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Présente
En coproduction avec l’AFMD 44
Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation
« De tant d’horreurs mon cœur devint immense »
Pièce de théâtre écrite par Isabelle Lauriou
Adaptée du témoignage de Gisèle Giraudeau « résistance et déportation à 20 ans »
Gisèle
Le titre du spectacle est emprunté à un texte écrit par Marcelle Baron.
Marcelle
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« De tant d’horreurs mon cœur devint immense »
Autres extraits de textes empruntés à Lily-Dominique ainsi qu’à Marcelle Baron.
(Les droits de cette pièce sont exclusivement réservés à l’auteur ainsi qu’à l’AFMD 44 à qui Gisèle Giraudeau a laissé les droits.)
DISTRIBUTION
Pièce à 4 personnages féminins.
Marcelle (Marcelle Baron) : Marie Hélène Aubert
Gisèle (Gisèle Giraudeau) : Isabelle Lauriou
Germaine (pas de nom) : Eve Herszfeld
Lily (pas de nom, surnom musicienne) : Amandine Thiriet
DECOR
Le plateau ressemblera à un bistrot d’après guerre. Avec tables et chaises en bois. Quelques
accessoires. Une estrade assez petite servira d’appui à la musicienne accordéoniste. Peu de décor. La
scénographie sera proposée par Lucas Thébault (voir explication page 5)
Fin de la pièce sur ouverture du bal musette. (Détail qui doit échapper au spectateur)
COSTUMES
Sur ce projet de pièce, une costumière professionnelle accompagnera les comédiennes dans le choix
des tenues. Le musée de la résistance de Châteaubriant a accepté de prêter quelques accessoires.
« De tant d’horreurs mon cœur devint immense » est une pièce coproduite par la Cie du Saut de l’ange et l’Afmd
44. Aides aux financements pour la création : Mairie du 14é, l’Afmd nationale.
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A propos des personnages de la pièce.
Les femmes représentées dans ce spectacle, à l’exception de Lily, ont toutes existé. Elles ont été
arrêtées, internées, et déportées.
Gisèle Giraudeau dont est tirée la grande partie de la pièce est d’origine Nantaise. Toujours en vie,
elle participera sur Nantes à d’éventuelles discussions à l’issue du spectacle. (Participation à organiser
en amont)
Marcelle Baron fut une très grande amie de Gisèle. Il en est beaucoup question dans le témoignage.
Elle aussi était Nantaise. Elle est décédée le 4 Mai 2011 à Nantes. A l’âge de 101 ans. Un collège situé
à Héric, en Loire Atlantique, porte son nom.
Germaine dont le vrai nom était Dominique, et à qui je dois une partie des dialogues de son
personnage, était parisienne. Elle a écrit un témoignage très riche sur la période de déportation mais
plus rien n’a été retrouvé ensuite. Pour les besoins « dramaturgiques » mêlant un peu de fiction à la
réalité, Germaine mourra deux après la libération.
Lily, qui est la musicienne est un personnage mi réel mi fictif. Je me suis librement inspirée de
l’histoire d’une femme accordéoniste qui avant la guerre ne cessait de jouer de cet instrument dans les
bals et autres galas. Elle a été elle-même déportée. Au sortir de la guerre, la première chose qu’elle a
souhaité revoir, toucher, fut son accordéon. Instrument qui lui avait été confisqué. La musique a
soigné en partie les maux survenus après la guerre. Elle parle allemand et vit en France. Peu de
dialogue mais personnage central. Qui conclura le spectacle.
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Leurs vies avant …
Marcelle : mariée, deux enfants. La plus âgée des 4. Nantes
- Romainville
Secrétaire comptable aux établissements Brissoneau à Nantes. Service des payes. Très engagée dans la
résistance. Militante. Fondatrice à Nantes de l’Union des femmes françaises. A hébergé des évadés de
Châteaubriant, comme Gaudin, ou encore Fernand Grenier qui sera plus tard ministre communiste du
général de Gaulle. Elle travaillait avec des francs-tireurs comme « Vigneau-Balou » ou « les frères
Hervé ». Elle reviendra des camps dans un état catastrophique. Mais vivra. Jusqu’à 101 ans.
Arrêtée le 31 Mars 1944.
Gisèle : célibataire (au moment de son arrestation) 20 ans. Nantes
- Romainville
Employée au Service régional des assurances sociales, rue de la Brasserie à Nantes. Engagée dans la
Résistance grâce à son frère Jo (dont elle parle beaucoup). N’hésitait pas à frapper les textes que lui
apportait son frère, pour les journaux clandestins de Nantes. Elle s’occupait aussi de trouver des
chambres pour les maquisards. Famille aimante et unie, une autre sœur plus petite. Reviendra des
camps.
Arrêtée le 3 avril 1944,
Germaine : 31 ans, célibataire. Paris.
- Compiègne
Ecrivain et journaliste. Elle travaillait pour un groupe de résistants et a été arrêtée pour acte de
résistance. Fort caractère. Drôle. A son retour elle aura perdu un peu de sa fantaisie.
Dénoncée. Et arrêtée alors qu’elle quittait une brasserie. Malade des poumons, elle mourra deux ans
après la libération.
Arrêtée le 10 Novembre 1943
Lily : 21 ans. Musicienne & chanteuse.
- Compiègne.
Arrêtée lors d’une descente de police dans un cabaret alors qu’elle donnait un concert. N’a jamais revu
ses parents, également arrêtés par la gestapo. Elle parle français et allemand. Reviendra des camps.
Seule. Apeurée et se reconstruira grâce à la musique.
Arrêtée le 22 Novembre 1943
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LA NOTE DE L’AUTEUR
Que pouvons-nous encore dire sur cette terrible guerre qui n’a pas déjà été traité ? Je revois les
visages, les corps, les images de cette horrible guerre. Ce documentaire de Lanzman, le film d’Alain
Resnais. Je relis les mots de Jean Cayrol, les textes de Charlotte Delbo, la prose d’Helen Berr…
Que pouvons-nous encore faire, en 2013, pour ne pas oublier « que cela fut » ? Je me rappelle Primo
Levi et le choc de la lecture. « Vous qui vivez en toute quiétude, bien au chaud dans vos maisons » -
« Ici, la vie est facile » dit Marcelle. Après la libération. La vie …
Quand on aime la vie comme je l’aime, malgré les chagrins, les peines. Quand on aime la vie et quand
bien même elle nous a un peu malmenés, il est difficile d’oublier que d’autres avant, à 10, 15 ou 20
ans n’ont pas eu la chance de vivre tout simplement. Tous ceux qui n’ont pas pu profiter, apprécier ce
que la lumière du jour, la joie d’un foyer, les balades dans la nature, les rires partout autour, peuvent
provoquer dans nos vies.
Quand on aime la vie comme je l’aime, difficile d’oublier que des hommes et des femmes, avant nous,
ont tout fait pour qu’elle soit meilleure …pour les générations futures.
Alors il y aura toujours à dire, à faire pour parler de cette atroce guerre. Toujours à parler de ces
résistants, de ces combattants, de ceux qui ont lutté pour qu’un monde meilleur prenne le pas sur
l’horreur. C’est une chance que ce témoignage m’ait été confié. Une chance pour moi d’avoir croisé le
chemin de Marcelle, de Gisèle. Gisèle. Une femme si belle. Apprêtée, coquette. Drôle. Vivante.
Marcelle. Un caractère. Une force de la nature. Une femme modèle.
« De tant d’horreurs mon cœur devint immense » est mon hommage pour ce duo de femmes. Mon
hommage d’auteur moderne sur une période de l’histoire qui jamais ne pourra disparaître de la
mémoire. Ce spectacle, cette pièce de théâtre parle de 4 femmes, d’une amitié, d’un souvenir qui ne
peut leur échapper et qu’elles viennent nous raconter.
« Résister, c’était vouloir vivre. », vivre c’est raconter. Pour elles, j’ai pris un plaisir immense à
écrire cette pièce, raconter un bout de leur histoire. Les humiliations, les coups, les moqueries, les
passages à tabac, les joies, les peines, tout est dans le témoignage de Gisèle Giraudeau dont
l’adaptation est tirée. Je me suis occupée des dialogues. J’ai ajouté un peu de mots, de rires, de fiction
afin de transposer au mieux l’action au théâtre. Mais rien de ce qu’elles racontent n’est inventé. La
fiction est dans le décor ainsi que le personnage rapporté de la musicienne – Lily - qui a été « crée »
pour la pièce, personnage inspiré du parcours d’une vraie accordéoniste.
« De tant d’horreurs mon cœur devint immense » est un titre emprunté à Marcelle Baron et une pièce
tirée du témoignage de Gisèle Giraudeau. Deux résistantes, deux vies qui ont fait trembler la
mienne…plus facile, grâce à elles. Cette pièce est une façon de leur dire, merci.
Isabelle Lauriou, auteur & comédienne
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LA SCENOGRAPHIE
Le travail de scénographie consiste à concevoir un espace signifiant pour appuyer un récit mis en
scène. Pour cela, je commence par rassembler une iconographie conséquente et large des lieux, des
époques, des ambiances que je souhaite représenter. Une analyse du texte pour en extraire des besoins
est évidemment indispensable. Tout cela permet d'orienter la création, de lui donner un début
d'identité. Ensuite je cherche à poser des principes généraux.
Pour « De tant d'horreurs mon cœur devint immense » nous avons choisi de travailler principalement
sur du détournement de tables.
Debout, à l'envers ou empilées, les possibilités spatiales sont nombreuses. J'ai cherché d'autre
scénographies ayant travaillées dans ce sens pour m'aider.
Partant ensuite du texte, et avec ces éléments je trouve les différentes configurations d'espaces
nécessaires aux scènes, ainsi que les transitions entre ces espaces. Je réalise pour cela différentes
maquettes d'études, puis une maquette finale pour permettre facilement de pré visualiser et de jouer
facilement avec le mobilier. Je prends en photo les différentes scènes pour y intégrer des personnages
en photomontage et m'approcher le plus possible de la réalité. C'est à ce moment que je pense à des
pistes de mise en lumière, que je représente dans un story-board du spectacle. Il faut ensuite dessiner
précisément les éléments pour qu'ils répondent aux contraintes du théâtre (solidité, démontabilité,
transports, manipulation aisée par les comédiennes...)
Lucas Thébault. Scénographe.
(Exemple de scenography de numen for use – boat for dolls)
Ce type de décor. Avec du bois pour limiter les coûts.
Chaque séquence sera représentée sur scène avec des changements de lumière, et de scénographie. Les
chaises ou tables seront souvent transformées suivant de près la dramaturgie. L’espace se réduira au fil
de la pièce pour se rouvrir en fin de spectacle.
La pièce est prévue pour durer 1h30 et se décomposera en 5 parties
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EXTRAITS
Partie 3 (arrestations)
Germaine (elle reprend son carnet) : dénonciation. Je ne vois que ça. Après une semaine je me suis
demandé si on m’avait oubliée ! Deux, trois et Quatre semaines. Assise le plus souvent sur une chaise
en bois. Quatre semaines de détention et toujours rien. Mes compagnes me croient innocentes et me
répètent que je vais être libérée.
- Asseyez-vous là ! (en français (elle) et en allemand (musicienne) si possible)
- Vous savez pourquoi vous êtes arrêtée ? votre nom ? vous connaissez François ? à quoi bon
mentir ? si vous dites la vérité, il ne vous sera pas fait de mal.
(Tout le dialogue allemand est dit par la Lily, il sera de + en + rapide, les mots allemands pendront
nettement le dessus sur la traduction française jusqu’à l’épuisement)
Germaine : j’ai maigri. Je vais arranger mes cheveux. Un peu. (Elle reprend le fichu et se l’attache,
avec peine dans les cheveux. Le dialogue quasi monologue, reprend de plus bel)
- Qui a écrit cela ? c’est vous ! c’est votre écriture. Bien ! et vous vous appelez bien
Germaine ? bon.
Germaine : Je comptais nier. J’avais fait de l’espionnage, je ne voulais rien dire. Puis quand ils m’ont
sorti la preuve écrite, je n’ai rien pu faire.
Lumière sur Gisèle. Position similaire. Même état. Idem pour le dialogue. Elles ont toutes un espace
défini pour parler avant se retrouver.
Gisèle : Il a sur son bureau, mon sac à main. Il m’a été enlevé le jour de l’arrestation. J’ai été arrêtée
sur mon lieu de travail. Je travaillais au service National des assurances, j’avais tout le matériel
nécessaire à disposition. Machine à écrire… Jo, mon frère (un temps) m’avait sollicitée, un dimanche
comme aujourd’hui, pour lui taper un stencil. Qui devait être l’ébauche d’un journal clandestin du
front national de Libération. (Aux filles) C’est dans ce mouvement que Jo avait fait connaissance de
Libertaire Rutigliano (un silence). Nom de code Dupin. (Elle sourit)
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EXTRAITS (2)
Marcelle : moi, la prison…. j’ai du mal à parler. Je sais que beaucoup d’autres ont souffert mais moi,
c’était vraiment (sons accordéons terriblement faux ou sons cageots). J’ai été presque étouffée,
j’avais le visage comme « mâché ». Ils m’ont aussi pendue au barreau d’une échelle, par les bras, les
mains attachées dans le dos. Il paraît que c’était un supplice au Moyen âge. J’ai fait une hémorragie,
j’étais épuisée, tuméfiée, pleine de sang …(elle ferme les yeux un court instant)
(La voix plus affaiblie) Je revois ces images et la mort rôde encore autour de moi…mais il ne faut pas.
Il faut rester pour mes enfants. Mon mari. (Un temps. Germaine et Gisèle la laissent et n’interviennent
pas) La mort ne s’échappe pas. Elle me colle au corps et revient à chaque fois. Mais je lui résiste. Ma
nature n’en veut pas. Résister c’est vouloir vivre.
(Elle rouvre les yeux, et la force dans la voix lui revient) J’ai été arrêtée sur mon lieu de travail.
Devant mes camarades. Les allemands savaient bien qui j’étais dans la Résistance. Ce drapeau de la
Wehrmacht hissé dans la ville, c’était tellement insupportable. (Un temps) J’ai su ensuite que j’avais
été dénoncée.
Gisèle : Marcelle militante. Marcelle fondatrice de l’Union des femmes françaises à Nantes. Marcelle
mère de deux enfants. Marcelle ….résistante. Marcelle, mon amie. (Elle lui serre les mains et entre
dans l’espace de Marcelle limité)
Marcelle : je me souviens de leurs bureaux, des bureaux de la Gestapo. Du noir, de ma solitude…et tu
es arrivée Gisèle.
Quelques secondes de scénographie où l’on voit les deux femmes serrées l’une contre l’autre. Une
image scénique se référant à un placard étroit où deux corps ne peuvent pas bouger. Seules les
expressions de leurs visages sont visibles.
Gisèle : oui. Je ne leur avais pas donné assez à manger ….alors ils m’ont enfermée dans un placard.
Un placard. Comment est-ce possible de faire une chose pareille ?
Marcelle lui fait un signe. Elle pose son doigt sur la bouche.
Gisèle : on m’enferme. (Accordéon bref) et là…… dans le fond du placard, j’aperçois une forme
humaine. Accroupie qui, le doigt sur la bouche (lumière sur Marcelle) me fait comprendre que le
silence est d’importance. Je ne connais pas cette personne.
Marcelle : j’avais peur. Si peur. J’observais le moindre de tes gestes. Tu as été poussée dans ce
placard. Tu as été forcée de t’accroupir. Comme je l’étais.
Gisèle : puis la porte s’est refermée à clé sur nous deux. (Accordéon). Nous n’échangeons pas un mot.
Tu paraissais toujours aussi exténuée et il y avait toujours ce signe de silence sur les lèvres, que tu
gardais. Nous sommes restées toutes les deux dans ce placard, peut-être deux heures. Je ne me rappelle
plus mais je me souviens que nous en sommes sorties complètement courbatues et chancelantes.
Accordéon.
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EXTRAITS (3)
Partie 4 Destination inconnue
Germaine : mais où allons-nous ?
Marcelle : combien de temps allons-nous rester enfermés dans ce wagon ?
Gisèle : j’entends quelqu’un parler de Berlin.
Lily effrayée: Berlin ! DEUTCHLAND Allemagne ! Accordéon (air allemand éventuellement comme
un entraînement à son répertoire pour ce bal qu’elle prépare)
Germaine : (qui reprend le ton de la musicienne) nous sommes à Berlin ? Comment ça ? La banlieue.
Chacune notre tour dans le wagon, nous nous approchions de la lucarne. Les maisons étaient toujours
debout. J’aurais voulu voir des dégâts. Des vrais.
Gisèle : par où nous sommes passées après Berlin ? Deux jours encore, deux nuits à travers
l’Allemagne. Je ne me rappelle plus mais ce dont je me souviens c’est que nous sommes restées 12
heures au moins dans une gare de triage autour de Berlin.
Germaine : Deux jours, deux nuits. Où sommes-nous ?
Sortie très rapide de Lily. Agacée. Lumière brutale. Lily s’énerve de plus bel. Un temps. Lily revient,
reprend sa place. Puis retour à la lumière précédente.
Marcelle : c’est Ravensbrück….
Gisèle : Ravensbrück !
Accordéon.
Gisèle : et ces torches électriques dans les yeux ! Avec nos sacs, paquets, valises à la main nous
sautons comme nous pouvons. Les gens tombaient. Madame la générale Audibert est avec nous, son
mari était responsable de la résistance dans l’Ouest. Elle se trainait….fatiguée…
Germaine : des cris encore. « schnell ! schnell ! raus, springer, antreten, zu funf, los »
Gisèle : « vite vite, sautez, alignement par cinq, en avant ! » Quelle brutalité ! Il fait froid. Pour un 16
Mai.
Germaine : l’hiver alors, ne finira-t-il donc jamais ? Quand je lisais des récits de l’autre guerre, je
reprochais à leurs auteurs de relater des histoires de latrines, je pensais qu’il eût mieux valu ne pas
mentionner ces détails vulgaires….hélas ! L’expérience démontre leur importance et qu’il est
impossible de les omettre dans un carnet de route. (Un silence)
(Comme un sursaut) Où est mon carnet ? J’aimerais beaucoup vous lire quelques chose tout à l’heure.
Il faudra que me souvienne…de vous lire ce que j’ai à vous lire…
Accordéon sec. Morceau empreint d’effroi, froid, glacial. Décor changeant, les femmes sont debout.
Resserrées dans un espace restreint. Lumière très faible, le spectateur doit suffoquer avec elles.
Marcelle : Ravensbrück.
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Accordéon sec (bis)
Marcelle : J’en fais des cauchemars encore (silence) …surtout lorsque je suis seule. Parfois, je me
réveille en larmes. Ce grand porche où nous nous bousculions et ces chiens féroces qui nous
menaçaient....
Germaine (marche sur place) : la lente marche vers le camp s’amorçait, cette masse qui avançait sans
bruit donnait une impression de … de cauchemar… (Sur le rythme de sonorités d’accordéon). Le
camp. J’ai cru à un décor de cinéma …
Gisèle : avec ces projecteurs toujours braqués sur nous, les SS et leurs airs menaçants…. avec leurs
chiens-chiens.
Germaine : j’ai froid. (Elle a toujours son sac – baluchon, d’où elle va sortir une laine – présent)
Gisèle : ici il ne fait pas si froid Germaine. Germaine ?
Germaine : j’ai froid, je suis comme anesthésiée. Le jour se levait ….tout était gris, le sol, le ciel (elle
regarde le plateau, et ce bistrot qui n’est pas d’une beauté à couper le souffle). Pas d’oiseaux chantant
le lever du soleil.
Gisèle : Pas d’oiseaux mais des femmes. Elles sont là. Devant nous. Ces femmes en tenue rayée.
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LES COMEDIENNES
Isabelle Lauriou auteur comédienne chanteuse - Formée au théâtre par Pascal larue & Didier
Bardoux, deux figures majeures du théâtre en Sarthe, elle a poursuivi sa formation professionnelle à Paris à
l’école Internationale d’acteurs et a effectué de nombreux stages liés au travail face à la caméra, en français et en
anglais. Elle parle couramment l’italien et a obtenu un diplôme de traductrice en italien ainsi qu’une maîtrise, en
2002. Ses expériences sont nombreuses au théâtre (Botho Strauss, Stringberg, Wiazemsky, Giraudoux), à la
télévision (Pj, soeurtherese.com, clara une passion française, les Martins). Elle a également prêté sa voix pour
des documentaires. Elle est auteur pour le théâtre. Son dernier spectacle « petits poisons » a été salué par la
critique et la Société Littéraire de la Poste était d’ailleurs partenaire à la création. Elle écrit pour la Revue du
spectacle des billets d’humeur avec sa plume engagée, caustique et drôle. « De tant d’horreurs mon cœur devint
immense » est sa 3é pièce de théâtre.
Marie Hélène Aubert comédienne directrice artistique de la Cie du saut de l’ange - Après
des études d'histoire de l'art et un passage aux beaux-arts, elle intègre l'école de théâtre, le studio Alain de Bock
et Fact. Elle débute sur les planches avec la pièce "Légère en Août" de Denise Bonal au Guichet Montparnasse.
Pour parfaire son travail d'interprétation, elle suit des stages avec Maria Laborit et François Boursier entre autre.
Elle a travaillé dans divers créations ("le fada ou les secondes naissances"- Théâtre des Amandiers à Nanterre)
mais aussi des pièces jeune public ("La concierge de la rue Grognard", "Tom sawyer"..). Avec la compagnie du
saut de l'ange, qu'elle créée en 2006, elle occupe le premier rôle dans "le clou au mari" d'Eugène Labiche, et dans
des spectacles jeune public "Au pays des dékliks enchantés" et "Polluair la sorcière et le petit peuple vert". Elle a
participé à de nombreux courts métrages et enseigne le théâtre aux enfants et adultes amateurs.
Eve Herszfeld comédienne chanteuse - Formée au cours Florent, elle aborde un large registre théâtral
du boulevard au classique en passant par le burlesque, l’adaptation d’opéra et le théâtre expérimental : Il était un
soir d’Alexandre Texier et Ariane Mourier, Ohne de Dominique Wittorski, Les enfants de la Honte de Catherine
Courel Locicero, Un cri [un silence] de Mathieu Beurton, L’Orféo de Striggio, Le Songe de Strindberg, Le nid
du Rossignol de Fabrice Greillot, Obèse d’Antoine Jaccoud, Alice de Lewis Carroll et Les Reines de Normand
Chaurette. Elle suit parallèlement une carrière audiovisuelle dans diverses productions télévisuelles telles que
Plaisir de nuire, joie de décevoir ou Scènes de Ménage.
Amandine Thiriet comédienne musicienne chanteuse - Après une formation initiale d'une dizaine
d'années au piano classique, au chant et à l’art dramatique au Conservatoire de Metz, puis une solide formation
littéraire, elle travaille comme comédienne à Strasbourg puis à Paris au sein de diverses compagnies
professionnelles, où elle s'approprie aussi bien les textes classiques (Molière, Laclos, Shakespeare, Tchekhov,
Calderon, Ostrovski...) que les écritures contemporaines et poétiques (Valère Novarina, Pierre Lericq…) Son
parcours d’interprète pluridisciplinaire lui a permis d’explorer des directions multiples et complémentaires. En
plus d'une vingtaine de rôles interprétés sur scène, elle participe régulièrement à des projets musicaux, lectures
ou performances, des tournages cinématographiques ou institutionnels, des ateliers pédagogiques et artistiques,
des spectacles jeune public comme manipulatrice et musicienne, et prête sa voix à l'enregistrement de
documentaires pour les chaînes Arte ou Planète. Elle a notamment co-fondé la compagnie Rime en scène qui met
en jeu et en musique des textes de poésie. Elle travaille depuis plusieurs années avec Pierre-Jérôme Adjedj (La
Pitié dangereuse de Stefan Zweig, Lea(h) et Initial Sarah Stadt) et participe depuis l’origine du projet à la
réflexion sur Initial Sarah Stadt. Sur ce dernier projet, elle réussit le tour de force de s'approprier un texte
mélangeant le français et l'allemand. Son travail a été salué par le public germanophone lors de la
création de la pièce à Berlin. Elle est depuis 2012 chanteuse du duo Saltim'band à Berlin, avec
l'accordéoniste Barbara Klaus-Cosca, duo pour lequel elle commence également à écrire ses propres
chansons.
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L’AFMD 44
Délégation territoriale de Loire Atlantique
L'AFMD (Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation) est une association nationale
créée pour soutenir la Fondation pour la Mémoire de la Déportation qui œuvre pour la mémoire de
tous les déportés de la seconde guerre mondiale.
L'AFMD44 met à la disposition des lycées et collèges et de tout organisme (mairie, centre social,
etc...) qui en fait la demande (gratuitement pour les écoles) une exposition réalisée par la Fondation
pour la Mémoire de la Déportation, agréée par le Ministère de l'Éducation et peut en assurer
l'animation: témoignages de Déportés, visite guidée, video, livres, etc...
Renseignements: www.afmd44ATvoila.fr
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INFORMATIONS SUPPLEMENTAIRES
Tous les publics sont les bienvenus. Il nous a semblé important, voir, indispensable, de présenter ce
spectacle aux scolaires.
Les lycéens dans un premier temps dont la seconde guerre mondiale est au programme mais pourquoi
pas les plus jeunes, les collégiens.
Le spectacle se présentera sous plusieurs formes :
En lecture
En représentation théâtrale
La durée du spectacle n’excédera pas 1h30. Le décor sera modulable selon les salles accueillant le
spectacle. Il a été prévu volontairement de ne pas fabriquer de gros décors, il est convenu que tout soit
facilement « transportable ».
Avec l’aval de Gisèle, nous proposerons sur Nantes, une soirée spéciale où elle interviendra. Ceci avec
son accord bien entendu mais aussi sa disponibilité.
« L’écriture incisive, moderne, mêlant souvent prose et poésie d’Isabelle amène à cette adaptation une
accessibilité pour toutes les générations de spectateurs. Chacun saura, pourra, garder sa propre grille
de lecture. »
La compagnie du saut de l’ange s’est associée à l’AFMD 44 pour la bonne marche de ce projet.
Nous remercions la participation de la Mairie du 14é arrondissement pour la subvention d’aide
à l’écriture ayant permis la résidence d’auteur de l’auteur Isabelle Lauriou.
Merci à la fabrique Ephéméride qui a accueilli Isabelle Lauriou en résidence d’auteur du 5 au 15
Septembre 2013. (Commune de Lery – 76)