DIU psychiatrie criminelle et médico-‐légale
M.VOYER
Dommage corporel infligé à un individu et ayant entraîné sa mort
Homicide: Définition
Homicide dans le Code Pénal
Section 1: Des atteintes volontaires à la vie ▪ Art 221-‐1: Le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre. ▪ Art 221-‐3: Le meurtre commis avec préméditation constitue un assassinat ▪ Art 221-‐5: Le fait d’attenter à la vie d’autrui par l’emploi ou l’administration de substances de nature à entraîner la mort constitue un empoisonnement
Section 2: des atteintes involontaires à la vie ▪ Art 221-‐6: Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l’article 121-‐3 par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudent imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui constitue un homicide involontaire
Evolution des homicides en France ( 1972-2000)
L.Muchielli
Homicides, Tentatives d’homicide et coups et violences mortels en France (2004-2009)
Source: Etat 4001 annuel, DCPI
Auteur de sexe masculin, adulte Victimes = connaissance de l’auteur (famille, amis, voisins,
collègues…)
Motif principal: conflit (80%) au sein d’une relation entre 2 ou plusieurs personnes.
Milieu urbain Niveau scolaire faible. Pas diplôme (60%) Chômage (> 50%) Conflit familial dans l’enfance avec violences
Victime: intrafamiliale +++ Homicide conjugal Infanticide, néonaticide
Armes à feu +++ Armes blanches: Armes pointus: couteaux.. Armes tranchantes: hache...
Coups et blessures Strangulation incendie
Relation entre la victime Et l’agresseur
-‐inconnu -‐conjoint, famille -‐connaissance..
Niveau d’élaboration du crime • Organisé (prémédité)
• désorganisé
Etat mental du meurtrier • Normal
• pathologique
Motivation de l’homicide • Passionnel
• Sexuel • Utilitaire • Politique
• Vengeance
1. Homicides familiaux et passionnels: Impliquent des individus ayant un lien familial, amoureux ou matrimonial (25%)
2. Homicides querelleurs et vindicatifs Tuer au cours d’une bagarre ou par vengeance (25%)
3. Règlement de compte conflit engendré par des activités criminelles. (20%)
4. Homicides associés à un autre délit Homicides commis durant l’accomplissement d’un autre délit (30%)
Homicides conjugaux = uxoricide Motifs: Possession+++, querelle ++, libération, euthanasie, défensif
Victime: femme++. Augmentation des victimes masculines aux USA.`
Séquence typique: ▪ La femme informe son conjoint de sa décision de le quitter ▪ L’homme se met en colère, profère des menaces, parle de suicide et de meurtre.
▪ La femme persiste, fait ses valises ▪ Altercation violente qui se solde par la mort de la femme.
ATCD de violence conjugale dans 2/3 cas.
Uxoricide (suite) Le risque d’homicide augmente dans 8 circonstances: ▪ Le conjoint a déjà menacé sa femme avec une arme ou proféré des menaces de mort
▪ Présence d’une arme à feu au domicile ▪ ATCD de Tentative de strangulation ▪ Jalousie importante, contrôle des faits et gestes ▪ Augmentation de la fréquence et de la gravité de la violence ▪ Force sa femme à avoir une relation sexuelle ▪ Abus d’alcool ou de drogue ▪ ATCD de violence physique lors d’une grossesse
« Depuis 3 semaines, Geneviève, une étudiante de 19 ans, demeure avec Sylvain, un biochimiste de 23 ans. Un soir, elle annonce qu’elle le quitte. Sylvain n’accepte pas la chose et une violente dispute éclate. Durant l’altercation, Sylvain poignarde Geneviève à 34 reprises, dont au moins 5 fois dans le dos. »
Filicide/Infanticide Fillicide = meurtre d’un enfant par l’un de ses parents. Infanticide= Meurtre ou assassinat d’un nouveau-‐né viable. Parents dans 85% des
cas (Suède et Australie). Néonaticide= NN<24h. Hommes filicides: à la suite d’une séparation par vengeance ou meurtre
altruiste(dépression). Femmes filicides= 30 ans, Pas d’ATCD judiciaires. Suicide dans la suite (26%).
Immaturité affective Typologie ( Resnick): ▪ Filicide altruiste ▪ Filicide psychotique ▪ Filicide d’un enfant non désiré: <20 ans, célibataire, domicile des parents, pas de trouble
mental. ▪ Filicide accidentel: maltraitance ▪ Filicide par vengeance: contre conjoint. Plusieurs enfants, relations conjugales
chaotiques.
Motifs: Se faire justice, restaurer l’honneur
Escalade de violence Accrochage banal, riposte, coups, fatal en présence d’armes
typologie Hommes, 30 ans, célibataire Lien victime/agresseur: connaissance (H). H>F Casier judiciaire (60%) Alcoolisation+++ Résidence privée> bar ou restaurant
« C’était au bar chez Mari, à Trois Rivière, durant la nuit du samedi au dimanche. Vers trois heure du matin, cinq clients s’y trouvent encore. Deux amis passablement éméchés débattent avec passion des mérites de la musique qu’ils écoutent. L’un aime, l’autre pas. Les esprits s’échauffent au point que l’un des buveurs, Gérard, casse une bouteille de bière que le rebord d’une table et frappe son camarade, Raynald, avec le tesson. La victime perd bcp de sang. L’agresseur l’aide à éponger. Malgré ses blessures, Raynald réussit à quitter le bar. Peu après, il y revient armé d’un couteau et sans dire un mot, il le plante dans le dos de Gérard, qui meurt qq heures plus tard d’une hémorragie interne. (J. Fortier, 1990)
Motifs: Participation à des marchés illicites Absence de recours légaux possibles si non respect des
engagements par l’une des parties. Types de conflits à l’origine des règlements de compte:
Conflits de délation, Conflits transactionnels, Conflits de compétition
Auteurs et victimes: H, 30 ans, ATCD judiciaires 3 types d’auteurs:
Indépendants: qui tuent pour leur propre compte Tueurs à gages: tuent pour le compte d’autrui Employeurs: qui engagent les tueurs.
« Le meurtre s’est produit vers 23h47 en face du domicile de la victime. Celle-‐ci revenait du dépanneur et sortait de son véhicule lorsqu’elle a été mortellement atteinte de plusieurs coups de feu tirés par un suspect. Le suspect a pris la fuite à bord d’une camionnette volée. Selon les informations, il apparaît que la victime, un trafiquant de stupéfiant indépendant, refusait de s’approvisionner auprès des Hells Angels ». (Gignac, 2001 In Cusson M.)
Homme jeune (24 ans) Auteur masculin (97%), ATCD judiciaires Victime masculine (80%) Résidence de la victime ou commerce. Jeunes braqueurs ou cambrioleurs qui rencontrent une résistance de la part de la victime et qui s’affolent.
« Un samedi, un chauffeur de taxi fait monter à bord de sa voiture, deux clients. Une fois à bord, ceux-‐ci tentent de lui voler sa recette de la journée à la pointe d’un couteau. Le chauffeur résiste, il est alors poignardé. »
Homicides organisés Capacité sociale Planification de leur crime Prise de contrôle sur la
victime Peu d’indices Fréquence de violences
sexuelles sur la victime avant le meurtre
Homicides désorganisés Acte impulsif Peu de capacités sociales Meurtre opportuniste Scène de crime démontrant
l’agitation, l’absence de planification.
Violences sexuelles possibles après le meurtre
Indices Acharnement sur la victime Agresseur unique
-‐ Homicide par entreprise criminelle -‐ Meurtre par motif personnel -‐ Homicide sexuel -‐ Homicide par motif de groupe
Homicide par entreprise criminelle= meurtre commis pour des gains matériels Meurtre par contrat Meurtre motivé par un gang Compétition criminelle (territoire) Meurtre avec enlèvement Meurtre lié à la drogue Mort liée à une assurance
Meurtre par motif personnel: conflit émotionnel Meurtre motivé par une érotomanie: ▪ fixation érotomaniaque sur la victime, victime connue et ciblée,
surveillance pré-‐criminelle. Désorganisé le plus souvent Meurtre domestique (homicide intrafamilial): au domicile, désorganisé
le plus souvent, dépersonnalisation de la victime. ▪ Meurtre domestique spontané ▪ Homicide passionnel (homicide prémédité) ▪ Neonaticide (homicide < 24h de vie)
Meurtre par conflit: victime connue, arme d’opportunité ▪ Homicide querelleur ▪ Homicide par conflit
Homicide par autorité Vengeance: ▪ victime ciblée ou victimes multiples, plusieurs lieux de crime, opportunité.
Homicide sans mobile spécifique: ▪ Mobile irrationnel, désorganisé, dans lieu public
Homicide extrémiste: au nom d’une idéologie ▪ Politique ▪ Religieux ▪ Socio-‐économique
Meurtre d’otage
Homicide sexuel; Organisé Désorganisé Mixte Meurtre sadique Homicide sexuel d’une femme âgée
Homicide par motif de groupe: idéologie commune Religieux Homicide extrémiste ▪ Politique ▪ religieux
4% des homicides ( Canada), 0,9% ( USA) Victimes: Femmes ( 85%), < 30 ans ( 70%) Auteurs: Hommes ( 99%), 16-‐25 ans (50%) Meurtriers sexuels en série = 60% des meurtriers en série (USA).
Meurtre ou assassinat dont le mobile principal est de nature sexuelle
Caractéristiques sexuelles de l’homicide (Ressler et al., 1988) Désordre dans l’habillement de la victime Exposition des organes sexuels de la victime Positionnement sexuel du corps de la victime Insertion d’objets étrangers dans les orifices corporels de la
victime Évidence d’un rapport sexuel avec la victime (oral, anal, vaginal) Évidence d’une activité sexuelle de substitution, d’un intérêt
sexuel ou de fantasmes sadiques: mutilations et tortures caractéristiques.
6 causes pouvant expliquer l’homicide: « Accident » Réaliser le viol Échapper à la justice Réaction coléreuse Assouvir des pulsions criminelles Motivations délirantes
Degré d’organisation (4, FBI) Organisé: planifié, cible sa victime, maîtrise de la situation Désorganisé: non planifié, victime d’opportunité Mixte: scène de crime organisée et désorganisée Sadique: fortement organisé, visant satisfaction de fantasmes sadiques. Victime choisie, scénario criminel dans un lieu repéré à l’avance, blessures et mutilations spécifiques aux organes sexuels
Auteur Troubles de la personnalité: antisociale, psychopathique Trouble de la sexualité: paraphilies, sadisme sexuel Pensées obsessionnelles. ATCD judiciaires Victimes connaissance (50%), inconnus (50%) Alcool+++
Développé par chercheurs associés au FBI Fantaisies sexuelles homicides et meurtre sexuel=stratégies d’adaptation inadéquates face à des situations stressantes
Secondaire à un processus évoluant depuis l’enfance avec de nombreuses étapes
Homicide sexuel - Théorie psychologique - Modèle motivationnel (1)
1. Absence de soins et d’affection dans la petite enfance: attachement pathologique ( détachement, hostilité)
2. Expériences de victimisation dans enfance et adolescence: isolement social et fantaisies sexuelles violentes/ absence de maîtrise de la réalité.
3. Traits de personnalité négatifs ( rébellion, agressivité, sentiment d’injustice, désir de vengeance) empêchent le développement de liens sociaux, des valeurs prosociales et empathie. Augmentation de l’isolement social.
4. Fantaisies agressives exprimées dans des actions destructives non mortelles: incendies criminels, actes de cruauté sur les animaux, violence physique, sexuelle et psychologique envers des proches et des inconnus. Extension de la position de pouvoir, vengeance/sentiment d’injustice
5. 1er homicide sexuel précipité par un stresseur comme conflit avec un femme, un parent, ou difficultés financières
6. Augmentation des fantaisies avec suite à un stress, planification du PA pour adéquation entre fantaisies et réalité.
Homicide sexuel - Théorie psychologique - Modèle motivationnel (2)
Coercition et violence
Excitation sexuelle
(Stimuli conditionnel)
(Réponse conditionnelle)
Femme nue (stimuli conditionnel)
Excitation sexuelle
Ex: adolescent qui visionne des films de femmes nues se faisant tuer par des monstres
Comportement violent
(stimuli neutre)
1 Femme nue + comportement violent (stimuli conditionnel)
Excitation sexuelle
2 Comportement violent sur une femme
Excitation sexuelle
3
Homicide sexuel - Théorie psychologique - Conditionnement classique Meloy 2000
Fantaisies sexuelles sadiques = comportement opérant visant à réduire le sentiment d’incompétence.
Difficultés avec les femmes
Sentiment d’incompétence
Fantaisies sexuelles sadiques
Renforcement négatif
Homicide sexuel - Théorie psychologique - Conditionnement opérant (MacCulloch et al., 1983)
2 types de meurtres sexuels: catathymique et compulsive Meurtres catathymiques = matricides symboliques. ▪ Déplacement de la haine de la mère sur une autre femme. Mère
surprotectrice, séductrice, comportements sexuels inadéquats. ▪ 3 phases dans meurtre catathymique: ▪ Incubation=accumulation de tension et de rage ▪ Meurtre ▪ Soulagement
▪ 1 victime
Meurtres sexuels compulsifs ▪ Sentiment de rage à l’égard des femmes ▪ Ruminations de fantaisies sexuelles sadiques, état de tension sexuelle,
devient insupportable, meurtre. ▪ Victimes inconnues, +/-‐ multiples
Homicide sexuel - Théorie psychologique - Approche psychodynamique (Revitch et Schlesinger, 1981;1989)
« tueurs en série »: Concept né dans les années 1980 aux USA
Différent de:
Tueur de masse (mass murder): homicides avec au moins 4 victimes, dans un temps très court, au cours d’un événement, dans un seul lieu
Tueur de Bordée (spree murder): au moins deux homicides, sur un temps très court, à des endroits différents.
Columbine, 20 avril 1999
Charles Starkweather et Carol Fugate, 10 victimes, 1958.
Cormier (1972): « multicide »: Succession d’homicides commis par une seule personne, s’échelonnant pendant une longue période, sur des mois, voir des années, répondant à un processus psychopathologie ancré chez le meurtrier. Il choisit un type de victime et répète ses meurtres périodiquement jusqu’à son arrestation.
Ressler Robert K. (FBI) : le meurtre en série correspond au meurtre de 3 victimes ou plus à des endroits différents et des moments distincts, donc séparés de pauses, appelées « cooling off periods », de plusieurs jours, plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le meurtrier en série, prémédite ses crimes qui sont souvent fantasmés et planifiés dans les détails.
Hazelwood et Douglas (1980): Organisé/désorganisé
• Tueur organisé (2/3) • Préparation, planification, structuration. • Victime choisie sur des critères spécifiques • Lieu du crime choisi et préparé • Victime soumise et bâillonnée • Contrôle pendant le crime • Corps caché ou enterré • Destruction des preuves • Auteurs: bons pères de famille, sexuellement compétents, stables sur le plan professionnel, QI élevé, apparence banale, rassurante.
John Wayne Gacy Jr, 33 victimes sur 14 ans, Cave de sa maison
Tueur désorganisé (1/3) Incompétence sociale, familiale et sexuelle Immaturité Vit seul, à proximité des lieux du crime QI limité Meurtres spontanés, impulsifs, orage de violence brutale Victime le plus souvent connue Pas d’échange avec la victime, dépersonnalisation. Scène de crime désordonnée, indices
Holmes et Holmes (1994) Tueur en série (TS) visionnaire: phénomènes hallucinatoires
TS pseudo-‐justicier: considère comme un devoir les actes qu’il commet pour rétablir la justice
TS hédoniste: tue par plaisir, par lubricité TS par pouvoir: volonté de domination totale de la victime.
Holmes et Holmes (1998) TS sédentaire TS mobile
USA entre 1977-‐1989 112 meurtriers de masse 169 tueurs en série 50 tueurs de bordée
4,6% des meurtries connus réitèrent sur une période de suivi de 15 ans
Réitération ++ dans les cas des règlements de compte, des homicides associés à un délit ou lors d’absence de causes.
Hommes blancs 20-‐40 ans, classe moyenne QI égal ou supérieur à la moyenne Scolarité et carrière professionnelle avec échecs successifs Dynamique familiale chaotique, ATCD psychiatriques
familiaux (alcool, dépression..) Abus maltraitance physique et/ou sexuels dans l’enfance ATCD personnels psychiatriques précoces: déviance
sexuelle précoce (voyeurisme, fétichisme, zoophilie, pornographie violence), addictions, cruauté envers les animaux, pyromanie, énurésie…
Conduites antisociales
Meurtres en série
Caractéristiques des auteurs (Ressler et Douglas, 1994)
• Trouble grave de la personnalité, psychopathie: relations interpersonnelles superficielles, occupations sociales instables, Égocentrisme, manipulateur, insensibilité vis à vis d’autrui, absence d’empathie, incapacité d’introspection..
• Sadisme sexuel: Pratique visant à infliger à un partenaire sexuel une douleur et/ou humiliation dans une recherche et un but hédonique.
• Enfance maltraitée: – Rejet familial – Passé douloureux, parents défaillants, isolement – Abus et négligences, familles d'accueil ( Patrice Allègre, Emile Louis, Guy Georges..) – Alcoolisme, polytoxicomanie, paraphilie parentale – Mère omnipotente, dominatrice, violente, sadique, père absent.
Meurtres en série
Psychopathologie
Henry Lee Lucas (1936-‐2001) Mère prostituée, oblige son fils à regarder ses
passes, l’oblige à s’habiller en fille pour se rendre à l’école, violences physiques à coup de planche sur la tête.
Assassine sa mère en 1960 Emprisonnement jusqu’en 1970 puis libération et
nouvel emprisonnement jusqu’en 1975. 1978: début d’une série d’homicides: auto-‐
stoppeurs et employés de station service avec complice.
Arrestation en 1983 pour port d’arme. Avoue 360 meurtres, 199 sont confirmés.
Condamné pour 9 meurtres
Meurtres en série
Merci pour votre attention