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MARS 2018

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DOSSIERLa France, puissance maritime

Pages 5 Ă  14

ASSOCIATION NATIONALE DES CROIX DEGUERRE ET DE LA VALEUR MILITAIRE FondĂ©e en 1919. DĂ©clarĂ©e conformĂ©ment Ă  la loi du 1-VII-1901. ApprouvĂ©e par le ministre del’IntĂ©rieur. Reconnue d’utilitĂ© publique : dĂ©cret du 22avril 1963. AffiliĂ©e Ă  la FĂ©dĂ©ration nationale AndrĂ©Maginot - Gr. 31 ComitĂ© d’honneur :GĂ©nĂ©ral d’armĂ©e (2S) Bertrand Ract-Madoux, Amiral (2S) Alain Oudot deDainville, GĂ©nĂ©ral d’armĂ©e (2S)Denis Favier, la Ville de ParisPrĂ©sidents d’honneur :GĂ©nĂ©ral (2S) Jacques LarchetChef d’escadrons (H) FrançoisCastanier

PrĂ©sident national :Michel Bachette-PeyradeVice-PrĂ©sidents :Alain Bonnet, Daniel Gyre SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral :Emmanuel MontaniĂ©TrĂ©soriĂšre nationale :Jacqueline CombĂ©morelChancelier :Christian BayolConseil d’administration :Yves Allanet, Alain Artisson, MichelBachette-Peyrade, Alain Bonnet,Michel Bugeaud, François Castanier,Pierre Castillon, JacquelineCombĂ©morel, Jean Folia, DanielGyre, Emmanuel MontaniĂ©, LoĂŻcSalmon, Fabrice Tedoldi (conseillertechnique).

ADRESSE DU SIÈGE SOCIAL : A.N.C.G.V.M.Hîtel national des InvalidesCour d’honneur escalier G129, rue de Grenelle - 75700 PARIS CEDEX 07

PERMANENCE SECRÉTARIAT : mardi, mercredi et jeudi 9h30-16h00Charlette Dumont - 01 44 42 38 47Courriel : [email protected]

REVUE CROIX DE GUERRE ET VALEUR MILITAIREDirecteur de la publication :Michel Bachette-PeyradeRĂ©dacteur en chef :LoĂŻc Salmon - 01 44 42 38 47Courriel : [email protected]Ă©taire de rĂ©daction :Nelly Gosselin

Site : www.croixdeguerre-valeurmilitaire.frFacebook : Croix de guerre et Valeur militaireTwitter : Valeur MilitaireCourriel : [email protected] : Centr’Imprim36101 Issoudun CedexDĂ©pĂŽt lĂ©gal N°2018_030006Commission paritaire N° 0321 A O6885I.S.S.N. 1247-9918

ïżœ ÉDITORIAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

ïżœ INFORMATIONS SERVICES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

ïżœ DOSSIER. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

La France, puissance maritime mondiale

ïżœ HISTOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

ïżœ CULTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

ïżœ VILLES, INSTITUTIONS CIVILES ET UNITÉS DÉCORÉES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

ïżœ VIE DES SECTIONS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

ïżœ CARNET. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

SOMMAIRE

Des informations complémentaires sur la Défense, renouvelées périodiquement,sont accessibles sur le site internet :

www.croixdeguerre-valeurmilitaire.frVous pouvez les retrouver toutes en cliquant sur « Actualités » ou « Archives ».

Des vidĂ©os complĂ©mentaires sur les armĂ©es sont en ligne, soit de :- longue durĂ©e, sur « MĂ©dias » dans la page d’accueil du site ;- courte durĂ©e, sur la page Facebook « Croix de guerre et Valeur militaire ».

Il y a aussi une page Twitter : « Valeur Militaire ».

Le centenaire de la croix de Guerre est pérennisé dans « Médias » grùce à :- la vidéo « La croix de Guerre : cent ans de bravoure (1915-2015) » ;- la galerie photos « Honneur aux braves ! La croix de Guerre ».

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CROIX DE GUERRE ET VALEUR MILITAIRE

ÉDITORIALChers amis,

Je suis heureux de m'adresser Ă  vous Ă  l'occasion de ce nouveau numĂ©ro devotre revue “Croix de guerre & Valeur militaire”.

La rubrique “Institutions civiles dĂ©corĂ©es” traite des “Gadz'Arts”. Les Artset MĂ©tiers font partie des grandes Ă©coles civiles dĂ©corĂ©es au cours des deuxconflits mondiaux.

Le dossier de ce numĂ©ro porte sur la dimension maritime mondiale de la France. Il inclut unchapitre sur l’histoire de l’aĂ©ronautique navale, Ă  partir de l’ouvrage de l’amiral Alain Oudot deDainville, ancien chef d’état-major de la Marine.

A la suite de nos actions de communication, des volontaires se sont faits connaĂźtre auprĂšs de notresiĂšge pour relever des sections affaiblies ou bien pour recrĂ©er des sections disparues. Je fĂ©licite d'oreset dĂ©jĂ  et remercie vivement ces “soldats”, qui prendront les responsabilitĂ©s dans ces sections. LeBureau national les assure de tout son soutien. Je tiens aussi Ă  remercier les dĂ©lĂ©gations militairesdĂ©partementales, les directions de l'ONACVG et les commandants d’unitĂ©s, qui accueillent, avecbienveillance, nos dĂ©lĂ©guĂ©s en toutes circonstances.

Notre communication, via les rĂ©seaux sociaux, est en progression constante, principalement sur“Facebook” et “Twitter”. N'hĂ©sitez plus Ă  vous connecter, ces sources d'information complĂ©tantefficacement notre revue trimestrielle et le site internet.

Notre assemblée générale annuelle se tiendra dans le département de la Meuse au cours de notreCongrÚs national 2018, du 16 au 19 novembre. Ce congrÚs inclura un colloque de portée nationale,traitant des villes décorées lors des deux conflits mondiaux du XXÚme siÚcle, en liaison avec leService historique de la Défense. Il marquera l'ouverture des manifestations du Centenaire de lacréation de notre association en 1919 par le vice-amiral Emile Guépratte.

Nos armées ont été à nouveau frappées par la mort au combat de deux soldats du 1er Régiment despahis. De nouveaux blessés, souvent trÚs lourdement atteints, ont rejoint la longue liste desvictimes suivies dans nos hÎpitaux militaires ou en cours de rééducation. Nous nous inclinonsdevant la douleur des familles éprouvées et souhaitons un bon rétablissement à nos blessés.

Bien fidĂšlement. Colonel Michel BACHETTE-PEYRADE,

président national

INFORMATIONS

SERVICES

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CONTINGENTS ORDRES NATIONAUX 2018 - 2020

LĂ©gion d’honneurLe dĂ©cret n° 2018-26 du 19 janvier 2018 (JournalOfficiel du 21 janvier 2018) fixe les contingents decroix de la LĂ©gion d’honneur pour la pĂ©riode du1er janvier 2018 au 31 dĂ©cembre 2020.

Article 1 Les contingents annuels de croix de la LĂ©giond’honneur sont fixĂ©s comme suit.A titre civil : grands-croix, 4 ; grands officiers, 8;commandeurs, 34 ; officiers, 164 ; chevaliers,1.290. A titre militaire : grands-croix, 3 ; grands officiers,6; commandeurs, 50 ; officiers, 226 ; chevaliers,815. Le contingent militaire ci-dessus doit ĂȘtreconsacrĂ©, au minimum Ă  75 %, au personnel ap-partenant Ă  l’armĂ©e d’active.

Article 2Pour la période du 1er janvier 2018 au 31 décem-bre 2020, les contingents annuels dont dispose laministre des Armées pour les personnels militairessont exceptionnellement majorés de 200 croix dechevalier destinées à des anciens combattants jus-tifiant, pour les anciens de la guerre 1939-1945,d'un fait de guerre ou citation au titre de cetteguerre et, pour les anciens des TOE ou d'AFN, dela Médaille militaire et de deux blessures de guerreou citations.

MĂ©daille militaireLe dĂ©cret n° 2018-28 du 19 janvier 2018 (Journalofficiel du 21 janvier 2018) fixe les contingents deMĂ©dailles militaires pour la pĂ©riode du 1er janvier2018 au 31 dĂ©cembre 2020 : 2.000 pour le person-nel appartenant Ă  l’armĂ©e d’active et 1.000 pour le

personnel n'appartenant pas Ă  l'armĂ©e d’active,dont un minimum de 15 % consacrĂ© Ă  la rĂ©serveopĂ©rationnelle.

Ordre national du MĂ©riteLe dĂ©cret n° 2018-29 du 19 janvier 2018 (Journalofficiel du 21 janvier 2018) fixe les contingents decroix de l’Ordre national du MĂ©rite pour la pĂ©-riode du 1er janvier 2018 au 31 dĂ©cembre 2020.Les contingents annuels de croix de l’Ordre natio-nal du MĂ©rite sont fixĂ©s comme suit.A titre civil : grands-croix, 4 ; grands officiers, 8 ;commandeurs, 106 ; officiers, 538; chevaliers,2.544. A titre militaire : grands-croix, 2 ; grands officiers,6 ; commandeurs, 70 ; officiers, 380 ; chevaliers,1.342. Le contingent militaire ci-dessus doit ĂȘtreconsacrĂ©, au minimum Ă  65 %, au personnel ap-partenant Ă  l’armĂ©e d’active.

ÉtrangersLe dĂ©cret n° 2018-27 du 19 janvier 2018 (Journalofficiel du 21 janvier 2018) fixe les contingents an-nuels de croix de la LĂ©gion d’honneur et de MĂ©-dailles militaires destinĂ©es aux Ă©trangers pour lapĂ©riode du 1er janvier 2018 au 31 dĂ©cembre 2020:grands-croix, 2 ; grands officiers, 4; comman-deurs, 30 ; officiers, 84 ; chevaliers, 200 ; MĂ©daillesmilitaires, 30.Le dĂ©cret n° 2018-30 du 19 janvier 2018 (Journalofficiel du 21 janvier 2018) fixe les contingents an-nuels de croix de l’Ordre national du MĂ©rite des-tinĂ©es aux Ă©trangers pour la pĂ©riode du 1er janvier2018 au 31 dĂ©cembre 2020 : grands-croix, 2;grands officiers, 4 ; commandeurs, 40 ; officiers,94 ; chevaliers, 200.

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LA FRANCE, PUISSANCE MARITIME Une prĂ©sence mondialeDepuis l’AntiquitĂ©, des liens trĂšs Ă©troits existent entrepuissances Ă©conomique et politique et contrĂŽle de la mer. Lesdeux guerres mondiales se sont aussi jouĂ©es sur mer. DevenuepremiĂšre puissance maritime en 1945, les Etats-Unis se sontdonnĂ© les moyens de le rester. La Russie et l’Inde dĂ©veloppentleur Marine de haute mer. L’augmentation rĂ©guliĂšre desdĂ©penses militaires de la Chine lui permettront de s’affirmerdans le domaine naval vers 2035. La puissance de la Francerepose notamment sur la dissuasion, assurĂ©e essentiellementpar la Force ocĂ©anique stratĂ©gique des sous-marins nuclĂ©aireslanceurs d’engins. La supĂ©rioritĂ© aĂ©rienne, garantie par lesporte-aĂ©ronefs, est devenue la condition nĂ©cessaire Ă  celle surmer. Aujourd’hui, l’interopĂ©rabilitĂ© des Marines française etamĂ©ricaine, effective lors d’opĂ©rations communes, rĂ©sulte de laformation des pilotes français aux Etats-Unis et del’adaptation technique de l’ensemble porte-avions Charles-De-Gaulle/groupe aĂ©rien de Rafale Marine.

La connaissance des mers p.6

L’espace Indo-Pacifique p.8

L’aĂ©ronautique navale p.10

Les drones navals p.13

Dossier réalisé par Loïc SalmonRédacteur en chef

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LA CONNAISSANCE DES MERS

Une nĂ©cessitĂ© opĂ©rationnelleLa connaissance de l’environnement marin permetde planifier, dĂ©finir une idĂ©e de manƓuvre, rĂ©glerdes armes pour tous types d’actions sur un thĂ©Ăątreayant un volet naval. La performance des capteursmis en Ɠuvre prend une dimension tactique pourdĂ©terminer la fenĂȘtre d’opportunitĂ© du lancementd’une opĂ©ration interarmĂ©es contre la terre. Cetteconnaissance devient alors stratĂ©gique au niveaupolitico-militaire (dĂ©barquement des AlliĂ©s enNormandie en 1944). Pour garantir lasouverainetĂ© sur les 11 Mkm2 de zonesĂ©conomiques exclusives de la France, sa Marinedoit couvrir 45 Mkm2.

Le capitaine de frĂ©gate Samuel QuĂ©rĂ©, com-mandant le Beautemps-BeauprĂ© (photo), l’aexpliquĂ© au cours d’une confĂ©rence-dĂ©bat or-

ganisĂ©e, le 24 janvier 2018 Ă  Paris, par le Centre d’é-tudes stratĂ©giques de la marine.

ENJEUX ET CAPACITÉSLes besoins sur le plan naval dĂ©passent ceux desopĂ©rations terrestres ou aĂ©riennes en raison del’élargissement des thĂ©Ăątres, de la multiplication descrises, de l’exploitation des richesses de la mer et des

modifications du climat avec des consĂ©quences surles courants marins. Les recherches hydrographiquesne nĂ©cessitent pas d’accord prĂ©alable d’un paysriverain. En outre, tout navire de guerre peuttransiter dans les eaux territoriales d’un Etat s’iln’effectue pas d’opĂ©ration militaire.Le Service hydrographique et ocĂ©anographique de lamarine et le Centre interarmĂ©es de soutien mĂ©tĂ©o-ocĂ©anographique des forces effectuent le recueil dedonnĂ©es, du Grand Nord Ă  l’ocĂ©an Indien, enpassant par l’Atlantique et la MĂ©diterranĂ©e, surtoutes les zones de crises. L’acquisition derenseignements de valeur s’accompagne d’échangesavec les Marines alliĂ©es, notamment sur les champsde mines dans le golfe Arabo-Persique. Letraitement des informations essentielles destinĂ©es Ă la Force d’action navale (bĂątiments de surface etsous-marins nuclĂ©aires d’attaque) et Ă  la ForceocĂ©anique stratĂ©gique (sous-marins nuclĂ©aireslanceurs d’engins) en renforce la capacitĂ© et lacrĂ©dibilitĂ©. Le Grand Nord, oĂč se dĂ©placent ets’observent les Marines russe, amĂ©ricaine,britannique et norvĂ©gienne, prĂ©sente un intĂ©rĂȘtmajeur pour l’Etat-major français des armĂ©es et unenjeu pour les forces sous-marines. Celles-ci peuvent

Le navire hydrographique et océanographiqueBeautemps-Beaupré (3.300 t de déplacement à pleinecharge) peut parcourir 8.100 milles (15.000 km) à 10

nƓuds (18,5 km/h). D’une longueur de 80,64 m etd’une autonomie de 45 jours, il est Ă©quipĂ© de 3

laboratoires, 4 salles de traitement ; 2 portiques, 2grues, 2 vedettes hydrographiques (8 m de long) et

divers appareils Ă©lectroniques (2 radars et 2 systĂšmesde transmissions) et scientifiques (sondeurs et autres

appareils de mesure).

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en effet opĂ©rer dans l’Arctique, Ă  condition de bienconnaĂźtre les glaces et leurs dĂ©rives. Le dĂ©ploiementd’une frĂ©gate française nĂ©cessite le recours Ă l’expertise de la Marine norvĂ©gienne.Par ailleurs, les donnĂ©es hydrographiques,ocĂ©anologiques et sĂ©dimentologiques, plus prĂ©cisesque les cartes marines, permettent Ă  l’état-major dela Marine de mettre en Ɠuvre les unitĂ©s Ă  la mer et laforce aĂ©ronavale. Elles sont indispensables Ă  touteopĂ©ration amphibie en vue de connaĂźtre laprofondeur des plages et la violence des vagues.Leurs mesures dans le temps dĂ©terminentl’évolution des paramĂštres, avant la mise en serviced’un hĂ©licoptĂšre ou d’un engin de dĂ©barquementpour en garantir le retour. La lutte sous la mer dĂ©pend des mesures de la vitessede propagation du son dans l’eau, variable selon latempĂ©rature et la saison. Par exemple dansl’Atlantique, le sonar de coque d’une frĂ©gate dĂ©tectedes indiscrĂ©tions de sous-marin Ă  13 km en hiver,mais seulement Ă  3 km en Ă©tĂ©. Le sonar remorquĂ©comble les lacunes de dĂ©tection jusqu’à 22 km parune immersion Ă  160 m en hiver, rĂ©duite Ă  70 m enĂ©tĂ©. La bathymĂ©trie (mesure des profondeurs) Ă©tablitdes cartes prĂ©cises du fond de la mer avec des Ă©pavesĂ©ventuelles pour lever le doute sur un Ă©cho sonar. Lamise en commun des radar et sonar permet dedĂ©tecter les tirs de torpilles et d’autres armes. SalinitĂ©de la mer, taux d’hygromĂ©trie de l’air et variationatmosphĂ©rique entrent dans le calcul des portĂ©es desarmes et des moyens de dĂ©tection. Tout cela permetde vĂ©rifier la vĂ©racitĂ© des modĂšles Ă©tablis en Ă©tat-major et d’interprĂ©ter les manƓuvres possibles del’adversaire.

DISPOSITIFS ÉVOLUTIFSLa sĂ»retĂ© d’une force navale repose sur laconnaissance des zones de vulnĂ©rabilitĂ© et de non-dĂ©tection, grĂące au rĂ©glage des sonars de ses unitĂ©s.

Pour assurer leur discrĂ©tion, les sous-marinsdisposent de cartographies spĂ©cifiques etconfidentielles. Leurs zones de patrouille restentsecrĂštes et adaptĂ©es en cas de besoin. Chacun doit sefondre dans l’environnement marin, donc dans lebruit ambiant, en continu pour savoir s’il est dĂ©tectĂ©ou non. Il doit se positionner Ă  l’immersionoptimale pour Ă©viter toute indiscrĂ©tion magnĂ©tique,captable par un avion de patrouille maritime. IldĂ©termine des fenĂȘtres d’opportunitĂ©s dans sonpĂ©rimĂštre de patrouille. Ainsi, il peut Ă©voluer, entoute impunitĂ©, dans les zones trĂšs profondes enhiver et rester plus proche de la surface en Ă©tĂ©. EnconsĂ©quence, une force navale, centrĂ©e sur un porte-avions avec son escorte de quatre frĂ©gates et d’unsous-marin d’attaque (configuration p.12), devraĂ©largir son dispositif en hiver mais pourra le resserreren Ă©tĂ©. Les frĂ©gates et leurs hĂ©licoptĂšres embarquĂ©ssurveillent la portĂ©e des capteurs infrarouges dessous-marins d’attaque adverses pour dĂ©tecter touteindiscrĂ©tion.

Selon le Centre d’études stratĂ©giques de la marine, la rechercheocĂ©anique française est assurĂ©e par le Service hydrographiqueet ocĂ©anographique de la marine et l’Administration des terresaustrales et antarctiques françaises ainsi que quatre opĂ©rateurspublics civils : le Centre national de la recherche scientifique,l’Ifremer, l’Institut polaire français Paul-Emile Victor et l’Institutde recherche pour le dĂ©veloppement. Leur flotte totalise 18 na-vires. Les principales campagnes de recherche ocĂ©anogra-phiques sont assurĂ©es par 6 unitĂ©s de haute mer, dont les Pour-quoi-Pas ?, Thalassa et Marion-Dufresne. S’y ajoutent 5 navirescĂŽtiers, spĂ©cialisĂ©s dans la recherche scientifique, et 7 navires destation, rĂ©partis sur les façades maritimes en mĂ©tropole et ou-tre-mer. Ils mettent notamment en Ɠuvre le robot Victor-6000ou le sous-marin habitĂ© Nautile, capables d’intervenir Ă  6.000m de profondeur. Cette flotte mĂšne, en cohĂ©rence, des cam-pagnes de palĂ©o-ocĂ©anographie, d’estimation de biomasse et dechimie des ocĂ©ans ou de suivi d’alĂ©as naturels (secousses sis-miques, Ă©ruptions volcaniques sous-marines ou tsunamis).

La flotte océanique française

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L’INDO-PACIFIQUE

Des enjeux de sécurité partagés

Avec la PolynĂ©sie française et la Nouvelle-CalĂ©donie, la France est prĂ©sente sur la zone quis’étend de l’ocĂ©an Indien au Pacifique.Aujourd’hui, elle y est considĂ©rĂ©e comme unpartenaire stable par les pays riverains. Elle peut yprotĂ©ger ses intĂ©rĂȘts en tirant parti de ses atouts,malgrĂ© la distance et ses engagements au Sud de laMĂ©diterranĂ©e et en Afrique.

Un officier gĂ©nĂ©ral, qui connaĂźt bien cettezone et en particulier l’Asie du Sud-Est, l’aexpliquĂ© au cours d’une confĂ©rence-dĂ©bat,

organisĂ©e le 23 janvier 2018 Ă  Paris par l’AssociationrĂ©gionale Paris Ile-de-France des auditeurs de l’Insti-tut national des hautes Ă©tudes de dĂ©fense nationale.

CONTEXTE GÉOPOLITIQUELe document officiel « Revue stratĂ©gique 2017 » in-dique les consĂ©quences, pour la France, de la dĂ©grada-tion de la sĂ©curitĂ© dans cette rĂ©gion. Sont mention-nĂ©s : son statut de membre permanent du Conseil desĂ©curitĂ© de l’ONU ; ses intĂ©rĂȘts Ă©conomiques, terri-toires d’outre-mer et ressortissants (130.000) ; sespartenariats stratĂ©giques avec l’Australie, l’Inde, leJapon, Singapour, la Malaisie, l’IndonĂ©sie et le ViĂȘtNam ; la libertĂ© de navigation et d’approvision-nements, intĂ©rĂȘts partagĂ©s par les Etats membres del’Union europĂ©enne (UE). Cette rĂ©gion, rappelle l’officier gĂ©nĂ©ral, inclut unegrande partie des zones Ă©conomiques exclusivesfrançaises (11 Mkm2, carte p.5), la 2Ăšme du mondeaprĂšs celle des Etats-Unis. Elle abrite son 2Ăšme client,Ă  savoir l’Association des nations du Sud-Est(ASEAN) qui regroupe Brunei, Birmanie, Cam-

bodge, IndonĂ©sie, Laos, Malaisie, Philippines, Sin-gapour, ThaĂŻlande et ViĂȘt Nam. Membre de la com-mission d’armistice militaire entre les CorĂ©es duNord et du Sud depuis 1953, la France serait amenĂ©eĂ  intervenir en cas de conflit (1). La CorĂ©e du Norda procĂ©dĂ© Ă  plusieurs essais nuclĂ©aires et des tirs demissiles balistiques intercontinentaux, mais ne dis-pose pas encore de la technologie pour les actionnerensemble, Ă  savoir l’arme nuclĂ©aire proprement dite.La CorĂ©e du Sud accueille sur son sol le systĂšme demissiles antibalistiques amĂ©ricain THAAD. Ce sys-tĂšme amoindrit la dissuasion nuclĂ©aire de la Chine,dont l’üle de Hainan abrite sa base de sous-marins nu-clĂ©aires lanceurs d’engins. Cette Ăźle se trouve Ă  envi-ron 170 milles marins (315 km) de l’archipel desParacels, qu’elle revendique depuis 2012 ainsi que leViĂȘt Nam. Outre la prĂ©sence permanente de leurVIĂšme Flotte, les Etats-Unis disposent de bases mili-taires en CorĂ©e du Sud, au Japon et Ă  Guam (archipeldes Mariannes). Par ailleurs, la Chine est perçue comme une menaceen Asie du Sud-Est depuis qu’elle construit aĂ©ro-ports, hĂ©liports et immeubles sur 7 Ăźles artificiellesadossĂ©es Ă  des rĂ©cifs de l’archipel des Spratleys, dontla plus grande partie est revendiquĂ©e par les Philip-pines. DĂšs 2009, ces derniĂšres ont portĂ© l’affaire de-vant la Cour permanente d’arbitrage de La Haye quia estimĂ©, en juillet 2016, que la Chine n’y avait aucundroit historique, pas plus que sur les Paracels. En outre, la Chine, qui considĂšre TaĂŻwan commeune partie de son territoire, l’isole par tous lesmoyens, mais en Ă©vitant toute action violente qui en-traĂźnerait une rĂ©action militaire des Etats-Unis. Pourcontrer leur influence politique dans la zone Indo-

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Pacifique, elle se tourne vers l’UE, dont elle constituele premier partenaire commercial. Or, l’ASEANcompte sur la France, seul Etat membre de l’UE Ă  yenvoyer sa Marine, pour faire respecter la libertĂ© desmers face Ă  l’expansion maritime chinoise. De soncĂŽtĂ©, la France s’intĂ©resse au projet des « nouvellesroutes de la soie », maritime et terrestre, de la Chinesur qui elle compte depuis l’entrĂ©e en vigueur en2016 de l’accord de Paris sur le climat (COP 21).

PERSPECTIVES POUR LA FRANCEL’image de la France dans la rĂ©gion s’est beaucoupamĂ©liorĂ©e depuis sa ratification du traitĂ© d’interdic-tion complĂšte des essais nuclĂ©aires, souligne l’officiergĂ©nĂ©ral. En outre, elle participe aux grandes opĂ©ra-tions humanitaires et Ă  la lutte contre la piraterie enocĂ©an Indien et contre le terrorisme. En matiĂšre de sĂ©curitĂ©, elle possĂšde un outil militairecomplet, de l’entrĂ©e en premier sur un thĂ©Ăątre Ă  la dis-suasion nuclĂ©aire stratĂ©gique. Quoique n’ayant con-clu aucun accord de dĂ©fense avec un pays de la rĂ©gion,elle y dispose de 18 attachĂ©s militaires. Elle y assureun continuum militaire Ă  Djibouti, Ă  La RĂ©union, Ă Abou Dhabi, en PolynĂ©sie française et en Nouvelle-CalĂ©donie.

La culture industrielle française d’armement est re-connue dans la rĂ©gion Indo-Pacifique, oĂč le marchĂ©militaire connaĂźt une forte expansion. MalgrĂ© la viveconcurrence des constructeurs allemand et japonais,elle est parvenue Ă  vendre 12 sous-marins Ă  propul-sion diesel-Ă©lectrique Ă  l’Australie, dans le cadre d’unpartenariat stratĂ©gique de 50 ans, avec un dĂ©marragede la construction en 2022 et une premiĂšre mise Ă l’eau en 2030. Depuis 2015, le groupe Ă©cole d’appli-cation des officiers de Marine (mission « Jeanned’Arc ») se rend tous les ans en Australie et, depuis2017, un officier australien est affectĂ© Ă  lâ€˜Ă©tat-majorde la Marine Ă  Paris. La France a construit la forcesous-marine de la Malaisie et coopĂšre avec Singapouren matiĂšre de recherche. Son partenariat avec lesEtats-Unis inclut le partage du renseignement sur lazone. Mais son approche diffĂ©rente rassure les petitspays face Ă  l’Australie et Ă  la Chine.(1) Lors des consultations politico-militaires ministĂ©rielles(Affaires Ă©trangĂšres et DĂ©fense) tenues Ă  Tokyo le 26 janvier2018, la France et le Japon ont soulignĂ© qu’ils ne reconnaĂź-traient jamais la possession de l’arme nuclĂ©aire par la CorĂ©e duNord. Ils ont aussi rĂ©affirmĂ© leur volontĂ© de la contraindre Ă abandonner tout programme d’armes de destruction massive,via les rĂ©solutions du Conseil de sĂ©curitĂ© de l’ONU.

L’AÉRONAUTIQUE NAVALE

Une histoire mouvementĂ©eune commission d’études qui conclut Ă  la nĂ©cessitĂ©d’aĂ©roplanes volant Ă  500 m d’altitude, avec un Ă©qui-page et des projectiles pour lutter contre les sous-ma-rins et les grands cuirassĂ©s. En 1910, des officiers deMarine vont passer leur brevet de pilotes dans les aĂ©ro-dromes de l’armĂ©e de Terre. La mĂȘme annĂ©e en no-vembre, un pilote civil amĂ©ricain parvient Ă  dĂ©collerdu pont d’un croiseur. Trois mois plus tard, il rĂ©ussit Ă atterrir sur le pont amĂ©nagĂ© d’un cuirassĂ©. En 1911, unamiral britannique propose un navire porte-avions. En1912, la Marine française met en service cinq biplansutilisables Ă  terre ou en hydravion. « L’esprit aĂ©rona-val » se forge au centre d’expĂ©rimentations de Saint-RaphaĂ«l qui, dĂšs 1919, teste les matĂ©riels et forme lespilotes. L’annĂ©e suivante, la coque du cuirassĂ© (ina-chevĂ©) BĂ©arn est transformĂ©e en bĂątiment d’essaispour l’aviation d’escadre, avec une plate-forme en bois,des brins d’arrĂȘt comme Ă  Saint-RaphaĂ«l et une mired’appontage. En 1920-1921, 16 pilotes y ont dĂ©collĂ© etappontĂ©, donnant ainsi naissance Ă  l’aviation embar-quĂ©e. En 1927, le BĂ©arn emporte 40 avions de chasse,de reconnaissance, de bombardement et lance-tor-pilles. La Marine amĂ©ricaine avait testĂ© les premiers ca-tapultages en 1912 et 1915. En France, aprĂšs des essaisconcluants Ă  terre en 1924, une catapulte est installĂ©esur le croiseur Primauguet, d’oĂč le premier catapultageen haute mer sera rĂ©ussi deux ans plus tard. Cela en-traĂźne l’abandon des hydravions sur les bĂątiments, enraison de leurs difficultĂ©s Ă  se poser en mer et du risqued’accidents dans les rades portuaires encombrĂ©es. Ilsperdurent dans la lutte contre les feux de forĂȘts. Dansles annĂ©es 1930, sont mis au point les trains d’atterris-sage rĂ©tractables et un systĂšme de repliage des ailespour abriter les avions dans les hangars des bateaux. En1946, la construction de la premiĂšre sĂ©rie d’avions Ă 

L’arme aĂ©rienne de la Marine s’est affirmĂ©e aucours d’un siĂšcle de pĂ©ripĂ©ties et de guerres. AprĂšsson indĂ©pendance de l’armĂ©e de Terre, elle a dĂ»affronter la rivalitĂ© de l’armĂ©e de l’Air et l’hostilitĂ©de ses dĂ©tracteurs au sein mĂȘme de la Marine (lescanonniers partisans des cuirassĂ©s puis lesmissiliers). Aujourd’hui, le porte-avions, basemilitaire mobile et bĂątiment d’influence, permetaux autoritĂ©s politiques de conserver une libertĂ©d’action dans les crises qui secouent le monde, dont80 % de la population vit Ă  proximitĂ© des cĂŽtes.

L’amiral Alain Oudot de Dainville, anciencommandant du porte-avions Clemenceau,est devenu le troisiùme pilote de chasse em-

barquĂ©e Ă  occuper les fonctions de chef d’état-majorde la Marine (2005-2008). Dans son ouvrage « Volau vent marin », il relate la saga de l’aviation navale,instrument de la puissance maritime des nations quipĂšsent sur les affaires du monde.

ÉVOLUTIONDes ballons, dĂ©jĂ  utilisĂ©s comme plates-formes d’ob-servation Ă  la bataille de Fleurus (1794), seront embar-quĂ©s sur un navire de la campagne d’Egypte qui seracoulĂ© lors de la bataille navale d’Aboukir (1798). Lorsdu siĂšge de Paris (1870), les ballons, conduits par desmarins en raison de leurs connaissances en navigation,effectuent 71 missions. En 1900, un officier de Marinepropose de doter les vaisseaux de ballons, capablesd’éclairer les escadres, de repĂ©rer les sous-marins (misau point en 1887) et de rĂ©gler les tirs d’artillerie. En1908, un autre envisage un « aĂ©roplane naval » pou-vant flotter, dĂ©coller d’une mer peu agitĂ©e et ĂȘtre logĂ©sur un bateau. AprĂšs la traversĂ©e de la Manche parLouis BlĂ©riot en 1909, le ministre de la Marine crĂ©e

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rĂ©action embarquĂ©s est lancĂ©e aux Etats-Unis, aprĂšs lesuccĂšs du premier appontage de nuit sur le porte-avions Franklin-Roosevelt. En 1952, le porte-avionsfrançais Arromanchespart pour l’Indochine avec, pourla premiĂšre fois, deux hĂ©licoptĂšres surnommĂ©s « Pe-dro » pour le sauvetage des pilotes accidentĂ©s le longdu bord. L’hĂ©licoptĂšre avait Ă©tĂ© testĂ© en mer en 1943par des officiers anglais et amĂ©ricains pour embarquerdirectement sur un cargo. La Marine britanniquel’avait utilisĂ© pour la chasse aux sous-marins et dans lacampagne de Birmanie. En 1947, un pilote de porte-avions, tombĂ© en mer, avait Ă©tĂ© sauvĂ© par un hĂ©licop-tĂšre, qui ouvre ainsi la carriĂšre des Pedro. En 1956, ap-paraĂźt l’hĂ©licoptĂšre de combat, qui va gagner ses lettresde noblesse en AlgĂ©rie. Les porte-avions Clemenceau(mis Ă  flot en 1957) et Foch (1960) sont Ă©quipĂ©s de ca-tapultes Ă  vapeur pour lancer les avions Ă  rĂ©actionlourds Ă  plus de 90 nƓuds (167 km/h). Ils sont aussidotĂ©s d’une piste oblique, qui permet de lancer et de rĂ©-cupĂ©rer les avions simultanĂ©ment. Cela permet : d’évi-ter, en cas d’appontage ratĂ©, qu’un avion s’écrase surceux parquĂ©s Ă  l’avant du pont ; de maintenir une per-manence d’avions en vol ; d’amĂ©liorer les capacitĂ©sd’emport, car la partie avant peut servir de parking. Lesavions de chasse embarquĂ©e Super-Etendard sontĂ©quipĂ©s du missiles mer-mer Exocet dĂšs 1981 puis lesavions de patrouille maritime Atlantique 2, qui rece-vront ensuite la bombe guidĂ©e laser. Celle-ci et le mis-sile de croisiĂšre, montĂ© sur le Rafale Marine, sont en ef-fet plus adaptĂ©s aux objectifs terrestres et navals. EnmatiĂšre de dissuasion, les Super-Etendard emportentla bombe nuclĂ©aire AN52 dĂšs 1973 puis, en 1991, lemissile ASMP (missile air-sol moyenne portĂ©e) Ă  tĂȘtenuclĂ©aire. A partir de 2010, le Rafale prend la relĂšveavec l’ASMPA (air-sol moyenne portĂ©e amĂ©liorĂ©).

GUERRES L’aviation maritime commence la premiùre guerremondiale avec 14 hydravions disparates (27 pilotes),

dont 6 sont acheminĂ©s sur le navireFoudre en Egyptepour dĂ©fendre du canal de Suez. RapatriĂ©s, ils ontcontribuĂ©, avec les dirigeables, Ă  interdire l’accĂšs dulittoral français aux sous-marins allemands et autri-chiens. La production aĂ©ronautique est accrue aprĂšsla dĂ©claration de la guerre sous-marine Ă  outrance en1917. Le 11 novembre 1918, la Marine compte :1.264 hydravions de haute mer, de patrouille cĂŽtiĂšre,d’alerte et de chasse ; 37 dirigeables et 200 ballonscaptifs ; 7.000 hommes dans l’aviation, dont 700 pi-lotes d’hydravions et 700 observateurs. Pendant leconflit, 135 pilotes et observateurs ont disparu. DĂšs1917, pour assurer la protection des convois mari-times Ă  travers l’Atlantique, des pilotes de l’aviationmaritime amĂ©ricaine naissante sont formĂ©s dans descentres français, Ă©vĂ©nement Ă  l’origine d’une frater-

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“Vol au vent marin, un regard pour l’histoire de l’AĂ©ronautiquenavale”, par l’amiral Alain Oudot de Dainville, Ă©ditĂ© par l’ARDHAN.306 pages, nombreuses photos et illustrations. 42 €.

Marine est effectuĂ© avec succĂšs contre Gibraltar (24septembre). AprĂšs le dĂ©barquement alliĂ© en Afriquedu Nord (8 novembre 1942), les pilotes de chasseMarine sont intĂ©grĂ©s Ă  l’armĂ©e de l’Air jusqu’à la finde la guerre. Celle-ci a confirmĂ© l’intĂ©rĂȘt de la pa-trouille maritime avec des avions Ă  long rayon d’ac-tion et du couple porte-avions/aviation embarquĂ©e.Pendant la guerre d’Indochine (1946-1954), les au-toritĂ©s militaires prennent en compte la souplesse etla puissance de cette base aĂ©rienne mobile, Ă  la fois ca-serne, restaurant, soutes, hangar, centre de contrĂŽleet piste flottante. Pendant la guerre d’AlgĂ©rie(1954-1962), la Marine participe Ă  toutes les opĂ©ra-tions avec ses avions et le tandem hĂ©licoptĂšres/com-mandos. Dans les grands conflits, rĂ©sume l’historienbritannique Liddell Hart (1895-1970), l’armĂ©e deTerre remporte la victoire, l’armĂ©e de l’Air en prĂ©-pare les voies et la Marine la rend possible.

nitĂ© d’arme jamais dĂ©mentie par la suite. Le 10 mai1940, la Marine dispose des porte-avions BĂ©arn etCommandant-Teste et de 354 avions et hydravions,rĂ©partis en 50 escadrilles. Tous participent aux com-bats de mai et juin, oĂč 50 % d’entre eux sont abattuspar l’artillerie allemande. En outre, les pilotes alle-mands sont mieux entraĂźnĂ©s, alors que la tactiquefrançaise n’est pas au point et l’aviation maritime in-suffisamment organisĂ©e pour le combat. Pourtant,elle parvient Ă  bombarder les ports italiens de GĂȘneset Valdo Ligure (18 juin) et mĂȘme, avec un avionlong courrier d’Air France rĂ©quisitionnĂ©, les usinesaĂ©ronautiques de la banlieue de Berlin en 13h40 devol (7 juin). AprĂšs l’armistice (22 juin), 70 avionspartent pour l’Afrique du Nord rejoindre les 150 quis’y trouvaient dĂ©jĂ . AprĂšs les attaques britanniquescontre Mers-el-KĂ©bir (3 juillet) et Dakar (23 septem-bre), un raid de reprĂ©sailles conjoint armĂ©e de l’Air et

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La France rattrape son retard dans le domaine desdrones aĂ©riens, de surface et sous-marins. Ceux-civarient de l’engin rustique, bon marchĂ©,consommant peu et idĂ©al pour les missions risquĂ©espour l’homme, Ă  l’appareil sophistiquĂ©, tĂ©lĂ©pilotĂ©,aidĂ© par intelligence artificielle et capable dechanger de milieu selon la situation. Une rĂ©flexionest en cours sur le drone autonome, agissant loin etsans intervention humaine pour le recueil d’imageset l’évaluation d’une frappe. A terme, un dronearmĂ© apporterait une dĂ©multiplicationopĂ©rationnelle.

Le capitaine de frégate Pierre Marcellin et le ca-pitaine de corvette Augustin Blanchet ontprésenté les drones, actuels et en projet, dans

la Marine, au cours d’une confĂ©rence-dĂ©bat organi-sĂ©e, le 14 fĂ©vrier 2018 Ă  Paris, par le Centre d’étudesstratĂ©giques de la marine.

COMPLÉMENTARITÉSLes drones navals doivent effectuer les tĂąches mono-tones, sales et dangereuses, explique le capitaine defrĂ©gate Marcellin. DĂ©multiplicateurs des capacitĂ©s derecueil d’informations, ils permettent d’assurer uneplus grande persistance au profit d’une mission per-manente. Ainsi, le drone tactique embarquĂ© sur unefrĂ©gate (illustration), pourra rester 10 heures surzone, contre 3 heures pour un hĂ©licoptĂšre. Il limiterason exposition Ă  la menace en vue d’agir mieux et pluslongtemps dans des environnements hostiles,comme le recueil de preuves lors d’une pollution parun chimiquier. Le drone tĂ©lĂ©commandĂ© de premiĂšregĂ©nĂ©ration dĂ©place les opĂ©rateurs sans en diminuer lenombre par rapport Ă  l’équipage d’un hĂ©licoptĂšre envol. L’intelligence artificielle doit encore progresserpour automatiser ses tĂąches, afin de le maintenirlongtemps sur zone. En milieu dĂ©gradĂ©, le drone nepeut faire preuve de rĂ©silience, alors que l’équipage de

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Projet de drone naval pour la frégate multimissions de 6.000 t (à gauche) et la future frégate de taille intermédiaire de 4.200 t.

(c) Naval Group

LES DRONES NAVALS

Une supériorité informationnelle

l’hĂ©licoptĂšre synthĂ©tise les informations et rĂ©agit enconsĂ©quence. Quoique le drone rĂ©duise le risque faceĂ  la menace, l’exposition des militaires restera inĂ©vi-table pour la rĂ©ussite de la mission. Avec un moindrecoĂ»t d’exploitation qu’un aĂ©ronef habitĂ©, la montĂ©een puissance des drones complĂšte les plates-formeshabitĂ©es (hĂ©licoptĂšres, avions et navires de surface),en profitant des apports de chacun sans en dupliquerles capacitĂ©s.

LES DRONES AÉRIENSLe rayon d’action d’un drone aĂ©rien reste en cohĂ©-rence avec sa zone d’intĂ©rĂȘt et sa « survivabilitĂ© » se-lon le niveau de la menace. Ainsi, le micro-drone, des-tinĂ© aux commandos, porte jusqu’à 55 km. Lemini-drone d’un patrouilleur est utile de 55 km Ă  110km et le drone tactique d’une frĂ©gate de 110 km Ă  185km. Par son allonge, le futur drone de combat Ă©ten-dra la zone d’opĂ©ration d’une force navale de luttecontre la terre (action amphibie ou groupe aĂ©rona-val) jusqu’à 550 km. GrĂące Ă  sa longue endurance, ilcomplĂštera l’aviation maritime pour la surveillancedes approches maritimes en Atlantique et en MĂ©di-terranĂ©e. La Marine et la DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale de l’ar-mement ont procĂ©dĂ©, depuis la terre, aux essais de di-vers types de mini-drones Ă  voilure fixe (type avion)et tournante (type hĂ©licoptĂšre) et leurs charges utilespour confirmer leur plus-value et adapter leurs sen-seurs, par exemple pour la recherche de mines dĂ©ri-vantes. En outre, des expĂ©rimentations se sont dĂ©rou-lĂ©es sur l’aviso Commandant-Bouan, pour lelancement par catapulte d’un mini-drone Ă  voilurefixe et sa rĂ©cupĂ©ration par un filet vertical tendu surla plage arriĂšre. L’escadrille 10 S a effectuĂ©, sur le pa-trouilleur L’Adroit, plus de 200 appontages dedrones tactiques embarquĂ©s S-100 Ă  voilure tour-nante entre 2012 et 2014 (170 heures de vol). En-suite, l’expĂ©rimentation « Serval » (SystĂšme embar-quĂ© de reconnaissance vecteur aĂ©rien lĂ©ger) a rĂ©alisĂ©

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plus de 40 heures de vol du S-100 en 2017, combinĂ©avec un hĂ©licoptĂšre Alouette III du bĂątiment de pro-jection et de commandement Dixmude, dans un en-vironnement opĂ©rationnel. Poursuivie en 2018, ellevise d’abord Ă  Ă©tablir le concept d’emploi d’un dronetactique Ă  dĂ©collage et atterrissage vertical pour desmissions de surveillance maritime, de reconnais-sance, de renseignement et d’appui aux opĂ©rationstactiques. Ensuite, elle en Ă©valuera les contraintesd’intĂ©gration physiques et fonctionnelles sur un na-vire et dans l’espace aĂ©romaritime ainsi que sa main-tenance et sa mise en Ɠuvre en toute sĂ©curitĂ©. En-fin,« Serval » devra aussi dĂ©terminer les processus derecrutement et de formation des opĂ©rateurs et destechniciens de maintenance.

LA GUERRE DES MINESLes drones de surface et sous-marins trouveront uneapplication dans la guerre des mines, qui pourraitmenacer le canal de Suez et les dĂ©troits des Darda-nelles, de Bab el-Mandeb et d’Ormuz. Les navireschasseurs de mines les dĂ©tectent par sonar et les clas-sent. Ensuite, des robots sous-marins ou des plon-geurs dĂ©mineurs les identifient et les neutralisent.DĂ©jĂ , les deux premiĂšres opĂ©rations sont rĂ©alisablesde façon discrĂšte par des drones sous-marins lĂ©gers,embarquĂ©s sur des canots pneumatiques, en vued’une analyse des images sonar Ă  terre (identifica-tion). A l’horizon 2030, le « systĂšme de lutte anti-mines futur » (SLAMF) remplacera les moyens ac-tuels par des drones de surface et sous-marins, desbĂątiments pour plongeurs dĂ©mineurs et le renouvel-lement du systĂšme d’exploitation des donnĂ©es. LapremiĂšre Ă©tape du programme porte sur un proto-type franco-britannique dĂ©veloppĂ© Ă  partir de 2019,en vue d’une livraison d’un systĂšme de drones parpays en 2022. Le SLAMF doit notamment sĂ©curiserla mise en Ɠuvre des sous-marins nuclĂ©aires lanceursd’engins Ă  Brest et du porte-avions Ă  Toulon.

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Novembre 1918, alĂ©as d’une mission de paix

Le 4 octobre 1918, le chancelier alle-mand Max de Bade propose au prĂ©si-dent amĂ©ricain Wilson un armisticeimmĂ©diat. Souhaitant au prĂ©alablel’évacuation des pays occupĂ©s, voirela capitulation militaire, le 5 novem-bre, une note des AlliĂ©s indique qu’ilssont prĂȘts Ă  entamer des nĂ©gociationsde paix sur la base du programme ditdes « 14 points ». Dans la nuit du 6au 7 novembre, Ă  minuit trente prĂ©-cisĂ©ment, un radiotĂ©lĂ©gramme duhaut-commandement allemand pro-pose une entrevue avec les autoritĂ©sfrançaises. Le marĂ©chal Foch rĂ©pondque « les plĂ©nipotentiaires allemands[pourront se prĂ©senter] aux avant-postes français par la route de Chi-may-Fourmies-La Capelle-Guise. Desordres sont donnĂ©s pour les recevoir etles conduire au lieu fixĂ© pour la ren-contre ».

Franchir le frontLa dĂ©lĂ©gation allemande comportequatre membres principaux : le secrĂ©-taire d’Etat impĂ©rial, M. Mathias Erz-berger, prĂ©sident de la dĂ©lĂ©gation,l’envoyĂ© extraordinaire impĂ©rial etministre plĂ©nipotentiaire, le comte Al-fred Oberndorff, le gĂ©nĂ©ral-majorprussien Detlof von Winterfeldt (an-cien attachĂ© militaire en France), lecapitaine de vaisseau impĂ©rial Vanse-low. Ils sont assistĂ©s du capitained’état-major Geyer, d’un interprĂšte, lecapitaine de cavalerie von Helldorff,et d’un stĂ©nographe. A partir de laville de Spa, oĂč est Ă©tabli le GrandQuartier GĂ©nĂ©ral (GQG) allemand, ungroupe de cinq vĂ©hicules se dirige dĂšsle 6 novembre vers la frontiĂšre fran-çaise. HĂ©las, Ă  peine cette expĂ©ditionentamĂ©e, un accident contraint lesplĂ©nipotentiaires Ă  s’entasser dans

trois vĂ©hicules. Vers 14h45, des sol-dats allemands dĂ©sarmĂ©s sont faitsprisonniers prĂšs de la ligne française.D’aprĂšs eux, l’armistice est signĂ© de-puis 13h30 et un ordre de cessez-le-feu a Ă©tĂ© donnĂ©. Des faits que vien-nent corroborer peu aprĂšs unĂ©missaire et deux cavaliers. Ils prĂ©ci-sent d’ailleurs que le retard de la dĂ©-lĂ©gation est dĂ» au mauvais Ă©tat desroutes et que son arrivĂ©e est repous-sĂ©e Ă  17h00. Dans ses «Souvenirs de guerre », Ma-thias Erzberger raconte : « Ce voyagefut lent, Ă  cause des masses detroupes allemandes qui refluaient. A latombĂ©e de la nuit [la veille], nous ar-rivĂąmes, vers six heures, Ă  Chimay, oĂčle gĂ©nĂ©ral allemand [
] me disaitque, pour assurer la retraite de l’ar-mĂ©e allemande, les routes Ă©taientbarrĂ©es par des arbres qu’on avait je-

De l’Armistice, on retient le plus souvent l’image du wagon de Rethondes et le cessez-le-feu final le11 novembre Ă  11h00 mais, gĂ©nĂ©ralement, on ignore les conditions improbables dans lesquelles lesplĂ©nipotentiaires allemands ont menĂ© leur mission.

Portraits des trois principauxplénipotentiaires allemands, à partir de

la gauche, le secrĂ©taire d’EtatErzberger, le gĂ©nĂ©ral-major von

Winterfeldt et le comte Oberndorff(source : “La victoire : supplĂ©ment au

Panorama de la Guerre précédé del'Allemagne vaincue : étude

d'ensemble “ lieutenant-colonelRousset, J. Tallandier, 1919, p.9).

©Gallica

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tĂ©s au travers d’elles. La route Ă©taitloin d’ĂȘtre sĂ»re. J’insistai pour conti-nuer mon voyage, et j’y parvins aprĂšsune conversation tĂ©lĂ©phonique avecl’Etat-Major allemand le plus proche,qui Ă©tait Ă  Trelon. J’y arrivai vers septheures et demie. [
] Un dĂ©tache-ment de pionniers avait dĂ©barrassĂ© lechemin de toutes les mines [
]AprĂšs un court arrĂȘt, nous conti-nuĂąmes, beaucoup plus vite parce queles routes n’étaient plus si encom-brĂ©es. J’avais emmenĂ© avec moi untrompette. [
] A partir des lignes al-lemandes, les autos avancĂšrent trĂšslentement. Le feu avait cessĂ© desdeux cĂŽtĂ©s depuis quelques heures.Un grand drapeau blanc [une nappeblanche rĂ©cupĂ©rĂ©e au passage Ă  Four-mies] fut hissĂ© sur la premiĂšre auto.Le trompette faisait entendreconstamment de brefs appels. A envi-ron 150 mĂštres du front allemand ap-parurent les premiers soldats fran-çais », ceux du 19Ăšme Bataillon dechasseurs Ă  pied.

RethondesC’est l’heure de gloire du caporal-clai-ron Pierre Sellier du 171Ăšme RĂ©gi-ment d’infanterie (RI), plus tard sur-nommĂ© le « clairon de l’armistice »,qui sonne les ordres de cessez-le-feuaux troupes françaises environnantes.Le monument de la Pierre d’Haudroy(1925), marque l’emplacement hau-tement symbolique de la rencontre.AprĂšs une prise en charge par le reprĂ©-

sentant du corps d’armĂ©e, Ă  la VillaPasques (poste de commandementdu 171Ăšme RI), on procĂšde Ă  unĂ©change avec des vĂ©hicules français.Le convoi se dirige vers HombliĂšres,au quartier gĂ©nĂ©ral de la Ire ArmĂ©e.AprĂšs un dĂźner tardif, les Allemandssont escortĂ©s jusqu’à la gare de Ter-gnier, oĂč les attend un train spĂ©cial quiles mĂšnera Ă  la forĂȘt de Rethondes, cequ’ils ignorent. Pour autant, l’offen-sive française ne faiblit pas. « L’en-nemi dĂ©sorganisĂ© par [les] attaquesrĂ©pĂ©tĂ©es cĂšde sur tout le front » ; il im-porte d’entretenir les actions en courssans se relĂącher afin d’en finir avec la

Reconstitution de la scĂšne d’arrivĂ©e des plĂ©nipotentiaires allemands dans les lignesfrançaises avec le clairon Pierre Sellier sonnant le cessez-le-feu provisoire le 7novembre 1918. Couverture Le Petit Journal illustrĂ© du 11 novembre 1928.

©Gettyimages

rĂ©sistance allemande. Le 8 novem-bre, en fin de matinĂ©e, le capitainevon Helldorff est chargĂ© de repasserles lignes pour apporter les conditionsd’armistice au GQG de Spa. Vers18h00, le voilĂ  de retour Ă  proximitĂ©de la ligne de front avec deux vĂ©hi-cules. MalgrĂ© l’annonce d’une nou-velle zone de cessez-le-feu, le claironfrançais qui l’escorte ne parvient pasĂ  ouvrir la voie. Pire, les troupes alle-mandes stoppent leur progression pardes tirs de mitrailleuses et d’obus.Contourner est impossible car la plu-part des ponts ont Ă©tĂ© dĂ©truits pourprĂ©server le retrait allemand.

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Le 9 novembre, un dispositif provi-soire est mis en Ɠuvre par le gĂ©niefrançais. Plusieurs solutions de se-cours sont envisagĂ©es : un retour paravion Ă  partir du terrain de Crupilly, si-tuĂ© Ă  15 km de La Capelle, et des che-vaux sont Ă©galement prĂ©parĂ©s. Alorsque les combats ont repris, un premierpont puis un second sont rĂ©tablis. Lecapitaine entre enfin dans les lignesallemandes Ă  14h20. SitĂŽt le passagede l’officier allemand achevĂ©, les com-bats reprennent en direction de lafrontiĂšre belge, vers Beauwelz, loca-litĂ© reconquise dans la journĂ©e. Suite Ă  la transmission du projet, le

GQG allemand se rĂ©sout Ă  le ratifier etemporte la dĂ©cision des politiques. Le 11 novembre vers 12h30, pourĂ©viter toute nouvelle pĂ©ripĂ©tie, le capi-taine allemand Geyer est rapatriĂ© versSpa par avion depuis Tergnier. Il estporteur de la carte officielle des zonesd’évacuation et de l’acte de l’armis-tice. Le reste de la dĂ©lĂ©gation estacheminĂ© Ă  peu prĂšs au mĂȘme mo-ment par train vers Tergnier. AprĂšsavoir attendu le retour de leurs vĂ©hi-cules, ils rejoignent la ligne de front Ă deux heures du matin le 12 novem-bre. Si ce passage s’est cette fois dĂ©-roulĂ© sans encombre, cinq des sept vĂ©-

hicules trouvent tout de mĂȘme lemoyen de se perdre en route ! Fortheureusement, tout le monde se re-trouve sain et sauf, Ă  Spa. A Beau-welz, si, Ă  l’heure dite, le claironPierre Sellier a sonnĂ© l’arrĂȘt dĂ©finitifdu conflit. Une plaque commĂ©mora-tive inaugurĂ©e le 9 novembre 1998 lerappelle. Pour lui, comme pour ses ca-marades, la mobilisation au service dela France va cependant se poursuivrependant de trĂšs longs mois. Il n’estdĂ©mobilisĂ© que le 25 aoĂ»t 1919.

Capitaine Eva Renuccichargée de recherches

Service historique de la DĂ©fense

Carte récapitulative de la mission des plénipotentiaires allemand ©RNI

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DANS LES LIVRES

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DÉFAITES MILITAIRES, CE QU’IL FAUT ÉVITER

Les Ă©checs militaires rĂ©sultent de causes diverses : non prĂ©paration de l’outil guerrier, vision erronĂ©ede l’ennemi, mauvaise appropriation des rapports de force, incompĂ©tence des chefs ou manque devolontĂ© de la troupe. Lors de la conduite de la bataille, certains chefs, sous le coup de l’émotion,confondent intuition et rĂ©flexion, perception et rĂ©alitĂ©. Charisme et compĂ©tence technique ne suffi-sent pas. Le chef doit avoir une vision globale et donner un sens Ă  l’action militaire.

La dĂ©faite de la Prusse Ă  IĂ©na en 1806, face Ă  Na-polĂ©on, conduit le gĂ©nĂ©ral von Scharnhorst Ă  crĂ©erune acadĂ©mie militaire en 1810. La Prusse neconnaĂźt ensuite que des victoires : contre la Franceen 1813 (Leipzig), contre le Danemark en 1864(guerre des DuchĂ©s), contre l’Autriche en 1866(Sadowa) et Ă  nouveau contre la France en 1870(Sedan). Celle-ci en tire les leçons et crĂ©e l’EcolesupĂ©rieure de guerre en 1876, oĂč enseignera le fu-tur marĂ©chal Foch qui, mĂ©thodiquement, forceral’Empire allemand Ă  demander l’armistice en no-vembre 1918. Certaines prĂ©cautions tactiques assurent la vic-toire ou, du moins, limitent la portĂ©e de la dĂ©faiteen Ă©vitant des erreurs lourdes de consĂ©quences. S’engager sans renseignement. La collecte prĂ©a-lable et permanente du renseignement contribueĂ  la sĂ»retĂ© et Ă  la libertĂ© d’action. A TrasimĂšne (21juin 217 avant JC), le gĂ©nĂ©ral carthaginois Hanni-bal a su utiliser le terrain pour dĂ©truire une armĂ©eromaine complĂšte dans une embuscade. Le consulromain Flaminius a mal apprĂ©hendĂ© le champ debataille, crĂ©ant les conditions d’une dĂ©faite totalequi met la ville de Rome sous la menace directe destroupes carthaginoises. A Castillon (17 juillet1453), le prestigieux capitaine anglais John Tal-bot n’a guĂšre pris en compte la nouveautĂ© tech-nique que constitue l’artillerie de campagne (ca-nons lĂ©gers Ă  roues) acquise par Charles VII. LadĂ©faite de Castillon met fin Ă  la guerre de Cent

Ans et contraint l’Angleterre Ă  renoncer Ă  ses prĂ©-tentions sur la couronne de France. A Adoua (1ermars 1896), l’empereur d’Ethiopie MĂ©nĂ©lik IIĂ©crase le corps expĂ©ditionnaire italien du gĂ©nĂ©ralBaratieri, mal renseignĂ© sur le terrain, l’effectif del’ennemi et sa capacitĂ© manƓuvriĂšre. Pour la pre-miĂšre fois, un peuple autochtone parvient Ă  s’op-poser, par les armes, Ă  un processus occidental decolonisation..Se laisser imposer le terrain. Accepter le combatsur le terrain choisi par l’adversaire paralyse la ca-pacitĂ© de manƓuvre et rend les atouts inopĂ©rants.A Bannockburn (23-24 juin 1314), le roi d’EcosseRobert Bruce, fort de son infanterie, livre combatsur un espace boisĂ©, Ă©triquĂ© et marĂ©cageux, quiempĂȘche la cavalerie anglaise de charger et les ar-chers gallois de tirer un dĂ©luge de flĂšches. A Spion-kop (24 janvier 1900), l’armĂ©e britannique af-fronte, sans reconnaissance prĂ©alable, les« kommandos » boers, excellents tireurs se dĂ©-plaçant rapidement Ă  cheval. Elle mettra deux ansĂ  s’adapter Ă  leur tactique Ă  grande mobilitĂ©. Subir le rythme de l’adversaire. La rĂ©flexion tac-tique permet d’anticiper les options de manƓuvrede l’adversaire. BasĂ©e sur l’étude du terrain et desforces et faiblesses ennemies, elle laisse aussi uneplace Ă  l’imprĂ©vu, par l’étude de cas susceptibles deremettre en cause le plan initial. ARossbach (5 no-vembre 1757), l’armĂ©e prussienne de FrĂ©dĂ©ric IImanƓuvre plus rapidement que la coalition

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franco-autrichienne, deux fois plus nombreusemais Ă  la cohĂ©rence et au niveau opĂ©rationnel hĂ©-tĂ©rogĂšnes. A Yorktown (28 septembre-17 octobre1781), les gĂ©nĂ©raux français Rochambeau et amĂ©-ricain Washington profitent de l’arrivĂ©e de lapuissante flotte française de l’amiral de Grasse,pour prendre de vitesse les troupes britanniquesenvoyĂ©es y renforcer l’armĂ©e de Lord Cornwallis,qui sera contraint de capituler. A Cao Bang (2-9octobre 1950), le gĂ©nĂ©ral viĂȘt minh Giap, trĂšs bienrenseignĂ© sur le terrain et par des « fuites » Ă  Pa-ris, devance la manƓuvre française. La force viet-namienne de guĂ©rilla s’est muĂ©e en une armĂ©econventionnelle, mobile et puissamment armĂ©e.Sous-estimer son ennemi. Obtenir une visionjuste et actualisĂ©e de l’adversaire se heurte Ă  la pro-tection du secret et aux leurres sur ses buts rĂ©els,forces et faiblesses. A Carrhes (9 juin 53 avant

JC), les lĂ©gions romaines du triumvirCrassus, infanterie lourde et cavale-rie lĂ©gĂšre, sont anĂ©anties, sur un ter-rain dĂ©sertique, par l’armĂ©e du gĂ©nĂ©-ral parthe SurĂ©na, composĂ©e decavaliers cuirassĂ©s, capables de replisans limites gĂ©ographiques, et d’ar-chers disposant d’approvisionne-ments continus de flĂšches. Pendant

la guerre d’hiver russo-finlandaise (30 novembre1939-13 mars 1940), l’ArmĂ©e rouge se heurte Ă  lacombativitĂ© et la qualitĂ© du commandement desunitĂ©s finlandaises, beaucoup moins nombreusesmais soutenues par le patriotisme de leur nation.Sur le million d’hommes engagĂ©s en 1940, elle enperd 270.000, qui manqueront lors de l’offensiveallemande de 1941.Manquer d’audace. Engager le combat, sans enmaĂźtriser toutes les donnĂ©es, implique de prendreun risque (pertes humaines), donc de laisser unepart au hasard. A Balaklava (25 octobre 1854), lesdeux belligĂ©rants, tant britannique que russe,manquent Ă  plusieurs reprises de profiter des fra-gilisations ponctuelles de leur adversaire sur le ter-rain. Cette bataille des occasions manquĂ©es impo-sera Ă  la coalition franco-britannique de s’installerlongtemps en CrimĂ©e avec le long et sanglant siĂšge

Le colonel Gilles Haberey, saint-cyrien etbrevetĂ© de l’École de guerre, a commandĂ© le92Ăšme RĂ©giment d’infanterie de Clermont-Ferrand et a participĂ© Ă  plus d’unedizaine d’opĂ©rations extĂ©rieures. Le lieutenant-colonel Hugues Perot, saint-cyrien et brevetĂ© de l’École de guerre, a servicomme chef opĂ©rations du 126Ăšme RĂ©gimentd’infanterie de Brive-la-Gaillarde et a Ă©tĂ©engagĂ© au Kosovo, en CĂŽte d’Ivoire et enAfghanistan. Leur prĂ©cĂ©dent ouvrage, intitulĂ©â€œL’Art de conduire une bataille”, a reçu le prixde la Saint-Cyrienne en 2017. (voir revueN°326 DĂ©cembre 2016, p.8-10).”

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de SĂ©bastopol. A Metz (14-18 aoĂ»t 1870), le hautcommandement français n’a pas saisi les opportu-nitĂ©s de contourner le dispositif allemand. Pen-dant cette guerre, les chefs militaires français,expĂ©rimentĂ©s et compĂ©tents dans le commande-ment au contact mais manquant de connaissancesen termes de planification, logistique et manƓu-vre de grande ampleur, n’ont jamais cherchĂ© Ă prendre l’initiative tactique. Lors de la rĂ©ductionde la poche de Falaise (12-21 aoĂ»t 1944),malgrĂ© lasuprĂ©matie aĂ©rienne et la supĂ©rioritĂ© numĂ©riquedes forces alliĂ©es, le gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain Bradley a ra-lenti la manƓuvre de jonction avec les troupes bri-tanniques, par excĂšs de prudence. Environ 90.000Allemands parviennent Ă  s’échapper de Falaise etjoueront un rĂŽle dĂ©cisif dans l’échec de l’opĂ©rationaĂ©roportĂ©e alliĂ©e Ă  Arnhem, qui aurait pu hĂąter lafin de la guerre.S’obstiner inutilement. Des conceptions tac-tiques trop rigides, sclĂ©rosant la rĂ©flexion, peuventconduire Ă  des choix nĂ©fastes. Aucune batailled’usure ou d’attrition ne s’est avĂ©rĂ©e payante auniveau stratĂ©gique, y compris pour le vainqueur. AMalplaquet (11 septembre 1709), le marĂ©chal deVillars, Ă  la tĂȘte de la derniĂšre force militaire fran-çaise, y a disposĂ© des lignes de dĂ©fense successivesface Ă  une coalition d’armĂ©es europĂ©ennes, beau-coup plus nombreuses et commandĂ©es par le ducde Marlborough (Angleterre) et le prince EugĂšne(Saint Empire romain germanique). Il se replie enbon ordre, aprĂšs avoir infligĂ© Ă  l’ennemi trois foisplus de pertes que les siennes. Quoique maĂźtres duterrain, les coalisĂ©s se trouveront dans l’incapacitĂ©de poursuivre leur campagne en France. Dans laforĂȘt de HĂŒrtgen (19 septembre 1944-10 fĂ©vrier1945), le haut commandement alliĂ© n’a pas pris encompte ce terrain peu pĂ©nĂ©trable pour les blindĂ©s,

une mĂ©tĂ©orologie dĂ©favorable Ă  l’aviation et unerupture d’approvisionnements en obus. Le com-mandement allemand, conscient de cette partiede la ligne Siegfried, l’avait renforcĂ©e en effectifs ety avait camouflĂ© piĂšges antichar et antipersonnel,champs de mines et rĂ©seaux de barbelĂ©s. Ce fut laplus sanglante bataille de l’armĂ©e amĂ©ricaine de laseconde guerre mondiale pour un rĂ©sultat limitĂ©.CĂ©der Ă  la panique. Sentiment d’incertitude,perspective de la dĂ©faite et surprise peuvent dĂ©-clencher un stress collectif conduisant Ă  la disloca-tion d’un dispositif, dont l’adversaire profitequand il ne l’a pas sciemment recherchĂ©. A LasNavas de Tolosa (16 juillet 1212), le calife Muha-mad an-NĂąsir (Andalousie) dispose, sur un ter-rain favorable, de troupes aguerries et deux foisplus nombreuses que celles des rois Alphonse VIII(Castille), Pierre II (Aragon) et Alphonse II (Por-tugal), des Templiers et des Hospitaliers. Contretoute logique, les trois rois dĂ©clenchent, sur toutela largeur du front, une charge de cavalerie qui dĂ©-stabilise les unitĂ©s musulmanes, tĂ©tanisĂ©es parcette rĂ©action incohĂ©rente. La « Reconquista »chrĂ©tienne de l’Andalousie est relancĂ©e. A Capo-retto (24 octobre-12 novembre 1917), l’offensiveaustro-allemande, planifiĂ©e, a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e par uneinfiltration rapide de commandos de fantassinschargĂ©s de s’emparer d’objectifs clĂ©s en profon-deur. Quoique installĂ©es dans un massif monta-gneux favorable, les troupes italiennes ont eu lesentiment d’ĂȘtre tournĂ©es par l’adversaire. Cechoc psychologique fait dĂ©couvrir Ă  l’Italie, stupĂ©-faite, l’état rĂ©el de ses forces.

LoĂŻc Salmon« Les 7 pĂ©chĂ©s capitaux du chef militaire » par Gilles Haberey et Hugues PĂ©rot.Éditions Pierre du Taillac/258 pages/26,90 €

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CROIX DE GUERRE ET VALEUR MILITAIRE

LES GADZ’ARTS

Croix de Guerre 1914-1918 et 1939-1945

L’Ecole des Arts et MĂ©tiers(« Gadz’Arts »), crĂ©Ă©e en 1780 par leduc de la Rochefoucauld-Liancourt, estaujourd’hui, sous le nom d’Arts et MĂ©-tiers Paritech, la plus grande Ă©coled’ingĂ©nieurs en termes d’effectifs enFrance. Elle dĂ©livre un diplĂŽme orientĂ©d’abord vers le gĂ©nie industriel et mĂ©-canique, avec la prĂ©sence globale de6.000 Ă©lĂšves, masterants et docto-rants, rĂ©partis sur 8 campus.

PremiĂšre guerre mondialeA sa prestigieuse histoire technique etindustrielle, est associĂ© un engage-ment patriotique sans faille. SeptEcoles d’Arts et MĂ©tiers figurent parmiles 16 institutions civiles françaises ti-tulaires de la croix de Guerre 1914-1918 : ChĂąlons-en-Champagne, An-gers, Aix-en-Provence, Cluny, Lille,

BeauprĂ©au (prĂ©dĂ©cesseur d’Angers),Paris. La Grande Guerre mobilisa envi-ron 6.500 anciens Ă©lĂšves et Ă©lĂšves,dont 1.100 pĂ©rirent dĂšs la premiĂšreannĂ©e du conflit.La croix de Guerre 1914-1918 a Ă©tĂ©remise le 28 mai 1927 aux Ecolesdes Arts et MĂ©tiers par le marĂ©chal Jo-seph Joffre, en prĂ©sence du prĂ©sidentde la RĂ©publique Gaston Doumergue,du ministre de la Marine GeorgesLeygues, du ministre de l’Instructionpublique Edouard Herriot, du marĂ©-chal Philippe PĂ©tain et des plus hautesautoritĂ©s des Arts et MĂ©tiers, en l’HĂŽ-tel des ingĂ©nieurs des Arts et MĂ©tiersde l’avenue d’IĂ©na Ă  Paris. Cette croixĂ©tait accompagnĂ©e d’une citation Ă l’ordre de l’armĂ©e, signĂ©e du ministrede la Guerre Paul PainlevĂ© : « Ont ap-portĂ©, au front comme Ă  l’arriĂšre, une

part glorieuse de services Ă  la DĂ©fenseNationale, en fournissant d’une partun important contingent d’officiers,sous-officiers, et soldats pourvusd’une instruction spĂ©ciale, et en colla-borant d’autre part Ă  intensifier les fa-brications de guerre par les initiativesde leurs anciens Ă©lĂšves ».La croix devait circuler d’annĂ©e en an-nĂ©e dans les Ă©tablissements. Ainsi,aprĂšs ChĂąlons-en-Champagne, elleĂ©tait reçue le 17 juin 1928 Ă  Angerspuis Ă  Aix, Cluny et Lille. Bordeaux etMetz ayant Ă©tĂ© crĂ©Ă©es ultĂ©rieurement.Le dernier transfert eut lieu Ă  Paris, le29 mai 1932, en prĂ©sence du prĂ©si-dent de la RĂ©publique Albert Lebrun.Trois exemples furent citĂ©s lors dutransfert de la dĂ©coration Ă  Aix-en-Pro-vence : - le capitaine du gĂ©nie Imbert (Aix1891) mort Ă  ChĂąlons-en-Cham-pagne en avril 1915 : « BlessĂ© Ă  lamain par un Ă©clat d’obus, a continuĂ©Ă  diriger les travaux de dĂ©fense sur lechamp de bataille ; blessĂ© une se-conde fois Ă  la cuisse, a conservĂ© soncommandement sur la ligne de feutrois jours et trois nuits » ;- l’ingĂ©nieur Ă©lectricien Daoust, lieute-nant d’infanterie, mort en Alsace endĂ©cembre 1914 : « A Ă©tĂ© mortelle-ment blessĂ©, en entraĂźnant sa sectionĂ  l’assaut des tranchĂ©es ennemies, eten disant Ă  ses hommes : « ma mort

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LES GADZ’ARTS

n’est rien si nous avons la victoire.MalgrĂ© ses souffrances, a occupĂ© sesderniers moments Ă  laisser des legsaux familles de ceux de ses hommestuĂ©s en mĂȘme temps que lui » ;- l’aspirant Guillou (Aix 1912), mortĂ  Souchez : « GriĂšvement blessĂ©, le16 juin 1915, en se portant Ă  l’assautdes tranchĂ©es allemandes. Est restĂ©quatre jours sur le terrain et a montrĂ©une Ă©nergie remarquable durant sontransport Ă  l’ambulance, oĂč il est morten disant : « ça m’est Ă©gal, c’est pourla France ! »A l’arriĂšre, le soutien technique desĂ©coles et de leurs ateliers eut un rĂŽlecrucial, attestĂ© par une lettre du minis-tre des Munitions en 1916 : « L’Ecoledes Arts et MĂ©tiers d’Aix, qui assuredepuis longtemps dĂ©jĂ , et dans d’ex-cellentes conditions, l’usinage desobus de 75, s’est appliquĂ©e par sur-croit, et avec le plus grand succĂšs, Ă  lasolution de nombreux et difficiles pro-blĂšmes intĂ©ressant la fabrication desprojectiles. »La LĂ©gion d’honneur fut remise auxmĂȘmes Ă©coles, en 1934, par le prĂ©si-dent Albert Lebrun.

DeuxiÚme guerre mondialeEn 1956, complétant la reconnais-sance nationale, eut lieu la remise dela croix de Guerre 1939-1945 par leprésident René Coty, avec la citationsuivante : « De 1939 à 1945 ont prisune large part tant aux opérations de

miracle Ă  l’enfer de la bataille, portentdepuis la croix des braves, et l’ont mĂ©-ritĂ©e avec nos chers morts, pour notrecollectivitĂ© d’ingĂ©nieur des Arts et MĂ©-tiers ». Il poursuivait ainsi : « C’estvers ce rĂŽle qu’il faut vous efforcer,mes chers jeunes camarades ; travail-lez de tout votre courage, de toute vo-tre Ăąme ; soyez dignes de ceux qui, auprix de leur existence, ont refait uneFrance plus grande. »Le drapeau de l’Ecole des Arts et MĂ©-tiers porte dĂ©sormais la croix de la LĂ©-gion d’honneur et celles des deuxguerres mondiales. Un siĂšcle plustard, perdure l’esprit « Gadz’Arts »,marquĂ© par ce passĂ© glorieux, avec latrace bicentenaire de son origine mili-taire. Pierre Castillon

membre du conseil d’administration de l’ANCGVM

guerre qu’aux combats de la RĂ©sis-tance. Ont apportĂ© une contributiontechnique de premier plan Ă  la victoirede nos armes. Trois cent cinquante-trois de leurs Ă©lĂšves ou anciens Ă©lĂšvessont tombĂ©s au champ d’honneur,dont quatre-vingt morts en dĂ©porta-tion ou fusillĂ©s par l’ennemi. »

Effort industriel gigantesqueCes tĂ©moignages Ă©mouvants ne suffi-sent pas Ă  rappeler, cent ans aprĂšs,l’effort gigantesque qui a marquĂ© laFrance, bien au-delĂ  d’une gĂ©nĂ©ra-tion. L’industriel Jean Wittmann, prĂ©-sident de l’Association des anciensĂ©lĂšves, s’adressant aux Ă©lĂšves en1928, Ă©voquait « la suite des cita-tions accordĂ©es Ă  ceux des nĂŽtres quine sont plus ; Ă  ceux aussi qui, vivantencore parmi nous, ayant Ă©chappĂ© par

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AIRAINES (Somme)

Croix de Guerre 1939-1945

Airaines est une commune situĂ©e Ă  20km au Sud-Ouest d’Amiens. AprĂšs ladĂ©sastreuse campagne de France demai 1940, le prĂ©sident de la RĂ©pu-blique Albert Lebrun remplace, Ă  latĂȘte de l’ArmĂ©e française, le gĂ©nĂ©ralMaurice Gamelin par le gĂ©nĂ©ralMaxime Weygand. Ce dernier rĂ©orga-nise la dĂ©fense et recrĂ©e un front. Le53Ăšme RĂ©giment d’infanterie colo-niale mixte sĂ©nĂ©galais (RICMS), ap-partenant Ă  la 5Ăšme Division d’infan-terie coloniale (DIC), reçoit pourmission de dĂ©fendre le front s’éten-dant de CondĂ©-Folie Ă  Hanguest(Somme). Le 2Ăšme Bataillon du53Ăšme RICMS (II/ 53Ăšme RICMS) afait d’Airaines un point d’appui. Du 5au 7 juin 1940, il rĂ©siste aux assautsrĂ©pĂ©tĂ©s de l’infanterie allemande ap-puyĂ©e par des chars et de l’artillerie etsoutenue par les bombardements dela Lufwaffe. La 5Ăšme compagnie ducapitaine Charles N’TchorĂ©rĂ© dĂ©truit 8

chars allemands. Le 7 juin au matin,les Allemands dĂ©truisent le dĂ©pĂŽt demunitions du bataillon. Ce dernier nepouvant plus accomplir sa mission,son chef, le commandant Seymour,dĂ©cide de sortir en force pour briserl’encerclement. Le capitaine N’Tcho-rĂ©rĂ© demande l’honneur de couvrir laretraite du bataillon en restant surplace. Les Allemands rĂ©duisent les po-sitions de la compagnie une Ă  une aumoyen de lance-flammes. A 22 h, ilne reste plus que 10 Africains et 5 mĂ©-tropolitains valides mais sans muni-tions. Le capitaine N’TchorĂ©rĂ© dĂ©cidede se rendre et sort Ă  la tĂȘte de seshommes. Les militaires allemands du25Ăšme RĂ©giment d’infanterie appar-tenant Ă  la 7Ăšme Panzerdivision,commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral ErwinRommel, sĂ©parent les militairesblancs des militaires noirs. Le capi-taine N’TchorĂ©rĂ© proteste et refuseque les Noirs soient considĂ©rĂ©s

comme des sous-hommes. Il estabattu d’une balle dans la nuque et unchar passe sur son corps. Cette façonde mutiler les corps des Africains a Ă©tĂ©utilisĂ©e Ă  plusieurs reprises et en par-ticulier Ă  Chasselay oĂč 104 tirailleurssĂ©nĂ©galais sont tuĂ©s et 856 portĂ©sdisparus. Les Allemands accusent lestirailleurs sĂ©nĂ©galais de commettredes crimes de guerre avec leurs coupe-coupes. Or les mutilations constatĂ©esne rĂ©sultent pas de coups portĂ©s avecune arme blanche mais sont dues Ă des Ă©clats d’obus. Les Allemands dĂ©-clarent alors que le coupe-coupe est in-terdit par les conventions de La Hayesur les lois et coutumes de la guerre.Selon les Allemands, les officiersblancs qui commandent les tirailleurssont les complices de ces crimes etdoivent donc ĂȘtre exĂ©cutĂ©s. Au boisd’Eraine (Oise), 8 officiers des16Ăšme et 24Ăšme RĂ©giments de tirail-leurs sĂ©nĂ©galais sont fusillĂ©s. Ainsi, lesAllemands justifient-ils leurs crimes deguerre par des faux crimes de guerre.En 1940, sur 40.000 tirailleurs sĂ©nĂ©-galais (1), 17.000 sont tuĂ©s, blessĂ©sou disparus, dont 3.500 exĂ©cutĂ©ssommairement selon l’historien amĂ©-ricain RaffaĂ«l Scheck.Les tirailleurs sĂ©nĂ©galais prisonniers,sĂ©parĂ©s de leurs camarades mĂ©tropo-litains et nord-africains, furent incarcĂ©-rĂ©s en France. L’Allemagne ne voulait

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AIRAINES (Somme)

pas que les « IndigĂšnes », ces sous-hommes, selon la thĂ©orie nazie, fou-lent le sol allemand. AprĂšs la premiĂšreguerre mondiale, les Allemands orga-nisent une campagne de propagandeinternationale contre la prĂ©sence detroupes coloniales dans les forcesd’occupation française en Allemagne.La France mĂ©prise l’Allemagne aupoint de la faire garder par des Noirset souhaite l’abĂątardir par le mĂ©langedes sangs, suite Ă  des accusations deviols effectuĂ©s par des SĂ©nĂ©galais.C’est la thĂ©orie de la « honte noire Ȉ laquelle Adolf Hitler a fait rĂ©fĂ©rencedans son livre « Mein Kampf ».Sa brillante attitude et son dĂ©voue-ment Ă  la dĂ©fense de la patrie avec1.200 tuĂ©s au combat en 1940 vau-dront au 53Ăšme RICMS la citation sui-vante Ă  l’ordre de l’armĂ©e : «Au coursde la journĂ©e du 5 juin, sous les ordresdu lieutenant-colonel Polidori, a sup-portĂ© tout le poids de l’attaque enne-mie menĂ©e par des chars d’assaut etde l’infanterie appuyĂ©e par l’aviationet l’artillerie. MalgrĂ© l’écrasante supĂ©-rioritĂ© des moyens de l’adversaire, adisputĂ© pied Ă  pied le terrain qu’il Ă©taitchargĂ© de dĂ©fendre et a ainsi rĂ©ussi Ă contenir la ruĂ©e adverse jusqu’à seizeheures. A finalement succombĂ©, sub-mergĂ© par les chars et l’infanterie en-nemis aprĂšs un combat opiniĂątre deplus de douze heures. A perdu les7/8Ăšmes de ses officiers et les9/10Ăšmes de son effectif troupe

croix de Guerre 1939-1945 avecĂ©toile de bronze accompagnĂ©e de lacitation : « Sur la ligne de feu, fin maiet dĂ©but juin 1940, a Ă©tĂ© le thĂ©Ăątredes furieux combats soutenus par la5Ăšme DIC. TrĂšs violemment bom-bardĂ©, aux 2/3 dĂ©truit, a supportĂ© di-gnement le malheur et envisagĂ© avecconfiance l’avenir. Vaillant et admira-ble village au patriotisme Ă©levĂ©, quis’est remis avec cƓur et acharnementau travail ».Deux habitants d’Airaines, Albert etRaymonde Poiret, vont se mobiliserpour que le sacrifice des tirailleurs sĂ©-nĂ©galais soit honorĂ©. Aujourd’hui, laplace oĂč est implantĂ© l’hĂŽtel de villes’appelle : «Place du 53Ăšme RICMS».Une avenue porte le nom de « Capi-taine N’TchorĂ©rĂ© ». Une stĂšle est Ă©ri-gĂ©e Ă  sa gloire et celle des combat-tants d’Afrique noire qui ont versĂ© leursang pour la France. Le fils du capi-taine N’TchorĂ©rĂ©, Jean-Pierre, tom-bera les armes Ă  la main une semaineplus tard dans les derniers combats dela campagne de France.En 2014, la 198Ăšme session rĂ©gio-nale de l’Institut des hautes Ă©tudes dedĂ©fense nationale portera le nom de« Promotion capitaine Charles N’Tcho-rĂ©ré».

Marc Beauvoissection de la Haute-Garonne

(1) Terme dĂ©signant les militaires provenantdes Etats issus de l’Afrique occidentale fran-çaise : SĂ©nĂ©gal, Mali, Niger, etc.).

composĂ©e d’EuropĂ©ens et d’Indi-gĂšnes ».Quant Ă  la commune d’Airaines, elleest dĂ©truite Ă  75 % Ă  l’issue des com-bats. Elle reçoit, le 11 novembre1948, la croix de Guerre 1939-1945avec Ă©toile de bronze. La citation quil’accompagne est la suivante : « Com-mune martyre qui a tĂ©moignĂ© aucours de la guerre 1939-1945 d’unpatriotisme exemplaire. ThĂ©Ăątre desviolents combats soutenus par la5Ăšme DIC du 5 au 7 juin 1940. A Ă©tĂ©au Ÿ dĂ©truite. A la libĂ©ration, s’est re-mise courageusement au travail, fai-sant preuve des plus belles qualitĂ©sfrançaises ».Le village de Dreuil-Hamel, absorbĂ© en1972 par la commune d’Airaines, setrouvait dans le secteur dĂ©fendu par la5Ăšme DIC et sera dĂ©truit Ă  60 %. Il re-cevra aussi, le 11 novembre 1948, la

Le capitaine Charles N’TchorĂ©rĂ©,commandant la 5Ăšme compagnie du 53Ăšme RĂ©giment d’infanterie

coloniale mixte sénégalais.

VILLES

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CROIX DE GUERRE ET VALEUR MILITAIRE

MOYON (Manche)

Croix de Guerre 1939-1945La section de la Manche tiendra sonassemblée générale à Moyon, com-mune décorée de la croix de Guerre1939-1945, le 15 septembre 2018.

La bataille de NormandieLe 7 juin 1944, un habitant, JulesGuĂ©rin, se dĂ©plaçant avec sa voiture Ă Ăąne est tuĂ© par un mitraillage. Le 11juin au matin, une colonne SS, proba-blement de la 12Ăšme PanzerdivisionHitler Jugend, arrive Ă  Moyon et, avecbrutalitĂ©, prend ses aises chez l’habi-tant pour repartir en dĂ©but de mati-nĂ©e. L’aviation amĂ©ricaine a repĂ©rĂ© leconvoi, le mitraille sur 2 km en lui cau-sant de lourds dĂ©gĂąts. Les soldats al-lemands tuĂ©s sont enterrĂ©s dans unchamp. Le 27 juillet, un avion volantbas s’est accrochĂ© Ă  un arbre, le piloteest tuĂ©. La deuxiĂšme phase de la ba-taille de Normandie est commencĂ©e.Aux ordres du gĂ©nĂ©ral Dempsey, la2Ăšme ArmĂ©e britannique lance l’opĂ©-ration « Blue Coat », avec Falaise pourobjectif. L’opĂ©ration « Cobra » est encours. Le gĂ©nĂ©ral Patton, Ă  la tĂȘte dela 3Ăšme ArmĂ©e amĂ©ricaine est prĂȘt Ă foncer sur Avranches et la Bretagne.Sur son flanc gauche, le gĂ©nĂ©ral Rose,commandant la 2Ăšme Division blin-dĂ©e, renforcĂ©e du 113Ăšme groupe decavalerie et du 22Ăšme RĂ©giment d’in-fanterie forme le CCA2 (acronyme an-glais) avec Vire comme objectif. Entreces deux armĂ©es, le 19Ăšme Corps

d’armĂ©e, aux ordres du gĂ©nĂ©ral Cor-lett et avec 5 divisions d’infanterie, aVire pour objectif. Corlett et son Ă©tat-major pensent qu’ils n’ont plus d’Alle-mands en corps de bataille face Ă  eux.Or, Von Kluge a fait relever du front la12Ăšme Panzerdivision et obtenu la326Ăšme Division d’infanterie ainsique le 116Ăšme RĂ©giment venus duPas-de-Calais et a concentrĂ© sestroupes. La 12Ăšme Panzerdivisions’est rassemblĂ©e aux alentours deMoyon, rejointe par les restes de la352Ăšme Division qui Ă©tait, le 6 juin, Ă Omaha face Ă  la 29Ăšme Division d’in-fanterie amĂ©ricaine.Dans l’aprĂšs-midi du 28 juillet, lescombats font rage. La 30Ăšme Divisionentre en contact avecles Allemands Ă  Trois-got. Les Panzer occu-pent le carrefour Parissur la route de Percy.Ils menacent de cou-per la route. Le gĂ©nĂ©-ral Rose tente d’érigerune barriĂšre. Il divisele CCA2 en trois «TaskForces» chacune ren-forcĂ©e d’une compa-gnie du 22Ăšme RĂ©gi-ment d’infanterie.Deux sont envoyĂ©esvers Moyon. L’une tra-verse le Mesnil Opac,y dĂ©truit 5 chars et 4

canons antichar, mais la rĂ©sistance al-lemande l’a conduite Ă  revenir Ă  sabase. L’autre, au Sud de Moyon,passe sans perte et provoque delourds dĂ©gĂąts aux Allemands, maisleur rĂ©sistance l’oblige Ă  refluer. Le 29juillet, l’arrivĂ©e de la 29Ăšme Divisiond’infanterie amĂ©ricaine qui s’est sacri-fiĂ©e Ă  Omaha et a libĂ©rĂ© Saint-LĂŽ, per-met de mettre en ligne les 116Ăšme et175Ăšme RĂ©giments prĂšs de Moyon.Les Allemands rĂ©sistent et s’infiltrent.Les combats durent jusqu’au 31 juil-let, date oĂč le 116Ăšme RĂ©giment pĂ©-nĂštre dans Moyon. Les pertes amĂ©ri-caines sur la commune sont de 272tuĂ©s. Vire est atteint le 6 aoĂ»t.Les habitants s’étaient rĂ©fugiĂ©s dans

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MOYON (Manche)

les champs. La commune a Ă©tĂ© dĂ©-truite aux deux tiers. Son clocher, quiservait d’observatoire aux Allemands,est abattu. Le gĂ©nĂ©ral Rose a Ă©tĂ© tuĂ©en mars 1945. Il Ă©tait dĂ©corĂ© de la LĂ©-gion d’honneur et des croix de Guerre1914-18 et 1939-45 avec palme.

Histoire de MoyonLe nom de Moyon, d’origine celtique,impliquerait l’existence d’un village Ă cet endroit Ă  l’époque gauloise. Plustard, on trouve Moyon comme faisantpartie des biens appartenant Ă  Guil-laume le ConquĂ©rant, duc de Norman-die, sous le nom de «Cour deMoyon». Il l’érigea en baronnie et ladonna Ă  un de ses fidĂšles compa-gnons, en remerciement de son sou-

revint Ă  la couronne de France. Lenom Moyon apparaĂźt dans l’histoiredes familles Paisnel, d’Estouville, Ma-tignon et Grimaldi. Les d’Estouville fu-rent les dĂ©fenseurs du mont Saint-Mi-chel contre les Anglais en1421-1422. Les Matignon, dont l’hĂŽ-tel du mĂȘme nom Ă©tait leur rĂ©sidenceparisienne, Ă©taient Ă©galement comtesde Thorigny et lieutenants gĂ©nĂ©rauxde Normandie. Jacques de Matignona Ă©pousĂ© Louise Grimaldi, seule hĂ©ri-tiĂšre de la famille princiĂšre de Mo-naco. Leur fils HonorĂ© III de Monaco,qui vĂ©cut au chĂąteau de Thorigny, futdĂ©possĂ©dĂ© de ses biens pendant la RĂ©-volution française, mais la famille aconservĂ© le titre. Le prince Albert II deMonaco est aussi baron de Moyon.Comme vestige de ce passĂ© histo-rique, Moyon n’a conservĂ© que lesbases du clocher du XIIĂšme siĂšcle.

Paul Laurent, présidentde la section de la Manche

Sources : Georges Cirou, tĂ©moin del'Ă©poque, J-F. Pignet, prĂ©sident de l’Associa-tion Guillaume de Moyon, et documents surla bataille de Normandie.

tien pour asseoir son pouvoir en Nor-mandie en 1027. Ce dernier prit le ti-tre de baron Guillaume 1er de Moyon.Lors de la conquĂȘte de l’Angleterre en1066, Guillaume de Moyon, s’étantparticuliĂšrement illustrĂ©, reçut lescomtĂ©s de Dorset et Sommerset. Dansce dernier, un chĂąteau fut Ă©rigĂ© Ă Dunster face Ă  la mer et devint lesiĂšge de ses terres en Angleterre. Lorsde l’annexion de la Normandie par laFrance en 1204, son descendant, Re-naud 1er, mis en demeure de choisirentre le roi de France et celui d’Angle-terre, renonça Ă  ses terres en Norman-die. Il s’installa dĂ©finitivement en An-gleterre, oĂč ses descendants jouĂšrentun rĂŽle politique. La lignĂ©e directes’étant Ă©teinte en 1404, la baronnie

Le mot du maire“Moyon, commune atypique, fut une baronnie importante dans la rĂ©gion. Un chĂąteau fort, qui y Ă©tait implantĂ©, fut brĂ»lĂ© Ă  la RĂ©-volution. La guerre de 1939-1945 a fortement endommagĂ© la commune. Le bourg fut dĂ©truit Ă  plus de 80%. La commune a suse relever et fut reconstruite : mairie, Ă©cole, clocher de l’église, presbytĂšre entre autres. AprĂšs la reconstruction, des investissementsont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s : stade, salle des fĂȘtes, assainissement collectif. En 25 ans, le bourg de Moyon s’est transformĂ© : dĂ©placement ducimetiĂšre et rĂ©amĂ©nagement autour de l’église. La commune s’est dĂ©veloppĂ©e avec la crĂ©ation de zones d’activitĂ©s, avec plus de250 emplois, et des lotissements d’habitations, ce qui a permis de maintenir un tissu commercial variĂ©. Pendant cette pĂ©riode, lapopulation a doublĂ© pour arriver Ă  1.300 habitants. En 2016, la nouvelle commune de Moyon Villages, regroupant les communesde Moyon, Chevry et Le Mesnil Opac avec 1.570 habitants, a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e. Moyon Villages, une commune rurale dynamique, oĂč ilfait bon vivre”. Gilles Beaufils, maire depuis 1990

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CROIX DE GUERRE ET VALEUR MILITAIRE

La Flottille 28 F

La Flottille 28 F est l’hĂ©ritiĂšre des tra-ditions de la 8Ăšme Flottille d’explora-tion (8 FE). En novembre 1942,aprĂšs le dĂ©barquement anglo-amĂ©ri-cain en Afrique du Nord, l’aĂ©ronau-tique navale est regroupĂ©e en AlgĂ©rieet au Maroc. Le 15 mai 1944, la 8 FEest crĂ©Ă©e et son personnel est envoyĂ©aux Etats-Unis pour y ĂȘtre formĂ©. Ellereçoit 15 hydravions Catalina. Sa mis-sion consiste Ă  assurer la protectiondes convois dans la zone MadĂšre-Gi-braltar-Casablanca. En fĂ©vrier 1945,elle effectue la protection du croiseuramĂ©ricain qui emmĂšne le prĂ©sidentFranklin Roosevelt Ă  Yalta. Elle contri-buera Ă  la dĂ©couverte de champs demines au large de la Provence, de laCorse et de la GrĂšce. Au cours de la se-conde guerre mondiale, elle a effec-tuĂ© 539 missions de guerre en 4.566heures de vol. En septembre 1945, la 8 FE part enIndochine. Ses avions effectuent desmissions de reconnaissance, de liai-sons, d’évacuations sanitaires, d’in-terventions armĂ©es et de surveillancemaritime. En dĂ©cembre 1945, la 8 FEest rebaptisĂ©e 8 F. A partir du 24 no-vembre 1950, les Catalina sont rem-placĂ©s par 10 Privateer. Ces dernierssont des avions de patrouille maritimedĂ©rivĂ©s du B-24 Liberator. Ils vont par-

ticuliĂšrement s’illustrer, en dĂ©cembre1952, dans les combats de Na San.Leur intervention sauve le point d’ap-pui. Au cours de l’annĂ©e 1953, la 8 Fparticipe Ă  des opĂ©rations dans laplaine des Jarres. Le 20 juin 1953, la8 F devient la 28 F. A partir de fin 1953, celle-ci intervientau profit du camp retranchĂ© de DienBien Phu. Sa citation Ă  l’ordre de l’ar-mĂ©e de Mer rĂ©sume sa participation Ă cette bataille : « GrĂące au travailacharnĂ© de son personnel non volant,ses Ă©quipages animĂ©s du plus bel es-prit ont pris une trĂšs large part auxcombats livrĂ©s autour du camp retran-chĂ© de Dien Bien Phu.A effectuĂ© du 1er dĂ©cembre 1953 au31 mai 1954, 2.389 heures de volde guerre dont 691 de nuit au coursdesquelles elle a lancĂ© sur les posi-

tions adverses plus de 3.200 tonnesde bombes.Se dĂ©pensant sans compter en dĂ©pitdes conditions mĂ©tĂ©orologiques sou-vent difficiles, d'une DCA de plus enplus nourrie, a causĂ© aux rebelles despertes sĂ©vĂšres en hommes et en ma-tĂ©riel, par des bombardements prĂ©cisaux abords du camp retranchĂ© et surles arriĂšres. »En mars 1956, la 28 F quitte SaĂŻgon,pour l’AlgĂ©rie. Elle y effectue des mis-sions d’entraĂźnement Ă  la lutte anti-sous-marine (ASM), de surveillancemaritime (SURMAR) et de bombarde-ment. En 1961, les Privateer sontremplacĂ©s par des P2V6 Neptune. Sesmissions sont recentrĂ©es sur l’ASM etla SURMAR. En mars 1962, elle s’im-plante Ă  NĂźmes-Garons. Dissoute le 6avril 1963, elle est recrĂ©Ă©e sur la based’HyĂšres le 31 mars 2000. Elle estĂ©quipĂ©e de 3 Nord 262 E pour effec-tuer des missions SURMAR et de 4Embraer 121 Xingu pour rĂ©aliser desmissions de transport. En 2010, la 28F est transfĂ©rĂ©e sur la base de Lann-BihouĂ© oĂč, uniquement Ă©quipĂ©e deXingu, elle forme les pilotes de l’Ecoledu Personnel Naviguant et assure desmissions de transport.

Marc Beauvoissection de la Haute-Garonne

La flottille 28 F de l’aĂ©ronautique navale est titulaire de la croix de Guerre 1939-1945 avec 2 citations Ă  l’ordredu corps d’armĂ©e et de celle des thĂ©Ăątres d’opĂ©rations extĂ©rieurs avec 6 citations Ă  l’ordre de l’armĂ©e de Mer.

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Paris - 75 - Invalides

Avant de s’engager dans laRĂ©sistance, pendant la secondeguerre mondiale, 118 des 1.038compagnons de la LibĂ©ration et 18unitĂ©s militaires ont participĂ© Ă  la pre-miĂšre. Dans le cadre du centenaire dela Grande guerre, le musĂ©e del’ArmĂ©e et celui de l’Ordre de laLibĂ©ration leur ont rendu hommagedans les galeries de la cour d’honneurdes Invalides Ă  Paris (30 janvier-2avril 2018).AprĂšs la dĂ©claration de guerre enaoĂ»t 1914, environ 40 % d’entreeux se portent volontaires contre 3 %de l’ensemble des Français sous lesdrapeaux. Parmi ces 118 (dont 13sont pilotes), 96 sont mobilisĂ©s dansl’armĂ©e de Terre et 8 dans la Marine.En outre, 45 ont Ă©tĂ© blessĂ©s aumoins une fois, totalisant 95 bles-sures de guerre. Leur valeur leur aapportĂ© 99 croix de Guerre et 287citations. Parmi ces combattants d’originesdiverses, figurent quelques noms quise feront connaĂźtre par la suite :

Georges Bidault (1899-1983), plu-sieurs fois ministre des Affaires Ă©tran-gĂšres et de la DĂ©fense nationale etune fois prĂ©sident du Conseil sous laIVĂšme RĂ©publique ; le juriste RenĂ©Cassin (1887-1976), prix Nobel dela paix en 1968 et inhumĂ© auPanthĂ©on ; le gĂ©nĂ©ral GeorgesCatroux (1877-1969), ancien grandchancelier de la LĂ©gion d’honneur etporteur du projet de l’Ordre nationaldu MĂ©rite (1963) ; l’amiral GeorgesThierry d’Argenlieu (1889-1964,voir revue dĂ©cembre 2017, p.16-18); Sir Winston Churchill (1874-1965), Premier ministre britannique;le roi d’Angleterre George VI (1895-1952) ; le gĂ©nĂ©ral Pierre Dejussieu-Pontcarral (1888-1984), ancien prĂ©-sident de l’Association nationale descroix de guerre et de la valeur mili-taire (1969-1984) ; le marĂ©chal (Ă titre posthume) Jean de Lattre deTassigny (1889-1952) ; le gĂ©nĂ©ralJoseph de Goislard de Montsabert(1887-1981) ; le marĂ©chal (Ă  titreposthume) Pierre-Marie Koenig

(1898-1970) ; le gĂ©nĂ©ral MartialValin (1898-1980, voir revue mars2017, p.16-18). S’y ajoutent le501Ăšme RĂ©giment de chars de com-bat, le 1er RĂ©giment de fusiliersmarins et le 1er RĂ©giment d’artilleriecoloniale.

Mentions particuliĂšresLe capitaine Charles de Gaulle(1890-1970) est blessĂ© Ă  Dinant(Belgique) en 1914, en Champagneen 1915, et Ă  Douaumont en 1916.Fait prisonnier et malgrĂ© cinq tenta-tives d’évasion, il reste internĂ© enAllemagne jusqu’en 1918. PromugĂ©nĂ©ral de brigade en mai 1940, ilentre le 5 juin au gouvernement puispart pour Londres d’oĂč il lancera, Ă  laradio, l’appel Ă  la rĂ©sistance le 18juin. Fondateur de l’Ordre de laLibĂ©ration (1940-1946), il devien-dra le premier prĂ©sident de la VĂšmeRĂ©publique.L’infirmiĂšre de la Croix-Rouge BertyAlbrecht (1893-1943) s’occupe desblessĂ©s, mutilĂ©s, invalides et« gueules cassĂ©es » dans les hĂŽpi-taux de Marseille. Co-fondatrice dumouvement « Combat » et arrĂȘtĂ©epar la Gestapo en 1943, elle mettrafin Ă  ses jours pour ne rien dĂ©voiler.Emilienne Moreau-Evrard (1898-1971) reçoit la croix de Guerre et laMilitary Medal en 1915, Ă  17 ans !Elle entrera dans la RĂ©sistance en1940 et rejoindra Londres en 1944,pour Ă©viter d’ĂȘtre arrĂȘtĂ©e.

LoĂŻc Salmon

Exposition « Une vie d’engagement » dans la cour d’honneur

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CROIX DE GUERRE ET VALEUR MILITAIRE

VƓux du prĂ©fet de la rĂ©gion Nouvelle-Aquitaine

Gironde - 33 - Bordeaux

dĂ©partemental de l’Ancgvm/33, prĂ©-sentait ses vƓux au prĂ©fet. Durantson allocution, ce dernier prĂ©sentaittrois volets de son action. Le premier concerne l’économie et lesatouts de la rĂ©gion Nouvelle-Aquitaine. Le deuxiĂšme porte sur lasĂ©curitĂ© de nos concitoyens dont ilremerciait les principaux acteurs surle terrain « les policiers, les gen-darmes et l’armĂ©e Sentinelle ». LeprĂ©fet parlait ensuite du taux de mor-talitĂ© important sur les circuits auto-routiers, dont le gouvernement s’en-gage Ă  diminuer le nombre par dessurveillances et sanctions nouvelles,qui seront mises en application trĂšsprochainement. Il terminait par levolet « amĂ©lioration du rĂ©seau auto-routier en Aquitaine », en assurant lafluiditĂ© de la circulation, notammentdans l’agglomĂ©ration bordelaise.Des

constructions ou amĂ©nagements ver-ront le jour .Il se charge du suivi de cedossier. Enfin, la secrĂ©taire d’État auxArmĂ©es, GeneviĂšve Darrieussecq,souhaitait ses meilleurs vƓux Ă  tousles Aquitains, son soutien aux forcesarmĂ©es, avec une pensĂ©e particuliĂšrepour les militaires de l’« armĂ©eSentinelle » et des opĂ©rations extĂ©-rieures, et notamment pour leurfamille. Elle terminait par une « rĂ©us-site dans tous les domaines pour larĂ©gion Nouvelle-Aquitaine ». Elle rap-pelait, qu’avant ses fonctions ministĂ©-rielles, elle avait assurĂ© durant plu-sieurs annĂ©es, comme Ă©lue, celles demaire de Mont-de-Marsan (Landes),de conseillĂšre rĂ©gionale d’Aquitaineet de dĂ©putĂ©e.

Roland DahanDélégué départemental

Le 12 janvier 2018, DidierLallement, prĂ©fet de la rĂ©gionNouvelle-Aquitaine recevait les corpsconstituĂ©s Ă  la rĂ©sidence prĂ©fectoralede Bordeaux et leur souhaitait sesmeilleurs vƓux pour l’annĂ©e 2018.Parmi les personnalitĂ©s civiles et mili-taires, se trouvaient GeneviĂšveDarrieussecq, secrĂ©taire d’État auxArmĂ©es auprĂšs de Florence Parly,ministre des ArmĂ©es, et Alain JuppĂ©,ancien Premier ministre, prĂ©sident deBordeaux mĂ©tropole et maire deBordeaux, des Ă©lus de la rĂ©gionNouvelle-Aquitaine et du dĂ©partementde la Gironde. A cette occasion, Roland Dahan, prĂ©-sident rĂ©gional de l’Aacrmi Sud-OuestNouvelle-Aquitaine (Association desanciens combattants et rĂ©sistants duministĂšre de l’IntĂ©rieur) et dĂ©lĂ©guĂ©

GeneviĂšve Darrieusecq, secrĂ©taire d’Etat aux ArmĂ©es.

Le préfet Didier Lallement et le délégué départemental Roland Dahan.

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CROIX DE GUERRE ET VALEUR MILITAIRE

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CARNET

Section d’Antibes

Emile GONZALES

Section du Born et de Haute Lande

André JOUET

Section des Bouches-du-RhĂŽne

Maurice ERARD

Section de Cestas et Graves

Jean-Marie CEAUX

Anne-marie LABEGUERRE

(veuve de décoré)

Section de la Haute-Savoie

Edmond ADAM

Section de Moulins

Lucien METAIRIE

Section du Puy-de-DĂŽme

Fernand GUILLOCHON

Section de la Somme

François DELEDALLE

Section de la Vendée

Paul MAILLARD

L’ASSOCIATION NATIONALE DES CROIX DE GUERRE ET DE LA VALEUR MILITAIRE ADRESSE

SES SINCÈRES CONDOLÉANCES AUX FAMILLES ENDEUILLÉES ET LES ASSURE DE TOUTE SON AMITIÉ.

ELLE FÉLICITE CHALEUREUSEMENT LES DÉCORÉS.

DÉCORATIONS

N° 331 - Mars 2018 - 1er trimestre 31

DÉCÈS

Carte du combattantPour tout renseignement concernant la carte du combattant et

ses droits, vous pouvez vous adresser au bureau de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre

(ONACVG) de votre département.www.onac-vg.fr/fr

MÉDAILLE MILITAIRE

Section de la Haute-Savoie

Marius CHAFFAROD

André GUIHARD

André MUGNIER

Section de Moulins

Jean-Claude DESSIBOURG

Section de Poitou-Charentes

Jean-Jacques BASSET

Le 12 janvier 2018 Ă  Montauban, le gĂ©nĂ©ral Patrick Collet,commandant la 11Ăšme Brigade parachutiste, a remis la croix de laValeur militaire (VM) au 17Ăšme RĂ©giment du gĂ©nie parachutiste pourl’ensemble de ses actions entreprises au Sahel et au Sahara entre2013 et 2015. Le rĂ©giment totalise 7 citations : 1 croix de Guerre1939-1945, 1 croix de Guerre des TOE et 5 croix de la VM.

HĂŽtellerie IGESAVous pouvez bĂ©nĂ©ficier des prestations de l’Institution degestion sociale des armĂ©es (IGESA) pour l’hĂŽtellerie avec

inscription individuelle en scannant votre carte du combattantou celle du titre de Reconnaissance de la nation (TRN).

Ensuite, vous l’envoyez en piùce jointe par internet à l’adressesuivante : www.igesa.fr

Téléphone : 04 95 55 20 20


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