Enquête socio-économique sur échantillonnage de bidonvilles marocains
par D r Maria Graeff Wassink Conseiller technique à la F M V J
Établissements humains
et environnement socio-culturel
UNESCO
P L A N
INTRODUCTION
CHAPITRE I : Méthodologie de l'enquête
CHAPITRE II : Les résultats de l'enquête
CHAPITRE III : Description des quartiers
CHAPITRE IV : Analyse des groupes de population
CONCLUSIONS
ENQUETE SOCIO-ECONOMIQUE SUR UN ECHANTILLONNAGE
DE BIDONVILLES MAROCAINS
par Maria Graeff Wassink
INTRODUCTION
Le bidonville, par son aspect visible d'habitat insalubre, est encore
trop souvent considéré uniquement du point de vue "plaie sociale" et
"honte nationale". On y associe alors la marginalité, voire la crimi
nalité des populations.
C'est le mérite du Gouvernement marocain d'avoir, depuis nombre
d'années déjà, adopté une attitude objective et ouverte face à ce phé
nomène . Les nombreuses études entreprises sur les bidonvilles au Maroc
en témoignent.
Il semble, en effet, qu'on doive considérer mondialement les bidonvil
les comme une dimension essentielle du problème de l'habitat humain :
non seulement ils occupent une place importante dans la plupart des
grandes villes du monde, mais ils représentent aussi par leur caractè
re d'habitat précaire et parfois transitoire, un phénomène original
et varié.
C'est la variété même des bidonvilles, leur "personnalité" en quelque
sorte, qui constituait l'objet de cette étude. La présente enquête se
proposait principalement d'illustrer par une série d'études de cas (7
quartiers relativement hétérogènes, dans 3 villes elles-mêmes diffé
rentes) divers aspects du problème des bidonvilles au Maroc. Elle
représentait une contribution aux travaux du Colloque sur l'Urbanisme
et l'Habitat insalubre, organisé par la Fédération Mondiale des Villes
Jumelées - Cités Unis et la Municipalité de Meknès, fin juin 1978.
Sans prétendre avoir épuisé tous les éléments de la vie des bidonvil
les, l'enquête a pu fournir des données relativement précises sur les
7 quartiers étudiés.
-3-
Grâce au traitement de l'intégralité des résultats par l'informatique,
l'analyse a pu ensuite être poussée plus en profondeur. Un certain
nombre de corrélations ont pu être établies permettant à la fois de
vérifier le poids des variables introduites pour le choix des quartiers
et de formuler quelques nouvelles hypothèses qui, nous l'espérons,
ajouteront modestement à la connaissance actuelle des populations des
quartiers dits insalubres.
Cette enquête a pu être effectuée grâce à la bienveillance et à
1'appui :
- de l'UNESCO (au titre des "Etablissements humains", elle a accordé
un contrat couvrant les frais de déplacement du responsable de
l'étude, ainsi que ceux du traitement par ordinateur) ;
- du Ministère Marocain de la Jeunesse et des Sports (qui a apporté
son aide en matériel et en personnel, notamment par la mise à la
disposition du responsable de l'étude de 15 monitrices-enquêtri-
ces) ;
- du Ministère Marocain de l'Habitat et de l'Aménagement du Terri
toire (dont la Délégation Régionale de Meknès a pris en charge
l'exécution d'une partie des interviews dans cette ville).
Je tiens à remercier ici tous ceux qui ont contribué à la réalisation
de cette étude, et en particulier les monitrices du Ministère de la
Jeunesse et des Sports marocain qui ont bien voulu y consacrer une
partie de leur temps.
-4-
CHAPITRE I
METHODOLOGIE DE L'ENQUETE
ECHANTILLON ; CHOIX DES VILLES ET CHOIX DES QUARTIERS
Au total, 386 chefs de famille ont été touchés, répartis entre Casa
blanca, Salé et Meknès, et habitant 7 quartiers différents. Ces
derniers ont été choisis en fonction des critères suivants : taille,
site, ancienneté et environnement proche. En donnant la préférence à
Meknès, Casablanca et Salé, nous avons voulu prendre l'exemple de
villes au contexte socio-économique différent et paraissant représen
tatives de la gamme des dominantes régionales (agricole, industrielle)
et de leur situation sur la carte migratoire.
Les chefs de famille ont été tirés au sort pour chacun des quartiers.
Dans les petits quartiers (de moins de 400 baraques), une famille sur
5 a été interviewée. Dans les quartiers plus importants (de 500 à 800
baraques), le nombre atteint a été 1 sur 7 environ. Dans le bidonville
le plus grand (1400 baraques), 1 famille sur 10 a été contactée.
QUESTIONNAIRE ET PRE-ENQUETE
L'enquête a été réalisée par entretiens individuels avec les chefs de
famille, à l'aide d'un questionnaire comportant 70 questions, partiel
lement précodées. Chaque entretien a duré environ une heure et demie.
Le pré-codage avait été mis au point et perfectionné à la suite d'une
pré-enquête. Celle-ci s'était effectuée en deux étapes auprès d'une
trentaine de familles dans 2 quartiers insalubres de Rabat (1). Par
ailleurs, les enquêteurs ont pu effectuer un certain nombre d'observa
tions directes sur la qualité de l'habitat et son équipement intérieur.
(1) Les résultats de ce sondage préliminaire n'ont pas été pris en compte dans ce rapport
-5-
ENQUETEURS
Les interviews de la pré-enquête et de l'enquête elle-même ont été
exécutées par des monitrices et assistantes sociales marocaines du Mi
nistère de la Jeunesse et des Sports qui avaient déjà une expérience
en matière d'interview et qui étaient familiarisées avec ce genre de
population. Elles ont toutefois subi un stage de formation complémen
taire de 3 jours, organisé par le Ministère à Rabat et dirigé par le
responsable de l'étude.
TRAME DE L'ENTRETIEN
L'interview portait sur les données suivantes :
1. Caractéristiques du chef de famille (provenance géographique, âge,
niveau d'instruction, profession)
2. Caractéristiques de la famille (nombre de personnes, liens, âges,
scolarisation enfants, profession enfants...)
3. Situation professionnelle du chef de famille avant l'émigration
4. Situation professionnelle actuelle du chef de famille
5. L'émigration (date, raisons...)
6. Choix de la ville et du quartier (liens éventuels existant avant
1'émigration)
7. Description de l'habitat (matériaux, surface, nombre de pièces,
équipement, ancienneté de la construction, statut juridique de
1'occupation...)
8. Description de l'équipement collectif sur place (organisation,
entraide...)
9. Aspirations en matière de logement (amélioration de l'habitat, re
logement, transplantation...)
10. Aspirations en matière d'équipement collectif
11. Avantages et inconvénients du bidonville (comparé avec des quar
tiers modernes, d'immeubles à étages, de logements pavillonnaires)
12. Aspirations personnelles et familiales (professionnelles, autres)
13. Liens entretenus avec le village d'origine
14. Changement d'habitudes intervenu depuis l'émigration (en ce qui
concerne la consommation, l'éducation des enfants, le comportement,
-6-
la religion...)
15. Revenu actuel (salaires, autres ressources)
16. Niveau de vie actuel comparé avec celui d'avant l'émigration.
Voir questionnaire complet en annexe.
TRAITEMENT DES DONNEES PAR ORDINATEUR
En utilisant un programme préexistant (conçu pour une autre étude
socio-économique des migrants marocains en France), pratiquement tou
tes les réponses aux questionnaires ont pu être traitées.
Les ventilations suivantes ont été effectuées :
- Répartition par quartier ;
- par groupe d'âge ;
- par nombre d'enfants par ménage ;
- par ancienneté d'habitation dans le quartier ;
- par qualité d'installation ;
- par degré d'aspiration à la réinstallation à la campagne ;
- par type d'emploi du chef de famille.
DEROULEMENT DE L'ENQUETE
Sauf à Casablanca (où la Municipalité avait pris l'initiative de pré
venir la population), les équipes d'enquêteurs sont intervenues chaque
fois sur le terrain sans préavis. En effet, à l'occasion de la pré
enquête, il avait été démontré que la présence des enquêteurs par les
autorités locales pouvait se traduire par des réactions (de frein, de
méfiance ou d'espoir) de la part des familles, risquant de fausser
certaines réponses. Pour garantir d'une certaine façon la qualité des
réponses, l'équipe d'enquêteurs a utilisé uniformément une présentation
des objectifs de l'enquête privilégiant les aspects écoute de la popu
lation et meilleure compréhension de leurs problèmes de vie sociale et
d'habitat. Néanmoins, certaines "déformations" n'ont pu être évitées
(par exemple, non-déclaration du petit élevage - volaille, voire bétail -
dont la présence est défendue dans presque tous les bidonvilles ; ou
encore, déclaration d'une épargne potentielle pour relogement par des
familles très démunies, mais aspirant vivement à un renouveau).
-7-
Dans l'ensemble, après les inévitables hésitations ou inhibitions de
début, la réaction fut partout accueillante et même souvent chaleureu
se. Les équipes n'ont pas rencontré de véritable "refus" ; en revanche,
elles furent fortement sollicitées par les familles qui ne faisaient
pas partie de l'échantillon préétabli.
-8-
CHAPITRE II
LES RESULTATS DE L'ENQUETE
A. CARACTERISTIQUES DE L'ENSEMBLE DE L'ECHANTILLON
Les principales caractéristiques individuelles des chefs de famille
sont les suivantes :
Age :
Moins de 25 ans
Entre 26 et 35 ans
Entre 3 6 et 45 ans
Entre 4 6 et 55 ans
Plus de 55 ans
5 %
20 %
35 %
25 %
15 %
A noter qu'il y a très peu de différences d'un quartier à un autre.
Sexe :
Un peu moins de 20 % des chefs de famille sont des femmes. La situation
est la même dans tous les quartiers, sauf les quartiers périphériques
de Meknès (M4) où il n'y a que 10 % de femmes chefs de famille.
Origine rurale ou citadine des chefs de famille :
Deux tiers d'entre eux sont venus de la campagne, un tiers est né en
ville. Ces pourcentages varient beaucoup d'un quartier à un autre.
Casablanca et Salé ont plus de 80 % de "ruraux", les deux quartiers
périphériques de Meknès 58 %, et dans les autres quartiers de Meknès,
la moitié seulement des chefs de famille sont d'origine rurale. La
grande majorité des ruraux sont d'anciens bergers ou ouvriers agricoles
ou encore des fils de petits propriétaires terriens. Peu d'éleveurs,
peu d'artisans (5 % ) , quelques commerçants. Mais un tiers des ruraux
est venu en ville à l'âge d'enfant. Quant aux citadins, trois catégo
ries sont à distinguer : ceux qui ont toujours vécu dans un bidonville,
ceux qui sont venus de la Médina, ceux qui ont vécu dans un quartier
moderne - phénomène nouveau rencontré à Casa et Salé seulement. Parmi
ces "citadins", on trouve une majorité de "petits métiers" (artisans,
petits commerçants). Ces citadins représentent 20 % de la population
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interrogée.
Quant aux autres, ils sont venus à la ville
- depuis moins d'un an
- depuis 1 à 5 ans
- depuis 6 à 10 ans
- depuis plus de 10 ans
14 % (38 % à Salé)
9 %
19 %
39 % (66 % dans le Bordj de Meknès)
Les quartiers de Salé et Meknès 4 ont reçu un apport important depuis
5 ans (pour Salé, des citadins ; pour Meknès, des ruraux). En revanche,
peu de nouveaux arrivés dans les quartiers de Casa, de M2 et de M3, et
aucun à Ml.
Niveau d'instruction :
Le niveau d'instruction est très bas : 65 % de la population n'est
jamais allée à l'école, 23 % a fréquenté quelques années l'école cora
nique ; seulement 10 % ont été à l'école primaire (dont 3 % ayant
obtenu le diplôme).
Métier du chef de famille :
Près de la moitié des interrogés indique avoir un travail régulier.
Mais il y a de grandes différences d'un quartier à un autre : à Salé
et dans les quartiers périphériques de Meknès, seulement un quart des
chefs de famille disposent d'un travail régulier. Relativement peu de
personnes sont en permanence au chômage (14 % ) . Un nombre important
travaillent comme saisonniers.
Les commerçants représentent dans l'échantillon environ 10 % (avec
d'importantes variations d'un quartier à l'autre).
Les agriculteurs, éleveurs et jardiniers font environ 10 % (avec peu
de différence entre les quartiers).
Le secteur "moderne" (ouvriers d'usine principalement) représente un
quart des emplois (un tiers à Casablanca).
Le reste (4 6 %) est constitué de métiers divers, surtout d'artisans.
Quant à la qualification du travail, l'estimation faite par les enquê
teurs donne les résultats suivants :
45 % manoeuvres,
27 % demi-qualifiés
18 % qualifiés
10 % ne travaillent pas (âgés, femmes, invalides) - un tiers à Ml.
-10-
Revenus et budget familial :
Les revenus, réguliers ou irréguliers, individuels ou collectifs, ne
dépassent que rarement les 7 00 DH par mois (1),
35 % disposent d'un revenu entre 350 et 700 DH par mois,
40 % entre 150 et 300 DH par mois,
20 % vivent avec moins de 150 DH par mois.
Un nombre probablement important de familles ont quelques revenus
complémentaires en nature (légumes, fruits, oeufs, lait...)- Comme
dans la plupart des bidonvilles, il est défendu d'élever des animaux,
nous n'avons pu recueillir de données exactes à ce sujet. Il y a peu
d'épargne : 20 % seulement déclarent mettre un peu d'argent de côté
(en général pour ne pas être démunis en cas de maladie ou d'accident,
parfois en prévision d'un achat déterminé ou en vue d'un événement
particulier ; une minorité (5 %) épargnent pour se reloger).
On dépense presque tout pour la nourriture. Cependant, les revenus
très modestes ne permettent pas de manger de la viande ou du poisson,
même en petite quantité, tous les jours :
20 % n'en mangent pratiquement jamais (variant de 7 % à 40% d'un
quartier à un autre),
64 % en mangent une fois par semaine,
13 % deux ou trois fois par semaine,
3 % seulement tous les jours.
Autres postes de dépenses : la location de la parcelle (parfois de la
baraque) et l'habillement, surtout celui des enfants scolarisés.
Composition de la famille :
Plusieurs chefs de famille sont polygames. Les épouses sont, pour la
majorité, originaires de la même famille ou tribu que leur mari et,
pour la plupart, issues de la campagne. Seulement 12 % des épouses
sont nées en ville.
Le nombre d'enfants par famille paraît relativement bas : deux tiers
ont 4 enfants ou moins, seulement 8 % en ont 8 ou plus. Environ 8 %
des familles n'ont pas ou plus d'enfants. Si le nombre d'enfants est
relativement restreint, le nombre des ascendants et collatéraux vivant
avec le chef de famille semble important. La moitié des familles est
(1) Un Dirham = environ IF.10 français.
-11-
composée de 5 à 8 personnes ; presque un tiers, de plus de 8 personnes;
certaines vont jusqu'à 20 personnes.
Scolarisation des enfants :
Les enfants sont en majorité scolarisés. Plus de la moitié des familles
ont des enfants à l'école publique primaire, 16 % au lycée, 14 % dans
une école professionnelle et 2,5 % à l'université.
La scolarisation est la plus faible à Salé, où la majorité des enfants
travaillent (ateliers de tapis). De ceux qui ne vont pas en classe, la
moitié n'a pas encore atteint l'âge scolaire ; mais pour un quart envi
ron, c'est le manque d'argent qui conduit à ne pas les envoyer à l'école.
Dans quelques cas, l'école est jugée trop éloignée ou "inutile". La
priorité, si un choix s'impose, est donnée à l'éducation des garçons.
Un petit pourcentage d'enfants est handicapé physiquement ou psychi-
quement.
B. CARACTERISTIQUES DE L'HABITAT
Habitat et ancienneté d'installation :
Pour cinq des six quartiers, les baraques sont, dans 9 0 % des cas, la
propriété des habitants. Dans les deux quartiers périphériques de
Meknès, on est presque toujours locataire. Le terrain est, en général,
loué (à l'Etat ou à des propriétaires privés). Dans un seul des 7
quartiers (à Meknès), les habitants sont devenus propriétaires de leur
terrain grâce à un don Royal. La maison habitée actuellement par la
famille interrogée est construite depuis :
moins d'un an
depuis 1 à 5 ans
depuis 5 à 10 ans
depuis 10 à 20 ans
depuis 20 à 3 0 ans
depuis plus de 3 0 ans
3 % (8 % à Salé)
11 % (43 % à Meknès périphérie)
15 %
17 %
46 % (75 à 90 % dans le Bordj de Meknès)
7 %.
La moitié des chefs de famille ont construit eux-mêmes leur maison. A
Salé et dans une partie du Bordj de Meknès, la moitié des habitants ont
racheté leur baraque à de précédents occupants. Les constructions va
rient beaucoup d'un quartier à l'autre : elles vont de la baraque en
bois à la maison de caractère rural en pisé et roseaux, en passant par
des abris construits avec des matériaux de toute sorte (notamment fer
blanc, carton et plastique).
-12-
15 % des baraques ne possèdent qu'une seule pièce,
48 % en ont deux,
25 % ont trois pièces,
12 % ont plus de trois pièces.
Il y a de nombreuses variations, par quartier et à l'intérieur des
quartiers.
Quant à leur superficie, on peut classer les baraques comme suit :
moins de 6 M2
entre 6 et 10 M2
entre 10 et 20 M2
plus de 2 0 M2
Densité de la population :
Nous avons codifié la densité de la population comme suit
5 % (Meknès 4 : 23 %)
10 %
25 %
60 %
moins de 2 M2 par personne
entre 2 et 3 M2 par personne
plus de 3 M2 par personne
51 % (variation de 8 % à 66 %)
27 % (variation de 16 % à 32 %)
22 % (variation de 11 % à 60 %)
Modifications apportées à l'habitat :
S'agissant de modifications apportées à l'habitat au cours des années,
4 6 % des interrogés déclarent l'avoir amélioré qualitativement, 10 %
l'ont agrandi, 4 5 % n'ont rien changé. A noter que dans la plupart des
quartiers de bidonvilles, les règlements d'urbanisme défendent de
toucher à l'aspect extérieur de la.baraque une fois celle-ci construite.
Dans l'un des quartiers enquêtes, une partie des habitants (des maçons)
ont tourné ces règles en construisant à l'intérieur de la baraque un
bâtiment en dur.
Choix de la ville et du quartier :
Les facteurs qui ont joué un rôle dans le choix de la ville sont, par
ordre de fréquence : un travail en vue, la famille déjà installée,
l'espoir d'ëmigrer à partir de là sur l'étranger (Casablanca). C'est
en général la ville la plus proche qui est choisie : 66 % des ruraux
entretiennent encore des liens avec leurs parents proches (56 %) ou
éloignés (10 %) à la campagne.
Quant au choix du quartier, c'est en premier lieu la présence de la
famille, ensuite la disponibilité d'un terrain ou d 'une baraque, enfin la
proximité du travail (carrière, usine, jardins potagers...) qui détermi
nent le choix.
-13-
Cohésion du quartier et satisfaction :
A la question "que pensent les gens ici de leur quartier ?" nous avons
enregistré les réponses suivantes ; selon les quartiers, les gens sont:
0 à 30 %
0 à 40 %
10 à 50 %
21 à 87 %
0 à 34 %
- tres contents
- assez contents
- assez mécontents
- très mécontents
- ne savent pas
Les habitants de Salé se disent les plus mécontents de leur lieu d'ha
bitation, ceux de Casa sont les plus satisfaits. La satisfaction ou la
non-satisfaction du quartier semble liée à des facteurs divers : le fait
d'y avoir beaucoup de connaissances ou de la famille apparaît plus im
portant que l'existence d'un équipement collectif.
Grâce au dépouillement des réponses par l'ordinateur, nous avons pu
pousser plus loin l'analyse dans ce domaine, notamment sous ses aspects
psycho-sociologiques. Ceux-ci seront traités plus en détail dans le
chapitre suivant.
L'hétérogénéité des quartiers est très variable, tant pour ce qui
concerne la provenance rurale ou urbaine que les régions d'origine. Un
tiers de tous les chefs de famille interrogés déclarent ne connaître
que quelques personnes de leur entourage (variation de 8 % à 60 % selon
les quartiers). Par contre, 25 % de l'ensemble de l'échantillon con
naissent "tout le monde ou presque". Un autre tiers a dans le bidon
ville "beaucoup d'amis et de connaissances".
Quant aux occasions de se réunir ou d ' agir en commun, celles-ci semblent
dans l'ensemble peu fréquentes. On mentionne toutefois les circonstan
ces suivantes : les fêtes, les incendies, le ramassage des ordures, la
construction d'une mosquée, une pétition pour l'établissement d'une
fontaine.
Se dit-on éventuellement prêt à travailler ensemble pour reconstruire
ou bien améliorer les habitations, par exemple ?
- Non, déclarent 47 % des chefs de famille : "les gens sont trop
individualistes ; ici, c'est chacun pour soi".
- "Oui, mais cela ne vaut que pour une minorité de personnes dé
vouées", affirme un quart de l'échantillon.
- Oui, certainement, disent 3 0 %, "à condition qu'il y ait des
moyens et un encadrement technique".
A cet égard, le plus sceptique des quartiers est celui du Bordj de
-14-
Meknès ; le plus optimiste est à Casablanca.
Aspirations des habitants :
Quelles actions en commun propose-t-on ?
. Tout raser et reconstruire (à Salé et dans deux quartiers du Bordj) ;
. Améliorer l'habitat (les deux quartiers périphériques de Meknès, et
Casablanca) ;
. Améliorer l'équipement collectif (un autre quartier du Bordj).
Un certain nombre de personnes avancent des propositions précises : la
construction d'un four, d'égouts, etc.
En ce qui concerne les projets individuels à court ou moyen terme :
- 60 % des interrogés souhaitent améliorer les conditions de l'ha
bitat ;
- 32 % espèrent avant tout trouver du travail ou changer d'emploi ;
- 25 % aspirent en priorité à donner de l'instruction à leurs
enfants ;
- 20 % misent sur un relogement ;
6 % comptent émigrer à 1'étranger ;
- 20 % enfin, n'ont aucun projet et pensent que rien ne changera
pour eux.
Attitude vis-à-vis des autorités locales :
Il n'est pas sans intérêt de noter que 26 % estiment qu'il appartient
aux autorités locales de les aider à améliorer le quartier ou à le re
construire, tandis que 32 % émettent un avis dubitatif et que 15 %
estiment que non. Est également évoquée l'opportunité d'un appui en
matière de lutte contre l'incendie, d'accomplissement des formalités
administratives, etc.
Accepte-t-on éventuellement de déménager ?
- 21 % s'y opposent, préférant rester sur place ;
- 30 % envisagent favorablement de partir, fût-ce au prix du ver
sement d'un loyer une fois relogés. Parmi ces derniers, la moitié
déclare être prêts à verser pour cela 100 DH par mois, et une
minorité jusqu'à 200 DH par mois.
Dans l'ensemble de l'échantillon, près d'un tiers accepterait de re
tourner à la campagne, à condition d'y trouver un logementet un travail
garanti (à Salé, 70 % sont de cette opinion).
-15-
CHAPITRE III
DESCRIPTION DES QUARTIERS
I. CASABLANCA
A Casablanca, le Douar Bouih est un bidonville situé dans le quartier
de Ain Sebaa, à la sortie de Casablanca dans la direction de Rabat, à
proximité d'une zone industrielle.
Nombre de baraques : 650.
Nombre d'habitants : 3260.
Statut foncier : Le terrain appartient à un propriétaire privé.
Ancienneté du Douar : une trentaine d'années.
Equipement collectif : 1 fontaine, 1 four, 1 mosquée (baraque transfor
mée par les habitants eux-mêmes), 1 école (de l'autre côté d'une route
à grande circulation). Absence d'égouts, d'électricité, de bain public,
etc.
Particularités : Le quartier a été construit à partir de 1940. Puis
transféré dans son ensemble à environ 10 km sur un terrain appartenant
à un propriétaire privé.
Construction des baraques : A l'origine (et selon les lois de l'urba
nisme local) en matériaux provisoires (bois, fer blanc, carton). Une
partie des baraques (à l'intérieur, non visible) a ensuite été recons
truite en dur (ciment, briques).
Les parcelles sont relativement grandes et les baraques ont davantage
de pièces que dans les autres bidonvilles étudiés.
Provenance de la population :
- 21 % des familles sont nées à Casablanca même ou sont originaires
de sa banlieue (10 %) ;
- 28 % sont venues d'une région relativement proche : la Chaouia
(20 % des environs de Settat) ;
- 19 % viennent de la côte méridionale : les Doukkala (Safi, El
Jadida, Essaouira) ;
- 16 % sont originaires du Sud (Marrakech, Ouarzazate) ;
-16-
6 % sont originaires de la région du Souss ;
5 % ont émigré du Tadla (Oued Zem, Béni Mellal) ;
5 % sont venus du Zemmour (Khemisset).
Durée d'habitation dans le quartier :
- 15 % ont toujours habité le bidonville ;
- 58 % s'y trouvent depuis plus de 10 ans ;
- 20 % depuis 6 à 10 ans ;
5 % depuis moins de 6 ans ;
2 % sont arrivés récemment.
Ainsi, 73 % des chefs de famille interrogés vivent à Casablanca depuis
leur enfance (35 %) ou leur adolescence (38 % ) . Aucun n'y est arrivé
après l'âge de 50 ans.
Activités professionnelles :
La moitié des habitants déclarent avoir un travail régulier (51 % ) . Un
quart ont une occupation à temps partiel ou saisonnière. 8 % n'ont du
travail que de temps à autre. 16 % se déclarent sans travail.
Par rapport aux autres quartiers enquêtes, on trouve dans ce douar un
nombre relativement élevé de commerçants (24 %) et d'ouvriers travail
lant dans le secteur moderne (industrie ou bâtiment : 37 % ) . 8 % conti
nuent à exercer leur ancien métier (élevage, agriculture ou horticul
ture) .
On compte relativement peu d'artisans ou de "petits métiers" (15 % ) .
Objectivité des réponses :
Ce quartier est le seul où les autorités locales aient pris contact
avec la population et annoncé l'enquête avant les équipes mêmes. Il
semble qu'une certaine appréhension d'être "chassés" ou "relogés ail
leurs" en ait résulté ; elle s'est traduite, notamment, par un souci
assez général de cacher les biens (tels que transistor, argenterie,
etc.).
Niveaux de vie :
Il est significatif qu'en dépit de cette appréhension, les revenus dé
clarés ont été ici plus élevés que dans les autres quartiers enquêtes.
De même, on doit noter que les baraques y sont relativement plus con
fortables (28 % sont classées comme ayant un équipement équivalent au
"strict minimum", contre 46 % pour l'ensemble de l'échantillon).
La majorité des interrogés déclarent préférer rester sur place que
d'être relogés. Quant à un relogement éventuel, une condition est sou
vent exprimée : celle de "rester ensemble".
Le quartier se présente en somme comme un petit quartier, déjà ancien,
-17-
assez soudé, où les habitants se connaissent bien et d'où ils n'ont pas
envie de "bouger", nonobstant le fait que l'équipement collectif y est
très sommaire et que les moyens, dans l'ensemble, favoriseraient une
installation meilleure.
II. SALE
Douar Draou. Il s'agit là de l'un des trois grands bidonvilles de Salé
récemment entouré de quartiers neufs.
Nombre de baraques : 1431.
Nombre d'habitants : 9445.
Statut foncier : Le terrain du douar Draou appartient aux Habous.
Ancienneté : L'extension du quartier est relativement: récente (la majo
rité des baraques y ont été construites après 1965).
Equipement collectif : 1 fontaine, 1 école, 1 bain public (en dehors
du quartier), 1 marché (dans le douar voisin). Absence d'égouts, d'é
lectricité, de four, de mosquée...
Particularités : Le bidonville le plus grand et le plus misérable de
l'échantillon. Une usine de tapis est à proximité ; beaucoup de jeunes
enfants du quartier y travaillent.
Construction des baraques : Le matériau est hétéroclite. Dominent le
fer blanc (bidons) et le carton. Les baraques sont plus pauvres et plus
petites que dans les autres quartiers. A noter que la majorité d'entre
elles sont construites sur le modèle de petites fermes (une "zériba"
entoure la parcelle).
Provenance de la population :
- 13 % seulement des habitants sont nés à Salé même (ou à Rabat,
ville contiguë) ;
- 37 % viennent du Gharb (relativement proche de Salé) ;
- 18 % du Sud (province de Marrakech) ;
- 10 % sont originaires de la Chaouia (Tiflet) ;
- 8 % ont émigré du Tadla ;
5 % du Nord (Têtouan, El Houceima) ;
3 % du Moyen Atlas (Fès, Azrou) ;
6 % de la région des Doukkala.
Durée d'habitation dans le quartier :
Aucun chef de famille n'est né dans le quartier même ;
-18-
- 14 % sont ici depuis plus de 10 ans ;
- 28 % depuis 6 à 10 ans ;
- 20 % depuis 1 à 5 ans ;
- 38 % sont arrivés depuis moins d'un an.
4% seulement de l'ensemble des chefs de famille interrogés sont natifs
de Salé.
Une minorité de 8 % est arrivée à Salé à l'âge d'enfant.
21 % y sont venus comme adolescents.
En majorité, les chefs de famille sont arrivés adultes (67 %) dont 26 %
entre 20 et 30 ans, 34 % entre 30 et 50 ans et 7 % à plus de 50 ans.
Activités professionnelles et niveau de vie :
Pas plus d'un quart des chefs de famille de ce quartier dispose d'un
travail régulier. 12 % ont un travail à temps partiel ou saisonnier.
Les autres 64 % sont plus ou moins chômeurs. 6 % seulement parmi ceux -
qui travaillent exercent un métier demandant une certaine qualification
(contre 23 % à Casablanca et 18 % pour l'ensemble de l'échantillon).
On relève un nombre relativement important de commerçants dans le quar
tier (22 %) ; il s'agit principalement de petits marchands de légumes
et autres.
21 % exercent dans le secteur moderne (à Rabat surtout) ;
9 % s'occupent de jardinage ou d'élevage ;
30 % gagnent un peu d'argent grâce à une activité artisanale modeste
(poterie, tissage, réparations, etc.) ;
16 % se déclarent résolument sans travail.
Le revenu moyen dans ce quartier est le plus faible de l'échantillon.
A Salé, les familles sont plus petites qu'ailleurs : 70 % ont entre 1
et 4 enfants. Mais le nombre de personnes par baraque y est important
(famille extensive). Les enfants sont moins scolarisés qu'ailleurs
("On n'a pas d'argent pour les envoyer à l'école"). En réalité, beaucoup
de familles les envoient travailler à l'usine de tapis.
Les liens conservés avec la région d'origine sont assez étroits : 65 %
ont encore des parents proches à la campagne ; la moitié d'entre eux
disent entretenir ces liens. Toutefois, si l'on ne retourne pas voir
ses parents à la campagne, c'est, dit-on, par manque de moyens. La ma
jorité des familles n'exclut pas le retour au village d'origine (36 %
seulement répondent qu'ils n'y retourneront jamais, contre 60 % pour
l'ensemble de l'échantillon).
Ceci étant, la cohésion du quartier semble faible - les gens ne connais
sent que leurs voisins les plus proches et n'ont pas de famille ailleurs
-20-
en ville. On ne semble pas enclin non plus à travailler ensemble.
Aucun des interrogés ne pense que les habitants sont satisfaits du
quartier ; 87 % estiment qu'ils y sont même "très mécontents". Seule
ment 4 % préféreraient malgré tout rester sur place ; tous les autres
- soit 96 % - souhaitent être relogés. "Il vaut mieux raser et tout
reconstruire", disent 71 % des familles.
Le Douar Draou, dont le noyau est déjà assez ancien, s'est rapidement
développé au cours des dix dernières années. Il abrite une population
récente et très hétérogène. Des ruraux en majorité, mais aussi des ci
tadins venus d'autres quartiers. Comme les autres bidonvilles de Salé,
ce douar est une cité-dortoir pour la ville de Rabat. Le quartier est
le plus pauvre de l'échantillon : le nombre de chômeurs y est impor
tant. C'est le prototype d'un bidonville "classique".
III. MEKNES
A Meknès, cinq quartiers insalubres ont été touchés par l'enquête, 3
d'entre eux font partie de la cité "Bordj Moulay Omar" (1), 2 sont si
tués à la périphérie de la ville (2).
Ces deux quartiers périphériques, à tous égards très semblables, ont
été pris ensemble pour les besoins de taille de l'échantillon. Les ré
sultats les concernant sont cités dans ce rapport sous l'indication de
Meknès 4 (M4).
Provenance des populations pour l'ensemble des cinq quartiers :
31 % sont nés à Meknès même ;
11 % sont nés dans les alentours immédiats ;
21 % viennent du Moyen Atlas (dont 16 % de la région de Fès) ;
20 % sont originaires du Gharb (Had Kourt, Kénitra, Sidi Kacem,
etc.) ;
6 % sont de la Chaouia (Tiflet, Khémisset) ;
(1) Derb Haj Aoua : 353 baraques, 1860 personnes ; Derb Moustachfa : 322 baraques, 1670 personnes ; Derb Hamadia :
(2) Ain Mezâa : 685 baraques, 3166 personnes ; Caïd eyyed du quartier La Toughane : baraques, personnes.
-21-
5 % viennent du Sud (Erfoud, Rissani, Marrakech) ;
3 % ont émigré du Rif (Chauen, Tetouan, Nador) ;
2 % du Tadla (Béni Mellal, Oued Zem) ;
1 % des Doukkala.
Temps d'habitation dans le quartier :
31 % sont nés sur place ;
10 % sont arrivés à l'âge d'enfant ;
20 % à l'âge d'adolescent ;
18 % sont arrivés entre 20 et 30 ans ;
19 % entre 30 et 50 ans ;
3 % après 50 ans.
Il s'agit donc, pour Meknès dans son ensemble, d'une population rela
tivement ancienne. Mais en comparant les 5 quartiers, des différences
frappantes apparaissent. Dans 2 des trois quartiers du Bordj, la moitié
des personnes interrogées sont nées en ville, tandis que pour les deux
quartiers périphériques (M4), le pourcentage tombe à 20 %.
a) - Les trois quartiers du Bordj (Ml, M2 et M3)
Les trois quartiers du Bordj ont beaucoup de traits communs :
- l¿ancienneté_des_guartiers_et>_des_baragues : 85 à 95 % des abris
ont 20 à 30 ans d'âge. A M3, 13 % des baraques ont même plus de
30 ans. Pratiquement rien n'a été construit depuis 6 ans ;
- l§_taille_des_quartiers (entre 150 et 350 baraques) ;
- le_nombre_d¿habitants_par_barague : la densité de la population
y est plus grande que dans les autres quartiers de l'échantillon;
- le_tYpe_de_çgnstruction est identique : des compositions de pisé,
de bois, de roseau, de fer blanc et de plastique ;
~ i§§_5?§i§2D2_§22£_ia-E£2E£ii£l-^ë_i§i?£Ë_2££uE§n£§ pour 95 %, mais
ont été souvent rachetées à de précédents propriétaires ; on ne
connaît pas les constructeurs ;
~ ul2iîiE§îiiiDt_çolleçtif de ces quartiers est relativement supé
rieur à celui des autres bidonvilles enquêtes ;
~ il2Ei2iD§_^§_ia_E2EHi§£i2G e s t e n majorité citadine ; quant aux
anciens ruraux, ils semblent n'avoir que des liens distendus avec
leur village d'origine ;
~ §ur_le_Elan_p^ofessionnel, la répartition par groupes profession
nels y est à peu de chose près la même ; on y dispose plus souvent
d'un travail régulier qu'ailleurs ;
-22-
- l§_taux_de_sçolarisation, enfin, y est plus élevé que dans les
autres quartiers étudiés, notamment au niveau de l'enseignement
secondaire et professionnel (à M2, 34 % des familles envoient
des enfants au lycée, 4 % à l'université).
En revanche, ces trois quartiers du Bordj s'opposent nettement sur
d'autres plans, notamment en ce qui concerne :
- l'apport de l'extérieur au quartier ;
- les raisons du choix du quartier ;
- la taille des familles ;
- le pourcentage de chefs de famille "actifs" ;
- le pourcentage de qualifiés ;
- le revenu et le niveau de vie des habitants ;
- la satisfaction relative du quartier.
Meknës 1
Meknès 1 a reçu beaucoup d'habitants en provenance d'autres bidonvilles
mais presque personne de la Médina.
Ceux venus de l'extérieur ont choisi le quartier principalement parce
qu'ils avaient déjà de la famille sur place.
Mais, contrairement à ce qu'on pourrait supposer, les familles y sont
plutôt nucléaires ou plus petites que partout ailleurs (41% comprennent
moins de 5 personnes ; 71% des familles ont moins de 4 enfants).
Autre caractéristique du quartier, près d'un tiers des chefs de famille
ne travaillent pas (femmes, invalides, retraités) contre respectivement
5 % et 12 % pour les deux autres quartiers du Bordj.
Bien que le revenu moyen ne diffère pratiquement pas de la moyenne, le
quartier est d'apparence plus pauvre que les deux autres : 53 % des
baraques y sont équipées d'un strict minimum, seulement 8 % sont clas
sées comme "assez confortables" (contre 20 % dans les deux autres
quartiers) .
Tout le monde dans ce quartier se connaît plus ou moins (86 % ) . Toute
fois peu d'actions ont été entreprises en commun (on ne mentionne que
des "corvées") et les chefs de famille sont très pessimistes en ce qui
concerne les possibilités d'un travail collectif. 54 % déclarent qu'on
n'est certainement pas prêts à travailler ensemble et y ajoutent : "ici
c'est chacun pour soi".
En revanche, ils pensent que les autorités locales pourraient intervenir
-23-
utilement (86 %) et cela, surtout pour des actions de relogement (men
tionnées par 50 %) ou de reconstruction de baraques (42 %) . A part
l'amélioration du logement, ils expriment peu d'aspirations. 46 % ac
cepteraient, si le travail et le logement étaient offerts, de se reloger
dans un village ou à la campagne.
Meknës 2
Ce quartier du Bordj a reçu un quart de ses familles de la Médina et
environ autant d'autres bidonvilles.
Les habitants ont choisi M2 en raison de la proximité du lieu de tra
vail, plutôt que de la présence familiale.
La grande majorité des chefs de famille y travaille comme manoeuvre
(77 %) et seulement 13 % ont un emploi demandant une certaine qualifi
cation.
Malgré l'ancienneté du quartier même, 21 % des habitants y sont arrivés
depuis moins de 5 ans. Les gens s'y connaissent apparemment moins bien
que dans les deux autres quartiers du Bordj et ils ne font état que de
peu de connaissances ailleurs en ville (20 % seulement). Néanmoins, on
y mentionne des actions en groupe (par 52 %) pour les fêtes et l'en
traide, et on se déclare prêt à travailler de nouveau ensemble (42 %
"certainement").
On y est aussi optimiste pour ce que pourrait être l'aide des autorités
locales : "Ils pourraient nous aider à améliorer nos baraques et surtout
l'équipement collectif, en nous fournissant un encadrement technique
et du matériau" (42 %) "en nous fournissant du travail" (41 %) "en nous
apprenant des techniques du bâtiment" (7 % ) .
Les habitants semblent assez satisfaits de leur quartier (48% se disent
assez contents ou même très contents). Un pourcentage important (45 %)
préféreraient rester sur place plutôt que d'être relogés ailleurs.
Meknès 3
Meknès 3, le plus ancien des trois quartiers du Bordj, a surtout reçu
un apport direct de la campagne. Ces ruraux avaient souvent déjà de la
famille dans le quartier.
Les familles y sont plus importantes qu'ailleurs : 27 % comportent plus
de 8 personnes, 43 % ont plus de 5 enfants et 14 % même plus de 8 en
fants .
-24-
Les conditions de logement y sont plus défavorables encore que dans Ml
et M2 ; la densité de la population y est la plus élevée de tout l'é
chantillon - 66 % y disposent de moins de 2M2 par personne, 79 % des
familles vivent dans 1 ou 2 pièces. L'équipement des baraques est, en
revanche, légèrement meilleur.
Le revenu moyen est un peu plus élevé que dans les deux autres quartiers ;
le pourcentage de chefs de famille disposant d'un travail de "qualifié"
y est le plus élevé de tout l'échantillon : 45 % contre une moyenne de
20 % ailleurs.
A M3 comme à Ml, tout le monde se connaît et compte beaucoup d'amis et
de connaissances. Mais moins encore que dans Ml il n'est fait référence
à des actions communes. Cependant, les chefs de famille sont plutôt
optimistes quant à la possibilité d'un travail collectif (61 % oui).
On n'écarte pas l'hypothèse de tout raser et de reconstruire (48 %) ou
à tout le moins d'améliorer l'habitat (47 % ) .
Pour ce qui est de l'aide éventuelle des autorités locales, on est
moins convaincu qu'à Ml et M2 de sa probabilité.
-25-
Ceux qui sont venus de la campagne semblent souvent regretter le passé
- 42 % d'entre eux pensent que la vie était meilleure avant. Il est à
noter à cet égard qu'on a moins souvent changé ses habitudes qu'ailleurs .
Dans l'ensemble, les habitants sont assez mécontents de leur quartier
et surtout de leur logement ("où on manque surtout de la place"). Si
l'on espère certes améliorer les conditions d'habitat (75 %) ou être
relogé ailleurs en ville (12 % ) , on ne souhaiterait pas pour autant
déménager à la campagne, même si l'on y trouvait logement et travail
(91 % "jamais"). Mieux vaut encore rester sur place (20 % ) .
b) - Meknës 4 (2 quartiers périphériques de Meknës)
Nombre de baraques :
Nombre d'habitants :
Statut foncier : propriété privée (les habitants louent leur parcelle
et souvent leur baraque aux propriétaires).
Ancienneté du quartier : moins de 10 ans.
Equipement collectif : inexistant.
L'un des deux douars dispose d'une école à quelque distance.
Construction des baraques :
Ces deux douars, de construction récente (43 % des baraques ont moins
de 6 ans), ont gardé un aspect rural. Les baraques y sont construites
le plus souvent en terre battue (pisé) et roseaux. Les toits sont en
général de fer blanc. On a fait moins souvent usage du carton ou du
bois. Les baraques sont en général spacieuses : 35 % possèdent plus de
3 pièces.
Durée d'habitation dans le quartier :
Bien que d'aspect rural, ces deux quartiers périphériques ont reçu un
apport relativement important de populations venues de la Médina de
Meknès (22 %) ou d'un autre bidonville (58 % ) .
De construction récente, ces quartiers disposent d'un noyau déjà ancien :
20 % des chefs de famille y sont nés,
23 % y habitent depuis plus de 10 ans,
35 % y sont depuis 6 à 10 ans,
10 % s'y trouvent depuis 1 à 6 ans,
12 % viennent d'y arriver.
4 5 % des chefs de famille sont d'origine citadine.
-26-
Activités professionnelles et niveau de vie :
Les artisans sont ici bien représentés (45 %) . Par ailleurs, beaucoup
d'habitants, hommes et femmes, cultivent des potagers (35 % des chefs
de famille).
On compte par ailleurs 18 % de commerçants (= moyenne de 1'échantillon) .
En revanche, le secteur moderne est pratiquement absent (2 %) .
Le revenu moyen y est le plus bas de tous les quartiers enquêtes ; la
grande majorité (83 %) y dispose de moins de 300 DH par mois. Mais
ceux dont le secteur agricole constitue l'occupation reçoivent une
partie de la récolte et on dépense beaucoup moins pour la nourriture
que dans d'autres quartiers. Le nombre des travailleurs saisonniers
est important. Beaucoup de familles font aussi un peu d'élevage (chè
vres, moutons, poules, lapins).
Le niveau de vie semble moins misérable que celui du bidonville de
Salé.
Taille des familles :
Le nombre de personnes par famille est, avec M3, ici le plus élevé de
l'échantillon - les familles sont souvent extensives, mais le nombre
d'enfants par famille est aussi assez important.
Les enfants y sont moins scolarisés qu'ailleurs. Raisons indiquées :
l'êloignement de l'école (12 % ) , le manque d'argent (18 % ) . Leur sco
larisation ne dépasse pas le niveau du primaire.
Enfin, le nombre de femmes chefs de famille est beaucoup plus bas (10%)
dans ce quartier qu'ailleurs, probablement grâce à l'existence plus
répandue de familles extensives.
Les liens avec le village d'origine, pour la population d'origine ru
rale, sont bien entretenus (visites familiales, ravitaillement, travail
saisonnier). Seulement un quart déclare ne plus avoir de relations avec
le milieu d'origine (contre 3 6 % pour l'ensemble des ruraux de l'échan
tillon) . En revanche, ces anciens ruraux envisagent peu souvent un
retour définitif à la campagne (62 % "jamais").
Cohésion du quartier : Tout le monde se connaît (78 %) ; mais on n'a
que rarement entrepris des actions en commun (seulement 13 % en men
tionnent) . On n'en semble pas moins bien disposé à travailler en groupe
notamment pour améliorer l'habitat et l'équipement collectif.
Les habitants de M4 sont assez mécontents (40 % ) , voire très mécontents
(45 %) de leur quartier. Ils se plaignent de leur isolement, de l'in
sécurité des lieux, de l'êloignement du centre ville, plutôt que de
l'habitat même. Ils souhaiteraient vivement être relogés en ville ;
-27-
seulement 10 % préféreraient rester sur place. Ce quartier,à cet égard,
rejoint le bidonville de Salé plutôt que les autres quartiers deMeknès.
CONCLUSION
L'étude de ces sept cas de bidonvilles aux caractères tout à la fois
semblables et divergents, illustre la complexité des problèmes relatifs
à l'habitat dans les quartiers insalubres.
Pour résumer leurs traits communs, il n'est mieux que de rappeler les
critères d'"authentique bidonville" appliqués par Mohamed Naciri dans
son étude consacrée aux quartiers périphériques de Salé (1) :
- l'hétérogénéité ethnique des populations ;
- la faible importance des ressources agricoles par rapport aux
autres activités professionnelles que l'on peut nommer "citadi
nes" (artisanat, commerce...) ;
- l'influence de l'environnement urbain et la relation parasite à
l'économie urbaine.
On pourrait sans doute ajouter à ces caractéristiques essentielles :
- densité de population par équipement collectif.
Des sept quartiers étudiés, deux (M4) seulement apparaissent quelque
peu marginaux à cette définition. Malgré l'hétérogénéité certaine des
habitants, liée en partie à l'apport substantiel de familles citadines,
la population de M4 présente les traits dominants d'une société rurale
(familles extensives, communauté de tribu des époux, large aspiration
à quitter leur quartier, qui rejoignent les motivations ordinaires de
1'exode rural).
Ainsi, dans ces deux quartiers est-on plutôt en présence de l'urbani
sation d'un ancien noyau par de nouveaux venus de la ville, que de
l'urbanisation de ruraux s'intégrant dans un centre urbain. Au reste,
les 7 quartiers étudiés comportent entre eux beaucoup d'autres varia
tions. De nombreux facteurs de différenciation interviennent et il
n'est pas aisé de comparer entre eux ces sortes de mosaïques qui cons-
(1) M. Naciri : Quelques exemples d'évolution de douars à la périphérie urbaine de Salé. Revue de Géographie du Maroc, n°8, 1965.
-28-
tituent dans la réalité de véritables "tissus vivants". Une analyse
factorielle poussée pourrait seule conduire à des conclusions plus pré
cises (par exemple sur la dimension "satisfaction ou mécontentement").
Il se dégage cependant des informations collectées au cours de cette
enquête quelques indications qualitativement non négligeables :
a) . Le degré de satisfaction du quartier est directement fonction de
la qualité de vie des familles (tant en ce qui concerne leur loge
ment que leur équation professionnelle: travail, revenu, équipement).
b) . Une tendance à la stabilisation, l'existence au sein de la popu
lation d'un noyau solide (mais sans qu'il soit trop dominant) sont
à la fois cause et effet de ce qu'on se plaît dans ce quartier.
Autres facteurs favorisants: la proximité de l'emploi (plus que
l'âge moyen des familles à leur arrivée en ville).
c) . En revanche, l'apport en provenance d'autres bidonvilles, surtout
s'il est massif, se révèle défavorable (S, Ml, M2). Mais l'origine
rurale des nouveaux habitants n'intervient apparemment pas négati
vement .
d) . Quant à l'équipement collectif du quartier, son rôle paraît
important, en complémentarité avec la qualité du logement individuel ;
il peut même devenir, selon les familles, motif de déménagement ou
d'implantation. A cet égard, il est à noter que la population des
quartiers "mal aimés" réclame en priorité des égouts, de l'eau po
table et, d'une manière générale, le confort. Tandis que dans les
quartiers "mieux appréciés", c'est l'absence de bain public, ou
d'école, ou de commerce, qui est signalée (bien que l'infrastructure
fasse ici tout autant défaut) . On peut supposer que le relatif confort
individuel, la "chaleur humaine" ambiante, compensent apparemment
les besoins plus élémentaires (d'égouts, d'eau potable...). Les
liens personnels, la durée du séjour effectué dans le quartier
jouent un rôle important dans le désir de rester sur place. Par
contre, ils ne semblent pas déterminants dans l'expression d'une
satisfaction globale, ni dans la prise de conscience collective du
quartier (actions communes).
-29-
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On doit noter cependant que la population qui se plaît relativement
mieux dans son quartier est aussi plus optimiste quant aux éventuel
les possibilités de travail en commun (C, M2).
Enfin, il est probable que l'absence de liens étendus ou de vieille
date soit plutôt un facteur favorable pour l'animation d'un quartier
en vue d'une action collective (attitude plus favorable envers les
autorités locales, par exemple).
Il existe, enfin, un autre facteur susceptible d'influencer de
façon sensible le degré d'insatisfaction : il s'agit de l'inégalité
entre habitants d'un même quartier. Mais l'enquête ne nous a pas
permis de disposer de données suffisamment précises à ce sujet.
-30-
CHAPITRE IV
ANALYSE DES GROUPES DE POPULATION
A la suite de la description de chacun des quartiers enquêtes, il a semblé
utile d'étudier en détail chacune de leurs principales composantes, en
distinguant :
- population d'origine,
- familles venues des médinas,
- transferts des quartiers modernes,
- familles venues d'autres bidonvilles.
Pour l'ensemble de l'échantillon, il sera procédé ensuite à la compa
raison entre :
- chefs de famille d'origine rurale,
- chefs de famille nés et élevés en milieu urbain.
Pour compléter cette analyse, un développement particulier sera réservé
à la situation des femmes chefs de famille, ainsi qu'à celle des enfants
des quartiers insalubres.
1. POPULATION D'ORIGINE
Dans la plupart des quartiers enquêtes, un noyau plus ou moins impor
tant de la population y habite depuis la naissance ou la petite enfance.
Cette fraction semble légèrement favorisée par rapport aux autres
habitants, aussi bien en ce qui concerne l'emploi que le logement.
Ces "anciens du quartier" disposent plus souvent d'un travail régulier
et même d'un emploi qualifié (30 %) ; 38 % d'entre eux sont engagés
dans le secteur moderne. Leur revenu familial est plus élevé que celui
d'autres groupes d'habitants.
Pratiquement aucun de ces chefs de famille ne travaille dans l'agri
culture.
-31-
En revanche, le pourcentage de personnes se déclarant dans ce groupe
en chômage est, à peu de choses près, le même que pour le reste des
habitants.
Quant à leurs conditions de logement, bien que ces originaires du quar
tier occupent plutôt des baraques anciennes, celles-ci sont mieux cons
truites, plus spacieuses et surtout mieux équipées que celles des autres
habitants (1). Ajoutons à cela leur intégration parfaite dans le quar
tier ; il est, dès lors, compréhensible que les anciens expriment
assez souvent le désir de rester sur place plutôt que de déménager
pour trouver un meilleur confort. - 34 % d'entre eux préfèrent rester
dans le quartier. Ils y connaissent tout le monde, y ont beaucoup
d'amis et de la famille.
Ils ont aussi plus fréquemment que les autres habitants du quartier, de
la famille ou des amis ailleurs en ville (30 % d'entre eux).
Un tiers des "anciens" expriment leur satisfaction de vivre dans ce
bidonville (contre 10 % de ceux qui sont venus de l'extérieur). Ils
pensent que les gens sont prêts à travailler ensemble et que les auto
rités locales pourraient les aider à améliorer leur habitat ou l'équi
pement collectif du quartier (82 % contre 57 % pour l'ensemble des
interrogés).
2. LES FAMILLES VENUES DE LA MEDINA
Ce groupe qui représente 14 % de l'ensemble de l'échantillon, mais
atteint 25 % dans certains quartiers, est composé en majorité d'arti
sans (60 %) et d'ouvriers du secteur moderne (27 % ) . On y trouve peu
de commerçants et pas d'agriculteurs. Le pourcentage de qualifiés ou
de mi-qualifiés est plus élevé dans ce groupe.
La majorité des chefs de famille disposent d'un travail, mais souvent
à temps partiel. Il y a peu de chômeurs (8 % ) . Les jeunes chefs de
(1) 41 % des "grandes" baraques de plus de 3 pièces sont occupées par ces habitants anciens contre 19 % pour les autres groupes.
-32-
famille (de moins de 26 ans) sont plus nombreux parmi ces anciens de
la Médina. Les familles ont relativement moins d'enfants (72 % de 1 à
4 enfants).
Enfin, leurs baraques sont en général mieux équipées que celles des
autres groupes d'habitants : 20 % sont classées comme "assez confor
tables" (contre 14 % en moyenne), 40 % comme "modestes".
Bien que certaines de ces familles soient arrivées dans les bidonvil
les il y a déjà plus de 10 ans, leur flux a augmenté depuis 5 ans. Le
déclin du secteur artisanal d'une part, et la crise du logement dans
les médinas d'autre part, semblent être à l'origine de cet exode des
médinas vers les bidonvilles.
3. LES FAMILLES VENUES D'UN QUARTIER MODERNE
Ce groupe ne représente que 5 % du total des habitants interrogés. Il
constitue un phénomène assez récent (moins de 5 ans), limité à Casa
blanca et à Salé. La moitié de ces chefs de famille sont des artisans,
un quart travaille dans le secteur moderne, et un autre quart est cons
titué de commerçants.
Ils ont tous un travail qualifié ou mi-qualifié. Il n'y a pas de
chômeurs parmi eux, mais pas davantage de travailleurs réguliers.
Installées depuis peu de temps, leurs baraques sont équipées de façon
modeste.
Leur âge est réparti entre 26 et 45 ans ; ils ont plutôt des familles
nombreuses de 6 ou 7 enfants. Ces derniers sont tous scolarisés.
Il s'agit apparemment de familles citadines qui, aspirant à un niveau
de vie plus élevé, n'ont pu maintenir celui-ci par suite, notamment,
de l'augmentation du nombre d'enfants.
4. LES FAMILLES VENUES D'AUTRES BIDONVILLES
Ce groupe représente 41 % de la population totale des quartiers. Il
comprend aussi bien des citadins de toujours que d'anciens ruraux, en
majorité venus en ville depuis plus de 10 ans.
-33-
La répartition d'âge de ces chefs de famille est la même que pour l'en
semble de l'échantillon.
Le pourcentage de chômeurs est élevé dans ce groupe (près de 20 % ) . On
y trouve par ailleurs beaucoup de commerçants et un pourcentage impor
tant de "petits métiers" (1).
Quant à leur logement, il est en général plus mal installé que dans
l'ensemble de l'échantillon, surtout pour ceux qui sont arrivés dans le
quartier récemment. Plus de la moitié des familles sont équipées du
"strict minimum".
Aucune ventilation spéciale n'ayant été réalisée pour ce groupe, il est
difficile de pousser l'analyse plus loin. Toutefois, il ressort des
remarques ou commentaires faits lors de l'interview, qu'il s'agit là
d'un groupe hétérogène composé des éléments suivants :
- familles relogées d'office à l'occasion de la destruction drun
bidonville ;
- familles ayant déménagé dans le quartier en vue d'une amélio
ration de leur habitat (logement ou environnement) ;
- familles obligées d'émigrer de leur ancien domicile vers un
autre quartier pour des raisons personnelles (endettement...).
Pour l'étude de la mobilité des populations des quartiers insalubres,
une ventilation de ce sous-groupe présenterait un intérêt certain.
5. LES "RURAUX"
Grâce à une ventilation spéciale, l'analyse de l'ensemble des chefs de
famille venus de la campagne pour s'implanter en ville, par rapport
aux citadins de la deuxième génération, a fourni des indications inté
ressantes, notamment en ce qui concerne leur intégration graduelle dans
la vie urbaine.
A part ceux qui sont arrivés en ville à l'âge d'enfant, les ruraux
n'ont pas ou n'ont que peu de qualifications.
(1) Réparateurs, porteurs, gardiens, etc.
-34-
La majorité a dû, pour se reconvertir, abandonner l'ancien métier :
- ouvrier agricole ou berger (40 %) ;
- cultivateur ou éleveur (30 %) ;
- artisan ou commerçant (8 %) .
Une minorité de 14 % seulement continue à exercer un emploi dans l'agri
culture ou l'horticulture.
- 47 % ont trouvé une occupation dans les petits métiers artisa
naux de la ville (porteurs, réparateurs en tout genre, gardiens);
- 20 % tiennent un commerce, souvent en produits de la campagne :
lait, légumes, oeufs.
- 19 % ont trouvé un emploi dans l'industrie (agro-alimentaire).
Mobiles d'émigration :
La raison principale de l'exode rural est le manque de travail et de
revenus. La misère sévissant sur place, la dureté de la vie à la cam
pagne, sont en général invoquées, de même que le manque de distractions
et l'absence d'avenir pour les enfants. Enfin, nombre de ces ruraux ont
quitté le village comme adolescents à la mort de leurs parents et ont
été appelés par la famille déjà installée en ville.
Choix de la ville :
La majorité d'entre eux sont allés vers la ville la plus proche, qui
est aussi souvent celle où d'autres membres de la famille ont déjà
émigré. Toutefois, un tiers déclarent être allés là où ils avaient un
travail précis en vue (ouverture d'une usine ou d'un chantier, embau
che dans une carrière). Une petite minorité a fait son choix en fonc
tion de projets plus lointains : émigrer à l'étranger, après s'être
installé provisoirement à Casablanca (Office d'Emigration).
Choix du quartier :
La choix du quartier est déterminé principalement par la présence de
famille ou d'amis (41 % ) , par la disposition d'une baraque ou d'un
terrain (31 % ) , parfois par la proximité du lieu de travail (13 % ) .
Une minorité a trouvé le quartier "par hasard". Cette dernière catégo
rie est d'ailleurs de loin la plus mal installée.
Travail et logement :
Ces ruraux ont-ils trouvé en ville ce qu'ils y cherchaient ? Ont-ils
été déçus par la réalité de leurs conditions en ville ?
-35-
En majorité, les anciens ruraux prétendent avoir trouvé du travail
assez rapidement (67 %) mais 20 % d'entre eux sont restés sans emploi
ou n'en ont trouvé que de temps à autre. Parmi ceux qui sont arrivés
depuis moins de 6 ans, cette proportion est plus élevée (30 % ) .
Toutefois, même sans emploi, "on se débrouille mieux en ville qu'à la
campagne", dit-on. La solidarité familiale joue, et les commerçants
font crédit...
L'isolement de la vie à la campagne semble avoir beaucoup pesé : "ici
on est nombreux, il y a toujours moyen de gagner quelques sous". "Ici
on se débrouille". C'est le mot le plus souvent entendu pendant les
interviews.
Quant au logement, il n'est pas tellement éloigné au point de vue con
fort de celui de leur ancien habitat. Cependant, une nette volonté
d'amélioration progressive de l'habitat se dessine avec le temps. Elle
se résume dans les tableaux suivants :
Qualité de 1'équipement
Strict min.
Modeste
Assez conf.
Nb. de pièces
1 pièce
2 pièces
3 pièces
+ 3 pièces
Espace/H
- 2 M2
2 à 3 M2
+ 3 M2 1
Arrivé en ville depuis :
- 1 an
61 %
23 %
16 %
32 %
51 %
11 %
6 %
58 %
26 %
16 % J
1 à 5 ans
59 %
32 %
9 %
28 %
45 %
21 %
6 %
58 %
20 %
22 %
6 à 10 ans
43 %
43 %
14 %
20 %
42 %
23 %
15 %
47 %
28 %
25 %
+ de 10 ans
38 %
43 %
19 %
8 %
48 %
29 %
15 %
45 %
28 %
27 % j
citadins
43 %
33 %
24 %
12 %
50 %
28 %
10 %
57 %
30 %
13 %
-36-
Une évolution semblable est à constater en ce qui concerne la surface
des parcelles. Il est intéressant de noter que les ruraux installés
depuis plus de 10 ans en ville sont, dans l'ensemble, finalement mieux
logés que les citadins de toujours.
Le nombre de personnes par baraque, contrairement à ce que l'on pour
rait penser, est plus élevé dans le cas des citadins que pour l'ensem
ble du groupe des anciens ruraux :
Ensemble Ensemble ruraux citadins
- 1 à 4 personnes 32 % 24 %
- 5 à 8 personnes 46 % 50 %
- + de 8 personnes 22 % 26 %
On constate enfin, pour l'ensemble des groupes, une corrélation entre
durée d'habitation en ville et modifications apportées à l'habitat.
Ceux qui n'ont rien modifié représentent :
- 63 % pour le groupe installé en ville depuis moins de 6 ans ;
- 56 % pour ceux qui sont en ville depuis 6 à 10 ans ;
- 39 % pour les résidents de plus de 10 ans.
Il est à noter que les ruraux, dans l'ensemble, ont apporté moins de
modifications à leur logement que les citadins. Il est probable que m
leur mobilité plus importante en est la cause et que l'amélioration
des conditions de l'habitat se fait plutôt dans leur cas par change
ment de baraque ou de quartier. A cet égard, il est significatif que
84 % des anciens ruraux se déclarent prêts à déménager ailleurs en
ville pour améliorer leur sort, contre 66 % des citadins.
Mais on note aussi que l'attachement des uns comme des autres au quar
tier et au logement actuel se renforce avec la durée d'habitation en
ville : cette évolution étant sans doute liée à l'amélioration des
conditions de logement et de vie en général.
On constate ainsi une certaine "stabilisation" des familles d'origine
rurale, qui peut s'interpréter comme une forme d'intégration progres
sive dans la vie urbaine.
-37-
Liens avec la campagne :
Un autre signe de cette intégration se traduit par l'évolution des liens
entretenus avec le village d'origine.
La majorité des ruraux ont encore des parents proches à la campagne
(56 %) ; selon les quartiers, ce pourcentage varie de 36 % à Meknès 3,
quartier très urbanisé, à 73 % pour le quartier périphérique de Meknès
(M 4) et 65 % pour les bidonvilles de Salé et de Casa. Une minorité de
7 % seulement des familles interrogées ont des parents financièrement
à charge.
Peu de familles (17 %) entretiennent des liens de façon très régulière.
Beaucoup vont voir leurs parents au moins une fois l'an et envoient
leurs enfants en vacances à la campagne. D'autres y retournent pour y
travailler comme saisonniers. Mais 36 % des anciens ruraux ne retour
nent plus jamais dans le village d'origine.
L'évolution de ces liens à travers les années de séjour en ville est
retracée dans le tableau ci-dessous :
En ville depuis
. - 1 an
. 1 à 5 ans
. 6 à 10 ans
. + de 10 ans
Retournent voir la famille
50 % 48 %
43 %
37 %
S'il y a effectivement lieu de constater un relâchement des liens avec
la campagne d'origine, ce phénomène n'est pas spectaculaire. La rup
ture la plus importante s'effectue, en fait, au début du séjour en
ville. A noter, par ailleurs, que parmi les citadins de souche, 20 %
également entretiennent des relations avec la famille à la campagne.
Regrette-t-on le genre de vie d'avant ? Envisage-t-on parfois un
retour définitif au douar d'origine ?
La majorité (63 %) des ruraux répondent spontanément ¡"non, jamais1
(à la seule exception des habitants du douar Draou à Salé, où 36 %
seulement manifestent cette attitude).
-38-
Une minorité déclare avoir eu la tentation de repartir à la campagne
au début du séjour en ville.
En poussant la discussion plus avant, sur la comparaison entre vie
actuelle et existence antérieure à l'émigration, quelques regrets
s'expriment pourtant :
- la santé était meilleure là-bas (30 % ) ,
- la nourriture était plus saine (13 % ) ,
- le genre de vie était plus agréable (8 % ) ,
- on était mieux logé (6 %) .
En majorité, les habitants interrogés préfèrent cependant la vie
actuelle à celle de la campagne (57 %) :
- la façon de vivre en ville est meilleure (40 % ) ,
- on peut trouver du travail en ville (37 % ) ,
- tout est mieux ici (31 %) .
Les commentaires suivants illustrent cette opinion :
"Quand on n'a pas de terre à soi-même, la vie à la campagne est très
malheureuse",
"Là-bas, on n'arrêtait pas de travailler ; mais on n'avait pas un sou
en poche",
"En ville on apprend des choses",
"Ici on se distrait, on voit des gens, on discute",
"On s'ennuie à la campagne, la vie y est sale et fatiguante".
Ont-ils changé leurs habitudes depuis leur venue en ville ?
"Oui", répondent 44 % de l'ensemble de l'échantillon. Ce sont des ru
raux arrivés depuis relativement peu de «temps qui signalent le plus
souvent (64 %) les changements intervenus dans leur façon de vivre :
L'alimentation : "On ne mange pas les mêmes choses, on mange plus
varié ; là-bas, on ne mangeait que ce qu'on produisait", "Ici on mange
beaucoup de légumes et du poisson, là-bas il n'y avait que des tomates
et des oignons".
La façon de cuisiner : "Ici on utilise le buta-gaz, il faut s'y habi
tuer".
Les manières, le langage : "En ville, les gens sont plus polis", "Ici
on ne parle pas comme chez nous ; on dit "monsieur et madame".
Les relations interfamiliales : "Là-bas, je ne voyais pas les enfants,
je travaillais tout le temps" (une mère de famille). "Ma femme, ici,
a le temps de s'occuper des enfants". "Ici, on vit ensemble, en famil
le". "Au village, nous étions toujours avec les autres, ici je suis
-39-
avec mon mari".
Les mentalités : "On apprend plein de choses en ville". "On change
d'avis sur beaucoup de questions, par exemple sur l'éducation des
enfants"."Au début, je voulais que les enfants travaillent, maintenant
je les envoie à l'école". "Je pensais que l'école était une perte de
temps, j'ai changé d'avis".
En revanche, ce serait une erreur de croire que tout en ville est ob
jet d'admiration pour ces ruraux. On critique, par exemple, la tendance
à tout dépenser et à faire des dettes :
"Ici, les gens veulent acheter tout ce qui est nouveau ; chez nous on
se méfie de tout cela". "En ville, les gens dépensent trop, et quand
ils ont un malheur, ils n'ont plus rien et doivent aller frapper chez
le voisin".
La tendance à l'épargne, chez les ruraux, confirme le vécu de ces cri
tiques : A revenu égal, même très bas, les ruraux mettent plus souvent
un peu d'argent de côté que les citadins (même les plus misérables).
L'argent économisé est destiné, en premier lieu, à faire face aux
maladies et aux accidents, tandis ques les citadins épargnent plutôt
en vue d'effectuer des achats particuliers, prévus à l'avance.
En résumé, il semble que les changements d'habitudes ou d'attitudes
interviennent dès le début du séjour et ne sont pas, ou ne sont que peu
liés à la durée d'habitation en ville.
Dans la mesure où apparaît un changement de mentalité, la famille
d'origine rurale continue à se»distinguer à la fois par un certain
dynamisme et par une prudence et une sagesse qui lui sont propres. Si
les anciens ruraux préfèrent leur vie actuelle, malgré les tares des
bidonvilles, c'est que leur existence à la campagne était encore plus
dure. *
La majorité d'entre eux, et surtout ceux arrivés en ville depuis peu
de temps, ne serait d'ailleurs pas opposée à y retourner à condition
d'y avoir du travail et un logement convenable (60 %) : "Si on a du
travail et un bon revenu, la campagne est meilleure, mais on peut être
heureux n'importe où".
-40-
' 6. LA SITUATION DE LA FEMME CHEF DE FAMILLE
Elles représentent un peu moins de 20 % de l'ensemble de l'échantillon.
Mais dans les deux petits quartiers périphériques de Meknês (M 4), ce
pourcentage ne dépasse pas 10 %.
Elles sont soit divorcées, soit veuves.
L'âge moyen est plus élevé que celui des hommes chefs de famille (seu
lement 11 % ont moins de 35 ans, contre 25 % pour l'ensemble de
l'échantillon).
Elles sont aussi, en général, plus anciennement implantées dans le
quartier : 54 % y habitent depuis plus de 10 ans (moyenne = 38 % ) . Peu
d'entre elles disposent d'un travail régulier à plein temps : 21 %
contre 40 % pour l'échantillon dans son ensemble.
Mais plus nombreuses sont celles exerçant un travail à temps partiel
ou saisonnier (28 % ) . La plupart ont des occupations irrégulières,
dans l'artisanat ou le commerce. Très peu d'entre elles sont employées
dans le secteur moderne (14 % contre 26 % pour l'ensemble de l'échan
tillon) . 32 % ne travaillent pas du tout.
Elles vivent le plus souvent du salaire de leurs enfants, complété par
les maigres ressources du jardinage ou d'élevage de poules. Leur reve
nu, dans l'ensemble, se situe très bas, et l'équipement de leur inté
rieur est en général classé comme misérable (55 %) ; 12 % seulement
d'entre elles semblent assez confortablement installées.
Métiers relevés : lingère, commerçante, domestique, artisan-réparateur,
couturière, chiffonière, ouvrière d'usine, "artiste" (c.a.d. femme
publique), infirmière, aide-infirmière...
Bien que vivant dans des conditions difficiles, elles ne souhaitent
pas, en général, un relogement - elles sont bien intégrées dans leur
quartier où elles connaissent beaucoup de monde. Pour 80 % d'entre
elles, un retour à la campagne n'est pas envisageable. Même pour les
femmes seules, les conditions de vie sont plus acceptables en ville
qu'à la campagne. Elles disent, par exemple :
"On est plus libre ici" ; "On peut sortir seule" ; "On nous contrôle
moins qu'au douar" ; "On se débrouille toujours".
-41-
Et puis, elles ont des enfants : qu'ils travaillent ou qu'ils soient
scolarisés, ils la retiennent, sinon dans le quartier même, du moins
en ville.
7. SITUATION DE L'ENFANT DANS LE BIDONVILLE
La taille des familles :
Le nombre d'enfants par famille semble, dans ces quartiers insalubres,
relativement restreint par rapport aux autres quartiers des villes
enquêtées :
- 65 % des familles ont entre 1 et 4 enfants,
- 28 % entre 5 et 7 enfants,
- 7 % seulement ont 8 enfants ou plus.
Le questionnaire ne comportait pas de questions relatives à l'applica
tion des méthodes de limitation des naissances. Néanmoins, plusieurs
familles ont spontanément indiqué qu'elles évitaient d'avoir trop
d'enfants, en précisant par exemple qu'"on n'a pas les moyens de les
éduquer". En outre, on a pu constater une corrélation entre le nombre
d'enfants et l'équipement du logement : les familles les plus misé
rables ont, dans l'ensemble, moins d'enfants que les autres. D'autre
part, les chefs de famille qui se trouvent, sur le plan profession
nel, dans une situation précaire (saisonniers, ceux travaillant de
temps à autre) ont des familles plus petites que ceux qui disposent
d'un travail, et donc d'un revenu régulier.
Autre corrélation relevée : nombre d'enfants et niveau d'instruction
des parents. Parmi ceux (10 % de l'échantillon) qui ont bénéficié de
quelque instruction (primaire, professionnelle), 80 % ont entre 1 et
4 enfants.
Enfin, s'agissant des groupes professionnels, ceux qui travaillent
dans le secteur moderne (industrie, bâtiment) ont les familles les
plus petites, tandis que ceux qui sont occupés dans l'agriculture ou
l'élevage ont les plus nombreuses.
Il existe également une corrélation entre nombre d'enfants et origine
rurale ou citadine, des chefs de famille. Ceux qui ont immigré de la
campagne depuis relativement peu de temps (- 10 ans) ont davantage
d'enfants que les citadins de toujours ou de longue date.
-42-
La scolarisation des enfants
Sur 342 familles avec enfants, 241 les envoient à l'école (dont 82
dans le secondaire ou à l'Université).
Sur 101 familles dont les enfants ne sont pas scolarisés, 25 n'ont pas
encore atteint l'âge scolaire, mais 76 ne les envoient pas en classe
pour d'autres raisons :
- pour 8 l'école est trop loin,
- pour 10 il s'agit d'enfants handicapés,
- 15 jugent l'école inutile,
- 43 disent qu'ils n'ont pas assez d'argent pour les scolariser.
Ce dernier groupe représente 13 % de l'ensemble des familles. L'ensei
gnement étant gratuit au Maroc, les livres étant fourni dans le pri
maire, le "manque d'argent" ne peut, dans la plupart des cas, être
interprété que comme l'expression d'un besoin financier et la quête
d'une ressource supplémentaire pour la famille.Les enfants sont donc
envoyés au travail, par exemple à l'atelier de tapis à Salé, ou dans
-43-
les potagers et les champs à Meknès. A Salé, les enfants travaillent
à partir de 6 ans. Dans certaines familles nombreuses, 4 ou 5 enfants
fréquentant "l'atelier" peuvent rapporter jusqu'à 150 DH par mois, ce
qui, ajouté aux allocations familiales, peut représenter la totalité
de la ressource de la famille. Il est clair que les possibilités of
fertes pour l'emploi des enfants à proximité de la maison, peuvent
constituer une tentation pour les familles démunies et, par là, un
frein à la scolarisation. En comparant deux quartiers de niveau de
revenu très proche : le Douar Draou de Salé et l'un des quartiers du
Bordj (Ml), on constate que dans ce dernier, où il n'existe pas d'em
ployeurs d'enfants, le taux de scolarisation est nettement supérieur :
6 % des familles seulement n'envoient pas leurs enfants en classe
"par manque d'argent", contre 23 % à Salé. De plus, 20 % des familles
à Ml ont des enfants dans le secondaire, contre 14 % à Salé. On trouve
une autre confirmation du fait que le "manque d'argent" ne correspond
pas forcément à un manque réel de moyens dans la non-corrélation entre
revenus et qualité d'équipement : 14 % des familles disposent à Ml
d'un "strict minimum", 8 % des familles étant "modestes" et 13 % étant
installées "assez confortablement".
Un autre frein à la réussite et la poursuite des études réside dans la
contrainte spatiale liée à la superficie très réduite des baraques, et
dans la promiscuité des occupants qu'elle suppose.
Le tableau suivant résume les corrélations entre qualité d'habitation
et scolarisation :
Equipement Fam. enfts Fam. enfts Fam. enfts baraque prim. second. trop jeunes
Strict minimum 4 1 % 1 7 % 2 1 %
Modeste 5 1 % 1 9 % 21,5%
Assez confortable 5 0 % 2 3 % 2 0 %
A noter que le pourcentage des familles dont les enfants ne sont pas
en âge scolaire est pratiquement le même dans les trois catégories. On
peut, incidemment, en conclure que ce ne sont pas les chefs de famille
les plus jeunes qui sont les plus misérables.
-44-
Quant aux difficultés matérielles rencontrées par les enfants pour
faire leurs devoirs et étudier à la maison, beaucoup d'entre eux ont
spontanément évoqué le manque de lumière, de table de travail, de silen
ce, de dictionnaire, etc.
Il ressort globalement de cette analyse un besoin réel et pressant
d'équipement de ces quartiers en "baraques d'étude", disposant si pos
sible d'un mobilier sommaire, voire d'un embryon de bibliothèque. Une
autre corrélation intéressant le problème de la scolarisation a trait
au temps d'habitation en ville. En fonction de leur durée de séjour en
ville, les anciens ruraux réalisent une prise de conscience de l'im
portance de la scolarisation. Certaines remarques relevées pendant
l'enquête illustrent bien ce phénomène :
"Avant, je pensais que l'école était une perte de temps, mais j'ai
changé d'avis" ;
"En ville on ne peut pas vivre sans savoir lire et écrire" ;
"En ville il te faut un métier pour trouver du travail"...
On constate alors que dans les familles nombreuses d'origine rurale,
les aînés n'ont pas été en classe ; en revanche, les plus jeunes y
vont et fréquentent même le secondaire, l'école professionnelle ou
l'Université. A cet égard, on note que les originaires du milieu agri
cole envoient leurs enfants de préférence dans une école profession
nelle, tandis que les commerçants semblent avoir une inclination pour
l'Université. Il est à remarquer aussi que les chefs de famille sans
travail ou disposant d'un travail de temps à autre, semblent réaliser
mieux que les autres l'importance d'une instruction pour leurs enfants
(19 % d'entre eux ont des enfants dans le cycle secondaire contre 12 %
pour le reste de l'échantillon).
Aussi, scolariser les enfants est considéré comme un investissement
pour l'avenir (une assurance vie) : pour les enfants, mais également
pour les parents. En outre, déjà dans l'immédiat, certaines familles
vivent mieux grâce à la bourse d'étude d'un enfant.
Enfin, en ce qui concerne les aspirations pour l'avenir, un quart de
l'échantillon mentionne en premier lieu l'espoir de donner une bonne
éducation (scolaire)- à leurs enfants.
-45-
CONCLUSIONS
A travers l'étude de sept cas concrets de bidonvilles marocains, notre
projet de recherche était d'éclairer des responsables (de municipali
tés, de la planification, des organismes "donneurs" - tous concernés
par des programmes destinés à atteindre les couches les plus démunies
des populations) et ce dans un triple souci :
- de mettre au point une méthodologie permettant l'identification
des groupes défavorisés, dans leur environnement spécifique ;
- de favoriser une meilleure compréhension de la complexité des
problèmes rencontrés à l'occasion de toute intervention de
l'extérieur sur le milieu ;
- d'améliorer le choix des moyens en ce qui concerne les objec
tifs d'intégration, de participation et d'accès de ces groupes,
au titre d'une action municipale visant à les faire bénéficier
d'une distribution de biens et de services qui leur sont en
principe destinés.
Loin d'apparaître comme un phénomène isolé et en soi, le bidonville
constitue une frange de tissu urbain, qui est à la fois le résultat
d'un déséquilibre entre société rurale et société urbaine, et le pro
duit d'un certain stade de développement socio-économique. En tant que
tel, il ne peut être dissocié d'un contexte élargi : régional, natio
nal.
Caractéristique du passage de la vie rurale à la vie urbaine, le
bidonville présente les qualité d'un habitat transitoire. Aujourd'hui
encore, la majorité de sa population, originaire de la campagne, reste
partiellement sous l'emprise des habitudes et des croyances de la so
ciété rurale. Mise en contact avec l'économie urbaine, chacune de ces
unités d'habitat subit toutefois des influences qui provoquent une
évolution rapide de ses comportements et aspirations.
De société rurale en voie d'organisation, le bidonville tend à se
transformer en quartier urbain.
Si ces quartiers insalubres ne présentent pas toutes les caractéris
tiques d'un sous-prolétariat - la vie familiale y est encore protégée,
les traditions y demeurent vivantes, la politisation ne les affecte
que lentement - ils peuvent donner prise aux dépravations de la grande
ville (délinquance juvénile notamment). Mais en général, grâce à sa
-46-
taille restreinte, le bidonville enserré par l'urbanisation fait mieux
que se défendre.
Remplissant une fonction d'accueil pour certains groupes de population
qui ne trouvent pas, ou plus, leur place dans la cité moderne (déclin
de l'artisanat, du petit commerce, etc.) il prend le caractère d'un
habitat refuge. Dès lors, il risque de voir sa cohésion diminuer et
un certain individualisme s'installer.
Mais, dans le même temps, le bidonville accueillant sécurise (la fa
mille solidaire, le voisin secourable, le crédit facile, etc.). Ainsi
certains quartiers insalubres se stabilisent. Alors, ne recevant plus
d'apport extérieur, ils développent à nouveau une vie collective, sur
laquelle pourront se greffer des actions (d'aménagement, d'animation,
de promotion socio-culturelle).
A partir de ces observations générales, il semble possible de dégager
quelques orientations opérationnelles quant à la "résorption" des
bidonvilles :
a. La destruction d'un bidonville sans programme de relogement adapté
mène inévitablement, soit à la création d'un autre bidonville, soit
à l'extension d'un quartier insalubre déjà existant ;
b. La lutte contre la création de nouveaux bidonvilles conduit à la
densification des bidonvilles existants, avec souvent pour résultat
une aggravation de l'insalubrité ;
c. La population de ces quartiers n'est relogeable dans des habitations
à loyer même très modéré, dans l'état actuel des ressources et de
la situation de l'emploi, que dans une très faible proportion (de
10 % environ).
Des solutions ponctuelles évitant les généralisations hâtives, sériant
les situations locales, prenant en compte la satisfaction des besoins
minima, peuvent toutefois être envisagées :
- par un aménagement des quartiers existants, privilégiant les
équipements collectifs ;
- par l'amélioration de l'habitat grâce aux efforts des occupants
eux-mêmes (donc à frais très limités) ;
- par des programmes localisés d'auto-construction dans des quar
tiers nouveaux, à partir de trames sanitaires modestes, en
tenant compte du caractère spécifique de la population concer
née et de la cohésion du quartier.
-47-
Quant aux solutions en profondeur, elles résident dans l'amélioration
progressive du niveau de vie de ces catégories de population, actuel
lement les plus défavorisées et les plus frappées par les effets néga
tifs du développement. L'élargissement de l'accès à l'enseignement, la
prise en charge d'une formation professionnelle des jeunes de ces
milieux paraissent être, entre autres, des conditions essentielles à
leur désenclavement.
Est-ce réalisme et lucidité sur la pénurie de moyens ? On constate
qu'au sein du bidonville, l'espoir s'investit plutôt, à travers la
scolarisation, sur l'avenir des enfants. Mais en réalité, qu'en est-
il de la mobilité sociale alimentée à partir des quartiers insalu
bres ?
Enfin, ne serait-il pas raisonnable de limiter, certes dans la mesure
du possible mais de façon systématique, la taille même des aggloméra
tions urbaines, en appliquant de plus, en plus largement une politique
de décentralisation industrielle, d'aménagement de nouveaux centres
urbains et de développement des villes moyennes ?
-48-
FMVJ ENQUETE BIDONVILLES POUR COLLOQUE MEKNES
N° de l'interview :
Nom de l'enquêteur :
Lieu de 1'interview :
Date de l'interview :
I. HISTOIRE PERSONNELLE DU CHEF DE FAMILLE
(1) 1. Quel âge avez-vous ?
moins de 25 ans 1
entre 26 et 35 ans 2
entre 36 et 45 ans 3
entre 46 et 55 ans 4
plus de 55 ans 5
(4) 2. Depuis combien de temps habitez-vous Meknès/Salé/Casa ?
moins d ' un an 1
1 à 5 ans 2
6 à 10 ans 3
plus de 10 ans 4
a toujours habité ici 5
(2) 3. Avez-vous toujours habité ce quartier ? Sinon, où avez-vous habité avant ? (à Meknès/Salé/Casablanca)
a toujours habité ce quartier 1
a habité un autre bidonville 2
a habité la médina 3
a habité un quartier moderne 4
(15) 4. Avant de venir àMeknès/Salé/Casa, où habitiez-vous ?
a toujours habité cette ville 1
a vécu dans un autre centre urbain 2
a vécu dans un village à moins de 20 km 3
a vécu dans un village de 20 à 70 km d ' ici 4
a vécu dans un village à plus de 70 km d ' ici 5
(NOTEZ NOM DU VILLAGE OU DE LA VILLE)
-49-
Est-ce là aussi que vous êtes né ?
(NOTEZ NOM DU LIEU DE NAISSANCE)
oui, est né au même endroit (même ville) 1
oui, est né au même endroit (même village) 2
non, est né à la campagne 3
non, est né dans un autre centre urbain 4
autre réponse 5
Et votre femme, est-elle de la même famille (tribu) que vous ?
oui, de la même tribu 1
non, d'une autre tribu aussi de la campagne 2
non, d'une autre tribu mais de la ville 3
autre réponse 4
Etes-vous allé à l'école ?
n'est jamais allé à l'école 1
est allé à 1 ' école coranique 2
a fait quelques années de primaire 3
a terminé 1'école primaire 4
a suivi un enseignement professionnel 5
a suivi quelques années du secondaire 6
Si vous habitiez la campagne avant de venir en ville, quel était votre métier ou votre travail là-bas ?
ouvrier agricole ou berger 1
cultivateur 2
éleveur 3
pêcheur 4
commerçant 5
artisan 6
est venu directement après 1 ' école 7
autre (à préciser) 8
Si vous êtes venu de la campagne ou d'une autre ville, pourquoi avez-vous émigré ?
parti avec la famille 1
était sans travail 2
voulait avoir de l'argent pour (à préciser)
3
pas d'avenir pour lui/pour ses enfants 4
pas de distractions 5
-50-
pas de confort 6
autres raisons (à préciser) 7
(10b) 10. Pourquoi avez-vous choisi Meknès/Salé/Casablanca ?
famille déjà installée 1
ville la plus proche 2
du travail en vue 3
espoir émigrer à 1'étranger 4
des amis en ville 5
autres raisons (à préciser) 6
(11b) 11. Comment avez-vous trouvé ce quartier ?
famille déjà installée ici 1
terrain ou maison disponible 2
quartier proche du lieu de travail 3
quartier extérieur de la ville (agrie. , élev.) 4
au hasard 5
matériel de construction sur place 6
autres raisons (à préciser) 7
(13) 12. En arrivant ici dans le quartier, avez-vous trouvé du travail ?
oui, tout de suite 1
oui, après quelque temps 2
oui, mais seulement de temps à autre 3
non, est resté en chômage presque tout le temps 4
autre 5
(14) 13. Et maintenant, avez-vous du travail ?
oui, régulièrement 1
oui, à temps partiel 2
oui, de temps à autre 3
oui, saisonnièrement 4
non, en chômage continu pratiquement 5
(12b) 14. Si vous avez du travail, quel genre de travail avez-vous ?
DESCRIPTION :
travail de manoeuvre 1
travail demi-qualifié 2
travail qualifié 3
-51-
CHEF DE FAMILLE
CONJOINT
ENFANTS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
AUTRES ASCENDANTS
AUTRES COLLATERAUX
AUTRES
AGE SEXE NIVEAU D'INSTRUCTION
OCCUPATION LIEU OCC. REVENU
AUTRES SOURCES DE REVENU :
NOMBRE DE MENAGES APPARENTES VIVANT EN VILLE : DONT DANS QUARTIER
-52-
(16a) 16a. Envoyez-vous vos enfants à l'école ?
oui 1
non 2
(16b) 16b. Si oui, dans quelle école vont-ils ?
école coranique 1
école primaire 2
école secondaire 3
école professionnelle 4
autre 5
(16c) 16c. Si non, pourquoi ne vont-ils pas à l'école ?
pas en âge scolaire 1
école trop loin 2
pas d ' argent 3
autres raisons (à préciser) 4
II. LIENS AVEC LE VILLAGE D'ORIGINE
(18) 17. Avez-vous encore des parents à la campagne/à la montagne ?
oui, des parents proches 1
oui, des parents éloignés 2
non, n'a plus de parents là-bas 3
(17a) 18. Si vous avez encore des parents là-bas , sont-ils à votre charge ?
n ' a plus de parents à la campagne 0
a des parents entièrement à charge 1
a des parents partiellement à charge 2
a des parents là-bas mais pas à charge 3
(17b) 19. Retournez-vous parfois au village ?
n ' a plus de liens 1
y va régulièrement 2
y va de temps à autre 3
y va maximum une fois par an 4
y retourne pour certains événements 5
autre (à préciser) 6
(19) 20. Si vous y retournez , pour quelles raisons y retournez-vous ?
n ' y retourne pas 1
-53-
pour voir la famille 2
pour se ravitailler 3
pour y travailler 4
autres raisons (à préciser) 5
(20) 21. Avez-vous parfois envisagé d'y retourner définitivement ?
n'a plus de liens à la campagne 0
non, jamais 1
oui, au début 2
oui, mais n ' a pas les moyens 3
oui, si du travail là-bas 4
oui, quand les enfants seront grands 5
oui, a des projets de retour 6
autres réponses (à préciser) 7
(21) 22. Vos enfants ont-ils des liens avec le village ?
non, aucun 1
oui, un peu (vacances, par exemple) 2
oui, beaucoup 3
(22) 23. Si oui, envisagent-ils d'y retourner un jour ?
non 1
oui, éventuellement 2
oui 3
III. HABITATION ACTUELLE ET QUARTIER
(23) 24. La maison que vous habitez actuellement, quel âge a-t-elle ?
quelques mois 1
un an 2
2 à 5 ans 3
6 à 10 ans 4
plus de 10 ans 5
autre réponse (à préciser) 6
(24) 25. Par qui a-t-elle été construite ?
par lui-même 1
par des membres de la famille 2
par des amis 3
-54-
par des inconnus 4
autre 5
(26a) 26. En quoi est-elle construite ? (description matériaux)
bois 1
fer blanc 2
carton 3
carton goudronné 4
pisé 5
briques 6
ciment 7
autre 8
(25c) 27. Est-elle votre propriété ou pas ?
sa propriété 1
en location 2
prêtée 3
autre 4
(26b) 28. Quelle est la surface de la maison ?
moins de 6 m2 1
entre 6 et 10 m2 2
entre 10 et 2 0 m2 3
plus de 20 m2 4
(27) 29. Combien de personnes habitent ici ?
moins de 5 personnes 1
entre 5 et 8 personnes 2
plus de 8 personnes 3
(28) 30. Combien de pièces y a-t-il dans la maison ?
une seule 1
deux pièces 2
trois pièces 3
plus de trois pièces 4
(29) 31. De combien est sa parcelle ?
moins de 10 m2 1
entre 10 m2 et 2 0 m2 2
plus de 20 m2 3
-55-
(30c) 32. Quel est son équipement ?
DESCRIPTION :
(31) 33. Avez-vous apporté des modifications depuis que vous y habitez ?
aucune modification apportée 1
1'a améliorée qualitativement 2
1 ' a agrandie 3
DESCRIPTION :
(35b) 34. Avez-vous des projets dans ce domaine ?
non, n'en a pas 1
a des projets mais pas de moyens 2
a des proj ets d * amélioration 3
a des projets d'agrandissement 4
a des projets de déménagement 5
autre 6
DESCRIPTION :
(39) 35. Qu'est-ce qui vous manque le plus dans la maison ?
de la place 1
de 1 ' insonorisation 2
de 1'étanchéité 3
du confort (eau, électricité) 4
de 1'équipement (meubles, outils...) 5
autre 6
(40) 36. Qu'est-ce qui vous manque le plus dans le quartier ?
rien, ne sait pas 0
eau potable 1
égouts 2
bain public 3
école 4
commerces 5
autre 6
-56-
(41) 37. Si vous pouviez avoir ce qui vous manque ici, ailleurs en ville, accepteriez-vous de déménager ?
oui, même en payant 1
oui, si cela ne coûte pas 2
oui, sous certaines conditions (à préciser) 3
non, préfère rester ici 4
(42b) 38. Aimeriez-vous habiter un immeuble à plusieurs étages ?
oui 1
non 2
ne sait pas 3
(43) 39. Connaissez-vous d'autres familles ici dans le quartier ?
oui, tout le monde ou presque 1
oui, beaucoup d'amis et de connaissances 2
oui, apparentées ou de même tribu 3
oui, quelques-unes 4
oui, mais très peu 5
non, pratiquement pas 6
(44a) 40. Connaissez-vous d'autres familles ailleurs en ville ?
oui, des parents 1
oui, plusieurs amis 2
oui, une ou deux 3
non, pratiquement pas 4
autre réponse 5
(44b) 41. Que pensent les gens en général ici de leur quartier ?
très contents 1
assez contents 2
assez mécontents 3
très mécontents 4
ne sait pas 5
autre réponse 6
(44c) 42. Dans le passé, y a-t-il eu des actions en commun ? Les gens ont-ils déjà travaillé ensemble ?
non, pratiquement rien 0
oui, pour des fêtes 1
oui, pour des "corvées " 2
oui, une entraide pour (à préciser) 3
-57-
ne sait pas 4
autre réponse 5
(45) 43. Pensez-vous que les gens du quartier soient prêts à travailler ensemble pour améliorer le quartier ou pour le reconstruire ?
non, certainement pas 0
non, pas probable 1
oui, certains d * entre eux 2
oui, certainement 3
oui, mais . . . sous certaines conditions 4
(à préciser)
(46) 44. Que pourrait-on faire par exemple ? Avez-vous vous-mêmes des idées ? (à supposer qu'il y ait un peu d'argent disponible ?)
raser tout et reconstruire 1
améliorer l'équipement collectif (à préciser) 2
construire un (à préciser) 3
améliorer 1'habitat 4
n ' a pas d ' idées 5
(48) 45. Pensez-vous que les autorités locales pourraient vous aider ?
oui 1
peut-être 2
non 3
ne sait pas 4
(49) 46. Si oui, de quelle façon ?
en nous relogeant 1
en reconstruisant nos maisons 2
en nous fournissant des matériaux 3
en nous fournissant un équipement collectif 4
en nous apprenant des choses 5
en nous donnant du travail 6
autres propositions (à préciser) 7
IV. VIE ANTERIEURE ET VIE ACTUELLE (pour ceux qui viennent d'ailleurs)
(50b) 47. Si vous comparez la vie d'avant et la vie maintenant ici, est-ce mieux ici ou était-ce mieux avant ?
mieux maintenant 1
-58-
mieux avant 2
la même chose 3
on ne peut comparer 4
ne sait pas, n'a pas d ' opinion 5
(51a) 48. Qu'est-ce qui était mieux au village ?
tout (sans précisions) 1
la nourriture 2
le logement 3
la santé 4
le genre de vie 5
autres réponses (à préciser) 6
(51b) 49. Qu'est-ce qui est mieux ici ?
tout 0
le travail 1
la façon de vivre 2
autres réponses (à préciser) 3
(53) 50. Etes-vous plus souvent malade ici qu'à la campagne ?
plus souvent malade ici 1
moins souvent malade ici 2
pas de différence 3
la famille n'a pas vécu à la campagne 4
(54) 52. Avez-vous changé vos habitudes de cuisine ? Mangez-vous les mêmes choses qu'avant ?
n ' a pas changé 1
a changé ses habitudes (à préciser) 2
ne sait pas 3
(55) 53. Où faites-vous vos provisions ?
dans les boutiques du quartier 1
au marché local 2
autres réponses (à préciser) 3
(56a) 54. Mangez-vous parfois de la viande ou du poisson ?
non, jamais ou presque 1
oui, une fois par semaine 2
oui, plusieurs fois par semaine 3
oui, tous les jours 4
-59-
(58a) 55. Avez-vous des poules ou un jardin potager ou ?
non, rien de cela (doit tout acheter) 0
oui, des poules 1
oui, des légumes 2
oui, des fruits 3
oui , un mouton/chèvre/ 4
autres réponses (à préciser) 5
V. BUDGET
(58b) 56. De combien d'argent disposez-vous en total à peu près par mois ?
moins de 150 Dirhams 1
entre 150 et 300 Dirhams 2
entre 350 et 700 Dirhams 3
plus de 700 Dirhams 4
(59a) 57. Combien dépensez-vous à peu près par mois pour la nourriture ?
moins de 100 Dirhams 0
entre 100 et 200 Dirhams 1
entre 250 et 500 Dirhams 2
plus de 500 Dirhams 3
pas de réponse 4
(59b) 58. Combien vous coûte la maison ?
rien 1
moins de 25 Dirhams 2
entre 25 et 50 Dirhams 3
plus de 50 Dirhams 4
ne sait pas, pas de réponse 5
(61) 59. Mettez-vous un peu d'argent de côté ?
oui 1
un peu 2
non 3
(38) 60. Si oui, c'est pour quoi faire ?
maladie, accident 1
acheter quelque chose 2
projets d'avenir (à préciser) 3
autre 4
-60-
(63a) 61. Selon vous, quel est le minimum nécessaire pour une famille de 5 à 6 personnes pour vivre ici ?
environ 400 Dirhams 1
entre 450 et 800 Dirhams 2
plus de 800 Dirhams 3
pas de réponse 4
VI. PROJETS D'AVENIR
(63b) 62. Comment imaginez-vous votre vie dans 5 ans ? Au point de vue travail et au point de vue logement ?
n'a pas de projets, rien ne changera 1
espère améliorer conditions habitat 2
espère être relogé en ville 3
espère avoir trouvé du travail 4
espère donner éducation à ses enfants 5
voudrait partir en émigration (étranger) 6
voudrait retourner au village 7
voudrait changer de travail 8
voudrait apprendre un métier 9
espère épargner assez pour (à préciser) 10
autre (à préciser) 11
(64) 63. Si on vous proposait du travail dans un village et un logement convenable, accepteriez-vous d'y aller ?
non, j amais 1
non, à cause des enfants 2
oui, mais pas n'importe quel village 3
oui, accepterait 4
ne sait pas 5
(65) 64. Si on pouvait vous loger ailleurs en ville, combien environ par mois pourriez-vous verser comme loyer ?
ne veut pas être relogé 0
ne pourrait presque rien verser 1
pourrait verser 100 Dirhams par mois 2
pourrait verser entre 100 et 200 Dirhams 3
autre réponse 4
-61-