Escapade en Velay
« Voyager est une manière d’allonger la vie » Benjamin Franklin
Le Velay est une petite région coincée, à l’ouest par l’Auvergne et
à l’est par la vallée du Rhône.Il constitue une partie du
département de la Haute-Loire.
En sillonnant cette contrée sauvage - du 6 au 8 septembre 2013 - nous avons
découvert de pittoresques cités chargées d’Histoire comme :
Le Puy,Polignac,
Lavaudieu,La Chaise Dieu et
Chavaniac-Lafayette
L’ensemble cathédrale Notre-
Dame-du-Puy
La cathédrale a été construite aux XIe et XIIe siècles, rebâtie au XIXe, restaurée au XXe
De style romanEdifice complexe et original : accès par un escalier de 135 marches, porche occidental « souterrain » à 3 travées qui débouche dans la nef au niveau de la 5e travée, voûte à coupoles sur trompes, utilisation de pierres de divers coloris, etc.
Coupe transversale
A PorcheB Nef et ses 6 travées (T1 à T6)C AbsideD TranseptE Clocher
Sources : Cathédrales de France Editions du patrimoine
La façade occidentale fait penser à un arc de triomphe géant.Ses 3 registres horizontaux - ou corniches – comportent 3 travées qui rappellent la structure interne de l’édifice.Ses nombreuses arcades aux voussures en plein cintre et sa polychromie originale la rendent rayonnante.
Le vaste porche occidental compense la forte déclivité du terrain.Il comporte 3 travées couvertes de voûtes d’arêtes à l’exception de la première, voûtée d’ogives
Les collatéraux de la 3e travée du porche sont occupés par des chapelles dont les façades comportent des portes dites « portes de cèdre » datées de la fin du XIIe siècle et décorées de scènes de la vie du Christ
Fresque de la chapelle sud : le Christ en mandorle est entouré des prophètes Moïse et Elie
La porte Dorée où commence l’escalier souterrain qui mène à la nef, couverte d’un arc en plein cintre supporté par 2 colonnes en porphyre rouge
La nef est à un vaisseau central de 6 travées flanqué de 2 collatéraux
Détail des trompes en cul-de-four (1/4 de sphère) de la voûte
Chapiteaux de 2 colonnes doubles d’une travée
L’espace intérieur du transept
Une tribune est établie à l’extrémité de chacun de ses bras
On aperçoit le décor peint qui recouvrait entièrement le transept (milieu du XIIIe)
Absidiole du bras nord
L’absidiole du bras sud, saint François Régis (1851)
La « fameuse » Vierge noire sur le maître-autel
Statue du XVIIe qui remplace celle qui a été brûlée par les révolutionnaires en juin 1794
Le culte et les rituels autour des vierges noires sont des énigmes
Le clocher est indépendant de la cathédrale, accolé au flanc du chevetIl mesure 56 m de hauteur et est de plan carré Il comporte plusieurs niveaux et ainsi ressemble à une pyramide
Le porche St Jean se situe au nord-est de la cathédraleIl comporte 2 portes dont l’une, qui permet d’accéder au bras nord du transept, est historiée sur son tympan (la Cène avec le Christ au centre)
Au pied du chevet, la margelle de la citerne est surmontée d’une inscription latine gravée sur des vestiges gallo-romains du mur
Statue de Saint Jacques
Depuis que Godescale, évêque du Puy, entreprend – en 950 - le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle afin de prier sur le tombeau de l’apôtre St Jacques récemment découvert*, la cité devient le point de départ principal du « camino » en France.Il inaugure ainsi la « via Podensis » ou « voie du Puy »… qui connaît un certain renouveau à notre époque !
* Pour détails lire ou relire « Les grandes heures du beau XIIe siècle »… (page 175)
Place du Plot, départ officiel du
pèlerinage
Quelques informations sur cette cathédrale particulière
Altitude de la rue, au pied des escaliers : 662 mAltitude du porche, au droit de la façade : 673 mAltitude de la nef : 686 m
Nombre de marches, de la rue à la façade : 60Nombre de marches, de la façade à la nef : 75
Hauteur de la façade : 37 mHauteur moyenne d’une coupole de la nef : 20 mHauteur de la coupole du transept : 32 m
Longueur intérieure : 62 mLargeur intérieure : 20,5 m Sources : Cathédrales de France Editions du patrimoine
Le cloître… du XIIe siècle avec personnages du XXIe
Quelques chapiteaux renommés par leur ancienneté et leur variété de styles
La salle capitulaire et sa peinture La Crucifixion datée de 1200
Vue générale de la salle du Trésor dite « salle des Etats du
Velay »
La Sainte Famille par Barthélemy d’Eyck vers 1450
Copie de la statue détruite durant la Révolution
Olifant en ivoire dit « huchet de St Hubert » XIIe
Saint-Michel-d’Aiguilhe
Chapelle romane juchée sur un pic basaltique, gigantesque aiguille de lave qui s’élève d’un jet à 80 m au dessus du sol…
Seul JP m’a accompagné pour gravir les 268 marches accédant à la chapelle et contempler ainsi cette vision panoramique du Puy…
L’arc trilobé du portail
L’archange Saint-Michel
L’intérieur de la chapelle - du XIe - épouse les contours du rocher
On ne peut pas quitter Le Puy sans évoquer la fameuse statue de N.-D. de France érigée en 1860 sur le rocher
Corneille
Polignac est surtout connu comme le patronyme d’une célèbre famille d’aristocrates comme Yolande, amie controversée de Marie Antoinette et Jules, piètre ministre de Charles X mais c’est aussi un village – berceau de la lignée – au riche patrimoine comme son église Saint-Martin du XIe siècle et sa forteresse médiévale
Cette pittoresque église – commencée vers l’an 1000 et terminée au XIIe - est de style roman primitif avec des voûtes et des ouvertures en « plein cintre » ; ses chapiteaux et ses fresques à la symbolique étonnante la rendent remarquable
Façade sobreLongueur : 34 m, largeur 14 m12 m sous voûteNef à 5 travées ; vaisseau central voûté en berceau, flanqué de 2 bas-côtés Coupole au niveau du chœur qui supporte un clocher carré
La coupole avec sa rosace incrustée Les fresques du XIVe de l’abside
Chapiteaux de pierre blanche (arkose)
Le vitrail des Polignac
Sur une butte volcanique de 3 ha bordée d’une falaise de près de 100m de haut, un château-fort médiéval parfait, à la fois place militaire et résidence seigneuriale, construit du XIe au XVIIe siècle
La forteresse de Polignac
Les ruines du palais roman du XIIe devant le donjon carré
Le donjon carré, édifié par Armand X de 1385 à 1410 est une tour-résidence à 5 étages (32 m de hauteur)
Protégé par les murailles naturelles sur lesquelles s’élevaient 800 m de rempart et 6 portes fortifiées l’ensemble bâti comprenait, le logis seigneurial (12e), le vicomté (16e), le donjon, la chapelle et les ateliers artisanaux.Environ 1 000 personnes pouvaient s’y réfugier et y vivre.
L’abbaye Saint-André de Lavaudieu est un monastère de moniales bénédictines fondé au XIe siècle ; les bâtiments datent du XIIe.
Le cardinal de Rohan – que nous avons croisé au château de Breteuil au printemps dernier – s’y est retiré après le scandale du « collier de la reine » !
Nous n’avons pas visité le cloître, pourtant joyau de l’abbaye, pour des raisons de planning mais nous avons été enchantés par les peintures murales de l’église prieurale au clocher octogonal très original.
La nef à la voûte légèrement brisée
La tête du Christ (copie, original au Louvre)
Le chœur, son autel, ses chapiteaux et ses peintures
Peintures murales du XIVe
Cycles de la Passion du Christ, le portement de croix et la crucifixion
La peste noire (sous les traits d’une femme drapée de rouge) frappant les hommes de ses flèches
Piéta polychrome du XVe
L’abbaye de La Chaise Dieu
Fondée en 1043 par Robert de Turlande elle connaît un rapide développement, 300 moines en 1067 et près de 300 dépendances (abbayes ou prieurés) à la fin du XIIIe. L’abbatiale a été financée par le pape Clément VI – ancien moine de La Chaise Dieu et 4e pape d’Avignon – et terminée à la fin du XIVe.
La nef de l’abbatiale, de style gothique sans transept, comprend un vaisseau central (coupé par un jubé) à 9 travées voûtées d’ogives quadripartites et 2 collatéraux de
même hauteur.
Le jubé en pierre
Le chœur, les 144 stalles et le gisant-tombeau de Clément VI(Les fameuses tapisseries du XVIe représentant différentes scènes de la vie du Christ sont en cours de réfection)
Le sanctuaire, son maître-autel et son voûtement à 5 pans
La célèbre fresque inachevée La danse macabre : comme la mort est tellement présente…
… entre 1350 et 1450 (peste, famine, guerre) on la tourne en dérision !
Le cloître aux arcades géminées et voûté d’ogives
Médaillons de croisée d’ogives
Un enfeu orné avec des médaillons d’anges musiciens
La salle du Trésor, ses visiteurs et ses tapisseries d’Aubusson du XVIIIe siècle
Le roi Salomon et la reine de Saba
Le château de Chavaniac
Le château de Chavaniac est une ancienne maison-forte médiévale rebâtie au début du XVIIIe.
Gilbert du Motier, marquis de Lafayette y naît le 6 septembre 1757.
Il le réaménage – juste avant la Révolution - en simple château auvergnat…
Au début du XXe siècle il est restauré et modifié – l’élévation de la tour carrée… - par une fondation américaine
En définitive il y demeurera peu (sauf durant sa petite jeunesse) ; sa résidence durant l’Empire et la Restauration sera le château – hérité de sa belle-mère – de La Grange-Bléneau en Brie-Champagne historique (nord-ouest de Provins).
L’ancienne salle des gardes
Dans la chambre natale du marquis
Le salon des philosophes
L’appartement de Madame de Lafayette
Curieux destin que celui de Lafayette (1757-1834)
Héros adulé des 2 côtés de l’Atlantique à 25 ans, son étoile a pâli par la suite et cette gloire, trop tôt acquise, l’a certainement desservi.
Opposé à tout pouvoir autoritaire et au nom de la liberté et des droits de l’Homme, il sera toute sa vie favorable à une royauté constitutionnelle et parlementaire.
Quelques jugements particulièrement sensés :De Napoléon « …il était nullement taillé pour le haut rôle qu’il a voulu jouer. Sa bonhommie politique devait le rendre constamment dupe des hommes et des choses… »Du marquis de Bouillé, son cousin « …Il avait de l’ambition sans le caractère et le génie nécessaire pour la diriger… » Du comte de Ségur «…M. de Lafayette leur paraissait un héros parce qu’il n’avait combattu pour la cause de la liberté que dans un autre hémisphère mais dès qu’il voulut soutenir la même cause en Europe, tous les souverains le traitèrent en coupable et en rebelle …»
Lafayette et Washington selon André Maurois dans sa magistrale Histoire des Etats-Unis
« …Tout de suite Washington s’était attaché au jeune Français et l’avait adopté. Ils étaient faits pour s’entendre. Aucun des deux hommes n’était brillant et leur timidité était un lien ; tous deux avaient de bonnes manières ; tous deux le sens de l’honneur… »
Ne pas oublier aussi qu’ils étaient, l’un et l’autre, francs-maçons…
Les drapeaux français et américain en hommage à Lafayette mais aussi un « clin d’œil » à 2 de mes petits-enfants… franco-
américains !