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Electromagnetic spectrum Research (code 0608/0115)

Considrations sur les drives audio-gographiques et autres coutes du spectre lectromagntique + Manuel de Construction d'antenne lectromagntique

Version 0.2 Par Julien Ottavi (juin 2008 - rvision janvier 2015)

Drive urbaine & spectre lectromagntique

L'important n'est plus le dit (contenu) ni le dire (un acte), mais la transformation, et l'invention de dispositifs, encore insouponns, qui permettent de multiplier les transformations..

Michel De Certeau L'invention du quotidien

Partir d'un point et se laisser mener travers les mandres des rues, croiser par hasard une personne, percevoir une ralit au del de la ralit, se perdre dans un quartier, retrouver le point de dpart... La drive est une dmarche qui t fortement dvelopp par le courant situationniste et notamment partir du livre de Guy DebordRapport sur la construction de situations o Debord propose de changer le monde travers le dpassement de toutes les formes artistiques par un emploi unitaire de tous les moyens de bouleversement de la vie quotidienne.La drive est une action qui consiste se laisser porter dans un espace urbain, un quartier, une rue, un immeuble, un parc... sans aucune prconception quand ce qui va se passer dans ce parcours. Il s'agit de vous laissez porter au gr d'un courant imaginaire qui vous pousse au del de situations que vous n'avez pas prvue sans avoir calcul un chemin l'avance. Depuis le dveloppement de la notion de drive men par les situationnistes, de nombreuses autres formes de drives sont apparus utilisant certains caractres originalement conceptualiss et raliss prenant comme point d'entre certaines contraintes (ligne droite, signes, cartographie...) ou en rvlant certaines choses qui peuvent se dessiner travers la drive (rencontre, dcouverte de chemin cach ou tout autre manifestation incongrue) .Il se dessine, en d'autre terme, une chose informelle de multiple conjoncture et de contextualisation en d-contextualisation o le driveur prend part un jeu qui le mnera, peut-tre, son point de non-retour, de fait il se sculpte une forme abstraite o la ralit est renvers en de nombreuses consquences incalculables et infinis. La gographie intervient l dedans en forme de continuum de l'action, en proposition de lecture o plutt d'criture de la matire, du mouvement, on cre le croquis de notre propre mouvement travers les spasmes impalpables de l'inconscient des gestes sur le goudron. Les cheminements possibles se droulent sous nos yeux et les transcriptions mentales et psychologiques se mettent en place sous la forme d'criture automatique des espaces.

Notre ide centrale est celle de la construction de situations, cest--dire la construction concrte dambiances momentanes de la vie, et leur transformation en une qualit passionnelle suprieure. La formule pour renverser le monde, nous ne lavons pas cherche dans les livres mais en errant. Ctait une drive grande journes, o rien ne ressemblait la veille [] surprenantes rencontres, obstacles remarquables, grandioses trahisons, enchantement prilleux []. La psychogographie est ltude des lois exactes et des effets prcis du milieu gographique consciemment amnag ou non, agissant directement sur le comportement affectif des individus. La nouvelle architecture dterminera une plastique sonore qui sidentifiera au dcor. On assistera alors la dcouverte de climats bouleversants. (Guy Debord)

Les situationnistes dveloppent aussi le concept d'ambiance, travers lequel ils vont proposer de dpasser la logique de planification urbaine et architecturale de la ville, chercher un autre mode de lecture, une autre manire de vivre l'espace urbain.Entre les divers procds situationnistes, la drive se prsente comme une technique du passage htif travers des ambiances varies. Le concept de drive est indissolublement li la reconnaissance deffets de nature psychogographique, et laffirmation dun comportement ludique-constructif, ce qui loppose en tous points aux notions classiques de voyage et de promenade.[...]Une tude approfondie des moyens de cration d'ambiances et de l'influence psychologique de celles-ci, est une des taches que nous entreprenons actuellement.L'ambiance ce sont donc ces choses qui nous influencent dans un espace donn, les murs, la lumire, le son, la matire, toutes ces composantes physiques qui sous-tendent un lieu et qui nous agissent, jouant de notre perception, pntrant la psych humaine de manire subtile. Ce que propose les situationnistes finalement c'est de djouer la construction des ambiances tel qu'elles ont t construitent par l'ordre tablis, re-construire d'autres ambiances avec les habitants, les rveurs... de ces lieux, pas seulement en dmolissant et reconstruisant les architectures o le paysage urbain tel qu'il est mais en prenant en compte le facteur de rception et de comprhension de notre psych face ces tats. Se propulser au del de l'esclavagisme incontrlable de notre inconscient ou plutt librer notre capacit imaginative, enlever les chanes de notre inconscient.

La proposition que nous faisons est celle de prendre comme objet de la drive l'coute du phnomne lectromagntique. Nous vivons un environnement lectromagntique naturel issu du champ magntique terrestre. Depuis plus de quarante ans de trs nombreux appareils de consommation courante ont vu le jour. Ils gnrent des ondes lectromagntiques (ou ondes EM).Une onde lectromagntique est la combinaison de deux "perturbations", l'une est lectrique, l'autre est magntique. Ces deux perturbations, qui oscillent en mme temps mais sur deux plans perpendiculaires se dplacent la vitesse de la lumire. Une onde EM peut donc se concevoir comme une perturbation lectrique de la matire qui se propage.Vous pouvez tout moment crer un champ magntique, utilisant les principes de base de l'lectricit, vous pouvez construire vous-mme votre propre gnrateur lectrique, vos amplificateurs et vos haut-parleurs, toujours en utilisant le mme phnomne lectromagntique, bobine de cuivre, aimant et surface de rception, de charge ou de vibration.Les ondes sont entretenues par un champ lectromagntique, qui rsulte lui aussi de l'association d'un champ magntique et d'un champ lectrique susceptibles de varier dans le temps et de se propager dans l'espace.

Pour gnrer un champ lectromagntique, il suffit la fois de produire :un champ lectrique par la prsence de charges lectriques,et un champ magntique en provoquant le dplacement de ces mmes charges lectriques. Les ondes EM ne sont alors que la propagation couple de ces deux champs ainsi crs. En D'autres termes l'onde lectromagntique est une variation priodique de champ lectrique et magntique. Cette onde peut tre absorbe par un rcepteur qui possde un moment dipolaire. Soumis une attraction sinusodale un diple peut se mettre tourner ou vibrer. Pour les nergies plus fortes la liaison peut tre rompue. Dans le cadre de l'utilisation d'une antenne (voir troisime partie pour la construction) nous allons oprer une boucle qui va recrer ce moment dipolaire. Avec les essais que vous effectuerez avec l'antenne vous allez pouvoir constater qu'il y a deux ples dans la rception. vous pourrez capter le phnomne sous deux angles diffrents et permettrent parfois une meilleur rception sur l'un des ples.Au del du phnomne physique, il y a une ralit que nous allons utiliser travers les drives, celle de la mise en vibration des ondes EM et par consquence du spectre lectromagntique que nous trouverons sur notre parcours. Une transposition de l'onde vers une une vibration sonore, utilisant simplement l'amplification et l'lectricit va permettre de rendre audible le phnomne.La drive se transforme alors en une coute du spectre EM, la ville tant un puits sans fin de frquences et de bruits gnrs par des centaines de machines et d'appareils lectriques, toute technologie utilisant l'lectricit se trouve de fait dans le champ lectromagntique (voir image du spectre EM). Il y a dplacement par rapport la position des situationnistes, ce n'est plus seulement les diffrentes ambiances qui vont mener la marche ou leur dconstruction mais l'action de rvler la vie invisible qui travaille la ville, celles des machines qui travaillent nos corps, qui sont les mcaniques sous-jacentes en activit permanente des espaces urbains. Les Drives Audio-gographiques et coutes du spectre EM peuvent tre comme une dimension parallle de notre quotidien, o se cache une gographie cach d'un monde invisible, celui des forces machiniques l'oeuvre, qui depuis plusieurs annes se sont dvelopps une trs grande vitesse dans notre environnement, construisant de nouvelles ambiances, de nouvelles manires de vivre la ville.Avec laccroisement de la vitesse de transmission de llectricit, la ligne droite se fait ton dfini, harmonisant le monde des frquences de 25 et 40, puis 50 et 60 cycles par seconde. Autre nouveauts [...] : la multiplication des sources sonores et laugmentation de leur porte grce aux techniques damplification (R. Murray Schafer Le paysage sonore - 1970).Ces nouveaux cycles construisent nos villes, influencent notre faon dentendre ou de vivre une certaine urbanit, nous sommes conditionn par cette pression lectrique. Il existe en dea du bton, des architectures invisibles, composs de champs lectriques qui reprsente un cadre dans lequel les individus voluent et se transforme, mutation venir, un corps expos long terme des flux continu de champ lectriques et lectroniques ragit de faon inattendu."Les effets des champs lectromagntiques sur lorganisme peuvent tre directs : ractions cutanes, malaises, troubles visuels (Article INRS, http://www.inrs.fr/accueil/risques/phenomene-physique/champ-electromagnetique/effets-sante.html - "Effets des champs lectromagntiques sur la sant - 2012).Une partie de la population est aussi rendue sensible ces champs lectromagntique, on appelle cela tre lectrosensible, ce type de raction hypersensible transforme nos rapport lenvironnement, plus spciquement dans le cadre urbain (antenne relais tlphonie, gnrateur lectrique, usine, wifi...etc) mais aussi dans nos rapport lautre (raction anti-tlphone ou anti-machine, besoin de sisoler dans des zones protg), la production dnergie (dcroissance, pollution) et sa propagation dans nos milieu de vie.L o les situationnistes soulvent les rapports sociaux comme construction de l'espace urbain, les coutes EM interrogent le rapport homme-machine dans l'apparition de matires sonores insouponnes rvlant un nouveau type de comprhension dans le paradigme machine urbanisme architecture corporalit. Il y a un nouveau jeu qui s'tablit sur la recherche du phnomne et simultanment, par son coute, on y actionne des brisures dans le flux (la machine-urbaine). On y entend donc une nouvelle entit comme forme vivante, quelque chose qui nous parle, un tre dou d'ubiquit dont nous faisons partie, qui nous constituent et nous agit insidieusement, par en-dessous, dans l'ombre de nos propres murs, enferm dans nos propres certitudes : avons-nous rellement le contrle de la situation? Dans quel milieu souhaitons nous vivre? quelle gestion environnemental de nos villes voulons nous dvelopper?Arm de notre antenne et d'un systme d'amplification portable, nous (un groupe spectrorateur) allons la recherche d'une chose inaudible devenu audible grce l'inversion de son fonctionnement. Le dtournement de la fonction mme de l'antenne comme lment de transmission et de rception, o la ville devient l'metteur. Le fonctionnement des choses est renvers dans le fait mme de rendre audible mais aussi dans la cration de situation que la diffusion des sons vont faire merger travers l'coute mobile dans un espace public donn.

situation construite Moment de la vie, concrtement et dlibrment construit par l'organisation collective d'une ambiance unitaire et d'un jeu d'vnements. (Debord)

Les situations ainsi construites se trouvent alors dans un entre deux performatif, une reconnaissance par l'autre d'un son inhabituel qui vient dranger son environnement d'coute, qui cr en cela un vnement qui change le flux dune quotidiennete, cela prend aussi un autre caractre lorsque l'on commence dcrire voix haute le phnomne que l'on capte et que l'on donne entendre. Il y a renversement de situation dans le partage d'une chose (ce qui est, le perceptible selon Heidegger) qui existe dans notre quotidien mais qui n'est pas perceptible, qui le devient avec la mise en son brut et ruptif d'une sa propre singularit. Les sons capts sont extrmement varis et constituent une large palette de timbres allant de sons aigus au grave plus ou moins prcis, diffrente sorte de bruits (blanc, marron, rose...etc), de nombreux patterns ou rythmiques rptitifs et a-synchrones, ainsi que des clusters ou grappes de frquences. L'ensemble se mlange dans une organisation alatoirement distribue qui dpend de machines ou appareils mettant leur champs EM proximit les uns des autres, Leur organisation se font selon des critres d'utilit et non pas seulement en fonction de leur spectre sonore et de leur ventuelle musicalit.Il y a, par la mise en coute dans ces espaces (sonores) urbains, une sorte de mise nu de la ville, une pense de la dissension, il y a dialogue et coupure dans le flux. Une sorte de posie de l'imperceptiblement rugueux, car il y a rugosit dans le rendu sonore, on y trouve une force sale l'oeuvre, on y trouve de la posie dans la brisure avec le rel du quotidien qui s'instaure dans un espace, un lieu, une rue... dans le quotidien, habitude, habitus et mcanique d'utilisation de ces espaces.Les drives audio-gographique et coutes EM placent la perception sensorielle sur un niveau potique dans le sens o l'auditeur peut potentiellement tre actif dans l'acte de transposition et de mise en coute, de dplacements et de renversement de la situation. L'auditeur re-cr par lui-mme la connection improbable entre la forme d'o peut provenir les sons et la matrialit de ces sons. Il n'y a pas dans le cas de ces recherches et drives d'auteur proprement parl, il y a un passeur, un initiateur, une personne rvlant une potentialit dormante, une substance en de de notre comprhension immdiate du monde.Prenons comme autre exemple l'artiste allemande Christina Kubisch qui expose ce phnomne depuis plusieurs annes la fois comme systme de transmission de ces pices sonores et la fois comme systme d'coute du spectre EM dans des espaces urbains. Dans notre approche la transmission de la technique de captation, ainsi que la comprhension du phnomne est fondamentale, de mme que sur le plan de l'exploration il y a diffrence avec celle de Christina qui se fait travers une paire d'couteur munis de bobine de cuivre amplifiant le signal pour l'auditeur, alors que nous diffusons vers un extrieur, au del de soi.Son travail est en mme intressant dans le fait qu'elle participe rvler un domaine peu connue et y investir une comprhension autre que celle de l'approche purement scientifique, celle d'une approche potique et sensorielle, utilisant aussi l'errance et la drive comme mouvement non catgorisable de l'coute des sons environnants.La diffrence entre les deux approches se joue sur ce que Michel Foucault appelle le Dehors en littrature, de mme lcriture sonore de lexploration des champs EM se joue dans cet vnement qui a fait natre ce quau sens stricte on entend par littrature ("Ensemble des productions intellectuelles qui se lisent, qui s'coutent - qui concerne aussi les formes diverses de l'expression orale) nest de lordre de lintriorisation que pour un regard en surface; il sagit beaucoup plutt dun passage au dehors[...] cest le langage se mettant au plus loin de lui-mme; et si, en cette mise hors de soi, il dvoile son tre propre, cette clart soudaine rvle un cart plutt quun repli, une dispersion plutt quun retour des signes sur eux-mmes. (La pense du Dehors Michel Foucault, Fata Morgana, 1986).

Christina Kubish nous dvoile ces champs lectromagntiques travers une forme dcoute au casque, o les signes se dvoilent mais reste unique au sujet coutant et ne prend jamais corps dans la ville dans son extriorit, son expulsion, son dehors. Notre position rside aussi dans le lien qui stablit un parcours non marqu, non prpar, une drive sens rvl une autre modalit de mouvement travers les mandres et les grandes avenues de la ville.voici un texte qu'elle crit par rapport ses enregistrements:Invisible/Inaudible : 5 marches lectriques - enqute lectromagntique dans la ville"Electrical Walks est une marche publique qui seffectue avec des casques fait maison sans fil et sensible qui permettent de dtecter, damplifier et de rendre audible les champs lectromagntiques. La transmission du son saccomplit par un couple de bobine de cuivre (bobine induction) qui rpondent au vagues lectromagntique de notre environnement. [...] Electrical Walks est une invitation une enqute un peu spcial des centres ville (ou autres lieux). Avec le casque magntique et une carte des environs, sur laquelle les possibles chemins et les champs lectromagntiques intressants sont marqus, le visiteur peut alors seul ou en groupe. La perception des changement de la ralit du quotidien quand quelquun coute les champs lectromagntiques; ce qui est de lordre de lhabituel apparait alors dans un contexte diffrent. Le son peut vous transporter dans diffrentes zones temporelle, le son peut dplacer votre connaissance de lespace. Votre cerveau essaye de mettre ensemble ce que vous entendez et ce que vous voyez sous un autre angle. Rien ne se voit de la manire dont il sentend. Et rien ne sentend de la manire de se voir par Christina Kubisch, juillet 2007.

Effectivement il y a une nouvelle perception qui s'opre entre ce que vous voyez et ce que vous entendez. De nouvelle faon de voir et entendre le milieu urbain dans lequel nous voluons au quotidien.Le parcours que propose Kubish se fait dans une coute introspective, repli vers soi (en dedans), ce qui est propos dans les drives audio-gographiques et coutes du spectre EM, c'est l'inverse une audition oriente vers l'extrieur, il y a irruption dans une ralit commune mme si cela doit crer une rupture dans le fonctionnement d'un espace (lvnement) et ainsi que dans les relations qui peuvent s'y jouer. Le but tant de crer un dtournement dune situation urbaine par l'coute, dun renversement dun quotidien, devenu habitude. Pour donner un exemple, dans ces drives nous avons rencontrs plusieurs cas de figure o l'on peut trouver a la fois une curiosit et un rejet de l'tranger qui se rvle, dans la forme o s'objective les ondes EM, et surtout dans le fait de ne pas avoir un certain cachet scientifique oblitr par un cadre lgal. Car dans notre cas, le laboratoire devient l'espace urbain, il n'y a pas ici de modlisation et test en laboratoire mais des exprimentations sur le terrain. Dans l'occasion d'une drive dans la ville de Marseille, nous tions en situation dcoute dun distributeur de billets (en extrieur), nous jouions alors avec le fait d'enclencher notre carte bancaire dans le distributeur et de retirer de l'argent ou consulter nos comptes. Des employs de l'agence bancaire qui prenez leur pause du midi, nous demandent alors ce que nous tions en train de faire avec un ton de curiosit. Dans un premier temps, nous leur expliquons le but de notre opration et continuons l'exprience, une deuxime demande d'explication nous apparat alors avec un cot incrdule et insistant... . Puis prenant conscience de ce que nous sommes en train de faire ainsi que du caractre explorateur oprant dans un cadre purement artistique, non officiel, jouant de l'acte de dtournement, ils nous demandent alors d'arrter, prtextant que nous n'avons pas le droit de faire a, jouant sur les limites du lgal avec un ton d'autorit rvlant une peur, celle d'une anomalie inconnu, comme cet tranger qui vient dranger votre zone de tranquillit, le bon ordre et le fonctionnement de votre machine dsirante, dune mcanique o toute posie disparue au profit de lutilitaire.

Lecture et criture de la ville (rflexion sur la ville comme manuscrit dcrypter)

Dans la continuit de pense des travaux de ceux de Gordon Matta-Clark qui crit l'espace architecturale en oprant des dcoupes dans les btiments, ou bien sur les rflexions de Jacques Derrida dans Dissmination sur l'criture de Stphane Mallarm, la page comme architecture habiter, dconstruire, re-construire, comme un livre de-venir:

Un ouvrage singulier qui fut et ne fut pas un livre, Un coup de ds de Mallarm, autour duquel Blanchot crivit tel essai intitul Le livre venir lintrieur duquel se lit lexpression le livre venir qui se trouve tre aussi le titre du recueil mot qui fait signe, encore, vers la reliure, le rassemblement, la collection, mais dabord vers laccueil (Mallarm dsigne le lecteur comme un hte ). Ce qui me touche ici, et ce qui mne mon propos, cest que, par un jeu de mot, un habile stratagme de votre part, nous pouvons confondre (mais cest le fond mme de la diffrance) tous ces textes, intituls livre venir. Peu importe, en fait, puisque ce qui nous importe ici, ce nest pas tant le texte, mais ce quil dsigne (en vain, aurait dit Blanchot), cest prcisment cette chose que lon ne connat pas, qui na pas de forme pour linstant, qui nexiste pas encore, mais quon dsigne par livre venir. (Posologie. De Jacques Derrida - Par Benot Vincent)

Ces recherches s'inscrivent dans le rapport une autre forme d'criture, celle du livre invisible des ondes EM sur l'espace urbain et les architectures machiniques.L'criture comme la fixation de signes signifiant et la posie comme criture de signes rejouant le signifiant en de multiples autres signifiants. L'espace urbain et les architectures comme les pages d'un livre que l'on lit o que l'on crit ou les deux la fois, le mouvement, la drive comme outil d'criture, les ondes EM comme forme d'criture... . Le spectre EM (spectre comme fantme et gamme) est la fois une criture, une succession de signes faisant sens en terme audible et en terme de fonctionnement machinique, une criture machinique invisible que l'on rvle et dcrypte au moyen d'une forme de loupe, d'appareil de traduction d'un langage encore obscur. La ville devient en ce sens un livre ouvert travers lequel nous allons composer notre propre lecture, au fil des rues et des zones fortes concentrations d'ondes EM. Ce qui se communique alors ce sont ces symboles reprsentant un langage compos de plusieurs espce de signes oprant au niveau des timbres, des rythmiques, des compositions de mlodies htrognes et composites. Ce langage pourra tre lu de plusieurs faons, travers une comprhension de son origine machinique et de sa mcanique (carcasse) physique lui donnant son champ sonore particulier mais aussi de par son caractre musical aussi bien que sur son inscription dans le contexte mme: un supermarch, une voiture, une rue de bijoutier, un carrefour, un panneau publicitaire...etc.De ce point de vue nous basculons une forme d'criture qui va s'engendrer, dans le cas de nos drives, sous plusieurs aspects : -le premier tant sur l'criture abrupte de cette manifestation par la mise en coute.

-une autre par le biais d'une forme de dterritorialisation (rappropriation du territoire et son ouverture).

L'coute et la cration du contexte tant le mode d'criture de l'exprience. Comment le contexte change t-il et agit-il sur un espace? Comment le fonctionnement de cette espace change au fur et mesure que l'on y crit? le sens des signes prcdemment lu dans cet espace devient pour un instant quelque chose d'autre (ce qui est devenir, au del de ce qui est), prend une autre signification, il se produit autrement. Il s'agit ici d'une criture temporaire, une criture disparaissante... le son tant sa re-transcription, l'espace urbain et architecturale la page, l'antenne EM et l'amplification comme stylo-loupe venant la fois lire et crire le contexte. Les lecteurs eux s'en trouvent interpells, qu'ils soit convis, participants ou alatoirement attirs par l'activit / action se droulant devant leurs yeux et leurs oreilles. Nous crivons le texte multiple de notre mouvement dans un lieu, la drive ouvre la lecture alatoire du dplacement, la ville devient l'espace finalement tangible de notre inconscient perceptif, passant d'un statut informelle celui d'une ralit physique rappropriable.

Ce qui donne sa ncessit de structure lillusion, lerreur et loubli , cest donc ltrange ouverture de ce quadrangle, son cot manquant. Louverture passe dj inaperue en tant quouverture (aprit, aperture), en tant qulment diaphane assurant la transparence du passage ce qui se prsente. Attentifs, fascins, colls ce qui se prsente, nous ne pouvons voir sa prsence mme, qui elle ne se prsente pas, ni la visibilit du visible, laudibilit de laudible, le milieu, lair qui disparat ainsi en laissant paratre (La Dissmintation, Jacques Derrida, Seuil, 1972).

Dans un deuxime temps, ou dans le temps de l'nonciation du langage, nous crivons, littralement cette fois, sur les emplacements de captation des champs EM. A base de signes annonant le contenu du type de son capt: frquence, bruit, rythmique, hauteur approximative de la frquence ainsi que sa reprsentation graphique, par la drive nous laissons ainsi des traces sur les murs (larchi-trace comme nigme de la prsence et rature de larchie chez Derrida, Lcriture et la diffrance, Seuil, 1967), le goudron, le bton, les panneaux de circulation ou publicitaires, les magasins et autres mtaux forgeant les espaces d'habitations...etc. La trace (archi) permet de donner un signe de notre drive dans la ville, de transmettre le fait qu'un objet invisible t dcouvert en ce lieu, que nous y avons rvls l'invisible, l'inaudible, le revenant... . Donner des signes d'une existence spectrale, d'une prsence incertaine, possible, influant l'inconscient la possibilit d'une entit qui se manifeste au del de nos perceptions communes.

Manuel de construction d'antenne lectromagntique (III)

1- Se munir d'une bobine de fil de cuivre d'environ 0.25mm

2- prparer un objet sur lequel vous allez faire une centaine de tour avec le fil de cuivre, d'un diamtre d'environ 40cm. Cette objet doit tre suffisamment pratique pour que vous puissiez retirer la boucle une fois les tours finis.

3- faire une centaine de tour en concentrant bien les fils chaque tour, les fils de la boucle doivent tre ressrer pour permettre une meilleur rception.

4-une fois la boucle finis, vous devez avoir deux bout de cble qui sont le dbut de la boucle et la fin de la boucle.

5-penser une technique pour solidariser les fils de la boucle une fois enlev du support pour l'utiliser comme antenne: gaffer, tuyau, scratch...etc.

6- enlever le vernis du cuivre l'aide d'un briquet et d'un cutter. pour pouvoir connecter le cuivre un connecteur audio du type jack (3,5 ou 6,5mm)

7-connecter un des bout de fil la masse et l'autre au point chaud du connecteur jack

8-plugger le connecteur jack un ampli audio pour faire les tests, vous devez entendre alors diffrents sons en fonction de la proximit d'appareils du type tlphone portable, ordinateur... les points lectriques mettront un 50Hz bien ronronnant, le hum que l'on chasse dans les salles de concerts et d'enregistrements.

9-vous munir d'un ampli audio portable et commencer votre drive dans votre quartier la recherche des sons inaudibles!

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