CommComme un e un
fleuve fleuve qui qui
coulecoule
Paulo Paulo CoelhoCoelho
Un fleuve ne passe jamais deux fois au Un fleuve ne passe jamais deux fois au même endroit , dit un philosophe. « La vie même endroit , dit un philosophe. « La vie
est comme un fleuve », dit un autre est comme un fleuve », dit un autre philosophe, et nous arrivons à la philosophe, et nous arrivons à la
conclusion que cette métaphore est ce qui conclusion que cette métaphore est ce qui se rapproche le plus de la signification de se rapproche le plus de la signification de la vie. Par conséquent, il est bon de nous la vie. Par conséquent, il est bon de nous
rappeler ceci toute l’année :rappeler ceci toute l’année :
Nous sommes toujours devant la première Nous sommes toujours devant la première fois. fois.
Pendant que nous nous déplaçons entre notre Pendant que nous nous déplaçons entre notre source (la naissance) et notre destination (la mort), source (la naissance) et notre destination (la mort),
les paysages changent sans cesse. Nous devons les paysages changent sans cesse. Nous devons envisager toutes les nouveautés avec joie et sans envisager toutes les nouveautés avec joie et sans crainte – il est inutile de redouter ce qui ne peut crainte – il est inutile de redouter ce qui ne peut être évité. Un fleuve ne cesse jamais de couler.être évité. Un fleuve ne cesse jamais de couler.
Dans une vallée, nous avançons plus lentement.Dans une vallée, nous avançons plus lentement.Quand autour de nous tout est plus facile, les eaux se Quand autour de nous tout est plus facile, les eaux se calment, et nous devenons plus amples, plus larges, calment, et nous devenons plus amples, plus larges,
plus généreux.plus généreux.
Nos rives sont toujours fertilesNos rives sont toujours fertiles..La végétation pousse seulement là où il y a de La végétation pousse seulement là où il y a de l’eau. Celui qui entre en contact avec nous doit l’eau. Celui qui entre en contact avec nous doit comprendre que nous sommes là pour donner à comprendre que nous sommes là pour donner à
boire à celui qui a soif.boire à celui qui a soif.
Les pierres doivent être contournéesLes pierres doivent être contournées..Évidemment, l’eau est plus puissante que le granit, Évidemment, l’eau est plus puissante que le granit, mais pour cela il faut du temps. Il n’avance à rien de mais pour cela il faut du temps. Il n’avance à rien de nous laisser dominer par des obstacles plus forts que nous laisser dominer par des obstacles plus forts que
nous, ou de tenter de nous jeter contre eux ; nous nous, ou de tenter de nous jeter contre eux ; nous dépenserions notre énergie inutilement. Mieux vaut dépenserions notre énergie inutilement. Mieux vaut comprendre où se trouve l’issue, et aller de l’avant.comprendre où se trouve l’issue, et aller de l’avant.
Les dépressions nécessitent de la patienceLes dépressions nécessitent de la patience..Le fleuve entre brusquement dans une sorte de trou Le fleuve entre brusquement dans une sorte de trou
et cesse de couler aussi joyeusement et cesse de couler aussi joyeusement qu’auparavant. Alors, le seul moyen d’en sortir est qu’auparavant. Alors, le seul moyen d’en sortir est
de compter sur l’aide du temps. Quand arrive le bon de compter sur l’aide du temps. Quand arrive le bon moment, la dépression se remplit et l’eau peut moment, la dépression se remplit et l’eau peut
poursuivre son cours. À la place du trou laid et sans poursuivre son cours. À la place du trou laid et sans vie, se trouve maintenant un lac que les autres vie, se trouve maintenant un lac que les autres
peuvent contempler avec plaisir.peuvent contempler avec plaisir.
Nous sommes uniques. Nous sommes uniques. Nous naissons dans un lieu qui nous était destiné, qui Nous naissons dans un lieu qui nous était destiné, qui
nous alimentera toujours suffisamment en eau pour que, nous alimentera toujours suffisamment en eau pour que, face à des obstacles ou à des dépressions, nous face à des obstacles ou à des dépressions, nous
trouvions la patience ou la force nécessaires pour aller trouvions la patience ou la force nécessaires pour aller plus loin. plus loin.
Au début, notre cours est doux, fragile, même une Au début, notre cours est doux, fragile, même une simple feuille l’arrête. Cependant, comme nous simple feuille l’arrête. Cependant, comme nous respectons le mystère de la source qui nous a respectons le mystère de la source qui nous a
engendrés et que nous avons confiance en sa Sagesse engendrés et que nous avons confiance en sa Sagesse éternelle, nous acquérons peu à peu tout ce qui nous éternelle, nous acquérons peu à peu tout ce qui nous
est nécessaire pour parcourir notre chemin.est nécessaire pour parcourir notre chemin.
Bien que nous soyons uniques, bientôt nous Bien que nous soyons uniques, bientôt nous serons nombreux.serons nombreux.
À mesure que nous avançons, les eaux d’autres À mesure que nous avançons, les eaux d’autres sources nous rejoignent, car le chemin que nous sources nous rejoignent, car le chemin que nous
suivons est le meilleur. Alors nous ne sommes plus un, suivons est le meilleur. Alors nous ne sommes plus un, mais nombreux – et à un certain moment nous nous mais nombreux – et à un certain moment nous nous sentons perdus. Mais comme il est dit dans la Bible, sentons perdus. Mais comme il est dit dans la Bible,
« tous les fleuves coulent vers la mer ». Il est « tous les fleuves coulent vers la mer ». Il est impossible de demeurer dans notre solitude, aussi impossible de demeurer dans notre solitude, aussi
romantique qu’elle puisse paraître.romantique qu’elle puisse paraître.
Quand nous acceptons l’inévitable Quand nous acceptons l’inévitable rencontre avec d’autres sources, nous rencontre avec d’autres sources, nous
finissons par comprendre que cela finissons par comprendre que cela nous renforce, nous contournons les nous renforce, nous contournons les obstacles ou nous remplissons les obstacles ou nous remplissons les
dépressions bien plus rapidement, et dépressions bien plus rapidement, et bien plus facilement.bien plus facilement.
Nous sommes un moyen de transportNous sommes un moyen de transport. . Pour des feuilles, des bateaux, des idées. Que nos Pour des feuilles, des bateaux, des idées. Que nos
eaux soient toujours généreuses, que nous eaux soient toujours généreuses, que nous puissions toujours emporter toutes les choses ou puissions toujours emporter toutes les choses ou toutes les personnes qui ont besoin de notre aide.toutes les personnes qui ont besoin de notre aide.
Nous sommes une source d’inspiration.
Alors, laissons à un poète brésilien, Manuel Bandeira, les
mots de la fin :
Sois comme un fleuve qui couleSois comme un fleuve qui coule Silencieux dans la nuit.Silencieux dans la nuit.
Ne redoute pas les ténèbres de la nuit.Ne redoute pas les ténèbres de la nuit. S’il y a des étoiles dans le ciel, réfléchis-les.S’il y a des étoiles dans le ciel, réfléchis-les.
Et si le ciel s’encombre de nuagesEt si le ciel s’encombre de nuages Comme le fleuve, les nuages sont faits d’eau ;Comme le fleuve, les nuages sont faits d’eau ;
Réfléchis-les aussi sans tristesseRéfléchis-les aussi sans tristesse Dans les profondeurs tranquilles. » Dans les profondeurs tranquilles. »
Texte : Guerrier de Lumière on line Texte : Guerrier de Lumière on line - - Édition nº 114Édition nº 114Images :Images : Getty imagens e Paulo Getty imagens e Paulo Coelho’s home pageCoelho’s home pageIllustration : Marcia NascimentoIllustration : Marcia Nascimento
Rio, 12/02/06 Rio, 12/02/06
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