etpeux partager ces souvenirs avec vous.
Si cette rĂ©sistance nâavait pas existĂ©, jâaurais Ă©tĂ© trans-formĂ© en cendres et en volutes de fumĂ©e sâĂ©chappantdu crĂ©matoire.
Je vous dois la vie ainsi que les 167 autres pilotes al-liés.
Nous serons Ă©ternellement reconnaissants pour lesrisques que vous avez pris pour nous et qui nous ontpermis dâĂ©chapper Ă la mort certaine.
Je vous remercie personnellement.
Traduction AgnĂšs Triebel
Elling Kwamme, Ă©tudiant norvĂ©gien, dĂ©portĂ© deBuchenwald, plus tard Professeur de mĂ©decineĂ lâuniversitĂ© dâOslo
Mes chers camarades, cher public
La plupart des Ă©tudiants norvĂ©giens sâengagĂšrentcomme je le fis dans la rĂ©sistance, considĂ©rĂ©e commeillĂ©gale par les forces dâoccupation allemandes. Bienque les Allemands aient eu connaissance de lâexistencedâun rĂ©seau de rĂ©sistance Ă©studiantine, ils ne savaientnĂ©anmoins pas de quels Ă©tudiants il sâagissait, ni dequelle nature Ă©taient leurs liens avec la rĂ©sistance, augrand dam du Commissaire du Reich en NorvĂšge,Josef Terboven.
Câest ainsi que celui-ci donna lâordre aux soldats alle-mands dâencercler lâuniversitĂ©, les salles de lectures,les hĂŽpitaux universitaires, les maisons dâĂ©tudiantsdâOslo, procĂ©dant ainsi Ă quelques 1.200 arrestationsdâĂ©tudiants norvĂ©giens, tous de sexe masculin. Sixcents dâentre eux furent transfĂ©rĂ©s en Allemagne.
Un premier groupe, constituĂ© dâenviron la moitiĂ© de cesĂ©tudiants, fut envoyĂ© dans le camp dâentraĂźnement-SSde Sankt-Andreas, Ă Sennheim, oĂč ils furent contraintsde troquer leurs vĂȘtements contre lâuniforme-SS. IlsprotestĂšrent, rĂ©sistĂšrent, arguant quâune telle mesureĂ©tait une violation du droit international, mais rien nây fit.
Ils dĂ©cidĂšrent alors dâarracher tout signe militaire dis-tinctif de ces uniformes, et de coller du sparadrap surla boucle des ceinturons. Inacceptable pour les SS,dont le Kommandant ordonna immĂ©diatement lâappli-cation de diffĂ©rentes mesures disciplinaires et menaçade faire fusiller des Ă©tudiants. Cependant il nâosa pas lefaire.
Cette situation dura prĂšs de six mois, au cours des-quels les officiers-SS tentĂšrent dâembrigader les Ă©tu-
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aux alentours de Jechtingen. Les ponts du Rhin Ă©tantdĂ©truits, les bacs Ă©taient devenus le seul moyen de tra-verser le Rhin. Les officiers SS nous ont racontĂ© que lebac servait Ă des fins humanitaires. La vĂ©ritĂ© Ă©tait plu-tĂŽt quâils voulaient envoyer du renfort sur les lignes defront en France.
Les soldats allemands croyaient que nous Ă©tions desleurs.
Pendant des nuits entiĂšres, dans le dortoir, on a dis-cutĂ© de la situation du bac. Les avis Ă©taient partagĂ©s.Dâun cĂŽtĂ©, le travail Ă©tait assorti des plus grands risquesen raison des attaques aĂ©riennes, de lâautre les officiersSS Ă©taient aux abois, et il apparaissait trĂšs difficile defaire grĂšve, sans attirer lâattention de la population ci-vile de la ville. Dans la nuit du vendredi 1er dĂ©cembre,une majoritĂ© dâentre nous dĂ©cida, aprĂšs avoir procĂ©dĂ©Ă un vote, de faire grĂšve.
Nous en fĂźmes part par voie Ă©crite au commandant SSWilde, spĂ©cifiant que nous Ă©viterions toute action pu-blique, ce qui allait Ă lâencontre des conventions de LaHaye, mais que nous Ă©tions prĂȘts Ă accepter des mis-sions civiles.
Lâappel sur la place de lâhĂŽtel de Ville, le lendemain, futprĂ©cĂ©dĂ© par un discour du SS Wilde, oĂč il expliqua quecela ne lui coĂ»terait rien de nous faire fusiller. Sur quoi,chaque groupe de travail fut appelĂ©.
Nous ne rĂ©pondĂźmes pas Ă lâappel. Quelques officiersse mirent alors Ă hurler : âFeu, feu!â. Lâordre qui suivitfut: âRetour dans les chambrĂ©es, vite, vite!â
Nous apprĂźmes dans la journĂ©e que Wilde sâĂ©tait renduĂ Fribourg pour aller y chercher lâautorisation adminis-trative de nous punir. Ce mĂȘme jour, le passage du bacfut bombardĂ©, et le bac fut coulĂ©.
Himmler fut informĂ© de tout cela et dĂ©cida de nous ren-voyer Ă Buchenwald, oĂč dans un premier temps nousfĂ»mes mis au Petit camp.
Traduction AgnĂšs Triebel
Photos GedenkstÀtte Buchenwald
diants. Les SS croyaient pouvoir nous convaincre quenous Ă©tions de purs Germains. Quelle erreur ! Ils nâenconvainquirent pas un seul.
Le deuxiĂšme groupe restant fut envoyĂ© Ă Buchenwald.Jâen faisais partie. Quelques Ă©tudiants en mĂ©decine,dont moi, furent envoyĂ©s au Block de pathologie, oĂčnous Ă©tions censĂ©s recevoir des cours.
Les SS nâont pas imaginĂ© quel genre de cours nousavons eu au block de pathologie. Nos professeursĂ©taient le Dr. Hamburger, spĂ©cialiste nĂ©erlandais de mĂ©-decine interne, le Professeur Richet, français, et PeterZenkl, lâancien maire de Prague, membres dâun groupede la rĂ©sistance clandestine, qui disposait dâun appa-reil radio. CâĂ©tait hautement dangereux et il Ă©tait abso-lument essentiel de ne pas ĂȘtre dĂ©couverts.
Mais câest ainsi que nous avons appris de la bouchede nos professeurs, le jour mĂȘme du DĂ©barquementque celui-ci avait eu lieu. Nous avons bien sĂ»r jurĂ© denous taire.
Le 25 octobre 1944, je fus envoyĂ© Ă Sankt Andreas.AprĂšs lâavancĂ©e des troupes alliĂ©es aux frontiĂšres dela Suisse, notre groupe fut dirigĂ© vers Burkheim, le 21novembre. Nous Ă©tions chargĂ©s de surveiller un bac
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La premiĂšre histoire queje vais vous contercommence le 11 avril1945 en fin dâaprĂšs-midi, quelques heuresaprĂšs que le camp aitĂ©tĂ© repris par des dĂ©te-nus en armes. Deuxmembres du Service dela Guerre psycholo-gique de la 12e ArmĂ©earrivent Ă Buchenwald.Ils sâinstallent au block50, oĂč ils passent envi-
ron trois jours. Leur mission est de rĂ©diger un premierrapport sur le camp de concentration. Une des phrases-clĂ© que lâon retrouvera dans ce qui constituera plus tardle rapport officiel dit ceci: « On ne connaĂźtra jamais toutela vĂ©ritĂ© sur le camp de Buchenwald ». A premiĂšre vue,câest une juste conclusion. Aujourdâhui, des dĂ©cenniesplus tard, on perçoit tout le susurrement de cette affir-mation du rapport de Buchenwald qui, tel le mildiou,sâest rĂ©pandu sur le rĂ©cit de la rĂ©sistance, un rĂ©cit repris,puis raccourci Ă des fins de propagande, avant dâĂȘtrepubliĂ© en1947 sous le titre : « De lâhorreur des crimescommunistes Ă Buchenwald ». Rabaissement dâun cĂŽtĂ©,glorification de lâautre â lâhistoire se situe sur le fil durasoir de la Guerre froide.
Le rapport des deux Américains sera constammentsource à controverse dont les conséquences historiquesne sont pas encore écrites.
Cela pourrait peut-ĂȘtre commencer ainsi⊠: (âŠ) Deuxjeunes AmĂ©ricains reviennent de Buchenwald et retour-nent au Commandement de lâunitĂ© militaire Guerre psy-chologique. Ils sont Ă©puisĂ©s, physiquement et morale-ment et racontent une nuit durant et sans sâinterrompre,ce quâils ont vu, compris et vĂ©cu. Ils sont sous le chocdes atrocitĂ©s qui se sont produites Ă Buchenwald etemplis dâadmiration Ă lâĂ©gard de la rĂ©sistance quâontopposĂ©e les dĂ©tenus politiques, et des conditions danslesquelles celle-ci se fit.
Hanus Burger (1), rĂ©alisateur cĂ©lĂšbre, Ă lâĂ©poque jeunelieutenant du Commandement du Service de Guerrepsychologique, fut effrayĂ© de voir ce quâon avait fait deleur rapport : «Mais câest tout le contraire que nousavions dit !, Ă©crira-t-il. Beaucoup de dĂ©tails sont justes,(âŠ) mais lâobjectif final Ă©tait tout lâopposĂ© de ce qui figurelĂ . On a fait de ces hommes, qui ont sauvĂ© des vieshumaines au prix de la leur des intrigants, qui se seraientmis au service des nazis Ă des fins personnelles. (âŠ) AlâĂ©poque, cette grossiĂšre falsification des faits et desmotivations a provoquĂ© mon indignation. Aujourdâhui jeconstate que «Lâhistoire de Buchenwald» ne fut quâun
petit prélude de ce que fut plus tard la Guerre froide».
Aujourdâhui, bien aprĂšs la fin de la Guerre froide, on saittout le prĂ©judice que celle-ci a portĂ© Ă la vĂ©ritĂ© histo-rique et Ă ses acteurs. Câest elle qui posait les ques-tions, câest encore elle qui imposait les rĂ©ponses, ellequi exigeait des aveux, mais jamais de dĂ©bats critiques.
Parler aujourdâhui de la rĂ©sistance implique dâabordceci : il faut redĂ©couvrir et rendre Ă la mĂ©moire euro-pĂ©enne ceux qui se sont enfoncĂ©s dans le bourbieridĂ©ologique et ceux qui ont dĂ©sertĂ© Ă temps les abrisde la Guerre froide.
Les recherches se poursuivent, mais je pense par exem-ple Ă H.G. Adler (2), dĂ©tenu juif dâAuschwitz, Buchenwaldet Langenstein-Zwieberge ; ses essais, pratiquementtombĂ©s dans lâoubli, sur la rĂ©sistance et la sociologieinterne du camp ont Ă©tĂ© pour moi infiniment riches dâen-seignements. Adler fut lâun des premiers Ă dire que letĂ©moignage sur les camps de concentration nâĂ©tait pasune transmission de faits inertes ou un acte dâhommage,mais bien un champ vivant dâapprentissages sur «lâhis-toire de lâhumanité».
Concernant la rĂ©sistance Ă Buchenwald, il est bien cer-tain que lâĂ©numĂ©ration des rĂ©alitĂ©s, des actes et des bio-graphies particuliĂšrement marquants, la dĂ©signation des« Justes », lâexistence du comitĂ© illĂ©gal et de ses actionssont en soi trĂšs impressionnantes, mais aujourdâhui il estquestion dâaller au-delĂ de cela et de reconnaĂźtre lesconditions dans lesquelles cette rĂ©sistance sâest pro-duite et quelles Ă©taient les volontĂ©s des protagonistes.
Il y eut toutes sortes de Buchenwald
Un jour Pierre Durand, historien et ancien PrĂ©sident duComitĂ© international eut cette phrase, dâune portĂ©eessentielle, dont nous ne mesurons toujours pas toutelâampleur : « Il y a eu toutes sortes de Buchenwald dif-fĂ©rents ». Une rĂ©alitĂ© illustrĂ©e dĂ©jĂ par la diversitĂ© desdĂ©tenus : des hommes, des femmes, des jeunes, desenfants. Aujourdâhui nous disposons dâune quantitĂ© dâin-formations plus importante que jamais sur les raisonsde leur dĂ©tention. Toutes ces connaissances aujourdâhuirĂ©unies sur une carte feraient apparaĂźtre une vue dâen-semble presque complĂšte de la persĂ©cution et de larĂ©sistance en Europe. Nous y verrions les derniers sur-vivants de nombreuses communautĂ©s juives, les Sintiet Roms, qui ont Ă©chappĂ© Ă lâextermination dâAuschwitz,les insurgĂ©s polonais, les membres des diffĂ©rentsgroupes de la RĂ©sistance française, les partisans you-goslaves et italiens, les courageux policiers danois, lesĂ©tudiants norvĂ©giens et bulgares, les pilotes alliĂ©s etmembres des ArmĂ©es secrĂštes, les groupes de rĂ©sis-tance belge et nĂ©erlandaise, les policiers luxembour-geois, les combattants des Brigades internationales lors
La RĂ©sistance Ă Buchenwald - Toute la vĂ©ritĂ©Le texte qui suit a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© le 13 avril 2014 devant lâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de lâAssociation allemandedes dĂ©tenus de Buchenwald (LAG). Harry Stein est Historien, spĂ©cialiste de lâhistoire de Buchenwald. Latraduction de son texte a Ă©tĂ© assurĂ©e par AgnĂšs Triebel.
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de la guerre dâEspagne, les centaines de TchĂšquesinflexibles, les religieux polonais, allemands et autri-chiens, les travailleurs forcĂ©s Ă©vadĂ©s, les hommes et lesfemmes de la rĂ©sistance juive. Nous y verrions aussi tousceux que le Grand Reich avait dĂ©signĂ©s comme «enne-mis du peuple» et, parmi eux, les rĂ©sistants allemandset autrichiens. LâEurope Ă©tait Ă Buchenwald.
«Quel Buchenwald ?» pourrions-nous nous interrogeravec Pierre Durand. Etait-ce le Buchenwald du Petitcamp ? celui du Grand camp ? celui des industries dâar-mement ou des kommandos souterrains ? des campsde femmes ou des camps dâhommes ? de lâinfirmerieou celui des blocks des enfants ? Ce que nous savonsavec certitude, câest que nous ne pouvons nous en tenirĂ ce qui sâest passĂ© entre les baraques du Grand camp,que nous devons envisager lâĂ©tude du systĂšme concen-trationnaire Ă Buchenwald par tous les angles qui noussont accessibles, car il y a eu autant dâexpĂ©riencesvĂ©cues que de Buchenwald(s) ; il y a eu des expĂ©riencesmortelles, salvatrices, bonnes et terribles, mĂȘme au seinde la rĂ©sistance. Ceci induit bien quâil faut se pencherattentivement sur tout ce qui reflĂšte le vĂ©cu, lâanalyser,le commenter.
Ainsi la lecture des rapports est Ă©difiante sur les dif-ficultĂ©s qui pouvaient surgir entre un nouvel arrivantet un ancien dĂ©tenu : câĂ©tait la collision de deuxmondes : celui du dehors oĂč dominait encore laconviction que chaque individu avait des droits et celuide lâintĂ©rieur, avec son frontispice «A chacun son dû»,un monde oĂč la survie sociale Ă©tait la condition mĂȘmepour Ă©chapper Ă la mort.
La survie sociale
Jâintroduis le concept de «survie sociale» afin de pou-voir ouvrir la voie sur les thĂšmes de la survie et de larĂ©sistance. Le camp de concentration, une sociĂ©tĂ© pla-nifiĂ©e pour ĂȘtre lâenfer, comme lâĂ©crira Robert Antelmedans lâEspĂšce humaine, selon un programme conçu parles SS. Dans quel but ? Celui de briser la volontĂ©,comme le formulait Himmler ? Ou de dĂ©truire lâindividuet la personnalitĂ© de leurs opposants ? RĂ©ponse affir-mative aux deux questions. Car au cĆur de la rĂ©alitĂ©de ce que furent la faim, la violence et lâexclusion, lesSS avaient perdu de vue quâil y avait encore un visagederriĂšre chaque individualitĂ© ; un dĂ©tenu nâĂ©tait rien poureux. Ils avaient Ă©chafaudĂ© un systĂšme oĂč tout mouve-ment vers lâautre Ă©tait source de dangers, oĂč lâhommedevait sâeffacer en tant quâEtre social, oĂč la vision duvivre ensemble nâexistait plus, oĂč il sâagissait dâassĂ©chertoute compassion, dâĂ©touffer chez lâĂȘtre son sens de lasolidaritĂ©, de briser sa conscience responsable : unesociĂ©tĂ© de loups, dont les membres ne devaient ne vivreque sous la contrainte et la peur pour sâentredĂ©chirer.On peut citer des cas, parmi ces Buchenwald(s) detoutes sortes, oĂč lâon trouva des ĂȘtres si terrassĂ©s parla faim et la violence que cette sociĂ©tĂ© de loups fut Ă certaine pĂ©riode de lâhistoire du camp une terrible rĂ©a-litĂ©. Je pense en particulier Ă ce qui se passa au Petitcamp dans les derniĂšres semaines, au camp extĂ©rieur
de Ohrdruf ou Ă certains kommandos souterrains. LĂ oĂčla faim et la violence ne pouvaient pas ĂȘtre endiguĂ©es,la conscience sociale sâĂ©teignait ; chacun se battait poursoi et lâon nâavait aucune chance de sâen tirer.
La survie
Que signifie ce mot dans de telles circonstances ? Enfin,la frontiĂšre entre la survie et la rĂ©sistance nâest-elle pastĂ©nue ?
Nous sommes lĂ sur un terrain Ă©pineux du dĂ©bat scien-tifique. La question se pose notamment de savoir sitoutes ces actions avaient pour objectif la survie dugroupe ou celle de chacun ? si chaque tentative de sur-vie ne pouvait se faire quâaux dĂ©pens des autres ? sâilexistait vraiment des champs de rĂ©sistance contre lesSS ? Je pars du principe que oui, ces champs de rĂ©sis-tance existaient, mais je dois prĂ©alablement expliquerce que survivre signifiait dans un camp de concentra-tion.
Il y a quinze ans, lors de la rĂ©daction du catalogue delâexposition permanente, je donnais une acception trĂšslarge au concept de survie avec tout ce quâil impliquaitpour permettre dâĂ©chapper Ă la mort. Je corrigeaujourdâhui mon propos, car il implique aussi ce que lesSS avaient justement programmĂ© : dresser les dĂ©tenusles uns contre les autres, voire mĂȘme le vol de pain.
Si lâindividu est un ĂȘtre social et que câest prĂ©cisĂ©mentce volet de son individualitĂ© qui doit ĂȘtre touchĂ©, la sur-vie ne passera par rien dâautre que par la dĂ©fense delâĂȘtre Social.
Car cela a rĂ©ellement commencĂ© par la lutte pour lesactes les plus simples de la vie civile, puisque garderdes habitudes sociales dans un tel contexte signifiaitpouvoir survivre. Permettez-moi dâĂ©voquer une anec-dote qui illustre bien ce propos. Elle se passe dans lâundes diffĂ©rents Buchenwald Ă Magdeburg, dans lesusines Polte, oĂč sâĂ©tablit Ă lâautomne 1944 lâun des deuxplus grands camps de femmes. Trois mille femmesissues de toutes les nations, juives et non-juives, rĂ©sis-tantes, travailleuses forcĂ©es y remplissaient nuit et jourdes munitions de poudre. Lâune dâentre elles Ă©taitAutrichienne, elle sâappelait Anna Peczenik, et avait Ă©tĂ©infirmiĂšre dans les Brigades internationales pendant laGuerre dâEspagne? puis rĂ©sistante en France.
Cilli Muchitsch se souvient : « ⊠Anna Peczenik étaitune femme extraordinaire. A Magdeburg, au camp,nous étions un soir assises sur notre chùlit et elle nousa dit :
« - Les filles, habillez-vous correctement ! TĂąchez devous arranger un peu, pour ne pas perdre complĂštementle moral. Câest dĂ©primant pour les autres de voir lâunedâentre nous se laisser aller.
(âŠ) On a mĂȘme fait un ourlet pour raccourcir nostabliers, vous imaginez !!! On recevait nos haillons auhasard, quâils nous aillent ou pas. Mais Anni nous rĂ©pĂ©-tait toujours : « Ne vous laissez moralement pas aller.Vous verrez, ça va bien se passer, la guerre sera bien-tĂŽt finie. Il faut tenir ! »
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CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE
Cette histoire confirme ce que je disais plus haut. La prĂ©-servation de comportements civils Ă lâintĂ©rieur du campnâĂ©tait pas seulement partie intĂ©grante du processus desurvie, elle devait Ă©galement permettre de façon signi-ficative Ă entretenir le moral et la dignitĂ© des autres. LĂ oĂč se maintenaient des gestes simples du comporte-ment social, la puissance destructrice voulue par les SSen affamant et en terrorisant les dĂ©tenus sâen trouvaitrĂ©duite et les chances de survie donc augmentĂ©es.
Parmi les différents Buchenwald(s) dont parlait PierreDurand, les camps de femmes illustrent le plus claire-ment cette réalité.
Lâhistoire Ă©voquĂ©e nous indique quâil fallait une impul-sion au dĂ©part : des personnalitĂ©s qui portaient en ellesune attitude, un maintien ânous dirions aujourdâhui une« compĂ©tence sociale ». Ces dĂ©tenu(e)s-lĂ Ă©taient tou-jours particuliĂšrement menacĂ©(e)s.
Je rappelle ici deux autres dĂ©tenus, Rudolf Arndt, doyendu block 22 et Walter KrĂ€mer, kapo de lâinfirmerie, tousdeux Juifs. Ils furent assassinĂ©s par les SS. Anna Peczeniksubit elle aussi le mĂȘme sort : conduite le 18 dĂ©cembre1944 de Magdeburg Ă Buchenwald, elle fut assassinĂ©e.Elle avait 33 ans et Ă©tait mĂšre dâune petite fille.
RĂ©sistance
LâĂ©vocation de ces personnalitĂ©s me permet de pas-ser Ă la survie et Ă la rĂ©sistance. Car beaucoup dâactesde survie, souvent perpĂ©trĂ©s et portĂ©s par des per-sonnalitĂ©s au risque de leur propre vie, se rĂ©vĂšlent auregard des intentions SS, comme faisant partie de lâhis-toire de la rĂ©sistance de Buchenwald. Partout oĂč les SSpoursuivaient lâobjectif de tuer le lien social en affamantles dĂ©tenus ou en faisant rĂ©gner la peur ainsi quâun cli-mat de rivalitĂ© mortel, on observe des formes de rĂ©sis-tance trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres : des priĂšreset cĂ©lĂ©brations de fĂȘtes religieuses, comme entĂ©moigne Albert Simon, des concerts, des tournoisdâĂ©checs, des reprĂ©sentations thĂ©Ăątrales Ă lâintĂ©rieurdes baraques, au sujet desquels nous possĂ©dons denombreux tĂ©moignages ; des comitĂ©s de soutiencomme le «ComitĂ© provisoire dâentente polonaise», le«ComitĂ© des intĂ©rĂȘts français», la «SolidaritĂ© italienne»ou le «ComitĂ© dâentraide nĂ©erlandais». Nous disposonsde la liste des collectes rĂ©alisĂ©es par le comité«SolidaritĂ© italienne» au Grand comme au Petit camp.On y constate que lâentraide nâĂ©tait pas seulement laconsĂ©quence de la grande misĂšre, mais bien la rĂ©sul-tante dâun lien social entretenu par des hommes et desfemmes qui acceptaient de prendre des risques et don-naient lâexemple dâune structure morale. Quâil sâagissedu mĂ©decin italien Fausto Pecorari, du Français MarcelPaul, qui oeuvrait Ă partir du Petit camp commeStubendienst oĂč il vivait, dâartistes comme lâAutrichienJura Soyfer ou le Russe Jakow Goftman, nous rencon-trons sur le terrain de lâentraide, de la solidaritĂ©, du cou-rage Ă©mergeant de tous ces Buchenwald(s) diffĂ©rentsune variĂ©tĂ© dâĂ©nergies telles quâelles nous font pressentirles changements quâelles pouvaient induire dans les rap-ports et conditions prĂ©Ă©tablis.
Etait-ce possible de rĂ©sister dans le camp ? Une rĂ©sis-tance frontale contre les SS et lâappareil conçu par euxĂ©tait-elle possible ?
Nombreux sont ceux qui connaissent lâexemple de PaulSchneider, qui refusa de saluer le drapeau nazi le jourde lâanniversaire de Hitler, sur la place dâappel. Sâil avaitĂ©tĂ© juif ou Sinto, les SS nâauraient pas hĂ©sitĂ© Ă le liqui-der sur place. Paul Schneider fut traĂźnĂ© au Bunker et tor-turĂ© pendant plus dâun an.
De nombreux dĂ©tenus Ă©trangers adoptĂšrent une attituderĂ©sistante contre le travail forcĂ© dans les usines deguerre. Le sabotage Ă©tait passible de mort. MalgrĂ© cela,nombreuses furent les tentatives de mettre un grain desable dans le rouage. Ainsi le tĂ©moignage de Otto Roth,qui surprend six dĂ©tenus soviĂ©tiques, en train de creu-ser des trous pour des pylĂŽnes Ă©lectriques en face dela gare de Buchenwald. Ils travaillaient de part et dâau-tre de la clĂŽture des usines de la Gustloff et creusaientavec une Ă©nergie inhabituelle. Il sâapprocha⊠ils hĂ©si-tĂšrent un court instant⊠et continuĂšrent -lorsquâils lâeu-rent reconnu- Ă creuser fiĂ©vreusement. DerriĂšre la clĂŽ-ture, se trouvait un entrepĂŽt pour des prototypesdâarmes. Un dĂ©tenu soviĂ©tique se trouvait lĂ et passaitdes prototypes Ă travers la clĂŽture. Les autres lesjetaient dans le trou pour les pylĂŽnes, creusĂ© Ă desseinplus profondĂ©ment, et les recouvraient de terre. Lesnombreuses exĂ©cutions ordonnĂ©es par les SS, en par-ticulier des pendaisons dans les kommandos extĂ©rieurs,tĂ©moignent des actes de ces hommes et femmes, prĂȘtsĂ encourir tous les risques pour rĂ©sister. Ceci est bienla preuve quâĂ lâintĂ©rieur mĂȘme dâun camp de concen-tration, il existait la possibilitĂ© «de gripper les rouagesde la machine».
« Gripper les rouages »
Lâexpression est celle de Dietrich Bonhoeffer, qui vĂ©cutses derniĂšres semaines de vie dans une cellule dâarrĂȘtde Buchenwald. Bonheoffer considĂ©rait de son devoirde ChrĂ©tien de trouver des moyens pour freiner ou stop-per cette machinerie infernale. Certains, comme KurtGerstein, ChrĂ©tien lui aussi, endossĂšrent lâuniforme SS,afin de pouvoir tĂ©moigner des crimes contre les JuifsdâEurope. Le seul fait dâavoir portĂ© lâuniforme le fit consi-dĂ©rer comme un traĂźtre. De mĂȘme le juriste HansCallmeyer qui travaillait au sein de lâadministration char-gĂ©e de la dĂ©portation des Juifs nĂ©erlandais. Il parvint Ă sauver quelques 3.000 dâentre eux en les inscrivantcomme «Mischlinge», mĂȘme si des milliers dâautres dos-siers passant par cette administration arrivĂšrent sur sonbureau sans quâil pĂ»t Ă©viter la mort des victimes. Autreexemple donc dâun homme, considĂ©rĂ© encore en 1995comme un complice, mais qui aujourdâhui, grĂące auxconnaissances accumulĂ©es sur toutes les formes derĂ©sistance et les actions des SS est dĂ©sormais consi-dĂ©rĂ© en Allemagne, aux Pays-Bas et en IsraĂ«l commeun sauveur et honorĂ© au titre de « Juste par les nations».
Les SS avaient organisĂ© lâadministration et la gestiondu camp et du travail forcĂ© autour de lâexistence dâunsystĂšme de kapos. De nombreux dĂ©bats ont opposĂ©
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et dĂ©chirĂ© lâopinion sur la question douloureuse, maisimportante, de la participation de dĂ©tenus Ă ce sys-tĂšme, rattachant la discussion au conflit qui, Ă lâĂ©poque dĂ©jĂ , partageait les prisonniers politiquesentre eux, Ă savoir : y avait-il, en dehors de lâincertainepossibilitĂ© de permettre aux siens de survivre, uneseule bonne raison de participer Ă ce systĂšme ? Etait-ce lĂ rĂ©ellement une opportunitĂ© de rĂ©sister ?
Fondamentalement, je rĂ©pondrai par oui Ă cette ques-tion. La rĂ©sistance allait se dĂ©velopper sur troischamps dâaction essentiels, oĂč les SS manipulaient Ă dessein la faim, la violence et les rivalitĂ©s entre dĂ©te-nus du camp. Elle fit donc son combat de la lutte contrela faim, de lâendiguement de la violence et du contrĂŽledes dĂ©tenus de fonction. Les «kapos rouges» deBuchenwald agirent dans ces trois domaines dâactionpossible. Ils agirent en rĂ©seau, confĂ©rant ainsi une placeparticuliĂšre Ă Buchenwald. Le rĂ©seau ne put opĂ©rer surlâensemble du systĂšme et ses succĂšs sont difficilementquantifiables. Evoluant dans un univers dâhostilitĂ© oĂč toutnâĂ©tait conçu que pour augmenter les brimades et lâop-pression envers les dĂ©tenus, le rĂ©seau de rĂ©sistance par-vint pourtant injecter le âvirus socialâ. Des personnali-tĂ©s telles que Robert Siewert, Baptist Feilen ou WalterKramer permirent dâintroduire des valeurs auxquellesnombreux se raccrochĂšrent, mĂȘme si lâon note despoints faibles. Mais il reste indĂ©niable que ce rĂ©seau atransformĂ© Buchenwald. Sans lui au sein des institutionsde la SS, les rĂ©seaux de sauvetage dans les deux blocksdâenfants nâauraient pas pu ĂȘtre opĂ©rationnels. LâĂ©tat dela recherche aujourdâhui ne nous donne quâune vueencore partielle de ce rĂ©seau, mais nous avons pu fairela lumiĂšre sur lâaction du doyen du block 66, le blockdes enfants, le communiste tchĂšque Antonin Kalina.Nous avons nĂ©anmoins encore un long travail derecherche Ă poursuivre.
Lâorganisation de rĂ©sistance clandestine a permis dâĂ©ta-blir un cadre dâaction pour le rĂ©seau des dĂ©tenus defonction. Nous disposons de nombreux Ă©crits en diffĂ©-rentes langues sur le sujet et qui tĂ©moignent dâune his-toire unique au sein du systĂšme concentrationnaire nazi.Pour rĂ©sumer, puisque le temps qui mâest imparti estbref, je rappellerai les faits suivants :
En juillet 1943, une rencontre a lieu entre les reprĂ©sen-tants des diffĂ©rents partis communistes. Au cours delâannĂ©e 1944, ces rĂ©unions sâĂ©largissent, il y est ques-tion du rĂšglement des diffĂ©rences, afin de pouvoir pren-dre en compte les diffĂ©rents intĂ©rĂȘts des groupes natio-naux pour une bonne coordination des actionsdâentraide et des mesures Ă prendre pour lâintĂ©grationde dĂ©tenus politiques Ă©trangers dans les kommandosdu camp. Ce cercle de personnes rapprochĂ©es consti-tue le ComitĂ© international clandestin du camp. Il acontribuĂ© de façon essentielle Ă endiguer les conflitsentre groupes nationaux et Ă sauver des membres despartis communistes et des rĂ©sistants. Il a Ă©galement per-mis de verrouiller la position des communistes alle-mands Ă des postes de fonctionnement Ă une pĂ©riodeoĂč les Allemands ne constituaient plus quâune minoritĂ©
en dĂ©crue. Cette organisation clandestine recueillait desrenseignements et commença Ă sâorganiser en consti-tuant des groupes dâaction militaire, afin de pouvoir parerĂ un massacre des SS en cas de dĂ©faite du rĂ©gimenational-socialiste. Les membres de cette organisationmilitaire comptaient des dĂ©tenus politiques nĂ©erlandais,autrichiens, allemands, espagnols, yougoslaves, italiens,polonais, tchĂšques, français, belges, des SoviĂ©tiquesprisonniers politique et prisonniers de guerre, qui com-muniquaient entre eux. Leur courage et leur ingĂ©niositĂ©permirent de rĂ©unir 91 fusils, 1 fusil-mitrailleur, 20 pis-tolets, 16 grenades allemandes.
Lâaction des ces groupes militaires survient le 11 avril,alors que les chars amĂ©ricains approchent du camp. Ala lecture du premier rapport du camp, les dĂ©tenus rap-portent quâĂ 13 heures, deux chars amĂ©ricains appro-chent de la carriĂšre, arrivant par le flanc nord. Une heureplus tard, ils atteignent les fermes qui sont au nord ducamp et engagent de lourds combats avec les SS. PeuaprĂšs, il est environ 14h30, ils traversent la zone ducamp. A 14h45, les dĂ©tenus enclenchent lâaction dedĂ©sarmement des SS restants et prennent le contrĂŽledu camp. Dans les heures qui suivront, ils font prison-niers 76 membres des SS dispersĂ©s dans le camp. Aucours du mĂȘme aprĂšs-midi, le lieutenant de lâArmĂ©eamĂ©ricaine, Emmanuel Desard, confie la gestion ducamp et la responsabilitĂ© des 21.000 survivants audoyen du camp, le dĂ©tenu Hans Eiden. A ses cĂŽtĂ©s, lecomitĂ© international se chargera de cette mission pourgĂ©rer et contrĂŽler un camp qui se trouve encore enpleine zone de combats.
Lâaction de libĂ©ration de lâintĂ©rieur et celle de lâextĂ©rieursont des rĂ©alitĂ©s historiquement vĂ©rifiables. La libĂ©ra-tion de lâintĂ©rieur fut pour les dĂ©tenus politiques de dif-fĂ©rentes nations le rĂ©sultat et le point dâorgue dâunerĂ©sistance de plusieurs annĂ©es quâil Ă©tait donc et restetoujours justifiĂ© de placer au cĆur de leurs rĂ©cits.
Chers amis,
La rĂ©sistance de Buchenwald Ă©tait symbolisĂ©e jusquâĂ prĂ©sent de deux maniĂšres : par un dĂ©tenu en arme etpar un enfant de Buchenwald. Je crois quâil convien-drait dây ajouter un troisiĂšme symbole. Pourquoi pascette pomme, que Robert BĂŒchler, dĂ©tenu politiquetchĂšque, glisse dans son bĂ©ret lors de son arrivĂ©e aucamp, plus mort que vif de lâeffoyable marche de la mortqui lâa conduit dâAuschwitz jusquâĂ Buchenwald ? Unehistoire parmi toutes celles que nous devrons continuerde raconter, car elles relatent et tĂ©moignent du liensocial, de la sollicitude et de la responsabilitĂ© de cer-tains hommes envers leurs congĂ©nĂšres.
(1) Hanus Burger : «Le printemps en valait la peine. Souvenirs».Ullstein, 1981, p. 218 f.(2) Hans Gunther Adler publie en 1962 son roman Un VoyageoĂč il met en scĂšne et en forme son expĂ©rience concentra-tionnaire des camps nazis. Traduit chez Christian Bourgois en2011
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Lâactuel musĂ©e traitantde lâhistoire du camp deconcentration a Ă©tĂ©inaugurĂ© Ă lâoccasion du50Ăšme anniversaire de lalibĂ©ration du camp enavril 1995. Il sâagissaitalors de la prĂ©sentation,en RĂ©publique fĂ©dĂ©raledâAllemagne, de la plusgrande expositionpermanente, la plusapprofondie aussi,rĂ©alisĂ©e sur lâhistoire
dâun camp de concentration. Jorge Semprun avaitdâailleurs observĂ© que ce musĂ©e Ă©tait « exemplaire pourlâhistoire de lâEurope. »
1995 : le musée de la réunification allemande
Cette exposition put voir le jour du fait de la fin de laRDA et de lâimage que renvoyait sa politique denormalisation intervenue cinq ans auparavant. Pour lapremiĂšre fois dans lâhistoire de la RĂ©publique fĂ©dĂ©raledâAllemagne, il devenait possible de rĂ©aliser uneexposition approfondie sur lâhistoire dâun camp deconcentration. Rappelons Ă©galement que parmi lesconsĂ©quences de la rĂ©unification, une nouvelleconceptualisation des mĂ©moriaux de la RDAsâimposait. Un grand dĂ©bat sâensuivit, houleux du cĂŽtĂ©de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale, mais la volontĂ© se dessinaau sein de la sociĂ©tĂ© allemande dâentamer une rĂ©flexionhistoriquement concrĂšte et autocritique sur lâhistoire delâAllemagne Ă lâĂ©poque du national-socialisme.
Dans lâexposition permanente de 1995, on ne vise nipathos ni compassion facile. Conçue comme vastechamp dâarchives ouvertes, constituĂ© de documents etdâobjets, elle repose sur la force incontestable de lapreuve fournie par toute une sĂ©rie de documents etdâobjets en lien direct avec lâhistoire des victimes de lapersĂ©cution et de lâexclusion, lâhistoire du camp, de sonfonctionnement et de son dĂ©veloppement entre 1937 et1945. Des tĂ©moignages irrĂ©futables sâintĂšgrent pourlutter contre la banalisation et le nĂ©gationnisme, desdocuments exhaustifs Ă©tablissent la liste des victimeset des groupes de victimes. Lâexposition permetdâengager un dĂ©bat sans fard sur les raisons
politiques et idĂ©ologiques qui conduisirent Ă lâexclusion, puis Ă lâassassinat de personnes dĂ©clarĂ©es« exclues de la communautĂ© du peuple allemand ». Elleaborde sans rĂ©ticences les liens entre le camp et laguerre, le camp et des persĂ©cutions politiques, socialeset raciales, le thĂšme des massacres Ă grande Ă©chelle,enfin celui de la rĂ©sistance au nazisme en Europe et enAllemagne, qui sâest poursuivie jusquâau sein mĂȘme ducamp. Tels sont en 1995 les objectifs prioritaires de cemusĂ©e : montrer que les crimes commis ne le furentpas en marge du peuple, mais, comme lâĂ©critlâessayiste autrichien Jean AmĂ©ry, dĂ©portĂ© Ă Auschwitz« ( âŠ) bel et bien au cĆur du peuple lui-mĂȘme » rĂ©alitĂ©quâillustrent dans toute leur acuitĂ© le voisinage et laproximitĂ© sans heurts de la citĂ© de Weimar et du campde Buchenwald.
Nouvelles sources et nouvelles connaissances
Aujourdâhui, 19 ans plus tard, nous sommes Ă la veilledâune reformulation totale du musĂ©e, grĂące au soutiende lâEtat fĂ©dĂ©ral et Ă celui de lâEtat libre de Thuringe.Ceci ne signifie pas que les principes et les objectifsĂ©noncĂ©s prĂ©cĂ©demment sont obsolĂštes. Au contraire,les connaissances mises Ă jour, grĂące Ă la rĂ©alisationdes divers travaux et expositions rĂ©alisĂ©s jusquâici,seront mises en exergue et permettront de renforcerlâaspect didactique des enseignements etconsĂ©quences Ă tirer de lâhistoire des antagonismes etde la haine grĂące aux champs multiples ouverts par lesnouvelles technologies mĂ©diales. Les recherchesmenĂ©es en amont au cours des vingt derniĂšres annĂ©esont fait des progrĂšs considĂ©rables et permettentdĂ©sormais de disposer de sources trĂšs importantes. Le Service international de recherches des ArchivesdâArolsen (IST) en est un exemple particuliĂšrementillustratif. Inaccessibles pendant tout un temps, cesarchives contiennent environ 90% des dossiersconcernant lâadministration du camp de Buchenwald.Ajoutons Ă cela lâaugmentation importante dessuccessions et des dons remis par les survivants etleurs descendants au MĂ©morial, qui tĂ©moignent de laconfiance mutuelle croissante qui sâest Ă©tablie et setraduit par des dons dâobjets, de documents,dâinterviews, de photos, de films, dâĆuvres dâartrĂ©alisĂ©es par des dĂ©portĂ©s, dont un grand nombrefurent rĂ©alisĂ©es et cachĂ©es Ă lâintĂ©rieur du camp jusquâĂ la libĂ©ration.
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De la conception du nouveau musĂ©e dâhistoire du camp de Buchenwald
Nous avons dĂ©jĂ annoncĂ© la refonte en cours du musĂ©e permanent de Buchenwald, qui occupe le vaste bĂątimentde lâEffektenkammer, en bas du camp. Pour prĂ©senter les grands axes du futur musĂ©e, la Fondation desMĂ©moriaux de Buchenwald et de Dora a conçu une brochure oĂč alternent articles de rĂ©flexion et prĂ©sentationde documents ou photos dâobjets qui seront exposĂ©s.
Nous publions ici le texte de V. Knigge, directeur des Mémoriaux, sur les idées qui soutiennent la conception dunouveau musée.
CEREMONIES AVRIL EN ALLEMAGNE
Ceci ne signifie pas que la nouvelle exposition seraquantitativement plus importante en termes dâobjetsexposĂ©s que la prĂ©cĂ©dente. Il sâagira plutĂŽt de misersur lâimpact et la pertinence de ceux-ci auprĂšs duvisiteur. Lâobjectif premier du nouveau musĂ©e sera depermettre au visiteur de mieux saisir et identifier lesfacteurs qui, politiquement, socialement,culturellement, juridiquement peuvent potentiellementconduire un Etat et une sociĂ©tĂ© Ă basculer danslâinhumanitĂ©. Les commissaires dâexposition sontconscients du dĂ©fi : toucher lâintĂ©rĂȘt du visiteurcontemporain, dans un contexte oĂč lâexistence dunational-socialisme et lâholocauste ne sontpratiquement plus aujourdâhui lâobjet dâune attitude dedĂ©ni ou de silence, mais plutĂŽt dâune banalisation, declichĂ©s ou dâanalogies inappropriĂ©es.
La nouvelle exposition se dĂ©marquera de cettetendance quâil y a eu jusquâici de limiter le dĂ©bat sur lenational-socialisme Ă une culture de mĂ©moire, oĂč lâonse bornait Ă prĂ©senter les horreurs des campsisolĂ©ment et en les replaçant dans un contextedâensemble. Le nouveau musĂ©e devra non seulementrappeler et expliquer ce que fut le camp deconcentration de Buchenwald, mais ouvrir la rĂ©flexionsur ce que fut parallĂšlement la sociĂ©tĂ© allemandedurant la pĂ©riode du national-socialisme, commentcelle-ci a acceptĂ©, justifiĂ© ou considĂ©rĂ© commenĂ©cessaire lâexistence des camps prĂ©sentspratiquement partout avec lâinstauration de la « Guerretotale ». La volontĂ© de concevoir ce futur musĂ©e enmettant face Ă face la sociĂ©tĂ© allemande pendant lesannĂ©es nationales-socialistes (les deutscheVolksgenossen) et de celle que constituaient lesdĂ©tenus (les HĂ€ftlinge) devra permettre dâĂ©carter ledanger de lâapproche insuffisamment rĂ©vĂ©latriceĂ©voquĂ©e plus haut et que lâon pourrait qualifier commeun « positivisme de lâhorreur ».
GrĂące Ă une prĂ©sentation ciblĂ©e de biographies, destĂ©moignages, dâĂ©tudes de cas, on placera nonseulement lâĂ©clairage sur la rĂ©alitĂ© du camp, mais surles raisons politiques et sociales qui ont conduit Ă lâĂ©laboration du systĂšme et Ă son acceptation. QuellesĂ©taient les marges de manĆuvre des acteurs de lasociĂ©tĂ© ? Le contexte ? Les diffĂ©rentes formes quâontrevĂȘtu au camp la volontĂ© de survivre, de restersolidaire? Quelle fut la rĂ©sistance en Allemagne et dansles pays occupĂ©s par les nazis ?
Le message de Buchenwald
Lâexposition constituera un arc de cercle thĂ©matique,courant de la crĂ©ation du camp en 1937 âcâest-Ă -direen plein contexte de prĂ©paratifs de guerre- jusquâĂ 1945. Elle traitera Ă©galement de lâhistoire deBuchenwald aprĂšs 1945 et des consĂ©quences deBuchenwald.
Buchenwald, vu sous le prisme de lâexpĂ©rience desdĂ©tenus, des consĂ©quences politiques, morales ou
socio-culturelles quâils en ont tirĂ©es pour le prĂ©sent etlâavenir, sera un chapitre fondamental abordĂ© enconclusion de lâexposition rappelant que malgrĂ© lessouffrances endurĂ©es et lâinhumanitĂ© du rĂ©gimenational-socialiste, Buchenwald fut aussi un lieu qui sutimpulser les signaux pour permettre un monde plusjuste et plus humain.
La rĂ©alisation de ce musĂ©e aura sans doute Ă©tĂ© laderniĂšre grande opportunitĂ© pour les survivants, leshistoriens et les didacticiens de la mĂ©moire dâavoir putravailler main dans main. Dire ceci ne signifie pasquâon va dĂ©sormais prĂŽner une historicisation absoluedu national-socialisme et des crimes allemands contrelâhumanitĂ©. Bien au contraire, il sâagit de dĂ©montrer quela haine, mĂȘme lorsquâelle est lĂ©gitimĂ©e par un Etat,nâaura pas le dernier mot et que les expĂ©rienceshistoriques fondatrices se doivent de nous tenir enĂ©veil.
Volkhard Knigge
Traduction AgnĂšs Triebel.
Intertitres de la rédaction
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LâEffektenkammer
La nouvelle exposition occupera les trois Ă©tagesde lâEffektenkammer. LâentrĂ©e se fera par lâescaliercentral du bĂątiment. Au rez de chaussĂ©e se si-tuera lâaccueil et une introduction Ă lâhistoire deBuchenwald. Le Premier Ă©tage sera consacrĂ© Ă lafondation et aux premiĂšres annĂ©es du campjusqu'en 1942. Le Second Ă©tage Ă©voquera lecamp dans la pĂ©riode de la « guerre totale » puisdans la fin de la guerre et sa transformation en lieude mĂ©moire. De nombreux objets fabriquĂ©s pardes dĂ©tenus et des documents provenant de mu-sĂ©es allemands ou Ă©trangers (dont le musĂ©e de laRĂ©sistance nationale de Champigny) et de donsde particuliers seront exposĂ©s, de mĂȘme que desmeubles fabriquĂ©s industriellement par la DAW,tels que ceux dĂ©crits par Virgilio Pena dans le nu-mĂ©ro 352 du Serment.
Déportées d'une trentaine de pays, 250 000 personnesont été internées à Buchenwald et dans sesKommandos, entre 1937 et 1945. Environ un quartd'entre elles sont mortes d'épuisement, sous les coupset la torture ou assassinées par les SS du régime nazi.Le 19 avril 1945, quelques jours aprÚs leur libération,les survivants, dans un Serment solennel se sontengagés « [à construire] un monde nouveau dans lapaix et la liberté ».
Que sâest-il passĂ© dans cette nĂ©buleuse concentra-tionnaire? Qui sont les hommes internĂ©s dans cetenfer ? Comment sont-ils arrivĂ©s lĂ ? Comment sur-vivent-ils aux coups, Ă la faim, au froid, aux maladies,aux punitions, au travail forcĂ© ?? Comment rĂ©sistent-ils Ă ces conditions ? Comment vont-ils pouvoir sâor-ganiser militairement et envisager de libĂ©rer le camp.Dominique Orlowski, Michelle Abraham, HĂ©lĂšneHoussemaine-Florent, Jeanne Ozbolt et DominiqueDurand, filles et fils de dĂ©portĂ©s français ainsi queFranka Gunther, petite fille dâinternĂ© allemand, ontrassemblĂ© les tĂ©moignages de plus de 100 dĂ©portĂ©set utilisĂ© les derniĂšres connaissances historiques pourrĂ©diger cet ouvrage.
PrĂ©facĂ© par Bertrand Herz, ancien dĂ©portĂ©, prĂ©sidentdu ComitĂ© International Buchenwald Dora etKommandos, lâouvrage comprend 470 entrĂ©es,prĂ©sente les diffĂ©rents lieux du camp et ses 167Kommandos, le quotidien des dĂ©tenus, le vocabulairedu camp, les travaux imposĂ©s, la rĂ©sistance clandes-tine, la vie culturelle.
Les entrées du dictionnaire sont accompagnées detémoignages de déportés, écrits ou dessinés, ainsi quede plans permettant de localiser les principaux bùti-ments et secteurs du camp.
Les auteurs ont aussi inclus, à leur ordre alphabétique,de courtes biographies de personnalités déportées à Buchenwald.
L'ouvrage, de format 15cm x 22 cm, paraĂźt en octo-bre 2014 aux Ăditions Belin. Il fera plus de 500 pages.
Ă la veille du 70Ăšme anniversaire de la libĂ©ration descamps, il s'adresse aux dĂ©portĂ©s, Ă leurs familles, Ă leurs amis, aux visiteurs du MĂ©morial, qui pourrontainsi se repĂ©rer dans les lieux et trouver des rĂ©pons-es aux questions qu'ils ne manqueront pas de seposer. Il sâadresse aussi aux amateurs d'histoire de laSeconde Guerre mondiale, aux enseignants et Ă leursĂ©lĂšves.
Une Ă©dition numĂ©rotĂ©e, dont chaque exemplaire estdĂ©diĂ© personnellement Ă son acquĂ©reur, est rĂ©servĂ©eaux membres de lâassociation et leurs amis.
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DICTIONNAIRE DE BUCHENWALD
Buchenwald par ses témoinsHistoire et dictionnaire du camp de concentration et de ses Kommandos
BON DE RĂSERVATION
M, Mme ............................................................................................................................... Adresse ............................................................................................................................
Réserve un exemplaire numéroté de Buchenwald par ses témoins et nominatif pour
Prénom, NOM...........................................................................................................................
Je joins pour cette réservation un chÚque de :35 euros + 5 euros de port
Ă lâordre de lâAssociation française Buchenwald Dora et Kommandosqui mâenverra cet exemplaire dĂšs sa parution.
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Vendredi 26 septembreEn cours dâaprĂšs-midi, rĂ©ception Ă la Mairie de Strasbourg, au Parlement europĂ©en ou Ă la Cour europĂ©enne desDroits de lâHomme
Samedi 27 septembreMatin : Rencontre partagĂ©e avec lâAmicale de Mauthausen sur le thĂšme «Les mĂ©moires du rĂ©sistant dĂ©portĂ© en Eu-rope», en prĂ©sence des reprĂ©sentants des ComitĂ©s internationaux de Buchenwald, Dora et Kommandos et Mau-thausen. DĂ©jeuner sur place.AprĂšs midi : AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de notre Association au CIARUS - 7 rue Finkmatt - 67000 Strasbourg.Samedi soir : Diner de clĂŽture dans un restaurant de la Petite France.
Dimanche 28 septembreMatin : Visite du site de Natzweiler-Struthof et du Centre européen du Résistant déportéDéjeuner à NatzwillerAprÚs-midi : Cérémonie à Schirmeck au monument des « Malgré nous ». - Retour sur Strasbourg vers 18 heures.
FICHE DâINSCRIPTIONNom : ........................................................................... PrĂ©nom : .....................................................
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RĂSERVATION
Vendredi 26 septembre
- RĂ©ception Ă la Mairie de Strasbourg, au Parlement europĂ©en ou Ă la Cour europĂ©enne des Droits de lâHomme OUI ïżœ - NON ïżœ
Samedi 27 septembre
- DĂ©jeuner 30 ⏠x ....... personne (s) = .......... âŹïżœ
- Diner de clĂŽture dans la Petite France 30 ïżœâŹ x ....... personne( s) = .......... âŹïżœ
Dimanche 28 septembre
- JournĂ©e (dĂ©jeuner Ă Natzwiller + autocar) 60 ïżœâŹ x ....... personne (s) = ........... âŹïżœ_______
Total .............. âŹïżœ
RĂšglement par chĂšque Ă lâordre de lâAssociation française Buchenwald-Dora et Kommandos
assemblee generale 26-27-28 septembre 2014 - strasbourg
La prochaine AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de lâAssociation a lieu Ă Strasbourg, les 26, 27 et 28 septembre2014. Elle sera placĂ©e, comme le lieu nous y invite, mais aussi le renouvellement du ParlementeuropĂ©en, sous le signe de lâEurope face Ă la mĂ©moire de la DĂ©portation rĂ©sistante. Nous avons invitĂ©pour cette raison un reprĂ©sentant de la commission europĂ©enne en charge de cette mĂ©moire et desmembres Ă©trangers du ComitĂ© international Buchenwal-Dora. Se joindront Ă©galement Ă nous, pourcette rĂ©flexion, des reprĂ©sentants du ComitĂ© international de Mauthausen. Enfin nous irons visiter leStruthof, Centre europĂ©en du dĂ©portĂ© rĂ©sistant ainsi que le MĂ©morial dâAlsace Moselle, Ă Schirmeck.Afin de rĂ©duire le coĂ»t du dĂ©placement et de lâhĂ©bergement, rĂ©servez rapidement vos trajets et votrehĂŽtel.
Informations pour lâhĂ©bergement :- Le CIARUS dispose de chambres (standard et confort), de 49 Ă 55 euros en chambre individuelle et de 60 Ă 72 euros la chambre double. Petit dĂ©jeuner 4 euros. Tel. 03 88 15 27 88.
- HÎtel IBIS Centre Ponts Couverts - 7 rue de Molsheim - 67000 Strasbourg. (Chambre petit-déjeuner inclus :Individuelle 74.50 euros - Double 42 euros par personne). Tel. 03 90 22 48 50
pages de lecture... ET DE CULTURE
« Une vie contre une autre Ȉ Buchenwald en 1944, descommunistes allemandssauvent un enfant juif ĂągĂ© detrois ans dâun convoi pourAuschwitz en rayant son nom dela liste. Lâhistoire de cet enfantservira de trame au livre deBruno Apitz Nu parmi les Loups.Si cet enfant a Ă©tĂ© sauvĂ©, unautre est parti Ă sa place. Ces«échanges de vies» ou de viecontre un mort, comme le
raconte Semprun dans Le mort quâil faut en 2001Ă©taient connus et acceptĂ©s comme une nĂ©cessairesolidaritĂ©. Mais les circonstances du sauvetage de cetenfant lĂ et la dĂ©couverte de procĂšs secrets menĂ©s Ă lafin de la guerre dans la zone dâoccupation soviĂ©tique eten RDA contre des dĂ©tenus politiques anti-nazis,devenus kapos de Buchenwald, procĂšs qui conduirontcertains dâentre eux Ă la mort, posent une multitude dequestions soulevĂ©es dĂšs la libĂ©ration puis revenantrĂ©guliĂšrement au grĂ© du contexte politique (en Francedans les procĂšs faits Ă Marcel Paul notamment Ă la findes annĂ©es 1940) puis des interprĂ©tations historiques.En Allemagne, la parution du livre collectif deNiethammer sur Les Kapos rouges de Buchenwald, en1994 puis celle du documentaire Ă©ponyme de Bönnenet Endres en 1996 marquent Ă ce titre un tournant.
FondĂ©e sur lâĂ©coute de tĂ©moignages essentiellementcollectĂ©s par la Shoah Foundation, sans que ce choixsoit clairement explicitĂ©, croisĂ©s avec une partie de lalittĂ©rature mĂ©morielle ainsi quâavec des archivespersonnelles de dĂ©portĂ©s (notamment celles de DavidRousset), lâĂ©tude de Sonia Combe veut montrercomment la substitution de dĂ©portĂ©s a pu ĂȘtre unemodalitĂ© de survie dans les camps de concentrationdont ont bĂ©nĂ©ficiĂ© aussi bien StĂ©phane Hessel quâImreKertĂ©sz ou encore Jorge Semprun pour citer des nomsconnus. Analysant la pratique de lâĂ©change comme unesituation Ă laquelle mĂ©decins dĂ©portĂ©s et prisonnierspolitiques ont Ă©tĂ© confrontĂ©s au quotidien, ellesâinterroge sur les usages de la rĂ©vision de lâhistoire delâantifascisme dans lâAllemagne actuelle. Sans idĂ©aliserla conduite des dĂ©tenus comme avait pu le faire unecertaine vulgate de la rĂ©sistance antifasciste, ni lacondamner au nom de lâĂ©thique, elle cherche Ă comprendre lâĂ©volution des jugements portĂ©s sur lapratique de «lâĂ©change de vie» dans les camps enfonction du nouveau climat politique et dâunereconfiguration des mĂ©moires.
La rĂ©ception de son livre en France a Ă©tĂ©instrumentalisĂ© par une partie de la presse, et cescritiques ont Ă©tĂ© lâobjet de vigoureuses rĂ©actionsdâanciens dĂ©portĂ©s, dont nos amis Viens et Herz. SoniaCombe a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă leurs objections.
Historienne, chercheuse Ă lâISP-CNRS (UniversitĂ© deParis-Ouest) et chercheuse associĂ©e au Centre MarcBloch, Ă Berlin, oĂč elle a enseignĂ© Ă lâuniversitĂ©Humboldt et Ă la Freie UniversitĂ€t, Sonia Combe estlâauteure notamment de Archives interdites, Lâhistoire
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confisquée (La Découverte, nouvelle édition 2001) etUne société sous surveillance, les intellectuels et laStasi (Albin Michel, 1999).
Dominique DurandSonia Combe. Une vie contre une autre. Echange de victimeet modalités de survie dans le camp de Buchenwald, janvier2014, éd. Fayard, 333 pp., 19 euros.
La rĂ©ponse de Sonia CombeJe crois avoir expliquĂ© dans ma prĂ©face les raisons decette Ă©tude : dans le prolongement de mes recherchessur la rĂ©Ă©criture de lâhistoire dans la pĂ©riode de lâaprĂšs-communisme, le traitement du sauvetage de Stefan J.Zweig mâest apparu comme un cas dâĂ©cole : on «dĂ©couvre » quâil a Ă©tĂ© Ă©changĂ© et cet Ă©change serait lapreuve que les hĂ©ros de la RĂ©sistance antifascisteglorifiĂ©s par la RDA ne seraient pas des hĂ©ros. On parledĂ©sormais de « mythe antifasciste » et de « lĂ©gende »du sauvetage. Cette nouvelle vision de lâhistoire a deuxconsĂ©quences sur le remaniement de lâexposition duMĂ©morial : a) surĂ©valuĂ© par la RDA, le rĂŽle desantifascistes (essentiellement communistes) Ă Buchenwald est dĂ©sormais minorĂ© (le mot «communiste » est pratiquement banni des panneauxdâexplication) ; b) la surexposition du cas de Stefan J.Zweig dans lâexposition (exhibition de la liste) vise Ă dĂ©truire un mythe de lâidĂ©ologie antifasciste est-allemande. Malheureusement elle ne conduit pas Ă lâessentiel, soit Ă expliquer cet aspect de la « zone grise» que constituait lâĂ©change. De surcroĂźt, il sâagit, vis-Ă -vis de Stefan J. Zweig, dâun manque de tact(Herzenstakt, comme on dit en allemand) de la part descommissaires de lâexposition dont le directeur reste, enderniĂšre analyse, le responsable. Quel Ă©tait alors le butrecherchĂ© ? Son cas donne lâimpression dâavoir Ă©tĂ©surtout utilisĂ© pour dĂ©lĂ©gitimer lâhistoriographie etlâexposition de la RDA.
Mon objectif nâĂ©tait pas dâĂ©crire lâhistoire deBuchenwald. Dâautres (que je cite) lâont fait et sont bienplus qualifiĂ©s que moi pour lâĂ©crire. Je me suisconcentrĂ©e sur une pratique, reprochĂ©e aujourdâhui auxantifascistes, qui est celle de lâĂ©change de victime dontje crois avoir dĂ©montrĂ© quâelle relevait du quotidien.Comme il nâexiste pas dâouvrages qui lui soientconsacrĂ©s, jâai recherchĂ© dans la littĂ©rature mĂ©morielledes rĂ©fĂ©rences Ă ce procĂ©dĂ© (ma connaissance desarchives et de lâĆuvre de David Rousset mâa beaucoupaidĂ©e) et jâai pensĂ© que câĂ©taient dans les tĂ©moignagesoraux ou audiovisuels que je pourrais en trouver. Il estrare, ou alors sous la plume sophistiquĂ© de Semprun,quâon trouve mentionnĂ© dans un rĂ©cit avoir Ă©tĂ© Ă©changĂ©et cela se comprend. Les entretiens Ă©coutĂ©s ontconfirmĂ© mon hypothĂšse et leur indexation, notammentpour ceux recueillis par la Shoah Foundation, comme jelâexplique, en permettait le repĂ©rage.
En ce qui concerne les archives, celles de Buchenwaldsont Ă Bad Arolsen oĂč je me suis rendue et jâai pu voirdes listes de convois pour Auschwitz ou pour descommandos de travail. Des noms y sont bel et bienrayĂ©s et remplacĂ©s, ce qui atteste de la pratique delâĂ©change. Je doute quâelle soit inscrite dans lesdocuments produits Ă Buchenwald.
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pages de lecture... ET DE CULTURE
Des tĂ©moignages Ă©crits complĂ©mentaires sur desĂ©vasions individuelles ou collectives lors desĂ©vacuations de dĂ©portĂ©s des diffĂ©rents camps,rĂ©ussies ou non, ayant parfois donnĂ© lieu Ă unerĂ©pression fĂ©roce.Les cartes des itinĂ©raires dâĂ©vacuations et dâĂ©vasions.Une iconographie riche mais souvent ignorĂ©e (dessins,stĂšles mĂ©morielles).La chronologie des Ă©vacuations des camps.Un volume de 186 pages (format 16 x 24), enrichies denombreux documents et textes complĂ©mentaires,
10 euros + 5 euros de frais de port, Ă lâassociation
CD PoÚmes de BuchenwaldAu camp de Buchenwald, 61 artistes de 8 nationalitésdifférentes ont créé des dessins et des poÚmesclandestins, beaucoup y ont joué de la musique.
Vous trouverez dansce CD 18 poĂšmes,lus par Pierre Clot,comĂ©dien, et Marie-France Reboul.Ils font partie despoĂšmes recueillis parlâun dâeux, AndrĂ©Verdet, ce quinâĂ©puise pas lenombre de poĂšmesconnus. Comme le
dit André Verdet, ce ne sont pas des «asservis» mais«des hommes libres qui, dans le malheur, se serontrapprochés de la clarté du monde.»
De plus loin que lâamourIls ont portĂ© la nuit.Mon ombre danse dans ton rĂȘve.Yves Darriet
PoĂšmes de Buchenwald 1943-1945, 12 euros (15 euros avecport)
Les amis sĂ©parĂ©sLivret rĂ©alisĂ© par les Ă©lĂšves de la classe de CM1 CM2de lâĂ©cole Matisse Ă Vesoul (70), pour le concoursdĂ©partemental de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation2012 : ils ont obtenu le premier prix. Pour prĂ©parer ceconcours, Colette Gaidry (PrĂ©sidente de lâANACR 70)les a rencontrĂ©s pour expliquer ce quâest la
dĂ©portation, Ă lâaide dedessins dâun enfantdĂ©portĂ©, Thomas Geve,rĂ©alisĂ©s Ă la libĂ©rationde Buchenwald.
Ils ont imaginé unefiction mettant en scÚnedeux enfants de leurùge, qui vivent dessituations ayantréellement existé.
EditĂ© par lâANACR 70. Prix : 3 euros (4,55 eurosïżœavec port)Commander Ă Colette GAIDRY, 5 rue de Franche ComtĂ©,70000 VESOUL
Si jâavais su, jâaurais pas entenduCheffe dâentreprise Marie JosĂ© Bernanose â Van Ghe-luwe raconte, dans un langage simple et prĂ©cis, sessouvenirs dâenfant face au silence des dĂ©portĂ©s. Songrand pĂšre paternel, engagĂ© dans le rĂ©seau Turma Ven-
geance est mort Ă Buchenwald.Sa grand mĂšre paternelle, elleaussi membre de ce rĂ©seau, aĂ©tĂ© dĂ©portĂ©e Ă RavensbrĂŒck.Son pĂšre a Ă©tĂ© dĂ©portĂ© Ă Dachauet est mort quelques annĂ©es plustard. Elle avait alors quatre ans.Elle nâa appris ce passĂ© que parbribes et a enfin compris des si-lences, des attitudes, disons ledes manies, tous ces signes quiont parfois hantĂ© ses rĂȘves. Les
chapitres sont courts, liĂ©s Ă ses souvenirs dont lâem-pilement problĂ©matique ne trouvera son explicationque tardivement. Cela commence par lâaffaire du Liquide vaisselle pourdĂ©graisser les assiettes, passe par ces noĂ«ls qui nesont pas des noĂ«ls, Ă©voque les miettes de pain ra-massĂ©es sur la table, raconte les visites au mĂ©decin,lâinquiĂ©tude et la tristesse dâune mĂšre.Ces fragments de mĂ©moire sont Ă©crits avec les mots dela vie courante et les lecteurs de ma gĂ©nĂ©ration y re-trouveront sans doute des lambeaux de leurs propressouvenirs.Lâauteur de cet ouvrage tĂ©moigne dĂ©sormais dans lescollĂšges normands oĂč sa parole est trĂšs Ă©coutĂ©e. Ellenâa pas Ă©tĂ© tĂ©moin dĂ©portĂ©e mais elle sait dire la re-construction mĂ©morielle Ă laquelle elle sâest livrĂ©e pourĂ©voquer ce que fut la dĂ©portation des siens et les sĂ©-quelles qui en ont imprĂ©gnĂ© sa vie.
«Si jâavais su, jâaurais pas entendu», une enfant et le silencedes dĂ©portĂ©s, Ă©ditions Fabert, 15 euros. ïżœ
Les évasions des Marches de la mort Janvier-février et avril-mai 1945
Le Cercle dâĂ©tude de la dĂ©portation et de la Shoah-Amicale dâAuschwitz, lâUDA et les amicales des camps,dont notre association, publient un livre qui rĂ©unit unelarge information et de nombreux tĂ©moignages sur unsujet peu connu : Les Ăvasions et les Marches de la mort.On y trouvera la prĂ©sentation et lâhistoire du film docu-mentaire nĂ©erlandais : Ontsnapt, lâĂ©vasion de 9 jeunesfemmes dâun Kommando de Buchenwald pendant lâĂ©-vacuation en mai 1945.
Les tĂ©moignages de quatredĂ©portĂ©s, Ă©vadĂ©s ou ayanttentĂ© de le faire au cours desĂ©vacuations : Janvier 1945, RaphaĂ«l Esrailet AndrĂ© Berkover (complexedâAuschwitz). Avril-mai 1945 : RaymondGourlin (Neuengamme),RaphaĂ«l Mallard (Buchenwald).Le contexte historique de lafin des camps.
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ACHARD Annet Jean 50ALART Robert 55ALEZARD GĂ©rard 40AMBLARD MichĂšle 5AMOUDRUZ François 10ANESETTI JosĂ©phine 10ANTZENBERGER Paulette 40ARNAULT AndrĂ© 465BALLAND RenĂ©e 39BALLET Maurice 40BALLOSSIER Jacqueline 50BARRIER FlorĂ©al 50BAUDET Yvonne 29BEDOS Marguerite 50BERTANDEAU AndrĂ© 15BERTRET Michïżœle 30BES-LEROUX Juliette 20BILLAC Marie Claude 65BOCHER Jacques 55BOIS GeneviĂšve 50BOITELET Christian 90BOLZER Joseph 20BORDIER Germaine 10BOTTAREL JĂ©rĂŽme 15BOUCLAINVILLE LĂ©a 75BOULIER Diatou 5BOURGEAT Jean RenĂ© 50BOURGOIS Monique 50BOURLION Odette 40BREMONT Yvette 40BRENON Georges 40BRETONNEAU Michelle 10BRINDEL Lucienne 4BRISION Ginette 50BUDKA Georges 20BUSCAYLET Nicole 9.5CARANTON Jacques 15CARRARO Jean 65CEUSTERS Françoise 30CHAPELAIN Mireille 40CHARLES Jacqueline 10CHARRON AndrĂ© 15CHASTANG IrĂšne 65CHAUMERLIAC Claudette 40CHEBAUT Jean 10CHIUMINATTO RenĂ© 10CHOLLAT-BOTEVILLE C. 10CHOMBART-D-LAUWE M 20CHOUCHAN Nicole 80CLERET Jacqueline 194CLERMANTINE Simone 50COCHENNEC AndrĂ© 40COIC Annick 34COLLARDEAU-BATARDY 50CONTENT Gilbert 20CORMONT Paulette 15COTTEVERTE GĂ©rard 50COUPEZ Marcelle 20COVARELLI Nazareth 15CRETIN Raymonde 10
CUNCHINABE MichÚle 30CUSSEY Emilienne 14DAVID Marcelle 10DE KERPEL Maryse 30DE LA RIVA Jean Jacques 20DE-DEMANDOLX Véron. 40DE-MARCHI Odette 20DELEPINE Jacques 30DESJOURS Ombeline 15DORNIER Raymond 65DUCRETTET Solange 15DUELLI Nelly 20DUFLOT GisÚle 20DUMON André 20DUPRAT Albert 30DURANDO Marie 10EBERHARD Jacques 40EMONOT Marcel 65ESNAULT Jacqueline 10FABRE Marcel 40FAVIER Robert 20FAVRE Ernest 40FAVRE Suzanne 50FERDONNET Madeleine 34FERRETTI Christiane 80FILLODEAU Mauricette 15FLEURY Roger 15FLORENT HélÚne 30FOGEL Catherine 44FOUCHECOURT Madel. 40FRANK Harald 255FREYLIN Paulette 15FRONTCZAK Georges 20FROSINI Brigitte 14GAIDRY Colette 15GARCIA Yvette 50GARRIGUES Claude 20GASTINEAU Monique 20GAVELLE Eliane 50GERBAL Pierre 100GERIN Eliane 45GODET Alfred Julien 250GONTIER Martine 15GOUTELLE Maryvonne 30GREBOL Jacques 15GROS Louis 190GUENIN André 30GUILBAUD Jean 10GUILBERT Marie Joëlle 20GUILLERMIN René 15GURY Marie ThérÚse 34GUYOT René 90HERACLE Jean Pierre 130HERZ Bertrand 90HUREAU André 30JOUANIN Georges 40KIEFFER Jocelyne 14KREISSLER Françoise 150KREMER Jean Paul 150KRENGEL Eveline 40
LABOURGUIGNE Jacques 10LAHAUT Denise 220LAILLIER HélÚne 5LAMBOEUF Laurette 25LANDAIS André 15LANDRIN Antoinette 25LANGEAC Arlette 15LANGLET Robert 35LAPERRIERE Jean 5LARENA Marinette 30LARET Jean 34LASSERRE Monique 30LAVANANT Simone 40LE-FOL André 65LE-GOUPIL Paul 65LE-MOIGNE Chantal 40LECLERCQ Jacques 100LEGUEUX Georgette 40LEMORE Jean Pierre 10LERDUNG Alain 10LERIC Francis 100LEROY André 30LETELLIER Marie ThérÚse 50LEVIEUX Gilbert 70LEVILLAIN Lucien 10LIAGRE Jacqueline 40LUYA Marie Claude 30MAELSTAF Maßté 35MAILLET Sylviane 15MALLON-BONNARD Jean 40MANGOLD Guy 215MARSAULT Pierre 10MARTY Pierre 30MATHIEU Paulette 20MAZAUD Jean 10MEUNIER GisÚle 100MEYER Yolande 10MICHEL André Pierre 70MICHELEZ Dominique 65MICOLO Jacques 20MOGA Gilberte 29MOITY Isabelle 50MONCAYO Emile 30MONNIER Daniel 100MORAND Marie José 20MORGADO ThérÚse 74MORICE Solange 84MULIER André 30MUR René 20NAELTEN-LEFER Gilberte 30NATAF Yvette 170NIANG Yvonne 5NONNENMACHER Joseph 50NOTTEZ Sidonie 10OLIVO Hervé 15OZBOLT Jeanne 20PARDON Josette 5PARDON Pierre 50PARDON Edith 5PELGRIN Marcelle 20
PELLITERO Paulette 14PENEAU Jean 20PERINET GisÚle 10PERNOD Simone 25PERRET Yvette 150PETIT Didier 115PEZZUTTI Marguerite 40PICARD HélÚne 15PILLE Jacques 65PINGON Guy 90PIQUET Marthe 20PIRAUD Martine 65POIRIER Maud 50POISSONNET Dianette 40PRESSELIN Yves 15QUICY Isabelle 15RABINEAU Christophe 65RAOUL Sylvette 25RENAULD Jean Jacques 20ROBERT Daniel 10ROBIN Nathalie 15ROCHON Sylvie 20ROLANDEZ Louis Marcel 40ROLLET André 5ROUSSIER Françoise 40ROY René 15ROYER Michel 20SAINT-PIERRE Alain 100SALAMERO Jean André 20SALOBERT Michel 65SANTOS Madeleine 10SARCIRON Yves 75SCHWARTZ Isaac 20SEGRETAIN Colette 10SELLIER André 40SEON Marie Josephe 10SIMON Albert 90SITJA Pierrette 10SUIGNARD Mireille 40SUZOR Pierre 150TASSEL Henriette 5TELLIER Florence 15TERREAU André 100TIRET Marthe 5TRAMASSET René 10TRINEL Suzanne 20TULET Jeanne 14VALZER Marcel 15VANARET Marguerite 9VANNIER Colette 10VERMOREL Jean 90VIAL Pierre Vincent 250VIENS Gaston 90VIGNOLLES Gilbert 155VIGNY Jacques 10VILLERET IrÚne 10VOLMER Claudine 29ZOA GisÚle 100ZYGUEL Léon 22ZYLBERMAN Evelyne 10
souscriptions
SOUSCRIPTIONS DU 1er février au 31 mai 2014La générosité des anciens et des nouveaux membres de notre association ne faiblit pas. Trois générations secÎtoient désormais pour entretenir la mémoire de Buchenwald, bientÎt quatre, alors que se profile le 70e
anniversaire de la libĂ©ration des camps et les 70 ans de notre association. 70 ans ! Des adhĂ©rents ayant plus decent ans, dâautres venant dâĂ©chapper Ă lâadolescence. 350 numĂ©ros du Serment, des milliers de rĂ©ponses Ă desmilliers de questions ; des centaines de voyages en Allemagne, prĂ©parĂ©s et accompagnĂ©s par des bĂ©nĂ©voles.Des livres, des expos. Une prĂ©sence aux commĂ©morations, une participation rĂ©guliĂšre aux initiatives nationales,un engagement de chaque instant pour la mĂ©moire. Câest cela lâassociation, vieille et jeune Ă la fois, pourcontinuer notre chemin de solidaritĂ©, dâapprofondissement des connaissances, de vigilance.
D.D.
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DANS NOS FAMILLES
DĂCĂSDĂ©portĂ©s
- Georges BIDOU, Mauthausen,Buchenwald, Mle 31682, KLB41010, Dora- Marcel COLIGNON, KLB 78916,Neu-Stassfurt
- François DESMOULIN, déporté à Mauthausen,- Paul FERRARA, KLB 38147- Yves GIET,- Maurice LUYA, KLB 69732, Rottleberode,- Louis ROLANDEZ, KLB 51121, Dora, Wieda
Familles, Amis
- Odette BIERNACKI, fille de Arthur CLAUDE (KLB 14914, décédé au camp le 23/02/45) - Jean Maurice DEHILLERIN, fils de Paul DEHILLERIN (KLB 44459, décédé à Buchenwaldle 29 mars 1944)
A toutes les familles et les amis,nous adressons nos condo-léances les plus sincÚres.
Maurice LUYA
Notre camarade, Maurice Luya vient de nous quitter. Il devait bientĂŽt fĂȘterson 90e anniversaire. Ses obsĂšques se sont dĂ©roulĂ©es lundi 19 mai au funĂ©-rarium de Lyon-Bron. Roland Beaulaygue y reprĂ©sentait notre association.
Maurice Ă©tait entrĂ© en rĂ©sistance en 1942 Ă lâĂąge de 18 ans dans les FTP Ă Grenoble. TrĂšs vite on lui demande de crĂ©er dans le sud de Grenoble une or-ganisation de rĂ©sistance, le Front Patriotique de la Jeunesse. Avec songroupe il distribue des tracts et organise des attentats.
Suite Ă une dĂ©nonciation, il est arrĂȘtĂ© en aoĂ»t 1943. IncarcĂ©rĂ© Ă Eyjeaux enHaute-Vienne puis au camp de St-Sulpice-La-Pointe prĂšs de Toulouse, il estdĂ©portĂ© et arrive Ă Buchenwald le 6 aoĂ»t 1944 oĂč il reçoit le numĂ©ro matri-cule 69732. Il est transfĂ©rĂ© au kommando de Rottleberode oĂč il sera le com-pagnon de misĂšre de StĂ©phane Hessel. Puis ce sont les âmarches de la mortâ.C'est pendant cette marche que Maurice prĂȘte un serment Ă son propreusage: "j'ai faim, je suis fatiguĂ© mais je tiendrai malgrĂ© tout. Je veux ĂȘtre unsurvivant car il faudra raconter". Il est libĂ©rĂ© Ă Parchim le 1er mai 1945.
Durant de nombreuses annĂ©es, il tĂ©moigna dans les Ă©coles, collĂšges, lycĂ©es,universitĂ©s. Il sâest adressĂ© Ă des milliers d'adolescents et de jeunes gens. Ilfut prĂ©sident du comitĂ© rĂ©gional RhĂŽne Alpes de notre Association et mem-bre de notre ComitĂ© national de 1987 Ă 2007.
C'est un grand résistant et grand passeur de mémoire qui nous quitte.
Nous renouvelons toutes nos condoléances à Marie Claude, son épouse età toute sa famille.
Un Grand Témoin nous a quittés : Marcel COLIGNON
NĂ© en 1922 Ă Abbeville, Marcel Colignon est dĂ©cĂ©dĂ© le 7 mars 2014. DĂšsl'automne 1940, il refuse la dĂ©faite et l'armistice en aidant des soldats an-glais puis en participant aux premiers tracts d'Abbeville le 30 dĂ©cembre 1940.En 1941, Ă©tudiant, il participe Ă l'action rĂ©sistante de Passeur de l'abbĂ© Car-pentier Ă Abbeville par des faux papiers pour le passage de la ligne de lazone interdite sur la Somme avec une tentative ratĂ©e de gagner l'AngleterreĂ PĂąques 1941. En novembre 1942 il intĂšgre le rĂ©seau "BĂ©arn". Il participeĂ©galement Ă des actions du rĂ©seau "Sylvestre-Farmer" du SOE en 1943. DĂ©-noncĂ© par un membre de ce rĂ©seau il est arrĂȘtĂ© avec ses camarades le 22aout 1943. LibĂ©rĂ© le 30 mars 1944, il entre en contact avec "LibĂ©-Nord" Ă Abbeville puis intensifie ses actions de renseignements sur Abbeville et lacote picarde au rĂ©seau "BĂ©arn". De nouveau arrĂȘtĂ© le 20 juillet 1944 Ă Fon-taine-sur-Somme au retour d'une liaison avec le PC du rĂ©seau Ă Roye, il estinternĂ© Ă la prison d'Abbeville, Ă la citadelle d'Amiens, Ă CompiĂšgne Royal-lieu, puis est dĂ©portĂ© le 17 aoĂ»t Ă Buchenwald par le "Dernier Train". Le 22 ily est immatriculĂ© 78916. Le 14 septembre il est transfĂ©rĂ© au kommando"Reh" de Neu Stassfurt. ParalysĂ©, suite Ă "l'attention particuliĂšre" d'un SS,Marcel revient Ă Buchenwald le 5 novembre 1944 puis, guĂ©ri, est affectĂ© aukommando "Kalbe" de Springen le 20 janvier 1945. Il restera au fond de cettemine jusqu'au 30 mars, date Ă laquelle il est Ă©vacuĂ© par une Marche de laMort vers Buchenwald oĂč il arrive le 6 avril. Il est libĂ©rĂ© le 11. Marcel s'investira, dĂšs son retour, dans le travail de MĂ©moire, dans diffĂ©rentesassociations. Il Ă©tait un des piliers de l'Amicale de Neu-Stassfurt, participantĂ des pĂšlerinages en Allemagne sur les traces de son kommando et porte-drapeau de 1964 Ă 2002. Toujours disponible, il tĂ©moignera de la RĂ©sistanceet de la DĂ©portation lors des commĂ©morations et dans les Ă©coles pour leCNRD (ou chez lui lorsque des problĂšmes de santĂ© l'empĂȘchaient de se dĂ©-placer), en dernier lieu en janvier 2014 Ă Chaulnes. Devant les problĂšmes desantĂ© il fit preuve d'un grand courage. Ce battant, par son charisme, sa clair-voyance et son esprit d'analyse restera dans les mĂ©moires comme un GrandTĂ©moin. Lors de ses obsĂšques une foule nombreuse et 29 porte-drapeaux luirendirent l'Hommage qu'il mĂ©ritait. Il Ă©tait Officier de la LĂ©gion d'Honneur.
Claude LELEU
ERRATUMDans le Serment n° 351 nous an-noncions que Jacqueline Fleuryavait Ă©tĂ© Ă©levĂ©e au rang de GrandCroix de lâordre national du MĂ©rite.Nous avons fait une erreur concer-nant son parcours en dĂ©portationet son numĂ©ro matricule. Elle avait le Matricule 57595, et estallĂ©e dans les kommandos deTorgau, Abterode et Markkleberg.Toutes nos excuses pour cetteconfusion.
NAISSANCE
- Nine, arriÚre petite-fille de Marcel MALIVET (KLB 30639,décédé en 1997)
- Vincent, arriĂšre petit-fils dePierre BRETON, KLB 44109,Dora, dĂ©cĂ©dĂ© en dĂ©cembre1993, et de Denise BRETON,dĂ©portĂ©e Ă RavensbrĂŒck, puisZwodau.
Avec tous nos voeux de bonheur.
1945 - 201570e anniversaire de la libération des camps de Buchenwald
Dora et de leurs KommandosUn voyage exceptionnel pour un anniversaire exceptionnel
Comme en 2005, Ă lâoccasion du 60e anniversaire dela LibĂ©ration des camps de Buchenwald, Dora et deleurs kommandos, notre association organise unvoyage exceptionnel pour cet Ă©vĂ©nement exception-nel.
° Un voyage de 6 jours en car, de Paris Ă Paris, enca-drĂ© par des membres expĂ©rimentĂ©s de lâassociation.
° A cotĂ© des visites de Buchenwald, de Dora et dâEll-rich, la visite dâautres kommandos en fonction des de-mandes des participants.
° La visite du Weimar national-socialiste et de lâexposi-tion sur « le travail forcĂ© »
° La visite Ă Erfurt du MusĂ©e Topf und Söhne, leconstructeur des fours crĂ©matoires de Buchenwald etdâAuschwitz
° La participation aux cérémonies officielles de la Fon-
dation des MĂ©moriaux de Buchenwald et de Dora
° Des rencontres privilégiées avec des déportés.
Le temps passe rapidement. DĂ©jĂ plus de cent per-sonnes ont manifestĂ© leur intĂ©rĂȘt pour ce voyage. Nousdevons rapidement rĂ©server les moyens de transport,lâhotellerie, les lieux de restauration, les visites des lieuxde mĂ©moire.
Aussi, persuadĂ©s que vous serez nombreux Ă vous as-socier Ă ce grand voyage et ce travail de mĂ©moire, nousvous proposons de remplir une fiche de prĂ©-inscriptionqui, sans revĂȘtir un engagement formel de votre part,nous permettra nĂ©anmoins de procĂ©der aux Ă©valua-tions nĂ©cessaires qui nous aideront Ă organiser le grostravail de prĂ©paration qui nous attend.
Merci par avance de nous rĂ©pondre et de nous appuyerdans lâaccomplissement de cette tĂąche.
PrĂ©inscription pour le voyage du 70e anniversaire dâavril 2015(6 jours - 650 ⏠environ)
Nom : ____________________________________________ Prénom : ____________________________________
Adresse : _______________________________________________________________________________________
N° Tel. : __________________________________________ Mail : _______________________________________
Autres personnes participant au voyageNom Prénom Qualité (1)
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(1) DĂ©portĂ©, Ă©pouse, veuve, enfant, petit ou arriĂšre-petit enfant, ami. PrĂ©cisez si vous ĂȘtes veuve ou enfant de dĂ©portĂ©mort en dĂ©portation.
Suggestion, attente (par exemple : visite dâun lieu particulier ou dâun kommando) :________________________________________________________________________________________________
Envisagez-vous de vous rendre en Allemagne par vos propres moyens : OUI NON