UNIVERSITE CATHOLIQUE DE LOUVAIN-LA-NEUVE
DROIT DES ASSURANCES DUBUISSON - 2013-2014
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Droit des assurances.
Objectifs.
Toutes les conditions communes aux assurances. On doit pouvoir analyse une police dassurances. Il
faut savoir voir quelles sont les clauses valides et celles qui ne le sont pas.
A lexamen, on devra commenter une clause des polices dassurances : replacer la clause dans son
contexte, donner une apprciation, dire si on la trouve valide ou pas,
Support :
- Syllabus de documents dans lequel on trouve des polices classiques : une police dassurance
incendie, une police dassurance RC familiale, police RC automobile. IL y a aussi des
documents : une lettre envoye par la compagnie dassurance. Il y a 24 documents cits
pendants le cours et qui sont matire dexamen.
- Code des assurances.
- (Prcis de droit des assurances de Marcel Fontaine).
Examen oral : 2 questions thoriques prparer, passage de 20 minutes. Il y a une question qui est
une analyse de documents et lautre est plus thorique. Le reste se passe du tac au tac.
Introduction
Section 1 : La notion de risque.
1) Les diffrents risques.
Le risque est un vnement incertain contre lequel on voudrait se prmunir. Les risques sont trs
prsents tous les niveaux. Il y a en effet des tas de menaces, des vnements qui pourraient nous
mettre en difficult. Lassurance est une manire de se prmunir contre ces risques. On peut situer
ces risques plusieurs niveaux :
a) Les risques qui menacent les biens.
Il y a des risques qui menacent nos BIENS comme lments de notre patrimoine. Par exemple :
lincendie, lexplosion de lhabitation, dgts deau dans limmeuble. Les risques peuvent aussi
menacer les biens meubles. Par exemple : lincendie, le vol, Mais tous ces risques peuvent aussi
toucher les entreprises, aussi bien pour son patrimoine immobilier ou mobilier.
b) Les risques qui menacent les personnes.
Il y a des risques qui menacent les PERSONNES. Par exemple : la maladie, laccident, le dcs, la
survie (le fait de vivre longtemps peut constituer un risque).
La maladie : si on est alit longtemps, les revenus risquent de se tarir et en plus, on a des
frais lis aux soins de sant. Comment y faire face ? Lassurance peut tre une rponse. Il
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y a un effet de complmentarit avec la mutuelle. Lassureur priv permet de complter
lintervention de la scurit sociale.
Laccident : si on est indpendant, on sera indisponible pendant un certains temps.
Le dcs : Le risque est diffrent ce niveau-l. Cest plutt de mettre ses proches labri
du besoin en cas de dcs. On souscrit une assurance pour garantir un capital une
personne qui pourrait se trouver dans le besoin la suite du dcs.
La survie : Le fait darriver lge de la pension est profitable mais il faut savoir maintenir
le niveau de revenus qui tait le sien pendant le travail. Le rle de lassurance est aussi
important car une assurance en cas de vie permet dobtenir soit une rente, soit un
capital, dont le but sera, si possible, de maintenir le niveau de revenus quon avait avant
de cesser notre activit professionnelle. Ce risque est dj pris en charge par la scurit
sociale mais il y a des effets de complmentarit. La scurit sociale permet dobtenir
une pension lgale, mais qui ne permettra pas dobtenir le mme niveau de revenus
quavant.
c) Les risques qui menacent le PATRIMOINE, vu sous langle global.
Les assurances de responsabilit : Par exemple : des dettes rgler. Nous sommes tous
menacs par le risque dengager sa responsabilit vis--vis des tiers. Par exemple : on
prend le volant de notre vhicule et si on cause un accident, il se pourrait quon soit
juridiquement oblig de rparer les dommages causs des tiers, et ces dommages
peuvent tre relativement graves (handicap ou dcs). Donc cette dette de
responsabilit menace le patrimoine et donc, une manire de se couvrir contre cette
menace, cest de souscrire une assurance de responsabilit civile.
Mais on peut aussi engager une dette de responsabilit dans la vie prive. Par exemple :
nos enfants peuvent causer des dommages des tiers (enfants qui dposent des pierres
sur le rail du train,). Ces choses peuvent coter trs cher et on peut couvrir cette dette
de responsabilit. Cest une assurance responsabilit civile vie prive (familiale).
Peuvent aussi engager leur responsabilit les mdecins, les huissiers, Ils doivent alors
rparer le dommage caus autrui.
Cette assurance de responsabilit civile a une particularit. On est dans un mcanisme
triangulaire : lassureur couvre notre dette de responsabilit, on est lassur dont la
responsabilit est couverte, et il y a ncessairement un tiers victime. Ce tiers victime va
pouvoir sadresser lassureur pour obtenir rparation des dommages causs.
Lassurance protection juridique : Certains risques peuvent aussi engager des dpenses
(et non plus des dettes de responsabilit). Par exemple : tre engag dans un procs
comme demandeur ou comme dfendeur. Cela oblige consentir un certain nombre
de frais (avocat, expert,). Ces dpenses peuvent tre aussi couvertes par des
assurances protection juridique. On dit que ce sont des assurances de FRAIS.
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La souscription de lassurance va donc dpendre de la plus ou moins grande aversion au risque = la
peur quon a que le risque se ralise, et qui va nous inciter nous couvrir. Plus laversion au risque
est grande, plus on sera incit souscrire un contrat dassurance. Dans la plupart des cas, souscrire
un contrat dassurance relve de notre libert. On peut trs bien dcider de garder le risque pour
nous, plutt que de le transfrer une compagnie dassurance. Parfois, lassurance est obligatoire.
Ces assurances obligatoires sont trs nombreuses. Par exemple : lassurance RC automobile,
lassurance du travail. On se demande aussi si on ne devrait pas rendre lassurance incendie
obligatoire.
Mais la cration de lobligation dassurance entrane beaucoup de contraintes. En effet, il faut
dsigner la personne qui doit souscrire le contrat. Il faut aussi dsigner lautorit qui va contrler que
lobligation dassurance est bien respecte. Il faut aussi sanctionner son non respect. Il faut aussi une
institution qui puisse intervenir lorsque lobligation na pas t respecte. En matire automobile,
cela a t fait (fonds commun de garantie automobile. Il est financ par les assureurs). Il faut voir si
les contraintes administratives et les cots que cela entrane ne sont pas disproportionns par
rapport lavantage davoir une assurance obligatoire. En assurance RC familiale, ce fut le cas.
2) Comment faire pour parer aux diffrents risques ?
Une fois quon a connaissance des risques, comment faire pour parer ces risques ?
a) La prvention.
On fait alors en sorte que le risque ne se ralise pas. On adopte un comportement adquat qui est de
nature viter que le risque se ralise.
Ces mesures de prvention peuvent tantt avoir une incidence sur la frquence du risque, tantt sur
son intensit. Il y a des mesures de prvention qui vont faire en sorte que le risque va diminuer en
frquence. Par exemple : rouler moins vite en voiture, installer un systme anti-vol dans la maison ou
sur la voiture. Il y a aussi des mesures de prvention qui vont plutt concerner les consquences
dommageables du risque. Par exemple : mettre des portes pare-feu.
Mais on voit la faiblesse de la prvention : on ne peut JAMAIS faire en sorte que le risque ne se
ralise pas. DONC la prvention ne parviendra jamais nous prmunir totalement contre la
survenance.
b) La prvoyance.
Conscient du risque qui menace, on met de largent de ct, on constitue une pargne pour faire
face au risque sil survient. Cest la philosophie du bon pre de famille. Quand on est une entreprise,
une question de type stratgique est de comparer le cot qui consiste faire des provisions en
interne pour faire face au risque, et le cot du transfert du risque vers une compagnie dassurance.
On peut donc choisir entre de lauto assurance OU on dcide de transfrer ce risque, mais cela a un
prix. Il y a donc une analyse conomique faire.
Mais on peut aussi voir les faiblesses de la mthode : constituer une pargne suffisante prend du
temps. Or, le risque peut se raliser tout moment. Il y a aussi le fait que rien ne garantit que
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lpargne sera suffisante pour faire face aux consquences financires de la survenance du risque. En
effet, lpargne, on la constitue en fonction de nos moyens.
c) Lassistance collective.
1 On peut, dans un premier temps, compter sur lassistance de tiers. Cest une SOLIDARITE
FAMILIALE : le clan va prendre en charge les consquences financires.
2 On arrive alors au concept de MUTUALITE. La mutualisation est un mcanisme qui se rapproche un
peu de lassurance mais qui est n plus tt. En quoi consiste cette ide ? Cela repose sur une prise de
conscience quun certain nombre de personnes sont soumis au mme risque. Ensuite, cela repose sur
laccord qui se ferait entre toutes ces personnes, pour rpartir la perte subie par lun deux ou par
plusieurs dentre eux. Cette mutualisation a t cre trs tt dans lhistoire.
Cette ide sest aussi beaucoup dveloppe dans le domaine maritime. Historiquement, lassurance a
dabord t maritime. Lassurance sest dveloppe avec la mer et avec les risques de la navigation.
Trs tt dans lhistoire, on a mis en place un systme des avaries communes. On a un groupe qui se
forme, les participants au voyage maritime. Ils sont tous soumis au risque du voyage (naufrage par
exemple). Dans certaines circonstances, on a dit quil fallait diminuer le poids du navire en balanant
des choses par-dessus bord. On rpartit cette perte entre tous les participants au voyage. Ce systme
existe toujours en droit maritime.
d) Transfrer le risque sur un tiers.
d.1. Lassurance.
Lassurance fait partie de ces mcanismes. Lassurance, cest transfrer un risque moyennant un prix
et le prix, cest la prime.
Mais quest-ce que la prime ? Cest le prix quon consent payer pour notre scurit. On paye cette
prime et comme cela, on est sr que si le risque se ralise, le tiers va prendre en charge les
consquences financires. Mais si le risque ne se ralise pas, on laisse la prime lassureur. Avec les
primes collectes, lassureur va couvrir les sinistres de lanne. Mais les assurs ne comprennent pas
cela.
d.2. Contrats, thorie des troubles de voisinage.
Lassurance nest pas le seul mcanisme par lequel on transfre un risque sur un tiers. Il y a dautres
moyens.
1 On peut utiliser certains contrats pour transfrer un risque. Par exemple, avec le contrat de
cautionnement on transfre le risque dinsolvabilit. Cest un contrat pass entre deux personnes,
une banque et son client, le risque majeur du banquier est de ne pas tre rembours. Quand il nest
pas tout fait sr dtre rembours, il peut demander une caution = lengagement dune tierce
personne qui va se porter garant pour le dbiteur, au cas o celui-ci ne rembourserait pas. La caution
supple donc la carence du dbiteur principal. La banque va donc faire souscrire un contrat de
cautionnement. Le contrat de cautionnement est conclu entre la banque et la caution. Ce contrat va
tre un contrat accessoire par rapport au contrat principal.
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2 En matire de troubles de voisinage, il est frquent de trouver dans le contrat dentreprise de
construction une clause par laquelle lentrepreneur va garantir le matre de louvrage de toutes les
condamnations qui pourraient tre prononces contre lui, au titre des troubles de voisinage. Les
troubles de voisinage sont des nuisances. La thorie des troubles de voisinage ne concerne que les
voisins. Le matre de louvrage doit rpondre des troubles crs par le trouble de voisinage. Mais au
cas o des condamnations sont prononces contre lui, lentrepreneur doit tout rembourser la place
du matre de louvrage. On va donc dplacer le risque sur un tiers, qui est lentrepreneur.
d.3. La scurit sociale.
Cela permet de couvrir des risques comme le chmage, la maladie, linvalidit, la pension.
En quoi la scurit sociale se distingue-t-elle de lassurance prive ? Il y a toute une srie de
considrations qui font la diffrence entre les deux :
- 1. La cotisation en matire de scurit sociale nest pas calcule en fonction de lintensit du
risque. Cest un aspect de justice distributive. Alors quen assurance, la prime est calcule
selon le degr de risque reprsent par la personne.
- 2. Lassureur, la diffrence de la scurit sociale, procde une slection des risques. Cela
veut dire quil est en principe libre danalyser le risque quon lui propose, et ventuellement
de dire quil ne couvre pas ce risque. En matire de scurit sociale, il ny a pas de slection
des risques, il ny a pas de tri. Cest la raison pour laquelle, en assurance maladie
complmentaire, il y a de gros problmes dassurabilit pour des personnes qui prsentent
un risque aggrav (diabtiques,).
- 3. Les modes de financement. Les compagnies dassurance prives poursuivent un but
lucratif. Pour les modes de financement des prestations, la scurit sociale fonctionne
davantage en rpartition plutt quen capitalisation. Le mode de financement en rpartition,
on fait masse des cotisations et on les redistribue immdiatement aux personnes qui arrivent
lge de la pension. Par contre, les assurances fonctionnent en capitalisation : la somme
quon investit en assurance est rserve, elle va saccumuler avec toutes les primes payes
pendant le contrat, pour former le capital. Mais on nutilise pas les primes des autres. Les
sommes investies nous reviennent donc terme.
Il y a des effets de complmentarit entre la scurit sociale et lassurance vie prive. Cest le cas
pour la maladie, cest le cas aussi pour les pensions. En matire de pensions, cette complmentarit
se cristallise autour des trois piliers de la pension : la scurit sociale, la prvoyance individuelle, le
rgime professionnel.
Section 2 : Considrations techniques sur lassurance.
Le mcanisme de lassurance peut tre dfini sur un plan technique comme la compensation des
effets du hasard sur le patrimoine de lhomme par la mutualit organise suivant les lois de la
statistique .
1) Les lois de la statistique.
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Cest Pascal qui a dgag lide que si on fait une opration sur un grand nombre dvnements, on
peut dgager une loi de probabilit. Par exemple : on examine 10.000 habitations et on regarde le
nombre dincendies qui vont tre provoqus sur ces maisons. On pourra alors en tirer une loi de
probabilit pour les prochaines annes. A partir du moment o on peut dgager une loi de
probabilit, lassurance nest plus ncessairement uniquement un pari.
Lactivit dassurance commence tre une activit matrise, dans le sens o lassureur peut ainsi
prvoir que sur les 1000 risques quil a en portefeuille, une rgle de probabilit dit quil y a trois
risques qui vont tre provoqus dans lanne. Il saura alors quelle prime il devra demander pour faire
face toutes les ralisations de risques.
Mais ce nest pas une activit dpourvue de risques car une probabilit nest quune probabilit et il
peut y avoir des annes o le nombre de survenances de risques dpasse ce qui a t prvu par
lassureur, qui doit alors dbourser plus. En assurance, il y a des annes moins bonnes que dautres.
Cest la raison pour laquelle lactivit dassurance est une activit REGLEMENTEE. Il faut faire en sorte
que lassureur puisse remplir ses engagements au moment de la ralisation du risque. Il faut donc
surveiller ce quil fait. Il ne peut par exemple pas dilapider les primes, il devra constituer des
provisions, il devra constituer une marge de solvabilit, il faudra quon surveille le placement de ses
actifs (il ne peut pas tout placer dans des actions risques).
2) Linversion du cycle de production.
On paye le prix du service avant den connatre le cot. Par exemple : si on vend des machines
laver, on connait lavance les cots de fonctionnement. On sait quel est le prix de revient car on
matrise ces lments. Le mcanisme de lassurance est inverse : on fixe le prix final du service avant
den connatre le cot. Cest aussi pour cela quil faut constituer des provisions, anticiper ce quil
pourra arriver dans le futur.
Il y a diffrentes catgories de provisions. Il y a les provisions pour risques en cours, provisions
mathmatiques en assurance vie et provision pour sinistre rgler.
- 1. La provision pour risque en cours : toutes les primes ne sont pas perues en dbut
danne. On a collect un montant X en juin et on arrive au bout de lanne comptable. On
ne peut pas considrer la prime comme acquise car il reste encore 6 mois courir. Donc il
faut mettre cette partie de la prime en provision.
- 2. La provision pour sinistre rgler : cest pour les sinistres qui sont survenus mais qui ne
sont pas encore rgls. En assurance RC, un sinistre ne se rgle pas du jour au lendemain,
surtout sil y a des lsions corporelles, car il faut attendre la consolidation des lsions.
Lassureur sait quil doit rgler un sinistre mais il ne sera dfinitivement rgl que plus tard et
donc, il doit mettre en provision une certaine somme pour faire face ce sinistre.
- 3. Les provisions mathmatiques : elles sont plutt spcifiques lassurance vie. Il faut
sparer en cas de vie et en cas de dcs.
Si vie, survie : on couvre le risque dtre dans le besoin un moment X, qui correspond
souvent lge de la pension. On a alors un besoin en capital. On anticipe ce besoin en
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souscrivant une assurance et on paye donc des primes. Le capital couvert va tre
aliment par toutes ces primes. Au terme, le montant garanti correspond au moment
investi, compte tenu de tous les intrts verss. Lassureur inscrit dans la provision
mathmatique le montant des primes verses, il va dduire toute une srie de frais, mais
le montant va produire des intrts.
Si risque dcs : supposons que la prime soit nivele. Le risque de dcs est croissant. Si
la prime est nivele, cela veut dire que pendant une priode, le montant de la prime
excde le prix rel du risque. Cette partie de la prime sera alors mise en provision pour
faire face la priode o la prime ne suffit plus couvrir le prix rel du risque de
mortalit. Mais il faut savoir quil y a maintenant des produits dans lesquels la prime
nest plus nivele.
Il y a les provisions pour garantir le fait que lassureur pourra faire face ses engagements au
moment crucial.
3) Lassurabilit.
Dans le public, on se dit que tout est assurable. Mais ce nest pas vrai. Pour quun risque soit
assurable, que faut-il ?
1 Il faut que le risque soit observable et mesurable. Il faut que le risque rponde une loi de
frquence, de la statistique. Mais les anglais couvrent parfois des risques qui ne sont pas du tout
mesurables. Leur assurance repose plus sur le pari.
2 Il faut un vnement incertain, un ala. Il ny a pas dassurance possible si le risque sest dj
ralis quand on conclu le contrat. Si le risque sest dj ralis, le contrat est nul. Par exemple : on
sait quon est malade et on se dit que cest le moment de souscrire un contrat dassurance maladie.
Lassurance peut tre annule. Pour les maladies, ce nest pas si vident car on peut avoir certains
symptmes sans encore avoir pris conscience de la maladie qui nous affectait. On ignore alors la
gravit de la maladie. DONC cette exigence nest pas si facile mesurer. Il y a des moyens
contractuels pour prvenir cela.
3 Il faut que lon puisse mesurer le sinistre maximum possible. Cest--dire quon doit avoir une ide
de lampleur de consquences que la ralisation du risque peut avoir. Si le risque nest pas mesurable
dans toute son ampleur, lassureur risque de se trouver en difficult car il ne peut pas matriser son
engagement financier. Mais il faut NUANCER cela : un assureur, quand il na pas une connaissance
prcise des consquences dommageables, a toujours le moyen de plafonner sa garantie
contractuellement. Cela indique au preneur que lassureur accepte dintervenir jusqu un montant
dtermin, et pas au-del. Cela permet de limiter les engagements financiers de lassureur. Le
preneur dassurance devra vrifier si ce plafond ne risque pas de le mettre en difficult car au-del
du plafond, il doit supporter lui-mme les consquences de la ralisation du risque.
Il faut apporter une autre nuance : il y a manifestement des risques dont lampleur peut tre
catastrophique, comme le terrorisme, les catastrophes naturelles. Il est possible de rsoudre la
difficult lie la couverture de ce type de risque par des partenariats entre le secteur priv (les
assureurs et les rassureurs) et le secteur public. En ce qui concerne le terrorisme, il y a la loi du 1ier
avril 2007 qui organise ce type de partenariat. Comment cela fonctionne-t-il ? Cela fonctionne en une
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couverture en trois tranches : un morceau pour les assureurs, un morceau pour les rassureurs et un
morceau pour les autorits publiques. Ce sont dabord les assureurs qui indemnisent, ensuite les
rassureurs et ensuite, les autorits publiques. Plusieurs assurances peuvent tre mises en
fonctionnement simultanment. Cela fonctionne peu prs de la mme faon pour les catastrophes
naturelles (articles 68-1 jusque 68-10 de la loi de 1992).
On reporte au maximum les limites de lassurabilit, quitte trouver des partenariats.
4 Le risque doit tre suffisamment homogne et suffisamment dispers. Le mtier de lassureur
consiste aussi classer les risques en catgories, dans des catgories comparables de telle sorte que
tous les risques qui font partie dune catgorie correspondent une moyenne. Cest la raison pour
laquelle on ne peut pas classer en risque incendie une maison construite en briques et une maison
construite en bois. Pourquoi ? Parce quil faut que la prime reflte le mieux possible la moyenne des
risques classs dans la catgorie. On doit alors classer des pommes avec des pommes et des poires
avec des poires.
Par exemple : le risque automobile : le risque en RC automobile nest pas le mme pour les hommes
et pour les femmes, et spcialement pour les jeunes hommes et pour les jeunes femmes. La logique
voudrait donc que lon classe les risques lis aux hommes dans une catgorie et les risques lis aux
femmes dans une autre. Sans quoi, les bons risques vont subsidier les moins bons risques. On fixe la
prime un taux moyen mais elle sera trop leve pour les femmes et pas assez leve pour les
hommes. Il y aura alors une solidarit implicite entre les deux catgories. La logique de lassurance
voudrait que lon segmente les deux catgories. Lassureur se trouve contraint de pratiquer la
segmentation techniquement et conomiquement. Pourquoi ? Sil ne segmente pas, dans un march
concurrentiel, les femmes ne vont pas vouloir subsidier le risque des hommes et vont aller dans une
assurance qui pratique la segmentation. Lassureur qui ne segmente pas risque de ne se retrouver
quavec les mauvais risques.
Cette logique a une limite car on pourrait dire quil est normal que dans la socit actuelle, on ne
fasse plus de distinction selon le critre du sexe. Cette rflexion rcente irrite les actuaires. Cela
consiste pour le lgislateur de prohiber certains critres de segmentation des risques. Cette
approche nous vient du trait de lUE qui interdit les discriminations en fonction du genre. Cela a des
rpercussions en matire dassurance. Dans le code, on trouve une loi du 10 mai 2007 transposant
une directive europenne. Il y a un gros dbat quant lapplication de cette loi lassurance. Cette
loi interdit lutilisation du critre de segmentation fond sur le sexe en assurance auto, en assurance
maladie. Il y a une seule catgorie dassurance o lon peut encore distinguer selon le sexe, cest
lassurance vie la table de mortalit nest pas le mme et montre que les hommes vivent moins
longtemps que les femmes. On veut donc organiser une solidarit subsidiante entre certaines
catgories de risques et abandonner la segmentation.
Le risque doit aussi tre suffisamment dispers : sil couvre le risque inondations, il doit faire en sorte
quil nait pas exclusivement des risques lis des caravanes situes le long de leau. Sinon, cela
risque de le mettre en difficult financire. Il faut donc veiller une correcte dispersion du risque.
4) Le concept danti-slection.
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Cest un danger qui menace lassureur en raison du fait que lassurance comporte un effet dappel
vers les risques les plus exposs. Par exemple : dans un march totalement libre, quelles sont les
personnes qui vont par priorit souscrire une assurance maladie ? Les personnes les plus exposes
ce risque, qui sont en mauvaise sant. On peut faire le mme raisonnement pour les assurances
protection juridique. Quelles sont les personnes qui vont souscrire cette assurance en priorit ? Ce
sont les gens qui aiment soulever des conflits, des litiges.
Cela signifie que le portefeuille de lassureur va se composer essentiellement de mauvais risques =
des risques qui vont se raliser au-del de la frquence moyenne. Cela va donc perturber les
quilibres financiers de lassureur.
Un bon risque au sens de lassurance, cest le risque qui correspond au risque moye, soit qui a peu de
chances de se raliser. Le mauvais risque, cest celui qui prsente une exposition suprieure la
moyenne.
Comment lassureur peut-il lutter contre lanti-slection ?
- 1. Ltat pourrait dcider dobliger tout le monde sassurer. Mais cest une solution
extrme, radicale car cest une restriction la libert de contracter. Mais il faut faire une
analyse cot bnfice de lopration car cest une atteinte la libert de contracter. Et la
cration dune assurance entrane des contraintes administratives. Par exemple : lassurance
RC automobile, lassurance accident du travail. (Voir sur le site de la CBFA : liste complte de
toutes les assurances obligatoires).
- 2. Lassureur peut dcider de refuser dassurer certaines personnes.
- 3. MAIS SURTOUT : Lassureur doit avoir une bonne connaissance du risque quon lui
propose. Pour cela, il doit tre correctement inform sur le risque. Dans la loi de 1992, le
preneur dassurance a une obligation de dclarer spontanment et compltement les
lments dinformation dont il dispose propos du risque quil souhaite transfrer
lassureur. Sur cette base, lassureur va pouvoir accepter le risque ou le refuser. Un assureur
peut en effet toujours refuser dassurer un risque.
- 4. Il peut proposer des couvertures varies : avec franchise, sans franchise. Les contrats sans
franchise vont attirer davantage les personnes qui ont une grande aversion au risque.
Adapter la couverture permet de mieux cerner le risque quon demande de prendre en
charge.
- 5. Lassureur peut accepter la couverture mais exclure de sa couverture certains risques. Il
peut souscrire une assurance RC entreprise mais exclure le risque li lutilisation de
lamiante. Ce sont des clauses contractuelles dexclusion, qui ont un rgime juridique trs
prcis.
- 6. Une manire plus souple dviter lanti slection est de crer des extensions obligatoires
de garantie. Par exemple : le risque catastrophe naturelle et en particulier, le risque
inondation. Le risque danti slection est trs important car les gens qui habitent les
immeubles ne vont jamais souscrire une assurance contre linondation. Il va donc y avoir une
difficult pour assurer un tel risque un prix raisonnable. Comment faire pour couvrir les
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inondations un prix abordable ? Une manire de faire est que toute personne qui souscrit
librement un contrat dassurance incendie risque simple doit obligatoirement aussi souscrire
lextension de garantie couvrant les catastrophes naturelles. On est alors certain de diffuser
le risque sur une catgorie importante dassurs et de permettre la couverture de ce risque
un prix abordable.
MAIS il y a une REMARQUE faire : lobligation dassurance ou lextension obligatoire de
garantie nemporte pas un droit lassurance. Par exemple : pour lassurance RC ou pour les
catastrophes naturelles. Lassureur peut toujours refuser le risque. Il faut donc trouver un
mcanisme correcteur car certaines personnes prsentent des risques aggravs et risquent
de ne plus pouvoir sassurer et pour le risque automobile, cela veut dire quils ne peuvent
plus circuler. Le mcanisme correcteur est le bureau de tarification : il en existe deux dans le
systme belge : en matire dassurance automobile (articles 9 bis et suivants de la loi de
1989 sur lassurance auto) et en matire de catastrophe naturelle (article 68-9 de la loi de
1992). Une personne essuie un certain nombre de refus de la part de certaines compagnies
dassurance du march, le risque est alors prsent au bureau de tarification et il appartient
ce bureau de tarifer ce risque = indiquer quel tarif le risque va tre pris en charge. Une
fois le tarif propos, lassureur qui a refus la couverture doit le couvrir aux conditions
indiques MAIS si le sinistre survient, la charge financire va tre disperse entre tous les
assureurs qui pratiquent cette branche en Belgique.
5) Le concept de hasard moral.
Cest un nouveau danger pour lassureur. En quoi consiste-t-il ? Cest le danger que lassur se
sachant couvert ne se dsintresse des mesures de prvention, quil ne fasse plus rien pour faire en
sorte que le risque ne se ralise pas. Se sachant assur, il ne va pas investir dans des mesures de
prvention.
Comment lassureur peut-il faire pour limiter ou carter le hasard moral ?
1 Il y a une premire possibilit qui est de prvoir dans le contrat des obligations contractuelles de
prvention qui si elles ne sont pas remplies vont entraner une sanction quon va appeler la
DECHEANCE de la garantie = la perte du droit lindemnit. Par exemple : lassureur peut dire quil
couvre condition quon place sur le vhicule un systme anti vol agr qui doit tre en tat de
fonctionnement au moment du vol. Par exemple : dans les contrats dassurance incendie : il y a des
obligations de prvention pour les dgts des eaux quand on quitte notre btiment en plein hiver
pendant une dure dtermine, on doit faire en sorte de purger nos installations hydrauliques pour
viter que leau ne gle.
2 On peut aussi mettre en uvre des franchises et des plafonds dintervention : on dit lassur
que sil y a un sinistre, il ne sera pas couvert intgralement, il devra participer. La franchise, cest un
montant qui est dfini contractuellement qui va rester charge de lassur en cas de ralisation du
risque. Il y a diffrents types de franchises. Le plafond = lassureur couvre mais uniquement jusqu
un plafond dtermin.
3 Laction rcursoire. Cest une manire de sanctionner un assur qui na pas adopt un
comportement adapt. On est dans un domaine spcial qui est celui de lassurance RC auto :
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RC auto
Action directe de la victime contre lassureur RC auto. Il nest pas soumis au concours
des autres cranciers de lassur.
Assur Victime
Les articles 86 et 87 de la loi organisent un systme dinopposabilit des exceptions. On met la
victime labri des moyens de dfense que lassureur pourrait trouver dans le contrat afin de justifier
un refus de payement. Lassureur pourrait avoir des moyens de dfense si lassur na pas
correctement respect ses obligations contractuelles (pas pay la prime, pas dclar le risque
correctement, tre en tat divresse,). Mais le danger, cest que la victime soit oppose ces
moyens de dfense et lassureur refuserait de le payer. Avec ce systme, on veut empcher
lassureur de faire valoir les moyens de dfense issus du contrat. La victime sera donc indemnise.
Lassureur sera contraint lgalement de payer la victime. Mais lassureur ne va pas en rester l.
Aprs indemnisation de la victime, lassureur va intenter une action rcursoire pour obtenir le
remboursement des indemnits charge de son assur. Cest une action qui sanctionne lassur mais
a posteriori, puisque cest une action en remboursement.
On a plafonn laction rcursoire car cela pouvait mettre lassur sur la paille. En effet, lassur
devait rembourser toute lindemnisation verse la victime.
Il est possible que la victime puisse faire appel un autre assureur (son propre assureur). Les victimes
peuvent alors obtenir une indemnisation plus rapide. Lassureur tenu par la couverture va
indemniser la victime et ensuite, il va se subroger dans les droits de la victime concurrence de ce
quil a pay et il va faire valoir laction directe pour rcuprer ce quil a pay.
4 Le bonus malus. Si on a plusieurs sinistres pendant lanne, notre prime va augmenter. Cela se
pratique trs frquemment en assureur auto mais cela se pratique aussi en assurance accident de
travail. On appelle cela le bonus malus car si on na pas de sinistre dans lanne, on descend dans
lchelle de prime. Mais si on a des sinistres dans lanne, on peut monter de plusieurs degrs. Ce
nest pas une action rcursoire, mais simplement un mcanisme contractuel qui permet dadapter la
prime a posteriori. Cela a un effet efficace sous langle de la limitation du hasard moral.
La difficult de la gestion dun bonus malus, cest quil y a plus de bons risques que de mauvais et
quand on fait le total des personnes qui se retrouvent en bas, le systme est vite dficitaire.
Section 3 : Rle conomique et social de lassurance.
Quelles sont les fonctions majeures de lassurance ?
1) Rle de rparation et dindemnisation.
Par exemple, grce lassurance incendie, le btiment est totalement reconstruit,
On indemnise les assurs ou la victime, la personne lse, dans les assurances de responsabilit.
2) Contribuer au progrs technique, conomique.
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Il y a toute une srie dactivits risques au dangereuses qui ne seraient jamais entreprises sil ny
avait pas de couverture dassurance. Par exemple : le lancement dengins spatiaux, exploitation de
lnergie nuclaire.
3) Rle de prvention.
Le rle de lassureur ne se limite pas payer quand le risque se ralise. Les assureurs sont actifs dans
tout ce qui relve de la prvention des risques. Par exemple, dans lincendie, dans le vol, dans les
accidents de travail. Les assureurs ont donc une influence majeure dans le domaine de la prvention.
4) La fonction de promotion de lpargne et du crdit.
La fonction dpargne : surtout dans le domaine de lassurance vie, et en particulier dans lassurance
en cas de vie qui garantit un capital en cas de vie au terme du contrat. Les assureurs ont un rle
majeur dans les piliers des pensions, pour garantir un complment de pension.
La promotion du crdit : il ne sagit pas pour eux de faire du crdit. En revanche, ils peuvent garantir
la bonne fin des crdits. Deux types dassurances permettent de lassurer comme par exemple :
Lassurance solde restant du : Risque du dcs de lemprunteur avant le terme du remboursement
du prt. Cela se pratique beaucoup pour les prts hypothcaires. Quel est le problme ? On souscrit
un emprunt hypothcaire et avant le terme du prt, on dcde. La dette de remboursement va donc
se transmettre aux hritiers. Pour viter cela, on souscrit une assurance du solde restant du. En cas
de dcs prmatur de lemprunteur, lassureur sengage payer le montant non encore rembours
du prt au bnficiaire dsign qui va tre le crancier. Cette assurance solde restant du est une
assurance temporaire dcs capital dcroissant. Elle est temporaire car lassureur nous couvre si le
dcs survient pendant la priode limite correspondant la dure du prt. A la diffrence dune
assurance vie entire o lassureur paye au moment du dcs, quelque moment quil survienne.
Mais alors, quel est lvnement alatoire ? Le moment du versement de la prestation. Cest capital
dcroissant car chaque fois quil y a un remboursement.
5) Rle dinvestisseur institutionnel.
Les assureurs sont des investisseurs institutionnels car ils collectent des primes importantes et il les
place dans lconomie, dans diffrents actifs. Les engagements que lassureur prend lgard de ses
assurs figurent au passif de son bilan et ses engagements sont reprsents lactif par les actifs
reprsentatifs.
Section 4 : Contrle des activits dassurance en Belgique (droit administratif).
Il existe un contrle gnralis des activits dassurance en Belgique. Pourquoi est-ce que lactivit
dassurance est une activit contrle ? A tout moment il faut tre sr que lassureur va pouvoir
honorer ses engagements. Par le biais de linversion du cycle de production, on paye lavance mais
lassureur doit pouvoir remplir ses engagements au moment du sinistre.
Ce contrle a volu. En 1903, on a commenc avec le contrle des accidents de travail. En 1930,
lassurance sur la vie. En 1956, cela a t le tour de lassurance RC auto. En 1975, par une loi du
9/07/1975, on organise un contrle gnralis de toutes les activits dassurance.
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1) Linfluence de la rglementation europenne sur le contrle des activits dassurance.
Il faut savoir que les conditions daccs et dexercice des assureurs font lobjet dune rglementation
minimale dans lespace europen. Pourquoi ? Parce quon a trouv que pour exercer les liberts
conomiques du trait, il fallait que les rgles du jeu soient les mmes pour tout le monde. Cela a
pris du temps pour arriver cet objectif, il y a eu trois gnrations de directives pour arriver au
systme de la licence unique ou du passeport europen. Cela signifie quune entreprise qui a son
sige social dans un tat membre peut, sous le couvert de lagrment administratif quelle obtient
dans son tat dorigine, exercer ses activits partout dans lUE ou dans lespace conomique
europen, soit en libert dtablissement, soit en libert de prestations de services.
Le trait de lUE consacre un certain nombre (4) de liberts conomiques. On en voit deux qui
touchent lassurance.
- La libert dtablissement = la libert de crer un tablissement secondaire dans un tat
membre daccueil sous le couvert de lagrment obtenu dans le pays dorigine. Le contrle
est exerc dans le pays du sige social. Lautorit belge qui voit stablir sur son territoire une
agence allemande ne peut pas dire que cette agence ne peut pas exercer tant quelle na pas
obtenu lagrment belge. Lagrment obtenu en Allemagne va permettre cette agence
dexercer ses activits en Belgique. Il faut rappeler quune agence ou succursale na pas la
personnalit juridique, cest pour cela quon parle dun tablissement secondaire. Mais une
filiale a la personnalit juridique.
- Libert de prestation de services : cest la libert dexercer des activits conomiques
ltranger sans disposer dun tablissement durable dans le pays daccueil, o sexerce
lactivit. On exerce cela de manire temporaire. Il ne faut pas de nouveau contrle dans le
pays o va sexercer lactivit. Mais tout cela nest possible que parce que ltat belge sait
quen Allemagne, la compagnie allemande est soumise des conditions similaires en termes
de contrle de ses activits.
Tout cela parait idyllique mais ce nest pas vrai. Il y a quelques difficults. Pour faire de lassurance
dommages efficacement, il faut quand mme un tablissement durable dans le pays du risque car
quand le risque survient, il faut un servie auquel les assurs peuvent sadresser.
De plus, on a harmonis les conditions financires mais on na pas harmonis le droit du contrat
dassurance. Par exemple : une entreprise allemande veut faire de lassurance auto en Belgique, elle
doit respecter le droit belge. DONC elle va devoir transformer tous ses contrats allemands pour les
faire coller au droit belge. DONC quoi cela sert ? Il vaut en effet mieux avoir une succursale. Donc la
libert dtablissement na pas beaucoup dintrt.
Les choses se compliquent encore quand on parle de fiscalit directe. Il ny a pas dharmonisation
fiscale donc le preneur dassurance belge veut surtout conserver la possibilit de dduire ses primes
dassurance vie dans sa dclaration belge. Jusquil y a 10 ans, beaucoup de lgislations fiscales
nationales subordonnaient la dductibilit des primes la souscription dun contrat auprs dun
tablissement belge. Cest une entrave lexercice des liberts. On commence considrer que ce
sont des entraves disproportionnes lexercice des liberts conomiques.
2) La lgislation belge de contrle.
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Cest la loi du 9 juillet 1975 avec un AR dexcution du 22/02/1991. Il y a deux volets dans cette
lgislation :
- Les conditions daccs lactivit dassurance
- Les conditions dexercice de lactivit dassurance.
a) Les conditions daccs.
Laccs lactivit dassurance est subordonn en Belgique loctroi dun agrment administratif
dlivr par une autorit de contrle indpendante = la CBFA.
Les conditions doctroi de lagrment ? Elles sont fixes par la lgislation de contrle. Il y a des
conditions juridiques et financires.
- Les conditions juridiques : il faut adopter une forme sociale dtermine. Il faut une socit
par actions ou une socit cooprative, etc (article 9 de la loi).
- Les conditions financires : Il faut aussi disposer dun capital minimal (1/3 de la marge de
solvabilit = le fonds de garantie). Par ailleurs, il faut aussi dposer un programme dactivits.
Cest sur la base de tous ces documents que lagrment va tre dlivr ou refus. Larticle
3,3 de la lgislation de contrle sanctionne de nullit le contrat souscrit auprs dune
compagnie non agre (nullit pour contrarit lordre public). Cela peut tre surprenant
pour le preneur qui a souscrit de bonne foi. DONC dans ce cas, le lgislateur a prvu que
lassureur restait tenu de respecter les obligations contractes.
b) Les conditions dexercice.
1Cela repose tout dabord sur lexistence dune marge de solvabilit (articles 15 quater de la loi de
1975). Cest un patrimoine propre de lentreprise dassurance libre de tout engagement. Cela veut
dire quon ne parle pas des actifs reprsentatifs des rserves techniques. Il faut avoir constitu cette
marge et avoir cette marge danne en anne. Les entreprises dassurance en Belgique ont souvent
une marge de solvabilit deux fois suprieure ce que prescrit la loi.
2 Contrle sur la constitution des rserves techniques et sur la reprsentation des rserves
techniques : article 16 de la loi de contrle et articles 10 et 11 de lAR. Lautorit de contrle vrifie la
manire dont les rserves techniques sont constitues, mais elle va aussi vrifier la faon dont
lassureur va placer les actifs reprsentatifs de ces rserves techniques. On vrifie que ces
placements rpondent des rgles suffisantes de dispersion, de congruence (que les actifs soient
libells dans la mme monnaie que celle de lengagement). On peut alors vite sortir largent. On
donne des pourcentages maximaux. Ce sont des rgles prudentielles pour garantir que les
placements sont srs. Par exemple : lassureur ne peut pas mettre tout ce quil a dans des actions.
Avant lintervention du lgislateur europen, il y avait aussi des pourcentages minimaux.
Maintenant, on ne tolre plus que les pourcentages maximaux.
3 On se demande sil y a un contrle sur les tarifs, les conditions mises sur le march ? La lgislation
europenne a renvers les choses. Avant le march unique de lassurance, il y avait deux
philosophies du contrle :
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- La philosophie anglo saxonne : pas de contrle a priori sur les tarifs et sur les conditions
contractuelles.
- La philosophie continentale : contrle a priori sur les conditions contractuelles et sur les
tarifs. Lassureur tait tenu de fournir lautorit de contrle ses conditions contractuelles,
ses tarifs,
MAIS il faut savoir que la thse anglo saxonne la emport. Mais il faut savoir que lautorit de
contrle peut quand mme exercer son contrle mais il ny a plus une entrave lentre, cest un
contrle a posteriori seulement : article 12 de lAR dexcution.
La loi de 1992 met en place des mesures que lautorit de contrle peut prendre quand lentreprise
est en difficult financire : article 26. Ces mesures sont variables en fonction de la gravit du cas :
bloquer les actifs, rvocation de lagrment qui avait t donn, Cest un acte administratif
susceptible de recours devant le conseil dtat.
Section 5 : Considrations chiffres sur le march de lassurance actuel.
Dans le syllabus de documents, on peut voir le rapport annuel des assureurs, il y a des indications sur
le march.
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Chapitre 1 : Les lments essentiels du contrat dassurance.
Section 1 : Les parties en cause.
La loi de 1992 est vraiment la loi de rfrence en la matire, pour tous les contrats dassurance
terrestre. Cela remplace une vieille loi de 1874. Il y a des dfinitions larticle r1ier de cette loi de
1992.
Larticler 1ier, a dfinit le contrat dassurance. On se demande alors quelles sont les parties
contractantes, ou quelles sont les parties impliques ?
1) Lassureur.
La question qui sest pose : pour pouvoir parler de contrat dassurance, faut-il quon ait affaire un
assureur professionnel procdant par la mutualisation des risques ? On peut alors de nouveau se
poser deux questions :
- 1. Llment technique, de mutualisation des risques est-il essentiel ?
- 2. Cet assureur doit-il ncessairement exercer sa profession dans le cadre dune entreprise
organise ?
Par exemple : on va aux sports dhiver, on loue des skis et on nous propose de payer plus pour
couvrir les dgts aux skis. On se demande alors sil y a un contrat dassurance entre le loueur de ski
et nous ? Sil y a un contrat, cela veut dire que toute la lgislation sur le contrat dassurance
sapplique. De plus, si ce loueur fait de lassurance mais quil nest pas agr, il faut savoir que le
contrat est alors NUL.
Il y a deux possibilits :
- 1. Soit le loueur a une assurance collective pour tous ses clients auprs dune assurance, cest
alors seulement un intermdiaire (il y a une lgislation l-dessus).
- 2. Soit il ny a pas de vritable compagnie dassurance derrire et alors, llment technique
fait dfaut.
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Cette question sest pose devant la cour de cassation, dans le cadre de la loi de 1874. La cour de
cassation a donn une rponse dans un arrt du 18 juin 1992 : la notion dassureur au sens de la loi
de 1874 implique une prise en charge et une compensation du risque et cela ne peut viser quune
personne qui fait profession de conclure des contrats dassurance.
MAIS on se demande si cet arrt de la cour de cassation est applicable dans le cadre de la nouvelle
loi ? Dans les travaux prparatoires de la loi de 1992, il y avait une dfinition de lassureur = la
personne qui conclut des contrats dassurance. Mais cette dfinition a disparu de la version finale.
Cela laisse donc les lecteurs dans lembarras. On peut dire que larrt de la cour de cassation peut se
transposer la loi de 1992. Ce qui est certain, cest que larticle 3 3 de la lgislation de contrle
sanctionne de nullit le contrat souscrit auprs dune entreprise non agre. Selon le professeur, la
Cour de cassation sest prononce et laisse entendre que pour quil y ait un contrat dassurance dans
le sens juridique du terme, il faut que lassurance soit conclue prs dune personne dont la profession
consiste souscrire des contrats dassurance.
Conclusion : Pour le loueur de skis : si on applique la jurisprudence, on peut dire que le loueur de skis
ne fait pas de lassurance mais cest seulement un contrat alatoire dont la validit devrait pouvoir
tre dfendue. Le contrat nest pas nul mais cest un contrat sui generis (qui ne rentre dans aucune
catgorie).
2) Le preneur dassurance.
Lorsquon lit larticle 1ier, a de la loi, on voit que le preneur dassurance est celui lgard duquel
lassureur sengage. Mais le lgislateur na pas compris les nuances car lassureur sengage par
rapport beaucoup dautres personnes que le preneur. Cette dfinition est donc insatisfaisante. Le
preneur dassurance est en fait celui qui souscrit le contrat dassurance.
Par exemple : en assurance vie, en cas de dcs avec attribution bnficiaire au conjoint. Lassureur
sengage payer au tiers bnficiaire et non pas au souscripteur du contrat dassurance, savoir le
preneur dassurance. En vertu dune stipulation pour autrui, lassureur sengage payer au
bnficiaire.
Dans beaucoup de contrats dassurance, surtout pour les assurances de responsabilit civile, le
preneur nest pas la seule personne couverte par le contrat. Par exemple, dans la RC auto, rgie par
la loi du 21/11/1989, elle couvre la responsabilit de nimporte quel conducteur qui se met au volant
de cette voiture (voir article 3 de la loi).
Si lassur engage sa responsabilit par rapport un tiers victime, lassureur doit indemniser dans les
mains de la personne lse, du tiers victime.
En assurance RC familiale : lassurance sengage vis--vis de toutes les personnes qui font partie de
notre foyer, y compris celles qui nont pas souscrit matriellement le contrat.
3) Lassur.
La notion dassur est dfinie par larticle 1, b de la loi de 1992. Cest une dfinition en deux temps :
- Une premire dfinition concerne les assurances de dommages.
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- Une deuxime dfinition concerne les assurances de personnes.
Les deux dfinitions sont donnes dans la loi. Lerreur est de faire deux dfinitions distinctes pour les
assurances de dommages et pour les assurances de personnes. Les assurances de dommages sont
dfinies larticle 1, g de la loi et les assurances de personnes sont dfinies larticle 1, h de la loi.
- Lassur dans une assurance de dommages, cest la personne garantie contre les pertes patrimoniales
- Dans une assurance de personnes : cest la personne sur la tte de laquelle repose le risque de survenance de lvnement assur. Le lgislateur vise la tte assure, celle sur laquelle repose le risque. Exemple : assurance vie.
Le lgislateur prvoit donc deux notions dassur. Pour les assurances de dommages, cela ne pose
pas de problmes car lassur est celui qui dtient lintrt dassurance. DONC dans une assurance de
responsabilit civile classique, on a : lassureur RC, lassur et sa responsabilit civile est couverte par
le contrat, et on a le tiers.
Pour les assurances de personnes, la dfinition est moins satisfaisante. Le lgislateur opre une
confusion entre la notion dassur et la notion de tte assure : ces deux notions sont diffrentes et
le lgislateur les confond.
Pour le lgislateur, dans les assurances de personnes, lassur, cest donc la tte assure. Alors que
dans les assurances de dommages, lassur cest celui qui est garanti contre les pertes patrimoniales.
En assurance de dommages, on peut donc retenir que lassur est le dtenteur de lintrt
dassurance. Cest celui qui est le titulaire de lassurance. Dans les assurances de dommages, la
corrlation marche.
Le malheur, cest que dans les assurances de personnes, le lgislateur a cru bon de faire autrement. Il
a prvu une dfinition distincte. Le lgislateur aurait mieux fait dadopter la mme dfinition pour les
assurances de dommages et de personnes, cest--dire de dire que lassur aussi dans les assurances
de personnes, cest le titulaire des intrts dassurance.
Par exemple : contrat dassurance vie : Monsieur prend un contrat dassurance en cas de dcs, sur
la tte de sa femme et au profit denfant ns ou natre du mariage. La tte assure est madame
parce que cest son dcs qui va dclencher la prestation de lassureur. Alors que si on prend la loi, le
vrai assur est le souscripteur parce que cest son intrt quil couvre. Mais cette dfinition
dichotomique est malheureuse : la tte assure ne souscrit pas et na pas lintrt dassurance. On
aurait donc du avoir une dfinition unique pour les deux.
On peut avoir plusieurs schmas, cas de figure :
- 1. On peut aussi avoir le souscripteur qui souscrit sur sa propre tte, au profit des enfants qui
sont alors les bnficiaires.
- 2. Le bnficiaire peut aussi tre le souscripteur lui-mme. Dans une assurance en cas de vie,
cela se passe comme cela.
Ce sont donc plusieurs cas de figure. Les qualits peuvent tre sur des personnes diffrentes
ou sur une mme personne.
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4) Le bnficiaire.
La dfinition est donne par larticle 1, c de la loi. Cest la personne pour laquelle on stipule des
prestations dassurance.
a) La stipulation pour autrui.
Si le bnficiaire est une personne diffrente du preneur, cest une stipulation pour autrui : ceci se
dduit de larticle 22 de la loi de 1992. Ce mcanisme est diffrent de laction directe. Il y a un
principe en droit des contrats qui est le principe de la relativit des conventions. Cela veut dire quun
contrat ne peut faire natre des droits et des obligations dans le chef de tiers au contrat. Mais il y a
des exceptions ce principe, comme la stipulation pour autrui. Ce mcanisme veut que par le biais
dun contrat, il est admissible quune personne puisse faire natre un droit au profit dun tiers. Il y a
alors trois personnes qui entrent en jeu :
- Le stipulant, qui est le preneur dassurances.
- Le promettant qui est lassureur.
- Le tiers bnficiaire, qui reoit les prestations de lassureur en cas de dcs du preneur
dassurance, qui est le stipulant.
Le tiers va alors recueillir un droit en vertu dun contrat auquel il nest pas partie. Le tiers peut
rclamer le capital directement lassureur, en cas de dcs de lassur.
b) Laction directe.
La stipulation pour autrui est diffrente de laction directe. Laction directe se dduit de la loi, de
larticle 86.
Une diffrence importante entre les deux actions, cest linopposabilit des exceptions. Laction
directe entrane linopposabilit des exceptions pour protger la victime. Tandis que dans la
stipulation, le droit est accessoire par rapport au contrat principal. Si le souscripteur du contrat
dassurance a arrt de payer ses primes et a demand le versement de son capital (ce qui est tout
fait possible dans une assurance en cas de vie), le tiers bnficiaire va subir les consquences de cela.
MAIS dans laction directe, la personne lse ne souffrira jamais du fait que le souscripteur du
contrat na plus pay ses primes.
5) La personne lse.
On est NECESSAIREMENT dans le contexte dune assurance de responsabilit civile et cest dfini
larticle 1, d.
La personne lse dispose dune action DIRECTE contre lassureur. Quels sont les avantages de cette
action directe ?
- 1. Linopposabilit des exceptions.
- 2. Le fait quon sadresse une compagnie solvable.
- 3. Le fait quon chappe au concours des cranciers.
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Il faut savoir que leffet dinopposabilit des exceptions est rserv par la loi aux assurances
OBLIGATOIRES !!!
Il faut voir le document 7 : lire le contrat Fortis : on trouve toutes les personnes vues. Mme chose
avec le contrat dassurance familiale : chapitre 1 de la police.
Section 2 : Intrt dassurance.
1) La notion dintrt dassurance.
a) Dfinition.
On peut partir de la dfinition donne au point a de la loi de 1992. Cest lintrt quon a de ne pas
voir se raliser le risque.
Cette condition doit tre vrifie dans TOUS les contrats dassurance, cest un lment fdrateur. Il
peut se rapprocher de la notion de CAUSE = lment essentiel de tout contrat. Ces sont donc les
mobiles dterminants.
Cette notion permet de faire la diffrence entre lassurance et un jeu ou un pari. On na jamais
intrt ce que le risque se ralise. Dans les assurances en cas de vie, on a quand mme intrt
rester en vie pour toucher le capital de assureur mais cest diffrent de la notion dintrt
dassurance : on couvre la VOLONTE de se mettre labri du besoin un certain ge.
Au dbut, on voyait des assurances o lintrt tait absent DONC on a du faire la diffrence entre le
jeu et le pari. Par exemple, on faisait des paris sur la vie dhommes clbres tels que le roi ou le pape.
On peut dire que lintrt dassurance est un lien prexistant entre lassur et ce qui est soumis au
risque. Cest en raison de ce lien que la ralisation du risque entrane une perte pour lassur.
La loi parle de cette notion dintrt dassurance deux endroits : larticle 37 de la loi pour les
assurances indemnitaires, et larticle 48 de la loi pour les assurances forfaitaires. Quest-ce que sont
ces deux diffrentes notions ?
- 1. Les assurances caractre indemnitaire sont dfinies par larticle 1, i de la loi. Cest une
assurance dont la prestation est calque sur le prjudice subi. On peut y classer toutes les
assurances de dommages (choses, responsabilit civile et frais). Les assurances de personnes
nont pas toutes un caractre indemnitaire ni forfaitaire. Les assurances vie pures et dures
ont toutes un caractre forfaitaire. Pour les autres assurances de personnes, cela dpend de
la volont des parties dans le contrat.
- 2. Les assurances caractre forfaitaire : lassurance na pas directement pour objectif
dindemniser un prjudice. Par exemple : lassurance en cas de dcs : la prestation
laquelle lassureur sengage nest pas calque sur le prjudice subi aprs le dcs. Cest
calcul sur base des primes payes pendant la vie. La prestation nest pas une compensation
du prjudice subi. La dfinition est donne larticle 1, j.
Lintrt dassurance est dfini de manire diffrente pour les deux types dassurances :
a.1. Pour les assurances caractre indemnitaire.
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Pour les assurances caractre indemnitaire, lintrt dassurance est lintrt conomique la
conservation de la CHOSE ou lintgrit du patrimoine.
1 Lintrt conomique la conservation de la chose.
Cela peut natre dun droit de proprit sur la chose, par exemple dans lassurance incendie. Mais
faut-il ncessairement tre propritaire pour avoir un intrt ? La rponse est non. Donc on peut
donner lexemple dun crancier hypothcaire qui pourrait souscrire un contrat dassurance incendie
sur le btiment hypothqu.
Dans les assurances de crdit, on peut se demander quel risque on couvre et quel est lintrt
conomique ? On couvre le risque dinsolvabilit. On est une entreprise avec beaucoup de dbiteurs
et donc, on court un risque de non rcupration des crances. Ici, lintrt conomique, cest la
rcupration des crances. Si le dbiteur est insolvable, lassureur va rembourser une partie de la
crance seulement et il va essayer de la rcuprer lui-mme entre les mains du dbiteur.
2 Lintgrit du patrimoine.
On vise ici les assurances de responsabilit civile et les assurances de frais.
a.2. Pour les assurances caractre forfaitaire.
Cest repris larticle 48 de la loi. Lintrt dassurance se dfinit alors autrement. Le bnficiaire doit
avoir un intrt personnel et licite la non-survenance de lvnement assur. Le lgislateur situe
lintrt dassurance dans le chef du bnficiaire et non dans le chef de lassur. Cest donc une
erreur juridique supplmentaire. Cest donc une anomalie totale ! Le titulaire nest pas le bnficiaire
mais lassur !
Il faut savoir que tant que la stipulation na pas t accepte par le tiers, elle est rvocable par le
preneur dassurance. Il y a donc une instabilit totale dans le contrat. En effet, il faut chaque fois
rapprcier si lintrt dassurance existe quand on change de bnficiaire.
En fait, lintrt dassurance doit tout le temps tre apprci dans le chef de lassur = le stipulant, le
souscripteur.
Comment le lgislateur belge a-t-il pu commettre cet impair ? Quand on voit les travaux
prparatoires, on voit que le lgislateur veut viter le votum mortis = le bnficiaire veut mettre fin
volontairement aux jours de la tte assure pour toucher le capital. Pour contrer le risque, on
regarde si le bnficiaire a bien un intrt lassurance. MAIS larticle 8 de la loi rsout dj ce
problme ! Larticle 8 suffit justifier le refus de la garantie dans le chef du bnficiaire.
1 Si on en revient larticle 48, alina 1, on voit quon parle dintrt licite, quest ce que cela veut
dire ? Avant, il y avait un contentieux quand le bnficiaire dun contrat dassurance tait un
concubin adultrin. Les personnes qui ntaient pas les bnficiaires de lassurance attaquaient le
contrat en disant quil ntait pas licite parce quil y avait un adultre. Mais aujourdhui, les choses
ont chang car les murs ont volu. On accepte cette attribution bnficiaire, moins que cette
attribution bnficiaire ait t faite pour le mobile dterminant de rmunrer des relations sexuelles.
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Cest le problme de la licit de lattribution bnficiaire. Mais dautres questions peuvent encore
se poser : si lattribution bnficiaire est faite seulement pour contourner la rserve : article 124. Les
contrats dassurance vie font lobjet dune protection renforce. On peut attaquer les primes mais
seulement si elles sont manifestement excessives.
2 Il faut ensuite voir larticle 48, alina 2. Il faut voir que dans cette dfinition, lassur doit tre
compris comme la tte assure. Mais quel est le problme ? Dans le cas dune assurance souscrite
sur la tte dun tiers. Si la tte assure a donn son consentement au contrat, lintrt dassurance
est suffisamment tabli.
De deux choses lune :
- Soit je souscris un contrat dassurance en cas de dcs sur ma propre tte au profit de mon conjoint,
- Soit un contrat assurance dcs sur la tte de mon pouse pour lintrt des enfants. Alina 2 : sur la tte dun tiers : on prsumera lintrt quand lassur (= tte assure) a donn son consentement au contrat.
Comment ce consentement doit-il tre prouv ? Ce consentement peut tre remis par crit mais
aussi par tout autre moyen de preuve.
2) Le principe indemnitaire et lintrt dassurance.
Le principe indemnitaire est invoqu larticle 39 de la loi. Cet article ne sapplique quaux
assurances caractre indemnitaire. Ce principe est dOREDRE PUBLIC. On veut viter que
lassurance soit une source denrichissement pour lassur sinon il est tent de provoquer le sinistre
volontairement. Ce principe indemnitaire nest pas un lment fdrateur de tous les contrats, il ne
sapplique que dans les assurances caractre indemnitaire. Cela fait chec tout ce qui peut
entraner un bnfice pour lassur.
Le fait que lassureur soit tenu au respect du principe indemnitaire indique quil ne versera jamais
une prestation au dessus du prjudice subi ce qui ne veut pas dire quil va le rparer intgralement.
Le principe indemnitaire nest pas applicable dans le domaine des assurances caractre forfaitaire.
Les risques de sinistre sont moins craindre et cest pour cela que certains expliquent que ce
principe ne sapplique pas aux assurances caractre forfaitaire. La prestation nest pas lie au
prjudice donc le principe ne peut sappliquer. Cest une raison technique.
3) Lassurance pour compte.
a) Mcanisme
Il sagit dun mcanisme original du droit de lassurance. Lassurance pour compte est un mcanisme
par lequel une personne souscrit le contrat dassurance titre personnel en assumant les obligations
qui en dcoule, mais pour couvrir lintrt dassurance dune autre personne ou plusieurs autres
personnes.
Il ne sagit pas dun mcanisme de reprsentation ni dun mcanisme de gestion daffaires.
Lassurance pour compte peut tre faite pour le compte dune personne dtermine ou qui sera
dterminable au moment du sinistre.
24
b) Illustrations
1 Premier exemple : Originairement, elle tait utilise dans le contexte des assurances maritimes.
Cest toujours le cas. Quand une marchandise est transporte par mer, elle peut tre vendue
plusieurs personnes pendant le voyage. Le propritaire initiale de la marchandise peut souscrire
lassurance dabord pour son propre compte mais aussi pour le compte de toute personne qui peut
en devenir propritaire pendant le voyage. Cest donc le propritaire de la marchandise au moment
du sinistre qui pourra rclamer la prestation dassurance car il sera dtenteur de lintrt dassurance
ce moment-l. Lintrt du mcanisme est que la prime est paye pour le premier propritaire mais
aussi pour les autres futurs propritaires.
Ce mcanisme se concilie avec un autre en droit maritime : la police dassurance au porteur. Le
transfert de proprit se fait par la remise des documents en matire de transport maritime. Dans
ces documents, il y a la police dassurance. La marchandise va passer de main en main avec les
documents, et ce sera celui qui a la police dassurance qui aura droit lindemnit dassurance.
2 Deuxime exemple : dans les assurances de choses. Assurance incendie classique : un propritaire
qui couvre le btiment et son contenu. Il se pourrait que le propritaire ait chez lui des biens qui
appartiennent des tiers. Il y a l un mcanisme dassurance pour compte pour les biens des tiers qui
sont compris dans lassurance.
3 Troisime exemple : dans les assurances RC : Assurances RC automobile : le propritaire du
vhicule est oblig de sassurer au cas o il engagerait sa responsabilit quand il est au volant du
vhicule, mais il protge aussi tous les conducteurs et mme de toutes personnes transportes. Alors
mme que toutes ces personnes nont pas souscrit.
4 Quatrime exemple : assurance accident du travail : lemployeur souscrit pour le compte de tous
ses travailleurs. Les dtenteurs de lintrt dassurance sont les travailleurs.
5 Cinquime exemple : assurance de groupe : cest aussi une assurance collective souscrite pour
compte. Ce sont des assurances sur la vie souscrite par lemployeur au profit de certaines catgories
de travailleurs pour leur assurer une pension complmentaire, ou leur garantir un capital dcs, ou
les deux,
c) Rgime juridique
c.1. Article 38, alina 1.
On applique lart. 38 al. 1er. Il comporte deux alinas. Le premier alina suscite trois observations ou
trois critiques :
- 1. Emplacement de larticle. Larticle 38 est dans les dispositions rserves aux assurances
caractre indemnitaire. Cest une erreur parce quil peut y avoir des mcanismes dassurance
pour compte dans les assurances caractre forfaitaire. Par exemple : assurance groupe.
- 2. Cet article ne vise que les assurances pour des personnes dterminables. Or, les
assurances pour compte peuvent aussi tre faites pour compte de personnes dtermines.
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- 3. Lalina 1er : le lgislateur entend comme assur celui qui dtient lintrt dassurance.
Mais la notion dassur a une signification double dans la loi puisque pour les assurances de
personnes lassur est la tte assure. Donc on voit que le lgislateur nest pas cohrent dans
toutes ses dfinitions. (article 1, b).
c.2. Article 38, alina 2.
Juridiquement, ce mcanisme sanalyse comme une stipulation pour autrui. Lassur pour compte
nest pas partie au contrat de base, il est tiers au contrat mais il peut faire valoir un droit en vertu de
ce contrat. Ce droit est le droit lindemnit. Dans un mcanisme classique de stipulation pour
autrui, il y a opposabilit des exceptions par lassureur lassur pour compte. Cest ce que dit
lalina 2. Le fait danalyser cela comme une stipulation pour autrui nest pas totalement convaincant
pour une raison essentiellement : la stipulation pour autrui ne peut faire naitre que des droits au
profit du bnficiaire, pas des devoirs, des obligations. Parce quon ne peut pas engager pour autrui.
On peut promettre quelque chose autrui, mais pas lobliger. Dans lassurance pour compte, parfois
lassur pour compte peut tre tenu certaines obligations. Ex 1 : il sera tenu lui dclarer le sinistre
car cest lui qui dtient lintrt dassurance. Ex 2 : lassur pour compte peut ^parfois tre tenu au
remboursement de lindemnit spcialement quand lassureur exerce une action rcursoire en
remboursement.
Le conducteur qui nest pas propritaire et tait ivre au volant. Sa responsabilit est couverte par
lassurance pour compte lgard de la victime. Le recours en remboursement prvu par le contrat
sera exerc par lassur pour compte qui va tre tenu au remboursement alors quil na pas particip
au contrat.
La cour de cassation a t saisie de la question. Elle y a rpondu en disant quen prenant place au
volant du vhicule, lassur est cens accept toutes les conditions du contrat non seulement celles
qui lui profitent, mais aussi celles qui lui sont dfavorables (le recours en remboursement).
Si ltat divresse na rien voir avec laccident (accident se serait produit de la mme faon), il ny a
pas de motifs de remboursement.
La cour de cassation sen est sortie tant bien que mal, cest vraiment artificiel. Cest un artifice : on
prend le volant et on est cens tout accepter.
Section 3 : Le risque.
1) Dfinition.
Il faut repartir de lart. 1er A. Le risque cest cet vnement incertain dont la ralisation va entrainer la
prestation de lassureur.
Le contrat dassurance est un contrat alatoire. Lala est au centre de lchange conomique qui est
traduit par le contrat. Le centre du contrat est le transfert du risque moyennant le paiement dune
prime. Il est alatoire car il y a des chances de pertes et de gain des deux cts. Si le risque ne se
ralise pas, le preneur aura pay la prime en pure perte. Mais cela fait partie de laccord. Il nest pas
question de vouloir le remboursement de la prime si le sinistre ne se ralise pas.
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Le contrat alatoire nest pas un contrat sous conditions. Pourquoi ? La condition est une modalit
extrieure au contrat. Par exemple : contrat de vente. Le prt hypothcaire est une modalit.
Condition suspensive du contrat. Mais cela dpend dune circonstance extrieure. Dans un contrat
alatoire, nest pas un contrat sous condition.
Le risque tel que dfinit ne doit pas ncessairement tre un cas fortuit ou de force majeure. Ca peut
ltre. La force majeure est un vnement imprvisible, irrsistible et indpendant de la volont
humaine. La notion de risque est bien plus large que la notion de force majeure. Dans lassurance de
RC on couvre les ngligences de lassur.
Lincertitude dont il est question peut porter tantt sur la survenance mme du risque (un incendie
va-t-il se dclarer ?) mais lincertitude peut aussi porter sur le moment de la survenance du risque
(ex : le dcs).
Le risque est donc un vnement incertain dont dpend la prestation de lassureur.Il y a parfois des
particularits lies au jargon de lassurance. Dans les assurances de choses, le risque vise plutt
lobjet assur. Alors que lvnement incertain est plutt dcrit comme le pril assur.
Si lintrt dassurance correspond la notion de cause, le risque est plutt lobjet du contrat
dassurance.
2) Risque potestatif ou risque purement potestatif.
a) Le risque potestatif, simplement potestatif.
Le risque potestatif est celui qui dpend dans une certain mesura mais non exclusivement de la
volont de lassur. Ce risque est bien entendu assurable. En assurance protection juridique, le risque
est dtre impliqu dans un litige, mais sil nait cest cause dune autre volont. Purement
potestatif : le risque dpend exclusivement de la volont de lassur.
b) Le risque purement potestatif.
Le risque purement potestatif nest en principe pas assurable. Lassureur nest pas tenu en cas de
faute intentionnelle de lassur art. 8 al. 1er.
3) Risque putatif.
Cest un risque qui sest dj ralis au moment de la conclusion du contrat, mais les parties ignorent
la ralisation de ce risque et ce de bonne foi. Ex : on souscrit un contrat dassurance incendie pour
notre rsidence secondaire et au moment de a conclusion de contrat il y a eut un feu de fort mais
on ne le sait pas.
La question est de savoir si le contrat dassurance est valide ou nul ? Il serait nul parce que le risque
est dj ralis.
Larticle 24 de la loi de 92 (intitul inexistence du risque) dit que lassurance est nulle quand le risque
sest dj ralis. Peu importe que les parties soient de bonne foi ou non il manque un lment
essentiel qui est lvnement incertain. Mais la bonne ou la mauvaise foi peut avoir une incidence
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sous langle du remboursement de la prime. La bonne foi est toujours prsume donc cest lassureur
qui va devoir dmontrer la mauvaise foi, celle-ci ne se prsume jamais. La mauvaise foi na pas
dincidence : le contrat est nul mais elle a une incidence pour le remboursement de la prime car
lassureur peut conserver la prime titre de dommages et intrts.
Lalina 2 : parle des risques futurs.
Cest le principe des assurances terrestres. Pour les assurances maritimes voir les art. 219 et 220 de
la loi sur lassurance maritime. Il en ressort quon considre comme valable lassurance souscrite
alors que le risque est dj ralis mais seulement si lon est de bonne foi. Lassureur doit donc
prester sa garantie pour autant que lassur soit de bonne foi. Le principe est donc inverse.
4) Risque composite.
Cest un risque dont la ralisation stale dans le temps. Il y a des risques dont la ralisation est
ponctuelle (un incendie, un accident automobile, ). Mais il y a des risques dont la ralisation prend
du temps. On les appelle les risques composites (ex : le risque li la RC parce que entre le fait
gnrateur et la rparation la victime, il peut y avoir un laps de temps important). En anglais on
appelle a les long tail risk . Ce sont des risques dont la gestion est difficile.
Le problme en droit est que la priode pendant laquelle se ralise le risque peut dborder dun ct
comme de lautre de la rparation. Quand le fait gnrateur est survenu avant la souscription, on
parle de la prise en charge de lantriorit. Cest un risque pour lassureur. On peut aussi avoir
lhypothse o la rclamation de la garantie vient aprs lchance du contrat. Lassureur sera-t-il
tenu de payer ? Cest le risque de postriorit.
La question de lantriorit est gnralement rsolue contractuellement. Il ny a pas de dispositions
lgales. Cest donc dans le contrat, par des clauses qui prcisent si lassureur accepte de couvrir le
fait gnrateur antrieur mais pas encore survenu dans un dommage. Lassureur le fera si lauteur du
fait gnrateur ignore lgitimement.
Pour la postriorit il y a larticle 78 de la loi sur le contrat dassurance terrestre qui rgle cette
question. Le lgislateur est intervenu pour viter quil y ait des clauses qui prvoient que lassureur
nintervient plus aprs la priode de garantie. Pour ragir contre ces clauses, le lgislateur est
intervenu imprativement par le biais de larticle 78. Globalement, ce que le lgislateur veut cest
que pour les contrats qui comportent une telle clause, lassureur soit tenu de garantir une certaine
postriorit. Cette postriorit que lassureur devrait garantir sera de 36 mois aprs la fin du contrat.
Exemples de risque composite : le risque maladie, protection juridique car le litige prend du temps.
5) Risque illicite.
Cest le risque dont la couverture serait contraire lOP. Or, si le risque est illicite en ce sens, le
contrat est nul de nullit absolue. Ce concept navait pas suscit beaucoup de discussions. Mais
depuis une dizaine dannes la cassation a t saisie de plusieurs questions et spcialement
concernant des contrats dassurance couvrant des btiments construits sans permis de btir. La
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question qui se pose est de savoir si le contrat dassurance dun btiment riger sans respecter le
permis de btir, le contrat est-il nul ?
Il y a 2 arrts de la cour de cassation 8 avril 1999, 19 mai 2005. Il sagissait dans les deux cas de
btiments construits sans permis de btir. La cour de cassation dans les deux cas va considrer que le
contrat dassurance qui couvre un tel btiment nest pas nul. Pour justifier cela, elle va faire un
raisonnement en 3 temps :
1. Quel est lobjet ? Cest la couverture dun risque moyennant un prix.
2. Pour que le contrat soit dclar nul pour objet illicite, il faut dmontrer que
lassurance contribue crer ou maintenir une situation illicite.
3. Le contrat dassurance qui couvre un tel btiment ne cre ni ne maintient une
situation illgale. A quoi voit-on cela ? Le contrat dassurance nenlve pas aux
pouvoirs publics le droit de demander la dmolition. Ils conservent aussi le droit
de rgulariser la situation. Par ailleurs, lassur ne puise pas dans le contrat
dassurance, le droit de reconstruire au mme endroit. Lassur peut prtendre
une indemnit, mais il ny a pas de droit de reconstruire sur le lieu o le btiment
avait t bti.
Il y a un troisime arrt du 14 septembre 2000 : la question tait dans le contrat dassurance RC
entreprise. On voulait savoir si partir du moment du fait gnrateur de responsabilit est aussi une
infraction pnale, lassurance qui couvre cette responsabilit est-elle valide ? Oui. Le contrat
dassurance na pas pour objet de couvrir les sanctions pnales. On ne vise que les consquences
civiles, c'est--dire la rparation des dommages causs par linfraction. Le fait de couvrir les
consquences civiles dune action ne met pas labri lassur des sanctions pnales. Il ny a donc rien
de contraire lOP.
Arrt de la cour de cassation franaise autmedon (dans syllabus des documents) se demandait si par
principe, lassurance de RC nest pas contraire lOP ? Est-il lgitime de couvrir les consquences
dune ngligence, de notre responsabilit ? Oui, sinon il ny aurait plus dassurance RC.
La cour de cassation a dit que ce ntait pas contraire lordre public, mais comment le justifier ?
Diffrents arguments peuvent tre avancs : La personne lse obtient une garantie dtre
indemnise ce qui est important, lassureur tant plus solvable que lauteur. Le deuxime argument
est que lassurance RC na pas forcment un effet ngatif sur la prvention. En effet, lassur pourrait
tre sanctionn civilement par une action rcursoire par exemple sil a commis une faute
intentionnelle. Toute une srie de mcanismes permettent de sanctionner lassur qui sest montr
ngligent.
Remarques : il y a deux dispositions particulires de la loi de 92 qui font application de couvrir un
risque illicite :
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- 1. Lart. 91 on est en assurance protection juridique. Quand on souscrit une telle assurance
on ne peut couvrir ni les amendes ni les transactions pnales. Ce serait contraire lOP. Cela
serait une incitation commettre une infraction.
- 2. Lart. 96 : on est dans les assurances de personnes. On vise lassurance de personnes,
denfants en bas ge. Ca na plus vraiment dintrt. Au 19me sicle, on garantissait une
indemnit en cas de naissance mort n ou que si le nouveau n mourrait dans les 5 ans
de sa naissance. Ce texte est formul de manire trop gnrale. On pourrait souscrire une
assurance pour la naissance de lenfant, il ny a rien dillicite la dedans.
Section 4 : La prestation dassurance.
1) La prestation en liquide ou la prestation en nature
Art. 1er A : prestation stipule dans le contrat .
La formulation de cet article est trs gnrale. Historiquement il y a eu des discussions quant savoir
si la prestation de lassureur devait tre essentiellement financire ou si lon pouvait prvoir des
prestations en nature. Lvolution de lassurance a fait que certains assureurs garantissent des
prestations en nature.
En utilisant un mot gnrique comme prestation, il veut dire que la prestation peut tre en liquide,
financire ou en nature, cela ne disqualifie pas le contrat.
Ex dassurance qui donne droit une prestation en nature : contrat dassurance touristique,
lassurance protection juridique = elles ne sont pas l uniquement pour rembourser un procs, elles
sont l aussi pour donner des conseils juridiques en nature. Cest la raison pour laquelle les avocats
entrent en conflit dintrt avec elle. Ca coute moins cher lassureur de rgler le conflit
amiablement plutt que de porter directement laffaire entre les mains dun avocat. Cela permet
lassureur de mieux matriser ses cots. Lassureur va toujours regarder si laffaire ne peut pas se
rgler lamiable.
Il y a donc des assurances o la prestation est de facto accomplie en nature.
2) Prestation caractre indemnitaire ou caractre forfaitaire.
Sous langle de la prestation de lassureur, il y a deux catgories dassurances qui peuvent tre
identifies :
- 1. Les assurances caractre indemnitaire ;
- 2. les assurances caractre forfaitaire.
Chacune fait lobjet de dispositions particulires dans la loi de 1992.
Larticle 1ier de la loi dfinit les assurances caractre indemnitaire et caractre forfaitaire. La
prestation dune assurance caractre indemnitaire vise rparer un dommage subi par lassur ou
dont celui-ci est responsable. La prestation caractre forfaitaire ne dpend pas de la rparation
dun dommage.
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Les assurances indemnitaires couvrent ncessairement TOUTES les assurances de dommages, elles
sont donc ncessairement caractre indemnitaire. Les assurances de dommages comportent quant
elles les assurances de choses, les assurances de responsabilit et les assurances protection
juridique.
La sparation des deux blocs indemnitaire et forfaitaire ne correspond pas la sparation entre les
assurances de dommages et les assurances de personnes. Cela veut dire que les assurances de
personnes peuvent tre soit indemnitaires, soit forfaitaires.
On peut voir que les assurances sur la vie, qui sont des assurances de personnes, ont TOUJOURS un
caractre forfaitaire (article 97, alina 1 de la loi de 1992).
Mais il y a dautres assurances de personnes que les assurances sur la vie : il y a les assurances
accident et les assurances maladie. Pour elles, tout dpend de la volont des parties exprime dans
le contrat (article 136 de la loi de 1992). Il faut donc lire le contrat et voir quoi se rapportent les
prestations de lassureur : visent-elles indemniser un prjudice o sont-elles calcules
indpendamment de ce prjudice ? Il y a des indices : si le contrat ne donne pas dindications,
lexistence dune clause subrogatoire au profit de lassureur est un indice srieux du fait que la
prestation a un caractre indemnitaire. Cela veut dire quune fois quil a indemnis son assur,
lassureur va obtenir le remboursement charge du tiers responsable. Cela montre que sa prestation
a un lien avec le prjudice subi par le tiers.
Il faut savoir qualifier une assurance parce que les rgimes juridiques applicables aux deux sont
diffrents. Quand on qualifie une assurance dassurance indemnitaire, cela veut dire quon lui
applique le principe indemnitaire, alors quon ne lapplique pas aux assurances caractre
forfaitaire.
Il y a aussi les dispositions qui concernent les hypothses de sur assurance : lassur a couvert au-
del de sa valeur relle. On ne peut appliquer cela que dans les assurances caractre indemnitaire.
Section 5 : La prime = engagement pris par le preneur.
1) Dfinition
Lobligation principale du preneur est de payer la prime. La prime est le prix demand par lassureur
pour le transfert du risque.
Pourquoi appeler cela la prime et pas le prix? Cest parce quon paye la prime avant mme de
recevoir le service de lassureur. Elle est perue anticipativement.
2) Observations
a) Elments de la prime commerciale
La prime que lon paye est appele la prime COMMERCIALE. La prime commerciale peut se
dcomposer en un certain nombre dlments :
- 1. La prime pure = le cot du risque. Il faut se demander quelle est la loi de frquence, etc +
chargement de scurit. Le chargement de scurit sert se prmunir dun cart de
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sinistralit par rapport aux bases de calcul. Il y a des mauvaises et des bonnes annes pour
les assureurs.
- 2. Les frais de gestion : il y a une concurrence qui peut sinstaller ce niveau.
- 3. Les frais dacquisition : destins couvrir la commission de lintermdiaire, du courtier. On
rmunre lintermdiaire en payant notre prime. Il y a un conflit dintrt dans la
rmunration du courtier car il est sens dfendre nos intrts et donc, de nous trouver une
couverture au meilleur prix. Ces frais peuvent varier entre 10 et 20% de la prime.
- 4. Chargements fiscaux : taxes fiscales et para fiscales = en payant une prime, on rmunre
toute une srie dinstitutions comme la croix rouge, etc.
b) Diffrents types de primes.
Il peut y avoir diffrents types de primes.
b.1. La prime peut tre fixe ou variable.
1 La prime fixe est celle dont le montant est dtermin ds la conclusion du contrat. Chaque fois
que la priode de garantie est expire, on envoie un nouvel avis de firme, et ainsi de suite. Le
montant ne varie pas tant quil ny a pas de modifications dans la garantie.
2 La prime variable : quand on ne dispose pas de tous les par