RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
F v r i e r 2 0 1 1 | N u m r o 2
Agroscope | O
FAG | H
ESA | A
GRIDEA | E
TH Zrich
Production animale Mesure automatique des mouvements de rumination Page 60
Environnement Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles Page 66
Production vgtale Lutte alternative contre la moisissure des neiges dans le bl biologique Page 88
Berner FachhochschuleHaute cole spcialise bernoiseSchweizerische Hochschulefr Landwirtschaft SHLHaute cole suisse dagronomie HESA
SommaireFvrier 2011 | Numro 2
59 Editorial
Production animale
60 Mesure automatique des mouvements de rumination par capteur de pressionFranz Nydegger, Lorenz Gygax et Wendelin Egli
Environnement
66 Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 2009 Simon Birrer, Markus Jenny et Niklaus Zbinden
Production vgtale
72 ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en EuropeFranz Bigler, Ursula Aubert, Pierre-Henri
Dubuis, Frank Hayer, Jos Hernandez-Rivera,
Gabriele Mack, Michael Meissle, Patrik Mouron,
Andreas Naef et Jrn Strassemeyer
Production vgtale
80 Tests consommateurs avec nouvelles varits de pommes enSuisse almanique et en Suisse romande Felix Decurtins, Claudia Good, Christine
Brugger, Lucie Franck et Markus Kellerhals
Production vgtale
88 Lutte alternative contre la moisissure des neiges (Microdochium nivale) dans le bl biologiqueHeinz Krebs, Irene Bnziger, Robert J. Legro et
Susanne Vogelgsang
Eclairage
96 Amlioration foncire intgrale: multifonctionnelle et durable Karin Bovigny-Ackermann
98 Actualits
103 Manifestations
Listes varitales
Encarts Listes recommandes des varits de soja et pois protagineux pour la rcolte 2011Christian Streit et Jrg Hiltbrunner
Liste recommande des varits de tournesol pour la rcolte 2011Didier Pellet
Lactivit de rumination est considre comme un paramtre important pour lidentification prcoce des problmes de mtabolisme chez les vaches laitires. Le groupe de recherche btiments, animaux et travail de la Station de recherche Agroscope Reckenholz- Tnikon ART a dvelopp un nouveau capteur de mastication en collaboration avec lentreprise MSR Electronics. (Photo: Olivier Bloch, ALP)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication parat en allemand et en franais. Elle sadresse aux scientifiques, spcialistes de la recherche et de lindustrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fdraux, praticiens, politiciens et autres personnes intresses.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wdenswil ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tnikon ART)
b Office fdral de lagriculture OFAG, Berneb Haute cole suisse dagronomie HESA, Zollikofenb Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fdrale de Zurich ETH Zrich, Department of agricultural and foodscience
Rdaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tl. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wdenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rdaction Prsident: Jean-Philippe Mayor (Directeur gnral ACW), Sibylle Willi (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jrg Beck (ETH Zrich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.*, TVA et frais de port compris(tranger + CHF 20. frais de port), en ligne: CHF 61.** Tarifs rduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou [email protected]
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tl. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 7917 (imprim)ISSN 1663 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrg: Rech. Agron. Suisse
Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction rservs. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intgrale, doit faire lobjet dun accord avec la rdaction.
Index: Web of sience, CAB Abstracts, AGRIS
Editorial
59Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 59, 2011
Urs Gantner, Office fdral de lagriculture OFAG
Chre lectrice, cher lecteur,
Toujours plus de la mme chose le psychologue et philosophe Paul Watz-
lawick entend par l le fait de saccrocher des solutions qui, un moment
donn, ont t satisfaisantes, ont men au succs, ou tout simplement qui
taient les seules envisageables, mais qui prcisment ne le sont plus. Pour
illustrer son propos, il raconte lhistoire dun homme qui perd sa cl la nuit
sur le chemin qui le conduit la maison et qui, en dpit de ses tentatives
infructueuses, limite sa recherche au cercle clair par le lampadaire.
Lorsquon lui pose la question sil a perdu sa cl cet endroit, il rpond:
Non, l-bas derrire, mais il y fait beaucoup trop sombre.
Toujours plus de la mme chose peut tre appliqu notre monde
technique. Des ordinateurs et des machines toujours plus rapides, des voi-
tures toujours plus puissantes, des portables toujours plus multifonctionnels.
Comme la recherche dinnovations se fait toujours sous le mme projecteur,
nous navanons pas vraiment. Toujours plus de la mme chose nest pas
non plus vraiment innovant. Mais on utilise le plus souvent ce terme inno-
vation pour un dveloppement linaire de ce qui est dj connu. Or, cest
une autre question qui est dcisive lorsque nous parlons dinnovation: est-
elle utile aux clients?
Replacer les besoins des clients au centre
Linnovation dite systmique ne se rfre pas aux structures ou solutions
techniques prdfinies, mais adopte le point de vue du client, du march.
Que veut le client? Comment pouvons-nous lui tre utiles? Ce nest plus la
technique qui est prioritaire, mais linterconnexion des besoins des clients.
Trois dimensions passent donc au premier plan: les tres humains, les infra
structures et les technologies.Linnovation systmique se focalise sur les besoins individuels de ltre
humain, comme la ralisation de soi, le bien-tre, les contacts sociaux ou laccs
la formation et au savoir, de mme que la possibilit de financer ces besoins.
Les infrastructures doivent tre adaptes ces besoins individuels de
ltre humain.
Les technologies servent dvelopper les infrastructures. Le chip, le
matriau, la microlectronique, etc., sont toujours ncessaires cette fin.
Ces produits de base doivent tre constamment amliors, mais ils perdront
en importance sur le march, car ils seront produits comme modules quelque
part dans le monde. Cest la combinaison de ces modules qui sera impor-
tante. A cet gard, la russite sur le march ne rsultera pas surtout de la
technologie, mais de son application oriente vers la clientle.
Innovation systmique au bnfice de l'tre humain
Linnovation systmique ne peut tre ralise que lorsque le savoir et
laction sont relis aux nouveaux systmes globaux ou leurs applications.
Par exemple: un morceau de viande que vous mettez au four et qui saurait
demble combien de temps il doit y rester grce un code barre.
Il sagit de structurer les innombrables informations pour produire du
savoir utilisable. En effet, linnovation systmique vise mettre le savoir au
service du client ou de lutilisatrice.
Repenser le monde innovation systmique
60 Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6065, 2011
I n t r o d u c t i o n
Laugmentation du rendement dans les troupeaux de
vaches laitires se traduit par un recours accru des ali-
ments concentrs. Dans la conservation du fourrage de
base, lensilage est broy trs finement dans le but dob-
tenir une meilleure densification. Ce procd peut
entraner une baisse des composants structurels de la
ration et par consquent, une rduction de lactivit de
mastication et de rumination. Une part leve dhy-
drates de carbone fermentescibles peut conduire des
troubles du mtabolisme comme lacidose de la panse
aigu ou subaigu en cas de rduction des temps de
mastication et de rumination. Lactivit de mastication,
de rumination et dalimentation est un paramtre
important de la digestion et du mtabolisme dont la
valeur est hautement significative. Cest pourquoi lenre-
gistrement automatique de lactivit de mastication et
de rumination peut indiquer trs tt des erreurs dali-
mentation chez les ruminants et faciliter ladaptation de
la ration. Les appareils disponibles sur le march ne
conviennent pas pour lutilisation dans des stabulations
libres avec cornadis autobloquants ou ne permettent pas
de saisir les mouvements individuels de mastication.
Cest la raison pour laquelle ART a dvelopp un nou-
veau capteur de mastication en collaboration avec len-
treprise MSR Electronics, la Haute cole zurichoise de
sciences appliques (ZHAW) et la station de recherche
Agroscope Liebefeld-Posieux ALP.
Ma t r i e l e t m t h o d e s
Description et fonctionnement
Le nouveau capteur de mastication permet de mesurer
lactivit de mastication sur lanimal sans gner le com-
portement naturel de ce dernier (fig. 1). Lunit de mesure
est intgre dans un licol. Elle se compose dune sonde
place dans une bride nasale (SBN) et dun enregistreur
MSR 145. La SBN comporte un tuyau en silicone rempli
dhuile vgtale et un capteur de pression intgr. Elle est
place dans une enveloppe protectrice au-dessus du nez
de la vache. La cambrure de la bride nasale varie en fonc-
tion des mouvements de la mchoire de la vache, ce qui
entrane une modification de la pression dans le tuyau en
silicone. Le capteur de pression est reli lenregistreur
MSR par un cble. Lenregistreur se trouve dans la poche
protectrice sur le ct gauche du licol. Il enregistre la pres-
sion dans la SBN une frquence de 10 Hertz. Lenregis-
treur utilis peut sauvegarder environ 2 millions de
mesures, ce qui suffit pour une dure denregistrement
Franz Nydegger1, Lorenz Gygax2 et Wendelin Egli3
1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tnikon ART, 8356 Ettenhausen2Centre spcialis dans la dtention convenable des ruminants et des porcs,
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tnikon ART, 8356 Ettenhausen3MSR Electronics GmbH, 8444 Henggart
Renseignements: Franz Nydegger, e-mail: [email protected], tl. +41 52 368 33 16
Mesure automatique des mouvements de rumination par capteur de pression
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Mesurer l'activit de rumination permet un dpistage prcoce des problmes de mtabolisme.
Mesure automatique des mouvements de rumination par capteur de pression | Production animale
61Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6065, 2011
Rsum
Lactivit de rumination est considre
comme un paramtre important, non invasif,
pour lidentification prcoce des problmes
de mtabolisme chez les ruminants. Les
capteurs de rumination traditionnels prsen-
tent des inconvnients notamment en cas
dutilisation lintrieur de ltable. Le
nouveau capteur de rumination dvelopp
par ART comprend une sonde place dans
une bride nasale compose dun tuyau rempli
de liquide et dun capteur de pression, un
enregistreur de donnes et le logiciel
ncessaire la mise en valeur. Les donnes
sont transmises au PC par une interface USB.
A partir de fichiers de rfrence, le logiciel
danalyse des rsultats attribue les mouve-
ments de mastication aux diffrentes
activits Rumination, Alimentation et
Autres activits. La validation a montr
que les appareils fonctionnaient de manire
fiable et que le niveau de concordance entre
lvaluation optique et lvaluation automa-
tique tait trs lev. Le capteur de rumina-
tion ART convient pour la recherche et la
vulgarisation. Des dveloppements suppl-
mentaires sont en cours de ralisation afin de
pouvoir lutiliser plus largement dans la
pratique.
denviron 40 heures. Le dbut et la fin de lenregistre-
ment peuvent tre programms avec le logiciel de liaison
dans lenregistreur. La transmission des donnes au PC se
fait par liaison USB avec le logiciel MSR Reader.
Mise en valeur des donnes
Pour les besoins de lvaluation, un logiciel danalyse
des enregistrements a t dvelopp par Andreas
Scheidegger (ZHAW). Le comportement de la vache est
divis en quatre groupes sur la base des donnes de
pression mesures: Rumination, Alimentation dans
ltable, Pture et Autres activits.
Cration de fichiers de rfrence
Le logiciel MSR-Viewer permet un premier reprage des
courbes de pression. Optiquement, les courbes de pres-
sion des diffrentes activits se distinguent bien lcran.
La personne qui procde lvaluation cre des fichiers
de lecture des quatre activits (dune dure denviron
dix minutes) pour chaque dossier. Elle les enregistre et
inscrit les noms des dossiers dans un tableau de com-
mande, auquel le logiciel aura accs pour lvaluation.
Classement des donnes de pression
Comme les donnes de pression forment une srie tem-
porelle, il faut dabord runir les objets appropris
pour le classement et les dcrire laide de variables. Les
objets sont dabord classs qualitativement selon les dif-
frents mouvements de mastication. Puis la classification
peut tre tendue aux squences correspondant aux
mouvements de mastication identifis.
Lvaluation identifie dabord le mouvement de
mastication concern. Dans la prsente tude, un mou-
vement de mastication se comprend comme un mouve-
ment net de la mchoire, qui apparat sous la forme dun
pic dans la courbe de pression. Lidentification se fait
Figure 1 | Le set de mesure se compose dun capteur de pression et dun enregistreur de donnes (MSR145) placs dans une doublure et une poche sur la bride nasale du licol. (Photos: ART)
Figure 2 | Dtermination des mouvements de mastication. Selon le premier critre de lamplitude minimale (ampl.min), le pic b ne peut pas tre considr comme un mouvement de mastication. Comme lintervalle temporel entre les pics c et d est infrieur lintervalle minimal (t.min), seul le pic le plus important est reconnu comme mou-vement de mastication. Pour le pic e, cest la distance par rapport au pic c qui est dterminente.
a
Mdiane glissante+ ampl. min.
Mdiane glissante
t. min
ampl. min
b
c
d e
Production animale | Mesure automatique des mouvements de rumination par capteur de pression
62 Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6065, 2011
comme la dcrit Rutter (1997) pour le logiciel Graze 0,8.
Pour quun pic soit reconnu comme mouvement de mas-
tication dans la courbe de pression, deux conditions doi-
vent tre remplies (fig. 2) :
1. Lamplitude du pic doit tre suffisamment grande. Une
mdiane glissante est pose travers les donnes de
pression. Pour ce faire, on prend pour chaque point la
mdiane des 101 points voisins comme valeur de lissage
(sur les bords, la largeur est de plus en plus rduite, afin
quune valeur puisse tre calcule l aussi). Tous les pics
isols doivent se situer au moins 25 millibars au-dessus
de la mdiane glissante, pour pouvoir tre reconnus
comme mouvement de mastication.
2. Lintervalle entre deux pics ne doit pas tre infrieur
0,6 secondes. Lorsque deux pics remplissent la condition 1,
mais sont trop proches lun de lautre, seul le plus grand
des deux est reconnu comme mouvement de mastication.
Les mouvements de mastication conscutifs forment un
bloc. On part du principe quune vache ne peut pas exercer
diffrentes activits pendant un bloc. Lors de la rumina-
tion, les mouvements de mastication dun bolus forment
chacun un bloc qui se dlimite selon les rgles suivantes
(fig. 2): 1. Tous les mouvements de mastication qui se suivent
moins de 0,3 secondes dintervalles font partie du mme
bloc.
2. Un bloc doit comprendre au moins 10 mouvements de
mastication. Lorsquun bloc prsente moins de mouve-
ments de mastication, ces derniers ne sont attribus
aucun bloc.
Pour pouvoir classer les mouvements de mastication,
leur environnement est dcrit laide de treize variables. Il
sagit par exemple de lamplitude de variation des vingt
mouvements de mastication prcdents et des vingt sui-
vants, de la variabilit de la courbe de pression dix secondes
avant et dix secondes aprs le mouvement de mastication,
de la rgularit de frquence de mastication, etc.
Validation du logiciel dvaluation
Afin de contrler lvaluation des activits laide du logi-
ciel, des mesures ont t effectues avec quatre rations et
deux groupes danimaux de 12 15 vaches laitires.
Fichiers de rfrence
Dans un premier temps, nous avons vrifi si un fichier
de rfrence pouvait tre utilis plusieurs reprises.
Pour ce faire, nous avons compar une courbe de pres-
sion quotidienne, classe par diffrents fichiers de rf-
rence pour les cas suivants:
Deux fichiers de rfrence diffrents dun mme animal pour un mme jour.
Groupe Vache Date Fourrage Rumination Alimentation
Nr.Dure(min)
Boli(nbre)
Mouvements de mastication
(nbre)
Dure(min)
Mouvements de mastication
(nbre)
G2 2 23.03.09 Mas 447,1 476 28 127 307,6 18 812
Tableau 1 | Exemple de rsultats de lactivit de mastication
Figure 3 | Enregistrement et analyse de lactivit de rumination et dalimentation dune vache pendant 22 heures.
Pression
(mba
r)Pression
(mba
r)Pression
(mba
r)Pression
(mba
r)
Rumination Alimentation dans l'table Autres activits
Mesure automatique des mouvements de rumination par capteur de pression | Production animale
63Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6065, 2011
ls. Ces donnes permettent dobtenir le nombre moyen
de mouvements de mastication par bolus (tabl. 1). Les
rsultats sont aussi prsents sous forme graphique (fig. 3).
Validation de lvaluation
Afin de contrler lvaluation des activits laide du logi-
ciel, des mesures ont t effectues avec quatre rations
sur deux groupes danimaux de 12 15 vaches laitires.
Dans un premier temps, la possibilit dutiliser un
fichier de rfrence plusieurs reprises a t vrifie.
Pour ce faire, une courbe de pression quotidienne, clas-
se par diffrents fichiers de rfrence a t compare.
Les rsultats ont montr que tous les individus peuvent
tre classe avec un seul fichier de rfrence pour les
autres activits. Il nest toutefois pas possible dva-
luer tous les individus diffrents laide dun seul jeu des
donnes de rfrence. A chaque mesure, il faut donc
crer des fichiers de rfrence pour identifier lalimenta-
tion et la rumination de chaque individu.
Dans un deuxime temps, une comparaison a t faite
entre valuation optique et valuation automatique.
Le premier critre tait la correspondance entre le
classement des comportements par valuation automa-
tique et le classement par valuation optique. Lattribu-
tion des activits laide de lvaluation automatique
tait correcte dans tous les cas (tabl. 2).
Le deuxime critre tait la diffrence entre les mouve-
ments de mastication (MM) compts optiquement et ceux
compts automatiquement. La diffrence est indique en
pourcentage de la valeur saisie de manire optique.
Diffrence en pourcentage (A DMM %) = MM opt.
MM aut. / MM opt. * 100
Pour lalimentation dans ltable, la moyenne des carts
est de 12,0 % sur une plage de +31,4 - 1,91 % avec un
cart-type de 9,0 % (fig. 4), la surestimation tant ind-
pendante de la valeur absolue (fig. 5).
La moyenne des carts entre le dcompte optique et
le dcompte automatique du nombre de mouvements
de mastication par bolus est de - 0,24 %, dans une plage
de +1,09 - 2,36 % (fig. 6) avec une bonne concordance
des deux mthodes (fig. 7).
Deux fichiers de rfrence diffrents dun mme animal pour deux jours diffrents.
Deux fichiers de rfrence diffrents de deux animaux diffrents avec la mme ration de fourrage.
Deux fichiers de rfrence diffrents de deux animaux diffrents avec une ration de fourrage diffrente.
Utilisation dun fichier de rfrence standard pour les autres activits.
Comparaison entre lvaluation optique et automatique
Sur 145 fichiers de mesure, 60 chantillons de cinq
minutes chacun ont t prlevs au hasard. Les chan-
tillons ont ensuite t soumis une valuation optique
laide du MSR-Viewer et une valuation automatique.
Les paramtres valus sont les suivants: concordance de
lattribution des activits, mouvements de mastication
dans lchantillon pour lactivit Affourragement
ltable et nombre de mouvements de mastication par
bolus lors de la rumination.
R s u l t a t s
Mesure de lactivit de mastication
Les rsultats dune phase de mesure sont restitus dans un
fichier texte et sous forme graphique. Les rsultats refl-
tent les mouvements de mastication et leur attribution
aux activits Rumination, Alimentation et Autres
activits. La dure de rumination, le nombre de boli, la
dure dalimentation et le nombre de mouvements de
mastication pendant lalimentation sont galement calcu-
Saisie automatique
Saisie optique
Activit Alimentation RuminationAutre activit
Alimentation 18 0 0
Rumination 0 16 0
Autre activit 0 0 26
Correct % 100 100 100
Tableau 2 | Comparaison du classement des activits par valua-tion optique et automatique dans lchantillon (environ 5 minutes).
Figure 4 | Pourcentage dcart des mouvements de mastication valus automatiquement (A DMM %) par rapport la valeur saisie optiquement pour lalimentation dans ltable.
Mouvements de mastication, alimentation
A DM
M %
25
10
-5
64
Production animale | Mesure automatique des mouvements de rumination par capteur de pression
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6065, 2011
La concordance des mouvements de mastication lors
de lalimentation peut tre considre comme suffi-
sante, dautant quil est encore possible daffiner les
paramtres de rglage dans le logiciel dvaluation.
D i s c u s s i o n
Des appareils de mesure de la rumination de type IGER
(Institute of Grassland and Environmental Research) ont
t utiliss pour les besoins de la recherche dans diff-
rents essais en Suisse comme ltranger (Rutter, 1997).
Ces appareils taient souvent endommags lorsque les
vaches sjournaient dans ltable, gnaient les vaches
lentre et la sortie du cornadis et la dure denregis-
trement tait limite 24 heures. Dautres systmes exis-
tent tels que le Vocal-Tag pour saisir la dure et le rythme
de rumination (Ungar, 2005; Schirmann, 2009) et le sys-
tme WAS dcrit par Scheibe (2006) qui peut saisir diff-
rents comportements danimaux en libert (que lanimal
soit debout, en marche, ou en train de patre ou de
ru miner) et transmettre les donnes sans fil jusqu
200mtres. Toutefois, ces deux systmes ne peuvent pas
fournir dinformations sur le nombre de mouvements de
mastication par bolus ou pendant lalimentation. Ils ne
conviennent donc pas pour lanalyse dtaille du com-
portement de mastication.
C o n c l u s i o n s
Le capteur de rumination dvelopp par ART prsente
de nets avantages par rapport aux appareils IGER sur le
plan du confort pour lanimal et de la manipulation pour
loprateur. Les appareils ART ont fonctionn de manire
fiable et sans panne pendant toute la dure de lessai
raison denviron 25 mesures pendant 24 heures par
appareil. La capacit de sauvegarde des enregistreurs
MSR 145 suffit pour environ 40 heures et convient donc
parfaitement pour les mesures sur toute une journe
daffourragement. Les enregistreurs plus rcents du
mme fabricant (MSR) avec carte-mmoire ont une
capacit nettement plus importante et permettent des
enregistrements sur plusieurs jours.
La validation a montr que la concordance entre
lvaluation automatique de lactivit de mastication
notamment lors de la rumination (mouvements de mas-
tication par bolus) rpondait des exigences leves. La
concordance est un peu moins bonne pour lvaluation
des mouvements de mastication lors de lalimentation,
mais elle peut tre considre comme suffisante, dau-
tant quil est encore possible daffiner les paramtres de
Figure 6 | Pourcentage dcart entre les mouvements de mastica-tion par bolus valus automatiquement par rapport la valeur sai-sie optiquement (R DMM %).
40
45
50
55
60
65
70
75
80
40 45 50 55 60 65 70 75Mouvements de mastication, contrle optique [n]
Kauschlge pro Bolus automatisch [n]
Mou
vemen
ts de mastic
ation,
contrle autom
atique
[n]
Figure 7 | Relation entre le dcompte optique (axe des x) et le d-compte automatique (axe des y) pour le nombre de mouvements de mastication par bolus (points, ligne en pointills) par rapport la droite y = x (en points griss).
0
200
400
600
800
1000
1200
0 200 400 600 800 1000 1200Mouvements de mastication, contrle optique [n]
Kauschlge in der Stichprobe automatisch
[n]
Mou
vemen
ts de mastic
ation,
contrle autom
atique
[n]
Figure 5 | Relation entre le dcompte optique (axe des x) et le d-compte automatique (axe des y) pour le nombre de mouvements de mastication par chantillon lors de lalimentation (points, ligne en pointills) par rapport la droite y = x (en points griss).
Mouvements de mastication par bolus, rumination
R DM
M %
0,5
-1
-2,5
65
Mesure automatique des mouvements de rumination par capteur de pression | Production animale
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6065, 2011
Riassunto
Summary
Automatic measurement of jaw
movements in ruminants by means of
a pressure sensor
Ruminant activity is considered an
important non-invasive measurable
parameter for the early identification
of metabolic problems in ruminants.
Traditional rumination sensors have
drawbacks, particularly when used in
the cowshed area. The newly devel-
oped ART rumination sensor incorpo-
rates a noseband sensor comprising a
fluid-filled tube and pressure sensor, a
data logger, and the evaluation
software. The data are transmitted to
the PC via a USB interface. The R-based
software allocates individual jaw
movements to rumination, eating
and other activities on the basis of
learned data. Validation has shown
that the equipment works reliably, and
that visual and automatic evaluation
are extremely consistent with one
another. The ART rumination sensor is
suitable for research and advisory
purposes. It will need to go through
further stages of development
already in progress before becoming
widely used in practice.
Key words: jaw movement, ruminat-
ing, feeding, grazing, pressure sensor.
Misurazione automatica della mastica-
zione nei ruminanti con l'ausilio di un
sensore di pressione
La ruminazione considerata un
parametro importante, misurabile in
modo non invasivo, per la diagnosi
precoce di problemi del metabolismo
nei ruminanti. I sensori tradizionali pre-
sentano degli svantaggi soprattutto se
utilizzati nella stalla. Il nuovo sensore
sviluppato da ART per misurare la
masticazione consta di un sensore da
applicare sul naso composto da un
tubo riempito di liquido e da un
sensore di pressione, un datalogger e
ilsoftware per l'analisi dei dati. I dati
vengono trasferiti al PC mediante
un'interfaccia USB. Sulla scorta di dati
predefiniti, il software basato su R
associa i movimenti della bocca alle
attivit ruminare, mangiare e
altre attivit. Dalla validazione
emerso che gli apparecchi sono
affidabili e che la valutazione automa-
tica corrisponde quasi sempre a quella
visiva. Il sensore di ART si presta ad
essere impiegato nei settori della
ricerca e della consulenza. Per l'utilizzo
nella pratica sono necessari ulteriori
aggiustamenti, peraltro gi in fase di
sviluppo.
Bibliographie b Rutter S.M., Champion R.A. et Penning P.D., 1997. An automatic system to record foraging behaviour in free-ranging ruminants. Applied animal behaviour science, Vol. 54, 185195. b Ungar E.D., Rutter S.M., 2005. Classifying cattle jaw movements: Com-paring IGER Behaviour Recorder and acoustic techniques. Applied animal behaviour science, Vol. 98, 1127.
b Scheibe K.S., Gromann C., 2006. Application testing of a new three-dimensional acceleration measuring system with wireless data transfer (WAS) for behavior analysis. Behavior Research Methods, Vol. 38, 427433.
b Scheidegger A., 2008. Klassifikation des Fressverhaltens von Khen. Dip-lomarbeit, Zrcher Hochschule fr angewandte Wissenschaft, Winterthur.
dveloppements supplmentaires sont ncessaires,
notamment pour amliorer la maniabilit du dispositif
et le transfert des donnes au programme de manage-
ment du troupeau. n
rglage dans le logiciel dvaluation. Les rsultats lais-
sent apparatre un dcalage systmatique, qui devrait
pouvoir tre corrig en adaptant les paramtres dva-
luation. Cette modification sera apporte dans une
tape ultrieure. Les appareils conviennent dores et
dj pour la recherche et la vulgarisation. Avant de pas-
ser une utilisation plus large dans la pratique, des
66 Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6671, 2011
E n v i r o n n e m e n t
I n t r o d u c t i o n
Depuis les annes 1990, la conservation et la promotion
de la biodiversit figurent parmi les objectifs de la poli-
tique agricole. Les prestations cologiques requises obli-
gent les agriculteurs consacrer 7 % de leur surface agri-
cole utile (SAU) aux surfaces de compensation cologique.
Ceci dans le but de prserver la diversit des espces et
les milieux de qualit dans les zones cultives, ou de les
favoriser dans les zones dficitaires. Aujourdhui, les
agriculteurs affectent en moyenne 11 % de leur SAU aux
surfaces de compensation cologique (SCE), mais seules
30 % de celles-ci savrent de haute qualit (qualit selon
OQE ou jachres florales, OFAG 2009a). La Confdra-
tion indemnise les surfaces de compensation cologique
hauteur denviron 166 millions de francs par an (situa-
tion 2008, OFAG 2009a).
On ne sait gure si les espces animales et vgtales
devenues rares dans les zones rurales sont rellement
favorises par la compensation cologique, et si oui,
dans quelle mesure. Plusieurs exemples se sont rvls
positifs, mais les indices simples concernant lvolution
des populations despces animales et vgtales dans les
terres cultives, lchelle du pays, font dfaut.
En 2008, lOFEV et lOFAG ont publi les Objectifs
environnementaux pour lagriculture (OFEV et OFAG
2008). Ce rapport dfinit les espces cibles et les espces
caractristiques pour les terres cultives, et fixe des
objectifs globaux en matire deffectifs. Les populations
des espces cibles doivent tre conserves et favori-
ses dans leur aire de rpartition naturelle, et celles des
espces caractristiques doivent tre favorises par la
mise disposition de surfaces suffisantes dhabitats ad-
quats ayant la qualit requise, bien rpartis sur le terri-
Simon Birrer, Markus Jenny et Niklaus Zbinden, Station ornithologique suisse, 6210 Sempach
Renseignements: Niklaus Zbinden, e-mail: [email protected], tl. +41 41 462 97 25
Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 2009
Figure 1 | Le vanneau hupp niche avant tout dans les surfaces agricoles humides. Comme d'autres despces cible OEA, ses effectifs sont en diminution. Dans les annes 90, il y avait encore 400 500 couples nicheurs en Suisse, contre une centaine aujourdhui. (Photo: M. Jenny)
Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 2009 | Environnement
67
Rsum
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6671, 2011
La publication des Objectifs environnemen-
taux pour l'agriculture (OEA) a permis de
fixer pour la premire fois des objectifs
contraignants en matire de diversit des
espces dans les zones cultives. Un nouvel
indice a t mis au point permettant de
reflter l'volution des populations d'oiseaux
nicheurs conformment aux OEA et, par l
mme, une partie des OEA. La situation des
populations d'oiseaux nicheurs dans les
terres cultives reste critique. Certes, l'indice
ne suggre aucune tendance long terme
pour les espces dfinies comme caractris-
tiques dans les OEA, mais l'volution des
populations des espces cibles OEA rvle
unnet recul entre 1990 et 2009. En revanche,
aucune tendance ne se dessine pour la
priode 1999 2009. Parmi les quelques
espces aux effectifs en croissance figurent
avant tout les espces largement rpandues
et opportunistes, ainsi que celles qui ont
profit de mesures de protection ou du
climat de ces dernires dcennies. Ces
rsultats montrent que pour atteindre les
objectifs environnementaux en agriculture,
ilsagit, notamment, damliorer et de
complter les instruments et les mesures
ncessaires cet effet, dans le cadre du
dveloppement des paiements directs.
toire (OFEV et OFAG 2008). Le rapport comporte dsor-
mais une liste despces indicatrices labore partir
des rglementations en vigueur: 27 espces doiseaux
nicheurs y figurent titre despces cibles (fig. 1) et 20
autres titre despces caractristiques. Un nouvel
indice a permis dtudier lvolution des populations de
ces espces de 1990 2009.
Ma t r i e l e t m t h o d e s
Depuis 1990, les divers programmes de surveillance de la
Station ornithologique fournissent suffisamment de
donnes pour tablir chaque anne un indice des popu-
lations de presque chaque espce doiseaux nichant
rgulirement en Suisse. La moyenne gomtrique de
lensemble des indices de toutes les espces dfinit le
Swiss Bird Index SBI (Zbinden et al. 2005). Cet indice
global est actualis et publi chaque anne depuis 2005
par la Station ornithologique (Keller et al. 2010). Outre
lindice global, des indices partiels sont galement ta-
blis pour les diffrents habitats. Chaque espce est ainsi
affecte un habitat principal (Keller et Bollmann 2001).
Lindice partiel Zones agricoles comporte 38 espces
doiseaux (Zbinden et al. 2005), dont six espces ne figu-
rant pas sur la liste OEA; notamment des espces large-
ment rpandues telles que la corneille noire, le corbeau
freux, ltourneau sansonnet et le moineau friquet. A
linverse, la liste des espces du rapport OEA comporte
15 espces, dont seule une partie de la population vit
dans les zones agricoles et qui sont de ce fait classes
sous dautres habitats dans le SBI.
Lvolution des espces OEA entre 1990 et 2009 a
donc t calcule avec les mthodes du SBI. Lespce
caractristique gobemouche collier, qui ne niche que
dans le Tessin, le Misox et le Bregaglia (Grisons), na pas
t intgre dans le calcul en raison du caractre incer-
tain des donnes.
R s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Le Swiss Bird Index SBI, qui englobe toutes les espces
doiseaux nichant rgulirement en Suisse, varie sensible-
ment dune anne lautre, mais ne rvle aucune ten-
dance nette sur la priode de 1990 2009 (fig. 2). Lindice
partiel Zones agricoles indique des variations annuelles
semblables, mais aucune tendance long terme non plus.
Sur les 38 espces, 13 prsentent une volution positive sur
la priode 1990 2009, et 12 une volution ngative, dont
lalouette des champs, le tarier des prs et la grive litorne.
A linverse de lindice partiel Zones agricoles, lvolu-
tion long terme de toutes les espces OEA apparat clai-
rement ngative (coefficient de rgression = -0,011 0,003;
1990 1995 2000 2005
50
60
70
80
90
100
110
120
Anne
Indice
alle BrutvogelartenKulturlandvogelarten
Figure 2 | SBI de toutes les espces nichant rgulirement en Suisse (ligne bleue ; n = 169) et de l'indice partiel Espces des zones agricoles (ligne rouge ; n = 38) de 1990 2009.
Environnement | Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 2009
68 Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6671, 2011
p = 0,003; fig. 3). La courbe des effectifs des espces
caractristiques se distingue par ses faibles variations
annuelles. Elle ne rvle pas non plus de tendance sur la
priode tudie. Lindice des espces caractristiques
OEA volue un niveau suprieur par rapport lindice
partiel Zones agricoles, mais il augmente moins que
celui-ci dans les annes postrieures 1999 et concide
pratiquement avec lui partir de 2006. La courbe des
espces cibles OEA prsente des fluctuations annuelles
trs marques et une tendance long terme clairement
ngative (coefficient de rgression = - 0,017 0,004; p =
0,001; fig. 3). Si lon se limite la priode de 1999 2009,
autrement dit depuis lintroduction de la nouvelle loi sur
lagriculture, lindice global de toutes les espces nichant
en Suisse affiche une tendance positive (coefficient de
rgression = 0,015 0,005; p = 0,026; fig.2). Les autres
courbes ne laissent apparatre aucune tendance.
Une certaine prudence simpose pour interprter les
indices globaux, qui ne remplacent pas lvaluation de
lvolution des diffrentes espces. Les tendances des
diffrentes espces sont publies sur www.vogelwarte.
ch > Conservation/Recherche > Evolution > Swiss Bird
Index. Un indice global permet toutefois dvaluer
approximativement la situation des oiseaux nicheurs
dans lhabitat correspondant. De nombreuses popula-
tions doiseaux prsentent dimportantes variations
deffectifs dune anne lautre ou sur une priode de
quelques annes. Cela est souvent d aux conditions
mtorologiques. Ainsi, une phase de froid et dhumi-
dit durant la priode de nidification peut provoquer un
recul de la population lanne suivante, tandis que
durant les hivers doux, davantage dindividus sden-
taires survivent, ce qui entrane une augmentation de la
population nicheuse. De mme, les conditions atmos-
phriques dans les zones de passage et dhivernage des
oiseaux migrateurs peuvent influencer les populations
1990 1995 2000 2005
50
60
70
80
90
100
110
Anne
Indice
Kulturlandvogelarten
UZL alle VogelartenUZL Zielarten (Vgel)
UZL Leitarten (Vgel)
Figure 3 | Indice partiel des oiseaux des zones agricoles (ligne rouge ; n = 38) et volution des effectifs de toutes les espces nicheuses OEA (espces cibles et caractristiques; ligne bleue; n = 47), des espces caractristiques OEA (ligne grise ; n = 20) et des espces cibles OEA (ligne jaune ; n = 27) de 1990 2009.
Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 2009 | Environnement
69Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6671, 2011
dance. Reste savoir sil faut en dduire une amliora-
tion de la situation. Il est difficile de dfinir une ten-
dance sur une brve srie temporelle en raison des
fluctuations annuelles. En outre, deux valeurs
annuelles extrmement basses sont observes durant
cette priode (2003 et 2009). La conclusion selon
laquelle la nouvelle politique agricole aurait permis de
mettre un terme au dclin persistant des populations
doiseaux nicheurs dans les zones rurales (BLW 2009b;
Lanz et al. 2010) savre donc trop gnrale et ne
reflte pas la situation relle. En tant que groupes, les
espces cibles OEA, notamment, prsentent une vo-
lution toujours ngative.
La relative stabilit de lindice partiel Zones agri-
coles sexplique entre autres par laugmentation des
populations, de 1990 2009, de plusieurs des six espces
figurant dans lindice partiel Zones agricoles mais non
dans la liste des espces OEA. Cest notamment le cas de
la corneille noire, du corbeau freux, de la pie bavarde et
du moineau friquet, espces largement rpandues qui
ont tir profit de lagriculture intensive du fait de leur
mode de vie opportuniste. Ces espces se dploient
aussi souvent en troupes, se nourrissent en partie de
plantes cultives et sont de ce fait souvent qualifies de
nuisibles. Les espces OEA comportent galement des
espces dont lvolution est positive. Il sagit avant tout
despces comme le tarier ptre (fig. 4) et la huppe fas-
cie, qui ont tir profit des ts chauds et des hivers
doux de ces dernires annes, ainsi que de programmes
de conservation spcifiques Linterprtation doit en
outre tenir compte du fait que les indices issus des calculs
se rapportent la population globale. Mme chez les
espces doiseaux lies un habitat, une partie de la
population utilise des surfaces qui ne font pas partie de
la surface agricole utile. Par exemple, le faucon crce-
relle est rang parmi les espces rurales, car la majorit
de la population utilise la surface agricole utile comme
habitat alimentaire. Mais une petite partie des couples
colonise et utilise avant tout les zones urbaines, et une
part considrable niche dans les rgions alpines. Si les
effectifs des faucons crcerelles varient dans les Alpes
ou les zones urbaines, cela influence lindice du faucon
crcerelle et par consquent lindice partiel Zones agri-
coles. La disparition des terres agricoles lie la construc-
tion se rpercute donc aussi sur les oiseaux des zones
cultives. Nanmoins, les populations doiseaux nicheurs
ont beaucoup plus recul que la disparition des terres
agricoles ne pouvait le laisser prsager.
Lvolution des effectifs des espces OEA permet
dvaluer les rsultats de la promotion de la biodiversit
dans les zones agricoles. Les oiseaux nicheurs (fig. 5) ne
reprsentent certes quune petite partie de toutes les
Figure 4 | Le tarier ptre est une des espces caractristiques OEA dont les populations ont volu positivement. (Photo: M. Jenny)
nicheuses. Ces variations court terme des diffrentes
espces se greffent sur les tendances long terme qui
rsultent, par exemple, de la modification des condi-
tions dhabitat dans laire de nidification.
En Suisse, la situation des espces doiseaux rurales
reste critique. Les effectifs de nombreuses espces ont
beaucoup diminu depuis les annes 1950 (Knaus et al.
en prp.) et se situent aujourdhui un niveau extrme-
ment bas. Cette tendance sest aussi poursuivie chez de
nombreuses espces depuis 1990. Chez les espces
caractristiques OEA, la tendance est quilibre, mais
elle affiche une volution nettement ngative chez les
espces cibles OEA. Si lon se cantonne la priode
1999 2009, les deux courbes ne rvlent aucune ten-
70
Environnement | Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 2009
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6671, 2011
espces OEA, mais, contrairement de nombreuses
espces dautres groupes, ils ne se limitent pas un site
restreint (ex: une seule surface de compensation colo-
gique), mais utilisent des portions entires de paysage.
Malheureusement, il nexiste aucun ensemble de don-
nes comparables pour les autres groupes despces.
C o n c l u s i o n s
La tendance invariablement ngative depuis 1990
des espces cibles OEA laisse supposer que, malgr len-
gagement de nombreux agriculteurs, les mesures de la
politique agricole actuelle ne suffisent pas maintenir,
et encore moins favoriser, les populations despces
nicheuses ayant des exigences particulires en matire
dhabitat. Surfaces, qualit et rpartition adapte des
SCE (objectifs OEA) font dfaut. Des exemples de pay-
sages bnficiant dune revalorisation suprieure la
moyenne tant sur le plan qualitatif que quantitatif prou-
vent quil est tout fait possible de favoriser efficace-
ment des espces cibles parmi les oiseaux nicheurs
(Klett gau, Champagne genevoise; Birrer et al. 2007).
Dautres exemples montrent que laugmentation de la
diversit des espces sur les surfaces de compensation
cologiques rcemment cres est rduite nant par le
recul de cette mme diversit sur les surfaces de produc-
tion avoisinantes (Rudin et al. 2010).
Pour pouvoir atteindre les objectifs environnemen-
taux lis lagriculture en matire de conservation et de
promotion des espces, il convient damliorer sensible-
ment les instruments et les mesures ncessaires cet
effet dans le cadre, entre autres, du dveloppement des
paiements directs (Conseil fdral 2009). Ainsi, les
efforts fournis jusquici par les agriculteurs en faveur de
la diversit des espces seraient aussi estims leur plus
juste valeur. n
Figure 5 | Les effectifs de lalouette des champs, espce caractristiques OEA, sont en diminution dans les zones agricoles. (Photo: M. Jenny)
71
Evolution des populations d'oiseaux nicheurs dans les zones agricoles de 1990 2009 | Environnement
Riassunto
Summary
Population trends of Swiss breeding
birds in farmland 19902009
With the publication of the environ-
mental objectives in the agricultural
sector (EOAS), mandatory target values
for biodiversity on agricultural land have
been set for the first time. This study
presents a new index which indicates
population trends of the designated
EOAS breeding birds and hence repre-
sents one part of the EOAS target
attainments. The situation for farmland
birds is still critical. The index for birds
listed as EOAS character species shows
no long-term trend, but the one for the
EOAS target species has clearly
declined from 1990 to 2009, whereas no
trend is apparent for 1999 2009. Among
the species with positive population
trends are generally widely distributed
and opportunistic species, as well as
species which benefit from recent
climate changes or from recovery
programmes. This study shows that tools
and measures within the development of
the Swiss direct payment system have to
be better targeted and improved to
achieve the EOAS targets.
Key words: breeding birds, indicator
species, population trend, Switzerland,
farmland.
Evoluzione degli effettivi degli uccelli
nidificanti indigeni nelle zone agricole
19902009Con la pubblicazione degli Obiettivi
ambientali per lagricoltura OAA (UZL),
abbiamo per la prima volta a disposi-
zione valori target vincolanti per la
diversit delle specie nelle zone agricole.
Questa pubblicazione presenta un indice
appena sviluppato che descrive lo
sviluppo degli effettivi degli uccelli
nidificanti secondo OAA e quindi una
parte del raggiungimento degli obiettivi
secondo questo documento. La situa-
zione delle popolazioni di uccelli nidifi-
canti nelle zone agricole sempre ancora
critica. Anche se lindice per le specie di
uccelli nidificanti che figurano quali
specie indicatrici OAA non presenta
alcuna tendenza a lungo termine, lo
sviluppo degli effettivi delle specie target
OAA mostra una chiara diminuzione tra il
1990 e il 2009. Per il periodo 1999 2009
non invece visibile nessuna tendenza.
Tra le singole specie con aumento degli
effettivi troviamo soprattutto specie
molto diffuse e opportuniste, come pure
specie che approfittano dello sviluppo
climatico degli ultimi decenni o di misure
di conservazione delle specie. Ne risulta
che, per il raggiungimento degli Obiettivi
ambientali per lagricoltura, devono
essere migliorati e completati, tra laltro,
strumenti e misure nellambito dellulte-
riore sviluppo del sistema di pagamenti
diretti.
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 6671, 2011
Bibliographie b Birrer S., Spiess M., Herzog F., Kohli L. & Lugrin B., 2007. Swiss agri-envi-ronment scheme promotes farmland birds but only moderately. J. Orni-thol. 148. Suppl. 2, 295303. b Conseil fdral, 2009. Dveloppement du systme des paiements directs. Rapport en rponse la motion du 10 novembre 2006 de la Commission de l'conomie et des redevances du Conseil des Etats.
b Keller V., Kry M., Schmid H. & Zbinden N., 2010. Swiss Bird Index SBI: Mise jour 2009. Fiche info, Station ornithologique Suisse, Sempach, 4 p. b Keller V. & Bollmann K., 2001. Fr welche Vogelarten trgt die Schweiz eine besondere Verantwortung? Ornithol. Beob. 98, 323340. b Lanz S., Barth L., Hofer C. & Vogel S., 2010. Dveloppement du systme des paiements directs. Recherche Agronomique Suisse 1, 1017. b OFAG, 2009a. Rapport agricole 2009 de l'Office fdral de l'agriculture. Office fdral de l'agriculture (OFAG), Berne.
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72 Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 7279, 2011
P r o d u c t i o n v g t a l e
dchanges internationaux o ils ont largi leurs connais-
sances et li des contacts. Au terme de ce projet de
quatre ans, la recherche sur la protection des cultures en
Europe devrait tre mieux coordonne, plus efficace et
en voie de dtenir la structure dun centre de comp-
tences europen. Dix pays europens, comptant plus de
300 chercheurs et conseillers de diverses disciplines ont
particip ce projet.
Agroscope tait responsable du projet partiel Dve-
loppement de mthodes et de procds dvaluation de
la durabilit des stratgies de protection des plantes
(Musa et al. 2008). Douze collaborateurs dART et dACW,
ainsi que des chercheurs de lInstitut Julius-Khn JKI en
Allemagne et de lInstitut National de Recherche Agro-
nomique INRA en France, ont particip cette tude.
Par ailleurs, 15 autres collaborateurs dAgroscope ont
contribu aux tudes de cas sur la protection des cultures
de mas, de pommiers, de la vigne et des cultures mara-
chres, ainsi qu des projets sur lcologie du paysage,
la modlisation des prvisions sur le dveloppement des
organismes nuisibles et lalimentation de bases de don-
nes europennes. Cet article offre un aperu de
quelques thmes de recherche tudis par Agroscope
dans le cadre du projet ENDURE.
D u r a b i l i t d e s s t r a t g i e s d e p r o t e c t i o n d e s c u l t u r e s
La recherche sur la durabilit des stratgies de protec-
tion des cultures a t assume par cinq groupes dirigs
par Franz Bigler, dAgroscope Reckenholz-Tnikon ART;
elle couvre lconomie, lcologie et la sociologie. Seuls
les aspects conomiques et cologiques sont abords
dans lexpos suivant.
Quatre systmes culturaux, adapts aux conditions
locales et pertinents pour l'valuation de la durabilit,
ont t dfinis pour la production de pommes dans cinq
rgions dEurope. Le groupe de recherche Etude de cas
sur les vergers de pommiers a fourni les bases du relev
I n t r o d u c t i o n
Que signifie ENDURE?
Le projet ENDURE (European Network for the Durable
Exploitation of Crop Protection Strategies) sest achev
avec succs la fin de 2010. Ses objectifs taient les sui-
vants: runir les connaissances sur la protection des
plantes en Europe et les rendre accessibles aux cher-
cheurs et aux conseillers, dvelopper de nouvelles strat-
gies pour amliorer la protection des plantes, laborer
des propositions visant rduire lusage des pesticides et
mettre sur pied un rseau durable lintention des scien-
tifiques, conseillers et praticiens. ENDURE a aussi permis
aux jeunes scientifiques de participer des programmes
ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en EuropeFranz Bigler1, Ursula Aubert1, Pierre-Henri Dubuis2, Frank Hayer1, Jos Hernandez-Rivera1, Gabriele Mack1,
Michael Meissle, Patrik Mouron1, Andreas Naef2 et Jrn Strassemeyer3
1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tnikon ART, 8046 Zurich2Station de recherche Agroscope Changins-Wdenswil ACW, 1260 Nyon3Julius-Khn Institut; JKI, 14532 Kleinmachnow (Allemagne)
Renseignements: Franz Bigler, e-mail: [email protected], tl. +41 44 377 72 35
Lun des objectifs du projet ENDURE tait de rduire lutilisation des pro-duits phytosanitaires en agriculture. (Photo : Mario Waldburger, ART)
ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en Europe | Production vgtale
73
Rsum
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 7279, 2011
Le projet de lUnion Europenne ENDURE
(European Network for the Durable Exploita-
tion of Crop Protection Strategies) sest
achev la fin de 2010. Au cours de ces
quatre ans dtude, un centre de comp-
tences a t cr, dans lobjectif den faire
long terme une plateforme et un service
dinformation pour les questions touchant
la protection durable des cultures en Europe.
Agroscope tait responsable du projet partiel
dvaluation de la durabilit des systmes de
protection des plantes. A ct de cette tche
essentielle, des collaborateurs dAgroscope
ont aussi particip des tudes de cas sur la
protection des cultures de mas, de pommiers,
des cultures viticoles et marachres. Ilsse
sont galement investis dans des projets sur
lcologie du paysage, la modlisation des
prvisions sur le dveloppement des orga-
nismes nuisibles et lalimentation de bases
de donnes europennes. Outre le dvelop-
pement de nouvelles mthodes, la durabilit
de quatre systmes de protection des
cultures dans des vergers de pommiers a t
examine dans cinq rgions dEurope. Pour
chaque rgion, un systme de base refltant
les pratiques courantes actuelles a t dfini.
Puis, deux systmes avancs et un systme
innovant ont t tablis pour chaque rgion
dans lesquelles les produits chimiques de
synthse ont t remplacs par des
mthodes alternatives. Les rsultats mon-
trent comment les mthodes non chimiques
peuvent contribuer mnager lenvironne-
ment et quelle est leur acceptabilit cono-
mique. Les tudes de cas sur le mas et la
viticulture examinent la lutte non chimique
contre les ravageurs et prsentent limpor-
tance des mthodes perfectionnes de
prvisions en prenant lexemple du mildiou
de la vigne.
des donnes dans les cultures de pommes des rgions
suivantes: lac de Constance (en Suisse et en Allemagne),
valle de lEbre (Espagne), valle du Rhne (France) et
Hollande (tout le pays). Des experts des cinq rgions ont
caractris quatre systmes de protection des vergers
de pommiers, allant de la lutte chimique de synthse
un systme innovant excluant en grande partie les pro-
duits chimiques (tabl. 1).
Evaluation conomique
Lvaluation conomique repose sur des critres deffi-
cience (cots de production, gain, cots de capital, rtri-
bution du capital investi). Par ailleurs, le risque dune
perte de revenus conscutive une renonciation aux
pesticides chimiques est considr (variabilit du revenu,
probabilit dune perte de rendement). Les valeurs
reprsentent une moyenne pluriannuelle. Les coeffi-
cients ont t calculs laide du systme Arbocost dve-
lopp par Agroscope Changins-Wdenswil ACW.
Systme de base (SB)
Des varits sensibles la tavelure sont produites. Des pesticides chimiques de synthse sont utiliss dans le cadre de la bonne pratique agricole. Les recommandations pour la gestion de la rsistance et les mesures de protection des organismes utiles sont appliques.
Systme avanc 1 (SA1)
Des varits rsistant la tavelure sont produites. La lutte non chimique est favorise. Les mthodes alternatives utilises sont dveloppes (tat en 2009) et pourraient tre appliques dans les 5 pro-chaines annes. Seuls les pesticides de faible co-toxicit sont utiliss. Des filets anti-grle sont ins-talls sur plus de la moiti de la surface. Des mesures de rduction des drives sont engages sur 45 % des surfaces.
Systme avanc 2 (SA2)
Des varits rsistant la tavelure sont produites. La lutte non chimique est favorise. Les mthodes utilises seront disponibles sur le march dici peu (tat en 2009) et appliques par des arboriculteurs pionniers. Seuls les pesticides de faible cotoxicit sont utiliss. Les filets anti-grle sont installs sur toute la surface. Des mesures de rduction des d-rives sont engages sur 80 % des surfaces.
Systme innovant (SI)
Des varits rsistant la tavelure et dautres maladies sont produites. Lcotoxicit est rduite un minimum. Les techniques de protection des cultures ne sont pas encore sur le march (tat en 2009) mais en cours de recherche. Les filets anti-grle sont installs sur la totalit des surfaces. De nouveaux pesticides sans effets secondaires sur des organismes non cibls sont appliqus. Des me-sures de rduction des drives sont engages sur 100 % des surfaces.
Tableau 1 | Examen de la durabilit de quatre systmes de protec-tion des cultures dans la production de pommes
Production vgtale | ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en Europe
74 Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 7279, 2011
tion synoptique du potentiel de risques dus aux pesti-
cides chimiques http://www.oecd.org/dataoecd/32/16/
GGTSPU-styx2.bba.de-20164 2259190-DAT/44806454.
pdf). Trois des cinq rgions europennes susmention-
nes ont t examines: la rgion du lac de Constance en
Allemagne et en Suisse et la valle du Rhne en France.
Par ailleurs, lEmilie-Romagne en Italie a t incluse dans
ltude, car elle dispose de donnes appropries.
La premire tape consistait intgrer les donnes
des rgions sur lutilisation du sol, les caractristiques du
sol, la dclivit et le climat. Ces informations ont t
enregistres dans une base de donnes et mises en
rseau avec les donnes spcifiques sur les stratgies
phytosanitaires des rgions et sur lcotoxicologie des
pesticides utiliss. Le calcul des risques environnemen-
taux a dabord t tabli en admettant quaucune
mesure de rduction des drives navait t engage. Il
a ensuite t rpt en admettant que des filets anti-
grle, des haies et dautres mesures de rduction des
drives pouvaient aussi entrer en ligne de compte. Les
rsultats montrent quen Suisse, en Allemagne et en
France, la rduction des drives permet dabaisser
jusqu 83% les risques environnementaux pour les co-
systmes aquatiques. On peut ainsi rduire jusqu 23%
la part de surfaces haut potentiel de risques.
Ce constat montre combien il est important de main-
tenir et dimposer une rduction des drives dans les
cultures fruitires. Une application gnrale de cette
mesure diminuerait considrablement limpact des pes-
ticides sur les cosystmes aquatiques Dans les vergers
de pommiers, lapplication de systmes avancs et inno-
vants permettant de rduire lusage de pesticides et de
rendre ces produits plus cologiques peut abaisser
considrablement les risques environnementaux.
Analyse de cycle de vieLes bilans cologiques permettent de calculer et
dexaminer les systmes phytosanitaires selon leurs
impacts globaux sur l'environnement. Les analyses
ont t ralises laide de la mthode SALCA (Swiss
Agricultural Life Cycle Assessment; http://www.agros-
cope.admin.ch/oekobilanzen/index.html?lang=de)
dvloppe par Agroscope ART. Les missions directes
en plein champ (gaz hilarant, nitrates, etc.) ont t
dtermines avec les modles dvelopps par ART.
Lvaluation des impacts est fonde sur les mthodes
courantes dtablissement des analyses de cycle de vie,
soit: lutilisation dnergies non renouvelables (His-
chier et al. 2009), leffet de serre sur 100 ans (IPCC
2006), leutrophisation (Hauschild et Wenzel 1998),
lcotoxicit (Huijbregts 1999) et la toxicit humaine
(Huijbregts 1999).
Les calculs montrent que les mesures de protection
non chimiques entranent notamment une augmenta-
tion des cots de production et des besoins en capitaux,
si ces mesures saccompagnent dune installation de
filets anti-grle. Si ces augmentations ne peuvent tre
compenses par une hausse des rendements ou des prix,
la comptitivit samoindrit. Il en serait ainsi pour les SA1
et SA2 en Allemagne, en Suisse et en France (fig. 1). Les
experts espagnols et nerlandais estiment par contre
quil est possible damliorer la comptitivit de ces
deux systmes en diminuant les cots dirrigation ou en
cultivant une plus grande proportion de pommes de
premire qualit. Pour le SI, la majorit des experts pr-
suppose que des rendements levs et stables pourront
tre obtenus lavenir, mme sans utiliser de produits
chimiques. Si le rapport prix/cots actuel ne change pas,
la comptitivit pourrait alors nettement samliorer
dans la plupart des pays. Les rsultats indiquent aussi
clairement, pour toutes les rgions, une tendance
laugmentation du risque de fluctuation des revenus
imputable aux variations du rendement si lon renonce
aux pesticides chimiques. Seule la mise en uvre de sys-
tmes innovants permettrait dabaisser, voire de rduire
considrablement le risque de variations du rendement
et de lamener au niveau que lon peut atteindre en uti-
lisant des produits chimiques.
Risques environnementaux dus aux pesticides
Pour examiner limpact environnemental de nouvelles
stratgies de protection des cultures et estimer la dispo-
sition du monde agricole accepter de nouvelles
mthodes, les risques environnementaux doivent tre
valus en considrant le contexte paysager de chaque
rgion. A cet effet, le modle dvaluation du risque
SYNOPS a t utilis, bas sur le SIG (modle dvalua-
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% 110% 120%
Systme de base (SB)
Systme avanc 1 (SA1)
Systme avanc 2 (SA2)
Systme innovant (SI)
Cots complets pa
r kg de
pom
mes
(1re catg
orie) S
ystme de
base = 100
%
CH DE FR NL ES
Figure 1 | Cots complets par kilo de pommes pour quatre sys-tmes de protection des cultures dans cinq rgions europennes.
ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en Europe | Production vgtale
75Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 7279, 2011
SustainOS, nouvelle mthode pour valuer la durabilitLes rsultats de lanalyse conomique, de lanalyse des
risques environnementaux et des analyses de cycle de
vie dcrits ci-dessus ont t runis pour procder une
valuation de la durabilit. Pour cela, il a fallu dabord
dvelopper un cadre mthodologique qui associe lva-
luation de la durabilit avec les mthodes danalyse. Il a
t ncessaire aussi dtablir une description homogne
des systmes phytosanitaires tudier afin quils refl-
tent les conditions gnrales des diffrentes rgions.
Cette nouvelle mthode sappelle SustainOS sus-
tain pour durabilit et OS pour Orchard System
(cultures prennes, comme celle des pommes). Pour
dcrire le systme, trois types de paramtres ont t
distingus: i) le contexte, qui dcrit le site, ltat dun
verger et linfrastructure utilise, comme le type de
pulvrisateur, la protection contre la grle ou les sys-
tmes dirrigation; ii) lobjectif, qui dcrit les quantits
rcoltes, la qualit et les prix sur dix ans et dfinit le
degr de mnagement des organismes utiles et la ges-
tion de la rsistance; iii) la protection phytosanitaire,
qui fixe la quantit et la dose de toute matire active
et dcrit les alternatives utilises, comme les phro-
mones ou lemballage complet dun verger. Les experts
des cinq pays tudis ont ainsi dfini le systme de
base (SB), les deux systmes avancs (SA1, SA2) et le
systme innovant (SI) de leur propre rgion. Pour va-
luer la durabilit, SustainOS offre un arbre hirar-
chique de critres. La partie suprieure de cet arbre,
qui comprend 33 critres, est prsente la figure4.
Les systmes de protection y sont valus sur une
chelle cinq degrs pour chaque critre du systme
de base (SB) du pays concern. Le point de dpart de
lvaluation se trouve toujours au bas de chaque rami-
fication.
Les rsultats de ltude sur lvaluation de la durabi-
lit de la production de pommes sont prsents titre
dexemple dans les figures 2 et 3. Lcotoxicit, notam-
ment la toxicit aquatique (fig. 2), est trs largement
dtermine par chaque groupe de substances actives
(p. ex. les herbicides en Suisse, en Allemagne et en
France, les fongicides en Hollande et principalement les
insecticides en Espagne). Les systmes SA1, SA2 et SI pr-
sentent une toxicit beaucoup plus faible que le SB.
Comme la renonciation aux herbicides implique
ladoption dune lutte mcanique contre les adventices,
on pouvait sattendre ce que les SA et le SI requirent
une plus grande utilisation dnergie. Or, les rsultats
montrent que le systme SB exerce le plus fort impact
environnemental dans toutes les rgions (fig. 3), une
exception prs (lac de Constance en Suisse). Linvestisse-
ment supplmentaire requis pour une lutte mcanique
contre les adventices et pour augmenter la part de filets
anti-grle dans les SA et le SI est largement compens
par lallgement des travaux de protection phytosani-
taire (moins de passages sur le terrain et moins de subs-
tances actives), et ceci partout sans exception. Les
impacts environnementaux du systme innovant sont
plutt sous-estims cause du manque dinventaires
environnementaux adquats (par exemple propos de
la lutte par confusion sexuelle ou du pigeage de masse).
Nanmoins, lemballage complet des vergers contre les
insectes alternative de loin la plus consommatrice
dnergie a t prise en considration dans cette tude.
Les analyses de cycle de vie montrent quun potentiel
damlioration existe dans toutes les rgions. Les sys-
tmes innovants peuvent contribuer non seulement
rduire lcotoxicit et la toxicit humaine, mais aussi
progresser dans dautres catgories de problmes envi-
ronnementaux.
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
CH-SB
CH-SA1
CH-SA2
CH-SI
DE-SB
DE-SA1
DE-SA2
DE-SI
NL-SB
NL-SA
1
NL-SA
2
NL-SI
FR-SB
FR-SA1
FR-SA2
FR-SI
ES-SB
ES-SA1
ES-SA2
ES-SI
Impa
cts en
vironn
emen
taux
par ra
pport a
u SB
Herbicides Fongicides Insecticides Autres produits Autres missions
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
CH-SB
CH-SA1
CH-SA2
CH-SI
DE-SB
DE-SA1
DE-SA2
DE-SI
NL-SB
NL-SA
1
NL-SA
2
NL-SI
FR-SB
FR-SA1
FR-SA2
FR-SI
ES-SB
ES-SA1
ES-SA2
ES-SI
Impa
cts en
vironn
emen
taux
par ra
pport a
u SB
Filets anti-grle Utilisation de machines: Fumure Utilisation de machines: Protection des plantes Utilisation de machines: Soins Utilisation de machines: Transport Production: Autres fertilisants Production: Fertilisants N Production: produits phytosanitaires
Figure 2 | Ecotoxicologie aquatique calcule selon la mthode Uses-LCA. Limpact environnemental est prsent par rapport au systme de base pour chaque rgion. SB, SA1, SA2, SI: voir tableau 1. CH: Suisse, DE: Allemagne, NL: Hollande, FR: France, ES: Espagne.
Figure 3 | Consommation dnergies non renouvelables calcule selon la mthode Uses-LCA. Limpact environnemental est prsen-t par rapport au systme de base. SB, SA1, SA2, SI: voir tableau 1. CH: Suisse, DE: Allemagne, NL: Hollande, FR: France, ES: Espagne
Production vgtale | ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en Europe
76 Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 7279, 2011
Cette tude montre que les adventices, les ravageurs et
les maladies fongiques entranent des pertes consid-
rables dans les cultures de mas de la plupart des rgions.
Plus de 50 espces dadventices ont t classes parmi les
mauvaises herbes entranant des consquences cono-
miques. Les principaux ravageurs sont notamment la
pyrale du mas (Ostrinia nubilalis) et la chrysomle des
racines du mas (Diabrotica virgifera virgifera). Parmi les
champignons, ce sont surtout les espces de Fusarium
qui posent des problmes.
Dans toutes les rgions tudies, la lutte contre les
adventices est mene laide dherbicides sur plus de
95% des champs de mas, les traitements tant souvent
rpts avant et aprs la leve du mas. Les traitements
de semences ou les insecticides pour sol sont utiliss
dans de nombreuses rgions, notamment contre le ver
fil de fer et les larves de la chrysomle des racines du
mas. Les traitements contre la pyrale du mas et/ou la
chrysomle adulte des racines du mas sont pratiqus
principalement en Hongrie, en Espagne, en Pologne, et
au sud-ouest de lAllemagne. Dans toutes les rgions,
les semences sont traites laide de fongicides contre
les fusarioses et dautres maladies fongiques. Des
dtails sur la prsence dorganismes nuisibles et la lutte
leur encontre figurent dans Meissle et al. (2010) pour
les 11 rgions.
Un grand nombre dadventices et de ravageurs cau-
sent des problmes rptition ces dernires annes. Il
sera ds lors difficile de rduire les pesticides en Europe.
Pour y parvenir, on pourrait choisir des varits ad-
quates, cultiver dans certains cas des varits gntique-
ment modifies, adopter des pratiques culturales
comme les rotations pluriannuelles, opter pour la lutte
biologique contre les ravageurs laide de tricho-
grammes par exemple et optimiser les techniques de
traitement. Les rotations se pratiquent des degrs dif-
frents dune rgion lautre. Ainsi, la culture du mas
est en partie bien planifie, avec des rotations sur plus
de 80% des cultures dans la rgion de Bks (Hongrie),
La mthode SustainOS est innovante, car elle per-
met dvaluer chacune des mesures constituant un sys-
tme de protection des cultures. Linformation qui en
rsulte vaut bien plus quune addition de toutes les valeurs
de toxicit. Limpact des modifications ponctuelles sur les
divers critres de durabilit y est mis en lumire dans sa
globalit sur un horizon de plusieurs annes. Le systme
est ainsi plus facile comprendre, ce qui est la base
dune volution constante de la production intgre.
Lapplication de SustainOS dans les cinq pays tu-
dis montre que les deux systmes avancs (SA1, SA2)
peuvent partout amliorer considrablement la durabi-
lit cologique. Soulignons que des mesures diffren-
cies selon les spcificits rgionales apportent des
amliorations. Les diffrences rgionales se remarquent
aussi dans la durabilit conomique. Alors que dans trois
pays, lavantage cologique voqu amoindrit la durabi-
lit conomique, ces deux critres sen sortent gagnants
dans deux pays. Le systme innovant (SI) promet une
nette amlioration de la durabilit environnementale et
conomique dans tous les pays, condition que lespoir
dobtenir des varits multirsistantes se ralise.
La mthode SustainOS et les rsultats de ltude
sur les vergers de pommiers seront prsents en dtail
dans un prochain article de cette revue.
E t u d e d e c a s s u r l e m a s
Le mas tant lune des principales cultures en Europe,
une tude de cas a identifi les adventices, ravageurs et
maladies fongiques ayant un fort impact conomique
sur cette culture, et dtermin lusage des pesticides. En
outre, des alternatives aux pesticides chimiques et les
principaux problmes que pose leur application ont t
discuts. Les rsultats dtaills sont prsents dans
Meissle et al. (2010).
Ltude englobait 11 rgions europennes pour les-
quelles les bases de donnes, les publications et les indi-
cations ont t values par des experts locaux (fig. 5).
Durabilit cologique et conomique
Durabilit cologique
Utilis. des ressources
Qualit en-vironnem.
Ecotoxicit
Toxicit humaine
Durabilit conomique
Rentabilit Risque la production Autonomie conomique
Figure 4 | Echelons suprieurs de larbre hirarchique de critres pour lvaluation globale de la durabilit des systmes de protection des cultures dans les vergers.
ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en Europe | Production vgtale
77Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 7279, 2011
encourager les praticiens adopter des stratgies inno-
vantes. Cinq thmes prioritaires ont t slectionns et
tudis dans les pays participants. Ces thmes sont len-
herbement du sol, la technique de la confusion, les
mthodes biologiques utilisant des organismes, les
modles de prvision pour amliorer la lutte contre les
maladies fongiques ainsi que la culture de varits rsis-
tantes. Les rsultats montrent quil existe dj, dans tous
les domaines, des mthodes et des instruments inno-
vants qui sont utiliss ponctuellement dans quelques
pays. La difficult introduire ces innovations est princi-
palement due la circonspection des viticulteurs face
de nouveaux procds, au manque dinitiation la pra-
tique de nouvelles mthodes, au refus gnral de toute
innovation technique, aux difficults dadapter ces
mthodes aux pratiques culturales locales, aux obstacles
juridiques et structuraux ainsi quaux cots souvent le-
vs des nouvelles mthodes. Il est cependant rjouissant
de constater, par exemple, que la modlisation des mala-
dies est de plus en plus rpandue et optimise dans tous
les pays o elle sert daide la dcision pour tablir des
stratgies dutilisation de fongicides. Le modle VitiMe-
teo Plasmopara, dvelopp en commun par lInstitut de
viticulture de Fribourg-en-Brisgau et par Agroscope
Changins-Wdenswil ACW, est actuellement utilis en
Suisse et en Allemagne pour optimiser lutilisation de
au sud-ouest de la Pologne et dans la plaine de lEbre
(Espagne), tandis quau sud-ouest de la France et dans la
plaine du P (Italie), la culture prenne du mas sur plu-
sieurs annes est conomiquement la meilleure (fig. 5).
Le manque dalternatives pour protger les cultures, la
structure et lorganisation des exploitations ainsi que la
formation des agriculteurs sont les principales raisons
pour lesquelles la lutte chimique ne peut pas encore tre
remplace grande chelle par des mthodes de protec-
tion cologiques sans entraner de pertes financires.
Dautres rsultats de cette tude figurent dans trois
brochures sur la protection phytosanitaire du mas,
accessibles sous (http://www.endure-network.eu/
endure_publications/endure_publications2).
E t u d e d e c a s s u r l a v i t i c u l t u r e
Lutilisation des pesticides en viticulture a t tudie
dans cinq pays europens. Les pratiques courantes et la
disponibilit des donnes sur lutilisation actuelle des
produits phytosanitaires ont t rpertories. Ces indica-
tions ont servi de base lvaluation du potentiel de
stratgies innovantes permettant de rduire lutilisation
de pesticides. Cette tude de cas a analys les problmes
poss par lintroduction de mthodes alternatives de
protection des cultures et cherch des solutions visant
Pologne Sud-Ouest
0.12 Mha 14C
300mm 120kg N/ha
Hongrie Bks
Italie Plaine du P
Espagne Valle de lEbre
France Sud-Ouest
FranceGrand-Ouest
0.10 Mha
0.05 Mha 1.20 Mha 0.10 Mha
0.58 Mha
1.00 Mha
19C 275mm
150kg N/ha
18C 325mm
130kg N/ha
17C 380mm
200kg N/ha
18C 200mm
350kg N/ha
16.5C 419mm
232kg N/ha
16C 467mm
210kg N/ha
Allemagne Sud-Ouest
0.15 Mha 15C
458mm 100kg N/ha
Danemark
0.15 Mha 12C
426mm 150kg N/ha
Pays-Bas
0.24 Mha 14C
455mm 185kg N/ha
FranceNormandie
0.25 Mha 15C
470mm 220kg N/ha
IPM rotation
sans labour
Hongrie Tolna
autre mas
mas-grain
mas densilageSurface
cultive Mha
0% 100%
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
IPM rotation
sans labour
Figure 5 | Cultures de mas dans 11 rgions europennes: Diagramme circulaire: Type de production de mas. Chiffres dans les dia-grammes: Surface totale de la culture de mas dans la rgion (en millions dhectares). Chiffres ct des diagrammes: Temprature et pluviomtrie moyennes entre avril et oc-tobre, ainsi que fumure (engrais synthtiques et engrais de ferme) par an. Diagrammes en barres: Pourcentage de surface de mas sou-mise aux directives rgionales de la protec-tion intgre des cultures (IPM), qui peuvent tre trs diffrentes dun pays lautre, rota-tion (pas de mas succdant au mas) et tra-vail du sol sans labour (aucun ou rduit). Adapt par Meissle et al. (2010), J. Appl. En-tomol. 134, 357-375 (Blackwell Verlag GmbH).
78
Production vgtale | ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en Europe
Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 7279, 2011
Research Group), vient dtre cre. Ce groupe a pour
but de maintenir le rseau et de constituer long terme
un service dinformation sur la protection des cultures
lintention de lUE et dautres milieux intresss. Un
grand nombre dinstitutions actives dans la recherche et
la vulgarisation sur la protection des plantes en Europe
ont dj promis leur adhsion. Pour la Suisse, Agroscope
Changins-Wdenswil ACW sest engage en tant que
partenaire responsable de la coopration. Lavenir nous
dira avec quelle rapidit et sous quelle forme lorganisa-
tion succdant ENDURE se dveloppera ces prochaines
annes. Esprons quelle puisse former un centre de
comptence durable et rcolter ainsi, ultrieurement
encore, les fruits sems par ENDURE dans la protection
intgre des cultures!
Lapport dENDURE a t important pour la Suisse et
spcialement pour Agroscope. Outre le financement de
projets de recherche raliss en troite coopration avec
des institutions trangres, le rseau permis de faire
connatre en Europe des solutions innovantes, labores
en Suisse, et de tracer la voie de leur mise en uvre. En
contrepartie, les chercheurs suisses ont pu approfondir
leur vision de la protection des cultures ltranger et
senrichir de nouvelles ides. Cet change a t favoris
par des programmes spciaux et a permis aux jeunes
scientifiques notamment dlargir leur horizon de
connaissances et dexprience. Les fonds de recherche
ont aussi permis de dvelopper ou damliorer des
mthodes et des stratgies galement utiles la protec-
tion des cultures en Suisse. Enfin, les 25 scientifiques
suisses, principalement dAgroscope, ont pu largir ou
approfondir leurs relations avec des partenaires tran-
gers afin de renforcer lintgration de la Suisse dans un
rseau europen.
Informations supplmentaires sur ENDURE:
http://www.endure-network.eu n
fongicides contre le mildiou. Les viticulteurs peuvent
obtenir gratuitement les rsultats disponibles sur Inter-
net (www.agrometo.ch). Pour quun tel modle soit uti-
lis avec succs, il doit tre non seulement prcis, mais
aussi adapt en permanence, prsent sous une forme
simple, gratuitement accessible et accompagn dune
initiation son fonctionnement.
Dans tous les autres domaines tudis, il existe des
mthodes innovantes qui permettent, aujourdhui dj
ou dans un proche avenir, de rduire considrablement
les pesticides. Lchange dexpriences et la coopration
entre les pays europens permettront dacclrer la
mise en uvre de ces innovations.
C o n s i d r a t i o n s f i n a l e s
Durant ces quatre dernires annes, plus de 300 scienti-
fiques et conseillers dEurope ont collabor en tentant
dassembler les connaissances et mthodes de protec-
tion des cultures pour dvelopper des stratgies por-
teuses davenir en sinspirant de nouvelles ides. Une
entreprise aussi ambitieuse ne peut videmment pas
atteindre tous les objectifs fixs. Mais il est certain que
dimportants objectifs partiels ont t raliss et que ce
projet a srieusement relanc lide dune protection
intgre des cultures en Europe. Il est vident que les
innovations ne seront adoptes par la vulgarisation et
la pratique quen passant par la protection intgre.
Lun des principaux objectifs dENDURE mettre des
propositions pour rduire la dpendance aux pesticides
dans les cultures na t atteint que sous forme dap-
proches. Quelques projets partiels ont certes tent din-
tgrer des mthodes de lutte alternatives dans des stra-
tgies innovantes, mais la russite de leur mise en
uvre est trs incertaine.Les responsables tentent actuellement de concrti-
ser lide de lUE et de faire dENDURE un centre dexcel-
lence pour la protection des cultures en Europe. Lorga-
nisation succdant ENDURE, le ENDURE-ERG (European
ENDURE a t ralis dans le cadre du 6e Programme de recherche europen et
favoris par des moyens financiers correspondants.
ENDURE un rseau pour la protection durable des cultures en Europe | Production vgtale
79Recherche Agronomique Suisse 2 (2): 7279, 2011
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